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- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:16
Chapitre 25 : Bats les masques
Je demeurais encore auprès d'Anna. Raiponce continuait de chanter sa berceuse et elle semblait bien inutile en de pareilles circonstances, l'état de ma cadette ne s'améliorant pas particulièrement. Elle la répétait depuis une bonne heure au moins. J'avais failli craquer et lui supplier d'arrêter mais je ne l'avais pas fait pour le bien d'Anna. Ma petite sœur avait besoin de calme pour guérir, mais la comptine, bien qu'agaçante semblait ralentir le maléfice ce qui m'empêchait d'exploser et hurler à ma cousine d'arrêter cette chanson insupportable ! Néanmoins, elle devenait de plus en plus blanche au fur et à mesure du temps qui passe. Je pensais amèrement que le sacrifice d'Olaf n'avait servi à rien. Si Anna arrivait à se rétablir je lui offrirais un nouveau bonhomme de neige en guise de cadeau enfin non, je trouverais un moyen de ressusciter notre merveilleux petit Olaf ! Malheureusement pour le moment ce n'était pas le cas. Pourquoi guérirait-elle d'ailleurs ? Le baiser d'amour de Kristoff n'ayant pas fonctionné ! Je sentais le découragement m'envahir et je tachais de le supprimer de mes pensées ! Bien sur qu'elle allait guérir ! Je ne savais pas encore comment ni même quand, mais Anna survivra il ne pouvait en être autrement ! Oui je me devais de rester optimiste ! Elle le serait ! Come elle l'a toujours été et l'est toujours pensais-je en la regardant m'esquisser un sourire malgré son état. J'observais par ailleurs mes compagnons d'infortune qui étaient obligés de subir les vocalises de Raiponce avec moi. Il y avait Flynn qui regardait sa femme avec une pointe de déception dans le regard. S'en voulait-il de lui avoir retiré ses pouvoirs ? Car oui même si Raiponce était encore dotée de sa magie elle n'était sans doute plus aussi puissante que lorsqu'elle avait encore ses cheveux longs supposais-je. A moins et connaissant le bandit c'était somme toute probable qu'il était en train de regretter d'avoir épousé une femme qui ne cessait de répéter inlassablement la même comptine agaçante. Kristoff se tenait également auprès de sa femme lui caressant la main comme si elle était déjà morte, marmonnant tout bas des paroles inaudibles. En agissant ainsi il pensait que je ne remarquerais pas qu'il était en train d'observer Viktor en cachette. Ce qui aurait pu être très drôle si la situation n'avait pas été aussi dramatique c'est que le fils adoptif des îles du Sud faisait exactement la même chose avec autant de discrétion que le livreur de glaces officiel. Les deux paraissaient s'affronter du regard comme deux frères qui rivalisent. Kristoff se voulait protecteur à mon égard sans doute, tout l'inverse d'Anna qui souhaitait me voir en couple avec la bagatelle de vingt sept princes et dignitaires depuis la disparition tragique de Karl, ce qui, même de sa part finissait par devenir très grossier !Quant à la reine Victoria, elle était assise sur une chaise et attendait le regard vide que quelque chose se passe. Le temps semblait s'être arrêté dans cette chambre spacieuse que ma sœur aimait tant, mais qui était désormais ni plus ni moins pour nous qu'une prison dorée où nous ne pouvions rien faire d'autre qu'attendre notre triste sort. Je tachais de détourner mon regard de Kristoff et Viktor qui continuaient de se tester pour me focaliser sur Victoria qui m'intriguait. Pour la première fois j'avais l'impression que sous sa capuche, son visage devait trahir l'anxiété qui la gagnait. On avait l'impression qu'elle était loin de cette pièce, loin de nous. Peut être vagabondait-elle déjà à son retour dans son palais des îles du Sud, où à la possible fin funeste qui nous attendait ? Elle me lorgnait songeuse et dévisageait également Viktor qui ne lui avait toujours pas adressé la parole, depuis mon arrivée en tout cas bien qu'il sache qu'il s'agissait de sa mère adoptive, celle pour qui il avait vécu pendant de longs mois cette vie d'aventurier. Sa mère qu'il recherchait depuis plusieurs mois était là juste devant lui, et il restait de marbre ! Pourquoi cette attitude ? Que n'aurais-je pas donné pour aller enlacer la mienne encore une fois si cela m'était possible...
Sortant aussitôt de mes pensées je m'approchais de la couche de ma sœur. Je ne sentais pas le froid qui devait l'envahir. Certes mes maudites menottes qui ne voulaient toujours pas se détruire m'empêchaient d'avoir un contact avec son visage mais de toute manière, jamais je ne l'avais jamais senti. Et même lorsqu'il faisait chaud j'étais privilégiée étant toujours à température ambiante. Je ne savais pas ce que ressentait Anna pour la deuxième fois…En fait si ! Cette sensation de froid me revînt tout à coup en tête ! Moi aussi j'avais eu le cœur gelé l'an passé ! Pensant qu'il s'agissait du maléfice de Grand Pabby les révélations de Gulba m'ont appris que la réponse était beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait. Cependant, la première fois, et pour mon propre cœur de glace j'étais fautive ! Mais cette fois, ce n'était pas de ma faute ! C'était Emma. Emma...
A cet instant mon cœur faillit se mit à battre plus fort. Le bruit de la poignée de la porte se fit entendre, mais le verrou résistait. Une odeur de brûlée me vint alors aux narines. Je sus immédiatement que c'était Emma qui était sans doute derrière cette porte. Emma ! Celle que j'avais aperçu me faire un clin d'œil quand on m'a enfermé ici ! Avais-je bien vu ? Ou alors étais-ce mon esprit qui cherchait à se persuader m'empêchant de voir une réalité dans laquelle Emma épouse le prince Hans ? Cette idée m'horripilait rien que d'y penser. La réponse ne se fit cependant pas attendre, je vis la poignée fondre sous l'effet de la chaleur et la porte commença à s'entrouvrir. Effectivement c'était bien elle, en robe de mariée, sublime, mais le regard désespérée... C'était assez étrange et paradoxal pour une jeune femme dont c'est censé être le plus beau jour de sa vie…à moins qu'il ne s'agisse connaissant le futur époux du pire !
Elle s'avança dans la pièce. J'observais rapidement ses mains. Elles étaient incandescentes. A mon avis elle devait être en pleine crise, semblant avoir perdu le contrôle de ses pouvoirs. Instinctivement, je reculais de quelques pas. J'espérais juste qu'elle n'avait pas mis le feu au château tout entier en faisant fondre cette serrure. La première pensée que j'eue, passé cet instant n'était pas du tout envers ma jumelle cependant. Je voyais la porte ouverte. La liberté ! J'avais envie de partir. D'aller régler mes comptes avec les fous qui avaient osé me défier ! Qu'importe ces menottes !
-Que fais-tu là ? Demanda alors surpris Kristoff, avec une pointe de reproche dans la voix.
Elle regarda Viktor et répondit d'une voix paniquée :
-Je suis venue vous aider.
-Toi ? Je croyais que tu te mariais. Répondit mon beau frère d'un ton de défiance malgré les propos de Gulba quelques minutes plus tôt.
-C'est la tenue qui t'a mis sur la piste ? Demanda-t-elle d'un ton ironique puis poursuivit déterminée : J'ai horreur que l'on me force la main ! Si je me marie je veux que cela soit par amour ! Et de toute manière ! Même si cela s'était fait ! Un bout de papier ne signifie rien ! Répondit-elle d'un ton que j'aurai aisément pu avoir dans mes colères les plus glaciales.
-Un bout de papier ? Demandais-je
-Oui…Qu'importe le papier ! Tu es bien placée pour le savoir n'est ce pas ? Rétorqua-t-elle déterminée.
Ainsi elle avait eu connaissance de l'acte qu'on voulait me faire signer ! Et que mon traitre d'oncle a proposé de rédiger et signer en mon nom. Si j'avais eu le caractère d'Anna j'aurais couru dans ses bras pour l'enlacer et lui dire que je l'aimais. Mais je n'étais pas ma sœur et je répondis simplement :
-Comme un acte royal d'abdication par exemple ?
-Exactement ? Tu as vraiment signé ce torchon ?
-Comment ? Mais non bien sur que non !
-Sache qu'ils en ont rédigé un pour toi et ils souhaitent le rendre officiel avec la signature du régent.
-Ils connaissent mal les lois du pays ! Il leur faut aussi un code royal que seul le monarque connait ! Ca n'est pas un petit régent usurpant son pouvoir par malice qui me volera mon trône ! Et Raiponce je te jure qu'une fois que cela sera terminé, je ferais renvoyer ton père à Coronna enchaîné à une galère !
Raiponce se contenta d'un hochement de tête, alors que le visage de ma jumelle se radoucit immédiatement en entendant cela mais elle ne répliqua rien, se contentant d'un léger sourire crispé et un hochement de tête. Finalement elle rétorqua :
-Nous n'avons pas beaucoup de temps, j'ai coincé Ludwig Hans et son dingue de père dans le grenier car la cérémonie avait lieu là-haut.
-Coincé ? Demandais-je
-La cérémonie dans un grenier ? Quel manque de savoir vivre ! Et après on dit que ce sont les voleurs qui ne savent pas se tenir, mais moi j'ai épousé la donzelle en grande pompe ! Fit Eugène d'un ton léger que ni Emma ni moi ne souhaitions relever nous contentant l'une comme l'autre de le fusiller du regard afin qu'il comprenne que nous avions une situation bien plus urgente à régler !
-Par un rideau en feu et la porte à demie-bloquée par une poutre, elle aussi un peu brulée.
-Tu as brulé mes rideaux ?! Demandais-je offusquée
-Excuse moi mais je ne pense pas ta majesté que quelques rideaux poussiéreux soient en ce moment ta priorité ! Me répondit-elle d'un ton quelque peu insolent comme aurait pu l'avoir Anna.
-Et en quel honneur portez-vous ma robe jeune fille ? Demanda alors Victoria qui jusqu'à présent était restée silencieuse.
-Je dois avouer, tu es sublime dans cette robe. Fis-je en détaillant le magnifique vêtement et m'imaginant pareillement vêtu en fixant ma jumelle comme si je fixais un miroir.
-C'est Hans qui me l'avait donné bafouilla-t-elle confuse.
La reine Victoria en fut surprise mais n'ajouta rien. Un sourire se montra même sur la partie inferieure de son visage, la seule qui ne fut pas cachée par sa capuche.
-Très bon choix en tout cas...Vous la portez magnifiquement bien ! Se contenta-t-elle de répondre, un léger tremblement dans la voix.
-Bon je ne voudrais pas paraître pressé, mais vous conviendrez que nous avons d'autre priorités que de complimenter la tenue magnifique qu'elle porte intervint Viktor : Mais si tu es là pour nous aider c'est le moment où jamais parce que je suppose qu'ils ne vont pas rester trop longtemps là-haut. Connaissant Hans, un rideau brulé ne va pas l'empêcher d'arriver !
-Tiens le petit prince vagabond a appris à répondre depuis notre collocation dans la forêt d'Arendelle ! Je suis heureuse de te revoir !
-Mi aussi Emma, mais de même les chaleureuses retrouvailles, même avec toi ne sont pas notre priorité je crois.
-Non tu as raison admit Emma se sentant à l'aise.
-Le plus dur ça va être de transporter Anna déclara Raiponce stoppant pour la seconde fois sa chanson.
-Kristoff et moi pourrions la prendre proposa Eugène.
-Hors de question de la transporter m'insurgeais-je ! Elle n'est pas en état ! Et de toute manière l'emmener pour aller où ? Il est inconcevable que je fuie mon royaume ! Père ne serait jamais parti face au danger ! Je suis la reine je ne laisse pas mon château ! Lançais-je d'un ton grandiloquent, fixant Emma qui avait certes changé d'opinion mais avait clairement supposé me prendre la couronne.
-Aucun de nous ne pense fuir. Tempéra Raiponce, nous devons nous mettre à l'abri c'est tout ce que nous avancions.
-Toi aussi ma cousine tu seras reine, et ce très vite une fois que j'en aurai terminé avec ton père, et quand tu le seras tu comprendras qu'il n'y a nul autre endroit où une reine doit se trouver que son château quand il est attaqué !
-Quand tu en auras fini avec mon père ? Que veux-tu dire ? Demanda ma cousine soudain paniquée.
-Quand je le verrais devant moi menottes les mains liées et que je prononcerais contre lui une sentence de bannissement ! Je suis la reine, pas une meurtrière moi.
Mais si Emma semblait accepter mes paroles, les pouvoir ne semblant finalement plus l'intéresser préférant il semblerait la découverte d'une famille, l'attitude de Victoria me surprit toujours davantage. Depuis l'intrusion de ma jumelle cette dernière semblait pensive. C'était étonnant surtout que c'était elle qui était venue quelques jours auparavant me mettre sur la piste d'Emma, et maintenant qu'elle nous voyait ainsi réunies, elle semblait le regretter. Certes nous n'avions pas d'effusions de bonheur, sans doute du fait de notre caractère réservé que nous avions en commun, mais aussi parce que les circonstances étaient particulièrement dramatiques, néanmoins cette attitude semblait suspecte, tout comme sa volonté d'avoir tant voulu préserver son identité au point de continuer à conserver sa capuche sur la tête m'empêchant de découvrir les traits du visage de la reine des Iles du Sud.
-Qu'avez-vous Victoria ? Demandais-je
-Rien du tout Elsa, je pensais simplement à vos paroles à propos de votre père…
-Oh je comprends, la comparaison avec votre époux sans doute ! Nous avons ici les opposés entre un bon et un mauvais monarque. Lançais-je me rendant compte après tout de la faute diplomatique que je venais de commettre, aussitôt je tentais de rectifier. Enfin je veux dire, pardonnez moi, mais les circonstances actuelles tendent à me rendre hostile vis-à-vis de votre patrie eu égard aux agissements de votre époux accompagné de votre plus jeune fils !
-C'est un peu plus compliqué que ça ma chère. Conclut Victoria avec son eternel ton énigmatique.
-Elsa nous n'avons pas beaucoup de temps ! Me coupa Emma avant d'ajouter. Je veux vous aider !
-Si tu as un plan je suis tout ouïe ! Repris-je oubliant quelques instants Victoria.
-J'en ai un ! Tu te débarrasses de ces chaines et avec ta permission je t'assisterais pour les raccompagner chez eux le plus rapidement possible, tant pis pour la diplomatie !
-J'y ai pensé évidemment, mais je n'arrive pas à m'en débarrasser ! Répondis-je en grommelant, continuant machinalement de me concentrer pour tenter de geler le métal qui ne voulait toujours pas se briser.
Emma ne répondit pas et m'entraina de quelques pas, nous tenant au plus près de la porte, nous éloignant ainsi des autres, je comprenais qu'elle souhaitait utiliser ses pouvoirs et protéger nos compagnons d'infortune. Elle me fixa alors, pour la première fois je pus regarder ma sœur jumelle dans les yeux, et comme elle, de petites larmes d'émotion perlaient de mes iris alors que je plongeais dans son regard mêlé de culpabilité, émotion et joie. Si j'avais un dernier doute, il venait de s'évanouir, c'était bien ma jumelle, je me voyais en elle. Nous n'avions même pas besoin de nous parler, le regard nous suffisait à communiquer alors qu'elle avait posé ses mains sur mes menottes, un léger picotement de chaleur me fit comprendre qu'elle tentait de les faire fondre mais le métal résistait. Je me souvenais alors des propos que Gulba nous avait lu à propos de Grand Pabby : Ensemble ! La réponse était là ! Oui nous étions bien les filles de la prophétie d'Yggdrasil, et nous voici à nouveau réunies, il nous fallait associer nos dons pour réaliser des prodiges. Je n'eus pas besoin de le dire à Emma, elle l'avait deviné dans mon regard, et j'avais l'instinct qu'elle m'invitait à associer nos pouvoirs d'un simple clignement des yeux alors qu'elle baissait le regard sur les menottes ce que, avec une étonnante symétrie je fis me concentrant pour geler le métal, imaginant la rencontre entre ma glace et les flammes de ma jumelle. Nous étions toutes les deux concentrées sur notre ouvrage, et dans la pièce un silence pesant venait de s'installer, même Raiponce ne chantait plus depuis quelques instants. Je supposais que tous nos compagnons étaient en train de nous fixer Emma et moi mais nous n'en avions que faire et seul des petits gazouillis de ma nièce se faisaient entendre ce qui, pour la première fois de la part de cette petite m'arracha un demi sourire, sans doute aidée par le sourire radieux d'Emma qui elle semblait sous le charme de ma nièce…de notre nièce ! Cela me détendit quelque peu, j'oubliais l'espace d'un instant ces maudites menottes, libérant mes pouvoirs et quelques instants plus tard Emma et moi sentîmes un souffle qui nous fit chacune reculer d'un pas. Je baissais alors mes yeux et vit à mes pieds les restes de métal à moitié fondu, à moitié gelés et mes mains enfin libre. Je bougeais mes doigts heureuse d'enfin pouvoir les mouvoir, faisant tomber quelques petits flocons de neige.
-Elsa, je pense qu'il y a suffisamment de neige dehors, pas la peine de nous offrir un supplément ici. Fit remarquer Eugène toujours prompt à la légèreté.
-Très spirituel Eugène !
-Je t'en prie, en tout cas il semble que cela plaise à ta nièce ! Me fit remarquer l'ancien bandit, qui m'indiquait la petite Emma, calée dans les bras de son père qui gazouillait visiblement ravie de voir les flocons.
Cela pour la seconde fois m'arracha un sourire qui s'effaçait aussitôt quand mon regard se posa sur ma cadette en souffrance, à cause de ce pouvoir de neige détenu par la petite et je m'empressais de détourner le regard fixant à nouveau à mes pieds les restes de métal. Puis, je relevais les yeux dévisageant Emma, restée silencieuse, comme attendant avec une certaine angoisse ma réaction, et, encore une fois avec un étonnant mimétisme nous sourîmes en même temps, avançant l'une vers l'autre et nous nous tombions dans les bras. Nous étions toujours au devant de la porte, quelque peu éloigné des autres qui ne s'étaient pas approchés, nous laissant toute deux savourer ce moment de retrouvailles. Pour la première fois, je pouvais prendre ma sœur jumelle dans mes bras. Aucune de nous ne parlait, mais je sentais en mon fort intérieur que nos âmes étaient synchronisées, une seule façon de l'expliquer ! L'amour fraternel était si évident entre nous ! Par cette étreinte, j'avais la sensation de tout oublier. Oublier le fait qu'elle et moi avions été séparées pendant des années. Oublier le fait qu'elle avait conspiré contre moi avant de découvrir qui elle était réellement. Il n'y avait qu'elle et moi…et Anna !
Je plongeais à nouveau mon regard dans le sien, je crus l'entendre commencer une phrase, mais elle ne put la terminer que la porte derrière elle dont elle avait fait fondre la serrure s'ouvrit brusquement la heurtant violemment dans le dos et nous projetant elle et moi au sol. Je n'eus pas le temps de bien comprendre les événements, étant à terre, je voyais plusieurs paires de jambes entrer à la hâte dans la pièce, me relevant je sentis la colère monter en apercevant le visage de Hans qui entrait en dernier d'un pas nonchalant dans la pièce.
-Vous ! Fis-je d'une voix forte ! Jamais vous n'auriez dû avoir la folie de reparaitre devant moi ! Lançais-je commençant à lever les mains, prête à le neutraliser dans ma glace.
-Oh je ne ferais rien si j'étais vous. Se contenta-t-il de répondre désignant du doigt le lit de ma sœur, qu'un homme en arme menaçait, couteau sous la gorge.
-Etes-vous à ce point lâche pour attaquer une femme souffrante et sans défense lançais-je outrée, prête à geler ce paon des Iles du Sud.
-Ce n'est pas elle qui est visée ma chère, votre greluche de sœur m'est totalement indifférente, mais s'il me faut la sacrifier pour débarrasser ce monde d'une sorcière comme vous c'est un sacrifice que je suis prêt à ordonner. Lança le prince avec désinvolture
-Monstre, tu penses que je vais te laisser faire ça ! Vociféra Emma
-On se calme le volcan ambulant ! Car c'est aussi valable pour toi !
-Dire que pendant quelques instants j'ai pensé que tu m'aimais !
-C'est la preuve que la crédulité est génétique chez vous !
-Je vais te faire regretter ton impertinence, tu vas effacer ce sourire ! Menaça Emma
-Dernier avertissement ! Se contenta-t-il de répondre faisant un signe à l'homme de main, qui approcha un peu plus sa lame de la gorge d'Anna qui était bien trop faible pour répondre, et aucun de nos compagnons, menacés eux aussi ne pouvaient intervenir.
-Laissez là ! Hurlais-je en baissant les bras, supportant difficilement le sourire satisfait de Hans alors que son homme de main relâchait quelque peu sa menace.
-Sorcière…mais au fond faible et inapte !
-Encore vous ! La suffisance est génétique chez vous en tout cas ! Lançais-je à la personne encapuchonnée
-Et plus encore que vous ne le pensez ! Répliqua-t-il d'un ton narquois et poursuivit : Rassurez-vous ma mignonne nous n'aurons plus à nous côtoyer très longtemps. Bien maintenant que nous sommes ici, reprenons-nous là où nous étions arrêtés ? Ou alors la reine souhaite-t-elle signer de sa main son arrêt de mort ? En guise de dernier acte officiel ?
-Comment ?!
-Elle ne vous a pas dit ? Oh je ne pensais pas votre sœur si cruelle ! Elle est venue ici pour vous annoncer qu'elle venait de vous condamner à mort après avoir été nommée reine. Nous nous sommes chargés de votre abdication vous vous souvenez. Et votre sœur fraichement nommée reine par nos soins la approuvée.
-C'est faux Elsa ! Je n'ai pas accepté une telle ineptie ! Je n'ai… Emma qui s'insurgeait sur les propos odieux de la personne encapuchonnée ne put terminer sa phrase que la personne encapuchonnée s'était rué vers elle lui tenant fermement le bras.
-Décidément mademoiselle vous avez décidé de me contrarier aujourd'hui mais je suis fatigué de supporter vos humeurs !
Ce personnage fou joignit le geste à la parole, tenant fermement les bras de ma jumelle incapable de réagir et sortit un couteau d'un des pans de sa cape pour la placer sous la gorge d'Emma qui semblait tétanisée alors que je regardais impuissante ce psychopathe menacer ma jumelle, même Hans ne semblait pas en mener large face à un tel sang froid dans le crime, c'est alors que je vis telle une furie surgir Victoria qui empoigna la personne encapuchonnée le forçant à lâcher Emma et le gifla vigoureusement.
-Hors de question que tu touches à un seul cheveu de ma fille ! Lança-t-elle d'une voix forte, alors que le roi fou encaissait le choc, mais paraissait étonnamment calme.
-Ta fille ? S'exclama Viktor qui réagit instantanément.
J'étais trop estomaquée pour réagir, à la fois par cette réaction de cette mystérieuse Victoria mais aussi par la phrase qu'elle venait de lancer. Ca n'était pas possible je devais avoir mal entendu mais pourtant Viktor avait apparemment entendu la même chose que moi alors que la reine se décida enfin d'enlever sa capuche, laissant enfin apparaître pleinement son visage, me permettant de me rendre compte qu'elle avait le même regard qu'Emma et moi, mais aussi la même chevelure blonde.
-Tu m'as déjà pris mes filles à leur naissance ! Hors de question que tu recommences en les menaçant aujourd'hui.
-Oh, alors on joue désormais à visage découvert…Ravi de vous revoir ma mie. Fit le roi des Iles du Sud sans se décontenancer, pas même spécialement surpris de faire face à son épouse.
-Victoria quelle est cette histoire ?! M'insurgeais-je, partagée entre un sentiment de gratitude envers celle-ci qui s'était interposé entre ce fou et ma sœur jumelle et scandalisée du manque de respect qu'elle avait envers ma défunte mère en se présentant ainsi !
-Dites lui Quentin ! Ayez au moins la décence de reconnaître le monstre que vous êtes ! Répliqua au roi des Iles du Sud Victoria pour toute réponse.
-Père, comment pouvez-vous la laisser ainsi porter de telles allégations sur vous. Demanda Hans qui lui aussi semblait troublé de ces déclarations.
Ce psychopathe qui restait de marbre face à ces allégations restait au contraire de la salle étonnamment calme, il fit un petit soupire de satisfaction décidant lui aussi de montrer son visage. Et c'est avec fort peu de joie que je pus à nouveau dévisager ce souverain qui m'avait fait horreur au cours des quelques instants où j'avais pu le rencontrer. Désormais débarrassé de son anonymat il fixait sa femme un air satisfait, puis détourna les yeux sur moi, me dévisageant pour la première fois. Je me sentais mal à l'aise face à ce regard, finalement je tachais de me reprendre et après une respiration, je déclarais de la voix la plus assurée que je pus.
-La reine Victoria dit-elle la vérité ? Répondez ! Est-elle notre mère ?! Lançais-je peinant à croire que je puisse prononcer de telles paroles, et au fond de moi je priais pour que mes défunts parents me pardonnent de l'affront que je leur faisais.
-Voyons Elsa, regardez bien, vous connaissez la réponse ! Se contenta-t-il de dire avec son indissociable sourire narquois alors qu'il passait la main dans ses cheveux…
Je demeurais encore auprès d'Anna. Raiponce continuait de chanter sa berceuse et elle semblait bien inutile en de pareilles circonstances, l'état de ma cadette ne s'améliorant pas particulièrement. Elle la répétait depuis une bonne heure au moins. J'avais failli craquer et lui supplier d'arrêter mais je ne l'avais pas fait pour le bien d'Anna. Ma petite sœur avait besoin de calme pour guérir, mais la comptine, bien qu'agaçante semblait ralentir le maléfice ce qui m'empêchait d'exploser et hurler à ma cousine d'arrêter cette chanson insupportable ! Néanmoins, elle devenait de plus en plus blanche au fur et à mesure du temps qui passe. Je pensais amèrement que le sacrifice d'Olaf n'avait servi à rien. Si Anna arrivait à se rétablir je lui offrirais un nouveau bonhomme de neige en guise de cadeau enfin non, je trouverais un moyen de ressusciter notre merveilleux petit Olaf ! Malheureusement pour le moment ce n'était pas le cas. Pourquoi guérirait-elle d'ailleurs ? Le baiser d'amour de Kristoff n'ayant pas fonctionné ! Je sentais le découragement m'envahir et je tachais de le supprimer de mes pensées ! Bien sur qu'elle allait guérir ! Je ne savais pas encore comment ni même quand, mais Anna survivra il ne pouvait en être autrement ! Oui je me devais de rester optimiste ! Elle le serait ! Come elle l'a toujours été et l'est toujours pensais-je en la regardant m'esquisser un sourire malgré son état. J'observais par ailleurs mes compagnons d'infortune qui étaient obligés de subir les vocalises de Raiponce avec moi. Il y avait Flynn qui regardait sa femme avec une pointe de déception dans le regard. S'en voulait-il de lui avoir retiré ses pouvoirs ? Car oui même si Raiponce était encore dotée de sa magie elle n'était sans doute plus aussi puissante que lorsqu'elle avait encore ses cheveux longs supposais-je. A moins et connaissant le bandit c'était somme toute probable qu'il était en train de regretter d'avoir épousé une femme qui ne cessait de répéter inlassablement la même comptine agaçante. Kristoff se tenait également auprès de sa femme lui caressant la main comme si elle était déjà morte, marmonnant tout bas des paroles inaudibles. En agissant ainsi il pensait que je ne remarquerais pas qu'il était en train d'observer Viktor en cachette. Ce qui aurait pu être très drôle si la situation n'avait pas été aussi dramatique c'est que le fils adoptif des îles du Sud faisait exactement la même chose avec autant de discrétion que le livreur de glaces officiel. Les deux paraissaient s'affronter du regard comme deux frères qui rivalisent. Kristoff se voulait protecteur à mon égard sans doute, tout l'inverse d'Anna qui souhaitait me voir en couple avec la bagatelle de vingt sept princes et dignitaires depuis la disparition tragique de Karl, ce qui, même de sa part finissait par devenir très grossier !Quant à la reine Victoria, elle était assise sur une chaise et attendait le regard vide que quelque chose se passe. Le temps semblait s'être arrêté dans cette chambre spacieuse que ma sœur aimait tant, mais qui était désormais ni plus ni moins pour nous qu'une prison dorée où nous ne pouvions rien faire d'autre qu'attendre notre triste sort. Je tachais de détourner mon regard de Kristoff et Viktor qui continuaient de se tester pour me focaliser sur Victoria qui m'intriguait. Pour la première fois j'avais l'impression que sous sa capuche, son visage devait trahir l'anxiété qui la gagnait. On avait l'impression qu'elle était loin de cette pièce, loin de nous. Peut être vagabondait-elle déjà à son retour dans son palais des îles du Sud, où à la possible fin funeste qui nous attendait ? Elle me lorgnait songeuse et dévisageait également Viktor qui ne lui avait toujours pas adressé la parole, depuis mon arrivée en tout cas bien qu'il sache qu'il s'agissait de sa mère adoptive, celle pour qui il avait vécu pendant de longs mois cette vie d'aventurier. Sa mère qu'il recherchait depuis plusieurs mois était là juste devant lui, et il restait de marbre ! Pourquoi cette attitude ? Que n'aurais-je pas donné pour aller enlacer la mienne encore une fois si cela m'était possible...
Sortant aussitôt de mes pensées je m'approchais de la couche de ma sœur. Je ne sentais pas le froid qui devait l'envahir. Certes mes maudites menottes qui ne voulaient toujours pas se détruire m'empêchaient d'avoir un contact avec son visage mais de toute manière, jamais je ne l'avais jamais senti. Et même lorsqu'il faisait chaud j'étais privilégiée étant toujours à température ambiante. Je ne savais pas ce que ressentait Anna pour la deuxième fois…En fait si ! Cette sensation de froid me revînt tout à coup en tête ! Moi aussi j'avais eu le cœur gelé l'an passé ! Pensant qu'il s'agissait du maléfice de Grand Pabby les révélations de Gulba m'ont appris que la réponse était beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait. Cependant, la première fois, et pour mon propre cœur de glace j'étais fautive ! Mais cette fois, ce n'était pas de ma faute ! C'était Emma. Emma...
A cet instant mon cœur faillit se mit à battre plus fort. Le bruit de la poignée de la porte se fit entendre, mais le verrou résistait. Une odeur de brûlée me vint alors aux narines. Je sus immédiatement que c'était Emma qui était sans doute derrière cette porte. Emma ! Celle que j'avais aperçu me faire un clin d'œil quand on m'a enfermé ici ! Avais-je bien vu ? Ou alors étais-ce mon esprit qui cherchait à se persuader m'empêchant de voir une réalité dans laquelle Emma épouse le prince Hans ? Cette idée m'horripilait rien que d'y penser. La réponse ne se fit cependant pas attendre, je vis la poignée fondre sous l'effet de la chaleur et la porte commença à s'entrouvrir. Effectivement c'était bien elle, en robe de mariée, sublime, mais le regard désespérée... C'était assez étrange et paradoxal pour une jeune femme dont c'est censé être le plus beau jour de sa vie…à moins qu'il ne s'agisse connaissant le futur époux du pire !
Elle s'avança dans la pièce. J'observais rapidement ses mains. Elles étaient incandescentes. A mon avis elle devait être en pleine crise, semblant avoir perdu le contrôle de ses pouvoirs. Instinctivement, je reculais de quelques pas. J'espérais juste qu'elle n'avait pas mis le feu au château tout entier en faisant fondre cette serrure. La première pensée que j'eue, passé cet instant n'était pas du tout envers ma jumelle cependant. Je voyais la porte ouverte. La liberté ! J'avais envie de partir. D'aller régler mes comptes avec les fous qui avaient osé me défier ! Qu'importe ces menottes !
-Que fais-tu là ? Demanda alors surpris Kristoff, avec une pointe de reproche dans la voix.
Elle regarda Viktor et répondit d'une voix paniquée :
-Je suis venue vous aider.
-Toi ? Je croyais que tu te mariais. Répondit mon beau frère d'un ton de défiance malgré les propos de Gulba quelques minutes plus tôt.
-C'est la tenue qui t'a mis sur la piste ? Demanda-t-elle d'un ton ironique puis poursuivit déterminée : J'ai horreur que l'on me force la main ! Si je me marie je veux que cela soit par amour ! Et de toute manière ! Même si cela s'était fait ! Un bout de papier ne signifie rien ! Répondit-elle d'un ton que j'aurai aisément pu avoir dans mes colères les plus glaciales.
-Un bout de papier ? Demandais-je
-Oui…Qu'importe le papier ! Tu es bien placée pour le savoir n'est ce pas ? Rétorqua-t-elle déterminée.
Ainsi elle avait eu connaissance de l'acte qu'on voulait me faire signer ! Et que mon traitre d'oncle a proposé de rédiger et signer en mon nom. Si j'avais eu le caractère d'Anna j'aurais couru dans ses bras pour l'enlacer et lui dire que je l'aimais. Mais je n'étais pas ma sœur et je répondis simplement :
-Comme un acte royal d'abdication par exemple ?
-Exactement ? Tu as vraiment signé ce torchon ?
-Comment ? Mais non bien sur que non !
-Sache qu'ils en ont rédigé un pour toi et ils souhaitent le rendre officiel avec la signature du régent.
-Ils connaissent mal les lois du pays ! Il leur faut aussi un code royal que seul le monarque connait ! Ca n'est pas un petit régent usurpant son pouvoir par malice qui me volera mon trône ! Et Raiponce je te jure qu'une fois que cela sera terminé, je ferais renvoyer ton père à Coronna enchaîné à une galère !
Raiponce se contenta d'un hochement de tête, alors que le visage de ma jumelle se radoucit immédiatement en entendant cela mais elle ne répliqua rien, se contentant d'un léger sourire crispé et un hochement de tête. Finalement elle rétorqua :
-Nous n'avons pas beaucoup de temps, j'ai coincé Ludwig Hans et son dingue de père dans le grenier car la cérémonie avait lieu là-haut.
-Coincé ? Demandais-je
-La cérémonie dans un grenier ? Quel manque de savoir vivre ! Et après on dit que ce sont les voleurs qui ne savent pas se tenir, mais moi j'ai épousé la donzelle en grande pompe ! Fit Eugène d'un ton léger que ni Emma ni moi ne souhaitions relever nous contentant l'une comme l'autre de le fusiller du regard afin qu'il comprenne que nous avions une situation bien plus urgente à régler !
-Par un rideau en feu et la porte à demie-bloquée par une poutre, elle aussi un peu brulée.
-Tu as brulé mes rideaux ?! Demandais-je offusquée
-Excuse moi mais je ne pense pas ta majesté que quelques rideaux poussiéreux soient en ce moment ta priorité ! Me répondit-elle d'un ton quelque peu insolent comme aurait pu l'avoir Anna.
-Et en quel honneur portez-vous ma robe jeune fille ? Demanda alors Victoria qui jusqu'à présent était restée silencieuse.
-Je dois avouer, tu es sublime dans cette robe. Fis-je en détaillant le magnifique vêtement et m'imaginant pareillement vêtu en fixant ma jumelle comme si je fixais un miroir.
-C'est Hans qui me l'avait donné bafouilla-t-elle confuse.
La reine Victoria en fut surprise mais n'ajouta rien. Un sourire se montra même sur la partie inferieure de son visage, la seule qui ne fut pas cachée par sa capuche.
-Très bon choix en tout cas...Vous la portez magnifiquement bien ! Se contenta-t-elle de répondre, un léger tremblement dans la voix.
-Bon je ne voudrais pas paraître pressé, mais vous conviendrez que nous avons d'autre priorités que de complimenter la tenue magnifique qu'elle porte intervint Viktor : Mais si tu es là pour nous aider c'est le moment où jamais parce que je suppose qu'ils ne vont pas rester trop longtemps là-haut. Connaissant Hans, un rideau brulé ne va pas l'empêcher d'arriver !
-Tiens le petit prince vagabond a appris à répondre depuis notre collocation dans la forêt d'Arendelle ! Je suis heureuse de te revoir !
-Mi aussi Emma, mais de même les chaleureuses retrouvailles, même avec toi ne sont pas notre priorité je crois.
-Non tu as raison admit Emma se sentant à l'aise.
-Le plus dur ça va être de transporter Anna déclara Raiponce stoppant pour la seconde fois sa chanson.
-Kristoff et moi pourrions la prendre proposa Eugène.
-Hors de question de la transporter m'insurgeais-je ! Elle n'est pas en état ! Et de toute manière l'emmener pour aller où ? Il est inconcevable que je fuie mon royaume ! Père ne serait jamais parti face au danger ! Je suis la reine je ne laisse pas mon château ! Lançais-je d'un ton grandiloquent, fixant Emma qui avait certes changé d'opinion mais avait clairement supposé me prendre la couronne.
-Aucun de nous ne pense fuir. Tempéra Raiponce, nous devons nous mettre à l'abri c'est tout ce que nous avancions.
-Toi aussi ma cousine tu seras reine, et ce très vite une fois que j'en aurai terminé avec ton père, et quand tu le seras tu comprendras qu'il n'y a nul autre endroit où une reine doit se trouver que son château quand il est attaqué !
-Quand tu en auras fini avec mon père ? Que veux-tu dire ? Demanda ma cousine soudain paniquée.
-Quand je le verrais devant moi menottes les mains liées et que je prononcerais contre lui une sentence de bannissement ! Je suis la reine, pas une meurtrière moi.
Mais si Emma semblait accepter mes paroles, les pouvoir ne semblant finalement plus l'intéresser préférant il semblerait la découverte d'une famille, l'attitude de Victoria me surprit toujours davantage. Depuis l'intrusion de ma jumelle cette dernière semblait pensive. C'était étonnant surtout que c'était elle qui était venue quelques jours auparavant me mettre sur la piste d'Emma, et maintenant qu'elle nous voyait ainsi réunies, elle semblait le regretter. Certes nous n'avions pas d'effusions de bonheur, sans doute du fait de notre caractère réservé que nous avions en commun, mais aussi parce que les circonstances étaient particulièrement dramatiques, néanmoins cette attitude semblait suspecte, tout comme sa volonté d'avoir tant voulu préserver son identité au point de continuer à conserver sa capuche sur la tête m'empêchant de découvrir les traits du visage de la reine des Iles du Sud.
-Qu'avez-vous Victoria ? Demandais-je
-Rien du tout Elsa, je pensais simplement à vos paroles à propos de votre père…
-Oh je comprends, la comparaison avec votre époux sans doute ! Nous avons ici les opposés entre un bon et un mauvais monarque. Lançais-je me rendant compte après tout de la faute diplomatique que je venais de commettre, aussitôt je tentais de rectifier. Enfin je veux dire, pardonnez moi, mais les circonstances actuelles tendent à me rendre hostile vis-à-vis de votre patrie eu égard aux agissements de votre époux accompagné de votre plus jeune fils !
-C'est un peu plus compliqué que ça ma chère. Conclut Victoria avec son eternel ton énigmatique.
-Elsa nous n'avons pas beaucoup de temps ! Me coupa Emma avant d'ajouter. Je veux vous aider !
-Si tu as un plan je suis tout ouïe ! Repris-je oubliant quelques instants Victoria.
-J'en ai un ! Tu te débarrasses de ces chaines et avec ta permission je t'assisterais pour les raccompagner chez eux le plus rapidement possible, tant pis pour la diplomatie !
-J'y ai pensé évidemment, mais je n'arrive pas à m'en débarrasser ! Répondis-je en grommelant, continuant machinalement de me concentrer pour tenter de geler le métal qui ne voulait toujours pas se briser.
Emma ne répondit pas et m'entraina de quelques pas, nous tenant au plus près de la porte, nous éloignant ainsi des autres, je comprenais qu'elle souhaitait utiliser ses pouvoirs et protéger nos compagnons d'infortune. Elle me fixa alors, pour la première fois je pus regarder ma sœur jumelle dans les yeux, et comme elle, de petites larmes d'émotion perlaient de mes iris alors que je plongeais dans son regard mêlé de culpabilité, émotion et joie. Si j'avais un dernier doute, il venait de s'évanouir, c'était bien ma jumelle, je me voyais en elle. Nous n'avions même pas besoin de nous parler, le regard nous suffisait à communiquer alors qu'elle avait posé ses mains sur mes menottes, un léger picotement de chaleur me fit comprendre qu'elle tentait de les faire fondre mais le métal résistait. Je me souvenais alors des propos que Gulba nous avait lu à propos de Grand Pabby : Ensemble ! La réponse était là ! Oui nous étions bien les filles de la prophétie d'Yggdrasil, et nous voici à nouveau réunies, il nous fallait associer nos dons pour réaliser des prodiges. Je n'eus pas besoin de le dire à Emma, elle l'avait deviné dans mon regard, et j'avais l'instinct qu'elle m'invitait à associer nos pouvoirs d'un simple clignement des yeux alors qu'elle baissait le regard sur les menottes ce que, avec une étonnante symétrie je fis me concentrant pour geler le métal, imaginant la rencontre entre ma glace et les flammes de ma jumelle. Nous étions toutes les deux concentrées sur notre ouvrage, et dans la pièce un silence pesant venait de s'installer, même Raiponce ne chantait plus depuis quelques instants. Je supposais que tous nos compagnons étaient en train de nous fixer Emma et moi mais nous n'en avions que faire et seul des petits gazouillis de ma nièce se faisaient entendre ce qui, pour la première fois de la part de cette petite m'arracha un demi sourire, sans doute aidée par le sourire radieux d'Emma qui elle semblait sous le charme de ma nièce…de notre nièce ! Cela me détendit quelque peu, j'oubliais l'espace d'un instant ces maudites menottes, libérant mes pouvoirs et quelques instants plus tard Emma et moi sentîmes un souffle qui nous fit chacune reculer d'un pas. Je baissais alors mes yeux et vit à mes pieds les restes de métal à moitié fondu, à moitié gelés et mes mains enfin libre. Je bougeais mes doigts heureuse d'enfin pouvoir les mouvoir, faisant tomber quelques petits flocons de neige.
-Elsa, je pense qu'il y a suffisamment de neige dehors, pas la peine de nous offrir un supplément ici. Fit remarquer Eugène toujours prompt à la légèreté.
-Très spirituel Eugène !
-Je t'en prie, en tout cas il semble que cela plaise à ta nièce ! Me fit remarquer l'ancien bandit, qui m'indiquait la petite Emma, calée dans les bras de son père qui gazouillait visiblement ravie de voir les flocons.
Cela pour la seconde fois m'arracha un sourire qui s'effaçait aussitôt quand mon regard se posa sur ma cadette en souffrance, à cause de ce pouvoir de neige détenu par la petite et je m'empressais de détourner le regard fixant à nouveau à mes pieds les restes de métal. Puis, je relevais les yeux dévisageant Emma, restée silencieuse, comme attendant avec une certaine angoisse ma réaction, et, encore une fois avec un étonnant mimétisme nous sourîmes en même temps, avançant l'une vers l'autre et nous nous tombions dans les bras. Nous étions toujours au devant de la porte, quelque peu éloigné des autres qui ne s'étaient pas approchés, nous laissant toute deux savourer ce moment de retrouvailles. Pour la première fois, je pouvais prendre ma sœur jumelle dans mes bras. Aucune de nous ne parlait, mais je sentais en mon fort intérieur que nos âmes étaient synchronisées, une seule façon de l'expliquer ! L'amour fraternel était si évident entre nous ! Par cette étreinte, j'avais la sensation de tout oublier. Oublier le fait qu'elle et moi avions été séparées pendant des années. Oublier le fait qu'elle avait conspiré contre moi avant de découvrir qui elle était réellement. Il n'y avait qu'elle et moi…et Anna !
Je plongeais à nouveau mon regard dans le sien, je crus l'entendre commencer une phrase, mais elle ne put la terminer que la porte derrière elle dont elle avait fait fondre la serrure s'ouvrit brusquement la heurtant violemment dans le dos et nous projetant elle et moi au sol. Je n'eus pas le temps de bien comprendre les événements, étant à terre, je voyais plusieurs paires de jambes entrer à la hâte dans la pièce, me relevant je sentis la colère monter en apercevant le visage de Hans qui entrait en dernier d'un pas nonchalant dans la pièce.
-Vous ! Fis-je d'une voix forte ! Jamais vous n'auriez dû avoir la folie de reparaitre devant moi ! Lançais-je commençant à lever les mains, prête à le neutraliser dans ma glace.
-Oh je ne ferais rien si j'étais vous. Se contenta-t-il de répondre désignant du doigt le lit de ma sœur, qu'un homme en arme menaçait, couteau sous la gorge.
-Etes-vous à ce point lâche pour attaquer une femme souffrante et sans défense lançais-je outrée, prête à geler ce paon des Iles du Sud.
-Ce n'est pas elle qui est visée ma chère, votre greluche de sœur m'est totalement indifférente, mais s'il me faut la sacrifier pour débarrasser ce monde d'une sorcière comme vous c'est un sacrifice que je suis prêt à ordonner. Lança le prince avec désinvolture
-Monstre, tu penses que je vais te laisser faire ça ! Vociféra Emma
-On se calme le volcan ambulant ! Car c'est aussi valable pour toi !
-Dire que pendant quelques instants j'ai pensé que tu m'aimais !
-C'est la preuve que la crédulité est génétique chez vous !
-Je vais te faire regretter ton impertinence, tu vas effacer ce sourire ! Menaça Emma
-Dernier avertissement ! Se contenta-t-il de répondre faisant un signe à l'homme de main, qui approcha un peu plus sa lame de la gorge d'Anna qui était bien trop faible pour répondre, et aucun de nos compagnons, menacés eux aussi ne pouvaient intervenir.
-Laissez là ! Hurlais-je en baissant les bras, supportant difficilement le sourire satisfait de Hans alors que son homme de main relâchait quelque peu sa menace.
-Sorcière…mais au fond faible et inapte !
-Encore vous ! La suffisance est génétique chez vous en tout cas ! Lançais-je à la personne encapuchonnée
-Et plus encore que vous ne le pensez ! Répliqua-t-il d'un ton narquois et poursuivit : Rassurez-vous ma mignonne nous n'aurons plus à nous côtoyer très longtemps. Bien maintenant que nous sommes ici, reprenons-nous là où nous étions arrêtés ? Ou alors la reine souhaite-t-elle signer de sa main son arrêt de mort ? En guise de dernier acte officiel ?
-Comment ?!
-Elle ne vous a pas dit ? Oh je ne pensais pas votre sœur si cruelle ! Elle est venue ici pour vous annoncer qu'elle venait de vous condamner à mort après avoir été nommée reine. Nous nous sommes chargés de votre abdication vous vous souvenez. Et votre sœur fraichement nommée reine par nos soins la approuvée.
-C'est faux Elsa ! Je n'ai pas accepté une telle ineptie ! Je n'ai… Emma qui s'insurgeait sur les propos odieux de la personne encapuchonnée ne put terminer sa phrase que la personne encapuchonnée s'était rué vers elle lui tenant fermement le bras.
-Décidément mademoiselle vous avez décidé de me contrarier aujourd'hui mais je suis fatigué de supporter vos humeurs !
Ce personnage fou joignit le geste à la parole, tenant fermement les bras de ma jumelle incapable de réagir et sortit un couteau d'un des pans de sa cape pour la placer sous la gorge d'Emma qui semblait tétanisée alors que je regardais impuissante ce psychopathe menacer ma jumelle, même Hans ne semblait pas en mener large face à un tel sang froid dans le crime, c'est alors que je vis telle une furie surgir Victoria qui empoigna la personne encapuchonnée le forçant à lâcher Emma et le gifla vigoureusement.
-Hors de question que tu touches à un seul cheveu de ma fille ! Lança-t-elle d'une voix forte, alors que le roi fou encaissait le choc, mais paraissait étonnamment calme.
-Ta fille ? S'exclama Viktor qui réagit instantanément.
J'étais trop estomaquée pour réagir, à la fois par cette réaction de cette mystérieuse Victoria mais aussi par la phrase qu'elle venait de lancer. Ca n'était pas possible je devais avoir mal entendu mais pourtant Viktor avait apparemment entendu la même chose que moi alors que la reine se décida enfin d'enlever sa capuche, laissant enfin apparaître pleinement son visage, me permettant de me rendre compte qu'elle avait le même regard qu'Emma et moi, mais aussi la même chevelure blonde.
-Tu m'as déjà pris mes filles à leur naissance ! Hors de question que tu recommences en les menaçant aujourd'hui.
-Oh, alors on joue désormais à visage découvert…Ravi de vous revoir ma mie. Fit le roi des Iles du Sud sans se décontenancer, pas même spécialement surpris de faire face à son épouse.
-Victoria quelle est cette histoire ?! M'insurgeais-je, partagée entre un sentiment de gratitude envers celle-ci qui s'était interposé entre ce fou et ma sœur jumelle et scandalisée du manque de respect qu'elle avait envers ma défunte mère en se présentant ainsi !
-Dites lui Quentin ! Ayez au moins la décence de reconnaître le monstre que vous êtes ! Répliqua au roi des Iles du Sud Victoria pour toute réponse.
-Père, comment pouvez-vous la laisser ainsi porter de telles allégations sur vous. Demanda Hans qui lui aussi semblait troublé de ces déclarations.
Ce psychopathe qui restait de marbre face à ces allégations restait au contraire de la salle étonnamment calme, il fit un petit soupire de satisfaction décidant lui aussi de montrer son visage. Et c'est avec fort peu de joie que je pus à nouveau dévisager ce souverain qui m'avait fait horreur au cours des quelques instants où j'avais pu le rencontrer. Désormais débarrassé de son anonymat il fixait sa femme un air satisfait, puis détourna les yeux sur moi, me dévisageant pour la première fois. Je me sentais mal à l'aise face à ce regard, finalement je tachais de me reprendre et après une respiration, je déclarais de la voix la plus assurée que je pus.
-La reine Victoria dit-elle la vérité ? Répondez ! Est-elle notre mère ?! Lançais-je peinant à croire que je puisse prononcer de telles paroles, et au fond de moi je priais pour que mes défunts parents me pardonnent de l'affront que je leur faisais.
-Voyons Elsa, regardez bien, vous connaissez la réponse ! Se contenta-t-il de dire avec son indissociable sourire narquois alors qu'il passait la main dans ses cheveux…
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:17
Chapitre 26 : Vendetta familiale
Je regardais interloquée ce roi fou se passer la main dans ses cheveux, avec son éternel sourire satisfait, il me défiait du regard, me laissant mariner attendant ma réponse par rapport aux propos absurdes que tenaient Victoria, sous entendant qu'elle puisse être notre mère ! Finalement, il reprit la parole, mais ne s'adressait pas à moi, mais à son épouse.
-Il aura donc été décidé que je sois contrarié dans mes projets aujourd'hui. Cela m'attriste ma chère sachez le, surtout quand je sais ce qu'il arrive à ceux qui en découvre un peu trop sur moi sans que je ne le souhaite ! Fit-il, caressant la lame de son poignard qu'il tenait toujours.
-Que veut-dire cela ?! Demandais-je sentant la rage ma gagner mais me contenant voyant mes compagnons toujours menacés.
-Elsa ne te fais pas plus bête que tu n'es !
-Arrêtez de me tutoyer !
-Ca n'empêchera pas ta bêtise de s'exprimer ma petite reine d'opérette ! Cela veut dire que ceux qui en savent trop ont tendance à passer de vie à trépas, surtout s'ils sont amenés à prendre la mer !
-Non vous n'avez pas osé faire ça ! Pas Karl ! S'offusqua Victoria
-Voyez-vous Karl partait en toute hâte en Arendelle prévenir notre petite reine qu'il avait découvert ce pourquoi vous étiez partie ma mie. Il avait effectivement découvert qu'il n'était pas le premier né de la fratrie. Ce petit crétin s'était mis à fouiller mes cahiers de voyage et il a découvert beaucoup de choses. Notamment votre premier enfantement Victoria. Oui je vous ai fait croire que les nourrissons n'avaient pas survécu et pour vous satisfaire nous avions pu pratiquer les sacrements en urgences les dotant d'un prénom. Mais il a découvert qu'il n'en était rien et que j'avais fait emmener en toute hâte les enfants sur le navire du royaume d'Arendelle qui appareillait, et que j'avais fait modifier le lieu de naissance et le nom des parents des enfants. Ces naissances étaient une tragédie, il fallait nous en débarrasser. Plaigniez-vous je leur ai laissé la vie sauve, mais quand cet imbécile de Karl a tout découvert, il fallait le faire taire, saboter un navire est tellement simple, un naufrage si vite arrivé…ça n'est d'ailleurs pas le premier à finir au fond de l'océan.
-Vous avez tué notre fils !
Je regardais estomaquée Victoria s'affaler de tout son long, comme si cette révélation venait de lui couper les jambes et la regardait sangloter. Moi aussi je manquais de défaillir, Karl à qui j'avais ouvert mon cœur tué par son propre père. Je restais par ailleurs totalement perdue, il confirmait les dires de Victoria, elle serait donc bien notre mère, avec tous les liens de parenté nouveaux que cela impliquait ! Non c'était impossible, et pourtant, c'est vrai qu'elle nous ressemblait beaucoup à Emma et moi ! Mais au-delà de ces révélations qui sidéraient également Emma que je voyais agenouillée également, peinant à récupérer après l'agression et maintenant cet aveu, ce sont les dernières paroles prononcés par le roi des Iles du sud dont je refusais d'admettre l'idée qu'il puisse être mon père ! Non mon père je sais qui il est ! Sans doute cet homme, c'était impossible.
-Pas le seul à finir au fond de l'océan ? Est-ce que vous êtes en train d'insinuer ?...
-Une vue d'ensemble, n'est ce pas cela que l'on vous a enseigné Elsa ? Vous êtes bien longue à la réflexion pourtant. Un navire s'abimant en mer alors qu'il naviguait sur nos mers. Allons Elsa, votre cher papa…enfin, c'est ainsi que vous l'appeliez vous a initié à être observatrice pourtant…j'ai bien peur qu'il ne soit particulièrement déçu du résultat !
-Ne salissez pas en plus sa mémoire ! Vous paierez je vous le garantie ! Pour ce coup d'Etat et ces meurtres ! Oui vous paierez pour le meurtre du roi Quentin VI d'Arendelle, mon père !
-Le meurtre ! Comme c'est amusant ! Ria ce personnage détestable
-Vous avez tué mon père et vous osez en plus en rire ! Fulminais-je
-Oh non Elsa ! Rappelle-toi de ce que je te répétais inlassablement ici, une vue d'ensemble, regardes !
Ce roi fou joignit le geste à la parole, continuant de passer la main dans ses cheveux, je le vis dégrafer finalement une sorte de plastron qui lui affina quelque peu le cou et les épaules, puis je constatais médusée qu'il portait une perruque, passant d'une chevelure légèrement bouclée noire à une chevelure fine et châtain. La transformation ne s'arrêta pas là alors qu'il enlevait un faux nez laissant apparaître le sien beaucoup plus fin. Enfin, la touche finale, il se débarrassa pleinement de sa cape, se laissant apparaître dans son uniforme bleu marine que je reconnaitrais entre mille.
-Non !
-Si Elsa ! Quentin III des Iles du Sud et Quentin VI d'Arendelle ! Je n'ai pas tué ton père comme tu dis, je suis ton père !
-C'est… Non c'est impossible ! Peinais-je à articuler.
A mon tour je me sentais vaciller, à l'instar d'Emma et Victoria je sentais mes forces m'abandonner et tombait brutalement sur un fauteuil à côté de moi abasourdie de cette scène surréaliste. J'avais en face de moi, revenu d'entre les morts le roi d'Arendelle disparu avec son navire en pleine mer il y a des années. Mon père que j'ai tant vénéré me faisait face ! Oui c'était bien lui, il n'y avait pas de doute possible, mais c'était un autre homme ! Ca n'était pas celui que je connaissais, bienveillant, attentif à ma situation, surveillant que je ne perde pas le contrôle de mes pouvoirs. Je lançais des regards hébétés dans la salle, croisant finalement celui de ma cadette au plus mal, et pour la première fois de ma vie, je n'arrivais plus à voir dans ses yeux l'optimisme qui la caractérisait, il semblait avoir disparu laissant place à l'horreur de cette vision. Quant à mes autres compagnons eux aussi semblaient hébétés de cet événement inattendu…Même Hans ! Quant au roi de Coronna, il semblait fusiller du regard Quentin. Visiblement voir son frère revenir d'entre les morts ne l'enchantait guère, ce que semblait s'être aperçu Quentin.
-Allons mon frère ne me fais pas ce regard réprobateur comme si tu voyais un fantôme ! Tu le savais depuis longtemps toi ! C'est d'ailleurs pour ça que tu es ici et pas mort toi non plus !
-Père ! Vous le saviez et vous avez caché cette information ! Réagit Raiponce
-Oh oui ma mignonne ! Au passage enchanté ma nièce ! Oui nous n'avons pas pu nous rencontrer finalement ! Sachez que comme votre père je désapprouve votre union avec ce roturier gibier de potence, d'ailleurs si votre père avait mieux manœuvré…
-Ca suffit Quentin ! Lança furieux le Roi Ludwig. Oui je sais depuis longtemps qui tu es, tu m'as honteusement piégé dans ton complot, mais il est certaines limites qu'il m'est interdit de te laisser franchir !
-Ah mais c'est déjà fait mon cher frère ! Tout ça ! C'est de ta faute ! Que tu le veuilles ou non, tout ceci est ton œuvre ! Répliqua Quentin ce qui nous sidéra tous autant que nous étions.
-Père je refuse de croire que vous ayez pu aller aussi loin dans la vilainie ! Pitié, reprenez-vous ! Réagissez ! Coronna vous connait comme étant un roi bienveillant ! Revenez sur le droit chemin ! Ne le laissez pas raconter de telles horreurs ! Supplia Raiponce, alors que mon oncle serrait les dents !
-Et pourtant si ! Oh ça n'est pas lui qui a monté ce plan machiavélique bien sur, pour ça il faut être un tant soit peu stratège ce que mon lourdaud de frère n'est pas ! Mais c'est lui qui a causé mon malheur !
-Comment ? Me surpris-je à demander à ce fou qui me répugnait et dont j'avais les pires difficultés à admettre qu'il s'agissait de mon père.
-J'ai le malheur d'être le deuxième né, je ne devais donc pas régner, la couronne ayant été promise à mon frère, et de fait il la obtenu le jour de son mariage et notre père avait abdiqué en sa faveur. Quant à moi je n'étais destiné qu'à un rôle subalterne, et cela m'était impossible à accepter. Je suis donc parti de Coronna ! Parti vivre une vie d'aristocrate aventurier. Mais à peine étais-je parti depuis deux jours que l'on me reconnaissait et raccompagnait à Coronna car mon rang m'interdisait de m'exposer au danger. Je ne devais pas sortir du château ! Pour me protéger disait-on !
-Eh bien faut croire que c'est de famille ! Répliqua Eugène en dévisageant son épouse, repensant sans doute à son épopée pour conquérir son cœur.
-Comment un gibier de potence ose-t-il m'interrompre ! S'offusqua Quentin avant de poursuivre, d'une voix plus neutre : J'étais épris de liberté, et c'est là que j'ai eu l'idée de ce déguisement que vous m'avez vu porter. Le nouveau Quentin était né et je pus fuir ce château pour aller vivre ma vie. Ma première aventure m'a mené aux Iles du Sud. C'est là où j'ai rencontré la princesse Victoria, elle était en grande discussion avec la princesse d'Arendelle alors que leurs parents rédigeaient des traités.
-La princesse d'Arendelle ? Ma mère ? Demandais-je sans trop savoir pourquoi je continuais d'écouter ce monstre.
-Ta mère…adoptive Elsa tu l'as compris je suppose, mais oui c'était bien elle, nous étions les meilleures amies du monde elle et moi souffla Victoria qui recouvrait peu à peu ses esprits.
-Ma mie ! Vous avez retrouvé votre langue ! Railla Quentin avant de continuer son récit. Je passe sur les détails mais j'ai pour résumé sauvé la vie de cette chère Victoria, à moins que vous ne souhaitiez me contredire ma mie ?
-Une bonne action ne lavera pas vos multiples pêchers ! Se contenta-t-elle de répondre d'une voix glaciale.
-Je prends cela pour un oui. Nous sommes alors tombés amoureux et avons convolé en juste noces peu de temps après puis nous avons accédé au trône des Iles du Sud. La loi en vigueur voulant alors que seul l'homme soit en capacité de gouverner, je suis devenu le roi Quentin III des Iles du Sud. Et personne ne connaissait mes origines. Mais c'est après que mon frère est intervenu et a tout détruit !
- Comment oses-tu ?! Vociféra Ludwig qui semblait pour une fois se rebeller.
-Lui et sa femme ne pouvaient avoir d'enfant, surtout qu'elle avait mauvaise santé. Alors il est allé voir les trolls.
-…Et Grand Pabby lui a prédit qu'il avait une potion mais que la magie avait un prix. Ce prix serait d'abriter dans sa famille les enfants de l'Yggdrasil ! Coupa Gulba comme en transe.
-Après le bandit les créatures qui m'interrompent ! Mais oui c'est cela. Alors il s'est mis en quête de me retrouver, car il ne voulait surtout pas que ça soit sa descendance qui porte le fardeau ! Il m'imposa alors un mariage ! Cadeau empoisonné, officiellement il m'offrait la possibilité de devenir roi ! Mais il ne savait pas que le prince Quentin qu'il connaissait avait disparu et que seul existait le roi Quentin III. Tout s'est décidé très vite ! Je n'ai pas eu le temps de protester que je me retrouvais sur un navire m'emmenant ici, dans ce château alors assiégé par l'ennemi.
-…Et vous avez alors épousé dans le grenier de ce château la princesse d'Arendelle. Interrompit Emma
-Eh bien au moins une de mes filles écoute et retient ce que je dis…N'est ce pas Elsa ? Fit Quentin d'un ton provocateur
-Père ! Vous seriez vous marié deux fois ? Demanda Hans qui ne comprenait visiblement rien à la situation ce qui si elle n'avait pas été si dramatique m'aurait peut être fait sourire.
-Si nous n'avions pas eu ce contretemps tu te serais finalement marié avec ta propre sœur Hans, alors s'il te plait, ne commente rien ! Bien, donc en effet, j'ai été forcé d'épouser la princesse d'Arendelle. Ce mariage permettait le retour d'un pouvoir fort en ce temps de vacance du pouvoir car moi, contrairement à la princesse, j'étais en âge de gouverner. J'ai donc été le surlendemain sacré. Vous connaissez la toile, vous voyez mon expression inquiète. Le piège de mon frère venait de se refermer. J'étais d'après mon identité officielle lié au destin d'Arendelle, alors que j'étais devenu sous un autre nom roi des Iles du Sud, en passe de fonder une famille. Mais hors de question de l'avouer à qui que ce soit. J'aurai provoqué une guerre ! Comble de l'ironie, mes deux épouses étaient les meilleures amies du monde. Cela me permettait néanmoins de fréquemment pouvoir voyager d'un royaume à l'autre, mais la situation était complexe alors que Victoria était enceinte. D'ailleurs, un soir, peu de temps avant vos naissances mesdemoiselles, une aurore boréale passait, mon frère avait trouvé la fleur d'or pour guérir sa femme. Raiponce allait pouvoir naître, et la prophétie se réaliser, touchant ma descendance ! Et, le jour du solstice arriva. La reine d'Arendelle était présente aux Iles du Sud mais je l'avais fait raccompagner au navire. Victoria était épuisée, mais j'avais les bébés dans les bras, des filles ! Inconcevable, il était hors de question que mon trone aille à un étranger eu égard à la loi ! Et surtout, l'une d'elle réussissait à créer des flocons de neiges ! Je compris alors le drame ! Les filles de la prophétie ! J'allais être découvert ! Il fallait impérativement que cette enfant soit la fille du roi d'Arendelle, pas des Iles du Sud, sinon j'étais perdu !
-Vous avez donc fait croire à Victoria à notre décès et nous avons embarqué sur le navire d'Arendelle ! Dis-je en serrant les dents !
-Tu vois Elsa que tu arrives à comprendre parfois. C'est exact ! Heureusement en Arendelle la reine ne faisait aucun apparition publique, une grossesse dissimulée était donc plausible. Ce fut un jeu d'enfant de la persuader d'adopter !
-Mais comment se fait-elle qu'elle n'est pas vu la supercherie au moment du départ. Demanda intéressé Eugène
-Je l'ai dit j'ai horreur d'être interrompu par un malfrat ! Quoi qu'il en soit, officiellement le roi d'Arendelle n'était pas du voyage, la reine est rentrée seule, ça n'est qu'arrivé à Arendelle, moi par un autre navire que j'ai su la persuader ! Nous avons pris Elsa, j'ai même imposé le prénom à la reine d'Arendelle, elle a cru à l'histoire de l'hommage envers son amie qui avait vécu une tragédie ! J'avais pris soin de cacher l'autre enfant, des jumelles, était trop soupçonneux comme situation. Mais il faut croire que quelqu'un aura trouvé le couffin avant que je puisse m'en occuper ! Elsa pouvait devenir l'héritière d'Arendelle, je n'en avais que faire de ce royaume qu'on m'avait imposé ! Mais au fil du temps, je me suis attaché à ce second pays, et nous avons eu la chance d'avoir des fils aux Iles du Sud ! Pourquoi ne pas un jour mettre sur le trône d'Arendelle un de mes fils ! Mon frère avait gâché ma vie, autant trouver un bénéfice et m'octroyer deux royaumes ! Le seul souci fut que la reine d'Arendelle voulait un enfant à elle ! Nous avons fini par avoir Anna. Mais peu importait, Elsa resterait l'héritière ! Cela dit, ma première préoccupation était de faire en sorte que ses pouvoirs aux yeux de tous restent secrets et que je puisse les contrôler ! Deux royaumes n'étaient pas suffisants ! Je pourrais avec elle contrôler les éléments ! Mais il me fallait retrouver la seconde fille aussi. Puis arriva un événement imprévu. Mon frère a gâché ma vie ! Et tu l'as gâché une seconde fois Elsa !
-Pardon ? M'exclamais-je ne sachant plus de quoi je devais être le plus choqué face à ce discours.
-Tu as gelé ta sœur ! Et visiblement cela devient une habitude chez toi ! Répondit-il fixant ma cadette mourante.
-Je ne l'ai pas gelé ! Me défendis-je désemparée.
-Je pesais que tu avais passé l'âge de mentir à tes parents pour cacher une bêtise ! Je pensais même que dire la vérité était la seule chose que tu avais réussi à comprendre comme il faut
-Ce grâce à l'éducation d'un père exemplaire en la matière ! Répondis-je tentant de reprendre quelque peu pied dans cette situation retrouvant mon ton royal comme aime à le décrire Anna.
-Ce ton ne marche pas avec moi ma petite ! D'ailleurs il ne te sera plus d'aucune utilité ! Ton acte d'abdication va bientôt être enregistré ! Quand je pense que tu as été assez sotte pour ne pas changer le code de sécurité royal !
-Je… Balbutiais-je perdant à nouveau mes moyens.
-Je vais formuler ta phrase Elsa « Dans cette partie moi Elsa j'ai très mal joué et me voilà échec et mat ! ». Mais à tout seigneur tout honneur, tu as bien compris que cette partie a commencé il y a très longtemps, alors je t'accorde au moins la vérité ! Vois la dedans le dernier acte d'un père comment disais tu déjà ? Bienveillant !
-Grand Pabby aurait dû vous transformer en roche quand vous nous avez présenté la petite ! Lança Gulba, prenant mon relais alors que mes jambes à nouveau ne pouvaient plus me porter.
-Et moi j'aurai dû me débarrasser de lui bien plus tôt ! Car lui m'a reconnu ! Il avait reconnu la fille de la prophétie ! Mon identité était découverte ! Heureusement, il me devait allégeance, tant que je ne bougeais pas d'Arendelle. Aussi mes voyages furent plus rares. Je dû en bonne partie délaisser mon épouse aux Iles du Sud, mais j'arrivais malgré tout à tromper la vigilance du troll, et poursuivre mes recherches en quête d'Emma. Une de mes seules satisfactions fut que mon frère avait lui aussi sa vie de brisée, avec sa fille enlevé mais à cause de ce gibier de potence !...
-Vous allez voir ce qu'il va vous faire le gibier de potence ! Hurla Eugène
Eugène sortait de sa torpeur et avançait d'un pas menaçant vers Quentin qui ne bougeait pas d'un pouce le fixant avec dédain, mais alors que nous étions tous sans réaction Quentin, avec une vélocité que je ne lui connaissais pas réussit à esquiver les coups de Eugène et sous nos yeux horrifiés nous le vîmes avancer son poignard, écorchant profondément le bras de l'ex bandit avant de lui assener un coup de coude pour le mettre à terre tout en l'ayant éloigné. Raiponce poussa alors un hurlement, lâchant la main de ma cadette pour porter secours à son époux et recommencer son agaçante comptine pour panser la vilaine plaie qui entachait la manche de chemise déchirée de Flynn Rider alors que je réprimais un haut le cœur.
-Quel manque de savoir vivre ! Il me tarde de te passer moi-même la corde au cou ! Bref, alors que mon frère retrouvait sa fille, il réussit à percer mon identité à jour, bien aidé par la reine d'Arendelle ! Cette garce à qui j'avais fini par ouvrir mon cœur avait entretenu une correspondance avec lui et projetait de me démasquer à l'occasion du mariage ! Il m'a donc fallu changer mes plans. Saboter le navire royal, rien de plus aisé que de faire passer ensuite cela pour un accident vu la météo exécrable, mais périlleuse mission que de réussir à m'échapper juste à temps grâce à un navire suiveur ! Quentin VI d'Arendelle n'était plus ! Je devenais désormais pleinement Quentin III des Iles du Sud ! Et hors de question d'avoir à faire à cette odieuse famille ! Alors pour cela il me fallait me débarrasser du mauvais sang qui me la rappelait ! A commencer par vous les jumelles sorcières ! Elsa tu étais mon monstre apprivoisé ! J'avais su te faire entretenir ta peur, te couper du monde ! Ca devait être si simple de t'éliminer, il fallait juste attendre le bon moment, puis te faire épouser un de mes fils qui se chargerait de te supprimer ! Quand à Emma, elle devait périr, où me servir de bras armé !
-Parce que vous pensiez une seule seconde que je pourrais tomber amoureuse de ce paon qui vous sert de fils ! Fis-je désignant Hans
-Hans était le seul susceptible d'être corrompu dans ce projet, les autres étaient trop fiers pour cela, trop honnêtes ! Mais qu'importe il aurait réussi sans cette horreur de troll pour contrecarrer mes plans et leur espèce de disciple de dadet des montagnes ! Et honte sur toi Elsa ! Toi qui aspire à me ressembler, tu as autorisé un tel mariage avec un roturier à peine lettré !
-Jamais je ne vous ressemblerais ! Hurlais-je !
-Oh je le confirme ! Tu n'es qu'un esprit faible ! Une fillette en prière à la moindre difficulté ! Tu n'as pas la trempe d'un monarque ! Tu n'es qu'une poussière ! Une moins que rien qui ne doit son titre qu'à une usurpation car aux Iles du Sud jamais tu n'aurais été reine !
-Laissez-la…monstre ! Elle…est…plus digne ! Plus digne du…pouvoir que…que vous ne l'avez jamais été ! Entends-je.
J'avais été incapable de répondre, jamais je ne m'étais sentie si insultée, si blessée, et par mon propre père de surcroit ! Tous mes compagnons, ma…mère aussi étaient sans voix et la seule qui su répondre fut Anna d'une voix saccadée ! Le givre avait gagné ses mains mais elle avait péniblement su se relever pour lui faire face !
-Tiens voilà que la petite fille gâtée répond à son père maintenant ! Quand on est polie jeune fille, on salue son vieux papa que l'on n'a pas revu depuis des années ! Et tu pourrais aussi me présenter ma petite fille également ! Répondit Quentin avec un regard terrifiant à l'encontre de ma jeune sœur !
-Tu ne toucheras pas à un seul cheveu des princesses d'Arendelle ! Et encore moins ceux de la Reine ! Lança alors Viktor.
Sans que je comprenne je le vis se mettre sur le chemin entre Anna et Quentin alors que Kristoff avait repris dans ses bras la petite Emma qui sentant le danger approchait s'était mise à pleurer. Malheureusement mon preux chevalier fit bien pale figure Hans qui s'était repris alors qu'il semblait tout aussi hébété que nous par ce discours s'était mis derrière son frère adoptif et lui assena un violent coup derrière la nuque le faisant tomer lourdement au sol, inconscient !
-L'amour…Quelle faiblesse ! Mais je me demande bien ce qu'elles peuvent bien lui trouver à cette vermine. Déclara Hans satisfait regardant Viktor inconscient à ses pieds.
-Je vais t'apprendre petit malotru à traiter ainsi ton frère ! Hurla Victoria en giflant le jeune paon des Iles du Sud !
Hans encaissa sans mot dire, reculant d'un pas, visiblement peu rassuré de mettre sa mère en colère, mais son infériorité fut de courte durée car Quentin qui restait imperturbable s'était approché et avec une vélocité comparable à celle dont il avait du faire preuve face à Eugène, réussit à désarmer Victoria et la gifla à son tour la faisant tomber et heurter un pied de table alors que je me précipitais ainsi qu'Emma au plus près de Kristoff et Anna, laissant Raiponce seule à l'autre bout de la pièce, distillant des soins à son époux mal en point.
-Et toi, tu ne dis plus jamais que ce petit batard est son frère ! Pesta Quentin qui continuait de regarder avide dans notre direction.
-C'est inutile de la défendre mesdemoiselles, elle ne m'intéresse pas. Cette petite greluche n'était qu'un pion insignifiant dans cette partie qui à vrai dire s'est jouée sans elle ! D'ailleurs d'ici quelques minutes elle sera morte ! Mais rassures toi Elsa, je saurais de pas être cruel à ton égard. Je ne te laisserais pas le temps de laisser le remord de ronger ! Toi et Emma, les deux sorcières, le monde va se débarrasser de vous et vos cataclysmes !
-Pas si on vous arrête avant ! Lançais-je déterminée, même si les tremblements dans ma voix trahissaient mon angoisse. Je poursuivis alors pour donner de l'aplomb à mes propos : N'approchez pas où votre frère devient dans la seconde une statue de glace ! Fis-je me tournant vers Ludwig qui n'en menait pas large.
-Allez ! Vas y essaie ! Comme si sa vie m'importait ! Et de toute façon, si tu tentes quoi que ce soit, ces hommes te tueront ! N'oubliez pas messieurs à quel souverain vous avez juré fidélité jusqu'à la mort ! Lança-t-il plus fort avant de baisser le ton à nouveau : Et de toute manière regarde le cataclysme dehors par ta faute ! Tu penses vraiment que le peuple est heureux ainsi gouverné ?
Je détournais les yeux quelques instants pour regarder la réaction des hommes et cette dernière me rassura quelque peu. Je n'étais pas certaine qu'ils oseraient ouvrir le feu sur moi. Ils s'étaient habitués à me voir reine. Ils m'ont également prêté allégeance et juré fidélité. Ils connaissaient mes pouvoirs, et visiblement l'attitude de leur ancien roi leur faisait plus peur qu'autre chose. Quentin avait apparemment ressenti la même chose et avait profité de mon inattention pour se détourner d'Anna pour finalement arracher Emma des bras de Kristoff en faisant usage de son poignard, blessant mon beau frère de la même façon qu'il avait blessé Eugène. Alors que Kristoff s'affaissa hurlant de douleur portant la main à son bras, Quentin réussit à attraper ma filleule.
-Kristoff ! Hurlais-je mais mon cri fut couvert par celui de ma cadette
-Emma ! Non pas ma fille !
-Emma ? Tiens donc quelle ironie ! Fit Quentin d'un ton sarcastique se retournant vers Victoria qui recouvrait ses esprits ainsi que Viktor malgré les quelques gouttes de sang qui perlaient sur son front à l'endroit où sa tête avait rencontré le meuble et ajoutait : Tu le savais n'est ce pas ? C'est ça qui t'a fait fuir ?! T'étais pourtant ma reine ! La seule qui pouvait avoir une place dans cette vie !
-Plutôt vivre mille vies en enfer qu'une minute de plus à tes côtés !
-Pour ça on devrait pouvoir s'arranger. Fit Quentin en haussant les épaules.
Hans s'approchait de son père, une corde à la main visiblement peu rassuré face à ce psychopathe, mais il n'en avait que faire, il admirait Emma. La petite en revanche, entendant le cri déchirant de sa mère s'était mise à pleurer un peu plus fort et posait ses mains contre le bras de Quentin qui se mit à hurler, lâchant par reflexe le bébé sous nos yeux horrifiés, qui par miracle retomba sur ses fesses, sur l'épaisse tenue de fourrure de son père affalée sur le sol, riant de cette cascade imprévue alors que le regard de Quentin se durcit encore davantage.
-Elle m'a gelé le bras ! Une autre sorcière ! Cette prophétie encore ! Mais je ne commettrais pas deux fois la même erreur ! Hans, la plaisanterie a assez duré ! On fait le ménage ! Hurla-t-il
Quentin n'avait d'yeux que pour ma petite filleule, tenant son poignard à la main, la fixant comme une bête sauvage affamée prête à fondre sur sa proie sans défense. Hans suivait, plus apeurée que déterminé. Il réagissait tel un automate. Sans doute voulait-il nous attacher mais il ne réagit pas voyant qu'Emma et moi nous étions agenouillées auprès de ma petite filleule alors que Quentin, plus bête qu'homme se baissait pour frapper l'enfant. Dès lors tout se passa très vite.
Emma et moi avec un incroyable mimétisme nous mîmes à crier ensemble, tendant nos bras. Mais ce fut de la part du bébé que la magie s'exprima la première. De ses petites mains sortit un premier bloc de glace, accompagné du bien, entouré des flammes de ma jumelle qui, au lieu de le faire fondre le rendait plus solide, à la fois brulant et gelé. Le bloc frappa alors de plein fouet Quentin qui se mit à hurler de douleur alors qu'il fut forcé de reculer vers la fenêtre qui se brisa dans son dos. Il cherchait par tous les moyens à se libérer de ce mur qui avançait et que nous ne contrôlions plus, attrapant la corde qu'Hans tenait il nous entraîna alors, Emma, Hans et moi également vers la fenêtre. Tous trois tentions de nous libérer de ces liens alors que je vis le mur de glace arriver au bord du balcon avant de basculer accompagner d'un grand cri, La corde qui nous liait se brisa alors, mais tous trois glissions vers le vide sans pouvoir nous retenir…
Je regardais interloquée ce roi fou se passer la main dans ses cheveux, avec son éternel sourire satisfait, il me défiait du regard, me laissant mariner attendant ma réponse par rapport aux propos absurdes que tenaient Victoria, sous entendant qu'elle puisse être notre mère ! Finalement, il reprit la parole, mais ne s'adressait pas à moi, mais à son épouse.
-Il aura donc été décidé que je sois contrarié dans mes projets aujourd'hui. Cela m'attriste ma chère sachez le, surtout quand je sais ce qu'il arrive à ceux qui en découvre un peu trop sur moi sans que je ne le souhaite ! Fit-il, caressant la lame de son poignard qu'il tenait toujours.
-Que veut-dire cela ?! Demandais-je sentant la rage ma gagner mais me contenant voyant mes compagnons toujours menacés.
-Elsa ne te fais pas plus bête que tu n'es !
-Arrêtez de me tutoyer !
-Ca n'empêchera pas ta bêtise de s'exprimer ma petite reine d'opérette ! Cela veut dire que ceux qui en savent trop ont tendance à passer de vie à trépas, surtout s'ils sont amenés à prendre la mer !
-Non vous n'avez pas osé faire ça ! Pas Karl ! S'offusqua Victoria
-Voyez-vous Karl partait en toute hâte en Arendelle prévenir notre petite reine qu'il avait découvert ce pourquoi vous étiez partie ma mie. Il avait effectivement découvert qu'il n'était pas le premier né de la fratrie. Ce petit crétin s'était mis à fouiller mes cahiers de voyage et il a découvert beaucoup de choses. Notamment votre premier enfantement Victoria. Oui je vous ai fait croire que les nourrissons n'avaient pas survécu et pour vous satisfaire nous avions pu pratiquer les sacrements en urgences les dotant d'un prénom. Mais il a découvert qu'il n'en était rien et que j'avais fait emmener en toute hâte les enfants sur le navire du royaume d'Arendelle qui appareillait, et que j'avais fait modifier le lieu de naissance et le nom des parents des enfants. Ces naissances étaient une tragédie, il fallait nous en débarrasser. Plaigniez-vous je leur ai laissé la vie sauve, mais quand cet imbécile de Karl a tout découvert, il fallait le faire taire, saboter un navire est tellement simple, un naufrage si vite arrivé…ça n'est d'ailleurs pas le premier à finir au fond de l'océan.
-Vous avez tué notre fils !
Je regardais estomaquée Victoria s'affaler de tout son long, comme si cette révélation venait de lui couper les jambes et la regardait sangloter. Moi aussi je manquais de défaillir, Karl à qui j'avais ouvert mon cœur tué par son propre père. Je restais par ailleurs totalement perdue, il confirmait les dires de Victoria, elle serait donc bien notre mère, avec tous les liens de parenté nouveaux que cela impliquait ! Non c'était impossible, et pourtant, c'est vrai qu'elle nous ressemblait beaucoup à Emma et moi ! Mais au-delà de ces révélations qui sidéraient également Emma que je voyais agenouillée également, peinant à récupérer après l'agression et maintenant cet aveu, ce sont les dernières paroles prononcés par le roi des Iles du sud dont je refusais d'admettre l'idée qu'il puisse être mon père ! Non mon père je sais qui il est ! Sans doute cet homme, c'était impossible.
-Pas le seul à finir au fond de l'océan ? Est-ce que vous êtes en train d'insinuer ?...
-Une vue d'ensemble, n'est ce pas cela que l'on vous a enseigné Elsa ? Vous êtes bien longue à la réflexion pourtant. Un navire s'abimant en mer alors qu'il naviguait sur nos mers. Allons Elsa, votre cher papa…enfin, c'est ainsi que vous l'appeliez vous a initié à être observatrice pourtant…j'ai bien peur qu'il ne soit particulièrement déçu du résultat !
-Ne salissez pas en plus sa mémoire ! Vous paierez je vous le garantie ! Pour ce coup d'Etat et ces meurtres ! Oui vous paierez pour le meurtre du roi Quentin VI d'Arendelle, mon père !
-Le meurtre ! Comme c'est amusant ! Ria ce personnage détestable
-Vous avez tué mon père et vous osez en plus en rire ! Fulminais-je
-Oh non Elsa ! Rappelle-toi de ce que je te répétais inlassablement ici, une vue d'ensemble, regardes !
Ce roi fou joignit le geste à la parole, continuant de passer la main dans ses cheveux, je le vis dégrafer finalement une sorte de plastron qui lui affina quelque peu le cou et les épaules, puis je constatais médusée qu'il portait une perruque, passant d'une chevelure légèrement bouclée noire à une chevelure fine et châtain. La transformation ne s'arrêta pas là alors qu'il enlevait un faux nez laissant apparaître le sien beaucoup plus fin. Enfin, la touche finale, il se débarrassa pleinement de sa cape, se laissant apparaître dans son uniforme bleu marine que je reconnaitrais entre mille.
-Non !
-Si Elsa ! Quentin III des Iles du Sud et Quentin VI d'Arendelle ! Je n'ai pas tué ton père comme tu dis, je suis ton père !
-C'est… Non c'est impossible ! Peinais-je à articuler.
A mon tour je me sentais vaciller, à l'instar d'Emma et Victoria je sentais mes forces m'abandonner et tombait brutalement sur un fauteuil à côté de moi abasourdie de cette scène surréaliste. J'avais en face de moi, revenu d'entre les morts le roi d'Arendelle disparu avec son navire en pleine mer il y a des années. Mon père que j'ai tant vénéré me faisait face ! Oui c'était bien lui, il n'y avait pas de doute possible, mais c'était un autre homme ! Ca n'était pas celui que je connaissais, bienveillant, attentif à ma situation, surveillant que je ne perde pas le contrôle de mes pouvoirs. Je lançais des regards hébétés dans la salle, croisant finalement celui de ma cadette au plus mal, et pour la première fois de ma vie, je n'arrivais plus à voir dans ses yeux l'optimisme qui la caractérisait, il semblait avoir disparu laissant place à l'horreur de cette vision. Quant à mes autres compagnons eux aussi semblaient hébétés de cet événement inattendu…Même Hans ! Quant au roi de Coronna, il semblait fusiller du regard Quentin. Visiblement voir son frère revenir d'entre les morts ne l'enchantait guère, ce que semblait s'être aperçu Quentin.
-Allons mon frère ne me fais pas ce regard réprobateur comme si tu voyais un fantôme ! Tu le savais depuis longtemps toi ! C'est d'ailleurs pour ça que tu es ici et pas mort toi non plus !
-Père ! Vous le saviez et vous avez caché cette information ! Réagit Raiponce
-Oh oui ma mignonne ! Au passage enchanté ma nièce ! Oui nous n'avons pas pu nous rencontrer finalement ! Sachez que comme votre père je désapprouve votre union avec ce roturier gibier de potence, d'ailleurs si votre père avait mieux manœuvré…
-Ca suffit Quentin ! Lança furieux le Roi Ludwig. Oui je sais depuis longtemps qui tu es, tu m'as honteusement piégé dans ton complot, mais il est certaines limites qu'il m'est interdit de te laisser franchir !
-Ah mais c'est déjà fait mon cher frère ! Tout ça ! C'est de ta faute ! Que tu le veuilles ou non, tout ceci est ton œuvre ! Répliqua Quentin ce qui nous sidéra tous autant que nous étions.
-Père je refuse de croire que vous ayez pu aller aussi loin dans la vilainie ! Pitié, reprenez-vous ! Réagissez ! Coronna vous connait comme étant un roi bienveillant ! Revenez sur le droit chemin ! Ne le laissez pas raconter de telles horreurs ! Supplia Raiponce, alors que mon oncle serrait les dents !
-Et pourtant si ! Oh ça n'est pas lui qui a monté ce plan machiavélique bien sur, pour ça il faut être un tant soit peu stratège ce que mon lourdaud de frère n'est pas ! Mais c'est lui qui a causé mon malheur !
-Comment ? Me surpris-je à demander à ce fou qui me répugnait et dont j'avais les pires difficultés à admettre qu'il s'agissait de mon père.
-J'ai le malheur d'être le deuxième né, je ne devais donc pas régner, la couronne ayant été promise à mon frère, et de fait il la obtenu le jour de son mariage et notre père avait abdiqué en sa faveur. Quant à moi je n'étais destiné qu'à un rôle subalterne, et cela m'était impossible à accepter. Je suis donc parti de Coronna ! Parti vivre une vie d'aristocrate aventurier. Mais à peine étais-je parti depuis deux jours que l'on me reconnaissait et raccompagnait à Coronna car mon rang m'interdisait de m'exposer au danger. Je ne devais pas sortir du château ! Pour me protéger disait-on !
-Eh bien faut croire que c'est de famille ! Répliqua Eugène en dévisageant son épouse, repensant sans doute à son épopée pour conquérir son cœur.
-Comment un gibier de potence ose-t-il m'interrompre ! S'offusqua Quentin avant de poursuivre, d'une voix plus neutre : J'étais épris de liberté, et c'est là que j'ai eu l'idée de ce déguisement que vous m'avez vu porter. Le nouveau Quentin était né et je pus fuir ce château pour aller vivre ma vie. Ma première aventure m'a mené aux Iles du Sud. C'est là où j'ai rencontré la princesse Victoria, elle était en grande discussion avec la princesse d'Arendelle alors que leurs parents rédigeaient des traités.
-La princesse d'Arendelle ? Ma mère ? Demandais-je sans trop savoir pourquoi je continuais d'écouter ce monstre.
-Ta mère…adoptive Elsa tu l'as compris je suppose, mais oui c'était bien elle, nous étions les meilleures amies du monde elle et moi souffla Victoria qui recouvrait peu à peu ses esprits.
-Ma mie ! Vous avez retrouvé votre langue ! Railla Quentin avant de continuer son récit. Je passe sur les détails mais j'ai pour résumé sauvé la vie de cette chère Victoria, à moins que vous ne souhaitiez me contredire ma mie ?
-Une bonne action ne lavera pas vos multiples pêchers ! Se contenta-t-elle de répondre d'une voix glaciale.
-Je prends cela pour un oui. Nous sommes alors tombés amoureux et avons convolé en juste noces peu de temps après puis nous avons accédé au trône des Iles du Sud. La loi en vigueur voulant alors que seul l'homme soit en capacité de gouverner, je suis devenu le roi Quentin III des Iles du Sud. Et personne ne connaissait mes origines. Mais c'est après que mon frère est intervenu et a tout détruit !
- Comment oses-tu ?! Vociféra Ludwig qui semblait pour une fois se rebeller.
-Lui et sa femme ne pouvaient avoir d'enfant, surtout qu'elle avait mauvaise santé. Alors il est allé voir les trolls.
-…Et Grand Pabby lui a prédit qu'il avait une potion mais que la magie avait un prix. Ce prix serait d'abriter dans sa famille les enfants de l'Yggdrasil ! Coupa Gulba comme en transe.
-Après le bandit les créatures qui m'interrompent ! Mais oui c'est cela. Alors il s'est mis en quête de me retrouver, car il ne voulait surtout pas que ça soit sa descendance qui porte le fardeau ! Il m'imposa alors un mariage ! Cadeau empoisonné, officiellement il m'offrait la possibilité de devenir roi ! Mais il ne savait pas que le prince Quentin qu'il connaissait avait disparu et que seul existait le roi Quentin III. Tout s'est décidé très vite ! Je n'ai pas eu le temps de protester que je me retrouvais sur un navire m'emmenant ici, dans ce château alors assiégé par l'ennemi.
-…Et vous avez alors épousé dans le grenier de ce château la princesse d'Arendelle. Interrompit Emma
-Eh bien au moins une de mes filles écoute et retient ce que je dis…N'est ce pas Elsa ? Fit Quentin d'un ton provocateur
-Père ! Vous seriez vous marié deux fois ? Demanda Hans qui ne comprenait visiblement rien à la situation ce qui si elle n'avait pas été si dramatique m'aurait peut être fait sourire.
-Si nous n'avions pas eu ce contretemps tu te serais finalement marié avec ta propre sœur Hans, alors s'il te plait, ne commente rien ! Bien, donc en effet, j'ai été forcé d'épouser la princesse d'Arendelle. Ce mariage permettait le retour d'un pouvoir fort en ce temps de vacance du pouvoir car moi, contrairement à la princesse, j'étais en âge de gouverner. J'ai donc été le surlendemain sacré. Vous connaissez la toile, vous voyez mon expression inquiète. Le piège de mon frère venait de se refermer. J'étais d'après mon identité officielle lié au destin d'Arendelle, alors que j'étais devenu sous un autre nom roi des Iles du Sud, en passe de fonder une famille. Mais hors de question de l'avouer à qui que ce soit. J'aurai provoqué une guerre ! Comble de l'ironie, mes deux épouses étaient les meilleures amies du monde. Cela me permettait néanmoins de fréquemment pouvoir voyager d'un royaume à l'autre, mais la situation était complexe alors que Victoria était enceinte. D'ailleurs, un soir, peu de temps avant vos naissances mesdemoiselles, une aurore boréale passait, mon frère avait trouvé la fleur d'or pour guérir sa femme. Raiponce allait pouvoir naître, et la prophétie se réaliser, touchant ma descendance ! Et, le jour du solstice arriva. La reine d'Arendelle était présente aux Iles du Sud mais je l'avais fait raccompagner au navire. Victoria était épuisée, mais j'avais les bébés dans les bras, des filles ! Inconcevable, il était hors de question que mon trone aille à un étranger eu égard à la loi ! Et surtout, l'une d'elle réussissait à créer des flocons de neiges ! Je compris alors le drame ! Les filles de la prophétie ! J'allais être découvert ! Il fallait impérativement que cette enfant soit la fille du roi d'Arendelle, pas des Iles du Sud, sinon j'étais perdu !
-Vous avez donc fait croire à Victoria à notre décès et nous avons embarqué sur le navire d'Arendelle ! Dis-je en serrant les dents !
-Tu vois Elsa que tu arrives à comprendre parfois. C'est exact ! Heureusement en Arendelle la reine ne faisait aucun apparition publique, une grossesse dissimulée était donc plausible. Ce fut un jeu d'enfant de la persuader d'adopter !
-Mais comment se fait-elle qu'elle n'est pas vu la supercherie au moment du départ. Demanda intéressé Eugène
-Je l'ai dit j'ai horreur d'être interrompu par un malfrat ! Quoi qu'il en soit, officiellement le roi d'Arendelle n'était pas du voyage, la reine est rentrée seule, ça n'est qu'arrivé à Arendelle, moi par un autre navire que j'ai su la persuader ! Nous avons pris Elsa, j'ai même imposé le prénom à la reine d'Arendelle, elle a cru à l'histoire de l'hommage envers son amie qui avait vécu une tragédie ! J'avais pris soin de cacher l'autre enfant, des jumelles, était trop soupçonneux comme situation. Mais il faut croire que quelqu'un aura trouvé le couffin avant que je puisse m'en occuper ! Elsa pouvait devenir l'héritière d'Arendelle, je n'en avais que faire de ce royaume qu'on m'avait imposé ! Mais au fil du temps, je me suis attaché à ce second pays, et nous avons eu la chance d'avoir des fils aux Iles du Sud ! Pourquoi ne pas un jour mettre sur le trône d'Arendelle un de mes fils ! Mon frère avait gâché ma vie, autant trouver un bénéfice et m'octroyer deux royaumes ! Le seul souci fut que la reine d'Arendelle voulait un enfant à elle ! Nous avons fini par avoir Anna. Mais peu importait, Elsa resterait l'héritière ! Cela dit, ma première préoccupation était de faire en sorte que ses pouvoirs aux yeux de tous restent secrets et que je puisse les contrôler ! Deux royaumes n'étaient pas suffisants ! Je pourrais avec elle contrôler les éléments ! Mais il me fallait retrouver la seconde fille aussi. Puis arriva un événement imprévu. Mon frère a gâché ma vie ! Et tu l'as gâché une seconde fois Elsa !
-Pardon ? M'exclamais-je ne sachant plus de quoi je devais être le plus choqué face à ce discours.
-Tu as gelé ta sœur ! Et visiblement cela devient une habitude chez toi ! Répondit-il fixant ma cadette mourante.
-Je ne l'ai pas gelé ! Me défendis-je désemparée.
-Je pesais que tu avais passé l'âge de mentir à tes parents pour cacher une bêtise ! Je pensais même que dire la vérité était la seule chose que tu avais réussi à comprendre comme il faut
-Ce grâce à l'éducation d'un père exemplaire en la matière ! Répondis-je tentant de reprendre quelque peu pied dans cette situation retrouvant mon ton royal comme aime à le décrire Anna.
-Ce ton ne marche pas avec moi ma petite ! D'ailleurs il ne te sera plus d'aucune utilité ! Ton acte d'abdication va bientôt être enregistré ! Quand je pense que tu as été assez sotte pour ne pas changer le code de sécurité royal !
-Je… Balbutiais-je perdant à nouveau mes moyens.
-Je vais formuler ta phrase Elsa « Dans cette partie moi Elsa j'ai très mal joué et me voilà échec et mat ! ». Mais à tout seigneur tout honneur, tu as bien compris que cette partie a commencé il y a très longtemps, alors je t'accorde au moins la vérité ! Vois la dedans le dernier acte d'un père comment disais tu déjà ? Bienveillant !
-Grand Pabby aurait dû vous transformer en roche quand vous nous avez présenté la petite ! Lança Gulba, prenant mon relais alors que mes jambes à nouveau ne pouvaient plus me porter.
-Et moi j'aurai dû me débarrasser de lui bien plus tôt ! Car lui m'a reconnu ! Il avait reconnu la fille de la prophétie ! Mon identité était découverte ! Heureusement, il me devait allégeance, tant que je ne bougeais pas d'Arendelle. Aussi mes voyages furent plus rares. Je dû en bonne partie délaisser mon épouse aux Iles du Sud, mais j'arrivais malgré tout à tromper la vigilance du troll, et poursuivre mes recherches en quête d'Emma. Une de mes seules satisfactions fut que mon frère avait lui aussi sa vie de brisée, avec sa fille enlevé mais à cause de ce gibier de potence !...
-Vous allez voir ce qu'il va vous faire le gibier de potence ! Hurla Eugène
Eugène sortait de sa torpeur et avançait d'un pas menaçant vers Quentin qui ne bougeait pas d'un pouce le fixant avec dédain, mais alors que nous étions tous sans réaction Quentin, avec une vélocité que je ne lui connaissais pas réussit à esquiver les coups de Eugène et sous nos yeux horrifiés nous le vîmes avancer son poignard, écorchant profondément le bras de l'ex bandit avant de lui assener un coup de coude pour le mettre à terre tout en l'ayant éloigné. Raiponce poussa alors un hurlement, lâchant la main de ma cadette pour porter secours à son époux et recommencer son agaçante comptine pour panser la vilaine plaie qui entachait la manche de chemise déchirée de Flynn Rider alors que je réprimais un haut le cœur.
-Quel manque de savoir vivre ! Il me tarde de te passer moi-même la corde au cou ! Bref, alors que mon frère retrouvait sa fille, il réussit à percer mon identité à jour, bien aidé par la reine d'Arendelle ! Cette garce à qui j'avais fini par ouvrir mon cœur avait entretenu une correspondance avec lui et projetait de me démasquer à l'occasion du mariage ! Il m'a donc fallu changer mes plans. Saboter le navire royal, rien de plus aisé que de faire passer ensuite cela pour un accident vu la météo exécrable, mais périlleuse mission que de réussir à m'échapper juste à temps grâce à un navire suiveur ! Quentin VI d'Arendelle n'était plus ! Je devenais désormais pleinement Quentin III des Iles du Sud ! Et hors de question d'avoir à faire à cette odieuse famille ! Alors pour cela il me fallait me débarrasser du mauvais sang qui me la rappelait ! A commencer par vous les jumelles sorcières ! Elsa tu étais mon monstre apprivoisé ! J'avais su te faire entretenir ta peur, te couper du monde ! Ca devait être si simple de t'éliminer, il fallait juste attendre le bon moment, puis te faire épouser un de mes fils qui se chargerait de te supprimer ! Quand à Emma, elle devait périr, où me servir de bras armé !
-Parce que vous pensiez une seule seconde que je pourrais tomber amoureuse de ce paon qui vous sert de fils ! Fis-je désignant Hans
-Hans était le seul susceptible d'être corrompu dans ce projet, les autres étaient trop fiers pour cela, trop honnêtes ! Mais qu'importe il aurait réussi sans cette horreur de troll pour contrecarrer mes plans et leur espèce de disciple de dadet des montagnes ! Et honte sur toi Elsa ! Toi qui aspire à me ressembler, tu as autorisé un tel mariage avec un roturier à peine lettré !
-Jamais je ne vous ressemblerais ! Hurlais-je !
-Oh je le confirme ! Tu n'es qu'un esprit faible ! Une fillette en prière à la moindre difficulté ! Tu n'as pas la trempe d'un monarque ! Tu n'es qu'une poussière ! Une moins que rien qui ne doit son titre qu'à une usurpation car aux Iles du Sud jamais tu n'aurais été reine !
-Laissez-la…monstre ! Elle…est…plus digne ! Plus digne du…pouvoir que…que vous ne l'avez jamais été ! Entends-je.
J'avais été incapable de répondre, jamais je ne m'étais sentie si insultée, si blessée, et par mon propre père de surcroit ! Tous mes compagnons, ma…mère aussi étaient sans voix et la seule qui su répondre fut Anna d'une voix saccadée ! Le givre avait gagné ses mains mais elle avait péniblement su se relever pour lui faire face !
-Tiens voilà que la petite fille gâtée répond à son père maintenant ! Quand on est polie jeune fille, on salue son vieux papa que l'on n'a pas revu depuis des années ! Et tu pourrais aussi me présenter ma petite fille également ! Répondit Quentin avec un regard terrifiant à l'encontre de ma jeune sœur !
-Tu ne toucheras pas à un seul cheveu des princesses d'Arendelle ! Et encore moins ceux de la Reine ! Lança alors Viktor.
Sans que je comprenne je le vis se mettre sur le chemin entre Anna et Quentin alors que Kristoff avait repris dans ses bras la petite Emma qui sentant le danger approchait s'était mise à pleurer. Malheureusement mon preux chevalier fit bien pale figure Hans qui s'était repris alors qu'il semblait tout aussi hébété que nous par ce discours s'était mis derrière son frère adoptif et lui assena un violent coup derrière la nuque le faisant tomer lourdement au sol, inconscient !
-L'amour…Quelle faiblesse ! Mais je me demande bien ce qu'elles peuvent bien lui trouver à cette vermine. Déclara Hans satisfait regardant Viktor inconscient à ses pieds.
-Je vais t'apprendre petit malotru à traiter ainsi ton frère ! Hurla Victoria en giflant le jeune paon des Iles du Sud !
Hans encaissa sans mot dire, reculant d'un pas, visiblement peu rassuré de mettre sa mère en colère, mais son infériorité fut de courte durée car Quentin qui restait imperturbable s'était approché et avec une vélocité comparable à celle dont il avait du faire preuve face à Eugène, réussit à désarmer Victoria et la gifla à son tour la faisant tomber et heurter un pied de table alors que je me précipitais ainsi qu'Emma au plus près de Kristoff et Anna, laissant Raiponce seule à l'autre bout de la pièce, distillant des soins à son époux mal en point.
-Et toi, tu ne dis plus jamais que ce petit batard est son frère ! Pesta Quentin qui continuait de regarder avide dans notre direction.
-C'est inutile de la défendre mesdemoiselles, elle ne m'intéresse pas. Cette petite greluche n'était qu'un pion insignifiant dans cette partie qui à vrai dire s'est jouée sans elle ! D'ailleurs d'ici quelques minutes elle sera morte ! Mais rassures toi Elsa, je saurais de pas être cruel à ton égard. Je ne te laisserais pas le temps de laisser le remord de ronger ! Toi et Emma, les deux sorcières, le monde va se débarrasser de vous et vos cataclysmes !
-Pas si on vous arrête avant ! Lançais-je déterminée, même si les tremblements dans ma voix trahissaient mon angoisse. Je poursuivis alors pour donner de l'aplomb à mes propos : N'approchez pas où votre frère devient dans la seconde une statue de glace ! Fis-je me tournant vers Ludwig qui n'en menait pas large.
-Allez ! Vas y essaie ! Comme si sa vie m'importait ! Et de toute façon, si tu tentes quoi que ce soit, ces hommes te tueront ! N'oubliez pas messieurs à quel souverain vous avez juré fidélité jusqu'à la mort ! Lança-t-il plus fort avant de baisser le ton à nouveau : Et de toute manière regarde le cataclysme dehors par ta faute ! Tu penses vraiment que le peuple est heureux ainsi gouverné ?
Je détournais les yeux quelques instants pour regarder la réaction des hommes et cette dernière me rassura quelque peu. Je n'étais pas certaine qu'ils oseraient ouvrir le feu sur moi. Ils s'étaient habitués à me voir reine. Ils m'ont également prêté allégeance et juré fidélité. Ils connaissaient mes pouvoirs, et visiblement l'attitude de leur ancien roi leur faisait plus peur qu'autre chose. Quentin avait apparemment ressenti la même chose et avait profité de mon inattention pour se détourner d'Anna pour finalement arracher Emma des bras de Kristoff en faisant usage de son poignard, blessant mon beau frère de la même façon qu'il avait blessé Eugène. Alors que Kristoff s'affaissa hurlant de douleur portant la main à son bras, Quentin réussit à attraper ma filleule.
-Kristoff ! Hurlais-je mais mon cri fut couvert par celui de ma cadette
-Emma ! Non pas ma fille !
-Emma ? Tiens donc quelle ironie ! Fit Quentin d'un ton sarcastique se retournant vers Victoria qui recouvrait ses esprits ainsi que Viktor malgré les quelques gouttes de sang qui perlaient sur son front à l'endroit où sa tête avait rencontré le meuble et ajoutait : Tu le savais n'est ce pas ? C'est ça qui t'a fait fuir ?! T'étais pourtant ma reine ! La seule qui pouvait avoir une place dans cette vie !
-Plutôt vivre mille vies en enfer qu'une minute de plus à tes côtés !
-Pour ça on devrait pouvoir s'arranger. Fit Quentin en haussant les épaules.
Hans s'approchait de son père, une corde à la main visiblement peu rassuré face à ce psychopathe, mais il n'en avait que faire, il admirait Emma. La petite en revanche, entendant le cri déchirant de sa mère s'était mise à pleurer un peu plus fort et posait ses mains contre le bras de Quentin qui se mit à hurler, lâchant par reflexe le bébé sous nos yeux horrifiés, qui par miracle retomba sur ses fesses, sur l'épaisse tenue de fourrure de son père affalée sur le sol, riant de cette cascade imprévue alors que le regard de Quentin se durcit encore davantage.
-Elle m'a gelé le bras ! Une autre sorcière ! Cette prophétie encore ! Mais je ne commettrais pas deux fois la même erreur ! Hans, la plaisanterie a assez duré ! On fait le ménage ! Hurla-t-il
Quentin n'avait d'yeux que pour ma petite filleule, tenant son poignard à la main, la fixant comme une bête sauvage affamée prête à fondre sur sa proie sans défense. Hans suivait, plus apeurée que déterminé. Il réagissait tel un automate. Sans doute voulait-il nous attacher mais il ne réagit pas voyant qu'Emma et moi nous étions agenouillées auprès de ma petite filleule alors que Quentin, plus bête qu'homme se baissait pour frapper l'enfant. Dès lors tout se passa très vite.
Emma et moi avec un incroyable mimétisme nous mîmes à crier ensemble, tendant nos bras. Mais ce fut de la part du bébé que la magie s'exprima la première. De ses petites mains sortit un premier bloc de glace, accompagné du bien, entouré des flammes de ma jumelle qui, au lieu de le faire fondre le rendait plus solide, à la fois brulant et gelé. Le bloc frappa alors de plein fouet Quentin qui se mit à hurler de douleur alors qu'il fut forcé de reculer vers la fenêtre qui se brisa dans son dos. Il cherchait par tous les moyens à se libérer de ce mur qui avançait et que nous ne contrôlions plus, attrapant la corde qu'Hans tenait il nous entraîna alors, Emma, Hans et moi également vers la fenêtre. Tous trois tentions de nous libérer de ces liens alors que je vis le mur de glace arriver au bord du balcon avant de basculer accompagner d'un grand cri, La corde qui nous liait se brisa alors, mais tous trois glissions vers le vide sans pouvoir nous retenir…
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:18
Chapitre 27 : Puisse le sort vous être favorable
Je revoyais ma vie défiler. Tout comme ma jumelle j'étais prête à tomber d'un instant à l'autre. Quentin était déjà tombé lui écrasé une vingtaine de mètres en contrebas. J'étais étonnée qu'en de pareilles circonstances je l'appelais par sa fonction parentale. Une pointe d'amertume émergea aussitôt dans mon esprit pour que je puisse me reprendre. J'avais peur. Il m'était impossible de construire un escalier sans que je ne tombe moi aussi. Je voyais Emma et Hans à quelques centimètres tout aussi paniqués.
-AU SECOURS ! Hurlais-je.
-Elsa attrapez ma main ! Cria Viktor qui s'en était rué violemment vers moi.
Je sentis ses lourdes mains de bûcheron agripper les miennes si douces et frêles. S'eût don de me rassurer. Victoria s'activa à son tour pour rattraper d'une main Emma et de l'autre Hans au dernier moment. Ça n'avait pas l'air d'être facile pour elle, mon frère et ma sœur devant faire à eux deux au moins 140 kilos. Heureusement que Viktor était là pour moi parce que sinon ma pauvre mère n'aurait pas pu résister.
-Je vais essayer de vous relever Elsa, Il faut que vous essayiez de pousser avec votre autre main sur le sol du balcon pour que j'aie un appui.
J'étais choquée d'être si lourde que ça à ses yeux. N'y pensant plus je me concentrais vivement sur ce qu'il venait de me dire. Mon cœur palpita avec force. J'étais encore loin d'atteindre le but. Il devait me soulever un peu pour cela.
-A la une… A la deux… A la tr…
-Viktor viens m'aider Vite ! ! Moi aussi j'ai besoin de ton aide se plaignit Victoria… Enfin Maman.
Son intervention perturba Viktor qui perdit sa vigilance. Tout se passa alors comme au ralentit. Je le vis glisser dans le vide où j'étais également. Je me sentis tomber si lentement mon cœur semblait sortir de mon corps. Je faillis vomir mais à la place j'hurlais de peur. Une seule pensée, un seul nom me venait : ANNA.
Mais contre toute attente je réalisais que nous étions encore en vie. J'avais une affreuse douleur autour du ventre. La corde trop serrée qui me reliait à ma jumelle était en train de me comprimer le ventre. Avec Viktor nous avions atterris sur un léger rebord en contrebas ce qui n'arrangeait pas les choses. Je voyais cette pauvre Victoria qui peinait de plus à plus à tenir tout le monde. Elle nous regardait tous d'un air inquiet. Elle ne s'imaginait sans doute pas perdre en un instant quatre de ses enfants.
-Je ne tiendrais plus très longtemps ! Au secours ! Dit-elle désespérée.
Pour couronner le tout, à cause de la longue distance et du poids notre corde commençait à se fragiliser menaçant à tout instant d'envoyer Emma dans le vide et par conséquent de tous nous entraîner au passage. Viktor fit alors une tentative pour s'en sortir.
-Ne bougez surtout pas ! Lui Clamais-je enragée en voyant que le rebord sur lequel nous étions partait en crépit au moindre mouvement.
-Je glisse de plus en plus ! Vociféra de nouveau Victoria.
En effet, contre son gré je voyais ses pieds de plus en plus s'avancer vers le bord du balcon brisé. Elle entonna alors un « Notre Père » répétitif qui me rappela la berceuse de Raiponce. Si elle commençait à agir comme ma cousine je préférais mourir tout de suite pour ne plus entendre ce vacarme, mais je me hâtais d'oublier au plus vite cette mauvaise pensée.
Mes yeux rencontrèrent alors ceux verts vifs d'Hans. Il m'observait et pour la première fois depuis que je le connaissais il semblait me regarder avec pitié. Mais une bonne pitié comme s'il réfléchissait. Il observa ensuite Viktor avec la même compassion qui ne cachait aucune méchanceté. De même avec Emma.
-Mère ! Appela-t-il la coupant dans sa prière, Mère vous ne pourrez plus tenir très longtemps ! Mère, il faut les sauver, laissez moi m'en aller !
-Non Hans ! Non je te l'interdis ! Dit-elle l'écho déformant sa voix.
-Si Mère ! Cette décision m'appartient qu'à moi seul ! Laissez-moi au moins pour une fois agir avec honneur ! Vous ne pourrez trouver d'autre solution aussi vite de toute façon. Il n'y a pas d'autres issues !
-Je refuse ! Renchérit ma mère, je refuse qu'un de mes enfants se sacrifie pour les autres. Je refuse de devoir choisir entre un de mes enfants.
Hans ne lui répondit pas. A la place il se tourna vers nous cessant constamment de scruter à la fois Emma, Viktor et moi, avant de prendre la parole d'une voix forte mais tremblante :
-Emma et Elsa ne connaissant pas le secret je n'ai jamais réussi à vous connaître en tant que sœurs. Pour moi vous n'existiez pas ou si vous existiez c'était simplement comme des pions. Mais même si je vous avais connu je pense que je ne vous aurais pas aimé. Pardonnez-moi ! Le fait d'être le dernier m'a toujours poussé à agir en méchant. Bien souvent c'était juste pour vous prouver ou pour me prouver à moi-même que j'étais quelqu'un. Que moi aussi j'étais capable de faire des choses comme les autres. Comme toutes ses pensées paraissent idiotes quand on est sur le point de mourir…Pardonne-moi Viktor d'avoir été un mauvais bougre avec toi. Tu étais mon souffre douleur parce que tu avais deux choses que je n'acceptais pas. La première était évidemment que comme tous les autres tu étais plus âgé que moi. La deuxième était que tu n'étais pas de cette famille donc je n'acceptais pas l'idée que tu puisses me donner des ordres, toi le bâtard, toi le préféré de mère. C'est ce que je pensais en tout cas ! Dans les histoires que je lisais c'était le dernier le préféré des mamans. Là ce n'était pas le cas. Je me sentais rejeté par tout le monde. Mais c'était faux, j'en ai conscience maintenant ! J'étais infecte. Donc je te supplie de me pardonner Viktor. Je te supplie de me pardonner Mère. Je vous supplie de me pardonner Elsa et Emma. Je souhaite mourir, pour que vous puissiez vivre ! Partir avec la certitude d'être pardonné par vous tous.
Je le voyais si sincère. Il avait pris un nouveau visage. Il révélait enfin sa peur de tomber. Sortir ce « pardon » serait largement plus facile pour que de se sacrifier pour lui. Aussi consentis-je à le lui donner. Emma fit de même ainsi que Viktor. Je ne pus m'empêcher malgré ses méfaits d'admirer son courage
-Mère s'il vous plaît ? Reprit Hans.
Victoria hésita des larmes perlaient dans ses yeux. Elle n'était plus très loin du vide.
-Je te pardonne mon enfant ! J'ai toujours été fière de toi ! Comme les autres je t'aime plus que tout mon fils ! dit-elle en reniflant après lui avoir embrassé la main.
Il hocha la tête pour lui dire que c'était le moment. Et il se lâcha dans le vide. Sa chute se fit rapidement et nous le perdîmes très vite de vue. Ce n'est que quelques instants plus tard après avoir entendu un grand bruit annonçant l'issue fatale. J'imaginais avec horreur la terrible fin qu'avait dû subir mon frère. J'eus la vision de sa tête en train d'éclater, de sa colonne vertébrale complètement cassée qui rendait sans doute son corps comparable à un amas de chair et d'os, reposant aux côtés de la dépouille de Quentin. L'idée me donna un haut le cœur. Je réalisais péniblement que je venais d'assister à la mort et de mon père et de mon frère. Cette pensée me répugna. Puisse le sort être favorable du côté d'Anna ! Pensais-je pour trouver un réconfort !
Que faire à présent ? Victoria encore en train de pleurer ne s'arrêta pas pour autant dans ses mouvements. A présent que son fils s'était sacrifié, elle ne voulait sans doute pas que ça soit pour rien. Aussi attrapa-t-elle la main de Viktor pour me laisser plus d'espace sur le petit bout de côte. Le jeune homme avec une extrême agilité, ayant une légère marge de manœuvre, finit par s'appuyer sur le rebord du balcon au prix d'un effort sans doute intense. Il finit par arriver tant bien que mal à se cramponner au sol. Ainsi il remonta aux côté de Victoria.
-Je m'occupe de vous Elsa ! S'exclama-t-il pour la deuxième fois.
J'eus beaucoup moins confiance que la première fois même s'il était ma seule chance de salut. Pourtant il se débrouilla plutôt bien cette fois. Après une dizaine de tentatives progressives il réussit enfin à me soulever au-dessus du sol. Puis il fallut que l'on tombe à la renverse l'un contre l'autre. Pendant quelques instants j'eus comme une impression de déjà-vu lors de mon sauvetage dans la montagne du Nord par Karl. Viktor semblait gêné. Je trouvais cela plutôt drôle. Je repensais à notre première rencontre. Il était vraiment patient avec moi. Inconsciemment nos bouches se rapprochèrent et finir par se rencontrer.
Je crus recevoir le pouvoir de ma jumelle. Je sentis mes joues s'enflammer. Je ne savais comment réagir. En l'espace d'un an c'était juste la deuxième fois que ça m'arrivait. Comme je n'eus aucune réaction le visage de Viktor se peignit de déception à moins que cela ne fusse de la gêne et il me relâcha aussitôt pour aller rejoindre nos proches. Je lui parlerais un peu plus tard. Pour l'instant ma priorité était de retourner auprès d'Anna dans la chambre.
Je fus vraiment consciente d'être en vie lorsque je me retrouvais à nouveau dans la pièce. Nous pouvions nous sentir en sécurité. Il restait certes mon oncle mais je ne pense pas qu'il puisse manœuvrer méchamment maintenant qu'il n'était plus sous le joug de Quentin et tacherais de statuer sur son sort rapidement.
Le spectacle qui nous attendait dans la chambre laissait place à de nouveaux ennuis. Kristoff qui avait été blessé par Quentin était en train de se faire panser par Gulba qui était après tout sa mère adoptive. Je me rappelle lorsqu'Anna m'avait appris cela. Une seule pensée m'était venue à l'esprit « Attend quoi ? ». Toutefois je ne lui avais pas dit tout haut estimant que ce n'est pas respectueux surtout venant d'une reine. Je n'en avais pas moins eu peur pour l'avenir marital de ma petite sœur et pour l'avenir royal d'Arendelle il est vrai. Mais à présent je n'y pensais plus. Ma petite filleule même si j'avais avec elle quelques difficultés était objectivement une pure merveille. Kristoff se tenait tranquille pendant que sa « mère » s'occupait de lui. A voir sa mine tout fraîche il semblait s'en être remis. On ne pouvait pas en dire autant d'Eugène. Presque aussi pâle qu'Anna ses paupières semblaient avoir du mal à rester ouvertes. Raiponce se tenait penchée au-dessus de lui. Elle était en train de lui chanter son éternelle « fleur aux pétales d'or… ». Mais tout comme ma cadette, ça ne semblait pas plus fonctionner. Je m'approchais plus près pour voir ce qu'il en était vraiment.
-Je ne comprends pas pourquoi ça ne marche pas répétait-elle sa voix brisée par l'anxiété, avec Mère Gothel c'était efficace pourtant !
Je trouvais cela étrange qu'en de pareilles circonstances elle puisse repenser à celle qui l'avait séquestré pendant 18 ans.
-Comment se fait-il que vous soyez revenue seule Majesté ? Demanda soudain Gulba en se rendant compte de ma présence, Où sont Hans et le roi Quentin ?
Après qu'elle eût dit ces paroles mon Oncle Ludwig qui se faisait tout petit dans la pièce, se redressa brusquement intéressé. Si j'avais été un « monstre » comme beaucoup le prétende je lui aurais dit rien que pour l'agacer : « ils arrivent », mais la situation ne nous laissait pas l'occasion de mentir aussi je répondis aussitôt :
-Ils sont morts tombés du balcon.
Gulba ayant eu sa réponse, hocha la tête sans montrer un quelconque sentiment comme il est de coutume chez les trolls de pierre et retourna à la blessure de son fils. C'est alors que je me rendis compte que personne ne s'occupait d'Anna. Ma chère sœur était toujours allongée sur son misérable lit plus gelée que jamais. En plus de cela la petite Emma dormait sur son ventre. Ça me rendit furieuse. Son père ne pouvait-il pas la prendre dans ses bras pendant qu'il se faisait soigner ou quelqu'un d'autre ?! Et ma cousine ne pouvait-elle pas retourner chanter sa maudite chanson pour elle ?! C'était tout de même ma pauvre Anna qui avait le plus besoin d'aide ! Même si Flynn était mal en point il pourrait plus aisément s'en sortir que ma cadette bon sang ! Aussitôt je me sentais misérable d'oser penser cela. Raiponce est aux soins de son mari ! C'était normal après tout !
- Kristoff tu ne t'inquiètes pas pour ta femme et ta fille ! Déclarais-je simplement d'une voix noble.
Mon ton autoritaire le fit immédiatement réagir. En quelques secondes il repoussa le bras de sa mère et retourna au chevet de ma cadette. Il lui prit la main et réprima une grimace sans doute dû à la froideur. Ma cadette se mit alors à remuer les lèvres avec faiblesse.
-Elsa m'appela-t-elle perdue.
La voir sans force me fit froid dans le dos et sans que je puisse me contrôler des dizaines de flocons de détresses commencèrent à s'échapper de mon être. Je respectais tout de même sa volonté et m'approchais de son corps rigide.
-Ne me gèle pas davantage ! Reste calme ça…ça va aller ! Bégaya-t-elle à cause du froid.
Je dus faire un énorme effort pour canaliser mon stresse. Ça ne marcha pas très bien mais au moins quelques flocons s'étaient déjà dissipés.
-Elsa écoute-moi ! J'ai des choses à te dire avant…Avant de partir ! annonça-t-elle défaitiste.
C'était la première fois que je la voyais si pessimiste. Cela provoqua un nouveau flot de flocons. J'avais envie de lui dire qu'elle allait vivre, s'en sortir. Mais on m'avait appris à ne pas mentir et là il fallait se rendre à l'évidence : son état était grave et je n'étais pas certaine de l'issue. Et Raiponce ne venait toujours pas, restant aux soins d'Eugène.
-Je t'écoute ! Lui déclarais-je solennellement.
Ma sœur prit une grande inspiration et commença doucement :
-Je suis très heureuse de t'avoir eu pour sœur. Tu étais pour moi un modèle même lorsque nous nous sommes perdues de vue. J'aimais bien te réveiller tôt pour pouvoir faire des bonhommes de neige. Tu enrageais bien sûr mais j'étais trop petite pour comprendre. Promet-moi que tu seras une grande reine pour Arendelle. Peu importe d'où tu viens Elsa, il ne faut pas que tu oublies qui tu es. Tu es la reine Elsa d'Arendelle mais également la reine des neiges. C'est dans ce pays que tu as grandi, par conséquent c'est dans ce pays que tu dois continuer de régner en grande reine.
-Je te le prom…
-Je n'ai pas fini me coupa-t-elle. Je veux également que tu me promettes de devenir une vraie mère pour Emma. Je sais que tu peux le faire. J'ai confiance en toi. Je te demande ça car tu es déjà sa marraine. Tu te rappelles du rôle de la marraine dans les livres ? J'aimerais que tu fasses en sorte d'être une vraie fée pour Emma lorsque je ne serais plus de ce monde.
-Je te le promets répétais-je consciente que ça lui ferait plaisir, contenant mes larmes, prenant peu à peu conscience de l'inévitable issue, aussi, pour le moment je laissais de côté la possibilité que je ne puisse pas être à la hauteur.
-J'ai encore une dernière chose à te dire reprit-elle.
-Laquelle ? Demandais-je redoutant le pire.
-Je souhaiterais que tu prennes Emma dans tes bras juste avant que je ne parte. . Ainsi je serais rassurée de partir sachant mon trésor dans les bras de celle qui compte pour moi !
Je m'exécutais sur le champ. Récupérant ma petite filleule du ventre de sa mère, je la calais avec délicatesse contre ma poitrine. Pour la première fois je fis cela le plus naturellement du monde, sans même m'en rendre compte ! C'était la meilleure position pour un bébé. La petite enfouit sa tête dans ma poitrine comme si elle ne voulait pas garder comme dernière image sa maman dans son lit.
Kristoff se baissa vers sa femme sous mon regard terrifié. Je ne pouvais ni ne voulais croire qu'elle allait mourir d'un instant à l'autre. Mes forces semblaient partir. J'avais de plus en plus de mal à respirer comme si je ressentais la profonde blessure qui avait atteint ma sœur au plus profond de mon être. Je sentais ma gorge se nouer, mes entrailles, se compresser. Les larmes montaient, je respirais avec de plus en plus de mal. Il ne fallait pas que je parle. Si tel était le cas les larmes partiraient en un instant. Je soufflais pour éviter qu'elles arrivent et essayais de me concentrer sur Kristoff.
Il se trouvait au-dessus de ma sœur et se penchait vers elle pour lui rendre un dernier baiser. J'eus un faible sourire en voyant leurs bouches se rencontrer. Une larme coula de mon œil droit suivie par plusieurs autres, l'œil gauche était un peu moins rapide mais elles arrivaient aussi. Je ne pouvais m'essuyer à cause du bébé que je tenais de plus en plus fort dans mes bras. Je me contentais de renifler. Je sentis alors une présence humaine se placer derrière moi. Il s'agissait de Viktor. Il posa une main de soutien sur mon épaule dégarnie. La chaleur se fit immédiatement. J'avais de plus en plus de mal à respirer. Les larmes partaient et revenaient par bataillon. J'étais obligée d'ouvrir la bouche car ma gorge m'étouffait. J'essayais de ne pas faire trop de bruit mais je poussais de petits braillements d'enfants. J'appuyais ma tête contre celle d'Emma et lui murmurais dans une phrase coupée sans cesse par mes pleurs et mes reniflements :
-Marraine promet de s'occuper de toi ! Je serais toujours là pour toi ma puce !
Je lui embrassais ses cheveux. Ils avaient quelques reflets roux. De ses petites mains elle parcourait les poches de ma robe en espérant sans doute y ressentir de la chaleur.
Alors que mon visage était bloqué par les larmes sèches, la petite Emma gigotait de plus en plus ses mains. Elle attrapa alors mon « antistress » quotidien : La petite fiole. Elle la sortit immédiatement de ma poche et me la tendit avec un faux air de fierté ce qui était sans doute dû à mon imagination. Nous parlions de bébé après tout.
Le groupe se mit à remuer après la trouvaille d'Emma. Victoria et Viktor étaient hébétés alors que ma jumelle avait tout de suite compris la situation. Etait exposé aux yeux de tous, la potion de Grand Pabby que je dissimulais depuis un an. Depuis un an je me demandais si je devais renoncer à mon pouvoir et l'ingurgiter. Emma, quant à elle avait l'air de connaître son pouvoir également.
-On peut l'utiliser pour guérir Anna ! S'écria-t-elle.
-Je ne sais pas quel effet ça peut avoir sur elle dis-je en me raclant la gorge car j'avais mal à présent.
-Eh bien si ça fait comme avec la fiole que j'ai fait tomber tout à l'heure, cela supprime nos pouvoirs ! Cela fait fondre la neige de l'Yggdrasil ! Elsa fais-moi confiance c'est vraiment l'ultime ingrédient pour qu'elle puisse guérir !
-Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez mais si ça peut être un autre recours pour guérir Anna c'est le moment ou jamais ! Donc faites vite ! S'emporta Kristoff.
-Et l'acte d'amour ? Demandais-je perplexe.
Je savais que nous n'avions pas le temps de réfléchir Anna pouvait nous quitter d'un instant à l'autre si ce n'était pas déjà fait.
-Nous allons tous tenir la fiole pendant qu'on la lui donne à boire continua Kristoff de plus en plus pressé. L'amour fraternel ! C'est le remède !
Je lisais dans ses yeux une nouvelle lueur d'espoir. Je ne voulais pas l'avoir aussi au risque d'être déçue par la suite. Néanmoins je me rapatriais avec les autres. Emma donna la fiole à Kristoff qui l'ouvrit assez vite.
-Venez mettre vos mains nous dit-il à Emma et moi.
Nous nous exécutâmes simplement. J'avais du mal à tenir ma petite filleule d'une main mais je le faisais pour Anna. Mes doigts gelés effleurèrent les doigts brûlants d'Emma. Kristoff hésita à se rajouter à nous deux. Mais finalement il ne nous rejoignit pas. A la place il tenta d'ouvrir une légère fente dans la bouche d'Anna. Ce ne fut pas une mince affaire à cause de la glace mais il y parvint tout de même. Cette première étape fait le livreur de glace se chargea ensuite de pencher le flacon assez proche de la bouche de ma sœur pour qu'elle puisse l'avaler. Il y avait un silence de mort. Plus personne n'osait parler. Tout le monde espérait que le miracle arrive. Sous l'émotion de l'espoir je me remis à pleurer à chaudes larmes. Emma me suivit dans ma démarche. Une main vint bientôt soutenir nos épaules.
Nous nous retournâmes en même temps. C'était Mère. Elle affichait un visage plein de compassion. Elle n'avait pas de mal à comprendre ce que nous ressentions en ce moment. Elle venait de perdre son fils il y a moins d'une heure.
-Concentrons-nous dit Kristoff.
: Sa parole me traversa l'esprit. Le silence qui pesait laissait pressentir que chacun était dans ses pensées. Je priais pour Anna. Je la suppliais intérieurement d'ouvrir les yeux, de revenir à la vie… Comme avant.
En vain.
La dernière goutte de la fiole fut bientôt versée et ma petite sœur ne bougea pas plus. Alors que le son corps entier était devenu glace Les yeux de Kristoff s'embuèrent. Il décida de lui faire un dernier adieu.
Il était sur le point de l'embrasser pour la dernière fois quand advint le miracle. Au début je ne compris pas ce qui se passait. Je vis juste deux halos de lumières émaner de nos corps. Celui d'Emma était jaune d'or et formait une flamme, le mien était d'un bleu froid sous la forme d'un flocon. D'un mouvement rapide mais gracieux la flamme se tortilla autour du flocon. Une fois qu'ils ne firent plus qu'un, ils foncèrent en direction du cœur d'Anna.
En un instant le corps de notre jeune sœur dégela. Sous les yeux ébahis de Kristoff elle retrouva ses couleurs. Emma et moi pleurions encore mais cette fois de joie. La respiration rauque d'Anna retrouva peu à peu son état normal. Tandis qu'elle écarquillait péniblement les yeux mon beau-frère fit ce que nous pensions tous faire : il la prit dans ses bras.
-Doucement, doucement je suis toute courbaturée dit-elle manquant de respirer.
Prudent Kristoff recula laissant sa femme respirer. Mais Anna ne l'entendit pas de cette oreille, reprenant ces vieilles habitudes elle ramena le visage de Kristoff contre elle et murmura :
-Oh mais je t'aime.
Ils s'embrassèrent ensuite assez violemment. Même si je trouvais ce geste assez déplacé à cause du manque de pudeur, je laissais mes traditions de côté, j'étais heureuse pour eux. Heureuse que ma sœur ait échappée de justesse à la mort. Ils étaient si mignons. Kristoff dévorait Anna par petits baisers. Ma cadette se contentait de les recevoir tout en se débrouillant pour que chaque petit baiser se transforme en une seule et longue langoureuse étreinte. En les regardant je m'imaginais donner les mêmes répliques à Viktor. Non ! Il fallait que je calme mes ardeurs. Si on les avait laissés tout seul ils auraient fait un nouvel héritier mais nous attendîmes patiemment qu'ils aient finis.
Quand ce fut le cas je pus enfin aller enlacer ma chère petite Anna. Emma rejoint également notre câlin. Nous formions une drôle de trinité. Mais peu importe on était heureuses. Je me sentis alors observée. Détournant mon regard j'aperçus Mère qui était en train de nous regarder émue.
-Vous êtes trois jolies jeunes filles dit-elle en prenant le bras de Viktor.
-Merci dis-je.
Je me relevais toute heureuse et ajoutais :
-Raiponce vient voir Anna est saine et sauve !
Je perdis aussitôt mon sourire. Ma cousine nous tournait le dos toujours penchée au-dessus d'Eugène. Elle avait cessé de chanter et se contentait de murmurer des paroles incompréhensibles.
-Raiponce ? Répétais-je.
-Eugène, il… Il ne veut pas se réveiller… Je… Je n'arrive pas à le soigner… Je… Je ne comprends toujours pas pourquoi.
Son visage commença à se déformer signe qu'elle n'allait pas tarder à craquer. Je m'approchais d'elle et la pris dans mes bras pour qu'elle s'éloigne un peu du corps souffrant de son mari. Ce n'était pas bon pour elle.
-Gulba pouvez-vous examiner le prince de Corona s'il vous plaît ! Ordonnais-je à la trolle.
Alors qu'elle posait sa main sur la tête de Flynn je chuchotais d'une voix douce :
-Tu sais Raiponce on a réussi à sauver Anna alors que nous n'y croyions plus, tu vas voir Eugène va être diagnostiqué et guéri, je te le promets.
Ma cousine hocha la tête les yeux brillants de larmes.
-Alors Gulba qu'y-a-t-il ?
-Je suis navrée Majesté, son altesse de Corona a été empoisonné répondit-elle.
Mon sang se glaça en entendant ces mots.
-Comment est-ce possible ?
- Regardez, la blessure a cicatrisé, mais la lame a traversée le bras et touchée les côtes. Voyez cette tache noire ! Quand Quentin a donné son coup de poignard la lame devait tout simplement être empoisonnée.
-Mais il a blessé Kristoff aussi ?! M'exclamais-je.
-Oui mais c'est Eugène qui a reçu le coup en premier rétorqua Gulba, il a dû prendre tout le poison. C'est un poison violent, qui se diffuse au contact du sang.
-Non ! Hurla Raiponce le visage de plus en plus déformée par les larmes.
-Il a eu un coup aux côtes et ça a dû remonter jusqu'à son cœur continua la trolle. Je n'ai malheureusement aucun antidote sur moi pour pouvoir le sauver.
-Que voulez-vous dire ? Demandais-je redoutant déjà la réponse.
Gulba me regarda avec des yeux pleins de tristesses. Elle se contenta simplement de baisser la tête vers le bas. Inutile de chercher ce qu'elle m'indiquait j'avais très bien compris. D'ici quelques instants Raiponce serait veuve…
-S'il vous plaît Gulba il doit forcément y avoir un moyen, je vous en prie.
-Je n'ai plus de fiole malheureusement Majesté… Je ne peux rien contre la nature.
Ma cousine se déroba de mon étreinte. Elle s'écarta un petit peu de moi et ne bougea plus. Son regard était vide. Ses yeux rongés par les larmes. Son visage rouge. Ses cheveux collés au front. Elle plaqua alors ses deux mains sur son visage et très lentement s'affaissa vers le sol. Cachée ainsi elle pleura un long moment.
J'étais tiraillée entre les retrouvailles de ma sœur et la perte de mon beau-cousin. Sans faire trop de bruit pour ne pas déranger la souffrance de Raiponce nous allâmes nous placer en cercle autour du corps agonisant. Eugène gémissait des plaintes aigues qui me donnaient des frissons. Il transpirait violemment. Ses yeux d'habitudes noisette brillaient d'un éclat noir vers le ciel. Il recouvra bientôt les pleurs de Raiponce et puis… Plus rien.
C'était fini. Flynn regardait le plafond de la chambre sans pour autant le voir. Raiponce se replia pleurant encore pendant de longues minutes. Des cloches résonnèrent alors au loin dans le royaume comme pour annoncer la mort de l'ancien vagabond.
J'observais celui-ci terrifiée lorsque soudain ma cousine toujours accroupie en boule au sol se mit à entonner tout bas à l'oreille du bandit au grand cœur :
Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,
Des jours heureux quand nous étions amis,
Dans ce temps-là, la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Tu vois je n'ai pas oublié.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi,
Et le vent du nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais...
C'est une chanson, qui nous ressemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Nous vivions, tous les deux ensembles,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Et la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit.
Et la mer efface sur le sable,
Je revoyais ma vie défiler. Tout comme ma jumelle j'étais prête à tomber d'un instant à l'autre. Quentin était déjà tombé lui écrasé une vingtaine de mètres en contrebas. J'étais étonnée qu'en de pareilles circonstances je l'appelais par sa fonction parentale. Une pointe d'amertume émergea aussitôt dans mon esprit pour que je puisse me reprendre. J'avais peur. Il m'était impossible de construire un escalier sans que je ne tombe moi aussi. Je voyais Emma et Hans à quelques centimètres tout aussi paniqués.
-AU SECOURS ! Hurlais-je.
-Elsa attrapez ma main ! Cria Viktor qui s'en était rué violemment vers moi.
Je sentis ses lourdes mains de bûcheron agripper les miennes si douces et frêles. S'eût don de me rassurer. Victoria s'activa à son tour pour rattraper d'une main Emma et de l'autre Hans au dernier moment. Ça n'avait pas l'air d'être facile pour elle, mon frère et ma sœur devant faire à eux deux au moins 140 kilos. Heureusement que Viktor était là pour moi parce que sinon ma pauvre mère n'aurait pas pu résister.
-Je vais essayer de vous relever Elsa, Il faut que vous essayiez de pousser avec votre autre main sur le sol du balcon pour que j'aie un appui.
J'étais choquée d'être si lourde que ça à ses yeux. N'y pensant plus je me concentrais vivement sur ce qu'il venait de me dire. Mon cœur palpita avec force. J'étais encore loin d'atteindre le but. Il devait me soulever un peu pour cela.
-A la une… A la deux… A la tr…
-Viktor viens m'aider Vite ! ! Moi aussi j'ai besoin de ton aide se plaignit Victoria… Enfin Maman.
Son intervention perturba Viktor qui perdit sa vigilance. Tout se passa alors comme au ralentit. Je le vis glisser dans le vide où j'étais également. Je me sentis tomber si lentement mon cœur semblait sortir de mon corps. Je faillis vomir mais à la place j'hurlais de peur. Une seule pensée, un seul nom me venait : ANNA.
Mais contre toute attente je réalisais que nous étions encore en vie. J'avais une affreuse douleur autour du ventre. La corde trop serrée qui me reliait à ma jumelle était en train de me comprimer le ventre. Avec Viktor nous avions atterris sur un léger rebord en contrebas ce qui n'arrangeait pas les choses. Je voyais cette pauvre Victoria qui peinait de plus à plus à tenir tout le monde. Elle nous regardait tous d'un air inquiet. Elle ne s'imaginait sans doute pas perdre en un instant quatre de ses enfants.
-Je ne tiendrais plus très longtemps ! Au secours ! Dit-elle désespérée.
Pour couronner le tout, à cause de la longue distance et du poids notre corde commençait à se fragiliser menaçant à tout instant d'envoyer Emma dans le vide et par conséquent de tous nous entraîner au passage. Viktor fit alors une tentative pour s'en sortir.
-Ne bougez surtout pas ! Lui Clamais-je enragée en voyant que le rebord sur lequel nous étions partait en crépit au moindre mouvement.
-Je glisse de plus en plus ! Vociféra de nouveau Victoria.
En effet, contre son gré je voyais ses pieds de plus en plus s'avancer vers le bord du balcon brisé. Elle entonna alors un « Notre Père » répétitif qui me rappela la berceuse de Raiponce. Si elle commençait à agir comme ma cousine je préférais mourir tout de suite pour ne plus entendre ce vacarme, mais je me hâtais d'oublier au plus vite cette mauvaise pensée.
Mes yeux rencontrèrent alors ceux verts vifs d'Hans. Il m'observait et pour la première fois depuis que je le connaissais il semblait me regarder avec pitié. Mais une bonne pitié comme s'il réfléchissait. Il observa ensuite Viktor avec la même compassion qui ne cachait aucune méchanceté. De même avec Emma.
-Mère ! Appela-t-il la coupant dans sa prière, Mère vous ne pourrez plus tenir très longtemps ! Mère, il faut les sauver, laissez moi m'en aller !
-Non Hans ! Non je te l'interdis ! Dit-elle l'écho déformant sa voix.
-Si Mère ! Cette décision m'appartient qu'à moi seul ! Laissez-moi au moins pour une fois agir avec honneur ! Vous ne pourrez trouver d'autre solution aussi vite de toute façon. Il n'y a pas d'autres issues !
-Je refuse ! Renchérit ma mère, je refuse qu'un de mes enfants se sacrifie pour les autres. Je refuse de devoir choisir entre un de mes enfants.
Hans ne lui répondit pas. A la place il se tourna vers nous cessant constamment de scruter à la fois Emma, Viktor et moi, avant de prendre la parole d'une voix forte mais tremblante :
-Emma et Elsa ne connaissant pas le secret je n'ai jamais réussi à vous connaître en tant que sœurs. Pour moi vous n'existiez pas ou si vous existiez c'était simplement comme des pions. Mais même si je vous avais connu je pense que je ne vous aurais pas aimé. Pardonnez-moi ! Le fait d'être le dernier m'a toujours poussé à agir en méchant. Bien souvent c'était juste pour vous prouver ou pour me prouver à moi-même que j'étais quelqu'un. Que moi aussi j'étais capable de faire des choses comme les autres. Comme toutes ses pensées paraissent idiotes quand on est sur le point de mourir…Pardonne-moi Viktor d'avoir été un mauvais bougre avec toi. Tu étais mon souffre douleur parce que tu avais deux choses que je n'acceptais pas. La première était évidemment que comme tous les autres tu étais plus âgé que moi. La deuxième était que tu n'étais pas de cette famille donc je n'acceptais pas l'idée que tu puisses me donner des ordres, toi le bâtard, toi le préféré de mère. C'est ce que je pensais en tout cas ! Dans les histoires que je lisais c'était le dernier le préféré des mamans. Là ce n'était pas le cas. Je me sentais rejeté par tout le monde. Mais c'était faux, j'en ai conscience maintenant ! J'étais infecte. Donc je te supplie de me pardonner Viktor. Je te supplie de me pardonner Mère. Je vous supplie de me pardonner Elsa et Emma. Je souhaite mourir, pour que vous puissiez vivre ! Partir avec la certitude d'être pardonné par vous tous.
Je le voyais si sincère. Il avait pris un nouveau visage. Il révélait enfin sa peur de tomber. Sortir ce « pardon » serait largement plus facile pour que de se sacrifier pour lui. Aussi consentis-je à le lui donner. Emma fit de même ainsi que Viktor. Je ne pus m'empêcher malgré ses méfaits d'admirer son courage
-Mère s'il vous plaît ? Reprit Hans.
Victoria hésita des larmes perlaient dans ses yeux. Elle n'était plus très loin du vide.
-Je te pardonne mon enfant ! J'ai toujours été fière de toi ! Comme les autres je t'aime plus que tout mon fils ! dit-elle en reniflant après lui avoir embrassé la main.
Il hocha la tête pour lui dire que c'était le moment. Et il se lâcha dans le vide. Sa chute se fit rapidement et nous le perdîmes très vite de vue. Ce n'est que quelques instants plus tard après avoir entendu un grand bruit annonçant l'issue fatale. J'imaginais avec horreur la terrible fin qu'avait dû subir mon frère. J'eus la vision de sa tête en train d'éclater, de sa colonne vertébrale complètement cassée qui rendait sans doute son corps comparable à un amas de chair et d'os, reposant aux côtés de la dépouille de Quentin. L'idée me donna un haut le cœur. Je réalisais péniblement que je venais d'assister à la mort et de mon père et de mon frère. Cette pensée me répugna. Puisse le sort être favorable du côté d'Anna ! Pensais-je pour trouver un réconfort !
Que faire à présent ? Victoria encore en train de pleurer ne s'arrêta pas pour autant dans ses mouvements. A présent que son fils s'était sacrifié, elle ne voulait sans doute pas que ça soit pour rien. Aussi attrapa-t-elle la main de Viktor pour me laisser plus d'espace sur le petit bout de côte. Le jeune homme avec une extrême agilité, ayant une légère marge de manœuvre, finit par s'appuyer sur le rebord du balcon au prix d'un effort sans doute intense. Il finit par arriver tant bien que mal à se cramponner au sol. Ainsi il remonta aux côté de Victoria.
-Je m'occupe de vous Elsa ! S'exclama-t-il pour la deuxième fois.
J'eus beaucoup moins confiance que la première fois même s'il était ma seule chance de salut. Pourtant il se débrouilla plutôt bien cette fois. Après une dizaine de tentatives progressives il réussit enfin à me soulever au-dessus du sol. Puis il fallut que l'on tombe à la renverse l'un contre l'autre. Pendant quelques instants j'eus comme une impression de déjà-vu lors de mon sauvetage dans la montagne du Nord par Karl. Viktor semblait gêné. Je trouvais cela plutôt drôle. Je repensais à notre première rencontre. Il était vraiment patient avec moi. Inconsciemment nos bouches se rapprochèrent et finir par se rencontrer.
Je crus recevoir le pouvoir de ma jumelle. Je sentis mes joues s'enflammer. Je ne savais comment réagir. En l'espace d'un an c'était juste la deuxième fois que ça m'arrivait. Comme je n'eus aucune réaction le visage de Viktor se peignit de déception à moins que cela ne fusse de la gêne et il me relâcha aussitôt pour aller rejoindre nos proches. Je lui parlerais un peu plus tard. Pour l'instant ma priorité était de retourner auprès d'Anna dans la chambre.
Je fus vraiment consciente d'être en vie lorsque je me retrouvais à nouveau dans la pièce. Nous pouvions nous sentir en sécurité. Il restait certes mon oncle mais je ne pense pas qu'il puisse manœuvrer méchamment maintenant qu'il n'était plus sous le joug de Quentin et tacherais de statuer sur son sort rapidement.
Le spectacle qui nous attendait dans la chambre laissait place à de nouveaux ennuis. Kristoff qui avait été blessé par Quentin était en train de se faire panser par Gulba qui était après tout sa mère adoptive. Je me rappelle lorsqu'Anna m'avait appris cela. Une seule pensée m'était venue à l'esprit « Attend quoi ? ». Toutefois je ne lui avais pas dit tout haut estimant que ce n'est pas respectueux surtout venant d'une reine. Je n'en avais pas moins eu peur pour l'avenir marital de ma petite sœur et pour l'avenir royal d'Arendelle il est vrai. Mais à présent je n'y pensais plus. Ma petite filleule même si j'avais avec elle quelques difficultés était objectivement une pure merveille. Kristoff se tenait tranquille pendant que sa « mère » s'occupait de lui. A voir sa mine tout fraîche il semblait s'en être remis. On ne pouvait pas en dire autant d'Eugène. Presque aussi pâle qu'Anna ses paupières semblaient avoir du mal à rester ouvertes. Raiponce se tenait penchée au-dessus de lui. Elle était en train de lui chanter son éternelle « fleur aux pétales d'or… ». Mais tout comme ma cadette, ça ne semblait pas plus fonctionner. Je m'approchais plus près pour voir ce qu'il en était vraiment.
-Je ne comprends pas pourquoi ça ne marche pas répétait-elle sa voix brisée par l'anxiété, avec Mère Gothel c'était efficace pourtant !
Je trouvais cela étrange qu'en de pareilles circonstances elle puisse repenser à celle qui l'avait séquestré pendant 18 ans.
-Comment se fait-il que vous soyez revenue seule Majesté ? Demanda soudain Gulba en se rendant compte de ma présence, Où sont Hans et le roi Quentin ?
Après qu'elle eût dit ces paroles mon Oncle Ludwig qui se faisait tout petit dans la pièce, se redressa brusquement intéressé. Si j'avais été un « monstre » comme beaucoup le prétende je lui aurais dit rien que pour l'agacer : « ils arrivent », mais la situation ne nous laissait pas l'occasion de mentir aussi je répondis aussitôt :
-Ils sont morts tombés du balcon.
Gulba ayant eu sa réponse, hocha la tête sans montrer un quelconque sentiment comme il est de coutume chez les trolls de pierre et retourna à la blessure de son fils. C'est alors que je me rendis compte que personne ne s'occupait d'Anna. Ma chère sœur était toujours allongée sur son misérable lit plus gelée que jamais. En plus de cela la petite Emma dormait sur son ventre. Ça me rendit furieuse. Son père ne pouvait-il pas la prendre dans ses bras pendant qu'il se faisait soigner ou quelqu'un d'autre ?! Et ma cousine ne pouvait-elle pas retourner chanter sa maudite chanson pour elle ?! C'était tout de même ma pauvre Anna qui avait le plus besoin d'aide ! Même si Flynn était mal en point il pourrait plus aisément s'en sortir que ma cadette bon sang ! Aussitôt je me sentais misérable d'oser penser cela. Raiponce est aux soins de son mari ! C'était normal après tout !
- Kristoff tu ne t'inquiètes pas pour ta femme et ta fille ! Déclarais-je simplement d'une voix noble.
Mon ton autoritaire le fit immédiatement réagir. En quelques secondes il repoussa le bras de sa mère et retourna au chevet de ma cadette. Il lui prit la main et réprima une grimace sans doute dû à la froideur. Ma cadette se mit alors à remuer les lèvres avec faiblesse.
-Elsa m'appela-t-elle perdue.
La voir sans force me fit froid dans le dos et sans que je puisse me contrôler des dizaines de flocons de détresses commencèrent à s'échapper de mon être. Je respectais tout de même sa volonté et m'approchais de son corps rigide.
-Ne me gèle pas davantage ! Reste calme ça…ça va aller ! Bégaya-t-elle à cause du froid.
Je dus faire un énorme effort pour canaliser mon stresse. Ça ne marcha pas très bien mais au moins quelques flocons s'étaient déjà dissipés.
-Elsa écoute-moi ! J'ai des choses à te dire avant…Avant de partir ! annonça-t-elle défaitiste.
C'était la première fois que je la voyais si pessimiste. Cela provoqua un nouveau flot de flocons. J'avais envie de lui dire qu'elle allait vivre, s'en sortir. Mais on m'avait appris à ne pas mentir et là il fallait se rendre à l'évidence : son état était grave et je n'étais pas certaine de l'issue. Et Raiponce ne venait toujours pas, restant aux soins d'Eugène.
-Je t'écoute ! Lui déclarais-je solennellement.
Ma sœur prit une grande inspiration et commença doucement :
-Je suis très heureuse de t'avoir eu pour sœur. Tu étais pour moi un modèle même lorsque nous nous sommes perdues de vue. J'aimais bien te réveiller tôt pour pouvoir faire des bonhommes de neige. Tu enrageais bien sûr mais j'étais trop petite pour comprendre. Promet-moi que tu seras une grande reine pour Arendelle. Peu importe d'où tu viens Elsa, il ne faut pas que tu oublies qui tu es. Tu es la reine Elsa d'Arendelle mais également la reine des neiges. C'est dans ce pays que tu as grandi, par conséquent c'est dans ce pays que tu dois continuer de régner en grande reine.
-Je te le prom…
-Je n'ai pas fini me coupa-t-elle. Je veux également que tu me promettes de devenir une vraie mère pour Emma. Je sais que tu peux le faire. J'ai confiance en toi. Je te demande ça car tu es déjà sa marraine. Tu te rappelles du rôle de la marraine dans les livres ? J'aimerais que tu fasses en sorte d'être une vraie fée pour Emma lorsque je ne serais plus de ce monde.
-Je te le promets répétais-je consciente que ça lui ferait plaisir, contenant mes larmes, prenant peu à peu conscience de l'inévitable issue, aussi, pour le moment je laissais de côté la possibilité que je ne puisse pas être à la hauteur.
-J'ai encore une dernière chose à te dire reprit-elle.
-Laquelle ? Demandais-je redoutant le pire.
-Je souhaiterais que tu prennes Emma dans tes bras juste avant que je ne parte. . Ainsi je serais rassurée de partir sachant mon trésor dans les bras de celle qui compte pour moi !
Je m'exécutais sur le champ. Récupérant ma petite filleule du ventre de sa mère, je la calais avec délicatesse contre ma poitrine. Pour la première fois je fis cela le plus naturellement du monde, sans même m'en rendre compte ! C'était la meilleure position pour un bébé. La petite enfouit sa tête dans ma poitrine comme si elle ne voulait pas garder comme dernière image sa maman dans son lit.
Kristoff se baissa vers sa femme sous mon regard terrifié. Je ne pouvais ni ne voulais croire qu'elle allait mourir d'un instant à l'autre. Mes forces semblaient partir. J'avais de plus en plus de mal à respirer comme si je ressentais la profonde blessure qui avait atteint ma sœur au plus profond de mon être. Je sentais ma gorge se nouer, mes entrailles, se compresser. Les larmes montaient, je respirais avec de plus en plus de mal. Il ne fallait pas que je parle. Si tel était le cas les larmes partiraient en un instant. Je soufflais pour éviter qu'elles arrivent et essayais de me concentrer sur Kristoff.
Il se trouvait au-dessus de ma sœur et se penchait vers elle pour lui rendre un dernier baiser. J'eus un faible sourire en voyant leurs bouches se rencontrer. Une larme coula de mon œil droit suivie par plusieurs autres, l'œil gauche était un peu moins rapide mais elles arrivaient aussi. Je ne pouvais m'essuyer à cause du bébé que je tenais de plus en plus fort dans mes bras. Je me contentais de renifler. Je sentis alors une présence humaine se placer derrière moi. Il s'agissait de Viktor. Il posa une main de soutien sur mon épaule dégarnie. La chaleur se fit immédiatement. J'avais de plus en plus de mal à respirer. Les larmes partaient et revenaient par bataillon. J'étais obligée d'ouvrir la bouche car ma gorge m'étouffait. J'essayais de ne pas faire trop de bruit mais je poussais de petits braillements d'enfants. J'appuyais ma tête contre celle d'Emma et lui murmurais dans une phrase coupée sans cesse par mes pleurs et mes reniflements :
-Marraine promet de s'occuper de toi ! Je serais toujours là pour toi ma puce !
Je lui embrassais ses cheveux. Ils avaient quelques reflets roux. De ses petites mains elle parcourait les poches de ma robe en espérant sans doute y ressentir de la chaleur.
Alors que mon visage était bloqué par les larmes sèches, la petite Emma gigotait de plus en plus ses mains. Elle attrapa alors mon « antistress » quotidien : La petite fiole. Elle la sortit immédiatement de ma poche et me la tendit avec un faux air de fierté ce qui était sans doute dû à mon imagination. Nous parlions de bébé après tout.
Le groupe se mit à remuer après la trouvaille d'Emma. Victoria et Viktor étaient hébétés alors que ma jumelle avait tout de suite compris la situation. Etait exposé aux yeux de tous, la potion de Grand Pabby que je dissimulais depuis un an. Depuis un an je me demandais si je devais renoncer à mon pouvoir et l'ingurgiter. Emma, quant à elle avait l'air de connaître son pouvoir également.
-On peut l'utiliser pour guérir Anna ! S'écria-t-elle.
-Je ne sais pas quel effet ça peut avoir sur elle dis-je en me raclant la gorge car j'avais mal à présent.
-Eh bien si ça fait comme avec la fiole que j'ai fait tomber tout à l'heure, cela supprime nos pouvoirs ! Cela fait fondre la neige de l'Yggdrasil ! Elsa fais-moi confiance c'est vraiment l'ultime ingrédient pour qu'elle puisse guérir !
-Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez mais si ça peut être un autre recours pour guérir Anna c'est le moment ou jamais ! Donc faites vite ! S'emporta Kristoff.
-Et l'acte d'amour ? Demandais-je perplexe.
Je savais que nous n'avions pas le temps de réfléchir Anna pouvait nous quitter d'un instant à l'autre si ce n'était pas déjà fait.
-Nous allons tous tenir la fiole pendant qu'on la lui donne à boire continua Kristoff de plus en plus pressé. L'amour fraternel ! C'est le remède !
Je lisais dans ses yeux une nouvelle lueur d'espoir. Je ne voulais pas l'avoir aussi au risque d'être déçue par la suite. Néanmoins je me rapatriais avec les autres. Emma donna la fiole à Kristoff qui l'ouvrit assez vite.
-Venez mettre vos mains nous dit-il à Emma et moi.
Nous nous exécutâmes simplement. J'avais du mal à tenir ma petite filleule d'une main mais je le faisais pour Anna. Mes doigts gelés effleurèrent les doigts brûlants d'Emma. Kristoff hésita à se rajouter à nous deux. Mais finalement il ne nous rejoignit pas. A la place il tenta d'ouvrir une légère fente dans la bouche d'Anna. Ce ne fut pas une mince affaire à cause de la glace mais il y parvint tout de même. Cette première étape fait le livreur de glace se chargea ensuite de pencher le flacon assez proche de la bouche de ma sœur pour qu'elle puisse l'avaler. Il y avait un silence de mort. Plus personne n'osait parler. Tout le monde espérait que le miracle arrive. Sous l'émotion de l'espoir je me remis à pleurer à chaudes larmes. Emma me suivit dans ma démarche. Une main vint bientôt soutenir nos épaules.
Nous nous retournâmes en même temps. C'était Mère. Elle affichait un visage plein de compassion. Elle n'avait pas de mal à comprendre ce que nous ressentions en ce moment. Elle venait de perdre son fils il y a moins d'une heure.
-Concentrons-nous dit Kristoff.
: Sa parole me traversa l'esprit. Le silence qui pesait laissait pressentir que chacun était dans ses pensées. Je priais pour Anna. Je la suppliais intérieurement d'ouvrir les yeux, de revenir à la vie… Comme avant.
En vain.
La dernière goutte de la fiole fut bientôt versée et ma petite sœur ne bougea pas plus. Alors que le son corps entier était devenu glace Les yeux de Kristoff s'embuèrent. Il décida de lui faire un dernier adieu.
Il était sur le point de l'embrasser pour la dernière fois quand advint le miracle. Au début je ne compris pas ce qui se passait. Je vis juste deux halos de lumières émaner de nos corps. Celui d'Emma était jaune d'or et formait une flamme, le mien était d'un bleu froid sous la forme d'un flocon. D'un mouvement rapide mais gracieux la flamme se tortilla autour du flocon. Une fois qu'ils ne firent plus qu'un, ils foncèrent en direction du cœur d'Anna.
En un instant le corps de notre jeune sœur dégela. Sous les yeux ébahis de Kristoff elle retrouva ses couleurs. Emma et moi pleurions encore mais cette fois de joie. La respiration rauque d'Anna retrouva peu à peu son état normal. Tandis qu'elle écarquillait péniblement les yeux mon beau-frère fit ce que nous pensions tous faire : il la prit dans ses bras.
-Doucement, doucement je suis toute courbaturée dit-elle manquant de respirer.
Prudent Kristoff recula laissant sa femme respirer. Mais Anna ne l'entendit pas de cette oreille, reprenant ces vieilles habitudes elle ramena le visage de Kristoff contre elle et murmura :
-Oh mais je t'aime.
Ils s'embrassèrent ensuite assez violemment. Même si je trouvais ce geste assez déplacé à cause du manque de pudeur, je laissais mes traditions de côté, j'étais heureuse pour eux. Heureuse que ma sœur ait échappée de justesse à la mort. Ils étaient si mignons. Kristoff dévorait Anna par petits baisers. Ma cadette se contentait de les recevoir tout en se débrouillant pour que chaque petit baiser se transforme en une seule et longue langoureuse étreinte. En les regardant je m'imaginais donner les mêmes répliques à Viktor. Non ! Il fallait que je calme mes ardeurs. Si on les avait laissés tout seul ils auraient fait un nouvel héritier mais nous attendîmes patiemment qu'ils aient finis.
Quand ce fut le cas je pus enfin aller enlacer ma chère petite Anna. Emma rejoint également notre câlin. Nous formions une drôle de trinité. Mais peu importe on était heureuses. Je me sentis alors observée. Détournant mon regard j'aperçus Mère qui était en train de nous regarder émue.
-Vous êtes trois jolies jeunes filles dit-elle en prenant le bras de Viktor.
-Merci dis-je.
Je me relevais toute heureuse et ajoutais :
-Raiponce vient voir Anna est saine et sauve !
Je perdis aussitôt mon sourire. Ma cousine nous tournait le dos toujours penchée au-dessus d'Eugène. Elle avait cessé de chanter et se contentait de murmurer des paroles incompréhensibles.
-Raiponce ? Répétais-je.
-Eugène, il… Il ne veut pas se réveiller… Je… Je n'arrive pas à le soigner… Je… Je ne comprends toujours pas pourquoi.
Son visage commença à se déformer signe qu'elle n'allait pas tarder à craquer. Je m'approchais d'elle et la pris dans mes bras pour qu'elle s'éloigne un peu du corps souffrant de son mari. Ce n'était pas bon pour elle.
-Gulba pouvez-vous examiner le prince de Corona s'il vous plaît ! Ordonnais-je à la trolle.
Alors qu'elle posait sa main sur la tête de Flynn je chuchotais d'une voix douce :
-Tu sais Raiponce on a réussi à sauver Anna alors que nous n'y croyions plus, tu vas voir Eugène va être diagnostiqué et guéri, je te le promets.
Ma cousine hocha la tête les yeux brillants de larmes.
-Alors Gulba qu'y-a-t-il ?
-Je suis navrée Majesté, son altesse de Corona a été empoisonné répondit-elle.
Mon sang se glaça en entendant ces mots.
-Comment est-ce possible ?
- Regardez, la blessure a cicatrisé, mais la lame a traversée le bras et touchée les côtes. Voyez cette tache noire ! Quand Quentin a donné son coup de poignard la lame devait tout simplement être empoisonnée.
-Mais il a blessé Kristoff aussi ?! M'exclamais-je.
-Oui mais c'est Eugène qui a reçu le coup en premier rétorqua Gulba, il a dû prendre tout le poison. C'est un poison violent, qui se diffuse au contact du sang.
-Non ! Hurla Raiponce le visage de plus en plus déformée par les larmes.
-Il a eu un coup aux côtes et ça a dû remonter jusqu'à son cœur continua la trolle. Je n'ai malheureusement aucun antidote sur moi pour pouvoir le sauver.
-Que voulez-vous dire ? Demandais-je redoutant déjà la réponse.
Gulba me regarda avec des yeux pleins de tristesses. Elle se contenta simplement de baisser la tête vers le bas. Inutile de chercher ce qu'elle m'indiquait j'avais très bien compris. D'ici quelques instants Raiponce serait veuve…
-S'il vous plaît Gulba il doit forcément y avoir un moyen, je vous en prie.
-Je n'ai plus de fiole malheureusement Majesté… Je ne peux rien contre la nature.
Ma cousine se déroba de mon étreinte. Elle s'écarta un petit peu de moi et ne bougea plus. Son regard était vide. Ses yeux rongés par les larmes. Son visage rouge. Ses cheveux collés au front. Elle plaqua alors ses deux mains sur son visage et très lentement s'affaissa vers le sol. Cachée ainsi elle pleura un long moment.
J'étais tiraillée entre les retrouvailles de ma sœur et la perte de mon beau-cousin. Sans faire trop de bruit pour ne pas déranger la souffrance de Raiponce nous allâmes nous placer en cercle autour du corps agonisant. Eugène gémissait des plaintes aigues qui me donnaient des frissons. Il transpirait violemment. Ses yeux d'habitudes noisette brillaient d'un éclat noir vers le ciel. Il recouvra bientôt les pleurs de Raiponce et puis… Plus rien.
C'était fini. Flynn regardait le plafond de la chambre sans pour autant le voir. Raiponce se replia pleurant encore pendant de longues minutes. Des cloches résonnèrent alors au loin dans le royaume comme pour annoncer la mort de l'ancien vagabond.
J'observais celui-ci terrifiée lorsque soudain ma cousine toujours accroupie en boule au sol se mit à entonner tout bas à l'oreille du bandit au grand cœur :
Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,
Des jours heureux quand nous étions amis,
Dans ce temps-là, la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Tu vois je n'ai pas oublié.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi,
Et le vent du nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais...
C'est une chanson, qui nous ressemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Nous vivions, tous les deux ensembles,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Et la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit.
Et la mer efface sur le sable,
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:19
Chapitre 28 : Deux sœurs, une couronne.
Un silence pesant venait de nous frapper, un silence de mort. C'est à peine si je pouvais percevoir les respirations de mes compagnons. Nous étions tous là, formant un demi cercle autours de ma cousine éplorée tenant la main d'Eugène dont le regard restait figé, aucune lumière ne brillait au travers de ces yeux qui ne pouvaient plus voir, le bandit repenti au grand cœur n'était plus. Lui qui parlait de sa rencontre avec Raiponce comme étant l'histoire de sa mort venait de nous quitter pour l'accompagner dans l'au-delà, sauf que cette fois-ci, il n'y avait pas de retour possible. Gulba, qui tenait toujours le bras du défunt qu'elle aura accompagné ainsi que ma malheureuse cousine jusqu'à la fin prit sur elle de lui fermer les yeux. On aurait cru ainsi le voir dormir. Dormir d'un sommeil paisible, libéré des souffrances de notre monde, laissant une femme, un enfant, une famille des amis dans la tristesse de son souvenir tragique. Je regardais autours de moi, Emma avait pris la main de Victoria, sans doute pour trouver la force de rester digne face à la tragédie, Anna en avait fait de même avec Kristoff. Les deux se resserraient autours de leur petit trésor, s'unissant dans le chagrin. J'observais l'attitude de mon beau frère où je lisais dans ses yeux, comme un remord. Lui était en vie, il n'avait pas été empoisonné par la lame de Quentin car n'aura pas été frappé le premier. Tous autours de moi se soutenaient les uns les autres, j'aurai voulu en faire de même, je cherchais Viktor des yeux, j'avais envie de me soutenir sur son épaule, mais quand mon regard croisa le sien, tous deux nous mîmes à regarder nos pieds. Il devait ressentir comme moi une certaine gêne, une timidité. L'heure n'était pas au batifolage amoureux, mais cette seule pensée fit battre mon cœur, m'aidant à trouver un bien léger réconfort. Je regardais à nouveau Raiponce, désespérée, qui marmonnait des paroles inaudibles, continuait-elle à réciter des poèmes ? Discutait-elle avec son mari disparu ? Priait-elle pour son âme ? Je m'approchais doucement d'elle, je ne pouvais me résoudre à la laisser seule affronter cette terrible épreuve, approchant ma main de son épaule, mais à peine l'avais-je touchée qu'elle se retourna me lançant un regard furieux
-Ne me touche pas ! Laisse-moi ! Hurla-t-elle en repoussant mon bras.
-Je suis désolée Raiponce, je te présente toutes mes condo…
-Je n'en ai que faire de tes condoléances ! Si je n'étais pas revenue dans ce maudit pays ! Tout ça ! Tout ça ne serait jamais arrivé ! Lança-t-elle d'une voix toujours plus forte.
Ma cousine nous fusillait tous du regard, il se lisait dans ses yeux une colère que je n'avais encore jamais vu chez personne et celle-ci s'accentua encore davantage au fur et à mesure qu'elle nous dévisageait tous. Je m'étais reculée, reprenant inconsciemment ma place dans le demi-cercle et me sentant mal à l'aise pensant qu'elle me fixait. Puis je compris qu'il y avait un léger espace entre Kristoff et moi. C'était précisément cet espace qu'elle regardait. Je me retournais alors et compris ce qui la rendait si furieuse. Tapis dans un coin de la pièce, mon oncle tachait de se faire le plus petit possible. Nous ne l'avions pas entendu, ni même spécialement remarqué depuis le moment où Quentin s'était jeté sur Kristoff. Je sentis à sa vue moi aussi une colère monter mais je ne pus dire un seul mot que j'entendis un cri de rage émanant de ma cousine. Me retournant je constatais qu'elle s'était relevée en continuant de hurler après son père qu'elle traitait de montre. Elle voulait se ruer sur lui, fort heureusement Kristoff malgré sa blessure réussit à lui barrer la route, bientôt aidé par Viktor.
-Laissez-moi passer ! Hurla Raiponce.
- Gardes ! Gardes ! Appelais-je d'une voix forte alors que Raiponce se débattait essayant de faire lâcher prise Kristoff et son bras blessé pour aller faire face à son père.
-Votre Altesse ? Demanda le chef de la garde arrivé en courant.
-Il était temps ! Là ! Le roi Ludwig ! Emmenez le dans les cachots ! En attente de son jugement ! Ordonn ais-je avant d'ajouter glaciale au chef de la garde que je reconnaissais, pour avoir fait partie des hommes accompagnant Quentin : Quant à vous et vous hommes, nous statuerons également sur votre cas en temps voulu ! Maintenant emmenez moi ça !
-Qu'est ce que tu fais ! Laisse le ici ! C'est à moi de m'occuper de lui ! Mais lâches moi toi l'homme des neiges ! Vociféra Raiponce toujours maintenue par Kristoff et Viktor alors que les gardes qui n'en menaient pas large face à ma réflexion se hâtaient d'emmener mon oncle vers les geôles sans que ce dernier n'oppose de résistance.
-Je l'emmène pour sa propre sécurité et parce que la vengeance ne résous rien ! Il sera jugé et condamné je t'en fais le serment.
-Raiponce, essaie de reprendre tes esprits, fais confiance à Elsa c'est la meilleure solution. Ajouta Anna.
-Toi la greluche dis au dadet de me lâcher ! Lâchez moi tous ! N'essayez même pas de comprendre ! Vous ne le pouvez pas ! S'emporta à nouveau ma cousine.
Les forces semblaient l'avoir abandonné. Kristoff avait relâché son étreinte et la maintenait pour lui éviter de tomber lourdement au sol, se contentant, aidé par Viktor, de l'accompagner doucement jusqu'à ce qu'elle se retrouve à genoux sanglotant à nouveau.
-Mon bébé ! Je veux mon fils ! Peina-t-elle à articuler.
-Elsa, ta cousine est bouleversée, nous devrions mieux la laisser un peu seule…Afin d'encaisser la nouvelle. Me conseilla Victoria.
-Vous avez sans doute raison. Gardes ! Appelais-je à nouveau, peinée du spectacle pathétique de ma cousine à genoux, en pleurs sur le tapis tournant le dos à la dépouille de son mari gisant deux pas derrière elle.
-Votre Altesse ? Fit le chef de la garde avec une grande révérence, cherchant je pense à retrouver mes grâces.
-Veuillez s'il vous plait escorter la princesse Raiponce jusqu'à la nurserie où se trouve le petit prince Pascal, mettez à sa disposition Kay et Gerda. Veillez à ce qu'elle ne manque de rien ! Et surtout qu'elle soit au calme ! Lui dis-je à voix basse.
-Votre…maître d'hôtel personnel altesse ?
-Oui ! Vous connaissez d'autre Kay vous ? Lançais-je avec colère. Je vous demande d'obéir pas d'interpréter ! Et faites venir aussi le médecin, ainsi que l'aumônier, qu'ils puissent s'occuper avec dignité du corps du prince. Terminais-je à nouveau en baissant le ton.
-Ca va aller Raiponce, je serais là si tu as besoin de quoi que ce soit. Et Elsa aussi ! Ne t'en fais pas, sa justice sera rendue, et son hospitalité t'aideront. Dit ma cadette essayant de manière un peu gauche comme à son habitude de réconforter Raiponce qui se faisait accompagner avec mille précautions par les gardes.
-Encore faut-il qu'elle le reste reine ! Elle n'en a plus pour longtemps si j'en crois les cloches ! Lança ma cousine.
Je ne saurais dire si elle venait de lancer cette dernière phrase pour me blesser ou non, si c'était de la colère, de la tristesse ou pour me mettre en garde. Raiponce n'était plus elle-même, c'était évident et bien compréhensible, même Anna pourtant susceptible n'a même pas pris la peine de relever les propos de notre cousine, à moins qu'elle n'ait fini par accepter ce terme de « greluche » à son égard s'il émanait de Raiponce. Quoi qu'il en soit cela me fit remarquer pour la première fois le son des cloches. Je les avais certes entendues, elles avaient commencées à se manifester, cruelle ironie au moment du trépas d'Eugène, mais cette fois, au lieu d'entendre au travers de leur son comme le glas de la mort, elles me rappelaient leurs fonctions premières : indiquer l'heure. Le petit matin était arrivé. Nos services royaux allaient recommencer à fonctionner pour une nouvelle journée de travail. Et avec eux, la chancellerie chargée d'enregistrer les actes officiels. Je me remémorais une des paroles de Quentin. Oui leur papier d'abdication ne m'effrayait pas mais lui était le roi, il connaissait le code royal d'approbation, sans doute l'avait-il fait transmettre avec l'acte ! Mes compagnons me dévisageaient, eux aussi semblaient avoir compris alors qu'entrait dans la pièce l'aumônier et le médecin afin de s'occuper de la dépouille d'Eugène.
-Elsa ! L'acte ! Il faut empêcher qu'il soit enregistré nous devons aller au bureau de la chancellerie au plus vite ! Lança Anna qui fut pour une fois plus prompt que moi sur un sujet politique.
-Elle a raison Elsa, si l'acte est enregistré cela risque d'engendrer de grandes complications pour le régime ! Ajouta Victoria
-Ah oui ? Lesquelles donc ? Il me semble qu'il y a suffisamment d'héritiers potentiels au trône ! Lançais-je somme toute curieuse de cet argument.
-Le peuple pourrait ne pas comprendre, ce choix ni forcément le choix de ton successeur. Le régime pourrait en pâtir tout simplement. Et tu as une mission, celle de guider ce peuple ma fille. Fit Victoria dont le dernier mot me fit tressaillir.
Je n'allais pas entrer dans un débat, effectivement il nous fallait arrêter cet acte tant qu'il en était encore possible, mais alors que mes sœurs, Victoria et moi sortions je me sentais bizarre face au dernier mot prononcé par Victoria. Oui j'étais sa fille, mais j'avais du mal à m'y faire. J'avais grandi ici, auprès de la reine, c'est elle que j'ai appelé Maman, je l'ai vu donner naissance à Anna, j'ai pleuré des jours entiers seule dans ma chambre sa disparition pour que finalement j'apprenne qu'elle ne fut pas ma mère, mais une autre qui m'était totalement inconnue et débarquait tout à coup dans ma vie, sans doute allait-il me falloir un peu de temps pour diriger la nouvelle, tout autant que pour Emma, même si pour son cas, le fait que nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau allait favoriser sans doute cette adaptation. Nous traversions en silence les longs corridors du château, menés par Anna qui marchait comme à son habitude de son pas léger respirant l'optimisme. Emma elle était davantage en admiration face à nos nombreuses peintures et j'entendais Victoria lui souffler à l'oreille quelques indications sur ces dernières. Il faut dire que ma…Mère puisqu'elle l'est, est de sang royal. Elle connaissait donc les différentes généalogies et les grands maîtres de la peinture et était à même de pouvoir éclairer ma jumelle avec qui elle semblait avoir noué une certaine complicité déjà, alors que pour ma part, ces toiles que j'avais si souvent eu l'occasion d'admirer et que j'aimais tant, certaines d'entre elles me donnaient désormais des aigreurs d'estomac, principalement celles qui représentaient mon père !
-J'aime bien celui là moi ! Fit Anna qui était venue à ma hauteur et me désignait un tableau nous représentant elle et moi, à mon retour au château.
-Oui il est très beau dis-je oubliant mes aigreurs, le seul tableau où nous sommes toutes les deux.
-Il faudra en faire un nouveau avec toi Emma ! Les trois sœurs ensemble sur une même peinture ! Lança Anna avec son eternel optimisme
-Euh…Oui bien sur ! Mais je n'ai jamais posé ! Répliqua ma jumelle surprise et stoppant sa conversation avec Victoria.
-Oh ça n'est pas ce qui est le plus amusant mais je te montrerais comment passer le temps de manière distrayante. Fit ma cadette avec un clin d'œil, puis ajouta me prenant le bras. Bien allons faire en sorte qu'Elsa garde la couronne sur sa tête !
-Anna ! Fis-je alors qu'elle me tirait.
-Oui Elsa ?
-La chancellerie…c'est de l'autre côté. Répliquais-je à ma cadette quelque peu consternée.
-Oh…Oui c'est vrai, eh bien allons y ! Répondit-elle confuse alors que je voyais Emma réprimer un sourire moqueur.
-Avec les heures que tu as passée à courir dans les allées du château du trouves le moyen de te perdre, par quel prodige ? Demandais-je à ma sœur alors que nous reprenions notre marche
-Eh bien…Je n'ai jamais été à la chancellerie en fait
-Pardon ?
-Bah ça n'était pas une partie particulièrement intéressante, je préférais fouiller les différents appartements du palais, surtout quand maman me disait qu'ils étaient interdits.
Je réagissais alors quand elle prononçât le mot « maman ». La reine d'Arendelle, oui je l'avais toujours considérée comme telle, mais maintenant que je connaissais la vérité, devais-je continuer à la considérer ainsi. Maintenant que Victoria s'était dévoilé et avec elle la vérité. Je tachais néanmoins de ne pas montrer ce petit tourment à Anna. Nous en avions eu assez comme cela.
-Je t'ai pourtant nommée à la charge du royaume avec les pouvoirs de reine, et ça ne t'es pas venue à l'esprit d'aller voir les organes du pouvoir du royaume. Rétorquais-je une avec une pointe de sévérité.
-Eh bien c'est l'occasion désormais. Et puis j'aime découvrir et tenter des choses nouvelles avec toi.
-Si j'étais toi Anna j'aurais sans doute ajouté « enfin pour presque tous les domaines ». Répliquais-je d'un ton taquin.
-Mon Dieu mais qu'avez-vous fait à ma sœur Elsa pour qu'elle soit devenue si malicieuse ?
-Pardon ?
-Ne serais-ce pas à cause d'un certain Viktor que ton esprit n'est plus aussi clair ? Fit-elle d'un ton innocent.
-Et si on jouait toutes les deux au jeu de celle qui parle de ça à un gage ?! Répondis-je
-Si tu y tiens…Car il est certain que cette fois c'est toi qui perdras ! Conclut-elle avec un clin d'œil.
Je ne tenais pas à poursuivre cette conversation, j'étais particulièrement peu à mon aise dès qu'il s'agissait de parler d'amour et encore davantage quand cela me concernait. Mais Anna avait vu juste, il est vrai que ce jeune Viktor était charmant en tout point. A bien des égards il me faisait en partie penser à Karl dont il m'avait dit qu'il était très proche, et ce baiser que nous avions échangées alors que nous avions évité de justesse une chute mortelle tendait à me faire penser qu'il était bien celui qui ferait chavirer mon cœur. Je chassais néanmoins ces pensées alors que nous étions devant la porte qui abritait la chancellerie du château. Faisant pour une fois fi du protocole j'entrais sans même m'annoncer.
-Reine Elsa ! Que nous vaut cet…
-Il suffit, Laissez le protocole et les politesses pour une autre fois. Je viens vous faire stopper la validation de tous les actes en cours à partir de maintenant ! C'est un ordre !
-Majesté il nous faut l'avis des pairs du royaume cela ne peut se faire qu'en cas d'urgence.
-Car monsieur le chancelier ma venue ici à une heure si matinale n'est pas en soit justificative d'une situation d'urgence ni même la présence en nos murs de troupes ennemies ? Monsieur le chancelier, devons nous donc continuer cette discussion où allez vous obéir aux ordres royaux ?
-Tout de suite altesse ! Messieurs ! Veuillez s'il vous plait stopper toutes vos activités en cours et quitter pour l'heure vos activités, ordre royal.
-Non ça ne sera pas utile, ils peuvent rester, je n'ai besoin de voir que les actes que vous étiez sur le point de faire valider !
-Eh bien, il…n'y en a plus, ils sont tous dans cette bannette et voyez le dernier a été validé.
-Comment ? Vous voulez dire qu'ils sont tous rendus officiels ?! Demanda Anna paniquée
-Euh non pas encore tous Princesse Anna, il en reste quelques uns sur lesquels je dois apposer ma signature pour les officialiser.
-Vous avez officialisé des actes émanant du régent Ludwig de Coronna ? Demanda innocemment Emma ?
-Euh quelques uns en effet…madame ? Répondit le chancelier qui fut surpris de voir ma jumelle, sans doute troublé par notre ressemblance.
-Comment avez-vous pu faire passer des actes émanant d'un régent qui n'a même pas été officialisé ? Lançais-je scandalisée
-Eh bien, ils portaient tous le sceau royal et…
-Ils n'avaient que le sceau ?
-Eh bien euh ? Oui votre Altesse mais pourquoi ces questions ? Demanda l'homme qui visiblement ne devait pas comprendre pourquoi je me montrais si agressive.
- Montrez-moi les derniers documents que vous avez à signer ! Répliquais-je comprenant qu'il y avait peut être un espoir.
-Euh oui…Je vais vous chercher ça tout de suite. Fit le chancelier d'une toute petite voix
-Reine Victoria ? Que faîtes-vous ? Demanda ma cadette ayant remarqué que cette dernière était à la traine
-Je consulte vos recueils sur les lois de vos pays partenaires. Comme dans toute chancellerie, vous en possédez.
-Pourquoi cette curiosité ? Demandais-je
- Vois-tu ma chère Elsa, Quentin, même si à tes yeux il n'est certainement plus qu'un monstre était à toutes les trois votre père. Mais il était aussi souverain de fait de deux pays. Aussi maintenant qu'il n'est plus va se poser la question de la succession aux Iles du Sud. Mais si on y réfléchit, elle pourrait même presque se poser ici. Après tout Quentin VI d'Arendelle n'a jamais officiellement abdiqué.
-Et alors, Son décès a été rendu officiel et Elsa a été couronnée ! Quel serait donc le problème demanda innocemment ma sœur ?
-Princesse, pour cela il faudrait la confirmation d'un de vos juriste, je ne connais pas les lois d'Arendelle, mais si l'on analyse, le couronnement d'Elsa s'est donc fait de fait sans l'aval du souverain en exercice.
-De toute façon ça n'a plus d'importance maintenant ! Il est mort ! Lança Anna quelque peu énervée.
-Princesse Anna, comme je le disais, il s'agissait de votre père, vous pourriez modérer votre agacement, peu importe ses actes. Fit Victoria d'une voix sage alors qu'Anna la fusillait du regard, mais le retour du chancelier l'empêcha de répliquer.
-Les voici ! Les actes.
Anna, visiblement agacée par Victoria s'empressa de les arracher des mains du chancelier qui me les tendait et tous nous la regardions quelque peu circonspects surtout le chancelier qui fut quelque peu choqué de cet irrespect envers la souveraine mais préféra ne rien dire sans doute pour ne pas heurter la sensibilité de chacun et comme nous, il observait Anna feuilleter sans grand soin les actes par le bas se rendant finalement compte que le premier d'entre eux était finalement le plus intéressant !
-Il est là Elsa ! Quelle chance ! C'était le prochain qui allait être rendu officiel ! Juste à temps ! Fit Anna qui avait retrouvé son ton enjoué.
-Merci fis-je, prenant enfin connaissance de ce papier
-Reine Elsa ! Vous comptez abdiquer ?! Fit surpris le chancelier qui lisait par-dessus mon épaule.
-Monsieur ne pensez vous pas qu'il est particulièrement irrespectueux de se mêler des lectures de votre reine ? Lança Victoria d'un ton assez sévère
Je n'avais que faire de leurs discussions, je restais concentrée sur ces quelques lignes avec des sentiments différents. A la fois de la colère d'avoir failli me faire voler le pouvoir par un étranger, fusse-t-il mon oncle. Et de l'autre, j'avais le sentiment que si j'étais arrivée quelques minutes plus tard, j'aurai pu être comme je le pensais lors de mon exil dans la montagne du Nord, libérée, pouvant enfin être moi. D'autre part, j'étais surprise de remarquer que le nom du successeur n'était pas formulé, on parlait seulement de ma sœur.
-Elsa ? Et si tu déchirais ce papier maintenant ? Demanda Anna de manière innocente.
-Pardon ? Mais, où sont le chancelier et Victoria ? Demandais-je tout à coup remarquant qu'ils n'étaient plus en notre compagnie
-Victoria pour le faire taire lui a demandé les lois des Iles du Sud, pour une fois qu'elle fait quelque chose qui ne soit pas agaçant !...Enfin, oui, non je veux dire Elsa, je n'ai rien contre ta maman hein. Termina Anna confuse.
-Elsa, déchires ce papier maintenant. Ajouta Emma qui avait perçu mon malaise au mot « maman »
-Ah mesdemoiselles ! Regardez ! Lança Victoria qui venait de nous rejoindre, un grimoire à la main.
-C'est Madame ! Lança d'un ton froid Anna, montrant son annulaire
-Madame, excusez moi princesse Anna. Mais il faut dire que cela concerne en premier lieu mes filles. Voilà, il s'agit des lois des Iles du Sud. Une très vieille tradition concernant la succession du souverain disparu, et nous sommes dans ce cas, je vous lis : « Si la Providence veut qu'à la mort du Roi il n'y ait pas de premier héritier mâle, la veuve où à défaut le plus proche parent vivant de feu le Roi aura la charge royale afin, durant la vacance du pouvoir et la période de deuil de désigner le futur souverain de sorte que notre monarchie éternelle et par la Providence, celle-ci perdure ».
-Vous êtes très attaché à la foi aux Iles du Sud ! Et je ne comprends pas pourquoi vous lisez ça, il y en a encore des héritiers mâles chez vous ! Remarqua Anna que je fusillais du regard face à cette réflexion quelque peu déplacée.
-A vrai dire ma chère oui, mais il n'y a pas de premier d'entre eux !
-Attendez ? Quoi ?
-Viktor n'est pas de sang royal. Ce qui est arrangeant pour toi Elsa. Fit Victoria alors que je rougissais…ainsi que Viktor.
-Et alors ?
-Mis à part lui il me reste mes dix fils, mais étant décuplés, il n'y a pas de premier d'entre eux…Et surtout ils ne veulent pas de la couronne !
-Donc…ça fait de vous la régente des Iles du Sud ? Demanda Anna.
-Exactement ! Et je vais donc profiter de ce pouvoir pour changer la loi ! Fit-elle en prenant une plume et un papier.
-Que voulez vous dire ? Demanda Viktor
-Cette loi de la primauté masculine ! C'est aussi à cause d'elle que je n'ai pas pu voir mes filles ! Je vais réparer cela et je placerais l'une d'entre vous sur le trône. C'est là que je veux votre avis Anna, Elsa est nommée reine ici, mais c'est vous l'héritière de sang, avez-vous un avis ?
-Elsa est la reine d'Arendelle ! Lança ma sœur d'une voix forte avant de se tourner vers moi et d'ajouter : D'ailleurs pourquoi n'as-tu pas encore détruit ce maudit papier ?
-Je ne sais pas Anna, suis-je vraiment la reine ici ? Regarde ce que j'ai fait ! J'ai causé trois hivers !
-Elsa je t'interdis de dire cela !
-Elsa, Arendelle t'aime ! Petite j'ai grandis dans un village dans la forêt. On parlait de la princesse Elsa d'Arendelle. Tous admiraient la petite fille que tu étais à l'époque et espérais te voir devenir reine. Je me souviens de l'enthousiasme de passants que j'observais au loin quand je les entendais parler de ton prochain couronnement. Ce trône est à toi. Tu es la reine légitime.
-Pas plus que toi et même moins qu'Anna. Lançais-je
-Elsa, tout à l'heure sentant mon heure venir tu m'as promis de veiller sur Arendelle ! Cette promesse est toujours valable ! Je refuse de te laisser abandonner le royaume ! Je te l'interdits tu m'entends ! Maintenant déchires ce papier !
Je dévisageais tour à tour Emma, Victoria, et Anna. Toutes étaient suspendues à ma décision. Il fallait donner un souverain à Arendelle et aux Iles du Sud. Je ne portais certes ma tiare mais j'avais l'impression de l'avoir sur la tête et qu'il pesait bien lourd. Je n'étais pas sur d'avoir les épaules assez larges. D'ailleurs je ne l'ai jamais été. Pourtant ils comptaient sur moi. Anna comptait sur moi ! Elle, l'héritière légitime elle qui…portait la couronne ! C'était idiot mais je ne le remarquais que maintenant. Depuis le jour où je l'ai investie en charge du royaume j'avais déposé sur sa tête un petit diadème et elle le portait toujours ! Je n'avais d'yeux que pour ce bijou. Elle le portait à ravir ! Et son ton ! Elle avait trouvé la posture d'une…Oui c'était ça ! Je savais ce que je devais faire ! Sans dire un mot, je prenais des mains de Victoria la plume qui lui avait servi à rédiger sa loi aux Iles du Sud, m'installais au bureau et rédigeait au bas de l'acte toujours en ma possession quelques lignes. Ma décision était prise ! Et c'était la bonne solution.
-Monsieur le chancelier ! Appelais-je Veuillez rendre cet acte d'abdication officiel !
-Elsa ! Qu'est ce que tu fais ? Hurla ma cadette
-Je prends la meilleure décision possible Anna ! La meilleure décision pour le royaume, pour la famille, pour toi !
-Tu abandonnes le royaume C'est ça la meilleure décision selon toi ?!
-Monsieur le chancelier, pouvez vous lire la fin de l'acte je vous prie ? Demandais-je pour couper court à cette discussion et ayant vu le regard perdu du ministre.
-« Par cette abdication je mets ainsi fin à ma période de régence de fin de règne de feu Quentin VI d'Arendelle disparu en ce jour… » Altesse, votre père est mort il y a des années vous le savez comme moi.
-C'est plus compliqué que cela monsieur le ministre, et attendez-vous à des rapports de nos services à ce sujet, vous saurez toute l'histoire mais je vous prie continuez !
-« …Ainsi je rends caduque mon couronnement. J'assumerais la charge et les prérogatives royales au cours de la période de deuil relative à la disparition d'un souverain et l'attente du sacre. Je souhaite pour ce nouveau sacre doter la monarchie de deux souverains en nous désignant pour la succession, Anna et Elsa d'Arendelle, reine par la volonté de la Providence et des sujets du Royaume ». Mais Altesse, deux souverains c'est…impossible !
-Ca l'est ! Le monde grec a connu un tel régime, la prospère et puissante cité de Sparte était pourvue de deux monarques et c'en est ainsi trouvé être l'une des plus puissante cités du monde grec. Cela sera une chance pour Arendelle !
-Elsa…Balbutia Anna.
-C'est la meilleure solution ! Tu portes déjà la couronne ! Tu es l'héritière de sang ! Je ne reste sur le trône que par ta volonté. La couronne d'Arendelle aura donc deux sœurs pour reine ! Quant à vous mère, cela peut vous faciliter la tache et doter aux Iles du Sud Emma au titre de souveraine !
-Cela n'est pas dans nos coutumes Altesse.
-Eh bien par cet acte, vous allez qui plus est monsieur le chancelier changer la loi de succession. Et toi Emma ? Tu as un temps pensé à devenir reine….
-Peux tu éviter de parler de cela, je ne savais pas ce que cela impliquait et j'ai été manipulée et…
-Ca n'est pas un reproche, tu as voulue être reine, le trône des Iles du Sud t'attends, il te revient de droit. N'est ce pas ce que vous souhaitiez Victoria ?
-Si c'est la volonté d'Emma, je la désigne sur l'heure !
-Nous allons donc nous séparer toutes les trois ?
-Certainement pas ! Nous nous verrons souvent ça tu peux y compter ! Fit Anna d'une voix enjouée ! Et même si Elsa ne veut pas prendre le bateau elle n'aura pas le choix ! Ca sera un ordre de la reine !
-Evidemment que nous nous verrons ! Je sens que les Iles du Sud et Arendelle vont de nouveau devenir d'excellents partenaires Conclus-je
-Dans ce cas, j'accepte de devenir la souveraine des Iles du Sud.
-Je l'ajoute ! Emma sera donc la première reine des Iles du Sud Elsa, Anna, puis-je me permettre d'utiliser vos services de chancellerie pour pouvoir transmettre à nos ambassadeurs ces décrets ?
-A la seule condition qu'Emma reste pour le sacre ! Fit Anna avec malice.
-Cela devrait pouvoir s'arranger ! Rétorqua Victoria.
Alors que nous laissions le chancelier quelque peu hébété face aux grands changements qu'il se devait de rendre officiel dans le royaume, nous entendîmes des pas précipités dans le couloir. Pour la seconde fois de la journée, la porte de la chancellerie s'ouvrit à la volée sans qu'il n'y ait eu d'annonce au grand désespoir du chancelier.
-Kay ? Mais que faîtes-vous ici ? N'avais-je pas exigée que l'on vous mette au service de la princesse Raiponce ?
-Si fait madame, et c'est bien la raison qui me pousse à venir vous trouver en toute hâte. S'excusa la majordome
-A quel sujet ? Demandais-je soudain inquiète.
-La princesse Raiponce, d'un ton que je ne lui connaissais pas m'a fait comprendre qu'elle exigeait la tenue immédiate d'un procès…Celui du roi Ludwig de Coronna.
Un silence pesant venait de nous frapper, un silence de mort. C'est à peine si je pouvais percevoir les respirations de mes compagnons. Nous étions tous là, formant un demi cercle autours de ma cousine éplorée tenant la main d'Eugène dont le regard restait figé, aucune lumière ne brillait au travers de ces yeux qui ne pouvaient plus voir, le bandit repenti au grand cœur n'était plus. Lui qui parlait de sa rencontre avec Raiponce comme étant l'histoire de sa mort venait de nous quitter pour l'accompagner dans l'au-delà, sauf que cette fois-ci, il n'y avait pas de retour possible. Gulba, qui tenait toujours le bras du défunt qu'elle aura accompagné ainsi que ma malheureuse cousine jusqu'à la fin prit sur elle de lui fermer les yeux. On aurait cru ainsi le voir dormir. Dormir d'un sommeil paisible, libéré des souffrances de notre monde, laissant une femme, un enfant, une famille des amis dans la tristesse de son souvenir tragique. Je regardais autours de moi, Emma avait pris la main de Victoria, sans doute pour trouver la force de rester digne face à la tragédie, Anna en avait fait de même avec Kristoff. Les deux se resserraient autours de leur petit trésor, s'unissant dans le chagrin. J'observais l'attitude de mon beau frère où je lisais dans ses yeux, comme un remord. Lui était en vie, il n'avait pas été empoisonné par la lame de Quentin car n'aura pas été frappé le premier. Tous autours de moi se soutenaient les uns les autres, j'aurai voulu en faire de même, je cherchais Viktor des yeux, j'avais envie de me soutenir sur son épaule, mais quand mon regard croisa le sien, tous deux nous mîmes à regarder nos pieds. Il devait ressentir comme moi une certaine gêne, une timidité. L'heure n'était pas au batifolage amoureux, mais cette seule pensée fit battre mon cœur, m'aidant à trouver un bien léger réconfort. Je regardais à nouveau Raiponce, désespérée, qui marmonnait des paroles inaudibles, continuait-elle à réciter des poèmes ? Discutait-elle avec son mari disparu ? Priait-elle pour son âme ? Je m'approchais doucement d'elle, je ne pouvais me résoudre à la laisser seule affronter cette terrible épreuve, approchant ma main de son épaule, mais à peine l'avais-je touchée qu'elle se retourna me lançant un regard furieux
-Ne me touche pas ! Laisse-moi ! Hurla-t-elle en repoussant mon bras.
-Je suis désolée Raiponce, je te présente toutes mes condo…
-Je n'en ai que faire de tes condoléances ! Si je n'étais pas revenue dans ce maudit pays ! Tout ça ! Tout ça ne serait jamais arrivé ! Lança-t-elle d'une voix toujours plus forte.
Ma cousine nous fusillait tous du regard, il se lisait dans ses yeux une colère que je n'avais encore jamais vu chez personne et celle-ci s'accentua encore davantage au fur et à mesure qu'elle nous dévisageait tous. Je m'étais reculée, reprenant inconsciemment ma place dans le demi-cercle et me sentant mal à l'aise pensant qu'elle me fixait. Puis je compris qu'il y avait un léger espace entre Kristoff et moi. C'était précisément cet espace qu'elle regardait. Je me retournais alors et compris ce qui la rendait si furieuse. Tapis dans un coin de la pièce, mon oncle tachait de se faire le plus petit possible. Nous ne l'avions pas entendu, ni même spécialement remarqué depuis le moment où Quentin s'était jeté sur Kristoff. Je sentis à sa vue moi aussi une colère monter mais je ne pus dire un seul mot que j'entendis un cri de rage émanant de ma cousine. Me retournant je constatais qu'elle s'était relevée en continuant de hurler après son père qu'elle traitait de montre. Elle voulait se ruer sur lui, fort heureusement Kristoff malgré sa blessure réussit à lui barrer la route, bientôt aidé par Viktor.
-Laissez-moi passer ! Hurla Raiponce.
- Gardes ! Gardes ! Appelais-je d'une voix forte alors que Raiponce se débattait essayant de faire lâcher prise Kristoff et son bras blessé pour aller faire face à son père.
-Votre Altesse ? Demanda le chef de la garde arrivé en courant.
-Il était temps ! Là ! Le roi Ludwig ! Emmenez le dans les cachots ! En attente de son jugement ! Ordonn ais-je avant d'ajouter glaciale au chef de la garde que je reconnaissais, pour avoir fait partie des hommes accompagnant Quentin : Quant à vous et vous hommes, nous statuerons également sur votre cas en temps voulu ! Maintenant emmenez moi ça !
-Qu'est ce que tu fais ! Laisse le ici ! C'est à moi de m'occuper de lui ! Mais lâches moi toi l'homme des neiges ! Vociféra Raiponce toujours maintenue par Kristoff et Viktor alors que les gardes qui n'en menaient pas large face à ma réflexion se hâtaient d'emmener mon oncle vers les geôles sans que ce dernier n'oppose de résistance.
-Je l'emmène pour sa propre sécurité et parce que la vengeance ne résous rien ! Il sera jugé et condamné je t'en fais le serment.
-Raiponce, essaie de reprendre tes esprits, fais confiance à Elsa c'est la meilleure solution. Ajouta Anna.
-Toi la greluche dis au dadet de me lâcher ! Lâchez moi tous ! N'essayez même pas de comprendre ! Vous ne le pouvez pas ! S'emporta à nouveau ma cousine.
Les forces semblaient l'avoir abandonné. Kristoff avait relâché son étreinte et la maintenait pour lui éviter de tomber lourdement au sol, se contentant, aidé par Viktor, de l'accompagner doucement jusqu'à ce qu'elle se retrouve à genoux sanglotant à nouveau.
-Mon bébé ! Je veux mon fils ! Peina-t-elle à articuler.
-Elsa, ta cousine est bouleversée, nous devrions mieux la laisser un peu seule…Afin d'encaisser la nouvelle. Me conseilla Victoria.
-Vous avez sans doute raison. Gardes ! Appelais-je à nouveau, peinée du spectacle pathétique de ma cousine à genoux, en pleurs sur le tapis tournant le dos à la dépouille de son mari gisant deux pas derrière elle.
-Votre Altesse ? Fit le chef de la garde avec une grande révérence, cherchant je pense à retrouver mes grâces.
-Veuillez s'il vous plait escorter la princesse Raiponce jusqu'à la nurserie où se trouve le petit prince Pascal, mettez à sa disposition Kay et Gerda. Veillez à ce qu'elle ne manque de rien ! Et surtout qu'elle soit au calme ! Lui dis-je à voix basse.
-Votre…maître d'hôtel personnel altesse ?
-Oui ! Vous connaissez d'autre Kay vous ? Lançais-je avec colère. Je vous demande d'obéir pas d'interpréter ! Et faites venir aussi le médecin, ainsi que l'aumônier, qu'ils puissent s'occuper avec dignité du corps du prince. Terminais-je à nouveau en baissant le ton.
-Ca va aller Raiponce, je serais là si tu as besoin de quoi que ce soit. Et Elsa aussi ! Ne t'en fais pas, sa justice sera rendue, et son hospitalité t'aideront. Dit ma cadette essayant de manière un peu gauche comme à son habitude de réconforter Raiponce qui se faisait accompagner avec mille précautions par les gardes.
-Encore faut-il qu'elle le reste reine ! Elle n'en a plus pour longtemps si j'en crois les cloches ! Lança ma cousine.
Je ne saurais dire si elle venait de lancer cette dernière phrase pour me blesser ou non, si c'était de la colère, de la tristesse ou pour me mettre en garde. Raiponce n'était plus elle-même, c'était évident et bien compréhensible, même Anna pourtant susceptible n'a même pas pris la peine de relever les propos de notre cousine, à moins qu'elle n'ait fini par accepter ce terme de « greluche » à son égard s'il émanait de Raiponce. Quoi qu'il en soit cela me fit remarquer pour la première fois le son des cloches. Je les avais certes entendues, elles avaient commencées à se manifester, cruelle ironie au moment du trépas d'Eugène, mais cette fois, au lieu d'entendre au travers de leur son comme le glas de la mort, elles me rappelaient leurs fonctions premières : indiquer l'heure. Le petit matin était arrivé. Nos services royaux allaient recommencer à fonctionner pour une nouvelle journée de travail. Et avec eux, la chancellerie chargée d'enregistrer les actes officiels. Je me remémorais une des paroles de Quentin. Oui leur papier d'abdication ne m'effrayait pas mais lui était le roi, il connaissait le code royal d'approbation, sans doute l'avait-il fait transmettre avec l'acte ! Mes compagnons me dévisageaient, eux aussi semblaient avoir compris alors qu'entrait dans la pièce l'aumônier et le médecin afin de s'occuper de la dépouille d'Eugène.
-Elsa ! L'acte ! Il faut empêcher qu'il soit enregistré nous devons aller au bureau de la chancellerie au plus vite ! Lança Anna qui fut pour une fois plus prompt que moi sur un sujet politique.
-Elle a raison Elsa, si l'acte est enregistré cela risque d'engendrer de grandes complications pour le régime ! Ajouta Victoria
-Ah oui ? Lesquelles donc ? Il me semble qu'il y a suffisamment d'héritiers potentiels au trône ! Lançais-je somme toute curieuse de cet argument.
-Le peuple pourrait ne pas comprendre, ce choix ni forcément le choix de ton successeur. Le régime pourrait en pâtir tout simplement. Et tu as une mission, celle de guider ce peuple ma fille. Fit Victoria dont le dernier mot me fit tressaillir.
Je n'allais pas entrer dans un débat, effectivement il nous fallait arrêter cet acte tant qu'il en était encore possible, mais alors que mes sœurs, Victoria et moi sortions je me sentais bizarre face au dernier mot prononcé par Victoria. Oui j'étais sa fille, mais j'avais du mal à m'y faire. J'avais grandi ici, auprès de la reine, c'est elle que j'ai appelé Maman, je l'ai vu donner naissance à Anna, j'ai pleuré des jours entiers seule dans ma chambre sa disparition pour que finalement j'apprenne qu'elle ne fut pas ma mère, mais une autre qui m'était totalement inconnue et débarquait tout à coup dans ma vie, sans doute allait-il me falloir un peu de temps pour diriger la nouvelle, tout autant que pour Emma, même si pour son cas, le fait que nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau allait favoriser sans doute cette adaptation. Nous traversions en silence les longs corridors du château, menés par Anna qui marchait comme à son habitude de son pas léger respirant l'optimisme. Emma elle était davantage en admiration face à nos nombreuses peintures et j'entendais Victoria lui souffler à l'oreille quelques indications sur ces dernières. Il faut dire que ma…Mère puisqu'elle l'est, est de sang royal. Elle connaissait donc les différentes généalogies et les grands maîtres de la peinture et était à même de pouvoir éclairer ma jumelle avec qui elle semblait avoir noué une certaine complicité déjà, alors que pour ma part, ces toiles que j'avais si souvent eu l'occasion d'admirer et que j'aimais tant, certaines d'entre elles me donnaient désormais des aigreurs d'estomac, principalement celles qui représentaient mon père !
-J'aime bien celui là moi ! Fit Anna qui était venue à ma hauteur et me désignait un tableau nous représentant elle et moi, à mon retour au château.
-Oui il est très beau dis-je oubliant mes aigreurs, le seul tableau où nous sommes toutes les deux.
-Il faudra en faire un nouveau avec toi Emma ! Les trois sœurs ensemble sur une même peinture ! Lança Anna avec son eternel optimisme
-Euh…Oui bien sur ! Mais je n'ai jamais posé ! Répliqua ma jumelle surprise et stoppant sa conversation avec Victoria.
-Oh ça n'est pas ce qui est le plus amusant mais je te montrerais comment passer le temps de manière distrayante. Fit ma cadette avec un clin d'œil, puis ajouta me prenant le bras. Bien allons faire en sorte qu'Elsa garde la couronne sur sa tête !
-Anna ! Fis-je alors qu'elle me tirait.
-Oui Elsa ?
-La chancellerie…c'est de l'autre côté. Répliquais-je à ma cadette quelque peu consternée.
-Oh…Oui c'est vrai, eh bien allons y ! Répondit-elle confuse alors que je voyais Emma réprimer un sourire moqueur.
-Avec les heures que tu as passée à courir dans les allées du château du trouves le moyen de te perdre, par quel prodige ? Demandais-je à ma sœur alors que nous reprenions notre marche
-Eh bien…Je n'ai jamais été à la chancellerie en fait
-Pardon ?
-Bah ça n'était pas une partie particulièrement intéressante, je préférais fouiller les différents appartements du palais, surtout quand maman me disait qu'ils étaient interdits.
Je réagissais alors quand elle prononçât le mot « maman ». La reine d'Arendelle, oui je l'avais toujours considérée comme telle, mais maintenant que je connaissais la vérité, devais-je continuer à la considérer ainsi. Maintenant que Victoria s'était dévoilé et avec elle la vérité. Je tachais néanmoins de ne pas montrer ce petit tourment à Anna. Nous en avions eu assez comme cela.
-Je t'ai pourtant nommée à la charge du royaume avec les pouvoirs de reine, et ça ne t'es pas venue à l'esprit d'aller voir les organes du pouvoir du royaume. Rétorquais-je une avec une pointe de sévérité.
-Eh bien c'est l'occasion désormais. Et puis j'aime découvrir et tenter des choses nouvelles avec toi.
-Si j'étais toi Anna j'aurais sans doute ajouté « enfin pour presque tous les domaines ». Répliquais-je d'un ton taquin.
-Mon Dieu mais qu'avez-vous fait à ma sœur Elsa pour qu'elle soit devenue si malicieuse ?
-Pardon ?
-Ne serais-ce pas à cause d'un certain Viktor que ton esprit n'est plus aussi clair ? Fit-elle d'un ton innocent.
-Et si on jouait toutes les deux au jeu de celle qui parle de ça à un gage ?! Répondis-je
-Si tu y tiens…Car il est certain que cette fois c'est toi qui perdras ! Conclut-elle avec un clin d'œil.
Je ne tenais pas à poursuivre cette conversation, j'étais particulièrement peu à mon aise dès qu'il s'agissait de parler d'amour et encore davantage quand cela me concernait. Mais Anna avait vu juste, il est vrai que ce jeune Viktor était charmant en tout point. A bien des égards il me faisait en partie penser à Karl dont il m'avait dit qu'il était très proche, et ce baiser que nous avions échangées alors que nous avions évité de justesse une chute mortelle tendait à me faire penser qu'il était bien celui qui ferait chavirer mon cœur. Je chassais néanmoins ces pensées alors que nous étions devant la porte qui abritait la chancellerie du château. Faisant pour une fois fi du protocole j'entrais sans même m'annoncer.
-Reine Elsa ! Que nous vaut cet…
-Il suffit, Laissez le protocole et les politesses pour une autre fois. Je viens vous faire stopper la validation de tous les actes en cours à partir de maintenant ! C'est un ordre !
-Majesté il nous faut l'avis des pairs du royaume cela ne peut se faire qu'en cas d'urgence.
-Car monsieur le chancelier ma venue ici à une heure si matinale n'est pas en soit justificative d'une situation d'urgence ni même la présence en nos murs de troupes ennemies ? Monsieur le chancelier, devons nous donc continuer cette discussion où allez vous obéir aux ordres royaux ?
-Tout de suite altesse ! Messieurs ! Veuillez s'il vous plait stopper toutes vos activités en cours et quitter pour l'heure vos activités, ordre royal.
-Non ça ne sera pas utile, ils peuvent rester, je n'ai besoin de voir que les actes que vous étiez sur le point de faire valider !
-Eh bien, il…n'y en a plus, ils sont tous dans cette bannette et voyez le dernier a été validé.
-Comment ? Vous voulez dire qu'ils sont tous rendus officiels ?! Demanda Anna paniquée
-Euh non pas encore tous Princesse Anna, il en reste quelques uns sur lesquels je dois apposer ma signature pour les officialiser.
-Vous avez officialisé des actes émanant du régent Ludwig de Coronna ? Demanda innocemment Emma ?
-Euh quelques uns en effet…madame ? Répondit le chancelier qui fut surpris de voir ma jumelle, sans doute troublé par notre ressemblance.
-Comment avez-vous pu faire passer des actes émanant d'un régent qui n'a même pas été officialisé ? Lançais-je scandalisée
-Eh bien, ils portaient tous le sceau royal et…
-Ils n'avaient que le sceau ?
-Eh bien euh ? Oui votre Altesse mais pourquoi ces questions ? Demanda l'homme qui visiblement ne devait pas comprendre pourquoi je me montrais si agressive.
- Montrez-moi les derniers documents que vous avez à signer ! Répliquais-je comprenant qu'il y avait peut être un espoir.
-Euh oui…Je vais vous chercher ça tout de suite. Fit le chancelier d'une toute petite voix
-Reine Victoria ? Que faîtes-vous ? Demanda ma cadette ayant remarqué que cette dernière était à la traine
-Je consulte vos recueils sur les lois de vos pays partenaires. Comme dans toute chancellerie, vous en possédez.
-Pourquoi cette curiosité ? Demandais-je
- Vois-tu ma chère Elsa, Quentin, même si à tes yeux il n'est certainement plus qu'un monstre était à toutes les trois votre père. Mais il était aussi souverain de fait de deux pays. Aussi maintenant qu'il n'est plus va se poser la question de la succession aux Iles du Sud. Mais si on y réfléchit, elle pourrait même presque se poser ici. Après tout Quentin VI d'Arendelle n'a jamais officiellement abdiqué.
-Et alors, Son décès a été rendu officiel et Elsa a été couronnée ! Quel serait donc le problème demanda innocemment ma sœur ?
-Princesse, pour cela il faudrait la confirmation d'un de vos juriste, je ne connais pas les lois d'Arendelle, mais si l'on analyse, le couronnement d'Elsa s'est donc fait de fait sans l'aval du souverain en exercice.
-De toute façon ça n'a plus d'importance maintenant ! Il est mort ! Lança Anna quelque peu énervée.
-Princesse Anna, comme je le disais, il s'agissait de votre père, vous pourriez modérer votre agacement, peu importe ses actes. Fit Victoria d'une voix sage alors qu'Anna la fusillait du regard, mais le retour du chancelier l'empêcha de répliquer.
-Les voici ! Les actes.
Anna, visiblement agacée par Victoria s'empressa de les arracher des mains du chancelier qui me les tendait et tous nous la regardions quelque peu circonspects surtout le chancelier qui fut quelque peu choqué de cet irrespect envers la souveraine mais préféra ne rien dire sans doute pour ne pas heurter la sensibilité de chacun et comme nous, il observait Anna feuilleter sans grand soin les actes par le bas se rendant finalement compte que le premier d'entre eux était finalement le plus intéressant !
-Il est là Elsa ! Quelle chance ! C'était le prochain qui allait être rendu officiel ! Juste à temps ! Fit Anna qui avait retrouvé son ton enjoué.
-Merci fis-je, prenant enfin connaissance de ce papier
-Reine Elsa ! Vous comptez abdiquer ?! Fit surpris le chancelier qui lisait par-dessus mon épaule.
-Monsieur ne pensez vous pas qu'il est particulièrement irrespectueux de se mêler des lectures de votre reine ? Lança Victoria d'un ton assez sévère
Je n'avais que faire de leurs discussions, je restais concentrée sur ces quelques lignes avec des sentiments différents. A la fois de la colère d'avoir failli me faire voler le pouvoir par un étranger, fusse-t-il mon oncle. Et de l'autre, j'avais le sentiment que si j'étais arrivée quelques minutes plus tard, j'aurai pu être comme je le pensais lors de mon exil dans la montagne du Nord, libérée, pouvant enfin être moi. D'autre part, j'étais surprise de remarquer que le nom du successeur n'était pas formulé, on parlait seulement de ma sœur.
-Elsa ? Et si tu déchirais ce papier maintenant ? Demanda Anna de manière innocente.
-Pardon ? Mais, où sont le chancelier et Victoria ? Demandais-je tout à coup remarquant qu'ils n'étaient plus en notre compagnie
-Victoria pour le faire taire lui a demandé les lois des Iles du Sud, pour une fois qu'elle fait quelque chose qui ne soit pas agaçant !...Enfin, oui, non je veux dire Elsa, je n'ai rien contre ta maman hein. Termina Anna confuse.
-Elsa, déchires ce papier maintenant. Ajouta Emma qui avait perçu mon malaise au mot « maman »
-Ah mesdemoiselles ! Regardez ! Lança Victoria qui venait de nous rejoindre, un grimoire à la main.
-C'est Madame ! Lança d'un ton froid Anna, montrant son annulaire
-Madame, excusez moi princesse Anna. Mais il faut dire que cela concerne en premier lieu mes filles. Voilà, il s'agit des lois des Iles du Sud. Une très vieille tradition concernant la succession du souverain disparu, et nous sommes dans ce cas, je vous lis : « Si la Providence veut qu'à la mort du Roi il n'y ait pas de premier héritier mâle, la veuve où à défaut le plus proche parent vivant de feu le Roi aura la charge royale afin, durant la vacance du pouvoir et la période de deuil de désigner le futur souverain de sorte que notre monarchie éternelle et par la Providence, celle-ci perdure ».
-Vous êtes très attaché à la foi aux Iles du Sud ! Et je ne comprends pas pourquoi vous lisez ça, il y en a encore des héritiers mâles chez vous ! Remarqua Anna que je fusillais du regard face à cette réflexion quelque peu déplacée.
-A vrai dire ma chère oui, mais il n'y a pas de premier d'entre eux !
-Attendez ? Quoi ?
-Viktor n'est pas de sang royal. Ce qui est arrangeant pour toi Elsa. Fit Victoria alors que je rougissais…ainsi que Viktor.
-Et alors ?
-Mis à part lui il me reste mes dix fils, mais étant décuplés, il n'y a pas de premier d'entre eux…Et surtout ils ne veulent pas de la couronne !
-Donc…ça fait de vous la régente des Iles du Sud ? Demanda Anna.
-Exactement ! Et je vais donc profiter de ce pouvoir pour changer la loi ! Fit-elle en prenant une plume et un papier.
-Que voulez vous dire ? Demanda Viktor
-Cette loi de la primauté masculine ! C'est aussi à cause d'elle que je n'ai pas pu voir mes filles ! Je vais réparer cela et je placerais l'une d'entre vous sur le trône. C'est là que je veux votre avis Anna, Elsa est nommée reine ici, mais c'est vous l'héritière de sang, avez-vous un avis ?
-Elsa est la reine d'Arendelle ! Lança ma sœur d'une voix forte avant de se tourner vers moi et d'ajouter : D'ailleurs pourquoi n'as-tu pas encore détruit ce maudit papier ?
-Je ne sais pas Anna, suis-je vraiment la reine ici ? Regarde ce que j'ai fait ! J'ai causé trois hivers !
-Elsa je t'interdis de dire cela !
-Elsa, Arendelle t'aime ! Petite j'ai grandis dans un village dans la forêt. On parlait de la princesse Elsa d'Arendelle. Tous admiraient la petite fille que tu étais à l'époque et espérais te voir devenir reine. Je me souviens de l'enthousiasme de passants que j'observais au loin quand je les entendais parler de ton prochain couronnement. Ce trône est à toi. Tu es la reine légitime.
-Pas plus que toi et même moins qu'Anna. Lançais-je
-Elsa, tout à l'heure sentant mon heure venir tu m'as promis de veiller sur Arendelle ! Cette promesse est toujours valable ! Je refuse de te laisser abandonner le royaume ! Je te l'interdits tu m'entends ! Maintenant déchires ce papier !
Je dévisageais tour à tour Emma, Victoria, et Anna. Toutes étaient suspendues à ma décision. Il fallait donner un souverain à Arendelle et aux Iles du Sud. Je ne portais certes ma tiare mais j'avais l'impression de l'avoir sur la tête et qu'il pesait bien lourd. Je n'étais pas sur d'avoir les épaules assez larges. D'ailleurs je ne l'ai jamais été. Pourtant ils comptaient sur moi. Anna comptait sur moi ! Elle, l'héritière légitime elle qui…portait la couronne ! C'était idiot mais je ne le remarquais que maintenant. Depuis le jour où je l'ai investie en charge du royaume j'avais déposé sur sa tête un petit diadème et elle le portait toujours ! Je n'avais d'yeux que pour ce bijou. Elle le portait à ravir ! Et son ton ! Elle avait trouvé la posture d'une…Oui c'était ça ! Je savais ce que je devais faire ! Sans dire un mot, je prenais des mains de Victoria la plume qui lui avait servi à rédiger sa loi aux Iles du Sud, m'installais au bureau et rédigeait au bas de l'acte toujours en ma possession quelques lignes. Ma décision était prise ! Et c'était la bonne solution.
-Monsieur le chancelier ! Appelais-je Veuillez rendre cet acte d'abdication officiel !
-Elsa ! Qu'est ce que tu fais ? Hurla ma cadette
-Je prends la meilleure décision possible Anna ! La meilleure décision pour le royaume, pour la famille, pour toi !
-Tu abandonnes le royaume C'est ça la meilleure décision selon toi ?!
-Monsieur le chancelier, pouvez vous lire la fin de l'acte je vous prie ? Demandais-je pour couper court à cette discussion et ayant vu le regard perdu du ministre.
-« Par cette abdication je mets ainsi fin à ma période de régence de fin de règne de feu Quentin VI d'Arendelle disparu en ce jour… » Altesse, votre père est mort il y a des années vous le savez comme moi.
-C'est plus compliqué que cela monsieur le ministre, et attendez-vous à des rapports de nos services à ce sujet, vous saurez toute l'histoire mais je vous prie continuez !
-« …Ainsi je rends caduque mon couronnement. J'assumerais la charge et les prérogatives royales au cours de la période de deuil relative à la disparition d'un souverain et l'attente du sacre. Je souhaite pour ce nouveau sacre doter la monarchie de deux souverains en nous désignant pour la succession, Anna et Elsa d'Arendelle, reine par la volonté de la Providence et des sujets du Royaume ». Mais Altesse, deux souverains c'est…impossible !
-Ca l'est ! Le monde grec a connu un tel régime, la prospère et puissante cité de Sparte était pourvue de deux monarques et c'en est ainsi trouvé être l'une des plus puissante cités du monde grec. Cela sera une chance pour Arendelle !
-Elsa…Balbutia Anna.
-C'est la meilleure solution ! Tu portes déjà la couronne ! Tu es l'héritière de sang ! Je ne reste sur le trône que par ta volonté. La couronne d'Arendelle aura donc deux sœurs pour reine ! Quant à vous mère, cela peut vous faciliter la tache et doter aux Iles du Sud Emma au titre de souveraine !
-Cela n'est pas dans nos coutumes Altesse.
-Eh bien par cet acte, vous allez qui plus est monsieur le chancelier changer la loi de succession. Et toi Emma ? Tu as un temps pensé à devenir reine….
-Peux tu éviter de parler de cela, je ne savais pas ce que cela impliquait et j'ai été manipulée et…
-Ca n'est pas un reproche, tu as voulue être reine, le trône des Iles du Sud t'attends, il te revient de droit. N'est ce pas ce que vous souhaitiez Victoria ?
-Si c'est la volonté d'Emma, je la désigne sur l'heure !
-Nous allons donc nous séparer toutes les trois ?
-Certainement pas ! Nous nous verrons souvent ça tu peux y compter ! Fit Anna d'une voix enjouée ! Et même si Elsa ne veut pas prendre le bateau elle n'aura pas le choix ! Ca sera un ordre de la reine !
-Evidemment que nous nous verrons ! Je sens que les Iles du Sud et Arendelle vont de nouveau devenir d'excellents partenaires Conclus-je
-Dans ce cas, j'accepte de devenir la souveraine des Iles du Sud.
-Je l'ajoute ! Emma sera donc la première reine des Iles du Sud Elsa, Anna, puis-je me permettre d'utiliser vos services de chancellerie pour pouvoir transmettre à nos ambassadeurs ces décrets ?
-A la seule condition qu'Emma reste pour le sacre ! Fit Anna avec malice.
-Cela devrait pouvoir s'arranger ! Rétorqua Victoria.
Alors que nous laissions le chancelier quelque peu hébété face aux grands changements qu'il se devait de rendre officiel dans le royaume, nous entendîmes des pas précipités dans le couloir. Pour la seconde fois de la journée, la porte de la chancellerie s'ouvrit à la volée sans qu'il n'y ait eu d'annonce au grand désespoir du chancelier.
-Kay ? Mais que faîtes-vous ici ? N'avais-je pas exigée que l'on vous mette au service de la princesse Raiponce ?
-Si fait madame, et c'est bien la raison qui me pousse à venir vous trouver en toute hâte. S'excusa la majordome
-A quel sujet ? Demandais-je soudain inquiète.
-La princesse Raiponce, d'un ton que je ne lui connaissais pas m'a fait comprendre qu'elle exigeait la tenue immédiate d'un procès…Celui du roi Ludwig de Coronna.
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Localisation : Où se trouve Ansa
Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:23
Chapitre 29 : La déchéance d'un roi.
Tous, nous restions quelques instants interdits face à la demande que formulait Raiponce au travers de Kay. Même si cette dernière était légitime. J'avais promis à ma pauvre cousine la tenue d'un procès pour son père qui allait devoir répondre de ses actes. L'idée de devoir cependant nous replonger dans toute cette histoire, ces événements si douloureux, alors que nous venions de conclure au renouveau des royaumes me fit sentir à quel point j'étais fatiguée. De fait de mes insomnies répétées qui cette fois vont je pense disparaître mais surtout du fait que ni les uns ni les autres n'avions dormi depuis près de deux jours.
-Monsieur le chancelier, en plus de la ratification, veuillez je vous prie m'apporter les documents que nous possédons relatifs aux lois de Coronna.
-Vous les avez ici, sur cette étagère Madame ! Fit le chancelier d'une voix montrant un certain agacement.
-Monsieur le chancelier depuis combien de temps êtes vous en charge de ce poste ? Demandais-je innocemment
-Dix ans Madame !
-Quelle loyauté, dommage que vous nous montriez un caractère si peu aimable, j'aurai sans doute pu ainsi que ma sœur vous promouvoir au prestigieux poste du trésor au vu de vos états de service, mais bon n'en parlons plus fis-je en haussant les épaules laissant le chancelier ruminer son mécontentement et ajoutant à Kay : Bien Dîtes à la princesse Raiponce qu'il nous faut le temps d'organiser le procès, il se tiendra demain à l'aube.
-Madame, je me permets d'insister. La princesse Raiponce a été catégorique, elle l'exige immédiatement. Sauf votre respect je n'aurai jamais osé croire qu'une jeune femme si raffinée puisse avoir des colères aussi violentes, même face à de telles circonstances.
-Vous avez eu vent des événements de la nuit Kay ?
-Si fait Madame, j'ai d'ailleurs pris l'initiative d'envoyer des hommes à la recherche des corps du prince ainsi que du roi des Iles du Sud. Et, au vu de la détermination de la princesse de Coronna j'ai cru bon, en votre nom de faire se réunir sur l'heure la haute cour de Justice.
-Vous avez fait quoi ?
-En trente ans de service auprès de ses Majestés d'Arendelle j'ai eu l'occasion d'être confronté à des temps de crise diplomatiques importants. Ces événements en prennent la tournure aussi ai-je agis selon mon code de conduite. Toujours agir dans l'intérêt de notre monarque bien aimé. Fit mon majordome avec une révérence.
-Vous avez raison sans doute. Vous avez bien fait Kay ! Je vous en remercie. Répondis-je finalement.
-Dois-je aller querir la princesse de Coronna à la cour de sa Majesté.
-Ses Majestés Kay, il faudra vous habituer à servir deux souveraines désormais. Dis-je en prenant le bras d'Anna. Et non je vous en remercie je m'en chargerais moi-même, mais vous pouvez prévenir les gardes du donjon de transférer le prisonnier pour son jugement. Et prévoyez aussi un second trône pour Anna. Ensuite, veillez à transmettre au plus vite que la tenue de notre congrès qui aura lieu dans dix jours sera l'occasion de sacrer les nouvelles souveraines d'Arendelle.
-Dois-je faire prévenir à ce sujet les autres grands dignitaires Madame ? Fit Kay qui ne se laissa pas surprendre.
-Surprenez-moi, mais je doute qu'ils puissent monter une délégation et venir en aussi peu de temps.
-Madame, permettez moi de vous dire que vous sous-estimez les capacités d'action de vos services diplomatiques. C'est un honneur que de transmettre vos ordres…ainsi que les vôtres princesse Anna.
Mon brave majordome après une révérence prit congé sans ajouter un mot ni même s'interroger sur ma volonté de placer avec moi sur le trône d'Arendelle ma cadette et je me félicitais d'avoir la chance qu'un homme si dévoué puisse être à notre service. Par ailleurs nous aussi suivîmes son exemple et prîmes congé de la chancellerie laissant mon ministre régler les actes royaux d'Arendelle et des Iles du Sud. Je ne saurais dire si mes compagnons discutaient entre eux je m'étais plongé dans la lecture de quelques lois de Coronna qui se révélaient être particulièrement intéressante en vue du procès qui s'annonçait mais finalement, Victoria me tira de ma lecture en posant sa main sur mon épaule.
-Elsa, Ton majordome a parlé qu'il s'occupait des corps. Si tu veux bien, je vais te laisser ici et vais les rejoindre. Il me faut les voir.
-Bien sur ! Allez y. Répondis-je n'osant repenser à cette vision d'horreur que j'avais eu en voyant Hans se lâcher dans le vide et quelques secondes plus tard entendre le bruit de l'impact au sol, alors qu'elle s'éloignait accompagnée d'Emma et Viktor.
-Tu ne trouves pas que tu as été sévère avec le chancelier ? Me glissa Anna pour me tirer de ma rêverie
-Pardon ? Oh non ne t'en fais pas c'était pour le motiver, et le secrétaire au trésor veut aspirer à une retraite paisible. Fis-je entraînant ma cadette vers les appartements de ma cousine.
Aucune de nous deux ne parla le temps de rallier la chambre de Raiponce et je vis que ma cadette était pensive tout à coup. Peut être mesurait-elle la charge qu'il allait dans les prochains jours peser sur ses épaules, sentait-elle tout à coup le poids de la couronne sur sa tête quoi qu'il en soit elle me parut étonnamment calme, alors que nous entrions dans la chambre de Raiponce qui nous accueillit avec un regard noir, berçant son petit Pascal qu'elle avait enveloppée dans une des chemises du pauvre Eugène. En maugréant elle finit par accepter de nous suivre. Je laissais cependant Anna s'en occuper, restant quelques instants dans la pièce je me mis à la fenêtre, observant le ciel blanc. Je ressentais une certaine fatigue, le manque de sommeil sans doute. Mais je me devais de remplir cette tache qu'Arendelle me confiait. Ce royaume qui m'a accueilli, où je me sentais chez moi malgré des origines je le savais désormais étrangères. Anna l'avait dit, je devais protéger le royaume, et cela commençait par ramener une nouvelle fois l'été. Levant mes bras, ma neige qui avait à nouveau recouvert le royaume commençait à fondre à vue d'œil, laissant apparaître haut dans le ciel le soleil. Ses chauds rayons caressaient mon visage me redonnant un peu d'énergie pour une journée qui s'annonçait longue avant que je ne puisse enfin m'accorder un temps de repos. Allons, il nous fallait tout d'abord régler ce procès, aussi je me mis à mon tour en marche, rejoignant rapidement Anna qui attendait devant la salle accompagnée de ma cousine. Cette dernière conservait un visage fermé, ne desserrant pas la mâchoire et alla au plus vite s'installer dans la salle d'audience, juste avant que l'on annonce notre entrée à ma sœur et moi. La salle naturellement se leva, sauf Raiponce qui restait assise, détournant son regard à notre passage, la douleur lui faisait sans doute perdre la notion des réalités et je ne me formalisais pas pour cela. Tout ce que je voulais, c'était un procès rapide, mais dans les règles ! Je tachais d'écouter les débats avec attention, même si je sentais que c'était beaucoup plus difficile pour ma cadette qui semblait s'ennuyer ayant visiblement déjà pris sa décision concernant la culpabilité de l'accusé. Finalement, arriva le moment où avant de rendre justice je me devais d'interroger l'accusé.
-Ludwig levez-vous ! Ordonnais-je
-C'est altesse je vous prie !
-Il suffit ! Pas ici ! Dans cette salle vous n'êtes pas roi ! Mais accusé de haute trahison envers la couronne d'Arendelle ! Contentez-vous de répondre à mes questions ! Avez-vous participé à un complot visant à provoquer un coup d'état en Arendelle ?
-Cela n'était pas de mon fait ! Mon frère a exercé sur moi un chantage.
-Précisez vos dires! Ordonnais-je
-Lui soutenait ne pas être au courant mais je suis sur qu'il fut le responsable de l'enlèvement de ma fille !
-Comment ? Lançais-je en même temps qu'Anna alors que Raiponce était plus outrée que jamais.
-J'ai compris qu'il menait une double vie, alors pour corriger cela je l'ai fait épouser la princesse d'Arendelle
-Vous considériez ma mère comme un simple calcul politique ?! Lança ma cadette outrée
-C'est plus complexe que ça, il y avait aussi de graves questions politiques dans un contexte de conflit pour Arendelle et…
-Peu importe, nous ne sommes pas ici pour refaire l'histoire du royaume ! Pourquoi ce chantage ? Coupais-je souhaitant terminer ce procès.
-Eh bien, peu de temps après le mariage en Arendelle j'ai enfin compris quelle fut sa seconde personnalité, c'était pendant notre quête de la fleur d'or. Le roi des Iles du Sud cherchait à nous bloquer par ses émissaires, mais nous l'avons trouvé, et là j'ai compris de qui il s'agissait. Mais alors que Raiponce naquit, elle me fut enlevée par une vieille folle, à la solde de mon frère !
-Comment osez-vous vous défendre au travers de mon enlèvement ?! Hurla Raiponce au milieu de la salle d'audience, terrifiant son petit qui se mit à pleurer.
-Silence dans la salle ! Ordonnais-je d'un ton impérieux. C'est à la cour d'interroger l'accusé
-De toute manière Quentin avait avoué que personne ne connaissait son secret au moment de la naissance d'Elsa, il va falloir trouver mieux que ça ! Ajouta Anna qui commençait à prendre son rôle de juge de plus en plus au sérieux.
-Et il ne vous est pas un seul instant permis de penser à l'hypothèse qu'il ait pu vous cacher, ou vous transformer la vérité pour ne pas dire vous mentir ? Lui un homme qui toute sa vie n'aura eu de cesse de mentir et trahir ? Répliqua Ludwig qui ne se laissait pas démonter par l'attaque de ma cadette.
-Fusse-t-il un menteur et un tricheur il est toujours chose aisée que de se défendre en accusant un mort qui ne pourra donc contredire vos accusations. Répondis-je non pour vouloir défendre Quentin dont le souvenir m'était fort désagréable malgré la parenté mais surtout pour soutenir ma cadette.
-Il est vrai, mais les parchemins retrouvés sur le corps de Mère Gothel émanant du Royaume des Iles du Sud donnent malgré tout du poids à mes propos vous en conviendrez mesdames mes juges. Répliqua-t-il.
-Arrêtez tout de suite avec ce ton condescendant ! Vous êtes ici je vous le rappelle en tant qu'accusé de très graves crimes à votre place j'éviterais toute provocation à l'égard de mes juges ! Lançais-je furieuse.
-Si vous êtes si peu capable je ne puis rien pour vous me répondit-il d'un ton de défi
-Faîtes encore une seule réflexion de ce type et je vous fais remettre aux fers jusqu'à la fin de l'audience ! Nous pouvons tout à fait terminer ce procès et prononcer le verdict sans vous !
-En admettant que cela fut vrai, que cette Mère Gothel fût à la solde du roi des Iles du Sud, une fois que vous l'aviez découvert pourquoi ne pas l'avoir dénoncé ? Vous êtes roi après tout ! Et quel rapport avec les chefs d'accusations qui pèsent sur vous ? Nous coupa ma cadette dont je fus surprise qu'elle fût à ce point concernée par sa tache de juge.
-Je ne l'ai pas dénoncé car c'est au moment où nous avons retrouvé Raiponce qu'il s'est mis en relation avec moi. Là je n'avais plus de doute, je savais qui il était, entre temps d'autres preuves s'étaient accumulées. Mais en me rencontrant, je ne pouvais pas le jour des retrouvailles de Raiponce avec le peuple de Coronna le faire arrêter. Si je suis coupable d'une chose c'est bien de cela. Et il aura su se montrer convaincant !
-Convaincant ? Dans quel sens ?
-Il n'a pas cherché à nier qui il était, même s'il ne le disait pas explicitement.
-Ce qui veut dire ? Demanda Anna qui je pense comme moi et le reste de la salle ne voyaient pas trop où Ludwig voulait en venir.
-Je savais, il savait que je savais, mais aucun ne le disait.
-Et quel rapport avec ce qui nous intéresse en ce lieu. Je dois vous dire que cette histoire ne m'intéresse guère, et si vous n'avez rien d'autre à nous dire en lien avec ce qui vous accuse je préfère que les débats soient clos et que les délibérations sur votre sort commencent sans plus tarder ! Lança Anna.
-Anna ? Demandais-je
-Bien sur si la Reine Elsa avec qui je partage la présidence de ce tribunal est de mon avis, cela va sans dire. Termina-t-elle
-Hum…J'ai toujours pour la justice souhaité laisser s'exprimer pleinement l'accusé. Je ne veux pas que l'on dise que cela ne fut pas le cas pour ce procès. Aussi pour ma part j'accepte d'avoir un peu de patience face à votre récit, mais je partage l'avis d'Annan hâtez-vous d'en venir aux points qui nous intéressent faute de quoi il est en effet envisageable sur proposition d'Anna que nous en restions là ! Répondis-je toujours plus troublée par l'attitude d'Anna qui semblait transformée, semblant prendre la mesure de la charge.
-Eh bien c'est là que le chantage a pleinement commencé. C'était le mariage de Raiponce…
Ludwig tachait de nous noyer dans des détails inutiles et commençait à détailler les décors mis en place à Coronna ainsi que la qualité de la robe porté par Raiponce à l'occasion de ce mariage. Pour la première fois depuis que l'on m'avait couronné, j'avais arrêté d'écouter une personne qui était en train de s'entretenir avec moi et laissais mon esprit fatiguée par le manque de sommeil divaguer et surtout s'arrêter sur ma pauvre cousine, le visage marqué par le chagrin mais aussi par la colère. Elle était passablement scandalisée d'entendre son père reparler de son mariage alors qu'elle venait de perdre son époux.
-Vous comptez vraiment que nous terminions ce procès ! Lança Anna d'une voix colérique me sortant de ma rêverie
-Il allait me dénoncer ! Répondit alors Ludwig à la hâte pour empêcher ma cadette d'ordonner la fin du procès.
-Ah, peut être auriez-vous dû commencer par là ! Vous dénoncer à propos de quoi ? Attention, je veux des réponses claires et concises faute de quoi nous mettrons un terme à ce procès ! Répliqua Anna, que j'approuvais d'un hochement de tête.
-Il allait dénoncer mes agissements. Dire que j'avais forcé la reine d'Arendelle à l'épouser pour lui conférer deux royaumes !
-N'est ce pas ce que vous avez fait ? Répondis-je d'une voix sèche de nouveau pleinement concernée par la fin de l'audience.
-Non aucunement ! Je vous le dit ça n'était pas mon but ! Mais il ajoutait aussi que j'achetais ainsi la paix à Arendelle. Terminant une guerre que j'aurais moi-même provoqué pour que nous puissions exercer notre influence ici.
-La Grande Guerre des montagnes ? C'est de votre faute ?! Lançais-je me remémorant mes leçons, où enfant on m'avait enseigné que cette guerre, terminée quelque temps avant ma naissance avait été extrêmement couteuse en richesses et en hommes pour notre royaume, et qu'aujourd'hui encore, nous ne savions pas l'origine du conflit.
-Non je vous le garantis non je ne suis en rien responsable de cette guerre ! Je vous demande de me croire ! Répliqua Ludwig soudain mal à l'aise, craignant sans doute que les charges qui pèsent contre lui ne s'alourdissent
-C'est vous qui en parlez pourtant ! Dit Anna d'un ton sévère.
-Je veux dire, il allait faire courir cette rumeur. Vous avez vu il était capable de grandes manipulations ! Cela aurait pu conduire nos pays au désastre.
-Vous nous juger donc influençables ! Répliquais-je d'un ton de défi.
-Je n'ai pas dit ça ! Mais il m'a manipulé moi, m'a ait prendre peur alors que c'était un jour heureux pour mon royaume. Et outre son silence il voulait passer un marché avec moi, de sorte que si je ne lui causais pas de soucis et qu'éventuellement je lui apportais une aide logistique je pourrais récupérer quelques richesses en Arendelle. Je vous jure cela ne m'intéressait pas particulièrement. EN revanche il me proposait aussi de m'aider à remonter la généalogie d'Eugène Fizterbergh. Afin de prouver qu'il n'était pas qu'un bandit mais possédait une lignée quelque peu plus digne d'une princesse.
-Quoi ?! S'emporta Raiponce qui se leva avant de s'avancer vers le box où était installé son père ! Toi ! Comment oses-tu ?! Tu n'as jamais approuvé ce mariage donc ? Il n'était pas assez bien pour toi ?! Pas assez de prestige ! C'est pour ça que tu as comploté ! N'as pas hésité à le laisser mourir ! Monstre ! Hurla-t-elle.
Une relative pagaille s'installait alors dans la salle d'audience, le prisonnier ne devant son intégrité physique qu'à la seule intervention des gardes qui tachaient de maintenir ma cousine qui continuait de hurler, réclamant justice et châtiment pour son père ! La situation ne faisait que s'envenimer alors que j'entendais les différentes personnes dans la salle s'exprimer alors que le jury se sentait assez mal à l'aise face à cette situation qui devenait de plus en plus complexe. La peine de Raiponce s'était transformée en colère. Une colère qui la menait même à la haine une haine qui allait forcément se transformer en souffrance. Je ne pouvais la laisser ainsi plonger de ce côté très obscure.
-Assez ! Criais-je en créant des pics de glace séparant les protagonistes, le silence se fit alors instantanément et tous me regardaient. Je tachais alors de poursuivre d'une voix ferme, ne masquant pas mon agacement : J'en ai assez entendu ! Et je ne puis tolérer que cette salle d'audience se transforme en pugilat ! La séance est levée ! Gardes emmenez le prisonnier ! Je demande au jury de se réunir dans la salle de délibération où nous statuerons sur votre sort Ludwig !
Aucun ne broncha, sans doute apeuré de m'avoir vu user de mon pouvoir de glace dont je savais aujourd'hui que je ne me séparerai jamais. La salle se visa rapidement alors que Ludwig était raccompagné en cellule. Raiponce, elle était raccompagnée par quelques gardes et Kay pour tenter de la calmer. Pour nous il n'était pas question cependant de nous reposer, de longues heures de délibérations nous attendaient. Anna et moi en effet nous rendîmes dans la salle des délibérations où il nous fallu écouter pendant de longues heures nos juristes spécialistes tenter de s'accorder sur quelques détails légaux. Je voyais qu'Anna, même si elle souhaitait pleinement s'investir commençait à trouver le temps long, regardant le soleil déjà descendre dans le ciel, une longue journée de procès s'achevait, et notre manque de sommeil ne faisait que croitre. Pour ma part j'en profitais pour feuilleter à nouveau l'exemplaire de la chancellerie à propos des lois de Corona, relisant celle qui avait particulièrement attirée mon attention. A peine avais-je terminée ma lecture que ma sœur explosa.
-Bien messieurs ça suffit, j'en ai assez de vos débats sans fins. Je n'ai même plus le sentiment que vous parlez à propos de la culpabilité ou non du prévenu, mais davantage de diplomatie, c'en est assez. Il faut le vote maintenant ! Une question simple : Ludwig de Coronna s'est-il rendu coupable de haute trahison envers la couronne ? Si oui y a-t-il des circonstances atténuantes ?
-Princesse Anna, comprenez que nous ne pouvons pas répondre de manière exact à cette question tant que tout les détails diplomatique-juridiques ne sont pas examinés. D'ailleurs j'attire votre…
-Il suffit ! Coupais-je le technocrate qui allait repartir dans un interminable monologue. Votez, répondez aux questions !
-Bien, si tel est votre désir altesse. Fit l'homme quelque peu déçu alors que tous prenaient plume et papier pour inscrire leur choix.
Je les regardais inquiète voter. Je savais qu'à la suite de leur réponse, nous devrions Anna et moi prendre acte. Je craignais qu'ils décident de le déclarer non coupable au nom du sauvetage de la diplomatie. Non, Raiponce ne le supporterai certainement pas. Mais d'un autre côté, l'autre réponse m'effrayait tout autant car nous devrions alors Anna et moi choisir quelle sentence devons nous lui infliger. Je me sentais impuissante alors que je regardais le premier juré comptabiliser les votes.
-Alors, quel est votre verdict ?
-Eh bien votre Altesse…Voilà…Aux deux questions, le jury a répondu à l'unanimité…Coupable. Fit l'homme mal à l'aise avant de poursuivre d'une voix précipité. Altesse nous savons ce qu'il est prévu et je vous demande de considérer éventuellement une possibilité d'évi…
-Je ne veux pas de vos conseils. Messieurs, nous avons pris connaissance de votre verdict, veuillez nous laisser ma sœur et moi, le temps pour nous de décider.
-Madame je me permets d'insiter et vous rappeler que nos relations diplomatiques pourraient…
-Je vous ai demandé de sortir, merci. Me contentais-je de répondre d'une voix calme.
Je regardais les jurés s'en aller. Tous étaient des magistrats compétents, certains exerçaient leur art depuis des années, peut être même avant ma naissance, et tous semblaient craindre la décision qu'il allait falloir prendre, sans doute craignant le pire et les répercussions que cela aurait à l'internationale. Anna quant à elle me regardait fixement, s'asseyant auprès de moi, elle approcha le papier sur le quel nous étions censées écrire la sentance. Elle semblait calme et déterminée, je peinais à croire qu'elle réussisse à mesurer le poids de notre responsabilité en ayant un visage ne transpirant aucune anxiété.
-Bien Elsa, coupable de haute trahison, notre loi est assez explicite la dessus il me semble. Alors allons y et finissons en !
-Oui la loi est claire. Admis-je, sachant parfaitement ce qu'elle indiquait. Mais dans la réalité ça n'est pas toujours aussi limpide.
-Excuse-moi Elsa, mais ici non, c'est écrit dans nos lois, nous n'avons pas à tergiverser trop longtemps. Ce procès n'a que trop duré !
-Pour cette sentence, rien n'est jamais simple Anna !
-Elsa, la loi est faite pour ça ! Nous devons rendre justice, faire respecter nos lois ! Raiponce ne comprendras pas que nous n'agissions pas ainsi.
-Anna, tu n'es plus dans le jugement, tu es dans le ressenti. Tu te bases par rapport à la victime, tu te sens proche d'elle. Nous ne pouvons nous le permettre nous devons juger de manière impartiale.
-Eh bien de manière impartiale la loi est claire justement Elsa ! Se défendit ma sœur qui perdait patience.
-La loi s'interprète. Surtout dans de pareils cas, et regarde celle-ci de Corona. Le roi passe un pacte avec son peuple, s'il est amené à le trahir, nuire à son intérêt, ou est reconnu coupable de crime, le conseil des pairs du royaume doit procéder à son arrestation et se réunir pour statuer sur sa déchéance. Le souverain est alors contraint à abdiquer et restera assigné à résidence dans l'attente de la décision de son successeur de le juger où le relâcher. Il nous suffit de le bannir et le remettre à Coronna en tant que prisonnier ?
-Sauf que c'est Arendelle qui le juge pas Coronna !
-C'est Coronna qui a été sa victime aussi avec la mort d'Eugène.
-Oui et nous l'avons jugé coupable, coupable en Arendelle, où les lois du royaume d'Arendelle s'appliquent ! Elsa voyons nous n'allons pas débattre ! Tous savent ce qu'il en est, tous attendent la sentance. Ce serait absurde que de ne pas suivre nos propres lois
-Tu penses que c'est si facile donc ? Eh bien tiens Anna ! Fis-je, récupérant la main de justice présentée au milieu de la table et lui mettant dans les mains.
-Qu'est ce que tu fais ?
-D'ici peu tu seras reine toi aussi, et toi aussi tu rendras pleinement justice alors autant t'habituer, te voilà parée de la main de justice. Voici le document et la plume ! Vas-y ! Prends la décision ! Condamnes le selon ce que tu juges ! Répliquais-je.
Je plaçais le papier sous les yeux de ma cadette ainsi que la plume dans sa main droite. Pour la première fois elle semblait muette. C'était assez peu courageux de ma part que de me déresponsabiliser face à cette décision mais il fallait qu'Anna comprenne, qu'elle puisse prendre la mesure de l'importance de sa décision. Anna restait là sans rien dire, la main tremblante, tenant sa plume en suspens au dessus du papier.
-Alors Anna, ça n'est pas si simple. Dis-je comme pour l'encourager.
-Elsa, c'est à toi de remplir ce papier de toute façon. Se défendit ma sœur.
-Non Anna, je veux ta décision. C'est ça l'exercice du pouvoir. Répondis-je simplement.
Je continuais de dévisager ma sœur qui prit une grande inspiration et finalement de sa belle écriture bouclée commença à griffonner le papier. Elle ne ma laissa cependant pas le temps de lire qu'elle le plia et apposait le sceau royal avant de me tendre le papier avec un regard de défi qui me mettait mal à l'aise. Tous furent à nouveau convoqués dans la salle d'audience alors que la nuit commençait déjà à tomber. J'avais entre les mains le sort de Ludwig de Coronna, et alors que nous rentrions à nouveau dans la salle d'audience, sans savoir ce qui avait été décidé, j'allais devoir lire la décision prise, et les conséquences qu'elle engendrerait. Le greffier me fit sortir de ma rêverie lorsqu'il nous annonça. Anna prit la parole, respectant les règles en vigueur et interrogeant l'accusé s'il voulait ajouter une dernière parole avant le verdict, ce qu'il ne fit pas.
-Messieurs les jurés, quel est votre verdict ? Demanda-t-elle d'une voix impérieuse.
-Aux deux questions, le jury déclare l'accusé Ludwig de Coronna…Coupable. Fit le premier juré d'une voix balbutiante alors que la salle faisait silence et que tous les regards se posaient sur moi.
-Votre altesse ?
-Pardon ? Fis-je précipitamment
-Nous attendons votre jugement. Me souffla le greffier.
- Oui bien sur, Ludwig de Coronna levez-vous ! Ordonnais-je et tout en le dévisageant, j'ouvrais le fameux pli contenant son sort. D'une voix tremblante alors je me mis à le lire. « La cour vous déclare coupable de haute trahison envers la couronne d'Arendelle, ainsi que de complicité de meurtre. Aucune circonstance atténuante n'a été retenue. Aussi en conséquence je vous condamne… » Je m'arrêtais un instant le temps de prendre une inspiration, prête à découvrir la sentence d'Anna. Je baissais les yeux et poursuivis : Je vous condamne au bannissement perpétuel d'Arendelle. Vous serez donc reconduit au titre de prisonnier jusqu'à Coronna où vous serez remis aux autorités. Déclarais-je
J'étais soulagée de la décision prise, alors que Raiponce poussait un hurlement de rage. La salle fut alors rapidement évacuée sans que je n'aie rien à dire. Ludwig était emmené sans un mot sans son cachot. Demain à la première heure il embarquerait dans la cale d'un de nos navires militaires en direction de Coronna. Je me sentais comme dans un état second, mais je réussi à voir qu'Anna elle aussi était avachi sur son trône comme moi. Au bout de quelques minutes, toutes les deux, sans échanger une parole nous nous levâmes et quittâmes la salle d'audience. Je tombais de fatigue ainsi qu'Anna et notre volonté était sans doute à toute les deux de retrouver nos lits. Mais au hasard des couloirs, Raiponce nous attendait furieuse.
-Vas te coucher Anna je m'en occupe. Dis-je d'un ton las, ayant pitié pour ma cadette qui ne se fit pas prier.
-Comment as-tu pu me faire ça ?! Lança Raiponce outrée.
-Nous avons fait ce qu'il nous semblait juste.
-Ce qui vous semblait juste ? En plus tu te moques de moi ? Et ce qu'il m'a fait ? Et Eugène qui en a payé le prix ? La justice a été faite ? S'emporta Raiponce.
-Ca n'était pas à nous de le juger pour cela. Répondis-je calmement.
-Pas à vous ? Alors à quoi a servi cette mascarade ? Demain il va rentrer et voilà tout est terminé ? C'est ainsi que vous me considérez toi la reine d'un pays qui n'est pas le tiens et ta greluche de sœur même pas fichue de rester plus d'un an sans se faire transformer en glaçon ?
- Calme-toi Raiponce s'il te plait. Il n'est pas question que cela s'arrête comme tu dis. Ce sont les lois de ton royaume que nous avons privilégiées. C'est à Coronna de faire justice.
-Allô j'appelle Elsa ! Il est le roi ! C'est lui la loi !
-Justement non. C'est cette loi qui nous a orientés. Répondis-je en lui tendant le papier. Il va revenir à Coronna au titre de prisonnier, reconnu coupable de crime. Nous joignons les conclusions du procès. Il sera déchu de son titre. Tu vas donc devenir la souveraine de Coronna. Ca sera alors à toi de décider du sort qu'il mérite et par toi, Coronna. Seulement prends garde ma chère. La justice n'est pas à prendre à la légère. Ne te laisse pas, le jour où tu le jugeras envahir par tes propres émotions. Cela fera de toi une grande reine, et Eugène, de là où il est pourra être fier de voir sa femme régner de manière admirable. Conclus-je, laissant à Raiponce les papiers.
-Je pars également demain à la première heure et je veux qu'Arendelle fasse rapatrier le corps d'Eugène au plus vite ! Se contenta-t-elle de répondre avant de me laisser seule dans le couloir, au milieu des peintures des anciens souverains d'Arendelle, dont une qui me mettait en colère.
-Vous la bas ! Appelais-je à un serviteur.
-Votre Altesse ?
-Ce tableau ? Je veux qu'il soit enlevé ! Je veux que toutes les peintures représentant Quentin VI soient enlevées ! Et vous ferez aussi transmettre ma volonté de faire retirer la grande tombe du roi qui est à côté de la reine d'Arendelle.
-Votre altesse…Commença le pauvre serviteur.
-Non pas de question c'est un ordre ! Je veux que tout soit réglé au plus tard demain soir. Coupais-je.
Je prenais immédiatement congé de ce serviteur qui ne devait sans doute pas comprendre mais je n'en avais que faire. Il était inutile que je me justifie. Avec ce procès qui venait de finir de m'épuiser je contribuais à la déchéance d'un roi. Là je comptais bien en déchoir un second. Un monarque que je souhaite effacer de ma mémoire et de ma vie. Il n'était plus roi, il n'était plus mon père, il n'était qu'un montre ! Un meurtrier ! Cette pensée m'habita alors que je retrouvais mes appartements et passait une tenue de nuit. Je me posais alors dans mon grand lit, heureuse de le retrouver, mais les images de ces derniers jours ne cessaient de tourner dans a tête et il m'était impossible de trouver le sommeil qui me fuyait depuis si longtemps. Je tentais de me vider l'esprit. Pensant aux propos d'Anna, un renouveau. Oui c'est ce qui m'attendait, mais ma seule volonté n'était pas suffisante alors que finalement j'entendis un petit grattement à la porte. Je n'eus pas le temps de répondre que celle-ci s'ouvrir sans bruit laissant apparaître dans l'embrasure ma cadette vêtu de sa classique robe de chambre anis. J'avais l'impression de revivre l'épisode où elle était venue me réconforter après mes terreurs nocturnes. Mon dieu comme ce temps me semble lointain alors que c'était il y a quelques jours !
-Tu ne dors pas Anna ? Demandais-je
-Non, je n'y arrive pas. J'ai besoin d'une présence. S'excusa-t-elle.
-Celle de ton époux n'est pas suffisante. Pourtant vous devriez avoir beaucoup de chose à dire…et faire !
-Non ce n'est pas ça Elsa. Kristoff ne pourrait pas comprendre. Enfin, on en a bien touché un ou deux mots. Il s'est voulu rassurant, mais ça n'a pas changé grand-chose.
-Je vois. Fis-je attendrie, invitant ma sœur à s'asseoir dans mon lit à mes côtés.
-Tu vois Elsa, l'amour de Kristoff, celui d'Emma m'aide. Mais je n'arrête pas de penser à cette journée. Fit-elle en s'installant à son aise.
-Ah oui ?
-C'est pendant le procès que je l'ai compris. Et si je n'étais pas faite pour être reine ? Après tout je suis la deuxième née !
-Princesse Anna d'Arendelle. Voilà qui tu es. Lui répondis-je en lui prenant les mains.
-Oui voilà une princesse pas une reine.
-Tu es la princesse d'Arendelle. La seule de sang qui plus est. On ne nait pas reine, on le devient. Tu es née pour apporter de la joie autours de toi Anna. Tu feras une grande reine.
-Comment peux-tu en être si sure ? Je n'ai pas ton aisance.
-Non tu en as bien davantage ! Tu l'as déjà prouvé ! Tu es venue me chercher pour sauver le royaume la première fois. Tu m'as sauvé la vie plusieurs fois. Et aujourd'hui, tu as prouvé que tu étais déjà une grande reine en jugeant avec sagesse, sans laisser parler des émotions, mais seulement ton cœur. D'ici quelques jours, la princesse Anna d'Arendelle va devenir la reine Anna Ière. Et elle sera une merveilleuse souveraine. Dis-je en posant ma tête sur l'oreiller, caressant les cheveux d'Anna qui en avait fait de même.
-J'essaierais.
-Promets-moi Anna de ne jamais oublier qui tu es. Ma sœur, et la reine. Répondis-je doucement, sentant la fatigue m'envahir, je posais ma tête contre celle d'Anna qui trouvait le sommeil et à mon tour, tenant la main de ma cadette je sombrais dans les bras de Morphée…
Tous, nous restions quelques instants interdits face à la demande que formulait Raiponce au travers de Kay. Même si cette dernière était légitime. J'avais promis à ma pauvre cousine la tenue d'un procès pour son père qui allait devoir répondre de ses actes. L'idée de devoir cependant nous replonger dans toute cette histoire, ces événements si douloureux, alors que nous venions de conclure au renouveau des royaumes me fit sentir à quel point j'étais fatiguée. De fait de mes insomnies répétées qui cette fois vont je pense disparaître mais surtout du fait que ni les uns ni les autres n'avions dormi depuis près de deux jours.
-Monsieur le chancelier, en plus de la ratification, veuillez je vous prie m'apporter les documents que nous possédons relatifs aux lois de Coronna.
-Vous les avez ici, sur cette étagère Madame ! Fit le chancelier d'une voix montrant un certain agacement.
-Monsieur le chancelier depuis combien de temps êtes vous en charge de ce poste ? Demandais-je innocemment
-Dix ans Madame !
-Quelle loyauté, dommage que vous nous montriez un caractère si peu aimable, j'aurai sans doute pu ainsi que ma sœur vous promouvoir au prestigieux poste du trésor au vu de vos états de service, mais bon n'en parlons plus fis-je en haussant les épaules laissant le chancelier ruminer son mécontentement et ajoutant à Kay : Bien Dîtes à la princesse Raiponce qu'il nous faut le temps d'organiser le procès, il se tiendra demain à l'aube.
-Madame, je me permets d'insister. La princesse Raiponce a été catégorique, elle l'exige immédiatement. Sauf votre respect je n'aurai jamais osé croire qu'une jeune femme si raffinée puisse avoir des colères aussi violentes, même face à de telles circonstances.
-Vous avez eu vent des événements de la nuit Kay ?
-Si fait Madame, j'ai d'ailleurs pris l'initiative d'envoyer des hommes à la recherche des corps du prince ainsi que du roi des Iles du Sud. Et, au vu de la détermination de la princesse de Coronna j'ai cru bon, en votre nom de faire se réunir sur l'heure la haute cour de Justice.
-Vous avez fait quoi ?
-En trente ans de service auprès de ses Majestés d'Arendelle j'ai eu l'occasion d'être confronté à des temps de crise diplomatiques importants. Ces événements en prennent la tournure aussi ai-je agis selon mon code de conduite. Toujours agir dans l'intérêt de notre monarque bien aimé. Fit mon majordome avec une révérence.
-Vous avez raison sans doute. Vous avez bien fait Kay ! Je vous en remercie. Répondis-je finalement.
-Dois-je aller querir la princesse de Coronna à la cour de sa Majesté.
-Ses Majestés Kay, il faudra vous habituer à servir deux souveraines désormais. Dis-je en prenant le bras d'Anna. Et non je vous en remercie je m'en chargerais moi-même, mais vous pouvez prévenir les gardes du donjon de transférer le prisonnier pour son jugement. Et prévoyez aussi un second trône pour Anna. Ensuite, veillez à transmettre au plus vite que la tenue de notre congrès qui aura lieu dans dix jours sera l'occasion de sacrer les nouvelles souveraines d'Arendelle.
-Dois-je faire prévenir à ce sujet les autres grands dignitaires Madame ? Fit Kay qui ne se laissa pas surprendre.
-Surprenez-moi, mais je doute qu'ils puissent monter une délégation et venir en aussi peu de temps.
-Madame, permettez moi de vous dire que vous sous-estimez les capacités d'action de vos services diplomatiques. C'est un honneur que de transmettre vos ordres…ainsi que les vôtres princesse Anna.
Mon brave majordome après une révérence prit congé sans ajouter un mot ni même s'interroger sur ma volonté de placer avec moi sur le trône d'Arendelle ma cadette et je me félicitais d'avoir la chance qu'un homme si dévoué puisse être à notre service. Par ailleurs nous aussi suivîmes son exemple et prîmes congé de la chancellerie laissant mon ministre régler les actes royaux d'Arendelle et des Iles du Sud. Je ne saurais dire si mes compagnons discutaient entre eux je m'étais plongé dans la lecture de quelques lois de Coronna qui se révélaient être particulièrement intéressante en vue du procès qui s'annonçait mais finalement, Victoria me tira de ma lecture en posant sa main sur mon épaule.
-Elsa, Ton majordome a parlé qu'il s'occupait des corps. Si tu veux bien, je vais te laisser ici et vais les rejoindre. Il me faut les voir.
-Bien sur ! Allez y. Répondis-je n'osant repenser à cette vision d'horreur que j'avais eu en voyant Hans se lâcher dans le vide et quelques secondes plus tard entendre le bruit de l'impact au sol, alors qu'elle s'éloignait accompagnée d'Emma et Viktor.
-Tu ne trouves pas que tu as été sévère avec le chancelier ? Me glissa Anna pour me tirer de ma rêverie
-Pardon ? Oh non ne t'en fais pas c'était pour le motiver, et le secrétaire au trésor veut aspirer à une retraite paisible. Fis-je entraînant ma cadette vers les appartements de ma cousine.
Aucune de nous deux ne parla le temps de rallier la chambre de Raiponce et je vis que ma cadette était pensive tout à coup. Peut être mesurait-elle la charge qu'il allait dans les prochains jours peser sur ses épaules, sentait-elle tout à coup le poids de la couronne sur sa tête quoi qu'il en soit elle me parut étonnamment calme, alors que nous entrions dans la chambre de Raiponce qui nous accueillit avec un regard noir, berçant son petit Pascal qu'elle avait enveloppée dans une des chemises du pauvre Eugène. En maugréant elle finit par accepter de nous suivre. Je laissais cependant Anna s'en occuper, restant quelques instants dans la pièce je me mis à la fenêtre, observant le ciel blanc. Je ressentais une certaine fatigue, le manque de sommeil sans doute. Mais je me devais de remplir cette tache qu'Arendelle me confiait. Ce royaume qui m'a accueilli, où je me sentais chez moi malgré des origines je le savais désormais étrangères. Anna l'avait dit, je devais protéger le royaume, et cela commençait par ramener une nouvelle fois l'été. Levant mes bras, ma neige qui avait à nouveau recouvert le royaume commençait à fondre à vue d'œil, laissant apparaître haut dans le ciel le soleil. Ses chauds rayons caressaient mon visage me redonnant un peu d'énergie pour une journée qui s'annonçait longue avant que je ne puisse enfin m'accorder un temps de repos. Allons, il nous fallait tout d'abord régler ce procès, aussi je me mis à mon tour en marche, rejoignant rapidement Anna qui attendait devant la salle accompagnée de ma cousine. Cette dernière conservait un visage fermé, ne desserrant pas la mâchoire et alla au plus vite s'installer dans la salle d'audience, juste avant que l'on annonce notre entrée à ma sœur et moi. La salle naturellement se leva, sauf Raiponce qui restait assise, détournant son regard à notre passage, la douleur lui faisait sans doute perdre la notion des réalités et je ne me formalisais pas pour cela. Tout ce que je voulais, c'était un procès rapide, mais dans les règles ! Je tachais d'écouter les débats avec attention, même si je sentais que c'était beaucoup plus difficile pour ma cadette qui semblait s'ennuyer ayant visiblement déjà pris sa décision concernant la culpabilité de l'accusé. Finalement, arriva le moment où avant de rendre justice je me devais d'interroger l'accusé.
-Ludwig levez-vous ! Ordonnais-je
-C'est altesse je vous prie !
-Il suffit ! Pas ici ! Dans cette salle vous n'êtes pas roi ! Mais accusé de haute trahison envers la couronne d'Arendelle ! Contentez-vous de répondre à mes questions ! Avez-vous participé à un complot visant à provoquer un coup d'état en Arendelle ?
-Cela n'était pas de mon fait ! Mon frère a exercé sur moi un chantage.
-Précisez vos dires! Ordonnais-je
-Lui soutenait ne pas être au courant mais je suis sur qu'il fut le responsable de l'enlèvement de ma fille !
-Comment ? Lançais-je en même temps qu'Anna alors que Raiponce était plus outrée que jamais.
-J'ai compris qu'il menait une double vie, alors pour corriger cela je l'ai fait épouser la princesse d'Arendelle
-Vous considériez ma mère comme un simple calcul politique ?! Lança ma cadette outrée
-C'est plus complexe que ça, il y avait aussi de graves questions politiques dans un contexte de conflit pour Arendelle et…
-Peu importe, nous ne sommes pas ici pour refaire l'histoire du royaume ! Pourquoi ce chantage ? Coupais-je souhaitant terminer ce procès.
-Eh bien, peu de temps après le mariage en Arendelle j'ai enfin compris quelle fut sa seconde personnalité, c'était pendant notre quête de la fleur d'or. Le roi des Iles du Sud cherchait à nous bloquer par ses émissaires, mais nous l'avons trouvé, et là j'ai compris de qui il s'agissait. Mais alors que Raiponce naquit, elle me fut enlevée par une vieille folle, à la solde de mon frère !
-Comment osez-vous vous défendre au travers de mon enlèvement ?! Hurla Raiponce au milieu de la salle d'audience, terrifiant son petit qui se mit à pleurer.
-Silence dans la salle ! Ordonnais-je d'un ton impérieux. C'est à la cour d'interroger l'accusé
-De toute manière Quentin avait avoué que personne ne connaissait son secret au moment de la naissance d'Elsa, il va falloir trouver mieux que ça ! Ajouta Anna qui commençait à prendre son rôle de juge de plus en plus au sérieux.
-Et il ne vous est pas un seul instant permis de penser à l'hypothèse qu'il ait pu vous cacher, ou vous transformer la vérité pour ne pas dire vous mentir ? Lui un homme qui toute sa vie n'aura eu de cesse de mentir et trahir ? Répliqua Ludwig qui ne se laissait pas démonter par l'attaque de ma cadette.
-Fusse-t-il un menteur et un tricheur il est toujours chose aisée que de se défendre en accusant un mort qui ne pourra donc contredire vos accusations. Répondis-je non pour vouloir défendre Quentin dont le souvenir m'était fort désagréable malgré la parenté mais surtout pour soutenir ma cadette.
-Il est vrai, mais les parchemins retrouvés sur le corps de Mère Gothel émanant du Royaume des Iles du Sud donnent malgré tout du poids à mes propos vous en conviendrez mesdames mes juges. Répliqua-t-il.
-Arrêtez tout de suite avec ce ton condescendant ! Vous êtes ici je vous le rappelle en tant qu'accusé de très graves crimes à votre place j'éviterais toute provocation à l'égard de mes juges ! Lançais-je furieuse.
-Si vous êtes si peu capable je ne puis rien pour vous me répondit-il d'un ton de défi
-Faîtes encore une seule réflexion de ce type et je vous fais remettre aux fers jusqu'à la fin de l'audience ! Nous pouvons tout à fait terminer ce procès et prononcer le verdict sans vous !
-En admettant que cela fut vrai, que cette Mère Gothel fût à la solde du roi des Iles du Sud, une fois que vous l'aviez découvert pourquoi ne pas l'avoir dénoncé ? Vous êtes roi après tout ! Et quel rapport avec les chefs d'accusations qui pèsent sur vous ? Nous coupa ma cadette dont je fus surprise qu'elle fût à ce point concernée par sa tache de juge.
-Je ne l'ai pas dénoncé car c'est au moment où nous avons retrouvé Raiponce qu'il s'est mis en relation avec moi. Là je n'avais plus de doute, je savais qui il était, entre temps d'autres preuves s'étaient accumulées. Mais en me rencontrant, je ne pouvais pas le jour des retrouvailles de Raiponce avec le peuple de Coronna le faire arrêter. Si je suis coupable d'une chose c'est bien de cela. Et il aura su se montrer convaincant !
-Convaincant ? Dans quel sens ?
-Il n'a pas cherché à nier qui il était, même s'il ne le disait pas explicitement.
-Ce qui veut dire ? Demanda Anna qui je pense comme moi et le reste de la salle ne voyaient pas trop où Ludwig voulait en venir.
-Je savais, il savait que je savais, mais aucun ne le disait.
-Et quel rapport avec ce qui nous intéresse en ce lieu. Je dois vous dire que cette histoire ne m'intéresse guère, et si vous n'avez rien d'autre à nous dire en lien avec ce qui vous accuse je préfère que les débats soient clos et que les délibérations sur votre sort commencent sans plus tarder ! Lança Anna.
-Anna ? Demandais-je
-Bien sur si la Reine Elsa avec qui je partage la présidence de ce tribunal est de mon avis, cela va sans dire. Termina-t-elle
-Hum…J'ai toujours pour la justice souhaité laisser s'exprimer pleinement l'accusé. Je ne veux pas que l'on dise que cela ne fut pas le cas pour ce procès. Aussi pour ma part j'accepte d'avoir un peu de patience face à votre récit, mais je partage l'avis d'Annan hâtez-vous d'en venir aux points qui nous intéressent faute de quoi il est en effet envisageable sur proposition d'Anna que nous en restions là ! Répondis-je toujours plus troublée par l'attitude d'Anna qui semblait transformée, semblant prendre la mesure de la charge.
-Eh bien c'est là que le chantage a pleinement commencé. C'était le mariage de Raiponce…
Ludwig tachait de nous noyer dans des détails inutiles et commençait à détailler les décors mis en place à Coronna ainsi que la qualité de la robe porté par Raiponce à l'occasion de ce mariage. Pour la première fois depuis que l'on m'avait couronné, j'avais arrêté d'écouter une personne qui était en train de s'entretenir avec moi et laissais mon esprit fatiguée par le manque de sommeil divaguer et surtout s'arrêter sur ma pauvre cousine, le visage marqué par le chagrin mais aussi par la colère. Elle était passablement scandalisée d'entendre son père reparler de son mariage alors qu'elle venait de perdre son époux.
-Vous comptez vraiment que nous terminions ce procès ! Lança Anna d'une voix colérique me sortant de ma rêverie
-Il allait me dénoncer ! Répondit alors Ludwig à la hâte pour empêcher ma cadette d'ordonner la fin du procès.
-Ah, peut être auriez-vous dû commencer par là ! Vous dénoncer à propos de quoi ? Attention, je veux des réponses claires et concises faute de quoi nous mettrons un terme à ce procès ! Répliqua Anna, que j'approuvais d'un hochement de tête.
-Il allait dénoncer mes agissements. Dire que j'avais forcé la reine d'Arendelle à l'épouser pour lui conférer deux royaumes !
-N'est ce pas ce que vous avez fait ? Répondis-je d'une voix sèche de nouveau pleinement concernée par la fin de l'audience.
-Non aucunement ! Je vous le dit ça n'était pas mon but ! Mais il ajoutait aussi que j'achetais ainsi la paix à Arendelle. Terminant une guerre que j'aurais moi-même provoqué pour que nous puissions exercer notre influence ici.
-La Grande Guerre des montagnes ? C'est de votre faute ?! Lançais-je me remémorant mes leçons, où enfant on m'avait enseigné que cette guerre, terminée quelque temps avant ma naissance avait été extrêmement couteuse en richesses et en hommes pour notre royaume, et qu'aujourd'hui encore, nous ne savions pas l'origine du conflit.
-Non je vous le garantis non je ne suis en rien responsable de cette guerre ! Je vous demande de me croire ! Répliqua Ludwig soudain mal à l'aise, craignant sans doute que les charges qui pèsent contre lui ne s'alourdissent
-C'est vous qui en parlez pourtant ! Dit Anna d'un ton sévère.
-Je veux dire, il allait faire courir cette rumeur. Vous avez vu il était capable de grandes manipulations ! Cela aurait pu conduire nos pays au désastre.
-Vous nous juger donc influençables ! Répliquais-je d'un ton de défi.
-Je n'ai pas dit ça ! Mais il m'a manipulé moi, m'a ait prendre peur alors que c'était un jour heureux pour mon royaume. Et outre son silence il voulait passer un marché avec moi, de sorte que si je ne lui causais pas de soucis et qu'éventuellement je lui apportais une aide logistique je pourrais récupérer quelques richesses en Arendelle. Je vous jure cela ne m'intéressait pas particulièrement. EN revanche il me proposait aussi de m'aider à remonter la généalogie d'Eugène Fizterbergh. Afin de prouver qu'il n'était pas qu'un bandit mais possédait une lignée quelque peu plus digne d'une princesse.
-Quoi ?! S'emporta Raiponce qui se leva avant de s'avancer vers le box où était installé son père ! Toi ! Comment oses-tu ?! Tu n'as jamais approuvé ce mariage donc ? Il n'était pas assez bien pour toi ?! Pas assez de prestige ! C'est pour ça que tu as comploté ! N'as pas hésité à le laisser mourir ! Monstre ! Hurla-t-elle.
Une relative pagaille s'installait alors dans la salle d'audience, le prisonnier ne devant son intégrité physique qu'à la seule intervention des gardes qui tachaient de maintenir ma cousine qui continuait de hurler, réclamant justice et châtiment pour son père ! La situation ne faisait que s'envenimer alors que j'entendais les différentes personnes dans la salle s'exprimer alors que le jury se sentait assez mal à l'aise face à cette situation qui devenait de plus en plus complexe. La peine de Raiponce s'était transformée en colère. Une colère qui la menait même à la haine une haine qui allait forcément se transformer en souffrance. Je ne pouvais la laisser ainsi plonger de ce côté très obscure.
-Assez ! Criais-je en créant des pics de glace séparant les protagonistes, le silence se fit alors instantanément et tous me regardaient. Je tachais alors de poursuivre d'une voix ferme, ne masquant pas mon agacement : J'en ai assez entendu ! Et je ne puis tolérer que cette salle d'audience se transforme en pugilat ! La séance est levée ! Gardes emmenez le prisonnier ! Je demande au jury de se réunir dans la salle de délibération où nous statuerons sur votre sort Ludwig !
Aucun ne broncha, sans doute apeuré de m'avoir vu user de mon pouvoir de glace dont je savais aujourd'hui que je ne me séparerai jamais. La salle se visa rapidement alors que Ludwig était raccompagné en cellule. Raiponce, elle était raccompagnée par quelques gardes et Kay pour tenter de la calmer. Pour nous il n'était pas question cependant de nous reposer, de longues heures de délibérations nous attendaient. Anna et moi en effet nous rendîmes dans la salle des délibérations où il nous fallu écouter pendant de longues heures nos juristes spécialistes tenter de s'accorder sur quelques détails légaux. Je voyais qu'Anna, même si elle souhaitait pleinement s'investir commençait à trouver le temps long, regardant le soleil déjà descendre dans le ciel, une longue journée de procès s'achevait, et notre manque de sommeil ne faisait que croitre. Pour ma part j'en profitais pour feuilleter à nouveau l'exemplaire de la chancellerie à propos des lois de Corona, relisant celle qui avait particulièrement attirée mon attention. A peine avais-je terminée ma lecture que ma sœur explosa.
-Bien messieurs ça suffit, j'en ai assez de vos débats sans fins. Je n'ai même plus le sentiment que vous parlez à propos de la culpabilité ou non du prévenu, mais davantage de diplomatie, c'en est assez. Il faut le vote maintenant ! Une question simple : Ludwig de Coronna s'est-il rendu coupable de haute trahison envers la couronne ? Si oui y a-t-il des circonstances atténuantes ?
-Princesse Anna, comprenez que nous ne pouvons pas répondre de manière exact à cette question tant que tout les détails diplomatique-juridiques ne sont pas examinés. D'ailleurs j'attire votre…
-Il suffit ! Coupais-je le technocrate qui allait repartir dans un interminable monologue. Votez, répondez aux questions !
-Bien, si tel est votre désir altesse. Fit l'homme quelque peu déçu alors que tous prenaient plume et papier pour inscrire leur choix.
Je les regardais inquiète voter. Je savais qu'à la suite de leur réponse, nous devrions Anna et moi prendre acte. Je craignais qu'ils décident de le déclarer non coupable au nom du sauvetage de la diplomatie. Non, Raiponce ne le supporterai certainement pas. Mais d'un autre côté, l'autre réponse m'effrayait tout autant car nous devrions alors Anna et moi choisir quelle sentence devons nous lui infliger. Je me sentais impuissante alors que je regardais le premier juré comptabiliser les votes.
-Alors, quel est votre verdict ?
-Eh bien votre Altesse…Voilà…Aux deux questions, le jury a répondu à l'unanimité…Coupable. Fit l'homme mal à l'aise avant de poursuivre d'une voix précipité. Altesse nous savons ce qu'il est prévu et je vous demande de considérer éventuellement une possibilité d'évi…
-Je ne veux pas de vos conseils. Messieurs, nous avons pris connaissance de votre verdict, veuillez nous laisser ma sœur et moi, le temps pour nous de décider.
-Madame je me permets d'insiter et vous rappeler que nos relations diplomatiques pourraient…
-Je vous ai demandé de sortir, merci. Me contentais-je de répondre d'une voix calme.
Je regardais les jurés s'en aller. Tous étaient des magistrats compétents, certains exerçaient leur art depuis des années, peut être même avant ma naissance, et tous semblaient craindre la décision qu'il allait falloir prendre, sans doute craignant le pire et les répercussions que cela aurait à l'internationale. Anna quant à elle me regardait fixement, s'asseyant auprès de moi, elle approcha le papier sur le quel nous étions censées écrire la sentance. Elle semblait calme et déterminée, je peinais à croire qu'elle réussisse à mesurer le poids de notre responsabilité en ayant un visage ne transpirant aucune anxiété.
-Bien Elsa, coupable de haute trahison, notre loi est assez explicite la dessus il me semble. Alors allons y et finissons en !
-Oui la loi est claire. Admis-je, sachant parfaitement ce qu'elle indiquait. Mais dans la réalité ça n'est pas toujours aussi limpide.
-Excuse-moi Elsa, mais ici non, c'est écrit dans nos lois, nous n'avons pas à tergiverser trop longtemps. Ce procès n'a que trop duré !
-Pour cette sentence, rien n'est jamais simple Anna !
-Elsa, la loi est faite pour ça ! Nous devons rendre justice, faire respecter nos lois ! Raiponce ne comprendras pas que nous n'agissions pas ainsi.
-Anna, tu n'es plus dans le jugement, tu es dans le ressenti. Tu te bases par rapport à la victime, tu te sens proche d'elle. Nous ne pouvons nous le permettre nous devons juger de manière impartiale.
-Eh bien de manière impartiale la loi est claire justement Elsa ! Se défendit ma sœur qui perdait patience.
-La loi s'interprète. Surtout dans de pareils cas, et regarde celle-ci de Corona. Le roi passe un pacte avec son peuple, s'il est amené à le trahir, nuire à son intérêt, ou est reconnu coupable de crime, le conseil des pairs du royaume doit procéder à son arrestation et se réunir pour statuer sur sa déchéance. Le souverain est alors contraint à abdiquer et restera assigné à résidence dans l'attente de la décision de son successeur de le juger où le relâcher. Il nous suffit de le bannir et le remettre à Coronna en tant que prisonnier ?
-Sauf que c'est Arendelle qui le juge pas Coronna !
-C'est Coronna qui a été sa victime aussi avec la mort d'Eugène.
-Oui et nous l'avons jugé coupable, coupable en Arendelle, où les lois du royaume d'Arendelle s'appliquent ! Elsa voyons nous n'allons pas débattre ! Tous savent ce qu'il en est, tous attendent la sentance. Ce serait absurde que de ne pas suivre nos propres lois
-Tu penses que c'est si facile donc ? Eh bien tiens Anna ! Fis-je, récupérant la main de justice présentée au milieu de la table et lui mettant dans les mains.
-Qu'est ce que tu fais ?
-D'ici peu tu seras reine toi aussi, et toi aussi tu rendras pleinement justice alors autant t'habituer, te voilà parée de la main de justice. Voici le document et la plume ! Vas-y ! Prends la décision ! Condamnes le selon ce que tu juges ! Répliquais-je.
Je plaçais le papier sous les yeux de ma cadette ainsi que la plume dans sa main droite. Pour la première fois elle semblait muette. C'était assez peu courageux de ma part que de me déresponsabiliser face à cette décision mais il fallait qu'Anna comprenne, qu'elle puisse prendre la mesure de l'importance de sa décision. Anna restait là sans rien dire, la main tremblante, tenant sa plume en suspens au dessus du papier.
-Alors Anna, ça n'est pas si simple. Dis-je comme pour l'encourager.
-Elsa, c'est à toi de remplir ce papier de toute façon. Se défendit ma sœur.
-Non Anna, je veux ta décision. C'est ça l'exercice du pouvoir. Répondis-je simplement.
Je continuais de dévisager ma sœur qui prit une grande inspiration et finalement de sa belle écriture bouclée commença à griffonner le papier. Elle ne ma laissa cependant pas le temps de lire qu'elle le plia et apposait le sceau royal avant de me tendre le papier avec un regard de défi qui me mettait mal à l'aise. Tous furent à nouveau convoqués dans la salle d'audience alors que la nuit commençait déjà à tomber. J'avais entre les mains le sort de Ludwig de Coronna, et alors que nous rentrions à nouveau dans la salle d'audience, sans savoir ce qui avait été décidé, j'allais devoir lire la décision prise, et les conséquences qu'elle engendrerait. Le greffier me fit sortir de ma rêverie lorsqu'il nous annonça. Anna prit la parole, respectant les règles en vigueur et interrogeant l'accusé s'il voulait ajouter une dernière parole avant le verdict, ce qu'il ne fit pas.
-Messieurs les jurés, quel est votre verdict ? Demanda-t-elle d'une voix impérieuse.
-Aux deux questions, le jury déclare l'accusé Ludwig de Coronna…Coupable. Fit le premier juré d'une voix balbutiante alors que la salle faisait silence et que tous les regards se posaient sur moi.
-Votre altesse ?
-Pardon ? Fis-je précipitamment
-Nous attendons votre jugement. Me souffla le greffier.
- Oui bien sur, Ludwig de Coronna levez-vous ! Ordonnais-je et tout en le dévisageant, j'ouvrais le fameux pli contenant son sort. D'une voix tremblante alors je me mis à le lire. « La cour vous déclare coupable de haute trahison envers la couronne d'Arendelle, ainsi que de complicité de meurtre. Aucune circonstance atténuante n'a été retenue. Aussi en conséquence je vous condamne… » Je m'arrêtais un instant le temps de prendre une inspiration, prête à découvrir la sentence d'Anna. Je baissais les yeux et poursuivis : Je vous condamne au bannissement perpétuel d'Arendelle. Vous serez donc reconduit au titre de prisonnier jusqu'à Coronna où vous serez remis aux autorités. Déclarais-je
J'étais soulagée de la décision prise, alors que Raiponce poussait un hurlement de rage. La salle fut alors rapidement évacuée sans que je n'aie rien à dire. Ludwig était emmené sans un mot sans son cachot. Demain à la première heure il embarquerait dans la cale d'un de nos navires militaires en direction de Coronna. Je me sentais comme dans un état second, mais je réussi à voir qu'Anna elle aussi était avachi sur son trône comme moi. Au bout de quelques minutes, toutes les deux, sans échanger une parole nous nous levâmes et quittâmes la salle d'audience. Je tombais de fatigue ainsi qu'Anna et notre volonté était sans doute à toute les deux de retrouver nos lits. Mais au hasard des couloirs, Raiponce nous attendait furieuse.
-Vas te coucher Anna je m'en occupe. Dis-je d'un ton las, ayant pitié pour ma cadette qui ne se fit pas prier.
-Comment as-tu pu me faire ça ?! Lança Raiponce outrée.
-Nous avons fait ce qu'il nous semblait juste.
-Ce qui vous semblait juste ? En plus tu te moques de moi ? Et ce qu'il m'a fait ? Et Eugène qui en a payé le prix ? La justice a été faite ? S'emporta Raiponce.
-Ca n'était pas à nous de le juger pour cela. Répondis-je calmement.
-Pas à vous ? Alors à quoi a servi cette mascarade ? Demain il va rentrer et voilà tout est terminé ? C'est ainsi que vous me considérez toi la reine d'un pays qui n'est pas le tiens et ta greluche de sœur même pas fichue de rester plus d'un an sans se faire transformer en glaçon ?
- Calme-toi Raiponce s'il te plait. Il n'est pas question que cela s'arrête comme tu dis. Ce sont les lois de ton royaume que nous avons privilégiées. C'est à Coronna de faire justice.
-Allô j'appelle Elsa ! Il est le roi ! C'est lui la loi !
-Justement non. C'est cette loi qui nous a orientés. Répondis-je en lui tendant le papier. Il va revenir à Coronna au titre de prisonnier, reconnu coupable de crime. Nous joignons les conclusions du procès. Il sera déchu de son titre. Tu vas donc devenir la souveraine de Coronna. Ca sera alors à toi de décider du sort qu'il mérite et par toi, Coronna. Seulement prends garde ma chère. La justice n'est pas à prendre à la légère. Ne te laisse pas, le jour où tu le jugeras envahir par tes propres émotions. Cela fera de toi une grande reine, et Eugène, de là où il est pourra être fier de voir sa femme régner de manière admirable. Conclus-je, laissant à Raiponce les papiers.
-Je pars également demain à la première heure et je veux qu'Arendelle fasse rapatrier le corps d'Eugène au plus vite ! Se contenta-t-elle de répondre avant de me laisser seule dans le couloir, au milieu des peintures des anciens souverains d'Arendelle, dont une qui me mettait en colère.
-Vous la bas ! Appelais-je à un serviteur.
-Votre Altesse ?
-Ce tableau ? Je veux qu'il soit enlevé ! Je veux que toutes les peintures représentant Quentin VI soient enlevées ! Et vous ferez aussi transmettre ma volonté de faire retirer la grande tombe du roi qui est à côté de la reine d'Arendelle.
-Votre altesse…Commença le pauvre serviteur.
-Non pas de question c'est un ordre ! Je veux que tout soit réglé au plus tard demain soir. Coupais-je.
Je prenais immédiatement congé de ce serviteur qui ne devait sans doute pas comprendre mais je n'en avais que faire. Il était inutile que je me justifie. Avec ce procès qui venait de finir de m'épuiser je contribuais à la déchéance d'un roi. Là je comptais bien en déchoir un second. Un monarque que je souhaite effacer de ma mémoire et de ma vie. Il n'était plus roi, il n'était plus mon père, il n'était qu'un montre ! Un meurtrier ! Cette pensée m'habita alors que je retrouvais mes appartements et passait une tenue de nuit. Je me posais alors dans mon grand lit, heureuse de le retrouver, mais les images de ces derniers jours ne cessaient de tourner dans a tête et il m'était impossible de trouver le sommeil qui me fuyait depuis si longtemps. Je tentais de me vider l'esprit. Pensant aux propos d'Anna, un renouveau. Oui c'est ce qui m'attendait, mais ma seule volonté n'était pas suffisante alors que finalement j'entendis un petit grattement à la porte. Je n'eus pas le temps de répondre que celle-ci s'ouvrir sans bruit laissant apparaître dans l'embrasure ma cadette vêtu de sa classique robe de chambre anis. J'avais l'impression de revivre l'épisode où elle était venue me réconforter après mes terreurs nocturnes. Mon dieu comme ce temps me semble lointain alors que c'était il y a quelques jours !
-Tu ne dors pas Anna ? Demandais-je
-Non, je n'y arrive pas. J'ai besoin d'une présence. S'excusa-t-elle.
-Celle de ton époux n'est pas suffisante. Pourtant vous devriez avoir beaucoup de chose à dire…et faire !
-Non ce n'est pas ça Elsa. Kristoff ne pourrait pas comprendre. Enfin, on en a bien touché un ou deux mots. Il s'est voulu rassurant, mais ça n'a pas changé grand-chose.
-Je vois. Fis-je attendrie, invitant ma sœur à s'asseoir dans mon lit à mes côtés.
-Tu vois Elsa, l'amour de Kristoff, celui d'Emma m'aide. Mais je n'arrête pas de penser à cette journée. Fit-elle en s'installant à son aise.
-Ah oui ?
-C'est pendant le procès que je l'ai compris. Et si je n'étais pas faite pour être reine ? Après tout je suis la deuxième née !
-Princesse Anna d'Arendelle. Voilà qui tu es. Lui répondis-je en lui prenant les mains.
-Oui voilà une princesse pas une reine.
-Tu es la princesse d'Arendelle. La seule de sang qui plus est. On ne nait pas reine, on le devient. Tu es née pour apporter de la joie autours de toi Anna. Tu feras une grande reine.
-Comment peux-tu en être si sure ? Je n'ai pas ton aisance.
-Non tu en as bien davantage ! Tu l'as déjà prouvé ! Tu es venue me chercher pour sauver le royaume la première fois. Tu m'as sauvé la vie plusieurs fois. Et aujourd'hui, tu as prouvé que tu étais déjà une grande reine en jugeant avec sagesse, sans laisser parler des émotions, mais seulement ton cœur. D'ici quelques jours, la princesse Anna d'Arendelle va devenir la reine Anna Ière. Et elle sera une merveilleuse souveraine. Dis-je en posant ma tête sur l'oreiller, caressant les cheveux d'Anna qui en avait fait de même.
-J'essaierais.
-Promets-moi Anna de ne jamais oublier qui tu es. Ma sœur, et la reine. Répondis-je doucement, sentant la fatigue m'envahir, je posais ma tête contre celle d'Anna qui trouvait le sommeil et à mon tour, tenant la main de ma cadette je sombrais dans les bras de Morphée…
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:24
Chapitre 30 : Parce qu'il faut fêter ce renouveau…
Pour la première fois depuis des jours j'ai dormi d'un sommeil de plomb, aucun tourment ne m'aura perturbé et les doux rayons du soleil de l'été retrouvé caressaient mon visage me faisant doucement quitter le monde des songes. Ouvrant les yeux je remarquais les contours encore flous de mon mobilier, puis, tournant ma tête, je vis qu'Anna s'était déjà levée, à la place sur les draps de soie était posé une petite coupelle rempli de nos délices favoris. Anna, elle, se tenait droite, assistant au lever de la reine, déjà habillée, parfaitement coiffée et me souriant tendrement sa petite Emma dans les bras.
-Regarde mon trésor, tatie Elsa vient de se réveiller, et je sais que tu as envie de lui faire un gros bisou comme hier ! Murmura-t-elle à sa fille.
-Les rôles sont donc inversés, c'est toi qui te lève aux aurores ?
-Une maman ne dort que d'un œil ! Et une reine se lève…Comment dis-tu déjà ? Ah oui toujours à l'aube !
-Il est tard ? Demandais-je alors remarquant cette fois pleinement le soleil déjà haut dans le ciel.
-Pas encore assez pour que je décide de te faire réveiller par Emma mais presque. J'ai préféré utiliser la méthode gourmande des chocolats ! Répliqua ma sœur d'un ton taquin.
-Voilà qui est bien aimable.
-Mais Elsa, je crois qu'il te faut cependant te dépêcher. Il y a de l'agitation au port. C'est ce matin que l'on transfère Ludwig. Et, Raiponce elle aussi nous quitte, à ce que j'ai compris elle fait appareiller le navire royal de Coronna avant midi pour profiter de la marée.
-C'est assez compréhensible. Elle doit vouloir pouvoir offrir à Eugène des funérailles le plus rapidement possible. Et s'occuper de sa future accession au pouvoir. Fis-je d'une voix grave.
-Mais du coup elle ne sera pas là pour le sacre. Demanda Anna déçue.
-Je crains que non, mais Anna, te souviens tu de ta distance avec Raiponce quand elle est venue ici pour la première fois ? Je crains qu'aujourd'hui cela soit son tour de nous penser responsable. Il faut lui laisser un peu de temps. Mais cela ne veut pas dire que la couronne d'Arendelle ne va pas aller lui dire au revoir dignement !
A ces mots je me levais et tachais de m'habiller en vitesse. Comme à mon habitude depuis quelque temps je délaissais mes tenues de reine des neiges, préférant la sobriété verte et noires de la tenue que je portais le jour de mon sacre. J'allais d'ailleurs devoir demander à nos couturiers de réaliser cette même robe pour Anna, en vue du sacre ! Je vis Anna sortir de ma chambre, alors que je m'habillais à la hâte et quelques minutes plus tard, enfin prête je la rejoignis dans les couloirs du château où je fus heureuse de constater que le serviteur croisé hier soir avait bien fait transmettre les ordres, les tableaux représentant Quentin était tous en train d'être décrochés. Il nous fallait cependant nous hâter ma sœur et moi pour ne pas manquer le départ et nous sortions rapidement du château. Nous fûmes quelque peu retardés en chemin par les habitant s d'Arendelle, heureux de nous voir et déjà ayant eu vent de la nouvelle de ma décision de doter le royaume de deux souveraines. Les habitants nous acclamaient et tous voulaient pouvoir échanger une parole avec ma cadette, lui présenter leurs hommages, la féliciter, glorifier ma petite nièce. Anna en fut quelques instants surprise mais était à l'écoute, toujours souriante et beaucoup plus à l'aise que moi dans ce genre d'exercice même si son attitude parfois ressemblait plus à celle d'une jeune fille à celle d'une souveraine. Mais qu'importent les traditions ! Elle avait raison ! Nous devions insuffler un renouveau dans ce royaume, tourner le dos au passé ! Nous allions ensemble elle et moi, transformer les uses et coutumes du royaume. Nous ferons oublier celui que les habitants d'Arendelle présentaient encore comme le roi Quentin notre père ! Ils l'oublieront ! Je me le jurais, mais aussi de leur révéler quel monstre il était ! Au bout de longues minutes, nous réussîmes à nous frayer un passage grâce à Kristoff qui passait par là, nous en profitions pour monter dans son traineau qu'il avait équipé également de petites roues afin de pouvoir l'utiliser en Arendelle.
-Bonjour Elsa ! Alors, Me voilà désormais le cocher officiel de sa Majesté ? Me lança-t-il taquin en me voyant monter alors qu'il aidait ma cadette un peu secouée par la foule à s'installer, la petite toujours dans ses bras.
-Si c'est la seule condition pour que je puisse monter alors oui si tu veux Kristoff lui répondis-je d'un ton léger.
-Alors il me faudra un traineau plus grand.
-Nous verrons cela, allez cocher au port ! Lui lançais-je.
-Ne t'en fais pas moi souveraine d'Arendelle, je ne te traiterais pas collaborateur, moi souveraine d'Arendelle, je ne te laisserais pas avec de simples titres d'exécutant. Moi souveraine d'Arendelle je tacherais de montrer qu'ensemble nous serons un couple royal normal. Moi souveraine d'Arendelle je veillerais à ce que notre fille de gèle pas tout le royaume. Moi souveraine d'Arendelle je saurais avec toi être une reine irréprochable…
-Et moi souveraine d'Arendelle j'aimerai que tu arrêtes cette anaphore ma chère Anna, c'est absolument ridicule. Tu as encore quelques progrès à faire en politique, comme si sortir une telle tirade était susceptible de te faire bien voir par le royaume.
- Je ne sais pas ça m'est venue comme ça.
-Heureusement pour toi que nous sommes une monarchie et non une république, tu n'aurais jamais été élue avec ce genre de phrases ma pauvre. Lui répondis-je taquine.
-On sait jamais sur un malentendu…et la preuve je vais quand même être reine !
-Je commence déjà à regretter mon choix. Répliquais-je pour l'énerver gentiment alors que nous approchions du port.
Une fois arrivées nous nous précipitâmes tous les trois, rapidement rejoints pas Viktor, Emma et Victoria qui étaient en pleine conversation avec quelques dignitaires des Iles du Sud. A leur vue mon cœur se mit à frémir, enfin, surtout pour Viktor, je ne me l'expliquais pas, je n'avais jamais ressenti ça. Certes j'avais sans doute été amoureuse de Karl dont je préférais oublier qu'il fut mon frère et qui garderait à vie une place particulière en moi. Mais là je ne saurai l'expliquer, c'était différent, plus fort, j'avais l'impression d'être à l'instar de ma jumelle doté de son pouvoir de feu. J'étais certaine qu'Anna saurait sans doute m'expliquer ce que je ressentais mais je n'allais surement pas la lancer sur un tel sujet de conversation ! Une journée de suffirait sans doute pas à calmer sa curiosité. Ma jumelle fut la première à nous voir et me sortit de mes pensées en allant vers nous et, après avoir salué Kristoff nous sauta dans les bras à ma sœur et moi, heureuse d'avoir une nouvelle famille.
-Vous êtes bien matinaux tous les trois ! Lança Anna d'un ton joyeux une fois libérée de l'étreinte d'Emma.
-La ponctualité des Iles du Sud ma chère. Si j'ai bien compris Elsa en est également dotée, vous un peu moins princesse. Répondit d'un ton léger Victoria.
-On voit chère Reine que vous n'avez pas assisté à son pénible réveil ce matin. Riposta sur le même ton ma cadette.
-Une fois n'est pas coutume Anna voyons. Mais dîtes-moi malgré tout que faisiez-vous tous les trois ? Demandais-je pour changer de sujet.
-Il nous fallait organiser la transition aux Iles du Sud avec nos ambassadeurs. Etant régente je viens de nommer Viktor comme mon conseiller. Nous discutions ainsi avec nos ambassadeurs pour faire reconnaître Emma au titre de princesse des Iles du Sud…et aussi ta filiation directe Elsa.
-Euh oui bien sur c'est évident. Répondis-je quelque peu mal à l'aise vis-à-vis d'Anna qui devait se sentir comme étrangère à la famille.
-C'est formidable Elsa ! Reine d'Arendelle et aussi princesse des Iles du Sud ! En plus d'être cousins avec Coronna. Pour sur la paix régnera sur nos mers ! Lança Anna joyeuse effaçant de fait mes craintes, alors qu'elle ajoutait : Et du coup ils sont rentrés aux Iles du sud si je distingue bien le pavillon du navire au loin ?
-C'est bien notre pavillon mais non ce ne sont pas les ambassadeurs, ce navire emporte les corps d'Hans et Quentin. Les Iles du Sud seront leur dernière demeure, nous avons fait demander des obsèques royales. Fit Victoria
Cette dernière information me fit tiquer. Non pas pour Hans qui s'était sacrifié pour nous et pour qui, malgré ce qu'il a fait j'aurai toujours une dette et une certaine estime mais pour l'ancien roi. Rien que son nom avait désormais tendance à m'énerver et je préférais sans rien dire hâter le groupe en direction du port pour pouvoir assister au départ de Raiponce. Nous pressâmes le pas pour arriver à temps alors que l'on entendait les sirènes des navires, mais nous dûmes constater amèrement que Raiponce n'avait pas daigné nous attendre alors que nous regardions le vaisseau royal de Coronna, qui allait dans les prochains jours devenir le sien passer la barrière du port. Nous questionnions alors le chef de la capitainerie savoir si elle avait laissé un message à notre attention mais il n'en était rien. Il nous signifia par ailleurs qu'un de nos vaisseaux militaires allait prendre la mer à la suite de la princesse de Coronna. Tournant la tête je sus immédiatement de quoi il s'agissait alors que je voyais que Ludwig, qui avait été dépossédé de ses médailles et riches vêtements, se contentant d'une simple chemise blanc, embarquait mains liés dans une des cellules du navire. Avec son départ se refermait ainsi ces tristes événements. J'espérais désormais que Raiponce saura trouver en elle la force de ne pas nous en vouloir trop longtemps. Anna me tira cependant de mes pensées.
-Elle ne nous a même pas attendus pour lui dire au revoir ! C'est tout de même grossier ! Nous sommes de sa famille ! Et aussi ses hôtes !
-Tu sais Anna, je pense qu'en de telles circonstances il faut savoir oublier les convenances. Elle a perdu son époux, sans doute souhaite-t-elle au plus vite pouvoir lui offrir des funérailles convenables chez eux, il faut lui laisser du temps.
-Elle ne sera donc pas là pour notre couronnement. Fit ma cadette déçue.
-Je crains que non, et je dois t'avouer que serais quelque peu étonnée que nous soyons conviées au sien qui aura sans doute prochainement lieu.
-Mais nous n'allons pas rompre tout lien diplomatique à cause de nos…pères ! Répliqua Anna qui peinait apparemment autant que moi à prononcer désormais ce dernier mot.
-Non cela ne sera pas ! Lui répondis-je déterminée, avant de me tourner et m'adresser au capitaine : Il me semble monsieur que le représentant des Iles du Nord doit arriver aujourd'hui. Renvoyez-le ! Faites lui savoir que la couronne d'Arendelle à compter de ce jour rompt tout lien commercial avec le roi Hodin !
-Madame ! Vous…Voulez que nous rompions tout partenariat avec Elredor ?
-Iles du Nord Elredor, qu'importe le nom que vous octroyez à ce roi je ne veux plus aucune tractation avec lui ! S 'il souhaite une justification vous n'avez qu'à remettre ce pli ! Suis-je claire ?
-Bien madame. Bredouilla l'officier sans comprendre.
Je tournais les talons et quittais aussitôt la capitainerie d'un pas rapide alors que les autres me suivaient. Je n'avais pas pour habitude de montrer mes émotions aussi je tachais de rester aussi calme que possible mais le départ précipité de ma cousine m'avait quelque peu chagriné. J'aurai souhaité pouvoir lui parler une dernière fois, pouvoir la mettre en garde, ne pas se laisser aveugler par le chagrin et la colère. Je la plaignais, moi dans mes moments de chagrin j'ai Anna qui est à mes côtés, j'ai même désormais retrouvé une jumelle et une mère. Cependant ces dernières me dévisageaient curieusement alors que nous pressions le pas, arrivant dans les jardins du château, non loin des pierres tombales des anciens monarques.
-Elsa ? Pourquoi rompre avec le roi Hodin ?
-N'est-ce pas lui qui est venu il y a quelques années apporter la terrible nouvelle du naufrage royal ?
-Justement oui, et il avait consolé la jeune fille orpheline que j'étais devenue, pendant que toi tu…
-Moi quoi Anna ? Répliquais-je peut être plus sèchement que je ne l'aurais pensé.
-Non ne te fâches pas. Mais à cette époque, nous étions séparées. Il a été le seul du coup en ces heures tristes à m'apporter un peu de réconfort. C'est un ami d'Arendelle. C'est pour ça je te le redemande pourquoi ainsi rompre nos liens de manière si brutale ?
-Les époques changent Anna ! Il ne doit rien rester de l'ancien roi ! Il a été le premier à arriver ici, et à apporter les urnes qui ont été mises en terre ! Urnes dont on sait qu'elles ne contenaient pas les cendres du roi d'Arendelle ! Alors Explique-moi le pourquoi de cette méprise ?!
-Je…Je l'ignore, mais il a apporté deux urnes, celle de ma mè…notre mère. Fit Anna soudain triste alors que je palissais face à sa reprise, elle semblait d'une certaine manière acter cette parenté quelque peu différente que nous avions elle et moi.
-Je le vois complice. Avoir été si vite au courant, remplir des urnes avec au moins une fausse !
-Elsa voyons ça n'est pas une preuve suffisante. S'opposa Victoria.
-Qu'il me prouve son innocence, faute de quoi il en sera ainsi ! Répondis-je alors que je sentais mon regard se durcir à la vue de la pierre à la mémoire de Quentin VI.
Furieuse je quittais le groupe pour m'approcher de la pierre monumentale. Mes laquais n'avaient pas encore suivi mes ordres que d'enlever cette abomination, et bien qu'importe je m'en chargerai moi-même ! Il était hors de question que mon peuple et notre famille n'ait à supporter un instant de plus la vue de cette tombe qui souillait déjà notre Histoire. Je levais alors mes bras, prête à geler la pierre pour que celle-ci se brise par le froid, mais à peine commençais-je à lancer mon sortilège que je vis des flammes arriver, transformant ma glace en eau qui ne fit guère plus que de mouiller la pierre. Je me retournais passablement énervée et vis même si je m'en doutais qui était responsable.
-Emma ! Qu'est ce que tu fais ?! Laisse-moi je dois détruire cette pierre !
-Non Elsa ! Ne fais pas ça ! Répondit-elle alors que tous semblaient l'approuver et me regardaient médusés.
-Oh si je vais le faire !
-S'il te plait écoute moi ! Fit ma jumelle en s'approchant et me tenant les mains.
-Elsa, tu ne peux pas faire ça ! Que penserait maman ?! Ajouta ma cadette ce qui me désarma quelque peu alors que je regardais la seconde tombe où était inscrit le nom de la reine.
-Elsa, c'est un immense bonheur pour moi d'avoir retrouvé mes sœurs, savoir que j'ai une mère, une famille, et quelle famille ! Mais il y aura une chose que je regretterais je le sais toujours, c'est d'avoir vu mon père seulement sous son pire aspect alors que beaucoup l'ont connu comme étant une bonne personne. Toi la première Elsa.
-Il n'empêche, je ne puis laisser le peuple d'Arendelle conserver le souvenir d'un monarque bienveillant quand on sait quel monstre manipulateur il a été !
-Non Elsa je t'en prie ! Moi aussi je sais qui il est mais tu ne peux pas !
-Si je le peux, et je le veux Anna ! Je suis désolée, mais tu ne m'en empêcheras pas !
-Mais moi si ! Et je t'ordonne d'arrêter cette folie ma fille ! Lança d'un ton autoritaire Victoria.
-Quoi ? Fis-je surprise à la fois par ce ton autoritaire et aussi par mon sentiment d'être redevenue une fillette qui serait prise sur le fait.
-Elsa je t'ai vu te durcir depuis hier. Tu fais enlever les toiles, tu donnes cet ordre fou à propos du roi Hodin et maintenant tu t'apprêtes à commettre l'irréparable, je ne peux pas te laisser agir ainsi. Tu parles de monstre, tu dis ne pas vouloir en être un, en faisant ce que tu t'apprêtes à faire, tu risques d'en devenir un. Regarde autours de toi, crois-tu vraiment que c'est ce que veux Arendelle, que les traces de l'ancien roi disparaissent ? Regarde ta sœur Anna, regarde ta nièce. Penses tu qu'elle ne voudrait pas un jour pouvoir voir la tombe de son grand père ?
-Ca n'est pas sa tombe de toute façon. Répondis-je d'un ton plus buté que je ne le pensais.
-Car il n'était pas mort ? Si tu veux, mais maintenant il n'est plus de ce monde, et c'est le seul endroit connu comme étant celui de son dernier repos. Que tu le veuilles ou non Elsa si, c'est sa tombe que tu t'apprêtais à profaner…la tombe de ton propre père.
-Anna, comment peux-tu approuver un tel discours lui qui a tué…la reine ! Terminais-je ne sachant si je pouvais, devant Victoria la considérer comme ma mère.
-Maman ne voudrait pas ça Elsa. Elle a toujours été à ses côtés. Petite elle me parlait du mariage comme étant la plus belle chose, et que les mariés jamais ne se séparent. Elle ne voudrait pas être séparée.
-Anna, ce mariage…Il n'était pas si réel que ça ! Il était déjà marié ! Enfin Victoria même vous ! Comment pouvez-vous encore supportez ne serais-ce que son souvenir au point de lui offrir aux Iles du Sud des obsèques. Et s'il en a la bas inutile qu'il en ait ici !
-Il était roi d'Arendelle que tu le veuilles ou non Elsa ! Modères tes paroles car que tu le veuilles ou non, il était aussi ton père !
-Et toi Anna tu arrives à surmonter ça ? Vraiment ?
-Moi, s'il n'y avait que moi nous serions d'accord Elsa ! Mais maman l'aimait. Ca je ne peux pas le nier, je les ai vus ensemble petite.
-C'est donc la raison qui pousse chacune d'entre vous à agir ainsi. L'amour envers un homme qui n'aura eu de cesse de mentir et tricher au point de cacher un double mariage. Victoria, comment peut on continuer à avoir des sentiments pour un homme qui a ainsi pu mentir, comment savoir s'il vous a aimé vous ? Ou la reine d'Arendelle.
-Je crois ma fille que tu oublies une hypothèse. Ca n'est pas une question de quelle femme il a aimé, non en fait je pense qu'il nous a aimé toutes les deux…Et il a aimé ses enfants, toi y compris Elsa.
-Quoi ?
-Quand j'ai connu ton père, il m'a sauvé la vie. Alors tu peux si tu veux tout remettre en doute en disant qu'il avait crée la situation et fragilisé le pont que je traversais, mais il a risqué la sienne pour me sauver. Je l'ai aimé. Et lui aussi je le sais. Malgré tout ce qu'il a fait Elsa, il m'a offert les plus beaux cadeaux qu'il soit : mes enfants. Oui il vous a caché à mes yeux, mais preuve qu'il t'aimait aussi Elsa, il t'a gardé auprès de lui, élevé.
-…Et privé de ma mère ! Coupais-je me rendant compte après coup du manque de respect que je pouvais avoir envers Anna et sa mère qui m'a élevé.
-Oui, mais c'est aussi signe qu'il a aimé la reine d'Arendelle. Il n'a pas hésité à lui confier l'éducation de sa fille. Elle et moi étions les meilleures amies du monde. Pendant trois ans quand nous étions enfant, nous avons vécues ensemble, elle était presque comme ma sœur ! Et Elsa, ce qui me comble de joie c'est de savoir qu'elle a été ta mère. Oui tu es ma fille, et je suis heureuse qu'enfin je puisse te considérer comme telle, mais il ne faut pas le nier, elle aura été ta mère, elle t'a élevé, elle t'a consolé…
-…Et vous m'avez dit quand vous êtes arrivé qu'elle ne m'aimait pas comme une mère. Coupais-je à nouveau.
-Encore et toujours rationnelle. Toujours à vouloir comprendre la situation, tu ressembles à ton père Elsa, bien plus que tu ne le penses. Mais pour te répondre, disons que c'était surtout pour te motiver et te mettre sur la piste. Ton côté rationnel justement allait faire le reste. Mais ce serait lui faire injure que de maintenir qu'elle n'a pas été une mère pour toi…De même que Quentin aura été un père attentionné, pour toi, pour Anna qu'il a emmené faire soigner auprès des trolls, pour mes fils, même si tu n'es pas d'accord vu le sort. Ton père était fou, nous sommes d'accord. Mais il nous aimait, à sa manière. Mais aucun d'entre nous ne pouvait rivaliser face à l'amour qu'il portait à sa propre personne.
-Vous voulez que je laisse donc tout en état, et qu'il s'en sorte ainsi, que personne ne sache qu'il n'était qu'un manipulateur ?
-Je n'ai pas dit ça Elsa, et je pense que ta sœur devenue reine aux Iles du Sud saura elle aussi rétablir la vérité sur qui pouvait être le roi Quentin. Oui le peuple a le droit de connaître la vérité, mais il ne faut pas le priver du souvenir du souverain. Que tu enlèves les tableaux au château car c'est là où tu vis c'est autre chose, mais je te conseille cependant de les conserver. Qui sait, un jour peut être tu souhaiteras revoir le visage de ton père.
-Non je ne pense pas. Je préfère faire disparaître ses traces pour qu'un renouveau puisse se faire ici !
-C'est fou comme vous pouvez-vous ressembler Elsa. La reine d'Arendelle était ma meilleure amie, et après son mariage elle me narrait l'action de son époux. Certes nous ne savions pas ni l'une ni l'autre que nous avions de fait le même. Mais elle m'expliquait sa volonté d'avoir comme tu dis, un renouveau dans ce royaume qui était alors dévasté par la guerre. Maintenant tu le considères comme un monstre. Un terme qui te touche n'est-il pas ? Elsa comprends une chose, si tu profanes cette tombe, si tu fais disparaître jusqu'à son souvenir par la force, c'est toi qui va devenir le monstre.
-Elsa un jour ma grande sœur m'a dit qu'une bonne souveraine savait voir le meilleur qui se cache en chaque personne. Victoria a raison, ensemble, nous devons faire ressortir ce meilleur. On peut le faire toutes les deux, sans pour autant occulter les erreurs du passé. Me dit alors Anna joignant ses mains sur celles de Victoria qui me retenait toujours.
Les deux me fixaient, rapidement rejoints par Viktor et Emma tandis que Kristoff restait quelque peu en retrait avec Emma dans les bras, sans doute craignait-il que le bébé ne me mette mal à l'aise. Mais ça n'était plus le cas, le regard de mes sœurs, mais aussi le sourire de cette petite m'apaisait quelque peu. Je prenais conscience de l'erreur que j'allais commettre et je me félicitais intérieurement d'avoir eu cette idée de nommer Anna avec moi sur le trône, ensemble nous saurons compenser les potentielles erreurs de l'autre. Elle venait de le prouver encore une fois. Elles devaient par ailleurs sentir que mon animosité était redescendue et Anna comme Victoria m'avaient doucement lâché les mains. Seule Emma conservait une main sur mon épaule et se tournait doucement vers les deux pierres monumentales les fixant de manière recueillie. Sans doute aurait-elle voulue connaître la reine d'Arendelle. De mon côté j'écoutais surtout la conversation qu'engageait Victoria et Anna.
-Victoria, au fait, je voudrais m'excuser si j'ai pu vous paraître parfois, disons un peu maladroite, ça m'arrive de dire de temps en temps quelques mots qui dépassent ma pensée, et je suis contente de vous avoir chez Elsa et moi. Enfin chez votre fille et moi. Lançait ma cadette de sa voix rapide à caractéristique dès qu'elle n'est plus trop à son aise.
-Oh ne vous en faîtes pas Anna, je ne vous en veux pas le moins du monde, et je ne saurais même ce que je pourrais vous reprocher. Quand je vous vois, j'ai l'impression de voir votre mère, vous lui ressemblez beaucoup vous savez.
-Euh, merci, je crois. Et donc du coup si j'ai bien compris, j'ai dix demi-frères ! Wow ! Ça va être compliqué pour les repas de Noel, et se souvenir des dates d'anniversaires. Enfin non suis-je bête ils sont tous né le même jour ! Mais c'est formidable, après toutes ces épreuves, Elsa retrouve une grande famille !
-Pas seulement Elsa.
-Oui bien sur, Emma, vos fils et vous-même !
-Je pensais même un peu plus ! Votre mère était ma meilleure amie, mais elle a aussi été une mère pour ma fille. Je suis heureuse qu'elle l'ait été, de toute personne susceptible de s'occuper d'un de mes enfants, c'est un honneur que cela soit elle qui s'en soit occupée. Anna je n'ai aucune prétention à la remplacer loin de là, mais je serais toujours à vos côtés, comme je le suis pour ma propre fille. D'ailleurs de fait, je suis votre belle-mère.
Ma sœur ne répondit pas, je crus du coin de l'œil la voir sourire à ma mère, et tous finirent par repartir ensemble. Même Emma me quitta et je restais seule à contempler ces tombes, surprise de me rendre compte que je ne m'y étais rendue qu'à de rares occasions. J'évitais de regarder celle du roi, je me fixais sur celle de la reine. Intérieurement je priais pour elle. Il y avait désormais tant de choses que j'aurai aimé pouvoir lui dire. Pouvoir la remercier, oui elle était une mère pour moi ! Jamais je ne pourrais l'oublier, et, avec un petit geste de la main, je créais des petites fleurs de glaces pour elle. Cependant une présence me tira de ma rêverie : Viktor ! Il me souriait et avait dans la main un bouquet qu'il me tendait. Je remarquais alors que c'était la première fois qu'on m'offrait des fleurs ! Je les acceptais et, le plus naturellement du monde, sous les yeux de celle qui m'aura élevé nous échangions un long et langoureux baiser. Nous étions seuls au monde, et Viktor en profita pour m'emmener dans la forêt. Nous marchâmes quelques heures avant finalement d'arriver dans le modeste abri qui lui servait de refuge. A lui mais aussi à ma jumelle. Je voyais enfin où elle avait vécue ! Et partagée sa vie pendant un mois avec Viktor. Ce dernier se hâtait de soulever une planche et me sortait alors des dessins. Il avait recopié les visages de cette tapisserie ! Mais un en particulier ! Ca n'était pas Emma qu'il côtoyait pourtant, mais moi ! Il m'avouait alors que c'était ce personnage qui le passionnait. Lui et moi tremblions d'excitation, nous ressentions la même chose. Cette volonté d'être collé l'un à l'autre, s'embrasser, ne faire qu'un ! Encore une fois nous nous embrassâmes avec fougue, comme cette passion pouvait être douce et intense ! Je comprenais ce que ressentais ma cadette avec son montagnard ! Nous tombions l'un sur l'autre contre la modeste paillasse qui devait jadis servir de lit. Couchés l'un contre l'autre, nos cœurs battaient la chamade, prêts à ne faire plus qu'un lui et moi.
-Ta sœur chantait dans son sommeil. Et sa chanson me fait beaucoup penser à nous. Me dit-il en relevant ma robe alors que je lui déboutonnais sa chemise, avant de se mettre à chantonner :
« Le feu consume lentement la forêt
Les flammes sont reines à leur tour!
La fournaise des enfers m'a placée là pour toujours!
Le brasier qui hurle en moi ne pense plus à demain!
Il est bien trop fort j'ai lutté en vain!
Cache tes pouvoirs n'en parle pas!
Fais attention et ne nous brûle pas!
Pas d'état d'âme pas de tourments! De sentiments! »
Chanta-t-il alors qu'il était monté sur moi, prêt à me faire découvrir cet univers inconnu, m'invitant au voyage exotique de la découverte du plaisir de l'amour. Cette chanson me revînt alors en mémoire ! Jamais je ne l'avais entendu, mis à part une fois, dans ce rêve étrange quand tout a commencé ! Oui je la connaissais aussi ! Oui ses paroles quand on y réfléchissait, si elles évoquaient sa douleur pouvaient aussi décrire cette découverte animale qu'allait m'offrir Viktor. Aie ! Je le sentais alors arriver pour la première fois dans un territoire alors inconnu, jusqu'alors jamais exploré. Mais passé cette première douleur, c'est un plaisir infini qui me gagnait. Je l'embrassais alors qu'il revenait à l'assaut.
-Je la connais aussi ! Dis-je alors que nos ébats commençaient, et l'un comme l'autre, nous fîmes alors un duo, au rythme de nos étreintes et du plaisir qui nous gagnait :
« Immolée! Carbonisée!
Je n'fumerai plus jamais!
Immolée Carbonisée!
Mais j'appelle pas les pompiers!
J'ai laissé ma famille se faire cramer!
Perdu dans l'brasier!
Le feu est pour moi le prix de la liberté! »
Oh oui c'était un doux feu qui parcourait mon corps. Jadis j'aspirais à être libérée, délivrée. C'était désormais chose faite. Oublions tous les tracs, un renouveau commence, et ce feu que Viktor partage avec moi me libère telle une clef déverrouillant une serrure. Notre plaisir grandissait alors que nous entamions le second couplet qui illustrait parfaitement notre action.
« Quand on craque une allumette!
Tout semble insignifiant
La tristesse, l'angoisse sont des quêtes
que j'ai laissé depuis longtemps!
Je veux voir ce que je peux faire
de ce lance flamme plein de mystère
les incendies moi j'ai dis oui! Oh oui! »
Ce dernier mot a été poussé comme un cri. Je n'avais jamais ressenti ça, j'avais des frissons c'était plus fort que moi et je comprenais qu'aujourd'hui ma vie était ici avec lui ! J'étais si heureuse de partir là bas dans ce monde qui m'appartient qui n'est finalement pas si loin ! Oui j'avais découvert cet endroit charmant où la passion est un fruit et j'étais ravie de cette folie ! J'oubliais tout j'étais heureuse et c'est cent fois mieux quand on est deux, j'avais l'impression de vivre un rêve bleu, Viktor m'offrait un monde aux mille et une splendeurs ! Je prenais enfin conscience de tout ce temps, caché dans mes pensées, tout ce temps sans jamais y croire, tant d'années si loin de ce monde de plaisirs ! J'étais enflammée exaltée surexcitée, on pouvait bien dire ce qu'on voulait, mais je fêtais ce renouveau et je ne serais plus seule alors qu'au comble de l'excitation nous reprenions en chœur :
« Immolée Carbonisée!
Toutes ces flammes me tendent les bras!
Immolée Carbonisée!
Non je ne pleure pas!
Et me voila! Oui je suis la !
Perdu dans l'brasier! »
Je me perdais dans les bras de mon bel amant, j'étais entièrement à lui, toutes les parties les plus secrètes de mon anatomie lui étaient offertes alors que le plaisir me donnait l'impression que tout tournait autours de moi. J'imaginais mon palais de glace à nouveau se bâtir sous mes yeux, les colonnes se créant au rythme de la chorégraphie animale que nous pratiquions Viktor et moi, reprenant notre duo chanté en plus de notre activité ininterrompue.
« Les flammes viennent des volcans et réchauffent la terre!
Mon âme maitrise ce brasier qui provient du fond des enfers!
Et mes pensées forment cet autodafé!
Je ne m'arrêt 'rai pas! Tout ça doit s'consumer! »
Le plaisir ne cessait de grandir, mon amant poussait lui aussi de petits soupirs de satisfaction, oui nous allions tout consumer ! Tout consommer ! Cette découverte était magique et j'atteignais désormais la partie la plus exquise de ce monde, jamais je n'aurais pu imaginer qu'elle fût aussi agréable, alors que le rythme de Viktor s'accélérait avec la montée de l'adrénaline, parés l'un comme l'autre au dernier refrain grandiose !
« Immolée! Carbonisée!
Désormais plus rien ne m'arrête!
Immolée! Carbonisée!
Plus de fillette discrète!
Et je suis là! Comme je l'ai rêvée!
Perdu dans les enfers!
Le feu est pour moi le prix de la liberté! »
Notre action se terminait, j'avais atteint l'apogée alors qu'on parlait de la fin de la fillette discrète comme un signe de ce changement. Nous nous embrassâmes et nous endormions l'un contre l'autre, heureux de ce que nous venions de faire. Nous nous mîmes en chemin dans l'après midi, nous tenant la main l'un l'autre, échangeant quelques regards complices mais sans trop parler, où alors que pour nous échanger quelques banalités. Lui comme moi devait sans doute repenser à ce merveilleux moment de partage, même si de mon côté je me disais qu'il fallait que j'en finisse avec la tradition de la vérification de la pureté de la mariée ! Je m'étais pourtant juré de le faire après le mariage de ma cadette où les événements de toute façon nous avaient empêchés de voir cela, mais cette fois il en allait de mon honneur ! Après de longues heures de marche, nous arrivions au château, alors que la nuit était déjà tombée. La maison était paisible, plus un bruit et l'un comme l'autre rejoignions à pas de souris nos chambres respectives comme deux enfants qui rentreraient après avoir fait le mur. Une fois dans ma chambre je me mis vite au lit et m'endormit rapidement, ne faisant que des rêves merveilleux.
Les jours qui suivirent se passèrent joyeusement, Viktor et moi tachions de ne pas nous montrer trop proches pour éviter les réflexions mais mon cœur battait la chamade chaque fois que je le voyais. A ma grande surprise ma cadette ne m'a pas trop interrogée sur mon absence pourtant remarquée. Elle nous avait dévisagée Viktor et moi avant d'avoir un sourire malicieux jusqu'aux oreilles. Elle avait sans doute deviné, mais elle ne pipa mot et nous laissa même tranquille. C'est en revanche Emma et Victoria qui se montraient plus inquisiteurs. Je craignais pour ma jumelle que cela ne fusse de la jalousie vu qu'elle avait partagée sa vie avec Viktor mais il n'en fut pas le cas, au contraire, elle semblait ravi de le savoir avec moi, elle le considérait davantage comme son meilleur ami ! Victoria elle, semblait beaucoup plus intéressée, ne cessant de me faire quelques réflexions à propos de sa robe de mariée. Je l'avais vu porter sur Emma, étant donné que nous avions le même physique elle était certaine qu'elle m'irait à ravir et n'attendait que de me voir la porter au bras de Viktor.
Cette agitation cependant retomba rapidement, ce à l'initiative d'Anna ce qui ne fit qu'augmenter ma surprise. Ma cadette souhaitait pour cet événement un maximum de discrétion et, au cours des moments que nous partagions juste nous deux, elle ne me parlait que du sacre à venir. Cette idée de devenir reine l'excitait et la terrorisait quelque peu. Mais surtout ce que je compris, c'est qu'elle souhaitait par-dessus tout pouvoir enfin vivre un moment privilégié juste elle et moi. Les jours ont passé, et, la veille au soir du grand jour, alors que Viktor avait rejoint sa chambre ainsi qu'Emma et Victoria. J'entendis ma cadette quitter la sienne, annonçant à Kristoff que cela portait malheur que de voir une reine la veille de son sacre. J'avouais ne jamais avoir entendu parler de cette superstition qui ressemblait plus à un prétexte pour rester avec moi et mes soupçons se vérifièrent quelques minutes plus tard, alors que je m'étais installée dans mon lit, j'entendais gratter à la porte et vis ma cadette apparaître, avec dans les mains, une coupelle de chocolats comme pour s'assurer mon hospitalité. Elle n'eût pas besoin de parler que j'avais déjà compris ses intentions, cette petite Anna, bien que futur reine et maman avait encore de temps à autre avec moi un comportement de petite fille, souhaitant ardemment récupérer le temps révolu de l'enfance que nous n'avions pu partager ensemble. Ma cadette entra, sa robe de sacre derrière elle et la suspendit à côté de la mienne avant de s'installer à mes côtés. Nous discutions un peu, nous amusions aux dépends de ce pauvre Kristoff avant que le sommeil ne finisse par emporter Anna. Je poussais donc délicatement la coupelle vide et m'installais à mon tour pour une nuit paisible.
Le grand jour était finalement arrivé, Anna et moi allions enfin fêter le renouveau du royaume, le délias légal de deuil était désormais révolu bien que nous n'ayons opéré aucune cérémonie à ce sujet. Anna devenue reine à mes côtés, nous nous chargerons de faire éclater la vérité mais avions conservés le souvenir de la monarchie jusqu'alors et, alors que je peaufinais ma tenue, j'apercevais Anna, fixant le sceptre qu'elle allait devoir porter. Je sortais de mon dressing et la dévisageait. Nous eûmes chacune un hoquet de surprise, nous retenant de rire face à nos deux robes en tout point identiques. Pour ma part cela me faisait un peu bizarre que de reporter cette tenue de sacre qui s'était terminé en fiasco avec mon départ précipité. Mais cette fois avec Anna, il n'y aurait aucun problème !
- Ce sceptre sera tiens ! Lui dis-je en m'approchant.
-Tout de même ça me fait quelque chose. D'un côté je me dis que c'est merveilleux de perpétuer la tradition, de l'autre, le fait de savoir qu'il a été fait pour lui…Mais je te sais attachée aux traditions alors nous ferons avec.
-Ah je n'en suis pas si sure Anna ! Regarde ! Fis-je en faisant découvrir un second sceptre que j'avais fait réaliser pour la Co-reine. Et c'est pas fini ! Ajoutais-je !
-Ah oui ?
-Bien sur, les traditions sont faites pour évoluer ! Lançais-je en parsemant les sceptres de flocons de neiges qui se gravaient sur l'objet : Voilà, la continuité et le renouveau ! Terminais-je satisfaite alors que les serviteurs venaient justement les chercher.
-C'est magnifique, mais tu m'as l'air transformée Elsa ! Plus aussi attachées aux traditions à ce que je vois !
-C'est grâce à toi !
-Je pense plutôt que Viktor y est pour beaucoup ! Fit-elle avec malice !
-Fais attention à ce que tu dis Anna, une reine ne se permet pas de badiner avec l'amour ! Et j'aime toujours les traditions, d'ailleurs tu sais ce qu'il faut dire pour faire entrer les invités. Vas-y !
-Moi ?
-Bien sur, c'est à la future souveraine de le faire ! Allez ! Fis-je en lui désignant la porte.
-Dites aux gardes qu'il faut ouvrir, les portes ! Lança-t-elle alors solennelle en faisant face à notre garde rapprochée.
Les convives ne tardèrent pas, Kay avait fait des miracles et la chapelle était aussi comble que lors de mon couronnement. Depuis notre point de vue nous pouvions apercevoir tous les dignitaires qui se présentaient entre eux. Je remarquais alors que Viktor semblait beaucoup s'amuser en présentant mère à la duchesse de Funningur et me jurait de lui demander pourquoi il semblait si joyeux, surtout connaissant le surnom peu flatteur et grossier qui lui était attribué. Nous continuâmes à observer mais comme nous le pressentions, aucun représentant de Coronna n'était présent cette fois-ci.
Les cloches sonnaient, tous les convives avaient pris place, d'un instant à l'autre ça allait être à nous.
-Vous êtes ravissantes ! Lança alors Emma dans sa magnifique robe rouge.
-Merci Emma.
-Non merci à vous de me laisser être votre témoin ! Je ne savais même pas qu'il en fallait pour un sacre.
-Qu'importe, Anna l'a été, c'est normal que tu le sois, tu es notre sœur toi aussi ! Fis-je alors que nous nous embrassions toutes les trois.
-Bien il est l'heure ! Je vous attends devant l'évêque !
-Observe bien comment on fait, car après c'est ton tour ! Lança malicieuse Anna, alors qu'Emma s'empressait de prendre place.
Les chœurs d'Arendelle se mirent alors à chanter annonçant notre arrivée. Ma sœur et moi nous tenions alors par le bras, passant émue au travers de l'assistance où nos amis étaient présents. Pour ce nouveau sacre je sentais que j'avais une famille auprès de moi. Victoria était au premier rang, accompagnée de Viktor, et, également présents, dix jeunes hommes qui se ressemblaient, les fameux décuplés étaient ici ! Je sentais qu'Anna, comme moi avait hâte de les rencontrer mais il n'en était nullement question pour le moment. Anna et moi étions devant l'homme d'Eglise qui commençait sa liturgie avant de nous placer à chacune la couronne sur la tête. Puis vînt le moment de tenir les sceptres. Mon couronnement me revînt à l'esprit et je le tenais face à l'assistance quelque peu anxieuse, alors qu'à mes côtés, Anna fermait les yeux et respirait la sérénité alors que l'évêque prononçait les dernières paroles
« Les reines Elsa et Anna d'Arendelle ! »
Pour la première fois depuis des jours j'ai dormi d'un sommeil de plomb, aucun tourment ne m'aura perturbé et les doux rayons du soleil de l'été retrouvé caressaient mon visage me faisant doucement quitter le monde des songes. Ouvrant les yeux je remarquais les contours encore flous de mon mobilier, puis, tournant ma tête, je vis qu'Anna s'était déjà levée, à la place sur les draps de soie était posé une petite coupelle rempli de nos délices favoris. Anna, elle, se tenait droite, assistant au lever de la reine, déjà habillée, parfaitement coiffée et me souriant tendrement sa petite Emma dans les bras.
-Regarde mon trésor, tatie Elsa vient de se réveiller, et je sais que tu as envie de lui faire un gros bisou comme hier ! Murmura-t-elle à sa fille.
-Les rôles sont donc inversés, c'est toi qui te lève aux aurores ?
-Une maman ne dort que d'un œil ! Et une reine se lève…Comment dis-tu déjà ? Ah oui toujours à l'aube !
-Il est tard ? Demandais-je alors remarquant cette fois pleinement le soleil déjà haut dans le ciel.
-Pas encore assez pour que je décide de te faire réveiller par Emma mais presque. J'ai préféré utiliser la méthode gourmande des chocolats ! Répliqua ma sœur d'un ton taquin.
-Voilà qui est bien aimable.
-Mais Elsa, je crois qu'il te faut cependant te dépêcher. Il y a de l'agitation au port. C'est ce matin que l'on transfère Ludwig. Et, Raiponce elle aussi nous quitte, à ce que j'ai compris elle fait appareiller le navire royal de Coronna avant midi pour profiter de la marée.
-C'est assez compréhensible. Elle doit vouloir pouvoir offrir à Eugène des funérailles le plus rapidement possible. Et s'occuper de sa future accession au pouvoir. Fis-je d'une voix grave.
-Mais du coup elle ne sera pas là pour le sacre. Demanda Anna déçue.
-Je crains que non, mais Anna, te souviens tu de ta distance avec Raiponce quand elle est venue ici pour la première fois ? Je crains qu'aujourd'hui cela soit son tour de nous penser responsable. Il faut lui laisser un peu de temps. Mais cela ne veut pas dire que la couronne d'Arendelle ne va pas aller lui dire au revoir dignement !
A ces mots je me levais et tachais de m'habiller en vitesse. Comme à mon habitude depuis quelque temps je délaissais mes tenues de reine des neiges, préférant la sobriété verte et noires de la tenue que je portais le jour de mon sacre. J'allais d'ailleurs devoir demander à nos couturiers de réaliser cette même robe pour Anna, en vue du sacre ! Je vis Anna sortir de ma chambre, alors que je m'habillais à la hâte et quelques minutes plus tard, enfin prête je la rejoignis dans les couloirs du château où je fus heureuse de constater que le serviteur croisé hier soir avait bien fait transmettre les ordres, les tableaux représentant Quentin était tous en train d'être décrochés. Il nous fallait cependant nous hâter ma sœur et moi pour ne pas manquer le départ et nous sortions rapidement du château. Nous fûmes quelque peu retardés en chemin par les habitant s d'Arendelle, heureux de nous voir et déjà ayant eu vent de la nouvelle de ma décision de doter le royaume de deux souveraines. Les habitants nous acclamaient et tous voulaient pouvoir échanger une parole avec ma cadette, lui présenter leurs hommages, la féliciter, glorifier ma petite nièce. Anna en fut quelques instants surprise mais était à l'écoute, toujours souriante et beaucoup plus à l'aise que moi dans ce genre d'exercice même si son attitude parfois ressemblait plus à celle d'une jeune fille à celle d'une souveraine. Mais qu'importent les traditions ! Elle avait raison ! Nous devions insuffler un renouveau dans ce royaume, tourner le dos au passé ! Nous allions ensemble elle et moi, transformer les uses et coutumes du royaume. Nous ferons oublier celui que les habitants d'Arendelle présentaient encore comme le roi Quentin notre père ! Ils l'oublieront ! Je me le jurais, mais aussi de leur révéler quel monstre il était ! Au bout de longues minutes, nous réussîmes à nous frayer un passage grâce à Kristoff qui passait par là, nous en profitions pour monter dans son traineau qu'il avait équipé également de petites roues afin de pouvoir l'utiliser en Arendelle.
-Bonjour Elsa ! Alors, Me voilà désormais le cocher officiel de sa Majesté ? Me lança-t-il taquin en me voyant monter alors qu'il aidait ma cadette un peu secouée par la foule à s'installer, la petite toujours dans ses bras.
-Si c'est la seule condition pour que je puisse monter alors oui si tu veux Kristoff lui répondis-je d'un ton léger.
-Alors il me faudra un traineau plus grand.
-Nous verrons cela, allez cocher au port ! Lui lançais-je.
-Ne t'en fais pas moi souveraine d'Arendelle, je ne te traiterais pas collaborateur, moi souveraine d'Arendelle, je ne te laisserais pas avec de simples titres d'exécutant. Moi souveraine d'Arendelle je tacherais de montrer qu'ensemble nous serons un couple royal normal. Moi souveraine d'Arendelle je veillerais à ce que notre fille de gèle pas tout le royaume. Moi souveraine d'Arendelle je saurais avec toi être une reine irréprochable…
-Et moi souveraine d'Arendelle j'aimerai que tu arrêtes cette anaphore ma chère Anna, c'est absolument ridicule. Tu as encore quelques progrès à faire en politique, comme si sortir une telle tirade était susceptible de te faire bien voir par le royaume.
- Je ne sais pas ça m'est venue comme ça.
-Heureusement pour toi que nous sommes une monarchie et non une république, tu n'aurais jamais été élue avec ce genre de phrases ma pauvre. Lui répondis-je taquine.
-On sait jamais sur un malentendu…et la preuve je vais quand même être reine !
-Je commence déjà à regretter mon choix. Répliquais-je pour l'énerver gentiment alors que nous approchions du port.
Une fois arrivées nous nous précipitâmes tous les trois, rapidement rejoints pas Viktor, Emma et Victoria qui étaient en pleine conversation avec quelques dignitaires des Iles du Sud. A leur vue mon cœur se mit à frémir, enfin, surtout pour Viktor, je ne me l'expliquais pas, je n'avais jamais ressenti ça. Certes j'avais sans doute été amoureuse de Karl dont je préférais oublier qu'il fut mon frère et qui garderait à vie une place particulière en moi. Mais là je ne saurai l'expliquer, c'était différent, plus fort, j'avais l'impression d'être à l'instar de ma jumelle doté de son pouvoir de feu. J'étais certaine qu'Anna saurait sans doute m'expliquer ce que je ressentais mais je n'allais surement pas la lancer sur un tel sujet de conversation ! Une journée de suffirait sans doute pas à calmer sa curiosité. Ma jumelle fut la première à nous voir et me sortit de mes pensées en allant vers nous et, après avoir salué Kristoff nous sauta dans les bras à ma sœur et moi, heureuse d'avoir une nouvelle famille.
-Vous êtes bien matinaux tous les trois ! Lança Anna d'un ton joyeux une fois libérée de l'étreinte d'Emma.
-La ponctualité des Iles du Sud ma chère. Si j'ai bien compris Elsa en est également dotée, vous un peu moins princesse. Répondit d'un ton léger Victoria.
-On voit chère Reine que vous n'avez pas assisté à son pénible réveil ce matin. Riposta sur le même ton ma cadette.
-Une fois n'est pas coutume Anna voyons. Mais dîtes-moi malgré tout que faisiez-vous tous les trois ? Demandais-je pour changer de sujet.
-Il nous fallait organiser la transition aux Iles du Sud avec nos ambassadeurs. Etant régente je viens de nommer Viktor comme mon conseiller. Nous discutions ainsi avec nos ambassadeurs pour faire reconnaître Emma au titre de princesse des Iles du Sud…et aussi ta filiation directe Elsa.
-Euh oui bien sur c'est évident. Répondis-je quelque peu mal à l'aise vis-à-vis d'Anna qui devait se sentir comme étrangère à la famille.
-C'est formidable Elsa ! Reine d'Arendelle et aussi princesse des Iles du Sud ! En plus d'être cousins avec Coronna. Pour sur la paix régnera sur nos mers ! Lança Anna joyeuse effaçant de fait mes craintes, alors qu'elle ajoutait : Et du coup ils sont rentrés aux Iles du sud si je distingue bien le pavillon du navire au loin ?
-C'est bien notre pavillon mais non ce ne sont pas les ambassadeurs, ce navire emporte les corps d'Hans et Quentin. Les Iles du Sud seront leur dernière demeure, nous avons fait demander des obsèques royales. Fit Victoria
Cette dernière information me fit tiquer. Non pas pour Hans qui s'était sacrifié pour nous et pour qui, malgré ce qu'il a fait j'aurai toujours une dette et une certaine estime mais pour l'ancien roi. Rien que son nom avait désormais tendance à m'énerver et je préférais sans rien dire hâter le groupe en direction du port pour pouvoir assister au départ de Raiponce. Nous pressâmes le pas pour arriver à temps alors que l'on entendait les sirènes des navires, mais nous dûmes constater amèrement que Raiponce n'avait pas daigné nous attendre alors que nous regardions le vaisseau royal de Coronna, qui allait dans les prochains jours devenir le sien passer la barrière du port. Nous questionnions alors le chef de la capitainerie savoir si elle avait laissé un message à notre attention mais il n'en était rien. Il nous signifia par ailleurs qu'un de nos vaisseaux militaires allait prendre la mer à la suite de la princesse de Coronna. Tournant la tête je sus immédiatement de quoi il s'agissait alors que je voyais que Ludwig, qui avait été dépossédé de ses médailles et riches vêtements, se contentant d'une simple chemise blanc, embarquait mains liés dans une des cellules du navire. Avec son départ se refermait ainsi ces tristes événements. J'espérais désormais que Raiponce saura trouver en elle la force de ne pas nous en vouloir trop longtemps. Anna me tira cependant de mes pensées.
-Elle ne nous a même pas attendus pour lui dire au revoir ! C'est tout de même grossier ! Nous sommes de sa famille ! Et aussi ses hôtes !
-Tu sais Anna, je pense qu'en de telles circonstances il faut savoir oublier les convenances. Elle a perdu son époux, sans doute souhaite-t-elle au plus vite pouvoir lui offrir des funérailles convenables chez eux, il faut lui laisser du temps.
-Elle ne sera donc pas là pour notre couronnement. Fit ma cadette déçue.
-Je crains que non, et je dois t'avouer que serais quelque peu étonnée que nous soyons conviées au sien qui aura sans doute prochainement lieu.
-Mais nous n'allons pas rompre tout lien diplomatique à cause de nos…pères ! Répliqua Anna qui peinait apparemment autant que moi à prononcer désormais ce dernier mot.
-Non cela ne sera pas ! Lui répondis-je déterminée, avant de me tourner et m'adresser au capitaine : Il me semble monsieur que le représentant des Iles du Nord doit arriver aujourd'hui. Renvoyez-le ! Faites lui savoir que la couronne d'Arendelle à compter de ce jour rompt tout lien commercial avec le roi Hodin !
-Madame ! Vous…Voulez que nous rompions tout partenariat avec Elredor ?
-Iles du Nord Elredor, qu'importe le nom que vous octroyez à ce roi je ne veux plus aucune tractation avec lui ! S 'il souhaite une justification vous n'avez qu'à remettre ce pli ! Suis-je claire ?
-Bien madame. Bredouilla l'officier sans comprendre.
Je tournais les talons et quittais aussitôt la capitainerie d'un pas rapide alors que les autres me suivaient. Je n'avais pas pour habitude de montrer mes émotions aussi je tachais de rester aussi calme que possible mais le départ précipité de ma cousine m'avait quelque peu chagriné. J'aurai souhaité pouvoir lui parler une dernière fois, pouvoir la mettre en garde, ne pas se laisser aveugler par le chagrin et la colère. Je la plaignais, moi dans mes moments de chagrin j'ai Anna qui est à mes côtés, j'ai même désormais retrouvé une jumelle et une mère. Cependant ces dernières me dévisageaient curieusement alors que nous pressions le pas, arrivant dans les jardins du château, non loin des pierres tombales des anciens monarques.
-Elsa ? Pourquoi rompre avec le roi Hodin ?
-N'est-ce pas lui qui est venu il y a quelques années apporter la terrible nouvelle du naufrage royal ?
-Justement oui, et il avait consolé la jeune fille orpheline que j'étais devenue, pendant que toi tu…
-Moi quoi Anna ? Répliquais-je peut être plus sèchement que je ne l'aurais pensé.
-Non ne te fâches pas. Mais à cette époque, nous étions séparées. Il a été le seul du coup en ces heures tristes à m'apporter un peu de réconfort. C'est un ami d'Arendelle. C'est pour ça je te le redemande pourquoi ainsi rompre nos liens de manière si brutale ?
-Les époques changent Anna ! Il ne doit rien rester de l'ancien roi ! Il a été le premier à arriver ici, et à apporter les urnes qui ont été mises en terre ! Urnes dont on sait qu'elles ne contenaient pas les cendres du roi d'Arendelle ! Alors Explique-moi le pourquoi de cette méprise ?!
-Je…Je l'ignore, mais il a apporté deux urnes, celle de ma mè…notre mère. Fit Anna soudain triste alors que je palissais face à sa reprise, elle semblait d'une certaine manière acter cette parenté quelque peu différente que nous avions elle et moi.
-Je le vois complice. Avoir été si vite au courant, remplir des urnes avec au moins une fausse !
-Elsa voyons ça n'est pas une preuve suffisante. S'opposa Victoria.
-Qu'il me prouve son innocence, faute de quoi il en sera ainsi ! Répondis-je alors que je sentais mon regard se durcir à la vue de la pierre à la mémoire de Quentin VI.
Furieuse je quittais le groupe pour m'approcher de la pierre monumentale. Mes laquais n'avaient pas encore suivi mes ordres que d'enlever cette abomination, et bien qu'importe je m'en chargerai moi-même ! Il était hors de question que mon peuple et notre famille n'ait à supporter un instant de plus la vue de cette tombe qui souillait déjà notre Histoire. Je levais alors mes bras, prête à geler la pierre pour que celle-ci se brise par le froid, mais à peine commençais-je à lancer mon sortilège que je vis des flammes arriver, transformant ma glace en eau qui ne fit guère plus que de mouiller la pierre. Je me retournais passablement énervée et vis même si je m'en doutais qui était responsable.
-Emma ! Qu'est ce que tu fais ?! Laisse-moi je dois détruire cette pierre !
-Non Elsa ! Ne fais pas ça ! Répondit-elle alors que tous semblaient l'approuver et me regardaient médusés.
-Oh si je vais le faire !
-S'il te plait écoute moi ! Fit ma jumelle en s'approchant et me tenant les mains.
-Elsa, tu ne peux pas faire ça ! Que penserait maman ?! Ajouta ma cadette ce qui me désarma quelque peu alors que je regardais la seconde tombe où était inscrit le nom de la reine.
-Elsa, c'est un immense bonheur pour moi d'avoir retrouvé mes sœurs, savoir que j'ai une mère, une famille, et quelle famille ! Mais il y aura une chose que je regretterais je le sais toujours, c'est d'avoir vu mon père seulement sous son pire aspect alors que beaucoup l'ont connu comme étant une bonne personne. Toi la première Elsa.
-Il n'empêche, je ne puis laisser le peuple d'Arendelle conserver le souvenir d'un monarque bienveillant quand on sait quel monstre manipulateur il a été !
-Non Elsa je t'en prie ! Moi aussi je sais qui il est mais tu ne peux pas !
-Si je le peux, et je le veux Anna ! Je suis désolée, mais tu ne m'en empêcheras pas !
-Mais moi si ! Et je t'ordonne d'arrêter cette folie ma fille ! Lança d'un ton autoritaire Victoria.
-Quoi ? Fis-je surprise à la fois par ce ton autoritaire et aussi par mon sentiment d'être redevenue une fillette qui serait prise sur le fait.
-Elsa je t'ai vu te durcir depuis hier. Tu fais enlever les toiles, tu donnes cet ordre fou à propos du roi Hodin et maintenant tu t'apprêtes à commettre l'irréparable, je ne peux pas te laisser agir ainsi. Tu parles de monstre, tu dis ne pas vouloir en être un, en faisant ce que tu t'apprêtes à faire, tu risques d'en devenir un. Regarde autours de toi, crois-tu vraiment que c'est ce que veux Arendelle, que les traces de l'ancien roi disparaissent ? Regarde ta sœur Anna, regarde ta nièce. Penses tu qu'elle ne voudrait pas un jour pouvoir voir la tombe de son grand père ?
-Ca n'est pas sa tombe de toute façon. Répondis-je d'un ton plus buté que je ne le pensais.
-Car il n'était pas mort ? Si tu veux, mais maintenant il n'est plus de ce monde, et c'est le seul endroit connu comme étant celui de son dernier repos. Que tu le veuilles ou non Elsa si, c'est sa tombe que tu t'apprêtais à profaner…la tombe de ton propre père.
-Anna, comment peux-tu approuver un tel discours lui qui a tué…la reine ! Terminais-je ne sachant si je pouvais, devant Victoria la considérer comme ma mère.
-Maman ne voudrait pas ça Elsa. Elle a toujours été à ses côtés. Petite elle me parlait du mariage comme étant la plus belle chose, et que les mariés jamais ne se séparent. Elle ne voudrait pas être séparée.
-Anna, ce mariage…Il n'était pas si réel que ça ! Il était déjà marié ! Enfin Victoria même vous ! Comment pouvez-vous encore supportez ne serais-ce que son souvenir au point de lui offrir aux Iles du Sud des obsèques. Et s'il en a la bas inutile qu'il en ait ici !
-Il était roi d'Arendelle que tu le veuilles ou non Elsa ! Modères tes paroles car que tu le veuilles ou non, il était aussi ton père !
-Et toi Anna tu arrives à surmonter ça ? Vraiment ?
-Moi, s'il n'y avait que moi nous serions d'accord Elsa ! Mais maman l'aimait. Ca je ne peux pas le nier, je les ai vus ensemble petite.
-C'est donc la raison qui pousse chacune d'entre vous à agir ainsi. L'amour envers un homme qui n'aura eu de cesse de mentir et tricher au point de cacher un double mariage. Victoria, comment peut on continuer à avoir des sentiments pour un homme qui a ainsi pu mentir, comment savoir s'il vous a aimé vous ? Ou la reine d'Arendelle.
-Je crois ma fille que tu oublies une hypothèse. Ca n'est pas une question de quelle femme il a aimé, non en fait je pense qu'il nous a aimé toutes les deux…Et il a aimé ses enfants, toi y compris Elsa.
-Quoi ?
-Quand j'ai connu ton père, il m'a sauvé la vie. Alors tu peux si tu veux tout remettre en doute en disant qu'il avait crée la situation et fragilisé le pont que je traversais, mais il a risqué la sienne pour me sauver. Je l'ai aimé. Et lui aussi je le sais. Malgré tout ce qu'il a fait Elsa, il m'a offert les plus beaux cadeaux qu'il soit : mes enfants. Oui il vous a caché à mes yeux, mais preuve qu'il t'aimait aussi Elsa, il t'a gardé auprès de lui, élevé.
-…Et privé de ma mère ! Coupais-je me rendant compte après coup du manque de respect que je pouvais avoir envers Anna et sa mère qui m'a élevé.
-Oui, mais c'est aussi signe qu'il a aimé la reine d'Arendelle. Il n'a pas hésité à lui confier l'éducation de sa fille. Elle et moi étions les meilleures amies du monde. Pendant trois ans quand nous étions enfant, nous avons vécues ensemble, elle était presque comme ma sœur ! Et Elsa, ce qui me comble de joie c'est de savoir qu'elle a été ta mère. Oui tu es ma fille, et je suis heureuse qu'enfin je puisse te considérer comme telle, mais il ne faut pas le nier, elle aura été ta mère, elle t'a élevé, elle t'a consolé…
-…Et vous m'avez dit quand vous êtes arrivé qu'elle ne m'aimait pas comme une mère. Coupais-je à nouveau.
-Encore et toujours rationnelle. Toujours à vouloir comprendre la situation, tu ressembles à ton père Elsa, bien plus que tu ne le penses. Mais pour te répondre, disons que c'était surtout pour te motiver et te mettre sur la piste. Ton côté rationnel justement allait faire le reste. Mais ce serait lui faire injure que de maintenir qu'elle n'a pas été une mère pour toi…De même que Quentin aura été un père attentionné, pour toi, pour Anna qu'il a emmené faire soigner auprès des trolls, pour mes fils, même si tu n'es pas d'accord vu le sort. Ton père était fou, nous sommes d'accord. Mais il nous aimait, à sa manière. Mais aucun d'entre nous ne pouvait rivaliser face à l'amour qu'il portait à sa propre personne.
-Vous voulez que je laisse donc tout en état, et qu'il s'en sorte ainsi, que personne ne sache qu'il n'était qu'un manipulateur ?
-Je n'ai pas dit ça Elsa, et je pense que ta sœur devenue reine aux Iles du Sud saura elle aussi rétablir la vérité sur qui pouvait être le roi Quentin. Oui le peuple a le droit de connaître la vérité, mais il ne faut pas le priver du souvenir du souverain. Que tu enlèves les tableaux au château car c'est là où tu vis c'est autre chose, mais je te conseille cependant de les conserver. Qui sait, un jour peut être tu souhaiteras revoir le visage de ton père.
-Non je ne pense pas. Je préfère faire disparaître ses traces pour qu'un renouveau puisse se faire ici !
-C'est fou comme vous pouvez-vous ressembler Elsa. La reine d'Arendelle était ma meilleure amie, et après son mariage elle me narrait l'action de son époux. Certes nous ne savions pas ni l'une ni l'autre que nous avions de fait le même. Mais elle m'expliquait sa volonté d'avoir comme tu dis, un renouveau dans ce royaume qui était alors dévasté par la guerre. Maintenant tu le considères comme un monstre. Un terme qui te touche n'est-il pas ? Elsa comprends une chose, si tu profanes cette tombe, si tu fais disparaître jusqu'à son souvenir par la force, c'est toi qui va devenir le monstre.
-Elsa un jour ma grande sœur m'a dit qu'une bonne souveraine savait voir le meilleur qui se cache en chaque personne. Victoria a raison, ensemble, nous devons faire ressortir ce meilleur. On peut le faire toutes les deux, sans pour autant occulter les erreurs du passé. Me dit alors Anna joignant ses mains sur celles de Victoria qui me retenait toujours.
Les deux me fixaient, rapidement rejoints par Viktor et Emma tandis que Kristoff restait quelque peu en retrait avec Emma dans les bras, sans doute craignait-il que le bébé ne me mette mal à l'aise. Mais ça n'était plus le cas, le regard de mes sœurs, mais aussi le sourire de cette petite m'apaisait quelque peu. Je prenais conscience de l'erreur que j'allais commettre et je me félicitais intérieurement d'avoir eu cette idée de nommer Anna avec moi sur le trône, ensemble nous saurons compenser les potentielles erreurs de l'autre. Elle venait de le prouver encore une fois. Elles devaient par ailleurs sentir que mon animosité était redescendue et Anna comme Victoria m'avaient doucement lâché les mains. Seule Emma conservait une main sur mon épaule et se tournait doucement vers les deux pierres monumentales les fixant de manière recueillie. Sans doute aurait-elle voulue connaître la reine d'Arendelle. De mon côté j'écoutais surtout la conversation qu'engageait Victoria et Anna.
-Victoria, au fait, je voudrais m'excuser si j'ai pu vous paraître parfois, disons un peu maladroite, ça m'arrive de dire de temps en temps quelques mots qui dépassent ma pensée, et je suis contente de vous avoir chez Elsa et moi. Enfin chez votre fille et moi. Lançait ma cadette de sa voix rapide à caractéristique dès qu'elle n'est plus trop à son aise.
-Oh ne vous en faîtes pas Anna, je ne vous en veux pas le moins du monde, et je ne saurais même ce que je pourrais vous reprocher. Quand je vous vois, j'ai l'impression de voir votre mère, vous lui ressemblez beaucoup vous savez.
-Euh, merci, je crois. Et donc du coup si j'ai bien compris, j'ai dix demi-frères ! Wow ! Ça va être compliqué pour les repas de Noel, et se souvenir des dates d'anniversaires. Enfin non suis-je bête ils sont tous né le même jour ! Mais c'est formidable, après toutes ces épreuves, Elsa retrouve une grande famille !
-Pas seulement Elsa.
-Oui bien sur, Emma, vos fils et vous-même !
-Je pensais même un peu plus ! Votre mère était ma meilleure amie, mais elle a aussi été une mère pour ma fille. Je suis heureuse qu'elle l'ait été, de toute personne susceptible de s'occuper d'un de mes enfants, c'est un honneur que cela soit elle qui s'en soit occupée. Anna je n'ai aucune prétention à la remplacer loin de là, mais je serais toujours à vos côtés, comme je le suis pour ma propre fille. D'ailleurs de fait, je suis votre belle-mère.
Ma sœur ne répondit pas, je crus du coin de l'œil la voir sourire à ma mère, et tous finirent par repartir ensemble. Même Emma me quitta et je restais seule à contempler ces tombes, surprise de me rendre compte que je ne m'y étais rendue qu'à de rares occasions. J'évitais de regarder celle du roi, je me fixais sur celle de la reine. Intérieurement je priais pour elle. Il y avait désormais tant de choses que j'aurai aimé pouvoir lui dire. Pouvoir la remercier, oui elle était une mère pour moi ! Jamais je ne pourrais l'oublier, et, avec un petit geste de la main, je créais des petites fleurs de glaces pour elle. Cependant une présence me tira de ma rêverie : Viktor ! Il me souriait et avait dans la main un bouquet qu'il me tendait. Je remarquais alors que c'était la première fois qu'on m'offrait des fleurs ! Je les acceptais et, le plus naturellement du monde, sous les yeux de celle qui m'aura élevé nous échangions un long et langoureux baiser. Nous étions seuls au monde, et Viktor en profita pour m'emmener dans la forêt. Nous marchâmes quelques heures avant finalement d'arriver dans le modeste abri qui lui servait de refuge. A lui mais aussi à ma jumelle. Je voyais enfin où elle avait vécue ! Et partagée sa vie pendant un mois avec Viktor. Ce dernier se hâtait de soulever une planche et me sortait alors des dessins. Il avait recopié les visages de cette tapisserie ! Mais un en particulier ! Ca n'était pas Emma qu'il côtoyait pourtant, mais moi ! Il m'avouait alors que c'était ce personnage qui le passionnait. Lui et moi tremblions d'excitation, nous ressentions la même chose. Cette volonté d'être collé l'un à l'autre, s'embrasser, ne faire qu'un ! Encore une fois nous nous embrassâmes avec fougue, comme cette passion pouvait être douce et intense ! Je comprenais ce que ressentais ma cadette avec son montagnard ! Nous tombions l'un sur l'autre contre la modeste paillasse qui devait jadis servir de lit. Couchés l'un contre l'autre, nos cœurs battaient la chamade, prêts à ne faire plus qu'un lui et moi.
-Ta sœur chantait dans son sommeil. Et sa chanson me fait beaucoup penser à nous. Me dit-il en relevant ma robe alors que je lui déboutonnais sa chemise, avant de se mettre à chantonner :
« Le feu consume lentement la forêt
Les flammes sont reines à leur tour!
La fournaise des enfers m'a placée là pour toujours!
Le brasier qui hurle en moi ne pense plus à demain!
Il est bien trop fort j'ai lutté en vain!
Cache tes pouvoirs n'en parle pas!
Fais attention et ne nous brûle pas!
Pas d'état d'âme pas de tourments! De sentiments! »
Chanta-t-il alors qu'il était monté sur moi, prêt à me faire découvrir cet univers inconnu, m'invitant au voyage exotique de la découverte du plaisir de l'amour. Cette chanson me revînt alors en mémoire ! Jamais je ne l'avais entendu, mis à part une fois, dans ce rêve étrange quand tout a commencé ! Oui je la connaissais aussi ! Oui ses paroles quand on y réfléchissait, si elles évoquaient sa douleur pouvaient aussi décrire cette découverte animale qu'allait m'offrir Viktor. Aie ! Je le sentais alors arriver pour la première fois dans un territoire alors inconnu, jusqu'alors jamais exploré. Mais passé cette première douleur, c'est un plaisir infini qui me gagnait. Je l'embrassais alors qu'il revenait à l'assaut.
-Je la connais aussi ! Dis-je alors que nos ébats commençaient, et l'un comme l'autre, nous fîmes alors un duo, au rythme de nos étreintes et du plaisir qui nous gagnait :
« Immolée! Carbonisée!
Je n'fumerai plus jamais!
Immolée Carbonisée!
Mais j'appelle pas les pompiers!
J'ai laissé ma famille se faire cramer!
Perdu dans l'brasier!
Le feu est pour moi le prix de la liberté! »
Oh oui c'était un doux feu qui parcourait mon corps. Jadis j'aspirais à être libérée, délivrée. C'était désormais chose faite. Oublions tous les tracs, un renouveau commence, et ce feu que Viktor partage avec moi me libère telle une clef déverrouillant une serrure. Notre plaisir grandissait alors que nous entamions le second couplet qui illustrait parfaitement notre action.
« Quand on craque une allumette!
Tout semble insignifiant
La tristesse, l'angoisse sont des quêtes
que j'ai laissé depuis longtemps!
Je veux voir ce que je peux faire
de ce lance flamme plein de mystère
les incendies moi j'ai dis oui! Oh oui! »
Ce dernier mot a été poussé comme un cri. Je n'avais jamais ressenti ça, j'avais des frissons c'était plus fort que moi et je comprenais qu'aujourd'hui ma vie était ici avec lui ! J'étais si heureuse de partir là bas dans ce monde qui m'appartient qui n'est finalement pas si loin ! Oui j'avais découvert cet endroit charmant où la passion est un fruit et j'étais ravie de cette folie ! J'oubliais tout j'étais heureuse et c'est cent fois mieux quand on est deux, j'avais l'impression de vivre un rêve bleu, Viktor m'offrait un monde aux mille et une splendeurs ! Je prenais enfin conscience de tout ce temps, caché dans mes pensées, tout ce temps sans jamais y croire, tant d'années si loin de ce monde de plaisirs ! J'étais enflammée exaltée surexcitée, on pouvait bien dire ce qu'on voulait, mais je fêtais ce renouveau et je ne serais plus seule alors qu'au comble de l'excitation nous reprenions en chœur :
« Immolée Carbonisée!
Toutes ces flammes me tendent les bras!
Immolée Carbonisée!
Non je ne pleure pas!
Et me voila! Oui je suis la !
Perdu dans l'brasier! »
Je me perdais dans les bras de mon bel amant, j'étais entièrement à lui, toutes les parties les plus secrètes de mon anatomie lui étaient offertes alors que le plaisir me donnait l'impression que tout tournait autours de moi. J'imaginais mon palais de glace à nouveau se bâtir sous mes yeux, les colonnes se créant au rythme de la chorégraphie animale que nous pratiquions Viktor et moi, reprenant notre duo chanté en plus de notre activité ininterrompue.
« Les flammes viennent des volcans et réchauffent la terre!
Mon âme maitrise ce brasier qui provient du fond des enfers!
Et mes pensées forment cet autodafé!
Je ne m'arrêt 'rai pas! Tout ça doit s'consumer! »
Le plaisir ne cessait de grandir, mon amant poussait lui aussi de petits soupirs de satisfaction, oui nous allions tout consumer ! Tout consommer ! Cette découverte était magique et j'atteignais désormais la partie la plus exquise de ce monde, jamais je n'aurais pu imaginer qu'elle fût aussi agréable, alors que le rythme de Viktor s'accélérait avec la montée de l'adrénaline, parés l'un comme l'autre au dernier refrain grandiose !
« Immolée! Carbonisée!
Désormais plus rien ne m'arrête!
Immolée! Carbonisée!
Plus de fillette discrète!
Et je suis là! Comme je l'ai rêvée!
Perdu dans les enfers!
Le feu est pour moi le prix de la liberté! »
Notre action se terminait, j'avais atteint l'apogée alors qu'on parlait de la fin de la fillette discrète comme un signe de ce changement. Nous nous embrassâmes et nous endormions l'un contre l'autre, heureux de ce que nous venions de faire. Nous nous mîmes en chemin dans l'après midi, nous tenant la main l'un l'autre, échangeant quelques regards complices mais sans trop parler, où alors que pour nous échanger quelques banalités. Lui comme moi devait sans doute repenser à ce merveilleux moment de partage, même si de mon côté je me disais qu'il fallait que j'en finisse avec la tradition de la vérification de la pureté de la mariée ! Je m'étais pourtant juré de le faire après le mariage de ma cadette où les événements de toute façon nous avaient empêchés de voir cela, mais cette fois il en allait de mon honneur ! Après de longues heures de marche, nous arrivions au château, alors que la nuit était déjà tombée. La maison était paisible, plus un bruit et l'un comme l'autre rejoignions à pas de souris nos chambres respectives comme deux enfants qui rentreraient après avoir fait le mur. Une fois dans ma chambre je me mis vite au lit et m'endormit rapidement, ne faisant que des rêves merveilleux.
Les jours qui suivirent se passèrent joyeusement, Viktor et moi tachions de ne pas nous montrer trop proches pour éviter les réflexions mais mon cœur battait la chamade chaque fois que je le voyais. A ma grande surprise ma cadette ne m'a pas trop interrogée sur mon absence pourtant remarquée. Elle nous avait dévisagée Viktor et moi avant d'avoir un sourire malicieux jusqu'aux oreilles. Elle avait sans doute deviné, mais elle ne pipa mot et nous laissa même tranquille. C'est en revanche Emma et Victoria qui se montraient plus inquisiteurs. Je craignais pour ma jumelle que cela ne fusse de la jalousie vu qu'elle avait partagée sa vie avec Viktor mais il n'en fut pas le cas, au contraire, elle semblait ravi de le savoir avec moi, elle le considérait davantage comme son meilleur ami ! Victoria elle, semblait beaucoup plus intéressée, ne cessant de me faire quelques réflexions à propos de sa robe de mariée. Je l'avais vu porter sur Emma, étant donné que nous avions le même physique elle était certaine qu'elle m'irait à ravir et n'attendait que de me voir la porter au bras de Viktor.
Cette agitation cependant retomba rapidement, ce à l'initiative d'Anna ce qui ne fit qu'augmenter ma surprise. Ma cadette souhaitait pour cet événement un maximum de discrétion et, au cours des moments que nous partagions juste nous deux, elle ne me parlait que du sacre à venir. Cette idée de devenir reine l'excitait et la terrorisait quelque peu. Mais surtout ce que je compris, c'est qu'elle souhaitait par-dessus tout pouvoir enfin vivre un moment privilégié juste elle et moi. Les jours ont passé, et, la veille au soir du grand jour, alors que Viktor avait rejoint sa chambre ainsi qu'Emma et Victoria. J'entendis ma cadette quitter la sienne, annonçant à Kristoff que cela portait malheur que de voir une reine la veille de son sacre. J'avouais ne jamais avoir entendu parler de cette superstition qui ressemblait plus à un prétexte pour rester avec moi et mes soupçons se vérifièrent quelques minutes plus tard, alors que je m'étais installée dans mon lit, j'entendais gratter à la porte et vis ma cadette apparaître, avec dans les mains, une coupelle de chocolats comme pour s'assurer mon hospitalité. Elle n'eût pas besoin de parler que j'avais déjà compris ses intentions, cette petite Anna, bien que futur reine et maman avait encore de temps à autre avec moi un comportement de petite fille, souhaitant ardemment récupérer le temps révolu de l'enfance que nous n'avions pu partager ensemble. Ma cadette entra, sa robe de sacre derrière elle et la suspendit à côté de la mienne avant de s'installer à mes côtés. Nous discutions un peu, nous amusions aux dépends de ce pauvre Kristoff avant que le sommeil ne finisse par emporter Anna. Je poussais donc délicatement la coupelle vide et m'installais à mon tour pour une nuit paisible.
Le grand jour était finalement arrivé, Anna et moi allions enfin fêter le renouveau du royaume, le délias légal de deuil était désormais révolu bien que nous n'ayons opéré aucune cérémonie à ce sujet. Anna devenue reine à mes côtés, nous nous chargerons de faire éclater la vérité mais avions conservés le souvenir de la monarchie jusqu'alors et, alors que je peaufinais ma tenue, j'apercevais Anna, fixant le sceptre qu'elle allait devoir porter. Je sortais de mon dressing et la dévisageait. Nous eûmes chacune un hoquet de surprise, nous retenant de rire face à nos deux robes en tout point identiques. Pour ma part cela me faisait un peu bizarre que de reporter cette tenue de sacre qui s'était terminé en fiasco avec mon départ précipité. Mais cette fois avec Anna, il n'y aurait aucun problème !
- Ce sceptre sera tiens ! Lui dis-je en m'approchant.
-Tout de même ça me fait quelque chose. D'un côté je me dis que c'est merveilleux de perpétuer la tradition, de l'autre, le fait de savoir qu'il a été fait pour lui…Mais je te sais attachée aux traditions alors nous ferons avec.
-Ah je n'en suis pas si sure Anna ! Regarde ! Fis-je en faisant découvrir un second sceptre que j'avais fait réaliser pour la Co-reine. Et c'est pas fini ! Ajoutais-je !
-Ah oui ?
-Bien sur, les traditions sont faites pour évoluer ! Lançais-je en parsemant les sceptres de flocons de neiges qui se gravaient sur l'objet : Voilà, la continuité et le renouveau ! Terminais-je satisfaite alors que les serviteurs venaient justement les chercher.
-C'est magnifique, mais tu m'as l'air transformée Elsa ! Plus aussi attachées aux traditions à ce que je vois !
-C'est grâce à toi !
-Je pense plutôt que Viktor y est pour beaucoup ! Fit-elle avec malice !
-Fais attention à ce que tu dis Anna, une reine ne se permet pas de badiner avec l'amour ! Et j'aime toujours les traditions, d'ailleurs tu sais ce qu'il faut dire pour faire entrer les invités. Vas-y !
-Moi ?
-Bien sur, c'est à la future souveraine de le faire ! Allez ! Fis-je en lui désignant la porte.
-Dites aux gardes qu'il faut ouvrir, les portes ! Lança-t-elle alors solennelle en faisant face à notre garde rapprochée.
Les convives ne tardèrent pas, Kay avait fait des miracles et la chapelle était aussi comble que lors de mon couronnement. Depuis notre point de vue nous pouvions apercevoir tous les dignitaires qui se présentaient entre eux. Je remarquais alors que Viktor semblait beaucoup s'amuser en présentant mère à la duchesse de Funningur et me jurait de lui demander pourquoi il semblait si joyeux, surtout connaissant le surnom peu flatteur et grossier qui lui était attribué. Nous continuâmes à observer mais comme nous le pressentions, aucun représentant de Coronna n'était présent cette fois-ci.
Les cloches sonnaient, tous les convives avaient pris place, d'un instant à l'autre ça allait être à nous.
-Vous êtes ravissantes ! Lança alors Emma dans sa magnifique robe rouge.
-Merci Emma.
-Non merci à vous de me laisser être votre témoin ! Je ne savais même pas qu'il en fallait pour un sacre.
-Qu'importe, Anna l'a été, c'est normal que tu le sois, tu es notre sœur toi aussi ! Fis-je alors que nous nous embrassions toutes les trois.
-Bien il est l'heure ! Je vous attends devant l'évêque !
-Observe bien comment on fait, car après c'est ton tour ! Lança malicieuse Anna, alors qu'Emma s'empressait de prendre place.
Les chœurs d'Arendelle se mirent alors à chanter annonçant notre arrivée. Ma sœur et moi nous tenions alors par le bras, passant émue au travers de l'assistance où nos amis étaient présents. Pour ce nouveau sacre je sentais que j'avais une famille auprès de moi. Victoria était au premier rang, accompagnée de Viktor, et, également présents, dix jeunes hommes qui se ressemblaient, les fameux décuplés étaient ici ! Je sentais qu'Anna, comme moi avait hâte de les rencontrer mais il n'en était nullement question pour le moment. Anna et moi étions devant l'homme d'Eglise qui commençait sa liturgie avant de nous placer à chacune la couronne sur la tête. Puis vînt le moment de tenir les sceptres. Mon couronnement me revînt à l'esprit et je le tenais face à l'assistance quelque peu anxieuse, alors qu'à mes côtés, Anna fermait les yeux et respirait la sérénité alors que l'évêque prononçait les dernières paroles
« Les reines Elsa et Anna d'Arendelle ! »
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Ven 06 Déc 2019, 16:26
Epilogue:
Elsa et Anna soupiraient en silence alors que l'assistance debout applaudissait ce moment historique pour le royaume. Pour la première fois le royaume était doté de deux souveraines. Deux souveraines que le peuple d'Arendelle aimait et acclamait. Tous avaient pu admirer les prouesses d'Elsa et vantaient sa grande beauté. Quant à sa cadette, cette dernière était glorifiée comme ayant assuré la descendance de la monarchie, et sa bonhommie, son humanité étaient un merveilleux cadeau pour le renouveau que souhaitait opérer le royaume. Les deux sœurs devenues souveraines quittèrent de manière très solennelle et protocolaire la petite église alors que l'assistance leur faisait la révérence avant de se présenter officiellement au devant du peuple qui pendant de longues minutes criaient des « Vive Elsa ! Vive Anna ! ». Emma, Kristoff, Viktor et Victoria, tous rejoignaient rapidement les nouvelles souveraines avant que la famille royale ne finisse par se rendre à la réception donnée en leur honneur dans la grande salle du château, avec, pour l'une comme pour l'autre comme un sentiment de déjà vécu. Sauf que cette fois-ci, les deux sœurs entraient en même temps, et Anna, devenue reine arrivait cette fois d'un pas bien plus noble que la première fois, s'autorisant néanmoins quelques petits saluts de la main à la foule des représentants qui le lui rendait. La valse des représentants commençait à présenter leurs hommages aux nouvelles souveraines dans une ambiance cette fois beaucoup plus détendue entre Elsa et Anna qui s'autorisaient quelques petits sourires complices. Finalement, l'une comme l'autre décidèrent de sortir de leur position pour chacune participer au bal, dansant l'une comme l'autre avec leur chevalier servant, illuminant le bal de leur grâce accompagnée par les applaudissements d'Emma et Victoria. La fête fut belle et longue, et ça n'est qu'à une heure avancée de la nuit que les convives prirent congé des souveraines qui s'en allèrent rejoindre leurs appartements respectifs.
Le lendemain, les deux souveraines se retrouvaient de bon matin au port d'Arendelle accompagnée par Kristoff et son habituel destrier Sven ainsi que d'une forte délégation diplomatique :
-Pourquoi ne souhaitez vous pas que nous vous accompagnions ma chère Victoria ? J'ose espérer que nous allons être conviées au couronnement d'Emma !
-Oh bien sur, ne t'en fais pas Anna, vous le serez, mais il est préférable que vous restiez toutes les deux en Arendelle, il va nous falloir un peu plus de délais que pour vous pour organiser ce sacre.
-Comment cela se fait-il ? Demanda Elsa.
-Le temps de deuil est plus long aux Iles du Sud qu'ici, d'autant qu'il s'agit d'un deuil royal et princier. Et pour ma part, il me faudra entériner la nouvelle loi permettant à une femme de monter sur le trône des Iles du Sud. Ensuite, il faudra un conciliabule des héritiers potentiels pour se désigner. Ce sont nos lois.
-Mais sur ce point, nous serons rapides ! Lança alors Mark, l'un des décuplés, reconnaissable car le seul à porter une petite moustache taillée qui dérangeait quelque peu Elsa car ressemblant à celle de Quentin, mais ce jeune homme demeurait cependant fort sympathique.
-Et puis vous savez, ça n'est pas bien grave si je ne monte pas tout de suite sur le trône, cela me laissera le temps de m'habituer et découvrir mon nouveau roy aume ! Et tant que je n'ai pas la charge, je vais pouvoir en profiter pour venir souvent vous voir !
-Malheureusement je ne pense pas Emma. Fit Victoria d'une voix triste. Nous allons avoir beaucoup à faire. Il en va de même pour Elsa et Anna je suppose. Mais cela n'est qu'une question de semaines ! Maximum deux mois ! Mais nous serons toutes amenées à nous revoir ! Et si sa futur Altesse le veut bien, ainsi que ses Majestés d'Arendelle l'acceptent, je serais ravie d'être pour vous une ambassadrice.
-Cela peut s'envisager. Répondit Elsa avec un sourire aux lèvres, alors qu'Emma, la prenait dans ses bras.
-C'est tout de même étrange, je retrouve ma jumelle et déjà je dois la quitter.
-Nous ne nous quitterons jamais Emma ! Notre mère a bien raison, nous allons sans doute voyager de nombreuses fois entre Arendelle et les Iles. Il me faudra bien moi aussi explorer un peu ce pays où j'ai vu le jour ! Et rien ne pourra plus nous séparer Emma je te le promets ! Répondit Elsa alors que sa jumelle la relâchait et se tournait vers Viktor.
-Deux jeunes gens sans attache qui finalement trouvent à la fin un foyer mon cher Viktor ! Tu ne rentres pas avec nous à ce que j'ai compris.
-Non les mondanités de la cour des Iles du Sud ne sont pas pour moi, que veux-tu je n'ai pas ça dans le sang.
-Mais ton sang sait protéger les jeunes femmes du miens ! Prends bien soin de mes sœurs ! Enfin je sais que tu seras très attentif au bonheur d'Elsa n'est-ce pas ? Tiens, j'ai ça pour toi au fait ! Cette fois, tu n'auras pas besoin de me le dérober !
Emma à ces mots attrapait derrière elle le fameux sac qui la suivait partout et qui contenait le tablier de petites pierres sur lequel se retrouvait le dessin des deux filles de l'Yggdrasil sur lesquelles le jeune homme pouvait désormais mettre un prénom. Le jeune homme contemplait cet objet repensant à son escapade amoureuse avec la reine Elsa d'Arendelle quelques jours auparavant alors qu'Emma se tournait cette fois vers Anna.
-Tu sais, enfant j'ai toujours secrètement rêvé d'avoir une petite sœur. Maintenant que j'ai retrouvé ma famille je suis comblée que ce souhait se soit réalisé et que ça soit toi ma petite sœur ! J'ai hâte que nous puissions repasser du temps ensemble !
-Je le souhaite aussi ! C'est super d'avoir une paire de sœurs ! Et puis je commençais à avoir un peu trop de glace ici entre Elsa et Emma ! Tu réchauffes la température comme ça ! Comme aurait dit Olaf, c'est ça la chaleur, oh j'adore ça ! Fit la jeune reine avec une pointe de tristesse dans la voix.
-On m'a dit ce qu'il a fait, Anna je suis désolée, ceci est de ma faute. Répondit Emma d'une voix coupable.
-Non ne dis pas ça Emma, ça n'est pas toi, c'était Ludwig, et Olaf a été un héros ! Elsa a pu récupérer son eau, je la garde avec moi pour me souvenir. Désormais, c'est moi qui cache une fiole n'est-il pas Elsa ?!
-Elsa tu n'as pas essayé de le reconstruire si tu as conservé son eau ?
-Si j'ai essayé. J'ai évité d'en parler car cela n'a malheureusement pas fonctionnée. Je ne comprends pas, cette eau ne veut pas geler.
-Parce que c'est à cause de moi…
-Emma ne te sens pas coupable je te dis ! Répliqua Anna en lui tendant la main
-C'est à cause de moi ! C'est mon feu qui a provoqué ça ! Recommença Emma d'une voix plus enjouée laissant ses deux sœurs circonspectes aussi elle ajouta : Elsa tu ne comprends pas ?!
-Comprendre quoi ?
-La prophétie ! Nos deux pouvoirs l'un contre l'autre ne provoquent que la destruction ! Mon feu l'a fait fondre ! Toi tu luttes contre ma magie en voulant le recréer ! C'est pour cela que ça ne fonctionne pas ! Fit Emma en prenant la fiole puis versant son contenu sur le sol.
-Mais qu'est ce que tu fais tu es folle ! Hurla Anna furieuse !
-Non Anna recule ça va marcher ! Elsa viens avec moi ! Donne-moi ta main !
Elsa s'approcha de sa jumelle sans comprendre et lui tendit la main que cette dernière agrippa. Emma lui fit un sourire d'encouragement pour l'inciter à avoir confiance. La souveraine d'Arendelle ne voyait pas du tout où Emma voulait en venir mais se laissa guider sous les yeux ébahis du reste du groupe. Les deux jumelles main dans la main se baissèrent et touchèrent alors du bout des doigts le pavé mouillé de l'eau du petit bonhomme de neige. Il se créa alors à cercle, à moitié de feu, à moitié de glace. Tous reculèrent d'un pas quelque peu impressionnés de ce prodige alors que le cercle se brisait pour ne former qu'un tout se rejoignant en son centre au milieu de la flaque d'eau. Sous une forte lumière une forme enneigée se créa alors, prenant petit à petit forme sur laquelle s'ajoutait deux morceaux de bois pour reformer les bras et les cheveux d'un bonhomme de neige que tous connaissaient bien.
-Wow ! C'est vraiment vrai certaines personnes ont le don de vous faire fondre ! Lança le bonhomme de neige de sa voix reconnaissable sous le sourire de tous.
-Olaf ! Lancèrent les amis en chœurs !
-Oui c'est moi ! Oh ! Et je suis de nouveau moi ! Lança-t-il en remarquant qu'il avait repris sa forme.
-Enfin presque toi ! Fit Anna qui s'empressa de prendre dans la sacoche de son époux la carotte qu'il avait sans doute réservée à Sven pour l'enfoncer de manière brutal dans la tête du petit bonhomme de neige
-Mon nez ! Merci Anna ! Et c'est qui la dame en rouge qui ressemble à Elsa ? Fit Olaf qui ne semblait pas se souvenir d'avoir déjà vu la reine des flammes.
-C'est Emma.
-D'accord, elle a drôlement grandi ! J'avais souvenir que c'était un bébé.
-Non c'est Emma, la sœur jumelle d'Elsa ! Elle l'a aidé à te sauver.
-Une nouvelle sœur ! Ca mérite un gros câlin !
Le petit bonhomme de neige qui n'avait apparemment pas conscience qu'il venait de ressusciter se jeta alors sur Emma quelque peu surprise pour l'embrasser alors qu'Anna la regardait avec une immense gratitude. Tous se félicitaient du retour de leur petit clown de neige préféré mais chacun devait se résoudre à devoir se séparer. Rapidement, les décuplés, fiers marins avaient déjà hissé les voiles, invitant leur sœur Emma et leur mère à monter à bord avant de lever l'ancre et faire voile vers les Iles du Sud, laissant Elsa, Anna, Kristoff, Olaf et Viktor agiter leurs mains en signe d'au revoir avant de retourner vers le château, comptant déjà les jours qui les séparaient de leurs retrouvailles.
Comme Victoria leur avait prédit, les deux reines d'Arendelle ne se rendirent pas compte du temps écoulé avant de recevoir quelques semaines plus tard une invitation en bonne et du forme des souveraines d'Arendelle à assister au couronnement de la Reine Emma des Iles du Sud. Au moment d'embarquer sur le fier navire d'Arendelle en compagnie de Viktor et Kristoff, Elsa peinait à croire qu'il s'était déjà passé presque deux mois. Ils étaient passés si vite ! Elle et sa sœur travaillaient dur pour gouverner avec bienveillance. Elles prenaient aussi beaucoup de temps pour voir la petite Emma grandir. Elsa était devenue une vraie tata gâteau, amusant la petite de quelques tours de magie que cette dernière accompagnait de quelques flocons de neige ! Elsa avait promis à sa cadette qu'elle surveillerait sa nièce et lui apprendrait à contrôler son pouvoir. Elle vivait aussi une belle romance avec Viktor, profitant de quelques moments pour le retrouver et flâner dans les jardins du château, aimant admirer les perces neiges. Elle avait l'impression cependant qu'ils étaient plus comme des amants qui se cachaient mais l'un comme l'autre préférait ne pas brusquer les choses, même si l'un comme l'autre ne pouvaient s'empêcher de se remémorer leur escapade en forêt qui leur a laissé un souvenir merveilleux. Personne n'en avait rien su. Si les lois traditionnelles dans le royaume étaient en passe d'être assouplies, il convenait cependant aux deux amants de veiller chacun à leur honneur et de fait ne pas s'afficher trop près l'un de l'autre. Mais pour les deux ça n'était qu'une question de temps. Ils le sentaient leur amour allait bientôt pouvoir pleinement éclater au grand jour ! Elsa était par ailleurs ravie de l'attitude de sa cadette qui, si elle avait sans doute compris l'état de leur relation était pour le coup muette comme une carpe, ne souhaitant même pas taquiner sa grande sœur sur ce sujet, se contentant deçà delà à quelques sourires équivoques.
Arendelle et leurs souveraines étaient donc heureuses, mais une fois la côte disparue, laissant place à l'immensité de l'océan, la nostalgie rattrapait les souveraines. Anna en profita pour lancer à l'eau un petit bouquet en hommage à sa mère disparue, tenant la main de son ainée. Anna, semblait se recueillir et prier pour l'âme de sa mère, Elsa elle en profitait pour penser aux petites contrariétés qui subsistaient dans leur monde sans nuage. En effet, le roi Hodin n'avait que très moyennement apprécié sa missive indiquant qu'elle rompait tout lien commercial l'accusant de manière explicite d'être complice dans la disparition de la reine. Elle savait que Victoria n'était pas d'accord avec cette méthode, et Anna n'y était pas particulièrement favorable. Mais Elsa au fond d'elle sentait qu'elle avait raison. D'ailleurs le roi n'avait pas pris la peine de démentir, pour Elsa cela ressemblait plus à un aveu qu'à du mépris, la confortant dans son idée. De toute façon, Arendelle pouvait tout à fait prospérer sans Elredor ! Elsa en était persuadée et chassait la pensée de ce royaume de son esprit, prenant la main d'Anna. Les deux sœurs admiraient l'aurore, indiquant le chemin du royaume du soleil : Coronna.
Depuis le départ de Raiponce, aucun contact direct n'avait été établi entre les cousines. Elsa et Anna n'avaient en effet reçu qu'un communiqué laconique annonçant que le roi Ludwig avait été déposé par le conseil des pairs et avait proclamé Raiponce, reine de Coronna. La fin du communiqué indiquait que la souveraine pour son premier acte royal se chargerait de faire juger Ludwig pour trahison et complicité de meurtre. Depuis, aucune nouvelle ce qui attristait quelque peu les sœurs qui savaient qu'il faudrait du temps à Raiponce. Elles ne pouvaient qu'espérer que celle-ci saura trouver la force de ne pas leur en vouloir après cette sombre histoire.
Ces quelques pensées cependant disparurent de l'esprit des reines au moment où elles débarquèrent aux Iles du Sud. Ca n'était certes pas la première fois, mais cette fois-ci elles prirent le temps d'admirer la beauté du royaume qui s'était paré de rouge, couleur de leur future souveraine, avant de se présenter au château où Victoria les reçut en grande pompe. Elsa et Anna purent revoir de nombreux dignitaires présents lors de leur couronnement. Elles discutèrent notamment très longuement avec la duchesse de Funningur qu'Elsa souhaitait connaître davantage ainsi que son époux. Ce dernier par ailleurs la mettait mal à l'aise car elle avait l'impression qu'il lui faisait de l'œil ce qu'elle trouvait très déplacé surtout vis-à-vis de sa charmante épouse bien que cette dernière ne soit pas très maniérée.
La délégation d'Arendelle fut invitée à prendre place dans la cathédrale, au premier rang pour assister au couronnement de leur sœur. L'instant fut particulièrement émouvant, et Anna ne pouvait s'empêcher de faire quelques petits signes de la main discrets à Emma malgré le regard réprobateur d'Elsa. La cérémonie fut sublime. Emma rayonnait au moment de faire face au public qui acclamait la nouvelle souveraine et elle dégageait une solennité dans son attitude extraordinaire, se tenant avec prestance…Comme Elsa ! Mais au cours du bal, la nouvelle souveraine s'autorisa quelques libertés pour rester avec sa mère et ses sœurs. Les trois reines riaient de bon cœur et Emma servit de guide particulier à Elsa et Anna pendant quelques jours aux Iles du Sud avant que ces dernières ne repartent avec la délégation en Arendelle.
-Ton royaume est superbe Emma. Tu as tout pour être une grande reine !
-D'ailleurs tu es une grande reine ! Tu es comme Elsa et en plus tu as un sourire chaleureux ! Enfin je veux dire Elsa toi aussi tu as un beau sourire hein…Qu'est ce que je dis moi ?
-Merci Anna c'est adorable, surtout ne change jamais ton franc parlé ! Mais je ne sais pas si je suis une si grande reine comme tu dis. Elsa d'ailleurs tu vas être furieuse si je te dis que je ne me suis pas encore intéressé à la politique et la gestion du royaume. Je ne sais rien de mon palais, de sa gestion, des finances, de la justice…C'est à peine si je sais où se trouve ma chambre et la grande salle du château, bon par contre je sais où sont les cuisines !
-Ca reste la pièce essentielle ! Fit Anna avec malice.
-De toute façon Emma, tu en as surtout profité pour découvrir les Iles, tu les connais très bien. C'est important que de connaître ainsi son royaume. Le reste, quelques jours dans les papiers et tu seras au point. Ajouta Elsa.
Les sœurs à nouveau s'embrassèrent en compagnie de Victoria se promettant de venir souvent se voir en Arendelle ou sur les Iles et avec la marée la délégation d'Arendelle reprit la mer pour un voyage paisible vers leur royaume.
Les semaines passèrent, l'été qui était finissant au couronnement d'Emma avait fait place à l'automne qui était désormais bien avancé. Les trois sœurs n'avaient pas encore eu l'occasion de se revoir mais ont souvent eu une correspondance. Emma avait été obligée de voyager dans plusieurs pays pour renouer des traités mais elle espérait pouvoir enfin se stabiliser aux Iles du Sud avant Noel. Les sœurs d'Arendelle avaient de ses nouvelles par Victoria qui était déjà revenue deux fois en Arendelle. Elles avaient même convenues qu'ensemble elles passeraient les fêtes de Noel toutes ensemble au palais de glace d'Elsa ! Depuis, Anna comptait les jours qui la séparait bien entendu de Noel, l'éternel enfant qu'elle restait y voyait toujours autant d'excitation d'autant que cela sera le premier pour sa fille. Mais aussi et surtout car elle allait pouvoir revoir Emma. Le temps passerait très vite désormais, moins d'un mois ! La cadette de toute façon n'avait pas le temps de s'ennuyer, elle se montrait même davantage travailleuse que son ainée. Désormais c'était elle qui était le plus souvent levée la première, et surtout elle était toujours la dernière couchée. Elsa l'admirait, ne sachant où elle pouvait trouver autant d'énergie !
Et un de ces soirs, où elle fut encore la dernière à veiller, Anna fut interpellée par un des serviteurs chargés du courrier alors qu'elle venait de pénétrer dans sa chambre et passer sa robe de nuit verte anis.
-Votre Altesse ! J'ai un message important à vous transmettre.
-Cela ne peut pas attendre demain ? Fit la souveraine d'une voix fatiguée.
-Votre altesse je crains que non, on m'a fait comprendre que c'était de la plus haute importance, cela vient de votre sœur
-De ma sœur ?
-Oui la reine Emma !
-Oh bien sur ! Donnez ! Fit Anna guillerette.
Elle s'empressa de lire le courrier, persuadée que sa sœur allait venir leur faire la surprise d'arriver plus tôt, mais le courrier n'annonçait pas sa venue, le sujet d'ailleurs était tout autre et la rouquine se mordit la lèvre. Repliant la lettre à la fin de la lecture elle s'empressa au travers des couloirs et alla frapper à la porte d'Elsa, réveiller sa sœur. Après trois coups rapides contre la porte, Anna s'empressa de tourner la poignée sans attendre de réponse.
-Elsa vite il faut que tu…Oh pardon ! Fit Anna qui suspendait sa phrase et regardait ses pieds après avoir remarqué que son ainée n'était pas seule
-Qu'y-a-t-il Anna ? S'empressa de demander Elsa qui sortit des couvertures pour la rejoindre dans le couloir, laissant Viktor endormi.
-Est-ce que… Commença Anna terriblement gênée.
-Quoi Anna ?
-Je, j'ai, j'ai vu que…C'est Viktor qui est avec toi ?! Fit Anna d'une toute petite voix.
-Oui c'est Viktor, qu'est ce qu'il y a Anna ? Demanda Elsa quelque peu contrariée d'avoir été dérangée.
-Elsa tu partages ta couche avec Viktor alors que vous…
-Aux faits Anna ! Qu'est ce que tu veux ? Coupa Elsa qui n'avait que très peu de patience, agacée de s'être fait surprendre en galante compagnie.
-Mais Elsa vous…Vous n'êtes pas mariés ! Et…ça, ça fait longtemps que vous…dormez ensemble ?
-Non Anna, c'est la première fois que l'on s'est rejoint. On peut aller dormir maintenant ?
-Et…vous…Vous l'avez fait ? Demanda curieuse Anna en baissant la voix.
-Anna pour la dernière fois qu'est ce que tu veux ? C'est parce que tu nous espionnes ? Lança fortement Elsa furieuse de cette question déplacée.
-Je suis venue pour ça ! Répondit quelque peu gênée Anna.
-J'espère pour toi que c'est important ! Rétorqua Elsa en prenant le papier commençant à le parcourir, puis relevant la tête : Elle nous écrit pour ça et toi tu accours en pleine nuit venir me réveiller pour me montrer ça ?! Dis plutôt que tu m'espionnais !
-Non Elsa je te jure que je n'en savais rien ! Lis la fin tu comprendras ! Encouragea Anna qui vit sa sœur poursuivre la lecture de manière sérieuse.
-Je vois. Se contenta-t-elle de répondre repliant la lettre.
-Mais euh du coup Elsa…Viktor et toi, vous, il va falloir vous marier.
-Nous verrons ça en temps voulu Anna. Maintenant si tu permets je voudrais aller dormir…j'ai bien dit dormir.
Elsa stoppa ainsi la discussion, échangeant un regard complice avec sa sœur au moment de rentrer dans sa chambre alors qu'elle lui rendait la lettre d'Emma. Les deux sœurs s'en retournèrent ainsi chacune dans leurs appartements, allant se blottir auprès de celui pour qui leur cœur battait.
Elsa et Anna soupiraient en silence alors que l'assistance debout applaudissait ce moment historique pour le royaume. Pour la première fois le royaume était doté de deux souveraines. Deux souveraines que le peuple d'Arendelle aimait et acclamait. Tous avaient pu admirer les prouesses d'Elsa et vantaient sa grande beauté. Quant à sa cadette, cette dernière était glorifiée comme ayant assuré la descendance de la monarchie, et sa bonhommie, son humanité étaient un merveilleux cadeau pour le renouveau que souhaitait opérer le royaume. Les deux sœurs devenues souveraines quittèrent de manière très solennelle et protocolaire la petite église alors que l'assistance leur faisait la révérence avant de se présenter officiellement au devant du peuple qui pendant de longues minutes criaient des « Vive Elsa ! Vive Anna ! ». Emma, Kristoff, Viktor et Victoria, tous rejoignaient rapidement les nouvelles souveraines avant que la famille royale ne finisse par se rendre à la réception donnée en leur honneur dans la grande salle du château, avec, pour l'une comme pour l'autre comme un sentiment de déjà vécu. Sauf que cette fois-ci, les deux sœurs entraient en même temps, et Anna, devenue reine arrivait cette fois d'un pas bien plus noble que la première fois, s'autorisant néanmoins quelques petits saluts de la main à la foule des représentants qui le lui rendait. La valse des représentants commençait à présenter leurs hommages aux nouvelles souveraines dans une ambiance cette fois beaucoup plus détendue entre Elsa et Anna qui s'autorisaient quelques petits sourires complices. Finalement, l'une comme l'autre décidèrent de sortir de leur position pour chacune participer au bal, dansant l'une comme l'autre avec leur chevalier servant, illuminant le bal de leur grâce accompagnée par les applaudissements d'Emma et Victoria. La fête fut belle et longue, et ça n'est qu'à une heure avancée de la nuit que les convives prirent congé des souveraines qui s'en allèrent rejoindre leurs appartements respectifs.
Le lendemain, les deux souveraines se retrouvaient de bon matin au port d'Arendelle accompagnée par Kristoff et son habituel destrier Sven ainsi que d'une forte délégation diplomatique :
-Pourquoi ne souhaitez vous pas que nous vous accompagnions ma chère Victoria ? J'ose espérer que nous allons être conviées au couronnement d'Emma !
-Oh bien sur, ne t'en fais pas Anna, vous le serez, mais il est préférable que vous restiez toutes les deux en Arendelle, il va nous falloir un peu plus de délais que pour vous pour organiser ce sacre.
-Comment cela se fait-il ? Demanda Elsa.
-Le temps de deuil est plus long aux Iles du Sud qu'ici, d'autant qu'il s'agit d'un deuil royal et princier. Et pour ma part, il me faudra entériner la nouvelle loi permettant à une femme de monter sur le trône des Iles du Sud. Ensuite, il faudra un conciliabule des héritiers potentiels pour se désigner. Ce sont nos lois.
-Mais sur ce point, nous serons rapides ! Lança alors Mark, l'un des décuplés, reconnaissable car le seul à porter une petite moustache taillée qui dérangeait quelque peu Elsa car ressemblant à celle de Quentin, mais ce jeune homme demeurait cependant fort sympathique.
-Et puis vous savez, ça n'est pas bien grave si je ne monte pas tout de suite sur le trône, cela me laissera le temps de m'habituer et découvrir mon nouveau roy aume ! Et tant que je n'ai pas la charge, je vais pouvoir en profiter pour venir souvent vous voir !
-Malheureusement je ne pense pas Emma. Fit Victoria d'une voix triste. Nous allons avoir beaucoup à faire. Il en va de même pour Elsa et Anna je suppose. Mais cela n'est qu'une question de semaines ! Maximum deux mois ! Mais nous serons toutes amenées à nous revoir ! Et si sa futur Altesse le veut bien, ainsi que ses Majestés d'Arendelle l'acceptent, je serais ravie d'être pour vous une ambassadrice.
-Cela peut s'envisager. Répondit Elsa avec un sourire aux lèvres, alors qu'Emma, la prenait dans ses bras.
-C'est tout de même étrange, je retrouve ma jumelle et déjà je dois la quitter.
-Nous ne nous quitterons jamais Emma ! Notre mère a bien raison, nous allons sans doute voyager de nombreuses fois entre Arendelle et les Iles. Il me faudra bien moi aussi explorer un peu ce pays où j'ai vu le jour ! Et rien ne pourra plus nous séparer Emma je te le promets ! Répondit Elsa alors que sa jumelle la relâchait et se tournait vers Viktor.
-Deux jeunes gens sans attache qui finalement trouvent à la fin un foyer mon cher Viktor ! Tu ne rentres pas avec nous à ce que j'ai compris.
-Non les mondanités de la cour des Iles du Sud ne sont pas pour moi, que veux-tu je n'ai pas ça dans le sang.
-Mais ton sang sait protéger les jeunes femmes du miens ! Prends bien soin de mes sœurs ! Enfin je sais que tu seras très attentif au bonheur d'Elsa n'est-ce pas ? Tiens, j'ai ça pour toi au fait ! Cette fois, tu n'auras pas besoin de me le dérober !
Emma à ces mots attrapait derrière elle le fameux sac qui la suivait partout et qui contenait le tablier de petites pierres sur lequel se retrouvait le dessin des deux filles de l'Yggdrasil sur lesquelles le jeune homme pouvait désormais mettre un prénom. Le jeune homme contemplait cet objet repensant à son escapade amoureuse avec la reine Elsa d'Arendelle quelques jours auparavant alors qu'Emma se tournait cette fois vers Anna.
-Tu sais, enfant j'ai toujours secrètement rêvé d'avoir une petite sœur. Maintenant que j'ai retrouvé ma famille je suis comblée que ce souhait se soit réalisé et que ça soit toi ma petite sœur ! J'ai hâte que nous puissions repasser du temps ensemble !
-Je le souhaite aussi ! C'est super d'avoir une paire de sœurs ! Et puis je commençais à avoir un peu trop de glace ici entre Elsa et Emma ! Tu réchauffes la température comme ça ! Comme aurait dit Olaf, c'est ça la chaleur, oh j'adore ça ! Fit la jeune reine avec une pointe de tristesse dans la voix.
-On m'a dit ce qu'il a fait, Anna je suis désolée, ceci est de ma faute. Répondit Emma d'une voix coupable.
-Non ne dis pas ça Emma, ça n'est pas toi, c'était Ludwig, et Olaf a été un héros ! Elsa a pu récupérer son eau, je la garde avec moi pour me souvenir. Désormais, c'est moi qui cache une fiole n'est-il pas Elsa ?!
-Elsa tu n'as pas essayé de le reconstruire si tu as conservé son eau ?
-Si j'ai essayé. J'ai évité d'en parler car cela n'a malheureusement pas fonctionnée. Je ne comprends pas, cette eau ne veut pas geler.
-Parce que c'est à cause de moi…
-Emma ne te sens pas coupable je te dis ! Répliqua Anna en lui tendant la main
-C'est à cause de moi ! C'est mon feu qui a provoqué ça ! Recommença Emma d'une voix plus enjouée laissant ses deux sœurs circonspectes aussi elle ajouta : Elsa tu ne comprends pas ?!
-Comprendre quoi ?
-La prophétie ! Nos deux pouvoirs l'un contre l'autre ne provoquent que la destruction ! Mon feu l'a fait fondre ! Toi tu luttes contre ma magie en voulant le recréer ! C'est pour cela que ça ne fonctionne pas ! Fit Emma en prenant la fiole puis versant son contenu sur le sol.
-Mais qu'est ce que tu fais tu es folle ! Hurla Anna furieuse !
-Non Anna recule ça va marcher ! Elsa viens avec moi ! Donne-moi ta main !
Elsa s'approcha de sa jumelle sans comprendre et lui tendit la main que cette dernière agrippa. Emma lui fit un sourire d'encouragement pour l'inciter à avoir confiance. La souveraine d'Arendelle ne voyait pas du tout où Emma voulait en venir mais se laissa guider sous les yeux ébahis du reste du groupe. Les deux jumelles main dans la main se baissèrent et touchèrent alors du bout des doigts le pavé mouillé de l'eau du petit bonhomme de neige. Il se créa alors à cercle, à moitié de feu, à moitié de glace. Tous reculèrent d'un pas quelque peu impressionnés de ce prodige alors que le cercle se brisait pour ne former qu'un tout se rejoignant en son centre au milieu de la flaque d'eau. Sous une forte lumière une forme enneigée se créa alors, prenant petit à petit forme sur laquelle s'ajoutait deux morceaux de bois pour reformer les bras et les cheveux d'un bonhomme de neige que tous connaissaient bien.
-Wow ! C'est vraiment vrai certaines personnes ont le don de vous faire fondre ! Lança le bonhomme de neige de sa voix reconnaissable sous le sourire de tous.
-Olaf ! Lancèrent les amis en chœurs !
-Oui c'est moi ! Oh ! Et je suis de nouveau moi ! Lança-t-il en remarquant qu'il avait repris sa forme.
-Enfin presque toi ! Fit Anna qui s'empressa de prendre dans la sacoche de son époux la carotte qu'il avait sans doute réservée à Sven pour l'enfoncer de manière brutal dans la tête du petit bonhomme de neige
-Mon nez ! Merci Anna ! Et c'est qui la dame en rouge qui ressemble à Elsa ? Fit Olaf qui ne semblait pas se souvenir d'avoir déjà vu la reine des flammes.
-C'est Emma.
-D'accord, elle a drôlement grandi ! J'avais souvenir que c'était un bébé.
-Non c'est Emma, la sœur jumelle d'Elsa ! Elle l'a aidé à te sauver.
-Une nouvelle sœur ! Ca mérite un gros câlin !
Le petit bonhomme de neige qui n'avait apparemment pas conscience qu'il venait de ressusciter se jeta alors sur Emma quelque peu surprise pour l'embrasser alors qu'Anna la regardait avec une immense gratitude. Tous se félicitaient du retour de leur petit clown de neige préféré mais chacun devait se résoudre à devoir se séparer. Rapidement, les décuplés, fiers marins avaient déjà hissé les voiles, invitant leur sœur Emma et leur mère à monter à bord avant de lever l'ancre et faire voile vers les Iles du Sud, laissant Elsa, Anna, Kristoff, Olaf et Viktor agiter leurs mains en signe d'au revoir avant de retourner vers le château, comptant déjà les jours qui les séparaient de leurs retrouvailles.
Comme Victoria leur avait prédit, les deux reines d'Arendelle ne se rendirent pas compte du temps écoulé avant de recevoir quelques semaines plus tard une invitation en bonne et du forme des souveraines d'Arendelle à assister au couronnement de la Reine Emma des Iles du Sud. Au moment d'embarquer sur le fier navire d'Arendelle en compagnie de Viktor et Kristoff, Elsa peinait à croire qu'il s'était déjà passé presque deux mois. Ils étaient passés si vite ! Elle et sa sœur travaillaient dur pour gouverner avec bienveillance. Elles prenaient aussi beaucoup de temps pour voir la petite Emma grandir. Elsa était devenue une vraie tata gâteau, amusant la petite de quelques tours de magie que cette dernière accompagnait de quelques flocons de neige ! Elsa avait promis à sa cadette qu'elle surveillerait sa nièce et lui apprendrait à contrôler son pouvoir. Elle vivait aussi une belle romance avec Viktor, profitant de quelques moments pour le retrouver et flâner dans les jardins du château, aimant admirer les perces neiges. Elle avait l'impression cependant qu'ils étaient plus comme des amants qui se cachaient mais l'un comme l'autre préférait ne pas brusquer les choses, même si l'un comme l'autre ne pouvaient s'empêcher de se remémorer leur escapade en forêt qui leur a laissé un souvenir merveilleux. Personne n'en avait rien su. Si les lois traditionnelles dans le royaume étaient en passe d'être assouplies, il convenait cependant aux deux amants de veiller chacun à leur honneur et de fait ne pas s'afficher trop près l'un de l'autre. Mais pour les deux ça n'était qu'une question de temps. Ils le sentaient leur amour allait bientôt pouvoir pleinement éclater au grand jour ! Elsa était par ailleurs ravie de l'attitude de sa cadette qui, si elle avait sans doute compris l'état de leur relation était pour le coup muette comme une carpe, ne souhaitant même pas taquiner sa grande sœur sur ce sujet, se contentant deçà delà à quelques sourires équivoques.
Arendelle et leurs souveraines étaient donc heureuses, mais une fois la côte disparue, laissant place à l'immensité de l'océan, la nostalgie rattrapait les souveraines. Anna en profita pour lancer à l'eau un petit bouquet en hommage à sa mère disparue, tenant la main de son ainée. Anna, semblait se recueillir et prier pour l'âme de sa mère, Elsa elle en profitait pour penser aux petites contrariétés qui subsistaient dans leur monde sans nuage. En effet, le roi Hodin n'avait que très moyennement apprécié sa missive indiquant qu'elle rompait tout lien commercial l'accusant de manière explicite d'être complice dans la disparition de la reine. Elle savait que Victoria n'était pas d'accord avec cette méthode, et Anna n'y était pas particulièrement favorable. Mais Elsa au fond d'elle sentait qu'elle avait raison. D'ailleurs le roi n'avait pas pris la peine de démentir, pour Elsa cela ressemblait plus à un aveu qu'à du mépris, la confortant dans son idée. De toute façon, Arendelle pouvait tout à fait prospérer sans Elredor ! Elsa en était persuadée et chassait la pensée de ce royaume de son esprit, prenant la main d'Anna. Les deux sœurs admiraient l'aurore, indiquant le chemin du royaume du soleil : Coronna.
Depuis le départ de Raiponce, aucun contact direct n'avait été établi entre les cousines. Elsa et Anna n'avaient en effet reçu qu'un communiqué laconique annonçant que le roi Ludwig avait été déposé par le conseil des pairs et avait proclamé Raiponce, reine de Coronna. La fin du communiqué indiquait que la souveraine pour son premier acte royal se chargerait de faire juger Ludwig pour trahison et complicité de meurtre. Depuis, aucune nouvelle ce qui attristait quelque peu les sœurs qui savaient qu'il faudrait du temps à Raiponce. Elles ne pouvaient qu'espérer que celle-ci saura trouver la force de ne pas leur en vouloir après cette sombre histoire.
Ces quelques pensées cependant disparurent de l'esprit des reines au moment où elles débarquèrent aux Iles du Sud. Ca n'était certes pas la première fois, mais cette fois-ci elles prirent le temps d'admirer la beauté du royaume qui s'était paré de rouge, couleur de leur future souveraine, avant de se présenter au château où Victoria les reçut en grande pompe. Elsa et Anna purent revoir de nombreux dignitaires présents lors de leur couronnement. Elles discutèrent notamment très longuement avec la duchesse de Funningur qu'Elsa souhaitait connaître davantage ainsi que son époux. Ce dernier par ailleurs la mettait mal à l'aise car elle avait l'impression qu'il lui faisait de l'œil ce qu'elle trouvait très déplacé surtout vis-à-vis de sa charmante épouse bien que cette dernière ne soit pas très maniérée.
La délégation d'Arendelle fut invitée à prendre place dans la cathédrale, au premier rang pour assister au couronnement de leur sœur. L'instant fut particulièrement émouvant, et Anna ne pouvait s'empêcher de faire quelques petits signes de la main discrets à Emma malgré le regard réprobateur d'Elsa. La cérémonie fut sublime. Emma rayonnait au moment de faire face au public qui acclamait la nouvelle souveraine et elle dégageait une solennité dans son attitude extraordinaire, se tenant avec prestance…Comme Elsa ! Mais au cours du bal, la nouvelle souveraine s'autorisa quelques libertés pour rester avec sa mère et ses sœurs. Les trois reines riaient de bon cœur et Emma servit de guide particulier à Elsa et Anna pendant quelques jours aux Iles du Sud avant que ces dernières ne repartent avec la délégation en Arendelle.
-Ton royaume est superbe Emma. Tu as tout pour être une grande reine !
-D'ailleurs tu es une grande reine ! Tu es comme Elsa et en plus tu as un sourire chaleureux ! Enfin je veux dire Elsa toi aussi tu as un beau sourire hein…Qu'est ce que je dis moi ?
-Merci Anna c'est adorable, surtout ne change jamais ton franc parlé ! Mais je ne sais pas si je suis une si grande reine comme tu dis. Elsa d'ailleurs tu vas être furieuse si je te dis que je ne me suis pas encore intéressé à la politique et la gestion du royaume. Je ne sais rien de mon palais, de sa gestion, des finances, de la justice…C'est à peine si je sais où se trouve ma chambre et la grande salle du château, bon par contre je sais où sont les cuisines !
-Ca reste la pièce essentielle ! Fit Anna avec malice.
-De toute façon Emma, tu en as surtout profité pour découvrir les Iles, tu les connais très bien. C'est important que de connaître ainsi son royaume. Le reste, quelques jours dans les papiers et tu seras au point. Ajouta Elsa.
Les sœurs à nouveau s'embrassèrent en compagnie de Victoria se promettant de venir souvent se voir en Arendelle ou sur les Iles et avec la marée la délégation d'Arendelle reprit la mer pour un voyage paisible vers leur royaume.
Les semaines passèrent, l'été qui était finissant au couronnement d'Emma avait fait place à l'automne qui était désormais bien avancé. Les trois sœurs n'avaient pas encore eu l'occasion de se revoir mais ont souvent eu une correspondance. Emma avait été obligée de voyager dans plusieurs pays pour renouer des traités mais elle espérait pouvoir enfin se stabiliser aux Iles du Sud avant Noel. Les sœurs d'Arendelle avaient de ses nouvelles par Victoria qui était déjà revenue deux fois en Arendelle. Elles avaient même convenues qu'ensemble elles passeraient les fêtes de Noel toutes ensemble au palais de glace d'Elsa ! Depuis, Anna comptait les jours qui la séparait bien entendu de Noel, l'éternel enfant qu'elle restait y voyait toujours autant d'excitation d'autant que cela sera le premier pour sa fille. Mais aussi et surtout car elle allait pouvoir revoir Emma. Le temps passerait très vite désormais, moins d'un mois ! La cadette de toute façon n'avait pas le temps de s'ennuyer, elle se montrait même davantage travailleuse que son ainée. Désormais c'était elle qui était le plus souvent levée la première, et surtout elle était toujours la dernière couchée. Elsa l'admirait, ne sachant où elle pouvait trouver autant d'énergie !
Et un de ces soirs, où elle fut encore la dernière à veiller, Anna fut interpellée par un des serviteurs chargés du courrier alors qu'elle venait de pénétrer dans sa chambre et passer sa robe de nuit verte anis.
-Votre Altesse ! J'ai un message important à vous transmettre.
-Cela ne peut pas attendre demain ? Fit la souveraine d'une voix fatiguée.
-Votre altesse je crains que non, on m'a fait comprendre que c'était de la plus haute importance, cela vient de votre sœur
-De ma sœur ?
-Oui la reine Emma !
-Oh bien sur ! Donnez ! Fit Anna guillerette.
Elle s'empressa de lire le courrier, persuadée que sa sœur allait venir leur faire la surprise d'arriver plus tôt, mais le courrier n'annonçait pas sa venue, le sujet d'ailleurs était tout autre et la rouquine se mordit la lèvre. Repliant la lettre à la fin de la lecture elle s'empressa au travers des couloirs et alla frapper à la porte d'Elsa, réveiller sa sœur. Après trois coups rapides contre la porte, Anna s'empressa de tourner la poignée sans attendre de réponse.
-Elsa vite il faut que tu…Oh pardon ! Fit Anna qui suspendait sa phrase et regardait ses pieds après avoir remarqué que son ainée n'était pas seule
-Qu'y-a-t-il Anna ? S'empressa de demander Elsa qui sortit des couvertures pour la rejoindre dans le couloir, laissant Viktor endormi.
-Est-ce que… Commença Anna terriblement gênée.
-Quoi Anna ?
-Je, j'ai, j'ai vu que…C'est Viktor qui est avec toi ?! Fit Anna d'une toute petite voix.
-Oui c'est Viktor, qu'est ce qu'il y a Anna ? Demanda Elsa quelque peu contrariée d'avoir été dérangée.
-Elsa tu partages ta couche avec Viktor alors que vous…
-Aux faits Anna ! Qu'est ce que tu veux ? Coupa Elsa qui n'avait que très peu de patience, agacée de s'être fait surprendre en galante compagnie.
-Mais Elsa vous…Vous n'êtes pas mariés ! Et…ça, ça fait longtemps que vous…dormez ensemble ?
-Non Anna, c'est la première fois que l'on s'est rejoint. On peut aller dormir maintenant ?
-Et…vous…Vous l'avez fait ? Demanda curieuse Anna en baissant la voix.
-Anna pour la dernière fois qu'est ce que tu veux ? C'est parce que tu nous espionnes ? Lança fortement Elsa furieuse de cette question déplacée.
-Je suis venue pour ça ! Répondit quelque peu gênée Anna.
-J'espère pour toi que c'est important ! Rétorqua Elsa en prenant le papier commençant à le parcourir, puis relevant la tête : Elle nous écrit pour ça et toi tu accours en pleine nuit venir me réveiller pour me montrer ça ?! Dis plutôt que tu m'espionnais !
-Non Elsa je te jure que je n'en savais rien ! Lis la fin tu comprendras ! Encouragea Anna qui vit sa sœur poursuivre la lecture de manière sérieuse.
-Je vois. Se contenta-t-elle de répondre repliant la lettre.
-Mais euh du coup Elsa…Viktor et toi, vous, il va falloir vous marier.
-Nous verrons ça en temps voulu Anna. Maintenant si tu permets je voudrais aller dormir…j'ai bien dit dormir.
Elsa stoppa ainsi la discussion, échangeant un regard complice avec sa sœur au moment de rentrer dans sa chambre alors qu'elle lui rendait la lettre d'Emma. Les deux sœurs s'en retournèrent ainsi chacune dans leurs appartements, allant se blottir auprès de celui pour qui leur cœur battait.
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Jeu 12 Mar 2020, 08:12
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Dim 07 Juin 2020, 23:36
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Dim 03 Jan 2021, 21:43
En fouillant dans les tréfonds du forum... J'ai retrouvé un vestige... Probablement le seul finalement qui ait survécu de l'époque où nous sommes partis du forum avec @Ansa en 2016 et en même temps avec la suppression de tous nos topics notamment les fanfictions...
Bref une période du forum pas forcément celle dont on souhaite se souvenir...Mais qu'importe si tout avait été supprimé
Un petit bonus du tome 2 a su échapper à cette purge dans un topic nommé sobrement Il était un prénom...Emma crée en 2015 par @Ansa
Je le reposte ici...
Enfant perdue
Par une nuit sans lune, un navire d’apparat jeta l’ancre discrètement aux abords du port d’Arendelle. Une barque fut mise à la mer, chargée de rejoindre une petite crique abritée, à quelques centaines de mètres à l’ouest du port. A bord du frêle esquif ; quatre marins vigoureux ramaient énergiquement pour gagner la terre, commandés par un officier de la marine royale des Iles du Sud, également à bord. Enfin, une personne encapuchonnée complétait cet équipage de fortune tenant contre lui deux nourrissons endormis, emmitouflés dans des couvertures.
-Monseigneur, pourquoi nous faire débarquer ainsi ? La mer est traitre à cet endroit, et sans lune nous ne pouvons repérer les rochers ! Un tel débarquement n’est pas prudent, surtout avec de si jeunes enfants à bord !
-Capitaine, vous êtes ici pour obéir aux ordres et certainement pas pour me confier votre avis ! Coupa la personne d’un ton sec.
-Mais monseigneur, pardonnez moi d’insister ! Une personne d’une aussi grande importance que vous ! Arriver ainsi comme un contrebandier ! Cela n’a aucun sens ! Et Arendelle n’est pas un ennemi de notre royaume !
-Encore un seul mot de votre part capitaine et je vous fais mettre à mort sur le champ pour trahison est-ce bien clair ?
-Bien monseigneur ! Déglutit le militaire qui se souvenait du sort macabre de son prédécesseur au poste prestigieux de capitaine du navire royal.
L’homme de mer ruminait ne comprenant pas cette réaction. La personne encapuchonnée ! Son roi ! Un homme si bon et juste sachant gouverner les Iles depuis son accession au trône de manière si juste et prévenante ! Lui le héros qui avait su conquérir le cœur de l’héritière du trône des Iles en la sauvant d’une mort certaine au péril de sa propre vie ! Tout chez cet homme ne transpirait que vertus et bienveillance. Mais il y avait cette part plus sombre du personnage, capable de devenir un homme implacable, sachant se montrer extrêmement dur et sévère de manière quelque peu irraisonnée et incompréhensible. Aussi préféra-t-il par prudence ne rien ajouter pour ne pas contrarier le caractère explosif de la personne encapuchonnée alors que le canot, malgré les courants gagnait la terre après les derniers coups de rame énergiques des marins. Alors, avec une agilité étonnante malgré les mains prises par les deux nourrissons qu’il serrait contre lui, la personne encapuchonnée sauta à terre, plantant ses bottes impeccables sur les galets de la crique. Il observa quelques instants l’obscurité totale. Aucune lumière n’apparaissait, c’était parfait ! Il se retourna alors rapidement vers les hommes toujours dans le canot. Le capitaine s’était contenté d’observer, ne comprenant pas cette attitude ni la présence de ces enfants. Il ne savait pas qui était les parents, mais c’était bien gardé de poser la question. La personne encapuchonnée avait été frappée durement par la vie. Son épouse accouchant, l’enfant n’avait pas survécu. Inutile de poser la question. D’ailleurs, il n’en aurait pas eu le temps car la personne encapuchonnée prit la parole :
-Retournez au navire immédiatement ! Levez l’ancre et rentrez !
-Sans vous monseigneur ?
-Oui sans moi !
-Mais…Sire…
-Ne m’appelez pas ainsi ! Je suis ici anonymement ! Coupa sèchement la personne encapuchonnée.
- Pardonnez-moi. Mais, qu’allons nous dire à la reine Victoria quand elle nous verra sans vous. Notre bien aimée reine est déjà suffisamment dévastée par le grand malheur qui vous a frappé
- De quel malheur parlez-vous ?
-Euh…Eh…Eh bien…La…L’enfantement de votre épouse et…son issue tragique. Peina à articuler le marin ne sachant comment pouvait réagir la personne.
-J’ai interdit à tous de parler de cet événement ! Il n’a jamais eu lieu ! Lança la personne d’une colère contenue pour ne pas hurler et éveiller l’attention.
-Bien…Bien sur vous avez raison. Il…Il ne s’est rien passé. Repris le marin acceptant le déni de la personne encapuchonnée. Un tel drame ne pouvait sans doute jamais se cicatriser, le roi était un homme, sans doute étais-ce là sa façon de surmonter la douleur et il s’en voulait de la lui rappeler de manière si brutale.
-Alors que faîtes vous encore ici ? Riposta la personne d’un ton froid.
-La reine va…Sans doute vouloir néanmoins de vos nouvelles…
-Dites lui que je suis en train de conclure des accords avec nos amis ! Dites lui que je voyage dans divers pays : Weselton, Elredor, Funningur, Coronna….Que sais-je encore ?! Improvisez !
-Mais Monseign…
-Exécution ! Et pas de questions vous dis-je ! Et prenez garde surtout ! Si qui que ce soit apprend par quelque moyen que ce soit que nous sommes venus ici ou puisse avoir le moindre début de soupçon, que cela soit ici ou au royaume, je vous tiendrais pour responsable de cette forfaiture ! Et croyez moi, je ferais moi-même le nœud marin pour votre potence est-ce bien clair ?
-Oui Monseigneur ! Messieurs ! Au navire plus vite que ça ! Lança l’officier peu rassuré du ton employé.
La personne observa quelques instants le canot s’éloigner silencieusement et disparaître au bout de quelques mètres dans la brume. L’homme s’éloigna alors, quittant la petite crique déserte et s’approcha des épais buissons. Une fois la végétation gagnée, il se débarrassa de son sac et il déposa sur quelques feuilles un des nourrissons où seul dépassait des couvertures un petit médaillon en or auquel la personne ne fit pas attention. Tenant toujours le second nourrisson de sa main gauche, il dégaina avec sa main libre sa dague, n’ayant d’yeux que pour le petit être couchée au sol. Il leva alors l’arme blanche au dessus du nouveau né. Il savait ce qu’il devait faire, un coup sec, précis, l’enfant n’aurait même pas le temps de crier ! Son plan pourra alors se poursuivre ! C’était d’une facilité et d’une simplicité diabolique. Mais un petit imprévu arriva alors. En effet, l’homme suspendit son mouvement alors qu’il avait cru entendre une voix et des bruits de pas étouffés. Par crainte d’être surpris, l’homme se hâta de gagner un buisson, rangeant son arme, et, tapis ainsi observa. Dans sa précipitation, l’homme, sans prendre garde avait fait tomber quelques petites brindilles sur le nouveau né posé par terre ce qui l’avait réveillé. Il eut alors la désagréable surprise de l’entendre se réveiller et commencer à pleurer ! La personne encapuchonnée enrageait que le bébé se soit réveillé, attirant les voix qu’il avait repéré. La personne recula d’un pas, tapis dans l’abondante végétation, mettant la main sur la bouche du second nourrisson qui fut éveillé par les pleurs du premier. Le bébé, au bras de la personne, quelque peu apeurée d’avoir collé sur sa bouche la main de l’homme posa ses petites mains sur le bras de ce dernier qui serrait les dents en sentant alors un froid vif au niveau des mains du nourrisson. Malgré cela, la personne encapuchonnée resta aux aguets alors qu’un homme et une femme, pauvrement vêtus s’approchaient du couffin resté dans les fourrés.
-Un bébé seul ! S’exclama la femme
-Où sont ses parents ? Est-ce qu’il y a quelqu’un ? Appela l’homme qui s’approchait de l’endroit où se trouvait la personne encapuchonnée qui serrait alors de sa main libre sa dague, prêt à toute éventualité.
-Regarde elle a un médaillon !
-Elle ? Fit l’homme qui s’éloignait de la cachette de la personne encapuchonnée.
-Oui regarde ! C’est une petite fille ! Et le médaillon ! Il y a son nom !...Emma ! Elle s’appelle Emma !
-…Ou Elsa ! Fit remarquer l’homme en montrant le second prénom qui partageait le même « E » sur le médaillon. Dans le même temps la personne encapuchonnée se maudissait d’avoir laissé sur les nourrissons ces petites médailles et s’empressa de l’enlever du nourrisson toujours dans ses bras.
-Emma est écrit sur le dessus, je pense que c’est Emma son prénom ! Oui je le sens ! Elle s’appelle Emma !...Elsa ça doit être peut être le nom de sa mère ? Supposa la femme.
-Et où est-elle donc sa mère ? On ne laisse pas un nourrisson si jeune en pleine nuit dans la nature tout de même !
-Je ne sais pas. As-tu repéré quelque chose ou quelqu’un aux alentours ?
-Rien d’autre que le silence et le noir de la nuit sans lune. Soupira l’homme.
-Pauvre petite ! Si jeune et pourtant si tranquille ! Vite, rentrons la réchauffer ! Nous lui ferons un feu ! Dit la femme en prenant la petite
-Mais que fais-tu ?
-Je ne vais tout de même pas laisser une si jeune enfant sans défense dans cette nuit froide ! Elle ne passera pas la nuit ! Elle vient avec nous !
-Soit ! Mais une seule nuit ! Nous tacherons dès demain d’aller en Arendelle pour trouver ses parents !
-Regarde ! Lança la femme en montrant un petit sac dans lequel elle venait de buter. En l’ouvrant elle en sortit un petit tablier de pierres rondes représentant un magnifique dessin de deux jeunes femmes, habillées en rouge et en bleu : Je pense que ça ne sera pas nécessaire de chercher ! C’est une enfant abandonnée c’est certain ! Peter c’et un cadeau du ciel ! C’est comme si on nous offrait la possibilité d’être parents nous aussi !
-Voyons Wendy tu divagues ! Tu tires des conclusions bien hâtives à partir d’un simple sac ?!
-Peter ! Toi aussi tu as été un enfant perdu ! Toi qui l’as été, oses dire que tu ne vois pas en cette petite une enfant perdue ? Oses dire que toi Peter ! L’enfant qui s’occupait des autres tu vas laisser une petite fille perdue sur le bord de la route. Où est le Peter chef des enfants perdus ? Le Peter qui n’abandonne et n’échoue jamais ?
-Il est toujours là ! Inutile de sortir les grands discours Wendy. Tu as raison, emmenons cette petite avec nous, elle a besoin d’un foyer !
-Bienvenue dans notre vie Emma ! Nous ne t’abandonnerons pas je te le promets ! Nous ne sommes pas riches, mais notre âme et notre imagination le sont ! Pour nous tu es notre petite princesse ! Nous te jurons fidélité princesse Emma ! Nous ferons tout pour toi ! Fit Wendy en serrant de manière maternelle la petite dans ses bras, alors que Peter ramassait le sac de jute.
La personne encapuchonnée n’avait pas perdu une miette de la scène et fulminait alors qu’il voyait l’homme rejoindre son épouse et s’éloigner avec elle et le nourrisson dans la brume en direction de leur petite carriole. Comment avait-il pu être si négligeant ?! Après mille et une intrigues et précautions prises. Avoir fait croire au royaume que la souveraine avait accouché d’une seule enfant qui n’avait pas survécu. Avoir réussi à cacher aux yeux de tous, les étonnantes dispositions que montrait celle qui avait été prénommée Elsa. Avoir fait croire à la reine la disparition des deux nourrissons, tout justes baptisés et médaillés, les avoir fait embarquer à la hâte et de manière clandestine. Le voilà qui échouait dans la partie la plus simple de ce plan. Faire disparaître la première, avant d’emmener la seconde avec lui au château d’Arendelle. Au lieu de ça Emma lui échappait à cause de deux paysans mais pire encore ! Ils avaient emmenés avec eux de précieux indices susceptibles de les faire un jour remonter la piste jusqu’à lui ! Non c’était ridicule ! Des paysans, comment pourraient-ils comprendre ? Mais qui sait ce qu’il peut advenir ? Si ce tablier venait à être connu, ou le médaillon ? C’était un risque énorme pour la personne encapuchonnée mais il ne pouvait cependant prendre un autre risque en suivant ce couple de braves gens qui recueillaient la petite. L’aurore allait arriver, et il lui fallait rentrer au plus vite, respecter son plan pour ne pas compromettre sa couverture ni éveiller de soupçons. Tant pis, il aura sans doute le temps plus tard de retrouver ce couple, cet enfant, et tacher de les faire taire ! En attendant, il se hâta de gagner les faubourgs d’Arendelle et d’enlever son déguisement. En un tour de main le voilà métamorphosé et redevenu le souverain d’Arendelle. Il était désormais prêt à annoncer à son épouse, la reine d’Arendelle, le miracle dont il avait été malgré lui l’acteur. Le héros qui avait sauvé ce nourrisson qu’il tenait dans ses bras, et le signe divin qui lui fit comprendre que cette petite était un cade au du ciel qu’il fallait élever et considérer comme la princesse d’Arendelle. La reine d’Arendelle ne saurait s’y opposer. Elle avait tant prié pour que la guerre dans son royaume cesse et lui était arrivé pour y mettre fin. Depuis elle avait l’impression que cet homme était comme habité par une part de divin.
Pendant ce temps, Wendy et Peter regagnaient une petite mansarde dans les bois. A la hâte Wendy tachait d’installer des couvertures au plus près de l’humble cheminée alors que Peter allumait un feu. Le couple déposa alors la petite Emma qui les regardait de ses grands yeux bleus. Peter semblait attendri, maintenant c’était vrai il se remémorait son passé d’enfant perdu. Il avait comme Wendy vécu en orphelinat et devenu adulte ils avaient quitté ce monde rempli d’enfants après avoir passé leur adolescence à s’occuper des plus jeunes. Peter avait été comme leur chef, les encourageant avec son épée en bois et Wendy leur lisait des histoires. A leur départ, chacun avait laissé leur objet fétiche, l’épée de Peter était restée, ainsi que le livre de Wendy et les aventures de Flynnagan Rider…Un autre enfant allait prendre le relais. Quant à eux, ils s’étaient jurés de vivre leur vie d’adulte à ne jamais laisser un enfant seul, ils avaient commencés en emmenant avec eux les deux jeunes frères de Wendy qui, une fois devenu adultes ont pu quitter le couple reconnaissant et gardant contact. La providence leur avait refusé à tous deux d’avoir eux même une descendance malgré leur âme d’enfant. Aujourd’hui, ils devenaient finalement parents. Emma…Emma serait la dernière enfant perdue sous la protection de Peter, et de Wendy qui lui apportait un peu de lait de chèvre que le bébé téta goulument dans les bras de sa nouvelle maman. Le bébé fatigué commençait à s’endormir, Wendy sortit alors d’une commande un vieux nounours, celui qui suivait constamment son plus jeune frère Michel. Le vieux compagnon allait pouvoir contenter un nouvel enfant.
Le couple resta ainsi avec la petite dans les bras près du feu, ils finirent par s’endormir après que Peter eût rangé le tablier et la médaille d’Emma. Quand elle sera grande, ou si elle en fait la demande, il les lui rendra, et qui sait, peut être que la petite fille perdue un jour sera retrouvée. Le lendemain, Peter se leva aux aurores, malgré ses faibles moyens financiers il décida d’aller en ville, acheter un petit vêtement pour sa petite princesse. Il quitta alors silencieusement la pièce et s’éclipsa. Au bout d’une longue heure de marche il arriva enfin aux faubourgs d’Arendelle croisant, sans le savoir une personne encapuchonnée qui fouillait chaque maison à la recherche d’un nourrisson, une dague cachée dans le revers de sa cape. La personne non plus ne repéra pas le brave homme qui entrait dans une petite échoppe alors que cette dernière sortait d’une maison vierge de toute présence d’enfant.
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Plus loin d’ici dans la forêt, Wendy s’éveilla avec la petite merveille dans les bras. Elle ne pouvait détacher son regard de ce petit être et ne cessait de répéter à voix basse « ma petite princesse Emma. ». Wendy en avait tant rêvée ! Pouvoir être mère ! Elle avait été considérée comme telle par les enfants perdus de l’orphelinat qui l’appelaient gentiment « maman Wendy ». Adulte, aidée de Peter elle avait élevé Jean et Michel, mais c’était différent, elle était leur grande sœur ! Mais pendant tout ce temps, jamais elle n’avait eu la chance d’avoir un enfant à elle. Et les années avaient passées, avec elles, ses chances de devenir mère s’évaporaient, et finalement, alors que l’espoir l’avait quitté, ce petit miracle ! Sa dernière chance ! Il n’était pas question de la laisser passer ! Elle se jurait d’être la meilleure mère possible pour cette petite Emma !
-Emma je te le promets, je serais la meilleure maman possible. Je serais toujours là pour toi ! Jamais je ne te laisserais, je te soutiendrais toujours jusqu’à mon dernier souffle ! Toujours je te protégerais !
Wendy câlinait la petite, elle n’avait pas fait attention qu’en partant Peter avait laissé la porte ouverte et c’est en entendant les quelques gazouillis d’Emma que Wendy, se retournant eût un cri d’effroi ! Quatre loups étaient entrés dans la modeste mansarde, affamés, ils s’approchaient de la femme qui d’instinct protégeait l’enfant. D’une main valide, elle attrapait le tisonnier de la cheminée afin d’empêcher les loups d’avancer mais ces derniers ne semblaient pas particulièrement effrayés. Finalement, l’un deux, plus malin, ou plus rapide que les autres réussit à coincer le tisonnier dans sa gueule. Tirant de toutes ses forces il l’arracha des mains de Wendy qui leur lançait les rares objets qu’elle trouvait à portée de main pour les empêcher d’avancer et se réfugier derrière la table. Malheureusement ce ne sont pas deux petits chandeliers qui arrêtaient les bêtes sauvages dont la chasse semblait presque trop facile. Les hurlements des loups avaient pleinement réveillé et surtout effrayé Emma qui se mettait à hurler dans les bras de sa mère adoptive qui la regardait découragée de ne pouvoir mieux la protéger. C’est alors qu’un miracle se produisit. Le nourrisson battait ses petits bras, prit par la panique du bruit des grognements et soudain, des flammes sortirent des menottes de la fillette. Les premières touchèrent le museau du premier des loups qui recula en poussant un cri de douleur. Les flammes continuaient alors que Wendy observait stupéfaite le prodige de la petite Emma. Le feu avait quelque peu refroidit les ardeurs des bêtes alors que quelques flammes arrivèrent sur le tapis de la pièce. Ce dernier s’embrasa rapidement et les flammes s’attaquèrent rapidement à la réserve de foin situé juste à côté. Aussitôt un grand incendie se déclara dans la modeste demeure fait de bois. Les loups aussitôt abandonnèrent la chasse jugée sans doute beaucoup trop dangereuse alors que la pièce était remplie d’une épaisse fumée nauséabonde. Wendy toussait, cachant du mieux possible la tête d’Emma contre sa poitrine pour la protéger de la fumée. Elle traversa la pièce enflammée, sauvant au dernier moment dans la commode le sac de jute qu’avait entreposé Peter la nuit dernière. Puis attrapant à la hâte le nounours, dernier souvenir matériel qu’elle conservait de ses frères elle sortit de la maisonnette en flammes dont les premières fondations commençaient à tomber. Elle s’échappa aussi vite qu’elle put, manquant de tomber en heurtant un rocher, elle y abandonna son châle et en fut quitte pour une violente douleur au pied. Wendy courrait dans la forêt, crachant la fumée de ses poumons et priant pour que les loups ne l’ait pas suivi. Au bout de quelques minutes, elle s’arrêta essoufflée, seule avec la petite au milieu d’une clairière. Elle la posa, vérifiant qu’elle n’était pas blessée. Emma la regardait de ses grands yeux bleus sans trop comprendre, soudain apaisée, ses menottes n’étaient plus rouges et n’étaient même pas chaudes. Miracle, elle n’avait aucune trace de brulure. Wendy en revanche était un peu brulée au bras droit mais ça n’était qu’un moindre mal par rapport aux loups et à l’importance de l’incendie. Peu à peu elle recouvrait ses esprits. La petite Emma pouvait créer des flammes ! C’était impossible, pourtant c’était la réalité ! Au lieu de s’en apeurer et considérer ce nourrisson comme tant de gens ferait, elle la prit doucement dans les bras, la berçant tendrement.
-Tu…Tu nous as sauvés des loups ! Sans toi nous leur servions de repas ! Tu es vraiment une petite princesse pleine de surprises ! Ne t’en fais pas petite enfant du feu ! Nous trouverons une autre maison !
Après son étreinte, Wendy tachait de s’appliquer un peu d’eau fraiche sur sa blessure. Ses grimaces faisait rire la petite Emma, alors qu’elle tachait de ne pas lui montrer qu’elle avait mal. Afin de distraire l’enfant, elle la faisait sautiller sur ses genoux. Les rires d’Emma lui faisaient oublier la morsure de la brulure. Wendy était simplement heureuse d’entendre ce rire d’enfant. Elle continuait à s’agiter et alors que le bébé rirait, en tapant dans ses mains de nouvelles petites étincelles jaillirent. Wendy s’arrêta immédiatement. Si un feu se déclarait ici en pleine forêt, cela pourrait être dramatique et elle se jurait qu’elle aiderait la petite Emma à contrôler ce don du ciel.
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A plusieurs centaines de mètres de là, l’odeur des flammes avait attiré un homme encapuchonnée, en quête d’une enfant disparue depuis le début de matinée. Ses recherches en Arendelle s’étaient révélées vaines et il enrageait de ne pas être capable en son propre royaume de retrouver un couple de paysans et un bébé alors qu’il caressait la poignée de sa dague, imaginant l’instant où il mettrait enfin la main sur ces gens. La personne, marcha quelques instants dans les fourrés pour arriver sur les lieux de l’incendie qui l’avait attiré. Une modeste mansarde en bois brulait, il n’y av ait clairement rien à faire, tout allait s’effondrer ! Comment se faisait-il qu’un pareil incendie se soit déclaré, la personne encapuchonnée ne le savait pas, mais n’en avait que faire, ce qui l’intéressait c’était retrouver le bébé. Approchant de quelques pas, au plus près de la maison en flammes, il se stoppa. Si des gens vivaient ici et n’avaient pas quitté les lieux, à l’heure qu’il est ils ne devaient plus être qu’un tas de chair carbonisés. La personne dans sa jeunesse avait été avide d’aventures et se souvenait du temps où il sauvait la veuve et l’orphelin, une bonne action de temps à autre, dans les flots de complots qu’il menait pouvait quelque peu racheter son âme, mais il n’y avait plus rien à faire ici ! Soudain, baissant les yeux il vit un objet qui attira son attention. Le ramassant il reconnu aussitôt malgré une partie brulée la couverture dans laquelle était enveloppé Emma quand il avait débarqué la veille ! Un sourire apparût alors sur le visage de la personne encapuchonnée, admirant l’incendie. Il n’avait même pas besoin de se salir les mains, le destin s’en était chargé ! Ce bébé avait sans doute péri dans l’incendie ! Voilà qui réglait bon nombre de ses soucis ! Sans aucun remord ni tristesse, il tourna les talons, s’en retournant au château retrouver une de ses identités officielles.
La maisonnette continuait de bruler et au bout de quelques minutes la charpente céda et le tout s’effondra sur lui-même dans un vacarme que personne en cet endroit reculé ne pouvait entendre, laissant le feu faire disparaître ce qui fut l’abri de Wendy et Peter. Peter justement revenait de ses courses. L’odeur l’avait inquiété et avait couru jusqu’à la maison et constatait désormais totalement désemparée la catastrophe, ne voyant que des débits fumants. Il imagina le pire ! Wendy ! Le bébé ! Peter retenait ses larmes, il ne voulait pas y croire, et se moquant du danger que cela pouvait représenter il s’approchait des débits de bois brulés, dans l’espoir de trouver quelque chose…ou un miracle ! Rien de tout cela cependant, il ne pouvait que constater que les rares biens qu’il possédait n’étaient plus qu’un amat de cendres et restes carbonisés. Poussant ce qui devait être un débit de table il s’asseyait sur un morceau de granit qui devait composer la cheminée. Il scruta alors l’horizon la tête dans le vague. Aucun corps n’était ici ! Il s’accrochait à cet espoir ! Peut être que Wendy s’était absentée au moment de la catastrophe ! Il regardait l’herbe grasse devant lui et soudain quelque chose attira son regard. Se relevant il s’avança vers ce qu’il avait repéré et reprit espoir. Le châle ! C’était le châle de Wendy ! Elle ne s’en séparait jamais ! S’il était ainsi perdu au milieu de l’herbe, cela voulait sans doute dire que Wendy avait fuit la maison !
Peter choisit de s’accrocher à cet espoir et partit en trombe dans la forêt. Si Wendy avait pu s’enfuir, il n’y avait qu’un seul endroit où elle avait pu aller. Ce qu’ils appelaient quand Jean et Michel vivaient encore avec eux l’arbre des pendus ! A côté des gigantesques arbres pleins de grandes lianes, une petite cabane qu’ils avaient construits avec les garçons et humblement aménagée ! Voilà un refuge parfait !
Après une longue heure de marche, Peter retrouva le sourire, il apercevait l’arbre des pendus, et résonnait des petits pleurs d’enfants. Emma sans doute ! Elle devait avoir faim ! Mais ses pleurs étaient une bénédiction ! Elle était en vie, et si elle l’était, c’est que Wendy l’avait amenée ici ! Il couru aussi vite que possible ouvrant violemment la porte de la cabane. Wendy sursauta manquant de faire tomber l’humble récipient qui servait de biberon à la petite et sourit sautant dans les bras de son bien aimé.
-Wendy j’ai eu si peur ! Notre chez nous ! Tout…Tout a brulé !
-Je sais, nous nous sommes enfuies ! Des loups sont entrés dans la maison…C’est grâce à Emma que nous sommes en vie !
Peter embrassa sa belle et la regarda circonspect ne comprenant pas. Wendy le fit s’installer et raconta alors leur folle aventure. Quand elle eût fini, malgré l’imagination débordante qui caractérisait Peter ce dernier n’était pas franchement convaincu. Wendy décida alors de le persuader en faisant rire la fillette comme elle l’avait fait dans la clairière quelques heures auparavant. Le miracle ne tarda pas à se produire, Emma en riant tapait dans ses mains, et de petites étincelles apparaissaient.
Peter en fut convaincu et prit la petite dans ses bras la levant au dessus de lui.
-C’est donc toi qui a fait brulé la maison ?
-Peter elle ne l’a pas fait exprès ! S’opposa Wendy
-Je me doute Wendy ne t’en fais pas ce n’est qu’un peu de bois et quelques meubles sans valeur. Nous pouvons très bien vivre ici ! Ma petite princesse Emma, tu as donc sauvé Wendy ?! Pour ça je te serais éternellement reconnaissant. Tu nous as protégés, c’est à notre tour de faire de même ! Parole de Peter ! Et j’ai quelque chose pour toi ma princesse.
Peter reposa Emma dans les bras de Wendy et sortit de son sac ce qu’il était parti chercher en Arendelle, dévoilant une petite robe de bébé rouge feu. Wendy en fut attendrie et s’empressa de la passer à la petite.
-On dirait qu’elle a été faite pour elle ! S’extasia-t-elle.
-Oui, et vu le don qu’elle a, on peut dire que la couleur correspond parfaitement à cette petite princesse du feu ! Oh et j’ai ça aussi pour être au dessus de son lit…Enfin, quand nous lui en auront construit un ! Fit Peter en montrant un petit objet doré.
-Une clochette ? Peter ! Tu sais que je déteste ça ! Ca me rappelle quand nous étions enfants, tu en avais une et je n’arrêtais pas de me cogner dedans, à croire que cette Clochette ne m’aimait pas !
-Allons Wendy, dans chaque clochette se trouve l’esprit d’une fée bienveillante qui veille sur nous. En plus de nous pour la protéger, Emma aura sa fée Clochette pour la guider !
-Et son bien être sera notre bonheur ! Conclut Wendy qui couchait la petite sur l’humble paillasse de la cabane, posant sa fée Clochette à côté d’elle.
Wendy et Peter regardèrent ainsi de longues minutes la petite Emma paisible. Malgré leur condition miséreuse ils se sentaient plus heureux que des rois. Au fond d’eux ils sentaient que cette enfant aux pouvoirs extraordinaires allait avoir un destin incroyable. Et eux feront tout pour l’aider à grandir heureuse et la soutiendraient jusqu’à leur dernier souffle…
Bref une période du forum pas forcément celle dont on souhaite se souvenir...Mais qu'importe si tout avait été supprimé
Un petit bonus du tome 2 a su échapper à cette purge dans un topic nommé sobrement Il était un prénom...Emma crée en 2015 par @Ansa
Je le reposte ici...
Enfant perdue
Par une nuit sans lune, un navire d’apparat jeta l’ancre discrètement aux abords du port d’Arendelle. Une barque fut mise à la mer, chargée de rejoindre une petite crique abritée, à quelques centaines de mètres à l’ouest du port. A bord du frêle esquif ; quatre marins vigoureux ramaient énergiquement pour gagner la terre, commandés par un officier de la marine royale des Iles du Sud, également à bord. Enfin, une personne encapuchonnée complétait cet équipage de fortune tenant contre lui deux nourrissons endormis, emmitouflés dans des couvertures.
-Monseigneur, pourquoi nous faire débarquer ainsi ? La mer est traitre à cet endroit, et sans lune nous ne pouvons repérer les rochers ! Un tel débarquement n’est pas prudent, surtout avec de si jeunes enfants à bord !
-Capitaine, vous êtes ici pour obéir aux ordres et certainement pas pour me confier votre avis ! Coupa la personne d’un ton sec.
-Mais monseigneur, pardonnez moi d’insister ! Une personne d’une aussi grande importance que vous ! Arriver ainsi comme un contrebandier ! Cela n’a aucun sens ! Et Arendelle n’est pas un ennemi de notre royaume !
-Encore un seul mot de votre part capitaine et je vous fais mettre à mort sur le champ pour trahison est-ce bien clair ?
-Bien monseigneur ! Déglutit le militaire qui se souvenait du sort macabre de son prédécesseur au poste prestigieux de capitaine du navire royal.
L’homme de mer ruminait ne comprenant pas cette réaction. La personne encapuchonnée ! Son roi ! Un homme si bon et juste sachant gouverner les Iles depuis son accession au trône de manière si juste et prévenante ! Lui le héros qui avait su conquérir le cœur de l’héritière du trône des Iles en la sauvant d’une mort certaine au péril de sa propre vie ! Tout chez cet homme ne transpirait que vertus et bienveillance. Mais il y avait cette part plus sombre du personnage, capable de devenir un homme implacable, sachant se montrer extrêmement dur et sévère de manière quelque peu irraisonnée et incompréhensible. Aussi préféra-t-il par prudence ne rien ajouter pour ne pas contrarier le caractère explosif de la personne encapuchonnée alors que le canot, malgré les courants gagnait la terre après les derniers coups de rame énergiques des marins. Alors, avec une agilité étonnante malgré les mains prises par les deux nourrissons qu’il serrait contre lui, la personne encapuchonnée sauta à terre, plantant ses bottes impeccables sur les galets de la crique. Il observa quelques instants l’obscurité totale. Aucune lumière n’apparaissait, c’était parfait ! Il se retourna alors rapidement vers les hommes toujours dans le canot. Le capitaine s’était contenté d’observer, ne comprenant pas cette attitude ni la présence de ces enfants. Il ne savait pas qui était les parents, mais c’était bien gardé de poser la question. La personne encapuchonnée avait été frappée durement par la vie. Son épouse accouchant, l’enfant n’avait pas survécu. Inutile de poser la question. D’ailleurs, il n’en aurait pas eu le temps car la personne encapuchonnée prit la parole :
-Retournez au navire immédiatement ! Levez l’ancre et rentrez !
-Sans vous monseigneur ?
-Oui sans moi !
-Mais…Sire…
-Ne m’appelez pas ainsi ! Je suis ici anonymement ! Coupa sèchement la personne encapuchonnée.
- Pardonnez-moi. Mais, qu’allons nous dire à la reine Victoria quand elle nous verra sans vous. Notre bien aimée reine est déjà suffisamment dévastée par le grand malheur qui vous a frappé
- De quel malheur parlez-vous ?
-Euh…Eh…Eh bien…La…L’enfantement de votre épouse et…son issue tragique. Peina à articuler le marin ne sachant comment pouvait réagir la personne.
-J’ai interdit à tous de parler de cet événement ! Il n’a jamais eu lieu ! Lança la personne d’une colère contenue pour ne pas hurler et éveiller l’attention.
-Bien…Bien sur vous avez raison. Il…Il ne s’est rien passé. Repris le marin acceptant le déni de la personne encapuchonnée. Un tel drame ne pouvait sans doute jamais se cicatriser, le roi était un homme, sans doute étais-ce là sa façon de surmonter la douleur et il s’en voulait de la lui rappeler de manière si brutale.
-Alors que faîtes vous encore ici ? Riposta la personne d’un ton froid.
-La reine va…Sans doute vouloir néanmoins de vos nouvelles…
-Dites lui que je suis en train de conclure des accords avec nos amis ! Dites lui que je voyage dans divers pays : Weselton, Elredor, Funningur, Coronna….Que sais-je encore ?! Improvisez !
-Mais Monseign…
-Exécution ! Et pas de questions vous dis-je ! Et prenez garde surtout ! Si qui que ce soit apprend par quelque moyen que ce soit que nous sommes venus ici ou puisse avoir le moindre début de soupçon, que cela soit ici ou au royaume, je vous tiendrais pour responsable de cette forfaiture ! Et croyez moi, je ferais moi-même le nœud marin pour votre potence est-ce bien clair ?
-Oui Monseigneur ! Messieurs ! Au navire plus vite que ça ! Lança l’officier peu rassuré du ton employé.
La personne observa quelques instants le canot s’éloigner silencieusement et disparaître au bout de quelques mètres dans la brume. L’homme s’éloigna alors, quittant la petite crique déserte et s’approcha des épais buissons. Une fois la végétation gagnée, il se débarrassa de son sac et il déposa sur quelques feuilles un des nourrissons où seul dépassait des couvertures un petit médaillon en or auquel la personne ne fit pas attention. Tenant toujours le second nourrisson de sa main gauche, il dégaina avec sa main libre sa dague, n’ayant d’yeux que pour le petit être couchée au sol. Il leva alors l’arme blanche au dessus du nouveau né. Il savait ce qu’il devait faire, un coup sec, précis, l’enfant n’aurait même pas le temps de crier ! Son plan pourra alors se poursuivre ! C’était d’une facilité et d’une simplicité diabolique. Mais un petit imprévu arriva alors. En effet, l’homme suspendit son mouvement alors qu’il avait cru entendre une voix et des bruits de pas étouffés. Par crainte d’être surpris, l’homme se hâta de gagner un buisson, rangeant son arme, et, tapis ainsi observa. Dans sa précipitation, l’homme, sans prendre garde avait fait tomber quelques petites brindilles sur le nouveau né posé par terre ce qui l’avait réveillé. Il eut alors la désagréable surprise de l’entendre se réveiller et commencer à pleurer ! La personne encapuchonnée enrageait que le bébé se soit réveillé, attirant les voix qu’il avait repéré. La personne recula d’un pas, tapis dans l’abondante végétation, mettant la main sur la bouche du second nourrisson qui fut éveillé par les pleurs du premier. Le bébé, au bras de la personne, quelque peu apeurée d’avoir collé sur sa bouche la main de l’homme posa ses petites mains sur le bras de ce dernier qui serrait les dents en sentant alors un froid vif au niveau des mains du nourrisson. Malgré cela, la personne encapuchonnée resta aux aguets alors qu’un homme et une femme, pauvrement vêtus s’approchaient du couffin resté dans les fourrés.
-Un bébé seul ! S’exclama la femme
-Où sont ses parents ? Est-ce qu’il y a quelqu’un ? Appela l’homme qui s’approchait de l’endroit où se trouvait la personne encapuchonnée qui serrait alors de sa main libre sa dague, prêt à toute éventualité.
-Regarde elle a un médaillon !
-Elle ? Fit l’homme qui s’éloignait de la cachette de la personne encapuchonnée.
-Oui regarde ! C’est une petite fille ! Et le médaillon ! Il y a son nom !...Emma ! Elle s’appelle Emma !
-…Ou Elsa ! Fit remarquer l’homme en montrant le second prénom qui partageait le même « E » sur le médaillon. Dans le même temps la personne encapuchonnée se maudissait d’avoir laissé sur les nourrissons ces petites médailles et s’empressa de l’enlever du nourrisson toujours dans ses bras.
-Emma est écrit sur le dessus, je pense que c’est Emma son prénom ! Oui je le sens ! Elle s’appelle Emma !...Elsa ça doit être peut être le nom de sa mère ? Supposa la femme.
-Et où est-elle donc sa mère ? On ne laisse pas un nourrisson si jeune en pleine nuit dans la nature tout de même !
-Je ne sais pas. As-tu repéré quelque chose ou quelqu’un aux alentours ?
-Rien d’autre que le silence et le noir de la nuit sans lune. Soupira l’homme.
-Pauvre petite ! Si jeune et pourtant si tranquille ! Vite, rentrons la réchauffer ! Nous lui ferons un feu ! Dit la femme en prenant la petite
-Mais que fais-tu ?
-Je ne vais tout de même pas laisser une si jeune enfant sans défense dans cette nuit froide ! Elle ne passera pas la nuit ! Elle vient avec nous !
-Soit ! Mais une seule nuit ! Nous tacherons dès demain d’aller en Arendelle pour trouver ses parents !
-Regarde ! Lança la femme en montrant un petit sac dans lequel elle venait de buter. En l’ouvrant elle en sortit un petit tablier de pierres rondes représentant un magnifique dessin de deux jeunes femmes, habillées en rouge et en bleu : Je pense que ça ne sera pas nécessaire de chercher ! C’est une enfant abandonnée c’est certain ! Peter c’et un cadeau du ciel ! C’est comme si on nous offrait la possibilité d’être parents nous aussi !
-Voyons Wendy tu divagues ! Tu tires des conclusions bien hâtives à partir d’un simple sac ?!
-Peter ! Toi aussi tu as été un enfant perdu ! Toi qui l’as été, oses dire que tu ne vois pas en cette petite une enfant perdue ? Oses dire que toi Peter ! L’enfant qui s’occupait des autres tu vas laisser une petite fille perdue sur le bord de la route. Où est le Peter chef des enfants perdus ? Le Peter qui n’abandonne et n’échoue jamais ?
-Il est toujours là ! Inutile de sortir les grands discours Wendy. Tu as raison, emmenons cette petite avec nous, elle a besoin d’un foyer !
-Bienvenue dans notre vie Emma ! Nous ne t’abandonnerons pas je te le promets ! Nous ne sommes pas riches, mais notre âme et notre imagination le sont ! Pour nous tu es notre petite princesse ! Nous te jurons fidélité princesse Emma ! Nous ferons tout pour toi ! Fit Wendy en serrant de manière maternelle la petite dans ses bras, alors que Peter ramassait le sac de jute.
La personne encapuchonnée n’avait pas perdu une miette de la scène et fulminait alors qu’il voyait l’homme rejoindre son épouse et s’éloigner avec elle et le nourrisson dans la brume en direction de leur petite carriole. Comment avait-il pu être si négligeant ?! Après mille et une intrigues et précautions prises. Avoir fait croire au royaume que la souveraine avait accouché d’une seule enfant qui n’avait pas survécu. Avoir réussi à cacher aux yeux de tous, les étonnantes dispositions que montrait celle qui avait été prénommée Elsa. Avoir fait croire à la reine la disparition des deux nourrissons, tout justes baptisés et médaillés, les avoir fait embarquer à la hâte et de manière clandestine. Le voilà qui échouait dans la partie la plus simple de ce plan. Faire disparaître la première, avant d’emmener la seconde avec lui au château d’Arendelle. Au lieu de ça Emma lui échappait à cause de deux paysans mais pire encore ! Ils avaient emmenés avec eux de précieux indices susceptibles de les faire un jour remonter la piste jusqu’à lui ! Non c’était ridicule ! Des paysans, comment pourraient-ils comprendre ? Mais qui sait ce qu’il peut advenir ? Si ce tablier venait à être connu, ou le médaillon ? C’était un risque énorme pour la personne encapuchonnée mais il ne pouvait cependant prendre un autre risque en suivant ce couple de braves gens qui recueillaient la petite. L’aurore allait arriver, et il lui fallait rentrer au plus vite, respecter son plan pour ne pas compromettre sa couverture ni éveiller de soupçons. Tant pis, il aura sans doute le temps plus tard de retrouver ce couple, cet enfant, et tacher de les faire taire ! En attendant, il se hâta de gagner les faubourgs d’Arendelle et d’enlever son déguisement. En un tour de main le voilà métamorphosé et redevenu le souverain d’Arendelle. Il était désormais prêt à annoncer à son épouse, la reine d’Arendelle, le miracle dont il avait été malgré lui l’acteur. Le héros qui avait sauvé ce nourrisson qu’il tenait dans ses bras, et le signe divin qui lui fit comprendre que cette petite était un cade au du ciel qu’il fallait élever et considérer comme la princesse d’Arendelle. La reine d’Arendelle ne saurait s’y opposer. Elle avait tant prié pour que la guerre dans son royaume cesse et lui était arrivé pour y mettre fin. Depuis elle avait l’impression que cet homme était comme habité par une part de divin.
Pendant ce temps, Wendy et Peter regagnaient une petite mansarde dans les bois. A la hâte Wendy tachait d’installer des couvertures au plus près de l’humble cheminée alors que Peter allumait un feu. Le couple déposa alors la petite Emma qui les regardait de ses grands yeux bleus. Peter semblait attendri, maintenant c’était vrai il se remémorait son passé d’enfant perdu. Il avait comme Wendy vécu en orphelinat et devenu adulte ils avaient quitté ce monde rempli d’enfants après avoir passé leur adolescence à s’occuper des plus jeunes. Peter avait été comme leur chef, les encourageant avec son épée en bois et Wendy leur lisait des histoires. A leur départ, chacun avait laissé leur objet fétiche, l’épée de Peter était restée, ainsi que le livre de Wendy et les aventures de Flynnagan Rider…Un autre enfant allait prendre le relais. Quant à eux, ils s’étaient jurés de vivre leur vie d’adulte à ne jamais laisser un enfant seul, ils avaient commencés en emmenant avec eux les deux jeunes frères de Wendy qui, une fois devenu adultes ont pu quitter le couple reconnaissant et gardant contact. La providence leur avait refusé à tous deux d’avoir eux même une descendance malgré leur âme d’enfant. Aujourd’hui, ils devenaient finalement parents. Emma…Emma serait la dernière enfant perdue sous la protection de Peter, et de Wendy qui lui apportait un peu de lait de chèvre que le bébé téta goulument dans les bras de sa nouvelle maman. Le bébé fatigué commençait à s’endormir, Wendy sortit alors d’une commande un vieux nounours, celui qui suivait constamment son plus jeune frère Michel. Le vieux compagnon allait pouvoir contenter un nouvel enfant.
Le couple resta ainsi avec la petite dans les bras près du feu, ils finirent par s’endormir après que Peter eût rangé le tablier et la médaille d’Emma. Quand elle sera grande, ou si elle en fait la demande, il les lui rendra, et qui sait, peut être que la petite fille perdue un jour sera retrouvée. Le lendemain, Peter se leva aux aurores, malgré ses faibles moyens financiers il décida d’aller en ville, acheter un petit vêtement pour sa petite princesse. Il quitta alors silencieusement la pièce et s’éclipsa. Au bout d’une longue heure de marche il arriva enfin aux faubourgs d’Arendelle croisant, sans le savoir une personne encapuchonnée qui fouillait chaque maison à la recherche d’un nourrisson, une dague cachée dans le revers de sa cape. La personne non plus ne repéra pas le brave homme qui entrait dans une petite échoppe alors que cette dernière sortait d’une maison vierge de toute présence d’enfant.
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Plus loin d’ici dans la forêt, Wendy s’éveilla avec la petite merveille dans les bras. Elle ne pouvait détacher son regard de ce petit être et ne cessait de répéter à voix basse « ma petite princesse Emma. ». Wendy en avait tant rêvée ! Pouvoir être mère ! Elle avait été considérée comme telle par les enfants perdus de l’orphelinat qui l’appelaient gentiment « maman Wendy ». Adulte, aidée de Peter elle avait élevé Jean et Michel, mais c’était différent, elle était leur grande sœur ! Mais pendant tout ce temps, jamais elle n’avait eu la chance d’avoir un enfant à elle. Et les années avaient passées, avec elles, ses chances de devenir mère s’évaporaient, et finalement, alors que l’espoir l’avait quitté, ce petit miracle ! Sa dernière chance ! Il n’était pas question de la laisser passer ! Elle se jurait d’être la meilleure mère possible pour cette petite Emma !
-Emma je te le promets, je serais la meilleure maman possible. Je serais toujours là pour toi ! Jamais je ne te laisserais, je te soutiendrais toujours jusqu’à mon dernier souffle ! Toujours je te protégerais !
Wendy câlinait la petite, elle n’avait pas fait attention qu’en partant Peter avait laissé la porte ouverte et c’est en entendant les quelques gazouillis d’Emma que Wendy, se retournant eût un cri d’effroi ! Quatre loups étaient entrés dans la modeste mansarde, affamés, ils s’approchaient de la femme qui d’instinct protégeait l’enfant. D’une main valide, elle attrapait le tisonnier de la cheminée afin d’empêcher les loups d’avancer mais ces derniers ne semblaient pas particulièrement effrayés. Finalement, l’un deux, plus malin, ou plus rapide que les autres réussit à coincer le tisonnier dans sa gueule. Tirant de toutes ses forces il l’arracha des mains de Wendy qui leur lançait les rares objets qu’elle trouvait à portée de main pour les empêcher d’avancer et se réfugier derrière la table. Malheureusement ce ne sont pas deux petits chandeliers qui arrêtaient les bêtes sauvages dont la chasse semblait presque trop facile. Les hurlements des loups avaient pleinement réveillé et surtout effrayé Emma qui se mettait à hurler dans les bras de sa mère adoptive qui la regardait découragée de ne pouvoir mieux la protéger. C’est alors qu’un miracle se produisit. Le nourrisson battait ses petits bras, prit par la panique du bruit des grognements et soudain, des flammes sortirent des menottes de la fillette. Les premières touchèrent le museau du premier des loups qui recula en poussant un cri de douleur. Les flammes continuaient alors que Wendy observait stupéfaite le prodige de la petite Emma. Le feu avait quelque peu refroidit les ardeurs des bêtes alors que quelques flammes arrivèrent sur le tapis de la pièce. Ce dernier s’embrasa rapidement et les flammes s’attaquèrent rapidement à la réserve de foin situé juste à côté. Aussitôt un grand incendie se déclara dans la modeste demeure fait de bois. Les loups aussitôt abandonnèrent la chasse jugée sans doute beaucoup trop dangereuse alors que la pièce était remplie d’une épaisse fumée nauséabonde. Wendy toussait, cachant du mieux possible la tête d’Emma contre sa poitrine pour la protéger de la fumée. Elle traversa la pièce enflammée, sauvant au dernier moment dans la commode le sac de jute qu’avait entreposé Peter la nuit dernière. Puis attrapant à la hâte le nounours, dernier souvenir matériel qu’elle conservait de ses frères elle sortit de la maisonnette en flammes dont les premières fondations commençaient à tomber. Elle s’échappa aussi vite qu’elle put, manquant de tomber en heurtant un rocher, elle y abandonna son châle et en fut quitte pour une violente douleur au pied. Wendy courrait dans la forêt, crachant la fumée de ses poumons et priant pour que les loups ne l’ait pas suivi. Au bout de quelques minutes, elle s’arrêta essoufflée, seule avec la petite au milieu d’une clairière. Elle la posa, vérifiant qu’elle n’était pas blessée. Emma la regardait de ses grands yeux bleus sans trop comprendre, soudain apaisée, ses menottes n’étaient plus rouges et n’étaient même pas chaudes. Miracle, elle n’avait aucune trace de brulure. Wendy en revanche était un peu brulée au bras droit mais ça n’était qu’un moindre mal par rapport aux loups et à l’importance de l’incendie. Peu à peu elle recouvrait ses esprits. La petite Emma pouvait créer des flammes ! C’était impossible, pourtant c’était la réalité ! Au lieu de s’en apeurer et considérer ce nourrisson comme tant de gens ferait, elle la prit doucement dans les bras, la berçant tendrement.
-Tu…Tu nous as sauvés des loups ! Sans toi nous leur servions de repas ! Tu es vraiment une petite princesse pleine de surprises ! Ne t’en fais pas petite enfant du feu ! Nous trouverons une autre maison !
Après son étreinte, Wendy tachait de s’appliquer un peu d’eau fraiche sur sa blessure. Ses grimaces faisait rire la petite Emma, alors qu’elle tachait de ne pas lui montrer qu’elle avait mal. Afin de distraire l’enfant, elle la faisait sautiller sur ses genoux. Les rires d’Emma lui faisaient oublier la morsure de la brulure. Wendy était simplement heureuse d’entendre ce rire d’enfant. Elle continuait à s’agiter et alors que le bébé rirait, en tapant dans ses mains de nouvelles petites étincelles jaillirent. Wendy s’arrêta immédiatement. Si un feu se déclarait ici en pleine forêt, cela pourrait être dramatique et elle se jurait qu’elle aiderait la petite Emma à contrôler ce don du ciel.
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A plusieurs centaines de mètres de là, l’odeur des flammes avait attiré un homme encapuchonnée, en quête d’une enfant disparue depuis le début de matinée. Ses recherches en Arendelle s’étaient révélées vaines et il enrageait de ne pas être capable en son propre royaume de retrouver un couple de paysans et un bébé alors qu’il caressait la poignée de sa dague, imaginant l’instant où il mettrait enfin la main sur ces gens. La personne, marcha quelques instants dans les fourrés pour arriver sur les lieux de l’incendie qui l’avait attiré. Une modeste mansarde en bois brulait, il n’y av ait clairement rien à faire, tout allait s’effondrer ! Comment se faisait-il qu’un pareil incendie se soit déclaré, la personne encapuchonnée ne le savait pas, mais n’en avait que faire, ce qui l’intéressait c’était retrouver le bébé. Approchant de quelques pas, au plus près de la maison en flammes, il se stoppa. Si des gens vivaient ici et n’avaient pas quitté les lieux, à l’heure qu’il est ils ne devaient plus être qu’un tas de chair carbonisés. La personne dans sa jeunesse avait été avide d’aventures et se souvenait du temps où il sauvait la veuve et l’orphelin, une bonne action de temps à autre, dans les flots de complots qu’il menait pouvait quelque peu racheter son âme, mais il n’y avait plus rien à faire ici ! Soudain, baissant les yeux il vit un objet qui attira son attention. Le ramassant il reconnu aussitôt malgré une partie brulée la couverture dans laquelle était enveloppé Emma quand il avait débarqué la veille ! Un sourire apparût alors sur le visage de la personne encapuchonnée, admirant l’incendie. Il n’avait même pas besoin de se salir les mains, le destin s’en était chargé ! Ce bébé avait sans doute péri dans l’incendie ! Voilà qui réglait bon nombre de ses soucis ! Sans aucun remord ni tristesse, il tourna les talons, s’en retournant au château retrouver une de ses identités officielles.
La maisonnette continuait de bruler et au bout de quelques minutes la charpente céda et le tout s’effondra sur lui-même dans un vacarme que personne en cet endroit reculé ne pouvait entendre, laissant le feu faire disparaître ce qui fut l’abri de Wendy et Peter. Peter justement revenait de ses courses. L’odeur l’avait inquiété et avait couru jusqu’à la maison et constatait désormais totalement désemparée la catastrophe, ne voyant que des débits fumants. Il imagina le pire ! Wendy ! Le bébé ! Peter retenait ses larmes, il ne voulait pas y croire, et se moquant du danger que cela pouvait représenter il s’approchait des débits de bois brulés, dans l’espoir de trouver quelque chose…ou un miracle ! Rien de tout cela cependant, il ne pouvait que constater que les rares biens qu’il possédait n’étaient plus qu’un amat de cendres et restes carbonisés. Poussant ce qui devait être un débit de table il s’asseyait sur un morceau de granit qui devait composer la cheminée. Il scruta alors l’horizon la tête dans le vague. Aucun corps n’était ici ! Il s’accrochait à cet espoir ! Peut être que Wendy s’était absentée au moment de la catastrophe ! Il regardait l’herbe grasse devant lui et soudain quelque chose attira son regard. Se relevant il s’avança vers ce qu’il avait repéré et reprit espoir. Le châle ! C’était le châle de Wendy ! Elle ne s’en séparait jamais ! S’il était ainsi perdu au milieu de l’herbe, cela voulait sans doute dire que Wendy avait fuit la maison !
Peter choisit de s’accrocher à cet espoir et partit en trombe dans la forêt. Si Wendy avait pu s’enfuir, il n’y avait qu’un seul endroit où elle avait pu aller. Ce qu’ils appelaient quand Jean et Michel vivaient encore avec eux l’arbre des pendus ! A côté des gigantesques arbres pleins de grandes lianes, une petite cabane qu’ils avaient construits avec les garçons et humblement aménagée ! Voilà un refuge parfait !
Après une longue heure de marche, Peter retrouva le sourire, il apercevait l’arbre des pendus, et résonnait des petits pleurs d’enfants. Emma sans doute ! Elle devait avoir faim ! Mais ses pleurs étaient une bénédiction ! Elle était en vie, et si elle l’était, c’est que Wendy l’avait amenée ici ! Il couru aussi vite que possible ouvrant violemment la porte de la cabane. Wendy sursauta manquant de faire tomber l’humble récipient qui servait de biberon à la petite et sourit sautant dans les bras de son bien aimé.
-Wendy j’ai eu si peur ! Notre chez nous ! Tout…Tout a brulé !
-Je sais, nous nous sommes enfuies ! Des loups sont entrés dans la maison…C’est grâce à Emma que nous sommes en vie !
Peter embrassa sa belle et la regarda circonspect ne comprenant pas. Wendy le fit s’installer et raconta alors leur folle aventure. Quand elle eût fini, malgré l’imagination débordante qui caractérisait Peter ce dernier n’était pas franchement convaincu. Wendy décida alors de le persuader en faisant rire la fillette comme elle l’avait fait dans la clairière quelques heures auparavant. Le miracle ne tarda pas à se produire, Emma en riant tapait dans ses mains, et de petites étincelles apparaissaient.
Peter en fut convaincu et prit la petite dans ses bras la levant au dessus de lui.
-C’est donc toi qui a fait brulé la maison ?
-Peter elle ne l’a pas fait exprès ! S’opposa Wendy
-Je me doute Wendy ne t’en fais pas ce n’est qu’un peu de bois et quelques meubles sans valeur. Nous pouvons très bien vivre ici ! Ma petite princesse Emma, tu as donc sauvé Wendy ?! Pour ça je te serais éternellement reconnaissant. Tu nous as protégés, c’est à notre tour de faire de même ! Parole de Peter ! Et j’ai quelque chose pour toi ma princesse.
Peter reposa Emma dans les bras de Wendy et sortit de son sac ce qu’il était parti chercher en Arendelle, dévoilant une petite robe de bébé rouge feu. Wendy en fut attendrie et s’empressa de la passer à la petite.
-On dirait qu’elle a été faite pour elle ! S’extasia-t-elle.
-Oui, et vu le don qu’elle a, on peut dire que la couleur correspond parfaitement à cette petite princesse du feu ! Oh et j’ai ça aussi pour être au dessus de son lit…Enfin, quand nous lui en auront construit un ! Fit Peter en montrant un petit objet doré.
-Une clochette ? Peter ! Tu sais que je déteste ça ! Ca me rappelle quand nous étions enfants, tu en avais une et je n’arrêtais pas de me cogner dedans, à croire que cette Clochette ne m’aimait pas !
-Allons Wendy, dans chaque clochette se trouve l’esprit d’une fée bienveillante qui veille sur nous. En plus de nous pour la protéger, Emma aura sa fée Clochette pour la guider !
-Et son bien être sera notre bonheur ! Conclut Wendy qui couchait la petite sur l’humble paillasse de la cabane, posant sa fée Clochette à côté d’elle.
Wendy et Peter regardèrent ainsi de longues minutes la petite Emma paisible. Malgré leur condition miséreuse ils se sentaient plus heureux que des rois. Au fond d’eux ils sentaient que cette enfant aux pouvoirs extraordinaires allait avoir un destin incroyable. Et eux feront tout pour l’aider à grandir heureuse et la soutiendraient jusqu’à leur dernier souffle…
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Re: Tome 2: Deux soeurs une couronne
Mer 16 Mar 2022, 11:46
Coucou! Her j'ai parlé de coeur de glace, j'ai aussi lue la suite! Et cette histoire c'est drôle mais c'est vraiment le type d'aventure que j'imaginais petite quand on s'inventait les histoires de la reine des neiges après le premier film. Je me souviens que quand on jouait on s'était imaginé des soeurs ou des cousines qui avaient comme Elsa des pouvoirs de la nature avec le feu, avec l'air avec la terre. Du coup le second film l'a fait puisqu'il y a les esprits! Oh oui ça m'y fait penser, si j'ai bien compris cette fiction a été écrite il y a longtemps, comme quoi vous aviez deviné déjà ce qu'il se passerait dans le deuxième film! . Je dis vous parce que si j'ai bien compris, il n'y a pas que Frantzoze mais aussi Ansa qui a écrit. Ca devait être bien galère d'être à plusieurs sur une seule histoire!! En tout cas même si elle est très longue je l'ai dévorée assez vite, je ne sais plus mais en deux ou trois soirées j'avais tout lu!
Alors juste pour commencer, j'ai eu un peu de mal au début avec les prénoms. Je ne comprenais pas qui c'était Quentin ce roi d'Arendelle parce que le père d'Elsa et Anna il s'appelle Agnarr pourtant! . Pareil je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait pas Iduna mais finalement elle n'est pas dans cette histoire et elle, elle est vraiment morte . Mais bon j'ai compris après que c'était peut être pour se détacher de l'histoire officielle et s'inventer un nouveau monde. En tout cas c'était super cette idée de double personnalité et ça explique assez le côté soeur jumelle cachée. Quand avec les copines on s'imaginait ça dès qu'on y reflechissais on se disait "attends mais si elles sont soeurs, pourquoi elles ne vivent pas ensemble" et ça paraîssait pas logique mais là c'était pas mal de trouver une explication! Au final c'est ça que j'ai bien aimé, de trouver des relations compliquées et cachées mais malgré tout à la fin j'y reflechissais et je me disais "ah bah oui mais en fait c'est logique ça marche". J'ose à peine imaginer comment vous avez dû vous torturer le cerveau pour tout raccorder!
Sinon, il y a un passage je me souviens avoir moins aimé c'est dans le milieu à peu près de l'histoire. On sent qu'Elsa va devoir rencontrer Emma dès qu'elle a découvert son existence. Emma pareil a compris qui elle était donc on se dit, ah ça y est elles vont se rencontrer mais il y a à chaque fois des petites péripéties qui "retardent" la confrontation c'était un peu long mais bon pas grave non plus!!
Ah oui ce que j'ai aussi beaucoup aimé c'est le rôle de Hans! Trop souvent on le voit comme une enflure mais là il y a une rédemption pour lui et ça c'est chouette. En ce moment je lis Retour vers le passé 2 et Nouveaux défis vos autres fictions et si j'ai bien compris vous continuez d'offrir à Hans un meilleur rôle que celui du méchant et ça j'aime beaucoup!
Enfin voilà, j'avais dit que j'étais pas douée pour les retours, j'ai l'impression d'avoir juste dit "j'ai aimé c'est bien"
Alors juste pour commencer, j'ai eu un peu de mal au début avec les prénoms. Je ne comprenais pas qui c'était Quentin ce roi d'Arendelle parce que le père d'Elsa et Anna il s'appelle Agnarr pourtant! . Pareil je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait pas Iduna mais finalement elle n'est pas dans cette histoire et elle, elle est vraiment morte . Mais bon j'ai compris après que c'était peut être pour se détacher de l'histoire officielle et s'inventer un nouveau monde. En tout cas c'était super cette idée de double personnalité et ça explique assez le côté soeur jumelle cachée. Quand avec les copines on s'imaginait ça dès qu'on y reflechissais on se disait "attends mais si elles sont soeurs, pourquoi elles ne vivent pas ensemble" et ça paraîssait pas logique mais là c'était pas mal de trouver une explication! Au final c'est ça que j'ai bien aimé, de trouver des relations compliquées et cachées mais malgré tout à la fin j'y reflechissais et je me disais "ah bah oui mais en fait c'est logique ça marche". J'ose à peine imaginer comment vous avez dû vous torturer le cerveau pour tout raccorder!
Sinon, il y a un passage je me souviens avoir moins aimé c'est dans le milieu à peu près de l'histoire. On sent qu'Elsa va devoir rencontrer Emma dès qu'elle a découvert son existence. Emma pareil a compris qui elle était donc on se dit, ah ça y est elles vont se rencontrer mais il y a à chaque fois des petites péripéties qui "retardent" la confrontation c'était un peu long mais bon pas grave non plus!!
Ah oui ce que j'ai aussi beaucoup aimé c'est le rôle de Hans! Trop souvent on le voit comme une enflure mais là il y a une rédemption pour lui et ça c'est chouette. En ce moment je lis Retour vers le passé 2 et Nouveaux défis vos autres fictions et si j'ai bien compris vous continuez d'offrir à Hans un meilleur rôle que celui du méchant et ça j'aime beaucoup!
Enfin voilà, j'avais dit que j'étais pas douée pour les retours, j'ai l'impression d'avoir juste dit "j'ai aimé c'est bien"
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