[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Vous pensiez que c'était la fin ?! Mais comme dit l'adage plus c'est long ! Plus c'est bon ! bravo

Ylva aime cette phrase ! I love it

Hum...Pardon je m'égare ! Razz

Je disais donc...Vous pensiez que c'était la fin ? Que vous aviez assez ri et pleurer avec les familles Piceaerd et Sappos ?

Eh bien non !

Repartons ensemble pour la première histoire d'amour qui scella le destin de tous les membres du Frozen Cinematic Universe avec Emma Piceaerd et Pierre Sappos ! :calin:

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures ! 44250710

Rendez-vous pour le premier chapitre de cette nouvelle aventure, le dimanche 15 septembre ! Smile

Mer 11 Sep 2024, 22:33

Alors que le squelette est encore en chantier et le chapitre pour dimanche aussi...Voici déjà les spoilers du premier chapitre où je préserve un peu de ses vacances d'été rythmées par les JO...Et bien sûr l'arrivée de mon petit Pierre I love it

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures ! Chapit90

Dim 15 Sep 2024, 21:18

Je déclare ouverte la session 2024 des retours vers le passé ! Smile

On commence tout doucement avec un chapitre 1, plutôt tranquille...Pour ce chapitre pas besoin d'explication, on repart juste après la fin du tome 6 Smile

Je m'excuse par avance si jamais il y a des tournures ou des fautes ! Pas facile d'écrire avec Pierre...C'est un défi que je relève ! Very Happy

Par contre je rappelle que ce sera un chapitre une fois tous les quinze jours Wink

Chapitre 1 : Une nouvelle histoire :

-Désires-tu une nouvelle tasse de café, Kirsten ? Demanda Helga qui avait encore la carafe presque vide à la main, il m’en reste un fond et j’en ai déjà bu trois...

Lui faisant immédiatement un petit signe pour lui indiquer que j'allais lui répondre d'ici quelques secondes, je grattai les derniers mots de la vie de Pierre sur la pile de papiers conçue à cette effigie et mis le dernier point avant de renchérir :

-Inutile grande soeur...J'ai enfin terminé l'ouvrage !
-Oh ? Ça y est ? Vraiment ? Tu n'auras donc pas mis longtemps ! Clama-t-elle surprise.

Excédée qu'elle ne m'en croit pas capable, je la dévisageai aussitôt d’un œil noir et poussai un soupir avant de craquer mes doigts tout en renchérissant d'une voix pincée :

-Cela s'appelle l'efficacité Helga ! Une chose que malheureusement peu de personnes ont dans leur gènes !
-Oui...Comme moi par exemple, concéda-t-elle.
-Hum...C'est toi qui l'as dit pas moi ! M’exclamai-je tout en me relevant péniblement de ma chaise pour m'étirer.

Passant du sel sur l’encre pour l’aider à sécher plus vite, je ne supportai ensuite plus de la voir restée comme un piquet face à moi et changeai bientôt d’avis pour le café. Après tout, il allait être nécessaire pour la suite du travail dans l’Hellheilm ! Embarquant donc ma tasse, je dérobais très vite la cafetière des bras inutiles de mon aînée et me servis moi-même le fond de liquide noir qu'il restait. En buvant enfin une gorgée, je continuais de constater avec exaspération que ma sœur, toujours à la même place, me regardait comme si elle ne savait pas quoi faire...A quoi bon ?! Elle attendait un ordre de ma part...Ce qui était normal. Il n'y avait que moi capable de faire régner la rigueur où que j'aille. Bouillonnant intérieurement, je finis tout de même par reprendre d’une voix calme et posée :

-Bien...Comme je te disais Helga... Je dois être efficace si je dois commencer à rendre ce lieu digne de son nom...De ce fait, pourrais-tu aller me chercher Mémé Anna, Madame Nordlys et Mamie Dudu pour que nous commencions à faire l'inventaire de ce qui doit être remanié dans un index impeccable et lisible par tous !

Sans grande surprise, cette dernière rougit soudain comme une idiote. Quoi ?! Qu’est-ce que j’avais dit encore ?! Je pensais avoir effectué des phrases claires et concises avec un sujet, un verbe et un complément qui soient à sa portée ?! Tapant alors du pieds pour montrer mon impatience, je ne m'attendais pas à ce qu'elle réplique alors :

-Euh...Oui...Si...Si tu veux Kirsten...Néanmoins je ne suis pas certaine qu'elles vont venir enfin...Euh...Peut être que Mamie Dudu si...Parce que ceux sont ses parents et qu'elle veut pas trop voir ça...Mais Ylva ce n'est même pas la peine et Mémé Anna encore moins puisque...euh...Bah c'est celle qui est observée...

Comprenant enfin le sens de ses paroles, je répliquais consternée :

-Quoi ?! Ne me dis pas qu'elle et Pépé Elysia sont encore en train de...Non mais c'est impossible d'avoir autant d'endurance ! Au risque de me répéter, nous n'avons malheureusement pas que ça à faire alors ce serait bien qu'elles se focalisent sur l'essentiel toutes les trois !
-Je t’assure que d’après leurs critères, c’est ce qu’elles font ! Gloussa Helga amusée.

Enrageant intérieurement de la voir si immature, j’ajoutai sans attendre sur un ton de reproches :

-C'est bien ma veine ! Les seules personnes qui aient les compétences pour travailler à mes côtés sont aussi celles qui sont les plus frivoles ! Il va sérieusement falloir que je leur rappelle les préceptes de mes motivations et l’une comme l’autre devront impérativement prendre leurs précautions quand elles travailleront avec moi !
-Si elles travaillent avec toi, murmura soudain mon aînée à voix basse.

Cette fois, c’en été trop ! Elle me prenait définitivement pour une imbécile ! Croyant que je ne l'avais pas entendu, je fus encore plus sadique et fis exprès de lui demander :

-Quoi ? Qu'est-ce que tu as dit grande soeur ?!

Ne s’y attendant pas, cette pimbêche passa par toutes les couleurs de la gêne et reprit dans un pieux mensonge :

-Moi ? Euh...Rien...De...De bien important ! Je...Je disais juste qu'il te sera impossible d'arrêter cela ma Poupette, c’est tout ! D’autant plus que si on récapitule bien tes projets pour l’instant on a...D'une, tu veux empêcher Pépé et Mémé d'avoir des relations charnels alors qu’ils ont été séparés pendant un long moment ! Et de deux, tu veux fermer l'Engel Død parce que c’est un lieu de dépravation...Hum...Je ne veux pas jouer les princesses ou les politiciennes mais pour quelqu’un qui dit regarder de près les finances, je croyais que tu t’étais déjà aperçue depuis le peu de temps que tu aies ici que ces deux activités sont très rentables pour tout un chacun ! M’enfin...C’est toi le cerveau, pas moi ! Et donc...Pour la troisième proposition ça va être quoi ? Interdire le ragoût de rennes ?!

Blessée dans mon amour propre face à sa morale déguisée, je répliquai sans attendre d’une voix de maître :

-Ce serait effectivement la chose la plus juste à faire si on ne veut pas tous finir par ressembler à l'autre dodue que nous avons comme arrière-deux-fois grand-mère !

Touchée ! La remarque déplut tout de suite à Helga et cette dernière soupira un bon coup avant de me parler soudain avec plus de franchise :

-Bravo Kirsten ! Quel répondant ! Continue comme ça et tout ce que tu vas réussir à récolter de la part de tous les membres, c’est de définitivement te mettre tout le monde à dos !

Piquée à vif, j’encaissai ses paroles tout en effectuant un gros travail sur moi. Ne relevant donc pas pour autant ce qu’elle venait de me dire, je déclarai plutôt :

-Si ma présence t’indispose tant que ça ma chère sœur, tu peux te retirer et je ne ferai plus appel à tes services ! J’ai toujours fait et dit ce que je pensais être juste ! Cela plaît ou ne plaît pas, c’est pareil ! Ah pour sûr ! Si Rita était là, elle m’aiderait quoiqu’il arrive sans me faire toute une scène puérile ! Elle...Ou Elysia...Aslak...Ou encore mes fils...Oui...Eux tous me seraient fidèles tout en tenant compte de mon caractère exigeant !

Espérant l’avoir maté, je fus déçue en ne la voyant pas aussi offusquée. Au contraire ! Mon aînée me détailla bêtement de la tête aux pieds pendant des secondes interminables avant de finir par dire :

-Mais oui...Ne t’en fais pas...Je sais que je n’étais pas celle que tu voulais revoir en premier à ta mort...Oui je sais que je t’insupporte...Mais nous avons tout de même quelque chose en commun : Mon mari et mes enfants aussi me manquent...Alors...Comme ils ne sont malheureusement pas là pour le moment, il serait judicieux pour toi que tu profites de ce très long temps pour justement faire connaissance avec d’autres de nos proches sans qu’on ait l’impression qu’ils soient à ta botte...Ils en valent tous la peine, crois-moi !

Ne laissant rien paraître sur le manque de mes proches, je n’avais que faire de son discours apitoyant voir niaise et clamai agacée :

-Nous avons assez perdu de temps en paroles ! Je sais que ton cerveau a du mal à tout retenir du premier coup mais c’est vraiment très pénible de devoir t’expliquer plusieurs fois la même chose !
-Je ne vois pas où tu veux en venir, lâcha-t-elle.

Manquant de m’arracher les yeux, je grommelai avec force :

-Oui ! C’est bien ça le problème ! Bon...Bon... Je vais tenter de ne pas perdre mon calme...Mais voilà...Moi dire à toi que moi pas avoir le temps de passer des moments avec la famille car moi plein de travail à faire pour remanier l’Hellheilm ! Toi, compris enfin ou moi devoir aller me jeter dans l’eau profonde d’Ahtohallan ?

Comprenant sans attendre que je me moquais d’elle, elle me fusilla du regard et renchérit :

-C’est bon ? Tu as fini ?! Non, parce que je pourrai te parler comme ça aussi mais je n’ai pas envie que tu te vexes...Bref...Toi aussi tu es longue à la détente ma Poupette...Oui ! Toi non plus, tu ne comprends pas...Enfin non pardon ! Tu fais semblant de ne pas comprendre ! Oui, oui ! Ne me regarde pas avec ses yeux persécuteurs ! Je sais que tu veux à tout prix te trouver des occupations car en réalité, tu crains d’être ici pour l’éternité ! Excuse-moi de te dire ça mais pour le coup tu es un peu comme Emma Piceaerd...L’Hellheilm te fait peur car tu n’as rien d’autre à faire que d’être heureuse finalement !

Totalement démasquée car elle avait amplement raison, je ne me laissais toutefois pas déstabiliser et me raclai la gorge avant de dire :

-Soit Helga ! Si c’est vraiment ce que tu penses, je ne t’en empêcherai pas d’y croire...Mais sache que tu trompes complètement ! Ce...C’est juste qu’il est dans ma nature de ne pas me laisser aller, c’est tout ! Morte ou pas morte, je me dois d’être irréprochable et de rendre services aux autres comme je l’ai fait pour Pierre à l’instant ! Et sache qu’effectivement j’ai bien plus de points communs avec notre première aïeule que j’aurais pu le deviner...Ce qui n’est pas sans me déplaire ! Après tout, elle était là pour faire régner la justice et punir les torts des plus dépravés, elle aussi ! En tant que plus lointaine ancêtre, c’est un privilège d’être un miroir à celle que tout le monde a craint ! D’autant plus que ce n’est pas la seule qui ait eu un passé des plus machiavéliques parmi les gens qui composent cette famille...Et pourtant aux autres, on leur a tous pardonné !
-Oui, enfin...Il y a une différence notable Kirsten ! Les autres n’ont pas essayé de...Commença-t-elle choquée.

Mais je la coupais avant en ajoutant encore :

-...Ne termine pas ta phrase Helga ! Je sais déjà ce que tu vas me sortir et je préfèrerais que tu la conserve ta salive pour des paroles on ne peut plus sensée ! De mon côté, je me dois de rétablir une autre vérité qui te semble également persistante ! Voilà...Sache que je t’apprécie malgré tout ce que tu peux croire ! Tu es ma grande sœur alors même si je le voulais, je ne pourrais pas faire comme si tu n’existais pas !

Surprise par cette dernière phrase, ses joues trahirent immédiatement ses sentiments en se chauffant avec violence et elle se sentit obligée de venir m’enlacer. Résistant pour ne pas me dérober de son étreinte, je suivis enfin son conseil et lâchai prise pendant quelques secondes tandis qu’elle rétorqua :

-Bien...Désolée d’insister mais si tu es capable d’être aimable avec moi ma Poupette, peut-être pourrais-tu faire de même avec nos aïeux, cousins ou même avec tes cinq frères et sœurs ?

Reprenant aussitôt ma stature royale, je réitérai assez aigrement :

-Quoi mes cinq frères et sœurs ? Oserais-tu parler de ces petits pouilleux et pouilleuses qui puent le renne mouillé comme l’ont été Pieter et Elysia et qui accaparent Maman et Oncle Kristoff à outrance ?!
-Eux-mêmes ! Pouffa-t-elle.

Loin de vouloir rire, mon visage s’ombragea immédiatement et je clamai bientôt d’une voix hautaine :

-Non mais il ne faut pas m’en demander trop non plus grande sœur ! Je veux bien fournir des efforts avec toi car je t’ai toujours connu du plus loin que ma mémoire s’en souvienne...Mais malheureusement pour reprendre tes termes, je me les suis déjà mis à dos ! En effet, ces cinq petits monstres me dédaignent et je leurs rends bien ! Alors tu vois, je n’ai pas de temps à perdre avec eux...Puis des enfants de Tonton Kristoff et Maman...Brrr rien que l’idée m’écœure ! C’est comme si Marraine Anna et Papa...

M’apercevant vite que mon raisonnement n’avait aucun sens puisqu’il avait bel et bien existé, je ne terminai pas ma phrase tandis que ma sœur aînée leva soudain un sourcil amusé qui me rappela sans hésiter son lien de parenté avec ma tante rousse.

-Bon...Soit...J’ai compris...C’est pareil et je ne devrais pas faire de différences, ruminai-je, bien...Bien...Dans ce cas... Je veux bien essayer de faire le premier pas puisque je suis plus âgée...Néanmoins je ne pense pas que nous trouverons un terrain d’entente comme j’en ai avec toi...Mais qu’importe ! Si nous revenions au sujet principal à présent, je te prie ! Nous avons assez perdu de temps ! Vas me chercher Mémé Anna, Mamie Dudu et Ylva Nordlys et débrouille-toi pour arracher notre aïeule des bras de Pépé !

Ne refusant pas mon ordre cette fois-ci, elle se contenta juste de dire avec un sourire niais :

-Soit ! Soit ! J’y consens si c’est vraiment ce que tu veux Kirsten...Toutefois...Je pense qu’il serait plus judicieux d’aller chercher Pierre d’abord avant d’embêter toute la famille !
-Allez chercher Pierre ?! Mais pourquoi faire ?! Répétai-je cette fois horripilée.

Marquant un temps d’arrêt qui me donna envie de l’étrangler, Helga finit tout de même par répondre :

-Bah cela me semble évident petite sœur...Pour raconter son histoire...Il nous faut son conteur !
-Belle rime ! Admis-je tout de suite, toutefois cela ne fait pas partie du service ! Le pacte c’était que je retranscrive son récit pas qu’il le narre à haute voix au reste de la fratrie ! C’est bien dommage Gaga...Pour une fois que tu avais enfin dit quelque chose d’intéressant...Tu es retombée de toi-même dans tes travers...
-Mes travers ? Questionna-t-elle perdue, je ne te suis pas Kirsten...Là, tout de suite, je ne vois pas ce que j’ai dit de mal...
-Pfff...Cela semble évident pourtant ! Les autres ne voudront sans doute pas écouter le récit car ils ne seront aussi compatissants que nous deux ! Soupirai-je.

Priant ainsi pour qu’elle lâche l’affaire, je ne fus jamais aussi verte de rage que lorsqu’elle renchérit sur le ton de la plaisanterie :

-Ça ! Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir !

Habile, elle ne me laissa pas le choix et prit bientôt mon tas de feuilles bien ordonnées, avant de m’embarquer par la main à la recherche de l’ancien Père Noël...

****

C’était mon jour libre. Le jour que je m’étais choisi de m’accorder pour pouvoir souffler un peu, loin de toute notre grande et belle famille. Déambulant donc parmi les souvenirs figés de la reproduction d’Ahtohallan depuis l’aube, j’étais à la recherche du passage de ma vie avec Emma que je souhaitais voir pour ce jour-ci. Parcourant au hasard les images du regard, je râlais assez vite :

-Hum...Cela aurait été quand même plus simple si la Déesse Mère nous avait rangé les souvenirs par différentes temporalités...Je sais que je le répète à chaque fois mais ce système un peu mêle-tout n’est clairement pas pratique...J’en ai pour l’éternité, là...Bon...Cela ne sert à rien que je m’énerve...Autant me mettre à la tâche...Réfléchis Pierre...Réfléchis...Fais confiance à ton instinct...

Fermant les yeux, je sortis alors un de mes sucres d’orge fétiche et attendis qu’une connexion énergétique se crée entre lui et une des visions en glace qui continuaient de déambuler fièrement dans la salle.

Quelques minutes passèrent ainsi et je fus soudain soulagé en ressentant une légère insistance en direction de la droite. Rouvrant tout de suite les yeux, je me rendis ensuite à une scène de vie lumineuse. Bingo ! C’était la bonne ! Retrouvant sans attendre le sourire, je m’approchais de nos deux miroirs du passé et soufflai avec nostalgie :

-Bonjour mon amour...

Evidemment cette reproduction d’Emma ne me répondit pas et je continuai de la contempler avec émerveillement tout en regrettant non pas avec un certain poignard dans le cœur ce temps où je l’avais cru heureuse à mes côtés.
Oh oui ! Malgré la défaite qu’elle s’était prise une fois de plus en pleine figure grâce à la jeune Anna d’Arendelle et au plan de séparation d’Anna et Elysia Piceaerd, elle était là avec son air un peu bougre mais satisfait qui avait fait chavirer mon cœur depuis toujours. Ému, je m’approchais un peu plus près et ne perdis pas une miette de l’action...

-C’était juste après que notre Petite Piceaerd avait été révélée en cinquième esprit... Elysia et Anna avaient fait semblant de se réconcilier devant tout le monde et à la manière de ces deux-là, ma vieille chouette de Mère Fouettarde m’avait enfin donné une longue étreinte comme elle ne l’avait pas fait depuis longtemps...Qu’est-ce qu’elle avait été appréciable...Il ne m’avait fallu que quelques secondes pour lui dérober un baiser comme au bon vieux temps, commentai-je dans une douce nostalgie.

Continuant de sourire comme un benêt face au souvenir, je ne m’aperçus pas immédiatement que nos reproductions s’étaient déplacées et que c’était à présent une autre scène qui était en train de se dérouler.
C’était quelques jours après notre victoire et Anna avait donné une réception Arendellienne un peu plus royale pour enfin célébrer sa montée sur le trône en tant que reine...Oui ! Cette soirée avait été marquée par quelques surprises...Dont nos mariages...

-...Je ne suis pas meilleure que toi Pierre...C’est toi qui me rends meilleure ! Clama Emma d’une voix joviale.
-Oui...C’est vrai qu’elle avait osé me sortir ceci, soupirai-je de bonheur.
-Et tu fais de même pour moi mon amour ! Oui, Emma, tu es le seul cadeau de Noël que je n’ai jamais désiré ! Renchérit mon homologue enneigé.
-Ça malheureusement elle ne l’a jamais compris, dis-je cette fois contrarié.

Prêt à gamberger sur cette phrase, mon esprit se refreina tout de même rapidement quand je vis Grand Pabby arriver.

-Tiens...J’avais oublié qu’il faisait également parti des invités, lui...
-Ah ! Voilà le moment que j’attendais tant...Murmura-t-il à son tour à nos adresses.

Surpris nos nous figés questionnèrent en même en temps :

-Quoi ?

Sans leur répondre, la créature rétorqua :

-Vous êtes prêts !
-Prêts ? Mais prêts à quoi ?! Répétèrent les voix de plus en plus étonnées.
-A accomplir votre destin...Celui de me remplacer, sourit l’être de pierre.

Mon regard s’assombrit immédiatement...

-Ah oui...C’est vrai que c’était le même jour où Grand Pabby nous avait élu roi et reine des royaumes des morts...Et c’était sans doute dès l’instant où il nous l’avait annoncé qu’Emma avait déjà eu son idée de vengeance...Elle avait juste très bien caché son jeu et s’était armée de patience comme elle l’avait toujours fait depuis des siècles...Elle avait préféré cela à notre amour...Une fois de plus...

Le dire à voix haute ne me fit pas plus de bien que tous les moments où je l’avais ressassé. Que je le veuille ou non j’étais toujours blessé qu’elle ne m’ait jamais fait confiance...Que dis-je ?! Qu’elle ne m’ait jamais laissé une chance finalement ! Pour un erreur ! Une malheureuse erreur de ma part, elle me l’avait fait payé durant l’éternité ! Et c’était trop tard désormais. Il me fallut un moment pour me rendre compte que de grosses larmes avaient pris place dans mes yeux et je les laissais couler en discontinu dans ma barbe épaisse alors que le souvenir ne s’était pas arrêté...

-Ça a toujours été toi Emma, déclara amoureusement mon autre moi.

Ecarquillant aussitôt des yeux gênés et étonnés, elle demanda :
-Malgré tous ces siècles tu...Tu as toujours voulu croire en moi ?...Après tout ce que je t’ai fait ?
-Je savais que la Mère Fouettarde saurait un jour tout réparer, fit ma statue animée en l’embrassant.
-Ouais...Comme quoi, j’aurais définitivement pu faire partie de cette famille vu le nez que j’ai ! Grommelai-je alors que mon cœur se durcit sans attendre.

En colère, mes pleurs redoublèrent d’elles-mêmes alors que je cherchais sur quoi j’allais bien pouvoir taper pour pouvoir passer mes nerfs. Si les autres savaient réellement ce qu’il en était de mes véritables sentiments...Oui...C’était ça le Père Noël dans l’obscurité...Un homme meurtri et déçu par sa femme...Ah ! C’est certain que nous étions loin de l’homme convivial et toujours souriant qui donnait envie à tous les enfants de la Terre d’être gentils!

-Mais à qui aurais-je pu me confier de toute façon ?! Continuai-je à haute voix, de toute mes descendantes, il n’y a guère plus que Kirsten et la petite Helga qui veulent bien entendre parler d’elle et comment dire...Ces méthodes d’apaisement à celle-ci sont...Sont aussi efficaces que si je les appliquais moi-même... Non...Je dois garder ce lourd fardeau pour moi tout seul...

Soupirant un bon coup à cause du stress, je ne pus donc faire autrement que me raisonner et me forçai donc à retrouver mon calme en craquant sur une sucette à la guimauve suivi d’un sucre d’orge et un bon chocolat chaud à la chantilly. Il me fallait au moins ça pour affronter le prochain souvenir...

Toujours dans cette même journée de victoire au château d’Arendelle, la Emma et le Pierre enneigés accouraient comme des fous vers notre Petite Piceaerd et ce fut bien ma bougresse de Mère Fouettarde qui lui lança bientôt :

-Un instant votre Majesté Cinquième Esprit !

Surprise, notre Furie Rousse la regarda et demanda :

-Euh...Que puis-je pour toi ?
-Pour nous tu veux dire...Reprit sans attendre mon homologue avec impatience, bon, il est vrai que c’est nous qui nous chargeons d’apporter les présents habituellement mais cette fois...
-Que voulez-vous ? S’impatienta-t-elle amusée.
-La même chose que toi ! Répondit-il surexcité, voilà des siècles que notre coupoles aurait dû être allumée ! Cela serait un honneur que toi, la Cinquième esprit et toi Anna, la plus grande des chamanes Northuldra vous puissiez nous unir...S’il vous plaît ?

Un sourire se dessina immédiatement sur le visage de notre Furie Rousse alors qu’elle invita les enfants d’Elsa à se placer à côté d’Emma et Elysia à se mettre à côté de moi. Toute folle, elle proposa alors :

-Traditionnellement les mariés sont accompagnés à l’autel par leur famille...Difficile pour vous de trouver vos parents...Alors Emma...Pourquoi pas te faire emmener par tes plus jeunes descendants et toi Pierre par le plus grand des Sappos ?
-Le meilleur de tous les Sappos, ça je confirme, ajouta sans hésiter Anna Piceaerd en lançant un regard charmeur à son époux.

Gloussant comme une idiote, sa petite fille conclut aussitôt :

-Eh bien ! Si vous êtes tous d’accord, nous pouvons commencer !

-Moi je le suis pour sûr, soufflai-je dans un murmure nostalgique, je serai toujours prêt à te dire oui même si je n’en aurais plus jamais l’opportunité...

Alors que la cérémonie commença, je la regardais inlassablement tout en l’emmêlant à ma mémoire pour agrémenter toujours un peu plus de détails. Oui ! Il fallait que ce passage devienne aussi clair et émouvant que l'instant où je l’avais vécu pour que je n’ai plus besoin de dépendre d’Ahtohallan pour m’en rappeler parfaitement...Ce n’était pas le seul évènement auquel je m’étais consacré ainsi et même si je savais que je n’étais pas en mesure de le faire pour toute notre histoire, je préparais tout de même à cette éventualité au cas où Kirsten n’arriverait pas à finir le travail que je lui avais demandé pour des raisons multiples...
Concentré donc sur le souvenir enneigé qui continuait de défiler, mon homologue fut sur le point de dire « je le veux » à la Emma tout guillerette tandis que j’allais faire de même dans le grand dôme d’Ahtohallan quand je fus soudain interrompu par une voix hautaine :

-Oh non, Pierre ! Je t’en prie ! Ne me dis pas que tu fais partie de ces gens chétifs qui s’apitoient sur leur passé à longueur de journée pour ne pas avoir le cran d’affronter leurs avenirs ?!
-C’est toujours un plaisir de te revoir jeune fille...Toi...Et ton franc-parler, bougonnai-je alors que mes joues devinrent rubicondes.

Cela ne l’affecta pas contrairement à Helga qui secoua une tête honteuse tout en me lançant un regard de compassion.

-Décidément petite sœur...Si je devais parier, je dirais que tu t’es définitivement levée du mauvais pieds aujourd’hui ! Tempéra-t-elle.
-Pas du tout Gaga ! C’est juste que je ne comprends pas comment un grand gaillard comme Pépé Pierre puisse céder à un sentiment aussi commun que la nostalgie ! Clama-t-elle.
-Je vois...Moi qui croyais qu’en bonne reine d’Arendelle et Askersund tu savais au moins respecter le deuil de tes sujets comme de tes dignitaires...Alors la famille, je n’en parle même pas ! Objecta-t-elle encore.

Déstabilisée par cette phrase, la jumelle renchérit vite d’une voix sèche :

-Pourrais-tu arrêter de remettre en doute ma légitimité à régner alors que tu n’as jamais été sur le trône ?! C’est d’un agaçant ! Sache que je suis tout à fait capable d’avoir de l’empathie...Mais...Nous...Nous avons d’autres projets qui nous attendent ! Ce n’est pas comme si je ne te le répétais pas depuis ce matin !

Se tournant à nouveau vers moi, elle s’approcha alors et déclara :

-Mais bref ! Pardon Pierre, je ne voulais pas être aussi...Moi...Enfin ! Nous pouvons passer à autre chose à présent ! J’ai une grande nouvelle à t’annoncer ! J’ai fini ton ouvrage !

Mon cœur bondit immédiatement dans ma poitrine et je tressaillis avec force.

-C’est vrai ?! Demandai-je surexcité.
-Preuve à l’appui ! Répondit-elle en dévoilant le tas de feuilles remplie de son écriture en boucles.
-Oh merci jeune fille ! Merci ! M’écriai-je alors en lui sautant dessus de manière un peu prompte.

A ma grande surprise, elle ne sourcilla pas et accepta même mon baiser sur la joue. Impatient, j’attendis alors qu’elle me donne mon dû mais elle renchérit aussitôt d’une voix de maître :

-Voilà...Maintenant j’exige une explication quant au fait que nous allons devoir en faire part aux autres !

Tressaillant violemment car je ne m’attendais pas à ce qu’elle me sorte ça, j’explosai de rire rapidement et rétorquai :

-Quoi ?! Mais j’ai jamais dit ça moi ! Oula non ! Il est vrai que je n’avais jamais donné de réponse clair lorsque vous me l’aviez posé la première fois mais j’ai eu le temps d’y réfléchir dès l’instant où tu t’es mise à écrire et je pense qu’il faudrait être fou pour proposer cela surtout avec sa dernière vengeance qui est encore fraîchement dans nos têtes à tous ! Moi, je voulais juste ma petite histoire pour moi, sans embêter personne ! Surtout que nous serons tous d’accord là-dessus : Raconter le récit de vie de la jeune Emma Piceaerd ne sera pas assez argumentatif pour justifier sa décadence et ses actes infâmes ! Non de non !
-Ah merci ! C’est bien ce qui me semblait ! Dit-elle de sa voix pincée.

Persécutant sans attendre sa sœur aînée du regard, elle ajouta derechef avec virulence :

-Helga Westergaard d’Arendelle, tu me dois des excuses tout de suite !
-Ah bon ? Pourrais-je savoir pourquoi, petite sœur ? Quémanda-t-elle provocatrice.
-C’est évident ! Pour m’avoir fait perdre mon temps une fois de plus !

Reprenant tout de suite du poil de la bête, la fille d’Anna et Hans haussa à son tour le ton :

-Oh ? Au point où j’en suis...Tu peux toujours courir ma Poupette ! Vous semblez tous les deux très pessimistes mais je maintiens que c’est une bonne idée ! Déjà, nous sommes dans un Hellheilm libre, donc les autres membres de la famille n’ont aucun droit d’interdire quoique ce soit à Pierre s’il a envie de raconter son histoire ! Puis, ça pourrait être l’occasion de leur montrer les progrès qu’il a fait en lecture grâce à moi d’ailleurs ! Son débit est très fluide maintenant !
-Euh...C’est très gentil Helga mais tu sais...Commençai-je gêné.

Ne me laissant pas finir, elle se tourna à nouveau vers moi avant de me couper la parole :

-Non ! Ne te dérobe pas ! Personne ne peut te l’interdire ! Oui ! Tu n’as pas à avoir honte de ta vie...Du fait qu’elle soit rattachée à celle d’Emma...Faut pas oublier que sans vous...Bah nous tous, Kirsten, moi...Pour ne citer que nous deux...Bah on ne serait pas là ! Elle est quand même la base fondamentale de ce que nous sommes tous aujourd’hui ! Alors, il ferait beau voir qu’il y en ait parmi nous qui te fasse une réflexion ! Je t’assure que tu n’as rien à craindre ! Propose-la et tu verras que pour une fois j’ai raison ! C’est pas souvent...Même jamais je vous l’accorde ! Mais là, j’ai la conviction que ce sera une bonne chose ! Faites-moi confiance !

Indignée, la jumelle ne dit rien mais scruta son aînée avec une telle aigreur que je crus un instant qu’elle allait lui sauter à la gorge pour l’assassiner. Pas en reste, Helga ne baissa pas les yeux jusqu’à la faire plier. Interviens Pierre ! Interviens avant qu’elles fassent un massacre ! Me convainquis-je tout en les zyeutant tour à tour.
Prêt donc à intervenir pour qu’elles trouvent un chemin d’entente, je ne pus rien dire quand Kirsten se rétracta et déclara soudain d’un timbre dépassé :

-Tu sais quoi Helga ?! D’accord ! Fais-donc ça ! Autant te laisser aller au bout de ta bêtise puisque je ne pourrais pas t’en empêcher ! Mais allons-y tout de suite si tu veux bien ! Plus vite tu seras tournée en ridicule ! Plus vite je pourrais briller en proposant autre chose qui fera oublier à tout le monde ton impertinence !
-Mais oui ma Poupette ! Mais oui ! Déclara-t-elle triomphante.

Ne faisant pas attention à sa tête victorieuse, sa cadette donna bientôt l’allure de la marche et se positionna en tête alors que sa grande sœur pressa son pas.

Les bras-ballants, je mis un temps à comprendre qu’elles étaient en train de partir sans m’attendre et réalisai alors que la demoiselle ne m’avait pas laissé mon cadeau.

-Attends Kirsten ! Mon livre, s’il te plaît ! Clamai-je tout en leur courant après d’une démarche pataude.

Mais les filles ne m’entendirent pas et se dépêchèrent de prendre la direction de la salle des banquets tandis que j’eus bien du mal à les suivre...

****

Nous avions finalement réussi à réunir tout le monde pour le souper. Coincée dans ce brouhaha infernal, je me contentais de lancer un regard noir à l’autre idiot de Rocco qui s’accrochait à mon visage avec ébahissement puisque je lui rappelais à n’en pas douter celui de Rita...

-Ylva...Pourriez-vous dire à votre fils qu’il arrête de me regarder comme un morceau de viande ! Cela devient offensant à force ! Et je ne parle même pas de l’irrespect envers ma moitié !
-Oh mais ne t’agite pas ainsi demoiselle ! Rit-elle tout de suite, peut-être que mon fils se rend enfin compte qu’il n’a pas pris la meilleure de vous deux...
-Maman ! Je ne te permets pas ! S’offusqua-t-il immédiatement alors que Mémé Iduna et Mémé Helga se mirent à glousser avec force.

Décidément ! Tous des effrontées ! Y en a pas un pour rattraper l’autre ! Pensai-je férocement tout en essayant d’avaler péniblement la fin de mon ragoût de rennes. En vain, cet espèce de goujat ne se détachait toujours pas de ma personne si bien que je finis par me mordre la lèvre à force d’être aussi focalisée sur lui.

-Rocco...Je vous promets que si vous continuez de me lorgner ainsi, je... Je vous mets mon poing dans la figure ! Croyez-pas ! Mon cousin m’a appris quelques prises ! Rugis-je violemment.
-Quoi ? Mais je n’y peux rien si la ressemblance avec ma femme est frappante sans compter que vous, vous avez retrouvé votre jeunesse, argumenta-t-il dans l’espoir de me flatter.
-Oui d’où le terme jumelle mon pauvre ami ! M’écriai-je à bout de patience.

Ne résistant plus, je lui envoyais l’un des verres d’eau provenant de la table des enfants à la figure. Cela amusa Ylva qui pouffa à nouveau comme une folle. Loin de prendre la mouche, son idiot de fils prit un temps pour s’essuyer et minauda encore :

-D’accord...D’accord...Je déclare forfait...Pour ce soir !

Mais c’est pas vrai ! Je ne vais pas tenir ! Pestai-je intérieurement en les observant tous. Quand ce n’étaient pas les enfants qui prenaient de la nourriture à pleines mains pour se les mettre dans les cheveux, c’étaient les adultes qui se donnaient le change dans des conversations toutes plus primates les unes que les autres. Il est certain que le savoir-vivre était resté sur le pas de la porte de cette grande salle à en juger par les bruits des couverts qui claquaient trop fort ou bien les restes de sauces qui logeaient dans les dents ou sur les mentons de chacun. Respire Kirsten...Respire, répétai-je plusieurs fois avant de me rappeler mon état. Plongée dans mon assiette pour me recentrer, je me fis un petit récapitulatif psychique de ce qu’il allait falloir mettre en œuvre pour changer cela aussi...Enfin... c’était sans compter sur Mémé Anna qui me fit perdre le fil... Resplendissant dans sa robe de cinquième esprit remise à la va vite au plus grand plaisir de Pépé Elysia, elle cria soudain :

-S’il vous plaît ! Deux minutes d’attention !

Obtenant rapidement le calme, je m’attendais à une annonce de la plus haute importance mais déchantais assez vite lorsqu’elle s’exclama :

-Il me reste un fond de ragoût de rennes ! Ce serait gâché de le jeter ! Qui en veut encore ?

Dépitée...J’étais dépitée...Entre elle, grande chamane renommée qui était incapable de proposer un autre met alors qu’elle avait énormément de talent de cuisinière, Mamie Dudu qui passait son temps à batifoler avec Papy Antoine et Papy Agnarr, cachant à peine son trouple, Maman et Marraine qui ressemblaient davantage à deux gamines attardées plus qu’à des reines de renommées ou encore Madame Nordlys qui passait son temps à observer les couples à un tel point que cela prenait plus le pas sur son travail d’historienne, je n’aurais jamais assez de l’éternité pour corriger tout cela !

Reste dans l’instant présent Kirsten et contrôle-toi, pensai-je tout en essayant de me vider l’esprit. Faisant donc la morte pour ne pas répondre à mon aïeule, ce n’était certainement pas moi qui allais sauter sur ce tas de viande froide baignant encore dans les abysses de la marmite...les dernières bouchées étaient déjà compliquées à avaler...Et je n’étais pas la seule à en faire le constat à en juger par le peu de monde qui se pressait pour obtenir la fin du plat...Face à notre réticence, Mémé Anna se rabougrit immédiatement :

-Bien...Pas tous en même temps ce serait dommage !

Se tournant sans attendre vers mon arrière-grand-père, elle ajouta avec espoir :

-Mon Elysia ? La dernière part pour me faire plaisir ?

Ne souhaitant pas la froisser, il s'empourpra tout de même et répondit :

-C'est gentil ma Anna d'amour...Mais...Euh...Là...Si je prends ça en plus...Je...Je ne pourrai plus t'honorer comme il se doit après...Et...Nous en serions tous les deux forts mécontents...
-Alors je te l’interdis ma Belle ! S’empressa de rétorquer Ylva qui ne voulait surtout pas que l’activité de ces deux-là s’amenuise, tu n'as qu'à donner la dernière part à ma Grosse Gaga ! Oui ! Pour sûr ta mère ne dira pas non, elle ! Hein ma Grosse Gaga !?
-Oh...Euh...Puisqu’il faut se dévouer, renchérit cette dernière.

N’attendant pas que mon aïeule s’approche d’elle avec la casserole, elle lui arracha des mains et déversa le reste des vivres dans son écuelle avant de l’engloutir à la manière de Mobydick... D'un désespérant...Oui c'était vraiment un écœurant spectacle qui me faisait face ! Moi à la même table qu’une ogresse qui dévorait ce met forestier sans aucun respect pour la pauvre bête qui avait été sacrifiée pour elle... Un butor ! C’était un butor...Comment faisait-elle pour ne pas exploser ?! Elle devait être à sa sixième assiette depuis tout à l'heure !
Tournant le regard pour ne pas avoir un haut le cœur, je faillis quitter la pièce avant de me rappeler qu’Helga avait également son annonce à faire...Oui...Il y avait ça aussi qui terminerait de m’achever pour aujourd’hui...Lui faisant donc un petit signe pour qu’on en finisse au plus vite, je la laissai se lever et se placer sur l’estrade tout en faisant mine de m’intéresser à ma nourriture pour ne pas avoir à la regarder.
Un cauchemar...J’étais dans un cauchemar et j’allais me réveiller aux côtés d’Aslak qui se moquerait gentiment de moi pour mon rêve farfelu avant de s’empresser d’en faire part à ma Riri qui n’en finirait pas de glousser non plus...Me pinçant comme une folle pour essayer de me réveiller, je constatais avec amertume que j’étais bien là où je devais être et entendis donc comme tout le monde ma grande sœur taper sur son verre pour réclamer l'attention de la foule...

-Chers vous tous ! Dit-elle bientôt, je profite de ce moment de vous avoir tous pour vous faire part d’un grand évènement ! Enfin...Euh...C'est pas vraiment moi que ça touche directement... Mais plutôt Pierre et Kirsten qui ont fait des choses ensemble donc...
-Pierre et Kirsten qui ont quoi ?! Répétèrent aussitôt Maman et Mémé Anna.

S’étranglant avec force, elles braquèrent immédiatement leurs regards dans notre direction pour avoir une explication et mes joues se chauffèrent alors que je la maudis. Bon...Autant prendre le renne par les cornes...

-Pfff...Quand je dis qu'il faut vraiment tout faire soi-même ! Soupirai-je en me levant dignement.

La rejoignant rapidement sur l’estrade, je lui fis signe de dégager avant de terrasser l'assemblée du regard par ma prestance habituelle. Restant silencieuse quelques instants pour bien capter leur attention, je clamai d’une voix posée quelques minutes plus tard :

-Hum...Comme vient si bien de le dire ma sœur, Pierre et moi avons longuement collaboré pour vous offrir un nouveau récit qui viendra éclaircir le cercle familial ! En effet, grâce à mon talent sans faille, j'ai été désignée pour relater les faits écrits de nos deux premiers ancêtres et ainsi préserver leurs mémoires ! Hum...Et comme il est de coutume, c’est maintenant au tour de notre ancien Père Noël de vous en faire part à l'oral !

Voilà...C’était dit de façon claire et concise. Ils allaient tous refuser et nous allions pouvoir nous concentrer sur d’autres sujets beaucoup plus alarmants...

-Oh ?! Une nouvelle histoire ?! Chouette ! Moi je suis carrément partante ! Gloussa aussitôt Tatie Anna dans un petit bruit de souris.

Attendez quoi ?! De tous, je ne m’attendais pas à ce que ce soit elle qui réagisse en premier. Parrain Kristoff dut le sentir puisqu’il déclara, dépassé :

-Eh bien...J'en connais une qui n'est pas rancunière !
-Oh voyons ! Ne ronchonne pas ! Tu connais mon côté romantique après tout ! Je ne peux résister à de nouvelles anecdotes amoureuses semées d'embûches ! Pouffa-t-elle encore.

Cela me radoucit immédiatement et je lançai plus sereine :

-Eh bien tu ne vas pas être déçue Marraine...

Trépignant déjà d'impatience, je fus doublement étonnée en constatant qu’elle n’était pas la seule à être enthousiaste et qu’au contraire les autres membres semblaient tout aussi partants...

-Parfait Kirsten ! Merci de t’être occupée de ce projet qui tenait à cœur à Pierre...Du coup, on commence quand ? Questionna aussitôt Mémé Anna.

Ah carrément ! C’était celle enfermée dans les Limbes pendant plus de soixante-dix ans en temps sur Terre qui me posait la question ! Perdant le contrôle, ce fut moi qui ouvris bientôt deux yeux exorbités et je remarquais enfin que tout le monde me dévisageait avec un rictus amusé aux lèvres... Y compris Helga et ce gros plein de soupe de légende de Noël...

-Arrêtez de me regarder avec cet air niais et donnez-moi une explication à tout cela à la fin ! Ordonnai-je froidement, aucun de vous n'a l'air tellement surpris par ce que je viens de dire !

Légèrement crispés, ils se tournèrent tous vers...Ylva. Mais oui...J’aurais dû m’en douter...Il n’y avait qu’elle pour toujours avoir un coup d’avance sur moi...Faisant au mieux pour ne pas sortir de mes gonds, je la laissais alors s'incliner avant de reprendre avec allégresse :

-Tu te doutes bien que j'avais déjà prévu le coup en amont et que j'ai caressé tout le monde dans le sens du poil pour que cette annonce se passe sans encombre demoiselle ! Crois-moi ! Ce n’était pas gagné et j’ai commencé à user de mon sens de la persuasion dès l’instant où Pierre t’a demandé de te mettre à l’œuvre ! Bon ! J’y ai laissé toutes mes bouteilles d’hydromel et les quelques économies que j’avais réussi à tirer quand j’avais vendu mes billets pour la première nuit de retrouvailles d’Anna et Elysia...Mais quelque chose me dit que ça en vaut la peine !

De plus en plus vexée de m’être faite avoir, j’évinçais tous les regards qui continuaient de m’asticoter et déclarai :

-Mais enfin Madame Nordlys...Bien sûr que je savais ce que vous tramiez tous ! Pour qui me prenez-vous enfin ?!
-Hum...Pour quelqu'un qui cache mal son jeu ma petite ! Pouffa-t-elle, allez...Sans rancune !

Devenant cramoisie de rage, j’agrippai bientôt sa main qu’elle me tendit en signe de pardon et la lui écrasai exprès avant d’à nouveau me tourner vers mon premier ancêtre et reprendre :

-Si notre hôte veut bien prendre la peine de se mettre en place dans ce cas !

Lançant un sourire entendu à l’assemblée, nous nous rassîmes donc et il demanda à Helga de distribuer beaucoup de chocolats chauds avec des guimauves et de la chantilly avant de s’installer dans un grand fauteuil en osier.

-Oh ! Kirsten...J’aurais besoin de quelqu’un pour m’assister pour les parties qui concernent Emma...Et tu es de loin la meilleure lectrice d’Arendelle ! Clama-t-il d’une voix malicieuse.

Retrouvant le sourire, je renchéris pourtant :

-Hum...N’en fais pas trop Pierre...Je veux bien m’atteler à cette nouvelle tâche avec toi sans que tu aies besoin de me rappeler qu’à peu de chose près je suis parfaite en tous points!
-Mais oui c’est évident ! Rit-il, viens donc prendre place à mes côtés à présent !

Bien...Ce n’était pas ce que j’avais prévu et cela allait encore ralentir tout ce que je comptais entreprendre pour la suite mais je n’avais pas le choix...Il fallait que je laisse toute ma charge mentale de côté pour être optimale dans mon rôle de conteuse ! Me mettant donc dans un autre fauteuil en osier, je l’écoutai commencer même si je savais déjà tout ce qui allait arriver...

-Tout débuta par une fin de matinée un certain 24 juillet...

Lun 16 Sep 2024, 18:41

Squalala, nous sommes partis pour un nouveau RVLP ! Et le septième... mais pour ce début, on reste encore un peu dans l'Heilleim.

Car même morte, Kirsten se doit de remettre de l'ordre dans son nouveau lieu de vie (ou de mort, en plus d'avoir fini d'écrire l'histoire de Pierre Sappos), et ça en se faisant assister par Helga. Et déjà que dans la précédente histoire Kiki et Riri pouvaient pas se saquer, c'est pareillement avec Helga. Mais vous savez, les disputes de fratrie/sororité... ça gronde mais ça se calme aussi Wink

Et du côté de Pierre non plus les choses ne vont pas fort, car même après avoir fait ce qui était nécessaire pour sauver sa famille dans le précédent RVLP, il reste nostalgique du bon temps passé avec Emma. Mais il reste temps pour lui de raconter son histoire avec Emma à toute sa descendance... et à nous autres lecteurs aussi, par la même occasion.

Mais ça attendra la prochaine fois...

Mar 24 Sep 2024, 23:05

Merci @Dov pour ton commentaire ! Very Happy

Voici à présent les spoilers sans contexte du chapitre 2 Smile

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures ! Chapit91

Mer 25 Sep 2024, 00:38

Je ne pensais pas qu'il y en aurait un autre maintenant avec le changement dans vos vies.
Mais finalement on va avoir droit à une histoire sur Emma et Pierre, le tout rédigé par Kirsten. Alors j'attends que cela soit impeccablement disserté venant de sa part Very Happy

Ce qui est interessant c'est que dans ce prologue on sent que pour Pierre, Emma est un manque. Elle a disparue, son âme en tant que tel n'est plus puisque régénérée dans une enfant qui ne connait rien de cette histoire, même si nous on sait qu'elle lui est racontée pendant le mois de décembre en guise de calendrier de l'Avent.
Oh écrire ça, ça me fait remarquer que Noel ca va vite approcher en fait!! santa

Donc je pense que plus qu'une simple histoire flashback, peut être que c'est Pierre cette fois qui va vriller et pourquoi pas tenter de faire revenir Emma... En tout cas ces deux là vont forcément finir par se retrouver ça semble impossible autrement!

Jeu 26 Sep 2024, 11:13

Floconnette a écrit:Je ne pensais pas qu'il y en aurait un autre maintenant avec le changement dans vos vies.
Mais finalement on va avoir droit à une histoire sur Emma et Pierre, le tout rédigé par Kirsten. Alors j'attends que cela soit impeccablement disserté venant de sa part
Ce qui est interessant c'est que dans ce prologue on sent que pour Pierre, Emma est un manque. Elle a disparue, son âme en tant que tel n'est plus puisque régénérée dans une enfant qui ne connait rien de cette histoire, même si nous on sait qu'elle lui est racontée pendant le mois de décembre en guise de calendrier de l'Avent.
Oh écrire ça, ça me fait remarquer que Noel ca va vite approcher en fait!!
Donc je pense que plus qu'une simple histoire flashback, peut être que c'est Pierre cette fois qui va vriller et pourquoi pas tenter de faire revenir Emma... En tout cas ces deux là vont forcément finir par se retrouver ça semble impossible autrement!

Merci pour ton commentaire I love it

Hahaha évidemment que si c'est Kirsten qui écrit il faut que ce soit impeccablement disserté ! bravo

comme dirait Frantzoze "ce n'est pas avec erreur de la nature Gaga que ce serait arrivé !" Blague à part, je respecte mon mode d'écriture d'avant Pierre à savoir premier jet d'écriture + deux relectures mais c'est vrai que c'est plus complexe maintenant qu'il est là et qu'il me prend tout mon temps XD (y compris la nuit Razz

)... Bon Frantzoze s'en occupe pas mal pour que je puisse respirer un peu (le postpartum est plutôt violent...Même très violent...Quand je pense que je fais subir à Iduna Sappos d'être mère célibataire et d'élever Elysia seule...Mais sans l'aide de la communauté et d'Ylva elle se serait suicidée avant la fin du premier mois...) Pardon, je disais donc que Frantzoze est un super Papa qui s'en occupe très bien en parodiant toutes les comptines pour enfants avec nos personnages...En ce moment c'est "dans la ferme Mathurin" version "dans le village Northuldra"...Et sans surprise celle qui s'en prend plein la tronche à chaque fois c'est la Grosse Gaga...Il l'a tellement diabolisé que lorsque Pierre prend son biberon et qu'il la mentionne il boit plus vite [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures ! 1262057928

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures ! 1262057928

Ah ! Et quand on dit le prénom "EMMA" il se met à pleurer et il sourit quand on dit "Elsa est une pu**" bref nous sommes des parents indignes et on a déjà traumatisé notre bébé de 8 semaines XD

Mais si, si j'avais dit qu'il y aurait un tome 7 et que je ne voulais surtout que cela soit différent de notre vie d'avant pour l'écriture avec l'arrivée de Pierre, donc le Tome 7 est pour cette année... Bon au niveau du rythme nous serons plutôt sur un chapitre toutes les deux semaines car toutes les semaines c'est impossible (exceptionnellement le chapitre 2 sera pour dimanche prochain car Dov ne pouvait pas assister au live de ce dimanche-là Wink

mais sinon c'est toutes les deux semaines au lieu de toutes les semaines Wink

)

Oui ! Noël va approcher à grands pas ! Je vais finir le "Noël Miracle chez Mamie Anna" que j'avais laissé en suspens l'année dernière à cause des nausées XD...On a déjà vu pleins de jouets pour Pierre et on a hâte de lui faire essayer son pyjama de Père Noël en espérant qu'il ne soit pas trop petit car monsieur porte bien le nom de son homologue :calin:

et met déjà du 3 mois alors qu'il n'en a que deux x)...Mais des photos de Pierre devant le sapin et surtout avec le père Noël au marché de Noël... On attend ça avec impatience !!!! Forcément avec son nom et le symbole de son prénom à nos yeux...Nous sommes surexcités d'arriver dans cette période !! I love it

Alors pour en revenir au tome 7, je préfère prévenir ce sera quand même majoritairement une histoire flashback...MAIS effectivement je ne peux pas laisser Emma séparée de Pierre à la fin Wink

Pierre deux mois:

Dim 06 Oct 2024, 20:40

Et voici donc le deuxième chapitre qui nous fait enfin entrer dans la grande histoire de Pierre et Emma ! Smile

Les chapitres seront alternés entre les points de vue d'Emma, ceux de Pierre et quelques étapes dans l'Hellheilm, un peu comme le retour vers le passé 6 Smile

Bonne lecture Very Happy

Nous commençons par le point de vue de Pierre I love it

Chapitre 2 : La nouvelle venue :

-Allez Pierre...Je ne vais pas te le répéter cinquante fois...Il faut que tu crées moins d’écart entre tes doigts pour tenir ta scie sinon tu risques de te couper ! Clama Papa avec autorité, bon Malene montre-lui avant que nous ayons une catastrophe ! Je savais que nous aurions dû lui offrir un autre cadeau pour son anniversaire...

Soufflant déjà pour montrer son mécontentement face à sa remarque acerbe, Maman me dévisagea d’une façon plus douce avant de renchérir :

-D’accord, Frank...En revanche, inutile de t’énerver...Cela n’arrangera rien...Il est petit mais il va apprendre !

Rassuré par son amour, je l’étreignis tandis qu’elle s’approcha rapidement de moi et se pencha derrière mon épaule pour m’aider à manipuler au mieux mon matériel. Décalant immédiatement mes mains, elle fit en sorte qu’elles se touchent presque et effectua ensuite un signe de la tête en direction du conifère pour que je fasse un nouvel essai. A nouveau sûr de moi, je me rendis donc sur le tronc que mon père avait marqué d’indices pour mon exercice et suivis précisément son geste pour tenter de l’appliquer. Voyant que j’étais lent, il réitéra d’une voix sérieuse :

-Allez mon garçon ! Du cran ! D’avant en arrière fermement jusqu’à ce que tu ne sentes plus tes bras !

Tout fier du haut de mes deux ans, je comptais jusqu’à trois et m’afférais bientôt à la tâche à une vitesse folle. Grossière erreur. Prenant trop d’élan, je ne réussis pas à tenir plus d’une minute et me fatiguai sans attendre. Papa ne manqua pas de le voir et me détailla bientôt avec sévérité avant d’ajouter :

-Bien...Nous retravaillerons la maîtrise du découpage une autre fois...Je n’ai pas le temps de passer derrière toi pour le moment...Ta mère et moi devons nous dépêcher de ramasser nos bûches ! Nous sommes en retard sur le stock de cet hiver ! Reste tranquille à côté de nous et observe bien nos faits et gestes afin de les avoir bien en tête pour les prochaines fois !

Comprenant tout de suite que je n’avais pas été à sa hauteur, cela me vexa grandement et je baissais honteusement la tête alors que mes yeux commencèrent à se remplir de larmes. S’en apercevant aussitôt, Maman lui jeta un regard noir et me frotta vigoureusement le dos avant de lui grommeler :

-Une parole encourageante ne pourrait pas lui faire de mal Franck...Allez ! Dis-lui quelque chose de gentil...Il a essayé et a fait de son mieux...
-Ce n’est pas comme ça que marche le monde Malene...Plus vite, il s’en rendra compte, mieux ce sera pour lui ! Assura-t-il sèchement.

Entendre cela fit redoubler mes pleurs et je reniflais derechef en me sentant de plus en plus honteux. Maternelle, ma mère repassa à côté de moi et me fila discrètement son mouchoir pour que je m’essuie le visage. Puis elle me lança un regard franc et j’allai mieux. Avide d’avancer dans les pas de mon père, je ne le quittai pas du regard tandis qu’ils se mirent tous deux au travail.
Très vite, ils se mirent en face l’un de l’autre de lui pour se donner le change avec la scie et il n’y eut bientôt plus que le bruissement de cet élagage dans toute la forêt de sapins. Au bout d’un quart d’heure, le large tronc s’abattit bruyamment sur le sol sous mes yeux émerveillés.
Hypnotisé, j’attendis que mes parents s’attaquent à un autre arbre mais à mon grand étonnement mon père s’arrêta rapidement et quitta son emplacement pour revenir sur ses pas. Se penchant alors à ma hauteur, ses doigts rugueux m’agrippèrent mes joues toujours figées et il demanda bientôt :

-Hum...Hum...Voudrais-tu assister ta mère pour cette souche-là, Pierre ?

Oh ? Il avait changé d’avis à mon égard ?! Retrouvant un sourire jusqu’aux oreilles, j’hochais la tête avec force et me plaçai à côté d’elle pour l’aider à découper le buste de ce nouveau conifère. Fermant la bouche par précaution pour ne pas recevoir les chapelures de sciures, je donnais tout ce que j’avais et cela fonctionna cette fois à mon plus grand bonheur. Recevant un baiser sur la tête de sa part quelques minutes plus tard, je fus encore plus aux anges en entendant Papa dire à son tour :

-Eh bah voilà, jeune homme...Tu t’es bien rattrapé ! Ce n’était pas si mal...Nous ferons peut-être quelque chose de toi plus tard finalement !

Me sentant tout de suite pousser des ailes, je m’écriai alors d’une voix fluette :

-Je te promets de devenir le plus grand des bûcherons pour te faire honneur !

Le sentant immédiatement touché, je ne fus toutefois pas surpris quand il me tapota maladroitement mes cheveux châtain en s’exclamant :

-Deviens juste quelqu’un mon fils et ce sera déjà très bien ! Le reste n’a aucune importance dans ce monde sans pitié et dénué de fantaisies...

Persuadé qu’on pouvait tout de même le changer si tous les êtres humains y mettaient de la bonne volonté, je n’ajoutai pourtant rien et me contentai d’affirmer ses dires par un signe de tête avant de me réfugier dans les jupons de Maman en commençant à sentir des gouttes de pluie sur mes vêtements. Mettant ses mains en visière cette dernière inspecta également le ciel et déclara :

-Frank...On dirait que ça se couvre...
-Mince ! Tu as raison...C’est que ça m’arrange pas ! Grommela-t-il aussitôt d’une voix revêche, les autres me l’avaient dit mais je n’ai pas voulu les croire...Et maintenant si je renonce, je vais être la risée de tous...Y a pas le choix...Faut finir notre travail avant de rentrer...

Scrutant discrètement les abatteurs qui étaient aussi présent dans la vaste forêt, je remarquais alors qu’ils étaient en train de remballer leur matériel et de recouvrir de leurs couettes résistantes en crin de cheval, les bûches déjà empilées. Très vite Maman s’en aperçut aussi et lança immédiatement un regard inquiet à Papa avant de lui demander :

-Tu es sûr de toi, Frank ? On devrait peut-être les suivre, non ? Il est difficile de retrouver son chemin quand les nuages assombrissent les bois, déjà qu’il ne fait pas bien clair par ici...Rappelle-toi la dernière fois ! Nous avons mis des heures pour retrouver notre chemin et...
-...Je m’en rappelle très bien ! Répondit-il hargneusement, pourquoi faut-il que tu me rabaisses devant notre fils en ressortant toujours cette histoire ?! Si tu cessais de perdre ton temps à parlementer, les deux arbres qu’il nous reste encore à faire tomber seraient aussi sous leurs couvertures ! Deux arbres Malene ! Seulement deux ! Ce n’est pas la fin du monde ! Allez ! Si on s’y met maintenant ce sera rapide !

Bien que lisant la peur dans les yeux de ma mère, cette dernière rétorqua tout de même :

-Soit...Tu dis sans doute vrai, dans ce cas allons-y !

Se tournant ensuite vers moi, elle ajouta d’une voix plus sereine :

-Va nous attendre dans le chariot Pierre ! Nous n’en avons pas pour longtemps ! Tu sais comment monter ?
-Oui Maman, murmurai-je.

Pressant le pas, je me hissais donc à l'arrière du vieux traineau pleins d’échardes avec agilité et m'assis sur les grosses couvertures rêches en attendant qu'ils terminent. Frigorifié à cause de la pluie de plus en plus abondante, je me passai bientôt une longue cape par-dessus la tête pour me protéger tout en priant pour qu’ils aillent plus vite. C’est que j’étais impatient de rentrer à la maison, moi ! On ne soufflait ses bougies d’anniversaire qu’une fois l’an ! Ne me souciant donc pas trop du temps même si Papa et Maman m’avaient expliqué que juillet était un mois propice aux gros orages et c’était pour cela qu’il fallait faire très attention en forêt, je comptais en chansons les minutes qui nous séparaient de la fin du labeur. Hélas une angoisse finit par me ronger le ventre quand je me rendis compte qu’ils n’avaient toujours pas terminé au bout de cinq minutes. Mince ! C’était eux qui avaient dit que c’était dangereux...Alors si eux-mêmes ne respectaient pas la règle...Allez...Il fallait qu’ils se dépêchent ! Ce fut vain. A ma plus grande détresse, ils ralentirent plutôt leurs mouvements alors que les gouttes s'accumulèrent de plus en plus fortes, dévalant même des branches des sapins. A présent trempé de la tête aux pieds, j’hésitai à crier pour leur dire de me rejoindre mais la crainte de me faire gronder par Papa fut plus forte et je demeurais silencieux pendant que tout mon corps se glaça d’effroi. Comme connectée à mes pensées, Maman me précisa alors au bout de quelques secondes:

-Il nous reste encore un arbre à couper Pierre ! Sois tranquille ! Nous arrivons !

Ne voyait-elle pas que c’était déjà ce que je faisais ?! Offrant tout de suite une moue dubitative, je priai pour qu’ils soient à mes côtés rapidement quand j'entendis soudain un coup de tonnerre dans le ciel non loin de nous. L’orage ! C’était l’orage qui faisait son apparition ! Ayant à peine le temps de respirer, je fus submergé par une lumière aveuglante qui me passa devant les yeux, me forçant à me recroqueviller dans le traineau. S’ensuivit un bruit horrible de craquement irrégulier mêlé à des cris qui demeurèrent longtemps en écho dans mes oreilles. Effrayé et sonné, je ne mis pas longtemps à me relever avant de crier le plus fort possible :

-MAMAN ! PAPA !

Où étaient-ils ?! Ce n’était pas l’heure pour une farce ou une partie de cache-cache ?! Je n’avais pas envie de jouer ! Je voulais rentrer avec eux ! Mais personne ne me répondit et je pleurais bientôt sous le coup de l’anxiété.

-Papa...Maman...Faut venir maintenant...Ce...Ce n’est pas amusant...Chuchotai-je en me sentant beaucoup plus honteux que tout à l’heure.

Mes bas...J’avais souillé mes bas sous la peur...Papa allait me réprimander...Tant pis ! Je préférais prendre une fessée tant qu’ils réapparaissaient tous les deux ! A peine pensai-je cela que mon cœur se remit à battre plus vite. Certains sapins non loin de moi avaient pris feu à cause de l’éclair ! Mon calvaire était donc loin d’être fini. Paniqué, je leur implorai une nouvelle fois de revenir tandis qu'une odeur de brûler me transperça soudain mes narines. Aux aguets, j’observais de toutes parts, espérant qu’on vienne me sauver mais il n’y eut rien à faire...Les conifères continuaient d’être ravagés par les flammes tandis que je demeurais impuissant face à ce spectacle horrifiant. Ne cessant de cogner avec force dans ma poitrine, je me demandais à quel moment mon palpitant finirait par me lâcher quand un autre bruissement à en faire trembler la terre s’entendit non loin de moi. Impuissant, je commençais à voir tout tourner autour de mon être...La pluie qui continuait de s’abattre...L’orage qui déferlait aux alentours... Mes parents qui ne se montraient plus...

-Papa ! Maman ! Appelai-je encore.

Pas de réponse à nouveau...Pris de sueurs, je sentis que je perdais l’équilibre...Un autre éclair passa devant mes yeux et ce fut le noir total...
Quand je repris connaissance, j’étais dans une maison inconnue bien plus grande mais en aussi mauvaise état que celle où j’avais vécu...cinq lits se trouvaient dans la pièce et une voix de femme s’écria soudain :

-Ah ça y est ! Tu reprends connaissance jeune homme ? Ce n’est pas trop tôt tout de même !

Connaissant cette dame pour l’avoir aperçue à l’église quelquefois, je ne savais toutefois pas qui elle était, aussi je demeurais silencieux. Totalement déboussolé par ce lieu et le fait que j’étais dans cette couchette, je me ramenai les couvertures jusqu’aux yeux pendant qu’elle ajouta :

-Tu as dormi trois jours non-stop, tu dois avoir faim ?
-Euh...Euh...Oui madame, bredouillai-je.
Trois jours ? Je n’avais même pas fêté mon anniversaire alors...
-Parfait ! Donc lève-toi pour aller travailler d’abord ! Tonna-t-elle d’une voix tonitruante.

Un peu perdu, je ne comprenais pas son raisonnement...Ne venait-elle pas de me proposer de la nourriture ? Terrifié par sa carrure protocolaire, je pris tout de même mon courage à deux mains et la questionnai :

-Excusez-moi Madame...Mais...Pourquoi je suis là, moi ? Où sont Papa et Maman ?

Restant de marbre, son visage s’affaissa pourtant tandis qu’elle renchérit :

-Ah misère ! Tu ne te rappelles donc pas ? Un des sapins s’est abattu net sur eux qui n’ont pas eu l’idée judicieuse de rentrer avant que l’orage n’arrive jusqu’à nous ! Ce qui veut dire que désormais tu habiteras ici...A l’orphelinat...Jusqu’à ce qu’une famille décide de t’adopter...Autrement dit jusqu’à ta majorité car personne ne voudrait s’encombrer d’un enfant par les temps qui courent ! Allez ! Lève-toi maintenant ! Tu as bien dit que tu voulais manger, n’est-ce pas ?
-Euh...Oui...Oui, murmurai-je dans le flou.
-Parfait ! Ronchonna-t-elle, tu es donc de corvée de patates avec trois autres orphelins pour ce soir ! Ici, si tu veux subvenir à tes besoins, il faut que ça se mérite ! Et pour cela, il faut payer ! Tu effectueras donc toutes les tâches quotidiennes et communes de l’orphelinat mais tu continueras aussi à faire le métier de tes parents et retourneras dès demain matin avec les autres bûcherons dans la forêt ! Ah ! Et tu devras aussi...

Mais je ne l’écoutais même plus tandis qu’elle continua de parler avec intensité. Mon esprit était resté bloqué sur le fait que Papa et Maman étaient morts. Comme je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire, je la questionnai derechef :

-Excusez-moi de vous couper Madame mais le mot « mort », ça veut dire que je ne les verrai plus jamais ?

Cela la stoppa net. Outrée par ma phrase, elle me fixa durant quelques secondes avant de demander brusquement :

-Quoi ?! Qu'est-ce que tu as dit ?!

Déglutissant péniblement, je réitérai ma question ce qui la laissa une nouvelle fois sans voix. Déstabilisée, elle réussit pourtant à dire avec dureté quelques secondes plus tard :

-Ah...J’avais bien compris en fait...Eh bien...Euh...Oui...Oui c'est bien cela ! Tes parents ne reviendront pas...Allez...Viens avec moi pour te mettre au travail à présent !

Pétrifié car tout se bousculait dans ma tête, je n’eus pourtant pas d’autres choix et la suivis tout en ne comprenant pas tout de suite que commençait ma nouvelle vie...

-Hey le petiot ! Hey ! Tu vas ramasser ta scie et aller faire tes arbres, oui ?! On a pas le temps pour tes états d’âmes ! Crièrent soudain les bûcherons alors que j'avais toujours les yeux dans le vague.

Brusquement ramené trois ans plus tard, j’avais perdu la notion du temps comme chaque fois que nous travaillions près des sapins proches de l’accident. J'étais à présent âgé de cinq ans et il ne se passait pas une journée sans que je ne repense à cet évènement tragique...Enfin que j'y pense...C'était une façon de parler bien sûr...J'étais trop jeune pour me rappeler de tout en détails... Oui ! Mon plus lointain souvenir de mes parents se matérialisait dans ma tête par des flashs qui se déroulaient brièvement en trois temps : Eux qui m’apprenaient à couper du bois...La foudre qui touchait l’arbre et l’arrivée à l’orphelinat...

-...Hey le gringalet ! Tu te mets à la besogne sinon on te renvoie dans le taudis qui te sert de maison et crois-nous que le rapport qu’on va faire à la dame va pas être gentillet ! Clamèrent une nouvelle fois les abatteurs d’une voix bourrue.

N’ayant pas trop de crainte là-dessus car ils me répétaient cela à chaque fois mais ne mettaient jamais leurs menaces à exécution, je ravalais un petit sourire narquois et pris enfin ma besace à outils. Secouant avidement la tête, je m’approchai alors du groupe et essayai de les impressionner en déclarant :

-Oui...Excusez-moi messieurs...De quels sapins dois-je m’occuper aujourd’hui, s’il vous plaît ?!
- Eh bah ! C’est pas trop tôt ! Ceux de cette zone-là ! Grommelèrent-ils, maintenant au boulot et plus vite que ça !

Ne leur faisant pas perdre plus de temps, je m’attelais enfin à la tâche et rattrapé mon léger retard dans une efficacité que j’avais acquise au fil des années.
Ainsi, je passais les deux heures suivantes à écimer les aiguilles, ébrancher les ramures résineuses avec la cèpe, abattre le tronc avec ma hache et ma scie, débiter et dessoucher à l’aide de ma cognée et enfin démonter les restes des trois sapins qui avaient été choisis pour subir toute cette barbarie.

-Tiens petit ! Clama bientôt l’un des bucherons en me filant une serviette pour mon visage.
-Merci ! Renchéris-je.

En sueurs mais fier de moi, je pris un moment pour me rincer et décidai enfin qu’il était temps de rentrer à ma piètre demeure. Voir les autres hommes s’agiter et ranger leurs matériels à la va vite m’y conforta. Faisant de même, je pris bien soin d’entasser mes outils dans ma caisse et les laisser à l’abri dans la remise pour qu’ils ne rouillent pas à cause des couches de neiges omniprésentes depuis le début de ce mois de décembre. Suivant ensuite mécaniquement les bûcherons de près pour ne pas les perdre de vue, j’essayais de faire disparaître comme à chaque fois la boule au ventre et l’immense peur de me perdre dans les bois qui ne m’avaient jamais quitté depuis ce triste jour de mon anniversaire où Papa et Maman ne s’en étaient pas sortis... Heureusement, aujourd’hui, malgré l’air frigorifiant, il n’y avait pas d’orages...Ce qui ne voulait pas dire que ce n’en était pas moins dangereux avec la nuit qui pouvait arriver d’un instant à l’autre si on s’y prenait trop tard. Il régnait d’ailleurs un froid glacial au milieu des arbres mais cela s’atténua quand le soleil perça aux abord de ce qui faisait office de grande ruelle du village miteux mais familier.

Notre groupe se dispersa ici et chacun rentra chez soi en clamant des « A demain » habituels. Apercevant enfin la cabane qui me servait de chez moi, je m’en rapprochai dans une grande lassitude quand quelque chose devant le lieu désert attira bientôt mon attention. Il y avait une femme d’une vingtaine d’années assez mécontente accompagnée d’une petite fille qui ne devait pas avoir plus de deux ans. D’humeur colérique à en juger par ses traits durs et son air renfermé, l’adulte avançait d’un pas rapide tandis que l’enfant tentait de la suivre d’un pas non assuré. S’embourbant dans la neige, elle pleurait avec force alors que la dame semblait ne pas avoir envie de la calculer...Jusqu’à ce qu’elle se rappelle soudain qu’elle était là avec elle.

-Ah mais tu ne vas pas traîner en plus Emma ! Plus vite que ça ! Vociféra-t-elle avec méchanceté, ça suffit les jérémiades ! Avance ! Tout ce chemin jusqu’ici c’est ta faute ! Je ne resterai pas longtemps alors on se dépêche !

Médusé par la dureté de cette voix, je fus encore plus chamboulé quand j’entendis l’enfant bredouiller avec peine au milieu des pleurs :

-Mama…
-Arrête de m’appeler ainsi ! Pas de Mama qui tienne ! Tu es le mal, sale petite ! Je t’avais prévenue ! Tu es le mal incarnée ! Incapable de ne pas rester sans faire la moindre bêtise, le moindre caprice ! Il est temps de payer maintenant ! Tempêta-t-elle à nouveau.

Immonde ! Oui, c’était ça le mot que je recherchais et qui paraissait parfaitement scier à cette bonne femme ! Comment pouvait-on parler ainsi à son enfant ?! Si Maman était encore en vie, elle lui aurait mis une bonne raclée...Mais ma mère n’était plus là et je ne pouvais faire autrement qu’assister à la scène surréaliste avec impuissance.
Très vite, elles pénétrèrent toutes les deux dans le logis et je leur emboitais le pas car j’étais malgré tout intrigué par ce bouleversement quotidien. Marquant une certaine distance, je m’en voulus immédiatement quand je vis la mère pousser de son plein gré sa petite au beau milieu du patio sans âme. Affaiblie, la pauvre petite fille trébucha sans manifestation de larmes cette fois. Au contraire ! Elle en profita pour lui soutenir un regard buté comme si elle avait soudainement décidé de la provoquer. Le cœur toujours serré, je les détaillais toutes les deux. L’enfant portait une robe leste bleu ciel qui tranchait parfaitement avec ses jolis cheveux blonds bouclés. Elle ne ressemblait pas du tout à sa mère qui avait des yeux et cheveux noirs coincés sous une capuche serrée. Elle aussi, portait un vêtement assez fin par ce froid qui faisait rage. Ce n’était pas un tissu d’ici mais bien de d’autres contrées qui m’étaient étrangères. Oui ! C’était cela ! Ces deux femmes étaient des étrangères. D’où venaient-elles ? Pourquoi étaient-elles là ? Cela redoubla ma curiosité et je continuais de me faire tout petit pour pouvoir les espionner.
Mauvaise, la mère fit baisser rapidement les yeux de l’enfant en lui pinçant la joue avant de s’exclamer d’une voix acerbe :

-Tu es le mal Emma ! Tu brises la famille ! Enfin je vais me libérer de toi ! Toi que je n’ai jamais voulu ! Toi qui ruines tout ! Tu es une mauvaise fille Emma ! Une très mauvaise fille ! Tu vas rester là tant que tu ne seras pas devenue la bonne fille que tu dois être ! Adieu !

Qu’est-ce qu’elle venait de dire-là ?! Scandalisé par la scène, j’avais du mal à réaliser ce qui était en train de se passer. Et pourtant, la fillette reçut bientôt un chiffon rouge au visage en guise de châtiment. Peu rancunière, elle l’attrapa et s’y accrocha comme à un doudou sans comprendre elle non plus que sa mère était en train de repartir en la laissant. Quand elle en prit enfin conscience, elle éclata en sanglots. Mince Pierre ! Fais quelque chose ! Me grondai-je. Oui ! Je ne pouvais pas laisser passer une telle injustice. Tandis que la mère était déjà dehors avec la petite à ses trousses, j’entrai en scène et leur courus immédiatement après tout en criant :

-Madame !! Madame !!! Votre bébé !!! Vous l’oubliez !!!

Ce ne fut que lorsque ce dragon se retourna comme un folle furieuse que je sus que j’allais passer un mauvais quart d’heure. Agacée d’avoir été interceptée, elle s’approcha alors de moi et me gifla avant de m’hurler dessus :

-Dégage de là microbe ! Je n’ai pas de bébé ! Je n’en ai plus… Je n’aurai jamais dû l’avoir ! Ne me suis pas morveux ! Tu es comme elle ! Un rejeté du monde !

Mais quelle ignoble monstre ! Cette fillette ne pouvait pas finir ses jours dans le nid infâme où je résidais contre ma volonté depuis trois ans ! Sa mère était là ! Bien vivante ! C’était un affront à tous les orphelins ce qu’elle était en train de commettre ! Prêt à le lui dire, je m’arrêtais pourtant bien vite en songeant que cela allait peut-être attirer encore plus d’ennuis à la petite qui pleurait toujours avec amertume tout en prononçant d’une voix hachée :

-Ma… Mama…. Mama Anna…

Cela redoubla le courroux de la jeune femme qui l’attrapa et cria :

-Tais-toi ! Il n’y a plus de Mama Anna ! Pas pour toi ! Les mauvaises filles n’ont pas de Mama Anna ! Les mauvaises filles sont punies !

Marquant bien cette dernière phrase assassine, elle ne nous accorda bientôt plus un regard et disparut ensuite dans le brouillard de grêle. La boule au ventre, je demeurais quelques instants pétrifié avant de songer qu’il m’était impossible de laisser la pauvre demoiselle seule et désormais sans défense au milieu de la neige sans qu’elle n’attrape froid, aussi je me dépêchais d’enlever mon manteau chaud et la recouvrit avant de l’aider à rentrer à nouveau dans l’orphelinat.

-Allez...Calme-toi, calme-toi petite, chuchotai-je doucement bien que cela me broyait l’estomac de la voir pleurer à chaudes larmes.
-Mama Anna...Mama Anna, répéta-t-elle encore en boucles dans une diction des plus approximatives.

Zut...Il fallait que je trouve un moyen de lui faire sortir cette mégère de la tête. La tâche risquait de s’avérer compliquée même si j’avais peut-être une chance avec son jeune âge. Réfléchissant rapidement à la façon dont j’allais être persuasif, je finis par dire :

-Chut ! Ne dis rien ! Ça n’existe pas Mama Anna ! Tout ça n’existe pas...Tu fais juste un cauchemar ! Ne t’en fais pas...Je suis avec toi...Je suis ta famille...

Croisant les doigts pour que cela eût fonctionné, je fus déçu quand la petite hoqueta très vite comme si elle ne m’avait pas entendu :

-Emma...Punie...Emma punie ! Punie...Punie enfant...Punie...Vilaine.

Souhaitant tout de suite la rassurer là-dessus, je clamai derechef d’une voix sûre :

-Emma ? C’est ton nom ? Mais non tu n’es pas punie, tu n’es pas vilaine !

Hélas, cela ne porta pas plus ses fruits et elle réitéra en sanglots :

-Vilaine… Enfant punie !... Punie...

Bon cette fois ça suffit ! Sois plus convaincant Pierre ! Me grondai-je.

-Mais non, je te dis ! Tu es très gentille ! Allez, viens ! Je vais te présenter à la directrice de l’orphelinat ! M’écriai-je en essayant d’être enthousiaste.

Toujours dans le porche de ce logis misérable, je lui pris la main et la dirigeai jusqu’au bureau où il ne valait mieux pas être reçu...C’était mauvais signe généralement si nous y étions conviés... Mais aujourd’hui, c’était différent. Peu habitué à faire partie des cancres, je déglutis tout de même péniblement et toquai doucement à la porte avant d’entendre bientôt un « ENTREZ » peu aimable. Lançant un regard encourageant à la jeune Emma, nous nous exécutâmes et fûmes alors confrontés à l’imposante patronne qui demanda :

-Pierre ! Petit garnement ! Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es donc pas à ton travail ou tes corvées ? Et qui est cette fillette ?!
-Je...Je viens de rentrer avec les autres bûcherons Madame...Et cette enfant...Elle...Elle était devant la porte quand je suis arrivé, répondis-je péniblement.

Ne souhaitant pas raviver l’abandon, j’avais fait exprès de l’épurer.

-Hum...Encore une...C’est que nous allons manquer de place si cela continue ainsi...Beaucoup entrent mais personne ne veut de vous...Soupira-t-elle.

Menaçante, elle s’approcha alors d’elle et l’observa longuement dans un silence si pesant que je finis par ajouter :

-Elle s’appelle Emma.

Les bras toujours croisés avec sévérité, elle rétorqua alors :

-Qu’importe son prénom...Il ne sera qu’un de plus parmi vous tous...Mais merci tout de même Pierre ! Au moins elle ne mourra pas de froid dehors...Tu peux retourner à tes tâches à présent, j’ai besoin de m’entretenir uniquement avec elle !

Ne pouvant refuser, j’acquiesçai à contrecœur et fus encore plus dans le mal lorsque la petite fille se mit à pleurer en comprenant que nous allions être séparés. Pris dans un étau, je pensai à elle tout le long de la préparation de la soupe, puis durant le lavage et le séchage de la vaisselle. Comme il était de coutume lorsque nous avions ces corvées-là, nous passions notre tour pour souper et nous couchions très tard.
Ne pouvant donc même pas lui dire « bonne nuit » en passant devant le dortoir des filles, j’espérais que tout allait bien pour elle et me glissai dans mes couvertures rêches en dormant déjà à moitié.
Cela fut de courte durée car j'entendis soudain un bruit dans la pièce d’à côté. Quelqu'un était en train de pleurer. J'aurais pu parier mes sous du jour qu'il s'agissait d'Emma. N’y va pas Pierre, ça va t’attirer des ennuis... Mais je ne connaissais trop ce sentiment de solitude et je me refusais à abandonner cette petite fille qui avait exactement la même réaction que moi lors de ma première veillée ici. Ne cogitant donc pas plus, j’essayai d'être le plus discret possible et me levai sans faire grincer le plancher usé pour avancer à petits pas jusqu'à l'espace des filles. Bingo !
C'était bien ma nouvelle protégée qui étouffait ses larmes dans son oreiller. Intriguée par ses bouclettes blondes qui dépassaient, j'avançais à tâtons jusqu'à son lit et les lui touchai pour lui signifier ma présence. Tressaillant de surprise, elle eut un sursaut comme jamais et se figea d'un coup avant de relever sa frimousse dans ma direction. Me perçant de ses yeux bleus froids, elle me dévisagea en colère et se replia sur elle-même tout en me disant :

-Pierre...Méchant...Comme Emma...Pierre laissé Emma toute seule...
-Chut...Chut...murmurai-je en posant immédiatement mon index sur ma bouche, non, ce n’est pas ce que tu crois...Je ne pouvais pas te voir parce que je travaillais...La directrice a dû t’expliquer que tu allais avoir des tâches à faire ici, non ?

Bien que toujours chagrinée, elle hocha la tête et je terminai :

-Eh bah quand tu es aux cuisines tu n’as pas le temps d’aller manger avec les autres...C’est pour ça que je n’ai pas pu te voir plus tôt...Mais je suis là maintenant...Pas pour longtemps parce que je n’ai pas le droit d’être chez les filles normalement...Mais je suis là pour toi quand même.

Cela lui fit comme un choc électrique et elle changea radicalement de comportement. Se réhaussant enfin, elle m’épia encore quelques secondes jusqu’à finalement se coller contre moi et me faire un gros câlin.

-Mama...Emma veut...Ma...Mama Anna, chouina-t-elle bientôt comme tout à l’heure.

Mince ! Ce que je lui avais dit un peu plus tôt dans la journée n’avait pas fonctionné. Démuni, je connaissais le sentiment de manque qui s'emparait d'elle mais je ne pouvais rien y faire pour la lui ramener. Cette dame horrible devait être loin à l’heure qu’il est...Faisant rapidement fonctionner mes méninges, j’eus alors une autre idée et lui rendis son étreinte pour la consoler. Attendant qu’elle se calme un petit peu, je lui rehaussai ensuite sa frimousse et chuchotai :

-Je sais pas pourquoi tu parles d’une Mama Anna, Emma...Je te rappelle que c’est un vilain cauchemar que tu fais...Mais je sais comment nous pourrions le transformer en beau rêve... Il y a quelque chose dans cet orphelinat qui pourrait te plaire...

Intriguée, elle me dévisagea tout de suite de ses beaux yeux bleus et je l’approchai plus près de moi pour atteindre son oreille.

-Voilà...J’ai un secret que je n’ai jamais partagé avec personne...Ajoutai-je, tu es ma première confidente...Bon, je te le dis parce que je te fais confiance et je sais que tu n’iras le répéter à personne, d’accord ?
-Promis, dit-elle.
-Parfait, repris-je tout content, bon dans ce cas, je me lance...Il y a dans les cuisines un ingrédient amer qui s’appelle du cacao...ça vient d’un pays très très lointain...Eh bah si tu l’ajoutes à du lait, ça devient sucré et c’est très très bon...Tu voudrais le goûter ?
-Oh oui, répéta-t-elle en se léchant ses lèvres fines.
-Chouette...Alors, allons-y discrètement, compris ? Conclus-je.

Consciencieuse, elle hésita quelques secondes mais ses yeux s’illuminèrent pourtant de curiosité et elle finit par hocher la tête avant de murmurer :

-Compris Pierre.

Retrouvant un maigre sourire, elle m'enlaça à nouveau et je lui embrassai le haut du crâne avant de l’aider à descendre du lit. Timide, elle m’agrippa ensuite la main que je serrai fort dans la mienne pour la rassurer. Sans un bruit, nous descendîmes d'un étage et nous rendîmes aux cuisines tout en espérant y trouver personne.

-Normalement la directrice dort à cette heure-ci ! Lui indiquai-je bien qu'elle ne m'eût rien demandé.

Ouvrant doucement la porte, je passai d’abord ma tête par l’entrebâillement et balayai rapidement la salle sombre du regard avant de pousser un soupir de soulagement. Constatant que nous étions seuls, je lui en fis part et elle fut plus sereine encore. Se raccrochant avec force à mon bras, elle attendit que j’entre en premier et lui fasse signe que nous avions bien le champ libre pour m’emboîter le pas. Ni une ni deux, nous nous ruâmes plus vite à l'intérieur et fermâmes la porte rouillée pour ne pas nous faire prendre.

-Allez jolie demoiselle ! Va t’assoir que je te fasse une démonstration ! Clamai-je plus confiant.

Amusée, elle s’installa sur l’un des tabouret qui tenait par miracle et me regarda raviver les braises de la cheminée pour placer ensuite une casserole remplie de lait qui produisit des bulles de longues minutes après. Sortant alors deux timbales du placard, je les posai sans attendre sur la table et déversai le liquide fumant à l’intérieur.

-Et maintenant...L’ingrédient secret...Murmurai-je malicieusement.

Curieuse, son regard ne décrocha pas de mes faits et gestes tandis que je montai sur l’un des tabourets pour atteindre le placard le plus haut. C’était là que se trouvait le chocolat qui appartenait à la directrice. Prenant le pot, j’en déversai enfin des quantités assez considérables et le remit à sa place ni vu ni connu. Tendant enfin son verre à Emma, je m’écriai bien fort :

-Trinquons ! A la tienne Emma...Ma nouvelle amie !
-A la tienne Pierre...Mon grand frère ! Reprit-elle d’une voix stridente.

Emu qu’elle me donne ce titre, je le pris volontiers et la laissai ensuite déguster la boisson chaude comme il se doit. Savourant également la mienne dans de longues déglutitions, je fus aux anges quand elle répliqua quelques minutes plus tard :

-C'est top bon !

Que cela faisait plaisir d’enfin voir de la joie sur ce petit visage si triste. En profitant au maximum, je riais instantanément en voyant la moustache de mousse qui avait trouvé refuge sur le haut de sa bouche. Cela lui donnait un côté encore plus mignon.

-Ah ! Attends ! Je vais t'aider ! Rétorquai-je immédiatement.

Sortant rapidement mon mouchoir de ma poche, je la lui enlevai et ajoutai ensuite :

-Bon, bah je suis très content que tu trouves ça, très bon...Malheureusement on ne pourra pas retenter l’expérience tout de suite car vois-tu cet aliment nous est interdit...En fait, il appartient à la réserve personnelle de la directrice ! J'espère qu’elle ne va pas s’en apercevoir et qu'on ne se fera pas gronder...Ni surprendre même maintenant parce qu’on se prendrait une sacrée correction...

Laissant subitement ma phrase en suspens, je remarquais qu’Emma avait blanchi d’un coup. M’en voulant aussitôt de lui avoir fait peur, je la serrai plus fort près de moi et dis encore :

-Oh mais ne t’en fais pas ! Y a pas de raison que ça arrive parce que jusqu'à maintenant je n’ai jamais rien eu ! Je lui pique environ une fois par mois ! Mais comme on est deux maintenant va falloir être plus prudent...Donc...Savoure-le bien ! C'est mon cadeau de bienvenue...Le chocolat chaud...Il n'y a que ça qui remonte le moral...

Acquiesçant du chef, elle retrouva ses bonnes joues roses et nous pûmes finir nos boissons chaudes dans une ambiance plus détendue. Une fois cela fait, il était de mon devoir de la raccompagner dans son dortoir respectif pour qu’elle n’ait pas d’ennuis mais elle ne sembla pas disposée à vouloir cela car elle me demanda bientôt :

-Pierre...Chanter une comptine maintenant ?
-Oui, bien sûr, si tu veux ! Clamai-je en dodelinant de la tête.

Trouvant alors le timbre juste, j'entonnais doucement :

-Ils étaient trois petits enfants qui s'en allaient glaner aux champs...
-C'est quoi ? Questionna-t-elle soudain.
-Quoi c'est quoi ? L’interrogeai-je derechef.
-C'est quoi l'histoire de la chanson ? Répéta-t-elle d'une voix toute timide.

Eh bien...Elle n’avait pas mis longtemps à m’interrompre. Un peu contrarié, je ne lui en voulus toutefois pas et lui demandai en retour assez surpris :

-Oh ? Tu ne connais donc pas la légende de Saint Niklas et du Père Fouettard ?! D’habitude les gens la devinent dès la première phrase ! Elle est très connue ! C’est l’histoire la plus connue du monde avec la Bible...Bon...Euh...Peut-être que j’exagère...Mais si moi je la connais tout le monde devrait la connaître ! Ma Maman me la chantait tout le temps quand j’étais petit et elle avait même dit qu’elle m’apprendrait à la lire...Mais elle est morte avant...Enfin...Qu’importe...Tu es certaine que ta Maman ne te l’a pas chantée ?

A peine terminai-je ma phrase que je me mordis la langue en la voyant pâlir à nouveau. Vive, sa lèvre se fendit et elle se remit à pleurer en ânonnant des « Mama Anna » pendant plusieurs secondes. Bravo Pierre ! Quel crétin ! Me persécutai-je sans attendre. Brisé de lui avoir fait du mal, je me levai rapidement de ma chaise et allai lui faire un énorme câlin en disant doucement :

-Oh pardon Emma...Je suis maladroit...Excuse-moi...Viens...On oublie le cauchemar de Mama Anna et on revient aux doux rêves des chocolats chauds ! Allez ! Grimpe sur mes genoux ! Je vais te la raconter ce récit !

Frêle, elle s’exécuta et je lui dégotai rapidement un bisou sur la joue pour l’apaiser. Cela fonctionna et elle fut à nouveau attentive.

-Alors...Tu me racontes ? Insista-t-elle en posant ses mains toute menues sur ses hanches.

Ne sachant pas si j’étais un bon conteur, je ne pouvais tout de même pas la décevoir et feindre ma parole maintenant qu’elle attendait. Mémorisant donc toute la chanson dans ma tête, je déclarai alors :

-Il était une fois, un paysan qui demanda à ses enfants d’aller dans les champs pour glaner les épis de blé laissés par les moissonneurs...Donc ils y allèrent et s’échinèrent à la tâche pendant plusieurs heures...Mais au moment de repartir...Bah ils se firent surprendre par la nuit alors qu’ils n’avaient aucun moyen de s’éclairer...
-Il faisait tout noir ? Demanda-t-elle en se recroquevillant de peur contre moi.
-Oui, c’est ça ! Tout noir ! Répondis-je, donc les enfants essayèrent de rentrer chez eux mais ils se perdirent dans les bois...Là ils auraient pu s’arrêter mais il préférèrent continuer de marcher pour ne pas se faire dévorer par les bêtes qui rodaient comme les loups ou les sangliers...
-...Attends Pierre...Dit-elle soudain alors que son teint devint crayeux.
-Quoi Emma ? Qu’est-ce qu’il y a ? Demandai-je une nouvelle fois agacé d’avoir été interrompu.
-Moi, je veux pas écouter ton histoire si elle fait top peur ! Zozota-t-elle en se bouchant les oreilles.

Ah zut...Cela allait s’avérer plus compliqué que prévu... Bon tant pis ! Autant lui mentir !

-Non, non, ne t’en fais pas ! Elle n’est pas trop effrayante, je te le promets...Euh...Tout finit bien à la fin ! Repris-je à haute voix.

Cela lui convint immédiatement et je pus continuer :

-Alors...Euh...J’en étais où ?! Ah oui ! Donc ils se perdirent au milieu des bois et arrivèrent bientôt dans d’autres champs où ils marchèrent encore comme ils purent en avançant à tâtons...Ils marchèrent longtemps...Très longtemps...Si bien qu’à un moment ils finirent par apercevoir une lueur dans le lointain ! Raccroché à cet espoir, ils allèrent donc dans cette direction et ils arrivèrent devant une maison isolée dans la campagne !
-Ils sont entrés ? Intervint Emma craintive qui m’étranglait de plus en plus en me tenant ma tunique.
-Euh ! Ils ont frappé d’abord ! Clamai-je, donc ils frappèrent à la porte et c’est là qu’un homme de forte corpulence leur ouvrit ! Ils lui demandèrent aussitôt : “ Pourriez-vous nous loger ? »...L’homme dit oui du tac au tac en leur expliquant qu’il était boucher...Tu sais, c’est les gens qui font de la viande...Et que du coup, comme il était boucher, il allait leur donner à manger et les faire dormir chez lui pour qu’ils repartent le lendemain matin quand il fera jour !
-Ouf...Monsieur gentil alors, dit-elle encore.

Gêné, je marquais un temps d’arrêt et hésitai une nouvelle fois à lui faire part de la suite. Allez ! Je dois assumer ! Me convainquis-je. Ne pouvant décemment plus reculer au sujet de la chute, je soulignai alors :

-Hum...Pas tout à fait ! Les enfants entrèrent donc comme convenu sauf qu’ils eurent à peine le temps de passer la porte qu’ils furent tués, découpés en petits morceaux et mit dans le saloir du boucher !

Terrorisée, Emma évacua un haut le cœur et sans grande surprise, elle ne fut pas contente. Ce que je n’avais pas imaginé en revanche fut qu’elle quitterait immédiatement mes genoux pour me bouder. Dos à moi, elle croisa ses bras fièrement sur sa poitrine et dit avec une dignité tout douce :

-Pierre menteur ! Pierre avait dit que ça finirait bien ! Moi, veux plus t’écouter ! Retourner faire dodo !

Ne me laissant pas le choix, elle ouvrit alors la porte des cuisines un peu brutalement et était sur le point de s’engager dans le corridor quand elle se rétracta bien vite en voyant qu’il n’y avait pas de lumière dans l’escalier obscur qu’elle devait grimper. Se tournant alors vers moi toujours en colère, elle m’ordonna encore de sa voix juvénile :

-Pierre m’accompagner ! Pierre m’a fait peur, alors Pierre venir avec moi !

Ayant du mal à résister à sa bouille qui avait l’air de tout sauf de quelqu’un de courroucée, je fis quand même opposition et relançai joueur :

-Je t’accompagnerai promis mais je finis l’histoire d’abord ! Je t’assure que ça va bien se terminer pour les enfants et puis c’est toi qui as insisté pour que je te la raconte !

Voyant qu’elle ne bougeait pas d’un pouce, je fournis un effort pour ne pas la ramener de force et demandais d’une voix pressée :

-Alors tu reviens oui ?

Evitant mon regard pour bien me contrarier, elle me snoba complètement et se réinstalla spécifiquement sur sa chaise pour m’indiquer qu’elle était toujours fâchée avant de me faire signe de poursuivre. Content d’avoir réussi à la faire plier, je retournai également à ma place et répliquai :

-Fais-moi confiance Emma ! Je suis un homme de paroles !
-Pierre promettre de jamais mentir ? Questionna-t-elle immédiatement.
-A toi ! Jamais ! Promis ! Insistai-je avec force.

Avant de reprendre :

-Bon...Avec tout ça, je ne sais plus où j’en étais...Ah si ! Donc les enfants étaient morts et en petits morceaux dans le saloir, mais au lieu de les manger tout de suite, le boucher les garda...Euh...On ne sait pas trop pourquoi d’ailleurs...Mais en tous cas, sept ans passèrent sans qu’il n’y touche et un beau jour, un évêque nommé saint Niklas passa lui aussi devant cette maison pour demander à souper !
-Oh ? Boucher méchant avec lui ? Questionna-t-elle aussitôt en mordillant son pouce de peur.

Secouant immédiatement la tête pour la rassurer, je répondis :

-Tu te rappelles j’ai dit que ça allait bien finir ?! Eh bien il se trouve que ce monsieur entra dans la maison et le boucher lui demanda s’il voulait un morceau de jambon, il répondit non...Surpris, il lui demanda alors s’il voulait une tranche de veau à la place mais Saint Niklas lui dit encore non et avant qu’il lui propose autre chose, il demanda à avoir le petit salé qui attendait sagement depuis sept ans...
-Oh non ! Il veut manger les enfants ?! Renchérit Emma terrifiée.

Eclatant de rire face à sa mine déconfite, je me repris toutefois très vite en voyant son air vexé.

-Hum...Excuse-moi...Non, ne t’inquiète pas ! Le boucher a fait la même tête que toi quand il comprit de quoi il parlait et il s’enfuit après parce qu’il craignait sa réaction ! Mais Niklas ne se chargea pas tout de suite de lui...Non ! Sa priorité c’était les enfants ! Donc il alla s’assoir au bord du saloir et il leva trois doigts...Et les enfants se levèrent tous les trois ! Comme c’était dans la nuit du cinq au six décembre, depuis tout ce temps, Saint Niklas passe dans toutes les maisons à cette date-là pour demander aux enfants s'ils ont été obéissants. Les enfants sages reçoivent des cadeaux, des friandises et les méchants reçoivent une trique donnée par son compagnon : Le Père Fouettard, voilà ! Fin ! Terminai-je.

Ravi, je constatais qu’Emma avait retrouvé le sourire. Satisfaite, elle m’applaudit tandis que je l’aidais à se relever de sa chaise en voyant les premières lueurs du soleil au loin...Je n’avais pas songé à rester si longtemps aux cuisines...Les autres n’allaient pas tarder à se réveiller !

-Bien...A présent, nous pourrions aller nous recoucher pour nous reposer un tout petit peu, qu’en penses-tu ? L’interrogeai-je.

A mon plus grand désappointement, elle secoua la tête en signe de protestation et renchérit :

-Pierre pas dit ce qu’il s’était passé pour le méchant boucher ! Lui, puni ?

Ouf...Ce n’était pas un caprice extravagant de sa part et cela allait être rapide !

-Ah ! Si ce n’est que ça, je peux te répondre tout de suite ! Alors t’as plusieurs histoires autour de lui mais la plus connue c’est celle que ce soit lui qui soit devenu le Père Fouettard qui punit les enfants paresseux et pas gentils...En fait, après avoir ressuscité les enfants, Saint Niklas serait revenu le chercher et l’aurait forcé à le suivre dans ses tournées pour punir les polissons qui n’étaient pas sages, non obéissants et non travailleurs...Et du coup comme je te disais, il le fait de plusieurs manières ! En leur donnant des coups de triques ou encore en les emportant dans sa hotte d’osier...C’est un peu un croque-mitaines si tu préfères !

Frissonnant d’un coup en imaginant la scène, elle me regarda ensuite attentivement pendant de longues secondes puis finit par m’embrasser la joue.

-Pierre gentil finalement ! Pierre m’a rassuré...Pierre il aura les cadeaux de Saint Niklas ! Nota-t-elle.

Ne m’attendant pas à ce geste tout doux, je rougis violemment avant de reprendre embarrassé :

-Euh...Merci Emma ! C’est gentil ! Toi aussi tu les auras !

Ses yeux s’assombrirent immédiatement. Mince ! Qu’est-ce que j’avais dit encore comme bêtise ?! Secouant vivement la tête, la fillette reprit aussitôt :

-Non...Mama Anna elle a dit que j’étais méchante...Alors Emma méchante...
-Quoi ?! la Mama Anna de ton cauchemar ?! Alors, déjà c’est elle la méchante, pas toi car n’oublie pas que dans ton mauvais rêve, c’est elle qui est partie en t’abandonnant pour toujours ! Renchéris-je, mais n’y pense plus maintenant !

Sentant qu’elle était dans une grande réflexion, je fus dans un énième état de béatitude quand elle déclara quelques secondes après :

-Oui...Pierre raison...Mama Anna méchante, pas Emma...Emma et Pierre tous les deux gentils...

Etouffant ensuite un bâillement, elle demanda encore :

-Dis, on peut aller faire dodo maintenant ?
-Oui, si tu veux...On l’a bien mérité...Tu ne vas pas repleurer parce que je ne peux pas rester avec toi ? Questionnai-je à mon tour.
-Non...Pierre pas loin, sourit-elle.
-Voilà ! Exactement ! Clamai-je en lui embrassant une nouvelle fois la joue.

D’un pas feutré, nous quittâmes alors les cuisines. Hélas nous n’eûmes l’opportunité d’arriver pas plus loin qu’aux pieds des escaliers qu’une voix d’ogresse résonna soudain d’en haut :

-Tiens ! Tiens ! Tiens ! Pourquoi n’êtes-vous pas dans vos lits tous les deux ?!

Telle une sorcière, la directrice nous attendait les bras croisés. Eh mince... Face à son air antipathique, je savais que nous allions avoir le droit au martinet. Et j’avais entrainé Emma là-dedans...Quel imbécile ! Il était trop tard à présent pour faire marche arrière. Serrant bien fort la main de la petite fille pour lui donner du courage, j’espérai lui avoir fait comprendre que nous allions affronter cela ensemble. Oui...Nous étions deux désormais face aux épreuves de la vie. Moi et elle...Ma nouvelle meilleure amie.

Lun 07 Oct 2024, 18:05

Après un petit prologue, on peut enfin entrer dans le vif de l'histoire avec le PDV de Pierre.

Et le moins qu'on puisse dire c'est que ça commence fort : à peine à deux ans, le pauvre Pierre perd Frank et Malene (ses parents) durant un orage et se retrouve donc dans un orphelinat somme toute sévère.

Mais c'est là qu'il fait la connaissance de la (fameuse) petite Emma, trois ans plus tard, sévèrement maltraitée par Anna (sa propre mère, encore une Anna...) qui l'abandonne à l'orphelinat, et se convaincant en pleurs qu'elle est vraiment méchante et qu'elle a eu ce qu'elle méritait selon les même dires de sa mère.

Mais Pierre n'est pas de cette avis et décide de prendre soin de cette pauvre petite, la présentant d'abord à la directrice de l'établissement puis commençant par la consoler et à lui partager quelques confidences, notamment la recette du chocolat. Il en profite donc pour lui montrer où en trouver et en piquer, au nez et la barbe du personnel. Puis cela fait, il lui raconte une histoire, qui normalement se termine mal, mais décide d'en faire une happy ending pour ne pas la faire pleurer à nouveau : l'histoire de St Niklas à l'origine de Noël et du Père Fouettard. Malgré une maladresse qui lui vaut un boudin de sa petite protégée, il parvient à la rassurer et à la convaincre qu'elle n'est pas celle qu'elle pense et que c'est sa mère qui l'est.

Mais au moment de repartir dans leur chambre, ils se font pincer par la directrice. Ça sent le martinet roussi pour eux, mais au moins Pierre s'est fait une amie Wink

Mar 08 Oct 2024, 09:26

Merci @Dov pour ton commentaire ! I love it

PS : la vraie légende de Saint Nicolas se termine comme ça ^^

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !

Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 7 : Un long Noël de Passion : Attention Contenus Matures !