- Le Royaume d'Arendelle -
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Kalegula
Kalegula
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Vendetta à la Sudîllienne Empty Vendetta à la Sudîllienne

Sam 11 Avr 2015, 12:51
Bon, je profite de quelques instants de repos pour soumettre une question à la communauté des auteurs de fanfics.
Je voudrais savoir s'il y en avait que ça intéresserait que je remettre ici une fanfic que j'avais commencé puis supprimée, malgré un avancement assez important dans l'intrigue (dans ma tête, pas sur le papier bravo)

Je sais déjà qu'il y a un membre-qui-ne-peut-plus-poster qui m'avait signalé son intérêt à savoir la suite, mais j'aimerais avoir l'avis de la communauté des auteurs pour savoir si je devais me lancer ou pas...

Je rappelle le synopsis : de retour aux îles du Sud, Hans est soumis au jugement de ses frères. Cependant, son plus jeune frère, Christian, décide de tout faire pour le venger. Il va se lancer dans une vendetta contre la famille royale d'Arendelle, dans laquelle il embarquera plus ou moins avec leur consentement ses autres frères.
Ce plan pourrait se révéler dramatique, si seulement Christian n'avait pas l'attitude et la ressource d'un enfant de huit ans...
Au cours de ces évènements, le lecteur était censé faire la connaissance de toute la fratrie du Sud, ainsi que du contexte un peu plus social et historique de ce royaume...

Je ne vous cache pas les raisons qui m'avaient poussé à clore cette fic : déjà pas le temps, mais aussi du fait du peu d'intérêt du lectorat, que je comprenais tout à fait. Et je sais que nous ne sommes pas sur le topic débat, mais je vais me permettre une grosse digression pour expliquer mes réserves quant à la poursuite d'un tel projet bravo
C'est pourquoi, pour le bien-être du topic, que je vais vous l'expliquer en spoilers bravo
Spoiler:

En toute honnêteté, je n'ai pas le temps d'écrire cette fic de façon classique, enfin, dans un style roman si on peut dire. Dans l'hypothèse où vous seriez intéressés, je relaterai les épisodes à la façon d'un conte, ou d'une légende (style le Silmarillion pour les connaisseurs).
Je pense qu'ainsi, ça sera plus concis, moins porté sur les sentiments des personnages, les émotions, ou la fièvre de l'action, mais plus sur les idées (et n'hésitez pas à dire ce que vous pensez, moi j'ai bien la franchise et qu'on me dise qu'il faut revoir la copie Razz).

Et pis bon, aussi pasque j'avais consacré un bon moment à imaginer mon intrigue et les sous-intrigues, et qu'en toute sincérité ça me casserait les pieds d'avoir fait ce travail pour rien bravo
Bref, vous êtes seuls juges !

EDIT : pour un soucis de place et parce que ce forum a des limites stupides de posts (bravo) je vais publier mon chapitre zéro sur ce tout premier post. Cela devrait vous donner une vague idée de ce qui vous attends dans la suite Razz

Prologue : la fratrie des Îles du Sud



En ce mois de Décembre particulièrement clément, un bateau arriva au port de la capitale des Îles du Sud. Descendant avec noblesse, et saluant aimablement les membres d'équipage, le treizième héritier de la couronne, Hans, fit son entrée en ville.
Son père, le roi Valdemar, avait il y a quelques mois envoyé des messages à chacun de ses fils, pour leur indiquer son souhait de tous les réunir pour le repas de Noël. Si, en général, il ne partageait son repas qu'avec quelques privilégiés, il semblait avoir curieusement changé d'avis pour cette fois.
Admirant sa ville recouverte d'un duvet de neige, Hans pressa le pas pour gagner ses appartements : il était déjà presque en retard.
La dernière fois qu'autant de frères du Sud s'étaient retrouvés réunis, c'était à l'occasion des funérailles du roi et de la reine d'Arendelle, il y avait un peu moins d'un an, où le roi Valdemar avait organisé une petite cérémonie en leur honneur dans son château. Le souverain du Sud avait en effet beaucoup de respect pour son égal d'Arendelle, et leur disparition tragique l'avait assez touché.
Enfin, pour être plus exact, seuls les aînés s'étaient rendu à la cérémonie, les six derniers n'ayant pas vraiment connu les monarques.
Qu'importe, un rassemblement de la fratrie ne lui plaisait guère. Il avait rencontré de nombreuses autres familles royales au cours de voyages diplomatiques, ou simplement pour découvrir un peu le reste du monde. Et, plus que jamais, il n'avait souhaité avoir une famille comme celles là. On ne pouvait pas choisir sa famille, bien évidement, mais ça lui aurait pas été désagréable si la sienne était un peu plus… posée.

Il détestait cordialement tous ses frères, et pas seulement parce qu'ils lui avait ôté tout espoir d'avoir un jour du pouvoir, quel qu'il soit. Chacun avait des manières assez personnelles, et devenaient insupportables à leur propre façon.
Tandis que les premiers étaient mariés à des princesses, des personnalités importantes, voire même à une reine (mais c'était une exception), l'autre moitié s'adonnait à des divertissements plus ou moins digne de leur rang, comme ils savaient que de toute façon la couronne ne leur échouerait jamais.
Tous, absolument tous, avaient le don d'énerver le benjamin, quoiqu'il n'en ai jamais rien laissé paraître : il était déjà un moins que rien, ce n'était pas la peine d'en plus se faire un ennemi de ses aînés.

Ces pensées hargneuses le suivaient tandis qu'il remontait dans les couloirs, vers le petit salon, en général réservé aux membres de la famille royale. Ce dîner de Noël le réjouissait moins que personne, mais il fallait faire bonne figure, en espérant que le roi Valdemar lui accorde de faire ses preuves…
Il espérait que plusieurs de ses frères ne puissent pas se rendre au rendez-vous. Il avait déjà cru comprendre que son frère aîné Knut serait très retardé, au mieux absent. C'était le général en chef des armées du Sud, et malgré son haut grade il passait beaucoup de temps en compagnie de ses troupes, et menait très régulièrement des patrouilles dans tout l'Archipel pour protéger les peuples. Les rumeurs racontaient qu'il serait coincé par la neige quelque part, ou du moins que ses soldats seraient coincés et qu'il ne voulait pas les laisser seuls. Tant mieux : malgré son caractère taciturne, Knut était un individu qu'il ne valait mieux pas se mettre à dos ou contrarier. Sa fureur était connue et crainte des ennemis du Sud.

Le treizième prince était quasiment arrivé au salon où les frères étaient censés se retrouver, quand une voix masculine, enjouée, retentit dans son dos :
« -Hans ! Tu es enfin de retour !
L'interpellé fit une grimace : celui qu'il redoutait le plus de retrouver venait à peine de le découvrir. La soirée promettait d'être longue… Il se retourna avec grâce et sourit en retour :
-Christian… Mon très cher frère ! Je ne m'attendais pas à te voir si tôt ! Quelle surprise !
Douzième membre de la fratrie, Christian était de peu le frère aîné de Hans. Même s'il avait un an de plus que lui, c'était de loin celui qui faisait le plus jeune de toute la fratrie. On ne lui aurait donné pas plus de dix-huit ans : parfaitement imberbe, il avait un visage assez poupon, les cheveux courts roux comme tout le reste de la famille. C'était également un des plus petits en taille.
Hans le considérait comme ignorant, puéril, collant, et prétentieux. Cependant, pour une raison qu'il ne comprit jamais, Christian le vénérait comme un mentor, et aurait fait n'importe quoi pour bien se faire voir de lui.
Cette attitude avait le don d'exaspérer le treizième au plus haut point, et de faire de Christian celui qu'il méprisait le plus.
Sa principale source de réconfort était de savoir que, du fait de sa position dans la fratrie, lui non plus n'accéderait jamais à un poste important.
-Je suis si content de nous retrouver enfin ! lança le douzième d'un ton enjoué. Quelle malchance qu'à chaque fois que je termine des manœuvres ou des visites diplomatiques avec Anders ce soit toi qui t'en aille !
-Oui, tout cela est fort dommage… Mais mon voyage m'a beaucoup fatigué, je t'en prie, je vais me reposer sur les fauteuils là bas.
-Je vais rester avec toi pour te tenir compagnie !
-Ah… oh quel étourdi je fais, je pense avoir oublié mon livre dans mes appartements… Je vais devoir m'y traîner puis revenir…
-Ne te dérange pas, je vais aller le chercher pour toi tandis que tu te repose ! J'y vais tout de suite !
Et il partit en courant tandis que Hans souriait d'un air mauvais. Un soucis de moins…

Il entra dans le salon, pour constater que quasiment aucun de ses frères, ni même ses parents, étaient là. Il était déjà suffisamment en retard, mais le reste de sa famille l'était encore plus… Enfin, à l'exception de Mikaël, qui était assis dans un coin, lisant un livre.
En le voyant approcher, ce dernier fit un grognement de dédain à l'encontre de Hans. Neuvième fils de la fratrie, il faisait lui aussi assez jeune, comme Christian. Son visage était cependant plus sévère, et il s'était enfin proprement rasé, ce qui était pour le moins rare.
En s'approchant, Hans constata qu'il tenait son livre à l'envers, et n'eut pas l'envie de voir son titre. Mikaël était un grand admirateur de la Révolution française et autres fantaisies, et il lui prenait souvent de faire des choses un peu étranges… Mais n'ayant jamais physiquement menacé la famille royale ou qui que ce soit, les aînés de la fratrie le laissaient tranquille.
Ignorant ce signe de mépris, Hans se dirigea vers un canapé qui lui faisait dos, devant une large cheminée. En passant devant, il eut la surprise de découvrir un autre de ses frères : Johan.
Celui-ci était complètement affalé de travers, une bouteille encore dans la main. Il semblait profondément assoupi. Sans trop de ménagement, Hans haussa la voix.
-Hem hem, Johan !
Tout aussi brusquement, le onzième prince se releva comme tiré d'un rêve, et après avoir lancé un coup d’œil hagard autour de lui remarqua son frère cadet. Hans nota que comme à son habitude, Johan n'avait pas coiffé sa crinière de cheveux roux rejetés en arrière, pas plus qu'il n'avait eu l'idée de raser la faible pilosité qu'il avait au bout du menton ou sur la lèvre supérieure.
-Oh ce n'est que toi Hans… Il est encore un peu tôt pour dîner, et puis j'étais plongé dans un rêve merveilleux.
-Tu te baignais encore dans une mer de cognac j'imagine ?
-Pas du tout. Je… cette fois c'était dans du calvados.
Le onzième prince se massa la tête avec sa main valide, l'autre tenant toujours fermement sa bouteille.
-Quoique j'avoue que je n'aurais dû entamer ce vin hongrois. Une fois qu'on y a goûté on ne peut plus s'arrêter… Me faudrait quelque chose pour tenir le coup… Comme du café ! Maintenant excuse moi monsieur-je-ne-laisse-personne-dormir, je vais me reconstituer.
Et en un saut il se mit debout, posa précautionneusement sa bouteille sur un meuble et se dirigea vers une commode non loin de la cheminée. Hans s'empressa de s'installer avec un regard méprisant et tira de sa poche un livre : le Prince, de Machiavel, qu'il commença à feuilleter.
De son côté Johan avait sorti de son meuble un moulin à café et un sac de grains qu'il s'empressa de mouler. Puis il remarqua la lecture de son cadet et se permit un commentaire :
-Tu ne devrais pas lire ce genre de livre. Ça risque de te donner de mauvaises idées ! lança-t-il sur le ton de la plaisanterie. Et toi Mikaël, qu'est ce que tu lis ?
-Un ouvrage qui changera le royaume, et qui ne te concerne pas.
Cela suffit à piquer la curiosité de Johan qui se dirigea vers lui pour voir de quoi il en retournait. Il constata alors que le neuvième tenait son livre dans le mauvais sens.
-Ton livre est à l'envers, se permit-il de remarquer, comme s'il s'agissait d'une remarque de bon sens.
-Ce que je fais est au-delà de ta compréhension de privilégié. On m'a conseillé de lire Diderot et à l'envers, aussi je me suis empressé de trouver cet ouvrage. Je suis certain que cette lecture me montrera un sens caché qui permettra de renverser cette monarchie absolue et d'établir une république qui fera enfin prospérer le royaume !
-Je vois, se contenta de répondre Johan avant de tourner les talons pour aller chercher de l'eau chaude, laissant Hans et Mikaël dans le salon.

Le onzième prince parcouru les couloirs un moment avant d'entendre un son familier : celui d'un piano qui jouait frénétiquement. Décidant de reporter son café à plus tard, il changea de cap et partit  vers la salle de musique. Car là où il y avait du piano, il y avait son frère aîné Frans. Et très probablement Piotr aussi.
Malgré ses différents avec Hans et Mikaël, Johan appréciait beaucoup ses autres frères, en particulier Frans, le musicien (et huitième de la fratrie), et Piotr, son infatigable admirateur (dixième dans la lignée).
A l'oreille, Johan reconnu un arrangement pour piano des Quatre saisons, de Vivaldi. Il en était au premier mouvement de l'hiver. Il pressa le pas, et entra dans la salle de musique avec le plus de discrétion possible. Effectivement, Frans était en train de donner un petit concert privé : dos à la porte, il était pleinement concentré sur son piano. De ci de là, étaient assis quelques spectateurs, nobles du château comme serviteurs qui avaient momentanément abandonné leur tâche, et installé bien en vue : Piotr. Se saisissant d'une chaise, Johan se déplaça jusqu'à se retrouver à côté de lui. Le dixième prince écoutait avec attention, un mouchoir dans la main.
Contrairement à certains de ses frères qui se laissaient négligemment pousser la barbe, celui ci prenait grand soin de se tailler une petite barbichette en pointe, ainsi qu'une moustache. Le reste de sa tenue était tout aussi impeccable, et contrastait régulièrement avec ses autres frères cadets. Là, ses yeux étaient assez gonflés.
-Salut Piotr, murmura Johan. Comment…
D'un geste rapide de la main, ce dernier lui intima de se taire, car le pianiste était en plein dans un moment particulièrement mélodieux du morceau. Puis, quand il partit se perdre dans des arpèges et autres fantaisies de virtuoses, le dixième lui répondit très doucement.
-Fort bien, fort bien. Tu aurais dû venir plus tôt, quand Frans nous a magnifiquement interprété le Printemps. On aurait cru entendre les oiseaux chanter ! Et son orage ! Oh, je suis surpris qu'on ai pas entendu le tonnerre gronder au dehors !
A l'évocation de ces moments, il se tamponna doucement les yeux. Johan connaissait l'hypersensibilité de Piotr, et sa tendance à pleurer à l'écoute de certains morceaux de musique. Pour lui, c'était incompréhensible : ce n'était que de la musique. Mais il avait toujours respecté cette particularité de son frère, et ne s'en étais jamais moqué, contrairement à d'autres moins scrupuleux comme Christian ou Mikaël.

Les deux frères restèrent jusqu'au bout du concert. Il était toujours spectaculaire de voir une performance de Frans : il se donnait entièrement à ses interprétation, et était très difficile à déconcentrer une fois qu'il avait commencé. Ses mains virevoltaient d'un côté à l'autre du clavier avec aisance, et il se plaisait à rajouter des accords et des arpèges un peu partout. Physiquement, c'était aussi quelque chose : ses cheveux, longs jusqu'à la nuque, bougeaient frénétiquement en même temps que le morceaux.
Après un final grandiose, composé et improvisé par ses soins (reprenant les principaux thèmes du concerto), et un concert d'applaudissements, Frans se retourna et se dirigea vers ses frères.
-Tiens, bonsoir Johan. Je pensais que tu serais déjà en train de profiter des en-cas avant le repas officiel, ajouta t-il d'un ton sarcastique.
-En fait j'y étais, mais on m'a tiré de mon… sommeil, et me voici.
Frans répondit par un sourire, puis eut un regard un peu vague.
-Cela fait un moment que nous n'avons pas été tous réunis, non ? relança le musicien. Père doit avoir une idée derrière la tête.
-Mais nous ne sommes pas sûr que tout le monde arrivera à venir, ajouta Piotr. Déjà Knut serait coincé dans la neige avec sa patrouille… Et Anders… je ne sais pas s'il aura la volonté de quitter les Îles de l'Est, ou si sa femme le laissera partir.
-Je pensais d'avantage à tout ceux qui sont nés après Edvard. Mis à part Anders, ce que font nos aînés ne me concerne pas le moins du monde. Leurs intérêts politiques, leur vie royales, avec des épouses des quatre coins de l'Archipel, tout ça… Plus ils m'en tiennent éloigné, mieux je me porte.
Un silence gêné suivit cette déclaration. Bien qu'étant le huitième fils du roi Valdemar, Frans savait qu'il n'aurait jamais accès à une fonction importante, et en était très heureux : ce qu'il aimait, c'était la musique, et rien d'autre. Mais malgré tout, le sujet restait un peu tabou dans la deuxième moitié de la fratrie, car s'il arrivait quelque chose aux aînés, c'est à eux que reviendrait la charge de diriger le royaume et de gérer l'Archipel. Et ni Piotr, ni Johan ne se sentait d'avantage préparé à cette tâche.
-Bref, je pense que d'autres de nos frères ont dû arriver entre-temps, nous ferions mieux de nous rendre au salon, sinon on va encore nous accuser d'être en retard ! lança Johan.
Cette proposition fut vite suivie d'approbations, et ils se mirent en route.

Ils rejoignirent vite le salon, où ils constatèrent que plusieurs autres personnes étaient arrivées entre-temps, notamment deux de leurs frères : Lennart, et Theodor. Mikaël était toujours occupé à lire dans son coin, tandis que Hans discutait aimablement et avec animation avec des nobles de l'Île. Johan se permit une remarque:
-Dommage qu'Anders ne soit pas là, au moins nous pourrions faire des activités amusantes, comme jouer aux cartes…
S'approchant du meuble où se trouvait encore sa préparation inachevée de café, il nota alors un nouvel élément : une carte à jouer de tarot, allongée, représentant un joueur de luth.
-Hé, je crois que finalement il a pu venir ! annonça t-il avec joie à ses deux frères.
-Voilà qui est une bonne nouvelle, mais où est-il alors ?
Regardant en direction de la porte, Piotr vit alors un objet volant se diriger vers lui. L'attrapant au vol, il constata alors que c'était une nouvelle carte de tarot, celle du roi de trèfle. Relevant la tête, il aperçu alors un homme d'une trentaine d'années sur le pas de la porte, qui lui souriait.
-Anders ! Nous désespérions de ta venue !
L'aîné se dirigea vers le petit groupe de ses frères. C'était un homme grand, au regard intelligent, dont le style contrastait un peu avec celui de ses frères proches : abhorrant un bouc roux finement taillé atour de sa bouche, avec les cheveux curieusement ébouriffés au dessus du front.
Son sourire inspirait la confiance.
-Je comprend tout à fait fait que vous auriez misé sur mon absence, je viens d'arriver avec les plus grandes difficultés… Me séparer de mon épouse fut déjà une assez pénible épreuve, je suis ensuite tombé sur un cortège diplomatique de l'Ouest, et au vu des relations en ce moment j'ai dû leur tenir compagnie un moment. Enfin, j'ai bon espoir que nous soyons tous réunis. J'ai pu constater qu'Hans était de retour.
-Oui oui, entre autres, souffla Johan.
Le visage de Frans s'assombrit, et il fit une moue : il n'avait pas adressé la parole à Hans depuis plusieurs mois, depuis qu'ils s'étaient assez violemment disputés. Le treizième avait, entre autre, balancé à Frans que ce dernier devrait profiter de sa position pour faire des choses plus intéressantes et importantes que de jouer de la musique. Cela avait suffit à vexer énormément le musicien.
-Bien, votre présence me fais très plaisir, assura Anders, mais je pense que je devrais aller tenir compagnie à Linné, le pauvre est tout seul dans son coin. Et je ne pense pas que ses discussions scientifiques vous intéressent.
-Effectivement, d'ailleurs je me demande comment tu fais pour supporter ou comprendre tout ce qu'il peut raconter, soupira Piotr.
-Bon, eh bien nous pourrons discuter plus tard dans la soirée, en attendant je vous conseille de goûter ce vin hongrois, c'est une excellente cuvée ! conclu le deuxième prince en se dirigeant vers le fond de la pièce.

Lennart, troisième fils du couple royal, était perdu dans ses pensées. Il ne consacrait pas beaucoup de temps à sa propre personne, comme l'attestait sa barbe assez fournie. Des lunettes rondes, résultats d'heures à fatiguer ses yeux à lire à la bougie, complétaient son portrait de l'homme savant. Généralement peu enclin à la conversation, il pouvait cependant se montrer enthousiaste s'il avait l'impression qu'on s'intéressait à ce qu'il faisait.
Il était surnommé Linné par Anders, et plusieurs des autres princes avaient repris ce surnom.
-Bonsoir Lennart, mon très cher frère ! salua chaleureusement Anders.
Le savant sembla tiré d'une rêverie, puis son visage s'éclaircit :
-Ah, bonsoir Anders, je suis tout aussi content de te revoir !
Ils se saluèrent ensuite par une accolade fraternelle.
-Alors, sur quoi es-tu en train de travailler en ce moment Linné ?
L'intéressé prit un air de conspirateur, et répondit à voix basse :
-Cette fois je m'occupe de haricots.
-Des haricots ?
Lennart pris un air de conspirateur, puis il relança :
-Oui, j'ai en effet fait des constatations bizarres. Si tu prends un haricot lisse, et un haricot rugueux, et que tu les croise, tu obtient uniquement des haricots lisses. Mais si tu croises de nouveaux ces haricots entre eux, tu vas alors obtenir une faible proportion de haricots rugueux ! Qu'est ce que tu penses de ça ?
-Que nous risquons de manger beaucoup de haricots dans les mois qui viennent ici.
-Oh, ça ne t'intéresses vraiment pas ces… mystères du monde ?
-Pas vraiment. Je préfère laisser une part de chance et de hasard à l'univers plutôt que de vouloir tout expliquer… dans la mesure du raisonnable bien entendu. Tiens, voilà le fier héritier du Sud qui arrive !
En effet, à l'autre bout du salon, un individu de grande taille, la trentaine bien entamée, fit son entrée. Il dominait largement le reste de l'assistance, et sembler chercher quelqu'un des yeux. S'il maintenait une coupe de cheveux impeccable, son trait physique caractéristique étaient des favoris qui lui encadraient les yeux. Dès qu'il repéra Anders et Lennart à l'autre bout de la pièce, il s'y dirigea d'un pas allègre, devant pour cela passer devant ses frères de seconde génération.
-Bonsoir Karl, lança Hans.
Son frère l'ignora et continua son chemin.
-Bonne soirée, Karl, salua Frans d'un signe de tête.
L'aîné fit comme s'il n'était pas là et poursuivit.
-Bonsoir, seigneur Karl des Îles du Sud, accueillit Mikaël avec ironie.
Rien ne le perturba.
-Eh, salut Karl ! apostropha Johan un verre à la main.
La seule réaction fut un rapide mouvement des mains devant ses narines pour chasser l'odeur du vin qui émanait du douzième.
Il arriva enfin devant Anders et Lennart.
-Ah, bien le bonsoir Karl, mon frère, salua le diplomate en souriant.
-Bonsoir Anders, mon très cher frère ! Bonsoir Linné, content de retrouver enfin mes frères après si longtemps !
Sans autre forme de procès il fit une solide accolade virile à ses deux cadets.
-Alors, quelles sont les dernières nouvelles dans le royaume ? J'ai été assez pris par mon travail, et ne suis pas trop sorti… Aurons-nous la joie de voir ton épouse ce soir Anders ?
-Hélas, comme tu le sais ma Reine est très dévouée aux Îles de l'Est. Bien que nous séparer soit un épreuve toujours pénible, je ne voulais pas manquer de retrouver tout mes frères, et elle ne voulait pas laisser son peuple en cette nuit sacrée.
-Ah, quel dommage… Pareil pour ma femme, notre petite héritière du Nord est restée bien au chaud chez ses parents… Et la tienne Lennart, comment se porte t-elle ?
Le scientifique avait depuis quelques instants un mine perplexe.
-Je… je crois que j'ai oublié de lui dire que j'allais vous rejoindre, et aussi de lui proposer de venir. Bah, elle devait sans doute s'en douter, et doit préférer rester avec sa famille aussi. Pour une raison qui m'est inconnue vous semblez grandement l'impressionner…
Karl se contenta d'un hochement de tête, puis un silence gêné s'installa entre les trois frères. Mais l'aîné le rompit à nouveau :
-Bon, vous croyez qu'on aura la famille au complet cette fois ci ? J'ai entendu dire que Knut serait au mieux retardé, au pire coincé dans sa patrouille… Je vois que Théodor est ici… Mais je ne vois nulle part la cinquième île de l'archipel ! Où est donc Björn ? Il devrait pourtant rester par ici…
Une voix assez veloutée
-Je suis à moins de trois mètres derrière toi, Karl.
Ce dernier se retourna et poussa un cri de joie et de surprise. Il se trouva nez à nez avec un individu grand, doté d'un solide embonpoint, et d'un visage débonnaire qui souriait. Son visage assez joufflu était couronné de la chevelure rousse de la fratrie. C'était le cinquième fils du couple royal, et n'en était pas moins important.
-Oh, ça par exemple, c'est une des rares fois où tu arrives à passer inaperçu ! Toujours un plaisir de te voir, petit frère ! s'écria Karl
-Ça me fait plaisir de l'entendre, Karl, répondit Björn par une accolade.
-Nous discutions de femmes, et constations qu'aucune de nos épouses ne viendrait ce soir. Qu'en est t-il de la tienne ?
-Oh, à l'autre bout de la pièce, comme d'habitude. Regarde, elle est en train de discuter avec Théodor et son épouse.
Désignant un coin reculé du salon du doigt, les quatre héritiers observèrent leur cadet en compagnie des deux épouses.
-Et si nous allions voir si ce cher Theodor a toujours autant de charme ? proposa Karl.
-Oh, je pense que ma femme me voit déjà suffisamment, remarqua Björn avec un sourire.
-Et tu sais que je n'aime pas trop la compagnie des autres, grommela Lennart.
-Parfait, tu pourras lui raconter tes découvertes sur les haricots Linné ! annonça Anders avec enthousiasme. Tu aurais enfin un public qui puisse un peu comprendre ce que tu lui raconte.
-Très bien, nous allons voir si nous avons encore du succès auprès des femmes à nous deux Anders !
Et l'aîné de la fratrie se déplaça d'un pas rapide vers Theodor, en pleine discussion. Sixième fils du Sud, il était marié à une noble dame des Îles de l'Ouest : Korah. Il avait de tout temps était considéré comme le plus beau des enfants du couple royal : des traits bien proportionné le faisaient paraître jeune, alors qu'il approchait de la trentaine. Ce n'était cependant pas un séducteur, et il était très attaché à l'idée de fidélité et du mariage, malgré les nombreuses avances qu'il pouvait recevoir. Il possédait également d'étranges compétences en matière de cuisine, et de rangement, allant même jusqu'à expérimenter des nouvelles méthodes et produits pour nettoyer ses appartements et ses affaires. Il en émanait un grand charme. Il semblait tout absorbé dans sa conversation.
-Le secret est alors d'ajouter du sucre par dessus juste avant de le mettre dans le four.
-Theodor ! Dans mes bras mon frère que je n'ai pas vu depuis trois mois !
Sans d'avantage d'introduction, Karl lui donna une nouvelle accolade. Anders se contenta de lui serrer la main avec un sourire.
Après cette salutation peu conventionnelle, les deux aînés saluèrent les épouses de façon plus protocolaire.
La première, Astrid, femme de Björn, était issue d'une autre famille noble des Îles du Sud. Les rumeurs voulaient qu'elle était au départ promise à Knut, mais la volonté de ce dernier de ne pas se marier (pour éviter de laisser une veuve ou des orphelins de part ses fonctions risquées) avait fait qu'au final elle fut échue au cinquième. Elle était d'une élégance certaine, et d'un charme tout à fait nordique, avec de longs cheveux blonds, et une taille assez impressionnante par rapport aux femmes du continent.
Il était cependant de notoriété publique que leur mariage était purement arrangé, l'un et l'autre ne passaient que peu de temps ensemble.

Astrid contrastait ainsi avec l'épouse de Theodor : Korah. C'était une femme plus petite, mais non moins frêle, avec de courts cheveux noirs et un regard intelligent, quoiqu'assez froid par moments. C'était une haute dignitaire des Îles de l'Ouest, bien que n'étant pas reliée directement à la famille royale.  
Korah n'avait jamais supporté la défaite des Îles de l'Ouest face au Sud, et en tenait une puissante rancœur, qu'elle s'efforçait de contenir. Elle haïssait tout particulièrement Anders, qui l'avait depuis longtemps deviné, et Knut, qui de par ses fonctions avait eu un grand rôle dans la victoire de son propre royaume.
Cependant elle n'en avait jamais rien laissé paraître, et son époux ne s'en était jamais rendu compte, ni ne l'avait soupçonné. Car hélas, malgré un grand charme, Theodor avait également une touchante naïveté.
-C'est un grand honneur que vous nous faites par votre présence, seigneur Karl des Îles du Sud, commença Korah avec une révérence.
-Allons, n'exagérons rien, vous pourrez m'en dire autant quand la couronne m'échouera, mais pour l'instant restons entre gens simples, qui n'avons pas de royaume à gouverner, voulez-vous ?
Anders approuva d'un signe de tête, bien qu'il lança un curieux regard de reproche à Karl.
Un coup du sort avait fait que son épouse, l'actuelle reine Maria de l'Est, ai accédé au trône prématurément, peu après leur mariage. Cela faisait ainsi techniquement d'Anders le roi. Seulement, Karl refusant que l'un de ses frères puisse être nommé roi avant lui, avait obtenu qu'Anders soit nommé « régent du royaume de l'Est », jusqu'à ce qu'il reçoive la couronne du Sud et du Nord.
-Avons-nous des nouvelles de Knut ? s'enquit Theodor. J'ai entendu dire qu'il serait sans doute absent ce soir. Quel dommage !
-Hélas, lança Karl, le malheureux Knut a été victime d'un tragique accident : son bateau s'est malencontreusement écrasé contre un iceberg, et son navire a sombré corps et bien dans la mer !
Theodor en fut profondément choqué.
-C'est vrai ? Mais… comment ? Pourquoi n'avons-nous pas été informés ?
Karl éclata d'un grand rire, et Anders expliqua à son frère avec un sourire.
-Voyons Theodor, tu sais bien qu'il n'y a pas d'iceberg dans nos régions en cette saison, surtout avec le beau temps que nous avons dernièrement, et puis Knut n'était pas parti bien loin. Il est cependant vrai qu'il est coincé… enfin, que ses hommes sont coincés dans la neige, et qu'il ne viendrait pas tant que le problème ne serait pas réglé.
-Me voilà rassuré… Ne t'avises pas de recommencer à me faire peur comme ça Karl !
-Avez-vous goûté à ce vin hongrois ? Il est tout bonnement excellent, formidable pour se mettre en appétit.
Une annonce interrompit ces discussions :
-Sa Majesté le roi Valdemar des Îles du Sud et son épouse la reine Christine des Îles du Sud !
Les princes se retournèrent vers la porte et y découvrirent leurs parents. Le souverain commençait à porter son âge : ses cheveux commençaient à grisonner, cernés par une mince couronne noire, et sa barbe lui donnait quelques années de plus.
La reine, qui portait le poids de toutes ses grossesses, avait cependant toujours su conserver une aura de bonté et de maternité, ses longs cheveux blonds et sa robe blanche lui donnant comme un air de sacré. Le roi Valdemar prit la parole :
-Mes fils, vous ne saurez imaginer la joie de vous voir tous réunis, depuis si longtemps… je crains malheureusement que votre frère Knut ne soit retenu par ses obligations pour toute la nuit, aussi j'ai décidé de commencer le repas maintenant. Suivez-moi.

A la suite de leurs parents, la fratrie de onze frères entra dans la vaste salle à manger. Les tables disposées devant un âtre semblaient petites en comparaison avec la grandeur de la pièce. Au plafond, des grandes poutres de bois soutenaient l'architecture.
A peine étaient-ils entrés qu'ils entendirent un sifflotement au dessus de leur tête. Regardant au plafond, quelle ne fut pas leur surprise de voir que quelqu'un était nonchalamment allongé sur une de ces poutres, et semblait les attendre. Ses vêtements très colorés contrastaient avec ceux plus sobres de la famille royale, et une longue chevelure blanche nouée en queue de cheval lui donnait un air mystique.
-Edvard… soupira le roi. Veux-tu bien descendre de là ?
Le septième fils du souverain se tourna lentement avant de répondre :
-Je vous attends depuis tout à l'heure, vous êtes en retard savez-vous ?
-Comptes-tu rester là haut pendant tout le repas ou t'en aller ? demanda Valdemar.
-Je pensais en fait attendre que le repas arrive, aller le chercher, puis revenir. Oh, et puis certains de mes aînés m'ont appris à regarder les gens de haut, alors c'est ce que je fais ! D'ici j'ai une vue imprenable sur le dessus de tête de tout le monde !
Le roi eut un mouvement de main fatigué, puis hocha la tête.
-Bien, j'imagine que nous ne pouvons rien y faire… Installez-vous, les serviteurs vont bientôt entrer.
La salle était composée de trois tables distinctes, formant un U. L'une d'elles était surélevée, avec quatre sièges : le couple royal, ainsi que Karl et Anders, y prirent place (Karl à droite du roi, et Anders à gauche de la reine.
Sur les deux autres tables s'installèrent d'un côté les princes de première génération et leurs épouses,   de l'autre ceux de deuxième, en commençant par Frans. Un seul fauteuil restait vide, tout au bout de la table des aînés, à côté de Björn : celui habituellement réservé à Knut.
Quand tous furent installés, Valdemar claqua des mains, et les portes laissèrent entrer les valets chargés des plats. Ainsi, le dîner de Noël commença, et les conversations de même.
Edvard fit comme il l'avait annoncé : il descendit des poutres avec souplesse et grâce, se saisit d'une assiette sous le regard indifférent de bon nombre de ses frères, puis remonta tout aussi prestement, et avec une seule main. Puis, confortablement avachi sur sa poutre, il dégusta nonchalamment ses vivres, en jetant de temps en temps un coup d’œil en contrebas.

Le repas était un peu entamé, quand soudain la porte s'ouvrit, et un serviteur entra, complètement essoufflé.
« -Le… sa majesté le prince…
Il n'eut pas le temps de finir que la porte s'ouvrit de nouveau, laissant entrer un individu à vive allure. Il portait un épais manteau en peau d'ours couvert de neige, la tête également recouverte.
Il abhorrait une barbe bien taillée, et se dirigea d'un pas ferme vers le roi. Dès son apparition, toute conversation se tut dans la salle. Une fois devant Valdemar, il se mit au garde à vous.
-Votre Majesté, je requiers votre pardon pour mon retard. Notre patrouille a eu quelques problèmes avec la neige. Je regrette de vous avoir fait attendre. En conséquence je…
-Repos Knut, repos ! s'empressa de dire le père. Tu n'as pas besoin de rester formel quand nous sommes en famille. Nous sommes tous content que tu aies réussi à nous rejoindre, aussi je t'en prie, rejoint nous ! Olaf, veuillez le débarrasser de ses affaires voulez vous ? ajouta t-il à l'adresse du serviteur.
S'empressant d'obéir au roi, le valet se précipita vers le prince qui lui remis son manteau. Olaf ploya un moment sous son important poids, puis partit, laissant traîner un chemin de neige. L'absence de son manteau dévoila que Knut avait conservé son arme de prédilection, la masse d'arme Gorthaur, à sa gauche, montrant que le prince n'avait vraiment pas pris le temps de s'arrêter en chemin.
Le prince rejoignit la place vacante à côté de Björn, en échangeant au passage un regard électrique avec Korah. Une fois installé, les conversations reprirent lentement : le prince obèse s'entretint discrètement avec le nouvel arrivant.
Peu à peu l'ambiance redevint festive : les princes de seconde génération commencèrent une conversation animée de leur côté, notamment grâce à Mikaël qui avait un don pour mettre tout le monde d'accord sur le fait qu'il était prodigieusement stupide.
La table royale était plus solennelle, avec le roi Valdemar et Karl en discussion sérieuse d'un côté, et Anders et la reine Christine de l'autre, beaucoup plus détendue.
De même, la table des aînés était un peu tendue, avec Knut et Björn obstinément entre eux, Theodor qui faisait des efforts pour parler avec Korah et Astrid. Lennart de son côté était absorbé par les haricots contenus dans son assiette.

Cette soirée se déroula ensuite sans accroc. Certains des frères avait à présent des conversations très animées, et il était difficile de se faire entendre, entre le repas et les autres convives. Puis, peu après le dessert, le roi Valdemar se leva et tint son verre encore rempli haut au dessus de sa tête :
-Mes enfants, je suis heureux de vous savoir tous robustes et en pleine santé. Notre royaume domine tout l'Archipel. Ceux qui autrefois pensaient que notre lignée s'éteindrait sont maintenant sous nos ordres, ou hors d'état de nous nuire. Nous sommes unis, nous sommes un. Nous sommes le Sud ! Vous voir réuni ne fais que me le prouver. Les îles du Sud ne sauraient avoir de meilleurs héritiers, notre dynastie perdurera sans aucun doute des siècles durant. J'ai dit.
Ce message fut suivi d'un silence respectueux, puis Anders fit tinter son propre verre pour saluer le court discours du souverain, et fut très vite suivi par tout les autres convives.
Peu après cette annonce, le dîner fut plus ou moins officiellement terminé, et les princes eurent la permission de se retirer. Les premiers à partir furent Frans, Piotr et Johan, puis Knut, qui devait ranger une bonne partie de ses affaires dans ses appartements.

Hans n'avait qu'une envie, c'était de s'en aller le plus loin possible. Peu de frères restèrent dans la salle à manger de toute façon : seuls les deux aînés restèrent auprès de leurs parents, et tout les autres se dispersèrent par groupe selon leurs affinités, pour poursuivre ou non leur soirée plus loin. Le treizième prince s'engouffra dans le château du Sud. La nuit était déjà assez avancée, et la plupart des couloirs étaient plongés dans la pénombre, éclairés seulement par quelques bougies çà et là. Hans se dirigea d'un pas pressé vers ses appartements : il en avait assez le compagnie de ses frères, le fait qu'ils soient tous réunis n'avait rendu son supplice que plus pénible. Cependant au détour d'un couloir il aperçu Knut au loin. Le benjamin se retourna et fit comme s'il ne l'avait pas remarqué : il n'avait pas la moindre envie de parler au général en chef du royaume.
-Hans.
L'interpellé se retourna lentement.
-Qu'y a t-il seigneur Knut ?
Le possesseur de Gorthaur marqua une pause, comme s'il cherchait ses mots.
-Je voulais m'assurer que tout allait bien.
-Qu'est ce qui vous ferait penser que je ne vais pas bien ?
-Je côtoie des hommes qui ont affronté la mort tout les jours. Des hommes biens, qui sont torturés par des peines intérieures trop dures à supporter. Je sais reconnaître un regard qui cherche à cacher ce genre de choses. Tu ne vas pas bien depuis un moment.
Le treizième serra les mains, et bénit la pénombre pour le cacher en partie.
-Vous… tu ne peux pas comprendre. Tu ne comprendras jamais.
-Hans, même si presque dix ans nous séparent, je serai toujours ton frère. Ma place dans la fratrie me permet certains privilèges auprès de Père : veux-tu que je lui demande quelque chose ?
« Comment peut-il ne pas se rendre compte que c'est justement ça que je veux ? » rumina intérieurement Hans.
-Je… je saurais le régler tout seul. Je te remercie de ton aide, mais je peux me débrouiller. Je ne resterais pas éternellement le petit dernier qui a besoin de ses grands frères tu sais.
-Très bien. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux compter sur mon soutien. Je pense qu'Anders est aussi une aide secourable au besoin.
« Ce maniaque des jeux de cartes ne saurais être d'aucune utilité » maudit de nouveau le benjamin.
-Quoiqu'il en soit, bonne nuit Hans. J'espère que ça s'améliorera.
-Oui, bonne nuit Knut.
Profitant de cette occasion pour s'en aller le plus loin possible, Hans regagna sa chambre au plus vite.

Une fois assuré que ses autres frères ne l'avaient pas suivi, il alluma quelques bougies, et eu un mouvement de recul : sur la fenêtre se tenait une silhouette que la Lune éclairait : Edvard, le septième fils. Ce n'était pas la première fois que le prince fou se permettait ce genre d'indiscrétion. Mais en général il ne restait pas très longtemps.
-Qu'est ce que tu veux ?
-Je me disais que tu avais envie de compagnie… Après avoir supporté tes frères un bon bout de temps !
-Oui, et tu en fait partie, fou. Je n'ai envie de voir personne.
-Es-tu sûr de ne vouloir voir personne ou de plus vouloir être personne ? J'ai composé une petite chanson pour que les gens qui s'intéresseront à l'histoire des Îles du Sud se souviennent de toute la fratrie dans l'ordre. Est-ce que tu veux l'entendre ?
-Je ne comprend rien à ce que tu racontes, et je ne veux pas le savoir. Sors de ma chambre immédiatement.
Aussi étrange que ça puisse lui paraître, Hans se dit que tout compte fait le septième prince aurait peut-être quelque chose d'intéressant à raconter. Aussi, il élabora une seconde réponse.
-Bon, très bien, mais fait vite.
Le fou lui répondit par un sourire, puis ajouta :
-Parfait. Je vais donc te chanter un petit quelque chose. Bon, c'est très court, et je n'ai pas cherché à mettre des rimes ou à chanter en pieds, mais c'est comme ça qu'on finira par chanter un jour.

Karl le premier né
N'a pas une très bonne vue,
Il ne voit pas la plupart de ses petits frères,
Son rôle futur le préoccupe beaucoup.

Anders le deuxième,
Roi sans couronne, joueur,
Diplomate, juge, maniéré,
Mais cœur d'or et bonté d'âme.

Lennart ou Linné,
Toujours le nez dans ses recherches,
Bon professeur mais un peu négligeant,
Toujours prêt à aider avec la science.

Knut le Gorthaur, quatrième,
Général et plus grand soldat du Sud,
Pas le genre avec qui faire de l'humour,
Sa fureur est crainte dans tout l'Archipel.

Björn le cinquième, voire un peu plus,
Autant d'appétit que d'intelligence,
Amateurs de jeux d'esprit et de mots,
Il ne faut pas le juger trop vite.

Théodor, sixième et dernier marié,
Mari heureux, attentif, sait tout faire,
Entretiens d'une maison, rien ne lui échappe,
A l'exception de son incroyable naïveté.

Edvard, indésirable septième,
Parle de choses qui n'existent pas,
Accoutrement et visage bizarre,
Aime les chansons et faire l'acrobate.

Franz, un meilleur huitième,
Doigts agiles et tête pleine de mélodies,
Pianiste renommé et très apprécié,  
Rien ne dépasse la musique.

Mikaël, neuvième et demi,
Révolution et République sont ses rêves,
Mais les privilèges et la royauté aussi,
Inoffensif tant qu'il restera puéril.

Piotr, dixième arrivé ici,
Hypersensible, un rien le touche,
Plus grand admirateur de Franz et du piano,
N'en reste pas moins un original.

Johan, le onzième et fier,
Aussi bon odorat qu'il sent l'alcool,
Caféinomane, curieuse addiction,
Mais sens pratique et sympathique.

Christian, petit douzième,
Presque à la fin, et quelle fin,
Gamin immature et suffisant,
Il en a aussi la dangerosité.

Hans, nous y voilà enfin,
Le petit dernier, tout esseulé,
Aimerait bien un peu plus d'attention,
Car il ne manque pas d'ambitions.


Hans sembla comme pris dans un rêve, que la fin de la petite chanson réveilla. Finalement il parvint à articuler :
-C'est tout ? Pourquoi tenais-tu à venir me réciter ça ?
-Oh, j'avais le sentiment que ça serait utile à quelqu'un… Maintenant que ma mission est terminée, je vais te laisser profiter de ta solitude.
Et sans rien ajouter de plus, Edvard s'enfuit par la fenêtre.
Après cette étrange apparition, Hans alla, hagard, s'asseoir sur son lit. Prenant sa tête dans les mains, ils émit un grognement de fatigue.
Il ne pensait pas qu'il pourrait tenir encore très longtemps en étant le dernier que personne ne remarque, que personne ne pense capable de grandes choses.
Son propre royaume de lui apporterait rien. Il lui fallait trouver un autre endroit pour assouvir ses désirs de pouvoir. Et pour cela, il devra se débrouiller seul. Comme il l'avait toujours été dans cette fratrie.


Dernière édition par Kalegula le Sam 10 Oct 2015, 19:44, édité 4 fois
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Sam 11 Avr 2015, 17:52
Je suis à 100 % POUR !! Ton idée à l'air super originale ! Si tu choisis de remettre et de continuer ta fan-fiction, je serais une de tes lectrices ! bravo

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Sam 11 Avr 2015, 18:18
De même que E&A, je serais heureuse de lire ta fanfic Smile
Je ne suis pas spécialement fan de Hans mais ce que tu proposes l), c'est bien plus recherché. Le fait que tu nous fasses toute une histoire en partant pourtant d'un Royaume existant dans le DA, je trouve ça hyper intéressant. Parce que c'est vrai quoi, les Îles du sud on ne sait même pas à quoi ça ressemble. Ok, des fois on peut avoir un aperçu dans une fanfic selon la vision de l'auteur, mais là ton idée est plus poussée que ça, donc je demande à voir Smile
Donc, totalement pour biendit
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Dim 12 Avr 2015, 18:17
Bon eh bien à tout hasard je vais publier les premiers chapitres qui étaient sous forme définitive pour voir ce que vous en pensez Smile

Et voici un petit récap des noms des différents princes dévoilés pour que vous vous y retrouviez bravo

recap des princes:

Chapitre un : première tentative : la vengeance d'un prince

Surplombant l'île depuis une colline, le palais royal des Îles du Sud faisait la fierté des habitants. D'un style très traditionnel, elle évoquait la puissance de la Scandinavie. En moins d'un demi siècle, la dynastie actuelle avait su consolider la position du royaume en tant que carrefour commercial, régler les différents qui opposaient les autres îles de l'Archipel, et instaurer une monarchie qui sans nul doute durerait dans l'Histoire. Cela, le roi Valdemar le devait aussi bien à son habileté qu'à l'adresse de ses fils aînés, dont il était particulièrement fier. Karl, avec son sens de l'honneur et sa dévotion, Anders, négociateur de génie et meilleur diplomate, Lennart, savant reconnu et respecté de tout les peuples, Knut, général des armées... Et les autres... dont il ne se souvenait lui même plus trop du nom.
La première preuve évidente de la prospérité du royaume était l'incroyable fertilité de la reine, qui avait mit au monde les treize beaux et solides garçons qui composaient maintenant les héritiers des valeurs du Sud. Rien ne semblait pouvoir jeter l'opprobre sur la famille et déshonorer le nom des Îles du Sud.
Cependant, lorsqu'un beau jour de Juillet un navire revint d'Arendelle avec à son bord Hans, le benjamin de la fratrie, le calme qui régnait dans le palais fut bouleversé. En effet, ils avaient reçu de toute urgence une lettre indiquant que le treizième héritier avait tenté ni plus ni moins d'assassiner la souveraine d'Arendelle ! Une telle affaire le conduirait devant le tribunal où il aurait à répondre de ses actes au juge suprême de la cour, qui n'était autre qu'Anders, le deuxième fils de la fratrie. Le procès eut lieu le jour même devant la gravité de la situation.

Le lendemain de l'arrivée de Hans, un autre navire accosta, et un jeune homme fier en descendit. Son port était tout ce qu'il y avait de plus princier, ses cheveux court impeccablement coiffés et taillés. Ses yeux bleus (signifiant son appartenance à la noblesse) brillaient de l'ardeur de sa jeunesse. En apercevant le bateau qui avait été confié à Hans, il poussa un cri de joie et se dirigea d'un pas allègre vers le château, allant même jusqu'à dire bonjour aux gardes en faction, à leur grand étonnement. Il comptait se rendre aux appartements, mais un serviteur le retint :
"-Prince Christian, navré de vous déranger, mais votre frère Anders demande à vous voir de toute urgence dans son bureau.
-Je peux tout de même aller voir mon frère Hans avant, non ?
L'air gêné du domestique lui indiqua le contraire.
-Je pense qu'il serait plus sage de consulter d'abord votre frère aîné. Il y a des choses importantes que vous devez savoir à propos de votre tout jeune frère.
Le sourire s'effaça du visage du jeune homme qui prit un air contrarié.
-Bon, très bien, puisque c'est si important... N'oubliez pas de faire monter mes bagages dans mes appartements, et de les ranger convenablement.
-Bien, sire.
Le jeune prince se dirigea vers le bureau de son grand frère d'un pas boudeur. Ce n'était pas parce qu'il était le douzième membre de la fratrie qu'il fallait le prendre pour un enfant ! Il avait été très déçu de ne pouvoir partir avec Hans, et d'avantage maintenant qu'il semblait s'être bien amusé à Arendelle. Et puis l'idée d'une entrevue avec Anders ne l'enchantait pas non plus. Son statut de diplomate et d'ambassadeur le tenait souvent éloigné du château, et Christian pensait que c'était mieux ainsi : il n'appréciait pas son goût pour la géographie, ses nombreuses questions, et son obsession pour les jeux de cartes. Selon lui, il était bienheureux qu'un grave incident dans l'Archipel l'eût empêché de se rendre au couronnement de la reine d'Arendelle. Imbécile qu'il était, il aurait eut tôt fait d'effrayer la reine et de rompre tout échange entre le royaume du nord et les Îles du Sud ! Ces réflexions l'assaillirent pendant son trajet, et une fois devant la porte du bureau il entra sans frapper. Anders était seul, et plongé dans la lecture d'un document tout en consultant une carte. C'est du moins ce dont on avait l'impression, car le solide bureau de bois était dans le désordre le plus total. Sur les murs, des cartes marines, des planisphères et des objets d'arts (cadeaux des pays qu'il visitait) empêchaient de voir ne serait-ce que la couleur du mur. Le jeune diplomate ne leva même pas la tête, pour répondre à l'impolitesse de Christian.
-Soit le bienvenue, mon frère. As-tu fait bon voyage ?
L'intéressé haussa les épaules.
-Oh, tu sais ce que c'est les manœuvres sur le continent... J'ai entendu dire que tu voulais me parler à propos de Hans ? Ou tu voulais juste faire une partie de cartes ?
L'aîné leva enfin les yeux sur son frère, avec un sourire navré. Autour de sa bouche, un bouc finement taillé contrastait avec sa coiffure rousse plus classique pour un membre de la famille royale, avec cependant quelques mèches rebelles sur le devant. Ses yeux étaient d'un bleu plus profond que celui des autres membres de la fratrie, et exprimaient la malice, ainsi qu'une touche de compassion. A sa main gauche, une alliance de platine et une bague indiquaient sa fonction de régent d'une des Îles de l'Archipel.
-Christian, parfois mes fonctions doivent l'emporter sur mon affiliation. Lors de son voyage, notre frère a commis un crime capital : il a tenté d'assassiner la reine ainsi que la princesse. Tu connais nos lois, elles sont strictes...
Le plus jeune blêmit.
-La mort par noyade...
Anders fit la moue.
-Non, ça c'est pour les roturiers. Les nobles sont déshonorés et envoyés aux galères. Tout leurs bien sont confisqués et remis à la Couronne. Ils ne sont exécutés que s'il y a circonstance aggravante...
Christian tourna les talon et entreprit de partir.
-Mais où vas-tu ?
-Aux galères quelle question ! Il me faut voir mon petit frère !
-Attend un peu, je n'ai pas fini ! Il y a quelque chose que tu ignores...
Le douzième se retourna et fixa Anders avec méfiance.
-Père et Karl n'ont pas voulu s'occuper du dossier et m'ont chargé de le condamner le plus vite possible. C'est ce que j'ai fait.
Son interlocuteur écoutait maintenant avec beaucoup d'attention.
-Au vu de son comportement, je l'ai assigné à résidence. Il est condamné à rester dans sa chambre pour une durée indéterminée. Tout ses biens sont confisqués, et nous reviennent. Tu pourras donc t'emparer de son portrait et le mettre dans ta chambre si tu veux... Enfin bref : il est enfermé dans ses appartements, et j'ai posté des gardes au cas où... Il recevra son repas après tout le monde, et ne pourra plus accéder à une fonction importante. Les visites sont aussi restreintes à une demi-heure en tout par jour, pour l'instant.
Christian le fixait désormais d'un air surpris.
-Mais... pourquoi as-tu agis ainsi ? Je veux dire, pourquoi ne pas appliquer la loi ? Pas que je m'en plaigne, mais tu ne crains pas d'attirer l'attention ?
-Selon moi, Hans a agit comme un enfant gâté et doit être traité comme tel. Et je le connais : si je le mettais en prison il serait suffisamment habile pour s'évader. Et puis je pense que rester prince sans en avoir les privilèges est une punition plus dure que de se retrouver prisonnier au fond d'un cachot.
Il marqua une pause avant d'ajouter :
-Et sans doute aussi parce que c'est mon frère, et que je veux son bien, même si je suis le seul dans la famille à penser cela. Il est tellement regrettable de ne pas avoir pu être là plus souvent... Et s'il n'y avait pas eut ce stupide incident, c'est moi qui serait parti à Arendelle...
Christian attendit un peu avant de demander :
-C'était tout ce que tu voulais me dire ?
Le deuxième lui répondit par un sourire.
-Presque. Christian, je t'en conjure : même si nous sommes les deux seuls membres de toute la famille royale à aimer Hans, ne fais pas de bêtise que tu pourrais regretter plus tard. Je ne serai pas toujours là pour utiliser ma position afin de vous tirer de mauvais pas.
-Tu peux avoir toute ma confiance cher frère : je peux jurer sur l'honneur que je ne ferai rien pour venger Hans ou rétablir sa dignité par des moyens scélérats.
-Me voilà rassuré. Passe une excellente journée mon frère !
A peine Christian eut-il refermé la porte du bureau qu'il se frotta les mains d'impatience :
-Bien, il me faut maintenant rendre une petite visite à mon petit frère pour lui rendre un petit service ! En avant, direction les appartements de la famille royale ! Cet imbécile d'Anders ne se doutera de rien !
Au même moment, dans le bureau, ce même Anders s'était levé et contemplait une carte de la Scandinavie.
-Bien, il faut que je m'arrange pour savoir de quel genre de bêtise Christian est capable. Un incident diplomatique supplémentaire ruinerait à jamais l'entente entre Arendelle et les Îles du Sud... "

Quelques instants plus tard, Christian se retrouva de nouveau dans l'aile des appartements et constata qu'effectivement deux gardes patrouillaient dans le couloir qui menait à la chambre de Hans, et discutaient entre eux. Les snobant avec toute le mépris qui sciait à son rang, le jeune prince  se dirigea vers la porte et toqua. Les soldats ne purent s'empêcher de pouffer de rire, et encore plus quand Christian essaya d'ouvrir la porte.
"-Vous aurez du mal à ouvrir une porte fermée à clé si vous n'y mettez pas un peu plus de conviction, Majesté ! Ou alors vous pouvez demander à ce que nous ouvrions la porte !
Le jeune homme parvint à maintenir un air assuré et grommela un bref :
-Oui bon... Ouvrez-moi la porte, mon brave, que je puisse illuminer la journée de mon infortuné frère.  
Les gardes obéirent, toujours en riant. Avant de refermer la porte derrière lui, ils précisèrent :
-Pas plus d'une demi-heure. Sinon vous risquez vous aussi d'être consigné dans votre chambre !
Christian l'ignora et chercha Hans dans sa chambre. De nombreux meubles avaient été retirés, il ne restait en tout et pour tout que le somptueux lit à baldaquin, le bureau, quelques sofas et une bibliothèque. Le benjamin était installé à la fenêtre, et contemplait la mer. Il ne semblait pas avoir remarqué l'arrivant. Le douzième en profita alors pour le saluer :
-Salut Hans ! Tu t'es bien amusé sans moi à ce que je vois !
Le condamné se retourna et feignit de prendre un air surpris :
-Tiens, mon cher frère Christian ! Je ne t'avais pas du tout entendu arriver ! C'est une belle surprise !
-Vraiment ? Je suis flatté de te l'entendre dire ! Moi qui pensais que ma surprise serait ratée...
L'admiration se lisait dans ses yeux. Il reprit :
-Mais comment se fait-il que tu aies essayé de tuer la famille royale d'Arendelle ?
-Oh, c'était juste une lubie... Tu sais ce que c'est les voyages diplomatiques : on s'ennuie, on cherche quelque chose pour mettre un peu d'ambiance... Mais bon, ce genre d'animation n'est pas au goût de tout le monde.
Prenant sa décision, Christian afficha un air déterminé :
-Bon, je ne sais pas comment je vais m'y prendre, mais je te jure que je vais venger l'affront qu'ils t'ont fait !
-Surtout pas ! Je suis assez satisfait de mon sort, et je t'assure que je n'ai aucun désir de vengeance. Je pense que si je tentais quoi que ce soit, la reine ne me laisserait pas repartir vivant...
-Mais moi je peux m'en charger ! Tu me connais, rusé et fourbe que je suis, je pourrais m'en occuper !
-Je ne te le conseille pas. La famille royale est puissante, et elles savent très bien faire face au danger. Si tu entreprends quoi que ce soit, c'est à tes risques et périls !
-Tu sais que le danger ne me fait pas peur ! J'irai en enfer s'il le faut pour rétablir ton honneur !
Hans eut du mal à contenir son agacement. Finalement il fit un geste un peu ennuyé de la main pour s'éloigner. Mais Christian lui demanda :
-Et... qu'est ce que tu comptes faire maintenant ? Tu n'as plus grand chose, et tu risques de t'ennuyer très vite.
Mais le benjamin lui répondit par un sourire aimable :
-Oh, je ne suis pas si mécontent de cette assignation à résidence : maintenant que j'ai quelques vacances, je vais pouvoir me consacrer à ma grande passion.
-Grande passion ? Quelle est-elle, mon frère ?
-L'écriture à partir de personnages déjà créés. Je n'ai pas assez d'imagination pour façonner mon propre univers, mais j'aime bien écrire des histoires. C'est un genre encore très méconnu, je lui ai donné le nom d'admira-fiction, car c'est en fait une fiction écrite par un admirateur d'une œuvre.
-Fabuleux, Hans ! Et... qu'est ce que tu comptes faire en somme ?
-Oh, je ne sais pas trop... Il y a longtemps que j'avais le projet de réécrire l'Enéide en inversant le sexe de chaque personnage, et en adaptant ainsi l'intrigue. Pour cela il me faudrait beaucoup de papier, d'encre, et la copie de l'Enéide qui traîne dans la bibliothèque royale. Soit gentil, pourrais-tu  demander à Karl et à Père de me faire une autorisation écrite pour que je puisse garder ce livre en ma possession un bon moment ? Presque tout m'est interdit maintenant...
-Soit sans crainte Hans ! J'y vais de ce pas, puis je jure que je trouverai un moyen de te venger !
-Je t'ai déjà dit de ne pas trop en faire... Tu es encore jeune, et les pouvoirs de la famille royale d'Arendelle sont grands. Fait attention à toi.
-Je ferai mon possible, petit frère ! "
Et le douzième quitta précipitamment la pièce, sous le regard amusé de Hans.

"-Il me faut un plan ! Et surtout, des complices qui pourraient m'assister dans ma quête ! Bien que la tâche ne me fasse pas peur, détruire une famille royale tout seul c'est un peu difficile. Un cerveau ne peut fonctionner tout seul, il me faut des bras ! Ah, j'ai déjà une bonne idée de qui pourrait m'aider...
Marchant dans l'aile des appartements comme un voleur, il parvint à une porte richement sculptée, et avec un sourire mauvais il toqua :
-Mikaël ! Tu es là ? C'est moi, Christian !
Peu après, la porte s'entrebâilla, et laissa apparaître une tête aux cheveux roux mi-court, en bataille, et aux yeux caractéristiques de la famille royale.
-Que me veux-tu, oppressant bourré de privilèges ? Je suis en train de planifier la victoire du prolétariat !
-J'ai un projet qui va te plaire, Mikaël mon frère : j'ai pour dessein de faire disparaître la monarchie d'Arendelle une bonne fois pour toutes.
Le révolutionnaire se gratta sa barbe de deux jours mal rasée, et scruta son interlocuteur d'un air soupçonneux.
-Ce n'est pas encore une ruse pour entrer dans ma chambre et dénoncer mes plans géniaux au roi, que j'ai de la peine à nommer Père ?
-Pas du tout. Comme tu le sais, notre frère Hans a été très mal reçu au royaume d'Arendelle, et j'ai pensé que tu te ferais un plaisir de remercier ses hôtes.
-Hans ? Ce petit prince plein d'ambitions et de mépris pour le peuple ? Qu'il aille croupir dans ses privilèges ! Mais pour Arendelle, c'est une autre affaire... Attend un instant.
Il referma la porte, et un grand vacarme se fit entendre. Christian savait ce qu'il faisait : il cachait son propre portrait en tenue royale, jetait son copieux repas par la fenêtre, et sortait le buste de Voltaire pour le placer bien en vue sur son bureau (Mikaël ne l'aurait jamais avoué, mais ce buste lui faisait faire des cauchemars). Quand le calme revint, la porte se rouvrit.
-Tu peux entrer, invita Mikaël avant de placer stratégiquement un mouchoir par dessus ses insignes royales soigneusement brodées sur sa veste.
Christian obéit, et nota qu'il y avait un plus grand bazar que d'habitude, entre les livres étalés par terre et les vêtements jetés pêle-mêle.. Les domestiques ne passaient plus dans sa chambre, Mikaël affirmant que c'était lui qui le leur avait ordonné. En réalité, c'était surtout parce que les serviteurs en avaient assez des discours que le jeune prince leur servait à chaque fois qu'il les rencontrait dans sa chambre.
-Tu m'as donc dit que tu projettes de libérer Arendelle de la tyrannie ? lança le neuvième frère avec de l'avidité dans les yeux.
-Oui : comme je te l'ai dit Hans a été très mal reçu. Je voulais le venger, mais je me suis dit que ça pourrait t'intéresser aussi.
-Tu as bien fait de venir. Par Diderot et Dagobert ! Il ne se passe pas un jour sans que je rêve de détruire un régime totalitaire ! Nous en ferons un exemple !
-Certainement... Bon, Arendelle n'est qu'à deux jours d'ici en bateau, nous pouvons nous y rendre discrètement.
-Tu as déjà un plan ?
-Pas vraiment, en fait je cherchais plutôt des individus motivés et sans scrupules... je veux dire sans regrets, pour donner une bonne leçon à la famille royale d'Arendelle. Je pense que nous devrions embarquer un autre de nos frères avec nous, ce ne sera pas de trop pour m'obéir... pardon, pour nous assister dans notre quête !
-Mouais, je ne suis pas convaincu qu'un gros noble fasse bien l'affaire, mais au moins si c'est l'un de nos frères je saurais si je peux lui faire confiance ou pas...
-Que penses-tu de Piotr ?
-Lui ? On pourrait facilement le convaincre, le problème c'est que Frans donne son stupide concert de riches dans deux jours, et que cet imbécile ne le raterait pour rien au monde...
-Et inutile de demander à ceux qui sont nés avant Edvard, ils sont déjà mariés et ne peuvent se déplacer discrètement...
-Il ne nous reste plus que Johan alors... Bah, c'est mieux que rien je suppose. Très bien, nous serons donc trois jeunes et forts révolutionnaires partant pour destituer une dictature ! Oh, je me sens rajeunir ! Mais nous ne pouvons pas dévoiler notre identité ! Je propose que désormais nous utilisions des pseudonymes pour nous désigner entre nous.
-Tu as raison, il faut quelque chose de subtil, et qui ne mette la puce à l'oreille à personne... Je sais ! Nous allons nous désigner par un numéro selon notre place dans la fratrie ! Je serai donc le numéro XII, et toi le numéro IX !
-Riche idée ! Bon, donc je me charge de prévenir Jo... pardon, le numéro XI, et toi tu trouves un prétexte pour emprunter un navire et être absent pendant au moins cinq jours !
-Très bien numéro IX. J'ai déjà ma petite idée sur la façon de nous procurer un vaisseau avant demain, voire peut-être pour ce soir !"
Et les deux conspirateurs ricanèrent, en pensant à leur futur forfait.

Effectivement, le soir même un navire rapide partait du port, avec à son bord Christian, Mikaël et Johan, ainsi qu'un équipage plutôt louche, le genre prêt à embarquer des passagers dangereux pourvu qu'ils aient de quoi payer. Les trois frères s'étaient esquivés peu après le dîner, et le douzième avait eu la délicatesse de glisser un mot à l'intention d'Anders sur son bureau : "Parti avec Mikaël et Johan pour faire des exercices navals. De retour avant une semaine. Navrés de ne pouvoir assister au concert de Frans. Apporterons des gâteaux en guise d'excuses. Pas la peine de le dire à Karl s'il ne se pose pas de questions. Bisous au reste de la famille."
La traversée fut plutôt sans histoires, même si la mer n'était pas vraiment au goût de tous...
"-Je vais mourir ! Je n'aurais même pas le temps de recommander mon âme à Dieu ! Oh que j'ai mal...
-C'est bon Johan, arrête de te plaindre ! Il serait content ton Créateur si tu rendais tripes et boyaux sur son parterre ! Ce n'est que le mal de mer, d'ici quelques heures tu seras habitué...
-Je te déteste Mika', pour m'avoir embarqué là dedans ! Je pensais qu'on allait faire une bonne farce à des amis de la famille, pas qu'on allait revivre les inondations de l'année dernière ! Toute cette eau... ça me donne mal au cœur.
Cette discussion animée prenait place sur le pont l'après midi suivant le départ. Le temps était au beau fixe, la mer était calme, mais visiblement pas assez pour le onzième frère, qui se tenait du mieux qu'il pouvait au bastingage, entre deux haut-le-corps. Mikaël eut un geste d'impatience :
-Tu m'énerves ! Et puis nous n'avançons pas assez vite, je vais demander à ce qu'ils utilisent les rameurs, cette bande de fainéants ! Tu as intérêt à être guéri le temps que je revienne !
Et il s'éloigna sans autre forme de procès, tandis que Christian rejoignait Johan. Il avait beau ne pas l'aimer, ce n'était pas une raison pour abandonner un membre de sa conspiration à son triste sort.
-Allons mon frère aîné ! Ce n'est pas le moment de faire grise mine : dis-toi que demain après-midi nous serons arrivés ! Pourquoi ne pas essayer de regarder les poissons ? Avec un peu de chance nous croiserons des dauphins !
Le onzième se redressa en essayant d'avoir l'air en meilleure forme. Sa formidable crinière rousse peignée en arrière était encore plus mal coiffée que d'habitude, et il essayait d'afficher un sourire goguenard malgré son malaise. Le bout de son menton était clairsemé d'une mince pilosité, de même que sa lèvre supérieure. Mais le plus saisissant étaient ses yeux, où se mélangeaient du bleu et un peu de jaune. Il conservait sa tenue royale, et avait également une grande sacoche à ses côtés.
-A mon avis les dauphins ont dû fuir à des milles à la ronde avec tout ce que j'ai jeté dans la mer. J'espère vraiment que cette blague en vaudra la peine, sinon je ne suis pas prêt de quitter la maison de sitôt !
-Oh, elle le sera cher Johan, elle le sera...
Le capitaine profita de cette accalmie pour s'approcher des personnalités royales.
-Excusez-moi sire, dit-il en s'approchant de l'aîné, n'est-ce pas une blague à tabac que vous avec là dans votre sacoche ?
L'intéressé eut un geste de protection, et tira de son sac en bandoulière ladite boîte à tabac.
-Ce n'est pas une vulgaire blague, c'est ma réserve personnelle ! Et puis ce n'est pas du tabac, mais des grains de café qu'il y a dedans. Voyez ! ajouta t-il en l'ouvrant.
En effet, sa blague contenait tout le nécessaire pour consommer la boisson des Turcs : en plus des nombreux grains, le prince avait également réussi à y caser un petit moulin et une tasse. Il ne manquait que l'eau chaude pour consommer. Dès qu'il jugeât que le capitaine en avait assez vu, Johan referma sa précieuse blague et la fourra dans son sac.
-Je suis le seul qui ai le droit de consommer ce café. N'insistez-pas, ou je le jetterai à la mer !
D'un geste, Christian indiqua au capitaine de ne pas insister, et celui ci parti d'un pied boudeur. Son aîné lui demanda d'un air intéressé :
-Au fait, est-ce que tu connais les spécialités d'Arendelle en matière d'alcools ?
-Pardon ? Non, je n'en ai pas la moindre idée...
-C'est pas grave. On va dire que c'est ça qui rend le voyage intéressant !"
Il partit dans un grand rire, mais un sursaut du navire le replongea dans sa maladie, et il se retourna de nouveau par dessus bord.

L'arrivée à Arendelle fut plus discrète que Christian l'avait prévu. Connaissant bien les quais, le capitaine mit l'ancre un peu à l'écart, pour permettre à ses illustres passagers de débarquer sans trop se faire remarquer. Une fois à terre, Johan embrassa le sol.
"-Oh douce patrie des vaches et des arbres à café ! Bénissez, Seigneur, cette terre pour m'accueillir en son sein, bénissez ceux qu'elle protège et...
-Bon ça va, on est arrivé, c'est pas la peine de sacrifier notre temps à des bêtises pareilles, râla Mikaël.
-Jamais je ne reprendrai le bateau ! Je rentrerai à pied !
-Ah oui ? Comment comptes-tu t'y prendre, nous vivons sur une île, sinistre imbécile !
-Je... Je contournerai ! Il existe forcément un chemin !
-Assez, ne perdons pas de temps, et approchons nous de notre cible ! lança Christian.
Se mêlant du mieux qu'ils le pouvaient à la foule, les trois princes s'approchèrent du château. Sur un mouvement vif du douzième, il se cachèrent derrière des caisses dans une rue non loin du palais, et observèrent. Un navire marchant était arrivé il y a peu, et des hommes solides étaient en train d'amener de nombreux tonneaux et marchandises dans la demeure royale. Très doucement, Christian demanda à ses frères :
-Bien, maintenant c'est là qu'il faut réfléchir. Comment pouvons-nous nous débarrasser de la reine sans éveiller le moindre soupçon sur nous ?
Mikaël se plongea dans une longue réflexion d'un air malsain, mais soudain Johan eut une illumination :
-La Mort Noire...
-La mort noire ? Voilà qui est prometteur ! Mais... en quoi consiste cette mort noire, ô frère aîné ?
-Des pommes de terre...
-Pardon ? Je ne vois pas où tu veux en venir...
-Des patates que tu fais macérer enterrées pendant des jours et des jours, puis dont tu extrais l'alcool. Celui-ci est si fort qu'en moins d'un verre tu es souvent déjà cuit. C'est pour cela qu'on l'appelle la Mort Noire.
-Tu veux faire boire de l'alcool à la reine ?
-Hein ? Mais non quelle question ! C'est ce que ces hommes sont en train de transporter : de la Mort Noire, je peux le flairer. Une réception de grande envergure doit s'y préparer. Que ne donnerais-je pas pour pouvoir y goûter...
Et ce faisant il se leva et entrepris de chercher la source de ces caisses d'alcool. Christian tenta de l'empêcher d'y aller, mais Mikaël le retint.
-Laisse le faire, de toute façon il ne comprendrait pas notre plan... Et puis j'ai une meilleure idée !
-Je t'écoute mon frère...
Un grand sourire se dessina sur le visage du révolutionnaire :
-Le meilleur moyen de provoquer la chute de la famille royale est de créer une révolution, comme celle qui s'est passée en France : il nous faut affamer le peuple, le réduire à crever de faim, ce qui poussera la reine à convoquer les États-généraux. Ce faisant, elle va accentuer les différences sociales entre la Noblesse, le Clergé et le Tiers-État. Comprenant qu'un vote par classe leur sera défavorable, les prolétaires vont se soulever, et proclamer une nouvelle République dans un champ de pommes. Et si tout se passe bien, d'ici quatre ans elle sera exécutée en place publique après avoir tenté de s'enfuir aux arènes !
Pendant tout son discours, Christian l'avait écouté avec émerveillement. Il lui fallu quelques instants pour répondre :
-Numéro IX, tu es un génie ! Une longue et pénible agonie est une riche idée pour la faire payer, cependant j'aimerais accélérer un peu les choses...
-Oui, pour commencer je pense qu'il serait de bon ton d'affamer la population... en brûlant leurs réserves, par exemple !
-Formidable ! Voilà une excellente idée. Il nous faut maintenant trouver ces réserves, et les réduire en cendres !
-Oui, mais tout d'abord nous devrions nous changer : habillés comme nous sommes, ce serait malvenu de nous faire prendre..."

Pendant ce temps, le onzième avait trouvé d'où provenaient les caisses : un gros chargement avait été déposé sur les quais, où les hommes passaient à tour de rôle pour en récupérer. Profitant d'un instant où personne ne les surveillait, Johan se précipita et vola une bouteille, puis fier de son forfait couru se cacher dans une rue plus loin. Personne ne l'avait vu faire, et en général on ne soupçonnait pas un individu habillé comme un noble. Tirant un tire-bouchon d'une de ses poches, le jeune homme ouvrit son plaisir coupable et renifla.
"-Hum, c'est au moins du quarante pour cent, ou je ne m'y connais pas ! Allons, à la santé de cette bonne reine !
Et il commença à boire à même le goulot. Après quelques gorgées, un bruit attira son attention : quelqu'un approchait ! Cachant innocemment son forfait, il se retourna d'un air tout aussi non-coupable. Il eut alors la surprise de sa vie : devant lui se tenait un petit bonhomme de neige. Mais non content d'avoir un petit nuage au dessus de sa tête, celui-ci regardait l'homme comme on observe un nouvel animal, avec un sourire gentil. Puis sans crier gare le bonhomme ouvrit ses bras et lança :
-Salut, je m'appelle Olaf, et j'aime les gros câlins !
Pendant plusieurs secondes Johan le fixa d'un air médusé, puis regarda sa bouteille d'un air tout aussi dégoûté, puis s'écria :
-Douce Marie Mère de Jésus Christ, pardonnez-moi et protégez-moi !"
Et il détala à toute jambes en jetant sa bouteille au sol.

Un peu plus loin, il tomba nez à nez avec ses frères : tout deux avaient changé de tenue. On aurait cru qu'ils étaient vêtus d'un sac de jute. En d'autres circonstances, Johan aurait plaisanté en leur demandant s'ils s'étaient fait détrousser par des bonhommes de neige (sa plaisanterie favorite), mais en ces circonstances il était tout heureux de les retrouver.
"-Mikaël ! Christian ! Faut qu'on parte d'ici ! Il se passe des trucs pas clairs !
-Pas pour l'instant, coupa le benjamin. Regarde par ici : ce sont les granges des réserves. Nous avons repéré derrière une fenêtre d'où nous pourrions nous introduire. Voilà ce que nous pouvons faire maintenant que tu es là : le numéro IX fera le guet, je monterai sur tes épaules, comme tu es le plus grand, et quand ma... petite farce sera terminée je redescendrai, et on pourra alors partir en vitesse !
Le onzième pesa le pour et le contre, puis opina du chef.
-D'accord, mais on fait vite ! Je ne veux pas rester plus longtemps ici !
Et le plan se mit en route : les habitants ne vaquaient pas trop dans ce quartier, aussi les trois princes attendirent peu de temps avant que la voie ne soit libre. Mikaël se mit en place, et Johan qui s'était un peu calmé commençait maintenant à rire en pensant à la bonne blague qu'ils étaient en train de faire, de sorte que Christian eut un peu de mal à se hisser sur ses épaules. Mais après quelques tentatives il pu pénétrer dans la grange, laissant Johan l'attendre en bas.
Un fois dedans, il se rendit compte qu'il avait oublié le plus important : comment déclencher un incendie ! Il pensait qu'il y aurait forcément une lanterne allumée pour une quelconque raison, mais après quelques recherches il dû se rendre à l'évidence : il n'y avait rien qui puisse l'aider à démarrer un feu. Il tenta bien de cogner deux petits bouts de bois qui traînaient ou de frotter des cailloux qu'il trouvait par terre : rien n'y fît. Découragé, il se rapprocha de la fenêtre, pour constater que Johan s'était évaporé ! Maudissant son nom de toutes les injures qu'il connaissait, il le vit finalement revenir quelques minutes plus tard, sa tasse dans les mains.
-Que faisais-tu, imbécile ? Je t'attends depuis des heures entières !
-Je me disais que tu allais mettre du temps, et je suis parti chercher de l'eau chaude pour me faire un café. Les gens d'ici sont très gentils, je regrette presque de leur faire une farce.
-Si tu...
Mais le benjamin n'eut pas le temps de continuer : les frères entendirent une voix chanter très fort non loin d'eux.
-La République nous appelle ! Sachons vaincre, ou sachons périr ! Un Français doit vivre pour elle, pour elle un Français doit mourir !
-C'est la voix de Mikaël si je ne me trompe pas, remarqua Johan.
-Oui, de toute façon il n'y aurait que lui pour chanter des choses aussi stupides ! Il doit avoir un problème, viens vite me faire descendre.
-Ah non, si tu te fais prendre la main dans le sac moi je n'y suis pour rien...
-Revient, ou cette fois je te jure que...
Mais c'était en vain car le onzième s'était déjà esquivé rapidement. Jurant tout ce qui lui passait par la tête, il tenta de descendre par ses propres moyens, quand il entendit un voix peu familière :
-Eh bien, prit en train d'essayer de voler les réserves ?
En tournant la tête il aperçu Mikaël entre deux gardes armés, et qu'un troisième le regardait avec un air amusé.
-Je ne parlerai pas, même sous la torture ! Et puis vous ne pouvez pas m'attraper !
Il espérait foudroyer les gardes par une telle marque de courage, mais ceux-ci se contentèrent d'éclater de rire. Cuisante humiliation...
-Allons, je vais chercher une échelle pour te sortir de ton perchoir, et tu vas juste faire un petit tour dans les cachots.
Avec beaucoup de noblesse, Christian répliqua :
-C'est inutile, je vais descendre tout seul, je n'ai pas besoin de votre aide. Mais c'est bien parce que vous êtes plus nombreux que moi. Et si je me fais mal vous n'aurez à vous en prendre qu'à vous même !
Et se suspendant à la fenêtre, il lâcha prise et retomba presque sans heurts. S'il atterri sur ses pieds, ceux-ci lui le lâchèrent sous le choc, et il finit sur les fesses, sous les rires des gardes. Se massant le postérieur avec toute la classe qui sciait à son rang, il leur lança un air de défi tandis que le garde s'approchait de lui. Il ne pouvait prendre ses jambes à son cou, il ne connaissait pas les ruelles et aurait tôt fait de se retrouver dans une impasse. Et en plus ses jambes lui faisaient mal...
Mais au moment où il était appréhendé, une voix familière se fit entendre :
-Messieurs, je vous en prie, calmez-vous, c'est une méprise !
C'était Johan, qui était revenu. Les soldats le regardèrent avec un air interloqué, et le jeune homme poursuivit :
-Il ne s'agit pas de voleurs, mais de simples plaisantins. Ils voulaient faire une petite farce aux habitants de cette belle ville.
Les gardes comprenaient de moins en moins, mais quand un individu vêtu comme un prince leur intimait de l'écouter, ils avaient tout intérêt à lui obéir.
-Ils souhaitaient en fait... remplacer un sac de farine par du plâtre, pour faire une bonne blague ! Vous avez déjà essayé de manger du pain fait avec du plâtre ? C'est tordant, vraiment !
Mikaël et Christian étaient trop interloqués pour dire quoi que ce soit. De plus, leur accoutrement ridicule ne leur donnait aucune crédibilité, contrairement à celui de Johan, qui reprit :
-Ce sont mes hommes, et je passais par ici tout à fait par hasard. Quel dommage qu'ils se soient fait prendre la main dans le sac, si je peux me permettre !
-Mais... qui êtes-vous ?
-Je suis ambassadeur des... des Îles de l'Ouest ! Vous savez combien nous avons le sens de l'humour là bas !
Heureusement, il avait eut le bon sens de cacher ses insignes royales. Il partit dans un grand rire qui détendit un peu les gardes.
-C'est vrai qu'ils sont marrants les gars des Îles de l'Ouest, chef ! commenta un garde. Je m'en souviens d'un qui était venu à la caserne, il nous racontait de ces blagues !
-Mais plus sérieusement messieurs, relança Johan, est-ce que vous avez déjà bu du café ?
Ses interlocuteurs hochèrent négativement la tête.
-Jamais, j'en ai entendu beaucoup parler, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'y goûter.
-Ô heureuse providence ! Il se trouve que je ne me déplace jamais sans quelques grains, lança t-il en sortant sa blague de sa sacoche. Pourquoi ne pas en goûter, pour le désagrément occasionné ?
Le chef des garde réfléchit un peu, puis jugea que cet individu pour le moins excentrique était digne de foi, et répondit :
-Pourquoi pas, après tout vous semblez vous y connaître.
-Parfait, il ne nous faut que de l'eau chaude et des tasses. Il y a quelqu'un de fort aimable dans cette maison là bas qui je suis sûr pourra nous aider !
Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les trois gardes et les trois princes étaient autour d'une marmite d'eau bouillante sur le feu. Devant l'air ébahi des soldats, Johan passa ses grains au moulin, et les déversa dans quatre tasses, Mikaël et Christian étant dispensés. Dès les premières gorgées, les Arendelliens furent conquit.
-Oh, je me sens l'énergie d'arrêter tout les criminels du pays !
-C'est merveilleux, je me sens incroyablement bien ! Oui ! oui ! OUI ! Je peux tout faire, je peux braver tout les dangers pour protéger le peuple !
-Vous pouvez le boire avec du sucre ou du lait, ajouta Johan. Mais les hommes, les vrais, le prennent noir. C'est un peu comme une infusion. Si vous voulez, je vous laisse quelques grains, le temps que vous convainquiez votre souverain d'en importer.
-Oh, c'est très généreux, noble seigneur !
-Ah oui, et aussi nous pouvons considérer que cette petite affaire restera entre nous, n'est ce pas ? ajouta le onzième avec un regard complice. Inutile d'ébruiter cette histoire de farce innocente, cela n'intéresserait pas vos supérieurs.
Le chef des garde réfléchit un instant, puis répondit.
-Vous êtes vraiment bizarres dans les Îles de l'Ouest... mais d'accord, cette histoire restera entre nous. J'aurais juste un peu de mal à expliquer comment nous sommes entrés en possession du café.
-Oh, vous n'aurez qu'à attendre la fin de la réception qui sera donnée, et vous raconterez que c'est un noble étranger qui vous l'a remit.
-Comprit. Allez, vous pouvez circuler vous deux ! "
Et il poussa les deux autres princes qui fixaient Johan avec un regard médusé.

Plus tard, de nouveau sur le bateau et après avoir repris leurs vrais vêtements, Mikaël et Christian faisaient toujours la tête à Johan, qui était resté à terre. Celui ci ne voulait absolument pas retourner sur le bateau, malgré les exhortations de ses frères qui voulaient se venger de lui.
"-Allons Johan, l'aller est toujours plus difficile que le retour ! Et c'est vrai que tu n'as pas prit la mer depuis longtemps, mais tu t'es certainement réhabitué, je t'assure !
-Non, non et non ! Je vous dit que je trouverai un moyen de vous rejoindre sans bateau, même si ça doit prendre du temps !
-Père et Karl t'attendent !
-Karl ne sait même pas que j'existe, et père ne m'accorde pas plus d'attention que moi à un verre d'eau. J'en ai assez, larguez les amarres capitaine !
Trop heureux de laisser ce trouble-fête à terre, le capitaine coupa tout accès au bateau, et ordonna le départ. Les deux princes à bord se résignèrent.
-Bah, il finira bien par trouver un moyen de revenir... Et puis ça lui mettra un peu de plomb dans la tête que de rester seul en terre inconnue !
Tandis que le bateau s'éloignait, Johan tout heureux faisait ses adieux avec son mouchoir. Il se retourna avec la ferme intention de trouver une taverne où passer la soirée, quand soudain il l'aperçu, au bout des quais...
-Eh, re-salut ! Je m'appelle Olaf, et j'aime les gros câlins !
C'est ainsi que, recommandant son âme au Ciel, Johan des Îles du Sud sauta dans la barque la plus proche, et rama frénétiquement :
-Christian ! Mikaël ! J'ai changé d'avis, ne partez pas sans moi ! Pour l'amour du Ciel et de tout ce qui existe, attendez-moi !"


Dernière édition par Kalegula le Mar 21 Avr 2015, 16:02, édité 2 fois

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Vendetta à la Sudîllienne Empty Re: Vendetta à la Sudîllienne

Lun 13 Avr 2015, 00:39
Wouuuuah *_* Génial ! Vraiment !
De une, c'est super bien écrit, de deux, les idées sont extras, de trois, j'adore le caractère que tu as donné aux personnages, de quatre, WOuuuah xD

C'est vraiment extra, et j'espère bien que tu vas nous mettre la suite parce que là, je ne sais pas si je pourrais m'en passer Razz Non mais vraiment, ça change carrément de ce qu'on a l'habitude de voir et c'est vraiment très plaisant.
Quelque part, vu comme ça, ça me fait penser aux histoires ou c'est une histoire, une aventure. Genre là, en un chapitre, ils mettent en place leur départ, ils partent, il leur arrive une c***lle, et pouf ils rentrent. Et du coup j'adore, ça me donne l'impression qu'il y aura ça pour chaque chapitre. Un peu comme "mortelle Adèle", surtout quand on voit le titre de ton chapitre "tentative numéro un [...] ", on s'attend pour le reste à "tentative numéro deux" échoué "tentative numéro trois" échoué, etc etc x)
Bref je vais pas non plus faire un roman mais voilà mon avis, c'est génial Smile
Pour le coup de la "boîte" et la "blague", je n'ai juste pas compris. Au début je pensais que c'était toi qui avait confondu ou inverser les mots, du coup j'ai pas compris confused

Ah et Johan est juste extra ! Il me fait penser au Marchand de boeufs dans Astérix jesuisdehors
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Lun 13 Avr 2015, 19:10
Merci pour le commentaire !
Pour le style, ça risque d'être un peu bref, étant donné qu'il n'y a qu'environ trois chapitre qui sont dans le même style, les suivants seront plus vite expédiés, au détriment du style, mais bon, c'est assez long et contraignant...

Pour le coup de la "boîte" et la "blague", je n'ai juste pas compris. Au début je pensais que c'était toi qui avait confondu ou inverser les mots, du coup j'ai pas compris

Bah en fait une blague à tabac c'est une petite boîte dans laquelle on avait l'habitude avant de mettre son tabc pour le fumer. Mais tu m'as mis la puce à l'oreille, et effectivement après avoir cherché j'ai découvert qu'en fait c'est plutôt une sorte de portefeuille à tabac plutôt qu'une boîte Razz

En fait ça ressemble à ça en vrai : http://www.dutch-headshop.com/images/products/lrg/G_joint-rolling-pouch-large-kavatza-original_3-1.jpg

On m'avait dit quand j'étais jeune que ça pouvait être une petite boîte en bois, il faut donc s'imaginer Johan se baladant avec un truc en bois un peu plus gros, histoire que ça puisse contenir ses appareils.

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Mar 14 Avr 2015, 20:47
Bon, histoire de me motiver un peu je poste la première partie du deuxième chapitre, pour mettre les idées en place bravo

Chapitre deux : cinquième tentative : l'invasion des anophèles

Dans le gigantesque château des Îles du Sud, la douce mélodie d'un piano résonnait dans l'aile est. Un air enjoué, guilleret, celui des Saisons, de Vivaldi. Installés dans la chambre la plus orientale, la salle de musique ne contenait en tout et pour tout que trois hommes. Confortablement assis à côté d'un splendide piano à queue, et tenant nonchalamment son coude dessus, Christian écoutait les notes d'un air plutôt indifférent.
Installé un peu plus loin, et bien en face de l'instrument, un deuxième jeune homme suivait au contraire la musique avec un grand intérêt. Ses yeux bleus pétillaient de plaisir, et ses lèvres, entourées d'une mince barbichette, affichaient un sobre sourire béat. Ses cheveux étaient d'un roux plus clair que celui de ses autres frères. Le dixième fils de la fratrie, Piotr, était pour le moins un grand amateur de musique ! Les consonances plus Slaves de son nom commémoraient en fait la visite de l'ambassadeur de Russie, venu quelque vingt-cinq ans plus tôt, et qui avait coïncidé avec sa naissance. Le roi et la reine des Îles voulaient ainsi rendre un hommage ostensible à la patrie du général Hiver.
Enfin, le pianiste lui même était un homme assez grand. Jouant avec fougue et fantaisie, ses longs cheveux qui lui arrivaient à mi nuque virevoltaient en même temps que ses mouvements de tête saccadés, battant presque la mesure. Plongé dans son interprétation comme nul autre, il fermait les yeux pour s'immerger en entier dans sa musique. Frans, la fierté de la noblesse des Îles, considéré comme le plus grand génie musical de l'Archipel, était d'un autre côté méprisé par le roi, qui ne comprenait pas comment il avait pu engendrer une telle antithèse de guerrier. Bien qu'il soit né en huitième place, Frans n'en était pas mieux estimé. Mais cette place lui convenait : il ne briguait pas les honneurs du pouvoir, mais ceux de l'art. Chef de l'orchestre de l'Archipel qu'il avait largement contribué à former et à améliorer, ses relations épistolaires avec les autres grands artistes de son temps étaient connues de tous (bien que le nom des dits artistes étaient souvent bien trop compliqués à retenir).
Ainsi, Christian, le douzième, et Piotr, dixième membre de la fratrie, écoutaient un concert privé donné par leur aîné, Frans le huitième prince. Malgré la beauté de l'interprétation, le plus jeune semblait s'ennuyer ferme. Puis une lueur mauvaise illumina son regard, et, attendant la fin du mouvement que jouait Frans, il profita de sa courte pause pour lui faire un signe de la main et lui murmurer quelques phrases, inaudibles pour Piotr. Le huitième haussa les épaules, prit une grande inspiration, et se lança dans un tout autre morceau.
Sur un rythme lent, obsédant, et langoureux, la mélodie du premier mouvement de la sonate n°14 pour piano de Beethoven retentit. Peu de gens étaient capable de l'interpréter avec autant de douleur que pouvait le faire Frans. La peine et la mélancolie suintaient de l'instrument. Un tel morceau avait des propriétés toutes spéciales sur Piotr : il était capable de le faire pleurer. Et cela ne manqua pas : face à une telle émotion, ses yeux commencèrent à s'embuer. Mais, juste avant qu'ils n'éclatent, Christian fit un geste, et Frans suspendit immédiatement le morceau. Le charme parti, Piotr redevint tout à coup normal. Christian réitéra son geste, et la mélodie reprit, pour la plus grande incompréhension de Piotr, qui commença de nouveau à sentir l'émotion l'étouffer. Un sourire s'afficha sur le regard de Christian, qui, après une vingtaine de secondes, interrompit de nouveau la musique. Devant l'air de Piotr qui venait de réfréner de nouveau ses larmes, il éclata de rire. C'en était trop pour le dixième, qui se leva avec des larmes non de tristesse mais de colère.
-Toi ! C'est la dernière fois que je te laisse écouter de la musique avec moi ! eut-il le temps de vociférer.
Et d'un pas déterminé, il se dirigea vers un Christian encore hilare, et lui asséna un sec coup de poing dans la mâchoire avant de partir d'un pas furieux hors de la pièce. Le coup fut si puissant et inattendu pour Christian qu'il fit tomber sa tête directement dans la queue du piano. Sous l'impact, le couvercle lui tomba sur le dos, lui causant un grognement de douleur supplémentaire. Face à ce spectacle, Frans se leva impassible, et avant de s'en aller, glissa quelques mots à son jeune frère dans son instrument :  
-Tu sais que je ne suis pas du genre à dire du mal des gens Christian, mais je pense que celle là tu  l'as bien mérité. Maintenant, sort de ce piano, tu vas abîmer les cordes, si ce n'est déjà fait. Oh, et je ne manquerai pas de demander que tu rembourses les éventuels dégâts occasionnés sur ce Pleyel.  

Plus loin dans le château, le deuxième fils du roi faisait les cent pas dans son bureau encombré. Anders avait son réseau d'informations personnel, et avait depuis longtemps eut vent des tentatives de coup d'Etat de Christian, secondé de Mikaël. Mais le fait que Christian, Mikaël, et dans une moindre mesure Johan, soient des enfants gâtés et agissaient comme des gamins de douze ans présentait un avantage. Les conspirateurs en avaient aussi la dangerosité. De toutes ses tentatives d'attentat, Christian n'avait jamais réussi à attirer sur lui l'attention des souverains d'Arendelle et des Îles du Sud. Au départ, Anders s'était beaucoup inquiété de le voir partir menacer la paix. Mais après la deuxième tentative, les rapports de ses espions étaient plutôt optimistes : Christian et Mikaël étaient des bons à rien et n'avaient pas plus de jugeote que des enfants.
Cependant, plus le temps passait et plus le deuxième de la fratrie craignait, non pas pour la diplomatie entre Arendelle et des Îles du Sud (qui était déjà au plus bas), mais pour la propre sécurité de Christian. Un jour ou l'autre, il risquait de se blesser, surtout s'il décidait d'utiliser des méthodes trop complexes pour lui, telle que la poudre à canon...
Il fallait donc trouver un moyen de garder Christian au mieux dans le château, au pire sous surveillance. Anders aurait très bien pu envoyer un ou deux de ses hommes, mais il considérait comme plus prudent de ne pas éveiller la méfiance de son jeune frère. De même le consigner à demeure pouvait paraître suspect aux autres membres de la fratrie, comme Karl, qui n'avait pas la moindre idée des dangers que couraient la famille royale d'Arendelle.
Tout en marchant, Anders émit l'hypothèse que, s'il parvenait à garder Mikaël au château (son attitude révolutionnaire était connue de tous, et cela ne surprendrait personne de le voir puni quelques temps), cela pourrait décourager Christian de poursuivre ses expéditions. Du moins, le douzième serait obligé d'avoir recours à d'autres membres de la fratrie pour l'aider, et Anders était convaincu que ces derniers seraient moins influençables, et pourraient surveiller ses faits et gestes.
Oui, plus il y réfléchissait, plus cela lui semblait une bonne prise de risque. Comme au tarot, il fallait savoir miser sur une couleur sans connaître le jeu de l'adversaire. Il se décida à trouver un prétexte pour maintenir Mikaël le neuvième dans les Îles du Sud, et à essayer de deviner qui Christian serait susceptible de choisir comme remplaçant.

L'après-midi touchait à sa fin. Christian était retourné dans sa chambre et passait un cube de glace sur son menton endolori -un cube de glace importé d'Arendelle, à son grand désarroi, mais c'était tout ce qu'il avait pu trouver. Il n'aurait jamais pensé que cette mauviette de Piotr oserait le frapper, mais c'étaient les risques du métier. Il lui fallait quelque chose pour se détendre... comme imaginer un nouveau plan pour venger Hans ! Mais les idées révolutionnaires de Mikaël ne s'étaient pas révélées si bonnes que ça. Il fallait quelque chose de discret, efficace, et en même temps magistral, pour montrer à tous la suprématie de la famille royale des Îles du Sud.
Le douzième avait un moment imaginé construire une machine volante, qui bombarderait le château, mais il s'était résigné : jamais quelque chose de plus de dix kilos pourrait tenir en l'air. Machinalement, son regard se tourna vers le port, que l'on pouvait apercevoir depuis sa fenêtre. Il se souvint des grandes inondations qui avaient frappé l'île il y avait plusieurs années. Nul n'aurait cru une telle catastrophe possible, mais une partie de la ville avait bel et bien été détruite et emportée par les flots. Le château, fort heureusement, n'avait été que peu touché. Un éclair traversa l'esprit du jeune prince : une catastrophe naturelle, voilà ce qui pouvait mettre un terme définitif à la tyrannie d'Arendelle ! Si un tremblement de terre, ou une éruption volcanique, voire même une sècheresse, pouvait survenir ni vu ni connu, c'en serait fini de la reine et de la princesse !
Cette idée lui rendit toute sa vitalité : Christian jeta son cube de glace par la fenêtre, et se dirigea vers la porte. Lui ne savait pas comment déclencher une catastrophe naturelle, mais il connaissait quelqu'un qui pourrait sans aucun doute le lui apprendre !

D'un pas allègre, le jeune douzième membre de la fratrie se dirigea vers une aile du château qui donnait sur le nord. A l'extérieur, on voyait un immense jardin, empli de plantes multicolores et d'arbres poussant çà et là. Cette partie du manoir appartenait en entier au troisième frère de la fratrie : Lennart. Anders le surnommait Linné, quoique Christian n'avait jamais comprit pourquoi, et les autres frères prirent l'habitude d'utiliser plutôt ce sobriquet. Car le troisième frère était ce qu'on pouvait appeler un érudit : bien qu'il fut le troisième fils de Valdemar, il consacrait la majeure partie de son temps à lire dans son bureau, et à mener des expériences de physique, de chimie, et de biologie. Le roi tolérait ces recherches, et l'en encourageait même, dans le secret espoir que Lennart développe une arme de destruction massive. A ce dessein, il lui avait donc laissé deux salles de très grande taille pour lui servir de laboratoire, ainsi qu'un jardin botanique. Pour Christian, il ne faisait aucun doute qu'un individu aussi cultivé saurait provoquer une catastrophe naturelle sur commande, comme une éruption volcanique par exemple. Une fois devant la porte du laboratoire que Lennart utilisait en ce moment, Christian réprima son sourire mauvais et frappa quelques coup brefs.
Quelques secondes plus tard, on lui répondit de l'autre côté, sans ouvrir :
-Que voulez-vous ? J'ai précisé que je ne devais pas être dérangé !
-C'est moi Christian ! J'aimerais te poser quelques questions scientifiques !
Le plus grand point faible de Linné était son plaisir à expliquer ses expériences aux autres. Il ne pouvait jamais s'empêcher de parler dès qu'on lui donnait l'occasion de raconter ce qu'il faisait. Il ne fallut pas longtemps pour que le troisième frère réponde :
-Vraiment ? Avec grand plaisir ! Par contre je te demanderais d'entrer vite et de ne pas être trop surpris par l'obscurité ambiante...
La porte s'entrebâilla, laissant apparaître une tête avec des cheveux roux un peu long et complètement désordonnés, ainsi qu'une imposante barbe qui n'avait pas dû être rasée depuis plusieurs semaines. Derrière des binocles, les yeux bleus de Lennart pétillaient de plaisir. Pour quelqu'un qui consacrait ses journées enfermé, le troisième était plutôt grand et imposant. Christian s'engouffra, et constata le peu de luminosité qui régnait. Seul un petit tas de livres était éclairé par un chandelier.
-Je prépare des cultures de champignons, expliqua Lennart une fois la porte refermée. J'espère déterminer s'il est possible de greffer des champignons sur des plantes spécifiques pour doper leurs capacités. Qui n'a jamais rêvé de manger des fraises en plein hiver ?
-Hem, certes... J'aurais quelques questions à te poser sur les éruptions volcaniques. En vérité...
-Ah, sur les éruptions volcaniques je peux te proposer les écrits de Pline le Jeune et de l'Ancien, ils décrivent les effets d'une éruption avec une précision impressionnante pour leur époque. Attend, je dois avoir ça quelque part...
S'emparant de son chandelier, il le dirigea dangereusement vers un rayon de bibliothèque, et chercha minutieusement parmi les ouvrages, tandis que Christian s'évertuait à éteindre un bout de parchemin que son aîné avait enflammé sans s'en rendre compte. Puis, avec un cri de satisfaction, Linné tira un grand livre qu'il posa sur une nouvelle pile de documents.
-Mais ce Pline, est-ce qu'il explique comment on créé une explosion volcanique ? demanda Christian, qui voulait être sûr que ce soit le bon ouvrage à étudier.
-Non, mais il en livre une description très détaillée pour quelqu'un de son temps !
-Bon, et s'il n'en a pas parlé dans son livre, tu crois que je pourrais le rencontrer pour qu'il m'explique comment faire ?
Lennart eut un sourire amusé :
-Pline est mort il y a plusieurs siècles, Christian. Si c'est la volcanologie qui t'intéresse, je peux jouer de mes relations pour te trouver un spécialiste qui t'expliquera tout ce que tu veux savoir.
Le douzième émit un grognement d'impatience.
-C'est à dire que j'aurais besoin d'informations de toute urgence. C'est pour... mes admirafictions ! Je veux réécrire l'Iliade en faisant comme si je m'étais retrouvé à cette époque, et que je changeais certains évènements !
-Oh, c'est une idée très intéressante Christian ! J'ignorais que tu avais des goûts littéraires... Mais que viennent faire les volcans à Troie ?
-Eh bien en fait je pensais faire en sorte de m'allier avec Vulcain pour qu'il me transfère le pouvoir des flammes et des forges, et que je puisse créer un volcan géant pour détruire la ville !
Christian réfléchissait à toute vitesse et se rendait lui même compte de l'incohérence de tout ce qu'il racontait, mais il n'avait pas le choix : il fallait protéger sa couverture. Mais Linné avait l'air intéressé par son récit :
-Hoho, quelle imagination ! N'hésite pas à me montrer le début de tes écrits !
Le douzième réfléchit un peu avant de relancer :
-Au fait, est-ce que tu sais si on peut trouver des volcans par ici ? Je pense que ça serait intéressant si j'en voyais un de mes propres yeux.
-Ah, je suis navré Christian, l'Europe du Nord est un endroit très peu volcanique. Il faudrait aller jusqu'en Islande pour avoir les meilleures observations, ou bien un peu plus à l'ouest, voire en Italie. Ils ont de splendides spécimens là bas...
-Vraiment ? Même pas un petit cratère du côté d'Arendelle par exemple ?
Linné répondit par un rire amusé :
-Le seul volcan qu'il y aurait à Arendelle, c'est la famille royale ! J'ai entendu dire que la princesse est sans cesse en ébullition, toujours à courir et sauter partout ! Vraiment débordante d'énergie cette petite...
Christian se retint de lui faire remarquer que la princesse n'était sa cadette que d'une dizaine d'années, cependant Lennart reprit :
-Mais ce n'est pas une bonne idée d'aller à Arendelle ces derniers temps tu sais, avec ce qu'a fait Hans...
-Oh, en vérité je ne sais même pas où c'est le royaume d'Arendelle ! mentit effrontément le douzième.
-C'est vrai que tu n'as jamais trop fait attention à ce que disaient tes précepteurs, remarqua Linné avec une pointe de reproche dans le regard.
-Mais à part les volcans, quelles sont les catastrophes naturelles susceptibles de se produire dans nos régions ? Si je ne suis pas en mesure de pouvoir étudier les volcans, je vais devoir trouver une autre astuce pour mon histoire...
-Oh, à part le froid nous n'avons pas grand chose à craindre : pas de grande activité sismique, les ras-de-marée sont pour ainsi dire rares, les inondations arrivent de temps en temps quand la neige fond trop vite, mais sinon la région est sûre... Quoique non, la nature ne nous a pas tout à fait épargné pour une seule chose ! annonça t-il avec un grand rire.
-Qu'est ce que c'est ? demanda Christian sans parvenir à dissimuler son avidité.
-Ce sont les moustiques ! déclara Lennart avec un sourire. Nous sommes une des régions d'Europe où ces insectes pullulent en été, attaquant sans relâche les malheureux qui s'aventurent un peu trop profondément dans la forêt. J'ai entendu dire que même les loups et les ours pouvaient en venir à fuir quand une escouade d'anophèles se mettaient à les piquer trop voracement ! Oui, s'il y a bien une chose que nous pourrions craindre c'est une invasion de moustiques ! conclut-il en repartant dans un rire sonore.
-Une invasion de moustiques ? Et... comment une telle catastrophe pourrait-elle se produire ?
-Eh bien les moustiques ont tendance à réapparaître quand les températures remontent. Probablement dû à la chaleur de l'été, en plus ça doit correspondre au moment de leur ponte... Je ne pourrais pas trop te renseigner là dessus, j'en ai bien peur ! Je ne me suis pas trop intéressé aux anophèles, je trouve qu'il y a des sujets plus intéressants...
-Oh, ce n'est pas grave, vraiment ! Je vais me débrouiller avec ce que tu m'as appris aujourd'hui, merci encore Linné !
Et avant que l'aîné eut le temps de le remercier lui aussi, Christian avait foncé sur la porte en se frottant les mains avec un sourire mauvais.

Peu après, Anders errait dans les couloirs à la recherche de Frans. Il venait de trouver un prétexte pour garder Mikaël dans la ville mère pour les deux mois à venir, maintenant il s'agissait de prévenir celui qu'il considérait comme le plus susceptible de se faire embarquer par Christian. En effet, il était quasiment impossible que le douzième essaye de faire venir un des six premiers princes : ils avaient chacun des grandes responsabilités, et plusieurs d'entre eux faisaient comme si Christian n'existait pas. Johan refusait de reprendre la mer, et Christian méprisait Piotr avec la plus exquise impolitesse. Si le douzième frère avait assisté au petit concert de Frans plus tôt, c'était uniquement pour maintenir de bonnes relations avec ce dernier. Piotr ne manquant jamais un concert du musicien, il avait passé outre la présence de Christian.
Quant à Edvard... c'était tout bonnement hors de propos. Frans faisait ainsi une cible facile : même s'il n'était pas tout à fait influençable, il pouvait vite se laisser embarquer si Christian lui proposait d'aller donner un concert à Arendelle par exemple... Frans le huitième avait toujours considéré la musique comme le meilleur instrument diplomatique, et même s'il ne s'intéressait pas à la politique, il ne refusait jamais de jouer quand on le lui réclamait.
C'est pour ces raisons qu'Anders scrutait les salles de musiques dans l'espoir d'y trouver son frère cadet, de préférence seul. Mais finalement, c'est au détour d'un couloir, peu avant l'heure du dîner des six derniers princes, que le deuxième frère le rencontra. Le musicien était seul, et contemplait un tableau représentant un paysage.
-Bonsoir Frans, très cher frère !
C'était souvent ainsi que le diplomate interpellait les autres membres de la fratrie. Habitué à cette façon d'être appelé, le huitième se tourna vers lui avec un sourire aimable.
-Bonsoir Anders. Nous n'avons pas souvent la joie de te voir par ici, je croyais que tu passais tout ton temps dans ton bureau ou à jouer aux cartes avec je ne sais quelle délégation diplomatique.
-Pour tout te dire, je te cherchais. Tu n'es pas sans savoir que Christian passe beaucoup de temps à faire des exercices navals ces dernières semaines...
-En effet. Pour être honnête, ça ne me gêne pas plus que ça : il ne sait pas apprécier la musique et l'art. Il est toujours à traîner avec Mikaël, ce révolutionnaire, et à parler avec Hans...
Le regard de Frans s'assombrit quand il prononça ce nom. Il n'avait jamais digéré le jour où Hans lui avait dit qu'il gâchait sa vie à consacrer son temps au piano, alors qu'il pouvait briguer des positions importantes au château, voire dans une autre île de l'Archipel... Cela faisait plus de cinq ans, mais Frans ne lui avait plus adressé la parole depuis. Anders reprit :
-Oui, mais d'après mes informations, il vogue un peu trop du côté d'Arendelle en ce moment.
-Arendelle ? Au fin fond des fjords ? Il n'y a d'orchestre royal là bas. Il n'y en a plus depuis plus de vingt ans... J'ai toujours soutenu que rien de bon ne pouvait sortir d'un royaume sourd à la musique.
-Peut-être, toujours est-il que je pense que Christian va te proposer d'aller y faire un tour un de ces jours. Je veux que quoi qu'il puisse te raconter, tu acceptes de partir avec lui...
-Que crains-tu de lui ? Il est incapable de reconnaître un violon d'un cor anglais, qu'est ce qu'il pourrait bien vouloir faire là bas ?
-Je ne miserais pas dessus mais...
Soudain une voix retentit dans son dos :
-Ne serait-ce pas le régent Anders, le diplomate des Îles du Sud !
Le deuxième prince se retourna : il s'agissait d'une délégation des Îles de l'Ouest, plusieurs hommes importants qui faisaient une visite diplomatique dans la capitale des Îles du Sud. Il n'aimait pas ces gens là, mais il était important de leur accorder de l'attention quand ils en réclamaient. Chaque groupe d'île avait ses coutumes, et il valait mieux garder celles de l'Ouest sous contrôle. Anders déglutit avec peine, gêné de ne pas avoir pu tout raconter à Frans, mais il ne pouvait pas lui en souffler un mot sans paraître outrancier envers la délégation. S'il continuait à parler à Frans, cela passerait pour du mépris envers la délégation, de même qu'il ne pouvait pas parler à haute voix de ses inquiétudes au sujet de Christian. Anders se contenta finalement de souffler quelques mots à son cadet :
-S'il te propose de partir, accepte et surveille le ! Je te l'expliquerai plus tard. Fais ce que je dis, c'est une affaire plus grave que tu ne pourrais le croire !
Reprenant un air affable, il se dirigea vers la délégation en saluant chacun par son nom. Pendant ce temps, Frans se détourna et partit vers la salle à manger où devaient l'attendre les premiers arrivés. Il méditait sur les propos étranges de son aîné... Il appréciait grandement Anders, c'était le seul des six premiers princes à accorder de l'importance aux derniers arrivés dans la fratrie, mais son obsession pour les jeux de cartes, sa position délicate, ses nombreuses fonctions... Il faisait ou disait parfois des choses bien étranges, et cette injonction à surveiller Christian qui était un des individus les plus inoffensifs du château... Tout cela lui semblait assez exagéré.

Beaucoup plus tard, après le dîner princier, Christian prit Mikaël le neuvième à part, tandis que chaque membre de la fratrie repartait à ses occupations...
-Numéro IX, je viens d'avoir une nouvelle idée ! Nous devons partir le plus vite possible !
-Malheureusement je suis retenu au château ! Anders, ce maudit royaliste, vient de m'obliger à assister à des cours de manœuvres militaires terrestres avec Knut... Je crois qu'il veut me faire occuper un poste dans l'armée des Îles, colonel ou je ne sais quoi... Le seul avantage serait que j'apprendrais certainement quelques tactiques de Napoléon, ce qui pourrait nous être utile pour notre noble quête !
Christian répondit par un juron.
-Pourtant ça ne peux pas attendre. Il faut que nous partions avant la fin de la saison des moustiques !
-Des moustiques ? En quoi nous pourrions renverser une tyrannie avec des vulgaires insectes ?
-Je te l'expliquerai plus tard, mais c'est grâce à Linné que j'en ai eu l'idée... Si tu ne peux pas quitter le château, que faire ?
-Bien que cela me brise le cœur, je pense qu'il faut te résigner à emmener un autre frère pour t'assister dans ta mission, puisque tu ne peux pas différer ton départ. Quand veux-tu partir ?
-Demain matin au plus tard. J'ai déjà pris mes dispositions avec nos marins, ils nous attendent dès ce soir...
Le neuvième, Mikaël, réfléchit un instant.
-Johan ne veux plus reprendre la mer, on peut l'éliminer. Piotr n'est qu'un pleutre et une mauviette... Mais je pense que Frans ferait un sujet de choix. Dit lui que tu veux jouer un de ses stupides concerts à Arendelle, et il te suivra comme un brave chien !
Christian ne put qu'acquiescer à ce raisonnement.
-Tu as raison, je vais lui demander de ce pas. Mais pendant notre absence, continue à chercher des stratégies pour renverser le royaume d'Arendelle, il serait pertinent d'enchaîner les catastrophes là bas pour en finir une fois pour toutes !
Se faisant un signe de tête convenu, les deux frères se quittèrent, Mikaël vers ses appartements, et Christian vers le salon où Frans avait l'habitude de se rendre après le dîner pour regarder la nuit, souvent seul. Comme prévu, le huitième s'était installé sur le balcon, sur une chaise faisant face à la baie. Sur une table à ses côtés, un verre de vin d'Allemagne assez entamé. Sans s'embarrasser de politesses, Christian lança :
-Salut Frans ! Je tenais à te dire encore merci pour le concert de tout à l'heure. Je suis aussi un peu désolé pour l'incident qui l'a clôt, mais je pensais que ce serait une idée très amusante !
Frans tourna la tête d'un air désintéressé. Il savait que Christian ne venait assister à ses concerts que pour maintenir un semblant de bonnes relations avec lui. Au fond, peu lui importait : toutes les occasions étaient bonnes pour jouer un morceau. De surcroît, après l'avertissement d'Anders, il s'attendait à une approche aussi mielleuse. Cependant, si Christian voulait l'embarquer dès ce soir pour Arendelle, il valait mieux ne pas trop se montrer impoli.
-Tâche de mesurer un peu mieux les conséquences de tes actions à l'avenir. Même si j'admets de mon côté que ce fut très amusant de te voir enfoncé dans un Pleyel !
Le douzième répondit par un rire entendu, même si le souvenir lui était douloureux. Il repartit à l'attaque :
-J'ai entendu dire qu'il n'y avait pas de salle de concert ou même d'orchestre dans un royaume non loin d'ici... Et je me demandais si tu voudrais bien m'accompagner pour le vérifier...
Frans leva un sourcil.
-Et pourquoi devrais-je te suivre, et surtout pourquoi aller le vérifier nous même ? Nous avons mieux à faire tu sais...
-Oh, pour tout te dire je m'ennuie un peu ces derniers temps, j'ai besoin de me changer les idées, et un petit voyage en mer ne serait pas pour me déplaire !
Le musicien feint la curiosité :
-Soit. Et alors, quel est ce royaume où tu compterais aller ?
-Il s'agit d'Arendelle.
Frans fit semblant d'avaler de travers, bien qu'intérieurement il riait de la naïveté de Christian qui prenait son jeu d'acteur très au sérieux.
-Nous ne sommes pour ainsi dire pas les bienvenus là bas. Une délégation des Îles du Sud risquerait de rentrer enchaînée à un iceberg...
Mais Christian ne pâlit pas, et insista :
-Ce serait pour y aller incognito. Je pense que tout ce dont nous aurions besoin pour renouer les liens entre nos deux nations, ce serait un concert d'amitié ! Qu'en penses-tu ?
Le huitième finit son verre, et déclara :
-C'est une idée des plus intéressantes. Je suis partant !
Christian allait lui lancer un : "Affaire conclue !", mais une voix claire s'éleva derrière eux :
-Je viens aussi !
Les deux princes se retournèrent : ils avaient reconnu la voix de Piotr. Ce dernier s'avança vers eux.
-Je veux aller à Arendelle. J'ai toujours voulu voir de mes propres yeux cette cité dont on m'a tant parlé. Cela doit faire deux mois que je n'ai pas quitté les Îles du Sud, et...
-Tu oublies que nous ne sommes pas vraiment les bienvenus là bas, lança Christian. Je l'ai proposé à Frans pour que nous puissions jeter un coup d'œil discret au niveau musical des habitants, pas pour faire du tourisme !
-C'est un peu juste pour un voyage de deux jours, commenta Piotr... N'y a t-il vraiment rien d'autre que tu veuilles faire ? ajouta t-il d'un ton acerbe.
Christian eut du mal à manquer de pâlir, pensant que le dixième l'avait démasqué. Mais il ne démordit pas.
-Après toutes mes manœuvres en pleine mer, je voudrais faire un petit voyage pas trop loin pour me changer les idées. Et puis... je voulais voir à quoi ressemble ce royaume dont Hans a voulu s'emparer et...
Il arrivait à bout d'arguments. Cependant, Frans lui demanda simplement :
-Pourquoi Piotr ne pourrait-il pas nous accompagner ? demanda Frans. Il peut être plus discret que toi, et s'il faut discuter avec les habitants il serait probablement meilleur diplomate.
Christian retint un regard noir tandis que Piotr regardait Frans d'un air triomphant et redevable. Mais le douzième finit par se dire que deux comparses pouvait être mieux qu'un seul, aussi prit-il un air plus aimable et ajouta :
-Tu as sans doute raison Frans. Piotr, je veux bien que tu nous accompagnes. Mais je vous préviens que nous partirons demain aux premières heures, aussi préparez-vous vite !
Le musicien se leva et commenta :
-Dans ce cas je vais retourner à mes appartements immédiatement. Je vous souhaite une bonne nuit à tout les deux.
Et sans rien ajouter, il quitta le balcon, vite suivit par Piotr. Laissé seul, Christian se surprit à contempler la baie sous la Lune. Il sourit : d'ici peu, une invasion de moustiques comme le pays n'en avait jamais connu allait frapper Arendelle, et entraînant sans aucun doute la fin de la royauté !

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Vendetta à la Sudîllienne Godot-10
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Ven 17 Avr 2015, 16:13
Et la deuxième partie, vraiment plus courte, mais si je l'avais fait d'un bloc vous auriez eu à avaler un chapitre de 8 500 mots Razz


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Le voyage allait bon train et se déroula sans problème. Piotr et Frans passaient la plupart du temps sur le pont à contempler la mer, en parlant de poésie et de la beauté de la nature, tandis que Christian fulminait dans sa cabine. En effet, il s'était rendu compte de son erreur : Frans et Piotr ne lui serraient d'aucune utilité. Pire : il ne pouvait pas leur dévoiler ses intention véritables, et ne pourrait pas les manipuler. Maudissant Mikaël pour avoir suggéré l'idée d'emmener Frans, et lui même pour l'avoir écouté, le douzième commença à réfléchir à une façon d'éviter les ennuis, tout en faisant comme si de rien n'était.

C'est ainsi que lorsqu'ils furent en vue d'Arendelle, Christian fit comme s'ils n'étaient pas là. Il espérait ainsi pouvoir se faufiler discrètement quand ils auraient le dos tourné. A peine les trois princes eurent-ils le temps de débarquer que Christian courut vers la forêt comme s'il avait le diable à ses trousses.
-Que lui arrive t-il ? demanda Piotr. Pourquoi ne veut-il pas visiter la ville ? Pourtant c'est un des plus beaux pays qu'il m'ait été donné de voir !
-Peut-être avait-il besoin de soulager un quelconque besoin... Bon, je vais partir de mon côté pour découvrir les instruments de musique locaux, indiqua Frans.
-Je viens avec toi ! Un peuple si charmant doit certainement avoir une musique tout autant capable de vous toucher au cœur !
Malgré l'air agacé du musicien de la fratrie, les deux frères s'engagèrent dans les rues. A dire vrai, Frans avait oublié l'injonction d'Anders de surveiller Christian, s'étant convaincu au cours de la traversée que l'avant dernier de la famille ne représentait pas la menace que semblait craindre son aîné. De plus, le fait que le deuxième n'avait pas eu le temps de lui expliquer concrètement en quoi consistait sa surveillance ne l'avait pas d'avantage motivé.
Frans et Piotr se retrouvèrent bien vite dans le quartier marchand, qui donnait sur le port. Tandis que Frans se contentait d'observer les étals avec un intérêt relatif tant qu'ils ne s'agissait pas d'objets d'art, Piotr regardait tout avec des yeux émerveillés, comme s'ils les voyaient pour la première fois de sa vie.
-Tu as vu cette façon de tailler le bois ? Pourquoi les ébénistes de ce pays ne sont-ils pas d'avantage réputés ? J'aimerais tant avoir des meubles aussi bien travaillés chez nous...
-N'oublie pas qu'il vaut mieux ne rien acheter, et ne pas nous faire remarquer, rappela Frans le huitième. Nous sommes des Îles su Sud, et si on apprenait notre identité, nous serions tout sauf les bienvenus.
-Oh, mais les habitants ont l'air si serviables, si aimables ! Je serais vraiment surpris qu'ils nous en veuillent d'être du même sang que Hans...
Un mouvement de main de la part du musicien intima à Piotr le dixième de se taire.
-Peut-être, mais je n'ai pas envie d'en courir le risque. On n'est jamais trop prudent. Où peuvent bien se trouver les étals d'instruments de musique ? Ils doivent pourtant en avoir quelques notions, même les hommes des cavernes en avaient !
Les deux princes en étaient probablement assez éloignés, car ils étaient sur une place entourée de vendeurs de fruits et légumes, de poissons et de viande. Piotr suivait assez distraitement son frère, qui était parti tout droit avec détermination. Mais soudain le dixième de la fratrie vit quelque chose qui lui fit mal au cœur : assise dans un coin, une petite fille pleurait. A cause de la foule, personne ne l'avait encore remarquée. N'écoutant que son bon cœur, le jeune prince s'en approcha et lui tendit une main amicale.
-Vous êtes trop jeune pour pleurer autant mademoiselle. Que vous est-il arrivé ?
Etouffant quelques sanglots, l'enfant pu articuler non sans peine :
-Je suis perdue... J'étais venue avec mon papa pour acheter du poisson, mais j'ai vu un bonhomme de neige qui marchait dans la rue, alors j'ai voulu le suivre. Mais je ne sais pas où il est parti ensuite, et quand j'ai voulu retrouver mon papa, il avait disparu aussi !
Après un reniflement un peu bruyant, elle ajouta :
-Je lui avais bien dit que le poisson ce n'était pas bon. A cause de lui je ne rentrerai jamais chez moi !
Le dixième prince sourit avec bonté.
-Allons, il y a fort à parier que votre père est lui aussi très inquiet de vous avoir perdue. A cause de la foule et de la taille du marché, il ne peut pas vous trouver si vous restez assise dans ce coin. Mais j'ai une idée !
Prenant la jeune fille par la main, il la conduisit vers un étal d'accessoires de cuisine.
-Au fait, comment vous nommez-vous jeune fille ? demanda Piotr.
-Astrid Lagerlöf. Mon père est bûcheron.
-Parfait, c'est ce dont j'avais besoin...
Puis, avec assurance le prince interpella le propriétaire de l'étal :
-Pardonnez-moi de vous déranger, mais cette jeune enfant a perdu son père dans la foule. Puis-je utiliser certains de vos instruments ?
-Volontiers seigneur mais... pour quoi faire ?
Sans donner d'explications, Piotr s'empara d'une louche et d'une casserole, puis tambourina fortement cette dernière pour attirer l'attention sur lui. C'était gagné : les habitants aux alentours tournèrent la tête pour voir ce qui se passait. Puis le dixième s'empara d'une corne de brume pour s'en servir de porte-voix, et clama aussi fort qu'il le pouvait :
-La petite Astrid attend son père M. Lagerlöf devant l'étal de cuisine. Merci !
Son idée marcha au delà de ses espérances : les passants se firent passer le mot pour avertir ceux qui ne l'avaient pas entendu, et très vite M. Lagerlöf se précipita vers l'étalage du marchand. Ce furent de de brèves et chaleureuses retrouvailles. Le dixième frère en était très ému, mais parvint à se retenir de laisser ses sentiments déborder. Le bûcheron était très touché lui aussi :
-Merci beaucoup seigneur, merci infiniment ! Mais... d'où venez-vous ? Quel est votre nom ?
Piotr se souvint de l'avertissement de Frans, et bredouilla un rapide mais assuré :
-Je viens des Îles de l'Est, et il est dans notre éducation de venir en aide à tous, aussi petits soit-ils.
Il remercia intérieurement le Ciel du fait que le bûcheron était probablement analphabète, car il aurait remarqué les initiales des Îles du Sud cousues sur sa veste. Pour plus de sécurité il croisa stratégiquement les bras devant ce qui aurait pu le trahir, puis relança.
-Je ne suis qu'un ambassadeur venu faire une rapide visite de votre ville avant mon audience avec Sa majesté la reine Elsa d'Arendelle. Votre art de vivre est absolument magnifique, je ne manquerai pas d'en toucher mot à mes concitoyens à mon retour !
Et, tandis qu'Astrid, son père et d'autres habitants le remerciaient pour son acte, il prétexta devoir rejoindre le reste de sa compagnie, et s'engouffra au hasard dans une rue. Il bénit de nouveau le Ciel qu'aucun des badaud ne se propose de l'accompagner, et poursuivit sa route. Puis il se surprit à lancer :
-Vraiment, je t'avais bien dit que les habitants de cette ville étaient tout à fait charmants. Et toi qui craignait avoir affaire à des rancuniers ! Qui avait raison finalement Frans ? Frans ? Où es-tu ?
C'est seulement alors que Piotr, le dixième enfant de la fratrie des Îles du Sud, se rendit compte que son aîné l'avait perdu de vue depuis un long moment, qu'il était désormais tout seul en territoire inconnu, et qu'il n'avait aucune idée où aller. Le jeune prince fut alors saisit d'une irrésistible envie de pleurer lui aussi qu'il était perdu.

Cependant, Frans, le huitième, n'était pas si loin que ça. Il avait enfin découvert un étalage d'instruments à corde, et les essayait tous, au plus grand émerveillement des badauds qui passaient par là. Certes, il n'était pas aussi à l'aise avec des cordes qu'avec un clavier, mais il considérait que sa formation musicale nécessitait qu'il sache jouer d'à peu près tout les instruments. A sa grande honte, le seul instrument qu'il n'avait jamais pu maîtriser était sa propre voix. Il jouait des airs entraînants avec une telle attention qu'il n'entendit même pas l'appel de Piotr pour la petite Astrid. Après de longues minutes, il fut pris de l'envie de produire un de ses concerts dans cette ville. Mais son instrument étant le piano, il fallait d'abord s'assurer qu'il y en avait un dans le palais royal... Remerciant le marchand et les passants qui l'avaient applaudi, il se dirigea vers ce qu'il supposait être le palais. Le grand édifice de bois était entouré de gardes, mais au vu de la population qui circulait, le huitième supposait qu'il devait être arrivé le jour des audiences publiques. Il se mêla le plus discrètement qu'il pouvait à la foule et tâcha de suivre la vague. Dans des circonstances comme  celle là, il valait mieux faire comme si on savait ce qu'on faisait...
Sa seule préoccupation était de s'enquérir auprès d'un serviteur un peu haut placé si par la plus heureuse fortune il n'y avait pas un pianoforte, ou au moins un clavecin dans cette illustre demeure, et le cas échéant de lui indiquer la marche à suivre pour pouvoir organiser un concert. A cette fin, il décida de se diriger d'abord vers la salle du trône. En général, les majordomes et autres maîtres d'hôtel devaient se trouver non loin de cette pièce... Le reste suivrait indubitablement.

Pendant que ses deux frères faisaient leurs courses au marché, Christian s'était précipité dans la forêt à la recherche des moustiques, ou des ânes aux phèles, comme semblait les appeler Linné... Mais ce qu'il ignorait, c'était qu'en ce début de Septembre, les moustiques étaient beaucoup moins nombreux en plein été.
D'après ses renseignements, ces bestioles vivaient non loin des cours d'eau stagnantes, aussi il s'agissait maintenant d'en trouver un...  Après quelques minutes de recherches, il parvint à un petit étang. Parfait. Il ne restait plus qu'à favoriser la venue des moustiques. A cette fin, le douzième frère chercha dans sa sacoche, pour en tirer un gros morceau de viande, qu'il jeta dans la mare. Il pensait ainsi que l'appât de la nourriture attire tout les insectes à des kilomètres à la ronde. Et du fait que la viande soit trempée, cela devait décourager les bêtes plus grosses, telles que les loups et les ours, de venir par ici (car après tout l'odorat de ces animaux était si développé qu'ils pouvaient très certainement flairer si la nourriture était humide ou non).
Puis, inspectant les lieux, il aperçu plus loin dans la forêt une de ces maisons à moustiques. Enfin, il n'en avait jamais vu, mais il lui semblait bien que c'étaient les moustiques qui vivaient dans ces sortes de ruches. Il s'agissait maintenant de les faire sortir pour se reproduire : s'emparant d'une pierre, le jeune prince visa, et tira. Son tir, d'une grande précision, parvint même à faire tomber la ruche. Bien sûr, ce qu'il n'avait pas tout à fait prévu, c'est que tout d'abord les moustiques n'allaient pas agir selon ses prévisions, qu'ensuite les insectes allaient choisir de l'attaquer en représailles, et enfin que ce ne soient pas des moustiques qui sortiraient de la ruche mais des abeilles très mécontentes. Poussant tout les jurons qu'il connaissait, Christian se rua vers l'étang, et sans aucune précaution plongea tête la première dedans. Malheureusement pour lui, il attira du même coup sur lui les rares moustiques et autres insectes des marais qui vivaient là. Un mal pour un bien : au moins dans l'eau les abeilles ne le pourchassaient pas.
Après s'être assuré que les abeilles étaient bien parties, le douzième quitta son marécage, trempé comme une soupe, et faisant de grands mouvements pour chasser les insectes qui s'acharnaient à le piquer.

Il passa alors au plan numéro deux : simuler une journée d'été. Même si les températures avaient sérieusement commencé à baisser, Christian estimait que, s'il réchauffait la forêt de quelques degrés, sans doute les bestioles allaient sortir de leurs marais. Et pour ce faire, la meilleure solution était de faire un feu.
Le douzième tira de sa poche deux petits morceaux de métal : les Lapons, habitants du grand Nord avaient mis au point ce qu'ils appelaient des allume-feu. Il suffisait de frotter les deux morceaux d'une certaine façon, et on créait des étincelles à coup sûr. Rassemblant quelques branches mortes et des pignes de pain, il forma un petit tas qu'il entrepris ensuite d'enflammer.
Le feu prit rapidement. Hélas, il n'avait pas prévu que les pignes finiraient par éclater, causant un grand bruit effrayant, et surtout incendiant la tourbe présente autour.
Prenant son courage à deux mains, il prit héroïquement la fuite en hurlant « Au feu ! AU FEU ! » aussi fort qu'il le pouvait.
Il ne devait jamais se rendre compte que, s'il était parti sans dire un mot, il aurait pu enfin assouvir sa vengeance.

Pendant ce temps, Piotr s'était mis à errer sur le port. Il avait fait de gros efforts pour se retenir de fondre en larmes, cela ne sciait pas à quelqu'un de son rang, surtout en public. Sans trouver de solution à son problème, il se mit à errer çà et là, sans trop savoir où aller. Il était plongé dans ses réflexions quand il entendit une voix masculine l'interpeller :
"-Vous êtes perdu monsieur ?
Le dixième leva la tête dans la direction de la voix et vit un jeune homme de solide constitution, vêtu comme un montagnard, aux cheveux blonds comme beaucoup de Scandinaves. Il semblait sincèrement se soucier du jeune prince, sans doute à cause de sa riche tenue. Se souvenant de la prestance que nécessitait son rang, Piotr se releva avec élégance, et lui répondit :
-Vous ne pourriez être davantage dans le vrai. Je suis en visite diplomatique avec l'un de mes confrères, mais nous nous sommes perdus de vue au marché.
-Ah, votre coéquipier a dû partir au palais. Je peux voir y conduire si vous voulez...
-C'est inutile, nous en sortions justement ! Il est probablement parti visiter votre charmante ville monsieur… monsieur...
-Bjorgman. Kristoff Bjorgman. Bon, s'il est parti voir les coins touristiques de la ville, il est sûrement du côté de la forêt, il y a plusieurs boutiques intéressantes, comme une bonne auberge ! Vous voulez que je vous y conduise ?
-J'en serais très reconnaissant ! Je suis l'ambassadeur Piotr, des Îles de l'Est.
-Les Îles de l'Est ? Ça n'aurait pas un rapport avec les Îles du Sud ? demanda Kristoff d'un air suspicieux et s'arrêtant soudain.
-Eh bien… géographiquement oui : les îles du Sud, de l'Est, mais aussi de l'Ouest et du Nord forment un vaste ensemble d'îles, communément appelé l'Archipel par nous autres natifs. En vérité, il existe même une sorte de rivalité entre le Sud et le Nord, et l'Est et l'Ouest…
Pensant qu'il tenait là l'occasion de rattraper les erreurs de Hans, Piotr se lança :
-Oh, mais je comprend votre méfiance. Nous avons tous été mis au courant des forfaits abominables commis par le prince Hans des Îles du Sud… Et en toute sincérité nous en avons été choqués ! Qu'un tel acte ai pu venir d'un si bon royaume… En tant qu'Estîllien, je peux vous assurer que nous ne sommes absolument pas des gens aussi fourbes et traîtres. A vrai dire, je connais personnellement des membres de la famille royale du Sud. Certains sont si gentils ! Si serviables ! Saviez-vous que l'un d'eux était un pianiste réputé ? Une des personnes les plus douces que j'ai jamais rencontré…  
Voyant les traits du montagnard se détendre, Piotr marqua une pause, puis remarqua enfin que son interlocuteur était accompagné d'un animal.
-Oh qu'il est beau votre élan ! Comment s'appelle-t-il ?
Ledit animal poussa un grognement offusqué, tandis que Kristoff prit un air un peu choqué :
-Euh… C'est un renne en fait. Et il s'appelle Sven.
-Un renne ? Avec un tel mufle ? Bon, pour les bois ça passe encore, mais pour la taille et la tête on croirait un élan !
Devant l'air conscrit de l'animal, Piotr s'empressa d'ajouter :
-Oh, je suis sincèrement désolé… Est-ce que je pourrais faire quelque chose pour qu'il me pardonne ?
Le renne poussa un nouveau mugissement, que le montagnard traduisit sur-le-champ :
-Il dit qu'il veut bien oublier ce qui s'est passé si vous lui achetez une botte de carottes !
Le dixième sourit, et répondit :
-Eh bien dans ce cas je vais régler ce malentendu immédiatement ! Je crois avoir vu un étal de légumes non loin d'ici, allons-y !
Joignant le geste à la parole, il se dirigea vers le marché, et se procura les carottes tant convoitées, qu'il offrit à Sven. Le renne les englouti goulûment.
-Je crois qu'il vous a pardonné ! lança Kristoff avec un sourire.
-Eh bien, si tout les conflits du monde pouvaient se régler aussi facilement, la Scandinavie serait un territoire de paix… soupira Piotr.

Tandis qu'ils discutaient, ils entendirent un grand cri vers la forêt :
-Au feu ! Fuyez pour votre vie !
Instinctivement, Piotr reconnu la voix de Christian, mais Kristoff réagit spontanément avec d'autres hommes qui étaient sur la place.
-Allez chercher des sceaux, tous à la berge !
-Excusez-moi monsieur l'ambassadeur, mais je crois que je vais devoir vous quitter, il y a urgence !
Cela prit Piotr au dépourvu, mais avant que Kristoff n'ai pu s'éloigner, il s'écria :
-Je… je vais venir vous aider !
-Vous ? Mais… mais ce n'est pas… vous êtes ambassadeur, vous risquez de vous blesser...
Piotr prit un air inspiré avant de lancer :
-Peu importe le rang ou les classes sociales, quand quelqu'un a besoin d'aide il est de mon devoir de l'aider ! Je viens avec vous, que cela vous plaise ou non !
L'air déterminé du dixième acheva de convaincre Kristoff, qui souffla discrètement à son renne :
-Que ça reste entre nous Sven, mais je ne crois pas que ce type vivra bien longtemps…

Du fait de leur éducation militaire, les princes des Îles du Sud avaient tous plus ou moins un physique athlétique. Bien sûr, Piotr était loin d'être le plus musclé de la fratrie, mais sa condition physique était suffisante pour lui permettre de transporter des sceaux remplit d'eau assez vite jusqu'à un traîneau.
De plus, avoir pour frère aîné le général suprême des armées n'était pas de tout repos… Knut tenait à ce que ses frères fassent régulièrement des exercices militaires, et s'occupait personnellement des resquilleurs…
Bref, les habitants d'Arendelle furent assez surpris de voir ce jeune noble leur donner un coup de main avec autant de dynamisme. Très vite, les traîneaux furent chargés en sceaux anti-incendie, et ils partirent vers la direction de la fumée.
Une fois sur place, ils constatèrent que le feu de forêt n'était pas aussi important qu'ils pouvaient le craindre, et le désastre fut rapidement maîtrisé. Il n'y eu aucune victime à déplorer, personne ne fut blessé, quoique dans un élan d'héroïsme Piotr avait jeté sa veste royale sur un reste de feu afin de l'étouffer. Et celle ci fut définitivement fichue quand le jeune prince la martela furieusement du pied pour s'assurer que l'incendie était bien terminé.  
Kristoff et Sven le considérèrent d'un air mi-admiratif, mi-surpris sur le chemin du retour.
-Eh bien monsieur… Merci de votre aide ! lança finalement le montagnard. Je suis quand même désolé pour votre veste…
-Oh, ce n'est rien, il valait mieux que ce soit ma veste plutôt que vous ! J'en trouverai bien une autre.
-Oui, en tout cas merci beaucoup ! Vous passez souvent à Arendelle ?
-Mon emploi du temps est plus ou moins chargé, mais c'était la première fois que je me rendais dans cette ville. Et croyez-moi, je vais m'arranger pour y retourner le plus vite possible. Vous m'avez laissé une très bonne impression, je ne manquerai pas d'en parler à mes confrères !
Ils étaient presque arrivés en ville quand Kristoff lui demanda :
-Au fait, comment vous vous appelez ?
-Piotr des Îles du S… de l'Est, pardon ! J'espère vous revoir très bientôt, je pense que mes confrères doivent m'attendre dans notre bateau, vu l'heure assez avancée… Adieu Arendelle !
Après une poignée de main brève mais franche, le dixième prince reparti en direction des quais, laissant Kristoff faire une discrète remarque à son renne :
-Eh bien Sven, que ça reste entre nous, mais ce type est bizarre…

Une fois sur le bateau, le dixième prince constata que Frans et Christian étaient déjà à bord. Le plus jeune était trempé et semblait fort contrarié. Frans, au contraire, avait la tête dans les nuages, et était pensif. En voyant son frère arriver, Christian ordonna au capitaine de rentrer. Le huitième et le dixième prince se dirigèrent vers le bastingage d'un air vague tandis que le douzième rentrait dans sa cabine pour se changer. Piotr poussa un soupir rêveur :
-Tu ne me croiras jamais, mais j'ai rencontré quelqu'un d'absolument charmant... Les gens de ce pays sont si gentils ! Quelle honte que Hans leur ai causé du tort !
Frans ne répondit pas tout de suite, mais au bout de quelques temps il daigna enfin regarder son jeune frère d'un regard rêveur.
-Et toi tu me croiras encore moins Piotr, mais aujourd'hui j'ai vu une elfe. Enfin, je suis persuadé que c'en était une : sa beauté était si... irréelle. De telles créatures ne sont pas de notre monde, c'est certain...
Puis il eut comme une illumination :
-Il faut absolument que j'en touche un mot à Franz et à Frédéric ! Vite, du papier ! De l'encre ! Ces messages devront partir dès notre retour au château ! "
Et il courut lui aussi s'enfermer dans la cabine pour commencer à écrire. De son côté, Piotr poussa un ultime soupir : il espérait secrètement pouvoir retourner très bientôt à Arendelle, et revoir ces gens qui l'avaient tant charmé par leur bonté.
Après avoir jeté un dernier regard sur le port, le jeune prince s'engouffra dans la cabine pour rédiger quelques pages de son journal intime, pour clore la journée.

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Vous pouvez être aussi intransigeants que vous voulez, je n'ai pas aimé écrire cette deuxième partie, mais maintenant au moins je peux me lancer dans un autre style de narration Razz

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Ven 17 Avr 2015, 22:13
Wow Kal, elle est géniale ta fanfic!! Very Happy
C'est vraiment énorme: j'adore tout!
Evidemment, le personnage de Christian est juste génial: j'ai vraiment l'impression du petit mec colérique à la Joe Dalton qui veut tout le temps faire des plans diaboliques mais qui ne réussit jamais (un peu comme la Team Rocket). Vraiment très bien.
Et puis j'adore ce côté: petits épisodes qui reprennent à chaque fois le même schéma narratif mais qu'on lit quand-même jusqu'au bout parce que les péripéties sont vraiment trop drôles! Ca fait un peu conte, et c'est très cool.^^
J'adore le fait que tous les personnages aient des réactions complètement différente en fonction de leur caractère lorsqu'ils découvrent Arendelle. Bien joué pour ça aussi.
J'ai peut-être eu un peu de mal par moment à me repérer entre tous les personnages, mais ça va on s'y fait vite.
J'ai adoré aussi le coup de Hans qui parle des admira-fictions. bravo
Bref, c'est très bien tout ça! Surtout ne t'arrête pas et continue de poster: moi j'attends la suite!^^

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Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
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Sam 18 Avr 2015, 11:26
Merci pour le commentaire et les encouragements !

Evidemment, le personnage de Christian est juste génial: j'ai vraiment l'impression du petit mec colérique à la Joe Dalton qui veut tout le temps faire des plans diaboliques mais qui ne réussit jamais (un peu comme la Team Rocket). Vraiment très bien.

Ah, c'est amusant pasque je m'étais justement inspiré de Goscinny pour imaginer certains personnages ! Razz

J'ai peut-être eu un peu de mal par moment à me repérer entre tous les personnages, mais ça va on s'y fait vite.

Au début j'avais créé une petite fiche récap qui listait tout les frères dans l'ordre, associé d'un petit descriptif. Si tu penses que c'est mieux je peux le remettre !

Comme maintenant je vais procéder à un changement de narration, les chapitres devraient arriver beaucoup plus rapidement et surtout beaucoup plus courts bravo

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Sam 18 Avr 2015, 11:33
Oh oui, j'avoue que ça m'aiderait sûrement une petite fiche récap.^^
Et puis, ben, vivement la suite quoi! Very Happy

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Sam 18 Avr 2015, 15:16
C'est bon, j'ai ajouté le petit résumé avant le chapitre 1 pour ceux que ça intéresserait Smile

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Mar 21 Avr 2015, 16:01
Bon, voilà la suite, sous le nouveau style.

Par contre, j'avoue que ça réduit drastiquement la taille... en plus du fait que je n'étais pas spécialement inspiré pour la deuxième moitié... Bref, les amateurs d'anime ont l'habitude, voici un épisode filler ! bravo
Et notez que par la magie de la fanfic, le récap des frères d'Hans s'est mis à jour tout seul !

Chapitre 3 : dixième tentative : la fête de l'automne

Beaucoup plus tard dans l'année, vers l'équinoxe d'automne, une grande fête se préparait à Arendelle. A cette occasion, un grand marché et des jeux étaient organisés, ainsi qu'un banquet. C'était une fête importante pour la ville, et leurs Altesses royales ne manquaient jamais de s'y mêler. C'est pour cette raison que Christian se rendit à Arendelle pour la dixième fois en trois mois. Il vint seul, et contrairement aux tentatives précédentes, sans trop d'idées ou de plan particulier. Il se disait que cette fête de l'automne regorgerait forcément de nombreuses occasions de se venger de la famille d'Arendelle.

Mais d'autres événements troublants se déroulaient beaucoup plus loin, dans les Îles de l'Est.
Dans la salle du trône, la reine Maria rendait ses jugements. Sa beauté froide ne laissait personne indifférent dans l'archipel de l'Est : grande et élégante, une peau très pâle, et de long cheveux noirs. Elle répondait aux doléances avec une effrayante sérénité, mêlée d'une certaine froideur. Son visage restait impassible en toutes circonstances, pouvant désarmer un auditoire peu habitué à la souveraine.

Assis à ses côté, le régent du royaume : Anders des Îles du Sud. Quoiqu'il restât silencieux, l'admiration et l'adoration perçait dans ses yeux, rivés sur sa reine.
Son statut inhabituel était une mesure diplomatique à l'intention de Karl, l'aîné du Sud : en effet, il était convenu que ce dernier devait inconditionnellement porter le titre de roi le premier. Aussi, bien qu'un malheureux concours de circonstances ai forcé Maria à monter sur le trône prématurément, son époux devait se contenter du titre de régent, et ne porter vraiment la couronne que lorsque Karl serait devenu roi du Sud et du Nord.

Au premier abord, nombreux étaient ceux qui trouvaient le couple royal très distant et froid l'un envers l'autre, mais une observation prolongée contredisait cette assertion. Maria parlait peu, mais chacune de ses paroles envers Anders était empreinte de douceur et d'affection. Ce curieux comportement, associé à son attitude générale, faisait que les souverains avaient la propriété de rendre gênantes les réunion entres monarques et autres rencontres diplomatiques…

Un exemple typique était la curieuse façon d'Anders de caresser la main de son épouse lors des audiences, ou sa manie de lui faire de temps à autre un baisemain, Maria restant invariablement impassible. Mais lorsque ces formalités monarchiques étaient finies, elle se retournait vers son époux, et certains croyaient voir s’esquisser un semblant de sourire sur ses lèvres.
Mais malgré cet atypique couple, le peule de l'Est chérissait et admirait sa souveraine, et n'en appréciait pas moins Anders, quoiqu'il vint du Sud.

Le soir précédant l'équinoxe, un messager interrompit le couple royal peu avant le dîner. Celui-ci déclara que Knut, le frère cadet d'Anders, était de patrouille sur l'île, et désirait s'entretenir avec le régent.
En ces temps là, Knut était le commandant suprême des armées des Îles du Sud, pour s'être brillamment illustré durant les guerres qui avaient déchiré l'Archipel. En effet, l'Archipel fut pendant longtemps perpétuellement en ébullition, les différentes îles se livrant batailles les unes aux autres (et ce, depuis l'époque épique des vikings).

Cependant, grâce à une rigueur, une stratégie et une volonté de fer, les Îles du Sud parvinrent à conquérir et à dominer successivement les autres îles de l'Archipel, et purent ainsi instaurer un semblant de paix et d'unité. Ils permirent ainsi à l'Archipel de prospérer, et en maintenant plus ou moins les royaumes déjà établis.

Knut s'était personnellement engagé très tôt dans ces batailles, et gagna son statut par son extrême discipline, sa détermination, ainsi que par sa dévotion pour ses soldats. Bien qu'étant gradé, il participait toujours aux combat en compagnie de ses hommes, gagnant ainsi rapidement le respect de toute l'armée.
De plus, l'Archipel étant assez reculé technologiquement, les armes blanches et contondantes furent très longtemps utilisées, aussi Knut se familiarisa t-il avec une masse d'arme assez ancienne, connue dans tout l'Archipel : Gorthaur. Sa fureur était telle que bon nombre de soldats des autres Îles ne nommaient Knut par le nom de son arme, et fuyaient à son approche.

C'est ainsi que Knut devint rapidement l'élément le plus influent de l'armée, ce qui lui valu son titre. Tout dans son attitude montrait son maintient : lorsqu'il se présenta à Anders, il resta droit, et son regard affirmé.
Si ce n'était pas le plus grand physiquement de la fratrie, c'était de loin le plus musclé et sec. Roux comme le reste de ses frères, il postait une barbe finement taillée. De plus, il ne s'était pas marié, de son propre aveu pour ne pas laisser de veuve ou d'enfant sans père. Anders était familier avec ce comportement, aussi ne s'en offusqua-t-il pas. Knut n'attendit pas avant d'informer le régent d'un ton inquiet que ses patrouilles rencontraient encore des résistants de l'Ouest.
-Anders, tu sais que malgré nos efforts, il reste de nombreuses poches de résistance des Îles de l'Ouest. Même si nous avons soumis leur royaume à notre souveraineté, beaucoup de ses soldats ont déserté pour continuer à nous harceler, quitte à s'attaquer à des citoyens de l'Est et du Nord.
-Et le roi de l'Ouest prétend ne rien pouvoir faire pour les ramener à la raison, je sais. Mais pourquoi ne prendrais-tu pas un peu de repos ?
-Je n'aurai de repos que quand je saurais les rebelles soumis jusqu'au dernier. En attendant, je continuerai de mener mes patrouilles régulières dans tout l'Archipel.
-Tu sais que tu ne pourras jamais tous les traquer, et ces patrouilles incessantes dans tout l'Archipel t'épuisent.
-Je ne désire que la paix dans l'Archipel, mon frère. Mais ta sécurité m'importe plus que tout, aussi je t'implore de faire attention à toi : j'ai cru comprendre que des soldats de l'Ouest se cacheraient dans les environs de la cité.
-J'ai entièrement confiance en l'armée de l'Est pour assurer ma sécurité, et je te redis que je m'inquiète pour ta santé. Je t'autorise à rester dîner avec Maria et moi si tu le désires.
-La stabilité que nous sommes censé avoir apporté à l'Archipel est sans cesse compromise. Je n'aurai de repos que que tout ceci sera terminé. Je te remercie de ton invitation, mais je ne peux me permettre de rester : mes hommes m'attendent à la caserne, et je souhaite parler aux soldats de l'Est. Je venais principalement pour te mettre en garde. Maintenant, si tu le permet je vais disposer...

Sans attendre une réponse le militaire partit, ce qui ne surpris pas Anders outre mesure (il avait l'habitude de ce genre de comportement). De retour dans la salle à manger, le régent narra sa discussion à son épouse.
-Malgré toute sa bonne volonté, ton frère ne pourra jamais traquer tout les rebelles de l'Ouest, affirma Maria quand Anders termina son compte rendu.
-Es-tu inquiète, Lune de mes nuits, as de ma main ?
Maria tourna un visage impassible, mais ses yeux exprimèrent la tendresse.
-A tes côtés mon amour, jamais.
Dans un élan d'affection, Anders lui fit un baisemain.
-Les îles de l'Est n'oublient rien, ajouta Maria. Aucun scélérat ne pénétrera plus jamais sur nos terres. Jamais.
Un silence s'imposa après cette dernière remarque, puis ils reprirent doucement leurs activités.  
Le lendemain, le régent aperçu son frère du coin de l’œil dans les rues de la ville, aidant à décharger les bateaux de marchandise, ou à couper et transporter du bois dans la scierie.
Knut, malgré son allure peu avenante, faisait tout ce qu'il pouvait pour s'attirer la sympathie du peuple de l'Est, et ses compliments envers leur bravoure n'étaient pas feints.

Beaucoup plus loin, la fête de l'automne à Arendelle battait son plein. Christian, qui s'était une fois de plus infiltré en cachette, observait les festivités planqué derrière une tonneau.
De nombreux stands étaient ouverts un peu partout, avec des activités assez diverses : un proposait des concours de sculpture sur bois, l'autre était consacré aux instruments de musique, un troisième était centré sur les rennes. C'est vers ce dernier que se dirigea le prince : en effet, il avait remarqué que deux individus importants s'y trouvaient… Le dénommé Kristoff dont Piotr lui avait dit tant de bien, et la princesse du royaume. Bien que c'était soit une fête surtout destinée au peuple, la princesse mettait un point d'honneur à y être présente auprès de ses sujets, après tant d'années passées loin d'eux.
La compétition à laquelle ils assistaient était typiquement lapone : l'exercice consistait à lancer un lasso sur des rennes lâchés dans l'arène, et à les maîtriser. Après avoir observé les participants pendant un moment, Kristoff sembla s'être décidé à se mesurer lui aussi aux concurrents.
Voyant là une occasion rêvée pour porter un rude coup à la Couronne, le dixième prince se mit à cojiter.
Christian eut tout d'abord l'idée de remplacer la lasso par un serpent venimeux, puis il se rendit compte qu'il n'en avait pas sous la main, et que ça risquait donc de poser problème.
Il se rappela alors d'un des récits de voyage d'Anders, qui était un jour allé très loin en Europe de l'Ouest, jusque dans la péninsule ibérique. Il lui avait raconté que là-bas se déroulaient des combats avec des animaux féroces, que des gladiateurs excitaient avec des grands draps rouges. Ou quelque chose dans ce genre là.
Bref, face à des animaux aussi imposants et terrifiants que les rennes, nul doute que cette stratégie marcherait. S'il parvenait à rendre fou de rage un de ces animaux, il provoquerait un incident pouvant avoir de graves répercussions.
Tirant son mouchoir de sa poche, il attendit que les animaux lui fassent face pour l'agiter aussi vigoureusement qu'il le pu.
Cela n'eut pas l'effet escompté : quelqu'un dans la foule pensa que Christian lui faisait des signes pour le rejoindre, et cela aurait rester sans conséquence si ce n'était pas une riche marchande mariée à un mari jaloux qui, dès qu'il aperçu le manège, décida de s'occuper de Christian.
Heureusement, le prince s'en redit assez vite compte, et prit la fuite aussi loin qu'il le pu.
De plus, le malheureux ignorait que les rennes étaient des animaux si stupides que parvenir à en énervait un relevait de l'exploit, surtout avec un petit mouchoir marqué à l'emblème des Îles du Sud.

Quand il sortit de sa cachette (une barque retournée) environ une heure plus tard, il fut très déçu de constater que le couple princier n'était plus sur les rennes.
Errant çà et là pour les trouver, il fut finalement attiré par une musique entraînante du côté de la grande place. Même s'il n'était pas mélomane, il appréciait les danses populaires, ainsi que la musique du petit peuple, plus guillerette que ce qu'on donnait au château. S'approchant, il découvrit une piste de danse géante, où on aurait cru que toute la ville était réunie. Jouant un peu des coudes, il se rapprocha et fut surpris de découvrir qu'au beau milieu, cible de tout les regards, la princesse Anna et Kristoff dansaient.
Tout heureux de les avoir retrouvés, il se mit mit aussitôt à échafauder des plans pour faire d'une pierre deux coups, tout en fixant les danseurs.
Voler un violon et s'en servir comme arc ? Non, trop risqué, les cordes risquaient de se briser et de lui rentrer dans l’œil...
Provoquer une fausse alarme incendie, et quand tout le monde sera sortit de la ville fermer les portes ? Non, il l'avait déjà fait…
Proposer une pomme empoisonnée à la princesse ? Non, trop convenu…
Il était plongé dans ses pensées depuis un très long moment quand une voix l'interpella :
-Excusez-moi monsieur, mais j'ai remarqué que depuis tout à l'heure vous semblez vouloir m'inviter à danser.
Christian sortit brusquement de sa rêverie, et vit la princesse Anna qui le regardait.
-Qui… que… bien sûr que oui, enfin je veux dire… bafouilla t-il.
-Cela fait plus de dix danses que j'accorde à mon fiancé, je peux bien vous en consacrer une si vous le voulez bien, ajouta t-elle avec un sourire.
-Eh bien… euh… oui, pourquoi pas, répondit le prince des Îles du Sud machinalement.
Et sans plus attendre, Anna le prit par la main pour l'emmener plus en avant sur la piste de danse.
L'attitude de la princesse était surtout protocolaire : au vu de son accoutrement, elle pensait que Christian était une personnalité étrangère assez importante, un ambassadeur, ou un diplomate. Il aurait été malvenu de le laisser s'ennuyer tout seul.
De son côté, Christian était plutôt prit au dépourvu. Bien sûr, son éducation princière faisait qu'il devait savoir danser, même si le douzième n'avait jamais aimé cette activité. Mais il n'avait pas vraiment prévu que les choses se déroulent ainsi.

Il se fit la remarque qu'il n'avait jamais été aussi prêt de pouvoir porter la main sur un membre de la famille royale d'Arendelle, mais que, s'il l'étranglait en pleine piste de danse, il avait de fortes chances de se faire attraper et interrompre avant d'avoir pu l'achever.
Il songea à l'idée de séduire la princesse Anna, l'épouser, devenir prince, et quand sa belle sœur et son épouse auraient le dos tourné, mettre le feu au château pendant qu'elles dormaient. Mais il se rappela que, d'une part Hans avait déjà tenté le même coup, sans succès, et d'autre part que la princesse avait déjà un fiancé. Or ce dernier n'avait pas l'air commode du tout, et il aurait fallu à Christian au moins la carrure de Knut pour lui tenir tête.
C'est alors que, plutôt que de chercher des plans tout de suite, il pouvait profiter du moment présent,  car il se rendit compte qu'Anna était une bonne danseuse. Le rythme de la polka était entraînant, et il devait rester concentré. Peu à peu, il se surprit à apprécier le contact de la jeune princesse, sa prise assurée mais délicate, son air radieux, et sa bonne humeur communicative.
Christian se sentit progressivement pris d'une envie de sourire à tout le monde, et même commença à trouver que les cheveux de la princesse sentaient bon.
Il se surpris à se dire qu'après tout, pourquoi se venger sur unes créature aussi aimable, jolie, et dont la senteur lui rappelait les forêt et les prairies où il avait passé son enfance ?
Comment Hans avait-il pu vouloir porter la main sur ce petit oiseau délicat, qui irradiait la bonne humeur autour de lui ?
Ne n'est qu'au moment où il se mit à songer à abandonner sa vendetta que la musique s'arrêta. Machinalement, Christian avait continué à tourner tout seul, mais Anna l'arrêta vite :
-Eh bien… Ce fut très agréable de danser avec vous monsieur. Si vous permettez, je vais aller retrouver mon fiancé et la reine. Merci encore, j'espère vous revoir très bientôt à Arendelle !
Et sans dire un mot de plus elle se retourna et partit dans la foule. Christian leva la main pour la retenir, mais au même moment la musique reprit, et une ambassadrice de forte carrure empoigna la main du prince pour danser avec lui.
Un tel affront le mit fou de rage, d'autant plus que sa cavalière ne cessait de pousser des gloussements ou de lui marcher sur les pieds. Il jura alors solennellement de ne jamais revenir sur sa décision et de mettre à bas la famille royale d'Arendelle, de provoquer sa ruine, et de ne plus jamais danser avec une princesse.

Dès que son calvaire fut terminé, il se précipita vers le navire, d'humeur massacrante. Il se savait trop énervé pour tenter quoi que ce soit ce jour là. Il ordonna au capitaine de mettre les amarres, et rentra aux Îles du Sud.

Quelques jours plus tard, aux Îles de l'Est, Anders et Maria reçurent un messager peu après le dîner. C'était le capitaine du vaisseau de Christian. Depuis longtemps au service du diplomate des îles du Sud, il l'informait de tout les faits et gestes du douzième membre de la fratrie. Expliquant que le jeune homme avait de nouveau tenté de ruiner Arendelle, Anders l'interrompit, le remercia puis lui demande de disposer. Un fois seul avec sa femme, il se releva et annonça avec gravité :
-C'en est assez, cette fois je n'ai plus le choix…
S'approchant de la fenêtre, il laissa perdre son regard, avant de revenir vers son épouse.
-Je vais aller à Arendelle, pour tenter de rétablir les relations diplomatiques entre nos deux pays. Si Christian déclenche un incident, ce sera la fin définitive de nos rapports. Si je regagne la confiance de la reine, alors nous pourrons surveiller Christian, et peut-être éviter un conflit supplémentaire dans l'Archipel.
Maria détourna son regard. Ses yeux exprimaient une profonde peine, qu'elle tenta tant bien que mal de cacher.
-Où que tu ailles, mon cœur t'accompagnera. Te savoir si loin me désole, mais la sécurité de nos peuples passe avant tout. Pars le plus tôt possible, et revient vite.
Anders s'empara de la main de sa femme et la baisa tendrement.
-Crois-tu que chaque instant loin de toi me sois agréable ? S'il me l'étais possible, nous partirions ensemble. Hélas, une couronne nous sépare. Je te retrouverai dès que l'opportunité m'en sera permise.
Maria se retourna et lui lança un regard empreint d'affection.
-Qu'il en soit ainsi. Rencontre la reine de glace, et prouve lui que la chaleur d'un cœur ne peut jamais geler.

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Vendetta à la Sudîllienne Empty Re: Vendetta à la Sudîllienne

Mar 21 Avr 2015, 22:19
Ce chapitre était super: toujours très bien écrit. Very Happy
Les passages avec Anders et Maria apportent plus de gravité et de sérieux à l'histoire: j'ai bien aimé ce changement de ton.
Mais j'ai toujours adoré le passage avec Christian: vraiment pas doué ce mec. XD
En tout cas, la fin me donne bien envie de connaître la suite.
Vivement le prochain chapitre! bravo

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Vendetta à la Sudîllienne Empty Re: Vendetta à la Sudîllienne

Sam 09 Mai 2015, 16:01
Bon, malgré mes obligations j'ai pu prendre un peu de temps pour rédiger plus ou moins le chapitre suivant.
Vous pouvez poster un avis négatif si vous voulez, y'a pas mal de choses à dire, ça fait longtemps que je n'ai pas défendu mes positions Razz

Chapitre 4 : Diplomatie sudîlienne


Peu de temps après sa décision, Anders quitta les Îles de l'Est pour Arendelle, juste après avoir reçu une autorisation très protocolaire et froide de la reine Elsa à obtenir un audience. Ses adieux à Maria furent assez pénibles, d'autant plus que le temps risquait de tourner à la tempête. Mais son équipage était confiant, et affirmait qu'ils auraient le temps d'arriver à Arendelle, d'y rester un jour ou deux, et de rentrer.
Le trajet se déroula sans accroc, le temps restait menaçant, mais calme. Après trois jours de navigation, Anders parvient à la capitale du royaume, vers la fin de l'après-midi. Une fois s'être fait annoncer, il entra dans la salle du trône. La souveraine avait prévu cette entrevue importante, et avait fait en sorte de se retrouver quasiment seule à seule avec le diplomate.
Installée sur son trône, la reine toisait le deuxième avec un regard se voulant sévère, tandis que ce dernier s'approchait progressivement d'elle. Sa Majesté avait opté pour sa robe gelée, sans doute pour affirmer sa position de magicienne. Malgré toute son expérience, le régent de l'Est se sentit mal à l'aise. Tout en la craignant, il constata que les légendes qui décrivaient sa beauté glaciale étaient fondés.
Aux côtés se tenait également la princesse Anna, qui affichait une mine loin d'être accueillante. Anders comprit que le souvenir de la trahison était encore très ancré dans l'esprit de la famille royale.
Une fois suffisamment près, il fit une grande révérence, comme le voulait l'usage. Avant qu'il ait pu parler pour les remercier de leur autorisation à s'expliquer, la reine Elsa lui lança d'un ton sec :
« -Vous êtes bien courageux de venir en ces lieux pour défendre les Îles du Sud après ce qui s'est passé. Le prince Hans, votre frère, a commis en ce royaume un acte irréparable, qui le condamnerait à une très lourde peine s'il était ici. J'ai gracieusement accepté votre demande, pour donner une chance aux Îles du Sud de s'expliquer, mais sachez qu'il vous faudra d'excellentes raisons pour ne pas être renvoyé dans votre royaume immédiatement.
-D'autant plus que nous avons appris que c'est vous qui avez jugé le prince Hans, et que votre sentence était loin d'être à la hauteur de son crime, ajouta la princesse Anna.
Le diplomate s'inclina de nouveau.
-Au nom de la royauté des Îles du Sud, je vous présente à nouveau mes plus sincères excuses. J'aurais tant voulu assister à votre couronnement à sa place, et jamais je n'aurais imaginé qu'il puisse commettre un tel crime… Mais je pense que les Îles du Sud ont autant besoin d'Arendelle qu'Arendelle a besoin des Îles du Sud, et j'ai l'intention de vous le montrer !

L'audience fut tout d'abord très protocolaire. Anders commença par des arguments très diplomatiques, économiques, en y mêlant des intérêts politiques. Mais la position de la souveraine restait ferme, et appuyée par la princesse : les relations ne reprendraient pas, à cause des méfaits de Hans.
Comprenant qu'il ne pourrait progresser ainsi, le diplomate eut une idée, et tenta le tout pour le tout :
-Votre grief est tout à fait compréhensible, mais puis-je vous poser une question votre Majesté ?
-Même si je sais que ce serait impossible… Si la princesse Anna avait commis un crime aux Îles du Sud… Auriez-vous pu la condamner à la prison ? La savoir dans un cachot sordide, pour des années, avec des barreaux pour seule source de lumière, du pain rassis et de l'eau bouillie pour seule nourriture ? Un espace réduit, un fétus de paille pour dormir ? Ou la savoir condamnée aux travaux forcés, ou à ramer dans une galère ? L'imaginer souffrant tout les jours de son existence, même si vous savez qu'elle a fait quelque chose de mal ? Voire même lui faire subir l'exécution capitale ? Dites moi, si vous en auriez eu la force ?
Le regard profondément gêné de la reine et de la princesse lui servit de réponse. Anders reprit :
-Je sais le mal qu'il a pu vous causer. Mais, malgré tout ces abominables actes… Hans est et restera mon frère. Nous partageons le même sang. Je l'aime tout autant que mes autres frères. Jamais je n'aurais pu supporter de le savoir souffrant dans des conditions déplorables. Il a agit ainsi par notre faute à tous. Par ma faute. Je n'ai pas pu être là aussi souvent que j'aurais pu lors de son éducation. Mes autres frères ne sont pas faciles non plus, mais cela n'excuse en rien ce qui s'est passé.
Les deux sœurs se consultèrent du regard : même s'il était de la même famille que le prince honni, il n'avait pas tout à fait tort dans ses justifications. Après quelques instants, Elsa prit la parole :
-Excusez moi seigneur Anders, je souhaiterais m'entretenir seule à seule avec la princesse.
-C'est moi qui m'excuse, je vais me rendre dans le hall.
Une fois reparti, Elsa se tourna vers sa sœur, le regard assez grave :
-Anna… Je pense qu'on peut lui faire confiance. Il y avait du vrai dans ce qu'il a dit. Et puis je ne pense pas qu'il ait une raison de nous vouloir du mal.
-Je sais qu'il a dit des choses justes mais… Hans aussi était un beau parleur, mais pourtant il a voulu nous tuer ! Qui te dit qu'Anders n'est pas comme lui, qu'il n'essaye pas d'endormir notre vigilance ?
-Je comprends ton ressentiment, mais ne peut-on pas lui donner une chance ?
-Tu as entendu ce qu'il a dit : plusieurs de ses frères ont un caractère difficile. Et si l'un d'eux était comme Hans et cherchait à se venger de nous ?
-Allons, ne sois pas ridicule, si tel est le cas nous l'aurions remarqué depuis longtemps à mon avis. Ne veux-tu vraiment pas au moins donner une chance à Anders ?
-Non, il me paraît trop suspect. Ce soudain intérêt pour Arendelle n'augure rien de bon pour nous, j'en suis sûre.
-Très bien, si tu ne veux pas reprendre contact avec les Îles du Sud, il en sera ainsi. Je n'ai plus qu'à lui demander de partir.
En se rendant dans le hall, elle trouvèrent Anders en train d'étudier les tableaux accrochés au mur. Les voyant arriver, il se dirigea vers elles. Mais Elsa le coupa dans son élan et lui annonça d'un ton assez sec :
-Je suis vraiment navrée seigneur Anders, mais nous maintiendrons notre position. Les relations entre Arendelle et les Îles du Sud ne reprendront pas.
-Je ne peux pas vous en blâmer, votre Majesté.
-Et… et je vous demanderais de repartir chez vous le plus tôt possible. Immédiatement.
Un air entre déçu et surpris s'afficha sur le visage du deuxième prince.
-Comme il vous plaira, reine Elsa. Je repars tout de suite.
Suivant le protocole, Elsa et Anna l'accompagnèrent dehors tandis qu'il quittait le château. Mais une fois dans le village, le ciel était noir, et un énorme bruit se fit entendre : vers le large, un violent orage venait d'éclater. La pluie menaçait la ville, et sur la mer les vagues s'agitaient. La stupeur frappa de même Elsa. Le capitaine du navire s'avançait justement en direction du groupe.
-Ah, seigneur Anders, j'étais à votre rencontre ! Une tempête est en train de se déchaîner, nous ne pouvons repartir !
-Oh, voilà qui est fâcheux, la reine vient de m'intimer de quitter immédiatement le pays…
Elsa resta stupéfaite un instant, puis prit Anna à part :
-Je sais que ça ne va pas te plaire, mais nous ne pouvons pas laisser partir Anders. Déjà parce qu'aucun marin ne voudra y aller, et d'autre part car ce serait l'envoyer à une mort certaine, et c'est la dernière chose dont nous aurions besoin. Je suis désolée, mais il doit rester au château. Son statut est trop important pour le faire dormir en ville, ce serait un affront irréparable.
-Mais…
-Mais c'est un roi ! Couronné ou pas, il dirige un royaume, et nous sommes les souveraines d'Arendelle. Il n'a commis aucun acte répréhensible ici, donc nous devons le traiter avec tout les honneurs possibles.
Evinçant Anna, elle se dirigea vers le diplomate.
-Seigneur Anders, au vu de la situation, je me vois obligée de reprendre mon ordre. Vous serez le bienvenu au château aussi longtemps que la tempête vous y retiendra.
Le deuxième prince fit une profonde révérence.
-De toute ma vie je n'ai eu que peu d'honneurs aussi grands que de séjourner à Arendelle. Soyez assurée de ma reconnaissance éternelle pour votre bienveillance, Majesté.
-Pas de flatteries je vous prie, je vais ordonner aux serviteurs de préparer vos appartements, vous n'aurez qu'à les suivre.
-Je vous en remercie encore.
Et, en retournant dans le château, Anders souriait intérieurement : la chance était en train de tourner en sa faveur. Comme dans une partie de carte, il fallait saisir l'opportunité, et placer la bonne carte au bon moment. De cette providentielle tempête résulterait ou pas la réconciliation avec Arendelle.

Le protocole royal stipulait que lorsque la souveraine recevait un invité aussi important qu'un monarque, même factice, elle devait l'inviter à partager son repas avec elle. Et, bien que cette perspective ne l'enchantait pas plus qu'Anna, elle était tenue de la respecter. Anders n'était pas directement responsable des agissements de Hans, et ce serait mauvais pour la réputation de la reine si elle dérogeait à ses traditions.
Une fois que les serviteurs eurent conduit Anders à la table royale, et que la reine lui eut sèchement autorisé à s'y asseoir, un silence commença à s'installer tandis que les plats arrivaient. Mais Elsa finit par le rompre en commençant une conversation très protocolaire et habituelle entre monarques.
Le deuxième avait vu qu'il ne pourrait pas gagner leur confiance par des arguments classiques, économique ou autres. Il faudrait user de meilleurs moyens. Cherchant silencieusement une idée tandis qu'il maintenait la conversation, il finit par annoncer assez nonchalamment :
-Je ne reviendrai pas sur ma famille proche, mais vous devez savoir que l'Archipel a une longue histoire de violence et de coups d’État sanglants derrière lui… Savez comment mon épouse, la reine Maria, a accédé au trône ?
-J'en ai entendu quelques versions, expliqua Elsa. Il est vrai qu'elles étaient toutes empreintes de sang, mais je n'ai jamais pu les croire.  
-En effet, on a du vous raconter plusieurs histoires, plusieurs versions plus ou moins exactes… Mais maintenant je vais vous dire ce que personne d'autre n'a pu vous raconter.
« Les Îles de l'est furent les premières à se rendre sous l’hégémonie du Sud. Cependant, contrairement au Sud, elle bénéficiait d'une monarchie établie depuis longtemps, avec une importante famille royale, et très aimée de son peuple. Et, comme le veut la coutume, pour consolider les liens entre deux pays, un mariage entre deux personnalités royales permettrait d'éviter toute future trahison...
Cependant, le roi du Sud, Valdemar, savait que ce serait une très mauvaise idée de remplacer les dirigeants par un de ses fils, aussi il s'est arrangé pour trouver la femme idéale dans la famille royale de l'Est : Maria, troisième fille du roi, cinquième dans l'ordre de succession (et encore, si ses frères et sœurs aînées n'avaient pas d'enfants !). Ainsi, un lien existerait entre le Sud et l'Est, mais ne viendrait pas entraver la succession déjà établie.
« Puisque Karl, mon unique frère aîné, était dévolu à prendre la couronne du Sud, et aussi parce que Valdemar projetait de le marier avec l'héritière du Nord (ce qui se fit plus tard), ce fut moi, le deuxième fils, qui fut promis à Maria. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer ce que ça fait d'être marié sans son consentement, à quelqu'un qu'on a jamais vu, mais pour ma part mille questions m'oppressaient. A quoi ressemblait Maria ? Quel était le son de sa voix ? Quels étaient ses centres d'intérêt ? Etait-elle une musicienne, ou aimait-elle la peinture ?
« Toutes ces cérémonies me semblaient très précipitées, aussi fomentais-je un projet : pendant longtemps avant le mariage, je venais discrètement dans les Îles de l'Est, et j'étudiais sa géographie avec attention. Mon idée était que, durant la nuit de noce, plutôt que d'aller dans la chambre nuptiale, j'emmène Maria loin du château, dans un endroit tranquille et reculé, afin que nous puissions discuter, et faire plus ample connaissance, plutôt que de consacrer les années suivantes à en apprendre lentement l'un sur l'autre.
"Le jour de la cérémonie, tout se déroula comme je l'avais prévu. Père et quelques autres de mes frères étaient présents, ainsi que toute la famille royale de l'Est.
Je ne vous parlerais pas de mes impressions quand je découvris Maria, cette madone, quand elle se dirigea vers moi sous le regard de toute l'assistance.
Peu après le bal organisé, je mis mon plan à exécution tandis que tout le monde nous croyait parti dans la chambre nuptiale. Je nous conduisit loin du château et de la ville, dans une petite crique que j'avais découvert, loin de tout. Nous y avons passé la nuit à parler de nos vies, de nos pays, de nos familles… Ce fut une incroyable soirée.
"Mais il y avait une chose que j'ignorais, et que personne n'avait prévu : parmi les serviteurs et les soldats présents au château, un nombre très important étaient des espions de l'Ouest. Ces Îles n'avaient jamais pardonné à l'Est de s'être rendu aussi vite, et lors de la nuit de noces, alors que tout les convives étaient endormis, ils assassinèrent froidement et simplement toute la famille royale de l'Est.
Tous, à l'exception de Maria, et de son nouvel époux, qu'ils ne purent retrouver. Sitôt leur forfait accompli, ils s'enfuirent vers leurs Îles, car une bonne partie de l'armée du Sud, Knut et Valdemar compris, avaient assisté à la cérémonie, et ils savaient leur fureur terrible.
"Le lendemain, le peuple entier était en deuil, et ma disparition avait contribué à mettre mon frère cadet dans une colère noire, le poussant à partir immédiatement au Sud pour rassembler l'armée et déclarer la guerre à l'Ouest.
Quand Maria et moi revinrent de ce qui fut une soirée merveilleuse, à discuter sous la lune… Je n'arrive pas à trouver de mots pour décrire notre état de choc. A l'horreur se succéda la joie sur le visage du peuple de l'Est : leur princesse chérie était encore en vie.
"Je ne sais pas comment était Maria avant cet incident, mais ce jour là je compris que quelque chose venait de se briser en elle. Elle devait endosser un rôle pour lequel elle n'était pas préparée. Elle avait en une nuit perdu toute sa famille, à l'exception de l'homme qu'elle avait épousé la veille.
Sitôt après, le Sud déclarait pour de bon la guerre à l'Ouest, dont je vous passerai les détails.Pendant ce temps, Valdemar participait autant qu'il le pouvait à l'éducation de Maria, qui fut couronnée peu après le désastre.
Pour les raisons que vous connaissez sans doute, je ne reçu pas la couronne de l'Est, même si j'assistais à de nombreuses leçon avec Maria. J'ai maintenu mes fonctions de diplomate et de juge, bien que je préférais passer mon temps à l'Est, auprès de ma chère épouse.
Il se tut. Plus un seul bruit ne rompait le silence qui s'était installé. La princesse avait baissé la tête, et la reine avait un air à la fois grave et choqué. Le deuxième prince conclut :
-Votre Majesté… Vous pouvez donc me croire quand je vous dis que je comprend ce que ça fait de supporter le poids d'un royaume beaucoup trop tôt. Je l'ai vu sur le visage de Maria, je l'ai enduré personnellement, avec l'aide de Père, qui malgré les réticences de Karl m'a formé au métier de roi auquel il ne me destinait pas.  
Ce furent à la fois les années les plus pénibles et les plus belles de ma vie, auprès de ma nouvelle épouse. Mais, tandis que j'avais un soutien dans ces durs moments, j'imagine à quel point ce dû être difficile pour vous, qui vous contraigniez à rester seule pendant tout ce temps. Sachez que, malgré notre différence d'âge, d'origine et d'éducation, je compatis sincèrement à votre douleur, et j'espère que vous n'aurez plus à affronter de tels tourments.
Il fallu un certain moment avant qu'Elsa n'arrive à répondre, la gorge serrée :
-Je vous remercie.

Le reste du repas se déroula très silencieusement. Anders remarqua que même Anna lui lançait de temps en temps un regard navré. Puis, une fois que la table fut desservie, Elsa se leva pour déclarer :
-Il est maintenant temps de nous séparer, seigneur Anders. Je vous souhaite bonne nuit.
Mais le diplomate se saisit de l'occasion :
-La soirée n'est que peu avancée, avec votre permission je souhaiterais vous proposer un divertissement.
La reine leva un sourcil soupçonneux, même si la curiosité pointait sur son visage. Même Anna semblait intriguée.
-Quel genre de divertissement seigneur Anders ?
L'intéressé jeta un regard large sur leurs Altesses avant de proposer :
-Nous sommes trois. C'est un bon chiffre pour jouer au tarot… Qu'en dites vous ?
-A vrai dire, nous ne savons pas les règles de ce jeu. Je suis d'avantage habituée aux jeux d'échec.
-Voudriez vous que je vous apprenne les règles ? Il s'agit là d'un des jeux les plus nobles que je connaisse, et qui reflète très bien la réalité des manœuvres lorsqu'on dirige un royaume, ou une armée.
-Vraiment ? Vous m'intriguez seigneur Anders. Ce sera avec plaisir que j'accepterai de jouer avec vous. Qu'en penses-tu Anna ?
Si la princesse sembla un peu réticente au départ, la motivation d'Elsa eu raison d'elle.
-Très bien. Je vous écoute.
Comme un prestidigitateur, Anders tira de sa poche un paquet de cartes
-Comme tout jeu de cartes, il y a quatre royaumes. Celui du cœur, du pique, du trèfle et du carreau. Tous sont composés de leur petit peuple, avec à leur tête roi, reine, cavalier et valet. Mais, malgré toute leur valeur, il y a des choses qu'ils ne peuvent vaincre. Des forces contre lesquelles un simple mortel doit fléchir. Ces forces, ce sont les atouts !
Il dévoila alors vingt-deux cartes numérotées de zéro à vingt-et-un, illustrées de tableaux très divers.
-Ces cartes sont plus puissantes que n'importe quel couleur. Même les rois doivent ployer sous le jour des atouts. Ces cartes maîtresses régissent le jeu. Mais même parmi les puissants, il y a des règles… Les atouts ont une puissance égale à leur valeur numérique, permettant de départager si plusieurs personnes jouent ces cartes.
Parmi toutes les cartes du tarot, il y en a trois qui sont très importantes, et peuvent faire la différence entre une victoire ou un échec.
D'un rapide mouvement de main il fit sortir une première carte de sa manche. C'était l'atout numéro vingt-et-un.
-La carte la plus puissante, celle au sommet. Rien ne peut l'arrêter, rien ne peut vous sauver de son emprise. Cette carte, c'est le Destin, implacable, qui écrase tout, auquel on ne peut se soustraire. Si on essaye de prendre des chemins détournés, il finira toujours par vous ramener vers lui. Celui qui possède le vingt-et-un dans sa main est sûr d'obtenir le pli, s'il a la possibilité de jouer cette carte.
De l'autre manche, il fit sortir l'atout numéro zéro, symbolisé par un joueur de luth.
-La carte qui ne peut rien vaincre, mais que rien ne peut vaincre. Le zéro, l'excuse, celle qui peut sauver la situation si les circonstances l'exigent. En se sacrifiant pour une autre carte, elle peut changer le cours de la partie. Elle n'a aucune valeur propre, elle ne sert à rien en soi, mais c'est son utilisation qui fait d'elle un atout redoutable. Le zéro, c'est la Chance, qui se présente au moment où on s'y attend le moins, et qu'il faut savoir saisir. On ne peut s'en servir pour vaincre quelque chose, mais elle peut sortir des pires embarras. Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire ayant cette carte : c'est la façon dont elle est utilisée qui montre les qualités d'un joueur.
Enfin, il fit un rapide mouvement de la main pour faire apparaître l'atout numéro un.
-Et mon préféré. Le plus faible de tout les atouts. Il ne peut rien contre ses semblables. S'il reste plus fort que les couleurs, il est cependant exposé à tout les dangers. Car qui a gagné le petit a de grandes chances d'emporter la partie. Tout les atouts se battent pour l'obtenir, mais si le numéro un parvient à percer… Il est libre et vainqueur. C'est l'Avenir, dont le destin est incertain, et que tous veulent obtenir. Nul ne sait s'il s'en sortira ou pas, mais chacun préfère l'avoir avec soi. Il faut savoir redoubler d'habileté pour passer le petit, et grande est la fierté du joueur qui s'en sort.
Il remarque alors que ses hôtes avaient l'air perdues.
-Préféreriez-vous que je vous fasse la version simple ?
-Hem… oui, plutôt !
Anders sourit, et ajouta :
-Eh bien… commençons!"

La soirée était bien avancée quand les monarques se séparèrent. Anders les avait diverties tout le long de la soirée avec des histoires et des anecdotes, et même Anna semblait commencer à l'apprécier.
La tête encore pensive et réfléchissant à ce qu'Anders lui avait raconté, Elsa ouvrit la porte de sa chambre verrouillée. Elle venait d'entrer quand un mouvement près de son lit la fit sursauter : suspendu à son baldaquin, quelqu'un était en train de se balancer tête en bas.
La reine se mit aussitôt en position de défense :
-Qui que vous soyez, partez, ou vous recevrez la morsure du froid !
En l'entendant, cette forme tomba souplement sur le sol, et se releva. La faible luminosité permit cependant à Elsa de voir que c'était un homme, plutôt jeune. Son accoutrement était des plus inhabituels : une moitié de son costume était plutôt bleu royal, l'autre rouge sang, avec des formes géométriques un peu partout.
Sa peau était extrêmement pâle, et ses yeux d'un bleu très clair. Mais le plus frappant était sa chevelure entièrement blanche, coiffée en une queue de cheval. Son regard n'exprimait aucune crainte, plutôt un intérêt amusé.
Ne cédant pas à la panique, Elsa relança :
-Qui êtes-vous, et que venez-vous faire ici ?
L'inconnu tourna la tête d'une étrange façon, avant qu'un sourire aimable éclaire son visage.
-On m'appelle de nombreuses façons. Certains me nomment le Fol. D'autres « celui là ». Mais le nom que je préfère est Edvard, septième prince des Îles du Sud. Quant à ce que je suis venu faire ici… Eh bien j'espérais vous rencontrer, Majesté. Vos exploits sont connus par delà les horizons lointains, et la curiosité est un défaut dont je n'ai jamais réussi à me défaire…
Il semblait observer avec curiosité Elsa, comme quand on ausculte une peinture célèbre dont on a entendu parler.
-Comment êtes-vous entré ? Ma porte est toujours verrouillée, et les entrées du château sont gardées. Je ne me souviens pas que vous ayez été annoncé…
Edvard attendit quelques instants, puis désigna la fenêtre de la chambre, qui donnait sur l'orage qui était toujours aussi violent. La reine remarqua alors qu'effectivement, ce curieux personnage était trempé. Avant qu'elle n'ai pu ajouter un mot, celui-ci fouilla dans un poche, et en sortit une magnifique fleur bleue aux reflets noirs, qu'il tendit à Elsa.
-Je vous ai apporté un cadeau. Cette plante a de nombreux noms, mais j'aime l'appeler ombrelune, parfois Belle-de-Lune si le temps s'y prête. Les sorcières l'utilisaient pour guérir des maux les plus tenaces. Elle pousse souvent à des endroits incongrus : je l'ai trouvée quelque part sur votre toit, pendant que je m'y promenais.
-Vous… vous vous promenez sur le toit des gens ? Mais vous auriez pu vous tuer ! Avec cette tempête dehors… Êtes-vous vraiment inconscient des dangers ?
Edvard prit soudainement un air grave, et répondit.
-Je sais ce que je fais. Je connais les risques, mais aussi les bénéfices. Je savais qu'en allant sur les toits je risquais de tomber, mais il me fallait trouver cette fleur, et vous rencontrer. Je pense que, parfois, il ne faut pas voir les risques à encourir comme un mur, mais plutôt comme un obstacle à surmonter. Si la récompense à l'arrivée peut en valoir la peine, alors ces risques peuvent être encourus. Avoir peur de tomber est normal pour l'équilibriste, mais si on ne pense plus au vide, et que l'on regarde l'arrivé, tout se passe bien. Je pense que vous devriez agir ainsi Majesté. Parfois nous avons peur de ce qui peut nous arriver, et cela nous empêche de voir tout le bien qu'on pourrait tirer si on prend ce risque.
Et sans rien ajouter, il se dirigea vers la fenêtre.
-Attendez, arrêta Elsa, où allez-vous ?
-Vous avez dit que la porte était fermée, alors je pars par là où je suis entré !
-Mais…
Avant qu'elle ai pu faire quoi que ce soit, Edvard s'esquiva dans la nuit et la pluie. La reine se précipita vers la fenêtre, mais il avait déjà disparu. Songeuse, elle ferma soigneusement sa fenêtre et partit se coucher en réfléchissant à ce que cet étrange personnage lui avait raconté.

Le lendemain, l'orage s'était tout à fait calmé comme par enchantement. Avant qu'Anders ne quitte ses appartements, Elsa se rendit dans la chambre d'Anna. La réveiller ne fut pas une mince affaire, mais une fois parvenue, elle discuta avec sa sœur sur la conduite à tenir avec le diplomate. Après s'être un peu éveillée, Anna confia que le prince lui avait malgré tout fait une bonne impression, et consentit à lui laisser une chance.
Ce n'est qu'une fois que la reine retrouva Anders dans le hall qu'elle lui annonça la bonne nouvelle. Ne pouvant s'empêcher d'abreuver Elsa et Anna de remerciement, il leur informa qu'il repartira immédiatement pour le Sud, afin de prendre de nouvelles mesures, et de communiquer régulièrement avec Arendelle.
Contrairement à son départ, son retour fut plus rapide. Après avoir salué leurs Majestés, Anders embarqua et leur fit adieu depuis le pont, avant de rejoindre sa cabine.
Une fois confortablement installé, le prince eut la surprise d'entendre toquer à sa fenêtre. Allant l'ouvrir, il découvrit son jeune frère Edvard qui entra sans permission préalable.
« -Je ne m'attendais pas à te trouver ici Edvard. La dernière fois que nous nous sommes vus tu partais explorer les forêts du continent.
-Et j'ai pu apprendre beaucoup de choses, roi sans couronne. Mais j'ai tenu à faire un petit détour sur le chemin. Ne me demande pas comment, mais j'ai appris que tu rendais visite à la reine des Neiges, et je voulais moi aussi voir à quoi elle ressemblait. Pour que nous soyons au moins trois dans la fratrie à pouvoir nous vanter d'avoir vu sa beauté !
-Et je pense que tu n'es pas non plus étranger à son changement d'avis politique concernant l'Archipel… Même si j'ai aussi eu mon rôle à jouer.
-Peut-être que oui, peut-être que non. L'avenir est quelque chose de si insaisissable… Il n'appartient qu'à nous de savoir jouer avec les cartes que nous avons en main pour gagner la partie et assurer la paix pour nos royaumes.
-Je n'aurais pas su mieux dire mon frère, répondit Anders avec un sourire."
Sur ces mots, les deux princes regardèrent silencieusement Arendelle s'éloigner de leur vue, le cœur plein d'espoir pour le futur.

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Sam 09 Mai 2015, 19:19
Comme promis, je me suis mis à lire ta fic.

Alors, pour tout te dire, lorsque j'ai vu que ta fic ne mettrais pas en évidence Elsa et compagnie bah, j'avoue que cela m'a étonné, voir déplu. Mais j'ai quand même fait l'effort de lire ton premier chapitre, et je dois dire que je l'ai trouvé tout bonnement génial. C'est super bien écrit, et le caractère que tu as su donner à chacun des frères est vraiment super bien foutu. J'ai aussi explosé de rire à certains moments de l'histoire car j'ai trouvé certains passages vraiment marrant quoi !

Bref, ce chapitre est tout bonnement excellent, et malgré le fait que tu ne mettes pas en avant Elsa et compagnie, je m'attaquerais aux autres chapitres quand même. Voilà, tu viens de gagner un nouveau lecteur l'ami.
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Sam 09 Mai 2015, 20:15
Déjà merci beaucoup d'avoir donné sa chance à ma fic, je suis content que tu aies essayé de la lire ! Smile

D'autant plus que ce premier chapitre est pour l'instant le seul que j'ai pu écrire comme je le voulais du début à la fin, mais j'espère que les suivants pourront suivre plus ou moins cette forme. Le moins sérieux aussi !

Bref, merci encore d'avoir lu et commenté ce premier chapitre, ça me fait plaisir de t'avoir comme lecteur ^^

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Lun 11 Mai 2015, 12:58
Chapitre 4 lu!^^
Eh bien je suis désolé si je te déçois Kal, mais je n'ai rien trouvé de négatif à dire. X)
Ce chapitre est pour l'instant mon préféré. Il est très bien écrit, très sérieux avec cependant toujours un humour bien présent,...
Ca fait plaisir de voir Elsa et Anna gouverner ensemble le royaume.^^
Et puis grâce à toi, j'ai appris les règles de base du tarot. Razz
Bref, très très bien, et vivement la suite. Very Happy

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Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
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Jeu 14 Mai 2015, 15:23
Merci pour le commentaire, et merci de me rassurer, finalement les problèmes que je trouvais à ce chapitre ne sont pas aussi visibles que je le pensais, ou bien les lecteurs ne les considèrent pas comme des défauts. Bref X)

Ravi d'avoir pu t'apprendre les bases du tarot, même si en réalité c'est un peu moins romancé que ça Razz

La suite risque d'attendre, pasque nous en sommes arrivés au moment où je ne savais pas trop quoi raconter en attendant le prochain événement important de l'intrigue bravo

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Dim 17 Mai 2015, 11:48
J'ai lu ton chapitre 2.  Smile

Alors que dire à part que c'est super bien fichu. Non vraiment, c'est vachement bien écrit et bien détaillé. J'adore vraiment le caractère que tu as su donner à chaque personnage, c'est super fichu à ce niveau-là. J'ai constaté aussi que dans ton précédent chapitre, Olaf a fait une brève apparition. Dans celui-ci, c'est au tour de Kristoff et Sven. Je me dis donc que dans les prochains ce sera au tour d'Elsa et Anna Non ? Mais je verrai cela lorsque je m'attaquerai au prochain chapitre.

Bref, c'est un excellent chapitre. Very Happy
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Jeu 21 Mai 2015, 00:10
J'ai vraiment bien aimé ce chapitre. Toujours aussi bien écrit et agréable à lire. Smile

Alors j'ai adoré le fait que tu fasses référence à l'univers de J.R.R.Tolkien dans ta fic., bravo

Le passage en question:

De plus, l'Archipel étant assez reculé technologiquement, les armes blanches et contondantes furent très longtemps utilisées, aussi Knut se familiarisa t-il avec une masse d'arme assez ancienne, connue dans tout l'Archipel : Gorthaur. Sa fureur était telle que bon nombre de soldats des autres Îles ne nommaient Knut par le nom de son arme, et fuyaient à son approche.

Tu aurais dû appeler la masse d'arme Grond, ( Marteau des Enfers) et non lui attribuer le nom que portait Sauron au Premier Age. Razz

Ensuite, j'ai adoré le fait qu'Anna fasse son apparition comme tous les autres persos avant elle d'ailleurs. J'ai aussi aimé le fait qu'elle danse avec Chrisitan. Razz

Bref, c'est un très bon troisième chapitre. Smile
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Jeu 21 Mai 2015, 00:51
Merci pour les commentaires et les compliments, ces chapitres sont écrits du mieux que je peux, le plus synthétique possible, tout en essayant de garder les éléments importants. Mais c'est vrai que j'étais moins inspiré pour ce chapitre 3 X)

Micky a écrit:Tu aurais dû appeler la masse d'arme Grond, ( Marteau des Enfers) et non lui attribuer le nom que portait Sauron au Premier Age.

Il y a plusieurs raisons qui ont justifié ce choix :
-J'avais oublié le nom de la masse d'arme de Sauron et j'avais la flemme de consulter mon Silmarillion bravo
-Mais de mémoire il me semblait que le nom de son arme en imposait moins que son surnom durant le premier âge bravo
-A vrai dire le personnage de Knut a changé pendant l'écriture X) Au départ c'était censé être un perso très à la Goscinny, une brute épaisse sans trop de cervelle, et pis finalement j'ai préféré en faire un personnage sérieux.
Malheureusement son nom était déjà imprimé et je ne pouvait pas le changer, alors j'ai voulu qu'il ai un surnom plus classe. Et quel surnom plus classe que celui du Seigneur des Ténèbres ? bravo
-Ce n'est pas vraiment l'arme de Sauron qu'il possède, mais plutôt un hommage, effectivement Razz
Sinon j'aurais été cherché le vrai nom X)
-J'ai hésité entre Gorthaur et celui d'une autre masse d'arme connu de fantasy, celui de Molag Bal bravo (de la série des Elders Scrolls)

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Jeu 21 Mai 2015, 12:12
Molag Bal ! Razz

Sinon, je tiens à préciser que la masse de Sauron n'a pas de nom. D'ailleurs, on ne sait si oui ou non son arme a bel et bien un nom. J.R.R. Tolkien n'en a jamais parlé dans ses écrits.

Grond est en fait le nom de l'arme de Morgoth. D'ailleurs, le même nom a été attribué à un engin de siège durant le Troisième Age. Le grand bélier à tête de loup qui défonce les portes de Minas Tirith durant la bataille des Champs du Pelennor. Sauron a sans doute voulu rendre hommage à son ancien maître en donnant le même nom. bravo

Bref, je vais m'arrêter là car ce n'est pas le bon endroit pour parler de cela. ! bravo
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Jeu 21 Mai 2015, 13:15
D'ailleurs je ne me souvient pas s'il est dit quelque part que Sauron utilise une masse d'arme, même s'il a d'avantage participé à ses batailles que son ancien maître Surprised

Je finirai aussi en disant que j'ai fait du même coup une référence indirecte à Turin, qui n'était connu des orques que par son épée et son casque magique bravo

Mais bon, vaut mieux m'arrêter là aussi et me remettre au travail bravo
Si tu veux on peut continuer d'en discuter sur le topic littérature Razz

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Dim 24 Mai 2015, 18:10
J'ai lu ton chapitre 4. Smile

Alors j'ai bien aimé ce chapitre, d'autant plus parce qu'Elsa était cette fois-ci présente. Présente avec sa petite sœur en plus.  bravo
J'ai bien aimé aussi le fait d'en savoir un peu plus sur le couple Anders et Maria. :smile.
Ensuite, je meurs d’envie d'en savoir un peu plus sur ce cher Edvard. Genre, pourquoi il a les cheveux blancs par exemple ?
Et enfin, vivement le prochain chapitre. Very Happy

Après, si tu souhaites qu'on discute de notre ancien sujet de conversation sur le topic littérature, je dis pourquoi pas. bravo
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