[Frozen Cimematic Universe] Les Secrets d'Ahtohallan

Chapitre 19 : Six ans plus tôt.



La phrase de présentation de Mamie résonnait dans toutes les têtes. Ces quelques mots étaient douloureux, tels des poignards, Elsa, Yohan, et Camille sentirent leur cœur être transpercés. Soudain, pour chacun, des flots de souvenirs du passé leur revinrent en mémoire. Curieusement, chacun, même Hans étaient mentalement repartis six ans en arrière :


Arendelle, 1840, Quatre semaines avant le voyage d’Agnarr et Iduna.



Comme à son habitude à chaque début de soirée, Iduna sortait de la chambre de la princesse ainée d’Arendelle en veillant à refermer la porte à clef comme le souhaitait Elsa. Rapidement, comme d’habitude, elle cacha la clef dans sa robe alors qu’elle entendait un pas lourd et rapide venir à sa rencontre… Anna à n’en pas douter ! Comme chaque soir, depuis dix ans désormais, la jeune rousse tentait désespérément de soudoyer sa mère pour enfin revoir son ainée. Comme elle l’imaginait, sa fille cadette vînt à sa rencontre mais il y avait quelque chose de différent. Le visage d’ordinaire jovial de la jeune rousse avait laissé place à une mine grave.


-Anna ? Pourquoi cette mine si triste ?... Il n’y a plus de chocolat dans la cuisine ? Demanda Iduna avec malice.
-Non maman… Papa… Il m’a demandé de te trouver !... Il faut que tu viennes au plus vite !
-Que se passe-t-il ?
-Viens ! Papa t’expliquera !


Inquiète Iduna dévala en vitesse les escaliers. Voir Anna la devancer sans glisser sur la rambarde ne fit qu’augmenter son inquiétude. Sa cadette n’avait semble-t-il pas le cœur à s’amuser et gardait la mine fermée. Elle conduisit rapidement sa mère jusque dans la cour du château où Agnarr impassible l’attendait auprès d’un carrosse.


-Voilà papa, j’ai fait aussi vite que j’ai pu ! Vite partons !
-Non… Pas toi Anna… Ni moi ! Seulement ta mère !
-Attends quoi ? Mais…
-Ne discute pas Anna ! Coupa Agnarr d’un ton sec.
-Que se passe-t-il mon ami ?
-Iduna… Lord Petterssen est au plus mal… Nos plus grands médecins sont à son chevet mais… Je suis désolé, c’est la fin, il n’y a plus rien à faire. Ils m’ont fait parvenir ce pli. Il souhaite te voir…Seule ! Voilà pourquoi nous n’irons pas Anna ! Le devoir d’un monarque est d’abord et avant tout de respecter les volontés de ses sujets. Surtout les dernières volontés de ses plus fidèles conseillers.
-Je comprends père… Pardon. Souffla l’adolescente déçue.
-Tu ne dois pas t’en vouloir Anna… Ton cœur est pur et bon. Lui sourit sa mère pour la réconforter.
-Maman… Tu peux lui dire que…
-Je sais ! Je le ferai Anna ! Tu sais Petterssen adore le piano. Je pense que le mieux que tu puisses faire c’est…
-Aller jouer pour lui ?... J’y vais ! S’enthousiasma la rousse.
-Seigneur… Souffla Agnarr.
-Détrompe-toi Agnarr… Elle est bien meilleure musicienne que tu ne le penses… Elle fait seulement exprès de t’agacer ! Dis-moi, sais-tu pourquoi Petterssen souhaite me voir moi ?
-Aucune idée… Mais hâte-toi c’est tout ce que je peux te dire. Et surtout, reste auprès de lui… Jusqu’au bout ! Il mérite que nous soyons à ses côtés.
-Je le ferai !


Déterminée, Iduna pénétra dans le carrosse qui fila comme le vent dans les rues d’Arendelle avant de monter vers les hauteurs. Au loin, la souveraine put voir les restes de ce qui fut l’orphelinat où elle avait passé ses premières années d’exil puis, au lieu de poursuivre vers une prairie où seule une maison se trouvait, le carrosse bifurqua vers un dernier quartier d’Arendelle et finalement s’arrêter devant une demeure luxueuse mais curieusement, vide de tout serviteur ou presque. Kay qui avait servi de cocher invita la reine à descendre puis l’escorta jusqu’au lieu de repos du mourant. Alors que la reine pénétra dans la pièce faiblement éclairée de quelques bougies, les médecins la saluèrent respectueusement et poliment quittèrent les lieux. Le dernier d’entre eux, le docteur Lothar pourtant habituellement friand de remarques désobligeantes se contenta seulement d’un soupir à l’attention de la reine et d’un hochement de tête ne laissant aucun espoir. La reine avait compris. Les hommes de sciences quittaient les lieux pour la dernière fois alors qu’elle entendait gémir le conseiller royal.


-Iduna ? Souffla-t-il
-Je suis là… Comment allez-vous ?... Enfin je veux dire est-ce que vous ne souffrez pas trop ?
-Au point où j’en suis, je pense qu’il est temps d’oublier les convenances, c’est à Iduna, la jeune fille perdue dans sa charrette que je compte parler… C’est bien toi ma petite ?
-Oui… C’est moi Lord Petterssen… Je me souviens de ce jour.
-Je t’en prie, plus de titre… Voilà des années que je n’ai plus entendu mon prénom… Appelle moi Lorens.
-Je t’écoute Lorens. Fit Iduna en lui prenant la main.
-Je… Je souhaiterai…partir en sachant que… tu feras quelque chose d’important…
-Quoi donc ?
-Je souhaite que notre bon roi…tes enfants…et Arendelle sachent … Que tous sachent… Qui tu es !
-Comment ? Demanda la reine étonnée.
-Allons, je n’ai plus beaucoup de temps Iduna… Tu as très bien compris. J’ai toujours su d’où tu venais… Tu en as bien conscience n’est-ce pas ?
-Je… Je m’en suis doutée
-Il est temps que ce secret… Ne soit plus seulement le nôtre. Il est temps qu’Arendelle sache que leur reine bien aimée est…Northuldra ! Les tensions sont retombées… Le temps a guéri les blessures… Mais pas les tiennes. Depuis trop longtemps tu dois vivre dans un mensonge… Il est temps pour toi aussi… Tu ne dois pas avoir peur et si… Si Agnarr devait…Se montrer hostile… Tu n’auras qu’à lui donner ceci…
-Qu’est-ce que c’est ? Un pli de Runaerd ? S’interrogea la reine en détaillant le courrier scellé.
-Tu l’as connu n’est-ce pas ?
-Le roi Runaerd ?... Non voyons…
-Allons Iduna, je croyais que tu étais d’accord… Plus de mensonges ! Je vais bientôt partir mais j’ai encore mes souvenirs… Le roi Runaerd t’a toujours connu… Il est même venu rendre visite à ton peuple plusieurs fois… Il a même veillé sur toi le jour de l’enterrement de tes grands parents n’est-ce pas ?


Iduna ne répondit pas et pendant un court instant lâcha la main du mourant. Tout à coup un souvenir enfoui si loin qu’elle était persuadée de l’avoir oublié ressurgit. Elle avait cinq ans. Beaucoup de larmes avaient coulé, beaucoup de colère se lisait sur le visage de sa mère… Sa mère, son visage lui revînt aussi à l’esprit. Elle fut choquée de se rappeler soudain à quel point sa fille pouvait lui ressembler… Elle qui portait justement le même prénom. Et au milieu de toute cette agitation, un grand monsieur en uniforme, à la moustache impeccable… Le Roi Runaerd.


-Comment ?...
-J’étais un de ses plus proches conseillers, il t’appréciait beaucoup et il m’avait exigé s’il devait arriver un malheur quel qu’il soit… De veiller à ta protection… J’ose espérer que j’aurai tenu mon engagement.
-Pourquoi ?
-Runaerd avait des projets … Tout est dans ce pli, et les papiers originaux dans les archives les plus secrètes du royaume. Iduna, promets-moi seulement, de ne l’ouvrir qu’en cas de besoin… Je t’ai sauvé petite… Et toi tu as sauvé le roi ! Vous avez grandi et offert à Arendelle deux merveilleux présents alors promets moi une dernière chose… Persuade Agnarr ! Rouvrez le château, Arrêtez ce confinement ! Faîtes tomber ces mesures barrières pour l’éloigner ! Laissez Elsa vivre. Nous ne sommes pas…enfin plus en guerre ! Craindre la magie peut être une mauvaise chose… Et peut forcer à prendre de mauvaises décisions… Toi qui es Northuldra tu dois le savoir mieux que n’importe qui…Ce que possède Elsa n’est pas une malédiction… Mais un trésor ! Un trésor dont je n’en doute pas, tu en connais l’origine…
-Oui… Je crois bien que je la connais… Avoua Iduna.
-Alors promets moi de tout réparer Iduna… La brume au Nord… Le roi Runaerd a souvent évoqué les esprits… Il avait appris… ta mère lui avait appris ! Il a tenté de m’expliquer qu’il existait un équilibre… Je sais que tu as maintes fois tenté de forcer la brume… Peut-être que si enfin tu avoues être une Northuldra… L’équilibre sera restauré et tu pourras y retourner… Retrouver ton origine… Retrouver l’origine de la magie de ta fille… Toussa Petterssen alors qu’il devenait toujours plus faible.
-Lorens…
-J’espère que tu trouveras Iduna…
-Cela s’appelle Ahtohallan…
-Quoi ?
-Ce que tu dis… L’origine… C’est Ahtohallan ! Une rivière magique ! Elle permet ensuite d’accéder à l’Yggdrasil !
-Je suis rassuré… Si tu sais toutes ces choses… Je suis certain que… Que tu trouveras les mots pour Agnarr et… Et que tu trouveras… Le moyen pour… Pour… Trouver…l’équilibre… Expira Petterssen.
-Lorens ?... Lorens ?!... Lorens ?!!! … Je te le promets Lorens ! Je le ferai !!
-Adieu… Ma petite…
-Merci pour tout Lorens…



La reine serrait toujours la main du vieillard mais sentit tout à coup qu’elle retombait inerte sur le lit. Curieusement, une des bougies venait au même instant de s’éteindre. Les larmes aux yeux, Iduna observa celui qui fut son protecteur. Ses yeux grands ouverts ne pouvaient désormais rien voir d’autre que le néant. Avec précaution, Iduna relâcha la main du défunt pour la poser contre son cœur arrêté. Elle voulait dire quelques mots mais ils restèrent bloqués dans sa gorge. Elle s’inclina alors devant la dépouille en serrant le pli contre elle avant de sortir avec dignité. Les rares domestiques qui la croisèrent surent alors que c’était fini. Pour chacun, elle tachait d’avoir un mot de réconfort, promettant pour Petterssen des obsèques royales dignes de lui dès le mois prochain… Au fond d’elle-même, elle savait qu’Agnarr l’accorderai. Il sera temps après de tenir sa promesse faîte à son mentor.


Quatre semaines plus tard.



Alors que la reine Iduna toujours vêtue d’une tenue de deuil, venait de quitter la brigade réduite de cuisiniers du château, qui venaient de terminer le banquet funéraire de Petterssen elle se hâtait de rejoindre les quartiers dévolus à la princesse héritière. L’heure était déjà bien avancée et Iduna ne pouvait s’empêcher d’avoir des remords de demander ainsi à son personnel d’enchainer de si longues heures de travail. Mais tel était désormais leur quotidien depuis dix années et le terrible accident qui avait failli couter la vie à Anna.


-Maman !! Tu vas voir Elsa ? Demanda la jeune rousse faisant sursauter sa mère.
-Oui Anna… Ne devrais-tu pas être à tes leçons de piano ?
-Non ! Je crois que si papa entend encore une seule note il risque de le bruler ! S’amusa l’adolescente.
-Dois-je comprendre que tu as encore tout fait pour écourter au maximum tes leçons ? Questionna la reine avec une pointe de sévérité dans la voix.
-Je déteste ces leçons interminables ! Je préférerai enfin pouvoir voir ma sœur !
-La question n’est pas là Anna… Continue tes leçons !
-Si je le fais ça sera uniquement pour te faire plaisir tu sais ? …Attends mais pourquoi tu ris ? J’ai une tache de chocolat sur le nez ?... Je… Non ça n’est pas possible, je n’ai pas mangé de chocolat qui se trouvait dans le placard de la cuisine fermé à clef par Gerda et… Euh qu’est-ce que je dis moi ?
-Je vais faire semblant de ne pas avoir entendu ... Non tu me rappelles moi avec ta grand-mère… Enfin, j’étais plus jeune que toi… Tout ça me paraît si loin.
-Attends quoi ?... Toi et mamie ?... Tu ne m’en parles jamais ! Tu veux bien m’en dire plus ?!
-Pas maintenant ma chérie ! Sans doute un jour quand…
-Je serais plus grande ?! Tu me le dis si souvent, mais je le suis désormais, j’ai 15 ans maman !
-C’est vrai… J’oublie que plus les jours passent, plus tu deviens une merveilleuse jeune femme… Mais pour moi tu resteras toujours ma petite furie rousse qui court partout !
-Ca je le fais toujours maman ! S’amusa Anna.
-Je sais bien… Evite de le faire dans l’aile est, les gardes de ton père s’y trouvent, tu pourrais avoir des ennuis…Et une dernière chose… Ton professeur de musique possède lui aussi une clef des placards de la cuisine…
-Oh ?... A tout à l’heure maman je… Je viens de me rappeler que j’étais en retard pour ma leçon de musique ! Siffla la jeune princesse avant de détaller.
-C’est ça… File tel le vent… Mon ange. Souffla Iduna pour elle-même.


Iduna observa sa cadette s’enfuir à toutes jambes ne pouvant s’empêcher de sourire. Des souvenirs enfouis au plus profond de sa mémoire venaient de ressurgir. Un passé lointain qui la ramenait bien loin, au plus haut de la pointe Nord, au cœur d’une forêt plongée dans une brume depuis des années, ses origines. Chaque fois qu’elle posait les yeux sur ses filles, leurs prénoms lui rappelaient ses parents mais cette fois, l’attitude espiègle et spontanée d’Anna venait de lui remémorer comment elle pouvait être dans cette vie d’avant. Quand elle batifolait au milieu d’épicéas centenaires. Iduna se laissa aller, parfois, avec les années, elle avait fini par se demander si cette vie n’avait pas été qu’un simple rêve tant elle paraissait loin désormais. Il lui fallait se tourner vers l’avenir.
Lentement, elle soupira et sortit une clef dorée de sa poche. Elle veillait à ce qu’Anna ne la voie pas, puis déverrouilla la porte aux motifs bleus pour pénétrer dans la pièce glaciale.


-Maman !... Vite ton châle sur le fauteuil ! Tu vas prendre froid ! Lança la voix inquiète d’Elsa prostrée sur son lit à l’autre bout de la pièce pleurant elle aussi celui qui fut un mentor pour elle.
-Elsa… Tu n’as rien à craindre. Fit la reine d’une voix douce.
-Mais toi si maman… Je ne veux pas te blesser…
-« Quand le vent frais, viens danser… La rivière chante….
-Pour ne pas oublier… Coupa Elsa avec un demi sourire.
-Ferme les yeux si tu veux voir, ton reflet dans son grand miroir… Termina Iduna.


La reine avait ponctué sa comptine en s’asseyant au plus près de la princesse et se risqua à lui caresser le visage. Avec les années, les pouvoirs d’Elsa avaient grandis comme l’avait prédit le troll et seule cette berceuse permettait à la reine de s’approcher de sa fille. Avec tristesse, Agnarr lui savait qu’il n’avait plus aucun espoir de pouvoir la reprendre dans ses bras, ce que fit pourtant Iduna.


-C’est plus efficace que les gants n’est-ce pas ma princesse ? Ta grand-mère me disait toujours que cette chanson avait des pouvoirs pour apaiser les chagrins et les peurs Sourit la mère à sa fille.
-Il faut croire…
-Pourquoi ne voudrais-tu pas enlever tes gants et te la chanter… Cela t’aiderait non ?
-Je crois plutôt que c’est ta voix maman qui m’aide… Comme ces gants.
-Tu voudrais voir ta sœur n’est-ce pas ?!
-Plus que tout au monde…
-Veux-tu que je la fasse venir avec moi la prochaine fois ?... Elle n’attend que ça tu sais ?
-Non c’est impossible ! Je ne veux pas lui faire du mal ! Plaida la blonde.
-Pourtant Elsa… Il faudra bien que tu réussisses à quitter cette chambre…
-Quoi ?... Non ! Surtout pas maman !
-Il le faut Elsa ! Tu vas avoir 18 ans dans peu de temps… Il faudra bien que tu deviennes un jour reine…
-Non c’est impossible tu le sais…Et de toute façon, papa ne voudra sans doute pas !
-C’est là où tu te trompes ma grande. C’est justement pour ça que je viens aujourd’hui… J’ai un petit cadeau d’anniversaire en avance pour toi
-Quoi ? Mon anniversaire est dans un mois…
-Peu importe… Tiens, ouvre-le ! Fit Iduna en lui tendant un paquet.


Docile, la jeune femme obéit à sa mère et déballa le présent soigneusement emballé agrémenté d’un ruban et du nom de son destinataire magnifiquement calligraphié par Iduna. Elsa esquissa un sourire puis y découvrit un livre. La lecture était un de ses seuls passe-temps, qu’elle partageait sans le savoir avec sa cadette. Curieuse, Elsa lut le titre et perdit le sourire.


-« On ne badine pas avec l’amour » ?
-Une pièce de théâtre qu’un dramaturge français a sorti il y a quelques années…
-Je ne sais pas si ça me concerne… L’amour ne me concerne pas. Il n’y a que cette chambre et la solitude.
-Cela va changer ma grande… Ecoute, ton père ne veux pas que je t’en parle mais… Je crois que tu dois savoir. Tu sais que nous devons partir très prochainement… et après cela, il faudra que pour ta sœur… Nous préparions l’avenir de la monarchie !
-Et quel est le rapport ? Demanda Elsa


La jeune princesse commençait à se sentir angoissé, de petits flocons virevoltaient à nouveau au-dessus de sa tête. Iduna les observa en se mordant la lèvre. Elle avait tant de choses à dire à Elsa mais elle devait se rendre à l’évidence, son ainée n’était pas émotionnellement prête. Finalement, avec une infinie douceur elle carressa le visage angélique d’Elsa pour la rassurer avant de lui embrasser doucement sa main gantée.


-Un jour, tu le sauras ma princesse. Mais sache que je souhaite qu’après ton anniversaire, nous ouvrions à nouveau les portes, si tu te sens prête. Tu pourras alors grâce à ce livre guider ta petite sœur… Tu dois souvent l’entendre hurler dans les couloirs à corps et à cris sa volonté de rencontrer le prince charmant !
-Anna est jeune et naïve. Je suis certaine que comme toi maman, elle apprendra ce qu’est l’amour et la fidélité
-Comme tu l’apprendras toi aussi ma grande…Prends en soin.
-Je n’en ai pas besoin, l’amour ne me concerne pas, et je suis déjà fidèle je te le promets… Comme je te promets de le lire puisque tu me l’as offert.
-Je suis ravie de te l’entendre… Et j’ai une mauvaise nouvelle pour toi… Je pense que notre voyage sera plus long que prévu… Compte plutôt deux semaines… Ne t’en fais pas ! Tu seras à la hauteur, Petterssen t’a bien préparé… Rends lui cet honneur ! Et tu auras un nouveau précepteur ! Le général Olson a accepté de revenir de sa retraite pour terminer ta préparation… Il sait pour toi, tout ira bien.


Iduna se risqua à embrasser doucement le front de sa fille puis retira son châle pour le déposer sur les épaules d’Elsa avec un sourire. La mère savait qu’elle le reposerait impeccablement sur le meuble, dans l’attente de sa prochaine visite. Iduna cependant ne put s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en entendant Elsa dire qu’elle se chargerai de fermer à clef derrière elle. Si cela n’avait tenu qu’à elle, la reine d’Arendelle aurait depuis longtemps déjà fait retirer la serrure, mais elle se soumettait à la demande certes du roi mais aussi et surtout de sa fille ainée.
Quelques minutes plus tard, Iduna s’empressa de cacher sa clef dans sa robe alors qu’à nouveau la furie rousse venait à sa rencontre tandis qu’elle terminait ses valises avec Agnarr


-On se revoit dans deux semaines ! Lança Anna en les serrant dans ses bras.


Elsa apparût quelques heures plus tard en effectuant une révérence parfaite. Inquiète elle leva les yeux vers ses parents.


-Deux semaines sans vous ?
-Tout ira bien Elsa ! Fit Agnarr avec un sourire.


Le roi laissa sa fille quelques instants seule avec sa mère. Elsa tendit alors le livre offert.


-Tu n’en veux pas ?
-Je l’ai terminé…
-Déjà ! Eh bien on peut dire que tu lis très vite !
-Oui… Je te jure maman que jamais, je ne me comporterai comme la Camille du roman ! Et je ferai en sorte qu’Anna non plus !... Ce badinage est une abomination !
-Ravi de te l’entendre dire ma fille ! Former un couple n’est jamais une chose anodine ! Termina Iduna en serrant à nouveau Elsa dans ses bras, se sentant coupable néanmoins de partir sachant qu’avec Agnarr, ils prévoyaient prochainement de présenter des prétendants à la cadette d’Arendelle.


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-La disparition soudaine de Petterssen est fâcheuse… Je l’appréciais grandement mais je ne pensais pas que cela t’affecterai à ce point Iduna !


Agnarr venait de retrouver son épouse à la proue du navire et tous deux observaient le vaste océan.


-Il…Il a beaucoup compté ! Et… Il faisait parti des rares à rendre visite à Elsa… Tu as vu sa tête lorsque nous sommes partis… Agnarr ! Elsa est si seule, cela ne peut plus durer !
-Quoi ?
-Nos filles sont grandes à présent ! Anna est en âge désormais de comprendre ! Nous lui devons la vérité ! Nous devons les rassembler ! Notre petite est suffisamment forte ! Elle n’aura pas peur de sa sœur !
-Je t’approuve… Cette petite est formidable ! Presque aussi joyeuse, spontanée et pleine d’énergie que la femme dont je suis tombé amoureux il y a des années !
-Nous devons lui faire confiance… Anna pourrait faire de grandes choses pour ce monde !
-Soit ! A notre retour nous leur parlerons Iduna je te le promets… De toute façon, il faudra aborder la question de la succession. D’ailleurs, ne m’en veux pas mais il va falloir changer notre destination…
-Vraiment ? J’allais justement te le proposer…
-Ah oui ? Formidable nous sommes donc d’accord ! Coupa Agnarr.
-Euh…
-Capitaine ! Faites voile vers les Iles su Sud ! Le roi Wilhem nous y attend !... Nous allons régler le cas des prétendants pour Anna !
-Attends quoi ? Qu’est-ce que tu dis Agnarr ?
-Il est temps Iduna ! Nous en avons déjà parlé… Mais il vaut mieux que nous réglions tout ça finalement sans elle ?... Je te l’accorde, cette petite est extraordinaire et bien préparée pourrait faire une reine formidable… Mais pour l’heure elle est encore trop naïve et imprévisible. Trouvons-lui le meilleur des partis… Elle qui rève d’un prince, quel beau cadeau n’est-ce pas ? Lança fièrement Agnarr.
-Quoi ? Agnarr tu… Tu es en train de me dire que tu comptes arranger un mariage pour Anna sans même la consulter ?... Nous étions d’accord pour faire venir des jeunes gens de bonne famille de son age afin qu’elle se confronte au monde ! Ca n’est pas pareil ! S’insurgea Iduna.
-Allons ma douce… Tu gouvernes à mes côtés depuis des années… Tu sais bien que la politique ne laisse pas de place au hasard et encore moins aux sentiments puérils d’une fillette ! Ne me regarde pas ainsi ! Nous avons eu cette chance tous les deux même s’il a fallu batailler. Mais la donne est différente. En nous refermant depuis dix ans nous nous sommes affaiblis…Et il faut protéger Elsa ! Mais je ne prendrai aucune décision sans ton aval, je te le promets…
-Qu’importe Agnarr… Les mariages arrangés ainsi sont une plaie ! Voilà l’une des seules choses dont je me souvienne que ma mère ait pu m’apprendre !
-C’est une première rencontre, rien ne nous oblige à choisir…Et c’est la première fois que je t’entends parler de ta mère ! Tu as donc quelques souvenirs avant d’être une jeune fille de l’orphelinat d’Arendelle ?... Faudra que tu m’en parles un jour ! Si elle a eu une fille aussi extraordinaire que toi, ça devait être une femme formidable, je suis certain qu’on se serait entendus à merveille ! Eh ! Capitaine ! Attendez j’ai à vous parler !


A ces mots le roi laissa sa femme seule sur le pont. Machinalement elle froissa légèrement le pli héritage de Lorens. Elle s’était promis de tout dire à Agnarr durant ce voyage mais souhaitait surtout ne pas à avoir à utiliser ce courrier. Elle le sortit et l’observa résistant à la tentation de lire ce que le pli pouvait contenir…


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Iles du Sud à la même époque.



Le roi des Iles du Sud dévalait quatre à quatre les escaliers de la tour principale de la demeure royale où logeait ses fils. Chacun d’eux qui le croisaient effectuaient vers le patriarche une révérence respectueuse à laquelle il ne répondait que par un juron désagréable à l’encontre de chacun d’eux. Aucun à ses yeux ne semblaient digne d’intérêt, en particulier son plus jeune fils mais ce matin-là, sa colère se tournait vers un autre de la fratrie. Furieux et sans même s’annoncer il s’empressa d’enfoncer la porte d’un des princes persuadé de le trouver une fois encore en galante compagnie mais, à sa grande surprise, Yohan n’était pas au lit mais impeccable dans son uniforme d’officier qu’il enfilait pour la première fois.

-Oh ?... Vous !
-Père… Cela vous convient-il ? Questionna Yohan poliment.
-Pfff… Si seulement il était mérité ! Grogna Wilhem.
-Père… C’est le conseil de…
-Rien du tout ! Vous êtes officier car vous avez la chance que mon sang coule dans vos veines ! Et vous le déshonorez ! Un avorton pas capable de tenir une arme ! Un parmi les dix bons à rien des décuplés ! Et vous savez vous différencier de cette bande d’imbéciles par une incapacité au combat !
-Père… J’ai mérité ces galons par mes analyses stratégiques et…
-Mais taisez-vous espèce d’idiot ! Une guerre ne se gagne pas dans les livres ! Sur un champ de bataille votre couardise prendra le dessus… Vos pantalons seront déjà trop souillés avant la première attaque pour que vous ne puissiez coordonner quoi que ce soit ! Votre mère se désole de ne jamais avoir eu de fille… Pourtant c’est bien une femme que j’ai face à moi !
-Cela doit être dur pour vous de ne pas avoir de garçon alors…Vous qui ne cessez de tous nous comparer à des femmes.
-Si votre épée était aussi affutée que votre langue petit avorton, peut être enfin pourrions nous faire quelque chose de vous ! Mais concernant votre cas, je me désole que vous soyez effectivement un homme… Vous faîtes absolument n’importe quoi de votre masculinité…Chaque jour dans un lit différent…
-M’avez-vous trouvé ici même en galante compagnie ?
-Ne jouez pas au plus malin… Une fois n’est pas coutume… Je le reconnais, depuis deux années, vous avez su être suffisamment habile de ce point de vue.
-Ne vous êtes-vous jamais dit que c’était parce que… Je ne suis pas un homme volage ?
-Allons arrêtez-vous ! Nous savons tous que c’était vous l’homme qui a pris la vertu de la promise de votre frère Karl ! Heureusement pour vous, votre frère se refuse à vous tuer… pour l’heure ! Et accepte de ternir la réputation de cette Maria partie depuis, et non la vôtre ! Nous savons tous que vous ne pouvez-vous empêcher, comme cette Maria de changer de compagnie comme de chemise ! Mais justement, c’est de vos qualités au lit dont j’ai besoin ! Peut être aurons nous une chance de faire quelque chose de vous finalement!
-Pardon ?
-Demain, les Arendelliens viennent nous rendre visite !
-Le roi d’Arendelle vient ici ? Je croyais que ce royaume vivait replié sur lui-même…
-Eh bien il faut croire que non… Le roi Agnarr se déplace en personne… Il cherche un époux convenable pour sa fille cadette…
-Si je ne m’abuse père, la princesse d’Arendelle est encore une enfant en pleine adolescence ?... Ne suis-je pas un peu trop âgé pour elle ? Pourquoi ne pas proposer mon jeune frère Hans ? Au niveau de l’âge c’est plus logique non ?
-Taisez-vous imbécile ! Ne me parlez pas de cet avorton ! Gardez vos avis, je me charge du reste !... Je vois pour vous un grand et beau mariage ! Vous devriez me remercier !
-Quoi ?... Mais père je…
-Oh non, vous n’allez pas me parler d’amour ! Laissez ça aux femmes !... De toute manière comment un dépravé comme vous pourrait aimer ? Ce que j’attends de vous…C’est que pour une fois vous restiez ici ! Et surtout que vos déviances de dépravé soient contenues ! Quand vous serez marié mon garçon, que vous preniez des maîtresses… Au moins vous pourrez faire notre fierté, mais pas avant, vos badinages vous les oubliez pour l’heure !
-Vous ne me laissez pas le choix d’épouser qui je souhaite ?


Furieux, Wilhem saisit Yohan par le col et le plaqua contre le mur, son poing se serra alors qu’il l’approchait au plus près du visage du prince.


-C’est davantage par la nécessité de garder votre joli minois impeccable pour les Arendelliens que pour la promesse stupide faite à votre mère que de ne plus lever la main sur vous qui m’empêche de vous écraser mon poing pour votre bêtise incommensurable ! Mais Yohan… Sortez encore une imbécilité de la sorte et rien ne vous sauvera ! Vous vous marierez quand je l’aurai décidé et avec celle que je vous aurai choisi…Déjà estimez-vous heureux de cela ! Et puisque vous aimez tant lire… Renseignez-vous sur Arendelle ! Ca sera votre prochaine patrie après tout !
-Parce que vous pensez qu’Arendelle sera d’accord ? Espéra Yohan
-Vous n’y connaissez rien à la politique… Lorsqu’un roi sédentaire se déplace en personne pour suggérer un mariage, c’est qu’il n’a pas le choix ! Oh et une dernière chose ! Je sais que ces derniers mois vous avez tendance à voir souvent la même tisseuse… Gardez vos distances… Un prince n’a pas à s’abaisser avec le vil peuple… Alors je vais prendre un langage que vous allez comprendre. Si vous ne cherchez même qu’à la revoir… Je me chargerai de la faire tuer…Compris ?


Wilhem ne laissa pas le temps à Yohan de répondre qu’il ferma la porte et s’en retourna à ses occupations. Seul dans ses appartements, Yohan serra les poings et pour la première fois laissa éclater sa rage, il sortit son épée d’apparat et bien qu’émoussée et que l’homme soit un escrimeur de la pire espèce, la fureur prit le dessus et en quelques instants il détruisit complètement ce qui lui servait de bureau.
Essoufflé, il lâcha son arme puis de sa poche sortit un dessin froissé.



-Mon frère ? Oh ?... Toujours des problèmes en escrime à ce que je vois ? Lança alors la voix juvénile d’Hans.
-Hans ?!... Ca n’est pas le moment mon frère !
-Je crois que si au contraire !... J’ai tout entendu ! Suis-moi je vais t’aider à sortir, Camille et ta fille nous attendent…
-Ca ne va pas ?... Père me fait surveiller, je ne peux pas partir ainsi… Je dois trouver une stratégie !
-Justement ne t’embête pas… J’en ai une pour toi déjà !! Tu es le seul qui me parle ici… Tu me fais confiance ? … Tiens, échec…et je crois même que nous avons finalement terminé cette partie mon frère ! Conclut Hans avec un sourire en bougeant une pièce sur l’échiquier de Yohan.
-Effectivement… Je rends les armes ! Félicitations Hans ! Complimenta sincèrement son grand frère.
-Tu vois, j’ai tout prévu…
-Hans… Tu as fait de gros progrès je te l’accorde, mais là, ça ne sera pas un jeu…
-Non… Raison de plus pour avoir un allié mon frère… Tu es le seul que j’admire, tu crois vraiment que je souhaiterai te voir échouer ?


Hans venait de toucher un point sensible et Yohan ne pouvait que s’incliner. Son jeune frère s’était montré toujours présent pour lui, depuis deux ans, il avait su habilement trouver des cachettes pour lui et Camille. Il avait su trouver des médecins pour l’aider pendant sa grossesse et présenté comme un bouclier pour son frère, quitte à recevoir les terribles corrections paternelles. Si Yohan avait pu avoir la joie de devenir père, il savait qu’il le devait en grande partie à son jeune frère pour protéger son idylle avec celle qui lui avait fait définitivement renoncer aux autres femmes.
Camille n’avait pas été la première, loin de là, mais du jour où il avait posé son regard sur la belle tisseuse puis quand quelques temps plus tard il a appris avec bonheur qu’elle attendait un heureux événement, il s’était juré qu’elle serait la dernière, jusqu’à ce que la mort ne les sépare. Yohan suivait docilement son jeune frère qui effectivement semblait avoir pensé à tout ce qui impressionnait le nouvel officier.


-Dis moi Yohan ?... De quoi parlait père quand il a dit que tu avais souillé l’honneur de la fiancée de Karl ?


Yohan se figea, les propos de son frère firent remonter des souvenirs dont il n’était pas fier. Un vestige de son passé de séducteur. Au milieu des reproches immondes que Wilhem avait pu sortir, Yohan ne pouvait que lui concéder celui concernant une certaine Maria de Funningur. La délicieuse jeune femme devait être la promise de son frère ainé. Yohan se souvenait que son père avait interdit à Hans de participer au bal ce soir, le considérant trop jeune et immature. Mais Yohan, lui était présent, et n’avait pas pu quitter des yeux la délicieuse promise de Karl. Jamais il n’avait vu femme aussi désirable et sa nature de séducteur prit le dessus. Au hasard des danses durant le bal il sut habilement emmener la belle dans les jardins du château sans chaperon. Maria était timide, mais Yohan était un expert en séduction et les deux jeunes gens finirent par s’embrasser fougueusement. Ils surent apprécier l’instant jusqu’à ce que le scandale n’éclate. Par couardise, Yohan s’était enfuit laissant la pauvre duchesse être la seule à voir sa réputation souillée. Dès le lendemain, elle, ainsi que Karl quittaient les Iles mais déjà un quolibet de poufiasse commençait à suivre la délicate duchesse. Yohan de son côté s’était fait tout petit, alors que la rumeur commençait à mentionner son nom. Quelques jours plus tard, pour la première fois son chemin croisait celui de Camille.


-Eh ? Yohan ?! T’es avec moi ?! Insista Hans qui constatait que son frère se perdait dans des pensées lointaines.
-Quoi ?... Euh non je… Je n’en sais rien… Enfin peu importe ! Mentit Yohan, trop honteux
-Encore un nouveau mensonge de papa c’est ça ?
-Sans doute frérot !... Mais pourquoi me parles-tu de la duchesse ?
-Notre frère vient avec sa fiancée… Nous pourrons en profiter ! Papa comptes te marier à l’héritière d’Arendelle pas n’est-ce pas ? Il faut donc que tu t’en ailles loin avec Camille ! Tu profiteras du navire de Karl !
-Pas l’héritière mais la cadette… Corrigea-t-il
-Oh mon frère ?... Ne me dis pas que tu es si naïf ?! … Pour qu’il se montre si menaçant c’est évident qu’il ne te réserve pas la deuxième née… Crois-moi, en tant que dernier né, je ne sais que trop à quel point il peut mépriser celui qui ne doit pas gouverner ! Vite ! Entre là-dedans ! Camille est avec ta fille !
-Dans cette taverne miteuse ?
-L’endroit parfait ! Père ne vous y cherchera pas ! Si tu savais, je m’y réfugie souvent ! Ne t’en fais pas, l’endroit est sûr !


Les propos rassurants d’Hans encouragèrent Yohan qui suivit volontiers son jeune frère dans l’établissement peu recommandable et, après quelques palabres et une bourse d’or, il fut conduit vers une salle à l’écart et son cœur battit la chamade. Camille était là et tendrement berçait la petite Emma qui venait de s’endormir. Avec délicatesse, Yohan prit dans les bras sa fille sans la réveiller pour prendre le relais alors que la jeune maman remercia chaleureusement Hans.


-Vous êtes trop bon pour moi mon prince… Souffla-t-elle avec une révérence.
-Allons Camille… Appelle-moi seulement Hans… C’est un plaisir ! Surtout restez cachés ici ! Yohan tu as entendu papa, le roi d’Arendelle doit venir demain… Demain soir ton absence sera remarquée… Quel camouflet pour père ! A n’en pas douter, Karl repartira dans la foulée… ça sera votre chance !
-Merci Hans ! Osa Camille en lui prenant la main.
-Je vous en prie ! … Partez au-delà des mers ! Tu me donneras de tes nouvelles mon frère ?!
-Avec joie ! Merci pour tout ce que tu fais pour nous petit frère ! Et surtout ne crois pas les imbécilités de notre père !
-De rien Yohan
-J’ai une dernière chose à te demander… Promets-moi de ne jamais rien dire à qui que ce soit ! Même après notre départ ! Avec ce coup-là, je doute que père nous le pardonne un jour !
-Je te le promets Yohan ! Je ferai tout pour vous protéger toi, Camille, et cette merveille ! Garder votre secret est un honneur !
-J’ai mieux !... Prince Hans des Iles du Sud… Accepteriez-vous, quand nous serons en sécurité de devenir… Le parrain d’Emma ?


Surpris Hans ne sut quoi répondre, son regard se posa sur l’enfant endormi dans les bras de son père puis sur Yohan qui, sourire aux lèvres approuva la décision de Camille. Le benjamin de la fratrie ne put que faire un signe de tête, trop heureux que pour la première fois de sa vie il soit enfin considéré autrement que comme un raté. Avec maladresse, le jeune roux quitta la pièce encore sous le choc de la proposition. L’esprit ailleurs, il renversa maladroitement la table d’une cliente encapuchonnée assise paisiblement.


-Je ?... Oh veuillez m’excuser mademoiselle c’est ma faute !
-Non…ça n’est rien…
-Si j’insiste ! Permettez, qu’aviez-vous commandé, je suis le responsable je ne serais pas digne de mon rang si je ne vous remboursais pas !
-Je… J’ai demandé une camomille…
-Parfait ! Patron ! Une camomille premier choix pour cette table je vous prie ! Lança le prince en déposant trois pièces d’argent sur la table. Avec toutes mes excuses !
-Je vous en prie… Souffla la femme.


Hans fier d’avoir agi en gentilhomme prit congé de l’inconnue surprise de tant de considération. Celle-ci le regarda s’éloigner puis ne put s’empêcher alors que le tavernier avec dédain lui apportait une nouvelle camomille d’observer la petite porte par laquelle le jeune prince était sorti. Elle tachait de se faire la plus discrète possible et réajusta la capuche de sa cape sur sa tête jusqu’à ce que Karl n’entre bruyamment dans le débit de boisson. En quelques secondes il fit face à la femme à qui il prit le bras sans aucune douceur.


-Des heures que je vous cherche ! Vous croyez que la honte de votre réputation n’est pas suffisante ! Si votre famille n’était pas si fortunée…
-Eh bien allez-y Karl ! Frappez-moi si l’envie vous dit… Bonne idée un scandale de plus !
-Vous avez de la chance madame…Mais nous règlerons ça plus tard ! Ne prenez pas vos aises ! Je suis là pour étriper mon frère qui a souillé votre réputation… Même si vous êtes au moins aussi responsable que cet imbécile ! Ensuite…
-…Ensuite je serai votre épouse dévouée fidèle, reconnaissante et soumise comme je vous l’ai promis… Grimaça la femme.
-Exactement Maria ! Alors cessez de fuir ainsi ! Je vous offre votre vengeance sur Yohan et je me trouve encore bien trop généreux !
-Vous êtes trop bon pour moi mon prince. Conclut la duchesse qui le suivit non sans avoir jeté un dernier regard vers la porte cachée.



Le lendemain, le navire Arendellien accostait en grandes pompes dans la ville en fête. Néanmoins la politesse ne fut qu’une façade sauf pour Agnarr peut être. Tous avaient l’esprit ailleurs. Iduna continuait de désapprouver alors que Wilhem lui enrageait de constater que Yohan avait disparu. Frustré le souverain local ne répondit que par courtoisie à son homologue, remettant volontiers à plus tard la possibilité de trouver un prétendant à la jeune Anna d’Arendelle et ce même si Agnarr de son côté, insistait pour rencontrer quelques princes insulaires.
Finalement, au détour d’une nouvelle conversation, autour du repas protocolaire auquel seul Karl était convié au titre d’enfant royal, Wilhem ne tînt plus.


-Dites-moi mon bon roi… Vous venez quérir pour votre cadette un parti convenable et je ne peux que me féliciter de vous savoir intéressé par la possibilité de forger une alliance avec nos Iles néanmoins… Sauf le respect que je lui dois cela va sans dire. Il ne s’agit que d’une enfant de douze ans c’est cela ?... Savons-nous au moins si elle a déjà saigné ?
-Quoi ?! S’insurgea Iduna qui réprima un haut le cœur.
-Wilhem, pardonnez-moi de vous corriger mais notre très chère Anna a eu 15 ans il y a quelques mois… Elle n’est plus tout à fait une enfant.
-Oh ?... Pardonnez ma méprise votre Altesse, je ne voulais en aucun cas vous contrarier quant à l’âge de votre cadette. Susurra Wilhem à l’attention d’Iduna.
-Vous êtes… Tout excusé… Peina-t-elle à articuler entre ses dents.
-Néanmoins le problème si l’on peut l’appeler ainsi reste le même c’est encore une enfant… Pardon une très jeune femme. Délicieuse à n’en pas douter, si j’en juge par la beauté de votre Altesse ! Cependant, ne pensez-vous pas mon ami que cela soit encore un peu tôt ?
-Oh mais il est impensable que le mariage se déroule avant ses 18 ans. Cela sera de longues fiançailles ! Se défendit Agnarr.
-Certes j’entends… Mais justement, pour que notre alliance puisse se faire rapidement… Vous avez une fille ainée justement en âge ? Votre héritière. J’ose supposer que son avenir est une priorité pour vous. Je n’ai pas ouï dire qu’elle était encore promise alors… Je trouve qu’une possible union entre votre délicieuse fille et… Pourquoi pas mon fils Yohan serait une bénédiction ? Ce cher enfant n’est hélas pas parmi nous, comprenez c’est un travailleur exceptionnel. Doué pour l’art de la guerre et qui en ce moment doit terminer de parfaire sa connaissance auprès de nos généraux… Il a été tout récemment reçu au rang d’officier supérieur. Un garçon à la naissance et à la vertu irréprochable ! Tenez, mon fils ainé Karl ici présent ne pourra que vous dire tout le bien que nous pensons de ce jeune garçon…N’est-ce pas Karl ? Fit Wilhem alors que son fils ainé manquât de s’étrangler.
-Avec… Avec joie père… Oui… Yohan est à n’en pas douter… Il est sans conteste… Le meilleur de tous pour notre pays ! S’étouffa le prince.
-Voyez mon roi ? Je vous propose comme le dit si bien Karl… Le meilleur d’entre nous ! Vous ne pourrez trouver plus beau parti ! Votre merveilleuse Elsa mérite ce qu’il y a de mieux à n’en pas douter ! Une alliance entre ce prince qui fait notre fierté et votre exquise princesse… Voilà qui serait une alliance extraordinaire entre nos deux pays ? Et par la suite… Pourquoi pas si vous le souhaitez imaginer une autre alliance avec euh… Anita ? Vanta Wilhem en servant un verre à son hôte.
-Anna ! Hurla presque Iduna qui perdait ses nerfs.
-Oui c’est cela… Anna c’est ce que je voulais dire bien entendu…
-Si vous voulez bien m’excuser votre Majesté… Je crois que j’ai besoin de prendre l’air… Ce long voyage… M’a quelque peu indisposée. Souffla Iduna qui ne tenait plus.
-Votre proposition est alléchante roi Wilhem et nous ne manquerons pas d’y réfléchir très sérieusement mais je vous prie de m’excuser également, je me dois de raccompagner mon épouse avec votre permission…
-Ah mon ami, si vous commencez à vous soumettre aux femmes vous êtes perdu ! Mais je vous comprends bien sûr ces créatures sont si faibles, il est de notre devoir d’en prendre soin ! Allez-y, nous en reparlerons autour d’un cigare !
-Trop aimable. Fit Agnarr avec une révérence.
-J’espère pour vous l’ami que cette charmante Iduna n’est pas enceinte ! Ça commence toujours comme ça… Indisposée par les voyages ! Si c’est le cas je vous plains… Alix était insupportable ! Croyez-moi je sais de quoi je parle vu ma grande famille ! Railla le souverain insulaire.


Agnarr ne sut quoi répondre et esquissa simplement un sourire gêné avant de prendre congé. De son côté, Wilhem dévisagea méchamment son fils héritier.


-Toi et ta poufiasse avez l’audace de reparaître ici ?... Tu as de la chance qu’aucun de mes fils ne soit digne de mon trône où je t’aurai déshérité après ce scandale…
-Scandale crée par…
-Je t’interdis de finir ta phrase ! Ce dépravé est pour l’heure notre plus belle carte ! Alors tu vas être un gentil grand frère et montrer bien plus d’enthousiasme pour vanter les qualités de cet idiot ! Après quoi… J’accepterai peut-être que toi et ta trainée reveniez ici à la cour suis-je clair ?
-Oui père… Siffla à contre cœur Karl.
-Très bien… Alors que fais-tu encore ici ?... Tu devrais déjà être parti à veiller à ce que ta mijaurée n’aille pas encore terminer dans un lit, surtout celui de ton frère ! Crois-tu que c’est par hasard si cet idiot a disparu alors que pour la première fois depuis deux ans vous reparaissez sur nos Iles ?... Va les retrouver ! Ou c’est la garde qui se chargera d’elle !



Furieux Karl prit congé de son père pour partir vers ses appartements et constater fou de rage que la duchesse de Funningur les avait désertés… Il s’empressa alors de partir à sa recherche, tandis que dans les jardins, Agnarr s’était approché d’Iduna.



-Tu vas bien ? S’inquiéta-t-il
-Agnarr ?!... Comment peux-tu rester une minute de plus avec ce goujat ?
-Il… Il m’agace autant que toi mais.. Iduna, je ne souhaite pas juger les princes d’après leur père… Ce Yohan est probablement un homme charmant !
-Pour Elsa ?! … Ce roi ne pense qu’à Elsa ! … Il n’a même pas retenu le prénom d’Anna !
-…Sa proposition… Nous pouvons peut-être y réflechir et voir par la suite pour Anna. Attendons au moins son seizième anniversaire pour faire ensuite venir un prince des Iles que nous estimerons digne d’elle… Faisons cela pour nos enfants. Nous devons les protéger ma douce ! Surtout Elsa. Son pouvoir la rend… Elle est un trésor Iduna ! Un trésor précieux, une puissance qui attirera les convoitises !
-Agnarr… Votre Majesté, j’ai quelque chose à vous dire. Fit alors Iduna avec une révérence.
-Quoi ?... Mais Iduna pourquoi ce ton si protocolaire voyons ?!
-C’est important !
-Soit…
-Je dois vous parler de mon passé
-Je vous écoute ?
-Votre majesté se souvient-elle de l’histoire qu’elle a jadis racontée à nos deux filles, la veille de ce terrible accident pour Anna ?
-Que voulez vous me dire votre Majesté la reine ? Pourquoi être si inquiète ? Vous ferais-je peur ?
-Je dois m’adresser au roi… Vous en souvenez-vous ?
-Je m’en souviens…
-Vous aviez dit avoir entendu une voix qui vous a sauvé…
-Exact
-AH AH AH AH !!! Chanta alors Iduna…

Un long silence s’abattit alors sur le jardin des Iles du Sud. Agnarr avait lâché la main de son épouse et la dévisagea longuement alors que les derniers souvenirs de l’accident et le transport dans cette charrette à demi conscient lui revînt en mémoire.


-Iduna c’est…
-C’était moi votre Altesse… Avant d’être votre épouse, avant d’être une orpheline qui fabriquait des moulins… Avant tout cela… J’étais une Northuldra ! Ma mère comme mon père étaient les chamanes du peuple du soleil… Petite, j’ai eu l’occasion de croiser le roi Runaerd dans la forêt enchantée…


Iduna termina sa phrase en se mordillant la lèvre, sa main droite dans sa poche de robe elle tenait toujours fermement le pli de Runaerd qu’elle souhaitait ne pas avoir à sortir. Pendant quelques instants qui lui parurent être une éternité, Agnarr la dévisagea, puis avec douceur il pit son épouse par la taille et qui offrit un long et langoureux baiser. La reine, au départ surprise en apprécia chaque instant. Son cœur battait la chamade alors que ses craintes s’évanouissaient. Ce baiser, elle aurait souhaité qu’il dure éternellement. Il était le meilleur de tous. En cet instant, Iduna comme Agnarr avaient le sentiment de tomber amoureux pour la première fois…


-Et c’était de m’avouer ceci qui te faisais si peur ?
-Oui… Confessa Iduna.
-Comment pourais-je en vouloir à celle qui m’a sauvé la vie ?! Si seulement je l’avais su dès le départ !... J’aurai exigé que tu vives à mes côtés des le premier jour !
-Agnarr… J’ai autre chose à te dire… Coupa Iduna qui relacha le précieux courrier de Runaerd.
-Quoi ma sauveuse ?
-Je souhaite que nous quittions cet endroit le plus vite possible !
-Si tel est ton souhait nous partirons demain avec la marée… Elsa sera contente de nous revoir plus tôt que prévu ! S’amusa Agnarr.
-Justement… Agnarr, je suis Northuldra… Je sais… Enfin je crois savoir d’où vient le pouvoir d’Elsa ! Et peut-être que…
-Dis-moi !
-Avant, il y avait plusieurs peuples Northuldra…Et mon père… Mon père venait d’un pays lointain que l’on appelle les Terres Gelées. Elles ne figurent sur aucune carte ! Mais je peux t’y conduire je pense…
-Voyons cela… Alors montre-moi ? Demanda Agnarr en dépliant sur l’herbe sa carte de navigation qui ne le quittait jamais.
-Voilà, nous devons revenir dans le fjord…Puis remonter vers le Nord… Au-delà du brouillard et dans la mer sombre trouver… Ceci ! Conclut-elle en dessinant la route à suivre et le nom de leur destination.
-Ah… Ahtohallan ? Mais ?... Tu m’as parlé des terres gelées.
-Celles-ci sont sur l’Ile après Ahtohallan ! C’est une rivière magique ! ... Elle contient toutes les réponses ! C’est peut-être de là que vient la source de ses pouvoirs ! Insista la reine en griffonnant quelques hypothèses sur la carte.
-Qu’y a-t-il là bas ?
-Je.. Je n’en suis pas certaine… Ma mère m’en parlait quand j’étais petite ! Elle ! Je sais qu’elle y est allée ! Hélas petite j’ai… Eh bien j’étais même pire qu’Anna pour ce qui est d’écouter les leçons ! J’ai essayé de trouver des réponses depuis… Ahtohallan peut être beaucoup de choses, mais c’est aussi un passage vers les autres mondes… Ceux de l’Yggdrasil.
-Tu crois que le pouvoir de l’Yggdrasil provient de cette île ?
-C’est possible…
-Et donc le pouvoir de notre fille viendrait de l’équilibre de l’arbre monde ?
-ou son déséquilibre qui sait ?
-L’Yggdrasil… Notre fille aurait le pouvoir des 9 royaumes de l’Yggdrasil ?!
-Non Agnarr… Je n’ai pas dit ça… Je n’en sais rien ! Il faudrait trouver Ahtohallan pour avoir des réponses…
-Mais pourquoi personne ne l’a encore trouvé ? Ou conquis ?
-Ahtohallan ne peut être visité que… par le cinquième esprit Agnarr ?
-Le cinquième esprit ?
-Oui tu as raconté aux filles les esprits élementaires… Eh bien il y en a un cinquième… Qui est une passerelle…
-Alors ? Comment pourrons nous nous y rendre ? Questionna Agnarr inquiet.


Iduna ne répondit pas. A la place elle esquissa un timide sourire et releva sa robe au dessus de ses chevilles.


-Iduna ?! Mais voyons ?!...
-Calme-toi Agnarr…. Pourrais-tu… M’enlever la chaussure je te prie ?... Et observe ma plante de pied.
-Oui… Une marque de naissance, je l’ai déjà vue et alors ? Commenta le roi en reposant délicatement le pied de son épouse.
-Regarde mieux Agnarr… Cette tache comme tu dis, représente les esprits…et moi en son centre… C’est la marque du cinquième esprit…
-Iduna ?... C’est toi le…
-Non Agnarr ! Ma mère l’était… Moi je n’ai jamais été initiée… Mais peut être que… Qui sait je pourrais réussir ? Nous devons courir le risque !
-Et comment !... Qui sait ?... Nous avons peut être là, tous les pouvoirs de l’Yggdrasil à portée…de ton pied ma douce !... Pour aider Elsa ! S’empressa de conclure le roi.
-Tu le penses ?
-Oui ! Partons demain ! Nous irons jusqu’au bout, trouver cette ile et le pouvoir de notre fille ! Termina le roi déterminé en embrassant à nouveau son épouse.


Iduna était soulagée. Elle qui craignait qu’Agnarr ne comprenne pas, la réaction positive du roi avait été bien au-delà de ses espérances. Elle apprécia à nouveau ce baiser, libérée d’un fardeau si lourd, et heureuse d’avoir honoré sa promesse envers Petterssen. Le couple d’Arendelle resta ainsi quelques instants, sans remarquer que non loin d’eux, la duchesse de Funningur les avait écoutés d’une oreille attentive quand soudain, elle sentit la lourde main de Karl se poser sur elle.


-Ah vous voilà ! Vous vous refusez à moi depuis tout ce temps pour de nouveau aller fricoter avec mon frère ?
-Karl ?! Arrêtez ! Je vous le répète, nous n’avons rien fait votre frère et moi ! Il m’a volé ma réputation par un baiser mais nous ne sommes pas allés plus loin et…
-Taisez-vous ! Menaça le prince furieux.


Karl souhaitait frapper sa promise mais, alertés par les cris, Agnarr et Iduna étaient parvenus à leur rencontre. Aussitôt, le jeune prince se radoucit et arbora un grand sourire à l’attention de Maria puis d’Agnarr.


-Oh ? Votre Majesté !? Vous profitez de nos jardins ? Vous avez raison, la promenade est exquise ! Puis-je vous conseiller si vous souhaitez avec son altesse quiétude et romantisme la roseraie ? Lança-t-il mielleux.
-Nous avons entendu crier… Tout va bien ? Demanda Agnarr soupçonneux.
-Oui… Rien de grave… Permettez moi de vous présenter ma promise, Maria de Funningur. Pardonnez-la de vous avoir alertés, la pauvre a vu… une araignée et… Elle en a une peur bleue n’est-il pas ma douce amie ? Questionna Karl en serrant le bras de sa fiancée.
-Je… Exact… Merci d’ailleurs de m’avoir sauvée…
-Oh ?... Eh bien je suis ravi de voir que le prince des îles du Sud se comporte en parfait gentilhomme ! Je ne doute pas que vos jeunes frères se montrent eux aussi tout aussi courtois…
-Vous ne serez pas déçus quand vous les verrez votre Majesté…
-Hélas, ça sera pour une autre fois.
-Plaît-il ?
-Oui… Une urgence nous rappelle en Arendelle ? Auriez-vous mon ami l’amabilité de présenter nos excuses auprès de votre père et le remercier pour son accueil… Nous étudierons avec soin son offre pour Elsa et ne serons pas sans nous revoir… En Arendelle cette fois-ci !
-Vous partez ?
-Demain avec la marée. Affirma le roi.
-Bien… Je ne vous cacherai pas que mon père sera déçu mais, je transmettrai avec plaisir vos grâces…



Karl tînt parole et le lendemain vers midi le roi était sur les quais royaux à organiser une cérémonie de départ pour les Arendelliens. Derrière son sourire de façade, il avait du mal à cacher sa colère de voir partir ses hôtes.
De leur côté sur le pont, Iduna comme Agnarr ne purent cacher, une fois au large leur satisfaction de quitter ce grossier personnage. A nouveau ils échangèrent un baiser avant qu’Agnarr ne parte vers la cabine du capitaine pour lui faire part du cap à suivre. Iduna seule sur le pont s’approcha du bastingage de proue et observa longuement le pli scellé qui lui avait été confié… Après une longue hésitation, plutôt que de l’ouvrir, elle préféra le jeter par-dessus le bord, laissant les propos du roi Runaerd plonger au fond de la mer du Sud.


Plus au Sud au même instant, la duchesse de Funningur s’empressa de retrouver le roi Wilhem dans son cabinet de travail. Sans même prendre la peine de s’annoncer, elle força sa porte.


-Non mais pour qui vous prenez-vous ?
-Votre Majesté, nous savons tous les deux que si j’avais demandé audience, vous m’auriez congédié…
-Rassurez vous je vais le faire de ce pas…
-Vous cherchez Yohan n’est-ce pas ?! Coupa la duchesse.
-Je vous accorde une minute ! Souffla le roi.
-Vous voulez le faire payer ? Moi aussi ! Il m’a volé ma réputation !
-50 secondes !
-Votre Majesté ?... Saviez-vous que vous êtes grand père ?
-40… QUOI ?!
-Oui… Votre fils Yohan a eu un enfant… Avec une fille du peuple. Ils attendent de partir aujourd’hui par la mer pour s’installer loin ! Si vous souhaitez les prendre… Et ainsi faire en sorte que Yohan soit un prétendant pour Arendelle… Vous devez agir !
-Où ?!
-La taverne des quais, son arrière salle ! Ils patientent que votre fils Hans ne leur trouve le bon moment…
-Hans ?... Je ferai regretter d’être né à cet avorton !
-Puis-je me permettre votre altesse ?... Ne laissez pas Hans croire que vous l’avez démasqué !... Au contraire, vous deviez compter sur lui pour être le prétendant de la princesse Anna ! Je n’ai pu m’empêcher d’entendre le roi d’Arendelle hier… Sa fille Elsa risque d’être difficile à atteindre mais en revanche… J’ai entendu dire que le choix du roi pour sa cadette se porterai sur votre benjamin.
-Vous en êtes certaine ? Comment puis-je vous croire ?
-Si vous permettez ?


Sans attendre l’autorisation, la duchesse se pencha vers Wilhem laissant apparaître involontairement la naissance de ses seins auprès du roi alors qu’elle indiquait des endroits sur la carte. Rapidement, elle se rendit compte que le souverain était plus intéressé par ses attributs que ses arguments. Elle venait de découvrir une arme redoutable !


-Vous me suivez Altesse ? Questionna-t-elle
-Oui vous disiez ?
-Voici les endroits où placer vos hommes… Vous pourrez aisément les capturer… Si j’ai raison alors vous saurez que je dis la vérité sur le roi Agnarr !
-Fort bien… Merci mademoiselle de Funningur…
-Votre Altesse attendez ! Si j’ai raison… Pouvez-vous faire une chose ?... Ne tuez ni la femme ni l’enfant ?
-Quoi ?
-Votre fils est un stratège… Si vous l’éliminez, jamais il ne vous obéira !... Si vous l’avez prisonnière, elle et son enfant… Vous aurez l’avantage !
-Finalement… mon imbécile d’ainé n’a pas si mal choisi sa promise !...Accordé ! Est-ce tout mademoiselle ?
-Pas exactement mon roi…
-Laissez-moi deviner, vous souhaitez rester ici… Pouvoir vous venger de Yohan… Accordé…
-Pas exactement. Bien sûr cette vengeance est ce que je souhaite en premier lieu mais si je dois rester ainsi que votre fils… Je souhaiterai m’instruire… Auriez-vous dans votre bibliothèque des ouvrages sur… Un certain pays Northuldra et sur l’Yggdrasil ?
-Sonnez ! Un serviteur viendra ! Demandez lui de vous conduire à la bibliothèque, vous trouverez probablement ce que vous cherchez !


A ces mots, le roi quitta les lieux, sans même un regard pour Maria


-Mais j’y compte bien votre Altesse… Le pouvoir des neuf royaumes que disait Agnarr… Il me tarde de voir ça ! Susurra-t-elle pour elle-même.



A quelques kilomètres de là. Hans arrivait dans l’arrière salle pour préparer l’évacuation de son frère. Hélas, il n’avait pas prévu qu’une patrouille de son père allait les prendre en tenaille tandis qu’avec l’enfant, Yohan et Camille tentaient de fuir.
Les soldats gagnaient du terrain… Les chances de succès, Yohan comme Camille devaient se rendre à l’évidence étaient nulles. La femme cessa alors de lutter et plaça l’enfant dans les mains de son père.


-Camille mais que fais-tu ? Demanda le jeune prince effrayé.
-La seule chose que je puisse faire pour vous sauver Emma et toi ! … Me sacrifier ! Je vais les attirer ailleurs ! Ca te laissera le temps de fuir avec notre enfant ! Pitié Yohan, ne laisse pas notre fille aux mains de ton père ! Sauve la ! Eduque là loin d’ici !
-NON !!!
-Il le faut ! Lança Camille avant de partir en direction opposée.
-Non !!! Reviens !!! … Camille… Je serais toujours à toi !! Toujours !!!! hurla dans un cri de désespoir Yohan avant de fuir sur le cargo le plus proche.


Le prince eût juste le temps de se cacher dans la cargaison avec l’enfant. Il maintenait doucement sa main sur la bouche d’Emma pour l’empêcher de crier alors qu’il observait impuissant la scène… La dernière fois qu’il vit Camille. Elle était encerclée par huit soldats. Aussitôt il tourna la tête et serra fort l’enfant contre lui, comptant le plus grand nombre qu’il put et essayant de ne pas imaginer la funeste fin de l’amour de sa vie perdu à jamais…

Chapitre 22 : Rencontre



Les deux entités continuaient de disparaître, le processus était plus long que lors de leur entrée et les deux matriarches craignaient que leur petite fille ne se soit fourvoyée. Fort heureusement, elles furent soulagées de voir qu’après une hésitation, les limbes semblaient accepter leur retour dans leur monde. A nouveau les deux grands-mères échangèrent un regard. Pendant quelques instants encore, elles étaient connectées.


-Dis-moi ? Ta petite Picéaerd est bien à côté de toi n’est-ce pas ? Demanda la mamie vivante.
-C’est aussi ta petite Picéaerd à toi aussi ! Oui elle sera là pour mon réveil, ne t’en fais pas pour moi !
-Elle est douée pour le chamanisme ?
-Tu te souviens de nos espoirs pour Iduna ?... Cette petite en quelques semaines les as comblées ! Affirma la grand-mère de l’Helveg…
-Dis-moi ma chère moi ?... Du coup est-ce que tu crois que ?...
-Oh ?... Accroche-toi ! Ca ne coûte rien d’essayer !


Les deux Picéaerd encore une fois n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre. Mamie du monde des vivants se concentra du mieux qu’elle put, prête à faire le grand saut, elle visualisait l’âme de son homologue en veillant surtout à ne pas pénétrer son corps. Elle en connaissait le prix. L’opération était risquée et la grand-mère cherchait un lien infime pour se relier à son double de l’Helveg qui de son côté avait également libéré tous ses points d’énergie pour accueillir sa passagère et, alors que les dernières parcelles de leur enveloppe charnelle disparurent des limbes, les deux âmes errantes réussirent à créer un lien fragile et faible alors qu’elles se sentaient partir sans en comprendre réellement la destination.


-Mamie !!! Mamie c’est vraiment toi ?! Tu es vivante ?! Enfin non morte mais… Mais avec nous ici !!! Oh j’ai eu si peur !!! Lança Anna catastrophée au chevet de sa grand-mère qui ouvrait enfin un œil.
-Doucement… Doucement ma petite Piceaerd… Ferme les yeux et surtout ne pose aucune question nous n’avons que quelques secondes !
-Attends quoi ?
-Fais ce que je te dis ! Mamie.


Surprise, Anna ferma les yeux alors que sa grand-mère lui agrippa le bras. La jeune rousse ne comprit pas ce qui lui arrivait mais soudain, elle sentait une aura se connecter à elle. La surprise et l’énergie demandée la fit tomber à genoux quelques secondes. Mamie Anna l’observait et la secoua doucement pour lui redonner conscience. Quelques secondes plus tard, elle ouvrit les yeux et arbora un immense sourire.


-Oh mes aïeux…ça… ça a marché !


C’était bien le corps de la jeune rousse, mais la voix qui sortit de sa gorge n’était plus la même, plus âgée, la petite fille était devenue le réceptacle de sa grand-mère vivante.


-Bienvenue dans l’Helveg ma chère ! S’amusa Mamie Anna.
-Formidable et… Oh doucement Anna ! Ma parole mais c’est qu’elle est agitée cette petite ! Ca ne doit pas être simple tous les jours de lui enseigner l’art chamanique ! Remarqua l’homologue alors que le corps d’Anna avait de curieux spasmes.
-Chut… Calme-toi Anna ! Voilà qui est mieux ! Ta grand-mère est en toi. Laisse-la te pénétrer ! Voilà c’est parfait ma petite Picéaerd !  Laisse-toi guider elle ne te fera aucun mal !


La matriarche avait pris la main de sa petite fille pour connecter son aura à celle de son homologue mais aussi de la fille d’Agnarr. Aussitôt, la jeune rousse se sentit rassurée et accepta de laisser quelques instants son corps à son aïeule.

-Félicitations Anna ! Bien ! Nous n’avons pas beaucoup de temps ! Tu veux voir Elysia je suppose ?!
-Et comment !!!
-Tu es tellement prévisible ma chère… Je lis en toi comme je lirai en moi !
-Très spirituel Anna ! Se moqua la grand-mère vivante alors que le corps de sa petite fille se mordillait la lèvre.


D’un geste entendu, toutes deux regagnèrent rapidement la hutte où tous les membres de la famille les attendaient patiemment.


-Alors mon amour ? Le problème si urgent qui nous a interrompu est-il réglé ? Interrogea avec angoisse Elysia.


Le patriarche eût à peine le temps de terminer sa phrase qu’il manquât de tomber à la renverse, surpris de voir sauter dans ses bras sa petite fille, larmes aux yeux tandis que le reste de la famille observaient sans comprendre.


-Bah alors ? Mais qu’est-ce qu’il t’arrive à toi ? Pourquoi cette démonstration si soudaine ?! Interrogea l’aïeul.
-Elysia…C’est… C’est moi !
-Anna ?! C’est… Commença-t-il hébété.


Il jeta un regard rapide à son épouse qui lui fit un léger signe de tête. Aucune parole ne fut nécessaire, le patriarche avait compris. Le regard menthe à l’eau de la petite rousse brillait de la flamme d’une coupole qui brûlait aussi chez l’homme des Terres gelées. Tous deux se dévisagèrent un instant puis, attirés l’un vers l’autre, les lèvres d’Elysia allèrent à la rencontre de celles de sa petite fille. Le baiser fut long et langoureux. Bien que cela fut par le corps de sa petite fille, Mamie sût en apprécier chaque instant. Depuis trente cinq années de solitude elle avait été privée de ce plaisir qui lui réchauffait tant le cœur. Les deux amants fermèrent les yeux sous le regard amusée de la matriarche et effarés du reste de la famille qui peinait à croire voir le grand père embrasser la petite Anna d’Arendelle encore adolescente.


-Papa ?! Mais !!! Non mais qu’est-ce qui te prends ?! Fulmina Iduna en serrant les poings, prête à en venir aux mains
-Iduna ! Calme-toi ! C’est normal !!! Tempéra Mamie qui peinait à conserver son sérieux.
-Quoi ?! Et toi tu cautionnes en plus !!! Non mais ça ne va pas !!! Et toi Agnarr mais réagis !!! Depuis le temps que tu veux te battre avec papa là c’est l’occasion !!!
-N’y pensez même pas mon gendre ! Iduna, attends !!! Tu te souviens de la dernière leçon de chamanisme que j’aurai donné à la petite chipie que tu pouvais être mon ange de l’air…
-Quel rapport ?!
-Le rapport ?... Eh bien voilà ce que ça donne quand on le maîtrise ! Celle qui est en train d’étouffer à grands coups de langue ton père n’est pas ta fille… Mais bel et bien moi ! Enfin… Moi qui vient de la vie de ces deux-là ! Conclut la matriarche en désignant Ryder et Kristoff bouche grande ouverte d’étonnement à l’instar d’Hans médusé.
-Assez ! Fulmina Elsa écœurée.


La reine des neiges jeta un froid en séparant les deux tourtereaux qui se dirigeaient pourtant d’un pas décidé vers la chambre des plaisirs, prêts à exprimer davantage encore leur amour, d’une manière que la grand-mère vivante espérait depuis plus de trois décennies… Elysia avait déjà allongé la belle rousse qui volontiers descendait ses bas prête à sentir au plus profond de l’être qui l’abritait son amant de toujours. La maîtresse des pouvoirs de l’hiver les fit immédiatement s’arrêter à l’aide de ses pouvoirs les faisant tomber chacun d’un côté du lit. Les deux amants passés la surprise furent hilares de la situation et la fureur d’Elsa ne fit qu’augmenter leurs rires. De son côté, la reine des neiges dévisagea sa cadette avec un regard furieux, lui jetant son livre à la figure.


-Anna non mais tu n’as pas honte ! On ne badine pas avec l’amour !!! Surtout qu’il s’agit de papy ! Berk quelle horreur !
-Elsa !... Décidément tu as le don de mettre mes nerfs à rude épreuve ! D’abord ta version vivante et maintenant toi… Grinça la rouquine avec la voix de sa grand-mère.
-Attends quoi ?!
-Hum … Néanmoins je suis navré, j’aurai probablement dû me présenter… Confessa la petite rousse.
-Mamie ?! Tu peux nous expliquer ?! Demanda Elsa.
-Venez… On va prendre un bon ragout ! Nous avons pour l’heure une invitée spéciale !! Elsa, ça n’est pas ta sœur que tu sermonnes en ce moment mais… Moi ! Fit la matriarche le plus naturellement du monde.


Avec expertise mamie servit tous les membres de la famille donnant à chacun une portion conséquente avant de leur éclairer à tous l’esprit tandis que son homologue dans le corps d’Anna d’Arendelle se contentait seulement d’acquiescer sans pouvoir s’empêcher de continuer de tenir le bras de son mari retrouvé qui lui caressait tendrement les cheveux. A la fin des explications de la grand-mère, Elysia remarqua le trouble d’Hans et Kristoff à le voir avoir ces gestes d’amour envers celle dont le corps était celui de l’être aimé.


-Prenez-en de la graine les jeunes ! S’amusa le grand père malicieux.
-Lequel de ces messieurs est avec notre petite fille ? Questionna mamie du monde des vivants.
-Ah ça ?... C’est à notre petite Picéaerd de répondre quand tu lui auras rendu son corps !
-Pas besoin… Pour reprendre Papy « nous avons pris de la graine » une dernière fois mais… pour Anna ça sera Kristoff… ça a toujours été lui…Grinça Hans entre ses dents.
-Euh… Merci… Souffla le montagnard sincèrement ému échangeant une poignée de mains avec le jeune rouquin.
-Oh ?... Eh bien mon cher Kristoff, finalement vous ne vous en tirez pas si mal ! Désolée pour toi Elsa mais… Ryder est un homme bien. Evite s’il te plait de faire comme la toi de mon monde ! Commenta la jeune rousse.
-Que devient-elle ? Interrogea l’éleveur de rennes.
-Oh ?... Pas quelque chose de très bon. Je suis navrée pur toi mon grand elle… Elle s’est mariée avec Yohan juste après tes funérailles…
-Voilà ! Ma fille enfin avec un prince ! Fanfaronna Agnarr étonnamment silencieux jusqu’à présent.
-Mon gendre… Si vous pouviez ici être moins désagréable que votre version vivante cela m’arrangerait ! Coupa la grand-mère du monde des vivants.
-Oh vous allez vous calmer ! Ici vous êtes ma fille donc baissez d’un ton ! Grogna l’ancien roi.
-Dis ma chère moi ?... Il est toujours aussi ?...
-Aussi Agnarr… Que veux-tu on ne peut pas le changer ! S’amusa la matriarche qui échangea un rire avec son homologue.
-Elle…s’est mariée ? Grogna Ryder qui voyait ses craintes se confirmer.
-Hélas oui mon petit Nattura … Et depuis son mari a retrouvé la mère de sa fille ! C’est ce qui a fini me conduire ici… Mais aussi elle…
-Quoi ? Questionnèrent les membres de la famille.
-Le mieux serait que vous veniez tous voir par vous-même. Suggérèrent à nouveau de concert les deux grand mères.


Tels des pantins dociles, les membres de la famille suivirent sans rechigner les deux matriarches vers le dôme des souvenirs :


-Mais du coup je n’ai rien compris ?... La grand-mère a remplacé Anna c’est ça ? Questionna le jeune éleveur de rennes à son frère ainé
-Je n’ai remplacé personne mon petit Nattura ! Et je te le prouve !


Immédiatement la rousse ferma les yeux et tomba quelques secondes à genoux. Elle semblât avoir un léger hoquet puis se redressa avec un grand sourire adressé à Kristoff !


-Kristoff !!! C’est moi !!! C’est Anna !! Wow ! C’est bizarre je suis moi et je suis mamie !! … Mais… Papy ! Rassure-moi, je ne t’ai pas embrassé hein … et même pire que ça dans une chambre ! Blêmit la jeune femme.
-Eh bien… Commença soudain gêné le grand père.
-Non ma petite Picéaerd tu n’as pas embrassé ton grand père… Tu penses bien que jamais je ne l’aurai permis ! Maintenant, tu veux bien retourner dormir encore un peu ? On a des choses à voir avec ma moitié… Et elle ne peut pas rester indéfiniment !
-En somme je suis de trop mamie ? Rit la jeune Anna.
-Oh certainement pas ! Tu es même d’une importance capitale
-Attends quoi ?!
-Oublie ça pour l’instant… Tu comprendras le moment venu… Vous comprendrez tous ! Vous nous faîtes confiance ? Questionna la matriarche
-C’est qui « nous » ? Questionna Agnarr
-Tu le fais exprès ou quoi Agnarr… Le nous c’est maman ! … Et maman qui est dans le corps de notre fille ! C’est pourtant simple !
-Merci Iduna ! Alors ma petite chamane… On retourne dormir ?... Je te le promets, je ne recommence pas l’histoire sans toi ! Insista Mamie.


Toujours aussi confiante vis-à-vis de sa grand-mère, la jeune princesse d’Arendelle accepta de se laisser à nouveau envahir par l’âme de sa grand-mère du monde des vivants et tous rassemblèrent devant le dôme des souvenirs…


-Ryder… Je crains que ce que tu verras ne va pas te plaire…
-Peu importe si Elsa s’est trouvé un nouveau protecteur ! mes enfants auront un père pour les protéger de l’ordure que peut être le miens ! Lança Ryder déterminé
-Un point pour toi ! Bien… Comment ça marche de ce côté pour…
-Montrer les éléments que l’on souhaite ? Poursuivit la grand-mère de l’Helveg.
-C’est exactement ce que j’allais dire !
-A croire que nous ne formons qu’une toi et moi !
-Bon les Anna…ça suffit votre numéro ?! Tempéra Elysia les bras croisés.


Immédiatement, les deux grands-mères reprirent leur sérieux et les événements se matérialisèrent sous les yeux de la famille. La grand-mère du monde des vivants fit un léger signe de tête et fit arrêter le temps au moment souhaité sur les plages grises, en quelques secondes, la voix d’Elsa se fit entendre, à vociférer des propos ignobles à l’encontre de sa grand-mère et de ses responsabilités.


-Non ! Non comment ai-je pu dire de telles horreurs ?! S’offusqua Elsa au bord de la syncope.
-Quelle attitude déplorable Elsa ! Mais qu’avons-nous raté dans ton éducation ?! Gronda Agnarr…
-A peu près tout moustache junior ? Supposa Elysia.
-Oh vous le mouton, vous voulez qu’on vous reparle de la peste que pouvait être votre fille ?
-…Devenue ton épouse Agnarr ! Lança Iduna furieuse en lui mettant une tape à l’arrière de la tête.
-Vous pouvez vous concentrer tous les deux ? Coupèrent sèchement les grands mères en même temps.
-Mais…
-Agnarr… Vous êtes déjà pénible dans le monde d’où je viens si seulement…
-Non aucune chance, il est le même ici aussi hélas ! Mais mon moi a raison ! Concentrez-vous un peu ! Allez ! Que veux-tu nous montrer ?
-Ecoutez la fin de la conversation.


La voix sérieuse de mamie tranchait avec le physique de la petite rousse dont le sourire juvénile peinait à être pris au sérieux néanmoins, au-delà de la ressemblance physique, grand-mère et petite fille partageait la même obstination et tous comprirent qu’il ne valait mieux pas la contrarier.
Docilement tous se turent et purent observer la chamane donner une leçon qu’Elsa se refusait d’entendre.



-Maman ça suffit ! Je ne peux en supporter davantage ! J’ai été odieuse avec toi enfant mais jamais je…
-Je sais Iduna… Mais ça n’est pas Elsa qui devrait attirer ton attention… Mais ton fils !... Il est devenu le cinquième esprit !
-Et… Est-ce que… Est-ce que moi aussi j’ai perdu ce titre ici ? S’inquiéta Elsa
-Non ma grande, ici c’est différent… Ta vie est terminée ! Et toute ta vie tu as été cinquième esprit mais… cela complique grandement nos affaires !
-Quelles affaires mamie ?
-Tu es en train de briser la passerelle…Enfin je veux dire, ton autre toi, voilà le problème. Expliqua la matriarche de l’Helveg…
-En fait chère moi… Ca n’est pas ça le problème ! … Car la passerelle est fort heureusement toujours là !
-Attends quoi ? Questionna son homologue.
-Oh ?... Mais être morte te rouille quelque peu ma vieille ! Je pensais que tu l’aurais deviné…ou lu dans mon esprit ! Ouvre les yeux, la réponse est devant toi ! Fit la grand-mère du monde des vivants en désignant l’enveloppe charnelle qui l’abritait.
-C’est toujours ce qu’on a sous les yeux qu’on ne voit pas !... Comme il est bon de posséder deux cerveaux !
-Quand je vais repartir… Tu emmèneras Anna m’aider à ramener Elsa vers le droit de chemin…
-Euh… Comment ça vers le droit chemin ? J’ai fait quelque chose de mal ?
-Non pas toi ! Ton autre toi ! S’amusèrent les deux aïeules.
-Je crois qu’elles perdent toutes les deux la tête car tout ceci n’a aucun sens ! Glissa alors Kristoff en prêtant sa voix à Sven…
-Ca en a bien au contraire !
-Je crois qu’elle te prend pour un idiot car tu ne comprends rien Kristoff ! Répondit-il pour le renne.
-Faîtes-nous confiance ! Nous savons ce que nous faisons ! Glissa la jeune rousse avant d’aborder une mine plus sombre : Mais Kaspian… Kaspian est une menace !
-Pourquoi maman ?
-Iduna… J’ai perdu mon titre de cinquième esprit… Toi tu n’as jamais essayé de le prendre alors qu’il était censé te revenir… Et voilà que maintenant, Elsa à son tour échoue… A chaque défaillance, la nature met un poids supplémentaire sur les épaules du cinquième esprit… Un garçon si jeune, avec tous les pouvoirs qu’il ne peut encore maîtriser et encore moins comprendre ! … Il pourrait si on n’y prend pas garde déclencher un véritable cataclysme !
-Très bien ma fille…Enfin belle maman mais… Pardon, en quoi est-ce que cela nous concerne nous ? Ce garçon après tout n’est pas vraiment « notre enfant », pourquoi nous soucier de sa vie ? Il…


L’ancien roi ne put terminer sa phrase, alors que tous les membres de la famille l’observaient avec sidération, Iduna fut la plus prompte et gifla violemment son époux. Ses yeux lançaient des éclairs, elle était comme dans un état second et vociféra de toutes ses forces, inondant de reproches le pauvre Agnarr qui se demandait quel cataclysme il venait de réveiller. De son côté, Anna se tourna vers son double et lui serra la main avec un grand sourire.


-Je pensais que supporter notre gendre durant six longues années dans la forêt était un véritable enfer mais ma chère… Le tiens est bien pire… Je te souhaite bien du courage !
-Ne t’en fais pas ! Elysia est ici pour me seconder ! S’amusa la matriarche.
-Je… Bien… Belle maman… et Belle maman… Je vous prie d’accepter mes excuses pour ces propos déplacés. Grinça Agnarr.
-C’est plutôt à vous que vous devriez présenter des excuses ! Vous vous insultez vous-même mon gendre ! Mais… Pour vous répondre, cela vous concerne car il faut à tout prix que ce jeune garçon conserve toute la pureté qui façonne son cœur ! A mon retour je ferai tout pour la préserver mais ça ne sera pas facile… Andréas rode !...  
-Mais maman par contre je rejoins Agnarr sur un seul point… Ici, que veux-tu que nous fassions ?
-Mon ange de l’air… Si tu avais posé cette question enfant… Je t’aurai alors immédiatement dit que nous allions commencer une séance de chamanisme pour pouvoir ainsi, par esprits, influencer ce jeune garçon. Répondit avec un sourire gêné la grand-mère de l’Helveg.
-Si j’ai bonne mémoire, je crois que nous sommes arrêtées à une tentative de voyage astral ?... Alors maman professeur Picéaerd… Quelle est la prochaine leçon ?
-Iduna ?... Tu…
-La leçon suivante est : Comment hanter les vivants en étant un fantôme. Fit la mamie vivante avec un sourire.
-Oh?! … Ca a l’air super! Maman si tu me l’avais expliqué comme ça enfant, je crois que j’aurai été plus attentive ! Et je suis certaine qu’Anna adorerait ! Elle peut entendre la leçon même si tu occupes ton corps ?
-Euh… Je crois oui…
-Alors on commence quand maman ?! Questionna Iduna impatiente.
-Dîtes madame…Enfin mesdames Picéaerd ?... Moi j’aimerai bien voir ce que devient Elsa ! Insista Ryder.
-Vas-y… pars expliquer à Iduna ! Je reste avec les autres pour leur montrer où je me suis arrêtée ! Répondit la jeune Anna.
-J’y cours ! Mais toi ! Tu vas devoir penser à rentrer ! Le temps ne s’écoule pas de la même façon dans ton monde ! Tu ne peux pas te permettre d’en perdre trop ! l’avertit-elle avant de partir pour une leçon de chamanisme avec face à elle, une Iduna enfin docile, sérieuse et prête à apprendre.


Immédiatement, sourire aux lèvres, l’ancienne souveraine d’Arendelle et sa mère, émue de reprendre l’enseignement oublié depuis tant d’années s’éloignèrent du groupe sous le regard bienveillant d’Elysia, heureux de voir que d’une certaine manière, enfin son épouse parvenait à réussir à terminer ce qui fut l’un de ses regrets. Mais rapidement, à l’instar des autres membres de la famille, le patriarche se concentra sur les souvenirs et put voir comment Anna au dernier moment réussit à sauver de la noyade la reine des neiges. Puis arriva la douloureuse découverte et sa conclusion laissa un grand silence au sein de la galerie des souvenirs. A nouveau Elsa s’était montrée sous son plus mauvais jour et tous peinaient à croire ce qu’ils venaient d’entendre.


Quelques minutes plus tard, tous étaient de retour dans la hutte, choqués de ce qu’ils venaient de découvrir. Un long silence s’était installé au sein de l’assemblée et les assiettes refroidissaient. Tout le monde avait l’appétit coupé de voir Elsa être si odieuse envers sa grand-mère.
Soudain, un rictus de la rouquine brisa le silence. Mamie sentait qu’elle commençait à consommer trop d’énergie, aussi bien pour elle que pour la petite rousse qui l’abritait.



-Je suis désolée mes enfants d’avoir dû vous montrer tout ça mais… Je vais bientôt devoir laisser à nouveau notre chère petite Picéaerd reprendre sa place et m’en retourner chez moi…
-Mais quelle idiote je fais ! J’ai envie de me gifler de voir ça ! Gronda Elsa en colère.
-Je te comprends ma grande… Mais si vous avez la même âme, ça ne veut pas dire que c’est totalement toi. La rassura sa grand-mère.
-Prenez tous soin de vous… Même vous mon gendre ! Et je vous promets que de mon côté, je veillerai sur vos arrières… Andréas commence à s’approcher d’un peu trop près de vous. Concéda la grand-mère en partance. En échange… Essayez d’agir pour préserver l’âme de mon petit-fils !... De notre petit fils !


Alors qu’elle terminait sa phrase elle se tourna à nouveau vers Elysia et ne put résister à la tentation d’échanger à nouveau un long baiser d’adieu. Malgré le fait de savoir quelle âme était en train d’embrasser son père, Iduna ne put s’empêcher d’avoir un haut le cœur face à ce curieux tableau qui réussit cependant à détendre une atmosphère pesante et des sourires pouvaient désormais se lire sur les visages des autres membres de la famille.


-Allons mon ange de l’air… Tu en as sans doute vu d’autre non ? S’amusa la rouquine…
-N’hésite pas à revenir nous voir !... On pourra partager Elysia si tu veux ! Proposa la matriarche en étreignant son homologue.
-Deux Anna dans mon lit ?! … Par l’Yggdrasil ça y est ! Je suis dans l’Hellheim !
-Doucement mouton hihi ! là c’est quand même ma fille qui est…là-dedans !
-Qu’est-ce que vous avez moustache junior ?... Jaloux ?! Dommage pour vous qu’Iduna n’ait jamais voulu poursuivre ses leçons avec sa mère…Vous ne pourrez donc pas avoir le plaisir de tenter l’expérience !
-Ca pourrait changer maman ! Répondit malicieuse Iduna en dévisageant celle qui se trouvait dans le corps de sa fille avant d’échanger un regard complice avec sa mère de l’Helveg.
-On peut reprendre ton initiation Iduna… Mais désolé de te le dire, ta fille est bien plus douée ! Donc mon autre moi pourra revenir plus aisément facilement dans le corps de notre petite Anna ! Siffla la grand-mère de l’Helveg avec un grand sourire.
-Oh ?... Tu ne supportes donc plus notre petite Picéaerd pour me demander de venir à nouveau prendre sa place ? Questionna la rousse à la grand-mère en essayant de ne pas rire de voir Agnarr et Elysia se quereller ainsi.
-Non… Mais ça peut être intéressant que toi et moi nous…
-N’en dis pas plus… Je sais ! Répondit la grand-mère vivante avec un clin d’œil.
-Excusez-moi mais ?... Vous savez quoi ? Questionna Kristoff
-Tu verras bien ! En attendant, ta chère Anna voulait que tu saches qu’elle est en paix ! Elsa, elle est d’ailleurs partie veiller sur tes enfants là-haut… Conclut Mamie.


Son homologue ferma les yeux, prête à retrouver son monde et laisser sa petite fille qu’elle sentait s’impatienter de reprendre sa place au sein de la famille. Mais alors qu’elle s’apprêtait à partir, une aura semblait la retenir…


-Maman attend !
-Iduna ? Questionna-t-elle.
-Avant que tu ne partes… Quand tu retrouveras Elsa, je voudrais que tu fasses quelque chose de ma part…


L’intruse de l’Helveg, observa sa fille sans comprendre, elle était face à elle les yeux fermées. Avec expertise elle sut reconnaître avec émotion un voyage astral. La grand-mère en partance ferma les yeux et constata avec plaisir que l’âme de sa fille, comme un symbole venait de quitter son corps pour suivre Mamie Anna, rappelant à la grand-mère la fin de sa dernière leçon avortée avec sa fille. Alors que les âmes avaient quitté les corps où elles étaient abritées et se sentaient partir vers Ahtohallan, Mamie dévisagea l’âme de sa fille.


-Iduna… Tu as réussi finalement…
-J’ai eu un bon professeur maman !
-Tu sais que tu ne pourras pas m’accompagner jusqu’au bout…
-Je sais !
-Je suis fière de toi mon ange de l’air ! Rentre dans l’Helveg désormais…Que mon autre moi te félicite ! Fit mamie émue.


Sa fille acquiesça avant de faire sa dernière demande à sa mère. Mamie, légèrement surprise lui répondit par un grand sourire avant que les âmes ne se quittent. La grand-mère se sentit plonger vers Ahtohallan pour retrouver son corps. L’Helveg devînt un lointain souvenir pour elle et la seule chose qu’elle y entendit fut son homologue prête à poursuivre son histoire auprès des membres de sa famille. Mamie sentait Ahtohallan se rapprocher, elle ressentait en elle tant de sentiments. Enfin elle avait pu revoir l’amour de sa vie et, au fond d’elle-même savait qu’elle pourrait bientôt le rejoindre. Anna d’Arendelle était un parfait réceptacle ! Désormais, elle pourrait entrer en contact avec son autre entité sans craindre de disparaître à jamais dans les limbes. Pour elle-même, la grand-mère, souffla dans sa tête ces mots « merci Anna d’Arendelle ! ».
Arendelle… Mamie savait qu’à son retour, elle allait devoir se pencher vers le royaume en danger.

Chapitre 24 : Les Secrets d’Ahtohallan


Péniblement, Mamie sentait qu’enfin elle regagnait le corps qu’elle avait laissé auprès de sa petite fille aux portes de l’Helveg pour y vivre ce qui fut l’une des expériences astrales les plus intenses et complexes de sa vie mouvementée. Si sa rencontre avec son double d’un autre plan astral avait été relativement bref, Anna avait l’impression désagréable de retrouver un corps abandonné depuis bien plus longtemps qu’elle n’avait vécu dans le monde des morts.


« Mamie ? Mamie ?! Tu ?... Tu es vivante ?! » Fit une voix pratiquement méconnaissable.


Avec difficulté, Anna commença à se mouvoir à nouveau, elle retrouvait avec douleur un corps qui réapprenait à vivre à la suite d’une longue période d’immobilité. Les jambes puis les bras répondaient en spasmes de plus en plus contrôlés. La voix auprès d’elle qui paraissait être celle d’Elsa continuait. Pourtant, le timbre et l’intonation semblaient différents, vide de toute volonté. Les beaux yeux de mamie Anna furent les derniers à enfin obéir à sa volonté, les formes se précisèrent rapidement, la matriarche put enfin discerner celle qui l’observait et son cœur manquât un battement. Cette vision lui fit retrouver pleinement ses facultés et réussit à se relever. Elle balaya l’environnement de son regard et allait de surprises en surprises. Le paysage glacé qui l’entourait n’était pas celui du dôme des souvenirs. Les murs élégamment taillés et ornés de flocons et volutes à la fois Arendelliennes et reprenant les symboles des esprits de la nature, et même le lit de neige où elle reposait… Anna était sans savoir comment ni pourquoi, était confortablement installée dans le palais de glace de sa petite fille qu’elle avait repéré lors de son arrivée en Ahtohallan. Cependant, ce qui la surprenait bien davantage encore, c’était Elsa. La reine des neiges n’avait de royal plus que le nom. Sa chevelure blonde habituellement si soyeuse et élégamment coiffée avait été remplacée par une chevelure sans vie, nouée de toutes parts comme si la jeune femme venait de sortir d’une nuit de plusieurs semaines. Le visage de la gardienne avait également perdu toute sa superbe, le maquillage impeccable n’était plus qu’un lointain souvenir et les derniers résidus sous les yeux laissaient apparaître simplement des cernes plus profondes sous des yeux gonflés et rougis de nuits sans sommeil et larmoyantes. Plus rien ne pouvait rappeler la glorieuse reine des neiges mais, pour Anna, les grands yeux bleus, bien qu’emplis de tristesse et de désespoir demeuraient identiques à ceux d’Iduna ne pouvait la tromper. C’était bien Elsa qui était face à elle, dans un état qui lui rappelait celui qu’elle avait pu avoir elle-même après la disparition tragique de son époux tandis qu’elle attendait exilée l’arrivée salvatrice de son jeune fils. D’ailleurs, en baissant les yeux, la surprise fut d’autant plus grande. Sa petite fille si mince d’ordinaire ne pouvait cacher son état. Les triplés avaient déjà grandi et trahissaient leur présence.


-Elsa ?...
-Mamie !!


Pour la première fois depuis bien longtemps, un sourire illumina ce visage triste, à nouveau des larmes coulèrent mais pour une fois elle n’étaient pas dues à la tristesse alors que la jeune femme se jetait dans les bras de son aïeule cherchant désespérément consolation et réconfort comme elle pouvait le faire jadis après un cauchemar dans les bras d’Iduna qui lui chantait alors la berceuse d’Ahtohallan.


-Elsa ?... Mais… Allons… Doucement calme toi, voilà, je suis là… Que s’est-il passé ?
-Mamie… Renifla la reine des neiges qui tentait de contrôler ses larmes.
-Oui tu l’as déjà dit Elsa… Sais-tu prononcer d’autres mots pour m’expliquer…
-J’ai… J’ai cru que tu étais…
-Morte ?... Non c’est plus compliqué que ça… Mais j’étais dans le monde des morts ! Et apparemment plus longtemps que je ne le pensais vu ton état…. Combien ?
-Ca fera trois mois dans trois jours…
-Trois mois ?! Oh dans ce cas je comprends mieux que tes petits princes se voient tant que ça !


Délicatement Anna posa sa main sur le ventre rebondi de sa petite fille et sentit immédiatement les âmes des petits princes qui se développaient en silence. Tous trois ressentaient le malaise de leur mère et se faisaient les plus petits possibles dans son ventre mais leur nombre forcément laissait supposer qu’Elsa devait être dans cet état depuis deux fois plus de temps au moins. Tandis qu’elle continuait de calmer sa petite fille, Anna ne put s’empêcher d’avoir une grimace de contrariété. La tenue d’Ahtohallan que portait Elsa aurait dû être sublimée par la grossesse mais hélas ça n’était pas le cas. Le vêtement magique était devenu terne et négligé. Plus un seul cristal gelé ne scintillait et étaient à l’image d’Elsa, ternes, désolés, sans vie…


-Oui… Je m’en suis tellement voulue Mamie… Quand je t’ai vu t’effondrer d’un coup et la porte de l’Helveg se fermer… J’ai tenté de l’ouvrir vainement… Je voulais partir te sauver mais rien à faire c’était impossible ! Alors… J’ai préférée utiliser mes forces pour te conduire au palais…
-Tu ?... Tu m’as portée seule ?
-Non… Les snowgies m’ont aidé. Ils ont aussi transporté Anna également. Pointa Elsa en désignant un cercueil de glace translucide où reposait celle qui devait être reine d’Arendelle.
-Tu as bien fait Elsa… Mais qui sont les snowgies ?
-Ils… Ils ont fondu… Il n’en reste qu’un seul, mais il est très faible. Montra Elsa en tendant à sa grand-mère un petit bonhomme de neige épuisé.
-Donc c’est toi et tes frères qui m’a amené ici ? Questionna Mamie en souriant.
-Je l’ai nommé Anan…
-Anan ?!
-Oui…. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais faire que des garçons… Et comme il devait veiller sur ma sœur et toi, je trouvais normal qu’il se nomme comme vous deux…



Mamie n’écoutait plus les explications de la reine des neiges, elle préférait observer sa petite fille qu’elle n’avait pas connu dans cette vie même si dans le monde des morts elle lui avait emprunté son corps, mais c’était surtout le nom de la créature enneigée qui rappela mamie à des souvenirs du passé et celui d’un enfant qu’elle n’aura jamais eu le bonheur de pouvoir tenir dans ses bras.


-Mamie ?... Mamie ?! Tu m’écoutes ?
-Quoi ?
-Oh désolée oui… Tu veux rester avec Anna je suppose ?... Mamie ?... Tu l’as vu… là bas ?!
-Oui Elsa… Je l’ai vue… Elle est en paix ne t’en fais pas, j’y ai veillé ! Et je n’ai pas vu qu’elle ! J’ai vu toute la famille ! Ton grand père, tes parents…
-Quoi ?! Mes parents ?! Ils ?! Ils sont…
-Non Elsa calme-toi !!! Je ne parle pas de tes parents…de cette vie !
-De cette vie ?!
-Allons Elsa ?... Tu ne te rappelles donc pas de ton rêve où tu vivais la vie de ta sœur ?...
-Euh… Mais ça n’est qu’un rêve mamie…
-Ton manque de foi me consterne… Tu fais un bien piètre cinquième esprit…Enfin faisait ! Répliqua mamie sévère.
-Je sais mamie… J’ai tout gâché pour tout le monde… Répondit Elsa penaude.
-Je ne te le fais pas dire Elsa… Dans l’Helveg, la famille a été très déçue de ton comportement… Mais la plus sévère de toutes…
-C’était Anna ? Oh mon Dieu je l’ai déçue. Fit Elsa qui peinait à contenir ses larmes.
-Non…La plus sévère de toutes c’était toi Elsa !
-Quoi ?... Je…
-Oui Elsa tu es morte dans une autre temporalité, ça nous arrive à tous! Allons ne fais pas cette tête là, y a plus grave dans la vie ! ...Enfin dans celle-ci évidemment ! Rétorqua Mamie amusée de la confusion de sa petite fille.
-Je suis morte ?!
-Peu importe Elsa, ton double n’en fais tout un plat… Regarde, moi aussi je suis morte…et je le vis bien ! Tout le monde est en paix, et leur rôle est de veiller sur nous. J’ai d’ailleurs trouvé un moyen de communiquer avec eux quand je le souhaite désormais !
-Ils ?... Ils veillent sur nous ? Mais ?... Donc je veille sur moi-même ?... Qu’est-ce que j’ai dit ?
-…De ne pas badiner avec l’amour et ne surtout pas embrasser Elysia ! Maugréa Mamie…
-Quoi ? Demanda Elsa sans comprendre.
-Ne t’en fais pas, la deuxième partie était pour moi… Non si tu veux tout savoir Elsa, il n’y a que ta mère qui m’a demandé de te transmettre quelque chose…
-Ah ? Et alors…


Elsa ne put terminer sa phrase que le bras de mamie fendit l’air et s’écrasa violemment contre la joue triste d’Elsa qui encaissa la punition…


-J’avais juré à ta mère que jamais je ne lèverai la main sur elle où ses enfants mais elle m’a demandé de rompre cette promesse pour toi Elsa ! Conclut Mamie avec sévérité alors qu’Elsa se massait la joue endolorie.
-Merci mamie… Je la méritais !
-Je ne te le fais pas dire Elsa ! Tu as agi comme une petite fille trop gâtée, immature, dénuée de tout sens des responsabilités !
-Tu as raison mamie…
-Non ça c’est le message de ta mère ! … J’aurai été bien plus sévère si cela avait été mes mots ! Mais ceux là je les réserve pour un autre…
-Qui ? Qui peut t’avoir déçu plus que moi mamie ?
-Andréas !
-Ton frère ?!
-Ne l’appelle pas ainsi si tu ne veux pas en recevoir une deuxième ! Coupa Mamie sévère en levant la main.
-Je… Je ne comprends pas…
-Je t’ai dit que l’on devait se méfier de lui !... Depuis le temps que tu es là, n’as-tu pas observé sa vie ?
-Quoi ?... Mais non je…
-Tu as au moins observé ce qu’il manigance depuis trois mois ?... Pourquoi n’as tu pas cherché à le rejoindre,
-Non plus…
-Mais qu’as-tu fait Elsa pendant tout ce temps ?! Pourquoi n’as-tu rien fait ?!
-Je… Je ne peux rien faire Mamie !... Le Nokk m’empêche de fuir
-Oh ?... Oui voilà qui est fâcheux… Mais pourquoi ne pas avoir observé ?
-Parce que… Je ne peux pas !
-Pardon ?
-Le dôme… Il… Il ne montre plus rien…
-Ainsi donc j’avais raison… Tu n’es plus le cinquième esprit
-Je suis désolée mamie, j’ai tout raté !
-Allez, viens avec moi… Nous allons régler ces quelques problèmes…
-Mais mamie… Toi non plus tu n’es plus le cinquième esprit…
-Certes Elsa… Mais ta grand-mère a quelques tours dans son sac ! Commençons par savoir où nous mettons les pieds, ensuite nous réglerons le problème du Nokk… Enfin, il y a plus important encore !
-Quoi donc ?
-Tu vas te laver Elsa et te montrer enfin digne de ce que tu es ! Crois-moi je peux comprendre ce que ça fait de tout perdre et je ne peux t’en tenir rigueur de n’avoir aucune volonté, je suis passée par là, ma seule préoccupation était de continuer à respirer et me tenir propre, ça tu te le dois aussi ! Allez vite !
-Comment as-tu trouvé la force de continuer mamie ?
-Comme toi Elsa ! J’ai continué pour que naisse ton oncle…
-Mon oncle ?! … Tu as eu un autre enfant mamie
-Oui… Un petit garçon nommé Olaf…
-Oh ?... Mais où est-il ?
-Avec tous les autres… en paix ! Trancha Mamie triste.


Elsa ne répondit rien et obéissante laissa sa grand-mère seule pour enfin reprendre une apparence humaine. Pour la première fois depuis près de trois mois, la reine des neiges s’accorda un effort de présentation laissant son aïeule seule avec sa seconde petite fille, impeccablement conservée dans son cercueil de glace, enfin dans une sépulture digne d’elle. La doyenne des Picéaerd profita de ce moment seule pour prendre la main sans vie d’Anna et marmonna quelques paroles à destination de la jeune princesse que seul Ahtohallan pouvait entendre. Elle continua de dialoguer avec la jeune femme souhaitant que depuis l’Hellheim elle puisse l’entendre jusqu’à ce qu’Elsa ne reparaisse. Enfin elle avait repris toute sa majesté même si se lisait toujours sur son visage angélique remords et tristesse.


-Bien, voilà qui est plus digne d’un esprit ! Allez, suis-moi, ta famille compte sur toi pour redresser la situation… Nous avons suffisamment perdu de temps comme ça.


La chamane sans attendre de réponse prit la main de sa petite fille et l’emporta avec elle jusqu’au dôme des souvenirs, qu’elle connaissait mieux que sa hutte. Arrivées au centre du dôme éteint, elle ordonna à la reine des neiges de se tenir immobile et muette avant qu’elle se déleste de sa tenue Northuldra.


-Mais mamie que…
-Chut ! Fit-elle laissant apparaître la robe verte de cinquième esprit qui lui fut offerte jadis
-Wow Mamie elle… est magnifique !
-Je sais… Attrape mes poignets Elsa !


La reine des neiges obéit et observa sa grand-mère faire de même puis fermer les yeux cherchant l’énergie aux alentours. Elsa ne comprenait pas ce que cherchait à faire sa grand-mère qui semblait lui demander apparemment beaucoup d’énergie puis, à sa grande surprise, Elsa vit les cristaux d’esprits qui s’étaient éteints scintiller légèrement alors qu’à contrario, ceux de sa grand-mère disparaissaient définitivement. Toujours les yeux fermés, Anna grimaçait alors qu’au-dessus d’elles, semblait naître du corps de la matriarche, les cristaux qui s’envolèrent. Ils prirent la forme des géants de la Terre, suivirent après toujours du corps d’Anna les trois autres esprits avant que chacun ne forme les quatre losanges des esprits élémentaires. Epuisée, Mamie ne put en supporter davantage et tomba à genoux.


-Mamie ! Hurla Elsa en tentant de la retenir…
-Ca va Elsa, n’aie pas peur… Fit-elle d’une voix faible.
-Que s’est-il passé ?
-Là… Les cristaux… Un cinquième esprit même déchu conserve encore un peu de leur essence… Je t’offre la mienne Elsa pour que…
-Mamie ?... Tes poignets regarde !


Les deux Picéaerds observèrent les membres meurtris de la doyenne qui fit un petit sourire triste à Elsa.


-Se débarrasser volontairement du cinquième esprit a forcément un prix ma grande Piceaerd… Mais il le faut ! Je suis au crépuscule, c’est à toi de mener à bien les grands desseins que nous avons…
-Quoi ?... Non mamie, tu n’es pas en train de me dire que… Je… Non je ne comprends pas ce que tu essaies de dire…
-Si tu as compris, tu n’es pas bête Elsa ! Ne t’en fais pas, ça ne sera pas tout de suite de toute façon… Bien, pour que je n’aie pas fait tout ça pour rien… Va te mettre au centre des esprits !
-Mais…
-Allez ne discute pas ! Il vaut mieux une jeune reine cinquième esprit bien guidée, qu’une vieille chamane en bout de course pour lutter face aux grands défis qui nous attendent ! Encouragea Mamie.


Après une hésitation, Elsa se laissa convaincre et d’un pas bien moins conquérant que lors de sa première venue se plaça au centre des esprits ce qui, comme la première fois, fit apparaître le dôme des souvenirs sauf que cette fois, il n’y avait pas que les siens, ceux-ci étaient mélangés avec ceux de sa grand-mère qui la rejoignit. Toutes deux déambulèrent quelques minutes et Mamie se contenta de montrer quelques éléments au hasard : Sa première venue à Ahtohallan, ses parents Helga et Olaf, le chef Amarok, Iduna toute enfant et les difficultés de la matriarche à donner la leçon à l’espiègle fillette…


-Tu as l’air d’avoir une vie bien remplie Mamie…
-Tu n’as pas idée ma grande Picéaerd…Ton autre toi est en train de l’apprendre… Mais nous n’avons pas le temps pour l’heure ! Allez viens, je dois te montrer qui est véritablement Andréas !


Aussitôt, la chamane entraîna sa petite fille vers un souvenir lointain où la jeune Anna Picéaerd prenait sous son aile un jeune garçon tout juste adopté par ses parents.


-C’est ?
-Andréas oui Elsa… Il semble tout peureux et à croquer n’est-ce pas ?
-Oui tout à fait…
-Eh bien ne sois pas comme moi Elsa… Attends de voir ce qu’a fait ce petit ange ! Il m’a fait me brouiller avec mon frère !
-Où puis-je voir ça ?
-Elsa, il est temps que tu commences à découvrir tous les secrets que referme ce lieu ! Après tout c’est toi le cinquième esprit !... Avec ton frère également mais un problème à la fois !


Mamie joignit le geste à la parole et se mit à manipuler le souvenir figé. Si Elsa avait pu découvrir qu’elle pouvait en détruire au sein du dôme si elle ne souhaitait pas le voir, elle découvrit stupéfaite qu’en le touchant, elle pouvait accélérer les événements vécus par le personnage jusqu’à un élément choisi. Tout à coup, mamie relâcha le souvenir qui se stabilisa alors que le jeune Andréas était désormais un adolescent.


-Tu vois l’adulte à ses côtés habillé en Arendellien ?... C’est mon frère, le seul ! Pieter ! Il a quitté la tribu lorsqu’il a atteint l’âge adulte pour s’engager dans l’armée de ton grand père Runaerd… Un homme charmant !
-Non mamie ! J’ai vu les souvenirs et c’est à cause de sa trahison que la brume est tombée…
-Je ne peux te donner tort Elsa… Mais jusqu’à cet instant de folie, Runaerd était probablement ce qui ressemblait le plus, avec Yelena à un meilleur ami, et pour lui… sans doute espérait-il bien davantage encore ! Bref, Pieter était un de ses soldats et pour une fois qu’il venait nous rendre visite, ce jour là, il a passé un peu de temps avec Andréas. Les deux ne s’appréciaient guère, Pieter avait le sentiment qu’Andréas prenait sa place. Ce qu’il s’est passé Elsa, je vais le voir pour la première fois avec toi mais j’ai compris la vérité l’autre soir… Quand avec sa fronde il a fait agiter le troupeau pour mettre en déroute la troupe d’Arnevik.
-Qu’as-tu à lui reprocher ? Il nous a sauvé la vie après tout grâce à cette manœuvre !
-Certes Elsa… Mais comment crois-tu qu’il ait eu l’idée ?
-Je…
-Regarde… Tu comprendras !



Les deux femmes se turent et observèrent fébrilement la scène. Machinalement, Anna se soutenait au bras de sa petite fille. Elle savait ce qu’il s’était passé, mais le voir était une épreuve douloureuse. Rapidement, les souvenirs figés se matérialisèrent et Elsa comme sa grand-mère purent entendre la conversation très animée entre Pieter et Andréas alors que les deux avaient laissé la très jeune Iduna jouer dans un bosquet. Le jeune adolescent se montrait aussi désagréable qu’Elsa avait pu l’être vis-à-vis de sa grand-mère.


-Ca suffit Andréas, Une fronde ça n’est pas un jouet !
-Oh mais oui c’est sûr Pieter la mignonne d’Arendelle a peur des armes ! Le roi Runaerd doit être le dernier des imbéciles pour garder une femme comme toi dans son armée.


Le frère Piceaerd eût un rapide regard vers Iduna qui jouait dans les fourrés avec un jeune renne et ne se préoccupait pas de lui. Immédiatement son regard dur se posa sur l’adolescent et lui assena une violente gifle sans que le jeune garçon ne sourcille…


-C’est qu’elle se révolte la mignonne d’Arendelle ! Maman a raison de dire que tu es le raté de la famille…
-Ne l’appelle pas ainsi elle n’est pas…
-Elle l’est bien plus que la tienne… Et je n’oublie pas…Tu me le paieras Pieter ! Attends que tous l’apprenne !


A ces mots Andréas disparut à toutes jambes. Sur quelques mètres, Pieter tenta de partir à sa poursuite avant sans doute de se souvenir qu’il accompagnait la jeune Iduna âgée de cinq ans. Il soupira et retourna auprès de la fillette qui lui sauta dans les bras.


-Ils avaient l’air de bien s’entendre tonton et maman….
-Ils auraient pu si je n’avais pas été une idiote… Ca n’est pas eux qui nous intéressent… Coupa Mamie en recentrant le souvenir vers Andréas.


L’adolescent s’était caché dans les fourrés et observait vexé Pieter jouer en compagnie d’Iduna non loin des rennes. Il sortit alors sa fronde et visa Pieter puis hésita et changea de cible. Patiemment, il attendit que le frère Picéaerd pose sa main sur un renne puis il tira en plein sur le mâle dominant du troupeau qui brama de douleur. Quelques instants plus tard, le soldat Arendellien eût juste le temps d’éloigner Iduna alors que le troupeau partit en furie vers le village Northuldra.



-C’est d’une mauvaise blague à mon oncle que lui est venue cette idée ?
-Si cela n’avait été qu’une mauvaise plaisanterie… Mais regarde, il tire à nouveau… Il guide le troupeau vers le village et cela a eu pour conséquence…


Mamie hoqueta, elle ne put prononcer les mots et ferma ses mains blessées pour lutter contre ses propres sentiments même si les larmes étaient plus fortes. Elsa observa et comprit l’horreur de la situation… Elle vit alors son arrière-grand-père et son arrière-grand-mère succomber sous la furie des cervidés puis sa grand-mère, ivre de chagrin et de rage obliger son frère à sortir de sa vie. Tandis qu’au loin, Andréas arborait un sourire satisfait avant que mamie ne stoppe le souvenir.



-Mamie… C’était… Volontaire ?! Il a volontairement créé un carnage chez les Northuldra ?
-Oui Elsa ! Tu comprends mieux désormais qui est Andréas ! Il n’a aucune morale ! Son petit numéro de veuf éploré, je n’y crois pas une seconde… Et Ahtohallan va nous le montrer j’en suis certaine ! Donne-moi ta main, c’est le cinquième esprit qui peut faire apparaitre les souvenirs, mais je vais te guider pour que tu comprennes comment faire en sorte qu’Ahtohallan te dévoile tous ses secrets ! Il est temps de le démasquer !
-Que cherchons nous mamie ?
-Je veux voir la fin de Béata ! Il nous a dit qu’elle avait tenté de l’assassiner… Je n’y crois pas ! Cette enfant n’aurait pas pu faire de mal à une mouche.


La grand-mère, secondée par Elsa fit à nouveau réagir le dôme des souvenirs à la recherche de ce qui l’intéressait et en compagnie d’Elsa, elle découvrit avec horreur comment Andréas, aidé d’Honeymaren comme complice avait tendu un piège pour assassiner froidement aussi bien Yelena que Beata. A nouveau elle fit se figer le souvenir alors que grand-mère et petite fille eurent toutes les deux un haut de cœur face à l’horreur de la scène.


-Il est un monstre ! Mamie pardonne-moi je t’en prie d’avoir mis ta parole en doute… Si seulement je t’avais écoutée sur les plages…
-…Je ne t’aurai pas accompagnée ici, nous n’aurions pas pu permettre à l’âme de ta sœur de trouver enfin le repos et je n’aurai pas pu revoir l’amour de ma vie dans le monde des morts… Donc finalement, je t’en suis plutôt reconnaissante Elsa… Sourit Mamie.
-Mais… Comment se fait-il qu’il ait été un tel monstre ?
-A cause du chef Amarok… Je ne lui cherche aucune excuse mais… Ce qu’il a vécu enfant est traumatisant… Je te montre tu vas comprendre ! … Voilà c’est ici ! A cette époque, j’étais fiancée au chef Amarok… mais enceinte de trois mois de ta mère, quant à ton grand père Elysia… Il était parti en exil, caché par le roi Runaerd et Pieter, loin du chef qui avait juré de le tuer !
-Quoi ? Mamie, tu étais fiancée et enceinte d’un autre homme ?! S’étrangla Elsa.
-Penses-tu ma petite fille être bien placée pour critiquer ? Tu t’es unie avec un homme le lendemain même des funérailles du père des enfants que tu portes !
-Pardon Mamie…
-Bref… le chef Amarok est parti pour les Terres gelées et regarde ce qu’il…
-Quoi ? Qu’y a-t-il mamie ?... C’est qui ce petit garçon qui vient le voir…
-C’est Andréas ! … Tais-toi maintenant, j’aimerai écouter.


Mamie manipula à nouveau le souvenir et rapidement, toutes deux purent entendre la conversation.



-Bonjour chef Amarok, vous semblez bien contrarié ! On ne vous voit pas souvent ! Lança le jeune garçon âgé d’une huitaine d’années.
-Ecarte-toi sale mioche ! Où est Elysia ?!
-Ah ça… Il est mort comme sa maman !
-Mort ?... Montre-moi où ?! Je veux voir son cadavre !
-Ah… Là vous allez avoir un problème… Parce que moi je sais qu’il n’est pas mort… Je l’ai vu s’enfuir grâce à votre fiancée Anna !
-Où est-il parti ? Demanda le chef furieux.
-Parce que vous croyez que je vais le dire à un meurtrier ?! Je sais que c’est vous qui avez tué notre chamane ! Je vous ai vu vous battre !
-Alors ça mon garçon tu vas retirer ce que tu viens de dire…


Si Amarok se montrait menaçant, Andréas ne sourcilla pas une seconde et sortit une serbacane mais au lieu de tirer sur le chef il atteignit un phoque non loin de là…


-Tu aggraves ton cas toi ! Tu vas recevoir la volée de ta vie ! Fulmina le chef.
-Si j’étais vous j’arrêterai avant de recevoir une flèche…
-Tu crois que ton jouet me fait peur ?
-Il devrait… Regardez !


Surpris Amarok se retourna et se figea d’effroi alors que l’animal était en train d’agonir…


-D’accord… Tu vas poser ça doucement mon garçon…Et je te promets d’oublier tout ça…
-Et si à la place je vous le donnais pour vous venger d’Elysia ?
-Quoi ?
-Mon jouet comme vous dîtes chef, j’en ai plein !... On pourrait passer un accord ?
-Qu’est-ce que tu veux ?
-Je voulais devenir chamane, mais Iduna me l’a refusé car j’étais un garçon…. Pourtant elle a bien essayé de former Elysia !
-Tu veux que je te présente à ma fiancée ?...
-Non… J’ai compris que vous ne l’aimiez pas, et elle non plus ! Mais vous devez vous marier donc vous n’aurez pas d’enfant !... Mais moi je pourrais devenir votre successeur chef… Mais pour ça, il faudrait que les terres gelées disparaissent ! … Vous prenez mon jouet et vous avez la plus horrible des vengeances contre Elysia… En échange, vous n’aurez pas de successeur à part moi !
-Tu m’as l’air bien sûr de toi ?... Et si j’en décidais autrement ?
-… Eh bien j’aurai toujours un de mes jouets sur moi… Fit Andréas avec un regard sadique.
-Tu serais prêt à faire ?...
-Chef la question n’est pas si je suis prêt, mais quand ? Cette nuit, la lune sera cachée, le moment sera parfait ! Si vous êtes d’accord, je vous attendrai derrière la hutte de l’ancienne chamane… Mais il faudra épargner les enfants, pour que ma présence ne soit pas suspecte…


Mamie sentit alors ses jambes fléchir. Elle qui pensait trouver dans ce souvenir le dernier élement capable d’expliquer la folie d’Andréas mais la réalité était bien plus cruelle encore et alors qu’Amarok et Andréas allaient commencer leur odieux forfait contre le peuple des terres gelées, Elsa choisit d’arrêter elle-même le souvenir en le détruisant.


-Assez ! C’est insoutenable !... Mon Dieu il était donc un meurtrier dès son plus jeune age ?... Mamie tu… Tu ne le savais pas ?
-Non… Jamais je n’aurai pu imaginer chose pareille ! Qui sait ce qu’il aura été capable de faire d’autre ?... Nous devons tout découvrir !
-Non Mamie arrête ça suffit tu te fais du mal pour rien…
-Nouvelle leçon ma grande Picéaerd : Le rôle du cinquième esprit est de tout savoir !


Mamie à nouveau essaya de lancer de nouveaux souvenirs mais, à sa grande surprise cette fois le dôme ne lui répondit plus…


-Elsa… Ca y est… C’est terminé pour moi
-Quoi ?... Non tu ne vas pas…
-Non… Pas dans ce sens-là Elsa rassure-toi, ce moment-là approche mais n’est pas encore venu… Non, je ne peux plus faire venir à moi les souvenirs, c’est à toi de le faire désormais…
-Mais mamie je…
-… sais parfaitement le faire oui Elsa ! Allez laisse-toi guider ! Tu vas y arriver !
-Je ne peux pas, j’en suis incapable !
-Mais si bien sûr ! Tu en es capable ! Tu es une Piceaerd n’oublie jamais ça !


A demi convaincue, la jeune femme se concentra et vit apparaître dans le dôme des souvenirs l’un d’eux qu’elle connaissait déjà. Son grand père, regard sévère se trouvait en compagnie d’Olson, sans doute quelques jours avant la grande rencontre pour l’inauguration du barrage.


-Nous emmenons toute la garde d’Arendelle !
-Mais ils se sont toujours montrés digne de confiance ! Plaida Olson juste avant qu’Elsa ne le fige à nouveau.


-Je suis désolée Mamie… J’ai déjà vu ce souvenir, j’ai failli me noyer pour découvrir cette trahison….
-Non Elsa, je pense que tu n’as pas tout vu !... Regarde, le souvenir n’est pas aussi net que les autres ! Tu m’as vu faire… A toi de le révéler ! Il nous faut tout savoir, Ahtohallan sait ce que tu cherches au fond de ton cœur et te le montre…Cela doit donc être important ! Encouragea la grand-mère
-Mais que vais-je découvrir d’autre à part que mon grand-père a trahi tout le monde ?
-Seul Ahtohallan le sait Elsa… Et seule toi peut en percer le secret ! Allez ma grande Piceaerd, c’est à toi de tout dévoiler ! Tu peux le faire ! Insista la matriarche.



Bien que craintive face à ce souvenir qui avait failli lui couter la vie, la reine des neiges s’exécuta, reproduisant les gestes experts de son aïeule et, à sa grande surprise, le souvenir commença à reprendre vie, la scène se matérialisa à nouveau sous les yeux d’Elsa.


--Nous emmenons toute la garde d’Arendelle !
-Mais ils se sont toujours montrés digne de confiance !
-Les Northuldras croient en la magie, nous ne pouvons pas le faire confiance…
-Mais vous aimez Lady Anna ! Objecta Olson
-Je ne parle pas du peuple du soleil mais du nôtre Olson, ils sont faibles alors que ceux qui pratiquent la magie se croient plus forts !


A nouveau Elsa figea le souvenir stupéfaite.


-Non ! Mais c’est impossible ! Je… Je n’ai pas vu ça la première fois ! Grand Père n’avait jamais parlé de toi et… Attends mamie… Olson a dit que Papy t’aimait ?!
-Oui Elsa, ton grand père m’aimait…Mais savait qu’il n’avait aucune chance face à mon Elysia ! Mais tu ne devrais pas t’attarder sur ça ! Enfin tu découvres la vérité sur ce souvenir !
-Mais comment est-ce possible ? Je n’ai pas entendu ça ?
-Tu as entendu ton grand père parler, tu pensais à la guerre, ce sont tes émotions et tes pensées qui ont perverti les souvenirs d’Ahtohallan. Laisse-moi deviner… Tu as tenté de parler à ton grand-père ? Ou réagi à ses propos ?...
-Euh… Oui mamie ! Confessa Elsa.
-Donc tes propres pensées ont troublé la mémoire d’Ahtohallan. Si tu veux la vérité, tu dois être une spectatrice neutre, sans intervenir. Cette fois ton esprit est vide car tu penses savoir ce que tu vas voir… Voilà pourquoi la vérité complète t’apparaît…
-Mais cela ne change rien… C’est la venue des soldats qui a tout déclenché et pire encore…
-C’est possible Elsa… Mais Ahtohallan a choisi de nous le montrer c’est qu’il doit y avoir des éléments qui nous échappent… Allez veux-tu bien nous faire découvrir la suite ?
-Oui mamie. Fit Elsa en réactivant le souvenir.


-Comment ça plus fort votre Altesse ?
-Regardez Olson ! Le pouvoir magique des chamanes ! Ils peuvent nous bruler… Et les autres membres de la communauté peuvent obtenir l’aide des éléments de la nature…Fit Runaerd en déboutonnant sa chemise
-Voilà qui est… Prodigieux ! Siffla Olson.
-Certes, mais vous ne savez que trop quelle animosité notre peuple a envers les Northuldra, vous qui devez-vous cacher avec Pieter… Voilà pourquoi jamais je n’ai pu le promouvoir à un rang d’officier qu’il mériterai pourtant ! Les civils qui viennent avec nous se sentiront en sécurité avec l’armée prête à les protéger… C’est une dissuasion… Conclut Runaerd avant de se figer à nouveau à la demande d’Elsa.


La reine des neiges observa un temps sa grand-mère lui avait demandé de stopper. La pauvre Northuldra semblait tout à coup plus vieille de dix ans…


-Mamie ? Tu vas bien ?
-Non ma grande Picéaerd… C’est affreux…
-Oui Mamie je sais, moi aussi j’ai eu mal en découvrant la perfidie de grand père…
-Non tu ne comprends pas… La brûlure qui lui faisait peur… C’est moi qui lui ait infligée… S’il y a bien un responsable de toute cette catastrophe Elsa… C’est moi… Admit la matriarche les larmes aux yeux.
-Non Mamie, ça ne peut pas être ça !... Tiens regarde la suite, tu verras ce qui a tout déclenché, tu n’es pas responsable !
-J’aimerai te dire que tu as raison…
-Tu le diras !
-Je n’en suis pas certaine mais… Je peux le dire sur la nécessité de tout savoir, donc oui tu as raison de vouloir nous montrer la fin !... Vas y Elsa ! Fit Mamie en se redressant avec courage !



La nouvelle cheffe Northuldra à nouveau relança le souvenir et, comme lors de sa première vision, une porte s’ouvrir dans la glace pour la mener vers les profondeurs d’Ahtohallan. La reine des neiges eût un moment d’hésitation se rappelant ce que pouvait coûter de s’enfoncer dans les profondeurs mais déjà Anna était sur les talons de Runaerd ce qui l’encouragea à suivre et écouter le souverain.


-De toute manière Olson, la garde partira deux jours avant les civils pour se rendre à Arnevik !
-Mais que vont-ils faire là bas ?
-Cette ville est la honte du royaume depuis trop longtemps nous la mettrons au pas ! Ces habitants doivent se soumettre ! Ils pensent qu’ils peuvent contrecarrer la volonté d’un roi !
-Pensez-vous qu’ils vous écouteront ?
-Oui, nous les inviterons à l’inauguration du barrage ! Ils ne se doutent pas de ce qui leur arrivera ! Cette construction est stratégique ! Le barrage rendra leurs terres moins fertiles ! Ils seront obligés de se soumettre ! Votre compagnon est un génie de m’avoir soufflé cette idée, tout aussi brillant que sa sœur Lady Anna ! Si vous saviez Olson comme j’ai hâte de pouvoir un jour devenir le beau père de sa fille, faute de pouvoir l’avoir comme épouse… Mettre cette ville au pas est le plus beau cadeau pour les fiançailles de nos enfants que je puisse offrir à Lady Anna. Olson, vous êtes le seul avec Petterssen à savoir, je vous ordonne quoi qu’il en coûte de toujours veiller sur ma future belle-fille après cette visite ! Cela rendra votre compagnon heureux, il pourra retrouver plus souvent sa terre natale !
-Ce sera un honneur de vous servir Altesse !
-Une dernière chose… Lady Anna serait sans doute contre et… cela m’en dégoute moi-même mais… Pendant cette surveillance… Pourrez-vous veiller à ce que leur idiot de chef Amarok puisse… Sortir de nos vies ? Mais surtout ne faîtes aucun mal à Lady Coudrier !
-Altesse mais ?... Cela déclencherait une guerre !!
-Soyez discret… Inutile de le supprimer… Il doit juste ne plus être une menace ni pour Lady Anna… Ni pour personne ! Vous êtes un brillant stratège vous trouverez une solution Olson. Il n’y a rien de déshonorant à débarrasser le monde d’un monstre !


Les deux femmes ne purent suivre plus loin le souvenir qui arrivait avec Olson au bord du précipice et se noyèrent dans les flots de soldats Arendelliens en ordre de marche avec pour seule différence par rapport à la première vision d’Elsa que ces derniers se rendaient vers Arnevik et non vers le pays Northuldra.


-Oh ?... Nous avons donc droit à un peu de marche toutes les deux ! … Alors tu viens ? Demanda Mamie intriguée
-Mamie attends ?... C’est quoi toute cette histoire ?... Des fiançailles entre maman et papa ?! Mais papa ne connaissait pas les origines de maman…
-Ni ton père ni ta mère ne se connaissaient alors… Ton grand père m’avait proposé un mariage arrangé entre eux… J’ai été contrainte d’accepter car Amarok avait bien failli déclencher une guerre peu de temps avant. Mais je ne pensais pas qu’il irait si loin car tu sais à quel point je déteste ce procédé même si… Le destin a démontré que ces deux là étaient faits l’un pour l’autre !
-Et pourquoi il parle de cadeau pour toi que de mettre Arnevik au pas ?
-Ca Elsa… C’est une très longue histoire… Je te la raconterai peut être un jour mais nous n’avons pas le temps, le souvenir s’échappe ! Allez on y va ?!
-Je… Je ne sais pas si c’est une très bonne idée de s’enfoncer trop loin dans Ahtohallan…
-Allez viens, tu es avec moi, tout se passera très bien !


De moins en moins sure d’elle, Elsa obéit malgré tout pour suivre son aïeule vers les tréfonds du glacier. Elle sentait à nouveau le froid l’envahir alors que le souvenir continuait de l’appeler. Elle hésitait mais face à la détermination de la matriarche elle poursuivi son chemin mais arrivée au bord de la falaise, elle retînt sa grand-mère.


-Mamie stop ! Nous ne pouvons pas aller plus loin…
-Si nous le pouvons, et le devons pour découvrir le souvenir caché !
-Mamie !!
-Quoi ?
-Si tu plonges dans le passé, prends garde de ne pas t’y noyer…
-Sage règle à suivre Elsa…Ta mère t’a bien appris !
-J’ai failli y mourir sans Anna !
-Parce que tu as sauté n’est-ce pas ?
-Oui….
-Alors ferme les yeux Elsa… Fit mamie avant de chanter

« Au fond des flots déchainés
La rivière pleure
Les erreurs du passé
Plonges y si tu veux croire
Qu’il ne sera jamais trop tard.

Dans les eaux sombres du désespoir
L’espoir d’une vie surgit des eaux noires
Mais si tu veux le trouver
Accepte ce que tu dois laisser. »



Jamais Elsa n’avait entendu ce dernier couplet et alors qu’elle rouvrit les yeux, elle fut stupéfaite d’avoir vu apparaître devant elle un pont qui traversait le précipice.


-Nouvelle leçon, nouveau secret ma grande Picéaerd ! Pour voir les souvenirs enfouis, il faut payer….
-Qu’est-ce que cela va nous coûter ?
-Très chère… Répondit la matriarche d’une voix sombre.
-Combien Mamie ? Combien faut-il payer ?
-Pas toi… Moi ! J’ai déjà payé tout à l’heure ! Indiqua Mamie en montrant ses mains.


Elsa se mordit les lèvres craignant le pire pour son aïeule dont le sourire lui donnait le courage de continuer et enfin, toutes deux arrivèrent au dernier souvenir enfoui dévoilé par Elsa. Cette dernière le reconnut immédiatement, son grand père peu de temps avant qu’il ne commette l’irréparable.


-Nous y sommes mamie… Grand père l’a avoué tout à l’heure qu’il voulait du mal au chef…
-Par ma faute…
-C’est à ce moment là qu’il va le supprimer alors qu’il n’est pas armé… Fit Elsa qui ne souhaitait pas revivre cet instant.
-Je dois le voir Elsa… Répliqua mamie coupable alors qu’avec un soupir, Elsa lança le souvenir.




-… La pointe Nord est isolée !
-…Ca n’est pas le moment, si nous allions prendre un thé, nous trouverons une solution. Répondit Runaerd.


Immédiatement, le chef Northuldra s’éloigna pour prendre le breuvage mais curieusement, le souvenir ne montra pas la même chose que ce qu’avait vu Elsa.


-Mamie ?... C’est… Différent…
-Chut Elsa ! Tais-toi et écoute !


Docile, la jeune femme fit silence et observa. Curieusement, au lieu de partir attaquer le Northuldra désarmé comme elle le pensait, Runaerd était resté en retrait et au contraire, étudiait des plans ainsi que des cartes de la région transmises par ses urbanistes, reconnaissables dans leur uniforme bleu différent de celui de la garde. Le roi marmonnait et semblait préoccupé. Ils chuchotaient et Elsa comme Anna crurent comprendre dans ses paroles qu’il comptait détruire ce barrage pour le reconstruire plus loin.


-Roi Runaerd… Votre thé va être froid. Interpella Amarok
-Une seconde mon ami… Je dois terminer d’observer ces plans pour notre affaire…
-Où dîtes plutôt que c’est ma présence qui vous insupporte ?! … Je vous dois d’ailleurs…Des excuses pour la dernière fois… Heureusement notre chamane a su trouver les mots apparemment pour vous faire revenir à nos côtés… C’est elle justement qui a préparé le thé et ces gâteaux. Je puis vous jurer sur mon honneur et celui de notre fils à naître que jamais plus je n’aurai à votre encontre une quelconque animosité… Vous et votre peuple êtes nos amis ! Fit Amarok en s’agenouillant et tournant le dos à son visiteur.
-Oh ?... Si cette collation est le fruit du travail de Lady Anna, il serait malvenu de la refuser, je viens à vous j’ai une affaire à régler je vous prie…


Immédiatement, le souverain s’éloigna et griffonna sur une table quelques lignes à la hâte avant de s’approcher d’un messager.


-Vous ! Transmettez ceci de ma part à Olson tout de suite ! Dîtes lui d’oublier mon ordre de surveillance ! Il comprendra !
-Altesse je…
-Maintenant soldat ! et… Par tous les Dieux ! Non !!! Rugit Runaerd en tournant le regard vers Amarok.


Aussitôt, il s’approcha d’un pas vif vers le chef Northuldra, arme au poing prêt à combattre, mais pas pour assassiner le chef, au contraire, son épée rencontra au dernier moment un poignard qui était prêt à frapper dans le dos le chef. Andréas, surpris d’avoir été dérangé, fut prompt à réagir et sans ménagement fit perdre son arme au roi qu’il repoussa au loin avant de planter un second poignard dans le dos du chef qui n’avait pas eu le temps de comprendre ce qu’il venait de se passer.


-Non !!! Hurla Runaerd.
-Taisez-vous ! Vous ne m’empêcherez pas ! Vociféra Andréas


Avec force et rapidité, le jeune homme s’attaqua par surprise au roi et le fit tomber à la renverse dans un fossé non loin. Le souverain d’Arendelle dans sa chute en lâcha son arme dont se saisit Andréas avant de retourner vers sa victime qui gémissait et sans aucune pitié le poignarda à nouveau en de nombreux points précis avec l’épée du roi ne laissant aucune chance à Amarok.


-Toi ?!... Pour… Pourquoi ?...
-Souviens-toi de ta promesse chef… Je devais être le seul… Et voilà que tu vas avoir un fils ?! Tu savais ce qui t’attendait… Quel dommage que je doive réserver le même sort à cette très chère Yelena…
-Non… Tu… Anna ne…te laissera pas…
-Anna est partie… Quel dommage pour vous deux ! Ne t’en fais pas… Elle ne souffrira pas… Enfin moins que toi ! Rajouta Andréas en frappant à nouveau le chef.
-Les… Northuldra… Ne…Te… Laisseront pas…
-Oh si… car ils ont un coupable tout désigné ! OH MES AIEUX !!! VITE VENEZ !!! LE ROI RUNAERD IL A ASSASSINE LE CHEF !! LES ARENDELLIENS SONT DES TRAITRES !!!! Vociféra Andréas en s’agenouillant auprès du corps déjà sans vie d’Amarok et désignant auprès des pisteurs arrivés le souverain qui était ressorti du fossé avec devant lui son arme d’apparat souillé du sang du chef disparu. Runaerd s’en saisit mais face au nombre et la menace fut pris de panique et préféra rebrousser chemin.


-A moi ma garde ! Les Northuldra m’attaquent !! Aux armes soldats ! Aux armes !!! Vociféra le roi terrifié en s’enfonçant dans la forêt enchantée et tuant sans aucune once de pitié la Northuldra qui lui barrait la route


-Mouna ! Non !!!! Assez Elsa…C’en est assez ! Supplia mamie qui ne pensait pas faire une pareille découverte.
-Qui est Mouna Mamie ? Demanda Elsa qui fit disparaître les souvenirs.
-C’était la guérisseuse… La mère de Laika et Beata… C’est elle qui m’a mise au monde… Répondit Mamie alors qu’une larme perlait sur son visage marqué par l’épreuve.
-Mamie… Alors en réalité…
-Ton grand père a toujours été un homme bon et loyal… Et la guerre a éclatée par la faute d’un seul fou… Oui ma grande Picéaerd !
-Que devons-nous faire ?
-Ce que nous allons faire Elsa ?... Sortir des tréfonds d’Ahtohallan ! Et prier pour qu’il n’ait pas fait trop de dégâts en Arendelle durant notre absence… Ensuite, il te faudra l’affronter et nous en débarrasser ! Souviens toi des paroles de Runaerd, il n’y a pas de déshonneur à débarrasser le monde d’un monstre ! Elsa… Jamais je n’aurai pensé dire ça un jour mais… si l’arrêter s’avère impossible, tu devras aller plus loin ! Tu m’as compris ma grande Piceaerd ? Il le faudra… Je suis désolée de placer ça sur tes épaules Elsa… Si je n’avais été si aveugle… J’aurai dû l’arrêter avant… J’ai été lourdement punie pour mon manque de discernement… Elsa, ne commets pas la même erreur ! Promets-moi maintenant que tu as retrouvé ta tenue…d’en être plus digne que moi… Pense à ton frère car c’est surtout lui qu’il sauver des griffes de ce monstre ! Promets-le moi ! Ici même ! Depuis Ahtohallan, tous nos ancêtres, depuis la grande Emma Piceaerd t’observent et peuvent vivre par toi ! Sauve notre honneur !
-Je te le promets ! J’en serai digne ! vite allons y mamie et… Mamie ?... Qu’est-ce que tu as ? Questionna Elsa qui remarquait que sa grand-mère peinait à se déplacer.
-Ca n’est rien ma grande Picéaerd … Je… Suis seulement plus fatiguée qu’avant… Aide-moi et ça ira…



Anna, soutenue par Elsa peina à remonter jusqu’au dôme des souvenirs. La respiration haletante, elle fit signe à sa petite fille de s’arrêter quelques instants. Au fond d’elle-même, elle sentait que son sacrifice pour rendre son rôle d’esprit à la jeune gardienne la rongeait de l’intérieur. Elle savait que son temps désormais était compté mais c’était aussi les violentes découvertes faîtes qui la faisaient davantage encore souffrir. Même si désormais elle pouvait avec certitude mettre un nom sur le responsable de tous les malheurs des Northuldras et Arendelliens des trois dernières décennies. Anna ne pouvait s’empêcher de sentir au fond d’elle-même la culpabilité d’avoir contribué malgré elle à l’avènement de ce monstre. Pudiquement, Elsa laissa sa grand-mère recouvrer ses esprits alors qu’elle ne parvenait plus désormais à retenir ses larmes La carapace qu’elle s’était forgée venait de céder. Mais alors qu’elle se laissait submerger par les émotions elle entendit une petite voix venue d’un souvenir


« Samantha ?!... »
-Olaf ? Firent de concert Anna et Elsa
-Mais ?... Qui est cet enfant ? Demanda Elsa surprise en constatant que la voix ne venait pas de son bonhomme de neige mais d’un petit garçon d’environ 5 ans…
-Lui Elsa… C’est mon petit Olaf ! Ton oncle ! Depuis toutes ces années… J’avais oublié comme il pouvait être petit et si beau… Je t’aime Olaf ! Termina-t-elle en enlaçant le souvenir gelé du bambin.
-Mamie ?...
-Il t’aurai plu Elsa… Il… Il était comme toi…
-Têtu et avide de pouvoir ?
-Non… Il était parfait !... Comme toi il… Il avait les pouvoirs de l’hiver
-Quoi ?... Alors tu sais d’où viennent mes pouvoirs ? Pourquoi m’avais-tu dit le contraire ?!
-Je suis navrée Elsa… Mais… Tu comprends, ils me rappelaient trop Olaf… Je suis désolée de t’avoir menti ma grande Piceaerd… Avoua Mamie penaude.
-Mamie ?... Est-ce que ça te ferait plaisir que… J’active le souvenir ? Pour passer un peu de temps avec lui…
-Tu ferais ça ?!
-Après tout ce que j’ai pu te dire Mamie…c’est la moindre des choses… Fit-elle avant de lancer le souvenir.
-Merci Elsa ! Répondit Mamie les larmes aux yeux.


Extasiée, la chamane observa gambader le petit garçon qui enchaînait les constructions de bonhomme de neige ce qui amusa également grandement Elsa. Toutes ces actions ces gestes, elle se revoyait elle aussi au même âge lorsqu’elle fabriquait des bonhommes de neiges pour sa jeune sœur, puis elle sursauta, croyant voir Anna avant de comprendre qu’il s’agissait de sa grand-mère alors plus jeune.


-Maman ? Tata Beata est là ! Je peux aller jouer avec elle sur la plage ?
-Vas-y mon petit bonhomme de neige ! Mais tu dois être rentré pour le déjeuner… Je prépare du ragout !
-Chouette mon plat préféré merci maman je t’aime !
-Ne sois pas inquiète Anna, je te le ramène sans faute pour le déjeuner !
-J’espère bien !
-A tout à l’heure maman chérie ! Conclut le bambin en faisant un signe de la main.



-Mamie ? Je croyais que tu vivais solitaire après la guerre car tout le monde te croyait morte…
-C’était le cas, il n’y avait que quelques personnes qui savaient où je vivais dont Beata !... Oh Elsa, regarde comme il gambade ! Je te souhaite de vivre ça avec tes enfants ! Surtout n’en perds pas une minute !


Amusée, Mamie retrouvait toute sa jeunesse et sautillait dans le sillage du garçonnet jusqu’à arriver aux bords des plages et soudain elle se figea. Face à elle, se trouvait le souvenir d’Andréas alors qu’Olaf lui sautait volontiers dans les bras.


-ça va mamie ?
-Oui… Après tout à cette époque je ne savais rien de lui et… Il était un parfait tonton gâteau ! Olaf l’adorait…
-Je peux arrêter si tu souhaites…
-Non !... Laisse-moi voir une image où ce monstre peut se montrer doux et aimant… Car il l’était Elsa je peux te l’assurer !


Elsa accepta, elle comprenait au fond d’elle-même à quel point cela devait être difficile pour sa grand-mère d’accepter la douloureuse vérité, elle qui avait toujours vu Andréas comme le petit frère adoptif parfait. Grand-mère et petite fille continuèrent d’observer Andréas et Beata s’amuser avec l’enfant. Tous trois riaient aux éclats et le jeune garçon paraissait en cet instant être le plus heureux du monde.


-Tu vois Elsa… Tout ceci ne peut être faux !... Il n’y avait pas que du mauvais en lui ! C’était le don de mon petit bonhomme de neige, il donnait le sourire à tous, rendait tout le monde meilleur !
-Comme Olaf ! On pourrait penser qu’ils ne font qu’un tous les deux… Hum, pardon mamie c’était déplacé…
-Ne t’excuse pas Elsa… ça n’est pas si bête, après tout, l’eau a de la mémoire et Olaf avait tes pouvoirs alors… Pourquoi pas … Fit Mamie pensive.


Les deux Picéaerds continuèrent d’observer attendries par le joli tableau jusqu’à ce que Laïka ne vienne chercher sa jeune sœur pour la cueillette laissant le bambin seul avec Andréas continuer à s’amuser dans le sable.


-Eh bien Olaf, tu as l’air plus en forme que d’habitude ! Fit Andréas qui reprenait son souffle !
-Oui tonton parce qu’aujourd’hui c’est le premier jour de l’été ! Et l’été pour moi c’est, le comble du bonheur !
-Oui tu as raison mon bonhomme, aujourd’hui nous sommes le plus long jour de l’année, mais pourquoi tant de joie ?
-Bah c’est facile, c’est mon anniversaire tonton !
-Ton anniversaire ? Ah non, toi tu es né à la fin de l’année…
-Non tu ne comprends pas tonton ! Aujourd’hui ça fait tout juste un an que maman ma laisse sortir !
-Oh ?... Alors bon anniversaire mon bonhomme ! Fit Andréas en lui ébouriffant les cheveux…


-Non !!! Pitié non pas ça !!! Pourquoi ce jour-là !!
-Mamie mais qu’y a-t-il ? C’est un joli moment !
-Non Elsa… Nous sommes le 21 juin 1818…
-Et alors ?
-Alors ?... Alors c’est son dernier jour sur terre Elsa…
-Pardon Mamie ! Viens allons-nous en !
-Non Elsa… Je dois savoir !


Inquiète, Elsa relança le souvenir.


-Merci tonton !!!
-Et dis-moi, maintenant que tu es grand et qu’il n’y a personne… Tu veux bien nous créer une super aire de jeu en glace ?... Un anniversaire pareil ça se fête !
-Non tonton ! Maman a dit de ne pas les utiliser sans elle, ni en dehors de la maison !
-Elle n’en saura jamais rien… Pour moi, pour ton super tonton Andréas ? C’est un super pouvoir que tu as ! Il faut l’utiliser ! Tiens et si on jouait à la guerre tous les deux avec ? Tu pourrais apprendre à viser aussi bien que tonton avec sa fronde non ?
-Non tonton ! Il faut toujours obéir à maman !
-Tu as raison pardon mon grand. Fit Andréas contrarié.
-T’es pas fâché tonton ?
-Mais non, bien sûr que non… Oh tiens regarde, j’ai quelques fruits ! Pour un anniversaire, bon ça n’est pas un gâteau mais je ne suis pas comme ta maman… Je ne sais pas cuisiner !
-Mais tonton, ça va bientôt être l’heure de manger… Maman a dit qu’il ne fallait pas manger en dehors des repas…
-Oh allez, c’est jour de fête… Il faut toujours l’écouter mais ça sera notre petit secret à tous les deux ! Et je le promets si elle le sait et se fâche je dirai que c’est de ma faute et que tu n’as rien à te reprocher !
-Bon… Juste quelques baies alors…
-Mais oui… Tu as cinq ans mon bonhomme ?... Prends en cinq et après… Chut, motus et bouche cousue ! Ca sera notre secret à tous les deux !
-D’accord !


Andréas observa avec un grand sourire l’enfant mâcher goulument les baies, avant à son tour de s’en servir une poignée et de les avaler comme Olaf. Tous deux échangèrent un sourire complice, les dents tâchées par le fruit.


-Oh tonton ! On voit que tu as mangé sur tes dents… Donc pour moi aussi ? S’inquiéta le jeune Picéaerd.
-Oups… Bon, alors je te propose, au point où nous en sommes de tout finir et à notre retour, j’avouerai tout à maman d’accord ?
-Bon… d’accord…


Alors qu’Olaf inquiet à l’idée de se faire disputer plongea à nouveau sa main dans le paquet remlis de baies Andréas le serra contre lui pour lui redonner confiance et semblait appliquer une pression sur le bras du jeune garçon.


-Aïe !! Se plaignit Olaf qui sursauta.
-Oh ? Tu n’as pas de chance mon bonhomme ! C’est ça les joies de l’été, les insectes viennent nous piquer ! Ne t’en fais pas ça va vite passer ! Rassura Andréas en frottant le bras endoloris d’Olaf.



Mamie se sentait mal, des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues. Elle savait déjà que c’était trop tard et assistait impuissants aux derniers instants de son fils. Malgré le souvenir gelé, son regard expert avait repéré l’aiguille plantée au bras d’Olaf, blottit pour l’heure dans les bras de son meurtrier. Elle s’efforça à ne pas tourner la tête, alors que quelques secondes plus tard, l’enfant commença à convulser.


-Eh Olaf ? Olaf ça ne va pas ?! Je… Attends ! Surtout ne bouge pas ! Je vais chercher Beata et Laïka ! Ne t’en fais pas elles vont te soigner mon bonhomme ! Fit la voix d’Andréas faussement paniqué avant de laisser le garçon agonir seul et quérir une aide qu’il savait vaine.



-Assez ! C’est assez Elsa ! Je ne supporterai pas de le voir souffrir ainsi une seconde fois ! Pleura Mamie.
-Il… Balbutia Elsa en détruisant le souvenir.
-Beata est venue me trouver oui… Laïka était à son chevet mais nous n’avons rien pu faire et ton oncle est parti rejoindre les anges… Je pensais qu’il avait mangé quelque chose de mauvais mais en fait…
-Je suis navrée Mamie…
-Elsa… Fais-moi une promesse !... Oublie ce que je t’ai dit sur Andréas ! Affronte-le ! Vaincs-le ! Mais surtout, avant mon dernier souffle Elsa… Amène-le moi ! Tu m’entends Ma grande Picéaerd ?!
-Mamie tu… Tu ne vas tout de même pas ?
-Non… C’est en pays Northuldra qu’il doit répondre face aux esprits qui devront décider de son sort !... Son cas ne relève pas de la justice des hommes et il ne mérite même pas notre haine ou notre désir de vengeance. Elsa je ne suis plus esprit, le peu qui me restait est tiens… Avec tu pourras sauver ton frère, mais je resterai jusqu’au bout la chamane de notre peuple, tu es notre cheffe, ton rôle est de le neutraliser, mais c’est au chamane de le présenter à la justice de la nature !
-Mamie je…
-Jurez le moi cheffe Elsa Picéaerd ! Trancha Mamie d’une voix déterminée
-Je… Je vous le jure Anna Picéaerd… Balbutia la jeune femme en lui prenant les mains blessées.
-Bien… Il va nous falloir savoir ce que ce monstre manigance depuis des semaines… Tu peux être certaine qu’il a déjà dû retourner le cerveau de ton père ! Va te reposer quelques instants Elsa… Tu vas devoir nous faire apparaître Arendelle dans peu de temps, tu as besoin de forces, surtout dans ton état !
-Mais mamie ? Et toi ?
-Moi ?... Oh j’ai besoin de discuter avec mon autre moi… Ne t’en fais pas. Ta grand-mère est vieille et ne tardera pas à être mourante mais… Je ne suis pas encore complètement au bout !
-Quoi ?! Tu vas retourner dans l’Helveg ?! S’étrangla la reine des neiges
-Ne t’en fais pas…C’est sans risque ! Grace à ta chère sœur Anna qui m’offre un corps parfait !
-Quoi ?... Un corps ?!
-Ca serait long à t’expliquer… Mais elle m’aide bien !
-Je reste avec toi ! Hors de question de te laisser partir seule !
-Tu ne peux pas venir Elsa… Et mon corps reste ici…
-Alors je reste pour le veiller !
-Tu es bien une Picéaerd toi !... Presque aussi têtue que ta mère ! Bien…je ferai comme tu voudras… Je peux te demander quelque chose en échange ?
-Quoi donc ?
-Tu te souviens du dernier couplet de la berceuse que j’ai chanté tout à l’heure ?
-Euh… Oui… Oui je crois…
-Je voudrais que tu me le chantes pour m’aider à partir… Fit Mamie en s’allongeant et fermant les yeux.

Elsa comprit qu’elle n’avait d’autre choix que d’obéir et, de sa voix cristalline, commença à entonner les notes de la douce mélodie alors qu’elle sentait sa grand-mère se concentrer. L’âme de la matriarche commençait déjà à rejoindre l’Helveg, mais ne parvenait pas à pénétrer le corps de sa petite fille qui paraissait faire de la résistance. Mamie insista quelque peu et au bout de quelques tentatives, sentit finalement la jeune princesse décidée à lui céder la place pour qu’elle en prenne le contrôle alors que dans l’Helveg la cadette d’Arendelle s’effondrait au sol quelques instants avant de rouvrir les yeux et voir la maîtresse de la hutte la dévisager et lui tendre une main secourable.


-Eh bien ma chère moi ? Tu avais l’air pressée de revenir ?... Pourquoi un retour si rapide ? Il s’est passé quelque chose de grave ? Demanda la grand-mère de l’Helveg.
-Oh ! C’est toi ! Enfin moi ! Je suis heureuse de te, enfin de me revoir ! Et… Mais dis-moi c’est désertique ici ? Où sont-ils tous passés ?!
-Je les ai fait quitter les lieux… Revenir aussi rapidement après ton long séjour ici n’est pas bon pour toi… Tu ne dois pas rester longtemps et voir tous les autres pourraient te distraire…
-Surtout Elysia ! Fit la Anna vivante quelque peu déçue.
-Surtout Elysia en effet !... Et Pieter aussi !
-Attends quoi ?! Pieter est avec vous désormais ?! S’étonna la vivante.
-Tu vois ça te distrait déjà… Oui il est de retour parmi nous ! Elysia en ayant découvert la vérité lui a pardonné ce qui lui a permis de quitter le Niflheim !
-Pieter ! Mon grand frère… Il faut que je lui dise que…
-Anna… C’est déjà fait ! Coupa la grand-mère morte avec un clin d’œil.
-Oh tu es géniale !
-Non… Tu es géniale !... Nous ne formons qu’un après tout ! Mais dis-moi ? Pourquoi ce retour ?... Un problème avec Elsa ?
-Non… Au contraire !... Elle a même apprécié à sa juste valeur le présent que sa mère m’a chargé de lui transmettre !
-Parfait ! … Tu peux au besoin lui en transmettre un nouveau, je suis certaine qu’Iduna te dirait la même chose !
-Non ça ne devrait pas être nécessaire pour le moment… Soyons sérieuse je te prie !... Je lui ai montré les secrets d’Ahtohallan pour découvrir la vérité sur Andréas…
-Les secrets ?... Tu parles de…
-Oui !...
-Si tôt ?... Mais qui ?...
-Moi ! Coupa la grand-mère vivante qui lisait les pensées de son homologue.
-Donc tu vas prochainement…
-…Retrouver sans doute une âme de notre chère Elysia dans l’Hellheim…
-Tu embrasseras cette partie pour moi… Fit la morte.
-Plutôt deux fois qu’une !
-Mais pourquoi avoir chanté si tôt ? Le souvenir était-il important ?
-Capital ! … Runaerd est innocent ! Jamais il n’a comploté contre nous… Le seul responsable… C’est Andréas ! C’est lui qui a tué Amarok !
-Que dis-tu ?
-Lis mes pensées tu verras.


La grand-mère de l’Helveg suivit le conseil de son homologue. Il ne lui fallut que quelques instants pour apprendre tout ce que savait la Anna du monde des vivants sur le déclanchement de la guerre contre les Arendelliens, mais plus sournois encore, le pacte entre Amarok et Andréas, scellé avec l’extermination du peuple des terres gelées…


-Mais ça n’est pas tout…
-Quoi ? Répliqua la grand-mère morte choquée de la découverte.
-Non… Olaf…
-Olaf ?... Non… Ne me dis pas que…
-C’est lui le responsable Anna !... C’est lui qui a assassiné notre fils !... Comme il a supprimé le peuple des Terres gelées… Avec son maudit poison… Anna… Ce monstre que nous avons osé nommer notre frère a tué notre petit bonhomme de neige !


De grosses larmes perlaient sur les joues de la jeune Anna qui tomba dans les bras de la grand-mère qui se trouvait dans le même état de tristesse. Toutes deux se laissèrent aller ainsi quelques instants avant de tenter de se reprendre…


-Il va s’en prendre à Kaspian désormais ?
-Sans doute ! Répliqua la grand-mère vivante.
-Alors tu dois tout de suite y retourner et préparer Elsa !... Je me chargerai de veiller d’ici et ferai de mon mieux pour notre petit fils !
-Je te le jure Anna… Je ne le laisserai pas… Je ne le laisserai plus nous faire du mal ! Je le dois ! A notre petit Olaf !
-Je sais… Au revoir chère moi ! Souffla la matriarche de l’Helveg qui peinait à contenir ses larmes.


Mamie ne put répondre à son homologue, elle se sentait déjà repartir vers le monde des vivants et la dernière chose qu’elle ressentit avant de regagner son corps fut l’âme de sa petite fille qui retrouvait le corps qui lui avait été prêté puis ce fut le trou noir, ces quelques instants hors du temps qui précédait toujours son retour vers son enveloppe charnelle.