- Le Royaume d'Arendelle -
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Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie)

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Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie) - Page 5 Empty Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie)

Ven 20 Fév 2015, 17:26
Géniale !'est vrai je retire se que j'ai dis !!! la pauvre elsa Sad vive la suite !!
M.Baggins
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Ven 20 Fév 2015, 17:29
Merci Inessa^^.
La suite devrait arriver bientôt.

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Sam 21 Fév 2015, 21:32
J'ai lu les chapitres 2 et 3 et j'adore ! Very Happy
Hans est vraiment un gros psycopathe qui ne pense qu'au trône bravo
-Oh c'est vrai! s'exclama Olaf. Et je ne sais même pas à quoi elle ressemble
Cette phrase me fais trop rire lol!
Sinon je plains Anna , la pauvre toute seule sans sa sœur qu'elle aurais tant aimé retrouvé ..
Je lirais le chapitre 4 demain ! Very Happy

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Dim 22 Fév 2015, 10:25
Content que ça t'ai plu Lizzie^^.
J'espère que le chapitre 4 te plaira autant.

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Mar 24 Fév 2015, 17:56
Voilà, voilà le chapitre 5^^.
J'espère qu'il vous plaira (car je sais que la scène que je retranscris dans la 2e partie de ce chapitre n'a pas été très appréciée dans le film). Mais moi je l'aime beaucoup, alors je l'ai mise dans mon chapitre. J'espère que j'arriverai à la rendre intéressante à vos yeux.

Chapitre 5:

La nuit était tombée depuis plusieurs heures, le ciel était rempli d'étoiles et la Lune éclairait le paysage d'une lueur bleutée. Mais Elsa ne voyait ni les étoiles ni la Lune, confinée dans sa grotte, contemplant sa voûte pierreuse au lieu de la voûte céleste.
Malgré l'heure très avancée, la jeune femme n'avait pas encore fermé l'œil. A l'image de beaucoup d'autres nuits passées dans cette caverne, elle était incapable de trouver le sommeil: son esprit était toujours envahi des images habituelles du château d'Arendelle, de son royaume, de sa petite sœur, mais aussi de ces éternelles questions "que sont devenus tous les sujets de royaume? Qu'est devenu le fjord? Qu'est devenue Anna?".
Mais ce soir, s'ajoutaient à tout cela les images de cette compagnie de nains, du vieux Gandalf la suivant désespérément, d'un royaume prospère et puissant soudain réduit en cendres, de collines et de forêts en feu et de toutes les images les plus terrifiantes qu'Elsa pouvait se faire des dragons. Elle repensait aux paroles de Gandalf: "des gens vivent encore dans la souffrance et la terreur de cette créature". En fait, ces paroles n'avaient cessé de résonner à ses oreilles depuis qu'elle avait fermé les portes de sa caverne au nez du vieil homme.
Elsa se tournait et se retournait, essayant en vain de chasser ces images son esprit. Son instinct premier lui assurait qu'elle avait fait le bon choix, qu'elle n'aurait pu apporter que de graves problèmes à ces nains, qu'il aurait été trop dangereux de s'aventurer ainsi dans l'inconnu; mais un instinct plus enfoui commençait à refaire surface, lui murmurant qu'elle ne pouvait raisonnablement penser à passer le restant de ses jours enfermée dans cette grotte, qu'elle avait les capacités d'apporter de l'aide à ces nains, qu'il était temps qu'elle découvre ce monde où elle vivait à présent et que des gens quelque part souffraient bien plus qu'elle et avaient grand besoin d'aide.
Elsa se redressa et se prit la tête dans les mains: elle en avait assez. Assez! Pourquoi fallait-il toujours qu'elle soit tiraillée entre deux idées totalement opposées? Pourquoi depuis son enfance vivait-elle sans cesse dans le dilemme et le doute? Etait-elle condamnée à être toujours déchirée en deux? Elle aurait aimé savoir prendre de rapides décisions et de ne plus en douter par la suite. Son cerveau bouillonnait, tournant et retournant tous les arguments du pour et du contre, comme à l'accoutumée.
Elsa soupira: "j'ai besoin d'air" pensa-t-elle.
Elle se leva et ouvrit les portes de son repaire. Une brise fraiche souffla sur son visage et lui procura une sensation des plus agréables. Elle descendit ses escaliers glacés et s'en alla déambuler entre les arbres, contemplant les étoiles au-dessus d'elle. Même en pleine nuit, la forêt était toujours remplie de bruits: hululements de chouette, craquements de brindilles, vent dans les feuilles, vols d'insectes... Tous ces bruits pourtant souvent associés aux situations angoissantes dans les histoires rassuraient Elsa et lui donnaient une sensation de liberté réconfortante.
La jeune femme réalisa qu'elle se sentait bien mieux dehors que dans sa caverne, qu'elle en avait assez d'être enfermée. Cela signifiait-il quelque chose? Elle marcha ainsi dans les bois pendant presque une heure, parvenant enfin à laisser son esprit se vider, et à ne penser à rien. La lumière bleutée de la Lune qui baignait les bois offrait une sensation de magie envoûtante.
Elsa se rendit assez loin de son repaire et passa près d'un petit cours d'eau, marcha le long d'un sentier et finit par monter sur une colline en pente douce. Arrivée au sommet, elle se trouva dans un espace dépourvu d'arbres et eût une vue sur le tapis de feuillages que formait le bois alentours. Elle resta un moment là, à regarder l'environnement forestier dans lequel elle vivait.
Elle réalisa soudain qu'après presque trois ans passés dans ce bois, elle ne le connaissait même pas entièrement, et n'était jamais partie bien loin de son repaire pour le visiter. Elle eût un peu honte d'elle-même et poussa un long soupir; quand soudain:

"Qu'y a-t-il Elsa?"

Elsa sursauta, tout comme lorsque Gandalf l'avait interpelée plusieurs heures auparavant. Elle se retourna mais ne vit personne.
Etait-ce une illusion de son esprit? Le souvenir de Gandalf et des nains était-il si présent dans sa tête qu'elle se mettait à entendre des voix?
Non, car cette voix lui avait paru si familière... Elsa plissa les yeux pour essayer de percer l'obscurité, et soudain une forme apparut. Elle eut presque les larmes aux yeux lorsqu'elle reconnut la silhouette floue et translucide de sa sœur, Anna. Elsa comprit que sa petite sœur avait utilisé ce cristal dont elle lui avait parlé; mais elle fit quelques pas en arrière.

"Non, Elsa je t'en prie, ne me rejette pas cette fois-ci.
-Anna, répondit Elsa d'une voix tremblante, je suis désolée mais je vais te dire immédiatement la vérité: je n'ai toujours pas trouvé le moyen de rentrer, et je ne suis pas sûre de le vouloir. A vrai dire je ne suis sûre de rien en ce moment."

La jeune femme blonde se détourna et se frotta les bras, baissant les yeux.

"Elsa, que se passe-t-il? Ecoute, je ne vais pas insister pour te convaincre de rentrer cette fois. Mais dis-moi ce qui te tourmente. Que t'est-t-il arrivé pour que tu fasses une tête pareille? Je croyais que tu étais plutôt heureuse dans cet endroit."

Elsa ne répondit pas tout de suite, elle pensa qu'il n'était pas la peine d'inquiéter sa petite sœur; elle qui avait la chance d'être remplie de joie de vivre...
Mais elle sentit également le besoin de se confier à quelqu'un, de faire part de ses pensées à une personne qui l'écouterait.
Et Anna était la personne en qui elle avait le plus confiance en ce monde (et même dans son monde d'origine).
Elle prit une profonde inspiration et entreprit de lui raconter non seulement ses états de conscience quotidiens, mais surtout la rencontre inattendue qu'elle avait faite dans la journée précédente:

"Je m'apprêtais à rentrer dans ma caverne quand une voix m'a interpellée. Il s'agissait d'un vieil homme habillé de gris qui se tenait là, dans cet endroit que j'avais toujours cru bien caché. Au début je me suis méfiée mais il n'avait apparemment aucune intention belliqueuse et sa voix était remplie de bienveillance. Tu vas sûrement être surprise mais il m'a proposé de prendre part à une aventure. Intriguée, j'ai accepté de le suivre pour aller à la rencontre de ses compagnons dont il m'avait parlé. Je les ai rencontré dans une clairière à une dizaine de minutes de marche de mon repaire: ils étaient au nombre de quatorze et montés sur des poneys (Elsa passa sous silence le fait qu'il s'agissait de nains). Ils m'ont expliqué le but de leur quête: ils cherchaient à récupérer leur royaume, perdu il y a longtemps. Le vieil homme qui était venu me trouver semblait vraiment vouloir m'intégrer à cette compagnie. Mais, prise de peur à l'idée de me lancer ainsi dans le monde au milieu de ces inconnus, j'ai décliné la proposition et suis rentrée dans ma caverne. Et je dois avouer que... Que la pensée des ces gens et de leur histoire me hante depuis que je les ai laissé. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil cette nuit, et j'ai décidé d'aller prendre l'air et m'aérer le cerveau.
-Je comprends, tu te demandes si oui ou non tu dois les aider."

Elsa se sentit soulagée de ne pas avoir eu à exprimer cela elle-même.

"Pourquoi le devrais-je? demanda-t-elle à Anna, espérant que celle-ci pourrait lui donner un conseil. Que pourrais-je bien avoir à faire dans cette histoire?
-Elsa, je pense qu'il serait vraiment bon pour toi de sortir enfin de ta grotte et de rencontrer de nouvelles personnes.
-Anna, j'ai passé quatorze ans de ma vie à essayer de ne rencontrer personne. Et tu sais pourquoi à présent.
-Ecoute, je n'ai pas tout compris à ce que tu m'as raconté mais si ces gens se lancent dans une quête ils auront sans doute besoin d'aide, et tu es capable de rendre des services peu communs. Je suis sûre que tes pouvoirs pourraient leur être utiles.
-De toute façon qu'est-ce que ça change? Je leur ai dit non et ils sont partis maintenant.
-Tu as peut-être dit non avec tes lèvres, mais tu n'as sans doute pas dit non avec ton cœur. Je suis sûre qu'au fond de toi, tu veux vraiment partir avec eux.
-Anna..., commença Elsa.
-Je pense vraiment que tu devrais les rejoindre.
-Ils me traiteront de monstre! Lorsque je me mêle à la foule je perds le contrôle de mes pouvoirs et tout le monde se met à me craindre et à me considérer comme un être dangereux et cruel. J'en ai assez, Anna. Sais-tu ce que cela fait d'être haïe et crainte par chaque personne. Je suis fatiguée d'être le monstre qu'il faut chasser et enfermer.
-Mais justement, répliqua Anna, peut-être que cette fois tu pourrais être le héros."

Ces dernière paroles résonnèrent aux oreilles d'Elsa. Elle les entendit et se les répéta. Cette seule phrase avait capté son attention et sembla balayer tous les arguments qui la poussaient à rester dans sa caverne.
Elle s'imagina accomplissant un long voyage héroïque, délivrant de pauvres gens d'un grand malheur et étant portée en héroïne, acclamée et aimée de tous.
Elle leva les yeux et regarda l'horizon, une excitation étrange et inconnue montant en elle. Elle tourna la tête et remarqua soudain une lumière orangée qui brillait au loin entre les arbres. Cela ressemblait à une lumière de feu de bois.
Ce devait être l'endroit où les nains s'étaient établis pour la nuit. Elsa resta un instant à contempler cette lumière orangée au milieu du ton bleuté de la nuit. Cette couleur chaude lui évoquait l'aventure, le feu de l'action, contrastant avec la glace au milieu de laquelle elle vivait depuis presque trois ans. Puis enfin, elle prit sa décision.
Quelques instants plus tard, Elsa courait à toutes jambes dans les bois, en direction de la lumière qu'elle avait aperçue.
Elle allait aussi vite qu'elle le pouvait, serpentant entre les arbres, poussée par une exaltation telle qu'elle n'en avait jamais ressenti depuis tant d'années. Plus aucune partie de son esprit n'essayait de la convaincre de faire demi-tour, pour la première fois dans sa vie, elle était parfaitement convaincue d'avoir pris la bonne décision; et cette sensation, comme elle l'avait imaginé, était très satisfaisante.
La jeune femme avait résolu que sa sœur avait raison: il était grand temps pour elle d'assumer le fait qu'elle vivait à présent dans ce monde et qu'elle devait apprendre à le connaître d'elle-même, lui et ses habitants. Après tout que laissait-elle derrière elle? Une grotte, des sculptures de glace... Rien de très précieux. En plus des arbres se trouvaient à présent des haies et des buissons épineux sur le chemin d'Elsa, mais celle-ci sautait par-dessus eux et écartait les branches de ses bras, fonçant droit vers le campement des nains, espérant qu'ils s'y trouvent toujours.
La lumière qui perçait à travers le feuillage des buissons se rapprochait de plus en plus, et Elsa commençait à présent à entendre des voix; mais elle ne comprenait pas ce qu'elles disaient.
Elle ne s'arrêta pas, continuant d'avancer entre les arbres pour atteindre le feu de camp. Mais plus elle se rapprochait, plus elle entendait nettement les voix: et ces voix n'avaient rien à voir avec des voix humaines ou avec celles des nains qu'elle avait entendu parler.
En remarquant cela, Elsa ralentit sa course afin de mieux entendre; c'étaient des voix graves et fortes, qui devaient appartenir à quelqu'un (ou quelque chose) de grand. Leur son dur intimida la jeune femme qui arrêta complètement de courir, s'accroupit quasiment jusqu'au sol et avança lentement et silencieusement vers la lumière qui était toute proche à présent. Elsa se faufila au travers de buissons et de fougères, passa par dessus un tronc d'arbre mort pour finalement se dissimuler derrière le tronc d'un châtaignier.
Depuis sa cachette, elle passa la tête pour voir enfin l'endroit d'où provenaient les voix: et ce qu'elle vit fit sauter son cœur dans sa poitrine.
Juste devant elle se trouvait une petite clairière, un espace sans arbre ni buisson, au milieu duquel se trouvait un grand feu de bois qui servait en fait de lieu de cuisson. En effet, au dessus de ce feu, une partie des nains qu'Elsa reconnut rapidement étaient ligotés à une longue branche soutenue horizontalement par deux piliers de bois.
Le reste des nains était fourré dans de grands sacs de toiles fermés, avec seulement la tête dépassant des sacs. Ils avaient visiblement été jetés en un grossier tas contre un gros rocher, et toutes leurs armes étaient rangées avec le même soin plus loin sur le sol.
Tous les nains criaient, protestaient et se débattaient pour tenter de se sortir de cette situation, mais leurs voix étaient couvertes par un son plus fort.
Car voici enfin d'où provenaient les grosses voix qu'Elsa avait entendues de loin: trois imposantes créatures, chacune de presque trois mètres de haut, à forme humanoïde, avec une peau épaisse semblable à celle d'un éléphant et vêtues de pagnes de cuir se tenaient dans cette clairière, discutant entre elle des ces voix imposantes.
L'une d'entre elles était occupée à faire tourner la branche à laquelle les nains étaient ficelés, comme on tourne une brochette au dessus d'un feu de cuisine.
Elsa faillit pousser un cri de surprise et de peur, mais se retint en mettant la main sur sa bouche. Elle s'approcha encore légèrement pour mieux entendre ce qu'il se disait, rampant presque sur le sol et restant tapie dans les buissons, le cœur battant. Elle essayait d'être le plus silencieuse possible, mais de toute façon les trois créatures étaient trop occupées à discuter entre elles de leurs grosses voix.

"Il faut les faire rôtir avec une pincée de sauce! dit celle qui tournait la branche au dessus du feu.
-Est-ce que c'est vraiment nécessaire? demanda une autre qui se tenait un peu en retrait.
-Ça ne doit pas être mauvais! acquiesça la troisième, regardant les pauvres nains avec un air gourmand."

Elsa était horrifiée par ce qu'elle entendait: les nains allaient être dévorés par ces choses. Quelle fin tragique et stupide pour des gens qui nourrissaient une ambition aussi noble que de reconquérir leur royaume de jadis. Si elle ne faisait rien, ce serait pourtant ce qui arriverait. Mais que pouvait-elle faire?
La créature qui regardait les nains d'un air gourmand se détourna pour attraper un genre de pot posé sur le sol. Elle en souleva le couvercle et en versa une partie du contenu dans sa main: c'était une poudre rougeâtre dont elle saupoudra les nains à la broche.

"Laisse tomber l'assaisonnement, lança la créature légèrement en retrait en jetant un coup d'œil vers le ciel. On n'a pas toute la nuit; dépêchons-nous de les avaler avant que le jour se lève. J'ai pas envie d'être changé en pierre."

Ces paroles captèrent l'attention d'un hobbit qui se trouvait là. Oui, Bilbon Sacquet était lui aussi ficelé dans un sac et jeté avec les nains contre le rocher.
Les dernières phrases qu'avait prononcé la créature résonnaient à ses oreilles; il jeta un coup d'œil en direction de l'Est: le ciel était en train de devenir rose au dessus de l'horizon. Le jour allait bientôt se lever, mais pas suffisamment tôt malheureusement. Les trois horribles monstres les auraient dévorés avant que l'astre du jour ne répande ses rayons sur eux.
"Tout cela est ma faute" pensa-t-il "Si je ne m'étais pas fait bêtement attrapé, les nains n'auraient pas eu à jeter leurs armes et nous n'en serions pas là."
Il fallait qu'il fasse quelque chose; c'était à lui de rattraper la situation. Il fallait gagner du temps, juste un peu de temps... Bilbon prit son courage à deux mains et se débrouilla du mieux qu'il pût pour se lever et se tenir debout sur ses deux pieds, malgré le lourd sac duquel il était prisonnier.

"Attendez! cria-t-il à l'adresse des trois créatures. Vous allez faire une énorme erreur!"

Dans son buisson, Elsa entendit cette petite voix et tourna son regard en direction de l'endroit d'où elle provenait. Elle vit alors une tête dépasser du sac de toile: un visage imberbe aux cheveux châtains clairs plus ou moins bouclés et aux oreilles légèrement pointues. Elsa se rappela de l'avoir vu au milieu des nains lorsqu'elle les avait rencontrés plusieurs heures plus tôt.
Mais elle réalisa soudain qu'il ne pouvait pas être un nain: il était autre chose.

"Inutile d'essayer de les raisonner ils sont idiots! lança un nain à la barbe grisonnante et tressée depuis la branche au dessus du feu.
-Idiots? s'étonna un autre nain à la barbe et à la moustache brunes, et portant une sorte de chapka. Alors qu'est-ce que nous sommes nous?
-Je voulais dire avec l'assaisonnement, reprit le "non-nain" en sautillant pour s'approcher du feu.
-Quoi, avec l'assaisonnement? demanda la créature qui était en retrait en se penchant sur lui d'un air méfiant et impatient.
-Non mais vous les avez senti? demanda le petit être en affichant une moue de dégoût. Il va vous falloir quelque chose de plus fort que cela avant de les servir.
-Quoi?! s'indignèrent les nains."

Ce fut également ce que pensa Elsa. Qu'est-ce qui lui prenait? Pourquoi faisait-il cela? Il avait donc décidé d'abandonner ainsi ses compagnons?

"Qu'est-ce que t'y connais? demanda la créature qui tournait la broche. T'as déjà cuisiné du nain?
-Ferme-là! lança la créature qui était penchée sur lui et qui semblait soudain quelque peu intéressée. Laisse le cambriolobbit parler.
-Euh... Le... balbutia le petit être qui semblait soudain mal à l'aise et ne semblait savoir que dire. Le secret pour cuisiner les nains c'est de... Il sembla chercher ses mots.
-Vas-y, insista la créature penchée sur lui, dis-nous le secret!
-Oui je vais vous le dire! Le secret c'est de... De les écorcher vifs.
-Quoi?! Non, traître! s'exclamèrent les nains. Ça je m'en souviendrai, mon petit gars, je m'en souviendrai!
-Tom, donne-moi le couteau effilé, ordonna la créature à l'adresse de celle qui s'occupait de l'assaisonnement."

Elsa ne le croyait pas, c'était affreux! Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Mais quoi? Elle songea bien sûr à utiliser ses pouvoirs contres ces monstres, mais elle ne voulait pas dévoiler ses pouvoirs aux nains, qui la rejetteraient sûrement et la considèreraient comme un monstre.
Elle avait une chance de créer des relations avec eux sans qu'ils ne sachent quoi que ce soit de ses pouvoirs, et elle n'avait pas du tout envie de briser cette chance.
Et pourtant il fallait bien faire quelque chose.

"Tout ça c'est rien que des bêtises! s'énerva la créature qui tournait la broche. J'en ai mangé tout un tas avec leur peau: 'faut les bouffer avec les bottes et tout et tout..."

Elsa vit le petit être lancer un regard vers le ciel et trépigner d'impatience. Elle regarda alors le ciel à son tour et vit que la lumière du Soleil commençait à apparaître à l'horizon. Et soudain elle comprit.
Elle avait également entendu l'une des créatures parler d'être changée en pierre au lever du jour, et elle comprenait à présent ce que faisait le "non-nain": il essayait de gagner du temps.

"Il a raison, remarqua la créature qui se nommait apparemment Tom. Moi j'ai rien contre un bout de nain cru."

Tom s'approcha du tas de nains près du rocher et en saisit un par le pied, avant de le soulever et de l'amener au dessus de sa bouche grande ouverte.
Elsa paniqua, il fallait intervenir vite! Devait-elle utiliser ses pouvoirs? Il n'y avait apparemment pas d'autre solution. Mais où était Gandalf?

"Non, pas celui-là! cria le petit être d'une voix affolée. Il est infecté!"

Les trois créatures le regardèrent d'un air interloqué.

"Il est quoi? demanda le tourneur de broche, comme s'il ne croyait pas à ce qu'il venait d'entendre.
-Oui, il a plein de vers dans les... Les boyaux."

Tom poussa un cri de dégoût et rejeta le nain près du rocher comme s'il s'agissait d'une araignée particulièrement repoussante.

"En fait ils ont tous des vers! affirma le petit être. Ils sont infestés de parasites, c'est une horreur! Je ne prendrais pas le risque à votre place, ça non!
-Des parasites? Il a dit des parasites? demanda un nain à l'abondante barbe grise.
-Oui il a dit, lui répondit un jeune nain aux cheveux bruns et avec une barbe de quatre jours. On n'a pas de parasites!
-Non, on n'a pas de parasites! reprirent la plupart des nains, emportés par leur colère et leur panique."

Elsa se frappa le front de la main.
"Taisez-vous! Mais taisez-vous donc!".
Seul Thorin semblait avoir compris le stratagème du petit être et ne protestait pas. Il finit d'ailleurs par donner un coup de pied dans le tas de nains pour les faire taire. Ceux-ci, surpris, se tournèrent vers lui.
Il leur lança un regard appuyé, et enfin ils comprirent eux aussi.

"J'ai des parasites gros comme mon bras! affirma le nain à la grosse barbe grise.
-J'ai de plus gros parasites! renchérit le jeune nain. J'ai d'énormes parasites!"

Les trois créatures regardaient le tas de nains qui s'exclamaient tous à présent qu'ils étaient infectés, un peu déconcertés devant leur comportement.
Elsa ne put contenir un petit sourire nerveux, et remarqua que le petit être eut la même réaction. Peut-être son idée allait elle fonctionner, le Soleil était sur le point d'apparaître à l'horizon maintenant.

"Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse d'eux? demanda le tourneur de broche d'un ton agacé en s'avançant vers le petit être. Qu'on les laisse tous s'en aller?
-Eh bien... fit le "non-nain" semblant approuver l'idée.
-Tu crois que je ne vois pas ce que tu mijotes? demanda la créature en pointant sur lui un doigt menaçant et accusateur."

Elle se détourna alors et se pencha pour raviver le feu sous les nains, puis entreprit d'en détacher un pour l'avaler.
Elsa réfléchit rapidement: cette fois il n'y avait plus de choix. Le petit être semblait à cours d'idées et le monstre ne se laisserait plus berner par ce qu'il dirait.
Elsa était toujours très réticente à l'idée de révéler ses pouvoirs, mais il semblait que c'était la seule chose qui restait à faire. Résignée, elle se concentra à faire apparaître un petit tourbillon de cristaux de glace entre ses mains, et se prépara à bondir hors de sa cachette.

"Cette petite fouine nous prend tous pour des andouilles! déclara la créature qui détachait un nain de la branche.
-Et il a de bonnes raisons pour cela, lança Elsa en bondissant hors de son buisson."

Tous, nains et monstres, sursautèrent et se tournèrent vers elle. La créature lâcha le nain qu'elle s'apprêtait à croquer et plissa les yeux en direction d'Elsa, qui leur faisait face, tentant au mieux de contenir sa panique.

"Qu'est-ce que c'est que ça? s'étonna le monstre qui s'apprêtait à croquer le nain.
-Ça se mange, ça aussi? demanda Tom d'un air réjoui."

Elsa prit une profonde inspiration, puis envoya droit sur les créatures un tourbillon de force glacée.
Surpris, les monstres poussèrent des cris qui furent bientôt étouffés par le vent de la tornade.
Lorsqu'Elsa ramena ses mains vers elle, le phénomène cessa et les flocons tourbillonnant dans l'air retombèrent à terre, révélant les trois monstres prisonniers d'une épaisse couche de glace.
Ils étaient immobiles, figés dans la position qu'ils avaient quelques secondes plus tôt.
Un lourd silence s'installa.





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Mar 24 Fév 2015, 22:48
Ah ! Enfin elle s'est décidée !! Anna peut être très persuasive x) Bon je suis contente de la manière dont ça se termine, car maintenant on sait qu'elle va vraiment être avec eux, enfin, on s'en doute, et je l'espère ^^
Très bien écrit, comme toujours Smile
Vivement le prochain chapitre Razz
M.Baggins
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Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie) - Page 5 Empty Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie)

Mar 24 Fév 2015, 23:01
Merci Gelwarin^^.
Je suis d'accord qu'Anna a bien joué sur ce coup là (comment ça je m'auto congratule? C'est faux!)
Je suis content de voir que ce chapitre t'a plu car j'avais quelques appréhensions, notamment concernant la 2e partie (j'avais peur qu'elle finisse par lasser le lecteur).
Bref, sinon le prochain chapitre arrive bientôt (oui c'est très vague comme renseignement).

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Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
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Mer 25 Fév 2015, 13:37
LE PAGNE ! OUI... Oui mon précieux... Nous le voulons ! Gollum ! Gollum !  Razz  Razz  Razz

Bon... Soyons sérieux !
Encore une fois, c'est un excellent chapitre M.Baggins. Bravo à toi et continue comme ça. J'ai vraiment hâte de lire la suite. Very Happy
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Mer 25 Fév 2015, 16:54
Merci Micky^^.
Ah je suis soulagé: ce chapitre plaît finalement. La suite arrivera incessamment sous peu (ne me demande pas pourquoi j'ai sorti cette expression...)

_________________
Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
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Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
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Dim 01 Mar 2015, 13:07
Bien, voici maintenant le chapitre 6^^.
Je n'ai pas grand chose à dire sur celui-là, si ce n'est que (comme d'habitude) j'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture.

Chapitre 6:

Elsa se tenait debout, au milieu de la clairière en respirant bruyamment.
Elle jeta un regard discret en direction des nains: tous la regardaient alternativement elle puis les trois monstres pris dans la glace d'un air ahuri, hébété. Elsa se recroquevilla quelque peu sur elle-même, honteuse: voilà. Ils savaient à présent. Ils connaissaient son secret, le terrible secret qu'elle avait toujours cherché à cacher.
Elle imagina ce qu'ils devaient se dire à son sujet et recula lentement vers les buissons à cette pensée; envisageant de s'enfuir, de s'éclipser, de disparaître de la vue de ces nains qui devaient la considérer comme une sorcière.
Mais soudain, une chose se produit qui ne manqua pas de surprendre Elsa. Une clameur s'éleva dans les airs. Une clameur d'euphorie, provenant du groupe des nains. Elsa ouvrit les yeux en entendant cela et les regarda, surprise: et ce qu'elle constata lui remua le cœur.
Les nains, tous sans exception, l'acclamaient, lançaient des cris de joie et d'admiration, de félicitation et de remerciement. La jeune femme n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles: ils l'acclamaient pour ses pouvoirs, la portaient en héros et la remerciaient.
Même Thorin, qui lui avait pourtant semblé être quelqu'un de très réservé, affichait un grand sourire à son adresse.

"Hourra! Bravo! Bravo! lançaient-ils en chœur".

Elsa, la surprise passée, sentit en elle une émotion telle qu'elle n'en avait jamais ressenti: un bonheur, un soulagement s'étendirent sur son cœur et sa conscience.
Pour la première fois depuis l'époque où Anna et elle jouaient ensemble, elle se sentait aimée et non crainte pour ses pouvoirs. Une vague de joie et de contentement monta en elle, et un sourire toutefois un peu timide s'afficha sur ses lèvres. Elle se sentait bien et avait la sensation de pleinement se contrôler.

"Ha, mademoiselle Elsa, c'était incroyable! lança une voix non loin d'elle."

Elle tourna son regard et vit le petit être qui avait berné les trois créatures regarder celles-ci prises dans leur prison de glace, avec un immense sourire d'émerveillement sur les lèvres.
Lorsqu'il tourna la tête et vit qu'Elsa le regardait, il se ravisa quelque peu, comme s'il avait peur de ne pas paraître assez sérieux.
Mais la jeune femme lui rendit son sourire. Elle s'approcha de lui, s'agenouilla et entreprit de défaire le nœud qui tenait le sac fermé.

"Vous n'avez pas été mauvais non plus, monsieur...?
-Sacquet, compléta-t-il. Bilbon Sacquet, pour vous servir."

A ce moment, le Soleil se leva enfin à l'horizon, sur un ciel sans nuage, et illumina l'endroit d'une lumière éclatante. Elsa hésita à poser la question, mais finit par demander:

"Dites-moi si je me trompe mais il me semble que vous n'êtes pas un nain.
-Non, en effet, acquiesça M. Sacquet. En réalité je suis un hobbit, de la Comté."

Elsa fut surprise de cette réponse. Ce nom "hobbit" ne lui disait absolument rien.

"Un hobbit? s'étonna-t-elle; mais elle eut soudain peur de paraître impolie. Pardonnez-moi mais... Je n'ai jamais entendu parler des hobbits."

M. Sacquet eut un petit rire.

"Très peu de personnes en ont entendu parler, dit-il en sortant de son sac enfin ouvert."

Elsa découvrit alors qu'il portait une veste rouge foncé, cousue de jolis boutons en argent tous décorés d'un motif représentant un gland, ainsi qu'un genre de pantacourt brun.
Mais elle remarqua surtout ses pieds: de grands pieds nus avec de nombreux poils sur le dessus. La jeune femme se surprit à penser que les hobbits étaient curieux et amusants.

"Eh bien, lança soudain une voix derrière eux. On dirait bien que vous avez dérobé mon entrée en scène, ma chère Elsa."

Elsa se retourna pour voir un vieil homme vêtu de gris et muni d'un grand bâton monté sur un rocher, se dressant dans la lumière du Soleil fraichement levé.

"Gandalf! s'exclamèrent ensemble Bilbon Sacquet et Elsa, rassurés de le voir."

Le vieil homme descendit de son rocher pour aller à leur rencontre, rayonnant. Il paraissait extrêmement content de voir Elsa.

"Permettez-moi de vous dire que je ne m'attendais absolument pas à vous revoir.
-C'est également la pensée que j'ai eue pendant un moment, répondit Elsa, un petit sourire aux lèvres."

Gandalf jeta un regard amusé aux trois bêtes congelées.

"Eh bien, s'amusa-t-il, c'est une bien étrange scène! La plupart ne sont pas aussi chanceux, ni même aussi efficace lorsqu'il s'agit d'affronter des trolls.
-Des trolls? répéta Elsa, interloquée. Ce sont... Des trolls?
-Bien entendu, répondit Gandalf comme si c'était une évidence."

Elsa fut très intriguée en apprenant cela. Ces mastodontes n'avaient rien à voir avec les petits trolls de pierre, gentils et rondelets, qu'elle avait connu à Arendelle.
Mais après tout, ce monde était très différent du sien.
Soudain, avec horreur, elle vit Gandalf lever son bâton dans les airs et l'abattre violemment sur le sol, ce qui eut pour effet de réduire la glace qui retenait les trolls prisonniers en petits cristaux qui tombèrent sur le sol.

"Mais... s'écria Elsa, mais que faites-vous?"

Mais les trolls ne bougèrent pas, et Elsa vit que leur peau était devenue grise et craquelée par endroit: ils avaient été changés en pierre.
Bien sûr, cela revint à l'esprit d'Elsa. C'était pour cela que Bilbon Sacquet avait tenté de gagner du temps. Gandalf se tourna vers elle avec un grand sourire:

"La lumière du jour fera le sortilège, récita-t-il. Je suis très content de vous revoir, ma chère. Et très content de voir que vous avez révisé votre jugement."

Elsa s'apprêta à répondre, mais à ce moment, un nain appela:

"Je m'en voudrais d'interrompre une conversation passionnante, mais est-ce que quelqu'un voudrait bien avoir la gentillesse de nous aider?"

Quelques minutes plus tard, tous les nains étaient libérés de leur prison de tissu et étaient occupés à ramasser leurs affaires dispersées sur le sol. Certains d'entre eux s'amusaient même à se moquer des statues de pierres qui avaient voulu les dévorer. Bilbon se tenait un peu à l'écart du groupe, un peu honteux d'avoir plongé ses camarades dans cette situation. Car les trolls avaient initialement volé deux poneys au groupe pour en faire leur repas, mais Bilbon avait tenté d'aller les libérer discrètement avec son aptitude naturelle à être totalement silencieux dans ses déplacements.
Mais il avait accidentellement été attrapé par les trolls et lorsque les nains étaient venus pour le libérer, les trois monstres, retenant Bilbon en otage, leur avaient ordonné de jeter leurs armes au sol, ou autrement ils réduiraient le hobbit en miettes.
Elsa et Gandalf, eux, discutaient ensemble.

"Je vous remercie grandement d'avoir accepté de nous aider, dit le vieil homme avec sincérité."

A ce moment, Thorin s'approcha d'eux, rattachant son épée à sa ceinture.
Bien qu'Elsa fut largement plus grande que lui, elle se sentit tout de même un peu intimidée en la présence de ce guerrier.

"Où étiez-vous allé si je puis me permettre? demanda-t-il à l'adresse de Gandalf.
-Voir plus avant, répondit celui-ci.
-Et qu'est-ce qui vous a ramené? demanda à nouveau le chef des nains.
-Un regard en arrière, répondit le vieil homme avec un petit sourire."

Thorin se tourna alors vers Elsa:

"Et vous? demanda-t-il. Pourquoi êtes-vous revenue?"

Elsa chercha ses mots, puis inspira avant de répondre.

"Eh bien, je n'ai pas cessé de penser à votre proposition et à votre quête. Et je me suis dit que je ne servais vraiment à rien ni à personne en restant assise toute seule dans les bois.
-Et vous avez donc décidé... commença Thorin.
-De me joindre à vous dans votre quête, compléta la jeune femme."

Thorin acquiesça d'un petit signe de tête, mais avait l'air toujours un peu sceptique.

"En tout cas vous êtes arrivée au bon moment, remarqua Gandalf en brisant le silence quelque peu gênant qui s'était installé. Sale affaire. Mais le plus important est que vous soyez tous sains et saufs.
-Pas grâce au cambrioleur, fit remarquer le chef nain.
-Il a eu l'intelligence de gagner du temps, répliqua Gandalf en s'avançant vers les statues de pierre. Aucun de vous n'y a pensé."

Thorin resta silencieux quelques instants, ne sachant que répondre. Puis il finit par demander:

"Depuis quand les trolls des montagnes s'aventurent-ils si loin dans les terres?
-Oh pas depuis un âge, répondit Gandalf avant de se tourner vers les trois trolls de pierre avec un air grave et troublé. Pas depuis que des forces maléfiques régnaient sur ces terres."

Elsa et Thorin entendirent ces paroles et elles créèrent en eux un petit sentiment de malaise.
Mais ce sentiment fut chassé par la voix de Balin, approchant d'eux avec le contrat en mains.

"Ma chère Elsa, dit-il avec un sourire, si vous projetez toujours de vous joindre à nous, je vous demanderais de bien vouloir signer ceci."

Il lui tendit le même contrat que celui qu'elle avait lu la veille, ainsi qu'une plume et une petite bouteille d'encre. Elsa déboucha le flacon, trempa la plume écarlate dans le liquide noir et inscrivit son nom au bas du parchemin, s'engageant à aider ces gens dans leur quête.
Contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, elle éprouva une certaine satisfaction à avoir inscrit ainsi son nom parmi les noms de ces aventuriers courageux.
Elle rendit le contrat à Balin qui le rangea dans sa tunique.

"Bienvenue mademoiselle Elsa dans la compagnie de Thorin Ecu de chêne."

Elsa sourit, regardant vers l'Est. Elle se sentait renaître: elle imaginait ce que lui réservait la nouvelle vie qui s'offrait à elle, elle imaginait le monde qu'elle allait découvrir et les exploits qu'elle allait accomplir avec ses nouveaux compagnons.

"Ils ne peuvent avoir voyagé de jour, observa Gandalf qui regardait toujours les trois grandes statues de pierre.
-Donc ils avaient une caverne dans les parages, conclut Thorin en jetant un regard circulaire autour de lui."

Quelques instants plus tard, toute l'équipe était montée sur le dos des poneys, chevauchant à travers le bois à la recherche d'une caverne.
Gandalf assurait que les trolls aimaient à entreposer dans leur cachette des objets qu'ils volaient ou trouvaient, et qu'ils pourraient trouver des choses intéressante.
Elsa était montée sur le poney supplémentaire qui voyageait avec les nains depuis le début de leur quête. Celui-ci arrivait à avancer mais Elsa sentait qu'elle était trop lourde pour lui; le pauvre animal ne pourrait pas la porter ainsi durant tout le voyage. Il faudrait qu'elle trouve un autre moyen de voyager.
Elsa scrutait l'espace environnant, en quête d'un trou ou d'une fissure dans une falaise; et pour une fois, ce n'était pas sa propre grotte qu'elle cherchait.
Après un bon quart d'heure de déplacement, l'un des nains s'exclama:

"Là bas!"

Elsa regarda dans la direction qu'il pointait du doigt et vit au loin une grande ouverture dans la paroi rocheuse d'une falaise.
Les nains décidèrent de laisser ici leurs poneys et d'entrer à pied dans la caverne.
Lorsqu'ils furent près du grand trou, une odeur désagréable vint irriter les narines d'Elsa. Et elle remarqua que tous les autres semblèrent également dérangés par les effluves.
Thorin demanda à la moitié du groupe ainsi qu'à Gandalf de l'accompagner dans la caverne pour la fouiller efficacement, et demanda à l'autre moitié du groupe (Elsa comprise) de rester à l'extérieur pour faire les guets et garder un œil sur les poneys.
Elsa regarda donc certains de ses nouveaux compagnons disparaître dans la caverne nauséabonde.

Gandalf marchait en tête de file et pénétra le premier dans la caverne, suivi par Thorin et le reste des nains. Plusieurs d'entre eux avaient allumé des torches qui éclairèrent l'intérieur d'une caverne assez large, au plafond bas et dont le sol était recouvert d'une épaisse couche de feuilles d'arbres en décomposition. Comme prévu, d'innombrables objets gisaient sur ce sol et contre les parois de la grotte: des coffres, des meubles, des armes, des étoffes, des légumes, de la viande,...

"Pouah, quelle est cette odeur affreuse? demanda Bofur en remuant la main devant son nez.
-C'est le butin des trolls, répondit le magicien en s'enfonçant davantage dans la caverne. Faites attention à ce que vous touchez."

Le regard de Bofur s'arrêta sur quelque chose qui brillait légèrement sur le sol.
Il s'en approcha et toucha la chose du bout du pied: il s'agissait d'une pièce d'or. Le nain plissa les yeux et constata que le sol en était recouvert à cet endroit.
Un sourire s'afficha sur ses lèvres.

"Hé, regardez ça! lança-t-il à l'adresse de ses compagnons."

Ceux-ci s'approchèrent et virent le tapis doré. La torche que portait Nori éclaira également de nombreux petits coffres qui se trouvaient là.
Tous se penchèrent pour ramasser des pièces et les mettre dans leurs poches, et Gloïn entreprit d'ouvrir plusieurs coffrets pour découvrir à l'intérieur des colliers et des coupes en argent et en or. Ils réalisèrent qu'ils ne pourraient pas tout transporter.

"Mais ce serait dommage de laisser tout ça derrière nous, se plaignit Bofur. N'importe qui pourrait les prendre ici.
-C'est vrai, approuva Gloïn. Nori, trouve une pelle."

Gandalf et Thorin, eux, étaient occupés à chercher des objets qui pourraient leur être utiles dans leur voyage. Mais ils trouvèrent surtout de petites cages en bois, des peaux de bêtes, des masques en pierre et en cuir,... Rien de bien intéressant.
Ils semblaient sur le point de renoncer quand la torche de Thorin éclaira quelque chose qui refléta sa lumière. Thorin s'approcha plus près et constata qu'il s'agissait de métal: de gardes en métal. Plusieurs épées dans leurs fourreaux étaient rangées dans une amphore couverte de toiles d'araignées.
Le roi des nains en prit une en main et la sortit du pot, observant l'objet. Il constata que le métal était très pur et sans la moindre trace de rouille, la poignée était entourée d'un noble cuir en parfait état et le fourreau semblait cacher une lame très droite et fort bien forgée.
Il en prit une autre, et vit une poignée sculptée dans un superbe bois poli, accompagnée d'une garde en métal tout aussi éclatant et d'une lame à la gracieuse forme courbe.

"Ces épées n'ont pas été forgées par des trolls, murmura-t-il."

Gandalf entendit ses paroles et s'approcha pour voir de quoi il s'agissait. Thorin lui tendit l'épée à la poignée entourée de cuir, que le magicien observa d'un regard intéressé.

"Elles n'ont été faites par aucun forgeron parmi les Hommes, commenta-t-il."

Il tira à moitié l'arme de son fourreau, révélant une lame aussi bien forgée et éclatante que l'avait imaginée Thorin.

"Elles ont été forgées à Gondolin, expliqua-t-il, par les Hauts Elfes du premier Age."

En entendant cela, Thorin eut un regard dur et se tourna pour reposer l'épée dans l'amphore. Mais Gandalf l'arrêta:

"Vous ne pouvez rêver d'une meilleure lame."

Le chef des nains le regarda, puis regarda l'épée à la poignée de bois. Il la tira entièrement de son fourreau, révélant une élégante lame courbe et brillante dans laquelle étaient gravées des runes. Certes il possédait déjà une fort bonne épée forgée par des nains, mais considérant la grande qualité de l'arme, il finit par la ranger dans son fourreau et attacha celui-ci à sa ceinture.
Gandalf fit de même.
De leur côté, Bofur, Gloïn et Nori entreprenaient de déposer plusieurs coffrets dans un trou qu'ils avaient creusé dans le sol. Après avoir entreposé tout ce qu'ils pouvaient, ils recouvrirent le petit butin de terre. Gloïn remarqua que Dwalin les regardait avec une expression qui montrait un certain agacement.

"On est en train de faire un dépôt à long terme, expliqua le nain à la barbe rousse."

Dwalin secoua négativement la tête en levant les yeux au ciel.

"Quittons cet endroit infecte, dit Thorin à l'adresse de ses compagnons."

Tous se levèrent et se dirigèrent vers la sortie.
Mais Gandalf s'arrêta lorsqu'il sentit son pied se poser sur quelque chose de dur. Il souleva ce pied et écarta les feuilles mortes à l'aide de son bâton, révélant une garde et une poignée de petite taille.
Il ramassa l'objet et l'observa en détail: il s'agissait d'une longue dague à la poignée sculptée dans une sorte d'ivoire coloré d'un noir profond, et rangée dans un fourreau de cuir élégant.
Il en retira la dague et découvrit une lame d'une trentaine de centimètres, forgée dans un métal aussi élégant que celui de sa propre épée.
Cette arme avait aussi été forgée par des elfes, et il se dit qu'elle conviendrait à un membre de la compagnie qui ne possédait encore aucune arme.

Pendant que Thorin et les autres fouillaient la caverne, le reste des nains resté à l'extérieur récupéraient quelque peu de leur altercation avec les trolls.
Bilbon s'était assis sur un rocher et regardait au loin vers l'horizon, les yeux dans le vague. Il soupira, puis tourna son regard pour jeter un coup d'œil en direction des poneys et sursauta lorsqu'il vit quelqu'un assis non loin de lui sur le même rocher.
Il se calma lorsqu'il vit, avec un soudain mélange de joie et d'appréhension, qu'il s'agissait d'Elsa.
Celle-ci tourna son regard vers lui en entendant le petit cri qu'il avait poussé.

"Oh, e-excusez-moi, balbutia le hobbit, un peu honteux de sa réaction. Je... Je n'avais pas... Enfin vous savez...
-Non, non, tout va bien, l'interrompit Elsa d'un ton rassurant. Je comprends."

M. Sacquet, ayant repris son souffle, détourna la tête. Elsa fit de même.
Chacun d'eux se sentait quelque peu gêné: cette proximité accompagnée de ce silence tendait l'atmosphère autour d'eux. La jeune femme et le hobbit cherchaient ce qu'ils pourraient dire pour rompre ce silence.
Bilbon se demandait ce qu'il pourrait bien avoir à dire à une personne qu'il venait de rencontrer et qui l'avait sauvé d'une situation le mettant peu à son avantage.
De nombreuses phrases vinrent à son esprit, mais toutes semblèrent inappropriées. Devait-il dire quelque chose? Et si ce qu'il disait offensait la jeune femme?
Elsa, elle, convint qu'il valait mieux poser une question au hobbit à son sujet: d'abbord pour ne pas paraître imbue d'elle-même et ensuite car, à présent qu'elle s'était engagée dans cette quête en partie afin de pouvoir oublier tous ses tourments, elle n'avait pas envie d'évoquer les dix sept dernières années de sa vie.
Mais elle ne trouva aucune question intéressante ou qui ne semblait pas déplacée.
Après tout, était-ce bien la peine de chercher absolument à parler? Mais ce silence était réellement pesant; et Elsa avait également quitté sa caverne afin de rencontrer des gens et d'apprendre à les connaître.
Soudain, elle se rappela de la surprise qu'elle avait eu en remarquant que Bilbon Sacquet n'était pas un nain, et une question pertinente vint enfin à son esprit.
Elle hésita une fraction de seconde, mais finit par demander (au soulagement de Bilbon, qui n'eût pas à briser lui-même le silence):

"Pardonnez-moi, M. Sacquet mais puis-je vous demander comment vous êtes vous retrouvé parmi tous ces nains, dans cette quête?"

Le soulagement de Biblon fut rapidement chassé par la réflexion: il devait bien avouer qu'il s'attendait à une question plus simple.
Il resta quelques instants le regard dans le lointain, son esprit revenu trois semaines en arrière, lors d'un soir d'été où il était attablé bien confortablement dans sa chère maison qui portait le nom de Cul-de-Sac.
Il était seul, à sa table, comme chaque soir, s'apprêtant à déguster un délicieux poisson qu'il avait fait cuir, quand soudain, le son de la cloche devant sa porte d'entrée avait retenti.
Bilbon prit alors une inspiration et raconta à Elsa cette fameuse soirée, pensant que pour que sa réponse soit complète, il fallait commencer depuis le début.
Il lui raconta comment les nains étaient arrivé chez lui les uns après les autres, sans qu'il y soit préparé ni qu'il comprenne ce qu'ils faisaient là, comment ils semblaient tous heureux de se retrouver tous ensemble autour d'une bonne tablée, comment ils avaient pillé son garde-manger, comment Gandalf s'était joint à eux, quelle animation inattendue ils avaient apporté à cette maison toujours calme, quel désordre ils avaient mis avant de ranger et laver impeccablement la vaisselle, l'arrivée de Thorin, l'exposition de la quête, l'atmosphère de solennité et de détermination qui s'était soudain mise à régner dans la maison, le contrat, l'annonce de Gandalf comme quoi Bilbon serait le cambrioleur de la compagnie, le chant des nains...

"Le chant des nains? s'étonna Elsa en entendant le hobbit parler d'une chanson.
-Oui, acquiesça Bilbon, après que j'aie dit à Gandalf que je ne me sentais pas prêt à tout quitter pour les accompagner, j'allai m'asseoir sur mon lit, l'esprit dérangé par de nombreuses questions. Quand soudain, j'entendis des voix qui s'élevèrent dans le salon. Les nains avaient entamé une chanson, qui semblait connue de tous. Voulez-vous l'entendre?
-Oui, s'il vous plaît, répondit Elsa en s'approchant légèrement du hobbit."

Celui-ci s'éclaircit la gorge, et se mit à chanter lentement et d'une voix grave:

Au-delà des montagnes embrumées,
Non loin des sombres cavernes du passé,
Dans l'aube bleutée il faut aller
En quête de l'or longtemps oublié.

Les pins rugissaient, hauts et fiers,
Les vents gémissaient, dans la nuit d'hiver.
Rouge le feu sur mille lieues,
Flambaient les arbres, torches de lumière.

Les cloches sonnaient dans la vallée,
Les Hommes levèrent des visages effrayés:
Leurs tours et leurs nobles maisons
Furent détruites par le feu du dragon.

Fumaient la Montagne et ses mines,
Les nains entendirent le pas de la ruine.
Ils fuirent leurs salles, mourants et pâles,
Entre les flammes, sous une brume fine.


Elsa resta silencieuse, remuée par ce chant. Elle imagina tous les nains le chantant en chœur.

"Ces paroles restèrent gravées dans ma tête, reprit le hobbit. Le sommeil prit du temps avant de m'atteindre: je repensai sans cesse à l'histoire de ces nains, au discours de Thorin, à leur carte, au voyage qu'ils allaient entreprendre pour retrouver leur foyer et surtout à ces vers. Le garde-manger et le désordre me semblaient bien peu de choses à ce moment. Et lorsqu'enfin je m'endormis, je fis de nombreux rêves sur les pays sauvages, sur les dragons, sur des tas d'or, sur des montagnes enchantées... Et lorsque je me réveillai le lendemain, tous étaient partis: les nains et Gandalf. Il n'y avait plus personne chez moi. Et ils avaient rangé tout ce qu'ils avaient dérangé la veille: les tables, les chaises, les couverts, la vaisselle,... Tout avait été remis à sa place. Ma première réaction fut d'être soulagé de leur départ; je regardai dans chaque coin pour voir s'il ne restait vraiment plus personne. Et je finis par découvrir qu'en effet, j'étais seul chez moi. Mais à ce moment, je me rendis compte du silence et du calme qui régnaient, et ils me parurent très désagréables. Le Soleil perçait à travers les vitres et annonçait une belle journée: une journée ordinaire, à visiter le marché, à cuisiner des plats, à épousseter les meubles et à m'asseoir dans mon fauteuil au coin du feu. Toutes ces choses pourtant agréables me parurent soudain ordinaires et sans intérêt. Je regardai autour de moi et finit par trouver, posé sur une petite table, le contrat de la quête. Ils l'avaient laissé derrière eux. Je ne le quittai pas des yeux, regardant les différentes signature des nains au bas du papier. Tous s'étaient engagés à jouer leur rôle dans cette histoire, seule restait l'inscription "cambrioleur" à côté de laquelle aucune signature n'était présente. Et j'eus soudain le sentiment d'avoir laissé échapper quelque chose de très important. Je me demandai: quand retrouverai-je une chance comme celle-là? Quand aurai-je à nouveau l'occasion de découvrir le monde autour de moi au lieu de le lire dans les livres et les cartes, et de me rendre utile à ce monde? L'idée que la réponse fut "jamais" me permit de prendre ma décision: j'enfilai un gilet, une veste de promenade, emballai quelques provisions dans un sac-à-dos, m'empressai de signer le contrat et un quart d'heure plus tard, je fermai la porte de ma maison et m'engageai sur la route de l'Est en courant le plus vite possible pour rattraper les nains. Je me souviens du vent frais qui me caressait le visage et de l'horizon ensoleillé qui semblait si attirant. Et me voici ici, trois semaines plus tard. Il est vrai que nous sommes passés par de magnifiques endroits, avons vu des paysages que jamais encore je n'avais vus et que les nains sont bien braves et plutôt sympathiques... Mais, souvent, je me demande si j'étais vraiment prêt pour ce voyage et si je n'ai pas pris ma décision trop rapidement."

Le hobbit soupira, il semblait un peu soulagé d'avoir pu dire ce qu'il avait sur le cœur à quelqu'un. Elsa, qui ne savait comment le conseiller, chercha quelque chose de rassurant à lui dire.

"Vous êtes très brave pour avoir agi ainsi, avança-t-elle."

Bilbon eut un petit rire en entendant cela.

"Je ne pense pas que 'brave' soit le terme le plus approprié pour me décrire, répondit-il en levant les yeux vers Elsa."

Celle-ci chercha quelque chose à répondre, mais à ce moment Thorin, Gandalf et les autres nains ressortirent de la caverne. Thorin prévint ses compagnons qu'il ne fallait pas s'attarder ici et qu'ils devaient se préparer à partir.
Le hobbit et la dame des neiges se levèrent alors de leur rocher et marchèrent pour rejoindre le groupe. Mais la voix de Gandalf appela:

"Bilbon!"

Celui-ci se retourna (Elsa fit de même) et se dirigea vers le magicien qui lui faisait signe d'approcher. Elsa regarda le vieil homme tendre au hobbit un genre de grand couteau rangé dans un élégant fourreau de cuir.

"Tenez, dit-il, prenez-la. Elle est à votre taille."

Bilbon leva lentement les bras, prit l'objet dans ses mains et le contempla quelques instants.
La dague avait pour le hobbit la taille d'un glaive pour un humain. Mais Bilbon fit mine de redonner l'arme au magicien.

"Je ne peux l'accepter, protesta-t-il.
-Bilbon, il s'agit d'une lame elfique, l'informa le magicien. Ce qui veut dire qu'elle s'illumine lorsque des orques ou des gobelins sont à proximité.
-Je... murmura le hobbit en regardant rapidement autour de lui. Je ne me suis jamais servi d'une épée.
-Et j'espère que vous n'aurez jamais à le faire, répliqua aussitôt Gandalf. Mais si cela arrivait rappelez-vous ceci: le vrai courage n'est pas de savoir quand supprimer une vie, mais quand en épargner une."

Bilbon resta silencieux, ces mots pénétrant son esprit qui cherchait à en trouver le sens dans une situation réelle.
Elsa avait également entendu ces mots, et elle se dit que les paroles de Gandalf semblaient au moins aussi sages que lui.
Elle fut rassuré de constater que le vieil homme préconisait un usage minimal des armes.
Soudain un des nains poussa un cri d'alerte: il semblait avoir entendu quelque chose approcher. Gandalf redressa la tête et se dirigea vers le reste du groupe.

"Restez groupés, lança-t-il à l'adresse des nains. Prenez vos armes!"

Elsa jeta un dernier coup d'œil à Bilbon Sacquet qui avait sorti l'arme de son fourreau et contemplait la lame brillante d'un air à la fois fier et intimidé: retenant sa respiration et gonflant la poitrine, on aurait dit qu'il s'était décidé à prendre de grandes responsabilités.
Puis, lorsque la jeune femme remarqua que tous les nains se rassemblaient plus loin entre les fins troncs des arbres et les buissons, elle appela le hobbit.
Celui-ci sortit de sa contemplation et suivit Elsa pour rejoindre leurs compagnons. Arrivés sur place, ils s'empressèrent de s'informer sur la cause de ce regroupement: le nain à la chapka leur dit qu'il avait entendu quelque chose se déplacer rapidement dans les fougères et les buissons.
Elsa tendit l'oreille, et eut vite fait de constater qu'il avait raison: un bruit de quelque chose qui se glissait rapidement entre les feuilles se faisait entendre plus loin, et semblait en plus se rapprocher d'eux.
Ils entendaient à présent quelque chose qui glissait sur la terre ainsi que de très nombreux et rapides martellements du sol: comme si une bête avec d'innombrables pattes courait à toute vitesse dans leur direction.
Les nains étaient à présent campés sur leurs jambes, leurs armes levées, prêts à se défendre.
Elsa respira et essaya de se contrôler: de petits flocons commençaient à tournoyer autour d'elle.
De petits couinements se faisaient entendre à présent, le bruit était tout proche.
Soudain, quelques mètres plus loin, la chose responsable de ce raffut surgit d'entre les buissons.
Elsa, Bilbon et les nains eurent d'abord du mal à croire ce qu'ils virent: il s'agissait d'un genre de traîneau de bois tiré par un cortège de six immenses lapins (de la taille de gros chiens) au pelage noir et sur lequel se tenait debout un homme habillé d'une tunique dans le style de celle de Gandalf, mais de couleur brune et agrémentée de quelques feuilles et fleurs.
Cet homme semblait d'ailleurs aussi vieux que Gandalf: il portait une longue barbe et le même genre de chapka que le nain de la compagnie, de couleur brune également et agrémentée d'une plume de faisan.
Lui et ses lapins passèrent à toute allure devant le groupe de nains.

"Voleurs! Au feu! Assassins! cria-t-il d'une voix paniquée."

Mais soudain, son regard se posa sur Gandalf et il se redressa brusquement.
Il siffla alors et les lapins s'arrêtèrent net de courir, à plusieurs mètres de la compagnie. Il regarda successivement autour de lui, Gandalf et les nains, et semblait au moins aussi confus et désorienté que les nains, Bilbon et Elsa eux-mêmes.
Ils restaient tous sur leurs gardes, se demandant quelles étaient les intentions du vieil homme. Mais Gandalf, lui, eut un sourire.

"Radagast! s'exclama-t-il en s'avançant vers l'homme, avant de lancer à l'adresse de ses compagnons: c'est Radagast le brun, un de mes collègues."

L'homme en brun sembla se ressaisir et descendit de son traîneau, en saisissant un grand bâton de bois assez semblable à celui du magicien qui voyageait avec la compagnie.

"Qu'êtes-vous donc venu faire ici? demanda celui-ci à l'adresse de l'homme en brun.
-Je vous cherchais, Gandalf, dit l'homme d'une voix perturbée par sa respiration haletante. Depuis maintenant plusieurs semaines; je vous ai cherché dans tout le Rhovanion, ainsi que dans toute une partie du Rohan... Comme vous êtes toujours en déplacement, je ne savais où vous trouver.
-Mais pourquoi donc me cherchiez-vous?
-Il se passe des choses, des choses très alarmantes!
-Mais encore, demanda Gandalf après un court silence."

Le monteur du traîneau ouvrit la bouche, mais il sembla soudain que son esprit s'était envolé.
Il s'arrêta, restant silencieux. Ses yeux reflétaient une grande inquiétude. Il essaya à plusieurs reprises de prendre la parole, mais n'y parvint jamais.
Elsa jeta un coup d'œil à ses compagnons et fut rassurée de voir qu'au moins elle n'était pas la seule à avoir beaucoup de mal à comprendre ce qui se passait: tous les nains ainsi que le hobbit regardaient la scène en fronçant les sourcils.

"Oooh! se plaignit le vieil homme au traîneau, une idée m'est venue et elle s'est envolée! Je l'avais là sur le bout de la langue."

Soudain, il se mit à faire des mouvements avec ses lèvres et sa langue, comme s'il essayait de cracher quelque chose.
Il tira alors la langue: un insecte tout en longueur et de couleur également brune se trouvait dessus.
Elsa ouvrit de grands yeux: cet homme était le plus étrange qu'elle ait jamais vu.
Gandalf prit dans sa main l'insecte et l'approcha près de son visage.

"Phasme! remarqua le vieil homme en brun".

Alors Elsa vit Gandalf et son "collègue" se pencher sur l'insecte, et elle eut l'impression que celui-ci leur murmurait quelque chose. C'était ridicule, se dit-elle, mais c'était pourtant bien ce qu'elle avait l'impression de voir. Lorsque les deux vieux hommes se redressèrent, une expression tendue était apparue sur leurs visages.
Gandalf s'excusa auprès de ses compagnons et leur dit de l'attendre le temps qu'il ait une discussion avec son collègue.
Ils s'éloignèrent alors de quelques pas.
Thorin soupira, apparemment agacé à l'idée de perdre encore du temps.

"Ori, lança-t-il à l'adresse d'un jeune nain aux cheveux et à la barbe châtain clair, va détacher les poneys, et dis aux autres de se tenir près à partir."

Ori acquiesça et partit en direction de l'endroit où les poneys étaient attachés.
Elsa s'approcha de Bilbon Sacquet, qui regardait les deux vieux hommes discuter plus loin, et lui demanda:

"Qui est ce vieil homme?
-Euh... balbutia le hobbit qui ne semblait pas en savoir beaucoup plus qu'elle. Radagast le brun, je crois qu'il s'appelle. C'est un magicien, comme Gandalf.
-Et... C'est un grand magicien ou bien...
-Gandalf m'a dit que c'était un très grand magicien. Mais il me semble tout de même un peu curieux."

Elsa acquiesça, regardant elle aussi les deux magiciens. Gandalf avait sorti une longue pipe de sa poche et l'avait allumée.
Des nuages de fumée bleutée sortaient de sa bouche et de ses narines.

"Remarquez, reprit Bilbon, il m'a précisé que c'était un grand magicien 'à sa manière'."

Elsa et lui se regardèrent et eurent tous deux un petit rire.

De leurs côtés, Gandalf et Radagast étaient trop occupés par leur conversation pour se rendre compte du regard des gens autour d'eux.
Cette conversation n'était pas des plus légères: Radagast était plutôt paniqué et Gandalf était perturbé par ses propos. Il avait le regard fixé sur un point au loin, laissant échapper de grandes bouffées de fumée.

"La forêt est malade Gandalf, affirma Radagast. Un mal s'est emparé de Vertbois: l'air est vicié, fétide, les sols sont comme empoisonnés... Plus rien ne pousse. Rien de bon en tout cas. Des rumeurs commencent à courir, j'ai entendu des choses: les Hommes qui vivent près de Vertbois l'ont rebaptisé Forêt noire. Et je n'ai pas encore mentionné les toiles.
-Les toiles? répéta le magicien gris qui sembla soudain intrigué par les paroles de son collègue. De quoi parlez-vous?
-Des araignées, Gandalf, répondit Radagast d'un air grave. Géantes! Elles sont de plus en plus nombreuses dans la forêt. Ce sont des descendantes de Ungoliant, ou je ne suis pas magicien. J'ai suivi leur piste et ai trouvé l'endroit où elles nichent: elles sont venues de Dol Guldur."

Ces dernières paroles captèrent une fois pour toutes l'attention de Gandalf.
Il cessa soudain de souffler sa fumée, et se retourna vers le magicien brun, une expression crispée sur le visage.

"Dol Guldur? répéta-t-il. Mais la vieille forteresse est abandonnée...
-Non Gandalf, nia le magicien au traîneau d'un air grave, elle ne l'est pas."

Le magicien gris s'approcha lentement de son collègue et l'invita à lui raconter ce qu'il avait vu.
Celui-ci prit soudain une expression apeurée, comme s'il se souvenait d'un évènement particulièrement désagréable.

"J'ai pénétré la vieille forteresse, et jamais je n'aurais pu imaginer que j'y trouverai ce que j'y ai vu, déclara-t-il en frissonnant. Toute la végétation à ses alentours est morte et fanée, de sinistres végétaux ont envahi la forteresse et la colline sur laquelle elle se trouve, et l'air y est imprégné de magie noire. Une puissance maléfique, telle que je n'en ai jamais vu, hante ces lieux. C'est le spectre d'une abomination du passé. Il peut invoquer les morts et les utiliser. L'un deux m'a attaqué par surprise, et j'ai peiné à le renvoyer d'où il venait. J'étais dérouté et effrayé: je ne comprenais pas ce qui avait pu faire apparaître cette atrocité. Et c'est là que je l'ai vu, Gandalf: du plus profond des ténèbres un nécromancien a surgi."

Le magicien brun ferma alors les yeux et se mit à trembler: il se remémorait apparemment l'épisode.
Puis soudain il rouvrit les yeux en poussant un petit cri. Il regardait autour de lui, tous ses muscles contractés.

"Pardon, murmura-t-il.
-Prenez un peu de yotobi, dit Gandalf en essuyant le bout de sa pipe et en la tendant à Radagast. Cela vous aidera à vous détendre."

Le magicien brun inspira un grand coup et parut soudain beaucoup plus serein.
Il souffla la fumée qui sortit de sa bouche et de ses narines, se décontractant doucement.

"Donc, le rappela Gandalf, un nécromancien dites-vous. En êtes-vous sûr?"

Radagast retrouva un air grave et sortit de l'intérieur de sa tunique un long paquet fait d'une peau de bête qui enveloppait visiblement un objet de forme allongée.
Celui-ci était étroitement ficelé, comme si le magicien ne voulait surtout pas qu'il puisse sortir de son emballage.
Il tendit l'objet à Gandalf qui le prit dans ses mains et commença à défaire le nœud d'une des ficelles, mais sembla soudain reconnaître l'objet empaqueté au toucher, et prit un air alarmé et terrifié.
Il regarda son collègue qui avait une expression extrêmement sérieuse et hochait doucement la tête, comme pour confirmer une hypothèse que Gandalf aurait formulée dans son esprit.

"Ceci ne vient pas du monde des vivants, dit le magicien brun."

Elsa et Bilbon regardaient toujours la scène et étaient quelque peu intrigués par les expressions sur les visages des deux magiciens. De quoi pouvaient-ils bien parler?
Elsa eut envie de s'approcher d'eux pour en savoir plus, mais elle n'osa pas le faire.
Elle se dit qu'il n'était peut-être pas prudent de se mêler des affaires des magiciens, surtout lorsque ceux-ci estimaient que les gens autour d'eux n'avaient pas à entendre leur conversation.
Elle se surprit à être assez satisfaite: pour la première fois depuis presque trois ans, son esprit était concentré à autre chose qu'à imaginer les pires choses qui pourraient arriver à son royaume. Elle pensa qu'il était vraiment temps pour elle de sortir de sa caverne, et en cet instant, même si elle se sentait encore un peu mal à l'aise au milieu de tous ces nains combattants, elle ne regrettait absolument pas sa décision.
Mais elle fut soudain interrompue dans ses réflexions par un nouveau bruit au loin: un long hurlement très semblable à celui d'un loup.
Elle se redressa brusquement, ainsi que tous ses camarades nains, le hobbit et les deux magiciens eux-mêmes.

"C'était un loup? Demanda Bilbon d'une voix tremblotante. Y a-t-il des loups dans les parages?
-Des loups? répéta le nain à la chapka, saisissant son arme à deux mains. Non ce ne sont pas des loups..."

Elsa était sûre d'avoir reconnu le cri: et en effet il ne s'agissait pas de simples loups.
Soudain, un grognement tout proche se fit entendre. Tous les nains se tournèrent pour découvrir une énorme créature sur la pente d'une petite corniche: l'animal avait en effet l'apparence d'un loup mais était bien plus grand (un homme aurait facilement pu le chevaucher), avait deux yeux brillants et une gueule ouverte garnie de dents pointues.
Il fonçait droit sur eux. Il poussa soudain sur ses pattes arrières et bondit sur le nain à la barbe rousse très fournie.
Mais Thorin avait sorti sa nouvelle épée de son fourreau et fendit le crâne de la bête en deux, mettant fin à ses jours.
Le nain à la barbe rousse se sortit de sous le cadavre imposant du prédateur en respirant bruyamment.
Mais soudain, un autre loup géant surgit en courant de derrière un tronc d'arbre et fonça droit sur le chef des nains.
Elsa, prise de panique, leva son bras et envoya une flèche de glace vers la créature, qui la transperça en pleine gorge.
Celle-ci s'effondra par terre mais remuait encore. Un nain au crâne rasé et tatoué acheva l'animal avec un coup de hache.
Elsa avait le souffle coupé: elle reconnaissait ces créatures. C'étaient celles qui l'avaient attaquée près de sa caverne, et qui étaient montées par ces autres créatures à forme humaine et la peau dure.

"Des chasseurs Wargs! s'exclama Thorin en retirant son épée du crâne de l'animal. Ça veut dire qu'une troupe d'Orques n'est pas loin.
-Une troupe d'Orques? répéta le hobbit d'un air effrayé."

'Des Wargs', pensa Elsa. Voilà donc quel était le nom de ces monstres. Et elle se douta que les Orques devaient être les êtres qui les montaient.
Gandalf s'approcha de Thorin d'un pas vif: il semblait inquiet.

"A qui avez-vous parlé de votre quête en dehors de votre clan? demanda-t-il au roi nain d'un ton empressé.
-A personne, répondit Thorin.
-A qui l'avez-vous dit? insista le magicien.
-A personne je le jure! répéta le souverain. Au nom de Durin qu'y a-t-il?
-Vous êtes pourchassé, répondit Gandalf tournant la tête de tous côtés pour scruter les environs."

Thorin eut une expression alarmée. Elsa ne fut pas non plus rassurée par cette nouvelle.
Ils allaient être pris en chasse par ces monstres?

"Nous devons quitter cet endroit au plus vite! lança Balin en enfilant son sac sur le dos.
-Impossible, rétorqua la voix du jeune nain qui était parti détacher les poneys et qui venait de réapparaître d'entre les arbres. Les poneys se sont enfuis en entendant les hurlements. J'ai tenté de les retenir mais ils étaient trop nombreux."

Elsa respirait bruyamment: tout semblait se monter contre eux. La panique commençait à l'envahir, et des flocons tournoyaient de plus en plus nombreux dans les airs.
Elsa le remarqua, mais au lieu de la faire paniquer davantage, cela lui donna une idée.
Après tout les nains connaissaient ses pouvoirs, et elle devait bien les mettre au service de ses compagnons.

"J'ai peut-être une idée, dit-elle d'une voix forte pour attirer l'attention de tous les membres du groupe, qui commençaient à s'agiter de panique. Je pourrais créer un épais brouillard qui nous dissimulerait à leurs yeux: nous devrons rester groupés et fuir loin d'ici, invisibles.
-Ces créatures ont un odorat redoutablement efficace, répondit Gandalf en hochant négativement la tête. Même s'ils ne nous voient pas, ils finiront par sentir notre odeur et par nous trouver.
-Je vais les lancer à mes trousses! lança soudain Radagast d'un air décidé."

Tous se tournèrent vers lui, en particulier Gandalf qui sembla inquiet pour son confrère.

"Vous êtes fou, dit-il. Ce sont des Wargs de Gundâbad, ils vous rattraperont.
-Ce sont des lapins de Rosghobel! répliqua aussitôt le magicien brun d'un air contrarié en pointant du doigt son cortège de léporidés. Qu'ils essaient donc, pour voir."


Voilà, voilà j'espère que ça vous a plu.
Ah oui juste une chose: comme vous l'avez remarqué, j'ai pris le parti d'écrire tous les noms propres à la française (Bilbon, Orque,...). A part pour les Wargs: tout simplement parce que je trouve vraiment l'écriture 'ouargue' très moche. Voilà, c'est tout ce que je voulais dire^^.


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Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
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Dim 01 Mar 2015, 13:51
Bravo M.Baggins ! C'est toujours aussi agréable de te lire, continue comme cela ! C'est très bien. Very Happy
Sinon, si j'ai bien compris, Elsa a su fabriquer un arc de glace avec ses pouvoirs, c'est ça ? scratch

Bref, vivement la suite ! cheers
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Dim 01 Mar 2015, 14:06
Je n'ai pas lu tes derniers chapitres.. :/
Parce que mes parents me privent de plus en plus d'internet du coup j'ai pas vraiment le temps de lire..

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Dim 01 Mar 2015, 15:08
Merci Micky^^.
Pour répondre à ta question: moi j'imaginais plutôt qu'elle a directement fait jaillir une flèche de glace de sa main, mais si tu veux tu peux imaginer qu'elle a fabriqué un arc de glace. Smile
Et ne t'inquiète pas Lizzie, je comprends parfaitement. Et puis Elyria m'a dit que tu étais occupée ce week-end. Alors prends ton temps. bravo

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Dim 01 Mar 2015, 15:59
Alors oui, ton idée est pas mal non plus ! bravo
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Dim 01 Mar 2015, 16:11
Bon, alors ce dernier chapitre..J'ai pas grand chose à dire. Il est bien écrit, tout ça, mais je trouve le tout trop plat. Quand on a vu l'histoire, c'est moins intéressant.
Ce n'est pas assez revisité à mon goût. Au départ ça allait et tout, mais sur ce chapitre je me suis un peu ennuyée =/ Après pour ceux qui n'ont jamais vu l'histoire, c'est sûr que c'est super Smile
M.Baggins
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Dim 01 Mar 2015, 16:38
Merci de ton commentaire Gelwarin^^.
Je comprends bien ce que tu veux dire, et je sais qu'il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre, mais je voulais justement m'en servir comme moment de calme pour permettre à Elsa d'avoir un petit temps d'adaptation avant que quelque chose ne se passe vraiment.
Et puis, pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire comme tu dis, j'ai décidé de présenter beaucoup de scènes nécessaires à l'intrigue. Donc je te préviens dès maintenant, il risque d'y avoir pas mal de passages que tu vas trouver longs :sorry: . Mais tu pourras toujours les passer Smile
Et puis ne t'inquiète pas, j'ai quand-même pas mal d'idées inédites que je prévois d'intégrer à ma fanfic^^.
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Ven 06 Mar 2015, 21:08
Voilà le chapitre 7^^. Alors, je l'ai posté en deux parties car il est très long et le poster en une seule fois était impossible.
Après le dernier commentaire que m'a laissé Gelwarin, je tenais à m'excuser si jamais ce chapitre paraissait encore peu intéressant à ceux qui connaissent déjà l'histoire: c'est vrai qu'il y a peu de différences par rapport au film dans ce chapitre, car c'était le dernier dont j'avais besoin pour présenter la situation (autant aux yeux d'Elsa qu'aux yeux des lecteurs qui ne connaitraient pas l'histoire). Si vous êtes en quête de différence par rapport au film dans ce chapitre, lisez surtout la deuxième partie.
J'espère qu'il vous plaira tout de même^^.

Chapitre 7:

Une poursuite avait commencé.
Un épais brouillard avait recouvert la plaine, sorti de nul part, et était devenu très épais en quelques minutes. Cela avait demandé un gros effort de concentration à Elsa pour faire naître cette brume, mais celui-ci avait bien payé.
La compagnie des nains, leur cambrioleur, leur maîtresse des neiges et le magicien Gandalf avaient utilisé ce brouillard comme couverture pour fuir du sous-bois sans être vus par les Wargs et leurs cavaliers Orques.
Ils couraient, couraient du plus vite qu'ils le pouvaient, et avaient fini par sortir du bois. Ils se trouvaient maintenant dans une plaine couverte d'herbe verte.
L'épais brouillard qui les enveloppaient leur permettait tout de même de voir à une dizaine de mètres devant eux.

"Gardez le cap vers l'Est! leur avait ordonné Gandalf."

Ils couraient donc, cherchant à gagner le plus de terrain possible, et entendant au loin les hurlements et les grognements des loups monstrueux.
Ceux-ci, malgré le brouillard, auraient pu les trouver en les flairant, mais en vérité, ils couraient après autre chose.

Bien plus loin sur la plaine, un vieil homme fonçait à toute allure sur un traîneau de bois tiré par six énormes lapins.
Radagast avait tenu son idée et s'était élancé au milieu de la meute des prédateurs et de leurs cavaliers, détournant leur attention des nains et les incitant à lui courir après.
Les Wargs étaient des animaux véloces, qui n'avaient normalement aucun mal à rattraper leurs proies en quelques instants; mais ils n'avaient encore jamais eu affaire à des lapins de Rosghobel. Ces créatures aux longues oreilles étaient l'incarnation même du mot célérité.
Ils fendaient l'air comme des flèches, entraînant dans leur course le traîneau du magicien. Les Wargs avaient beau user de tous les muscles de leurs quatre pattes, ils n'arrivaient pas à rattraper l'insolite attelage.
Pourtant l'odeur de viande fraîche leur caressait chaleureusement les narines, et fuyait au loin, ne laissant aucun moyen de la rattraper.
Les Orques étaient furieux eux aussi: ce vieil homme qui se jouait d'eux devait sûrement être un quelconque allié de la compagnie de nains qu'ils recherchaient.
Il finirait sûrement par les conduire à eux.

"Allez, rattrapez-moi! lançait Radagast en narguant les dangereuses créatures."

En quelques secondes, ses lapins descendaient une pente, en remontaient une autre, prenaient un virage très étroit, puis sautaient par dessus un rocher.

La compagnie de Thorin Ecu de chêne courait toujours vers l'Est, le souffle commençant à lui manquer.
Elsa et Gandalf étaient les moins fatigués: leurs grandes jambes leur permettaient d'avancer plus vite que les nains et le hobbit, et pour ne pas être séparés du groupe, ils devaient ralentir quelque peu leur allure.
Cependant, Elsa trouva qu'il était fort peu commode de courir en portant une robe, même taillée pour les voyages; celle-ci avait été abîmée par endroits lorsqu'elle avait couru dans les buissons et les feuillages.
Et en plus de cela, elle devait rester le plus concentrée possible pour maintenir le brouillard sur la plaine.
Tous couraient, couraient... Elsa se demandait d'ailleurs vers quoi ils filaient ainsi. Gandalf semblait sûr de la direction à suivre.
Soudain, un hurlement plus proche se fit entendre, et les nains suivirent le magicien derrière un haut rocher, se plaquant contre la roche. Ils restèrent ainsi quelques instants, reprenant leur souffle, puis Gandalf, ayant scruté les alentours et écouté les bruits environnants, leur fit signe de rependre leur course; les sommant encore une fois de marcher vers l'Est.

Radagast était toujours en train de foncer à travers la plaine, les Orques à ses trousses.
L'un d'eux arrivait rapidement par le côté et tenait une hache à la main. Il arriva au niveau du traîneau et abattit son arme; mais les lapins avaient de grands réflexes et prirent un virage à quatre-vingt-dix degrés.
Entraîné par l'élan de son bras, l'Orque bascula en avant et tomba de sa monture. Le magicien était fier de son coup, mais commençait à être inquiet: d'autres Wargs finiraient sûrement par arriver d'autre part et il serait pris au piège.
Et comme pour confirmer ses pensées, il vit une troupe de ces monstres arriver à toute vitesse en face de lui, pendant que les premiers étaient encore derrière lui.
Il était pris en tenailles, mais les lapins n'avaient pas perdu leurs sens et s'engagèrent encore dans un virage très serré, trouvant encore moyen d'échapper aux prédateurs. Ceux-ci étaient à présent deux fois plus nombreux derrière l'attelage du magicien, qui ne faisait plus autant le fier qu'auparavant.
Il prit alors son bâton et en frappa le sol, faisant jaillir une barrière de rochers qui stoppa la plupart des créatures dans leur course, permettant au traîneau de gagner un terrain considérable sur ses poursuivants.

Les nains, malgré leur petites jambes, étaient tout de même véloces: ils procédaient de temps en temps à de formidables accélérations. Mais ils semblaient être épuisés sur les longues distances: certains suaient abondamment et soufflaient comme des bœufs.
La tête d'Elsa, quant à elle, commençait à lui tourner. L'effort qu'elle fournissait pour créer sa brume lui demandait beaucoup d'énergie, tout comme la course qu'elle menait. A présent, en plus du brouillard, quelques flocons commençaient à tomber sur le sol.
Soudain Thorin, qui était en tête du groupe, s'arrêta net: il avait entendu des hurlements de Wargs venant de la direction vers laquelle les nains se dirigeaient. Ils tournèrent alors sur leur droite, pour contourner l'endroit.
Bilbon commençait à grandement fatiguer, lui qui était encore plus petit que les nains n'était pas habitué à courir ainsi. Ses pieds, dont la plante était pourtant couverte d'une peau dure et résistante, commençaient à être endoloris.
La compagnie passa entre plusieurs barres rocheuses, et soudain Thorin s'arrêta de nouveau, appelant le reste de la compagnie à faire de même.

"Ori, non! dit-il en attrapant par le bras le jeune nain qui était parti détacher les poneys, et qui avait continué de courir au delà du rocher."

Tous se plaquèrent de nouveau contre la roche et restèrent silencieux. Elsa entendit les pas et les hurlements des Wargs tout proches. Etaient-ils toujours après Radagast? Allaient-ils finir par les flairer?
Mais les bruits s'éloignèrent.
Gandalf dit alors aux nains de reprendre leur trajectoire initiale, vers l'Est. Il leur indiqua un chemin entre deux grands rochers.

"Où nous conduisez-vous? demanda Thorin en regardant cette voie d'un air dubitatif."

Mais Gandalf ne répondit pas, il se mit en route à la suite de ses compagnons. Le roi nain finit par faire de même, et fit dégringoler une pierre de la paroi rocheuse en se décollant de celle-ci.
Le caillou roula sur la pierre et le sol en produisant un bruit caractéristique.

L'un des Orques qui poursuivait le magicien brun entendit ce bruit, et il stoppa sa monture. Celle-ci se mit à flairer l'air en direction de la provenance du son.
Il en avait assez de courir après ce traîneau qu'on ne pouvait rattraper, et il se dit qu'il devait sûrement y avoir autre chose de plus intéressant par là-bas.
L'Orque lança sa monture dans une direction très proche de l'endroit où se trouvait la compagnie des nains.

Ceux-ci continuaient inlassablement leur course: ils étaient à présent sortis du petit canyon et se trouvaient à nouveau dans la plaine.
Le brouillard et les changements de direction leur avait fait perdre tout sens de l'orientation et ils n'avaient d'autre choix que d'accorder leur confiance à Gandalf pour les guider.
Les flocons tombant du ciel étaient encore plus nombreux à présent: Elsa se demandait vraiment s'ils pourraient échapper aux lames des Orques et aux crocs des Wargs. Cela faisait une éternité qu'ils courraient ainsi dans la plaine, sans même savoir où ils allaient.
Soudain, un nain avec une étrange coupe de cheveux qui évoquait les trois branches du haut d'une étoile s'écria:

"Attention, il y en a un qui arrive!"

Tous accélérèrent comme des furies, mais soudain Bilbon indiqua à ses camarades un rocher derrière lequel se dissimuler. Tous se précipitèrent vers le minéral et se plaquèrent encore une fois contre sa paroi.
Mais ce rocher-ci n'était pas très haut et Elsa et Gandalf durent poser les genoux à terre pour ne pas dépasser de leur maigre cachette.
Les pas du prédateur s'approchaient rapidement d'eux: ils ne disaient absolument rien et retenaient leur souffle. Ils entendirent alors le Warg monter juste sur le rocher derrière lequel ils étaient dissimulés et se mettre à renifler l'air. Le brouillard l'empêchait de voir les nains mais ils les sentiraient dans les prochaines secondes.
Elsa frissonna en entendant le sifflement d'une lame que l'on retire de son fourreau: elle imagina quel immonde poignard l'Orque monté sur le Warg pouvait bien avoir pris en main. Mais après plusieurs pénibles secondes d'anxiété et d'attente, le loup monstrueux ne semblait toujours pas avoir repéré les nains.
Thorin se tourna alors vers le jeune nain à la barbe de quatre jours, qui était armé d'un arc et de flèches, et lui fit un signe de tête appuyé pour le pousser à s'en servir. Le jeune nain saisit alors le plus silencieusement possible une flèche dans son carquois, l'encocha sur la corde de son arc, prit une inspiration puis en un éclair se décolla de la paroi du rocher, se retourna et pointa sa flèche sur le prédateur perché sur le rocher.
Celui-ci grogna en voyant le nain et son cavalier poussa un genre de cri à faire froid dans le dos. Le Warg se prépara à sauter mais la flèche du nain vint se planter directement entre ses deux yeux et il vacilla.
L'orque prit alors un cor à sa ceinture et s'apprêta à souffler dedans pour appeler ses compagnons, mais une autre flèche lui transperça la poitrine et lui fit lâcher sa corne d'appel.
Finalement, l'énorme loup s'écroula et dégringola de son perchoir, tombant lourdement sur le sol, inerte.
Mais l'Orque, malgré la flèche dans sa poitrine, se dégagea du cadavre de sa monture et se remit sur ses jambes: il avait une peau épaisse, couleur vert bouteille, des bras et des jambes musculeux, une large mâchoire inférieure et de grandes dents et portait un genre de combinaison de cuir tanné qui laissait nus les bras et les jambes, ainsi que des bottes couvertes d'écorce d'arbre.
Il brandit son long poignard et se rua sur les nains en poussant un cri de rage. Mais ceux-ci se tenaient prêts, le nain au crâne tatoué lui asséna un coup de hache sur le crâne, et un autre, avec une épaisse chevelure noire, une énorme barbe plus grisonnante et (aux grands étonnement et révulsion d'Elsa) un fer de hache planté dans le front, acheva l'Orque avec sa lance munie d'un énorme fer.
L'Orque poussa un dernier cri déchirant qui résonna sur toute la plaine.

Le reste de la troupe des chasseurs Orques se dressèrent sur leurs montures qui stoppèrent leur course après le magicien brun en entendant le cri de leur confrère.
La plainte fut très longue et ils eurent le temps de repérer l'endroit d'où elle provenait. Ils plissèrent les yeux dans l'espoir d'apercevoir quelque chose mais le brouillard et les flocons qui tombaient du ciel les empêchaient de voir à plus de dix mètres devant eux.
Le meneur de la troupe s'adressa alors à ses camarades dans sa propre langue: une langue à la sonorité rocailleuse et crissante. Voici la traduction de ses paroles:

"Ces sales nains sont là-bas! Allez, rattrapons-les!"

La compagnie de Thorin, se doutant que les Orques auraient entendu le cri de leur semblable, se dépêchèrent de reprendre leur course.
Elsa se releva mais trébucha sur un caillou dissimulé sous une touffe d'herbe. Elle chût et se cogna le front contre le sol, ce qui provoqua un ballet de petites tâches lumineuses dansant devant ses yeux et une perte de conscience de quelques secondes.
Elle finit par se remettre sur ses genoux en se massant le front, et découvrit Bilbon Sacquet qui la regardait d'un air inquiet: il l'avait vue tomber et avait fait demi-tour pour lui venir en aide.

"Est-ce que tout va bien? demanda-t-il
-Oui... Merci, répondit-elle d'une petite voix en se relevant sur ses pieds.
-Elsa, votre brouillard! fit le hobbit en regardant la brume autour de lui."

Celle-ci se dissipait rapidement. En effet, la perte de conscience d'Elsa avait rompu l'enchantement et le brouillard disparaissait à une vitesse impressionnante.

"Je n'ai pas le temps d'en récréer un, répondit Elsa en reprenant sa course. Venez, vite!"

Le hobbit et la jeune femme accélérèrent vivement pour rattraper leurs compagnons. Lorsque cela fut fait, le brouillard avait totalement disparu et ils voyaient à présent tout le paysage autour d'eux: il s'agissait bien d'une vaste plaine d'herbe verte, et à présent se dressaient un peu partout des sapins.
Les nains s'interrogeaient sur la disparition soudaine de la brume, mais furent interrompus dans leur questionnement par des hurlements de Wargs encore lointains mais qui se rapprochaient sûrement.
Elsa tourna la tête et aperçut au loin de petits points noirs courant à vive allure dans leur direction. Maintenant que leurs ennemis avaient la possibilité de les voir, elle voyait difficilement comment ils arriveraient à leur échapper.
Mais où Gandalf pouvait-il bien les conduire? Savait-il seulement où il allait?
Elsa le regarda et vit qu'il semblait chercher quelque chose du regard, tournant la tête de tous côtés.
Mais que cherchait-il? Cette plaine s'étendait à perte de vue, couverte d'herbe et parsemée de sapins et de petites touffes de plantes au ras du sol.
Seule loin à l'Est sur l'horizon se dressait une chaîne de montagnes aux sommets enneigés et prise dans une couverture de brume.
Les hurlements des Wargs se rapprochaient: Elsa commençait à perdre espoir. Les monstres finiraient par les rattraper et ils seraient soumis à elle ne savait quelle torture insoutenable. Pourquoi ces Orques les poursuivaient-ils de la sorte?
Lorsque ceux qui l'avaient attaqué près de sa caverne avaient vu qu'elle était capable de se défendre, ils n'avaient pas insisté longtemps avant de s'en aller. Mais ceux-ci leur couraient après inlassablement, comme s'ils voulaient à tout prix les capturer.
Elsa tourna une nouvelle fois la tête et vit avec horreur que les loups de cauchemar et leurs immondes cavaliers s'étaient beaucoup rapprochés d'eux: elle pouvait maintenant distinguer leurs têtes. Soudain:

"Là-bas! cria le nain à l'imposante barbe rousse. Il en arrive d'autres."

En effet, plus loin sur leur droite, une autre troupe de chasseurs Orques sur leurs montures arrivaient à grande vitesse. Gandalf fit signe à ses compagnons de le suivre sur la gauche.
Ils coururent du plus vite qu'ils le purent, puisant dans leurs dernières ressources d'énergie. Elsa transpirait dans sa robe, et avait deux horribles points de côtés tandis que sa vision commençait à devenir floue.
Bilbon était à peu près dans le même état.

"Si seulement nous avions nos poneys, pensa-t-il. Après tous les efforts que j'ai fait pour les libérer des griffes des trolls, ils se sont enfui. Et nous voilà à courir comme des dératés jusqu'à ce que nous en mourions. Nous ne savons même pas où nous allons."

La compagnie passa devant un rocher, mais soudain Thorin stoppa sa course et regarda la plaine devant lui. Toute la compagnie constata avec effroi et désespoir qu'une autre troupe de Wargs fonçait droit sur eux.
Ils se retournèrent pour voir les deux autres auxquelles ils avaient échappé jusqu'à présent arriver sur eux, l'une par le Nord, l'autre par le Sud-Ouest. Ils étaient piégés, faits comme des rats. Ils n'avaient plus d'endroits où se cacher, ni de direction dans laquelle fuir.
Elsa respirait bruyamment, regardant de tous côtés dans une tentative désespérée pour trouver une solution.
Elle vit ses compagnons nains empoigner leurs armes à deux mains, Bilbon Sacquet reculer en regardant les monstres s'approcher, et Gandalf regarder le rocher devant lequel ils étaient passés puis se diriger vers lui d'un pas décidé. Mais elle était trop paniquée pour se demander ce qu'il faisait.

"En voilà encore d'autres! s'écria le jeune nain à la courte barbe blonde en pointant le sommet d'une colline qui les surplombait."

Elsa leva les yeux pour voir trois Wargs et leurs cavaliers apparaître sur ce sommet, leurs armes menaçantes à la main. C'était fini, ils n'iraient pas plus loin.
Elle avait espéré quitter sa grotte pour vivre de grandes choses avec ses nouveaux camarades, et cela se terminerait ainsi, dévorés par de monstrueuses créatures.

"Rassemblez-vous! cria soudain la voix puissante de Thorin."

Il avait sorti sa nouvelle épée et tenait une hache dans l'autre main. Les nains se rapprochèrent de lui pour former un cercle, toutes armes en mains. Bilbon se tenait un peu plus au centre de ce cercle, tenant dans sa main tremblante sa petite épée, dont la lame brillait d'une lueur bleue à cause de la proximité de tous ces Orques.
Elsa prit alors une grande inspiration et rejoignit ses camarades dans le cercle de défense. Elle ne se laisserait pas piéger comme un rat sans se défendre. Elle en avait assez de toujours fuir et il était temps de faire face au danger.
Elle avait de grands pouvoirs après tout, et elle avait à présent une bonne raison de s'en servir.
Elle fit de son mieux pour se concentrer et fit apparaître dans un rayon d'une vingtaine de mètres autour d'eux une barrière de glace hérissée de grandes stalagmites, pointant menaçantes vers leurs assaillants.
Les nains autour d'elle poussèrent quelques cris de joie et de triomphe. Elsa, malgré la situation, ne put réprimer un petit sourire: cela lui faisait tant de bien de se sentir appréciée pour sa magie.
Lorsque les premiers Wargs arrivèrent devant la barrière de glace, ils cessèrent de courir, se demandant que faire. Ils n'osaient pas approcher des dangereux pics de glace. La compagnie se sentit reprendre un peu de courage, mais cela fut de courte durée.
Les autres loups monstrueux prirent encore davantage d'élan dans leur course avant de s'élancer dans de prodigieux sauts pour passer par dessus le mur gelé.
Elsa sentit son cœur tomber dans sa poitrine lorsque le premier prédateur atterrit sur le sol, de l'autre côté de sa muraille, bientôt rejoint par ses compagnons.
Des flèches furent soudain tirées par le jeune nain à l'arc. Elles touchèrent leurs cibles, faisant tomber des Orques de leurs montures, mais ils étaient trop nombreux. Ils foncèrent sur les nains à pleine vitesse.
Ceux-ci réussirent à les abattre à coup de hache ou d'épée, mais d'autres Wargs passèrent encore par dessus la barrière.
Elsa se sentit désespérée et stupide: ils étaient piégés dans leur propre défense, à cause d'elle. Ils n'avaient plus aucun endroit où se réfugier: se cacher derrière le rocher qui se trouvait dans leurs dos ne servirait à rien et serait stupide.

"Où est Gandalf? demanda un nain."

Elsa trouva la question très juste. Où était passé le magicien? Ils avaient réellement besoin de lui à cet instant.

"Il nous a abandonnés! répondit le nain au crâne tatoué d'un air colérique."

Etait-ce vrai? Non, Elsa refusait de le croire. Et pourtant elle ne le voyait nulle part autour d'eux.

"Il faut tenir! cria Thorin en empoignant encore plus fermement son épée."

Une nouvelle flèche fut tirée, se plantant dans la gorge d'un des Wargs qui s'écroula au sol en gémissant.
Voyant que la compagnie ne se laissait pas abattre facilement, les Wargs s'approchaient un peu plus prudemment, ayant cessé de courir. Mais il ne faisait aucun doute qu'ils finiraient par les avoir, Elsa en était sûre.
Tout était perdu, quand soudain:

"Par ici pauvres fous! cria une vois familière derrière eux."

Tous se retournèrent pour découvrir nul autre que le buste de Gandalf qui sortait de sous le rocher derrière eux.
Le magicien leur fit de grands signes avant de se retourner et de disparaître sous terre.
Elsa et ses compagnons se précipitèrent vers le grand roc, pour découvrir un trou qui descendait sous terre. Etait-ce bien prudent de s'engager dans cette galerie?
Mais Gandalf savait sûrement ce qu'il faisait et, lorsque les grognements des Wargs se firent entendre derrière eux, les nains firent rapidement leur choix.

"Allez-y! dit Thorin à ses camarades en leur indiquant de descendre dans le tunnel."

Il resterait dehors le dernier pour permettre à ses équipiers de se réfugier. C'était un roi et il se comportait noblement avec ses sujets.
Elsa, qui se rappelait de toute l'éducation qu'elle avait reçu dans l'optique de devenir reine un jour, se dit qu'il était de son devoir de faire de même.
Elle se retourna vers les Orques d'un air décidé.

"Que faites-vous? lui demanda Thorin. Descendez avec les autres, mettez-vous à l'abri!
-Non, je serai aussi dans les derniers à descendre. J'ai les moyens de protéger mes camardes."

Sur ces mots elle projeta sur leurs assaillants une gerbe de glace enchantée, emprisonnant la tête de plusieurs d'entre eux dans d'épais blocs de glace. Ceux-ci s'écroulèrent au sol sous le poids de ces glaçons.
La jeune femme, sentant un élan de courage monter en elle, fit souffler un fort vent qui ralentit les créatures dans leur progression.
Mais l'une d'elles, qui se trouvait plus en retrait sur le côté, se mit à courir en direction des nains qui disparaissaient rapidement dans le tunnel.
Mais Thorin l'entendit venir et lui asséna un coup d'épée sur le flanc droit, envoyant la créature s'assommer contre le rocher.
Elsa vit sur sa gauche le jeune nain archer occupé à tirer sur un groupe de Wargs qui s'approchaient d'eux. Mais pourquoi restait-il là? Il fallait qu'il entre dans le tunnel, il retardait l'opération.
Elsa aurait voulu le lui dire mais elle ignorait son nom.

"Kili! lança alors Thorin. Dépêche-toi d'entrer dans ce tunnel."

Le jeune nain rangea alors la flèche qu'il avait sorti de son carquois et courut vers le rocher avant de disparaître sous le sol.
'Kili', se dit Elsa; c'était donc son nom. Elle connaissait à présent le nom de trois des nains: Thorin bien entendu, Balin à la grande barbe blanche et Kili le jeune archer.
Mais elle n'eut guerre le temps pour ce genre de pensée car Thorin l'appela à entrer également dans le tunnel.
La jeune femme fit volte face et se dépêcha d'arriver près du rocher. Elle se tint au dessus du trou descendant sous terre avant de s'accroupir pour sauter de moins haut: elle glissa alors sur une paroi de pierre avant d'atterrir sur un sol de la même matière au milieu de tous les autres nains, ainsi que du hobbit et de Gandalf.
A peine eût elle posé les pieds sur le sol que Thorin les rejoignit: tous étaient à présent à l'abri.
Mais au dehors les hurlements des Wargs se faisaient encore entendre.
Elsa, presque par réflexe, posa sa main sur la paroi de pierre et fit apparaître une épaisse couche de glace qui obstrua le trou par lequel ils étaient tous passés. La lumière passait à travers la vitre gelée et bientôt, la silhouette d'un énorme loup apparut au dessus de celle-ci. Tous retinrent leur respiration, mais le loup se contenta de grogner, voyant qu'il n'avait plus aucun moyen d'entrer.
Cependant, les nains se demandèrent combien de temps il faudrait à lui et ses compagnons pour venir à bout de cette barrière à coups de hache.
Mais soudain, un long bruit retentit au dehors, suffisamment fort pour se faire entendre à travers la couche de glace. Tous les membres de la compagnie se dressèrent: on aurait dit le son d'une trompette ou d'un cor.
Ils virent la silhouette du Warg tourner brusquement la tête, alerté par le bruit, qui se fit entendre une seconde fois, plus proche.
Elsa sentit bientôt le sol au dessus de leurs têtes trembler légèrement, comme s'il était martelé par des sabots. Et en effet, plus le tremblement s'intensifiait, plus on aurait dit une course de nombreux chevaux.
Les nains commencèrent à murmurer, se demandant ce qu'il se passait.
Soudain, la silhouette de l'énorme loup posté au dessus du trou obstrué s'écroula lourdement sur la paroi de glace sans pour autant la briser. Elsa le regarda, se demandant durant quelques secondes ce qu'il s'était passé, avant de voir comme une flaque de couleur rouge devenir de plus en plus grande sur la glace, provenant du corps de la créature.
Elle conclut qu'il avait certainement été touché d'une flèche ou de quelque autre arme de jet.
Et soudain, un vacarme se fit entendre à l'extérieur: les Wargs jappaient et gémissaient, les Orques pestaient dans leur affreuse langue mais d'autres voix se firent entendre. Des voix humaines, bien plus douces que celles des Orques mais tout de même agressives.
La compagnie sentit le sol trembler de toutes parts, indiquant que de nombreuses créatures couraient en tous sens, et distinguèrent même des bruits métalliques de lames qui s'entrechoquent.

"Que se passe-t-il dehors? demanda le nain à l'étrange coupe de cheveux en forme d'étoile.
-Il semble que les Orques aient trouvé de fameux adversaires, répondit le nain à la chapka avec un petit sourire."

Ce fut également ce que se dit Elsa. Mais en pensant à des personnes aidant la compagnie à échapper aux Orques, elle pensa soudain à une personne en particulier.
Une personne qui avait disparu et dont ils n'avaient aucune nouvelle.

"Gandalf, s'exclama-t-elle, qu'est-il arrivé à Radagast? Croyez-vous qu'il s'en est sorti?
-Ah, j'apprécie de voir que vous vous souciez un peu de lui, répondit le magicien avec un sourire. Ne vous inquiétez pas, je le connais bien pour savoir qu'il ne se laisse pas avoir facilement: il est très doué dans l'art de la dissimulation et passe le plus clair de ses journées à échapper au regard des Hommes. Et ses lapins m'ont l'air tout à fait assez rapides pour échapper aux Wargs."

L'agitation sembla cesser au-dessus d'eux: plus de cris n'étaient poussés, les lames ne s'entrechoquaient plus  et les bruits de sabot semblaient s'éloigner.
Tous les membres de la compagnie semblèrent enfin soulagés, reprenant leur souffle et leurs esprits, se remettant de la course effrénée qu'ils venaient de mener.
Mais Kili le jeune nain leva la tête, regardant l'épaisse lucarne de glace obstruant le trou donnant sur l'extérieur.

"Miss Elsa, demanda-t-il en se tournant vers elle, serez-vous capable de libérer la sortie?"

Elsa regarda à son tour la glace, et sembla soudain très angoissée.

"N... Non je, répondit-elle, gênée de sa propre erreur, je peux seulement créer la glace."

Tous les nains se tournèrent vers elle, avec des yeux ronds et incrédules.
Elsa se sentit extrêmement mal: ils étaient coincés ici par sa faute, sa glace était magique et ne se laissait pas abattre facilement par des coups de hache.
Elle se sentit stupide et regretta d'avoir agi trop rapidement. Elle savait pourtant que jamais elle n'avait été capable de faire disparaître la neige et la glace qu'elle créait.

"Qu'allons-nous faire? demanda le nain à la barbe blanche et tressée. Notre quête finira ainsi? Nous avons échappé aux griffes des Wargs et des Orques pour mourir asphyxiés dans un trou sous terre?
-Maître Dori, dit Gandalf, croyez-vous que je vous ai fait descendre ici par hasard?"

Tous se tournèrent vers lui, d'un air intrigué mais surtout plein d'espoir.

"Je connaissais l'existence de ce souterrain et étais à sa recherche depuis le début de la poursuite des Wargs. Il y a tunnel, plus loin sur notre droite. Nous pouvons l'emprunter et sortir de sous terre."

A ces mots, le nain au crâne rasé s'avança dans le noir sur leur droite comme éclaireur.

"Ne pouvez-vous vraiment pas défaire votre glace? demanda une petite voix à Elsa."

Celle-ci baissa la tête pour voir Bilbon à côté d'elle, regardant l'obscurité d'un air peu rassuré.
La dame des neiges détourna le regard, éhontée.

"Non, je suis désolée.
-Je ne vois pas le bout du tunnel, lança la voix du nain parti en éclaireur. Doit-on l'emprunter?
-On l'emprunte, répondit la nain à la chapka en s'avançant à son tour dans le noir. Bien sûr qu'on l'emprunte."

Tous les autres s'engagèrent alors à sa suite, optant pour la seule option qui se présentait à eux.
Elsa se trouva à peu près en milieu de file, juste derrière Thorin. Bilbon et Gandalf fermaient la marche.
Ils avancèrent dans le noir pendant de longues minutes, sans dire mot. Le tunnel, malgré quelques serpentements, était relativement droit; mais était également très étroit. Elsa devait parfois avancer de profil pour passer entre les deux parois, et se prenait régulièrement les pieds dans des pierres sur le sol.
Sa robe s'en trouva encore un peu déchirée par endroits.
"Ce n'est vraiment pas bon pour les aventures" pensa-t-elle.
Au bout d'un long moment, le tunnel devint un peu plus large et une longue faille au-dessus de leurs têtes laissait entrer un mince rideau de lumière.
Elsa, dont les yeux s'étaient également habitués à l'obscurité, arrivait maintenant à bien voir devant elle et à éviter les cailloux.
A quelques pas devant elle, Thorin avançait d'un pas ferme mais méfiant. Elsa regarda son épée rangée dans son fourreau lui-même accroché dans son dos.
Mais elle remarqua aussi qu'il portait, fixé au côté de son sac, un grand morceau de bois renforcé aux deux extrémités par du métal sculpté.
Elsa reconnut le bois: il provenait certainement d'une branche de chêne; mais elle se demanda à quoi cela pouvait bien servir à Thorin. Elle n'osa cependant rien dire, encore un peu honteuse d'avoir bouché la sortie beaucoup plus directe qui s'offrait à eux.
Le tunnel prit soudain une descente assez raide, et les membres de la compagnie durent se laisser glisser comme sur un toboggan.
Lorsque le sol redevint à peu près plat, Elsa sentit quelque chose dans l'air autour d'elle.
Ce n'était pas une odeur, elle le sentait sur sa peau, dans sa tête, dans ses sens. Elle avait l'impression de sentir de petites étoiles lui trotter sur la peau du visage, et d'entendre de toutes petites voix chanter des airs enchanteurs dans sa tête. Elle avait l'impression de sentir comme... De la magie tout autour d'elle, et remarqua que les nains semblaient la sentir également.
La jeune femme se demanda ce qu'ils trouveraient au bout de cet interminable tunnel.
Enfin, après ce qui sembla être une éternité, Elsa vit le bout du passage souterrain: une fenêtre de lumière qui s'agrandissait au fur et à mesure qu'elle avançait vers elle. Lorsqu'enfin elle passa par cette ouverture, elle respira un air frais et ferma les yeux, sentant un léger vent raffermissant sur son visage.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle découvrit l'endroit où ils étaient arrivés: ils se trouvaient sur un petit plateau rocheux, directement sur la paroi d'une falaise. Celle-ci se dressait derrière eux, et ils n'en voyaient pas le sommet.
Tous les nains, ainsi que Bilbon et Gandalf étaient à présent sortis du tunnel.
Mais ce qui captiva surtout l'attention d'Elsa, ce fut ce qui leur faisait face: en face d'eux, en face de la falaise, se trouvait une autre falaise mais en pente beaucoup plus douce, couverte d'arbres et de verdure.
Entre les pieds de ces immenses pentes rocheuses, loin au dessous des nains, coulait une rivière étroite mais au courant tumultueux.
Mais surtout, sur la falaise en pente douce, se trouvait rien d'autre qu'une cité: de nombreuses et gracieuses maisons se tenaient sur une grande corniche. Ces maisons avaient toutes des formes courbes, élégantes, et étaient de couleur blanche, nacrée ou beige; des couleurs très apaisantes.
La lumière du Soleil déclinant éclairait cette cité d'un éclat doré, et ses rayons traversaient les gouttes d'une cascade qui coulait le long de la falaise, juste à côté des élégantes bâtisses, produisant un bel arc-en-ciel au dessus des arbres verdoyants qui couvraient la falaise.
Elsa resta subjuguée par la beauté de la vue qui s'offrait à elle. Elle se dit que ce paysage illustrait parfaitement la sensation de magie qu'elle avait senti dans l'air.
Elle jeta un coup d'œil à ses compagnons: Bilbon avait exactement la même expression émerveillée qu'elle sur le visage.
Certains des nains semblaient également impressionnés, mais d'autres, en particulier Thorin, affichaient une expression de mécontentement.
Elsa se demanda qu'est-ce qui pouvait bien les pousser à faire cette tête devant un paysage si merveilleux.


"La vallée d'Imladris, dit soudain la voix de Gandalf qui s'avança vers le bord de la falaise. Dans la langue commune on la connait sous un autre nom.
-Fondcombe, compléta Bilbon sans quitter des yeux la falaise verdoyante. J'ai lu beaucoup de choses à propos d'elle."

Elsa se promit de toujours se souvenir de ce nom: la vallée d'Imladris, aussi appelée Fondcombe.

"Ici se trouve la dernière maison simple à l'Est de la mer, ajouta encore Gandalf."

Soudain, Thorin se tourna vers lui, une expression colérique sur le visage.

"C'était votre plan depuis le début! lança-t-il d'un ton accusateur. Trouver refuge chez notre ennemi.
-Vous n'avez aucun ennemi ici, Thorin Ecu de chêne, répondit le magicien d'un ton un peu agacé. La seule animosité dans cette vallée est celle que vous avez amené avec vous.  
-Croyez-vous que les elfes nous encourageront à poursuivre notre quête? demanda le roi des nains. Ils voudront nous en empêcher.
-Sans aucun doute, admit le vieux barbu. Mais nous avons besoin de réponses à nos questions. Si nous voulons les obtenir, il nous faudra faire preuve de tact, de respect et d'une bonne dose de charme. C'est pourquoi vous devrez me laisser parler."

Puis, sans attendre la prochaine réponse de Thorin, Gandalf s'engagea sur un sentier qui descendait le long de la falaise, avant de bifurquer pour se diriger vers un pont qui traversait la rivière et rejoignait la cité de Fondcombe.
Les nains, d'abord réticents, finirent par le suivre.
Cette fois, Elsa se trouvait à l'arrière de la marche, seul Bilbon était derrière elle. Elle pensait à ce qu'elle venait d'apprendre sur cette vallée, et cela excitait sa curiosité.

"Il y a des elfes ici? finit-elle par demander au hobbit derrière elle.
-Bien sûr, répondit celui-ci. Imladris est connue de tous les habitants de la Comté; toutes les familles de hobbits ont au moins un livre qui parle d'elle et des elfes qui y vivent depuis des temps très anciens. Vous n'en aviez jamais entendu parler?"

Elsa secoua négativement la tête. Elle se demanda à quoi pouvaient bien ressembler les elfes: ce devaient être des gens merveilleux pour vivre dans un pareil endroit. La curiosité et l'excitation d'Elsa continuèrent d'augmenter au fur et à mesure que le groupe avançait sur le sentier.
Ils finirent par traverser le pont qui menait à la cour d'entrée de la cité de Fondcombe. C'était un beau pont de pierre lisse, dans laquelle étaient gravés d'élégants motifs courbes et emmêlés. Tous les membres de la compagnie avançaient lentement, prenant le temps de lever et tourner la tête pour observer le paysage autour d'eux.
Le Soleil descendant peu à peu vers l'horizon éclairait la vallée couverte d'arbres verdoyants, et se reflétait dans l'eau courante de la rivière, qui produisait un agréable et apaisant bruit de fond.
Elsa mit un certain temps avant de détourner le regard de cette magnifique vue et de terminer la traversée du pont.
La compagnie passa entre deux statues de la même pierre que le pont, représentant deux hommes en armure et portant des capes ainsi qu'un casque sur la tête, se tenant droits, chacun une lance en main.
Puis Elsa et ses compagnons arrivèrent sur un genre de terrasse circulaire, à laquelle les deux statues servaient en quelque sorte de porte d'entrée.
La place était bordée de quelques figuiers et châtaigniers aux feuilles joliment vertes.
Mais ce qui retint surtout l'attention d'Elsa, ce furent les bâtiments qui entouraient la place où se trouvaient les seize compagnons: sur leur gauche, une maison de couleur nacrée, au toit en pointe, soutenu par des colonnes et à la façade décorée d'une sculpture en or.
Face aux deux statues des hommes en armure, se trouvait un escalier montant vers un bâtiment aux belles fenêtres sculptées et donnant sur des balcons tout aussi travaillés.
Et plus loin, sur un haut rocher, se trouvait un bâtiment plus grand que les autres, certainement l'édifice principal.
Et derrière toutes ces habitations, les surplombant, se dressait la grande falaise d'où coulaient plusieurs cascades qui produisaient un bruit se répercutant en écho entre les différentes bâtisses de la cité de Fondcombe.
Elsa remarqua que même les nains qui semblaient les plus réticents à leur arrivée dans cette vallée regardaient à présent ce paysage avec de grands yeux, et la bouche légèrement entrouverte.
Elle vit également que Bilbon avait à peu de choses près la même réaction qu'elle: il regardait autour de lui le paysage et au dessus de lui le ciel couvert de quelques nuages blancs mais illuminé par la lumière du Soleil déclinant.
Mais, contrairement à Elsa, qui ouvrait de grands yeux tant elle peinait à croire ce qu'elle voyait, il avait sur les lèvres un grand sourire, comme s'il était extrêmement heureux de découvrir enfin un endroit dont il avait longtemps entendu parler.


Dernière édition par M.Baggins le Ven 06 Mar 2015, 21:31, édité 1 fois
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Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie) - Page 5 Empty Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 1) (fanfiction finie)

Ven 06 Mar 2015, 21:16
Chapitre 7 (suite):

Après s'être remise de son émerveillement, Elsa remarqua que rien ne bougeait aux fenêtres des maisons: où étaient les elfes? Et que faisaient-ils ici, sur cette place, à attendre?
Mais soudain une voix se fit entendre:

"Mithrandir."

Tous se tournèrent vers les escaliers faisant face aux statues.
Elsa vit alors un homme grand et fin, vêtu d'une élégante tunique violette et portant de longs cheveux bruns. Mais ce qui frappa surtout Elsa, furent les oreilles pointues de l'homme.
Ceci rappela quelque chose à la jeune femme; elle était sûre d'avoir déjà observé ce détail quelque part ailleurs... Mais où?

"Ah, Lindir! s'exclama Gandalf d'un ton réjoui."

Il s'avança alors vers ce Lindir, pendant que les nains se chuchotèrent quelques mots à l'oreille en regardant le nouveau venu.
Cette attitude parut très déplacée à Elsa.
Soudain, Lindir s'adressa à Gandalf avec une succession de sonorités dont la jeune femme ne saisit absolument pas le sens. Elle mit quelques secondes avant de comprendre qu'il devait s'agir de la langue des elfes.
Cette langue était douce, coulante, avec des 'r' joliment roulés.

"Je dois parler au seigneur Elrond, expliqua Gandalf.
-Le seigneur Elrond n'est pas ici, répondit Lindir en regardant à son tour les nains.
-Pas ici... répéta Gandalf d'un ton un peu surpris. Où est-il?"

Mais avant que Lindir n'eut pu répondre, un bruit derrière les compagnons se fit entendre: le long souffle d'un cor, qu'Elsa reconnut immédiatement. C'était le même cor que celui qu'ils avaient entendu plus tôt lorsqu'ils étaient groupés dans leur cachette souterraine, avant que les Orques ne se fassent chasser par de mystérieuses personnes.
Tous se tournèrent alors vers les statues, car le son provenait de l'autre côté du pont qu'ils avaient traversé.
Elsa vit alors ceux qui avaient soufflé dans le cor: une troupe de cavaliers arrivait vers eux, en s'engageant au galop sur le pont de pierre.
Mais lorsqu'ils furent plus près, et qu'Elsa vit que les cavaliers portaient des armures, des épées et pour certains des lances, elle se demanda soudain si cela n'était pas une nouvelle attaque.
Les nains eurent apparemment la même réaction qu'elle.

"Attention! s'écria Thorin. Serrez les rangs."

Les nains se placèrent en formation circulaire, et Elsa et Bilbon furent entraînés à l'intérieur du cercle.
Les cavaliers continuaient leur course: ils arrivaient maintenant au niveau des statues et entraient un par un au trot sur la place. Ils se mirent tous à décrire des cercles avec leurs chevaux autour du groupe, encerclant les nains qui brandissaient leurs armes, prêts à se battre.
Mais Elsa, qui avait remarqué les oreilles pointues des cavaliers, comprit qu'il s'agissait d'elfes et un combat était la dernière chose qu'elle souhaitait.
Et celui-ci fut heureusement évité: très vite les elfes cessèrent leur petit jeu et brisèrent le cercle qu'ils décrivaient avec leurs montures, se dispersant un peu partout sur la terrasse. Alors, un dernier cavalier s'avança sur la place. Il était monté sur grand cheval noir, et devait être un chef car son armure était différente de celles des autres, et il portait une couronne d'argent sur le front.
Il avait un visage fier, des yeux reflétant une lueur très ancienne, des cheveux longs, lisses et d'un noir de geai, et des oreilles tout aussi pointues que celles de ses cavaliers.

"Gandalf! lança-t-il à l'adresse du vieil homme en gris avec un grand sourire.
-Seigneur Elrond, lui répondit le magicien avec la même expression."

Il inclina alors la tête et fit un geste élégant du bras, pour saluer le seigneur Elrond, avant de s'adresser à celui-ci dans la langue des elfes. Le seigneur elfe lui répondit alors dans cette même langue avant de descendre de son cheval.
Elsa n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils pouvaient bien se dire, mais elle trouvait cette langue vraiment belle à entendre.
Elrond s'approcha alors de Gandalf en lui adressant encore une longue phrase en elfique, avant de l'étreindre comme un ami.
Elsa remarqua alors qu'il tenait dans sa main une arme: une arme qui ne pouvait appartenir qu'à des Orques. Le seigneur elfe la montra alors au magicien puis dit cette fois dans la langue qu'Elsa comprenait:

"C'est étrange que des Orques s'approchent si près de nos frontières."

La jeune femme eut alors la confirmation de ce qu'elle pensait: c'étaient le seigneur Elrond et ses cavaliers qui avaient attaqué les Orques pendant qu'eux étaient cachés sous terre.

"Quelque chose, ou quelqu'un les a attirés par ici, reprit Elrond en confiant l'arme à Lindir.
-Ah, il se peut que ce soit nous, répondit Gandalf en se tournant vers ses camarades."

Le seigneur Elrond posa alors pour la première fois le regard sur la compagnie des nains, du hobbit et de la jeune femme. Son regard resta totalement neutre en voyant ces compagnons, mais lorsqu'il se posa sur Thorin, son expression devint légèrement plus chaleureuse.
Il s'avança alors vers celui-ci:

"Bienvenue Thorin, fils de Thraïn, dit-il d'un ton tout à fait accueillant.
-Il ne me semble pas vous connaître, répondit le roi des nains en s'efforçant de paraître le plus respectueux possible, bien qu'une légère expression renfrognée se trouvât sur son visage.
-Vous me rappelez votre grand-père, dit le seigneur Elrond. J'ai connu Thror lorsqu'il régnait sous la Montagne.
-Ah oui? s'étonna Thorin. Jamais il n'a parlé de vous."

Une expression étrange passa alors sur le visage du seigneur elfe: ses yeux se plissèrent légèrement et il serra les lèvres.
Puis il se tourna vers Gandalf, en regardant le ciel au dessus de lui.

"Ce qui était plus étrange encore, reprit-il, c'était ce brouillard hivernal qui a déferlé sur la plaine. Savez-vous d'où il  provenait?"

Gandalf ne répondit pas, mais se contenta de jeter un regard à Elsa.
Celle-ci se sentit alors apeurée: elle se raidit, une boule se forma dans sa gorge et son cœur se mit à battre frénétiquement. Comment avait-elle pu penser que son brouillard passerait inaperçu?
Les nains avaient accueilli ses talents avec joie, mais qu'en était-il des elfes? Réagiraient-ils de la même manière? Elsa se demanda si elle devait se désigner comme la  responsable de cette vague de brume; mais le silence qui s'était installé devenait pesant, et si elle ne le faisait pas, Gandalf le dirait sûrement à sa place.
Elle s'avança alors hors du cercle des nains et prit la parole:

"Eh bien c'est moi qui ai créé ce brouillard."

Elle prit alors un grande inspiration, comme si elle venait de fournir un effort très intense. Jamais auparavant elle n'avait confié à quiconque de manière si directe son secret.
Elrond la regarda un instant avec son visage impassible, avant de dire:

"Bienvenue, jeune dame. Quel est votre nom?
-Elsa, répondit-elle, rassurée. Elsa d'Arendelle."

Le seigneur elfe fronça alors les sourcils.

"Je n'ai jamais entendu parler de ce royaume, s'étonna-t-il.
-Il est... commença-t-elle, très loin d'ici. Cela ne m'étonne pas."

A son grand soulagement, Elrond ne reparla plus du brouillard.
Il se retourna vers les nains puis déclama quelque chose dans sa langue.
Ni Elsa, ni aucun des nains ne saisirent le sens de ses propos.

"Qu'est-ce qu'il a dit? demanda alors le nain à l'imposante barbe rousse d'un ton courroucé. Est-ce qu'il vient de nous insulter?
-Non, maître Gloïn, répondit Gandalf avec un sourire. Il vient de nous inviter."

Surpris, les nains prirent alors quelques secondes pour délibérer au sujet de l'information, avant de se retourner vers le seigneur elfe.

"Dans ce cas, reprit Gloïn, allons-y."

Tous, elfes, nains, hobbit et humaine se dirigèrent alors vers les escaliers faisant face aux deux statues.
Elsa regardait le seigneur Elrond monter les marches avec une prestance impressionnante et des mouvements gracieux.
Elle se rappela alors où elle avait déjà vu des créatures avec des oreilles pointues comme celles-ci. Elle en avait aperçues quelques unes au loin dans la forêt lorsqu'elle vivait dans sa grotte.
Elle les avait à l'époque pris pour des créatures divines.

"Sont-ce des anges? demanda-t-elle dans le vide, sans s'adresser à quelqu'un en particulier."

Mais les nains les plus proches se tournèrent alors vers elle en la regardant comme si elle était devenue folle.

"Des anges? s'étonna Balin. Sûrement pas, ce sont des elfes. Des elfes.
-Et ce n'est pas une race à laquelle on peut faire confiance, rétorqua Gloïn à voix basse. Demandez à Thorin et à tous ceux qui ont été chassés jadis de la Montagne solitaire."

Elsa entendit ces paroles, et se demanda de quoi il pouvait parler.

Le repas que reçut Elsa ce soir là fut sans aucun doute le plus copieux depuis plus de trois ans.
Le diner se donnait sur une grande terrasse, en hauteur au dessus d'une falaise, baignée dans la lumière du Soleil maintenant couchant.
Les nains et Bilbon étaient assis autour de deux tables basses au centre de la terrasse; quant à Gandalf, Thorin et Elsa, ils étaient assis à la table d'Elrond, sur un côté de la place légèrement surélevé par rapport au reste.
De nombreux musiciens elfes jouaient de la harpe et de la flute pendant que quelques danseurs effectuaient de gracieux mouvements.
Elsa se laissait bercer par le doux son de cette musique calme et apaisante, comme le bruit des ruisseaux qu'elle aimait écouter lors de ses journées passées dans la forêt. Les elfes étaient de fins musiciens, mais également de talentueux cuisiniers.
Elsa, qui ne pouvait cacher le fait qu'elle avait faim, après avoir passé des années à se nourrir des maigres repas qu'elle pouvait acheter en ville, se servait de tout ce qui était présent dans les plateaux sur la table: du bon pain, des fruits frais, des légumes chauds, du délicieux fromage, des salades sophistiquées, diverses sauces, des gâteaux aux fruits, aux œufs, parfumés à la vanille, et aussi du bon vin.
La seule chose qui manquait au goût d'Elsa, était un bon morceau de viande cuite, ou un délicieux poisson fraîchement pêché.
Mais les elfes ne tenaient apparemment pas ce genre de régime alimentaire, et Elsa ne voulait pas déranger les cuisiniers alors que le repas était déjà succulent.
Lorsqu'elle eut un peu soulagé sa faim, elle écouta davantage ce qui se disait à sa table. Le seigneur Elrond était en train d'examiner les épées que Gandalf et Thorin avaient trouvées dans la caverne des trolls.
Il prit l'épée à la lame courbe du roi nain et la sortit de son fourreau, regardant l'éclat de la lame.

"Ah! fit-il. Celle-ci c'est Orcrist, le fendoir à Gobelins. Une lame renommée, forgée par les hauts elfes de l'Ouest. Ceux de mon clan. Puisse-t-elle bien vous servir."

Il remit l'épée Orcrist dans son fourreau et la rendit à Thorin qui le remercia d'une inclinaison de la tête.
Puis le seigneur elfe se saisit de l'épée de Gandalf, sortit l'arme de son fourreau et observa la lame droite et brillante.  

"Et celle-ci c'est Glamdring, dit-il. Le marteau à ennemis, l'épée du roi de Gondolin."

Il rangea Glamdring dans son fourreau et la rendit au magicien.
Elsa fut intéressée par ces détails: elle avait toujours beaucoup aimé les cours d'Histoire que lui donnaient ses professeurs lorsqu'elle était au château d'Arendelle, et apprendre l'Histoire des peuples elfes, nains et autres l'aurait passionné.

"Ces épées furent forgées jadis pour les guerres contre les Gobelins venus du Nord, expliqua Elrond."

A la table des nains, Bilbon écoutait ce qui se disait du côté de Gandalf et du seigneur elfe, et en entendant parler de l'Histoire de ces épées, il pensa à la sienne: la dague que Gandalf lui avait donné. Il se demanda si elle avait un nom, et si c'était également une "lame renommée".
Le hobbit prit alors son arme en main et la tira un peu de son fourreau pour en découvrir la lame. Il se demanda un instant s'il oserait se lever pour aller la montrer au seigneur Elrond.

"Ce n'est pas la peine, mon gars, dit soudain la voix de Balin à côté de Bilbon. On baptise les épées pour les exploits qu'elles accomplissent lors d'une guerre.
-Voulez-vous dire que la mienne n'a pas connu de bataille? demanda le hobbit.
-Je ne suis pas sûr que ce soit une épée, répondit le nain à la barbe blanche. C'est plus un coupe-papier à vrai dire."

M. Sacquet baissa les yeux sur sa petite arme. Il ne savait pas pourquoi mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu déçu.
Il se dit que Balin avait sûrement raison, et que cette dague était pareille à lui dans le vaste monde: anonyme.

"Comment les avez-vous eues? demanda Elrond à Gandalf d'un air à la fois intrigué et impressionné.
-Nous les avons trouvées dans un butin de trolls, répondit le magicien, sur la grande route de l'Est. Peu avant d'être pris en chasse par des Orques."

Thorin jeta alors un regard appuyé à Gandalf, comme pour lui faire comprendre qu'il en avait déjà trop dit.

"Et que faisiez-vous sur la grande route de l'Est? demanda Elrond."

Gandalf ayant remarqué le regard de Thorin ne répondit pas au seigneur elfe, mais un silence étrange s'installa alors à la table. Elsa le remarqua et se demanda ce qui pouvait bien se passer.
Thorin se leva alors de sa chaise et salua la tablée:

"Excusez-moi, dit-il avant de quitter la table et de s'éloigner à l'intérieur du bâtiment."

Personne ne dit mot pendant quelques instants après ce départ.
Mais le seigneur Elrond dirigea alors son attention vers Elsa.

"Si je puis me permettre de demander, mademoiselle Elsa, je ne peux m'empêcher d'être curieux de savoir pourquoi quelqu'un voyagerait si loin de son royaume."

Elsa ne savait pas comment répondre à cette question.
Cela avait été une erreur d'évoquer Arendelle, même si cela était évidemment plus correct que de ne rien répondre à la question du seigneur elfe. Elle ne souhaitait vraiment pas raconter qu'elle venait d'un autre monde, de peur de passer pour une folle.
Son cœur battait, le verre qu'elle tenait dans sa main commençait à se couvrir de givre. Elle s'empressa alors de le lâcher, avant de répondre en balbutiant:

"Je... J'avais besoin de quitter la maison. De prendre un bol d'air frais, de partir en voyage."

Ce n'était pas réellement un mensonge mais c'était loin d'être toute la vérité. Cependant, Elrond sembla satisfait de cette réponse et ne posa plus de question à Elsa à ce sujet.
A un moment, il se tourna pour regarder les nains manger à leurs tables.

"Treize nains, un semi-homme et une humaine, remarqua le seigneur elfe, sans cependant aucune forme de moquerie ou d'irrespect. D'étranges compagnons de voyage, Gandalf.
-Ce sont des descendants de la maison de Durin, répondit le magicien. Des gens dignes, respectables et étonnamment cultivés. Ils ont un amour profond des arts."

Et c'était vrai: les descendants de Durin étaient des gens extrêmement habiles de leurs mains, appréciant beaucoup l'art de la sculpture, de l'architecture et de la forge.
Et ils affectionnaient tout particulièrement le chant et la musique. Simplement, les musiques des nains et des elfes étaient différentes: là où les elfes utilisaient les harpes et les flutes pour jouer des airs enchanteurs, coulants comme des ruisseaux et berçants comme des chansons de fées, les nains préféraient utiliser ces instruments ainsi que des violons, des tambours et des cors pour jouer des airs puissants, profonds et résonnants.

"Vous ne voulez pas nous jouer autre chose? dit le nain à l'étrange coupe de cheveux rappelant une étoile à l'adresse d'une joueuse de harpe. J'ai l'impression d'être à un enterrement.
-Quelqu'un est mort? demanda le vieux nain à la barbe grisonnante en portant son cornet d'audition à son oreille.
-Allez les gars il n'y a qu'une chose à faire, lança le nain à la chapka avant de se lever et de monter sur une petite table de pierre circulaire."

Il se mit alors à chanter une chanson à propos d'une auberge et de la bière que l'on y brasse, qui donne du baume au cœur à n'importe qui la goutte.
Il fut bientôt rejoint dans son chant par ses compagnons qui s'affairèrent à produire des sons de percussions avec leurs couverts, et jetèrent même de la nourriture dans les airs à la fin de leur petit spectacle.
Le seigneur Elrond regarda Gandalf d'un air désapprobateur, et celui-ci détourna le regard, mais Elsa ne put s'empêcher d'avoir un petit rire. Ce nain à la chapka chantait très juste, bien que sa chanson fut assez paillarde.
Le reste de la soirée se déroula tranquillement, et le repas se termina dans le calme.

Après le diner, lorsque le Soleil fut couché, Elsa fut conduite à une chambre par un des serviteurs du seigneur Elrond.
Après être passés entre différents bâtiments et avoir traversé différents ponts, ils arrivèrent à de petits escaliers entre des buissons en fleurs menant à une porte joliment sculptée.
Le valet ouvrit la porte à Elsa qui découvrit une pièce spacieuse, avec un grand lit couvert de draps blancs, et un balcon donnant une splendide vue sur la vallée d'Imladris.

"Cette chambre, expliqua l'elfe, appartient à la dame Arwen, la fille du seigneur Elrond.
-Et où est-elle? demanda Elsa.
-Elle séjourne avec des relations en Lothlorien, répondit le valet d'Elrond. Vous pouvez ce soir considérer cette chambre comme la vôtre.
-Eh bien, vous remercierez le seigneur Elrond de ma part, ainsi que sa fille lorsqu'elle reviendra."

L'elfe s'inclina et sortit de la chambre en fermant la porte, laissant Elsa seule.
Depuis le lever du Soleil, lorsqu'elle avait gelé les trois trolls, elle avait voyagé en groupe, en compagnie des nains, du hobbit et de Gandalf, et maintenant, au coucher du Soleil, elle se retrouvait à nouveau seule.
Mais cela lui faisait un certain bien. Après avoir passé dix sept ans complètement isolée du reste du monde, puis avoir soudain voyagé toute une journée en compagnie de quinze personnes, qui plus est avoir voyagé en courant pour échapper à de redoutables chasseurs et loups monstrueux, un moment de solitude pour récupérer était le bienvenu.
Elsa, fatiguée de sa journée pour le moins éprouvante, se laissa tomber sur le lit doux et moelleux.
Elle resta un moment sans penser à rien, se délectant simplement du doux toucher des draps du lit et de la légère brise fraîche qui pénétrait dans la chambre par la porte du balcon. Elsa n'arrivait pas à le croire: elle se trouvait dans un autre monde que le sien, chez des gens merveilleux tels que les elfes, alors qu'elle avait fui son château pensant vivre une vie rude au milieu des montagnes.
Son château...
Cette pensée revint brusquement à l'esprit de la jeune femme.
Son château qu'elle avait abandonné le soir même où elle avait été couronnée reine, laissant ses habitants, ses domestiques, ses ministres,... Sa sœur.
Anna, sa petite sœur qui avait subi tant de chagrin sans même comprendre quelle en était la raison. Sa sœur, qui l'avait appelée de nombreuses fois à revenir depuis son départ, sans qu'Elsa puisse répondre positivement à ses demandes, ne sachant absolument pas comment faire pour rentrer à Arendelle.
Elle pensa que si elle ne s'était pas enfuie, elle n'aurait certainement pas à se poser cette question. Elle se demanda si elle avait fait le bon choix, si toute cette vie qu'elle avait menée durant ces trois dernières années valait le fait d'avoir abandonné son peuple.
Bien sûr, en tant que reine elle devait protection à ses sujets, mais lors de cette soirée du couronnement, la plus grande menace était elle-même. Alors ne les avait-elle pas protégés en s'exilant de son royaume?
Si, sans doute que si.
Mais tout de même, comment les gens s'en sortaient-ils maintenant? Anna avait-elle fini par prendre les rennes du gouvernement?
Elsa n'en savait rien; et se sentit pour la première fois vraiment honteuse d'avoir ainsi fui son royaume.

"Suis-je une lâche? se demanda-t-elle, ce mot perçant son âme."

Elle essaya alors de chasser toutes ces pensées de son esprit. Elle tenta de se concentrer sur cette aventure dans laquelle elle s'était embarquée.
Mais cette pensée ne soulagea pas vraiment son esprit: durant plus de treize ans elle était restée enfermée dans sa chambre à l'intérieur des murs de son château, puis elle avait ensuite passé presque trois ans à vivre cachée dans une caverne au fon d'un bois, et à présent, elle était engagée dans un long voyage au bout duquel l'attendait un dragon.
Elle se demanda alors soudain pourquoi elle avait choisi de prendre part à ce voyage, mais l'idée de retourner vivre seule dans sa caverne avec ses fantômes du passé lui parut peu attirante et la réponse à sa question fut vite trouvée.
Elle se leva alors du lit et sortit sur le balcon pour s'aérer l'esprit. La brise fraîche lui caressa le visage et lui fit oublier un instant tous ses tracas.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle découvrit une vallée endormie, animée seulement par le bruit de la rivière qui coulait loin au dessous entre les deux falaises, et baignée dans la lumière de la Lune.
Une vision bien propice à donner de beaux rêves à n'importe qui.

Plus loin, dans un bâtiment à l'autre bout de la cité, le seigneur Elrond, Gandalf, Thorin, Bilbon et Balin étaient encore debout.

"Les affaires de mon peuple ne regardent pas les elfes, dit Thorin sur un ton affirmatif et intransigeant.  
-Au nom du ciel, Thorin, montrez-lui la carte, répliqua Gandalf d'un ton suppliant et presque exaspéré.
-C'est l'héritage de mon peuple, répondit le roi nain, je dois le protéger. Lui et ses secrets.
-Qu'on me préserve de l'entêtement des nains, soupira le magicien. Votre orgueil causera votre perte. Vous êtes chez l'une des rares personnes en Terre du Milieu qui puisse lire cette carte. Montrez-là au seigneur Elrond!"

Thorin resta un moment immobile, le visage immuable.
Lui et le seigneur Elrond ne se quittèrent pas des yeux, le roi des nains lui lançant un regard accusateur, comme si l'elfe venait de tenter de lui voler un bien extrêmement précieux. Bilbon regardait la scène sans oser dire mot: pourquoi les nains et les elfes s'accordaient-ils si mal?
Finalement, Thorin daigna sortir de son immobilité et sortit d'une de ses poches un bout de parchemin plié. Puis il s'avança lentement vers le seigneur Elrond.

"Thorin, non! protesta Balin en retenant le bras de son souverain."

Mais celui-ci se dégagea de l'étreinte et tendit, pourtant très réticent, la carte au seigneur de la vallée.
Celui-ci, pour ne pas envenimer la situation, prit l'objet avec délicatesse et inclina la tête pour remercier le roi nain de lui accorder ainsi sa confiance.
Il déplia alors doucement la carte et l'observa à la lumière de la Lune qui pénétrait dans la pièce par les carreaux des fenêtres.
Soudain, son visage prit une expression grave.

"Erebor, dit-il en portant son regard sur Thorin. La Montagne solitaire."

En effet, cette carte représentait la Montagne des nains, la situation de la porte principale ainsi que les grandes routes qui y menaient.
De nombreuses runes étaient inscrites sur le parchemin, faisant notamment mention d'une porte secrète quelque part sur l'un des flancs de la Montagne. Seulement, ces runes ne précisaient nullement où et comment la trouver.
Cette carte avait été dessinée par Thror, le grand-père de Thorin, au début de son règne sous la Montagne. Elle était ensuite passée entre les mains de Thraïn, fils de Thror et père de Thorin. Et avait finalement fini entre les mains de Thorin lors de cette soirée à Cul-de-Sac, lorsque la compagnie des nains s'était réunie chez M. Sacquet.
Gandalf avait alors expliqué qu'ils auraient besoin de l'aide de personnes capables de déchiffrer cette carte pour découvrir l'emplacement exact de la porte secrète.
Cependant, ni Thorin ni Gandalf ne souhaitaient révéler la nature exacte de leur quête. Surtout pas aux elfes, pour Thorin.

"De quelle nature est votre intérêt pour cette carte? demanda Elrond d'un ton légèrement suspicieux.
-Il est d'ordre intellectuel, mentit Gandalf. Comme vous le savez, ce genre d'objet contient parfois des textes cachés."

Le seigneur elfe se plongea dans la lecture des runes présentes sur la carte, puis observa ensuite l'objet dans ses moindres détails. Il caressa de ses doigts le parchemin, puis se tourna vers les fenêtres pour plonger pleinement l'objet dans le rayonnement de la Lune.
Il plissa les yeux, réfléchit un moment puis finit par dire dans sa langue:

"Ah, Kils Ithíl.
-Des runes lunaires! traduisit Gandalf. Bien sûr, comment n'y ai-je pas pensé plus tôt?
-Des... Des runes lunaires? demanda Bilbon à l'adresse du magicien. Qu'est-ce que cela?
-Les runes lunaires sont une forme d'écriture enchantée jadis très utilisée par les nains, répondit Elrond à la place de Gandalf. Elles ont été inventées par certains de vos lointains ancêtres, Thorin. Ils les traçaient avec des pointes d'argent.
-Elles sont difficiles à repérer, ajouta Gandalf à l'adresse du petit hobbit.
-Dans le cas présent c'est vrai, reprit le seigneur Elrond, les runes lunaires ne peuvent être lues qu'à la lumière d'une Lune de même forme et de même saison que celle sous laquelle elles ont été tracées.
-Sauriez-vous les déchiffrer? demanda Thorin le plus poliment possible."

Le seigneur elfe leva alors la carte vers les fenêtres pour que les rayons de la Lune passent au travers. Il se concentra un moment, puis finit par déclarer:

"Ces runes ci ont été tracées sous un clair de Lune à son premier quartier, lors d'une nuit de fin du mois d'août, il y a plus de deux-cents ans."

Il se tourna alors vers les autres et hocha négativement la tête.

"Une Lune comme celle-ci n'apparaîtra que dans une semaine. Si vous voulez pouvoir déchiffrer cette carte, il vous faudra attendre ici pendant cette semaine."

Thorin sembla terriblement bouleversé par la nouvelle: il ne voulait perdre aucun temps dans sa quête, et l'idée de rester une semaine chez les elfes lui était peu sympathique.
Il resta un moment silencieux, ne sachant que dire ni que penser.
Bilbon, voyant que la situation n'avançait pas, se glissa auprès du roi des nains, non sans appréhension de sa réaction, et lui murmura à l'oreille:

"D'après ce que j'ai compris à propos de cette carte et de ce qu'elle indique, nous n'avons pas vraiment le choix. Nous devons pouvoir la déchiffrer."

Le souverain ne répondit rien, mais il savait que le hobbit avait raison. Ils avaient absolument besoin de découvrir l'emplacement de la porte cachée sur la Montagne.

"Soit, finit-il par dire, nous resterons ici jusqu'au prochain premier quartier de Lune."

Le seigneur Elrond replia la carte et la rendit  au nain.

"Vous êtes le bienvenu ici, Thorin Ecu de chêne."

Puis il se retira dans ses appartements pour la nuit.
Balin, Thorin, Bilbon et Gandalf quittèrent eux aussi la pièce. Gandalf posa simplement une main sur l'épaule du roi des nains et lui dit:

"Considérez ce séjour comme une aide, et non comme une corvée. Et soyez un minimum amical avec le seigneur Elrond et ses sujets. Vous n'avez aucun ennemi ici, Thorin. Je vous conjure de ravaler vos vieilles rancœurs et d'essayer de rendre cette prochaine semaine la plus agréable possible pour tous."

Thorin regarda le vieil homme, puis acquiesça d'un signe de tête. Gandalf lui adressa alors un pâle sourire, puis s'éloigna sous la lumière de la Lune.
Thorin resta un instant debout, regardant autour de lui cet environnement elfique qui serait sa maison pour la semaine à venir.
Puis il se retira enfin vers la chambre que lui offrait le seigneur Elrond.

Plus tard dans la nuit, dans un endroit à l'Ouest de la vallée de Fondcombe au beau milieu des terres sauvages, sur une grande colline en haut de laquelle se trouvaient les ruines d'une forteresse, une troupe d'Orques et leurs Wargs avaient établis un campement provisoire.
Les monstrueux loups étaient couchés au sol et leurs cavaliers s'affairaient à les nourrir de viande fraîche. Mais celle-ci commençait à leur manquer depuis plusieurs jours, et les bêtes avaient de plus en plus faim.
Soudain, trois Orques et leurs montures arrivèrent dans la forteresse en ruine, faisant le moins de bruit possible et l'air un peu penaud.
C'étaient trois des chasseurs qui avaient été envoyés rattraper une troupe de nains plus tôt dans la journée; mais ceux-ci étaient partis très nombreux et il en revenait seulement trois, et pas un seul prisonnier nain. Que s'était-il passé?
L'un des trois Orques descendit de son Warg le plus silencieusement possible, et s'avança d'un pas hésitant vers un petit muret sur le bord des ruines.
Là, sous la lumière de la Lune, se tenait un Orque grand et pâle: plus grand que tous ses congénères, et contrairement à eux, ayant une peau pâle, presque blanche. Il se tenait droit, immobile, et faisait dos à l'Orque qui s'approchait de lui d'un pas apeuré. Comment allait-il expliquer son échec dans sa chasse aux nains à ce grand Orque qui était son chef?
Mais après tout ce n'était pas sa faute: lui et toute sa troupe avaient été attaqués par surprise par une cavalerie d'elfes.
Il prit alors une grande inspiration et s'adressa au grand Orque pâle dans sa langue râclante et dure. Voici ce qu'il  dit:

"Les nains, maître, nous les avons perdus."

L'Orque pâle ne répondit rien et ne bougea pas. Inquiété par ce silence, l'Orque poursuivit:

"Nous avons été attaqués par surprise par des elfes, et nous n'avons pu...
-Je ne veux pas d'excuses! répondit soudain le grand Orque dans cette même langue."

Il se tourna alors lentement vers son chasseur.
Il était fort et musclé, son torse et son visage étaient couverts de grandes cicatrices parallèles, comme des marques de griffures. Ses yeux étaient perçants et ses oreilles aussi pointues que ses dents. Il portait des bottes de cuir et un genre de pagne de la même matière.
Mais surtout, son avant-bras gauche n'existait pas: il avait été arraché. Pour le remplacer, une épaisse tige de métal se terminant par des piques rappelant vaguement la forme d'une main avait été plantée dans son moignon.
Il s'avança vers l'Orque apeuré d'un pas menaçant.

"Je veux la tête du roi nain! poursuivit-il, toujours dans la langue Orque.
-Nous étions moins nombreux, se défendit le chasseur, nous n'avons rien pu faire. Et puis les nains ne sont pas seuls: une étrange femme, un... Un esprit de l'hiver voyage avec eux.
-Que dis-tu? s'étonna soudain l'Orque pâle en fronçant les sourcils.
-Comme je vous dis: une femme qui a le pouvoir de contrôler la neige et la glace. Je l'ai vu de mes propres yeux faire dévaler un blizzard sur la plaine!"

Le grand Orque parut d'abord interloqué par ces propos, puis il prit soudain une autre expression, comme s'il se montrait très intéressé par ce que lui rapportait son chasseur.
Il semblait réfléchir.
Puis soudain, il parut encore plus en colère que précédemment.

"Et vous n'avez ramené aucun prisonnier?
-Mais j'ai... J'ai bien failli y laisser ma vie, répondit le pauvre Orque en tremblant.
-Mieux aurait valu qu'il en soit ainsi, répondit entre ses dents l'Orque pâle en se penchant sur son pauvre monteur de Warg."

Puis soudain, il saisit ce dernier au cou à l'aide de sa "main de fer" et le souleva de terre, avant de le projeter contre une colonne de pierre en poussant un cri de rage.
Les Wargs, affamés, se jetèrent alors sur l'infortuné Orque, renié par son maître, et ne firent que quelques bouchées de lui.
Les deux autres chasseurs survivants regardèrent la scène avec horreur, tremblants et craignant pour leurs propres vies. Mais le grand Orque se détourna et revint à son emplacement de tantôt, sur le bord des ruines.

"Ces sales nains ne tarderont pas à se montrer, reprit-il à l'adresse de tous les autres Orques. Tenez vous prêts à les prendre en chasse!"

Ses acolytes s'empressèrent alors de monter sur leurs Wargs et d'empoigner leurs armes, avant de descendre la colline à vive allure et de se lancer dans les terres sauvages afin de débusquer la compagnie des nains, tout en entendant le dernier ordre que leur lança leur maître:

"Annoncez partout que leurs têtes sont mises à prix!"



Voilà^^.
J'espère qu'il vous aura plu.
Et pour ceux qui voudraient plus de choses inédites par rapport au film, ne vous inquiétez pas: c'était le dernier chapitre dont j'avais besoin pour exposer la situation. A partir du prochain chapitre, il y aura beaucoup plus de différences par rapport au film et de scènes inédites!^^
Micky93
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Sam 07 Mar 2015, 00:06
LE PAGNE ! OUI... OUI MON PRÉCIEUX...
Bon, j'arrête.

Sinon, j'ai vraiment bien aimé ce chapitre, bien que très long. Mais ce n'est pas grave, cela ne m'a pas empêché de lire quand même.bravo
Sinon, c'est toujours aussi agréable de te lire. Continu comme cela, c'est très bien. Very Happy
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Lun 09 Mar 2015, 17:29
Excuse-moi pour ma réponse un peu tardive Micky, j'avais pas mal de trucs à faire...^^
Enfin je voulais te dire doublement merci: merci pour ton commentaire tout d'abord. Je suis content de voir que ça continue à te plaire.
Et merci car tu es à présent le seul à suivre ma fanfic. Avant il y avait aussi Gelwarin, mais ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu sur le forum. Sais-tu quelque chose à son sujet?
Bref, merci, car tu restes le seul à suivre mon histoire Laughing

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Lun 09 Mar 2015, 17:48
Pas la peine de s'excuser l'ami ! C'est tout naturel voyons, tout naturel. Very Happy
Sinon, concernant Gelwarin, je n'en sais rien. C'est vrai que ça fait un moment que je ne l'ai plus revu sur le forum. Peut-être avait-elle besoin de faire une pause.
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Lun 09 Mar 2015, 17:51
Peut-être, peut-être...
En tout cas encore merci de me suivre Smile

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Lun 09 Mar 2015, 18:08
Je n'arrivais pas à dormir hier soir.. (Enfin vers minuit quoi xD )
Du coup j'ai lu ton quatrième chapitre, et franchement il est super bien écrit et j'adore !! Very Happy
Seul problème.. J'ai pris 30 minutes pour le lire !! xD
Pis après j'avais mal aux yeux.. bravo ( Bah ouais quoi c'est que mes yeux étaient vachement fatigués après la lecture x) )
Sinon je lirais les autres.. Je sais pas quand !! (Mais je les lirais.. bravo )

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Lun 09 Mar 2015, 18:26
Merci Lizzie^^.
Je suis content de voir que ça te plaît.
La suite arrivera sans doute à la fin de la semaine (même si la suite pour toi est déjà présente^^).
Bref, merci pour ton commentaire. Very Happy

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Sam 14 Mar 2015, 15:31
Voilà le chapitre 8 les gens^^.
Bon, je n'ai pas grand chose à dire sur celui-là, à part que j'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture.  Smile

Chapitre 8:

Le lendemain matin, les rayons du Soleil tout juste levé réveillèrent une Elsa bien installée dans un lit grand et doux.
Elle s'étira et ouvrit lentement les yeux: lorsqu'elle vit la chambre aux jolis murs blancs dans laquelle elle se trouvait et le lit dans lequel elle était allongée, elle se demanda un instant où elle était, s'attendant à voir au-dessus d'elle le plafond rocheux de sa grotte au cœur des bois, mais elle se rappela rapidement que cette caverne était derrière elle à présent.
Tout lui revint en un éclair: les trolls, leur grotte, Radagast le brun, les Orques et les Wargs, puis la vallée de Fondcombe.
Elle se redressa sur son lit avant de s'en lever, puis se dirigea vers la fenêtre du balcon par laquelle pénétraient les rayons encore rouges du Soleil. Elle se pencha pour regarder la vallée et écouter le bruit de la rivière qui y courrait.
Elle remarqua aussi les elfes qui s'agitaient et déambulaient entre les bâtiments de la cité: quelles pouvaient bien être leurs occupations?
Mais Elsa ne resta pas bien longtemps à se poser cette question: elle sentit une petite faim lui nouer l'estomac.
La jeune femme enfila alors ses bottes et sortit de sa chambre, sans toutefois savoir où elle pourrait trouver de quoi manger.
Elle marcha plusieurs minutes à travers la cité, saluant les elfes qu'elle croisait parfois. Ces êtres étaient vraiment fascinants: ils étaient l'incarnation de ce que tout le monde s'accordait à appeler "beau".
Leurs visages étaient gracieux, aux traits fins et charmants (bien que souvent très impassibles, ce qui leur donnait un air quelque peu froid), leurs yeux étaient profonds et reflétaient un grand et ancien savoir, et ils se déplaçaient calmement, avec des mouvements fluides qui donnaient presque l'impression qu'ils glissaient sur le sol.
Après plusieurs minutes d'errance en quête de quelque nourriture, Elsa commença à se demander si elle trouverait jamais ce qu'elle cherchait. Mais enfin, elle tourna un angle de mur et arriva sur une grande terrasse décorée de quelques statues et bordée de buissons en fleurs.
Au centre de cette terrasse, pleinement éclairée par le Soleil, se trouvait une table garnie d'assiettes pleines de nourriture et autour de laquelle étaient assis cinq des nains de la compagnie: il y avait le nain à la barbe blanche tressée, celui à l'étrange coupe de cheveux en étoile, celui au crâne rasé et tatoué, celui aux cheveux et la barbe noirs si longs et épais qu'ils dissimulaient la moitié de son visage et celui portant une chapka.
Elsa resta immobile, hésitant, se demandant si elle devait se joindre à eux: elle les connaissait très peu (et même pas du tout, elle devait bien se l'avouer), et elle ne savait pas s'ils la considérait vraiment comme l'un de leur camarades.
Elle était presque résolue à quitter la terrasse, quand soudain le nain à la barbe tressée la vit et l'appela:

"Mademoiselle Elsa! s'exclama-t-il. Venez, venez, joignez-vous à nous."

Tous les autres se tournèrent alors vers elle en entendant leur compagnon. Elsa se sentit un peu mal à l'aise avec tous ces regards braqués sur elle: elle fit de son mieux pour se détendre et ne pas laisser échapper ses pouvoirs.

"Oh non je... balbutia-t-elle, je ne voudrais pas vous déranger.
-Qu'est-ce que vous racontez? s'étonna le nain à la chapka. Comment pourriez-vous nous déranger? Venez avec nous, vous faites partie de la compagnie. Et je suppose que vous n'avez pas encore déjeuné.
-Non, avoua Elsa."

En voyant les visages accueillants des nains et leur façon de l'appeler à se joindre à eux, Elsa finit par se calmer et alla s'asseoir à la table avec ses nouveaux compagnons.
Ils s'écartèrent pour lui faire une place et elle se trouva au bout du banc qui faisait face au Soleil levant.

"Bombur, tu peux nous mettre une assiette en plus mon vieux? lança le nain à la chapka en direction d'une petite estrade de pierre près d'un buisson."

Elsa remarqua alors que sur cette estrade se tenait un sixième nain: le plus gros, roux et à la barbe ficelée en une grosse tresse en arc de cercle qui tombait sur son ventre.
Bombur se tourna alors vers la table et vit Elsa qui y était assise. Il acquiesça alors de la tête et plaça une saucisse de plus sur une grille en métal au-dessus d'une cuvette remplie de braises chaudes.
Elsa en fut reconnaissante aux nains, car elle avait maintenant une réelle sensation de faim. En attendant que les assiettes arrivent, elle chercha quelque chose à dire.

"Où sont tous les autres? demanda-t-elle.
-Oh, je ne sais pas, répondit le nain à la chapka. Certains doivent encore dormir: cela fait plus trois semaines que nous n'avons pas connu de chambre digne de ce nom.
-Une tasse de camomille, mademoiselle Elsa? demanda le nain à la barbe blanche tressée en versant le contenu d'une théière dans une tasse."

La jeune femme accepta volontiers l'offre et prit la tasse en remerciant le nain. Le liquide chaud coula dans sa gorge tout en réhumidifiant l'intérieur de sa bouche: sensation agréable qu'elle n'avait plus connu depuis presque trois ans.
Elle rouvrit les yeux et regarda ses compagnons pour apprendre à connaître leurs visages. Mais lorsqu'elle posa les yeux sur le nain  à l'épaisse chevelure noire, elle vit quelque chose qu'elle avait déjà remarqué la veille mais qui lui était sorti de la tête: un fer de hache était planté dans son front.
Elle frissonna légèrement en voyant cela, et ne put s'empêcher de le faire remarquer.

"Votre ami a euh... Un fer de hache planté dans le front...
-Oh, dit le nain à la chapka comme s'il avait oublié de présenter quelque chose d'important à sa camarade, oui. C'est l'œuvre d'un Orque: il lui a planté cette arme dans le front lors d'une bataille il y a bien des années de cela. Je ne sais par quel miracle il a survécu. Nous avons vu des guérisseurs qui nous ont dit qu'il fallait laisser le fer dans le front; que si nous le retirions, il mourrait. Le choc a tout de même provoqué quelques troubles dans son cerveau: il ne s'exprime qu'en langue naine et ne connaît plus un seul mot de la langue commune. Mais il est toujours à la recherche de l'Orque qui lui a fait ça et il compte bien le lui faire payer."

Elsa fut pour le moins étonnée par cette histoire. Puis elle se rendit soudain compte qu'elle avait appelé le nain "votre ami".
Cela lui parut maladroit et elle se dit qu'il était temps qu'elle apprenne les noms de ses nouveaux compagnons.

"Excusez-moi, dit-elle, mais je ne connais pas encore bien vos noms."

Le nain à la chapka eut un petit rire puis prit la parole:

"Oui, excusez-moi je ne nous ai pas présentés. Je m'appelle Bofur, je suis le frère de Bombur qui cuisine là-bas et le cousin de Bifur ici présent avec la hache dans le front."

Elsa se répéta les noms pour les mémoriser: Bofur avec la chapka, Bifur avec la hache dans la tête et Bombur le gros nain roux.

"Ensuite il y a Dwalin, dit Bofur en désignant le nain au crâne rasé et tatoué, c'est le jeune frère de Balin, le nain qui vous a donné le contrat à signer."

Elsa salua Dwalin en inclinant la tête, et celui-ci lui rendit la politesse.

"Nous avons aussi Dori, qui vous a offert la tasse de camomille, et son petit frère Nori."

Elsa mémorisa les noms: Dori avec la barbe blanche et tressée et Nori avec la coupe de cheveux évoquant les branches d'une étoile.

"Ce sont les deux grand-frères de Ori, le jeune nain qui était allé détacher les poneys avant que les Orques nous poursuivent. Il y également dans notre compagnie Oïn, un vieux nain à la barbe grisonnante, et son jeune frère Gloïn, avec une imposante barbe rousse. Vous vous souvenez, c'est celui qui avait cru qu'Elrond nous avait insultés hier."

Elsa se remémorait ce nain avec sa chevelure couleur de feu.

"Et il y a enfin Kili, un jeune nain aux cheveux bruns et qui tire à l'arc, et son frère aîné Fili. Il est blond et a une moustache tressée. Tous deux sont les neveux de Thorin, que vous connaissez déjà. Et comme Thorin n'a pas d'enfants, Fili est l'héritier du trône de la Montagne."

Elsa prit quelques instants pour se remémorer tous les noms et y associer des visages.
A ce moment, Bombur arriva à la table avec les assiettes garnies de nourriture: de belles saucisses grillées, avec des tartines, des œufs, de la purée et des quartiers de pomme.
Elsa prit un grand plaisir à avaler son petit déjeuner, en particulier les saucisses, car la viande était la seule chose qui lui avait manqué au repas de la veille.
Les nains à côté d'elle étaient peut-être un peu bourrus (ils mangeaient parfois avec les doigts, se retenaient peu d'émettre certains sons corporels et riaient bruyamment) mais étaient accueillants, chaleureux et bienveillants.
Cette attitude un peu "sans-gêne" aida Elsa à se sentir à l'aise: elle les trouvait amusants et eût envie d'en savoir plus sur eux.

"Alors Fili et Kili sont les neveux de Thorin? demanda-t-elle après avoir avalé sa dernière saucisse. Avez-vous tous un lien de parenté avec lui?
-Presque tous, répondit Dwalin. Nori, Dori, Ori, Oïn, Gloïn, mon frère Balin et moi-même sommes apparentés de manière plus ou moins directe à la lignée de Thorin. Mon frère était déjà au service du roi Thror, grand-père de Thorin. Nous habitions dans la forteresse d'Erebor: Thraïn, le fils de Thror, nous y avait attribué des appartements. Moi et Thorin avons grandi ensemble, et nous sommes toujours restés très proches.
-Eh bien dis-donc Dwalin, fit Nori avec un petit rire. Notre gros ours grognon devient sentimental.
-Ne dis pas de bêtises, grogna Dwalin en reportant son regard sur son assiette.
-Et vous Bofur, Bifur et Bombur, demanda Elsa, vous n'êtes pas de la lignée de Thorin?
-Non, répondit Bofur en tartinant une tranche de pain. Mon frère, mon cousin et moi sommes de simples artisans, fabricants de mécanismes et de jouets. Nous vivions dans les terres aux alentours d'Erebor et nous installions parfois dans la ville de Däle. Nous gagnions nos vies en vendant les objets que nous forgions et fabriquions. Bifur est le plus doué de nous trois: si vous voyiez les objets extrêmement détaillés et les mécanismes très fins qu'il sait fabriquer... Mais assez parlé de nous: parlez nous un peu de vous mademoiselle Elsa."

C'était la phrase qu'Elsa redoutait. Elle n'avait aucune envie de parler de son passé de solitude et de peur, ni même d'avouer qu'elle était reine là d'où elle venait.

"Eh bien... commença-t-elle, en vérité, je n'avais pas grande importance dans mon royaume de naissance. Personne ne m'appréciait vraiment là-bas, les gens m'évitaient même; alors j'ai décidé de partir et de m'installer dans un endroit où personne ne me jetterait plus de regard désapprobateur."

Les nains restèrent un moment silencieux, regardant Elsa d'un air un peu gêné. Dori finit par s'excuser:

"Désolé, on ne voulait pas raviver de mauvais souvenirs.
-Non ce n'est rien, répondit Elsa, vous ne pouviez pas savoir."

Elsa fut soulagée d'en avoir terminé avec sa présentation.
Mais elle remarqua un détail: ici dans ce monde, les gens qu'elle avait rencontré cherchaient beaucoup à savoir d'où elle venait, mais aucun d'eux ne posait de questions sur l'origine de ses pouvoirs.
La magie devait être une chose courante et admise par la plupart des gens de ce monde.

"Si je puis me permettre, glissa Nori au milieu de ce silence, qu'est-ce qui vous a poussé à rejoindre notre quête?
-Eh bien, la solitude se révéla être plus insupportable que les gens qui ne m'appréciaient pas, répondit Elsa. Je me suis dit que, plutôt que de rompre tout contact avec autrui, je devrais essayer de créer de nouvelles relations. Et puis, rester assise à ne rien faire alors que vous êtes en quête d'aide n'était pas concevable pour moi.
-C'est fort courageux de votre part, dit Nori en regardant Elsa d'un air solennel. Et encore merci pour votre intervention in extremis avec les trolls."

Elsa lui adressa un petit sourire.


"Je pense que vous ne serez pas déçue du voyage, dit Bofur d'un air enthousiaste. Lorsque nous atteindrons Erebor, nous découvrirons des forges naines des plus sophistiquées, puissantes et renommées qui soient. Il paraît que leurs mécanismes sont si robustes et élaborés qu'ils peuvent résister aux plus grandes chaleurs comme aux plus basses froideurs, faire face aux intempéries et traverser des centaines d'années en restant quasiment intacts. Mon frère, mon cousin et moi-même ne sommes jamais entrés dans la Montagne, mais nous voyions parfois les objets qui en sortaient, et quels objets c'étaient là... Comme le disaient les chansons et les poèmes, on avait l'impression que les travailleurs d'Erebor avaient capturé la lumière pour la cacher dans des gemmes, qu'ils avaient enfilé les étoiles en fleurs sur des colliers d'argent, qu'ils avaient suspendu le feu d'un dragon sur des couronnes et qu'ils avaient maillé la lumière de la Lune et du Soleil dans des fils torsadés. Et on raconte que les salles du trésor d'Erebor sont remplies de montagnes d'or et d'objets comme ceux-ci."

Elsa imagina un instant de grandes salles pleines de tous les plus magnifiques joyaux qu'on eut jamais vu.
La conversation se poursuivit ensuite sur ce que chacun savait des autres nains de la compagnie. Lorsque l'on vint à parler de Thorin, Dori s'adressa à Elsa:

"Je voulais vous dire, mademoiselle Elsa, que... J'ai observé Thorin lorsque vous êtes venue nous tirer des griffes des trolls et je tiens à ce que vous sachiez qu'il ne faut pas trop lui en vouloir s'il vous a paru froid et peu accessible. Vous savez, Thorin est une personne digne et très respectable, mais il a traversé tant d'épreuves difficiles que le temps l'a quelque peu endurci. Il n'accorde pas facilement sa confiance.
-Et il a raison, dit alors Dwalin d'un air sérieux. J'ai souvent voyagé avec lui après que Smaug eut pris Erebor, et nous avons rencontré trop de mauvaises gens pour pouvoir faire confiance à n'importe qui. Thorin est un grand chef: avec son père Thraïn, il a guidé notre peuple à travers les terres et a toujours agi avec honneur envers nous. Il a pris soin de ses sujets pendant de nombreuses années avant que la plupart d'entre eux aient retrouvé une situation à peu près stable. Moi je lui accorde ma confiance, et je le suivrai jusqu'au bout.
-Et où est son père à présent? demanda Elsa. C'est lui le roi sous la Montagne après Thror, non? Pourquoi n'a-t-il pas pris lui-même la tête de cette expédition que nous menons?"

Les nains parurent soudain tendus et se jetèrent quelques regards gênés.
Elsa comprit aussitôt qu'elle avait fait une gaffe.

"A vrai dire, reprit Dori, il y a une épreuve en particulier qui a forgé le caractère de Thorin: des années après que le dragon se fut emparé de la Monatgne, une grande bataille eut lieu entre les nains et les Orques. Lors de cette bataille, Thror, le grand-père de Thorin, fut décapité sous ses yeux. Fou de chagrin, Thraïn s'élança à l'assaut des meurtriers de son père, et ne revint jamais. Nous ne l'avons vu nul part sur le champ de bataille, et personne depuis ce jour ne l'a jamais revu. Ces deux pertes, au cours de la même journée, plongèrent Thorin dans un chagrin indescriptible pendant des jours. Presque tout le monde s'accorde à dire que le roi Thraïn est mort; et moi-même je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Mais Thorin garde espoir: il est toujours persuadé que son père est en vie, quelque part, et il a passé un certain temps à le chercher, voyageant d'un endroit à un autre au gré de vagues rumeurs qu'il entendait à son sujet."

Elsa se sentit extrêmement mal à l'aise: sa gaffe lui paraissait à présent monstrueuse. Elle dut se concentrer fortement pour ne pas geler les couverts qu'elle tenait en main.

"Evitez de parler de ça en sa présence, ajouta Bofur en se penchant vers la jeune femme. C'est un sujet très délicat pour Thorin."

Elsa acquiesça d'un air grave.
Le petit déjeuner se termina tout de même sereinement, tous s'efforçant de passer à d'autres sujets.
Lorsque chacun eut terminé sa dernière bouchée, et avalé sa dernière gorgée, le Soleil était bien au-dessus de l'horizon et le ciel avait pris une belle teinte bleu vif. Les nains et Elsa se chargèrent alors de débarrasser la table et d'empiler les assiettes.
Nori était en admiration devant un gobelet de métal étincelant incrusté de quelques jolies pierres brillantes, et il entreprit de le glisser discrètement sous sa veste.

"Ce serait dommage de passer à côté de ça, murmura-t-il.
-Nori, repose ça tout de suite! s'exclama Dori en jetant un regard colérique à son frère.
-Du calme, frérot, répondit Nori. Que se passe-t-il, tu t'inquiètes pour l'argenterie des elfes?
-Je ne m'inquiète pas pour les elfes, mais pour toi! Tu ne crois pas que tu as assez fait de bêtises comme ça? Tu es déjà considéré comme un criminel par beaucoup de nains, veux-tu que cette réputation t'accompagnes jusque chez tous les peuples de la Terre du Milieu?
-Ce n'est qu'un gobelet! Et nous avons bien besoin d'au moins ça à la maison. Tu sais très bien que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour nous loger, nous habiller, nous nourrir, vous nourrir! Maman, toi et Ori!
-Ori, répéta Dori en adressant un regard plein de reproches à son jeune frère. Ori! Ori n'aurait jamais du nous accompagner dans ce voyage. Comment as-tu pu dire oui lorsqu'il a demandé à venir avec nous? Un dragon cracheur de feu nous attend au bout de la route, et Ori est jeune, très jeune. Il pourrait bien mourir!
-Il serait peut-être mort depuis longtemps si je n'avais pas fait le criminel pour nous trouver de quoi survivre! cria Nori avec des yeux remplis de larmes. Tiens, le voilà ton précieux gobelet. Tu le rendras aux elfes, et tu pourras en profiter pour cirer un peu leurs chaussures si ça te chante!"

Puis Nori s'éloigna d'un pas furieux.
Dori le regarda s'en aller, des larmes coulant également sur ses joues. Elsa et les autres nains restèrent silencieux, ne sachant quoi dire devant cette scène.
Dori s'essuya les yeux et leur adressa un sourire forcé, comme pour les rassurer.

"Ça va, ne vous inquiétez pas."

Il se détourna et s'éloigna un peu du groupe. Elsa aurait voulu dire quelque chose pour le réconforter, mais elle ne connaissait rien de la situation de ces deux frères et ne trouva rien de vraiment rassurant à dire.
Elle s'approcha alors du bord de la terrasse et s'appuya sur la balustrade de pierre. Elle regarda la vallée à présent éclairée par la lumière du Soleil pleinement levé: les feuillages des arbres remuaient légèrement au gré de la brise.
Elle resta ainsi quelques minutes, profitant de cette vue dont elle ne se lassait pas après avoir passé treize ans dans sa chambre fermée puis trois ans dans une caverne obscure. Elle se demanda combien de temps encore elle pourrait contempler cette vallée: quand reprendraient-ils leur route vers l'Est?
Elle se dit aussi qu'avant ce départ, elle devrait prendre le temps de faire connaissance avec tous les membres de la compagnie.
Et elle pensa soudain à l'un d'entre eux en particulier, mais elle ignorait où il se trouvait.

"Excusez-moi, dit-elle à l'adresse de Bofur, Bifur et Dwalin qui étaient restés sur la terrasse, est-ce que l'un d'entre vous sait où est Bilbon?
-Non madame, répondit Bofur. Mais il doit sûrement être levé maintenant, peut-être prend-il encore son petit déjeuner."

Elsa le remercia puis salua ses camarades avant de quitter la terrasse, partant à la recherche du hobbit.
Elle s'était sentie à l'aise les quelques fois où elle avait parlé avec lui, et elle se sentait plus proche de lui de part sa situation actuelle: tout comme lui elle se retrouvait au milieu de ces nains inconnus, loin de chez elle.
Elle avait donc envie de le retrouver et de discuter avec lui.
Elle le chercha un bon moment, sans aucune idée de l'endroit où elle pourrait le trouver.
Elle croisa encore des elfes et salua même Gandalf qui discutait avec le seigneur Elrond. Finalement, lorsque le Soleil eût encore bien monté dans le ciel, elle trouva le hobbit sur le bord d'une des nombreuses terrasses de la cité, les bras écartés et les yeux fermés, profitant du vent frais sur son visage.
Elle hésita un instant à s'approcher de lui, de peur de le déranger dans son plaisir personnel. Mais elle se dit qu'elle ne pouvait pas rester là, à le regarder sans bouger.
Elle se contenta alors de se placer silencieusement à côté de lui, sans dire un mot. Le hobbit avait les yeux fermés et ne remarqua pas tout de suite la présence de la jeune femme. Celle-ci regarda le paysage devant elle, profitant également du vent sur son visage.
Au bout d'un moment, Bilbon Sacquet rouvrit les yeux, et sursauta comme un diable lorsqu'il vit qu'il n'était plus seul.
Mais il se calma lorsqu'il vit qu'il s'agissait d'Elsa. Celle-ci se sentit alors un peu gênée: c'était la deuxième fois qu'elle faisait sursauter M. Sacquet.

"Oh, excusez-moi, dit celui-ci dans un soupir de soulagement, je ne vous avais pas du tout entendu arriver.
-Non, c'est moi qui vous présente mes excuses, répondit Elsa. Je suis navrée de vous causer de telles frayeurs chaque fois que je m'approche de vous, mais je n'ai pas voulu faire de bruit car je craignais de vous déranger dans vos activités.
-Oh, vous ne me dérangez pas. D'ailleurs, je ne sais pas si l'on peut vraiment parler d'activités. Je me contente de déambuler depuis le lever du Soleil: je regarde le paysage, les bâtiments, je respire l'air... Je prends un peu de bon temps après trois semaines de voyage en terres sauvages."

Elsa eut un petit sourire: ce genre d'occupations lui paraissaient excellent, après avoir passé trois ans dans une caverne sombre.
Elle hésita un instant puis finit par demander à M. Sacquet:

"M'en voudrez-vous si je me joins à vous?"

Le hobbit leva les yeux vers la jeune femme, puis lui adressa un sourire.
Un moment plus tard, les deux compagnons déambulaient lentement dans les rues et les allées de la cité de Fondcombe.
Elsa avait quelque peu craint qu'un silence gênant s'installât entre eux, mais ce fut loin d'être le cas: tant de choses furent dites que ni l'un ni l'autre ne vit le temps passer.
Bilbon commença par raconter à Elsa l'entrevu que Thorin, Gandalf, Balin et lui-même avaient eu avec le seigneur Elrond la nuit dernière: il lui expliqua qu'ils avaient besoin de déchiffrer une carte pour trouver une entrée secrète dans la Montagne, mais que pour cela il fallait attendre une Lune qui n'apparaîtrait que dans une semaine, et qu'ils resteraient donc une semaine à Fondcombe avant de reprendre leur voyage.
Le hobbit parla à Elsa des régions par lesquelles lui et les nains étaient passés durant les trois dernières semaines.
Il évoqua les collines aux alentours de la ville de Bree, les pentes rocheuses et les petites falaises qui leur avaient causé quelques difficultés pour voyager à dos de poney, les cours d'eau près desquels ils étaient passés, les plaines couvertes d'herbe verte de fin d'été et bordées d'arbres, les différentes maisons ou châteaux en bordure de la Comté qui était son pays natal...
Lorsqu'il évoqua ce pays, Bilbon se mit alors à le décrire à Elsa: il lui parla des collines d'herbe verte, des champs de culture où travaillaient certains agriculteurs qu'il connaissait, des fleurs qui recouvraient les pelouses de la partie Ouest de la Comté, de Hobbitebourg, le petit village dans lequel se trouvait sa maison, les marchés aux bêtes, aux oeufs, aux légumes, la rivière du Brandevin qui coulait dans ce village, de sa maison qui portait le nom de Cul-de-Sac, puis des différentes familles de hobbits.
Il cita bien sûr les Sacquet, la famille de son père, puis les Touques, la famille de sa mère, les Brandebouc, les Fierpied, les Sacquet-de-Besace,...
Plus Bilbon en disait, plus Elsa se disait que cette Comté devait être un endroit charmant et très plaisant à vivre: elle essaya de se représenter les bruits de la rivière qui coulait, le calme d'un soir d'automne au coin de la cheminée de Cul-de-Sac, le goût des premières fraises que les hobbits cueillaient au printemps et le son des instruments que les musiciens faisaient chanter sur le marché.
Après avoir marché dehors un long moment, ils montèrent un escalier qui entrait dans un grand bâtiment aux formes courbes très élégantes.
L'escalier se poursuivait encore pour arriver à un étage supérieur. Là, Elsa et Bilbon découvrirent une statue représentant une femme portant une grande robe avec une capuche qui lui couvrait le crâne.
La femme portait à bouts de bras une genre de grand plateau sur lequel se trouvait une épée dont la lame était brisée en plusieurs morceaux.
Les deux compagnons restèrent quelques instants à regarder l'arme: une épée forgée dans un métal étincelant, avec une poignée entourée d'u noble cuir noir, mais qui était bien inutile à cause de sa lame brisée.
Elsa se dit qu'il devait s'agir d'une relique très précieuse pour qu'elle soit ainsi conservée.
Le hobbit et le jeune femme se tournèrent alors vers le mur faisant face à la statue et sur lequel étaient peint un grand tableau représentant une scène de bataille.
L'image était dessinée à même la pierre du mur, et l'on y voyait en arrière plan des hommes en armure se battant rageusement, tandis qu'au premier plan, un homme était à terre, son bouclier brisé à côté de lui, tandis qu'un autre homme (ou plus exactement Elsa supposait-elle qu'il s'agissait d'un homme, car en réalité on ne voyait qu'une armure noire qui couvrait son porteur jusqu'au bout des doigts et sur la tête, si bien qu'on ne voyait aucun morceau de sa peau) levait une impressionnante masse d'arme en l'air, prêt à l'abattre sur le guerrier à terre, qui levait tout de même pour se défendre une épée à la lame brisée.
Elsa se demanda s'il s'agissait de cette même épée que portait la statue.
Le tableau retint l'attention de la jeune femme un petit moment, puis celle-ci se détourna pour continuer à marcher dans cet étage. Mais lorsqu'elle voulut de nouveau s'adresser à Bilbon Sacquet, elle se rendit compte qu'il était resté immobile devant le tableau.
Elle s'approcha de lui et vit que ses yeux étaient fixés sur un point précis du tableau.
Elle suivit alors le regard du hobbit et remarqua un détail qui lui avait échappé: sur l'annulaire du gant de métal de la grande armure noir, celui de la main qui tenait la masse d'arme, se trouvait un anneau d'or, brillant d'un éclat jaune.
Elsa, voyant que le hobbit ne bougeait toujours pas, l'appela:

"Bilbon?
-Mh? fit celui-ci en détournant enfin son regard du tableau. Oh, excusez-moi j'étais... Je ne sais pas ce que j'avais."

Ils continuèrent alors de marcher, puis ressortirent du bâtiment pour aller s'asseoir sur un banc de pierre en face duquel se trouvait une balustrade, tandis que derrière était une allée de fleurs de couleurs très variées; des fleurs qu'Elsa n'avait jamais vu de sa vie.
Bilbon se pencha pour en sentir le parfum, et sembla ravi lorsque l'air empli de l'odeur des végétaux entra dans ses narines.
Elsa sourit: elle ne s'était pas trompée, la compagnie de M. Sacquet était vraiment très agréable.
Elle regarda alors la falaise de l'autre côté de la vallée, qui était couverte en un endroit de sapins ayant poussés sur la pente rocheuse presque verticale.  
Cette vision lui rappela le paysage du fjord d'Arendelle.
Elle prit alors la parole pour décrire à son tour son pays à Bilbon: elle lui parla de la mer aux eaux froides, des bateaux qui arrivaient et sortaient sans-cesse du port, des falaises et des montagnes qui entouraient le fjord, de leurs forêts de sapins, du vent qui soufflait sur les arbres et de la neige blanche qui les recouvrait lorsque venait l'hiver,... Bilbon parut impressionné par la description que lui fit la jeune femme: jamais il n'avait vu d'endroit semblable à celui dont elle lui parlait.
Puis la conversation trouva une autre direction: comme Elsa avait parlé des forêts de sapins, Bilbon se mit à lui parler de la vieille Forêt, un bois très ancien qui se trouvait dans la Comté, qui avait une bien étrange réputation parmi les habitants de Hobbitebourg.
Elsa avait appris de Bilbon, ce matin, que les hobbits étaient des gens pour la plupart casaniers, qui aimaient vivre tranquilles, appréciaient beaucoup que leur maison soit confortable et se méfiaient énormément de toute chose qui pourrait venir mettre du désordre dans le calme de leur vie.
La vieille Forêt ayant la réputation d'abriter des choses étranges et des créatures peu communes, la plupart des hobbits s'en méfiaient beaucoup et ne s'en approchaient jamais. Seuls les Touques, la famille de la mère de Bilbon, vivaient à proximité de ce bois et s'y aventuraient plus volontiers que tous les autres: les Touques étaient d'ailleurs considérés par beaucoup comme des gens peu recommandables, excentriques et trop aventureux pour des hobbits de la Comté.

Je fais juste une petite pause pour vous dire d'activer la vidéo suivante pendant que vous lirez le passage qui va suivre. Ca devrait produire un joli petit effet.^^


"Pourtant, lorsque j'étais bien plus jeune, je me suis de nombreuses fois aventuré dans la forêt en compagnie de ma mère ou de mes oncles et tantes, expliqua Bilbon en posant le menton sur ses genoux. Eh bien je peux vous dire que, même s'il est vrai que ce bois peut paraître étrange et inquiétant aux yeux de personnes peu habituées aux forêts, c'est un endroit incroyable, qui regorge de choses mystérieuses et magnifiques. Je me souviens d'une fois où j'y étais entré tard le soir, le Soleil était largement couché. Et j'étais alors arrivé dans une petite clairière où des centaines de lucioles, brillant comme des petites bougies volant au milieu des feuillages, tournaient dans les airs au-dessus de moi. C'est une vision que je m'étais promis de toujours me rappeler. Et je m'en rappelle encore aujourd'hui: j'en avais attrapé certaines et les avait mis dans mes poches, croyant aussi sottement que le peut un enfant, que je pourrais les manger pour rayonner de lumière tout comme elles. Mais elles s'échappèrent toutes, bien entendu."

Elsa fut très amusée par tout ce que lui raconta le hobbit. Mais elle remarqua soudain que celui-ci semblait un peu mélancolique.

"Je me sentais très proche de ma mère, Belladone, et des Touques lorsque j'étais enfant, dit-il en regardant le sol à ses pieds. Je préférais marcher dans la forêt et faire du canoë sur le Brandevin plutôt que de faire tout ce que les autres hobbits aiment faire. Mon père, qui était un Sacquet de pure souche, n'approuvait pas beaucoup toutes les activités que me proposaient ma famille du côté Touques. Pourtant, je me souviens avoir rêvé tous les jours de découvrir tôt ou tard ce qu'il y a au delà des frontières de la Comté: je lisais et relisais avec passion tous les livres qui parlaient du monde, aussi bien proche que lointain. Mais, lorsque mon enfance fut passée, ce fut mon père qui me prit bien plus en charge, et je partis habiter avec lui à Cul-de-Sac. J'avais toujours aimé cette maison, ainsi que le paysage qui l'entourait et les gens qui vivaient à proximité. Je n'ai absolument pas à me plaindre de la vie que j'ai menée avec mon père: simplement à présent, je me rends compte que l'éducation à la Sacquet qu'il m'a donnée a bien fait évolué mon caractère. Je me suis mis à apprécier le fait de rester au chaud dans une maison, de préparer des plats, de faire le marché avec mes voisins, de repeindre la porte d'entrée... Toutes ces choses qui ne m'intéressaient guère lorsque j'étais enfant. Pourtant, je crois que j'ai toujours conservé en moi une part de Touques: et plus j'y réfléchis, plus je pense que c'est ce côté Touques qui s'est réveillé le soir où Gandalf et les nains sont arrivés chez moi. Et je dois dire que cette facette de moi-même est très satisfaite: j'ai vu des régions bien au-delà des frontières de la Comté, des régions charmantes et impressionnantes. Et j'ai également beaucoup parlé avec les nains: ils m'ont appris des choses sur les endroits qu'ils avaient vus, sur les villes et les châteaux qu'ils avaient pu visiter, sur des peuples qu'ils avaient rencontré... Toutes ces choses dont jamais je n'avais entendu parler par qui que ce soit dans la Comté. Alors, je devrais être heureux me direz-vous. Mais en réalité, je crois que mon côté Touques n'est plus qu'un fantôme, une illusion: je crois que je ne suis pas fait pour les voyages de ce genre, où l'on doit se débrouiller dans la nature sauvage, et où l'on finit même par avoir affaire à des trolls et par être pris en chasse par des loups monstrueux. Et les nains... Je ne remets pas du tout en cause leur sympathie: ils ont toujours été polis lorsqu'ils discutaient avec moi, ils me racontaient volontiers tout un tas de choses et écoutaient aussi en retour ce que je pouvais leur raconter sur la vie dans la Comté. Je n'ai aucun problème avec eux, mais seulement, je sens bien qu'ils pensent que je ne devrais pas faire partie de ce voyage. Ils doivent sûrement bien rire de moi lorsque j'essaie de me débrouiller seul dans la nature. Je crois que je ne suis pas du tout le cambrioleur dont ils ont besoin, et je ne sais pas si je dois continuer ou non  ce voyage. A vrai dire, je ne suis sûr de rien en ce moment."

Il soupira puis se leva lentement du banc pour aller s'appuyer contre la balustrade: il dut monter jusque sur la pointe des pieds pour pouvoir tout juste poser le menton sur celle-ci. Elsa le rejoint et posa ses poings sur la barrière de pierre lisse, ne sachant que dire pour réconforter ou conseiller le hobbit.
Pourtant, ce qu'elle avait ressenti pendant ces trois ans passés dans sa caverne était assez proche des impressions actuelles de M. Sacquet. Mais comme elle n'avait elle-même jamais trouvé de réponses à ses questions, elle ne voyait pas comment elle aurait pu en donner à quelqu'un d'autre.

"Vous arrive-t-il de penser à votre maison? demanda Bilbon en regardant au loin.
-Oh oui, répondit Elsa. Je dois même dire que la pensée de mon foyer n'a cessé d'accaparer mon esprit depuis que je l'ai quitté.
-Mais alors, si je puis me permettre, pourquoi l'avez-vous quitté?"

Elsa se crispa quelque peu en entendant cette question. Elle lui ramenait d'atroces images en tête, des images auxquelles il avait fallu trois ans pour tout juste commencer à s'effacer.  A vrai dire, pour répondre à la question du hobbit, il lui aurait fallu remonter très loin dans son enfance pour expliquer tout ce qui s'était passé et ce qui l'avait poussée à partir: et c'était la dernière chose qu'Elsa avait envie de faire en cet instant.

"C'est compliqué, finit-elle par répondre. Je... Je n'ai pas très envie d'en parler, répondit-elle en baissant les yeux."

Bilbon remarqua son air un peu attristé et regretta d'avoir posé cette question.

"Oh, je... Excusez-moi, je...
-Ce n'est rien, répondit la jeune femme. Vous ne pouviez pas savoir."

Alors, pour la première fois depuis qu'Elsa avait rejoint Bilbon Sacquet, un silence s'installa. Au bout d'un moment, le hobbit se racla la gorge avant de dire:

"Excusez-moi, je... Je crois que je vais vous laisser pour le moment. Ce fut un plaisir de discuter avec vous mademoiselle Elsa."

Puis il s'éloigna, gêné.
Elsa resta à regarder les sapins sur la falaise, à présent baignés dans la lumière d'un Soleil de début d'après-midi.
Pourquoi avait-elle quitté sa maison? Elsa savait bien pourquoi, mais il lui était arrivé bien des fois de se demander si ce choix avait été le bon.
Mais elle secoua légèrement la tête comme pour chasser ses pensées de son esprit: elle ne se laisserait pas abattre. Elle avait réussi à passer toute une matinée sans avoir aucune pensée noire et elle comptait bien vivre beaucoup d'autres moments comme celui-ci.
La discussion avec Bilbon Sacquet avait été agréable et reposante, et la jeune femme espérait bien en apprendre autant sur tous les nains de la compagnie qu'elle en avait appris aujourd'hui sur le hobbit.
Elle se dit même, en regardant toujours le paysage qui s'offrait à elle, qu'elle avait à présent l'occasion d'en apprendre beaucoup plus sur ce monde en général.
Mais elle resta encore un peu à sa place, profitant tout de même d'un petit moment de solitude, dont elle avait sûrement besoin. Elle s'accouda à la barrière et laissa tomber sa tête en avant, pour détendre les muscles de son cou, et resta ainsi un moment quand soudain:

"Vous n'êtes pas avec vos compagnons? demanda une vois qui fit sursauter Elsa."

Elle se redressa et se retourna, pour voir nul autre que le seigneur Elrond qui descendait les marches d'un escalier et se dirigeait vers elle de sa noble démarche, de nombreuses feuilles de parchemin sous le bras.

"Seigneur Elrond, dit Elsa en tentant de se tenir le mieux possible. Non, je... Excusez-moi je ne m'attendais pas à trouver d'autres personnes.
-Tout va bien, répondit le seigneur elfe en se mettant à ses côtés, posant ses parchemins sur la balustrade. Je comprends votre désir de solitude. J'imagine  bien que l'on doit se sentir très seul lorsqu'on se trouve dans un monde qui n'est pas le nôtre."

Elsa le regarda alors, surprise et interloquée.

"Comment savez-vous...? commença-t-elle.
-Pouvoir imposer sa volonté aux forces de l'hiver est un étrange et magnifique pouvoir qui ne se trouve pas en Terre du Milieu, répondit Elrond en regardant au loin. Une magie que je n'avais jamais ressentie auparavant.
-S'il vous plaît n'en parlez à personne, l'implora Elsa.
-Je ne désire pas votre malheur Elsa, lui assura le seigneur de la cité. Je suis simplement curieux de savoir comment vous êtes venue en Terre du Milieu."

Elsa hésita un moment, mais finit par lui raconter comment elle avait marché des kilomètres et des kilomètres pour s'éloigner de son lieu de naissance, comment elle avait escaladé les montagnes et traversé les forêts de sapins, puis elle lui parla enfin de la pluie d'étoiles scintillantes qui l'avait amenée près de la ville de Bree.
Alors qu'elle racontait son histoire, Elrond acquiesçait et semblait analyser ses paroles. Lorsqu'elle eut terminé, le seigneur elfe tourna enfin son regard vers elle.

"Depuis plus de cinq mille ans que je parcours cette terre, dit-il, j'ai parfois entendu des rumeurs au sujet de portes et de couloirs, menant à d'autres mondes et les reliant entre eux.
-Pas étonnant que ce soient des rumeurs, répondit Elsa. Et puis s'ils sont réels, j'imagine que ces 'couloirs' n'ont pas été utilisés très souvent.
-Peut-être, concéda le seigneur de Fondcombe. Pourtant, le fait que vous soyez ici est un témoignage de leur existence."

Elsa ne répondit pas. Elrond avait pourtant raison: à moins que tout cela ne soit qu'un immense rêve, si elle se trouvait dans ce monde elle y était bien arrivé par un quelconque chemin.
Mais alors, si cela était vrai, serait-il possible d'emprunter cette voie dans l'autre sens et de revoir Arendelle.

"Cependant, reprit soudain Elrond, ces rumeurs disaient également que des portes de ce genre ne peuvent être ouvertes que par des gemmes rares et puissantes.
-Alors, si quelqu'un possède ces gemmes... Commença Elsa
-...Il peut aisément voyager à travers les différents mondes, termina Elrond."

Cette pensée mit un moment à être complètement intégrée par l'esprit de la jeune femme: elle avait abandonné l'idée de rentrer chez elle depuis des années, ne connaissant simplement aucun moyen de le faire, et maintenant cette possibilité s'offrait à elle.
Elle pourrait revoir Arendelle, revoir le palais, revoir Anna...
Non, elle ne pourrait pas. Elle était sûre qu'elle perdrait à nouveau le contrôle de ses pouvoirs si elle se retrouvait face à tous ses sujets, et de toute façon, Elrond avait bien dit qu'il ne s'agissait que de rumeurs, de légendes populaires qui voyagent de bouche en bouche et se déforment avec le temps.

"Eh bien, reprit alors Elsa, chassant l'idée du retour chez elle de son esprit, je suppose que personne ne sait où se trouvent ces gemmes, étant donné leur préciosité.
-En effet, c'est également ce que je pense, acquiesça Elrond. Et, qui sait, c'est peut-être mieux ainsi."

Après quelques instants de silence, le seigneur elfe salua Elsa et s'éloigna, repartant à ses affaires.
La jeune femme soupira, laissant s'échapper la pensée d'une possibilité qui s'était offerte à elle l'espace d'un court instant, puis se décida enfin à quitter la balustrade.
Elle marcha à travers la cité, chassant le royaume d'Arendelle de ses pensées, désirant retrouver ses compagnons.
L'après-midi était avancé lorsqu'elle trouva enfin un groupe de nains: étaient présents Balin, qui étudiait une carte sur une table de pierre, Ori, qui écrivait sur les pages d'un livre avec une belle plume de cygne, Kili, allongé sur un banc et savourant des grains de raisin noir et son frère Fili qui chantonnait un air en se passant l'eau d'une fontaine sur la nuque.
Kili fut le premier à remarquer l'arrivée d'Elsa, et un grand sourire s'afficha sur ses lèvres lorsqu'il la vit:

"Elsa! s'exclama-t-il, amenant l'attention des autres sur la jeune femme. Bonjour, vous avez passé une bonne nuit?
-La meilleure depuis longtemps, répondit-elle en adressant des signes de tête aux autres nains. Et vous, qu'avez-vous fait ce matin?
-Ce matin? s'étonna Fili en s'approchant du banc où était allongé son frère. Mais il n'y a pas eu de matin pour cette grosse marmotte: il est levé depuis deux heures à peine et termine présentement son petit déjeuner.
-Je ne vois pas où est le problème, répliqua Kili en riant. Après plus trois semaines à dormir entre les buissons, parfois sous la pluie, et à se lever aux aurores pour reprendre la route, je crois avoir bien mérité de me lever au moins passé midi maintenant que nous sommes 'les invités du seigneur Elrond'.
-Crois-tu qu'un prince se lève à de pareilles heures même lorsqu'il est invité, demanda l'aîné en s'emparant de la grappe de raisin avant d'en avaler plusieurs grains.
-En tout cas un prince peut se faire nourrir par d'autres, répondit Kili, ironique, en plaçant ses mains derrière sa tête et en ouvrant la bouche."

Fili regarda son jeune frère d'un air tendre et ne put s'empêcher de rire à sa plaisanterie.

"Ah, toi alors!"

Puis il approcha la grappe de la bouche ouverte de son frère qui en croqua un grain, puis lui ébouriffa les cheveux.
Elsa ne put s'empêcher de sourire en regardant cette scène: la complicité entre ses deux frères ne pouvait manquer de lui rappeler ses meilleurs souvenirs avec sa jeune sœur, Anna.

"Il est pourtant vrai que nous n'avons pas tous l'habitude de nous lever dans l'après-midi, lança Balin avec un sourire au coin des lèvres, même lorsque nous sommes invités. Dwalin m'a raconté que vous aviez petit déjeuné avec lui et d'autres ce matin, mademoiselle Elsa.
-C'est vrai, répondit-elle en s'asseyant sur un banc. Je suis ensuite partie pour visiter la cité.
-Oh oui, elle est belle n'est-ce pas? dit soudain Ori en levant le nez de son livre. Même si elle est habitée par des elfes, il faut bien admettre que l'on ne voit pas tous les jours pareil endroit.
-En effet, acquiesça Elsa. Et j'ai ensuite retrouvé Bilbon Sacquet qui était occupé à la même chose que moi.
-Ah, M. Sacquet, dit Balin tout en continuant d'observer la carte. Très sympathique ce cher hobbit, il me plaît bien. Il a l'art d'observer les petites choses que la plupart des gens ne remarquent pas. Oui, vraiment je l'apprécie.
-Bilbon? demanda Fili en s'asseyant à côté de son frère sur le banc. Oui, c'est un brave gars, très courageux pour un petit hobbit qui n'avait jamais quitté son village. Simplement, je crois que le courage ne suffit pas: il faut aussi l'expérience pour survivre en terre sauvage; et je pense qu'il n'est pas vraiment taillé pour cela. Le pauvre, j'ai souvent eu envie de le réconforter lorsque je le voyais trembler la nuit."

Elsa constata que Bilbon avait deviné à peu près justement l'opinion des nains à son égard. Elle resta assise à discuter avec les nains pendant un moment.
Lorsqu'ils en vinrent à parler des elfes, quelques remarques cinglantes furent lancées par Fili, Balin et Ori, mais des remerciements pour l'hospitalité de ces derniers furent tout de même prononcés.

"Je me souviens, mademoiselle Elsa, que vous aviez pris les elfes pour des anges? demanda Balin avec un petit rire. Pardonnez-moi, mais quelle drôle d'idée."

Fili et Ori rirent également du souvenir de cette méprise, mais Elsa ne s'en vexa pas du tout et rit avec eux. Elle se demanda cependant quel genre de conflit il pouvait bien y avoir entre les elfes et les nains.
Soudain, Kili se pencha vers elle et lui glissa à mi voix pour ne pas être entendu de ses camarades:

"Juste entre vous et moi, je ne vous blâme pas pour avoir cru cela. Ne le répétez pas aux autres, mais je ne comprends pas vraiment que l'on puisse détester ainsi les elfes. Non pas que ce soient mes meilleurs amis, mais je ne vois pas pourquoi ils seraient particulièrement plus mauvais que d'autres."

Elsa regarda le jeune nain puis acquiesça avec un petit sourire.
La journée continua d'avancer et Elsa s'adossa paresseusement à une colonne de pierre, appréciant de plus en plus cette journée à Fondcombe.
Après tant d'années à avoir tout fait pour ne croiser personne, elle se rendait à nouveau compte du bien que cela lui faisait de pouvoir parler avec d'autres personnes.
L'après-midi se poursuivit, sans que les compagnons ne voient le temps passer. Elsa respirait l'air frais, sentait les rayons du Soleil sur son visage: elle vivait de nouveau.
Elle se dit alors qu'elle avait vraiment bien fait de quitter sa caverne pour rejoindre les nains, et espérait vivre encore d'autres moments comme celui-ci.


Dernière édition par M.Baggins le Lun 23 Mar 2015, 19:58, édité 1 fois
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