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[FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:18
Bonjour,
Je viens de terminer une FanFiction assez longue (209 pages Word, 101087 mots pour le moment, je n'ai pas encore terminé la relecture de la seconde partie). Elle se déroule un an après la fin de Frozen 2 et fait quelques références aux deux courts métrages également.
La première partie reprend tous les personnages classiques de Frozen 1 et 2, la seconde partie voit arriver de nouveaux personnages qui sont directement issus de mon imagination.
Quelques warning pour prévention.
La FanFiction est pour tout public, sauf peut être les tous derniers chapitres.
Dans la première partie je me suis également inspirée de certaines scènes coupées de Frozen 2, je mettrais des notes lorsque c'est le cas. N'hésitez pas à laisser des commentaires ou à me faire des retours, c'est toujours agréable.
Pour faire un pitch rapide sur l'histoire, voici ce que je dirai :
1 an après le couronnement, Anna et Elsa ont toutes les deux pris leurs marques dans leurs nouvelles vies. Un découverte tout droit venue du passer va pourtant bouleverser une fois de plus leur avenir et les obliger à se réunir pour sauvegarder la magie des esprits.
Je viens de terminer une FanFiction assez longue (209 pages Word, 101087 mots pour le moment, je n'ai pas encore terminé la relecture de la seconde partie). Elle se déroule un an après la fin de Frozen 2 et fait quelques références aux deux courts métrages également.
La première partie reprend tous les personnages classiques de Frozen 1 et 2, la seconde partie voit arriver de nouveaux personnages qui sont directement issus de mon imagination.
Quelques warning pour prévention.
La FanFiction est pour tout public, sauf peut être les tous derniers chapitres.
Dans la première partie je me suis également inspirée de certaines scènes coupées de Frozen 2, je mettrais des notes lorsque c'est le cas. N'hésitez pas à laisser des commentaires ou à me faire des retours, c'est toujours agréable.
Pour faire un pitch rapide sur l'histoire, voici ce que je dirai :
1 an après le couronnement, Anna et Elsa ont toutes les deux pris leurs marques dans leurs nouvelles vies. Un découverte tout droit venue du passer va pourtant bouleverser une fois de plus leur avenir et les obliger à se réunir pour sauvegarder la magie des esprits.
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:19
Les eaux s’étendaient sur l’horizon, agitées par des vagues menaçantes qui venaient s’écraser contre les rochers du rivage. La forêt courrait sur les hauteurs de la falaise et le vent portait avec lui les feuilles rougissantes de l’automne. Elsa huma l’air, le mélange d’iode et d’humus picota légèrement ses narines. Assise sur la plage de gravier, son regard se perdait avec mélancolie sur le large, exactement comme elle observait l’extérieur depuis la fenêtre de sa chambre quand elle n’était qu’une enfant. Déjà 1 an était passée depuis qu’elle était devenue le 5ème esprit, depuis qu’elle avait trouvé sa place. Mais l’avait-elle vraiment trouvé ? Eprise de liberté, elle n’avait eu de cesse de chevaucher Nokk des jours entiers, pour découvrir la forêt enchantée, pour s’élancer sur les eaux de la Mer Sombre, ou bien encore pour multiplier les visites à Ahtohallan. Et si tout ça lui avait donné satisfaction pendant un temps, rien en revanche n’avait su combler le vide de l’éloignement d’Anna.
Elsa soupira, fallait-il donc qu’elle soit si capricieuse… Sa petite sœur n’avait toujours voulu que son bonheur, veillant sur elle, même au travers d’une porte fermée, puis cherchant à tout prix à la protéger contre elle-même, et pas toujours avec succès. Combien de fois lui avait-elle sauvée la vie ? Combien de fois l’avait-elle aidé à lutter contre ses propres démons ? Abdiquer en sa faveur pour faire d’Anna la reine d’Arendelle avait été sa meilleure décision. Sa sœur était naturellement à l’aise avec les gens, toujours souriante, pleine d’entrain, et si courageuse ! Oh bien sûr, elle était aussi très spontanée, probablement un peu trop pour le poids des traditions et des usages liés à la couronne, mais Elsa pensait que c’était justement une très bonne chose que d’avoir quelqu’un qui bouscule un peu tout ça.
Elle déplia le papier qu’elle tenait au creux de sa main et relu l’écriture habile de sa petite sœur : « Ne sois pas en retard pour la soirée jeux ! Je t’aime, Anna. ». Non, elle n’allait pas être en retard. Ni pour cette soirée, ni pour aucun autre des rendez-vous qu’elles avaient eu, prévus ou impromptus. Bien sûr qu’elles avaient continué à se voir et à passer du temps ensemble, beaucoup de temps. Et pourtant, tout au fond, ce n’était jamais assez pour Elsa. Comme si le poids de toutes ces années à être séparées ne pouvait jamais être comblé. L’ancienne reine replia avec soin le papier et soupira doucement. Bruni sauta dans sa main maintenant libre et s’étala dans un nuage de vapeur en poussant un petit cri satisfait. Elsa rit doucement.
« Bonjour toi. Tu m’accompagnerais voir Anna et Kristoff ce soir ? »
Pour toute réponse, la salamandre se redressa et pencha légèrement la tête.
« Tu n’aimes pas beaucoup t’éloigner de la forêt, je sais bien. Moi non plus d’ailleurs… Mais je n’aime pas être loin d’Anna et Arendelle a besoin de sa reine alors… »
Bruni pencha la tête de l’autre côté. L’animal semblait très concentré, peut-être même vaguement inquiet. Elsa esquissa un sourire.
« Alors c’est à moi de faire des efforts. Anna ne doit plus être tiraillée entre Kristoff et moi. Ils méritent d’être heureux ensemble et de construire une nouvelle vie. »
La salamandre s’installa confortablement dans la paume mais sans jamais quitter du regard son interlocutrice.
« Une vie où ma place est… normal. Tu comprends ? Si j’étais restée au château, ce pauvre Kristoff serait toujours passé après moi et… Il mérite mieux que ça. Leur histoire d’amour mérite que je ne sois pas en travers de leur route. »
Bruni se lécha l’œil droit. Elsa rit doucement.
« Je ne sais toujours pas ce que ça veut dire. »
Elsa soupira, fallait-il donc qu’elle soit si capricieuse… Sa petite sœur n’avait toujours voulu que son bonheur, veillant sur elle, même au travers d’une porte fermée, puis cherchant à tout prix à la protéger contre elle-même, et pas toujours avec succès. Combien de fois lui avait-elle sauvée la vie ? Combien de fois l’avait-elle aidé à lutter contre ses propres démons ? Abdiquer en sa faveur pour faire d’Anna la reine d’Arendelle avait été sa meilleure décision. Sa sœur était naturellement à l’aise avec les gens, toujours souriante, pleine d’entrain, et si courageuse ! Oh bien sûr, elle était aussi très spontanée, probablement un peu trop pour le poids des traditions et des usages liés à la couronne, mais Elsa pensait que c’était justement une très bonne chose que d’avoir quelqu’un qui bouscule un peu tout ça.
Elle déplia le papier qu’elle tenait au creux de sa main et relu l’écriture habile de sa petite sœur : « Ne sois pas en retard pour la soirée jeux ! Je t’aime, Anna. ». Non, elle n’allait pas être en retard. Ni pour cette soirée, ni pour aucun autre des rendez-vous qu’elles avaient eu, prévus ou impromptus. Bien sûr qu’elles avaient continué à se voir et à passer du temps ensemble, beaucoup de temps. Et pourtant, tout au fond, ce n’était jamais assez pour Elsa. Comme si le poids de toutes ces années à être séparées ne pouvait jamais être comblé. L’ancienne reine replia avec soin le papier et soupira doucement. Bruni sauta dans sa main maintenant libre et s’étala dans un nuage de vapeur en poussant un petit cri satisfait. Elsa rit doucement.
« Bonjour toi. Tu m’accompagnerais voir Anna et Kristoff ce soir ? »
Pour toute réponse, la salamandre se redressa et pencha légèrement la tête.
« Tu n’aimes pas beaucoup t’éloigner de la forêt, je sais bien. Moi non plus d’ailleurs… Mais je n’aime pas être loin d’Anna et Arendelle a besoin de sa reine alors… »
Bruni pencha la tête de l’autre côté. L’animal semblait très concentré, peut-être même vaguement inquiet. Elsa esquissa un sourire.
« Alors c’est à moi de faire des efforts. Anna ne doit plus être tiraillée entre Kristoff et moi. Ils méritent d’être heureux ensemble et de construire une nouvelle vie. »
La salamandre s’installa confortablement dans la paume mais sans jamais quitter du regard son interlocutrice.
« Une vie où ma place est… normal. Tu comprends ? Si j’étais restée au château, ce pauvre Kristoff serait toujours passé après moi et… Il mérite mieux que ça. Leur histoire d’amour mérite que je ne sois pas en travers de leur route. »
Bruni se lécha l’œil droit. Elsa rit doucement.
« Je ne sais toujours pas ce que ça veut dire. »
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:19
Anna avançait rapidement dans les couloirs du château, sa démarche étrange et empressée lui donnait l’air d’un chiot maladroit. En réalité, elle voulait bondir et courir en direction de la cuisine, mais maintenant qu’elle était la reine d’Arendelle, elle s’imposait la réserve due à son rang. La jeune femme vérifia sa coiffure d’un geste distrait et se racla la gorge avant de pousser la porte battante d’un air un peu trop sérieux et solennel pour le lieu.
« Bonjour.
-Votre majesté ? Avez-vous besoin de quelque chose ? »
Le personnel s’affairait dans la cuisine, l’odeur de rôtisserie et des légumes en train de cuir firent monter l’eau à la bouche d’Anna. Les casseroles en cuivre d’une propreté impeccables reflétaient son visage déformé et la reine ne put s’empêcher de faire des grimaces. Personne ne fit de remarques, même si des sourires amusés se dessinèrent sur les lèvres. Ils étaient tous habitués à la spontanéité de leur reine et ne la trouvaient que plus attachante encore.
« Votre majesté ?
-Oh heu ! Oui ! Excusez-moi ! Bien sûr ! »
Anna se redressa soudainement, les joues rougissant d’embarra.
« Bien sûr. Je souhaitais connaitre le menu de ce soir. »
La cuisinière, qui répondait au prénom Ingma, vérifia le contenu de ses fourneaux avant de redresser pour faire face à la reine. D’un certain âge, ses cheveux grisonnants étaient dissimulés sous une charlotte. Elle essuya ses mains pleines de farine sur son tablier blanc.
« Le menu de ce soir ou… Le dessert au chocolat prévu pour la soirée jeu ? »
Anna eut un rire enfantin. Elle oublia toute la réserve qu’elle s’imposait pour être davantage elle-même.
« Ma sœur vient ce soir ! Je suis tellement impatiente de la voir ! J’ai l’impression que ça fait une éternité alors que ça ne fait que… 3 jours seulement ? Non 4 ! 4 Jours… C’est une éternité. Et vous savez qu’elle aime le chocolat. Moi aussi j’aime le chocolat et… »
La jeune femme s’arrêta et sourit tendrement. Sa main s’attarda distraitement sur le bois de la table, elle repoussa une fourchette et redressa une cuillère.
« Vous savez… »
La cuisinière acquiesça d’un signe de tête entendu mais Anna reprit quand même.
« Je veux simplement passer du temps avec ma sœur, qu’elle soit heureuse et que tout soit, non pas parfait parce que je ne veux pas en faire trop. Mais qu’elle se sente bien, qu’elle soit bien. Et le chocolat, c’est toujours parfait.
-Oh oui ! Venez voir, votre majesté. »
La reine s’approcha et se pencha pour observer le plat. L’odeur de chocolat lui emplit les narines, elle rit de nouveau.
« Oh ! C’est exactement ça ! Il est parfait ! Merci ! »
Et sans plus de cérémonie, elle enlaça Ingma dans un élan de spontanéité avant de disparaitre dans un nuage de jupon. Kai, qui n’avait rien loupé de la scène depuis un coin de la cuisine rit doucement.
« Même le poids de la royauté ne parvient pas à la changer.
-Non, et si tu veux mon avis, c’est très bien comme ça. Cette petite a toujours été pleine d’entrain et d’amour, il ne faut surtout pas que ça change !
-Je suis bien d’accord avec toi.
-Je me suis toujours demandée comment 2 filles si différentes pouvaient être sœur. Elsa a toujours été si discrète, si réservée, alors qu’Anna…
-Tu sais aussi bien que moi qu’Elsa a toujours dû faire attention.
-Même avant Kai, avant qu’on ne referme les portes, avant même l’arrivée d’Anna dans cette famille, Elsa a toujours été calme, presque à se faire oublier. Bien sûr que la suite n’a rien arrangé mais, elles étaient déjà très différentes dès la naissance. Hé ! Olaf ! Il est trop tôt pour la crème glacée ! »
La bouche barbouillée de glace à la fraise, le bonhomme de neige eut un regard coupable.
« C’est à quelle heure que la glace est autorisée alors ?
-Pour le dessert Olaf ! Parce que je sais que tu préfères la glace plutôt que le gâteau au chocolat.
-Oh c’est pour moi ! Vraiment !
-Mais oui Olaf ! Maintenant laisse-moi travailler et va rejoindre Anna ! »
Le bonhomme de neige acquiesça d’un vigoureux signe de tête et disparut à son tour dans le couloir. Il retrouva Anna sur le balcon, les yeux sur la ligne de l’horizon. Il se mit à fixer le paysage avec la même concentration, au bout de seulement quelque secondes, son regard se porta de nouveau sur la reine, puis sur l’horizon, puis encore une fois sur Anna. Et après quelques minutes d’incompréhension il finit par dire :
« Est-ce qu’on cherche quelque chose ? Ou alors c’est un nouveau jeu où il faut être immobile ? J’ai vu des enfants qui faisaient ça l’autre jour ! J’ai cru qu’ils étaient figés dans la glace, mais ils faisaient juste semblant ! Et après, il y avait une fille déguisée en toi qui est venue pour tous les sauver en embrassant un troll plein de champignons. »
Anna cligna des yeux, la mine un peu dégoûtée.
« Eurk ! Mais je n’ai jamais fait ça !
-Ah non ? »
Olaf réfléchit quelques instants.
« Maintenant que tu le dis… je crois qu’elle ne l’a pas vraiment embrassé et que le troll c’était en fait Hans.
-Double eurk ! »
Elle prit le bonhomme de neige dans ses bras et porta de nouveau son regard vers l’horizon.
« Ma sœur ne va pas tarder Olaf.
-OH ! Elsa vient ce soir ?
-Ouiiii ! Et il y aura du gâteau au chocolat en dessert !
-Et de la glace à la fraise ! Oh ! Ca va être une soirée parfaite ! Tu crois qu’elle va venir avec quelqu’un ? »
La reine leva les sourcils.
« Hé bien… Je n’en sais rien. Elle n’a rien dit, tu sais qu’Elsa est toujours si discrète. La dernière fois que je lui ai posé la question, elle n’avait rencontré personne et elle ne semblait pas pressée de le faire. Je dois avouer que ça m’inquiète un peu. J’aimerai la savoir heureuse mais peut être qu’elle n’a simplement besoin de personne.
-Tu penses qu’Elsa est malheureuse ? »
Et devant la mine inquiète de son ami, Anna s’empressa de le rassurer.
« Oh non non non ! Je suis sûre qu’Elsa est heureuse !»
Est-ce qu’elle voulait vraiment se lancer dans une explication sur les relations de couples avec Olaf maintenant ? Non, pas vraiment.
« Elle a plein d’amis, comme… heu… Honeymaren. »
Une, c’était certainement le début de plein.
« Et puis elle a Nokk, Brunie, et Courant d’air aussi. Mais tu sais, j’aimerai juste qu’elle rencontre quelqu’un comme Kristoff.
-Mais… Anna… Elsa connait déjà Kristoff.
-Non, pas Kristoff, mais quelqu’un comme Kristoff.
-Tu veux dire qu’il y a un autre Kristoff qui ne serait pas Kristoff mais comme Kristoff ?
-Oh… Non Olaf, il n’y a qu’un seul Kristoff. Je parle de quelqu’un dont Elsa tomberait amoureuse.
-Hmmm… »
Le bonhomme de neige avait l’air un peu perdu mais il n’eut pas le temps de poser d’autres questions parce qu’Anna poussa un cri d’excitation, sa sœur venait d’apparaitre à l’horizon.
« Bonjour.
-Votre majesté ? Avez-vous besoin de quelque chose ? »
Le personnel s’affairait dans la cuisine, l’odeur de rôtisserie et des légumes en train de cuir firent monter l’eau à la bouche d’Anna. Les casseroles en cuivre d’une propreté impeccables reflétaient son visage déformé et la reine ne put s’empêcher de faire des grimaces. Personne ne fit de remarques, même si des sourires amusés se dessinèrent sur les lèvres. Ils étaient tous habitués à la spontanéité de leur reine et ne la trouvaient que plus attachante encore.
« Votre majesté ?
-Oh heu ! Oui ! Excusez-moi ! Bien sûr ! »
Anna se redressa soudainement, les joues rougissant d’embarra.
« Bien sûr. Je souhaitais connaitre le menu de ce soir. »
La cuisinière, qui répondait au prénom Ingma, vérifia le contenu de ses fourneaux avant de redresser pour faire face à la reine. D’un certain âge, ses cheveux grisonnants étaient dissimulés sous une charlotte. Elle essuya ses mains pleines de farine sur son tablier blanc.
« Le menu de ce soir ou… Le dessert au chocolat prévu pour la soirée jeu ? »
Anna eut un rire enfantin. Elle oublia toute la réserve qu’elle s’imposait pour être davantage elle-même.
« Ma sœur vient ce soir ! Je suis tellement impatiente de la voir ! J’ai l’impression que ça fait une éternité alors que ça ne fait que… 3 jours seulement ? Non 4 ! 4 Jours… C’est une éternité. Et vous savez qu’elle aime le chocolat. Moi aussi j’aime le chocolat et… »
La jeune femme s’arrêta et sourit tendrement. Sa main s’attarda distraitement sur le bois de la table, elle repoussa une fourchette et redressa une cuillère.
« Vous savez… »
La cuisinière acquiesça d’un signe de tête entendu mais Anna reprit quand même.
« Je veux simplement passer du temps avec ma sœur, qu’elle soit heureuse et que tout soit, non pas parfait parce que je ne veux pas en faire trop. Mais qu’elle se sente bien, qu’elle soit bien. Et le chocolat, c’est toujours parfait.
-Oh oui ! Venez voir, votre majesté. »
La reine s’approcha et se pencha pour observer le plat. L’odeur de chocolat lui emplit les narines, elle rit de nouveau.
« Oh ! C’est exactement ça ! Il est parfait ! Merci ! »
Et sans plus de cérémonie, elle enlaça Ingma dans un élan de spontanéité avant de disparaitre dans un nuage de jupon. Kai, qui n’avait rien loupé de la scène depuis un coin de la cuisine rit doucement.
« Même le poids de la royauté ne parvient pas à la changer.
-Non, et si tu veux mon avis, c’est très bien comme ça. Cette petite a toujours été pleine d’entrain et d’amour, il ne faut surtout pas que ça change !
-Je suis bien d’accord avec toi.
-Je me suis toujours demandée comment 2 filles si différentes pouvaient être sœur. Elsa a toujours été si discrète, si réservée, alors qu’Anna…
-Tu sais aussi bien que moi qu’Elsa a toujours dû faire attention.
-Même avant Kai, avant qu’on ne referme les portes, avant même l’arrivée d’Anna dans cette famille, Elsa a toujours été calme, presque à se faire oublier. Bien sûr que la suite n’a rien arrangé mais, elles étaient déjà très différentes dès la naissance. Hé ! Olaf ! Il est trop tôt pour la crème glacée ! »
La bouche barbouillée de glace à la fraise, le bonhomme de neige eut un regard coupable.
« C’est à quelle heure que la glace est autorisée alors ?
-Pour le dessert Olaf ! Parce que je sais que tu préfères la glace plutôt que le gâteau au chocolat.
-Oh c’est pour moi ! Vraiment !
-Mais oui Olaf ! Maintenant laisse-moi travailler et va rejoindre Anna ! »
Le bonhomme de neige acquiesça d’un vigoureux signe de tête et disparut à son tour dans le couloir. Il retrouva Anna sur le balcon, les yeux sur la ligne de l’horizon. Il se mit à fixer le paysage avec la même concentration, au bout de seulement quelque secondes, son regard se porta de nouveau sur la reine, puis sur l’horizon, puis encore une fois sur Anna. Et après quelques minutes d’incompréhension il finit par dire :
« Est-ce qu’on cherche quelque chose ? Ou alors c’est un nouveau jeu où il faut être immobile ? J’ai vu des enfants qui faisaient ça l’autre jour ! J’ai cru qu’ils étaient figés dans la glace, mais ils faisaient juste semblant ! Et après, il y avait une fille déguisée en toi qui est venue pour tous les sauver en embrassant un troll plein de champignons. »
Anna cligna des yeux, la mine un peu dégoûtée.
« Eurk ! Mais je n’ai jamais fait ça !
-Ah non ? »
Olaf réfléchit quelques instants.
« Maintenant que tu le dis… je crois qu’elle ne l’a pas vraiment embrassé et que le troll c’était en fait Hans.
-Double eurk ! »
Elle prit le bonhomme de neige dans ses bras et porta de nouveau son regard vers l’horizon.
« Ma sœur ne va pas tarder Olaf.
-OH ! Elsa vient ce soir ?
-Ouiiii ! Et il y aura du gâteau au chocolat en dessert !
-Et de la glace à la fraise ! Oh ! Ca va être une soirée parfaite ! Tu crois qu’elle va venir avec quelqu’un ? »
La reine leva les sourcils.
« Hé bien… Je n’en sais rien. Elle n’a rien dit, tu sais qu’Elsa est toujours si discrète. La dernière fois que je lui ai posé la question, elle n’avait rencontré personne et elle ne semblait pas pressée de le faire. Je dois avouer que ça m’inquiète un peu. J’aimerai la savoir heureuse mais peut être qu’elle n’a simplement besoin de personne.
-Tu penses qu’Elsa est malheureuse ? »
Et devant la mine inquiète de son ami, Anna s’empressa de le rassurer.
« Oh non non non ! Je suis sûre qu’Elsa est heureuse !»
Est-ce qu’elle voulait vraiment se lancer dans une explication sur les relations de couples avec Olaf maintenant ? Non, pas vraiment.
« Elle a plein d’amis, comme… heu… Honeymaren. »
Une, c’était certainement le début de plein.
« Et puis elle a Nokk, Brunie, et Courant d’air aussi. Mais tu sais, j’aimerai juste qu’elle rencontre quelqu’un comme Kristoff.
-Mais… Anna… Elsa connait déjà Kristoff.
-Non, pas Kristoff, mais quelqu’un comme Kristoff.
-Tu veux dire qu’il y a un autre Kristoff qui ne serait pas Kristoff mais comme Kristoff ?
-Oh… Non Olaf, il n’y a qu’un seul Kristoff. Je parle de quelqu’un dont Elsa tomberait amoureuse.
-Hmmm… »
Le bonhomme de neige avait l’air un peu perdu mais il n’eut pas le temps de poser d’autres questions parce qu’Anna poussa un cri d’excitation, sa sœur venait d’apparaitre à l’horizon.
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:20
[NDLA] Ce chapitre est inspirée d'une scène supprimée de "La Reine des Neiges 2" que vous pouvez voir ici. [NDLA]
Les papiers de devinette gisaient éparpillés sur le sol, du gâteau au chocolat il ne restait maintenant que quelques miettes dans les assiettes vides. Un feu encore vif continuait de brûler dans la cheminée, insensible aux éclats de rires et aux discussions qui allaient bon train. Kristoff s’affala davantage dans le canapé.
« Wouah ! Je n’en peux plus. Ce repas était vraiment délicieux mais je crois que j’ai trop mangé. »
Il modula sa voix pour prendre l’intonation de Sven.
« Peut-être que tu n’aurais pas dû te resservir 3 fois du gratin de légume avec toute cette sauce !
-Je sais Sven, c’est toi qui as raison mon vieux, comme toujours ! Je crois que je vais aller dormir, ça ne vous dérange pas les filles si je vous laisse finir la soirée sans moi ?
-Vous pouvez tous aller dormir, je vais ranger. » Elsa sourit à l’assemblée mais sa sœur secoua la tête
« Je vais t’aider à ranger, laissons les petites natures se remettre de leurs émotions.
-Hé ! Je ne suis pas une petite nature ! Il y avait vraiment beaucoup de sauce ! »
Anna l’embrassa tendrement tandis que Sven le poussait déjà vers la porte, Olaf sur le dos.
« Bonne nuit les filles et à demain ! »
Elsa sourit, elle récupéra quelques cartes éparses dans un silence confortable qu’elle partageait avec sa cadette. Chaque fois qu’elle venait, Kristoff, Olaf et Sven finissaient par s’éclipser pour les laisser toutes les deux. Si la jeune femme trouvait ça très touchant, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’une fois de plus, elle prenait une place trop importante dans la vie de sa sœur.
« Je devrais peut-être rentrer moi aussi.
-Quoi ? En pleine nuit ? Elsa tu n’y penses pas ?
-La nuit ne représente pas vraiment un danger tu sais, j’ai m…
-Tu as tes pouvoirs pour te protéger, je sais. Mais pourquoi veux-tu déjà partir ? Tu ne te sens pas bien ici ? C’est ça ? »
Il y avait un sujet qu’elles n’avaient pratiquement jamais abordé ensemble, c’était le fait qu’Elsa soit devenue le cinquième esprit. Anna s’était toujours demandé si cela avait changé quelque chose chez sa sœur. Ou plutôt, à quel point cela avait changé sa sœur.
« Quoi ? Mais non Anna, je me sens très bien ici… C’est juste que…
-Que quoi ? Est-ce que tu dors à la belle étoile maintenant ? Parce que si c’est le cas, il suffit de le dire et on aménagera un espace à l’extérieur !
-Comment ? Non ce n…
-Ou alors, tu as tellement besoin de nature et d’espace que l’idée de dormir enfermée entre 4 murs est devenue horrible ?
-Pas du t…
-Je ne veux pas que tu sois malheureuse, Elsa. Alors… Si tu dois repartir, alors… Bien sûr que tu peux repartir. Je veux dire, évidemment que tu n’es pas prisonnière, le royaume d’Arendelle c’est aussi ton royaume, le nôtre d’ailleurs. Alors tu vas où tu veux, quand tu veux, en pleine nuit, en pleine journée, à midi… Pffrrrt ! Personne n’aurait rien à redire là-dessus et surtout pas moi !
-Anna…
-C’est juste que tu me manques, Elsa. »
La dernière phrase finit de désarmer l’ancienne reine, elle prit sa sœur dans ses bras et la serra tout contre elle, avec toute la tendresse du monde.
« Oh Anna… Tu me manques aussi.
-Alors, pourquoi est-ce que tu dois déjà repartir ? »
Sa cadette s’exprimait d’une toute petite voix un peu malheureuse qui lui brisa le cœur. Mais comment trouver les mots justes ? Elsa prit une légère inspiration.
« Anna… »
Elsa s’écarta et repoussa doucement une mèche de cheveux du visage de sa sœur, elle lui sourit tendrement.
« Tu sais… Je ne veux pas tout gâcher.
-Je ne comprends pas Elsa, comment ta présence ici pourrait gâcher quoique ce soit ?
-Tu construis une vie ici, avec Kristoff et… Je ne veux pas prendre trop de place. »
Anna haussa les sourcils d’incompréhension, elle se redressa, contrariée.
« Tu es ma sœur, Elsa, comment peux-tu penser un seul instant que tu prends trop de place ?
-Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Chaque fois que je suis avec toi, j’ai toujours l’impression que le reste du monde s’efface pour nous laisser ensemble et je ne m’en plains pas ! Tu sais que j’adore être avec toi Anna. Mais comme je l’ai dit, tu as aussi une vie à construire.
-Et tu ne dois pas en faire partie ? »
L’incompréhension était totale, Elsa se releva à son tour pour prendre les mains de sa cadette dans les siennes.
« Bien sûr que si.
-Je ne comprends pas, Elsa. Tu ne vis plus ici, comment pourrais-tu prendre trop de place ? »
Anna venait de marquer un point. Même si ça n’éliminait pas le sentiment de l’ex reine, elle devait admettre que la remarque de sa cadette était juste. Elle sourit tendrement.
« Tu as raison, Anna. C’est juste moi qui cherche des complications là où il n’y en a pas. Je crois que je continue de m’adapter à ma nouvelle vie.
-Alors tu restes dormir ? »
L’ancienne reine rit doucement.
« Oui, je reste dormir. Et je ne sais pas où tu es allée chercher que j’avais besoin de dormir à la belle étoile mais crois moi, j’apprécie toujours le confort de ma chambre ! »
Anna rit à son tour, enfin rassurée.
« D’accord. Est-ce que tu es fatiguée ? Parce qu’il y a quelque chose que j’aimerai vraiment beaucoup te montrer. Mais ça peut attendre demain si tu veux.
-Non, allons-y maintenant, je ne suis pas fatiguée. »
D’autant qu’elle était surtout très intriguée. La reine prit la main de son ainée dans la sienne et la guida dans les longs couloirs du château jusqu’à la grande bibliothèque. Perplexe, Elsa regardait autour d’elle sans trop comprendre.
« Hé bien ? Qu’est-ce que je suis supposée voir ?
-Par ici. »
Anna glissa sa main derrière le rebord de la cheminée. Un son étouffé se fit entendre et un pan de la bibliothèque se mit à bouger.
« Anna ! Qu’est ce qu…
-Une pièce secrète !
-Quoi ? Mais depuis quand ? Et pourquoi faire ?
-Hé bien tu sais Elsa, les pièces secrètes, souvent, servent à cacher des choses. C’est incroyable non ?
-Anna…
-Je l’ai découverte il y a quelques jours et j’attendais que tu viennes pour te montrer, je pense que tu pourras m’aider.
-T’aider ?
-Oui, viens… »
La jeune femme repoussa l’étagère remplis de livres épais qui bougea avec une facilité déconcertante. Dans la pénombre, se dévoilait une pièce remplit de bric-à-brac en tout genre, il était difficile d’évaluer la taille de l’endroit tant il était encombré. Anna alluma les bougies une à une, révélant différents documents, des notes manuscrites, des cartes anciennes, des gants en nombre importants. Elle jeta un œil à sa sœur ainée.
« De ce que j’ai compris jusqu’à maintenant, je crois que c’est une pièce dans laquelle nos parents faisaient des recherches.
-Des recherches ? Mais sur quoi ?
-Sur… Toi ?
-Moi ! »
Anna hocha la tête, elle prit un carnet rempli de croquis et de notes.
« Regarde, c’est l’écriture de notre père, il faisait des plans sur les gants que tu pouvais porter, les différents matériaux.
-Il cherchait un moyen de contenir mes pouvoirs.
-Oui, pour que tu puisses sortir de ta chambre, c’est ce qu’il a écrit ici, regarde. »
Elsa parcourut des yeux les quelques phrases, son cœur battait la chamade, les souvenirs de cette période pénible affluaient et ils étaient difficile à contenir. Sa gorge se serra, le poids de la solitude et de la culpabilité pesait lourdement sur ses épaules, même encore maintenant.
« Nos parents voulaient que tu aies une vie la plus normale possible.
-Oui, mais à quel prix ?
-Elsa… »
L’ainée hocha la tête, oui, elles avaient déjà eu cette conversation. Elle ne devait pas se sentir coupable, ses pouvoirs étaient un don, un cadeau. Mais ses parents étaient mort d’avoir voulu comprendre et chercher une solution.
« Tu n’es coupable de rien dans cette histoire. »
Nouveau hochement de tête de la part de l’ancienne reine.
« Oui, tu as raison, je sais que tu as raison. »
Anna passa sa main dans le dos de sa sœur pour la réconforter. Elsa se blottit un instant contre sa cadette, son regard se posa sur un carnet ouvert, posé sur un pupitre. Si l’écriture lui était familière, le reste en revanche était indéchiffrable.
« Qu’est-ce que c’est ? On dirait l’écriture de maman.
-Oui mais… Je n’ai pas pu le lire. »
L’ancienne reine quitta l’étreinte réconfortante de sa sœur pour se saisir du carnet. Elle fronça les sourcils.
« On dirait… de l’Aldrien du Nord.
-Oui, c’est ce que je pensais aussi. C’était la langue des Nothuldras avant qu’elle ne soit interdite, on sait maintenant pourquoi. J’ai d’ailleurs fait lever cette interdiction.
-Tu as bien fait. Je dois pouvoir le faire déchiffrer. »
Anne sourit et hocha la tête.
« Je comptais là-dessus. »
Elsa referma le carnet avec soin.
« Cette pièce est fascinante… »
Son regard se perdit sur les étagères pleines à craquer, dans tous les ouvrages, il était question de magie. Il y avait une petite table avec un métier à tisser sur lequel on trouvait différents gants plus ou moins achevés. Des flacons dont le contenu restait complètement inconnu et qu’Elsa n’avait aucune envie de vérifier. L’air sec et poussiéreux était irritant. Elle approcha la bougie d’une autre étagère, pleine aussi, mais de carnets cette fois ci, tantôt avec l’écriture de son père, tantôt celle de sa mère.
« Pendant toutes ces années… »
Elle se sentait submergée par les émotions. Ahtohallan l’avait réconcilié avec ses parents, en partie. Depuis qu’elle avait compris comment fonctionnait son pouvoir, Elsa avait oscillé entre rage, tristesse et compréhension vis-à-vis de ses parents. La solitude complète dans laquelle ils l’avaient enfermé, la peur d’elle-même qu’ils avaient nourrie bien malgré eux durant toutes ces années. Tout lui était apparu plus clairement lorsqu’elle avait compris que son grand père, le roi Runeard, avait peur de la magie et qu’il avait certainement dû élever Agnarr dans la même méfiance. Sans parler de la bataille du barrage qui n’avait fait que renforcer cette défiance. Ses parents n’avaient pas eu d’autre choix que de garder ses pouvoirs secrets dans un royaume où tout le monde était persuadé que les Northuldra avaient attaqué les soldats d’Arendelle.
« Anna, comment étaient nos parents avec toi ?
-Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Elsa haussa légèrement les épaules, elle se tourna vers sa sœur et lui sourit légèrement.
« Mes pouvoirs rendaient notre relation très compliquée. Je ne voulais pas qu’ils m’approchent parce que j’avais peur de leur faire mal. Je me suis toujours demandé comment ils étaient, avec toi.
-Je crois que c’est une question qui nécessite du gâteau au chocolat.
-Il en reste ?
-Oui, j’avais demandé à ce qu’on nous sauve quelques parts pour le petit déjeuner. »
Anna fit un clin d’œil complice à sa sœur ainée et lui prit le bras pour quitter la pièce. Elle actionna le mécanisme et la bibliothèque reprit sa place, comme si rien n’avait jamais existé. Etonnamment, le poids qui pesait sur les épaules d’Elsa sembla s’alléger également, ou alors c’était la perspective du gâteau au chocolat.
Les papiers de devinette gisaient éparpillés sur le sol, du gâteau au chocolat il ne restait maintenant que quelques miettes dans les assiettes vides. Un feu encore vif continuait de brûler dans la cheminée, insensible aux éclats de rires et aux discussions qui allaient bon train. Kristoff s’affala davantage dans le canapé.
« Wouah ! Je n’en peux plus. Ce repas était vraiment délicieux mais je crois que j’ai trop mangé. »
Il modula sa voix pour prendre l’intonation de Sven.
« Peut-être que tu n’aurais pas dû te resservir 3 fois du gratin de légume avec toute cette sauce !
-Je sais Sven, c’est toi qui as raison mon vieux, comme toujours ! Je crois que je vais aller dormir, ça ne vous dérange pas les filles si je vous laisse finir la soirée sans moi ?
-Vous pouvez tous aller dormir, je vais ranger. » Elsa sourit à l’assemblée mais sa sœur secoua la tête
« Je vais t’aider à ranger, laissons les petites natures se remettre de leurs émotions.
-Hé ! Je ne suis pas une petite nature ! Il y avait vraiment beaucoup de sauce ! »
Anna l’embrassa tendrement tandis que Sven le poussait déjà vers la porte, Olaf sur le dos.
« Bonne nuit les filles et à demain ! »
Elsa sourit, elle récupéra quelques cartes éparses dans un silence confortable qu’elle partageait avec sa cadette. Chaque fois qu’elle venait, Kristoff, Olaf et Sven finissaient par s’éclipser pour les laisser toutes les deux. Si la jeune femme trouvait ça très touchant, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’une fois de plus, elle prenait une place trop importante dans la vie de sa sœur.
« Je devrais peut-être rentrer moi aussi.
-Quoi ? En pleine nuit ? Elsa tu n’y penses pas ?
-La nuit ne représente pas vraiment un danger tu sais, j’ai m…
-Tu as tes pouvoirs pour te protéger, je sais. Mais pourquoi veux-tu déjà partir ? Tu ne te sens pas bien ici ? C’est ça ? »
Il y avait un sujet qu’elles n’avaient pratiquement jamais abordé ensemble, c’était le fait qu’Elsa soit devenue le cinquième esprit. Anna s’était toujours demandé si cela avait changé quelque chose chez sa sœur. Ou plutôt, à quel point cela avait changé sa sœur.
« Quoi ? Mais non Anna, je me sens très bien ici… C’est juste que…
-Que quoi ? Est-ce que tu dors à la belle étoile maintenant ? Parce que si c’est le cas, il suffit de le dire et on aménagera un espace à l’extérieur !
-Comment ? Non ce n…
-Ou alors, tu as tellement besoin de nature et d’espace que l’idée de dormir enfermée entre 4 murs est devenue horrible ?
-Pas du t…
-Je ne veux pas que tu sois malheureuse, Elsa. Alors… Si tu dois repartir, alors… Bien sûr que tu peux repartir. Je veux dire, évidemment que tu n’es pas prisonnière, le royaume d’Arendelle c’est aussi ton royaume, le nôtre d’ailleurs. Alors tu vas où tu veux, quand tu veux, en pleine nuit, en pleine journée, à midi… Pffrrrt ! Personne n’aurait rien à redire là-dessus et surtout pas moi !
-Anna…
-C’est juste que tu me manques, Elsa. »
La dernière phrase finit de désarmer l’ancienne reine, elle prit sa sœur dans ses bras et la serra tout contre elle, avec toute la tendresse du monde.
« Oh Anna… Tu me manques aussi.
-Alors, pourquoi est-ce que tu dois déjà repartir ? »
Sa cadette s’exprimait d’une toute petite voix un peu malheureuse qui lui brisa le cœur. Mais comment trouver les mots justes ? Elsa prit une légère inspiration.
« Anna… »
Elsa s’écarta et repoussa doucement une mèche de cheveux du visage de sa sœur, elle lui sourit tendrement.
« Tu sais… Je ne veux pas tout gâcher.
-Je ne comprends pas Elsa, comment ta présence ici pourrait gâcher quoique ce soit ?
-Tu construis une vie ici, avec Kristoff et… Je ne veux pas prendre trop de place. »
Anna haussa les sourcils d’incompréhension, elle se redressa, contrariée.
« Tu es ma sœur, Elsa, comment peux-tu penser un seul instant que tu prends trop de place ?
-Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Chaque fois que je suis avec toi, j’ai toujours l’impression que le reste du monde s’efface pour nous laisser ensemble et je ne m’en plains pas ! Tu sais que j’adore être avec toi Anna. Mais comme je l’ai dit, tu as aussi une vie à construire.
-Et tu ne dois pas en faire partie ? »
L’incompréhension était totale, Elsa se releva à son tour pour prendre les mains de sa cadette dans les siennes.
« Bien sûr que si.
-Je ne comprends pas, Elsa. Tu ne vis plus ici, comment pourrais-tu prendre trop de place ? »
Anna venait de marquer un point. Même si ça n’éliminait pas le sentiment de l’ex reine, elle devait admettre que la remarque de sa cadette était juste. Elle sourit tendrement.
« Tu as raison, Anna. C’est juste moi qui cherche des complications là où il n’y en a pas. Je crois que je continue de m’adapter à ma nouvelle vie.
-Alors tu restes dormir ? »
L’ancienne reine rit doucement.
« Oui, je reste dormir. Et je ne sais pas où tu es allée chercher que j’avais besoin de dormir à la belle étoile mais crois moi, j’apprécie toujours le confort de ma chambre ! »
Anna rit à son tour, enfin rassurée.
« D’accord. Est-ce que tu es fatiguée ? Parce qu’il y a quelque chose que j’aimerai vraiment beaucoup te montrer. Mais ça peut attendre demain si tu veux.
-Non, allons-y maintenant, je ne suis pas fatiguée. »
D’autant qu’elle était surtout très intriguée. La reine prit la main de son ainée dans la sienne et la guida dans les longs couloirs du château jusqu’à la grande bibliothèque. Perplexe, Elsa regardait autour d’elle sans trop comprendre.
« Hé bien ? Qu’est-ce que je suis supposée voir ?
-Par ici. »
Anna glissa sa main derrière le rebord de la cheminée. Un son étouffé se fit entendre et un pan de la bibliothèque se mit à bouger.
« Anna ! Qu’est ce qu…
-Une pièce secrète !
-Quoi ? Mais depuis quand ? Et pourquoi faire ?
-Hé bien tu sais Elsa, les pièces secrètes, souvent, servent à cacher des choses. C’est incroyable non ?
-Anna…
-Je l’ai découverte il y a quelques jours et j’attendais que tu viennes pour te montrer, je pense que tu pourras m’aider.
-T’aider ?
-Oui, viens… »
La jeune femme repoussa l’étagère remplis de livres épais qui bougea avec une facilité déconcertante. Dans la pénombre, se dévoilait une pièce remplit de bric-à-brac en tout genre, il était difficile d’évaluer la taille de l’endroit tant il était encombré. Anna alluma les bougies une à une, révélant différents documents, des notes manuscrites, des cartes anciennes, des gants en nombre importants. Elle jeta un œil à sa sœur ainée.
« De ce que j’ai compris jusqu’à maintenant, je crois que c’est une pièce dans laquelle nos parents faisaient des recherches.
-Des recherches ? Mais sur quoi ?
-Sur… Toi ?
-Moi ! »
Anna hocha la tête, elle prit un carnet rempli de croquis et de notes.
« Regarde, c’est l’écriture de notre père, il faisait des plans sur les gants que tu pouvais porter, les différents matériaux.
-Il cherchait un moyen de contenir mes pouvoirs.
-Oui, pour que tu puisses sortir de ta chambre, c’est ce qu’il a écrit ici, regarde. »
Elsa parcourut des yeux les quelques phrases, son cœur battait la chamade, les souvenirs de cette période pénible affluaient et ils étaient difficile à contenir. Sa gorge se serra, le poids de la solitude et de la culpabilité pesait lourdement sur ses épaules, même encore maintenant.
« Nos parents voulaient que tu aies une vie la plus normale possible.
-Oui, mais à quel prix ?
-Elsa… »
L’ainée hocha la tête, oui, elles avaient déjà eu cette conversation. Elle ne devait pas se sentir coupable, ses pouvoirs étaient un don, un cadeau. Mais ses parents étaient mort d’avoir voulu comprendre et chercher une solution.
« Tu n’es coupable de rien dans cette histoire. »
Nouveau hochement de tête de la part de l’ancienne reine.
« Oui, tu as raison, je sais que tu as raison. »
Anna passa sa main dans le dos de sa sœur pour la réconforter. Elsa se blottit un instant contre sa cadette, son regard se posa sur un carnet ouvert, posé sur un pupitre. Si l’écriture lui était familière, le reste en revanche était indéchiffrable.
« Qu’est-ce que c’est ? On dirait l’écriture de maman.
-Oui mais… Je n’ai pas pu le lire. »
L’ancienne reine quitta l’étreinte réconfortante de sa sœur pour se saisir du carnet. Elle fronça les sourcils.
« On dirait… de l’Aldrien du Nord.
-Oui, c’est ce que je pensais aussi. C’était la langue des Nothuldras avant qu’elle ne soit interdite, on sait maintenant pourquoi. J’ai d’ailleurs fait lever cette interdiction.
-Tu as bien fait. Je dois pouvoir le faire déchiffrer. »
Anne sourit et hocha la tête.
« Je comptais là-dessus. »
Elsa referma le carnet avec soin.
« Cette pièce est fascinante… »
Son regard se perdit sur les étagères pleines à craquer, dans tous les ouvrages, il était question de magie. Il y avait une petite table avec un métier à tisser sur lequel on trouvait différents gants plus ou moins achevés. Des flacons dont le contenu restait complètement inconnu et qu’Elsa n’avait aucune envie de vérifier. L’air sec et poussiéreux était irritant. Elle approcha la bougie d’une autre étagère, pleine aussi, mais de carnets cette fois ci, tantôt avec l’écriture de son père, tantôt celle de sa mère.
« Pendant toutes ces années… »
Elle se sentait submergée par les émotions. Ahtohallan l’avait réconcilié avec ses parents, en partie. Depuis qu’elle avait compris comment fonctionnait son pouvoir, Elsa avait oscillé entre rage, tristesse et compréhension vis-à-vis de ses parents. La solitude complète dans laquelle ils l’avaient enfermé, la peur d’elle-même qu’ils avaient nourrie bien malgré eux durant toutes ces années. Tout lui était apparu plus clairement lorsqu’elle avait compris que son grand père, le roi Runeard, avait peur de la magie et qu’il avait certainement dû élever Agnarr dans la même méfiance. Sans parler de la bataille du barrage qui n’avait fait que renforcer cette défiance. Ses parents n’avaient pas eu d’autre choix que de garder ses pouvoirs secrets dans un royaume où tout le monde était persuadé que les Northuldra avaient attaqué les soldats d’Arendelle.
« Anna, comment étaient nos parents avec toi ?
-Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Elsa haussa légèrement les épaules, elle se tourna vers sa sœur et lui sourit légèrement.
« Mes pouvoirs rendaient notre relation très compliquée. Je ne voulais pas qu’ils m’approchent parce que j’avais peur de leur faire mal. Je me suis toujours demandé comment ils étaient, avec toi.
-Je crois que c’est une question qui nécessite du gâteau au chocolat.
-Il en reste ?
-Oui, j’avais demandé à ce qu’on nous sauve quelques parts pour le petit déjeuner. »
Anna fit un clin d’œil complice à sa sœur ainée et lui prit le bras pour quitter la pièce. Elle actionna le mécanisme et la bibliothèque reprit sa place, comme si rien n’avait jamais existé. Etonnamment, le poids qui pesait sur les épaules d’Elsa sembla s’alléger également, ou alors c’était la perspective du gâteau au chocolat.
- Aideen
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Date d'inscription : 24/04/2020
Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:20
Epaule contre épaule, Elsa et Anna s’étaient installées à même le sol, avec quelques coussins, en face du feu qui s’éteignait doucement. Chacune avec une assiette pleine de gâteau qu’elles mangeaient avec une satisfaction évidente. La cadette faisait la conversation pour deux, comme souvent. Elle savait par expérience que sa sœur ne s’ouvrait pas facilement au sujet de leurs parents, encore moins quand il était question de son isolement. Alors en attendant qu’Elsa soit prête à aborder le sujet, elle babillait gentiment. Anna s’inquiétait toujours pour sa sœur. Depuis aussi longtemps qu’il lui était possible de se souvenir. Enfant, elle avait passé de longues heures devant la porte à tenter d’attirer l’attention d’Elsa, les chansons, les suppliques, les menaces, rien n’avait réussi à faire ouvrir cette fichue porte.
Même chose du côté de leurs parents qui étaient restés complètement sourds à ses protestations et à ses questions légitimes. D’une certaine façon, peut-être qu’Elsa avait raison, peut-être qu’elle prenait trop de place dans sa vie parce qu’en vérité, Anna n’avait jamais cessé de s’inquiéter. Et maintenant qu’Elsa était devenue le cinquième esprit, qu’elle avait quitté le château, c’était encore pire. Et comment ne pas l’être quand elle se mettait constamment en danger, toujours soucieuse de rétablir les injustices au mépris de sa propre vie, de protéger tout le monde de tout, et surtout d’elle-même. Comme si Elsa était dangereuse. Une petite voix s’éleva pourtant dans sa tête pour lui rappeler que sa sœur avait bien failli la tuer, non pas une, mais deux fois. Oui, mais par accident, toujours par accident, simplement parce qu’il fallait qu’elle apprenne à maitriser ses pouvoirs, à comprendre qu’ils étaient liés à ses émotions. Et que les ignorer, tenter de tout contrôler et de refouler, ne pouvait provoquer qu’un désastre… Et quel désastre…
Anna réalisait petit à petit à quel point l’histoire de leur famille était basée sur le mensonge. Celui de son grand père, puis celui de ses parents et à chaque fois, le résultat fut catastrophique.
« Elsa ?
-Oui Anna ?
-Je sais qu’on s’est déjà fait la promesse de ne plus rien se cacher mais… C’est vraiment important pour moi.
-Je sais, et je te promets que je ne te cache plus rien.
-Et tu penses vraiment que tu prends trop de place dans ma vie ? »
Elsa observa sa part de gâteau un instant, comme si elle pouvait prendre vie et lui répondre à la manière d’un Olaf.
« Je pense que tu avais raison tout à l’heure mais… » Elle fit une pause pour sourire à sa sœur « je ne veux pas que tu laisses ta vie de côté, pour moi.
-Comment ça ? Parce qu’entre nous deux, je suis quand même celle qui a rencontré quelqu’un, au cas où tu n’aurais pas remarqué. »
La remarque malicieuse d’Anna fit rire l’ex reine.
« Effectivement. Mais je sais que tu t’inquiètes toujours pour moi, que tu cherches toujours à me protéger et à prendre soin de moi. Et parfois, je me demande simplement si ce ne serai pas au détriment des autres, comme Kristoff par exemple.
-Est-ce que tu ne fais pas la même chose ? Sauf que toi tu n’hésites pas à me forcer à m’éloigner. »
Elsa marqua un silence. Elle savait très bien à quoi Anna faisait référence, et elle savait aussi que sa cadette souffrait de ses décisions où elle ne lui laissait pas le choix. Et visiblement, sa petite sœur avait décidé qu’un silence en guise de réponse ne lui conviendrait pas, parce qu’elle reprit calmement.
« D’ailleurs, est ce n’est pas ce que tu es en train de faire en essayant de t’éloigner ? N’aurais-tu pas décidé toute seule de ce qui était le mieux pour moi ? »
Etait-ce qu’elle faisait ? Peut-être… Probablement et sans même s’en rendre compte.
« C’est… Possible en effet. Mais je croyais qu’on devait parler des parents ?
-Oh alors ça ! C’est un coup bas ! Je te laisse t’en sortir pour cette fois, mais tu ne perds rien pour attendre ! »
Elsa battit des cils innocemment, et pourtant, si la diversion était efficace, le sujet n’en était pas moins délicat. Anna se releva et lui tendit la main.
« Viens. »
L’ancienne reine prit la main de sa sœur et la suivit dans les couloirs sans même réfléchir.
« Où est ce que tu m’emmènes cette fois ci ?
- Juste dans la chambre. »
Elsa haussa les sourcils, c’était à se demander laquelle des deux cherchait le plus à éviter le sujet.
« Nous ne sommes pas obligés d’en parler si tu ne veux pas.
-Oh si je le veux, mais je veux aussi que tu sois bien, confortable, et en sécurité. »
Et comme il n’y avait rien à répondre à ça, elles se trouvèrent rapidement en vêtements de nuit pour se blottir l’une contre l’autre sous les draps. Anna caressa doucement les cheveux de sa sœur.
« Que voudrais-tu savoir ?
-Comment ils étaient avec toi, est ce qu’ils étaient… proches ? Que disaient-ils sur moi ? Ce genre de chose…
-Hé bien… Comme je m’ennuyais beaucoup, je crois qu’ils essayaient de jouer avec moi autant que possible. Quand les activités du royaume le permettaient bien sûr. Et maintenant je me rends compte à quel point c’est fastidieux ! Tu m’avais caché tout ça quand tu m’as proposé de devenir reine d’Arendelle !
-La couronne te va très bien, le peuple t’adore et tu les adore tout autant en retour.
-Maman me laissait beaucoup faire, Papa, un peu moins. Il préférait me voir au calme avec un livre dans la bibliothèque, que sur un vélo en train de descendre les escaliers. On faisait des parties de cache-cache aussi. Mais le château est tellement grand qu’ils ont fini par m’interdire certaines zones. Une fois ils m’ont cherché pendant si longtemps que Papa s’est fâché.
-Vraiment ?
-Oui, enfin, pas longtemps. Ils m’aidaient à faire mes devoirs à tour de rôle mais je préférais quand c’était maman.
-Oui, moi aussi. Elle était plus compréhensive. »
Anna acquiesça.
« Je ne savais pas que Maman t’aidait aussi à faire tes devoirs.
-Si, Papa aussi. Je suppose que lorsque l’un des deux était avec moi…
-L’autre était avec moi. Mais la plupart du temps, j’étais toute seule. Nos parents étaient très occupés avec le royaume.
-Ou à chercher une solution pour moi…
-Ne fais pas ça Elsa, s’il te plait. Ne culpabilise pas pour quelque chose dont tu n’es pas responsable. C’était leur décision et… Elle n’était pas bonne mais… C’était leur choix, pas le tiens. Ils n’ont pas su gérer la situation.
-J’ai l’impression d’avoir perdu tellement de temps et de t’avoir privée de tellement de choses.
-Je ne suis pas la seule à avoir été privée de plein de choses. Et… Du peu que tu m’as dit… Ma place était quand même plus agréable que la tienne. »
Elsa ferma les yeux contre sa sœur, le poids de la solitude l’écrasa de nouveau. Anna avait raison, il lui fallait un lieu où elle se sente bien et en sécurité pour aborder ces sujets. Et ici, tout contre sa sœur qui l’enlaçait tendrement, c’était l’endroit idéal pour chasser ses démons.
« J’avais tellement peur de faire du mal autour de moi…
-Papa et maman disaient que tu avais une maladie rare, que tu allais bien mais qu’il fallait éviter tout contact avec toi pour te préserver.
-Oui… Ou pour préserver les autres. »
Anna resserra davantage son étreinte avant de reprendre.
« Ils me lisaient toujours une histoire le soir, parfois tous les deux, parfois seuls. Et pendant les repas, je racontais toujours ce que je faisais la journée, c’était une sorte de rituelle je crois. »
Ce qui sonnait finalement comme une enfance presque ordinaire. Si l’on exceptait la grande sœur malade, seule, dans sa chambre, l’absence de sortie, et les portes du château toujours fermées.
« Plus je grandissais, plus je posais des questions sur toi et plus je demandais à te voir. Je ne comprenais pas pourquoi que tu ne me répondais pas. Il m’arrivait même de me demander si tu étais toujours en vie. Les réponses de papa et maman étaient évasives. Il fallait éviter les contacts, d’accord, mais qu’est ce qui t’empêchait de me parler ?
-J’avais peur que tu veuilles rentrer et que je te fasse du mal, encore une fois. Mes pouvoirs étaient incontrôlables à cette période. Ma chambre était très souvent complètement givrée, et plus j’essayais de me contrôler, plus la glace s’étendait, plus j’avais peur et… ça ne s’arrêtait jamais. Les gants ont aidé, un peu… »
Le silence tomba quelques minutes dans la chambre, chacune perdue dans leurs souvenirs. Elsa reprit la parole la première.
« Anna ?
-Oui ?
-Tu as lu les carnets de papa ?
-Juste les quelques pages que je t’ai montrées. Je ne suis pas sûre qu’il y ait grand-chose à lire, ça ressemble surtout à des études sur la maitrise de tes pouvoirs. Pourquoi ?
-Parce que j’ai un peu peur de ce que nous allons lire dans ceux de maman.
-Peur ? Pourquoi ?
-Parce que mes pouvoirs ont causé beaucoup de dégâts et ont fait beaucoup de mal à notre famille.
-Ce ne sont pas tes pouvoirs, Elsa, qui ont provoqué ça, mais leur manière à eux de les avoir gérés.
-Peut-être mais, j’en suis quand même la source.
-Nos parents t’aimaient, sinon ils n’auraient jamais cherché de solution à cette situation.
-Tout dépend si la solution était pour eux, ou pour moi. La réponse se trouve certainement dans ces carnets.
-Tu veux dire, est ce qu’ils faisaient ça pour eux, ou pour toi ?
-Oui.
-Je… Je n’ai pas la même image que toi, de nos parents. Ils ont toujours été présents et affectueux et… Je ne peux pas croire qu’ils aient voulu être égoïstes avec toi. Je pense qu’ils ont été dépassés par la situation et qu’ils ont essayé de gérer du mieux qu’ils ont pu, mal évidemment. Ils n’auraient pas dû avoir peur de tes pouvoirs, ils auraient dû t’aider à les contrôler plutôt que de vouloir t’apprendre à ignorer tes sentiments.
-Ils voulaient te mettre en sécurité et ils avaient raison.
-Tu es ma sœur Elsa, je suis en sécurité avec toi.
-Et pourtant…
- Par accident, Elsa. Précisément parce que tu ne savais pas ce que tu faisais ! Est-ce que j’ai l’air d’être en danger en ce moment ?
-Non, évidemment.
-Parce que maintenant, tu sais ce que tu fais. »
Le ton était si ferme et déterminé qu’Elsa ne répondit pas. Elles continuèrent de discuter un moment, dérivant vers des sujets plus légers avant de s’endormir blottie l’une contre l’autre.
Même chose du côté de leurs parents qui étaient restés complètement sourds à ses protestations et à ses questions légitimes. D’une certaine façon, peut-être qu’Elsa avait raison, peut-être qu’elle prenait trop de place dans sa vie parce qu’en vérité, Anna n’avait jamais cessé de s’inquiéter. Et maintenant qu’Elsa était devenue le cinquième esprit, qu’elle avait quitté le château, c’était encore pire. Et comment ne pas l’être quand elle se mettait constamment en danger, toujours soucieuse de rétablir les injustices au mépris de sa propre vie, de protéger tout le monde de tout, et surtout d’elle-même. Comme si Elsa était dangereuse. Une petite voix s’éleva pourtant dans sa tête pour lui rappeler que sa sœur avait bien failli la tuer, non pas une, mais deux fois. Oui, mais par accident, toujours par accident, simplement parce qu’il fallait qu’elle apprenne à maitriser ses pouvoirs, à comprendre qu’ils étaient liés à ses émotions. Et que les ignorer, tenter de tout contrôler et de refouler, ne pouvait provoquer qu’un désastre… Et quel désastre…
Anna réalisait petit à petit à quel point l’histoire de leur famille était basée sur le mensonge. Celui de son grand père, puis celui de ses parents et à chaque fois, le résultat fut catastrophique.
« Elsa ?
-Oui Anna ?
-Je sais qu’on s’est déjà fait la promesse de ne plus rien se cacher mais… C’est vraiment important pour moi.
-Je sais, et je te promets que je ne te cache plus rien.
-Et tu penses vraiment que tu prends trop de place dans ma vie ? »
Elsa observa sa part de gâteau un instant, comme si elle pouvait prendre vie et lui répondre à la manière d’un Olaf.
« Je pense que tu avais raison tout à l’heure mais… » Elle fit une pause pour sourire à sa sœur « je ne veux pas que tu laisses ta vie de côté, pour moi.
-Comment ça ? Parce qu’entre nous deux, je suis quand même celle qui a rencontré quelqu’un, au cas où tu n’aurais pas remarqué. »
La remarque malicieuse d’Anna fit rire l’ex reine.
« Effectivement. Mais je sais que tu t’inquiètes toujours pour moi, que tu cherches toujours à me protéger et à prendre soin de moi. Et parfois, je me demande simplement si ce ne serai pas au détriment des autres, comme Kristoff par exemple.
-Est-ce que tu ne fais pas la même chose ? Sauf que toi tu n’hésites pas à me forcer à m’éloigner. »
Elsa marqua un silence. Elle savait très bien à quoi Anna faisait référence, et elle savait aussi que sa cadette souffrait de ses décisions où elle ne lui laissait pas le choix. Et visiblement, sa petite sœur avait décidé qu’un silence en guise de réponse ne lui conviendrait pas, parce qu’elle reprit calmement.
« D’ailleurs, est ce n’est pas ce que tu es en train de faire en essayant de t’éloigner ? N’aurais-tu pas décidé toute seule de ce qui était le mieux pour moi ? »
Etait-ce qu’elle faisait ? Peut-être… Probablement et sans même s’en rendre compte.
« C’est… Possible en effet. Mais je croyais qu’on devait parler des parents ?
-Oh alors ça ! C’est un coup bas ! Je te laisse t’en sortir pour cette fois, mais tu ne perds rien pour attendre ! »
Elsa battit des cils innocemment, et pourtant, si la diversion était efficace, le sujet n’en était pas moins délicat. Anna se releva et lui tendit la main.
« Viens. »
L’ancienne reine prit la main de sa sœur et la suivit dans les couloirs sans même réfléchir.
« Où est ce que tu m’emmènes cette fois ci ?
- Juste dans la chambre. »
Elsa haussa les sourcils, c’était à se demander laquelle des deux cherchait le plus à éviter le sujet.
« Nous ne sommes pas obligés d’en parler si tu ne veux pas.
-Oh si je le veux, mais je veux aussi que tu sois bien, confortable, et en sécurité. »
Et comme il n’y avait rien à répondre à ça, elles se trouvèrent rapidement en vêtements de nuit pour se blottir l’une contre l’autre sous les draps. Anna caressa doucement les cheveux de sa sœur.
« Que voudrais-tu savoir ?
-Comment ils étaient avec toi, est ce qu’ils étaient… proches ? Que disaient-ils sur moi ? Ce genre de chose…
-Hé bien… Comme je m’ennuyais beaucoup, je crois qu’ils essayaient de jouer avec moi autant que possible. Quand les activités du royaume le permettaient bien sûr. Et maintenant je me rends compte à quel point c’est fastidieux ! Tu m’avais caché tout ça quand tu m’as proposé de devenir reine d’Arendelle !
-La couronne te va très bien, le peuple t’adore et tu les adore tout autant en retour.
-Maman me laissait beaucoup faire, Papa, un peu moins. Il préférait me voir au calme avec un livre dans la bibliothèque, que sur un vélo en train de descendre les escaliers. On faisait des parties de cache-cache aussi. Mais le château est tellement grand qu’ils ont fini par m’interdire certaines zones. Une fois ils m’ont cherché pendant si longtemps que Papa s’est fâché.
-Vraiment ?
-Oui, enfin, pas longtemps. Ils m’aidaient à faire mes devoirs à tour de rôle mais je préférais quand c’était maman.
-Oui, moi aussi. Elle était plus compréhensive. »
Anna acquiesça.
« Je ne savais pas que Maman t’aidait aussi à faire tes devoirs.
-Si, Papa aussi. Je suppose que lorsque l’un des deux était avec moi…
-L’autre était avec moi. Mais la plupart du temps, j’étais toute seule. Nos parents étaient très occupés avec le royaume.
-Ou à chercher une solution pour moi…
-Ne fais pas ça Elsa, s’il te plait. Ne culpabilise pas pour quelque chose dont tu n’es pas responsable. C’était leur décision et… Elle n’était pas bonne mais… C’était leur choix, pas le tiens. Ils n’ont pas su gérer la situation.
-J’ai l’impression d’avoir perdu tellement de temps et de t’avoir privée de tellement de choses.
-Je ne suis pas la seule à avoir été privée de plein de choses. Et… Du peu que tu m’as dit… Ma place était quand même plus agréable que la tienne. »
Elsa ferma les yeux contre sa sœur, le poids de la solitude l’écrasa de nouveau. Anna avait raison, il lui fallait un lieu où elle se sente bien et en sécurité pour aborder ces sujets. Et ici, tout contre sa sœur qui l’enlaçait tendrement, c’était l’endroit idéal pour chasser ses démons.
« J’avais tellement peur de faire du mal autour de moi…
-Papa et maman disaient que tu avais une maladie rare, que tu allais bien mais qu’il fallait éviter tout contact avec toi pour te préserver.
-Oui… Ou pour préserver les autres. »
Anna resserra davantage son étreinte avant de reprendre.
« Ils me lisaient toujours une histoire le soir, parfois tous les deux, parfois seuls. Et pendant les repas, je racontais toujours ce que je faisais la journée, c’était une sorte de rituelle je crois. »
Ce qui sonnait finalement comme une enfance presque ordinaire. Si l’on exceptait la grande sœur malade, seule, dans sa chambre, l’absence de sortie, et les portes du château toujours fermées.
« Plus je grandissais, plus je posais des questions sur toi et plus je demandais à te voir. Je ne comprenais pas pourquoi que tu ne me répondais pas. Il m’arrivait même de me demander si tu étais toujours en vie. Les réponses de papa et maman étaient évasives. Il fallait éviter les contacts, d’accord, mais qu’est ce qui t’empêchait de me parler ?
-J’avais peur que tu veuilles rentrer et que je te fasse du mal, encore une fois. Mes pouvoirs étaient incontrôlables à cette période. Ma chambre était très souvent complètement givrée, et plus j’essayais de me contrôler, plus la glace s’étendait, plus j’avais peur et… ça ne s’arrêtait jamais. Les gants ont aidé, un peu… »
Le silence tomba quelques minutes dans la chambre, chacune perdue dans leurs souvenirs. Elsa reprit la parole la première.
« Anna ?
-Oui ?
-Tu as lu les carnets de papa ?
-Juste les quelques pages que je t’ai montrées. Je ne suis pas sûre qu’il y ait grand-chose à lire, ça ressemble surtout à des études sur la maitrise de tes pouvoirs. Pourquoi ?
-Parce que j’ai un peu peur de ce que nous allons lire dans ceux de maman.
-Peur ? Pourquoi ?
-Parce que mes pouvoirs ont causé beaucoup de dégâts et ont fait beaucoup de mal à notre famille.
-Ce ne sont pas tes pouvoirs, Elsa, qui ont provoqué ça, mais leur manière à eux de les avoir gérés.
-Peut-être mais, j’en suis quand même la source.
-Nos parents t’aimaient, sinon ils n’auraient jamais cherché de solution à cette situation.
-Tout dépend si la solution était pour eux, ou pour moi. La réponse se trouve certainement dans ces carnets.
-Tu veux dire, est ce qu’ils faisaient ça pour eux, ou pour toi ?
-Oui.
-Je… Je n’ai pas la même image que toi, de nos parents. Ils ont toujours été présents et affectueux et… Je ne peux pas croire qu’ils aient voulu être égoïstes avec toi. Je pense qu’ils ont été dépassés par la situation et qu’ils ont essayé de gérer du mieux qu’ils ont pu, mal évidemment. Ils n’auraient pas dû avoir peur de tes pouvoirs, ils auraient dû t’aider à les contrôler plutôt que de vouloir t’apprendre à ignorer tes sentiments.
-Ils voulaient te mettre en sécurité et ils avaient raison.
-Tu es ma sœur Elsa, je suis en sécurité avec toi.
-Et pourtant…
- Par accident, Elsa. Précisément parce que tu ne savais pas ce que tu faisais ! Est-ce que j’ai l’air d’être en danger en ce moment ?
-Non, évidemment.
-Parce que maintenant, tu sais ce que tu fais. »
Le ton était si ferme et déterminé qu’Elsa ne répondit pas. Elles continuèrent de discuter un moment, dérivant vers des sujets plus légers avant de s’endormir blottie l’une contre l’autre.
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:21
[NDLA] Chapitre inspiré d'une autre scène supprimée, à voir ici. [NDLA]
A l’extérieur du château, le vent d’automne passait d’arbre en arbre, décrochant des feuilles ici ou là pour les éparpiller sur les pavés du pont ou dans la cour. Au cœur de la nuit, il n’y avait pas d’Olaf pour jouer avec. Le calme était tout juste perturbé par le léger ronflement d’Anna dans la chambre d’Elsa. Les deux jeunes femmes dormaient profondément, chacune de leur côté, si la plus jeune avait un léger filet de bave qui lui glissait sur le menton, la seconde en revanche souriait d’un air enfantin. Quelques flocons commencèrent à se former, épars, ils fondaient rapidement et semblaient sans réels conséquences. L’un d’eux se déposa sur les lèvres d’Anna, un autre sur son front, un troisième sur sa paupière et finirent par réveiller la cadette. Il lui fallut quelques instants pour comprendre ce qui se passait. Elle jeta un œil en direction de sa sœur pour constater qu’elle dormait toujours profondément et remonta la couverture sur ses épaules, même si, elle le savait, Elsa ne craignait pas le froid.
Anna tendit la main pour attraper quelques flocons dans l’obscurité, émerveillée par le spectacle de la neige qui dansait devant ses yeux. Rapidement, les flocons prirent vie sous la forme de personnages enneigés, elle se reconnut sans peine dans l’un d’entre eux tandis que se jouait, sous ses yeux stupéfiés, des souvenirs de son enfance.
« Oooh… »
Elle se leva en prenant garde à ne pas réveiller Elsa. Une mini version enneigée d’elle-même courrait dans les couloirs en riant, sa sœur sur ses talons, elles franchirent les portes du château d’un bond et se retrouvèrent dans le parc, au milieu des arbres, des fleurs et des canards. Elsa créa un pont de glace par-dessus la marre et elles s’arrêtèrent au-dessus pour observer les cannetons suivre docilement leur mère. Tout semblait si facile, si heureux.
Le souvenir changea, elles étaient maintenant dans la salle de bal et Elsa avait créé une série de montagnes enneigées desquelles elles dévalaient, installées dans une luge de glace.
La scène disparut aussi soudainement que la précédente, les deux enfants étaient maintenant attablés, peinture, crayons et papiers étalés devant elles. Elsa faisait apparaitre des princes, des girafes, des bateaux en neige qu’Anna s’entrainait à reproduire. Mais c’était surtout Olaf qui retenait son attention.
Un rire étranglé par l’émotion sortit de la gorge de la reine, elle souriait, émerveillée et touchée par les souvenirs qui se rejouaient en cascades sous son regard attendrit. Elle étouffa un cri de surprise lorsque tout s’effondra brutalement.
Une porte se dressa tout à coup, étrangement sévère et menaçante. Elle claqua durement, sans bruit mais Anna ne se souvenait que trop bien de ce son. Et de l’autre côté, il y avait maintenant Elsa, seule, pleurant dans un coin, recroquevillée sur elle-même au milieu d’une chambre en partie gelée.
Les murs s’effacèrent doucement, sa sœur maintenant debout faisant face à son père, effrayée mais attentive, un geste maladroit et la glace se dressa cruellement en pointes hérissées, menaçant la figure paternelle qui recula. Sa mère tenta de s’approcher mais Elsa recula jusqu’à toucher le mur, pleurant et criant des mots que la neige ne matérialisait pas, mais qu’Anna pouvait entendre malgré tout.
« Elsa… »
A l’évidence, le rêve s’était transformé en cauchemar et la cadette n’avait pas envie d’en voir plus, encore moins d’imposer ça à sa sœur. Elle se rapprocha du lit mais fut stoppée par un nouveau souvenir. Celui du premier accident. Des bonds d’une butte enneigée à une autre, trop rapide, trop haut, Elsa ne pouvait pas suivre, puis la chute et les cris, les pleurs, la culpabilité. Et la peur de tout un peuple le jour du couronnement, lorsqu’Anna l’avait poussée à bout, la fuite et Arendelle figé dans la glace. Elsa effrayée, écrasée par la culpabilité et qui lui gèle le cœur par accident.
Les souvenirs s’enchainaient de plus en plus rapidement, l’ex reine gémit dans son sommeil. La température de la chambre chuta brutalement, les murs se couvrirent de glace. Anna voulut se rapprocher du lit, mais Hans se dressait maintenant devant elle, grandeur nature, une épée à la main et un sourire carnassier. Derrière elle, une jumelle d’Elsa en glace gisait sur le sol. La cadette n’avait aucune envie de revivre cette scène, elle ne la connaissait que trop bien, elle contourna rapidement le Hans de neige pour atteindre le lit et secouer doucement sa sœur par l’épaule.
« Elsa ! Réveille-toi, s’il te plait.
-Anna ? Qu…
-Tu faisais un cauchemar…
-Un… Oh…
-Viens là. »
Elle berça sa sœur ainée tout contre elle, regardant la neige disparaitre au fur et à mesure et la glace refluer.
« Anna ? Qu’est ce qui s’est passé ?
-Je crois que tu as matérialisé ton rêve avec tes pouvoirs, mais la suite était… heu… disons… Moins sympa ?
-Tu veux dire, un cauchemar ? »
Elsa secoua la tête et se redressa légèrement. Maintenant bien réveillée, elle fit complètement disparaitre les restes de glace et neige.
« Je suis désolée, Anna.
-C’était juste un cauchemar, Elsa, tout va bien. »
Elle offrit un sourire rassurant à sa sœur ainée.
« Allez, viens te rendormir.
-Tu es sûre ?
-Je n’ai jamais eu peur de toi, tu te souviens ? »
Comment lutter face à tant de confiance et d’assurance, Elsa acquiesça d’un signe de tête et se blottit de nouveau entre les bras grands ouverts de sa cadette.
A l’extérieur du château, le vent d’automne passait d’arbre en arbre, décrochant des feuilles ici ou là pour les éparpiller sur les pavés du pont ou dans la cour. Au cœur de la nuit, il n’y avait pas d’Olaf pour jouer avec. Le calme était tout juste perturbé par le léger ronflement d’Anna dans la chambre d’Elsa. Les deux jeunes femmes dormaient profondément, chacune de leur côté, si la plus jeune avait un léger filet de bave qui lui glissait sur le menton, la seconde en revanche souriait d’un air enfantin. Quelques flocons commencèrent à se former, épars, ils fondaient rapidement et semblaient sans réels conséquences. L’un d’eux se déposa sur les lèvres d’Anna, un autre sur son front, un troisième sur sa paupière et finirent par réveiller la cadette. Il lui fallut quelques instants pour comprendre ce qui se passait. Elle jeta un œil en direction de sa sœur pour constater qu’elle dormait toujours profondément et remonta la couverture sur ses épaules, même si, elle le savait, Elsa ne craignait pas le froid.
Anna tendit la main pour attraper quelques flocons dans l’obscurité, émerveillée par le spectacle de la neige qui dansait devant ses yeux. Rapidement, les flocons prirent vie sous la forme de personnages enneigés, elle se reconnut sans peine dans l’un d’entre eux tandis que se jouait, sous ses yeux stupéfiés, des souvenirs de son enfance.
« Oooh… »
Elle se leva en prenant garde à ne pas réveiller Elsa. Une mini version enneigée d’elle-même courrait dans les couloirs en riant, sa sœur sur ses talons, elles franchirent les portes du château d’un bond et se retrouvèrent dans le parc, au milieu des arbres, des fleurs et des canards. Elsa créa un pont de glace par-dessus la marre et elles s’arrêtèrent au-dessus pour observer les cannetons suivre docilement leur mère. Tout semblait si facile, si heureux.
Le souvenir changea, elles étaient maintenant dans la salle de bal et Elsa avait créé une série de montagnes enneigées desquelles elles dévalaient, installées dans une luge de glace.
La scène disparut aussi soudainement que la précédente, les deux enfants étaient maintenant attablés, peinture, crayons et papiers étalés devant elles. Elsa faisait apparaitre des princes, des girafes, des bateaux en neige qu’Anna s’entrainait à reproduire. Mais c’était surtout Olaf qui retenait son attention.
Un rire étranglé par l’émotion sortit de la gorge de la reine, elle souriait, émerveillée et touchée par les souvenirs qui se rejouaient en cascades sous son regard attendrit. Elle étouffa un cri de surprise lorsque tout s’effondra brutalement.
Une porte se dressa tout à coup, étrangement sévère et menaçante. Elle claqua durement, sans bruit mais Anna ne se souvenait que trop bien de ce son. Et de l’autre côté, il y avait maintenant Elsa, seule, pleurant dans un coin, recroquevillée sur elle-même au milieu d’une chambre en partie gelée.
Les murs s’effacèrent doucement, sa sœur maintenant debout faisant face à son père, effrayée mais attentive, un geste maladroit et la glace se dressa cruellement en pointes hérissées, menaçant la figure paternelle qui recula. Sa mère tenta de s’approcher mais Elsa recula jusqu’à toucher le mur, pleurant et criant des mots que la neige ne matérialisait pas, mais qu’Anna pouvait entendre malgré tout.
« Elsa… »
A l’évidence, le rêve s’était transformé en cauchemar et la cadette n’avait pas envie d’en voir plus, encore moins d’imposer ça à sa sœur. Elle se rapprocha du lit mais fut stoppée par un nouveau souvenir. Celui du premier accident. Des bonds d’une butte enneigée à une autre, trop rapide, trop haut, Elsa ne pouvait pas suivre, puis la chute et les cris, les pleurs, la culpabilité. Et la peur de tout un peuple le jour du couronnement, lorsqu’Anna l’avait poussée à bout, la fuite et Arendelle figé dans la glace. Elsa effrayée, écrasée par la culpabilité et qui lui gèle le cœur par accident.
Les souvenirs s’enchainaient de plus en plus rapidement, l’ex reine gémit dans son sommeil. La température de la chambre chuta brutalement, les murs se couvrirent de glace. Anna voulut se rapprocher du lit, mais Hans se dressait maintenant devant elle, grandeur nature, une épée à la main et un sourire carnassier. Derrière elle, une jumelle d’Elsa en glace gisait sur le sol. La cadette n’avait aucune envie de revivre cette scène, elle ne la connaissait que trop bien, elle contourna rapidement le Hans de neige pour atteindre le lit et secouer doucement sa sœur par l’épaule.
« Elsa ! Réveille-toi, s’il te plait.
-Anna ? Qu…
-Tu faisais un cauchemar…
-Un… Oh…
-Viens là. »
Elle berça sa sœur ainée tout contre elle, regardant la neige disparaitre au fur et à mesure et la glace refluer.
« Anna ? Qu’est ce qui s’est passé ?
-Je crois que tu as matérialisé ton rêve avec tes pouvoirs, mais la suite était… heu… disons… Moins sympa ?
-Tu veux dire, un cauchemar ? »
Elsa secoua la tête et se redressa légèrement. Maintenant bien réveillée, elle fit complètement disparaitre les restes de glace et neige.
« Je suis désolée, Anna.
-C’était juste un cauchemar, Elsa, tout va bien. »
Elle offrit un sourire rassurant à sa sœur ainée.
« Allez, viens te rendormir.
-Tu es sûre ?
-Je n’ai jamais eu peur de toi, tu te souviens ? »
Comment lutter face à tant de confiance et d’assurance, Elsa acquiesça d’un signe de tête et se blottit de nouveau entre les bras grands ouverts de sa cadette.
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:25
Elsa caressa le museau de Nokk qui réagit en agitant sa crinière. Elle réajusta le sac qu’elle portait en bandoulière.
« Tu reviens bientôt ? »
Elle se tourna pour faire face à la mine inquiète de sa cadette et prit sa main dans la sienne.
« Oui, c’est promis.
-J’aurai préféré être avec toi pour lire les carnets de papa.
-Moi aussi mais… Il faut bien que je fasse traduire ceux de notre mère. »
Se faisant, elle tapota le sac qu’elle portait à la hanche. Elle salua Kristoff, Sven et Olaf, fit un dernier câlin à Anna avant de chevaucher Nokk et de s’élancer en pleine mer comme s’il s’agissait d’une simple plaine.
Elsa respira à plein poumon l’air iodé, un sentiment sauvage de liberté s’empara d’elle. Elle lança Nokk au galop, que cette course effrénée ne s’arrête jamais et se mit à rire d’une joie simple, seule, au milieu de l’étendue d’eau. Elsa remonta rapidement le cours du fleuve et dépassa le barrage maintenant effondré. Un géant de pierre lui offrit un pont impromptu de son bras, elle le salua d’un sourire. Devant elle la forêt s’étendait maintenant à perte de vue, des feuilles rouges et dorées avaient envahis les arbres. Courant d’air vint la saluer, comme un défi à faire la course, il virevolta devant elle, tourna autour des troncs et fila à tout allure sur l’horizon. Elsa lança Nokk à sa poursuite dans un éclat de rire. Elle bondit par-dessus le bras de la rivière et dévala la pente légère. Le village Northuldra était sur sa gauche mais Elsa ne lui accorda même pas un regard, elle avait tout à coup besoin de s’échapper, besoin de liberté, d’oublier tout son passé pour ne se préoccuper que du vent dans ses cheveux détachés. L’air froid de l’automne glissait sur elle, insensible à sa fraicheur, Nokk déployait toute sa puissance pour rattraper Courant d’air, mais ici, sur la terre ferme, il ne pouvait pas donner le meilleur de lui-même. Elsa lui flatta l’encolure pour l’encourager, ils lui avaient manqué, chacun des 4 esprits. Elle se sentait entière en leur compagnie. Tout comme elle se sentait parfaitement à sa place lorsqu’elle était avec sa sœur.
Nokk hennit de frustration lorsqu’il s’arrêta brutalement à quelques mètres d’une falaise qui tombait abruptement. Courant d’air sifflotait de victoire, tourbillonnant dans les airs comme pour mieux le narguer. Elsa rit doucement et mit pieds à terre. Elle guida le cheval jusqu’ à la rivière qu’elle entendait toute proche et le regarda disparaitre. Non, elle n’avait pas besoin de dormir à la belle étoile, mais jamais elle n’avait été aussi proche de la nature et de la forêt que depuis qu’elle était devenue le 5ème esprit. Même après 1 an, elle avait encore un peu de mal à s’ajuster à son nouveau rôle. Faire le lien entre les hommes et les esprits n’était pas toujours chose aisée. D’aucun lui attribuait souvent des pouvoirs qu’elle n’avait pas. Heureusement, ce n’était pas le cas des Northuldra qui avaient toujours vécu en harmonie avec les esprits de la nature. Yéléna le lui répétait souvent : « Quand la nature parle, nous l’écoutons ». Et c’était curieusement, aussi simple que ça. Le peuple d’Arendelle en revanche avait encore beaucoup de méfiance vis-à-vis des esprits de la forêt, des années de mensonges ne s’effaçaient pas si facilement et même si Elsa avait pu stopper l’immense vague qui menaçait le château, certains continuaient d’y voir une attaque des esprits contre le royaume. Nouer des liens entre les deux peuples n’était donc pas si simple malgré la présence rassurante d’Anna et d’Elsa pour les représenter.
Bruni sauta sur son épaule, la saluant de ce cri si particulier qui était le sien. Elsa lui chatouilla la tête avec affection et il grimpa au creux de sa main. Elle fit tomber quelques flocons sur lui et le regarda bondir au milieu avec délectation. Tout semblait si simple lorsqu’elle était avec les esprits, libre des contraintes humaines et pourtant… Elle n’était jamais tout à fait avec eux. Faire le pont entre les deux mondes faisait d’elle quelque chose de nouveau et Elsa n’était pas très sûre de savoir à quel monde elle appartenait vraiment. Celui des humains ? Parce qu’elle aimait toujours le chocolat. Ou celui des esprits ? Parce qu’elle pouvait parler à une salamandre et à un courant d’air pendant des heures. Bruni siffla de satisfaction tandis qu’il s’enfonçait dans un petit tas de neige qu’Elsa venait de faire apparaitre. Elle rit doucement. Le village Northuldra n’était plus très loin, elle pouvait déjà distinguer les premiers bruits en provenance. Elle se saisit du sac à sa hanche pour jeter un œil à l’intérieur. Elle n’avait pris que trois carnets en partant et elle se demandait à qui les confier entre Yéléna et Honeymaren.
La première, en tant que cheffe de clan, lui semblait toute indiquée. Elle avait la connaissance et la mémoire des histoires de son peuple. En revanche, c’était aussi la plus occupée et Elsa n’était pas certaine d’avoir la patience d’attendre très longtemps pour qu’une partie de son passé lui soit révélé. Honeymaren d’un autre côté aurait certainement plus de temps pour traduire rapidement le texte, mais probablement moins d’anecdote à partager. Elle aurait dû demander son avis à Anna avant de partir. Comme elle aurait aimé qu’elle soit à ses côtés en cet instant. Avait-elle commencé à lire les carnets de leur père ? Et si oui, qu’avait-elle découvert ? Elsa secoua la tête, ça ne servait à rien de se torturer l’esprit avec des questions dont elle n’avait pas les réponses.
« Déjà de retour ? »
La voix de Yéléna la sortit de ses pensées. La cheffe se tenait devant elle, bien droite, avec son bâton et ses cheveux attachés en arrière. Elle avait une présence indéniable et une autorité naturelle qu’il était difficile de défier.
« Oui, les esprits me manquaient.
-Je peux le comprendre. Comment se porte le peuple d’Arendelle ? »
Chaque fois que Yéléna lui posait cette question, Elsa ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était sincère. La cheffe de clan avait de quoi en vouloir au roi Runeard qui les avait trahi, même si elle les avait par la suite accueillit à bras ouverts, Anna et elle.
« Ma sœur fait de l’excellent travail. Vous ne trouvez pas ?
-Elle a commencé à instaurer des routes commerciales oui, je pense que c’est une bonne chose pour l’entente de tout le monde.
-Et maintenant que le barrage est tombé, la forêt a retrouvé toute sa splendeur.
-En effet. »
Sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi, Elsa se sentit obligée de rajouter :
« Anna ne vous trahira pas. »
Yéléna lui sourit avec affection.
« Je le sais mon enfant. »
C’était un peu étrange de se faire materner par quelqu’un d’autre que sa mère, d’autant plus étrange qu’après tout ce qu’elle avait vécu, et la puissance de ses pouvoirs, Elsa ne se sentait certainement plus comme une enfant. Et pourtant, la bienveillance dont Yéléna faisait preuve lui faisait beaucoup de bien.
« Vous avez ramené quelque chose de votre voyage ? »
La vieille femme indiqua le sac d’un geste du menton. Elsa posa sa main dessus et acquiesça d’un signe de tête.
« En effet, puis-je vous poser une question ?
-Bien sûr.
-Ce sont des carnets qui ont appartenu à ma mère mais ils sont écrits en Aldrien du nord et je ne sais pas lire cette langue.
-Vraiment ? Votre mère ne vous l’a pas enseigné ?
-Non… »
Comment dire avec délicatesse que la langue avait été bannis sur la base du mensonge de la bataille du barrage. Mais visiblement, Yéléna, qui n’était pas née de la dernière pluie, n’avait pas besoin qu’on lui fournisse plus d’explication. Elle tendit la main vers l’un des carnets qu’Elsa avait sorti.
« Je peux ? »
Elle l’examina après s’en être saisie et parcourut quelques pages avant de le lui rendre.
« Du peu que j’ai lu, Iduna parle de ses filles et de son inquiétude pour elles.
-Je pensais que vous pourriez m’aider à le traduire, vous ou… Honeymaren.
-Honeymaren me semble tout indiquée. Vous devriez inviter votre sœur à venir nous rejoindre ici. Je pourrais partager quelques anecdotes avec vous.
-Des anecdotes ?
-Votre mère faisait partie de notre tribu. Je l’ai connue quand elle était enfant.
-J’aimerai beaucoup les entendre, et Anna aussi évidemment. »
Yéléna sourit.
« Prévenez-moi quand elle viendra.
-Je n’y manquerai pas. »
Les deux femmes se quittèrent à l’entrée du village et Elsa bifurqua en direction de la hutte d’Honeymaren. Elle trouva son amie accroupie près de la rivière, occupée à écailler un poisson.
« Bonjour Honeymaren.
-Oh ! Bonjour Elsa ! Tu es déjà de retour ? »
Mais pourquoi donc tout le monde semblait si étonné de la voir déjà de retour ? Passait-elle si peu de temps avec sa sœur ?
« Ce sera notre repas de ce soir, est ce que tu te joins à nous ?
-Est-ce qu’il y aura du gâteau au chocolat ? »
Honeymaren la fixa comme si un troisième œil venait de lui pousser au milieu du front. Elsa secoua la tête en souriant.
« Oublie ce que je viens de dire. Peut-être que je suis rentrée trop tôt, effectivement. Et je serai ravie de me joindre à vous. »
La simplicité de la vie au village lui avait manqué aussi, loin du poids des traditions de la royauté et des « votre majesté » dans tous les couloirs. Honeymaren s’adressait à elle sans se poser de questions, sans s’embarrasser d’un titre ou d’une étiquette. C’était d’autant plus vrai qu’elle brandissait actuellement deux poissons écaillés et vidés devant elle.
« Je les ai pêchés à l’aube ce matin ! Ils seront parfaits pour ce soir ! Ryder nous a promis du vin de sureau ! »
Elsa n’avait aucune idée de ce qu’était le vin de sureau mais elle se laissait gagner par l’enthousiasme de son amie. Honeymaren se lava longuement les mains dans un sceau d’eau propre, luttant pour faire disparaitre l’odeur tenace du poisson. Elle pencha la tête face au silence d’Elsa tandis qu’elle se séchait les mains dans un linge.
« Je peux faire quelque chose pour toi ?
-Oh. Heu… Oui. Anna a découvert des carnets, ils appartenaient à nos parents, mais ceux de notre mère sont écrits en Aldrien du nord et je ne sais pas lire cette langue. Yéléna pensait que tu pourrais m’aider à les traduire, si tu veux bien. »
Elle sourit et s’approcha de son amie, un carnet ouvert entre les mains pour qu’elle puisse parcourir les premières pages.
« Oui, à priori ça ne devrait pas poser de problèmes. Je serais ravie de t’aider. »
Elsa sourit franchement, elle rangea le carnet à l’abri des mains humides d’Honeymaren. Elle souffla doucement pour se donner un peu de courage.
« Il faut quand même que je te prévienne de deux ou trois choses que tu pourrais lire.
-Ah ? D’accord ?
-Quand tu auras un peu de temps ?
-Maintenant si tu veux. On peut prendre quelques minutes pour discuter. »
Elsa sentit ses mains devenir moites, elle serra la bandoulière du sac. Elle avait déjà des difficultés à parler de son enfance avec sa sœur, alors avec son amie, la discussion ne s’annonçait pas plus facile.
« Merci, c’est parfait. »
Alors pourquoi sa bouche devenait pâteuse tout à coup ? Honeymaren face à elle fronça légèrement les sourcils.
« Je vais nous préparer une infusion, installe-toi au soleil, je reviens. »
Elsa hocha la tête. Elle s’éloigna du billot sur lequel son amie avait écaillé le poisson en longeant la rivière, le son cristallin avait un effet apaisant. Elle s’installa dans l’herbe encore bien verte, le dos contre l’écorce rassurante d’un arbre. Elsa déposa le sac sur ses genoux repliés et se laissa bercer quelques instants par les bruits de la nature environnante. Elle aurait pu finir par s’assoupir si Honeymaren n’était pas revenue avec son infusion.
« Voilà, c’est à la Passiflore, je me suis dit que ça te ferait du bien.
-Vraiment ?
-La Passiflore a des vertus relaxantes. »
Honeymaren lui fit un clin d’œil avant de s’installer en face d’elle.
« Quand tu seras prête, Elsa. »
Elle prit d’abord une gorgée du breuvage, laissant le goût de la plante envahir ses sens. Tout ici lui semblait plus naturel, les Northuldra vivaient au rythme des saisons et de ce que la nature voulait bien leur donner. Elsa souffla doucement sur la fumée qui s’échappait du bol.
« Mes parents ont toujours été aimants et attentionnés. »
Ce qui était vrai, ils n’avaient jamais voulu lui faire de mal.
« Mais ils ont été dépassés par mes pouvoirs, tout comme moi. »
Elsa créa quelques flocons qui s’illuminèrent sous les réverbérations du soleil, pour se rassurer, car non, ses pouvoirs n’étaient pas néfastes.
« Ils se sont manifestés dès ma naissance et si au début, tout se passait bien, les choses ont dégénérés après un accident.
-Quel genre d’accident ?
-Celui qu’Olaf a résumé. »
Honeymaren fronça les sourcils un instant tandis qu’elle se remémorait la présentation d’Olaf lors de leur première rencontre.
« D’accord, d’accord, les portes fermées, Anna qui te pousse à bout, Hans qui prétend séduire ta sœur. Oui d’accord, je vois. Enfin je crois. Non ? »
Elsa rit doucement.
« C’était un résumé expéditif mais efficace. Les carnets de ma mère concernent la période où les portes étaient fermées.
-Pas la meilleure période de ta vie j’imagine. »
Et comme il n’y avait pas de questions, Elsa ne répondit pas, elle se contenta de reprendre.
« J’aimais beaucoup mes parents, mais, maintenant que je contrôle mieux mes pouvoirs, que j’ai compris où était ma place, je leur en veux un peu de m’avoir isolée et de m’avoir appris uniquement à avoir peur de moi. J’ai fait beaucoup de mal à notre famille, malgré moi. Et durant toutes ces années, je n’ai jamais pu m’empêcher de me demander si mes parents ne m’en voulaient pas. Tout comme il m’arrive encore d’avoir le sentiment de devoir m’excuser auprès d’Anna.
-Outch ! Elle doit détester ça ! »
Elsa rit doucement. C’était surprenant avec quelle facilité Honeymaren avait réussi à lire en elles et à comprendre leur relation. Yéléna avait raison, elle était toute indiquée pour l’aider dans la traduction. Son amie hocha la tête.
« D’accord, je pense que je comprends. Tu as peur que je lise des choses désagréables à ton sujet en traduisant ces carnets, c’est bien ça ?
-Oui.
-Je n’ai pas connu tes parents alors je ne sais pas si je peux leur faire confiance. En particulier s’ils disent du mal de leur propre enfant. Je ne sais pas pour toi, mais moi, ça ne me semble pas être un gage de confiance. Je ne sais pas comment te rassurer, mais je peux te garantir que, quoique je lise, ça n’influencera pas l’opinion que j’ai de toi.
-Comment peux-tu en être sûre ?
-Tu n’étais qu’une enfant, Elsa. Tu faisais des bêtises d’enfants, mais… avec des pouvoirs. Ryder a mis le feu à notre hutte une fois, et crois-moi, il a bien essayé d’accuser Bruni à sa place. Pourtant, c’est toujours mon frère et je l’aime toujours autant ! »
L’anecdote fit rire Elsa.
« D’accord, je pense que je comprends. Merci Honeymaren. »
Elle lui tendit le sac avec les carnets à l’intérieur.
« Je suis ravie de pouvoir aider. »
« Tu reviens bientôt ? »
Elle se tourna pour faire face à la mine inquiète de sa cadette et prit sa main dans la sienne.
« Oui, c’est promis.
-J’aurai préféré être avec toi pour lire les carnets de papa.
-Moi aussi mais… Il faut bien que je fasse traduire ceux de notre mère. »
Se faisant, elle tapota le sac qu’elle portait à la hanche. Elle salua Kristoff, Sven et Olaf, fit un dernier câlin à Anna avant de chevaucher Nokk et de s’élancer en pleine mer comme s’il s’agissait d’une simple plaine.
Elsa respira à plein poumon l’air iodé, un sentiment sauvage de liberté s’empara d’elle. Elle lança Nokk au galop, que cette course effrénée ne s’arrête jamais et se mit à rire d’une joie simple, seule, au milieu de l’étendue d’eau. Elsa remonta rapidement le cours du fleuve et dépassa le barrage maintenant effondré. Un géant de pierre lui offrit un pont impromptu de son bras, elle le salua d’un sourire. Devant elle la forêt s’étendait maintenant à perte de vue, des feuilles rouges et dorées avaient envahis les arbres. Courant d’air vint la saluer, comme un défi à faire la course, il virevolta devant elle, tourna autour des troncs et fila à tout allure sur l’horizon. Elsa lança Nokk à sa poursuite dans un éclat de rire. Elle bondit par-dessus le bras de la rivière et dévala la pente légère. Le village Northuldra était sur sa gauche mais Elsa ne lui accorda même pas un regard, elle avait tout à coup besoin de s’échapper, besoin de liberté, d’oublier tout son passé pour ne se préoccuper que du vent dans ses cheveux détachés. L’air froid de l’automne glissait sur elle, insensible à sa fraicheur, Nokk déployait toute sa puissance pour rattraper Courant d’air, mais ici, sur la terre ferme, il ne pouvait pas donner le meilleur de lui-même. Elsa lui flatta l’encolure pour l’encourager, ils lui avaient manqué, chacun des 4 esprits. Elle se sentait entière en leur compagnie. Tout comme elle se sentait parfaitement à sa place lorsqu’elle était avec sa sœur.
Nokk hennit de frustration lorsqu’il s’arrêta brutalement à quelques mètres d’une falaise qui tombait abruptement. Courant d’air sifflotait de victoire, tourbillonnant dans les airs comme pour mieux le narguer. Elsa rit doucement et mit pieds à terre. Elle guida le cheval jusqu’ à la rivière qu’elle entendait toute proche et le regarda disparaitre. Non, elle n’avait pas besoin de dormir à la belle étoile, mais jamais elle n’avait été aussi proche de la nature et de la forêt que depuis qu’elle était devenue le 5ème esprit. Même après 1 an, elle avait encore un peu de mal à s’ajuster à son nouveau rôle. Faire le lien entre les hommes et les esprits n’était pas toujours chose aisée. D’aucun lui attribuait souvent des pouvoirs qu’elle n’avait pas. Heureusement, ce n’était pas le cas des Northuldra qui avaient toujours vécu en harmonie avec les esprits de la nature. Yéléna le lui répétait souvent : « Quand la nature parle, nous l’écoutons ». Et c’était curieusement, aussi simple que ça. Le peuple d’Arendelle en revanche avait encore beaucoup de méfiance vis-à-vis des esprits de la forêt, des années de mensonges ne s’effaçaient pas si facilement et même si Elsa avait pu stopper l’immense vague qui menaçait le château, certains continuaient d’y voir une attaque des esprits contre le royaume. Nouer des liens entre les deux peuples n’était donc pas si simple malgré la présence rassurante d’Anna et d’Elsa pour les représenter.
Bruni sauta sur son épaule, la saluant de ce cri si particulier qui était le sien. Elsa lui chatouilla la tête avec affection et il grimpa au creux de sa main. Elle fit tomber quelques flocons sur lui et le regarda bondir au milieu avec délectation. Tout semblait si simple lorsqu’elle était avec les esprits, libre des contraintes humaines et pourtant… Elle n’était jamais tout à fait avec eux. Faire le pont entre les deux mondes faisait d’elle quelque chose de nouveau et Elsa n’était pas très sûre de savoir à quel monde elle appartenait vraiment. Celui des humains ? Parce qu’elle aimait toujours le chocolat. Ou celui des esprits ? Parce qu’elle pouvait parler à une salamandre et à un courant d’air pendant des heures. Bruni siffla de satisfaction tandis qu’il s’enfonçait dans un petit tas de neige qu’Elsa venait de faire apparaitre. Elle rit doucement. Le village Northuldra n’était plus très loin, elle pouvait déjà distinguer les premiers bruits en provenance. Elle se saisit du sac à sa hanche pour jeter un œil à l’intérieur. Elle n’avait pris que trois carnets en partant et elle se demandait à qui les confier entre Yéléna et Honeymaren.
La première, en tant que cheffe de clan, lui semblait toute indiquée. Elle avait la connaissance et la mémoire des histoires de son peuple. En revanche, c’était aussi la plus occupée et Elsa n’était pas certaine d’avoir la patience d’attendre très longtemps pour qu’une partie de son passé lui soit révélé. Honeymaren d’un autre côté aurait certainement plus de temps pour traduire rapidement le texte, mais probablement moins d’anecdote à partager. Elle aurait dû demander son avis à Anna avant de partir. Comme elle aurait aimé qu’elle soit à ses côtés en cet instant. Avait-elle commencé à lire les carnets de leur père ? Et si oui, qu’avait-elle découvert ? Elsa secoua la tête, ça ne servait à rien de se torturer l’esprit avec des questions dont elle n’avait pas les réponses.
« Déjà de retour ? »
La voix de Yéléna la sortit de ses pensées. La cheffe se tenait devant elle, bien droite, avec son bâton et ses cheveux attachés en arrière. Elle avait une présence indéniable et une autorité naturelle qu’il était difficile de défier.
« Oui, les esprits me manquaient.
-Je peux le comprendre. Comment se porte le peuple d’Arendelle ? »
Chaque fois que Yéléna lui posait cette question, Elsa ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était sincère. La cheffe de clan avait de quoi en vouloir au roi Runeard qui les avait trahi, même si elle les avait par la suite accueillit à bras ouverts, Anna et elle.
« Ma sœur fait de l’excellent travail. Vous ne trouvez pas ?
-Elle a commencé à instaurer des routes commerciales oui, je pense que c’est une bonne chose pour l’entente de tout le monde.
-Et maintenant que le barrage est tombé, la forêt a retrouvé toute sa splendeur.
-En effet. »
Sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi, Elsa se sentit obligée de rajouter :
« Anna ne vous trahira pas. »
Yéléna lui sourit avec affection.
« Je le sais mon enfant. »
C’était un peu étrange de se faire materner par quelqu’un d’autre que sa mère, d’autant plus étrange qu’après tout ce qu’elle avait vécu, et la puissance de ses pouvoirs, Elsa ne se sentait certainement plus comme une enfant. Et pourtant, la bienveillance dont Yéléna faisait preuve lui faisait beaucoup de bien.
« Vous avez ramené quelque chose de votre voyage ? »
La vieille femme indiqua le sac d’un geste du menton. Elsa posa sa main dessus et acquiesça d’un signe de tête.
« En effet, puis-je vous poser une question ?
-Bien sûr.
-Ce sont des carnets qui ont appartenu à ma mère mais ils sont écrits en Aldrien du nord et je ne sais pas lire cette langue.
-Vraiment ? Votre mère ne vous l’a pas enseigné ?
-Non… »
Comment dire avec délicatesse que la langue avait été bannis sur la base du mensonge de la bataille du barrage. Mais visiblement, Yéléna, qui n’était pas née de la dernière pluie, n’avait pas besoin qu’on lui fournisse plus d’explication. Elle tendit la main vers l’un des carnets qu’Elsa avait sorti.
« Je peux ? »
Elle l’examina après s’en être saisie et parcourut quelques pages avant de le lui rendre.
« Du peu que j’ai lu, Iduna parle de ses filles et de son inquiétude pour elles.
-Je pensais que vous pourriez m’aider à le traduire, vous ou… Honeymaren.
-Honeymaren me semble tout indiquée. Vous devriez inviter votre sœur à venir nous rejoindre ici. Je pourrais partager quelques anecdotes avec vous.
-Des anecdotes ?
-Votre mère faisait partie de notre tribu. Je l’ai connue quand elle était enfant.
-J’aimerai beaucoup les entendre, et Anna aussi évidemment. »
Yéléna sourit.
« Prévenez-moi quand elle viendra.
-Je n’y manquerai pas. »
Les deux femmes se quittèrent à l’entrée du village et Elsa bifurqua en direction de la hutte d’Honeymaren. Elle trouva son amie accroupie près de la rivière, occupée à écailler un poisson.
« Bonjour Honeymaren.
-Oh ! Bonjour Elsa ! Tu es déjà de retour ? »
Mais pourquoi donc tout le monde semblait si étonné de la voir déjà de retour ? Passait-elle si peu de temps avec sa sœur ?
« Ce sera notre repas de ce soir, est ce que tu te joins à nous ?
-Est-ce qu’il y aura du gâteau au chocolat ? »
Honeymaren la fixa comme si un troisième œil venait de lui pousser au milieu du front. Elsa secoua la tête en souriant.
« Oublie ce que je viens de dire. Peut-être que je suis rentrée trop tôt, effectivement. Et je serai ravie de me joindre à vous. »
La simplicité de la vie au village lui avait manqué aussi, loin du poids des traditions de la royauté et des « votre majesté » dans tous les couloirs. Honeymaren s’adressait à elle sans se poser de questions, sans s’embarrasser d’un titre ou d’une étiquette. C’était d’autant plus vrai qu’elle brandissait actuellement deux poissons écaillés et vidés devant elle.
« Je les ai pêchés à l’aube ce matin ! Ils seront parfaits pour ce soir ! Ryder nous a promis du vin de sureau ! »
Elsa n’avait aucune idée de ce qu’était le vin de sureau mais elle se laissait gagner par l’enthousiasme de son amie. Honeymaren se lava longuement les mains dans un sceau d’eau propre, luttant pour faire disparaitre l’odeur tenace du poisson. Elle pencha la tête face au silence d’Elsa tandis qu’elle se séchait les mains dans un linge.
« Je peux faire quelque chose pour toi ?
-Oh. Heu… Oui. Anna a découvert des carnets, ils appartenaient à nos parents, mais ceux de notre mère sont écrits en Aldrien du nord et je ne sais pas lire cette langue. Yéléna pensait que tu pourrais m’aider à les traduire, si tu veux bien. »
Elle sourit et s’approcha de son amie, un carnet ouvert entre les mains pour qu’elle puisse parcourir les premières pages.
« Oui, à priori ça ne devrait pas poser de problèmes. Je serais ravie de t’aider. »
Elsa sourit franchement, elle rangea le carnet à l’abri des mains humides d’Honeymaren. Elle souffla doucement pour se donner un peu de courage.
« Il faut quand même que je te prévienne de deux ou trois choses que tu pourrais lire.
-Ah ? D’accord ?
-Quand tu auras un peu de temps ?
-Maintenant si tu veux. On peut prendre quelques minutes pour discuter. »
Elsa sentit ses mains devenir moites, elle serra la bandoulière du sac. Elle avait déjà des difficultés à parler de son enfance avec sa sœur, alors avec son amie, la discussion ne s’annonçait pas plus facile.
« Merci, c’est parfait. »
Alors pourquoi sa bouche devenait pâteuse tout à coup ? Honeymaren face à elle fronça légèrement les sourcils.
« Je vais nous préparer une infusion, installe-toi au soleil, je reviens. »
Elsa hocha la tête. Elle s’éloigna du billot sur lequel son amie avait écaillé le poisson en longeant la rivière, le son cristallin avait un effet apaisant. Elle s’installa dans l’herbe encore bien verte, le dos contre l’écorce rassurante d’un arbre. Elsa déposa le sac sur ses genoux repliés et se laissa bercer quelques instants par les bruits de la nature environnante. Elle aurait pu finir par s’assoupir si Honeymaren n’était pas revenue avec son infusion.
« Voilà, c’est à la Passiflore, je me suis dit que ça te ferait du bien.
-Vraiment ?
-La Passiflore a des vertus relaxantes. »
Honeymaren lui fit un clin d’œil avant de s’installer en face d’elle.
« Quand tu seras prête, Elsa. »
Elle prit d’abord une gorgée du breuvage, laissant le goût de la plante envahir ses sens. Tout ici lui semblait plus naturel, les Northuldra vivaient au rythme des saisons et de ce que la nature voulait bien leur donner. Elsa souffla doucement sur la fumée qui s’échappait du bol.
« Mes parents ont toujours été aimants et attentionnés. »
Ce qui était vrai, ils n’avaient jamais voulu lui faire de mal.
« Mais ils ont été dépassés par mes pouvoirs, tout comme moi. »
Elsa créa quelques flocons qui s’illuminèrent sous les réverbérations du soleil, pour se rassurer, car non, ses pouvoirs n’étaient pas néfastes.
« Ils se sont manifestés dès ma naissance et si au début, tout se passait bien, les choses ont dégénérés après un accident.
-Quel genre d’accident ?
-Celui qu’Olaf a résumé. »
Honeymaren fronça les sourcils un instant tandis qu’elle se remémorait la présentation d’Olaf lors de leur première rencontre.
« D’accord, d’accord, les portes fermées, Anna qui te pousse à bout, Hans qui prétend séduire ta sœur. Oui d’accord, je vois. Enfin je crois. Non ? »
Elsa rit doucement.
« C’était un résumé expéditif mais efficace. Les carnets de ma mère concernent la période où les portes étaient fermées.
-Pas la meilleure période de ta vie j’imagine. »
Et comme il n’y avait pas de questions, Elsa ne répondit pas, elle se contenta de reprendre.
« J’aimais beaucoup mes parents, mais, maintenant que je contrôle mieux mes pouvoirs, que j’ai compris où était ma place, je leur en veux un peu de m’avoir isolée et de m’avoir appris uniquement à avoir peur de moi. J’ai fait beaucoup de mal à notre famille, malgré moi. Et durant toutes ces années, je n’ai jamais pu m’empêcher de me demander si mes parents ne m’en voulaient pas. Tout comme il m’arrive encore d’avoir le sentiment de devoir m’excuser auprès d’Anna.
-Outch ! Elle doit détester ça ! »
Elsa rit doucement. C’était surprenant avec quelle facilité Honeymaren avait réussi à lire en elles et à comprendre leur relation. Yéléna avait raison, elle était toute indiquée pour l’aider dans la traduction. Son amie hocha la tête.
« D’accord, je pense que je comprends. Tu as peur que je lise des choses désagréables à ton sujet en traduisant ces carnets, c’est bien ça ?
-Oui.
-Je n’ai pas connu tes parents alors je ne sais pas si je peux leur faire confiance. En particulier s’ils disent du mal de leur propre enfant. Je ne sais pas pour toi, mais moi, ça ne me semble pas être un gage de confiance. Je ne sais pas comment te rassurer, mais je peux te garantir que, quoique je lise, ça n’influencera pas l’opinion que j’ai de toi.
-Comment peux-tu en être sûre ?
-Tu n’étais qu’une enfant, Elsa. Tu faisais des bêtises d’enfants, mais… avec des pouvoirs. Ryder a mis le feu à notre hutte une fois, et crois-moi, il a bien essayé d’accuser Bruni à sa place. Pourtant, c’est toujours mon frère et je l’aime toujours autant ! »
L’anecdote fit rire Elsa.
« D’accord, je pense que je comprends. Merci Honeymaren. »
Elle lui tendit le sac avec les carnets à l’intérieur.
« Je suis ravie de pouvoir aider. »
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:26
Les jours se succédèrent paisiblement et l’automne fit lentement son œuvre. Les températures commencèrent à fléchir et si les arbres n’étaient pas encore complètement déplumés, ils avaient tous maintenant pris différentes teintes entre le rouge et l’oranger. Elsa observait le développement des routes commerciales que sa sœur avait mis en place d’un œil attentif, écoutant les doléances des uns et des autres pour remédier aux premiers problèmes. Dans l’ensemble, tout se passait bien et les habitants d’Arendelle semblaient s’être fait à l’idée que ni les Northuldra, ni les esprits de la forêt ne représentaient une menace. Du côté des villageois, la dette de la trahison avait l’air de s’effacer doucement. Elsa s’était concentrée sur d’autres activités, préférant éviter d’importuner Honeymaren avec des questions incessantes même si son impatience grandissait. Elle avait elle-même démarré l’apprentissage de l’Aldrien du nord et l’impression étrange de renouer avec une partie de son histoire. Elle était donc très enthousiaste lorsqu’Honeymaren vint à sa rencontre dans le courant du 4ème jour. Toutefois, le sentiment fut de courte durée face à l’inquiétude qui se lisait sur les traits de son amie.
« Bonjour Elsa.
-Honeymaren, est ce que ça va ? Tu n’as pas l’air bien.
-Je vais bien oui. Heu… Hem… »
Elle observait ses pieds, mal à l’aise, frottant un peu de terre du bout de sa chaussure. Elsa prit une inspiration pour se donner du courage.
« Honeymaren, quoique tu aies à dire, dis-le s’il te plait. Je suis prête à tout entendre.
-Hum… Peut-on s’assoir ?
-Oui oui, bien sûr. »
Elsa pouvait distinctement entendre les battements de son cœur alarmé dans ses oreilles. Elle s’était préparée à tout, mais l’attitude de Maren lui faisait penser que c’était bien pire encore. Elle l’observa avec inquiétude tandis qu’elle s’installait sur un rocher et déposait le sac dans l’herbe.
« Elsa… Je ne sais pas comment te dire ça…
-Juste, dis-le, s’il te plait. »
De la glace se forma sous ses pieds malgré elle, elle craqua de manière sinistre. L’ancienne reine fit de son mieux pour se ressaisir. Honeymaren déglutit.
« Heu… Anna et toi, vous n’êtes pas sœurs. » Comme un pansement qu’on arrache d’un coup. Sur le visage d’Elsa, la surprise le disputait à l’effroi.
-Que… Comment ? »
Elle pensait s’être préparée à tout, avoir envisagé les pires scénarios, les possibilités les plus terribles. Mais ça ? Comment était-ce seulement possible !
« Non non, tu dois faire une erreur.
-J’ai relu plusieurs fois le passage, j’ai vérifié toutes mes traductions. Je sais que… je n’ai pas commis d’erreurs.
-C’est impossible. »
Elsa se releva brusquement, elle se mit à faire les cents pas, créant de la glace dans son sillage.
« Impossible. »
La glace gagna les arbres, des pics se dressèrent sur les branches, menaçantes.
« Elsa… Heu… Je… Elsa, je suis désolée mais… Même si vous n’êtes pas sœurs, ça ne change rien. Vous avez été élevés comme telles. Et ça ne change rien à l’affection que vous avez l’une pour l’autre.
-Mais c’est encore un mensonge ! Un autre ! Est-ce qu’il n’y a que ça dans ma vie ? Dans notre vie ? »
Les craquements menaçants s’intensifièrent et attirèrent l’attention des villageois. Elsa cessa brusquement ses allers-retours pour poser un regard glacial sur Honeymaren.
« Laquelle de nous deux ?
-Comment ?
-Laquelle de nous deux n’est pas la fille légitime de nos parents ? »
Maren déglutit, de nouveau. Elle n’avait jamais perçu Elsa comme une menace mais pour la première fois, elle comprenait la force et la puissance qu’elle était capable de dégager.
« Anna… »
Nokk se matérialisa tout à coup, surgissant de la glace. Les villageois se rapprochaient de plus en plus, Yéléna en tête avançait d’un pas déterminé. De ses pouvoirs, Elsa arracha le sac de l’herbe gelée et l’amena jusqu’à elle. Elle sauta sur le dos du cheval.
« Elsa ! Attends !
-Je ne veux parler à personne. »
Et sans un mot de plus, elle lança Nokk au galop.
« Mais je n’ai pas fini de tout traduire ! ELSA ! »
Yéléna arriva à la hauteur d’Honeymaren. Les deux semblaient aussi contrariées l’une que l’autre.
« Maren, que vient-il de se passer ?
-Je crois que j’ai fait une terrible erreur… »
« Bonjour Elsa.
-Honeymaren, est ce que ça va ? Tu n’as pas l’air bien.
-Je vais bien oui. Heu… Hem… »
Elle observait ses pieds, mal à l’aise, frottant un peu de terre du bout de sa chaussure. Elsa prit une inspiration pour se donner du courage.
« Honeymaren, quoique tu aies à dire, dis-le s’il te plait. Je suis prête à tout entendre.
-Hum… Peut-on s’assoir ?
-Oui oui, bien sûr. »
Elsa pouvait distinctement entendre les battements de son cœur alarmé dans ses oreilles. Elle s’était préparée à tout, mais l’attitude de Maren lui faisait penser que c’était bien pire encore. Elle l’observa avec inquiétude tandis qu’elle s’installait sur un rocher et déposait le sac dans l’herbe.
« Elsa… Je ne sais pas comment te dire ça…
-Juste, dis-le, s’il te plait. »
De la glace se forma sous ses pieds malgré elle, elle craqua de manière sinistre. L’ancienne reine fit de son mieux pour se ressaisir. Honeymaren déglutit.
« Heu… Anna et toi, vous n’êtes pas sœurs. » Comme un pansement qu’on arrache d’un coup. Sur le visage d’Elsa, la surprise le disputait à l’effroi.
-Que… Comment ? »
Elle pensait s’être préparée à tout, avoir envisagé les pires scénarios, les possibilités les plus terribles. Mais ça ? Comment était-ce seulement possible !
« Non non, tu dois faire une erreur.
-J’ai relu plusieurs fois le passage, j’ai vérifié toutes mes traductions. Je sais que… je n’ai pas commis d’erreurs.
-C’est impossible. »
Elsa se releva brusquement, elle se mit à faire les cents pas, créant de la glace dans son sillage.
« Impossible. »
La glace gagna les arbres, des pics se dressèrent sur les branches, menaçantes.
« Elsa… Heu… Je… Elsa, je suis désolée mais… Même si vous n’êtes pas sœurs, ça ne change rien. Vous avez été élevés comme telles. Et ça ne change rien à l’affection que vous avez l’une pour l’autre.
-Mais c’est encore un mensonge ! Un autre ! Est-ce qu’il n’y a que ça dans ma vie ? Dans notre vie ? »
Les craquements menaçants s’intensifièrent et attirèrent l’attention des villageois. Elsa cessa brusquement ses allers-retours pour poser un regard glacial sur Honeymaren.
« Laquelle de nous deux ?
-Comment ?
-Laquelle de nous deux n’est pas la fille légitime de nos parents ? »
Maren déglutit, de nouveau. Elle n’avait jamais perçu Elsa comme une menace mais pour la première fois, elle comprenait la force et la puissance qu’elle était capable de dégager.
« Anna… »
Nokk se matérialisa tout à coup, surgissant de la glace. Les villageois se rapprochaient de plus en plus, Yéléna en tête avançait d’un pas déterminé. De ses pouvoirs, Elsa arracha le sac de l’herbe gelée et l’amena jusqu’à elle. Elle sauta sur le dos du cheval.
« Elsa ! Attends !
-Je ne veux parler à personne. »
Et sans un mot de plus, elle lança Nokk au galop.
« Mais je n’ai pas fini de tout traduire ! ELSA ! »
Yéléna arriva à la hauteur d’Honeymaren. Les deux semblaient aussi contrariées l’une que l’autre.
« Maren, que vient-il de se passer ?
-Je crois que j’ai fait une terrible erreur… »
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:26
4 Jours, cela faisait maintenant 4 jours qu’Anna n’avait aucune nouvelle de sa sœur. Jamais elle n’était restée sans nouvelle aussi longtemps. Elle avait envoyé une missive ce matin pour prendre de ces nouvelles et lui dire qu’elle l’attendait, ce soir, pour une soirée charade. Mais l’après-midi touchait à sa fin et elle n’avait reçu aucune réponse. Kristoff avait tenté de la rassurer, Olaf de la distraire, mais tous avaient échoué. Anna demeurait nerveuse.
« Il se passe quelque chose, je sens qu’il se passe quelque chose. »
Elle se parlait à elle-même tandis qu’elle faisait les cents pas sur le balcon, fixant inutilement l’horizon. Mais que faire ? Elsa pouvait être n’importe où. Elle pouvait aussi avoir simplement envie d’être seule. Devait-elle accourir dès qu’elle restait sans nouvelle trop longtemps ? Est-ce qu’Elsa ne lui avait pas dit elle-même qu’elle s’inquiétait trop ? Sa sœur avait-elle pris la décision de s’éloigner sans lui laisser le choix, pour la laisser vivre sa vie comme elle le disait ? Ou peut-être avait-elle trouvé une révélation dans les carnets de leur mère.
« Oh Elsa… Où es-tu ? »
Ceux de son père s’étaient révélés plutôt barbant, comme elle s’y était attendue. Ils étaient très techniques, détaillant avec soin ce qu’il avait compris des pouvoirs d’Elsa, comment ils se manifestaient, comment il fallait les contrôler. Des alignements de chiffres et de formules auxquelles elle ne comprenait pas grand-chose et qui révélait finalement toute l’impuissance de ses parents à gérer la situation. Agnarr s’était réfugié dans les mathématiques et une étude très cartésienne. Comme si la magie pouvait être aussi simple. C’était d’autant plus étonnant qu’il avait connu le peuple des Northuldra avant le bannissement de la forêt enchantée et que sa mère elle-même en était issue. Anna coupa court à ses pensées pour observer de nouveau l’horizon, ses mains sur la rambarde laissèrent des traces humides tant l’inquiétude la rongeait.
Qu’est ce qui pouvait expliquer le silence d’Elsa, et pire, qu’est ce qui pouvait expliquer son absence ? Devait-elle se lancer à sa recherche maintenant, attendre encore ? Mais si oui, combien de temps ? A partir de combien de jour avait-elle le droit de raisonnablement s’inquiéter ? Quatre lui semblait déjà terrible et Elsa n’avait jamais, jamais fait ça. Non, quatre, c’était déjà trop, elle n’allait pas attendre plus longtemps. Sa sœur avait besoin d’elle, elle en était absolument certaine et il n’était pas question qu’elle reste les bras croisés. Anna quitta son observatoire et dévala les escaliers pour rejoindre Kristoff et Sven dans l’étable.
« Nous partons, maintenant. »
Le blondinet et le renne échangèrent un regard surpris.
« Quoi ?
-Je n’ai pas de nouvelle de ma sœur alors nous partons la chercher.
-Mais…
-Kristoff, ne discute pas s’il te plait, je sens que quelque chose ne va pas, d’accord ? Je ne sais pas comment l’expliquer, mais… Je le sais, c’est tout. »
Et s’il y a bien une chose qu’il avait apprise au cours de ces années, c’est qu’il était inutile de discuter avec une Anna déterminée, en particulier lorsqu’il s’agissait de sa sœur.
« Très bien, je prépare l’attelage. Sven, avale tes carottes mon vieux ! »
Le renne goba tout d’un coup. Anna repartit comme elle était venue pour récupérer du matériel et donner des instructions en son absence.
« Tu as vu Olaf ? »
Sven hocha la tête et indiqua la droite d’un coup de sabot. Kristoff suivit l’indication et tomba sur le bonhomme de neige en train de compter, à l’ombre d’un mur.
« 38…39… 40 ! J’espère que vous êtes bien cachés ! Je viens vous chercher ! Hi hi hi !
-Heu… Olaf ? Qu’est-ce que tu fais ?
-Je joue à cache-cache, d’ailleurs tu n’es pas très bien caché. Quelqu’un t’a expliqué les règles du jeu ?
-C’est pas le moment de jouer Olaf ! Anna veut qu’on parte tout de suite pour aider Elsa.
-Aider Elsa ! D’accord ! Allons aider Elsa ! Mais à faire quoi au juste ?
-Heu… Je ne sais pas…
-Très bien ! Et on va où ? »
Kristoff le fixa en se grattant la tête.
« A vrai dire, je sais pas non plus…
-Oh moi j’adore partir à l’aventure ! On va nulle part pour aider Elsa à ne rien faire !
-Heu non Olaf… c’est pas tout à fait ça…
-Sven ! Sven ! Tu es au courant de la nouvelle ! On part à l’aventure nulle part pour rien faire !
-Bon… »
Quelques minutes plus tard, le traineau quittait Arendelle avec à son bord un Olaf chantant sur l’air de « Point d’avenir sans nous ». Il s’était installé confortablement à l’arrière, laissant à Anna et Kristoff les places de devant, et Sven bien sûr, encore plus devant. Il attrapa une feuille au vol.
« Vous vous souvenez qu’il y a un an jour pour jour, Elsa avait failli mourir en devenant le cinquième esprit ? Et moi aussi !
-Pas maintenant Olaf. »
Anna lui sourit doucement, elle n’avait aucune envie d’être désagréable avec son ami, mais l’inquiétude la rongeait et c’était tout à fait le genre d’anniversaire qu’elle n’avait pas envie de fêter. Le bonhomme de neige se rapprocha d’elle et lui sourit en retour.
« Je crois que quelqu’un aurait bien besoin d’un gros câlin. »
Il joignit le geste à la parole en serrant Anna dans ses maigres bras.
« Merci Olaf, j’en avais effectivement besoin. »
Kristoff se racla doucement la gorge.
« Alors heu… Où est ce qu’on va ? »
La question restait toujours en suspens depuis qu’Olaf l’avait posée, mais maintenant qu’ils étaient sur la route, il avait quand même besoin d’une direction.
« Grand Pabbie.
-Hein ? Tu penses qu’Elsa est avec ma famille ?
-Non, je pense qu’il se passe quelque chose et si c’est le cas, Grand Pabbie le saura.
-Ah oui d’accord, ça se tient. »
Sven n’avait besoin d’aucune indication pour ce chemin qu’il connaissait par cœur, il accéléra naturellement la cadence, secouant la tête en rythme avec la chanson qu’Olaf avait recommencé. Le trajet se passa sans encombre jusqu’à la clairière des trolls. Dans le jour déclinant, l’odeur de l’humus était épaisse et l’humidité pénétrante jusqu’à vous geler les os. De nombreux trolls se précipitèrent pour les saluer dans une joyeuse cacophonie, mais le regard d’Anna ne s’était posé que sur Grand Pabbie qui semblait l’attendre à l’écart de la clairière, drapé de sa sagesse habituelle.
Anna quitta l’assemblée avec quelques excuses et des sourires gênés, laissant Kristoff, Sven et Olaf au milieu des embrassades. La nuit s’installait doucement, la reine resserra les pans de son manteau pour se protéger de l’air frais.
« Grand Pabbie ?
-Je vous attendais, Anna. Elsa n’est pas avec vous ?
-Non, elle est… Je ne sais pas où elle est. »
Sa voix se brisa légèrement mais elle tint bon.
« Je crois qu’il se passe quelque chose, mais je ne sais pas quoi.
-Les esprits sont perturbés.
-C’est à dire ? »
Au lieu de répondre, Pabbie leva les mains et se concentra comme il savait le faire, des images commencèrent à danser, d’abord indistinctes puis les couleurs révélèrent un couple, avec un enfant.
« Un mensonge a été révélé. »
Les images changèrent de nouveau, on y voyait les 4 esprits de la forêt enchantée.
« Les esprits sont déséquilibrés »
Puis tout disparu. La reine fronça les sourcils.
« Et que se passe t’il lorsque les esprits sont déséquilibrés ?
-Ils meurent, Anna. Et s’il n’y a personne pour maintenir la balance de la nature alors… Le pire peut arriver. »
Anna se couvrit la bouche pour refreiner un cri d’effrois.
« Ma sœur, ma sœur est-elle concernée ?
-Je crains que oui. »
Les larmes perlèrent aux coins de ses yeux.
« Comment rétablir l’équilibre ?
-En comblant le vide. »
Olaf qui s’était glissé jusque-là en tout discrétion, compléta dans une imitation remarquable de Pabbie :
« Et en se massant trois fois l’orteil avec un champignon vert. »
Très fier de lui, il sourit franchement.
« J’ai bon ?
-Pas maintenant, Olaf. »
Anna s’écarta sur la buttée pour se remettre de ses émotions.
Kristoff récupéra le bonhomme de neige et le jucha sur le dos de Sven. Il observa sa fiancée et décida de la rejoindre.
« Anna ? Qu’a dit Pabbie ?
-Un déséquilibre dans les esprits, un vide à combler.
-Qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je n’en ai aucune idée… Oh Kristoff… »
Elle se réfugia dans les bras de son futur époux, submergée par l’inquiétude.
« Je suis sûr que tout va bien se passer, Anna. Quoi qu’ait voulu dire Pabbie, nous trouverons une solution. Nous l’avons toujours fait. »
La reine renifla bruyamment et s’essuya le nez d’un revers de manche.
« Oui, tu as raison. Nous allons retrouver Elsa.
-Tu penses vraiment qu’elle est… perdue ?
-Je ne sais pas comment l’expliquer mais, je le sens.
-D’accord. Alors ? Où allons-nous maintenant ?
-Dans la forêt enchantée. C’est normalement là-bas qu’Elsa doit se trouver. »
Mais pour l’instant, et comme d’habitude, Anna n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire. Pabbie parlait toujours par énigme et la vérité n’apparaissait qu’au fur et à mesure. Jamais en revanche les prédictions du troll n’avaient été aussi inquiétantes : « Ils meurent ». Anna secoua la tête, non, pas question. Elle avait déjà failli perdre Elsa, elle n’allait pas laisser cette situation se reproduire.
Olaf glissa quelques mots à l’oreille de Sven :
« Mais puisque depuis le début on doit rejoindre Elsa, pourquoi est-ce qu’on n’est pas allé tout de suite en direction de la forêt enchantée ? »
Le renne fit signe qu’il ne comprenait pas davantage et retourna brouter, enfin, pas si paisiblement que ça puisque, déjà, Kristoff et Anna se réinstallaient.
« Nous n’avons pas de temps à perdre, il faut retrouver ma sœur le plus vite possible.
-Oui, allons-y ! Si quelqu’un peut gérer cette situation, c’est bien vous deux, rien ne peut vous arrêter. »
Anna esquissa un sourire, elle acquiesça d’un signe de tête déterminé.
« Il se passe quelque chose, je sens qu’il se passe quelque chose. »
Elle se parlait à elle-même tandis qu’elle faisait les cents pas sur le balcon, fixant inutilement l’horizon. Mais que faire ? Elsa pouvait être n’importe où. Elle pouvait aussi avoir simplement envie d’être seule. Devait-elle accourir dès qu’elle restait sans nouvelle trop longtemps ? Est-ce qu’Elsa ne lui avait pas dit elle-même qu’elle s’inquiétait trop ? Sa sœur avait-elle pris la décision de s’éloigner sans lui laisser le choix, pour la laisser vivre sa vie comme elle le disait ? Ou peut-être avait-elle trouvé une révélation dans les carnets de leur mère.
« Oh Elsa… Où es-tu ? »
Ceux de son père s’étaient révélés plutôt barbant, comme elle s’y était attendue. Ils étaient très techniques, détaillant avec soin ce qu’il avait compris des pouvoirs d’Elsa, comment ils se manifestaient, comment il fallait les contrôler. Des alignements de chiffres et de formules auxquelles elle ne comprenait pas grand-chose et qui révélait finalement toute l’impuissance de ses parents à gérer la situation. Agnarr s’était réfugié dans les mathématiques et une étude très cartésienne. Comme si la magie pouvait être aussi simple. C’était d’autant plus étonnant qu’il avait connu le peuple des Northuldra avant le bannissement de la forêt enchantée et que sa mère elle-même en était issue. Anna coupa court à ses pensées pour observer de nouveau l’horizon, ses mains sur la rambarde laissèrent des traces humides tant l’inquiétude la rongeait.
Qu’est ce qui pouvait expliquer le silence d’Elsa, et pire, qu’est ce qui pouvait expliquer son absence ? Devait-elle se lancer à sa recherche maintenant, attendre encore ? Mais si oui, combien de temps ? A partir de combien de jour avait-elle le droit de raisonnablement s’inquiéter ? Quatre lui semblait déjà terrible et Elsa n’avait jamais, jamais fait ça. Non, quatre, c’était déjà trop, elle n’allait pas attendre plus longtemps. Sa sœur avait besoin d’elle, elle en était absolument certaine et il n’était pas question qu’elle reste les bras croisés. Anna quitta son observatoire et dévala les escaliers pour rejoindre Kristoff et Sven dans l’étable.
« Nous partons, maintenant. »
Le blondinet et le renne échangèrent un regard surpris.
« Quoi ?
-Je n’ai pas de nouvelle de ma sœur alors nous partons la chercher.
-Mais…
-Kristoff, ne discute pas s’il te plait, je sens que quelque chose ne va pas, d’accord ? Je ne sais pas comment l’expliquer, mais… Je le sais, c’est tout. »
Et s’il y a bien une chose qu’il avait apprise au cours de ces années, c’est qu’il était inutile de discuter avec une Anna déterminée, en particulier lorsqu’il s’agissait de sa sœur.
« Très bien, je prépare l’attelage. Sven, avale tes carottes mon vieux ! »
Le renne goba tout d’un coup. Anna repartit comme elle était venue pour récupérer du matériel et donner des instructions en son absence.
« Tu as vu Olaf ? »
Sven hocha la tête et indiqua la droite d’un coup de sabot. Kristoff suivit l’indication et tomba sur le bonhomme de neige en train de compter, à l’ombre d’un mur.
« 38…39… 40 ! J’espère que vous êtes bien cachés ! Je viens vous chercher ! Hi hi hi !
-Heu… Olaf ? Qu’est-ce que tu fais ?
-Je joue à cache-cache, d’ailleurs tu n’es pas très bien caché. Quelqu’un t’a expliqué les règles du jeu ?
-C’est pas le moment de jouer Olaf ! Anna veut qu’on parte tout de suite pour aider Elsa.
-Aider Elsa ! D’accord ! Allons aider Elsa ! Mais à faire quoi au juste ?
-Heu… Je ne sais pas…
-Très bien ! Et on va où ? »
Kristoff le fixa en se grattant la tête.
« A vrai dire, je sais pas non plus…
-Oh moi j’adore partir à l’aventure ! On va nulle part pour aider Elsa à ne rien faire !
-Heu non Olaf… c’est pas tout à fait ça…
-Sven ! Sven ! Tu es au courant de la nouvelle ! On part à l’aventure nulle part pour rien faire !
-Bon… »
Quelques minutes plus tard, le traineau quittait Arendelle avec à son bord un Olaf chantant sur l’air de « Point d’avenir sans nous ». Il s’était installé confortablement à l’arrière, laissant à Anna et Kristoff les places de devant, et Sven bien sûr, encore plus devant. Il attrapa une feuille au vol.
« Vous vous souvenez qu’il y a un an jour pour jour, Elsa avait failli mourir en devenant le cinquième esprit ? Et moi aussi !
-Pas maintenant Olaf. »
Anna lui sourit doucement, elle n’avait aucune envie d’être désagréable avec son ami, mais l’inquiétude la rongeait et c’était tout à fait le genre d’anniversaire qu’elle n’avait pas envie de fêter. Le bonhomme de neige se rapprocha d’elle et lui sourit en retour.
« Je crois que quelqu’un aurait bien besoin d’un gros câlin. »
Il joignit le geste à la parole en serrant Anna dans ses maigres bras.
« Merci Olaf, j’en avais effectivement besoin. »
Kristoff se racla doucement la gorge.
« Alors heu… Où est ce qu’on va ? »
La question restait toujours en suspens depuis qu’Olaf l’avait posée, mais maintenant qu’ils étaient sur la route, il avait quand même besoin d’une direction.
« Grand Pabbie.
-Hein ? Tu penses qu’Elsa est avec ma famille ?
-Non, je pense qu’il se passe quelque chose et si c’est le cas, Grand Pabbie le saura.
-Ah oui d’accord, ça se tient. »
Sven n’avait besoin d’aucune indication pour ce chemin qu’il connaissait par cœur, il accéléra naturellement la cadence, secouant la tête en rythme avec la chanson qu’Olaf avait recommencé. Le trajet se passa sans encombre jusqu’à la clairière des trolls. Dans le jour déclinant, l’odeur de l’humus était épaisse et l’humidité pénétrante jusqu’à vous geler les os. De nombreux trolls se précipitèrent pour les saluer dans une joyeuse cacophonie, mais le regard d’Anna ne s’était posé que sur Grand Pabbie qui semblait l’attendre à l’écart de la clairière, drapé de sa sagesse habituelle.
Anna quitta l’assemblée avec quelques excuses et des sourires gênés, laissant Kristoff, Sven et Olaf au milieu des embrassades. La nuit s’installait doucement, la reine resserra les pans de son manteau pour se protéger de l’air frais.
« Grand Pabbie ?
-Je vous attendais, Anna. Elsa n’est pas avec vous ?
-Non, elle est… Je ne sais pas où elle est. »
Sa voix se brisa légèrement mais elle tint bon.
« Je crois qu’il se passe quelque chose, mais je ne sais pas quoi.
-Les esprits sont perturbés.
-C’est à dire ? »
Au lieu de répondre, Pabbie leva les mains et se concentra comme il savait le faire, des images commencèrent à danser, d’abord indistinctes puis les couleurs révélèrent un couple, avec un enfant.
« Un mensonge a été révélé. »
Les images changèrent de nouveau, on y voyait les 4 esprits de la forêt enchantée.
« Les esprits sont déséquilibrés »
Puis tout disparu. La reine fronça les sourcils.
« Et que se passe t’il lorsque les esprits sont déséquilibrés ?
-Ils meurent, Anna. Et s’il n’y a personne pour maintenir la balance de la nature alors… Le pire peut arriver. »
Anna se couvrit la bouche pour refreiner un cri d’effrois.
« Ma sœur, ma sœur est-elle concernée ?
-Je crains que oui. »
Les larmes perlèrent aux coins de ses yeux.
« Comment rétablir l’équilibre ?
-En comblant le vide. »
Olaf qui s’était glissé jusque-là en tout discrétion, compléta dans une imitation remarquable de Pabbie :
« Et en se massant trois fois l’orteil avec un champignon vert. »
Très fier de lui, il sourit franchement.
« J’ai bon ?
-Pas maintenant, Olaf. »
Anna s’écarta sur la buttée pour se remettre de ses émotions.
Kristoff récupéra le bonhomme de neige et le jucha sur le dos de Sven. Il observa sa fiancée et décida de la rejoindre.
« Anna ? Qu’a dit Pabbie ?
-Un déséquilibre dans les esprits, un vide à combler.
-Qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je n’en ai aucune idée… Oh Kristoff… »
Elle se réfugia dans les bras de son futur époux, submergée par l’inquiétude.
« Je suis sûr que tout va bien se passer, Anna. Quoi qu’ait voulu dire Pabbie, nous trouverons une solution. Nous l’avons toujours fait. »
La reine renifla bruyamment et s’essuya le nez d’un revers de manche.
« Oui, tu as raison. Nous allons retrouver Elsa.
-Tu penses vraiment qu’elle est… perdue ?
-Je ne sais pas comment l’expliquer mais, je le sens.
-D’accord. Alors ? Où allons-nous maintenant ?
-Dans la forêt enchantée. C’est normalement là-bas qu’Elsa doit se trouver. »
Mais pour l’instant, et comme d’habitude, Anna n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire. Pabbie parlait toujours par énigme et la vérité n’apparaissait qu’au fur et à mesure. Jamais en revanche les prédictions du troll n’avaient été aussi inquiétantes : « Ils meurent ». Anna secoua la tête, non, pas question. Elle avait déjà failli perdre Elsa, elle n’allait pas laisser cette situation se reproduire.
Olaf glissa quelques mots à l’oreille de Sven :
« Mais puisque depuis le début on doit rejoindre Elsa, pourquoi est-ce qu’on n’est pas allé tout de suite en direction de la forêt enchantée ? »
Le renne fit signe qu’il ne comprenait pas davantage et retourna brouter, enfin, pas si paisiblement que ça puisque, déjà, Kristoff et Anna se réinstallaient.
« Nous n’avons pas de temps à perdre, il faut retrouver ma sœur le plus vite possible.
-Oui, allons-y ! Si quelqu’un peut gérer cette situation, c’est bien vous deux, rien ne peut vous arrêter. »
Anna esquissa un sourire, elle acquiesça d’un signe de tête déterminé.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:27
Anna avait fini par s’assoupir à l’arrière, difficilement, et d’un sommeil agité. Olaf blotti tout contre elle l’avait sensiblement apaisée. De son côté en revanche, Kristoff était resté éveillé toute la nuit pour maintenir le cap. Il n’était pas le seul à donner des signes de fatigue, Sven avait aussi bien besoin de prendre un peu de repos. La route vers la forêt enchantée était longue et ils approchaient maintenant du but. Un nouveau pont avait été construit pour remplacer le barrage, il restait un peu de déblayage à faire pour effacer les dernières traces de l’ancienne construction et permettre à la nature de reprendre pleinement ses droits, mais l’essentiel était là. Les premières lueurs du jour pointaient timidement sur l’horizon et c’est à ce moment-là que Kristoff remarqua quelque chose que la nuit lui avait caché jusqu’alors.
Une fumée épaisse s’élevait dans les airs, pour l’instant ce n’était qu’une colonne timide, insuffisante pour obscurcir l’horizon. Mais assez distincte pour attirer son regard. C’était trop important pour n’être qu’un simple feu de camp alors…
« Un incendie ! Anna ! Olaf ! Réveillez-vous ! Sven, désolé mon vieux mais… Fonce ! »
Le renne n’avait pas besoin qu’on lui dise deux fois, toute trace de fatigue oubliée, il dévala la route aussi vite que possible. Dans le traineau chahuté, Anna se réveillait avec anxiété.
« Kristoff ! Qu’est ce qui se passe ?
-Il y a un incendie, ou un début d’incendie !
-Quoi ! Où ?
-Je ne sais pas, quelque part dans la forêt. »
Plus ils s’enfonçaient dans les bois, plus la fumée se faisait présente, l’odeur irritante provoquait une toux désagréable. Kristoff remonta son col pour s’en couvrir la bouche et le nez, Anna fit de même avec son manteau. Ils croisaient régulièrement des grappes d’animaux qui fuyaient dans la direction opposée. Le déséquilibre des esprits que Pabbie avait mentionné était peut être responsable de cette catastrophe.
« Nous devons continuer à pieds ! Le village n’est plus qu’à quelques mètres. »
Kristoff sauta du traineau et détacha l’attelage pour libérer Sven. Il y avait une telle effervescence que personne ne remarqua vraiment leur arrivée. Ryder passait devant eux, un sceau plein d’eau dans les bras. La sueur lui dégoulinait du front. Kristoff l’interpela :
« Ryder ! Qu’est ce qui se passe !
-Un incendie s’est déclaré plus à l’ouest, il est encore maitrisable alors on est tous dessus !
-Compris ! »
Il attrapa un sceau et suivi son ami. Anna les arrêta une dernière fois.
« Attendez ! Ryder, est ce que tu as vu Elsa ?
-Non, pas depuis qu’elle est partie comme une furie. Désolé j’ai pas l’temps !
-Comme une furie… »
Il tourna les talons et fila rapidement. Kristoff fixa sa fiancée avec incertitude, partagé entre la nécessité évidente de lutter contre l’incendie et la recherche d’Elsa de l’autre.
« Vas-y, je te rejoins, il faut éteindre le feu avant tout, nous chercherons ma sœur ensuite. »
Kristoff hocha la tête et disparut à son tour. Anna chercha un récipient de son côté malgré l’inquiétude galopante que les paroles de Ryder avaient provoquée, mais elle fut stoppée par Courant d’air qui se manifesta avec insistance.
« Mais ! Qu’est-ce que tu fais ? Ce n’est vraiment pas le moment ! »
L’esprit de l’air la poussait constamment dans la même direction, l’obligeant à avancer malgré elle.
« Arrête ça tu veux ! »
Mais Anna avait beau se débattre, Courant d’air n’en démordait pas et il continuait de la pousser sans relâche, à l’écart du feu, à l’écart du village. Elle planta ses talons dans la terre pour lutter de toutes ses forces, l’esprit la fit littéralement décoller du sol.
« Ca suffit ! Je dois retrouver Elsa ! »
Et comme une formule magique, Courant d’Air la relâcha aussitôt. Il virevolta autour de Bruni qui attendait paisiblement sur une pierre plate.
« C’est ça que tu veux ? Que je cherche Elsa ? Tu veux m’indiquer où elle se trouve ? »
Elle interpréta la réaction de l’esprit de l’air comme une approbation mais ce qui la surprenait encore plus, c’était Bruni. Malgré l’incendie qui s’était déclaré, la salamandre n’avait aucune flamme sur le dos, l’animal semblait même très calme, quoiqu’impatient de partir sur les traces d’Elsa.
« Mais, l’incendie ? Ce n’est pas toi ?
-Anna ! Attends ! »
Honeymaren courrait dans sa direction, elle avait des traces de suie sur le visage, et tout comme son frère, elle était couverte de sueur et de poussière. Elle arriva à bout de souffle.
« Ah… Attends… Il… Ouf ! Il fallait… Que je te dise… Elsa… »
La jeune femme se redressa en luttant avec sa respiration, Anna la fit s’assoir.
« Respire, Maren, respire.
-Oui… Mais… C’est important. »
Elle prit une longue inspiration qu’elle relâcha avec contrôle.
« Elsa m’avait confié les carnets de votre mère pour que je l’aide à traduire.
-Oui, je suis au courant. Et tu avais commencé ?
-Je suis venue la voir pour lui donner mes premiers résultats. Et… Elle s’est mise en colère, je crois que c’était de la colère mais je ne suis pas sûre. Enfin, elle a récupéré les carnets, a dit qu’elle ne voulait parler à personne et elle est partie.
-Dommage qu’il n’y avait pas de porte à claquer.
-Hein ?
-Peu importe, c’était quand ? Et pourquoi était-elle en colère ?
-Hier et… J’ai… Je… Je ne sais pas si…
-Maren, je dois savoir ce que c’est, il faut que je trouve Elsa et j’ai besoin de toute l’aide possible pour y arriver. »
La jeune femme baissa la tête. La dernière fois qu’elle s’était risquée à faire cette révélation, elle avait eu l’impression d’avoir commis une terrible erreur.
« Anna… Je ne pense pas que ce soit à moi de t’apprendre ce que j’ai lu dans les carnets.
-Maren !
-Je sais ce que tu penses mais… Attends, Elsa pense être repartie avec les 3 carnets mais j’avais laissé le 3ème chez moi, j’ai continué de travailler dessus. Je reviens. »
Elle repartie en courant en direction de sa hutte laissant Anna avec toutes ses interrogations en plan. Les questions se bousculaient et pour le moment, elle n’avait aucune réponse. L’angoisse lui serrait le cœur, c’était peu dire qu’elle s’inquiétait pour sa sœur. L’impatience de Bruni et de Courant d’air à ses côtés ne l’aidait pas vraiment à se calmer. Le sentiment d’urgence qui l’étreignait la poussait dans toutes les directions. Il fallait qu’elle se concentre. La priorité était de trouver Elsa. Les 2 esprits semblaient savoir où elle se trouvait. D’abord Elsa, ensuite… Ensuite tout le reste. Honeymaren la sortie de ses pensées. Elle lui tendit le carnet.
« Voilà. Il y a une carte à l’intérieur mais elle est dans une autre langue.
-Une carte ? Vers quoi ?
-Je ne sais pas trop mais… Je crois que c’est important, pour toi.
-Moi ? Mais c’est Elsa que je cherche. »
Maren acquiesça d’un signe de tête.
« Vous en aurez besoin toutes les deux je pense.
-J’ai besoin de comprendre.
-Et tu comprendras. Suis-les. »
Elle indiqua d’un signe de tête Bruni et Courant d’air.
« Moi je dois retourner éteindre l’incendie. Mes pensées sont avec toi, Anna.
-Mais… »
Honeymaren la serra dans ses bras avec force puis repartit en courant. La reine fixa le carnet qu’elle tenait en main, les notes de son amie en dépassaient à différents endroits. Elle le mit en sécurité dans son sac et se tourna vers les 2 esprits.
« Allons-y ! Je vous suis. »
Bruni sauta du rocher sur lequel il se trouvait et l’étrange cortège s’enfonça profondément dans la forêt.
Une fumée épaisse s’élevait dans les airs, pour l’instant ce n’était qu’une colonne timide, insuffisante pour obscurcir l’horizon. Mais assez distincte pour attirer son regard. C’était trop important pour n’être qu’un simple feu de camp alors…
« Un incendie ! Anna ! Olaf ! Réveillez-vous ! Sven, désolé mon vieux mais… Fonce ! »
Le renne n’avait pas besoin qu’on lui dise deux fois, toute trace de fatigue oubliée, il dévala la route aussi vite que possible. Dans le traineau chahuté, Anna se réveillait avec anxiété.
« Kristoff ! Qu’est ce qui se passe ?
-Il y a un incendie, ou un début d’incendie !
-Quoi ! Où ?
-Je ne sais pas, quelque part dans la forêt. »
Plus ils s’enfonçaient dans les bois, plus la fumée se faisait présente, l’odeur irritante provoquait une toux désagréable. Kristoff remonta son col pour s’en couvrir la bouche et le nez, Anna fit de même avec son manteau. Ils croisaient régulièrement des grappes d’animaux qui fuyaient dans la direction opposée. Le déséquilibre des esprits que Pabbie avait mentionné était peut être responsable de cette catastrophe.
« Nous devons continuer à pieds ! Le village n’est plus qu’à quelques mètres. »
Kristoff sauta du traineau et détacha l’attelage pour libérer Sven. Il y avait une telle effervescence que personne ne remarqua vraiment leur arrivée. Ryder passait devant eux, un sceau plein d’eau dans les bras. La sueur lui dégoulinait du front. Kristoff l’interpela :
« Ryder ! Qu’est ce qui se passe !
-Un incendie s’est déclaré plus à l’ouest, il est encore maitrisable alors on est tous dessus !
-Compris ! »
Il attrapa un sceau et suivi son ami. Anna les arrêta une dernière fois.
« Attendez ! Ryder, est ce que tu as vu Elsa ?
-Non, pas depuis qu’elle est partie comme une furie. Désolé j’ai pas l’temps !
-Comme une furie… »
Il tourna les talons et fila rapidement. Kristoff fixa sa fiancée avec incertitude, partagé entre la nécessité évidente de lutter contre l’incendie et la recherche d’Elsa de l’autre.
« Vas-y, je te rejoins, il faut éteindre le feu avant tout, nous chercherons ma sœur ensuite. »
Kristoff hocha la tête et disparut à son tour. Anna chercha un récipient de son côté malgré l’inquiétude galopante que les paroles de Ryder avaient provoquée, mais elle fut stoppée par Courant d’air qui se manifesta avec insistance.
« Mais ! Qu’est-ce que tu fais ? Ce n’est vraiment pas le moment ! »
L’esprit de l’air la poussait constamment dans la même direction, l’obligeant à avancer malgré elle.
« Arrête ça tu veux ! »
Mais Anna avait beau se débattre, Courant d’air n’en démordait pas et il continuait de la pousser sans relâche, à l’écart du feu, à l’écart du village. Elle planta ses talons dans la terre pour lutter de toutes ses forces, l’esprit la fit littéralement décoller du sol.
« Ca suffit ! Je dois retrouver Elsa ! »
Et comme une formule magique, Courant d’Air la relâcha aussitôt. Il virevolta autour de Bruni qui attendait paisiblement sur une pierre plate.
« C’est ça que tu veux ? Que je cherche Elsa ? Tu veux m’indiquer où elle se trouve ? »
Elle interpréta la réaction de l’esprit de l’air comme une approbation mais ce qui la surprenait encore plus, c’était Bruni. Malgré l’incendie qui s’était déclaré, la salamandre n’avait aucune flamme sur le dos, l’animal semblait même très calme, quoiqu’impatient de partir sur les traces d’Elsa.
« Mais, l’incendie ? Ce n’est pas toi ?
-Anna ! Attends ! »
Honeymaren courrait dans sa direction, elle avait des traces de suie sur le visage, et tout comme son frère, elle était couverte de sueur et de poussière. Elle arriva à bout de souffle.
« Ah… Attends… Il… Ouf ! Il fallait… Que je te dise… Elsa… »
La jeune femme se redressa en luttant avec sa respiration, Anna la fit s’assoir.
« Respire, Maren, respire.
-Oui… Mais… C’est important. »
Elle prit une longue inspiration qu’elle relâcha avec contrôle.
« Elsa m’avait confié les carnets de votre mère pour que je l’aide à traduire.
-Oui, je suis au courant. Et tu avais commencé ?
-Je suis venue la voir pour lui donner mes premiers résultats. Et… Elle s’est mise en colère, je crois que c’était de la colère mais je ne suis pas sûre. Enfin, elle a récupéré les carnets, a dit qu’elle ne voulait parler à personne et elle est partie.
-Dommage qu’il n’y avait pas de porte à claquer.
-Hein ?
-Peu importe, c’était quand ? Et pourquoi était-elle en colère ?
-Hier et… J’ai… Je… Je ne sais pas si…
-Maren, je dois savoir ce que c’est, il faut que je trouve Elsa et j’ai besoin de toute l’aide possible pour y arriver. »
La jeune femme baissa la tête. La dernière fois qu’elle s’était risquée à faire cette révélation, elle avait eu l’impression d’avoir commis une terrible erreur.
« Anna… Je ne pense pas que ce soit à moi de t’apprendre ce que j’ai lu dans les carnets.
-Maren !
-Je sais ce que tu penses mais… Attends, Elsa pense être repartie avec les 3 carnets mais j’avais laissé le 3ème chez moi, j’ai continué de travailler dessus. Je reviens. »
Elle repartie en courant en direction de sa hutte laissant Anna avec toutes ses interrogations en plan. Les questions se bousculaient et pour le moment, elle n’avait aucune réponse. L’angoisse lui serrait le cœur, c’était peu dire qu’elle s’inquiétait pour sa sœur. L’impatience de Bruni et de Courant d’air à ses côtés ne l’aidait pas vraiment à se calmer. Le sentiment d’urgence qui l’étreignait la poussait dans toutes les directions. Il fallait qu’elle se concentre. La priorité était de trouver Elsa. Les 2 esprits semblaient savoir où elle se trouvait. D’abord Elsa, ensuite… Ensuite tout le reste. Honeymaren la sortie de ses pensées. Elle lui tendit le carnet.
« Voilà. Il y a une carte à l’intérieur mais elle est dans une autre langue.
-Une carte ? Vers quoi ?
-Je ne sais pas trop mais… Je crois que c’est important, pour toi.
-Moi ? Mais c’est Elsa que je cherche. »
Maren acquiesça d’un signe de tête.
« Vous en aurez besoin toutes les deux je pense.
-J’ai besoin de comprendre.
-Et tu comprendras. Suis-les. »
Elle indiqua d’un signe de tête Bruni et Courant d’air.
« Moi je dois retourner éteindre l’incendie. Mes pensées sont avec toi, Anna.
-Mais… »
Honeymaren la serra dans ses bras avec force puis repartit en courant. La reine fixa le carnet qu’elle tenait en main, les notes de son amie en dépassaient à différents endroits. Elle le mit en sécurité dans son sac et se tourna vers les 2 esprits.
« Allons-y ! Je vous suis. »
Bruni sauta du rocher sur lequel il se trouvait et l’étrange cortège s’enfonça profondément dans la forêt.
- Aideen
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Date d'inscription : 24/04/2020
Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:28
De jour comme de nuit, les paysages d’Ahtohallan dégageaient quelque chose de mystique. Le glacier se dressait comme un rempart dans l’océan, défiant quiconque de venir fouiller ses secrets. La Mer Sombre, le froid polaire, il était difficile de faire plus inaccessible. Et plus dangereux aussi, Elsa pouvait en témoigner. Elle avait fui jusqu’ici peu de temps après la révélation d’Honeymaren. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle espérait y trouver, d’autres mensonges sans doute. Si elle était revenue plusieurs fois sur les lieux, Elsa n’avait jamais osé retourner au cœur de la rivière. Non pas par peur de s’y noyer une nouvelle fois, mais par peur des vérités qu’elle risquait d’y découvrir. Elle s’était présentée de nombreuses fois à l’entrée et n’avait jamais trouvé le courage de la franchir.
Elle qui s’était montrée si impatiente d’en apprendre de plus, tellement avide de savoir d’où elle venait et quelle était sa place, la témérité lui faisait maintenant défaut. Son grand père était finalement un menteur, et pire, un assassin doublé d’un traitre. Son père avait effacé la culture des Northuldra et fait bannir leur langue sans autre forme de procès. Il l’avait forcée à dissimuler ses pouvoirs et à s’isoler de tous. Et maintenant, la seule personne en qui elle avait aveuglément confiance, la seule personne à laquelle elle pouvait tout confier, Anna, n’était finalement pas sa sœur. Elsa n’osait même pas imaginer quelle sombre histoire se cachait derrière ce nouveau secret. A l’idée même de devoir lui apprendre la nouvelle, son cœur se serra douloureusement. Anna voudrait sans doute partir, c’était le plus logique. Tout comme Elsa, elle voudrait comprendre et savoir d’où elle venait. Si le peuple venait à l’apprendre, son couronnement serait remis en cause. De toute façon, il était hors de question de continuer à mentir. Le peuple d’Arendelle d’ordinaire si paisible se soulèverait peut-être pour contester la royauté. Elle n’allait pas les en blâmer.
Devant ses yeux dansèrent les images d’Anna sur les quais du port, quittant le royaume sans un regard en arrière. Le peuple qui se soulève, les cris de colère, les appels à la justice, à rétablir la vérité. Les vautours comme Hans ne tarderaient pas à se bousculer aux portes du château, attisant la révolte pour mieux prendre le pouvoir.
Non. Elsa secoua la tête, elle ne le permettrait pas. Qu’Anna soit sa sœur ou non, sa place à la tête du royaume était légitime. Personne ne connaissait Arendelle mieux qu’elle, l’éducation qu’elle avait reçue l’avait préparé aux négociations difficiles, aux mondanités pénibles. Mais plus que tous ces artifices, Anna était une femme généreuse, soucieuse du bien être des autres, proche du peuple plus qu’Elsa elle-même ne pourrait jamais l’être. Son sens de la justice était solide, et elle l’avait prouvé plus de fois qu’il n’en fallait, son cœur était pur et courageux. Elle ne permettrait pas à ses parents, à leur mensonge, de ruiner la vie d’Anna. Et si elle voulait partir à la recherche de son identité, hé bien elles le feraient ensemble. Ensemble, toujours.
Elsa avança d’un pas décidé vers l’entrée. Nokk hennit subitement et se cabra devant elle, lui barrant la route.
« Ah ! »
S’il fallait se battre une nouvelle fois, Elsa était prête, elle serra les poings et se campa solidement sur ses jambes. Pourtant, son adversaire ne semblait pas menaçant. L’esprit s’ébroua. Il avança son museau et posa sa truffe d’eau sur le sac qu’elle portait en bandoulière, doucement, sans agressivité. Elle haussa les sourcils et récupéra l’un des carnets à l’intérieur.
« Je lis d’abord. »
Nokk parut satisfait, Elsa lui rendit son regard. Pourquoi pas après tout, puisque l’eau avait une mémoire, alors son esprit devait savoir bien des choses.
« D’accord. »
Il observa son interlocutrice jusqu’à ce qu’elle s’installe confortablement, à l’abri du vent, dans un écrin de glace qu’Elsa se sculpta elle-même. Ce n’est qu’après s’être assuré que tout était en ordre que Nokk consentit à disparaitre dans les flots.
« Très bien maman, à nous deux. »
Elle caressa la couverture du carnet, hésitante et l’ouvrit après une courte inspiration.
« Agnarr n’écoute pas. Il continue de chercher un moyen de contrôler, de dominer les pouvoirs d’Elsa mais… la magie ne se domine pas, elle s’apprivoise. Notre fille doit vivre en harmonie avec ses pouvoirs, pas les craindre. Depuis l’accident avec Anna, elle ne nous laisse même plus l’approcher. La voir ainsi me brise le cœur, j’ai le sentiment qu’elle s’éteint de jour en jour. Je sais qu’Agnarr ne lui veut pas de mal, évidemment, mais je continue de dire que nous ne prenons pas les bonnes décisions. Nous nous enfermons ensembles des nuits entières à la recherche de solution, d’un guide et s’il n’en existait tout simplement pas ? Je ne compte plus les livres que j’ai parcouru pendant des heures, nulle part il n’est question d’une enfant, ni même d’un adulte, avec de tels pouvoirs. Les recherches d’Agnarr n’ont pas été plus efficaces, les gants qu’il fournit à Elsa l’aide sans doute un peu mais ils sont loin de supprimer ses pouvoirs comme il le voudrait.
Je sais qu’il n’aimerait pas savoir que j’écris ceci mais… Même si mon peuple a fait quelque chose d’affreux, je suis persuadée qu’ils auraient pu nous donner des réponses, ou peut être juste un début de réponse. Nous avions l’habitude de vivre en harmonie avec les esprits de la nature. Même si Elsa n’est pas l’un des 4 esprits, ses pouvoirs ont quelque chose de naturels, je peux le sentir. Je dois fouiller dans mes souvenirs, la réponse se trouve peut-être dans ma mémoire.
Je ne supporte plus de voir nos filles séparées et malheureuses. »
Elsa essuya quelques larmes, sa mère lui manquait terriblement. Elle changea de position pour mieux se plonger dans sa lecture. Elle découvrait avec curiosité les tâtonnements et les inquiétudes de sa mère au sujet de ses filles. Ses filles justement. Pour l’instant, il n’était fait mention nulle part d’un lien familial inexistant. Et sans même qu’elle ne s’en rende compte, le jour déclina et fit place à la nuit. Les étoiles scintillèrent sans qu’elle ne les voit.
« Je crois savoir où nous devons nous rendre si nous voulons des réponses. Agnarr ne semble plus savoir quoi faire. Malheureusement, ses recherches et ses tentatives pour aider Elsa ont fait plus de mal que de bien. Je vois bien qu’il en est affecté, lui qui aime tant ses filles. Il se sent démuni face à la situation et tout ce qu’il a essayé se révèle être un échec. Nous devons envisager les choses autrement, tant pis si cela lui donne l’impression de pactiser avec l’ennemie.
Il y a cette berceuse que ma mère me chantait lorsque j’étais enfant sur Ahtohallan. Je crois que c’est le seul endroit qui pourra nous fournir des réponses.
Quand le vent frais
Vient danser
La rivière chante
Pour ne pas oublier
Ferme les yeux si tu veux voir
Ton reflet dans ce grand miroir
Dans l'air du soir
Tendre et doux
L'eau claire murmure
Un chemin pour nous
Si tu plonges dans le passé
Prends garde de ne pas t'y noyer
Elle chante pour qui sait écouter
Cette chanson
Magie des flots
Il faut, nos peurs, apprivoiser
Pour trouver
Le secret de l'eau
Quand le reflet vient danser
Une maman rêve toute éveillée
Dors mon enfant, n'aie plus peur
Le passé reste au fond des cœurs »
Elsa pouvait entendre la voix de sa mère chantant ces paroles. Et c’est sans surprise qu’elle s’endormit, épuisée, au rythme de la berceuse.
Elle qui s’était montrée si impatiente d’en apprendre de plus, tellement avide de savoir d’où elle venait et quelle était sa place, la témérité lui faisait maintenant défaut. Son grand père était finalement un menteur, et pire, un assassin doublé d’un traitre. Son père avait effacé la culture des Northuldra et fait bannir leur langue sans autre forme de procès. Il l’avait forcée à dissimuler ses pouvoirs et à s’isoler de tous. Et maintenant, la seule personne en qui elle avait aveuglément confiance, la seule personne à laquelle elle pouvait tout confier, Anna, n’était finalement pas sa sœur. Elsa n’osait même pas imaginer quelle sombre histoire se cachait derrière ce nouveau secret. A l’idée même de devoir lui apprendre la nouvelle, son cœur se serra douloureusement. Anna voudrait sans doute partir, c’était le plus logique. Tout comme Elsa, elle voudrait comprendre et savoir d’où elle venait. Si le peuple venait à l’apprendre, son couronnement serait remis en cause. De toute façon, il était hors de question de continuer à mentir. Le peuple d’Arendelle d’ordinaire si paisible se soulèverait peut-être pour contester la royauté. Elle n’allait pas les en blâmer.
Devant ses yeux dansèrent les images d’Anna sur les quais du port, quittant le royaume sans un regard en arrière. Le peuple qui se soulève, les cris de colère, les appels à la justice, à rétablir la vérité. Les vautours comme Hans ne tarderaient pas à se bousculer aux portes du château, attisant la révolte pour mieux prendre le pouvoir.
Non. Elsa secoua la tête, elle ne le permettrait pas. Qu’Anna soit sa sœur ou non, sa place à la tête du royaume était légitime. Personne ne connaissait Arendelle mieux qu’elle, l’éducation qu’elle avait reçue l’avait préparé aux négociations difficiles, aux mondanités pénibles. Mais plus que tous ces artifices, Anna était une femme généreuse, soucieuse du bien être des autres, proche du peuple plus qu’Elsa elle-même ne pourrait jamais l’être. Son sens de la justice était solide, et elle l’avait prouvé plus de fois qu’il n’en fallait, son cœur était pur et courageux. Elle ne permettrait pas à ses parents, à leur mensonge, de ruiner la vie d’Anna. Et si elle voulait partir à la recherche de son identité, hé bien elles le feraient ensemble. Ensemble, toujours.
Elsa avança d’un pas décidé vers l’entrée. Nokk hennit subitement et se cabra devant elle, lui barrant la route.
« Ah ! »
S’il fallait se battre une nouvelle fois, Elsa était prête, elle serra les poings et se campa solidement sur ses jambes. Pourtant, son adversaire ne semblait pas menaçant. L’esprit s’ébroua. Il avança son museau et posa sa truffe d’eau sur le sac qu’elle portait en bandoulière, doucement, sans agressivité. Elle haussa les sourcils et récupéra l’un des carnets à l’intérieur.
« Je lis d’abord. »
Nokk parut satisfait, Elsa lui rendit son regard. Pourquoi pas après tout, puisque l’eau avait une mémoire, alors son esprit devait savoir bien des choses.
« D’accord. »
Il observa son interlocutrice jusqu’à ce qu’elle s’installe confortablement, à l’abri du vent, dans un écrin de glace qu’Elsa se sculpta elle-même. Ce n’est qu’après s’être assuré que tout était en ordre que Nokk consentit à disparaitre dans les flots.
« Très bien maman, à nous deux. »
Elle caressa la couverture du carnet, hésitante et l’ouvrit après une courte inspiration.
« Agnarr n’écoute pas. Il continue de chercher un moyen de contrôler, de dominer les pouvoirs d’Elsa mais… la magie ne se domine pas, elle s’apprivoise. Notre fille doit vivre en harmonie avec ses pouvoirs, pas les craindre. Depuis l’accident avec Anna, elle ne nous laisse même plus l’approcher. La voir ainsi me brise le cœur, j’ai le sentiment qu’elle s’éteint de jour en jour. Je sais qu’Agnarr ne lui veut pas de mal, évidemment, mais je continue de dire que nous ne prenons pas les bonnes décisions. Nous nous enfermons ensembles des nuits entières à la recherche de solution, d’un guide et s’il n’en existait tout simplement pas ? Je ne compte plus les livres que j’ai parcouru pendant des heures, nulle part il n’est question d’une enfant, ni même d’un adulte, avec de tels pouvoirs. Les recherches d’Agnarr n’ont pas été plus efficaces, les gants qu’il fournit à Elsa l’aide sans doute un peu mais ils sont loin de supprimer ses pouvoirs comme il le voudrait.
Je sais qu’il n’aimerait pas savoir que j’écris ceci mais… Même si mon peuple a fait quelque chose d’affreux, je suis persuadée qu’ils auraient pu nous donner des réponses, ou peut être juste un début de réponse. Nous avions l’habitude de vivre en harmonie avec les esprits de la nature. Même si Elsa n’est pas l’un des 4 esprits, ses pouvoirs ont quelque chose de naturels, je peux le sentir. Je dois fouiller dans mes souvenirs, la réponse se trouve peut-être dans ma mémoire.
Je ne supporte plus de voir nos filles séparées et malheureuses. »
Elsa essuya quelques larmes, sa mère lui manquait terriblement. Elle changea de position pour mieux se plonger dans sa lecture. Elle découvrait avec curiosité les tâtonnements et les inquiétudes de sa mère au sujet de ses filles. Ses filles justement. Pour l’instant, il n’était fait mention nulle part d’un lien familial inexistant. Et sans même qu’elle ne s’en rende compte, le jour déclina et fit place à la nuit. Les étoiles scintillèrent sans qu’elle ne les voit.
« Je crois savoir où nous devons nous rendre si nous voulons des réponses. Agnarr ne semble plus savoir quoi faire. Malheureusement, ses recherches et ses tentatives pour aider Elsa ont fait plus de mal que de bien. Je vois bien qu’il en est affecté, lui qui aime tant ses filles. Il se sent démuni face à la situation et tout ce qu’il a essayé se révèle être un échec. Nous devons envisager les choses autrement, tant pis si cela lui donne l’impression de pactiser avec l’ennemie.
Il y a cette berceuse que ma mère me chantait lorsque j’étais enfant sur Ahtohallan. Je crois que c’est le seul endroit qui pourra nous fournir des réponses.
Quand le vent frais
Vient danser
La rivière chante
Pour ne pas oublier
Ferme les yeux si tu veux voir
Ton reflet dans ce grand miroir
Dans l'air du soir
Tendre et doux
L'eau claire murmure
Un chemin pour nous
Si tu plonges dans le passé
Prends garde de ne pas t'y noyer
Elle chante pour qui sait écouter
Cette chanson
Magie des flots
Il faut, nos peurs, apprivoiser
Pour trouver
Le secret de l'eau
Quand le reflet vient danser
Une maman rêve toute éveillée
Dors mon enfant, n'aie plus peur
Le passé reste au fond des cœurs »
Elsa pouvait entendre la voix de sa mère chantant ces paroles. Et c’est sans surprise qu’elle s’endormit, épuisée, au rythme de la berceuse.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:29
La fumée s’était fortement épaissie et Anna n’avait pas pu s’empêcher de remarquer que plus l’incendie semblait croitre, plus Bruni s’apaisait. En fait, il en devenait presque apathique. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait bien faire de cette information, mais l’impression bizarre que quelque chose n’allait pas demeurait. Anna reconnaissait la zone où ils arrivaient. Les rives de la Mer Sombre étaient proches, c’était ici que le bateau de ses parents s’était échoué. Le drapeau abimé d’Arendelle disparaissait presque dans la fumée qui devenait omniprésente. Elle s’inquiétait pour Kristoff et pour toute la population de la forêt enchantée. En tant que reine, elle devait se trouver auprès de son peuple, et la voilà qui courrait après sa sœur. Ce n’était probablement ni très logique, ni très raisonnable, mais au fond d’elle-même, Anna était convaincue de prendre la bonne décision. Elsa jouait avec des forces qui les dépassaient tous et elles avaient toujours surmonté les problèmes ensemble.
Sous ses pieds, la terre meuble se transforma peu à peu en gravier et les arbres épars finirent par laisser leurs places à quelques herbes hautes et des plantes grasse. Le bruit du vent dans les feuilles fut remplacé par le ressac violent des vagues qui se fracassaient contre les rochers. Anna déboucha sur la grève, face à la mer menaçante qui avait déjà emporté ses parents. La dernière fois, Elsa avait franchi cette étape toute seule, malgré les protestations véhémentes d’Anna pour la suivre, sa grande sœur avait pris la décision sans lui laisser la moindre chance et… elle ne l’avait pas très bien vécu. Bon sang, même Olaf s’était mis en colère. Mais maintenant qu’elle se trouvait face aux vagues gigantesques, elle se sentait tout à coup très petite et complètement démunie. Difficile de donner tort à Elsa.
« Heu… Haha… Comment je suis censée traverser ça ? »
Son regard se posa sur Bruni et sur Courant d’air.
« Je crois que vous l’avez oublié, mais moi, je suis la sœur sans pouv… AAAH ! »
Nokk venait de jaillir des flots pour sauter sur la berge. Anna posa une main sur son cœur et lança un regard accusateur à l’esprit de l’eau.
« Tu crois vraiment que c’est le moment de me faire peur ? »
Le cheval s’ébroua, manifestement peu impressionné par la remontrance. Anna déglutit, ses mains se serrèrent avec angoisse sur la bandoulière de son sac.
« Donc heu… Si je résume, je discute avec une salamandre, un courant d’air et un cheval d’eau et j’envisage, très sérieusement, de traverser une mer avec des vagues de 12m pour, peut-être, retrouver ma sœur qui pourrait tout aussi bien être installée au château en train de boire un chocolat chaud parce qu’en réalité, personne ne l’a vue, personne ne sait où elle se trouve. Très bien, tout est normal, tout est parfaitement normal. Ah ah ! Je crois que je débloque. C’est sans doute la fumée. »
Nokk poussa son bras avec un léger hennissement. Le contact était étrange, c’était la première fois qu’Anna se trouvait aussi proche de l’esprit. D’ordinaire, il ne se matérialisait qu’en présence de sa sœur.
« Je ne suis pas Elsa, je n’ai pas ses pouvoirs. Et je n’ai pas de bateau non plus. Enfin si mais… A Arendelle. Enfin, pas moi, ce ne sont pas mes bateaux à moi, ce sont ceux du royaume. Mais ils sont trop loin de toute façon, il faudrait que je fasse demi-tour et… »
Nokk la poussa de nouveau, plus fermement.
« Je ne sais pas ce que tu essais de me dire mais… Je ne pense pas pouvoir te chevaucher parce que tu es de l’eau. Et c’est Elsa le cinquième esprit, pas moi. »
D’une façon ou d’une autre, le cheval devait comprendre parce qu’il se baissa afin de lui permettre de grimper sur son dos. Une vague plus forte qu’une autre se fracassa avec violence et fit sursauter Anna.
« D’accord, d’accord… Je peux le faire… Allez Anna ! Sois forte, sois courageuse ! C’est un cheval, tu sais faire du cheval, et c’est de l’eau, tu sais nager aussi, alors… Tout va bien ! Voilà, tout va bien. C’est comme du saut d’obstacle, mais les obstacles, ce sont des vagues. C’est simple ! Rien de plus simple ! Tu peux y arriver. »
Elle posa une main hésitante sur le museau du cheval et esquissa un sourire surpris.
« Oh ! C’est bizarre, moins froid que je ne le pensais. »
Et du coup, c’était rassurant. Assez rassurant pour qu’Anna s’installe sur le dos de l’esprit, même si elle manquait de conviction.
« Hum. Voilà. Comment je fais maintenant ? Tu as besoin que je t… Aaah »
En fait, Nokk n’avait besoin de rien, il connaissait parfaitement le chemin, et l’eau, c’était son domaine. Il s’élança sur les vagues, puissant et agile, passant au travers parfois sans se préoccuper de sa passagère. Sans selle et sans rênes, Anna n’en menait pas très large. Elle s’accrochait désespérément au cou de l’animal, le sel lui brûlait les yeux et ses cheveux humides lui dégoulinaient sur le visage.
« Tu pourrais au moins faire attention. »
L’esprit bondit de crête en crête avec une facilité déconcertante, au fur et à mesure que la grève s’éloignait, l’ampleur et l’intensité des vagues diminua jusqu’à devenir aussi calme que les eaux d’un lac. Anna souffla de soulagement, elle se redressa dans une position plus confortable. Alors, c’était ça qu’Elsa ressentait ? A galoper ainsi sur le dos de Nokk au beau milieu de l’océan, seule. Le sentiment de liberté était vertigineux. D’une certaine manière elle se sentait privilégiée à pouvoir entrer un peu dans le monde des esprits. Elle aurait préféré découvrir Ahtohallan dans des circonstances différentes, avec sa sœur, plutôt qu’en espérant l’y trouver. « Et si elle n’était pas là-bas ? » Anna secoua la tête pour chasser la pensée. Non, Elsa serait là-bas. Les esprits ne l’avaient pas encouragé à y aller par hasard. Elle était pressée de pouvoir s’en assurer et de comprendre enfin ce qu’Honeymaren avait refusé de lui dire. Qu’est ce qu’il pouvait y avoir de si terrible dans ces carnets ? Anna n’avait même pas encore ouvert le 3ème que Maren lui avait remis, une fois qu’elle serait avec sa sœur, elle prendrait le temps.
Sous ses pieds, la terre meuble se transforma peu à peu en gravier et les arbres épars finirent par laisser leurs places à quelques herbes hautes et des plantes grasse. Le bruit du vent dans les feuilles fut remplacé par le ressac violent des vagues qui se fracassaient contre les rochers. Anna déboucha sur la grève, face à la mer menaçante qui avait déjà emporté ses parents. La dernière fois, Elsa avait franchi cette étape toute seule, malgré les protestations véhémentes d’Anna pour la suivre, sa grande sœur avait pris la décision sans lui laisser la moindre chance et… elle ne l’avait pas très bien vécu. Bon sang, même Olaf s’était mis en colère. Mais maintenant qu’elle se trouvait face aux vagues gigantesques, elle se sentait tout à coup très petite et complètement démunie. Difficile de donner tort à Elsa.
« Heu… Haha… Comment je suis censée traverser ça ? »
Son regard se posa sur Bruni et sur Courant d’air.
« Je crois que vous l’avez oublié, mais moi, je suis la sœur sans pouv… AAAH ! »
Nokk venait de jaillir des flots pour sauter sur la berge. Anna posa une main sur son cœur et lança un regard accusateur à l’esprit de l’eau.
« Tu crois vraiment que c’est le moment de me faire peur ? »
Le cheval s’ébroua, manifestement peu impressionné par la remontrance. Anna déglutit, ses mains se serrèrent avec angoisse sur la bandoulière de son sac.
« Donc heu… Si je résume, je discute avec une salamandre, un courant d’air et un cheval d’eau et j’envisage, très sérieusement, de traverser une mer avec des vagues de 12m pour, peut-être, retrouver ma sœur qui pourrait tout aussi bien être installée au château en train de boire un chocolat chaud parce qu’en réalité, personne ne l’a vue, personne ne sait où elle se trouve. Très bien, tout est normal, tout est parfaitement normal. Ah ah ! Je crois que je débloque. C’est sans doute la fumée. »
Nokk poussa son bras avec un léger hennissement. Le contact était étrange, c’était la première fois qu’Anna se trouvait aussi proche de l’esprit. D’ordinaire, il ne se matérialisait qu’en présence de sa sœur.
« Je ne suis pas Elsa, je n’ai pas ses pouvoirs. Et je n’ai pas de bateau non plus. Enfin si mais… A Arendelle. Enfin, pas moi, ce ne sont pas mes bateaux à moi, ce sont ceux du royaume. Mais ils sont trop loin de toute façon, il faudrait que je fasse demi-tour et… »
Nokk la poussa de nouveau, plus fermement.
« Je ne sais pas ce que tu essais de me dire mais… Je ne pense pas pouvoir te chevaucher parce que tu es de l’eau. Et c’est Elsa le cinquième esprit, pas moi. »
D’une façon ou d’une autre, le cheval devait comprendre parce qu’il se baissa afin de lui permettre de grimper sur son dos. Une vague plus forte qu’une autre se fracassa avec violence et fit sursauter Anna.
« D’accord, d’accord… Je peux le faire… Allez Anna ! Sois forte, sois courageuse ! C’est un cheval, tu sais faire du cheval, et c’est de l’eau, tu sais nager aussi, alors… Tout va bien ! Voilà, tout va bien. C’est comme du saut d’obstacle, mais les obstacles, ce sont des vagues. C’est simple ! Rien de plus simple ! Tu peux y arriver. »
Elle posa une main hésitante sur le museau du cheval et esquissa un sourire surpris.
« Oh ! C’est bizarre, moins froid que je ne le pensais. »
Et du coup, c’était rassurant. Assez rassurant pour qu’Anna s’installe sur le dos de l’esprit, même si elle manquait de conviction.
« Hum. Voilà. Comment je fais maintenant ? Tu as besoin que je t… Aaah »
En fait, Nokk n’avait besoin de rien, il connaissait parfaitement le chemin, et l’eau, c’était son domaine. Il s’élança sur les vagues, puissant et agile, passant au travers parfois sans se préoccuper de sa passagère. Sans selle et sans rênes, Anna n’en menait pas très large. Elle s’accrochait désespérément au cou de l’animal, le sel lui brûlait les yeux et ses cheveux humides lui dégoulinaient sur le visage.
« Tu pourrais au moins faire attention. »
L’esprit bondit de crête en crête avec une facilité déconcertante, au fur et à mesure que la grève s’éloignait, l’ampleur et l’intensité des vagues diminua jusqu’à devenir aussi calme que les eaux d’un lac. Anna souffla de soulagement, elle se redressa dans une position plus confortable. Alors, c’était ça qu’Elsa ressentait ? A galoper ainsi sur le dos de Nokk au beau milieu de l’océan, seule. Le sentiment de liberté était vertigineux. D’une certaine manière elle se sentait privilégiée à pouvoir entrer un peu dans le monde des esprits. Elle aurait préféré découvrir Ahtohallan dans des circonstances différentes, avec sa sœur, plutôt qu’en espérant l’y trouver. « Et si elle n’était pas là-bas ? » Anna secoua la tête pour chasser la pensée. Non, Elsa serait là-bas. Les esprits ne l’avaient pas encouragé à y aller par hasard. Elle était pressée de pouvoir s’en assurer et de comprendre enfin ce qu’Honeymaren avait refusé de lui dire. Qu’est ce qu’il pouvait y avoir de si terrible dans ces carnets ? Anna n’avait même pas encore ouvert le 3ème que Maren lui avait remis, une fois qu’elle serait avec sa sœur, elle prendrait le temps.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:34
[NDLA] Le dessin du carnet provient d'une autre scène coupée de Frozen 2 visible ici [NDLA]
« Notre première fille a des pouvoirs extraordinaires, notre seconde fille a été déposée devant la fenêtre de notre chambre, sur notre balcon. Qui pourrait bien prendre le risque d’escalader la façade d’un château avec un nouveau née alors qu’il est si simple de déposer le couffin devant la porte. Il se passe des choses que nous pouvons plus nier, que nous ne devons plus nier. »
Elsa déglutit, elle se redressa subitement.
« notre seconde fille a été déposée devant la fenêtre de notre chambre, sur notre balcon. »
La lire une seconde fois n’avait pas fait changer magiquement le sens de la phrase. Alors elle y était à cette fameuse révélation. Son cœur battit à tout rompre, elle se sentit étrangement faible tout à coup. Une tempête de neige se leva autour d’elle, dense et menaçante. Une partie d’elle-même espérait qu’Honeymaren lui avait menti, sans raison valable, mais simplement parce que cette vérité-là serait plus facile à accepter que celle qu’elle était en train de lire. Mais pourquoi ?
« Agnarr maintient que nous ne devons rien dire à Anna, qu’elle ne doit pas savoir que nous l’avons adoptée. Nous nous sommes disputés à ce sujet, une fois de plus. Je ne pense pas qu’Anna soit arrivée dans nos vies par hasard et que d’une façon ou d’une autre, elle est liée à Elsa.
Je sais que la magie est un sujet sensible pour Agnarr, mon peuple a causé la mort de son père… Pourtant… Je maintiens que tout n’est pas mauvais chez les Northuldra. La façon dont nous vivions en harmonie avec la nature, avec les esprits. Il faut explorer cette piste, nous devons nous rendre à Ahtohallan. Et il y a aussi ce livre qui parle des esprits anciens, je dois poursuivre mes recherches, mais surtout, je dois convaincre Agnarr de prendre la mer. »
Le jour était levé depuis plusieurs heures maintenant, mais la tempête de neige qui sévissait autour d’Ahtohallan avait obscurci l’horizon aussi sûrement que la nuit. Elsa referma le carnet et ramena ses genoux tout contre elle. Le lien avec sa sœur était précieux, découvrir qu’il reposait sur un énième mensonge lui faisait l’effet d’un coup de massue. Le pire restait à venir : l’annoncer à Anna. Le courage lui faisait défaut rien qu’en envisageant l’idée. La rivière gelée lui apporterait peut être des réponses supplémentaires, mais personne n’affronterai cette épreuve à sa place. Elle essuya ses larmes du revers de la main. Le vent mugit entre les congères, comme une moquerie amère. Par moment il lui semblait même entendre son prénom au milieu des bourrasques. Mais… Non, elle entendait vraiment son prénom.
« Elsaaaaa !
-Anna ?
-Elsaaaaa ! »
La tempête cessa immédiatement et là, sous les flocons qui retombaient lentement sur le sol, sa sœur se tenait debout, la fixant avec anxiété.
« Oh bon sang Elsa ! Je me suis tellement inquiétée ! »
Moins de 10 secondes plus tard, elle était tout contre elle et la serrait dans ses bras.
« Anna…
-Je n’avais pas de nouvelles et tu n’as pas répondu à mon invitation !
-Et tu es venue… jusqu’ici ?
-Evidemment ! Tu n’écoutes pas ce que je te dis, j’étais morte d’inqui… Est-ce que tu as pleuré ?
-Comment ?
-Est-ce que tu as pleuré ?
-Non, je voulais dire, comment es-tu venue jusqu’ici ?
-Bruni et Courant d’air m’ont guidé, Nokk a bien voulu me faire traverser la Mer Sombre. »
Elsa haussa les sourcils de surprise.
« Les esprits t’ont aidée ?
-Oui. Ca m’a surprise aussi au début mais… Grand Pabbie dit qu’il se passe quelque chose de grave.
-Quoi ? Comment ça ?
-Il dit qu’un mensonge a été révélé et que les esprits sont déséquilibrés. S’ils restent comme ça, ils finiront par mourir.
-Mourir ! »
Elsa écarquilla les yeux d’effrois.
« Qu’est-ce que nous devons faire ?
-Pabbie dit qu’il faut combler un vide pour rétablir l’équilibre de la nature.
-Combler un vide ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je l’ignore, mais il faut qu’on trouve.
-Sinon, les esprits mourront. » Elsa serra les poings. « Non, je ne le permettrai pas. »
Anna serra de nouveau sa sœur contre elle.
« Moi non plus Elsa. D’autant que… Grand Pabbie dit que tu es concernée aussi.
-Comment ? Mais, je ne me sens pas… déséquilibrée, ni… en mauvaise santé.
-Ah vraiment ? Alors pourquoi cette tempête de neige en arrivant ? »
Elsa souffla, elle baissa la tête et s’éloigna de quelques pas, tournant le dos à sa sœur. Elle venait d’encaisser beaucoup d’informations mais une partie importante manquait à Anna. Le soleil brillait de nouveau sur le glacier, presque aveuglant. Le carnet était la seule tâche sombre sur le blanc immaculé de la neige. L’ancienne reine le ramassa. L’épreuve était là. Elle pouvait sans doute encore gagner quelques minutes.
« Comment as-tu su que quelque chose n’allait pas ?
-Je l’ai senti. »
Anna fronça les sourcils, elle vint prendre le bras de sa sœur ainée et lui caressa la joue pour la forcer à la regarder.
« Elsa, dis-moi ce qui se passe, s’il te plait. Tu ne donnes plus de nouvelle, je te retrouve ici, en pleine tempête, je vois bien que tu as pleuré et que quelque chose ne va pas. »
Est-ce qu’il fallait aussi mentionner que la forêt enchantée était en feu ? Peut-être pas maintenant.
« Un mensonge a été révélé, c’est ce que Pabbie t’a dit ?
-Oui, mais je n’ai aucune idée de ce que c’est. Et… J’ai croisé Maren qui m’a un peu résumé les choses. »
Le cœur d’Elsa manqua un battement. Elle posa un regard effrayé sur Anna.
« Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
-Juste qu’il y avait une sorte de révélation dans ces carnets et que c’est ce qui avait provoqué ta fuite. Mais elle n’a pas voulu me dire quoi. Je dois reconnaitre que c’est assez frustrant d’ailleurs. »
Il n’y avait ni banc, ni chaises, ni canapé, ni feu de cheminée sur un glacier. Rien pour rendre l’endroit sécurisant et confortable comme Anna le faisait chaque fois qu’elles abordaient des sujets difficiles. A défaut, Elsa matérialisa un jardin de glace avec des plantes, des oiseaux, quelques papillons. Il y avait même une fontaine et pour admirer le tout, un simple blanc. Elles s’y installèrent toutes les deux. Elsa prit une courte inspiration avant de se lancer.
« Les carnets de maman ressemblent un peu à des journaux intimes. Elle y parle de ses recherches, mais elle raconte aussi ses doutes, ses inquiétudes et parfois, elle partage même quelques souvenirs. »
Elsa prit les mains de celle qui n’était plus sa sœur.
«Anna… Maman raconte comment tu es arrivée dans nos vies.
-Tu veux dire : le jour de ma naissance ? »
Ses yeux brillaient d’émotion, mais c’est dans ceux d’Elsa que les larmes montèrent de nouveau.
« Non Anna. Elle explique que… quelqu’un, ou quelque chose, t’a déposée devant la fenêtre de leur chambre, dans un couffin.
-Qu… Quoi ? Mais qu’est-ce que tu dis ? Non…
-Je suis désolée Anna… Je… Tu es ma sœur, et je t’aime. »
Mais elle n’écoutait plus. Le choc de la nouvelle venait de la sonner. La phrase se répétait sans cesse.
« Je suis… adoptée ?
-Att…
-C’est ça ? »
Elsa voulut lui prendre la main, mais Anna s’éloigna. Difficile de dire si c’était le froid ou la colère qui la faisait trembler.
« C’est bien ça ? Réponds-moi Elsa ! Je veux une réponse !
-Tu es toujours ma sœur…
-Et là-dedans ! On y trouve des réponses ? J’ai besoin de réponse, tu entends ? J’ai besoin de réponse ! »
Anna partit en trombe à l’intérieur du glacier, laissant tout juste le temps à Elsa de lui courir après.
« Anna ! Attends s’il te plait ! C’est dangereux ! »
Mais la reine n’écoutait pas, elle dérapait sur la glace, ignorant les obstacles qui se dressaient devant elle. Le plus souvent, Elsa les faisait disparaitre à la volée, construisant un pont de glace ici, une rambarde par là pour l’empêcher de tomber dans le vide.
« Anna ! Moins vite ! »
Les parois de glace renvoyèrent en écho l’avertissement d’Elsa, faisant vibrer un plafond de stalactites qui céda dans un fracas assourdissant. Elle eut tout juste le temps de créer une voute pour éviter le drame. Elles débouchèrent ensemble dans un dôme immense, vide, froid et surtout, silencieux. Les souvenirs qu’Elsa avaient croisés jadis, les sons et les éclats de voix, il n’y avait plus rien. L’endroit était comme mort. Un frisson désagréable lui parcourut le dos.
« On devrait faire demi-tour.
-Je veux des réponses ! »
La voix d’Anna se brisa, elle tomba en sanglots dans les bras d’Elsa. Les deux femmes restèrent ainsi quelques minutes, en silence, l’une berçant l’autre jusqu’à ce que les larmes s’estompent, au moins un peu.
« Elsa…
-C’est ce que maman écrit dans son carnet.
-Et toi ? Tu ne te souviens pas ? Si maman était enceinte ou pas ? »
La blonde secoua la tête.
« Non… J’étais trop petite je crois. C’est pour cette raison que je suis revenue ici, pour connaitre la vérité.
-Alors pourquoi… Il n’y a rien ? »
Anna essuya ses larmes et renifla bruyamment.
« Je l’ignore mais, Anna, tu es toujours ma sœur, rien ne changera ça.
-Tu le penses vraiment ?
-Evidemment. »
C’était déjà une chose à laquelle elle pouvait se raccrocher. Toutes ses certitudes étaient remises en cause, mais pas celle d’avoir Elsa à ses côtés. L’impression terrible de ne plus savoir qui elle était vraiment venait de l’ébranler sérieusement. Et pour ne rien arranger, l’endroit où elles se trouvaient lui donnait la chair de poule. Ce n’était pas du tout ce qu’Elsa lui avait décrit. Un lieu plein de souvenirs, bons ou mauvais, mais remplit des histoires du passés. Anna renifla de nouveau, elle n’avait pas quitté l’étreinte de sa sœur et ne comptait pas le faire tout de suite. Elle avait besoin du réconfort qu’elle lui apportait.
« C’est ici que tu as failli mourir ?
-Un peu plus bas, mais nous n’irons pas jusque-là.
-Non. Tu penses qu’Ahtohallan est déséquilibrée aussi ?
-Je suppose que c’est possible. »
C’était la seule explication logique qui lui venait en tête pour le moment. Le silence du lieu était assourdissant, même leurs voix semblaient mourir étouffées. Anna plissa les yeux dans l’obscurité.
« Elsa ? Il y a quelque chose là-bas. »
Il fallait vraiment se concentrer pour le voir, mais effectivement, une toute petite lueur au milieu de l’océan de noirceur. Une flamme ténue mais persistante reposait sur le sol. Elles s’approchèrent avec prudence, main dans la main. Il s’agissait en réalité d’une fleur d’un jaune éclatant. Soudain, de grands yeux menaçants s’ouvrirent dans l’obscurité, ils étaient immenses, si bien que les deux femmes paraissaient petites à côté, et à la fleur, minuscule. Elles s’agrippèrent l’une à l’autre mais de la noirceur surgit une force redoutable qui les sépara, comme une main gigantesque faites de griffes et d’os.
« Anna !! »
La silhouette de sa sœur disparaissait déjà dans l’obscurité. Elsa lança une salve de glace et courut à l’aveugle en direction de sa cadette. La main la poussa d’une pichenette, elle répondit avec un pic gelé.
« Anna !
-Elsa ! »
Le son était une maigre indication mais dans cet océan sombre, c’était tout ce qu’elles avaient. Les yeux se faisaient tour à tour moqueurs et dangereux. Elsa se faisait repousser de tous les côtés, luttant contre un ennemi invisible et ses pouvoirs semblaient complètement inutiles. Plus elle tentait de rejoindre sa sœur, plus elle était repoussée à l’opposé. La main obscure se saisit d’elle, Elsa sentit l’air qui quittait ses poumons, expulsé avec force alors que la pression devenait insoutenable.
« An… Ah… »
Sa vue se troubla. Elle luttait de toutes ses forces, mais sa magie ne servait à rien contre cet adversaire. La glace n’avait aucune prise. L’air lui manqua.
« Elsa ! »
Anna sortit de l’obscurité, une épée à la main. Elle tranchait et avançait avec détermination.
« Laisse ma sœur tranquille ! »
La lame sectionna un doigt osseux, puis deux. Elsa aspira l’air avec avidité, essoufflée. Quelques coups d’épée bien placés finirent de la libérer, elle s’effondra sur le sol, épuisée. Anna passa un bras autour de sa taille et l’aida à se relever.
« Viens. »
Elsa n’allait pas discuter, sa sœur semblait savoir ce qu’elle faisait et où elle allait, même en étant complètement privée de repère. Et effectivement, elles débouchèrent dans le couloir de glace, courant tant bien que mal pour quitter les lieux. L’obscurité n’avait pas l’air de vouloir les suivre et c’était tant mieux. Une fois à l’air libre, Anna aida sa sœur à s’installer sur le banc. Elle la fixa avec inquiétude.
« Tu vas bien ?
-Oui… Merci. Tu viens de me sauver la vie, une fois de plus. »
Elles prirent un instant pour reprendre leur souffle et se calmer. Elsa scella l’entrée du tunnel avec un mur de glace.
« Au cas où.
-Oui… Qu’est-ce que c’était à ton avis ?
-Je n’en ai aucune idée. Et cette fleur, c’était un piège ?
-Je sais que ça va te paraitre étrange, mais je crois que ce qui nous a attaquées essayait au contraire de nous en éloigner. »
Elsa hocha la tête. La confiance qu’elle avait en Anna était totale. Elle-même avait déjà sorti des théories bien plus farfelues sans que sa sœur ne conteste quoique ce soit. A commencer par la nuit où elle avait réveillé les esprits parce qu’elle entendait une voix. Son regard se porta sur l’épée qui reposait maintenant contre le banc. L’arme était étrange, sa lame semblait faite de terre alors que la garde et la poignée étaient en pierre.
« Anna, où as-tu trouvé cette arme ?
-C’est pa... Papa. Il est apparu devant moi, une épée à la main, il avait l’air de chercher quelque chose ou de se battre, je ne sais pas. J’ai compris que ça devait être un souvenir alors, j’ai pris l’épée. Je n’avais pas le temps de me poser plus de questions. Tu penses que ça peut être ça ?
-Un souvenir ?
-Oui.
-C’est normalement ce que fait Ahtohallan. »
Et ce n’était pas forcément la chose la plus étrange de ces deux derniers jours, alors après tout, pourquoi pas. Le vent joua dans les cheveux d’Elsa, lui apportant une brise marine. Maintenant que le calme était revenu, elle s’inquiétait de nouveau pour sa sœur.
« Anna, est-ce que tu vas bien ? »
Sa cadette se perdit dans la contemplation de ses mains. Elle se releva pour faire quelques pas dans le jardin de glace.
« Pourquoi as-tu fait tout ça ?
-J’essayais de rendre l’endroit plus… chaleureux. »
Avec de la glace, au beau milieu d’un glacier, la chaleur n’avait qu’à bien se tenir. Anna sourit timidement.
« Merci. »
Elle s’abima dans la contemplation d’un oiseau gelé qui buvait l’eau de la fontaine.
« Je me sens… perdue, et triste. Et un peu en colère aussi. Non, très en colère. Ils m’ont menti Elsa. Ils m’ont menti sur tes pouvoirs, ils m’ont menti sur ma naissance, ils m’ont menti sur la raison pour laquelle ils partaient en bateau, en fait, ils mentaient tout le temps, tous les jours. Que croyaient-ils ? Que je n’étais pas assez forte pour encaisser la vérité ? Que je ne méritais pas de connaitre mes origines ? Que j’étais dangereuse pour toi ? »
Elle secoua la tête et s’éloigna en direction de l’océan. Elsa se leva pour la suivre. Les vagues étaient légères sur la rive glacée et le soleil chauffait leurs visages. Anna souffla doucement et se tourna vers sa sœur.
« Mais je sais que tu es là.
-Ensemble.
-Oui mais… Elsa, s’il te plait. Il faut vraiment que tu arrêtes de me laisser sur le côté. Je ne le supporte plus, encore moins maintenant.
-C’est compris.
-C’est ce que tu dis à chaque fois, tu promets et puis… A la première difficulté venue, tu trouves un moyen de m’éloigner, de fermer la porte et de me laisser de l’autre côté.
-Ah... »
Elsa rompit l’échange de regard et observa l’horizon. La vérité était difficile à entendre, même pour les révélations les plus simples.
« Je suis désolée Anna, je te promets d’essayer de m’améliorer. »
C’était mieux que de faire une nouvelle promesse qu’elle risquait une fois de plus de rompre sans même réfléchir. Sa sœur souffla doucement.
« Je suppose que c’est un début. Au moins, tu ne me mens plus. »
Elsa pinça ses lèvres. Elle n’avait pas l’habitude de voir sa cadette en colère et elle pouvait sentir toute la tristesse derrière chacun de ses mots, aussi mordants soient-ils. Il était temps de changer de sujet.
« Alors, où allons-nous maintenant ? Nous ne sommes pas plus avancées pour rétablir l’équilibre dont te parlait Pabbie. »
Anna fronça les sourcils sous l’effet de la réflexion.
« Il était question d’un vide à combler. »
A en juger par l’expression de son visage, une idée était en train de faire son chemin.
« Maren a parlé de quelque chose dans le 3ème carnet, quelque chose à propos de moi et d’une carte qui pourrait m’aider. Et si… le vide à combler était… les mensonges du passé ? Les combler par la vérité ?
-Sur toi ? »
Elsa n’était pas certaine de voir le rapport avec les esprits mais… Maintenant qu’elle y réfléchissait :
« Maman pensait que nous étions liées, d’une façon ou d’une autre. Elle faisait mention d’un livre sur les esprits anciens mais… Je n’ai pas la suite. J’ai laissé le dernier carnet à Maren. Ca doit être de ça dont elle te parlait. Nous devons retourner la voir pour le récupérer.
-Inutile, je l’ai déjà. »
Anna sortit de son sac le carnet en question. Sa couverture en cuir était craquelée, les coins abimés d’avoir été si souvent manipulés mais malgré les années, il était en bon état. Elles se réinstallèrent sur le banc du jardin de glace, le livre entre elles deux. Anna posa sa main pour l’ouvrir mais Elsa l’arrêta.
« Attends… Tu es certaine d’être prête à le lire ? Nous ne savons pas ce que nous allons découvrir.
-En moins de 24h j’ai appris que les esprits risquaient de mourir, que tu risquais de mourir et que j’étais adoptée. Qu’est ce qui pourrait être pire ? »
La blonde se mordit légèrement la lèvre. Evidemment, quand les choses étaient présentées sous cet angle, il était difficile de protester. Elle relâcha la main de sa sœur et se plongèrent dans la lecture. Comme Elsa l’avait dit Iduna partageait ses récits entre souvenirs et recherches. Elle et Agnarr semblaient souvent en désaccord au sujet de leurs filles et de ce qu’il convenait de faire, pour autant, même si elle n’était pas d’accord, Iduna se refusait à faire quelque chose contre l’avis de son époux. Leur mésentente pesait fortement sur leur couple et les disputes à ce sujet semblaient régulières. Si elle fit une ou deux fois référence à l’adoption d’Anna, elle parlait toujours de ses filles, ne faisant jamais aucune différence entre les deux. Et tout comme les disputes avec Agnarr, son inquiétude pour ses deux enfants grandissait au fur et à mesure que le temps passait.
« J’ai trouvé quelque chose d’intéressant dans ce livre sur les esprits anciens. Chacun d’eux est lié à un esprit de la nature. Il y aurait donc 4 esprits de la nature, l’eau, la terre, l’air et le feu, et 4 esprits anciens. Ils n’ont pas de nom dans le livre mais, un numéro : Le cinquième, le sixième et ainsi de suite jusqu’à 8. Mais il est également question de connexions entre eux… Il faut que je continue d’étudier ce passage, mais d’après ce que j’ai compris, leur rôle et de faire le lien entre le monde des hommes et le monde des esprits. Ils sont là pour veiller à l’équilibre entre les 2 et sont appelés à prendre leur rôle chaque fois qu’un danger menace ce fameux équilibre. Elsa pourrait être l’un d’eux ? Et puisqu’elle manipule la glace, je suppose qu’elle pourrait être liée à l’esprit de l’eau. C’est la première fois que je trouve une piste plausible. Il y a plusieurs cartes dans ce livre, mais j’ai des difficultés à traduire la langue. Je n’ai trouvé personne qui connaisse ce dialecte.
Elsa déglutit. Sa mère avait raison, les réponses s’étaient effectivement trouvées au sein du glacier, mais c’était aussi ce voyage qui les avait conduits à la mort et les trois années suivantes avaient été les plus terrible pour les deux sœurs. Chacune séparée, sans leurs parents, la solitude n’avait jamais été aussi pesante. La cadette dû sentir les sombres pensées d’Elsa parce qu’elle lui caressa le dos pour la rassurer. Pour le moment en revanche, il n’y avait rien de plus sur Anna et ses origines. Mais il n’y avait pas de raison de douter des paroles de Maren, et pour cause, elles trouvèrent ce qu’elles cherchaient dans les récits suivants.
Sur une pleine page, leur mère avait reproduit un dessin qu’elle avait découvert dans le livre des grands anciens. On y voyait une forme sombre, un homme vraisemblablement, debout, mais avec des bois de rennes.
« C’est ce que j’ai vu la nuit où nous avons trouvé Anna ! Agnarr me disait que ça devait être le fruit de mon imagination, que dans la pénombre, ce que j’avais pris pour des bois de rennes devaient être des branches d’arbres. Mais je ne suis pas folle ! C’est ce que j’ai vu ! Peut-être une explication sur les origines d’Anna ? »
La carte dont Maren lui avait parlé était glissée entre les pages. Le carnet s’arrêtait là, sur cette dernière révélation. Anna passa ses doigts sur le dessin, le front barré d’un pli soucieux.
« Maman cherchait des réponses, non seulement pour toi, mais pour moi aussi. »
Elsa hocha doucement la tête, elle tendit la carte à Anna qui la déplia avec soin. On y voyait Arendelle, le territoire Northuldra au nord et un peu plus à l’est, une nouvelle zone était dessinée, en plein milieu des terres, sans accès à la mer. Le territoire était traversé par plusieurs rivières et la superficie semblait sensiblement équivalente aux terres des Northuldra. Un nom s’étalait sur toute la surface : Skamjorder. Une note dissimulée entre les replis de la carte s’échappa et tomba sur le sol. Elsa haussa les sourcils et la ramassa.
« On dirait des notes, mais je ne reconnais pas l’écriture de Maren.
-C’est celle de Yéléna. C’est sa signature. »
Face au regard curieux de sa sœur, elle rajouta :
« Elle signe les documents officiels pour le peuple Northuldra. En tant que reine, tu sais ce que c’est.
-Oh je vois. »
« Les Skamjorder étaient d’anciens membres des Northuldra. Ils ont été bannis il y a des années, je n’étais encore qu’une enfant, et se sont installés plus loin dans les terres. Depuis leur bannissement, aucune des deux tribus n’a eu de contact. Je pensais même qu’ils n’existaient plus.
Je vous déconseille de vous rendre sur leur territoire, mais si vous choisissez tout de même de le faire, soyez prudentes. Les Skamjorder étaient convaincus que les esprits devaient les servir et leur obéir. Ils ont cherché pendant des années à les dominer. C’est ce qui a provoqué leur bannissement, ce ne sont pas les valeurs des Northuldra.
Faites attention. »
Anna se releva, déterminée.
« Nous avons notre prochaine étape. »
Elsa hocha la tête.
« Oui. »
Son regard se porta sur l’océan et Nokk se matérialisa, répondant à l’appel.
« Notre première fille a des pouvoirs extraordinaires, notre seconde fille a été déposée devant la fenêtre de notre chambre, sur notre balcon. Qui pourrait bien prendre le risque d’escalader la façade d’un château avec un nouveau née alors qu’il est si simple de déposer le couffin devant la porte. Il se passe des choses que nous pouvons plus nier, que nous ne devons plus nier. »
Elsa déglutit, elle se redressa subitement.
« notre seconde fille a été déposée devant la fenêtre de notre chambre, sur notre balcon. »
La lire une seconde fois n’avait pas fait changer magiquement le sens de la phrase. Alors elle y était à cette fameuse révélation. Son cœur battit à tout rompre, elle se sentit étrangement faible tout à coup. Une tempête de neige se leva autour d’elle, dense et menaçante. Une partie d’elle-même espérait qu’Honeymaren lui avait menti, sans raison valable, mais simplement parce que cette vérité-là serait plus facile à accepter que celle qu’elle était en train de lire. Mais pourquoi ?
« Agnarr maintient que nous ne devons rien dire à Anna, qu’elle ne doit pas savoir que nous l’avons adoptée. Nous nous sommes disputés à ce sujet, une fois de plus. Je ne pense pas qu’Anna soit arrivée dans nos vies par hasard et que d’une façon ou d’une autre, elle est liée à Elsa.
Je sais que la magie est un sujet sensible pour Agnarr, mon peuple a causé la mort de son père… Pourtant… Je maintiens que tout n’est pas mauvais chez les Northuldra. La façon dont nous vivions en harmonie avec la nature, avec les esprits. Il faut explorer cette piste, nous devons nous rendre à Ahtohallan. Et il y a aussi ce livre qui parle des esprits anciens, je dois poursuivre mes recherches, mais surtout, je dois convaincre Agnarr de prendre la mer. »
Le jour était levé depuis plusieurs heures maintenant, mais la tempête de neige qui sévissait autour d’Ahtohallan avait obscurci l’horizon aussi sûrement que la nuit. Elsa referma le carnet et ramena ses genoux tout contre elle. Le lien avec sa sœur était précieux, découvrir qu’il reposait sur un énième mensonge lui faisait l’effet d’un coup de massue. Le pire restait à venir : l’annoncer à Anna. Le courage lui faisait défaut rien qu’en envisageant l’idée. La rivière gelée lui apporterait peut être des réponses supplémentaires, mais personne n’affronterai cette épreuve à sa place. Elle essuya ses larmes du revers de la main. Le vent mugit entre les congères, comme une moquerie amère. Par moment il lui semblait même entendre son prénom au milieu des bourrasques. Mais… Non, elle entendait vraiment son prénom.
« Elsaaaaa !
-Anna ?
-Elsaaaaa ! »
La tempête cessa immédiatement et là, sous les flocons qui retombaient lentement sur le sol, sa sœur se tenait debout, la fixant avec anxiété.
« Oh bon sang Elsa ! Je me suis tellement inquiétée ! »
Moins de 10 secondes plus tard, elle était tout contre elle et la serrait dans ses bras.
« Anna…
-Je n’avais pas de nouvelles et tu n’as pas répondu à mon invitation !
-Et tu es venue… jusqu’ici ?
-Evidemment ! Tu n’écoutes pas ce que je te dis, j’étais morte d’inqui… Est-ce que tu as pleuré ?
-Comment ?
-Est-ce que tu as pleuré ?
-Non, je voulais dire, comment es-tu venue jusqu’ici ?
-Bruni et Courant d’air m’ont guidé, Nokk a bien voulu me faire traverser la Mer Sombre. »
Elsa haussa les sourcils de surprise.
« Les esprits t’ont aidée ?
-Oui. Ca m’a surprise aussi au début mais… Grand Pabbie dit qu’il se passe quelque chose de grave.
-Quoi ? Comment ça ?
-Il dit qu’un mensonge a été révélé et que les esprits sont déséquilibrés. S’ils restent comme ça, ils finiront par mourir.
-Mourir ! »
Elsa écarquilla les yeux d’effrois.
« Qu’est-ce que nous devons faire ?
-Pabbie dit qu’il faut combler un vide pour rétablir l’équilibre de la nature.
-Combler un vide ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je l’ignore, mais il faut qu’on trouve.
-Sinon, les esprits mourront. » Elsa serra les poings. « Non, je ne le permettrai pas. »
Anna serra de nouveau sa sœur contre elle.
« Moi non plus Elsa. D’autant que… Grand Pabbie dit que tu es concernée aussi.
-Comment ? Mais, je ne me sens pas… déséquilibrée, ni… en mauvaise santé.
-Ah vraiment ? Alors pourquoi cette tempête de neige en arrivant ? »
Elsa souffla, elle baissa la tête et s’éloigna de quelques pas, tournant le dos à sa sœur. Elle venait d’encaisser beaucoup d’informations mais une partie importante manquait à Anna. Le soleil brillait de nouveau sur le glacier, presque aveuglant. Le carnet était la seule tâche sombre sur le blanc immaculé de la neige. L’ancienne reine le ramassa. L’épreuve était là. Elle pouvait sans doute encore gagner quelques minutes.
« Comment as-tu su que quelque chose n’allait pas ?
-Je l’ai senti. »
Anna fronça les sourcils, elle vint prendre le bras de sa sœur ainée et lui caressa la joue pour la forcer à la regarder.
« Elsa, dis-moi ce qui se passe, s’il te plait. Tu ne donnes plus de nouvelle, je te retrouve ici, en pleine tempête, je vois bien que tu as pleuré et que quelque chose ne va pas. »
Est-ce qu’il fallait aussi mentionner que la forêt enchantée était en feu ? Peut-être pas maintenant.
« Un mensonge a été révélé, c’est ce que Pabbie t’a dit ?
-Oui, mais je n’ai aucune idée de ce que c’est. Et… J’ai croisé Maren qui m’a un peu résumé les choses. »
Le cœur d’Elsa manqua un battement. Elle posa un regard effrayé sur Anna.
« Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
-Juste qu’il y avait une sorte de révélation dans ces carnets et que c’est ce qui avait provoqué ta fuite. Mais elle n’a pas voulu me dire quoi. Je dois reconnaitre que c’est assez frustrant d’ailleurs. »
Il n’y avait ni banc, ni chaises, ni canapé, ni feu de cheminée sur un glacier. Rien pour rendre l’endroit sécurisant et confortable comme Anna le faisait chaque fois qu’elles abordaient des sujets difficiles. A défaut, Elsa matérialisa un jardin de glace avec des plantes, des oiseaux, quelques papillons. Il y avait même une fontaine et pour admirer le tout, un simple blanc. Elles s’y installèrent toutes les deux. Elsa prit une courte inspiration avant de se lancer.
« Les carnets de maman ressemblent un peu à des journaux intimes. Elle y parle de ses recherches, mais elle raconte aussi ses doutes, ses inquiétudes et parfois, elle partage même quelques souvenirs. »
Elsa prit les mains de celle qui n’était plus sa sœur.
«Anna… Maman raconte comment tu es arrivée dans nos vies.
-Tu veux dire : le jour de ma naissance ? »
Ses yeux brillaient d’émotion, mais c’est dans ceux d’Elsa que les larmes montèrent de nouveau.
« Non Anna. Elle explique que… quelqu’un, ou quelque chose, t’a déposée devant la fenêtre de leur chambre, dans un couffin.
-Qu… Quoi ? Mais qu’est-ce que tu dis ? Non…
-Je suis désolée Anna… Je… Tu es ma sœur, et je t’aime. »
Mais elle n’écoutait plus. Le choc de la nouvelle venait de la sonner. La phrase se répétait sans cesse.
« Je suis… adoptée ?
-Att…
-C’est ça ? »
Elsa voulut lui prendre la main, mais Anna s’éloigna. Difficile de dire si c’était le froid ou la colère qui la faisait trembler.
« C’est bien ça ? Réponds-moi Elsa ! Je veux une réponse !
-Tu es toujours ma sœur…
-Et là-dedans ! On y trouve des réponses ? J’ai besoin de réponse, tu entends ? J’ai besoin de réponse ! »
Anna partit en trombe à l’intérieur du glacier, laissant tout juste le temps à Elsa de lui courir après.
« Anna ! Attends s’il te plait ! C’est dangereux ! »
Mais la reine n’écoutait pas, elle dérapait sur la glace, ignorant les obstacles qui se dressaient devant elle. Le plus souvent, Elsa les faisait disparaitre à la volée, construisant un pont de glace ici, une rambarde par là pour l’empêcher de tomber dans le vide.
« Anna ! Moins vite ! »
Les parois de glace renvoyèrent en écho l’avertissement d’Elsa, faisant vibrer un plafond de stalactites qui céda dans un fracas assourdissant. Elle eut tout juste le temps de créer une voute pour éviter le drame. Elles débouchèrent ensemble dans un dôme immense, vide, froid et surtout, silencieux. Les souvenirs qu’Elsa avaient croisés jadis, les sons et les éclats de voix, il n’y avait plus rien. L’endroit était comme mort. Un frisson désagréable lui parcourut le dos.
« On devrait faire demi-tour.
-Je veux des réponses ! »
La voix d’Anna se brisa, elle tomba en sanglots dans les bras d’Elsa. Les deux femmes restèrent ainsi quelques minutes, en silence, l’une berçant l’autre jusqu’à ce que les larmes s’estompent, au moins un peu.
« Elsa…
-C’est ce que maman écrit dans son carnet.
-Et toi ? Tu ne te souviens pas ? Si maman était enceinte ou pas ? »
La blonde secoua la tête.
« Non… J’étais trop petite je crois. C’est pour cette raison que je suis revenue ici, pour connaitre la vérité.
-Alors pourquoi… Il n’y a rien ? »
Anna essuya ses larmes et renifla bruyamment.
« Je l’ignore mais, Anna, tu es toujours ma sœur, rien ne changera ça.
-Tu le penses vraiment ?
-Evidemment. »
C’était déjà une chose à laquelle elle pouvait se raccrocher. Toutes ses certitudes étaient remises en cause, mais pas celle d’avoir Elsa à ses côtés. L’impression terrible de ne plus savoir qui elle était vraiment venait de l’ébranler sérieusement. Et pour ne rien arranger, l’endroit où elles se trouvaient lui donnait la chair de poule. Ce n’était pas du tout ce qu’Elsa lui avait décrit. Un lieu plein de souvenirs, bons ou mauvais, mais remplit des histoires du passés. Anna renifla de nouveau, elle n’avait pas quitté l’étreinte de sa sœur et ne comptait pas le faire tout de suite. Elle avait besoin du réconfort qu’elle lui apportait.
« C’est ici que tu as failli mourir ?
-Un peu plus bas, mais nous n’irons pas jusque-là.
-Non. Tu penses qu’Ahtohallan est déséquilibrée aussi ?
-Je suppose que c’est possible. »
C’était la seule explication logique qui lui venait en tête pour le moment. Le silence du lieu était assourdissant, même leurs voix semblaient mourir étouffées. Anna plissa les yeux dans l’obscurité.
« Elsa ? Il y a quelque chose là-bas. »
Il fallait vraiment se concentrer pour le voir, mais effectivement, une toute petite lueur au milieu de l’océan de noirceur. Une flamme ténue mais persistante reposait sur le sol. Elles s’approchèrent avec prudence, main dans la main. Il s’agissait en réalité d’une fleur d’un jaune éclatant. Soudain, de grands yeux menaçants s’ouvrirent dans l’obscurité, ils étaient immenses, si bien que les deux femmes paraissaient petites à côté, et à la fleur, minuscule. Elles s’agrippèrent l’une à l’autre mais de la noirceur surgit une force redoutable qui les sépara, comme une main gigantesque faites de griffes et d’os.
« Anna !! »
La silhouette de sa sœur disparaissait déjà dans l’obscurité. Elsa lança une salve de glace et courut à l’aveugle en direction de sa cadette. La main la poussa d’une pichenette, elle répondit avec un pic gelé.
« Anna !
-Elsa ! »
Le son était une maigre indication mais dans cet océan sombre, c’était tout ce qu’elles avaient. Les yeux se faisaient tour à tour moqueurs et dangereux. Elsa se faisait repousser de tous les côtés, luttant contre un ennemi invisible et ses pouvoirs semblaient complètement inutiles. Plus elle tentait de rejoindre sa sœur, plus elle était repoussée à l’opposé. La main obscure se saisit d’elle, Elsa sentit l’air qui quittait ses poumons, expulsé avec force alors que la pression devenait insoutenable.
« An… Ah… »
Sa vue se troubla. Elle luttait de toutes ses forces, mais sa magie ne servait à rien contre cet adversaire. La glace n’avait aucune prise. L’air lui manqua.
« Elsa ! »
Anna sortit de l’obscurité, une épée à la main. Elle tranchait et avançait avec détermination.
« Laisse ma sœur tranquille ! »
La lame sectionna un doigt osseux, puis deux. Elsa aspira l’air avec avidité, essoufflée. Quelques coups d’épée bien placés finirent de la libérer, elle s’effondra sur le sol, épuisée. Anna passa un bras autour de sa taille et l’aida à se relever.
« Viens. »
Elsa n’allait pas discuter, sa sœur semblait savoir ce qu’elle faisait et où elle allait, même en étant complètement privée de repère. Et effectivement, elles débouchèrent dans le couloir de glace, courant tant bien que mal pour quitter les lieux. L’obscurité n’avait pas l’air de vouloir les suivre et c’était tant mieux. Une fois à l’air libre, Anna aida sa sœur à s’installer sur le banc. Elle la fixa avec inquiétude.
« Tu vas bien ?
-Oui… Merci. Tu viens de me sauver la vie, une fois de plus. »
Elles prirent un instant pour reprendre leur souffle et se calmer. Elsa scella l’entrée du tunnel avec un mur de glace.
« Au cas où.
-Oui… Qu’est-ce que c’était à ton avis ?
-Je n’en ai aucune idée. Et cette fleur, c’était un piège ?
-Je sais que ça va te paraitre étrange, mais je crois que ce qui nous a attaquées essayait au contraire de nous en éloigner. »
Elsa hocha la tête. La confiance qu’elle avait en Anna était totale. Elle-même avait déjà sorti des théories bien plus farfelues sans que sa sœur ne conteste quoique ce soit. A commencer par la nuit où elle avait réveillé les esprits parce qu’elle entendait une voix. Son regard se porta sur l’épée qui reposait maintenant contre le banc. L’arme était étrange, sa lame semblait faite de terre alors que la garde et la poignée étaient en pierre.
« Anna, où as-tu trouvé cette arme ?
-C’est pa... Papa. Il est apparu devant moi, une épée à la main, il avait l’air de chercher quelque chose ou de se battre, je ne sais pas. J’ai compris que ça devait être un souvenir alors, j’ai pris l’épée. Je n’avais pas le temps de me poser plus de questions. Tu penses que ça peut être ça ?
-Un souvenir ?
-Oui.
-C’est normalement ce que fait Ahtohallan. »
Et ce n’était pas forcément la chose la plus étrange de ces deux derniers jours, alors après tout, pourquoi pas. Le vent joua dans les cheveux d’Elsa, lui apportant une brise marine. Maintenant que le calme était revenu, elle s’inquiétait de nouveau pour sa sœur.
« Anna, est-ce que tu vas bien ? »
Sa cadette se perdit dans la contemplation de ses mains. Elle se releva pour faire quelques pas dans le jardin de glace.
« Pourquoi as-tu fait tout ça ?
-J’essayais de rendre l’endroit plus… chaleureux. »
Avec de la glace, au beau milieu d’un glacier, la chaleur n’avait qu’à bien se tenir. Anna sourit timidement.
« Merci. »
Elle s’abima dans la contemplation d’un oiseau gelé qui buvait l’eau de la fontaine.
« Je me sens… perdue, et triste. Et un peu en colère aussi. Non, très en colère. Ils m’ont menti Elsa. Ils m’ont menti sur tes pouvoirs, ils m’ont menti sur ma naissance, ils m’ont menti sur la raison pour laquelle ils partaient en bateau, en fait, ils mentaient tout le temps, tous les jours. Que croyaient-ils ? Que je n’étais pas assez forte pour encaisser la vérité ? Que je ne méritais pas de connaitre mes origines ? Que j’étais dangereuse pour toi ? »
Elle secoua la tête et s’éloigna en direction de l’océan. Elsa se leva pour la suivre. Les vagues étaient légères sur la rive glacée et le soleil chauffait leurs visages. Anna souffla doucement et se tourna vers sa sœur.
« Mais je sais que tu es là.
-Ensemble.
-Oui mais… Elsa, s’il te plait. Il faut vraiment que tu arrêtes de me laisser sur le côté. Je ne le supporte plus, encore moins maintenant.
-C’est compris.
-C’est ce que tu dis à chaque fois, tu promets et puis… A la première difficulté venue, tu trouves un moyen de m’éloigner, de fermer la porte et de me laisser de l’autre côté.
-Ah... »
Elsa rompit l’échange de regard et observa l’horizon. La vérité était difficile à entendre, même pour les révélations les plus simples.
« Je suis désolée Anna, je te promets d’essayer de m’améliorer. »
C’était mieux que de faire une nouvelle promesse qu’elle risquait une fois de plus de rompre sans même réfléchir. Sa sœur souffla doucement.
« Je suppose que c’est un début. Au moins, tu ne me mens plus. »
Elsa pinça ses lèvres. Elle n’avait pas l’habitude de voir sa cadette en colère et elle pouvait sentir toute la tristesse derrière chacun de ses mots, aussi mordants soient-ils. Il était temps de changer de sujet.
« Alors, où allons-nous maintenant ? Nous ne sommes pas plus avancées pour rétablir l’équilibre dont te parlait Pabbie. »
Anna fronça les sourcils sous l’effet de la réflexion.
« Il était question d’un vide à combler. »
A en juger par l’expression de son visage, une idée était en train de faire son chemin.
« Maren a parlé de quelque chose dans le 3ème carnet, quelque chose à propos de moi et d’une carte qui pourrait m’aider. Et si… le vide à combler était… les mensonges du passé ? Les combler par la vérité ?
-Sur toi ? »
Elsa n’était pas certaine de voir le rapport avec les esprits mais… Maintenant qu’elle y réfléchissait :
« Maman pensait que nous étions liées, d’une façon ou d’une autre. Elle faisait mention d’un livre sur les esprits anciens mais… Je n’ai pas la suite. J’ai laissé le dernier carnet à Maren. Ca doit être de ça dont elle te parlait. Nous devons retourner la voir pour le récupérer.
-Inutile, je l’ai déjà. »
Anna sortit de son sac le carnet en question. Sa couverture en cuir était craquelée, les coins abimés d’avoir été si souvent manipulés mais malgré les années, il était en bon état. Elles se réinstallèrent sur le banc du jardin de glace, le livre entre elles deux. Anna posa sa main pour l’ouvrir mais Elsa l’arrêta.
« Attends… Tu es certaine d’être prête à le lire ? Nous ne savons pas ce que nous allons découvrir.
-En moins de 24h j’ai appris que les esprits risquaient de mourir, que tu risquais de mourir et que j’étais adoptée. Qu’est ce qui pourrait être pire ? »
La blonde se mordit légèrement la lèvre. Evidemment, quand les choses étaient présentées sous cet angle, il était difficile de protester. Elle relâcha la main de sa sœur et se plongèrent dans la lecture. Comme Elsa l’avait dit Iduna partageait ses récits entre souvenirs et recherches. Elle et Agnarr semblaient souvent en désaccord au sujet de leurs filles et de ce qu’il convenait de faire, pour autant, même si elle n’était pas d’accord, Iduna se refusait à faire quelque chose contre l’avis de son époux. Leur mésentente pesait fortement sur leur couple et les disputes à ce sujet semblaient régulières. Si elle fit une ou deux fois référence à l’adoption d’Anna, elle parlait toujours de ses filles, ne faisant jamais aucune différence entre les deux. Et tout comme les disputes avec Agnarr, son inquiétude pour ses deux enfants grandissait au fur et à mesure que le temps passait.
« J’ai trouvé quelque chose d’intéressant dans ce livre sur les esprits anciens. Chacun d’eux est lié à un esprit de la nature. Il y aurait donc 4 esprits de la nature, l’eau, la terre, l’air et le feu, et 4 esprits anciens. Ils n’ont pas de nom dans le livre mais, un numéro : Le cinquième, le sixième et ainsi de suite jusqu’à 8. Mais il est également question de connexions entre eux… Il faut que je continue d’étudier ce passage, mais d’après ce que j’ai compris, leur rôle et de faire le lien entre le monde des hommes et le monde des esprits. Ils sont là pour veiller à l’équilibre entre les 2 et sont appelés à prendre leur rôle chaque fois qu’un danger menace ce fameux équilibre. Elsa pourrait être l’un d’eux ? Et puisqu’elle manipule la glace, je suppose qu’elle pourrait être liée à l’esprit de l’eau. C’est la première fois que je trouve une piste plausible. Il y a plusieurs cartes dans ce livre, mais j’ai des difficultés à traduire la langue. Je n’ai trouvé personne qui connaisse ce dialecte.
----------
C’est Ahtohallan ! L’une des cartes mène à Ahtohallan ! J’avais raison ! Agnarr a fini par m’écouter, nous prendrons la mer dans 3 semaines, le temps de nous préparer. Et de l’annoncer à nos filles… Je déteste l’idée de les laisser au château. Elles sont grandes maintenant et ce ne sera pas très long mais tout de même… J’espère que nous reviendrons avec les réponses que nous cherchons et alors… Tout ira mieux. Elles seront de nouveau réunies, et je ne verrai plus les grands yeux tristes d’Anna chaque fois qu’elle passe devant la porte close de la chambre de sa sœur. Elsa contrôlera certainement mieux ses pouvoirs, nous pourrons peut-être même rouvrir les portes du château. J’en suis certaine, ce voyage est porteur d’espoir. »Elsa déglutit. Sa mère avait raison, les réponses s’étaient effectivement trouvées au sein du glacier, mais c’était aussi ce voyage qui les avait conduits à la mort et les trois années suivantes avaient été les plus terrible pour les deux sœurs. Chacune séparée, sans leurs parents, la solitude n’avait jamais été aussi pesante. La cadette dû sentir les sombres pensées d’Elsa parce qu’elle lui caressa le dos pour la rassurer. Pour le moment en revanche, il n’y avait rien de plus sur Anna et ses origines. Mais il n’y avait pas de raison de douter des paroles de Maren, et pour cause, elles trouvèrent ce qu’elles cherchaient dans les récits suivants.
Sur une pleine page, leur mère avait reproduit un dessin qu’elle avait découvert dans le livre des grands anciens. On y voyait une forme sombre, un homme vraisemblablement, debout, mais avec des bois de rennes.
« C’est ce que j’ai vu la nuit où nous avons trouvé Anna ! Agnarr me disait que ça devait être le fruit de mon imagination, que dans la pénombre, ce que j’avais pris pour des bois de rennes devaient être des branches d’arbres. Mais je ne suis pas folle ! C’est ce que j’ai vu ! Peut-être une explication sur les origines d’Anna ? »
La carte dont Maren lui avait parlé était glissée entre les pages. Le carnet s’arrêtait là, sur cette dernière révélation. Anna passa ses doigts sur le dessin, le front barré d’un pli soucieux.
« Maman cherchait des réponses, non seulement pour toi, mais pour moi aussi. »
Elsa hocha doucement la tête, elle tendit la carte à Anna qui la déplia avec soin. On y voyait Arendelle, le territoire Northuldra au nord et un peu plus à l’est, une nouvelle zone était dessinée, en plein milieu des terres, sans accès à la mer. Le territoire était traversé par plusieurs rivières et la superficie semblait sensiblement équivalente aux terres des Northuldra. Un nom s’étalait sur toute la surface : Skamjorder. Une note dissimulée entre les replis de la carte s’échappa et tomba sur le sol. Elsa haussa les sourcils et la ramassa.
« On dirait des notes, mais je ne reconnais pas l’écriture de Maren.
-C’est celle de Yéléna. C’est sa signature. »
Face au regard curieux de sa sœur, elle rajouta :
« Elle signe les documents officiels pour le peuple Northuldra. En tant que reine, tu sais ce que c’est.
-Oh je vois. »
« Les Skamjorder étaient d’anciens membres des Northuldra. Ils ont été bannis il y a des années, je n’étais encore qu’une enfant, et se sont installés plus loin dans les terres. Depuis leur bannissement, aucune des deux tribus n’a eu de contact. Je pensais même qu’ils n’existaient plus.
Je vous déconseille de vous rendre sur leur territoire, mais si vous choisissez tout de même de le faire, soyez prudentes. Les Skamjorder étaient convaincus que les esprits devaient les servir et leur obéir. Ils ont cherché pendant des années à les dominer. C’est ce qui a provoqué leur bannissement, ce ne sont pas les valeurs des Northuldra.
Faites attention. »
Anna se releva, déterminée.
« Nous avons notre prochaine étape. »
Elsa hocha la tête.
« Oui. »
Son regard se porta sur l’océan et Nokk se matérialisa, répondant à l’appel.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:34
Bon, Elsa ne pouvait pas vraiment dire qu’elle était ravie de se rendre sur le territoire d’une tribu qui considérait les esprits comme des serviteurs. Elle craignait l’accueil qui lui serait réservé en tant que 5ème esprit. Quant à la reine d’Arendelle qui dormait maintenant dans ses bras, elle était bien loin de son royaume à présent. Nokk ne se plaignait pas de ses deux passagères, à croire que le cheval ne faisait aucune différence. Elsa avait préféré prendre les rênes, et avait demandé à Anna de s’asseoir devant elle. Elle se doutait que sa sœur finirait par s’endormir. Ces dernières 48h avaient été pénibles pour sa cadette et elle avait largement de quoi être épuisée. Elsa déposa un baiser sur la tempe d’Anna. Le léger ronflement qu’elle déclencha la fit rire. Le jour déclinait doucement, l’ancienne reine avait mis le cap sur la pointe de terre la plus proche du territoire des Skamjorder. Elle supposait qu’elles mettraient le pied sur la terre ferme au tout début de la nuit et pourraient camper sur la plage pour prendre la route à pieds dès le lendemain. Elle ne misait pas trop sur la découverte impromptue d’une auberge, ce serait sûrement l’occasion de prouver à sa sœur qu’elle n’avait absolument aucun besoin, ni aucune envie, de dormir à la belle étoile.
Ca, en tout cas, c’était le plan initial. Mais, tout le monde sait bien que les plans ne se déroulent jamais comme prévu. Et de la même manière que le calme précède la tempête, le calme apparent de la mer se mua en houle sauvage. Nokk ne se départit de sa fougue et sauta de vague en vague avec assurance. L’esprit de l’eau ne craignait pas vraiment la situation, ce qui était inattendue en revanche c’est que l’océan sembla tout à coup muni d’un esprit et d’une combativité tout à fait indépendante. Les vagues se dressèrent devant elles telles des murs d’eau infranchissables. Anna s’agrippa aux bras d’Elsa.
« Mais d’où vient cette tempête ? »
Et ça, c’était une très bonne question. Elsa vint en aide à l’esprit de l’eau avec ses propres pouvoirs mais les vagues surgissaient maintenant de partout, gauche, droite, devant, derrière, il n’y avait plus aucune logique, plus rien de normal dans cette déferlante. La panique s’empara du cheval qui se cambra violemment, projetant Elsa dans les eaux tumultueuses.
« Non ! Elsa ! Non ! »
Anna tendit sa main mais déjà le courant les éloignait l’une de l’autre.
« Nokk ! Il faut retourner la chercher ! »
Mais l’esprit de l’eau n’en faisait qu’à sa tête, il vira de bord, reprit ses sauts entre les vagues et galopa de toutes ses forces en direction de la terre ferme, complètement sourd aux suppliques de sa cavalière.
« Elsaa !! Noooon ! »
Elle pouvait voir les gerbes de glace et sa sœur au loin qui se battait depuis un radeau gelé. Loin de se calmer, la tempête redoubla de violence.
« Elsa… »
Anna détestait se sentir impuissante. Elle détestait être la sœur sans pouvoir, et plus que tout, elle détestait que son ainée se mette constamment en danger. Nokk la jeta sur la plage de gravier sans ménagement, l’envoya rouler sur la grève comme un sac de linges. Elle se redressa juste pour voir l’esprit de l’eau qui filait de nouveau, cette fois-ci en direction d’Elsa. Un peu de sang gouttait depuis une écorchure sur sa joue, ses vêtements trempés lui collait à la peau mais Anna avait les yeux rivés sur le combat de David contre Goliath qui se jouait sous son regard. Le cheval bondissait au travers des murs d’eau, il luttait de toutes ses forces contre les vagues qui l’empêchaient de rejoindre le large. Anna avait beau scruter l’océan tyrannique, sa sœur était invisible au milieu de la houle titanesque. Ce n’était pas une tempête, il n’y avait ni vent, ni éclair, pas même une petite pluie. Le soleil déclinait paisiblement à l’horizon d’un ciel sans nuage. C’était une nouvelle attaque. Quelqu’un glissa sur le gravier à ses côtés, elle ne tourna même pas la tête.
« Anna, qu’est ce qui se passe ? Est-ce que ça va ? »
C’était la voix de Maren.
« Elsa… Elsa est encore là-bas. »
La jeune femme suivit le regard d’Anna et se posa sur le champ de guerre océanique.
« Là-bas… Au milieu de la mer ? »
Pour toute réponse, elle reçut un léger hochement de tête. L’impuissance d’Honeymaren se rajouta à celle d’Anna. La jeune femme jeta un œil par-dessus son épaule, quelques membres de la tribu Northuldra s’étaient avancés et parmi eux, Yéléna. La Cheffe de clan lui adressa un signe de tête et se retourna pour donner des instructions. Elle descendit ensuite dans sa direction.
« Là ! C’est Nokk ! »
Le cri d’Anna l’avait faite sursauter. Honeymaren plissa les yeux pour essayer de distinguer quoique ce soit au milieu des vagues et de l’écume. Il lui fallut quelques secondes pour finir par remarquer le cheval d’eau qui ramenait Elsa tant bien que mal. Ou plutôt, qui trainait Elsa. Anna faisait les cents pas sur la plage, elle s’avançait régulièrement dans l’eau jusqu’aux genoux, ignorant le danger des vagues menaçantes. Le cheval finit par atteindre le rivage, il déposa le corps immobile du cinquième esprit.
« Elsa ! »
Avec l’aide de Maren, elle tira sa sœur hors de l’eau. Elle était épuisée, mais vivante. Elsa cracha de l’eau, elle prit une inspiration étranglée et sifflante. Quelqu’un, ou quelque chose, voulait vraiment qu’elle cesse de respirer aujourd’hui. Elle se laissa retomber sur le gravier, essoufflée. Le contact de la main d’Anna sur sa joue la rassura.
« C’est fini Elsa, c’est fini. Tout va bien. »
Yéléna se joignit aux trois jeunes femmes, debout face à elles, elle observa l’océan maintenant redevenu calme. Elle posa sa main sur l’épaule de Maren et s’adressa aux deux sœurs.
« Venez, il faut changer de vêtements pour vous réchauffer et vous avez besoin de manger. »
Ca, en tout cas, c’était le plan initial. Mais, tout le monde sait bien que les plans ne se déroulent jamais comme prévu. Et de la même manière que le calme précède la tempête, le calme apparent de la mer se mua en houle sauvage. Nokk ne se départit de sa fougue et sauta de vague en vague avec assurance. L’esprit de l’eau ne craignait pas vraiment la situation, ce qui était inattendue en revanche c’est que l’océan sembla tout à coup muni d’un esprit et d’une combativité tout à fait indépendante. Les vagues se dressèrent devant elles telles des murs d’eau infranchissables. Anna s’agrippa aux bras d’Elsa.
« Mais d’où vient cette tempête ? »
Et ça, c’était une très bonne question. Elsa vint en aide à l’esprit de l’eau avec ses propres pouvoirs mais les vagues surgissaient maintenant de partout, gauche, droite, devant, derrière, il n’y avait plus aucune logique, plus rien de normal dans cette déferlante. La panique s’empara du cheval qui se cambra violemment, projetant Elsa dans les eaux tumultueuses.
« Non ! Elsa ! Non ! »
Anna tendit sa main mais déjà le courant les éloignait l’une de l’autre.
« Nokk ! Il faut retourner la chercher ! »
Mais l’esprit de l’eau n’en faisait qu’à sa tête, il vira de bord, reprit ses sauts entre les vagues et galopa de toutes ses forces en direction de la terre ferme, complètement sourd aux suppliques de sa cavalière.
« Elsaa !! Noooon ! »
Elle pouvait voir les gerbes de glace et sa sœur au loin qui se battait depuis un radeau gelé. Loin de se calmer, la tempête redoubla de violence.
« Elsa… »
Anna détestait se sentir impuissante. Elle détestait être la sœur sans pouvoir, et plus que tout, elle détestait que son ainée se mette constamment en danger. Nokk la jeta sur la plage de gravier sans ménagement, l’envoya rouler sur la grève comme un sac de linges. Elle se redressa juste pour voir l’esprit de l’eau qui filait de nouveau, cette fois-ci en direction d’Elsa. Un peu de sang gouttait depuis une écorchure sur sa joue, ses vêtements trempés lui collait à la peau mais Anna avait les yeux rivés sur le combat de David contre Goliath qui se jouait sous son regard. Le cheval bondissait au travers des murs d’eau, il luttait de toutes ses forces contre les vagues qui l’empêchaient de rejoindre le large. Anna avait beau scruter l’océan tyrannique, sa sœur était invisible au milieu de la houle titanesque. Ce n’était pas une tempête, il n’y avait ni vent, ni éclair, pas même une petite pluie. Le soleil déclinait paisiblement à l’horizon d’un ciel sans nuage. C’était une nouvelle attaque. Quelqu’un glissa sur le gravier à ses côtés, elle ne tourna même pas la tête.
« Anna, qu’est ce qui se passe ? Est-ce que ça va ? »
C’était la voix de Maren.
« Elsa… Elsa est encore là-bas. »
La jeune femme suivit le regard d’Anna et se posa sur le champ de guerre océanique.
« Là-bas… Au milieu de la mer ? »
Pour toute réponse, elle reçut un léger hochement de tête. L’impuissance d’Honeymaren se rajouta à celle d’Anna. La jeune femme jeta un œil par-dessus son épaule, quelques membres de la tribu Northuldra s’étaient avancés et parmi eux, Yéléna. La Cheffe de clan lui adressa un signe de tête et se retourna pour donner des instructions. Elle descendit ensuite dans sa direction.
« Là ! C’est Nokk ! »
Le cri d’Anna l’avait faite sursauter. Honeymaren plissa les yeux pour essayer de distinguer quoique ce soit au milieu des vagues et de l’écume. Il lui fallut quelques secondes pour finir par remarquer le cheval d’eau qui ramenait Elsa tant bien que mal. Ou plutôt, qui trainait Elsa. Anna faisait les cents pas sur la plage, elle s’avançait régulièrement dans l’eau jusqu’aux genoux, ignorant le danger des vagues menaçantes. Le cheval finit par atteindre le rivage, il déposa le corps immobile du cinquième esprit.
« Elsa ! »
Avec l’aide de Maren, elle tira sa sœur hors de l’eau. Elle était épuisée, mais vivante. Elsa cracha de l’eau, elle prit une inspiration étranglée et sifflante. Quelqu’un, ou quelque chose, voulait vraiment qu’elle cesse de respirer aujourd’hui. Elle se laissa retomber sur le gravier, essoufflée. Le contact de la main d’Anna sur sa joue la rassura.
« C’est fini Elsa, c’est fini. Tout va bien. »
Yéléna se joignit aux trois jeunes femmes, debout face à elles, elle observa l’océan maintenant redevenu calme. Elle posa sa main sur l’épaule de Maren et s’adressa aux deux sœurs.
« Venez, il faut changer de vêtements pour vous réchauffer et vous avez besoin de manger. »
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:35
Les Northuldra avaient installé un camp de fortune non loin de la grève. L’incendie qui continuait de ravager la forêt les avait poussés plus loin. La plupart des habitants étaient épuisés après une journée entière à lutter contre les flammes, certains construisaient les dernières huttes qui serviraient d’abris pour la nuit. Une partie du camp était dédié au soin des blessés, heureusement sans gravité. L’atmosphère était inhabituellement silencieuse, morose. Même l’odeur de nourriture et de bouillon qui émanait du feu centrale n’avait pas l’air de pouvoir alléger l’ambiance.
« Que s’est-il passé ici ? »
Même diminuée, Elsa s’inquiétait toujours pour les autres. Lorsqu’elle avait quitté la forêt, il n’y avait pas d’incendie. Elle était donc très surprise de ce qu’elle découvrait. Honeymaren ouvrit la porte d’une hutte et les invita à rentrer.
« Le feu. Il s’est déclaré ce matin.
-Où est Bruni ? Je peux aider. »
Maren secoua la tête.
« Non, Bruni n’y est pour rien.
-Quoi ? Dans ce cas, je peux y aller. »
Anna la poussa à s’asseoir sur la couche.
« Non Elsa. Pas cette fois-ci, je ne te laisserai pas faire. Tu ne seras d’aucune aide à personne si tu n’es même pas capable de tenir debout. Tu es épuisée, je le suis aussi. Il sera toujours temps d’aider demain. »
Maren acquiesça d’un signe de tête.
« Mon peuple est en sécurité et l’incendie est loin maintenant. Anna a raison, vous avez besoin de repos, toutes les deux. »
L’espace à l’intérieur n’était pas très grand, mais il était confortable. Il y avait une couche avec des fourrures, un bac d’eau propre qui dégageait une légère odeur de menthe et quelques caisses de rangement qui n’avaient pas encore été déballés. Honeymaren s’approcha de l’une d’elle et fouilla à l’intérieur. Elle en sortit des vêtements en peau qu’elle tendit aux deux sœurs.
« Tenez. Il faut mettre des vêtements chauds. Les nuits sont fraiches et après ce que vous venez de traverser, vous aurez sans doute froid. »
Elsa avait bien deux ou trois remarques à faire sur le fait qu’elle ne craignait pas le froid, mais le fait était qu’elle grelottait, ce qui était définitivement inhabituel, tout comme les cernes sombres qu’elle avait sous les yeux. Elle récupéra les vêtements et remercia son amie d’un sourire. Maren déposa un petit pot d’onguent dans les mains d’Anna. Il sentait fort les herbes macérées.
« Pour la coupure, sur la joue.
- Oh ! Merci ! »
Honeymaren hocha doucement la tête.
« Quand vous serez prêtes, rejoignez-moi à l’extérieur, il y a de quoi manger. »
Le ventre d’Anna choisit de se manifester avec un gargouillement très bruyant.
« Oh… Peut-être que j’ai faim. »
Elle eut une moue gênée qui fit rire sa sœur.
« Merci Maren, nous te rejoignons dans quelques minutes. »
Il n’y avait pas besoin de connaitre Elsa depuis très longtemps pour se rendre compte que si elle s’était laissée si facilement convaincre de se reposer, c’est qu’elle devait être terriblement épuisée. Anna vint s’asseoir à ses côtés et passa un bras autour de ses épaules.
« Comment te sens-tu ?
-J’ai la gorge irritée avec l’eau de mer mais à part ça, je crois que ça va. Et toi ?
-J’ai senti l’odeur du bouillon en arrivant, ça devrait te faire du bien. » Anna marqua une pause pour réfléchir à la question. « J’ai connu mieux. Mais j’ai vraiment besoin de dormir, tout ce qui s’est passé depuis 2 jours a été épuisant. J’ai l’impression que je n’arrive plus à réfléchir. »
Elsa hocha la tête, elle partageait le sentiment. Son regard se posa sur les vêtements qu’elle tenait toujours. Elle s’en délesta d’une partie pour les donner à sa sœur. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois où elle avait mis de vrais vêtements. Depuis sa fuite au Pic gelée, tout ce qu’elle portait n’était fait que de magie, mais là, elle ne s’en sentait pas la force. Anna frotta doucement son dos.
« Tu trembles.
-Je vais bien, ne t’inquiète pas.
-Alors changeons-nous ! Plus vite nous aurons mangé, plus vite nous pourrons dormir. »
Elsa rit doucement, Anna n’avait pas perdu de vue le repas.
« Que s’est-il passé ici ? »
Même diminuée, Elsa s’inquiétait toujours pour les autres. Lorsqu’elle avait quitté la forêt, il n’y avait pas d’incendie. Elle était donc très surprise de ce qu’elle découvrait. Honeymaren ouvrit la porte d’une hutte et les invita à rentrer.
« Le feu. Il s’est déclaré ce matin.
-Où est Bruni ? Je peux aider. »
Maren secoua la tête.
« Non, Bruni n’y est pour rien.
-Quoi ? Dans ce cas, je peux y aller. »
Anna la poussa à s’asseoir sur la couche.
« Non Elsa. Pas cette fois-ci, je ne te laisserai pas faire. Tu ne seras d’aucune aide à personne si tu n’es même pas capable de tenir debout. Tu es épuisée, je le suis aussi. Il sera toujours temps d’aider demain. »
Maren acquiesça d’un signe de tête.
« Mon peuple est en sécurité et l’incendie est loin maintenant. Anna a raison, vous avez besoin de repos, toutes les deux. »
L’espace à l’intérieur n’était pas très grand, mais il était confortable. Il y avait une couche avec des fourrures, un bac d’eau propre qui dégageait une légère odeur de menthe et quelques caisses de rangement qui n’avaient pas encore été déballés. Honeymaren s’approcha de l’une d’elle et fouilla à l’intérieur. Elle en sortit des vêtements en peau qu’elle tendit aux deux sœurs.
« Tenez. Il faut mettre des vêtements chauds. Les nuits sont fraiches et après ce que vous venez de traverser, vous aurez sans doute froid. »
Elsa avait bien deux ou trois remarques à faire sur le fait qu’elle ne craignait pas le froid, mais le fait était qu’elle grelottait, ce qui était définitivement inhabituel, tout comme les cernes sombres qu’elle avait sous les yeux. Elle récupéra les vêtements et remercia son amie d’un sourire. Maren déposa un petit pot d’onguent dans les mains d’Anna. Il sentait fort les herbes macérées.
« Pour la coupure, sur la joue.
- Oh ! Merci ! »
Honeymaren hocha doucement la tête.
« Quand vous serez prêtes, rejoignez-moi à l’extérieur, il y a de quoi manger. »
Le ventre d’Anna choisit de se manifester avec un gargouillement très bruyant.
« Oh… Peut-être que j’ai faim. »
Elle eut une moue gênée qui fit rire sa sœur.
« Merci Maren, nous te rejoignons dans quelques minutes. »
Il n’y avait pas besoin de connaitre Elsa depuis très longtemps pour se rendre compte que si elle s’était laissée si facilement convaincre de se reposer, c’est qu’elle devait être terriblement épuisée. Anna vint s’asseoir à ses côtés et passa un bras autour de ses épaules.
« Comment te sens-tu ?
-J’ai la gorge irritée avec l’eau de mer mais à part ça, je crois que ça va. Et toi ?
-J’ai senti l’odeur du bouillon en arrivant, ça devrait te faire du bien. » Anna marqua une pause pour réfléchir à la question. « J’ai connu mieux. Mais j’ai vraiment besoin de dormir, tout ce qui s’est passé depuis 2 jours a été épuisant. J’ai l’impression que je n’arrive plus à réfléchir. »
Elsa hocha la tête, elle partageait le sentiment. Son regard se posa sur les vêtements qu’elle tenait toujours. Elle s’en délesta d’une partie pour les donner à sa sœur. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois où elle avait mis de vrais vêtements. Depuis sa fuite au Pic gelée, tout ce qu’elle portait n’était fait que de magie, mais là, elle ne s’en sentait pas la force. Anna frotta doucement son dos.
« Tu trembles.
-Je vais bien, ne t’inquiète pas.
-Alors changeons-nous ! Plus vite nous aurons mangé, plus vite nous pourrons dormir. »
Elsa rit doucement, Anna n’avait pas perdu de vue le repas.
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:36
La nuit était maintenant tombée, bon nombre de Norhtuldras avaient fini de manger et discutaient maintenant par petits groupes épars. Certains, épuisés par la situation, étaient déjà parti dormir. Anna et Elsa sortirent de la hutte dans l’humidité de fin de journée. L’odeur âcre de la fumée était toujours un peu présente, mais elle était chassée par l’air marin en provenance de la mer. Un petit feu de camp se trouvait près de la hutte, Honeymaren était installée devant, en conversation animée avec Yéléna. Impossible d’entendre ce qu’elles se disaient, mais à l’évidence, elles n’étaient pas d’accord. Elsa brossa ses vêtements d’un geste de la main. Elle ne se sentait pas très à l’aise et pourtant la tenue lui allait parfaitement. Une simple tunique et un pantalon de tissu beige, le tout était ajusté à la taille avec une large ceinture. Ce n’était ni plus ni moins que la tenue classique des Northuldra. Anna posa sa main sur l’épaule de sa sœur.
« Ce n’est que pour cette nuit. Je parie que demain, tu seras assez en forme pour modifier tout ça.
-Oui, tu as raison. Ca te va bien.
-Je n’ai pas l’habitude des pantalons mais je trouve ça… tellement confortable ! Nous devrions en porter plus souvent ! »
Elsa rit doucement, elle prit la main de sa sœur et elles rejoignirent ensembles les deux femmes qui attendaient près du feu. Elles arrivèrent juste à temps pour entendre les derniers mots prononcés par Yéléna.
« Nous ne devons pas leur dire, pas maintenant… »
Elle se tût dès qu’elle les remarqua et leur sourit poliment. Elsa s’installa dans le calme, la conversation précédente ne la regardait pas, mais c’était sans compter sur la spontanéité d’Anna.
« Pas dire quoi ? »
Il y eut un échange de regards gênés et un silence pesant que Yéléna brisa la première.
« Des affaires de la tribu que nous devons régler mais qui attendrons que tout soit rentré dans l’ordre. L’incendie a quelque peu bouleversé les choses.
-Oh. D’accord. »
La réponse sembla satisfaire Anna, mais pas son estomac qui gargouilla de nouveau.
« Oh ! Désolée ! Désolée !
-Il ne faut pas. »
Maren rit franchement et lui tendit une assiette avec de la viande rôtie et des légumes. Elsa se servit elle-même du bouillon. Elle sourit lorsqu’un faon vint s’installer tout contre elle, son museau sur ses genoux repliés.
« Bonjour toi. »
Elle lui gratouilla la tête affectueusement. Anna mangeait avec appétit et elle dû faire un effort visible pour terminer de mâcher avant de prendre la parole.
« Vous savez où est Kristoff ?
-Il est ici ?
-Oui, nous sommes venus ensembles depuis Arendelle mais nos chemins se sont séparés en arrivant. Il est parti combattre l’incendie et moi je continuais de te chercher. »
Maren hocha la tête.
« Lui et Ryder sont repartis en direction d’Arendelle. Kristoff nous a dit qu’il ramenait Olaf parce que ce n’était pas un endroit sûr pour un bonhomme de neige, même en permafrost. »
Elsa approuva d’un signe de tête tandis que son amie poursuivait.
« Ils ont prévu de revenir avec un peu de matériel pour nous aider à reconstruire ce que nous avons perdu.
-Beaucoup de choses ont été détruites ?
-Nous sommes tous en vie et en bonne santé. C’est ce qui compte. »
Honeymaren resta silencieuse quelques instants, elle cherchait ses mots.
« Elsa, je suis désolée si je t’ai blessée lorsque j’ai parlé des carnets.
-Non Maren, c’est moi qui suis désolée, je n’aurai pas dû réagir comme ça. Toi au contraire, tu nous as beaucoup aidées, Anna et moi.
-C’est vrai. »
Mais après l’énorme bouchée de légumes qu’Anna venait de glisser dans sa bouche, elle n’allait pas reprendre la conversation de si tôt. Elsa reposa son bol vide sur le sol, elle sourit à Yéléna.
« Accepteriez-vous de marcher quelques instants avec moi ?
-Bien sûr. »
Les deux femmes se levèrent à l’unissons, de son côté, Anna était ravie de se voir resservir des légumes. Elles s’éloignèrent en direction de la mer. Les étoiles scintillaient dans le ciel, éclairant l’océan d’une myriade de reflets. Le léger clapotis des vagues était bien loin de la fureur de la houle il y avait moins d’une heure. Elsa se frotta légèrement les bras pour se réchauffer, le froid qu’elle ressentait n’avait pourtant rien à voir avec l’air frais, il venait de l’intérieur. Elle avança sur la grève et huma l’air marin.
« L’incendie a causé beaucoup de dégâts, n’est-ce pas ? »
Elle attaqua sans préambule, droit au but. Yéléna s’appuya sur son bâton.
« Vous êtes moins naïve que votre sœur.
-Ma sœur n’est pas naïve, elle est juste plus jeune.
-Exact. »
La cheffe de clan soupira.
« L’incendie a presque entièrement ravagé la forêt. Nous avons encore assez de nourriture pour tenir quelques jours mais après ça… J’ignore où nous allons pouvoir trouver des légumes, des herbes et du gibier. Mais nous pouvons au moins pêcher. »
A l’idée de la forêt détruite, Elsa eut un frisson d’effrois.
« C’est ce que Kristoff est allé chercher ? De la nourriture ?
-Oui et je dois avouer que je ne suis pas ravie de dépendre de la bonté d’Arendelle.
-C’est que vous ne connaissez pas suffisamment ces habitants.
-Effectivement. »
Yéléna soupira légèrement. Elle se laissa bercer un instant par le bruit des vagues, laissant à Elsa le soin de reprendre la conversation.
« C’est ce que vous ne vouliez pas nous dire ?
-Oui. Je pensais que vous aviez besoin de repos avant tout. Vous apprendre tout ça maintenant n’aurait réussi qu’à vous priver d’une nuit de sommeil. Et vous et votre sœur auriez été capables de partir déplacer des montagnes dans la seconde.
-C’est comme ça que vous nous voyez ?
-C’est comme ça que vous êtes. A l’instant même où vous avez compris que votre mère était Northuldra, vous nous avez fait la promesse de libérer la forêt. Mais vous avez aussi promis de restaurer Arendelle. Quant à votre sœur, alors qu’elle pleurait votre mort, à tort heureusement, elle a réussi à provoquer les Géants de pierre et à détruire le barrage, nous libérant tous de la malédiction. Lorsque vous êtes déterminées, rien ni personne ne peut vous arrêter. Un mensonge par omission me semblait raisonnable pour vous permettre de dormir et de manger. Et de toute façon, vous auriez tout découvert à la lumière du jour. »
Elsa hocha légèrement la tête, elle avait toujours froid.
« Demain nous prendrons la route pour le territoire des Skamjorder. J’ai lu votre mise en garde mais… Avez-vous d’autres conseils à me donner ?
-J’ai bien peur que non, j’étais trop jeune lorsque nous les avons bannis pour avoir des souvenirs plus précis. Vous pensez vraiment que les réponses que vous cherchez se trouvent là-bas ?
-Ma mère semblait le croire oui. Et ma soeur le pense aussi. »
Ce qui, à ses yeux, était deux arguments absolument imparables.
« Très bien. Nous vous fournirons des chevaux.
-Quoi ? Non, Yéléna, je ne peux pas accepter, pas après ce que vous venez de me dire.
-Mon enfant, je n’ai pas besoin d’être un troll plein d’herbes et de champignons pour voir qu’il se passe des choses anormales. Si votre quête peut nous sauver, alors vous aurez besoin de chevaux. »
La description de Pabbie arracha un sourire à Elsa.
« Très bien. Je vais parler à Anna.
-Vous êtes sûre ?
-Oh oui ! Les mensonges, même avec bienveillance, ont causé beaucoup de torts à notre famille. C’est une tradition que nous devons arrêter. »
Yéléna le prit aussi pour elle-même, probablement à juste titre. Elle hocha la tête.
« C’est entendu. »
D’une façon ou d’une autre, Elsa réussit à convaincre sa sœur de rester tranquille. Elles passèrent la nuit, endormie l’une contre l’autre, dans la hutte qu’elles partagèrent avec Honeymaren.
« Ce n’est que pour cette nuit. Je parie que demain, tu seras assez en forme pour modifier tout ça.
-Oui, tu as raison. Ca te va bien.
-Je n’ai pas l’habitude des pantalons mais je trouve ça… tellement confortable ! Nous devrions en porter plus souvent ! »
Elsa rit doucement, elle prit la main de sa sœur et elles rejoignirent ensembles les deux femmes qui attendaient près du feu. Elles arrivèrent juste à temps pour entendre les derniers mots prononcés par Yéléna.
« Nous ne devons pas leur dire, pas maintenant… »
Elle se tût dès qu’elle les remarqua et leur sourit poliment. Elsa s’installa dans le calme, la conversation précédente ne la regardait pas, mais c’était sans compter sur la spontanéité d’Anna.
« Pas dire quoi ? »
Il y eut un échange de regards gênés et un silence pesant que Yéléna brisa la première.
« Des affaires de la tribu que nous devons régler mais qui attendrons que tout soit rentré dans l’ordre. L’incendie a quelque peu bouleversé les choses.
-Oh. D’accord. »
La réponse sembla satisfaire Anna, mais pas son estomac qui gargouilla de nouveau.
« Oh ! Désolée ! Désolée !
-Il ne faut pas. »
Maren rit franchement et lui tendit une assiette avec de la viande rôtie et des légumes. Elsa se servit elle-même du bouillon. Elle sourit lorsqu’un faon vint s’installer tout contre elle, son museau sur ses genoux repliés.
« Bonjour toi. »
Elle lui gratouilla la tête affectueusement. Anna mangeait avec appétit et elle dû faire un effort visible pour terminer de mâcher avant de prendre la parole.
« Vous savez où est Kristoff ?
-Il est ici ?
-Oui, nous sommes venus ensembles depuis Arendelle mais nos chemins se sont séparés en arrivant. Il est parti combattre l’incendie et moi je continuais de te chercher. »
Maren hocha la tête.
« Lui et Ryder sont repartis en direction d’Arendelle. Kristoff nous a dit qu’il ramenait Olaf parce que ce n’était pas un endroit sûr pour un bonhomme de neige, même en permafrost. »
Elsa approuva d’un signe de tête tandis que son amie poursuivait.
« Ils ont prévu de revenir avec un peu de matériel pour nous aider à reconstruire ce que nous avons perdu.
-Beaucoup de choses ont été détruites ?
-Nous sommes tous en vie et en bonne santé. C’est ce qui compte. »
Honeymaren resta silencieuse quelques instants, elle cherchait ses mots.
« Elsa, je suis désolée si je t’ai blessée lorsque j’ai parlé des carnets.
-Non Maren, c’est moi qui suis désolée, je n’aurai pas dû réagir comme ça. Toi au contraire, tu nous as beaucoup aidées, Anna et moi.
-C’est vrai. »
Mais après l’énorme bouchée de légumes qu’Anna venait de glisser dans sa bouche, elle n’allait pas reprendre la conversation de si tôt. Elsa reposa son bol vide sur le sol, elle sourit à Yéléna.
« Accepteriez-vous de marcher quelques instants avec moi ?
-Bien sûr. »
Les deux femmes se levèrent à l’unissons, de son côté, Anna était ravie de se voir resservir des légumes. Elles s’éloignèrent en direction de la mer. Les étoiles scintillaient dans le ciel, éclairant l’océan d’une myriade de reflets. Le léger clapotis des vagues était bien loin de la fureur de la houle il y avait moins d’une heure. Elsa se frotta légèrement les bras pour se réchauffer, le froid qu’elle ressentait n’avait pourtant rien à voir avec l’air frais, il venait de l’intérieur. Elle avança sur la grève et huma l’air marin.
« L’incendie a causé beaucoup de dégâts, n’est-ce pas ? »
Elle attaqua sans préambule, droit au but. Yéléna s’appuya sur son bâton.
« Vous êtes moins naïve que votre sœur.
-Ma sœur n’est pas naïve, elle est juste plus jeune.
-Exact. »
La cheffe de clan soupira.
« L’incendie a presque entièrement ravagé la forêt. Nous avons encore assez de nourriture pour tenir quelques jours mais après ça… J’ignore où nous allons pouvoir trouver des légumes, des herbes et du gibier. Mais nous pouvons au moins pêcher. »
A l’idée de la forêt détruite, Elsa eut un frisson d’effrois.
« C’est ce que Kristoff est allé chercher ? De la nourriture ?
-Oui et je dois avouer que je ne suis pas ravie de dépendre de la bonté d’Arendelle.
-C’est que vous ne connaissez pas suffisamment ces habitants.
-Effectivement. »
Yéléna soupira légèrement. Elle se laissa bercer un instant par le bruit des vagues, laissant à Elsa le soin de reprendre la conversation.
« C’est ce que vous ne vouliez pas nous dire ?
-Oui. Je pensais que vous aviez besoin de repos avant tout. Vous apprendre tout ça maintenant n’aurait réussi qu’à vous priver d’une nuit de sommeil. Et vous et votre sœur auriez été capables de partir déplacer des montagnes dans la seconde.
-C’est comme ça que vous nous voyez ?
-C’est comme ça que vous êtes. A l’instant même où vous avez compris que votre mère était Northuldra, vous nous avez fait la promesse de libérer la forêt. Mais vous avez aussi promis de restaurer Arendelle. Quant à votre sœur, alors qu’elle pleurait votre mort, à tort heureusement, elle a réussi à provoquer les Géants de pierre et à détruire le barrage, nous libérant tous de la malédiction. Lorsque vous êtes déterminées, rien ni personne ne peut vous arrêter. Un mensonge par omission me semblait raisonnable pour vous permettre de dormir et de manger. Et de toute façon, vous auriez tout découvert à la lumière du jour. »
Elsa hocha légèrement la tête, elle avait toujours froid.
« Demain nous prendrons la route pour le territoire des Skamjorder. J’ai lu votre mise en garde mais… Avez-vous d’autres conseils à me donner ?
-J’ai bien peur que non, j’étais trop jeune lorsque nous les avons bannis pour avoir des souvenirs plus précis. Vous pensez vraiment que les réponses que vous cherchez se trouvent là-bas ?
-Ma mère semblait le croire oui. Et ma soeur le pense aussi. »
Ce qui, à ses yeux, était deux arguments absolument imparables.
« Très bien. Nous vous fournirons des chevaux.
-Quoi ? Non, Yéléna, je ne peux pas accepter, pas après ce que vous venez de me dire.
-Mon enfant, je n’ai pas besoin d’être un troll plein d’herbes et de champignons pour voir qu’il se passe des choses anormales. Si votre quête peut nous sauver, alors vous aurez besoin de chevaux. »
La description de Pabbie arracha un sourire à Elsa.
« Très bien. Je vais parler à Anna.
-Vous êtes sûre ?
-Oh oui ! Les mensonges, même avec bienveillance, ont causé beaucoup de torts à notre famille. C’est une tradition que nous devons arrêter. »
Yéléna le prit aussi pour elle-même, probablement à juste titre. Elle hocha la tête.
« C’est entendu. »
D’une façon ou d’une autre, Elsa réussit à convaincre sa sœur de rester tranquille. Elles passèrent la nuit, endormie l’une contre l’autre, dans la hutte qu’elles partagèrent avec Honeymaren.
- Aideen
- Messages : 22
Date d'inscription : 24/04/2020
Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:36
Les deux filles avaient dormi d’un sommeil lourd et sans rêve. Sans surprise, Elsa s’était réveillée la première. Elle s’extirpa de la couche aussi discrètement que possible, laissant Anna à ses ronflements paisibles. Le soleil pointait tranquillement son nez sur l’horizon, certains habitants étaient déjà dehors, mais la plupart dormaient toujours. Peut-être était-ce dû à la rosée du matin, mais l’odeur de feu et de fumée était très distincte, bien plus qu’hier soir. Elle se rendit au centre du campement et aida à la préparation des tisanes et de différents breuvages chauds dans un silence confortable : il ne fallait pas déranger le sommeil de ceux qui se reposaient encore. Elsa tira légèrement sur le col de sa tunique, elle récupéra une tasse fumante et se prépara à l’épreuve qui l’attendait : faire face aux dégâts que l’incendie avait causés.
Les huttes avaient été installées en contrebas d’une colline, juste au-dessus de l’aplomb qui menait à la mer. Il y avait bien quelques bruits d’insectes ce matin, et quelques mouettes qui se disputaient mais le chant des oiseaux manquait cruellement. En réalité, la forêt n’avait jamais été aussi silencieuse. Elsa prit une gorgée de sa boisson : thym, eucalyptus et une pointe de miel. Elle sentit la chaleur se répandre sur sa gorge toujours irritée. Elle gravit la colline avec appréhension mais même en étant préparée, le spectacle de désolation était choquant. Sa tasse lui échappa des mains et glissa sur le sol avec un bruit mat.
« Non… »
Les troncs calcinés s’étendaient à perte de vue, des couleurs de l’automne hier il ne restait aujourd’hui que des arbres noircis et un sol calciné. Le mot que Yéléna avait choisi lui revint en mémoire : « ravagé ». Elsa réalisait maintenant à quel point il était juste, le feu n’avait rien épargné. Elle ramassa la tasse à ses pieds. Si Anna ne lui avait pas rapporté l’avertissement de Grand Pabbie, elle aurait renoncé à partir immédiatement pour aider à la reconstruction. Mais aider comment ? Le feu avait rendu le sol stérile, il faudrait des années pour que la forêt se remette d’un pareil désastre. Elle réprima un frisson.
« Elsaaaaaa ! »
C’était la voix d’Anna ! Elsa dévala la colline à toute vitesse, l’appel venait de la plage. Elle sauta par-dessus un rocher et descendit aussi vite que possible. Sa sœur était là, un peu plus loin, à genoux dans le gravier, au bord de l’eau.
« Anna ! Qu’est ce qui se passe ? »
La question mourut sur ses lèvres lorsqu’elle découvrit Nokk, allongé sur le côté, le corps à moitié sur la terre ferme et à moitié dans l’eau.
« Non… »
Les larmes lui piquèrent les yeux, elle posa sa main sur le museau du cheval pour lui faire savoir qu’elle était là. Son regard était faiblissant, mais il était toujours là.
« Je ne sais pas ce que je peux faire… Je ne sais pas…
-Elsa… »
Anna glissa Bruni dans ses mains. La salamandre était tout aussi mal en point, immobile, il n’y avait que le mouvement de sa respiration pour tromper la mort.
« Je… Anna… Je ne sais pas. »
Le sentiment d’impuissance l’étreignit avec force. Et elle le connaissait bien, Elsa y avait souvent fait face lorsqu’elle ne maitrisait pas du tout ses pouvoirs. Impuissante lorsqu’elle avait blessée Anna, impuissante lorsqu’elle gelait sa chambre, impuissante lorsque tout avait explosé en plein banquet le jour de son couronnement. Et maintenant, qu’elle était le cinquième esprit, elle assistait impuissante à la disparition de deux d’entre eux. Elsa fronça les sourcils.
« Nous devons partir, maintenant. »
L’appel d’Anna avait ameuté du monde, Yéléna arriva à leurs côtés.
« Nous avons fait préparer les chevaux et nous veillerons sur eux du mieux que nous pourrons en votre absence. »
Il fallut à peine plus d’une minute pour que les deux sœurs s’installent chacune sur leur cheval. L’une comme l’autre avait fait le choix de remettre leurs tenues initiales. Arriver en territoire Skamjorder avec des vêtements Northuldra n’était sans doute pas une bonne idée. Honeymaren vérifia une dernière fois les sangles.
« Nous vous avons mis des provisions pour quelques jours. Et vous devriez longer la côte, traverser la forêt n’est pas sûre, il y a encore des feux épars, les chevaux pourraient paniquer. »
Anna hocha la tête. Les deux sœurs échangèrent un regard. Maren s’écarta pour les laisser partir.
« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour prendre soin de Bruni et de Nokk.
-Merci, pour tout. »
Yéléna tapota la jambe d’Elsa pour attirer son attention.
« L’incendie, les vagues hier, vous savez ce que ça signifie n’est-ce pas ?
-Oui. Il y aura le vent, puis la terre. »
Et après… Peut-être bien la glace puisque Pabbie avait dit à Anna qu’elle était concernée.
« Nous sauverons les esprits, Yéléna.
-Je n’en doute pas. »
Elle s’écarta à son tour pour se mettre à côté de Maren. Les Northuldra saluèrent leurs départs à leur manière, avec le chant de la tribu. Les voix s’élevèrent à l’unisson, une fois de plus, l’émotion était palpable pour Anna et Elsa qui se donnèrent la main. Et ce n’est qu’à la fin qu’elles lancèrent leurs chevaux à l’assaut de la grève. Elles galopèrent en silence un moment, chacune perdue dans ses propres pensées. La mer sur leur gauche ne manifestait plus d’agressivité, le paysage presque idyllique qu’elle offrait contrastait directement avec les ruines encore fumantes de la forêt sur leur droite. Si la tribu des Skamjorder se révélait être un ennemi, en plus des attaques potentielles du vent et de la terre, le reste de leur périple promettait d’être très dangereux. Ce n’est qu’après plusieurs heures de course effrénée que les troncs calcinés laissèrent enfin la place à une forêt de nouveau luxuriante. Elsa ralentit la course de son cheval, bientôt imitée par Anna.
« Nous allons pouvoir rejoindre les bois. Un peu d’ombre ne nous fera pas mal.
-Entendu, je crois que les chevaux ont besoin d’une pause aussi. »
Elsa sourit.
« Tu as faim, peut-être ?
-Oui. Quoi ? Heu non ! Enfin si ! Mais ce n’est pas pour ça que je propose une pause ! »
Sous les sabots de leurs montures, le gravier initial s’était peu à peu transformé en sable, la plage sur laquelle elles galopaient invitait bien plus à la farniente et à la baignade que celle côté Northuldra. Evidemment, c’était sans compter sur le côté glacial de la température de l’eau. Les arbres étaient également plus hauts, et plus épais que la forêt enchantée. Les deux femmes s’y avancèrent au trot, observant les environs avec curiosité. Les terres des Skamjorder n’étaient probablement plus très loin, il convenait d’être prudent. Elles mirent pieds à terre dans une clairière proche d’un petit ruisseau. Parfait pour se rafraichir et faire une pause avant la fin du parcours. Anna installait les chevaux pour qu’ils puissent se repaitre tandis qu’Elsa les délestait de leurs sacoches pour en explorer le contenu.
« Nous avons de la viande, des légumes, des fruits, de l’eau à la menthe. »
Elle dévissa le bouchon d’une gourde et renifla son contenue.
« L’infusion de ce matin : Thym et Eucalyptus. Il y a aussi de l’onguent et même de quoi faire du feu si besoin.
-Parfait. »
Anna se pencha vers le ruisseau pour se laver les mains et se rincer le visage.
« Comment va ta coupure à la joue ?
-Très bien, c’est juste une égratignure. Tu as toujours froid ? »
Elsa hésita. « Plus de mensonges. »
« Un peu oui.
-Tu veux qu’on allume un feu ?
-Je pense que ça ne changera rien. »
Elle frissonna légèrement lorsque sa soeur posa une main fraiche sur son front puis lui caressa la joue. Elle croisa son regard inquiet.
« Verdict ?
-Tu n’as pas de fièvre.
-Je ne me sens pas malade. Juste… plus faible que d’habitude.
-Et tu penses que c’est en rapport avec l’état de Nokk et Bruni ?
-Oui, ce serait… logique, d’une certaine façon. »
Anna pinça les lèvres. Elsa fouilla de nouveau dans la sacoche.
« Ah ! Il y a du pain aussi ! Nous avons de quoi manger pour au moins 3 jours. »
Il devenait nécessaire de changer de sujet puisque de toute façon, l’une comme l’autre connaissait déjà la suite de la discussion. Il fallait régler cette histoire d’équilibre. Comment le faire en revanche, restait encore à déterminer. Les deux femmes s’installèrent dans l’herbe, trop heureuses de pouvoir se détendre après des heures à chevaucher dans le vent froid. Elsa se démenait pour trouver un nouveau sujet de conversation, d’habitude, c’était Anna qui endossait ce rôle.
« Durant ton absence, Kristoff va devoir prendre la fonction de régent pour veiller sur Arendelle.
-J’en doute. »
La réponse était si surprenante qu’Elsa oublia carrément d’avaler le morceau de pain qu’elle s’apprêtait à manger.
« Comment ?
-J’en doute.
-Oui j’avais compris mais… C’est… Enfin… »
Les mots lui manquaient. Anna prit une portion de viande avant de répondre.
« Je pense qu’il va surtout passer du temps avec les Northuldra pour les aider à reconstruire et à sécuriser l’incendie de la forêt.
-Oh, c’est très bien. C’est aussi une façon de prendre soin de son peuple.
-Oui, mais c’est surtout ce qui lui plait et je le comprends.
-Anna, qu’est ce qui se passe ? »
L’intéressée souffla doucement.
« Cela va faire un an que Kristoff et moi nous sommes fiancés. 1 an et nous ne sommes toujours pas mariés, nous n’avons même pas encore fixé de date.
-Je pensais que c’était parce qu’il vous fallait un peu de temps pour trouver vos marques. Maintenant que tu es reine, tu as des responsabilités.
-Oui, et si nous nous marions, Kristoff deviendra roi.
-Si ? Si vous vous mariez ? Tu… Tu ne veux plus l’épouser ?
-Honnêtement Elsa ? Je ne sais pas. Les choses sont un peu compliquées entre nous ces derniers temps.
-Mais tu ne m’en as jamais parlé.
-Tu n’étais plus beaucoup là. »
Cette pique-là fit mal. Elsa l’encaissa en baissant la tête sur son assiette.
« Je suis désolée. Est-ce que tu veux bien m’en parler maintenant ?
-La vie de château ne lui réussit pas. C’est aussi simple que ça. »
Anna ferma les yeux et s’adossa contre un arbre. Elle n’avait plus très faim finalement.
« Il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il prépare le traineau pour partir dans les montagnes. Essais un instant de l’imaginer au milieu des banquets ? Ou pire, en pleine négociations avec nos différents voisins sur le commerce des épices. »
Quand elle se prêtait à l’exercice, Elsa l’imaginait surtout en train de s’enfuir.
« Hmm…
-Oui, Hmm, comme tu dis.
-Mais Anna, cet homme est fou de toi.
-Oui, il m’aime assez pour sacrifier son propre bonheur. Je sais qu’il se prêtera au jeu, il le fera pour moi. Pour que je sois heureuse. Mais et lui ? Combien de temps va-t-il le supporter ? Et moi ? Est-ce que je l’aime si peu pour le vouloir à tout prix à mes côtés ? Même malheureux ?
-Vous en avez parlé ?
-Oui… Mais sans vraiment réussir à trouver une solution. »
Elsa quitta sa place pour prendre Anna dans ses bras.
« Je suis désolée.
-Je ne supporte plus de le voir malheureux. Plus il essaye de faire de son mieux, plus cela me rend triste pour lui.
-Il y a sûrement moyen de trouver un compromis ?
-Lequel ? Toi dans la forêt, mon époux dans les montagnes et moi à Arendelle. Non, je ne veux pas de cette vie. »
Il devenait de plus en plus évident qu’Anna lui en voulait d’être partie. Elle renifla tout contre elle.
« Je ne sais pas quoi te dire.
-C’est parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Mais, j’ai fait des progrès côté mariage. Kristoff n’était pas le premier venu, nous nous sommes fréquentés pendant 3 ans avant qu’il me demande de l’épouser.
-J’aurais dû rester reine.
-Non Elsa. Je me sens à ma place avec ce rôle, vraiment, pour la première fois de ma vie. Je ne veux pas que tu le regrettes parce que moi, je ne le regrette pas.
-D’accord. Tant mieux parce que je trouve que tu fais une excellente reine.
-Il faut juste que le prochain prétendant soit à l’aise avec ce que ça représente. Mais que ce ne soit pas un noble barbant ! Ni un arriviste comme Hans.
-Tu penses vraiment qu’il y aura un autre prétendant ?
-Je ne sais pas Elsa, je ne sais plus… »
L’ainée était absolument convaincue que Kristoff était le bon et qu’avec un peu d’aide ces deux là finiraient par trouver un leurs marques avec le poids de la royauté. Mais pour le moment, c’était un problème qu’elle ne pouvait pas régler.
« Je t’aiderai à sélectionner le bon.
-Héééé… Ne le prend pas mal Elsa mais… côté amour… Tu ne brilles pas vraiment par tes succès…
-Hé ! Je ne te permets pas ! J’ai heu… plein de… hé bien…
-Ah oui oui, voilà, c’est ça. Je me disais aussi que j’avais forcément manqué quelque chose ! Plein de quoi exactement ?
-Plein de prétendants !
-Ah oui, qui se sont amassés aux portes du château sans jamais la franchir. Je crois qu’ils attendant toujours d’ailleurs. Tu as vérifié ? Certains sont peut-être morts depuis…
-Hey ! C’est fini oui ! »
Anna rit doucement, elle s’essuya le nez d’un revers de manche. Elsa se réinstalla à ses côtés et récupéra une assiette de nourriture qu’elles partagèrent. Elles rirent ensembles en se remémorant quelques anecdotes sur les fameux prétendant de l’ainée. Durant les trois années qui avaient suivi la réouverture des portes du château, ils avaient été nombreux à se précipiter pour la courtiser.
« Oh ! Tu te souviens de celui qui était arrivé en habit de marié ? »
Elsa leva les yeux au ciel, elle rit franchement.
« Comment l’oublier ! Il m’a demandé en mariage juste après son bonjour ! Je crois que ses mots exacts ont été : « Votre Majesté, je suis délicieusement enchanté de faire votre connaissance. Voulez-vous m’épouser ? » Quelle angoisse !
-Et tu lui a juste dit : « Non. » et tu es partie en le laissant comme ça. J’ai dû me mordre la langue pour ne pas éclater de rire ! Si tu avais vu sa tête. »
L’image devait valoir le coup parce qu’Anna en rit de nouveau. Elsa secoua la tête.
« Et celui qui avait débarqué avec toute son armée ?
-Oh oui ! Tous les soldats alignés sur les quais. C’était un peu inquiétant.
-Tu sais… Je pense qu’il avait prévu d’attaquer si ma réponse ne lui convenait pas.
-Mais… A priori tu n’as pas dit oui et il n’a pas attaqué. Il aurait fait tout ce chemin pour se laisser éconduire ?
-Disons que… J’ai dit non avec un peu de glace. Bon d’accord, avec beaucoup de glace ! »
Elle fit un clin d’œil à Anna qui éclata de rire.
« Mais pourquoi j’ai loupé ça !
-Oh mais parce que tu étais occupée à essayer de me mettre en couple avec celui que tu aimais bien. C’était quoi son nom déjà ? Sorrim !
-Oh reconnais qu’il était mignon !
-Erk !
-Tu es difficile.
-Non, je suis exigeante, c’est différent.
-C’est juste une autre manière d’être difficile. »
Anna croqua à pleine dent dans une pomme juteuse, la conversation l’amusait beaucoup et un peu de légèreté leur fit du bien à toutes les deux.
« Il n’y en a vraiment aucun qui a trouvé grâce à tes yeux ?
-J’avais d’autres choses en tête, les portes étaient de nouveau grande ouverte, je prenais mon rôle de reine et j’avais tout ce temps à rattraper avec toi.
-Ce n’est pas du tout parce que tu as peur ?
-Peur ? Peur de quoi ?
-De laisser quelqu’un rentrer dans ta vie. »
Elsa cligna des yeux, elle n’y avait jamais pensé de cette façon et ça méritait un peu de réflexion.
« C’est une bonne question. Je ne crois pas. »
Anna lui tendit un quartier de pomme.
« Tant mieux parce que tu sais que je ne renoncerai pas.
-Oh oh. Je crois que je vais demander à Ryder d’être mon prétendant imaginaire. »
Elles rirent ensembles et terminèrent leur repas loin des inquiétudes qui les avaient préoccupées au cours des derniers jours.
Les huttes avaient été installées en contrebas d’une colline, juste au-dessus de l’aplomb qui menait à la mer. Il y avait bien quelques bruits d’insectes ce matin, et quelques mouettes qui se disputaient mais le chant des oiseaux manquait cruellement. En réalité, la forêt n’avait jamais été aussi silencieuse. Elsa prit une gorgée de sa boisson : thym, eucalyptus et une pointe de miel. Elle sentit la chaleur se répandre sur sa gorge toujours irritée. Elle gravit la colline avec appréhension mais même en étant préparée, le spectacle de désolation était choquant. Sa tasse lui échappa des mains et glissa sur le sol avec un bruit mat.
« Non… »
Les troncs calcinés s’étendaient à perte de vue, des couleurs de l’automne hier il ne restait aujourd’hui que des arbres noircis et un sol calciné. Le mot que Yéléna avait choisi lui revint en mémoire : « ravagé ». Elsa réalisait maintenant à quel point il était juste, le feu n’avait rien épargné. Elle ramassa la tasse à ses pieds. Si Anna ne lui avait pas rapporté l’avertissement de Grand Pabbie, elle aurait renoncé à partir immédiatement pour aider à la reconstruction. Mais aider comment ? Le feu avait rendu le sol stérile, il faudrait des années pour que la forêt se remette d’un pareil désastre. Elle réprima un frisson.
« Elsaaaaaa ! »
C’était la voix d’Anna ! Elsa dévala la colline à toute vitesse, l’appel venait de la plage. Elle sauta par-dessus un rocher et descendit aussi vite que possible. Sa sœur était là, un peu plus loin, à genoux dans le gravier, au bord de l’eau.
« Anna ! Qu’est ce qui se passe ? »
La question mourut sur ses lèvres lorsqu’elle découvrit Nokk, allongé sur le côté, le corps à moitié sur la terre ferme et à moitié dans l’eau.
« Non… »
Les larmes lui piquèrent les yeux, elle posa sa main sur le museau du cheval pour lui faire savoir qu’elle était là. Son regard était faiblissant, mais il était toujours là.
« Je ne sais pas ce que je peux faire… Je ne sais pas…
-Elsa… »
Anna glissa Bruni dans ses mains. La salamandre était tout aussi mal en point, immobile, il n’y avait que le mouvement de sa respiration pour tromper la mort.
« Je… Anna… Je ne sais pas. »
Le sentiment d’impuissance l’étreignit avec force. Et elle le connaissait bien, Elsa y avait souvent fait face lorsqu’elle ne maitrisait pas du tout ses pouvoirs. Impuissante lorsqu’elle avait blessée Anna, impuissante lorsqu’elle gelait sa chambre, impuissante lorsque tout avait explosé en plein banquet le jour de son couronnement. Et maintenant, qu’elle était le cinquième esprit, elle assistait impuissante à la disparition de deux d’entre eux. Elsa fronça les sourcils.
« Nous devons partir, maintenant. »
L’appel d’Anna avait ameuté du monde, Yéléna arriva à leurs côtés.
« Nous avons fait préparer les chevaux et nous veillerons sur eux du mieux que nous pourrons en votre absence. »
Il fallut à peine plus d’une minute pour que les deux sœurs s’installent chacune sur leur cheval. L’une comme l’autre avait fait le choix de remettre leurs tenues initiales. Arriver en territoire Skamjorder avec des vêtements Northuldra n’était sans doute pas une bonne idée. Honeymaren vérifia une dernière fois les sangles.
« Nous vous avons mis des provisions pour quelques jours. Et vous devriez longer la côte, traverser la forêt n’est pas sûre, il y a encore des feux épars, les chevaux pourraient paniquer. »
Anna hocha la tête. Les deux sœurs échangèrent un regard. Maren s’écarta pour les laisser partir.
« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour prendre soin de Bruni et de Nokk.
-Merci, pour tout. »
Yéléna tapota la jambe d’Elsa pour attirer son attention.
« L’incendie, les vagues hier, vous savez ce que ça signifie n’est-ce pas ?
-Oui. Il y aura le vent, puis la terre. »
Et après… Peut-être bien la glace puisque Pabbie avait dit à Anna qu’elle était concernée.
« Nous sauverons les esprits, Yéléna.
-Je n’en doute pas. »
Elle s’écarta à son tour pour se mettre à côté de Maren. Les Northuldra saluèrent leurs départs à leur manière, avec le chant de la tribu. Les voix s’élevèrent à l’unisson, une fois de plus, l’émotion était palpable pour Anna et Elsa qui se donnèrent la main. Et ce n’est qu’à la fin qu’elles lancèrent leurs chevaux à l’assaut de la grève. Elles galopèrent en silence un moment, chacune perdue dans ses propres pensées. La mer sur leur gauche ne manifestait plus d’agressivité, le paysage presque idyllique qu’elle offrait contrastait directement avec les ruines encore fumantes de la forêt sur leur droite. Si la tribu des Skamjorder se révélait être un ennemi, en plus des attaques potentielles du vent et de la terre, le reste de leur périple promettait d’être très dangereux. Ce n’est qu’après plusieurs heures de course effrénée que les troncs calcinés laissèrent enfin la place à une forêt de nouveau luxuriante. Elsa ralentit la course de son cheval, bientôt imitée par Anna.
« Nous allons pouvoir rejoindre les bois. Un peu d’ombre ne nous fera pas mal.
-Entendu, je crois que les chevaux ont besoin d’une pause aussi. »
Elsa sourit.
« Tu as faim, peut-être ?
-Oui. Quoi ? Heu non ! Enfin si ! Mais ce n’est pas pour ça que je propose une pause ! »
Sous les sabots de leurs montures, le gravier initial s’était peu à peu transformé en sable, la plage sur laquelle elles galopaient invitait bien plus à la farniente et à la baignade que celle côté Northuldra. Evidemment, c’était sans compter sur le côté glacial de la température de l’eau. Les arbres étaient également plus hauts, et plus épais que la forêt enchantée. Les deux femmes s’y avancèrent au trot, observant les environs avec curiosité. Les terres des Skamjorder n’étaient probablement plus très loin, il convenait d’être prudent. Elles mirent pieds à terre dans une clairière proche d’un petit ruisseau. Parfait pour se rafraichir et faire une pause avant la fin du parcours. Anna installait les chevaux pour qu’ils puissent se repaitre tandis qu’Elsa les délestait de leurs sacoches pour en explorer le contenu.
« Nous avons de la viande, des légumes, des fruits, de l’eau à la menthe. »
Elle dévissa le bouchon d’une gourde et renifla son contenue.
« L’infusion de ce matin : Thym et Eucalyptus. Il y a aussi de l’onguent et même de quoi faire du feu si besoin.
-Parfait. »
Anna se pencha vers le ruisseau pour se laver les mains et se rincer le visage.
« Comment va ta coupure à la joue ?
-Très bien, c’est juste une égratignure. Tu as toujours froid ? »
Elsa hésita. « Plus de mensonges. »
« Un peu oui.
-Tu veux qu’on allume un feu ?
-Je pense que ça ne changera rien. »
Elle frissonna légèrement lorsque sa soeur posa une main fraiche sur son front puis lui caressa la joue. Elle croisa son regard inquiet.
« Verdict ?
-Tu n’as pas de fièvre.
-Je ne me sens pas malade. Juste… plus faible que d’habitude.
-Et tu penses que c’est en rapport avec l’état de Nokk et Bruni ?
-Oui, ce serait… logique, d’une certaine façon. »
Anna pinça les lèvres. Elsa fouilla de nouveau dans la sacoche.
« Ah ! Il y a du pain aussi ! Nous avons de quoi manger pour au moins 3 jours. »
Il devenait nécessaire de changer de sujet puisque de toute façon, l’une comme l’autre connaissait déjà la suite de la discussion. Il fallait régler cette histoire d’équilibre. Comment le faire en revanche, restait encore à déterminer. Les deux femmes s’installèrent dans l’herbe, trop heureuses de pouvoir se détendre après des heures à chevaucher dans le vent froid. Elsa se démenait pour trouver un nouveau sujet de conversation, d’habitude, c’était Anna qui endossait ce rôle.
« Durant ton absence, Kristoff va devoir prendre la fonction de régent pour veiller sur Arendelle.
-J’en doute. »
La réponse était si surprenante qu’Elsa oublia carrément d’avaler le morceau de pain qu’elle s’apprêtait à manger.
« Comment ?
-J’en doute.
-Oui j’avais compris mais… C’est… Enfin… »
Les mots lui manquaient. Anna prit une portion de viande avant de répondre.
« Je pense qu’il va surtout passer du temps avec les Northuldra pour les aider à reconstruire et à sécuriser l’incendie de la forêt.
-Oh, c’est très bien. C’est aussi une façon de prendre soin de son peuple.
-Oui, mais c’est surtout ce qui lui plait et je le comprends.
-Anna, qu’est ce qui se passe ? »
L’intéressée souffla doucement.
« Cela va faire un an que Kristoff et moi nous sommes fiancés. 1 an et nous ne sommes toujours pas mariés, nous n’avons même pas encore fixé de date.
-Je pensais que c’était parce qu’il vous fallait un peu de temps pour trouver vos marques. Maintenant que tu es reine, tu as des responsabilités.
-Oui, et si nous nous marions, Kristoff deviendra roi.
-Si ? Si vous vous mariez ? Tu… Tu ne veux plus l’épouser ?
-Honnêtement Elsa ? Je ne sais pas. Les choses sont un peu compliquées entre nous ces derniers temps.
-Mais tu ne m’en as jamais parlé.
-Tu n’étais plus beaucoup là. »
Cette pique-là fit mal. Elsa l’encaissa en baissant la tête sur son assiette.
« Je suis désolée. Est-ce que tu veux bien m’en parler maintenant ?
-La vie de château ne lui réussit pas. C’est aussi simple que ça. »
Anna ferma les yeux et s’adossa contre un arbre. Elle n’avait plus très faim finalement.
« Il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il prépare le traineau pour partir dans les montagnes. Essais un instant de l’imaginer au milieu des banquets ? Ou pire, en pleine négociations avec nos différents voisins sur le commerce des épices. »
Quand elle se prêtait à l’exercice, Elsa l’imaginait surtout en train de s’enfuir.
« Hmm…
-Oui, Hmm, comme tu dis.
-Mais Anna, cet homme est fou de toi.
-Oui, il m’aime assez pour sacrifier son propre bonheur. Je sais qu’il se prêtera au jeu, il le fera pour moi. Pour que je sois heureuse. Mais et lui ? Combien de temps va-t-il le supporter ? Et moi ? Est-ce que je l’aime si peu pour le vouloir à tout prix à mes côtés ? Même malheureux ?
-Vous en avez parlé ?
-Oui… Mais sans vraiment réussir à trouver une solution. »
Elsa quitta sa place pour prendre Anna dans ses bras.
« Je suis désolée.
-Je ne supporte plus de le voir malheureux. Plus il essaye de faire de son mieux, plus cela me rend triste pour lui.
-Il y a sûrement moyen de trouver un compromis ?
-Lequel ? Toi dans la forêt, mon époux dans les montagnes et moi à Arendelle. Non, je ne veux pas de cette vie. »
Il devenait de plus en plus évident qu’Anna lui en voulait d’être partie. Elle renifla tout contre elle.
« Je ne sais pas quoi te dire.
-C’est parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Mais, j’ai fait des progrès côté mariage. Kristoff n’était pas le premier venu, nous nous sommes fréquentés pendant 3 ans avant qu’il me demande de l’épouser.
-J’aurais dû rester reine.
-Non Elsa. Je me sens à ma place avec ce rôle, vraiment, pour la première fois de ma vie. Je ne veux pas que tu le regrettes parce que moi, je ne le regrette pas.
-D’accord. Tant mieux parce que je trouve que tu fais une excellente reine.
-Il faut juste que le prochain prétendant soit à l’aise avec ce que ça représente. Mais que ce ne soit pas un noble barbant ! Ni un arriviste comme Hans.
-Tu penses vraiment qu’il y aura un autre prétendant ?
-Je ne sais pas Elsa, je ne sais plus… »
L’ainée était absolument convaincue que Kristoff était le bon et qu’avec un peu d’aide ces deux là finiraient par trouver un leurs marques avec le poids de la royauté. Mais pour le moment, c’était un problème qu’elle ne pouvait pas régler.
« Je t’aiderai à sélectionner le bon.
-Héééé… Ne le prend pas mal Elsa mais… côté amour… Tu ne brilles pas vraiment par tes succès…
-Hé ! Je ne te permets pas ! J’ai heu… plein de… hé bien…
-Ah oui oui, voilà, c’est ça. Je me disais aussi que j’avais forcément manqué quelque chose ! Plein de quoi exactement ?
-Plein de prétendants !
-Ah oui, qui se sont amassés aux portes du château sans jamais la franchir. Je crois qu’ils attendant toujours d’ailleurs. Tu as vérifié ? Certains sont peut-être morts depuis…
-Hey ! C’est fini oui ! »
Anna rit doucement, elle s’essuya le nez d’un revers de manche. Elsa se réinstalla à ses côtés et récupéra une assiette de nourriture qu’elles partagèrent. Elles rirent ensembles en se remémorant quelques anecdotes sur les fameux prétendant de l’ainée. Durant les trois années qui avaient suivi la réouverture des portes du château, ils avaient été nombreux à se précipiter pour la courtiser.
« Oh ! Tu te souviens de celui qui était arrivé en habit de marié ? »
Elsa leva les yeux au ciel, elle rit franchement.
« Comment l’oublier ! Il m’a demandé en mariage juste après son bonjour ! Je crois que ses mots exacts ont été : « Votre Majesté, je suis délicieusement enchanté de faire votre connaissance. Voulez-vous m’épouser ? » Quelle angoisse !
-Et tu lui a juste dit : « Non. » et tu es partie en le laissant comme ça. J’ai dû me mordre la langue pour ne pas éclater de rire ! Si tu avais vu sa tête. »
L’image devait valoir le coup parce qu’Anna en rit de nouveau. Elsa secoua la tête.
« Et celui qui avait débarqué avec toute son armée ?
-Oh oui ! Tous les soldats alignés sur les quais. C’était un peu inquiétant.
-Tu sais… Je pense qu’il avait prévu d’attaquer si ma réponse ne lui convenait pas.
-Mais… A priori tu n’as pas dit oui et il n’a pas attaqué. Il aurait fait tout ce chemin pour se laisser éconduire ?
-Disons que… J’ai dit non avec un peu de glace. Bon d’accord, avec beaucoup de glace ! »
Elle fit un clin d’œil à Anna qui éclata de rire.
« Mais pourquoi j’ai loupé ça !
-Oh mais parce que tu étais occupée à essayer de me mettre en couple avec celui que tu aimais bien. C’était quoi son nom déjà ? Sorrim !
-Oh reconnais qu’il était mignon !
-Erk !
-Tu es difficile.
-Non, je suis exigeante, c’est différent.
-C’est juste une autre manière d’être difficile. »
Anna croqua à pleine dent dans une pomme juteuse, la conversation l’amusait beaucoup et un peu de légèreté leur fit du bien à toutes les deux.
« Il n’y en a vraiment aucun qui a trouvé grâce à tes yeux ?
-J’avais d’autres choses en tête, les portes étaient de nouveau grande ouverte, je prenais mon rôle de reine et j’avais tout ce temps à rattraper avec toi.
-Ce n’est pas du tout parce que tu as peur ?
-Peur ? Peur de quoi ?
-De laisser quelqu’un rentrer dans ta vie. »
Elsa cligna des yeux, elle n’y avait jamais pensé de cette façon et ça méritait un peu de réflexion.
« C’est une bonne question. Je ne crois pas. »
Anna lui tendit un quartier de pomme.
« Tant mieux parce que tu sais que je ne renoncerai pas.
-Oh oh. Je crois que je vais demander à Ryder d’être mon prétendant imaginaire. »
Elles rirent ensembles et terminèrent leur repas loin des inquiétudes qui les avaient préoccupées au cours des derniers jours.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:37
La forêt avait peu à peu disparu au profit d’une longue plaine et de champs de fleurs qui s’étendaient à perte de vue. Si le paysage était magnifique, il obligeait surtout les deux femmes à avancer à découvert. L’endroit était tout de même vallonné, avec des collines et des talus herbeux qui masquaient l’horizon. Pour l’instant, elles n’avaient croisé aucun autre être humain, ni rien de comparable à un esprit. La carte n’était évidemment pas très précise, mais elles devaient maintenant se trouver sur le territoire des Skamjorder. Les deux femmes avançaient plus lentement, en silence. Leurs regards étaient concentrés sur les alentours, à la recherche d’un indice ou de quelqu’un qui les espionnerait. Mais à part un lapin qui détala devant elles, il n’y avait toujours rien. L’après-midi était bien entamée et ce qu’aucune des deux n’avaient prévu, c’était de ne trouver personne. Anna fronça les sourcils.
« Il doit bien y avoir du monde quelque part. Cette tribu n’a pas pu disparaitre comme ça.
-Nous aurons sans doute une meilleure vue une fois que nous serons arrivées en haut. »
Elsa huma l’air, plusieurs fois, à la recherche d’un feu de camp, d’une odeur de nourriture ou de quoique ce soit d’autre qui aurait pu lui révéler la présence des hommes. Mais tout ce qu’elle put distinguer par-dessus l’humidité fut le parfum des fleurs. Pourtant, elles ne s’étaient pas trompées de direction, l’une comme l’autre savait lire une carte et se repérer sur la route. Elles gravirent les derniers mètres qui les séparaient de la crête et toute une partie du paysage se révéla enfin à elles.
Les deux femmes se trouvaient au sommet d’une vallée encaissée, des pentes herbeuses parsemées de sapins se refermaient autour d’un lac immense. A l’ouest de leur position, une partie plus abrupte formait des falaises de grès et c’est là qu’elles distinguèrent le village.
« Enfin… »
Les Skamjorder s’étaient installés dans des habitations troglodytes. Contrairement aux Northuldra, ils avaient adopté un mode de vie plus sédentaire. Même à bonne distance, Elsa pouvait distinguer les enclos pour le bétail et les champs de culture. Au fur et à mesure qu’elles se rapprochèrent, elles perçurent les premiers éclats de voix et les coups du marteau contre le métal, il y avait un forgeron. Le village n’était pas très étendu, en son centre, la place réunissait les étals de nourritures. Les habitations qui n’étaient pas creusées à même la roche étaient construites dans un assemblement de pierre et de bois. Quelques allées étaient pavées, mais la plupart étaient simplement en terre.
Elles mirent pieds à terre quand elles n’étaient plus qu’à quelques mètres. Un éclaireur avait certainement signalé leurs présences depuis quelques temps parce qu’un attroupement s’était créé à l’entrée du village, dont un petit nombre de gardes armés de lances. Anna se lança la première.
« Bonjour ! »
Avec son enthousiasme et son sourire habituel, même si l’accueil n’était pas des plus chaleureux.
« Vous êtes bien loin d’Arendelle. »
La voix était dénuée de menace mais la personne qui parlait, un homme à l’évidence, demeurait invisible, probablement derrière les gardes.
Elsa plissa les yeux.
« C’est si évident ?
-Nous sommes loin, mais nous avons des éclaireurs. »
Les gardes s’écartèrent pour laisser passer un homme bien plus grand qu’eux. Même recouvert d’une fourrure sombre, sa stature était impressionnante, mais le plus étonnant étaient les bois de rennes qu’il portait en guise de coiffe. Anna ouvrit la bouche de surprise. Il ressemblait en tout point au dessin que leur mère avait reproduit dans le dernier carnet. Elsa ne se laissa pas distraire.
« Alors vous êtes bien mieux renseignés que nous. »
L’homme sourit, comme un éclair de dents blanches à l’ombre de sa capuche.
« Pardonnez notre accueil mais vous êtes les premiers visiteurs que nous recevons depuis très longtemps. »
Elsa faillit faire une remarque sur la nécessité d’avoir des gardes sans menace extérieur mais elle préféra plutôt se mordre la langue.
« S’il faut le préciser, notre présence ici ne constitue en aucun cas une intimidation, nous ne sommes même pas armées. »
A ses côtés, sa sœur était toujours pétrifiée. L’homme congédia les gardes d’un simple geste de la main. Il avança vers elle et replia son bras droit sur son torse, main posée sur son épaule gauche.
« Je suis Jordand, chef du clan des Skamjorlder. »
Les deux femmes firent une révérence parfaitement synchronisée.
« Je suis Elsa.
-Et moi Anna, reine d’Arendelle.
-Une reine jusqu’ici ?
-Et pourquoi pas ?
-En effet. »
Jordand repoussa légèrement sa capuche et révéla enfin le haut de son visage. Ses yeux étaient d’un vert étincelant, il devait avoir dans les 45 ans tout au plus, quelques fils argentés parcouraient les mèches sombre qui dépassaient de sa coiffe.
« J’ignore depuis combien de temps vous chevauchez, mais le voyage doit être long depuis Arendelle. Et la nuit sera bientôt là. Il me semble tout indiqué de vous inviter à passer la nuit dans notre modeste village. »
Anna acquiesça d’un signe de tête.
« Merci à vous, nous acceptons avec joie.
-Suivez-moi, je vais vous faire visiter. Et pardonnez-moi si mes manières laissent à désirer. Comme je vous l’ai dit, nous ne sommes malheureusement pas habitué aux visiteurs, en particulier quand il s’agit d’une reine.
-Oh ne vous inquiétez pas pour ça, je ne suis pas très protocolaire. »
Mais Elsa oui, et elle n’aimait pas cet accueil. Elle emboita le pas, juste derrière sa cadette tandis que Jordand leur donnait quelques explications sur le lieu. Les habitants se pressaient avec curiosité sur leur chemin mais sans jamais les approcher. Anna leva les yeux sur la falaise où se trouvait bon nombre de maison, creusées à même la roche.
« Vous vivez à l’intérieur de la montagne ?
-En quelque sorte, oui. C’est très confortable. En été la température reste fraiche et en hiver, nous sommes bien isolés. Par ici. »
Jordand grimpa une volée de marche et les fit rentrer dans une des nombreuses bâtisses troglodyte. Il tint la porte à Anna.
« J’ai demandé à ce qu’on vous prépare des chambres.
-Oh, nous préférons dormir dans la même chambre, en plus, cela vous fera moins de préparatif.
-Comme il vous plaira. Je pensais qu’une reine avait droit à toute son intimité.
-Je vous l’ai dit, je ne suis pas très protocolaire. Et nous ne voulons pas abuser de votre hospitalité. »
Elsa réprima difficilement un sourire mais comme elle l’avait dit à Yéléna ce matin même, Anna n’était pas naïve.
« Ah ! Je vois. »
L’espace était plutôt exigüe, l’atmosphère qui se dégageait de l’endroit avait quelque chose d’étrange, peut être lié à la roche dans laquelle l’habitation était construire. Quelques bougies éparses tentaient de repousser les ombres dans les recoins. Une cheminée réchauffait la pièce principale qui faisait aussi office de cuisine et une petite porte attenante menait à la chambre proprement dite. Il y avait peu de fenêtres bien sûr, et une seule porte.
« Aïe ! Quelque chose m’a piquée ! »
Elsa passa la main dans son cou, elle en ressortie une pointe de métal assez longue.
« Qu’est ce qu… »
Sa vue devint flou et elle s’écroula lourdement sur le sol, bientôt rejointe par Anna. Jordand sourit.
« Sans violence, et sans cris. Vous savez quoi faire.
-Oui. »
Les gardes ramassèrent les deux corps inertes.
Anna se réveilla dans une cellule. Sa tête l’élançait douloureusement, en tâtant prudemment, elle découvrit une belle bosse sur le côté droite de son crâne.
« Aïe.
-Vous avez dû vous faire ça en tombant, le produit qu’ils utilisent ne fait pas mal.
-Qui dit ça ! Qui êtes-vous ? »
Elle se colla contre le mur froid dans son dos. Il n’y avait ni feu de cheminée, ni fourrure ici, pas même une fenêtre d’ailleurs. Simplement quelques trous creusés dans la roche épaisse pour laisser passer l’air. Un peu de paille, une couverture miteuse, des araignées et probablement un rat ou deux. L’homme qui venait de lui parler se tenait de l’autre côté de la cellule, à bonne distance.
« Je ne voulais pas vous faire peur.
-Qui êtes-vous ?
-Metiger mais je doute que ça vous avance à grand-chose de connaitre mon nom. »
Anna fouilla l’endroit du regard, son angoisse monta d’un cran encore.
« Où est ma sœur ?
-Comment le saurais-je ? »
Metiger bougea légèrement, à la lueur de la bougie, Anna put découvrir son visage émacié mangé par une barbe, il avait la peau sombre et les traits fatigués. L’homme devait être là depuis longtemps. Il portait une tunique qui s’était déchirée et dont les pans pendaient misérablement de chaque côté de son torse. Anna déglutit.
« Où sommes-nous ? »
Le prisonnier eut un rire amer.
« Est-ce que ce n’est pas évident ? Dans un cachot.
-Mais… je… Je ne comprends pas… »
Des bruits de pas et des éclats de voix se firent entendre de l’autre côté de la porte. Metiger la prévint à voix basse :
« Ne posez pas de questions, baissez la tête et ne dites rien, ne leur donnez pas l’occasion de vous frapper. »
La porte s’ouvrit à la volée et Elsa fut jetée sans ménagement à l’intérieur, inconsciente. Ses vêtements avaient disparu, remplacé par une simple robe en tissu qui, pour l’instant, avait l’air encore propre. Anna se précipita.
« Elsa ! »
Elle reçut un coup de poing qui l’envoya voler contre le mur, à moitié assommée. Le garde attendit pour voir si elle revenait à la charge, quand elle se ramassa contre la paroie pour se protéger et s’éloigner, il parut satisfait et referma la porte en sortant.
« Elsa… »
La blonde n’avait pas l’air blessé, sa respiration était calme. Metiger s’approcha avec curiosité.
« Restez où vous êtes ! N’approchez pas !
-Elsa… d’Arendelle ? »
Face à l’absence de réponse, l’homme renchérit.
« Vérifiez ses bras.
-Quoi ?
-Vérifiez ses bras, et ses avants bras. »
Anna fronça les sourcils, mais elle fit ce qu’on lui demandait. Elle poussa un cri en découvrant les marques de longs serpents fin qui entouraient les bras d’Elsa, remontant jusqu’au niveau de ses épaules.
« Qu’est-ce que c’est ?
-Une marque de restriction, pour empêcher l’utilisation de ses pouvoirs.
-Quoi ? Mais comment pouvaient-ils savoir ? Et comment connaissez-vous Elsa ? »
Metiger l’observa un long moment, en silence.
« Vous n’auriez jamais dû venir ici.
-Ce n’est pas comme si nous avions le choix. »
Anna ramena la couverture sur Elsa et lui caressa le front. L’homme s’installa en tailleur.
« Elle va bien, elle est probablement juste endormie par les produits.
-Probablement ? Et comment nous connaissez-vous ? Vous n’avez répondu à aucune de mes questions. »
L’homme remonta les manches de sa tunique déchirée, dévoilant les mêmes marques de serpent.
« Vous avez des pouvoirs aussi ?
-Je peux communiquer avec les esprits de la nature. C’est pour ça qu’il me garde en vie.
-Qui ça « il » ? Jordand ?
-Oui, j’étais son disciple autrefois.
-Et qu’est ce qui a changé ?
-Nous n’avons pas la même vision des choses. Peut-être parce que je ne suis pas née dans cette tribu. »
Anna le fixa du regard quelques instants, il était difficile d’évaluer l’âge de son interlocuteur, mais, c’était possible.
« Vous êtes Northuldra ? Ou un ancien Northuldra. »
Metiger haussa les sourcils de surprise.
« Comment le savez-vous ?
-Dites-moi d’abord comment vous saviez qu’Elsa avait des capacités… A des capacités. »
Elles avaient fait bien attention à ne pas se servir des pouvoirs depuis leur départ de la grève ce matin. Yéléna les avait prévenues contre les Skamjorder, même si, à l’évidence, elles n’en avaient pas suffisamment tenu compte. Metiger haussa un sourcil.
« Elle a construit un château de glace tout en haut du Pic Gelé. Vous pensiez vraiment que c’était discret ?
-Oui… Bon… d’accord… Mais le Pic Gelé n’est pas en territoire Skamjorder ! Ca n’explique rien.
-Mes pouvoirs me permettent de voir au travers des yeux des animaux.
-Vraiment ? Tous ?
-Oui, tous. Jordand se sert de moi pour observer ce qui se passe ailleurs.
-Oh donc… Vous…
-Je suis presque au courant de tout, oui. J’ai vu le château de glace, j’ai vu la brume disparaitre de la forêt enchantée, même si je ne sais pas comment c’est arrivé. J’ai vu, votre amie, utiliser sa magie pour faire le bien autour d’elle. Et si je l’ai vu alors…
-Jordand aussi. »
Metiger hocha la tête.
« Il va vouloir se servir des pouvoirs d’Elsa et croyez-moi, il va trouver un moyen de le faire. »
Anna caressa les cheveux de la blonde qui dormait toujours. Elle ignorait jusqu’à quel point elle pouvait faire confiance à cet homme mais, elles se trouvaient en bien mauvaise posture.
« Est-ce que Jordand pourrait provoquer un déséquilibre dans la magie des esprits ?
-C’est ce qu’il cherche à faire depuis le début. S’ils sont déséquilibrés, les esprits sont vulnérables. Il pourrait alors s’emparer de leurs magies. »
Bon, elle s’apprêtait peut-être à faire quelque chose de très stupide.
« Metiger, je crois que vous pouvez nous aider. Où est Olaf quand on a besoin de lui ?
-Qui ?
-Olaf ! Il fait très bien les résumés. »
Anna entreprit de faire un récit aussi synthétique que possible de ce qui s’était passé au cours des dernières 48h, le message cryptique de Grand Pabbie, l’incendie, l’attaque à Ahtohallan puis la Mer Sombre. Elle garda pour elle l’histoire de l’adoption, jugeant que ça ne regardait qu’elle. Metiger essayait de suivre.
« D’accord, je pense que j’ai compris. Mais je ne vois pas comment je peux vous aider.
-Vous n’avez aucune réponse ? Enfin c’est bien vous le spécialiste des esprits ! Il y avait une carte qui menait jusqu’ici, jusqu’aux terres des Skamjorder, il doit bien y avoir une raison.
-Eohialan.
-Comment ?
-Eohialan, la montagne sacrée. Dans les livres il est dit qu’Eohialan détient les vérités du passé.
-Exactement comme Athohallan. C’est loin d’ici ? »
Metiger sourit.
« Nous vivons dedans. L’accès aux grottes sacrées se trouve au-dessus, le chemin est difficile et Jordand y passe beaucoup de temps… C’est peut-être là que vous devriez emmener votre amie, elle saura sans doute quoi faire.
-Très bien. Alors maintenant, comment on sort d’ici ? »
La mine de son interlocuteur s’assombrit, l’enthousiasme de la conversation était retombé aussitôt.
« Vous pensez que je serais toujours là si c’était possible ? »
Elsa gémit dans son sommeil, ses sourcils se froncèrent. Anna lui caressa tendrement les cheveux.
« Je crois que j’ai une idée. »
Elle se releva et s’approcha des trous dans le mur. Elle murmura au travers :
« Courant d’air, si tu m’entends, viens nous rejoindre. »
Anna patienta quelques secondes et répéta la même phrase plusieurs fois de suite. Metiger l’observait, perplexe. D’habitude il fallait plus d’année d’enfermement avant que les gens ne sombrent dans la folie, Anna devait être particulièrement fragile pour craquer aussi vite. Il s’apprêtait à intervenir lorsque… Courant d’air se manifesta effectivement. Il passa par un trou pour rentrer à l’intérieur du cachot et fit virevolter les cheveux et les vêtements d’Anna.
« Salut toi. Je suis contente de voir que tu vas bien. Nous allons avoir besoin de toi pour crocheter la serrure. »
Metiger observait la scène, la mâchoire pendante. Tout était délirant. Il se racla la gorge.
« Excusez-moi mais, vous pensez vraiment qu’un… heu… Que du vent peut crocheter une serrure ?
-Bien sûr que oui. Même une carotte peut crocheter une serrure. Mais d’abord, nous devons réveiller Elsa. »
Il cligna furieusement des yeux mais Anna n’y prêta pas attention. Elle secoua doucement Elsa par l’épaule pour la réveiller. La blonde lutta pour sortir des brumes du sommeil et de la drogue. Son corps lui donnait l’impression de peser une tonne, au moins. Tout était lourd et compliqué.
« Anna ?
-Comment tu te sens ?
-Bizarre…
-Je n’ai pas le temps de tout expliquer mais nous allons sortir d’ici. Tu peux marcher ?
-Je crois oui… Ta joue ! »
Plus que tout le reste, c’est l’ecchymose sur le visage d’Anna qui la fit sortir de sa torpeur. Elle se redressa.
« Qu’est ce qui s’est passé ? Qui t’a frappé ?
-Je t’expliquerai tout en chemin, c’est promis, mais pour l’instant, on sort.
-Et lui ! Qui est-ce ?
-Un ami.
-Je m’appelle Metiger, enchanté. »
Elsa était complètement perdue, mais comme Anna le lui avait dit, ce n’était pas le moment pour les explications. Courant d’air venait tout juste de déverrouiller la porte. Les trois comparses sortirent dans le couloir, jetant des coups d’œil méfiants autour d’eux. Les gardes n’étaient pas visibles pour le moment. Metiger leur fit signe de le suivre, c’est qu’il connaissait plutôt bien l’endroit, un peu trop même à son goût. Ils remontèrent quelques marches, toujours en silence. En fait, ils étaient tout simplement dans la demeure de Jordand qu’ils avaient visité quelques heures auparavant. Le chef de clan était allongé sur sa couche, perdu dans la lecture des carnets d’Iduna. Elsa serra les poings, la surprise lui pétrifia les muscles lorsqu’aucune magie ne se manifesta. Anna posa sa main sur la sienne et lui fit non de la tête. D’accord, plus tard il y aurait beaucoup de chose à expliquer. Mais pour le moment… Courant d’air fila au-dessus de leurs têtes et disparu par une fenêtre entre-ouverte. Il n’y avait que quelques mètres qui les séparaient de la porte de sortie, quelques mètres qui passaient juste devant le nez de Jordand.
Des éclats de voix se firent entendre depuis l’extérieur, ils montèrent crescendo avant qu’un vacarme de bruits métalliques et de chute ne viennent achever le tout. Jordand soupira. Il maugréa en se levant, excédé, et sortit sans même prendre le temps de refermer la porte derrière lui.
« Si vous avez encore trop bu messieurs ! Je vais vous le faire regretter ! »
Les trois amis détalèrent aussi vite que possible. Anna sourit une fois dehors.
« Merci Courant d’air. »
Il n’y avait pas une seconde à perdre, pour l’instant personne n’avait encore remarqué leur disparition, mais ce n’était qu’une question de minutes. Ils filèrent dans les ruelles, profitant de la nuit pour se glisser entre les ombres. Anna posa sa main sur l’épaule de Metiger.
« Conduisez-nous à Eo… Lianla.
- Eohialan.
-Oui, peu importe, conduisez-nous là-bas. »
Elsa n’écoutait que d’une oreille, elle fixait ses mains avec inquiétudes. Qu’est-ce que ce Jordand lui avait fait, pourquoi plus rien ne fonctionnait. Anna posa sa main sur son épaule.
« Viens Elsa, nous devons le suivre.
-Hm hm.
-Ils ont posé une marque sur tes bras, Metiger dit que c’est ce qui empêche ta magie.
-Comment est-ce qu’on l’enlève ? »
Elle releva ses manches pour découvrir ce qu’Anna avait déjà vu auparavant, les serpents qui couraient sur sa peau.
« Pour l’instant je ne sais pas, mais nous trouverons une solution. »
L’homme les fit bifurquer sur un chemin escarpé qui montait à flanc de falaise.
« Collez-vous à la paroi pour éviter de tomber. Je sais comment enlever la marque. N’oubliez pas que j’en porte une moi-même.
-Vous avez des pouvoirs aussi ?
-Oui Elsa. Pas aussi impressionnant que les vôtres, mais je communique avec les esprits. D’ailleurs Anna, vous ne m’aviez pas dit que vous aviez aussi des pouvoirs.
-C’est parce que je n’en ai pas.
-Vous oubliez que je vous ai vu parler avec l’esprit du vent.
-Quoi ? Mais je… Tout le monde fait ça.
-Ah oui ? Vraiment ? »
Anna jeta un œil surprit à Elsa qui approuvait les paroles de Metiger. Les souvenirs lui revenaient maintenant, Bruni et Courant d’air qui l’avait guidée dans la forêt, Nokk qu’elle avait chevauché pour se rendre à Ahtohallan. L’idée faisait son chemin dans son esprit. L’homme leva le bras pour se protéger d’une bourrasque. Le vent faisait voler de la poussière tout autour d’eux, rendant leur progression encore plus difficile. Elsa se mordit la lèvre.
« La troisième attaque, celle de l’air. »
Un coup d’œil en contre-bas lui appris rapidement qu’une chute à cette hauteur serait mortelle.
« Nous devons nous accrocher à quelque chose !
-Oh très bien ! J’avais justement une corde dans mon sac ! »
Metiger grogna, la bourrasque était en train de se transformer en tempête. Quelqu’un lui accrocha quelque chose à la taille, il n’avait aucune idée de ce que c’était, mais il espérait que ce serait suffisant pour le sauver en cas de chute. Ils progressaient maintenant le visage collé à la paroi pour se préserver au maximum du vent qui hurlait à leurs oreilles. Mais plus ils avançaient, plus les rafales étaient fortes.
« Tenez bon ! On y est presque ! »
Anna avançait en deuxième de cordée, elle s’était servie de son manteau et de sa jupe pour faire une corde de fortune ente eux trois. Et elle avait eu raison de le faire parce que c’est exactement ce qui l’empêcha de s’écraser 60m plus bas lorsqu’elle glissa sur le bord, emportée par le vent.
« Anna !! »
La tempête était si terrible qu’ils devaient hurler pour se faire entendre. Le réflexe d’utiliser ses pouvoirs ne lui était d’aucune utilité, elle s’était rarement sentie aussi handicapée. Elsa tira sur la corde pour remonter sa cadette. Le tissu se déchira sur la roche escarpée mais il tint bon. Metiger s’agenouilla.
« Prenez ma main ! »
Ils parvinrent à hisser Anna dans un dernier effort. Mais même tenir debout devenait impossible. L’homme secoua la tête.
« Nous ne pouvons plus avancer !
-Il le faut ! Aller ! »
Le trio avança lentement à quatre pattes. Lorsque l’entrée se matérialisa enfin, Metiger n’y croyait plus, jamais une ascension de quelques mètres à peine n’avait été si cauchemardesque. Ils s’engouffrèrent à l’intérieur, à l’abri de la tempête, chacun reprenant son souffle.
« Bon sang… Mais d’où vient ce vent ?
-Du déséquilibre. »
Anna défit le nœud qui lui enserrait la taille. En jupon et échevelée, elle n’en restait pas moins déterminée.
« Finissons-en avant que Jordand ne s’en mêle aussi.
-Le vent vient de s’arrêter. »
Elsa s’était relevée, elle se tenait juste à l’entrée.
« Metiger, j’ai besoin de mes pouvoirs.
-Oui, venez »
Ils coururent dans la grotte pour déboucher dans une première pièce. Celle-ci avait été aménagée, probablement par Jordand. On y trouvait un bac creusé dans la roche, actuellement rempli d’eau. Il y avait toutes sortes d’ingrédients sur des étagères, des grimoires, un corbeau dans une cage qui croassait d’indignation dans leur direction. Metiger se mit tout de suite en action, sélectionnant les ingrédients dont il avait besoin. Elsa surveillait l’entrée et Anna prenait connaissance des cartes et des informations qui ornaient les murs de la pièce. Toutes les observations dont Metiger lui avait parlé étaient là, avec à chaque fois une chronologie et un rapport détaillé. Les dernières manifestations des pouvoirs de sa soeur auxquels ils avaient assisté, les questionnements sur les esprits de l’air et de l’eau, une description de Nokk. Elle remonta dans le temps. La première fois que Jordand avait eu connaissance des pouvoirs d’Elsa, c’était lorsqu’elle avait construit le palais de glace. Plutôt logique. Et avant ça, pendant des années il avait observé les Northuldra sans relâche, à la recherche d’une enfant, d’après les notes.
« Metiger ? Pourquoi Jordand cherchait un enfant ?
-Une fille. »
Il répondait tout en travaillant sur la préparation.
« Il y a des années, une famille a donné naissance à une petite fille, avec des pouvoirs. Le père était un ancien Northuldra, comme moi et la mère une Skamjorder qui n’était plus en accord avec les préceptes de la tribu. Ils avaient peur de ce que Jordand ferait à leur fille s’il le découvrait alors ils m’ont supplié de les aider. »
La pommade qu’il confectionnait vira au vert, il rajouta un nouvel ingrédient et elle devint rouge sang.
« Alors j’ai dissimulé les pouvoirs de cet enfant et je l’ai emmenée aussi loin que possible. A mon retour, Jordand avait fait tuer les parents et il m’a fait prisonnier. Il a toujours cru que j’avais emmené cette enfant chez les Northuldra, mais je n’étais pas stupide à ce point. »
Anna s’était pétrifiée en écoutant le récit de Mertiger. Elle avait plein de questions mais aucun son n’avait l’air de vouloir sortir de sa gorge. Sa soeur le fit pour elle.
« Vous l’avez emmenée à Arendelle, n’est-ce pas ?
-Vous avez deviné juste.
-Et vous l’avez déposé non pas devant n’importe quelle habitation mais devant le château. »
L’homme releva le nez de sa préparation pour fixer Elsa du regard.
« Vous avez remarqué quelque chose de particulier parmi le personnel du château ? Normalement ses pouvoirs sont toujours dissimulés.
-Parmi...Quoi ? Non. Mais Anna parle avec les esprits.
-Anna a grandi au château ?
-Vous n’avez pas vu ça en nous espionnant avec vos pouvoirs ?
-Jordand n’était intéressé que par vous.
-Anna est ma sœur. »
L’intéressée avait la gorge nouée par l’émotion. Elsa quitta temporairement son poste de surveillance pour lui faire un câlin, elle reprit la discussion pour fournir les explications manquantes.
« Nous avons découvert récemment qu’Anna avait été adoptée par nos parents. Et notre mère a dessiné la silhouette d’un homme portant des ornements de rennes. Comme Jordand.
-Vous êtes sœurs ? Mais ! Jamais je n’aurais cru que… »
Metiger était stupéfait. Lorsqu’il avait déposé cette enfant devant la fenêtre, il avait simplement pensé qu’elle serait plus facilement recueillie dans un endroit où il y avait assez de place et d’argent pour nourrir une bouche supplémentaire, et qu’elle trouverait sa place parmi le personnel du palais. Il n’avait pas imaginé un seul instant que le roi et la reine eux même puissent l’adopter.
« Jordand porte des bois de rennes parce qu’il se fait passer pour moi. Il prétend être celui qui peut se transformer. »
Son regard se porta enfin sur Anna qui n’avait pas bougé.
« Un vide à combler, je dois vous rendre vos pouvoirs… »
Il déposa un bol plein d’une pommade maintenant jaune dans les mains d’Elsa.
« Tenez, appliquez ça sur les marques, elles vont disparaitre, et vos pouvoirs vont revenir. Nous allons avoir besoin d’un peu de temps, vous pensez pouvoir les retenir ? »
Pour toute réponse, Elsa eut un sourire suffisant qui plut beaucoup à Metiger. Elle s’appliqua l’onguent avec précaution. De son côté, l’homme emmenait Anna plus profondément au cœur de la montagne.
A l’extérieur, Jordand fulminait de rage. Ce n’est que parce qu’il pensait avoir besoin d’eux qu’il n’avait pas déjà balancé quelques gardes dans le précipice. La tempête venue de nulle part les avait fortement ralentis mais maintenant ils avançaient rapidement.
« Armez vos lances ! Elsa ne doit pas mourir, faites ce que vous voulez des deux autres.
-Comment est-ce qu’on la reconnait ? »
Il grogna de frustration.
« Celle avec les cheveux blonds presque blanc. Vous ne pouvez pas la louper. »
Et effectivement, impossible de ne pas la voir, elle se tenait bien au centre de la pièce quand ils débarquèrent, de nouveau dans sa tenue blanche, la longue traine volant au vent même dans une pièce confinée. Et elle était très en colère parce que personne n’avait le droit de les droguer, personne n’avait le droit de les emprisonner et pire que tout, personne n’avait le droit de frapper sa soeur. D’un mouvement des bras, elle scotcha tous les soldats aux parois rocheuses, les emprisonnant dans la glace.
« Vous me cherchiez ? »
Il n’y aurait aucune sarbacane cette fois ci. Le combat serait entre Jordand et elle. Le sorcier eut un sourire mauvais.
« La dernière fois que nous nous sommes affrontés, je vous ai presque battu. Sans l’intervention de votre amie, vous seriez morte. »
Elsa fronça les sourcils, elle n’avait pas souvenir d’avoir déjà affronté cet homme, avec son air antipathique elle n’aurait pas pu l’oublier. Ce n’est que lorsqu’une main sortie des ombres pour se saisir d’elle qu’elle comprit. Elle sauta sur le côté pour éviter l’attaque et matérialisa une épée de glace dans sa main. C’était avec une arme similaire qu’Anna avait réussi à trancher les ombres.
« Le goût de la défaite vous manquait ? Vous réclamez un deuxième round ? »
Elle était nettement moins à l’aise avec une épée, d’autant qu’elle se sentait de plus en plus faible. Mais qu’importe, il y avait suffisamment de colère pour l’alimenter.
« Il doit bien y avoir du monde quelque part. Cette tribu n’a pas pu disparaitre comme ça.
-Nous aurons sans doute une meilleure vue une fois que nous serons arrivées en haut. »
Elsa huma l’air, plusieurs fois, à la recherche d’un feu de camp, d’une odeur de nourriture ou de quoique ce soit d’autre qui aurait pu lui révéler la présence des hommes. Mais tout ce qu’elle put distinguer par-dessus l’humidité fut le parfum des fleurs. Pourtant, elles ne s’étaient pas trompées de direction, l’une comme l’autre savait lire une carte et se repérer sur la route. Elles gravirent les derniers mètres qui les séparaient de la crête et toute une partie du paysage se révéla enfin à elles.
Les deux femmes se trouvaient au sommet d’une vallée encaissée, des pentes herbeuses parsemées de sapins se refermaient autour d’un lac immense. A l’ouest de leur position, une partie plus abrupte formait des falaises de grès et c’est là qu’elles distinguèrent le village.
« Enfin… »
Les Skamjorder s’étaient installés dans des habitations troglodytes. Contrairement aux Northuldra, ils avaient adopté un mode de vie plus sédentaire. Même à bonne distance, Elsa pouvait distinguer les enclos pour le bétail et les champs de culture. Au fur et à mesure qu’elles se rapprochèrent, elles perçurent les premiers éclats de voix et les coups du marteau contre le métal, il y avait un forgeron. Le village n’était pas très étendu, en son centre, la place réunissait les étals de nourritures. Les habitations qui n’étaient pas creusées à même la roche étaient construites dans un assemblement de pierre et de bois. Quelques allées étaient pavées, mais la plupart étaient simplement en terre.
Elles mirent pieds à terre quand elles n’étaient plus qu’à quelques mètres. Un éclaireur avait certainement signalé leurs présences depuis quelques temps parce qu’un attroupement s’était créé à l’entrée du village, dont un petit nombre de gardes armés de lances. Anna se lança la première.
« Bonjour ! »
Avec son enthousiasme et son sourire habituel, même si l’accueil n’était pas des plus chaleureux.
« Vous êtes bien loin d’Arendelle. »
La voix était dénuée de menace mais la personne qui parlait, un homme à l’évidence, demeurait invisible, probablement derrière les gardes.
Elsa plissa les yeux.
« C’est si évident ?
-Nous sommes loin, mais nous avons des éclaireurs. »
Les gardes s’écartèrent pour laisser passer un homme bien plus grand qu’eux. Même recouvert d’une fourrure sombre, sa stature était impressionnante, mais le plus étonnant étaient les bois de rennes qu’il portait en guise de coiffe. Anna ouvrit la bouche de surprise. Il ressemblait en tout point au dessin que leur mère avait reproduit dans le dernier carnet. Elsa ne se laissa pas distraire.
« Alors vous êtes bien mieux renseignés que nous. »
L’homme sourit, comme un éclair de dents blanches à l’ombre de sa capuche.
« Pardonnez notre accueil mais vous êtes les premiers visiteurs que nous recevons depuis très longtemps. »
Elsa faillit faire une remarque sur la nécessité d’avoir des gardes sans menace extérieur mais elle préféra plutôt se mordre la langue.
« S’il faut le préciser, notre présence ici ne constitue en aucun cas une intimidation, nous ne sommes même pas armées. »
A ses côtés, sa sœur était toujours pétrifiée. L’homme congédia les gardes d’un simple geste de la main. Il avança vers elle et replia son bras droit sur son torse, main posée sur son épaule gauche.
« Je suis Jordand, chef du clan des Skamjorlder. »
Les deux femmes firent une révérence parfaitement synchronisée.
« Je suis Elsa.
-Et moi Anna, reine d’Arendelle.
-Une reine jusqu’ici ?
-Et pourquoi pas ?
-En effet. »
Jordand repoussa légèrement sa capuche et révéla enfin le haut de son visage. Ses yeux étaient d’un vert étincelant, il devait avoir dans les 45 ans tout au plus, quelques fils argentés parcouraient les mèches sombre qui dépassaient de sa coiffe.
« J’ignore depuis combien de temps vous chevauchez, mais le voyage doit être long depuis Arendelle. Et la nuit sera bientôt là. Il me semble tout indiqué de vous inviter à passer la nuit dans notre modeste village. »
Anna acquiesça d’un signe de tête.
« Merci à vous, nous acceptons avec joie.
-Suivez-moi, je vais vous faire visiter. Et pardonnez-moi si mes manières laissent à désirer. Comme je vous l’ai dit, nous ne sommes malheureusement pas habitué aux visiteurs, en particulier quand il s’agit d’une reine.
-Oh ne vous inquiétez pas pour ça, je ne suis pas très protocolaire. »
Mais Elsa oui, et elle n’aimait pas cet accueil. Elle emboita le pas, juste derrière sa cadette tandis que Jordand leur donnait quelques explications sur le lieu. Les habitants se pressaient avec curiosité sur leur chemin mais sans jamais les approcher. Anna leva les yeux sur la falaise où se trouvait bon nombre de maison, creusées à même la roche.
« Vous vivez à l’intérieur de la montagne ?
-En quelque sorte, oui. C’est très confortable. En été la température reste fraiche et en hiver, nous sommes bien isolés. Par ici. »
Jordand grimpa une volée de marche et les fit rentrer dans une des nombreuses bâtisses troglodyte. Il tint la porte à Anna.
« J’ai demandé à ce qu’on vous prépare des chambres.
-Oh, nous préférons dormir dans la même chambre, en plus, cela vous fera moins de préparatif.
-Comme il vous plaira. Je pensais qu’une reine avait droit à toute son intimité.
-Je vous l’ai dit, je ne suis pas très protocolaire. Et nous ne voulons pas abuser de votre hospitalité. »
Elsa réprima difficilement un sourire mais comme elle l’avait dit à Yéléna ce matin même, Anna n’était pas naïve.
« Ah ! Je vois. »
L’espace était plutôt exigüe, l’atmosphère qui se dégageait de l’endroit avait quelque chose d’étrange, peut être lié à la roche dans laquelle l’habitation était construire. Quelques bougies éparses tentaient de repousser les ombres dans les recoins. Une cheminée réchauffait la pièce principale qui faisait aussi office de cuisine et une petite porte attenante menait à la chambre proprement dite. Il y avait peu de fenêtres bien sûr, et une seule porte.
« Aïe ! Quelque chose m’a piquée ! »
Elsa passa la main dans son cou, elle en ressortie une pointe de métal assez longue.
« Qu’est ce qu… »
Sa vue devint flou et elle s’écroula lourdement sur le sol, bientôt rejointe par Anna. Jordand sourit.
« Sans violence, et sans cris. Vous savez quoi faire.
-Oui. »
Les gardes ramassèrent les deux corps inertes.
Anna se réveilla dans une cellule. Sa tête l’élançait douloureusement, en tâtant prudemment, elle découvrit une belle bosse sur le côté droite de son crâne.
« Aïe.
-Vous avez dû vous faire ça en tombant, le produit qu’ils utilisent ne fait pas mal.
-Qui dit ça ! Qui êtes-vous ? »
Elle se colla contre le mur froid dans son dos. Il n’y avait ni feu de cheminée, ni fourrure ici, pas même une fenêtre d’ailleurs. Simplement quelques trous creusés dans la roche épaisse pour laisser passer l’air. Un peu de paille, une couverture miteuse, des araignées et probablement un rat ou deux. L’homme qui venait de lui parler se tenait de l’autre côté de la cellule, à bonne distance.
« Je ne voulais pas vous faire peur.
-Qui êtes-vous ?
-Metiger mais je doute que ça vous avance à grand-chose de connaitre mon nom. »
Anna fouilla l’endroit du regard, son angoisse monta d’un cran encore.
« Où est ma sœur ?
-Comment le saurais-je ? »
Metiger bougea légèrement, à la lueur de la bougie, Anna put découvrir son visage émacié mangé par une barbe, il avait la peau sombre et les traits fatigués. L’homme devait être là depuis longtemps. Il portait une tunique qui s’était déchirée et dont les pans pendaient misérablement de chaque côté de son torse. Anna déglutit.
« Où sommes-nous ? »
Le prisonnier eut un rire amer.
« Est-ce que ce n’est pas évident ? Dans un cachot.
-Mais… je… Je ne comprends pas… »
Des bruits de pas et des éclats de voix se firent entendre de l’autre côté de la porte. Metiger la prévint à voix basse :
« Ne posez pas de questions, baissez la tête et ne dites rien, ne leur donnez pas l’occasion de vous frapper. »
La porte s’ouvrit à la volée et Elsa fut jetée sans ménagement à l’intérieur, inconsciente. Ses vêtements avaient disparu, remplacé par une simple robe en tissu qui, pour l’instant, avait l’air encore propre. Anna se précipita.
« Elsa ! »
Elle reçut un coup de poing qui l’envoya voler contre le mur, à moitié assommée. Le garde attendit pour voir si elle revenait à la charge, quand elle se ramassa contre la paroie pour se protéger et s’éloigner, il parut satisfait et referma la porte en sortant.
« Elsa… »
La blonde n’avait pas l’air blessé, sa respiration était calme. Metiger s’approcha avec curiosité.
« Restez où vous êtes ! N’approchez pas !
-Elsa… d’Arendelle ? »
Face à l’absence de réponse, l’homme renchérit.
« Vérifiez ses bras.
-Quoi ?
-Vérifiez ses bras, et ses avants bras. »
Anna fronça les sourcils, mais elle fit ce qu’on lui demandait. Elle poussa un cri en découvrant les marques de longs serpents fin qui entouraient les bras d’Elsa, remontant jusqu’au niveau de ses épaules.
« Qu’est-ce que c’est ?
-Une marque de restriction, pour empêcher l’utilisation de ses pouvoirs.
-Quoi ? Mais comment pouvaient-ils savoir ? Et comment connaissez-vous Elsa ? »
Metiger l’observa un long moment, en silence.
« Vous n’auriez jamais dû venir ici.
-Ce n’est pas comme si nous avions le choix. »
Anna ramena la couverture sur Elsa et lui caressa le front. L’homme s’installa en tailleur.
« Elle va bien, elle est probablement juste endormie par les produits.
-Probablement ? Et comment nous connaissez-vous ? Vous n’avez répondu à aucune de mes questions. »
L’homme remonta les manches de sa tunique déchirée, dévoilant les mêmes marques de serpent.
« Vous avez des pouvoirs aussi ?
-Je peux communiquer avec les esprits de la nature. C’est pour ça qu’il me garde en vie.
-Qui ça « il » ? Jordand ?
-Oui, j’étais son disciple autrefois.
-Et qu’est ce qui a changé ?
-Nous n’avons pas la même vision des choses. Peut-être parce que je ne suis pas née dans cette tribu. »
Anna le fixa du regard quelques instants, il était difficile d’évaluer l’âge de son interlocuteur, mais, c’était possible.
« Vous êtes Northuldra ? Ou un ancien Northuldra. »
Metiger haussa les sourcils de surprise.
« Comment le savez-vous ?
-Dites-moi d’abord comment vous saviez qu’Elsa avait des capacités… A des capacités. »
Elles avaient fait bien attention à ne pas se servir des pouvoirs depuis leur départ de la grève ce matin. Yéléna les avait prévenues contre les Skamjorder, même si, à l’évidence, elles n’en avaient pas suffisamment tenu compte. Metiger haussa un sourcil.
« Elle a construit un château de glace tout en haut du Pic Gelé. Vous pensiez vraiment que c’était discret ?
-Oui… Bon… d’accord… Mais le Pic Gelé n’est pas en territoire Skamjorder ! Ca n’explique rien.
-Mes pouvoirs me permettent de voir au travers des yeux des animaux.
-Vraiment ? Tous ?
-Oui, tous. Jordand se sert de moi pour observer ce qui se passe ailleurs.
-Oh donc… Vous…
-Je suis presque au courant de tout, oui. J’ai vu le château de glace, j’ai vu la brume disparaitre de la forêt enchantée, même si je ne sais pas comment c’est arrivé. J’ai vu, votre amie, utiliser sa magie pour faire le bien autour d’elle. Et si je l’ai vu alors…
-Jordand aussi. »
Metiger hocha la tête.
« Il va vouloir se servir des pouvoirs d’Elsa et croyez-moi, il va trouver un moyen de le faire. »
Anna caressa les cheveux de la blonde qui dormait toujours. Elle ignorait jusqu’à quel point elle pouvait faire confiance à cet homme mais, elles se trouvaient en bien mauvaise posture.
« Est-ce que Jordand pourrait provoquer un déséquilibre dans la magie des esprits ?
-C’est ce qu’il cherche à faire depuis le début. S’ils sont déséquilibrés, les esprits sont vulnérables. Il pourrait alors s’emparer de leurs magies. »
Bon, elle s’apprêtait peut-être à faire quelque chose de très stupide.
« Metiger, je crois que vous pouvez nous aider. Où est Olaf quand on a besoin de lui ?
-Qui ?
-Olaf ! Il fait très bien les résumés. »
Anna entreprit de faire un récit aussi synthétique que possible de ce qui s’était passé au cours des dernières 48h, le message cryptique de Grand Pabbie, l’incendie, l’attaque à Ahtohallan puis la Mer Sombre. Elle garda pour elle l’histoire de l’adoption, jugeant que ça ne regardait qu’elle. Metiger essayait de suivre.
« D’accord, je pense que j’ai compris. Mais je ne vois pas comment je peux vous aider.
-Vous n’avez aucune réponse ? Enfin c’est bien vous le spécialiste des esprits ! Il y avait une carte qui menait jusqu’ici, jusqu’aux terres des Skamjorder, il doit bien y avoir une raison.
-Eohialan.
-Comment ?
-Eohialan, la montagne sacrée. Dans les livres il est dit qu’Eohialan détient les vérités du passé.
-Exactement comme Athohallan. C’est loin d’ici ? »
Metiger sourit.
« Nous vivons dedans. L’accès aux grottes sacrées se trouve au-dessus, le chemin est difficile et Jordand y passe beaucoup de temps… C’est peut-être là que vous devriez emmener votre amie, elle saura sans doute quoi faire.
-Très bien. Alors maintenant, comment on sort d’ici ? »
La mine de son interlocuteur s’assombrit, l’enthousiasme de la conversation était retombé aussitôt.
« Vous pensez que je serais toujours là si c’était possible ? »
Elsa gémit dans son sommeil, ses sourcils se froncèrent. Anna lui caressa tendrement les cheveux.
« Je crois que j’ai une idée. »
Elle se releva et s’approcha des trous dans le mur. Elle murmura au travers :
« Courant d’air, si tu m’entends, viens nous rejoindre. »
Anna patienta quelques secondes et répéta la même phrase plusieurs fois de suite. Metiger l’observait, perplexe. D’habitude il fallait plus d’année d’enfermement avant que les gens ne sombrent dans la folie, Anna devait être particulièrement fragile pour craquer aussi vite. Il s’apprêtait à intervenir lorsque… Courant d’air se manifesta effectivement. Il passa par un trou pour rentrer à l’intérieur du cachot et fit virevolter les cheveux et les vêtements d’Anna.
« Salut toi. Je suis contente de voir que tu vas bien. Nous allons avoir besoin de toi pour crocheter la serrure. »
Metiger observait la scène, la mâchoire pendante. Tout était délirant. Il se racla la gorge.
« Excusez-moi mais, vous pensez vraiment qu’un… heu… Que du vent peut crocheter une serrure ?
-Bien sûr que oui. Même une carotte peut crocheter une serrure. Mais d’abord, nous devons réveiller Elsa. »
Il cligna furieusement des yeux mais Anna n’y prêta pas attention. Elle secoua doucement Elsa par l’épaule pour la réveiller. La blonde lutta pour sortir des brumes du sommeil et de la drogue. Son corps lui donnait l’impression de peser une tonne, au moins. Tout était lourd et compliqué.
« Anna ?
-Comment tu te sens ?
-Bizarre…
-Je n’ai pas le temps de tout expliquer mais nous allons sortir d’ici. Tu peux marcher ?
-Je crois oui… Ta joue ! »
Plus que tout le reste, c’est l’ecchymose sur le visage d’Anna qui la fit sortir de sa torpeur. Elle se redressa.
« Qu’est ce qui s’est passé ? Qui t’a frappé ?
-Je t’expliquerai tout en chemin, c’est promis, mais pour l’instant, on sort.
-Et lui ! Qui est-ce ?
-Un ami.
-Je m’appelle Metiger, enchanté. »
Elsa était complètement perdue, mais comme Anna le lui avait dit, ce n’était pas le moment pour les explications. Courant d’air venait tout juste de déverrouiller la porte. Les trois comparses sortirent dans le couloir, jetant des coups d’œil méfiants autour d’eux. Les gardes n’étaient pas visibles pour le moment. Metiger leur fit signe de le suivre, c’est qu’il connaissait plutôt bien l’endroit, un peu trop même à son goût. Ils remontèrent quelques marches, toujours en silence. En fait, ils étaient tout simplement dans la demeure de Jordand qu’ils avaient visité quelques heures auparavant. Le chef de clan était allongé sur sa couche, perdu dans la lecture des carnets d’Iduna. Elsa serra les poings, la surprise lui pétrifia les muscles lorsqu’aucune magie ne se manifesta. Anna posa sa main sur la sienne et lui fit non de la tête. D’accord, plus tard il y aurait beaucoup de chose à expliquer. Mais pour le moment… Courant d’air fila au-dessus de leurs têtes et disparu par une fenêtre entre-ouverte. Il n’y avait que quelques mètres qui les séparaient de la porte de sortie, quelques mètres qui passaient juste devant le nez de Jordand.
Des éclats de voix se firent entendre depuis l’extérieur, ils montèrent crescendo avant qu’un vacarme de bruits métalliques et de chute ne viennent achever le tout. Jordand soupira. Il maugréa en se levant, excédé, et sortit sans même prendre le temps de refermer la porte derrière lui.
« Si vous avez encore trop bu messieurs ! Je vais vous le faire regretter ! »
Les trois amis détalèrent aussi vite que possible. Anna sourit une fois dehors.
« Merci Courant d’air. »
Il n’y avait pas une seconde à perdre, pour l’instant personne n’avait encore remarqué leur disparition, mais ce n’était qu’une question de minutes. Ils filèrent dans les ruelles, profitant de la nuit pour se glisser entre les ombres. Anna posa sa main sur l’épaule de Metiger.
« Conduisez-nous à Eo… Lianla.
- Eohialan.
-Oui, peu importe, conduisez-nous là-bas. »
Elsa n’écoutait que d’une oreille, elle fixait ses mains avec inquiétudes. Qu’est-ce que ce Jordand lui avait fait, pourquoi plus rien ne fonctionnait. Anna posa sa main sur son épaule.
« Viens Elsa, nous devons le suivre.
-Hm hm.
-Ils ont posé une marque sur tes bras, Metiger dit que c’est ce qui empêche ta magie.
-Comment est-ce qu’on l’enlève ? »
Elle releva ses manches pour découvrir ce qu’Anna avait déjà vu auparavant, les serpents qui couraient sur sa peau.
« Pour l’instant je ne sais pas, mais nous trouverons une solution. »
L’homme les fit bifurquer sur un chemin escarpé qui montait à flanc de falaise.
« Collez-vous à la paroi pour éviter de tomber. Je sais comment enlever la marque. N’oubliez pas que j’en porte une moi-même.
-Vous avez des pouvoirs aussi ?
-Oui Elsa. Pas aussi impressionnant que les vôtres, mais je communique avec les esprits. D’ailleurs Anna, vous ne m’aviez pas dit que vous aviez aussi des pouvoirs.
-C’est parce que je n’en ai pas.
-Vous oubliez que je vous ai vu parler avec l’esprit du vent.
-Quoi ? Mais je… Tout le monde fait ça.
-Ah oui ? Vraiment ? »
Anna jeta un œil surprit à Elsa qui approuvait les paroles de Metiger. Les souvenirs lui revenaient maintenant, Bruni et Courant d’air qui l’avait guidée dans la forêt, Nokk qu’elle avait chevauché pour se rendre à Ahtohallan. L’idée faisait son chemin dans son esprit. L’homme leva le bras pour se protéger d’une bourrasque. Le vent faisait voler de la poussière tout autour d’eux, rendant leur progression encore plus difficile. Elsa se mordit la lèvre.
« La troisième attaque, celle de l’air. »
Un coup d’œil en contre-bas lui appris rapidement qu’une chute à cette hauteur serait mortelle.
« Nous devons nous accrocher à quelque chose !
-Oh très bien ! J’avais justement une corde dans mon sac ! »
Metiger grogna, la bourrasque était en train de se transformer en tempête. Quelqu’un lui accrocha quelque chose à la taille, il n’avait aucune idée de ce que c’était, mais il espérait que ce serait suffisant pour le sauver en cas de chute. Ils progressaient maintenant le visage collé à la paroi pour se préserver au maximum du vent qui hurlait à leurs oreilles. Mais plus ils avançaient, plus les rafales étaient fortes.
« Tenez bon ! On y est presque ! »
Anna avançait en deuxième de cordée, elle s’était servie de son manteau et de sa jupe pour faire une corde de fortune ente eux trois. Et elle avait eu raison de le faire parce que c’est exactement ce qui l’empêcha de s’écraser 60m plus bas lorsqu’elle glissa sur le bord, emportée par le vent.
« Anna !! »
La tempête était si terrible qu’ils devaient hurler pour se faire entendre. Le réflexe d’utiliser ses pouvoirs ne lui était d’aucune utilité, elle s’était rarement sentie aussi handicapée. Elsa tira sur la corde pour remonter sa cadette. Le tissu se déchira sur la roche escarpée mais il tint bon. Metiger s’agenouilla.
« Prenez ma main ! »
Ils parvinrent à hisser Anna dans un dernier effort. Mais même tenir debout devenait impossible. L’homme secoua la tête.
« Nous ne pouvons plus avancer !
-Il le faut ! Aller ! »
Le trio avança lentement à quatre pattes. Lorsque l’entrée se matérialisa enfin, Metiger n’y croyait plus, jamais une ascension de quelques mètres à peine n’avait été si cauchemardesque. Ils s’engouffrèrent à l’intérieur, à l’abri de la tempête, chacun reprenant son souffle.
« Bon sang… Mais d’où vient ce vent ?
-Du déséquilibre. »
Anna défit le nœud qui lui enserrait la taille. En jupon et échevelée, elle n’en restait pas moins déterminée.
« Finissons-en avant que Jordand ne s’en mêle aussi.
-Le vent vient de s’arrêter. »
Elsa s’était relevée, elle se tenait juste à l’entrée.
« Metiger, j’ai besoin de mes pouvoirs.
-Oui, venez »
Ils coururent dans la grotte pour déboucher dans une première pièce. Celle-ci avait été aménagée, probablement par Jordand. On y trouvait un bac creusé dans la roche, actuellement rempli d’eau. Il y avait toutes sortes d’ingrédients sur des étagères, des grimoires, un corbeau dans une cage qui croassait d’indignation dans leur direction. Metiger se mit tout de suite en action, sélectionnant les ingrédients dont il avait besoin. Elsa surveillait l’entrée et Anna prenait connaissance des cartes et des informations qui ornaient les murs de la pièce. Toutes les observations dont Metiger lui avait parlé étaient là, avec à chaque fois une chronologie et un rapport détaillé. Les dernières manifestations des pouvoirs de sa soeur auxquels ils avaient assisté, les questionnements sur les esprits de l’air et de l’eau, une description de Nokk. Elle remonta dans le temps. La première fois que Jordand avait eu connaissance des pouvoirs d’Elsa, c’était lorsqu’elle avait construit le palais de glace. Plutôt logique. Et avant ça, pendant des années il avait observé les Northuldra sans relâche, à la recherche d’une enfant, d’après les notes.
« Metiger ? Pourquoi Jordand cherchait un enfant ?
-Une fille. »
Il répondait tout en travaillant sur la préparation.
« Il y a des années, une famille a donné naissance à une petite fille, avec des pouvoirs. Le père était un ancien Northuldra, comme moi et la mère une Skamjorder qui n’était plus en accord avec les préceptes de la tribu. Ils avaient peur de ce que Jordand ferait à leur fille s’il le découvrait alors ils m’ont supplié de les aider. »
La pommade qu’il confectionnait vira au vert, il rajouta un nouvel ingrédient et elle devint rouge sang.
« Alors j’ai dissimulé les pouvoirs de cet enfant et je l’ai emmenée aussi loin que possible. A mon retour, Jordand avait fait tuer les parents et il m’a fait prisonnier. Il a toujours cru que j’avais emmené cette enfant chez les Northuldra, mais je n’étais pas stupide à ce point. »
Anna s’était pétrifiée en écoutant le récit de Mertiger. Elle avait plein de questions mais aucun son n’avait l’air de vouloir sortir de sa gorge. Sa soeur le fit pour elle.
« Vous l’avez emmenée à Arendelle, n’est-ce pas ?
-Vous avez deviné juste.
-Et vous l’avez déposé non pas devant n’importe quelle habitation mais devant le château. »
L’homme releva le nez de sa préparation pour fixer Elsa du regard.
« Vous avez remarqué quelque chose de particulier parmi le personnel du château ? Normalement ses pouvoirs sont toujours dissimulés.
-Parmi...Quoi ? Non. Mais Anna parle avec les esprits.
-Anna a grandi au château ?
-Vous n’avez pas vu ça en nous espionnant avec vos pouvoirs ?
-Jordand n’était intéressé que par vous.
-Anna est ma sœur. »
L’intéressée avait la gorge nouée par l’émotion. Elsa quitta temporairement son poste de surveillance pour lui faire un câlin, elle reprit la discussion pour fournir les explications manquantes.
« Nous avons découvert récemment qu’Anna avait été adoptée par nos parents. Et notre mère a dessiné la silhouette d’un homme portant des ornements de rennes. Comme Jordand.
-Vous êtes sœurs ? Mais ! Jamais je n’aurais cru que… »
Metiger était stupéfait. Lorsqu’il avait déposé cette enfant devant la fenêtre, il avait simplement pensé qu’elle serait plus facilement recueillie dans un endroit où il y avait assez de place et d’argent pour nourrir une bouche supplémentaire, et qu’elle trouverait sa place parmi le personnel du palais. Il n’avait pas imaginé un seul instant que le roi et la reine eux même puissent l’adopter.
« Jordand porte des bois de rennes parce qu’il se fait passer pour moi. Il prétend être celui qui peut se transformer. »
Son regard se porta enfin sur Anna qui n’avait pas bougé.
« Un vide à combler, je dois vous rendre vos pouvoirs… »
Il déposa un bol plein d’une pommade maintenant jaune dans les mains d’Elsa.
« Tenez, appliquez ça sur les marques, elles vont disparaitre, et vos pouvoirs vont revenir. Nous allons avoir besoin d’un peu de temps, vous pensez pouvoir les retenir ? »
Pour toute réponse, Elsa eut un sourire suffisant qui plut beaucoup à Metiger. Elle s’appliqua l’onguent avec précaution. De son côté, l’homme emmenait Anna plus profondément au cœur de la montagne.
A l’extérieur, Jordand fulminait de rage. Ce n’est que parce qu’il pensait avoir besoin d’eux qu’il n’avait pas déjà balancé quelques gardes dans le précipice. La tempête venue de nulle part les avait fortement ralentis mais maintenant ils avançaient rapidement.
« Armez vos lances ! Elsa ne doit pas mourir, faites ce que vous voulez des deux autres.
-Comment est-ce qu’on la reconnait ? »
Il grogna de frustration.
« Celle avec les cheveux blonds presque blanc. Vous ne pouvez pas la louper. »
Et effectivement, impossible de ne pas la voir, elle se tenait bien au centre de la pièce quand ils débarquèrent, de nouveau dans sa tenue blanche, la longue traine volant au vent même dans une pièce confinée. Et elle était très en colère parce que personne n’avait le droit de les droguer, personne n’avait le droit de les emprisonner et pire que tout, personne n’avait le droit de frapper sa soeur. D’un mouvement des bras, elle scotcha tous les soldats aux parois rocheuses, les emprisonnant dans la glace.
« Vous me cherchiez ? »
Il n’y aurait aucune sarbacane cette fois ci. Le combat serait entre Jordand et elle. Le sorcier eut un sourire mauvais.
« La dernière fois que nous nous sommes affrontés, je vous ai presque battu. Sans l’intervention de votre amie, vous seriez morte. »
Elsa fronça les sourcils, elle n’avait pas souvenir d’avoir déjà affronté cet homme, avec son air antipathique elle n’aurait pas pu l’oublier. Ce n’est que lorsqu’une main sortie des ombres pour se saisir d’elle qu’elle comprit. Elle sauta sur le côté pour éviter l’attaque et matérialisa une épée de glace dans sa main. C’était avec une arme similaire qu’Anna avait réussi à trancher les ombres.
« Le goût de la défaite vous manquait ? Vous réclamez un deuxième round ? »
Elle était nettement moins à l’aise avec une épée, d’autant qu’elle se sentait de plus en plus faible. Mais qu’importe, il y avait suffisamment de colère pour l’alimenter.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:38
Anna se laissait guider, son esprit bouillonnait de manière confuse. Elle suivait Metiger, mécaniquement tandis qu’ils avançaient dans un boyau de roche. Elle était tellement perturbée qu’elle n’avait même pas le temps d’avoir peur.
« J’ai des pouvoirs ?
-Oui.
-Et vous avez connu mes parents ?
-Oui.
-Et c’est vous qui m’avez déposé devant le château d’Arendelle.
-Oui. »
Jusque-là, elle faisait un sans-faute.
« Et mes parents ? Ils étaient comment ? Et mes pouvoirs ? Qu’est-ce que c’est ? Et pourquoi je ne les ai pas ? Ca pourrait expliquer le déséquilibre ? »
Metiger prit plusieurs inspirations pour tenter de répondre au milieu des questions, mais à quoi bon. Il attendit quelques secondes de silence pour être sûr que l’interrogatoire était terminé.
« Je répondrai à toutes vos questions sur vos parents plus tard, je ne connais pas vos pouvoirs, je les ai juste… dissimulés. Et ça doit expliquer la situation. J’espère.
-Vous espérez ? »
Ils pénétrèrent dans une immense salle voûtée, le plafond et les parois irrégulières montraient qu’elle avait été creusée naturellement, sans aide humaine. Il y circulait un léger courant d’air frais et une odeur de champignon humide. Instantanément, Anna s’y sentit bien. L’homme lui glissa une pierre plate et lisse dans la main.
« Tenez ça.
-Qu’allez-vous faire ?
-Rien de douloureux, je vous le promets.
-Que suis-je supposée faire ?
-Accepter. »
Si Metiger se mettait à parler comme Grand Pabbie, les conversations risquaient de devenir complexes. Elle sentit la main froide de l’homme sur son front et tout à coup, le monde autour d’elle s’effaça. Anna naviguait dans ses souvenirs, remontait le temps à une vitesse folle, les moments partagés avec Olaf, les chants, Kristoff… Le tourbillon accéléra encore et encore, son adolescence, son enfance, et il était là, le visage Metiger en beaucoup plus jeune qui se penchait sur elle, sur son regard un peu flou de nouveau née. Des picotements lui parcoururent le corps, une armée de fourmis qui piétinait chaque parcelle de peau, chaque muscle, jusqu’à la sensation de ses cheveux sur son crâne. Une énergie nouvelle qui affluait en elle, s’engouffrait comme un séisme puissant. Une seconde de calme suspendue dans l’air et tout explosa. Une onde magique déferla avec force, elle illumina les parois de la salle, éclaboussa la voûte d’un milliard d’étoile et ce qui n’était qu’une vaste salle vide, obscure et poussiéreuse sembla prendre vie. Le son d’une berceuse depuis longtemps oubliée monta en écho. Anna pleurait. Elle observa ses mains, incertaine. Elle avait vu Elsa manipuler la glace avec facilité tellement souvent. Et maintenant que c’était son tour, elle ne savait pas comment faire. D’un geste timide, elle fit naitre une fleur sur le sol aride.
« Oh ! »
Puis une seconde, une troisième et bientôt des centaines. Metiger observait le spectacle avec émerveillement.
« Vous êtes lié à l’esprit de la Terre. Vous êtes le 6ème esprit.
-Que dois-je faire ?
-Eohialan va vous guider. Je vais aider Elsa. »
Sous ses yeux, l’homme se transforma en loup et repartit dans le tunnel, la laissant seule avec ses incertitudes. Les souvenirs s’animèrent tout autour d’Anna sous forme de personnages de terre. On y voyait un homme tenant la main d’une jeune femme dans un paysage bucolique. Ils échangeaient quelques paroles anodines au cours desquelles elle put saisir leurs prénoms. L’homme s’appelait Kelu, et la femme Olavara. Ils avaient l’air simplement heureux, faisant des plans sur l’avenir. La scène se modifia, le couple avançait ensemble dans le village Skamjorder, main dans la main, elle, le ventre arrondi, lui, l’air fier comme un paon. Ils semblaient très heureux mais un peu à l’écart des autres habitants. Anna essuya quelques larmes, la ressemblance physique avec ses parents étaient évidentes, parce qu’il s’agissait de ses parents, elle en était certaine. Kelu de terre souriait, les voix résonnaient.
« Je suis sûr que c’est une fille.
-Comment peux-tu le savoir, bêta.
-Je le sens. Et elle sera magnifique, comme toi. »
Anna posa sa main à l’endroit où battait son cœur. Le village disparut, Olavara tenait maintenant un bébé tout contre elle.
« Bonjour Anna. Ton père avait raison, tu es une fille et tu es magnifique. » Kelu couvait la scène du regard. Il tendit un bouquet à sa femme, dont certaines plantes, encore en bourgeons. Elles s’épanouirent en fleurs sauvages magnifiques lorsque bébé Anna tendit la main vers elles.
La reine d’Arendelle était absorbée par toutes ces découvertes. Ses parents étaient debout, en pleine discussion. Olavara faisait les cents pas.
« Nous devrions rejoindre ton ancienne tribu. Tu penses qu’ils m’accepteraient ?
-Sans l’ombre d’un doute. Nous partirons demain. »
Une version bien plus jeune de Metiger fit irruption dans la scène.
« Jordand est au courant pour les pouvoirs de votre enfant, il va venir la chercher à la nuit tombée.
-Je ne le laisserai pas faire.
-Tu ne pourras pas lutter contre lui et ses hommes, Kelu, tu le sais bien.
-Alors qu’est-ce que tu proposes ?
-Confiez-la moi. Je vous promets de la mettre en lieu sûr. »
Olavara éclata en sanglot. Elle prit son enfant qui s’était réveillée et la berça tout contre elle, lui chantant une berceuse.
« Quand le vent frais
Vient danser
Le mont s’éveille
Pour ne pas oublier
Ferme les yeux si tu veux voir
Tes souvenirs et tes grands d’espoirs
Dans l'air du soir
Tendre et doux
La terre éclaire
Un chemin pour nous
Si tu plonges dans le passé
Attention de ne pas t’y retirer
Elle chante pour qui sait écouter
Cette chanson
Danse de la vie
Il faut, nos peurs, apprivoiser
Pour trouver
L’amour endormi
Quand la terre ferme vient trembler
Une maman rêve toute éveillée
Dors mon enfant, n'aie plus peur
Le passé reste au fond des cœurs »
Ses parents l’emmitouflèrent soigneusement dans un linge et la déposèrent dans un couffin. Olavara y joignit une simple note qu’elle déposa dans les plis de la couverture. Metiger leur adressa un signe de tête et se transforma en renne. Le panier dans sa gueule, il disparut, et avec lui, les souvenirs.
Anna avait toujours les yeux plein de larmes. Les esprits de l’air, de l’eau, du feu et de la terre volaient tout autour d’elle, ils s’alignèrent au sol en 4 cristaux, et elle prit place au centre. Une fois de plus, le temps se suspendit l’espace d’une seconde avant que tout n’explose en une myriade d’étoiles. Anna opéra sa mue, ses vêtements changèrent : sa cape pourpre s’orna d’un fermoir en métal, une spalière en cuir apparut sur son épaule gauche pour venir compléter un plastron finement orné d’arbres et de feuilles. Des brassards en cuir gravés avec le symbole de la terre se matérialisèrent sur ses avants bras, et pour venir parachever l’armure, des bottes à lacets jusque mi-mollet et une ceinture avec un tasset qu’elle portait sur la hanche droite et une épée.
« Wow… »
Anna rit doucement, c’est comme-ci on venait soudainement de lui ôter une chape de plomb.
Un peu plus loin, Metiger venait de débarquer au beau milieu d’un tourbillon de glace et d’ombre. Elsa et Jordand s’affrontaient avec véhémence, aucun ne semblait prendre le dessus sur l’autre, pour le moment. Chacun remplissait l’espace à arme égale, avançant les attaques, reculant sous les coups. Des pics de glace entourèrent Jordand qu’il fit voler en éclat, Elsa trancha les ombres qui s’approchaient d’elle d’un geste sec. Le sorcier exultait de rage.
« Vous êtes sur mes terres ! Vous n’avez aucune chance !
-Ces terres ne vous appartiennent pas !
-Il n’y aucune issue ! Vous ne pouvez pas sortir, j’ai encore d’autres gardes dehors. »
Elsa grogna de rage et dans un ultime effort, tapissa entièrement la pièce de glace jusqu’au plafond qui fut instantanément recouvert de milliers de stalactites. Jordand étouffa un cri de surprise lorsqu’elles se décrochèrent toutes en même temps, transperçant les ombres, les clouant au sol comme de vulgaires insectes et finirent par l’assommer lui-même. Elsa se retint à la paroi pour ne pas s’effondrer, épuisée et affaiblie.
« Anna… »
Sa vue se troubla, elle lutta contre l’évanouissement. Le combat l’avait privée de ses dernières forces et ce froid… Ce froid qui n’en finissait pas de la ronger de l’intérieur. Metiger bondit à ses côtés et reprit sa forme d’homme.
« Vous êtes fiévreuse.
-Où est ma sœur ?
-Elle a retrouvé ses pouvoirs, ce n’est qu’une question de minute avant qu’elle ne devienne le 6ème esprit. Tenez le coup. »
Il se releva et commença à fouiller dans les ingrédients et les potions à la recherche d’un remède qui pourrait aider Elsa. Des bruits de pas et de métaux se firent entendre à l’extérieur, les gardes dont Jordand avait parlé venaient sûrement d’atteindre leur destination.
« Je vais m’occuper d’eux, restez au calme, ce sera bientôt fini. »
L’ancienne reine observa le sorcier disparaitre sous sa forme de loup. Il bondit vers la sortie.
Elle se releva et emprunta le chemin qui menait vers le centre de la montagne, sa main parcourait la roche pour lui apporter le support dont elle avait besoin. Elle fut frappée par une onde de choc magique qui la jeta au sol, inconsciente pour de bon.
« J’ai des pouvoirs ?
-Oui.
-Et vous avez connu mes parents ?
-Oui.
-Et c’est vous qui m’avez déposé devant le château d’Arendelle.
-Oui. »
Jusque-là, elle faisait un sans-faute.
« Et mes parents ? Ils étaient comment ? Et mes pouvoirs ? Qu’est-ce que c’est ? Et pourquoi je ne les ai pas ? Ca pourrait expliquer le déséquilibre ? »
Metiger prit plusieurs inspirations pour tenter de répondre au milieu des questions, mais à quoi bon. Il attendit quelques secondes de silence pour être sûr que l’interrogatoire était terminé.
« Je répondrai à toutes vos questions sur vos parents plus tard, je ne connais pas vos pouvoirs, je les ai juste… dissimulés. Et ça doit expliquer la situation. J’espère.
-Vous espérez ? »
Ils pénétrèrent dans une immense salle voûtée, le plafond et les parois irrégulières montraient qu’elle avait été creusée naturellement, sans aide humaine. Il y circulait un léger courant d’air frais et une odeur de champignon humide. Instantanément, Anna s’y sentit bien. L’homme lui glissa une pierre plate et lisse dans la main.
« Tenez ça.
-Qu’allez-vous faire ?
-Rien de douloureux, je vous le promets.
-Que suis-je supposée faire ?
-Accepter. »
Si Metiger se mettait à parler comme Grand Pabbie, les conversations risquaient de devenir complexes. Elle sentit la main froide de l’homme sur son front et tout à coup, le monde autour d’elle s’effaça. Anna naviguait dans ses souvenirs, remontait le temps à une vitesse folle, les moments partagés avec Olaf, les chants, Kristoff… Le tourbillon accéléra encore et encore, son adolescence, son enfance, et il était là, le visage Metiger en beaucoup plus jeune qui se penchait sur elle, sur son regard un peu flou de nouveau née. Des picotements lui parcoururent le corps, une armée de fourmis qui piétinait chaque parcelle de peau, chaque muscle, jusqu’à la sensation de ses cheveux sur son crâne. Une énergie nouvelle qui affluait en elle, s’engouffrait comme un séisme puissant. Une seconde de calme suspendue dans l’air et tout explosa. Une onde magique déferla avec force, elle illumina les parois de la salle, éclaboussa la voûte d’un milliard d’étoile et ce qui n’était qu’une vaste salle vide, obscure et poussiéreuse sembla prendre vie. Le son d’une berceuse depuis longtemps oubliée monta en écho. Anna pleurait. Elle observa ses mains, incertaine. Elle avait vu Elsa manipuler la glace avec facilité tellement souvent. Et maintenant que c’était son tour, elle ne savait pas comment faire. D’un geste timide, elle fit naitre une fleur sur le sol aride.
« Oh ! »
Puis une seconde, une troisième et bientôt des centaines. Metiger observait le spectacle avec émerveillement.
« Vous êtes lié à l’esprit de la Terre. Vous êtes le 6ème esprit.
-Que dois-je faire ?
-Eohialan va vous guider. Je vais aider Elsa. »
Sous ses yeux, l’homme se transforma en loup et repartit dans le tunnel, la laissant seule avec ses incertitudes. Les souvenirs s’animèrent tout autour d’Anna sous forme de personnages de terre. On y voyait un homme tenant la main d’une jeune femme dans un paysage bucolique. Ils échangeaient quelques paroles anodines au cours desquelles elle put saisir leurs prénoms. L’homme s’appelait Kelu, et la femme Olavara. Ils avaient l’air simplement heureux, faisant des plans sur l’avenir. La scène se modifia, le couple avançait ensemble dans le village Skamjorder, main dans la main, elle, le ventre arrondi, lui, l’air fier comme un paon. Ils semblaient très heureux mais un peu à l’écart des autres habitants. Anna essuya quelques larmes, la ressemblance physique avec ses parents étaient évidentes, parce qu’il s’agissait de ses parents, elle en était certaine. Kelu de terre souriait, les voix résonnaient.
« Je suis sûr que c’est une fille.
-Comment peux-tu le savoir, bêta.
-Je le sens. Et elle sera magnifique, comme toi. »
Anna posa sa main à l’endroit où battait son cœur. Le village disparut, Olavara tenait maintenant un bébé tout contre elle.
« Bonjour Anna. Ton père avait raison, tu es une fille et tu es magnifique. » Kelu couvait la scène du regard. Il tendit un bouquet à sa femme, dont certaines plantes, encore en bourgeons. Elles s’épanouirent en fleurs sauvages magnifiques lorsque bébé Anna tendit la main vers elles.
La reine d’Arendelle était absorbée par toutes ces découvertes. Ses parents étaient debout, en pleine discussion. Olavara faisait les cents pas.
« Nous devrions rejoindre ton ancienne tribu. Tu penses qu’ils m’accepteraient ?
-Sans l’ombre d’un doute. Nous partirons demain. »
Une version bien plus jeune de Metiger fit irruption dans la scène.
« Jordand est au courant pour les pouvoirs de votre enfant, il va venir la chercher à la nuit tombée.
-Je ne le laisserai pas faire.
-Tu ne pourras pas lutter contre lui et ses hommes, Kelu, tu le sais bien.
-Alors qu’est-ce que tu proposes ?
-Confiez-la moi. Je vous promets de la mettre en lieu sûr. »
Olavara éclata en sanglot. Elle prit son enfant qui s’était réveillée et la berça tout contre elle, lui chantant une berceuse.
« Quand le vent frais
Vient danser
Le mont s’éveille
Pour ne pas oublier
Ferme les yeux si tu veux voir
Tes souvenirs et tes grands d’espoirs
Dans l'air du soir
Tendre et doux
La terre éclaire
Un chemin pour nous
Si tu plonges dans le passé
Attention de ne pas t’y retirer
Elle chante pour qui sait écouter
Cette chanson
Danse de la vie
Il faut, nos peurs, apprivoiser
Pour trouver
L’amour endormi
Quand la terre ferme vient trembler
Une maman rêve toute éveillée
Dors mon enfant, n'aie plus peur
Le passé reste au fond des cœurs »
Ses parents l’emmitouflèrent soigneusement dans un linge et la déposèrent dans un couffin. Olavara y joignit une simple note qu’elle déposa dans les plis de la couverture. Metiger leur adressa un signe de tête et se transforma en renne. Le panier dans sa gueule, il disparut, et avec lui, les souvenirs.
Anna avait toujours les yeux plein de larmes. Les esprits de l’air, de l’eau, du feu et de la terre volaient tout autour d’elle, ils s’alignèrent au sol en 4 cristaux, et elle prit place au centre. Une fois de plus, le temps se suspendit l’espace d’une seconde avant que tout n’explose en une myriade d’étoiles. Anna opéra sa mue, ses vêtements changèrent : sa cape pourpre s’orna d’un fermoir en métal, une spalière en cuir apparut sur son épaule gauche pour venir compléter un plastron finement orné d’arbres et de feuilles. Des brassards en cuir gravés avec le symbole de la terre se matérialisèrent sur ses avants bras, et pour venir parachever l’armure, des bottes à lacets jusque mi-mollet et une ceinture avec un tasset qu’elle portait sur la hanche droite et une épée.
« Wow… »
Anna rit doucement, c’est comme-ci on venait soudainement de lui ôter une chape de plomb.
Un peu plus loin, Metiger venait de débarquer au beau milieu d’un tourbillon de glace et d’ombre. Elsa et Jordand s’affrontaient avec véhémence, aucun ne semblait prendre le dessus sur l’autre, pour le moment. Chacun remplissait l’espace à arme égale, avançant les attaques, reculant sous les coups. Des pics de glace entourèrent Jordand qu’il fit voler en éclat, Elsa trancha les ombres qui s’approchaient d’elle d’un geste sec. Le sorcier exultait de rage.
« Vous êtes sur mes terres ! Vous n’avez aucune chance !
-Ces terres ne vous appartiennent pas !
-Il n’y aucune issue ! Vous ne pouvez pas sortir, j’ai encore d’autres gardes dehors. »
Elsa grogna de rage et dans un ultime effort, tapissa entièrement la pièce de glace jusqu’au plafond qui fut instantanément recouvert de milliers de stalactites. Jordand étouffa un cri de surprise lorsqu’elles se décrochèrent toutes en même temps, transperçant les ombres, les clouant au sol comme de vulgaires insectes et finirent par l’assommer lui-même. Elsa se retint à la paroi pour ne pas s’effondrer, épuisée et affaiblie.
« Anna… »
Sa vue se troubla, elle lutta contre l’évanouissement. Le combat l’avait privée de ses dernières forces et ce froid… Ce froid qui n’en finissait pas de la ronger de l’intérieur. Metiger bondit à ses côtés et reprit sa forme d’homme.
« Vous êtes fiévreuse.
-Où est ma sœur ?
-Elle a retrouvé ses pouvoirs, ce n’est qu’une question de minute avant qu’elle ne devienne le 6ème esprit. Tenez le coup. »
Il se releva et commença à fouiller dans les ingrédients et les potions à la recherche d’un remède qui pourrait aider Elsa. Des bruits de pas et de métaux se firent entendre à l’extérieur, les gardes dont Jordand avait parlé venaient sûrement d’atteindre leur destination.
« Je vais m’occuper d’eux, restez au calme, ce sera bientôt fini. »
L’ancienne reine observa le sorcier disparaitre sous sa forme de loup. Il bondit vers la sortie.
Elle se releva et emprunta le chemin qui menait vers le centre de la montagne, sa main parcourait la roche pour lui apporter le support dont elle avait besoin. Elle fut frappée par une onde de choc magique qui la jeta au sol, inconsciente pour de bon.
- Aideen
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 21:38
Jordand maitrisé, la plupart des gardes s’étaient rendus d’eux même, trop heureux de quitter un poste qu’ils n’avaient aucune envie d’occuper. Le village était en effervescence dans l’aube naissante, les habitants fêtaient des retrouvailles avec des personnes qu’ils connaissaient pourtant depuis toujours mais que la tyrannie avait séparés. Les cachots furent ouverts, libérant des hommes et des femmes dont le seul tort était de ne pas soutenir Jordand. L’air bruissait d’éclat de rires et de larmes de joie, tant pis si la tempête avait causé des dégâts, le plus important était là : le tyran était déchu.
Au milieu de l’agitation générale, il y avait pourtant un petit groupe qui ne partageait pas l’allégresse. Assise sur la terre, au milieu de la poussière et des débris, Anna tenait sa sœur dans ses bras, toujours inconsciente. Metiger la rejoignit avec une plante dans les mains.
« Ne vous inquiétez pas, je pense qu’elle était affectée par le déséquilibre et que le combat l’a épuisée. Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, je suis persuadé que tout ira bien. »
Anna acquiesça d’un léger signe de tête, l’homme posa une main sur le front de la blessée.
« La fièvre est tombée, c’est bon signe. »
Il écrasa la plante entre ses doigts, libérant une odeur forte et désagréable qu’il passa ensuite sous les narines d’Elsa. Elle fronça les sourcils d’indignation et c’est après plusieurs tentatives qu’elle finit par ouvrir un regard un peu flou. Anna esquissa un sourire tendu.
« Hé… D’habitude c’est moi qui ai du mal à me réveiller.
-Hmm… »
L’ainée grogna, elle tenta de se redresser mais Anna la maintint fermement.
« Non non, tu ne bouges pas et tu y vas doucement, ordre du… heu… Ordre de Metiger. »
L’intéressé cligna des yeux de surprise mais il était plutôt d’accord avec les paroles du 6ème esprit.
« Comment vous sentez-vous ?
-Un peu assommée, mais en dehors de ça, je me sens beaucoup mieux. »
C’était curieux alors qu’elle venait tout juste de reprendre connaissance, mais c’était vrai. Le sentiment de fébrilité qu’elle avait combattu ces derniers jours s’était évanoui.
« Je n’ai plus froid, je ne me sens plus faible, juste fatiguée. Est-ce que cela veut dire que nous avons réussi ? »
Les souvenirs des derniers instants refaisaient surface mais le vacarme ambiant qui régnait ne l’aidait pas à se concentrer. Et l’odeur poisseuse qui l’avait réveillée envahissait toujours ses narines avec ténacité. Elsa posa son regard sur sa sœur dont elle constata les changements pour la première fois.
« Tu portes… une armure ! »
Anna luta quelques secondes mais elle laissa éclater sa joie. Elle épousseta quelques poussières imaginaires de sa nouvelle tenue et frotta son tasset pour le faire briller.
« Ouiiiii ! Et regarde ça ! »
Le carré de terre sèche et poussiéreuse qu’ils occupaient s’embellit tout à coup d’un parterre de fleurs colorés resplendissantes. Elsa profita de la distraction de sa cadette pour se redresser au moins en position assise.
« Anna ! C’est merveilleux ! »
Mais l’enthousiasme lui fit mal au crâne et elle se massa les tempes, provoquant aussitôt l’inquiétude de sa sœur. Metiger lui tapota le bras.
« Allez-y doucement pendant quelques temps, je crois que vous avez soumis votre corps à beaucoup de pression et qu’il a besoin de repos.
-Vous voulez parler du fait qu’elle a failli mourir étouffée par une main géante ? Puis que l’océan a tenté de la noyer ? Pendant que les esprits de l’eau et du feu étaient mourants. Ensuite elle a été droguée, privée de ses pouvoirs et pour finir, elle s’est battue contre un puissant sorcier. Vraiment, je ne vois pas ce que vous voulez dire. »
Elsa n’avait pas grand-chose à répondre à ça, elle eut une moue résignée. L’homme l’observa, incrédule.
« Vraiment ?
-Je crains que oui.
-Du repos, ordre de… Metiger. »
Il se releva.
« Les habitants vont probablement organiser un festin, nous allons vous préparer une chambre et vous vous reposerez avant de prendre le repas avec nous.
-Bruni et Nokk. »
L’inquiétude pour les deux esprits n’avait pas lâché Elsa. Du reste, elle se demandait comment se portait Courant d’air après la tempête de tout à l’heure. Le sorcier lui sourit.
« Ils vont bien, faites-moi confiance.
-Nous vous faisons confiance. »
Anna lui sourit en retour, elle caressa la joue de sa sœur ainée.
« Viens, nous avons bien mérité un peu de repos et de toute façon, je ne te laisserai pas reprendre la route dans cet état de fatigue. Tu dois prendre soin de toi aussi.
-D’accord.
-Oh… Wow !
-Qu’est-ce qu’il y a ?
-C’est la deuxième fois que tu m’écoutes quand j’essaie de prendre soin de toi. Metiger, la terre est-elle supérieure à la glace ? »
Quand il croisa les regards des deux sœurs, l’homme jugea plus prudent de ne pas répondre.
« Donc… la chambre ! Venez ! »
Anna aida Elsa à se remettre sur pieds, elle lui prit la main et emboita le pas à Metiger. Cette fois-ci, les habitants ne craignaient plus de venir les saluer et beaucoup les remercièrent avec effusion. Le sentiment d’avoir été utile était plaisant. Les fenêtres et les portes closent ne l’étaient plus, les habitants accrochaient du linge coloré sur les rebords et les façades. Leur hôte expliqua que c’était leur manière de célébrer et de décorer les habitations. Ils rentrèrent dans une demeure plus spacieuse que celle de Jordand, l’endroit était propre, chaleureux, il y avait une agréable odeur de fleurs et de fruits. L’homme ouvrit une porte qui donna sur une petite chambre toute simple. Les premiers rayons du soleil baignaient la pièce dans la luminosité matinale, il y avait quelque chose d’étrange à dormir maintenant mais les deux sœurs avaient besoin d’un peu de temps. Metiger leur sourit.
« Je vous fais ramener vos affaires.
-Et les carnets de notre mère, Jordand était en train de les lire lorsque nous nous sommes échappés.
-Entendu. »
Il salua les deux femmes et ferma la porte derrière lui. Elles restèrent silencieuses un moment, appréciant le calme de l’instant après tout ce qu’elles venaient de traverser. Elsa observa sa sœur avec tendresse.
« Tu es magnifique.
-Hem, merci. Je ne m’attendais pas à tout ça.
-C’est-à-dire ?
-Tout. »
Anna joua avec l’un des brassards, elle réajusta sa ceinture et vérifia son pantalon. Tout était nouveau et elle avait encore du mal à s’habituer à une tenue aussi guerrière. Elle ne s’était jamais imaginée avec une épée à la main tant son univers était normalement fait de princes et de bals. Mais ces dernières années, la vie s’était chargée de lui montrer qu’il y avait en réalité bien plus que ça. Alors après tout, pourquoi une épée à sa ceinture. Elle se frotta la joue, laissant les souvenirs faire surface.
« Les sensations, cette espèce de… d’explosion comme si quelque chose en moi était…
-libéré, délivré ? »
Anna lui tira la langue malicieusement.
« Mais en fait oui, c’est exactement ça.
-Je sais.
-Tu m’aideras ?
-A quel sujet ?
-Maitriser mes pouvoirs. Faire pousser des fleurs c’est bien, mais je dois pouvoir faire mieux que ça. »
Elsa rit doucement, elle s’installa sur la couche, bientôt rejointe par Anna qui se blottit contre elle.
« Bien sûr que oui. Tu te sens bien ?
-Je ne me suis jamais sentie aussi bien. »
Elle déposa un baiser sur le front de sa cadette. Anna se mit à chanter, doucement, la berceuse qu’elle venait d’apprendre. Elsa ferma les yeux.
« Ca ressemble à la mélodie de maman mais les paroles sont différentes.
-C’est celle que ma mère me chantait, ça doit être un autre couplet.
-A quoi ressemblait-elle ?
-Quand tu seras reposée, peut être que nous pourrons retourner à Eohialan et que je pourrais te présenter mes parents.
-J’aimerai beaucoup. »
Anna passa son petit doigt sur l’arête du nez d’Elsa qui se laissa faire avec un sourire parce qu’elle savait exactement ce que sa sœur était en train de faire. Elle sombra dans un sommeil paisible et débarrassé de tout cauchemar cette fois-ci.
[NDLA] C'est la fin de la première partie, mais la suite est déjà écrite. Je la posterai un peu plus tard à la suite. [NDLA]
Au milieu de l’agitation générale, il y avait pourtant un petit groupe qui ne partageait pas l’allégresse. Assise sur la terre, au milieu de la poussière et des débris, Anna tenait sa sœur dans ses bras, toujours inconsciente. Metiger la rejoignit avec une plante dans les mains.
« Ne vous inquiétez pas, je pense qu’elle était affectée par le déséquilibre et que le combat l’a épuisée. Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, je suis persuadé que tout ira bien. »
Anna acquiesça d’un léger signe de tête, l’homme posa une main sur le front de la blessée.
« La fièvre est tombée, c’est bon signe. »
Il écrasa la plante entre ses doigts, libérant une odeur forte et désagréable qu’il passa ensuite sous les narines d’Elsa. Elle fronça les sourcils d’indignation et c’est après plusieurs tentatives qu’elle finit par ouvrir un regard un peu flou. Anna esquissa un sourire tendu.
« Hé… D’habitude c’est moi qui ai du mal à me réveiller.
-Hmm… »
L’ainée grogna, elle tenta de se redresser mais Anna la maintint fermement.
« Non non, tu ne bouges pas et tu y vas doucement, ordre du… heu… Ordre de Metiger. »
L’intéressé cligna des yeux de surprise mais il était plutôt d’accord avec les paroles du 6ème esprit.
« Comment vous sentez-vous ?
-Un peu assommée, mais en dehors de ça, je me sens beaucoup mieux. »
C’était curieux alors qu’elle venait tout juste de reprendre connaissance, mais c’était vrai. Le sentiment de fébrilité qu’elle avait combattu ces derniers jours s’était évanoui.
« Je n’ai plus froid, je ne me sens plus faible, juste fatiguée. Est-ce que cela veut dire que nous avons réussi ? »
Les souvenirs des derniers instants refaisaient surface mais le vacarme ambiant qui régnait ne l’aidait pas à se concentrer. Et l’odeur poisseuse qui l’avait réveillée envahissait toujours ses narines avec ténacité. Elsa posa son regard sur sa sœur dont elle constata les changements pour la première fois.
« Tu portes… une armure ! »
Anna luta quelques secondes mais elle laissa éclater sa joie. Elle épousseta quelques poussières imaginaires de sa nouvelle tenue et frotta son tasset pour le faire briller.
« Ouiiiii ! Et regarde ça ! »
Le carré de terre sèche et poussiéreuse qu’ils occupaient s’embellit tout à coup d’un parterre de fleurs colorés resplendissantes. Elsa profita de la distraction de sa cadette pour se redresser au moins en position assise.
« Anna ! C’est merveilleux ! »
Mais l’enthousiasme lui fit mal au crâne et elle se massa les tempes, provoquant aussitôt l’inquiétude de sa sœur. Metiger lui tapota le bras.
« Allez-y doucement pendant quelques temps, je crois que vous avez soumis votre corps à beaucoup de pression et qu’il a besoin de repos.
-Vous voulez parler du fait qu’elle a failli mourir étouffée par une main géante ? Puis que l’océan a tenté de la noyer ? Pendant que les esprits de l’eau et du feu étaient mourants. Ensuite elle a été droguée, privée de ses pouvoirs et pour finir, elle s’est battue contre un puissant sorcier. Vraiment, je ne vois pas ce que vous voulez dire. »
Elsa n’avait pas grand-chose à répondre à ça, elle eut une moue résignée. L’homme l’observa, incrédule.
« Vraiment ?
-Je crains que oui.
-Du repos, ordre de… Metiger. »
Il se releva.
« Les habitants vont probablement organiser un festin, nous allons vous préparer une chambre et vous vous reposerez avant de prendre le repas avec nous.
-Bruni et Nokk. »
L’inquiétude pour les deux esprits n’avait pas lâché Elsa. Du reste, elle se demandait comment se portait Courant d’air après la tempête de tout à l’heure. Le sorcier lui sourit.
« Ils vont bien, faites-moi confiance.
-Nous vous faisons confiance. »
Anna lui sourit en retour, elle caressa la joue de sa sœur ainée.
« Viens, nous avons bien mérité un peu de repos et de toute façon, je ne te laisserai pas reprendre la route dans cet état de fatigue. Tu dois prendre soin de toi aussi.
-D’accord.
-Oh… Wow !
-Qu’est-ce qu’il y a ?
-C’est la deuxième fois que tu m’écoutes quand j’essaie de prendre soin de toi. Metiger, la terre est-elle supérieure à la glace ? »
Quand il croisa les regards des deux sœurs, l’homme jugea plus prudent de ne pas répondre.
« Donc… la chambre ! Venez ! »
Anna aida Elsa à se remettre sur pieds, elle lui prit la main et emboita le pas à Metiger. Cette fois-ci, les habitants ne craignaient plus de venir les saluer et beaucoup les remercièrent avec effusion. Le sentiment d’avoir été utile était plaisant. Les fenêtres et les portes closent ne l’étaient plus, les habitants accrochaient du linge coloré sur les rebords et les façades. Leur hôte expliqua que c’était leur manière de célébrer et de décorer les habitations. Ils rentrèrent dans une demeure plus spacieuse que celle de Jordand, l’endroit était propre, chaleureux, il y avait une agréable odeur de fleurs et de fruits. L’homme ouvrit une porte qui donna sur une petite chambre toute simple. Les premiers rayons du soleil baignaient la pièce dans la luminosité matinale, il y avait quelque chose d’étrange à dormir maintenant mais les deux sœurs avaient besoin d’un peu de temps. Metiger leur sourit.
« Je vous fais ramener vos affaires.
-Et les carnets de notre mère, Jordand était en train de les lire lorsque nous nous sommes échappés.
-Entendu. »
Il salua les deux femmes et ferma la porte derrière lui. Elles restèrent silencieuses un moment, appréciant le calme de l’instant après tout ce qu’elles venaient de traverser. Elsa observa sa sœur avec tendresse.
« Tu es magnifique.
-Hem, merci. Je ne m’attendais pas à tout ça.
-C’est-à-dire ?
-Tout. »
Anna joua avec l’un des brassards, elle réajusta sa ceinture et vérifia son pantalon. Tout était nouveau et elle avait encore du mal à s’habituer à une tenue aussi guerrière. Elle ne s’était jamais imaginée avec une épée à la main tant son univers était normalement fait de princes et de bals. Mais ces dernières années, la vie s’était chargée de lui montrer qu’il y avait en réalité bien plus que ça. Alors après tout, pourquoi une épée à sa ceinture. Elle se frotta la joue, laissant les souvenirs faire surface.
« Les sensations, cette espèce de… d’explosion comme si quelque chose en moi était…
-libéré, délivré ? »
Anna lui tira la langue malicieusement.
« Mais en fait oui, c’est exactement ça.
-Je sais.
-Tu m’aideras ?
-A quel sujet ?
-Maitriser mes pouvoirs. Faire pousser des fleurs c’est bien, mais je dois pouvoir faire mieux que ça. »
Elsa rit doucement, elle s’installa sur la couche, bientôt rejointe par Anna qui se blottit contre elle.
« Bien sûr que oui. Tu te sens bien ?
-Je ne me suis jamais sentie aussi bien. »
Elle déposa un baiser sur le front de sa cadette. Anna se mit à chanter, doucement, la berceuse qu’elle venait d’apprendre. Elsa ferma les yeux.
« Ca ressemble à la mélodie de maman mais les paroles sont différentes.
-C’est celle que ma mère me chantait, ça doit être un autre couplet.
-A quoi ressemblait-elle ?
-Quand tu seras reposée, peut être que nous pourrons retourner à Eohialan et que je pourrais te présenter mes parents.
-J’aimerai beaucoup. »
Anna passa son petit doigt sur l’arête du nez d’Elsa qui se laissa faire avec un sourire parce qu’elle savait exactement ce que sa sœur était en train de faire. Elle sombra dans un sommeil paisible et débarrassé de tout cauchemar cette fois-ci.
[NDLA] C'est la fin de la première partie, mais la suite est déjà écrite. Je la posterai un peu plus tard à la suite. [NDLA]
- FrantzozeLégende du Royaume
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Date d'inscription : 29/06/2016
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Re: [FanFiction] Un Vide de Vérité
Ven 25 Sep 2020, 22:45
@Bjorgman
Il faudrait déplacer ce sujet dans "fiction en cours"
Car elle n'est pas finie niveau publication
@Aideen ... Je te conseille peut être de poster tes chapitres un par un avec un peu de délais entre chaque peut être pour laisser un peu de temps à chacun pour lire sans se perdre ou se décourager à voir beaucoup de lecture d'un seul coup
D'autre part si tu veux, tu peux décrire ta fiction façon article wikipédia sur ce topic
Il faudrait déplacer ce sujet dans "fiction en cours"
Car elle n'est pas finie niveau publication
@Aideen ... Je te conseille peut être de poster tes chapitres un par un avec un peu de délais entre chaque peut être pour laisser un peu de temps à chacun pour lire sans se perdre ou se décourager à voir beaucoup de lecture d'un seul coup
D'autre part si tu veux, tu peux décrire ta fiction façon article wikipédia sur ce topic
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