[FCU WHAT IF...] Et si… Anna et Elsa avaient été séparées pendant l’enfance ?... Le plan d'Emma Picéaerd

Chapitre 9 : Figures parentales



En hâte, Agnarr en compagnie d’Olson arpentait les couloirs du château en direction de l’aile réservée à sa cour de justice. Maintenant fermement le document signé par la reine Iduna sous un prête nom, Olson peinait à suivre les grandes enjambées du monarque qui courait presque au point de manquer de percuter la jeune Elsa au détour d’un couloir.


-Elsa ?! Mais comment se fait-il ?!... Que fais-tu là ?! Tu devrais être au lit !
-Je te demande pardon père… Mais il me tarde de voir enfin maman ! Tu m’avais promis après la présentation que je pourrais la voir, je t’ai attendu longtemps dans ton bureau à finir d’apprendre les règles constitutionnelles que tu m’as laissée mais tu ne revenais pas et… Pardon père de le dire mais… J’ai un peu faim.
-Quoi ?! Seigneur ?! Elsa tu n’as pas … Mais ? Des domestiques sont pourtant venus te voir n’est-ce pas ?
-Oui père, mais tu m’avais dit de rester seule dans le calme et de ne pas être dérangée pendant ma leçon en attendant ton retour ! Plusieurs fois Gerda et Kay sont passés, mais comme tu l’as demandé, je leur ai dit de me laisser seule… Puis j’ai entendu l’horloge de maman sonner minuit alors… Alors je suis sortie et… Je suis devant toi…
-Tu n’as pas mangé ?... Mais voyons Elsa…
-Mais, tu dis toi-même qu’un monarque n’a jamais faim, froid, soif, n’est jamais fatigué !
-Elsa voyons il ne faut pas… Soupira le monarque avant de poursuivre : Peu importe ! Général ?! Cela m’ennuie de vous demander cela mais ?... Pourriez vous accompagner la princesse et…
-Non votre Altesse !
-Je vous demande pardon ?
-Non votre altesse ! Si je le fais, c’est parce que vous comptez emporter ce document où vous savez n’est-ce pas ?
-Bien entendu !
-Et c’est un problème Majesté, souvenez-vous que pour éviter d’attirer l’attention il ne vaut mieux pas que vous sembliez intervenir aussi directement ? Pourquoi donc serait-ce à vous de poser ce document si vous n’êtes pas directement concerné ?
-Diable ! Vous avez pourtant raison ! Alors ?... Que…
-Votre Majesté compte sans doute me demander de m’y rendre seul pendant qu’elle sera occupé à s’occuper de la princesse héritière ?
-Je… Euh… Est-ce protocolaire Olson ?
-Majesté ! Sauf votre respect ! Votre fille de même pas dix ans a une fois encore passé près de six heures à étudier seule sans diner ! Il est plus que temps que vous mettiez pour cette enfant votre rôle de père au-dessus de celui du monarque ! Pour le bien du royaume ! Après tout, c’est de notre future reine qu’il s’agit !
-Hum… Certes euh… Elsa tu… Tu devrais aller… Te rendre auprès des appartements de Kay pour lui demander de t’accompagner aux cuisines et pour ce qui est de ta mère, le médecin nous interdit toujours les visites. Tu… Tu peux aussi aller embrasser Emma à la nursery avant d’aller dormir et nous nous retrouverons à 8 heures dans mon bureau pour la poursuite des leçons !
-Oui… Bien entendu papa ! Général Olson !


L’enfant docile avait répondu avec une révérence avant de s’éloigner d’un pas altier mais fatigué. Olson attendit quelques instants et jeta vers le roi un regard sévère. C’en était trop pour lui, il ne pouvait tolérer davantage cette situation.


-Quelque chose vous contrarie mon ami ? Questionna Agnarr sans même en prendre conscience.
-Oh oui votre Majesté !
-Quoi donc ?
-Vous me permettez d’être honnête avec vous et critique ?
-Vous êtes une des personnes en qui j’ai le plus confiance, si vous ne pouvez pas l’être alors j’en serai fort ennuyé.
-Fort bien ! Votre Majesté je vous rappelle que vous avez comme benjamine un nourrisson née depuis quelques jours qui n’a eu le bonheur d’être dans les bras d’un de ses parents, les votes en l’occurrence que deux minutes, de manière protocolaire pour être présentée à une foule. Une fille cadette que vous avez dû éloigner et pour votre cas accepté sciemment de ne jamais la revoir qui en cet instant doit être terrifiée dans les geôles de vos prisons ! Une épouse alitée qui doit espérer que vous, son royal époux fassiez tout pour ses enfants qui sont, dois-je vous le rappeler l’avenir d’Arendelle, et en retour que faîtes-vous envers votre ainée ? Vous l’avez laissée seule, harassée par la tache d’un travail bien trop complexe et long pour une enfant de son âge sans même vous rendre compte qu’elle n’avait ni compagnie, ni pu dîner alors que sa mère est au plus mal ? Et maintenant que vous la voyez, à aucun moment vous ne comptez être un père ? La serrer dans vos bras ? La réconforter ? L’accompagner pour dîner et se coucher ? Mais comment comptez-vous votre altesse être désormais un bon roi pour Arendelle si vous délaissez ainsi l’héritière ? Votre père le roi Runaerd, puisse-t-il avoir trouvé la paix n’était je vous le concède pas un bon père pour vous, néanmoins, il ne se passait pas une nuit sans que, alors que vous dormiez, il n’entrait pas dans votre chambre pour vous embrasser ! A votre réveil, n’aviez-vous pas chaque matin une friandise ou un petit présent sur votre commode ? C’était l’attention de votre père ! Vous n’y croyez pas ? Pourtant la fois où il s’était rendu en une contrée voisine… c’était à moi qu’il avait confiée cette tache… Ce fameux taille plume émaillée qui ne quitte jamais la poche de votre uniforme… C’est moi qui avais été le déposer pendant votre sommeil alors que vous n’aviez que 5 ans. Un présent de votre père pour vous féliciter d’avoir été capable de lui écrire un message pendant une leçon de Madame Larsen ! Ne croyez pas qu’il ne le savait pas ! Vos dessins pour lui étaient tous soigneusement rangés dans un dossier intitulé « jeune pousse », si vous ne me croyez pas, consultez les archives de votre père ! En avez-vous fait autant ? N’avez-vous gardé, ne fusse qu’un seul dessin de vos filles ? N’avez-vous accordé qu’un instant de père à Elsa depuis votre grande décision ?


Les yeux du militaire lançaient des éclairs sur Agnarr qui était estomaqué. Personne n’avaient jamais eu des propos si critiques et durs envers lui depuis le trépas du roi Runaerd. Un roi dont Agnarr gardait un souvenir mitigé, lui qui se sentait toujours désolé de ne pas avoir senti la chaleur d’un père pendant ses jeunes années. Machinalement, sa main s’approcha de sa poche d’uniforme et en ressorti l’écrin contenant le précieux objet. Il se revit jeune prince déballant curieusement ce petit présent pour découvrir l’objet, identique à celui présent sur le bureau du roi Runaerd et, posée délicatement non loin, une magnifique plume d’oie immaculée elles aussi, uniquement réservée à un usage royal. Depuis ce jour, Agnarr avait toujours exigé les plumes les plus délicates, seules dignes d’être taillées par un objet si précieux alors qu’il n’avait jamais soupçonné la provenance de son émetteur.


-Oui… C’était bien celui du roi Runaerd si c’est ce que vous pensez Majesté ! Reprit Olson toujours sur un ton de reproches.
-Ce qui m’attriste le plus Olson dans ce que vous dîtes… C’est que je ne puis rien dire qui contredise vos propos. Je n’ai aucune excuse… Et… Je ne sais quoi faire… Avoua penaud le monarque.
-Vous ne savez pas ?... Est-ce une plaisanterie votre Altesse et je me demande pourquoi vous agissez ainsi ? ! Evidemment que vous le savez ! Vous savez que vous allez vous empresser de rattraper la princesse ? Congédier pour la nuit les domestiques s’ils ont déjà été réveillés et vous occuper vous-même en cuisine d’offrir un repas à votre fille avant de l’accompagner rejoindre les bras de Morphée en veillant sur elle. Sans aucun doute passerez-vous d’abord par la nursery pour voir la petite princesse également. Ensuite, évidemment vous savez déjà que vous irez dans votre bureau où la princesse aura été enfermée toute la soirée, si par hasard elle y a laissé un dessin, fruit d’un ennui pendant ce temps si long, il finira bien naturellement au plus près de votre cœur avant de vous installer et rédiger la demande de jugement que vous transmettrez au juge. Enfin demain, au lieu d’une leçon avec la princesse, votre Majesté vous savez déjà que vous déciderez de passer du temps avec vos enfants… et votre épouse la reine. Puisque vous savez déjà tout ça votre Altesse, je vous pose à nouveau la question, pourquoi cette mauvaise plaisanterie de me dire que vous ne savez pas quoi faire ?



Les épaules d’Agnarr s’affaissèrent à nouveau. Les rôles paraissaient inversés entre le roi et son subordonné. Non, pour Agnarr ça allait même plus loin. Il avait le sentiment de recevoir à cet instant, une remontrance paternelle. Durant une fraction de seconde il associait son premier officier à ce modèle qu’il n’avait guère eu enfant avant de le perdre très tôt dans sa vie. Ca n’était pas si idiot ! Après tout, Olson l’avait toujours connu et l’enfance d’Agnarr s’était déroulée bien souvent auprès des militaires, dont Olson était déjà un officier. Agnarr se contenta d’un signe d’acquiescement avant d’obéir à son général. Niklas observa le roi s’éloigner avec une mine désolée. Depuis sa décision d’exiler la princesse Anna, le roi n’était plus le même homme. Devoir la tirer de ce mauvais pas allait peut-être pouvoir l’aider à devenir un meilleur père. Olson l’espérait et, tourna les talons en direction du bureau des magistrats. Le militaire ne fut pas étonné d’y voir la lumière d’une chandelle à travers la porte. Une fois encore, Halricsen n’avait pas fait dans la demi-mesure au niveau des arrestations. Après avoir frappé, le général entra pour y trouver les juges en plein travail, peu enclins à être dérangés à nouveau par une procédure.


-Encore une ? Oh Général Olson ? Vous avez relevé votre collègue ? Mais pourquoi venir à cette heure ? Habituellement vous ne venez déposer vos arrestations quand vous en effectuez que le lendemain matin.
-Certes juge Otton, néanmoins celle-ci n’est pas de mon fait mais de mon collègue le colonel Halricsen…
-Et pourquoi vous en chargez vous si ça n’est pas indiscret ?
-Le colonel poursuivait un autre fugitif et… Dans ce dossier je… Hum non je ne me permettrais pas de donner un avis, je ne voudrais pas altérer votre jugement !


La feinte du général avait parfaitement fonctionné. Habituellement, le juge jetait tout nouveau dossier sur une seconde pile loin de son bureau sans même un regard, dossier qui attendrait ceux déjà en attente mais la réponse évasive de l’officier avait piqué sa curiosité et le magistrat choisi de le garder en main pour le consulter rapidement.


-Eh bien, on peut dire que votre colonel ne fait pas dans la dentelle ! Encore un enfant ?! Le quinzième en dix jours ! Oh !... 6 ans ?! Où sont les parents ?! Hoqueta le juge.
-Je… Selon les informations données par Halricsen il les recherche dans Arendelle. Pardon je ne devrais pas donner mon avis, j’espère que cela ne vous influencera en rien mais c’est justement l’âge qui m’a fait réagir et je compte personnellement retrouver rapidement les parents d’une si jeune enfant. Après… Comme vous savez, la loi est la loi et, d’après les ordres du roi la sanction doit être… exemplaire !


Olson ne voulait surtout pas attirer les soupçons du magistrat et tentait du mieux qu’il pu de conserver son ton martial, soutenant la démarche de son subordonné comme on pourrait l’attendre de la part d’un officier.


-Vous allez… chercher personnellement les parents de cette gosse ? Voilà qui n’est pas commun ! Vous connaissez cette petite Général ?
-Comment ?... Hum non ! Non absolument pas.


Olson tiqua, sans doute s’était-il un peu trop dévoilé alors qu’il priait pour qu’Halricsen n’ait pas mentionné son nom dans le dossier. Le colonel ne rêvait que de pouvoir lui nuire, mais cela aurait été un grand risque que nommer son supérieur sans avoir de preuves absolues. L’homme était détestable mais pas stupide

-Vraiment ?
-Evidemment Juge… Vous pensez bien que j’ai autre chose à penser ! Si je vous l’apporte c’est justement parce que… le roi m’a demandé de venir vous voir pour avoir l’état des effectifs des prévenus en attente de jugement. Il souhaite en connaître le nombre, l’âge, le sexe ! Et justement en venant vous voir j’ai croisé mon subordonné, je vous apporte ce dossier pour lui faire gagner du temps et, la curiosité m’a fait le parcourir, comme vous j’ai été surpris par un âge si jeune !
-Oh ? Moi qui pensais que vous n’aviez aucun sentiment général… Tout le monde peut se tromper ! Répondit le magistrat rassuré.
-Tout comme vous votre Honneur ! C’est le poids de nos fonctions n’est-ce pas.
-En effet… Bien, je verrais le cas de cette fillette, puisque vous avez décidé de vous impliquer général, dès que le colonel ou vous aurez trouvé les parents… Apportez-moi l’information pour compléter ce dossier.


Un sourire imperceptible se dessina sur la visage du militaire. Le juge Otton avait reposé le dossier, mais au lieu de le reléguer sur la pile en attente, il l’avait laissé sur son bureau.


-Je pense que vous êtes comme moi très occupé alors je vais vous laisser juge…
-Général Olson ! Une minute je vous prie ! Coupa Otton sans lever les yeux d’un nouveau dossier.
-Plaît-il ?
-Vous n’allez pas repartir sans ce que vous êtes venu chercher ! Cela ne vous ressemble pas pourtant, vous qui êtes si rigoureux ! Je crains que vous ne commenciez à prendre de l’âge, vous devriez penser à vous reposer de temps à autres ! Fit l’homme de justice en tendant le document sur les prisonniers.
-Ne raillez pas mon âge juge… Vous n’êtes pas beaucoup plus jeune que moi après tout !


La répartie de l’officier arracha un timide sourire à son interlocuteur satisfait. Le général était toujours le même. Le magistrat le regarda quitter son office alors qu’Olson peinait à masquer sa satisfaction. Son invention était un plan encore plus astucieux que ce qu’il avait imaginé. Il consultait le registre et fut effaré de voir le nombre d’enfants incarcérés. Avec ceci apporté au roi, la décision d’Agnarr de faire juger les enfants en urgence se justifierait sans aucun soupçon ! De son pas martial, il s’empressa de regagner le bureau du roi. Heureux, il constata qu’il était désert, Agnarr était donc sans doute encore auprès de sa fille et devait faire l’effort de devenir un meilleur père pour la princesse héritière. Avec l’efficacité qui le caractérisait, Olson s’approcha du bureau pour déposer le document auquel il ajouta un mot d’un trait de plume pour donner au roi le prétexte qu’il cherchait.
Le militaire ne s’attarda pas pour redescendre dans les geôles. Il avait son idée. Puisque le roi allait légiférer, autant venir en aide non pas seulement à la princesse Anna, mais bien à tous les enfants. Une fois devant le soldat de garde. Niklas lui ordonna de transférer tous les enfants dans des cellules où ils seront uniquement entre eux, arguant qu’il s’agissait d’un ordre du souverain.


-Vous ?... Vous êtes sur général ? Pardon, habituellement ce sont les missives écrites du conseil du roi qui nous servent de justificatif ! C’est… C’est même vous qui nous aviez imposé de n’obéir qu’à un ordre écrit pour ce qui est des détentions.
-Soldat !
-Oui mon général ? Hoqueta l’homme inquiet de son imprudence.
-Soldat, vous avez raison et je suis heureux de voir mes hommes ainsi zélés ! Vous faîtes honneur à l’uniforme que vous portez. Fit Olson d’un ton particulièrement amical en posant sa main sur l’épaule de la recrue.
-Oh… merci mon général ! Répondit-il avec un salut.
-Je sais que je puis vous faire confiance, permettez-moi de vous confier une information confidentielle ! Sa Majesté va présenter au juge dès demain une ordonnance pour exiger que les enfants soient jugés en premier. Certes il n’y a pas de document pour un transfert, néanmoins, vous serez d’accord avec moi que quelques-unes des canailles enfermées ici auprès des enfants pourraient se montrer délicats à gérer en apprenant que leur sort ne sera pas tranché avant les enfants arrivés pourtant après eux ! Cela pourrait rendre pour vous les présentations des enfants au juge plus compliqués…
-Euh… Oui affirmatif mon général !
-Nous sommes d’accord alors… Comme je me soucie de mes hommes, je souhaite vous faciliter la tâche ! Anticipons et enfermons les enfants entre eux pour nous éviter ces problèmes !
-Vous avez sans doute raison, général !
-Dans ce cas soldat ! Il me semble vous avoir donné un ordre… Argumenta l’officier.
-Oui général ! A vos ordres mon général !


En bon chef, Olson assista au transfert, catastrophé de voir les visages terrifiés de bambins parfois à peine plus âgés que la princesse enfermée seule non loin de là. Il veillait à ce qu’aucun soldat n’ait la mauvaise idée de placer qui que ce soit dans la cellule de d’Anna. Une fois, les transferts faits, il observa le garde satisfait.


-Bon travail soldat ! Votre tâche sera ainsi plus aisé dès demain !
-Oui ! Sans doute général !
-Une dernière chose soldat !... Ces enfants ont l’air affamés ! Faîtes leur apporter un repas !
-Mais général ?...
-Soldat ! Nous sommes des gardiens, pas des tortionnaires !... Vous vous doutez que ces enfants seront tôt ou tard rendus à leurs parents, je ne pense pas que le roi souhaitera une révolte du peuple car les enfants auraient été maltraités ! Exécution !
-Je… Général, personne n’est… il n’y a personne pour surveiller si je vais…
-Quoi ?... Qui s’est chargé de la répartition des taches ?!
-Le colonel Halricsen !
-Le colonel va m’entendre ! Fit Olson d’une voix furieuse qu’il n’avait pas besoin de feindre avant d’ajouter : C’est intolérable ce manque de soldats !... Bien vous ! Allez-y ! Je me chargerai de veiller moi-même sur les prisons ! C’est le rôle d’un officier que de suppléer et montrer l’exemple à ses hommes ! Mais revenez vite ! Et apportez-moi un repas également !
-Oui général !
-Et soldat !... J’espère que vous ne comptez pas m’apporter un repas de prisonnier !
-Non… Non évidemment pas général !
-Bien ! Commencez par chercher le mien ! Qu’au moins je me restaure en prenant votre place ! ...Et demandez aux cuisines pour vous serve une chope une fois votre service terminé et un repas chaud !... Dîtes leur que je me chargerai de la note !
-Oh ! Merci mon général !
-Vous devriez être parti soldat !


Olson observa le gardien s’éclipser et revenir en hâte avec un plateau contenant une pièce de viande, légumes, fromages, fruits et cruche de vin.


-Du vin soldat ?!
-Oui j’ai pensé que…
-Suis-je en civil ?!... L’alcool est proscrit pendant une garde ! Vous croyez que je ne m’impose pas les règles fixées à mes hommes ! Je ne bois que de l’eau !
-Pardon mon général ! Fit l’homme en hâte en proposant un pichet d’eau et reprenant celui de vin.
-Ne gâchez pas ! Partagez le avec vos camarades une fois votre service terminé ! Attention soldat ! je resterai dans les parages, gare à vous si je vois qu’il manque une seule goutte avant…
-Oui général !
-Bien !... Maintenant partez chercher les repas pour les enfants et ne revenez pas sans les avoir tous, sans exception!


A nouveau le général regarda son subordonné partir alors qu’il prit sa place. Au lieu de toucher à son plateau, il s’en saisit et s’empressa de se rendre auprès de la cellule d’Anna qu’il déverrouilla. Une faible lueur pouvait encore se voir alors qu’en entrant, il entendit des sanglots étouffés sous l’humble couverture.


-N’aie pas peur petite… c’est moi ! T’es courageuse ! Personne ne t’a remarquée !
-Gé ?... Général ?! Hoqueta Anna en séchant ses larmes.
-Chut !... Approche ! T’as de la chance dans ton malheur ! Je pense que tu dois avoir faim… J’ai ça pour toi ! Fit le vieil homme en présentant le plateau et le pichet d’eau.
-C’est… C’est pour moi ?
-A ton avis petite ? Tu pensais que si c’était pour moi je serai venu juste pour te le montrer et enseuite en cellule et non chez moi ?
-Mer… Merci général !... En fait… Vous n’êtes pas aussi méchant que Kristoff semble le croire !
-Il t’a dit ça ?
-Euh… Bah en fait il… Non !
-Je plaisante rassure-toi ! Et il aurait raison de le dire ! Allez mange ! Je reviens tout de suite !


Aussitôt, sans laisser le temps à la fillette de répondre, ce qu’elle ne fit pas, trop heureuse de pouvoir se remplir l’estomac, Olson sortit dans le couloir.


-Beata !... Je sais que tu es là ! Viens me voir !
-Niklas ?... Mais… Comment… as-tu…
-Beata, tu es mon épouse ! Je sais ce que tu penses ! Tu as proposé à la reine de t’occuper d’elle…
-Oui… Avoua Beata.
-Alors viens, je vais te la présenter !


Niklas retourna dans la cellule et fit venir sa femme qui dévisagea Anna la bouche pleine, de la sauce tout autour des lèvres et de la nourriture plein les doigts.


-Elle n’a pas les codes d’une princesse… Chuchota Beata
-Chut ! Elle ne doit rien savoir ! Eh petite ! Regarde !
-Oh ? Bonsoir madame ! Vous êtes qui ?! Demanda Anna la bouche pleine
-C’est Beata… elle est la mère de ton ami Kristoff ! Bien je dois vous laisser ! Beata, j’éloigne les gardes pendant cinq minutes et n’oublie pas de fermer la porte !
-Mais Niklas… je n’ai pas…
-Ne me mens pas Beata ! Bien sur que tu as la clef !


Le général s’empressa de sortir et revînt à son poste juste au moment où le soldat arriva avec un sac rempli de pain dur. Niklas observa la distribution, gardant un œil vers le couloir sombre où il aperçut Beata sortir en toute discrétion laissant Anna à nouveau à sa solitude. Satisfait, Olson ne tarda pas à prendre congé après avoir salué ses hommes.

Le lendemain, alors qu’il prenait son service, l’officier supérieur constatait heureux, l’agitation qui régnait dans les geôles alors que la mine déconfite d’Halricsen le laissait entrevoir une bonne nouvelle. Feignant la surprise, il s’approcha du soldat de garde.


-Eh bien ? Que se passe-t-il ici ?
-Général ! Mes respects ! Nous devons procéder au comptage, le roi a fait passer à l’instant une ordonnance pour que les enfants soient jugés en priorité !
-Général Olson ! Quelle surprise de vous voir de si bon matin…
-Colonel Halricsen !... Vous devez être fatigué pour vous dispenser d’un salut ! Commenta Olson


De mauvaise grâce, Halricsen présenta ses respects à son supérieur.


-Quel curieux hasard tout de même général, avec l’arrestation d’hier et le roi qui publie ce décret ce matin…
-Une coïncidence colonel. Le roi avec la naissance de la princesse a peut-être réfléchi à la condition des enfants… D’ailleurs colonel, avez-vous trouvé les parents de la petite que vous avez arrêté ?
-Hélas non général… Personne ne la connaît, quelle surprise !
-Alors que faîtes-vous encore ici colonel ?! N’avez-vous pas lu la missive du roi ?! Nous devons fournir l’identité des représentants de chaque enfant en détention ! Exécution ! Après moi vous êtes le plus gradé ! Cherchez les parents des prisonniers au nord du fjord, je me charge de commander la partie sud ! Je veux vous voir au coucher du soleil avec vos rapports que je puisse les remettre au roi ! Exécution Colonel !
-Je ne peux pas Général ! Je dois rester ici, à mon poste !
-Colonel ! Jusqu’à preuve du contraire je suis en charge de la répartition des postes et je préfère m’en charger que de vous en laisser la responsabilité ! Je suis passé hier faire une inspection et j’ai constaté un grand manque d’effectif chez les gardiens Et un officier si haut placé est plus important en recherche qu’à gérer les geôles, surtout si vous le faîtes mal! C’est un ordre de votre supérieur où voulez vous que je fasse au roi un rapport à votre encontre lors de mon entrevue quotidienne avec sa Majesté ?
-A vos ordres Général…


Olson avait fait mouche et savait qu’Halricsen ne prendrait jamais le risque d’être mal vu. A contrecœur, le colonel s’éloigna avec une petite escouade. Satisfait de ne plus l’avoir dans les parages, d’un pas décidé, Olson s’empressa d’aller relever la garnison pour nommer des hommes dont il avait pleinement confiance. De son côté, profitant du temps de la relève et avec la discrétion acquise par sa vie en pays Northuldra, Beata se faufila dans les couloirs et entreprit d’emporter avec elle la fillette recluse.


Arrivées à l’extérieur, Anna plissa les yeux, éblouie par la lumière du jour, elle dont les yeux s’étaient habitués à l’obscurité du cachot.


-Allez petite ! Grimpe là-dedans ! Tu la connais cette charrette n’est-ce pas ?
-Vous ? Vous allez me ramener chez moi madame Général ?
-Appelle moi Beata ! Et non je ne le peux pas, tu serais alors une évadée, on te chercherait partout et mon mari aurait des ennuis. Il va falloir attendre que tu puisses être libérée par le juge, mais d’ici là, avec la complicité du général, je te fais sortir la journée, ça sera moins désagréable pour toi… Tu ne devras retourner dans ta prison que le soir mais ne t’en fais pas, je veillerais à ce que tu y retournes avec le ventre plein !
-Merci ! Pourquoi vous êtes si gentille avec moi madame ?
-Oh parce que toi et moi, nous avons une amie en commun… Ta marraine… Ylva est une très bonne amie !
-Marraine Ylva !!! Elle sait que je suis là ?!
-Sans doute très bientôt ! Tu peux compter sur le général Olson pour aller la prévenir ! Sans doute pourra-t-elle t’aider à te sortir de ce mauvais pas !
-Elle va venir me trouver marraine Ylva ?
-Ca, nous verrons plus tard petite mais d’abord ! Nous voici arrivées !


Anna observa la petite maison au milieu de la prairie.


-C’est là que vous vivez madame avec Kristoff ?! Bah c’est pas près de la glace !
-Oui je vis ici ! Mais pendant des années avec Kristoff nous avons vécu dans les montagnes ! Tu ne le verras pas ! Il est parti dans le massif de la montagne du Nord !... C’est la bas vers ces montagnes derrière la forêt en compagnie de Monsieur Florinsen ! Et c’est mieux ainsi car tant que tu as des ennuis… Personne ne doit savoir que tu es là !
-C’est joli ici ! Et ça sent bon ! C’est quoi qui cuit dans la marmite ?
-Ca ? C’est du ragout de rennes !... Quand j’étais plus jeune, je vivais dans un endroit loin d’ici et ce plat en était la spécialité !
-Je peux en gouter ? J’ai… J’ai un peu faim madame !
-Bien sûr mais avant, tu vas aller voir une autre pièce de la maison !
-Laquelle ?
-Celle-ci ! La salle de bains ! Allez petite ! Toute nue tout de suite et tu sautes dans la bassine, je t’ai fait préparer un bain chaud !
-Oh ?... Merci mais… Je… Je peux quand même manger d’abord s’il vous plait !
-Oh non petite ! Hors de question de manger en étant aussi sale ! Ah je peux te dire, je connais bien une grande dame qui te tirerai les oreilles si elle te voyait vouloir manger en étant aussi souillon !
-Ah oui ? Qui ? Demanda Anna qui était en sous vêtement.
-Celle qui ne jurait que par la propreté ! Ta mamie Anna !
-Qui ça ?! Vous connaissez ma mamie ?!
-Quoi ?!... Ouste petite ! Dans l’eau tout de suite !


Paniquée, sans attendre que l’enfant se dévêtisse davantage, Beata la jeta dans la bassine faisant quelque peu boire la tasse à l’enfant. Les quelques secondes où Anna fut désorientée, Beata en profita pour sortir en hâte et fermer la porte de la salle de bains.


-Et surtout lave toi bien derrière les oreilles aussi ! Je ne veux pas t’entendre tant que tu ne brilles pas comme un sous neuf ! Cria Beata derrière la porte alors qu’elle se maudissait de sa bêtise.

Chapitre 10 : Secret d’Etat.




Dans un petit couloir reculé d’une aile du château étroit et peu fréquenté, une des séculaires tapisseries qui narraient l’extension de la ville d’Arendelle par les fils d’Arnved le Juste commença à se mouvoir. Quelques instants plus tard, tel un chat aux aguets, Agnarr y passa la tête pour vérifier que la voie était libre. Soulagé de n’entendre aucun bruit ni voir âme qui vive il sortit de ce passage secret connu de fort peu de personnes et commença à marcher de son pas altier.


-Votre Altesse !


Agnarr sursauta avant de faire volte-face. A sa hauteur, venait déjà d’arriver Olson. Pourquoi le général se trouvait-il ici ? Cette partie du château ne comportait aucun service royal ! Personne n’y passait jamais !


-Olson mais ?... Que… Voulez-vous ?
-Votre Majesté, reconnaissez-le ! Ça n’est pas la première question que vous souhaitez poser !
-Qu… Que voulez-vous dire ?
-Vous savez votre altesse que tous les secrets du royaume ne seront jamais aussi bien gardé qu’avec moi, soyez en assuré. Répliqua l’officier avec un coup d’œil explicite vers la tapisserie.
-Vous… Vous m’avez vu ?
-Votre Majesté, je suis votre premier officier, j’ai acquis ce poste grâce à mes talents pour le renseignement. Si je me révélais incapable de dire à tout instant où vous vous trouvez je ne serais pas digne de ma fonction n’est-il pas ?
-Vous ?... Vous m’espionnez Olson.
-Non votre Majesté, j’assure votre sécurité ainsi que celle du Royaume. Si vous avez des secrets, alors Arendelle en a et il est de mon devoir de les protéger !
-Et donc que voulez-vous ?
-Savoir ce que vous faîtes ! Je comptais vous informer ce matin que l’audience pour vous-savez-qui a été fixée par le Juge Otton dans 3 jours. L’amende pour le délit reproché devrait s’élever à cette somme…Il me semble qu’il valait mieux que vous le sachiez afin de réunir les fonds discrètement au profit d’une certaine… Ylva. Fit Olson en tendant un papier griffonné.
-Tant que cela ?! N’est-ce pas… Trop sévère ?!
-Sachez votre Altesse que le juge ne fera qu’appliquer votre loi…
-Tout de même ! Je me demande bien combien de familles pourront s’acquitter de cette somme pour libérer leurs enfants… Hum et qu’advient-il si l’amende n’est pas réglée ?
-Sire ! Vous ?... Vous n’oseriez tout de même pas refuser de payer pour…
-Ne vous méprenez pas Olson ! Bien que je sois vous le savez très rigoureux concernant les dépenses royales la question ne se pose pas pour moi. Je sais même déjà comment ces fonds disparaîtront avant de réapparaître. Figurez-vous que la leçon d’Elsa, porte sur la gestion des finances. Je n’aurai qu’à relever ici une erreur de la princesse ! Fit le roi d’un ton détaché.
-Majesté ! Ceci, vis-à-vis de la princesse héritière est…
-Stratégique mon ami ! N’est-ce pas votre domaine d’expertise ? Qui irait investiguer davantage un mouvement de fonds qui aurait été justifié par une erreur de compte d’une enfant de 8 ans, aussitôt corrigée par son père le roi ? Quant à la princesse, je n’aurai pour elle qu’une remontrance de principe gentille avant exceptionnellement de la libérer de ses leçons, lui avouant moi-même que son erreur devait être due à une tache trop ardue que je lui aurai confié.
-Brillant votre altesse en effet… Concéda Olson, ravi de voir que le roi commençait à changer dans le bon sens.
-Mais ma question demeure Olson ? Qu’adviendra-t-il pour ceux qui ne pourront payer ?
-Eh bien dans ce cas Votre Majesté, le juge statuera à nouveau sur leur sort et, d’après la loi, c’est une peine de cachot de plusieurs mois qui est préconisée…
-Mais comment est-ce possible ?
-C’est… Votre loi votre Majesté !
-Et pourquoi aucun conseiller ne m’a mis en garde sur ce problème au moment où je l’ai promulgué ?!
-Dois-je vous rappeler votre Majesté que vous avez, pour cette loi, agi totalement seul…
-Diable… C’est pourtant vrai. Dans ce cas, que justice se fasse et, une fois les condamnations prononcées, j’édicterai un nouveau décret pour commuer la peine de ces malheureux à seulement trois jours. Ensuite, je promulguerai la loi pour que les enfants soient excusés de ce délit.
-Cela me paraît être une stratégie raisonnable mon roi. Ainsi vous ne faîtes pas totalement volte-face mais démontrez que vous avez changé d’avis et faîtes amende honorable d’une erreur, sans que quiconque ne puisse le relier à l’affaire qui nous intéresse.
-Je vous remercie général de l’approuver !... Hum je suppose que votre charmante épouse s’est chargée de… Vous voyez ?
-Oui en effet, et elle le fera également les prochains jours jusqu’à sa libération !
-Fort bien… Hum dans ce cas, quand vous retournerez chez vous ce soir ? Pouvez vous confier ceci à votre épouse pour qu’elle l’offre à…
-A ?... Dîtes son nom Majesté ! Personne ne vous entendra ici !
-A Anna ! Faîtes-lui ce présent !
-Je dirai que cela vient de sa marraine Ylva !... En attendant son arrivée !
-Excellent général ! Dîtes bien ceci ! Voilà et du coup… Hum… Maintenant vous… Vous savez pourquoi j’étais… Dans ce passage ! J’y… J’y ai fait stocker les tenues d’Anna et même celles qui avaient été commandées, j’espère que la taille sera bonne !!



Intrigué, Olson s’autorisa à dénouer le paquet et observer la robe bleue qu’il contenait. Circonspect, il leva un regard vers le monarque gêné.


-Votre Altesse… Ceci n’est pas une robe commandée… Mais une ancienne tenue portée par la princesse Elsa !
-Comment ? Oh diable j’ai dû me fourvoyer ! Je… Eh bien dans le fond… peu importe, elle devrait être à la bonne taille pour Anna et ainsi elle… Elle aura… Quelque chose d’Elsa auprès d’elle ! Finalement… C’est encore mieux !


Le roi avait parlé d’une voix fausse. Olson n’avait pas besoin en cet instant de forcer son talent d’agent de renseignement pour être certain que le monarque ne lui disait pas la vérité. Son instinct ne l’avait pas trompé. Quand il avait aperçu le roi tout à l’heure, il comptait seulement l’informer mais le voir s’éloigner en hâte vers ce corridor et regarder craintif autour de lui avait attisé la curiosité du militaire. Agnarr avait un secret ! Un grand secret, cette excuse pitoyable de la robe n’était qu’une preuve de plus. Le général tâchait de masquer sa colère et sa déception. Le monarque, pour la sécurité d’Arendelle ne devait rien lui cacher mais peu importait, il allait découvrir ce que manigançait Agnarr.


-Votre Majesté, j’ai incorporé l’armée d’Arendelle alors que votre père n’était encore que le prince héritier, j’avais 14 ans ! Cela fait donc 50 longues années que je sers fidèlement la couronne ! Plus de quatre décennies que j’ai un grade d’officier de votre armée ! Sauf votre respect, je conseillais déjà votre père alors que vous aviez encore l’âge de porter des langes ! Si je me permets de vous rappeler tout ceci c’est parce que jamais, durant toutes ces années, je n’ai failli à ma mission de servir fidèlement la couronne et ses intérêts !
-Mais je… Je le sais général et… Le jour où vous déciderez de nous quitter cela sera, une immense perte pour nous soyez en sur. Balbutia Agnarr.
-Je ne dis pas cela pour ça votre Majesté ! Je ne cherche pas les honneurs ! Mais savez vous pourquoi je n’ai jamais failli à ma tâche ?
-Eh bien…
-Parce que jamais ! Vous m’entendez Altesse, jamais, la couronne ne m’a caché quoi que ce soit qu’il me soit important de savoir pour protéger la monarchie !
-Mais… Je le sais Olson, c’est bien pour cela que vous savez pour… Anna ! Je n’ai aucun secret pour vous !
-Ah oui ?... Alors pourquoi me mentez-vous votre Majesté en ce moment même ?! Vous n’étiez pas là-dedans pour chercher une robe !
-Mais… Olson je ne vous permets pas de…
-Vous n’auriez pas pris toutes ces précautions pour vous rendre ici pour chercher un simple vêtement, c’est le premier indice. Le second, si tel devait malgré tout être le cas, alors vous auriez dû savoir ce que vous souhaitiez prendre et ne seriez resté plus de quelques secondes dans ce passage secret ! Le troisième indice, jamais vous n’auriez fait l’erreur de prendre une tenue de votre fille ainée pour votre cadette ! Pourtant votre Majesté, vous soutenez cette version. Il n’y a qu’une seule raison pour que vous m’inventiez une telle histoire ! Vous cachez un grand secret. Un secret connu de vous seul. Un secret qui vous préoccupe fortement, car vous n’auriez pas pris le risque de vous en charger en pleine matinée alors que nombre de personnes pourraient requérir votre attention ! Il s’agit donc d’un secret important pour Arendelle ! Le type de secret dont je me suis fait le devoir de protéger en servant la couronne quand je me suis engagé dans la glorieuse armée de votre grand-père ! Alors roi Agnarr, je ne vais vous poser la question qu’une seule fois : Quel est ce grand secret ?



Les défenses d’Agnarr se brisaient les unes après les autres. Lui dont le regard altier pouvait intimider bon nombre d’interlocuteurs tentait de fuir celui du général. Olson était en mission et Agnarr ne faisait pas le poids face au meilleur élément de son état-major. Le roi savait pertinemment que fuir ce regard était un aveu supplémentaire. Il était inutile de nier. Après tout, Olson était un homme fidèle, sans doute allait-il être dans cette affaire un allié précieux.


-Je rends les armes Olson, vous avez gagné ! Tout ce que vous dîtes est vrai !
-Je suis heureux d’apprendre que vous ne comptez pas nier. Maintenant, il faut tout me dire…
-Yara ! Yara je vous prie ! Sortez !


Sidéré, Olson vit alors la tapisserie à nouveau bouger et, quelques instants plus tard, sortir penaude, la jeune infirmière du docteur Lothar qu’il avait croisé la nuit précédente au chevet de la reine. Alors que la jeune adulte s’approcha au niveau du roi, Olson les dévisagea tous les deux, peinant à contenir ses émotions.


-Quoi ?!... Votre… Votre… Majesté !!! Je… Bien sûr vous vivez votre vie comme… Mais… Enfin votre Majesté la reine est en ce moment… Et… Vous… et… cette demoiselle… Vous…
-Comment ?! Non !!! Olson vous n’y êtes pas du tout !!! Je crains que vous ne vous fassiez une très mauvaise idée de ce que je dois vous révéler !!!
-Je ne suis pas certain Altesse finalement de vouloir connaître les détails ! Ecoutez, je ne serai de toute manière pas le mieux placé pour vous blâmer et… par le passé, j’ai pu garder des secrets royaux de ce type dont vous ne pouvez… et ne voulez pas connaître l’existence Majesté donc… Il est inutile de…
-Général !!! Général restez je vous en prie ! Il n’est nullement question d’adultère ! Non, mon secret est bien plus grand. Venez, vous allez comprendre !
-Je…
-Je vous jure Olson, sur la couronne d’Arendelle et la mémoire de mon père que toute relation entre cette jeune personne et moi n’est que pure folie de votre esprit et je m’en veux de vous avoir ainsi induit en erreur. Je vous en conjure général, venez avec nous ! Vous aviez raison, ce secret est très lourd et il était idiot de ma part de ne pas vous l’avoir révélé.


Cette fois, le souverain avait plongé son regard dans celui du militaire. Les yeux du roi étaient brillants de vérité, mais aussi de crainte. Cela inquiéta quelque peu Olson qui se demandait ce qu’il allait découvrir. Avec prudence, il se faufila dans le passage secret laissant le roi et Yara ouvrir la marche. En bas d’un escalier poussiéreux se trouvait une porte en bois. La jeune femme, sur ordre du roi sortit de sa poche une clef et fit pivoter, avec une force insoupçonnable pour une créature si frêle la lourde porte sans effort.


-Olson ?... Voulez-vous, vous donner la peine ?


Le général obéit et entra dans la pièce mystérieuse. Curieusement, elle était propre et chaude. Il ne s’agissait que d’un modeste salon, meublé avec le minimum mais un objet attira son attention. Il s’approcha prudemment et son cœur manquât un battement. Confortablement emmailloté, un nouveau-né dormait profondément dans un berceau.


-Qu’est-ce que ?... Que fait ce bébé ici ? Où sont ses parents ?... Je ?.... Non Majesté ne me dîtes pas que vous et cette demoiselle ?...
-Olson !! Olson, je vous le répète, il n’y a rien du tout entre mademoiselle Yara et moi mais en revanche cet enfant… Il est mon fils !
-Pardon ?... Je ne comprends pas votre Majesté ?... Et… Je crains de le demander mais je le dois… Qui est la mère de l’enfant ?
-Rien que la morale ne réprouve Olson, la mère n’est autre que mon épouse légitime, la Reine Iduna.
-La reine ?! Mais… Mais alors Altesse, la reine a… Elle a enfanté de jumeaux ?! Mais je ne comprends pas ? Pourquoi ne pas avoir…
-Vous n’y êtes pas Olson… La reine n’a pas accouché de jumeaux… Mais seulement du prince Kaspian que vous avez sous les yeux !
-Mais ?... Mais ?... Mais alors ?.... La présentation ? L’enfant dans la nursery ? La… La princesse… Emma ?... Si la reine n’a pas accouchée de jumeaux…
-La princesse Emma, bien que reconnue princesse n’est pas de mon sang, ni de celui de la reine. Il s’agit d’une enfant trouvée sur la route qui mène vers Arnevik, elle a été déposée à l’orphelinat d’Arendelle. Sans doute doit-elle avoir une semaine de plus que le prince Kaspian.


Olson était incapable de dire le moindre mot. Il cherchait vainement à comprendre pourquoi le roi avait décidé de cacher son véritable enfant alors que Yara se penchait sur le berceau du nouveau-né qui se réveillait.


-Aïe !!!
-Yara ! Eloignez-vous ! Vous savez qu’il faut prendre vos précautions…
-Ce… Ce n’est rien Sire, c’est juste… Un peu chaud… S’excusa l’infirmière en replaçant l’enfant.
-Venez Olson ! Vous allez comprendre ! Vous devez vous poser des questions ? Pourquoi le roi décide de cacher son enfant, un fils qui plus est ! Approchez ! Vous savez le fardeau que porte Elsa… Eh bien regardez Kaspian ! Touchez sa main !


Tel un automate, Olson s’exécuta et sentit aussitôt, alors que le bout de son doigt entrait en contact avec la menotte du nourrisson une chaleur. D’instinct il retira sa main et observa une minuscule cloque apparaître à l’extrémité de son index.


-Vous avez compris général ? Si Elsa a les pouvoirs de l’hiver… Cet enfant a le feu en lui !


Olson resta de longues secondes en silence à dévisager le petit prince. Face à ce nouveau pouvoir il ne pouvait que comprendre la grande crainte du roi, et même pourquoi il avait semblé si distrait lorsqu’il était venu le voir pour lui narrer les mésaventures d’Anna.


-Sa Majesté la reine est-elle…
-Non ! L’enfant est né alors que la reine était inconsciente et nous avons constaté immédiatement ce phénomène, ce pouvoir de naissance est apparu dès son premier cri, comme ce fut le cas pour Elsa. Je ne pouvais avoir le moindre doute. Yara m’a alors parlé la nuit suivante de cette enfant trouvée qui avait été apportée à l’orphelinat, l’échange a été fait dans la nuit. Même le docteur Lothar n’a jamais vu l’enfant, à part Yara et moi, personne ne sait.
-C’est vous mademoiselle qui avez suggéré cette idée au roi ?!
-Non Olson ! Personne ne m’a rien suggéré ! Je sais prendre mes décisions seul ! Fit Agnarr fier de lui.
-Fort bien ! Puis-je savoir pourquoi avoir fait cet échange ?
-N’est-ce pas évident Olson !? En tant que garçon, Kaspian devenait l’héritier présomptif devant Elsa ! Vous imaginez un monarque d’Arendelle, doté d’un tel pouvoir ?! Cela serait bien trop dangereux !
-Parce que ce pouvoir vous paraît plus dangereux que…
-Nous sommes un royaume de l’hiver Olson ! Et Elsa, une fois grande sera mariée à un homme qui saura mener le royaume !
-Ah parce que vous comptez confier votre succession non pas à votre fille mais à un étranger qui l’épousera ? Demanda Olson circonspect.
-C’est de la politique Olson ! Nous avons toujours su forger des alliances par le mariage !
-Soit… Et quels sont les projets pour ce petit ?
-Dans quelques temps, Yara adoptera cet enfant. En temps qu’orpheline, cela ne surprendra pas qu’elle s’intéresse au sort des enfants sans famille… Je veillerai ensuite à ce qu’il ne manque de rien.
-C’est donc ça votre idée Majesté ?
-Oui ! Je n’ai pas trouvé d’autres solutions, je souhaitais être le plus discret mais maintenant que vous savez Olson, vous pourrez veiller sur lui également ! Et cette fois je pourrais voir l’enfant grandir ! Vous qui planifiez nos brillantes stratégies, vous devez apprécier l’astuce ? Demanda le roi sans fausse modestie.
-Je peux toujours vous parler franchement ?
-Bien sûr ? Pourquoi ? Voyez vous une faille dans ce plan ?
-Une faille ?!... Votre altesse, vous pourriez être mon fils et si vous l’étiez je vous garantis que votre joue serait déjà marqué de ma main ! Si vous étiez un de mes hommes, je vous aurais fait mettre aux arrêts et une fois votre peine faite, j’aurai fait en sorte de vous rendre à la vie civile plutôt que vous avoir encore au sein de l’armée ! Vous rendez vous compte votre altesse de l’énormité de votre bêtise !?
-Olson je ne vous permets pas de…
-Oh si votre Altesse vous allez me permettre ou alors dès cet instant, je me décharge immédiatement de toutes mes fonctions militaires et me lave les mains de tous vos secrets !


Agnarr fut pris au dépourvu alors qu’Olson laissa échapper toute sa colère à l’encontre du monarque. Les mots furent durs et le général ne sut se modérer seulement pour ne pas lever la main sur son roi. Agnarr de son côté, sidéré n’osait pas répondre et encaissait les remontrances, sermonné comme un jeune enfant qui aurait commis une grosse bêtise. Inconsciemment, sans doute que le roi aurait préféré recevoir en cet instant une bonne gifle plutôt que les reproches acerbes d’Olson. Le général avait l’art de trouver les mots pour faire mal.


-… Ainsi ça n’est plus un, mais deux de vos enfants que vous abandonnez ! Et cette pauvre Anna emprisonnée, que vous avez balayé de votre vie au nom d’une protection envers un pouvoir, voilà une excuse qui n’a plus lieu d’être et, maintenant que vous avez présentée une enfant trouvée, c’est désormais impossible de faire revenir votre cadette ! Vous ruinez la vie et le bonheur de vos enfants ! Puisque vous ne pouvez assurer le bien pour votre famille, vous ne pouvez le faire pour le royaume ! Le roi Runaerd, depuis l’au-delà, auprès de tous les rois qui l’ont précédé doit avoir tellement honte de vous Agnarr ! Vous ne méritez pas la couronne sur votre tête !


Une larme perla le long de la joue du monarque. La veille Olson avait déjà su se montrer sévère envers lui mais ça n’était rien comparé à cette dernière remarque. Agnarr ne savait comment trouver la force de répondre à une telle attaque, sans relever la tête, il répondit dépité.


-Dois-je comprendre Olson que vous décidez effectivement d’abandonner vos fonctions ? Je le comprendrai et veillerai sur votre bien être…
-Veiller sur mon bien être ? Non merci ! Je vois comment vous veillez sur celui de votre famille je préfère m’en passer ! Et j’aime trop mon royaume pour ne pas le défendre de vos erreurs. Non Majesté, je vais rester !
-Merci Ol…
-Ah non !!! Non votre Altesse ! Surtout pas ça !!! Ne me remerciez surtout pas pour ça ! Je ne veux surtout pas être remercié pour vous avoir aidé dans votre stupidité !
-Que voulez vous dire ?
-Il est évidemment trop tard pour faire machine arrière ! Impossible d’expliquer ce changement d’enfant, ni même oser les présenter comme des jumeaux. Le peuple se défierait de vous, ainsi que la reine, vous risquez une Révolution ! Nous n’avons plus le choix, cet enfant doit disparaître du château !
-J’y compte bien ! Aucun document n’atteste de sa naissance !
-Ah non !!! Non vous n’allez pas vous en tirer à si on compte ! Vous allez les remplir ces documents !
-Mais ça serait…
-Un risque oui ! Mais tôt ou tard, cette vérité devra éclater si cela doit se passer ainsi ! Et avec l’existence de ces papiers, vous aurez toujours au-dessus de votre tête cette menace ! Ce poids qui vous tourmentera et vous rappellera chaque jour votre faute ! Vous n’espériez tout de même pas vous en tirer aussi facilement !
-Olson mais…
-C’est ma condition et elle n’est pas négociable Altesse ! Pour mon aide, vous devez vous condamner à être tourmenté !


Le roi savait qu’il n’avait pas le choix et capitula. D’un pas lent il se dirigea vers le bureau au plus près du berceau, s’arma de papier et d’une plume avant de s’atteler à la rédaction de l’acte de naissance du prince Kaspian. Dans un soupir, après avoir dévisagé l’enfant endormi, il apposa son sceau royal rendant le document officiel. Satisfait, Olson l’observa dissimuler cet acte de la honte et reprit un visage plus amical.


-Bien, nous devons organiser la fuite de cet enfant. Vous veillerez à ce qu’il ne manque de rien !
-Evidemment, je le jure sur ma vie ! D’ailleurs… avec Yara nous… Nous avons pensé à une solution.
-Laquelle.
-Eh bien, je pourrais l’aider à s’installer en Arendelle et elle… Elle pourrait adopter Kaspian comme je vous l’ai dit…
-L’adopter ? Etes-vous sérieux ?
-Général pitié ! J’ai fait naître cet enfant ! Je l’aime !!! Je saurai prendre soin de lui ! Implora Yara.
-Ca n’est pas vous que je remets en question mademoiselle mais, pardonnez-moi de le formuler ainsi, c’est votre statut ! Une jeune femme non mariée qui recueille un bébé ? Une jeune femme non mariée qui porte le nom d’orpheline ? Qui voudra lui faire confiance ? Lui offrir un emploi ? Ne serait-ce que ne pas l’insulter dans la rue ?! Vous souhaitez condamner cette jeune femme à une vie de misère, rejetée par toute la société et compromettre définitivement ses chances de trouver un époux si tel devait être son désir ? Enfin, vous faîtes disparaître cet enfant du fait de son pouvoir… Si vous le faîtes sortir du château pour l’avoir finalement seulement à ses portes dans la ville d’Arendelle quel intérêt ?
-Général, vous ne comprenez pas ! J’ai assuré au roi que je comptais m’occuper de l’enfant ! Je tiendrais parole ! Et si pour cela je dois quitter Arendelle, je le ferai ! Répondit Yara déterminée.


L’obstination de la jeune femme déstabilisa le militaire qui fit les cent pas dans la pièce à chercher une solution. De son côté, le roi tentait de se faire le plus discret possible et n’osait pas ouvrir la bouche, craignant une nouvelle salve de reproches acerbes. Enfin Yara avait pris dans ses bras le nourrisson, faisant fi de la chaleur et ne quittait pas Olson du regard pour le forcer à ne pas la séparer de Kaspian.


-Vous seriez prête mademoiselle à quitter dans les prochains jours Arendelle ? Vous avez conscience que ce départ sera définitif ?
-Je ne suis arrivée que depuis peu, je n’ai ni ami ni famille ici, tant que je n’ai pas à retourner à Kraberg, n’importe quel endroit sera pour moi un nouveau départ !
-Sire… Vous pouvez remercier votre bonne étoile d’avoir fait la rencontre d’une telle personne ! Mademoiselle, je ne proposerai rien sans votre accord sachez le, mais je pense avoir la solution…
-Je vous écoute Olson ! Demanda le roi soulagé.
-Ne criez pas victoire Majesté, ça n’est pas vous qui déciderez, mais bien cette jeune femme ! C’est uniquement à elle que je parle !
-Qu’attendez-vous de moi général ?
-Je dois vous parler mademoiselle avant cela d’une petite fille vivant dans le village d’Harmon…
-Vous voulez parler de la princesse Anna ? Coupa Yara.
-Co… Comment savez-vous ?...
-Hum… Yara connaît ce secret, je le lui ai révélé lorsqu’elle a accepté de s’occuper de Kaspian et m’a aidé à procéder à l’échange avec Emma… Avoua Agnarr.
-Oh ?... Encore une imprudence Majesté ! Vous confier ainsi à une personne que vous ne connaissez que peu…
-C’est aussi apprendre à faire confiance Olson ! C’est une des qualités d’un monarque ! Répliqua Agnarr qui voulait reprendre le dessus.
-Sans doute… Sans doute votre Altesse ! Bien, au moins nous allons gagner du temps. Mademoiselle, vous n’êtes sans doute pas sans savoir que cette enfant a des ennuis ?
-J’en… ai entendu parler… Pas dans les détails.
-Sachez qu’elle est pour l’heure ici, en Arendelle et nous espérons pouvoir la ramener dans les prochains jours auprès de sa famille d’accueil, des boulangers ! Finalement, cette mésaventure pour Anna pourra servir vos desseins Majesté ! Voici ma proposition ! Quand viendra le moment de raccompagner Anna, Yara sera du voyage avec moi. Tomally et Johan ont été prévenus et sont mortifiés de n’avoir pas pu protéger Anna, ils sont prêts à faire n’importe quoi pour votre pardon !
-Mais je n’ai rien à leur…
-Par pitié taisez-vous ! Bien sûr que vous n’avez rien à pardonner néanmoins, vous pouvez toujours compter, et peut être même plus encore sur ces gens ! Demandez-leur de veiller sur cet enfant ! Quant à Yara, il sera aisé de la présenter comme une nourrice. Au vu de la bêtise d’Anna, il va sans dire que cette enfant a besoin d’être plus étroitement surveillée, cela ne choquera personne de voir débarquer une nourrice employée chez les Tomally pour veiller sur cette chipie et le nourrisson qu’ils auront recueilli ! Nous ferons ainsi taire les éventuels quolibets d’Harmon, je les accompagnerai et annoncerai haut et fort rapporter à mon frère l’enfant qu’il comptait recueillir et dirai aussi que ma nièce Anna a grandement apprécié son séjour auprès de son oncle ! Ainsi, votre fille pourra-t-elle grandir en compagnie de son frère ! Votre épouse une fois sur pieds pourra ainsi le connaître, même si elle ne saura jamais qui il est réellement !
-Vous ?... Olson vous accepteriez de montrer vos sentiments familiaux…
-S’il le faut pour protéger Arendelle, vous savez que je ferais tout ce qui s’avèrera être nécessaire ! Mais je le répète votre Majesté… Ca n’est pas vous qui décidez ! Alors mademoiselle ? Avez-vous des questions ? Je puis vous assurer que la vie à Harmon vous paraîtra agréable et je réponds de l’intégrité de la famille Tomally ! Ces gens sont très appréciés là-bas !
-Devrais-je vivre chez eux ?
-Je ne doute pas qu’ils vous offriront le gite et le couvert le temps que vous puissiez vous installer, le roi saura de son côté vous trouver un logement agréable dans le village, et vous recommandera auprès du médecin d’Harmon. Vous pourrez ainsi également, exercer votre véritable emploi !
-Vous pensez qu’il acceptera une femme célibataire avec un enfant ?
-Je crains que vous ne m’ayez mal compris mademoiselle… ça n’est pas vous qui allez adopter le prince Kaspian, mais la famille Tomally. Vous serez pour cet enfant… sa nourrice, pour lui mais aussi pour la princesse Anna si vous le désirez !
-Je… Je devrais le laisser à… à d’autres ?
-Des gens très bien ! Et vous le verrez tous les jours vous pouvez en être certaine ! Mais je vous l’ai dit, c’est à vous de décider ! Fit Olson tout en rédigeant une missive.
-Qu’écrivez-vous général ?
-Un message pour la famille Tomally, pour expliquer la situation. Vous n’avez qu’un mot à dire et je fais partir ce courrier sur le champ.


Le militaire voyait bien que la jeune femme hésitait. Elle avait accepté d’aider le roi mais elle semblait prendre tout à coup conscience de tout ce que pouvait impliquer ce service. Pouvait-elle accepter de s’exiler, loin de la grande ville du royaume qui avait toujours été son rêve ? Accepter de ne pas être la mère pour cet enfant dans ses bras ? Yara ne savait plus quoi penser.


-Majesté, sortons, laissons-lui quelques minutes pour réfléchir seule, nous la perturbons.
-M… Merci. Balbutia-t-elle.


Sans laisser le temps au roi de répondre, le général l’entraîna en dehors de la pièce secrète et tous deux remontèrent quelques marches de l’escalier poussiéreux. Arrivés à mi-chemin, Olson fit volte-face, empêchant Agnarr d’être sur la même marche. Le roi avait beau être grand, il devait lever les yeux pour observer Olson. Cet acte de défiance, cet outrage à la couronne, le général en avait pleinement conscience. C’était parfaitement volontaire. De son côté, Agnarr avait compris qu’il n’était pas en position de force.


-Que désirez-vous Niklas ? Je suis votre obligé. Commença le roi en baissant les yeux.
-Une chose ! Pourquoi ?!
-Je ne comprends pas…
-Vous n’êtes pourtant pas un crétin alors je veux savoir pourquoi vous avez agi comme tel ? Par loyauté envers Arendelle, je viens de chercher une solution pour vous. J’ai dû laisser à une pauvre gamine tout juste sortie de l’enfance un choix cornélien, rien n’est gagné, elle peut refuser, et si elle accepte, je ne pourrais pas rentrer ce soir chez moi sans une intense envie de vomir en sachant que je vais devoir exiler non plus une mais deux enfants royaux pendant qu’une enfant perdue va elle prendre la place d’un prince ! Alors pourquoi Majesté avoir agi ainsi ?! Sans aucune compassion, ni pour vos enfants, ni pour votre épouse qui ne sait rien et va serrer contre son cœur une enfant qui n’est pas la sienne, ni pour le Royaume que vous venez honteusement de tromper !
-Je…Quand j’ai pris Kaspian dans les bras, la nuit de sa naissance, vous vous en doutez j’étais fou de joie… Bien que triste pour Elsa. Je la prépare depuis toujours à être reine et tout devait s’arrêter. Je craignais qu’elle ne soit contrariée et que ses pouvoirs… Bref j’ai eu peur qu’il ne se passe la même chose qu’avec Anna et c’est là, à cet instant que j’ai senti l’enfant me brûler la peau légèrement. J’ai compris qu’il avait lui aussi un grand pouvoir, et cette nuit-là, j’ai fait un rêve étrange. Vous étiez là lors de cette terrible bataille contre les Northuldra. Je la revivais, je voyais mon père basculer de la falaise et tout à coup ces flammes roses ! Vous les aviez vus vous aussi n’est-ce pas ? Elles n’étaient pas naturelles, c’était de la magie?
-Oui je m’en souviens… J’en ai gardé un souvenir impérissable ! Fit Olson en relevant sa manche d’uniforme et dévoilant une cicatrice au bras. Mais quel est le rapport avec ce que je vous demande.
-Eh bien, quand les flammes sont apparues, j’ai été propulsé ensuite par une bourrasque en arrière et j’ai perdu connaissance ! Mon épouse m’a avoué il y a de cela seulement un an que c’était elle qui m’avait trouvé et sauvé mais cette fois, point d’évanouissement, ni d’Iduna qui vient à mon secours. Non, la bourrasque m’a entraînée dans les airs, entouré par les flammes, je voyais au loin des géants de pierre s’agiter et des gerbes d’eau prendre la forme d’un équidé devant mes yeux et soudain, un immense cristal s’est crée devant moi. Je continuais de flotter dans les airs et la bataille continuait d’endeuiller les deux camps. C’est là qu’elle est apparue !
-Elle? Mais de quoi me parlez-vous ? Quel rapport avec le prince ?
-J’y viens ! J’ai vu le visage d’une femme ! Une femme blonde ! Elle semblait jeune, puis terriblement vieille, puis jeune… Je ne sais plus ! Mais cette femme m’a parlé ! Elle m’a dit qu’elle était le premier cinquième esprit et m’a mis en garde… L’horreur à laquelle j’étais témoin sous mes pieds allait se reproduire si je n’agissais pas. Kaspian allait tout détruire, je devais l’éloigner. Je me suis réveillé en sueur cette nuit-là et dans le ciel, j’ai vu tomber ce cristal… Tenez !


Olson avait écouté avec attention et grimaça en récupérant l’objet des mains du roi. Ce curieux morceau de cristal ressemblait à ceux que collectionnait son épouse.


-J’ai compris que c’était un avertissement, que je devais agir. J’étais éveillé, et j’ai à nouveau entendu la voix. Elle m’a guidé jusqu’à la nursery où j’y ai vu Yara. La voix m’a alors parlé pour la dernière fois, elle disait que je devais prendre une enfant orpheline et j’ai su que je devais faire disparaître Kaspian. Je me suis confié à Yara et elle a accepté de m’aider… Vous… Vous me prenez pour un fou Olson n’est-ce pas ?
-Ce que je crois ne compte pas Altesse ! En revanche pour mon silence, je souhaite conserver ceci !
-Tout ce que vous voudrez Olson !
-Et vous devez me faire une promesse… Si un jour, peu importe ce que c’est, vous entendez ou vous croyez entendre une voix, avant de prendre la moindre décision, venez me voir ! Je n’ai pas l’intention de passer mes journées à devoir cacher vos méfaits !


Le militaire ne laissa pas le temps au souverain de répondre. Sans aucune politesse, il se permit même de le bousculer pour redescendre l’escalier et regagner la pièce secrète. Yara tressaillit en voyant la porte s’ouvrir à nouveau et voir les deux hommes entrer.


-Vous avez pris votre décision ? Demanda Olson de sa voix autoritaire.
-J’accepte général !
-Fort bien, je me rends sur le champ à Harmon pour prévenir les Tomally ! Vous votre Altesse, j’espère que vous aiderez votre bienfaitrice à préparer son départ ! Fit Olson sur un ton martial et, après un salut militaire, disparu dans la pénombre.

Chapitre 11 : Raconte-moi une histoire




-Je peux sortir de l’eau maintenant Madame Beata ?
-Je t’ai dit petite que je ne voulais pas t’entendre ! Frotte bien tes oreilles ! Elles étaient tellement sales que tu entendais n’importe quoi !
-Je vous jure madame, je suis toute propre et je… Je commence à avoir froid s’il vous plait…


L’enfant sanglota doucement ce qui fendit le cœur de Beata. D’instinct elle observa l’horloge martiale du logis. La fillette pataugeait dans sa baignoire depuis une heure désormais. Elle s’en voulait tant de l’isoler ainsi, comme si Anna n’avait pas assez de malheurs comme ça ! Elle ne pouvait continuer à faire comme si de rien était, elle allait devoir trouver un moyen de se rattraper. En hâte elle se saisit d’un vieux linge de maison qu’elle avait jadis brodé à l’occasion de sa première union et se précipita dans la salle de bains.


-Je te demande pardon ma puce ! Beata perd la boule, je n’ai pas vu l’heure, vite sors de là et ?... Mais pourquoi donc as-tu gardé tes sous-vêtements pour te baigner ?! Fit la femme d’une voix rapide et enjouée.
-Mais c’est vous qui…
-Ah là là !!! Quelle petite étourdie tu fais ! Tu as dû rêvasser et plonger ainsi sans même être déshabillée !? Comment allons-nous faire ?! Coupa-t-elle avec un débit de paroles important pour empêcher Anna de parler.


La mère de Kristoff poursuivi son monologue et tentait de faire sourire la fillette, insistant sur son caractère étourdie et rêveuse. Sans doute espérait-elle convaincre l’enfant qu’elle avait dû imaginer les terribles paroles de Beata. Avec énergie elle délesta l’enfant des vêtements trempés pour les jeter un peu plus loin. Nue comme un ver, Anna frissonna quelque peu avant que de manière bien plus douce, Beata ne l’enroule dans le linge pour la sécher doucement. La petite n’écoutait plus Beata, elle ne pensait même plus à parler, elle appréciait contre sa peau la douceur de ce vieux tissu qui sentait si bon l’odeur de la forêt et était fascinée par les détails des broderies, ces belles formes géométriques qu’elle n’avait encore jamais vues auparavant.


-Tu vas prendre froid si tu enfiles à nouveau ceci… Allez tiens, voici une chemise de nuit de Kristoff, cela fera l’affaire pour toi !
-Mais…
-Non ne t’en fais pas, elle ne lui manquera pas, il est parti plusieurs jours ! Je laverai tes vêtements, tu les récupéreras demain petite ! Ca n’est pas parce que tu dois avoir cette terrible épreuve que tu ne peux pas avoir des vêtements propres !
-C’est que madame…
-Non ne me remercie pas ! Allez, enfile ça correctement ! Ne me dis pas qu’une grande fille comme toi ne sait pas s’habiller !
-Madame Beata écoutez-moi ! Cria Anna qui comprit tout à coup l’effet qu’elle pouvait faire aux autres à parler sans s’arrêter.
-Qu’y a-t-il ?


La fillette n’eût pas besoin de parler, le ridicule prenait le dessus. Kristoff était plus âgé qu’Anna, c’était un grand garçon et fort pour son âge, sa tenue de nuit ressemblait du coup bien plus à un sac qu’à un vêtement sur la frêle Anna.


-Oui… Je… Attends, je vais arranger ça ! Que cela soit à ta taille !
-Ce n’est pas très confortable comme vêtement ! Comment il fait Kristoff pour supporter ça comme sous vêtement ?! Je ne vais pas tenir plus d’une heure avec ce truc madame !
-Je suis certaine qu’il dirait la même chose à propos de tes tenues de ville ma chérie ! Ne t’en fais pas tu vas t’y habituer ! Il vaut mieux des vêtements propres et secs tu ne penses pas ? Attends, lève le bras… Voilà, ne bouge pas une seconde ! Et voilà c’est fini ! Regarde c’est mieux n’est-ce pas ?
-Euh… Hésita Anna qui ne voulait pas être impolie.
-Oui je sais… Ce n’est pas joli ! Mais on s’en fiche ! Ça sera caché sous ta robe !
-Oui… Vous devez avoir raison…
-Alors, tu te rhabilles ? Ou tu préfères rester comme ça ?
-Je vais remettre ma robe !
-Alors comment se fait-il que tu ne l’aies pas déjà mise ?! Ah mais quelle tête en l’air !!! Dépêche-toi, le plat va être froid sinon ! Coupa Beata avant de sortir.
-Madame Beata ?!
-Quoi trésor ?
-Est-ce que ?... Je peux garder votre linge qui sent la forêt ?
-Oui… Si ça te fait plaisir !


A nouveau l’ancienne Northuldra s’éloigna en soupirant. Son cœur avait manqué un battement à l’instant où Anna avait posé sa question mais finalement, à ne parler que du linge, elle semblait avoir oublié les malheureuses paroles de Beata ! Au fond d’elle-même, elle espérait que l’enfant ai hérité du trait de caractère de sa mère qui avait le don de passer du coq à l’âne en quelques instants, même si, au fond d’elle-même, elle craignait une autre caractéristique d’Iduna… Celle d’avoir une mémoire d’éléphant.
L’éléphant ! Pourquoi Beata venait-elle de penser à cet animal exotique ?! Le totem de cette fameuse mamie Anna. Non ! Elle devait oublier ce nom ! Oublier Iduna et son enfance. Ces pensées devaient quitter son esprit pour ne pas risquer de compromettre le secret. Comme si de rien était, elle invitait la fillette à venir prendre place à table avant de lui servir une assiette de ragout de rennes. L’enfant en prit une bouchée mais aussitôt grimaça.


-Oh ? Tu n’aimes pas petite ?
-Bah… c’est un peu bizarre comme goût !
-Oh je connais une dame qui grimacerait autant que toi de savoir que tu n’aimes pas…
-Ah oui ? Qui ça ?


Un long silence s’installa alors qu’un gout de sang emplit la bouche de Beata tant elle venait de se mordre fort la langue. C’était décidément plus fort qu’elle !


-C’est encore cette mamie Anna c’est ça madame Beata ?
-Je… Euh…
-Non mais c’est bon madame Beata, je fais une blague, j’ai bien compris, la mamie Anna dont vous parlez, en fait c’est pour impressionner les enfants ! C’est comme le père noël pas vrai ? Questionna Anna avec un sourire malicieux.
-C’est comme ?... Oh mais oui !!! Oui tout à fait ! C’est exactement ça ! Mamie Anna, c’est comme le père noël ! Hoqueta Beata ravie de pouvoir s’en sortir à si bon compte.
-Ha ! Vous êtes une menteuse madame Beata ! Je sais que c’est rien qu’une excuse !
-Quoi donc petite ?
-Le père noël, c’est l’excuse des grands quand on ne veut rien dire aux enfants ! C’est rien qu’une histoire inventée !
-Le père noël ? Une histoire inventée ?! Toi !! Tu oses dire une chose pareille ? Une héritière Picéa… Hum !!! Je veux dire… Une enfant de ton âge ?!
-Picéa ? C’est quoi ça ?!


Comme à son habitude le caractère curieux et volatile d’Anna avait pris le dessus et questionnait avide de réponse sans prendre garde qu’elle trempait le linge prêté par Beata dans la sauce du ragout.


-Fais attention petite !! Tu vas l’abîmer, c’est mon dernier souvenir de famille, qui a été offert à ma mère par la chamane Helga…
-Une chamane ? Tu connais une chamane ?! Oh je sais ce que c’est ! Ca fait de la méditation !!! Marraine Ylva m’a montré !!! Regarde !!! Tu dois rester calme et ensuite euh… Attends je te montre, je sais pas trop expliquer !


Toute guillerette, ayant oublié ses grands soucis de prisonnière loin de chez elle, l’enfant s’empressa de se placer et se souvenir de ce que jadis, près de moulins à vent, sa marraine Ylva qu’elle venait de rencontrer lui avait montré pour la calmer. Beata de son côté avait observé stupéfaite. La fillette pratiquait un rite qu’elle n’avait plus revu depuis qu’elle avait quitté sa patrie au nord.


-Comment ? Comment as-tu appris ça toi ?!
-Bah je t’ai dit, c’est marraine Ylva qui m’a montré !
-Marraine Ylva ?... Vraiment ?! Si sa mère savait ça !
-Tu connais la maman de marraine Ylva ?! Elle doit être vieille !!! J’ai donc une mamie marraine ?! Tu crois qu’elle viendra me voir un jour avec marraine ?!... Oh je sais !!! C’est elle cette mamie Anna dont tu parlais avant de me jeter dans le bain ?! C’est ça ?! Oh ça serait trop chouette ! La maman de marraine qui a mon prénom !!!
-Anna !!
-Je suis sûre qu’on pourrait bien rigoler avec elle ! Et elle doit être aussi jolie et gentille que marraine ! J’espère qu’elle viendra un jour à la boulangerie, je lui ferai gouter les gâteaux de maman ! Oh d’ailleurs elle doit connaitre maman, vu que maman c’est la copine de marraine ! Les mamans, elles doivent toujours connaître les copains et copines de leurs enfants hein ?!
-Anna !!!
-Ca serait super de la voir, en plus moi j’ai pas de mamie et je me demande ce que ça fait d’en avoir une ! Oh et peut être qu’elle, elle voudra bien me faire faire une balade en forêt, et peut être que je pourrais voir la belle forêt que je vois souvent dans mon rêve avec les gens bizarres qui vivent dans des tentes et portent des vêtements… Oh des vêtements avec les mêmes symboles que ton linge ! Oh !!! Madame Beata, ça veut dire que ce pays existe ?! C’est le pays Picéa c’est ça ?! Picéa c’est un pays !!!
-Anna !!!!! … Attends ? Qu’est-ce que tu as dit ? Qu’est ce que tu as vu en rêve ?!


Beata, non sans effort réussit à canaliser l’enfant et lui demanda précisément ce qu’elle savait. Prenant cela pour un jeu, pour une fois qu’une personne voulait bien écouter ses rêves, l’enfant ne se priva pas de décrire l’immense forêt qu’elle survolait dans ses songes, sans oublier à la fin, son étrange vision d’une dame âgée, dotée d’une impressionnante chevelure rousse vivant à l’écart de la communauté forestière. Une fois le récit terminé, Beata était sidérée.


-Donc ?... Ta marraine Ylva… T’as parlé du pays Northuldra ?!
-Les Nor… euh… Oui ! Oh oui c’est ça le nom que marraine m’avait dit, je ne m’en souvenais plus mais oui !!! Oui marraine Ylva m’a parlé des Northuldra ! Ils vivent dans une forêt et dans des tentes et ils ont pleins de signes comme ton linge et…euh… Ils… Ils aiment la forêt. Et… La… Euh, la dame avec les cheveux comme moi bah…C’est, une dame très importante des Northuldra !


Beata demeura interdite quelques instants puis jaugea l’enfant qui ne détourna pas le regard. Anna paraissait sincère. L’ancienne Northuldra la questionna à nouveau sur la forêt dont elle parlait et l’enfant n’hésitait pas et répondait avec exactitude. Plus les minutes passaient, plus Beata en était convaincue, Iduna, avait bel et bien parlé du pays Northuldra à sa fille. Anna ne pouvait inventer tant de détails !


-Très bien, tu as gagné petite, approche… Toi qui parlais tout à l’heure du père noël et de chamanisme… As-tu déjà entendu l’histoire tragique d’Emma Picéaerd et Pierre Sappos ?
-Qui ça ?... Oh je veux savoir !!!



Beata ne se connaissait pas des talents de conteuse et faisait appel à ses anciens souvenirs. Elle fut surprise d’avoir si bien retenue les histoires que pouvaient raconter parfois le père de sa meilleure amie Iduna certains soirs dans la hutte des Picéaerd alors que la maîtresse de maison apportait la touche finale à son ragout. Evidemment, Beata passait sous silence cette partie même si, durant son récit, elle se sentait elle-même partir loin de la maison tranquille du général Olson pour se retrouver enfant, dans la hutte, auprès d’Iduna et écouter Elysia, le père, sortir un vieux carnet et raconter les folles histoires des lointains ancêtres. Dans leur enfance, si Iduna se montrait souvent peu attentive, surtout quand l’histoire s’attardait sur du chamanisme, Beata, elle, était toujours fascinée. Elysia avait été son conteur préféré. Lui, mais aussi la vieille de la communauté Ylva Nordlys qui était devenue l’historienne des Northuldra. Beata ne pensait pas qu’Iduna s’intéressait à cette vieille femme mais pourtant, c’est bien son prénom qu’elle avait choisi pour dissimuler son identité.
A trop se perdre dans ses souvenirs, Beata savait qu’elle en disait beaucoup à la fillette, peut être même trop mais il était si doux pour l’ancienne Northuldra de revenir aux sources et Anna de son côté n’avait jamais été aussi calme et attentive qu’à cet instant. La conteuse ne stoppait son récit que quelques minutes pour retourner à sa tache de cuisinière. Le repas aussi fut ponctué de longues conversations sur le pays Northuldra alors que les heures défilaient à une vitesse folle.
Tout à coup, le carillon martial de l’horloge sonna et tira Beata de son histoire.


-Ciel !!! Déjà ?!
-Quoi déjà ? Je veux savoir. Il s’est passé quoi après ? C’est formidable cette compétition de chamanes entre les Picéaerd et les Sappos ? C’était qui les meilleurs du coup ?
-Oh euh… Eh bien ça dépendait, en fonction des générations les Picéaerd étaient supérieurs en aura ou l’inverse mais ça suffit pour aujourd’hui Anna ! Il est déjà fort tard ! La garde va être relevée dans une heure ! Ils doivent te voir… où tu sais !
-Oh… Oui zut, je… Je dois y retourner !
-Ne t’en fais pas ! Ca ne sera pas long et je vais te laisser du ragout comme ça tu dormiras le ventre plein, et demain juste après l’aube, je reviens te chercher !
-D’accord ! De toute façon j’ai pas peur, j’ai pleins d’histoires sur les Sappos et les Picéaerd ! Tu crois qu’un jour je pourrais rencontrer des gens de cette famille ? Ils doivent être formidables si ce sont les descendants du père noël !
-Ah ?... Qui sait ? Quelque chose me dit petite que dans ta vie oui tu croiseras des gens de cette famille…


Beata ne souhaita pas prolonger la conversation et prit la main de l’enfant avant, d’un pas rapide de retourner vers le château d’Arendelle. Avec discrétion, elle déjoua la surveillance des gardes puis vînt le moment délicat où elle devait laisser la fillette à son triste sort. Le sourire d’Anna lui donna du courage même si son étreinte lui fendit le cœur. Beata fut au bord des larmes au moment de fermer la porte de la cellule et enfermer la fillette. Elle resta quelques instants, immobile, priant pour ne pas entendre Anna derrière la porte l’appeler ou sangloter.


-Heureusement petite… Tu as le courage de ta mère ! Souffla pour elle-même Beata avant de s’enfuir à pas de loup.


Tard dans la soirée, Olson rentra enfin dans son logis. L’homme n’était d’ordinaire jamais en retard, cela avait grandement inquiété Beata mais, face à la mine défaite de son époux elle se garda de tout commentaire. Le général ne souhaitait pas discuter et s’installa sans un mot derrière son bol de soupe jusqu’à ce que les vêtements laissés par la fillette n’attirent son regard.


-Beata ?... Est-ce à ?... Non !!! Ne me dis pas qu’elle est encore dans la maison ? J’ai eu assez de complications aujourd’hui !!!
-Non !!! Non rassure toi elle n’est pas ici. Les vêtements étaient trempés, je n’allais pas la laisser ainsi !
-Et pour quelle raison les vêtements étaient-ils trempés ?
-Eh bien… Il se pourrait que je l’aie jetée toute habillée dans la baignoire juste après avoir malencontreusement fait mention de sa… grand-mère Anna…
-Pardon ?! Hoqueta le général qui s’étranglait avec sa soupe.
-Oui et ensuite, elle m’a parlé de la forêt Northuldra, j’en conclus donc qu’Iduna lors de ses visites à dû lui parler un peu de la tribu donc j’ai sans doute été… assez bavarde sur l’histoire de notre peuple…


Sans un mot, Olson, dignement se releva et déposa sa serviette. D’un pas lent et sur il se dirigea vers le buffet et, au plus profond du meuble commença à fouiller.


-Niklas ?! Niklas dit quelque chose !!!!


Olson ne répondit pas et sorti ce qu’il cherchait. Dans sa main droite se trouvait une vieille bouteille poussiéreuse, sans un mot il retourna à sa place pour la déboucher et se servir le liquide ambré dans son verre avant de le vider d’un trait.


-Niklas ? Demanda Beata inquiète, n’ayant jamais vu son époux boire auparavant se servir à nouveau.
-Tu vois cette bouteille Beata ? Elle contient un hydromel cuvée spéciale, offerte par le roi Runaerd pour la naissance du roi Agnarr ! La dernière fois que je l’ai sortie, ce fut la veille de notre visite funeste dans la forêt il y a une vingtaine d’années. Le dernier à avoir gouté ce nectar fut Pieter Picéaerd ! Quand je suis rentré après la débâcle, j’ai vu qu’il n’était plus là. J’ai compris que je l’avais perdu à jamais. J’ai vu la bouteille et l’ai rangé, me jurant que jamais plus elle se servirait mais là… Là Beata ! Je suis obligé de trahir mon serment à Pieter Picéaerd ! Lança-t-il avant de vider son second verre et machinalement en servir un nouveau.
-Niklas je t’en prie arrête ! Tu dois avoir les idées claires ! Je suis désolée ! J’ai… Je sais que j’ai fait une bêtise et… J’ne parlerai à la reine, elle… Elle comprendra !
-Non Beata ! La reine ne comprendra pas ! Toi ce que tu as fait… Ca n’est que la dernière goutte !
-Comment ça ?
-Prends un verre toi aussi ! Trinque avec moi à la santé de Pieter Picéaerd !... Il faut que tu saches comment a agi le mari de sa nièce qu’il chérissait tant ! Cette bouteille doit mourir ! Après tout, avec ce que je suis obligé de faire c’est comme si je le tuais à nouveau ! Conclut le militaire en servant deux nouveaux verres.
-Niklas… Tu me fais peur…
-Ecoute… Tu ne croiras jamais cette histoire, mais celle-ci, il ne faudra pas la raconter à Anna !


Olson prit soin d’expliquer le grand secret du roi Agnarr. Beata en avait la nausée et l’hydromel ne sut calmer sa fureur.


-Comment vais-je pouvoir regarder Iduna en face en sachant ça ? Clama-t-elle en vidant son dernier verre, alors que la bouteille vide gisait au sol.
-Il le faudra Beata… ça n’est pas par nous qu’elle doit apprendre la vérité… Mais tu sais, cette petite Anna ressemble bigrement à Anna Picéaerd !
-Tu l’as connue ?
-De loin… et c’est la sœur de Pieter ! Il m’aimait et je l’aimais mais je sais très bien que si Anna Picéaerd n’avait pas été sa sœur… Il m’en parlait avec tellement d’amour que j’avais l’impression de l’avoir toujours connu, toujours côtoyée ! Peu importe, si la petite Anna qui a hérité des traits de sa grand-mère a aussi d’elle son esprit, avec ce que tu lui as raconté aujourd’hui… Tôt ou tard, c’est elle qui percera la vérité !
-Et nous que devrons nous faire alors ?
-Sauver la reine Iduna !
-… et le roi !
-Oui… Si on a le temps ! Conclut Olson en vidant à son tour son dernier verre.
-Quoi ?... Que dis-tu Niklas ?!
-Tu m’as bien entendu Beata ! Et ça n’est pas ce breuvage qui altère mon esprit oh non ! J’ai toujours servi Arendelle et je défendrai toujours mon royaume et sa couronne !... Mais en le faisant, je viens de condamner les descendants de Pieter à vivre loin de sa famille ! C’est la dernière fois que je le trahis ! Désormais s’il me faut choisir entre les intérêts du roi ou de la reine… Je serai toujours du côté de celle dont le sang qui coule dans ses veines est le même que celui de Pieter Picéaerd ! Je le lui dois !Après tout, c’est la seconde fois que je le trahis !
-La seconde ?
-Oui !... La première fut le soir où nous sommes rentrés et que j’ai découvert qu’Iduna nous avait accompagné clandestinement. Je n’ai pas eu le courage de Petterssen qui lui l’a pris sous sa protection ! J’ai fait comme si je ne l’avais pas reconnue ! Si Pieter avait été là, il aurait remué ciel et terre pour qu’elle puisse retrouver sa famille en pays Northuldra et pendant ce temps, il aurait été le parent nécessaire pour elle ! Je suis sur qu’il aurait voulu que j’agisse ainsi et je ne l’ai pas fait. Grace au ciel, elle a su se débrouiller pour devenir aujourd’hui notre reine ! Et à nouveau je dois séparer sa famille ! Mais cette fois Beata… Je ne laisserai pas les descendants de Pieter livrés à eux même ! Que toi, une femme Northuldra m’en soit témoin, je le jure à Pieter je serai le parent qu’il aurait voulu que je sois pour ces pauvres âmes exilés ! Que les esprits dans lesquels sa famille croyait m’en soient témoins !
-Ta promesse est sincère Niklas ?! Si tu t’engages à défendre la famille Picéaerd, c’est que tu défends les Northuldra, et tu sais que je ne peux pas prendre cela à la légère !
-M’as-tu déjà vu dire quelque chose qui ne soit pas réfléchi ? Je ne suis pas un homme parfait, j’ai moult défauts mais j’aime croire que je suis homme de parole. J’ai promis de donner ma vie pour le royaume, je m’efforce de le faire, je t’ai promis de te protéger, de veiller sur ton fils et te préserver ton honneur et ton engagement et j’ai espoir de n’avoir jamais failli à cette promesse !
-Tu l’es Niklas en effet et je t’en suis reconnaissante chaque jour que les esprits nous offrent ! Mais pour ce nouvel engagement, je dois t’exiger une nouvelle promesse, en tant que Northuldra.
-Je t’écoute…
-Iduna est ma meilleure amie ! Petites nous nous étions promises d’être les marraines des enfants de l’autre ! Par ton engagement, je peux moi aussi tenir ma promesse ! Sois un parrain pour ces deux enfants, officiellement leur oncle et moi leur tante.
-Comme tu voudras…
-Non Niklas, ça n’est pas que ça !... Si tu veilles sur ces enfants ! Promets-moi de ne pas faire comme avec le roi Agnarr !
-Plait-il ?
-S’il ne cesse de commettre des erreurs c’est parce que personne jusqu’alors n’a su le critiquer ouvertement, le réprimander comme un parent doit le faire pour aider son enfant à grandir et murir ! Le roi Agnarr n’est resté qu’un pauvre adolescent sans repère ! Alors promets moi Niklas, pour les enfants d’Iduna que tu seras là pour eux ! Que tu sauras être exigeant, que tu sauras les critiquer s’ils en ont besoin… S’il faut qu’ils te trouvent trop sévère qu’il en soit ainsi, comme tu le fais pour Kristoff, mais je sais que grâce à toi, mon fils sera un homme bon ! Fais-en de même avec ces petits ! Que la princesse Anna et le prince Kaspian puissent devenir de belles personnes grâce à toi. Quant à moi, je jure à compter de ce jour d’aider Iduna à préparer la princesse Elsa ! Qu’elle devienne une grande reine pour Arendelle ! Cela protègera le royaume et je sais que c’est important à tes yeux ! Pour ton sacrifice pour les Picéaerd et les Northuldra, Niklas, je veux te promettre moi de m’engager pour Arendelle ! Tant qu’Elsa ne sera pas adulte, si je dois choisir entre son bien-être ou ma quête Northuldra… Je promets de privilégier l’enfant d’Arendelle !
-C’est… J’imagine à quel point il s’agit d’un engagement profond pour toi Beata ! Je me souviens que Pieter, bien que soldat d’Arendelle, jamais n’aurait pu, pas même pour moi privilégier Arendelle aux Northuldra !
-Niklas… J’ai… Ces promesses que nous nous faisons… Pour moi c’est… C’est vraiment le symbole que… Nous sommes tous les deux unis par le mariage ! Bien plus que le papier que nous avons signé pour assurer ma protection !


Beata avait des étoiles dans les yeux. Pour la première fois elle dévisageait véritablement son époux et ressentait pour cet homme quelque chose qui devait bien s’apparenter à de l’amour. Sans un mot, l’ancienne Northuldra récupéra les ronds de serviette sur la table qu’Olson avait pris soin de graver puis s’approcha du buffet à la rechercher de chandelles qu’elle fixa en hâte.


-Beata mais ?... Que fais-tu ?
-Chez moi, un mariage se scelle par l’allumage de coupoles. Le feu est censé alimenter le foyer du logis du couple, c’est un feu éternel qui ne peut s’éteindre, symbole d’une union que personne ne peut rompre. Normalement il faut une chamane et je n’en suis pas une mais qu’importe, le symbole sera le même. Niklas Olson, veux-tu avec moi, Beata, Nattura de mon nom t’unir par les coupoles en ce jour ?
-Ce sont des chandelles Beata… Remarqua Olson.
-Niklas ! Ca n’est pas une plaisanterie !!!
-Pardon…
-Hum ! Niklas, acceptes-tu de t’unir avec moi par ces coupoles en ce jour ?...
-Tu ne l’as pas dit de cette façon la première fois ! N’y a-t-il pas une importance dans les mots ?
-Niklas !!! Arrête ça n’est pas un jeu pour moi ! La cérémonie doit aboutir normalement à un feu sacré émanant de l’esprit du feu avec une incantation chamanique, je ne peux rien faire de tout cela mais le symbole demeure ! J’ai accepté cet anneau à mon doigt pour faire honneur aux symboles qui sont les tiens en ce royaume !
-Certes mais…
-Niklas, si nos avions été dans la forêt Northuldra, c’est Anna Picéaerd qui se serait chargée de ce rituel, l’aurais-tu interrompue ? Aurais-tu osé ainsi reprendre la sœur adorée de Pieter ?!
-Bah, je lui aurai surtout demandé si c’était possible de m’unir à son frère… C’est autorisé chez vous ?
-Je… Je n’en sais rien que je sache ça n’a jamais été fait mais… Qu’importe, je pense qu’elle l’aurait fait de toute façon, car votre engagement est important ! Niklas, moi aussi je brise les règles aujourd’hui en te demandant ça ! Ma coupole est déjà allumée à un homme tu le sais, bien que je l’aie fui car… Peu importe, je demeure unie à lui mais mon engagement avec toi doit être fort ! Tant pis si cela doit me damner alors par pitié Niklas, sois sérieux !


Olson leva ses mains en signe d’excuse. Il ne voulait en aucun cas contrarier Beata mais la fatigue et les contrariétés de la journée devaient s’évacuer. En homme honorable il encouragea son épouse à recommencer.


-Bien… Niklas, veux tu que nous soyons unis dans la tradition Northuldra ce soir en allumant ensemble ces coupoles ? Et je sais que je l’ai encore dit différemment si tu fais une remarque je te jure que…
-Oui Beata ! Coupa-t-il sérieux.
-Quoi ?... Oh… Euh… Eh bien alors… euh dans ce cas…
-Je suppose que tu ne vas pas faire apparaître un feu par magie ?
-Euh… Non mais… Nous pouvons… la cheminée et…
-Attends, laisse-moi faire, j’ai une idée.


Cette fois ce fut Olson qui s’éloigna pour chercher quelque objet. Beata l’observa interdite fouiller dans une de ses malles dont son époux lui avait interdit l’accès. Avec stupeur, elle vit Olson revenir avec dans les mains… une coupole Northuldra et, gravée dessus, le nom de Pieter.


-Je connais la cérémonie. Pieter m’en avait parlé. Il m’avait montré cette coupole en me disant que la sienne ne serait jamais allumée car ne se marierai jamais. Tu permets ?


Le militaire se saisit d’une autre bougie qu’il se chargea d’allumer avant de la poser au centre de la coupole qu’il plaça entre Beata et lui.


-Voilà… Puisque ça n’est pas conventionnel, peut-on imaginer que cette flamme, dans une coupole Northuldra gravée au nom d’un membre de la famille des chamanes puisse symboliser ce feu magique dont tu parles ?
-Pieter Picéaerd chamane… Murmura Beata en fixant l’objet avec un rire nerveux : Je t’avoue que je suis très curieuse de savoir comment auraient réagi sa famille et même le reste de la communauté face à cela…
-L’idée ne te plait pas ?
-Oh si Niklas ! Au contraire ! C’est parfait ! Quoi de mieux que ce symbole ?! Un membre de la famille la plus respectée de la communauté, un membre qui a été sympathiser avec le voisin Arendellien ! Je fais le vœu Niklas qu’un jour, nos terres et nos peuples, d’Arendelle et Northuldra soient un jour unis par l’amour !... Et qui de mieux que Pieter pour le symboliser ?!
-Une statue à son effigie ? Suggéra malicieux Olson.
-Allons Niklas sois sérieux ! Comme si un jour une statue représentant un Northuldra pouvait être érigée en symbole en Arendelle ! Remarque, je suis certaine que tu paierais cher pour voir alors la tête d’Halricsen face à une statue de Pieter !
-Tu n’as pas idée !


Beata offrit un large sourire à son époux avant que, d’un geste entendu, tous deux n’approchent leur chandelle de la flamme. Les mèches s’embrasèrent symbolisant cette union entre eux. Beata se chargea de récupérer les chandelles et les disposer avec les ronds de serviette sur la table du foyer avec dévotion.

-Je te jure Niklas, que je veillerai à ce que ces chandelles ne s’éteignent jamais ! Promit la femme.
-Et moi je te promets que je te donnerai toujours toutes les informations que j’ai qui pourraient concerner de près ou de loin les Northuldra ou les enfants de la reine !


Le couple Olson resta ainsi en silence de longues minutes avant, qu’harassé de fatigue, le vieux général ne décide de s’en retourner vers Morphée.


-Niklas ! Attends ! Tu oublis ça ! Indiqua Beata
-Ceci ? Oh non, je ne veux plus de tourments ! J’ai l’estomac assez noué !
-Avec une bouteille d’hydromel de plusieurs décennies dans le ventre rien d’étonnant !
-C’est autre chose ! Regarde à l’intérieur tu comprendras !
-Eh bien ?... Oh mais c’est magnifique !!! Tu ?... C’est pour la petite ?! … Niklas tu as dû te ruiner ! Le tissu, les finitions… C’est si délicat !
-C’est de la part du roi !
-Au moins il se montre attentionné… Tu peux au moins lui accorder ça !
-Tu parles ! C’est une ancienne tenue de la princesse Elsa ! Je n’ose imaginer comment la reine aurait réagi face à ce nouvel affront !
-J’ai une idée ! Elle était capable de tenir tête à sa mère ! Tu imagines ce que cela pourrait donner ! S’amusa Beata avant de poursuivre : Pars donc te reposer ! Demain tu dois à nouveau être prêt à l’aube pour la nomination de…
-Halricsen !... Oh je l’avais oublié ça ! Ce rat carriériste va devenir général !
-Va te reposer ! Ne m’attends pas !
-Tu ne viens pas ?
-J’ai mon idée pour ce cadeau ! Ne t’en fais pas… Fit Beata en rangeant la robe dans un placard et prenant son matériel de couture.
-Ne veille pas trop tard…
-Oh j’en ai pour la nuit mais ça vaut la peine !


Olson préféra abdiquer. Il était convaincu que ce que Beata prévoyait allait sans doute encore plus mettre à mal la couverture de la princesse Anna mais il était trop las ce soir pour tenter de l’en empêcher. De toute manière pensait-il, c’était bien le roi qui avait le plus à perdre et il comptait dès à présent honorer sa promesse faîte à la mémoire de son amour perdu. A peine allongé dans sa couche, Olson sentit le sommeil le gagner alors qu’une dernière pensée venait de lui revenir en mémoire. La pitoyable justification d’Agnarr et ce rêve d’une femme qui l’avait poussé à cette folie d’abandonner son fils au profit d’une enfant trouvée. C’était parfaitement ridicule qu’il n’avait pas pensé à l’en informer Beata mais peu importait, il était inutile de rendre le roi Agnarr plus ridicule encore aux yeux de son épouse. Oui, ça serait là, la dernière faveur qu’il offrirait au fils de Runaerd. Niklas s’en convainquit alors que le sommeil l’emporta pour de bon.