[FCU WHAT IF...] Et si… Anna et Elsa avaient été séparées pendant l’enfance ?... Le plan d'Emma Picéaerd

Chapitre 3 : Enfer et damnation



« Mais que m’arrive-t-il ? »


Voilà que je remettais chaque jour au lendemain mes odieux forfaits. A chaque fois, j’observais l’erreur de la nature pouponner ses marmots puants. Je voulais intervenir, lui gâcher sa vie, noircir le cœur de sa mère, mais comme toujours, les sales gosses lui fournissaient une protection inespérée. Tout ceci n’était pas une surprise, je le savais, comme je savais ce que je devais faire…
Comme chaque jour je détournais le regard du pays Northuldra, pour voir du côté d’Arendelle. Quelle déception, aucune conséquence diplomatique à la mort de la reine Tatiana… Finalement il n’y avait que moi qui devait en payer le prix et supporter cette mégère par-dessus mon épaule. Non, c’était même pire que cela. C’était presque bénéfique pour Anna. Tous n’avaient eu pour elle que belles paroles réconfortantes, presque comme si tous voulaient la féliciter d’avoir débarrasser le monde de cet odieux personnage.


« En plus elle reçoit les lauriers alors qu’elle ne l’a même pas tuée ?! C’est moi qui l’ai fait ! » Fulminais-je.
-Vous avez fait quoi le petit boudin ?!
-Oh ce n’est pas vrai, mais qu’est-ce que vous faîtes encore là ?
-La même chose que les autres jours… Je constate votre pathétique incompétence à me rendre justice ! Encore une fois vous ne faîtes rien… Comme c’est surprenant ! Au fond, il est normal que les paysans illettrés de la forêt où je suis morte soient si idiots… Si leur origine vient de vous comment aurait-il pu en être autrement ? Vous n’êtes rien Emma Picéaerd…
-Vous avez conscience qu’à force de n’avoir de cesse de m’insulter je vais finir par vous mettre en pièce ? Personne n’ose sans conséquence me manquer ainsi de respect !
-Mais je ne vous manque pas de respect…
-Ah oui vraiment ?! La mauvaise foi c’est naturel à ce point chez vous pour affirmer ça avec le plus grand calme ?
-Probablement pas plus que chez vous… Et d’ailleurs je ne suis pas de mauvaise foi… Je ne vous manque pas de respect… Pour en manquer, faudrait-il encore que vous soyez digne d’en recevoir…


C’en était trop ! Jamais on ne m’avait insulté de la sorte, et pourtant j’avais vécu toute une enfance comme une orpheline méprisée ! Cette vieille bique allait découvrir à ses frais qu’il était bien imprudent de fâcher la mère fouettarde ! Vive comme l’éclair, je me saisis de mon plus fidèle outil à ma ceinture et fit face avec fureur à cette mégère. Avec l’habilité de centaines d’années de pratique, mon fouet s’enroula autour de la vieille bique… Elle était à ma mercie ! J’allais pouvoir rosser cette marâtre !


-Vous comptez me punir ? Pour quelle raison ? Pour avoir pointé votre nullité ? Quelle faute est-ce là ?
-Silence ! Vous allez voir ce que ça coûte de contrarier la mère fouettarde !


J’avais hurlé, resserrant ma liane contre son cou la forçant à se pencher vers moi. J’espérais tellement lui avoir fait mal, tandis que je remarquais un objet tomber de son cou. Un collier… J’avais dû briser le fermoir dans mon geste… Furieuse, j’envoyais un grand coup de pied dans le bijou pour l’envoyer le plus loin possible. « J’espère que ça te peinera de l’avoir perdu garce ! » Pensais-je pour moi, n’éprouvant aucun remord de cette mauvaise action gratuite.


-Vous êtes décidément pitoyable en mère fouettarde si vous pensez me faire mal… Fit-elle d’une voix étouffée.


Maudit Hellheim ! En cet endroit de paix il était impossible de causer du tort à qui que ce soit, impossible de faire mal, de faire souffrir… Ici mon fouet ne servait à rien !... Mais ailleurs ?! Un sourire en coin se dessina sur mon visage tandis que je fixais celle qui m’horripilait tant. Tatiana sembla le sentir car son visage se ferma soudain. Aurait-elle enfin compris qu’il était bien imprudent de me défier moi… l’être le plus puissant ?! C’était pourtant inutile et je le sentais bien. Sans ménagement je relâchais cette femme agaçante et m’empressais de m’éloigner pour me concentrer sur les choses importantes… Ahtohallan et mon forfait. Je pouvais toujours l’entendre déblatérer ses vils propos mais j’avais déjà fermé mon esprit, prête à partir hanter mes nouvelles cibles ! L’instant d’après fut des plus agréables, la voix de Tatiana se tût alors que je quittais l’Hellheim pour retrouver le château d’Arendelle. Rapidement, de ma forme spectrale, je souris… « coucou toi ! » Pensais-je alors que je survolais la petite fille parfaite en train de s’exercer à la harpe.


« Mais comment pouvait-on faire plus niais que cela ? » Me dis-je retenant une envie de vomir face à tant de mièvrerie et davantage encore lorsqu’Elsa arriva et d’un air pincé frappa quatre fois dans ses mains de manière protocolaire pour complimenter le sonnet de la petite et lui indiquer l’heure tardive signifiant l’heure du coucher pour l’enfant. Parfait, mon heure était proche. Je dus néanmoins subir le balai de mièvreries… Observer Kirsten et sa sœur Rita surjouer les révérences protocolaires dans une chorégraphie impeccable sans aucune fausse note au protocole sous le regard aiguisé d’Elsa qui appréciait que tout soit parfait.


« Ce n’est pas possible, j’ai pu m’éloigner de l’autre courge de Tatiana… Tout ça pour en observer trois autres ! » Grommelais-je pour moi-même.


Plus loin dans le couloir j’entendis bien plus d’agitation. Les voix furent immédiatement reconnaissables. C’était ma souffre-douleur préférée qui avait toutes les peines du monde à coucher ses deux têtes de mules de petits frères. Cette gourde avait sans doute dû confier ses affreux marmots qui m’empêchait désormais de l’approcher à l’autre dégénéré qu’elle avait trouvé moyen d’épouser. Plus tard, les cris d’Anna d’Arendelle résonnèrent, vociférant toute sa colère envers ses deux fils désobéissants et ne manquant pas de vilipender son ainée pour son incapacité à faire obéir les deux garnements ! Ah comme ce spectacle était plaisant à entendre ! Le cœur d’Anna se noircissait toujours plus. Elle était proprement odieuse envers ses enfants. Comme j’aurai donné cher pour pouvoir lire toute la déception d’être encore une fois une moins que rien sur le visage de l’erreur de la nature. Au moins avec les deux petits fous, j’aurai de quoi m’amuser… Mais non, j’avais un objectif. Tant pis si ça devait être bien plus ennuyeux au milieu de cette famille parfaite, pleine de bons sentiments. Même leur hypocrisie était à la hauteur de leur complexe de supériorité… Ces petits regards hautains qui hurlaient à quel point la mère et ses filles se sentaient si supérieurs aux rustres qui faisaient tant de bruit dans le couloir… Je connaissais ce regard, c’était celui que j’avais croisé dans les yeux de toute personne devant moi durant mon enfance. Moi, la petite orpheline qui n’était pas digne de respirer le même air qu’eux ! Oh oui… Comme il me tardait de ruiner leur petite perfection !
Les deux princesses s’endormirent, j’avais le choix… La danseuse ou la joueuse de harpe ?!... La reine Tatiana m’avait parlé de Kirsten ?... Oui ! Autant s’attaquer à cette petite miss parfaite ! Et si en plus cela pouvait contrarier la mégère cela serait d’autant plus plaisant ! Bien, il était temps de faire ce que je maîtrisais le plus… Pervertir les pensées d’une enfant dans son sommeil.


Il ne me restait plus qu’à attendre. Je fus satisfaite de voir le lendemain matin la parfaite petite Kirsten se réveiller en grimaçant, comme troublée dans ses pensées. Sa matinée demeurait semblable à toutes les autres bien que germait en elle, une envie irrépressible de changer. La gentille petite copiait avec sérieux sa leçon royale, bercée par le tempo du professeur de danse de sa sœur dans l’autre pièce. Finalement, elle posa sa plume d’oie et s’approcha de la fenêtre puis observa les deux affreux garnements d’Anna, préparer quelque mauvaise farce dans les jardins du château.


« Allez… vas-y !!! Vas-y !!! Souille ta jolie perfection ! » Jubilais-je.


Si j’avais été vivante, nul doute que tout Arendelle aurait entendu mon cri de joie lorsque je vis la petite prendre sa cape et quitter sa table de travail… sans autorisation ! J’avais hâte de découvrir la suite. Hors de question de quitter la petite fille parfaite des yeux tandis qu’elle descendit les escaliers quatre à quatre. Je pouvais sentir sa peur lorsqu’elle croisa le chemin de l’intendant bedonnant dans l’escalier.


-Euh… M…mère m’a demandé de… de quérir quelques… do… documents pour elle auprès… de… de… ma sœur Helga à propos des… des Northuldra. Bégaya-t-elle tremblant comme une feuille.
-Bien sur votre Altesse ! Votre sœur se trouve dans les jardins, en compagnie de vos cousins si je ne m’abuse…
-M…Merci… Fit-elle avec une révérence qui troubla le domestique.


« La voilà qui mentait en plus !... Elle mentait de manière pitoyable mais qu’importe ! Voilà que la blanche colombe commençait déjà à entacher son plumage immaculé !... Excellent ! Voyons jusqu’où tu iras petite ! » Me dis-je.


Comme il était toujours hilarant d’observer les enfants sages être transi de peur au moment de se risquer à désobéir aux ordres ! Je la trouvais presque aussi ridicule que l’erreur de la nature en cet instant, alors qu’elle s’approcha des deux frères.


-Psst! Elysia!!! Stop Kirsten la coincée arrive !
-Qu’est-ce que tu fais là toi ?! Dégage ! Tu ne dois pas être en leçon avec Tatie Elsa ?! Demanda Elysia méchamment en rabaissant sa fronde.
-Je… Euh… Non mais… et… Et vous ! Vous devriez aussi… être en leçon d’abord !


« Oh non petite idiote tu ne vas quand même pas tout gâcher en passant pour une rapporteuse !!!! » Grognais-je.


-Tu ne sais rien du tout la pimbêche ! Et si jamais tu cafardes je te préviens…
-Je ne suis pas une pimbêche et je ne cafarde pas !!! Je… Je suis là pour vous aider dans… votre farce !
-Ah oui ? Demanda Pieter en haussant les sourcils.
-Parfaitement ! Je… J’ai… J’ai quitté la leçon sans autorisation ! Pour… Pour faire la blague à votre place !


Les deux garçons se mirent à rire et je l’avoue j’aurai bien ri avec eux, elle était absolument ridicule la pauvre ! Même sa stupide sœur ainée était capable de se montrer plus convaincante !


-Mais… Pourquoi vous riez bande de… de… d’imbéciles déjections de… de… de rennes mal léchés !
-Oh !!!! La petite fi-fille à sa maman qui essaie de lancer une insulte, tu entends ça Pieter ?! C’est le monde à l’envers ! Tu vas voir que demain, Tatie Elsa va déclencher une canicule au-dessus du Royaume !
-Ouais… ou pire… Grande sœur Helga pourrait réussir à faire du chamanisme !!!


« Oh ça c’était envoyé ! Il est doué ce petit ! » Pensais-je


-Pfff… Bien… Bien sûr que non ! Grande sœur Helga est un cas désespéré ! Tenta Kirsten qui voulait se donner de la crédibilité.
-Kirsten qui se la joue rebelle ! Je veux voir ça !!! D’accord la coincée ! Tiens !!! Montre-nous ce que tu sais faire ! Regarde, les dignitaires pas loin… Allez, tire leur dessus si tu l’oses ! Railla Elysia en fourguant la fronde dans les mains de Kirsten.
-Eh Elysia fais gaffe, elle ne sait pas tirer ! elle pourrait nous toucher sans le faire exprès ! Avertit Pieter !
-Ah vous allez voir !!! Et puis tirer sur les dignitaires… C’est nul comme idée ! Ronchonna Kirsten en observant les alentours.
-Poule mouillée !!! Ricanèrent les deux frères.


La fillette était vexée bien que déterminée. Je l’observais avec crainte, les deux garnements devaient avoir un plan pour quelque mauvaise action, mais si la fille décidait d’improviser… Comment la miss parfaite pouvait-elle bien se transformer ? Avec angoisse je suivais du regard ce qu’elle observait, soudain, son regard se fixa. Je vis la même chose qu’elle. Non loin des dignitaires, aussi gauche que d’habitude, l’erreur de la nature tentait vainement de converser, sans doute à la demande de sa tante. Quelques pas derrière, l’ahuri Northuldra qui lui servait de mari pouponnait les deux vomissures d’Ahtohallan.

Inquiète, j’observais ma créature pervertie qui avait l’attitude d’un limier en arrêt sur sa proie. Les garçons eux aussi avaient cessé leurs quolibets, remarquant le regard transformé de Kirsten. Après une longue inspiration, la fillette tendit la fronde et tira. L’instant d’après, tout le monde put entendre le cri d’Helga, touchée dans le dos. Surprise, l’erreur de la nature avait sursauté et, de sa maladresse légendaire venait involontairement de donner une gifle magistrale au dignitaire à côté d’elle tout en renversant son verre sur l’épouse de ce dernier. Immédiatement, une formidable cacophonie commença alors que les deux garnements observaient Kirsten admiratifs !


-Oh en plein dans le mille ! La frangine va encore se faire attraper ! Jubila Pieter
-Wow ! Eh la coincée, t’es douée quand tu veux ! Ricana Elysia en reprenant la fronde des mains de sa cousine pour tirer à nouveau et accroitre un peu plus le capharnaüm.
-Super !!! Notre meilleure farce frérot !!! Et aussi Kirsten ! Tu fais partie de la bande ! Clama heureux Pieter.


Alertée par le raffut, Anna ne tarda pas à arriver sur les lieux en furie. Immédiatement, elle identifia son ainée comme responsable et la conspua de reproches. Je restai auprès des trois garnements ravis de leur farce. Les garçons se gaussaient du malheur de leur ainée au bord des larmes face aux reproches maternels et, je devais bien le confesser, je prenais beaucoup de plaisir à rire avec eux de l’infortune de ma souffre-douleur préférée. J’aurai volontiers félicité Kirsten si seulement elle avait pu m’entendre, en revanche, ma nouvelle marionnette restait quant à elle quelque peu en retrait. Son naturel trop parfait était sans doute en conflit mais peu importait.

Tout à coup, les rires des garçons se stoppèrent, au loin, Anna avait retrouvé un des projectiles et son regard fixait la cachette des enfants. En hâte, Elysia fit signe à Kirsten de s’éloigner de quelques pas alors qu’il restait, courageusement en compagnie de son frère, prêt à assumer la mauvaise plaisanterie. Anna fondit rapidement sur eux et attrapa fermement les deux enfants par l’oreille. Kirsten les observait transie de peur mais aucun d’eux ne la dénonça. Elle recula d’un pas et entendit derrière elle un éclaircissement de gorge.

Les enfants sages pris en faute… Ma vision favorite ! La petite s’était liquéfiée alors que se retournant, elle faisait face à sa mère, vêtue de chaussons de danse et non loin derrière, Rita, toujours en tenue. Kirsten ravala sa salive et tentait tant bien que mal de fuir le regard sévère d’Elsa. Anna aussi s’était stoppée, surprise de voir sa nièce ici, tenant toujours les oreilles des deux coupables. Je pouvais sentir le cœur de l’enfant battre toujours plus fort, inquiète d’être dénoncée, mais ni Elysia, ni Pieter ne pipèrent mot.


-Kirsten ? Puis-je savoir ce que tu fais ici ?! Demanda Elsa avec sévérité.
-Euh… Je… Maman je…
-N’es-tu pas censée suivre ta leçon à cette heure-ci ?!
-Si… mais…
-Tu es sortie sans autorisation ! En tant que princesse royale tu as des devoirs dont celui de t’instruire ! Le devoir passe avant l’amusement jeune fille, tu te dois tout au moins de prévenir lorsque tu t’absentes. Tu souhaitais prendre un peu d’air frais soit ! Cela aère l’esprit, mais regarde ! S’absenter sans prendre en considération ses devoirs et le protocole t’a mené non loin de ces deux malotrus qui te servent de cousins ! Souhaites-tu ainsi leur ressembler ? Trouves-tu cela digne de la couronne ?!


La fillette baissa les yeux. Anna de son côté commença à s’éloigner avec ses deux fils. Discrètement, Elysia fit un petit signe à sa cousine. Pour une fois je le sentais, elle ne l’insupportait pas et, en bon petit garnement qui se respecte, ce bougre n’allait pas dénoncer sa complice et assumer seul avec son frère le châtiment de la mauvaise plaisanterie tandis que ma marionnette demeurait épargnée… Zut ! Ma tentative était ratée !


-Ton comportement n’est pas digne d’une princesse royale Kirsten ! Retourne immédiatement à ta leçon pendant que je me charge d’aller dire ma façon de penser à Helga et son incroyable incapacité à surveiller des enfants ! Allez file ! Plus vite que ça… Et tache de prendre exemple sur le comportement de ta sœur Rita ! Voilà le comportement d’une princesse ! Tonna Elsa en tournant les talons.


La remarque de la reine avait frappé Kirsten en plein cœur qui les larmes aux yeux peinaient à dévisager sa jumelle. A ma grande surprise… Je me sentais moi aussi tout aussi touchée que Kirsten au point de ne même pas avoir envie d’observer l’erreur de la nature se faire rabrouer.


L’instant suivant, sans que je ne contrôle rien, Ahtohallan transforma subitement le décor. J’étais retombée dans mon lointain passé. Je me vis, déambuler près du village de mon enfance, je devais avoir à peu près l’âge des enfants que je venais de quitter, je ne me souvenais plus. La fillette que j’étais faisait tout son possible pour être irréprochable. Je n’avais aucune ressource mais je tenais à ce que mes habits paraissent les plus propres et soignés possibles. Je me devais d’être la plus impeccable, la plus soignée de toute. A cet instant, me revoyant, la ressemblance me frappa tel un coup au visage. Kirsten ! Cette princesse parfaite ! J’avais la même attitude qu’elle. Obsédée par l’ordre et la dignité, la volonté d’être irréprochable !

Je continuais d’observer ma vie d’orpheline modèle sans comprendre pourquoi une fois encore Ahtohallan avait décidé de me plonger à nouveau dans mon passé. Soudain, harassée par la tâche, ma version enfant décida d’arrêter son labeur de blanchisseuse pour prendre un peu de repos dans un confortable fauteuil non loin de là. Aucune permission n’avait été demandée, la fatigue trop grande, le repos si bon, mais hélas de courte durée. Bien vite le soufflet du propriétaire intervînt et ses yeux luisants de colère fixèrent ma version jeune qui baissa le regard, honteuse.


« N’as-tu pas honte de t’approprier ce qui ne t’appartient pas ? Je suis déjà bon de te fournir du labeur à toi… petite orpheline ! Tous ceux de ta race n’êtes que de la vermine ! Tu devrais être reconnaissante ! Retourne à ta tâche, et prends donc exemple sur ton camarade ! Lui au moins se montre digne de la main qui lui est tendue ! » Vociféra l’homme en montrant un enfant débitant du bois que je reconnus à sa bedaine fournie… Pierre.


Ma version jeune comme moi-même demeurions totalement estomaquées ! Tout était fait pour n’avoir aucun reproche. Être la plus parfaite possible, la plus juste, mais au moindre minuscule écart, le couperet venait de tomber. J’avais été rabaissée, humiliée, injustement comparée. J’avais beau tout faire pour être appréciée, pour être digne, pour être parfaite… ça n’était jamais suffisant. Cette vision faisait écho avec l’abandon de ma mère qu’Ahtohallan aimait tant me montrer… J’étais destinée à être le mal, celle que l’on critique, celle que l’on dénigre, celle que l’on craint. Je poursuivis mon observation alors que Pierre s’approcha de l’enfant que j’étais pour me couvrir de son vêtement et sécher mes larmes de honte. Il était le seul à me soutenir même si ma version enfant comme moi-même fermions les poings de rage…

« C’est injuste Pierre tu m’entends ! Si moi je suis grondée… Alors tous ceux qui transgressent les règles doivent l’être ! »
-Calme toi Emma… Moi je sais que tu fais de ton mieux et ne t’en fais pas, un jour tout le monde verra ce que moi je vois…
-Tu as sans doute raison… Et quand ça sera le cas, je ferais en sorte que tout le monde suive exclusivement le droit chemin ! J’en fais le serment Pierre tu m’entends !


Ahtohallan me libéra finalement de cette vision et je me sentis revenir dans l’Hellheim. Le souffle court, ne sachant quoi penser, peinant à me remémorer tout ce que j’avais vu.


-Alors vous vous amusez encore avec votre paroi de glace ?... Décidément vous ne travaillez jamais… Vous êtes la paresse incarnée en somme !


La voix cassante de Tatiana me ramena pleinement dans mon monde… Elle tombait mal ! Mon plan n’avait pas fonctionné, Ahtohallan m’avait giflé… Il fallait que quelqu’un paie et cette reine de malheur était toute désignée ! Immédiatement, l’idée qui m’avait traversée l’esprit à son sujet me revint en mémoire.


-Venez ! Nous allons faire une promenade ! Fis-je d’une voix faussement amicale.
-Sachant comme vous êtes pitoyable, je doute qu’elle soit agréable ! Ricana-t-elle toujours étouffée alors que je l’avais à nouveau entravée de mon fouet.
-Tant mieux !... C’est le but !


Qu’Ahtohallan soit béni, je conservais toujours tous mes privilèges de mère fouettarde, y compris ceux de naviguer entre les mondes. De ma main libre, je touchais la paroi gelée qui compris ma volonté. Quelques instants plus tard, une crevasse s’ouvrit à côté de la reine Tatiana. Avant même qu’elle ne puisse dire le moindre mot, je l’entraînais avec moi vers ce monde inconnu. Je pouvais sentir alors que nous traversions les dimensions, l’inquiétude poindre sur son visage et lui interdire toute parole. Pourquoi n’avais-je donc pas commencé par cela ?! Peu importait… Elle m’avait cherché, elle allait amèrement comprendre ce qu’il en coûtait de défier la mère fouettarde ! Ce voyage l’angoissait, une part de moi-même aurait voulu le ralentir mais non, j’avais perdu assez de temps avec cette garce insupportable ! Je me concentrais sur ma destination et enfin mes pieds touchèrent le sol glacé.


-Décidément, votre famille d’idiots aimez les pays froids… et moches ! Remarquez ça va avec ce que vous êtes ! Railla-t-elle.


« C’est ça, continue… Tu ne sais pas ce qui t’attend… » Pensais-je alors que je balayais le paysage des yeux, mais où diable cet abruti avait-il bien pu s’installer ? Je n’avais que peu de temps, forcer une âme de l’Hellheim à venir se perdre dans le Niflheim ne pouvait être qu’extrêmement temporaire… A moins d’avoir un gardien !


-C’est ici chez vous ? Remarquez ça vous va bien… Laid, froid, absolument pathétique…
-Vous aimez j’espère ?!... Venez, j’ai à vous présenter ! Répondis-je repérant enfin la hutte que je cherchais
-Me présenter à quelqu’un ?... Vous connaissant, ça ne peut être qu’un sombre crétin mal éduqué… Fit-elle en frissonnant.
-Vous savez quoi Reine Tatiana ?... Vous avez parfaitement raison ! Mais vous n’imaginez pas à quel point je vais être heureuse de le voir ce sombre crétin ! Répondis-je en tambourinant à la porte.


Aucune réponse ne parvînt… Pitié ne me dites pas que ce gros porc de Yuma était en train de roupiller ?! Pas maintenant !


-Même pas fichue d’ouvrir une porte… Votre inutilité m’épate de seconde en seconde…
-Dîtes, vous ne voulez pas vous épater d’autre chose et aller faire un tour ?! Vociférais-je en frappant à nouveau la porte de toutes mes forces
-Pour une fois, je vais être d’accord avec vous… Tout vaudra mieux que votre médiocrité…


Je la vis s’éloigner alors que la rage ne semblait atteindre plus aucune limite tant cette reine de malheur m’exaspérait… Et l’autre andouille ne répondait pas en prime !!! Furieuse je voulus fracasser à nouveau de mon poing la porte mais ce fut une autre matière que le bois que j’écrasais…


-Aïe !!!!!! Hurla Yuma le souffle coupé.
-Ah tout de même ! Yuma ! Quelle joie de vous voir ! Répondis-je d’une voix que je voulais amicale.
-Joie… Eh bien je me demande ce que cela doit être lorsque vous venez voir quelqu’un avec colère… Ronchonna-t-il en se massant le torse.
-Pardon, c’est… un malheureux incident ! Je… Je tenais à vous voir pour… Vous féliciter !
-Me féliciter… avec un crochet du droit dans les poumons ?
-Oui, peu importe… Vous féliciter mon brave ! Après tout, vous avez su trouver la réponse pour vous libérer de cette prison de glace et accepter ce fardeau de gardien du Niflheim… C’est… hum… Admirable !


Je m’écœurais… Faire du bon sentiment, c’était tellement faux pour moi. Mais il fallait poursuivre, cet idiot ne savait rien des événements de l’Hellheim, il allait pouvoir être un allié de circonstance.


-Eh bien c’est… Très aimable à vous Emma merci !
-Oui ! Et vous savez comme je peux avoir en haute estime celui qui se charge de punir et redresser les torts…
-Je… Je ne sais pas si mon rôle ici est véritablement de…
-TaTaTa !!!! Ne soyez pas modeste mon cher Yuma ! Et je suis venue justement pour… En quelque sorte vous mettre à l’épreuve !
-A l’épreuve ?!
-Oui… Vous comptez répéter toutes mes fins de phrase ?! Demandais-je agacée.
-Je…
-Pardon… Pardon c’est ma faute, je ne devrais pas… Puisque vous êtes le maître ici, je comptais vous apporter moi-même votre premier grand défi. Vous voyez l’insupportable reine coincée derrière moi… Eh bien c’est elle dont vous allez devoir vous occuper ici bas !
-Elle mais… Hum pardon Emma mais… Son aura… Je sens… Elle… Elle n’appartient pas à ce monde ?!
-Son aura ? Comment ça son aura ?! Depuis quand êtes vous capable de sentir cela vous ?! Demandais-je furieuse !
-Je… Je ne sais pas… C’est… Quand je suis redescendu, avec ce rôle je… C’est venu comme ça…
-Vous m’en direz tant !... Mais peu importe. Yuma, vous m’êtes sympathique ! Vraiment sympathique. Lançais-je d’une voix surjouée.
-Vraiment ?!
-Mais oui vraiment… Et un roi tel que vous mérite un sceptre digne de lui…
-Je ne suis pas…
-Pas de fausse modestie Yuma je n’ai pas le temps pour ça ! Tenez ! Prenez ceci ! Cela va vous aider à garder votre nouvelle hôte auprès de vous.


Sans lui demander son avis, je lui fourrais mon fouet dans la main droite. L’ancien chef Northuldra l’observa avec des yeux ronds sans comprendre. Si je m’écoutais je l’aurais sans doute giflé pour sa stupidité mais je devais me contenir et utiliser cet idiot comme allié. Oh comme j’avais en horreur de devoir paraître gentille et aimable !


-Je vous offre le fouet de la mère fouettarde Yuma…
-Je… Je ne peux accepter et… C’est sans doute à Elysia et Anna de le prendre maintenant qu’ils ont pris le rôle de…
-Eux… Oh non Yuma non ! Voyez vous ils… Ils ont choisi de… D’avoir leur propre style voyez-vous. A titre personnel je ne partage pas leur point de vue mais… J’ai passé la main et je leur fais pleinement confiance pour remplir le rôle que Pierre et moi avons joué.
-Et vous les aidez n’est ce pas ?
-Moi… Mais bien évidemment ! Anna et moi nous sommes…euh… les meilleures amies du monde. Mais elle ne veut pas de cet outil donc… c’est… C’est même elle qui m’a demandé de venir vous l’apporter !


Heureusement qu’il n’y avait pas de miroir face à moi je n’aurai supporté de me voir m’abaisser à cela ! Le mensonge et la manipulation ne me dérangeait pas, c’était même devenu ma marque de fabrique mais devoir faire passer une de mes plus grandes adversaires pour ma meilleure amie tout ça pour qu’un idiot suive mes directives, même moi j’en étais dégoutée. Cependant, si c’était pour me débarrasser de la vieille bique, c’était un sacrifice nécessaire.

Yuma me dévisagea un temps avant de m’offrir un sourire et tendit la main pour recevoir mon présent. Dire que je devais laisser cet outil inestimable dans les mains d’un parfait abruti !


-Parfait, maintenant que vous l’avez en main, concentrez votre esprit sur la reine Tatiana… et tout fonctionnera ! Je compte sur vous Yuma pour redresser cette âme perdue ! Alors ? Vous sentez la puissance ?!
-Oh oui je la sens bien !
-Parfait ! Bon ça n’est pas que je m’ennuie à discuter avec vous Yuma mais il se fait tard et j’ai des choses à faire…
-Oui vous devez aider Anna sans doute ! Merci Emma !
-Aider Anna ?! Mais voyons quelle… Hum !... Oui !! Oui !!! Oui exactement ! Je dois… Aider Anna puisque… nous sommes amies ! Quelle perspicacité ! Bon allez je me sauve !
-Eh Emma !!! Attendez-moi ! Hurla la reine Tatiana alors que je m’éloignais.


Je n’eus qu’un regard pour Yuma qui comprit. Aussitôt il claqua le fouet et cette maudite garce se retrouva comme retenue au sol par des chaines invisibles.


-Mais que m’avez-vous fait ?! Vociféra-t-elle
-Et oui ma chère ! Vous êtes désormais piégé ici ! Il ne fallait pas me contrarier ! Désolée… Enfin attendez… Non en fait, je ne le suis absolument pas ! Au plaisir de ne pas vous revoir ! Lui hurlais-je avant de quitter ce monde infâme et cette gêneuse désormais prisonnière des enfers.



Satisfaite de mon odieux forfait je remontais en hâte vers l’Hellheim… Pour une fois je partageais volontiers une pensée de l’horrible reine des neiges « Libérée, Délivrée » … Oui c’étaient bien les mots qui illustraient mon état d’esprit. J’avais enfin réussi à me débarrasser de la reine Tatiana. Elle allait pourrir dans le Niflheim, là où elle aurait dû arriver dès le départ ! Il était décidément plus que temps que mon projet aille au bout et que je devienne la maîtresse incontestée de tous les mondes… Clairement sous mon futur règne, une telle femme ne pourra jamais imaginer passer dans l’Hellheim !

J’observais les lieux. Heureusement pour moi, personne dans cette partie. Cette Tatiana ne m’avait obsédée que trop longtemps, il ne fallait pas que je me déconcentre. Tant que mes desseins ne seraient pas accomplis, je restais ici telle une fugitive… Inutile que les idiots ne me tombent dessus. Il était temps de reprendre le fil des événements. Machinalement, alors que je me rapprochais d’Ahtohallan, ma main glissa dans une de mes poches et je sentis un curieux objet. Bizarre, à part du charbon je n’ai habituellement rien sur moi. Je sortis le curieux intrus et me figea alors que je le portais près de mes yeux… Ce collier d’enfant raté ! Celui de la reine Tatiana ! Mais que faisait-il ici ?! Je l’avais pourtant lancé au loin ?! Maintenant que cette peau de colle m’avait enfin quitté pourquoi cet objet était-il… ? Oh peu importe ! Je n’ai jamais été une adepte des sports de lancers mais avec toute ma rage je pus propulser cet objet le plus loin possible ! « Bon débarras ! » Pensais-je avant que je ne sente son mon pied quelque chose… Mon regard se posa au sol et je réprimais un hoquet de surprise… Le collier était encore là !


« Hellheim à la…Fleur ! » Hurlais-je.


« Fleur ? » … Pourquoi ai-je ?... Oh oui cela me revenait, il était impossible de jurer en ce monde, pourtant cela m’aurait fait le plus grand bien ! A nouveau je relançais cet objet de pacotille qui par magie se retrouva à nouveau sous ma botte au pas suivant…


« Impossible de jurer… Impossible d’abandonner un objet… Il est temps que je change ces règles ! » Vociférais-je en fourrant le bijou dans ma poche.


Hors de question de conserver cette horreur, je savais que ça allait me perturber, que je ne pourrais être pleinement concentrée à vouloir tourmenter Kirsten et détruire le cœur d’Anna avec cette horreur mal faite, digne d’être une réalisation de l’erreur de la nature… Je savais ce qu’il me restait à faire… De mauvaise grâce je me mis en route en quête de la reine Alix des Iles du Sud, elle et son pourceau de mari avaient eux aussi réussi à pénétrer dans l’Hellheim, Ahtohallan sait comment !? Une véritable famille de gens détestables et méprisants et pourtant, ils étaient ici. A croire que leur mépris était si fort qu’ils les immunisaient contre la culpabilité… Encore une chose qu’il me faudra changer ! Moi qui ne rêve que de justice et de mérite, comment des gens aussi peu recommandables peuvent ainsi jouir de la quiétude de l’Hellheim ?! Ma rage avait néanmoins du bon… J’étais comme guidée et tombais rapidement sur la piste de la Reine Alix. Elle était assise, calme dans un jardin non loin de la mer. Sans doute son lieu de repos aux Iles du Sud lors de sa vie terrestre. Il fallait bien l’avouer, l’endroit était très beau et je ne saurai dire pourquoi, j’avais le sentiment de connaître ce jardin…
« Ridicule Emma, tu n’es jamais allée aux Iles du Sud… Allez on se concentre, tu as du travail ! » Me dis-je avant d’avancer d’un pas décidé vers la reine des coincées.


-Mère fouettarde Emma Picéaerd ! Quelle délicieuse surprise ! Venez accompagnez-moi ?! Tenez prenez une douceur ! Me lança avec une voix douce la souveraine.
-Eh bien… Voilà un accueil que je n’attendais pas si…
-Ah ! Ah ! Non !... La révérence avant de prendre place. Me coupa Alix en m’empêchant de m’asseoir.


Pas de doute, c’était bien la fille de sa mère ! Je m’étais débarrassée d’une reine, pour courir auprès d’une autre… Mais pourquoi avais-je à ce point le besoin de me piler les nerfs ?! Pensais-je.


-Bien, alors Emma… Non ! Vous ne pouvez servir le thé ainsi, ça n’est pas protocolaire… Tenez laissez, je vais m’en charger… Il faut que les choses soient bien faîtes… Voilà… Alors, pardonnez ma curiosité et mon verbe quelque peu familier mais je ne puis résister, que venez-vous faire ici ?


Je restais mutique quelques instants, observant cette femme. Elle m’avait pris la théière des mains jugeant que j’agissais mal, mais contrairement à l’image que cette femme avait renvoyé durant sa vie terrestre et aussi à l’attitude insupportable de la reine mère Tatiana, je ne ressentais pas le mépris dans sa voix. Non, la reine Alix agissait différemment. Elle souhaitait que tout soit parfait, que chaque règle soit scrupuleusement respectée… Elle me reprenait mais aussi montrait… Elle m’apprenait. C’était la un sentiment très bizarre… Cette femme n’était pas méprisante, elle exigeait la perfection… Comment pourrais-je l’en blâmer ?!


-Eh bien Emma ?! Il n’est guère convenable d’obliger son hôte à se répéter vous savez ?!
-Certes oui… Je… Je prenais le temps de me concentrer à ne pas commettre d’impair en tenant la tasse… Votre Altesse !
-Au moins… Vous avez des manières, contrairement à vos descendants… Votre maintien est acceptable, néanmoins vous m’obligez… Qu’est-ce qui vous amène ?!
-Je crains de devoir vous décevoir en répondant par une autre question reine Alix… Comprenez ma surprise d’être accueillie avec les honneurs de votre part… c’est peu commun pour…
-La mère fouettarde ? Veuillez me pardonner, je ne sais ce qu’il m’a pris de vous couper… Une coupable excitation je le confesse… S’empourpra la reine.
-Excitation ?... Vous aimez mon travail ?
-Qui ne l’aime pas est un sombre idiot ! Vous rossez ceux qui s’éloignent de la perfection !
-Je… Je ne l’aurai pas formulé ainsi mais… Merci. Balbutiais-je surprise.
-Néanmoins chère Emma je dois bien l’avouer c’est pour une tout autre raison que je vous admire…
-Ah oui ?
-Oui… Depuis son arrivée, vous avez réussi à éloigner ma mère de moi !
-Plait-il ?
-La reine Tatiana… Je dois bien l’avouer, j’ai été soulagée de la voir à vos côtés et non auprès de moi… Ses reproches incessants, ses remarques… Il n’est pas aisé d’être la perfection incarnée…
-La perfection incarnée ?... Votre mère ?! M’étouffais-je.
-Non pas elle… Mais l’idéal qu’elle compte atteindre… Qui mieux que vous pour l’y amener ? Vous deviez être la seule assez digne…
-Je crains que nos opinions ne divergent grandement à ce sujet… Répondis-je en serrant les dents.
-Quoi qu’il en soit, permettez-moi de vous en remercier Emma !


Je gardais le silence et dévisageais cette curieuse femme. Elle n’était pas l’image de la reine insupportable qu’elle avait laissé sur Terre. Non, c’était en revanche une personne qui ne jurait que par l’ordre. L’espace d’un instant, je décelais dans cette femme la jeune Kirsten chez qui je devais m’atteler à pervertir les pensées… Sans savoir pourquoi, la fille d’Elsa occupa mon esprit, cette petite miss parfaite qui vouait un culte à sa mémé Tatiana… Aurait-elle perçu chez cette femme abominable ce que je pense ressentir auprès d’Alix ? Cette même volonté de perfection qui animait la fillette et me replongea à nouveau dans mes lointains souvenirs d’enfant de dix ans, prête à tout pour être irréprochable aux yeux d’une communauté qui n’avait de cesse de me rejeter ?


-Emma ? Vous semblez troublée ?
-Pardon ? Comment ? Hum je veux dire… De quoi voulez-vous me remercier ?
-Mais d’avoir gardé ma mère auprès de vous naturellement… Comprenez-moi c’est, disons, une épreuve que devoir la côtoyer, il ne m’a pas toujours été aisé d’entendre ses reproches incessants…. Me confessa Alix.
-Oui… J’ai une vague idée de la chose… Mais justement, c’est à son sujet que je suis venue vous voir…
-Oh… L’avez-vous amenée jusqu’ici ? Demanda Alix avec une pointe de crainte.
-Comment ?... Oh non ! Non votre mère est… Disons qu’elle est… En villégiature
-Oh ? Excellente nouvelle… Je veux dire quelle se soit trouvée un lieu digne d’elle… Je souhaite… son bonheur…
-Oui évidemment je vous crois… Une fille ne saurait mentir sur sa mère… Dis-je avec ironie, même si pour une fois je n’avais aucune envie de sanctionner cette mauvaise attitude.
-Souhaitez-vous une autre tasse de thé Emma ? Me questionna Alix qui souhaitait changer de sujet.
-Je vous remercie, non, je suis, quelque peu pressée. A dire vrai je ne suis venue ici que pour vous remettre un cadeau reine Alix.
-Un cadeau ?... Pour moi ?
-Oui… Regardez ! Ce collier… Il était à votre mère !
-Euh… Oui je… le reconnais.
-J’ai pu récupérer cette chose et j’ai pensé qu’il serait mieux que vous l‘ayez donc… Je vous l’offre avec plaisir !
-Oh Emma mais… Je ne peux pas accepter !
-Mais si voyons, Vous savez tout à fait entre nous, nous sommes dans l’Hellheim, nous ne sommes pas obligées d’avoir en permanence le parfait comportement qu’exige l’étiquette royale…Donc vous pouvez l’accepter sans le refuser par politesse !


Je lui tendis l’objet avec insistance. Cette Alix était bien top polie, ancrée dans les traditions d’étiquette diplomatiques pour seulement prendre le bijou et passer à autre chose, mais moi, j’avais un projet de reconstruction du monde sur le feu alors ça n’était pas le moment pour les ronds de jambe !


-Certes Emma mais… ça ne serait vraiment pas protocolaire…
-Eh bien nous ferons une entorse au règlement…
-Billevesée ! Emma, pas vous ! Votre tâche est justement de sanctionner les manquements, vous ne pouvez vous compromettre !


Mais ça n’était pas possible ! Pourquoi fallait-il que chaque personne avec qui je doive converser finisse par se révéler être d’une débilité profonde ?! Est-ce trop demandé d’avoir au moins une seule fois en face de moi une personne avec qui il puisse être facile de dialoguer?! Pensais-je luttant pour ne pas insulter cette reine coincée. Tant pis ! Puisqu’il le fallait, autant entrer dans son jeu…


-Certes… Je… Hum… Je confesse que… mon protocole royal est un peu rouillé donc… Pourriez-vous… me rappeler l’usage pour offrir ce présent ?
-Voyons Emma ! Il n’est point question de protocole ! Je ne peux simplement pas accepter de présent de votre part ! C’est contraire à toutes les règles !
-Plait-il ?
-Emma ! Vous êtes la mère fouettarde ! Vous ne pouvez offrir de présents ! Vous ne distribuez que charbon et punitions… C’est votre confrère qui offre !
-Eh bien… Faisons une exception. Répondis-je décontenancée.
-Emma, cela serait contraire aux règles, je ne puis l’accepter ! D’autant que, nous ne sommes même pas à Noël !
-Vous savez, plus qu’un présent c’est… Euh, je vous l’apporte comme un héritage puisque c’est… Enfin vous comprenez, il… Il vous revient de droit… Vous le prenez ?!
-Cela reste malgré tout un présent…
-Allons reine Alix ! Il n’y a aucune raison que je conserve cette… chose ! Ca serait là encore contraire aux règles alors qu’il est parfaitement légitime qu’il vous revienne
-Si vous l’avez récupéré, c’est que le destin l’a décidé, c’est donc normal que vous l’ayez. Mais je m’interroge, si vous tenez tant à ce que cet objet revienne à ma famille, pourquoi ne pas le rendre directement à ma mère puisque vous parliez tant vous deux ?
-Non c’est impossible ! Fis-je d’une voix plus forte que je ne l’aurai voulu.
-Pourquoi donc ?
-La reine Tatiana est désormais… Ailleurs, disons qu’elle… Ne souhaite pas être dérangée !
-Vous l’avez envoyé en enfer. Clama Alix d’une voix sarcastique.
-Je… Quoi ?
-Ai-je raison ?
-Oui… Soupirais-je.


Jamais je n’aurais pu imaginer ce qui allait se passer. Le visage d’Alix changea immédiatement ainsi que sa posture. Cette reine pincée se détendit tout à coup, elle fit voler son service à thé et grimpa sur la table en jubilant. Rarement je n’avais entendu autant de jurons si violents concentré en si peu de phrases. Pourtant je me reconnaissais tant en Alix à cet instant. Elle était enfin libérée. Je le comprenais tout à coup. Elle n’avait été la reine pincée que pour tenter d’être digne de sa mère, désormais délivrée de son courroux, Alix pouvait enfin abandonner ce comportement détestable. Je basculais en arrière alors qu’elle me sautait au cou pour m’embrasser… Moi qui pourtant déteste ces marques d’affections. Elle était devenue une toute autre personne. Sa robe tachée ne la dérangeait pas bien au contraire, j’étais certaine que s’il y avait eu de la boue auprès de nous elle s’y serait jetée… La reine Alix avait désormais le même comportement qu’une fillette turbulente et pourtant, elle ne me craignait pas, moi qui devais pourtant être sa pire angoisse.


-Bien… Hum Alix, est-ce moi ou désormais… Le protocole n’a guère d’importance ?
-Le protocole, mais je me torche avec ! Répliqua-t-elle alors que je n’arrivais toujours pas à m’habituer à sa grossièreté.
-Eh bien… Dans ce cas, je peux offrir des cadeaux… Du coup le collier…
-Non mais tu te fous de moi la fouettarde ?! Tu crois que je vais accepter de récupérer quelque chose qui me rappelle la vieille folle. Garde-le ! Allez, dégage de là maintenant ! Ce n’est pas que je ne t’aime pas mais, tu comprends j’ai tout un tas de nouveaux projets et… Ils ne rentrent pas vraiment dans ta vision du monde alors on risque de ne pas être copines toi et moi…
-Je… Prenez-le et… Je fermerai les yeux… Tentais-je
-Non mais tu rigoles ? J’ai passée toute ma vie et toute ma mort à être parfaite car je savais que je devais côtoyer la vieille bique ! J’ai besoin d’une adversaire ! Tu ne vas pas marchander en plus… Allez tire-toi ! On aura l’occasion de se revoir très vite ne t’en fais pas !



J’étais sidérée. Je me retrouvais seule. Moi, la grande Emma Picéaerd, en passe de devenir la maîtresse ultime de l’univers, et pour la seconde fois, on venait de me rabaisser.

« Mais pourquoi tu t’attardes sur ça Emma, tu as plus important à faire ! » Me dis-je soudain en me claquant la joue.


J’étais stupide ! La reine Tatiana m’avait distraite et j’avais été assez sotte pour la laisser faire avant de l’envoyer croupir dans le Niflheim et voilà que je continuais en essayant de me débarrasser de cette breloque insignifiante… Je devrais être en train de fomenter ma vengeance et finir de noircir le cœur d’Anna !
Terminé les distractions… Je devais en finir ! Je revins en hâte sur mes pas… Tout ce temps perdu, comment pouvais-je le tolérer ? Je suis Emma, la première des Picéaerd, la mère fouettarde, l’épris de justice et de rigueur, je ne pouvais me résoudre à ne pas parachever mon destin !


Heureusement pour moi, le reste de la famille n’étaient que des demeurés finis… Au loin je pouvais distinguer Elysia… cet idiot depuis le départ de sa femme n’était plus qu’un déchet dont la puanteur n’avait d’égal que le tour de taille de Pierre ou Helga ! Quelle ironie… Anna qui était peut-être une des seules dignes d’être comparée à ma grandeur avait épousé un vulgaire mouton, incapable de quoi que ce soit une fois seul. C’était ma chance, aucun de ces bras cassés ne seraient dangereux pour moi mais pas une raison pour continuer de traîner !

Chapitre 5 : C’est qui le patron ?


-Alors il va falloir que je m’occupe de jumelle parfaite numéro 2… Maugréais-je.


Passée l’excitation de la trouvaille de Pierre j’étais quelque peu renfrognée de cette nouvelle. J’avais déjà été tellement déçue d’essayer d’entrer dans la tête d’une de ces petites miss parfaites, il n’y avait rien à en tirer. A quoi bon tenter à nouveau sur la copie ? J’étais fort désappointée de cette nouvelle avant que je n’entende le pas lourd caractéristique de l’homme obèse qui venait me retrouver….


-Ho ! Ho ! Ho ! Alors Emma que comptes tu faire ce soir ?
-La même chose que tous les soirs Pierre ! Tenter de conquérir le monde !
-C’est assez évident… Je veux dire… Que comptes-tu faire… ici… à propos des événements ?
-Les événements ? Quels événements ?
-Mais enfin Emma c’est évident… Tu ne vois pas que tout le monde est sur le pied de guerre ? Ylva est sur le point d’accoucher !
-Génial… La naine qui va pondre un nain qu’est-ce que tu veux que cela me fasse ?
-Ne m’as-tu pas dit que tu avais trouvé étrange que cette femme…
-Femme ?... J’aurai dit gnome !
-Peu importe Emma… ne trouvais-tu pas cela curieux que cette femme disais-je qui de son vivant était incapable de procréer soit comme par miracle enceinte et devienne ainsi la première âme à enfanter dans le monde des morts et ce alors que l’erreur de la nature comme tu la nommes, elle-même née de manière curieuse n’accouche par la grâce des eaux d’Ahtohallan ?
-T’ai-je déjà dit à que tu pouvais être encore plus agaçant que gros ?
-Oui, à plusieurs reprises…
-Non je veux dire… A quel point tu peux être agaçant d’être à ce point pertinent !
-Venant de toi qui considère que le monde est constitué uniquement de profonds idiots je prends cela mon un compliment… C’est toujours agréable d’en recevoir de son épouse, après tout nous sommes mariés ne l’oublie pas…
-Comment l’oublier et… Eh mais où vas-tu ?
-Eh bien ça me semble évident ?... Je vais assister à la naissance du divin enfant ! Bon et après je vais presser Elysia d’aller faire sa tournée… Noël approche ! Oh tiens… Un enfant qui nait par miracle pour noël… C’est cocasse n’est-ce pas ? Mais rassure-toi, je suis sûr que cette fois le Sauveur, ça sera pour toi !
-Mais tu te moques de moi en plus ?! Hurlais-je catastrophée ?
-Moi ? Oh non… Je vais plutôt… t’offrir un présent…


Je le regardais ébahie, sans comprendre. Il me dévisagea quelques instants avec un petit regard médisant qui semblait me faire comprendre à quel point j’étais stupide de ne pas saisir son trait d’esprit ? Serait-ce cet effet que je fais aux autres ? Après un soupir il sortit de sa poche une fiole et me la lança. Etonnée je l’observais et compris. C’était une idée formidable ! Ah si seulement Pierre avait pu embrasser mes convictions plus tôt, rien n’aurait plus nous résister.


-Quand viendra le moment, tu feras ingurgiter ceci au rejeton à naître… J’essaierai de dissuader Helga et Iduna de l’examiner mais je les persuaderai de faire appel à Elysia…
-Elysia ? Mais pourquoi ?
-Eh bien parce qu’il est le nouveau maître de noël… Quant à toi avec un joli tour de passe-passe avec Ahtohallan, tu te débrouilles pour lui montrer un joli petit humain mal en point et hop le tour est joué… on balance le mouflet chez les vivants !
-Brillant…
-Allons c’est normal… Je t’ai dit que je te faisais le cadeau de te permettre d’avoir ce que tu veux… Et je suis doué dans mon domaine, ça n’est pas pour rien si je suis devenu le père noël… Fit-il en s’éloignant.


Je le regardais quitter mon champ de vision pensive. Pierre qui venait de dire qu’il n’était pas devenu père noël par hasard… Quel menteur ! Aussitôt, sans que je ne lui demande Ahtohallan me montra le souvenir le plus douloureux de ma vie. Quand j’ai découvert l’odieuse vérité. Je revis Pierre pleurer toutes les larmes de son corps et supplier Grand Pabby qui comptait nous accorder nos pouvoirs quasi divins. Les mots du troll à nouveau me furent si mal… A moi ! C’était à moi qu’était destiné le rôle le plus important ! Il était si élogieux à mon sujet. C’était moi qui devais être le porteur de lumière et au lieu de cela, pour faire plaisir à ce gros balourd, je me retrouvais condamnée à n’être que l’image de l’enfer pour les enfants… La terrifiante mère fouettarde !
Je souffrais de revivre cela… La plus grande trahison de ma vie. Mon cœur avait été brisée, Ahtohallan se décida de me remontrer l’instant où je confrontais Pierre… La dernière fois où je lui avais confiance… la fois où je l’avais quitté définitivement pour m’installer dans la forêt enchantée et devenir la fondatrice de la famille Picéaerd que j’exécrais tant…
De nouveaux souvenirs apparurent… Décidément, Ahtohallan comptait me faire souffrir aujourd’hui. Ils étaient tous à ma Mercie, et celle dont je ne m’tais pas méfiée se dressait devant moi… Anna d’Arendelle. Elle, la sans pouvoir, prête à me défier… Elle qui devenait ce que j’espérais tant, être le cinquième esprit ultime. Elle qui cherchait à me raisonner… à me faire comprendre que j’avais effectivement le rôle le plus important et finalement… Ma défaite ! Encore une fois… Tout ça parce que j’avais négligé un détail insignifiant.


-Assez !!!! Hurlais-je.


Les images disparurent alors que j’étais haletante… Ahtohallan m’envoyait un avertissement… Voilà des siècles que je perdais parce que je manquais des détails… Pierre avait raison, ce gamin à naître était à n’en pas douter une menace… Pierre… En était-il une ?... Non, sans doute voulait-il se faire pardonner sa première et grande trahison ! Et pour le reste… Il avait raison ! Je devais prendre des mesures ! Se débarrasser de l’enfant ne serait pas suffisant du moins… Il valait mieux faire attention à ne rien laisser au hasard. Je savais ce qu’il me restait à faire… Un voyage en un lieu détestable !


-Ahtohallan… Il est l’heure ! Dis-je alors qu’un passage s’ouvrit.


Sans hésiter je m’engouffrais dans le trou sans fond. A ma grande surprise, ça n’était pas du silence qui m’attendait mais la voix stridente d’une adolescente… Ainsi donc elle a réussi à se réveiller celle-là…


-Tu me saoules tu comprends ?! Tu dis être ma grand-mère et vouloir veiller sur moi en toute circonstances mais tu n’es qu’une vieille sans pouvoir, incapable de nous sortir de là.


Oh quelle douce scène ! Voilà que je pouvais observer ma marionnette vilipender ma plus grande rivale.


-Tu verras, bientôt, Emma viendra me chercher et je serais à ses côtés…
-Ne t’ai-je donc rien appris ma petite Picéaerd. Souffla Mamie Anna d’une voix faible.
-Rien qui ne me sois d’aucune aide…
-Je suis fatiguée de devoir chaque fois soigner ton cœur ma petite… Approche, que je te montre la vérité…
-Non !! Laisse-moi avec tes boniments ! C’est uniquement en Emma que je croie désormais ! C’est la seule qui me sortira d’ici ! Toi tu ne fais que mentir ! Tu aurais pu me sortir d’ici mais tu ne l’a pas fait.


Mon sang mort se glaça. Ainsi mes pires craintes étaient-elles fondées. Cette garce d’Anna Picéaerd avait encore de la ressource et devait continuer de lutter !


-Nous ne pouvons pas partir ma petite Picéaerd… C’est impossible. Fit Anna Picéaerd découragée alors que son cocon se refermait sur elle.
-Tu ne sers à rien vieille folle… J’espère qu’Emma quand elle viendra me chercher aura la pitié de te tuer !

-Tentant… Dis-je pour moi-même avant d’ajouter sans qu’elles ne m’entendent. Mais hors de question d’apparaître devant vous et toi marionnette stupide, je n’ai plus besoin de toi.


Voir ainsi ma rivale accepter la défaite était on ne peut plus revigorant. Pierre avait fait naître en moi quelques craintes mais heureusement, Anna n’avait rien à voir là-dedans… Donc, peu importe l’obstacle, rien ne saurait être assez puissant pour me vaincre. J’étais sur le point de repartir lorsque je sentis dans le creux de ma poche le bijou minable pris à la reine Tatiana dont je n’arrivais jamais à me débarrasser. Soudain une idée me vînt…


-Allez… D’une pierre deux coups… Soufflais-je pour moi-même.


Sans hésiter je jetais cette immonde babiole sur le sol des limbes… Peu importait si Anna en devinait ma présence, cela ne fera que la déprimer un peu plus alors que pour moi l’heure était venue de partir….


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Une légère brise transperça les cocons des limbes sans que le paysage brumeux ne change pour autant. Ce léger changement fit taire quelques instants Anna d’Arendelle avant que la fougue de la jeunesse ne reprenne le dessus. La jeune fille continua de déverser son flot de reproches faisant fi du respect le plus élémentaire dû à un aïeul. Elle dévisageait la grand-mère épuisée. Cependant, en une fraction de seconde, alors que la bise venue eût disparue, la matriarche ne semblât plus prise au dépourvue. Avec sévérité, elle sortit de sa torpeur. Fusillant sa petite fille du regard elle lui saisit le bras. Les yeux sarcelles de Mamie Anna jetaient des éclairs, réduisant au silence l’adolescente effrontée.


-J’ai essayé d’être patiente avec toi ma petite Picéaerd. Je me suis jurée de ne jamais lever la main sur qui que ce soit depuis la seule fois où je l’ai fait contre ta mère alors qu’elle savait à peine lire ! Mais crois-moi, comporte-toi encore une fois ainsi envers moi et tu découvriras amèrement qu’il n’est pas bon de manquer ainsi de respect à ta grand-mère !
-Mais… Balbutia l’adolescente ayant perdue son assurance.
-Pas de mais ! Oh et petite leçon gratuite… Tu comptes sur ta sauveuse Emma pour te sauver… Je vais m’empresser de faire en sorte que tes illusions soient perdues.


La jeune femme ne sut quoi répondre alors qu’elle vit la matriarche se baisser et ramasser sur le sol d’ordinaire vide des limbes une curieuse babiole.


-C’est… un bijou… moche… Et alors ?
-Et alors ?... Avais-tu déjà vu ce bijou auparavant ?
-Non… Je n’ai pas fait attention…
-As-tu remarqué le moindre objet ici ?
-Non…
-Donc tu aurais vu cette chose ! Rien ne peut partir des limbes… mais rien non plus ne peut y arriver ! Si cet objet est ici c’est bien que quelqu’un l’a déposé ! Et il n’y a qu’une personne capable d’envoyer des êtres ou des objets dans les limbes… Grogna Mamie.
-Emma ?
-Tu vois quand tu veux te servir de ta tête à bon escient !
-Mais…
-Mais maintenant… Tu ne dis plus un mot… Pour que cet objet arrive, c’est qu’Emma l’a apporté. Tu as senti ce vent nous parcourir alors que rien ne bouge d’ordinaire… Elle était là ! Elle t’a vue ! T’a-t-elle emportée ? Tu vois, tu n’es rien pour elle, tu ne comptes pas ! Maintenant, pousse toi… la vieille sans pouvoir a encore deux ou trois tours dans son sac qui pourraient t’étonner ! De ton vivant tu t’intéressais au chamanisme, tu voulais savoir à quoi cela pouvait servir ? Jusqu’où cela pouvait mener ? Observe et si tu en es capable, essaie d’apprendre quelque chose… Au moins le respect de tes ainés !


Pour une fois la furie rousse eut la sagesse de ne pas piper mot alors qu’elle observait sa grand-mère se concentrer et procéder à des rites chamaniques dont elle n’avait aucune idée… L’adolescente tenta de se maitriser mais son naturel curieux finit par reprendre le dessus.


-Mais qu’est-ce que tu fais ?


Mamie se stoppa et soupira avant de lui jeter un regard sévère l’espace d’un instant. La jeune fille se recula d’un pas intimidé. Elle qui depuis des semaines se targuait de parler sans aucun respect à cette grand-mère qu’elle considérait comme faible et indigne de confiance se sentait tout à coup bien plus morveuse. Pourtant, Mamie Anna sembla se radoucir quelque peu.


-Ce que je fais ?... Je ressens les énergies de ce bijou, tu connais le principe des enquêteurs ? Ils cherchent des indices. Grace aux énergies du chamanisme je peux te dire à qui appartient cet objet, pourquoi Emma l’a laissé ici…
-Et… ça nous sert à quelque chose ?
-Bien entendu. Cet objet est chargé d’énergie très négatives… Celles d’Emma ! L’objet appartient à une personne qui exaspère Emma mais aussi qui l’intimide. Cet objet rappelle à Emma sa faiblesse ! Ses traumatismes !
-Oui ? Et alors ?
-Et alors ?... Je peux aussi te dire qui est la propriétaire de ce bijou. Elle s’appelle Tatiana elle était reine des Iles du Sud.
-Oui ? Et alors ?
-Et alors ?... Cette reine Tatiana est morte…
-Oui ? Et alors ?
-Cette reine Tatiana apparemment est morte… de ton fait ! Enfin, de ta toi d’une autre vie. Du moins c’est ce qu’elle pense car je perçois aussi le sentiment de culpabilité d’Emma !... C’est elle la responsable de son trépas…
-Oui ? Et alors ?
-ça va très vite devenir agaçant cette question tu sais ?
-Oui… et alors ?! Demanda Anna avec une pointe de malice.
-Pas de doute tu es bien la fille de ta mère !... Alors, petite effrontée. Si tu laisses faire ta vieille Mamie Anna, je pourrais tenter un petit miracle !
-C’est-à-dire ?
-Tu connais les voyages astraux… Eh bien avec mon énergie et celles très fortes de cette babiole, notamment celles d’Emma… Je vais tenter de la faire venir à nous…
-Pourquoi ?
-Je ne sais pas… Te faire taire cinq minutes ?! Coupa Mamie agacée.


Anna comprit soudain qu’il valait mieux ne plus déranger la matriarche et resta en spectatrice avisée sa grand-mère pratiquer ses curieux rites si complexes. Bien que néophyte, elle pouvait ressentir tout le pouvoir qui émanait de cette femme qui se voulait être sa grand-mère. Elle était effectivement une femme de grand pouvoir, Anna en prenait conscience. Finalement, après de longues minutes, elle sentit sa grand-mère partir en transe. Le paysage brumeux des limbes peu à peu se transforma, une lumière apparue et enfin, après de très longs et couteux efforts de la matriarche, une silhouette spectrale apparu devant les deux femmes.


-Mais quelle est donc encore cette diablerie ? Remarquez je ne vois plus ce paysan odorant qui se prend pour un prince du mal…


La jeune femme ébahie avait mille et une question mais d’un geste sa grand-mère la dissuada d’ouvrir la bouche.


-Reine Tatiana, bonjour… Je me nomme Anna Picéaerd…
-Oh super… Une descendante de l’autre médiocre d’Emma. Déjà que l’originale de la famille n’est pas glorieuse, devoir subir ses lointains rejetons minables…
-Eh !!! Vous ne traitez pas ma grand-mère de minable ! Hurla l’adolescente.
-Quoi ?! Ma meurtrière ici ?! Fulmina Tatiana.
-Stop !!!! L’une comme l’autre ! Plus un mot !!! Anna, si tu ouvres encore une fois la bouche, même si je dois m’en vouloir pour toute ma mort je te jure par les esprits que tu auras gravée sur ta joue les traces de ma main pendant des jours ! Et vous reine Tatiana je peux vous renvoyer immédiatement dans le Niflheim où vous serez tourmenté pour l’éternité !

L’adolescente prit peut et se mura dans le silence, tandis que Tatiana se pinça les lèvres ne sachant quoi répondre.


-Eh bien… Au moins vous avez… plus de cran qu’Emma c’est… à mettre à votre crédit…
-Vous voulez que je vous aide à quitter l’enfer ?
-Euh…
-Fort bien… Alors vous ne dîtes plus un mot !


Mamie Anna était on ne peut plus convaincante et Tatiana, qui avait passé sa vie à donner des ordres et médire sur tout un chacun curieusement se mit à respecter à la lettre les consignes de Mamie.


-Ma petite Picéaerd, je connais ta nature curieuse, tu ne vas pas être capable de retenir ta langue alors je t’autorise à poser une seule question… Maintenant ! Fit Mamie sans quitter le spectre de Tatiana et continuer à œuvrer dessus.
-Euh… Que fais-tu ?
-Ce que je fais ? Eh bien la base de ma charge de chamane. J’analyse les chakras de ma patiente… Je décèle ses souffrances et de mon énergie je l’aide à se sentir mieux… Tiens, approche et tend ta main…
-Mais je…
-Tu as le chamanisme dans le sang. Dans tes autres vies tu as un fort talent pour le chamanisme… Donc toi aussi tu l’as ! Ce sont des choses qui nous définisses profondément… Alors tend ta main.
-Mais je ne sais pas…
-Peu importe je m’en charge, et je n’ai besoin que de ton énergie !
-Je ne veux pas que cette meurtrière me touche !!!
-Vous je vous ai dit de vous taire ! Et justement si… Elle va tout réparer ! Et ainsi vous aurez la paix ! Coupa Mamie avec autorité.


Lorsque Anna Picéaerd parlait, tout un chacun l’écoutait et cette règle ne fut pas dérogée. Dociles, Tatiana et Anna n’osèrent plus contester. Le spectre paraissait se détende alors que l’adolescente approchait une main tremblante. Mamie en experte se chargeait de guider sa petite fille qui pouvait ressentir les énergies. Toutes les noirceurs qui pouvaient parcourir l’âme de Tatiana. La jeune fille n’avait pas besoin de penser. Elle avait l’impression que Mamie Anna avait pris possession de son esprit et agissait d’instinct, de concert avec sa grand-mère. Au fil des minutes, l’adolescente sentait la fatigue la gagner mais en parallèle pouvait percevoir que l’âme de Tatiana s’allégeait. Alors qu’elle se sentait vaciller, Anna sentit Mamie lui faire retirer sa main. Soutenant l’adolescente épuisée, Mamie observa l’âme de Tatiana.


-Vous voilà enfin libérée reine Tatiana. C’est désormais à vous de vous concentrer et ainsi vous pourrez être délivrée du Niflheim et parvenir à regagner l’Hellheim.
-Je… Je le sens !!! L’Hellheim ! L’Hellheim m’appelle !!! Fit le spectre qui paraissait pleurer.
-Alors n’oubliez pas votre bijou !... Et surtout veillez bien sur Emma !... C’est tout ce que je vous demande en échange !
-Pour vous Anna Picéaerd…. Je ferai tout ce que vous voulez !
-Alors donnez moi votre main et vous saurez ce que je veux !


Le spectre s’exécuta et tout lui paru aussi limpide que si Mamie l’avait déclamé haut et fort.


-Comptez sur moi !


Satisfaite, Mamie lâcha l’esprit qui s’évapora dans le ciel brumeux des limbes. L’instant d’après, la matriarche mais aussi la petite fille pouvait sentir qu’elle était partie pour un monde meilleur.


-Mais… Mais … Pourquoi on l’a laissé partir ?!
-Ah non tu ne vas pas recommencer ! Tu as senti toi aussi que c’était seulement une âme et qu’elle n’était pas prisonnière de ce lieu ?! Elle n’a jamais été véritablement là ! Ce qui n’est pas notre cas ! Nous n’avons pas la force !
-Mais…
-Tais-toi !!! Fais attention écarte-toi !


Immédiatement Mamie repoussa sa petite fille fatiguée alors qu’une lumière à nouveau apparaissait. La matriarche observait surprise. C’était peu probable que Tatiana ait déjà eu le temps d’alerter Emma. Elle ne s’attendait pas à l’avoir en face à face si vite….


-Toi ?! Mais qu’est-ce que tu fais ici ?! Vociféra Mamie d’une voix et d’un ton cassant que peu avaient pu entendre de sa bouche.
-A… Anna !! Mais… Euh… Où sommes-nous ?!
-Yuma !!! Sombre idiot !! Je ne sais pas par quel moyen tu as réussi à nous rejoindre mais retourne immédiatement dans le Niflheim ! Et… Mais qu’est ce que tu fais avec ceci ?!


Mamie détaillait le spectre qui tenait à sa main un fouet. De son côté, Yuma qui ne savait trop ce qu’il venait faire ici balbutiait. Il avait beau avoir été le chef Northuldra et le beau père d’Anna, il n’osait la regarder, comme un enfant sévèrement grondé après une bêtise n’osait affronter le regard de l’adulte.


-Je …C’est… Euh… Emma qui… me l’a donné pour…
-Emma t’a donné ça ?! Yuma Lorcus tu es décidément le dernier des idiots ! Je t’assure que si tu n’étais pas un spectre face à moi et moi coincée dans les limbes je me chargerai de t’écraser mon poing sur la figure.
-Mais… Anna je… Je ne comprends pas…
-Oh je sais que tu ne comprends pas ! Tu n’as jamais compris grand-chose Yuma ! Tu es le gardien du Niflheim certes ! mais Emma t’a offert ce jouet… Qui devrait me revenir d’ailleurs à moi ou à Elysia pour mieux te posséder !
-Mais… Mais pourquoi voudrait-elle ? Elle… M’a dit que c’était pour… ma nouvelle fonction et… Que tu étais d’accord…
-Et tu as été assez idiot pour y croire ! Allez laisse-moi deviner ! Tu t’es senti soudain attiré d’une force irrépressible jusqu’ici car tu as perdu une âme ? Au hasard, celle de Tatiana des Iles du Sud….
-Je… Oui mais… Comment sais-tu que…
-Tais toi ! Et tu t’es dit que c’était une bonne idée de la garder prisonnière des enfers alors que même toi tu as dû sentir que cette âme était destinée à pénétrer dans l’Hellheim et non dans ton royaume…
-Je… Mais…
-Ne dis rien ! N’essaie pas de t’excuser ! Tiens, tend ta main et rachète-toi !


L’autorité naturelle de la matriarche faisait des merveilles et le chef s’exécuta. D’un geste, la chamane ordonna à sa petite fille de s’approcher.


-Tiens voilà une nouvelle âme tourmentée… Nouvel exercice, allez touche-le ! N’hésite pas il adore ça !


Sans comprendre Anna obéit. A peine eût-elle posée sa main sur le corps spectrale de Yuma qu’elle se sentit soudain vidée. L’instant d’après, elle s’effondra au sol dans un profond sommeil.


-Mais Anna ?... Pourquoi ? Pourquoi l’as-tu ?... Enfin tu sais bien que maintenant que je suis le gardien des âmes damnés le chamanisme n’est…
-Evidemment que je le sais… Mais ainsi elle n’entendra pas ce que j’ai à te dire ! Cette Anna est une création d’une vie d’Emma… Et quand elle t’a touché tu as senti son âme… Rien ne t’a choqué ?!
-Je… Non…
-Ne te fais pas plus idiot que tu n’es… Dans quel monde des morts doit-elle aller ?!
-Je…
-Touche-la ! Vite ! Fit Mamie exaspérée.


Yuma s’exécuta et retira se main du corps de labelle endormi estomaqué.


-Mais… elle…
-Tout juste Yuma ! Nous sommes prisonnières des limbes, j’avais trouvé un moyen de nous en sortir mais j’ai vite été confrontée à ce problème !... Je ne veux pas qu’elle sache tout de suite…. Elle ne le supporterai pas !
-Tu… Tu comptes le lui dire ?!
-Oui… Quand viendra le moment !
-Anna ! Tu comptes préparer ta propre petite fille pour…
-Et tu devras te charger du reste Yuma ! Si son âme est ainsi, c’est qu’Emma manigance quelque chose avec sa version vivante… Tôt ou tard elle parviendra à ses fins… Je le sentirai et dans ce cas, le moment sera venu pour toi ! Alors écoute-moi bien nous n’avons pas beaucoup de temps, elle va bientôt se réveiller ! Voilà ce que tu devras faire…


Mamie Anna se pencha à l’oreille du spectre pour y donner ses précieuses instructions. Une fois fait elle fit signe à Yuma de s’empresser de partir.


-Oh et une dernière chose Yuma !... Emma doit penser que tu es son bon petit soldat !
-Je ne te décevrai pas Anna !
-Ca serait bien la première fois ! Mais je te crois Yuma ! A bientôt ! Et n’oublie pas de faire venir à moi au plus vite qui tu sais…


La matriarche observa le spectre s’évaporer avant qu’une nouvelle silhouette spectrale n’apparaisse devant ses yeux.


-Il va falloir agir tout de suite… Voilà ce qu’il faut faire… Commença Mamie.

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J’étais de retour dans l’Hellheim. Avec l’agilité et la discrétion d’un chat je me rapprochais au plus près du lieu de vie de ces insupportables Sappos et Picéaerds, tous au chevet de la naine brailleuse qui venait de pondre son rejeton. J’eus un haut le cœur en entendant le prénom du moufflet… Rocco ! Aussi prétentieux, lubrique et laid que sa génitrice pensais-je. Et sire qu’il allait falloir voir ce môme.
« Allez, un peu de courage, ça ne sera que quelques instants et c’est pour t’en débarrasser » pensais-je pour moi-même.
Heureusement la patience était une de mes qualités et comme souvent elle finit toujours par être récompensée. Au bout de longues heures, ce ramassis d’idiots s’était décidé à confier l’enfant aux guérisseuses. Dans leur domaine elles n’étaient pas exécrables néanmoins elles étaient aussi bêtes que leurs pieds. Ce fut un jeu d’enfant pour l’empoisonner ! Je n’avais plus qu’à aller préparer Ahtohallan pour ce débile d’Elysia quand l’enfant sera au plus mal.


Le plan de Pierre était d’une incroyable facilité et si simple ! J’en étais presque jalouse, mais tout se passa pour le mieux. Pour faciliter la prise de décision j’avais choisi un imbécile de prince quelconque comme appât. Pour l’ambitieuse petite naine, avoir l’opportunité que son enfant finisse par intégrer une famille régnante était une proposition de sauvetage qu’elle ne saurait refuser et j’allais être aux premières loges pour tout ça !


De loin je pouvais aussi voir Pierre guider Elysia. Il jouait son rôle à la perfection. Je devais bien le reconnaître, il était agréable d’avoir un tel allié, les choses paraissaient désormais si simples… Comme durant notre lointain passé, lui et moi formions une équipe d’enfer !


Je suivais heureuse la douloureuse annonce. Pierre avait si bien embobiné Elysia qui se sentait investi d’une mission. Il avait été suffisamment convaincant pour que l’énorme Helga ne daigne pas utiliser son pouvoir chamanique. Décidément celle-là aura tout mis dans son ventre et rien dans sa tête !


Cependant les préconisations attirèrent rapidement mon attention.


« Comment ça rester ici le jour ?! » Faillis-je hurler et trahir ainsi ma présence.


J’observais médusée… Pierre paraissait acquiescer la solution. Mais ça n’était pas du tout ce que nous avions prévu !!! Cet enfant devait quitter le monde des morts et au lieu de ça il allait partager ses jours et ses nuits entre monde des vivants et monde des morts ?


J’attendis que tout ce petit monde se sépare puis je finis par retrouver Pierre.


-Tu m’expliques ? Espèce de traitre ?! Fulminais-je en frappant son gros ventre.
-Comment ça traitre ?! J’ai fait ce que nous avions convenu…. Je suis passé pour le gentil père noël qui leur offre comme cadeau une solution pour sauver leur fils…
-Mais il devait partir chez les vivants sombre idiot !
-Oui je suis d’accord… Et j’ai changé d’avis… Pour t’éviter de commettre une erreur !
-Une erreur ? Mais quelle erreur ?!
-Voyons Emma… Il serait dommage que cet enfant magique si dangereux pour tes projets ne rencontre tes petites marionnettes vivantes sans que nous ayons la possibilité d’avoir un contrôle ici n’est-ce pas ?
-C’est bien pour ça que j’ai choisi un royaume étranger… Comme si le prince je ne sais plus le nom de cette andouille du royaume de VaTruc …
-… Ne soit officiellement convié au premier bal donné en l’honneur des jumelles d’Arendelle ? Etais-ce que tu allais dire ?
-Je…


Non ça n’était pas possible, je n’avais pas pu commettre une erreur aussi grossière ! Avide je me lançais face à Ahtohallan pour vérifier. Rapidement je tombais sur cette famille régnante que j’avais choisi. Son imbécile de mère était aux cheveux d’un enfant plutôt laid qui reprenait des forces….


-Arnvald !!! Dieu soit loué tu es rétabli !!!
-Oui mère !
-Prends du repos mon fils… Si tu le souhaites, nous allons décliner le bal d’Arendelle pour que tu récupères tes forces.
-Non mère… Je… Je vous en prie, je tiens à y aller ! Fit l’enfant alors que le clair de lune se reflétait dans ses yeux.


Je quittais le souvenir hébétée… Mais comment avais-je pu être aussi négligente.


-Alors Emma ? Qu’est-ce qu’on dit ?
-M… Merci … Pierre ! Sifflais-je entre mes dents.

Chapitre 6 : Changement de cible


-Tu vas bien Emma ?!


Si seulement je pouvais lui faire avaler sa barbe à cet obèse ! Et il osait me demander si j’allais bien ?! Des jours qu’était réapparu des tréfonds du Niflheim l’insupportable reine Tatiana. Cet imbécile de Yuma n’avait pas été fichu de la garder captive loin de moi ! Je ne savais par quel miracle il avait opéré mais l’âme de cette morue coincée avait été lavée et elle avait gagné son paradis. Je devais le concéder cette andouille était douée dans son nouveau travail mais pour le seul service que je lui demandais il me décevait… Et voilà que ma vie était devenue un enfer avec cette garce qui n’avait de cesse de me rabaisser… Et Ahtohallan qui prenait plaisir à me remémorer le traumatisme de mon abandon.


-Alors Emma ? Ça va ? Insista Pierre en me tendant un verre.
-A ton avis sombre idiot ?! Persiflais-je ne sachant ce qui m’avait retenu de ne pas lui jeter son rafraichissement à la figure.
-Oh je dirais que tu es sur les nerfs… La naissance de l’enfant du miracle, la reine Tatiana de retour dans tes pattes alors que tu l’avais exilé ou encore ta grossière erreur de discernement quant au choix de l’humain pour accueillir l’enfant que ton orgueil doit t’empêcher de reconnaître… ça ne doit pas être facile à vire. Soliloqua Pierre en sirotant le verre qu’il m’avait proposé.
-Je rêve où tu es en train de te moquer de moi ?!
-Juste un peu… Il faut que tu apprennes à te détendre, tu n’es que frustration permanente, il n’est pas possible d’arriver à tes fins avec cet état d’esprit…
-Mais… Je ne suis pas du tout frustrée ! Je… Je me moque éperdument que cette Tatiana me colle et je… J’ai un plan qui va me permettre de dominer l’univers c’est ça mon but…
-Bah voyons… Et la façon dont il tourne ne te frustre pas ?
-Mais… Non… Pas du tout pas du tout ! Fulminais-je.
-Tu m’en diras tant… C’est pour cela que tu n’as pas été observer les vies que tu cherches tant à détruire ?
-Je… J’avais été distraite par… Tatiana et c’est… une distraction qui…
-Cette reine Tatiana est surtout tombée à pic pour t’éviter de devoir t’immiscer dans la vie d’une des jumelles d’Elsa…
-Quoi ?! Eh beh, comme quoi ton ventre prend toute la place au détriment de l’esprit ! Il fallait oser me la sortir celle-là ! Comme si devoir pervertir une mioche pour parvenir à mes fins allait…
-Eh bien alors qu’attends-tu ? Je te connais depuis des siècles, quand tu es déterminée, tu n’aurais même pas daigné m’adresser la parole et tu serais déjà au travail…


Pierre me dévisagea, comme il savait si bien le faire depuis toutes ces années. Ce vieil obèse savait lire en moi comme un livre ouvert. Il devinait mes doutes, mes peurs, mes angoisses avant même que je ne sois capable de les penser moi-même… Et encore une fois il avait vu juste. Qu’est-ce qu’il pouvait m’agacer quand il était si clairvoyant.


-Oui c’est vrai j’ai pas envie de perdre du temps avec l’une de ces pimbêches sans saveur ! Elle a beau être un peu délurée et portée sur les affaires de cœur, la marmaille d’Elsa est particulièrement insipide !
-Pourtant tu n’as pas hésité à tourmenter la première…Euh…
-Kirsten ! Une petite fille modèle c’est toujours intéressant à pervertir mais…
-Tu vois tu es capable de donner son nom quant à l’autre…
-Oui eh bien l’autre elle est… elle est pareil enfin… Elle a aussi le fait…
-Oh ? Voilà que tu hésites… Tu ne donnes même pas son nom…
-Mais bien sûr que si qu’est-ce que tu racontes. Je dis son nom, mais elle…
-Oui… Elle !... Elle, c’est impersonnel ! Elle, c’est tout le monde et personne à la fois… Mais donner son nom, ça serait te lier à … elle comme tu dis…
-N’importe quoi !
-Alors comment s’appelle-t-elle ?!
-Oh mais tu m’agaces, allez vas-y, ne tourne pas autour du pot ! Crache-la la vérité que tu comptes me faire découvrir ! Inutile de prendre ce petit ton suffisant !
-Tu ne veux pas la nommer ni te lier à elle car tu n’as pas envie de nuire à cette petite… Tout simplement
-Ah oui… Définitivement le gras t’a envahi le cerveau finalement…
-Oh non… Tu ne veux pas lui nuire car cette petite te rappelle la seule personne avec qui tu as lié ce qui ressemble le plus à une amitié…
-Oh… Mais vas-y quitte à être ridicule je suis toute ouïe, qui est donc cette chère amie que tu imagines…
-Mais… Ylva naturellement
-La naine ?! Hurlais-je outrée.
-Tout juste ! Avec toutes les facéties qu’elle a pu te faire, tu t’es montrée incroyablement patiente… Enfin selon tes normes bien entendu.
-C’est parfaitement ridicule…
-Tiens donc… et ça n’est pas sa paire de jumelles que tu conserves à ta ceinture depuis tout ce temps…
-Quoi ?... Mais… C’était parce qu’elle…
-Et les croquis que vous avez partagées et commentées toutes les deux…
-C’était pour… qu’elle arrête de me coller en permanence…
-Bah voyons… Très bien tu es incapable de te l’avouer alors allons plus loin… La fiole que je t’ai donnée pour son enfant… Tu as été incapable de la donner en entier, chose que tu aurais pourtant fait sans hésiter pour n’importe qui d’autre à qui tu veux nuire… Quant à ton erreur de jugement, c’était pour lui choisir un parti digne, tu voulais ce qu’il y a de mieux pour elle…


Pierre venait de me figer sur place. Nous étions auprès de la paroi d’Ahtohallan, heureusement celle-ci restait vierge pour ne pas le laisser triompher davantage mais la glace n’avait nul besoin d’agir pour que les images apparaissent devant mes yeux. Tout ce temps dans l’Hellheim, alors que nous avions intronisé Elysia et Anna roi et reine de l’Hellheim, que nous leur avions confié nos rôles de gardiens et formés. Pendant tout ce temps où je ruminais ma vengeance, Ylva était là… Sans elle, sans doute aurais-je lancé mon assaut plus tôt… Elle me pilait les nerfs à être systématiquement dans mon dos, à me taquiner et s’enfuir alors que je lui promettais les pires sanctions mais je sentais en mon for intérieur qu’un vide glacial paraissait en parti comblé en sa présence… Je tentais de lutter de toutes mes forces, je voulais imaginer la naine face à moi… pour l’étrangler, lui faire avaler ses jumelles, la faire souffrir mais… Rien, les seules pensées qui me parcouraient étaient une envie de sourire alors que je l’imaginais narrer une énième observation interdite.


-Oui peut être elle ne m’est pas totalement insupportable et alors ?! Grognais-je alors que Pierre semblait boire du petit lait à me voir ainsi tourmentée par des sentiments que jamais je n’aurai imaginé avoir.
-Bien… et maintenant, essaie de te l’avouer ! As-tu envie d’aller tourmenter la fille que ton amie semble avoir désignée comme sa successeuse… La fille qui risque de s’amouracher d’un garçon vers lequel tu as envoyé pour les nuits des vivants l’âme du fils de ton amie ?
-Je…


Mais qu’est-ce que je pouvais le détester quand il avait raison ! Je serrais les poings, je sentais que tous mes beaux projets se fissuraient à vue d’œil face à mon incapacité… Non !!! Je ne pouvais me résoudre à perdre encore une fois…


-Tu sais Emma… Il y a une autre solution…
-Ah oui quoi ? Laisse-moi deviner… Abandonner tous mes rêves, embrasser la grande philosophie de ces déchets que sont mes descendants… Libérer Anna des limbes et qu’elle et moi on s’organise des brunchs pendant lesquels on se tressera mutuellement nos cheveux ?!
-Ca serait dommage… Je te préfère les cheveux lâchés ! Et ça n’est pas ce que tu souhaites. Or je t’ai dit que je voulais t’offrir ce que tu souhaitais ! Non, ce que je veux dire c’est que depuis le début… Tu te trompes de cible !
-Ah oui ? Alors à qui dois-je m’attaquer d’après toi, ô grand Pierre Sappos, visiblement maître dans l’art des plans machiavéliques ?
-Mais… à Anna d’Arendelle évidemment !


Et en plus il osait me prendre pour une imbécile… Je ne savais pas ce qui me retenait de ne pas l’étriper…


-Oh mais oui suis-je bête ! Anna d’Arendelle mais pourquoi n’y ai-je pas pensée ?! Voyons c’est du coup sans doute une coïncidence extraordinaire si j’ai créé une vie totalement factice où j’ai manipulé cette petite peste pour qu’elle soit mon bras armée pour tuer Anna Picéaerd et que ma rivale ainsi que cette rouquine insupportable ne soit envoyée dans les limbes… Que depuis des semaines je m’échine à noircir son cœur !
-Tu l’as dit… Tu as créé une fausse version d’elle-même ! Oh c’était malin pour éliminer Anna Picéaerd certes… Mais depuis quand créer une version d’une personne permet de la changer ? Tu connais les règles des vies crées de toutes pièces… Elles ne peuvent changer réellement une personne ! Et de toutes les versions d’Anna d’Arendelle qui ont vécues ou vivent encore… Celle que tu tentes d’atteindre, est-ce véritablement celle qui t’a fait du mal ?!
-Je… Quoi
-La version d’Anna qui t’a blessé, qui t’a fait échouer… C’est celle qui a acquis le titre de cinquième esprit ultime, celle qui a vaincu la mort et les limbes pour revenir sauver sa famille et son royaume… ça n’est pas la princesse à qui tu veux nuire… ta cible, ton unique cible c’est la reine Anna d’Arendelle !


Immédiatement, Pierre toucha la paroi… Jamais je ne l’aurai cru capable de révéler les secrets d’Ahtohallan mais pourtant, avec une facilité déconcertante, une vie se matérialisa et je revis le visage qui hantait mes cauchemars face à moi… Anna d’Arendelle ! Cella qui m’avait vaincue, en train de recevoir les acclamations de la foule d’Arnevik alors qu’elle accompagnait Hans des Iles du Sud vers son départ. La foule hurlait « Vive la reine Anna ! Longue vie à la reine Anna ». Je détournais le regard, je me sentais parcourue de nausées si fortes qu’elles auraient fait passer celles qu’avaient eu Ylva durant sa grossesse comme un léger hoquet. Ce vieux bougre avait raison ! Que l’erreur de la nature, les filles parfaites, les jumeaux débiles aillent au diable ! Je m’occuperai d’eux quand j’aurai le temps… Un temps précieux que j’avais perdu avec ces misérables cloportes insignifiants, me détournant de celle que je devais faire tomber !


-Pierre tu devrais t’écarter, j’ai du travail et une vie à briser !
-Voilà ! La je reconnais ma Emma mère fouettarde ! Enfin tu vas jouer sur tous les tableaux !
-Rends toi utile… Surveille la bande d’abrutis le temps que je rattrape ce que j’ai manqué….
-Euh… Peux-tu être un peu plus précise Emma… Non car qualifier de bande d’abrutis, chez toi ça peut désigner… Tout le monde à vrai dire !
-Voilà tu as compris… Surveille tout le monde… Les abrutis qui sont ici dans l’Hellheim, Les abrutis de mioches qui m’ont fait perdre mon temps jusqu’à présent… Bref, surveilles tous les abrutis !
-Bon voyage !

Oh il pouvait compter sur moi… Je me préparais à un long voyage mais il n’allait pas être bon pour tout le monde ! Avec une détermination retrouvée, je plongeais vers la vie qui dans un passé récent m’avait coûté ma défaite. Rapidement je retrouvais cette petite garce sans pouvoir qui m’avait pourtant défait… Elle était là… face à la foule d’Arnevik heureuse de la reconnaître comme souveraine… Elle jubilait… Je la maudissais !

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Enhardie par ce succès, Anna, se risqua à poursuivre.


-Enfin, pour permettre le développement de notre Royaume, le prince Viktor aura pour charge de veiller à la réhabilitation et la rénovation du bâti du royaume et sera aidé pour cela par la prometteuse apprentie de l’école d’architecture Théa.


Les réactions furent plus circonspectes et seuls les applaudissements polis se firent entendre à la place de l’approbation populaire. Le jeune prince dévisagea également sa tante, surpris de cette annonce alors que le visage de Théa vira au rouge. Tous deux, gênés saluaient la foule sans comprendre. Anna voulut continuer ses annonces mais se retînt au dernier moment face au regard désapprobateur de sa mère. Iduna n’avait pas besoin de parler, la jeune rousse savait ce que sa mère pensait et savait qu’elle avait raison. Une fois encore, elle se laissait gagner par sa fougue. En hâte, elle s’empressa de clôturer dignement cette journée. Les dernières acclamations se firent entendre et la foule se dispersa.
Enfin le jeune esprit allait pouvoir profiter de sa famille. Elle câlina tendrement son petit prince héritier avant de le rendre aux bras forts de Kristoff et faire sauter contre sa poitrine la petite Helga. L’extase d’Anna dura quelques minutes avant qu’elle ne reprenne une attitude plus grave. Iduna la dévisageait ainsi qu’Agnarr. Sans doute Anna allait-elle prendre une remontrance. Qu’importe si désormais elle était reine et cinquième esprit unique, qu’importe si elle avait permis l’accomplissement de la prophétie, elle restait leur jeune cadette un peu gauche et, l’un comme l’autre jamais ne se priveraient de la recadrer si nécessaire. Voilà qui m’arrangeait… Toute chose négative pour elle, serait sans doute bonne pour moi !


-Maman… Papa… Je… Oui je sais, j’ai… Cette annonce était un peu rapide mais le prince Viktor fait preuve d’initiatives et la petite Théa est…
-Il suffit Anna ! Ça n’était pas l’attitude d’une reine, il n’y a rien d’autre à dire ! Claironna Agnarr de sa voix martiale. Il avait beau avoir ployé le genou définitivement pour sa cadette, il n’en demeurait pas moins trop attaché à la fonction de monarque pour ne pas tolérer la moindre erreur. Voilà qui allait sans doute me servir… cet hurluberlu à moustache pouvait sans doute être un allié de circonstances.
-Je… N’aurai pas agi ainsi à ta place tout simplement… Mais cette petite a beaucoup de talent, je ne suis pas peu fière d’ailleurs de l’avoir recommandé à l’académie et soutenue au cours de cette année…
-Maman ! Coupa Elsa d’une voix sévère, semblant elle aussi se joindre au comité des reproches.
-Oh ?... Toi aussi cela te déçoit Elsa ?! Je suis désolée je pensais que comme tes autres fils ont des responsabilités…
-Mais je n’en ai que faire Anna que tu donnes à ces jeunes gens de quoi s’occuper ! Après tout, toi à leur âge tu étais ma plus proche conseillère royale ! Ce n’est pas ça que nous voulons !
-Vous ?... Vraiment ?!
-Tout de même c’était maladroit comme je te l’ai signalé mais peu importe ce qui est fait est fait mais non Anna ça n’est pas ça ! Trancha Agnarr.
-Ah ? Alors je ne vois pas… Souffla la rousse surprise.
-Non mais tu te moques de moi Anna ?! Où sont papy et mamie ?! Vociféra Elsa qui curieusement perdait son calme.
-Ah ?... C’est ça ?! Je pensais que…
-Anna, tu sais que j’ai été patiente avec toi quand tu étais enfant, mais ne me force pas à me mettre en colère contre toi devant tes enfants… Où sont mes parents ?! Grogna Iduna.
-Ils sont… Eh bien ??? Ils ont pris leur rôle… Là-bas !
-Là bas ?! Quoi ils sont à Ahtohallan ? Balbutia Agnarr sans comprendre.
-Non papa… Ils sont… Partis dans l’Hellheim, pour prendre en charge leur rôle…
-Attends quoi ? S’étrangla Iduna
-Oui… Après notre grand repas l’an dernier, il avait été décidé qu’ils devaient nous quitter au bout d’une année pour prendre le relais d’Emma et Pierre… Je leur avais promis de les accompagner jusqu’à la porte d’Ahtohallan.
-Et tu ne nous as rien dit ?! S’emporta Iduna soutenue par Elsa.
-C’est… C’est Mamie qui m’a demandé de tenir ma langue…
-Et depuis quand tu tiens ta langue ?! Reprirent ensemble la mère et l’ainée de la rousse.
-Mais… Je ne pouvais pas trahir la volonté de Mamie… S’excusa Anna.
-Elle marque un point-là non ? Proposa amusé Agnarr.
-N’en rajoute pas s’il te plaît Agnarr ! Non mais tu te rends compte que nous n’avons pas pu…
-Si nous le pouvons maman… Nous pouvons leur dire aurevoir. Les gardiens m’ont laissé mon miroir. Nous pouvons les voir dans l’Hellheim et avec un peu de concentration, directement leur parler par voyage astral… Il va falloir réviser tes leçons maman ! Taquina Anna


Je m’éloignais quelques instants inquiète et quittais la vie pour revenir auprès de Pierre


-Déjà de retour ? Tu as fait vite ! Rassure-toi il ne se passe rien de bien intéressant ici… Les enfants que tu ne veux pas voir vivent tranquillement leur vie, Elysia est toujours au fond du trou, ta meilleure amie pouponne au point même d’oublier ses précieux carnets, les…
-Miroirs !
-Miroirs ? Quels miroirs ?
-Les miroirs ! Cette garce a toujours le collier miroir !!! Et comme une cruche je n’ai jamais récupéré celui d’Anna !
-Et donc ?
-Et donc avec ces miroirs elle peut rentrer en contact dès qu’elle le souhaite avec l’Hellheim et avec Anna… Cette petite garce va savoir mes projets !!! Que j’ai fait enfermer son insupportable grand-mère dans les limbes ! J’observe ses derniers événements… Elle le sait peut-être déjà !!!
-Comme quoi tu vois qu’il fallait que tu changes de cible !
-Surveilles les autres ! Laisse-les vivre leur vie, peu importe les mois ou les années que cela prendra dans leur vie d’idiots… Ce cas est plus urgent !!!
-Compris… Je surveille !


Je ne sais si Pierre avait rajouté la moindre parole que je m’engouffrais à nouveau dans la vie de l’autre garce pour tenter de mesurer quelles catastrophes elle avait pu découvrir alors que je l’avais dénigrée… Quelle sotte avais-je été ! Fort heureusement, mes observations ne me firent voir qu’un passé que je connaissais… Cette peste avait observé toute l’intronisation de ses grands parents que j’avais savamment orchestrée…Leur confier la couronne de l’Hellheim et les nommer à notre place à Pierre et moi pour mieux endormir leur méfiance… Ouf, la peste, au même titre que ses grands parents n’y avaient vu que du feu… Mais cela allait-il durer ? Je devais en avoir le cœur net et savoir comment elle commençait à gouverner. Après tout le mieux était que j’arrive à la neutraliser le plus vite possible ! Je l’observais dans sa salle de conseil…


« Où est le roi ?! » « Pourquoi la reine des neiges n’est pas là ? » « Ce sont les princes qui doivent monter sur le trône !! »


Anna était sidérée. Au sein de l’assemblée du conseil, les mots étaient restés bloqués dans sa gorge, tétanisée par la défiance de ces hommes de pouvoir qu’elle ne connaissait pas. Leur nom lui disait bien des choses, comme elle, ils étaient des héritiers, ils devaient leur siège au conseil grâce à leurs pères et leurs pères avant eux qui se trouvaient serviteurs zélés de la monarchie. Lors de son accession au trône, Anna se souvenait de l’engouement et de la bienveillance du conseil envers sa jeunesse et son inexpérience et seul le vieux général Olson pouvait se montrer critique mais toujours juste et avec une profonde dévotion pour la personne du monarque. Pourtant désormais tout était différent, Anna était auréolée de sa légitimité de reine qu’elle était déjà, elle était le cinquième esprit, ses actes héroïques avaient été reconnus par tous, pourtant les conseillers n’avaient pas attendus pour tancer la reine. Depuis des années, ces jeunes loups qui avaient remplacés leurs pères à la disparition de la reine avaient su faire leur place pendant la longue régence. A force de flatteries, ils s’étaient vus offrir les faveurs du roi Agnarr. Peu à peu, ils avaient façonné les jeunes princes héritiers dont l’un d’eux devait monter sur le trône. Sans doute pensaient-ils pouvoir manipuler ces jeunes gens à leur convenance.
Aussi, voir cette reine revenue d’entre les morts reprendre une couronne qui avait quitté sa tête depuis des années dérangeaient et tous lui faisaient payer. Anna sentait qu’elle n’avait pas le charisme ou l’assurance en pareille situation que son père ou sa mère. Elle aurait tant souhaité les avoir à ses côtés pour l’épauler ! Ou même sa sœur Elsa ! La reine des neiges possédait un charisme et une autorité naturelle, d’ailleurs les conseillers la réclamaient ! Non ! Finalement, Elsa à ses côtés n’aurait probablement pas été une bonne idée, cela n’aurait fait qu’alimenter les quolibets, et fragiliser davantage encore la position précaire de la furie rousse.
Heureusement pour elle, son ainée était partie quelques jours en pays Northuldra. Elle veillait à la bonne installation de leur jeune frère auprès de la communauté et comptait finir son périple avec une halte à Arnevik et aider les commerçants à charger d’énormes quantités de glace destinée à être vendues vers les Iles du Sud, comme le stipulait l’excellent partenariat commercial que les deux sœurs avaient signé auprès du roi Hans. Hélas pour Anna, cette première victoire économique n’avait trouvé aucun crédit auprès des requins qui arpentaient la pièce du conseil. Des requins assoiffés de sang et la jeune rousse faisait office de proie idéal pour leurs appétits voraces.
La fuite avait été sa seule réponse alors qu’elle retenait ses larmes face aux quolibets des conseillers. La reine eût un dernier regard pour ces hommes au rire gras qui se gaussaient tant de la fuite de la jeune femme et repérait, le plus virulent de tous : Lord Halricsen.


Voilà qui était on ne peut plus intéressant… Ainsi cette garce ne se révélait pas la hauteur des attentes placées en elle… Comme l’erreur de la nature qui lui servait de fille ! Oh quelle joie si c’était le cas, il allait être aisé de la manipuler et de la détruire ! Le tout aidé par une vieille connaissance ! Halricsen… J’avais presque fini par oublier cette branche familiale… Je n’avais pas eu le loisir d’assister à son triomphe dans la vie que j’avais crée pour effacer toutes mes traces, sans doute allais-je pouvoir rectifier cela ici… Néanmoins je stoppais la mes pensées. Les seules larmes de cette reine de pacotille n’étaient plus ma préoccupation alors que son demeuré de père approchait…


-Anna ?!
-Oh papa ! Renifla la jeune femme.
-Allons que fais-tu ici, prostrée dans ce couloir ? Imagine si quelqu’un d’autre que moi était arrivé ?! Ceci n’est pas une attitude de reine !


Les yeux sarcelles de sa plus jeune fille plongèrent dans le regard acier de l’ancien roi qui se perdit dans la mer de larmes d’Anna. La carapace militaire de l’ancien monarque ne résista pas longtemps et le cœur tendre du père vieillissant reprit le dessus. Avec douceur, il s’agenouilla à sa hauteur et la prit doucement contre ses bras tel un petit animal blessé. Cela me donnait la nausée !


-Explique-moi… Lui souffla-t-il à l’oreille.


Patiemment, Agnarr se trouva être un auditeur zélé face à sa fille qui vidait son sac. Anna fut surprise de se confier à ce point à son père, tout comme moi je pouvais l’être… J’espérais encore intérieurement qu’il soit un mauvais conseiller pour elle !


-Halricsen dis-tu…
-Oui…
-Une bonne famille ! Je me souviens que du temps de mon père c’étaient des officiers de l’armée. Ton grand père aimait à connaître personnellement tous les officiers tu sais…
-Oui je le sais père ! Je connais l’histoire d’Olson !
-Pour Olson… c’était différent ! Il était bien le seul d’ailleurs. J’ai su pour son cas lors de la régence de Petterssen avant que je ne monte sur le trône et qu’importe cette relation, il était l’un des meilleurs officiers de l’armée…
-Et avec un franc parlé également. Maugréa la reine.
-En effet, je dois t’avouer que c’est ce que j’appréciais chez lui pour ma part, ainsi que sa dévotion à la couronne. Hélas, il n’est plus parmi nous depuis bien des années, tu ne le sais que trop n’est-ce pas ? Il aurait été un bon appui pour toi… Mais peu importe, Halricsen disais-je… Le roi Runaerd avait écrit sur l’officier qu’il était ambitieux, obéissant aux ordres mais et là je le cite « point un homme à qui je souhaiterai confier ma vie mais de ceux à qui je puis déléguer des tâches subalternes ».
-Et en quoi cela peut m’aider ?
-J’y viens… Après la mort de ton grand-père, c’était à moi de monter sur le trône et comme tu le sais, j’étais alors trop jeune à l’époque. Quatorze ans à peine et, je puis te le confier, je n’avais pas ton courage loin de là ! Au mieux, ta curiosité ! C’est la qualité que j’aime le plus chez toi ma petite Anna ! Je me revois en toi quand tu te montres fouineuse !
-Vraiment ? Je pensais avoir hérité ceci de maman !
-C’est le cas ! Ça serait mentir que de dire que ta mère n’est pas curieuse en effet. Heureusement, elle était à mes côtés, sans son courage, sa détermination, sa gentillesse, je n’aurais su affronter les responsabilités sur mes épaules ! C’est important d’avoir à ses côtés une personne en qui tu puisses avoir pleinement confiance ! Et je crois que tu as trouvé la personne idéale pour ce rôle n’est-ce pas ?
-Elsa ?
-Non ! … Enfin, ta sœur peut l’être en effet, mais je pensais plus à Monsieur le duc de la plaine des trolls ! C’est le secret d’un mariage ! Il sera toujours là pour toi. Tu sais, l’idée d’un mariage scellé par la flamme d’une coupole, ça n’est pas ma culture. Arendelle ne pratique pas ce genre de rite cependant, et surtout que depuis Ahtohallan ta grand-mère ne m’en veuille pas de dire cela mais… Je trouve cette métaphore particulièrement vraie. Les deux personnes associées permettent au feu d’exister. Ce feu est une lumière, ce feu nous réchauffe, sans lui nous ne pouvons vivre et il existe par l’association des deux. Ton feu à toi, c’est Kristoff ! Comme le miens fut ta mère, et ce, avant même notre mariage ! Grâce à elle, le fait de la voir si intrépide, braver la sécurité des gardes pour venir me retrouver dans les jardins… Elle a été ma flamme pour me convaincre moi aussi de braver les interdits de la régence, de trouver ce que les dignitaires ne voulaient pas : les cahiers de mon père ! Ton grand-père avait bien des défauts, on peut lui reprocher beaucoup de choses durant son règne, néanmoins lui, avait été préparé par son père avant lui jusqu’à l’âge adulte, grâce à une régence efficace ! La transition s’est faite, il était prêt, il avait appris. Il n’a pas eu le temps de me le transmettre mais avait eu la sagesse de consigner bon nombre d’informations. J’ai ainsi compris l’importance du conseil. Sans eux, tu ne peux gouverner, mais la pire des erreurs serait de leur laisser penser qu’ils ont le pouvoir ! Lors de la régence, bon nombre d’entre eux me dénigraient, bon nombre ne souhaitaient pas m’informer, ils voulaient que je sois un roi faible, heureusement, j’ai appris à les dompter !
-J’aimerai l’apprendre également…


J’étais médusée de ce que je pouvais entendre… Tant de bons sentiments, de paroles bienveillantes. C’était là tout ce que je haïssais le plus profondément chez mes descendants mais lui… Lui n’était même pas un Picéaerd. Lui n’avait commis dans ses vies que des stupidités et voilà qu’au moment où j’avais besoin qu’il en commette une il se révélait plus brillant que jamais ?!


-Il n’y a qu’un seul secret… Savoir qui est le chef !... Alors Anna ? Qui est le chef ?
-Euh… Songea la jeune femme en se remémorant les visages.
-Tu as perdu ! Coupa l’ancien monarque sans laisser le temps de la réflexion.
-Quoi ?
-Tu cherches parmi les membres du conseil ! Tu as perdu ! Il n’y a qu’un seul chef ! Incontesté ! Incontestable ! Et ce chef, je l’ai devant moi… La personne qui sur sa tête, porte la couronne d’Arendelle !
-Oui mais…
-Pas de mais Anna ! La question ne mérite même pas d’être posée ! Je suis désolé, jamais je ne t’ai préparé à porter le fardeau du royaume, après tout tu n’y étais pas destiné mais cela ne m’absout pas pour autant de cette erreur de jugement ! Même si tu n’avais pas été appelé à monter sur le trône, j’aurais dû te préparer, car si le monarque est le chef, les membres de sa famille doivent être présents à ses côtés pour l’épauler, et eux aussi doivent avoir cette âme de dirigeant ! Si je n’ai qu’une leçon à te donner ma fille, c’est bien celle-là ! C’est toi qui diriges, c’est toi et toi seule ! Déléguer est une bonne chose, mais pas les décisions, pas les orientations. Dans cette pièce, ces hommes bien habillés, au langage bien policé et compliqué ne sont là que pour appliquer tes directives. Ils peuvent conseiller, ils peuvent t’avertir mais pas te contraindre ! S’il y a désaccord entre vous… C’est toujours toi qui gagnes ! Jamais eux ! A aucun moment tu ne dois leur montrer que la couronne est faible ! Tu sais ce que je répétais sans cesse à ta sœur n’est-ce pas ?
-De cacher ses pouvoirs…
-Certes, et ça n’était je le sais désormais, pas le meilleur des conseils, non je lui disais également : Pas d’état d’âme, pas de tourment ! C’est le rôle du monarque ! Personne ne doit voir ! Personne ne doit savoir si tu es faible ou si tu doutes ! Tes choix tu ne dois pas les expliquer ! Tes doutes, tes plaintes, jamais les montrer ! Ça n’est pas le pouvoir qu’il faut cacher… mais la femme que tu es, car la seule chose qu’ils doivent voir… c’est la couronne ! Et pour cela tu as un avantage formidable !
-Lequel ?
-Mais voyons Anna ! Tu es le Cinquième esprit ! Le Royaume t’a vu maîtriser les éléments pour le protéger ! Le Royaume t’a vu apporter la lumière ! Le Royaume t’a vu une fois encore le préserver de sa perte ! Qui pourrait être assez fou pour remettre en cause ta capacité et ta légitimité à prendre en main le destin d’Arendelle ? Toi qui as veillé sur nous ! Toi qui nous as guidé et protégé ! Après cela tu oses me dire qu’une douzaine d’hommes au beau langage te déstabilise ?
-Eh bien… oui… Avoua penaude la furie rousse.


Je devais le reconnaître, cet Agnarr était plutôt doué… Je ne pouvais qu’être d’accord avec ses propos sur la faiblesse mais ça n’était pas le moment d’armer mon ennemi enrageais-je pour moi-même.


-Je vais t’avouer un secret… Qu’ils t’impressionnent c’est normal ! Qu’ils te fassent te sentir, comme un imposteur, c’est normal ! Leur ambition, inavouable devant toi, c’est d’avoir le pouvoir et que toi, tu ne sois qu’une marionnette… Une jolie marionnette que l’on expose au balcon pour faire de jolis sourires à la foule et surtout, prononcer quelques discours savamment écrits, par eux, et pour eux ! Je t’ai dit ce que tu devais faire… Mais je n’ai jamais dit que c’était facile ! Je n’ai jamais dit que tu ne pourrais pas te sentir mal… C’est bien pour cela que tu dois t’entourer de ta famille ! Mais n’oublie jamais c’est toi qui décide et personne d’autre !
-Je dois y retourner ?
-S’il t’ont vu faible… Je crois que c’est la seule chose à faire ! Il ne faut surtout pas qu’ils pensent que tu n’es pas à la hauteur ! N’oublie jamais ! Seule la couronne dirige !


Il avait tellement raison, et ruinait mes espoirs… S’il parvenait à la rendre forte, jamais je ’e pourrais la manipuler à ma guise ! Il fallait que cet imbécile à moustache efféminée se taise et vite !!!


-Comment puis-je m’en sortir ? Demanda la jeune femme désarmée.
-Grace à quelques secrets ! Tiens ! Prends ceci ! Fit Agnarr en lui confiant de sa poche, de vieux carnets.
-Qu’est-ce ?...
-Les notes de ton grand-père sur ses officiers et conseillers ! Ils m’ont été très utile pendant la régence quand je me suis préparé à monter sur le trône, ils pensaient m’avoir à leur main… Ils se sont bien vite trompés ! J’ai par la suite continué le travail de mon père et, quand il a fallu reprendre le trône après vous deux, et assurer la régence… J’ai continué ! Tu trouveras ce qui t’intéresse ! Notamment sur Halricsen ! Un coriace celui-là !
-C’est-à-dire ? Demanda Anna alors que son père se plongeait dans ses notes pour les lui indiquer.
-Je t’ai dit ce que mon père pensait de cette famille en tant que militaire. Mais ils faisaient leur travail alors il aurait été idiot de les sanctionner ou les placardiser, cela n’aurait fait que les énerver ! Du coup, à la mort de celui-ci, j’ai fini par persuader Petterssen de faire venir son fils à la vie civile, au sein du conseil ! Ca les as calmés ! En revanche c’est une famille qui a du ressenti ! Surtout… Depuis votre avènement à ta sœur et toi !
-Comment cela ?
-Les origines Northuldra de ta mère ont été révélées… Cette famille déteste les Northuldra…
-Mais le temps a passé ! Cela fait plus de vingt ans désormais que la brume est levée !
-Certes… Mais comme tu le sais… Olson a entretenu une relation avec le frère de ta grand-mère !... Pieter Picéaerd ! Il était le protégé d’Olson… Et de mon père et ça… Halricsen ne le supportait pas ! Cette famille a gardé grande rancune de celui qui était secrètement appelé « l’homme femelle Northuldra ». J’ai entendu parfois ce nom parmi les soldats quand j’étais jeune… Jamais je n’aurai pu imaginer que l’on parlait de lui. J’aimais beaucoup cet homme ! Après tout c’est lui qui m’a appris à manier l’épée ! Bref, c’est ce conseiller qu’il te faudra éviter ! Mais au moins Anna… Tu sais de qui tu dois te méfier ! C’est un avantage ! Prends le temps d’étudier ces notes ! Sans vouloir me vanter, ils ont été tenus avec beaucoup de rigueur et, après toutes ces années dans les arcanes du pouvoir, je pense que j’ai acquis, une certaine expertise dans le domaine !
-Papa… Est-ce… Est-ce que tu… Tu voudrais venir avec moi ?... Pour… Justement, comme ancien roi… Tu connais les rouages et…
-Anna !


La cadette sursauta. Son père s’était montré si doux et patient, tout à coup sa voix avait été glaciale et tranchante, une voix qu’Anna n’avait plus entendu depuis ses jeunes années.


-Ai-je ?... Dit quelque chose de mal ?
-En effet ! Comment veux-tu assumer ton autorité s’il faut que je sois là pour la cautionner !? Tu dois montrer que tu as le pouvoir seule ! Alors après tout tu es ma reine ! Si tu me l’ordonnes, eh bien je viendrais à tes côtés, mais nous savons alors tous les deux ce qu’il se passera. Aujourd’hui, je m’efforcerai à montrer mon allégeance, mais tu feras encore appel à moi pour les affronter… Ils n’auront toujours pas confiance en toi en revanche moi… Moi je reprendrai chaque jour un peu plus le pouvoir ! Comme ce fut le cas lorsqu’Hans était régent, Anna ne commet pas cette erreur que de m’associer ! Pas plus que ta sœur, nous savons qu’elle aussi peu à peu laissera sa faiblesse pour le pouvoir la gagner ! A vrai dire, c’est dans la nature profonde de chaque être humain ! Eux dans cette salle sont avides de pouvoir, c’est bien pour cela qu’ils veulent te rabaisser ! En le for intérieur ils doivent vénérer tes exploits, mais leur ambition dépasse toute considération. Il serait mesquin de le reprocher à qui que ce soit, c’est le lot de tout le monde, mais une seule personne peut assumer légitimement ce trait… le porteur de la couronne ! C’est le seul aspect humain que l’on peut avoir lorsque l’on est dans ta position ! Alors Anna je le répète, n’associe jamais personne à ta couronne !
-Si papa ! Il y a bien quelqu’un…
-Ah oui ?... Surprends-moi !
-Mamie ! Mamie Anna disait toujours que jamais elle ne souhaitait le pouvoir ! Elle aurait pu le prendre mais elle ne l’a jamais fait…
-Hélas, je crains que ta grand-mère ici-bas ne puisse te venir en aide comme tu le souhaiterais… Mais je sais que tu es capable d’avoir un lien avec elle qui est bien au-delà de ma compréhension, même si ta mère ne cesse de m’expliquer le principe chamanique qui vous lit… Caucase n’est-ce pas, quand on sait qu’elle détestait tant les leçons de ta grand-mère !
-Elle détestait parce qu’elle savait déjà tout du premier coup ! Ca me faisait pareil avec le précepteur ! Taquina Anna.
-Tu m’en diras tant… Ma foi, je souhaite que tu aies raison. Mais je n’ai qu’une petite crainte à ce sujet…
-Ah oui ?
-Certes, ta grand-mère est un modèle sur ce principe mais, ne s’est-elle pas vu offrir une couronne justement ?
-Si ! C’est parce qu’elle ne veut pas le pouvoir que les gardiens lui ont offert !
-Et par devoir elle l’a accepté… Pour quelqu’un qui refuse tant les titres, elle a pourtant accepté de le prendre… Finalement, comme tout humain, le pouvoir aura fini par la tenter. Alors, peut-être est-elle l’être exceptionnel, je le souhaite, tout au moins je souhaite qu’elle soit une grande dirigeante, et pour ce point je n’ai pas de doute, tout comme pour toi ! Néanmoins affirmer que jamais elle n’appréciera le gout du pouvoir et ne se montrera point ambitieuse…
-Non papa ! Mamie vaut bien mieux que cela ! Répondit Anna.
-Si c’est le cas… Elle fera une mauvaise souveraine hélas… Pour bien gouverner, il faut avoir un minimum d’ambition pour le pouvoir… Ou alors quelqu’un de plus ambitieux te dépassera.


Cet idiot ne croyait pas si bien dire… Jamais elle n’avait su assez se méfier de moi et ainsi ai-je pu la piéger. Fébrile, je continuais à observer cette vie et le moins que l’on pouvait dire c’était que cette Anna était une élève on en peut plus appliquée. En quelques jours elle avait su mettre au pas son conseil sur les sages recommandations d’Agnarr. J’enrageais alors que je l’observais un soir en compagnie de son dadet qui lui servait d’époux et ses deux affreux marmots. Mon regard s’arrêta sur la première… Je la reconnaissais, l’erreur de la nature ! Mon envie fut la plus forte et je tentais d’entrer dans son esprit mais j’en fus très vite chassée. C’était incroyable, cette enfant était dotée d’une aura formidable. Ses parents eux n’avaient pas ressenti ma présence mais s’extasiaient sur les formidable capacités de l’enfant qui, malgré son jeune âge parvenait à se mouvoir et communiquer avec grande aisance.

Je fus saisi de stupeur, la différence avec l’erreur de la nature que j’avais côtoyé et manipulé à ma guise était flagrante et je parvenais à en comprendre le sens. Cette enfant qui n’aurait jamais dû exister avait scindé son âme en deux… L’une, adulte s’était alors retrouvée sans qualité, l’autre en revanche, avait hérité de toute la supériorité de notre illustre famille dont j’étais la genèse ! Je m’inquiétais de la présence de cette enfant qui allait sans doute être une difficulté supplémentaire pour moi quand soudain la porte du salon s’ouvrit laissant apparaître Agnarr.


-Ah père je t’attendais !
-Tu voulais me voir Anna ? Demanda Agnarr avec une révérence de tête protocolaire.
-En effet… J’ai ceci pour toi…
-Qu’est-ce donc ? Demanda son père en déroulant le pli.
-Une injonction royale à te rendre définitivement en territoire Northuldra pour te charger de l’éducation à gouverner de mon jeune frère maintenant que lui et sa chère Emma vont se charger de prendre la suite de la destinée de la forêt enchantée.
-Comment ? Est-ce une plaisanterie ?!
-Non aucunement… Oh et peux-tu remettre ceci à Elsa quand tu arriveras… Qu’elle sache que désormais elle ne pourra venir en Arendelle que sur invitation écrite de la souveraine…
-Attends quoi ?! Balbutia Agnarr.
-Anna ? Tu es vraiment sérieuse ?! Hoqueta Kristoff tout aussi choqué.
-Tout à fait… Je suis ton conseil et je t’en remercie papa… Tu as raison, je dois protéger ma couronne et… tu l’as dit, si tu restes, tu chercheras tôt ou tard à regagner ton pouvoir et ton influence, même avec les meilleures intentions à mon égard… Et Elsa fera de même… Je n’ai pas le choix, il faut que j’agisse ainsi.
-Anna… je ne t’ai pas dit que tu devais nous chasser ta sœur et moi… Nous… Arendelle est tout autant notre Royaume !... En as-tu parlé à ta mère ?!
-Inutile… Et bien entendu, maman est libre de vous suivre ou de vous rendre visite autant qu’elle le souhaite… J’aimerai ne pas prendre cette décision et je vous garde dans mon cœur. Je viendrais autant que possible vous voir en pays Northuldra et je n’omettrais aucune invitation officielle… Mais dans un premier temps… Je dois vous éloigner de moi ! Vous allez me manquer Elsa et toi ! Fit Anna en tombant dans les bras de son père.
-Anna tu… Tu n’es pas obligé d’en arriver à de telles extrémités, tu te rends compte que… Tu nous chasses ta sœur et moi…
-Non pitié papa, je ne vous chasse pas… Je vous éloigne…
-Méfie-toi Anna. Tu dois veiller à garder ton pouvoir c’est vrai mais fais attention à ne pas y succomber à ton tour alors je vais te le demander une seule fois, et je te demande de bien réfléchir à ta réponse : Souhaites-tu réellement appliquer ceci ? Demanda Agnarr en désignant la missive.


Anna hésita quelques instants. Les mots restèrent bloqués dans sa bouche mais elle hocha la tête pour toute réponse.


-La volonté d’un monarque ne saurait-elle remise en cause… Comme ma reine l’exige, je serai parti à la première heure demain matin… J’espère que tu sais ce que tu fais, que tu ne regretteras pas ta décision… Sache que je serai toujours un soutien pour toi. Ma reine ! Votre altesse duc… Conclut Agnarr avec une révérence avant de prendre congé.


-Anna… Tu… Tu es certaine de…
-Oui Kristoff ! Je dois prendre mes distances envers ceux qui pourraient menacer ma légitimité tant que je n’aurai pas maté totalement ceux qui voudraient me voir rendre ma couronne…
-Mais Anna on parle de ta famille !
-Ma famille… Pour l’heure je n’ai pas besoin d’eux et eux n’ont pas besoin de moi… C’est mieux ainsi… même si ça fait mal ! Kristoff ! Prends ceci… Eloigne-le de moi ! Fit Anna au bord des larmes.
-Ton… Ton collier ?!
-Oui… Papa a raison, je dois décider seule… Si j’ai ça autour du cou, j’en serai incapable sans demander conseil à Mamie… Je dois voler de mes propres ailes ! Garde-le, ainsi je ne serai pas tentée ! Coupa-t-elle en laissant le bijou à son époux.


J’étais tout aussi estomaquée que Kristoff en cet instant. Si le dadet des montagnes était catastrophé, j’étais pour ma part aux anges… Je ne pouvais espérer mieux !!! C’était à peine croyable, je n’avais pas besoin de pourrir la vie de mon ennemi… Cette idiote allait visiblement être tout à fait capable de le faire elle-même !!! J’en étais certaine, j’allais pouvoir noircir le cœur d’Anna sans aucun souci !

Chapitre 7 : Picéaerd contre Picéaerd.


-Tu veux que je fasse quoi ?!


La voix d’Ylva s’étrangla alors qu’elle dévisageait la vision de mamie Anna toujours auréolée d’une curieuse lumière comme si la Northuldra dévergondée se trouvait en présence d’un spectre. Chacune de ses entrevues la mettait chaque fois plus mal à l’aise que la précédente. Ylva se demandait toujours par quel miracle sa filleule avait réussi à lui enseigner le voyage astral vers les limbes mais surtout comment elle avait fait pour la persuader de tenir sa langue auprès des autres. Pourquoi elle et pas sa mère ou sa belle-mère ? Des chamanes émérites qui auraient sans doute été plus à même d’aider l’illustre Picéaerd à quitter la prison céleste dans laquelle Emma l’avait précipitée. Et pourquoi diable se refusait-elle de parler avec son mari ? Ça Ylva le savait, Anna n’avait de cesse de lui répéter qu’Elysia n’aurait que pour seule pensée de communiquer avec elle et leurs retrouvailles astrales l’empêcherait de planifier la défense de la famille Picéaerd. La petite Northuldra ne pouvait que s’incliner face à l’argument, ce couple Picéaerd était et de loin les plus gros contributeurs de ses carnets roses. Elle se consolait en imaginant les retrouvailles entre ces deux là qui promettait d’être épique et plus le temps de séparation serait long plus le rassemblement serait bon !


-Anna !! Je… Je ne peux pas faire ça !!! Insista Ylva.


Elle prenait déjà beaucoup sur elle mais là… C’était trop !


-Pourtant si Ylva ! Tu vas le faire !!! Je te l’ai dit, ton fils Rocco est notre clef de sortie !
-Mais Anna ?! Tu te rends compte de ce que tu me demandes de faire ?!
-Ylva ! ne me dis pas que tu es choquée de provoquer les choses entre deux jeunes gens pour qu’ils se chargent de se retrouver seuls…
-Mais… Hum le sujet n’est pas là ! Et de toute manière en quoi cela pourra servir tes plans ?
-Tu n’as pas à le savoir… Moins tu en sauras mieux ça sera, inutile qu’Emma en ait vent…
-Tu penses que je pourrais tout lui dire ?
-Je pense qu’avec moins de personnes au courant, alors mieux le secret sera gardé… Tu vas m’aider ? Ou la grande Ylva spécialiste de l’amour serait-elle incapable de monter l’esprit de deux jeunes âmes aux hormones débordantes ?
-Mais à quoi cela pourra-t-il servir ? Après tout, c’est Anna que tu vises ?
-Evidemment ! Et c’est bien pour ça que j’ai besoin de ces deux jeunes gens !
-Mais quel rapport ?
-Oh ne t’en fais pas… Après tout, la jeune Rita est ton héritière spirituelle… Pour un flirt elle sera capable de tout ! Et c’est ce qu’il nous faut…
-Je suis désolée je ne comprends pas…


Mamie Anna leva les yeux et soupira, elle d’ordinaire patiente ne souhaitait plus attendre. Sans doute la version non désirée de sa petite fille pour seule compagnie avait dû finir par l’user ou peut être sentait-elle que sa connexion astrale avec sa marraine ne pourrait se tenir plus longtemps. Aussi elle se décida à exposer dans le détail comment elle imaginait les conséquences si Ylva parvenait à faire en sorte que son fils terrestre et Rita se décident à passer à l’acte. La spécialiste de l’amour écouta avec attention et parut totalement outrée à la fin du récit de sa filleule.


-Anna !! Mais… Tu n’y penses même pas… Tu… Tu pourrais ainsi risquer tant pour Anna et…
-Bien entendu, c’est même ce point qui est on ne peut plus essentiel ! Pour le reste que ces deux jeunes gens décident de s’amuser ensemble ou n’en fasse rien je n’en ai que faire
-Quoi ? Qu’il n’y ait rien ?! Moi vivante jamais !! Fulmina Ylva dont le naturel revînt plus vite qu’un troupeau de rennes affolés.
-Tu es morte chère marraine. !
-C’est pareil !!! Et… Et puis et… oh zut et si je refuse ?
-Quoi ? Refuser de créer un couple comme tu sais si bien le faire en soufflant des conseils à l’oreille de ton fils ?... La chair de ta chair ?
-Mais… Il… Il a 7ans
-Depuis quand cela te dérange ? Tu m’as parlé de la chose dans les plus intimes détails alors que j’avais juste 5 ans !
-C’était différent et c’était pour te préparer à être avec Elysia et… Et c’est mon petit ! Tu peux comprendre !
-Oui… Tu as fait la même chose pour ma fille… à 4 ans et demi !
-Mais… Non désolée, je ne peux pas regarder Rocco dans les yeux et…
-Et alors, il faut que ça soit sa version terrienne ! Donc parle-lui de ça quand il s’endort ! Tu n’as qu’à le faire en chanson ! Change les paroles de la berceuse d’Ahtohallan si tu n’y arrives pas !
-Changer des paroles mais… Je ne sais pas faire ça !
-Eh bien demande à maman de la faire ! Elle sait !
-Quoi ? Demander à GaGa de parler d’amour ! Tu crois que j’en suis incapable c’est ça ? Tu oses insinuer que … Oh tu vas le regretter ma petite ! Tu vas voir, je vais te le remonter comme un coucou ! Il va n’avoir que la petite en tête !
-Je ne sais pas Ylva… Sans doute que maman saura…
-Hors de question ! Je m’en charge ! personne d’autre que moi ne sait gérer cela !
-Hum… Oui tu as raison ! Pardon marraine c’est ma faute, je n’aurais pas dû… Tu vas gérer n’est-ce pas…
-Et comment ! Je reviendrais bientôt te voir et te raconterai dans les moindres détails la chose !
-… J’y compte bien marraine ! J’y compte bien !


Ylva ne pipa autre mot et commença à disparaître. Peu à peu, Mamie Anna se réveilla de son voyage sous le regard désapprobateur de sa petite fille dans la prison des limbes mais rien ne pouvait empêcher la matriarche d’avoir le sourire aux lèvres, satisfaite de sa duperie… Son plan était en marche.



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« Cette petite était une véritable mine d’or pour moi !!!! » Pensais-je exaltée.


Jamais je n’aurai cru dire cela un jour mais j’étais absolument ravie du comportement de celle qui jadis avait causé ma perte. Le pouvoir peu à peu lui montait à la tête et Anna semblait voir des ennemis partout auprès d’elle. La défiance de son conseil restreint l’avait rendue dure, froide, distante. C’était trop facile ! J’aurai pu ne pas agir mais cela aurait gâché mon plaisir. Je n’avais pas besoin de grandement me forcer à souffler dans le sommeil de son plus virulent adversaire quelques motivations. Chaque jour, Halricsen sous mes conseils se faisait plus agressif, chaque jour, Anna d’Arendelle répondait en s’enfermant de plus en plus. La logique d’un monarque éclairé aurait voulu qu’elle réussisse à démettre le gêneur mais elle n’en fit rien. Cette écervelée avait été suffisamment stupide pour exiler sa famille loin sur les terres Northuldra. Elle qui avait promis de leur rendre visite régulièrement avait rompu ce pieu vœu, interdisant toujours l’accès à son père et sa sœur ainée. Quelle joie avais-je eu de la voir également rabrouer sa mère lorsque l’ange de l’air l’avait intimé de revenir sur sa décision, j’entendais depuis chaque jour cette conversation fatidique à mes oreilles :


-Anna cela suffit, tu dois faire les faire revenir auprès de toi.
-Maman, avec tout le respect que je te dois je suis la reine et j’agis pour le bien d’Arendelle !
-Le bien d’Arendelle, ou ta lubie du pouvoir ?
-Maman ! Je ne te permets pas de parler à la reine comme ceci !
-Mais je parlerai à ma fille cadette comme je l’entends surtout quand elle agit de manière irresponsable !
-Je suis la reine !
-Et moi ta mère ! Ton père le savait mieux que quiconque ! Il était roi néanmoins jamais, tu m’entends, jamais il n’a estimé devoir me donner des ordres et sais-tu pourquoi ? Parce que je suis son épouse ! Parce qu’en tant que famille régnante il ne doit pas y avoir de rapport de force entre nous ! Reine ou pas, pense à respecter ta famille ! Crois-tu que maman, depuis l’Hellheim apprécie de te voir agir ainsi ?!
-Laisse mamie Anna en dehors de ça !
-C’est plutôt toi qui la laisses ! Depuis quand n’as-tu pas cherché à la consulter par voyage astral ?
-Mais…
-Tu ne le fais pas car tu sais très bien ce que ta grand-mère te dirait !
-Ça suffit ! Si tu n’es là que pour me critiquer… Eh bien… Pars toi aussi !
-Pardon ?!


Iduna semblait médusée, incapable même de se mettre en colère et je devais le confesser sur l’instant j’avais également été séchée de cette phrase… Pour le coup, jamais Pierre tout père noël qu’il était pourrait jamais rivaliser avec un tel cadeau.


-Tu m’as bien entendu et je…
-Anna d’Arendelle Picéaerd !

La rouquine s’était tut immédiatement, si j’avais été à sa place, ça me faisait mal de le dire mais je n’en aurai peut-être pas mené plus large qu’elle. Jamais je n’aurai pu croire qu’Iduna puisse se montrer si autoritaire et glaciale alors qu’elle s’approchait de sa cadette devenue muette.


-Si ta petite Helga se comportait comme tu es en train de le faire… Elle aurait immédiatement été raccompagnée par l’oreille à sa chambre sans dîner ! Mais cette petite n’a que 5 ans et ça ne lui viendrait pas à l’esprit d’agir ainsi, mais toi… Tu ne mérites même pas d’être corrigée comme une fillette ! On peut pardonner à une fillette ! On peut éduquer une fillette ! Tu n’imagines pas à quel point je suis déçue ! Déçue d’avoir à ce point échoué à t’inculquer des valeurs ! Des valeurs que désormais tu foules au pied !
-Mais…
-Non n’en rajoute pas ! Tu veux être un membre éminent de la famille Picéaerd ! Laisse-moi te rappeler un trait de caractère familial ma fille !... Nous sommes extrêmement rancuniers lorsque nous avons été déçus, lorsque l’un des nôtres décide de tourner le dos à la famille !
-Mais…
-Tu as fait ton choix ! Tu as exilé ton père, ta sœur… Je n’ai aucune raison de rester davantage ici ! Après tout, je ne suis même pas née à Arendelle ! J’ai été élevée par des Northuldras ! Ma place est là bas ! Je pars sur l’heure mais, contrairement à ce que ton père t’a dit jadis quand tu l’as chassé… Ne compte plus sur aucun d’entre nous pour t’épauler ou te venir en aide ! Tu n’en es plus digne ! Inutile de te laisser plus longtemps souiller le nom de Picéaerd ! Conclut Iduna en s’éloignant laissant sa fille tomber à genoux, vaincue.


J’étais restée de longues minutes à observer l’idiote rouquine prostrée comme un animal blessé. Pour la première fois de ma vie je crois que j’aurai pu embrasser Iduna ! Elle avait été parfaite. En tant que mère fouettarde je ne pouvais qu’admirer la sanction exemplaire et même si je sentais qu’Ahtohallan tentait de me rappeler, sans doute pour me montrer une nouvel fois mon abandon par ma propre mère, j’arrivais cette fois à résister ! Je n’arrivais pas à croire qu’Iduna ait pu être ma meilleure alliée alors que je sentais le cœur de mon ennemie se noircir et devenir plus lourd qu’un troll sur le dos de son arrière-grand-mère pachydermique.


Je continuais à observer cette vie, voir mon adversaire se renfermer toujours plus, même son dadet de mari n’osait plus lui adresser la parole, c’était à peine si elle accordait un temps pour ses enfants, tout marchait comme prévu. Par moments, je quittais cette vie pour aller observer celle qui avait été ma cible. C’était à peine croyable, l’hypothèse de ce gros balourd de Pierre avait été la bonne… En détruisant le bonheur du cinquième esprit ultime, je faisais replonger celle à qui j’avais noirci le cœur. Je constatais avec délice que cette autre Anna devait garder le lit le plus souvent possible désormais et même les soins de l’horrible mioche de l’erreur de la nature qui s’était découvert un médiocre talent chamanique n’arrivait plus à tempérer le mal qui la rongeait peu à peu.


« Stupide relent d’erreur de la nature ! Comment peux-tu oser imaginer que toi, la fille de la plus médiocre Picéaerd qui n’ait jamais existé tu puisses faire quoi que ce soit ! » Lançais-je pour moi-même

Elle était si pathétique à chouiner, collée à sa « Mamie Na ». Elle manquait de me faire vomir avec tous ces bons sentiments risibles. Son frère lui faisait remarquer son incompétence… Tiens donc ce sombre crétin avait semble-t-il été frappé par un éclair de lucidité, sans doute ma présence auprès de ce boulet l’aidait-il à se montrer l’espace d’un instant pertinent… Peu importait, ni cette chamane de pacotille, ni son lourdaud de frère et encore moins l’erreur de la nature qui leur servait de mère n’y pourraient rien… Ca n’était qu’une question de temps… Et ce temps, autant l’accélérer !


Avec un plaisir immense je retournais vers la vie de celle qui avait causé mon malheur à faire en sorte que chaque jour qui passait, Anna se perdait davantage dans la culpabilité, les propos tenus à son encontre par Iduna lui avaient fait mal, et l’ange de l’air, c’était une qualité à porter à son crédit n’était pas femme à proférer des paroles en l’air. Elle avait appliqué sa menace et veillait scrupuleusement à ce que plus aucun Northuldra n’ait de contact avec la reine d’Arendelle. Quand bien même Anna était devenue le cinquième esprit, sa mère gardait toujours un lien fort avec l’esprit du vent qui depuis se refusait à revenir auprès de celle qui devait pourtant être la maîtresse des éléments. Cela me surprit grandement d’ailleurs. Moi qui aurais pensé qu’un cinquième esprit ultime ne pouvait être contesté dans sa maîtrise des éléments, j’en avais ici la démonstration inverse. Je tacherai de m’en souvenir quand j’aurai enfin atteint mon but, je ne laisserai aucun maudit Picéaerd fouler encore cette vie ni aucune autre… Les limbes seront leur destinée finale, j’en étais convaincue désormais.


Je relâchais cependant mon attention quelques instants alors qu’il me semblait entendre le bruit d’une brise. J’avais passé suffisamment de temps à chercher les esprits pour sentir leur présence ! Me serais-je fourvoyée ? Je devais en avoir le cœur net et fut surprise alors que je survolais une des chambres du château. Le vent était bien là et une jeune femme conversait avec lui… Qui pouvait bien être cette misérable créature ? Elle n’avait rien pour elle, ni grâce, ni charisme… Peut être l’avais-je déjà vu mais pourquoi me serais-je embêté à apprendre qui elle était. Au fil de la conversation je pus comprendre qu’elle conversait avec Iduna… Ainsi l’ange de l’air souhaitait toujours savoir un minimum de choses sur sa fille perdue ! Au fil de mes investigations, je compris que l’interlocutrice était une certaine Théa et se trouvait plus ou moins être la prétendante d’un des trois abrutis qui servait de fils à la reine des neiges ! Cette idiote m’était parfaitement indifférente mais je pouvais percevoir en elle qu’elle ne manquait pas d’ambition… Était-elle amoureuse du prince ou étais-ce un calcul… Qu’est-ce que cela pouvait bien me faire ! Pourtant, en tant que mère fouettarde, détestant la malhonnêteté, je ne pouvais me résoudre à ne pas en savoir plus sur cette intrigante qui cherchait à gagner les faveurs des membres les plus influents du royaume… J’exécrais cette méthode, je pourrais l’écraser comme le cafard qu’elle était mais qui sait, elle pourrait être une alliée temporaire, pour cela, je devais m’intéresser à elle mais soudain, je me sentis irrémédiablement rappelée par Ahtohallan


J’avais lutté mais la volonté de l’Hellheim avait été plus forte. D’un coup je me redressais au centre d’Ahtohallan face à la paroi gelée furieuse d’avoir quittée mon observation. Pierre était face à moi et je compris de suite qu’il était responsable de mon retour. Cela me mit davantage encore hors de moi, mais de quel droit ce crétin obèse osait-il ?...


-J’espère que t’as une bonne excuse ! Fulminais-je
-Au lieu de hurler… Tu devrais t’intéresser à ceci…


Il n’avait esquissé qu’un geste vers la paroi et était resté d’un calme olympien ce qui me donnait encore plus l’envie de l’étrangler. Néanmoins je sus me contenir, après tout ses dernières remarques avaient été pertinentes alors autant vérifier. Sceptique je regardais ce qu’il souhaitait me montrer et sursautais d’effroi.


-Mais ?! Mais ?! Mais qu’est-ce qu’elle a cette gourde ?! Pourquoi elle dort ?! Elle a toujours eu le sommeil lourd cette courge mais pas à ce point ?!... Qu’est-ce qu’il s’est passé ?!
-Si tu veux le savoir tu devrais… Observer les événements antérieurs… Tu comprendras !


Furieuse je jetais un dernier regard sur Anna endormie alors qu’Elsa, médusée l’observait impuissante avec à ses côtés la copie fade de sa fille modèle agaçante ! Celle-là même que Pierre voulait que je corrompe ! Je l’observais l’espace d’un instant, rien ne paraissait la sortir du lot. Oh elle pouvait se vanter d’avoir hérité de la beauté maternelle mais pas plus que sa sœur, à vrai dire, même un peu moins car l’autre savait avoir la prestance digne de son rang et sa plastique. Elle n’avait pas l’air non plus d’avoir un esprit particulièrement aiguisé… Sans doute un trait de caractère qu’elle partageait avec l’erreur de la nature qui ne se trouvait pas loin non plus…


-Hum Hum ! Emma ! Tu devrais regarder !
-Oui deux minutes le gros !


Ce qu’il pouvait m’énerver quand il était comme ça ! Peu importe, d’un geste habile je remontais le temps et soupirais… Ahtohallan avait décidé de me montrer la vie de la pimbêche blonde sans saveur… Génial, j’étais ravie d’apprendre qu’elle était tombée dans le pécher de fornication avec… Non pas lui !!!


-Quoi ?! Elle …
-oui Emma !
-Avec… M’étranglais-je
-Oui… Le prince que tu as trouvé comme humain vivant pour accueillir l’esprit du fils d’Ylva Nordlys.
-Mais… Je vais aller tordre le coup à la naine pour avoir engendré…
-Je ne ferais rien à ta place…
-Et pourquoi donc ?
-Parce qu’avant… Tu aurais dû faire un retour vers le passé plus poussé…


Mais pourquoi est-ce que j’acceptais d’obéir à ce gros plein de soupe ? Néanmoins je m’exécutais, je suivais encore l’idiote tourner autour des huttes des guérisseuses Northuldra… Je ne savais pas pourquoi je perdais mon temps et m’apprêtais à quitter la vision lorsque je compris ce que Pierre voulait que je voie… Effarée j’observais la stupidité ultime de cette godiche avant de tituber…


-Rita !!!! Espèce de… de…
-nouille ? .... Cruche ?... Gaffeuse ? Proposa Pierre
-CONNASSE ! Explosais-je
-Oh ! Je te savais mauvaise et médisante, mais je ne t’imaginais pas aussi vulgaire Emma
-Oh toi ta gueule ! Hurlais-je.
-Pourtant… Je t’avais mis en garde qu’il fallait la surveiller de près…


De rage je voulus le gifler mais je me retins et ma main s’écrasa finalement sur ma propre joue… C’était moi qui la méritais ! C’était moi l’idiote ! Comment avais-je pu manqué cela !? Ce qu’il se passait, ça ne pouvait pas être qu’un coup de folie d’une adolescente écervelée… Non, le mal était plus profond !


-Je dois partir !
-Mais Emma et… Anna ?! Si… Si elle meure tu as conscience que…
-Je sais ! Laisse-moi ! J’ai… une vieille amie à visiter !


Je me concentrais et ouvrit un passage… Je ne pensais pas y retourner mais il le fallait et cette fois… Pas de faux semblants. La chute me parut plus longue que d’habitude mais finalement, je retombais au milieu du néant caractéristique des limbes. Il ne me fallut pas longtemps pour les trouver… Cette fois elle allait me voir !


-Emma ?! Vous êtes enfin venue me chercher ! ?

La Anna de ma création qui paraissait avoir des sentiments partagés s’approchait, alors que sa grand-mère me dévisageait comme si ma visite ne la surprenait pas.


-J’avais raison d’y croire au fond de mon cœur, vous ne m’avez pas oubliée ! Je vous promets avoir résisté à ses manigances au fond j’ai toujours su que vous étiez de mon côté…
-Je n’ai pas le temps ! Fais dodo au lieu de ma casser les oreilles.


D’un geste vif je lui touchais la tête et cette gourde s’effondra lourdement au sol profondément endormie comme une de ses homologues vivantes… Du moins l’espérais-je encore.


-Oh ? Voilà une astuce que je ne connaissais pas, es-tu venue pour me l’enseigner Emma ? Me lança ma rivale d’un ton calme mais glacial.
-J’ai crée cette chose de toute pièce… J’ai tout pouvoir sur elle !
-Je n’en ai pas le moindre doute… C’est une bonne idée qu’elle dorme, ainsi, elle ne nous dérangera pas…
-Tu n’as pas l’air surprise de me voir Anna… Persifflais-je agacée.
-J’avoue l’être quelque peu, je pensais que tu serais arrivée un peu plus vite…C’est décevant de voir que tu n’es pas aussi réactive que je ne l’imaginais.
-Tu n’es pas surprise de me voir ?
-En aucun cas ! Sans doute avais-tu pris quelques congés et tu t’es rendue compte que j’avais été précipitée ici par une curieuse malice, sans doute as-tu enquêtée et est finalement venue pour m’en délivrer, je t’en suis reconnaissante, après tout, entre mères fouettardes, il est normal de nous entraider n’est-ce pas ?


Mais elle osait se moquer de moi en plus ? Comme j’avais envie de… Non ! Emma calme-toi ça ne servirait à rien…


-Bien Anna, trêve de plaisanteries et si nous parlions toutes les deux… sans nous mentir ?! Fis-je après une longue respiration pour me calmer.
-Voilà qui nous fera gagner à toutes les deux un temps certain…


Je la toisais du regard… Elle m’avait dupée, je sentais que lors de mon dernier passage, alors qu’elle semblait vidée de toute résilience elle avait senti ma présence… Depuis le début je l’avais sous-estimée.


-Tu ne veux pas mentir mais pas parler non plus Emma ?... Voilà qui ne nous aidera pas… Alors que ton plan est en péril. Ça tu vas bien me l’avouer, ma présence ici, c’est ton plan ?
-Je n’insulterai pas ton intelligence Anna en démentant. Bien sûr que c’est mon plan. Réussir à créer une vie de toute pièce, pour que ta précieuse petite fille soit la cause de ta perte et t’emporte dans le seul endroit où tu ne peux agir pour m’empêcher d’atteindre enfin mon but !
-Parce que le fait de pouvoir intégrer la famille ne te suffisait pas ? Quelle tristesse Emma !
-Oh Anna comme tu me déçois si tu as été assez crédule pour croire une seule seconde à ce petit jeu… Oh, la mère fouettarde aigrie depuis des siècles, prête à tout détruire qui grâce aux belles paroles d’une rouquine idiote va faire amende honorable, prendre conscience de son rôle et ensuite te le confier pour jouir d’une mort paisible…
-J’ai voulu croire que ton cœur avait été suffisamment réparé pour cela Emma en effet, je suis probablement stupide mais je plains ta situation encore moins enviable que la mienne que de vivre ainsi sans amour…
-Tu me plains ?
-Oui Emma
-Alors pourquoi continues-tu d’empêcher mes plans… Tu as tout manigancé… Tu as mis ton grain de sel quand les ai renvoyées dans le passé… Dans l’espoir de contrarier mes desseins ?!!
-Naturellement…
-Et si aujourd’hui dans cette vie vécue à nouveau ta petite fille se trouve aux portes de la mort c’est encore une de tes interventions…
-ça n’est pas moi qui l’ai mise dans cet état !
-Anna ! Ne nous sommes nous pas promis de ne pas nous mentir ?! Grondais-je.
-Ca serait mentir que dire qu’elle est dans cet état par mes actes… Mais je ne dis pas ne pas avoir agi…
-Et tout se passe comme tu souhaites… Minaudais-je
-Je n’ai pas trop à me plaindre du déroulé des événements… Rétorqua-t-elle avec une pointe d’insolence qui m’agaçait.
-Comment as-tu fait Anna ?!
-Allons Emma… Tu n’es pas la seule membre de cette famille à être dotée de grands pouvoirs… Après tout, n’as-tu pas fait en sorte avec Pierre qu’Elysia et moi devenions les souverains de l’Hellheim ainsi que les gardiens de Noël ?... Tu sais bien que cela confère quelques privilèges, alors imagine quand ils sont utilisés par quelqu’un qui maîtrise l’art chamanique des voyages astraux…
-Tu utilises mon art contre moi Anna ?!


Elle se riait de moi… Elle avait beau être emprisonnée dans ce néant, elle demeurait toujours une menace… Une menace que je ne pouvais éliminer directement et elle le savait très bien… Mais là, elle jouait à un jeu dangereux !


-Tu es donc prête à tout pour m’arrêter… Repris-je
-En effet !
-Mais tu as bien conscience que si la Anna que tu as renvoyée chez les vivants, au prix d’une partie de ton aura chamanique disparait… Jamais tu n’auras le pouvoir de sortir d’ici ?
-Et toi tu as conscience que sans l’aura chamanique comme tu dis d’une souveraine de l’Hellheim ainsi que ta successeuse en tant que gardienne qui a donc reçu une partie de tes pouvoirs tu n’en auras jamais assez pour mener à bien ton plan ni même espérer le recommencer si elle disparait comme tu dis ?
-Tu mettrais la vie de ta précieuse petite Picéaerd en jeu… même si elle risque de disparaître ?
-Tu crois que je n’ai pas pris ce risque en compte Emma ?


Je demeurais interdite un instant, je cherchais une faille dans sa carapace… Elle bluffait c’était certain ! Je devais trouver sa faiblesse !


-Et tu serais prête à sacrifier ta propre âme… Être incapable de ne jamais sortir d’ici ? De ne jamais revoir ton cher et tendre mari qui se languit tant de ton retour, de vos rituels amoureux que l’autre insupportable naine aime tant consigner dans ses carnets ?
-Et sans doute toi aussi vu que tu conserves toujours une de ses paires de jumelles à ta ceinture…


Elle veut m’énerver ! Elle bluffe mais elle a peur sans doute ! Oui !!! Sinon pourquoi cette réponse insolente et anodine alors qu’un grand danger la menace ? Oui c’était sans doute ça ! Elle avait peur ! Je la tenais !


-Allons Anna, tu m’as habitué à bien meilleure réponse que ce genre de pirouette digne de la naine !
-Et toi tu ne m’as pas habitué à t’attacher autant à quelqu’un… Tu devrais trouver Ylva et toutes les deux, organisez vous ne petite soirée d’espionnage…
-Nous ne sommes pas là pour rire Anna Picéaerd !
-Je suis tout à fait d’accord avec ce propos… Emma Picéaerd !
-Tu veux vraiment la laisser mourir, et te retrouver ainsi condamnée à jamais ici ? Et condamner ceux que tu aimes à ne plus jamais te revoir… Souhaites tu condamner ta chère petite Picéaerd ?! Fis-je en montrant du doigt l’insignifiant insecte de ma création toujours endormie à mes pieds.
-Si cela fait échouer pour toujours tes projets… C’est un prix à payer !


Je serrais les poings, je sentais ma respiration s’accélérer, je l’observais, cela devait être pareil de son côté… Ce bluff devait la terrifier… Oui, elle ne pouvait tenir cette position éternellement…


-Alors Emma ? En avons-nous déjà terminé ? Fit-elle sans aucun tremblement dans la voix.
-Tu joues à un jeu bien trop dangereux pour toi Anna Picéaerd !


Je me maudissais, je me sentais trembler. C’était imperceptible mais cette garce devait le sentir, elle était forte, ça je le savais mais c’est moi qui gagnais…


-Je te rappelle que c’est toi la prisonnière ! Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu ne pourras pas sortir d’ici si tu agis comme ça ! Tentais-je sentant que ma voix était moins assurée que je ne l’aurai voulu.
-Mais nous sommes deux à jouer Emma ! Qui te fait croire que mon but est de chercher à sortir ? J’ai promis de ne pas mentir alors je ne te dirai pas que je cherche à m’échapper…
-Tu bluffes Anna ! J’ai vos destins à tous dans le creux de mes mains…
-Alors réfléchis bien à ton prochain coup ! J’ai joué… Il me semble que c’est à toi de répondre ! Tu devrais te dépêcher de le faire… A moins que tu ne changes d’avis et que tu aies apportée un jeu d’échecs avec toi…
-Quoi ?
-Oui après tout, puisque tu es encore là… Peut-être comptes-tu laisser se refermer ton passage éphémère et finir cette partie avec moi, en face à face… Ici, dans les limbes… Pour l’éternité !


Je jetais un œil vers le ciel, elle disait vrai… Elle voulait me déstabiliser mais c’était inutile ! C’était moi qui l’intimidais ! Oh elle était très fine, ça ne je ne pouvais le nier mais elle n’avait en réalité rien contre moi… Si elle pensait jouer à un jeu, elle allait perdre !

Je préférais ne pas répondre et décidais de m’éloigner. Son léger sourire finit de m’agacer mais rira bien qui rira le dernier car, contrairement à elle… J’avais la possibilité de m’enfuir et la laisser croupir ici, seule, avec pour seule compagnie, une petite fille de ma création qu’elle ne pourra jamais réellement rallier à sa cause ! Je n’eus pas le moindre regard pour elle et quittais les limbes pour me retrouver à nouveau au pied de la paroi d’Ahtohallan.

Heureusement pour lui, Pierre sentit qu’il ne valait mieux pas qu’il ouvre la bouche alors que je fulminais…


-Ah tu veux jouer ?! Ah tu veux jouer ?! Eh bien oui je vais jouer ! Oui je vais jouer !! Tu crois que je vais te laisser faire ?! Tu crois que je vais laisser cette gourdasse crever sans réagir ! Que je vais la laisser crever par la bêtise d’une nunuche pas plus futée qu’une huitre ?!
-C’est à moi que tu… Hum… Pardon, je te laisse ! Fit Pierre qui comprit par mon seul regard…


Aussitôt je me lançais, j’allais moi-même sauver cette furie rousse de malheur mais rapidement je compris qu’il m’était impossible d’agir… J’observais la scène et enrageais de nouveau…


-La mioche de l’erreur de la nature !!! Hurlais-je alors que la seule chose que j’avais pu faire avait été d’arracher un cheveu de la mourante.


L’aura de cette chiarde venait d’Ahtohallan et m’empêchait d’agir… Quelle ironie. Cette gosse qui souhaitait tant sauver sa grand-mère la condamnait en m’empêchant d’agir… Non ! Non ça n’était pas possible !!! Ca ne pouvait pas se passer ainsi !!! Mes plans tomberaient à l’eau… Je ne pouvais pas perdre ainsi… A moins que…

Je me sentis sourire et un rire nerveux m’envahit…


-Qu’est-ce qui te met de si bonne humeur finalement ? Demanda Pierre.
-Anna prend ça pour un jeu… Très bien, jouons !
-Que vas-tu faire ?
-Le seul coup qui me reste… Persifflais-je.


Je replongeais vers la vie de celle qui m’avait défait. Je savais ce que je devais faire… Si on m’avait dit que j’agirais ainsi il y a quelques jours, j’aurai sauté de joie mais là, je devais le faire à regret… Je devais sacrifier mon plus bel atout ! En hâte je cherchais dans le château la fille ambitieuse et la trouvais. A nouveau elle conversait avec le vent. Tant mieux, elle ne perdait pas son ambition.


J’attendais qu’elle s’endorme et je m’immisçais dans son rêve… Inutile d’être subtile cette fois, j’irai droit au but !


-Théa ! Toi qui rêves de gloire et pouvoir, tu n’as pas le choix ! Tu dois te débarrasser d’Anna d’Arendelle ! Débarrasse-t‘en et tu pourras épouser ton prince ! Débarrasse-t’en… Et tu seras reine !... La reine Théa d’Arendelle !


Je veillais à ce que le message soit clair puis je quittais les songes de cette faible d’esprit ambitieuse. Je remarquais auprès d’elle un service à thé… J’avais lu dans le cœur de cette jeune femme, cette ambitieuse n’hésiterai pas quant à la méthode… Je déposais insidieusement le cheveu au fond de la théière et veillait à la laisser en évidence. Je n’avais aucun doute cette petite utilisera le poison à n’en pas douter.
Je sentais le jour se lever, le moment pour moi de m’éclipser et attendre que ce coup se fasse… Pour que mon plan puisse continuer d’exister je n’avais pas d’autre choix que de faire supprimer le cinquième esprit et ainsi sauver celle qui avait toujours servi mes plans !


-Tu vois Anna Picéaerd ?! Moi aussi je peux tuer ta précieuse petite fille mais moi… Je ne bluffe pas ! Dis-je entre mes dents tandis que je maudissais Rita d’avoir failli ruiner mes projets.