[FCU WHAT IF...] Et si… Anna et Elsa avaient été séparées pendant l’enfance ?... Le plan d'Emma Picéaerd

Chapitre 1 de la suite : La victoire d’Emma Picéaerd ?


« Allez !! Espèce gourde fais-le ! Noircis ton cœur !!! »


Avide je continuais d’observer la scène sur le barrage. Cette stupide Anna tenait au bout de sa dague sa grand-mère ! Après tous mes efforts pour avoir crée de toute pièce cette vie, après avoir pris soin de faire en sorte que cette écervelée impulsive soit séparée de ses parents pour mieux faire naître les graines de la discorde, après tous ces efforts pour qu’elle se sente trahie, ces rencontres fortuites, j’avais pu la façonner tel que je l’espérais. Elle était devenue le bras armé mais voilà qu’elle hésitait !


« Non !!! Tu ne peux pas me faire ça !!! Tus- la ! Mais tues-la bon sang !!! »


J’avais hurlé plus fort que je ne l’aurai voulu. Inquiète je détournais le regard, craignant de voir arriver les parasites Picéaerd. Combien de temps le piège de la prison de glace allait-il tenir ? Sans doute plus très longtemps. Heureusement ils étaient sots dans cette famille et ne devinaient pas vite mais il était fort à parier que les trois folles réunies et Anna Picéaerd, ma plus grande ennemie ne tarde à trouver un stratagème pour faire fondre les derniers murs ! Ah si seulement il était possible de tuer directement dans l’Hellheim ! Pensais-je pour moi-même. Cela n’avait pourtant pas été faute de chercher un moyen mais rien à faire !


Peu importait, j’avais trouvé pour les Anna que je répugnais un sort bien pire. Après tout, les limbes devaient probablement être ce qui ressemblait le plus à la mort pour nos mondes ! Tout était prêt pour les accueillir, il ne manquait plus que le coup de grâce… Si seulement l’écervelée d’Arendelle pouvait se décider !


Chose improbable, je sentis le long de mon dos couler ma sueur. Voilà bien une curiosité, l’Hellheim avait pourtant cet avantage de nous supprimer tout inconfort. Depuis mon trépas, jamais je n’ai eu mal, ni froid, ni chaud, ni faim, ni soif, ni aucun besoin vivant. Ce monde de l’au-delà se doit d’être un monde de quiétude et de plaisir… sauf pour moi ! Bien que je ne ressente plus la douleur physique, le trou béant dans mon cœur que m’avait laissé ma triste vie demeurer ! Mais cela devait se terminer…


« Oui cela doit se terminer si seulement cette petite idiote se décide enfin à étriper sa grand-mère ! Mais allez ! Saigne-là ! On ne va pas attendre qu’elle meure de vieillesse ! » Hurlais-je les yeux toujours rivés vers cette vie factice. Quelque chose n’allait pas ! Cette maudite chamane était en train de retourner son idiote de petite fille ! Mais comment peut-elle être si faible ? Comment a-t-elle pourtant pu me vaincre ?!


« Anna !!! Sois raisonnable !!! Lâche ma mère je t’en prie, Viens ! Oui je t’ai caché la vérité, mais… j’ai été une marraine aimante pour toi ! »


Cette phrase prononcée par Iduna attira mon attention. Incroyable ! Alors que l’idiote était partie pour me décevoir une fois de plus voilà que la flamme venait de jaillir à nouveau dans ses yeux !


« Oh par tous les esprits Iduna merci !!! Elle va le faire !!! Allez Anna ! »


Je trépignais d’impatience, chaque seconde comptait ! Il fallait qu’elle meure et que tout soit réglé avant que les autres ne me retrouve ! Je m’étais absenté depuis un bien long moment maintenant, tout ceci allait forcément attirer l’attention quand enfin, alors qu’au loin j’entendis la prison de glace finir de disparaître, libérant ses hôtes gênants, à mon tour je fus délivrée ! J’observais cet instant que j’avais tant espéré, les premières gouttes de sang qui coulaient le long de la plaie béante de l’acte fou de la petite rousse résonnait avec mes larmes de joie qui tombèrent au sol !


« Oui !!!! Oui enfin !!!!! Adieu Anna Picéaerd ! De quelque génération que ce soit !!! Que ce prénom honni disparaisse à jamais !!! »


Je jubilais alors que je voyais la mine défaite d’Iduna tandis que la meurtrière reculait pour entraîner sa victime vers une chute fatale ! Il était temps d’agir ! Au loin, les retrouvailles des Picéaerd et des Sappos heureux d’être libérés pouvaient s’entendre.


« Riez mes mignons ! Profitez, Ce sont vos derniers instants ! »


Je m’étais sentie obligée de prononcer ces mots à haute voix, ils étaient si doux à l’oreille ! Ils me faisaient un bien fou. Sans doute allaient-ils remarquer mon absence mais je n’en avais que faire ! Ils allaient penser que c’était mon caractère de mère fouettarde, mais jamais ils ne pourraient comprendre. D’un geste, alors que les deux allaient tomber du barrage, je fis ralentir leur temps. Il ne manquait plus que la touche finale.


Avec expertise, pour avoir été celle qui inventa le concept, je commençais un nouveau voyage astral pour pervertir une dernière fois l’esprit de la gourde d’Arendelle qui vivait ses derniers instants. Dans ma main droite je tenais fermement deux cheveux roux prélevés à leur insu aux deux Anna que j’avais pu séquestrer dans ma prison de glace. Elles, que la famille considérait comme les véritables héroïnes Picéaerd, qui à elles deux ont balayé tous mes plans prophétiques ! L’heure était à la revanche, et mes mignonnes, foi d’Emma Picéaerd, je ne vais pas commettre les mêmes erreurs et dénigrer la moindre Anna cette fois ! Rapidement je pus me connecter avec la plus jeune des femmes de la famille pendant sa dernière chute. Comme il était jouissif que cette étourdie puisse penser une seule seconde qu’elle me rendait fière par son sacrifice. Je sentais cependant qu’elle avait le sentiment d’une chute ralentie. Zut, je devais sans doute avoir un peu trop manipulé le temps, alors que je pouvais sentir l’aura de sa grand-mère qui tentait de purifier son âme. J’aurai voulu rire. Tellement prévisible, Tellement pathétique ! Tellement inutile !
Avec adresse, je fis prendre les cheveux par la petite idiote. Ainsi elle emporterait dans sa damnation l’âme de l’Hellheim, me libérant de ces gêneuses ! Tout ne me parut cependant pas si limpide. Comme si la matriarche tentait de me contrer. Non c’était ridicule, cela devait venir de moi, l’enthousiasme de la victoire devait me rendre un peu plus distraite ! Non je ne pouvais pas ! Il fallait de la rigueur jusqu’au bout ! A nouveau et avec bien plus de sérieux cette fois je recommençais mon acte. Cette-fois, plus rien ne me barra la route. J’hésitais un instant… L’impact était imminent. Accompagner mes deux ennemies jusque dans leur prison des limbes était une douce idée mais non, je devais être raisonnable, les suivre c’était prendre l’infime risque de me retrouver avec elles. Tant pis ! J’aurai bien le temps de jubiler à d’autres moments.


Alors que la grand-mère et la fille terminaient dans un fracas leur chute je quittais in extrémis cette vie pour revenir à mon poste d’observation. Depuis l’Hellheim, je pouvais entendre les autres hurler de panique alors que leur « Mamie Anna » commençait à saigner ! Oh quelle joie ! Tout marchait !!! Bien sûr je pourrais accourir au chevet des mourantes mais non ! Encore une jubilation que je devais refuser ! Tant pis, mon absence à leur cérémonie allait être très remarquée mais cela ne me fera pas m’évanouir de frayeur ! Non, j’avais un travail à terminer, et un joli lot de consolation à découvrir.


Je me plongeais à nouveau dans l’observation de cette vie crée de toute pièce, apportant toute mon attention sur l’ange de l’air. Iduna pleurait toutes les larmes de son corps alors qu’elle était à genoux, hagard, les yeux dans le vide vers l’endroit du parapet où sa fille et sa mère avaient basculé. Ce maudit ange de l’air qui avait acquis une puissance que je ne pouvais imaginer et m’avait défait par le passé. Quelle joie de la voir ainsi privée de toute joie de vivre, comme elle avait pu le faire pour moi !
Au loin le bruit des bottes approchaient. A l’orée du pont, la troupe d’Halricsen venait d’apparaître. Quel bonheur de voir ce militaire zélé entraver sans ménagement celle qui s’avérait être pour elle sa petite nièce ! Je voulais en savoir plus, je voulais les voir souffrir ! Halricsen et sa soif de pouvoir prendrait sans doute un malin plaisir sadique à ôter la vie de cet ange de l’air qui m’avait jadis coûté ma victoire ! Comme la vengeance et la satisfaction de voir ses ennemis souffrir pouvait être douce même si ces gêneurs de Picéaerds depuis l’Hellheim me firent quitter mon observation.


Effarée alors que je tendais l’oreille, prenant bien soin de me pas me montrer à ces parasites qui devaient déjà se douter de ma supercherie mon sang mort se glaça. Cette voix étouffée, déformée par la faiblesse et la douleur, je ne pouvais ne pas la reconnaître ! Par toutes les divinités de l’Yggdrasil mais comment avait-elle pu réussir ! Cette garce d’Anna Picéaerd n’était toujours pas morte ! Elle continuait de lutter ! Un flux de rage m’envahit ! Jamais elle ne me laissera !... Non elle ne peut pas me voler à nouveau ma victoire, non elle… Non elle ne le peut pas ! Sa famille ne peut la sauver de son destin, peu importe les adieux larmoyants elle et sa petite salope de petite-fille iront croupir à jamais dans les cocons des limbes ! Mais je ne vais pas m’en contenter ! Non ! Cette maudite famille a plus d’un tour dans son sac, je ne laisserai rien au hasard !


Je retrouvais toute l’énergie de ma jeunesse et retournais à mon poste favori depuis quelques temps, observer cette vie que j’avais crée de toute pièce. Halricsen venait de donner des ordres pour retrouver à tout prix le déserteur Olson et un enfant, tandis qu’il prononçait une sentence de mort pour le couple royal d’Arendelle coupable de trahison… Quel dommage ! Observer le spectacle de l’ange de l’air trépasser d’asphyxie, balancée au bout d’une corde sous les huées d’une foule était une image que j’aurai aimé voir mais l’expérience m’a appris à renoncer à certaines joies. Cette vie, je l’avais créé, je pouvais donc la détruire et d’un geste, sans une once de regret je m’en chargea. Anna Picéaerd se pensait maligne mais je le suis bien davantage. Peu importe le tour de passe-passe qu’elle cherchera à inventer, elle ne pourra réparer ce qui a été fait pour l’emprisonner elle et sa petite fille. Pendant quelques instants, je continuais d’observer la paroi de glace lisse, vierge de souvenirs qui désormais n’appartenaient à aucune réalité. C’était le symbole de ma victoire ! Plus rien ne m’empêcherait désormais, pas même les protestations des Picéaerd dans l’Hellheim, sans leurs précieuses Anna, ils ne sont rien ! Oui ! Anna Picéaerd, qu’importe la génération n’est plus ! Je me répétais à l’envie cette phrase ! Quelle douceur ! Anna n’est plus ! Anna n’est plus !... Anna…


Les contours de la paroi givrée s’animèrent à nouveau. Je fus parcouru d’un frisson, la vie reviendrait-elle ? Non c’était impossible ! Mais avant même que je ne puisse agir je me sentis comme happée pour survoler un monde froid et forestier. Au bout de quelques instants, ce monde me parut familier avant qu’un frisson ne me parcoure l’échine. Les contours d’un humble village de bucherons et ce sentier vers une cabane abandonnée c’était… C’était le lieu de mon enfance ! Mais pourquoi diable Ahtohallan m’avait-il emporté sans que je ne lui demande rien en ce lieu auquel je n’avais pas pensé depuis des siècles ? Des bruits dans le village désert me rappelèrent à la réalité de l’instant. Des plaintes d’un très jeune enfant… L’un des bruits que je détestais le plus en ce monde !


« Encore un sale gosse capricieux » Pensais-je. Ma nature profonde de mère fouettarde durant des siècles reprit le dessus, Plus que ma curiosité pour le lieu, ou l’avènement de mes desseins envers les Picéaerd, la possibilité de corriger un enfant désobéissant fut la plus forte. En hâte, je me mis en quête de la source du bruit et finit par en trouver les origines. Sur ce qui était la grande rue du village, si tout au moins on pouvait nommer cela une rue. Une femme, d’un pas déterminé trainait derrière elle une fillette en pleurs à peine sortie des langes. L’enfant était encore très jeune, son pas n’était pas encore très assuré encore moins lorsqu’il s’agissait de suivre celui d’une adulte sur un parcours enneigé. Par principe, je me trouvais toujours du côté de celui qui châtie même si l’âge très juvénile de l’enfant m’inspirait une certaine retenue et compassion.


« Tu te rouilles ma vieille Emma » Pensais-je.
-Ah mais tu ne vas pas traîner en plus Emma ! Plus vite que ça ! Vociféra la femme.


Quoi ?... Emma ? J’étais toujours intriguée lorsque l’entendais mon prénom être prononcé. Quoi qu’il en soit, cette mère paraissait bien furieuse vis-à-vis de sa petite au nom familier, je voulais en savoir davantage et les suivit sans m’apitoyer sur les gémissements de cette enfant.


-ça suffit les jérémiades ! Avance ! Tout ce chemin jusqu’ici c’est ta faute ! Je ne resterai pas longtemps alors on se dépêche ! Lança la mère sans pitié.


Ah, ces gens n’étaient pas d’ici… Cela ne m’étonnait guère, après tout j’avais de tout temps surveillé les garnements de cet endroit perdu des Terres Gelées jusqu’à l’extinction du village… Une mauvaise fillette nommée Emma, forcément je m’en serai souvenue !


-Mama… Bredouilla l’enfant maîtrisant à peine la parole au milieu des pleurs…
-Arrête de m’appeler ainsi ! Pas de Mama qui tienne ! Tu es le mal sale petite ! Je t’avais prévenue ! Tu es le mal incarnée ! Incapable de ne pas rester sans faire la moindre bêtise, le moindre caprice ! Il est temps de payer maintenant !


D’ordinaire j’applaudis des deux mains les parents qui décident de sévir pour redresser les torts des têtes blondes. Un comportement si rare par les temps qui courent et je ne rechigne jamais devant une sanction sévère tant qu’elle reste juste mais, c’était bien la première fois au cours de mes siècles de service où j’avais en moi le sentiment d’un châtiment trop sévère. L’enfant était si petite, presqu’encore un bébé, elle ne devait même pas avoir trois ans ! Je ne suis bien sûr pas femme à défendre l’idée d’excuser l’âge trop juvénile, la discipline et la rigueur sont des vertus qui doivent être inculquées dès les premières secondes de vie à n’en pas douter ! Néanmoins, même pour moi, la retenue peut être de rigueur. Cette mère qui montrait tant de colère, sans aucune compassion, à trainer l’enfant ainsi, si loin de son logis… Les griefs sont évoqués, une mauvaise fille, certes mais quelle terrible action une si jeune enfant avait-elle bien pu commettre pour mériter ce traitement ?


Toujours plus intriguée je continuais à suivre de loin cette scène surréaliste et je sentis mon cœur mort se serrer. La mère et la fille venaient de pénétrer dans la cabane… Ma cabane !!! Sans ménagement, la mère poussa son enfant à l’intérieur. La petite fille trébucha mais chose surprenante, elle ne pleura pas. Comme si elle avait compris que les suppliques du chemin n’auraient définitivement aucun effet, elle se contenta stoïque de fixer l’adulte.


« Quel regard buté… Têtue la marmaille ! Je comprends mieux, il vaut mieux agir dès maintenant, bravo madame ! Continuez ! » Lançais-je satisfaite même si je savais que ma présence spectrale ne pouvait être ressentie par autrui.


J’en profitais pour détailler un peu plus ces curieux voyageurs. Et dire que cette scène avait eu lieu chez moi ! Mais comment ai-je pu manquer pareille scène ? L’enfant ne m’intéressait guère. Une sale petite morveuse de plus, j’en ai rossé des milliers comme elle enfin… Non… Aussi jeune, pas tant que ça. Mais qu’importe ! De toute façon, pourquoi la regarder, j’ai probablement dû plus tard lui offrir moi-même une cuisante visite ! Mais qui est cette maman qui agit avec tant de sévérité ? La femme était drôlement vêtue pour nos contrées. Cela trahissait son origine étrangère ! Hélas ! Si une telle femme avait vécu auprès de mes terres, sans doute nous serions-nous associées pour devenir les meilleures amies du monde quand je vois comment elle peut agir. Non cette femme venait de loin, le style n’était pas sans rappeler ceux des royaumes bien plus au sud que le pays Northuldra ou Arendelle. Cette femme et sa fille avaient donc réalisé un très long voyage, de plusieurs jours voire semaines ! Et pourtant la mère parlait de ce trajet comme d’une punition. Voilà qui m’interrogea grandement. En tant qu’experte en la matière je prônais la plus grande sévérité mais toujours avec un but, une raison à la sanction mais de là à traverser la moitié du monde pour punir une fillette encore en âge de mouiller son lit quel intérêt ?


« Enfin, nul n’est parfait, je ne vais tout de même pas jeter la pierre à un adulte qui agit… » Soupirais-je, bien que je sois surprise, car au fur et à mesure que les reproches abondaient vers l’enfant je tendais à prendre peu à peu le parti de la morveuse.


-Tu es le mal Emma ! Tu brises la famille ! Enfin je vais me libérer de toi ! Toi que je n’ai jamais voulu ! Toi qui ruines tout ! Tu es une mauvaise fille Emma ! Une très mauvaise fille ! Tu vas rester là tant que tu ne seras pas devenue la bonne fille que tu dois être ! Adieu ! Lança acerbe la mère avant de tourner les talons et jeter à la tête de la fillette un chiffon rouge.


Soudain tout s’arrêta et je restais figée… Cette situation qui ne me disait rien, pourtant là où j’avais grandi c’était… Machinalement ma main glissa dans ma poche pour toucher le textile qui jamais ne m’avait quitté. Tremblante je sortais de sa cachette ce qui était mon plus ancien bien. Un chiffon usé par le temps qui m’avait servi de doudou… Un chiffon… Non ! Pas un… C’était ce chiffon que cette femme odieuse venait de jeter à la tête de cette enfant ! Pas cette enfant !... Moi !!! Toutes mes certitudes venaient de voler en éclats. Je n’avais plus que du dégout pour cette femme méprisable. Peu importait si aussi jeune j’avais pu commettre quelque bêtise, aucune, si grosse soit-elle ne méritait la punition qu’elle me donnait ! Choquée, je la regardais s’éloigner et mon moi du passé soudain recommença à pleurer. C’était peine perdue… Je savais que j’étais une orpheline, mes plus lointains souvenirs remontaient à cette cabane. J’ai pensé que mes parents avaient dû périr… Jamais je n’avais imaginé qu’on ait pu m’abandonner !


-Madame !! Madame !!! Votre bébé !!! Vous l’oubliez !!!


Mais quelle était cette voix ? Surprise, je détachais mon regard de mon visage inondé de larmes et le tourna vers le monstre qu’était ma génitrice. Celle-ci fusilla un jeune garçon du regard. Cet enfant aussi m’était familier, ce petit court sur pattes ventripotent… ça ne pouvait être que Pierre !


-Dégage de là microbe ! Hurla la femme en giflant Pierre. Je n’ai pas de bébé ! Je n’en ai plus… Je n’aurai jamais dû l’avoir ! Ne me suis pas morveux ! Tu es comme elle ! Un rejeté du monde !
-Ma… Mama…. Mama Anna… Pleura ma version enfant.
-Tais-toi ! Il n’y a plus de Mama Anna ! Pas pour toi ! Les mauvaises filles n’ont pas de mama Anna ! Les mauvaises filles sont punies ! Lança l’être cruel sans un regard avant de disparaître dans le brouillard.


Sidérée, incapable de me mouvoir, j’observais le garçonnet s’approcher de ma version enfant et me couvrir avant de m’aider à rentrer.


-Allez… Calme-toi, calme-toi petite….
-Mama Anna… Mama Anna…
-Chut ! Ne dis rien ! ça n’existe pas Mama Anna ! Tout ça n’existe pas… Tu fais juste un cauchemar ! Ne t’en fais pas… Je suis avec toi… Je suis ta famille…
-Emma… punie… Emme punie ! Punie… Punie enfant… Punie…Vilaine…
-Emma ?... C’est ton nom ? Mais non tu n’es pas punie, tu n’es pas vilaine…
-Vilaine… Enfant punie !... Punie… Continuais-je de répéter.


Le vent glacé me rattrapa et je me sentis partir. L’instant d’après j’étais de retour dans l’Hellheim… J’observais avec attention la paroi de glace, j’avais besoin de quelques minutes pour comprendre ce que je venais de voir… Moi ! Abandonnée, Pierre… et… Mama Anna… Mama Anna !!


Je ne pus m’empêcher d’éclater d’un rire incontrôlable… C’était donc ça ?! Et Pierre ! Oh le petit mécréant qui s’est bien chargé de tout me faire oublier ! Oh lui aussi aura bien mérité de subir ma vengeance ! Je ne pouvais me souvenir, mais lui avait au moins 4 ans ! Lui devait se souvenir ! Et Anna… Anna ! Voilà pourquoi j’ai eu ce prénom en tête quand j’ai dû donner un nom à ma propre fille ! Mon esprit qui avait alors voulu me jouer un tour cruel !... Moi, si sévèrement punie par une Anna, voilà pourquoi j’étais incapable de sévir contre ma propre fille ! Ce prénom qui aura toujours causé mon malheur ! Voilà pourquoi je déteste tant celles qui se nomment ainsi !


-Emma ! Espèce de sale garce ! Qu’est-ce que tu nous as fait encore ?! Qu’as-tu encore manigancé ?! Tu vas me payer ça ! Déjà la prison dans l’Hellheim c’était limite mais tu t’es surpassée cette fois ! Fâcheuse ancêtre ! Va ! Je t’en ficherai moi qu’elle ait changé ! Pierre est vraiment un crétin d’y avoir cru !... Comme nous tous... oh oui ! Qu’est-ce qu’on est tous bêtes.


Ah voilà une autre voix familière qui me ramena au présent. L’erreur de la nature ! La fille qui n’aurait pas dû vivre ! La rejetonne d’Anna d’Arendelle, celle-là même à qui je venais d’offrir en compagnie de sa grand-mère un aller simple pour les limbes. Oh cette petite sotte s’énervait comme une puce. Je n’avais pas été subtile dans ma manière de faire, même cette stupide créature m’avait démasquée mais je n’en avais que faire. Qu’elle s’agite seule dans son coin, un petit claquement de doigt et facilement voilà que je pouvais l’enfermer quelques instants dans un piège brumeux. Incroyable qu’une Picéaerd se soit fait berner si facilement, définitivement, une erreur de la nature.


Avec ma discrétion habituelle, je profitais du chaos pour aller voir mon œuvre… Ce que je vis me contraria au plus au point, cette morue d’Anna Picéaerd résistait encore et toujours ?!... Dans le fond pourquoi en étais-je contrariée ? Non, après tout, ça aurait été décevant de sa part de ne pas lutter, la victoire n’en sera que plus douce. En quelques instants, je pouvais percer à jour son plan… Les autres sont tellement bavards ! Incapable de conserver une information ! Cette famille était si pathétique ! Ainsi, cette mégère espérait encore pouvoir réussir en renvoyant à nouveau tout le monde ? Décidément l’âge lui aura ramolli le cerveau ! Tenter à nouveau de tout réparer avec un énième retour vers le passé…si prévisible !... Et si utile ! Quelle merveilleuse idée ! Ma victoire totale mettra un peu plus de temps, mais elle n’en sera que plus belle, voilà une occasion fabuleuse de me venger de ce qui alimentait ma haine et dont je venais de découvrir le nom ! Je vais faire honnir Anna !


-EMMA MONTRE TOI SALE FROUSSARDE ! C’est ça ! Cache toi ! Tu n’as toujours su faire que ça espèce de cruche !


J’ai failli l’oublier celle-là !... Elle faisait bien de se faire remarquer ! J’allais pouvoir m’amuser un peu !


-L’espèce de cruche a encore des facilités à te faire taire, petite pimbêche insupportable ! Renchéris-je en lui cousant la bouche. Voilà qui est mieux !

Elle tentait vainement de continuer à parler, s’agitant comme une mouche prise dans la toile, si pathétique !

-Bouuuhh mais quelle vilaine gamine ! Tu vas avoir ton nom sur la liste du père Fouettard à coups sûrs si tu t’entêtes à manquer de respect ainsi à tes aïeux ! Oups...Déformation professionnelle, il est vrai que ce n’est plus moi qui me charge de cette tâche ! Hum...Et si je ne me trompe pas ça ne sera pas cette chère Anna Piceaerd non plus cette année !



C’était une des toutes premières fois que je prenais un plaisir coupable à tourmenter une personne sans raison. Elle était la fille d’Anna… Si je la blesse, je blesse Anna ! Quel plaisir ! Oui, je voulais jouer et lui rendit la parole…
Sa conversation était à l’image de sa colère. Médiocre, sans passion, sans force. Que cette fille pouvait paraître fade. J’en avais presque pitié pour celle que j’avais envoyé dans les limbes. Heureusement qu’elle n’avait pas pu connaître cette fille ! A la longue, elle n’aurait pu que constater ses capacités plus que limités, son esprit faible, indigne d’une Picéaerd… Oui, cet oisillon perdu n’aurait dû être qu’une source de déception. Je me surpris à me comparer à cette pauvresse. Oui elle et moi avions ça en commun. Deux filles, déception d’une mère nommée Anna. Deux filles qui auront grandi sans la présence maternelle.

« Oui petite, tu seras ma marionnette… Et tu seras incapable de t’en rendre compte, sotte que tu es ! » Pensais-je pour moi-même alors que je m’amusais à répondre à sa colère, puis lui permettre d’agir comme son arrière-grand-mère souhaitait… En retournant dans le passé.


Satisfaite, après son départ, je m’empressais de rejoindre la paroi d’Ahtohallan. Cet endroit allait devenir mon lieu favori dans les jours à venir. Cette mégère veut tout réparer dans les vies, dans ce cas moi, je ferais tout pour rendre les dernières Anna de ce monde détestables ! Oui, désormais tout était clair ! J’allais rendre le cœur de cette petite peste aussi noir que le charbon qui devait servir de cœur à ma génitrice.

Impatiente je commençais à faire défiler devant mes yeux les différentes vies où j’allais pouvoir contaminer Anna, mais l’une d’elles m’attira rapidement…


« Salut toi ! » Soufflais-je alors que je remarquais le petit oisillon… Oui ! J’allais commencer par ici et en profiter pour tourmenter cette idiote ! Ma mère m’avait abandonné arguant que j’étais vilaine… Eh bien qu’il en soit ainsi ! Et ma première victime allait être cette Helga de pacotille !
Avide je l’observais, manquant de m’étouffer de rire alors qu’elle apprenait que sa mère était profondément endormie… J’avais presque oublié ce détail. C’était si bon. Les autres dévisageaient Helga telle une intruse ne la tolérant que pour réveiller leur précieuse Anna. Cette fille était rejetée, comme je l’ai été.
Allons ! Je tâchais de me reconcentrer, cette idiote allait réveiller sa mère. Ça sera là mon point de départ mais… Non ça n’était pas possible ! C’était un doux rêve auquel j’assistais alors qu’un fou rire me gagna.


« Cette petite sotte ne parvient même pas à la réveiller ?! Du chamanisme de base ! Même l’autre imbécile heureux d’Elysia Sappos, avec un peu de bonne volonté aurait pu réussir j’en suis certaine! »


Je la savais stupide, je n’osais pas imaginer à ce point… Cette pauvresse allait elle-même se damner… Oui c’était un plan parfait ! Laisser cette idiote sombrer d’elle-même dans la médiocrité, se mettre au ban de la famille, n’être qu’une déception, cela sera une parfaite accroche pour noircir le cœur de la garce une fois qu’elle se réveillera.


La médiocrité de cette enfant était vraiment distrayante et je préférais oublier le temps alors que je me délectais de la voir chaque jour sombrer davantage dans l’échec. Incapable de se révéler digne de sa lignée en tant que chamane ou en tant qu’enseignante, elle avait su en quelques semaines créer autour de son être une vague de déception voire de mépris. Comme il était doux d’observer la communauté Northuldra questionner Iduna pour être certains qu’Helga prenait les bonnes décisions. Voilà une douce punition pour cette ange de l’air, elle qui avait toujours détesté la fonction familiale se retrouvait obligée de l’assumer sans même s’en rendre compte, reniant ainsi ses principes les plus profonds!


Je finissais par en avoir mal aux côtes à force de me gausser des malheurs de cette idiote mais je ne devais pas oublier ma propre mission. Je ne doutais pas que cette erreur de la nature pourrait sans problème mener à bien mes plans par ses seules maladresses mais j’avais un projet bien plus global, il me fallait donc impérativement accélérer les choses.


« Ma petite, tu vas apprendre ce que ça fait d’être moi… une fille rejetée » Minaudais-je pour moi-même.


J’avais mon idée. Après tout, j’avais toujours mes privilèges de mère fouettarde. J’avais beau avoir soi-disant passé la main, il était hors de question de laisser mes pouvoirs et parmi ceux-là, tourmenter les songes des petites têtes blondes était l’un de mes pêchers mignons et j’avais avec les filles d’Elsa d’Arendelle, des cibles de choix. Voyons, une petite fille modèle et une chipie… Inutile d’hésiter, j’ai horreur des filles modèles. Enfant trop parfait pour jamais tomber dans mes griffes mais souvent, parfaitement faux ! D’ordinaire je me serai assuré que cette petite Kirsten avait quelques défauts mais désormais je n’en avais cure, je devais être à la hauteur de la réputation que m’avait donné ma génitrice en m’abandonnant. Il était plus que temps d’aller modifier le songe de cette petite.

A peine entrée en elle, j’eu des hauts de cœur… Voilà que cette greluche ne rêvait qu’à une leçon de sa mère religieusement écoutée et notée d’une belle écriture soignée… Quel concentré de niaiserie. Bien à moi de jouer maintenant ! Avec un petit tour de passe-passe, il allait être facile de changer les propos de la leçon.
Satisfaite, j’écoutais cette pimbêche d’Elsa d’Arendelle.


« Kirsten, sache que la vérité est plus précieuse que tout, et une âme honorable se doit de la dire haut et fort sans détour. Même si cette vérité peut déranger, même si cette vérité peut blesser un proche ou un parent, il faut la dire. Tu dois dire ce que tu penses profondément !
-Même sur la famille maman ?
-Même sur la famille Kirsten ! Souligne le bien sur ta feuille ! »


Je m’arrêtais là et observais satisfaite l’élève modèle parfaitement appliquer la leçon… J’en aurai presque pleuré de joie en l’entendant annoncer le plus calmement du monde à sa sœur Helga qu’elle était incapable d’aider qui que ce soit. Tout ceci était parfait, mais il fallait que cela aille plus loin… Il ne fallait pas qu’Helga réussisse à réveiller sa mère avant qu’elle ne touche le fond ! Alors autant continuer à tourmenter les songes de quelques enfants. Rapidement je me tournais vers les jumeaux de la petite garce d’Anna… Mais non, eux ça n’était pas utile. Deux imbéciles, capricieux et querelleurs. Mes clients parfaits ! Oh quelle joie ! Anna comme tu fais une bien mauvaise mère ! Une fille que tu n’as pas élevée si médiocre en tout et deux garçons immatures. Oh comme je pouvais apprécier son sort à la voir ainsi dormir et savoir que son âme était piégée dans les limbes. Elle subissait ce que ma génitrice méritait, ce que toutes les Anna Picéaerd méritaient, et ça n’était qu’un début ! Avec en victime collatérale, sa fille Helga ! Oui, désormais, je savais qui tourmenter !
En plus d’être une chamane exécrable elle n’avait pas non plus en elle ce qui faisait une Piceaerd, la fibre enseignante ! Et voilà, tourmenter une petite classe de Northuldra décérébrés pour la mettre toujours plus en difficulté, rien de plus aisé pour moi !


Je n’éprouvais aucun remord à mal agir si gratuitement, dans le fond, je ne fais qu’accélérer les choses avec cette erreur de la nature ! Pensais-je en me délectant de la défiance de tous envers elle, et plus encore de son galant ! Un autre être stupide et si rempli de bons sentiments mielleux comme pouvaient l’être Pierre…

Pierre…

Une fois encore, la paroi d’Ahtohallan changea sans que je ne lui demande rien et quelques instants plus tard je retrouvais la fillette que j’étais. J’avais grandi alors que je me réveillais dans mon petit lit miteux. Des petits chocs à ma porte m’arrachaient définitivement des bras de Morphée aidé par le rire jovial de mon compagnon d’infortune.


« Ho Ho Ho ! Joyeux anniversaire Emma !”


Le sourire niais de cet enfant déjà en surpoids, chose incroyable pour les pauvres orphelins que nous étions me réchauffait le cœur. C’était la seule figure amicale que je connaissais qui me réconfortait quand au dehors, tous me rejetaient et me tournaient le dos à moi, la gamine orpheline que personne n’avait voulu. Je vivais dans l’inconnu, personne n’avait pu me parler de mes parents, personne ne savait rien, personne ne voulait m’aider pour quoi que ce soit… Sauf Pierre. Lui il s’amusait de mes réflexions, il me trouvait intelligente, sincère. Il était même reconnaissant que je partage son quotidien.

Quelle absurdité pensais-je ! Cela aurait dû être l’inverse ! C’était lui qui m’avait tendu la main après tout ! Mais qu’est-ce que je me racontais la ?... Je n’avais pas le temps de sombrer dans la faiblesse !

Peu importait, ce matin-là, il m’avait apporté une miche de pain frais en guise de gâteau d’anniversaire ! Sans doute avait-il dû se priver de plusieurs repas pour se permettre une telle folie financière pour moi. Mon vieux cœur n’en était cependant point attendri, cela avait dû lui faire du bien à ce gros lard de jeûner un peu. Quand on savait ce qu’il allait devenir, il aurait sans doute dû économiser davantage encore ! Quel père noël de pacotille !

Père Noël…

Père Noël…


Je luttais et chassais ce vieux souvenir pour revenir à mon observation, prête à tourmenter ma souffre-douleur favorite.


Père Noël…

Léon !...

Quelle vision d’horreur alors que je me replongeais dans la vie, je tombais nez à nez avec le prétendant d’Helga… Ce fameux Léon…Je m’amusais à me rendre compte que le prénom de ce dadet était en réalité l’anagramme de Noël… Moi qui pensais à Pierre et lui qui avait les mêmes expressions d’ahuri… Parfaite raison de le détester aussi celui-là !


Allons, il valait mieux se concentrer et poursuivre mon entreprise de destruction ! Encore une fois, Helga me gâtait de son incompétence ! Cette gourde se montrait incapable de se rendre compte de son état depuis plusieurs semaines ! Quelques-uns dans la communauté l’avaient déjà deviné, mais pas cette enquiquineuse d’Iduna… Oh comme sa mère Anna serait déçue de la voir incapable de déceler ce genre de choses ! Encore une fille d’Anna qui déçoit !...
Non ! Hors de question de me trouver quelque point commun avec celle-là ! Surtout qu’elle demeurait mon principal obstacle. Pour l’heure, elle se refusait à tourner le dos à Helga, à se lasser de sa médiocrité. Sous couvert d’une fausse sévérité, elle demeurait la protectrice d’Helga, elle demeurait ce lien familial elle… Non !!! Elle l’aide même à découvrir son état !
C’était impossible ! Décidément cette peste d’ange de l’air n’existait que pour me contrarier !
Je me renfrognais déçu ede la voir redonner espoir à Helga alors qu’elle s’attardait sur les plages grises, rejoignant la cabane qui avait vu sa conception en compagnie du nouvel homme de sa vie.

« Cette salope me doit une distraction !... Oh si la naine savait ce que je m’apprête à faire » Dis-je pour moi-même. Ce pot de colle de Nordlys trop court sur pattes m’avait contaminé avec sa lubie à vouloir observer les couples… Peut-être arriverais-je à compromettre Iduna, tentais-je de me convaincre.


Discrètement, je pénétrai dans la pièce, bien que personne ne puisse remarquer mon état spectral et à nouveau, la déception fut grande. Iduna et Antoine étaient bien sagement attablés à contempler le littoral par la fenêtre, un verre d’un hydromel vieilli en fut à la main.


-Alors comme ça Helga est enceinte… Eh bien ça n’est pas trop tôt !
-Quoi ? Antoine ! Tu n’es pas surpris ?
-A moitié ma chère… Quand tu entends les commérages du village, cette nouvelle n’a rien de sensationnelle…
-Les commérages ? Quels commérages ? Je me refuse à donner du crédit à ces allégations de bas étage !
-Oh Iduna… Majesté…
-Non Antoine, je ne veux pas m’abaisser à écouter les ragots !
-Je discutais surtout avec Beata et Laïka… Fit Antoine en sirotant son verre.
-Elles… savent….
-C’est leur métier… Et elles sont douées dans leur domaine.
-En effet, pas comme cette pauvre Helga hélas… Soupira Iduna en buvant à son tour.
-Oh… Elle débute, comme tu as pu lui dire, d’autres avant elle ont eu besoin d’aide…
-Un pieu mensonge Antoine…
-Pardon ?
-Ma mère, mes grands-mères… Si elles ont pu avoir quelques difficultés je dois t’avouer que je ne saurai dire quand ni quoi, mais quoi qu’il arrive, jamais ça n’a été d’aussi grosses lacunes !
-Oh tu dois noircir le tableau…
-Antoine, elle était incapable d’effectuer le rite pour voir si elle était enceinte !
-Oui et alors, je ne sais pas le faire non plus. Fit l’homme en dégustant son alcool.
-Et tu n’as jamais été chamane non plus… Même mon père savait faire ça ! C’est un rite basique ! Même moi je l’ai réussi sans difficulté pour notre petite Lucia et pourtant je n’ai officiellement jamais pratiqué le chamanisme…
-Eh bien… On ne peut pas être toujours excellent…
-Il y a une différence entre ne pas être excellent et être mauvais Antoine… Et hélas pour Helga, son poste le lui interdit…
-Oh tu dois dramatiser… Qu’elle soit une enseignante exécrable, ça d’accord je pense que personne ne pourra la défendre sur ce point. Tu sais à quel point je peux défendre les causes perdues mais là je n’essaie même pas, mais niveau chamanisme c’est autre chose, ça ne se mesure pas ça…
-Justement Antoine, puisque tu parles d’école… Il faudrait agir.
-Si l’on veut éviter que les gamins s’entre tuent et ne deviennent idiots oui je te le confirme… Tu pourrais la former !
-Je ne suis pas enseignante…
-Tu as bien fait la préceptrice pour Anna et Elsa…
-A vrai dire, j’avais bien pensé à dispenser moi-même quelques leçons aux enfants pour décharger quelque peu Helga… ça lui permettra de se concentrer sur moins de matières…
-Et tu veux savoir si je peux m’occuper un peu plus de Lucia et Kaspian pour te dégager du temps ? Aucun problème, tu sais bien que j’adore être un papa gâteau !!!! Faudra pas m’en vouloir, je ne peux pas résister à ses yeux je préfère le dire tout de suite !
-En fait, il faudrait que toi aussi tu donnes quelques leçons… Sur le droit
-Oh ?... Oui pourquoi pas mais… Je te l’ai dit, si les gosses décident de me faire leurs yeux de chien battu je ne résisterai pas…
-Tu crois que ça sera pire qu’Helga ?
-Allons Iduna, tout de même soyons sérieux !
-Alors c’est parfait… Je demanderai à Beata, aux pisteurs et à Yelena de donner quelques leçons également…
-Iduna…
-Quoi ?
-Si Beata, Yelena, les pisteurs toi et moi donnons des leçons… En somme nous retirons complètement la classe à Helga… Est-ce une bonne chose ?
-Pour elle ? Sans doute pas ? Mais pour la communauté…. Je ne sais pas quoi faire d’elle Antoine… Fit Iduna en se servant à nouveau.


En hâte je quittais cette vie pour me réjouir. Quelle bonne intuition avais-je eu finalement d’aller épier Iduna… Elle aussi était en train de dénigrer Helga. C’était bien trop facile, le fruit n’allait pas tarder à être juste pourri à souhait pour envenimer le cœur de la belle endormie…

Que la petite sotte se réjouisse, j’allais la laisser tranquille quelque peu, après tout, il y avait d’autres vies d’Anna à aller ruiner ! Pensais-je diabolique.

Chapitre 2 : L’adversaire


« Allez Emma, sois rigoureuse ! »
Une fois encore je me répétais cette phrase mais chaque fois mon plaisir coupable demeurait le plus fort. Tant pis, je retardais quelque peu mes projets mais cette famille dans l’Hellheim était tellement aux abois ! Plus doux encore, tourmenter cette erreur de la nature qui chaque jour voyait sa crédibilité remise en cause, comment résister à ce désir coupable ? C’était bien là une faute que la mère fouettarde aurait dû corriger il est vrai mais, comme ma chère mère me l’avait annoncé lors de mon abandon, je n’étais qu’une mauvaise fille alors… Alors autant s’amuser encore un peu. Et comment manquer la grande nouvelle ? Le déchet de la famille allait une fois encore décevoir en annonçant ses fiançailles précipitées.
L’hilarité me gagna face à la mine renfrognée de cette insupportable reine de neiges, même si pour une fois, elle pouvait me paraître presque sympathique. Après tout, quiconque se charge de faire se sentir mal ma victime préférée devenait mon allié. Ah quelle joie ! Si seulement cette pimbêche blonde savait qu’en blessant toujours plus sa nièce, elle servait mes plans. Cette famille était décidément pathétique. D’extérieur elle paraissait être un modèle, une inspiration pour tous, mais tout ici n’était que pure hypocrise.

Une fois encore, alors que ça ne m’était plus arrivé depuis des jours mon univers changea et je me retrouvais à nouveau transportée dans mon passé lointain. La fillette que j’étais gambadait dans le village toujours en rasant les murs. Les orphelins que nous étions avec Pierre n’étaient jamais les bienvenus au sein de la communauté sauf auprès d’une femme et ses enfants. Je tâchais de fouiller dans ma mémoire mais leur nom m’échappait. Cette jolie famille était en symbiose, douce et aimante. La mère était l’image même du parent aimant et responsable. Je voyais bien que la petite que j’étais l’admirait mais moi je la méprisais, elle était l’image de la perfection comme ces casses pieds de dernières générations de Picéaerd « Et regardez comment moi Anna je suis une grande chamane et je me démène pour ma famille » « Et moi Iduna, comment j’aime mes filles… » Râlais-je pour moi-même ne pouvant m’empêcher d’observer ce curieux parallèle qui me fascinait pourtant enfant. Cependant à nouveau la réalité fut tout autre lorsque la fillette que j’étais finit par entendre cette famille parfaite se gausser lorsque j’ai eu l’imprudence de dire que je souhaitais avoir une famille telle que la leur.
Ces événements s’étaient déroulés il y avait des siècles mais je sentais à nouveau dans ma gorge de goût aigre de toute ma déception. Je savais ce qui allait se passer ensuite… Ce fut à cet instant que je décidais que jamais je ne devais avoir de famille ! Si seulement j’avais écouté ma promesse, si seulement je n’avais pas écouté les tendres paroles de Pierre… Oh non, voilà que le lourdaud arrive ! Non merci, ça suffit les souvenirs pour moi !

D’un geste rageur je détruisis ce présent d’Ahtohallan qui ne m’intéressait pas… La déesse mère n’avait qu’une chose à me montrer, la vie de cette erreur de la nature que j’aimais tant tourmenter. Heureusement j’arrivais juste à temps ! La voilà qui allait une fois encore de tenter de réveiller sa mère. Ah comme il allait être doux de la voir encore se décomposer face à son échec…La pauvre, pour réussir, encore faudrait-il avoir un minimum de talent et… Et si elle réussissait cette fois ?

Une idée venait de traverser mon esprit machiavélique ! Oui, observer cette Helga n’était pas qu’un plaisir coupable retardant mes plans… Non, j’allais pouvoir atteindre Anna encore plus facilement avec cette idiote… « Je vais l’aider à réveiller sa mère ! » Me disais-je. En un rien de temps, je m’immisçais dans son voyage astral, cette andouille était parfaitement incapable de se rendre compte qu’elle ne contrôlait rien ! La tâche fut finalement un peu plus ardue que prévue. La manipuler était aisée mais face à un aussi piètre niveau, il me fallait déployer toute mon énergie pour emporter cette erreur de la nature là où je le désirais pour qu’elle réussisse… au plus près de mes deux grandes ennemies. Qu’importe que ce voyage me fatigue, les voir toutes les deux péricliter dans les limbes allait être pour moi la plus douce des récompenses !
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Le temps n’avait pas de prise dans les limbes. Mamie Anna et sa petite fille se trouvaient-elles à cet endroit depuis quelques secondes ou des années ? Même la plus grande chamane de la glorieuse famille des Picéaerd ne pouvait en donner une réponse claire. Pour autant la matriarche avait le sentiment profond qu’elle se trouvait prise au piège depuis un long moment déjà. A nouveau ses yeux s’ouvrirent alors qu’elle prenait peu à peu conscience de son emprisonnement dans un espèce de cocon qui paraissait la ronger peu à peu. Mamie fit un énorme effort pour rassembler ses souvenirs. Finalement quelques bribes lui revinrent. Les détails de son arrivée ici étaient flous. Elle ressentait une douleur dans la poitrine, et remarqua la profonde blessure sanguinolente. Son regard se tourna vers une autre chrysalide et avec effroi elle vit la seconde prisonnière, sa précieuse petite Picéaerd bien qu’elle ne parût pas être la petite fille qu’elle connaissait. Non cette Anna était bien plus jeune et son aura était entaché de profonds sentiments négatifs… Colère, haine, souffrance… Tout à coup les images se firent plus nettes. Elle, au milieu de ses proches enfin libérés de la prison de l’Hellheim qui s’effondrait, main sur le cœur en même temps que sa petite fille et soudain, appelée d’une autre vie, cette longue chute depuis le barrage Northuldra comme au ralentie et pour dernière vision, le regard dur de l’effrontée endormie qui lui faisait face et l’emportait dans la mort…

Mamie Anna avait reconstitué les pièces de ce puzzle. Ça n’était pas son premier réveil dans la chrysalide, mais chaque fois, elle avait fini par y retourner. Elle observa l’adolescente en soupirant. Il fallait la réveiller et ensuite ?... Ensuite allait arriver une nouvelle dispute entre elles. Un nouveau temps où Mamie Anna allait devoir faire preuve de trésors de patience pour tenter de calmer cette furie rousse. La matriarche s’en voulu d’hésiter, la solitude de cette mort dans le royaume des morts était moins douloureuse que ce qui allait suivre… Elle en profita pour détailler sa petite fille. Cette vision rendit à la grande Anna Picéaerd toute sa détermination. Elle venait de comprendre. Peu à peu les chrysalides semblaient gagner toujours plus leurs corps. Chaque sieste passée, elle et sa petite fille allaient de plus en plus faire partie du néant des limbes… Elle resta amère face à ce terrible constat, fixant la jeune Anna… L’âme de sa petite fille n’était pourtant pas à son premier voyage dans cette tragique prison du monde des morts et pourtant la première fois…. Elle n’avait jamais fait mention de cette absorption progressive de leur âme.

Peu importe, Mamie Anna le savait, elle trouverait la solution. Si sa petite fille avait su repousser ce terrible destin, elle le trouverait à son tour alors qu’elle réveillait la jeune femme qui, comme après chaque réveil, recommença à déverser toute sa fureur contre la matriarche et la famille Picéaerd.


-S’il te plaît Iduna… Je n’ai pas la force de lutter …

Mamie se tût immédiatement alors qu’elle vit sa petite fille rougir toujours plus de colère.

-Iduna ?! Vous osez m’appeler Iduna ?!
-Oui j’ose ma petite Picéaerd. Reprit Mamie qui cette fois ne voulait pas une nouvelle dispute stérile et faisait le choix de provoquer.
-Ne m’appelez pas de ce…
-Nom ?... Pourtant c’est le tiens ma petite Picéaerd ! Et si je t’ai nommée par erreur Iduna… C’est bien parce que justement tu ressembles tant à ta mère.
-Attendez quoi ?
-Avoir en face de moi une jeune fille, la colère, le défi dans ses yeux. Toute son enfance ta mère m’a jeté ce genre de regard dès qu’il fallait parler de chamanisme… Ecoute-moi jeune Anna. Toi et moi ne venons pas des mêmes vies mais…
-Bien sur que si, c’est pour ça que je vous ai tué ! Que j’ai détruit cette famille maudite et bientôt la seule pour qui j’ai de l’importance viendra pour m’en féliciter !
-Bien curieuse idée… Regarde où nous sommes… En un lieu pire encore que tous les enfers qu’un vivant peut imaginer… Quelle curieuse récompense pour un acte si brave comme tu sembles le penser ! Toisa Mamie.
-Elle compte sur moi ! C’est que je n’ai pas dû finir mais bientôt… Fulmina Anna.
-Qui ça « elle » ?
-Celle qui ne me rejette pas !... Lâchez moi !!!

Mamie se rendit soudain compte qu’elle avait agrippé le bras de sa petite fille. L’énervement avait pris le pas. L’impertinence répétée de cette enfant était insupportable, si au dernier moment elle ne s’était pas contrôlée, Mamie aurait alors agi comme elle s’était toujours refusée de le faire auprès de son ange de l’air dont elle reconnaissait le caractère tempétueux et aurait giflé l’enfant face à elle. Au dernier instant elle sut se contenir et concentra son aura sur le bras de sa petite fille. Les ondes négatives envahissaient cette enfant mais Mamie avait réussi par ce geste à dissiper quelque peu les nuages alors que la furie rousse se calma légèrement.


-Celle qui ne te rejette pas… Répéta Mamie avec un sourire. Et toi tu rejettes ta mère Iduna alors que comme elle, tu veux connaître les réponses avant même de savoir les questions !


La matriarche relâcha l’enfant satisfaite. La colère d’Anna s’était quelque peu réduite, l’énigmatique maxime de la chamane avait suffisamment piqué la curiosité de l’esprit rebelle.


-Vous êtes complètement sénile ! Ça ne veut rien dire… Chercher une réponse quand on sait la question… Euh non ce n’est pas ça… Chercher la question quand… Marmonna Anna qui tentait de ressortir la phrase de son aïeule sans succès.
-Trop impatiente… Une soif de curiosité mais pas de calme et de volonté de s’attaquer à la difficulté et même… d’échouer ! Je le redis, même si tu la rejettes, tu es exactement comme ta mère… Comment puis-je savoir cela sur ta mère ? Car avant de le comprendre, j’ai cherché à trouver la bonne question… Pourquoi Iduna refuse le chamanisme !? Cette leçon est gratuite petite ! Je t’en offre même une deuxième. Toi, tu as pourtant envie de l’apprendre, tu réussis quelques petites choses, après tout, n’importe qui avec de l’entraînement le peut avec plus ou moins de réussite… Mais tu ne t’es jamais demandé, pourquoi tu veux l’apprendre ? Et oui, il faut dire que tu t’informes dans un livre… Et cette question n’y est pas écrite !
-C’est n’importe quoi et… Eh mais comment vous savez que j’apprends dans un livre ?
-Tu penses vraiment que je ne sais pas qui l’a écrit ?
-C’est… C’est vous ? Demanda Anna dont la curiosité prenait le pas sur la colère ce qui ravissait la grand-mère.
-Non… C’est ta mère ! Et c’est un bon livre car pour elle, l’écrire était la réponse à la question qu’elle savait enfin se poser « Pourquoi suis-je en conflit avec ma mère ? ». Hélas pour elle, se poser la bonne question est certes une étape particulièrement difficile, mais être capable de pleinement le conscientiser eh bien… pour faire simple c’est peut-être la dernière étape à atteindre pour une chamane… Mais excuse-moi, je ne veux pas t’ennuyer avec ça comme je l’ai fait avec ta mère… Pour ma défense à cette époque, je n’avais pas atteint le même niveau de sagesse, je n’ai pas su voir qu’elle, comme toi n’étiez pas prêtes pour apprendre…ou plutôt… pas digne !


Mamie avait choisi son dernier mot avec soin et la réaction ne se fit pas attendre. Au fond d’elle-même, la matriarche s’en voulait d’utiliser ce stratagème, elle détestait mentir ou manipuler mais le résultat était là.


-Je suis digne ! Vociféra Anna.


« Gagné ! » Pensa Mamie pour elle-même avant de se retourner vers l’effrontée en levant les mains en signe d’excuse.

-Digne ? Pourtant tu m’as tué sans même savoir la question… Fit Mamie en tournant les talons et faisant semblant de s’éloigner.
-Je sais pourquoi…
-Ah oui ?... Me connaissais-tu ? Tu ne m’avais jusqu’alors jamais vu… Tu ne connaissais même pas mon existence….
-Et vous ? Vous vous posez la bonne question aussi ? Pourquoi est-ce que je veux détruire cette famille ? Parce que je suis rejetée… Et que faîtes-vous ici ?... Vous me rejetez…


Mamie s’arrêta avant de la dévisager. Sa petite Picéaerd était bien là, enfouie sous toute ces sombres pensées… la petite fille qui devait la succéder était bien là… Avec la même pertinence.


-Touchée petite ! Bien, dans ce cas… Je te propose un jeu…
-Vous pensez que j’ai envie de jouer…
-Te demandes-tu ce qu’est le jeu et pourquoi je le propose ?...
-Je…
-Pour la petite histoire, c’est ma mère… Elle s’appelait Helga Picéaerd qui me l’a appris. Comme toi, pendant une grande partie de sa vie elle s’est sentie rejetée, incomprise, mal dans sa peau ! Son embonpoint dont elle avait parfois honte ne l’aidait pas. Le rejet se faisait sentir d’autant qu’elle subissait les quolibets de ses congénères du fait de cette différence mais au fond d’eux… Tous savaient que ma mère était aussi bonne chamane qu’elle était grosse. Et tu peux me croire… Elle l’était !
-Super… Si c’est pour m’apprendre que j’ai une aïeule obèse c’est génial, qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ?
-Eh bien… la prise de poids est héréditaire… Sourit Mamie en montrant ses hanches… Tu vas peut-être trouver là, une raison suffisante de me détester pour expliquer ton geste…
-Attendez quoi ?
-Je plaisante… Mais c’est par ce jeu qu’elle m’a appris… Je peux te montrer.
-Sans façon…
-Dans ce cas j’ai raison… pas digne…
-JE SUIS DIGNE !
-Alors joue avec moi ! Regarde, tu as deux possibilités. Soit j’ai raison et avec ce jeu tu vas apprendre quelque chose sur le chamanisme, toi qui veux prouver que tu es digne. Soit tu as raison, ce jeu est une perte de temps et dans ce cas… Tu trouveras ta question ! Dans tous les cas tu es gagnante. Et si je devais ajouter une observation… Il n’y a que toi et moi ici, si tu comptais prendre le thé avec la fameuse « elle » dont tu parlais, je crains que tu ne doives revoir tes plans…


De mauvaise grâce, l’adolescente, imita sa grand-mère et se mit dans la même position qu’elle. Mamie s’empressa alors de lui expliquer les règles. Chacune à leur tour devait toucher du bout des doigts l’autre pour se connecter à leur aura et ainsi découvrir les sentiments profonds et les pensées qui les parcouraient. Anna n’était guère convaincue mais se laissa faire…


-Allez ! Commence ! Encouragea Mamie qui s’efforça de penser à son époux. Elle voulait que la réponse soit la plus évidente possible.
-Vous pensez à mon grand-père… Se contenta froidement de répondre la furie rousse.
-Bravo ! Tu gagnes cette partie… Bien à moi maintenant !
-Quoi ? Non ne me touchez pas !
-Pourtant c’est l’intérêt du jeu… Pour mieux cerner les autres, il faut aussi savoir se dévoiler…
-Inutile, j’ai réussi à vous percer sans…
-Bien… C’est ta première partie alors… Je pense que ma mère ne m’en voudra pas de changer les règles… Je te propose de réessayer… Puisque tu penses avoir la bonne question pour me percer et donc pas la nécessité de chercher ce que je te conseille que risques-tu ?
-Rien à part vous faire taire !


Anna tenta à nouveau de percer l’aura de sa grand-mère mais ne se rendit pas compte que la matriarche coupait toute communication entre elles. La jeune fille retira sa main déçue, incapable de lire la moindre pensée… De mauvaise grâce, elle dût accepter la règle de sa grand-mère et se laissa pénétrer. Il n’était pour autant pas utile à Mamie Anna de se connecter aux chakras de sa petite fille pour deviner ses pensées. Sa fureur était si forte que n’importe qui sans même être chamane pouvait la ressentir mais la matriarche jouait à son jeu à un tout autre niveau. Sa question était plus profonde, elle voulait savoir, pourquoi cette version de sa petite fille qui pourtant dans chaque vie lui vouait une admiration sans faille se montrait ici sous son plus mauvais jour. Pour cela, il ne fallait pas éveiller les soupçons de la furie rousse. La grand-mère se contenta de quelques déductions approximatives puis s’efforça d’être un véritable livre ouvert lorsque c’était à Anna de jouer. La jeune femme se laissa prendre rapidement au jeu. Il faut dire qu’elle gagnait facilement la confrontation et son esprit de compétition prenait le pas sur sa méfiance. Mamie jubilait. A chaque tour, elle parvenait à découvrir toujours plus sur cette curieuse version de sa petite fille sans en piper mot.


-Vous pensez que vous avez été nulle comme professeur avec ma mère car vous ne lui avez jamais présenté ce jeu ! » Jubila Anna fière d’être si douée dans cette confrontation.
-C’est… C’est tout à fait pertinent. Souffla Mamie


La matriarche était partagée. A la fois impressionnée que sa petite fille ait pu percer un sentiment vrai qu’elle dissimulait sous des réponses bien plus évidentes mais aussi inquiète. Anna ne devait pas découvrir la véritable motivation de mamie à jouer à ce jeu. Qui plus est, au bout de quelques tours supplémentaires, Anna dont l’impatience reprenait le dessus souhaita arrêter.


-Allez ça suffit… De toute façon j’ai gagné… Je sais juste que vous n’êtes pas si douée que ça. A part dire que je suis en colère vous êtes incapable de trouver quoi que ce soit sur moi. Alors que j’ai parlé de toutes vos envies, de mon grand-père, de votre passion pour les silex des montagnes de votre pays… D’ailleurs c’est quoi l’intérêt de cette passion ?
-Hein ?... Oh euh… C’est… mon côté minéral… Répondit en hâte la grand-mère qui cherchait une excuse à cette passion inventée de toute pièce.
-Ridicule ! Comme ce jeu…
-Ah… Mais attend, tu n’as pas résolu l’énigme finale !
-Quoi ?
-Oui, maintenant que tu as toutes les informations… Tu dois pouvoir percer ce que tout ceci signifie et dit de moi…
-N’importe quoi… Vous l’inventez ! Dites juste que vous n’aimez pas perdre…
-Bien si tu refuses la dernière épreuve… Tend tes mains… A moi de la tenter…
-Si vous voulez vous ridiculiser… Ironisa Anna alors que la grand-mère se concentrait… il était temps de tout percer.
-Tu t’appelles Anna, tu es née Anna d’Arendelle, tu le sais depuis peu
-Wow… Quel exploit… Tout le monde sait ça…
-Tu as été élevée par des boulangers, ils étaient de vrais parents pour toi… Mais au fond, la personne que tu aimais le plus était celle que tu appelais… Marraine Ylva… Elle est d’ailleurs la raison de ta colère. Ce sentiment de trahison.
-Attendez quoi ?... Co… Comment vous savez pour ?... Vous étiez dans le coup ?!


Les défenses de la jeune femme tombèrent alors immédiatement… Mamie avait gagné, enfin elle allait pouvoir tout voir. Ce qu’elle découvrit la glaça. La manipulation de cette petite par Emma Picéaerd son basculement dans la haine. Alors que Mamie racontait tout à la furie rousse, elle cherchait à la raccrocher à sa vie mais rapidement la matriarche comprit. Cette jeune femme en face d’elle n’était le résultat que d’une vie crée de toute pièce. Comme jadis elle-même avait pu le faire lors de ses pires moments de doute.


-Comment… Comment vous avez fait ça ? Comment vous pouvez savoir tout ça ? C’est impossible ?!
-Je joue à ce jeu depuis bien plus longtemps que toi… Et sans me vanter, j’y suis plutôt douée…
-Et vous m’y avez fait jouer dans le seul but de pouvoir me percer !
-Je déteste partager la victoire mais… Je dois te concéder le match nul pour cette déduction…. Félicitations. Répondit Mamie, à la fois impressionnée et déçue ne n’avoir gagné seule.
-Mais…
-Chut !... Regarde ! On vient ! Montra mamie alors que le ciel nuageux des limbes semblait pour une fois bouger.
-On vient mais…
-Retournons dormir !


La jeune femme voulut protester mais le regard sévère de la matriarche l’en dissuada. Sa colère avait disparue, elle sentait en elle comme un vent nouveau qu’elle n’avait jamais ressenti. La matriarche lui avait parlé de multiples vies et pour la première fois, elle avait le sentiment de les ressentir.


-Mais si je dors…
-Oui tu perdras à nouveau tout… Mais maintenant que tu connais le jeu… Lutte ! Ainsi ce que tu as découvert restera en toi… Allez vite ! Au dodo !


Mamie aussi s’exécuta et se laissa emprisonner par la chrysalide. Elle sentait le néant la gagner. Elle savait que sa petite protégée ressortirait de cette nouvelle sieste affaiblie et qu’il allait à nouveau falloir tout recommencer mais qu’importe. Cette arrivée n’était sans doute pas le fruit du hasard. Mamie savait désormais pourquoi elle était là. Elle s’en voulait d’avoir cru qu’Emma allait changer. Emma… cela ne pouvait être qu’elle pour venir ici. Sans doute pour voir sa victoire !

Une fois encore elle avait raison. Feignant la surprise et l’endormissement profond vers le néant, la grand-mère, horrifiée vit l’arrivée de sa descendante Helga Picéaerd. Les souvenirs de l’Hellheim lui revinrent alors. Ses dernières forces, sa volonté de renvoyer une nouvelle fois tout le monde dans les vies pour sauver sa famille contre la vilainie d’Emma.
La chamane feignit la faiblesse et répondit à sa descendante qui cherchait un moyen de réveiller sa mère endormie dans sa vie. Mamie la laissa agir mais ce qui l’intéressait, c’était l’aura qu’elle pu sentir planer au milieu du néant. Emma était ici. Mamie eut un frisson, Helga ne la sentait pas, son arrière-petite-fille n’avait pas la force des dernières générations de Picéaerd, mais mamie ne pouvait pas lui dire pour ne pas se dévoiler. Elle se contenta d’être une spectatrice impuissante. Cela ne l’empêcha pas de tout observer. En un rien de temps, elle sentit les vies se développer dans les entrailles d’Helga. Cela serait son seul cadeau, mais la jeune femme ne devait rien en savoir. D’un geste, mamie transmis aux êtres à naître son précieux aura. Ainsi eux seraient protégés d’Emma ! Epuisée, la matriarche ne pouvait de toute façon rien tenter d’autre sans attirer l’attention du monstre… Après avoir donné le moyen à Helga de trouver l’aura pour réveiller sa mère elle la laissa partir et n’observa que celle d’Emma. La grand-mère pouvait sentir comme son aïeule jubilait de son infortune alors qu’elle s’approchait de la jeune Anna prisonnière du néant. Mamie, impuissante l’observa retirer du cœur de la jeune fille, un minuscule morceau de miroir brisé. Elle l’arracha en même temps quelques cheveux de la jeune fille et s’envolât rattraper l’âme d’Helga. Mamie avait laissé faire… C’était une bonne nouvelle pour elle. Désormais elle pourrait enfin aider sa petite fille dans ce néant, celle-ci étant débarrassée du miroir dans son coeur… Mais le prix à payer allait être terrible alors qu’elle voyait Emma partir avec la mèche de cheveux contenant le miroir brisé !

-Pardonne-moi Helga de te laisser face à un véritable enfer. Souffla Mamie avant de plonger dans le sommeil.



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Heureusement pour moi que l’erreur de la nature qui me servait de distraction était si idiote au point de ne pas m’entendre rire aux éclats sur le chemin du retour qui nous ramenait à sa réalité. Alors voilà ce qu’était devenue ma grande rivale. Un déchet consumé par les limbes et qui sous peu finirait par ne faire qu’un avec le néant du lieu ! C’en était presque décevant ! Aucune adversité à pulvériser pour atteindre mon but. Il était clair que ça n’allait pas être l’imbécile heureuse que j’accompagnais qui allait être une rivale un tant soit peu crédible. Cette courge n’était même pas capable de survivre correctement à ce petit voyage astral. Si je n’avais pas été pour elle qu’un spectre, je l’aurais giflée cette andouille ! Elle n’avait qu’une chose à faire, réveiller son insupportable génitrice pour que je puisse noircir son âme mais ce déchet vivant était évanoui ! Incapable de revenir à elle ! Je l’avais pourtant amenée auprès de son aïeule pour qu’elle y arrive enfin et voilà que même pour ça personne ne pouvait lui faire confiance ?!

Finalement, et si c’était ça mon défi ?... Devoir moi-même me charger de réveiller la garce qui m’avait battu et laisser à l’erreur de la nature un semblant de gloire tant les idiots d’Arendelle n’y verraient que du feu ? Après tout pourquoi pas, si elle était ainsi inconsciente, elle n’aurait même pas le souvenir d’avoir vu Anna, jamais elle n’allait en parler ! Mon forfait n’allait être que plus discret et même… distrayant !

Puisque le destin voulait que cela se passe ainsi, en un petit tour de main j’arrivais à connecter mon aura à celui de l’idiote endormie. Heureusement j’y trouvais mon compte et glissa dans son cœur à l’aide de la mèche de cheveux de ma créature des limbes le mal qui allait noircir l’âme de cette demeurée aux cheveux roux !


-Alors grande sœur ? T’as raté comme d’habitude ?


Cette voix ?! Je me retournais et constatais ce que j’avais devinée, la petite fille parfaite d’Elsa d’Arendelle venait fanfaronner. Pour une petite fille modèle, elle était bien orgueilleuse… mes préférées !


-Oh c’est pas vrai ?... Tatie… Tatie Anna tes yeux sont… Maman !!! Papa !!!! Hurla la fillette partie en quête des adultes.


Bien, au moins elle servira à donner l’alerte ! Pensais-je voyant mes soupçons se confirmer. Quelques instants plus tard, l’insupportable reine des neiges, accompagnée du demeuré des îles du Sud qui lui servait de mari pénétrèrent dans la chambre… sans la miss parfaite ! Au moins, ils ont su s’en débarrasser, c’était à mettre à leur crédit pensais-je avant de me raviser. Comment pouvais-je leur trouver une qualité… Je déteste ces personnes ! Allez les idiots ! Allez-y, complimentez l’erreur de la nature même si c’est moi qui ai fait tout le boulot ! Réjouissez-vous de retrouver la dingue rousse… Elle va vous en faire voir de toutes les couleurs je vous le garantis !


Les jours suivants de cette vie furent distrayants mais pas aussi satisfaisants que je ne l’avais espérée. La garce d’Anna Picéaerd avait dû transmettre un peu de son talent à l’autre gourde ! A mon grand déplaisir, l’erreur de la nature parvenait à quelque peu canaliser la noirceur que j’avais immiscé dans le cœur de sa génitrice… Pire encore, sa grossesse semblait lui donner un semblant de chamanisme supplémentaire, voilà que désormais elle pouvait presque faire illusion. C’était très curieux que cette gourde ait enfin un pouvoir un tant soit peu crédible pour une chamane. Absolument pathétique mais au moins qui avait le mérite d’exister. Nul doute que l’insupportable Iduna devait y avoir un rôle à jouer. Mais peu importait… Il fallait accepter d’être patiente et, plus dure allait être la chute ! Il me suffisait d’attendre le bon moment.

Au bout de plusieurs mois de cette vie, enfin l’événement se présentait. J’en avais marre d’attendre ! Certes le mariage de la honte de la famille avait pu être distrayant, mais c’était la grand-mère du demeuré des iles du sud et sa petite fille chérie parfaite qui m’avaient donné mon idée. Je pouvais ainsi retourner à mes pêchers mignons, aller tourmenter l’esprit d’une enfant. En un tour de mains, quelques rêves modifiées chez Kirsten et voilà que la petite copie parfaite d’Elsa ne jurait plus que par sa lointaine mémé insulaire. Quant à l’insupportable reine des neiges… Comment pouvait elle refuser une idée de sa miss parfaite ! C’était si facile ! En un claquement de doigts, voilà que ces idiots d’Arendelle allaient organiser en pays Northuldra une cérémonie d’hommage pour des disparus qu’ils détestaient, en compagnie de la grand-mère acariâtre ! Le cocktail parfait pour que ma marionnette de noirceur se révèle et ruine son âme… ainsi que la réputation de ma souffre-douleur favorite !


Anna d’Arendelle comme prévu détestait cette idée et sa noirceur se révélait chaque jour un peu plus. L’erreur de la nature avait beau tout tenter, elle ne pouvait rien contre ma volonté et était suffisamment cruche pour ne pas voir le poison que j’avais immiscé dans l’âme de sa mère. En revanche, la jeune rousse m’impressionnait dans sa capacité à être détestable. Toute cette journée en pays Northuldra était une véritable douceur. Entendre l’idiote d’Arendelle critiquer ouvertement ses enfants comme étant laids, incapables… Ah quel bonheur… Bien qu’entrecoupé par Ahtohallan qui insistait pour me remontrer à chaque fois l’abandon par ma propre mère et les propos si durs qu’elle avait eu envers la très jeune enfant que j’étais. Le parallèle était évident. J’avais transformé cette idiote en monstre et sa fille Helga devait en subir les conséquences, comme ce fut le cas pour moi face à ma génitrice.


Non ! Serais-je en train de culpabiliser ? Hors de question ! De rage, je décidais de précipiter les événements. Le miroir brisé dans le cœur d’Anna m’offrait un point d’entrée, il était temps que j’agace encore plus la furie rousse qui explosa. Soudain je n’eus plus qu’à écouter. La folie d’Anna parlait pour elle alors qu’elle insultait ouvertement la grand-mère des Iles du Sud et, comble pour une chamane, se mit à utiliser son feu intérieur pour blesser volontairement autrui.


« C’est magnifique ! Si je ne te détestais pas je t’embrasserais Anna ! Même moi je n’aurai pas osé ! » Hurlais-je pour moi-même avant de voir ma marionnette se plier de douleur. Incrédule je tournais la tête et avec effroi je dévisageais… Iduna Picéaerd, le regard furieux, à son tour utiliser cette arme chamanique.



-Tu rentres à la maison des berges tout de suite ma furie rousse. Je recommencerai jusqu’à ce que tu comprennes !
-Garce !!! Hurlais-je sachant qu’elle ne pouvait m’entendre !


Cette morue n’avait jamais embrassé le chamanisme, pourquoi fallait-il qu’elle en fasse aujourd’hui l’étalage devant tout le monde !? Elle allait encore une fois ruiner mes plans ! Heureusement pour moi, c’était sans compter sur le désir furieux de ma marionnette qui lança une nouvelle salve de feu avant d’être maitrisée par les guérisseuses. Qu’importe, le mal était fait. Je regardais ravie le visage déconfit de l’erreur de la nature, auprès de l’imbécile heureux qui avait été suffisamment bête pour l’épouser. Ce couple stupide ne m’intéressait guère en cet instant. Non ce qui comptait le plus aujourd’hui, c’était ma marionnette, et la pauvre vieille désagréable qui était dans un sale état. Je survolais la scène, guettant les inconscientes dans la hutte des guérisseuses alors que toutes deux s’occupaient des maux de la vieille des iles du sud.


-Laïka ! C’est bon, nous pouvons la laisser… Elle est stable ?!
-Tu es sure Beata ?
-Oui… Elle est dans un sale état, Anna ne l’a pas loupé mais cela va aller, il faut qu’elle dorme !
-Dans ce cas, viens avec moi, il faut que l’on s’occupe d’Anna…
-Tu crois qu’il se passera quoi pour elle ? Après tout elle a attaqué une personne royale !!...
-Ca n’est pas notre problème pour l’heure, elle a surtout besoin de nos soins…


Cette conversation me donnait envie de vomir. Tant de bons sentiments ! Et ces idiots trouveraient encore des circonstances pour l’idiote d’Arendelle. Non !... Pas cette fois ! Je savais quoi faire ! Profitant du fait qu’Anna soit inconsciente, il était d’autant plus simple d’aller récupérer mon miroir brisé dans son cœur sans qu’elle ne s’en rende compte. Après tout je devais me montrer plus prudente avec la fille d’Iduna que l’erreur de la nature. Celle-là portait le nom d’Anna Picéaerd et ça n’était pas pour rien. Elle avait la puissance en elle, elle pouvait me sentir !
Avec habilité, je récupérais la source de son mal. Anna avait commis l’irréparable pour noircir son cœur. Il n’y avait plus besoin de ceci pour la faire basculer… Mais mon miroir n’allait pas pour autant être inutile. Avec un regard mauvais, j’observais la vieille reine mère des Iles du Sud… Avec ce miroir, elle n’allait être que plus détestable ! Elle serait la voix de la culpabilité d’Anna… Sans hésiter, je le plaçais dans le cœur de la reine Tatiana.


-Laïka !!! Viens vite !!! Elle s’enfonce !!!
-Quoi ?
-La reine Tatiana ! Ca ne va pas !!!
-Quoi mais tu as dit que…
-Eh bien ça change ! Vite aide-moi !!! On va la perdre !


J’observais interloquée… Serais-je responsable ? Le cœur fatigué de la vieille femme ne semblait pas supporter mon présent… Quelques minutes plus tard je vis les deux femmes se reculer.


-Beata… Je crois que… C’est fini… On l’a perdue…
-Par Ahtohallan… Et… Anna va donc être considérée comme…
-Rendors-la… Faisons la transporter ailleurs… Pourquoi pas les berges auprès de sa mère?! Inutile qu’elle sache tout de suite pour...


Je n’osais croire ce que j’entendais ! C’était encore mieux que ce que j’espérais !!! Anna d’Arendelle allait passer pour une meurtrière !!! Même mon plan le plus optimiste ne pouvait envisager pareil dénouement ! Jamais cette idiote ne pourrait laver son cœur après ça !!!


-Oh ! Vous le petit boudin ? Où se trouve la garde pour m’accueillir ?
-Quoi ?! Qui est l’idiote qui me parle ainsi ! Lançais-je furieuse.
-Méfiez-vous ! Vous vous adressez à la reine Tatiana, protectrice des Iles du Sud…


Je m’interrompis dans mon observation des vies et fixais la femme qui me faisait face… Cette reine à qui j’avais ouvert les portes de la mort… Mais que faisait-elle ici ?!


-Comment une femme comme vous peut-elle ?... Commençais-je en la montrant du doigt.
-Je ne vous le fais pas dire !!! Pourquoi suis-je avec une paysanne, vous ne devriez même pas m’adresser la parole !
-D’accord alors… Déjà vous allez vous calmer madame je ne suis même pas la reine de mon ile pourrie… Vous ne savez pas qui je suis !
-Pourquoi voudrais-je savoir qui est une paysanne ? J’en ai soupé suffisamment dans cette forêt qui pue les pauvres.
-Je suis Emma Picéaerd…
-Donc en plus d’être stupide vous êtes sourde, je m’en moque de votre nom…
-Je suis la mère fouettarde ! Bref, une divinité !
-Eh bien… les Dieux manquent singulièrement de savoir être !
-Je ne vous…
-Et d’ailleurs, vous tolérez qu’une petite impertinente soit responsable de ma mort ?! Vous devez redresser les torts et vous le faites mal… Emma Picéaerd, vous êtes le mal ! Me toisa Tatiana.


Les propos de cette maudite reine me figèrent n’étant pas sans me rappeler les derniers qu’avaient eu ma mère à mon égard.


-Je… Qui… Vous dit que… je ne m’en occupe pas. Bredouillais-je, surprise de parler comme une petite fille à sa mère.
-Bien le petit boudin, maintenant expliquez-moi, où sommes-nous ?
-Euh… Vous êtes… Dans l’Hellheim. Le paradis si vous préférez. Et quand vous êtes au paradis, vous retrouvez vos proches…
-Retrouver un ramassis d’idiots… Charmante perspective…
-Je ne vous le fais pas dire… Soupirais-je.
-Mais dans ce cas… Comment se fait-il que je vous voie vous ? Nous ne sommes pas parentes. Dieu m’en garde je n’ai pas de sang de paysan !
-Mais je ne suis pas une paysanne !
-N’allez pas me dire que vous êtes une reine !
-Je suis la fondatrice de la grande famille Picéaerd ! Hurlais-je pour tenter d’avoir assez de dignité pour cette femme que je ne regrettais pas d’avoir tué tant elle m’était antipathique.
-Attendez…Picéaerd dîtes-vous? Comme le nom de la gourde qui m’a tué ?
-Quoi ?
-Une folle rousse qui m’a brulé ! Une parente à vous ? Dans ce cas je me demande bien comment votre famille peut se retrouver au paradis… il n’y a que le mal dans votre famille, que le mal ! Vous êtes le mal ! Conduisez-moi au responsable.


« Je suis le mal ». Une seule personne m’avait dit ça… je ne m’en souvenais pas avant qu’Ahtohallan ne me le remontre encore et encore depuis que j’avais lancé mon forfait. Mais cette fois ça n’était pas un souvenir, c’était réel… Cette vieille femme me toisait et me glaçait. C’était la première fois qu’on me disait pareille chose en face. Je m’étais jurée de l’accepter mais à nouveau j’étais propulsé comme si je n’étais qu’une fillette sans défense.


-Oh le petit boudin, vous êtes sourde ?! Recommença Tatiana.
-Ne m’appelez pas ainsi ! Hurlais-je furieuse.
-Êtes-vous grande ?
-Euh…
-Etes-vous belle ?
-Mais…
-Donc vous êtes un petit boudin ! Alors, j’attends…



Si je m’écoutais, j’aurais rendu cette femme infernale en tas de cendres mais sans savoir pourquoi, j’en étais incapable. Je pensais être mauvaise et pourtant d’un seul regard, cette femme, oui je pouvais le dire, me terrifiait. Sa remarque aussi tournait dans mon esprit, pourquoi avais-je cette femme face à moi si nous n’étions pas parentes ? Ou alors, serions-nous désormais liées car j’étais responsable de sa mort ? Peu importait, pour l’heure, il me fallait me débarrasser de cette gêneuse !


-Mais ça n’est pas croyable, vous êtes d’une incompétence. Je savais les paysans très limités intellectuellement mais tout de même ! Oh ! On se concentre ! Moi demander toi trouver responsable !
-Bien sûr… J’ai compris. Et si nous nous croisons, je vous ai dit, je suis la mère fouettarde. Je suis ici pour tourmenter les mauvaises personnes, voilà pourquoi nous sommes face à face.
-Vous pensez que vous allez me tourmenter ? je suis tellement mieux que vous… Me lança-t-elle.


J’aurai voulu lui répondre ce qu’elle méritait mais j’en fus incapable. Néanmoins, une autre idée me vînt.


-Mais non, je suis là au contraire pour vous rendre justice… A ce propos vous voyez les hommes au loin là-bas ?
-Quoi l’obèse en manteau rouge avec sa barbe ridicule et le demeuré ivrogne habillé en mouton ?
-Ceux-là même ! Je ne les aurai pas mieux nommées moi-même ! Eh bien, ils cherchent souvent à m’empêcher de… punir ceux qui le méritent. Et voyez-vous je comptais m’occuper de votre affaire alors… Puisque vous êtes une grande reine, pourriez-vous… M’aider et occuper à expliquer à ces abrutis ce qu’ils sont… Pendant que moi, je me charge de sanctionner durement ceux qui ont osé porter atteinte à votre vie…
-Pfff… Faut tout faire soi-même…
-Vous comptez m’aider ou non ?!
-Votre Majesté !
-Pardon ?
-Quand on est bien éduqué, on dit, Votre Majesté… Petit boudin mal élevé !
-Pourriez-vous m’aider ? ... Votre Majesté ? Râlais-je entre mes dents.
-Bien, je vais être magnanime avec vous et m’occuper des idiots… ça ne changera pas de ma tâche terrestre… S’occuper encore et toujours des idiots… Fit-elle en s’éloignant.


« Dommage que l’on ne puisse tuer personne dans l’Hellheim… Toi dès que je trouve le moyen de t’envoyer dans les limbes… Mais… Oh Emma, on s’en fiche de celle-là ! Le plan Emma ! Le plan !!! » Fis-je pour moi-même avant de relancer mon observation.


J’espérais n’avoir rien manqué d’important alors que je cherchais à comprendre où je me trouvais. Je suivais Elsa et Helga et rapidement je sus où nous étions… Ahtohallan. Ces deux idiotes cherchaient des réponses ! L’erreur de la nature avait trouvé sur la dépouille de Tatiana mon miroir ! Parfait, personne ne pourrait me soupçonner à propos d’Anna… Désormais… Il fallait que je passe mes nerfs sur ma souffre douleur.
Helga voulait voir les autres vies, aucun problème. Ahtohallan lui montrerait les vies… Du moins seulement ce que je souhaitais. Quelle brillante idée avais-je eu de supprimer la vie crée de toute pièce pour piéger mon ennemi. Désormais, je n’avais qu’à choisir les moments précis… Surtout de la joie, de la quiétude. Il fallait qu’Helga souffre ! Qu’elle sente qu’il n’y avait qu’elle qui était impuissante à protéger sa mère. Non sans plaisir, je sélectionnais chaque événement avec soin. A chaque instant, Helga pouvait voir sa famille heureuse, sa mère être bienveillante. Elle souffrait, je le sentais, ça me calmait.
Enfin les deux andouilles décidaient de rebrousser chemin… Rien d’intéressant finalement alors que je vis Helga traîner se plaindre de ne pas pouvoir aller plus loin…


« Non !!! Espèce de gourde tu ne vas pas faire ça !!! Pas ici !!! Pas maintenant !!!! » Hurlais-je.


Mes craintes s’avéraient fondées, cette stupide créature allait pondre en ce lieu le plus sacré de tous ! Même ses hurlements de douleurs pendant l’enfantement ne me satisfaisaient pas…Sa progéniture allait naître en Ahtohallan et bénéficier des bienfaits de la déesse mère… C’était une catastrophe que je n’avais pas anticipée !
Je ne pouvais rien faire à part la voir hurler comme un cochon qu’on égorge et expulser deux marmots qu’elle rinça dans l’eau pure du glacier.


« Pitié Mamie Anna sauve les je t’en prie » Pleura l’erreur de la nature.
-Ma seule consolation est qu’elle ne peut rien pour toi… Mais Ahtohallan ne permettra pas que les enfants nés en son sein ne meurent dans ses glaces ! Fulminais-je avant de couper mon observation, trop énervée par cette nouvelle imprévue.

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Depuis sa chrysalide, Mamie à nouveau ouvrit un œil… Combien de cycles s’étaient-ils passés depuis la visite de son arrière-petite-fille. Elle avait du mal à compter. Rester suffisamment concentrée pour ne pas se perdre dans le néant, et canaliser sa petite fille qui restait réticente usait son énergie. Elle tourna la tête, Anna demeurait inerte, avalée par les limbes. Il fallait la réveiller mais pas tout de suite. Mamie avait besoin de recouvrer ses esprits.
Tout à coup, elle entendit au-dessus du ciel gris nuageux des limbes une voix… Simplement un murmure… La matriarche se leva et tendit l’oreille. Elle se concentra de toutes ses forces et enfin, la voix devînt intelligible.


« Pitié Mamie Anna, sauve-les je t’en prie ! »


Instantanément, la chamane sentit son aura partir. L’espace d’un instant, elle crut avoir quitté les limbes et, tel un spectre, survolait les salles gelées de la déesse mère. Au bout de quelques instants, elle sentit ce qui l’attirait. Sa propre aura flottait sur l’eau du glacier… Les enfants ! Les enfants d’Helga venaient de naître ! Enfin le moment qu’elle espérait venait d’arriver.


Ahtohallan résonnait dans l’âme de la Picéaerd, pendant un instant, Mamie sentit qu’à nouveau son cœur battait. Il battait à l’unissons avec deux nouveaux cœurs… Ceux de ses doubles arrière-petits-enfants. Un lien unique s’était créé, elle le sentait et n’osait imaginer la richesse de ce cadeau inespéré… A travers ces deux êtres innocents, c’était son aura… L’aura de tous les Picéaerd, mais aussi Ahtohallan qui respiraient. Mamie plongea dans les esprits des nourrissons et s’en sentit tout à coup connectée avec les vivants et les morts. Rapidement elle quitta les deux êtres qui braillaient dans les bras d’Helga et Elsa qui cherchaient un moyen de les mettre au chaud le plus rapidement possible. De sa forme spectrale, Mamie souffla à tous ses descendants un baiser sincère. Elle avait une chance unique alors que les mondes se refermaient. Avant d’être à nouveau happée par les limbes, elle s’engouffra dans le monde des morts.


La matriarche le savait, elle ne pourrait rester longtemps. Elle se fia à son instinct et rapidement reconnut les voix qu’elles cherchaient. Des voix qui résonnaient bien forts alors qu’une dispute entre Iduna Sappos et sa nouvelle épouse Ylva Nordlys faisait trembler l’Hellheim. Son cœur lui hurlait de retrouver Elysia, mais sa raison devait demeurer la plus forte.


-Comment peux-tu me faire ça Ylva alors que nous revenons tout juste de notre lune de miel ?!
-Iduna, tu sais que c’est dans ma nature !!!
-Non je le refuse, nous avions un pacte Ylva ! Les jours pairs avec moi, impairs avec Kanda !
-Mais mon amour, tu sais qu’il n’y a que toi dans mon cœur… Mais Kanda est aussi… Et nous avons passé plusieurs semaines de lune de miel…
-Et tu ne pouvais pas attendre une journée pour être le bon jour ?! Fulmina Iduna ne laissant pas à sa femme le loisir de répondre. Aussitôt la Sappos préféra quitter les lieux.
-Quel caractère ma reine… C’est pour ça que je t’aime… Sourit Ylva


Mamie n’avait rien perdu de la conversation. Peu importait la raison… Elle devait parler à Ylva en urgence. Sans prévenir, de toute manière en tant que spectre elle ne le pouvait pas, elle s’empressa de prendre contrôle de l’esprit de l’historienne qui s’effondra.


-Où suis-je ?
-Ylva ! Tu me vois ?!
-Anna Picéaerd ! Petite cachottière ! C’est toi qui a fait ça ?!
-Oui, je t’observais…
-Tiens donc ?! N’est-ce pas mon domaine de compétence ?
-Pour ma défense… Tu es en voyage astral donc… Oh et désolée pour ta chute…
-Oh ne t’en fais pas, je ne suis pas tombée de bien haut ! Où es-tu partie ? Ton mari se languit de ton retour…
-Toi beaucoup moins apparemment…
-Tu te fiches de moi ? Et ne pas pouvoir observer le meilleur couple de l’Histoire ?!
-Je suis dans les limbes… Ecoute je ne peux pas t’expliquer je n’ai pas beaucoup de temps avant d’y être à nouveau conduite…
-Oh ?... Désolée, tu voulais parler peut-être à ta mère ou ma reine pour une question chamanique, désolée, elle vient juste de me poser un lapin…
-Oui j’ai vu votre dispute… Ylva…
-Oui je sais c’est ma faute, tout ça parce que j’ai été avec Kanda, mais tu sais c’est aussi l’Homme qui a compté alors… Mais t’en fais pas Iduna va revenir vite… Et toi tu vas bien ?
-Ylva, c’est à toi que je comptais parler de toute façon !


Mamie Anna pressée par le temps posa ses mains autour de la petite femme puis eût un immense sourire alors que l’historienne s’était enfin rendue silencieuse.


-C’est toi et toi seule Ylva à qui je voulais parler… Alors écoute moi attentivement. J’ai besoin de toi…
-Je t’écoute, comment puis-je te sortir des limbes ?
-Me sortir ? Non tu ne vas pas faire ça ! Tu te souviens de ce que je t’ai dit juste avant de disparaître ?
-Que… Tu avais besoin de moi…
-Exact ! Et ça a commencé marraine Ylva ! Ton rôle pour vaincre Emma va être prépondérant…
-Mais que dois-je faire ?
-Me faire un câlin…
-Un câlin ma belle ?!
-Quoi ? Toi Ylva tu n’as jamais rêvé de me faire un câlin ?!
-Eh bien… ça ne se refuse pas !


Mamie Anna n’avait pas le temps pour les blagues de sa marraine et s’empressa de serrer la petite femme contre elle, transmettant aussi les bienfaits qu’elle avait récupéré auprès d’Ahtohallan lors de la naissance des divins enfants. Après une longue étreinte, elle relâcha l’historienne avec un grand sourire.


-Bien… C’était agréable ! On recommence quand tu veux ! Que dois-je faire de plus ?
-Pour le moment, tu as fait exactement ce qu’il fallait marraine. Merci ! Tu vas tous nous sauver ! Toi et…
-Et ? Quoi et…
-Rien marraine… Je… Je dois y aller maintenant ! Oh et… évite de dire à Elysia que tu m’as vu… Il risque d’être furieux autrement…
-Mais !!! Eh ma belle ! Mais qu’est-ce que tout ceci signifie…
-Ne t’en fais pas marraine ! Tu as été parfaite ! Et sache que dans ta dispute avec tatie Iduna, tu as tout mon soutien…
-Quoi ? Ma belle, est-ce que tu sais le sujet de notre dispute ?
-Oui !
-Et toi qui ne jure que par la fidélité tu…
-Il faut bien une exception pour confirmer la règle ! L’essentiel est que tu retrouves vite tatie et que tu te réconcilies avec elle ! Tu es parfaite marraine !
-Je sais…Mais… Pourquoi ? Qu’ai-je fait de si extraordinaire…
-Quand tu retrouveras Iduna… Embrasse-la et ensuite demande-lui… Je suis certaine qu’elle saura t’éclairer !


Mamie sentit son aura disparaître de l’Hellheim, bientôt l’image d’Ylva ne fut qu’un lointain souvenir alors que la brume l’envahit. La matriarche était de retour dans les limbes.


-ça va je ne te dérange pas ?! Lança la voix sèche d’Anna derrière Mamie.
-Ma petite Picéaerd… Tu as réussi à te libérer seule de la sieste ? Tu résistes c’est bien ! Fit mamie, heureuse d’être enfin tutoyée.
-Comme quoi j’avais raison, tu me rejettes !
-Mais non, pas du tout… Je pense que toi et moi avons besoin d’une nouvelle partie…
-Arrête de m’embobiner avec ton jeu où tu gagnes toujours…
-Certes mais… Tu progresses !
-Oui et j’ai tellement progressé que je connais déjà la question à laquelle je cherche réponse !
-Ah oui ?
-Oui ! Je me demande comment allons nous faire pour sortir d’ici…
-Oui… En effet, c’est une question intéressante ! Concéda la grand-mère.
-Je trouve aussi… Et dans ma réflexion je te vois toi, ma grand-mère qui souhaite tant que je lui fasse confiance réussir à ouvrir un passage. Alors je me demande, si elle peut ouvrir pourquoi ne pas sortir ?
-Eh bien je ne peux pas à proprement parler…
-ça n’était pas un passage ?! Coupa la jeune femme.
-Si… C’en était un…
-Et nous aurions pu sortir ?
-Eh bien… Pas vraiment, d’ailleurs tu vois je n’ai pas pu m’en extraire pleinement…
-Mais tu n’as pas essayé vraiment non plus…
-Non… En effet, tu as raison ma petite Picéaerd
-Alors pourquoi nous maintiens-tu ici ?! Fulmina Anna


La grand-mère garda le silence quelques instants puis posa ses mains sur les épaules de la jeune femme.


-En effet tu poses les bonnes questions désormais… Mais si nous ne sommes pas parties, c’est tout simplement parce que le moment n’est pas encore arrivé de quitter ce lieu
-Quoi ? Mais il y avait une ouverture, tu attends quoi ? Une invitation ?!
-En quelque sorte oui….
-Quoi ?! Et quelle invitation puis-je savoir ?
-Eh bien tout simplement quand tu seras prête ma petite Picéaerd…. Répondit Mamie avec malice avant de s’endormir.
-Quoi ?... Mais bien sûr que je suis prête !! Oh mamie Anna !!! Non tu ne vas pas me faire croire que tu dors maintenant !!! Enragea l’adolescente en secouant la matriarche plongée dans les songes, sourire en coin.


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-Et donc là… Ils fêtent la naissance de ces deux enfants très laids et aucune sanction n’est prise contre ma meurtrière ?! Lança Tatiana alors que pour la dixième fois j’interrompais mon observation.
-Il semblerait… Pourquoi vous êtes dans mes pattes déjà ?
-Je suis une reine… Je veille à ce que le travail soit bien fait… S’il fallait seulement confier ma conscience à un petit boudin…
-Vous savez que le petit boudin si vous continuez va clairement vous faire comprendre où votre royale personne peut se mettre ses grands principes ?!
-Surveillez votre langage sale petite paysanne !... Allez ! Au travail…
-Allons bon… Fis-je de mauvaise grâce en relançant l’observation.
-Oh et montez le son… je veux entendre la petite demoiselle… Dans cette famille, c’est la moins médiocre. Fit Tatiana en me désignant la miss parfaite d’Elsa.
-Bon ça suffit maintenant ! Vous vous taisez définitivement ! Je ne suis pas là pour vous entendre ! Je suis là pour agir !!! Je vais de ce pas détruire la gourde ! Vous allez voir !
-Mais faîtes ! C’est ce que j’attends !


Dépitée, il était temps que j’annihile le bonheur de la famille Picéaerd. Pour cela heureusement ma souffre-douleur était toujours là ! Tant pis pour la subtilité, c’était décidé j’allais prendre le contrôle de cette faible d’esprit et tout détruire directement !
Tout à coup, alors que je m’apprêtais à la posséder, je me sentis repoussée par les jumeaux dans ses bras…


-C’est comme ça que vous agissez… Eh bien… Quelle réussite !
-Les gosses !!! Les gosses m’empêchent d’intervenir !!! Ces raclures baveuses braillardes et puantes m’empêchent de passer !
-Eh bien, si des geignards vous arrêtent, pas étonnant que les enfants de nos jours ne respectent plus rien… Comment pourraient-ils encore craindre les histoires de mère fouettarde qu’on leur raconte… Vous êtes décidément la pire espèce qu’il soit. Me brima la vieille bique.
-Dîtes, vous n’avez pas les deux abrutis à aller enquiquiner… Je travaille moi !
-Non, eux au moins sont médiocres mais ne prétendent pas agir. En soi ils sont moins pitoyables que vous…
-Je vous le dis une dernière fois reine Tatiana, fichez-moi la paix ! Je n’ai pas besoin de vous ! Vous n’êtes ni mon amie ni ma mère alors pour la dernière fois… Partez où vous allez le regretter !
-Oh que Dieu m’en garde ! Votre mère ! Non je ne le voudrais pour rien au monde… A vous voir, vous n’avez dû être qu’une source d’infamie et de déception pour elle !


De rage, je retentais une attaque envers Helga pour ne pas sauter sur cette femme horrible et lui arracher les cordes vocales mais encore une fois, malgré toute ma détermination et ma rage je fus repoussé par les affreux marmots…


-Comme je plains vos parents s’ils pouvaient voir quelle personne stupide vous faîtes… A s’énerver pour rien, au lieu de tenter de passer par d’autres personnes…
-Mais taisez-vous à la fin ! Vous ne savez rien de ce qu’il faut faire ! Rien du tout ! Passer par une autre personne que cette Helga voilà une idée totalement… une idée…
-Oui ? Vous dîtes ? Minauda la femme…
-ça me fait mal de le dire reine Tatiana mais… c’est une idée… Oui, passer par quelqu’un d’autre… Bonjour mes petits… Fis-je en fixant les rejetons d’Elsa et Anna.


Je dévisageais tout particulièrement Kirsten. Oui, la miss parfaite… Qui de mieux que tourmenter cette petite, surtout si cela pouvait faire avoir une syncope à la vieille bique qui ne me lâchait plus ! Adieu erreur de la nature… Sois heureuse, tu vas avoir du répit, mais toi ma petite miss parfaite… Nous allons bientôt apprendre à nous connaître !...