[Frozen Cimematic Universe] Les Secrets d'Ahtohallan

Chapitre 25 : Nouvelles d’Arendelle


-« Quand le vent frais vient danser
La rivière chante pour ne pas oublier
Ferme les yeux si tu veux voir
Ton reflet dans son grand miroir…
-Ne préfères-tu pas que je les ouvre Elsa ? Proposa Mamie taquine alors qu’elle avait retrouvé son corps.
-Mamie ! Tu es de retour ! Tu as pu ?
-Oui Elsa !... Dis-moi, combien de temps suis-je partie ?
-Euh… A peu près cinq minutes…
-Curieux… Exactement le même temps s’est passé là-bas…
-Qu’est ce que t’as dit mamie ?
-Non rien ne t’en préoccupe pas ! Allez ma grande Picéaerd, j’espère que tu t’es reposée, je t’ai aidé à découvrir qui était notre ennemi ici-bas… Maintenant à toi de nous montrer l’étendu des dégâts ! Qui sait ce qu’il a bien pu faire pendant trois mois avec ton père comme marionnette !
-Comment puis-je faire mamie ? Nous ne pouvons voir ici que des souvenirs plus où moins longs…
-Ah la la Elsa… Décidément, il faut tout t’apprendre ! Aide-moi à me relever… Une nouvelle leçon t’attend ! Fit la grand-mère en emportant avec elle sa marmite de ragout.


Grand-mère et petite fille se dirigèrent à nouveau vers le dôme des souvenirs et Elsa, en élève appliquée suivit scrupuleusement les directives de l’ancienne maîtresse des lieux. Rapidement, des souvenirs d’Arendelle commencèrent à apparaître. La jeune femme n’en fût pas surprise, elle avait pu côtoyer sa sœur durant ses angoisses à la savoir partie loin avant que les événements ne s’emballent. Mais avant que les souvenirs ne commencent pleinement à prendre vie, Anna lui donna l’ordre d’agir pour les manipuler ce que fit le cinquième esprit. Quelques secondes plus tard, toutes deux eurent l’impression d’être comme happée dans un autre monde et pouvaient pleinement observer la vie se dérouler en Arendelle en accélérée. Anna scruta les événements défiler à toute vitesse puis fit stopper Elsa alors que toutes deux constataient que les troupes ennemies semblaient capituler, laissant les Northuldra avec Yohan et Agnarr à leur tête avancer vers le château qui venait de se rendre.


-C’est ici que nous descendons Elsa ! Tu sais quoi faire ensuite !
-Oui Mamie…
-Et mange donc ! Nous en avons pour un moment et tu as des bouches à nourrir ! Coupa la matriarche en servant une grande portion du contenu de sa marmite emportée à la reine des neiges avant que les deux femmes ne soient spectatrices des événements Arendelliens.


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Wilhem des Iles du Sud avec Olson à ses côtés attendaient de manière protocolaire à l’entrée du château tandis que la duchesse de Funningur les devancèrent pour aller à la rencontre des vainqueurs.



-Mes amis !! Soyez bénis ! Et… Mais… Roi Agnarr serait-ce vous ? Et ?... Reine Iduna ?! C’est un honneur vos altesse ! Soyez les bienvenus chez vous Majestés ! Yohan !! Vous aussi êtes parmi nous ! C’est également une grande joie de vous retrouver mais moins une surprise. Proposer une attaque si audacieuse ne pouvait émaner que de votre cerveau brillant !
-Madame ?... Je ne crois pas que nous n’ayons jamais été présentés mais… Vous occupez mon trône obtenu de manière vile et vous devrez en payer le prix ! Argua Agnarr mauvais.
-Votre Altesse non ! Permettez-moi de vous présenter la duchesse Maria de Funningur… Elle… Elle était la promise de mon frère ainé Karl… Défendit Yohan


Ce dernier se mordit la lèvre alors que son regard se posa sur celui sévère de Camille qui jamais plus ne quittait Emma. La jeune femme avait toujours les pires difficultés à accepter le mariage de l’amour de sa vie avec l’héritière d’Arendelle, mais voir face à elle, celle qui fut la dernière conquête de Yohan du temps où il était encore un séducteur la rendait encore plus furieuse.


-Le duc de Weselton a fini par m’enlever à l’amour de ma vie… Mais j’ai pu conserver quelques graces auprès de votre père Yohan qui est venu me prêter main forte… Votre Majesté, voici ceux à qui nous rendons le royaume délivré. Je suppose que vous reconnaissez le roi Agnarr ? Fit la duchesse à Wilhem qui vînt à sa hauteur.
-Agnarr ? C’est vous ?! Nous vous pensions noyé… Eh bien mon pauvre vous avez affreusement vieilli !
-Roi Wilhem… Vous avez affreusement grossi !
-Quoi qu’il en soit… Soyez le bienvenu… Chez vous !
-Et puis-je savoir roi Wilhem pourquoi avoir tenté au départ de nous barrer la route dans notre reconquête de mon royaume ? Ordonna Agnarr soupçonneux.
-Allons Agnarr, c’est ce que vous a expliqué notre délicieuse amie…
-Délicieuse…En effet ! Concéda Agnarr en détaillant minutieusement la tentatrice.
-J’ai ordonné l’arrêt de l’attaque en voyant cette bataille… et le seul capable d’une telle prouesse stratégique ne pouvait être que l’œuvre de mon fils ! Les faits me donnent raison ! Yohan ! Mon garçon ! Te revoilà devant moi ! Plus de six années désormais que tu me fuis, et j’en suis responsable. Tu te méfies de moi et tu as raison, mais la duchesse… La duchesse a su m’ouvrir les yeux… Je sais Yohan que jamais tu ne pourras pardonner mon manque de jugement et de discernement sur ta condition… Mais… Oh que vois-je ? Yohan ?... Est-ce… Questionna le roi en pointant du doigt la jeune Emma.
-Je vous interdis de l’approcher père ! Coupa Yohan.
-C’est mon grand père ? Intervînt la fillette en s’approchant sous le regard médusé de ses parents.


Malgré les remontrances de Yohan, Emma n’en fit qu’à sa tête et s’approcha courageusement du roi des Iles du Sud pour se serrer contre lui…


-Merci grand père d’avoir aidé papa !
-Emma mais qu’est-ce que… Grogna Yohan furieux.
-Mais papa, c’est toi qui m’as dit de toujours être honnête ! Et sans l’aide de Papy, ton plan n’aurait pas marché, c’est grâce à lui, à tonton Hans et à monsieur Andréas qu’on a gagné !
-Hans ?... Qu’est-ce que tu dis fillette ?... Hans est ici ?
-Oui Papy c’est lui qui a coulé ton bateau !... J’espère que tu ne vas pas être trop en colère contre lui… Regarde il arrive là-bas ! Avec monsieur Andréas ! Ce sont eux les grands vainqueurs !
-Mon fils, tu t’es trouvée une petite amie formidablement intelligente ! Tu devrais t’inspirer d’elle ! Remarqua Agnarr en posant ses mains sur les épaules de Kaspian.


Wilhem n’écoutait déjà plus et fendait la troupe des Northuldra pour aller à la rencontre de son fils benjamin. Les deux hommes se toisèrent du regard, personne ne put les entendre, Andréas s’étant respectueusement éloigné pour rejoindre la troupe des vainqueurs. Tous observaient la scène et pouvaient ressentir la tension et finalement, constater soulagés que père et fils semblaient laisser leurs différents de côté pour se serrer chaleureusement la main.



-Leurs Altesses souhaitent sans doute retrouver enfin leur doux foyer ? Suggéra la duchesse à l’attention d’Agnarr et sa famille alors qu’elle dévisageait le jeune prince, qui retrouvait à son bras la jeune Emma.


Agnarr ne se fit pas prier et encouragea l’armée des Northuldra à pénétrer dans le château. Trop excité à l’idée de retrouver sa demeure, l’ancien souverain passa devant Olson sans lui adresser une parole. Le général, respectueusement lui fit une légère révérence puis tressaillit alors qu’il constatait qu’il n’était pas le porteur de l’épée des rois mais que celle-ci demeurait toujours à la ceinture de Yohan.


-Yohan ?... Puis-je vous parler ? Demanda l’officier discrètement.
-Olson ! … Je vous pensais mort ! Admit Yohan surpris.
-Les héros le sont, j’ai eu… de la chance ou plutôt, ai-je été maudit d’en réchapper…
-Ne soyez pas si sévère avec vous-même… Vous avez j’en suis certain contribué à maintenir Arendelle…En témoigne votre état général ! Vous pouvez vous targuer d’avoir eu vous aussi une action décisive pour sauver votre pays !
-Merci… Mon roi ! Répondit Olson avec une révérence.
-Plaît-il ?
-Ceci ! Fit Olson en désignant l’épée légendaire.
-Oh ?... Non !... C’est… Kristoff me l’a confiée c’est tout…
-Et où est-il aujourd’hui ?
-… Dans un monde meilleur… Souffla Yohan la mine sombre.
-C’est donc vous le porteur légitime… Le roi !
-Non… Allons, la famille d’Arendelle est de retour chez elle !
-Alors pourquoi n’est-ce pas le roi Agnarr qui la porte ? Yohan ! Je vous ai mal jugé au départ mais je sais désormais que vous êtes un homme de bon sens et loyal…
-Vous me prêtez des qualités que je ne suis pas certain de mériter. Coupa Yohan avec un regard coupable en direction de Camille qui tentait de ne pas se faire remarquer par Wilhem.
-Non… Je… Je la garde pour Anna ! Et de toute manière…C’est Elsa qui me l’a confiée… Nous… Nous nous sommes mariés elle et moi. Avoua Yohan penaud.
-Vous voilà donc un prince d’Arendelle de toute manière… Et cette chère Elsa n’est pas avec vous ?... C’est donc vous le roi !
-Non… C’est à la famille royale qu’elle revient…
-Mais vous ne l’avez pas laissé à Agnarr… Consciemment ou inconsciemment Yohan vous ne l’avez pas fait… Vous connaissez la portée de cette arme. Je ne sais quelles sont vos pensées mais si spontanément vous ne l’avez pas rendue c’est que vous vous méfiez de notre ancien roi…
-Je… C’est Anna la reine c’est tout…
-Pas officiellement… Dois-je vous rappeler qu’elle n’a pas été au bout de son couronnement ?
-Elle est la régente, et Elsa l’est toujours…
-Si vous le dîtes Yohan… Et continuez de vous méfier des amis…
-Vous parlez du roi Agnarr ?
-Non… De la duchesse…
-De Funningur ! Je la connais… Et à coup sûr elle ne doit pas me porter dans mon cœur… Pas plus que mon père ! Je serai soulagé quand je les verrais quitter les lieux…
-Nous sommes donc dans le même camp vous et moi ! Permettez-moi d’être à vos ordres ! Tant que vous portez cette arme que vous le vouliez ou non… Vous êtes le roi de ma patrie !
-Si cela vous amuse Olson…
-Yohan… Il n’y a que trois sujets sur lesquels je ne pourrais jamais m’amuser comme vous dîtes. Le premier est ma patrie, le second ma femme et le troisième… Ma promesse faîte au roi Runaerd de toujours veiller sur celle qui s’appelait alors encore Iduna Picéaerd…
-Eh bien vous allez avoir de nouveau du travail mon ami… Car la reine mère est de retour !
-A ma grande joie !



Les deux hommes de guerre continuèrent de dialoguer à voix basse pour suivre le reste des vainqueurs. Le triomphe modeste, Yohan préférait rester en retrait contrairement à Agnarr qui se pavanait avec sur ses talons Andréas, Wilhem et la duchesse de Funningur. Les deux militaires observaient gênés cette curieuse scène et, si Yohan n’osait pas affronter le regard de Camille, se sentant toujours aussi coupable, et même davantage encore lorsqu’Elsa, à n’en pas douter allait les rejoindre en compagnie de sa grand-mère, Olson de son côté ne cessait de dévisager Iduna, heureux de la voir vivante et, parmi les troupes Northuldra, cherchait désespérément Beata dont l’absence l’inquiétait. Cependant, Yohan, comme Olson furent troublés dans leurs pensées lorsqu’Agnarr, pas peu fier s’avança plus que les autres dans la grande salle, Kaspian à son bras puis, avec l’attitude altière qui avait caractérisé son règne, prit place sur le trône qu’il avait occupé jadis, installant Kaspian à sa droite avant de dévisager déterminé l’assistance qui répondit par une salve d’applaudissements à part Olson et Yohan.



-Longue vie au roi !! Susurra la duchesse.
-Vous me l’enlevez de la bouche Madame ! Longue vie au grand roi Agnarr ! Fit Andréas pour que la foule suive son enthousiasme avant de se tourner vers la duchesse.


La foule reprit en chœur les vivats lancés par Andréas et appela de ses vœux à ce que la reine Iduna s’empresse de les rejoindre. Bien que gênée par la situation, elle finit par céder et posa dignement aux côtés de son mari qui retrouvait son rang et son jeune fils mais, presque imperceptiblement, dans le regard de la reine pouvait se lire une pointe de tristesse et de colère. Elle échangeait un bref regard avec Agnarr que lui seul pouvait comprendre. La reine pensait à ses filles… Celles qui devraient en cet instant occuper le siège où s’était assis sans ménagement son époux.


- Pardonnez-moi madame, nous n’avons pas été présentés ? Lança alors Andréas à part à sa voisine.
-Certes non mon ami… Mais je vous connais déjà. Miaula la tentatrice.
-Je vous demande pardon ?
-Oui… J’ai eu le bonheur de vous voir à l’œuvre dans le fjord ! Quel courage monseigneur !
-Je ne suis pas un seigneur ! Répondit Andréas méfiant.
-Pardonnez mon offense… J’ai lu tant de choses sur votre pays, je sais que vous n’avez pas de noble, mais… Cette hardiesse que vous avez déployé sur le champ de bataille ! Vous méritez bien plus que l’on vous nomme ainsi que tous les vils flatteurs et arrivistes présents dans cette salle !
-Et je suppose madame que vous n’en faîtes pas partie ?
-Non Monseigneur… Je dis subir cette situation… En découle une réputation infamante de la part de tous ces nobles à mon encontre hélas… Allons ne faîtes pas à mon encontre cette tête là monseigneur ! Je ne doute pas que vous devez au fond de votre âme bien rire de moi et de mon nom !
-Je le pourrais peut-être si je le connaissais…
-Je me nomme… Maria de Funningur.
-Enchanté, quant à moi je me nomme…
-Homme fort et béni par la puissance de l’Yggdrasil !
-Plaît-il ?
-Je vous ai vu monsieur ! J’ai vu ces flammes envoyer par le fond le navire amiral… Je vous ai dit m’être instruite sur votre pays… Et ce que j’ai vu, cela ne pet être que l’Yggdrasil, aux ordres d’un brave n’est-ce pas ? Fit la duchesse en battant frénétiquement des cils…
-C’est… C’est probable Madame de Funningur ! Je me nomme Andréas Sambucus
-Monsieur ! Me feriez vous l’honneur ce soir de me narrer tous vos exploits sur l’Yggdrasil qui me passionne tant !
-Nous verrons cela madame… Nous verrons. Conclut Andréas en dévisageant Kaspian ce que ne manquât pas de remarquer la duchesse.


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Elsa stoppa le souvenir alors que sa grand-mère eût une violente quinte de toux. La jeune femme s’empressa d’aller lui porter assistance alors que la matriarche ne put masquer les quelques gouttes de sang qui s’échappèrent de sa toux.


-Mamie ? Mamie ça ne va pas ?
-Non ma grande Picéaerd… Ça commence…
-Non ! Mamie tu ne peux pas ! Tu ne peux pas me laisser ! Paniqua Elsa.
-Allons, même si je devais partir tout de suite, je ne te laisserai pas Elsa… Ni moi ni la famille sois en certaine ! Non, mon heure n’est pas encore venue, mais mes forces m’abandonnent peu à peu Elsa…
-Alors viens ! Ne perdons pas une minute et rentrons à Arendelle ! Et là-bas, les médecins de mon père pourront…
-Constater leur impuissance face à la volonté des Dieux oui Elsa… Et nous ne pouvons pas rentrer tout de suite comme tu le dis… Pas tant que nous ne saurons pas tout ce que cet Andréas prépare… Lui… Et cette demoiselle aux allures peu convenables ! Tu la connais ?
-Ma foi… Non je ne l’ai jamais rencontrée !
-Oh ? J’aurai cru… Je pensais que c’était elle qui t’avait inspiré tes tenues…
-Tu les trouves vulgaires mamie ? Demanda Elsa déçue ?
-Vulgaire oui ! Mais qu’importe, le plus important est de savoir ce qu’il se passe… et cette femme… Funningur ! Elle n’est pas honnête !
-Comment peux-tu en être certaine mamie ?
-Je ne connais que trop bien ce nom Elsa… Et il n’est pas le sien !
-Ma foi je ne la connais pas mais j’ai déjà vu ce nom sur les livres que possédaient ma sœur, ils paraissaient être ses préférés ! C’est une Auteur de romans à l’eau de rose à n’en pas douter, que peut-il y avoir de mal à ça ?!
-A l’eau de rose… oui à n’en pas douter et… Attends qu’est ce que tu as dit ? Anna lisait m… Hum ces romans ?
-Oui ! Je crois que son préféré se nomme… Les souvenirs d’une grand-mère…
-Merveilleuse petite… Soupira mamie avec un grand sourire ?
-Qu’est-ce que t’as dit mamie ?
-Rien… Une broutille ! Concentrons-nous Elsa, l’heure n’est pas à la littérature, d’ailleurs je suis certaine qu’elle n’est pas cette femme ! Et je n’ai pas confiance en ton père non plus qui va subir leur influence !
-Oh tu as vu Mamie, Yohan saura se méfier de lui de même qu’Olson ! C’est un homme bien tu sais ! Le mari de Beata !
-Je le sais… C’était aussi celui de ton oncle avant la guerre de la brume !
-Attends quoi ?!
-Je te le raconterai si j’ai le temps… Allez, fais-nous voir les exploits d’Arendelle !


Quelque peu choquée par cette révélation, Elsa fit à nouveau apparaître devant elle le royaume d’Arendelle et invita la matriarche à s’y replonger.


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Quelques heures passèrent et les coups de canon avaient retentit dans toute la cité avant que le drapeau d’Arendelle à nouveau ne flotte fièrement sur les toits du château qui retrouvait enfin sa famille royale. Sans une once de pitié, Agnarr qui s’était auto-proclamé roi avait exigé que soit emporté le corps de l’usurpateur de Weselton pour être immergé au large. Le monarque retrouvait ses vingt ans et prenait décisions sur décisions avec la bénédiction d’Andréas qui ne le quittait pas d’une semelle, ni lui ni Kaspian avec à roder non loin, la duchesse de Funningur qui ne perdait pas une miette de la scène.


-Le corps du traitre a quitté ma demeure ?!
-Oui Votre Altesse ! Répondit un garde repenti.
-Bien ! Olson ! Je suis ravi de vous revoir ! Et vous Yohan venez également ! Il est temps de préparer notre vengeance contre ceux qui nous ont honteusement volé notre royaume en profitant de la crédulité de notre petite Anna !... Plus jamais je ne permettrai une telle faiblesse !
-Agnarr ! Ca suffit ! Ce trône n’est plus le tien ! Fulmina Iduna qui ne tenait plus.
-Silence ! Iduna, tu as toujours été à mes côtés mais là, pardonne-moi, Arendelle doit passer en premier pour se redresser ! Je le dois au Royaume ! Je le dois à notre Kaspian ! Tel est le rôle d’un roi !
-Mais Agnarr ouvre les yeux ! Voilà six longues années que tu n’es plus le souverain d’Arendelle ! Répliqua sèchement Iduna
-Sauf votre respect votre Altesse… Vous n’êtes plus le roi en effet… Objecta Olson.
-Pardon ?!
-Les mots des rois ont été prononcés par votre fille votre Altesse ! Elsa est la reine ! Et de toute manière, l’épée d’Aren est en possession de Yohan…
-Justement… Yohan, la guerre est terminée… Il est temps pour vous de me rendre ce qui m’appartient !
-Si je puis vous conseiller Agnarr…  Je suis pleinement d’accord avec cette très chère Iduna ! Plaida Andréas mielleux.
-Pardon ? Hoqueta l’ancienne reine surprise d’avoir Andréas pour allié.
-Mais oui tout à fait ! Yohan garde l’épée pour votre fille… Certes elle est la souveraine et aussi la cheffe de notre peuple… Mais il convient d’attendre son retour et d’apporter une gouvernance. Je ne suis pas politicien, mais vous avez été le roi, qui mieux que vous pour assurer cette régence…Mais un régent pour quelques temps. Après tout votre fille est en compagnie de sa grand-mère Anna Picéaerd. Elle ne pourrait être en de meilleures mains, inutile de nous inquiéter pour elles, cependant… Anna a pour habitude de disparaître comme elle l’a fait pendant des années, alors nous pouvons craindre qu’elle et Elsa soient absentes quelques temps… Alors Agnarr, sans doute devriez-vous vous annoncer…régent en l’absence de votre fille… Pardon Iduna, voulais-je dire de…Vos filles !
-Votre Altesse… Je n’aurai pas su dire mieux ! Si j’étais votre conseillère, je tiendrais exactement le même discours vous concernant ! Rajouta la duchesse avec une révérence outrancière.
-Je… Hum… Oui… Vous avez sans doute…raison ! Comme souvent Andréas merci à vous ! Tu vois mon fils ! Un roi se doit d’être toujours entouré de conseillers brillants, au sens moral irréprochable tel que cet homme Kaspian !
-Que dis-tu Agnarr ?! Demanda Iduna surprise.
-Il sera un excellent précepteur Iduna ! Et j’écoute son conseil, je suis le régent d’Arendelle… Olson, Yohan ! Quand pensez-vous que nous pourrons préparer une attaque contre Weselton !
-Agnarr ! Depuis quand es-tu un homme de guerre ?!
-Agnarr… Il y a… Une contrepartie à mon aide ! Intervînt Wilhem qui ne tenait plus.
-Comme si je pouvais imaginer que vous puissiez venir aider un partenaire par charité ! Ironisa Yohan.
-Mais si Yohan ! Je suis venu t’aider mon garçon…
-En manquant de me couler… Perdre votre dernier fils vous aurait causé une peine immense, comme à maman n’est-il pas ! Ajouta Hans étonnamment discret.
-Mais non mon fils tu te méprends sur ton vieux père je…
-Assez ! Ne vous disputez pas par ma faute ! Votre Altesse, le roi Wilhem est bon pour nous et vous chers princes ne prêtez pas à votre père des intentions qu’il n’a pas… J’en suis la responsable ! Dans mon malheur… Pardon de vous le signaler Yohan en partie par votre faute j’ai du fuir les Iles pour me retrouver l’obligée de ce monstre de Weselton…
-Certes madame… Et croyez que c’est une erreur que je regrette, j’aurai souhaité qu’elle fusse la dernière, hélas là encore j’ai échoué. Avoua penaud Yohan en jetant un regard coupable en direction de Camille et Emma.
-Ainsi, j’ai dû épouser le duc… Sa disparition fait de moi la maîtresse de Weselton. Roi Agnarr, je ne souhaite aucune guerre entre nous ! Et pour vous prouver ma bonne foi, mais aussi pour revenir dans votre famille roi Wilhem… Et épouser l’homme que j’ai toujours aimé, votre fils Karl… J’ai proposé, en échange du concours du roi, qu’il devienne le maître de mon duché, que mon époux futur, si la Providence l’accepte devienne Karl, prince des Iles du Sud et Duc de Weselton sous l’autorité de notre Roi Wilhem le Fort. Pitié roi… pardon régent, permettez cet arrangement…En signe de paix et d’amitié, je serai votre obligée… Proposa la duchesse en veillant à montrer vers Agnarr ses plus précieux atouts.
-Faire la guerre n’honore personne… Mais pérenniser la paix avec ses vieux amis est par contre une bénédiction ! Wilhem ! Après tout, nos enfants se sont unis comme vous l’espériez il y a six ans ! Alors, j’autorise avec bonheur cet arrangement… A la seule condition mon ami, que vous et toutes vos troupes leviez l’encre avant trois jours…
-Nous avons un accord Agnarr ! Et pensez bien que j’ai hâte de mettre main basse sur ce duché et… Evidemment contribuer au bonheur de mes fils ! Termina Wilhem confus avant de prendre congé.
-Bien… Désormais il est temps de redresser notre précieux royaume ! Yohan, mon gendre ! Vous êtes en attendant Elsa le chef des Northuldra mais aussi un homme doué de beaucoup d’ingéniosité. J’ai cru comprendre que vous étiez au service de la couronne en Arendelle ? Accepteriez-vous en ces temps troublés de reprendre cette tache pour apporter aide et réconfort à nos braves sujets qui ont dû subir des jours bien difficiles ? J’ai pleine confiance en vous…
-Je ?... Ça sera… Avec joie… Siffla Yohan surpris.
-Et votre jeune frère Hans est également le bienvenu ! Mon garçon, vous avez de l’influence auprès d’Arnevik ? En remerciement de vos services… Approchez ! Yohan, puis-je avoir l’épée ?
-Votre altesse ?!
-Je vous la rends ne vous en faîtes pas… Hans approchez !


Etonné, le benjamin des Iles s’approcha à quelques pas du nouveau régent alors que Yohan lui confiait l’épée des rois. Agnarr ne résista pas à observer quelques instants la lame puis, avec gravité fit agenouiller le prince des Iles du Sud.


-Moi Agnarr roi d’Ar… Pardon… Régent d’Arendelle… Au nom de la reine fait en ce jour de vous Hans, prince des Iles du Sud, pour vous et votre lignée, comte d’Arnevik ce maintenant et à jamais ! Car telle est la volonté de la couronne !... Relevez-vous monsieur le comte ! Fit Agnarr en posant l’épée sur l’épaule d’Hans.


Toute l’assistance applaudit le nouveau noble d’Arendelle qui en eût les larmes aux yeux et crut voir de la part de son père, un semblant de satisfaction alors que Wilhem, poliment se joignait aux félicitations protocolaires, mais son plus beau souvenir vînt surement de sa nièce qui lui sautait au cou.


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-Bon bah tu vois Mamie finalement ça n’est pas si grave que ça ! Papa était un bon roi et l’est toujours d’ailleurs ! Il a su trouver une solution tout à fait acceptable ! Et regarde ! Le roi Wilhem tient parole et fait voile loin d’Arendelle.


Elsa avait stoppé le souvenir et le manipulait pour le faire avancer plus rapidement pour constater qu’en quelques jours, la cité semblait retrouver sa splendeur d’antan. Yohan paraissait très investi dans sa tâche de même que son frère le nouveau comte. Mais cette atmosphère apaisée ne réjouissait pas mamie. Bien au contraire, elle fusillait Elsa du regard après sa remarque.


-Pas si grave ?! … Elsa ton grand père s’il t’entend a dû succomber une seconde fois ! Comment le sang de Runaerd peut-il couler dans tes veines ?!
-Quoi ?!
-Toi qui voulait tant le pouvoir Elsa, comment peux-tu manquer à ce point de discernement ! Alors je te l’accorde ma petite fille, sentir les événements avant qu’ils ne se produisent n’est pas une qualité familiale, mais être aveugle à ce point ?! Tu as vu qui était Andréas ! Et tu l’as entendu ?!
-Oui… Il s’est montré tout à fait éclairé envers papa et…
-…Et il le charme à tout prix pour mieux le contrôler ! Regarde comme il prend déjà fait et cause pour Andréas plutôt que ta mère ?! Et cette dame de Funningur ne m’annonce rien qui vaille… Elle ne semble pas plus digne de confiance que ce serpent !
-Mais Mamie… Papa est un grand roi et… Tu vois qu’Arendelle se relève !
-Montre nous Arendelle en ce moment… Je sis certaine que ça n’est pas aussi beau que tu ne le penses.


Convaincue par son instinct et décidée à prouver à sa grand-mère qu’elle faisait fausse route, la reine des neiges manipula comme la matriarche lui avait appris les souvenirs pour arriver à une vision d’Arendelle présente. Elsa commença à stabiliser l’image des souvenirs et se concentra. Mais au bout de quelques instants, elle perdit son sourire confiant…


-Mamie ?... Il y a un problème…
-Oh vraiment ? Voilà qui est curieux ! Fit la matriarche faussement étonnée.
-Mamie s’il te plait !
-Je t’avais prévenue Elsa ! Alors, quelle bêtise ton père a-t-il bien pu faire ?
-Je n’en sais rien mais regarde ! … Beaucoup ne sont plus présents ! Olson ! Les Northuldra ! Je ne les vois plus ! Mamie que sont-ils devenus ? Nous ne pouvons pas observer trois mois de vie !!
-Allons ma grande Piceaerd calme-toi ! Je ne t’ai pas encore dit que tu savais désormais tout sur Ahtohallan ! Allez, écoute-moi et fais-moi confiance ! Nouvelle leçon chère cinquième esprit !


En élève docile et sérieuse qu’elle avait toujours été enfant, Elsa écouta religieusement les consignes de sa grand-mère sans l’interrompre ni la questionner. Elsa vida ainsi son esprit pour se concentrer uniquement sur les personnes qu’elle souhaitait voir. Après quelques instants de concentration, elle rouvrit un œil et vit ses souvenirs crées d’Arendelle s’en retourner vers le passé. Elsa s’inquiéta de voir défiler les jours et les semaines en arrière avant enfin de retrouver une trace de ce qu’elle cherchait. Sa grand-mère lui donna alors les dernières indications puis le souvenir se matérialisa devant les deux femmes. D’un geste expert, Elsa sût lui redonner vie.


-Reine Iduna puis-je vous parler ? Demanda Olson accompagné de Yohan.
-Général Olson ? Je vous écoute ? Fit Iduna, alors qu’Andréas et Maria de Funningur se trouvait non loin d’eux.
-Reine Iduna… Voilà… Il me faut vous avouer une chose que… Je n’ai jamais eu l’occasion de vous dire et… J’en ressens une honte vous savez…
-Dîtes-moi…
-Votre Majesté… Vous reconnaissez probablement ceci ?...


Olson avait sorti de sa poche, un collier tout simple. Le bijou entièrement constitué d’os et branches d’épicéas séchés semblait âgé de plusieurs décennies alors que le visage d’Iduna se figea comme si elle avait vu soudain un mort.


-Où ?... Où avez-vous eu ceci Olson ?!
-Il s’agit… D’un présent de mon épouse…
-Votre ?! Pardon qu’avez-vous dit ?!
-Je crois sauf votre respect Altesse que vous avez compris… Ma femme m’a demandé de prendre le plus grand soin de son seul souvenir de sa meilleure amie, une certaine Iduna… Vous votre Altesse !... Oui, Beata est mon épouse depuis… Eh bien pour être honnête, quelques temps avant que vos Majestés ne se confinent pendant des années au château pour protéger la princesse héritière.
-Quoi ?! Répliqua Iduna qui perdit son calme royal.
-Elle… Elle sait qui vous êtes votre Majesté mais… Au vu de la décision de vous cacher du monde, elle préférait garder sa présence secrète… Je l’ai rencontrée sur la plaine des trolls… Nous avons vécu ainsi à garder le secret pendant des années… Jusqu’à votre disparition présumée qui nous aura causé grand peine. Pardon de vous le dire ainsi mais, si Beata vous voit comme sa petite sœur, je vous ai vu arriver en ce royaume perdue, sans famille et, comme pouvait l’être notre regretté Lorens, je me suis toujours imaginé investi d’une mission paternelle vis-à-vis de vous, comme je l’avais promis au roi Runaerd.
-Vous ?! Bégaya la reine qui ne savait si elle devait être heureuse, triste ou en colère.
-Votre Altesse puis-je intercéder ? Depuis mon arrivée ici, alors qu’avec le général, malgré nos différents j’ai œuvré pour qu’Arendelle se libère, j’ai pu étudier grâce à son concours les archives secrètes de votre royaume… Olson me les a confiés pour que j’aille en Arnevik trouver l’aide salvatrice qu’Arendelle espérait ! Regardez votre altesse ! Insista la duchesse.


La tentatrice tendait avec un visage sincère des documents à Iduna qui la dévisagea quelques instants avant de se plonger dans leur lecture. De son côté, Maria fit un signe de tête à Olson qui ne put s’empêcher de la remercier silencieusement. Au fond de lui, le vieux militaire sentait que la duchesse fomentait déjà quelque intrigue mais il ne pouvait qu’être satisfait de son concours pour avouer à sa reine, un secret depuis bien trop longtemps enfoui.


-Je ?... Je… Je suis née…
-A Arnevik oui votre Altesse ! Votre mère était venu retrouver votre père que le roi et votre oncle cachait… D’ailleurs Altesse, votre oncle Pieter… Si j’ai été l’époux de Beata, c’était plus par obligation et amitié car si je n’ai vraiment connu l’amour qu’une fois dans ma vie…c’était bien pour votre oncle Pieter…
-Vous ?!... Quoi ?!... Peu importe vous… M’expliquerez plus tard mais… Que signifie tout ceci ? Questionna Iduna stupéfaite.
-Le roi Runaerd avait des projets pour vous… Pas pour vous piéger votre Altesse… Le roi Runaerd vous voyait comme la fille qu’il n’avait jamais eue ! L’enfant d’Anna Picéaerd ! Le seul amour de sa vie ! Vous ne me croirez sans doute pas ma reine mais, le roi Runaerd était un homme d’honneur ! Il m’a fait jurer, ainsi qu’à Lorens de veiller sur votre protection… Tout est dans ces documents… A voir votre tourment vous n’en aviez pas conscience pourtant… Il m’avait demandé de les déclasser pour les lui apporter sur son lit de mort…Sa dernière volonté était de vous les transmettre !
-Il… il l’avait fait ! C’est moi qui… Ne les as jamais lus… Avoua la reine confuse.
-Je vous devais cette vérité ma reine ! Même si je vous avoue, je pensais que Beata vous l’aurait avouée. S’il vous plait, dîtes-moi comment a-t-elle réagi en vous retrouvant ?! Il ne se passait pas un jour sans qu’elle ne me parle de vous… ou de ses enfants !
-Olson… Je… Je crois que…
-Non Yohan ! S’il vous plait ! C’est à moi de l’en informer… Olson, je vous en prie, asseyez-vous je vous prie…
-Sur ?... Sur votre trône !? Non Majesté jamais je…
-Vous pourrez, ça n’est qu’un siège et vous en avez bien plus besoin que moi ! C’est…C’est un ordre !


En militaire, Olson ne put faire autrement que se soumettre. Si le vieux militaire avait pu se montrer extrêmement sévère envers la jeune fille d’Iduna, il voyait toujours dans la souveraine, la fillette qu’il avait juré de protéger pourtant en cet instant, il voyait dans sa reine, le portrait craché de la cadette d’Arendelle. Lui qui n’avait toujours vu Iduna que comme une petite fleur fragile avait pourtant dans le regard, la même flamme qu’Anna. Aussitôt le militaire se sentit coupable envers la cadette disparue.


-Si vous insistez Altesse, je vous écoute… Fit-il en prenant place.
-Je ne sais de quelle manière je puis annoncer ça mais… Je n’ai jamais revu Beata… Hélas Olson j’ai de bien mauvaises nouvelles. Elle… Elle est partie…pour un monde meilleur… Je suis désolée. Affirma alors Iduna en prenant la main du général.
-Vous ?... Vous voulez dire que ?...
-Oui Général… Beata est décédée…


En bon militaire, Olson ne laissa rien paraître même si ses poings se serrèrent et il jeta finalement un regard très dur envers la duchesse.

-Vous le saviez ?!
-Je tombe des nues comme vous mon général…Je vous présente toutes mes condoléances Olson. Répondit la duchesse sincèrement surprise.
-Je… Altesse, je vous présente mes condoléances sincères pour la disparition de votre amie ! Répliqua Olson d’un ton martial pour masquer sa tristesse.
-C’est à moi au contraire de vous les présenter… Je suis désolée Général et… Je suis cependant heureuse de savoir qu’elle a pu vivre auprès d’un homme tel que vous. Répondit Iduna avec politesse.
-Comment ? Comment est-ce arrivé ?
-Elle… A été partie prenante au conflit…


L’explication bien que très vague de Yohan parût suffisante au militaire qui masquait difficilement sa peine et fit de gros efforts pour reprendre sa dignité lorsqu’Iduna lui prit la main. Se faire consoler ainsi par celle qu’il devait protéger semblait être indigne de son serment.


-Au moins… Elle a disparue sur ses terres…là où Pieter s’en est allé également…
-Je sais ce qu’il représentait pour vous… Lorens ! Intervînt Iduna avec calme en plongeant son regard dans les yeux noisettes de l’homme de guerre, alors qu’Agnarr approchait, suivi par Andréas qui tendit la main au général.
-J’ai appris qui vous étiez… Beata était mon épouse… Elle s’est enfuie pour… des raisons qui lui sont propres, je lui en ai voulu mais je compatis à votre douleur. Elle aura été votre femme plus longtemps que la mienne et je suis heureux de savoir qu’elle aura pu être avec un homme d’honneur digne d’elle.
-Je… Merci monsieur…
-Appelez-moi Andréas ! Répliqua-t-il en se montrant le plus chaleureux possible.
-Olson ! Vous méritez tout notre respect et gratitude pour votre dévouement à votre pays… Andréas se proposait à ramener en leurs terres les Northuldra qui n’aspirent qu’à retrouver leur patrie, puis il m’a suggéré de vous laisser les escorter et ainsi, pourrez-vous vous recueillir sur les lieux de repos de vos disparus.
-Altesse je…
-J’insiste général ! Cette idée est brillante ! Je me félicite d’avoir Andréas, ainsi que cette duchesse de Funningur pour me dispenser de sages conseils ! D’ailleurs je suis heureux de vous apprendre que le roi Wilhem, consent malgré son départ à laisser cette délicieuse jeune femme à nos côtés pour le renouveau du royaume ! Prenez ce temps général ! Vous le méritez ! Et je ne serai que plus rassuré que de savoir ma fille et ma belle fille escortée par vos soins lorsqu’elles rentreront !
-Je ne puis me soustraire à votre régence alors qu’il y a encore tant à faire !
-Justement vous servez la couronne là-bas… à attendre le retour de la reine !
-Si tel est la volonté de la couronne… Je vous remercie vos altesses ! Fit Olson en quittant le siège royal alors qu’Andréas et Maria échangeaient un regard entendu.



Le général avança de quelques pas avant d’être stoppé ainsi que le reste de la scène. Elsa venait de figer le souvenir et se mordillait la lèvre en dévisageant sa grand-mère. Son aïeule avait vu juste. Quelques jours seulement après avoir repris Arendelle, Andréas, par ses intrigues avait réussi, en faisant passer cela pour un service par écarter le général Olson du cercle des conseillers. Si l’officier pouvait être fort désagréable, Elsa lui reconnaissait cependant une dévotion sans faille aux intérêts d’Arendelle qui perdait là, son plus fervent défenseur.



-Je suis navrée de te le dire Elsa mais…
-Oui mamie… Tu as raison ! Ces deux-là sont très dangereux !
-Et pire encore ils semblent s’entendre ! Ela ! Nous devons savoir ce qu’ils préparent ! Fais-nous voir leurs plans !


La jeune femme, en accord avec la matriarche fit apparaître les souvenirs qui les intéressaient. Andréas et Maria se faisaient face et dînaient en tête à tête dans les appartements dévolues à la jeune femme.


-Quel courage monseigneur vous avez eu ! Vous voir ainsi ramer seul face à l’armada, prendre le commandement du navire d’Hans, qui est pourtant l’un des plus grands marins du monde, et mettre ainsi en déroute la fameuse flotte des décuplés. Quel incroyable pouvoir ! Lança la duchesse en lui jetant des doux regards.
-Je n’ai jamais été très amateur des flatteurs madame…
-Oh ? Vous ne vous êtes jamais laissé aller à ce doux parfum ? Vous êtes donc l’homme le plus sage que je n’ai jamais rencontré ! Pourtant vous pourriez aisément les recevoir ! Sans vous Arendelle aurait couru à sa perte ! Vous pensez bien que Wilhem n’en a que faire de son rejeton ! Il l’aurait envoyé par le fond avec le reste de son armée… Mais voir ainsi le pouvoir de l’Yggdrasil à portée de votre main…
-Que me racontez-vous là ? Demanda Andréas.


La duchesse se leva alors et posa ses mains le long du corps d’Andréas qui bien qu’imperturbable appréciait grandement le spectacle et le massage offert, alors que Maria, telle une élève modèle récitait son savoir sur le pays Northuldra et la mythologie de l’Yggdrasil telle une récitation à l’école. Andréas en était impressionné. C’était la première fois qu’il rencontrait une personne, hors du pays Northuldra qui en savait tant sur les esprits et l’Yggdrasil et, la première à suggérer ce qu’il souhaitait tant. Que la Force de la nature soit une arme au service des hommes, digne de la contrôler.


-Vous avez bien appris votre leçon madame… Mais… Vous me prêtez des intentions belliqueuses que je n’ai pas. Utiliser le pouvoir de la nature à des fins guerrières n’est pas concevable dirais-je pour citer notre estimée chamane.
-Car vous Andréas, avec votre audace, êtes un homme à écouter les superstitions de bonne femme ? Non vous ! Vous êtes au-delà de ça… D’ailleurs, vous ne m’avez pas contredit quand je suggère le fait que vous ayez utilisé le feu de l’Yggdrasil… C’est donc une vérité n’est-ce pas ?
-Hum… Décidément Madame de Funningur… Vous êtes la femme la plus clairvoyante qu’il m’ait été donnée de rencontrer…et ça n’est pas là que votre seule qualité. Fit le Northuldra qui avait de plus en plus de mal à détacher ses yeux du corset volontairement mal ajusté de la tentatrice.
-Et vous le seul homme que j’ai rencontré parmi tous ces nobles et rois à avoir une ambition à la hauteur ! Mais j’aimerai savoir une chose monseigneur ? Quel est le rôle du rejeton de la reine dans cette histoire ?
-Plait-il ?
-Allons… Apparemment vous ne détenez pas Elsa, et vous n’avez eu de cesse d’observer ce jeune garçon qui semble si bêta ! Au vu de votre ambition, cela ne peut pas être par pure charité…
-Peut être Madame… Pourrions nous en discuter après un dessert… J’ai justement quelques baies Northuldra… En désirez-vous ? Demanda Andréas avec un sourire.
-Volontiers !
-Ne vous formalisez pas surtout… N’hésitez pas à les avaler toutes en même temps… Je vous l’ai dit je ne suis pas un roi, il n’y a personne à impressionner ! Appréciez-les donc… à la Northuldra ! Insista-t-il en levant son verre.
-Ca sera une joie de les partager avec vous ! Vous me direz ce qu’elles valent en cocktail également… J’ai pris le soin d’en écraser quelques-unes dans votre verre pendant que je dénouais votre dos meurtri !


Immédiatement Andréas reposa son verre et dévisagea la tentatrice qui lui tendait à nouveau les baies alors qu’un silence s’installait, le Northuldra prudemment les rangea précieusement dans sa bourse.


-Vous savez ce que c’est n’est-ce pas ?
-Je ne suis pas une experte en sureau mais… Conservé dans une si petite bourse cachée dans votre tunique… Cela me donne quelques idées. Mais au lieu d’en arriver à de telles extrémités qui seraient fâcheuses à n’en pas douter… Nous pourrions nous entendre ? Après tout et soyons honnête, nous désirons la même chose vous et moi ? Le pouvoir de l’Yggdrasil ?!
-Je n’ai entendu une telle assurance dans une proposition qu’une seule fois… De la part d’un enfant de 8 ans… que vous avez face à vous aujourd’hui…
-En ce cas je suis ravie de ne pas avoir eu à attendre votre âge pour connaître ce même plaisir !
-Vous devez savoir que l’homme avec qui j’avais passé ce type d’accord a tenté de le rompre… Je puis vous assurer que cela ne s’est pas passé comme il le désirait…
-Mais Andréas, j’espère bien que cela se passera de la même façon. Parlons franchement ! Vous comptez me tuer si je vous déçois ?! … Mais vous avez vu grâce à votre verre que je sais jouer à ce petit jeu… Vous aussi savez ce que vous risquez ! N’est-ce pas là la meilleure assurance que vous et moi aurons ensemble une confiance aveugle et réciproque ?
-Je ne dis pas non ?... Mais quelle est votre volonté ? Je me refuse à tout accord sans une réponse sincère de votre part !
-Au départ, j’ai été humiliée par Yohan…Il a souillé mon honneur ! Je me suis donc juré de le faire payer ! Et j’ai découvert qu’il existait ce pouvoir, capable de contrecarrer la volonté d’un roi ! Un pouvoir qui rend plus fort que tout !... Plus qu’une vengeance j’ai décidé que je souhaitais leur place et pour ce faire, seul ce pouvoir pourra me permettre de l’acquérir…En plus de mes talents je le confesse ! Quant à vous… Cela doit être quelque chose de similaire n’est-ce pas ?
-Je ne dis pas non…
-Andréas… Les Northuldra vous écoutent… Agnarr sera à vous dans peu de temps… Avec mon aide, je vous offre Weselton et les Iles du Sud ! Cet idiot de Wilhem me mange désormais dans la main… Un accident sera si vite arrivé… Une salade de fruits par exemple ? Suggéra-t-elle en manipulant une baie restée sur la table.
-Marché conclu… Madame la duchesse ! Fit Andréas en tendant sa main
-Je pense monsieur que nous méritons mieux !


Immédiatement la duchesse lui sauta au cou et embrassa fougueusement le vieux Northuldra. La tentatrice enfonça profondément sa langue qu’elle tourna avec expertise dans la bouche de son partenaire qui lui rendait la pareille. Tous deux sentirent soudain une excitation torride monter alors qu’ils se levèrent sans décoller leurs bouches. Andréas tenait fermement les mains de la belle tentatrice et la fit reculer vers le lit immense de la chambre qui fut des années auparavant celui de la jeune princesse cadette d’Arendelle. Sans ménagement, tous deux basculèrent sur les draps de soie alors qu’avec une vigueur surprenante pour un homme de son âge, Andréas commençait à enlever avec brutalité la robe provocante de sa partenaire. Tous deux s’apprêtaient à ne faire qu’un et ainsi sceller leur pacte.
Elsa stoppa le souvenir visiblement gênée. Ses joues virèrent alors à une teinte plus rouge et s’empressa de détruire le souvenir pour ne pas voir la duchesse et Andréas ne faire plus qu’un.


-Bah Elsa ? Pourquoi tu arrêtes ? Demanda Anna déçue et furieuse.
-Mamie ! Ahtohallan permet de voir ça mais non c’est…
-Un acte naturel ?
-Répugnant !
-Pourtant Elsa, à en juger par ton état, toi aussi tu as pratiqué cet acte répugnant… Ironisa Mamie.
-ça n’a rien à voir ! Et puis là, c’est regarder d’autres personnes, je me souviens avoir manqué de défaillir quand j’ai failli voir ma sœur avec Kristoff la veille de son couronnement… Brrr
-Ils étaient promis l’un à l’autre, il n’y a rien d’exceptionnel ! J’en ai vu bien d’autres.
-Quoi ?!
-Tu as très bien compris ma grande Picéaerd…
-Mamie ?! Non ne me dis pas que tu as déjà espionné pendant qu’ils vivaient chez toi mes parents ou… Attends ne me dis pas que Ryder et moi tu…
-Si… Ca aussi Elsa ! Et bien d’autres choses encore mais peu importe…
-Bien moi je n’ai pas envie de voir ce monstre commencer…ces choses avec une auteur de romans pour fillettes aussi dingue que lui !
-Cette femme n’a jamais rien écrit et ça n’est pas des romans pour fillette Elsa ! Coupa Mamie avec colère.
-Mamie mais ?... Qu’ai-je dit pour te mettre en colère…
-Je sais que cette femme a volé le nom qu’elle porte, je sais qu’elle n’a rien écrit…car si tu veux la vérité Elsa… La duchesse de Funningur… C’est mon nom de plume !
-Attends quoi ?
-Tu en as des choses à savoir ma grande Picéaerd ! Et non, ces livres ne sont pas des romans à l’eau de rose comme tu dis… Ca l’était ! Mais mes versions sont…Adulte !
-Quoi… Non ! Mamie ! Ne me dis pas que…
-A part mon premier si Elsa c’est bien ce que tu as compris !
-Oh Mamie Berk !... Non je ne veux rien savoir d’autres ! Je vais immédiatement passer vers d’autres souvenirs !


La reine des neiges joignit le geste à la parole et s’empressa de retrouver celui qui l’intéressait le plus : Yohan ! Le prince des Iles du Sud après tout demeurait toujours son époux. La gardienne de la forêt n’écouta pas les remarques de sa grand-mère et observa au débotté les souvenirs en accéléré. Elle crut comprendre qu’Hans avait fini par repartir vers son nouveau comté d’Arnevik puis enfin elle pouvait observer son époux en compagnie de Camille. La reine des neiges sentit son cœur se serrer en observant ces instants. Non par jalousie mais plus par gène. Elle se rendait compte qu’elle aimait Yohan et le voir souffrir vis-à-vis de l’amour de sa vie lui faisait l’impression de recevoir un coup de poignard en pleine poitrine. Pour Yohan et Camille aussi la situation semblait complexe, entre instants de pur bonheur entre eux, colères virulentes et espoir de rattraper le temps perdu en observant Emma et Kaspian batifoler ensemble. Puis, un soir, les deux amants finirent par se rapprocher davantage et échanger un long baiser, le premier depuis des années. Pudiquement, Elsa détourna la tête, comme elle l’avait fait il y a quelques temps lorsqu’elle observait Kristoff et Anna. La reine des neiges hésitait à s’arrêter là, mais sa grand-mère, visiblement intriguée l’encouragea à poursuivre son observation. Rapidement, les baisers chastes firent place à des étreintes plus torrides et Yohan ainsi que Camille s’empressèrent excités de s’engouffrer dans la chambre qui leur était dévolue avant de sauter dans le lit, tous deux commençant à se déshabiller.


-Non !! Pas encore !!! Fit Elsa en détruisant le souvenir.
-Ah Elsa, j’agissais comme toi la première fois que j’ai découvert les secrets d’Ahtohallan, je m’arrêtais également à ces moments-là ! Pourtant c’est le meilleur moment ?! S’insurgea Mamie.
-Non mais ce n’est pas possible ?! Mais tout le monde ne pense qu’à ça !!!
-Mais évidemment Elsa ! Je suis certaine que si tu observes Iduna, il ne va pas se passer bien longtemps avant qu’elle et ton père…
-Mamie !! Je t’interdis de terminer ta phrase ! Hurla Elsa rouge de confusion !
-Soit mais que t’arrive-t-il Elsa ?... C’est l’acte ou la relation qui te gène ?
-Mais mamie c’est…répugnant que d’observer…
-Donc tu te moques de savoir que ton mari…
-A quoi bon mamie ? Ce mariage est un mensonge au départ… Je ne peux pas lui imposer de devoir choisir… Il doit rester avec celle qu’il aime ! Avec la mère de sa fille !!!
-Voilà un discours rempli d’amour Elsa ! Fit mamie avec philosophie.
-Je sais mamie. Répondit-elle en tachant de masquer ses émotions.
-Cependant Elsa tu as raison de ne pas vouloir t’y attarder trop pour l’instant ! C’est Andréas qui nous intéresse ! Et le savoir s’être rapproché à ce point de la duchesse de Funningur est des plus alarmant ! Elsa nous devons en savoir plus ! Veux-tu bien relancer ce souvenir ?!
-Non mamie ! Il est hors de question que je les observe en train de…
-Pfff… Peu importe ! Alors montre nous donc quelque chose d’important ! Pourquoi personne n’a-t-il encore fait mention de ta sœur ?! Nous devons savoir ce qu’ils pensent d’Anna ! Mais aussi de nous ! Au bout de trois mois surtout ! Et… Non Elsa en fait non ! Tu as entendu ce pacte entre Funningur et Andréas ? Il faut savoir comment va ton frère ! C’est le plus important !
-Je suis d’accord mamie !


Aussitôt Elsa relança les souvenirs à la recherche de son jeune frère. Au départ, comme sa grand-mère, toutes deux furent attendries de le voir s’amuser dans les jardins avec la douce Emma. Elsa pendant un instant regrettait de n’avoir pu en profiter ainsi en compagnie d’Anna et hélas désormais, elle ne pourrait même plus tenter de rattraper le temps perdu, sa sœur s’étant en allée pour toujours. Mamie Anna, bien que faible le ressentait et tendit sa main meurtrie à sa petite fille pour l’aider à soutenir ces souvenirs paisibles. Hélas pour les deux jeunes femmes alors qu’Elsa accélérait les événements, elles constatèrent qu’Agnarr petit à petit s’enfermait de plus en plus et avec lui laissait toujours davantage Kaspian en compagnie de son nouveau précepteur et la duchesse de Funningur non loin. Emma pouvait le voir de moins en moins souvent et cette situation engendrait de plus en plus de conversations houleuses entre le régent, son épouse et Yohan notamment.


-Mon Dieu Mamie… Tu avais raison ! Papa est en train de se laisser avoir par ces deux-là !
-Non Elsa !... C’est pire ! Ton père a ton défaut ! Il aime le pouvoir !... As-tu l’impression qu’il souhaite te le laisser… Regarde comme le nombre de patrouilles ont augmenté… Regarde comme ton mari a désormais de moins en moins de marge de manœuvre… Même ma pauvre Iduna…
-Ca n’est pas possible mamie ! Maman ne laissera pas passer ces choses !
-Sans doute Elsa ! Mais tu l’as dit nous n’avons pas le temps de tout voir… Concentrons nous sur ton frère et… Non attends ! Regarde !



Mamie pointa du doigt un souvenir qu’Elsa fit apparaître. Toutes les deux purent alors voir Camille et Maria en pleine discussion alors qu’elles se sentaient toutes les deux indisposées.


-Figes les Elsa ! Je veux les voir !
-Quoi ?... Que veux-tu ?
-Je sis peut-être vieille et mourante… Mais jamais je ne me suis trompée à ce sujet !
-Mamie mais que fais-tu ? Demanda Elsa en voyant sa grand-mère poser sa main sur le bas ventre des deux femmes figées.
-Elsa… Nous avons deux problèmes !
-Quoi ?!
-Toutes les deux sont enceintes !
-Quoi ?! Mais ?!... Comment ?!
-Je reste une chamane ma grande Piceaerd ! Je sens ces choses et contrairement à toi… Ahtohallan ne peut rien me cacher ! Crois-moi sur parole ! Je les ai sentis !
-Tu veux dire que les souvenirs que j’ai…
-Oui ! Ahtohallan ne choisit jamais au hasard ! … Ces souvenirs que tu n’as pas voulu voir jusqu’au bout…Sont ceux de la conception de ces petits êtres !
-Mais… Mais…
-Allons calme toi Elsa ! Et vide ton esprit ! C’est sur ton frère que nous devons rester concentrées, nous verrons cela plus tard ! Objecta la matriarche.


Docile malgré sa surprise et sa déception de savoir que Camille et Yohan s’apprêtaient à agrandir leur famille, Elsa relança les souvenirs. Ce qu’elle vit ne l’aida pas à se sentir mieux. Elles les faisaient défiler trop vite pour avoir le détail mais sa grand-mère avait raison et Andréas se rapprochait toujours plus de Kaspian et, finalement, alors que les souvenirs avaient pratiquement tous défilés, Elsa choisi d’en observer pleinement un entre Andréas et Kaspian C’était la première fois qu’elle les voyaient seuls.


Dans les jardins, Kaspian profitait d’une rare recréation avec son précepteur comme chaperon. Emma de son côté n’avait pas été autorisée à sortir le rejoindre alors qu’Andréas s’approchait, sans doute pour prévenir le petit prince d’un retour aux études.


-Alors Kaspian ? Tu apprécies le bon air ?
-Oh oui messire Andréas ! Mais dîtes je m’inquiète ! Elle revient quand ma grande sœur ?
-Elsa ?! Oh ne t’en fais pas ! Elle doit être avec ta grand-mère ! Elles connaissent le chemin, elles reviendront quand elles l’auront décidé ! On ne peut pas les obliger et puis, ta sœur a des responsabilités, c’est la cheffe des Northuldra ! Elle ne peut pas venir non plus comme ça !
-Mais elle me manque beaucoup !
-Tu t’y habitueras…
-Et puis j’aimerai bien voir enfin mon autre grande sœur ! Dis tu l’as cherche ?
-Euh ?... Mais oui naturellement ! Ton père m’a confié cette mission donc tu penses bien que je fais tout pour le retrouver !
-Mais où est-ce que tu l’as cherché ? Emma m’a dit qu’elle connaissait les cartes par cœur ! Elle pourrait t’aider !
-Je l’ai cherché euh… Oh peu importe mais je l’ai cherché partout sois en certain ! Répondit Andréas avec précipitation.
-Tu me le jures ?
-Bien sûr que je te le jure ! Et tiens, puisque tu m’as l’air bien triste mon bonhomme… pour te changer les idées… maintenant que tu es grand et qu’il n’y a personne… Tu veux bien nous créer une super aire de jeu en glace ? Comme ta sœur qui te manque, tu peux le faire tu as des pouvoirs pour…
-Quoi ? Non je n’ai rien…
-Kaspian ! Ca n’est pas beau de mentir ! Je le sais ton papa me l’a dit ! Alors ? Montre les moi, personne ne le saura ! Je pourrais t’aider !
-Non papa il m’a toujours dit « cache tes pouvoirs, n’en parle pas ! »
-Il n’en saura jamais rien… Pour moi, pour ton super copain Andréas ? C’est un super pouvoir que tu as ! L’eau, le feu, l’air, la terre ! Tu savais que ta maman adorait d’ailleurs ton pouvoir de l’air ? Je me souviens que ta mamie l’appelait d’ailleurs comme ça : son ange de l’air ! Ca lui ferait plaisir de te voir le maîtriser, mais tu dois t’entraîner ! De tels pouvoirs, Il faut les utiliser ! Tiens et si on jouait à la guerre tous les deux avec ? Tu pourrais apprendre à viser aussi bien que moi…Tu te souviens comment le bateau des Iles s’est enflammé lors de la bataille ?
-Non tonton ! Il faut toujours obéir à ses parents ! Surtout que papa c’est le roi ! Et il m’a dit que quand je serai grand, si je suis très sage, eh bien peut être que moi aussi un jour je serai le roi, parce que mes grandes sœurs ça ne les intéressera pas !
-Justement ! Un roi avec ces super pouvoirs ça serait chouette ! Insista Andréas agacé.
-Non ! Maintenant arrête sinon je vais le dire à mon père il m’a dit de toujours lui en parler !
-Tu as raison pardon mon grand. Fit Andréas contrarié.
-T’es pas fâché dis ?
-Mais non, bien sûr que non… Oh tiens regarde, j’ai quelques fruits ! Tu as bien travaillé ce matin… Tu en veux quelques-uns ? Fit Andréas en les sortant de la bourse qu’il avait utilisé avec la duchesse de Funningur.



-Non !!!



Mamie avait hurlé si fort qu’Elsa perdit immédiatement le souvenir. Elle adressa alors un regard paniqué à Elsa…


-Non ! Pas ça ! Il… Il… Non pas comme mon Olaf ! Balbutia-t-elle les larmes aux yeux.
-Mamie… il… Il faut savoir… Osa prononcer Elsa la boule au ventre craignant autant que son aïeule la vérité qu’elle pouvait découvrir.
-Non Elsa ! Je refuse d’en voir davantage !... Nous savons ce qu’il veut de toute façon ! Nous devons immédiatement l’arrêter !
-Mais mamie et…
-Alors nous le découvrirons directement sur place ! Mais je refuse de voir un seul souvenir supplémentaire de ce montre ! Allez Elsa viens ! Et ne t’en fais pas pour le Nokk ! Je ne suis plus cinquième esprit mais ça n’est pas un poney aquatique qui va me faire peur ma petite blonde !

Chapitre 26 : La marche des esprits




Malgré ses quintes de toux, Anna remontait Ahtohallan d’un pas rapide alors qu’Elsa peinait à la suivre. La chamane était animée d’une rage qu’elle n’avait encore jamais ressenti. Alors que la lumière de l’aube pénétrait par l’étroite entrée de la grotte d’Ahtohallan que les deux femmes atteignaient, toutes deux purent entendre le clapotis calme de la mer sombre. Une bise légère accueillit le retour des Picéaerd sur les plages de l’île gelée tandis que scintillait l’éclatant palais de glace d’Elsa à la lumière du matin, gardé fidèlement par le dernier petit snowgie qui vînt faire une petite danse de la joie à Mamie et sa créatrice.



-Tu as su élever ta magie au rang d’œuvre d’art ma grande Picéaerd… Tu fais honneur à mon Olaf !
-J’aurai aimé le connaître…
-Moi aussi Elsa ! Eh ?... Mais qu’est-ce qu’il me veut ta chose ?!


Mamie manquât de donner un coup de pied à la créature gelée d’Elsa qui lui mordillait la robe comme s’il souhaitait qu’elle le suive. La matriarche hésita un instant, elle n’avait plus une minute à perdre, craignant le pire pour son petit-fils. Elle jeta un regard rapide vers l’horizon et put déceler les yeux translucides du Nokk. L’esprit de l’eau l’appelait ! Il était temps de partir ! Malgré l’insistance de la boule de neige, Mamie préféra l’ignorer et s’approcha de l’eau, prête à affronter le seul esprit qu’elle n’ait jamais craint.


-Allez, viens me voir toi ! On en a eu des histoires tous les deux ! Allez le Nokk regarde-moi ! Moi je suis Anna ! Tu le sais ! La chamane ! La grand-mère du cinquième esprit ! Allez viens me prendre si tu l’oses ou alors, sois un bon esprit et laisse-nous rentrer !


La matriarche avait interpellé l’esprit, tête haute, torse bombée, le regard déterminé vers l’horizon et ses cheveux roux pour une fois libérés de ses doubles tresses flottant au vent. Elsa était subjuguée. Elle baissa les yeux et resta trois pas en arrière de son aïeule. Elle qui savait avoir une aura charismatique, une sorte d’autorité naturelle venait de trouver son maître en la matière. Jamais personne n’avait intimidé Elsa, mais c’était avant cet instant hors du temps. La jeune femme en était certaine, face à la détermination d’Anna Picéaerd, tous se plieraient à sa volonté. Elle qui avait tant souhaité et aimé le pouvoir voyait en sa grand-mère son incarnation. Elsa enfin venait de comprendre. Vouloir le pouvoir, même le détenir était une chose, mais finalement, seul comptait, ceux qui le méritaient et s’en trouvait digne. Pour le cinquième esprit, il n’y avait aucun doute, en ce bas monde, une seule personne pouvait prétendre à cet honneur, c’était bien sa grand-mère Anna, qui justement, ne le souhaitait pas ! Alors qu’Anna Picéaerd en cet instant inspirait toute la majesté possible, enfin le Nokk apparut face à son ancienne maîtresse…


-On en a eu des histoires toi et moi non ?! Alors ?! Tu décides quoi ?! Dépêches-toi, nous n’avons pas le temps de jouer ! Ordonna la matriarche.


La chamane et l’équidé se toisèrent du regard, une tension pouvait se ressentir entre l’être mythique et la femme mystique. Le Nokk parût ployer et proposer une révérence, l’esprit le plus sauvage acceptait de se plier à la volonté de la grand-mère alors que mamie approcha sa main vers lui. Aussitôt, il se cabra et à l’aide d’un puissant jet d’eau, renvoya l’aïeule sur la plage gelée en direction du palais de glace d’Elsa.



-Mamie !
-Non Elsa ! Reste en dehors de ça ! Tu es le cinquième esprit je te l’accorde, mais j’ai un compte à régler avec cette flaque d’eau insolente ! Décidément, toi et moi on va encore danser ! Lança Anna en repartant affronter l’esprit de l’eau qui à nouveau la renvoya sur la berge.
-Mamie mais que fais-tu ?! Laisse-moi…
-Non Elsa ! Il va m’écouter ! Rajouta mamie déterminée !


Le cheval resta là à l’observer avec défi. Elle voulut lui prouver qu’il avait tort. Réhaussant tant bien que mal ses manches à ses bras blessés, elle sautait de nouveau à pieds joints dans l’eau glacée. Le Nokk ne fut pas content, mais il ne mit pas longtemps à choisir de la renvoyer sur la plaque de glace. La réverbération de l’après-midi l’aveugla immédiatement.


-TU NE COMPRENDS PAS ! Répétai-je, JE NE VEUX PAS RESTER LA ! EMPORTE MOI OU TUE-MOI ! C’EST TON ROLE !


Le Nokk eût pour seule réponse un hennissement, mais il ne fut pas celui d’un cheval habituel, il se termina par un chant que les deux Picéaerd reconnurent aussitôt… Le dernier couplet de la berceuse, chanté avec la voix d’Anna Picéaerd…


-Mamie ? Mais qu’est ce que cela signifie ?!
-L’eau à de la mémoire ! Pourquoi veux-tu me rappeler ça toi ?!
-Mamie ? Mais qu’est-ce qu’il te rappelle ?
-Un passé lointain … Une visite douloureuse !
-C’en est assez mamie ! Laisse, je vais m’occuper du Nokk ! Proposa Elsa malgré son état !
-Elsa non ! C’est trop dangereux !


Mamie avait hurlé tentant de ratrapper la reine des neiges qui pénétrait dans l’eau mais la grand-mère fut retenue par une curieuse force. Un vent de face violent l’empêchait de progresser et finit même par soulever la matriarche et l’emporter vers le palais de glace.


-Mamie non !!! Hurla Elsa qui rebroussa chemin vers la rive juste avant d’affronter l’esprit de l’eau.


La reine des neiges s’empressa de regagner le hall de son palais où sa grand-mère avait été transportée par l’esprit du vent. Elle balaya la pièce immense du regard et retrouva son aïeule, adossée au cercueil de glace de sa cadette, là où l’esprit de l’air l’avait déposée. Elsa pouvait d’ailleurs percevoir l’esprit virevolter non loin.

-Eh ? Courant d’air ! Laisse ma grand-mère tranquille et… EH ?! Lache-moi !!! Vociféra-t-elle transportée par le zephyr qui céda à son ordre et la reposa lourdement aux côtés de la chamane.
-Pour mon orgueil, je suis soulagée de voir que tu n’as pas plus de succès que moi ma grande Picéaerd… Mais c’est une bien maigre consolation.
-Mais pourquoi ?!
-Je crois que j’ai compris… Les esprits nous ont conduits vers ta sœur… Elle était cinquième esprit avec toi Elsa et… Se stoppa la matriarche alors que le sol tremblait
-Mamie ? Quel est ce grondement ?
-Les géants…


A nouveau, Mamie fut stoppée par un grand fracas et vit l’entrée du palais être en partie détruite par un géant de la Terre pénétrer au plus près des deux femmes et créant dans son sillage un canal de la mer sombre laissant auprès de lui le Nokk faire face à Elsa et sa grand-mère… avec au-dessus d’eux le zéphyr.


-Que veulent-ils ? Demanda Elsa mal à l’aise, tenant machinalement la main sans vie de sa cadette et se plaçant au-devant du cercueil de glace pour protéger la dépouille impeccablement conservée dans les glaces éternelles
-Je… Je l’ignore Elsa… Confessa la grand-mère surprise.


Anna rejoignit sa petite fille, machinalement, elle aussi souhaitait protéger le tombeau sacré et prit la main, d’Elsa et posa sa seconde sur le corps sans vie d’Anna d’Arendelle. Ce geste, semblait changer le comportement des esprits. Le vent se fit plus taquin envers les deux femmes, le Nokk lui, offrit une nouvelle révérence et une voix enfantine d’outre-tombe sortie de son hennissement.


« Je voudrais un bonhomme de neige ! »

-L’eau à de la mémoire ! Fit soudain Mamie animée d’une flamme nouvelle.
-Quoi ? Demanda sa petite fille médusée…
-L’eau a de la mémoire ! Olaf !! C’est ?... C’est ça mes amis ?! … C’est ça que vous voulez ?!
-Qu’est-ce que tu racontes mamie ? Questionna la reine des neiges alors que le doigt immense du géant enfonça quelque peu le sol devant les deux femmes.
-Elsa ? Pourquoi as-tu fondé ton palais ici ?
-Quoi ? Euh je ?... Souhaitais avoir un lieu en Ahtohallan et…
-Non pas ça !... Pourquoi à cet endroit précis ?!
-Je… Je ne sais pas je… J’ai trouvé que c’était le bon endroit !
-Oh non Elsa… Il y a plus que ça ! Et pourquoi le cercueil de ta sœur à cet endroit précis du palais
-Euh ?... Je trouve que l’endroit est…
-Différent ?! Compléta Mamie…
-Oui mais…
-Et tu as raison ! Regarde !


Sans comprendre, Elsa laissa sa grand-mère poser ses mains abîmées sur le sol gelé à moitié creusé par le géant puis se concentra pour centrer son aura chamanique. Aussitôt elle sentit la chaleur la traverser et la glace sous ses paumes fondre. Cela faisait de nombreuses années qu’Anna Picéaerd n’avait pas senti autant d’aura en elle, mais le trésor qu’elle cherchait était sa plus grande motivation. Elle tachait de se concentrer et lutter contre la fatigue alors que la prouesse lui exigeait une force qu’elle n’avait plus. Elle se sentit vaciller et fut retenue par courant d’air qui l’aida à se coucher doucement. Le géant prit le relais de la matriarche et avec une extraordinaire minutie malgré ses énormes mains, ressorti sur le bout de son doigt un bloc de glace avant de dévisager son amie chamane.


-C’est ?... Merci mon ami mais… Je n’ai plus la force… Sanglota la matriarche.
-Mamie que cherches-tu ?!
-Elsa ?... La glace ! Tu sais la faire fondre ?
-Je ?... Oui mais…
-Alors fais-le… Ce bloc, fais-le fondre ! Tu vas comprendre pourquoi ce lieu tu ne l’as pas choisi au hasard !... Vas-y ! Implora la grand-mère en se cachant les yeux.
-Pourquoi ?
-Fais-le s’il te plait ! Ajouta la matriarche en détournant le regard.



Elsa n’était plus certaine que sa grand-mère eût encore toute sa raison, mais elle ne pouvait rien lui refuser et face au regard insistant du Nokk et du géant de la Terre, elle se mit à l’ouvrage alors que les esprits semblèrent l’approuver…


-Mamie ?... J’ai… J’ai compris ce…que tu cherchais… Fit Elsa en tremblant.
-Quoi Elsa ? Questionna-t-elle s’interdisant de regarder…
-Mamie… Il est là… Et il est… Parfait mamie… Regarde !


La reine des neiges, dans un échange des rôles peu banal au sein de la famille Picéaerd prit la main de sa grand-mère. C’était à elle désormais de l’encourager et la guider pour découvrir, le dernier secret d’Ahtohallan. Mamie, tremblait légèrement alors qu’Elsa l’invita à tendre son bras jusqu’à ce que ses doigts vieillis et abîmés par les années et les épreuves ne touchent enfin son Graal. Les larmes apparurent instantanément sur le visage de la chamane qui risqua à ouvrir les yeux. Sa vision troublée par les larmes réussit à devenir plus nette. Elle put alors distinguer sa main toucher les légères boucles blondes toujours impeccables ainsi que le haut de la joue d’Olaf, parfaitement conservé dans son écrin de glace après trente ans. Timidement, Anna Picéaerd s’approcha de son fils disparu. Respectueusement, Elsa s’écarta d’un pas et laissa son aïeule profiter d’un instant de recueillement et de douceur dont elle avait cruellement besoin après les dernières découvertes. Avec mille précautions, Anna enlaça tendrement le bambin sans vie, comme si elle craignait de le réveiller d’un doux rêve pour le serrer contre elle et lui marmonner quelques paroles qu’il ne pouvait pas entendre dans ce monde.

-Elsa ! Aide-moi… Ta sœur… Ils partagent le même lieu de repos…


Elsa comprit ce que souhaitait son aïeule. Elle aussi avec beaucoup de délicatesse et se retenant de ne pas pleurer sur sa cadette disparue, lui décala quelque peu le bras alors que Mamie en profita pour blottir l’enfant contre le corps sans vie d’Anna, avant de rabattre contre Olaf le bras protecteur de la princesse d’Arendelle.


-Dors mon petit bonhomme de neige… Avec celle qui veille sur toi dans l’Hellheim !
-Qu’est-ce que tu dis mamie ?
-Ta sœur me l’a promis ! Il est avec elle… Je le sais, toi aussi tu peux le ressentir Elsa…
-Mais mamie… Enfin… Tu me l’as dit… Je n’ai rien d’une chamane…
-Cela n’a rien à voir ! Je te l’ai dit, un cinquième esprit l’est pour toujours ! Ta sœur l’était avec toi ! Vous formiez la passerelle !... Mon Olaf devait au départ me succéder ! … Comme ta mère d’ailleurs ! Quand j’y pense… Ils étaient peut-être comme ta sœur et toi, à eux deux ils auraient dû former ce lien… Hélas, Iduna, avant que je ne la perde, de toute façon se détournait de tout cela… Comme toi tu t’en es détournée en te laissant envahir par la fièvre du pouvoir ! Mais Olaf… Non mon petit bonhomme de neige n’aurait pas été ainsi s’il avait eu le temps de grandir ! Il était un éternel optimiste !... Comme ta sœur ! … Ces deux-là sont les mêmes ! Ils sont nos guides ! Notre part de sagesse qui nous manque ! Il était mon espoir, mon renouveau ! Un lien extraordinaire avec la vie…
-Comme Olaf nous a réunis Anna et moi… Fit Elsa plus pour elle-même que pour son aïeule.
-Touche le Elsa ! Touche-le et ressent ! Tu comprendras !


La jeune femme s’exécuta et se risqua à s’approcher. Avec une douceur maternelle, elle caressa du bout de ses doigts gelés le visage angélique du garçonnet. Elsa retira immédiatement sa main alors qu’un puissant et éphémère jet de lumière l’aveugla puis elle se sentit transpercée par une étrange aura. La reine des neiges s’observa médusée alors que sa robe de cinquième esprit se mit à briller davantage encore et se dessina alors au centre du vêtement, un immense flocon au milieu des cristaux d’éléments scintillants. Par surprise, Elsa fit jaillir une grande quantité de glace qui semblait émaner à la fois d’elle, mais aussi de l’enfant sans vie créant à côté de mamie un bonhomme de neige Olaf en souvenir. Bien qu’à l’extérieur du dôme, Ahtohallan se matérialisa et transforma le palais, enfermant le bonhomme de neige dans une cellule humide…


-L’eau à de la mémoire… Elsa ! Votre magie est liée ! Mon Olaf te montre le tiens ! Souffla mamie subjuguée
-Olaf ?! Mamie ?... Est-ce que…
-La magie ne meurt jamais vraiment Elsa… Et Olaf est le vestige de mon petit garçon. Fit la grand-mère en larme
-Mais… Mais où est-il ?


Elsa ne fit guère attention à la remarque de sa grand-mère et observa le bonhomme de neige qui avait perdu son sourire. Il était enfermé dans un cachot qu’Elsa sût reconnaître… Trois années plus tôt, après avoir été ramenée en Arendelle, elle avait été enfermée non loin de là par Hans avant de lui échapper de justesse. Il paraissait terrorisé, et avait perdu de sa superbe… Il sursauta alors qu’il crût entendre des bruits de pas…


-Anna ? Elsa ?... Vous venez me faire sortir ?!
-Non… Pas encore aujourd’hui mon bonhomme ! Fit alors la voix d’Andréas qui apparût dans l’embrasure alors qu’Olaf se mit à hurler d’une frayeur qu’Elsa n’avait encore jamais entendu.
-Oh ne hurles donc pas comme ça toi ! Celui que j’ai connu était plus agréable que toi ! Fulmina le vieux Northuldra qui sortit de sa poche, une sarbacane semblable à celle qu’il avait utilisé à l’âge de huit ans pour impressionner Amarok !
-NON ! PITIE !!! Vociféra Olaf qui cherchait désespérément une issue.
-Mais je l’espère pour toi mon bonhomme ! J’espère que cette fois ça sera la bonne ! Et là … Tout sera fini !
-AU SECOURS !!!
-Oh mais tais-toi ne rends pas ça aussi pénible que ces dernières semaines !


Le Northuldra avait parlé avec une voix cruelle avant de tirer sans aucune pitié sur le pauvre bonhomme de neige qui s’écroula au sol en se tordant de douleur. Quelques-uns de ses flocons s’envolèrent avant de s’évaporer rapidement tandis qu’Andréas continuait d’injecter le produit au bonhomme de neige. Le mal s’accentua. La douleur parût insoutenable mais malgré quelques pertes, Olaf ne fondait toujours pas.


-Malédiction ! Vociféra Andréas en assenant un violent coup de pied à l’attention d’Olaf.
-Andréas ! Mon ami ! Vous risquez d’alerter tout le monde… Notre ami Agnarr n’est pas loin ! Objecta la duchesse de Funningur qui fit son entrée.
-Maria ! Pas maintenant !
-Allons, calmez-vous c’est inutile c’est à nouveau un échec… Constata froidement la duchesse.
-Me le reprochez-vous ? Fulmina-t-il.
-Non mon ami… Mais nous avons un problème… Vos troupes ont envoyé un message. Ils seront de retour de leur dernière expédition de recherche à Kraberg pour retrouver Anna et Elsa… La reine Iduna sera donc de retour dans trois à quatre jours…
-Eh bien, faîtes préparer une nouvelle expédition ! Elle ne refusera pas d’y participer comme à chaque fois !
-C’est le problème… Nous avons déjà quadrillé tout le royaume… Et le pays Northuldra nous a signifié que leurs recherches n’avaient rien données… Andréas… Cette fois c’est sans doute le dernier espoir de la reine qui s’envole. C’est une femme douée de raison. Elle arrive finalement à la conclusion implacable… Sa fille est morte… Elle ne voudra plus quitter Arendelle ! Soyons logique… Que ferons-nous ?
-Il ne manquait plus que ça… Eh bien je pense que nous n’aurons pas le choix… Nous devons réussir à éliminer ce bonhomme de neige d’ici son retour ! … A demain Olaf ! J’espère comme toi pour la dernière fois ! Conclut Andréas avec un nouveau coup de pied en guise d’au revoir.


Le Northuldra tournait les talons et le souvenir s’évapora alors qu’une mèche blanche apparut au milieu des boucles blondes d’Olaf sous les yeux effarés de mamie qui en remarquait soudain d’autres…



-Elsa… Il… Il est…en…train de…le tuer…une seconde fois… Hoqueta Mamie.
-Oh non !!! PAS DANS MON ROYAUME !! Hurla Elsa.


La reine des neiges était animée d’une fureur, une forte lumière sortait de ses mains tournées vers le ciel. Mamie regardait à moitié terrifiée, à moitié fascinée du prodige de sa petite fille qui perdait ses nerfs, alors que se formaient de gros nuages au-dessus d’Ahtohallan. Aidée par courant d’air, la tempête prit à une vitesse folle la direction du large et la destination semblait évidente pour Anna. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’Arendelle allait connaître un nouvel épisode de neige.


-Elsa tu… Tu as gelé Arendelle ?
-Quoi ?
-Ce qu’il vient de se passer… Je t’ai déjà vu faire ça… Dans une autre vie alors que tu avais appris qu’un enfant était en danger justement !
-Quoi ?... Une autre vie ?
-Oui Elsa… Nous en vivons tous plusieurs… Et elles sont plus ou moins liées entre elles… Avoua Mamie…
-Peu importe c’est sans importance ! Mamie ! Nous devons sauver Olaf ! Il est mon fils, au même titre que les trois que je porte !
-Notre fils ma grande Piceaerd…
-Voilà qui est on ne peut plus curieux !... Bien nos fils, mon frère… Et tout le royaume !


Déterminée, Elsa s’approcha du Nokk qui n’avait pas bougé ainsi que les géants. Cette fois, le cheval était bien plus amical et salua sa maîtresse et amie retrouvée qu’Elsa toucha pour transformer en cheval gelé avant de tendre une main secourable à sa grand-mère qui peinait à abandonner en ce sanctuaire sa petite fille et plus dur encore son fils.


-Non… Merci ! Sans façon Elsa. Refusa poliment Mamie en préférant monter dans la main du géant qui s’ouvrit devant elle.
-Mamie ! Nous n’avons pas le temps ! Le Nokk sera plus rapide !
-Que tu crois Elsa…
-J’en suis certaine mamie ! Bien fais comme tu veux ! Mais ne m’oblige pas à t’attendre trop longtemps ! Insista Elsa en ordonnant à sa monture de transpercer les flots…
-Allez mon grand… Donne donc une leçon à cette petite blonde et son poney !


L’homme de pierre sourit et mamie fut heureuse de voir que son élément fétiche restait toujours malgré son sacrifice toujours son fidèle ami. Malgré les souffrances et la faiblesse elle bondit avec élégance dans la main rocailleuse et le géant partit en trombe à l’assaut de la mer sombre, projetant quantité d’eau autour de lui qui ne manquèrent pas d’arroser copieusement le cinquième esprit. Cette dernière jeta un regard de défi vers les cieux d’où la toisait la matriarche amusée. D’un geste, elle créa une bride autour de l’équidé et les fit claquer pour qu’il gagne en vitesse. Le géant lui aussi accelera. Jamais la traversée de la mer sombre ne fut aussi rapide et les deux esprits arrivèrent en même temps sur les plages grises, auprès de l’épave d’Arendelle. Les deux femes se retrouvèrent sur la terre ferme alors que les deux esprits s’inclinèrent auprès d’elles.


-Bien… Pour une débutante, tu t’en es pas trop mal sortie Elsa…
-Toi aussi mamie pour…
-Pour ta sécurité ma petite fille, je te conseille d’éviter de terminer ta phrase. Coupa Anna avec une sévérité teinté d’un amusement certain.


Entre la grand-mère et la petite fille venait de s’installer une complicité certaine et toutes deux s’autorisèrent un éclat de rire qui leur fit un bien fou. Après toutes les douleurs vécues cet instant valaient pour elles tout l’or du monde mais un sifflement vînt à leurs oreilles et elles eurent tout juste le temps de se baisser et voir une lance traverser de part en part le Nokk et s’écraser sur le pied du géant de la terre qui ne sentit même pas l’impact, de même pour son homologue aquatique.


-Mais qu’est- ce que ?!... S’offusqua Elsa.
-Arrêtez bande d’idiots ! C’est Elsa et Anna ! Hurla aussitôt la voix de Laïka.
-Laïka ?!... Tu peux m’expliquer et… Olson ?! C’est ?... C’est vraiment vous ?! Interrogea Mamie surprise en dévisageant l’homme derrière la guerisseuse.
-Oui Elsa c’est Olson… Mon beau frère ! Admit Laïka
-Elsa ! Votre Altesse ! Vous êtes en vie et… Lady Anna ! Vous revoir ainsi… Laïka m’avait prévenu mais je n’osais y croire… Vous avez su garder tout votre charme après ces si longues années…
-Et vous Olson… Conservé la même éloquence et flatteries du roi que vous serviez. Répondit Mamie surprise puis ajouta froide : C’est un plaisir de vous revoir également… Même si dans un passé encore récent, jamais je n’aurai pensé vous dire ça…
-Vous me tenez responsable au même titre que le roi Runaerd, je vous comprends…
-Plus maintenant mon ami… Non notre ennemi est un des nôtres…
-Ce bon vieux Andréas n’est-ce pas ? Lança une voix dans le lointain.
-Qui ?!
-Bonjour Elsa… Je sais parmi les princes des Iles du Sud, vous auriez préféré voir le visage de mon frère Yohan ?... Vous devrez vous contenter de celui d’un comte de votre patrie…


Hans avait traversée la horde Northuldra qui était venue à la rencontre des deux femmes. Depuis trois mois, le benjamin des Iles n’avait pas quitté son aspect légèrement négligé ni sa barbe naissante. Il ne ressemblait pas au parfait prince charmant venu représenter son pays avec un plan perfide en tête lors du couronnement d’Elsa. Il paraissait plus mûr, plus dur mais aussi, dans son regard pouvait se lire une sincérité réelle ainsi qu’une admiration pour la reine des neiges et sa grand-mère.


-Mon père a fait de vous le comte d’Arnevik juste après la victoire sur Weselton en remerciement de votre participation à la bataille… Une récompense à la hauteur de votre dévouement Hans… Fit Elsa avec dignité teintée d’une légère froideur…
-Vous le… ? … Voilà que vous venez de détruire mon effet. Bougonna Hans.
-Je suis le cinquième esprit et comme me l’a enseigné la femme la plus sage de ce monde… Mon rôle est de tout savoir…
-Fort bien… Ainsi vous n’êtes donc pas sans savoir justement que votre père… Sauf votre respect, est le plus grand imbécile qu’il m’ait été donné de rencontrer… Et pourtant, je suis le fils du roi Wilhem des Iles du Sud !
-Oh ?! ! Il me plaît celui-là ! Vu son tact, vous seriez un parfait Piceaerd vous ! Mais dîtes nous donc, monsieur le comte de cette charmante cité d’Arnevik… Que peut bien avoir fait mon gendre pour mériter un jugement si sévère de votre part ?…
-Et pourquoi nous avoir attaqués ainsi ?! Insista Elsa…
-C’est une erreur Elsa… Hélas tout ne s’est pas bien passé en votre absence… Les troupes d’Arendelle ont pour sale habitude de venir nous attaquer…
-Quoi ?! Mais qui est l’idiot qui a ordonné une telle chose ?! Olson ! Vous êtes le chef des armées… Expliquez-vous ! Vociféra Elsa…
-Il n’est pas le responsable Elsa… Le responsable c’est votre père ! Intervînt Hans froidement.
-Quoi ?! Non c’est impossible ! Il ne peut pas avoir décidé ça…Et ma mère jamais ne…
-Elsa je vous ai dit que votre père était le responsable… Pas le coupable !
-Pardon ?!
-Le roi Agnarr… Oui désolé, votre père officiellement est régent au nom de votre sœur mais se prend pour le roi…
-Il le peut… Ma sœur… Nous a quitté hélas… Coupa Elsa triste.


La reine des neiges venait de jeter un froid sur toute l’assistance. Quelques murmures d’incompréhension purent s’entendre puis, tous, spontanément, observèrent quelques instants de silence et de recueillement, compatissant sincèrement au chagrin de la famille Piceaerd jusqu’à ce qu’Olson ne relève la tête. Il planta alors son regard perçant dans celui déterminée d’Elsa…


-C’est là une nouvelle tragique pour vous mais pour Arendelle et ses institutions ne change pas grand-chose… Votre père usurpe un trône qui n’est pas le sien… La dernière personne que j’ai eu l’honneur d’entendre prononcer les mots des rois… C’est vous votre Majesté ! Je ne reconnais qu’un souverain pour ma patrie et ça n’est pas votre père mais bien vous ma reine !!... Ainsi que votre époux le prince consort Yohan qui porte l’épée d’Aren !
-Quoi qu’il en soit Elsa…Votre père usurpe une place qui n’est plus la sienne… Mais du coup, toutes les décisions sont les siennes… Cependant, ça n’est pas lui qui dirige le pays… Non le coupable est autre !
-Yohan ?! Non… Il… Il ne ferait jamais ça !
-Madame… Le seul fait de l’avoir ne serais-ce que pensé est une insulte à l’intégrité de mon frère ! Jamais Yohan ne pourrait autoriser pareille ignominie !
-Alors qui ? Et pourquoi n’intervient-il pas ? Vous l’avez dit Olson… Il porte l’épée ! Et s’il ne souhaite pas s’occuper d’Arendelle, pourquoi n’est-il pas revenu avec vous autres ? En étant mon mari il… Est votre chef et se doit de vous guider !
-Elsa… Mon frère ne peut pas… Comme votre père il est…coincé ! Fit Hans d’une voix sombre.
-Tiens donc ?... Trop préoccupé à roucouler ? Impatient d’être à nouveau parent avec sa Camille ?! Lança Elsa avec un mauvais esprit qui la surprit elle-même.
-Quoi ?!... Que dîtes-vous ?! Yohan ?! Papa ?!
-Vous ?... Vous l’ignoriez ?! Interrogea la reine des neiges surprise.
-Elsa ?... Je pense que tu devrais… Pour éviter de sortir de nouvelles bêtises, laisser les adultes parler entre eux d’accord…
-Mamie ?!
-Oui Elsa tu m’as comprise ! Tu as certes réussi à gagner en sagesse à être restée tant de temps à Ahtohallan… Mais la situation est trop grave pour que je te laisse risquer de reprendre un comportement d’enfant trop gâté comme peut avoir ton père !


La grand-mère, bien que diminué n’avait pas eu besoin de hausser la voix qu’Elsa se mit à regarder ses chaussures, penaude, de même que tous les Northuldras présents. Lorsqu’Anna Picéaerd parlait, tous l’écoutaient. Elle n’en avait pas le titre mais c’était évident pour tous, la seule cheffe, incontestable et incontestée du peuple du soleil était bel et bien la doyenne des Picéaerd.


-Donc ce que voulait vous dire ma petite fille, oui, votre frère attend un enfant avec sa première compagne Camille… Mais ça n’est semble-t-il pas la raison qui pousse ce cher Yohan à ne pas intervenir et pour être tout à fait honnête avec vous… Je m’en moque éperdument ! Vous deux, Hans, Olson, vous trouvez que mon gendre est un monarque pitoyable… Fort bien, il sera temps de régler cette affaire en temps voulu… Vous Hans… Vous tournez autour du pot, crachez le morceau… Le coupable que vous souhaitez désigner… Inutile d’essayer de poursuivre la dramaturgie… C’est Andréas ?! Vous ne l’auriez pas mentionné lors de votre entrée autrement ! Il va falloir retravailler votre posture mon garçon si vous voulez jouer à ce jeu… Quant à vous Olson ?! Vous aviez juré à votre roi de toujours veiller sur moi et mon bonheur ? Et mon bonheur ne peut passer que par le bien être de mes descendants alors expliquez-moi ?! Qu’est-il arrivé à mon petit fils ?! Ordonna la matriarche sévère.


Un silence pensant venait de s’installer sur les plages grises où personne n’osait affronter le regard perçant de la chamane qui jamais n’avait paru si intimidante.


-Je… Lady Anna je… N’en ai aucune idée je… Suis arrivé auprès des Northuldra dès leur retour dans la forêt pour y retrouver Beata ainsi que… Trembla Olson dont la carapace se fendit alors… Prononcer le nom de Pieter face à Anna était finalement l’épreuve de trop pour le militaire.
-Il veille sur vous Olson de là où il est… Il est en paix… J’ai des informateurs bien renseignés croyez-moi. Répondit alors la grand-mère redevenue douce et apportant son soutien au vieux militaire avant de jeter un regard froid vers Hans.
-Votre petit fils…Est un problème… Andréas le manipule et arrive à obtenir de lui un pouvoir que je n’avais encore jamais pu imaginer… Probablement plus puissant encore que la vôtre Elsa…
-Kaspian… il est vivant ?! Insista Mamie
-Oui… Quelle question ?!...


Mamie aussitôt vacilla soulagée. Elle n’écoutait plus. Elle ne savait plus ce qu’elle avait vu ou cru voir depuis Ahtohallan et en cet instant s’en moquait presque… Son petit fils n’avait pas subi le même triste sort que son cher Olaf trente années auparavant, c’était l’essentiel pour elle.


-Hans ? Pourquoi Yohan ne réagit pas ? Ou ma mère ?! Je ne puis imaginer qu’elle laisse agir ainsi mon père ? Demanda Elsa d’un ton plus calme et amical, profitant que sa grand-mère n’écoutait plus pour tenter de reprendre son rôle de chef.
-Votre mère ?... Depuis trois mois elle sillonne le royaume d’Arendelle à la recherche d’Anna… Quant à Yohan… Il est coincé. Il n’est pas idiot, il a démasqué Andréas !
-Que voulez-vous dire ?
-Le mieux, serait qu’il vous le dise lui-même… Les Northuldra ont la bonté de m’héberger et m’ont offert votre hutte… J’y ai laissé une lettre que mon frère m’a fait parvenir… Me feriez-vous l’honneur ? Fit Hans en tendant sa main vers la reine des neiges.
-Avec… Avec plaisir… Monsieur ! Fit-elle avec une révérence polie tout en prenant son bras.
-Excellente idée ! Anna, venez avec nous ! Pour une fois c’est moi qui me charge du repas… Je n’ai pas la prétention de le comparer au vôtre mais, j’espère que mon ragout de rennes vous fera honneur ! Lança Laïka en aidant la matriarche à se relever à son tour.
-Comme a dit notre cheffe… Avec plaisir ! Concéda la chamane.
-Formidable… Mais je ne sais pas si j’en aurai assez pour vos amis esprits ! Rit-elle.
-Ne t’en fais pas pour ça et… maintiens le au chaud… Olson et moi… Nous allons faire un détour.
-Pardon Lady Anna ?
-Venez… J’ai à vous montrer un lieu.


Les Northuldra se mirent en route après un signe d’approbation pour laisser la chamane et le général s’éloigner. La tribu du soleil s’en allait retrouver son campement alors que Mamie entraînait Olson dans les hautes herbes pour regagner une partie dense de la forêt. Tous deux marchaient côte à côte en silence. Le militaire observait gêné la matriarche. Il se souvenait d’une jeune femme pleine de vie, mère d’une très jeune fille, coulant le parfait amour avec son époux alors qu’elle hantait les rêves les plus fous du roi d’Arendelle. Cependant, le temps avait fait son œuvre, et il ne put que constater que cette femme si forte ressentait désormais toute la faiblesse du poids des années. Bien qu’étant son ainé d’une bonne décennie, et après avoir été meurtri lors de la bataille contre Weselton, Olson se sentait honteux de paraître en meilleure forme que la matriarche.


-Allons Olson… Pas pour moi… Ne m’insultez pas en ayant de la pitié pour mon état ! Remarqua Anna qui devinait les pensées de l’Arendellien.
-Je… Pardon Lady Anna mais…
-Allons, pas de formalités entre nous…Depuis tout ce temps… Et vous êtes mon beau-frère après tout !
-Jamais mon roi ne se serait permis… Je ne puis me soustraire à sa discipline. Quant à être votre beau frère…Eût-il fallu que nous ayons pu nous marier Lady Anna ! Répliqua-t-il martial.
-Fort bien… A vos ordres mon général ! Se moqua-t-elle avec un salut militaire grossier.
-Sauf votre respect, vous auriez fait un soldat épouventable Lady Anna… mais cela ne m’étonne guère à vrai dire…
-Sauf votre respect, vous ne savez absolument pas parler aux femmes Olson… mais je ne suis pas étonnée non plus !
-Touché ! Pieter aussi était capable d’avoir toujours la réplique juste…
-Cela doit-être de famille ! Une question me tourmente néanmoins ? Beata ? L’avez-vous aimé ?
-Je… Je l’ai grandement appréciée. Elle fut ma meilleure amie, elle fut un soutien comme j’ose penser l’avoir été pour elle. De ce fait nous avons su être un couple somme toute heureux mais parler d’amour… Je ne crois pas qu’il n’y en ai jamais véritablement eu entre nous, ni pour elle, ni pour moi. Non, l’amour, je n’ai ressenti ce sentiment si pur et fort qu’avec Pieter… Confessa l’officier qui s’étonnait de se confier tant à une femme qu’il n’avait pas revu depuis si longtemps.
-Au point de l’avoir abandonné le jour de la guerre ?
-Abandonné ?! Oh non Lady Anna ! Lui et moi n’étions pas aux mêmes postes ce jour là ! Pieter au plus près des vôtres, il faisait le lien c’était normal, quant à moi, je devais me charger d’accueillir les hommes d’Arnevik… Vous ne me croierez pas mais Runaerd souhaitait les faire venir pour évaluer…
-Leur nombre et leur force !
-J’oubliais… Vous savez tout ! Ensuite, la guerre s’est déclarée, avant que la délégation d’Arnevik n’arrive, envoyant le plan du roi à l’eau… Ce fut la panique et la brume est arrivée ! J’ai hurlé le nom de Pieter… Je l’ai cherché puis au loin, j’ai vu une charrette avec le jeune Agnarr inconscient et j’ai reconnu votre fille sur qui était tombée une couverture pour la cacher des nôtres… La brume gagnait toujours du terrain, j’ai alors prié pour que Pieter s’en soit déjà sorti et suis resté au plus près de la charrette, à veiller, avec Lord Petterssen qu’il n’arrive rien à votre fille. Arrivé en Arendelle, j’ai vu qu’il n’était plus là… Je suis revenu des dizaines de fois, à frapper contre cette maudite brume… A peu près autant de fois qu’à pu le faire la jeune Iduna et… Plusieurs années après, j’ai croisé la route de Beata… Je l’ai reconnue et pris sous mon aile pour la protéger comme l’aurait sans doute fait Pieter. Je l’ai interrogé sur lui… Mais jamais elle n’avait souhaité me répondre ! Son silence aura maintenu un espoir dans mon cœur… Je me suis lié d’amitié par la suite, le reste, je vous l’ai raconté… Tous les ans, Beata et moi, le jour de l’anniversaire de Pieter nous rendions à la frontière pour affronter cette maudite brume… Elle pleurait sa sœur ainée et ses enfants et moi Pieter…avant de jurer qu’avant notre mort, nous pourrons elle et moi pénétrer à nouveau dans cette forêt et continuer à veiller sur eux, quoi qu’ils puissent penser de nous ! Pieter me disait ça tous les jours vous savez ? « Chaque seconde de ma vie, je la consacrerai à protéger ma sœur… Même contre sa volonté s’il le faut ! » Je me suis attaché à cette maxime.
-Vous êtes doué d’une grande sagesse pour avoir une telle analyse Olson… Je reconnais bien dans vos paroles la pensée de Pieter. Je suis certaine qu’il apprécie de là où il est…
-Et vous Lady Anna ? Permettez-moi ? Avez-vous ?...
-Ai-je jamais aimé Runaerd ?... La réponse est non Olson…Enfin… Bref… Mais comme vous j’ai su l’apprécier d’ailleurs… Voyez ! C’est justement pour ça que je souhaitais faire ce détour.


Mamie désigna un arbre et malgré l’âge, les yeux d’Olson surent immédiatement reconnaître ce qu’il vit. A demi enterré, le fourreau vide aux armoiries d’Arendelle ne laissait aucun doute à Olson… Celui de Runaerd. Immédiatement, le militaire s’approcha et ne put s’empêcher de se poster au garde à vous sans un mot, tachant de retenir ses larmes.


-J’ai été la dernière à le voir vivant… Il s’en est allé dans la rivière un peu plus loin en contrebas. J’ai conservé son arme et je l’ai enterrée ici il y a une trentaine d’années. L’arme n’est plus là désormais… Agnarr l’a récupéré il y a quelques jours… Vous l’avez sans doute vu à sa ceinture ?
-Je n’ai pas osé croire la reconnaître en effet… Vous ne voudrez sans doute pas me croire mais… Lady Anna c’était un homme bien !
-Je vous crois Olson ! Je le sais !... Il n’est pas responsable de cette guerre ! Le coupable est toujours le même !... Andréas ! Encore et toujours ! C’est par sa faute aussi si Beata nous a quitté…
-Lui… J’avais un mauvais pressentiment à son encontre… Et en Arendelle se trouve une femme de la pire espèce qui…
-La duchesse de Funningur… Exact !
-Vous savez cela aussi ?!
-Je sais beaucoup de choses…
-Je vous demande pardon Lady Anna ! J’ai juré de vous protéger et protéger votre fille au roi Runaerd… J’ai failli à ma tache en quittant Arendelle et laissant ces deux monstres sans aucune…
-Ne vous blâmez pas ! Vous n’y pouviez rien et à nos ages, il est temps aussi d’accepter le fait que nous ne sommes plus ceux qui doivent mener le combat… Place aux jeunes !
-Voilà des paroles bien sages Lady Anna…


La chamane ne répondit pas et s’éloigna de quelques mètres creusant à l’aide de quelques branches mortes la terre meuble. Olson l’observa sans comprendre alors qu’elle avait cessé finalement. Il n’osait trop regarder ce que pouvait bien préparer Anna Picéaerd et préféra poursuivre son recueillement envers son roi disparu.


-Ouvrez donc vos mains… Niklas !
-Pardon ? Demanda-t-il, surpris que la chamane prononce son prénom.
-Ouvrez…


L’homme de guerre obéit et vit l’aïeule déposer contre ses paumes deux coupoles gravées à son nom et celui de Pieter…


-Mon frère a dû vous parler de ce rite n’est-ce pas ?... Sans doute vous a-t-il aussi expliqué à quel point je l’abhorre !
-Je ?... Mais Lady Anna c’est… C’est un rite pour… un mariage ?!
-Devant les Dieux ! … Ce qu’Arendelle vous refusait, la Nature elle sait reconnaître l’amour véritable !
-Mais Pieter est…
-Mort ? Oui il l’est… Mais si comme vous me le dîtes il fut votre grand amour, alors au fond de votre cœur, quelque part, il demeure en vie !... Niklas, ce rite, je l’ai accompli à de nombreuses reprises… Oserais-je dire même, bien plus de fois que je ne le l’aurai souhaité mais celui-ci… Celui-ci va être un peu différent et je vais avoir besoin de vous !... Vous allez chercher dans votre cœur vos sentiments les plus forts envers Pieter… Je dois les sentir vous traverser pour que depuis l’au-delà il arrive à se connecter à nous !... Enfin… Si vous les souhaitez bien entendu !
-C’est mon vœu le plus cher !


Anna sourit, elle s’attendait à cette réponse et proposa à Olson de fermer les yeux pour l’aider à se concentrer. Elle pouvait ressentir chez l’homme d’armes tout l’amour qu’il pouvait avoir pour son frère et sa coupole s’alluma presque immédiatement, d’une intensité qu’Anna n’avait vu qu’en de rares occasions. Elle murmura quelques mots à l’attention d’Olson, lui tenait le bras et cherchait par l’officier, une trace de l’âme de son frère et, après de très longues secondes de concentration, elle la sentit. Mamie Anna ne put s’empêcher de sourire et comme elle l’imaginait quelques instants plus tard, la coupole de Pieter brillait elle aussi d’un feu étincelant.


-Ouvrez les yeux, n’ayez pas peur…
-C’est… C’est… Magnifique ! Bégaya Olson les larmes aux yeux.
-L’amour est toujours magnifique ! … Niklas… Jamais je n’aurai cru dire ça mais… Je pense sans me tromper que l’on peut désormais vous compter comme un Piceaerd à part entière ! Soyez le bienvenu dans cette famille !...
-Merci… La…Merci Anna !
-De rien mon frère !


Mamie avait répondu dans un souffle, les pensées bien loin de la forêt. Olson n’était pas bête et avait bien compris que cette parole était destinée à Pieter plutôt qu’à lui mais, avec bienveillance et politesse il avait préféré ne rien relever. Tous deux restèrent encore quelques instants puis, chacun tenant une coupole, ils marchèrent quelques lieux jusqu’à ce que la chamane indique un recoin dans la forêt que Pieter aimait tout particulièrement, sous les pouces d’Aulne.


-Il est ici Niklas… Mais vous deviez le savoir n’est-ce pas ?...
-Oui… Fit-il dans un souffle.
-Je pense que c’est le bon endroit pour déposer ceci ?
-Le puis-je ?
-Je ne vois pas qui pourrait vous en empêcher. Fit mamie avec un sourire.


Avec beaucoup de respect, Olson marchait à pas de velours au plus près des jeunes pouces puis, niché près d’un tronc déposa délicatement les coupoles contenant le feu sacré et l’observa à nouveau quelques instants. Tous deux profitèrent d’un moment de recueillement pour l’ainé des Picéaerd même si pour Anna, ces pensées se tournaient vers l’amour de sa vie qui lui aussi reposait sous cette terre.
Après de longues minutes, Olson et Anna n’eurent pas besoin de se parler pour se comprendre et reprirent la route du campement avant que leur absence trop longue ne soit remarquée. Malheureusement pour eux, elle l’était et Laïka les acueillit avec sévérité, vexée qu’à cause de ce si long retard elle ne puisse proposer à la chamane qu’un morceau de ragout désormais froid. Mamie comme Olson s’excusèrent poliment mais le visage d’Elsa intrigua la chamane mais pas suffisamment pour lui rappeler le gout immonde dans sa bouche

-Oh mes aïeux ! Quelle horreur ! Lança mamie plus fort qu’elle ne l’aurait voulu, fort heureusement pour elle, Laïka fut trop loin pour l’entendre.
-En effet… c’est… particulier. Fit Olson qui grimaçait.
-Rappelez moi de ne plus jamais manger de ragout de rennes ! Fit la grand mère qui délaissa sa part pour aller voir sa petite fille.


-Qu’as-tu appris en mon absence ma grande Piceaerd ? Demanda-t-elle au cinquième esprit qui restait en compagnie d’Hans.
-Yohan… sa lettre… Mamie, ce que l’on a vu… Lis tu comprendras ! Fit-elle en tendant le courrier que Yohan adressait à Hans.
-Vous permettez ?
-Je vous en prie ! Fit Hans avec un sourire alors que mamie remarquait qu’il n’avait jamais lâché la main d’Elsa.



« Mon frère,


J’espère que ce courrier te parviendra. Il est ma dernière carte. Oui mon frère, je suis perdu, tu es mon ultime espoir, ma dernière chance ! Comme ce fut le cas par le passé, c’est à toi que je dois confier ma vie. Je n’ai pas de doute que celle-ci sera bien courte si cette lettre devait être interceptée et à peine plus longue si tu ne peux répondre à mon appel.
Hans, je t’en conjure, ne reviens pas à Arendelle en visiteur, tu es un noble de ce pays mais n’obéit pas aux ordres de la couronne. Reviens en libérateur ! Hans, je t’en conjure, trouve des alliés ! Trouve Elsa ! Trouve Anna ! Trouve sa grand-mère ! Trouve n’importe qui de confiance qui pourra t’aider. Mais surtout, sois extrêmement prudent ! A côté, notre père est un ange… D’ailleurs lui aussi a été trahi et ne tardera pas à en payer le prix. Comme moi tu ne le portes pas dans ton cœur mais sache le mon frère, si nous ne pouvons pas agir, Arendelle mourra, mais notre père également !
Si tu lis ces lignes, tu dois te demander ce qui m’effraie tant, pourquoi suis-je si alarmiste, mais sache que désormais, je ne suis plus libre de mes mouvements, je ne suis plus libre de penser, je ne suis plus libre d’agir selon ma conscience, je suis la victime d’un chantage. Sans doute ne devrais-je pas pleurer sur mon sort, j’ai pris des mauvaises décisions dans ma vie. De toutes, avoir séduit la duchesse de Funningur fut de loin la pire et j’en paie aujourd’hui le prix. Si ça ne me concernait que moi, alors mon frère je ne t’écrierai pas et dirai simplement que je mérite mon sort. Hélas, il est des victimes bien pires encore !
A commencé par le roi Agnarr. Sans doute te diras-tu que c’est bien fait pour lui s’il se fait manipuler par le serpent Andréas qui le suit partout. Cet homme n’a aucune morale et n’aspire qu’au pouvoir ! Il fait du régent ce qu’il veut et l’a obligé à enfermer bon nombre de nos amis. La reine Iduna est sans cesse envoyée loin, à la recherche d’Anna, vaines évidemment ! Elle est la seule qui pourrait faire entendre raison au roi, alors mon frère si tu peux la retrouver, fais-le !
La encore c’est peu de choses et tu t’interroges sur le fait que je n’intervienne pas contre cet Andréas, et sa nouvelle muse, la duchesse de Funningur !... Hans… Il détient Emma ! Ce monstre est un expert en poison, je ne sais comment il s’y est pris mais il l’a piégé, et la maintient par miracle en vie. Il a un antidote, mais il ne lui en donne pas assez pour qu’elle guérisse, juste assez pour qu’elle survive et endure le martyr… Je me dois d’être à ses ordres pour qu’il daigne lui accorder le précieux élixir qui l’accroche encore à la vie. Le premier jour je me suis rebellé… Il lui a refusé l’antidote et ma petite Emma était alors à deux doigts de rejoindre les anges…
Hans, si tu dois agir, c’est surtout elle qu’il faut sauver ! Mais prends garde ! Il n’aspire qu’au pouvoir… Et Kaspian en a énormément ! Il a réussi à convaincre Agnarr de les utiliser et les développer, officiellement pour qu’il les maîtrise comme Elsa. Mais mon frère, je l’ai entendu, il n’aspire qu’au pouvoir ! Il compte transformer l’enfant en une arme ! Un véritable monstre capable de tout détruire. Ce jeune garçon m’effraie… Il a le cœur aussi pur qu’Emma, mais il est perverti par la tristesse. Andréas lui fait porter la responsabilité de l’état d’Emma. Chaque jour, les pouvoirs de l’enfant grandissent et deviennent puissants. A part Elsa, je n’ai jamais vu d’être capable de tant de prouesses et j’espère qu’il ne l’a pas déjà dépassé…
Mon frère je te demande cette aide mais aussi autre chose, de plus important encore… Sauve ta vie ! Si tu ne peux nous sauver, alors fais le maximum pour rester le plus éloigné possible de ce monstre.
Oui… Mon frère en vérité, je n’ai que cette demande ! Sauve-toi !

Adieu !
Yohan »


-Qu’est-ce que cela signifie ? Demanda la grand-mère interloquée.
-Je t’attendais pour le découvrir !


Elsa immédiatement siffla et le Nokk déjà givré laissa ses compagnons de la terre et de l’air pour retrouver sa maîtresse. Mamie tiqua de voir sa petite fille à ce point proche de l’équidé qui fut l’esprit fétiche de sa mère. Elsa murmura quelques paroles à l’oreille du cheval qui semblât tout comprendre et d’un geste fit jaillir de sa crinière une goutte géante qu’Elsa manipula et transforma en souvenir figé.


-Le Nokk est composé d’eau d’Ahtohallan… Il est donc un peu de la rivière… ça nous permet d’avoir les souvenirs sous la main ! Expliqua Elsa…
-Ainsi donc…voilà que l’élève révèle des secrets au maître… Observa Anna fière.
-Merci mamie !



Le souvenir se matérialisa rapidement et montra ce que les deux femmes s’étaient refusées à voir : Kaspian, prêt à ingérer les baies de sureau. Mais alors, tous deux furent interrompus par Emma qui devait jouer plus loin.


-Vous mangez quoi ?
-Des baies d’Andréas ! Répondit Kaspian.
-Fais-voir ?! Oh cette fois monsieur Andréas, vous ne vous êtes pas trompés, il est comestible et c’est délicieux !
-S’il te plaît tant… Prends en un peu petite ! Allez les enfants, profitez ! Kaspian…tu sais que ton papa ne veut pas mais… ça sera notre secret ! Je reviens dans cinq minutes et toi Emma, tu devras filer ! D’accord ?
-D’accord monsieur Andréas !! Firent les enfants.


Mamie et Elsa les regardèrent se gaver de fruits sans comprendre. Toutes deux savaient qu’Emma était capable de différencier les baies et apparemment, rien de mal n’arrivait aux enfants qui discutaient gentilment. Puis au bout de quelques instants, Andréas revenait. La récréation était terminée alors, les deux enfants échangèrent un regard et partagèrent un gentil baiser qu’ils souhaitaient faire durer le plus longtemps possible sous le chaperonnage amusé d’Andréas. Après un soupir, il s’approcha doucement d’Emma pour séparer les amoureux qui devaient repartir chacun de leur côté et, alors qu’il posait ses mains sur la fillette, Mamie eût un haut le cœur.


-Non ! Monstre !!!
-Quoi Mamie !?
-Regarde sa main ! … Il a procédé comme avec Olaf ! Articula mamie qui se remémorait ce souvenir douloureux.


La matriarche avait raison, Emma fit une grimace alors qu’Elsa remarquait de la part du souvenir figé la petite épine qu’Andréas avait déjà maintes et maintes fois utilisées. Les deux enfants tentaient de rester encore un peu ensemble alors que le Northuldra feignait de s’enerver face à leur manque de discipline quant tout à coup, Emma se mit à convulser.


-Emma ! Emma !! Emma !!!! Mais qu’est-ce qu’il se passe ?! Demanda Kaspian paniqué.
-Pousse-toi je vais regarder ! Eh petite !! Petite ! Reste avec nous !!! Fit Andréas, feignant de lui apporter quelque soin avant de l’emporter vers le château.



Le souvenir se brouilla, et prit alors une autre forme. Elsa et Anna devinaient que Kaspian avait dû beaucoup pleurer alors qu’Andréas venait à sa rencontre.



-Elle ?... Elle va bien ?
-Non Kaspian… Elle ne va pas bien…
-Comme papa ?
-Non… c’est pire cette fois…
-Mais elle va ?...
-Je n’en sais rien… Il faut espérer…
-Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ça ne peut pas être les baies ?! Elle sait les reconnaître !!
-Non ce ne sont pas les baies Kaspian ! Tu penses vraiment que j’aurai pu lui donner du poison ?! Fit Andréas avec colère…
-P… Pardon… Mais qu’est-ce qu’elle a ?
-Je crois que ce qu’elle a… c’est à cause de toi…
-De…De moi ?! Quoi ?!
-Kaspian… Tu es exceptionnel avec ta magie… Je crois qu’elle rayonne un peu autour de toi… Et Emma… Elle n’en a pas ! Alors, l’avoir embrassé, je pense que ta magie a touché son cœur… Et c’est ça qui la rend très malade…
-Mais ?... Quoi ? Non !!! je ne voulais pas…
-Bien sûr que tu ne le voulais pas Kaspian ! Personne ne peut vouloir une chose aussi horrible… Mais Emma va peut-être mourir… Et sans toi, ça ne serait jamais arrivé…
-Mais qu’est-ce que je peux faire alors ?
-Faire en sorte que ça n’arrive plus… Et je t’aiderai ! Mais tu devras faire exactement ce que je te dis, pour apprendre à contrôler ta magie… comme ta sœur… même mieux qu’elle… Tu veux bien ?!
-Je…
-C’est la seule solution Kaspian ! Insista Andréas
-Je… D’accord !
-C’est très bien mon bonhomme ! Conclut Andréas en le prenant dans ses bras.



Le souvenir finit par se brouiller et disparaître. Au sein du campement, tous les Northuldra s’étaient arrêtés et venaient d’assister impuissants et écoueurés à la scène alors qu’un silence de mort venait de s’installer. Quelques murmures au sein de la communauté se firent entendre, entrecoupés de sanglots et quelques jurons de colère. Hans, lui, n’avait pas perdu une miette de la scène et serrait machinalement un peu plus fort la main d’Elsa…


-Hans… Vous… Vous me faîtes mal… Grimaça Elsa confuse.
-Je… Pardonnez-moi ! Fit-il se confondant en excuse.
-C’est… Naturel je suis tout aussi outrée que vous…


Immédiatement, il se releva et aida la jeune femme enceinte à faire de même. Sans savoir pourquoi, il la tînt par les épaules comme pour la réconforter et la protéger, à moins que cela ne fut lui qui cherchait confiance, puis dévisagea sa troupe de mercenaires, attablés avec les Northuldra !


-Préparez-vous ! Nous levons le camp dans l’heure ! Il est temps d’aller faire payer cette ordure ! Je le tuerai de mes mains s’il le faut ! Je couvre d’or celui qui me l’apportera vivant et enchaîné devant moi pour le faire marcher sur la planche de mon navire ! Vociféra le pirate à ses hommes qui prirent les armes immédiatement.
-Eh là ?!... Vous ferez la queue comme tout le monde ! … Les esprits l’attendent déjà ! Coupa mamie !
-Pardon ?
-De toute manière, vous ne pourrez pas vaincre seul… Nous devons y aller tous !
-Peuple Northuldra !... Andréas a jeté la honte sur cette communauté… Je vous demande de m’aider à sauver mon frère ! Et rendre son honneur au peuple du soleil ! Lança alors Elsa qui reçut l’approbation de la communauté.
-Pas mal ma grande Picéaerd… Mais quand je dis tout le monde… C’est vraiment tout le monde ! Fit mamie en désignant les esprits.
-Mamie ?!
-Tu ne pourras pas lutter seule contre ton frère sans risquer de le blesser… Et n’oublie pas… Il détient Bruni ! Nous n’avons pas le choix Nous devons réaliser le rêve d’Andréas et… Faire des esprits…Nos armes ! Peina à articuler mamie, tant cette phrase la répugnait.
-Aux armes ! Vociféra Hans qui avait moins de scrupules !
-Aux armes répondirent en chœur Northuldra et hommes d’Arnevik.


Conseillé par Olson tous s’empressèrent de se préparer pour marcher en ordre de bataille, aidés par les trois esprits alors que le soleil déjà commençait à décliner. Tous marchaient à un bon ryhtme, mais devaient se rendre à l’évidence, ils devaient faire une halte. Hans leur proposa alors de tous les emmener dans la cité d’Arnevik.
Pour la première fois, les Northuldra pénétraient dans la cité, responsables de nombre de leurs malheurs. Le peuple du soleil, observait défiant la sinistre ville, mais Hans la tenait d’une main de fer, permettant à chaque membre de trouver un lieu décent où se reposer avant la longue marche du lendemain, tandis que les esprits veillaient sur la ville, prêts eux aussi à fondre sur Arendelle.


-Bien… Il ne reste plus que vous deux… Fit Hans après avoir proposé un logement à Olson.
-On dirait bien ! Fit Mamie qui observait la ville.
-Venez… Je vous offre ma taverne ! Fit-il.

Le pirate les fit alors entrer dans l’Engel, ayant prit soin de faire enlever le second mot sinistre de l’établissement alors que la matriarche marquait un temps d’arrêt.


-Je sais madame Picéaerd, cela ne paie pas de mine, mais ne vous en faîtes pas… Le batiment est sûr j’y ai veillé !
-Non, ça n’est pas la crainte d’un lieu mal famé qui m’habite ne vous en faites pas ! Répondit la grand-mère larme à l’œil…
-Alors qu’y a-t-il mamie ? Questionna Elsa, peu encline à entrer elle aussi.
-Elsa…Ta mère est née ici…
-Quoi ?!
-C’est une longue histoire… Viens je vais te montrer.


La chamane joignit le geste à la parole et fit entrer la reine des neiges dans le lieu sordide avant de la guider vers l’arrière salle où se trouvait encore un vieux lit de paille. Anna expliqua alors qu’il fut son lit de souffrance, garni en hâte entre autre par Runaerd et Elysia pour qu’elle donne vie à Iduna. Hans et Elsa écoutaient religieusement, à la fois fascinés et extrêmement gênés les souvenirs d’une grand-mère nostalgique qui racontait minutieusement chaque détail.


-Je… Hum… Je comprends que cela vous… apporte tant de choses mais… Puis-je vous indiquer la chambre où vous pourrez vous reposer ? Se risqua le marin.
-Non merci…
-Pardon ?
-Emmenez-y Elsa si vous souhaitez… Je reste ici ! Trancha la matriarche.
-Je… Hum… A vos ordres madame ?! Elsa…Si vous le permettez je… Je vais vous indiquer… La chambre que j’occupe habituellement, je vous la laisse bien entendu…
-Et vous ?... Où irez-vous ?
-Je ?... Oh peu importe ?... Veiller près du bar et ressasser le passé est devenu une habitude…
-Si vous le permettez Hans ?... Nous pourrions, le ressasser ensemble ! J’ai toujours grandement apprécié les discussions avec votre frère ! Sourit Elsa…
-Vous ?... Vous êtes certaine ?!
-Puisqu’elle vous le dit ! Coupa la matriarche qui désirait se retrouver seule.
-J’ai… J’ai une cuvée d’hydromel réservée…
-Formidable ! Fit Elsa intéressée.


Mamie les observa se diriger vers la grande salle avant de fermer la porte derrière eux et profiter de ce lieu si particulier pour elle. Elle se posa sur le lit de paille et médita de longues minutes, puis, elle se décida à se coucher pour la nuit. Non pas pour se reposer, elle avait un autre objectif en tête… Elle devait prévenir son double de l’Helveg de ces dernières découvertes à propos d’Olaf notamment. La matriarche posa sa tête sur le lit de fortune et concentra son énergie vers le corps de sa petite fille qui attendait dans l’Helveg alors qu’elle se sentait partir, désormais, elle maîtrisait pleinement l’exercice !

Le lendemain, mamie avait recouvré son corps et son esprit et quitta nostalgique cette salle seule, contrairement à la dernière fois. Elle retrouva Hans et Elsa qui avait dû veiller toute la nuit et face à eux une bouteille vide et une seconde bien entamée mais la matriarche se garda à tout commentaire malgré la grossesse d’Elsa. Le temps des reproches viendrait ! Tous se réunirent rapidement sur la grand-place et avec un rythme soutenu dicté de manière martial par Olson, tous descendirent en direction d’Arendelle.

Après de longues heures de marche, alors que le soir commençait à descendre, la troupe menée par la cheffe Northuldra, avec les esprits à ses côtés observa déterminée son royaume, en proie à la violente tempête qu’elle avait déclenché depuis Ahtohallan. Le fier château d’Arendelle, frappé par le blizzard paraissait dans un état désolé comme le reste du royaume alors qu’Elsa observait déterminée…Désirant ardemment en découdre et rendre sa superbe à son Arendelle.

Chapitre 27 : Le traitre.



-Elsa ! Attendez ! C’est affreux n’est-ce pas ?! Questionna Hans en venant à la hauteur de la jeune femme.
-Je n’osais pas l’imaginer… J’ai honte de m’être absentée si longtemps ! Je devais être de ceux qui venaient reconquérir le royaume ! Jamais je ne l’aurai laissé tomber dans cet état si pitoyable ! Ce Royaume m’appartient ! Si je ne le défends pas qui le fera !
-Moi !...
-Vous ?! Hans vous plaisantez ?!
-Madame ! Je ne crois jamais avoir entendu ce gringalet plaisanter… Et encore moins être drôle de sa vie !


La reine des neiges, ainsi qu’Hans se retournèrent surpris et virent arriver, en traversant la horde des Northuldra, des militaires des Iles du Sud, avec à leur tête, dans son uniforme d’amiral impeccable, le chef des décuplés. Neal, tête haute passa devant Olson non sans avoir pour le vieux militaire un salut martial que le vieux guerrier lui rendit respectueusement avant de venir se poster au garde à vous devant son frère benjamin et la cheffe des Northuldra.


-Neal ?! Neal ?! Mais que fais-tu ici ?! Questionna Hans surpris de voir celui qui était considéré comme le plus grand marin du monde.
-Ca n’est pas à moi que tu devrais demander cela…


A ces mots, l’amiral s’écarta et laissa apparaître aux yeux de la reine des neiges et du comte d’Arnevik la silhouette imposante et déterminée du prince héritier des Iles du Sud. Il se posta face aux deux jeunes gens et les fixèrent de son regard percent.


-Eh bien moucheron ?! Tu ne présentes plus ton grand frère ?! Demanda-t-il avec condescendance.
-Hum… Elsa, voici mon frère ainé Karl, prince héritier des Iles du Sud et… Karl ? Toi aussi com…


Le maître d’Arnevik ne put terminer sa phrase que le poing rageur de son ainé s’écrasa sur sa joue. Surpris, Hans recula d’un demi pas sous le regard horrifié d’Elsa qui commençait à serrer les siens prête à en découdre alors qu’Hans dévisageait Karl avec un regard de défi.


-Ca c’est pour avoir coulé le plus beau et fier navire de notre grand Royaume !


Le benjamin des Iles serra à son tour les poings alors que Karl s’approcha au plus près de lui, le dépassant d’une tête et posant sur lui un regard sévère mais soudain, ses traits se firent plus doux et il écarta ses bras pour étreindre son jeune frère chaleureusement alors qu’Hans peinait à comprendre l’attitude de son ainé. Karl ne s’arrêta pas et, après avoir relaché son frère, ploya un genou devant le comte d’Arnevik.



-Et ça… C’est pour celui qui nous a prouvé à tous qu’il était le plus grand capitaine du monde ! Je t’ai toujours vu comme un moucheron mais je t’avais bien mal jugé Hans !
-Au plus grand des marins… Même si je n’étais pas à la barre quand tu as défait nos frères ! Objecta Neal en faisant un clin d’œil à Hans.
-Neal !
-Pardon mon frère… Je plaisante. Je n’étais pas à la barre mais si je l’avais été, l’issue aurait été identique Hans ! Conclut Neal sincère.
-Euh… Auriez-vous l’obligeance de m’expliquer ?! Demanda Elsa
-Et vite qui plus est ! Nous n’avons pas toute la journée ! Mon petit fils est en danger ! Donc vous continuerez à déterminer lequel de vous deux a le plus gros gouvernail un autre jour ! Rajouta Mamie intriguée par le chahut.
-Pardonnez-moi… Mais qui êtes-vous ? Questionna Karl.
-…Sans doute votre pire cauchemar si vous ne vous expliquez pas ! Coupa la matriarche
-Croyez-moi mes frères… Il ne vaudrait mieux pas contrarier cette femme ! Intervînt Hans amusé.
-Nous t’attendions… Il était certain que tu allais tôt ou tard décider de revenir en Arendelle pour y retrouver notre frère, où que lui sortirai alors nous l’aurions suivi pour te retrouver !
-Vous ?... M’attendiez ?! Et que me voulez-vous encore ?! Et comment saviez-vous que j’allais passer par ici…Questionna le frère benjamin méfiant.
-Ca mon frère… Nous avons eu la chance de tomber sur un très bon guide dès lors où nous avons posé le pied à terre… Affirma Neal en le désignant.
-Pabby ?! Lancèrent en chœur Elsa et Mamie qui virent arriver une lourde pierre devant elles et s’ouvrir pour laisser apparaître le visage du vieux troll.


Immédiatement à la vue de l’être minéral quelques cris de terreur de la part des Northuldra se firent entendre alors que tous prenaient leurs armes prêts à en découvre avec le roc !

-Non !! Laissez-le ! Il n’est pas notre ennemi ! Les trolls ne l’ont jamais été ! Croyez-moi ! Intervînt Mamie pour calmer ses troupes.
-Anna ! Je ne saurai vous remercier de me défendre avec tant de vigueur ! Remercia le troll.
-Il est temps que ces faux prétextes s’arrêtent ! c’est l’ignorance qui nous a conduit à ce désastre ! Expliquez-leur que les trolls et les Northuldra ne sont pas ennemis !
-Certes vous avez raison Anna. Mais, je vous en prie, laissez donc plutôt ces jeunes gens s’expliquer…
-Vous avez des choses à me dire vous ! Je lis sur votre visage comme dans un livre ouvert… Objecta Mamie inquiète.
-Je ne peux rien vous cacher Anna… Mais laissez-les donc s’exprimer d’abord. Insista Pabby.
-Alors messieurs ?! Ma grand-mère vous a demandé des explications ?! J’attends ! Ordonna Elsa qui tachait de montrer autant d’autorité qu’Anna.
-Nous avons des nouvelles pour toi mon frère et… Nous sommes aussi venus pour… Nous battre à tes côtés !


Hans et Elsa se regardèrent confus, persuadés d’avoir mal compris les paroles du prince héritier. Pourtant Karl tendit une main amicale vers son jeune frère qu’il serra fraternellement, tandis que Neal, en parfait gentilhomme offrait un baise main à la reine des neiges.



-Plus précisément, nous sommes venus vous aider votre Majesté à récupérer votre… euh… Royaume ! Termina Neal quelque peu gêné en voyant comment Arendelle pouvait être pris dans les glaces.
-Arendelle retrouvera toute sa majesté quand j’en aurai terminé avec…
-Permettez votre Altesse que je devine ! Un certain Andréas ?!
-Hans ! Vous ne m’aviez pas dit que votre frère le connaissait !
-Je ne le connais pas… Mais notre père m’a confié une mission peu de temps avant que les troupes Northuldra, conduites par notre frère Yohan n’arrivent ! Il était certain de sa victoire et m’a dit alors qu’étant le meilleur des décuplés je n’avais pas à perdre mon temps pour une telle mission et à la place, je devais me charger de faire quitter le royaume à votre cousine Raiponce…
-Ma cousine ?! … Est-elle en sécurité ?!
-Elle l’est, soyez en rassurée votre Altesse ! Et j’ai pu avoir l’honneur de sympathiser avec elle au cours de ce voyage et apprendre quel terribles dangers menacent Arendelle !... Yohan a tenté de prévenir la princesse Raiponce qui m’a fait part de sa situation. Quand je l’ai su, alors j’ai immédiatement fait voile vers nos Iles pour trouver auprès de Karl et de père toute l’aide dont tu aurais besoin Hans pour libérer notre frère des griffes de ce fou !... Et arrivé aux Iles…
-Laisse Neal ! C’est à moi de poursuivre ! Coupa Karl avec gravité.
-Quoi ? Que s’est-il passé ? Demanda Hans inquiet.
-Hans… Nous n’avons jamais été très juste ni bienveillants avec toi… C’est ainsi que nos parents nous ont élevé. Tous cependant nous avons un point commun ! Nous les avons detestés ! Surtout père ! Mais voilà nous sommes une famille malgré tout et je sais que ce que j’ai à te dire n’est pas facile à entendre…
-Que veux-tu dire ?
-Hans… Notre père n’est jamais rentré d’Arendelle !... Son navire a sombré corps et biens non loin de l’archipel des Coulés… Fit Karl d’un ton martial.


Un silence pesant s’installa alors sur l’assistance. Elsa avait porté ses mains devant sa bouche à l’évocation de l’archipel. Pendant six longues années, elle avait pensé, comme le reste du monde que ses parents avaient disparu en cet endroit tant redouté des marins. La reine des neiges pouvait sentir toute l’ironie du destin et instinctivement prit la main du benjamin des Iles qu’elle serra sincèrement en signe d’amitié et de soutien alors qu’Hans faisait de son mieux pour cacher ses sentiments. Un exercice qu’Elsa connaissait par cœur !


-Hum… Est-ce que…
-Non Hans, les recherches n’ont rien données… Père a sans doute mis un point d’honneur à ce que lui et l’équipage sombrent avec le courage et la dignité de nos Iles… Tu sais comme moi comme il a toujours détesté l’idée que l’on puisse fuir un navire. Te souviens-tu de ce marin qu’il avait fait rosser à son retour car le pauvre bougre avait eu le reflexe de sauter de son navire en perdition et se laisser dériver pour échouer par miracle sur nos côtes ? Insista Neal.
-« Un grand marin arrive à bon port, le bon marin se noie, mais le pire de tous s’enfuit… »


Hans avait récité ces mots entendus si souvent dans la bouche du roi Wilhem. Une bien curieuse maxime qu’Hans trouvait totalement absurde et idiote. Il ne doutait pas que son père se l’était imposé, lui qui détestait tant l’hypocrisie mais il ne pouvait s’empêcher de maudire la bêtise absolue du roi qui lui aura au final couté la vie.


-Nous organiserons au printemps… Ses funérailles et en même temps…
-Tu deviendras le roi ? Félicitations mon frère… Ou devrais-je dire, votre Majesté Karl ! Répondit Hans avec froideur…
-Rien n’est moins sur mon frère… Tu connais la loi, un héritier marié, un héritier parent, sera prioritaire sur le droit d’ainesse…
-Aucun d’entre nous n’est marié…
-Hum… Hans… Je crains que cela ne soit pas tout à fait vrai… Objecta Elsa mal à l’aise.
-Vous avez raison votre Altesse ! Hans ! Notre frère Yohan est bien père d’une fille n’est-ce pas ?... Je ne doute pas qu’il a du se marier en secret avec la mère de l’enfant ! … Hans, c’est donc à Yohan que devra revenir la charge laissée par père… Et à sa fille après lui ! Sauf si je me marie, ce que je compte faire avec ma promise Maria !
-Quoi ?!...Tu… Tu comptes toujours l’épouser ? Demanda Hans surpris.
-Hans… Je l’ai toujours aimé ! Je sais ce que tu penses, tu m’as vu m’être comporté de manière indigne avec elle… J’y étais contraint par père… Désormais plus rien ne m’empêche d’être heureux en sa compagnie ! …
-Donc pourquoi mentionner Yohan ? Demanda Elsa qui n’osait pas dire qu’elle était son épouse…
-Parce que Madame… Je souhaite que mon mariage ait lieu après ces cérémonies… Ainsi au moment de la passation, étant célibataire, Yohan me passera devant ! J’ai su que mon père avait négocié avec le vôtre pour que ma douce Maria contrôle désormais Weselton… Je préfère m’y installer à ses côtés, loin du royaume où j’ai, comme mes frères tant de souvenirs désagréables de mon père…
-Voilà une belle preuve de courage que de le laisser donc à un de vos frères plutôt que d’assumer vos responsabilités de monarque. Objecta Elsa.
-Ou plutôt, une étonnante preuve de sagesse que celle de renoncer à un pouvoir pour le proposer à celui que l’on juge le plus apte et digne de la fonction. Trancha Mamie avec philosophie.


Elsa se retrouva muette face à la remarque de son aïeule dont elle savait pertinemment qu’elle lui était destinée. Elle tâchait alors de se montrer bien plus humble qu’elle n’était, baissant ses épaules et n’osait plus rien dire alors que la matriarche se retournait désormais vers l’être de pierre.


-Bien nous savons pour ces deux jeunes gens… Mais vous Pabby, vous ne vous déplacez pas pour être un simple guide touristique ! Pourquoi être venu jusqu’à nous ?
-Pour vous guider comme d’habitude, mais vous n’êtes pas une touriste vous Anna ! Quand nous nous sommes vus la dernière fois, je vous ai rendu vos souvenirs… Pour que vous puissiez arriver jusqu’ici… Avec les esprits ! C’était inéluctable, mais sans votre mémoire, sans doute jamais vous n’auriez accepté une telle situation n’est-ce pas ?
-Et vous ? Ironisa Mamie
-Vous le savez Anna… Je regarde toujours avec attention les événements… Et ce que je vois m’effraie… Kaspian est un talent brut ! Elsa, vous souvenez-vous de ce que je vous avait dit quand vous étiez à peine plus agée que votre jeune frère ?


Alors que la reine des neiges s’approchait prudemment de l’être de pierre, ce dernier continuait à parler par énigmes et fit renaître d’anciens terrifiants souvenirs du passé auprès d’Elsa alors qu’il faisait apparaître dans une aurore boréale, la grande beauté des pouvoirs d’Elsa, manipulée par un jeune garçon avant que ceux-ci, comme lors de sa première rencontre avec le troll ne se retournent contre l’enfant.


-Non ! C’est hors de question ! Je protégerai mon frère de cette folie !
-Vous êtes courageuse Elsa ! Et vous avez su maîtriser votre pouvoir comme je vous l’avais conseillé… Mais vous êtes comme votre père ! Souvenez-vous, il avait prononcé les mêmes mots que vous il y a quinze ans ! Et aujourd’hui que fait-il avec son fils ? La même erreur que vous ? Votre mère ?... A nouveau, et malgré elle, elle s’efface et laisse toute liberté à Agnarr pour agir. Et vous Elsa… Vous tenez son discours ! Alors cette fois… Je ne ferai pas qu’observer ! Répondit le troll déterminé.
-Quoi ?
-Devrais-je plutôt dire… Je ne fais pas qu’observer ! Voilà quelques jours que je suis aux côtés de ce jeune garçon ! Je l’ai quitté lorsque j’ai vu votre tempête encore une fois s’abattre sur ce royaume Elsa, créant à nouveau le malheur sur ses habitants.


Elsa hoqueta de surprise face à cette remarque de même que sa grand-mère. L’une comme l’autre furent grandement étonnées que l’être de pierre puisse tenir un propos plein de reproches. Dans leurs souvenirs, jamais il ne s’était permis jusqu’alors de juger les actes des humains qu’il servait ou conseillait.


-La situation est trop grave ! Elsa, quand vous êtes partie avec votre sœur vers le pays Northuldra, je l’avais mise en garde, lui disant que nous avions peur que vos pouvoirs soient trop puissants pour ce monde mais espérer désormais qu’ils le soient assez… Elsa, ma crainte aujourd’hui est que vos pouvoirs ne le sont pas assez par rapport à ceux que possède votre frère… Il n’en a aucune conscience, et le moindre sentiment fort lui ferait perdre tout contrôle… Les pouvoirs de la nature qu’il pourraient lancer seraient si forts que vous ne pourriez résister ! Croyez-moi j’en suis convaincu, le ras de marée que vous avez su stopper ici n’était qu’un vulgaire remous dans l’eau comparé à la puissance que pourrait déclencher votre frère !
-Raison de plus pour le libérer de l’emprise de ce fou d’Andréas ! Fit la reine des neiges déterminée.
-Elsa… Réagir ainsi de manière impulsive n’est pas dans votre nature, c’est plutôt l’apanage de votre grand-mère dans ses jeunes années, ou de votre regrettée cadette… Oui, je suis au courant je l’ai lu dans les astres et je compatis à votre peine Elsa ! Ecoutez-moi ! Vous ne devez pas agir inconsidérément et provoquer l’épreuve de force ! Je vois que les esprits de la nature vous suivent… Pourtant il en manque un ! Et à ce jeu, je ne pense pas que vous pourrez en sortir vainqueur !
-Que préconisez-vous ?
-De le conditionner… Andréas vous attend ! Et votre tempête Elsa… N’est pas des plus discrètes ! Cetes vous l’empêchez de sortir mais croyez bien qu’il ne le souhaitait sans doute pas ! Depuis quelques jours, j’essaie de conseiller le jeune Kaspian… Laissez-moi une journée et je vous l’ammènerai avec Andréas sur le balcon royal… Vous verrez mon aurore boréale dans le ciel qui sera le signe… Ca sera alors le moment d’affronter Andréas ! Reposez-vous mon enfant ! Vous aurez besoin de toutes vos forces !
-Pabby attendez !
-Qu’y a-t-il…
-Kr… Kristoff…Il…
-Je sais…
-Hum ! S’il vous plait monsieur le troll ? Questionna Hans
-Que puis-je pour toi jeune comte d’Arnevik ?
-Ma nièce… Emma… Elle… Je dois savoir…
-Je veillerai sur elle !
-Non vous ferez mieux Pabby ! Ordonna Elsa.
-Pardon ?
-Je ne sais comment vous comptez vous y prendre pour pénétrer dans le château sans vous faire repérer…
-Ne vous en faîtes pas pour ça, il n’y a rien de plus banal qu’un rocher…
-Dans ce cas… Quand vous tenterez de ramener mon frère à la raison… La priorité est de faire sortir un maximum de personnes du château ! Vous m’entendez ? Trouvez Yohan, Emma et sa mère… Et faîtes les sortir… Ils doivent partir loin d’Arendelle ! Qu’ils partent avec ses frères !
-Je me chargerai de les accompagner ! Intervînt Laïka
-Quoi ? Toi Laïka ?! Questionna Mamie surprise


La matriarche observa sans comprendre son amie qui lui adressait un regard coupable. Jamais elle n’aurait pu imaginer voir la guérisseuse du pays Northuldra accepter de partir à des centaines de leixu de la forêt enchanté, de surcroît pour y suivre des étrangers.


-Je suis navrée Anna de ne pas avoir découvert ceci il y a trente ans…
-Que dis-tu ?
-Cette petite a besoin de soin… La mort de ton fils, je n’en ai pas dormi pendant des jours, j’ai récupéré un peu de sa salive pour trouver le poison… Pendant des années j’ai cherché comment le vaincre… Et la solution m’est apparue il y a quelques années… Elle est ici !... Anna, j’aurai tant voulu l’avoir par le passé… Fit la guerisseuse les larmes aux yeux…
-Laïka… Tu n’as pas à t’en vouloir… Je sais que tu as fait ton possible… Et cette fois, tu pourras sauver l’enfant ! Fit mamie qui elle aussi sentait son regard s’humidifier.
-Compte sur moi !
-Je vous ferai parvenir l’enfant et ses parents par la route Nord…
-Vous les retrouverez là-bas ? Questionna Elsa
-Pas nous !... Eux seulement Elsa ! Intervînt Hans.
-Plait-il ?
-Que voulez-vous ?... Je suis un noble de votre patrie, et comme tout bon noble, je me mets au service du souverain… Reine Elsa ! Je ne puis vous laisser seule et si vous désirez m’empêcher de vous accompagner pour tenter au mieux de vous protéger, alors vous n’aurez d’autres choix que de me tuer… Et je dois vous l’avouer, j’aimerai que nous évitions d’en arriver à de telles extrémités ! Fit Hans d’une voix solennel.
-Hans ?! C’est bien trop dangereux ! Votre famille a besoin de vous !... Comment puis-je vous faire changer d’avis ? Questionna Elsa.
-Par ce seul moyen votre Altesse !


A ces mots, Hans dégainna son épée et la présenta à la reine des neiges avant d’ouvrir grand les bras. Elsa se saisit de la poignée de l’arme pour la faire virevolter au dessus de sa tête puis avec élégance lança doucement l’arme pour la récupérer avec expertise et élégance sur le plat de la lame, évitant ainsi toute blessure pour la tendre, poignée vers son propriétaire.


-Reprenez-là, vous en aurez probablement besoin, elle est un peu lourde pour moi ! Fit la reine des neiges émue par cette allégeance qu’elle n’attendait pas.


Hans lui adressa un sourire puis s’en allât embrasser ses frères avant qu’ils ne partent en direction de la route Nord, prêts à attendre le signal et récupérer les membres de leur famille pour les mettre à l’abri. Le troll donna encore quelques indications aux Northuldra puis se fit dévaler la pente avant de disparaître dans le blizzard épais qui envahissait Arendelle alors qu’Elsa et sa troupe observaient inquiets.
Pabby, bien que résistant au froid pouvait sentir la morsure du gel s’accrocher à sa rocaille alors qu’il arrivait devant le château. Comme il l’avait prédit, il put sans aucune difficulté pénétrer dans l’enceinte et se dirigea d’un pas sur vers une des seules pièces encore occupés.


-Bonjour Camille… Bonjour Yohan…
-Pabby ! Firent les parents inquiets.
-Moins fort ! Il ne faut pas être entendus… Laissez-moi la voir !


Le couple éploré laissa le troll s’approcher du lit de souffrance de la fillette qui dormait le souffle court, le visage détruit par les grimaces de douleur.


-Il est passé ?
-Oui… Comme toujours il lui a fait ingérer son produit et il est parti…
-Si cela peut vous consoler… Il continue de tenir parole… Il lui donne juste ce qu’il lui fait pour continuer à survivre, son antidote permet au poison d’éviter de pénétrer son cœur, mais il n’en donne pas assez pour endiguer le mal…
-Pourquoi ne la soignez-vous pas ?! Enragea Camille au bord des larmes…
-Yohan ?... Vous ne l’avez pas prévenue ? Suggéra le troll en continuant d’examiner la fillette.
-Camille écoute-moi… Le remède existe, mais elle ne pourra pas retrouver suffisamment de forces pour sortir de cette chambre avant plusieurs jours… Andréas s’en apercevra, alors à ton avis ? Que fera-t-il s’il voit que nous tentons d’aller contre lui…
-Il… Il… Bégaya Camille.
-La tuera à n’en pas douter ! Conclut froidement le troll. Avant d’ajouter : Bien, elle va se sentir un peu mieux comme les autres jours, elle pourra dormir plus paisiblement… Au moins, elle ne souffre plus. Yohan, Camille, c’est la dernière fois que je vous viens en aide pour elle…
-Quoi ?! Non ! Pabby vous ne pouvez pas la laisser souffrir ainsi ! Objecta Yohan.
-Je regrette ! Ce que je lui donne n’est pas le remède, et si je devais poursuivre, à terme j’abimerai son cœur… Et cela finira, aussi certainement que le poison d’Andréas par la tuer… Mais ne vous en faîtes pas ! Vos amis sont là ! Si tout se passe comme prévu demain, vous serez en sécurité. Yohan, vos frères vous attendent vers la route Nord en compagnie de Laïka… Elle connait le poison et le remède ! Quand je vous le dirai… Partez ! Passez par les cachots avec la petite avec vous. Au moment où vous quitterez les lieux, donnez-lui ceci… C’est une partie du remède, pour l’aider à tenir jusqu’à ce que vous trouviez Laïka.


Le troll avait fouillé dans sa cape et sortit une petite fiole brillante qu’il tendit à Camille. Cette dernière voulut immédiatement la faire ingérer à sa fille mais Yohan la retînt… En bon stratège, il savait qu’il ne devait utiliser cet atout, qu’au dernier moment.


-Comment pourrais-je jamais vous remercier ?
-En quittant avec votre famille sain et sauf ce royaume avant que tout ne commence !


Sans plus de cérémonial, Pabby laissa les parents éplorés continuer à veiller sur l’enfant dont le souffle bien que faible se fit plus régulier, la douleur endurée devenait supportable pour la fillette inconsciente. Alors qu’il arpentait les couloirs, Pabby entendit au loin des domestiques s’agiter. Il était question du retour de la reine Iduna qui se trouvait dans une colère noire et exigeait de voir Agnarr. Le troll eût alors un léger rictus puis, descendit vers les sous-sols, évitant soigneusement de se faire repérer par la garde. Bientôt, il put entendre au loin des hurlements d’agonie qu’il reconnût. Cette voix nasiarde teintée de candeur ne pouvait être que celle du bonhomme de neige. Avec prudence, il s’approcha et observa par l’embrasure la scène terrifiante. Avec cruauté, Andréas continuait d’administrer un curieux produit à l’être gelé qui perdait quelques flocons. La douleur que ressentait Olaf paraissait être au-delà du supportable alors que ses cris plaintifs redoublèrent et ne reçurent pour réponse qu’un violent coup de pied de son tortionnaire. Andréas multiplia les tentatives, sans doute pensait-il avoir enfin sa solution mais il dût se rendre à l’évidence, le bonhomme de neige résistait encore et toujours. Furieux, il détourna les talons avant de refermer la porte derrière lui. Au bout de quelques pas il se stoppa en entendant un applaudissement sarcastique. Le Northuldra se tourna et baissa les yeux avant de se figer voyant Grand Pabby le dévisager…


-Andréas ?! … ça faisait longtemps… Mais après tout ce temps, tu as toujours des larmes dans tes yeux ! Fit le troll avec une voix de défi.

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Le Northuldra sursauta. Tout à coup un souvenir lointain lui revînt en mémoire, l’un des plus anciens qu’il disposait. Il devait avoir, à peu près l’âge de Kaspian, il se trouvait à l’écart de la tribu des Terres gelées et pleurait, se massant le derrière endolori par une sévère correction de la chamane de la tribu Iduna Sappos. Jamais au sein de la communauté on avait eu souvenir d’une Iduna si sévère mais tous s’étaient cependant accordé sur un point, la punition était amplement méritée. L’enfant ressassait sans cesse les mêmes noms : Elysia, Yelena, Amarok, Iduna… Tout était de leur faute ! Il n’avait rien à se reprocher. Il avait seulement demandé comment faire pour contrôler le pouvoir des esprits de la nature et la chamane, comme cette petite je sais tout de Yelena l’avaient vivement réprimandé pour lui faire comprendre que ce qu’il demandait était justement contre nature. Trop fier, le jeune Andréas se refusait à reconnaître ses erreurs, même si les mots qu’il avait eu envers Iduna, la traitant de faible, de même pour Yelena et le chef. Les propos tenus étaient virulents, Elysia était intervenu une première fois pour le stopper et la chamane avait réagi en conséquence. Jamais le petit orphelin ne s’était alors senti si humilié.


-Ils me le paieront tous ! Un jour j’aurai ce pouvoir qu’ils me refusent et là ils comprendront ! Je leur ferais tous payer de s’être moqués de moi ! Ils sont les derniers des idiots de refuser le pouvoir qui leur tend les bras ! Tout ça pour protéger leur cinquième esprit inutile… Ils paieront ! Ils verront !
-Voir quoi ? ... Un petit garçon boudeur d’avoir reçu une correction méritée ?!
-Quoi ?! Qui a parlé ?!


Andréas, furieux, sortit sa sarbacane et lança un projectile en direction d’un rocher qui aussitôt prit vie manquant de faire hurler de peur le jeune garçon.


-Tu as l’habitude d’accueillir les gens en leur tirant dessus ? Où comptais-tu réellement me blesser ? Dans ce cas mon garçon… Tu devrais revoir ton choix d’arme pour blesser un troll…
-Je… Je…
-Oui ?... Tu veux quoi petit ?
-Je…
-… Veux faire payer tout le monde et avoir le pouvoir de la nature
-Tu… Tu m’as entendu ?
-Tout le monde t’a entendu mon garçon… Et vu tes propos, je ne serai pas étonné qu’une nouvelle correction t’attende !
-Personne ne m’écoute de toute façon ! Grogna l’enfant, persuadé de son propos.

Le troll roula ses yeux et soupira, consterné puis avec dédain sorti de sa cape une besace.


-Tiens… Moi je t’écoute ! Voilà ! Tu as ce que tu veux !
-Qu’est-ce que c’est ! Demanda Andréas qui commençait à fouiller
-Ne cherche pas à pleine main malheureux… Sauf si tu veux voir ta vie s’arrêter !
-Quoi ?
-Tu dis vouloir un pouvoir absolu, avoir la possibilité de contrôler tout… Ceci n’est pas le contrôle de la nature, mais un poison très puissant, capable de tuer un adulte en quelques minutes. Maintenant petit, tu l’as… Tu te sens mieux ?! Tu comptes faire payer ceux qui t’ont puni justement ?!
-Mais… Non je…
-J’en étais sur ! Voilà que tu sembles mesurer ce qu’implique ce pouvoir ! Je vais t’apprendre ce que les chamanes refusent de t’apprendre…car sans doute elles même ne l’ont pas forcément compris. Les hommes ne peuvent avoir le pouvoir de la nature car ils n’en sont pas dignes, ils sont trop faibles ! Regarde-toi ! Tétanisé devant ce sac !
-Mais… Jamais je ne pourrais-tu…tuer…
-C’est pourtant le pouvoir que je t’ai donné, mais tu es trop faible pour l’utiliser ! Allez petit garnement ! Garde donc ce sac, en souvenir de ta faiblesse, et va donc retourner dans ton village… Une correction sans doute t’attend ! C’est peut-être le seul courage que tu auras de ta vie… Affronter la sanction méritée sans rechigner ! Au moins ça te fera grandir !


Grand Pabby avait laissé l’enfant seul face à ses pensées. Andréas avait serré les poings, caché le précieux présent dans sa veste et affronter la colère d’Iduna et des autres adultes. Pour la première fois, aucune émotion ne pouvait se lire sur le visage de l’enfant qui venait de se forger une carapace impénétrable.


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-Oui… Je m’en souviens vieux troll ! Maugréa Andréas
-Et après toutes ces années que vois je ? Toujours le même petit garçon médiocre, aux ambitions bien trop grandes pour lui, incapable de se donner les moyens de les réaliser…
-Tais-toi rocher de malheur… Si tu savais tout…
-Mais je le sais… Tu as fait des efforts je te l’accorde ! Mais à quoi peuvent servir ces efforts si tu te trouves incapable de les concrétiser désormais… Andréas pourtant… J’ai voulu croire en toi… Quand j’ai vu que tu avais osé utilisé mon poison… J’ai vraiment cru enfin trouver celui qui serait digne de tout contrôler… Quelle déception ! … Sans doute aurais-je peut être plus de chance à tenter de travailler avec ta nouvelle complice… Vous n’avez pas perdu de temps tous les deux ! Elle est plus belle, plus jeune, plus audacieuse…
-Elle n’est rien !
-Vraiment Andréas ?... Pourtant elle porte ton enfant…
-Je n’en ai que faire… Je la tuerai de mes mains et l’enfant aussi si cela peut me permettre d’enfin conquérir l’Yggdrasil…


Andréas avait hurlé, comme possédé, sa respiration était haletante, le visage déformé par la haine et la folie, pendant l’espace de quelques instants, il n’y avait plus grand-chose d’humain en lui mais seul demeurait une bête monstrueuse…


-Nous verrons Andréas… Nous verrons… Je t’offre encore une chance… La dernière de trouver enfin pour moi un maître de la nature… Si tu y arrives, tu pourras asservir les humains pour moi…
-Pourquoi ferais-je cela pour vous ?
-Car si tu as pu aller aussi loin… C’est parce que je ne t’ai jamais dénoncé, parce que j’ai toujours embrouillé ceux qui auraient pu te démasquer ! Ta femme Beata était tellement plus brillante que toi… Pendant des années elle m’a questionné alors qu’elle avait épousé ce vieux militaire ! J’ai même réussi à la faire oublier votre fils et son animosité contre toi… Elle se pensait même la seule coupable alors qu’elle t’a quitté car avait vu clair en toi ! Idem pour Anna à qui j’ai pris les souvenirs… Sans ça, elle aurait découvert bien plus tôt qui tu es !... Sans moi tu n’es rien ! Alors accomplis ton destin, pour moi… Je vais te donner ce qu’il te manque, mais ne me déçois pas… Où je ferais en sorte que tes ennemis prennent le dessus ! Méfie-toi, d’ici quelques heures, je permettrai à ce Yohan et sa famille de s’enfuir et rallier ses amis…
-Ce moucheron ne l’intéresse pas ! Il n’est que le jouet de cette idiote de Funningur…. Je m’occuperai d’elle quand j’en aurai fini avec Elsa ! Je lui laisserai juste le temps d’observer ce qu’elle a tant désiré et n’aura jamais !
-Où peut être cela sera l’inverse…
-Plaît-il ?!
-Oh Andréas… Serais-tu dénué d’intelligence moi qui t’espérait brillant ! N’as-tu pas compris ses stratagèmes… Cette femme a du talent ! Tu convoites le pouvoir de la nature, elle en maîtrise un qui peut s’avérer tout aussi puissant, celui de la séduction et la manipulation du sentiment d’amour !
-Mais comment ?!... Fulmina Andréas…
-N’oublie pas Andréas… Les trolls, nous sommes les experts de l’amour ?!... Crois-tu qu’il s’agisse d’un hasard ?! Jamais je ne me serai risqué sur un seul humain !... Tu as été le premier… A toi d’agir pour le rester !... Je t’offre ta chance !


Grand Pabby ne laissa pas le Northuldra répondre qu’il s’empressa d’ouvrir la porte du cachot. Pour la première fois depuis des jours, le visage glacé d’Olaf s’illumina d’un sourire de reconnaître enfin un allié. Le bonhomme de neige commençait à ouvrir les bras, prêt à parler quand Grand Pabby décrocha de son collier une fiole jaune qu’il renversa sur le bonhomme de neige. Olaf n’eût pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait. En quelques secondes, le bonhomme de neige ne fut plus qu’un vestige trempé sur les pavés crasseux du cachot avec, au milieu de la grande flaque une carotte, les branches qui lui servaient de bras et de cheveux et ses trois morceaux de charbon. Le vieux troll s’empressa de les rassembler et les ficeler pour les tendre comme un trophée à Andréas.


-Un petit présent pour ta prochaine cible… Sans doute voudra-t-elle récupérer ce qu’il reste de sa créature avant de disparaître à son tour !
-Mais… Balbutia Andréas stupéfait…
-Tiens ! Je t’offre ce que tu es incapable de créer… ça sera mon dernier présent… Cette potion détruira les pouvoirs d’Elsa ! Puis-je te faire confiance Andréas ?!
-Plus que jamais !
-Magnifique ! Hâte-toi alors ! Et règle le problème de la reine, elle est de retour !



Le troll à ces mots quitta les cachots alors qu’Andréas lui emboitait le pas. Le Northuldra n’osait pas l’interroger alors que la réalité le rattrapait… La voix d’Iduna résonnait dans tout le château alors qu’elle exigeait une audience avec son mari. Le conseiller d’Agnarr pressa alors le pas pour le rejoindre. L’être de pierre de son côté s’empressa alors de passer dans le couloir voisin pour retrouver dans sa chambre, les yeux embués de larmes le petit Kaspian. L’enfant, presque hors de contrôle laissait apparaître au dessus de lui un nuage de neige semblable à ceux de sa sœur, mais pire encore, au sein du nuage, se mêlait sable, flamme et vent, laissant supposer à un cataclysme, prêt à exploser


-Eh bien mon garçon ? Est-ce avec des larmes que l’on accueille son vieux Pabby ?


Le visage du jeune prince s’illumina alors que son cataclysme disparut tandis qu’il s’engouffrait dans les bras rocailleux du troll, et enfonça sa tête dans la mousse douce et épaisse de sa cape.


-Eh bien… Je préfère ça ! Tu sais que tu me rappelles beaucoup l’amoureux de ta sœur… Il rentrait le soir triste comme toi et se mouchait dans ma cape, incapable d’avoir pu découper un bloc de glace et tu sais ce que je lui ai dit ?
-Non ?!
-La même chose qu’à toi… D’avoir confiance ! De croire en lui et qu’à force un jour, il sera capable de grandes choses ! Il m’a cru ! Il est alors devenu le livreur de glace le plus fort du royaume ! … Tu sais de qui je veux parler n’est-ce pas ?
-Oui… De monsieur Kristoff mais depuis il est…
-Allons ! Oui il l’est mais il ne faut pas être triste… Il faut être fort et courageux comme il l’était ! D’ailleurs, tu savais qu’en réalité son prénom c’est le tiens ?!
-Ah bon ?
-Eh oui ! C’est pour ça ! Soit fort et courageux comme lui ! Il l’était aussi pour protéger ta sœur Anna qu’il aimait plus que sa propre vie… Toi tu n’as qu’à l’être pour Emma ! Elle te plait cette petite ?! Tu ne peux pas me le cacher, je suis l’expert de l’amour après tout !
-Elle…
-Elle vit… Je veille sur elle ne t’en fais pas !
-Andréas… Il m’interdit de… de la voir…
-Oui je sais… C’est dur… Mais c’est sans doute mieux ainsi ! Mais ne t’en fais pas… avec un peu de chance, tout ira pour le mieux très bientôt.
-Co… Comment ?
-Eh bien grâce à un acte d’amour !
-Je dois aller lui faire un bisou ?! Demanda le bambin plein d’espoir.
-Non… Hélas ça c’est dans les belles histoires que l’on raconte aux enfants pour leur faire faire de beaux rêves ! Non Kaspian… Tu dois la défendre contre la magie !
-Qu’est-ce que ça veut dire ?
-Regarde cette tempête… Ta sœur a perdu le contrôle à cause des esprits de la nature… Ils sont en colère car ta magie se révèle… C’est ce qui a rendu malade Emma ! Kaspian, c’est à toi de tout réparer !
-Mais qu’est-ce que je dois faire ?
-Il te faudra défendre Arendelle contre les esprits… Si tu les bats, la magie se calmera, et le mal qui ronge Emma s’arrêtera…
-Mais… Je ne peux pas battre les esprits, je suis trop petit…
-Tu y arriveras ! Andréas sera là pour t’aider ! Et tu as déjà Bruni avec toi… C’est l’esprit préféré d’Emma pas vrai ?!... C’est un signe ! Sèche donc tes larmes, et va vite rejoindre ton papa et Andréas dans la salle du trône… Je suis sûr qu’ils auront une mission pour toi ! Moi je crois en toi ! Encouragea le troll.


Alors qu’il étreignait le jeune garçon pour lui donner du courage, au même moment dans la salle du trône, Iduna fulminait alors qu’Andréas conservait un sourire poli et un ton mielleux envers le maître des lieux et l’ancienne reine folle de rage qui désespérait de voir son époux demeurer si aveugle et ne pas exprimer une once de chagrin face à la disparition de leur fille cadette et l’absence pesante d’Elsa.


-Iduna, je ne puis que compatir à ta douleur…
-Ne m’adresse pas la parole toi ! Vociféra Iduna qui ne décolérait pas contre Andréas.
-Agnarr… Cette chère Iduna est dévastée et nous le sommes tous ! Je n’ose imaginer votre tristesse face à cette conclusion implacable à propos de votre fille cadette mais hélas je me dois de vous mettre en garde face au plus grand danger encore qui menace…
-Agnarr ! Quand vas-tu arrêter de ‘écouter ?!
-Silence Iduna ! Coupa Agnarr
-Si vous saviez comme je m’en veux de te voir ainsi Iduna… Mais je suis navré, cette tempête qui nous frappe n’est pas naturel… Croyez-moi je cherche à vous aider ! Votre fille ainée ! Notre chère Elsa est, pour je ne sais quelle raison devenue incontrôlable… Ses pouvoirs ne sont plus maîtrisés et nous devons pour le bien de nos peuples réussir à lui faire entendre raison…
-Agnarr ! Arrête cette folie ! Ma mère jamais n’aurai laissé Elsa perdre le contrôle…
-Sauf votre respect… Vos altesses… Anna si elle est une grande chamane, a toujours renié la magie… Iduna, te souviens tu l’avoir jamais entendu parler de magie ?!... Hormis certes, celle des coupoles de mariage peut être…
-Je… Balbutia Iduna prise au dépourvue.
-Voyez Agnarr ! Je ne souhaite que le mieux pour tous, et s’il faut pour cela être honni par Iduna eh bien… j’accepte ce sacrifice pour mieux vous protéger !
-Agnarr ! Arrête ! C’est de notre fille qu’il est question ! Et notre fils également ! Fais confiance à nos enfants !
-La peur et la tristesse l’égare… Votre Altesse, vous qui savez prendre des décisions dures… Il faut protéger Arendelle ! Et votre fils Kaspian peut être notre bouclier ! Vous avez vu en pays Northuldra les prodiges dont il est capable… Jamais je ne mettrai la vie de l’enfant en danger ! Mais je puis l’aider à stopper cet hiver éternel !
-Agnarr ! C’est hors de question ! Je t’interdis de…
-Gardes ! Trancha Agnarr


Alors qu’il n’avait fait qu’un geste, trois hommes en armes fondirent sur Iduna qui tentait de se débattre tant qu’elle put alors qu’Agnarr intimait aux hommes d’armes de consigner son épouse dans ses appartements le temps que la crise ne passe.


-Andréas !... Mais que venez-vous de me faire faire ?! Questionna Agnarr au bord des larmes.
-Il… Il vous a fait prendre une décision difficile, mais nécessaire… Quand tout sera terminé, votre femme saura vous en remercier ! Croyez le cœur d’une femme ! Susurra la duchesse qui observait de loin.
-Je n’aurai pas su mieux dire… Agnarr ! La situation est grave et exige des mesures. Iduna saura vous le pardonner quand, grâce à votre action et votre jeune Kaspian, nous saurons sauver Elsa de son nouveau passage vers la folie, j’espère que sa grand-mère va bien. Il n’y a donc plus un instant à perdre !... Elle sera bientôt là et…
-Papa ?! Andréas ?! Demanda le petit garçon qui pénétrait à l’instant dans la pièce.
-Kaspian ?! Retourne dans ta chambre ça n’est pas le moment…
-Au contraire votre altesse ! Je pense qu’il est temps que votre petit bonhomme sache à quel point il peut nous sauver ! Fit Andréas alors qu’il dévisageait la duchesse sans savoir qu’au même moment, Grand Pabby, comme il l’avait promis, lançait une aurore boréale pour prévenir Elsa que son heure était venue.


Plusieurs minutes plus tard, alors que Pabby redescendait, prêt à exfiltrer Yohan et sa famille, le troll continuait d’entendre Andréas manipuler à sa guise Agnarr et, plus important encore son jeune fils, se rendant vers les balcons royaux. Le troll ne put s’empêcher de sourire pour lui-même… D’ici peu, le dernier défenseur qui lui barrait la route vers l’Yggdrasil allait tomber. Immédiatement il pressa le pas et, arrivé auprès des parents éplorés, il se dirigea vers la fillette pour lui confier l’antidote du poison qu’il connaissait bien.


-Voilà… Son état va s’améliorer légèrement… Je suis navré c’est tout ce que j’ai… Mais cela sera suffisant pour que vous l’emportiez loin d’ici ! Vos frères vous attendent avec la guerisseuse des Northuldra… Elle saura quoi faire !

-Pa… Pa… Papa ? Souffla Emma d’une toute petite voix
-Emma !!! Firent les deux parents en lui caressant le visage marqué par la douleur.
-Evitez de lui parler, elle doit économiser ses forces ! Suggéra Pabby.
-Comment vous remercier ? Demanda Camille…
-Partez et soignez cette enfant ! Trancha Pabby.


Sans plus de cérémonial, le troll quitta la petite famille, prêt à s’installer et observer l’affrontement qui n’allait sans doute plus tarder. Avec délicatesse de son côté, Yohan prit la fillette dans ses bras, enveloppée dans ses couvertures et en compagnie de son épouse, il commença à descendre les grands escaliers, avant d’être alerté par des cris.


-Tu as entendu ?!
-Quoi ?!
-Ecoute ! Cela vient de ce couloir !... Les appartements de la reine ?!
-Cela ne nous concerne pas Yohan ! Trancha Camille !
-Il nous faut aller voir… Cela ne prendra pas longtemps ! D’ailleurs cela sera mieux ! Nous ne sommes pas loin de la bibliothèque, nous pourrons sortir par la suite par le tunnel en toute discrétion !


Camille hésita puis acquiesça… Yohan semblait certain de son plan de sortie et après tout, il avait participé à la première évacuation du château. Convaincue, elle se laissa guider et, alors qu’ils passaient non loin des appartements d’Iduna, Yohan fut frappé d’entendre les propos de la reine mère. Il se stoppa de longues secondes, avant que les remarques de Camille ne le fasse poursuivre ses efforts. Pourtant, tout au long du chemin, les paroles d’Iduna résonnaient dans sa tête tandis qu’ils arrivaient devant l’entrée de la pièce secrète.


-Yohan ?!... Où allons-nous ?!
-Descends l’escalier et suis les torches usagées abandonnées sur le chemin… Une idée d’Emma qui en consommait beaucoup, pour être sûre de ne pas se perdre ! C’est une enfant formidable tu sais ?!... Autant que toi !
-Pourquoi est ce que tu me dis ça ?
-Camille… Il y a sept ans c’est moi qui suis parti avec elle dans les bras pour la sauver… Aujourd’hui c’est à toi de veiller sur elle ! Fit Yohan en confiant la petite.
-Quoi ?!
-Tu as entendu… La reine Iduna a des ennuis… Elle est la mère d’Elsa… Et elle aussi apparemment a des soucis. Camille… Je sais que jamais tu ne pourras me… Mais… Elle… J’ai un devoir vis-à-vis d’Elsa…Tu m’as appris à être loyal et fidèle à mes engagements… Camille… Je t’aime…
-Mais tu dois être certain qu’il n’arrivera rien à la femme que tu as épousée…
-Je…
-Yohan !
-Camille… Je… Souffla Yohan penaud…
-… Retourne d’où tu viens et veille sur elle !... Tu nous retrouveras après !


Le visage de Yohan s’illumina, il s’attendait à recevoir une volée de reproches mérités, mais Camille… Depuis qu’elle avait appris la nouvelle avait su se montrer d’une grandeur d’âme incomparable. Et cette ange qu’il avait la chance de côtoyer la surprit encore alors qu’elle lui glissa un tendre baiser d’au revoir avant de descendre l’escalier…

-Fais-moi une promesse Yohan !
-Je t’écoute…
-Sauve celle que tu as épousé et retrouves nous ! Ta fille, ton enfant à naître et moi rapidement !... Pas comme la dernière fois !

A ces mots, elle lui envoya un baiser de la main, que Yohan fit semblant d’attraper au vol pour le coller contre son cœur. Et alors que l’amour de sa vie, avec sa fille à demi consciente descendait l’escalier du souterrain, le conseiller d’Arendelle referma le passage, et partit à toutes jambes vers les appartements royaux, bien décidé à tenir sa promesse, et cela passait par aller porter assistance à sa belle-mère Iduna…

Chapitre 28 : Le serment de la reine



A pas de loup, Yohan remontait les escaliers de la bibliothèque après avoir pris soin de refermer derrière lui l’entrée de la pièce secrète le cœur lourd. Au fond de lui, il sentait que les prochaines heures seraient pénibles pour ce royaume alors qu’il venait de confier la vie de sa fille aux dires d’un troll lui assurant que ses frères allaient lui assurer protection et santé. Quelle ironie, pour celui qui avait dû quitter sa famille et partir en exil alors que son père avait souhaité sa mort. Fort heureusement, Hans devait sans doute être parmi ceux qui attendaient Camille et c’était pour le conseiller d’Arendelle, la meilleure garantie possible. Jamais son jeune frère ne pourrait vouloir et encore moins faire du mal à sa fille. Avec prudence, il arpentait les couloirs, les déplacements discrets n’étaient pas sa tasse de thé et il grimaçait à chaque bruits émis par ses pas lourds et soudain, alors qu’il approchait du corridor qui abritait la chambre d’Iduna, son sang se glaça. Une ombre apparût et n’écoutant que son instinct, il s’empressa de se jeter derrière la première porte venue, se retrouvant sans le savoir dans un des couloirs secrets réservés aux domestiques. L’homme plaqua la main sur sa bouche pour éviter que le moindre son ne sorte puis, il colla son oreille contre la porte alors qu’il crût comprendre que les pas venaient de s’arrêter, très probablement au niveau de la chambre de sa belle-mère. Alors qu’il tendait l’oreille, Yohan avait face à la voix comme un sentiment vaguement familier. Il était presque certain de l’avoir entendue une fois mais malgré tout, elle demeurait totalement étrangère pour le prince Sudillien. Qu’importe, il préférait écouter que se torturer l’esprit à se demander qui pouvait bien parler. Avec témérité, il tenta d’entrouvrir la porte et se tordit le cou mais rien à faire, il ne pouvait voir le visage de ceux qui discutaient, ou alors il lui fallait s’avancer dans le couloir, et risquer d’être repéré.


-Que faîtes-vous messieurs ?
- A la demande du roi Agnarr et de son conseiller, nous veillons à la sécurité de la reine…
-Cela n’a aucune importance ! Dépêchez-vous de vous rendre à l’entrée de la cour du château… C’est là que se trouve le véritable danger !
-Pardon !
-C’est le Seigneur Andréas qui m’a fait vous prévenir… Des traitres s’apprêtent à quitter l’enceinte ! Ils ont tenté de s’en prendre au jeune prince Kaspian ! Il faut les neutraliser coûte que coûte, avant qu’ils ne sortent du château ! Il serait trop risqué pour la sécurité du royaume que les habitants ne voient tout ceci !
-Qui devons-nous…
-Vous saurez ! Ils sont trois apparemment, dont une enfant en mauvais état… Neutralisez les adultes et s’il le faut faîtes de même pour l’enfant… Cela ne sera qu’un acte charitable la concernant de toute manière ! Messieurs c’est un ordre du régent ! Lisez !
-A vos ordres ! Soldats ! Avec moi ! Sauf vous deux, pour garder la reine !


Yohan s’enfonçait le poing dans la bouche pour s’empêcher de hurler de ce qu’il avait entendu alors que des bruits de pas se firent de plus en plus lointains. Il se risqua à sortir de sa cachette et suait à grosses gouttes. Machinalement il regardait derrière lui, il se savait en danger. Comment Andréas avait-il su pour sa volonté de fuir ? Cela n’avait guère d’importance désormais, mais une chose était certaine… S’il venait à croiser une patrouille, sa vie était terminée. Pendant de longues secondes il demeura immobile, à observer le corridor d’où il était venu. Intérieurement il remerciait le ciel d’avoir eu l’idée de faire prendre le souterrain à Camille et sa fille, sans quoi, tous trois auraient déjà probablement retrouvé ce regretté Kristoff dans un monde meilleur. Néanmoins il demeurait face à un dilemme. Devait-il risquer d’aller trouver Iduna alors que deux gardes restaient postés devant sa porte ? Ou rejoindre Camille et sa fille. Toutes les deux étaient sans doute en sécurité dans le souterrain, et le temps qu’ils se rendent compte de la supercherie, elles auraient le temps de gagner suffisamment de terrain pour rejoindre, du moins l’espérait-il ses frères.
Gagner du temps ! C’était ça la solution, et avoir Iduna comme allié lui garantirai sans doute une protection. Ainsi prenant son courage à deux mains, Yohan, qui n’était pourtant pas réputé pour sa témérité s’avança tête haute, main au pommeau de Révolute vers le couloir de la reine. De là, il aperçut comme il le redoutait deux gardes en faction. Le conseiller ne laissait rien transparaître mais son cœur battait la chamade et il pouvait sentir la sueur couler le long de sa colonne vertébrale. Les deux gardes l’observèrent et lui firent un salut respectueux.
Ouf ! Le conseiller était soulagé, il s’agissait de deux jeunes recrues. Il est vrai que son nom n’avait pas été prononcé, sans doute ne devait-ils pas savoir l’identité de ceux que leurs collègues étaient partis traquer, c’était sa chance.


-Soldats ?! Que faites-vos là ? Demanda Yohan de la voix la plus assurée qu’il put.
-Oh monseigneur !... Nous… Nous assurons la sureté et la tranquillité de son altesse ! Bredouilla le plus âgé des deux.


Yohan les dévisagea l’un après l’autre, tous deux semblaient tout juste sortis de l’enfance et remarqua le léger duvet juvénile sur le visage du plus petit des deux qui fuyait le regard du conseiller. Yohan eût alors un scrupule d’utiliser des méthodes si déloyales mais en ces temps troublés, qu’importe l’honneur, il ne devait avoir aucune pitié à s’attaquer à plus faible et impressionnable que lui. Après tout Andréas ne s’était pas posé la question pour manipuler le jeune Kaspian.


-Vous pouvez me répéter ça soldat ?! Gronda Yohan qui s’approchait au plus près du plus jeune qui recula d’un pas
-Je… Je…
-Répondez soldat !
-Je… Mon… Monsieur je… nous…
-Lieutenant soldat ! Apprends à respecter des supérieurs ! Vociféra Yohan alors que l’adolescent face à lui se liquéfiait.


Le prince des Iles du Sud se dégoûtait lui-même de tourmenter ainsi ce jeune garçon pour l’impressionner. Voilà qu’il usait des méthodes détestables de son père alors qu’il s’était pourtant juré de ne jamais lui ressembler. Au fond de lui-même, Yohan tentait de se promettre que c’était bien là, la première et la dernière fois qu’il se déshonorerai de la sorte par cette conduite abjecte.



-Euh…Bien nous sommes…nous…respectons les ordres mon…Lieutenant ! Bredouilla le garçon en uniforme d’une voix à peine audible.
-Vous respectez les ordres ?! Vraiment ?!! Vous osez soldat, me dire que vous respectez les ordres ?! Rétorqua Yohan intimident alors qu’au fond de lui, il craignait d’en faire trop.
-Oui… Lieutenant ! Nos camarades et le sergent nous ont donné pour instruction de veiller pendant leur patrouille… Tenta le second soldat, plus courageux que son camarade qui souhaitait être n’importe où ailleurs.
-Veiller pendant leur patrouille ? C’est donc ça les ordres ? Répéta Yohan en bombant le torse…
-Euh… Affirmatif ! Fit le second soldat qui ne se démonta pas malgré ses tremblements.
-Soldats ! Je veux immédiatement le nom de ce sergent ! Je le ferai mettre aux arrêts pour insubordination ! Savez-vous au moins bandes d’idiots quel est le motif de leur patrouille ?!
-Eh bien… Il… Il serait question d’appréhender trois suspects… Se risqua le plus jeune.
-Tiens, voilà que le soldat a retrouvé sa langue ! Mais avoir une langue ne fais pas de toi un homme soldat ! Encore moins quelqu’un d’intelligent ! Ni toi, ni l’imbécile qui te sert d’acolyte ! Railla Yohan


Le prince se maudissait intérieurement. Bien sûr il jouait un rôle, mais les tournures qui étaient celles de son père lui venaient si naturellement. Il n’avait pas besoin de réfléchir. Au fond de lui, il craignait lui ressembler plus qu’il ne le pensait… Alors que les jeunes recrues se confondaient en excuses, il soupira et leur adressa un sourire. La méthode fonctionnait, mais au fond de lui, il le savait, il valait mieux que ça. Inutile de terroriser ces enfants, autant leur donner un objectif, fusse-t-il irréalisable.


-Ecoutez tous les deux… Vous avez désobéi ! Réfléchissez un peu ! On parle d’appréhender des traitres ! Des criminels ! Alors que nous avons pu tout juste depuis quelques semaines chasser l’usurpateur ! Vous savez que le royaume est toujours en danger ! Vous n’êtes pas des mauvais bougres ! Vous avez quel âge ? Vous n’êtes pas majeur pas vrai ?! Vous avez menti pour servir le royaume ! Tu as quoi toi mon garçon ?... 16 ans, 17 tout au plus ? et toi ?... Pas plus de 16 c’est certain ! Reprit le conseiller en posant une main amicale sur l’épaule des soldats.
-Non…je... J’ai… 18 ans….
-La vérité soldat ! Et donne-moi ton nom ! Intima Yohan qui reprit un ton plus martial.
-17 ans monsieur, je me nomme Emile… et mon frère c’est Harald… il a 15 ans…
-15ans ?! Mais voyons c’est une folie ! A ton âge, tu devrais rester auprès de tes parents, tu es bien trop jeune !
-Je l’aurai fait… Si je le pouvais Mons…Pardon Lieutenant ! Répondit courageusement Harald.
-…Yohan ! Appelle-moi Yohan mon garçon ! Et… Comment ça si tu le pouvais ?
-Oui… Ils… Papa s’est battu pour défendre Arendelle contre l’attaque de Weselton… Il était parmi les…
-… Les 423 braves !... Le royaume a une dette immense envers eux ! Et c’est pour lui que vous vous êtes engagés ? Pour lui rendre hommage ? Vous ne pensez pas que votre mère doit être morte d’inquiétude de vous savoir dans l’armée ? Alors qu’au dehors la tempête gronde ?! Répondit le prince moralisateur.
-Dis-lui Harald !... C’est toi qui l’as voulu ! Encouragea Emile.
-C’est que… Notre mère l’est déjà mons…Lieutenant Yohan ! Elle a été assassinée quand Weselton a remporté la bataille… Juste avant qu’ils n’entrent dans la maison… Maman m’a confié ma petite sœur, et m’a dit à Emile et moi de la protéger ! C’est pour ça, quand vous êtes revenu, avec le roi Agnarr…
-Le régent ! Corrigea Yohan
-Pardon… Avec le régent, j’ai dit à mon frère que nous allions entrer à son service ! Déjà ça fait un peu d’argent pour nous nourrir, et comme ça je pourrais la protéger !
-Où est-elle votre sœur ?!
-A l’abri dans la garnison… On nous a attribué un logement…
-Bien… Alors écoutez-moi attentivement tous les deux… Vous êtes courageux ? Vous n’avez pas peur du froid ?!
-Non ! Répondirent les deux frères en chœur.
-Magnifique ! Voilà l’occasion de vous rattraper ! Dîtes-moi, où sont partis vos camarades ?!
-Vers la cour Nord, les renseignements disaient…
-Les idiots ! Eh bien vous allez avoir l’occasion d’être les héros du jour ! Passez par les jardins ! Mes éclaireurs m’ont prévenu que les suspects ont en réalité pour projet de quitter l’enceinte par-là, pour gagner ensuite la forêt et retrouver la route Nord… Vous connaissez ?!
-Oui ! Répondit l’ainé !
-Alors c’est parfait ! Partez fouiller les jardins et la forêt, gagnez la route s’il le faut… Si vous allez trop loin, vous tomberez sur le comte d’Arnevik qui patrouille sur cette route… Attendez ! Si jamais vous deviez arriver jusqu’à lui, alors remettez-lui ceci ! Ce sont les instructions à propos de nos suspects et mettez-vous à ses ordres ! Surtout pas un mot à personne ! Vous êtes en mission soldats !
-Nous ne vous décevrons pas ! Et nous neutraliserons les suspects comme exigé ! Nous n’avons pas peur de devoir agir en soldats ! Reprit Emile en portant son arme au garde à vous…
-Euh… Non soldat ! Si jamais vous deviez trouver les suspects… Capturez les ! Vivants ! Et… Amenez les au comte d’Arnevik et lui seul ! Il a mes instructions !
-Mais pardon mons…Euh Lieutenant, mais les ordres qui ont été donné à nos camarades venaient expressément du conseiller Andréas et du régent qui nous donnait ordre de…
-Soldats ! Vous reconnaissez ceci ?! Fit Yohan en brandissant Révolute.
-L’épée des rois… Murmurèrent les adolescents d’une seule voix.
-Si je la porte soldats, vous vous doutez que les ordres que je vous donne émanent directement du trône ! Celui qui vous a informé était-il si haut placé ?!
-Eh bien euh… Non… Mais… Enfin de toute façon je suis sûr que vous ne nous croiriez pas si on vous disait qui… Balbutia Emile mal à l’aise.
-Je n’en ai que faire soldat ! Celui qui a donné cet ordre à vos camarades s’est sans doute fourvoyé ! Finalement, votre bévue est salvatrice pour la couronne ! Prenez vos armes et vos manteaux soldats ! Vous devriez déjà être en route ! Et ne revenez surtout pas avant d’avoir accompli votre mission où, si vous ne les trouvez pas, que le comte d’Arnevik ne vienne en votre compagnie m’en faire rapport ! Si vous obéissez fidèlement à ces ordres soldats ! Vous serez décorés et promus ! Encouragea Yohan en tendant un pli au cadet.
-Nous ne vous décevrons pas ! Fit l’adolescent alors qu’avec son frère tous deux abandonnèrent leur poste de garde.


Yohan les observait soulagé. Qu’importe si ces deux adolescents avaient la curiosité d’ouvrir sa missive. Le prince s’était souvenu d’un langage qu’il partageait jadis avec son jeune frère. Hans comprendrait qu’il lui faudrait alors veiller sur ces jeunes recrues terrorisées. Sans doute allaient-ils souffrir du froid dans les heures à venir, mais au moins, Yohan en était certain, ils seraient loin du combat qui à n’en pas douter allait bientôt faire rage et surtout, jamais ils n’oseraient porter atteinte à Camille et Emma si par malheur ils devaient croiser leur route. Le porteur de l’épée des rois observa encore quelques instants les couloirs déserts et se risqua à frapper quelques coups discrets à la porte de la reine à l’aide du pommeau de l’arme qu’il tenait toujours. Face à l’absence de réponse, il se risqua à tourner la poignée et pénétra timidement dans la pièce sombre. Soudain, alors qu’il balayait l’espace vide du regard, le prince des Iles du Sud eût le reflexe salvateur de porter l’arme face à lui qui para une attaque et fracassa la lampe à pétrole qu’avait utilisé Iduna en guise d’arme de fortune…


-Votre Altesse ?! Mais… Plaida Yohan surpris.
-Oh taisez-vous donc ! Je refuse d’entendre les pantins qui tournent autour de mon époux et surtout ce serpent d’Andréas ! Enragea la souveraine qui se saisit de tout ce qui lui passait par la main pour les jeter à la figure du pauvre conseiller qui se protégeait du mieux qu’il put…
-Vous vous méprenez votre Altesse ! Je suis une victime comme vous !... Andréas a empoisonné ma fille ! Finit-il par articuler.
-Attendez quoi ?! Répliqua la souveraine qui stoppa son geste.
-Je suis de votre côté Altesse ! Je vous ai entendu vociférer et je me suis chargé de faire fuir les gardes devant votre porte ! Je suis d’accord ! Andréas est un monstre et il manipule votre mari… Et pire encore… Votre fils ! Reine Iduna ! Votre fille est en route, je suppose accompagnée de votre mère pour affronter Andréas et le défaire ! … Venez ! Je suis venu pour vous mettre à l’abri !
-Qui me dit que ça n’est pas là un stratagème grossier ?!
-Mais… Mais… Je suis votre gendre tout de même !
-Pensez-vous que cela soit suffisant ?! Vous n’avez pas fait preuve d’une grande volonté à chercher votre femme. Répondit la reine suspicieuse.
-Vous avez raison de me blâmer… Je fais un piètre époux… Et un piètre homme tout court. Moi qui ai accepté ce mariage sans même y réfléchir… Moi qui après toutes ces années, n’avait jamais eu le courage d’aller vérifier le sort qui était réservé à l’amour de ma vie… Et… Par couardise et volonté de rattraper le temps perdu… Je suis resté auprès de ma Camille… Elle est l’amour de ma vie… Et ensuite… Andréas il… Ma fille ! Hoqueta le conseiller les larmes aux yeux…
-Qu’a-t-il fait ?
-Il l’a empoisonné et la maintient en vie par miracle… Ecoutez je n’ai plus rien à perdre votre Altesse… Si elle meurt, je n’ai plus de raison de vivre alors voilà… Je l’ai fait quitter le château avec Camille par le passage qui m’a permis lors de la prise d’Arendelle de fuir avec le peuple… Dans le but de les faire retrouver mon frère et les Northuldra qui attendent non loin d’ici… Venez votre altesse ! Mon passage passe par la bibliothèque et une pièce secrète qui débouche vers des souterrains… Voyez je vous dis tout ! Vous pensez vraiment que je me risquerais à ce genre de farce si je devais vous duper ! Venez ! Mettez-vous à l’abri ! De l’extérieur vous pourrez expliquer à votre mère ce qu’il se passe ici ! Ca les aidera sans doute plus que de vous avoir captive dans cette chambre ! Plaida-t-il
-Je… Ne dis pas non… Montrez-moi votre passage !


Intriguée, la souveraine accepta de suivre le conseiller qui s’empressa de la conduire dans la bibliothèque puis actionna la pièce secrète. Nostalgique, la reine y pénétra et prit le temps d’y observer tous ses contenus.


-Votre Altesse ! Venez c’est par ici ! Méfiez-vous l’escalier est très sombre, vous avez une quarantaine de marches avant d’arriver et…
-47 ! Et la 23ème est moins large que les autres… Puis vous avez un corridor qui part au Nord Est, arrive dans une crypte et se termine à l’ancien orphelinat… Répliqua Iduna sans détacher ses yeux des grimoires.
-Pardon ?
-C’est moi qui ai crée ces tunnels quand je vivais à l’orphelinat… Séparée des Northuldra certes, mais je n’en demeure pas moins une membre du peuple du soleil… Tout ceci… C’est le savoir hérité de ma mère ! … Alors qu’avec Agnarr… Nous commencions à nous fréquenter toujours davantage, j’ai découvert cet ancien passage et là… Les esprits malgré la brume me sont venus en aide… Les géants de la terre m’ont aidé à creuser jusqu’à l’orphelinat… Pendant des années, j’y ai vu un signe de vie de ma mère… J’ai cru que c’était elle qui me l’avait envoyé. Mais comment pouvait-elle être en vie ? Comment pouvait-elle savoir ? Je n’en avais pas la moindre idée, c’est là que j’ai commencé à transcrire tous les savoirs qu’elle m’a offert ici… Pour après poursuivre les travaux avec l’aide de Grand Pabby sur la maîtrise des esprits par les hommes… Ma mère était cinquième esprit… Au départ j’étais censée prendre sa suite vous savez…
-Le troll vous a aidé ?!
-Vous le connaissez…
-J’ai eu l’occasion de le rencontrer une fois… En compagnie de Kristoff et Anna… Pabby nous a alors expliqué qu’il s’agissait d’un pouvoir qui nous était interdit…
-C’est ce qu’il m’a dit aussi… Puis, il a semblé changer d’avis… Tenez regardez !


Iduna joignit le geste à la parole et retira un grimoire volumineux au sein duquel s’échappa une carte qui représentait un troll avec un homme couché et un nuage au-dessus de sa tête.


-Qu’est-ce que c’est ?
-Justement ce que je souhaitais vous montrer ! C’était ses pistes… Il recherchait auprès de sa magie pour m’aider à comprendre la volonté des esprits… Avec moi, il a commencé le rite mais j’ai pris peur et j’ai renoncé ! ... Regardez ce grimoire voyez ! Il n’est pas terminé, par ma propre crainte… J’ai refusé de poursuivre le rite… C’était au nom d’une expérience !
-Il… Il vous a laissé tenter ?! Demanda Yohan surpris.
-Il m’a dit que j’étais aussi têtue que ma mère… J’ai pris ça pour un compliment… Mais j’ai eu peur et me suis enfuie. Avant que je ne parte, il semblait satisfait, comme s’il m’avait donné la leçon méritée… Les hommes ne doivent pas maîtriser ce pouvoir… Et mon audace a sans doute été punie par le fardeau que portent aujourd’hui mes enfants… D’abord Elsa, Désormais Kaspian… Seule Anna y aura échappé mais hélas elle…


L’ancienne reine ne put terminer sa phrase que des larmes silencieuses perlaient sur son visage grave. Elle, la reine si aimante, la reine si altière, le symbole même du réconfort pour tout Arendelle se laissait aller à sa propre tristesse et, pendant ces quelques secondes où Yohan, trop impressionné, n’osait pas prononcer le moindre mot pour sa belle-mère, il crut voir par les larmes d’Iduna pleurer tout Arendelle. Cet instant hors du temps fut alors interrompu par un grondement sourd comparable à la foudre qui se déchaine lors des violents orages.


-Qu’est-ce que ?...
-ça commence votre Majesté ! Venez, nous devons nous mettre à l’abri !
-Non !... Je ne peux pas !
-Quoi ?
-Yohan… Ce sont mes enfants qui sont là-haut… Je ne peux pas laisser faire ça !
-Mais ?! Non !!! Reine Iduna ne faîtes pas ça…C’est une folie !
-Non… Laisser Elsa seule serait une folie ! Elle doit apprendre à maîtriser les esprits !


La reine n’avait pas laissé le temps à Yohan de réagir qu’elle avait attrapé son grimoire inachevé et sortait déjà en trombe de la bibliothèque laissant plusieurs mètres derrière elle Yohan.


Quelques minutes auparavant, à l’autre bout du château d’Arendelle, Elsa, après avoir reçu le signal de Pabby s’était chargée de regagner discrètement les toits de l’imposant édifice. Comme elle l’avait craint, toutes les entrées demeuraient gardées mais, sa grand-mère avait toujours ses amitiés avec les géants qui, malgré leur imposante taille purent faire monter tout ce petit monde sans être vus. La reine des neiges, bien qu’étant de retour chez elle se savait en terrain hostile et ses craintes furent confirmés alors qu’atteignant le balcon royal elle dû faire face à une violente rafale brulante qu’elle parait in extremis d’une gerbe de glace qui instantanément s’évapora dans un jet de vapeur incandescente. La jeune femme eût à peine le temps d’hurler à sa grand-mère et Hans de se mettre à l’abri que les flammes de l’enfer s’abattirent à nouveau sur le groupe, protégés alors par miracle par la main salvatrice du géant qui vînt faire rempart devant eux. La main rocailleuse rougit alors que quelques rochers commencèrent à se liquéfier. Le géant grogna de douleur et retira sa main alors que face au groupe surpris se tenait, prête à attaquer à nouveau, la salamandre du feu.


-Bruni ?! Arrête ! C’est moi !



La maîtresse de l’hiver, comme lors de sa première rencontre avec le reptile, se contenta d’éteindre les flammes provoquées et tendit sa main amicale vers le petit animal qui pendant un instant hésita. Mamie s’approcha alors immédiatement de sa petite fille pour lui prêter main forte et montrer à l’esprit du feu un second visage amical. L’effet espéré fut cependant inverse et l’esprit du feu reprit sa fureur qu’Elsa parât par miracle d’une épée de glace crée au-devant de sa grand-mère pour annihiler la boule de feu qui se dirigeait vers la matriarche sans défense.


-Arrête Elsa ! Ne m’oblige pas à te faire du mal ! Bruni stoppe les !
-Kaspian !


Elsa eût juste le temps de distinguer son jeune frère et protéger les siens d’un dôme de glace puissant qui souffrait grandement des flammes de l’esprit du feu mais tenait malgré tout. La reine des neiges se concentra du mieux qu’elle put et trouva son salut grâce à l’intervention de courant d’air qui perturba la salamandre et fit arrêter le déluge de l’enfer.


-Kaspian ! Arrête ! Regarde Mamie est avec moi ! Allez sois gentil, rends-moi Bruni, L’esprit du feu doit être avec le cinquième esprit !
-C’est moi le cinquième esprit ! Toi tu n’es qu’une folle !!! Enragea l’enfant.


Le jeune garçon semblait comme possédé et pour la première fois déversa ses pouvoirs. Une violente rafale, mêlé d’un sable brulant fit reculer la reine des neiges et ses acolytes jusqu’au bord du précipice. A nouveau, Elsa fit de son mieux pour contrecarrer la volonté de l’enfant et sentit heureusement pour elle, le zéphyr et le géant lui porter assistance.


-Maman !!! Par ici ! Lança soudain une voix.


Cachée par une muraille, Iduna observait horrifiée son fils tomber dans une folie de violence dont il n’était clairement qu’un vulgaire pantin. L’enfant, trop occupé à tenter de détruire sa sœur n’entendit même pas la voix de sa mère ainsi que son ainée, qui elle souhaitait en premier lieu sauver sa vie et celle des siens. Heureusement, Mamie quant à elle malgré les années avait l’ouïe et la vue encore très développé et remarqua bien vite la souveraine. Voir ainsi le visage de sa fille la soulagea quelque peu. Cependant la chamane n’eût pas le temps de s’extasier que l’apocalypse fut une nouvelle fois déclenchée par Kaspian qui mit à mal Elsa. La reine des neiges en perdit l’équilibre, la magie était d’une puissance encore jamais connue mais malgré ça, celle de Kaspian, aidé par Bruni à ses ordres la surpassait déjà. Malgré sa carapace gelée, quelques flammes de la salamandre réussirent à passer pour lui lécher le bras ce qui la fit hurler de douleur. Décontenancée par cette première blessure, Elsa lâcha sa concentration et sa protection se fit chancelante. L’esprit du feu s’en aperçut et se prépara à déverser sa flamme contre Mamie qui était à découvert. La boule de feu du reptile ne rencontra néanmoins que le vide et se perdit dans le blizzard de la reine des neiges. Au dernier moment, Mamie avait été emportée dans les airs par le zéphyr avant de la déposer quelques mètres plus loin au-devant de sa fille. La matriarche prit quelques secondes pour recouvrer ses esprits, oubliant quelques instants sa petite fille qui se défendait avec l’énergie du désespoir. Mamie Anna dévisagea sa fille, vêtue à nouveau comme une parfaite Arendellienne se faire encercler joyeusement par son ami retrouvé qui se montra suffisamment puissant pour lui faire tomber son chignon. Pour la première fois depuis trente-cinq ans, les cheveux d’Iduna furent libérés et tombèrent en cascade sur les épaules de la reine, laissant apparaître des boucles qu’Anna n’avait plus revue depuis si longtemps. Les cheveux étaient certes plus courts, mais pour la matriarche, elle revoyait sa fille avant tous ces malheurs. De son côté la reine d’Arendelle dévisageait non pas sa mère, mais la seconde personne qu’elle avait sauvé dont Yohan était déjà tombé dans les bras.


-Hans ! Si vous êtes là, c’est que vous êtes de notre côté ! Suivez votre frère ! Faîtes rassembler tous ceux que vous pourrez au plus vite et quittez le château sur le champ ! Yohan, guidez-le par mon passage !
-Je…
-C’est un ordre mon gendre ! Lança-t-elle d’une voix ferme que personne n’aurait pu imaginer chez cette souveraine qui incarnait la douceur.


Les deux frères n’osèrent pas répondre, Yohan se contenta d’un salut martial et guida son jeune frère vers l’intérieur du bâtiment. Le spectacle auquel il avait assisté l’effrayait, il ne pouvait être d’aucun secours pour Elsa mais sans doute lui avait-il apporté son meilleur atout, la présence maternelle auprès de son épouse. Sa mission était sans doute accomplie, il se devait donc d’obéir aux désirs de sa belle-mère et, également, respecter son engagement auprès de Camille et la retrouver au plus vite. Iduna les observa disparaître, mutique, de même que sa mère qui, trop étonnée n’avait pas été capable de prononcer le moindre mot.


-Mon ange de l’air !... C’est toi qui…
-Il n’y a pas que toi maman qui parle à l’oreille des esprits dans la famille ! Répondit Iduna qui s’accordait un geste complice avec le vent.
-Merci ma fille…
-Tu me le diras plus tard maman ! Je dois sauver mes enfants de cette folie !
-Non Iduna ! Non ! … Il n’y a qu’Elsa qui peut faire quoi que ce soit ! C’est un combat de cinquième esprit ! Le défi d’Elsa de faire revenir son frère vers la lumière et l’arracher des griffes d’Andréas…
-Un combat de cinquième esprit ?! Alors raison de plus pour y aller ! Tu m’as suffisamment répété que je devais rester focalisée sur mon devoir, de chamane peut être mais aussi de cinquième esprit !


La reine avait parlé avec une voix déterminée et un regard percent vers le combat dantesque entre ses enfants. Kaspian, encouragé par les propos d’Andréas qui demeurait courageusement caché et Elsa qui paraît les attaques du mieux qu’elle pouvait. Les rares moments de répit qu’elle pouvait avoir, la jeune femme en profitait non pas pour attaquer à son tour, mais tentait vainement de rassurer l’enfant. Elle se refusait à risquer de lui faire le moindre mal. Cette noblesse d’âme humidifia les yeux d’Iduna et ne fit qu’augmenter sa volonté. Mamie restait interdite, elle savait d’où Elsa tirait sa volonté, bien que cela ne l’étonnait pas. Depuis le monde des morts, elle avait pu côtoyer sa seconde petite fille qui elle aussi avait tiré toutes ses qualités de la fille Picéaerd. Pour la première fois de sa vie, envers une autre personne que ses parents, Mamie recula humblement d’un pas et baissa les yeux, n’ayant qu’un regard furtif vers la fille, poings serrés, cheveux aux vent, prête à sauver ses enfants.


-Iduna ?! … Mais que comptes-tu faire ?
-La même chose que pour toi maman… Sauver ma fille !


Mamie s’apprêtait à répliquer mais Iduna la coupa d’un geste vif et autoritaire alors qu’elle se concentrait. La chamane observait interloquée. Sa fille semblait prendre une position chamanique, comme si elle souhaitait faire un voyage astral. Cette pensée raviva de douloureux souvenirs à Anna qui ne pouvait oublier qu’il s’agissait de la dernière leçon qu’elle avait tenté d’inculquer à Iduna, leçon qui s’était une énième fois mal déroulée et avait débouché sur une violente dispute et le constat d’échec d’Anna pour transmettre son savoir. La réalité rattrapa la grand-mère usée et fatiguée. L’attitude d’Iduna finalement était différente et, bien que paraissant dans un état second, la reine ne partait pas en voyage astral comme le pensait la chamane. Sa fille venait de basculer dans un état inconnu de la matriarche, à la frontière entre la méditation et le mysticisme. Anna demeurait muette, sans parler, Iduna ne fit que des gestes. Courant d’air semblait les comprendre. Le zéphyr se plaça devant son amie. Curieusement, Anna crût voir l’esprit de l’air sembler faire une révérence devant sa fille puis partir, suivant la direction indiquée par Iduna avant que cette dernière ne recouvre un état normal.


-Iduna mais… Qu… Qu’as-tu fait ? Demanda Mamie
-Ce qu’il faut pour protéger ma fille dans un premier temps ! … J’ai pris le contrôle de mon ami !
-Le… Le contrôle ?! Iduna allons tu sais bien que…
-Première leçon de cinquième esprit de ma part pour toi maman ! … Ne prononce jamais le mot que tu t’apprêtais à dire ! … Car si on le peut ! La preuve !
-Mais ?... Comment le…
-Lis ça… Tu me diras après si je suis une meilleure enseignante que toi… Je dois t’avouer que je l’espère ! Répondit la reine avec un sourire moqueur avant de tendre son grimoire à sa mère impressionnée.
-L’élève a dépassé le maître… Iduna… Tu… Tu es ma plus belle réussite ! Fit mamie en tombant dans les bras de sa fille et laissant parler ses émotions.


Toutes les deux, observaient le zéphyr répondre à l’ordre de la maîtresse de l’air. L’esprit, après avoir tourbillonné autour du château était de retour sur le balcon et vînt stopper l’affrontement entre les enfants Picéaerds. Elsa sut apprécier cette intervention salvatrice, elle qui sentait ses forces diminuer alors qu’au contraire, la vitalité du jeune bambin semblait croître au fur et à mesure, comme s’il parvenait à aspirer la force de son ainée, guidé sans doute par Andréas depuis l’intérieur du château qui se délectait de voir s’approcher la chute inéluctable du gardien des esprits, lui permettant ainsi d’acquérir définitivement le pouvoir qu’il convoitait depuis tant d’années.
L’esprit de l’air lui ne paraissait pas de cet avis et se plaçait comme arbitre au milieu du champ de bataille. Incontrôlable, pour aucun des deux Picéaerds, Courant d’Air n’obéissait qu’à la volonté pure d’Iduna, et celle-ci en pensée avait été claire. Le vent venait de créer une tornade qui aveuglait les deux combattants. Kaspian tentait tant bien que mal de lutter et défaire le vent alors qu’Elsa appréciait ce sursis salvateur. Le vent repéra alors Bruni. La salamandre essayait par tous les moyens d’enflammer l’autre esprit mais rien ne pouvait l’atteindre. L’esprit de l’air en profita alors pour fondre vers sa proie et l’emporta avec lui dans les cieux, obéissant aux desseins de sa maîtresse… Eloigner le plus possible Bruni.
Un cri de rage émanant d’Andréas se fit alors entendre et, profitant de la distraction de tous, le vent s’enroula autour du cinquième esprit pour lui faire à son tour quitter le sol. Malgré les supplications de la gardienne de la forêt, Courant d’air ne la relâcha pas et la transporta vers l’abri de fortune où étaient réfugiées Iduna et sa mère.


-Courant d’Air ! Arrête !... Vociféra Elsa qui refusait de fuir…
-Il n’y a pas de quoi Elsa !
-Maman ! Mais ?! Qu’est-ce que ?! Balbutia Elsa qui fut surpris de voir Iduna cheveux lâchés face à elle et, à ses côtés, l’esprit de l’air qui se comportait comme un animal de compagnie obéissant.
-Je t’ai juste sauvé la vie pour l’heure ! … Et je suis fière de toi Elsa ! Tu utilises tes pouvoirs pour le bien ! Tu n’attaques pas ton frère ! Elsa… ta sœur serait tellement fière de toi ! Comme je le suis ! Termina Iduna.


Les trois générations de Picéaerds se retrouvaient, heureuse de voir qu’elles étaient pour l’heure en pleine possession de leurs moyens. Mais Iduna tachait de rester maître de ses émotions et indiqua à Elsa la page de son grimoire qu’Anna avait pleinement parcourue impressionnée, puis docile comme à son habitude, la reine des neiges se laissa guider par les instructions de sa mère.


-Maman ?... Tu crois que ?...
-Oui Elsa !... Tu dois avoir les esprits à tes ordres pour être assez puissante contre ton frère ! Mais surtout ne lui fais aucun mal !
-Compte sur moi !


La reine d’Arendelle, continuait ses instructions, secondée par la chamane Northuldra qui apportait son expertise. Iduna avait certes pu, au cours d’années de recherche acquérir le savoir théorique et réussit sous le feu de l’action à mettre le vent sous son contrôle, mais Courant d’Air a toujours été soumis à sa volonté, comme les géants avaient pu l’être pour Anna. Souhaiter maîtriser tous les esprits devaient requérir une toute autre puissance que la reine d’Arendelle ne possédait probablement pas, elle qui jamais n’avait su aller au bout de sa destinée et devenir celle qu’elle aurait pu être. Sa mère elle, avait été pendant des années le cinquième esprit, son expérience serait probablement l’élément qui permettrait à Elsa d’obtenir la puissance salvatrice.
Les trois femmes s’afféraient à la tache même si elles peinaient à se concentrer face à la fureur de l’enfant qui lançait ses pouvoirs toujours plus puissants au hasard, puis, des voix glacèrent les trois Picéaerds.



-Kaspian ! Concentre-toi ! Lança alors Andréas qui sortit de sa tanière, suivi de près par Agnarr.
-Je… Je n’y arrive pas… J’ai peur… Tous ces pouvoirs c’est…
-Andréas t’apprend à les maîtriser mon garçon ! Tu feras un roi puissant ! Sauve notre royaume ! Ensuite, tu apprendras à les dissimuler ! Encouragea Agnarr !
-J’ai même mieux votre Altesse à lui proposer ! Kaspian ! Regarde ceci ! Grâce à toi j’ai pu le mettre au point ! Fit le manipulateur en désignant une fiole jaune.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Un moyen pour t’aider à faire disparaître tes pouvoirs… Tu n’auras plus à lancer ce cataclysme ! Mais d’abord tu dois retrouver Elsa et en finir !
-Andréas non ! C’est ma fille ! Vociféra Agnarr qui semblait retrouver une once de lucidité.
-Votre Altesse, voyez que votre fille a perdu l’esprit… Ce blizzard qui nous frappe en est la preuve. Je… J’ai peur que sa grand-mère ne l’ait mal orienté. Je n’ose croire qu’Anna puisse avoir quoi que ce soit contre… Enfin… Non elle n’aura sans doute pas pris de la folie meurtrière de ses parents… Fit Andréas la voix faussement contrariée.
-Quoi ?! Qu’essayez-vous de dire ?!
-Pardon, j’espérais vous le cacher votre Majesté… Mais les parents d’Anna…Ce sont eux qui ont organisé le pillage de votre royaume il y a plus de soixante ans… Evidemment Anna n’est pas responsable, elle était tout juste née… Mais élevée dans cette haine. C’est une femme admirable, je garde l’espoir qu’elle n’est pas… Mais les événements me font prendre peur… Nous avons vu qu’elle était auprès d’Elsa… et des esprits ! Kaspian, il faut les arrêter pour nous sauver tous !
-Mais je ne veux pas faire de mal à…
-Mon fils… Il faut prendre des décisions difficiles quand on est roi ! Tu le seras un jour ! Nous ferons tout pour sauver Elsa, mais elle est trop instable pour reprendre le trône ! Tu seras mon héritier ! Te voilà déjà dans le grand bain mon fils !... Andréas ? Vous pourrez l’aider ? En annihilant les pouvoirs d’Elsa avec votre produit ?... Ça ne la tuera pas ?!
-ça ne tue que sa magie votre Majesté !... Regardez ! Un sacrifice nécessaire !


A ces mots, Andréas lança nonchalamment sur le balcon les vestiges d’Olaf sous les yeux effarés d’Elsa toujours à l’abri derrière sa muraille. Iduna et Anna elles aussi avaient ressenti immédiatement un haut le cœur face à l’horreur de la situation. Mamie sentit son cœur de glacer en croisant le regard dur, dénué d’humanité d’Elsa.


-Elsa ! Non !... Ne gâche pas tout ! Il paiera je… Je te le jure mais Elsa ne fait pas de…
-Lachez-moi ! Vociféra la reine des neiges en repoussant fermement sa mère et sa grand-mère.
-Elsa ! Arrête ! Implora Iduna.
-Lâche ! Je vais tuer cette ordure moi-même ! Andréas ! Montre-toi ! Arrête de te cacher derrière un gamin !
-Elsa non ! Insista Mamie.


Il n’y avait rien à faire, Elsa n’écoutait plus, déterminée à faire payer l’assassin qui sévissait et décimait sa famille depuis tant d’années. Elle se le jurait intérieurement… Olaf serait le dernier. Qu’importe son état, elle avait le sentiment d’avoir retrouvé toute sa puissance, si ça n’était même davantage encore. Elle n’avait plus qu’une obsession, un objectif Andréas ! Il fallait le faire payer à n’importe quel prix, alors que son blizzard se faisait toujours plus mordant.
Iduna et Anna échangèrent un regard inquiet, elles n’avaient pas pu aller jusqu’au bout de leur volonté. Elsa n’avait pas avec elle, les esprits.


-Elle va se faire tuer maman !
-C’était pourtant un bon plan que tu avais Iduna et… Qu’est-ce que tu veux toi ? Oh !!


Le visage d’Anna s’illumina tout à coup. Comme il en avait pris l’habitude le snowgie d’Elsa lui mordillait le bas de la tenue. Anna le prit dans ses bras et comprit après un regard vers Elsa qui hurlait de toutes ses forces le nom d’Andréas.


-Tu as fait beaucoup de progrès Iduna… Mais laisse moi te rappeler qui de nous deux est le professeur !
-Ca dépend si tu parles du bon ou du mauvais ?
-C’est ça moque-toi ! Laisse donc ta veille mère t’apprendre encore les ficelles du métier ! On va avoir besoin de la famille !
-La famille ?... Maman ! Agnarr est comme Kaspian…
-Pas d’eux ! … Non je te parle de la famille qui veille sur nous… Depuis l’Helveg !
-Tu…
-…Auras une explication plus tard… Soutiens-moi. Toi et moi on va reprendre ta dernière leçon d’enfant ! Cette fois, essaie d’apprendre comment on fait un voyage astral digne de ce nom ?! Cligna Mamie taquine.


Sans autre forme d’explication, la matriarche se concentra de toute son âme vers sa petite fille cadette de l’Helveg. Elle devait prendre comme à son habitude possession de son corps alors qu’elle visualisait la hutte de son homologue morte. Immédiatement, elle se sentit partir, espérant que la petite fille sera bien en compagnie de la matriarche. Mamie savait qu’elle n’avait pas le temps de s’annoncer à sa petite fille, l’arrivée serait brutale mais, elle en était convaincue, Anna saurait lui pardonner. Curieusement, la cadette d’Arendelle ne fit aucune résistance et mamie ouvrit les yeux dans le corps de la jeune femme, au milieu de la hutte.
Tous la dévisageaient avec curiosité, Agnarr qui tenait le bras de sa fille cadette le lâchât immédiatement en comprenant que sa belle mère vivante était de retour. La matriarche ne prit pas le temps de s’en émouvoir et constata soulagée qu’Olaf était bien présent.
Son fils qu’elle n’avait jamais revu ! Elle avait senti depuis Ahtohallan que l’enfant s’était retrouvé auprès d’elle dans l’Helveg et attendait avec impatience le moment de le revoir, hélas, le temps était compté et elle savait qu’elle n’aurait même pas le temps de le serrer dans ses bras, ce qu’elle souhaitait pourtant le plus au monde en cet instant.


-Oh ma Anna ! Te revoir est un plaisir ! Lança Elysia ravi de retrouver sa femme vivante, fusse-t-elle dans le corps de sa petite fille.
-Calme tes ardeurs mon beau, je ne suis pas là pour toi ! Alors ne me distrais pas ! Enfin peut être juste un bai… Non mais qu’est-ce que je dis ?! Non ! Coupa-t-elle en giflant le visage de celle qui lui prêtait son corps pour rester sur son objectif.
-Maman ? Pourquoi fausse maman Anna elle est bizarre ? Demanda l’enfant qui s’était arrêté de sautiller au milieu de la pièce.
-Hum… Olaf… Alors là c’est compliqué… Ca n’est pas « fausse maman Anna » … Enfin si c’est bien son corps, mais en ce moment, c’est bien mon esprit qui est dedans… Enfin mon esprit mais d’une vie vivante ! Tu comprends ? Tenta d’expliquer la maîtresse des lieux.
-Non ! Mais je comprendrai quand je serai plus grand comme le reste de tes histoires de bisous avec papa ?
-Sans doute mon petit ! Promis je viendrais te l’expliquer et faire un gros câlin mais plus tard ! Il y a urgence et justement, j’ai besoin d’Olaf ! Coupa la vivante.
-De moi ou d’un autre ? Questionna l’enfant.
-De toi mon bonhomme de neige ! … Pour sauver ta sœur Elsa !
-Mais… Je vais très bien merci… Intervînt la Elsa de la hutte.
-Pas toi… Celle qui est avec moi et qui… Oh pitié ne m’obligez pas à expliquer je n’ai pas beaucoup de temps ! Elle va mourir si on n’intervient pas !
-Toi tu ne viendrais pas ainsi sans même t’annoncer si a n’était pas urgent ! Vous tous ! Plus un mot ! Chère moi… Dis-moi tout ! Trancha la grand-mère de l’Helveg.


Mamie fut soulagée de voir qu’à nouveau son double la comprenait en un mot. Elle s’empressa de débiter un flot de paroles pour expliquer l’urgence de la situation et le danger que courait Elsa.



-A la galerie des souvenirs nous devons voir ce qu’il se trame…
-Non !!! Nous n’avons pas le temps ! C’est une question de secondes…Et secondes de mon monde ! Tu peux me croire sur parole ?!
-Evidemment ! Mais que veux-tu qu’on fasse ?
-Il y a quelques jours en Ahtohallan, les cheveux du corps d’Olaf ont blanchi quand nous avons appris qu’Andréas faisait du mal au bonhomme de neige d’Elsa… Et là il… Il l’a…fait disparaître !
-Alors c’est pour ça que…
-Quoi ? Demanda la vivante inquiète.
-Peu importe tu n’as pas le temps tu nous as dit… Que veux-tu ?
-La magie elle ne meurt jamais ! Nous avons besoin de celle d’Olaf, pour la transmettre à Elsa ! Elle a besoin de plus de puissance… Elle peut passer ! Par son bonhomme de neige !
-Mais tu as dit qu’il avait disparu !
-Il lui en reste un… Minuscule… Chère moi… Elle l’a appelé… Anan !


La grand-mère de l’Helveg blêmit à l’évocation du nom du Snowgie. Son double n’avait pas besoin d’en dire plus, même si la Elsa du monde des vivants n’en avait pas conscience, le lien pour elle était bien trop évident… Il était temps d’agir.

-Mais… Je n’ai plus mes pouvoirs… Ils sont avec nièce Elsa depuis…
-Je n’en suis pas certaine… Essaie pour voir ! Tenta sa mère de l’Helveg.


A la grande surprise de l’enfant et du reste de l’assistance, à part les grands mères, le jeune garçon fit apparaître quelques flocons de neige.


-Maman ?... Mais j’ai encore mes pouvoirs ? Demanda Olaf surpris.
-Qu’y a-t-il de surprenant là-dedans ? Demanda la vivante.
-Tu nous as dit ne pas avoir le temps pour les questions !... Oui tu as tes pouvoirs Olaf ! C’est long à expliquer, mais là il va falloir bien nous écouter et les donner à Elsa !
-Bah je l’ai déjà fait ! Viens nièce Elsa !
-Pas celle-là ! Celle d’un autre monde…
-Du monde de vraie fausse maman ?
-Ça c’est mon fils ! Reprirent en chœur les deux chamanes.
-Tu vas sauver ta nièce… Et tous nous sauver mon petit bonhomme de neige. Alors après, tu n’auras plus tes pouvoirs ici… Mais tu seras un héros, je suis si fière de toi ! Termina seule la Anna vivante.
-Ca j’ai l’habitude je les ai déjà donnés une fois. Je dois faire quoi maman ?
-C’est simple, tu… Commencèrent en chœur les deux.
-Vas-y… C’est ton monde… S’effaça la vivante.


La maîtresse des lieux expliqua alors à Olaf la marche à suivre tandis que la seconde s’afférait à terminer les préparations nécessaires au transfert. La chose faîte, elle se releva alors que son double terminait de transmettre les gestes à l’enfant docile.


-C’est… Plus simple qu’avec Iduna…
-Tu n’imagines même pas !
-Eh je vous entends toutes les deux ! Objecta l’ancienne reine.
-Ne t’en fais pas ma fille… Ta version de toi est avec moi… Et tes compétences ont dépassé mes espérances ! Je dois y aller ! Je compte sur vous ! Sauvez-nous !
-Nous le ferons, et suivront tout cela depuis la galerie je te le promets ! Il sera prêt si tout se passe bien, trente secondes après ton retour !
-J’espère qu’il n’est pas trop tard !
-Aie confiance en nous chère moi ! Et une dernière chose… Quand vous aurez gagné… Car vous aller gagner j’en suis convaincue… Il faudra que toi et moi…
-Tu penses bien ! Je veux voir mon fils… Et toi Elysia, on rattrapera cette visite perdue !
-Pas sure chère moi ! Il faudra discuter sérieusement… Ici aussi il y a eu quelques changements ! Mais d’abord, concentre-toi à nous débrasser définitivement d’Andréas ! A bientôt ! Conclut la maîtresse des lieux.
-Permettez ?! Lança alors un membre de la hutte qui fit face à la mamie vivante.
-Roi… Roi Runaerd, mais ?... Alors on vous a sauvé finalement ?
-Comme ton double te l’a dit Lady Anna… Trop long à expliquer, J’ai un cadeau pour toi, pour te rermercier de sauver mon royaume.

L’ancien souverain ne laissa pas le temps à Anna de réagir qu’il plaqua tendrement ses lèvres sur la joue juvénile d’Anna.


-Puisque c’est comme ça !... Poussez-vous vous ! Lança Elysia furieux.


Mamie commençait à peine à prendre conscience du geste tendre du roi Runaerd qu’avec fougue, Elysia prit contre lui le corps de sa petite fille, mais c’était bien l’âme de sa femme qu’il embrassait amoureusement sous les yeux consternés d’Elsa.

-On a dit une prochaine fois les bisous ! Trancha la maîtresse des lieux alors qu’elle s’évertuait à garder le garçonnet concentré pour sa grande mission.


La dernière chose que mamie vit avant de quitter le corps de sa petite fille fut Olaf s’endormir. C’était une bonne nouvelle. Le transfert allait fonctionner, et elle savait que l’enfant se retrouverait en parfaite santé d’ici peu ce qui n’était pas forcément son cas. Tous étaient en paix dans l’Helveg… Mais pas elle !
Anna retrouva son corps au grand soulagement de sa fille et prit le snowgie dans les mains, mais c’est Iduna qui la surprit. Sa fille était en pleine méditation, dans la position exacte qu’Elsa se devait de tenir pour acquérir la puissance des esprits.

-Iduna ? Que fais-tu ? Demanda Mamie paniquée.
-Mon devoir ! Je vais prendre ce que je me suis refusée d’être ! Cinquième esprit, je vais maîtriser les et sauver mes enfants ! Je vais honorer mon serment ! Maman, va l’aider, ça ne sera plus très long.

Iduna avait parlé avec une telle fermeté qu’Anna savait qu’il était illusoire de tenter de la faire changer d’avis. De toute manière elle n’en avait pas le temps et Iduna avait peut-être raison… Seulement tous les esprits alliés pourraient vaincre la folie qui leur faisait face. Elle chercha Elsa des yeux qui déterminée, venait enfin de repérer Andréas en compagnie de Kaspian, ressortir sur le balcon.
Sans aucune forme de procès, Elsa se déchaina. Elle n’avait toujours utilisé sa magie que pour se défendre, aujourd’hui était une exception. La parole de son grand père Runaerd vue dans un souvenir résonnait dans son esprit « Il n’y a aucun déshonneur à débarrasser le monde d’un monstre ». Même si sa méthode l’était… Le monstre était face à elle. Une seule attaque serait suffisante. Elle donna tout pour annihiler Andréas. Kaspian fut prompt à réagir, pour la première fois depuis le début de l’affrontement, c’était l’enfant qui agissait en défenseur. Avec une étonnante maîtrise de puissance, son pouvoir se montra assez résistant pour sauver la vie d’Andréas et faire échouer l’attaque d’Elsa.


-Kaspian ! Ecarte-toi de lui ! Ne m’oblige pas à te blesser s’il le faut !


Elsa parlait avec froideur alors que l’enfant constituait un bouclier pour se protéger lui, Andréas, mais aussi Agnarr qui eût à son tour le courage de sortir.


-Vous voyez votre Majesté ! Je vous l’avais dit… Votre fille hélas… Nous ne sommes pas les agresseurs ! Jamais nous n’avons tenté de la tuer…Ce qu’elle vient de faire ! Roi Agnarr ! Votre fille est… Un monstre !
-CA N’EST PAS MOI LE MONSTRE !!!!


Elsa laissait la rage l’envahir et déversait à nouveau toute sa puissance de manière irréfléchie. Son offensive était bien trop puissante pour seulement toucher Andréas mais elle ne donnait plus le sentiment de s’en rendre compte. Ses ennemis n’eurent cependant pas une égratignure. Le dernier des Picéaerd se montrait un adversaire redoutable pour la reine des Neiges et à nouveau réussit à la mettre en échec.


-Votre Altesse… Je suis navré… Nous aurons tout tenté mais nous devons nous rendre à l’évidence… Elsa a perdu l’esprit ! Nous devons quoi qu’il en coûte…
-Vous avez raison hélas… Fit Agnarr au bord des larmes.


Le roi semblait réfléchir, observant comme un enfant en prière les éléments se déchainer alors qu’Elsa aveuglée par sa tristesse lançait les morsures de l’hiver, recevant en retour les pouvoirs brulants de son frère. Les deux Picéaerds commençaient à se livrer un combat épique qui n’augurait pas une fin heureuse.


-Votre Altesse… Il le faut ! Insista Andréas !
-Certes ! Kaspian ! Tu dois nous en débarrasser ! Ordonna Agnarr.
-Mais papa je…
-Tu dois le faire mon bonhomme ! Sans ça… Emma mourra ! Hurla alors Andréas d’une voix glaciale.



Andréas avait du toucher Kaspian au cœur et l’enfant démultiplia sa puissance. Le rapport de force avait immédiatement changé alors que Mamie à nouveau apparût sur le balcon, le snowgie dans les mains. A nouveau Elsa était en position défensive mais le combat était désormais trop inégal.


-Il faut en finir ! Maintenant mon bonhomme ! Insista Andréas.


Kaspian lança une nouvelle attaque de pierres, d’air et de feu qui déstabilisa Elsa. Etourdie, la reine des neiges se trouva l’espace de quelques secondes sans défense. Kaspian lança son ultime attaque alors que le petit Anan se posta face à sa maîtresse. L’attaque surpuissante du jeune garçon aurait du avoir raison de la frêle créature et anéantir la reine des neiges mais à la place, le miracle recherché par Mamie prit forme. Juste au moment d’être frappé, un tourbillon de glace se forma des petits bras d’Anan. Immédiatement un énorme barrage d’une glace impénétrable se forma, séparant le frère de la sœur et fracassa l’attaque contre ses flans qui se fendirent mais demeuraient solides.
De l’autre côté, Elsa observait sans comprendre, alors que sa grand-mère l’aidait à se relever. Au-dessus d’elles, des souvenirs qui appartenaient à des temps qu’Elsa n’avaient jamais vus se formaient aléatoirement au-dessus de leurs têtes.


-Mais quel est ce prodige ?!
-ça… C’est ton oncle Olaf qui est venu te donner un coup de main Elsa !
-Quoi ?! …
-J’ai été demandé de l’aide à l’Helveg ! Ils ont entendu notre appel ! Elsa, ne laisse pas la colère t’envahir ! Il nous faut les esprits avec nous !
-Mais comment l’arrêter ?


Elsa avait questionné sa grand-mère avec une inquiétude qui se transforma en angoisse après une dernière attaque folle de Kaspian qui finit par avoir raison du barrage d’Anan qui retomba, épuisé aux pieds de sa créatrice.


-Kaspian, arrête cette folie mon chéri !


L’espace de quelques instants, tous restèrent immobiles et tournèrent le regard subjugués.


-I… Iduna… Souffla Agnarr, seul à briser le silence assourdissant.


La reine d’Arendelle, cheveux lâchés avançait lentement, d’un pas assuré pour trouver sa mère et sa fille. Elle avait délesté sa cape Arendellienne. Au-dessus de son camé, elle laissait apparaître des bijoux qu’elle cachait depuis des années. Quelques colliers en os, qu’elle avait plaisir à fabriquer enfant en compagnie de Beata. Sa robe du royaume d’Aren était désormais ornée du symbole des esprits. Mamie ne put s’empêcher de sourire. Son ange de l’air avait réussi. Elle qui s’était détournée de la voie qui était pourtant tatouée sur son pied avait finalement accepté son destin. Elle venait de se révéler et qui sait… Peut-être était-ce finalement elle, et non Elsa ou Kaspian le cinquième esprit. Ce qui interpellait le reste des protagonistes fut les esprits de la nature. Courant d’air virevoltait à ses côtés, donnant toujours plus de volume à ses cheveux ondulés, sur son épaule, la petite salamandre qui semblait avoir retrouvé la raison et en soutien derrière, le Nokk et les géants de la Terre. Tous les quatre semblaient entièrement dévolus à la volonté de la reine d’Arendelle.



-Non… C’est… C’est impossible ! Enragea Andréas.
-Kaspian… Allez viens me voir, arrête mon grand. Tout ce qui s’est passé n’est pas de ta faute, personne ne t’en voudra je te le promets. Reprit avec sa voix maternelle Iduna.
-Kaspian… Il… Il faut les arrêter tout de suite ! Lança Andréas paniqué, pour la première fois, il paraissait ne plus maîtriser la situation.
-Non… Je n’attaque pas maman…
-Incapable !!!


Le Northuldra avait laissé parler sa folie et frappa avec une grande violence l’enfant qui sous le choc trébucha lourdement, la joue marquée par le coup, Andréas le dévisageait fou.


-Je m’occuperai de ça moi-même ! Toi sale gosse, tu seras le prochain !


Emporté par sa folie, Andréas, avant même qu’Elsa ne puisse réagir fondit dans sa direction et avec rage lança le contenu de sa précieuse fiole offerte par Pabby.


-NON !!! Hurlèrent alors plusieurs voix horrifiées.

Chapitre 30 : Le règne d’Elsa



-Elsa ?! Tu vas bien ?!


Kaspian avait interrompu soudainement sa partie de chat avec Emma dans les jardins en fleurs du château d’Arendelle. L’hiver triste, marqué par le deuil de la reine Iduna laissait désormais sa place à la renaissance de la nature. Les premières fleurs ornaient le monument de la souveraine tant aimée devenue esprit devant lequel Elsa comme chaque jour depuis quatre mois et les obsèques de l’ange de l’air s’asseyait pour méditer et, observer son jeune frère se laisser aller aux jeux candides en compagnie d’Emma, fraichement attitrée du titre de princesse royale des Iles du Sud, lors de l’avènement des décuplés au trône insulaire quelques jours auparavant. Le fillette comme ses parents et la souveraine d’Arendelle étaient tous conviés mais les grossesses avancées de Camille, mais surtout Elsa furent des excuses toutes trouvées au grand bonheur de tous pour décliner poliment.


-Non… Non ça va…ça va Kaspian ne t’en fais pas !


Elsa avait répondu avec un masque de douleur sur le visage, la main posée sur son ventre proéminant. Les héritiers tant attendus avaient eu le temps de se développer et se sentaient désormais à l’étroit, épuisant également leur mère à chaque effort. Machinalement, la jeune femme posa sa main sur son ventre rebondit. Ces trois êtres qui devaient bientôt arriver était son dernier souvenir de Ryder. Depuis, son mariage avec Yohan était plus devenu une farce qu’autre chose. Le prince insulaire faisait de son mieux pour se montrer prévoyant envers la reine des neiges, mais son comportement n’était plus le même. Il semblait gêné dès qu’il lui adressait la parole, et pire encore pour la reine d’Arendelle qui voyait sans cesse derrière son époux, l’ombre de Camille. Elsa avait pour elle toutes les meilleures attentions possibles, la considérant comme elle laurait fait pour un membre de sa famille. De son côté, la mère d’Emma évoquait une reconnaissance sincère même si pour elle aussi, il lui était compliqué de pleinement apprécier son hôte royal. Les mois ayant passés, son ventre à elle aussi s’était arrondi et Elsa voyait bien, au fur et à mesure des semaines son mari s’éloigner irrémédiablement d’elle pour en réalité, être à la place qui avait toujours été la sienne. Auprès de la femme qui faisait battre son cœur, et portait son deuxième enfant.


-Vous êtes sure madame Elsa ? Vous faîtes une drôle de tête… Et pas celle que vous avez quand tonton Hans est avec vous ! Intervînt à son tour Emma qui avait rejoint son compagnon de jeu avec inquiétude.


La monarque se figea surprise, prise au dépourvu, elle fut incapable de masquer sa douleur au bas ventre alors que la fillette comme à son habitude avait encore eu le mot juste. Elle frissonnait à l’évocation du comte d’Arnevik. Hans avait réalisé un véritable exploit et la réputation de la ville de tous les vices appartenaient désormais au passé. Hans avait su apaiser les tensions et rendre à la ville, une quiétude qu’elle n’avait plus connu depuis la création du royaume. Certes il avait conservé plusieurs activités pour sa ville que la morale avait du mal à accepter mais, la reine des neiges, en excellente gestionnaire des finances avait su, comme le comte y voir les grands bénéfices pour les caisses du royaume. Le benjamin des Iles n’avait pas seulement démontré à l’ainée d’Arendelle toutes ses capacités de dirigeant, il avait aussi su lui faire totalement oublier le traitre qui avait tenté de la renverser et souhaitait sa mort. Il était un homme nouveau, un véritable prince charmant, aussi attentionné envers elle qu’il pouvait l’être envers la jeune Emma.


-Vous voulez que j’appelle papa ? Insista la jeune fille alors qu’Elsa ne parvenait plus à masquer sa souffrance.
-Oui papa…Hans serait un excellent papa…


La reine stoppa ses paroles surprise et honteuse, l’espace d’un instant elle oublia sa douleur, stupéfaite d’avoir prononcé ces mots à voix haute. Elle avait pourtant essayé durant ces longues semaines depuis le dernier adieu à Iduna de refuser de voir ce rapprochement entre elle et le benjamin des Iles. Pour Hans non plus, la situation n’était pas évidente à accepter car au fond de son âme, persistait toujours un sentiment de culpabilité vis-à-vis de la couronne d’Arendelle. Soudain, son cœur se mit à battre un peu plus fort, non pas à cause de la douleur plus aigüe mais parce que le jeune prince venait de faire son apparition dans les jardins luxuriants. Aussitôt, il se précipita auprès de la belle blonde.


-Elsa mais ! … Oh bon sang ! Vous… C’est… C’est maintenant ! Alerta Hans qui remarquait la détresse de la belle.
-Je…
-Vite !!! Emma ! Va chercher tout de suite le docteur Lothar !! Et la guérisseuse Northuldra !! Fais prévenir ton père également ! Et le personnel du château !!
-Oui tonton ! Tout de suite tonton !!
-Allons calme-toi Elsa !! … Tu peux marcher ? Tiens-toi à moi… On va rentrer ! Encouragea Hans qui ne remarquait même plus qu’il tutoyait la reine des neiges.
-Kaspian… Articula la reine d’une petite voix.
-Oui grande sœur ?
-…Va vite… Va… Prévenir… Papa !


Le jeune garçon comprit immédiatement le message et s’empressa de suivre les traces de sa belle alors qu’Elsa grimaçait toujours davantage. C’était la première fois depuis l’enterrement d’Iduna qu’elle mentionnait directement Agnarr et par le lien de parenté qui l’unissait à lui. Depuis les obsèques, la conversation avec son jeune frère la hantait. Comment pouvait-elle le priver de son père ? Malgré tous ces crimes, Kaspian en avait besoin ! Elsa avait toujours trouvé un prétexte pour éviter d’ouvrir le procès qu’elle redoutait tant. Sa grossesse s’était rapidement relevée être une alliée de poids. Souvent elle avait invoqué des indispositions conséquence de son état pour repousser l’échéance. Ses ministres et conseillers, en ces temps de renouveau avaient su se montrer compatissants et tous se doutaient que le procès n’aurait lieu qu’après la naissance des héritiers. Elsa en avait été ravie d’entendre que ce sursis ne posait aucun problème. Mais les dernières phrases échangées par les conseillers alors qu’ils pensaient que la reine n’entendait pas lui avait glacé le sang. « Une fois les héritiers arrivés, la dynastie d’Elsa assurée, il sera plus aisé et acceptable de régler le problème…définitivement » Avait glissé un membre du conseil restreint.
A cet instant, alors que domestiques accouraient vers Elsa pour la transporter dans une chambre et que les contractions se faisaient plus vives, une montée d’angoisse la parcourut. La joie d’être mère était un sentiment fort, mais grandissait aussi une immense crainte avec ce procès qui devra s’ouvrir. Maintes fois elle avait pensé à simplement l’annuler, hélas les lois d’Arendelle étaient claires, et Agnarr avait avoué publiquement ses fautes. Un procès devenait alors obligatoire ! Et l’échéance, la reine des neiges le savait, ne pourrait être repoussée plus longtemps, de même que le terme de sa grossesse. Avec précaution, les domestiques la déposèrent sur le lit royal et s’empressèrent d’aller quérir de l’eau et du linge pour la souveraine alors que le médecin royal fit son apparition. Comme à son habitude, le docteur Lothar ne fit preuve d’aucune compassion envers sa patiente, se concentrant uniquement sur l’expertise médicale et démontrant un grand manque de savoir-vivre envers les domestiques encore présents, les princes des Iles du Sud mais pire encore, à l’encontre de Laïka, qui avait tenu sa promesse de rester en Arendelle auprès de la jeune femme mais qui, plus le temps passait, plus elle avait de difficulté à supporter ce médecin.


-Poussez-vous et allez donc faire pousser vos plantes ailleurs ! Je fais naître des princes et accessoirement faire en sorte qu’ils restent en vie de même que leur mère, je ne mélange pas des onguents de baies… Pour ça il y a la cuisinière !
-Mais ?... Comment osez-vous ?! S’offusqua Laïka qui ne tenait plus.
-…Faire mon devoir pour ma reine et assurer à ce royaume une dynastie en bonne santé… Pendant ce temps-là, allez donc en cuisine ! C’est ça, vous…
-Vous monsieur le docteur impoli…Devriez stopper là vos insultes envers une femme sans doute plus savante que vous…Et vous pousser maintenant !



Face à ce ton impérieux, le silence se fit. Lothar n’avait plus de mot, même Elsa, malgré les douleurs de l’enfantement s’était tût et, ainsi que Laïka, un sourire se dessina sur son visage alors que sa grand-mère venait de faire son apparition sur le pas de la porte.


-Mais… Depuis quand invite-t-on… Fulmina Lothar
-Attention à vos paroles… Ici je suis la grand-mère de sa Majesté mais croyez bien qu’un crime de lèse-majesté ne sera pas votre plus grand problème si vous ne faîtes pas ce que je vous dis ! Il est question de la naissance de princes pour Arendelle comme vous dîtes, mais il s’agit d’abord et avant tout de la naissance de mes arrières petits-enfants et je ne laisserai pas un homme tel que vous s’en charger ! Un homme tel que vous… et aussi sale ! Trancha mamie cassante.
-Mais…
-Vos mains sales !... Lothar ! Sortez !... Ne contrariez surtout pas… ma grand-mère ! Souffla Elsa entre les douleurs.
-Mais altesse…
-Vous l’avez entendu ? Dehors le médecin ! Et allez-vous laver les mains ! Gare à vous si elles sont toujours dans cet état quand cela sera terminé !


Sans un mot, l’homme de sciences posa ses affaires et, pour la première fois de mémoire d’Arendellien, baissa les yeux avant de sortir sans un mot. Mamie et Laïka l’observèrent satisfaite, avant qu’Elsa ne rappelle la soigneuse à ses devoirs.


-Tout de même ! Il était temps que quelqu’un le remette sur le droit chemin celui-là ! Termina Mamie satisfaite.
-Mamie… Tu… Tu es venue ?! Souffla Elsa surprise.
-Parce que tu croyais que j’allais manquer ça ?! Allons Elsa, je t’ai dit ne pas craindre la mort… Mais elle en revanche me craint suffisamment pour ne pas oser me rappeler à elle avant de voir le renouveau des Piceaerd !
-Mais… Comment…as-tu su ?
-Ne parlez pas Elsa ! Gardez vos forces ! Il y en a trois, ça risque d’être éprouvant ! Coupa Laïka en professionnelle.
-Je suis là pour t’aider ma grande Piceaerd ! Confia mamie en prenant la main de sa petite fille et se concentrant sur ses points d’énergie.


L’action de la matriarche eût un effet salvateur pour la reine des neiges. Elle se sentait plus forte. La jeune femme aurait été incapable de dire ce que venait de faire sa grand-mère, elle n’y comprenait rien aux techniques des chamanes mais elle devait se rendre à l’évidence, la doyenne des Picéaerd était doté d’un talent fou. La reine ferma alors les yeux soulagée. La douleur des contractions lui parut plus supportables. Elle savait qu’avec Anna Picéaerd pour lui tenir la main, rien ne pouvait lui arriver. Docile, Elsa suivait les instructions de Laïka alors que sa grand-mère se concentrait sur son aura, mais, plus le temps passait et plus la chamane laissait place à la grand-mère. Le père des enfants avait rejoint l’Helveg, sa cadette Anna aussi, de même que sa mère. C’était à elle, la grand-mère qui avait tout vécu d’être celle qui devait lui tenir la main. Elle cherchait à apaiser la reine des neiges, à lui donner le courage nécessaire puis, finit par lui expliquer être arrivée en urgence, transportée par l’esprit qui toujours lui a été fidèle, le géant de la terre.


-Mais comment as-tu su que c’était le moment Anna ? Questionna Laïka elle aussi curieuse alors qu’Elsa reprenait son souffle, la délivrance était proche.
-J’ai reçu du courrier… Montra mamie avec un sourire malicieux.
-Quoi ?!... Hoqueta Elsa avant un cri de douleur alors qu’elle poussait de toutes ses forces.
-C’est bien Elsa !... Le premier arrive ! Encouragea Laïka.
-Ton père m’a fait parvenir ce pli par courant d’air…


Elsa ne ressentit pas la nouvelle contraction tant les sentiments contradictoires la parcouraient, la surprise et la colère que son père, prisonnier ait pu transmettre un message vers l’extérieur, mais aussi, la reconnaissance d’avoir agi ainsi. Elsa ne savait plus que penser de l’ancien roi, alors qu’elle sentait serrer la main de sa grand-mère un peu plus fort puis, un cri la rappela à la réalité… Celui d’une vie qui commence.


-Le premier petit prince est là ! s’enthousiasma Laïka qui s’empressa de l’emmitoufler après l’avoir légèrement nettoyé.
-… Il… Ryder ! C’est… Ryder ! Souffla Elsa les larmes aux yeux.
-Bienvenue dans la famille Ryder Piceaerd d’Arendelle ! … C’est un peu long comme nom tu ne crois pas ? Plaisanta mamie avant de prendre l’enfant à la guérisseuse pour le poser contre la poitrine de la nouvelle maman.


Elsa profita de cet instant de bonheur, ce petit instant hors du temps alors que Laïka lui demandait de se concentrer à nouveau. Mamie vînt encore lui prêter main forte. Elsa avait encore deux petits princes à faire naître.
Après vingt nouvelles longues minutes de souffrance et de joie, Laïka, heureuse déposa le troisième enfant dans les bras de sa mère. Elsa, malgré l’épuisement, gardait ses yeux ouverts sur les trois nourrissons alors que mamie la félicitait chaleureusement.


-Mamie ?... Tu vas rester n’est-ce pas ?! Fit Elsa dans un état second.
-Oui…Elsa, le temps nécessaire…
-Eh bien pas moi ! J’ai été heureuse et honorée Elsa, et dès que tu pourras te relever, je m’en irai retrouver la forêt qui me manque tant !... Bon courage avec ton autre médecin pas aimable ! Coupa Laïka.
-Ne t’en fais pas ma grande Picéaerd… Gare à lui s’il a le malheur d’avoir une mauvaise parole ! Cligna mamie avant de se tourner vers Laïka : Puisque tu pars… Oserais-je te demander de prendre en main la communauté en mon absence ?
-Je… Anna, c’est au chef de…
-Je dirai à Elsa de libérer Yohan pour qu’il arrive… Mais tu te doutes… Pas tout de suite… Conclut mamie en s’éloignant et baissant la voix.


Elsa ne pouvait déjà plus les entendre, trop captivée par ses trois nouveaux nés et le sommeil qui la gagnait.

Les jours passèrent et Laïka tînt sa promesse et retourna en pays Northuldra. Elsa avait pour consigne de garder un maximum la chambre et les premiers jours de vie des petits princes étaient éprouvants pour la nouvelle maman. Yohan fut l’un des premiers, en tant qu’époux à venir féliciter la souveraine, mais le conseiller se fit rare auprès de la jeune femme, trop occupé avec Camille. Elsa ne pouvait lui en vouloir, pourtant elle aurait souhaité l’avoir avec elle, non pas en tant que mari, elle avait compris que ceci n’était qu’une illusion, mais en tant qu’ami, comme lors de ses premières rencontres. Hélas, tant qu’ils seraient au château d’Arendelle, ni libérés l’un l’autre de ce mariage, elle savait que c’était impossible. Elsa crut en être bien plus affectée qu’elle ne le pensait. Depuis la naissance des enfants, elle ne ressentait aucune joie, sauf avec une seule personne. Hans lui, était présent pratiquement à chaque instant pour la reine des neiges, couvrant Elsa d’éloges jusqu’à ce qu’un soir, au lieu du traditionnel baise main, ce dernier se risqua à embrasser les trois petits princes puis les joues de la souveraine.


-Je… Hum… Pardon Elsa c’est…
-Merci Hans ! L’interrompit Elsa en l’embrassant à son tour.


Tous deux rougirent légèrement alors qu’ils ne pouvaient s’éloigner l’un de l’autre puis, lentement, leurs lèvres se rapprochèrent et finir par se rencontrer le plus naturellement du monde. Hans et Elsa échangèrent un long et tendre baiser alors qu’attendait patiemment sur le pas de la porte Anna Piceaerd.


-Hum ! Alors ne croyez surtout pas que je le fasse exprès mais je dois vous interrompre !
-Mamie ! Sursauta Elsa dont le teint vira au rouge.
-Non mais ne t’offusque pas Elsa… Je ne te dirai absolument rien… A part que ton travail de reine doit reprendre !
-Mamie mais… Depuis quand est-ce toi qui transmets les messages ?
-Depuis que tu préfères sans doute que ça soit moi qui vous surprenne plutôt qu’Olson… Il attend dehors c’est lui qui veut te voir…
-Euh… Oui… Oui fais le…Fais le rentrer…
-Votre Altesse ?! Commença Olson en entrant.
-Général ?... Que puis-je pour vous.
-Que votre Majesté me pardonne mais j’ai une bien mauvaise nouvelle à vous transmettre… Le conseil exige, maintenant que le royaume est doté d’héritiers et que votre état vous permet de quitter le lit, d’ouvrir sans tarder le procès de l’ancien régent. Déclara l’officier d’une voix martiale.
-Quoi ?... Euh… Oui la requête est… légitime mais…
-Mais ça n’est pas une requête ma reine mais… Oserais-je le dire… Un ordre du conseil ! Vous connaissez nos lois… ils…
-…Sont en droit de m’y contraindre oui général, j’ai passé mon enfance à suivre votre enseignement… Grinça Elsa.
-Hum… ça n’est pas tout…
-Quoi encore ?
-Je… J’ai ordre de leur part de venir les retrouver après cette entrevue avec… le nom d’un président parmi les nobles de la cour pour le tribunal…Vous savez que ça ne peut être vous… Ni Yohan qui en qualité d’époux est comme vous un…
-Parent ! Oui je suis au courant… Fit Elsa paniquée.
-Moi…
-Hans ?
-Enfin… Si votre Altesse le désire…
-Hum je ne pense pas Altesse que… Tenta Olson.
-Je suis comte d’Arnevik ! Cela fait de moi un noble de la cour royale d’Arendelle !
-Hans tu… Tu ferais ça ? Demanda Elsa émue.
-Si cela peut t’aider alors oui…
-Votre éminence… Je me dois cependant de vous rappeler qu’en vertu de nos lois vous devez de toute manière une impartialité totale et…
-… Je respecterai mon devoir, si notre reine m’en confie la charge ! Coupa Hans d’une voix
-Je… Qu’il… Qu’il en soit ainsi ! Souffla la reine désemparée.


Le militaire eût une révérence envers la reine des neiges avant d’allzer colporter la nouvelle, alors qu’une larme perla sur la joue de la jeune femme.


-Je… Je ferai mon possible ma reine pour orienter les débats de la meilleure manière possible pour lui
-Merci Hans… Fit-elle dans un souffle.


Le jeune prince, préféra lui aussi prendre congé et s’informer de la tâche qui l’attendait alors que mamie resta aux côtés d’Elsa. Avec la même douceur qu’aurait pu avoir Iduna, la matriarche passa sur les épaules de la reine des neiges un châle Northuldra pour la rassurer et lui chantonner la célèbre berceuse Northuldra pour apaiser la peine de la souveraine. Au bout de longues minutes, la jeune femme finit par trouver un sommeil agité dans les bras de sa grand-mère. Avec délicatesse, la chamane rabattit sur sa petite fille le châle puis sans un bruit quitta la chambre.


Le lendemain fut pénible pour Elsa. Le conseil avait mis un point d’honneur à tout organiser et dans la grande salle du château, transformée pour l’occasion en tribunal, l’ancien roi Agnarr fut présenté devant ses juges. Elsa avait pris place sur le trône royale et s’était officiellement déclarée inapte à présider le tribunal tandis qu’Hans mal à l’aise lisait les chefs d’accusation à l’encontre du souverain.


-Tout ceci est exact… Débutez l’audience, que tout ceci finisse vite ! Trancha Agnarr.
-Silence ! Vous connaissez sans doute mieux les lois de ce pays qu’aucun d’entre nous, vous savez donc que vous n’aurez la parole que lorsque le tribunal vous la donnera. Répliqua Hans qui se devait de tenir son rôle.
-Qu’importe… Je suis coupable !
-Silence ! …Bien accusé, vous avez droit d’avoir un défenseur
-Je n’en ai pas ! C’est inutile je n’ai rien à défendre.
-Y a-t-il quelqu’un au sein de l’assistance qui se porterai défenseur de l’accusé ?


Un long silence gêné s’abattit sur l’assistance où tous regardaient leurs pieds. Elsa les dévisageait un par un, espérant entendre une voix s’élever, hélas tous restèrent mutiques. La reine des neiges croisa le regard de sa grand-mère qui semblait elle aussi désolée et, alors qu’Hans s’apprêtait à reprendre la parole pour ouvrir le procès, un homme parmi les Northuldra présents derrière la chamane se leva.


-Moi ! J’accepte de défendre le roi Agnarr ! Lança-t-il.


L’homme d’âge mur, devait être à peine plus jeune que le père d’Elsa, il avait, comme la reine des neiges, des cheveux blonds qui rappelaient ceux de son père adolescent. Bien que commençant à se dégarnir, il en conservait une longueur acceptable qui lui tombaient aux épaules et prolongée d’une barbe. Elsa s’en étonna, elle n’avait pourtant pas souvenir d’avoir vu d’hommes barbus parmi le peuple du soleil, pourtant elle ne put s’empêcher de le remercier intérieurement et s’en voulait, elle la cheffe du peuple du soleil de ne l’avoir même jamais remarqué. Cet homme avait, il est vrai, tout pour être discret. Il n’était ni le plus grand ni le plus petit, n’avait pas un physique lui permettant de se démarquer auprès des hommes généralement forts au sein de la tribu et pouvait paraître au premier abord timide et réservé.


-Qui êtes-vous ?
-Je me nomme…Antoine Populus … Je suis Northuldra, chargé au sein de la tribu de veiller au matériel des chasseurs…
-Hum… Pardonnez-moi monsieur mais… Qu’est-ce qui vous motive, n’étant pas Arendellien à souhaiter assurer la défense de l’accusé ?
-Si je le fais… C’est pour Iduna !


De longs soupirs parcoururent l’assistance à l’évocation de la glorieuse souveraine. Elsa en tressaillit également et, curieusement, ce fut mamie qui eût la réaction la plus sobre et s’était contentée de hausser un sourcil comme si tout cela lui paraissait normal.


-Iduna ?... Vous n’êtes pas sans savoir que sa tragique disparition est… un des chefs d’accusation ? Insista Hans qui honorait son devoir.
-Oui… Comme je sais que jamais elle n’aurait souhaité voir son mari devant un tribunal, abandonné de tous sans personne pour le soutenir, qu’importe ses fautes ! C’est rendre hommage à Iduna que de défendre Agnarr, et je le ferai s’il désire mon aide…
-Votre dévotion à la regrettée reine est admirable monsieur… Je suis navré mais le tribunal exige que je vous pose cette question : Pourquoi ?
-Iduna… Elle… Elle était mon premier amour ! Enfant, j’ai même suivi les cours d’Anna Piceaerd pour… Pouvoir être à ses côtés mais hélas… J’ai toujours été trop timide, je me souviens du jour de son dixième anniversaire où elle a prononcé mon prénom pour me dire bonjour, j’étais aux anges… Et je n’ai même pas été capable de lui répondre…
-J’aurai dû me douter que tu n’étais à mes leçons pour le savoir… Ca n’était pas le genre de ta famille… S’amusa mamie émue mais là encore sans surprise.
-C’est vrai… Je n’en ai d’ailleurs rien retenu… J’ai été incapable aussi de dire quoi que ce soit à Iduna… Oh je savais qu’elle ne m’aimait pas… Et je sais qu’elle a trouvé son grand amour auprès d’Agnarr et l’amour d’Iduna est pour moi la chose la plus précieuse qui soit ! Confessa le Northuldra.
-Bien… Si l’accusé accepte votre aide… Le tribunal n’y voit aucune objection.
-C’est très aimable à vous monsieur et il serait grossier de refuser même si je crains que vous ne puissiez rien pour moi. Répondit Agnarr.
-Je déclare l’audience ouverte !


Elsa avait du mal à se concentrer tant cette confession l’avait surprise, elle avait du mal à imaginer un autre homme que son père aimer sa mère. A vrai dire, elle avait du mal même à imaginer sa mère autrement qu’en reine d’Arendelle aimante et pourtant ! Elsa devait se rendre à l’évidence, elle avait toujours trouvé sa mère absolument radieuse, comme pouvait l’être également sa cadette. Il était évident qu’elle ne laissait personne indifférent.
Hélas, Elsa fut coupée dans ses pensées alors que les membres du conseil enchaînaient les prises de parole pour rappeler à chaque fois les crimes du roi et la sentence, clairement prévue pour un tel acte. Plus le temps passait plus Elsa se renfrognait, elle ne pouvait détacher ses yeux de sa grand-mère et pire encore…De son petit frère assis juste à côté alors qu’enfin, arrivait le tour de la défense.


-Bien ? Hum… Comment dois-je vous appeler ? Questionna Hans
-Par mon prénom, Antoine… Répondit humblement le Northuldra.
-Bien… Maître Antoine… C’est à vous.
-Je n’ai qu’un seul témoin…
-Qui est ?
-Notre chamane ! Anna Picéaerd !


A nouveau de grands murmures agitèrent la salle alors qu’Elsa dévisagea sa grand-mère qui semblait avoir un sourire satisfait avant de se lever et, d’un pas fébrile avec sa santé qui déclinait se présenta à la barre pour décliner son identité. Elle semblait convaincue, sereine, à croire qu’elle savait ce qui allait se passer, à croire, qu’elle avait un plan.


-Bien maître Antoine, le témoin est à vous ! Concéda Hans
-Merci ! Chère Anna… Agnarr est votre gendre nous le savons tous et… Vous êtes une des grandes victimes de cette tragédie avec la perte de la reine Iduna votre fille. Agnarr s’est lui-même déclaré coupable, pensez-vous qu’il l’est ?
-Le coupable, le monstre a un nom… Il se nomme Andréas ! … Agnarr est coupable, il a sa responsabilité, mais le vrai monstre est un autre, qui a déjà payé pour ses fautes !
-Que pouvez-vous nous dire de votre gendre ?
-Qu’il est un idiot, orgueilleux, ne s’intéressant pas aux coutumes du pays de son épouse et avide de pouvoir ! Grinça la matriarche.


Elsa était sidérée. Sa grand-mère qui lui avait réclamé à cor et à cri de la clémence pour son père venait pourtant d’en dresser un portrait peu glorieux.


-Vous dîtes cela sous le coup de l’émotion peut être ? Tenta le Northuldra mal à l’aise.
-Non… Je dis toujours la vérité ! Car vous savez mon gendre… Je l’aime malgré tout car il a su rendre mon Iduna heureuse ! Il a su offrir à ce royaume trois merveilleux enfants, l’une d’elle partie bien trop tôt, mais nous avons aujourd’hui son ainée, qui grâce à la force et grandeur d’âme de ses deux parents, a su réunir ce royaume et le peuple Northuldra, et un fils dont le cœur est un véritable diamant d’innocence ! Agnarr aura été maladroit pour l’exprimer mais… C’est son amour pour ses enfants qui les aura menés jusqu’ici…
-Hum… Puisque vous parlez d’amour… Pouvez-vous, en tant que chamane nous parler des coupoles ?
-Objection !! Ce sont des traditions grotesques et hors de propos ! Vociféra un membre du conseil
-Permettez j’y viens et il s’agit là de la part d’un membre du conseil d’une véritable insulte à l’encontre du peuple dont est originaire la reine Elsa ! Répliqua Antoine.
-Objection rejetée ! Poursuivez et répondez Madame Picéaerd ! Tempéra Hans.
-Les coupoles sont allumées grâce au feu sacré pour témoigner de l’amour et lier deux personnes entre elles… C’est la volonté des Dieux.
-Il s’agit là d’un acte hautement important ! A ne pas prendre à la légère ! Une décision des Dieux…
-Certes ! Répondit mamie qui comme le reste de l’assistance ne voyait pas où le Northuldra voulait venir.
-Vous, qui êtes une grande chamane, au titre de l’expérience, les Dieux pourraient-ils accorder un feu au sein de coupoles pour… des membres d’une famille ? Afin de juger de la pureté de leur amour ?
-Cela n’a… Jamais été réalisé mais… Pourrait certes s’imaginer.
-Et… Pour un Royaume ou une communauté ?
-J’en suis moins certaine… C’est l’âme qui est jugée par les Dieux, pas une entité crée par les Hommes !
-Mais… Si nous prenons la reine Elsa ! Elle est la fille d’Agnarr… Cela pourrait donc fonctionner ?
-Oui
-Mais elle est aussi, la représentante d’Arendelle en tant que souveraine…et même de notre peuple en tant que cheffe. Donc si mon client se trouvait une volonté de trahir l’un ou l’autre peuple, il aurait donc la volonté de trahir sa fille, et donc, l’amour pour elle serait… impur ?
-Mon petit Populus… Je reconnais l’élève timide mais doué d’une logique implacable ! Concéda Mamie avec un sourire.
-J’ai pris la liberté, de faire graver des coupoles… Au nom de notre reine et d’Agnarr ! Accepteriez-vous en tant que chamane d’accepter de les allumer ?


Mamie hésita et dévisagea son compatriote. Il savait, ça n’était un secret pour personne que la chamane détestait au plus haut point ce sacrement. Anna semblait hésiter puis dans un soupir prit les coupoles des mains du Northuldra. Sans aucune envie mais avec l’expertise des années de pratique, elle se concentra pour préparer au mieux le rite et chercha l’aura des deux personnes nommées. Elle pouvait sentir chez Elsa un conflit, mais rapidement, l’amour fut plus fort. Les coupoles s’allumèrent d’un feu puissant qui étonna toute l’assistance.


-L’amour ! Un amour extrêmement pur, associé au talent de notre chamane, pour obtenir un feu aussi puissant. Les Dieux ont manifesté leur avis devant nous tous grâce à Anna Picéaerd ! Notre chamane qui pourtant ne nous a pas dépeint l’accusé sous son meilleur jour ! Comment face à ces coupoles, à cet acte si sacré, pourrions-nous continuer d’imaginer le monstre que ce tribunal charge de présenter à la place d’Agnarr ? Je n’ai plus de question pour le témoin ! Fit Antoine satisfait de sa démonstration.


Elsa avait écouté avec attention et observait intéressée sa grand-mère qui, au lieu d’être en colère contre le Northuldra d’utiliser ce procédé qu’elle détestait tant paraissait au contraire, assez satisfaite de la défense. Elle poursuivit son observation et son regard se porta sur Yohan. Curieusement celui qui demeurait toujours son époux semblait satisfait également mais c’était surtout l’imposant ouvrage sur ses genoux qu’il semblait étudier qui intriguait la reine des neiges alors que des débats beaucoup plus techniques auxquels le défenseur Northuldra d’Agnarr paraissait moins à son aise qui s’en suivit.
Mais ce qi fit le plus de mal à la souveraine, mais également à toute l’assistance fut le réquisitoire des membres du conseil qui sans une once de pitié, réclamaient la pire des sentences pour Agnarr qui lui ne sourcilla pas. Elsa se figea à l’évocation du mot et soupira de soulagement. Yohan avait dû parler à Camille car celle-ci avait déjà disparu de l’assistance ainsi que Kaspian. Au moins l’enfant serait protégé de ces paroles traumatisantes… Mais, Elsa le savait, ça n’était là peut être qu’un bien maigre sursis alors que démarrait la plaidoirie de la défense.


-Je vous remercie. Mesdames et messieurs, nous avons entendu jusqu’à présent, un florilège de gens importants, aux titres imposants, des personnes devant qui, on s’incline, devant qui, on baisse les yeux, devant qui, on doit un respect incommensurable ! Ces mêmes personnes, n’en ont pas eu, traitant avec dédain Agnarr lors de leur prise de parole… Pourtant, il est le premier parmi les premiers, il est…un roi ! Mais il est différent, car si oui les faits permettent de lui reprocher et il le reconnaît une avidité pour le pouvoir…C’est surtout pour la responsabilité qui en découle et non le prestige. Agnarr ne recherche au fond de son être que le bien pour Arendelle ! Quand tous ces nobles, usent de leurs titres pour se placer en dominant, Agnarr lui a su comprendre le véritable sens de ce qu’est le pouvoir. Certes il a commis des erreurs, il les assume, certes il mérite d’être puni pour celle-ci. Mais c’est bien ici, la preuve de sa grandeur d’âme et de sa compréhension du pouvoir. Agnarr s’intéresse toujours au plus faible, au bien commun, au peuple, au royaume plus qu’à sa personne ! Quand au lieu d’épouser une princesse prestigieuse, il a préféré suivre ses sentiments, et ceux-ci l’ont conduit vers une fille du ruisseau, une orpheline, la merveilleuse Iduna Picéaerd. Agnarr n’a pas vu dans cette femme que nous pleurons tous un titre, un prestige non… Il a vu l’âme pure. Cette pureté d’âme peu importe ses fautes l’aura guidé jusqu’ici, la démonstration en a été faite par les coupoles ! Agnarr s’est intéressé au plus humble. Il a épousé non seulement une orpheline mais aussi, une Northuldra, une ennemie ! Alors que la brume n’était pas levée, ils ont tout deux été le symbole de ce rapprochement entre nos peuples et regardez aujourd’hui, c’est moi, Antoine Populus, un Northuldra qui le défend ! Car Agnarr a su agir comme le ferait les Northuldra… Et même comme le ferait les plus sages d’entre nous… Les Picéaerds. Cette famille a toujours guidé par ses chamanes notre peuple et ne s’est jamais enorgueilli de sa position ni cherché prestige, gloire et pouvoir ! Notre respectée chamane, Iduna Picéaerd était promise au chef, elle a changé son destin, refusé ce mariage prestigieux pour finalement s’unir avec un Sappos, une famille humble également. Une attitude qu’avait eu avant elle aussi sa mère. Malgré toutes ses fautes, il aura toujours agi humblement et prit ses responsabilités en affrontant le monstre quand celui-ci s’est découvert. N’oubliez pas que tut le monde est tombé dans sa duperie… Même notre chamane qui, pendant un temps y a vu…un frère ! Mais ces erreurs, Agnarr sait les reconnaître. Il sait ainsi agir en véritable dirigeant, en véritable Northuldra. C’est bien pour cela que j’ai accepté de le défendre… Je défends un des miens, car de son union avec Iduna, il est devenu par le mariage lui aussi Northuldra ! Et en est digne ! Il aura su transmettre ces valeurs à ces enfants. Vous avez des lois en Arendelle et il est noble de les respecter… Mais humain de juger et adapter en conséquence !


La reine était sortie de sa réserve et applaudi légèrement la prise de parole du défenseur et n’avait que faire des regards désapprobateurs des conseillers royaux qui, peu de temps après, se retirèrent pour délibérer. La salle peu à peu se vida alors qu’Elsa voyait sa grand-mère en grande conversation avec Yohan. Elle hésita à retourner les trouver, mais elle n’en avait aucune envie finalement. Pas plus que d’aller trouver ses jeunes princes… La reine devait se rendre à l’évidence, plus rien ne l’intéressait car tout n’était que souffrance pour elle. Voir les nourrissons lui rappelait l’homme perdu. Voit son conseiller, le mari qui s’éloigne pour une autre, voir son père, la crainte de sa perte et aussi la colère d’avoir perdu sa mère… Elsa était dans une impasse. Quant au pouvoir sur ses épaules, c’était sa culpabilité qui prenait le dessus. Elle qui l’aimait tant, au point d’être jalouse de ne plus avoir la couronne d’Arendelle, et sa cadette, sa précieuse Anna en avait payé le lourd tribu. Machinalement, elle passait la main dans sa poche de robe, elle y trouvait les morceaux de charbon d’Olaf, un autre compagnon, parti à jamais…


-Elsa ?...


La reine sortit de ses noires pensées. Elle prit alors conscience que probablement plusieurs heures s’étaient déroulées et la salle se trouvait désertée. Hans était ressorti du délibéré et se tenait devant-elle.


-Oui Hans ?
-Elsa… Je…
-Non ! Non !! Pitié ! Ne dis rien ! Siffla-t-elle paniquée à voir le visage décomposé du comte d’Arnevik
-Je… Comme tu voudras… Je… Fais annoncer la reprise pour le verdict et vraiment Elsa…
-Je ne veux rien savoir ! Tu remplis la tache qui t’a été confiée Hans ! Coupa-t-elle.


Gêné, le benjamin des Iles fit annoncer la reprise et quelques minutes plus tard, tous avaient repris leur place, mis à part Camille ainsi que les enfants.


-L’audience reprend… Accusé avez-vous une parole avant l’annonce du verdict ?
-Oui… Je remercie notre reine de m’avoir offert un procès, ainsi que mon défenseur d’avoir brillé par son éloquence. Ce qui néanmoins ne change rien à ma culpabilité et tous, nous savons ce qu’elle signifie… J’attends sans surprise vos mots… Déclara l’ancien roi de sa voix solennelle.
-Dans ce cas… Agnarr… Vous êtes jugé ici même pour crime de trahison envers la couronne, trahison ayant entraîné la mort de la reine Iduna. Pour ce chef d’accusation, le jury à l’unanimité vous a déclaré coupable. Les mots portés à votre défense ont été entendus et le jury adhère à vous accorder une appartenance pleine et entière à la communauté Northuldra, en conséquence vous êtes ici traité non pas seulement comme un monarque d’Arendelle, mais aussi, un habitant du peuple du soleil. Cela-dit, compte tenu de la gravité du crime, le jury a expressément rappelé la loi explicite de ce royaume et exigé son application en conséquence, C’est avec le cœur lourd que nous accusons le roi Agnarr d’Arendelle de trahison, et ordonnons son exécution…


Elsa n’entendit rien autre, elle avait basculé dans un autre monde. Sa crainte venait de se réaliser. Elle voyait son père remercier sincèrement celui qui s’était risqué à le défendre, en vain, elle voyait le regard désolé d’Hans qui lui non plus n’avait pu changer le destin, elle voyait à l’inverse ses conseillers se congratuler, fiers de prochainement mettre à mort un monarque qu’ils avaient aimé et admiré par le passé et se jurait intérieurement de tous les congédier sans ménagement les uns après les autres. Et pour quel motif ? Car ils n’avaient au final fait qu’appliquer la loi. Déchaîner sa colère contre eux ne rimait à rien et puis… Elle-même avait souhaité voir son père puni pour son crime, elle en était tout aussi responsable.
Agnarr fut emmené, Elsa crut entendre Hans exiger qu’il conserve ses droits de détention ainsi qu’une exécution privée… C’était sans doute tout ce qu’il avait réussi à obtenir et Elsa ne pouvait s’empêcher de le remercier intérieurement, alors qu’au fond d’elle-même un nom revenait, celui de son frère. Elle allait devoir lui expliquer l’impossible et n’en avait pas le courage. Comme lors des délibérations elle resta impassible, incapable de bouger, avec aucune envie alors que cette fois, ce fut mamie qui la sortit de sa torpeur. Elle était accompagnée par Antoine et Yohan. Curieusement, tous trois ne semblaient pas tristes.


-Elsa ! Elsa ressaisis toi !!! Ordonna Mamie.
-Mamie… J’ai essayé mais…
-Mais tu es la reine d’Arendelle… Et la cheffe des Northuldra ! Tu trouveras une solution Elsa ! Mais ton père ne doit pas mourir !
-Mais comment veux-tu que je fasse ?... Que je le fasse évader ? Que je devienne moi-même une traitresse et déclenche une guerre civile ? Cria Elsa qui perdait ses nerfs.
-Non ma Grande Picéaerd ! Tu as été le cinquième esprit ! Tu en es sa fille ! Alors sers toi du tiens pour trouver ! Conclut mamie en tournant les talons en compagnie d’Antoine.
-Mamie ! Où vas-tu ?
-… Réconforter mon petit fils Elsa…


La reine des neiges restait interdite face à la remarque de sa grand-mère et pourtant elle savait, comme d’habitude Anna Picéaerd avait raison ! Celui qui avait le plus besoin d’elle en cet instant, était bien le petit Kaspian. Le lendemain aux premières lueurs du jour, comme elle, cet enfant serait orphelin de père mais elle au moins, était adulte contrairement à l’enfant ! Elsa erra comme une âme en peine dans les couloirs du château et regagna ses appartements. Les pleurs des petits princes l’agacaient. Elle n’avait pas le courage de les réconforter et préféra les confier à Gerda en qui elle avait une confiance aveugle. A nouveau, comme pendant son adolescence, la jeune femme était là, dans une chambre immense, seule face à ses démons. Ses malheurs, était le fait d’un monstre que sa mère s’était chargé de punir mais elle le savait, c’était bien son attitude et ses choix qui avaient fini par la conduire à nouveau seul et sans espoir.
Six coups rapides se firent entendre et Elsa tressaillit. Ce bruit à la porte… Le même que celui inlassable d’Anna. Son cœur battit la chamade et elle s’empressa d’aller ouvrir, mais la déception put alors se lire sur son visage.


-Je… Pardon tu ne désirais pas me voir Elsa ?
-Yohan !... Oui… Enfin non tu… Je ne puis refuser une visite de mon mari…
-Justement… A ce propos, tes conseillers ont bien travaillé et ont su rédiger un papier pour nous libérer de ce mariage si tel est ton désir… Mais je ne viens pas pour ça Elsa…
-Que veux-tu ? Tu n’as pas Camille à veiller ?
-Non… Elle se repose pour l’heure… C’est elle qui m’a même congédié pour venir te voir ! Elle m’a dit je la cite qu’Elsa a besoin d’une présence auprès d’elle face à l’épreuve qu’elle va devoir endurer !
-Tu as…une femme exceptionnelle Yohan !
-Je sais… C’est la reine des neiges ! Quoi de plus exceptionnel ! S’amusa le prince.
-Allons ne sois pas bête…
-Ah… Au moins je t’ai fait sourire ! …Je suis certain que Camille ne m’en voudra pas de cette remarque au vu du résultat… Mais dans le doute, faisons comme si je ne l’avais jamais dite… Je peux entrer ?
-Vas-y ? Du thé ?
-Non, pas cette fois ! … Je viens te parler d’un élément qui pourrait t’intéresser… Assieds-toi !


Elsa obtempéra et écouta religieusement les annonces de son époux qui tenait toujours l’imposant ouvrage qu’il étudiait lors du procès, puis, lorsqu’il eût terminé, se risqua à embrasser tendrement la joue de celle qui demeurait sa femme…


-Courage Elsa ! Fit-il en partant.
-Yohan !... Une dernière chose !
-Oui ?
-Quand ça sera fait… Je… Je pense qu’il est plus que temps que le peuple Northuldra ne retrouve un chef alors…
-Si tu es d’accord pour que nous partions Elsa… Alors nous serons en pays Northuldra d’ici trois jours !
-Je vous ferai atteler un moyen de transport confortable pour Camille ! Promit Elsa alors que le conseiller refermait la porte derrière lui la laissant à sa solitude pour la nuit.



Aux premières heures du jour. Elsa se tenait prête dans la cour du château d’Arendelle. Quelques gardes et officiers ainsi que les conseillers se tenaient également en tenue de cérémonie et au centre, l’un d’eux, épée à la main, stoïque, alors qu’un roulement de tambour accompagnait l’arrivée d’Agnarr, escorté par Emile et Harald. L’ancien souverain était vêtu de son costume militaire et avançait dignement, les mains nouées jusqu’à faire face à son bourreau. Hans, en tant que président du tribunal rappela la voix tremblante l’ordre d’exécution et Agnarr refusa de prononcer quoi que ce soit au titre de dernière parole alors qu’il fut placé à genoux. Elsa, depuis sa place de souveraine serrait les poings pour se montrer forte comme sa grand-mère à ses côtés et suivre les événements. Au centre, le comte d’Arnevik laissa alors sa place à Olson, qui, conformément aux volontés du condamné allait se charger de la sentence. Le vieux militaire s’approcha et se mit en position. Il n’avait plus qu’à attendre le signal et abattre son arme sur le cou du roi déchu.
Pendant quelques instants, toute l’assistance retînt son souffle et seule Anna Picéaerd semblait sereine. Hans observa une dernière fois en direction de la souveraine qui, lentement se releva. Surpris, tout s’arrêta et Olson s’écarta d’un pas de sa victime alors qu’Elsa descendait. Elle traversa la cour d’un pas altier, qui n’était pas s’en rappeler celui d’Iduna et dégageait à cet instant une Majesté jamais vue alors qu’elle sentait pour la première fois au fond d’elle, ce que pouvait signifier le pouvoir qu’elle désirait tant. Quelques conseillers voulurent protester mais elle les arrêta d’un geste autoritaire.


-Silence ! Si le condamné n’a rien à dire, moi, Elsa, reine d’Arendelle, j’ai une annonce ! Cet homme a été condamné hier pour trahison, ce que la justice a décidé, je ne saurai m’y opposer et pardonner. Néanmoins, Agnarr a également été déclaré, membre de la communauté Northuldra. En tant que cheffe du peuple du soleil, j’implore sa grâce et, en tant que reine d’Arendelle, au nom de l’amitié retrouvée entre nos peuples j’ai décidé d’accéder à la requête d’un dirigeant étranger et commue la peine du condamné. Agnarr, Arendelle vous bannit ! Vous devrez quitter le royaume et aller vivre en pays Northuldra !
-Mais ! C’est un scandale ! Et contraire à nos lois !! S’offusqua alors le plus virulent des conseillers.
-Yohan ! Pouvez-vous informer ce monsieur ! Coupa Elsa.
-Avec plaisir ! Si vous voulez bien monseigneur vous référer à cet article de loi, vous verrez que la démarche de notre bien aimée reine Elsa est parfaitement en accord avec les lois du royaume… Une loi qui, ironiquement fut ratifiée par le roi Agnarr !
-Mais ! Votre Altesse ! Le condamné doit être puni pour ses crimes ! Poursuivit le conseiller alors que les gardes relevaient Agnarr et le détachaient.
-Oh mais il le sera ! Car dorénavant il vivra en pays Northuldra et aura pour charge d’élever le prince Kaspian, l’aider à maîtriser ses pouvoirs et je sais qu’il remplira cette tâche car il sera constamment surveillé par ma grand-mère, Anna Picéaerd !... Chez qui il vivra ! Fit Elsa avec un regard dur envers son père.


Tous hésitèrent l’espace d’un instant et Elsa, face au scepticisme des conseillers perdait peu à peu de son assurance alors qu’elle soutenait leur regard.


-Est-ce que ces messieurs d’Arendelle seraient en train de penser qu’une vieille chamane ne saurait s’assurer que la peine de leur condamné ne soit correctement exécutée ? Souhaitez-vous ainsi fâcher cette chamane et les Northuldra ?! Intervînt alors mamie déterminée.
-Je… Non… Loin de nous cette pensée et…euh… La reine a parlé ! Termina mal à l’aise le conseiller qui n’osait regarder la matriarche dans les yeux, puis, ainsi que tous les autres peu à peu quittèrent les lieux laissant la famille royale d’Arendelle seule.
-Mamie ?... Tu… Tu savais ? Tu avais tout prévu n’est-ce pas ?
-Tu avais besoin d’un petit coup de pouce Northuldra ma grande Picéaerd ! Heureusement, notre chef Yohan sait parfaitement lire les textes de lois ennuyeux que s’est chargé de faire rédiger ton père… Quant à Antoine… Il a toujours eu le talent pour défendre les gens… Il me devait ce service, dans un passé lointain… Il avait même défendu Andréas qui m’avait dérobé quelques produits alors qu’il n’était qu’enfant…
-Si j’avais su ce qu’il deviendrait… Je… Ne l’aurait probablement pas représenté avant tant de vigueur. Plaida le Northuldra coupable.
-Et moi donc… Bien ! Yohan ! Je crois qu’il est temps de vous préparer chef ! Vous emmènerez Agnarr ?
-Si c’est la volonté de la reine d’Arendelle…
-Je le souhaite !... Voudras-tu bien en informer Kaspian ?... Et dis-lui qu’il part avec toi… Et Emma !
-Je pense qu’ils en seront ravis ces deux-là !
-Elsa ? Demanda Agnarr qui était resté mutique


La reine des neiges se retourna et accepta l’étreinte de son père. Tous deux n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. L’ancien souverain pouvait mesurer toute la peine et la rancœur de sa fille à son encontre et était mérité. Jamais il ne pourrait se montrer assez reconnaissant envers elle, tandis qu’ensemble, père et fille rentraient pour partager un moment privilégié… Qu’ils n’avaient encore jamais eu. Tous deux eurent une longue discussion à cœur ouvert. Agnarr raconta quelques éléments sur son passé avec Iduna que la reine écouta avec attention avant que le roi, en milieu de nuit ne quitte la reine pour qu’elle trouve le sommeil, et de son côté ne prépare son départ et rejoindre Yohan qui, en compagnie des enfants excités à l’idée de retrouver prochainement la forêt enchantée. Avec beaucoup d’humilité et discrétion, l’ancien souverain prit place au milieu des préparatifs.


-Papa !!! Dis c’est vrai qu’on repart pour la forêt et vivre chez mamie ? Chic ! Moi je préfère vivre là bas qu’ici !... Mais Elsa ?! Elle va rester ici ?!
-Je… oui mon grand, nous partons vivre en pays Northuldra… Mais toi si tu le désires, tu pourras revenir autant de fois que tu le désires pour voir Elsa !
-Papa ?... Tu vas abandonner Elsa ? Demanda Emma qui se mordit la lèvre vis-à-vis de sa mère.
-Non ma grande… Je vais gouverner le peuple Northuldra en son nom !
-Personne n’oubliera Elsa ! Et comme Kaspian, nous pourrons revenir ici à chaque fois que tu le souhaiteras ! Ajouta Camille.
-C’est vrai ?
-Mais oui ma grande ! Tu es une princesse royale des Iles du Sud désormais… Ainsi que la fille du chef Northuldra !... Une personne aussi importante que toi se doit de voyager ! S’amusa Yohan en offrant une révérence exagérée à la fillette amusée.
-Et toi papa? Tu voyageras aussi comme un prince ou un roi ? Fit le petit prince à son père.
-Moi ?... Disons que c’est plus compliqué…
-Il pourra seulement s’il est sage mon bonhomme ! Coupa mamie.
-Hum ?... Anna ? Je… Je souhaitais vous dire justement que…
-Non Agnarr ! N’essayez même pas ! Je l’ai dit, je ne suis pas cruelle ! Je ne compte pas vous imposer des remerciements à mon encontre !
-Je… J’aurai…Souhaité comprendre… Pourquoi avoir remué ciel et terre pour… Pour moi ? Demanda Agnarr ému.
-J’ai mes raisons mon gendre !... Et croyez-le ou non, j’ai fini par m’attacher ! Mais ne vous pensez pas tiré d’affaire ! Vous allez connaître l’enfer Agnarr, je vous ai à l’œil ! Je vous aurai toujours à l’œil ! S’amusa la grand-mère.
-Tu lui demande où je lui demande ? Chuchota Kaspian à l’adresse d’Emma.
-Me demander quoi Kaspian ?... J’ai horreur des messes basses !
-Euh bah voilà mamie… Tu… Tu crois que… Comme on vivra dans la forêt… Emma elle pourra… Euh tu sais…
-C’est à ton père que tu dois demander ça…
-Oui mais comme tu as dit que papa il vivrait chez toi, c’est toi qui commandes non ? Fit l’enfant la bouche en cœur.
-Petit malin… Oui ! Autant que vous voudrez !! Si vous saviez tous les deux comme vous me rappelez Elysia et moi ! Répondit la grand-mère nostalgique.
-Et mamie ?
-Quoi ?
-Est-ce que ?... Euh… Comme t’as fait au procès de papa ?... Tu crois que tu pourras pour Emma et moi… Allumer des coupoles ?!
-Nous verrons… Mais d’abord allez vous coucher tous les deux !
-Ecoutez donc notre chamane ! Demain vous ferez vos adieux au château, nous partons après demain ! Conclut Yohan !

Le lendemain, alors que l’aube était à peine levée, Mamie munie d’un bâton de marche que n’aurai pas renié son époux du temps où il allait faire paître les rennes empruntait déjà la route Nord. Jamais elle n’avait supporté les draps de soie ni la vie Arendellienne, l’heure était venue pour elle de retourner dans sa forêt. Elle n’avait pas souhaité attendre le départ officiel, ni s’imposer les longues séances d’Adieu. La reine des neiges comprendrait et le peuple Northuldra l’attendait ! Depuis de longs mois déjà, elle assurait la gestion de la communauté au nom d’Elsa et Yohan, tant qu’ils resteraient en Arendelle. Le temps du deuil était désormais révolu, de même pour la naissance de ses arrières petits-enfants ainsi que le sort de son gendre. Arendelle avait retrouvé sa raison d’être avec la fille d’Iduna à sa tête. Certes pour sa petite fille en ce moment la vie n’avait plus d’intérêt ni de sens malgré la naissance des princes mais la matriarche ne connaissait que trop bien ce sentiment qui l’avait hanté pendant de si nombreuses années. Elsa allait bien finir par y faire face. Depuis les hauteurs, la doyenne des Piceaerd jeta un dernier regard vers le royaume des Fjords. Au loin, elle pouvait distinguer l’imposant monument, lieu de repos de sa fille adorée. Une larme à nouveau perla au bout de ses yeux ridés et fatigué des années de lutte et de chagrin. La minuscule goutte ne put creuser son chemin sur la joue de la chamane qu’une brise légère l’emporta dans les airs avant de tournoyer malicieusement autour d’Anna.


-Courant d’air ?!


Le zéphyr s’immobilisa, comme frustré de ce nom puis souffla en rafale contre le visage de la matriarche lui envoyant au passage quelques feuilles d’arbres et la décoiffant.


-Eh là ?! Tu n’aimes plus ton nom courant… Mais… Est-ce qu’en réalité… C’est… C’est toi ?!


Anna n’osa pas prononcer le nom de sa fille mais l’être de l’air se fit beaucoup plus amical et gonflait taquin la robe d’esprit déchu de la chamane. Une nouvelle larme se créa au coin de l’œil d’Anna mais son sentiment cette fois était différent tandis qu’un sourire sincère se dessina sur le visage vieilli par les années et la maladie de la femme sage. A nouveau le zéphyr s’offrit comme une danse devant la chamane, et lui apporta dans sa douce brise un présent qui libéra définitivement le flot de larmes d’Anna. Ses jambes faiblirent et elle s’agenouilla, tenant dans ses mains le plus beaux des présents de courant d’air. Le châle Northuldra dans lequel Iduna avait été drapée. Délicatement, mamie s’en saisit, les mots qu’elle aurait voulu hurler au vent restèrent bloqués dans sa gorge. L’esprit de l’air tourbillonnait quant à lui joyeusement autour d’un immense rocher qui se mit à prendre vie et la grand-mère sur reconnaître instantanément son ami de la Terre. Elle s’empressa de porter le châle de sa fille telle une relique à ses épaules et s’approcha de la montagne de pierres.


-Tu m’aides à rentrer à la maison ?... Ensemble ?!


Pour toute réponse, le géant préféra retirer sa main dans un sourire à la grande surprise de la matriarche qui, tout à coup, se sentit propulsé dans les airs par le vent.


-Quoi ?! … Non !!... Iduna tu ne vas quand même pas oser…


Le vent se montra joueur pour répondre à la grand-mère en faisant semblant de la faire retomber pour la rattraper, indiquant ainsi à la grand-mère que la Nature ne lui laisserait pas le choix, c’est avec l’esprit fétiche de sa fille qu’elle rentrerait et aucun autre. Anna finit par se libérer et éclata alors de rire.


-Emmène-moi…Au bout de la Terre ! Rit-elle


La Northuldra ouvrit grand ses bras et se laissa happer par les embruns qui la firent devenir aussi légère qu’une plume. Elle dansait dans les cieux vers le nord et sa chère forêt enchantée. Anna respirait à pleins poumons et observait le paysage défiler sous ses yeux. Au fond de son crâne et de son âme résonnaient les quatre notes que son ange de l’air se faisait une joie de chanter à tue-tête alors qu’elle n’avait pas dix ans. Ce chant qui à l’époque l’agaçait tant fut un réconfort pour la chamane. Après toutes ces années, la souffrance des épreuves, des drames mais aussi celles de son corps meurtri par les années et destiné prochainement à ne plus exister s’étaient allégées. Il n’y avait plus en elle que l’apaisement, la sérénité, et une relation unique avec les éléments de la nature qui la transportaient, plus fort encore que celle qu’elle avait jusqu’à présent quand c’était elle le cinquième esprit, ou plus récemment lorsqu’elle cherchait à guider sa petite fille sur ses traces.
Elle aurait souhaité avoir un sort pour arrêter le temps et profiter éternellement de cet instant alors que déjà en contrebas se dessinait la majestueuse forêt enchantée. Elle distinguait depuis les cieux, tous ces lieux incroyables qui avaient jalonné les grandes étapes de sa vie. Le barrage, les cavernes perdues et au loin, sa destination, le campement des Northuldra. Ce moment magique allait se terminer et mamie devrait continuer d’assumer ce qu’elle détestait tant, même si, prochainement, Yohan allait prendre le relais.
Mamie ferma les yeux et sentit que le zéphyr lui faisait perdre de l’altitude. Elle se concentra, surtout ne pas manquer de savourer la moindre seconde alors qu’elle avait l’impression de flotter. Dans sa tête, elle percevait le temps s’égrener comme les grains de sable d’un immense sablier qui à chaque fois la rapprochait toujours plus de la réalité. Pourtant, le temps semblait s’étirer. Doucement, elle rouvrit les yeux, elle avait dépassé le campement et faisait route vers les plages grises.


-Oh ? Tu me ramènes là-bas ? Je n’ai plus rien et… Mais que fais-tu ?!


Mamie s’inquiéta une seconde. L’esprit de la nature ne voulait toujours pas l’abandonner et continua de l’emporter au loin, vers le large. Mamie eût bien quelques protestations, mais pour seule réponse, elle perçut à son oreille les quatre notes fétiches d’Iduna, comme si sa fille, depuis l’au-delà prenait plaisir à se moquer d’elle.


-Eh arrête ! J’ai apprécié la balade mais je dois rentrer chez moi !


La Nature ne céda pas et continuait d’emporter toujours plus au Nord la matriarche répondant à son désir de l’emmener au bout de la Terre. Finalement, après plusieurs minutes de lutte, comprenant qu’elle ne ferait pas entendre raison à l’esprit têtu de sa fille, elle se résigna et griffonna quelques mots sur un papier qu’elle lâcha au-dessus de la mer.


-Envoie ça à Laïka… Qu’elle ne s’inquiète pas, et continue de veiller sur le peuple en mon absence... ! Demanda la grand-mère.


La nature céda à sa demande et un courant d’air partit dans la direction opposée pour porter la missive avant d’emporter à nouveau mamie à une vitesse folle. En quelques minutes à peine, elle fut propulsée à Ahtohallan. Mais le zéphyr contrôlé par le chant d’Iduna ne s’arrêta pas et continua de pousser mamie Anna jusqu’au dôme des souvenirs, vide.


-Que veux-tu donc Iduna ?... Je ne vois plus rien ici… Allez, laisse-moi rentrer maintenant…


La vieille chamane toussa quelque peu, sentant son corps lui rappeler sa faiblesse puis sentit le vent la repousser pour l’empêcher de sortir. Elle était sur le point de protester mais l’Alizé se transforma peu à peu et finit par prendre une forme humaine, semblable aux souvenirs figés alors que le cœur d’Anna manquât un battement. Face à elle, l’esprit de la nature avait pris la forme d’Iduna. Mamie ne put retenir ses larmes et prit dans ses bras l’être céleste. A nouveau elle souhaitait arrêter le temps même si, elle ressentait au fond d’elle que cette étreinte n’était pas pour sa fille… Non, c’était différent, ça n’était pas humain mais vide de toute vie. Calmement, la matriarche relâcha son étreinte, elle aurait souhaité parler mais comprit vite que cette Iduna n’était qu’une représentation faîte par les esprits de la nature et sa fille ne pouvait parler avec elle. A la place, elle lui tendit la main. Mamie s’en saisit avant que la créature ne s’évapore. Lorsque la matriarche ouvrit sa main… Un papier était glissé, elle le déplia et comprit. Sa fin approchait, la nature venait même de le lui annoncer avec une précision que la Northuldra n’aurait même pas espérée


-Merci de m’informer que je vais te retrouver très vite Iduna !... Ainsi que ton frère et ton père ! Laisse-moi aller, maintenant…. J’ai la mission de ta fille à remplir…Même si ça ne sera vraiment pas longtemps ! Fit-elle avec philosophie et acceptation.


A nouveau la grand-mère alors qu’elle souhaitait sortir se retrouva repoussé. Elle réessaya à plusieurs reprises et à chaque fois, l’esprit de la nature la maintenait enfermée dans le dôme sombre.



-Oh ?! Iduna !! Laisse-moi m’en aller maintenant ! S’énerva mamie.


Pour toute réponse, L’esprit la repoussa à nouveau puis virevoltant, fit apparaître au sein du dôme sombre un souvenir avant de lui donner vie. Mamie le reconnut. Elle était jeune, bien plus jeune et à ses côtés, une fillette d’une huitaine d’années, son précieux ange de l’air.


« Iduna ! Reviens ici !! Tu as tes leçons de chamanisme et de cinquième esprit ! Ca ne suffit pas d’être l’amie de Courant d’Air tu dois travailler ! Reste là ! »


Mamie se mordit la lèvre de gêne alors que son souvenir forçait l’enfant à revenir travailler malgré la volonté manifeste d’Iduna de partir observer la forêt.


-C’est ta vengeance ? Bravo ma fille ! Je le reconnais c’est très bien fait et si tu savais comme encore aujourd’hui je m’en veux de t’avoir forcé à ce point jusqu’à t’en écœurer ! Je te promets, le peu de temps que j’aurai pour ton fils, je ne commettrais plus cette erreur ! Allez laisse-moi ! Je dois retourner chez moi ! Tu auras toute l’éternité dans l’autre monde pour me faire tes reproches si tu le désires !


Encore une fois comme réponse. La nature l’enferma et à la nouvelle revendication de la matriarche fit apparaître un autre souvenir d’elle et Iduna. A nouveau, Mamie se montrait sévère avec l’enfant, lui ordonnant d’être concentrée, sérieuse et travailleuse pour comprendre le chamanisme et découvrir les secrets d’Ahtohallan.


-Comment dois-je te le dire ? Je suis désolée ! Allez laisse-moi sortir maintenant ! Ça n’est plus drôle !! Lança Mamie avant un nouvel échec : Oh mais tu veux quoi à la fin ? Que je reste ici seule jusqu’à la date que tu m’as gentiment confiée ? Tu comptes ainsi punir ta vieille mère ?


A nouveau la nature intervînt auprès du dôme et projeta un nouveau souvenir. Cette fois ci beaucoup plus grand. Anna ne comprit pas immédiatement et arpentait les parois gelées d’Ahtohallan avant de se voir, plus âgée que lors des précédents souvenirs, plus triste aussi… Elle était désespérée, elle savait ! Un passage sombre de sa vie, juste après la mort de son fils, elle avait tenté de mettre un terme à sa vie avant de découvrir la possibilité d’en modifier le court. Elle s’observa à manipuler les ingrédients et tenter de changer son destin avant de ne laisser qu’une possibilité.


-Le… Le projet ! Iduna ?... Tu as parlé avec mon autre moi ? Depuis l’Helveg c’est ça ?
-Ah Ah ! Ah Ah !
-Ca… Ca n’est pas suffisant ?... Ce que je sais n’est pas suffisant ?... Il manque un ingrédient c’est ça ?! Tu ne me montrerais pas ça autrement ?! Demanda mamie inquiète.



Le souvenir disparut et à la place, Iduna en montra un nouveau, beaucoup plus récent. Elle et Elsa qui arpentaient ces mêmes lieux et mamie qui conseillait à sa petite fille qu’elles allaient ensemble percer tous les secrets de la rivière magique…


-C’est à moi de trouver ?... C’est pour ça que je suis ici ? Pour trouver la solution ?
-Ah Ah ! Ah Ah !
-Oh arrête avec ces notes insupportables ! Et comment veux-tu que je fasse ! Iduna tu… Tu es sans doute plus savante que moi sur la théorie du chamanisme !


Pour la première fois, la chamane semblait baisser les bras. A nouveau, la nature vînt pour la réconforter et le dôme s’illumina. A nouveau, mamie pouvait observer tous les souvenirs qu’elle souhaitait.


-Tu ?... Tu crois que la réponse est là ?


Seules les vocalises répondirent et mamie en comprit la signification. Elle déambulait au hasard des souvenirs. Il y en avait une multitude ! Les siens, mais aussi ceux de sa mère, de sa fille, de ses petites filles… Elle ne savait où donner de la tête et se laissa tenter à se perdre dans quelques moments joyeux de sa jeunesse en compagnie d’Elysia, d’Iduna et d’Olaf. Mamie se sentait bien mais se mit à frissonner et vit du givre apparaître sur sa main. Immédiatement elle comprit l’avertissement. Il n’était pas question de se laisser distraire ! Il fallait trouver cette solution, peu importe le temps que cela devait prendre. Aussitôt elle ferma son esprit et concentra ses pensées uniquement vers Iduna. La matriarche pensait que le cinquième esprit ainsi saurait la guider ou que sa fille, lors de ses recherches en Arendelle avait peut-être trouvé cette solution. Immédiatement, les souvenirs de sa fille et ses recherches apparurent devant la grand-mère.
Pendant trois jours et trois nuits, elle observa sans s’arrêter mais, si Iduna avait fait un excellent travail, elle n’avait rien trouvé qui pourrait l’aider, alors que fatiguée, Mamie se laissa aller à observer un moment qui semblait tout doux entre sa fille, son gendre et ses deux petites filles. La chamane écouta religieusement son gendre narrer aux fillettes l’existence du pays Northuldra. Elle ne put s’empêcher de grimacer lorsqu’elle perçu qu’Agnarr avait une crainte envers ce peuple mystérieux qu’il avait su transmettre à Elsa, visiblement peu rassurée avant qu’il ne laisse Iduna seule avec les deux enfants.


« Seul Ahtohallan le sait…
-Ahtohallan ?
-Lorsque j’étais enfant, ma mère me chantait une chanson qui parlait d’une rivière magique du nom de Ahtohallan, une rivière qui détient toutes les réponses sur le passé. Qui connait tous les secrets
-Waow ! Fit Anna impressionnée.
-Pourrais-tu nous la chanter ? S’il te plait ? Demanda alors l’ainée.
-D’accord ! On se câline ! On se blottit ! ... »


Mamie stoppa le souvenir stupéfaite. Elle se demandait si c’était la faim, la soif, la fatigue qui lui jouait des tours, où alors étais-ce bien ce qu’elle espérait ? Fébrile, elle sentait son énergie revenir en même temps que l’espoir et relança le souvenir en écoutant la voix cristalline de sa fille chanter la berceuse à ses enfants. Rapidement la cadette trouva le sommeil, alors qu’Elsa avait besoin de plus de temps pour être rassuré mais, après quatre couplets, l’ainée d’Arendelle avait fini par trouver Morphée dans les bras protecteurs d’Iduna.


« Si tu voyais ça maman… Toujours aussi efficace cette chanson ! Dormez bien mes princesses… La prochaine fois vous entendrez peut-être la fin… » Siffla Iduna en bordant Elsa avant de quitter la chambre à pas de loup, alors que la matriarche avait les larmes aux yeux, parcourue de fortes émotions, elle tremblait comme une feuille, joie, peur, tristesse, excitation et angoisse formaient une véritable tempête sous le crâne d’Anna Piceaerd.


-J’ai… J’ai trouvé !! Ça y est !! Je sais ce qu’il faut faire !!! Oh mes aïeux !! Est-ce vraiment ça ?! S’interrogea mamie à la fois heureuse d’avoir trouvé mais aussi inquiète et terrifiée.
-Ah Ah ! Ah ah ! Fit la Nature avant de faire disparaître les souvenirs.
-Je prends ça pour un oui ! … Iduna ! Je vais avoir besoin de toi ! Peux-tu prévenir l’Helveg ?... J’ai besoin de ma parler à moi-même ! Conclut mamie avant de se coucher au centre du dôme, prête pour ce qu’elle savait être son dernier voyage astral.

Chapitre 31 : Si j’osais…


Nous étions en train de rentrer bredouilles vers la hutte quand Mamie vint à notre rencontre.


-Tu en fais une tête ma petite Piceaerd ? Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-elle devant ma mine déconfite.
-Ce n’est rien Mémé, Maman a parlé avec Fausse Maman et Mamie Iduna pour quand elle sera partie, expliqua Helga.


Je respirai un grand coup m’en voulant soudain d’être beaucoup moins courageuse que ma propre fille de deux ans. Ma Grand-mère se rapprocha d’elle puis après lui avoir caressé le visage elle reprit :
-Bien c’est une bonne chose que tu aies déjà pensé à aborder le sujet. Il faut que tu viennes avec moi à présent, nous devons nous rendre dans la Galerie des Souvenirs pour avoir une petite discussion avec ta Grand-mère Vivante comme je te l’ai dit tout à l’heure.


-Oh ? C’est maintenant ? Insistai-je confuse.
-C’est maintenant ma petite Piceaerd, répéta-t-elle…Par contre je préférerais qu’Helga soit à la hutte.
-Avec Papa ? Questionna-t-elle.
-Oui ma chérie.


Elle me fit un bisou et descendit avant de prendre la main de Kristoff.


-A tout à l’heure Maman.
Je lui envoyais un baiser avant de les regarder s’éloigner.
-Allez Anna ! Ta Grand-mère nous attend ! Reprit-elle.
Elle me ramena contre elle et nous rebroussâmes chemin jusqu’à la Galerie des Souvenirs. A ma grande surprise, Maman cinquième esprit y était aussi.
-Ah-Ah-Ah-Ah! Chantait-elle contre la paroi de glace.
-As-tu bientôt fini Iduna ? Demanda Mamie avec un sourire, l’as-tu persuadé ?
-J’y suis presque ! Une bonne professeure ne distraie pas son élève ! Plaisanta-t-elle en lui tirant la langue.


Mamie la regarda avec un air faussement fâché puis elle lui laissa la place. Ma mère ferma immédiatement les yeux et nous vîmes son esprit se connecter à celui de…Courant d’Air.


-Qu’est-ce qu’elle fait Mamie ? Questionnai-je intriguée.
-Elle essaye de faire comprendre quelque chose à mon autre moi...


Nous attendîmes quelques instants et vîmes le souvenir de Maman en train de nous chanter la berceuse d’Ahtohallan le fameux jour où Papa nous avait raconté l’histoire de la Forêt Enchantée. Le visage de ma Grand-mère vivante s’éclaira d’un coup et elle déclara :


-Je prends ça pour un oui ! … Iduna ! Je vais avoir besoin de toi mon Ange de l’Air ! Peux-tu l’amener dans l’Helveg ?... J’ai besoin de lui parler !


La connexion s’arrêta quelques instants le temps que nous voyons Mamie Vivante s’allonger sur le sol lisse d’Ahtohallan. Puis mon autre Mère ferma les yeux et sa robe de cinquième esprit s’illumina encore plus fort alors qu’elle tendit ses bras pour accueillir…Mon aïeule.


-Oh Mamie…Je…Je suis moi-même ! Clamai-je étonnée alors que ma Mère écarquilla à nouveau les yeux.
Je sus immédiatement que ce n’était plus elle. Elle s’approcha de moi et vint me serrer avec force dans ses bras.
-Bonjour à toi chère petite Piceaerd qui m’a laissé bien des fois ton enveloppe charnelle ! Je suis ravie d’enfin te rencontrer ! S’écria-t-elle.
Je me mis tout de suite à rougir en repensant à mon grand-père qui m’avait embrassé avec ferveur.
-Merci pour ma date de mort ma Chère Moi ! Ajouta-t-elle à l’adresse de Mamie Morte avec un clin d’œil, je ne vais pas mettre longtemps avant de retrouver mon Ely…Enfin notre Elysia.
-Je t’en prie, rit mon aïeule, là de toute façon il n’est pas avec moi, je l’ai cantonné à la distribution du ragoût de rennes avec Olaf…Et puis il ne t’aurait certainement pas embrassé cette fois… Pas dans cette peau-là !
Le visage de Maman rosit légèrement mais c’était bel et bien le sentiment de l’autre Mamie Anna.
-Je t’ai fait mandé ma Chère Moi ! Je viens de finir de raconter notre histoire à toute la famille…Anna est donc au courant qu’il reste une dernière vie ! Clama-t-elle toute fière.
-Prodigieux donc ! De toute façon j’avais moi aussi envie de te voir !
-Eh bien commençons par le détail le plus important… As-tu toujours la dernière fiole de conservée ? Demanda-t-elle d’une voix malicieuse.
-Affirmatif ! S’écria la vivante, elle est toujours sur moi et j’ai ramené les ingrédients pour faire les mixtures à Ahtohallan en prévision.
-Parfait, renchérit la mienne, dans ce cas, il faut que je t’apprenne ce que j’ai découvert ! Vois-tu j’ai regardé cette fameuse vie où j’étais mariée à Amarok car je voulais connaître la descente en enfers d’Elys…
-…Epargne-moi les détails s’il te plaît je n’ai pas envie de me rappeler de ça ! La coupa-t-elle, viens-en aux faits.
-J’ai voulu voir ce qui se passait après notre mort…Et figure-toi que dès l’instant où nous mourrons, cette vie devient obsolète ! Elle s’efface et fait comme si elle n’avait jamais existé ! Tu comprends où je veux en venir ?!
-Moi pour l’instant non ! Déclarai-je alors qu’elles se concertaient du regard.
-Chut Anna…Attends ! Tu vas bientôt être intégrée dans nos projets mais deux minutes ! Intervint Mamie Morte.
-Utiliser cette dernière vie ne nous intéresse pas si elle s’efface à notre mort ! Insista mon autre aïeule.
-Exactement...Et c’est là où Iduna est très forte ! Te rappelles-tu du dernier couplet de la berceuse ?! Reprit la mienne.


L’enveloppe de Maman ferma à nouveau les yeux mais bientôt la voix de Mamie Vivante s’éleva et chanta :
-Au fond des flots déchaînées…La rivière pleure les erreurs du passé…Plonge-s’y si tu veux croire…Que ça n’sera jamais trop tard…Dans les eaux sombres du désespoir…L’espoir de vie surgit des eaux noires…Mais si tu veux le trouver…Accepte ce que tu dois laisser…


Alors que les paroles tourbillonnaient dans mon esprit, je comprenais amèrement de qui j’allais devoir me détacher. Les larmes coulèrent alors d’elles-mêmes sur mon visage. Mamie Morte vint aussitôt me réconforter en me les séchant.


-Ce n’est rien ma petite Piceaerd…C’est un mal pour un bien…Tu ne vas pas être la seule dans ce cas-là.
Je reniflai bruyamment alors que Mamie Vivante s’écria :
-C’est pour ça que je voulais te voir…L’ingrédient c’est bien Elsa n’est-ce pas ?
Ma grand-mère plus jeune acquiesça avec tristesse. Par mimétisme les deux se mordirent la lèvre en même temps. Après un long silence pesant, Mamie Morte reprit :
-Tout à fait ma Chère Moi…Malheureusement…Il va falloir lui faire comprendre.
-Tu sais Mamie…Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée d’utiliser cette dernière vie finalement ! Dis-je très vite, après tout je suis enfin heureuse avec Kristoff et j’ai ma fille…Elsa a ses triplés…
-Tu as raison ma petite Piceaerd…Mais Elsa est bien seule malgré tout…Son père est condamné en exil avec moi qui vais bientôt mourir et elle a perdu sa mère et toi tout en ayant beaucoup de remords, dit-elle d’une voix lourde.
-…Tout en sachant que Grand Pabby court toujours ! Renchérit Mamie Morte.
-Oh…Donc Andréas n’était pas le seul coupable ? Soupira Mamie Vivante, j’avais bien entendu tes soupçons dans mes rêves dernièrement.


Mes deux grands-mères étaient pâles. Elles vinrent me soutenir l’épaule et je sus qu’elles auraient préféré une autre situation que pousser leur petite fille à un voyage sans retour. Un long silence persista encore avant que Mamie Morte ne reprenne d’une voix monotone :


-Et puis pense à la vie que nous avons laissé Anna… Je te rappelle que tout le monde est mort, il n’y a plus de personne chez les Northuldra et Arendelle est aux mains de Weselton et du roi Karl.
Je baissais la tête honteuse. Je savais qu’elles avaient raison.
-Tu n’as pas à t’en faire ma petite Piceaerd…Tu es courageuse…Ta sœur et toi l’êtes ! Reprit-elle, imagine une vie où tu pourras librement conquérir Kristoff, et avoir une descendance avec lui…Une vie où il vous faudra neutraliser Andréas et Grand Pabby…Enfin une vie où tu devras faire tes propres choix…Même les plus difficiles.
Je déglutis en écoutant attentivement son énumération.
-Oui ma Chère Moi tu as raison…C’est à cet espoir qu’il faut se raccrocher sinon nous ne pourrons plus jamais nous regarder sans être tourmentées ! Clama bientôt Mamie Vivante, d’ailleurs…laissons un peu de côté Elsa…Est-ce que nous avons tous les ingrédients ?
-Presque… la fiole de la dernière vie…Les mixtures, énuméra Mamie Morte.


Ma vieille aïeule hocha à chaque fois la tête. Puis elles se lancèrent ensuite un regard résolu, se tournèrent toutes les deux vers moi et me prirent chacune la main tout en récitant une sorte de serment :


-Jeune Anna Piceaerd acceptes-tu de rétablir la paix à Arendelle, la paix dans ton cœur, de servir et protéger ton royaume ainsi que celui des Northuldra ? Es-tu prête à endosser ton rôle de chamane et à accomplir ta mission qui sera primordiale pour votre survie et votre fin heureuse à toi et tous ceux que tu aimes ?


Je respirai un grand coup et les observai toutes les deux, enfin consciente de la tâche qui m’attendait. Oui Anna…On te fait enfin confiance…Ne gâche pas ta chance…On t’en laisse une justement ! Me persuadai-je au bord des larmes.
Après quelques instants de tourments, je finis par répondre :


-J’y consens…Même si je vais perdre tous mes souvenirs…Mon ancienne relation avec Hans…Et même toute votre histoire !


Mamie Morte m’observa avec des yeux tendres alors que mon autre aïeule me caressa la joue par le biais de la main de Maman Cinquième esprit. Un long sourire malicieux s’étira alors sur le visage lisse de ma grand-mère la plus proche et elle reprit :


-Qui t’as dit que tu perdras tout ? Est-ce que nous avons dit ça à un seul moment ? Tu es la chamane…C’est toi qui devras rétablir l’ordre…Par conséquent il vaut mieux que tu te rappelles de tout ! Je ne te dis pas que ce sera facile tous les jours mais je te rassure tout de suite sur ce point comme pour la première vie que tu avais vu de ton vivant, tu te souviendras celle-là et de la mienne ma petite Piceaerd !
L’angoisse qui me nouait l’estomac disparut instantanément et je souris malgré tout déclarant avec ferveur :
-Mais alors ça risque d’aller vite si tout le monde garde la mémoire !
Les traits de mon aïeule morte redevinrent immédiatement sérieux et elle répliqua :
-Nous n’avons pas dit que ça sera le cas de tout le monde… Je t’en dirais plus tout à l’heure.
J’hochai la tête même si ma curiosité face à ce plan me donnait envie d’en connaître davantage maintenant. Mes deux grands-mères se regardèrent à nouveau et la mienne murmura :
-Bien…Il va falloir venir au point Elsa…Et la convaincre de nous rejoindre.
-Ne m’en parle pas…Rien que d’y penser j’en ai des hauts le cœur ! Reprit Mamie Vivante.
-Et moi donc ! M’écriai-je en colère.


Je les fusillai du regard. Comment pouvaient-elles acceptées cela ? Je me radoucis en voyant à nouveau leur mine triste.


-L’avantage avec Elsa c’est que comme elle se sent bien seule et qu’elle a tout perdu, elle pourra plus facilement m’accompagner pour mon dernier voyage, chuchota mon aïeule Vivante au bord des larmes.
-Assez Mamie ! Ne le dis pas ! C’est trop horrible ! Clamai-je en frissonnant, non je ne peux pas cautionner ça ! Il me faudra plus de persuasion !
Mamie Morte répliqua alors le plus lentement possible :
-Nous te comprenons entièrement et nous ne te forcerons pas ma petite Piceaerd ! Mais parfois nous devons faire des choix qui nous surpassent, des choix désagréables pour le bien de toute une nation. En tant que princesse tu ne le sais que trop bien.
Mon autre aïeule enchaîna toujours d’une voix plus calme :
-Nous savons que c’est très désagréable…Nous t’en demandons beaucoup après tout ! Nous comprenons que tu ne veuilles pas avoir tout ce poids sur tes épaules ! Si tu ne veux vraiment pas ce n’est pas grave, j’aurais au moins eu la chance de te rencontrer et je passerai ton bonjour à ta sœur…ça lui fera au moins une bonne nouvelle durant sa triste journée…et même vie !


Mes deux grands-mères s’étreignirent. Puis les paupières de Maman se fermèrent immédiatement alors que je sentis la culpabilité m’envahir…Laisser ou ne pas laisser passer ma chance ? Si j’arrivais à trouver le bonheur, Elsa le pourrait également avec Ryder ou Hans ?! Un nouveau départ pour tout le monde…Et elle n’aurait plus de chagrin…Allez Anna…Un mal pour un bien…Je serrai les dents de plus belle alors que l’esprit de mon Aïeule Vivante commençait déjà à quitter le corps de ma Mère Cinquième Esprit.


-Attends Mamie ! Criai-je enfin stoppant le processus, attends…Je…J’ai réfléchi…Je veux bien…Faire ce que vous voulez à Elsa…
Elles se concertèrent tout de suite avec un grand sourire triste.
-Tu ne t’en rends pas compte ma petite Piceaerd…Mais tu as pris la plus sage des décisions, dirent-elles douloureusement en chœurs.
-…Dans la mesure où je ne la tue pas, moi ! Les prévins-je.
-Nous ne te demanderions jamais cela ma petite Piceaerd ! Il n’est pas question de la tuer quelle horreur… Mais qu’elle nous rejoigne ! S’écrièrent-elles.
Puis la mienne se racla la gorge et ajouta :
-J’ai peut-être une idée de comment convaincre Elsa de partir à Ahtohallan et d’abandonner les triplés…Anna…Comment as-tu su qu’il y avait une autre vie dans le passé ?
-Euh…Par le rêve, répondis-je.
Mon visage s’éclaira aussitôt et je renchéris :
-Et tu voudrais que je fasse de même c’est ça ?! Que j’aille perturber Elsa comme ça ?
-Je pense effectivement que ça peut être un bon processus…Enfin…Si ma moi Vivante est d’accord bien entendu ? Répliqua l’aïeule en se tournant vers Maman Cinquième esprit.
-C’est la moins pénible des idées ! Sachant que si y a bien une seule personne que notre grande Piceaerd écoutera, c’est Anna…Mais pas toi.
-Pas moi ? Répétai-je.
Mon Aïeule Vivante murmura encore :
-Néanmoins nous allons avoir besoin de toi quand même ! Tu es la seule à pouvoir ouvrir l’Hellheim !
-Il y a Maman pour cela ! Soutins-je en pointant l’âme de Mamie Vivante.
Mamie Morte secoua alors la tête et rétorqua :
-Ta mère en tant que cinquième esprit peut voyager dans tous les mondes des morts…Néanmoins elle ne peut pas les ouvrir…Ce n’est pas pareil ! Nuance !
-Par conséquent ça va être à toi de convaincre ton homologue…Commença la vivante.
-…Pendant que je me charge de rassembler tout le monde pour procéder aux explications ! Termina ma grand-mère morte.
-Surtout Elysia, plaisanta ma grand-mère Vivante.


Elles rirent toutes les deux puis vinrent m’enlacer. Nous pleurâmes ensemble pendant plusieurs minutes sur le sort de ma sœur. Puis elles se reprirent et se serrèrent fortement la main avant que Maman Cinquième Esprit ne retrouve toute sa raison.


-Bon alors est-ce que c’est réglé ? Demanda-t-elle sans aucune once de fatigue contrairement à moi chaque fois je me réveillai après que ma grand-mère se fut emparée de mon corps.
-Tout à fait mon Ange de l’Air ! Répondit mon aïeule, je te confie Anna pour la suite des préparatifs ! Moi, faut que je retourne auprès des autres !


Elle ne laissa pas le temps à Maman de réagir et se déroba nous laissant seules. Je réexpliquai donc rapidement la situation et nous nous rendîmes devant l’entrée de la galerie des souvenirs.


-A tout de suite ! Me lança ma Mère avant de s’évaporer.


Je ne mis pas longtemps à la retrouver baignant d’une lumière étincelante. Mon homologue me regarda avec surprise alors que je déclarai sur un ton nerveux :


-Finalement je reviens plus tôt que prévu !
-Je suis prête ! Tout à fait prête même à garder Helga ! S’écria-t-elle en se chauffant les mains.
Je fis un signe de tête un peu exaspérée avant de lui rétorquer :
-Je suis venue pour tout autre chose ! Comme je te l’ai dit un peu plus tôt tout à l’heure, nos deux Mamie se sont concertées… Et toi comme moi avons notre rôle à jouer dans cette histoire !


Je lui expliquai alors l’intrusion dans le rêve de notre sœur…La façon dont elle allait devoir la persuader et la pousser à nous rejoindre dans l’Helveg. Au fur et à mesure qu’elle entendit l’histoire, elle devint de plus en plus pâle.


-Et tu voudrais que je fasse du mal à Elsa ?! Paniqua-t-elle, non Anna…Toi comme moi savons que nous ne pouvons pas faire ça ! Même par rêve ! Tu ne te rappelles pas l’état dans lequel nous étions quand nous l’avions cru morte !? Oui techniquement tu ne t’en souviens pas puisque tu ne l’as pas vécu ! Se répéta-t-elle à elle-même…Mais enfin…Je…Je refuse de repasser par-là pour elle…C’est ma sœur ! Elle ne me ferait jamais de mal…Eh bien l’inverse est pareil ! Je suis désolée ! Je ne marche pas dans vos combines ! D’autant que si j’ai bien compris je n’ai rien à y gagner moi !
J’eus du mal à ne pas intervenir mais je voulais la laisser s’exprimer pleinement avant de revenir à la charge :
-Je conçois tout à fait que tu sois fâchée…Pour être honnête j’ai réagi exactement comme toi quand les Mamies me l’ont annoncée. Puis après j’ai réfléchi. Je sais très bien que ce ne sera pas une partie de plaisir de faire ça…Je ne le sais que trop. Néanmoins si tu agis ainsi, tu auras Elsa auprès de toi pour toujours ! Donc quelque part, si, tu y gagnes ! Et je vais même te dire, tu y gagnes doublement puisque ce ne sera plus le Kristoff d’où je viens qui se trouvera dans l’Hellheim mais bien celui dont tu étais tombée amoureuse.


Elle se mordit la lèvre jusqu’au sang pour bien montrer son dilemme alors que j’espérai ne pas me tromper sur mes dires…Après tout cette dernière partie du marché n’avait pas été certifiée par mes deux aïeules.


-Toi et moi savons que nous sommes maladroites ! Renchérit-elle pour contourner le problème, qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire… « Bonjour Elsa ! Oh fait ! Il faudrait que tu te rendes à Ahtohallan et abandonner tes trois fils pour pouvoir revenir me rejoindre dans l’Hellheim car ça arrangerait nos homologues d’une autre vie ! »… Tu parles d’un tableau ! Maugréa-t-elle.


Je faillis rire de la voir si décontenancée, expression que Maman Cinquième esprit n’arriva pas à garder pour elle. Anna la regarda bientôt médusée et s’exclama :


-Je ne vois absolument pas ce qu’il y a de drôle ! On parle de ta fille préférée tout de même !
-Je sais ma chérie…C’est juste qu’il faut que je me réhabitue à ton côté brut de décoffrage…Se défendit-elle.
-Merci Maman pour le soutien, soupira-t-elle.
Elle demeura étrangement silencieuse alors que notre Mère reprit :
-Tu sais…Avec ta sœur il faut jouer sur la subtilité. Je suis comme vous, je trouve ça désagréable d’agir ainsi…Mais si y a bien une chose qu’il ne va pas falloir lui dire c’est la vérité…Je sais que ça va être compliqué Anna mais tu vas la convaincre autrement…Et tu trouveras aisément ! Comme dirait ta grand-mère : Tu es une Piceaerd !
Elle la fusilla du regard et fit une moue dubitative. Nous la laissâmes réfléchir encore quelques minutes et elle finit par chuchoter d’une voix ennuyée :
-Bon…J’y consens…J’espère qu’Elsa ne m’en voudra pas…Je préférerais aller dans le Niflheim si c’était le cas !
-Oh non…Tu le regretterais ! Précisa à nouveau Maman.
Mais mon autre moi ne l’écouta pas plus et elle se pencha vers moi me demandant d’une voix résolue :
-Faut-il que j’y aille maintenant ?
Ma mère glissa alors ses doigts dans les siens et conclut :
-Je pense que oui. Tes grands-mères ne l’ont pas précisé. Mais le temps n’existe plus ici alors que là-bas elles sont pressées…Surtout quand on sait que ta Mamie Anna va mourir dans pas longtemps.
-Tu as raison, renchéris-je.
Elle se tourna une dernière fois vers moi et me regarda avec un air déterminé avant de conclure :
-C’est parti ! Elsa prête ou pas…J’arrive !



****

Comme chaque soir depuis des mois, Elsa n’avait pas souri et erré à ses taches de souveraine telle une âme en peine. Peu à peu au fil des semaines, les visiteurs avaient déserté le royaume. Les Arendelliens, habitués depuis des années à voir la famille royale déambuler dans les rues et à l’écoute de leurs problèmes savaient eux aussi que ce temps était révolu désormais et n’osaient plus non plus, franchir les portes du château. La reine se contentait du minimum et ne s’autorisait plus aucune apparition. Voir un sourire sur un visage était pour elle une cruelle torture tant elle savait que la joie de vivre s’était éteint en elle. Apprendre la disparition de sa sœur, voir sa mère se sacrifier sous ses yeux et puis, peu après la naissance de ses enfants, la disparition sans un mot de sa grand-mère. Elsa l’avait faite chercher dans tout le royaume sans succès. Yohan, ainsi que son père eux aussi avaient quitté Arendelle pour retrouver le pays Northuldra. La jeune femme attendait avec impatience leur retour, tous les jours, Yohan se faisait un devoir d’informer sa reine sur la vie dans la forêt enchantée et, hélas, comme à chaque fois, le peuple du soleil demeurait sans nouvelle de leur chamane.
Sans un mot ni même un regard pour les triplés qui avaient déjà grandi et faisaient désormais leurs nuits, la reine des neiges s’assit tristement sur son lit, chandelle à la main, à relire la dernière missive Northuldra.


« Chère Elsa,

Depuis toutes ces semaines je continue de veiller et protéger la forêt du mieux que je le peux et espère être digne de la charge que tu as posé sur mes épaules. Ton père épouse chaque jour davantage les rites et coutumes Northuldra. En l’absence d’Anna, et pour respecter la justice d’Arendelle, c’est notre guérisseuse qui se charge de veiller sur lui. Curieusement, il s’est pris de passion pour les plantes médicinales et les anti-poisons va savoir pourquoi ! Laïka en est très fière, il fait d’énormes progrès, elle pense même qu’il pourrait rapidement être un assistant de qualité pour elle. Ton frère a bien grandi également et passe ses journées à explorer la forêt en compagnie d’Emma, quand ils ne sont pas à veiller sur notre petite princesse Sophia ! c’est difficile de les séparer tu sais, même pour dormir ! Inlassablement elle et lui nous demandent de trouver ta grand-mère pour qu’elle leur allume leurs coupoles, mais hélas, la concernant, je sais que ce que tu vas lire te causera encore une fois de la peine.
Comme chaque jour, les meilleurs pisteurs ont sillonné le pays Northuldra. Ces derniers temps, ils se sont concentrés près des Cavernes Perdues, dans l’espoir que ta grand-mère ne se soit retranchée dans ce lieu si particulier pour elle. Hélas, pour l’heure nous n’avons toujours aucune trace. Cependant ne t’en fais pas, tu le sais sans doute mieux que moi, jamais elle ne serait partie définitivement sans un dernier au revoir, je suis donc certain qu’elle vit toujours et doit nous surveiller avec son sourire habituel de femme qui sait tout.
Comme toi, tous ici avons l’intime conviction qu’elle s’est retranchée à Ahtohallan mais, tu le sais, il nous est impossible de nous y rendre, nous ne pouvons donc rien faire d’autre qu’attendre.
Je sais que tu espérais, peut-être davantage encore dans cette missive une autre nouvelle sur elle. Je n’ose imaginer à quel point son absence pour la commémoration de la disparition d’Iduna te pèsera. Comme tu le souhaites, nous ne nous déplacerons pas en ce funeste jour mais sache-le, toute la communauté s’associe à ta peine.
J’espère rapidement te donner des nouvelles rassurantes de ta grand-mère.
Yohan »


Une larme perla le long de la joue de la souveraine et humidifia le papier. Presque huit mois ! Huit longs mois depuis ce curieux matin où se réveillant avant le départ de Yohan, Elsa avait eu la désagréable surprise de voir sa grand-mère déjà partie et depuis, aucune nouvelle, aucune trace de la matriarche… Une éternité ! Et en même temps, ils étaient passés si vite ! Elsa avait parfois l’impression d’avoir donné la vie à ses petits princes quelques jours auparavant ! Ils avaient tant grandi déjà mais, jamais depuis tout ce temps, Elsa ne s’était sentie épanouie en leur présence, jamais elle ne s’était véritablement sentie maman, jamais en vérité, elle n’avait retrouvé le goût de la vie. Les blessures et la culpabilité demeuraient toujours les plus forts.
Fatiguée par cette vie de peine, elle préféra se coucher et tenter de s’évader dans le pays des rêves. Même si, elle avait perdu l’espoir d’y trouver de la sérénité. Chaque nuit était jalonnée de cauchemars et certainement celle-ci, alors qu’il venait de s’écouler un an depuis la disparition d’Iduna allait être plus pénible encore. Mais qu’importe, désormais pour elle, les cauchemars paraissaient plus doux que la réalité. Doucement, elle ferma les yeux et se mit à énumérer les noms de ceux qu’elle avait perdu, luttant pour ne pas oublier leur visage, leur voix.
Systématiquement elle commençait par sa mère. Elle voulait se convaincre que désormais cinquième esprit, Iduna restait en permanence à ses côtés, même si depuis des mois, elle n’avait plus ressenti l’aura de la Nature. Arrivait ensuite Ryder, le père de ses enfants et, en plus du sommeil, elle se sentait gagnée par la culpabilité. Elle qui demeurait incapable d’apporter l’amour que méritait pourtant le fruit du sien avec l’éleveur de rennes. Peu à peu, le visage de Kristoff également apparut, lui, le dernier défenseur d’Arendelle et enfin, le dernier… Elsa prononça alors le nom dans un souffle avant de basculer dans le pays des songes :

« Anna… »


-Bonjour toi ! Tu pensais à moi grande sœur pas vrai ?!


Elsa sursauta… Elle n’était plus dans son lit. Elle observa les alentours, le paysage semblait tourner, incapable de se figer puis elle sentit son cœur s’arrêter en fixant devant elle. La jeune rousse la dévisageait avec un immense sourire, son visage rayonnait alors qu’elle lui sautait dans les bras.


-Elsa !
-A… Anna ?!
-Oui… C’est bien moi ! Oh Elsa tu m’as tellement manqué !
-Mais… où … Où suis-je ?
-Où ?... Oh c’est à toi de nous le dire ! Où tu veux après tout c’est ton rêve !
-Mon ?...


Elsa réfléchit un instant à la remarque de sa cadette qu’elle ne désirait toujours pas lâcher et machinalement pensa aux cuisines du château où enfants, elles avaient l’habitude d’élaborer des stratagèmes pour chaparder les biscuits et autres gourmandises. Aussitôt, le décor enfin se figea et les deux jeunes femmes faisaient face à un somptueux gâteau au chocolat qui trônait sur la table de la cuisine d’Arendelle !


-Bon choix Elsa ! Je meurs de faim et cette odeur ! … Se délecta la rousse.
-Attends ?... Je rêve c’est ça ?!
-Oui… Puisque je te le dis !
-Je rêve !... Pour la première fois ça n’est pas un cauchemar mais…
-Quoi ? Demanda la cadette alors qu’elle sentait Elsa se raidir et se laisser envahir par la tristesse.
-Mais… Tu… Tu n’es pas réelle et demain… Me réveiller dans un monde sans toi… Sans vous tous…
-Hey là ! Elsa je serai toujours là pour toi ! …Et puis nous sommes dans ta tête c’est vrai… Mais cela ne m’empêche pas d’être bel et bien réelle !
-Quoi ?
-Ça serait long à t’expliquer… Disons pour faire simple que maman… Me permet un laisser passer depuis l’au-delà pour venir de hanter… BOUH !! Alors ?! Je suis crédible en fantôme ?! Railla la plus jeune.
-Tes plaisanteries elles aussi me manquent !...
-Je prends ça pour un oui ! Toi aussi Elsa ! Toi aussi ! … Si tu savais comme je suis heureuse que finalement maman et mamie m’aient persuadées de venir te rendre visite…
-Attends quoi ?! … Mamie ?! Ca veut dire qu’elle… Qu’elle…
-Non !! Non rassure-toi Elsa ! Pas cette mamie que tu connais ! … Une autre ! D’une autre vie ! Qui a connu une autre Elsa et une autre Anna … Tiens d’ailleurs elles te passent le bonjour car elles en revanche sont mortes c’est amusant non ?! … Enfin je veux dire, non je ne me moque pas de toi parce que tu n’es pas morte alors que nous si mais… c’est sympa la mort tu sais…Euh enfin, qu’est-ce que je dis-moi ?!
-Les autres vies ?... Je crois que mamie m’en a parlé quand je la veillais depuis Ahtohallan…
-Voilà c’est ça ! Super je n’ai pas besoin de t’expliquer ! Et ça m’arrange !...
-Mais alors… Si je te vois ?! … Ça veut dire que… J’ai fait un voyage astral comme mamie ? Je suis dans l’Helveg c’est ça ?! … Et les autres ils sont là aussi ?! Même Ryder ?! Et maman ?!
-Oulah ! Elsa calme-toi ! Je te rappelle que la plus folle de nous deux c’est moi ! Non… Tu ne fais pas un voyage astral…Tu en es incapable tu n’es pas chamane… Après quand tu seras morte, tu pourras probablement le faire… Enfin je ne te critique pas ! Balbutia la jeune rousse qui craignait d’avoir fait une nouvelle gaffe.
-Alors… Si tu es là… C’est seulement grâce à toi… Mais pourquoi n’es-tu pas venue plus tôt ?!
-ça… Tu sais ça n’est pas si facile… Je te l’ai dit, maman m’a bien aidé pour le coup…
-Tu… Tu veux dire que tu ne reviendras pas me revoir ?! … Je savais que je ne pouvais faire un rêve… C’est même pire que mes cauchemars…Lança Elsa dont les yeux s’humidifièrent.
-Non… Non Elsa je te l’ai dit… Je serais toujours là pour toi ! Et d’ailleurs… C’est même pour ça que je suis venue ce soir !... Elsa écoute-moi ! Tu dois partir pour le pays Northuldra ! Et retrouver mamie, elle t’y attend !
-Non elle…
-Oh Elsa laisse-moi finir s’il te plait ! Si ! Elle sera là-bas quand tu arriveras, crois-moi ! Elle t’attend ! Elle va très prochainement nous rejoindre tu sais… Mais elle a… Une dernière mission… A faire avec toi !
-Avec moi ?
-Oui Elsa !... Et grâce à toi… Nous pourrons être de nouveau ensemble !
-Quoi ?... Que veux-tu dire ?
-Elsa… Tu dois accompagner mamie… Pour… Fit Anna mal à l’aise.


Un long silence s’installa et la souveraine dévisageait sa cadette. Anna semblait hésiter et se mordillait la lèvre, pourtant, elle dégageait une sagesse qu’Elsa lui enviait. A cet instant, c’était elle qui donnait l’impression d’être la petite sœur admirative.


-Pour ?...
-Pour… Un dernier voyage Elsa… Souffla sa sœur.
-Un… Elle va mourir ?
-Euh… Mais tu le sais déjà ça non ?
-Oui je le sais… Je dois l’aider à venir vous rejoindre ?
-Eh bien ?... Oui Elsa ! Exactement ! C’est ça que tu dois faire ! … Et de son côté… Mamie t’expliquera ce qu’elle attend de toi pour… Que tu l’accompagnes au mieux !
-Et ça nous permettra de nous voir toutes les deux ? Demanda Elsa avec espoir.
-De… Euh oui bien sûr ! Autant que tu le souhaiteras ! Et même… Voir tout le reste de la famille ! Affirma la rousse avec espoir.
-C’est d’accord !
-D’accord ?... D’accord ?! Tu… Tu… Tu acceptes Elsa ? Demanda Anna surprise.
-Bien sûr ! Ça n’est pas ce que tu veux toi ? Tu ne veux pas que nous puissions être ensemble ?!
-Je… Si évidemment Elsa que je le veux ! Tu es la personne qui compte le plus au monde pour moi !
-Vraiment ?... Ca n’est pas Kristoff ? Taquina Elsa.
-Toi…Et Kristoff !... A égalité ! Corrigea Anna amusée.
-Alors c’est entendu ! Quand dois-je partir ?
-Le plus tôt possible !... Pourquoi pas demain dès l’aube ?
-Dem… Mais demain c’est le jour où maman…
-Oui c’est vrai mais… Tu sais en aidant mamie à…à aller au bout de son projet eh bien… Tu pourras être avec maman… Aussi souvent qu’avec moi… La voir… N’est-ce pas mieux que pleurer devant… un monument. Se risqua Anna mal à l’aise.
-Cela ne peut attendre ?
-Non Elsa ! Il faut le faire… Le plus rapidement possible ! Insista Anna.
-Très bien… Si tu le dis petite sœur je te fais confiance ! Comme j’aurai toujours dû le faire ! Sans mon attitude, tu ne serais pas…
-Allons ! Allons Elsa ne te mets pas dans cet état ! Insista la cadette en la prenant dans ses bras.
-Tu as raison ! De ce que j’ai pu apprendre, c’est que tu agis toujours pour moi… Si tu me dis qu’il ne faut pas perdre de temps ! Je te crois ! Bien… Alors… Est-ce que… je dois te dire au revoir pour me réveiller et faire prévenir tout de suite les intendants et me préparer pour ce voyage avec les princes… Ils seront heureux de vous voir aussi j’en suis certaine…
-Euh… Elsa… Fit Anna de plus en plus mal à l’aise.
-Oui ?
-Tu… Tu devrais eut être… Les laisser ici… Tu comprends, ce projet de mamie… Il se peut qu’il soit… Un peu long…
-Oh ?... Je devrais donc partir seule ?... Très bien ! Je laisserai quelques consignes au conseil pour gérer les affaires courantes et déplacer mes obligations… Cela me fera du bien de toute manière, si tu savais comme tout m’ennuie… Moi qui te jalousais quand tu avais pris ma place… Si tu savais comme je m’en veux petite sœur !
-Je le sais… Mais Elsa… Comment dire…


La jeune rousse continuait de se mordre toujours plus fort la lèvre. Si Elsa avait un doute elle pouvait être certaine que sa sœur n’était plus sur le même plan qu’elle car aucun être humain n’aurait supporté une telle morsure, de surcroit sans saigner. La reine des neiges resta quelques instants interdite face à cette gêne grandissante de sa cadette.


-Anna ? Tout va bien ? Tu as quelque chose à me dire ?!
-Je… Non rien du tout Elsa ! Rien du tout… Mais… Enfin… Ce projet je t’ai dit… ça pourrait être… Comment dire…
-Anna ?! … Qu’est-ce que tu me caches petite sœur ?!
-Rien… Rien du tout… C’est juste que… Ca risque d’être… Plus long que quelques jours… A ce stade il vaudrait mieux… Nommer un régent pour le temps de… ton absence… Confessa la jeune rousse qui, si elle avait été vivante aurait sans doute sué à grosses gouttes.
-Tu veux dire que je devrais être séparée des petits princes pendant un long moment ?
-Euh…


La cadette sentait son malaise gonfler au fur et à mesure et s’entortillait les doigts incapable de regarder son ainée dans les yeux jusqu’à ce que, surprise, elle sente Elsa la prendre dans ses bras.


-Oh petite sœur ! Tu cherches à me protéger car tu ne veux pas que je me sépare trop longtemps de mes fils… Je te reconnais bien là… Le cœur sur la main ! Mais ne t’en fais pas… Même si cela doit être pour un temps long, je sais que tu ne m’aurais pas proposé cela si ça n’était pas important…. Je te fais une confiance totale, en revanche toi tu m’en voudras sans doute mais comme régent… Je nommerai… Hans ! Non ne te fâche pas Anna ! Il n’est plus le même ! C’est un homme bien tu sais !
-Je…
-Non Anna pitié ne m’en dissuade pas ! Je t’assure il sera un choix parfait… Oserais-je même te dire qu’en ce moment… Il est peut-être la seule personne…vivante ! Qui compte pour moi ?
-Je… C’est certainement un très bon choix Elsa… Il… Il saura sans doute éduquer les princes parfaitement ! Tu sais, d’où je suis, on veille tous sur toi, on sait ce qu’il se passe ! Si tu savais dans une autre vie, j’ai même eu une fille avec lui alors, rien ne m’étonne !
-Attends quoi ? Qu’est-ce que tu as dit ? … Les éduquer ? Mais Anna… Ce ne sont encore que des bébés voyons ! La question d’une éducation royale ne va pas se poser tout de suite…
-Oui…Enfin… Tu sais comme disait maman, l’éducation royale se fait dès le berceau ! …Enfin c’est ce qu’elle me disait pour essayer de me dissuader de venir taper à ta porte…ce qui soyons honnête ne m’empêchait pas du tout… Mais maman avait sans doute raison non ?! Répondit la petite rousse à toute vitesse.
-Oh Anna… Tu auras fait une super maman… Meilleure que moi à n’en pas douter… Ce que tu dis est juste ! Mais oui, Hans sera parfait pour leur éducation ! Je le ferai prévenir dès demain avant de me mettre en route… Mais ? Qu’est-ce que tu as Anna ? Tu as l’air… Toute drôle ?
-Moi ?... Oh non ! Non Je suis tout à fait normal ! Même comme dit ton précieux Hans… Tout à fait ordinaire… Enfin non je ne le suis pas… C’est juste que je suis morte et toi vivante, donc le concept de normalité n’est peut-être plus le même pour nous deux… Enfin, nous aurons l’occasion prochainement d’en parler une fois que tout sera fait.
-Anna ?!
-Oui grande sœur ?! Demanda-t-elle précipitamment.
-Dis-moi ?... Est-ce que tu sais ce que c’est ?... Le projet de mamie ?
-Moi ?... Euh… Non… Non pas précisément…
-Pas précisément ? Mais tu en as une idée ? Tu sais pourquoi elle n’a plus donné de nouvelles ?! Explique-moi !
-Euh… Tu ne préfères pas plutôt… Que l’on aille faire un bonhomme de neige ?! J’attends ce moment depuis que je suis morte !


Anna venait de prononcer les mots magiques… Un sourire s’afficha pour la première fois sur le visage de la reine des neiges et fit apparaître un flocon qui s’écrasa sur le nez retroussé de sa cadette qui rit aux éclats avant d’éternuer de surprise. Le flocon fut alors instantanément repoussé et, au contact du souffle sans vie de la jeune rousse se matérialisa un bonhomme de neige. A peine eût-il posé ses pieds gelés sur le sol que les deux sœurs d’Arendelle se figèrent :


-Olaf ?! Lancèrent-elles en chœur
-Je… Je suis vivant ? Enfin je crois ?! Et… Oh ! Anna !!! Elsa !!! Enfin je vous ai retrouvées !
-Olaf ?! Mais… Mais comment est-ce possible ?! Questionna interloquée la reine des neiges.
-Nous sommes dans ton rêve Elsa…
-Je sais Anna mais… J’ai essayé de le ramener depuis un an… Mais c’était impossible… Et même en rêve mais là… J’ai… Non ! Non…En fait c’est… C’est toi Anna ! C’est grâce à toi !!
-Que dis-tu ?
-Peu importe ! … Je dois te laisser petite sœur ! Tu m’as dit qu’on se reverrai bientôt ! Je t’expliquerai ! Enfin tu sauras si tu me regardes ! Je dois me réveiller ! Je sais quoi faire !
-Tu ?... Comment ça tu sais ? Elsa ! Tu vas ?... Tu vas partir ou pas ?
-Oui Anna, je m’en vais de suite ! Mais j’ai une chose à faire avant ! Plus qu’Hans comme régent ! Je crois que je sais à qui confier le soin de surveiller mes princes !
-Qui ?
-Regarde-moi de là où tu es et tu verras ! Ca va te plaire petite sœur ! Et c’est grâce à toi !


A nouveau, l’ainée prit sa sœur contre elle et la serra fort. Elle sentit les larmes couler le long de ses joues mais cette fois, ça n’était pas de la tristesse. Pour la première fois, l’ainée sentait son cœur s’être allégé d’un poids. Elle venait enfin de trouver à nouveau un but à sa vie… Accompagner sa grand-mère et offrir le plus beau présent possible à ses enfants.


-Merci Anna… C’est grâce à toi ! Je t’aime petite sœur !


Elsa ne laissa pas le temps à sa cadette de répondre et déjà elle s’éloignait. Anna sentait qu’elle devenait de plus en plus informe. L’esprit inconscient d’Elsa se refermait, indiquant qu’elle était sur le point de se réveiller. Mais l’espace d’une seconde, la jeune femme fut tiraillée. Elle avait rempli sa mission, mais celle-ci lui laissait un gout amer.


-Elsa… Attends ! Je ne t’ai pas tout dit. Hurla Anna qui ne tenait plus.
-Quoi ?
-Le voyage… Il… Il sera vraiment très long Elsa…
-Oui… Tu me l’as dit, merci de te soucier de ça… Mais tu l’aurais fait pour mamie toi aussi… Ou pour moi ! Et ça me fera quelque chose à raconter à la fin… Grace à toi j’ai retrouvé un but… Un sens dans cette vie ! Merci Anna… Sans toi… Sans ta visite… Je crois que j’aurai fini par avoir envie de… Pardon tu vas m’en vouloir, j’ai honte de l’avoir pensé pendant une seconde… Envie de… Vous retrouver plus vite que prévu ! … C’est idiot n’est-ce pas ?!
-Sans… Sans doute Elsa…
-Au revoir petite sœur !
-Elsa !! Attends j’ai encore une chose à te dire !!! Lança la cadette les larmes aux yeux.
-Oui ? Quoi Anna…
- Je… Te souhaite bon voyage Elsa ! Termina-t-elle d’une voix triste.
-Merci petite sœur !


La reine des neiges conclut ses paroles par un baiser qu’elle envoya à l’attention de la cadette qui le reçut avec douleur avant de disparaître du monde de l’inconscient.
Brusquement, Elsa ouvrit les yeux. Elle fixait le plafond orné de la chambre royale. Tel un automate, elle s’empressa de se lever et, derrière son paravent se délesta de sa tenue de nuit puis, en tenue d’Eve, d’un geste élégant, se vêtit d’une robe de marche, fruit de son pouvoir. Ses bottes étincelaient dans la nuit alors que tombait au-dessus, une majestueuse robe de glace, légère et ornée de flocons et symboles des esprits de la nature présents sur le haut de la tunique et la cape de voyage aussi légère que les flocons des premières neiges. Ainsi prête au départ, la jeune femme s’approcha du berceau et fut alerté par les trois princes qui, surpris du silence rompu se mirent à pleurer doucement.


-Allons… Soyez sages tous les trois… Maman part en voyage… Votre tatie Anna l’a appelé. Il paraît que cela sera un peu long, mais pendant mon absence, je serai toujours là, près de vous… Glissa-t-elle en les caressant tous les trois et berçant tendrement l’imposant lit d’enfant.


Les petits princes donnèrent l’impression de se calmer mais ne surent retrouver le sommeil. Elsa resta patiente, pour la première fois probablement depuis leur naissance.


-Allez, maman est là et… Justement, votre mamie quand votre tante et moi avions du chagrin nous chantait une chanson…


La reine des neiges continua de bercer le lit et accompagna le mouvement de la berceuse d’Ahtohallan. Sa voix cristalline et douce sut apaiser les enfants qui, comme Elsa et Anna à leur époque, s’endormirent à la fin du quatrième couplet.


-Voilà… Dormez mes enfants… Et ne vous en faîtes pas ! Je sais qui sera parfait pour veiller sur vous !


Doucement, la jeune femme s’éloigna d’un pas et tourna dans un geste élégant ses mains, concentrant ses pensées sur sa cadette, et le lien tout particulier qui les unissait, puis, porta son geste vers les fagots de bois, le charbon et la carotte desséchée, derniers vestiges d’Olaf. Dans un merveilleux tourbillon de neige, les reliques s’envolèrent, le légume retrouva ses couleurs et chaque élément s’accorda avec la structure de neige que la maîtresse de l’hiver commençait à recréer. Elsa releva sa main, et l’instant d’après, Olaf retrouvait la vie.


-Elsa !...
-Chut !!! Pas de bruit Olaf ! Oui pour toi c’est difficile ! Fit-elle en plaquant sa main sur sa bouche enneigée.
-Mais pourquoi ?... Et que s’est-il passé…
-Chut… Je te raconterai… Mais pour l’heure, Olaf, tu veux bien m’aider ?
-Oui pourquoi ?
-Regarde ! … Je te présente, Karl, Viktor et Ryder…
-Oh ?... Mais c’est qui ?
-Ce sont… Mes enfants… Sourit Elsa.
-Des petits frères !
-Oui… Exactement Olaf ! Des petits frères ! … Et comme je dois partir… Qui mieux que leur grand frère pour veiller sur eux pendant mon absence ?
-Tu t’en vas ?
-Oui… Je… Je ne sais pas encore où mais… Je dois y aller… Et j’ai besoin de toi ici, pour veiller sur eux ! Tu veux bien faire ça pour moi ?
-Oui pourquoi ?


Sa créatrice ne répondit que par un sourire et s’installa à son cabinet de travail puis, de sa plus belle plume rédigea quelques lignes avant de les mettre sous pli.


-Tiens Olaf… Demain quand il viendra ici… Tu donneras ça à Hans…
-Qu’est-ce que c’est ?
-Un ordre royal… C’est lui qui aura la charge du royaume en mon absence…
-Hans ? Mais pourquoi ?!
-Parce que Olaf… Parce que Hans… Parce que je l’aime !


Elsa avait prononcé ces paroles dans un murmure, c’était la première fois qu’elle l’avouait et à nouveau, une larme coula le long de sa joue. Curieusement, le bonhomme de neige de retour à la vie se trouva silencieux et se contenta d’offrir ce qu’il savait faire de mieux, un gros câlin.


-Je sais pas combien de temps tu vas partir mais tu vas me manquer… Je serai toujours avec toi
-Et moi aussi Olaf ! Toujours !
-Je te promets Elsa de veiller sur mes petits frères !... Pour toujours s’il le faut ! Fit Olaf avec un salut militaire.
-Tu le feras Olaf… Car désormais… C’est à eux de toute manière que tu es lié. Déclara Elsa avec un sourire triste.


La jeune femme ne souhaitait pas éterniser ses adieux. Elle jeta un regard à l’imposante horloge. Le jour allait se lever d’ici une heure. A cet instant, elle comprit l’attitude de sa grand-mère huit mois plus tôt… Elle non plus ne souhaitait pas faire d’adieux. Sa lettre pour Hans serait suffisante. Il était temps pour elle de partir et, après un dernier baiser à ses trois princes endormis, elle referma sans bruit la porte derrière elle, laissant les enfants avec Olaf et, à pas de loup, quitta son château en direction du pays Northuldra, convaincue par son rêve et la parole de sa cadette.

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J’avais refermé les portes de l’Hellheim tout en sachant que je ne mettrai pas longtemps à y revenir avec le reste de la famille. Mes pensées se bousculaient sur le chemin du retour et j’eus un goût amer malgré l’atmosphère chaleureuse qui circulait dans la hutte.


-Maman est revenue ! Clama Helga en me sautant dans les bras.
-Oui ma chérie… Hum…Aurais-tu mangé du ragoût de rennes ? Demandai-je.
-Oui Mémé Anna a donné à Helga…Mais comment tu sais ?
Je ne répondis rien mais ris plutôt en lui essuyant le menton avec mon bas de robe. Puis je la pris contre moi et l’embrassai avant de l’interroger à nouveau :


-Alors est-ce que tu pourrais raconter à Maman ce qui a été dit en mon absence ?
Elle ne répondit pas tout de suite et s’agita pour que je la fasse redescendre avant de m’emmener jusqu’à ma part de nourriture. Puis elle dit enfin d’une toute petite voix :
-Tout le monde a mangé, puis Mémé Anna a parlé à Pépé Runeard, Pépé Elysia, Olaf et Kristoff…Ils vont tous aller dans l’Hellheilm et Helga aussi. Mais pas Maman, Papa ni Mamie et tatie Elsa non plus.


Je l’écoutai en essayant de ne pas montrer mes émotions mais je compris vite à l’énumération que c’était uniquement ceux de notre ancienne vie qui resteraient pour l’aventure. Les autres ne seraient bientôt plus que des souvenirs. Un soulagement pour mon homologue arriva à ma poitrine. Elle serait au moins avec son vrai amour et sa sœur en paix.


-Mange ma petite Piceaerd ! M’ordonna Mamie, nous n’attendons plus que toi. As-tu réussi ce que je t’avais demandé ?
-Oui…Anna est partie embêter Elsa vivante, répondis-je.
Je me forçai ensuite à prendre des bouchées du ragoût bien qu’ayant plutôt envie de tout recracher.
-Parfait ! Sourit mon aïeule, mon Moi Vivante doit se charger des mixtures. Elle ne devrait pas en avoir pour trop longtemps, de mon côté c’est prêt aussi.
-Es-tu sûre que ça va marcher ma Anna d’amour ? Demanda Papy Elysia d’une voix solennelle.
Elle n’eut pas le temps de répondre que tonton Olaf surenchérit :
-Bah évidemment Papa ! Je te rappelle que Maman c’est Dieu ! Elle est trop forte !
Mon grand-père maternel lui ébouriffa les cheveux avec tendresse alors que mon aïeule reprit :
-Allez ! Trêve de plaisanterie…Ma petite Piceaerd, est-ce que tu as fini ton assiette ?


Je déglutis violemment mais n’eus pas le courage de répondre oralement. Je repoussai l’ustensile et me levai en même temps que tous les autres. Helga me donna la main ainsi que celle d’Hans. J’observai Kristoff, bienveillant qui restait en retrait auprès de Sven. Elsa était pensive tout comme Papa et Maman. Mes deux grands-pères se chamaillaient arbitrés par Mamie qui s’occupait également d’Olaf. Je jetais un dernier coup d’œil à la hutte, consciente que nous n’y mettrions plus les pieds et nous nous dirigeâmes vers l’Hellheilm.
Quand je rouvris le passage, Anna était en pleurs dans les bras de Maman Cinquième Esprit.


-A en juger par ton état, je suppose que tu as accompli ta mission ma petite Piceaerd ? Demanda bientôt mon aïeule.
Elle se contenta d’hocher la tête tout en suffoquant. Instinctivement, Kristoff lui lança un petit sourire de réconfort.
-C’est très bien petite Anna…Encore une fois, ça en valait la peine, je t’assure ! Bien…A présent…C’est l’heure des échanges ! Reprit alors Mamie d’une voix grave.
-Pouvons-nous tout de même nous dire adieux ? Soulevai-je un peu blême.
Elle m’embrassa le front et répondit du tac au tac :
-Bien sûr !


Il fallut quelques instants à Kristoff pour agripper mes lèvres et me donner un violent baiser devant tout le monde. A mon grand étonnement, je ne pus en être pleinement satisfaite car je compatissais pour mon homologue qui avait dû mentir à Elsa. La bouche du montagnard se détacha enfin de la mienne. Il me caressa la joue et je lui pris la main pour sentir sa fermeté. Puis je me tournai vers Mamie qui s’était rapprochée de mes deux grands-pères et leur recommanda :


-Je compte sur vous pour ne pas vous entretuer le temps que je vous rejoigne ! Mon petit bonhomme de neige, tu les surveilles bien, d’accord ?
-Mais…Tu ne nous accompagnes pas Lady Anna ? S’offusqua Papy Runeard.
-Pas tout de suite mon ami, il faut d’abord régler l’apogée de cette histoire, expliqua-t-elle.
-N’ayez pas peur Papa d’Agnarr le moche, prenez ma main, ça va bien se passer ! S’exclama tonton Olaf.


D’un geste enfantin, il l’entraina vers l’entrée du passage et ils montèrent tous les deux dans l’Hellheim sans aucun problème.
-C’est prodigieux ! S’écria le souverain d’Arendelle, tu avais raison jeune homme, ajouta-t-il en ébouriffant les cheveux de mon oncle avec fierté, oh ?! Mais qui aperçois-je au loin… Pieter Piceaerd…
En effet, mon grand-oncle les rejoignit et vint nous saluer. Tonton Olaf désintéressé de la situation demanda alors à Papy Elysia :
-Papa tu montes ?
Toujours collé à Mamie, il répondit simplement :
-Pas tout de suite mon petit bonhomme de neige ! Mais promis Maman et moi allons te rejoindre !
-…Mais Elysia…Commença-t-elle gênée.
Il lui prit alors les mains et répliqua :
-…Quoi ?! Je t’ai attendu pendant ce qui m’a paru une éternité dans l’Helveg en m’étant juré que je ne franchirai pas ce seuil sans toi…Alors je suis désolé mais je ne partirai dans l’Hellheim qu’en ta compagnie.
Mamie bafouilla devenant de plus en plus rouge :
-…Euh…Je ne sais pas si je suis vraiment d’acc…
Il ne lui laissa pas le choix et la rapprocha d’elle avant de la pencher en avant et lui couper la parole par un tendre baiser.
-Est-ce que y a des lits dans l’Hellheim tonton Pieter ? Souleva immédiatement tonton Olaf, Parce que Papa et Maman ils vont en avoir besoin pour faire de l’érotisme !


Mon grand-oncle ainsi que ma mère cinquième esprit et mon homologue faillirent s’étrangler en entendant les propos.


-Bravo pour l’éducation petite sœur ! Persifla bientôt son frère.
-Oui ! Je vais presque être jalouse parce que lui au moins il avait le droit à autre chose que les leçons de chamanisme ! lança Maman Cinquième Esprit !
Mamie se mit à rire et rétorqua :
-Va plutôt chercher Kristoff au lieu de dire des bêtises mon Ange de l’Air !
-Je m’en charge.


Nous attendîmes quelques secondes alors que je me tenais toujours auprès du montagnard et de ma fille. Le visage d’Elsa s’éclaira soudain lorsqu’elle vit son mari apparaître. Elle laissa Hans un peu plus en retrait et s’approcha.


-Il paraît que vous m’avez fait demandé ?! Grogna-t-il, dépêchez-vous ! Je dois retourner m’occuper des enfants !
Mamie s’avança donc auprès de ma sœur et lui déclara :
-Ce n’est plus à toi de le faire mon grand Bjorgman…
-Que voulez-vous dire ?! Qui va les surveiller dans ce cas ?! Insista-t-il.
-Je m’en chargerai avec Mémé et Mamie Iduna ainsi que Pépé Olaf ! S’écria fièrement la Anna plus âgée.
Il la regarda avec un peu de méfiance puis se tourna à nouveau vers Mamie.
-Et pourquoi n’est-ce plus moi ? Demanda-t-il encore.
-Parce que…Vois-tu…Tu vas pouvoir retrouver ta femme, répondit mon aïeule.
Le regard de Kristoff s’impatienta de joie le temps qu’il réalise ce qu’on venait de lui dire. Il se tourna alors vers ma sœur et s’écria :
-Oh ? Ma Elsa ? Tu vas enfin monter ?
Elle lui répondit du tac au tac tandis que le sang lui monta aux joues :
-Non si nous ne nous occupons pas de nos enfants c’est toi qui vas descendre !
-C’est à peine compliqué vos jeux des chaises musicales ! Renchérit Maman Cinquième Esprit.
-Chut mon Ange de l’Air ! Pas besoin d’en rajouter ! S’écria aussitôt Papy Elysia.


Avec prudence, Mamie fit aussitôt reculer mon montagnard pour que son homologue puisse descendre en toute tranquillité. Puis ce fut au tour de celui des secrets d’Ahtohallan de monter. Après m’avoir une dernière fois embrassé, il rejoignit enfin sa Anna et ils purent s’éteindre pleinement tout comme Kristoff et Elsa de ma vie, le faisaient au même moment devant le passage de l’Hellheim.
Je les observai tous avec un petit sourire sachant qui allait être la prochaine à partir…Les petits yeux vert de ma fille me transpercèrent du regard avant qu’elle ne me chuchote :


-Helga veut descendre dit aurevoir à Papa.
-Bien sûr ma chérie.


A contrecœur je la déposai au sol. Elle se rua aussitôt sur Hans et lui fis un énorme câlin. Je voyais à son expression que lui aussi avait bien du mal à cacher ses larmes.


-Tu vas me manquer ma princesse, dit-il en l’embrassant.
Elle attrapa alors son visage et dit d’une voix autoritaire qu’elle voulait la plus convaincante :
-Ah non ! Papa pas triste comme Maman ! Papa et Maman sont grands ! Papa et Maman doivent montrer l’exemple !


Son zozotement était touchant et non crédible. Néanmoins, ses paroles finirent par m’atteindre en plein cœur. Je serrai fermement mes poings et refoulai mes larmes du mieux que je pus. Helga donna un dernier câlin à mon ancien mari puis elle fit un bisou à Elsa, Maman, Papa, Papy et Mamie avant de revenir vers moi. Elle me força à me baisser pour être à ma hauteur et reprit :


-Maman Anna comme Papa ! Maman Anna forte aussi !
-Maman Anna va faire de son mieux ma chérie, plaidai-je d’une voix voilée par les sanglots.
Elle me chuchota alors à l’oreille :
-Si tu veux…Si ça te fait moins de peine…Dans l’Hellheim Helga va te dire à tout à l’heure et pas au revoir.
Je lui embrassai les cheveux et ne pus qu’être fière de son ingéniosité...A deux ans à peine. Je finis par répondre :
-C’est une très bonne idée.


Je lui ouvris mes bras et nous restâmes ainsi enlacées pendant je ne sais combien de temps. Je sentais son menton se fondre dans mon cou et je lui pressai un peu plus le dos le caressant vigoureusement au passage. Je fus bientôt mouillée par ses larmes. Elle avait beau se montrer forte…Maintenant, elle comme moi savions…Rien ne serait plus jamais comme avant. Personne ne nous pressa mais je savais que tous attendaient que nous nous détachions l’une de l’autre.


-Allez ma chérie…Il est temps, finis-je par lui murmurer.
J’essuyai ses yeux rougis et l’écartai enfin de ma poitrine. Elle se tourna une dernière fois vers Hans et moi et conclut :
-Helga aime Papa, Helga aime Maman ! Helga n’oubliera personne ! A tout à l’heure !
-A tout à l’heure, soufflai-je dans un murmure.


Je sentis le soutien de mon ancien mari contre mon épaule alors que Maman Cinquième Esprit réceptionna notre petite. Mon cœur se desserra légèrement quand l’autre Anna la prit instinctivement dans ses bras et l’embrassa.
Mamie voyant qu’il n’y avait plus aucune raison pour que nous restions là finit par déclarer :


-Bien, pour les échanges nous sommes bons, à présent mon Ange de l’Air, j’ai besoin que tu fasses venir Ryder…Et toi aussi au passage !


Maman rechigna mais s’exécuta une fois encore. Quelques secondes plus tard, le jumeau Nattura était parmi nous avec elle. Je jetai brièvement un dernier regard à mes proches avant de refermer l’Hellheim.


-Pourquoi suis-je là Madame Piceaerd ? Demanda aussitôt Ryder intrigué.
-Mon petit Nattura ! J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi ! Répondit-elle.
Sans attendre, elle nous ramena dans la Galerie des Souvenirs et lui montra les triplés. Il rougit et fut ému.
-Ça c’est la bonne nouvelle ! Vos trois fils sont en bonne santé ! Clama-t-elle.
-Et la mauvaise ? Se risqua-t-il à demander.
-Elsa ne les verra jamais grandir.
-Quoi ?! Elsa va mourir ? Demanda-t-il.
Mamie se contenta d’hocher la tête de manière soucieuse.
-Tu l’auras auprès de toi pour toujours Ryder…Et elle sera bien plus heureuse qu’actuellement crois-moi, insista mon aïeule devant la mine sceptique de son amant.


Pour confirmer ses dires, elle remonta en arrière dans le souvenir et nous vîmes tous une Elsa terne et vide de tous sentiments heureux.


-En admettant que ça soit vrai…A quoi est-ce que je sers ? Ne vaudrait-il pas mieux l’attendre directement dans l’Hellheim ?
Mamie secoua cette fois la tête et répliqua :
-Tu aurais pu, mais il va probablement falloir la convaincre que son bonheur est ici…Et qui de mieux que toi pour ça ?
-Bah…Peut-être la reine Anna ? Souleva-t-il.
-Certes…Mais elle a déjà eu son rôle, maintenant c’est à toi de jouer.


Ryder finit par acquiescer alors qu’on pouvait lire sur son visage à la fois de la contrariété et de la joie à l’idée qu’il puisse bientôt retrouver celle qu’il aime. Mamie nous fit alors approcher de l’extrémité du dôme et demanda à Maman Cinquième esprit d’à nouveau se concentrer pour réceptionner… Ma grand-mère Vivante.
Comme tout à l’heure, elle arriva quelques minutes après.


-Ma Chère Moi est-ce que tu as eu le temps de préparer la dernière mixture ? Demanda aussitôt la mienne alors que le regard de mon aïeule vivante dévia vers Papy Elysia avec envie.
-Non…Je suis désolé ma Anna d’amour…Tu es dans le corps de notre fille…Pas de baisers cette fois, souleva aussitôt grand-père gêné.


Mamie Vivante soupira mais lui lança un hochement de tête de compassion avant de répondre à ma grand-mère morte :


-Oui pour la mixture ! Elle est juste de l’autre côté de la paroi ! Iduna va pouvoir venir la chercher !
-Parfait, sourit Mamie Morte. Et concernant Elsa ?
-Elle ne devrait plus tarder à arriver, répliqua-t-elle avec un clin d’œil, faut juste que je la retrouve en pays Northuldra…Si Anna a bien rempli sa mission !
-Je n’en doute absolument pas ! Bien on a la mixture, on a bientôt ma grande Piceaerd, il ne manque plus que le dernier élément !
-Qui est ? Demanda Mamie Vivante étonnée.
-Tu ne le croiras jamais ma Chère Moi…Des coupoles ! Répondit-elle amusée.
-Mais de qui ma Anna ? S’écria Papy Elysia.
-Pas de vous c’est sûr Mouton Hihi ! Grinça Papa.
-Merci Moustache Junior je m’en serai douté ! Reprit-il.
-Oh ne commencez pas tous les deux ! Les gronda Mamie Morte, vous ne saurez jamais puisque de toute façon c’est un mixte de nous tous !
-C’est brillant ma Chère Moi ! Les Piceaerd sont brillantes ! Rétorqua la Vivante.
Mon aïeule maternelle se contenta d’hocher la tête avant de conclure :
-Bon maintenant que vous n’avez plus besoin de moi… Je vais chercher Elsa… Je crois que j’ai compris comment s’écoule le temps entre nos deux mondes… Cela me laisse donc une semaine là-bas pour venir vous retrouver.


Mamie Morte la laissa donc repartir pour un petit temps dans sa temporalité et envoya Maman Cinquième Esprit prendre les mixtures. Elle revint quelques secondes plus tard avec les pâtes nauséabondes. Je réprimai un haut le cœur alors que mon aïeule nous lança à nouveau :


-Suivez-moi !


Nous repartîmes à travers la Galerie des Souvenirs et ma grand-mère nous invita à nous agglutiner devant les vies des secrets d’Ahtohallan et la nôtre. Il y avait de la place entre les deux pour former un nouveau cercle. Nous reculâmes de nous-mêmes pour la laisser faire son travail. Elle découpa une mèche de cheveux à mes parents ainsi qu’à Elsa, Kristoff, Hans et moi et les mêla à la première mixture qu’elle patouilla. Puis elle se tourna vers moi et déclara :


-Ma petite Piceaerd, nous sommes à l’apogée de tes leçons de chamanisme…Tu as beaucoup plus d’aura que moi, c’est donc toi qui vas t’en charger.
Je m’avançai timidement alors qu’elle ajouta :


-Trempe d’abord ton doigt dans la mixture des poudres vénéneuses et fais un cercle que tu dois couper en deux, tout en visualisant le feu pour le figer.
Je m’exécutai un peu tremblante en essayant de ne pas faire attention à tous les autres qui m’observaient toujours. Quelques minutes plus tard, la tâche était faite.
-Très bien, continuons la deuxième étape, plaque ta main droite dans la mixture de la vie terrestre et imprime-là ensuite à droite du cercle toujours en transmettant la chaleur pour que la trace y reste !
-Bien Mamie !


Je respirai un grand coup et continuai à veiller à faire les choses bien. J’essayai de ne pas vomir au contact de la mixture molle qui me mit mal à l’aise et l’enfonçai du mieux que je pus contre la paroi de glace. Mon empreinte apparut quelques secondes plus tard, brûlée comme convenue.


-Quelle rapidité ma petite Piceaerd ! Et c’est un sans faute en plus ! Allez ! Reste concentrée, nous n’avons pas encore fini. Fais la même chose que ce que tu viens de faire mais cette fois avec la main gauche et dans la mixture des esprits !


Aussitôt dit, aussitôt fait. Les gestes s’enchainèrent d’eux-mêmes. Le contour et les empreintes s’illuminèrent alors que ces dernières se fusionnèrent également indiquant que j’avais réussi. Mamie m’enlaça et répliqua :


-La base a été faite ! Fais prendre le feu des coupoles sur le cercle pour que cette vie devienne réelle ! Renchérit-elle.


D’un geste calme, elle me tendit alors le récipient que j’approchai timidement des contours du cercle. La flamme orangée se changea immédiatement en rose comme celle que pouvait procurer Bruni. Elle crépita tout autour du rond le matérialisant en fer forgé.


-Et maintenant ? C’est bon Mamie ? Demandai-je intriguée.
-Presque ! Sourit-elle, il ne manque plus que notre belle Elsa et la berceuse !


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Si la reine des neiges avait appris une chose au cours des derniers mois c’était bien l’humilité et prenait ce voyage ordonné par sa cadette comme une forme d’expiation pour sa trop grande soif de pouvoir et de prestige. Tout au long du trajet, elle s’était interdit toute forme de magie, et, telle une simple voyageuse avait parcouru les vastes vallées qui menaient vers les contreforts de la chaîne des montagnes du Nord, puis, dans le plus grand silence arpenté la plaine des trolls où elle ne croisa pas le moindre être de pierre. Elle ne pouvait s’empêcher de songer à Grand Pabby, parti vers Weselton en compagnie de la duchesse. Elle avait dû accoucher depuis le temps et devait-elle profiter des sages et précieux conseils du troll… Comme la reine des neiges l’enviait à cet instant sans pour autant perdre son objectif et poursuivi sa route à bonne cadence. Au bout de quatre journées entières de marche, la jeune femme aperçut enfin les quatre monolithes des esprits, qui marquaient l’entrée en pays Northuldra. La reine des neiges se stoppa et s’agenouilla devant celui de l’air, s’autorisant quelques minutes de recueillement pour sa mère disparue pour qui, elle n’avait pas pu assister aux commémorations.


-Elsa ?! C’est toi !!! Par tous les esprits c’est incroyable elle avait raison !!
-Quoi ? Fit la jeune femme en sortant de sa méditation.
-Oh Elsa ! Je suis si content de te revoir ! Et tu peux être certain que ton frère aussi, ainsi que ton père…Enfin, si tu souhaites lui parler…
-Yohan ?! C’est… C’est toi ? Tu… Bégaya-t-elle
-As changé ? Oui assez ! Les cheveux, la moustache… même la flasque ! Depuis que je suis ici, j’ai tout laissé derrière, vestige d’une vie passée ! Ma place est ici désormais, et c’est uniquement à toi que je le dois ! Mais viens ! Je t’accompagne ! Ils seront heureux de te revoir, et … Il faut que je te présente ma petite Sophia !!
-C’est…
-Notre fille avec Camille en effet ! Je suis désolé, nous ne sommes pas revenus depuis si longtemps en Arendelle mais tu comprends, Camille n’était pas en état et puis… Sophia est encore si petite ! D’ailleurs et toi ? Ces héritiers où sont-ils ?! Avec ton escorte je suppose ? Tu es venue en éclaireur ?
-Non… Je suis venue seule…
-Seule ? Vraiment ?!
-Comme je te le dis…
-Mais c’est… C’est comment a-t-elle bien fait pour le savoir ?
-Qui ?
-Oh oui pardon… Car c’est sans doute ça qui va le plus t’intéresser !... Ta grand-mère est revenue !
-Mamie ?... Elle ? … Vraiment ?... Où ? Je veux la voir ! Insista Elsa en pressant le pas.
-Elsa attends… Avant ! Il… Il faut que tu saches… Fit le chef Northuldra d’une voix sombre.
-Quoi ?
-Elle… Nous l’avons retrouvée…. A demi consciente sur les plage grises il y a quelques jours… Laïka est à ses côtés nuit et jour !... Ton père aussi d’ailleurs ! Comme je te l’ai dit, c’est devenu un guérisseur tout à fait acceptable ! Mais ta grand-mère… Elsa, elle est faible et… Laïka pense que malheureusement… Elle… C’est son crépuscule Elsa ! Je suis désolé…
-Je sais… C’est pour ça que je suis venue ! Répliqua Elsa déterminée.
-Tu ?... Eh bien je ne pensais pas que tu aurais encaissé la nouvelle ainsi mais… Mais comment ça, tu le sais ?
-Disons que… Ahtohallan m’a prévenu…


Elsa avait préféré rester très énigmatique. Après tout, sa cadette l’avait été avec elle et durant tout ce voyage, à plusieurs reprises, elle s’était interrogée sur la pertinence de cette entreprise. C’était à peine croyable et elle ne souhaitait pas à avoir à l’expliquer de peur d’être prise pour une folle. Yohan de son côté se contenta de cette réponse et, après un accueil chaleureux digne des Northuldra mais dont Elsa n’avait que faire à part y répondre poliment, elle se dirigea accompagnée par Laïka, son père ainsi que Kaspian vers la hutte de la matriarche. Avec respect, elle pénétra dans l’humble logis et repéra la doyenne, alitée, faible sur son lit de fortune. Malgré la maladie, Anna savait garder encore dans son regard une prestance intimidante mais désormais, elle ne pouvait plus masquer à qui que ce soit son funeste destin qui approchait à grands pas.


-Mamie !
-Ah ma grande Picéaerd ! Juste à l’heure ! Fit la matriarche d’une voix faible.
-Mamie ! Anna ! … Ma sœur elle… En rêve ! Elle m’a prévenue que je devais…
-Ah ta sœur !... Elle est à peine croyable cette petite ! Dans notre famille… Nus avons été bénis des esprits de la nature d’avoir des membres d’une grande qualité mais ta sœur… Ta sœur est probablement la plus grande de toutes…
-Quoi ? Que dis-tu mamie ?
-Anna… Allons ne te dévalorise pas, moi qui t’ai connu toute ma vie, toi aussi tu l’es. Tempéra Laïka, pus pour se montrer agréable et apaiser les maux de la doyenne que par sincérité.
-Laïka… Je ne te connaissais pas flatteuse… Je sais qui je suis mon amie… Ce serait mentir que ne pas me reconnaître un talent important pour le chamanisme mais, même mourante je suis lucide ! Et dans notre famille… Anna est notre joyau… avec toi Elsa ! Oui, toutes les deux, vous êtes la plus belle réussite, la plus grande fierté des Picéaerd… Car toutes les deux devez porter sur vos épaules, le plus lourd de tous les fardeaux…
-Mais… Qu’est-ce que tu racontes mamie ? Quel fardeau ? Tout est terminé désormais… Et… Et c’est maman qui… Bégaya Elsa qui sentait les larmes prêtes à couler.
-Ah oui… Mon ange de l’air aussi… Elle vous aura à toutes les deux ouvert la voie, mais c’est à vous deux… de terminer le travail… Un travail compliqué Elsa… Répondit la grand-mère avant une nouvelle quinte de toux.
-Chut… Mamie ! Repose-toi ! Ne te fatigue pas !
-Hum… Elsa, navrée mais, il va falloir penser à… l’après pour elle. Concéda Laïka.
-Non… Pas ici…
-Nous le pouvons… S’il y a bien une personne sur cette terre qui ne craint pas la mort, c’est bien ta grand-mère… Cela fait partie de la vie et nous n’avons rien à cacher…
-Combien… Combien de temps ? Risqua la reine des neiges.
-Un jour… Peut-être moins…
-Sottise Laïka… Cela arrivera dans trois jours… Crois-moi ! Et arrête donc tes pleurs… Quant à toi Elsa, je t’interdis ne serait-ce que penser à organiser un bal de condoléances où je devrais rester dans ce lit à tous les entendre pleurer sur mon sort, jusqu’à ce que je parte dans un autre monde !
-Mais…
-Enfin Anna voyons…
-Oh toutes les deux, je suis mourante certes… Cela ne me laisse-t-il pas justement le droit d’agir comme je le souhaite ?! Laïka, en guise de dernière volonté… Prépare-moi tes fameux remèdes pour permettre de rester éveillée !
-Quoi ? Non Anna mais c’est… C’est hors de question ! Cela risque de fatiguer encore davantage ton cœur et…
-Et que veux-tu que cela me fasse ? Je suis au bout du chemin de toute manière… Qu’importe ! Mon gendre ! Vous savez de quel produit je parle ?
-Je.. Hum… oui… Affirma Agnarr qui se faisait tout petit.
-Formidable ! Préparez-moi ça !
-Agnarr non ! C’est de la folie ! S’offusqua Laïka
-Agnarr… Puisque la reine d’Arendelle est présente, sans doute peut-elle rappeler la condition de votre vie ici ?... Vous êtes en quelque sorte sous mes ordres n’est-ce pas ?! Eh bien voilà, je vous l’ordonne…S’il vous plaît et ce peu importe si Laïka n’est pas d’accord ! Elle devrait savoir depuis le temps qu’il est inutile d’essayer de raisonner une Picéaerd ! Termina mamie avec le sourire.
-Inutile…En effet ! Lui sourit son amie.
-Elsa… Approche ma grande Picéaerd ! … Viens m’aider à me relever ! Il nous reste trois jours… Il ne faut pas trainer !
-Anna ! Ne me dis pas que tu comptes…
-Quitter le lit ?... Oh si Laïka… Je suis attendue ! Ma chère petite fille et moi… Nous partons pour Ahtohallan !
-Quoi ?... Ahtohallan ?... Maintenant ?! Mais mamie… Jamais nous n’aurons le temps dans ton état d’y aller et revenir avant que…
-Que ?... Termine ta phrase ma grande Picéaerd ? C’est difficile, je le concède, crois-moi je ne l’ai que trop vécu… Mais c’est ainsi que vont les choses. Et mon rôle dans cette famille est justement, d’aller terminer là-bas !
-Mais c’est une folie !
-Probablement Elsa… Tu n’auras qu’à te plaindre auprès de ta mère… Et des membres de la famille, ce sont eux qui l’ont planifié… Allez ! Assez de bavardage ! Debout ! Conclut la matriarche en se levant chancelante.
-Mamie… Non !! Tu… Tu ne peux pas partir ainsi ! Sans dire au revoir aux Northuldra ! C’est… C’est un ordre de la cheffe Northuldra ! Je le suis toujours non ?
-Incontestablement ! Fit Yohan
-Certes… Et tu as raison Elsa ! … Je ne vais pas laisser cette pauvre communauté sans avoir pu savourer un dernier ragout de rennes ! Mon gendre ! Allez me préparer une marmite ! Et Laïka… Je t’interdis de t’en approcher !
-Quoi ?... Belle maman vous… Vous comptez préparer le…
-Ca vous pose un problème ?!
-Vous n’êtes pas croyable ! Vous pensez à préparer votre dernier voyage et votre préoccupation… C’est le ragout !


La remarque de l’ancien souverain eût le mérite d’arracher un sourire à la matriarche qui resta cependant déterminée et malgré sa faiblesse s’assura de préparer ce qui fut le meilleur ragout de rennes de mémoire de Northuldra. Tous se régalaient du succulent repas, dernier présent de la grande Anna Picéaerd au peuple du soleil. Malgré son dégout pour les adieux, la grand-mère ne put empêcher les membres de venir lui présenter leurs hommages alors que Kaspian de son côté, refusait de lui lâcher le bras. La fête dura toute la nuit et, aux premières lueurs du jour, bon nombre avaient fini par quitter la réception alors que Laïka confiait à son amie de toujours le breuvage conçu avec soin par son gendre pour lui donner la force d’affronter son ultime périple soutenue par la reine des neiges. Avec dignité, elle prit la main de Yohan, ainsi que celle de Camille qui tenait de son bras libre, leur plus jeune fille endormie.


-Yohan… Vous ferez un grand chef… Veillez sur ce peuple ! Et vous aussi Camille… Faîtes grandir cette petite. Vous saurez tous les deux préparer pour qu’un jour, l’une d’elles prenne votre suite à la tête de notre peuple.
-Je vous le promets Anna ! Répondit sincère Yohan.
-Et vous… Mon gendre… Venez donc !
-Oui ?... Que puis-je pour vous belle maman ? Questionna Agnarr


Sans un mot, elle le prit dans ses bras. Puis après une longue étreinte, soupira et le dévisagea.


-Promettez-moi de veiller sur mon petit-fils ! Et ça n’est pas un ordre… Ici vous n’êtes pas un condamné Arendellien… Vous êtes des nôtres simplement !
-Je… Merci belle…
-Anna ! Dîtes-le s’il vous plait… Que je l’entende une dernière fois…
-Oserais-je en ce cas même dire… Merci… Lady Anna. Conclut Agnarr avec une révérence.
-C’est fou comme vous pouvez ressembler à votre père !
-Hum ?... Est-ce une critique ? Demanda Agnarr inquiet.
-A vous de voir… Votre père fut très certainement, avec mon frère, mon père et mon mari, l’homme le plus inspirant que j’ai connu… S’amusa la matriarche en lâchant la main de son gendre.
-Je ne veux pas que tu partes mamie ! Intervînt Kaspian qui lui tirait la robe.
-J’aurai préféré te voir devenir grand mon bonhomme ! Mais je sais que tu veilleras sur ton papa ! Et tu maîtriseras tes pouvoirs pour faire le bonheur de tous les Northuldra ! Alors sèche tes larmes… Sois fort, tu es un Piceaerd ! Ca sera difficile les premiers temps, crois-moi je le sais, mais tu as ton père à tes côtés et puis… ta petite Emma ! N’est-ce pas fillette ?! Cligna la matriarche à l’attention des enfants.
-Mais, moi non plus je ne veux pas vous voir partir madame Picéaerd !... Et comment est-ce qu’on va faire sans chamane ?!
-Petite futée ! Approche Emma ! Justement, j’ai quelque chose pour toi !


La grand-mère grimaça et, aidée de sa petite fille s’abaissa au niveau de l’enfant pour lui passer sur les épaules un châle Northuldra, comparable aux célèbres vêtements portés par les illustres chamanes Picéaerd.


-Mais… C’est… Il… Il est comme le vôtre ?!
-Presque !... A toi de le terminer ! … Et quand tu iras en Arendelle, demande à prendre les grimoires écrits par Iduna… Tu l’as dit… Les Northuldra ont besoin d’une chamane ! Tu es intelligente, tu pourras apprendre seule… D’ailleurs il vaut sans doute mieux que de m’avoir comme professeure ! Mais je sens en toi, un petit potentiel !
-Mais… Mais je ne suis pas une Picéaerd ! Je ne peux pas être une chamane…
-Pas une Picéaerd ?... Oh oui où avais-je la tête ! Cela me fait penser à autre chose, pour vous deux ! D’ailleurs Antoine… C’est toi qui m’en a donné l’idée.
-Moi ? Demanda le Northuldra qui fut l’un des derniers avec Laïka ainsi que Yohan et Camille à être restés.
-Oui… Cette éloquence ! Cet argumentaire pour sauver la tête de mon gendre…


Anna ne termina pas sa phrase et sortit de son sac de voyage deux coupoles, gravées avec le nom d’Emma et Kaspian.


-C’est ?... Mamie ? Est-ce que c’est ?...
-Ce que tu souhaitais mon bonhomme ?! Alors ? Dois-je essayer de les allumer ?! C’est à vous, et vous seuls de le décider les enfants !
-Oui ! Lancèrent-ils en chœur !


Pas surprise la chamane leur répondit par un sourire puis plaça les coupoles avant de procéder au rituel qu’elle connaissait par cœur. La réponse ne tarda pas, et elles s’enflammèrent avec une rare intensité… Emerveillés par le résultat, les bambins se prirent dans les bras et comme ils en avaient désormais l’habitude échangèrent un baiser illuminé par le feu sacré allumé pour eux.


-Ce sera mon dernier acte chamanique pour les Northuldra… Je suis contente que ce soit pour toi Kaspian… Et toi Emma… Tu n’auras plus l’excuse de ne pas être de la famille. Je suis certaine que tu feras une bonne chamane pour le peuple du soleil. Après tout… La première chamane Northuldra, mon ancêtre directe se nommait Emma ! Alors apprends petite ! Avec de l’exercice tu maîtriseras les voyages astraux et si tu as des questions ou des difficultés… Peu importe où je serai, tu sauras me trouver ! De toute manière, je vous aurai toujours à l’œil ! Surtout vous Agnarr ! Méfiez-vous, mon ange de l’air peut revenir ici quand elle le souhaite !


Face à cette promesse, les deux enfants, relâchèrent leur étreinte et s’empressèrent d’embrasser une dernière fois la grande chamane. Emue, Anna ne put s’empêcher de sentir ses yeux s’humidifier en sentant contre son cœur fatigué le renouveau Northuldra. Elle les observait une dernière fois, pour graver à jamais cette dernière image ainsi que le campement qui lui rappelait tant de souvenirs avant que, lentement, et en boitant, soutenue par sa petite fille, elle ne commence à suivre la piste nord.


-Anna ! Attends !!
-Laïka… Tu n’espères pas me faire changer d’avis ?
-Non… Je sais que c’est impossible. Fit la guérisseuse en larmes avant à son tour de la prendre dans ses bras.
-Laïka Nattura… Je pensais que nous étions d’accord pour ne pas…
-Oui Anna… Mais… J’ai… J’ai un présent pour toi…
-Quoi donc ?
-J’espère que tu ne m’en voudras pas… Il y a une vingtaine d’années, alors que j’étais sur les plages grises… Le Nokk a apporté ça à mes pieds… C’est… à toi n’est-ce pas et… ça t’aidera pour ce long voyage.


Sans un mot, la guérisseuse s’écarta et tendit un long paquet à son amie de toujours qui le déballa et sentit sa respiration se couper. Elle venait de dévoiler un bâton dont les entailles et les motifs sculptés ne pouvait lui laisser le moindre doute… Celui qu’utilisait jadis Elysia pour aller faire paître les rennes.


-Comme ça il… Il sera avec toi pour…
-Merci ma grande Nattura ! Je ne manquerai pas… D’embrasser ta sœur pour toi ! Conclut mamie qui malgré sa promesse ne put retenir plus longtemps ses larmes.


Les vieilles amies à nouveau se saluèrent puis, soutenue par ce merveilleux présent, Anna rejoignit la reine des neiges et d’un pas lent mais décidé partirent toutes les deux sans se retourner vers les plages grises. Le voyage fut long et la grand-mère, insistait auprès de la reine des neiges pour que toutes deux prennent le temps d’admirer chaque parcelle de la forêt, tant les souvenirs affluaient dans la mémoire de la grand-mère et ne sut trop conseiller à Elsa de suivre son exemple et les graver elle aussi dans sa mémoire. Docile, la reine des neiges promit sans comprendre alors qu’elles arrivaient aux plages grises au début du troisième jour.


-Bien, ne bouge pas mamie… Je vais nous créer un navire de glace qui sera parfait !
-Allons range tes pouvoirs… C’est le dernier voyage, alors hors de question de le faire autrement qu’à ma manière ! Fit-elle en frappant le sol de son bâton.
-A ta manière ? Mais CO….


La réponse fut soudaine pour Elsa qui se sentit soulevée par la main protectrice du géant de la terre à qui mamie offrit un sourire sincère. L’être de pierre lui rendit et commença à s’immerger dans la mer sombre qui paraissait aussi calme qu’un lac. Rapidement, la terre disparut sous l’horizon et Elsa comme Anna purent admirer le Nokk au loin leur offrir une révérence avant que Courant d’air à son tour ne vienne les saluer, apportant avec lui la salamandre qui ne manquât pas de faire la fête aux deux Piceaerd.


-Il faut croire que maman a dû les prévenir…
-Certainement ! … Elle fait partie d’eux désormais ! Souffla mamie pensive.
-Mais… Mamie ? J’ai une question ?
-Vas-y… Il est temps !
-Laïka est une grande guérisseuse, et avait annoncé une journée avant…
-Ma mort ? Pourquoi tu es si pressée que ça arrive ?
-Non bien sûr que non mais toi… Comment tu as su qu’elle se trompait ?
-Parce que comme toi… C’est la famille qui me l’a dit !
-Ils t’ont dit de venir à Ahtohallan ?
-Exactement ! … Un grand projet attend !...
-Quoi ?
-Tu verras Elsa… Tu verras !


Les contreforts d’Ahtohallan se dessinèrent, quelques secondes plus tard, le géant fit descendre Mamie alors qu’Elsa restait dans la main.


-Eh bien que fais-tu ?
-Je… Je dois te dire au revoir maintenant mamie…Ca y est tu… Tu es arrivée ?! Demanda Elsa triste.
-Oh non ma grande Picéaerd ! … Toi et moi… C’est jusqu’à la fin…
-Toi et moi ? Comment ça ?
-Eh bien… Nous ne sommes pas encore au bout du chemin ! Allez viens ! Je t’ai fait la promesse de te faire découvrir tous les secrets d’Ahtohallan ?... Il est temps que tu découvres le dernier d’entre eux !


Anna prit la main de sa petite fille et la fit descendre. Elle fit lors un grand signe au géant qui semblait comprendre. Sur son visage de pierre se lisait la tristesse, comme s’il comprenait qu’il voyait son amie pour la dernière fois, avant à nouveau d’affronter la mer sombre. Anna de son côté tentait de masquer ses émotions et incitait Elsa à ouvrir la marche pour plonger vers le dôme des souvenirs. Elle laissa la reine des neiges pénétrer au centre du lieu magique, alors que de son côté, la chamane s’empressa d’aller vérifier auprès de la paroi de glace, un paquet de mixtures qu’elle avait laissé avant de repartir et constata soulagée, qu’elles avaient bien été emportées. Alors qu’Elsa arrivait à sa rencontre, la matriarche s’empressa de se relever pour rejoindre la reine des neiges


-Mamie ? Qu’est-ce que c’est ?
-Ca ?... C’est le projet Elsa...
-Ce projet dont tu m’as parlé ?... Tu sais ce que c’est exactement ? Demanda Elsa inquiète.
-Oui Elsa ! Ca ne va plus tarder, nous y sommes presque !
-Mais ?... Quel est-il ?... Anna… Dans mon songe… Ne m’a rien dit de précis… Elle m’a dit qu’elle ne le savait pas précisément…
-Tu le sauras… Le mieux…Ca serait de lui demander directement ! Fit la grand-mère alors qu’elles atteignaient l’extrémité du dôme des souvenirs.
-Lui ?... Comment ?
-Par ici… Et tu verras ! Indiqua Mamie en poussant Elsa vers la petite porte secrète qui menait vers l’Helveg.

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Nous étions donc à nouveau devant la paroi qui marquait la fin du dôme et le début du monde des morts et nous attendîmes.


-Avec moi Anna ! Donne-moi la main ! Clama bientôt mon aïeule.


Je lui agrippai tout en sentant nos énergies réciproques nous parcourir les corps. Nous ouvrîmes nos mains en miroir faisant fondre la paroi de glace en un rayon lumineux. Elsa se tenait de l’autre côté avec Mamie Vivante. Elle inspecta la chute du mur avec un regard inquiet…Comme si elle était en train de comprendre ce qui se passait pour elle.


-Anna ? Anna tu es là ? Demanda-t-elle, Anna…Qu’est-ce que ça signifie ?


Je ne répondis rien me sentant coupable. Ce fut ma vieille aïeule qui vint à mon secours en prenant gentiment le bras d’Elsa alors que celle-ci continua toujours d’une voix circonspecte :


-Mamie…Tu m’avais dit que je devais t’accompagner sur le chemin pas que j’allais franchir le portail de l’Helveg moi aussi ! Tu me l’as bien spécifié un vivant ne peut pas aller dans cet endroit sinon il n’y revient pas.


Son visage se décomposa alors que notre grand-mère renchérit d’une voix sereine :


-Je sais Elsa…C’est justement pour cette raison que nous sommes venues ici.
Ma sœur reçut la phrase de plein fouet comme une claque. Elle devint de plus en plus pâle et bredouilla :
-Je…Tu sais bien que je ne peux pas…Je…J’ai les triplés qui m’attendent à la maison.


Ma grand-mère posa immédiatement un bras serein sur son épaule et la cala contre elle avant de reprendre :


-Je sais tout ça ma grande Piceaerd, mais pense à ton bonheur ! Ton vrai ! En retournant sur tes pas, effectivement tu auras tes bébés auprès de toi, mais tu ne seras jamais pleinement heureuse. Alors que si tu rejoins ta famille…Moi…Ton grand-père…Ta mère et ta sœur entre autre, tu n’auras plus de peine et ton sacrifice aura permis de rétablir l’ordre à Arendelle dans une temporalité différente…Une temporalité qui en a bien besoin puisqu’elle est sous l’emprise de Weselton… Tu l’as vaincu toi…Là-bas c’est inespéré car tout le monde est mort…Et je ne te parle pas seulement d’Arendelle mais également de la Forêt Enchantée…Oh ! Et bien entendu Andréas court toujours là-bas…


Le regard d’Elsa se brouilla aussitôt en entendant les paroles et elle secoua la tête, rouge de confusion.


-Je…Je suis désolée Mamie…Je…Je ne peux pas abandonner mes bébés…Ils…Ils seraient orphelins ! Insista-t-elle en pleurs…Je suis navrée mais j’ai du mal à croire qu’être auprès de vous sachant l’acte que tu veux que je fasse me rendra complètement heureuse…Je…C’est au-dessus de mes forces !


Ma sœur se replia de crainte alors que mon aïeule la laissa faire. Elle était sur le point de fuir le dôme quand Mamie Morte déclara alors d’une voix en écho :


-D’accord, c’est ton choix ma grande Piceaerd et nous ne le contesterons pas…Mais avant de partir je pense que tu aimerais bien voir quelqu’un…
Elle tourna alors sa tête en arrière et fis un geste à Ryder pour qu’il s’approche. Ce dernier vint se placer timidement à côté de moi et lui fis un grand coucou.
-Bonjour Elsa, dit-il simplement.


Ma sœur se figea immédiatement et ses larmes redoublèrent. Elle hoqueta quelques secondes avant de bafouiller :


-Ryder…Ryder c’est bien toi ?
Il croisa ses bras et répliqua sur un ton décalé :
-C’est bien moi Elsa…En parfaite santé…Enfin si l’on puit dire !


La remarque ne la fit pas rire mais elle se mordit la lèvre de contrariété. Elle demeura silencieuse alors que le jeune Nattura continua :


-Je suis ravi de t’avoir revu une dernière fois, nos bébés sont magnifiques, ils ne pouvaient que l’être avec la mère qu’ils ont ! Tu sais…Moi aussi j’ai mis longtemps à être en paix à cause des agissements de mon père, mais j’ai fini par comprendre que même si j’avais laissé tout un monde en mourant, il continuerait d’avancer sans moi car je ne suis pas irremplaçable. C’était d’ailleurs ce que tu avais fait à juste titre avec Yohan…Et Hans…
-S’il te plaît Ryder…Je…Je ne souhaite pas revenir là-dessus, le coupa-t-elle apitoyée.


Nous vîmes néanmoins que les paroles du Northuldra étaient en train de porter ses fruits car l’esprit de ma sœur réfléchissait.


-Comment fais-tu pour être aussi serein ? Ta vitalité et ton optimiste me manquent ! Reprit-elle.
-Je viens de te le dire. Je sais que nous nous retrouverons un jour…Je sais que quoiqu’il arrive le monde évoluera avec ou sans nous et la vie trouvera toujours un chemin… Alors si toi en plus tu as l’opportunité de pouvoir en améliorer une crée de toute pièce…Oui cela te coûte la vie ma belle Elsa. Mais n’est-ce pas tout ce que tu as toujours voulu ? De nouveaux défis ? De la gloire ? Du pouvoir ? Le tout utilisé à juste titre dans un nouveau retour vers le passé, ajouta-t-il amusé.


Elsa ne répondit rien mais je sus à travers son regard qu’il avait réussi à la convaincre. Comme prise au piège, ma sœur observa alors ma grand-mère et demanda :


-Est-ce qu’il faut y aller maintenant Mamie ?
Un sourire las s’étira sur le visage de mon aïeule vivante et elle répondit :
-Presque ma grande Piceaerd.


Elle fit un signe de tête à Mamie Morte qui déclara :


-Anna…La berceuse c’est maintenant.
Je chantai aussitôt d’une voix posée :
-Au fond des flots déchaînées…La rivière pleure les erreurs du passé…Plonge-s’y si tu veux croire…Qu’il ne sera jamais trop tard…


A mon grand étonnement ma voix fut bientôt mêlée à celle de ma sœur qui était en train de nous rejoindre dans le passage. Nous continuâmes donc toutes les deux alors que l’eau était en train de les entourer elle et Mamie Vivante scellant définitivement les paroles de la chanson :


-Dans les eaux sombres du désespoir…L’espoir de vie surgit des eaux noires…Mais si tu veux le trouver…Accepte ce que tu dois laisser…
-Je l’accepte, soupira Elsa alors que plus aucune frayeur ne se lisait sur son visage.


Elle fut aussitôt dans les bras de Ryder qui l’enveloppa dans un geste de douceur. Quant à l’âme de Mamie Vivante, elle disparut dans le corps de mon aïeule qui me tenait toujours la main. Cette dernière retrouva immédiatement sa vitalité et nous refermâmes enfin le passage du dôme. Puis elle se rua sur Papy Elysia et déclara :


-Je sens que mon âme s’est régénérée…Sais-tu pourquoi ?
-Non, répondit mon grand-père amusé.
-Pour ça ! S’écria-t-elle en lui agrippant les lèvres avec violence alors que ses mains dérivées elles-mêmes à l’intérieur de son frac.
-Papa ! Maman ! Stop ! Dirent ensemble nos deux Mères.
-Oui pardon ! Nous aurons l’éternité à partir de maintenant…Bon c’est quand même plus sympathique que lorsque tu m’embrassais à travers le corps de notre petite Piceaerd ! Plaisanta-t-elle.
-Quoi ? S’offusqua Elsa en relâchant Ryder.
-Rien ma grande, oublie…Il y a plus important maintenant…Donnons-nous la main et faisons un cercle pour la finalisation de ce projet qui nous a tous réunis !


Nous nous exécutâmes prenant bien soin de ne pas mettre les deux Elsa ni les deux Maman à côté sous peine de désintégration. Une fois la consigne accomplie, Mamie reprit le couplet de la berceuse :
-Au fond des flots déchaînées…La rivière pleure les erreurs du passé…Plonge-s’y si tu veux croire…Qu’il ne sera jamais trop tard…


Nous la suivîmes ainsi tous ensemble entonnant la deuxième partie du couplet en chœurs :
-Dans les eaux sombres du désespoir…L’espoir de vie surgit des eaux noires…Mais si tu veux le trouver…Accepte ce que tu dois laisser…


Nous répétâmes la berceuse alors que tout se flouta autour de nous…Il n’y avait plus de paroles…Nous savions tous où nous devions aller…Nous vîmes progressivement Papy et Mamie partirent alors qu’une âme se détacha de son corps pour rester parmi nous dans le cercle, puis Elsa et Ryder les suivirent. Il ne restait donc que Papa, Maman, Mamie, Hans, Kristoff, l’autre Elsa et moi.
Nous nous regardâmes à nouveau en chantant de plus en plus fort. Nous fermâmes ensuite les yeux et acceptâmes enfin notre nouvelle vie.