[FCU WHAT IF...] Et si… Anna et Elsa avaient été séparées pendant l’enfance ?... Le plan d'Emma Picéaerd

Chapitre 12 : Cœur tendre.



Alors que les premiers rayons du soleil illuminaient la verte prairie où Olson avait installé son logis, le vieux militaire terminait l’inspection de son costume. Sa routine matinale demeurait toujours la même, et depuis qu’il était dans l’armée, il s’était imposé la discipline d’être toujours vêtu d’un uniforme impeccable et sans défaut ainsi qu’un lit fait au carré de manière on ne peut plus règlementaire avant que l’aube ne soit terminée. Fidèle à sa ponctualité, d’un pas martial Olson descendit les escaliers du logis prêt à avaler un café noir et sans sucre avant de partir vers le château. Néanmoins ce matin-là ne fut pas comme les autres. Son épouse n’avait pas rejoint son lit. Depuis qu’il avait recueilli Beata, le couple faisait chambre à part, le militaire ayant juré de ne jamais ternir l’honneur de la Northuldra. La veille, il avait scellé son destin avec Beata dans la tradition Northuldra, sans doute le seul mariage qui pouvait compter aux yeux de son épouse mais celle-ci ne l’avait pas rejoint pour autant dans sa couche. Cela n’avait pas surpris Olson, pour lui, leur union demeurait et demeurerait toujours platonique. Cependant, Beata n’avait pas rejoint son lit de la nuit alors qu’il la trouva assoupie contre la table de la salle. A côté d’elle, une tunique taillée pour une enfant et conçue dans la tradition Northuldra.


L’horloge sonna l’heure mais cette fois, Olson décida de prendre quelques secondes supplémentaires et observa en silence l’ouvrage de Beata, veillant à ne pas la réveiller. Le général était avare de sentiment mais un sourire se dessina sur son visage alors qu’il détaillait le vêtement. La couleur, la texture, les symboles, tout ceci lui rappelait tant Pieter lorsqu’il avait pris le jeune Northuldra sous son aile après son départ de la forêt enchantée. C’était donc ça l’idée de Beata ! Confectionner une tenue Northuldra pour Anna ! Il sourit en reposant sans bruit l’ouvrage, deux jours plus tôt, sans doute aurait-il réprimandé son épouse pour cette imprudence mais même la veille au soir, en ayant appris comment Beata avait parlé du pays Northuldra à Anna, cela n’avait pas inquiété plus que cela l’officier. Certes il ne comptait pas révéler le secret mais il s’appliquait désormais à honorer sa nouvelle promesse, peu lui importait si la vérité devait éclater, et si l’enfant devait ne rien découvrir eh bien au moins, elle aurait en sa possession un objet de ses origines, un lien avec cette famille Picéaerd et donc l’homme qu’il avait tant aimé.


A nouveau le militaire scruta son horloge, l’heure avait sonné depuis deux minutes, un retard fort inhabituel pour lui mais peu lui importait, de toute manière, il fallait promouvoir Halricsen, faire l’affront à ce carriériste de le faire attendre ne dérangeait pas Olson. Après un dernier regard sur on épouse endormie il récupéra les chandelles presque entièrement consumées. Avec précaution il saisit deux nouvelles bougies qu’il alluma pour remplacer celles mourantes. Ainsi le feu allumé depuis la coupole de Pieter Picéaerd était ravivé et la promesse qu’il ne s’éteigne jamais conservée. La besogne faîte, contrairement à sa routine, le vieux général s’autorisa à déposer un chaste et tendre baiser sur la tête de sa compagne endormie, un geste fort inhabituel de la part d’un homme peu habitué aux démonstrations émotionnelles avant de quitter à pas de loup le logis. Beata pouvait dormir, qu’importe si elle manquait la relève de la garde, cette femme était bien assez habile pour déjouer les gardes et exfiltrer la fillette.


La journée fut bien longue et pénible pour Olson. Voir pendant de si longues heures le sourire aux dents longues d’Halricsen et son regard dédaigneux d’être promu et plus le subordonné d’Olson fut une épreuve. L’ambitieux lui ne boudait pas son plaisir d’entendre son rival devoir tenir le traditionnel discours d’éloges au nouveau général avant que le roi sobrement ne lui appose ses nouveaux galons tendus respectueusement par Olson. C’était la journée de Lars, Niklas le savait et la subissait. Par moment, son regard se perdit au dehors, vers la porte militaire qui menait aux geôles royales. Son esprit divaguait alors vers son foyer, il se concentrait sur Beata et la princesse Anna sans doute à ses côtés. Jamais il n’avait véritablement prêté attention à l’enfant mais cette fois, il fit de son mieux pour la visualiser dans son esprit. Elle n’était pas la princesse cachée, fille du roi Agnarr, non, elle était surtout la descendante de Pieter. Songer à l’enfant l’aida à passer le temps tandis que, pour la première fois depuis le début de sa carrière, il fut heureux d’entendre sonner l’heure de la fin de son service et ne se pria pas pour quitter le château et retourner chez lui.


Habituellement, les soirées dans la demeure d’Olson s’avéraient être silencieuse entre Beata afférée à des expériences médicinales et Olson dégustant sa soupe, refusant tout ragout. Pourtant ce soir là, le militaire était étonnamment bavard. Il s’était installé à table en même temps que son épouse et se servait volontiers du plat de viande cuisiné, ravi d’apprendre que l’ancienne Northuldra l’avait préparé avec l’aide d’Anna. La conversation du couple était centrée autour de l’enfant. Beata n’avait pu s’empêcher d’être à nouveau bavarde à propos du pays Northuldra mais Olson n’en avait que faire. Il voulait tout savoir sur cette enfant, aux aguets sur ses moindres traits de caractère qui pourraient lui rappeler l’amour de sa vie parti depuis si longtemps. Il évacuait sa longue journée et tentait avec les détails de son épouse de vivre ces temps paisibles que l’enfant avait pu partager avec Beata. Pour la première fois de sa vie, Olson éprouvait un regret de ne jamais avoir eu d’enfant. Certes depuis que Beata vivait avec lui, Kristoff était présent, mais Olson avait toujours fait comme s’il était invisible. Secrètement, le militaire se jura de corriger cette attitude même si, machinalement, il ne pouvait s’empêcher de recentrer la conversation sur la fille d’Iduna.


Les journées se ressemblèrent toutes pour Olson. La reine Iduna peinait à récupérer, il devait alors trouver des trésors d’inventivité auprès du juge pour repousser le procès de l’enfant bien que le roi ait demandé que les dossiers des mineurs soient traités en urgence. Fort heureusement, Anna n’avait pas à souffrir de cet enfermement. La cellule n’était finalement pour elle, que le lieu où elle devait dormir et chaque jour elle profitait des savoirs de Beata qui décida à lui apprendre quelques secrets sur les plantes médicinales. Les soldats, à la vue de Beata détournaient le regard, les hommes avaient bien compris ce que la femme d’Olson venait faire et par loyauté pour le général, faisait comme si rien ne se passait. Ils étaient reconnaissants envers Niklas après tout d’avoir fait pression auprès du roi pour que le nouveau général Halricsen reçoive comme première mission, une charge diplomatique auprès du duché de Weselton. Halricsen avait été fort désappointé au lendemain de sa nomination mais le roi fut intransigeant à la grande satisfaction d’Olson qui le secondait. Depuis le départ d’Halricsen, l’ambiance au sein de la garnison royale s’était alors grandement améliorée alors qu’Olson avait décidé exceptionnellement d’être moins exigeant sur la discipline. Trop heureux de cette situation, aucun n’aurait voulu aller interroger Beata sur ses agissements et risquer d’attirer à nouveau les foudres d’un officier.


Olson cependant craignait de voir la situation s’éterniser, d’ici peu, le fils de Beata allait rentrer des montagnes du Nord, il deviendrait alors dangereux de sortir Anna de son cachot, l’enfant risquerait de poser trop de questions et pire encore, il risquerait de parler d’Anna à la princesse Elsa. Pour l’ainée d’Arendelle, le général avait été satisfait de voir son sort s’améliorer. La loi du roi ne changeait certes pas et l’enfant aux pouvoirs secrets devait rester confinée derrière les hauts murs du château mais enfin, le roi la laissait vivre comme une enfant. Au hasard d’une de ses inspections, le général avait pu voir, par l’entrebâillement de la porte Agnarr, non pas dicter une leçon ennuyeuse à la fillette studieuse mais s’amuser à imiter quelques dignitaires et tourner en dérision les pompeuses cérémonies royales. Pour la première fois, Olson entendit même la princesse héritière rire. Un petit rire étouffé, presque gêné de se permettre un tel écart, mais enfin une réaction d’enfant !


Le cœur léger, Olson avait allongé le pas vers la nursery. Enfin la reine était debout ! Son état, grâce aux bons soins du docteur Lothar qui avait pris le relais de Beata commençaient à faire effet et la reine recouvrait des forces ! C’était de bonne augure pour Anna ! Il allait pouvoir la préparer à endosser son rôle d’Ylva et préparer le procès. Cependant, au dernier moment il resta figé. Iduna qui lui tournait le dos s’était décalé et le général constatait qu’elle tenait dans ses bras un nourrisson.


-Général Olson ! Quel bonheur de vous voir ! J’en avais assez de vos parler depuis un lit ! Permettez que je vous présente officiellement, la nouvelle princesse d’Arendelle… Emma ! Lança Iduna fière en désignant le bébé dans ses bras.
-Hum… Elle… Elle est… Magnifique !... Pleine de vie c’est… A nouveau, toutes mes félicitations pour cet enfant Majesté.


Olson souhaitait rester digne mais son cœur s’alourdissait. Lui qui savait que cette enfant que chérissait la reine n’était pas de son sang. Lui qui savait qu’à l’autre bout du château, au bout d’un passage secret oublié, Yara devait en ce moment veiller sur le véritable enfant de la reine. Un enfant que jamais elle ne pourra chérir comme une mère !

Cette enfant n’était qu’à l’aube de sa vie, totalement innocente des intrigues qui se sont jouées à propos de son existence mais le vieux général ne pouvait voir autrement cette petite Emma que sous les traits de l’imposture. Au fond de lui, naissait pour cette petite un profond mépris. Heureusement, cette fausse princesse, jamais ne pourrait prétendre à porter un jour la couronne d’Arendelle. Ce rôle était réservé à Elsa. Malgré son sourire de façade à Iduna, Olson se jura intérieurement que s’il devait arriver malheur à la princesse héritière, il dévoilerait tout, quitte à mettre cette enfant de personne en danger, cette Emma ne méritait pas la vie qui s’offrait à elle. Elle n’était rien, issue de parents inconnus, dont le sange était sans doute indigne de côtoyer celui de la noble famille d’Arendelle.


-…Eh bien général ?
-Pardon plait-il Madame ?
-Eh bien je… Je sais que vous n’êtes pas démonstratif mais… Je vous demande comment vous la trouvez ? Elle et moi avons le même menton n’est-ce pas ?!
-Sans doute Altesse sans… Hum… C’est… C’est vrai ! La… La ressemblance est frappante !
-Je ne peux pas me tromper c’est bien ma fille n’est-ce pas ?!


Olson hocha la tête, répondre lui écorchait trop le cœur mais pire encore, Iduna avait pointé un trait physique qu’elle partageait avec son oncle Pieter. Olson devait bien le concéder la ressemblance était réelle et pour lui devoir déceler pour cette fille de rien une ressemblance physique avec l’homme qui avait fait battre son cœur lui était impossible.


-Vous ?... Vous lui avez déjà offert un premier présent à ce que je vois ? Demanda Olson pour changer de sujet sans être discourtois.
-Oh ? Vous parlez de la médaille à son cou ?... Non, sans doute un présent du roi… Je ne connais pas ce symbole !


De mauvaise grâce, ne souhaitant pas s’éterniser auprès du nourrisson, Olson jeta un bref regard sur le bijou. De vagues souvenirs lui revinrent en tête, oui il l’avait déjà vu.


-Eh bien, je puis vous dire que cela ne vient pas d’Arendelle mais de quelle contrée ? Je suis navré de ne pouvoir vous répondre je n’en ai pas le souvenir… Mais je ne doute pas que votre mari saura y répondre ! Grogna Olson sidéré. Ainsi cette enfant trouvée n’était même pas une Arendellienne !
-Oh ? Sans doute un présent de dignitaires venus lui présenter les félicitations d’usage ! Voilà au moins une bonne nouvelle à ma convalescence, je n’ai pas eu à subir ce flot interminable ! Hum… Je m’égare, cette remarque restera entre nous n’est-ce pas ?
-Une remarque Madame ?... Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ! Fit-il d’un air entendu.


Olson s’était quelque peu radouci. Il avait juré d’être le plus agréable et zélé des serviteurs pour Iduna. C’était d’autant plus facile quand la reine apparaissait sous ces traits de femme peu patiente. Avec les années elle s’était forgée une image de souveraine parfaite, digne, royale même si au fond d’elle-même, les grandes réceptions et événements pompeux n’étaient pas sa tasse de thé. Cette attitude était celle que pouvait avoir Pieter. Niklas se souvenait avec nostalgie à quel point le jeune Northuldra souffrait de devoir l’accompagner dans les événements mondains auquel il était tenu de participer.


-Néanmoins Madame, puisque vous êtes à nouveau sur pied, ça n’est pas de l’enfant que vous avez dans les bras dont je souhaite vous parler mais bien de celle qui vous attend !
-Anna !
-Oui ! Depuis des jours, Beata a suivi votre volonté. A l’heure où je vous parle, l’enfant est sans doute à ses côtés dans la campagne, nous avons veillé à ce qu’elle ne manque de rien et passe le moins de temps possible en cellule. Cependant, vous conviendrez qu’il est plus que temps pour elle de retrouver sa liberté ?
-Oui !
-Parfait ! J’aurai donc besoin je vous prie que vous fassiez venir au plus vite… Notre amie Ylva Sappos ! Si en sortant d’ici je pouvais me rendre au bureau du juge pour annoncer que vous êtes arrivée… Hum pardon… qu’Ylva est enfin retrouvée, l’acte de libération de ‘enfant pourrait être prononcé pour demain… Et Anna retrouvera sa vie…


Olson avait ponctué sa dernière phrase d’un ton amer alors que son regard se posa sur Emma. C’était cette enfant qui devait partir, elle n’était personne, contrairement à la princesse Anna et au prince Kaspian, que la reine ne connaissait même pas ! L’homme continuait à se perdre dans ses pensées négatives sans se rendre compte que la reine avait sonné. Seul l’apparition de Yara le fit sortir de sa torpeur.


-Vous m’avez demandé Majesté ?
-Yara ! Vous avez fait vite ! Je dois m’absenter ! Pouvez-vous ?... Veiller sur ma princesse ?
-Avec grand honneur votre Majesté.
-Fort bien ! Olson, vous venez ?!
-Un… Un instant votre Altesse ! Cette… Cette demoiselle ne vous a sans doute pas prévenu mais elle quitte Arendelle !
-Quoi ?!... Yara ?!... Est-ce ? Est-ce vrai ?
-Oui votre Majesté je pars prochainement…
-Demain ! Coupa Olson alors que les deux femmes l’observaient sidérées.
-Demain ?!
-Oui Majesté ! Le roi a signé son accord pour vous libérer de votre tache et je me doute Mademoiselle que vous devez avoir hâte de démarrer votre nouvelle vie
-C’est… Yara c’est si soudain ! Je… Bien que cela ne fasse que quelques jours… Votre dévouement pour moi était… Puis-je au moins vous demander ce que je peux vous offrir pour vous faire changer d’avis ? Demanda Iduna.
-Rien hélas !... Mon… Mon statut d’orpheline s’est ébruité dans la ville et les portes se referment les unes après les autres… Votre intervention n’empêchera pas les médisances ! D’ailleurs Majesté je… Je dois vous remercier !
-Me remercier ? Mais de quoi donc ? C’est à moi de le faire au contraire !
-Non… Vous, vous avez parlé de moi au roi et, par votre intervention… Il… Il a pu agir pour me donner une chance de tout recommencer. Il… Il m’a permis de tout recommencer, ne pas être vue comme l’orpheline mais pour cela, je dois quitter la ville, aller là où personne ne me connaît ! Je rêvais d’Arendelle étant petite, je souhaitais que la ville réalise mes rêves… Finalement c’est ce qu’il s’est passé. Pas comme je le pensais, mais d’être venue ici m’a permis d’avoir enfin la liberté et la tranquillité, même si ça ne sera pas sur les bords de ce fjord !
-Vous n’étiez pas heureuse d’être au château ?
-Oh si Madame ! Ces quelques jours à vous servir ont été les plus merveilleux depuis si longtemps !... Mais ce que le roi m’a offert est une chance inestimable. Lança Yara d’une voix convaincue.
-Si je comprends bien vous ne reviendrez pas sr votre décision, mais sachez Mademoiselle que si vous changez d’avis, vous n’aurez qu’à me faire parvenir une lettre pour revenir à mes côtés !
-Votre Majesté est trop bonne !
-Si vous devez partir ne vous donnez pas de peine, je vais faire venir Madame Gerda pour vous remplacer.
-Non ! Inutile Madame, j’aime mon travail auprès de vous et je compte l’honorer jusqu’à la fin.
-Soit !... Olson ? Nous y allons ?!
-Partez devant votre Altesse ! Si… Si je suis au courant de cette affaire concernant cette demoiselle c’est que le roi m’a demandé d’intervenir pour construire sa nouvelle vie je dois… Lui faire part de quelques ajustements ! Je vous rejoins où vous savez !


La reine ne discuta pas et s’éloigna, décidée à retrouver son identité d’Ylva. De son côté, Olson referma la porte et félicita Yara. L’orpheline avait parfaitement appris son rôle et avait parfaitement su duper la souveraine.


-Une dernière chose, le roi m’a chargé de vous remettre cette bourse… Pour vos premiers frais à Harmon, vous devriez avec cette somme avoir de quoi voir venir pour votre première année…
-Le roi est trop bon avec moi…
-Je ne dirai pas cela à votre place… C’est lui qui ne mérite pas votre dévotion ! Mais au nom de la princesse et du prince d’Arendelle, permettez moi de vous remercier pour votre sacrifice ! Préparez-vous, je ferai venir une charrette vous récupérer avec l’enfant dans la matinée demain.


Olson avait repris un ton martial puis, après un salut se retourna et se heurta au berceau. Secouée, l’enfant se mit à hurler. Yara se précipita mais Olson la retînt !


-Laissez la brailler ! Elle ne mérite pas vos bons soins ! Faites appeler quelqu’un pour s’occuper de cette rien du tout ! Un prince, seul requiert vos bons soins ! Tonna Olson sans compassion pour Emma.


Le militaire laissa la jeune femme seule et se précipita vers les bureaux de justice avant d’y retrouver, encapuchonnée, méconnaissable, celle qu’il attendait…


-Ylva Sappos ! Vous êtes en avance. Fit Olson pour donner le change.
-Ou vous en retard…
-Je vous le concède… Si vous voulez bien vous donner la peine…
-Un instant… J’ai une question… Mais pas ici !


Le ton autoritaire de la reine ne laissa pas le choix à Olson qui la suivit dans une salle discrète et déserte.


-Maintenant Olson… Je veux vos explications à propos de Yara !
-De ?... Mais… Je…
-Non ! Pitié ne cherchez pas de mensonges ! Comment se fait-il que le militaire le plus gradé de mon mari s’occupe du départ d’une simple gouvernante ? Il se passe quelque chose, je veux savoir !
-Vous avez raison votre Majesté, vous ne connaissez pas toute l’histoire…


Le général grimaça. Il était impossible de révéler toute la vérité, ça n’était pas à lui de le faire. Qu’Iduna soit au courant tout de suite pourrait même s’avérer très dangereux pour tous.


-Eh bien ? J’attends ?!
-Harmon !... Yara part pour Harmon !
-Pour Harmon ?! C’est une plaisanterie ?
-Non Votre Majesté
-Et que va-t-elle faire là-bas ?


Le général soupira, mentir était inutile, Iduna allait bien vite découvrir ce qu’il se passait, sans doute valait-il mieux une vérité incomplète.


-C’est une idée du roi !... Il a vu que vous aviez confiance en cette femme. Il lui a offert une nouvelle identité, une forte somme d’argent en échange d’une grande mission !... Yara doit devenir une gouvernante pour Anna !
-Attendez quoi ?!
-Votre Majesté, votre fille s’est soustrait à la surveillance des Tomally, le roi préfère qu’une personne supplémentaire puisse veiller sur votre fille, il sait que vous avez confiance en Yara et ainsi, elle continuera la mission qu’elle avait ici n’est-ce pas ?
-C’est… Le roi qui a eu cette idée ?
-Oui Majesté ! Mentit Olson.
-Pourquoi ne pas m’en avoir parlé ?
-Oh ça, je ne veux pas parler au nom du roi, vous devriez lui demander directement, mais je pense qu’il souhaitait attendre votre rétablissement…


Iduna et Niklas restèrent encore quelques minutes à poursuivre cette conversation avant de retourner vers le bureau de justice. Le général n’était pas peu fier de lui, il avait réussi à convaincre la reine sans forcément lui mentir totalement. Plus important, il avait pu recentrer Iduna sur le sort de sa cadette. Devenue anonyme, elle était entrée dans le bureau du juge et plaidé pour la défense de sa filleule. Le juge avait reçu des consignes et passé le temps des reproches exigea la somme à payer en amende qu’Iduna régla sans sourciller.


-Bien… Madame Sappos… Au vu de vos déclarations et du paiement pour l’infraction, je déclare la coupable Anna Tomally libre à compter de demain matin 11H00. Néanmoins vous avez compris madame que vous acceptez de prendre sur vous la faute de cette enfant. Votre nom est ajouté à nos fichiers et si des faits illicites devaient nous être rapportés à propos de cette enfant ou de vous-même dans les trois années à venir, c’est vous qui vous retrouverez…
-J’ai compris ! Où dois-je signer ?!
-Bien… Tout est en ordre ! Soyez présente Madame à 11H, les gardes vous remettront l’enfant ! Fit le juge en récupérant le document qu’il avait présenté à Ylva.
-Je voudrais voir ma fille ! Répliqua-t-elle
-Pardon ?
-Ma filleule ! Je voulais dire ma filleule !
-Madame Sappos ? Vous êtes la mère de l’enfant ?
-Non ! Je… J’aimerai l’être… Je… Hélas mon époux et moi n’avons jamais pu avoir d’enfant et Anna… Anna je la considère comme ma fille alors quand j’ai su pour elle et que ses parents ne pouvaient venir… Je…
-J’ai quelques doutes madame, je sursois la remise en liberté pour enquête
-Votre honneur, cette femme n’a point dormi ces derniers jours alors que mes hommes la raccompagnaient, d’après leur rapport, c’est elle qui est venu car les parents de l’enfant sont alités, c’est signalé dans le rapport ! En agissant ainsi vous remettez en doute la parole de mes hommes et je ne puis le tolérer ! D’autant que l’amende a été payée et le décret de sa Majesté stipule que nous libérions au plus vite les enfants !
-Je ne vous connaissais pas des talents d’avocat Général, je ne vous imaginais pas sentimental !
-Je n’ai que faire de cette femme, en revanche par votre attitude, que vous salissiez l’intégrité de mes hommes et donc la mienne je ne puis le tolérer ! Cela ne s’arrêtera pas là, je dois m’entretenir avec sa Majesté dans l’heure pour mon rapport quotidien croyez bien que je parlerai de cet incident !
-Allons ! Général ! Inutile de nous mettre dans de pareils états… Hum… Au vu de votre témoignage, et je ne doute pas que vous me ferez parvenir ledit rapport au plus vite il n’y aura donc pas besoin d’enquête supplémentaire ! De toute manière, madame Sappos a bien compris que le mensonge devant un magistrat, au vu des documents signés la conduirait directement en cellule, je n’imagine pas Madame que vous auriez souhaité prendre ce risque ?
-Non votre honneur !
-Vous souhaitez donc voir votre fi… Commença l’homme en suspendant sa phrase.
-Filleule !
-Dans ce cas, je ne vois pas ce qui pourrait s’opposer à une visite… Général puis-je vous demander d’organiser cela auprès de vos garnisons ?
-Hum… Bien sûr… Ce soir, après la relève de la garde ! Celle-ci est en exercice, les visites ont été temporairement suspendues ! Hoqueta Olson qui savait qu’Anna n’était pas dans sa cellule.


Heureusement, le juge se contenta de cette explication alors qu’heureux, Iduna et Olson sortirent avec le précieux acte dans les mains, après quelques pas, la reine retînt le militaire.


-Merci ! Vraiment je… Sans vous… J’ai été complètement stupide à ne pas réfléchir ainsi ! Heureusement que vous étiez là !
-C’est tout naturel voyons !
-Tout de même ! Vous devez me trouver bien sotte pour avoir commis un tel impair, cela ne doit pas vous arriver souvent j’espère !
-Cela a pu se produire par le passé… Sourit Olson avant de poursuivre : Mais peu importe, Beata raccompagnera l’enfant ce soir, je viendrais vous trouver non loin de la taverne quand je me serai assuré qu’elle est bien de retour. En revanche Altesse, veillez à rester dans votre rôle auprès de l’enfant ! Officiellement, pour vous cela fait plusieurs jours qu’elle est en prison… Et vous risquez votre liberté en venant la sauver ! Il faudra vous montrer forte…
-Vous avez raison ! Merci général.


Le soir même, Olson tînt parole. Par précaution, il avait fait prévenir Beata qui avait pris l’habitude de ramener l’enfant de plus en plus tard. Cecci6ci à nouveau enfermée, Olson, s’empressa de quitter l’enceinte royale pour se retrouver devant la taverne avant de se figer. Face à lui se tenait Iduna, déguisée en Ylva et une autre personne encapuchonnée.


-Ma… Majesté c’est ?...
-Chut Olson voyons ! Cet homme est mon mari, Monsieur Sappos ! Qu’il puisse voir lui aussi Anna !
-Parfait… Suivez-moi. Lança le militaire alors que le couple royal déguisé lui emboita le pas.
-Tu vas voir Iduna, Anna sera magnifique, je lui ai fait parvenir une robe ! Lança d’une voix forte Agnarr.
-Chut !!! Grogna Olson.
-Quand je pense que nous avons dû laisser notre petite princesse croupir dans un cachot ! Heureusement que tu as pu te remettre ma douce Iduna pour que nous puissions libérer Anna de ce cauchemar !
-Chut !!! Mais Vous allez vous taire ?! Monsieur Sappos ! Tout le monde peut vous entendre !
-Oups… C’est vrai Olson ! Oui vous avez raison ! Je ne parle plus de notre petite princesse rousse !
-Bon écoutez, je pense que le mieux c’est qu’à partir de maintenant vous ne parliez plus du tout ! Laissez faire votre femme !
-Mais…
-Agnarr !... Le général a raison ! De toute façon officiellement elle ne te connait pas !


Olson les fusilla à nouveau du regard mais enfin il obtînt le silence même si, au fur et à mesure de leurs pas, leur respiration se fit de plus en plus forte. Tous deux avaient hâte de revoir Anna. Après une dernière consigne, Olson déverrouilla le cachot pour y découvrir la fillette en prière.


-Général ?
-Chut petite !... Regarde, tu as de la visite !
-De la visi… Oh ! Oh !!! C’est… C’est !!! Marraine !!!! C’est toi !
-Hey là ! Que fais-tu Anna ?! Coupa Ylva en la repoussant doucement.
-Mais… Marraine je suis tellement contente de te voir !!
-Et moi beaucoup moins !
-Mais… Marraine !
-Ca suffit Anna ! Quand on fait une bêtise aussi grosse pour se retrouver dans un endroit pareil, on n’a pas le droit de recevoir un câlin ! Tonna Ylva d’une voix sévère qui lui arracha le cœur.
-Oui… Je… Je suis désolée Marraine j’ai… Renifla l’enfant.
-Johan et Tomally m’ont prévenu ils sont morts de honte et d’inquiétude ! J’espère que tu te rends compte de la peine que tu leur as fait !
-Je sais marraine… Tu es venue pour me gronder, c’est normal…
-Pas seulement ! Je suis venue pour te ramener chez toi !
-Oh ?! Merci marraine !
-Ca n’est pas moi que tu dois remercier !... Mais Monsieur Sappos ! Mon mari ! Indiqua Ylva en faisant signe à Agnarr de rentrer.
-Bonsoir Monsieur Sappos… Euh… Je… Je vous remercie de venir m’aider même si j’ai fait une bêtise. Fit Anna avec une révérence maladroite.
-Voilà une attitude que je préfère voir !... Tu peux venir me faire un bisou maintenant !
-Vraiment ? Fit Anna, les yeux pleins de larmes.
-Oui petite chipie ! Tu m’as manqué ! C’est fou ce que tu as grandi depuis la dernière fois ! Oh et n’oublie pas de faire un bisou à monsieur Sappos ! C’est lui qui a payé pour que tu sois libérée demain ! Le général Olson viendra te chercher pour te raccompagner !
-Merci Monsieur Sappos ! Oh ! C’est quoi ton prénom ! Je peux t’appeler parrain ? Ou tonton ?!
-Mon prénom petite ?... Eh bien je m’appelle euh…
-Pieter ! C’est Pieter Sappos ! et… Tonton Pieter ça sonne bien ! Coupa Iduna.
-Pardon ?! Hoqueta Olson qui s’étouffait.
-Qu’y a-t-il général ?
-Oh… Non rien Madame je… Je suis surpris car… Hum, vous ne m’aviez… Jamais donné le prénom de votre époux et… Je… Monsieur Sappos je n’imaginais pas que… Vous vous prénommiez ainsi…
-Merci tonton Pieter de me sauver !!!
-Mais… Je t’en prie Anna !
-Oh et merci pour le cadeau aussi ! Beata m’a dit que ça venait de vous !!!
-Le cadeau ? Souffla Iduna.
-Oui marraine regarde !!! Je l’ai caché parce que Beata m’a dit de ne pas la porter ! Mais elle est trop belle la tunique !!!


L’enfant sortit alors de sa cachette la tunique Northuldra que lui avait fabriqué Beata. Iduna l’observa et blêmit avant de foudroyer Agnarr du regard.


-C’est un très beau vêtement… Même si je ne sais pas si un tel cadeau est mérité n’est-ce pas ? C’est Pieter qui a choisi car je n’étais pas au courant !
-Euh… Hum oui j’ai… J’ai demandé à une euh… Couturière de… D’inventer quelque chose et…et ensuite Beata devait la récupérer mais… Cela te plait petite ? Balbutia le roi tout aussi surpris.
-Oh oui ! Beaucoup ! C’est mieux qu’une robe de bal !!!!
-Si tu aimes c’est l’essentiel, J’irai voir Beata demain pour que l’on discute avec cette couturière afin de la remercier de ce travail pendant qu’Olson te raccompagnera ! Grinça Iduna qui en cet instant avait des envies de meurtre à l’encontre de son amie d’enfance.
-Oh ?... Tu ne seras pas du voyage marraine ?
-Oh non ! Nous avons du travail monsieur Sappos et moi… Et une petite fille qui fait de pareilles bêtises ne mérite pas que je prenne plus de temps !
-Alors tu… Tu ne voudras plus venir me voir Marraine ? Sanglota Anna.
-Nous verrons ! D’abord tu rentres chez toi et si j’apprends que tu as été sage alors je reviendrai ! Mais tu devras faire quelque chose ! Monsieur Sappos a payé pour toi ! Tu devras le rembourser ! Pour le principe, tu lui feras parvenir une pièce d’or que tu auras gagné, avec un gâteau que tu auras préparé ! Je ne viendrai pas te voir avant !
-Tu seras toujours fâchée contre moi ? Fit Anna avec tristesse.
-Non ! Excuse-toi auprès des personnes que tu as blessées, répare ta bêtise, accepte ta punition, comme tu l’as fait déjà dans cet endroit… Alors tu seras une belle personne, et je reviendrais avec plaisir revoir ma petite filleule adorée !
-Toi aussi Pieter tu viendras ?
-Je… Je ne veux pas te le promettre je… Suis souvent en voyage ! Mais j’attends mon gâteau !
-S’il ne vient pas, il t’écrira ! Allez ma grande, viens me faire u dernier baiser, nous n’avons pas le droit de rester plus longtemps.
-D’accord ! Je te promets marraine de ne pas pleurer cette nuit ! De tout réparer auprès de papa et maman ! Tu seras fière de moi !
-Commence par ne plus t’attirer d’ennuis !


Jusqu’au bout Iduna se força à conserver une attitude sévère, même si les derniers baisers déposés trahissaient sa volonté profonde. Elle voulait lui dire que tout était pardonnée mais ç’aurait été se trahir. Elle fut la première à quitter le cachot, faire durer les adieux aurait été une torture. Agnarr, comme à son habitude en tant que monarque sembla plus à l’aise pour créer cette distance avant de laisser l’enfant seule une fois qu’Olson eut refermé le cachot derrière eux.


Le lendemain matin, à l’heure dite, les gardes ouvrirent la cellule d’Anna, puis, sans un mot, escortèrent la fillette jusqu’à l’exterieur. Une cariole et Olson les y attendaient. Après quelques formalités, le général, de son attitude haustère fit grimper l’enfant et le véhicule se mit en branle. A peine fut-il parti, q’Anna, jusqu’alors silencieuse émit un cri.


-Eh !!! Général !!! C’est qui elle ! Et elle a un bébé !!!
-Elle ? Elle va te le dire petite !
-Je m’appelle Yara ! et toi c’est Anna c’est bien cela ?
-Comment tu connais mon prénom ?
-Je… Tes parents m’ont engagé comme gouvernante
-Et t’as un bébé ?
-Euh non… ça n’est pas le miens c’est… C’est le bébé que tes parents ont adopté ! Il s’appelle Kaspian !
-Papa et maman ont adopté un bébé ? Sanglota Anna.


Au bout de quelques minutes, alors que l’enfant n’arrêtait pas de pleurer ce qui avait réveillé le nouveau-né qui lui aussi se manifestait, Olson stoppa le véhicule.


-Tout le voyage ainsi va être très long ! Pourquoi pleures-tu petite ? Tu es enfin libre !?
-Papa et maman ils… Ils ont pris un bébé pour me remplacer si je suis pas sage… Lança Anna qui réussit à se calmer et stopper ses larmes.
-D’où te vient cette idée ? Demanda Olson qui remit la charrette en marche.
-C’est parce que je les ai abandonnés, donc ils veulent moi aussi m’abandonner si je ne suis pas sage.
-Ah ?... Et tu ne peux rien faire pour éviter ça ?
-Je vais leur montrer qu’ils ont tort et je serais la fille la plus sage du monde ! Lança-t-elle déterminée.
-Donc si je te suis, ils adoptent un enfant comme un avertissement pour toi, si jamais tu n’es pas sage, ils ne le garderont que lui ?
-Oui ! Pourquoi ? C’est pas pour ça ?
-Du coup tu vas être sage et ne plus faire de bêtise si c’est cette raison ?
-Oh oui ! Je le promets !
-Alors t’as deviné ! C’est pour ça qu’ils adoptent ! Donc sois sage ! Sourit Olson avec malice.
-Dîtes général ?... Vous la connaissez bien Marraine Ylva ?
-Je… Hum non mais j’ai appris à la connaître depuis qu’elle vient te rendre visite !
-Vous croyez que c’est vrai ce qu’elle a dit ?... Que si je suis sage elle arrêtera d’être fachée contre moi ? Je… Je croyais qu’elle l’avait dit pour me faire peur et qu’elle serait là pour faire le voyage…
-Ecoute moi bien ! Ta marraine, quand elle dit quelque chose, elle s’y tient ! Elle t’a dit de réparer tes bêtises et d’accepter les conséquences ! Je ne pense pas qu’elle voudrait te voir pleurer… Si elle ne t’a pas accompagné, je pense que c’est une punition méritée !
-Oui c’est vrai… Au fait monsieur général ?
-Quoi ?
-Vous pourrez dire merci à Beata pour tout ce qu’elle a fait pour moi ?
-Je lu dirai !... Tu ne veux pas dormir un peu ? Il reste encore du chemin !
-Monsieur général ?
-Quoi encore ? Soupira Olson qui s’efforçait d’être aimable, il se l’était juré.
-Je… Je vous demande pardon.
-Comment ?
-Je vous demande pardon… Je suis montée dans votre charrette sans que vous le sachiez et… J’ai dû à vous aussi causer du souci d’avoir fait ça et je le regrette, je n’arai pas dû.
-Je vois que tu appliques les consignes de ta marraine… C’est bien ! C’est de cette façon qu’il faut agir !
-Monsieur général ?
-Oui ?! Grinça-t-il
-C’est quoi ma punition ?
-Ta punition ?
-Pour ma bêtise…
-Eh bien ça… C’est à tes parents de décider…
-Non pas ça ! Je sais que papa et maman seront très en colère. Je vais rester dans ma chambre… Enfin, si j’en ai encore une avec le bébé, je n’aurai plus le droit d’avoir de gâteaux en dessert pendant un bon moment et probablement aussi une bonne claque ou pire…
-Ca t’inquiète ?
-C’est logique non ?
-Tu verras bien… Tes parents ne sont pas des gens sévères, ce que tu recevras sera seulement juste !
-Mais c’est pas ça que je voulais savoir… c’est vous !
-Quoi moi ?
-Vous allez me faire quoi ?
-Quoi tu veux …
-Marraine a dit que je devais réparer….
-Je vois…


Olson stoppa la cariole puis planta des yeux sévères vers la fillette qui l’observa désolée. Les sourcils froncés il continua de la fixer un long moment, puis, son bras se leva. Anna eût un rictus. Elle savait que sa joue allait être meurtrie et c’était mérité, elle espérait que sa se termine, mais rien ne se produisit. Surprise, elle observait Olson la main en l’air qui finalement s’abattit avant de s’arrêter. Finalement, c’est une petite tape, presque aussi douce qu’une caresse qui atterrit sur la joue de la fillette.


-C’est tout ?
-Moi aussi je suis juste ! Répliqua Olson en se remettant en route…
-Mais, c’était quand même une grosse bêtise !
-En effet ! Et je trouve qu’avec ce qu’il t’est arrivé, tu as déjà été bien assez punie comme cela… Donc ça ne méritait pas plus que ça !
-Merci monsieur général ! En fait vous n’êtes pas méchant en vrai !
-Allez approche petite ! Tu veux tenir les rênes ? Et arrête de m’appeler monsieur général tout le temps…
-Bah je dois dire quoi ?
-A toi de voir… Mais je suis ton oncle après tout ! Fit Olson avec un geste tendre pour l’enfant.


Heureuse, Anna ne répondit pas. La cadette d’Iduna et Agnarr préféra se blottir contre le militaire sous le regard attendrie de Yara qui berçait Kaspian. Peu à peu, la fatigue submergea Anna, elle qui avait été libérée sentait la pression et la crainte disparaître. Enfin elle se sentait en sécurité elle qui n’avait pas pu passer une seule nuit sans se réveiller chaque demie heure transie de peur. Olson n’osait pas bouger et maintenait l’allure d’une main alors que de l’autre il caressa la chevelure auburn de la fillette.



-On voit que vous avez élevé des enfants, sous votre allure stricte de militaire, vous avez dû être un papa gâteau ! Lança Yara.
-Détrompez-vous mademoiselle… Je n’ai jamais eu d’enfant !
-Oh ?... Pardon… Et… Euh vous ne l’avez jamais regretté ? Pardon, c’est indiscret !
-Vous voulez dire jusqu’à hier ?... Je ne m’étais jamais posé la question, mais je me rends compte qu’avoir une enfant comme elle m’aurait comblé…
-Mais vous resterez là pour eux !... Ils ont de la chance de vous avoir !
-Mademoiselle je dirai plutôt qu’ils ont de la chance de vous avoir vous ! Pour accepter le sacrifice que vous faîtes, c’est bien la preuve que vous êtes capable de tout pour eux !
-Vous pensez qu’elle m’aimera ?
-Mademoiselle, la question n’est pas de savoir cela, mais savoir qui cette fillette pourrait ne pas aimer !


Le voyage se poursuivit dans le plus grand silence pendant une bonne heure avant qu’Olson ne stoppe devant la boulangerie. Immédiatement, le visage à la fois en colère et soulagé, Tomally et Johan sortirent en trombe de la boutique.


-Enfin !
-Où est-elle nous avons des choses à nous dire… Grogna Johan.
-Chut !!! Moins fort !... La petite s’est endormie sur la route !


Olson avait parlé à voix basse mais gardait toute son autorité. Avec délicatesse, il descendit et se saisit de la fillette plongée dans un profond sommeil qu’il garda dans les bras. Tomally lui caressa doucement les cheveux avant de s’attarder sur Yara et s’extasier devant le prince Kaspian qui gazouillait.



-Alors voilà l’enfant ! C’est un honneur que le roi nous renouvelle sa confiance après ce terrible incident.
-Il ne vous en tient pas rigueur ! La famille royale sait que vous n’êtes pas responsable et m’a chargé au contraire de vous remercier de poursuivre votre mission.
-Puis-je prendre le petit ? Questionna Tomally.
-C’est… Euh… Oui c’est… Votre enfant… Balbutia Yara qui peinait à retenir ses larmes.
-Allons ! Il ne faut pas se mettre dans un état pareil ! Le général Olson nous a expliqué. Sois la bienvenue parmi nous Yara ! Nous avons aménagé une chambre pour toi, oh ça n’est pas grand ni luxueux mais pour commencer… Et nous avons parlé aux Bersen qui tiennent la scierie plus loin. Tu vois la maison en face, ils sont en train de la rénover, dès qu’elle sera prête, elle sera pour toi. Tu seras toujours la bienvenue ici !
-Formidable !... S’il vous plait ? Pouvez-vous m’indiquer la chambre de cette demoiselle ? Elle a eu beaucoup d’émotions depuis tout ce temps, une bonne sieste dans un bon lit lui fera le plus grand bien ! Laissez, je m’en occupe, pas la peine de la réveiller ! Termina Olson en empêchant Johan qui fronçait les sourcils de parler.


D’un geste le boulanger fit signe au militaire de le suivre. Olson pénétra dans le logis. Suivant les indications de Johan, il monta les marches vers la chambre d’enfant avant d’y déposer Anna et la recouvrir d’une couverture. Une dernière fois, il lui ébouriffa les cheveux sans la réveiller puis redescendit. Tous étaient attablés. Johan avait sorti une miche de pain et du fromage et discutaient du nouveau-né.


-Je vous aurai cru moins indulgent ! La voilà ramenée, bien au chaud dans son lit sans un mot ? Commenta Johan.
-Johan voyons !
-Tout de même ! Ca ne se serait sans doute pas passé comme ça pour moi s’il m’était arrivé la même mésaventure, j’aurai eu des soucis avec le père ! Je suppose qu’on ne doit rien dire ?! C’est un ordre ?!
-Johan ! Ne sois pas discourtois !
-Absolument pas ! Le roi et la reine vous font entièrement confiance et vous laisse seuls juge de l’attitude à adopter vis-à-vis de cette jeune fille ! Mais si je puis me permettre… Avoir dû passer plusieurs nuits, à son âge dans les geôles royale est probablement une punition déjà bien sévère malgré la gravité de la bêtise… Ne pensez pas qu’elle espère de toute manière s’en tirer à si bon compte !


Une longue heure passa et, alors qu’Olson s’apprêtait à partir, du bruit se fit entendre à l’étage. Anna venait de se réveiller et semblait angoissée.


-Tu peux descendre Anna… Viens nous voir ! Lança Tomally depuis la cuisine.


Tremblante comme une feuille, la fillette descendit en trainant les pieds et resta à demi cachée derrière la porte.


-Je suis content de voir que tu t’es levée pour mon départ Anna ! Ne viens-tu pas embrasser ton oncle pour lui souhaiter bon retour ? Au moins si je te vois, je sais que tu ne monteras pas !


Une larme perla sur la joue d’Anna à la remarque d’Olson alors qu’elle s’avança en silence lui offrir une bise. Anxieuse, elle observa le militaire partir avant de se retourner vers ses parents, le regard vers le sol…


-Je… Je dois retourner dans ma chambre ? Marmonna-t-elle
-Bonjour Mademoiselle !
-Bon… Bonjour Ma… Maman et… Pa…Pa…
-N’as-tu rien à dire ?
-Je… Je suis vraiment… Pardon… Je… Je…
-« Je vais commencer par arrêter de pleurer ! » C’est ce que tu voulais dire ?
-O… Oui... Maman…
-Alors maintenant que veux-tu ?... Être punie ou venir nous embrasser ?
-Attends quoi ?
-Tu m’as compris je ne répéterai pas !... C’est toi qui décideras comment tu dois être punie ! Alors ? Qu’est-ce que tu proposes ? Demanda Tomally en serrant l’enfant dans ses bras.
-Je… Je vais faire la vaisselle et la lessive pendant un mois… Et… Je ne mangerai pas de gâteaux pendant tout ce temps ?
-Tu penses que c’est juste ?
-Je… C’est pas assez ?
-C’est toi qui choisis…
-Je…
-Eh bien commençons par ça, un mois tu as dis… Eh bien nous verrons dans deux semaines si tu trouves ça suffisant ou non… Nous commencerons demain !
-Vr… Vraiment ?
-Vraiment ! Ton père a fait le gâteau sur la table pour ton retour, tu ne vas quand même pas en être privée.
-Merci papa ! Merci maman ! Fit Anna en les embrassant tendrement.

Chapitre 13 : Correspondances

Harmon 31 aout 1831

« Chère Marraine Ylva.


Je suis rentrée à la maison. Papa et Maman n’ont pas été trop sévère, je leur ai proposé de faire la lessive et la vaisselle pendant un mois pour me faire pardonner. Maman m’a dit que c’était moi qui devais proposer ma punition, j’aurai dû dire autre chose ! Faire la lessive alors qu’il y a des langes de bébé c’est long et pas drôle du tout.
Maman a été gentille avec moi, elle ne me laissait pas tout faire et venait m’aider. Papa lui était plus sévère, il m’a promis une bonne correction à la moindre bêtise mais marraine tu seras fière de moi, car il n’a pas eu besoin de le faire !
Au bout de deux semaines, maman a dit que ça suffisait que je n’étais plus obligé de continuer mais je continue de l’aider parce qu’un bébé c’est fatigant qu’elle dit. Je ne sais pas pourquoi elle a voulu en adopter un du coup mais maintenant j’ai un petit frère, il s’appelle Kaspian. Maintenant, je ne suis plus punie mais je n’ai plus le droit d’être dehors quand passe une charrette qui vient d’Arendelle, papa insiste mais moi, je n’ai pas du tout envie d’y retourner, je jure que jamais je ne retournerai dans cette ville ! Les gardes sont trop méchants et le roi aussi de vouloir enfermer des enfants !
Chaque soir, maman vient me voir parce que j’ai du mal à dormir sans pleurer, le dernier jour de ma punition, elle m’a dit de lui parler pour qu’elle l’enlève, je devais lui dire pourquoi j’étais partie. Si je suis partie, c’est parce que tu me manquais beaucoup trop marraine, et je suis triste quand tu as dit que peut être tu ne viendras plus me voir.
Maman en a parlé à Yara ! Oh oui je ne t’ai pas parlé d’elle ! Elle est très très gentille ! Elle a fait le voyage avec moi, elle est arrivée avec bébé Kaspian. Pour l’instant elle vit avec nous, mais un jour ça sera notre voisine et aussi c’est notre gouvernante. En tout cas, quand elle a su, elle a proposé de m’aider à écrire parce que Madame Larsen dit que les lettres de petite fille ça n’est pas des leçons convenables. Yara elle, elle s’en fiche, elle dit que c’est important. Cette lettre que j’écris, c’est avec son aide, on travaille dessus depuis déjà beaucoup de dodos ! La je la recopie pour pas qu’il y ait de taches ou de fautes, enfin si il y en a, c’est pas ma faute marraine ! C’est Yara !
Dans l’enveloppe, tu auras trouvé aussi une belle pièce d’or comme promis pour tonton Pieter ! J’ai travaillé pendant deux semaines entières à faire du pain pour que papa accepte de me la donner ! Quand le général Olson reviendra, je lui donnerai un gâteau aussi pour avoir tenu ma promesse.
Dis Marraine ? Tu veux bien venir me voir ?
Je t’aime !
Anna »

Harmon 27 Septembre 1831

« Chère marraine


Et oui marraine, même si tu es repartie hier, je t’écris pour te demander quand tu reviendras ! Tu comprends comme la dernière fois quand j’ai écrit, tu as répondu bah je me dis que ça fera pareil cette fois. Je sais que tu étais un peu fâchée pour la lettre, que tu ne veux pas que je sache où tu habites. Je n’ai pas compris pourquoi tu voulais que ça reste secret, pourtant je te le promets, même si tu me dis où tu habites je ne reviendrais pas à Arendelle. Je ne veux plus retourner là-bas, promis j’ai bien retenu la leçon !
Je t’envoie avec la lettre un beau dessin, c’est toi avec moi quand on s’est vus. Je n’ai pas dessiné Kaspian, juste toi et moi. Tu sais, je sais que ce n’est pas bien, mais je l’aime pas trop mon petit frère parce qu’en fait, je n’ai pas envie que tu sois aussi sa marraine. Si t’es sa marraine, je ne veux pas que tu l’aimes plus que moi. C’est vrai j’étais très contente de voir que tu n’avais pas l’air très contente de l’avoir dans les bras quand maman te l’a tendu ! Yara qui m’aide à écrire m’a disputé de dire ça mais comme tu vois elle m’a aidé à l’écrire quand même. Je sais ce n’est pas très bien de penser ça mais je sais qu’à toi marraine, je peux tout te dire même si ce n’est pas une pensée gentille. Je te promets par contre que je suis toujours sage, je ne lui veux pas de mal !
Dis marraine, je voulais te demander quelque chose quand t’étais là mais je n’ai pas osé. J’étais toute contente de porter la tunique que m’a offerte Monsieur Sappos (oh tu lui feras un bisou pour moi s’il te plaît ?) mais toi, j’ai l’impression que tu ne l’aimais pas. Tu sais je l’aime beaucoup moi, c’est mon vêtement préféré alors ne gronde pas monsieur Sappos parce que tu n’as pas choisi c’était vraiment un très beau cadeau ! Et ne gronde pas non plus Madame Beata, ou tonton Niklas pour t’avoir donnée cette lettre, j’aimerai beaucoup pouvoir continuer à t’écrire je pourrais le faire tous les jours… Ou un peu moins si tu ne veux pas que je t’embête trop avec mes lettres mais tu veux bien que je continue s’il te plait ?
Je t’aime très fort.
Anna »

Harmon, 16 mars 1832

« Bon anniversaire Marraine !!!


Oui je sais je n’ai pas mis la bonne date sur la lettre, mais Madame Larsen a dit qu’il fallait toujours mettre la date de l’écriture, que c’était important ! Oui, elle a accepté de m’aider et pas Yara ! Il faut que je te raconte pourquoi ! Yara est notre voisine, elle a sa maison depuis quelques semaines et en ce moment Kaspian est chez elle ! Il est très malade et madame Beata est venue le voir avec tonton Niklas ! Elle est restée pour le soigner plusieurs jours et a utilisé des drôles de plantes. C’est une vraie magicienne, plus forte que les docteurs ! Elle m’a dit qu’elle avait appris à faire ses potions dans le pays où les gens portent des tenues comme celle que Monsieur Sappos m’a offerte ! (zut je ne peux plus la mettre, elle est trop petite pour moi maintenant ! Mais comme d’habitude tu lui feras un bisou !!!)

Madame Larsen n’est pas contente, elle dit que je parle de pleins de choses en même temps dans la lettre et que c’est incompréhensible, que je dois mieux m’organiser, mais moi je m’en fiche je veux l’écrire comme ça ! D’ailleurs t’as vu j’ai gagné parce que je viens de dire que je m’en fiche ! J’ai beaucoup ri quand je lui ai fait écrire cette phrase pour que je recopie mais tu vois j’ai gagné ! Oh, je dois recopier vingt fois cette lettre sans erreur ! Cette phrase n’est pas de moi mais de Madame Larsen ! Zut ! Mais bon si je peux envoyer la lettre ce n’est pas grave je vais le faire pour toi marraine !

Bon, une idée à la fois ! Je disais que ça n’est pas la bonne date marquée mais je sais que ton anniversaire c’est le jour du printemps ! C’est Beata qui me l’a dit, tu ne la gronderas pas j’espère que ça n’était pas un secret ! Elle m’a promis de te la donner pour le bon jour, donc quand tu la liras, ça sera bien ton anniversaire ! Je t’ai préparé pleins de biscuits au chocolat, Madame Beata m’a promis de te les donner aussi !
Je ne continue pas plus la lettre, puisque je dois la recopier pleins de fois, je ne veux pas que ça soit trop long !
Je t’aime Marraine !
Anna »

Harmon, 15 Décembre 1832

« Chère Marraine


J’espérais te voir avant noël ! Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vu ! Mais j’ai été très contente de voir Monsieur Sappos me faire la surprise de venir ! C’était vraiment une journée incroyable. Bon ça commençait mal parce que le Roi Agnarr était de visite à Harmon. Ses gardes avaient tout bouclé pour sa venue. Moi je ne l’aime pas du tout ce roi ! Ce n’est rien qu’un méchant, il met des enfants en prison c’est vraiment un mauvais roi ! Je voulais aller le voir pour lui tirer la langue ou lui jeter des œufs mais j’aurai sans doute eu des ennuis et je t’ai promis d’être toujours sage ! De toute façon, je n’aurai pas pu le faire, tonton Niklas m’en aurait empêché ! Il escortait ce roi, je lui ai demandé de lui mettre une grosse claque à ce méchant mais tonton m’a disputé et promis que ça serait pour moi qui la recevrait si je redisais des méchancetés sur le roi et que tu ne serais pas d’accord mais je suis sûre que tu penses comme moi, le roi ce n’est rien qu’un vilain !

Mais heureusement, tonton Niklas il avait emmené avec lui Kristoff ! Bon il m’énerve toujours autant mais c’est mieux qu’entendre Kaspian qui crie ! C’est après que ça a été génial ! Quand tonton a récupéré Kristoff, Monsieur Sappos est venu me voir avec un cadeau du père noël ! En vrai je sais que c’est toi, c’est une super tunique comme celle que Monsieur Sappos m’avait offert ! Elle est trop belle avec tous ces losanges ! Il était gentil et il a mangé tous mes biscuits en me disant qu’il faisait comme le père noël, sauf que lui il n’a pas un gros ventre ! Je suis sûre que toi marraine, tu n’aimerais pas un gros mari ou avoir des gros dans ta famille ! Oups ce n’est pas gentil de dire ça pardon, en plus avant noël il ne faut pas dire des bêtises ! Dommage tu n’étais pas avec lui mais peut être que je te verrais à noël ! D’ailleurs je me souviens, l’année dernière, Béata m’a raconté une drôle d’histoire sur le père noël, comme quoi il vient d’un drôle de pays au nord et c’est bizarre, il a le même nom que toi : Sappos ! C’était un membre de ta famille ?
Je t’embrasse Marraine !
Anna »

Harmon 22 juin 1833

« Chère Marraine

Je te remerssie beaucoup d’être venu hier pour mon anniversaire ! C’été vrément la plus belle des surprise ! Cela m’a fait beaucoup rire quand tu as gronder Kaspian parce qu’il voulé manger mon gâteau avant moi ! Ca lui apprendra a vouloir être comme le méchant roi, un gros malpoli ! Heureusement, tonton Niklas aussi la gronder ! Mais pourquoi il a rigoler auprès de ton oreille en disant que mon frère lui rappellé l’impertinance d’Emma ?
C’est qui Emma ? T’as une fille marraine qui s’appelle Emma ? Ou une autre filleule comme moi ? Promis jurer marraine je ne suis pas jalouse je te lè jurer de ne plus l’être maintenant je suis grande ! Ma lettre par contre n’est pas grande mais tu sais, c’est parce que cette fois, c’est moi qui l’écri toute seule ! J’espère ne pas m’être trop tromper.
Je t’aime Marraine !
Anna »

Harmon 22 Juin 1834

« Chère marraine


J’ai Bien reçu ton cadeau. Merci beaucoup le collier est vraiment très beau. Tonton Niklas m’a expliqué que le symbole représentait l’air. Papa pour rire a dit que ça représentait ce que j’avais dans la tête, maman lui a donné une claque et tonton a crié très fort sur son frère, je ne l’ai jamais vu aussi en colère. Même quand j’avais fait ma grosse bêtise il y a trois ans, il n’était pas si en colère. Il est gentil tonton Niklas ! S’il n’était pas vieux et marié à Madame Beata et toi avec monsieur Sappos (comme d’habitude fais lui un bisou !) bah je voudrais que tu sois mariée avec tonton.
Mais en fait, mon cadeau préféré c’est le livre de chamanisme. En vrai au début j’ai râlé parce que ça s’appelle « pour les nuls » mais madame Beata m’a expliqué que ça voulait dire en vrai « pour enfants ». L’auteur s’appelle Iduna Picéaerd, bah elle est bête elle aurait dû mettre pour enfants et pas pour les nuls, t’es d’accord Marraine ?! En tout cas, je m’entraîne tous les jours à faire les tours de magie que tu m’as expliqué, j’espère en apprendre pleins d’autres dans le livre pour te les montrer quand tu viendras ! C’est bête que tu n’aies pas pu venir pour mon anniversaire, mais tonton m’a dit que tu étais occupée avec un problème de neige. Je n’ai pas tout compris mais d’après Kristoff c’est sans doute parce que tu as dû partir dans les montagnes du nord, c’est le seul endroit où on trouve de la neige en été ! Je lui ai dit que peut être tu étais à Arendelle mais là il a rigolé en me disant que la neige en été dans la ville c’était juste impossible ! De toute façon je n’irai pas vérifier !
Cette fois, je sais qu’il n’y a pas d’erreur dans ma lettre, Beata et Yara m’ont aidé comme tu n’aimes pas voir des fautes mais Madame Beata, elle m’a dit que toi à 9 ans, tu en faisais plus que moi, parce que tu n’écoutais pas tes leçons !
Mais je m’en fiche parce que je t’aime Marraine !
Anna »

Harmon 22 Juin 1835

« Chère Marraine.


Maintenant, mes parents, mais aussi Madame Larsen m’ont tous dit que j’étais grande puisque j’ai 10 ans. Hier j’ai même eu le droit de participer au bal de l’été organisé à la mairie. Exceptionnellement, il y avait le roi qui le présidait. J’ai eu le droit d’y participer même si c’est pour les grands. C’est tonton Niklas qui a insisté, parce que moi, je ne voulais pas le voir ce méchant roi, surtout le jour de mon anniversaire ! Madame Larsen m’a disputé toute la journée parce que j’avais mauvais caractère et elle disait que « ça n’est pas convenable qu’une jeune fille éduquée soit ainsi si impertinente et irrespectueuse envers la couronne et qu’il sied à toute demoiselle d’être honorée d’être présentée au roi ». Mais moi j’aurai préféré fêter ça à la maison avec un gâteau fait par papa.
Papa et maman ne sont pas venus, ils ont gardé Kaspian à la maison, faut dire qu’il est trop petit pour une fête de grands mais c’est bizarre, depuis quelques jours, ils me disent de ne pas l’approcher parce qu’il est malade. Je ne sais pas ce qu’il a, il reste dans sa chambre mais parfois ça sent le brulé ou d’autres fois il fait très froid devant sa porte. Il doit aussi avoir besoin d’air car des fois j’entends très fort le vent ! J’espère qu’il va bientôt être guéri. Il m’agace mais bon c’est mon petit frère ! C’est ça que je veux comme cadeau pour mes 10 ans, que mon frère soit soigné !
Du coup, c’est tonton Niklas qui m’a accompagné au bal de l’été et Kristoff était mon cavalier. Il avait l’air aussi content que moi d’être là. Il ressemblait à un pingouin dans son costume, je préfère quand il est au naturel ! Mais au moins cette fois on ne s’est pas disputés pour faire plaisir à tonton, on a même dansé ensemble ! C’est la première fois que je danse avec un garçon, ça fait bizarre ! Je pensais que la première fois ça serait avec mon amoureux, pas avec Kristoff !
J’ai été présentée au roi aussi, il m’a souhaité mon anniversaire et m’a embrassé la main comme font les gens dans les châteaux ! Tu seras fière de moi, je n’ai même pas fait de grimace mais j’ai pas du tout aimé ça. Il a fait semblant d’être gentil mais je sais que ce n’est rien qu’un gros méchant et il est trop ridicule avec sa moustache ! Je n’ai jamais vu la reine mais ça doit être une méchante femme très moche pour être avec ce roi !
Oui pardon marraine, je suis grande maintenant, je ne dois pas dire ça et puis le roi m’a fait un cadeau pour mes 10 ans. Une jolie broche avec les crocus d’Arendelle, en vrai, j’aime beaucoup ce cadeau et pendant le bal, le roi a dansé une fois avec moi mais la plus heureuse c’était Yara qui a dansé pleins de fois avec le roi ! Elle a l’air de bien l’aimer ! Je ne sais pas comment elle fait !
Je t’aime Marraine !
Ta Grande Anna »

Harmon, 22 Juin 1836

« Chère marraine


C’était vraiment super que tu sois là hier pour mon anniversaire ! Tu m’as sauvé la vie ! J’aurais eu le droit à la honte sur moi toute ma vie… Oui… Je ne suis pas encore douée pour bien attacher mes linges de menstruation et c’est gentil à toi de m’avoir donné l’astuce pour les serrer plus fort. Je me sens plus confiante et je sais que je n’aurais plus d’accidents sur mes vêtements à l’avenir. Je sais que je pourrais toujours compter sur toi. A toi marraine je peux tout dire, quand j’ai envie de parler, je préfère prendre la plume et t’écrire pour me confier à toi plutôt qu’en parler à maman. Ce n’est pas gentil pour elle mais des fois, souvent en fait, je rêve que c’est toi ma maman. Je sais c’est horrible de le penser mais j’avais besoin de l’écrire, je sais que toi tu peux me comprendre. Tes visites régulières sont toujours le meilleur moment du mois pour moi. Kaspian aussi est très heureux de te voir. Tu vois j’ai grandi, maintenant je veux bien partager avec mon petit frère ! Madame Larsen va bientôt lui donner des leçons, elle ne voulait pas, mais tonton Niklas a insisté. Quand il saura un peu écrire, je l’aiderai à t’écrire quelques mots dans mes lettres, comme Yara et Madame Larsen faisaient avec moi quand j’étais petite. Mais pas tout le temps non plus ! Non, les lettres à marraine Ylva, je veux garder ça pour moi !
Cela fait cinq ans maintenant qu’en plus de te voir régulièrement, nous nous envoyons des lettres, je les ai toutes gardées, dans une boite sous mon lit, je les relis très souvent, tous les jours en fait ! J’ai arrêté de compter leur nombre, il y en a trop ! Dans beaucoup de tes lettres, tu me dis de rester bien sage, surtout dans les premières, c’était après ma grosse bêtise ! Je crois marraine qu’il faudra que tu me le dises à nouveau, depuis quelques nuits, je rêve à nouveau d’aller dans la ville d’Arendelle. Promis je ne ferai plus jamais la même chose mais dis-moi, un jour, j’aimerai que tu m’y emmènes, tu crois que ça pourrait être un cadeau pour un prochain anniversaire ? Je promets d’être patiente, même si c’est dans plusieurs années
Je t’embrasse Marraine.
Anna »

Harmon 22 juin 1837

« Chère marraine


Voilà, j’ai eu 12 ans hier… Mais tout le monde s’en fiche ! Il n’y a pas eu de fête ! Personne n’est venu. Nous avons travaillé toute la journée comme si de rien était. Papa a heureusement préparé un gâteau pour le soir mais nous n’étions qu’entre nous. Jusqu’au dernier moment, j’ai espéré que tu viennes, je me disais que tu allais faire la surprise mais non. Je suis grande, je me suis retenue pour essayer de sourire même si je n’avais rien cette fois de ta part, ni ta présence, ni même une lettre, je suis grande, je ne vais pas agir comme une petite fille colérique ou à pleurer de déception… Enfin si, un peu quand je suis montée me coucher.
La dernière fois que Kristoff est venu, c’est Beata qui l’avait accompagné pour son apprentissage avec monsieur Florinsen. Elle m’a dit qu’à partir de maintenant, il viendrait seul et m’a expliqué que toi tu ne venais pas parce que tu étais partie chercher des objets précieux, un cristal à ce que j’ai compris.
Je ne pensais pas marraine que tu voulais avoir des choses précieuses, je me doute que tu dois être riche, mais tu n’es pas comme le roi toi tu t’en fiches d’avoir des choses chères ! Enfin c’est ce que je croyais.
Ça doit être important pour toi alors j’espère que tu as trouvé ce que tu cherches mais marraine, mon cristal à moi, c’est toi et si tu ne l’as pas trouvé, je veux bien être le tiens, alors viens vite me voir… S’il te plait !
Je t’aime marraine
Anna »

Harmon, 22 Juin 1838

« Chère Marraine


J’ai hâte de te voir la semaine prochaine pour l’anniversaire de Kaspian, 7 ans c’est l’âge de raison ! J’espère que tu penseras quand même aussi qu’hier c’était l’anniversaire de ta filleule préférée ? J’espère que c’est moi ! Je sais qu’il y a une Emma aussi, mais tu n’as jamais voulu me dire à quoi elle ressemblait !
Marraine ! J’ai hâte que tu arrives ! J’espère que pour mon anniversaire tu vas m’offrir un nouveau livre comme la dernière fois mais cette fois, pas pour les nuls ! Je connais tout par cœur déjà ! C’est trop facile et c’est incroyable toutes ces énergies ! Il faut qu’on essaie ensemble ! Tu as déjà fait les sessions des chakras toi j’en suis sûre tu sais tout marraine !
Oh et j’ai lu dans un des chapitres que les gens qui se marient, il faut leur allumer un feu magique dans des coupoles ? Tu as fait pareil toi quand tu t’es mariée avec monsieur Sappos (bisous monsieur Sappos !!!) ? Ca a l’air trop romantique mais quand j’ai demandé à papa et maman, ils m’ont dit qu’ils ne connaissaient pas cette coutume, que cela émanait sans doute des barbares. Ils m’ont dit que cela devait venir du peuple Northuldra et que d’après les histoires c’étaient des monstres assoiffés de sang tu crois que c’est vrai ?
Cela me fait un peu peur si ce sont vraiment des gens dangereux car depuis quelques jours marraine, je fais toujours le même rêve. Je me souviens que j’avais fait le même quand j’étais petite avant ma grosse bêtise, je survolais une très belle forêt et j’ai vu pleins de gens qui portaient les tuniques que monsieur Sappos aime m’offrir (oh d’ailleurs, celle que j’ai est devenue trop petite, par contre ma première va à Kaspian désormais, il est trop chou mon frère avec !), ces gens étaient auprès d’une petite femme qu’ils appelaient Yelena et craignaient une brume et de ne plus avoir de chamane. Et en repartant, un peu plus loin, j’ai vu une vieille femme qui me ressemblait beaucoup parler toute seule, elle m’appelait. Il faut vraiment qu’on en parle marraine, tu m’as dit que je devais te raconter tous mes rêves de forêt ! J’ai hâte !
Je t’embrasse marraine !
Anna »

Harmon, 22 Juin 1839

« Chère marraine


Hier c’était mon anniversaire, tu le sais mais au lieu de recevoir des cadeaux cette fois, c’est moi qui ai dû donner quelque chose. Tonton Niklas était vraiment triste de devoir gâcher mon anniversaire de la sorte mais il m’a confisqué mon livre le chamanisme pour les nuls que tu m’avais offert. C’est le méchant roi Agnarr qui a décidé ça ! Tonton Niklas était furieux mais j’ai dû lui donner. Devoir me séparer d’un de tes cadeaux me brise le cœur, encore une fois ce roi de malheur me rend triste ! Je me console en me disant que je connaissais par cœur toutes ses pages mais je n’ai pas eu le temps de le faire lire à Kaspian.
A nouveau il a sa drôle de maladie comme souvent, papa et maman le laisse à l’écart, sans doute pour nous éviter à tous d’être malade. Heureusement, ces derniers temps ; Kristoff est venu souvent à Harmon. La maison de Yara a été agrandie et il vit dans la dépendance et mange de temps en temps chez nous. Pour une fois, il ne m’agaçait pas, il s’est montré très gentil avec moi et me parle souvent d’Arendelle. De ce que je comprends, il y a une jeune fille blonde là-bas qui semble lui plaire. Si elle est aussi nunuche que lui ça promet ! Mais tout ça me rend curieuse. Kristoff c’est le seul garçon que je connaisse et je me demande ce que ça fait d’être amoureuse, ce que ça fait d’embrasser un garçon. Quand tu viendras, j’espère qu’on pourra en parler toi et moi, maman et papa ne veulent pas du tout, et peut être aussi, pourrons nous reparler d’un voyage vers Arendelle ? Tu m’as promis de m’emmener pour un anniversaire, serait-ce celui-là ?
Je t’aime Marraine.
Anna ».



Dans la nuit paisible, une charrette enfin s’arrêta. Fatiguée par le long voyage, Beata lâcha les rennes et s’étira, elle détestait voyager seule, mais Kristoff avait insisté pour qu’elle l’emmène. Malgré l’été, l’heure était si tardive que tout était sombre, seules les lumières du château d’Arendelle permettaient encore d’y voir. Beata descendit et franchit les portes. Le couvre feu, instauré par le roi depuis de longues années était en vigueur mais les gardes n’empêchèrent pas Beata de passer. Ils savaient depuis longtemps que l’épouse du général rejoignait parfois son époux au château avant que le couple ne rentre pour la nuit. Après une vérification pour la forme, la petite troupe de soldat s’éloigna sans prêter attention au véhicule de Beata. Quelques dizaines de secondes plus tard, une ombre se faufila en dehors de la charrette. S’époussetant et réajustant ses nattes rousses, Anna, qui en cette année 1840 avait fêté quelques jours plus tôt son quinzième anniversaire, tapie dans l’ombre observait le château. Cela faisait neuf ans qu’elle ne l’avait pas revu, son dernier passage dans la cité lui avait laissé un cuisant souvenir. Elle qui avait juré à sa marraine Ylva de ne plus jamais recommencer pareille expédition se retrouvait encore passagère clandestine, mais cette fois, elle avait une bonne excuse.

A nouveau elle ressortit une missive froissée et en partie déchirée tant elle l’avait lue. Son regard se porta sur la dernière ligne :
« Toutes ces informations sont passionnantes, il faut que nous en parlions sans attendre ! Rejoins-moi devant le château d’Arendelle à la prochaine pleine lune, ne t’inquiètes pas pour le couvre-feu, je te protégerai !
Ylva. »

Ainsi le moment tant attendu était arrivé ! Cette lettre qu’elle avait envoyé à sa marraine au lendemain de son quinzième anniversaire avait enfin déclenché ce qu’elle attendait depuis tant d’années. Il avait été très difficile de convaincre Beata de voyager avec elle mais la missive signée par Ylva avait fini par convaincre la mère de Kristoff malgré une écriture plus fine. Cette lettre, Anna la chérissait depuis qu’elle l’avait reçue. Sa marraine l’invitait à venir lui rendre visite en Arendelle. Elle se souvenait à quel point elle avait sauté de joie en découvrant la nouvelle. Machinalement, elle rangea son précieux sésame dans son corset et ressorti son second trésor. Quelques jours plus tôt, elle avait découvert un curieux cristal alors qu’elle et son frère se baladaient près des plages d’Harmon. Lorsque le jeune Kaspian s’en était saisi, le cristal s’était mit à briller et la lueur fut d’autant plus forte lorsqu’Anna à son tour le prit en main. L’adolescente en avait parlé dans sa dernière lettre à sa marraine. Beata lui avait à de nombreuses reprises expliqué qu’il s’agissait d’une véritable quête pour Ylva.


-Vous êtes mademoiselle Anna ?
-Hein ?... Euh Pardon ? Quoi ? Qui est… ? Sursauta Anna en rangeant en hâte son trésor.
-Retournez-vous mademoiselle !


La jeune fille s’exécuta et trembla de tous ses membres. Face à elle, un soldat d’Arendelle la dévisageait de la tête aux pieds. Elle avait l’habitude, avec son oncle Olson de voir l’uniforme Arendellien, mais ainsi, de nuit, aux abords du château, de douloureux souvenirs lui revinrent en mémoire.


-Mademoiselle Répondez ! Votre nom ! Gronda le soldat.
-A…Anna oui…Je suis Anna monsieur. Minauda-t-elle penaude.
-Fort bien ! Vous devez savoir qui m’envoie vous chercher ! Vous êtes à l’heure ! C’est une bonne chose ! Elle n’aime pas attendre !
-Oh euh… Oui ! Et comme le dit Madame Larsen, la ponctualité est la première qualité d’une personne de bonne éducation !... Elle aime bien quand je peux montrer que j’apprends avec le plus grand sérieux mes leçons ! Gloussa l’adolescente pour se rassurer.
-Charmant !... Vous savez qu’un couvre-feu est imposé ici n’est-ce pas ?
-Je… Oui mais… Elle m’a dit… Je…
-N’ayez crainte ! Je vais vous demander de me donner vos mains et, quand j’en aurai terminé, de vous tourner mademoiselle !
-Mes mains ?...Me tourner… Mais pourquoi ?
-Je vais lier vos mains puis vous bander les yeux…
-Attendez quoi ?
-C’est une précaution. Je pourrais vous faire traverser de manière inconnue par ce moyen quant aux yeux bandés, elle me demande de l’excuser, elle ne souhaite pas que vous sachiez où nous allons…



Anna hésita un instant, puis, docile tendit ses poignets que le soldat avec douceur lia d’une corde prenant soin à ne pas serrer trop fort pour ne pas rendre la position inconfortable. Anna se mit à tressaillir au moment où le militaire lui posa sur les yeux un bandeau. Décidément, Ylva était très secrète. Cela faisait des années qu’elle se murait dans le silence dès qu’il s’agissait de parler d’Arendelle. Anna devait respecter cela, mais elle aurait préféré qu’Ylva vienne la chercher en personne.


-N’ayez aucune crainte, je vous guide, vous êtes prête ? Nous avançons d’un pas… Voilà parfait mademoiselle ! Je suis devant vous je vous guide, vous ne risquez pas de vous cogner. Fiez-vous à ma voix…


Timide, Anna avança lentement. Elle n’aimait pas du tout cette manière de faire. Sa marraine avait intérêt à avoir une sacrée bonne explication ! Elle qui était amie de son oncle Olson, pourquoi ne pas avoir missionné le général pour empêcher les soldats de la surveiller ? Cela aurait sans doute été plus simple. Les questions trottèrent dans la tête d’Anna alors qu’ils s’arrêtèrent un instant. Son guide semblait contrarié.


-Mais que faîtes-vous là ?!
-Je veux jouer, je veux savoir ce qu’elle fait ! Elle a promis !
-Sauvez-vous petite ! Vous n’avez rien à faire ici vous le savez ! Si l’on vous voie ici vous aurez de gros ennuis et moi aussi ! Allez ouste !
-Je vais le dire ! Répliqua la voix d’enfant contrariée.
-Que ?... Que se passe-t-il ? Demanda Anna peu rassurée.
-Rien qui ne vous concerne ! Taisez-vous, on ne doit pas entendre votre voix ! Venez, nous sommes presque arrivés. Attention, il y a des marches, prenez ma main…


Avec crainte, Anna descendit péniblement les quelques marches. Toujours privée de la vue, elle se fia à ses autres sens. Son nez se retroussait, l’odeur était forte et désagréable tandis qu’elle frissonnait, la température semblait plus fraiche ici. Elle tendit alors l’oreille, l’homme venait de la stopper. Elle entendit soudain des gonds tourner et une porte s’ouvrir.


-Nous y sommes mademoiselle, vos mains je vous prie…


Avec douceur, l’homme dénoua les liens qui lui avait servi à guider la jeune rousse. De son pas martial, il se plaça derrière Anna et, d’un geste bien moins doux, retira violemment le bandeau. Surprise, Anna plissa les yeux pendant une fraction de seconde. Ce fut le temps nécessaire au militaire pour la pousser sans ménagement à l’intérieur. Anna eût tout juste le temps de placer ses mains pour se protéger qu’elles heurtèrent immédiatement le sol sale et froid. Derrière elle, la porte se referma aussitôt !

-Non !!! Hurla-t-elle … Non !!! Non !!! Non pas ça !!! Pitié pas ça !!!


Anna trembla de tous ses membres alors que des larmes de panique perlèrent au creux de ses yeux sarcelles. Son regard balaya le lieu… Ce lieu, celui de ses cauchemars de petite fille. Elle savait où elle était. Dans le cachot ou pendant huit longues nuits d’angoisse, elle avait dû dormir il y a neuf années de cela…

Chapitre 14 : Dans les geôles d’Arendelle



« Mais comment ai-je pu être aussi stupide ?! »

Depuis qu’elle était à nouveau enfermée dans ce maudit cachot, Anna, la voix saccadée des sanglots et les yeux rougis de larmes ne cessait de se répéter cette phrase, se maudissant d’avoir renoncé à sa promesse de ne plus jamais retourner en Arendelle. Les mains, dans les poches, elle serra de son poing la dernière missive de sa marraine. Machinalement, elle se plongea une nouvelle fois dans la lecture. Sa chère marraine qui l’invitait ! Quelle mauvaise plaisanterie ! Ylva l’avait bien dupé ! Mais pourquoi avait-elle agi ainsi ? Était-elle proche du roi Agnarr ? Sa marraine était riche, Anna le savait. Elle avait également des relations pour l’avoir fait libérer si aisément quand elle était petite. Depuis toutes ces années dans ses correspondances elle s’était montré souvent très véhémente envers le souverain d’Arendelle. Quelques fois, Ylva la recadrait l’incitant à se montrer plus respectueuse envers la couronne. Pour Anna cela devenait clair désormais. Sa marraine était proche du souverain. Sans doute en avait-t-elle eu assez des reproches ? Ou alors le roi serait-il tombé sur les courriers et aurait forcé Ylva à l’inviter pour pouvoir l’emprisonner et lui apprendre le respect ? Anna tentait de s’imaginer toutes les possibilités à son infortune. De rage, elle déchira la lettre de sa marraine…

« Je te hais Ylva ! » Lança -t-elle furieuse.


Pensait-elle véritablement ce qu’elle venait de dire. Oui, Anna le pensait, mais elle ne savait pas si c’était la rage qui l’aveuglait à ce point, ou bien un sentiment profond, présent depuis toujours au fond de son cœur. L’adolescente inspecta le cachot rempli de ténèbres. Elle les sentait empoisonner son âme et faire ressortir ses pensées les plus sombres. Certes elle adorait sa marraine, certes elle avait appris à apprécier son oncle Olson ainsi que sa tante Beata, mais au fond, elle était profondément jalouse. Eux connaissaient les privilèges, le faste de la vie en Arendelle, comblés de richesses, gloire et pouvoir. La jeune rousse ne put s’empêcher de diriger ses pensées vers Beata… Elle qui avait accepté de l’emmener ! Sans doute savait-elle ! Elle devait aussi faire partie du complot ! Que faisait-elle désormais ? Prenait-elle une coupe au milieu de la salle de bal en compagnie du roi qui devait se gausser de la savoir emprisonné ici-bas ? Quel piètre monarque faisait-il pour à ce point prendre plaisir à tourmenter une jeune fille de rien. Elle les détestait tous, les imaginant installés confortablement dans le château pendant qu’elle croupissait.


Alors que la jeune rousse pensait à la mère de Kristoff, cette dernière sentit également ses pensées converger vers la fille du boulanger. En compagnie d’Olson, qui terminait quelques rapports, Beata se demandait ce que pouvait bien fabriquer cette jeune effrontée. Le château avait paru désert, à aucun moment, elle ne pouvait imaginer qu’Iduna fusse présente ici et l’inquiétude la gagnait, et si Anna lui avait menti ? Si Anna avait inventé de toute pièce cette lettre à l’écriture légèrement différente de celle d’Iduna ? Beata observa Niklas finir son œuvre. Elle se pinça la lèvre, une mauvaise habitude gagnée durant l’enfance à imiter les mimiques de son amie de toujours. Jusqu’alors, elle n’avait rien dit à son époux. Mais en cet instant elle hésitait. Devait-elle le mettre au courant ?


-Niklas ? Est-ce que la reine Iduna est ici ? Se risqua-t-elle finalement
-Hein ? Comment ? J’ai beaucoup à faire Beata, je t’avais dit de ne pas m’attendre…
-Niklas ! Je te demande si la reine est ici ?
-C’est pour cela que tu es revenue au château ? Pour la voir ? Hélas je crains que non ! Elle est partie avec le roi ! Ils partent pour un voyage de deux semaines, les domestiques en ce moment doivent charger leur navire. C’est pour cela que je suis ici. Le roi m’a confié la régence en son absence ! Cela se résume à une quantité monumentale de paperasse à approuver… Mais au moins par ce titre, je demeure le supérieur d’Halricsen, et rien qu’à voir sa mine défaite me donne la motivation pour accepter cette tache !
-Halricsen ? Voilà des lustres qu’on ne l’a plus revu… Il est ici ?
-Oui… Et hélas pour de bon, sa mission de diplomate est officiellement terminée… Je l’ai missionné aux geôles ! Tu aurais vu sa tête… C’est la mission la moins noble pour un officier !
-Et… Iduna… Iduna n’est pas restée plus longtemps au château ?
-Beata s’il te plait ! Je t’ai répondu une fois, il me semble avoir été clair ! Non la reine n’est pas là, maintenant je te prie, plus de bruit, j’ai encore mille et une choses à voir !
-C’était pour être sure…
-Et pourquoi donc cette question ? Depuis toutes ces années tu es devenue pour ainsi dire sa dame de compagnie, tu devrais le savoir !...
-Non pour rien Niklas… Pardon je ne te dérange plus…



Beata préféra se murer dans le silence alors que l’angoisse la gagnait. Avec cette nouvelle découverte elle doutait de plus en plus de la véracité de la lettre d’Anna… Et si la furie rousse lui avait menti, quelle sottise prévoyait-elle en Arendelle ? Quelques coups sourds à la porte la sortirent de ses pensées alors que Niklas leva les yeux de sa carte de mauvaise humeur.



-Allons bon ! J’ai dit que je ne devais pas être dérangé avant la relève de la garde ! Vous comptez que je vous transfère dans la section du général Halricsen ?! Passez votre chemin et ne frappez plus! Vociféra Olson à l’attention du malheureux derrière la porte.



Le silence se fit à nouveau et le général reprit sa plume. A peine eût-elle frôlé le papier que les coups tonnèrent à nouveau. Surpris, l’officier sursauta et ratura son document. Excédé il se leva manquant de peu de faire tomber sa chaise puis se dirigea d’un pas ferme vers la porte décidée à châtier l’imprudent. Il ouvrit à la volée et se stoppa alors qu’il eût besoin de baisser les yeux pour voir de qui il s’agissait.


-Bonsoir Général ! Je dois vous parler de quelque chose c’est très urgent !
-Princesse Emma… Vous devriez savoir qu’à cette heure vous n’avez plus le droit de quitter l’aile dévolue aux appartements royaux ! Filez immédiatement ! Lança-t-il d’un ton désagréable.
-Pardon général je sais mais je dois vous parler ! Insista l’enfant, impressionnée mais qui cette fois avait décidé d’affronter ce méchant officier qui la rabrouait sans cesse.
-Attention Mademoiselle, je n’ai pas la patience de votre mère ! Elle est partie ainsi que le roi et vos parents m’ont confié la charge du royaume et donc par le fait de votre discipline ! Retournez dans votre chambre petite insolente je ne le répéterai pas !
-Mais général !!! Pourquoi vous êtes toujours méchant avec moi ? Je dois vous dire quelque chose d’important… Implora l’enfant.
-Niklas voyons… C’est seulement une petite fi…
-Ca suffit ! Peu importe son âge, cette demoiselle a un titre de princesse qui lui impose une discipline sans faille ! Alors ma petite, prenez donc exemple sur votre sœur Elsa et essayez d’être digne de la chance que vous avez d’être membre de la famille royale et respectez donc les règles !
-Justement, je dois vous parler de quelque chose qui transgresse les règles, s’il vous plait…
-Ce qui transgresse les règles ? Je vais vous dire ce que c’est… Ou plutôt qui… C’est une petite princesse capricieuse qui continue de me déranger alors qu’elle n’a aucune raison d’être ici. Pour la dernière fois filez ! Vos parents ne sont pas là mais je n’hésiterai pas à vous corriger comme vous le méritez si vous n’obéissez pas !
-La règle dit qu’on doit vous voir en cas d’urgence…
-Et les caprices d’une princesse trop gâtée ne sont pas une urgence mademoiselle ! Déguerpissez ou je vous fais descendre visiter les geôles ! Ça sera peut-être un spectacle qui vous fera passer l’envie de venir me déranger !
-Justement c’est de la prison qu’il est question… La dame qui accompagnait madame Beata a été envoyée en prison par Elsa !
-Quoi ?! S’étrangla Beata


Tremblant tout autant que l’enfant impressionnée par le général, Beata s’empressa de s’approcher de la princesse et s’agenouiller auprès d’Emma pour qu’elle lui raconte tout ce qu’elle savait. Olson de son côté écoutait les bras croisés et jetait un regard de plus en plus furieux vers son épouse tandis qu’il comprenait peu à peu la situation.


-Princesse ? Vous voulez bien attendre une minute dehors… Je dois parler au général de cette situation… Ne vous inquiétez pas, vous avez bien fait et il ne vous punira pas, bien au contraire ! Lança finalement Beata à l’attention de l’enfant.


Quelque peu rassurée par la voix de la mère de Kristoff, la fillette accepta et regarda la lourde porte se refermer devant elle. Beata se colla quelques instants contre la poignée, fuyant le regard de son époux avant de rassembler son courage dans un soupir…


-Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?... Beata… Qui accompagnais-tu ? Yara ?... Madame Larsen ?...
-Non Niklas…
-Alors…Non ! Non Beata !!! Pitié pas toi ! Ne me dis pas que… Des années que je m’épuise à rattraper les erreurs du roi, le manque de discrétion de la reine… Je t’en prie tu n’as tout de même pas…
-Si Niklas… J’ai accompagné Anna… Elle avait une lettre signée par Iduna… J’y ai cru…
-Une lettre de la reine ? Une lettre qui demande à Anna de venir ?
-Oui…
-C’est pure folie, je ne peux pas imaginer la reine commettre un tel impair… Même le roi ne ferait pas pareille bêtise ! Et je parle pourtant d’Agnarr !... Je dois en avoir le cœur net !... Oh ? Princesse Emma !! Approchez ! Lança-t-il en ouvrant la porte d’un air mauvais.
-O…. Oui … Gé…Général ? Balbutia l’enfant.
-Ecoutez ma petite, ce que vous venez dire, c’est très grave ! Gare à vous si ça n’est pas la vérité ! Vous maintenez ce que vous dîtes avoir vu ?
-Oui… Je le jure général !
-Attention, si ça n’est pas l’exact vérité, je le saurai et je vous promets une sévère punition !... Et qui sera sans doute amplifiée par votre père à son retour ! Alors réfléchissez bien et dîtes moi tout ce que vous savez…
-J’ai dit la vérité vraie général ! Elsa, elle s’est cachée et a fait faire arrêter la dame qui accompagnait votre femme, elle a été aidée par un soldat qu’elle a payé avec un bracelet que papa lui a offert ! Ca fait quelques jours qu’elle est très en colère et me crie dessus quand je lui demande si elle veut jouer avec moi depuis que je l’ai vu lire un papier dans la chambre de maman…
-Un papier ?!
-Oui… Enfin plusieurs… Elle avait pris une boîte avec des enveloppes…
-Ne bougez pas d’ici !


Sans ménagement, Olson referma à nouveau la porte au nez d’Emma.


-Beata… J’ai peur d’avoir compris… Je t’en prie, dis-moi que la reine n’a pas conservé auprès d’elle les lettres d’Anna…
-Je crains que si Niklas…
-Mais ce n’est pas possible !... Mais cette famille m’aura décidément tout fait !! Et Anna se retrouve à nouveau dans les geôles ! Aujourd’hui ! Evidemment le jour où j’en ai confié la garde à Halricsen !
-Que comptes-tu faire Niklas ?
-Protéger cette famille comme toujours… Et toi aussi ! File au port… Le navire royal doit lever l’ancre dans trente minutes, tu as juste le temps d’aller prévenir leurs Majestés ! Empêche-les de partir ! Au moins la reine, elle devra effacer toutes les traces !
-Et toi ?
-Je vais raccompagner la petite peste d’Emma dans sa chambre…
-Niklas !
-Quoi ?!
-Allons, essaie d’être aimable avec elle… C’est une petite fille qui n’a rien demandé… Elle a eu beaucoup de courage de venir te voir et a agi noblement… Reconnais-le…
-Certes... Je me dépêche de l’accompagner et je vais stopper Elsa, en espérant qu’elle non plus ne va pas commettre trop de dégâts !



Le couple Olson tomba rapidement d’accord. Le général tenta au mieux de paraître amical envers la princesse Emma alors qu’il la raccompagnait, se fendant même de compliments envers l’enfant. Emma était totalement déboussolée par ce changement d’attitude alors que de son côté, Beata filait comme le vent vers le port.


Plusieurs étages plus bas, la plus grande crainte du général se mettait en place. Encapuchonnée, Elsa se faufilait à travers les couloirs. Son homme de main avait bien travaillé. Il s’était montré bien gourmand pour le paiement mais au moins il était efficace. Elle le retrouva au détour d’un couloir avant qu’il ne la conduise devant la cellule d’Anna.


-Je me suis assuré que personne ne vous dérange… Collez vous à la porte, gardez votre capuche et elle ne pourra jamais vous voir !... Vous avez ma bourse ?
-Ca n’est pas ce que nous avions convenu ?!
-Certes, mais les choses ont changé, ça n’est pas le vieux Olson qui supervise, les risques sont donc bien plus grands pour mes camarades et moi…


Le militaire dévisageait la jeune princesse. Elsa avait depuis la petite enfance soigné sa posture pour se montrer intimidante et altière, mais elle restait malgré tout une jeune femme de 18 ans tout juste sortie de l’enfance et dont l’isolement avait rendu très mal à l’aise en public. Elle savait qu’elle n’avait pas la capacité pour lutter. Fébrilement, elle tendit le paiement au militaire corrompu qui fila sans demander son reste…
Inquiète, la princesse héritière réajusta ses gants, veillant à retirer le givre qui apparaissait. Elle devait maîtriser ses sentiments. Après une longue inspiration, alors qu’il lui restait une once de courage, elle s’aventura dans le cachot miséreux, veillant à se cacher du regard de la prisonnière.


-Reste tournée ! Tu regretteras de ne pas m’obéir je te préviens ! Lança-t-elle à l’adolescente rousse qui tressaillit.
-Qui… Qui est là ?
-Ne te tourne pas si tu tiens à ta misérable vie ! T’ai-je dit !
-Vous… C’est… C’est le roi qui vous envoie ?... Il… Pourquoi il m’en veut ?! Demanda Anna avec tout son courage même si sa voix trahissait sa peur.
-Silence ! C’est moi qui pose les questions ici ! Tu ne dois rien savoir de moi ni des raisons qui me poussent à être ici ! Même si tu connais la raison de ta présence dans ce cahot…
-Mais je n’ai rien fait de mal…
-A d’autres ! Et ceci !! Tend ta main ! Ne me regarde pas ! Prend et lis ! Tu vas me dire que tu ne sais pas ce que c’est ?!


Inquiète, Anna, sentit contre ses doigts des feuilles de papier. Craignant pour sa vie elle obéit et parcouru les missives. Elle les reconnaissait. C’étaient quelques lettres qu’elle avait envoyé à sa marraine. Un flot de rage l’envahit. Elle qui espérait que ses plus noires pensées étaient fausses étaient pourtant en train de se réaliser… C’était bien sa marraine Ylva qui l’avait donc envoyé en prison !


-Alors ?!
-Ce… Ce sont… des lettres…
-Ne me prends pas pour une idiote, je sais que ce sont des lettres ! A qui sont-elles adressées ?!
-A… A ma marraine… Elle… Elle s’appelle Ylva Sappos…
-Menteuse ! Mais qu’importe ! Lis la dernière phrase !!!
-Je jure ces lettres sont pour ma marraine…
-Lis te dis-je ! Si tu veux un jour sortir d’ici !
-« Hier… Hier… J’ai… J’ai passé toute l’après-midi avec Kristoff. Nous nous sommes amusés pour une fois. C’est un garçon gentil et agréable quand il ne parle pas de la glace. Il n’est pas non plus désagréable à regarder »
-L’autre lettre ! Lis la fin !
- « il y a une jeune fille blonde là-bas qui semble lui plaire. Si elle est aussi nunuche que lui ça promet ! Mais tout ça me rend curieuse. Kristoff c’est le seul garçon que je connaisse et je me demande ce que ça fait d’être amoureuse, ce que ça fait d’embrasser un garçon. »
-C’est bien toi qui as écrit ces lignes ?!
-O… Oui…
-Qui es-tu pour Kristoff ?... Tu l’aimes ?!
-Quoi… Je… Est-ce… Est-ce que… C’est… C’est toi la fille blonde après qui il tourne autour ?
-Je t’interdis de poser des questions !... C’est moi qui interroge !
-Je… Non je ne l’aime pas c’est… C’est un ami !
-Menteuse !
-Non c’est la vérité ! Pitié ! Je veux rentrer chez moi à Harmon !! Relâchez moi, je promets de ne jamais revenir !
-A qui as-tu envoyé ces lettres ?! Qui est cette marraine Ylva ?


Anna, en pleurs n’eût pas le temps de répondre qu’Elsa fut rattrapé par des coups contre la porte. Immédiatement son masque de dureté se brisa. Elle s’était forcée à se montrer menaçante, dans son monde. Ce rappel à la réalité lui fit geler ses mains. Inquiète elle les cacha, espérant que la prisonnière n’avait rien vu. Mécontente, elle tourna les talons vers le couloir, prête à rabrouer le garde qui l’interrompait. Elle avait payé cet imbécile suffisamment cher pour ne pas être dérangée si vite.


-Qu’est-ce que vous… Général Olson ?! Hoqueta Elsa alors que le vieux militaire lui faisait face.
-Princesse Elsa… Evidemment vous êtes la figure royale en l’absence de vos parents et vous êtes ici chez vous mais… Puis-je savoir pourquoi vous trouvez vous si tard en ce lieu… Avec ce genre de tenue ? Indiqua Olson en enlevant le capuchon de la princesse.
-Je… Ce sont les affaires de… de la couronne Olson et… Je vous tiendrai informé en temps voulu…
-N’essayez pas ce regard avec moi Mademoiselle… C’est moi qui l’aie enseigné à votre père alors qu’il était plus jeune que vous. En tant que Régent je suis au regret de vous contredire, les affaires de la couronne me concerne bien davantage que vous !
-Je suis la princesse héritière ! Je suis en droit de questionner un prisonnier comme il me plait…
-Pour des affaires d’Etat ? Questionna Olson en reprenant les missives des mains d’Elsa.
-Rendez-moi ça !! Lança Elsa avant de se retenir et serrer les poings sentant le gel arriver.
-Des lettres d’enfant ! Vous vous compromettez pour des lettres d’enfant !
-Je… N’ai pas de compte à vous rendre, ça me concerne et…
-Et rien du tout princesse ! Ces correspondances ne vous appartiennent même pas ! Elles ne vous sont pas adressées ! Heureusement votre sœur m’a prévenu de votre action ! Vous emprisonnez sans raison une jeune femme, pour des stupidités !
-Je… Olson vous ne devez pas parler ainsi à… la future reine. Tenta Elsa qui savait qu’elle n’avait pas le charisme de son père.
-Future reine… Avec cette attitude ?... Une petite reine de pacotille ! Une fillette capricieuse qui abuse de son pouvoir ! Je vous cite en exemple auprès de votre insupportable petite sœur, mais ma pauvre princesse, ce soir, vous ne valez pas mieux qu’elle ! Filez maintenant ! Et priez pour avoir su être discrète !
-Ca ne se passera pas comme ça ! Mes parents seront furieux d’apprendre comment vous me traitez !
-Vos parents savent déjà comment vous avez agi mademoiselle ! Je me suis chargé de les prévenir et je ne doute pas que le roi saura lors de vos prochaines leçons vous faire reprendre vos esprits de monarque !
-Je ne vous crois pas ! Mes parents sont…
-Général Olson ?! Que faîtes vous ici ?!... Qui est cette pers… Oh… Princesse !
-Général Halricsen !... J’accompagne la princesse qui souhaitait parfaire son éducation et inspecter les garnisons… Vous avez quelque chose à me dire ?
-Oui… Leurs Majestés ont annulé au dernier moment leur voyage, votre épouse m’a dit que vous étiez là, ils souhaitent vous voir… Grinça Halricsen.



Elsa blêmit et sentit la glace à l’intérieur de ses gants alors qu’Olson lui jeta un regard entendu. La princesse venait de comprendre à ses dépens que le vieux général ne plaisantait pas. Elsa se sentit tout à coup très mal à l’aise, comme une fillette prise en faute. Elle pensait tout à coup à sa jeune sœur Emma. Sa cadette était espiègle et n’hésitait à faire des bêtises. Tout à coup, la princesse héritière jalousait l’enfant… Comment faisait-elle pour assumer ses sottises, elle qui n’en faisait jamais.


-Mademoiselle, je vous suggère de remonter dans vos quartiers… Halricsen ? Pouvez-vous raccompagner la princesse ? Quant à vous, je vous conseille de reposer ceci là où vous l’avez trouvé ! Apprenez que votre mère en est en possession car devait visiter prochainement Lady Sappos et, dans sa bonté a accepté de transmettre ces missives… Le devoir d’un monarque est d’être bienveillant et au service de ses sujets… Ne l’oubliez pas ! Fit Olson en tendant les lettres à Elsa rouge de confusion.


Docile, Elsa n’osa pas répondre et suivit sans un mot Halricsen qui tachait de se montrer agréable envers la jeune femme. De son côté, Olson s’empressa de rentrer dans le cachot.


-Oncle Niklas ?!
-Ma pauvre Anna ! Mais dans quels ennuis t’es-tu encore fourrée !?


Patient, le vieux général se chargea de consoler l’adolescente avant d’être surpris. Halricsen était de retour et avait le visage mielleux.


-Général Olson… La couronne m’a prévenu de cette affaire. Mademoiselle, sachez que la couronne vous doit des excuses et me charge de vous apporter ce repas, ainsi que des oreillers pour cette nuit… Vous serez libérée dès demain matin ! Général ? Sa Majesté vous attend, et vous mademoiselle, je me charge personnellement de votre garde, si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous n’avez qu’à frapper cette porte.
-Halricsen ?... Puis-je vous parler ?


En hâte, Olson referma la porte du cachot et questionna son homologue qui contrairement à son habitude se montra extrêmement courtois. Bienveillant, il expliqua au vieux général qu’Elsa, confuse voulait à tout prix se faire pardonner auprès de cette jeune femme. Inquiet, Olson acquiesça avant d’aller retrouver le couple royal… Priant pour qu’Elsa n’ait rien dit de compromettant à ce serpent d’Halricsen.


Plus tard dans la soirée, le ventre plein, et installée à peu près confortablement dans sa prison, Anna pratiquait avant de s’endormir les rites qu’elle avait appris par cœur du livre de chamanisme confisqué depuis l’heure. Tout ceci l’apaisait et l’aidait à affronter sa situation. Mais aussi toute la délicatesse de ce général Halricsen qui s’était montré bienveillant et avait pris le temps de converser avec elle. Elle avait pu trouver dans cet officier une oreille attentive à sa vie d’adolescente. Finalement, elle finit par se coucher et fermer les yeux, pensant à nouveau à ses chakras.


-Bien le bonsoir Mademoiselle !


Anna sursauta et manquât de défaillir. Elle flottait dans les airs, en dessous d’elle, elle voyait son corps inconscient sur la paillasse du cachot. Elle prit peur en remarquant qu’elle ressemblait à l’instant à un spectre et soudain, alors que son regard balaya la pièce, elle la vit.


-Eh bien ? N’as-tu pas appris la politesse jeune fille ?
-Bon… Bonsoir… Vous… Je… Je suis morte ?!
-Non tu n’es pas morte !... Tu expérimentes un rêve lucide, une étape un peu plus poussée du voyage astral ! Tu sais de quoi je parle n’est-ce pas ?
-Oui un voyage astral est l’âme qui quitte le corps pour voyager vers d’autres contrées…
-Ah… Ta marraine Ylva t’as bien appris !... Comme je t’ai vu essayer, j’ai décidé de venir te rendre visite cette nuit…
-Qui… Qui êtes-vous ?!
-Oh je suis déçue, je pensais que tu l’aurais deviné… Allons réfléchis… La tenue sombre, le charbon dans les mains… la cravache… Pas d’idée ? Allons je te donne un indice, je suis là pour distribuer des punitions… Quel meilleur endroit qu’un cachot ?!
-Vous êtes… la mère fouettarde ?!
-Comme elle est intelligente cette petite ! En effet c’est bien moi, mais je préfère mon nom… Emma Picéaerd pour te servir ma mignonne ! Fit l’esprit avec une révérence.
-Vous… Vous venez pour me punir ? C’est vrai, j’ai trahi ma promesse… Mais vous ne venez pas à Noël normalement ?
-Non je ne viens pas pour ça ! Après tout… tu n’as pas fait de bêtise. Tu as répondu à une lettre et tu as même demandé pour être accompagnée… Je ne peux pas te punir ! Ah je le reconnais, j’aurai bien aimé venir m’occuper de toi il y a dix ans mais tu as fait amende honorable et donc jamais tu n’as été sur mes listes… Non toi, tu es victime d’une injustice donc si je viens te voir, c’est pour punir ceux qui t’ont fait du mal !
-C’est la faute du roi !
-En effet ma petite, mais il a quitté son navire et n’a pas pris la mer je ne peux donc pas le punir !
-Tu voulais le punir sur son bateau ? Tu voulais faire quoi ?
-Cela me semble évident… Je l’aurai fait se noyer voyons !
-Attends quoi ?! Vous… Mais tu es monstr… Blêmit Anna
-Et tu m’as crue ?!... Oh pardonne-moi je n’ai pas pu résister ! S’amusa Emma.
-Comment ?
-Cela me rassure… C’est ma nature… Faire peur aux enfants pour qu’ils se tiennent tranquilles ! Mais je n’ai pas pu les punir, qu’importe, cela se fera tôt ou tard !
-C’est… C’est bien le roi qui m’a emprisonné ?
-Non pas lui… Mais celle qui t’a interrogée n’est autre… Que sa fille, la princesse Elsa d’Arendelle ! Et le roi et la reine sont responsables de ne pas avoir su la contrôler !
-La princesse ?... Mais pourquoi me veut-elle du mal ?
-Car elle a trouvé les lettres que tu as envoyées à ta marraine ! Elle n’est pas une princesse parfaite ! Elle est jalouse comme tu as pu le constater ! Ta marraine aussi mérite d’être punie pour ne pas t’avoir protégé.
-Mais pourquoi viens-tu me voir si tu veux punir tout le monde sauf moi ?
-Tu sais avec le temps… J’ai fini par m’inspirer de mon rival…
-Ton rival… Tu parles du père noël ?
-Exact !... Il récompense ! J’ai voulu faire ça pour toi ! Je suis venue te faire un présent !
-Moi ?... Un cadeau pour moi ? Qu’est-ce que c’est ?
-La vérité… Du savoir ! Dis-moi ma petite, tu ne t’es jamais demandée pourquoi ta marraine Ylva est apparue tout à coup dans ta vie quand tu avais 5 ans, et qu’elle t’a appris le chamanisme ? Pourquoi elle t’offre ces tuniques que tu aimes tant ?
-Je… Si…
-C’est simple ma petite… Ta marraine… N’est autre qu’une Northuldra !
-Une Northuldra ?... Les barbares ?!
-Allons petite ! Surveille ton langage ! J’ai toujours du charbon sur moi !
-Pardon… C’est… Toi aussi tu es une Northuldra ?
-En effet… Sans me vanter, je suis la fondatrice d’une des plus anciennes et prestigieuses familles Northuldra ! La famille Picéaerd ! Et cette famille, se sont des chamanes !... Comme toi ! Veux tu en savoir davantage ?
-Raconte-moi !


Heureuse, l’esprit avec un grand sourire resta toute la nuit à narrer l’Histoire de la communauté Northuldra et les aventures de la famille Picéaerd à la jeune adolescente.


-Et pourquoi les Northuldra…
-Pardonne-moi petite ! Je dois m’en aller ! L’aube arrive !
-L’aube ? Déjà ?
-Et oui… Je ne peux rester ! Et tu vas bientôt être libérée… Il est temps pour toi de retourner dans ton corps. Tu verras tu te sentiras épuisée… ça sera ta punition pour ne pas t’être méfiée. Que veux-tu, je suis la mère fouettarde, je ne peux pas m’empêcher de redresser les torts !
-Reste ! tant pis s’ils ont du mal à me réveiller !
-Je ne peux pas petite ! Moi aussi j’ai du travail dans le monde des morts !
-Dans le monde des morts ?
-Oui, ma mission ne concerne pas que la Terre, mais aussi l’Hellheim, le Niflheim et les autres… Interroge donc ta marraine sur ces mondes… A défaut d’avoir pratiqué, au moins elle a bien appris !
-Explique-moi !
-Ne deviens pas capricieuse où je vais vraiment devoir te donner ce charbon ! Je serais bien restée plus longtemps mais si tu veux tout savoir… J’ai des personnes importantes dans une prison de glace dans l’Hellheim qui vont bientôt se libérer… Je me dois de les accueillir…
-Ah oui ?... Pourquoi sont-ils prisonniers ? Qui sont-ils ?
-Peu importe, il n’est pas nécessaire que tu le saches… C’est mon travail, pas le tiens ! Allez, retourne donc dans ton corps maintenant !
-Merci de m’avoir tenu compagnie Emma… Finalement, tu n’es pas la méchante que l’on présente dans les histoires.
-Je te remercie… Si tu le souhaites… Je pourrais revenir te parler !
-Tu en as le droit ?... Il faut que je fasse des bêtises pour te voir ?
-Non !... Inutile de mettre le chantier dans la boulangerie pour que je vienne si c’est ce que tu penses ! Non, cela ne tient qu’à toi… Si tu me fais confiance, alors c’est toi qui me feras venir dans tes rêves…
-Alors à très bientôt Emma !
-Je l’espère ma petite… Je l’espère ! Souffla l’esprit avant de disparaître, tandis qu’Anna, épuisée, ouvrit les yeux sur sa paillasse.

Chapitre 15 : Passé en approche.




Pendant une longue heure, Anna peina à émerger de sa modeste couche tachant de se remémorer les événements de la nuit. Sa longue conversation avec la mère fouettarde lui avait paru si réelle. Mais d’un autre côté, qu’elle lui affirme que la responsable de son enfermement fut la princesse Elsa elle-même. Non cela semblait bien trop improbable, même pour l’imagination débordante d’Anna. Quelques coups contre la porte du cachot la sortirent de sa torpeur. Le lourd verrou cliqueta et apparu dans l’embrasure, la silhouette d’Halricsen. La jeune femme aurait souhaité voir en premier le visage familier de son oncle Olson, mais la présence de cet officier si aimable avec elle au cours de cette épreuve la rassura.
Avec une grande amabilité, le militaire tendit un morceau de pain et du chocolat que l’adolescente engloutit goulument avant de suivre son libérateur. Accompagnée jusque dans la cour du château d’Arendelle, Anna, plissa les yeux pour se protéger de l’éclat du soleil alors qu’elle distinguait un véhicule où Olson l’attendait. Son cauchemar aura été bien plus court que lors de sa tendre enfance et Anna n’espérait qu’une chose, quitter au plus vite cette ville maudite. Au fond d’elle-même, elle se jurait de ne plus jamais écrire la moindre lettre à sa marraine. Elle ne savait même plus en cet instant si elle souhaitait même la revoir.


-Merci général Halricsen, je prends le relais et me charge de raccompagner cette demoiselle vers son logis loin d’ici. Trancha Olson.
-Cela doit être désagréable pour vous Olson n’est-il pas ? Persifla Halricsen alors qu’Anna n’y prêta pas la moindre attention et s’engouffra dans le véhicule.
-Pardon ?
-Vous charger de la basse besogne digne d’un simple sous-officier pendant qu’il me sera confié la charge d’être aujourd’hui au conseil du roi…Cela sent la fin pour vous…
-Imaginez ce que vous souhaitez, c’est sa Majesté qui m’a confié cette tache en signe d’excuse pour le désagrément qu’a subi cette demoiselle…
-Vous tentez de vous raccrocher à des chimères Olson… C’est votre crépuscule ! Je devrais d’ores et déjà préparer mon discours pour vos adieux à l’armée. Soyez en certain, je saurai me montrer élogieux… Comme vous il y a dix ans pour ma promotion ! En attendant, si vous voulez m’excuser, le conseil du roi et les plus hautes affaires du royaume m’attendent…
-Il n’a pas l’air de beaucoup t’aimer ! Intervînt Anna après qu’Halricsen soit hors d’écoute.
-Non en effet, c’est un ambitieux qui souhaite prendre ma place depuis toujours…
-Et… A cause de moi mon oncle il… va y arriver ? S’excusa Anna.
-Je ne le pense pas Mademoiselle…


L’adolescente sursauta alors qu’Olson était resté de marbre. La rousse tourna le regard et vit aux côtés de son oncle un homme vêtu d’un ample manteau et une capuche sur la tête. L’instant d’après, il dévoila son visage qu’Anna ne reconnaissait pas. Olson observa la jeune femme espérant une réaction et s’impatienta


-Anna ! Siffla-t-il entre ses dents avant de poursuivre : Voici sa Majesté Agnarr IV ! … Révérence Anna !


Estomaquée, pour une fois Anna resta mutique, incapable de se mouvoir tant la surprise était grande. Une multitude de sentiments lui passèrent par la tête. Ses années à critiquer, détester ce personnage qui était responsable par sa loi de ses malheurs. Elle était aussi particulièrement fière que le monarque se présente devant elle… Elle la fille d’une famille de boulanger d’une petite ville loin du centre du royaume d’Arendelle. A nouveau, Olson lui fit un signe pour exiger qu’elle rende hommage au souverain


-Allons ! Mademoiselle non, inutile, c’est à moi de vous rendre hommage… Coupa Agnarr.
-Hommage… à… A moi ?
-Oui… Sachez mademoiselle qu’à l’instant où votre malheur est parvenu à nos oreilles… Mon épouse la reine et moi-même avons immédiatement annulé notre voyage pour nous occuper personnellement de votre libération rapide.
-Vous ?... Pour… Pour moi ? Hoqueta Anna, incapable de formuler une phrase.
-Oui… L’attitude de la princesse Elsa à votre encontre n’est pas celle d’un monarque. En tant que roi, je me dois d’assumer sa faute. Aussi, au nom de la princesse Elsa et de la couronne, je vous prie mademoiselle Anna d’accepter nos plus plates et humbles excuses pour cette injustice dont vous avez été la victime, aussi puis-je vous demander de transmettre ceci à votre famille. Voyez cela comme une réparation. Sachez qu’il est parvenu à mes oreilles la qualité des pâtisseries de vos parents… et à mes papilles également je le confesse. Pour honorer le travail d’excellence de votre famille, dans ce document vos parents trouveront une commande de la couronne. Je souhaite nommer la boulangerie de vos parents parmi les fournisseurs officiels de la couronne.
-Je… Nous… Rougit Anna.
-Oui… Vous ! Vos pâtisseries sont excellentes et méritent d’être honorées. Je vous prie de pardonner l’absence de mon épouse la reine qui elle aussi aurait voulu vous présenter ses excuses… Nous vous souhaitons mademoiselle un excellent retour à Harmon.



Après quelques dernières formules de politesse où Anna fut toujours incapable de prononcer une phrase correcte, le véhicule, conduit par Olson se mit en branle et quitta la cour du château avant de prendre la route pour sortir d’Arendelle et se diriger vers Harmon. Le roi Agnarr l’observa jusqu’à ce qu’il fût hors de vue, heureux d’avoir pu converser avec sa fille cadette bien qu’il fut obligé de garder une distance et préserver son lourd secret. Plus les années passaient, plus cela lui pesait. Parfois il regrettait sa décision. S’il n’en avait rien fait, jamais Elsa n’aurait fait emprisonner sa cadette Anna. La princesse héritière allait sans doute avoir du mal à comprendre et accepter les remontrances, comment pouvait elle comprendre l’importance de la personne, et la proximité de cette jeune Anna pour elle.

Le cœur lourd, il retourna à l’intérieur de sa demeure avant de remonter de son pas martial le grand escalier et retrouver Iduna dans les appartements royaux. Alors qu’il passait la porte, son épouse s’empressa de lui prendre la main.


-Alors Agnarr ?! Comment va-t-elle ? S’enquit la reine.
-Je crains qu’elle ne m’aime pas hélas…
-Comment…
-Elle n’a pas pu prononcer le moindre mot, mais je pouvais voir son regard… Je le connais tellement ! J’avais le même ! C’était mon regard dès qu’était mentionné ma mère…
-Quoi ?
-Je suppose qu’elle aurait préféré te voir… En tant que reine, plutôt que moi… Mais évidemment, contrairement à moi, elle connaît ton visage… C’est un secret bien lourd ma douce… Soupira le roi alors qu’il sortait de sa poche l’acte de naissance d’Anna qui ne le quittait jamais.
-Agnarr…
-Sans ce secret, Elsa n’aurait pas agi ainsi… Iduna, j’ai peur qu’elle ne se renferme à nouveau…


Un lourd silence s’installa sur le couple royal alors qu’ils se dévisageaient l’un et l’autre. Depuis près de dix ans il ne se passait pas une journée sans qu’ils soient rongés par le remord et le poids des secrets, pas un jour ne s’était passé sans qu’ils ne pensent à tout dévoiler mais chaque fois, la raison avait été plus forte et leur faisait ne rien paraître.


-Je… Hum… Je vais aller donner sa leçon à Elsa, elle doit m’attendre. Je vais lui parler de la nécessité du monarque de faire preuve de plus de discernement et de discrétion. Je te promets Iduna de ne pas me montrer sévère…
-Agnarr… Attends ! Coupa Iduna alors que le roi s’éloignait.
-Qui-y-a-t-il ?
-Laisse-moi t’accompagner ! Je dois lui expliquer !
-Soit ! Après tout ce sont des lettres qui étaient dans tes appartements…


D’un pas entendu, le souverain et son épouse arpentèrent les couloirs du château pour y rejoindre leur fille ainée vers le cabinet de travail du roi. Elsa y faisait déjà les cent pas depuis une bonne heure. Les parents pouvaient percevoir l’inquiétude de la jeune femme alors que la température du couloir s’était brusquement rafraîchie. Depuis leur retour au château, ils n’avaient pas pu la croiser, Elsa s’était murée dans sa chambre, sans doute rouge de confusion face à son action d’adolescente puérile. Agnarr comme Iduna prirent sur eux avant d’entrer, ils ne souhaitaient pas la sermonner comme ils auraient dû. Elsa avait accepté de se présenter à sa leçon, cela manifestait sans doute une forme de courage de la part de la jeune blonde qui tentait ainsi de vaincre ses angoisses. Après un dernier regard entendu pour son épouse, Agnarr tourna la poignée et tous deux purent voir, dans le cabinet de travail givré, Elsa, tremblant non pas de froid mais d’inquiétude au milieu de la pièce.


-Père ! Mère !!! Je suis navré de vous avoir causé du tort et contraint à annuler ce voyage. Vous qui n’êtes jamais partis à cause de moi, je vous demande pardon d’avoir ainsi trahi votre confiance… Je suis désolée, je n’étais pas prête ! Commença Elsa les larmes aux yeux.
-Allons Elsa, je t’en prie calme-toi ! Tu n’as pas à t’en vouloir… Tenta Iduna d’une voix douce.
-Si mère ! Regardez ce que j’ai fait ici ! Vous deviez partir, me faire confiance, en à peine une heure j’ai déjà tout gâché !!... Père… Je m’en veux de te décevoir ainsi, toi qui a passé tant de temps à m’enseigner ce rôle qui doit être le miens… Je suis désolée, je ne saurai être une bonne reine un jour !
-Elsa ! Je t’interdis de dire cela de toi ! Un monarque ne doit pas… Gronda Agnarr.
-Père je ne serai jamais une reine ! Qui voudrait d’une aussi mauvaise reine que moi ? A cause de moi, vous ne pouvez vous permettre de vous absenter ! Comment pourrais-je un jour régner ?! Comment serait-ce envisageable si déjà un voyage diplomatique de deux semaines est impossible ?!
-Elsa ne dis pas cela !... Notre voyage n’était pas diplomatique de toute manière ! Il te concernait !


Immédiatement, Iduna porta les mains à sa bouche. Pourquoi avait-elle dit cela ?


-Quoi ?... Un… Un voyage pour moi ? Comment cela ? Demanda Elsa alors qu’Agnarr observait sa femme avec un regard interrogateur.
-Oui… Viens Elsa, rejoins-moi à la bibliothèque… Toi aussi Agnarr ! Je vais t’expliquer.


Iduna avait parlé d’une voix triste. Cela avait eu le don de piquer la curiosité de sa fille et la faire cesser de s’inquiéter. La température commençait déjà à remonter alors qu’ils se rendirent vers la bibliothèque. Sans un mot, Iduna y déplia sur la grande table une carte du continent et pointa une région au Nord.


-Tu connais cette partie du monde Elsa ?
-Oui… C’est la forêt enchantée ? Celle dont père me parlait quand j’étais petite qu’il avait visité une fois ?
-C’est cela, tu te souviens de son histoire ?
-Je… Il y a eu une grande bataille entre Arendelle et la tribu qui habitait cette forêt et grand-père y a laissé la vie… Comment se nommait cette tribu déjà… No… Na…
-Northuldra…
-Oui voilà ! Merci mère ! Mais pourquoi ces questions ?
-Et concernant ce qui est arrivé à ton père te souviens-tu d’autre chose ?
-Euh…
-Vas y Elsa… Je ne sais pourquoi, mais je crois que ta mère veut que tu racontes ! L’encouragea Agnarr.
-Euh… Père a… été blessé et… une voix l’a sauvé à le transporter dans une charrette qu’ont emmené les survivants de cette bataille avant qu’une brume épaisse ne tombe… Pourquoi me faire dire cela mère.
-Tout simplement Elsa, parce que ton père et moi, devions partir vers cette contrée, longer ses côtes et voguer plus au Nord encore vers…
-Quoi ? Que dis-tu Iduna ? Tu m’as dit que tu comptais rendre visite à un dignitaire au nord de l’ile d’Aren et visiter ensuite la terre mystérieuse de Funningur.
-C’était pour ne pas que tu t’étonnes de notre cap Agnarr mais… ça n’était pas mon intention… Je voulais trouver des réponses à propos de ton pouvoir Elsa… Et je pense que je pouvais trouver ces réponses à… Ahtohallan…
-Ahtoha quoi ? S’étrangla Elsa.
-De quoi parles-tu Iduna ?
-Ahtohallan est une rivière magique qui connait tous les secrets. C’est un endroit sacré situé aux confins des terres gelées…
-Les terres gelées ? Iduna ? Mais comment connais-tu ces terres !? Elles ne figurent même pas sur nos cartes !
-Elsa… Agnarr… Je dois vous parler de mon passé…
-On t’écoute maman… Demanda Elsa, avide de connaître l’origine de ses maudits pouvoirs.



Iduna pendant un instant ne dit rien puis ferma les yeux. Alors, de sa douce voix, elle entonna quatre notes qui résonnèrent immédiatement à l’esprit d’Agnarr.


-Iduna c’est… La… La voix c’est… C’était… C’était… toi ?!
-Oui Agnarr !... Je suis née au pays Northuldra… Souviens toi Agnarr, jute avant cette terrible bataille, tu as joué à chat avec une jeune fille… Le choc te l’a sans doute fait oublier quand tu m’as revu ici tu ne las pas mentionné…
-Joué ?... Euh… C’est… C’est flou mais… Oui il me semble que j’ai participé à plusieurs jeux d’enfants et… Plus tard… Oui… Oui j’étais avec une jeune fille et…


Le roi se figea sur place, de lointains souvenirs, depuis longtemps oubliés remontèrent à son esprit. Lui, le jouvenceau aux mèches blondes. Le prince gringalet, écrasé par la stature de son royal père s’était éloigné et profité de quelques minutes sans la surveillance parentale pour devenir un enfant comme tout le monde. Le statut social n’existait pas alors qu’il poursuivait une belle jeune fille aux longs cheveux bouclés qui sautait de branches en branches tel un ange dans les airs. Enfin le visage de cette enfant oublié lui revînt en mémoire… Un visage pourtant si familier. Un visage qu’il avait dès lors vu chaque jour de sa vie, ici en Arendelle depuis cette tragique guerre. Le visage de son épouse !


-Tu… Balbutia Agnarr.
-Je regrette de ne jamais avoir osé t’en parler Agnarr… J’avais peur ! Peur de la manière dont tu aurais réagi… Même après t’avoir avoué il y a si longtemps déjà mon passé Northuldra !
-Mais… Iduna, pourquoi ?! Pourquoi as-tu eu peur ?! Je t’ai pourtant dit que cela n’avait aucune importance !
-Si ça en a Agnarr ! Si tu t’étais souvenu de mon visage, tu aurais pu penser que j’ai fait exprès d’être avec toi je… J’ai eu peur ! Depuis toutes ces années où je voyage vers Harmon… J’entends les gens parler des Northuldras ! Beaucoup les détestent encore ! J’ai eu peur de tout de dire… De te parler de mon enfance, de mes parents, de mon ami Beata !
-Attends maman que dis-tu ? Beata ? Cela ?... Cela veut dire que Kristoff ?...
-Oui Elsa ! Kristoff aussi est né en pays Northuldra ! Beata a réussi à passer la brume des années après alors que Kristoff était très jeune… Confessa Iduna.
-Je… Si… Si j’ai des pouvoirs c’est… C’est à cause de… De cette origine ?... Père !!! Tu m’avais raconté que les Northuldra avaient des pouvoirs n’est-ce pas ?!
-Non Elsa ! Ton père n’a pas dit cela ! Les Northuldra n’ont pas de pouvoirs, mais ils savent profiter de la magie et des bienfaits de la nature ! Ton père te disait que je volais dans les airs… C’était vrai, le vent était mon ami, et m’emportait où je le désirais, cela au grand désespoir de ma mère qui voulait me faire étudier ! Ma mère par exemple avait une grade confiance en la terre, ma grand-mère elle, c’était plutôt l’eau et son cheval… Le Nokk !
-Le Nokk ?!... Mais… C’est seulement une légende racontée par des marins ivres ! Contesta Elsa.
-Non ! Le Nokk existe et hante les eaux de la mer Sombre. Je t’avoue que je ne l’aimais guère celui-là !
-Mais… Quel rapport avec… mon pouvoir ?
-Aucun ?... Ou peut-être que si… Regarde… Fit Iduna en tendant à Elsa son châle.
-Oui… Et ?... Tu vas me dire que cela vient de là-bas ?
-Oui !... C’est ma grand-mère Helga qui l’a fait pour ma mère avant qu’elle ne me l’offre… C’est mon dernier souvenir de mes parents, je l’ai reçu le jour de cette terrible bataille. Mais regarde… Tu reconnais ces symboles ?
-Eau, terre, air, feu … Commenta Elsa en observant les losanges.
-Oui et regarde le centre… Il existe un cinquième esprit… Les Northuldra vivent en harmonie avec les quatre esprits élémentaires de la nature, quant au cinquième, sa mission est de veiller à ce que tout reste en équilibre…
-Et quel est ce cinquième esprit ? C’est un pouvoir ?
-Non Elsa… La question n’est pas ce que c’est ?... Mais qui est-ce ?
-Le cinquième esprit est une personne ?
-Oui Elsa !... Et cette personne à plusieurs reprises a été un membre de ma famille… Le dernier cinquième esprit… N’est autre que ma mère !


Elsa avait oublié toute son angoisse et sa culpabilité. Elle ne pensait même plus à son erreur, à cette jeune fille qu’elle avait fait arrêter. Elle voulait en découvrir tant sur sa mère, mais curieusement, les mystérieuses lettres dans ses appartements ne revinrent pas à l’esprit de la princesse. Pour le roi, il n’était pas non plus question de le rappeler. Cela ne servait à rien de risquer d’éventer auprès d’Elsa le grand secret autour de sa sœur. Iduna, avec patience et passion cherchait à être la plus précise possible. Agnarr agissait de la même manière. Sa femme avait décidé de tout dire, lui aussi sentait que qu’il devait se libérer des grands secrets. Il s’était absenté un instant le temps de récupérer quelques volumes de la réserve interdite et montra quelques documents à Elsa concernant les Northuldra.



-Tu as des questions, et c’est bien normal Elsa… Viens avec moi ! Agnarr, toi aussi ! Je dois prendre le thé avec Beata ! C’est ma plus vieille amie, nous vous parlerons du pays Northuldra ! Va te préparer Elsa, Kristoff est chez sa mère ! Lui aussi doit découvrir son passé !
-Kristoff ?! Rougit la belle blonde avant de se reprendre : Mais ?... Je… Je ne dois pas quitter l’enceinte du château et… mes pouvoirs c’est…
-Beata connait ton secret Elsa !... Et tu seras avec nous ! Ton père sera d’accord… T’enfermer pendant toutes ces années n’a pas été une bonne chose pour te permettre de te sentir à l’aise avec ta magie, il est temps que nous corrigions cela… N’est-ce pas Agnarr ?
-Euh… Oui… Oui ta mère a… parfaitement raison Elsa ! Nous… Euh… Nous allons sur le champ voir… son amie… Enfin aussi ton ami… Je crois…
-Vraiment père… Je… Je peux sortir ?
-Oui… Oui Elsa !
-Je reviens tout de suite ! Laissez-moi deux minutes ! Fit Elsa folle de joie.



L’héritière avait le sourire jusqu’aux oreilles et s’autorisa même un petit saut de joie avant de s’enfuir à toutes jambes dans le château, oubliant totalement les convenances. Agnarr et Iduna se regardèrent alors médusés. Cette attitude était bien loin de celle d’Elsa, mais ressemblait au contraire, très fortement à celle de leur fille exilée loin d’eux à Harmon… Sans un mot, Agnarr et Iduna pensaient la même chose et se replongèrent dans les documents secrets apportés par le roi. Les noms des grandes familles Northuldra avaient été désignés dans ce registre tenu du temps du roi Agnarr… Des noms si familiers qui faisaient remonter tant de souvenirs à la souveraine qui laissa une larme perler sur sa joue qu’Agnarr essuya tendrement.


-Agnarr… Regarde… Souffla Iduna en sortant de sa poche des cristaux.
-Qu’est-ce que ?...
-C’est… Ce qui je pense devait nous permettre de passer la brume par la mer sombre… Ce sont ces cristaux que Beata a utilisés pour passer… Je… Agnarr ! Nous devons le dire à Elsa !
-Me dire quoi maman ? Demanda la princesse héritière de retour.
-Tu… Tu le sauras bien assez tôt… Mais j’aimerai t’en parler auprès de Beata, et si nous y allions ?

Excité à cette idée et d’un naturel docile, Elsa n’insista pas et emboîta le pas de ses parents. Au bout de quelques instants, alors qu’ils arrivaient dans la cour, la princesse finit par rompre le silence, rongée de remords, elle souhaitait présenter ses excuses auprès d’Iduna pour avoir fouillé mais alors qu’elle commença à ouvrir la bouche, son père l’interrompit.

-Quel idiot je suis… Le livre ! Partez toutes les deux je vous rejoins chez Olson ! Je dois retourner dans la bibliothèque !
-Agnarr mais…
-Je n’en ai pas pour longtemps Iduna mais c’est urgent !


Le roi tourna immédiatement les talons et à grandes enjambées retourna à l’intérieur du château. Elsa resta mutique quelques secondes, elle ne comprenait pas pourquoi aller ranger un document paraissait si important pour son père, mais au final, cela l’arrangeait, elle allait pouvoir présenter ses excuses à sa mère sans le regard lourd et imposant du monarque au-dessus de son épaule. Elsa voulait commencer à s’excuser mais au dernier moment, les mots restèrent bloqués dans sa gorge, finalement, elle changea de sujet.


-Maman… Tu ne m’avais encore jamais parlé de ta famille…
-Je sais Elsa !... Il est temps que tu apprennes davantage sur tes origines.
-Alors je sais que j’ai une arrière-grand-mère nommée Helga… Et comment s’appellent mes grands-parents ?
-Eh bien… Mon père s’appelait Elysia…
-S’appelait ?...
-Oui… Beata m’a appris que malheureusement, il nous a quitté lors de cette tragique bataille. Quelle ironie, tes deux grands pères ont rendu l’âme le même jour au même endroit… Ton prénom vient du sien Elsa !
-Oh… et ma grand-mère ? Elle aussi est…
-Je n’en sais rien… Mais quand Beata est arrivée, elle vivait encore ! J’espère un jour pouvoir la revoir !
-Comment s’appelle-t-elle ?
-Elle s’appelle Anna…
-Anna ?!... Anna ?!... Ce prénom me dit quelque chose ! Fit Elsa alors qu’elle semblait fouiller au fond de sa mémoire.
-Oh… Tu te fais des idées voyons… Tenta Iduna inquiète.
-Si je sais ! Maman ! Les lettres que tu as… Cette fille, ma grande erreur ! Elle s’appelle Anna aussi !
-Je… Oui… Oui tu as raison ! Mon… Mon amie Lady Sappos m’a parlé de sa filleule Anna !
-Mais pourquoi du coup vous n’avez pas décidé d’appeler ma sœur ainsi ?
-Eh bien… Euh… Emma est… Est aussi un prénom courant dans ma famille et… ton père l’a choisi. Trancha Iduna en accélérant le pas, cherchant par tous les moyens à changer de conversation.


De son côté, Agnarr, dévala en trombe le corridor et ouvrit la porte à la volée de la bibliothèque avant de se figer de stupeur.


-Halricsen ?! Mais que diable faîtes vous ici ?! Interrogea le roi.
-Que sa Majesté me pardonne… J’étais venu vous trouver pour vous rendre compte des rapports de la journée comme il est de mon devoir en tant qu’officier de votre conseil restreint…
-De quoi ? Questionna Agnarr qui n’écoutait que d’une oreille alors qu’il ramassait à la hâte le livre toujours fermée sur la table avant de le remiser dans les archives.
-Je… Hum… Les… Documents pour.. Votre Majesté… Hoqueta Halricsen, déçu que le roi ne le considère pas comme il le devrait.
-Ah oui certes… Ca n’est pas votre fonction Halricsen ! Déposez ceci sur le bureau de votre supérieur le général Olson ! Il m’en fera un rapport quand il rentrera…
-Mais… Majesté pardon mais… Le général Olson n’est pas mon…
-Ecoutez général euh…
-Halricsen Sire !
-C’est ça, Halricsen ! J’ai entendu parler en grand bien de vous alors ne vous formalisez pas pour ces statuts ! Le général Olson est le plus ancien officier de l’armée comme vous le savez, il a une plus grande expertise et je ne souhaite traiter qu’avec lui seul pour les affaires courantes étant donné qu’il n’est absent que pour cette journée. Je vous remercie de votre zèle général, vous pouvez disposer, je suppose que vous avez de nombreuses responsabilités. Indiqua Agnarr d’une voix autoritaire teintée d’une pointe de mépris en désignant la porte.
-Je… Oui, bien sûr Altesse je… Vais déposer ceci à l’attention du… général. Fit Halricsen morose.
-Je vous remercie.


Agnarr attendit que le général soit parti puis ressorti son précieux grimoire. Il l’ouvrit et le feuilleta rapidement avant de pousser un soupir de soulagement. Visiblement personne n’y avait touché ! Avec précaution, il s’empressa d’aller le reposer dans les archives interdites, veillant à bien sécuriser l’endroit tandis qu’il se maudissait d’avoir été si négligeant. Sans doute Olson lui aurait-il lancé une remarque acerbe pour ce manque de prudence. Heureusement, son plus vieux conseiller n’était pas là, il était inutile qu’il le sache.
Rassuré, Agnarr repartit d’un pas plus léger rejoindre sa femme et sa fille, avide de nouvelles révélations.
Quelques instants plus tard, Halricsen, le regard noir lui aussi s’empressa de quitter la demeure royale vers les écuries. Après avoir vilipendé chacun des hommes qui avaient le malheur de croiser son chemin, il se saisit d’un cheval et partit au galop de la ville jusqu’au soir où il prit soin de dormir dans une humble auberge à quelques encablures de la ville.


Au petit matin, à la porte, de grands coups se firent entendre.


-Eh bien… Voilà des clients bien pressés ! Une petite minute m’sieurs dames ! On ouvre ! Tonna Tomally.


Pour toute réponse, il n’eut que de nouveaux tambourinements.


-Beh dis donc !... Anna !!! Veux-tu aller ouvrir et accueillir l’impatient avant qu’il ne défonce la porte ?!
-Oui papa ! Je vais lui présenter mes Krumcakes, cela mettra notre premier client de bonne humeur ! Lança la jeune fille enjouée.


Guillerette, Anna souleva le verrou de la porte et ouvrit avec un grand sourire.


-Bonjour !! Soyez le bienvenu Mons… Général Halricsen ?!


Anna s’était figée sur place, estomaquée de voir l’officier d’Arendelle devant la porte de sa boulangerie. Le roi lui avait promis de passer commande, mais jamais elle n’aurait pu imaginer qu’elle enverrait un militaire si haut placé qui ne soit pas son oncle venir chercher des viennoiseries.


-Mademoiselle Anna !... Je suis ravi de vous voir !
-Je… Euh… Il… Si… Euh… Pour les commandes je… Il… Va falloir un peu attendre car…
-Je ne viens pas pour vos viennoiseries, mais je serai ravi d’y faire honneur mademoiselle ! Non en vérité si je me présente à la porte de cet établissement… C’est pour vous !
-Pour… moi ?!
-Oui Mademoiselle Anna… J’aurai besoin de vous parler !... J’ai des choses à vous révéler !... Sur votre chère marraine Lady Sappos ! Fit Halricsen en sortant de sa poche quelques feuillets frappés du sceau royal d’Arendelle…

Chapitre 15 : Passé en approche.




Pendant une longue heure, Anna peina à émerger de sa modeste couche tachant de se remémorer les événements de la nuit. Sa longue conversation avec la mère fouettarde lui avait paru si réelle. Mais d’un autre côté, qu’elle lui affirme que la responsable de son enfermement fut la princesse Elsa elle-même. Non cela semblait bien trop improbable, même pour l’imagination débordante d’Anna. Quelques coups contre la porte du cachot la sortirent de sa torpeur. Le lourd verrou cliqueta et apparu dans l’embrasure, la silhouette d’Halricsen. La jeune femme aurait souhaité voir en premier le visage familier de son oncle Olson, mais la présence de cet officier si aimable avec elle au cours de cette épreuve la rassura.
Avec une grande amabilité, le militaire tendit un morceau de pain et du chocolat que l’adolescente engloutit goulument avant de suivre son libérateur. Accompagnée jusque dans la cour du château d’Arendelle, Anna, plissa les yeux pour se protéger de l’éclat du soleil alors qu’elle distinguait un véhicule où Olson l’attendait. Son cauchemar aura été bien plus court que lors de sa tendre enfance et Anna n’espérait qu’une chose, quitter au plus vite cette ville maudite. Au fond d’elle-même, elle se jurait de ne plus jamais écrire la moindre lettre à sa marraine. Elle ne savait même plus en cet instant si elle souhaitait même la revoir.


-Merci général Halricsen, je prends le relais et me charge de raccompagner cette demoiselle vers son logis loin d’ici. Trancha Olson.
-Cela doit être désagréable pour vous Olson n’est-il pas ? Persifla Halricsen alors qu’Anna n’y prêta pas la moindre attention et s’engouffra dans le véhicule.
-Pardon ?
-Vous charger de la basse besogne digne d’un simple sous-officier pendant qu’il me sera confié la charge d’être aujourd’hui au conseil du roi…Cela sent la fin pour vous…
-Imaginez ce que vous souhaitez, c’est sa Majesté qui m’a confié cette tache en signe d’excuse pour le désagrément qu’a subi cette demoiselle…
-Vous tentez de vous raccrocher à des chimères Olson… C’est votre crépuscule ! Je devrais d’ores et déjà préparer mon discours pour vos adieux à l’armée. Soyez en certain, je saurai me montrer élogieux… Comme vous il y a dix ans pour ma promotion ! En attendant, si vous voulez m’excuser, le conseil du roi et les plus hautes affaires du royaume m’attendent…
-Il n’a pas l’air de beaucoup t’aimer ! Intervînt Anna après qu’Halricsen soit hors d’écoute.
-Non en effet, c’est un ambitieux qui souhaite prendre ma place depuis toujours…
-Et… A cause de moi mon oncle il… va y arriver ? S’excusa Anna.
-Je ne le pense pas Mademoiselle…


L’adolescente sursauta alors qu’Olson était resté de marbre. La rousse tourna le regard et vit aux côtés de son oncle un homme vêtu d’un ample manteau et une capuche sur la tête. L’instant d’après, il dévoila son visage qu’Anna ne reconnaissait pas. Olson observa la jeune femme espérant une réaction et s’impatienta


-Anna ! Siffla-t-il entre ses dents avant de poursuivre : Voici sa Majesté Agnarr IV ! … Révérence Anna !


Estomaquée, pour une fois Anna resta mutique, incapable de se mouvoir tant la surprise était grande. Une multitude de sentiments lui passèrent par la tête. Ses années à critiquer, détester ce personnage qui était responsable par sa loi de ses malheurs. Elle était aussi particulièrement fière que le monarque se présente devant elle… Elle la fille d’une famille de boulanger d’une petite ville loin du centre du royaume d’Arendelle. A nouveau, Olson lui fit un signe pour exiger qu’elle rende hommage au souverain


-Allons ! Mademoiselle non, inutile, c’est à moi de vous rendre hommage… Coupa Agnarr.
-Hommage… à… A moi ?
-Oui… Sachez mademoiselle qu’à l’instant où votre malheur est parvenu à nos oreilles… Mon épouse la reine et moi-même avons immédiatement annulé notre voyage pour nous occuper personnellement de votre libération rapide.
-Vous ?... Pour… Pour moi ? Hoqueta Anna, incapable de formuler une phrase.
-Oui… L’attitude de la princesse Elsa à votre encontre n’est pas celle d’un monarque. En tant que roi, je me dois d’assumer sa faute. Aussi, au nom de la princesse Elsa et de la couronne, je vous prie mademoiselle Anna d’accepter nos plus plates et humbles excuses pour cette injustice dont vous avez été la victime, aussi puis-je vous demander de transmettre ceci à votre famille. Voyez cela comme une réparation. Sachez qu’il est parvenu à mes oreilles la qualité des pâtisseries de vos parents… et à mes papilles également je le confesse. Pour honorer le travail d’excellence de votre famille, dans ce document vos parents trouveront une commande de la couronne. Je souhaite nommer la boulangerie de vos parents parmi les fournisseurs officiels de la couronne.
-Je… Nous… Rougit Anna.
-Oui… Vous ! Vos pâtisseries sont excellentes et méritent d’être honorées. Je vous prie de pardonner l’absence de mon épouse la reine qui elle aussi aurait voulu vous présenter ses excuses… Nous vous souhaitons mademoiselle un excellent retour à Harmon.



Après quelques dernières formules de politesse où Anna fut toujours incapable de prononcer une phrase correcte, le véhicule, conduit par Olson se mit en branle et quitta la cour du château avant de prendre la route pour sortir d’Arendelle et se diriger vers Harmon. Le roi Agnarr l’observa jusqu’à ce qu’il fût hors de vue, heureux d’avoir pu converser avec sa fille cadette bien qu’il fut obligé de garder une distance et préserver son lourd secret. Plus les années passaient, plus cela lui pesait. Parfois il regrettait sa décision. S’il n’en avait rien fait, jamais Elsa n’aurait fait emprisonner sa cadette Anna. La princesse héritière allait sans doute avoir du mal à comprendre et accepter les remontrances, comment pouvait elle comprendre l’importance de la personne, et la proximité de cette jeune Anna pour elle.

Le cœur lourd, il retourna à l’intérieur de sa demeure avant de remonter de son pas martial le grand escalier et retrouver Iduna dans les appartements royaux. Alors qu’il passait la porte, son épouse s’empressa de lui prendre la main.


-Alors Agnarr ?! Comment va-t-elle ? S’enquit la reine.
-Je crains qu’elle ne m’aime pas hélas…
-Comment…
-Elle n’a pas pu prononcer le moindre mot, mais je pouvais voir son regard… Je le connais tellement ! J’avais le même ! C’était mon regard dès qu’était mentionné ma mère…
-Quoi ?
-Je suppose qu’elle aurait préféré te voir… En tant que reine, plutôt que moi… Mais évidemment, contrairement à moi, elle connaît ton visage… C’est un secret bien lourd ma douce… Soupira le roi alors qu’il sortait de sa poche l’acte de naissance d’Anna qui ne le quittait jamais.
-Agnarr…
-Sans ce secret, Elsa n’aurait pas agi ainsi… Iduna, j’ai peur qu’elle ne se renferme à nouveau…


Un lourd silence s’installa sur le couple royal alors qu’ils se dévisageaient l’un et l’autre. Depuis près de dix ans il ne se passait pas une journée sans qu’ils soient rongés par le remord et le poids des secrets, pas un jour ne s’était passé sans qu’ils ne pensent à tout dévoiler mais chaque fois, la raison avait été plus forte et leur faisait ne rien paraître.


-Je… Hum… Je vais aller donner sa leçon à Elsa, elle doit m’attendre. Je vais lui parler de la nécessité du monarque de faire preuve de plus de discernement et de discrétion. Je te promets Iduna de ne pas me montrer sévère…
-Agnarr… Attends ! Coupa Iduna alors que le roi s’éloignait.
-Qui-y-a-t-il ?
-Laisse-moi t’accompagner ! Je dois lui expliquer !
-Soit ! Après tout ce sont des lettres qui étaient dans tes appartements…


D’un pas entendu, le souverain et son épouse arpentèrent les couloirs du château pour y rejoindre leur fille ainée vers le cabinet de travail du roi. Elsa y faisait déjà les cent pas depuis une bonne heure. Les parents pouvaient percevoir l’inquiétude de la jeune femme alors que la température du couloir s’était brusquement rafraîchie. Depuis leur retour au château, ils n’avaient pas pu la croiser, Elsa s’était murée dans sa chambre, sans doute rouge de confusion face à son action d’adolescente puérile. Agnarr comme Iduna prirent sur eux avant d’entrer, ils ne souhaitaient pas la sermonner comme ils auraient dû. Elsa avait accepté de se présenter à sa leçon, cela manifestait sans doute une forme de courage de la part de la jeune blonde qui tentait ainsi de vaincre ses angoisses. Après un dernier regard entendu pour son épouse, Agnarr tourna la poignée et tous deux purent voir, dans le cabinet de travail givré, Elsa, tremblant non pas de froid mais d’inquiétude au milieu de la pièce.


-Père ! Mère !!! Je suis navré de vous avoir causé du tort et contraint à annuler ce voyage. Vous qui n’êtes jamais partis à cause de moi, je vous demande pardon d’avoir ainsi trahi votre confiance… Je suis désolée, je n’étais pas prête ! Commença Elsa les larmes aux yeux.
-Allons Elsa, je t’en prie calme-toi ! Tu n’as pas à t’en vouloir… Tenta Iduna d’une voix douce.
-Si mère ! Regardez ce que j’ai fait ici ! Vous deviez partir, me faire confiance, en à peine une heure j’ai déjà tout gâché !!... Père… Je m’en veux de te décevoir ainsi, toi qui a passé tant de temps à m’enseigner ce rôle qui doit être le miens… Je suis désolée, je ne saurai être une bonne reine un jour !
-Elsa ! Je t’interdis de dire cela de toi ! Un monarque ne doit pas… Gronda Agnarr.
-Père je ne serai jamais une reine ! Qui voudrait d’une aussi mauvaise reine que moi ? A cause de moi, vous ne pouvez vous permettre de vous absenter ! Comment pourrais-je un jour régner ?! Comment serait-ce envisageable si déjà un voyage diplomatique de deux semaines est impossible ?!
-Elsa ne dis pas cela !... Notre voyage n’était pas diplomatique de toute manière ! Il te concernait !


Immédiatement, Iduna porta les mains à sa bouche. Pourquoi avait-elle dit cela ?


-Quoi ?... Un… Un voyage pour moi ? Comment cela ? Demanda Elsa alors qu’Agnarr observait sa femme avec un regard interrogateur.
-Oui… Viens Elsa, rejoins-moi à la bibliothèque… Toi aussi Agnarr ! Je vais t’expliquer.


Iduna avait parlé d’une voix triste. Cela avait eu le don de piquer la curiosité de sa fille et la faire cesser de s’inquiéter. La température commençait déjà à remonter alors qu’ils se rendirent vers la bibliothèque. Sans un mot, Iduna y déplia sur la grande table une carte du continent et pointa une région au Nord.


-Tu connais cette partie du monde Elsa ?
-Oui… C’est la forêt enchantée ? Celle dont père me parlait quand j’étais petite qu’il avait visité une fois ?
-C’est cela, tu te souviens de son histoire ?
-Je… Il y a eu une grande bataille entre Arendelle et la tribu qui habitait cette forêt et grand-père y a laissé la vie… Comment se nommait cette tribu déjà… No… Na…
-Northuldra…
-Oui voilà ! Merci mère ! Mais pourquoi ces questions ?
-Et concernant ce qui est arrivé à ton père te souviens-tu d’autre chose ?
-Euh…
-Vas y Elsa… Je ne sais pourquoi, mais je crois que ta mère veut que tu racontes ! L’encouragea Agnarr.
-Euh… Père a… été blessé et… une voix l’a sauvé à le transporter dans une charrette qu’ont emmené les survivants de cette bataille avant qu’une brume épaisse ne tombe… Pourquoi me faire dire cela mère.
-Tout simplement Elsa, parce que ton père et moi, devions partir vers cette contrée, longer ses côtes et voguer plus au Nord encore vers…
-Quoi ? Que dis-tu Iduna ? Tu m’as dit que tu comptais rendre visite à un dignitaire au nord de l’ile d’Aren et visiter ensuite la terre mystérieuse de Funningur.
-C’était pour ne pas que tu t’étonnes de notre cap Agnarr mais… ça n’était pas mon intention… Je voulais trouver des réponses à propos de ton pouvoir Elsa… Et je pense que je pouvais trouver ces réponses à… Ahtohallan…
-Ahtoha quoi ? S’étrangla Elsa.
-De quoi parles-tu Iduna ?
-Ahtohallan est une rivière magique qui connait tous les secrets. C’est un endroit sacré situé aux confins des terres gelées…
-Les terres gelées ? Iduna ? Mais comment connais-tu ces terres !? Elles ne figurent même pas sur nos cartes !
-Elsa… Agnarr… Je dois vous parler de mon passé…
-On t’écoute maman… Demanda Elsa, avide de connaître l’origine de ses maudits pouvoirs.



Iduna pendant un instant ne dit rien puis ferma les yeux. Alors, de sa douce voix, elle entonna quatre notes qui résonnèrent immédiatement à l’esprit d’Agnarr.


-Iduna c’est… La… La voix c’est… C’était… C’était… toi ?!
-Oui Agnarr !... Je suis née au pays Northuldra… Souviens toi Agnarr, jute avant cette terrible bataille, tu as joué à chat avec une jeune fille… Le choc te l’a sans doute fait oublier quand tu m’as revu ici tu ne las pas mentionné…
-Joué ?... Euh… C’est… C’est flou mais… Oui il me semble que j’ai participé à plusieurs jeux d’enfants et… Plus tard… Oui… Oui j’étais avec une jeune fille et…


Le roi se figea sur place, de lointains souvenirs, depuis longtemps oubliés remontèrent à son esprit. Lui, le jouvenceau aux mèches blondes. Le prince gringalet, écrasé par la stature de son royal père s’était éloigné et profité de quelques minutes sans la surveillance parentale pour devenir un enfant comme tout le monde. Le statut social n’existait pas alors qu’il poursuivait une belle jeune fille aux longs cheveux bouclés qui sautait de branches en branches tel un ange dans les airs. Enfin le visage de cette enfant oublié lui revînt en mémoire… Un visage pourtant si familier. Un visage qu’il avait dès lors vu chaque jour de sa vie, ici en Arendelle depuis cette tragique guerre. Le visage de son épouse !


-Tu… Balbutia Agnarr.
-Je regrette de ne jamais avoir osé t’en parler Agnarr… J’avais peur ! Peur de la manière dont tu aurais réagi… Même après t’avoir avoué il y a si longtemps déjà mon passé Northuldra !
-Mais… Iduna, pourquoi ?! Pourquoi as-tu eu peur ?! Je t’ai pourtant dit que cela n’avait aucune importance !
-Si ça en a Agnarr ! Si tu t’étais souvenu de mon visage, tu aurais pu penser que j’ai fait exprès d’être avec toi je… J’ai eu peur ! Depuis toutes ces années où je voyage vers Harmon… J’entends les gens parler des Northuldras ! Beaucoup les détestent encore ! J’ai eu peur de tout de dire… De te parler de mon enfance, de mes parents, de mon ami Beata !
-Attends maman que dis-tu ? Beata ? Cela ?... Cela veut dire que Kristoff ?...
-Oui Elsa ! Kristoff aussi est né en pays Northuldra ! Beata a réussi à passer la brume des années après alors que Kristoff était très jeune… Confessa Iduna.
-Je… Si… Si j’ai des pouvoirs c’est… C’est à cause de… De cette origine ?... Père !!! Tu m’avais raconté que les Northuldra avaient des pouvoirs n’est-ce pas ?!
-Non Elsa ! Ton père n’a pas dit cela ! Les Northuldra n’ont pas de pouvoirs, mais ils savent profiter de la magie et des bienfaits de la nature ! Ton père te disait que je volais dans les airs… C’était vrai, le vent était mon ami, et m’emportait où je le désirais, cela au grand désespoir de ma mère qui voulait me faire étudier ! Ma mère par exemple avait une grade confiance en la terre, ma grand-mère elle, c’était plutôt l’eau et son cheval… Le Nokk !
-Le Nokk ?!... Mais… C’est seulement une légende racontée par des marins ivres ! Contesta Elsa.
-Non ! Le Nokk existe et hante les eaux de la mer Sombre. Je t’avoue que je ne l’aimais guère celui-là !
-Mais… Quel rapport avec… mon pouvoir ?
-Aucun ?... Ou peut-être que si… Regarde… Fit Iduna en tendant à Elsa son châle.
-Oui… Et ?... Tu vas me dire que cela vient de là-bas ?
-Oui !... C’est ma grand-mère Helga qui l’a fait pour ma mère avant qu’elle ne me l’offre… C’est mon dernier souvenir de mes parents, je l’ai reçu le jour de cette terrible bataille. Mais regarde… Tu reconnais ces symboles ?
-Eau, terre, air, feu … Commenta Elsa en observant les losanges.
-Oui et regarde le centre… Il existe un cinquième esprit… Les Northuldra vivent en harmonie avec les quatre esprits élémentaires de la nature, quant au cinquième, sa mission est de veiller à ce que tout reste en équilibre…
-Et quel est ce cinquième esprit ? C’est un pouvoir ?
-Non Elsa… La question n’est pas ce que c’est ?... Mais qui est-ce ?
-Le cinquième esprit est une personne ?
-Oui Elsa !... Et cette personne à plusieurs reprises a été un membre de ma famille… Le dernier cinquième esprit… N’est autre que ma mère !


Elsa avait oublié toute son angoisse et sa culpabilité. Elle ne pensait même plus à son erreur, à cette jeune fille qu’elle avait fait arrêter. Elle voulait en découvrir tant sur sa mère, mais curieusement, les mystérieuses lettres dans ses appartements ne revinrent pas à l’esprit de la princesse. Pour le roi, il n’était pas non plus question de le rappeler. Cela ne servait à rien de risquer d’éventer auprès d’Elsa le grand secret autour de sa sœur. Iduna, avec patience et passion cherchait à être la plus précise possible. Agnarr agissait de la même manière. Sa femme avait décidé de tout dire, lui aussi sentait que qu’il devait se libérer des grands secrets. Il s’était absenté un instant le temps de récupérer quelques volumes de la réserve interdite et montra quelques documents à Elsa concernant les Northuldra.



-Tu as des questions, et c’est bien normal Elsa… Viens avec moi ! Agnarr, toi aussi ! Je dois prendre le thé avec Beata ! C’est ma plus vieille amie, nous vous parlerons du pays Northuldra ! Va te préparer Elsa, Kristoff est chez sa mère ! Lui aussi doit découvrir son passé !
-Kristoff ?! Rougit la belle blonde avant de se reprendre : Mais ?... Je… Je ne dois pas quitter l’enceinte du château et… mes pouvoirs c’est…
-Beata connait ton secret Elsa !... Et tu seras avec nous ! Ton père sera d’accord… T’enfermer pendant toutes ces années n’a pas été une bonne chose pour te permettre de te sentir à l’aise avec ta magie, il est temps que nous corrigions cela… N’est-ce pas Agnarr ?
-Euh… Oui… Oui ta mère a… parfaitement raison Elsa ! Nous… Euh… Nous allons sur le champ voir… son amie… Enfin aussi ton ami… Je crois…
-Vraiment père… Je… Je peux sortir ?
-Oui… Oui Elsa !
-Je reviens tout de suite ! Laissez-moi deux minutes ! Fit Elsa folle de joie.



L’héritière avait le sourire jusqu’aux oreilles et s’autorisa même un petit saut de joie avant de s’enfuir à toutes jambes dans le château, oubliant totalement les convenances. Agnarr et Iduna se regardèrent alors médusés. Cette attitude était bien loin de celle d’Elsa, mais ressemblait au contraire, très fortement à celle de leur fille exilée loin d’eux à Harmon… Sans un mot, Agnarr et Iduna pensaient la même chose et se replongèrent dans les documents secrets apportés par le roi. Les noms des grandes familles Northuldra avaient été désignés dans ce registre tenu du temps du roi Agnarr… Des noms si familiers qui faisaient remonter tant de souvenirs à la souveraine qui laissa une larme perler sur sa joue qu’Agnarr essuya tendrement.


-Agnarr… Regarde… Souffla Iduna en sortant de sa poche des cristaux.
-Qu’est-ce que ?...
-C’est… Ce qui je pense devait nous permettre de passer la brume par la mer sombre… Ce sont ces cristaux que Beata a utilisés pour passer… Je… Agnarr ! Nous devons le dire à Elsa !
-Me dire quoi maman ? Demanda la princesse héritière de retour.
-Tu… Tu le sauras bien assez tôt… Mais j’aimerai t’en parler auprès de Beata, et si nous y allions ?

Excité à cette idée et d’un naturel docile, Elsa n’insista pas et emboîta le pas de ses parents. Au bout de quelques instants, alors qu’ils arrivaient dans la cour, la princesse finit par rompre le silence, rongée de remords, elle souhaitait présenter ses excuses auprès d’Iduna pour avoir fouillé mais alors qu’elle commença à ouvrir la bouche, son père l’interrompit.

-Quel idiot je suis… Le livre ! Partez toutes les deux je vous rejoins chez Olson ! Je dois retourner dans la bibliothèque !
-Agnarr mais…
-Je n’en ai pas pour longtemps Iduna mais c’est urgent !


Le roi tourna immédiatement les talons et à grandes enjambées retourna à l’intérieur du château. Elsa resta mutique quelques secondes, elle ne comprenait pas pourquoi aller ranger un document paraissait si important pour son père, mais au final, cela l’arrangeait, elle allait pouvoir présenter ses excuses à sa mère sans le regard lourd et imposant du monarque au-dessus de son épaule. Elsa voulait commencer à s’excuser mais au dernier moment, les mots restèrent bloqués dans sa gorge, finalement, elle changea de sujet.


-Maman… Tu ne m’avais encore jamais parlé de ta famille…
-Je sais Elsa !... Il est temps que tu apprennes davantage sur tes origines.
-Alors je sais que j’ai une arrière-grand-mère nommée Helga… Et comment s’appellent mes grands-parents ?
-Eh bien… Mon père s’appelait Elysia…
-S’appelait ?...
-Oui… Beata m’a appris que malheureusement, il nous a quitté lors de cette tragique bataille. Quelle ironie, tes deux grands pères ont rendu l’âme le même jour au même endroit… Ton prénom vient du sien Elsa !
-Oh… et ma grand-mère ? Elle aussi est…
-Je n’en sais rien… Mais quand Beata est arrivée, elle vivait encore ! J’espère un jour pouvoir la revoir !
-Comment s’appelle-t-elle ?
-Elle s’appelle Anna…
-Anna ?!... Anna ?!... Ce prénom me dit quelque chose ! Fit Elsa alors qu’elle semblait fouiller au fond de sa mémoire.
-Oh… Tu te fais des idées voyons… Tenta Iduna inquiète.
-Si je sais ! Maman ! Les lettres que tu as… Cette fille, ma grande erreur ! Elle s’appelle Anna aussi !
-Je… Oui… Oui tu as raison ! Mon… Mon amie Lady Sappos m’a parlé de sa filleule Anna !
-Mais pourquoi du coup vous n’avez pas décidé d’appeler ma sœur ainsi ?
-Eh bien… Euh… Emma est… Est aussi un prénom courant dans ma famille et… ton père l’a choisi. Trancha Iduna en accélérant le pas, cherchant par tous les moyens à changer de conversation.


De son côté, Agnarr, dévala en trombe le corridor et ouvrit la porte à la volée de la bibliothèque avant de se figer de stupeur.


-Halricsen ?! Mais que diable faîtes vous ici ?! Interrogea le roi.
-Que sa Majesté me pardonne… J’étais venu vous trouver pour vous rendre compte des rapports de la journée comme il est de mon devoir en tant qu’officier de votre conseil restreint…
-De quoi ? Questionna Agnarr qui n’écoutait que d’une oreille alors qu’il ramassait à la hâte le livre toujours fermée sur la table avant de le remiser dans les archives.
-Je… Hum… Les… Documents pour.. Votre Majesté… Hoqueta Halricsen, déçu que le roi ne le considère pas comme il le devrait.
-Ah oui certes… Ca n’est pas votre fonction Halricsen ! Déposez ceci sur le bureau de votre supérieur le général Olson ! Il m’en fera un rapport quand il rentrera…
-Mais… Majesté pardon mais… Le général Olson n’est pas mon…
-Ecoutez général euh…
-Halricsen Sire !
-C’est ça, Halricsen ! J’ai entendu parler en grand bien de vous alors ne vous formalisez pas pour ces statuts ! Le général Olson est le plus ancien officier de l’armée comme vous le savez, il a une plus grande expertise et je ne souhaite traiter qu’avec lui seul pour les affaires courantes étant donné qu’il n’est absent que pour cette journée. Je vous remercie de votre zèle général, vous pouvez disposer, je suppose que vous avez de nombreuses responsabilités. Indiqua Agnarr d’une voix autoritaire teintée d’une pointe de mépris en désignant la porte.
-Je… Oui, bien sûr Altesse je… Vais déposer ceci à l’attention du… général. Fit Halricsen morose.
-Je vous remercie.


Agnarr attendit que le général soit parti puis ressorti son précieux grimoire. Il l’ouvrit et le feuilleta rapidement avant de pousser un soupir de soulagement. Visiblement personne n’y avait touché ! Avec précaution, il s’empressa d’aller le reposer dans les archives interdites, veillant à bien sécuriser l’endroit tandis qu’il se maudissait d’avoir été si négligeant. Sans doute Olson lui aurait-il lancé une remarque acerbe pour ce manque de prudence. Heureusement, son plus vieux conseiller n’était pas là, il était inutile qu’il le sache.
Rassuré, Agnarr repartit d’un pas plus léger rejoindre sa femme et sa fille, avide de nouvelles révélations.
Quelques instants plus tard, Halricsen, le regard noir lui aussi s’empressa de quitter la demeure royale vers les écuries. Après avoir vilipendé chacun des hommes qui avaient le malheur de croiser son chemin, il se saisit d’un cheval et partit au galop de la ville jusqu’au soir où il prit soin de dormir dans une humble auberge à quelques encablures de la ville.


Au petit matin, à la porte, de grands coups se firent entendre.


-Eh bien… Voilà des clients bien pressés ! Une petite minute m’sieurs dames ! On ouvre ! Tonna Tomally.


Pour toute réponse, il n’eut que de nouveaux tambourinements.


-Beh dis donc !... Anna !!! Veux-tu aller ouvrir et accueillir l’impatient avant qu’il ne défonce la porte ?!
-Oui papa ! Je vais lui présenter mes Krumcakes, cela mettra notre premier client de bonne humeur ! Lança la jeune fille enjouée.


Guillerette, Anna souleva le verrou de la porte et ouvrit avec un grand sourire.


-Bonjour !! Soyez le bienvenu Mons… Général Halricsen ?!


Anna s’était figée sur place, estomaquée de voir l’officier d’Arendelle devant la porte de sa boulangerie. Le roi lui avait promis de passer commande, mais jamais elle n’aurait pu imaginer qu’elle enverrait un militaire si haut placé qui ne soit pas son oncle venir chercher des viennoiseries.


-Mademoiselle Anna !... Je suis ravi de vous voir !
-Je… Euh… Il… Si… Euh… Pour les commandes je… Il… Va falloir un peu attendre car…
-Je ne viens pas pour vos viennoiseries, mais je serai ravi d’y faire honneur mademoiselle ! Non en vérité si je me présente à la porte de cet établissement… C’est pour vous !
-Pour… moi ?!
-Oui Mademoiselle Anna… J’aurai besoin de vous parler !... J’ai des choses à vous révéler !... Sur votre chère marraine Lady Sappos ! Fit Halricsen en sortant de sa poche quelques feuillets frappés du sceau royal d’Arendelle…