Pour l'Eternité
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Snow Spirit
Messages : 248
Date d'inscription : 17/10/2021
Pour l'Eternité
Dim 16 Oct 2022, 20:42
Bonsoir !
Après plusieurs semaines plus ou moins assidues, j'ai l'honneur (ou la honte, selon ce que vous en penserez) de vous présenter ma toute première et seule fanfiction achevée sur La Reine des Neiges. En une phrase, il s'agit d'un récit fusionnant le conte originel d'Andersen avec l'univers de Disney.
Après cette introduction, je vous laisse en compagnie de ma plume (j'avais initialement rédigé cette histoire à la main), et vous souhaite une bonne lecture.
Après plusieurs semaines plus ou moins assidues, j'ai l'honneur (ou la honte, selon ce que vous en penserez) de vous présenter ma toute première et seule fanfiction achevée sur La Reine des Neiges. En une phrase, il s'agit d'un récit fusionnant le conte originel d'Andersen avec l'univers de Disney.
Après cette introduction, je vous laisse en compagnie de ma plume (j'avais initialement rédigé cette histoire à la main), et vous souhaite une bonne lecture.
- Snow Spirit
- Messages : 248
Date d'inscription : 17/10/2021
Re: Pour l'Eternité
Dim 16 Oct 2022, 20:43
Il était une fois, un jeune garçon dont les yeux et le cœur avaient été touchés par d'infimes éclats d'un miroir magique. A cause de ces poussières de verre, tout ce qu'il voyait lui paraissait laid, plus rien ne l'amusait ni ne l'émerveillait. On eût dit qu'il avait perdu tout ce qui le caractérisait, il n'était plus que sérieux et austérité. Néanmoins, au milieu de toute cette laideur et superficialité qui l'entouraient, il était une chose pour laquelle subsistait son intérêt : la neige.Il passait des heures à étudier et observer sous sa loupe la forme parfaite des flocons, leur miroitement le fascinait. Lorsqu'ils tombaient au dehors, tourbillonnant et virevoltant en un ballet effréné, il ne pouvait en détacher son regard. Dans ces moments de contemplation, il lui semblait apercevoir au milieu des volutes blanches une silhouette féminine, à la beauté aussi envoûtante que les cristaux glacés dont elle paraissait être à la fois la reine et l'enfant. Bien des fois il avait voulu l'approcher, mais elle disparaissait à chaque fois, s'évanouissant dans les hurlements du vent. Comme il aurait pourtant aimé la rejoindre !
Son vœu fut exaucé. Par une nuit d'hiver, Kay (c'est ainsi qu'il se nommait), éveillé par les lueurs boréales qui dansaient dans le ciel, quitta le confort de son lit en prenant garde de ne pas éveiller celle qui encore peu avant son altération était sa meilleure amie, Gerda. Grondant intérieurement contre ces feux célestes, il se rendit à la fenêtre avec l'intention d'en clore davantage les volets, mais ce qu'il vit lui coupa tout élan. Elle était là. Elle l'attendait, il en était persuadé. Sans une hésitation, il passa prestement un manteau, enfila ses bottes, et sortit. La neige, tombant du ciel depuis plusieurs heures, avait formé un épais tapis et scintillait comme un millier de diamants contrastant avec l'obscurité nocturne. Kay, dont la condensation du souffle ajoutait à l'atmosphère onirique du paysage, avançait à présent vers l'apparition. Arrivé à quelques pas d'elle, il s'immobilisa. Allait-elle s'évaporer de nouveau ? Il n'en fut rien. Immobile, glacée, entourée de flocons, celle qu'il nommait Reine des Neiges l'observait. Alors il s'approcha davantage. A travers l'écran neigeux, il osa même tendre la main vers elle. Pendant un moment, il ne se passa rien. Puis, soudainement, le manteau de flocons de la reine des neiges se dissipa, fouettant au passage le visage de Kay, l'obligeant à fermer les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, on eût dit qu'elle n'avait jamais été là. Cependant, elle lui avait rendu son salut. Passant la main dans ses cheveux ébouriffés, Kay ferma ses doigts sur quelques flocons laissés par la Reine des Neiges, les porta à sa vue. Ces flocons-là étaient différents, moins dans leur forme que dans la douce lueur et l'énergie qui émanait d'eux. Sous ses yeux, ils quittèrent le creux de sa main et allèrent se suspendre dans les airs un peu plus loin. Kay les rejoignit, ils s'éloignèrent de nouveau. Il prit alors une décision. Suivant le volute de neige enchantée, Kay s'enfonça dans les profondeurs de la nuit et de l'hiver.
Par une grande fenêtre à croisillons, le jour septentrional baignait de sa lueur pâle et vive à la fois une vaste pièce aux murs tapissés de rosemåling. En son centre trônait un bureau en bois massif élégamment sculpté. Capturés dans un rai de lumière, de minuscules grains de poussière en suspension semblaient doucement remonter d'un encrier posé sur un coin du meuble. Une plume vint interrompre leur danse alanguie, trempée dans le liquide noir d'un geste vif et précis. Sur un rouleau de parchemin, une main légère acheva l'écriture d'une lettre aux accents sérieux et élégants, avant de déposer la plume et de s'élever pour repousser une mèche de cheveux d'un blond presque blanc. Désormais dégagés,des yeux étincelants et dont la profondeur égalait celle d'un ciel sans nuage se relèvent doucement.
Plongée depuis de longues heures dans des rédactions de toutes sortes, Elsa battit des paupières plusieurs fois, ce qui lui permit de retrouver une meilleure conscience de son environnement. Elle s'étira un instant avant de repousser son siège et de se diriger à pas posés vers la fenêtre, sa cape translucide aux reflets givrés ondulant derrière elle, ajoutant à la grâce et à la prestance qui étaient siennes, déjà soulignées par une robe dont le tissu brillant épousait les mouvements à la perfection, brodée
du même bleu azur que ses yeux, à l'exception des manches qui arboraient la transparence de sa cape. Dehors, des flocons duveteux tombaient avec lenteur sur les toits d'Arendelle. Elle esquissa un sourire. De nombreux mois s'étaient écoulés depuis le jour fatidique de son couronnement. Ce jour-là, ce qu'elle redoutait s'était produit,ses pouvoirs avaient été révélés au monde entier. Elle s'était alors enfuie dans la montagne, gelant accidentellement le fjord d'Arendelle sur son passage. Sans le courage et la dévotion de sa sœur Anna, elle y serait probablement encore, prisonnière de ses émotions et de ses propres pouvoirs. Grâce à elle, elle était parvenue à en reprendre le contrôle, aujourd'hui elle n'avait plus peur et était libre de vivre comme elle l'entendait. Ou presque.
Son titre de souveraine l'astreignait à de nombreuses obligations, dont la rédaction de nombreux traités, courriers diplomatiques et autres documents. Même si elle s'en acquittait de bonne grâce et avait à cœur de veiller sur son peuple, en cet instant elle devait reconnaître que rien ne lui plairait plus que d'aller se balader en dehors du château et respirer l'air vivifiant de l'hiver; aussi, c'est avec un soupir quelque peu las qu'elle se détourna de la vitre. Elle s'apprêtait à reprendre place à son bureau lorsque des coups furent frappés à la porte. A peine eût-elle le temps de répondre qu'un bonhomme de neige à la mine enjouée déboula à l'intérieur en s'exclamant:
"Elsa ! Si tu savais comme tu nous as manqué !"
Il se précipita vers elle pour l'enlacer à hauteur des branches qui lui servaient de bras, soit celle de ses genoux.
"Oh, Olaf, nous nous sommes pourtant vus ce matin, dit-elle avec tendresse et en se penchant pour lui retourner son affection.
-Et l'après-midi est déjà bien avancé." Fit une voix dont le ton déclaratif ne parvenait pas à dissimuler la bonté et l'enthousiasme naturels.
Une jeune femme rousse venait de passer la tête par l'entrebaillement de la porte, une main encore posée sur la poignée. Elsa se retourna, une expression de surprise joyeuse illuminant son visage comme elle reconnaissait sa sœur cadette.
"Anna! Pardonne-moi, j'ai été tellement absorbée par mon travail que je n'ai pas vu le temps passer…
-Je m'en suis doutée, ne t'inquiète pas, la rassura Anna en refermant la porte derrière elle. As-tu terminé à présent ?
-A vrai dire, il me reste encore certains détails à régler, et je dois vraiment réorganiser toutes ces archives." Répondit son aînée en tournant les yeux vers une étagère où s'amoncellait nombre de parchemins roulés et de cahiers d'aspect plus ou moins ancien. Anna suivit le mouvement de sa sœur, avant de s'exclamer:
"Woaw, quel désordre! On dirait que personne n'a touché à ces papiers depuis…"
Elle s'interrompit, n'osant pas continuer sa phrase. Mais Elsa l'avait devinée. En effet, à la mort de leurs parents, il y a plus de trois années de cela, une régence avait été mise en place pour permettre à Arendelle de perdurer en attendant qu'elle atteigne l'âge d'être couronnée. Sans doute le travail de classification avait-il été jugé surfait, mais depuis lors et jusqu'à ce jour, les documents n'avaient eu cesse d'être négligemment entassés, sans que personne ne s'en préoccupe. Désormais, c'était à Elsa qu'incombait cette tâche qui promettait d'être fastidieuse. Mais qu'importe, elle irait jusqu'au bout. Forte de cette résolution, elle eut cependant quelque peine à réprimer un bâillement. Anna s'en aperçut et, tout en s'approchant, s'adressa à elle avec bienveillance :
"Elsa, tu sembles épuisée. Tu devrais arrêter là pour aujourd'hui, tu ne crois pas ? Ces documents ne vont pas disparaître.
-Impossible. Il y a trop longtemps que je reporte cette tâche, et nous allons bientôt en recevoir de nouveaux, comme à chaque fin d'année. Je dois en avoir fini avant."
Anna fit la moue. Connaissant sa soeur, elle savait qu'elle ne prendrait aucun instant de répit si elle en avait décidé ainsi, mais elle se refusait également de la laisser aller au-delà de ses limites. La dernière fois qu'elle n'avait pu l'en empêcher, c'était dans les jours précédant son anniversaire ; elle avait tellement eu à cœur de lui préparer une fête parfaitement mémorable qu'elle était allée jusqu'à s'enrhumer et, malgré son déni entêté des faits, avait passé la journée à éternuer des Microlafs, pour finir enroulée dans les couvertures de son lit. Même si Anna aimait prendre soin de sa sœur, elle aimait encore plus la voir en bonne santé. Aussi, après un bref instant de réflexion, elle proposa avec enthousiasme :
"Eh bien, laisse moi m'en occuper !
-Non, je ne voudrais pas t'ennuyer avec mes affaires.
-Elle ne s'ennuiera pas avec moi, intervint Olaf, qui avait compris l'importance de la situation.
-C'est vrai, approuva la rousse. Et puis, j'ai passé mon enfance dans tous les livres de château que je pouvais trouver. L'Histoire et les écritures vieillies n'ont aucun secret pour moi !
-Anna, vraiment, tu n'as…
-De toute façon, je n'ai pas cessé de courir depuis que je suis levée. M'asseoir avec Olaf et un peu de lecture est exactement ce dont j'ai besoin.
-En es-tu sûre ? Tu n'y es pas obligée,tu sais.
-Certaine. Et je te conseille de vite quitter cette pièce, avant que je ne sois forcée de t'y contraindre." Acheva Anna avec des yeux pétillants de malice.
Avec un mouvement de recul et un va-et-vient vertical des mains indiquant qu'elle s'avouait vaincue,Elsa dit:
"Bon,bon, très bien. Je compte sur vous dans ce cas.
-Ces papiers seront rangés en un rien de temps, tu verras. Lança Olaf.
-Oui, c'est parti!"
Sur ces mots, Anna se dirigea vers l'étagère et commença à en extraire le contenu. Elsa se dirigea vers la porte mais, avant de sortir, se retourna :
"Anna, Olaf ?
-Oui ? Lancèrent en chœur les concernés.
-Merci beaucoup.
-Avec plaisir, fit le bonhomme de neige.
-C'est normal." Répondit sa sœur, les bras à présent chargés de papiers.
L'instant d'après, la porte se refermait dans un cliquetis discret, sur une Elsa dont le sourire en coin témoignait du soulagement et de la gratitude qu'elle éprouvait. Elle avait vraiment beaucoup de chance d'avoir Anna à ses côtés. Si cela n'avait pas été le cas, la situation aurait pu être bien différente.Mais aujourd'hui, tout allait pour le mieux. Elle en était certaine, cependant un ressenti diffus, à peine qualifiable d'intuition, lui soufflait que les choses pourraient changer. Une vague d'inquiétude s'insinuait en elle, restreignait peu à peu sa respiration. Elle accéléra le pas. La porte principale du château ne se trouvait qu'à quelques mètres devant elle. Du coin de l'œil, elle vit des gardes lui sourire, puis réprimer un frisson à son passage. Il ne faisait pourtant pas si froid ? Son jugement sur la question ne pouvait cependant pas être tenu pour fiable car, bien que capable de ressentir les variations de température, elle n'était pas le moins du monde gênée par celles descendant bien loin dans les nombres négatifs. Prise d'un doute, elle posa la main sur l'une des larges poignées de la double porte d'entrée, qui se recouvrit presque instantanément d'une fine couche de givre dans un léger craquement cristallin. Elle soupira intérieurement. Son pouvoir était le reflet de ses émotions, et n'attendait pas toujours sa volonté pour les exprimer. En l'occurrence, il lui signifiait qu'elle devait s'apaiser, et ce avant de givrer la porte entière, à moins qu'elle n'ait pas le temps de le faire… Affermissant sa prise, elle tira fermement sur le battant, qui s'ouvrit, lui offrit la lumière du jour déclinant et l'air pur de l'hiver. Sans hésitation, Elsa quitta sa demeure, prête à marcher aussi loin que ses jambes et le lui permettraient. Ainsi, elle sortit de la ville d'Arendelle, contourna une partie du fjord, esquiva habilement l'échoppe du jovial marchand Oaken, dépassa le village des trolls, et finit par arrêter ses pas sous un saule pleureur au milieu d'une clairière. La neige avait commencé à le recouvrir et au bout de ses branches perlaient de petites gouttes de glace. Une rafale vint les agiter, tel un carillon elles s'entrechoquèrent pour faire déferler une mélodie aussi douce et légère qu'envoûtante. À son écoute, et sous la caresse du vent, Elsa se calma peu à peu. Au bout d'un moment, elle fut parfaitement sereine, et dans sa tête ne résonnaient plus que le tintement des gouttes de glace, que vint amplifier un nouveau courant d'air. Il était chargé des senteurs de la montagne avoisinante où s'élevait son palais de glace, de celles des pins centenaires, mais également d'un au-delà inconnu qui paraissait presque l'appeler. Se pourrait-il que ce fût réellement le cas ? Un son, une voix éthérée, à l'origine incertaine, parvint en effet à son oreille, avant de s'évanouir.Intriguée, elle focalisa son attention, mais commençait à peine à guetter un retour de ces accords qu'un pressentiment, des sensations s'imposèrent à sa perception.
Tombe, tombe la brume, et emprisonne le monde dans un éternel silence. Au loin, les souvenirs enfouis, gravés à jamais dans le froid de l'hiver. Penses-tu vraiment que ses mystères soient à fuir ? Libère-toi, dans la glace ton identité se révélera.
Ces mots avaient résonné en elle, non comme une menace, mais comme une promesse. Bien que peu explicites, ils lui assuraient une chose: tôt ou tard, elle devrait quitter Arendelle pour ces contrées lointaines, et pourrait être amenée à ne jamais en revenir. Quelqu'un devrait donc lui succéder sur le trône, et elle savait exactement qui. Le jour venu, Anna veillerait sur le royaume. D'ici là, elle lui apprendrait tout ce qu'il lui restait à savoir, et c'est dans cette optique qu'Elsa fit demi-tour en direction du château, alors que les premières étoiles s'allumaient dans le ciel vespéral.
Plusieurs années s'étaient écoulées, paisibles, rythmées par les saisons, sans que la voix ne se représente à Elsa. Puis, un jour d'automne, elle l'avait de nouveau entendue. Son appel s'était fait plus fort, plus pressant, et elle avait fini par y répondre. Guidée par elle, elle avait découvert la forêt enchantée, ses esprits et les secrets d'Ahtohallan, auxquels elle était et avait toujours été liée. En levant la malédiction qui l'emprisonnait dans la brume, elle avait embrassé pleinement sa véritable nature et décidé de vivre parmi les Northuldras, le peuple de la forêt. Par conséquent, elle avait abdiqué le trône d'Arendelle à Anna, mais bien que dorénavant une certaine distance les sépare, elles restaient toujours très proches et se retrouvaient régulièrement, que ce fut dans la demeure de l'une et de l'autre, principalement pour des moments de joie et de détente.
La Reine des Neiges revenait justement d'une journée passée au château en l'honneur d'une célébration hivernale. Chevauchant l'Esprit de l'Eau, les voiles de sa robe blanche dansaient au gré du vent et accompagnaient le chatoiement des aurores boréales qui dans la nuit lui conférait une apparence éthérée et enchanteresse. Elle ne se trouvait plus très loin du village Northudra, quand sa monture bifurqua soudainement. Surprise, Elsa rétablit rapidement son équilibre avant de s'adresser au Nokk:
"Eh, qu'as-tu donc ?"
Elle tenta d'induire un changement de direction par sa volonté et sa posture, mais le cheval d'eau et de gel secoua la tête en s'ébrouant, tout en gardant le même galop soutenu et régulier.
Il semblait savoir où il allait, aussi Elsa décida-t-elle de le laisser faire, bien que légèrement contrariée. Non pas qu'elle eût voulu le contraindre, elle s'y refusait totalement, et de toute manière personne ne le pouvait, pas même elle, le Cinquième Esprit. Sa nature l'incitait simplement à vouloir éviter les ennuis. Seulement, entre vouloir et pouvoir, il y avait parfois un monde, et son intuition lui disait que cette nuit-là, son son ami à sabots l'y conduisait directement.
Après plusieurs minutes au même rythme, le Nokk finit par ralentir son allure. Ils étaient arrivés dans une plaine enneigée inconnue d'Elsa, clairsemée de rochers. Plus en avant, ils s'ordonnaient en un cercle au centre duquel se dressait ce qui semblait être un piédestal dont le sommet scintillait, comme éclairé par une lueur quelconque. Désormais au pas, le Nokk s'en approcha, et Elsa constata que la lueur était en fait une rose de glace finement sculptée, incrustée dans la roche. Elle mit pied à terre et, d'une curiosité prudente, tendit la main pour l'effleurer. A peine ses doigts entrèrent-ils en contact avec la fleur que celle-ci devint opaque. L'instant d'après, elle avait retrouvé sa transparence, mais quelque chose semblait se mouvoir à l'intérieur de ses pétales. A travers eux, une image se dessinait peu à peu, celle d'un jeune garçon qui jouait gaiement avec une fille de son âge puis, agenouillé devant une caisse en bois, prenait soin à ses côtés d'un splendide parterre de roses d'un rouge profond et éclatant. Elsa pouvait sentir tout le bonheur et la candeur qui émanaient des deux enfants, jusqu'à ce que la scène change soudainement. La fleur de glace se fissura, brouillant un instant la vision d'une pluie de minuscules fragments de verre qui s'insinuaient sous les paupières du même garçon et semblaient lui retirer du même coup toute forme de joie. La surface gelée prit un aspect plus sombre, pour qu'une dernière image s'y imprime: le garçon était arrêté au milieu de la nuit et de la poudreuse, il semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un. Elsa fronçait les sourcils, perplexe quant à ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, quand une multitude de craquements annonça l'apparition d'autant de fissures sur la rose de glace. Immédiatement après, celle-ci volait en morceaux gelés, obligeant la jeune femme à se reculer et se protéger le visage de ses bras. Lorsqu'elle les abaissa, il ne restait à l'emplacement de la fleur que la roche, lisse et imperturbable.
Néanmoins, Courant d'Air ne lui laissa guère le temps de se questionner davantage. Dans un murmure, l'Esprit du Vent venait de lui souffler un début de réponse. Il amènerait probablement d'autres interrogations, mais à présent elle était certaine d'une chose: elle devait aider ce garçon. D'un pas décidé, elle quitta le cercle de pierre et gravit un monticule enneigé. Elle concentra alors ses pensées en direction du jeune garçon. De sa main droite levée jaillit un trait de flocons scintillants, un trait de lumière s'ajoutant aux étoiles du ciel nocturne, et qui comme elles allait guider une âme sur le chemin de sa destinée.
Ainsi la magie mena-t-elle Kay à la rencontre de la Reine des Neiges. Lorsqu'elle le vit, à moitié gelé mais ignorant la morsure du froid, tremblant sans même en tenir compte, Elsa ressentit une grande peine à son égard, doublée d'une certaine inquiétude. A mesure qu'ils se rapprochaient l'un de l'autre, elle vit ses craintes confirmées par le regard de plus en plus distinct que lui portait le jeune garçon : subjugué, d'une intensité fiévreuse dont l'étincelle trahissait l'emprise qu'elle exerçait sur lui malgré elle, mais plus encore celle d'un puissant maléfice à l'issue qui pourrait être fatale. Elsa ne savait pas d'où il venait, mais le lui demander eût été vain, il n'était pas en état de lui répondre. De plus, la priorité était de le protéger du froid qui sur lui laissait de plus en plus ses marques à mesure que la nuit avançait. Elle pensa d'abord le ramener au campement des Northuldras; elle posa sa main sur celle de Kay dans ce but, et le flot d'informations qu'elle reçut à ce contact lui fit revoir ses plans. Elle les avait sentis, ces morceaux de verre maudits, présents dans les yeux et le cœur du garçon. Bien qu'ils soient très différents de sa magie, leur effet lui était douloureusement familier, et bien plus avancé qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle ne pouvait se permettre d'attendre l'aide incertaine des Northuldras. Sur ce constat, elle se pencha sur le front du garçon, et de ses lèvres y exhala un baiser glacé, destiné à le préserver du froid. Elle en déposa un second qui bloqua l'évolution du sortilège et lui ôta du même coup tout souvenir pouvant le tourmenter. Les yeux du garçon se firent plus vagues, la lueur qui les habitait faiblit en même temps que ses frissons cessèrent, et c'est le coeur meurtri qu'Elsa créa un traîneau de glace puis, avec le concours de l'Esprit de l'Eau, l'emmena vers le seul endroit capable de le garder en sûreté aussi longtemps qu'il le faudrait: Ahtohallan.
Plusieurs semaines, plusieurs mois s'étaient écoulés depuis qu'Elsa avait conduit Kay dans la rivière gelée et protectrice que constituait Ahtohallan, et en avait averti Anna par le biais de l'Esprit du Vent. Elle avait également chargé les Géants de la Terre d'informer les êtres vivants de la forêt de la présence du garçon, qui à leur tour relaieraient l'information, dans l'espoir que celle-ci parvienne aux oreilles d'une personne qui le connaissait et pourrait le délivrer du sort du Coeur de Glace. Il fallut cependant de nombreux mois supplémentaires pour qu'un changement se produise et se manifeste sous les traits d'une jeune fille frappant avec détermination aux portes du château d'Arendelle, accompagnée de Sven et Kristoff dont l'air dubitatif laissait voir sa perplexité face à la situation. Lorsqu'Anna vint lui ouvrir, elle se présenta ainsi:
"Bonjour, je m'appelle Gerda. Je suis à la recherche d'un ami qui m'est cher. C'est ce renne, dit-elle en désignant Sven du doigt, qui m'a menée jusqu'à vous.
-Sven ? Fit Anna, surprise.
-Oui. Il a mentionné un garçon d'à peu près mon âge, répondant au nom de Kay."
Anna opina du chef, puis tourna les yeux vers un Kristoff manifestement mal à l'aise. Il sentit son regard, et lança à brûle-pourpoint:
"Sven a également rapporté que, d'après ses amis de la Forêt Enchantée, ce garçon serait prisonnier de la Reine des Neiges."
Cette nouvelle, ou plutôt un des mots employés, laissa la rouquine coite. Sa soeur ne ferait jamais de qui que ce soit son "prisonnier", et ce n'était pas en ces termes qu'elle lui avait exposé la situation du garçon qu'elle avait recueilli et ne faisait sans l'ombre d'un doute qu'un avec l'ami disparu de Gerda. Que cette dernière se soit forgé une image négative de l'ancienne souveraine d'Arendelle lui déplaisait fortement, et il était de ce fait exclu qu'elle l'autorise à partir seule à sa rencontre. Elle était mieux placée que quiconque pour savoir qu'un grief, même quelconque, pouvait pousser les gens à commettre le pire. Un grief, ou la peur de perdre l'être le plus cher à son cœur… Quoi qu'il en soit, Anna ne laisserait personne blesser ou être blessé, aussi prit-elle la décision de s'engager pleinement dans cette aventure, et elle le communiqua ainsi à la jeune Gerda:
"Je sais où se trouve ton ami, et je t'y emmènerai. L'information que tu as reçue à dû être déformée. Je connais bien la Reine des Neiges, si vraiment elle détient Kay, elle doit avoir une bonne raison à cela et…"
Gerda posa sur elle des yeux sceptiques en l'interrompant:
"Comment pouvez-vous en être aussi sûre ?
-C'est ma sœur. Elle ne lui fera jamais de mal."
Un regard franc, aussi ferme que rassurant, vint appuyer tout le crédit qu'elle accordait à ces mots. Gerda baissa le sien, et la défiance dont elle faisait preuve s'atténua alors qu'elle répondait :
"Très bien. Quand partons-nous ?
-Eh bien… Fit Anna en tournant la tête en direction de Kristoff et Sven.
-C'est bon,j'ai compris, je vais atteler Sven, déclara Kristoff. Allez viens mon vieux,on reprend du service."
Il flatta le dos du renne et amorça un mouvement. Anna l'attrapant par la manche le coupa dans son élan. Elle lui murmura:
"Olaf est dans les écuries, dis-lui de rester au château. Il vaut mieux que Gerda ne le voie pas."
Kristoff encensa et reprit sa marche aux côtés de Sven une fois qu'Anna eut relâché sa prise. Elle retourna auprès de Gerda, qui n'avait pas bougé. Elle avait réussi à faire taire sa méfiance, et exposer l'existence même d'Olaf serait prendre le risque de la raviver. C'était la dernière chose qu'elle souhaitait, néanmoins elle se promit de présenter des excuses au bonhomme de neige une fois revenue de ce voyage et,si l'occasion se présentait, de lui permettre de faire la connaissance de Gerda et de son ami. Cette pensée enjoliva son humeur, et un sourire éclaira son visage. Désormais face à Gerda, elle posa ses poings sur ses hanches et déclara :
"Bon, on attend le retour de Kristoff et Sven, puis on y va ! Nous allons retrouver Kay !"
Quelques heures plus tard, la petite troupe était en route. Anna, sur l'accord de Sven que Kristoff avait transmis d'une intonation caractéristique, tenait les guides du traîneau ; Kristoff était assis près d'elle, tandis que Gerda s'était juchée sur le dos du renne et observait les alentours avec un air émerveillé. Au cœur de l'hiver, la falaise enneigée qui les surplombait laissa place à des arbres dénudés de leurs feuilles offrant leurs branches aux pâles rayons du soleil, et le voile de froid qui les entourait, percé de temps à autres par le chant de quelque oiseau encore présent, conférait à l'ensemble un aspect pittoresque et mélancolique. Le chemin se faisait de plus en plus doux sous les sabots de Sven, la neige et le givre craquant se trouvant sur un épais tapis d'humus renouvelé d'année en année, variant au gré des saisons, mais toujours dans un cycle ininterrompu, à l'instar de la rivière qu'ils longeaient à présent. Recouverte de glace, son courant d'habitude clair et vif n'était plus qu'un murmure, à peine visible à travers son écrin gelé. Un roulement de pierre tira Gerda de sa contemplation, elle tourna la tête vers l'origine du bruit.
A quelques mètres devant l'attelage, un gros rocher rond venait d'apparaître de derrière une souche.Sven pointa ses oreilles et lâcha un grognement curieux.
"Tiens, les trolls sont de sortie, remarqua Kristoff avec tranquillité.
-Les trolls ? Dit Gerda.
-Des bonhommes de pierre qui habitent cette forêt. Ils sont tous bienveillants, ce sont de très bons amis qui nous ont aidés de nombreuses fois par le passé."
Anna venait à peine de terminer sa phrase que trois autres rochers rejoignirent le premier pour se déployer devant Sven, qui dut s'arrêter. Ils se mirent à fixer Gerda de leurs grands yeux ronds, et Gerda les scrutait à son tour, fascinée, ne sachant que dire, jusqu'à ce que Kristoff intervienne:
" Hey les gars ! C'est gentil de venir nous voir en passant, seulement on n'a pas vraiment le temps, là. Est-ce que vous pourriez dégager le chemin ?
-Kristoff, arrête de jouer les rustres, et vient un peu par ici !" Le sermonna une trolle dont l'expression avenante contrastait avec ses paroles. Kristoff eut juste le temps d'ouvrir la bouche pour protester avant d'être attrapé par le bas de sa veste et tiré hors du traîneau par cette même trolle, aidée du renfort de ses camarades. Un instant après, et ce malgré les protestations d'Anna qui l'avait rejoint armée de toute sa volonté, ils étaient assaillis de questions et de nouvelles pendant que Gerda, descendue du dos de Sven, observait le plus jeune du groupe faire chatoyer un amas de cristaux magiques. Au moment où elle s'apprêtait à lui donner la raison de sa présence dans cette partie de la forêt, un nouveau roulement se fit entendre. Celui qui en était à l'origine était un troll à l'aspect plus âgé que les autres, au front orné d'une coiffe faite d'herbes, dont la course s'arrêta en même temps qu'il prit la parole :
"Hé là ! N'avez-vous pas un peu fini vos enfantillages ? Ne voyez vous pas que nos amis sont en mission ? Dispersez-vous, allez, allez !"
Quelques roulades et des excuses plus tard, les trolls, penauds, étaient tous regroupés sur le bord de la route pendant que Grand Pabbie -c'était le nom du doyen- venait à la rencontre des compagnons de voyage.
"Excusez-les, il faut toujours que j'intervienne pour les tempérer. Je crois bien qu'ils ne seront sages et disciplinés que dans de nombreux siècles, soupira-t-il. Mais, ajouta-t-il après une brève pause, honnêtement, je crois que je les préfère comme ça."
Alors que Kristoff se pinçait le haut du nez, dépité, Anna se pencha vers Grand Pabbie:
"Ce n'est rien. Merci de nous avoir aidés. Vous savez pourquoi nous sommes en route, n'est-ce pas ? Auriez-vous quelque chose à nous dire à ce sujet ?"
L'expression du vieux troll s'assombrit:
"Eh bien… Ce ne sont que des rumeurs, mais…"
Il baissa la voix, de sorte que seule Anna fut en mesure d'entendre les mots qu'il prononça ensuite:
"Anna, soit prudente. Enfermer un être dans Ahtohallan n'est pas un acte anodin; à vrai dire, je n'ai encore trouvé aucune raison qui aurait pu pousser Elsa à une telle extrémité…
-Vous n'avez aucune raison de douter d'Elsa.
-Anna, je…"
Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, Anna se redressa et héla Kristoff:
"Nous repartons immédiatement !"
Elle reprit place dans le traineau,laissant tout juste le temps à Kristoff et Gerda de s'installer avant de lancer Sven dans un trot rapide.
Grand Pabbie ne put que contempler l'attelage s'éloigner à vive allure puis disparaître à travers les rameaux.
De l'autre côté de la Mer noire, au nord de la Forêt Enchantée, était Ahtohallan, la rivière de glace gardant en son sein toutes les mémoires du monde. Depuis de longues semaines, elle abritait également le jeune Kay. Entre ces murs infranchissables, durcis et lissés par des mille de vent et de froid, prostré au centre d'une pièce sans fenêtre recevant seulement la lumière que laissait filtrer la matière translucide, le garçon paraissait en effet prisonnier. Prisonnier de cette forteresse glacée et de sa reine, telle était l'idée qui s'était répandue au dehors, et qu'Elsa elle-même admettait. Après tout, bien que Kay reçoive tout ce dont il avait besoin pour subsister, qui pourrait dire qu'il était libre ? Elle ne pouvait ignorer que c'était loin d'être le cas. Avec une ironie amère, elle pensa que, pour son propre bien, parce qu'il était sous l'emprise d'un sort, elle lui avait imposé la sienne et le maintenait dans un état de demi-conscience, caché de la vue de tous, sans aucune possibilité de sortir. L'évidence était indéniable, et la condition de sa libération presque aussi inaccessible que le lieu qui le recelait. Pour recouvrer ses sens et retourner dans le monde, son sort devait être rompu, sans aucune alternative. Une personne chère à son cœur devrait donc se présenter à lui. Mais même si cela arrivait, comment s'assurer que le maléfice avait bien été levé ? Elsa en était là de sa réflexion, appuyée sur la glace au creux d'un renfoncement, l'air maussade et soucieux, lorsqu'un détail près de son protégé attira son attention. De là où elle était, elle ne pouvait être vue; en revanche, en revanche, elle distinguait parfaitement les pièces de glace transparentes, larges et lisses qui gisaient devant le jeune Kay. Une idée lui traversa l'esprit. Elle quitta sa cachette et esquissa un pas en direction de l'enfant. Le sort brouillait ses sens et sa perception, il était de ce fait incapable de créer quoi que ce soit, encore moins une figure concrète, à partir de ces morceaux de glace. Qu'il en soit délivré, et il pourrait alors reconstituer sans effort ce qu'elle lui aurait demandé. Elle se mit à marcher franchement vers lui. Absorbé par la contemplation des fragments, il ne releva la tête que lorsqu'un de ses talons claqua sur le sol non loin de lui, marquant son arrêt à son côté. A quoi donnerait-il forme ? La Reine des Neiges parcourait à présent la salle du regard. Ce glacier d'un âge immémorial qui les cernait et les protégeait, comme il n'avait cessé et ne cesserait de le faire avec la mémoire qu'il contenait. Le temps que Kay passerait à l'intérieur si le sort n'était pas levé. La transcendance du pouvoir qui lui permettrait d'être libéré...
Elle baissa les yeux sur le garçon :
"Éternité." Souffla-t-elle.
Kay leva ses yeux vitreux. La lueur inextinguible qui dansait au fond, malgré ses lèvres bleuies par le froid et son cœur rendu aussi indifférent et acéré que les éclats de verre ensorcelé l'ayant atteint, conforta Elsa dans son choix:
"Si tu parviens à former ce mot avec les pièces qui se trouvent devant toi, alors tu auras toute ma reconnaissance, et seras libre."
Kay, tout à sa hâte de satisfaire l'objet de son admiration, se mit aussitôt à l'ouvrage. Il prenait chacune des pièces, tentait de les imbriquer de toutes les façons possibles, mais sans surprise il était toujours loin du résultat attendu. Elsa soupira et se détourna douloureusement de Kay, prête à aller vérifier si le sauveur espéré arrivait, comme toutes les rares fois où elle avait quitté Ahtohallan depuis qu'elle l'y avait emmené.
A quelques kilomètres de là, la luminosité vespérale étirait les ombres des rares arbrisseaux qui poussaient dans le sol gelé et rocheux de la limite septentrionale des terres Northuldra. Anna, Kristoff, Sven et Gerda n'étaient à présent plus très loin de leur destination, mais l'obscurité grandissante et le froid de plus en plus prégnant allaient bientôt les contraindre à s'arrêter. Ainsi, au milieu du paysage désolé, Anna scrutait de son mieux les alentours à la recherche d'un abri, en vain. Elle avait beau s'être juchée sur un énorme tronc renversé, elle ne voyait qu'une immense étendue à découvert. Avec une exclamation frustrée, elle quitta son promontoire pour retourner auprès de ses camarades. En dégageant une mèche de sa tignasse que le vent avait plaquée sur son visage, elle maugréa:
"Rah, impossible de s'abriter où que ce soit, et le temps empire à chaque instant ! Que faire, on ne va quand-même pas rebrousser chemin ?
-Non, on peut encore faire un abri de fortune avec le traîneau. J'espère simplement que…"
Kristoff n'eut pas l'occasion d'achever sa phrase. La terre s'était mise à trembler, et des bruits sourds résonnaient à intervalles réguliers, de plus en plus proches.
"Qu'est-ce que c'est ?" Demanda Gerda, apeurée.
Avant que quiconque n'eût pu répondre à sa question, un buisson desséché s'enflamma brusquement à quelques pas de l'endroit où ils se trouvaient, dans un rugissement de flammes magenta. Sven mugit et se cabra brutalement, déstabilisant Gerda. Kristoff l'attrapa par le harnais et se mit à le flatter, avant de s'époumoner pour se faire entendre d'Anna à travers le vacarme ambiant:
"Encore ?! La Reine des Neiges n'est pas supposée surveiller les Esprits de la Nature ? Pourquoi nous attaquent-ils ?
-Je n'en ai aucune idée, je…"
Alors qu'elle tentait de formuler une réponse, la rouquine entraperçut une petite créature d'un bleu vif filer sous ses yeux avant que le sol ne s'ébranle plus fort encore, leur faisant violemment perdre l'équilibre. Ils étaient tous à terre quand le vent cessa soudainement et qu'une ombre les recouvrit entièrement. Seul le feu qui avait pris l'instant d'avant les préservait de l'obscurité la plus totale. Anna, recroquevillée sur ses genoux, releva lentement la tête. Encore quelque peu sonnée par sa chute, elle ne distingua pas tout de suite ce qui l'entourait. Puis, à mesure que sa vision s'éclaircissait, elle fut en mesure de constater qu'ils se trouvaient dans ce qui ressemblait à une petite caverne. A sa gauche, le feu rose ronflait toujours, et sa lueur sur la paroi lui fit remarquer que celle-ci se soulevait et s'abaissait avec une régulière lenteur. Le bruit profond et guttural qui l'accompagnait lui permit de réaliser ce qu'il s'était passé. En fait d'une caverne, ils étaient abrités par un des Géants de la Terre, et le brasier créé par Bruni et qui réchauffait à présent l'atmosphère n'avait jamais été une menace. Elsa avait sûrement eu vent de leur arrivée, et avait envoyé ses amis élémentaux à leur rescousse. Cette déduction inspira à Anna un profond soulagement. Elle se redressa et put voir Kristoff reprendre conscience à son tour. Dans sa chute, il avait eu le réflexe de couvrir Gerda de son bras et vérifiait à présent son état général. Sven, debout et vaillant, vint la renifler. Anna les rejoignit.
"Elle va bien, lui dit Kristoff, répondant ainsi à sa question informulée. Sa respiration est normale, elle est simplement sonnée. Elle se réveillera dans peu de temps.
-Ouf, tant mieux." Elle se mit à étudier Gerda. Maintenant qu'elle l'observait mieux, elle se rendait compte qu'elle n'était pas aussi juvénile qu'elle ne l'avait cru au premier abord. Elle le paraissait sans doute en raison de son visage qui, malgré les épreuves, ne s'était jamais départi de son expression joviale, ni de cette forme d'innocence qui lui était vraisemblablement inhérente. C'était cela. Cette jeune fille avait beau grandir en âge, son âme conservait toutes les caractéristiques de l'enfance. Anna se demandait à présent s'il en serait de même pour son ami. Le sort avait-il épargné l'essence même de son être ? Elsa avait-elle réussi à en ralentir la progression ? Et puisqu'elle savait qu'ils étaient là, pourquoi n'était-elle pas venue à leur rencontre avec lui ? A mesure qu'elle s'interrogeait, l'avertissement de Grand Pabbie lui revenait à l'esprit et, bien malgré elle, elle ne put empêcher le doute de se frayer un chemin jusqu'à elle…La voix inquiète de Kristoff coupa court à sa réflexion :
"Anna, tout va bien ?
-Oui, oui, mentit-elle. Je pense que j'ai besoin de me reposer un peu.
-Je suis d'accord. Endors-toi. Sven et moi, on veille sur la petite.
-Entendu. Réveille-moi s'il y a du nouveau."
Kristoff acquiesça, et Anna finit par s'endormir quelques instants plus tard malgré ses doutes, bercée par le feu qui dansait langoureusement. Au milieu de la nuit, elle fut tirée de son sommeil par Kristoff qui l'informa que Gerda s'était brièvement réveillée, et se portait bien. Elle le relaya dans sa surveillance. Alors que tous dormaient profondément, ses pensées allèrent de nouveau à Elsa, et elle se mit à éprouver une vive agitation. Plus les minutes passaient, plus il lui était difficile de se contenir. L'apparition de Bruni au coin de la seule ouverture de l'abri formé par le Géant eut pour elle l'effet d'un signal. Comme la salamandre ne voulait visiblement pas entrer mais semblait vouloir lui transmettre un message, Anna sauta sur l'occasion et ses pieds pour le rejoindre à l'extérieur.
Au loin, l'horizon commençait à peine à s'éclaircir des prémices de l'aurore, si bien qu'on voyait encore difficiles à travers la pénombre environnante. Cependant, grâce à la lueur qu'il émettait et aux petits roulements qui sortaient sporadiquement de sa gorge, Anna put avec une relative facilité suivre Bruni, déterminé à la mener quelque part. Après une heure de progression dans l'ensemble régulière, les bottes d'Anna rencontrèrent les galets de la plage du Nord. L'Esprit du Feu la précéda jusqu'au bord de l'eau, puis sauta sur son épaule avant de fixer intensément la mer au lointain. Anna porta son regard dans la même direction et plissa les yeux. De l'autre côté, sa sœur l'attendait, et de ses pouvoirs lui offrait le moyen de traverser la mer et de la rejoindre. Altière, exprimant une concentration confiante, Elsa posa un pied sur la surface de l'eau qui se mit à geler. La dernière fois qu'elle avait opposé son pouvoir à ces eaux, la mer noire l'avait emporté. Mais aujourd'hui, il n'était plus question de lutter, ni contre elle-même, ni contre les éléments. Elle se dressait toute entière au nom du lien qui la reliait à ce monde et de ce qu'elle avait juré de protéger. Ses pouvoirs étaient décuplés par sa volonté, et la glace apparue à ses pieds prenait de plus en plus d'ampleur sur la surface de l'eau. Ainsi, aux frontières de la mer et du ciel, du jour et de la nuit, dans une puissante éclosion naissait une passerelle étincelant de magie, reliant deux soeurs en même temps que deux mondes et, avec eux, deux coeurs qui avaient désespérément besoin l'un de l'autre.
Une fois réunies, les deux soeurs s'enlacèrent, profitant chacune brièvement du réconfort des bras de l'autre. L'étreinte rompue, Anna s'adressa à Elsa:
"Oh Elsa, j'aurais aimé te voir dans d'autres circonstances.
-Moi aussi, Anna, répondit son aînée d'un air désolé. L'amie de Kay n'est pas avec toi ? Il est plus que temps qu'il soit libéré du Cœur de Glace.
-Je suis seule pour l'instant. Gerda, Kristoff et Sven nous rejoindront plus tard. J'aimerais te parler seule à seule."
L'expression grave sur le visage d'Anna fit remonter une boule d'angoisse au creux de son ventre, néanmoins Elsa accéda à sa requête en l'invitant à la suivre à l'intérieur du glacier, Bruni sur les talons. Elles traversèrent plusieurs galeries de glace avant de s'arrêter face à un ouverture donnant sur la salle où demeurait Kay. De là où elles étaient, il leur tournait le dos, et était toujours affairé avec les pièces de glaces en face de lui. Anna le vit:
"C'est lui ? Puis-je aller le voir ?"
En disant ces mots, Anna avait amorcé un pas dans l'entrée de la pièce. Elsa s'interposa:
"Non !"
Son ordre transperça l'air en même temps que le mur de glace qui obstruait à présent l'entrée. Elle avait agi par instinct, connaissant la disposition d'esprit de Kay, ne voulant pas prendre le risque qu'il se braque face à une personne inconnue et devienne imperméable à la seule qui était en mesure de le sauver. Seulement Anna, les paroles de Grand Pabbie toujours en tête, ne le vit pas de cette façon. Interloquée et déçue, elle écarquilla les yeux et recula d'un pas:
"Alors c'était vrai…Tu l'as vraiment emprisonné."
En voyant sa soeur réagir ainsi, Elsa se rendit compte qu'il y avait une méprise dont elle était probablement responsable. Ses yeux se troublèrent d'un mélange de tristesse et d'incompréhension,et elle s'adressa à sa cadette:
"Anna, je ne lui veux aucun mal, bien au contraire…
-Dans ce cas, pourquoi ne l'as-tu pas amené à nous ? Pourquoi refuses-tu que je le voie ? Grand Pabbie m'a dit de me méfier, peut-être aurais-je dû l'écouter.
-Crois-tu vraiment que j'aurais gelé la mer si je voulais le garder prisonnier ?"
Elsa tentait de garder son calme, mais voir la confiance que sa soeur lui portait ébranlée de la sorte par des rumeurs et des apparences -qui certes ne jouaient pas en sa faveur- l'atteignait directement, lui rendant la tâche ardue. Quand des pointes de glace apparurent devant elle en réponse à son tourment, Anna partit en courant dans le premier couloir à sa portée.
"Non, Anna…!" Supplia-t-elle. Elle s'élança à sa poursuite. Elle la rattraperait, lui expliquerait, lui ferait comprendre. Il le fallait. Elle avait passé bien trop d'années dans le mensonge et la dissimulation,le fourvoiement, en avait failli perdre son identité et sa soeur que trop de fois. Plus jamais elle ne fuirait, ni ne laisserait Anna en faire de même.Leur course poursuite les mena dans la salle sombre du Cinquième Esprit. Anna, ne sachant plus où aller, s’arrêta, mais ne resta pas immobile pour autant. Elle changeait sans cesse d’appui, prête à saisir la moindre ouverture. Elsa profita tout de même de cette interruption pour lancer :
« Arrête, Anna, écoute-moi ! Tu as cru en moi alors que tout le monde me prenait pour un monstre, t’ai-je réellement donné une raison de le regretter ? »
Les mouvements de la rouquine se firent hésitants, et elle consentit à regarder sa sœur en face :
« Tu as intérêt à tout m’expliquer. » Trancha-t-elle d’une voix impérative où pointait une note d’espoir.
Cette nuance, Elsa l’avait entendue. Elle s’y raccrocha. Elle lui dirait absolument tout. Pour que le passé n’ait plus d’emprise négative sur elles, elles y feraient face une dernière fois. Elle lui expliqua les raisons pour lesquelles elle avait enfermé Kay, et les effets du sort qui pesait sur lui.
Elle reprit leur histoire depuis le début, depuis le jour où elle l’avait blessée accidentellement avec ses pouvoirs. Ce faisant, elle rendit ses souvenirs à Anna, tous ceux impliquant sa magie, et lui en apprit plus encore. Elle lui raconta comment Grand Pabbie avait modifié sa mémoire – en lui demandant de ne pas lui en tenir rigueur, puisque cela l’avait sauvée- et donné un aperçu de la nature des pouvoirs d’Elsa ; comment leur propre père, suite à sa propre interprétation de la démonstration du troll, les avait séparées, l’avait isolée du monde extérieur, l’en privant par la même occasion. Ce qui avait compté alors était la préservation des apparences. De l’extérieur, tout avait l’air absolument parfait, en ordre. Les apparitions en public étaient soigneusement planifiées, leur famille parvenait toujours à laisser transparaître une bonne image. Mais en elle, Elsa était étouffée par la peur de perdre le contrôle, de blesser à nouveau sa sœur, et d’être rejetée. Alors elle lui avait tourné le dos, et Anna n’avait eût d’autre choix que de se résigner elle aussi, impuissante, à la solitude. Leur famille, leur lien avait été déchiré, à cause d’un malentendu, d’une incompréhension aux conséquences exponentielles. Elsa n’en était à présent pas moins étreinte par la culpabilité, aussi s’inclina-t-elle profondément devant Anna, et l’implora :
« Je t’en prie, pardonne-moi Anna. »
Anna s’avança vers elle. Les mots qui franchirent ses lèvres parurent mettre une éternité à tomber, mais sonnèrent comme une délivrance :
« Ca va aller. Et je te dois moi aussi des excuses. J’ai eu peur, mais je comprends tout à présent. Merci. »
Elle tendit la main à Elsa et lui permit de se relever. Elles se fixaient l’une et l’autre d’un regard neuf, nettoyé de toute ombre, quand un raclement en provenance de l’entrée d’Ahtohallan capta leur attention. Elles s’y rendirent d’un même pas pour constater que Gerda était entrée. Elle avait faussé compagnie à Kristoff et Sven qui étaient probablement encore dans les bras de Morphée. Les deux sœurs étaient restées dissimulées à sa vue, et suivaient son déplacement. Anna fit signe à Elsa en désignant de la tête le mur de glace qui l’empêcherait de rejoindre Kay si elle ne faisait rien. Elsa accusa le problème en plaquant une main sur sa bouche, et fit prestement fondre la paroi avant que Gerda, subtilement guidée par Bruni, n’y parvienne. Là, elle retrouva son ami et se précipita sur lui pour l’entourer de ses bras. Une douce réminiscence remonta alors à la mémoire de Kay. Il se rappela ce qu’était l’amour, et des larmes roulèrent sur ses joues. Elles emportèrent hors de ses yeux les éclats de verre, et la chaleur qui avait émergé dans son cœur en fit fondre la glace. Il fut alors en mesure d’honorer la demande de la Reine des Neiges, et forma le mot « Eternité » avec les fragments à sa disposition. Gerda était à présent pressée de partir, mais Kay la retint par la main :
« Attend ».
A même le sol gelé, il entreprit de dessiner une rose, et expliqua à son amie, perplexe :
« C’est pour la Reine des Neiges. Tu sais, elle est comme cette fleur. Beaucoup de gens ne voient que les épines qui la protègent, et en oublient l’existence de son cœur. »
Sur ce, ils se dirigèrent main dans la main vers la sortie, et franchirent la porte du glacier. Là, Gerda l’interrogea :
« Elle ne t’a vraiment pas fait de mal ?
-Elle m’a sauvé la vie.
-...Tu crois que je pourrai la voir un jour ? »
Kay réfléchit, puis répondit d’un air malicieux :
« Si tu me bats à la course de luges, alors je te la présenterai peut-être. »
Gerda feignit de protester, avant de partir dans un éclat de rire, rapidement rejointe par Kay, et ils se mirent à courir sur la mer gelée. Toujours à l’intérieur, les deux sœurs avaient entendu toute la conversation, et se tenaient à présent au niveau de la rose gravée au sol. Les yeux d’Anna avaient retrouvé leur pétillement rieur, et un sourire illuminait avec douceur le visage d’Elsa. Sa cadette rompit le silence :
« Tu crois qu’ils vont retrouver leur chemin ?
-Avec Kristoff et Sven comme guides, je n’en doute pas.
-Alors, tout va bien.
-Oui, tout va bien. »
Elsa marqua une pause, puis se pencha pour passer ses doigts avec délicatesse sur la création de Kay. Elle se releva et se tourna vers Anna :
« En définitive, il semblerait que le plus sage d’entre nous, ce soit Olaf.
-Olaf ? Mais… Oh ! »
Anna comprit. Depuis sa naissance au sein d’une tempête de neige, Olaf avait fait sienne la chose pour laquelle il valait la peine qu’on se batte, qu’on la défende et qu’on la préserve. Sous la lumière de l’aube qui à travers le plafond de glace les entourait d’un halo magique, Anna et Elsa se firent une promesse silencieuse. Comme Gerda et Kay avaient conservé une âme d’enfant grâce à l’amour qu’ils se portaient, elles feraient en sorte de transmettre celui-ci et de le conserver, pur et simple, afin qu’il perdure, pour l’éternité.
Son vœu fut exaucé. Par une nuit d'hiver, Kay (c'est ainsi qu'il se nommait), éveillé par les lueurs boréales qui dansaient dans le ciel, quitta le confort de son lit en prenant garde de ne pas éveiller celle qui encore peu avant son altération était sa meilleure amie, Gerda. Grondant intérieurement contre ces feux célestes, il se rendit à la fenêtre avec l'intention d'en clore davantage les volets, mais ce qu'il vit lui coupa tout élan. Elle était là. Elle l'attendait, il en était persuadé. Sans une hésitation, il passa prestement un manteau, enfila ses bottes, et sortit. La neige, tombant du ciel depuis plusieurs heures, avait formé un épais tapis et scintillait comme un millier de diamants contrastant avec l'obscurité nocturne. Kay, dont la condensation du souffle ajoutait à l'atmosphère onirique du paysage, avançait à présent vers l'apparition. Arrivé à quelques pas d'elle, il s'immobilisa. Allait-elle s'évaporer de nouveau ? Il n'en fut rien. Immobile, glacée, entourée de flocons, celle qu'il nommait Reine des Neiges l'observait. Alors il s'approcha davantage. A travers l'écran neigeux, il osa même tendre la main vers elle. Pendant un moment, il ne se passa rien. Puis, soudainement, le manteau de flocons de la reine des neiges se dissipa, fouettant au passage le visage de Kay, l'obligeant à fermer les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, on eût dit qu'elle n'avait jamais été là. Cependant, elle lui avait rendu son salut. Passant la main dans ses cheveux ébouriffés, Kay ferma ses doigts sur quelques flocons laissés par la Reine des Neiges, les porta à sa vue. Ces flocons-là étaient différents, moins dans leur forme que dans la douce lueur et l'énergie qui émanait d'eux. Sous ses yeux, ils quittèrent le creux de sa main et allèrent se suspendre dans les airs un peu plus loin. Kay les rejoignit, ils s'éloignèrent de nouveau. Il prit alors une décision. Suivant le volute de neige enchantée, Kay s'enfonça dans les profondeurs de la nuit et de l'hiver.
❅❅❅
Par une grande fenêtre à croisillons, le jour septentrional baignait de sa lueur pâle et vive à la fois une vaste pièce aux murs tapissés de rosemåling. En son centre trônait un bureau en bois massif élégamment sculpté. Capturés dans un rai de lumière, de minuscules grains de poussière en suspension semblaient doucement remonter d'un encrier posé sur un coin du meuble. Une plume vint interrompre leur danse alanguie, trempée dans le liquide noir d'un geste vif et précis. Sur un rouleau de parchemin, une main légère acheva l'écriture d'une lettre aux accents sérieux et élégants, avant de déposer la plume et de s'élever pour repousser une mèche de cheveux d'un blond presque blanc. Désormais dégagés,des yeux étincelants et dont la profondeur égalait celle d'un ciel sans nuage se relèvent doucement.
Plongée depuis de longues heures dans des rédactions de toutes sortes, Elsa battit des paupières plusieurs fois, ce qui lui permit de retrouver une meilleure conscience de son environnement. Elle s'étira un instant avant de repousser son siège et de se diriger à pas posés vers la fenêtre, sa cape translucide aux reflets givrés ondulant derrière elle, ajoutant à la grâce et à la prestance qui étaient siennes, déjà soulignées par une robe dont le tissu brillant épousait les mouvements à la perfection, brodée
du même bleu azur que ses yeux, à l'exception des manches qui arboraient la transparence de sa cape. Dehors, des flocons duveteux tombaient avec lenteur sur les toits d'Arendelle. Elle esquissa un sourire. De nombreux mois s'étaient écoulés depuis le jour fatidique de son couronnement. Ce jour-là, ce qu'elle redoutait s'était produit,ses pouvoirs avaient été révélés au monde entier. Elle s'était alors enfuie dans la montagne, gelant accidentellement le fjord d'Arendelle sur son passage. Sans le courage et la dévotion de sa sœur Anna, elle y serait probablement encore, prisonnière de ses émotions et de ses propres pouvoirs. Grâce à elle, elle était parvenue à en reprendre le contrôle, aujourd'hui elle n'avait plus peur et était libre de vivre comme elle l'entendait. Ou presque.
Son titre de souveraine l'astreignait à de nombreuses obligations, dont la rédaction de nombreux traités, courriers diplomatiques et autres documents. Même si elle s'en acquittait de bonne grâce et avait à cœur de veiller sur son peuple, en cet instant elle devait reconnaître que rien ne lui plairait plus que d'aller se balader en dehors du château et respirer l'air vivifiant de l'hiver; aussi, c'est avec un soupir quelque peu las qu'elle se détourna de la vitre. Elle s'apprêtait à reprendre place à son bureau lorsque des coups furent frappés à la porte. A peine eût-elle le temps de répondre qu'un bonhomme de neige à la mine enjouée déboula à l'intérieur en s'exclamant:
"Elsa ! Si tu savais comme tu nous as manqué !"
Il se précipita vers elle pour l'enlacer à hauteur des branches qui lui servaient de bras, soit celle de ses genoux.
"Oh, Olaf, nous nous sommes pourtant vus ce matin, dit-elle avec tendresse et en se penchant pour lui retourner son affection.
-Et l'après-midi est déjà bien avancé." Fit une voix dont le ton déclaratif ne parvenait pas à dissimuler la bonté et l'enthousiasme naturels.
Une jeune femme rousse venait de passer la tête par l'entrebaillement de la porte, une main encore posée sur la poignée. Elsa se retourna, une expression de surprise joyeuse illuminant son visage comme elle reconnaissait sa sœur cadette.
"Anna! Pardonne-moi, j'ai été tellement absorbée par mon travail que je n'ai pas vu le temps passer…
-Je m'en suis doutée, ne t'inquiète pas, la rassura Anna en refermant la porte derrière elle. As-tu terminé à présent ?
-A vrai dire, il me reste encore certains détails à régler, et je dois vraiment réorganiser toutes ces archives." Répondit son aînée en tournant les yeux vers une étagère où s'amoncellait nombre de parchemins roulés et de cahiers d'aspect plus ou moins ancien. Anna suivit le mouvement de sa sœur, avant de s'exclamer:
"Woaw, quel désordre! On dirait que personne n'a touché à ces papiers depuis…"
Elle s'interrompit, n'osant pas continuer sa phrase. Mais Elsa l'avait devinée. En effet, à la mort de leurs parents, il y a plus de trois années de cela, une régence avait été mise en place pour permettre à Arendelle de perdurer en attendant qu'elle atteigne l'âge d'être couronnée. Sans doute le travail de classification avait-il été jugé surfait, mais depuis lors et jusqu'à ce jour, les documents n'avaient eu cesse d'être négligemment entassés, sans que personne ne s'en préoccupe. Désormais, c'était à Elsa qu'incombait cette tâche qui promettait d'être fastidieuse. Mais qu'importe, elle irait jusqu'au bout. Forte de cette résolution, elle eut cependant quelque peine à réprimer un bâillement. Anna s'en aperçut et, tout en s'approchant, s'adressa à elle avec bienveillance :
"Elsa, tu sembles épuisée. Tu devrais arrêter là pour aujourd'hui, tu ne crois pas ? Ces documents ne vont pas disparaître.
-Impossible. Il y a trop longtemps que je reporte cette tâche, et nous allons bientôt en recevoir de nouveaux, comme à chaque fin d'année. Je dois en avoir fini avant."
Anna fit la moue. Connaissant sa soeur, elle savait qu'elle ne prendrait aucun instant de répit si elle en avait décidé ainsi, mais elle se refusait également de la laisser aller au-delà de ses limites. La dernière fois qu'elle n'avait pu l'en empêcher, c'était dans les jours précédant son anniversaire ; elle avait tellement eu à cœur de lui préparer une fête parfaitement mémorable qu'elle était allée jusqu'à s'enrhumer et, malgré son déni entêté des faits, avait passé la journée à éternuer des Microlafs, pour finir enroulée dans les couvertures de son lit. Même si Anna aimait prendre soin de sa sœur, elle aimait encore plus la voir en bonne santé. Aussi, après un bref instant de réflexion, elle proposa avec enthousiasme :
"Eh bien, laisse moi m'en occuper !
-Non, je ne voudrais pas t'ennuyer avec mes affaires.
-Elle ne s'ennuiera pas avec moi, intervint Olaf, qui avait compris l'importance de la situation.
-C'est vrai, approuva la rousse. Et puis, j'ai passé mon enfance dans tous les livres de château que je pouvais trouver. L'Histoire et les écritures vieillies n'ont aucun secret pour moi !
-Anna, vraiment, tu n'as…
-De toute façon, je n'ai pas cessé de courir depuis que je suis levée. M'asseoir avec Olaf et un peu de lecture est exactement ce dont j'ai besoin.
-En es-tu sûre ? Tu n'y es pas obligée,tu sais.
-Certaine. Et je te conseille de vite quitter cette pièce, avant que je ne sois forcée de t'y contraindre." Acheva Anna avec des yeux pétillants de malice.
Avec un mouvement de recul et un va-et-vient vertical des mains indiquant qu'elle s'avouait vaincue,Elsa dit:
"Bon,bon, très bien. Je compte sur vous dans ce cas.
-Ces papiers seront rangés en un rien de temps, tu verras. Lança Olaf.
-Oui, c'est parti!"
Sur ces mots, Anna se dirigea vers l'étagère et commença à en extraire le contenu. Elsa se dirigea vers la porte mais, avant de sortir, se retourna :
"Anna, Olaf ?
-Oui ? Lancèrent en chœur les concernés.
-Merci beaucoup.
-Avec plaisir, fit le bonhomme de neige.
-C'est normal." Répondit sa sœur, les bras à présent chargés de papiers.
L'instant d'après, la porte se refermait dans un cliquetis discret, sur une Elsa dont le sourire en coin témoignait du soulagement et de la gratitude qu'elle éprouvait. Elle avait vraiment beaucoup de chance d'avoir Anna à ses côtés. Si cela n'avait pas été le cas, la situation aurait pu être bien différente.Mais aujourd'hui, tout allait pour le mieux. Elle en était certaine, cependant un ressenti diffus, à peine qualifiable d'intuition, lui soufflait que les choses pourraient changer. Une vague d'inquiétude s'insinuait en elle, restreignait peu à peu sa respiration. Elle accéléra le pas. La porte principale du château ne se trouvait qu'à quelques mètres devant elle. Du coin de l'œil, elle vit des gardes lui sourire, puis réprimer un frisson à son passage. Il ne faisait pourtant pas si froid ? Son jugement sur la question ne pouvait cependant pas être tenu pour fiable car, bien que capable de ressentir les variations de température, elle n'était pas le moins du monde gênée par celles descendant bien loin dans les nombres négatifs. Prise d'un doute, elle posa la main sur l'une des larges poignées de la double porte d'entrée, qui se recouvrit presque instantanément d'une fine couche de givre dans un léger craquement cristallin. Elle soupira intérieurement. Son pouvoir était le reflet de ses émotions, et n'attendait pas toujours sa volonté pour les exprimer. En l'occurrence, il lui signifiait qu'elle devait s'apaiser, et ce avant de givrer la porte entière, à moins qu'elle n'ait pas le temps de le faire… Affermissant sa prise, elle tira fermement sur le battant, qui s'ouvrit, lui offrit la lumière du jour déclinant et l'air pur de l'hiver. Sans hésitation, Elsa quitta sa demeure, prête à marcher aussi loin que ses jambes et le lui permettraient. Ainsi, elle sortit de la ville d'Arendelle, contourna une partie du fjord, esquiva habilement l'échoppe du jovial marchand Oaken, dépassa le village des trolls, et finit par arrêter ses pas sous un saule pleureur au milieu d'une clairière. La neige avait commencé à le recouvrir et au bout de ses branches perlaient de petites gouttes de glace. Une rafale vint les agiter, tel un carillon elles s'entrechoquèrent pour faire déferler une mélodie aussi douce et légère qu'envoûtante. À son écoute, et sous la caresse du vent, Elsa se calma peu à peu. Au bout d'un moment, elle fut parfaitement sereine, et dans sa tête ne résonnaient plus que le tintement des gouttes de glace, que vint amplifier un nouveau courant d'air. Il était chargé des senteurs de la montagne avoisinante où s'élevait son palais de glace, de celles des pins centenaires, mais également d'un au-delà inconnu qui paraissait presque l'appeler. Se pourrait-il que ce fût réellement le cas ? Un son, une voix éthérée, à l'origine incertaine, parvint en effet à son oreille, avant de s'évanouir.Intriguée, elle focalisa son attention, mais commençait à peine à guetter un retour de ces accords qu'un pressentiment, des sensations s'imposèrent à sa perception.
Tombe, tombe la brume, et emprisonne le monde dans un éternel silence. Au loin, les souvenirs enfouis, gravés à jamais dans le froid de l'hiver. Penses-tu vraiment que ses mystères soient à fuir ? Libère-toi, dans la glace ton identité se révélera.
Ces mots avaient résonné en elle, non comme une menace, mais comme une promesse. Bien que peu explicites, ils lui assuraient une chose: tôt ou tard, elle devrait quitter Arendelle pour ces contrées lointaines, et pourrait être amenée à ne jamais en revenir. Quelqu'un devrait donc lui succéder sur le trône, et elle savait exactement qui. Le jour venu, Anna veillerait sur le royaume. D'ici là, elle lui apprendrait tout ce qu'il lui restait à savoir, et c'est dans cette optique qu'Elsa fit demi-tour en direction du château, alors que les premières étoiles s'allumaient dans le ciel vespéral.
❅❅❅
Plusieurs années s'étaient écoulées, paisibles, rythmées par les saisons, sans que la voix ne se représente à Elsa. Puis, un jour d'automne, elle l'avait de nouveau entendue. Son appel s'était fait plus fort, plus pressant, et elle avait fini par y répondre. Guidée par elle, elle avait découvert la forêt enchantée, ses esprits et les secrets d'Ahtohallan, auxquels elle était et avait toujours été liée. En levant la malédiction qui l'emprisonnait dans la brume, elle avait embrassé pleinement sa véritable nature et décidé de vivre parmi les Northuldras, le peuple de la forêt. Par conséquent, elle avait abdiqué le trône d'Arendelle à Anna, mais bien que dorénavant une certaine distance les sépare, elles restaient toujours très proches et se retrouvaient régulièrement, que ce fut dans la demeure de l'une et de l'autre, principalement pour des moments de joie et de détente.
La Reine des Neiges revenait justement d'une journée passée au château en l'honneur d'une célébration hivernale. Chevauchant l'Esprit de l'Eau, les voiles de sa robe blanche dansaient au gré du vent et accompagnaient le chatoiement des aurores boréales qui dans la nuit lui conférait une apparence éthérée et enchanteresse. Elle ne se trouvait plus très loin du village Northudra, quand sa monture bifurqua soudainement. Surprise, Elsa rétablit rapidement son équilibre avant de s'adresser au Nokk:
"Eh, qu'as-tu donc ?"
Elle tenta d'induire un changement de direction par sa volonté et sa posture, mais le cheval d'eau et de gel secoua la tête en s'ébrouant, tout en gardant le même galop soutenu et régulier.
Il semblait savoir où il allait, aussi Elsa décida-t-elle de le laisser faire, bien que légèrement contrariée. Non pas qu'elle eût voulu le contraindre, elle s'y refusait totalement, et de toute manière personne ne le pouvait, pas même elle, le Cinquième Esprit. Sa nature l'incitait simplement à vouloir éviter les ennuis. Seulement, entre vouloir et pouvoir, il y avait parfois un monde, et son intuition lui disait que cette nuit-là, son son ami à sabots l'y conduisait directement.
Après plusieurs minutes au même rythme, le Nokk finit par ralentir son allure. Ils étaient arrivés dans une plaine enneigée inconnue d'Elsa, clairsemée de rochers. Plus en avant, ils s'ordonnaient en un cercle au centre duquel se dressait ce qui semblait être un piédestal dont le sommet scintillait, comme éclairé par une lueur quelconque. Désormais au pas, le Nokk s'en approcha, et Elsa constata que la lueur était en fait une rose de glace finement sculptée, incrustée dans la roche. Elle mit pied à terre et, d'une curiosité prudente, tendit la main pour l'effleurer. A peine ses doigts entrèrent-ils en contact avec la fleur que celle-ci devint opaque. L'instant d'après, elle avait retrouvé sa transparence, mais quelque chose semblait se mouvoir à l'intérieur de ses pétales. A travers eux, une image se dessinait peu à peu, celle d'un jeune garçon qui jouait gaiement avec une fille de son âge puis, agenouillé devant une caisse en bois, prenait soin à ses côtés d'un splendide parterre de roses d'un rouge profond et éclatant. Elsa pouvait sentir tout le bonheur et la candeur qui émanaient des deux enfants, jusqu'à ce que la scène change soudainement. La fleur de glace se fissura, brouillant un instant la vision d'une pluie de minuscules fragments de verre qui s'insinuaient sous les paupières du même garçon et semblaient lui retirer du même coup toute forme de joie. La surface gelée prit un aspect plus sombre, pour qu'une dernière image s'y imprime: le garçon était arrêté au milieu de la nuit et de la poudreuse, il semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un. Elsa fronçait les sourcils, perplexe quant à ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, quand une multitude de craquements annonça l'apparition d'autant de fissures sur la rose de glace. Immédiatement après, celle-ci volait en morceaux gelés, obligeant la jeune femme à se reculer et se protéger le visage de ses bras. Lorsqu'elle les abaissa, il ne restait à l'emplacement de la fleur que la roche, lisse et imperturbable.
Néanmoins, Courant d'Air ne lui laissa guère le temps de se questionner davantage. Dans un murmure, l'Esprit du Vent venait de lui souffler un début de réponse. Il amènerait probablement d'autres interrogations, mais à présent elle était certaine d'une chose: elle devait aider ce garçon. D'un pas décidé, elle quitta le cercle de pierre et gravit un monticule enneigé. Elle concentra alors ses pensées en direction du jeune garçon. De sa main droite levée jaillit un trait de flocons scintillants, un trait de lumière s'ajoutant aux étoiles du ciel nocturne, et qui comme elles allait guider une âme sur le chemin de sa destinée.
Ainsi la magie mena-t-elle Kay à la rencontre de la Reine des Neiges. Lorsqu'elle le vit, à moitié gelé mais ignorant la morsure du froid, tremblant sans même en tenir compte, Elsa ressentit une grande peine à son égard, doublée d'une certaine inquiétude. A mesure qu'ils se rapprochaient l'un de l'autre, elle vit ses craintes confirmées par le regard de plus en plus distinct que lui portait le jeune garçon : subjugué, d'une intensité fiévreuse dont l'étincelle trahissait l'emprise qu'elle exerçait sur lui malgré elle, mais plus encore celle d'un puissant maléfice à l'issue qui pourrait être fatale. Elsa ne savait pas d'où il venait, mais le lui demander eût été vain, il n'était pas en état de lui répondre. De plus, la priorité était de le protéger du froid qui sur lui laissait de plus en plus ses marques à mesure que la nuit avançait. Elle pensa d'abord le ramener au campement des Northuldras; elle posa sa main sur celle de Kay dans ce but, et le flot d'informations qu'elle reçut à ce contact lui fit revoir ses plans. Elle les avait sentis, ces morceaux de verre maudits, présents dans les yeux et le cœur du garçon. Bien qu'ils soient très différents de sa magie, leur effet lui était douloureusement familier, et bien plus avancé qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle ne pouvait se permettre d'attendre l'aide incertaine des Northuldras. Sur ce constat, elle se pencha sur le front du garçon, et de ses lèvres y exhala un baiser glacé, destiné à le préserver du froid. Elle en déposa un second qui bloqua l'évolution du sortilège et lui ôta du même coup tout souvenir pouvant le tourmenter. Les yeux du garçon se firent plus vagues, la lueur qui les habitait faiblit en même temps que ses frissons cessèrent, et c'est le coeur meurtri qu'Elsa créa un traîneau de glace puis, avec le concours de l'Esprit de l'Eau, l'emmena vers le seul endroit capable de le garder en sûreté aussi longtemps qu'il le faudrait: Ahtohallan.
❅❅❅
Plusieurs semaines, plusieurs mois s'étaient écoulés depuis qu'Elsa avait conduit Kay dans la rivière gelée et protectrice que constituait Ahtohallan, et en avait averti Anna par le biais de l'Esprit du Vent. Elle avait également chargé les Géants de la Terre d'informer les êtres vivants de la forêt de la présence du garçon, qui à leur tour relaieraient l'information, dans l'espoir que celle-ci parvienne aux oreilles d'une personne qui le connaissait et pourrait le délivrer du sort du Coeur de Glace. Il fallut cependant de nombreux mois supplémentaires pour qu'un changement se produise et se manifeste sous les traits d'une jeune fille frappant avec détermination aux portes du château d'Arendelle, accompagnée de Sven et Kristoff dont l'air dubitatif laissait voir sa perplexité face à la situation. Lorsqu'Anna vint lui ouvrir, elle se présenta ainsi:
"Bonjour, je m'appelle Gerda. Je suis à la recherche d'un ami qui m'est cher. C'est ce renne, dit-elle en désignant Sven du doigt, qui m'a menée jusqu'à vous.
-Sven ? Fit Anna, surprise.
-Oui. Il a mentionné un garçon d'à peu près mon âge, répondant au nom de Kay."
Anna opina du chef, puis tourna les yeux vers un Kristoff manifestement mal à l'aise. Il sentit son regard, et lança à brûle-pourpoint:
"Sven a également rapporté que, d'après ses amis de la Forêt Enchantée, ce garçon serait prisonnier de la Reine des Neiges."
Cette nouvelle, ou plutôt un des mots employés, laissa la rouquine coite. Sa soeur ne ferait jamais de qui que ce soit son "prisonnier", et ce n'était pas en ces termes qu'elle lui avait exposé la situation du garçon qu'elle avait recueilli et ne faisait sans l'ombre d'un doute qu'un avec l'ami disparu de Gerda. Que cette dernière se soit forgé une image négative de l'ancienne souveraine d'Arendelle lui déplaisait fortement, et il était de ce fait exclu qu'elle l'autorise à partir seule à sa rencontre. Elle était mieux placée que quiconque pour savoir qu'un grief, même quelconque, pouvait pousser les gens à commettre le pire. Un grief, ou la peur de perdre l'être le plus cher à son cœur… Quoi qu'il en soit, Anna ne laisserait personne blesser ou être blessé, aussi prit-elle la décision de s'engager pleinement dans cette aventure, et elle le communiqua ainsi à la jeune Gerda:
"Je sais où se trouve ton ami, et je t'y emmènerai. L'information que tu as reçue à dû être déformée. Je connais bien la Reine des Neiges, si vraiment elle détient Kay, elle doit avoir une bonne raison à cela et…"
Gerda posa sur elle des yeux sceptiques en l'interrompant:
"Comment pouvez-vous en être aussi sûre ?
-C'est ma sœur. Elle ne lui fera jamais de mal."
Un regard franc, aussi ferme que rassurant, vint appuyer tout le crédit qu'elle accordait à ces mots. Gerda baissa le sien, et la défiance dont elle faisait preuve s'atténua alors qu'elle répondait :
"Très bien. Quand partons-nous ?
-Eh bien… Fit Anna en tournant la tête en direction de Kristoff et Sven.
-C'est bon,j'ai compris, je vais atteler Sven, déclara Kristoff. Allez viens mon vieux,on reprend du service."
Il flatta le dos du renne et amorça un mouvement. Anna l'attrapant par la manche le coupa dans son élan. Elle lui murmura:
"Olaf est dans les écuries, dis-lui de rester au château. Il vaut mieux que Gerda ne le voie pas."
Kristoff encensa et reprit sa marche aux côtés de Sven une fois qu'Anna eut relâché sa prise. Elle retourna auprès de Gerda, qui n'avait pas bougé. Elle avait réussi à faire taire sa méfiance, et exposer l'existence même d'Olaf serait prendre le risque de la raviver. C'était la dernière chose qu'elle souhaitait, néanmoins elle se promit de présenter des excuses au bonhomme de neige une fois revenue de ce voyage et,si l'occasion se présentait, de lui permettre de faire la connaissance de Gerda et de son ami. Cette pensée enjoliva son humeur, et un sourire éclaira son visage. Désormais face à Gerda, elle posa ses poings sur ses hanches et déclara :
"Bon, on attend le retour de Kristoff et Sven, puis on y va ! Nous allons retrouver Kay !"
Quelques heures plus tard, la petite troupe était en route. Anna, sur l'accord de Sven que Kristoff avait transmis d'une intonation caractéristique, tenait les guides du traîneau ; Kristoff était assis près d'elle, tandis que Gerda s'était juchée sur le dos du renne et observait les alentours avec un air émerveillé. Au cœur de l'hiver, la falaise enneigée qui les surplombait laissa place à des arbres dénudés de leurs feuilles offrant leurs branches aux pâles rayons du soleil, et le voile de froid qui les entourait, percé de temps à autres par le chant de quelque oiseau encore présent, conférait à l'ensemble un aspect pittoresque et mélancolique. Le chemin se faisait de plus en plus doux sous les sabots de Sven, la neige et le givre craquant se trouvant sur un épais tapis d'humus renouvelé d'année en année, variant au gré des saisons, mais toujours dans un cycle ininterrompu, à l'instar de la rivière qu'ils longeaient à présent. Recouverte de glace, son courant d'habitude clair et vif n'était plus qu'un murmure, à peine visible à travers son écrin gelé. Un roulement de pierre tira Gerda de sa contemplation, elle tourna la tête vers l'origine du bruit.
A quelques mètres devant l'attelage, un gros rocher rond venait d'apparaître de derrière une souche.Sven pointa ses oreilles et lâcha un grognement curieux.
"Tiens, les trolls sont de sortie, remarqua Kristoff avec tranquillité.
-Les trolls ? Dit Gerda.
-Des bonhommes de pierre qui habitent cette forêt. Ils sont tous bienveillants, ce sont de très bons amis qui nous ont aidés de nombreuses fois par le passé."
Anna venait à peine de terminer sa phrase que trois autres rochers rejoignirent le premier pour se déployer devant Sven, qui dut s'arrêter. Ils se mirent à fixer Gerda de leurs grands yeux ronds, et Gerda les scrutait à son tour, fascinée, ne sachant que dire, jusqu'à ce que Kristoff intervienne:
" Hey les gars ! C'est gentil de venir nous voir en passant, seulement on n'a pas vraiment le temps, là. Est-ce que vous pourriez dégager le chemin ?
-Kristoff, arrête de jouer les rustres, et vient un peu par ici !" Le sermonna une trolle dont l'expression avenante contrastait avec ses paroles. Kristoff eut juste le temps d'ouvrir la bouche pour protester avant d'être attrapé par le bas de sa veste et tiré hors du traîneau par cette même trolle, aidée du renfort de ses camarades. Un instant après, et ce malgré les protestations d'Anna qui l'avait rejoint armée de toute sa volonté, ils étaient assaillis de questions et de nouvelles pendant que Gerda, descendue du dos de Sven, observait le plus jeune du groupe faire chatoyer un amas de cristaux magiques. Au moment où elle s'apprêtait à lui donner la raison de sa présence dans cette partie de la forêt, un nouveau roulement se fit entendre. Celui qui en était à l'origine était un troll à l'aspect plus âgé que les autres, au front orné d'une coiffe faite d'herbes, dont la course s'arrêta en même temps qu'il prit la parole :
"Hé là ! N'avez-vous pas un peu fini vos enfantillages ? Ne voyez vous pas que nos amis sont en mission ? Dispersez-vous, allez, allez !"
Quelques roulades et des excuses plus tard, les trolls, penauds, étaient tous regroupés sur le bord de la route pendant que Grand Pabbie -c'était le nom du doyen- venait à la rencontre des compagnons de voyage.
"Excusez-les, il faut toujours que j'intervienne pour les tempérer. Je crois bien qu'ils ne seront sages et disciplinés que dans de nombreux siècles, soupira-t-il. Mais, ajouta-t-il après une brève pause, honnêtement, je crois que je les préfère comme ça."
Alors que Kristoff se pinçait le haut du nez, dépité, Anna se pencha vers Grand Pabbie:
"Ce n'est rien. Merci de nous avoir aidés. Vous savez pourquoi nous sommes en route, n'est-ce pas ? Auriez-vous quelque chose à nous dire à ce sujet ?"
L'expression du vieux troll s'assombrit:
"Eh bien… Ce ne sont que des rumeurs, mais…"
Il baissa la voix, de sorte que seule Anna fut en mesure d'entendre les mots qu'il prononça ensuite:
"Anna, soit prudente. Enfermer un être dans Ahtohallan n'est pas un acte anodin; à vrai dire, je n'ai encore trouvé aucune raison qui aurait pu pousser Elsa à une telle extrémité…
-Vous n'avez aucune raison de douter d'Elsa.
-Anna, je…"
Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, Anna se redressa et héla Kristoff:
"Nous repartons immédiatement !"
Elle reprit place dans le traineau,laissant tout juste le temps à Kristoff et Gerda de s'installer avant de lancer Sven dans un trot rapide.
Grand Pabbie ne put que contempler l'attelage s'éloigner à vive allure puis disparaître à travers les rameaux.
❅❅❅
De l'autre côté de la Mer noire, au nord de la Forêt Enchantée, était Ahtohallan, la rivière de glace gardant en son sein toutes les mémoires du monde. Depuis de longues semaines, elle abritait également le jeune Kay. Entre ces murs infranchissables, durcis et lissés par des mille de vent et de froid, prostré au centre d'une pièce sans fenêtre recevant seulement la lumière que laissait filtrer la matière translucide, le garçon paraissait en effet prisonnier. Prisonnier de cette forteresse glacée et de sa reine, telle était l'idée qui s'était répandue au dehors, et qu'Elsa elle-même admettait. Après tout, bien que Kay reçoive tout ce dont il avait besoin pour subsister, qui pourrait dire qu'il était libre ? Elle ne pouvait ignorer que c'était loin d'être le cas. Avec une ironie amère, elle pensa que, pour son propre bien, parce qu'il était sous l'emprise d'un sort, elle lui avait imposé la sienne et le maintenait dans un état de demi-conscience, caché de la vue de tous, sans aucune possibilité de sortir. L'évidence était indéniable, et la condition de sa libération presque aussi inaccessible que le lieu qui le recelait. Pour recouvrer ses sens et retourner dans le monde, son sort devait être rompu, sans aucune alternative. Une personne chère à son cœur devrait donc se présenter à lui. Mais même si cela arrivait, comment s'assurer que le maléfice avait bien été levé ? Elsa en était là de sa réflexion, appuyée sur la glace au creux d'un renfoncement, l'air maussade et soucieux, lorsqu'un détail près de son protégé attira son attention. De là où elle était, elle ne pouvait être vue; en revanche, en revanche, elle distinguait parfaitement les pièces de glace transparentes, larges et lisses qui gisaient devant le jeune Kay. Une idée lui traversa l'esprit. Elle quitta sa cachette et esquissa un pas en direction de l'enfant. Le sort brouillait ses sens et sa perception, il était de ce fait incapable de créer quoi que ce soit, encore moins une figure concrète, à partir de ces morceaux de glace. Qu'il en soit délivré, et il pourrait alors reconstituer sans effort ce qu'elle lui aurait demandé. Elle se mit à marcher franchement vers lui. Absorbé par la contemplation des fragments, il ne releva la tête que lorsqu'un de ses talons claqua sur le sol non loin de lui, marquant son arrêt à son côté. A quoi donnerait-il forme ? La Reine des Neiges parcourait à présent la salle du regard. Ce glacier d'un âge immémorial qui les cernait et les protégeait, comme il n'avait cessé et ne cesserait de le faire avec la mémoire qu'il contenait. Le temps que Kay passerait à l'intérieur si le sort n'était pas levé. La transcendance du pouvoir qui lui permettrait d'être libéré...
Elle baissa les yeux sur le garçon :
"Éternité." Souffla-t-elle.
Kay leva ses yeux vitreux. La lueur inextinguible qui dansait au fond, malgré ses lèvres bleuies par le froid et son cœur rendu aussi indifférent et acéré que les éclats de verre ensorcelé l'ayant atteint, conforta Elsa dans son choix:
"Si tu parviens à former ce mot avec les pièces qui se trouvent devant toi, alors tu auras toute ma reconnaissance, et seras libre."
Kay, tout à sa hâte de satisfaire l'objet de son admiration, se mit aussitôt à l'ouvrage. Il prenait chacune des pièces, tentait de les imbriquer de toutes les façons possibles, mais sans surprise il était toujours loin du résultat attendu. Elsa soupira et se détourna douloureusement de Kay, prête à aller vérifier si le sauveur espéré arrivait, comme toutes les rares fois où elle avait quitté Ahtohallan depuis qu'elle l'y avait emmené.
❅❅❅
A quelques kilomètres de là, la luminosité vespérale étirait les ombres des rares arbrisseaux qui poussaient dans le sol gelé et rocheux de la limite septentrionale des terres Northuldra. Anna, Kristoff, Sven et Gerda n'étaient à présent plus très loin de leur destination, mais l'obscurité grandissante et le froid de plus en plus prégnant allaient bientôt les contraindre à s'arrêter. Ainsi, au milieu du paysage désolé, Anna scrutait de son mieux les alentours à la recherche d'un abri, en vain. Elle avait beau s'être juchée sur un énorme tronc renversé, elle ne voyait qu'une immense étendue à découvert. Avec une exclamation frustrée, elle quitta son promontoire pour retourner auprès de ses camarades. En dégageant une mèche de sa tignasse que le vent avait plaquée sur son visage, elle maugréa:
"Rah, impossible de s'abriter où que ce soit, et le temps empire à chaque instant ! Que faire, on ne va quand-même pas rebrousser chemin ?
-Non, on peut encore faire un abri de fortune avec le traîneau. J'espère simplement que…"
Kristoff n'eut pas l'occasion d'achever sa phrase. La terre s'était mise à trembler, et des bruits sourds résonnaient à intervalles réguliers, de plus en plus proches.
"Qu'est-ce que c'est ?" Demanda Gerda, apeurée.
Avant que quiconque n'eût pu répondre à sa question, un buisson desséché s'enflamma brusquement à quelques pas de l'endroit où ils se trouvaient, dans un rugissement de flammes magenta. Sven mugit et se cabra brutalement, déstabilisant Gerda. Kristoff l'attrapa par le harnais et se mit à le flatter, avant de s'époumoner pour se faire entendre d'Anna à travers le vacarme ambiant:
"Encore ?! La Reine des Neiges n'est pas supposée surveiller les Esprits de la Nature ? Pourquoi nous attaquent-ils ?
-Je n'en ai aucune idée, je…"
Alors qu'elle tentait de formuler une réponse, la rouquine entraperçut une petite créature d'un bleu vif filer sous ses yeux avant que le sol ne s'ébranle plus fort encore, leur faisant violemment perdre l'équilibre. Ils étaient tous à terre quand le vent cessa soudainement et qu'une ombre les recouvrit entièrement. Seul le feu qui avait pris l'instant d'avant les préservait de l'obscurité la plus totale. Anna, recroquevillée sur ses genoux, releva lentement la tête. Encore quelque peu sonnée par sa chute, elle ne distingua pas tout de suite ce qui l'entourait. Puis, à mesure que sa vision s'éclaircissait, elle fut en mesure de constater qu'ils se trouvaient dans ce qui ressemblait à une petite caverne. A sa gauche, le feu rose ronflait toujours, et sa lueur sur la paroi lui fit remarquer que celle-ci se soulevait et s'abaissait avec une régulière lenteur. Le bruit profond et guttural qui l'accompagnait lui permit de réaliser ce qu'il s'était passé. En fait d'une caverne, ils étaient abrités par un des Géants de la Terre, et le brasier créé par Bruni et qui réchauffait à présent l'atmosphère n'avait jamais été une menace. Elsa avait sûrement eu vent de leur arrivée, et avait envoyé ses amis élémentaux à leur rescousse. Cette déduction inspira à Anna un profond soulagement. Elle se redressa et put voir Kristoff reprendre conscience à son tour. Dans sa chute, il avait eu le réflexe de couvrir Gerda de son bras et vérifiait à présent son état général. Sven, debout et vaillant, vint la renifler. Anna les rejoignit.
"Elle va bien, lui dit Kristoff, répondant ainsi à sa question informulée. Sa respiration est normale, elle est simplement sonnée. Elle se réveillera dans peu de temps.
-Ouf, tant mieux." Elle se mit à étudier Gerda. Maintenant qu'elle l'observait mieux, elle se rendait compte qu'elle n'était pas aussi juvénile qu'elle ne l'avait cru au premier abord. Elle le paraissait sans doute en raison de son visage qui, malgré les épreuves, ne s'était jamais départi de son expression joviale, ni de cette forme d'innocence qui lui était vraisemblablement inhérente. C'était cela. Cette jeune fille avait beau grandir en âge, son âme conservait toutes les caractéristiques de l'enfance. Anna se demandait à présent s'il en serait de même pour son ami. Le sort avait-il épargné l'essence même de son être ? Elsa avait-elle réussi à en ralentir la progression ? Et puisqu'elle savait qu'ils étaient là, pourquoi n'était-elle pas venue à leur rencontre avec lui ? A mesure qu'elle s'interrogeait, l'avertissement de Grand Pabbie lui revenait à l'esprit et, bien malgré elle, elle ne put empêcher le doute de se frayer un chemin jusqu'à elle…La voix inquiète de Kristoff coupa court à sa réflexion :
"Anna, tout va bien ?
-Oui, oui, mentit-elle. Je pense que j'ai besoin de me reposer un peu.
-Je suis d'accord. Endors-toi. Sven et moi, on veille sur la petite.
-Entendu. Réveille-moi s'il y a du nouveau."
Kristoff acquiesça, et Anna finit par s'endormir quelques instants plus tard malgré ses doutes, bercée par le feu qui dansait langoureusement. Au milieu de la nuit, elle fut tirée de son sommeil par Kristoff qui l'informa que Gerda s'était brièvement réveillée, et se portait bien. Elle le relaya dans sa surveillance. Alors que tous dormaient profondément, ses pensées allèrent de nouveau à Elsa, et elle se mit à éprouver une vive agitation. Plus les minutes passaient, plus il lui était difficile de se contenir. L'apparition de Bruni au coin de la seule ouverture de l'abri formé par le Géant eut pour elle l'effet d'un signal. Comme la salamandre ne voulait visiblement pas entrer mais semblait vouloir lui transmettre un message, Anna sauta sur l'occasion et ses pieds pour le rejoindre à l'extérieur.
Au loin, l'horizon commençait à peine à s'éclaircir des prémices de l'aurore, si bien qu'on voyait encore difficiles à travers la pénombre environnante. Cependant, grâce à la lueur qu'il émettait et aux petits roulements qui sortaient sporadiquement de sa gorge, Anna put avec une relative facilité suivre Bruni, déterminé à la mener quelque part. Après une heure de progression dans l'ensemble régulière, les bottes d'Anna rencontrèrent les galets de la plage du Nord. L'Esprit du Feu la précéda jusqu'au bord de l'eau, puis sauta sur son épaule avant de fixer intensément la mer au lointain. Anna porta son regard dans la même direction et plissa les yeux. De l'autre côté, sa sœur l'attendait, et de ses pouvoirs lui offrait le moyen de traverser la mer et de la rejoindre. Altière, exprimant une concentration confiante, Elsa posa un pied sur la surface de l'eau qui se mit à geler. La dernière fois qu'elle avait opposé son pouvoir à ces eaux, la mer noire l'avait emporté. Mais aujourd'hui, il n'était plus question de lutter, ni contre elle-même, ni contre les éléments. Elle se dressait toute entière au nom du lien qui la reliait à ce monde et de ce qu'elle avait juré de protéger. Ses pouvoirs étaient décuplés par sa volonté, et la glace apparue à ses pieds prenait de plus en plus d'ampleur sur la surface de l'eau. Ainsi, aux frontières de la mer et du ciel, du jour et de la nuit, dans une puissante éclosion naissait une passerelle étincelant de magie, reliant deux soeurs en même temps que deux mondes et, avec eux, deux coeurs qui avaient désespérément besoin l'un de l'autre.
❅❅❅
Une fois réunies, les deux soeurs s'enlacèrent, profitant chacune brièvement du réconfort des bras de l'autre. L'étreinte rompue, Anna s'adressa à Elsa:
"Oh Elsa, j'aurais aimé te voir dans d'autres circonstances.
-Moi aussi, Anna, répondit son aînée d'un air désolé. L'amie de Kay n'est pas avec toi ? Il est plus que temps qu'il soit libéré du Cœur de Glace.
-Je suis seule pour l'instant. Gerda, Kristoff et Sven nous rejoindront plus tard. J'aimerais te parler seule à seule."
L'expression grave sur le visage d'Anna fit remonter une boule d'angoisse au creux de son ventre, néanmoins Elsa accéda à sa requête en l'invitant à la suivre à l'intérieur du glacier, Bruni sur les talons. Elles traversèrent plusieurs galeries de glace avant de s'arrêter face à un ouverture donnant sur la salle où demeurait Kay. De là où elles étaient, il leur tournait le dos, et était toujours affairé avec les pièces de glaces en face de lui. Anna le vit:
"C'est lui ? Puis-je aller le voir ?"
En disant ces mots, Anna avait amorcé un pas dans l'entrée de la pièce. Elsa s'interposa:
"Non !"
Son ordre transperça l'air en même temps que le mur de glace qui obstruait à présent l'entrée. Elle avait agi par instinct, connaissant la disposition d'esprit de Kay, ne voulant pas prendre le risque qu'il se braque face à une personne inconnue et devienne imperméable à la seule qui était en mesure de le sauver. Seulement Anna, les paroles de Grand Pabbie toujours en tête, ne le vit pas de cette façon. Interloquée et déçue, elle écarquilla les yeux et recula d'un pas:
"Alors c'était vrai…Tu l'as vraiment emprisonné."
En voyant sa soeur réagir ainsi, Elsa se rendit compte qu'il y avait une méprise dont elle était probablement responsable. Ses yeux se troublèrent d'un mélange de tristesse et d'incompréhension,et elle s'adressa à sa cadette:
"Anna, je ne lui veux aucun mal, bien au contraire…
-Dans ce cas, pourquoi ne l'as-tu pas amené à nous ? Pourquoi refuses-tu que je le voie ? Grand Pabbie m'a dit de me méfier, peut-être aurais-je dû l'écouter.
-Crois-tu vraiment que j'aurais gelé la mer si je voulais le garder prisonnier ?"
Elsa tentait de garder son calme, mais voir la confiance que sa soeur lui portait ébranlée de la sorte par des rumeurs et des apparences -qui certes ne jouaient pas en sa faveur- l'atteignait directement, lui rendant la tâche ardue. Quand des pointes de glace apparurent devant elle en réponse à son tourment, Anna partit en courant dans le premier couloir à sa portée.
"Non, Anna…!" Supplia-t-elle. Elle s'élança à sa poursuite. Elle la rattraperait, lui expliquerait, lui ferait comprendre. Il le fallait. Elle avait passé bien trop d'années dans le mensonge et la dissimulation,le fourvoiement, en avait failli perdre son identité et sa soeur que trop de fois. Plus jamais elle ne fuirait, ni ne laisserait Anna en faire de même.Leur course poursuite les mena dans la salle sombre du Cinquième Esprit. Anna, ne sachant plus où aller, s’arrêta, mais ne resta pas immobile pour autant. Elle changeait sans cesse d’appui, prête à saisir la moindre ouverture. Elsa profita tout de même de cette interruption pour lancer :
« Arrête, Anna, écoute-moi ! Tu as cru en moi alors que tout le monde me prenait pour un monstre, t’ai-je réellement donné une raison de le regretter ? »
Les mouvements de la rouquine se firent hésitants, et elle consentit à regarder sa sœur en face :
« Tu as intérêt à tout m’expliquer. » Trancha-t-elle d’une voix impérative où pointait une note d’espoir.
Cette nuance, Elsa l’avait entendue. Elle s’y raccrocha. Elle lui dirait absolument tout. Pour que le passé n’ait plus d’emprise négative sur elles, elles y feraient face une dernière fois. Elle lui expliqua les raisons pour lesquelles elle avait enfermé Kay, et les effets du sort qui pesait sur lui.
Elle reprit leur histoire depuis le début, depuis le jour où elle l’avait blessée accidentellement avec ses pouvoirs. Ce faisant, elle rendit ses souvenirs à Anna, tous ceux impliquant sa magie, et lui en apprit plus encore. Elle lui raconta comment Grand Pabbie avait modifié sa mémoire – en lui demandant de ne pas lui en tenir rigueur, puisque cela l’avait sauvée- et donné un aperçu de la nature des pouvoirs d’Elsa ; comment leur propre père, suite à sa propre interprétation de la démonstration du troll, les avait séparées, l’avait isolée du monde extérieur, l’en privant par la même occasion. Ce qui avait compté alors était la préservation des apparences. De l’extérieur, tout avait l’air absolument parfait, en ordre. Les apparitions en public étaient soigneusement planifiées, leur famille parvenait toujours à laisser transparaître une bonne image. Mais en elle, Elsa était étouffée par la peur de perdre le contrôle, de blesser à nouveau sa sœur, et d’être rejetée. Alors elle lui avait tourné le dos, et Anna n’avait eût d’autre choix que de se résigner elle aussi, impuissante, à la solitude. Leur famille, leur lien avait été déchiré, à cause d’un malentendu, d’une incompréhension aux conséquences exponentielles. Elsa n’en était à présent pas moins étreinte par la culpabilité, aussi s’inclina-t-elle profondément devant Anna, et l’implora :
« Je t’en prie, pardonne-moi Anna. »
Anna s’avança vers elle. Les mots qui franchirent ses lèvres parurent mettre une éternité à tomber, mais sonnèrent comme une délivrance :
« Ca va aller. Et je te dois moi aussi des excuses. J’ai eu peur, mais je comprends tout à présent. Merci. »
Elle tendit la main à Elsa et lui permit de se relever. Elles se fixaient l’une et l’autre d’un regard neuf, nettoyé de toute ombre, quand un raclement en provenance de l’entrée d’Ahtohallan capta leur attention. Elles s’y rendirent d’un même pas pour constater que Gerda était entrée. Elle avait faussé compagnie à Kristoff et Sven qui étaient probablement encore dans les bras de Morphée. Les deux sœurs étaient restées dissimulées à sa vue, et suivaient son déplacement. Anna fit signe à Elsa en désignant de la tête le mur de glace qui l’empêcherait de rejoindre Kay si elle ne faisait rien. Elsa accusa le problème en plaquant une main sur sa bouche, et fit prestement fondre la paroi avant que Gerda, subtilement guidée par Bruni, n’y parvienne. Là, elle retrouva son ami et se précipita sur lui pour l’entourer de ses bras. Une douce réminiscence remonta alors à la mémoire de Kay. Il se rappela ce qu’était l’amour, et des larmes roulèrent sur ses joues. Elles emportèrent hors de ses yeux les éclats de verre, et la chaleur qui avait émergé dans son cœur en fit fondre la glace. Il fut alors en mesure d’honorer la demande de la Reine des Neiges, et forma le mot « Eternité » avec les fragments à sa disposition. Gerda était à présent pressée de partir, mais Kay la retint par la main :
« Attend ».
A même le sol gelé, il entreprit de dessiner une rose, et expliqua à son amie, perplexe :
« C’est pour la Reine des Neiges. Tu sais, elle est comme cette fleur. Beaucoup de gens ne voient que les épines qui la protègent, et en oublient l’existence de son cœur. »
Sur ce, ils se dirigèrent main dans la main vers la sortie, et franchirent la porte du glacier. Là, Gerda l’interrogea :
« Elle ne t’a vraiment pas fait de mal ?
-Elle m’a sauvé la vie.
-...Tu crois que je pourrai la voir un jour ? »
Kay réfléchit, puis répondit d’un air malicieux :
« Si tu me bats à la course de luges, alors je te la présenterai peut-être. »
Gerda feignit de protester, avant de partir dans un éclat de rire, rapidement rejointe par Kay, et ils se mirent à courir sur la mer gelée. Toujours à l’intérieur, les deux sœurs avaient entendu toute la conversation, et se tenaient à présent au niveau de la rose gravée au sol. Les yeux d’Anna avaient retrouvé leur pétillement rieur, et un sourire illuminait avec douceur le visage d’Elsa. Sa cadette rompit le silence :
« Tu crois qu’ils vont retrouver leur chemin ?
-Avec Kristoff et Sven comme guides, je n’en doute pas.
-Alors, tout va bien.
-Oui, tout va bien. »
Elsa marqua une pause, puis se pencha pour passer ses doigts avec délicatesse sur la création de Kay. Elle se releva et se tourna vers Anna :
« En définitive, il semblerait que le plus sage d’entre nous, ce soit Olaf.
-Olaf ? Mais… Oh ! »
Anna comprit. Depuis sa naissance au sein d’une tempête de neige, Olaf avait fait sienne la chose pour laquelle il valait la peine qu’on se batte, qu’on la défende et qu’on la préserve. Sous la lumière de l’aube qui à travers le plafond de glace les entourait d’un halo magique, Anna et Elsa se firent une promesse silencieuse. Comme Gerda et Kay avaient conservé une âme d’enfant grâce à l’amour qu’ils se portaient, elles feraient en sorte de transmettre celui-ci et de le conserver, pur et simple, afin qu’il perdure, pour l’éternité.
AnsaAdmin
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Re: Pour l'Eternité
Dim 16 Oct 2022, 22:14
Alors j'ai pas encore lu...Mais une introduction à 8000 mots et des poussières c'est énorme 
Vaut mieux que tu dises que c'est ton premier chapitre 
Outre ce point...TROP BIEN UNE NOUVELLE FICTION !!!!
Vaut mieux que tu dises que c'est ton premier chapitre Outre ce point...TROP BIEN UNE NOUVELLE FICTION !!!!
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- Snow Spirit
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Re: Pour l'Eternité
Dim 16 Oct 2022, 23:00
Pardon, il se peut que ma formulation ait prêté à confusion. La fiction est entière dans mon post.
- AnsaAdmin
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Re: Pour l'Eternité
Dim 16 Oct 2022, 23:09
Snow Spirit a écrit:Pardon, il se peut que ma formulation ait prêté à confusion. La fiction est entière dans mon post.
Ah d'accord
Si c'est le cas, il aurait fallu le mettre dans ce topic-là 
https://disneyfrozen.forumactif.org/t1083-one-shot-ou-autre-histoire-courte-de-la-reine-des-neiges
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FloconnetteLégende du Royaume- Messages : 1172
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Re: Pour l'Eternité
Mer 19 Oct 2022, 09:44
Coucou 
J'ai parcouru cela et j'aurai une petite requête si jamais tu en écrivais d'autres. Pour mes pauvres petits yeux fatigués à force d'être le nez collé sur les écrans, serait-il possible d'avoir une mise en page un peu plus aérée et une police de caractère plus grosse?!
Les paragraphes étaient parfois longs et les séparations peu marqués donc parfois je me perdais un peu dans la lecture
Par contre ça ne m'a pas trop dérangé de m'y perdre, franchement au niveau de la forme c'est une très jolie plume que tu as, j'ai trouvé ce récit assez poétique, j'avoue que le scénario m'inspirait moins, mais j'étais contente de me laisser bercer par les mots En le lisant, je me visais la tête, je crois que ça serait super en audio pour se détendre, une belle voix douce pour une séance de relaxation. Le récit se fait aussi doux et calme que la neige immaculée. Pour le coup cet aspect si tu le recharchais franchement c'est réussi
Par contre je trouve que la forme qui est très belle nuit un peu au fond. J'ai le sentiment que tu as laissé parfois de très grands vides.
L'introduction sur Kay puis d'un coup on va sur Elsa et Anna, j'avoue avoir été perdue un instant je ne comprenais pas trop la transition Encore une fois la douceur de la plume m'aidait à me sentir bien et poursuivre.
Pareil on a une scène très lente, Elsa qui découvre son rôle de reine dans l'entre deux film, une scène de la vie quotidienne, ça annonce un rythme c'est mignon, mais tout de suite on fait un bond dans le temps, Elsa, cinquième esprit qui est emportée par le Nokk vers le jeune garçon du début... Mais du coup, le rapport avec la scène de la vie quotidienne où Elsa fait son devoir de monarque je ne le vois pas trop.
Je pense que c'est le soucis de cet écrit, c'est peut être parfois un peu décousu
Je pense que cela gagnerai beaucoup si tu arrivais à faire des passages qui pourraient lier le tout et combler parfois ces manques, et finalement, au lieu d'avoir une histoire d'un seul tenant, en proposer une qui tiendrait sur plusieurs chapitres avec ce rythme doux et lent que tu proposes au début et cette plume apaisante.
Voila je ne vais pas plus loin sur la suite de la narration où j'ai retrouvé finalement les mêmes sentiments.
En tout cas j'ai passé un agréable moment à lire cela. C'est agréable de voir ici de nouveaux récits, avec des styles différents car surtout le plus important! Je trouve que c'est vraiment bien écrit!
Voilà c'était Floconnette et ses messages longs et pas toujours clairs ni utiles! A vous Arendelle
J'ai parcouru cela et j'aurai une petite requête si jamais tu en écrivais d'autres. Pour mes pauvres petits yeux fatigués à force d'être le nez collé sur les écrans, serait-il possible d'avoir une mise en page un peu plus aérée et une police de caractère plus grosse?!
Les paragraphes étaient parfois longs et les séparations peu marqués donc parfois je me perdais un peu dans la lecture
Par contre ça ne m'a pas trop dérangé de m'y perdre, franchement au niveau de la forme c'est une très jolie plume que tu as, j'ai trouvé ce récit assez poétique, j'avoue que le scénario m'inspirait moins, mais j'étais contente de me laisser bercer par les mots
En le lisant, je me visais la tête, je crois que ça serait super en audio pour se détendre, une belle voix douce pour une séance de relaxation. Le récit se fait aussi doux et calme que la neige immaculée. Pour le coup cet aspect si tu le recharchais franchement c'est réussi Par contre je trouve que la forme qui est très belle nuit un peu au fond. J'ai le sentiment que tu as laissé parfois de très grands vides.
L'introduction sur Kay puis d'un coup on va sur Elsa et Anna, j'avoue avoir été perdue un instant je ne comprenais pas trop la transition
Encore une fois la douceur de la plume m'aidait à me sentir bien et poursuivre.Pareil on a une scène très lente, Elsa qui découvre son rôle de reine dans l'entre deux film, une scène de la vie quotidienne, ça annonce un rythme c'est mignon, mais tout de suite on fait un bond dans le temps, Elsa, cinquième esprit qui est emportée par le Nokk vers le jeune garçon du début... Mais du coup, le rapport avec la scène de la vie quotidienne où Elsa fait son devoir de monarque je ne le vois pas trop.
Je pense que c'est le soucis de cet écrit, c'est peut être parfois un peu décousu
Je pense que cela gagnerai beaucoup si tu arrivais à faire des passages qui pourraient lier le tout et combler parfois ces manques, et finalement, au lieu d'avoir une histoire d'un seul tenant, en proposer une qui tiendrait sur plusieurs chapitres avec ce rythme doux et lent que tu proposes au début et cette plume apaisante.
Voila je ne vais pas plus loin sur la suite de la narration où j'ai retrouvé finalement les mêmes sentiments.
En tout cas j'ai passé un agréable moment à lire cela. C'est agréable de voir ici de nouveaux récits, avec des styles différents car surtout le plus important! Je trouve que c'est vraiment bien écrit!
Voilà c'était Floconnette et ses messages longs et pas toujours clairs ni utiles! A vous Arendelle
- Snow Spirit
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Re: Pour l'Eternité
Mer 19 Oct 2022, 20:09
Toutes mes excuses, je n'avais pas vu qu'il y avait un sujet dédié aux fictions courtes.
Floconnette, je te remercie pour ton retour. Je dois admettre que ma mise en page laissait à désirer. J'ay ai apporté quelques modifications, d'autant plus que les sauts de ligne étaient justement là pour délimiter les différentes parties (ou chapitres, en réalité), et éviter qu'on ne se perde ou reproche un manque de cohérence à l'ensemble.
J'ai placé les premiers passages en guise d'introduction et pour faire de brefs rappels des événements antérieurs.
Pour ce qui est du récit en lui-même, je reconnais avoir laissé une grande place à la contemplation, car selon moi il aurait été dommage de se priver de la beauté de l'hiver, et je voulais vraiment qu'on puisse la voir à travers les mots. Concernant le fond, outre le fait que tu te sois perdue à cause de mes erreurs de mise en page, pourrais-tu me dire plus précisément ce qui t'a déplu ?
Floconnette, je te remercie pour ton retour. Je dois admettre que ma mise en page laissait à désirer. J'ay ai apporté quelques modifications, d'autant plus que les sauts de ligne étaient justement là pour délimiter les différentes parties (ou chapitres, en réalité), et éviter qu'on ne se perde ou reproche un manque de cohérence à l'ensemble.
J'ai placé les premiers passages en guise d'introduction et pour faire de brefs rappels des événements antérieurs.
Pour ce qui est du récit en lui-même, je reconnais avoir laissé une grande place à la contemplation, car selon moi il aurait été dommage de se priver de la beauté de l'hiver, et je voulais vraiment qu'on puisse la voir à travers les mots. Concernant le fond, outre le fait que tu te sois perdue à cause de mes erreurs de mise en page, pourrais-tu me dire plus précisément ce qui t'a déplu ?
DovLégende du Royaume
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Re: Pour l'Eternité
Dim 23 Oct 2022, 11:48
Je viens de lire ton one-shot, et c'était vraiment pas mal du tout 
Rien que le parti pris de mélanger le conte original d'Andersen et l'univers des films est très à propos, ce qui du coup permet de dépeindre une reine des neiges loin de ce que le conte nous présente : de hautaine et méchante, c'est tout simplement la Elsa qu'on connaît, celle qui ne souhaite qu'à venir en aide en utilisant ses pouvoirs du mieux qu'elle le peut. Et la présence d'Ahtohallan miroite bien la forteresse de glace du conte d'origine, là où est retenu prisonnier Kay. Ce qui accentue le contraste par rapport au conte : les deux lieux sont empreint de froid et de dureté, mais dans le cas d'Ahtohallan, c'est avant tout pour mettre le jeune Kay à l'abri du danger, le temps que Gerda vienne le chercher. Et la fin met bien en parallèle la relation Gerda-Kay avec celle d'Anna-Elsa : malgré les moments de tristesse et de solitude (ou emprisonnement), l'un aura toujours besoin de l'autre pour être sauvé/soutenu dans ses durs moment.
Et en autre point positif, le style d'écriture et la description est, comme tu l'as dit précédemment, très contemplatif et descriptif. Même si elle ralentit un peu l'histoire, j'ai vraiment pris plaisir à imaginer le monde et les évènements évoluant autour des personnages.
Mais cela étant, il y a quand même le défaut évident de la mise en page : d'abord, la taille de la police est un peu trop grosse, et peut donc donner l'illusion que ton histoire est très longue. Personnellement, je l'aurais mis à 16 afin que ça soit clair à la lecture tout en effaçant cette perspective d'histoire longue. Et surtout, ce n'est pas très aéré : on passe d'un paragraphe à un dialogue, ou à un autre paragraphe, immédiatement, sans qu'il n'y ait d'espace entre.
Et tout à l'heure, je parlais de l'aspect contemplatif de ton histoire qui pouvait donner la sensation de ralentir l'histoire. Mais l'histoire en elle-même va un peu trop vite : Floconnette a, à raison, mentionné le rythme décousu, moi j'y aurais ajouté quelques passages supplémentaires centrés sur Gerda : son début d'aventure à la recherche de Kay, sa rencontre avec les trolls (ou Kristoff et Sven faisant leur travail de glacier ou quoi que ce soit d'autre) qui l'auraient ensuite amené directement à Anna, le reste du trajet seule à Ahtohallan, voire même un bref passage centré sur Kay à Ahtohallan, essayant en vain de se remémorer les souvenirs heureux avec son amie... bref, quitte à rallonger l'histoire ou la diviser en deux ou trois chapitres.
Mais dans l'ensemble, malgré la mise en page, c'est du très bon si tu as l'intention de continuer à écrire, je te lirais avec plaisir 
Rien que le parti pris de mélanger le conte original d'Andersen et l'univers des films est très à propos, ce qui du coup permet de dépeindre une reine des neiges loin de ce que le conte nous présente : de hautaine et méchante, c'est tout simplement la Elsa qu'on connaît, celle qui ne souhaite qu'à venir en aide en utilisant ses pouvoirs du mieux qu'elle le peut. Et la présence d'Ahtohallan miroite bien la forteresse de glace du conte d'origine, là où est retenu prisonnier Kay. Ce qui accentue le contraste par rapport au conte : les deux lieux sont empreint de froid et de dureté, mais dans le cas d'Ahtohallan, c'est avant tout pour mettre le jeune Kay à l'abri du danger, le temps que Gerda vienne le chercher. Et la fin met bien en parallèle la relation Gerda-Kay avec celle d'Anna-Elsa : malgré les moments de tristesse et de solitude (ou emprisonnement), l'un aura toujours besoin de l'autre pour être sauvé/soutenu dans ses durs moment.
Et en autre point positif, le style d'écriture et la description est, comme tu l'as dit précédemment, très contemplatif et descriptif. Même si elle ralentit un peu l'histoire, j'ai vraiment pris plaisir à imaginer le monde et les évènements évoluant autour des personnages.
Mais cela étant, il y a quand même le défaut évident de la mise en page : d'abord, la taille de la police est un peu trop grosse, et peut donc donner l'illusion que ton histoire est très longue. Personnellement, je l'aurais mis à 16 afin que ça soit clair à la lecture tout en effaçant cette perspective d'histoire longue. Et surtout, ce n'est pas très aéré : on passe d'un paragraphe à un dialogue, ou à un autre paragraphe, immédiatement, sans qu'il n'y ait d'espace entre.
Et tout à l'heure, je parlais de l'aspect contemplatif de ton histoire qui pouvait donner la sensation de ralentir l'histoire. Mais l'histoire en elle-même va un peu trop vite : Floconnette a, à raison, mentionné le rythme décousu, moi j'y aurais ajouté quelques passages supplémentaires centrés sur Gerda : son début d'aventure à la recherche de Kay, sa rencontre avec les trolls (ou Kristoff et Sven faisant leur travail de glacier ou quoi que ce soit d'autre) qui l'auraient ensuite amené directement à Anna, le reste du trajet seule à Ahtohallan, voire même un bref passage centré sur Kay à Ahtohallan, essayant en vain de se remémorer les souvenirs heureux avec son amie... bref, quitte à rallonger l'histoire ou la diviser en deux ou trois chapitres.
Mais dans l'ensemble, malgré la mise en page, c'est du très bon
si tu as l'intention de continuer à écrire, je te lirais avec plaisir - FloconnetteLégende du Royaume
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Date d'inscription : 09/03/2022
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Re: Pour l'Eternité
Lun 24 Oct 2022, 09:44
Ah je viens de voir à nouveau
C'est lieux avec la mise en page.
Pour ce qui est du fond je n'ai pas grand chose à redire pour moi c'est somme toute assez bon
Quand je dis rythme lent c'était pas forcément négatif
C'est lieux avec la mise en page.
Pour ce qui est du fond je n'ai pas grand chose à redire pour moi c'est somme toute assez bon
Quand je dis rythme lent c'était pas forcément négatif
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