[FCU WHAT IF...] Et si… Anna et Elsa avaient été séparées pendant l’enfance ?... Le plan d'Emma Picéaerd

Chapitre 6 : L’attente


Hagard, Iduna après de longues minutes de stupéfaction avait réussi à se rhabiller et se relever. Elle e répétait qu’un mot : « enceinte ». Beata faisait de son mieux pour calmer son amie qui sortit de la chambre.


-Ah madame la reine, vous allez mieux ? Installez-vous, le ragout de maman est prêt !
-Je n’ai… Pas faim ! Je… Je dois rentrer…
-Eh bien, si tel est votre souhait votre Altesse, je vous accompagne sur le champ. Fit Olson de manière martiale.
-Non Niklas ! Toi tu restes là avec Kristoff ! Mangez tous les deux ! C’est moi qui la raccompagnerai !


Beata avait parlé d’une voix si forte et autoritaire que même le général en resta pantois esquissant presque pour son épouse un salut militaire comme s’il ne fut qu’un vulgaire soldat face à un officier. Les deux femmes, sans un mots quittèrent l’humble logis et se dirigèrent vers la ville d’Arendelle qu’Iduna fixait.


-Que vas-tu faire désormais Iduna ?
-Quoi ?
-Après cette nouvelle ! Un nouvel enfant va arriver ! Que vas-tu faire pour Anna ?
-Je… Je ne sais pas… Il… Il faut que j’en parle à Agnarr !
-Iduna !!! Fit Beata en la retenant.
-Quoi ? Je devrais le cacher à mon époux ?
-Non je n’ai pas dit ça ! Mais Si tu le laisses choisir… J’ai peur que jamais tu ne revois ta fille et que cet enfant à naître… Ne finisse par la remplacer !
-Ca n’arrivera pas Beata ! Jamais je n’oublierai Anna !


Beata préféra garder ses pensées pour elle-même si elle se doutait que les traits de son visage devait la trahir. Néanmoins Iduna elle aussi choisi de ne rien ajouter bien qu’au fond de son cœur, la terrible crainte de Beata la parcourait également. Elle resta soudain mutique, même aux portes d’Arendelle, aucun son ne put sortir de sa voix. Heureusement, Beata se chargea de tracter avec les hommes d’Halricsen qui les conduisirent jusqu’au château. A nouveau, aucun son ne put sortir de la bouche d’Iduna, seul un léger geste de la main lui permit de se faire comprendre et obliger Kay à ne pas congédier son amie. Le fidèle serviteur dévisagea la souveraine avec compassion. L’homme ne pouvait sans doute pas imaginer la raison de son tourment, mais comprenait aisément qu’il devait être important. D’un geste professionnel, il invita les deux femmes à patienter alors qu’il frappait à la porte du cabinet royal où l’on pouvait entendre la voix d’Agnarr continuer à faire la classe à sa fille malgré l’heure très tardive. Avec dignité il se glissa derrière la porte qu’il referma derrière lui laissant les deux femmes patienter.


-Votre Majesté ? Princesse ! Pardonnez-moi de vous déranger mais, votre épouse la reine est de retour, elle souhaite s’entretenir avec vous. Puis-je me permettre de raccompagner son Altesse la princesse vers ses appartements et faire appeler les dames de chambre pour qu’elle puisse passer ses habits de nuit ?
-Oh maman est rentrée ? Je veux la voir ! Suggéra l’enfant en posant sa plume sur plusieurs feuilles de parchemin noircis de sa belle écriture.
-Puis-je me permettre d’insister Altesse ? Vous avez sans doute remarqué qu’il était près de minuit et la princesse a-t-elle sans doute besoin de dormir à cette heure ?
-Par l’épée d’Aren Kay vous avez raison ! Je n’ai pas fait attention à l’heure, nous terminerons cette leçon demain matin Elsa ! Kay a raison, il faut que tu te reposes, hum Kay, vous qui êtes le maître des horloges, à quelle heure avions-nous commencé ?
-18 heures altesse, juste après une tasse de thé.


Le roi blêmit soudain en jetant un regard vers la vingtaine de feuilles de parchemin écrites sur le pupitre d’Elsa. Kay, qui avait le visage impassible en toute circonstance était cependant un homme attentif aux moindres détails.


-Mais je voudrais quand même saluer maman ! Plaida l’enfant.
-Votre altesse a sans doute faim, après une si longue soirée.


Kay avait parlé avec son ton neutre habituel bien que cette fois, il eût bien du mal à masquer son opinion. Le roi le dévisageait avec un rictus coupable. Cette culpabilité ne fit que croitre alors que la phrase du majordome avait réveillé le ventre vide de l’enfant qui se manifesta.


-Veuillez m’excuser. Lança Elsa confuse
-Tu n’as pas à le faire Elsa, tu as faim c’est bien normal, nous… Nous aurions sans doute dû nous arrêter depuis… une petite heure pour… Enfin peu importe, Kay va t’accompagner et…
-Bien sûr votre Altesse, un repas va lui être servi dans les plus brefs délais. Mademoiselle, si vous voulez me suivre ?


Docile, avec une révérence impeccable au roi, après avoir pris soin de ranger ses notes et ses plumes, la jeune princesse suivit le majordome qui ouvrit une porte dérobée. A peine fut-elle dans le couloir, la porte du cabinet refermée que les épaules de l’enfant s’affaissèrent, ses paupières devinrent lourdes alors qu’elle ne put retenir un bâillement.


-Pardonnez-moi Kay !
-De quoi donc princesse ? De votre fatigue alors que vous n’avez rien mangé de la soirée et qu’à cette heure ci une enfant de votre âge devrait dormir depuis plusieurs heures ?
-Vous êtes bon pour moi mais ça n’est pas une excuse, je suis la princesse héritière et je me dois…
-Puis-je vous parler comme le ferait un ami princesse ?
-Pardon ? Demanda Elsa surprise, cherchant quelle maxime apprise elle pourrait répondre à cela.
-Princesse Elsa… Votre mère la reine serait-elle heureuse de vous voir veiller si tard, affamée et arasée par la tache que vous impose votre père ?
-Euh… Eh bien…
-N’est-elle pas celle qui justement fait tout pour que vous quittiez ce maudit pupitre quand votre père tourne le dos et preniez un peu de bon temps avec ce jeune Kristoff ?
-Oui, vous avez raison Kay, mais j’aime étudier, je me dois d’être…
-Non petite princesse, vous mesurez le devoir qui est le vôtre, mais dans votre cœur, que dit l’enfant ? Allez Elsa, parlez-moi non comme la princesse, mais comme l’enfant de huit ans.
-Je… J’ai très faim et… Je suis fatiguée…


A nouveau l’enfant s’était voutée. Quelques instants auparavant, Elsa semblait plus âgée mais elle rendait les armes et paraissait être une petite fleur fragile. Kay lui offrit un sourire ainsi qu’un morceau de chocolat. L’enfant l’apprécia grandement alors que tous deux furent dérangés par la voix du souverain qui s’entendait depuis le cabinet.


« Quoi ? Que me dis-tu Beata ? Iduna ?! Est-ce vrai ?! Es-tu… »

-Que se passe-t-il Kay ?
-Je… Je n’en sais rien princesse Elsa mais… Peu importe, le plus important est de vous remplir le ventre et vous faire gagner votre lit ! Allez venez !


Le majordome eût un temps d’arrêt. L'homme était un incorrigible curieux, habitué à écouter auprès de toutes les portes mais ce soir, il avait comme mission de s’occuper de la jeune princesse et c’était bien plus important que quelques potins. Peu importait la nouvelle, la princesse passait avant tout.



-Allez, au revoir Anna ! Je te laisse, Florinsen m’attend pour une livraison de glace !
-Tu pars tôt cette fois Kristoff…
-Oui… Florinsen m’a proposé de me ramener ensuite chez moi, à Arendelle…
-Pfff ! T’es rien qu’un menteur ! Je suis certaine que tu mens, en fait c’est parce que tu ne veux pas rester avec moi !
-Pffff qu’est-ce que tu peux être agaçante Anna !! Un vrai bébé ! Bougonna Kristoff à bout de patience.
-Tu vois !!! T’es encore méchant avec moi !!! Je ne sais même pas pourquoi tu viens me voir, à chaque fois c’est pareil ! S’emporta la furie rousse.
-Oui, tu t’énerves dès que j’ouvre la bouche et pourtant je viens te voir à chaque fois…
-C’est que tu dois être encore plus bête que tes scies à glace pour continuer de venir me voir si je suis si nulle !
-Mais non tu ne l’es pas !... Tu es… Enfin tu es toi !


Le garçon tenta d’esquisser un sourire mais cela ne convainc pas du tout la fillette, bien au contraire, sa colère ne faisait que la gagner. Comme chaque fois qu’elle passait du temps avec Kristoff. C’était incroyable mais elle ne pouvait pas rester plus de quelques minutes auprès du jeune homme sans avoir envie de l’étrangler. Tout l’énervait chez le jeune débiteur de glace. Son petit regard humble, ses jolies mèches blondes, sa carrure importante pour un enfant de son âge. Kristoff aurait pu être craquant, tel un ourson en guimauve que l’on aurait aimé serrer contre soi mais pour Anna, c’était davantage l’envie de chasser une bête féroce qui primait.


-Je suis moi ?! Tu veux encore te moquer de moi j’en suis sur, espèce de… de dadet !!! Vociféra Anna en cherchant à lui lancer tout ce qu’elle trouvait.
-Eh ?! Mais doucement !!! Doucement je ne t’ai rien fait !! Arrête ! Ta maman va encore sortir pour te punir si tu continues…
-Oui, comme à chaque fois tu le fais exprès pour que je sois punie et après chacune de tes visites je suis privée de gâteau au chocolat ! Je suis sure que ça doit te faire plaisir en plus !!!
-Mais non pas du tout ! C’est pas ma faute si à chaque fois tu te mets à me crier dessus !!!
-Ah oui je te crie dessus ?! Eh bien dans ce cas pourquoi est-ce que tu continues de venir me voir ?! Parce que je suppose que tu ne m’aimes pas ?!
-Non en effet ! Je suis désolé mais t’es vraiment insupportable ! Si je viens te voir c’est pour essayer de te faire plaisir… Et aussi pour… Madame Ylva ! Tiens elle m’a laissé une nouvelle lettre pour toi !


Avec douceur et patience, acquise au cours de ces longs mois, qui faisait la fierté de son mentor Florinsen, Kristoff tendit la missive à l’enfant. Anna s’en saisite, non sans froisser le papier pris sans aucune grâce. Pendant un instant elle observa l’enveloppe puis se décida à la jeter au sol.


-Je m’en fiche !!! T’es peut être un garçon insupportable Kristoff, mais je dois le reconnaître, toi au moins tu viens me voir ! Pas comme cette fausse marraine ! Ca fait des mois que je ne l’ai pas revue et j’ai seulement droit à quelques lettres que tu m’apportes, comme si j’allais les lire ! Je m’en moque ! T’as qu’à lui dire ça quand tu la reverras ! Ca ne lui fera pas grand-chose, elle s’en fiche de moi après tout ! Grogna la petite rousse en donnant un coup de pied dans la lettre.
-Mais non Anna !! Ylva ne se fiche pas de toi ! Elle… Elle voudrait bien te voir j’en suis sur et… Bientôt elle reviendra ! Lis donc sa lettre, ça lui fera plaisir…
-Je m’en fiche de lui faire plaisir ! T’as qu’à lui dire, toutes ses lettres, je les lis pas ! Na !


L’enfant tira la langue et se retourna boudeuse avant de s’éloigner de quelques pas pour laisser le jeune homme seul. Elle détestait mentir mais dire la vérité lui faisait trop mal. Elle luttait contre elle-même pour ne pas revenir sur ses pas et récupérer le précieux courrier dans la poussière. Evidemment, toutes les lettres que lui avait adressé Ylva, elle les avais lues. Cela l’avait même poussé à travailler sa lecture et, dans sa poche, près de son cœur, demeurait depuis huit mois, la première d’entre elle. L’encre était partiellement effacée à certains endroits où de gros sanglots de l’enfant avaient coulé. Elle connaissait chaque mot par cœur, chaque contour de la belle écriture ronde de sa marraine Ylva et cette si belle calligraphie qui lui annonçait une si triste nouvelle :


« Ma chère petite Anna.

J’espère que ma petite boulangère préférée se porte bien. Tes viennoiseries sont succulentes et il me tarde d’en goûter à nouveau. Malheureusement, il va falloir s’armer de patience pour les déguster, mais aussi me réjouir de voir la farine sur ta jolie frimousse. Un événement important m’oblige à rester loin d’Harmon, je n’aurai malheureusement plus le temps dans les prochains mois pour venir te voir. Mais même si tu restes loin de mes yeux, ta marraine Ylva pensera chaque jour très fort à toi. Je te ferais parvenir de mes nouvelles régulièrement et ton ami Kristoff m’a promis de venir te voir pour me donner de tes nouvelles. Je te le promets, nous nous reverrons et aurons tant de choses à nous dire. Il me tarde de voir à quel point tu auras grandi !!
Ta Marraine
Ylva »


Les autres missives n’avaient été que nouvelles souffrances pour Anna. Certes les mots restaient doux, certes Ylva faisait parvenir des cadeaux à la jeune fille, mais c’était la présence de cette curieuse marraine qui manquait à l’enfant. Par vengeance, jamais elle n’avait retenté la drôle d’expérience où elle avait pu parcourir une belle forêt et vu une vieille femme qui lui ressemblait. Cette expérience, c’était avec Ylva qu’elle devait la partager, mais sa maudite marraine demeurait loin d’elle.


-Allez Anna ! Ne fais pas ta tête de mule !... Prends-la cette lettre, je suis sûr que tu seras triste si tu la laisses par terre.


Avec beaucoup de patience, le fils de Beata avait rejoint la furie rousse et tendait la missive tachée. D’un geste, Anna s’en saisit et la fourra dans la poche avant de renifler bruyamment.


-Toi tu l’as vu n’est-ce pas ? C’est elle qui te l’a donné pas vrai ?!
-Eh bien ?... Oui, oui je l’ai vu Anna c’est vrai !
-Alors… Alors si elle a du temps pour te voir, pourquoi elle n’en n’a pas pour moi ?!
-Eh bien… Tu sais je… Je ne l’ai vu que quelques instants et moi je… Je suis à Arendelle alors que… Venir jusqu’ici eh bien… ça prend des heures de voyage !
-Eh bah tu as bien de la chance toi de vivre là-bas ! Moi aussi j’aimerai de temps en temps quitter mon petit village ! Voir le monde !
-Mais pourquoi veux-tu quitter cet endroit ? Il est magnifique, il y a la mer, c’est calme, les gens sont sympathiques, il y a tout pour être heureux !
-Non ! Il n’y a pas marraine Ylva ! Et c’est facile pour toi de dire ça… Tu ne vis pas ici ! Il n’y a rien à faire ! Rien à part suivre les cours de la vieille chouette de Madame Larsen ! Enfin non, même plus, ça fait un mois qu’elle ne vient plus et reste enfermée dans sa maison ?
-Ah bon ? Elle est malade ?
-Non ! La dernière fois que je l’ai vu, elle m’a dit que c’était le dernier cours car la personne riche qui payait pour qu’elle donne des leçons avait arrêté de lui verser ses gages donc elle ne voulait pas perdre son temps pour satisfaire une personne qui se moque d’elle !
-Quoi ?... Mais c’est… C’est méchant de faire ça ! Elle ne s’est pas attachée à toi ? Tu es son élève après tout…
-Oui bah elle est surtout fâchée contre la personne qui l’emploie et elle préfère me laisser seule car ça ferait trop plaisir à la personne riche !!!


Kristoff se tût un instant et serra ses poings dans ses poches, sentant contre lui une bourse d’or. Le mois dernier, elle lui avait été confiée mais, trop occupé par la leçon de Florinsen, il n’avait pas eu le temps de la remettre devant la maison de la préceptrice. Bien entendu il avait prévenu de cette mésaventure à son retour mais cela n’avait pas inquiété la reine qui lui avait demandé de la garder jusqu’à la prochaine visite. Sur l’instant, l’enfant n’avait pas compris à quoi pouvait bien servir cette somme d’argent. Il le découvrait aujourd’hui, même si cela lui paraissait étrange que la reine Iduna s’intéresse à ce point à une petite fille ordinaire d’Harmon.


-Ecoute je… Je suis désolé si t ne peux plus avoir de leçons mais… Du coup ça doit te faire plus de temps à apprendre à faire du pain, tu dois préférer ça ?
-Bah non ! J’aimais bien apprendre pleins de choses !
-Mais tu viens de dire que tu n’aimais pas…
-Oui, c’est long et ennuyeux de rester sur une chaise à écouter une vieille bique !... Mais je l’aime bien, et elle est intelligente et… Elle a tellement de livres et… Et c’est si incroyable de découvrir tant de choses ! Papa m’a dit qu’il n’avait toujours été qu’un humble boulanger, quand son frère lui avait eu le droit de faire des études pour devenir militaire !... Tu veux savoir pourquoi je suis méchante avec toi ?
-Mais tu n’es pas méchante Anna…
-Si je le suis, mais toi, ton papa Olson, bah il a tout eu, alors que mon papa, son frère rien, il a dû se débrouiller, il n’a appris à lire qu’adulte et je sais qu’il est triste de voir que je lis aussi bien que lui alors que j’ai tout juste six ans ! Et toi t’es pareil ! T’as tout, à Arendelle alors que moi non !
-Détrompe toi, je n’ai pas tout ! Et puis… Olson… ça n’est pas mon père ! C’est… C’est mon beau père !
-Eh ! t’arrêtes de te moquer !!! Mon papa aussi il est beau ! Je suis sur qu’il est même plus beau que ce vieux crouton de général qui ne veut même pas me dire bonjour quand il t’accompagne !
-Quoi ?! Mais oui ton papa est beau, quand je dis que c’est mon beau père c’est pas parce qu’il est joli… Enfin si il doit l’être sinon ma mère ne serait pas avec lui ! Non un beau-père, ça veut dire qu’il est marié avec ma mère… Mais ça n’est pas lui mon papa ! Mon papa, je ne sais pas qui c’est ! Je crois qu’il est mort, en tout cas, maman n’en parle jamais et elle a fini par se marier avec Olson, il m’a recueilli… Tu vois, je n’ai pas tant de choses !
-Oui bah quand même tu as pleins de choses parce que toi… Tu vis à Arendelle !


Anna avait cherché à se montrer désagréable même si elle était touchée sincèrement par l’aveu de Kristoff, son caractère tempétueux prenait le dessus, elle se forçait pour montrer à quel point elle était déçue de sa condition, et jalouse de ne pouvoir voir Ylva autant qu’elle le souhaiterai.


-Pfff… J’abandonne ! J’essaie d’être sympa avec toi, de te supporter mais tu n’en fais qu’à ta tête aujourd’hui… Comme d’habitude avec moi…
-Non c’est pas vrai !
-D’accord ! D’accord si tu veux ! Tempéra Kristoff en levant les mains pour éviter un nouveau conflit avant de reprendre. Je ne veux pas qu’on se dispute à nouveau. Lis ta lettre et je dois m’en aller, au moins pour une fois on ne se quitte pas fâché !
-Tu parles, tu pars parce que je t’ennuie…
-Non, je pars parce que je suis en retard ! Florinsen doit me donner une leçon et ensuite je dois repartir avec Olson, regarde, il est devant la charrette, il s’impatiente !


Kristoff ne laissa pas le temps à Anna de répondre et la laissa seule sur la place du marché. Florinsen lui avait déjà donné sa leçon, mais il devait se hâter d’aller jusqu’à la maison de Madame Larsen et lui donner les deux bourses d’or qu’Iduna lui avait confié. Au moins pensait-il, si Anna pouvait récupérer ces leçons, cette petite furie se calmerait peut-être ? Il avait en effet mesuré à quel point ces cours lui manquaient.
De son côté, Anna fulminait et observait avec envie la charrette d’Olson. Le militaire tapait du pied, visiblement furieux que Kristoff ne soit pas déjà de retour. Curieuse, l’enfant s’approcha et pouvait entendre l’officier maugréer pour lui-même.


-Il est impossible ce gosse ! Encore en train de trainer ! Je lui avais dit qu’il fallait qu’on rentre tôt pour la cérémonie…


Anna n’avait aucune idée de ce dont pouvait parler Olson mais une vague d’envie la parcourait. Kristoff allait participer à une cérémonie en Arendelle ! Alors qu’elle, devait rester dans son petit village bien tranquillement ! Elle se disait que si elle allait en Arendelle, toute sa vie pourrait basculer si brusquement, qui sait, elle pourrait même devenir princesse du jour au lendemain ! Quel changement de destin pour elle, une petite boulangère !
Sans savoir pourquoi, elle s’approcha toujours plus, puis, sans réfléchir, alors que l’officier avait le dos tourné, vive et discrète comme la brise, elle se faufila sous une toile de jute c’était décidé elle aussi serait de la fête ! Elle aussi allait voir la cérémonie ! Et qui c’est, peut être allait être réussir à revoir sa marraine Ylva !
Soudain, elle entendit Olson râler. Kristoff était de retour. Anna, fit un gros effort, elle qui ne tenait jamais en place elle tentait au maximum de se contrôler pour rester immobile alors qu’elle sentait la charrette s’ébranler ! Ca y est ! Elle était partie ! Elle allait se rendre en Arendelle ! Son rêve ! Elle se retînt de rire de son audace, se demandant si sa mère aurait osé faire une telle aventure ? Non ! Non c’était impossible que la maman d’Anna ne se glisse un jour dans une charrette en direction d’Arendelle ! Alors qu’elle était chahutée par la route parsemée de nids de poules à la sortie du village, la fillette pouvait entendre la voix bourrue du militaire rabrouer le jeune garçon pour son absence de ponctualité. Anna reconnaissait dans ce parfum de reproche la philosophie de madame Larsen qui prônait tant la ponctualité. La petite rousse se surpris même à imaginer que le militaire autoritaire et la préceptrice acariâtre ne fussent tout deux parents. Cette hypothèse amusa grandement Anna qui se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas rire et trahir sa présence lors que peu à peu le silence s’installa.
Ni Kristoff, ni le général Olson n’étaient de grands bavards et le long voyage vers Arendelle se fit dans le silence si bien que rapidement et malgré l’excitation d’une aventure trépident, la fillette finit par s’endormir.
La fillette finit après un sommeil ponctué d’un doux rêve survolant une forêt luxuriante avant d’arriver non loin d’une plage au sable gris bordée d’une mer grise sous un ciel sombre. Une curieuse agitation régnait non loin de la charrette. Anna tendit l’oreille et comprit que le voyage avait pris fin. Dans le brouhaha, elle pouvait sentir l’excitation d’une foule mais n’entendait pas les voix ni d’Olson, ni de Kristoff. Après quelques instants d’hésitation, elle se risqua à relever la toile de quelques centimètres et fut subjuguée. Autour d’elle, de grandes maisons, une foule fiévreuse et joyeuse et face à elle, imposant, le fier château d’Arendelle, richement décorée. Anna se trouvait stationnée sur la cour d’honneur du château royal. Face à toute cette agitation, l’enfant quitta sa cachette. Personne ne fit attention à elle et se fendit dans la foule, cherchant au hasard une place. Discrètement, elle tendait l’oreille au hasard des conversations

-Ne t’en fais pas Helmut, ça ne va pas tarder !
-Regarde le balcon ! Le roi devrait apparaître bientôt !
-Oh j’ai tellement hâte de savoir…
-Quelle merveilleuse journée pour le royaume ! Vive le roi ! Vive la reine !


Anna écoutait sans trop comprendre. Ainsi le roi allait-il faire sans doute une apparition très prochainement, mais pourquoi ? L’enfant l’ignorait. Au hasard de son périple, alors qu’elle s’approchait du premier rang, Anna distingua un lampadaire. Après quelques regards, elle constatait qu’il lui était impossible désormais de repérer où pouvaient bien se trouver ses hôtes de voyage, mais peu importait pour l’enfant. Elle ne se souciait pas une seconde qu’elle puisse être perdue, seule, dans une ville loin de son foyer, l’excitation d’un monde nouveau à découvrir et le sentiment de participer à un grand événement prenait le pas. Rapidement, elle repéra un promontoire où se trouvait un lampadaire. Avec l’audace qui la caractérisait, la fougueuse rousse serpenta au travers de la foule indifférente et s’agrippa au lampadaire. Ainsi, elle dominait la foule et avait une vision parfaite du balcon que tous observaient fébrilement. Encouragée par cette attente fiévreuse et impatiente, Anna participa et plaqua son regard vers l’imposant château. Son attente fut couronnée de succès alors qu’elle vit finalement apparaître une jeune fille, de bleu vêtue, la tresse blonde impeccablement coiffée, pendant sur son épaule gauche. A ses côtés, un homme d’âge mur la suivait.



-Regardez c’est Kay l’intendant !!!
-Oh l’intendant arrive ! l’annonce ne devrait pas tarder !!!



Une annonce ?! Ainsi donc les propos de Kristoff étaient vrais ! Dans la foule, Anna cherchait désespérément des yeux si sa marraine Ylva était présente mais les propos de la foule l’intriguait. Quelques instants plus tard, sous les vivats de la foule, un homme moustachu et vêtu d’un uniforme militaire fit son apparition. Aux cris des curieux, Anna comprit qu’il s’agissait du roi et fut quelque peu déçue. Dans ses contes de fées que sa mère lui lisait, le roi était richement vêtu et toujours au bras d’une merveilleuse reine mais là, elle ne voyait qu’un homme, somme toute ordinaire, arborant un costume militaire bien trop propre et trop neuf pour n’avoir jamais servi en temps sur un champ de bataille.
Les cris de joie se firent plus présents alors qu’Anna entendait partout des « Vive le roi ». Pourtant, la fillette se moquait éperdument de cet homme. Au contraire elle était déçue, elle qui imaginait un jour voir le souverain tel un héros, elle n’avait face à elle sur ce balcon qu’un homme ordinaire, au costume trop grand et trop propre pour paraître être un militaire crédible.
La fillette tendit l’oreille alors que le monarque commença à prendre la parole. Pourtant ça n’était pas le discours royal qui subjuguait Anna mais bien cette enfant délicieuse mais discrète auprès du monarque. Cependant l’observation de la jolie rousse fut de courte durée. Elle put percevoir comme un regard sévère émanant de l’homme en costume militaire. Avaient-ils échangé quelques paroles, Anna ne saurait le dire alors que l‘enfant aux cheveux blonds disparaissait sous le regard menaçant de l’adulte sur le balcon. Rapidement la fillette disparut dans l’ombre alors que l’Homme qui restait après qu’il lui ai lancé un regard sévère.


-Chut le roi va parler ! Lança un homme dans la foule
-T’as vu ? La princesse Elsa était à ses côtés, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu ?
-Ouais et elle a disparu tout de suite… il va sans doute nous présenter un prince du coup…
-Chut !!!!


Anna continuait d’écouter sans comprendre mais le silence qui s’installait la sortit de sa torpeur. Avec crainte, elle tourna la tête vers le balcon, prenant enfin conscience de l’ampleur de sa bêtise. Elle, une fillette de six ans qui se retrouvait seule, dans une grande ville, sans rient savoir, et si loin de ses parents. Pour autant, l’enfant était si curieuse de cette annonce à faire par le roi qu’elle en oublia sa crainte, mais aussi la présence de cette jeune fille blonde qui avait disparu rapidement sous ordre du roi.
Finalement, les yeux d’Anna brillèrent encore davantage alors qu’une domestique s’approcha du monarque et lui présenta un paquet blanc que le roi prit dans ses bras avant de le lever vers la foule, faisant comprendre à tous qu’il s’agissait d’un nouveau-né.


-Peuple d’Arendelle. En mon nom, et celui de la reine Iduna qui se porte bien et se repose. Je suis heureux de vous annoncer que la couronne s’est doté d’un nouvel héritier ! Peuple d’Arendelle, vous qui avez applaudit la présentation de la princesse héritière Elsa d’Arendelle, soyez heureux de découvrir aujourd’hui… Emma d’Arendelle ! Sa sœur cadette.


Les cris et les applaudissements de la foule s’intensifièrent alors que le roi présentait à bout de bras le nouvel enfant.
Anna ne put s’empêcher d’applaudit à s’en bruler les mains répondant au tonnerre d’applaudissements de la foule, félicitant la famille royale d’offrir à Arendelle une nouvelle héritière.
Anna, à l’instar de la foule, sur son perchoir applaudit avec force la présentation de cette nouvelle princesse les yeux émerveillés. Elle venait de voir le roi et face à elle, tenue par une domestique elle pouvait voir une petite princesse. Une vraie princesse, pas comme celles des contes de fées que sa mère pouvait lui narrer avant de dormir.
La jeune rousse resta subjuguée, bien après que la foule ne se disperse, ni même après que les officiels de la cour n’aient fait l’annonce officiel du prénom de l’enfant. Une certaine Emma. La jeune furie rousse était heureuse pour le couple royal, qui se voyait béni d’un second enfant. Elle était fascinée par cette présentation, par les cris de joie de la foule de savoir que la princesse Elsa n’était désormais plus la seule héritière.
Anna observait les membres de la foule se congratuler face à cette nouvelle sans qu’elle n’en mesure l’importance. Pour elle en revanche, l’essentiel était ailleurs. Elle venait de voir au balcon, à la fois une jeune princesse qui devait avoir un peu plus que son âge et le souverain, Anna avait des étoiles dans les yeux. Cette jeune fille blonde se tenait si droite, paraissait si digne alors qu’elle n’était que simple fille de boulanger. Mais plus fort encore, elle avait assisté à la première apparition publique du nouvel enfant du roi. Une nouvelle petite fille, une princesse qui à n’en pas douter pour Anna allait être choyée.
La rouquine resta ainsi à observer le balcon, bien après le départ du roi alors que la foule peu à peu se clairsemait. Elle aussi aurait aimé avoir une sœur. Elle, la fillette d’ordinaire si mobile pour une fois aurait pu être confondue avec une statue tant elle était fascinée par ce qu’elle venait de voir. Elle en avait même presque oublié le prénom de la petite princesse qui venait d’être présentée. Presque oublié la nuit qui était tombée, presque oublié sa peur et son sentiment de froid. Peu importait, elle avait vu le roi, et la princesse ! Non… Désormais les deux princesses ! Peu à peu, elle se retrouva seule sur cette place devenue déserte mais peu importait pour Anna qui ne pensait pas une seule seconde au fait qu’elle n‘était qu’une très jeune enfant, seule, très loin de chez elle. Pour elle une seule chose comptait, son regard vers le balcon où, il y a quelques minutes, elle avait vu, à la seule exception de la souveraine, l’entièreté de la famille royale d’Arendelle… La jeune rousse resta encore ainsi de longues minutes. Elle souriait, s’imaginant à la place de ce nouveau-né. Cette nouvelle princesse. Elle idéalisait ce rôle. Comme la vie d’une petite princesse derrière ces hauts murs devait être agréable pensa Anna, alors qu’elle était désormais la seule encore présente dans la cour du château sans savoir évidemment que le couvre-feu instauré par le roi Agnarr était dépassé depuis longtemps désormais et que les gardes n’allaient pas tarder à commencer leur ronde…

Chapitre 7 : « La plus grosse bêtise de ta vie »


-Que… Où ?... Où suis-je ?... Quelle heure est-il ?
-Votre Majesté !!! Enfin vous parlez ! Savez-vous qui vous êtes ? Demanda une femme vêtue de blanc qui veillait à empêcher Iduna de se redresser.
-Je ?... Je suis la reine Iduna… épouse du roi Agnarr d’Arendelle et ?... Je… J’avais des contractions… J’ai… Des pleurs ! Le… Le bébé est…Balbutia la souveraine qui peinait à reconstituer ses souvenirs.
-Ah !! Vous reprenez conscience ! C’est formidable !!! Je vais faire appeler pour qu’on vous apporte un peu de soupe, vous devez manger dès votre réveil ! Ordre du docteur Lothar !
-Où est mon bébé ? Où est Emma ? Lança tout à coup Iduna qui s’agitait dans son lit inquiète.
-Chut ! Reposez vous votre Majesté, ce fut très long et n’oubliez pas le conseil du médecin, vous devez garder le lit. Nous nous occupons de la petite princesse, elle est en train d’être lavée et langée, Sa Majesté le roi l’a présentée tout à l’heure au peuple…
-Agnarr l’a… Mais ?... Ai-je dormi si longtemps ?
-Vous avez perdu beaucoup de sang votre Majesté, vous étiez faible, votre amie, l’épouse du général Olson a insisté et s’est même disputée avec le docteur Lothar pour vous faire ingérer une potion de sa conception à base de pavot et de sureau pour vous faire dormir et aider votre corps à récupérer. Puis vous a appliqué des onguents pendant que le docteur Lothar proposait sa médecine plus traditionnelle. Vous n’avez eu que de brefs instants de semi conscience depuis trois jours votre Altesse. Vous… Vous parliez d’une forêt, que vous voliez d’arbres en arbres emportée par le vent pour atterrir sur la tête de géants de pierre ! Vous deviez faire de bien curieux rêves !
-Beata ? Beata est ici ? Elle ? Elle a entendu ce… ces rêves ?... Où est-elle ?
-Allons ! Doucement ! Doucement restez tranquille, vous êtes encore très faible ! Votre amie, tout comme le docteur Lothar sont partis dormir quelques heures. Tous deux vous ont veillé trois jours durant, depuis la naissance de la princesse. Ils ont profité de cette journée de présentation vous prendre du repos, ayant affirmé que vous étiez hors de danger ! Je me réjouis de voir qu’ils avaient raison. Je suis certaine que sa Majesté le roi en sera également transporté de joie mais je n’ai pas le droit de le prévenir tout de suite…
-Quoi ? Mon… Mon époux ne sait pas que ?...
-Si Majesté, le roi s’inquiète fortement de votre état de santé, il a fallu toute la fermeté de l’officier Olson et la force des gardes pour l’empêcher de passer cette porte ! Je crois bien que c’est la première fois de mémoire d’Arendellien que l’on voit le général s’opposer au roi mais heureusement, sa Majesté est un homme clairvoyant et bon, il a su comprendre les explications du docteur qui exigeait pour vous le calme et le repos le plus absolu. Il nous a ensuite passé la consigne de ne pas prévenir sa Majesté de votre réveil, autrement, il est fort à parier qu’il vienne et là, nul garde ne pourra l’arrêter, mais vous avez besoin de retrouver vos forces avant de le voir, lui, ainsi que les princesses !
-Les princesses ? Elsa et Anna sont là ?
-Anna ?... Vous voulez dire Emma votre Majesté ? Votre bébé, vous l’avez prénommé Emma vous vous rappelez ? Vous l’aviez pourtant dit à votre réveil ? S’inquiéta la soignante.
-Oui… Oui veuillez m’excuser, bien sûr… Emma…
-Je vous l’ai dit, votre bébé est en sécurité, dans une pièce à côté pour que ses pleurs ne vous dérangent pas mais dès que vous vous serez reposé, elle sera dans vos bras ! Quant à la princesse Elsa, sa Majesté le roi a cru bon de lui faire croire que vous étiez souffrante et que pour éviter une contagion elle ne pouvait vous rendre visite pour l’heure ce qu’elle a parfaitement compris. Elle est heureuse et veille sur sa petite sœur en attendant. Sans doute était-il préférable d’invoquer ce pieu mensonge pour la princesse et ne pas l’inquiéter de votre état ?
-Je… Je suppose que le roi y aura murement réfléchi…
-Lui ainsi que votre amie madame Olson !
-Pouvez-vous ?... La faire venir ?
-D’abord votre Majesté, je vous fais monter un bol de soupe, ensuite vous vous reposez encore un peu et je la fais venir à votre réveil, cela vous va ?
-Ai-je vraiment le choix ?
-A vrai dire non… C’est un ordre du docteur ! D’ailleurs… En vérité je n’aurai même pas dû vous parler pour ne pas vous fatiguer ! Fit la soignante en osant prendre la main d’Iduna pour la reposer sur le lit.
-Je vous promets de ne rien dire de tout cela. Ca sera notre secret. Répondit la reine en puisant dans toutes ses forces pour sourire.
-Merci Majesté…
-A une condition…
-Laquelle ?
-Je ne crois pas vous avoir déjà vue, vous savez qui je suis mais moi non… Comment vous appelez vous ?
-Je m’appelle Yara… Yara Barnehjem
-Vous êtes ?... Orpheline ?
-Mon nom me trahit n’est-ce pas ? Répondit la femme d’une voix triste, En effet votre altesse. Mes parents étaient mineurs à Kraberg et ont péri dans un accident alors que l’infirmière de la ville veillait sur moi à la maison. Apprenant la nouvelle, elle, elle m’a gardé mais l’administration de Kraberg lui a interdit de me transmettre son nom et a transformé le mien ainsi… Mais ça n’est qu’un nom, après tout, j’ai au moins eu cette chance d’avoir une personne pour m’élever et ne pas grandir dans un orphelinat comme l’indique mon nom. Elle, m’a appris son métier, hélas, la fièvre l’a emportée l’hiver dernier et avec mon nom, l’hôpital de Kraberg ne voulait pas me faire confiance, je suis donc venue ici en Arendelle pour trouver du travail.
-Vous en trouverez ! Vous avez ma parole Yara ! Souffla Iduna qui, touchée par cet aveu retrouvait assez de forces pour tenir fermement la main de la soignante.
-Merci votre Majesté ! Pour l’heure j’en ai déjà un, celui de veiller sur votre santé et ?... Puis-je vous poser une question ? Je vous l’ai dit normalement je n’ai pas le droit de vous parler…
-Allez-y !
-Qui est Anna ?
-Je vous demande pardon ? Hoqueta la reine
-Quand vous étiez à demi consciente, à dire que vous voliez dans les arbres, parfois vous disiez un prénom, toujours le même ! Anna ! Tout le monde se demandait pourquoi, après tout vous venez d’avoir un bébé, et ça n’est pas le prénom de votre enfant que vous disiez… Hum, pardon je… Je ne voulais pas vous…
-Ne soyez pas gêné… C’est… Anna… C’est… le prénom de… ma mère ! Nous avons été séparées, enfant je me suis retrouvée seule… Je vivais dans un orphelinat ! Vous voyez Yara, vous et moi, nous avons des points communs !


Un long silence s’installa alors que les deux femmes s’observaient mutuellement, celui-ci ne fut rompu que par quelques heurts étouffés qui provenaient de l’extérieur.


-Qu’est-ce que c’est ? Demanda Iduna inquiète alors que Yara s’approcha de la fenêtre pour observer la pénombre.
-C’est ?... Je vois un officier s’agiter et crier. Sans doute a-t-il dû repérer quelque intru non loin du château. La nuit est tombée votre Majesté, vous savez, il y a le couvre-feu imposé par votre mari…
-Oui évidemment… ça et quelques gardes trop zélés…
-Reposez-vous votre Majesté, je vous fais monter votre soupe, ne vous inquiétez pas de ce bruit, c’est sans doute rien d’important. Fit la soignante en s’éclipsant.


A nouveau seule, la souveraine tenta de fermer les yeux mais les cris des militaires résonnaient dans sa tête troublant son repos. Il fallait bien reconnaître qu’à l’extérieur du château, haletant et fulminant, Halricsen n’avait que faire de troubler le silence de la nuit. Avec sa lanterne il tentait d’éclairer les alentours et les bosquets des jardins. Il les avait vus bouger. Cela faisait de longues minutes qu’il jouait ainsi au chat et à la souris. Un malotru tentait visiblement de braver l’interdit du roi et refusait clairement de se rendre. Le militaire ne pouvait tolérer cet affront et chaque seconde qui passait sans mettre la main sur l’intru ne faisait qu’augmenter sa fureur.


-Tu es encerclé ! Nous savons que tu es là ! Fini de jouer nous avons été assez patient ! Rends-toi maintenant avant que nous ne fassions usage de nos armes ! C’est ta dernière chance !! Hurla-t-il avant d’ajouter pour lui-même : Tu vas voir qui que tu sois quand j’aurai la main sur toi, tu paieras le fait de te moquer de moi depuis tout ce temps.



A quelques mètres, dans les bosquets, transie de peur et de froid, Anna se pelotonnait du mieux qu’elle put contre les fourrés. Elle portait les mains à sa bouche pour éviter que sa respiration ne puisse être entendue où que la condensation de son souffle ne trahisse sa présence alors qu’elle sentait le rayon lumineux du garde passer non loin d’elle.


-Nous ne te laisserons pas partir ! La loi c’est la loi ! Plus tu tarderas à te rendre et plus ta peine sera lourde ! Le dernier imprudent que j’ai arrêté après plusieurs minutes de traque s’est vu infliger quatre mois de cachot ! Si tu ne te rends pas maintenant, je ferai en sorte que tu n’en sortes jamais !
-Mon colonel ? Pardon mon colonel mais nous fouillons depuis longtemps et… Si ça se trouve… Sauf votre respect il… Ca n’était peut être qu’un rongeur que vous avez entendu…
-Soldat ! Vous remettez en cause mon jugement ?! Combien de fois n’ai-je pas ramené aux geôles de criminels chaque fois que j’ai commencé à en chercher ?
-Euh… Ca n’est jamais arrivé mon colonel ! Mais le général Olson nous a ordonné de ne pas rester au même endroit plus de…
-Ce vieux débris que vous appelez général n’est pas l’officier qui donne les ordres soldat !
-Pardon mais, il… Il est votre supérieur et donc nous devons…
-Le général n’est pas ici soldat ! Vous ne devez rendre compte ici qu’à moi ! Fouillez le périmètre et je ne veux plus un mot, où c’est vous que je fais enfermer pour insubordination ! Pesta le militaire.
-Euh… Pardon, à vos ordres !... Les gars ! On va fouiller ce côté…



Anna observait sans un mot les militaires s’éloigner de quelques pas. Elle n’osait plus bouger. En cet instant elle prenait conscience de sa formidable bêtise. Mais qu’est ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Elle devrait être à la maison depuis des heures ! Ses parents devaient la chercher dans tout Harmon, sans imaginer une seule seconde qu’elle avait pu partir seule, sans argent, sans rien connaître du royaume vers la grande ville d’Arendelle. Et elle était désormais assise, recroquevillée contre un bosquet, avec les gardes d’Arendelle à ses trousses. Le mot cachot qu’avait hurlé le militaire résonnait à ses oreilles, elle allait être jetée en prison ! Elle luttait pour ne pas pleurer, elle était Anna, une fille courageuse ! Elle devait quitter cet endroit et fuir loin des gardes ! Et après ? Ou irait-elle ? Il faisait nuit, elle avait l’estomac dans les talons, aucun moyen de rentrer à Harmon. Qu’importe, la fillette se disait qu’elle trouverait bien une solution. Et une fois rentrée, sans doute allait elle recevoir la plus grosse punition de sa vie, mais tant pis, il valait sans doute mieux être privée de dessert pendant un an, que de finir en prison !
L’enfant tendit l’oreille quelques instants. Les pas des gardes se faisaient entendre au loin. Il était temps de tenter sa chance, de toute manière si elle restait immobile, elle finirait au cachot alors il valait mieux n’importe quoi d’autre que cette option. Aussi discrètement qu’elle put, Anna se releva et tenta à pas de loup de sortir de sa cachette. La fillette se disait qu’après le nombre de fois où elle se déplaçait la nuit dans la boulangerie Tomally pour aller chaparder des chocolats au nez et à la barbe de ses parents, il n’allait pas être compliqué de partir sans être repérée. Hélas pour la furie rousse, elle présumait de sa discrétion ne se rendant pas compte du bruit de ses pas et, quelques instants plus tard, une lourde main se posa sur son épaule la faisant tomber à genoux !


-Et voilà ! Quand je disais que je ne me trompais jamais ! Alors qu’avons-nous là ce soir ?!
-Aïe !!!! Vous me faîtes mal !!! Lachez-moi ! Lâchez-moi vous me tirez les cheveux grosse brute !!!
-Mais c’est qu’elle mordrait !!! Tais-toi donc morveuse ! N’aggrave pas ton cas ! Voilà qu’ils deviennent criminels au berceau désormais ! Allez viens là que je vois ton visage de mauvaise fille !


Le militaire n’avait aucune patience ni aucune pitié. Il appliquait la loi. Son instinct ne l’avait pas trompé, il y avait bien un intru. Qu’importe qu’il s’agisse d’une fillette, c’était la loi du roi. Il allait pouvoir fièrement ajouter un nom à la liste des personnes arrêtées et montrer son bilan au monarque lors de sa prochaine réunion. Pas une nuit ne se passait sans qu’il ne remplisse un nouveau cachot ! Le roi serait fier de son efficacité, Halricsen n’en doutait pas, il serait félicité et, il le sentait, enfin il allait pousser le vieil Olson à la retraite et prendre sa place !


-Tes parents ne t’ont jamais dit qu’à ton âge il ne fallait pas être dehors à cette heure-ci ? Tu as voulu jouer les grandes, gamine ?! Tu ne sais donc pas que c’est interdit de s’approcher du château une fois que les cloches ont sonné ? Eh bah tu vas l’apprendre ! Les gens qui ne respectent pas la loi, ils finissent en prison ! Soldat ! Des fers !!
-Mais colonel ! C’est… C’est juste une fillette…
-C’est une criminel soldat ! Vous refusez d’obéir à un ordre ?!
-Non …Mais… Nous… Nous n’avons pas de fers adaptés à d’aussi petits poignets…
-Eh bien trouvez n’importe quoi pour lui attacher les mains ! Je ne vais pas la tenir comme ça toute la nuit ! Fulmina Halricsen alors que le soldat partit sans demander son reste.
-Oh le grand idiot a peur, c’est trop dur de tenir le bras d’une petite fille ! Railla Anna qui tentait de lui donner des coups de pied.
-Silence morveuse ! Beugla le militaire en lui décochant une gifle monumentale. Tu crois que je vais me montrer plus doux parce que t’es petite, non… Peu importe ton âge, t’es une criminelle !


Anna avait bien cru que sa tête allait s’arracher de son corps sous le poids du coup porté à sa joue. La brulure la meurtrissait, si en de rares occasions, après une grosse bêtise elle avait déjà pu recevoir une correction, celles-ci n’avaient été en comparaison que de vulgaires caresses. Elle rassembla tout son courage pour fixer le regard du militaire, les yeux inondés de larmes qu’elle cherchait à retenir au maximum, pleurer aurait fait trop plaisir à cet homme.


-Ton nom gamine ! Que l’on aille arrêter tes parents ! Ils te retrouveront au cachot !


Pour toute réponse, Anna secoua la tête.


-Ah c’est comme ça ? Tiens ! Alors, la petite sœur t’a aidé à retrouver la mémoire ?! Parle où alors personne ne viendra te chercher et on t’oubliera dans les cachots ! Vociféra Halricsen après avoir rossé la seconde joue de l’enfant.
-Je… M… Appelle… A… A…Anna… Pleurnicha-t-elle, incapable cette fois de se retenir.
-Halricsen !!!! Mais par tous les saints Halricsen quel est tout ce raffut que vous faîtes sous les fenêtres du château ?! Vous deviez assurer la ronde de nuit habituelle ! Pas ameuter toute la ville avec vos cris !
-Qui donc ose me parler ains… Oh ? Mon général ! Pardonnez, je ne vous salue pas, je me dois de retenir cette criminelle tant que mes hommes n’auront rien apporté pour l’attacher ! Elle rodait dans les jardins après le couvre-feu !


Halricsen d’une main désigna Anna qui tournait le dos


-Non mais c’est pas vrai que vous recommencez Halricsen ! C’est ça votre sens du devoir ?! Terroriser des gosses qui veulent essayer de s’approcher par défi ?! Et plus ça va, plus vous les attrapez jeunes ! La prochaine fois ça sera quoi ? La princesse Emma dans son berceau car vous l’aurez entendue pleurer dans le château ?!
-Général Olson ! Je me passe de vos sarcasmes ! Cette enfant n’a pas respecté la loi, c’est une criminelle, j’agis selon la loi du roi !


La furie rousse sursauta à la mention du général. Toujours en train de se débattre pour échapper aux griffes de cet odieux militaire elle tourna légèrement la tête et reconnu les traits du vieux militaire qui accompagnait Kristoff et jadis, sa marraine Ylva ! C’était sa chance !


-Quel grand soldat vous faîtes Halricsen bravo ! Une fillette ! Quelle menace pour Arendelle ! Il y avait la présentation tout à l’heure ! Cette gamine a dû se perdre ! Prenez son nom, ramenez la chez ses parents, ils doivent être fous d’inquiétude, la punition est déjà assez sévère ainsi !
-Je m’appelle Anna ! Et… le général Olson, c’est mon oncle !



Anna s’était retournée et cherchait à paraître la fillette la plus douce et gentille possible pour amadouer le vieux militaire. Jamais il ne lui avait adressé la parole, Kristoff le décrivait comme un vieux monsieur autoritaire mais il ne semblait pas d’accord avec cet Halricsen, et au moins, c’était un visage que l’enfant connaissait, c’était mieux que rien ! Le général, estomaqué sursauta et se mit à observer les traits de l’enfant qu’il reconnu aussitôt. Les traits de son visage d’ordinaire impassible se tendirent tout à coup alors qu’une grande colère le gagnait. Elle ne fit qu’augmenter alors qu’il pouvait distinctement voir les traces de doigts sur les joues rouges de la fillette.


-Tiens donc ! Jubila Halricsen : En voilà une surprise ! Ca expliquerait pourquoi vous êtes ici ce soir General, vous qui ne faîtes pratiquement jamais les rondes ! Votre nièce qui ne respecte pas la loi, voilà qui est plus que fâcheux ! Je vais devoir en faire un rapport !
-Un rapport ?! Vous seriez alors encore plus ridicule qu’à l’ordinaire mon pauvre ami ! Je n’ai pas de nièce ! Je vous l’accorde cette enfant est bien impertinente ! Voilà qui est culottée que de dire cela petite ! Je te conseille de ne plus dire ce genre de mensonge pour ne pas que tu aies de gros ennuis ! Tonna Olson en se baissant en direction de la petite rousse dans l’espoir qu’elle comprenne le message.
-Pourtant elle a l’air de vous connaître !
-De vue ! Je sais qui est cette enfant. Elle n’est pas d’Arendelle ! Ses parents vivent à Harmon, je les ai croisés lors de mes inspections, ils ravitaillent en pain la garnison !
-Cette gamine vient d’Harmon ? Une gamine, toute seule, qui habite à plus de deux heures à cheval d’ici, voilà qui est très suspect…
-Mais non Halricsen ! Il y avait la présentation tout à l’heure. Des gens de tout le royaume se sont déplacés, ses parents ont dû faire de même ! Ils se seront perdus dans la foule ! Laissez la moi, je vais la raccompagner ! Ses parents auront sans doute pris une chambre à l’Old Reindeer ! Allez Halricsen, c’est un ordre ! Et j’espère pour vous que vous ne lui avez fait aucun mal ! Vous savez que je refuse que mes hommes utilisent la force contre des enfants !


Olson avait pris un ton menaçant. Les marques sur la joue d’Anna étaient une preuve accablante et le général espérait ainsi faire plier son détestable subordonné qui ne sourcilla pas, bien au contraire.



-Je suis navré Général mais vous connaissez la procédure, avec ce qu’à dit cette enfant, vous êtes impliqué et vous pourriez à avoir à répondre de ses actes, je ne puis donc pas vous laisser l’emmener ! Elle doit aller dans les geôles !
-Halricsen vous…
-Vous n’oseriez pas Général user de votre influence pour aller contre la procédure ?! Jubila la second alors que le général blanchissait.
-Non… En effet ! Allez chercher les parents de cette enfant, je me charge de la conduire aux arrêts !
-Désolé mais c’est impossible elle est de votre famille et…
-Elle n’est pas de ma famille colonel ! Je ne connais pas cette fillette ! Néanmoins, je refuse de prendre le risque que vous puissiez user de force envers une enfant ! Il ne me semble pas vous avoir laissé le choix ! Même si vous rêvez de ma place, je reste votre supérieur ! C’est un ordre ! Rompez !
-A vos ordres mon général… Mais vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que je considère la ronde comme prioritaire à cette recherche… Cette enfant passera malgré tout la nuit dans les cachots ! Dit Halricsen avec un regard mauvais : Eh bien général ? Vous n’emmenez pas votre niè… Pardon, cette criminelle en cellule ?!
-Allez dépêche-toi viens avec moi gamine ! Fulmina le général.


Olson prit sans aucune douceur le bras d’Anna pour l’emporter au loin sous le regard satisfait d’Halricsen. Au fond de lui il jubilait, le général ne semblait pas lui-même, cette fillette ne pouvait donc dire que la vérité, enfin, il venait de trouver le prétexte pour nuire à son supérieur. Avec légèreté, il entreprit de poursuivre sa ronde et l’idée d’aller chercher les parents de l’enfant n’était clairement pas dans ses projets…
De son côté, le général entraîna Anna vers les prisons royales. Il n’avait pas le choix, Halricsen avait déjà lancé un rapport sur la capture de la fillette.


-Général mais… où… Où m’emmenez-vous ? S’il… S’il vous plaît ! Vous savez qui… Vous me reconnaissez hein ?
-Chut !!! Mais tais toi !!! Qu’est-ce qui t’es passé par la tête de dire ça ? Suis-je ton oncle ?!
-Euh… Eh bien vous êtes le frère de…
-Stop !! Ne finis pas cette phrase ! Coupa-t-il en lui plaquant la main sur la bouche : T’ai-je déjà parlé ? Me suis-je présenté devant toi comme tel ?!


Olson insista plongeant son regard dans celui d’Anna qui finit par faire non de la tête. Soulagé, il retira sa main et continua d’emporter l’enfant.


-Mais pourquoi as-tu inventé ça ?! Tu n’imagines pas dans quels ennuis tu nous mets tous !
-Vous… Vous allez me mettre en prison ?
-Parce que tu as ouvert la bouche, je n’ai pas le choix ! Si tu avais su tenir ta langue j’aurais pu trouver un moyen ! Suis-moi ! Au moins je vais trouver une cellule propre où tu seras seule, ainsi il ne t’arrivera rien ! C’est ici ! Allez, entre vite avant qu’un garde ne nous voie !
-Pitié ! Ne me laissez pas toute seule !
-Tu crois que ça m’amuse ?! Fit Olson en la faisant entrer dans la cellule puis pénétrant à son tour dans la pièce sombre veillant à fermer la porte derrière lui pour que personne ne les remarque.
-Mais ?... Mais qu’est-ce que je vais devenir ? Je… Je suis désolée, je n’aurai pas dû, je n’ai pas réfléchi ! Je veux rentrer chez moi !!! Sanglota la fillette.
-Ca je ne te le fais pas dire ! Calme-toi, ça ne sera pas long ! Tiens, je t’allume la bougie ! Fais attention que la lumière ne se voit pas derrière la porte, les prisonniers n’ont pas le droit à la lumière, mais comme ça, tu ne seras pas dans le noir, garde la près de toi ! Fit le militaire alors qu’il craquait une allumette pour offrir un peu de clarté dans le cachot en illuminant une chandelle : Maintenant Anna, regarde-moi… Il t’a fait mal ? Demanda-t-il en frottant la joue de la petite rousse.
-Oui… Mais… Je l’ai méritée c’est ça ?
-Sans doute petite, mais probablement pas si forte ! Et encore moins de sa part ! Ça c’est à tes parents de voir ! Mais te voilà déjà plus que sévèrement punie ! Tiens, mange quelque chose !


Le général joignit le geste à la parole et sortit de sa besace un sac avec quelques vivres mais aussi une gourde d’eau.


-Qu’est-ce que c’est ?
-Je ne pense pas que tu en sois en position pour faire la difficile mais ça devrait te plaire, tu vas reconnaître, c’est un des sandwichs que confectionnent tes parents pour la garnison d’Harmon.
-Oh un sandwich de maman ! J’adore les sandwichs ! Merci ! Fit l’enfant en croquant gloutonnement une bouchée : Dites, vous allez m’aider hein ? Demanda-t-elle la bouche pleine.
- Je vais faire ce que je peux ! Alors maintenant Anna, tu as fait bien assez de bêtises pour aujourd’hui, écoute-moi bien c’est très important… Ce que tu as dit à Halricsen, c’est très grave ! Tu ne pouvais évidemment pas le savoir mais maintenant surtout, tu ne dis plus rien du tout ! A personne sauf si c’est moi qui pose une question, compris ?!
-Oui…
-Fort bien. Bon je vais essayer de te faire sortir le plus vite possible, je ne peux pas rester avec toi . Je vais partir te chercher une couverture ensuite, tu devras être courageuse et rester seule ici. Normalement, il n’y a personne dans cette cellule alors il va falloir que tu sois forte ! Tu n’as pas le droit de pleurer ! Si on t’entend, ils vont t’emporter ailleurs, dans un endroit encore plus terrifiant que celui-ci ! Donc pas un mot, c’est compris ?
-Oui…
-Bien… Et maintenant, il va falloir que tu m’aides ! Tes parents, ils t’ont dit pendant le voyage où ils allaient ? Je dois les trouver avant Halricsen et régler cette affaire pour te faire sortir vite, alors tu sais ?
-Euh… Oui
-Formidable ! Allez dis-moi !
-Bah… Ils… Ils sont à Harmon !
-Quoi ?... Non Anna je ne te demande pas où ils habitent, je te demande où ils se trouvent en ce moment ! Répondit le général en tachant de se contenir, il se souvenait à cet instant pourquoi il ne supportait guère les enfants.
-Oui j’ai compris… Ils sont à Harmon…
-Voyons ce n’est pas possible ! Ils ne seraient pas partis sans toi ! Réfléchis petite !
-C’est que…
-C’est que quoi ?
-Vous… Vous n’allez pas vous fâcher…
-Anna, je suis là pour t’aider, alors tout ce que tu diras pour que je les trouve je prends peu importe pourquoi tu leur as faussé compagnie ! Ca c’est entre eux et toi quand tout sera terminé !
-Bah c’est qu’ils ne savent pas que je suis là… Je… Je me suis faufilée dans votre charrette quand vous êtes repartis avec Kristoff, j’étais cachée derrière les sacs et je suis descendue quand vous vous êtes éloignés dans la cour…
-Tu as fait quoi ?! S’étrangla Olson qui se retînt de ne pas hurler et trahir sa présence.
-Pardon, je n’ai pas réfléchi mais… Je… Je voulais juste voir le monde ! Voir l’endroit où vous habitiez avec Kristoff ! Voir le château ! Voir la ville où vit ma marraine Ylva !
-Ta marraine Ylva ! Oui bien sûr c’est ça ! Je te promets que toi et moi on réglera nos comptes pour t’être cachée dans ma charrette ! Nous allons d’abord en finir avec cet endroit, mais nous en reparlerons je te le garantis !
-Oui… Pardon général… Kristoff a raison, je ne suis qu’un bébé… Renifla-t-elle
-Commence par te racheter et lui prouver que tu n’en es plus un à partir de ce moment ! Pas une larme, pas un mot tu te souviens ? Coupa le militaire en lui tendant un mouchoir.


En hâte, Olson se leva et laissa l’enfant seule dans le cachot lugubre alors qu’elle serrait contre elle, la chandelle que le militaire lui avait offerte et machait doucement le sandwich qui lui rappelait tant la maison… Cette maison qu’elle souhaitait tant revoir.

Chapitre 8 : Situation embarrassante.


Niklas Olson n’était pas homme à se cacher. Après tout c’était le général le plus gradé du Royaume. Cet homme ne pouvait craindre personne, pourtant en cette nuit-là, il rasait les murs, craignant à chaque détour de couloir sombre de croiser quelques-uns de ses hommes en patrouille. Bien entendu les soldats l’auraient salué, hébétés de voir un tel officier supérieur dans les cachots et c’était bien ce que craignais Olson. Si cela devait arriver, sans doute que cela remonterait aux oreilles de son rival qui n’en demanderait pas tant pour lui nuire. Heureusement pour lui, pensait-il, la fillette avait été suffisamment inconsciente pour venir seule en Arendelle. Il y avait peu de chance pour qu’Halricsen puisse soupçonner qu’elle était arrivée à bord de la charrette du militaire et, son rival pourrait fouiller la ville, jamais il ne mettra la main sur les parents de l’enfant. De toute manière, avec son regard mauvais, Olson avait bien compris que Lars Halricsen ne comptait pas s’en occuper tout de suite, songeant que cela dérangerait grandement Olson. C’était en réalité tout le contraire, ça lui laissait le temps d’agir ! A condition de ne pas être vu !
Malgré le poids des années, Olson demeurait très alerte et discret, l’homme avait toujours les réflexes de sa formation débutée il y a longtemps mais aussi celle de sa vie personnelle en tant que jeune officier quand il avait pris Pieter Picéaerd sous son aile et avait dû se cacher pour vivre son idylle avec le beau jeune homme.
Au détour d’un corridor, le militaire fit basculer une lourde porte avant de remonter un escalier poussiéreux. Au bout, il tira une nouvelle porte et se retrouva grâce à ce passage secret dans le château désert à cette heure avancée du soir. Pour le coup, Olson ne se cachait plus. Il marchait d’un pas fier et assuré. Rien ne pouvait être plus normal que de voir l’officier le plus gradé déambuler dans la demeure royale même à une heure avancée. Pour autant, la situation dans le château était loin d’être normale ce soir-là. D’ordinaire vide depuis l’instauration du couvre-feu par le roi Agnarr, il régnait une douce agitation alors qu’Olson pouvait entendre au loin le roi s’exprimer.


-Laissez-moi passer vous dis-je. C’est un ordre mademoiselle vous entendez ! J’exige de voir la reine mon épouse ! Tonitrua le souverain.
-Mais votre Majesté je… Balbutia gênée Yara qui débarrassait le repas que la reine avait finalement ingurgité.
-Eh là ! Mais pourquoi tant de bruit auprès de la patiente ?!
-Ah docteur Lothar ! Vous tombez bien ! Je vous conseille docteur d’expliquer à votre jeune infirmière qu’il n’est pas de bon ton de s’opposer à la volonté du roi !
-Ah oui votre Altesse ? Parce que depuis ce matin, vous êtes devenu un expert médical pour vous permettre une telle assurance ?
-Docteur !
-Majesté ! Vous m’avez confié la charge de veiller sur la santé de la reine, ce que je fais en donnant mes directives. Vous êtes le roi, vous décidez de tout, mais pour l’aspect médical, tout roi que vous êtes, ce sont mes ordres qui priment. Après vous êtes effectivement chez vous alors, si vous souhaitez entrer, risquer de stresser et fatiguer votre épouse, dégradant ainsi son état de santé ce qui pourrait amener de graves conséquences eh bien ne vous gênez pas !
-Je…
-C’est bien ce que je pensais ! Donc laissez mes infirmières en paix faire leur travail ! Bien mademoiselle, qu’en est-il de la patiente ?
-Elle… Elle a repris conscience depuis une bonne heure ! Elle parle et mange docteur ! Sourit Yara, heureuse de cette bonne nouvelle.
-Bien, voila qui est positif ! Encore un peu de patience Majesté ! Je vais aller voir la reine et faire un bilan de son état, s’il est aussi satisfaisant que le dit mademoiselle, je vous autoriserais en ma compagnie à une brève visite de quelques minutes cela vous convient-t-il ?
-C’est… Hum… Sans doute plus prudent docteur en effet…. Se renfrogna Agnarr.
-Ravi d’entendre que vous n’êtes pas stupide Majesté !
-Docteur Lothar !!! Attendez ! Attendez-moi ! S’époumonna Beata en courant dans les couloirs sans même remarquer qu’elle passait à quelques mètres de son époux qui observait toute la scène dans l’attente de pouvoir s’entretenir avec le roi.
-Oh non encore elle ! Soupira le médecin en levant les yeux au ciel.
-Vous aviez promis de me prévenir Docteur ! Heureusement que j’ai entendu vos pas !
-Oh oui… Quelle chance en effet… Grinça l’homme de sciences.
-Bien, allons de ce pas voir la reine !
-Ah je suis navré madame mais c’est impossible ! Le roi insiste pour la visiter ! Vous comprenez que nous ne pouvons pas être trop nombreux ! Indiqua Lothar.
-Hum… Si je puis me permettre docteur !...
-Quoi mademoiselle ?
-Je… Ca n’est pas pour vous contredire mais… La… La reine m’a parlé quand elle a repris conscience… Je… Je n’ai pas outrepassé mon rôle c’est… C’est elle qui me parlait ! Commença Yara.
-Oui bon et alors ? On ne va pas y passer la nuit !
-Oui pardon… La… La reine a indiqué qu’elle… Elle insistait pour voir le plus vite possible… Madame Olson !
-Eh bien dans ce cas Lothar, le problème est réglé ! Je rentre avec le roi et vous attendez dehors ! Je vérifie l’état de santé de la reine et nous respectons la volonté des monarques ! Si vous voulez bien vous pousser, je vous ferai un bilan quand on sort ! Lança Beata avec légèreté.
-Quoi ? Non mais vous plaisantez madame ?!
-Non docteur, je pense que Madame Olson est tout à fait sérieuse bien au contraire et je lui fais confiance. Après tout ce sont ses remèdes qui ont aidé mon épouse à se remettre alors je pense qu’au contraire c’est à elle de vérifier que tout va bien.
-Majesté voyons vous n’allez pas ? Allons c’est ridicule !
-Aucunement docteur. Vous avez dit qu’il ne fallait pas trop de monde ? Dans ce cas je vous remercie de regagner votre chambre pour un repos bien mérité et je sais que je pourrais compter sur vous pour vérifier l’état de santé de la princesse Emma et venir au chevet de mon épouse si cela est nécessaire. En attendant, vous devriez être heureux de pouvoir avoir un peu plus de repos qui est ô combien mérité pour tous vos efforts !
-Vous ! Je vous préviens ! Vous allez en entendre parler ! Lança furieux le médecin à l’encontre de la jeune infirmière.
-Pas tout de suite en tout cas… Je souhaite qu’elle m’accompagne… En tant qu’assistante ! Coupa Beata qui ne voulait pas voir cette jeune enfant servir de défouloir au vieux médecin.
-Quoi ? Allons ça n’est pas sérieux ? Dans ce cas, je viens avec vous !
-Madame Olson a dit, uniquement cette infirmière. Allons mon ami, prenez le repos que l’on vous offre ! Tempéra le roi qui posa une main autoritaire sur l’épaule du docteur.



Agnarr n’était pas le roi par hasard. Il avait un charisme qui faisait souvent plier ses interlocuteurs. Avec un soupir, le soignant baissa les yeux avec une révérence avant de céder à la demande du roi. Satisfait, Agnarr l’observa s’éloigner de plusieurs pas avant de s’engouffrer dans l’embrasure de la porte et retrouver dans sa chambre la reine Iduna, qui recevait déjà les soins de Beata.


-Tu réagis encore mieux que je ne le pensais ! Tu es hors de danger Iduna, tu pourras même remarcher dans deux ou trois jours ! Je pense que l’on peut t’amener ta fille ! Tu dois avoir hâte de la découvrir !
-Oui… Souffla Iduna émue.


Intimidé, Agnarr n’osa pas tout de suite s’approcher. Le roi qui d’ordinaire masquait ses émotions ne pouvait cette fois pas suivre la maxime qu’il avait inculqué à sa fille ainée. Des larmes de soulagement perlaient au coin de ses yeux. Il avait été profondément inquiet pour sa belle Iduna et enfin, dans la solitude de cette pièce, il pouvait laisser à la porte la couronne et se dévoiler pleinement. Avec pudeur, Beata s’éloigna d’un pas, faisant signe à la jeune infirmière de faire de même pour laisser le couple royal se retrouver. Malheureusement pour Agnarr, s’il venait de trouver un instant pour libérer l’homme, la couronne le rappela alors que les coups tambourinèrent à la porte. Agacée, persuadée qu’il s’agissait du docteur Lothar, vexé d’avoir été congédié, Beata allât ouvrir et sursauta.


-Niklas ?! Mais que fais-tu ici ?!
-Votre Majesté ! Il me faut vous parler !
-Général Olson ! Qu’importe vos informations, il me semble qu’elles peuvent attendre demain ? Nous verrons cela plus tard ! Coupa Agnarr avec autorité
-Je vous assure votre Altesse que si c’était possible d’attendre, jamais je n’aurai frappé à cette porte pour troubler le repos de la reine, ni sa joie de découvrir sa fille…
-Je suis désolé Iduna, je crains que le devoir m’appelle mais je te promets de revenir à tes côtés, avec notre petite Emma dans les bras afin que tu la rencontres !
-Beata me tiendra compagnie en t’attendant… Sourit la reine en acceptant le doux baiser de son époux.
-Olson ! J’espère sincèrement pour vous que c’est aussi important que vous l’affirmez Sortons !
-Pardon votre altesse mais… Ce que j’ai à vous dire concerne tout autant votre Majesté que… Que la reine. Seulement… C’est… Secret ! Indiqua Olson avec un signe de tête vers la jeune infirmière.
-Yara je vous prie ? Pouvez-vous vous rendre à la nursery et veiller sur ma petite Emma. Vous avez su prendre soin de moi je serai rassuré de la savoir auprès de vos bons soins.
-Oh… A vos ordres Reine Iduna ! C’est un honneur ! Répondit l’infirmière qui comprenait qu’elle était de trop.


Le couple royal observa Yara s’éclipser. Poliment, Beata elle aussi s’était rapproché de la porte, habituée à se tenir à l’écart des grands secrets du royaume.


-Beata ! Je t’en prie ! Reste avec moi…
-C’est que…
-Peu importe, si je suis concernée, alors je décide que tu peux entendre. De toute manière c’est ton mari qui doit nous faire une annonce, en tant qu’épouse, tu dois toi aussi partager ses secrets !
-Votre Majesté, vous faîtes grand honneur à mon épouse et moi-même en la conviant à rester mais je me dois de vous mettre en garde. Je veux que vous compreniez que ce que j’ai à vous apprendre concerne…
-Concerne ?... Eh bien parlez Olson ! Pressa le roi alors que le militaire cherchait comment être le plus discret possible.
-Concerne… la contrée d’Harmon…
-Harmon ?... Olson vous nous dérangez pour ce port ?! Si encore cela avait été des débordements de gibiers de potence d’Arnevik qui sème la terreur dans les campagnes alentours, ou même une révolte ouvrière à Kraberg, j’aurai déjà trouvé votre urgence bien audacieuse mais là… Vous comptez parler d’Harmon ?! Fulmina le roi alors qu’Iduna avait pâli.
-Ma reine… Hum, je pense que vous pourrez mettre sa Majesté sur la voie si j’ajoute qu’il me faudrait dialoguer avec… une certaine Ylva !
-Ylva ?... Voilà un nom que je n’avais plus entendu depuis des lustres, il doit te rappeler des choses Iduna n’est-ce pas et ?... Hum… Pardon… Sans doute devrais-je vous laisser. S’excusa d’une voix surjouée, Beata alors qu’Iduna fut parcourue de tremblements.
-Iduna ?... Tu te sens bien ?! S’inquiéta le roi…
-Agnarr !!! Je… Olson veut nous parler d’Anna ! C’est bien cela général ?! Dîtes le directement ! Après tout, votre épouse connait son existence !
-Anna ?! Hoqueta le souverain qui tout à coup se sentit coupable de n’avoir pas fait le lien avec la ville d’Harmon.
-C’est… C’est bien cela votre Majesté. Avoua le militaire.


Agnarr était circonspect alors qu’Iduna lui expliqua rapidement son stratagème et ce prête nom d’Ylva qui lui garantissait son anonymat.


-Et tu as choisis ce nom pour observer ta fille discrètement ? Remarque c’est assez logique, elle qui était une spécialiste pour épier les gens…
-Dans certaines circonstances Beata…
-Certes… Pardonne moi Iduna… Mais si… Si vous devez parler de… Enfin, es-tu certaine Iduna que tu veuilles que j’en apprenne sur elle. Sache que jusqu’à présent, Kristoff a toujours respecté ta consigne et ne m’a jamais parlé de quoi que ce soit !
-C’est vraiment un bon garçon que tu as Beata mais oui… Je pense que c’est mieux que tu saches, je sais que tu ne nous trahiras pas… Le permets-tu Agnarr ?
-Si tu lui accordes une confiance aveugle alors j’en ferai de même…
-Général… Qu’avez-vous à dire ? Y a-t-il un problème avec Anna ?
-Je le crains en effet votre Majesté.
-Un problème ? Quoi ? Est-elle malade ? Blessée ? Lui est-il arrivé un malheur ?!
-Iduna ! Iduna je t’en prie, essaie de rester calme, tu dois te ménager ! Insista Beata qui en hâte préparait un remède pour calmer la souveraine.
-Expliquez-vous général, que se passe-t-il ?
-Eh bien votre Majesté, votre fille Anna s’est attirée des ennuis, elle… Elle a quitté Harmon …
-Quoi ?! Olson, faîtes lancer immédiatement des patrouilles de recherches !
-C’est inutile mon roi… Je sais où elle est ! Elle est ici, à Arendelle !
-Anna est à Arendelle ?! Non ! Comment est-ce… ? Tomally m’avait pourtant promis qu’ils ne viendraient jamais ici ! S’enquit Iduna.
-C’est ça le problème Majesté… Votre fille est venue seule… Elle s’est glissée dans ma charrette pour assister à la présentation.
-A la présentation ? Blêmit Agnarr. Olson !!! Est-ce qu’Anna sait qui…
-Non votre Majesté, non elle ne se doute pas une seconde de qui vous êtes… Votre convalescence Altesse et donc votre incapacité à parader auprès de sa Majesté au balcon aura au moins été salutaire car l’enfant n’a pu vous voir et donc faire un éventuel rapprochement…
-Dans ce cas Olson… Ramenez la immédiatement à Harmon ! Sans délais !
-Naturellement votre Majesté, c’est ce que j’aurais fait si nous n’avions pas rencontré un gros problème…
-Encore ? Quel problème ?
-Vous vous doutez Majesté que je ne savais pas que cette enfant s’était… Enfin si je l’avais su jamais je ne serais venu avec elle jusqu’ici… Et donc, elle a quitté ma charrette Sans que…
-Niklas ! Par tous les Saints, ne me dîtes pas que vous avez perdu ma fille dans la ville d’Arendelle ?! Fulmina le roi.
-Non votre Majesté… Je sais où elle est.
-Ah ! Fort bien ! Pendant un instant, vous m’avez fait peur Olson ! Je ne vous pensais pourtant pas cachottier. Mon père le roi Runaerd ne tarissait pas d’éloges sur vous vous saviez ? Il vous décrivait comme étant un homme loyal et efficace aussi, je ne comprends pas pourquoi vous…
-Votre Majesté, votre fille Anna a été arrêtée tout à l’heure par les rondes de nuit, rodant seule dans les jardins après le couvre-feu… Elle… Elle se trouve en ce moment dans les geôles.
-Quoi ?! Qu’avez-vous dit ? Ma fille est… Dans… Dans…
-Doucement Iduna ! Doucement ! Bois ceci… Tu dois rester calme.
-Comment veux-tu que je sois calme Beata !?
-S’il te plait contrôle toi… Niklas doit avoir une explication…
-Oui Général, j’espère que vous en avez une ! Comment avez-vous pu ?... Et laisser Anna dans les geôles au milieu des…
-Non rassurez-vous votre Majesté, j’ai pris soin de la placer seule, à l’écart et lui ai fourni de quoi manger et s’éclairer.
-Ah parce qu’en plus général c’est vous qui avez osé la mettre aux arrêts ? Mais que vous est-il passé par la tête ?! S’emporta Agnarr.
-Je n’ai guère eu le choix… Elle n’a pas été arrêté par une patrouille que je commandais…
-Comment ça ? Olson, vous êtes mon chef d’Etat Major !
-Certes Majesté… Mais la patrouille ce soir était commandé par le colonel Halricsen… Et au moment où je suis intervenu, votre fille a cru bon de lui dire que j’étais son oncle… Pour éteindre les soupçons je ne pouvais seulement la libérer. Déjà l’accompagner moi-même aux geôles est un comportement suspect…
-Encore cet Halricsen ! Agnarr !!! C’est ce militaire qui il y a presque un an avait bien failli nous arrêter Beata et moi ! Convoque-le et licencie-le !
-Je crains, et croyez bien que pourtant je souhaiterais une telle issue votre Majesté que ça ne soit impossible. Le colonel n’a enfreint absolument aucune règle ! Commença Olson.
-Mais vous êtes son supérieur, pourquoi ne pas l’avoir arrêté, il s’agit d’une fillette ! S’étrangla Iduna.
-Une fillette certes, mais la loi du roi est formelle… Et ne fait pas de distinction.
-Général, mis à part ma fille ?... Y a-t-il eu d’autres enfants qui ont connu le même sort ?
-Pas sous ma responsabilité mais Halricsen applique votre loi ne manière implacable et je crains qu’en effet d’autres enfants…
-Quelle ineptie ! Dès demain je ferais modifier la loi pour que plus aucun enfant à ce motif ne termine dans les geôles ! Et vous Olson ! Faîtes la immédiatement sortir !
-ça n’est pas si simple Majesté ! Halricsen a déjà rédigé son rapport d’accusation. En ce moment, il est en quête des parents de l’enfant mais le jugement doit se faire…
-Eh bien peu importe, faîtes disparaître ce rapport !
-Vous pensez bien que je l’aurai fait votre Altesse mais vous devez comprendre que le colonel Halricsen… Depuis le début de sa carrière me voue une haine viscérale, sa Majesté la reine sait pourquoi déjà. Il ne rêve que de ma place donc vous pensez bien qu’il n’oubliera pas une telle affaire et faire disparaître la procédure pour cette enfant, ne fera qu’attiser ses soupçons…
-Foutaise ! Agissez Olson ! Je le convoquerai dès demain et le ferai muter en garnison aux frontières du Royaume, le plus loin possible d’ici ! Tiens, pourquoi pas même le nommer comme ambassadeur vers une contrée étrangère ?
-Il comprendrait que c’est une sanction, motivée par cette affaire… Vous ne pouvez pas agir ainsi. Votre Majesté, Halricsen est un gros problème. Cette affaire me met en danger, mais il s’agit de la réputation de ma carrière. Si elle doit être brisée qu’il en soit ainsi, mais elle vous met également en danger ! C’est votre secret qui pourrait être ébruité…
-Vous comptez laisser ma fille en prison ?! Hoqueta Iduna.
-Oh non votre Majesté, je souhaite autant que vous que cette enfant retrouve la liberté le plus rapidement possible et son logis. Sans doute mérite-t-elle une punition mais il sera temps pour vous, avec les boulangers d’en décider plus tard, et quelle que soit cette sanction, aussi sévère que vous l’estimerez nécessaire, si je puis oser donner mon avis, elle ne doit pas l’être autant que cette fâcheuse situation dans laquelle l’enfant se retrouve. Néanmoins si votre Altesse me le permet, j’imagine une possibilité pour solutionner ce problème, une solution coûteuse…
-Cet Halricsen est vénal ? La faiblesse des hommes ! Je déteste ce procédé mais qu’il en soit ainsi, faîtes-lui parvenir la somme qui sera nécessaire pour lui faire tout oublier ! grogna Agnarr.
-Oh non Majesté… Hélas non, Halricsen ne s’intéresse pas à l’argent… Non il veut le prestige ! Vous parliez de le nommer ailleurs loin d’Arendelle… Ambassadeur pourrait être une façon pour lui de voir cela comme une promotion, bien entendu, il faudra aussi que vous le nommiez…
-Que je le nomme ?
-… Il… Il devra… Passer général ! Et pour cela je… Je me chargerai de… Faire la lettre de recommandations nécessaires pour votre approbation. Cracha Olson en serrant les poings.
-Je… Général Olson, j’imagine à quel point cela pourra être pénible pour vous et sachez que la couronne apprécie grandement votre geste ! Je comprends pourquoi mon père vous tenait en si haute estime, il m’avait confié une fois que vous étiez la personne dont il était le plus proche, bien plus encore qu’avec ma mère la reine…


Olson eût une légère grimace en guise de réponse alors qu’Iduna elle aussi blêmit. Le roi Agnarr n’avait visiblement aucune idée de ce que pouvait signifier le terme « proche » dans la bouche du roi Runaerd concernant Olson.



-Hum… Je… Vous remercie de votre confiance votre Majesté mais… ça n’est pas tout. Il… Il faudra qu’il pense que cette affaire aura été réglée, et… Qu’il voie cette… promotion comme une récompense pour son travail remarquable.
-Vous voulez dire que je devrais le féliciter d’avoir incarcéré des enfants ?
-Oui votre Majesté… C’est bien pour cela que vous ne pouvez pas non plus modifier votre loi… Du moins pas tout de suite ! Quant à la libération de l’enfant… Il nous faudrait pour cela le concours…d’Ylva ! Indiqua Olson en posant son regard sur la reine.
-Je vous demande pardon ?
-Halricsen croit que cela va m’ennuyer qu’il prenne son temps à chercher les parents de l’enfant… Naturellement il ne sait rien ! Mais tôt ou tard, il va malgré tout se mettre en quête de les trouver. Non pas que cela lui importe d’ordinaire, mais comme il voit ici une opportunité de me nuire, il le fera ! Et donc, une fois qu’il aura passé la ville au peigne fin et qu’il n’aura trouvé aucune trace des parents de l’enfant, ses soupçons sur moi ne feront que croitre… à moins que…
-… Que ne se manifeste la marraine de l’enfant. Termina Iduna.
-Vous avez compris !... Il me sera aisé d’expliquer que j’ai pu retrouver la trace d’une mystérieuse bienfaitrice…
-Mais Olson, votre Halricsen saura reconnaître mon épouse !
-Justement votre Majesté, il n’aura pas besoin de la voir ! Sa signature et l’acquittement de la lourde amende prononcée par le juge suffira. Et la régler ne devrait pas vous poser problème, l’argent retournant après tout dans les caisses royales ! Une fois cela fait, sa Majesté pourra… se rendre dans les geôles et récupérer l’enfant. Je préviendrais Halricsen que j’assisterai à la libération, il sera trop déçu de voir qu’il n’a pu m’atteindre pour y participer, cela aurait un gout de défaite pour lui, sa Majesté pourra donc descendre dans les geôles sans risque !
-Sans risque ? Mais les autres soldats vont me reconnaître ?!
-Votre Majesté sait parfaitement se maquiller pour tromper tout son monde quand nous nous rendons à Harmon, je suis certain que vous saurez faire de même avec les soldats de garde. Je veillerai à vous accompagner pour détourner leur attention sur moi, et choisir les hommes qui seront de garde.
-Fort bien ! Dans ce cas allons y tout de suite !
-Non !!! Non Iduna non !!! Tu ne peux pas quitter le lit tout de suite ! Tu n’es pas en état !
-Je crains que Beata n’ait raison et votre Altesse, pour l’heure il ne faut que votre signature, enfin, celle d’Ylva sur l’acte d’accusation… J’ai pu le récupérer il est ici ! Vous n’avez qu’à signer je le ferai parvenir au juge, et vous, Majesté, il serait bon que vous insistiez auprès du magistrat pour qu’il traite cette affaire en premier. Vous pourrez toujours invoquer le fait que c’est une enfant, que vous souhaitez que les enfants soient les premiers à être jugés… Mais il faut nous dépêcher. Tant que le juge n’aura pas ce document, Halricsen continuera ses recherches et cela nous met en danger.


Olson tendit le papier et une plume à la souveraine, elle le parcourut et hésita, elle ne pouvait signer de son nom marital


-Que dois-je mettre comme nom ?
-On s’en moque, tu n’as qu’à mettre ton nom Northuldra ! Conseilla Beata.
-Non Iduna ! S’il faut être prudent, alors il vaut mieux l’éviter ! Coupa le roi.
-Pourquoi ?
-Depuis que tu m’as avoué tes origines, j’ai fait des recherches aux archives de mon père et j’ai fini par trouver des traces de ce nom ainsi que celui du chef des Northuldra.
-Pourquoi pas le tiens Beata ? Ca ferait de nous des sœurs.
-Hum ! Votre Majesté non. Lorsque j’ai épousé Beata, elle a utilisé ce nom, cela reviendrait donc à avouer un lien familial que justement Halricsen cherche.



Iduna acquiesça et réfléchit quelques instants. Finalement, de sa belle calligraphie, sa plume frôla le papier pour signer.


-« Ylva Sappos » Eh bien parfait ! Ca sonne bien ! Commenta Olson satisfait.
-D’où est ce que cela t’est venu ? Questionna le roi curieux.
-C’était le nom du côté de son père votre Majesté.
-Bien Olson, vous allez donner ceci et libérer Anna ?!
-Hélas non, elle devra rester en détention jusqu’à ce que vous puissiez vous déplacer…
-Je peux me déplacer maintenant.
-Non Iduna ! Non ! c’est trop tôt. Si tu restes bien au calme, tu le pourras dans trois jours. Conseilla Beata.


La reine sentit tout à coup le poids du monde sur ses épaules. Savoir qu’elle ne pouvait aider la chair de sa chair la détruisait de l’intérieur alors qu’elle se sentait gagner par des spasmes incontrôlables.


-Iduna !! S’inquiéta le roi.
-Votre Majesté… Je crois qu’il est temps pour vous de sortir. Niklas, toi aussi ! Votre Majesté, pouvez-vous trouver l’infirmière Yara ? Faîtes savoir que la reine ne doit recevoir aucune visite… Lui mettre la princesse dans les bras pour l’heure serait trop douloureux, ensuite dîtes lui de venir nous voir… Enfin, sauf si tu ne veux pas qu’elle s’occupe de toi et que tu préfères le docteur Lothar ?
-Non… Non c’est… elle c’est bien… Suffoqua Iduna.


Les deux hommes se concertèrent et virent au regard de Beata qu’il ne servait à rien de contester cette décision. Rapidement, le militaire et le souverain quittèrent la pièce et laissèrent les deux amies seules dans la chambre. Beata, s’occupait de prodiguer les soins à Iduna alors qu’une larme perla le long de sa joue.



-Allez… Ne t’en fais pas Iduna, nous allons te soigner au plus vite pour que le jugement ait lieu et qu’elle sorte de la…
-Je suis affreuse Beata ! Ma fille devrait être auprès de moi et je dois la laisser croupir dans des geôles !
-Ne t’en fais pas… Elle n’y restera pas, regarde ! Fit Beata en montrant une clef.
-Qu’est-ce que c’est ?
-La clef des cellules ! Niklas l’a toujours sur lui, ça fait des semaines que j’en ai fait faire un double ! Tu sais, depuis le temps que je suis avec lui, je sais que les gardes ne se relèvent que le matin et le soir alors… Tu n’as qu’un mot à dire et, la journée, entre ces deux patrouilles, je la fais sortir et la garde auprès de moi… Je lui dirai que je suis envoyée par sa marraine Ylva !
-Comment ? Comment as-tu eu cette clef ?
-Sérieusement Iduna ? C’est ça que tu comptes dire ? Tu ne te rappelles pas de notre jeu favori dans la forêt qui consistait à chaparder dans la réserve au nez et à la barbe de Yelena ? Laisse moi te rappeler qu’elle ne nous as jamais attrapé ni même soupçonné, il faut dire j’étais douée !
-Oui… Sans oublier que ta sœur Laïka nous a couvert à plusieurs reprises, et Antoine s’était fait punir à notre place aussi !
-Oui… Il n’était pas dur à convaincre, il aurait tout fait pour toi le pauvre garçon !
-Laïka… Antoine… Yelena… Notre pays me manque ! J’aimerai tant pouvoir les revoir. Les revoir tous ! Même Andréas ! D’ailleurs Beata, tu étais avec lui n’est-ce pas ?
-Hélas oui… Tu sais que c’est le père de Kristoff, mais, je préfère l’oublier ! Je suis partie à cause de lui…
-Pourquoi ?
-Peu importe Iduna, nous aurons le temps d’en reparler mais d’abord toi, tu te reposes ou alors « Chenapan tu vas voir mon mari le chef viendra te rosser les fesses ! » Miaula-t-elle.
-Beata non ne me fais pas rire !... Je revois Yelena ! Tu l’imites bien ! J’aimerai la revoir !
-Euh… Je ne sais pas si ça sera réciproque… Depuis la brume et ton départ, elle a perdu l’enfant qu’elle attendait pendant cette bataille et ne porte pas dans son cœur, ni les Picéaerd… ni les Arendelliens. Alors l’héritière Picéaerd devenue reine d’Arendelle, je ne suis pas sûre qu’elle t’accueille avec des fleurs et un ragout de rennes !
-Ou peut être que si justement ! Sa cuisine était infecte !
-Oui… Elle est aussi douée en cuisine que ta mère en couture ! Tu te souviens de ta…
-Non ! Pas ça Beata ! Non on n’en reparle pas !
-Comme tu voudras… Bon et avec cette clef, qu’est-ce que je fais ?
-Brise d’été ! Tu sais ce que tu dois faire !
-Oui, comme toujours, sauver les fesses de l’ange de l’air !