L'assassin d'Arendelle

Chapitre 4 : La demande


Pendant de longs mois, le jeune montagnard n’osa rien demander à la souveraine. L’attaque au sein du château avait particulièrement marqué Elsa. Personne n’avait pu être arrêté et cela l’angoissait. Pendant des semaines elle s’était demandée s’il ne valait pas mieux fermer les portes du château. Heureusement sa cadette avait su l’en dissuader. Kristoff de son côté était reparti quelques temps vivre dans la modeste chambre de la taverne que la reine Elsa lui avait louée. C’était aussi pour lui l’occasion de retrouver Anna discrètement, sans que tous les membres du château n’épient leurs faits et gestes. Elsa de son côté, faisait semblant de ne rien savoir, même si curieusement, à chaque visite de la cadette à l’Old Reindeer, le patron de l’établissement avait systématiquement dans sa réserve une bouteille d’hydromel classé pour, selon les propres mots du gérant « une personne très spéciale ».


Kristoff n’avait pas arrêté son métier de livreur de glace mais la reine lui interdisait les trop longs voyages, elle exigeait du Lord Protecteur qu’il lui fasse un rapport par semaine. Désormais, il était rare que le jeune homme parte livrer au-delà d’Harmon, et ses visites vers la plaine des trolls ou plus loin dans la chaine de montagne du Nord avaient désormais lieu moins d’une fois par mois. Il s’était habitué bon gré mal gré à cette vie plus sédentaire, même si la vie mondaine au château n’était toujours pas sa tasse de thé. Au fur et à mesure, Elsa se détendit, les événements contre elle se faisaient de plus en plus rares et elle finissait même par les ignorer. D’autre part, elle se félicitait du taux de criminalité historiquement bas au sein du royaume et ses conseillers devaient bien reconnaître que sa décision de gracier tous les prisonniers avait obtenu des résultats plus que probants.


Le lord protecteur d’Arendelle, essaya bien de reparler de son projet à Elsa quelques semaines après le vingtième anniversaire d’Anna mais à nouveau il joua de malchance. Les attaques pourtant devenues si rares reprirent à l’encontre de la souveraine. Elsa en fut moins affectée que lors de ses premiers mois de règne. Elle avait fini par accepter l’idée que sa fonction comportait certains risques. Néanmoins elle s’était habituée à avoir Kristoff a ses côtés pour veiller sur elle. Cependant, le montagnard lui ne savait que trop bien qu’Elsa, l’affaire en tête repousserait à nouveau sa demande. Il préféra ne rien tenter plutôt qu’être à nouveau déçu, il était résigné, d’autant que se profilait la grande tournée royale. Elsa l’avait minutieusement préparée. Un long voyage de plus d’un an loin d’Arendelle à visiter les royaumes voisins. Anna faisait tout son possible pour y participer. Kristoff lui ne savait qu’en penser, la seule chose dont il était certain, c’était que durant ce temps, il ne pourrait rien demander à la souveraine.


Anna et son bien aimé ne furent mis au courant de leur départ que la veille du grand voyage. Ulrich était venu les surprendre alors qu’ils s’offraient un moment de quiétude à l’Old Reindeer. Avant de partir, le patron insista pour offrir à Kristoff une caisse entière d’hydromel. Avec un clin d’œil, il lui fit comprendre qu’il n’était pas le destinataire de ce présent mais que le tavernier espérait toucher une personnalité d’Arendelle bien plus prestigieuse. Quelques heures plus tard, alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer, Elsa les remercia chaleureusement, et tout particulièrement Kristoff de l’accompagner pour ce très long voyage. Le montagnard se mordit la langue, il se disait que faire bonne impression pendant ce long moment obligerait Elsa à tout lui accorder après.


Pendant toute la durée de la tournée royale, Kristoff se trouva au plus près d’Elsa…Il était d’ailleurs bien plus souvent avec la souveraine qu’avec la princesse qui était celle qui se retrouvait le plus souvent seule en compagnie d’Olaf. Elle voulait ne rien montrer, elle ne souhaitait que le meilleur pour Elsa mais voir ainsi Kristoff partager si souvent les soirées de la reine, et ses longues heures où ils ne se quittaient pas commençaient à l’agacer. A chaque fois qu’elle y pensait, la jeune rousse s’étonnait de se montrer ainsi jalouse. C’était ridicule en plus !


Pourtant, plus les mois passèrent, et plus l’inquiétude de la jeune rousse ne fit que grandir. Kristoff qui devait être au départ que l’escorte de la souveraine n’exerçait clairement plus ce poste auprès d’Elsa. Depuis leur départ d’Arendelle, elle n’avait subi aucune attaque, à chaque port, elle était acclamée, personne n’aurait pu lui vouloir du mal ! Même lors de l’escale aux Iles du Sud, pourtant le moment le plus périlleux de la tournée, tout se déroula comme dans un rêve. La délégation fut reçue par le prince héritier Karl des Iles du Sud qui se montra à l’opposé de son benjamin, un homme tout à fait convenable et sincère. A cette occasion, les deux sœurs apprirent qu’Hans avait été banni de ses terres et laissé partir vers d’autres contrées à bord d’un navire avec pour seule fortune, une bourse pleine. De son côté Karl sut se montrer un hôte agréable et la tournée s’éternisa laissant Anna toujours à l’écart, Elsa accaparant bien souvent Kristoff.


Alors que le voyage durait depuis plus d’un an désormais, Anna finit par perdre patience


-Elsa, je dois te parler !
-Une minute Anna, je dois terminer mon discours pour notre arrivée aux Terres Saames !
-Non ça attendra ! Vociféra la rousse.


Elsa posa sa plume, elle n’avait encore jamais entendu sa cadette lever la voix contre elle.


-Très bien Anna…Assieds-toi je t’écoute, qu’y a-t-il de si important ?
-Pourquoi es-tu si souvent avec Kristoff ?!
-Quoi ?!...Anna tu es sérieuse ?
-Réponds Elsa !
-Mais voyons…Kristoff est Lord d’Arendelle, il a pendant cette tournée d’être le protecteur royal, c’est normal qu’il soit souvent avec moi ne t’en fais pas voyons…
-Non Elsa ! J’en ai assez ! Voilà un an que nous ne sommes pas rentrés à la maison ! Arendelle me manque ! Depuis un an tu as passé plus de temps avec Kristoff que moi avec lui et…Je l’aime Elsa ! Je veux que l’on rentre ! Je veux qu’il m’épouse ! Tu m’as entendu Elsa, je veux me marier avec Kristoff sans plus attendre !


Anna avait parlé plus fort alors qu’au même instant la porte de la cabine royale s’ouvrit et Kristoff apparût par l’embrasure l’air gêné. Le visage de la jeune princesse d’Arendelle vira instantanément au pourpre et elle balbutia des propos incohérents et incompréhensibles avant de prendre congé laissant le montagnard et la reine seuls à seuls…


-Euh…Est-ce que ?... J’ai…Elle parlait de…mariage c’est bien cela ? Demanda-t-il prudemment.
-Oh non Kristoff vous n’allez pas commencer je ne suis pas d’humeur…Bien approchez nous avons à faire tous les deux ! Racontez-moi, ce que vous avez vu, vous savez que j’attends toujours ces conversations avec impatience !
-Non Elsa ! Répondit-il ferme.
-Non ?... Comment non ?


Elsa était stupéfaite, Kristoff non plus ne s’était jusqu’alors jamais opposé à elle. La souveraine savait que le montagnard était quelqu’un de très intelligent sous ses airs de dadet, elle l’avait lors de leur première rencontre sous-estimé et désormais elle ne s’imaginait pas vivre sans lui et le voir ainsi s’opposer l’inquiéta.

-Vous aurais-je contrarié Monsieur le Lord d’Arendelle ? Tenta-t-elle de demander avec prestance.
-Arrêtez ce petit jeu Elsa…J’ai entendu ce que disait Anna et cela ne doit pas vous surprendre, voilà bientôt trois ans que j’essaie désespérément de vous demander votre bénédiction ! C’en est assez ! Soit vous me l’accordez désormais, soit je me verrais dans l’obligation de refuser de continuer à vous servir.


Le livreur de glace avait parlé avec force. Elsa devait se rendre à l’évidence, il était on ne peut plus sérieux et après tout, comment pouvait-elle lui en vouloir ? C’était elle qui avait toujours repoussé l’échéance. Elle craignait pour sa sécurité mais surtout depuis des mois, elle avait peur que si Kristoff devenait son beau-frère, ce dernier ne pourrait plus autant le servir comme garde et conseiller. Elsa ne pouvait se résoudre à cette situation, mais voilà qu’à trop ignorer la demande du montagnard et même de sa cadette, elle se retrouvait dos au mur. Kristoff n’était pas un homme qui lançait des menaces en l’air, elle était certaine que le jeune homme débarquerait du navire à la première occasion si elle ne lui répondait pas favorablement. Dans un signe d’apaisement et d’excuses elle leva ses mains.


-Allons Kristoff arrêtez je vous prie. Ne commençons pas à tenir des propos que nous pourrions regretter. S’il vous plait, pouvez vous fermer la porte à clef ? Personne ne doit nous entendre ou nous surprendre et approchez s’il vous plait.


Il s’exécuta et attendit sans un mot, les bras croisé les explications d’Elsa. Cette dernière tira un tiroir de son bureau et ressorti un petit coffret bien connu pour Kristoff.


-Vous venez pour ça n’est-ce pas ? Je n’ai pas oublié quand nous avons embarqué vous me l’avez confié pour que je vous la rende quand je vous donnerai ma bénédiction. Vous avez raison Kristoff, je n’ai que trop tardé et je vous prie de me pardonner. Je ne puis vous faire attendre davantage mais voyez-vous ? Je pense que vous devriez faire…Un effort ?
-Pardon ? S’étrangla Kristoff.
-La première fois que vous m’avez présenté ceci je vous ai dit que je vous aiderai…Je ne l’ai pas fait pour l’heure et vous pouvez être en colère mais depuis, beaucoup de temps a passé. Le bijou dans cette boîte est un flocon…Je vous conseille de lui en offrir un qui vous ressemble davantage !
-Pardon ?
-Le flocon, elle croira que cela vient de moi…Démarquez-vous Kristoff ! Tenez, je vous accorde ma bénédiction ! A deux conditions, que vous lui offriez une bague qui vous ressemble, et que cette demande soit romantique ! Termina Elsa avec un clin d’œil.
-Je… J’irai demander aux trolls de me trouver un cristal spécial pour Anna ! Suggéra Kristoff un peu perdu !
-Voici une riche idée et…Pour la seconde partie, voilà ce que je vous propose ! J’annule la tournée en terres Saames et nous rentrons immédiatement en Arendelle ! Dès notre retour j’annoncerai la tenue d’une grande fête de l’automne ! Cela vous laissera un mois pour vous préparer et vous pourrez…lui faire votre demande officielle à cette occasion qu’en pensez-vous ?
-Vous…Vous acceptez enfin que…
-Bien sûr Kristoff ! J’aurai même dû le faire il y a longtemps ! En revanche, dans les règles ! Vous n’oublierez pas de porter une tenue impeccable pour l’occasion ?! S’amusa Elsa.
-Vous me le promettez ? …


Elsa ne répondit pas, elle fut tout à coup prise dans ses pensées, une curieuse voix était parvenue à ses oreilles.


-Elsa ? Vous m’écoutez ?!
-Quoi ?...Vous avez entendu cette voix ?
-Quelle voix ? La mienne ?
-Je…Oui sans doute !
-Oui, je me suis entendu je vous ai demandé si vous m’en faisiez la promesse !
-Bien sûr que je vous le promets…Et vous avez entendu ma sœur je suppose, si je ne l’avais pas fait je pense qu’elle me tuerai…Et pour le coup vous n’auriez pas accepté de me protéger de sa furie n’est-il pas ?
-Je…Ne l’aurai pas formulé en ces termes.
-Parfait ! Voulez-vous me rendre service s’il vous plaît, allez prévenir le capitaine Yohan, dîtes lui de changer de cap, nous rentrons à Arendelle.


Trop heureux de la nouvelle, le montagnard s’empressa de transmettre les ordres de la reine qui fit à nouveau dérangée par cette petite voix dans sa tête. Kristoff, arrivé face au loup de mer transmit l’ordre royal. Mastiquant sa chique il fit virer de bord.


-Alors mon gars, si on rentre, tu vas la d’mander ta belle ?
-Euh…Eh bien oui, ça y est…La reine est d’accord, Il y aura une fête de l’automne dans quelques semaines, j’en profiterai… Fit Kristoff soudain mal à l’aise à l’idée d’imaginer une demande, pour Anna il se devait de ne commettre aucune erreur.
-Bah félicitations mon gars ! Tiens prends ça ! Ça t’don ’ra du courage et p’têt ben quelques idées !


Le capitaine, bien que plus petit que Kristoff lui assena une grande claque dans le dos et lui tendit une flasque sortie de sa veste. Poliment, Kristoff la porta à ses lèvres et sentit immédiatement sa gorge s’enflammer.


-Ah oui faut r’connaitre, c’est une boisson d’hommes !
-Oui…Je…Lui ai trouvé un goût d’pomme !
-Y’en a ! S’amusa le marin, affirmant qu’en cas de besoin il pourrait en fournir au jeune homme pour se donner du courage.


Quelques jours plus tard, le fier navire royal passait les portes du port d’Arendelle et la famille royale retrouvait enfin sa mère patrie après plus d’un an de voyage. Elsa fit venir un émissaire pour transmettre ses excuses à la Terre des Saames et elle tînt promesse. Dès le lendemain, elle fit faire une annonce pour la fête de l’automne avant de confier à Kristoff une mission commerciale dans la plaine des trolls. Il ne s’agissait la que d’un stratagème pour que sa cadette ne se doute de rien et ainsi elle laissait tout loisir à Kristoff d’aller quérir le bijou parfait pour sa belle.


La veille de la fête, Kristoff était enfin de retour à la nuit tombée. A croire qu’Elsa l’attendait, elle le fit immédiatement escorter jusqu’à un lieu secret au sous-sol du château.


-Pardonnez-moi de vous avoir amené ici Kristoff, mais au moins ici, ma sœur n’aura pas l’idée de venir nous chercher !
-Quoi ?
-Bien, alors vous l’avez ?! Demanda Elsa impatiente.
-Vous parlez de ceci ?
-Puis-je ?


Kristoff tendit le bijou à Elsa qui l’inspecta, elle commença à se le passer au doigt pour mieux l’admirer, avec une pointe de jalousie pour sa cadette, elle aussi aurait aimé recevoir un tel présent ! Le regard curieux du Lord protecteur l’en dissuada, elle lui rendit avec un sourire gêné.


-Hum…Il est magnifique ! Une pierre orange, la couleur préférée d’Anna, vous êtes l’homme parfait Kristoff !
-Je…Merci…
-Bien, alors pour demain…
A nouveau Elsa s’arrêta, une petite voix qu’elle entendait depuis quelques semaines déjà était à nouveau parvenu à ses oreilles.


-Oui Elsa ?
-Oui pardon, je disais, demain, il y a la fête, tous les commerçants seront là, vous profitez-en ! Vous devez être parfait ! Oaken a prévu sa boutique ambulante, il est prévenu de votre visite ! Et prenez ça ! Dit-elle en lui lançant une bourse.
-Qu’est-ce que ?...
-C’est de l’argent Kristoff !
-Oui je vois mais…
-C’est pour que vous alliez voir le tailleur ! Choisissez-vous une tenue et une cravate ! S’il y a trop vous me ramenez la monnaie ! Bien et demain après la fête lorsque nous rentrerons, Anna voudra encore faire sa soirée devinettes…
-J’adore ce jeu ! S’amusa Kristoff.
-Vous m’en direz tant. Répondit Elsa en levant les yeux au ciel avant d’ajouter. Bien, je ferai en sorte d’être fatiguée et donc irait me coucher tôt, en plus c’est parfait ça me donnera une excuse pour ne pas faire s’éterniser ce jeu comme d’habitude !
-Mais pourquoi ?
-Rassurez-moi Kristoff, vous faîtes exprès d’être aussi idiot qu’Olaf ?
-Je…Oh oui bien sûr je comprends…Hum, oui je voulais juste vous…faire rire Elsa !
-Ca n’était pas drôle ! Bon, vous aurez votre moment pour vous…Le petit salon royal, un bon feu de cheminée, Kay se tiendra prêt dans le couloir au besoin pour vous apporter une coupe de champagne si vous désirez !
-Mais…Elsa vous savez que…Enfin les soirées jeux nous…Sommes en tenue de nuit…
-Eh bien raison de plus pour prendre une cravate, que cela soit un minimum sérieux ! Et tachez d’avoir une haleine fraiche, n’allez pas lui demander sa main avec un morceau de carotte entre les dents !
-Oui ou avec du gras de viande autour de la bouche vous me l’avez déjà répété souvent Elsa.
-Parfait ! Bien allez vous reposer une longue journée vous attend monsieur le Lord protecteur, futur fiancé royal !
-Merci. Répondit-il en s’éloignant.
-Oh et Kristoff une dernière chose… Ma sœur est la personne la plus chanceuse du monde de vous avoir, je suis très heureuse pour vous deux ! Allez maintenant…Filez avant qu’Anna ne finisse par nous trouver ! Conclut la reine avec un clin d’œil.


Kristoff passa sa journée, aidé de Sven a se préparer pour le grand soir, arrivé chez le tailleur il finit par craquer pour une cravate avec des carottes en motif, il se disait qu’Elsa n’apprécierait probablement pas ce choix elle qui exigeait de lui du raffinement, mais les costumes de cérémonie le mettaient mal à l’aise, au moins là, il serait lui-même. Le prix par ailleurs était attractif, le commerçant semblait même heureux de pouvoir enfin se débarrasser de ce modèle, Elsa se consolerait en retrouvant ses économies à peine entamées pensa le montagnard. Kristoff finit par enfin retrouver l’élue de son cœur au hasard des rues d’Arendelle. Comme à son habitude, Anna ne manquât pas de le taquiner en laissant Olaf lui tomber dans les bras alors qu’elle s’empressait de saluer Sven. La jeune princesse d’Arendelle était aux anges de voir la fête se préparer et de se trouver auprès de l’homme qu’elle aimait dans ce pays qu’elle chérissait tant. Elle ne pouvait se douter que depuis ses fenêtres royales, Elsa qui s’était débarrassée des affaires courantes l’observait de loin et n’avait qu’une hâte, retrouver sa petite sœur et la serrer dans les bras. Elle pouvait encore, avant de laisser sa place à Kristoff.


La fête de l’automne fut une réussite, tous les habitants de la ville purent boire et manger aux frais du château. Les chants et les danses durèrent jusqu’à la nuit tombée, Elsa sut se montrer accessible pour tous, les enfants faisaient la queue pour pouvoir l’approcher, lui parler, l’embrasser et repartir avec une petite sculpture de glace. A un moment, des heurts et des hués à l’encontre de la famille royale se firent entendre mais personne n’y prêta attention mis à part Kristoff et Elsa qui les avient entendu. Le livreur de glace prit peur, Elsa allait-elle à nouveau revenir sur sa parole à cause de l’incident ? Il fut rapidement rassuré par sa future belle sœur qui lui fit un grand sourire. Cette fois, plus rien n’allait pouvoir l’empêcher de faire sa demande.


Il n’eût que très peu de souvenirs des chants et des danses et attendait impatiemment le retour au château. Comme prévu, Anna demanda avec insistance à sa sœur une partie de devinettes qu’elle accepta. Quelques minutes plus tard, les trois étaient en tenue de nuit rassemblés dans le salon royal. Anna commença sa démonstration, Kristoff et Olaf se prirent rapidement au jeu, Elsa beaucoup moins, elle se montrait toujours introverti dès qu’il s’agissait de devoir parler plus vite ou plus fort que les autres mais finalement, tous bloquèrent sur la dernière devinette.


-Un méchant ! Soupira avec le sourire Anna.
-Ah …Bah on n’était pas très loin. Fit remarquer Olaf alors qu’Elsa et Kristoff échangèrent un petit regard complice. Le montagnard avait compris, c’était la dernière partie avant le grand moment.


Afin de se vider l’esprit, Kristoff se concentra sur la performance d’Olaf, jamais il n’avait réussi à deviner aussi vite, lui qui n’était pas doué pour comprendre les mimes se surpassa même si cela déplut quelque peu à sa bien aimée qui n’aimait pas perdre. Elsa à son tour se lança. Elle détestait ce genre d’exercice mais essayait malgré tout de ne rien laisser paraître, soudain, elle fut surprise, le chant parvînt à nouveau à ses oreilles. Anna ne put deviner la réponse et Elsa s’empressa juste après de s’en aller avec une mine inquiète. Kristoff savait qu’il était tant d’agir. Il s’empressa de tout préparer et de mit à genoux derrière son aimée.


-Ce n’est pas vrai, elle n’a pas réussi à me faire deviner le mot glace ?! Je vais aller voir comment elle va ! Merci je t’aime ! Lança la rousse qui sortit immédiatement, trop inquiète pour son ainée, laissant le pauvre Kristoff seul sans avoir eu le temps de comprendre ce qu’il venait de vivre. Il devait cependant se rendre à l’évidence, à nouveau Elsa venait de lui faire repousser sa demande.


Les événements de la nuit confirmèrent ses craintes, la nature sembla se déchaîner contre Arendelle et toute la ville finit par se retrouver à la lisière de la forêt en tenue de nuit après avoir fuit à la hate leurs maisons. Grand Pabby fit irruption et annonça la mauvaise nouvelle.


-Kristoff, j’ai besoin de ton traineau, et de Sven.
-Je ne sais pas si je suis vraiment d’accord. Répondit-il ne remarquant même pas la familiarité de la souveraine mais comprenant qu’une nouvelle aventure les attendaient et que sa demande était à nouveau compromise.


Evidemment comme il s’y attendait, Elsa était déterminée, Anna également et toute la troupe partit en direction de la forêt enchantée des Northuldra pour résoudre un nouveau grand mystère. Kristoff ne voulait pas abandonner son projet mais, mal à l’aise, chacune de ses tentatives se solda par un echec jusqu’à la dernière. Il se trouvait auprès d’un troupeau de rennes, élevés par la tribu Northuldra. Il pensait enfin toucher au but !


-Princesse Anna d’Arendelle ! Ma douce, merveilleuse, petite fée que j’aime ! Veux-tu m’épouser ?
-Euh…NON ! Reprit froidement Yelena qui était celle qui lui faisait face. Avant de lui apprendre qu’Anna était partie en compagnie d’Elsa.


Furieux et triste, Kristoff laissa aller sa peine au milieu des bois, trouvant le réconfort seulement auprès de son ami Sven et des autres rennes. D’habitude c’était lui qui partait loin dans le cadre de son travai mais là c’était la première fois qu’Anna s’éloignait. Pire encore, à ses yeux, l’élue de son cœur avait semblé bien plus préoccupée par Elsa que par lui. Quant il recouvra ses esprits, il comprit qu’il ne pourrait retrouver le peuple du soleil, parti depuis des heures en direction de l’ouest. Il continua à se morfondre, l’âme en peine au milieu des arbres majestueux. Anna n’était pas revenue. Elle était partie sans prévenir. Non bien sûr il savait qu’elle l’aimait, qu’elle ne comptait pas l’abandonner mais sa détresse devenait irrationnelle, et s’il se trompait, et s’il n’était finalement pas si important que ça aux yeux d’Anna. C’était idiot mais il laissa son esprit se tourner vers ce désespoir. Il prit l’anneau de sa poche et se mot à hésiter à l’enterrer au pied d’un arbre. A quoi bon continuer d’espérer. Il avait attendu trois ans qu’Elsa enfin l’autorise à tenter sa chance et depuis, il n’avait pas pu trouver un instant pour parler à sa belle. A quoi bon continuer de courir après quelque chose de si inaccessible. Le jeune homme s’apprêtait à descendre de sa monture lorsqu’il vit passer devant lui l’ombre des géants de pierre. Il s’arrêta étonné puis au loin il crut entendre une voix…une voix qu’il pouvait reconnaître entre mille. Anna était en danger !


Il oublia immédiatement son désespoir et fonça à se recherche, il arriva juste à temps, quelques secondes plus tard et le géant de pierre l’écrasait ! Anna semblait paniquée, Kristoff ne lui posa pas la moindre question et se contenta de lui obéir, elle souhaitait se rendre au plus près du barrage, rien n’était trop beau pour les yeux menthe à l’eau de la jolie princesse, il l’emmènera peu importe le danger. Kristoff aida Anna à monter sur les contreforts de la montagne pour accéder au barrage, il en profita pour faire le grand tour puis, quelques instants plus tard la vit en train de faire des grands signes aux géants. Il comprit, elle voulait faire détruire le barrage. C’était du suicide ! Avec Sven il tenta par tous les moyens d’arriver au plus vite et arriva juste à temps avec Matthias pour sauver Anna de l’édifice en ruines. Tous trois observaient le ras de marée emporter les débris du barrage et foncer plein sud. Dans moins d’une heure, il frappera de plein fouet Arendelle.


-Anna ? Mais qu’est ce que tu as fait ? Demanda-t-il à la jeune rousse qui se blottissait contre lui en larmes.
-Il…Il fallait le faire pour…Pour tout réparer…
-Tout quoi ? Mais tu as fait détruire le barrage !
-Pour tout réparer…Tout réparer…Tout réparer.
-Mais Anna ça suffit, pourquoi répètes-tu ça ? Et Elsa ?! Où est ta sœur ?


Kristoff avait dit le mot qu’il ne fallait pas. Incapable de retenir plus longtemps ses larmes elle sanglota inconsolable contre son torse. Pendant de longues heures il dût la porter contre lui alors que les soldats d’Arendelle rejoignaient le camp Northuldra. Matthias avait fini par expliquer ce qu’Anna ne pouvait dire. Elsa n’était plus. Son sacrifice avait pu libérer la forêt et tous admiraient ému la brume commencer à se lever. Avec le sentiment du devoir accompli, Anna réussit à sécher ses larmes. Elle marchait en silence auprès de son amant. Dans sa tête, elle se remémorait l’histoire que son père lui avait raconté quand elle n’avait que cinq ans « ce soir là en rentrant à la maison j’étais le roi d’Arendelle ». En cet instant, elle pouvait imaginer toute la détresse qu’Agnarr avait pu ressentir, toute la lourdeur de cette responsabilité associée à une terrible perte. Maintenant c’était son tour… D’une petite voix, elle tenta de s’excuser auprès de Kristoff. Son amant se montra l’homme le plus bienveillant du monde, lui aussi était sous le choc, perdre ainsi Elsa, il avait du mal à réaliser.


Il tentait de regarder les Northuldra. Leur joie tranchait avec la détresse d’Anna, ils retrouvaient la liberté après toutes ces années ! Kristoff tourna la tête. Anna n’était plus là, il la voyait trottiner au loin vers la plage…Elle avait besoin d’être seule. Comment pouvait-il en être autrement ? Sa sœur n’était plus, et à leur retour, il allait certainement falloir reconstruire Arendelle. L’eau avait sans doute déjà tout emporté. Heureusement, les habitants étaient protégés sur les hauteurs, la vie pourrait continuer ! Au bout de très longues secondes, à son tour il se décida à partir retrouver Anna…Elle avait besoin de lui et, alors qu’il arriva au bord de la plage, il crut avoir une hallucination, mais non, elle était là bien réelle !


-Elsa !


Comme l’avait fait Anna quelques instants plus tôt il courut à la rencontre de la souveraine et la prit dans les bras. Pour la première fois, ni lui ni elle ne se montraient distants. A ses yeux, Anna était comme sa sœur ! Comme Anna, Kristoff était au comble de la joie, elle n’en fut que plus grande lorsqu’Elsa expliqua qu’Arendelle allait bien et qu’elle fit revenir Olaf du monde des morts qui lui aussi fut ravi de revoir toute sa famille.


-…Se mettre en situation de danger mortel ça ne va pas devenir une habitude ?
-Non c’est terminé !
-Pas tout à fait ! Lança Kristoff.


Il n’avait que trop attendu, Elsa espérait une demande royale avec toutes les convenances pour sa sœur mais qu’importe, son amour était trop fort, ils attendaient depuis trop longtemps. Le jeune montagnard fixa sa belle et s’agenouilla en l’appelant doucement.


-Oh mais qu’est-ce que tu racontes ? Miaula-t-elle dans ses mains alors que le rouge aux joues lui montait déjà.


Le livreur de glace vit le regard de la jeune rousse s’illuminer et, derrière elle celui d’Elsa satisfait, ce regard semblait lui hurler « vas-y c’est l’heure ! »


-Je t’aime, je t’aime de tout mon cœur ! Veux-tu m’épouser ?!


Anna s’éventa alors que les larmes mais de joie cette fois lui montèrent aux yeux, elle sauta dans les bras de son aimé en criant un très grand oui avant qu’ils n’échangent un baiser, sous le regard bienveillant d’Elsa… Il n’allait pas enfin pouvoir épouser la princesse Anna, mais la future reine Anna d’Arendelle !