Frozen 3 [FCU] : Nouveaux défis gloire et pouvoir

Chapitre 28 : Comment trouver la force ?

Le tunnel secret était-il long ? Kristoff n’en gardait aucun souvenir, un son revenait en permanence à ses oreilles. Une détonation et une image, celui du nuage de poussière qu’avait engendré la destruction du pont au prix de la vie de Sven. Son ami le plus fidèle, pendant un temps sa seule famille ! Il s’était sacrifié pour qu’il ait une chance. Yohan, lui fit presser le pas pour rejoindre les derniers Arendelliens dans un silence de mort. Au bout de quelques minutes ils montèrent l’échelle poussiéreuse pour arriver dans le bâtiment en ruines. Le passage de centaines de personnes avait davantage encore abimé l’édifice et tous se pressèrent pour sortir dans la petite clairière. Emma, leur guide était là au milieu de Raiponce et Eugène, rayonnante. Elle recevait les remerciements chaleureux et sincères de dizaines d’habitants. Ils étaient en vie grâce à elle ! « Grâce à elle…et à Sven » pensa Kristoff pour lui-même puis revint devant ses yeux les images effroyables des pavés rougis du sang d’Arendelle… 423 braves qu’il ne faudrait jamais oublier. Le prince consort regardait hébété le peuple, son peuple ! Celui qu’Anna lui avait chargé de guider et protéger. Des hommes des femmes des enfants qui se tombaient dans les bras, soulagés d’être en vie, mais aussi désespérés et terrifiés. Au loin, ils jetaient des regards inquiets vers la ville d’Arendelle en contre bas. Tous devaient imaginer leurs habitations pillées par l’envahisseur triomphant. Certains pleuraient également un mari, un père, un frère qui gisait sur la place du marché, tombé sous les coups de Weselton. Kristoff les dévisageaient. Il passait devant eux, il avait un petit geste mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. S’il s’écoutait, il aurait pleuré comme eux la disparition d’un ami mais il devait se montrer fort, les rassurer. Il se disait qu’Anna aurait agi ainsi, de même qu’Elsa. Le temps du chagrin viendra mais pour l’heure, ils ne pouvaient pas rester. Les armées de Weselton devaient déjà s’être rendu compte que la ville avait été évacuée, combien de temps leur restaient-ils avant qu’elles ne partent à leur recherche pour finir ce qui avait été commencé ?


Les habitants étaient frigorifiés, des flocons de neige commencèrent à tomber. Certains reprirent espoir. Cela signifiait-il le retour d’Elsa pour tous les sauver ? Hélas, les minutes passèrent et tous comprirent que cette neige n’était pas le fruit des pouvoirs de leur ancienne souveraine mais bien celui de la volonté propre de la nature…L’hiver arrivait et avec lui la rudesse de son climat. Qu’allaient-ils devenir, démunis, exilés de leur chez eux, seuls et sans arme. Kristoff détourna les yeux des habitants inquiets. Il devait les guider mais il était lui-même perdu. Il rejoignit Eugène, Raiponce, Yohan et Laïka.


-Oh et voilà qu’il neige ! Je déteste ça ! Comme quoi à chaque couronnement ici, il faut que ça se passe mal ! Bougonna Eugène.
-Eugène allons ça n’est pas le moment voyons ! Protesta Raiponce.
-Non en effet, c’est le moment de partir et vite avant que cette armée de je ne sais où nous tombe dessus ! Alors monsieur Kristoff, est-ce que tu as une idée d’où on va ?
-Arnevik Kristoff… Je pense que c’est notre seule et unique chance…
-Arnevik ?! C’est la ville dont sont originaires les Stabbington ! Blêmit Eugène.
-Les qui ?
-Des voleurs que j’ai peut-être quelque peu doublé par le passé… Je ne suis donc sans doute pas le bienvenu dans cette ville…
-Un ancien voleur dans une villes de voleurs ! Mais si Eugène tu seras le roi là-bas ! L’encouragea Raiponce !
-Papa on pourrait plutôt aller dans la plaine des trolls ! Fit remarquer Emma.
-Quoi ?
-Bah oui ! La semaine dernière, la reine Elsa elle m’a beaucoup montré les cartes d’Arendelle ! Et la plaine des trolls si on passe par la forêt bah c’est moins loin. En plus t’as dit qu’il ne fallait pas prendre la route parce que c’était dangereux !
-C’est une excellente idée ! Grand Pabby saura sans doute nous aider ! Fit Kristoff
-Tu es encore une fois brillante ma chérie ! C’est à toi que nous aurions dû confier la défense plutôt qu’à Olson ! S’extasia Yohan !
-Calmez vos ardeurs ! Vous dénigrez un homme qui s’est sacrifié pour nous ! Tempéra Matthias dont l’exemplarité impressionna.
-Vous avez tout à fait raison Général ! Ce propos n’était pas nécessaire ! Fit Yohan sur un ton d’excuse.
-La plaine des trolls ?! Nous irons donc là-bas ! Mademoiselle Emma, voulez-vous ouvrir la marche en ma compagnie ? C’est vous qui nous avez guidés, vous pouvez ainsi continuer. Lança alors Kristoff avec une révérence à la fillette.


Emma se sentit fière et, avec la bénédiction de son père accepta. Kristoff tentait d’effacer la dernière image du sacrifice de son ami et d’une voix forte interpella la population d’Arendelle. Tous n’étaient guère convaincu et plusieurs groupes souhaitaient tenter leur chance ailleurs. Quelques intrépides parlaient de s’enfuir à Harmon, d’autres plus loin vers Kraberg. Le prince consort n’eût pas la force de les retenir. Ce qui leur proposait n’était guère réjouissant. Une longue marche dans la forêt pour arriver sur des terres loin de leur foyer, au pied des hautes montagnes alors que l’hiver s’installait sur le royaume. Aucune ressource n’était à disposition alors dans ces conditions, pourquoi continuer à suivre un homme qui n’était pas leur roi ? Une petite moitié de la population partit tenter sa chance ailleurs et le reste des habitants acceptèrent de suivre le duc de la plaine des trolls. Une fois en sécurité là-bas, il tenterait d’aller à Arnevik pour demander l’aide précieuse dont ils avaient tant besoin. Le peuple vaincu se mit sur la route de l’exode. Kristoff jeta un dernier regard en contrebas. Arendelle ne lui manquerait pas. Sa vie elle était dans les montagnes, mais il abandonnait derrière lui tout ce qu’Anna chérissait. Au loin, la flèche du château pouvait se deviner et en son sommet, là où Anna avait fait installer pour le mariage le drapeau d’Arendelle, ce dernier avait été retiré. La ville appartenait à Weselton. Imaginer ces envahisseurs souiller la demeure de sa promise l’écœurait mais au moins…Il était en vie, ainsi que la population, il ne pouvait en dire autant de son meilleur ami. Alors qu’une larme coulait sur sa joue, il tourna les talons et remonta la longue file d’Arendelliens pour retrouver Emma, en tête de cortège. Il allait retrouver les terres où il avait passé son enfance, c’était leur seul avantage car il était à la tête d’un peuple terrifié et sans arme, le moindre ennemi serait un danger mortel.


-Monsieur Kristoff ? Appela Emma
-Oui ?
-Et si on s’arrêtait plutôt dans la forêt pas loin de la boutique du gros monsieur. La Reine m’a dit qu’il avait pleins de choses, et puis ça fera pleins d’endroits pour se cacher si c’est dans la forêt ?
-Bonne idée… Cela fait encore moins loin et je sais qu’Oaken aura des vivres ! Je pourrais partir de là-bas pour tenter de rejoindre Arnevik ! Yohan ! Votre fille est une petite futée !
-Comme vous dîtes mon prince ! Fit le conseiller diplomatique avec un sourire inquiet.



Plusieurs kilomètres en contrebas, le nouveau duc de Weselton entra tel un coq dans la grande salle du trône désertée. La victoire avait été encore plus aisée que prévu. Certes la bataille dans les rues d’Arendelle s’était avérée plus complexe qu’il ne l’avait imaginé et plus de mille soldats de son armée avaient rendu l’âme mais ça n’avait été que la seule résistance d’Arendelle. Le plan qu’avait proposé quelques années auparavant ce curieux voyageur s’était révélé encore plus efficace que prévu.


-Son excellence, Henrik de Weselton ! Annonça un de ses officiers !
-Non pas excellence mais Majesté ! Répliqua le duc en fanfaronnant alors qu’il s’installait sur le trône.
-Exact, pardonnez-moi votre Majesté !
-Il faudra vous y habituer pourtant ! Bien amenez-le moi !
-Tout de suite, votre Majesté.


A ces mots, le colonel fit passer un ordre aux soldats qui l’accompagnaient alors qu’Henrik savourait toujours davantage sa victoire écrasante. Il riait aux éclats en dévisageant les portraits des derniers souverains d’Arendelle, notamment celui d’Elsa, qu’Anna avait décidé de réinstaller. Sa victoire était totale, il venait de laver l’affront que la reine des neiges avait infligé à son oncle. Weselton retrouvait enfin sa superbe et s’apprêtait à devenir la plus grande puissance du continent.


-Colonel ! Appela-t-il
-Oui Votre Majesté ?
-Avez-vous…Fait le ménage dehors ?
-Je… Nous séparons les corps en effet.
-Parfait ! Jetez les Arendelliens à la mer ! Nous creuserons des sépultures pour nos hommes à la place de leur maudite statue !
-A…Mais Altesse, ce sont des soldats qui…se sont battus bravement et, ils méritent l’honneur militaire de…
-Comment ? Que dîtes vous à propos de ces renégats qui se sont opposés au roi ?
-Je ?... Rien du tout…C’est trop d’honneur que vous leur faîte en les rejetant à la mer Sire ! Fit l’officier mal à l’aise.
-C’est bien ce que j’avais cru entendre ! Profitez-en pour en pendre quelques-uns aux abords de la ville…Que tout le monde sache ce qu’il en coûte d’oser s’opposer au nouveau roi d’Arendelle ! Et faîtes rassembler nos troupes ! Il est temps que nous nous occupions des Northuldra ! Vous savez quoi faire ?
-Tout de suite votre Altesse ! Fit le colonel avec une révérence.


Le nouveau maître des lieux continua de savourer et prit dans les mains les régalias qu’Anna aurait dû fièrement tenir quelques jours auparavant pour devenir la nouvelle reine d’Arendelle lorsqu’il fut à nouveau dérangé. En maugréant il fit ouvrir la porte. Trois soldats apparurent dans l’embrasure et traînait derrière eux Olson. Mal en point, blessé à la jambe et au bras, le vieux militaire peinait à se tenir debout et utilisait ses dernières forces et sa fierté pour ne pas tomber sous les bousculades des hommes de Weselton. Enchaîné, le corps meurtri il fut conduit devant le trône. De la bataille, il n’avait que peu de souvenirs. Il était tombé, touché mais pas encore mort. Il avait vu le miracle s’opérer et un fier animal emporter la charrette qu’il n’avait plus la force d’emmener. Il avait le souvenir de la détonation alors que les hommes de Weselton déferlaient sur lui. Il avait alors senti un grand coup sur sa tête et son corps se faire piétiner alors que les armées ennemies furent stoppées pour un temps. Ce fut à ce moment qu’il avait perdu connaissance. Il ne s’expliquait pas pourquoi la mort ne l’avait pas emporté. Quand il fut revenu à lui, il sentait que des hommes le soulevaient. Ses yeux vitreux avaient pu constater l’effroyable carnage…De l’armée d’Arendelle il ne restait plus rien sauf lui.


-Général Olson !... Vous avez une sale mine ! Se moqua le duc de Weselton.
-On me le dit souvent quand je vois un imposteur. Riposta le vieillard.
-Ne jouez pas l’insolence avec moi ! Vous n’êtes pas en position ! Remerciez ma bonté de ne pas déjà vous avoir fait mettre à mort ! Ployez le genou devant votre souverain.
-Vous avez raison ! Fit Olson en s’agenouillant face au portrait d’Elsa puis aussi fort qu’il le put déclara « Vive notre reine ! »
-Assez ! Vociféra le duc en giflant violemment Olson.
-Parce que vous vous prenez pour un roi !
-Je ne me prends pas ! Je suis le Roi Henrik ! Conquérant d’Arendelle ! Et vous Général Olson, vous allez le signifier publiquement !
-Tiens donc ?
-Cessez ce ton ! Vous vous demandez pourquoi je vous connais…
-Non
-Cessez ! Je sais que vous êtes l’officier supérieur d’Arendelle ! C’est grâce à ce titre que vous devez la vie ! Vous allez faire deux choses pour moi…Vous allez me dire où se terre les lâches que vous osez appeler Arendelliens, que je les fasse venir s’agenouiller devant moi et deuxièmement, vous prononcerez pour moi les mots des rois !
-Je ne peux pas !
-Comment ?!
-Je n’ai pas les mots des rois ! Vous pouvez me fouiller vous ne les trouverez pas ! Vous pouvez me torturer, je ne vous les dirai pas car je ne les connais pas !
-Et les Arendelliens ?! Reprit Henrik furieux.
-Je ne sais pas où ils sont partis ! Mais jamais ils ne vous verront comme un roi tant qu’ils ne m’auront pas vu donner les mots !
-Je…Je crois qu’il dit vrai Majesté…Nous n’avons rien trouvé sur lui ! S’excusa un des geôliers.
-Très bien…Dans ce cas…Votre mort suffira à les faire comprendre ! Enfermez-le ! Quand nos armées seront parties s’occuper des Northuldra je me chargerai moi-même de faire souffrir cet homme en public…Que tous sachent que commence le règne d’Henrik Ier sur Arendelle !




Alors que le duc de Weselton savourait sa victoire et imaginait déjà marcher sur le pays Northuldra. Les membres de la tribu du peuple du soleil suivaient comme un seul homme leur nouvelle cheffe Honeymaren vers les stèles des éléments, frontière sud de la forêt enchantée. Devant ce lieu sacré pour les Northuldra les y attendait Andréas. Parmi les anciens, plusieurs furent stupéfaits et une certaine peur pouvait se lire sur leur visage comme s’ils venaient de voir un revenant.


-Ne vous en faîtes pas mes amis…Car au milieu du malheur qui nous a frappé, j’ai eu la chance incroyable de retrouver mon père…Il était prisonnier et la levée de la brume a pu le libérer ! Mentit Honeymaren en sautant dans les bras d’Andréas de manière légèrement surjouée.


Les membres de la tribu furent attendris par ces retrouvailles heureuses. Ils avaient bien besoin d’une bonne nouvelle en ces temps troublés, et voir ainsi leur nouvelle matriarche retrouver un guide, elle qui était encore si jeune ne pouvait qu’augurer que de bons présages pour leur futur.


-Andréas ? C’est…C’est toi ? Demanda un des doyens surpris.
-Oui mon ami… Je suis de retour. Fit Andréas en le prenant dans ses bras.
-Mais…Comment-est-ce possible ?!
-C’est une très longue histoire mes amis et je crains qu’elle ne va pas vous plaire… J’ai appris l’affreuse nouvelle pour Yelena je suis tout autant dévasté que vous et jamais je ne pourrai assez la remercier de son sacrifice pour nous avoir débarrassés de…ce monstre !
-Comment ? Beata ?! Mais…C’est ton épouse.
-Hélas oui…Heureusement tout n’a pas été qu’un échec car elle m’a donné ma fille…Mais cette femme était un monstre ! Vous le savez elle nous a tous trahis ! Elle est partie, en tuant notre premier né Kaspian, puis, quand elle est revenue un an plus tard, je me suis opposé pour protéger mes enfants et c’est là qu’elle m’a enlevé. Je ne sais comment elle a fait mais elle m’a fait passer la brume pour m’emmener sur le territoire des trolls. Pendant des années, elle a comploté avec ces êtres de pierre à la solde d’Arendelle ! J’étais leur captif ! Ils m’ont torturé pendant des années pour connaître notre peuple, j’ai résisté ! Beata elle, apprenait la magie des trolls et la répétaient aux soldats d’Arendelle ! Elle a même épousé l’un d’entre eux !
-Mais comment as-tu fait pour t’en sortir ?
-J’ai patienté, je les ai observés. Ce que les trolls apprenaient à Beata… Je l’ai appris à mon tour ! Regardez !


A ces mots, Andréas prit le bâton de chef que lui tendait Honeymaren. Il sortit également de sa poche le tissu souillé du sang du cinquième esprit, puis, levant haut le bras, il fit légèrement se dissiper la brume pour laisser apparaître à nouveau aux yeux des Northuldra le soleil. Andréas dévisagea ses compatriotes extasiés. Il se félicitait de sa supercherie. Honeymaren avait été si précieuse avec ses renseignements. Elle avait su faire parler Beata, lui apporter le savoir dont il avait besoin. Avec ces atouts, convaincre son peuple était un jeu d’enfant.

-Oui mes amis… Voilà ce que font les trolls ! Nos parents, et les parents de nos parents ont tous appris que ces êtres étaient dangereux. Avec le temps nous avons pu l’oublier mais je vous en donne la preuve ! Et Beata souhaitait détruire notre peuple… avec l’aide d’Elsa ! Plaida Andréas une larme à l’œil.
-Quoi ?! Non ! Elsa est une des nôtres ! S’offusquèrent les Northuldra.
-Mes amis… Je vous assure j’aimerai avoir tort, j’aimerai que ça soit le cas. Honeymaren a eu le temps de me raconter tout ce que vous savez à propos d’elle. Je n’ai jamais vu cette délicieuse enfant. Oh je veux bien vous croire. Après tout c’est une Picéard ! La descendante de nos plus grands chefs ! Mais hélas, son cœur, ainsi que celui de sa cadette a été perverti par Arendelle et les trolls.


-C’est hélas vrai. Lors de mon séjour en Arendelle, j’ai pu apprendre beaucoup sur ce royaume. Kristoff, l’homme qui s’est montré si bon pour mon frère, lui le futur époux de la reine. Cet homme a été élevé par les trolls ! Ils ont dû le manipuler depuis sa plus tendre enfance ! J’ai également appris que la future reine Anna avait elle-même été soignée par les trolls enfant. Quant à Elsa… Elle était avec Beata, elle a enlevé mon frère et le retient prisonnier quelque part entre les montagnes et le territoire des trolls ! Yelena, dans son dernier souffle de vie a pu me le révéler alors qu’elle venait de supprimer Beata ! Rajouta Honeymaren d’une voix triste ce qui accentua encore davantage le doute parmi les membres de la tribu, tout ce qu’ils croyaient semblait donc faux.


-Mais ne soyons pas alarmiste. Après tout, elles descendent d’une de nos familles les plus prestigieuses ! Mes amis les plus anciens, vous vous souvenez sans doute de la grande sagesse de leur Grand-mère Anna ! Et que dire de leurs arrière grands parents, nos chefs Helga et Olaf ! Nous serons tous d’accord pour dire qu’ils étaient les plus grands depuis plus d’un siècle. N’oublions pas que leur sang coule dans les veines de ces deux jeunes femmes ! Arendelle et les trolls sont un poison qui les consument mais le sang des Picéard est noble et pur ! Ne nous trompons pas d’ennemi. Ce sont les trolls dont nous devons nous débarrasser, ensuite, si nous marchons sur Arendelle, nous pourrons juger de la pureté de ces jeunes femmes.


-Si Anna nous voit arriver, alors peut être tiendra-t-elle parole. Elle saura faire tomber Elsa ! Et ensemble, elle et nous pourrons créer un continent uni ! Mais si elle a été pervertie comme l’est Elsa…Alors… S’étouffa-t-elle faisant mine d’être incapable de prononcer ce qu’elle souhaitait pourtant ardemment.


La tribu resta ainsi interdite pendant plusieurs heures. Plusieurs membres avaient bien du mal à imaginer les sœurs d’Arendelle en ennemis, même s’ils commençaient à douter. Honeymaren se chargea de leur rappeler toute la méfiance que pouvait avoir Yelena à l’encontre d’Elsa et, finalement, la majorité de la tribu finit par se ranger à l’avis d’Honeymaren et son père. Les Northuldra demandèrent alors qu’Andréas ne devienne leur chef mais ce dernier refusa. C’était Honeymaren qu’ils avaient choisi et lui avait été absent depuis tant d’années. La jeune femme représentait l’avenir du peuple Northuldra, lui affirma qu’il se chargerai simplement de la conseiller même s’il savait au fond qu’il ferait faire absolument ce qu’il veut à sa jeune fille.


Au bout de nombreuses palabres, Honeymaren, confortée dans son rôle de chef ordonna à son peuple de marcher vers le sud pour en découdre avec les trolls. Elle avait su convaincre les Northuldra de se rallier à sa cause, tous agissaient pour réussir à sauver Ryder des griffes d’Elsa. La jeune pisteuse pensa à nouveau à son frère. Le sort qui lui était réservé ne l’enchantait guère et elle sentit son père s’approcher. Andréas avait dû deviner le tourment de sa fille. Il s’approcha de son oreille et alors qu’il faisait semblant de l’étreindre, il commença à lui parler à l’oreille.


-Bien jouée ma fille ! Tu les as persuadés encore plus facilement que je ne l’aurai espéré ! Et présenter Elsa comme une ravisseuse tu es géniale. Finalement, je pourrais peut-être libérer ton frère d’Ahtohallan…Le peuple sera tellement persuadé qu’Elsa est notre ennemie qu’il ne posera pas de problème.
-Vraiment ? Souffla Honeymaren.
-Bien sûr !


Afin de montrer sa bonne volonté, Andréas prit à nouveau le bâton d’Honeymaren et fit apparaître une boule bleutée qui s’envola rapidement en direction du Nord. Honeymaren en fut rassurée alors qu’Andréas lui fit un petit sourire sadique. Il semblait très fier de son acte et lire dans les yeux de sa fille tant de reconnaissance alors qu’elle entrainait le peuple du soleil à la suivre.  Pour la première fois depuis près de trente cinq ans, les Northuldra venaient de quitter leur forêt enchantée sans savoir que des dizaines de kilomètres au sud, l’armée de Weselton arrivait à leur rencontre tous avaient un seul objectif…La plaine des trolls.




Anna avait finalement réussi à trouver le sommeil. Depuis trois jours le navire du prince Hans tanguait de toutes part mais le prince déchu n’avait pas menti sur sa réputation. Le passage des Iles Kut fut un véritable calvaire. Les hommes d’équipage avaient bien cru voire leur dernière heure arriver mais le capitaine n’avait jamais lâché la barre, il tenait bon contre les éléments, rassurait ses troupes. La jeune souveraine n’avait eu de cesse d’observer cet homme qu’elle avait cru aimer par le passé et, en cet instant, elle eut le sentiment de revoir la belle personne qu’elle avait croisé au couronnement de sa sœur. Finalement, le navire avait fini par franchir ce passage si dangereux et la mer sombre s’était quelque peu calmée alors qu’ils naviguaient au large des plages grises. Hans s’était montré un hôte plus qu’agréable et avait assuré à sa passagère qu’elle pouvait s’autoriser quelques heures de sommeil. S’il devait se fier aux estimations qu’Elsa avait donné à sa sœur pour situer Ahtohallan, ils arriveraient sur l’île gelée d’ici quelques heures.


La souveraine d’Arendelle avait suivi ce sage conseil et retrouvé le confort spartiate de la cabine du navire. La couchette dure lui parut etre le plus doux des matelas lorsque sa tête se posa tant la fatigue la gagnait. En quelques secondes elle rejoignit le pays des songes…dans un rêve qu’hélas elle ne connaissait que trop bien. La reine avait à nouveau rejoint le galion royal d’Arendelle. Ce maudit rêve qui revenait sans cesse la hanter. Mais à chaque fois elle ne pouvait rester sans intervenir. Alors que sa mère s’apprêtait à nouveau à coucher ses dernières mémoires dans son journal, Anna intervînt en chantant ce petit air qui lui était familier désormais. C’était ainsi sa façon de communiquer un peu avec Iduna. Comme elle aimait ce petit moment où mère et fille pouvaient se retrouver. Hélas encore une fois, l’instant ne dura pas et Agnarr comme toujours se montra cruel, à chaque fois voire son père blesser la reine Iduna que ce soit par les mots ou par les gestes détruisait le cœur de la jeune rousse…Et pire encore, elle savait ce que ça allait déclencher. Comme toujours la tempête surgit.


Anna suivit Iduna sur le pont supérieur, Son père avait quelque peu recouvré ses esprits et semblait désemparé face au navire condamné. La jeune rousse encore une fois ne pouvait rester sans rien faire, il fallait qu’ils quittent le navire le plus vite possible, sans se poser de questions, elle chanta immédiatement :


« PRENEZ L'CANOT ! IL EST PAR ICI ! ».


Anna luttait contre la houle et observait la manœuvre, elle vit son père monter dans le canot suivi par Iduna. Le couple royal devait encore couper les amarres qui maintenaient le frêle esquif au navire en perdition. Anna savait que l’opération prendrait du temps, l’arme de son père étant inadaptée. Elle ne prit pas le temps d’observer, elle savait déjà ! La hache était à portée de main, qu’importe si sa mère n’était pas encore bien installée, que la jeune rousse coupa les amarres d’un geste rageur. Le frêle esquif toucha brutalement les flots déchainés mais resta en surface. Agnarr avec l’énergie du désespoir souquait ferme et s’éloignait du navire condamné. Anna observa. L’évacuation n’avait jamais été aussi rapide mais déjà elle arrivait…L’immense vague ! Elle semblait encore plus grande que dans tous ses songes précédents. Cette fois Anna préféra ne pas la regarder. Elle voyait au loin le petit canot s’éloigner. Elle espérait que son père ait pu ramer suffisamment vite ! Et elle fut là ! Elle qe sentit projetée en avant alors que la terrible vague avalait le galion royal. Anna pensait qu’elle allait se réveiller mais elle n’en fut rien alors qu’elle percuta les eaux noires de la mer sombre. Elle se débattit tant qu’elle put et remonta péniblement à la surface. Elle toussait et crachait l’eau salée et glacée. Elle était désorientée mais soudain, elle remarqua que la mer s’était calmée. Le fier vaisseau d’Arendelle avait été englouti, elle était seule, au milieu d’une mer d’huile et soudain…au loin elle le vit. Le petit canot de ses parents avait réussi à s’éloigner suffisamment pour ne pas être avalé par la mer !


Aussitôt elle hurla : « PERE MERE !!! JE SUIS LA !!! » « PERE MERE JE SUIS LA !!! »


Elle continua de s’égosiller mais son dernier cri ne put se terminer. Elle se sentit immédiatement entraînée par le fond. Alors qu’elle buvait la tasse elle regarda à ses pieds et cru voir une forme chevaline l’entraîner vers les profondeurs. Elle tenta de se débattre, elle donnait des coups de pieds à la créature qui soudain la lâcha…Pour mieux l’avaler.


-NON ! Hurla-t-elle


Dans un geste Anna s’était levé de la couchette et par reflexe avait attrapé le premier objet à porté de main et frappa le vide pour finalement rencontrer…La joue d’Hans. L’ex prince grimaça de douleur alors qu’une petite coupure apparut sur son visage. Anna l’observait terrifiée. Le visage de l’homme était inquiet, mais il ne semblait pas en vouloir à la jeune femme.


-Je…Pardonnez-moi je ne … Commença-t-elle
-Vous faisiez un cauchemar…Oui ça j’avais compris ! Vous reviviez la scène où vous m’avez frappé…Félicitations vous n’avez pas perdue la main. Répondit-il en se massant la joue.
-Je…Je suis désolée c’était involontaire…
-N’en parlons plus ! Venez, nous avons un souci plus grave que vos cauchemars de fillette !


Anna aurait souhaité répondre mais elle n’en eût pas le temps. Hans la tira du lit rapidement et la fit monter sur le pont. Elle avait à peine eu le temps de prendre son sac. Le marin l’amena à la proue du navire et Anna comprit. Devant eux, une brume, bien plus épaisse que celle qu’ils avaient commencés à traverser au large des Iles Kut. Elle voyait que le navire était incapable d’avancer d’avantage, comme si la brume était un mur impossible à traverser.


-Et ça n’est pas tout ! En plus de nous bloquer ce nuage est…AIE !!! Brulant !


Hans avait tendu la main en direction de la brume pour la retirer aussitôt. Il invita Anna à lui tenir la main et la souveraine constata à quel point elle était chaude. La jeune femme observa le phénomène. La brume semblait entourée d’une légère couche bleutée qui ressemblait aux flammes de Bruni. Les esprits semblaient avoir enfermé Ahtohallan dans un dôme imprenable. Pourtant jamais Elsa n’avait parlé d’un tel prodige. Anna était désemparée. Comment pourrait-elle réussir à rejoindre sa sœur dans ces conditions. Elle baissa les bras et les sentit le long de son sac. Ce sac ! Ils contenaient les cristaux que Grand Pabby lui avait confié. Sans savoir pourquoi elle les sorti et les disposa autour d’elle, n’en gardant qu’un seul en main. Le cristal du feu. Elle ne l’avait pas choisi, elle agissait d’instinct. A nouveau, elle sentit cette curieuse chaleur la traverser. Son esprit vogua vers sa sœur alors qu’elle tendit la main vers la brume. Elle ferma les yeux. Son esprit était focalisé uniquement sur Elsa ! « Elsa où es-tu ? » « Elsa que fais-tu ? » « Elsa m’entends-tu ? » se répéta la jeune rousse mentalement toujours focalisée sur sa sœur. Elle n’entendit même pas Hans hurler ses ordres aux hommes d’équipage… La brume venait de laisser un passage.


Par temps clair, depuis les hauteurs du palais de glace sur les berges d’Ahtohallan, le navire qui transportait Anna aurait pu être visible mais Elsa ne put le voir. Depuis des jours elle pleurait ses pouvoirs disparus. Ryder avait su se montrer un confident hors pair. Il l’avait écouté patiemment. Plusieurs fois, la jeune femme s’était confondue en excuses de ne parler que de ses pouvoirs. L’éleveur de rennes était bien trop gentil pour montrer quoi que ce soit à part de la sympathie mais Elsa sentait bien que de simples excuses ne suffiraient pas. Et pire encore, elle l’avait entrainé sur cette île gelée à sa perte alors qu’ils avaient consommés les dernières provisions qu’Elsa avait constitué. S’ils ne trouvaient pas un moyen rapide pour fuir, leur fin était proche. Ce constat amer avait replongé Elsa dans sa torpeur. Pour la première fois, elle avait à nouveau choisi de rester seule et s’était retirée dans la chambre royale. Elle était là, à fixer le néant, sa robe de glace qui continuait de la narguer. Elle qui avait tout perdue. Ces pouvoirs qu’elle regrettait tant mais qui l’avait finalement conduit à sa perte. Elle ne tînt plus et rapidement se changea. Se retrouver à nouveau en reine des neiges la fit se sentir plus apaisée l’espace de quelques secondes, alors que ses noires pensées revinrent rapidement. Elle allait mourir ici, avec sa culpabilité, seule. Non pas seule et c’était bien pire, car elle avait entraîné Ryder dans sa chute. Il ne méritait pas ça pourtant ! Olaf était là aussi ! Lui le plus fidèle des fidèles ! Il ne pourra même pas lui survivre et être un réconfort pour Anna… Et qu’apporterait sa mort ? Sa sœur serait sans doute dévastée ! Le jour du couronnement était déjà passée. Elsa en était certaine, sa cadette devait déjà être à sa recherche ! Oh Anna était intelligente, sans doute penserait-elle rapidement à Ahtohallan, mais la brume était une barrière infranchissable !

Depuis sa dispute avec Ryder, elle n’avait pas osé retourner voir les souvenirs figés, mais son envie de revoir tous ceux qu’elle aime fut trop forte. A pas de loup, Elsa descendit les escaliers gelés du château. Elle pouvait entendre les ronflements conjugués d’Olaf et Ryder. Eux au moins réussissaient à trouver le sommeil, comme s’ils n’avaient pas conscience de leur mort certaine contrairement à la jeune femme. Le cinquième esprit regagna rapidement le dôme des souvenirs. Il lui fallait revoir Arendelle, peut être pour la dernière fois. Rapidement, la ville se matérialisa. Elle ne saurait dire pourquoi mais elle sentait qu’elle ne voyait pas le présent mais bien le passé. Elle arpentait au hasard les rues et entendait tous les habitants parler joyeusement de la reine des neiges. « La reine des neiges » elle avait l’impression de ne plus avoir entendu ce titre depuis une éternité. Elle se regarda dans sa tenue de glace. Elle était belle bien sûr mais cette fois, ce titre, cette beauté, ces pouvoirs dont elle entendait les habitants en vanter la beauté lui semblaient être un lourd fardeau. Elle contourna la taverne et se faufila dans une petite ruelle. Elle pouvait voir les habitants continuer leurs palabres mais au moins, recluse, elles ne les entendaient plus. Elle marchait un peu au hasard et se mit à chanter ignorant les souvenirs figés.


Ils me trouvent géniale, et tous tours les émerveillent
Tous les jours, c'est le triomphe et la gloire !
Je leur fais des surprises ce dès leur réveil
Et ils m’aiment avant de m’apercevoir !
Sans le moindre effort, je m'amuse à être reine des neiges
Et presque aussitôt, c'est le délire !
Un seul geste banal, et un bonhomme de neige !
A tous, sur le champ, redonne le sourire !


Alors qu’Elsa chantait, les souvenirs s’envolèrent peu à peu et se transformèrent, en quelques instants, Elsa n’était plus dans les rues grouillantes de vie d’Arendelle. Non, elle était remontée plus loin dans le passé, elle devinait sa cadette prostrée, vêtue de noire derrière sa porte alors qu’elle se trouvait dans la même position, pleurant toutes les larmes de son corps au milieu des flocons la disparition tragique de ses parents.


Mais dans mon corps, il règne aujourd'hui
Une bien étrange mélancolie
Pour moi, la vie n'est plus qu’un sanglot
Mon cœur éclate, la mort est mon lot...


A nouveau le décor se transforma. Elsa ne fut pas projetée plus loin dans le passé bien au contraire, elle revînt vers le présent. Elle était sur la plage du fjord, elle se voyait arriver au loin, majestueuse sur le Nokk alors que sur la plage, à peine avait-elle posé le pied par terre, qu’Anna avait fait organiser un merveilleux accueil. La population l’acclamait. Elle entendait les cris assourdissants des « Vive Elsa ! » « Vive Notre reine ! » « Vive la reine des neiges ! ». C’était si proche et pourtant si loin. Elsa avait apprécié ce moment mais en cet instant, cela la répugnait… Elle ne voulait plus entendre ça ! Plus jamais !


Un jour... oui... pourrais-je me faire entendre
Moi la jeune reine qu’on dit mant’nant sans peine ?
Je ne veux plus de ma couronne !
Comment pourraient-ils comprendre ?
Sils savaient seulement comme j'aimerais la rendre !


Une dernière fois le décor changea. Elsa se trouvait dans la salle du trône d’Arendelle. Mais curieusement aucun domestique ne s’y trouvait. Elle hésita quelques instants puis comprit. Elle ne voyait plus le passé mais bien le présent. Anna n’était pas là ! Elle devait déjà être partie à sa recherche. Penser à sa cadette lui fit monter les larmes aux yeux, elle voulait qu’Ahtohallan lui montre sa sœur, mais un élément attira son attention et elle resta focalisée sur la salle. Soudain elle se figea. L’image devenait plus nette et elle reconnaissait ce visage qu’elle n’avait pourtant jamais vu ailleurs que dans ce dôme. Le nouveau duc de Weselton était là, assis sur le trône d’Arendelle. Elle se concentra et commença à comprendre des bribes de conversation. Aussitôt elle comprit et se sentit nauséeuse. Arendelle était tombée. L’image devînt alors trouble, comme à l’époque où elle ne maîtrisait pas ses pouvoirs elle fut entourée d’une sorte de blizzard. Elle était incapable de penser, sauf à la douleur de ce qu’elle venait de voir. Arendelle était tombée ! Cela signifiait surement que sa sœur était vaincue…Était-elle ?... Non elle n’osa même pas penser au mot mais pourtant c’est bien ce qui embrumait son esprit. Elle en était persuadée désormais. Anna ne viendrait pas la chercher… Elle allait mourir seule ici, avec sa culpabilité de ne pas avoir pu protéger sa petite sœur.


Je traîne sans but mon âme fourbue
Je me languis de l'inconnu...
Gloire et Pouvoir sont bien dérisoires
Face au néant de mon désespoir…


C’en était trop pour Elsa. Ses jambes ne purent la soutenir davantage et elle s’affaissa de tout son long sur le dôme glacé d’Ahtohallan, ivre de fatigue et de douleur. Elle plongea dans un sommeil troublé de sanglots et de remords, pour la deuxième fois, elle se noyait dans Ahtohallan.



Sur la mer, au milieu de la brume qui se perçait, le fier voilier vivait ses derniers instants. Anna hurlait de douleur. Le cristal toujours dans la main, toute sa volonté n’était pas suffisante pour maintenir la brume ouverte. Les vapeurs brulantes de ce brouillard qui n’était pas naturel lui donnait l’impression qu’on lui arrachait chaque centimètre de sa peau avec une minuscule pince et la chaleur extrême avait fini par faire s’embraser le navire. D’ici quelques minutes, l’incendie serait incontrôlable. Il avait déjà créé une voie d’eau dans la coque. Les flots glacés de la mer sombre qui allaient à la rencontre des flammes s’évaporèrent instantanément dans des jets de vapeurs brulants. Les hommes d’équipage abandonnaient tous leur poste et plongeaient dans les eaux noires qui se déchainaient à nouveau. L’acte était irrationnel mais l’instinct de survie trop fort. Les marins espéraient-ils avoir une chance à la nage ? La nature se chargea de leur donner une réponse rapide. La mer sombre lorsqu’elle tient sa proie ne la relâche pas.


-Anna ! Venez au canot ! Dépêchez-vous ! Hurla Hans


Le jeune homme prit le poignet d’Anna et sentit aussitôt sa paume brûler. Il jeta un regard aux mains de la reine. Elles étaient déjà couvertes de cloques et de brûlures importantes. Anna n’eût pas la force de s’opposer. La douleur de la chaleur intense était presque insupportable. Hans dût presque la porter pour la placer dans un canot. Il y monta à son tour et tenta de détacher les amarres le plus vite possible. Hélas pour lui, Anna n’avait plus assez de force pour faire de même. Si elles ne se détachaient pas en même temps. Le canot tomberait et c’était la mort assurée. Le marin réfléchit et appela Anna. Il lui tendit le Bout qu’il avait déjà presque dénoué.


-Tenez ça aussi fort que possible Anna ! Vous lâcherez quand je vous le dirai ! Ordonna-t-il


Alors qu’il tentait de dénouer le dernier amarre il comprit que c’était peine perdue. Celle-ci était solidement fixée au pont et il n’était pas assez grand pour pouvoir atteindre le nœud. Il dévisagea Anna et sauta à nouveau sur le pont.


-Hans ? Mais que faîtes-vous ? Hurla la reine qui luttait pour rester consciente.
-Je fais ce que j’ai à faire !
-Hans non ! Revenez dans ce canot !
-Pourquoi ? Si je ne vous libère pas nous sommes morts tous les deux ! Et de toute façon, je suis un capitaine, je dois couler avec mon navire ! C’est la seule chose que j’ai ! Vous ne comptiez pas tenir votre promesse de toute façon !
-Je… Mais si Hans…Je n’ai qu’une parole ! Revenez !
-A d’autres ! Bien sûr que vous ne l’auriez pas fait ! Si vous êtes une bonne reine, alors jamais vous ne pourrez m’offrir ce que vous avez promis…Je suis le traitre après tout !
-Non Hans vous…
-Taisez-vous ! Si vous êtes encore convaincue de ce que vous dîtes alors je vous rends service ! Je vous évite de faire une bêtise…Enfin si vous vous en sortez ! Promettez-moi de veiller sur ma nièce ! C’est tout ce que je vous demande en retour !
-Hans ! Revenez !
-Adieu Anna ! Lâchez !!! Hurla-t-il en coupant la dernière amarre à l’aide d’une hache.


La jeune femme avait lâché, perdue Hans de vue et le canot descendit brutalement sur l’eau. Pendant cette dernière seconde qui lui parut une éternité. Anna eût l’impression de vivre une nouvelle fois son curieux rêve, sauf que cette-fois, c’était Hans qui jouait son rôle et lui donnait une chance de fuir. Les mains et tout le corps endoloris, Anna utilisa ses dernières forces pour commencer à ramer. Hans l’avait réveillé en sursaut d’un rêve où elle avait vu ses parents réussirent enfin à en réchapper. Soudain, comme dans son songe, la mer fut à nouveau déchainée, et la brume semblait l’attaquer à nouveau. Elle sentit la brume à nouveau la bruler de toutes parts. La douleur devenait insoutenable alors que la mer grossissait toujours. Dans son esprit, elle entendit la phrase que sa mère pour une fois n’avait pas prononcé dans son dernier songe


« Les vagues sont trop hautes ! »


Les flots frappèrent violemment le frêle esquif et avant même qu’Anna ne put comprendre ce qu’il se passait elle fut propulsée à l’eau. La froideur de l’eau la première seconde lui fit un bien fou, soulageant ses multiples brulures avant de devenir à son tour une souffrance presque insupportable. Dans un ultime effort, Anna remonta à la surface, toussant et crachant l’eau salée qu’elle avait bu à plusieurs reprises. Elle tentait par tous les moyens de se maintenir à la surface alors qu’elle pouvait voir avec horreur le navire d’Hans connaître le même sort que celui qui avait emporté Agnarr et Iduna six années auparavant. Les cristaux offerts par Grand Pabby sombrèrent eux aussi alors qu’Anna crut voir une silhouette sauter du navire en perdition et nager et soudain, alors que le dernier mat disparaissait dans les eaux noires, la brume sembla légèrement se dissiper tout en paraissant encore plus brulante pour Anna qui hurla de douleur.


La jeune femme regretta son cri car alors qu’elle ouvrit la bouche elle vit deux yeux translucides l’observer et, comme dans son songe, elle fut emportée dans les profondeurs. Elle avala à nouveau l’eau salée qui lui brula les poumons alors qu’elle sentait le Nokk l’emporter. Elle ferma les yeux et sentit une intense douleur. Ses poumons, son visage, ses bras, tout son corps la brulait. Elle était incapable d’ouvrir les yeux. Elle ne savait plus où elle était. Au-dessus, en dessous de la surface ? Se déplaçait-elle ? Pouvait-elle encore respirer ? Le faisait-elle ? Son esprit était trop embrumé, sa douleur trop forte pour être capable de répondre à ces questions. Et elle ne faisait qu’augmenter.


Soudain, elle se sentit projetée et son dos sembla atterrir sur une surface dure et froide. Enfin elle eût la force d’ouvrir un œil. Autour d’elle, les nuages semblèrent se dégager, elle était entourée d’immenses pics de glaces. La douleur était atroce mais elle y était… Ahtohallan ! Elle voulut se lever…Impossible. La douleur lui coupa la respiration. Elle était saccadée pourtant elle avait l’impression que l’air n’arrivait plus dans ses poumons. Elle tourna légèrement la tête. Anna se trouvait dans un petit renfoncement et, entre deux pics, elle crut apercevoir un majestueux palais de glace semblable au château d’Arendelle. Celui dont Elsa lui avait tant parlée ! Sa sœur devait être là ! Elle le savait. « Elsa ! » Elle avait pensé. Elle avait ouvert la bouche, mais aucun son ne sortit. Les forces d’Anna l’avaient quitté. Elle n’était plus que douleur. Anna avait compris. Jamais elle ne reverrait sa sœur, ni Kristoff, ni Arendelle, ni personne. Elle était au bout du chemin, elle ne pouvait trouver la force de continuer. Une larme coula le long de sa joue alors qu’elle continuait d’observer le palais de glace. Elle ne pouvait savoir qu’elle ne regardait pas au bon endroit. Dans un curieux mimétisme les deux sœurs, à quelques dizaines de mètres d’écart étaient couchés toutes deux dans la même position, les yeux noyés des larmes du remords. Ceux d’Anna se troublèrent. Le palais devînt une forme grossière. Elle expira et la douleur intense sembla disparaître puis tout devînt noir. La reine jamais couronnée s’en était allée. Elle était là, seule, sans vie, sur les plages d’Ahtohallan. Avec elle, la dynastie et le royaume d’Aren venait de disparaître.

THE END… ?