- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Lun 01 Juin 2015, 14:13
Cool.^^
C'est vrai que c'est l'un des grands intérêts d'une fiction de s'imaginer des trucs.
Bon ben je te souhaite bonne chance pour l'écriture, et j'attends cette suite de pied ferme!
C'est vrai que c'est l'un des grands intérêts d'une fiction de s'imaginer des trucs.
Bon ben je te souhaite bonne chance pour l'écriture, et j'attends cette suite de pied ferme!
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Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
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- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 05 Juin 2015, 18:34
A que coucou les gens, voici le deuxième chapitre.^^
Bonne lecture (ouais, j'ai... Rien d'autre à dire. )
Si Elsa avait espéré, ne serait-ce que l'espace d'un instant, que leurs ennuis étaient finis pour le reste du voyage et que celui-ci ressemblerait tout du long à la semaine qui venait de s'écouler, cette huitième journée qui se leva la rappela brutalement à la réalité.
Elle fut réveillée en hâte ce matin, secouée par Bofur.
"Eh, miss Elsa, appela celui-ci, vite debout! Nous devons nous presser de partir."
La jeune femme ouvrit péniblement les yeux mais se força à se relever aussi vite que possible. Elle n'avait pas très bien dormi cette nuit là, dérangée par des rêves étranges et plutôt désagréables. Elle se frotta les yeux et se donna de petites claques pour se tirer de la somnolence. Et alors elle réalisa que tous ses compagnons s'agitaient, prenant leurs armes en mains et se tenant prêts à partir.
"Que se passe-t-il? demanda la jeune femme, intriguée.
-Dwalin et Gandalf montaient la garde, répondit Dori en regardant autour de lui d'un air inquiet, et ils ont entendu de nouveaux hurlements, beaucoup plus proches."
Elsa se raidit alors: Gandalf disait donc vrai, les Orques les avaient poursuivi sans relâche depuis les Monts Brumeux et les avaient à présent presque rattrapés. Si c'était bien le cas, il fallait effectivement lever le camp le plus vite possible. La jeune femme alors prête, la compagnie quitta son lieu de campement d'un pas vif, Thorin en tête et Gandalf juste derrière lui.
Le Soleil n'était encore qu'à moitié levé sur l'horizon, et sa pâle lumière orangée était atténuée par de longs nuages grisâtres qui s'étendaient tels des serpents ombrageux sur le ciel. Les compagnons marchèrent sur un sol herbeux couvert de la rosée du matin qui rendait l'air très frais: une fine buée sortait de leurs bouches lorsqu'ils respiraient.
Elsa était tendue, et cela lui déplaisait: après la semaine qui venait de s'écouler, elle devait bien admettre qu'elle avait un peu perdu l'habitude d'être constamment sur ses gardes pour guetter le moindre danger. Mais à présent, cela recommençait, et de manière brutale. Elle tendait l'oreille, à l'affut du moindre son suspect ou annonciateur de l'arrivée des Orques, sursautant à la moindre brindille qui craquait... Non, vraiment elle n'aimait pas du tout cette journée qui se présentait à elle.
Ils marchèrent ainsi pendant de longues minutes, silencieux, n'osant rien dire. Seul Gandalf les sommait par fois de ne pas ralentir, voire d'accélérer le pas. A un moment, Bilbon sortit sa petite épée pour en regarder la lame: mais celle-ci ne brillait pas le moins du monde. Les Orques n'était donc pas encore à proximité.
Cependant personne ne parvint à se détendre, car ils savaient que cela ne saurait durer. Et en effet, alors qu'ils marchaient à présent entre quelques pins et quelques rochers, un nouveau hurlement, plus proche que jamais, résonna dans la plaine, bientôt suivi d'un deuxième.
Tous se raidirent et sursautèrent: les cris étaient venus de plus loin sur leur gauche, derrière une barrière de rochers qui se dressait sur le sol couvert d'épines de pins desséchées. Ils tendirent l'oreille, tremblants et retenant leur respiration, et finirent par entendre un genre de grondement lointain, comme si de nombreuses pattes lourdes galopaient sur le sol, se rapprochant dangereusement de la fameuse barrière de rochers.
Elsa se mit à respirer frénétiquement, tandis que son cœur battait de plus en plus vite. Devaient-ils faire demi-tour? Devaient-ils foncer droit devant eux à toutes jambes? Elle n'en savait rien, et les autres non plus apparemment.
Les pas des prédateurs résonnaient toujours mais en réalité on avait du mal à distinguer la direction qu'ils prenaient: tantôt ils semblaient s'approcher, tantôt ils s'éloignaient, avant de sembler approcher à nouveau, comme si les Wargs fouillaient chaque recoin de terre pour débusquer leurs proies.
Elsa frissonna en imaginant la rage dans laquelle devait se trouver Azog, et ce qu'il pourrait bien leur faire si jamais il les attrapait.
Sachant qu'ils ne pouvaient rester là indéfiniment, les compagnons ne semblaient cependant pas d'accord sur la manière de procéder à présent: certains affirmaient qu'il fallait poursuivre leur chemin tant que les Orques n'étaient pas encore là, d'autres disaient qu'il fallait faire demi-tour et d'autres encore parlaient de faire un grand détour vers le Sud avant de rejoindre leur route initiale.
Thorin était le plus indécis: il savait à quel danger il exposait ses compagnons s'ils tombaient aux mains des Orques, mais il gardait également en tête le fait qu'ils ne possédaient pas autant de temps qu'ils le souhaitaient et devaient arriver à la Montagne avant le jour de Durin.
De plus, comme il était difficile de dire si les Orques venaient réellement vers eux ou non, il fut alors convenu qu'il fallait tout d'abord aller voir si la voie était libre ou non.
Bilbon se proposa alors pour remplir cette mission: il disait qu'après tout il était le cambrioleur et le plus discret de cette compagnie, et qu'il était temps qu'il commence à exercer son travail. Les autres, notamment Elsa, Balin et Gandalf, furent très peu rassurés à l'idée de laisser le hobbit s'aventurer seul plus en avant, mais ils se rendirent vite compte qu'il n'avaient pas réellement le choix.
Ce fut alors avec un pincement au cœur que la jeune femme regarda son ami s'éloigner sans un bruit le long de la barrière de rochers, avant de s'engouffrer dans un petit canyon qui menait sur la gauche. Elle fut une fois de plus frappée par l'incroyable capacité du hobbit à se déplacer sans faire le moindre bruit.
Une attente qui sembla très longue à tout le monde commença alors. Les compagnons se mirent à faire les cent pas, guettant régulièrement le retour de Bilbon, observant le Soleil qui était à présent plus haut sur l'horizon, alors que les nuages s'étaient quelque peu dissipés.
Un autre hurlement se fit entendre, faisant à nouveau sursauter les compagnons. Thorin saisit alors son épée et la tint fermement dans sa main, l'air méfiant. Mais le cri était en fait plutôt lointain et rien ne se passa, si ce n'est que l'inquiétude des camarades pour leur ami cambrioleur augmenta encore.
Elsa, au bout d'un moment, se laissa tomber assise sur un rocher, se tordant les doigts pour essayer d'évacuer son angoisse. De petits flocons tournoyaient doucement autour de ses mains dans un ballet harmonieux.
Cette attente était pourtant des plus affreuses: pourquoi Bilbon mettait-il si longtemps à revenir? Elle pensa à tous ces Orques qui se trouvaient non loin, guettant le moindre signe de la compagnie, et qui n'auraient aucune pitié avec le petit Bilbon si jamais ils le débusquaient.
Elle repensa à ces créatures montées sur leurs horribles Wargs, elle les revit menaçants dans la lueur des flammes une semaine auparavant, et elle se rappela aussi de la proposition de leur chef. Elle n'y avait jamais clairement repensé au cours de cette semaine, mais à présent cette pensée venait de ressurgir, très précise, dans son esprit: elle se rappela de la chaleur des flammes qui l'oppressait, de ses jambes qui tremblaient, de tous ces monstres qui la fixaient avec des yeux avides, attendant sa réponse...
Elle frissonna, puis se concentra à chasser ce souvenir de son esprit. Elle regarda autour d'elle et vit Gandalf qui faisait les cent pas en grommelant, les yeux dans le vague et les sourcils froncés, son cerveau semblant bouillonner sous son chapeau pointu, comme à l'accoutumée.
La jeune femme se concentra encore davantage pour se calmer: elle ferma les yeux et inspira une grande bouffée d'air.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se sentait un peu plus sereine, et espérait qu'elle avait raison d'éprouver cette sensation. Soudain, un bruit sur sa droite la fit sursauter.
Elle tourna la tête et vit Kili, son arc à la main, fixant un tronc d'arbre un peu plus loin. Elsa regarda le tronc en question et vit une flèche plantée dedans. Bientôt, le jeune nain en prit une nouvelle dans son carquois et l'encocha sur la corde de son arc, puis se concentra quelques instants avant de lâcher le tout. La flèche vint se planter juste à côté de la première. La jeune femme ne put retenir un petit sourire en coin: il s'entrainait pour le cas où ils auraient à affronter les Orques.
Mais alors, cherchant toujours à se détendre, elle eut envie de lui faire une farce. Lorsqu'il encocha une nouvelle flèche sur sa corde et se tint prêt à tirer, elle frappa le sol du pied et un petit mur de glace jaillit soudain de la terre à quelques mètre devant le jeune archer. Celui-ci n'eut pas le temps de réagir et lâcha sa flèche qui fut interceptée par la barrière glacée.
Kili sursauta légèrement, et tourna la tête de tous côtés avant de poser les yeux sur Elsa. Celle-ci le regarda d'un air malicieux, et le jeune nain ne put s'empêcher de rire lui aussi. Il s'approcha alors d'elle et demanda sur un ton de plaisanterie:
"Et comment suis-je censé nous débarrasser des Orques si vous interrompez la course de mes flèches?
-J'ai fait ça moi? fit semblant de s'étonner la jeune femme. Non, je ne vois pas de quoi vous parlez."
Tous deux eurent alors un rire franc pendant quelques instants. Puis, lorsqu'ils revinrent à la réalité, ils reprirent des expressions sérieuses et tendues. Kili se dirigea vers l'arbre pour aller récupérer ses flèches.
Puis soudain, un léger bruit de pas se fit entendre. Elsa tourna la tête et vit avec le plus grand des soulagements Bilbon Sacquet qui revenait vers eux en courant. Tous poussèrent alors des soupirs de soulagement, et Gandalf sembla enfin sortir de ses pensées. Elsa se leva de son rocher et alla rejoindre les autres qui formèrent un cercle autour du hobbit, légèrement essoufflé.
"Alors? demanda Thorin avec appréhension. La horde est-elle proche?
-Trop proche, répondit le hobbit. A deux lieues, pas plus."
Les compagnons se regardèrent alors avec des yeux pleins de peur, et Elsa sentit son cœur se serrer. Mais il fut presque broyé lorsque Bilbon ajouta:
"Mais ce n'est pas le pire.
-Les Wargs ont flairé notre odeur? demanda Dwalin.
-Non, pas encore, rassura le hobbit. Mais cela viendra. Nous avons un autre problème.
-Ils vous ont vu? demanda soudain Gandalf d'un air inquiet.
-Hein? s'étonna le hobbit.
-Ils vous ont vu, répéta le magicien, cette fois sûr de ce qu'il disait.
-Non, ce n'est pas cela.
-Ah, que vous avais-je dit? Discret comme une souris: l'étoffe d'un cambrioleur!"
Tous les autres approuvèrent la remarque du magicien. Mais Bilbon s'empressa de les rappeler:
"S'il vous plaît écoutez-moi! lança-t-il d'une voix plus forte. J'essaie de vous dire qu'il y a autre chose là bas."
Les autres semblèrent à nouveau angoissés. Elsa fut des moins rassurée: autre chose? Qu'est-ce que cela pouvait bien être? Que pouvait-il y avoir de pire que les Orques en ce moment?
Mais le plus bouleversé de tous fut sans doute Gandalf: il regarda M. Sacquet avec un air de grande appréhension.
"Quelle forme cela avait-il? demanda le vieil homme. Comme un ours?
-Heu... Oui, fit le hobbit qui sembla se demander comment Gandalf savait cela. Oui, mais plus gros. Beaucoup plus gros!"
Elsa ne sut pas bien comment prendre cette nouvelle: elle savait que les ours pouvaient être dangereux, mais elle savait aussi qu'ils étaient des animaux puissants et nobles.
En effet, de nombreuses légendes à Arendelle parlaient d'eux. Mais elle n'en avait jamais rencontré dans sa vie: alors que penser d'un ours plus grand que la normale? Les nains, quant à eux, regardèrent Gandalf avec des airs surpris et anxieux.
"Vous saviez pour cette créature? demanda Bofur avec des yeux grands ouverts."
Le magicien ne répondit pas tout de suite: il tourna les talons et s'éloigna de quelques pas, semblant réfléchir. Puis il finit par déclarer:
"Il y a une maison pas très loin d'ici; environ une journée de marche. Nous pourrions y trouver refuge.
-La maison de qui? demanda alors Thorin d'un air méfiant. Un ami ou un ennemi?
-Ni l'un ni l'autre, répondit le magicien d'un air grave. Il nous aidera ou... Il nous tuera."
Cette dernière phrase fut comme un coup de masse sur la tête de chacun des compagnons. Les pensées d'Elsa se bousculèrent dans sa tête: que pouvaient-ils bien faire?
Selon les dires de Bilbon, les Orques étaient très proches et ne tarderaient pas à les trouver. Et elle devait bien avouer que l'idée de dormir dans une maison après tant de semaines à dormir dehors lui était assez sympathique, surtout si cette maison pouvait leur servir de refuge contre les terribles Orques.
Mais si le propriétaire de cette demeure était potentiellement prêt à les tuer, était-ce une si bonne idée que d'y entrer?
"Quel choix avons-nous? demanda-t-elle alors à l'adresse de Gandalf."
Soudain, un hurlement de Warg se fit entendre, plus fort et plus proche que jamais.
"Aucun, répondit simplement Gandalf. Courrez!"
Quelques instants plus tard, les compagnons se trouvaient déjà à courir sur la plaine vers l'Est, suivant Gandalf pour arriver à ce fameux refuge dont il avait parlé.
Elsa avait oublié à quel point cela était fatiguant et inquiétant de courir pour échapper à ses ennemis; mais elle savait qu'elle n'avait plus le choix. Ils s'étaient lancés à découvert à pleine vitesse, fonçant droit à travers les herbes et les fleurs, renonçant à toute discrétion. A peine quelques minutes après avoir commencé leur course, ils commencèrent à entendre des martellements du sol derrière eux, accompagnés de cris et de grognements encore lointains, mais bien audibles et qui se rapprochaient progressivement.
Les nains usaient de toute la force de leurs jambes vigoureuses pour courir aussi vite qu'ils le pouvaient, tandis que Bilbon profitait de sa légèreté pour fendre l'air. Gandalf ne cessait de jeter des regards angoissés en arrière et de sommer les compagnons de ne pas s'arrêter.
Elsa aurait bien voulu que cela soit aussi facile, mais le fait de courir vite sans le moindre répit depuis le Soleil levé devint rapidement intenable. Elle était totalement essoufflée, ses jambes étaient engourdies et ses pieds endoloris. Elle manqua plusieurs fois de trébucher et de chuter à cause des irrégularités du sol et des pierres dissimulées dans les herbages.
Les compagnons eurent l'occasion d'observer, tout en courant, la course du Soleil dans le ciel: depuis son lever orangé jusqu'à son zénith brillant, parfois dissimulé derrière un voile de nuages grisâtres, tandis qu'un vent frais soufflait doucement sur la plaine fanée. Elsa vit parfois au loin des animaux paisibles qui se nourrissaient de l'herbe secouée par la brise, des biches ou des lièvres, et qui s'enfuyaient à toutes jambes dès qu'ils entendaient les hurlements des Wargs.
Lorsque l'après-midi fut bien entamé, Elsa commença à se sentir partir: sa vision devenait parfois floue et ses jambes devenaient si engourdies qu'elle ne les sentait plus. Et les autres n'étaient apparemment pas en meilleur état: mais où donc était cette maison dont parlait Gandalf? Quand y arriveraient-ils? A ce rythme, les Orques finiraient par les rattraper, et les trouveraient tellement épuisés qu'ils n'auraient aucune force pour résister. Cette idée permit à la jeune femme de reprendre du courage pendant quelques instants, avant que la fatigue et les crampes ne l'emportent de nouveau.
Il n'y avait plus aucun miracle à espérer: les monstres allaient les rattraper d'un instant à l'autre. Mais soudain, Elsa remarqua que les hurlements et les bruits de pas ne se faisaient plus entendre derrière eux. Ce détail l'intrigua au plus haut point et la poussa à tendre l'oreille: et en effet, ils ne semblaient plus être suivis. Le martellement funeste avaient cessé son orchestre angoissant et n'étendait plus son ombrage sur les compagnons. Pourtant la jeune femme se rappelait clairement l'avoir entendu tout le reste de la journée, de plus en plus proche et menaçant, poussant les compagnons à courir encore plus vite. Ils avaient même parfois opéré des changements de direction et des virages tortueux pour essayer d'échapper à leurs ennemis. Mais à présent, ce terrible tremblement qui les poursuivait n'était plus.
Ils couraient à présent dans un genre de bosquet, où se dressaient des châtaigniers et des platanes dont les feuilles rouges et oranges commençaient à couvrir le sol. La jeune femme avait espéré que la disparition des hurlements derrière eux leur aurait permis de ralentir leur allure, mais Gandalf ne semblait absolument pas enclin à faire de la sorte.
Il continuait de courir à toutes jambes et d'encourager ses camarades à faire de même.
La jeune femme se demanda quelques instants ce qui pouvait le pousser à continuer de galoper ainsi, mais soudain, un autre bruit commença à se faire entendre. Un tremblement du sol accompagné parfois de rugissements roulant et sonnant comme des tambours déchaînés. Des sueurs froides se mirent de nouveau à couler sur le front d'Elsa: qu'est-ce que cela pouvait bien être encore? Ce tremblent du sol semblait moins éparpillé, plus solitaire, comme s'il s'agissait d'une seule bête. Pourtant comment un animal seul pouvait-il produire un tel vacarme? Quel genre de créature était capable d'ébranler ainsi le sol et l'air autour d'elle?
Et soudain, Elsa crut deviner ce dont il s'agissait: cela devait sûrement être l'énorme ours que Bilbon avait aperçu le matin même. Le cœur de la jeune femme s'emballa tandis que le martellement se rapprochait rapidement, et que chaque grognement sonnait plus fort à ses oreilles: ils avaient donc finalement trouver pire que les Orques.
Elle pensa d'ailleurs que cette créature avait dû faire fuir la horde des chasseurs sur leurs montures, ce qui expliquerait la disparition de leurs cortège de hurlements. Mais à présent, un vacarme presque plus effrayant les poursuivait. Gandalf jeta un regard paniqué en arrière avant de lancer:
"Courrez! Nous y sommes presque."
Cela fut un véritable soulagement pour Elsa: enfin ils approchaient de la maison tant convoitée. A cet instant, les intentions de son mystérieux propriétaires lui importaient peu: tout ce qui lui occupait l'esprit était le bonheur de trouver enfin un refuge contre toutes ces dangereuses créatures qui les guettaient dehors. Et peut-être leur future ôte accepterait-elle de les aider en voyant qu'ils avaient désespérément besoin de secours.
Les compagnons accélérèrent donc une dernière fois, cherchant à tout prix à atteindre leur but. Les rayons du Soleil perçaient à travers les feuillages, laissant pendre leurs fils de lumière sur le fin tapis de feuilles qui couvrait le sol, tandis que le monstre se rapprochait derrière eux. Puis finalement, après ce qui avait semblé une éternité à Elsa, ils arrivèrent à la lisière du bosquet et sortirent de sous sa voûte orangée, retrouvant le plein rayonnement du Soleil. Et enfin, la jeune femme et les autres virent un peu plus loin la fameuse demeure: un mur de pierre entièrement couvert de lierre et de liseron marquait l'enceinte de la propriété.
A l'intérieur, on pouvait voir un genre de grand chalet de bois et de pierre, au toit en pointe légère sur lequel une cheminée grise fumait doucement. Entre la maison et le mur d'enceinte s'étendait un grand espace couvert par endroit d'herbes sauvages dans lesquelles broutaient des chèvres, picoraient des poules et trottinaient des chiens, et par autres endroit de potagers et d'espaces cultivés.
Quelques marres d'eau reflétaient les rayons du Soleil tandis que des arbres fruitiers donnaient aux animaux de l'ombre avec leurs feuillages. Et autour de cette singulière demeure s'étendait à perte de vue une plaine couverte d'herbe verte et dans laquelle se promenaient des chevaux et des poneys.
Elsa se demanda un instant si ces derniers appartenaient également au propriétaire de la maison, et pensa surtout que cette demeure offrirait certainement un abri agréable et paisible. Mais elle fut bien vite tirée de ses pensées lorsqu'un rugissement plus fort que jamais résonna à quelques pas derrière eux.
Elle se retourna, et son cœur tomba dans sa poitrine lorsqu'elle vit soudain la fameuse créature surgir en bondissant du bosquet. Et elle constata alors que ce qu'elle avait imaginé n'était rien par rapport à la réalité: d'après ce qu'avait dit Bilbon, elle s'était dit qu'il devait s'agir d'un ours plus gros que la moyenne; mais la créature qui venait d'apparaître sous ses yeux, si elle avait bien l'apparence d'un ours, était véritablement énorme, gigantesque. Son poil était d'un marron très foncé, presque noir, tandis que ses pattes larges, vigoureuses et puissantes, terminées par de longues griffes recourbées, la propulsaient à une vitesse impressionnante vers les compagnons. Son corps était si grand et massif qu'il aurait presque pu servir d'abri contre le Soleil à toute la compagnie. Et sa tête, belle et bien celle d'un ours, portait des yeux noirs féroces et étrangement intelligents, tandis que son immense gueule grande ouverte découvrait des dents longues et pointues qui ne feraient qu'une bouchée de tous les nains.
La vision de ce monstre qui fonçait droit vers eux en rugissant provoqua une telle panique chez les compagnons que leurs jambes les portèrent plus vite que jamais vers la grande maison. Elsa reporta son regard droit devant elle et ne se retourna ni ne s'arrêta plus avant d'atteindre la porte. Elle fonça droit devant, passa à la suite de ses camarades dans la large ouverture du mur de pierre, courut dans le grand jardin où les animaux la regardèrent elle et ses camarades avec des airs un peu surpris, puis arriva enfin juste devant une grande porte de bois fermée par une grosse planche de bois transversale. Où était le propriétaire de la demeure? Fallait-il frapper pour qu'il vienne ouvrir? Il n'y avait plus du tout assez de temps pour cela: le monstre les avait presque atteint, et il semblait furieux. Il fallait simplement entrer. Peut-être n'était-ce pas correct, mais il n'y avait aucune forme de choix en cet instant. Thorin saisit alors la planche dans ses mains et la souleva, libérant l'entrée. Tous les autres tirèrent alors l'un des battants de la porte et se précipitèrent à l'intérieur, tandis que le monstre n'avait plus que quelques mètres à parcourir pour les atteindre. Une fois que tout le monde fut à l'intérieur, ils entreprirent, plus paniqués que jamais de refermer la lourde porte. Mais juste avant qu'ils n'aient pu y parvenir, l'ours géant heurta la porte de tout son poids et tenta d'entrer pour atteindre les compagnons. Il glissa sa tête dans l'ouverture, mais les nains et la jeune femme résistèrent, poussant de toute la force de leurs bras. Après avoir totalement épuisé ses jambes en courant toute la journée, Elsa usa de toute la force des muscles de ses bras pour contrer la force colossale de la bête, qui poussait elle aussi de toutes ses forces. La vision de son museau dépassant à l'intérieur de la demeure, avec sa grande truffe noire et humide qui reniflait l'air avant de le recracher dans un souffle puissant, et ses grandes dents pointues et alignées, ne faisait rien pour rassurer les compagnons.
Finalement, Dwalin, Thorin, Elsa, Bombur et tous les autres nains poussèrent de toutes leurs forces et parvinrent à refermer la grande porte. Puis Dori et Nori s'empressèrent de se saisir d'une autre grande planche qui se trouvait là et la placèrent en transversal sur la porte, la fermant de l'intérieur.
Alors, enfin, tous purent reprendre leur souffle et leurs esprits. Elsa ferma les yeux et posa ses mains sur ses genoux, avant de souffler et d'inspirer longuement, se reposant enfin de cette journée extrêmement éprouvante.
De l'extérieur, le monstre poussait contre la porte, mais la grande planche résistait bien. Finalement, les compagnons se redressèrent, essuyant toute la sueur qui avait coulé sur leurs visages. Puis Ori se tourna vers Gandalf, la respiration toujours haletante, et demanda d'une voix tremblante:
"C'est quoi ça?"
Le magicien garda un instant le regard porté sur la porte qui tremblait, puis il regarda finalement le jeune nain avec un air grave et répondit:
"Ça, c'est notre ôte."
Tous alors se raidirent, et tournèrent lentement le regard vers le magicien, des yeux grands ouverts et des expressions effarées sur le visage. Elsa n'en croyait pas ses oreilles: Gandalf leur faisait-il une farce?
Mais non, le vieil homme avait un air des plus sérieux. Mais alors, il y avait réellement de quoi s'inquiéter: si leur ôte était un féroce ours géant, pas étonnant qu'ils risquent d'être tués. Et puis comment un ours pouvait-il vivre dans une maison et l'entretenir? Aaaah, tout cela était insensé! La tête de la jeune femme lui tournait, et Bilbon semblait à peu près dans le même état: il se tenait les hanches en reprenant toujours son souffle, et affichait une expression des plus déroutées et paniquées.
Finalement, Gandalf prit une inspiration, et commença à éclaircir la situation pour ses compagnons.
"Il s'appelle Beorn, déclara-t-il, et c'est un changeur de peau."
Elsa resta quelque peu surprise par ce dernier terme, mais le magicien poursuivit:
"Parfois c'est un énorme ours brun, parfois c'est un homme grand et fort. L'ours est incontrôlable et imprévisible, mais l'homme peut entendre raison."
Les compagnons furent alors plus informés sur la situation, mais ne se sentirent guère plus rassurés. Cet ours essaierait apparemment par tous les moyens de les tuer, et s'il fallait attendre qu'il redevienne un homme pour pouvoir négocier avec lui, ils n'étaient pas arrivés au bout de leurs peines. Elsa ne put cependant s'empêcher d'être un peu rêveuse en imaginant quelqu'un vivre avec une telle capacité.
Ce Beorn était-il le seul à posséder ce don ou y en avait-il d'autres comme lui? Puis soudain, la tirant des ses pensées, Gandalf prit un air grave avant d'ajouter:
"Cependant, c'est quelqu'un qui n'aime pas beaucoup les nains."
En entendant cela tous, y compris Elsa et Bilbon, regardèrent le magicien avec des airs paniqués. Mais qu'est-ce qui pouvait bien être passé par la tête de Gandalf pour qu'il ait l'idée de les amener dans une maison gardée par un gigantesque ours féroce, et qui ne serait que plus mécontent lorsqu'il découvrirait la nature de ses "invités"? Ils ne pouvaient pas sortir: la bête les attendait juste de l'autre côté de la porte.
Mais soudain, Elsa remarqua que la porte ne tremblait plus: le monstre aurait-il renoncé à essayer d'entrer? On entendait encore son souffle puissant, mais il semblait beaucoup plus calme. Puis finalement, il poussa un grognement et on entendit le lourd bruit de ses pas de moins en moins fort.
"On dirait qu'il s'éloigne, remarqua Ori qui avait collé son oreille à la grosse porte de bois.
-Ecarte-toi de là! s'exclama Dori qui saisit son petit frère pour le ramener vers lui, loin de la porte. Ce n'est pas naturel, rien ne l'est! Ça crève les yeux: il est soumis à un maléfice."
Elsa ne put soudain s'empêcher de se sentir légèrement piquée par les paroles de Dori: cette manière de dire d'une personne qu'elle était un genre de monstre maudit, bien que dans le cas présent il fut bien question d'un ours géant, lui évoquait de mauvais souvenirs.
Evidemment, elle ne comprenait que trop bien la peur de ses compagnons: elle l'avait elle aussi ressenti et avait été absolument terrifiée par cette bête, mais ces paroles lui faisait revenir en mémoire toutes ces années où on lui avait dit que les gens la considéraient comme un monstre, et surtout ce soir du couronnement où ces mises en gardes s'étaient révélées vraies.
Finalement, Gandalf répondit:
"Ne dites pas de bêtises, il n'est soumis qu'à son propre enchantement."
Puis il se dirigea lentement vers le fond de la pièce tout en déclarant:
"Bien, à présent tâchez de dormir, vous tous. Vous ne craignez rien ici cette nuit."
Et alors que les compagnons commencèrent à s'installer, le vieil homme jeta un dernier regard à la porte de bois et murmura, sans que les autres ne l'entende:
"Du moins je l'espère."
Puis il alla s'asseoir dans un coin, le dos appuyé contre un mur, avant d'allumer sa pipe et de se plonger dans ses bouillonnantes pensées tout en laissant échapper des volutes de fumée bleutée.
De leur côté, les camarades se mirent à leurs aises dans leur refuge temporaire.
Pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans cette maison, Elsa détacha le regard de la porte et, terminant de reprendre son souffle, prit enfin le temps de découvrir l'endroit dans lequel elle se trouvait. Il s'agissait d'une très grande grange, aux proportions impressionnantes (certainement prévu pour la taille du propriétaire de la maison).
Les murs tout autour d'eux étaient faits de lourdes pierres empilées et serrées les unes contre les autres sur la partie basse, tandis que le haut consistait en d'épaisses planches de bois solidement cloutées et callées verticalement. Le toit était également de bois, mais quelques pierres devaient bien aussi être placées entre deux couches de bois pour solidifier le tout.
Cette voûte, située à au moins six mètres du sol, était soutenue par de grosses poutres de bois verticales, calées au-dessous de poutre horizontales courant le long de la pente du toit. Sur les poutres faisant office de colonnes entre le sol et le plafond, on pouvait voir des gravures, représentant la plupart du temps des scènes de récolte, de chasse ou de traite des vaches.
Et justement, plusieurs bovidés aux longues cornes recourbées et à la foisonnante fourrure se trouvaient dans la grange, jetant parfois des regards intrigués aux compagnons tout en mâchant consciencieusement la paille recouvrant le sol de la pièce sur une couche de plusieurs centimètres.
Elsa resta un moment debout à observer tout simplement cette grange qui en soi n'avait rien de bien étonnant (hormis sa taille), mais dégageait tout de même une sensation étrange, inhabituelle, que la jeune femme ne pouvait pas nier apprécier. Elle se dit que cet endroit donnait une véritable impression de force et de solidité, et qu'il s'agirait sans nul doute d'un excellent abri pour la nuit. Ses compagnons semblaient penser la même chose: ils regardaient également autour d'eux avec des airs aussi bien impressionnés et intrigués que rassurés.
Mais la plupart d'entre eux étaient totalement exténués par la journée qui venait de s'écouler: ils trouvèrent chacun un coin bien confortable et s'allongèrent sur la paille avant de sombrer rapidement dans le sommeil. Elsa sentit qu'elle ne tiendrait plus très longtemps elle non plus: elle jeta simplement un regard par une fenêtre qui se trouvait là. Le Soleil était maintenant proche de l'horizon, et la nuit arriverait dans deux ou trois heures seulement. Mais les rayons de l'astre du jour éclairaient encore la grande plaine verte qui s'étendait loin, très loin, et dans laquelle trottaient quelques poneys et chevaux au milieu des herbes ondulant sous le vent. Soudain, Elsa vit de nombreux points noirs voler dans les airs au dessus de ces herbes: intriguée, elle plissa les yeux et découvrit qu'il s'agissait d'abeilles. De grosses abeilles, exactement comme celles qu'ils avaient vues plusieurs jours auparavant butiner les fleurs du val d'Anduin. La jeune femme se demanda un instant, amusée, si ces abeilles géantes avaient un rapport avec ce fameux Beorn. Etait-ce lui qui les élevait? Possédait-il des ruches dans son grand jardin?
Mais bien vite, la fatigue eut raison de la reine des neiges: elle laissa échapper un long bâillement, et décida d'imiter ses camarades en allant se coucher.
Elle se trouva également un coin agréable et s'allongea sur le tapis de paille; ce qui lui donna une sensation de véritable félicité après avoir meurtri ses jambes à courir sans s'arrêter toute la journée. Ces dernières, s'allongeant enfin et n'ayant plus à supporter le poids de son corps, poussèrent presque des soupirs de soulagement.
Bien que l'endroit sentit assez fortement la chèvre et la vache, Elsa ferma aussitôt les yeux et n'eut aucun mal à trouver le sommeil et le repos dont elle avait rêvé toute la journée.
La nuit était assez avancée à présent: une Lune presque pleine s'était levée et baignait la plaine des ses rayons argentés, parfois caressée par des filets de nuages qui couraient dans le ciel, portés par le vent.
Sous cette Lune, la maison de Beorn semblait paisible, endormie, sûre et inébranlable. Les animaux qui y vivaient avaient eux aussi trouvé le sommeil et un silence reposant, envoûtant entourait l'endroit.
Mais pourtant non loin, tapies dans le bosquet voisin de la grande demeure, des créatures pour le moins effrayantes observaient le refuge des compagnons avec des yeux avides. La horde des Orques qui les avaient poursuivis aujourd'hui se trouvait là, ainsi que les Wargs féroces. Après leur défaite dans les Monts Brumeux, Azog, furieux, avait mené les survivants de l'attaque des aigles dans une nouvelle poursuite.
Ils n'avaient perdu aucun temps et s'étaient élancés dans la direction où les aigles s'étaient envolés. Ils avaient traversé le reste des Monts Brumeux, les Wargs courant sans relâche, dévalant les pentes escarpées et sautant par dessus les rochers. Puis ils avaient atteint le val d'Anduin, et avaient alors commencé à flairer la piste des compagnons, qu'ils avaient traqué pendant une bonne semaine avant de se rapprocher d'eux suffisamment pour se lancer pour de bon à leurs trousses.
Et dans la journée qui venait de s'écouler, ils les avaient poursuivis férocement, Azog plus avide que jamais de rattraper ces sales nains. Mais alors qu'ils avaient presque atteint leur but, la créature avait surgi. Un énorme ours brun, au rugissement terrifiant et aux dents acérées s'était à son tour lancé à leur poursuite.
Ils connaissaient bien cette créature: c'était Beorn, le changeur de peau. Un être qui vivait dans une maison non loin de là et qui se montrait toujours d'une férocité incroyable avec les Orques.
Ceux-ci étant trop peu nombreux pour lui résister, déchaîné comme il était, ils avaient pris leurs jambes à leurs cous et s'étaient enfuis, oubliant les nains, ne cherchant qu'à échapper à la terrible créature. Ils s'étaient finalement tirés d'affaire, mais jamais ils n'oublièrent cette journée à cause de cela. Puis, discrètement, évitant de se faire repérer, ils avaient de nouveau suivi la piste des compagnons jusqu'à la maison du changeur de peau, dont ils s'approchèrent, ne voyant la bête nulle part alentours, pour surprendre leurs proies.
Mais alors qu'ils étaient à découvert, le monstre avait de nouveau surgi des fourrés, et avait cette fois réussi à s'emparer de l'un d'entre eux. Terrifiés, les autres s'étaient enfuis, laissant leur pauvre camarade à son sort entre les griffes de la bête. Ils s'étaient réfugiés dans le bosquet non loin de la grande demeure, se cachant, attendant le bon moment.
Et à présent que la nuit était tombée, ils étaient toujours tapis entre les arbres, observant la maison où se trouvaient leurs cibles. Mais celle-ci était toujours surveillée par Beorn: Azog la voyait, la silhouette noire de l'énorme ours qui rôdait et tournait autour de sa demeure, guettant le moindre intrus qui oserait s'approcher, et poussant d'inquiétants grognements dès qu'il entendait le moindre bruit.
Le profanateur était furieux: ces sales nains trouvaient toujours un moyen de lui échapper. Mais il se jura que cela ne durerait pas. A un moment ou un autre, ils seraient bien obligés de quitter cette maudite maison, et le changeur de peau ne serait pas toujours là pour veiller sur eux.
Derrière lui, les Wargs se chamaillaient, la faim commençant à leur taillader le ventre, tandis que les autres Orques attendaient des directives de leur chef.
Mais voyant que celui-ci restait totalement immobile et silencieux, le regard fixé sur la demeure du monstre, l'un d'entre eux s'approcha de lui et lui parla dans le noir langage des Orques.
"Nous pourrions les attaquer maintenant, suggéra-t-il. Les tuer pendant leur sommeil.
-Non, répliqua l'Orque pâle d'un air furieux. La bête monte la garde."
Enfin, il daigna sortir de son immobilité et tourna le dos à la grande maison, avant d'aller rejoindre ses congénères.
"Nous les tuerons sur la route! lança-t-il à l'adresse de chacun d'entre eux."
Ceux-ci le regardèrent alors, puis acquiescèrent doucement, se préparant à repartir à la charge dès que l'occasion s'en présenterait.
Puis soudain, un bruit se fit entendre non loin. Des bruits de branches et de brindilles qui craquent, et de pas rapides se rapprochant d'eux à grande vitesse. Tous se mirent sur leurs gardes: les Wargs se crampèrent sur leurs pattes et sortirent leurs crocs, tandis que les Orques se saisirent de leurs armes, prêts à se défendre.
Etait-ce la bête qui revenait à la charge?
Mais bientôt, la chose responsable des bruits surgit d'entre les buissons et se révéla aux yeux des créatures. Ce n'était pas la bête, c'était un de leurs semblables: un Warg brun monté par un Orque. Et cet Orque, tout comme Azog, avait la peau pâle et était plus grand que ses congénères. Il approcha sa monture tout près du profanateur et lui adressa ces paroles, toujours dans son rude langage:
"Ils se rassemblent à Dol Guldur. Le maître vous a demandé."
Tous les Orques restèrent alors silencieux, et tournèrent le regard vers leur chef. Celui-ci ne répondit rien, se contentant d'afficher un air mécontent.
Mais finalement, après un moment de silence et d'immobilité, il lança à tous ses chasseurs d'enfourcher leurs montures et de le suivre. Il monta lui-même sur son Warg blanc et tous s'éloignèrent de la maison de Beorn en direction du Sud, là d'où était venu le messager pâle.
Dans la grange, tout était calme. Seul la respiration paisible des compagnons se faisait entendre, accompagnée par celle des vaches endormies. Les murs épais de pierre et de bois conservait une certaine chaleur à l'intérieur du bâtiment, protégeant les camarades de la fraîcheur nocturne qui régnait dehors.
Elsa, qui avait plongé dans le sommeil dès qu'elle s'était allongée, se réveilla pourtant doucement. Elle se sentit tirée du monde des rêves et ouvrit doucement les yeux.
Elle mit un moment avant de se souvenir de tout ce qui s'était passé et de comprendre où elle se trouvait. Elle s'étira alors et bâilla légèrement: elle ignorait pourquoi elle s'était réveillée, peut-être un courant d'air ou un bruit qu'elle avait inconsciemment entendu, mais elle se sentait reposée et prit plaisir à rester un moment allongée dans la paille douce et fraîche, bien qu'odorante.
Elle se redressa légèrement pour jeter un coup d'œil par la fenêtre, afin d'estimer l'heure qu'il était à présent. Elle vit que la Lune se rapprochait de l'horizon: le jour se lèverait dans quelques heures maintenant; il fallait qu'elle dorme encore un peu.
Elle se rallongea et porta son regard au plafond, dissimulé dans l'obscurité, mais dont elle aimait deviner les formes et les reliefs au-dessus d'elle. Elle resta ainsi un moment, ne pensant à rien, essayant simplement de retrouver le sommeil.
Quand soudain, la dernière chose à laquelle elle se serait attendue arriva. Elle commença par entendre une petite voix qui l'appela:
"Elsa."
La jeune femme, pensant qu'il s'agissait de l'un de ses compagnons, se redressa et tourna la tête pour voir lequel d'entre eux l'avait appelé. Mais tous étaient profondément endormis: respirant calmement, et certainement incapables de prononcer un mot. Elle fronça alors les sourcils: qui l'avait appelée ainsi? Quelqu'un d'autre était-il entré dans la maison? Elle tourna la tête de tous côtés, observant chaque recoin pour voir si quelqu'un ne s'y trouvait pas; mais elle ne vit personne. Elle était sur le point de se dire qu'elle avait rêvé, lorsque la voix se fit de nouveau entendre:
"Elsa, c'est moi."
La jeune femme se dit soudain que cette voix lui était familière. Elle plissa les yeux en direction de la provenance du son, et alors, lentement, une silhouette pâle, fantomatique, se dessina dans l'obscurité de la maison de Beorn.
Bientôt, Elsa vit Anna, sa petite sœur, se tenir debout au milieu de la grange, la regardant avec ses yeux tendres et pétillants. La dame des neiges se sentit un peu fébrile devant cette apparition, mais cette fois elle ne fondit pas en larmes et ne se mit pas à trembler. Elle était même plutôt contente de voir sa sœur en cet instant.
"Anna... murmura-t-elle avec un petit sourire aux lèvres.
-Oui Elsa, je suis là, répondit cette dernière en s'approchant de sa grande sœur. Je voulais te voir de nouveau."
Une fois qu'elle fut assez proche, la silhouette d'Anna s'assit sur la paille, semblant pourtant flotter légèrement au dessus du sol.
A présent, les deux sœurs avaient les yeux au même niveau, et se regardaient en face.
Un silence régna pendant quelques instants, puis Anna se pencha légèrement en avant et regarda Elsa d'un air insistant, comme si elle attendait qu'elle lui dise quelque chose.
"Alors? demanda-t-elle avec un petit sourire. Es-tu sortie de ta grotte? As-tu rejoint ces fameux aventuriers?
-Oui, répondit l'aînée après un instant de silence. Oui Anna, j'ai enfin quitté ma grotte: je suis partie droit dans l'inconnu. Oh Anna, si tu savais... Il y a tant de choses à raconter, ce monde est vraiment incroyable!"
Après s'être quelque peu emportée, Elsa se souvint que ses compagnons dormaient toujours autour d'elle et qu'elle ne devait pas les réveiller.
Elle se calma alors, et reporta son regard droit dans celui de sa cadette. Elle la regarda ainsi quelques instants, une expression d'infinie gratitude sur le visage, un petit sourire se dessinant au coin de ses lèvres, et de petites larmes apparaissant dans ses yeux.
"Et tout cela, c'est grâce à toi Anna, reprit-elle en chuchotant. Je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire depuis la dernière fois que tu es venue me voir, mais jamais je ne pourrais te remercier assez de m'avoir encouragée à sortir de mon trou. Tu as toujours les bonnes idées, tu sais toujours ce qui est le mieux,... Contrairement à moi, qui ne fais que des erreurs et enchaîne sottise sur sottise.
-Ne dis pas cela Elsa, protesta Anna sur un ton rassurant. Tout le monde fait des erreurs: d'ailleurs tu as une fausse idée de moi. Si tu savais à quel point moi aussi je fais des erreurs.... De jugement principalement.
-En tout cas sache que je te suis éternellement redevable pour m'avoir guidée, reprit Elsa d'un air solennel. Et surtout sache que quoi qu'il arrive, je ne t'oublie jamais, car je t'aime Anna."
Un petit silence s'installa alors. Les deux sœurs se regardèrent, avant de lever en même temps leurs mains et de commencer à les approcher l'une de l'autre.
Mais lorsque leurs doigts auraient du se toucher, Elsa eut simplement l'impression de passer sa main dans un petit nuage de vapeur.
Elle se rappela immédiatement qu'il était impossible de toucher sa sœur ainsi. Un peu déçue, elle se ravisa et ramena sa main vers elle. Puis elle pensa à la place qu'occupait à présent sa cadette à Arendelle: et elle se dit qu'elle aimerait avoir des nouvelles du royaume. Elle se rappela le nombre de fois où elle y avait pensé depuis son entrée dans la compagnie, et comment elle avait parfois souhaité y retourner, ne fut-ce qu'un instant pour voir si tout allait bien.
"Bon, parlons de toi à présent, dit-elle en se penchant vers Anna. Raconte-moi, est-ce que tout va bien? Arrives-tu à t'en sortir à la tête du royaume? Je suis sûre que oui, douée comme tu es."
Anna parut alors un peu gênée. Elle sembla chercher ses mots, avant de commencer à répondre:
"Heu... Oui, oui... Je m'en sors assez bien. Disons que je me débrouille avec la situation.
-La situation? s'étonna Elsa en levant un sourcil.
-Eh bien, oui... confirma la jeune rousse avec un air encore plus embarrassé. Elsa, il faut que je te pose une question: n'as-tu toujours trouvé aucun moyen de rentrer?"
L'expression de l'aînée s'assombrit alors quelque peu. Elle baissa les yeux, un peu honteuse, avant de répondre sur un ton monotone:
"Non, je suis désolée Anna.
-Tu ne vois vraiment aucun moyen de revenir?
-Non, aucun. Crois-moi, si j'en trouvais, je reviendrais aussitôt te voir, rien que pour m'assurer que tout va bien. Mais je n'en connais aucun."
La jeune femme repensa soudain à ce jour bien lointain où le seigneur Elrond lui avait parlé de gemmes permettant à leur propriétaire de voyager entre les univers, mais elle se rappela surtout que cela n'était qu'une légende, et décida de ne rien dire à ce sujet, pour ne pas donner de faux espoir à sa jeune sœur.
Anna baissa alors les yeux et soupira, ce que fit également Elsa.
"Il faudra pourtant bien un jour que tu songes à revenir, dit soudain la cadette après un silence."
Elsa ne répondit pas tout de suite: elle repensa à cette dernière phrase.
Etait-ce bien vrai? Bien sûr, elle souhaitait être certaine que tout allait bien à Arendelle, mais avait-elle réellement envie de retourner y vivre? Avec tous ces gens qui la regarderaient comme un danger, comme un être anormal dont il faut rester éloigné, et surtout l'obligation de cacher ses pouvoirs.
Elle leva les yeux et regarda la grange autour d'elle, et se rappela de la plaine qui s'étendait au dehors, de l'Anduin qui coulait plus à l'Ouest, des Monts Brumeux qui se dressaient entre Fondcombe et la maison de Beorn, de la forêt de Vertbois qui les attendait plus loin à l'Est, et de la Montagne solitaire au bout du voyage.
Elle repensa à toutes les préoccupations qu'elle avait à présent, et tout ce qui lui restait encore à accomplir avec ses amis, puis soupira.
"Ecoute Anna, je... commença-t-elle, cherchant ses mots. Je n'ai jamais demandé à être envoyée ici, tout comme je n'ai jamais demandé de pouvoir contrôler la neige et la glace, mais pourtant c'est arrivé. Il ne servirait à rien de le nier: je me trouve ici en Terre du Milieu, sans aucun moyen de revenir; ce n'est tout de même pas ma faute. Et pour l'instant je suis très concentrée sur l'objectif de notre quête, et il serait déjà bien que nous arrivions jusqu'au bout. Je n'ai pas vraiment la tête à penser à mon retour au royaume.
-Et que feras-tu une fois une fois que tout cela sera terminé? demanda aussitôt Anna avec un regard appuyé. Lorsque vous aurez terminé votre voyage et accompli votre quête, où iras-tu? Que feras-tu?"
Elsa resta alors silencieuse, clouée sur place.
Elle n'avait pas l'ombre d'une réponse à l'esprit. Jamais encore depuis qu'elle avait quitté sa caverne elle n'avait pensé à ce qui se passerait une fois tout ceci accompli; elle espérait déjà pouvoir arriver jusqu'au bout de ce long voyage avec ses compagnons. Mais à présent que la question lui était posée, elle se trouva pour la première fois obligée d'y réfléchir: que se passerait-il après tout ça? Qu'allait elle devenir? Qu'adviendrait-il de la compagnie?
Il paraissait assez évident que les nains resteraient à Erebor, mais qu'en serait-il pour elle et Bilbon? Et Gandalf?
Chacun se dirait-il au revoir, partant de son côté? Retournerait-elle dans sa grotte au fond des bois? Elsa ne savait le dire.
"Anna je... commença-t-elle."
Mais soudain, un bruit se fit entendre au dehors: un bruit sourd accompagné d'un genre de craquement. La jeune femme sursauta et regarda aussitôt par la fenêtre.
Etait-ce Beorn? Etait-il revenu? Ou pire, était-ce les Orques qui les avaient retrouvés?
Elle plissa les yeux pour essayer de détecter le moindre mouvement au dehors, la respiration haletante. Mais elle ne vit rien, ni n'entendit plus rien. Peut-être n'était-ce que les poneys qui s'étaient remis à galoper...
Soulagée, elle poussa un soupir, et retourna la tête en direction d'Anna. Mais celle-ci c'était tout bonnement évaporée; il n'y avait plus aucune trace d'elle.
Elsa resta un instant sans bouger, puis baissa les yeux, un peu déçue.
La question posée par sa petite sœur ne cessait de résonner dans sa tête. Mais elle décida de la chasser de son esprit et d'essayer de se rendormir pour les quelques heures qui restaient avant le lever du Soleil.
Avant de se rallonger, elle jeta un dernier regard autour d'elle, et remarqua soudain que Bilbon aussi était apparemment réveillé. Allongé plus loin sur la paille, lui tournant le dos, elle eut l'impression de le voir tenir quelque chose dans ses mains et de le faire tourner entre ses doigts, le regard fixé dessus.
Elle ne pouvait voir de quoi il s'agissait et cela l'intrigua un instant, mais elle se dit rapidement que cela ne la regardait sûrement pas et qu'il devait s'agir d'un quelconque objet que le hobbit gardait dans sa poche: rien de bien important en somme.
Elle oublia bien vite la chose et se rallongea sur la paille, avant de fermer les yeux pour replonger dans le sommeil, l'esprit toujours un peu tracassé par sa discussion de ce soir avec Anna.
Bonne lecture (ouais, j'ai... Rien d'autre à dire. )
Chapitre 2:
Si Elsa avait espéré, ne serait-ce que l'espace d'un instant, que leurs ennuis étaient finis pour le reste du voyage et que celui-ci ressemblerait tout du long à la semaine qui venait de s'écouler, cette huitième journée qui se leva la rappela brutalement à la réalité.
Elle fut réveillée en hâte ce matin, secouée par Bofur.
"Eh, miss Elsa, appela celui-ci, vite debout! Nous devons nous presser de partir."
La jeune femme ouvrit péniblement les yeux mais se força à se relever aussi vite que possible. Elle n'avait pas très bien dormi cette nuit là, dérangée par des rêves étranges et plutôt désagréables. Elle se frotta les yeux et se donna de petites claques pour se tirer de la somnolence. Et alors elle réalisa que tous ses compagnons s'agitaient, prenant leurs armes en mains et se tenant prêts à partir.
"Que se passe-t-il? demanda la jeune femme, intriguée.
-Dwalin et Gandalf montaient la garde, répondit Dori en regardant autour de lui d'un air inquiet, et ils ont entendu de nouveaux hurlements, beaucoup plus proches."
Elsa se raidit alors: Gandalf disait donc vrai, les Orques les avaient poursuivi sans relâche depuis les Monts Brumeux et les avaient à présent presque rattrapés. Si c'était bien le cas, il fallait effectivement lever le camp le plus vite possible. La jeune femme alors prête, la compagnie quitta son lieu de campement d'un pas vif, Thorin en tête et Gandalf juste derrière lui.
Le Soleil n'était encore qu'à moitié levé sur l'horizon, et sa pâle lumière orangée était atténuée par de longs nuages grisâtres qui s'étendaient tels des serpents ombrageux sur le ciel. Les compagnons marchèrent sur un sol herbeux couvert de la rosée du matin qui rendait l'air très frais: une fine buée sortait de leurs bouches lorsqu'ils respiraient.
Elsa était tendue, et cela lui déplaisait: après la semaine qui venait de s'écouler, elle devait bien admettre qu'elle avait un peu perdu l'habitude d'être constamment sur ses gardes pour guetter le moindre danger. Mais à présent, cela recommençait, et de manière brutale. Elle tendait l'oreille, à l'affut du moindre son suspect ou annonciateur de l'arrivée des Orques, sursautant à la moindre brindille qui craquait... Non, vraiment elle n'aimait pas du tout cette journée qui se présentait à elle.
Ils marchèrent ainsi pendant de longues minutes, silencieux, n'osant rien dire. Seul Gandalf les sommait par fois de ne pas ralentir, voire d'accélérer le pas. A un moment, Bilbon sortit sa petite épée pour en regarder la lame: mais celle-ci ne brillait pas le moins du monde. Les Orques n'était donc pas encore à proximité.
Cependant personne ne parvint à se détendre, car ils savaient que cela ne saurait durer. Et en effet, alors qu'ils marchaient à présent entre quelques pins et quelques rochers, un nouveau hurlement, plus proche que jamais, résonna dans la plaine, bientôt suivi d'un deuxième.
Tous se raidirent et sursautèrent: les cris étaient venus de plus loin sur leur gauche, derrière une barrière de rochers qui se dressait sur le sol couvert d'épines de pins desséchées. Ils tendirent l'oreille, tremblants et retenant leur respiration, et finirent par entendre un genre de grondement lointain, comme si de nombreuses pattes lourdes galopaient sur le sol, se rapprochant dangereusement de la fameuse barrière de rochers.
Elsa se mit à respirer frénétiquement, tandis que son cœur battait de plus en plus vite. Devaient-ils faire demi-tour? Devaient-ils foncer droit devant eux à toutes jambes? Elle n'en savait rien, et les autres non plus apparemment.
Les pas des prédateurs résonnaient toujours mais en réalité on avait du mal à distinguer la direction qu'ils prenaient: tantôt ils semblaient s'approcher, tantôt ils s'éloignaient, avant de sembler approcher à nouveau, comme si les Wargs fouillaient chaque recoin de terre pour débusquer leurs proies.
Elsa frissonna en imaginant la rage dans laquelle devait se trouver Azog, et ce qu'il pourrait bien leur faire si jamais il les attrapait.
Sachant qu'ils ne pouvaient rester là indéfiniment, les compagnons ne semblaient cependant pas d'accord sur la manière de procéder à présent: certains affirmaient qu'il fallait poursuivre leur chemin tant que les Orques n'étaient pas encore là, d'autres disaient qu'il fallait faire demi-tour et d'autres encore parlaient de faire un grand détour vers le Sud avant de rejoindre leur route initiale.
Thorin était le plus indécis: il savait à quel danger il exposait ses compagnons s'ils tombaient aux mains des Orques, mais il gardait également en tête le fait qu'ils ne possédaient pas autant de temps qu'ils le souhaitaient et devaient arriver à la Montagne avant le jour de Durin.
De plus, comme il était difficile de dire si les Orques venaient réellement vers eux ou non, il fut alors convenu qu'il fallait tout d'abord aller voir si la voie était libre ou non.
Bilbon se proposa alors pour remplir cette mission: il disait qu'après tout il était le cambrioleur et le plus discret de cette compagnie, et qu'il était temps qu'il commence à exercer son travail. Les autres, notamment Elsa, Balin et Gandalf, furent très peu rassurés à l'idée de laisser le hobbit s'aventurer seul plus en avant, mais ils se rendirent vite compte qu'il n'avaient pas réellement le choix.
Ce fut alors avec un pincement au cœur que la jeune femme regarda son ami s'éloigner sans un bruit le long de la barrière de rochers, avant de s'engouffrer dans un petit canyon qui menait sur la gauche. Elle fut une fois de plus frappée par l'incroyable capacité du hobbit à se déplacer sans faire le moindre bruit.
Une attente qui sembla très longue à tout le monde commença alors. Les compagnons se mirent à faire les cent pas, guettant régulièrement le retour de Bilbon, observant le Soleil qui était à présent plus haut sur l'horizon, alors que les nuages s'étaient quelque peu dissipés.
Un autre hurlement se fit entendre, faisant à nouveau sursauter les compagnons. Thorin saisit alors son épée et la tint fermement dans sa main, l'air méfiant. Mais le cri était en fait plutôt lointain et rien ne se passa, si ce n'est que l'inquiétude des camarades pour leur ami cambrioleur augmenta encore.
Elsa, au bout d'un moment, se laissa tomber assise sur un rocher, se tordant les doigts pour essayer d'évacuer son angoisse. De petits flocons tournoyaient doucement autour de ses mains dans un ballet harmonieux.
Cette attente était pourtant des plus affreuses: pourquoi Bilbon mettait-il si longtemps à revenir? Elle pensa à tous ces Orques qui se trouvaient non loin, guettant le moindre signe de la compagnie, et qui n'auraient aucune pitié avec le petit Bilbon si jamais ils le débusquaient.
Elle repensa à ces créatures montées sur leurs horribles Wargs, elle les revit menaçants dans la lueur des flammes une semaine auparavant, et elle se rappela aussi de la proposition de leur chef. Elle n'y avait jamais clairement repensé au cours de cette semaine, mais à présent cette pensée venait de ressurgir, très précise, dans son esprit: elle se rappela de la chaleur des flammes qui l'oppressait, de ses jambes qui tremblaient, de tous ces monstres qui la fixaient avec des yeux avides, attendant sa réponse...
Elle frissonna, puis se concentra à chasser ce souvenir de son esprit. Elle regarda autour d'elle et vit Gandalf qui faisait les cent pas en grommelant, les yeux dans le vague et les sourcils froncés, son cerveau semblant bouillonner sous son chapeau pointu, comme à l'accoutumée.
La jeune femme se concentra encore davantage pour se calmer: elle ferma les yeux et inspira une grande bouffée d'air.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se sentait un peu plus sereine, et espérait qu'elle avait raison d'éprouver cette sensation. Soudain, un bruit sur sa droite la fit sursauter.
Elle tourna la tête et vit Kili, son arc à la main, fixant un tronc d'arbre un peu plus loin. Elsa regarda le tronc en question et vit une flèche plantée dedans. Bientôt, le jeune nain en prit une nouvelle dans son carquois et l'encocha sur la corde de son arc, puis se concentra quelques instants avant de lâcher le tout. La flèche vint se planter juste à côté de la première. La jeune femme ne put retenir un petit sourire en coin: il s'entrainait pour le cas où ils auraient à affronter les Orques.
Mais alors, cherchant toujours à se détendre, elle eut envie de lui faire une farce. Lorsqu'il encocha une nouvelle flèche sur sa corde et se tint prêt à tirer, elle frappa le sol du pied et un petit mur de glace jaillit soudain de la terre à quelques mètre devant le jeune archer. Celui-ci n'eut pas le temps de réagir et lâcha sa flèche qui fut interceptée par la barrière glacée.
Kili sursauta légèrement, et tourna la tête de tous côtés avant de poser les yeux sur Elsa. Celle-ci le regarda d'un air malicieux, et le jeune nain ne put s'empêcher de rire lui aussi. Il s'approcha alors d'elle et demanda sur un ton de plaisanterie:
"Et comment suis-je censé nous débarrasser des Orques si vous interrompez la course de mes flèches?
-J'ai fait ça moi? fit semblant de s'étonner la jeune femme. Non, je ne vois pas de quoi vous parlez."
Tous deux eurent alors un rire franc pendant quelques instants. Puis, lorsqu'ils revinrent à la réalité, ils reprirent des expressions sérieuses et tendues. Kili se dirigea vers l'arbre pour aller récupérer ses flèches.
Puis soudain, un léger bruit de pas se fit entendre. Elsa tourna la tête et vit avec le plus grand des soulagements Bilbon Sacquet qui revenait vers eux en courant. Tous poussèrent alors des soupirs de soulagement, et Gandalf sembla enfin sortir de ses pensées. Elsa se leva de son rocher et alla rejoindre les autres qui formèrent un cercle autour du hobbit, légèrement essoufflé.
"Alors? demanda Thorin avec appréhension. La horde est-elle proche?
-Trop proche, répondit le hobbit. A deux lieues, pas plus."
Les compagnons se regardèrent alors avec des yeux pleins de peur, et Elsa sentit son cœur se serrer. Mais il fut presque broyé lorsque Bilbon ajouta:
"Mais ce n'est pas le pire.
-Les Wargs ont flairé notre odeur? demanda Dwalin.
-Non, pas encore, rassura le hobbit. Mais cela viendra. Nous avons un autre problème.
-Ils vous ont vu? demanda soudain Gandalf d'un air inquiet.
-Hein? s'étonna le hobbit.
-Ils vous ont vu, répéta le magicien, cette fois sûr de ce qu'il disait.
-Non, ce n'est pas cela.
-Ah, que vous avais-je dit? Discret comme une souris: l'étoffe d'un cambrioleur!"
Tous les autres approuvèrent la remarque du magicien. Mais Bilbon s'empressa de les rappeler:
"S'il vous plaît écoutez-moi! lança-t-il d'une voix plus forte. J'essaie de vous dire qu'il y a autre chose là bas."
Les autres semblèrent à nouveau angoissés. Elsa fut des moins rassurée: autre chose? Qu'est-ce que cela pouvait bien être? Que pouvait-il y avoir de pire que les Orques en ce moment?
Mais le plus bouleversé de tous fut sans doute Gandalf: il regarda M. Sacquet avec un air de grande appréhension.
"Quelle forme cela avait-il? demanda le vieil homme. Comme un ours?
-Heu... Oui, fit le hobbit qui sembla se demander comment Gandalf savait cela. Oui, mais plus gros. Beaucoup plus gros!"
Elsa ne sut pas bien comment prendre cette nouvelle: elle savait que les ours pouvaient être dangereux, mais elle savait aussi qu'ils étaient des animaux puissants et nobles.
En effet, de nombreuses légendes à Arendelle parlaient d'eux. Mais elle n'en avait jamais rencontré dans sa vie: alors que penser d'un ours plus grand que la normale? Les nains, quant à eux, regardèrent Gandalf avec des airs surpris et anxieux.
"Vous saviez pour cette créature? demanda Bofur avec des yeux grands ouverts."
Le magicien ne répondit pas tout de suite: il tourna les talons et s'éloigna de quelques pas, semblant réfléchir. Puis il finit par déclarer:
"Il y a une maison pas très loin d'ici; environ une journée de marche. Nous pourrions y trouver refuge.
-La maison de qui? demanda alors Thorin d'un air méfiant. Un ami ou un ennemi?
-Ni l'un ni l'autre, répondit le magicien d'un air grave. Il nous aidera ou... Il nous tuera."
Cette dernière phrase fut comme un coup de masse sur la tête de chacun des compagnons. Les pensées d'Elsa se bousculèrent dans sa tête: que pouvaient-ils bien faire?
Selon les dires de Bilbon, les Orques étaient très proches et ne tarderaient pas à les trouver. Et elle devait bien avouer que l'idée de dormir dans une maison après tant de semaines à dormir dehors lui était assez sympathique, surtout si cette maison pouvait leur servir de refuge contre les terribles Orques.
Mais si le propriétaire de cette demeure était potentiellement prêt à les tuer, était-ce une si bonne idée que d'y entrer?
"Quel choix avons-nous? demanda-t-elle alors à l'adresse de Gandalf."
Soudain, un hurlement de Warg se fit entendre, plus fort et plus proche que jamais.
"Aucun, répondit simplement Gandalf. Courrez!"
Quelques instants plus tard, les compagnons se trouvaient déjà à courir sur la plaine vers l'Est, suivant Gandalf pour arriver à ce fameux refuge dont il avait parlé.
Elsa avait oublié à quel point cela était fatiguant et inquiétant de courir pour échapper à ses ennemis; mais elle savait qu'elle n'avait plus le choix. Ils s'étaient lancés à découvert à pleine vitesse, fonçant droit à travers les herbes et les fleurs, renonçant à toute discrétion. A peine quelques minutes après avoir commencé leur course, ils commencèrent à entendre des martellements du sol derrière eux, accompagnés de cris et de grognements encore lointains, mais bien audibles et qui se rapprochaient progressivement.
Les nains usaient de toute la force de leurs jambes vigoureuses pour courir aussi vite qu'ils le pouvaient, tandis que Bilbon profitait de sa légèreté pour fendre l'air. Gandalf ne cessait de jeter des regards angoissés en arrière et de sommer les compagnons de ne pas s'arrêter.
Elsa aurait bien voulu que cela soit aussi facile, mais le fait de courir vite sans le moindre répit depuis le Soleil levé devint rapidement intenable. Elle était totalement essoufflée, ses jambes étaient engourdies et ses pieds endoloris. Elle manqua plusieurs fois de trébucher et de chuter à cause des irrégularités du sol et des pierres dissimulées dans les herbages.
Les compagnons eurent l'occasion d'observer, tout en courant, la course du Soleil dans le ciel: depuis son lever orangé jusqu'à son zénith brillant, parfois dissimulé derrière un voile de nuages grisâtres, tandis qu'un vent frais soufflait doucement sur la plaine fanée. Elsa vit parfois au loin des animaux paisibles qui se nourrissaient de l'herbe secouée par la brise, des biches ou des lièvres, et qui s'enfuyaient à toutes jambes dès qu'ils entendaient les hurlements des Wargs.
Lorsque l'après-midi fut bien entamé, Elsa commença à se sentir partir: sa vision devenait parfois floue et ses jambes devenaient si engourdies qu'elle ne les sentait plus. Et les autres n'étaient apparemment pas en meilleur état: mais où donc était cette maison dont parlait Gandalf? Quand y arriveraient-ils? A ce rythme, les Orques finiraient par les rattraper, et les trouveraient tellement épuisés qu'ils n'auraient aucune force pour résister. Cette idée permit à la jeune femme de reprendre du courage pendant quelques instants, avant que la fatigue et les crampes ne l'emportent de nouveau.
Il n'y avait plus aucun miracle à espérer: les monstres allaient les rattraper d'un instant à l'autre. Mais soudain, Elsa remarqua que les hurlements et les bruits de pas ne se faisaient plus entendre derrière eux. Ce détail l'intrigua au plus haut point et la poussa à tendre l'oreille: et en effet, ils ne semblaient plus être suivis. Le martellement funeste avaient cessé son orchestre angoissant et n'étendait plus son ombrage sur les compagnons. Pourtant la jeune femme se rappelait clairement l'avoir entendu tout le reste de la journée, de plus en plus proche et menaçant, poussant les compagnons à courir encore plus vite. Ils avaient même parfois opéré des changements de direction et des virages tortueux pour essayer d'échapper à leurs ennemis. Mais à présent, ce terrible tremblement qui les poursuivait n'était plus.
Ils couraient à présent dans un genre de bosquet, où se dressaient des châtaigniers et des platanes dont les feuilles rouges et oranges commençaient à couvrir le sol. La jeune femme avait espéré que la disparition des hurlements derrière eux leur aurait permis de ralentir leur allure, mais Gandalf ne semblait absolument pas enclin à faire de la sorte.
Il continuait de courir à toutes jambes et d'encourager ses camarades à faire de même.
La jeune femme se demanda quelques instants ce qui pouvait le pousser à continuer de galoper ainsi, mais soudain, un autre bruit commença à se faire entendre. Un tremblement du sol accompagné parfois de rugissements roulant et sonnant comme des tambours déchaînés. Des sueurs froides se mirent de nouveau à couler sur le front d'Elsa: qu'est-ce que cela pouvait bien être encore? Ce tremblent du sol semblait moins éparpillé, plus solitaire, comme s'il s'agissait d'une seule bête. Pourtant comment un animal seul pouvait-il produire un tel vacarme? Quel genre de créature était capable d'ébranler ainsi le sol et l'air autour d'elle?
Et soudain, Elsa crut deviner ce dont il s'agissait: cela devait sûrement être l'énorme ours que Bilbon avait aperçu le matin même. Le cœur de la jeune femme s'emballa tandis que le martellement se rapprochait rapidement, et que chaque grognement sonnait plus fort à ses oreilles: ils avaient donc finalement trouver pire que les Orques.
Elle pensa d'ailleurs que cette créature avait dû faire fuir la horde des chasseurs sur leurs montures, ce qui expliquerait la disparition de leurs cortège de hurlements. Mais à présent, un vacarme presque plus effrayant les poursuivait. Gandalf jeta un regard paniqué en arrière avant de lancer:
"Courrez! Nous y sommes presque."
Cela fut un véritable soulagement pour Elsa: enfin ils approchaient de la maison tant convoitée. A cet instant, les intentions de son mystérieux propriétaires lui importaient peu: tout ce qui lui occupait l'esprit était le bonheur de trouver enfin un refuge contre toutes ces dangereuses créatures qui les guettaient dehors. Et peut-être leur future ôte accepterait-elle de les aider en voyant qu'ils avaient désespérément besoin de secours.
Les compagnons accélérèrent donc une dernière fois, cherchant à tout prix à atteindre leur but. Les rayons du Soleil perçaient à travers les feuillages, laissant pendre leurs fils de lumière sur le fin tapis de feuilles qui couvrait le sol, tandis que le monstre se rapprochait derrière eux. Puis finalement, après ce qui avait semblé une éternité à Elsa, ils arrivèrent à la lisière du bosquet et sortirent de sous sa voûte orangée, retrouvant le plein rayonnement du Soleil. Et enfin, la jeune femme et les autres virent un peu plus loin la fameuse demeure: un mur de pierre entièrement couvert de lierre et de liseron marquait l'enceinte de la propriété.
A l'intérieur, on pouvait voir un genre de grand chalet de bois et de pierre, au toit en pointe légère sur lequel une cheminée grise fumait doucement. Entre la maison et le mur d'enceinte s'étendait un grand espace couvert par endroit d'herbes sauvages dans lesquelles broutaient des chèvres, picoraient des poules et trottinaient des chiens, et par autres endroit de potagers et d'espaces cultivés.
Quelques marres d'eau reflétaient les rayons du Soleil tandis que des arbres fruitiers donnaient aux animaux de l'ombre avec leurs feuillages. Et autour de cette singulière demeure s'étendait à perte de vue une plaine couverte d'herbe verte et dans laquelle se promenaient des chevaux et des poneys.
Elsa se demanda un instant si ces derniers appartenaient également au propriétaire de la maison, et pensa surtout que cette demeure offrirait certainement un abri agréable et paisible. Mais elle fut bien vite tirée de ses pensées lorsqu'un rugissement plus fort que jamais résonna à quelques pas derrière eux.
Elle se retourna, et son cœur tomba dans sa poitrine lorsqu'elle vit soudain la fameuse créature surgir en bondissant du bosquet. Et elle constata alors que ce qu'elle avait imaginé n'était rien par rapport à la réalité: d'après ce qu'avait dit Bilbon, elle s'était dit qu'il devait s'agir d'un ours plus gros que la moyenne; mais la créature qui venait d'apparaître sous ses yeux, si elle avait bien l'apparence d'un ours, était véritablement énorme, gigantesque. Son poil était d'un marron très foncé, presque noir, tandis que ses pattes larges, vigoureuses et puissantes, terminées par de longues griffes recourbées, la propulsaient à une vitesse impressionnante vers les compagnons. Son corps était si grand et massif qu'il aurait presque pu servir d'abri contre le Soleil à toute la compagnie. Et sa tête, belle et bien celle d'un ours, portait des yeux noirs féroces et étrangement intelligents, tandis que son immense gueule grande ouverte découvrait des dents longues et pointues qui ne feraient qu'une bouchée de tous les nains.
La vision de ce monstre qui fonçait droit vers eux en rugissant provoqua une telle panique chez les compagnons que leurs jambes les portèrent plus vite que jamais vers la grande maison. Elsa reporta son regard droit devant elle et ne se retourna ni ne s'arrêta plus avant d'atteindre la porte. Elle fonça droit devant, passa à la suite de ses camarades dans la large ouverture du mur de pierre, courut dans le grand jardin où les animaux la regardèrent elle et ses camarades avec des airs un peu surpris, puis arriva enfin juste devant une grande porte de bois fermée par une grosse planche de bois transversale. Où était le propriétaire de la demeure? Fallait-il frapper pour qu'il vienne ouvrir? Il n'y avait plus du tout assez de temps pour cela: le monstre les avait presque atteint, et il semblait furieux. Il fallait simplement entrer. Peut-être n'était-ce pas correct, mais il n'y avait aucune forme de choix en cet instant. Thorin saisit alors la planche dans ses mains et la souleva, libérant l'entrée. Tous les autres tirèrent alors l'un des battants de la porte et se précipitèrent à l'intérieur, tandis que le monstre n'avait plus que quelques mètres à parcourir pour les atteindre. Une fois que tout le monde fut à l'intérieur, ils entreprirent, plus paniqués que jamais de refermer la lourde porte. Mais juste avant qu'ils n'aient pu y parvenir, l'ours géant heurta la porte de tout son poids et tenta d'entrer pour atteindre les compagnons. Il glissa sa tête dans l'ouverture, mais les nains et la jeune femme résistèrent, poussant de toute la force de leurs bras. Après avoir totalement épuisé ses jambes en courant toute la journée, Elsa usa de toute la force des muscles de ses bras pour contrer la force colossale de la bête, qui poussait elle aussi de toutes ses forces. La vision de son museau dépassant à l'intérieur de la demeure, avec sa grande truffe noire et humide qui reniflait l'air avant de le recracher dans un souffle puissant, et ses grandes dents pointues et alignées, ne faisait rien pour rassurer les compagnons.
Finalement, Dwalin, Thorin, Elsa, Bombur et tous les autres nains poussèrent de toutes leurs forces et parvinrent à refermer la grande porte. Puis Dori et Nori s'empressèrent de se saisir d'une autre grande planche qui se trouvait là et la placèrent en transversal sur la porte, la fermant de l'intérieur.
Alors, enfin, tous purent reprendre leur souffle et leurs esprits. Elsa ferma les yeux et posa ses mains sur ses genoux, avant de souffler et d'inspirer longuement, se reposant enfin de cette journée extrêmement éprouvante.
De l'extérieur, le monstre poussait contre la porte, mais la grande planche résistait bien. Finalement, les compagnons se redressèrent, essuyant toute la sueur qui avait coulé sur leurs visages. Puis Ori se tourna vers Gandalf, la respiration toujours haletante, et demanda d'une voix tremblante:
"C'est quoi ça?"
Le magicien garda un instant le regard porté sur la porte qui tremblait, puis il regarda finalement le jeune nain avec un air grave et répondit:
"Ça, c'est notre ôte."
Tous alors se raidirent, et tournèrent lentement le regard vers le magicien, des yeux grands ouverts et des expressions effarées sur le visage. Elsa n'en croyait pas ses oreilles: Gandalf leur faisait-il une farce?
Mais non, le vieil homme avait un air des plus sérieux. Mais alors, il y avait réellement de quoi s'inquiéter: si leur ôte était un féroce ours géant, pas étonnant qu'ils risquent d'être tués. Et puis comment un ours pouvait-il vivre dans une maison et l'entretenir? Aaaah, tout cela était insensé! La tête de la jeune femme lui tournait, et Bilbon semblait à peu près dans le même état: il se tenait les hanches en reprenant toujours son souffle, et affichait une expression des plus déroutées et paniquées.
Finalement, Gandalf prit une inspiration, et commença à éclaircir la situation pour ses compagnons.
"Il s'appelle Beorn, déclara-t-il, et c'est un changeur de peau."
Elsa resta quelque peu surprise par ce dernier terme, mais le magicien poursuivit:
"Parfois c'est un énorme ours brun, parfois c'est un homme grand et fort. L'ours est incontrôlable et imprévisible, mais l'homme peut entendre raison."
Les compagnons furent alors plus informés sur la situation, mais ne se sentirent guère plus rassurés. Cet ours essaierait apparemment par tous les moyens de les tuer, et s'il fallait attendre qu'il redevienne un homme pour pouvoir négocier avec lui, ils n'étaient pas arrivés au bout de leurs peines. Elsa ne put cependant s'empêcher d'être un peu rêveuse en imaginant quelqu'un vivre avec une telle capacité.
Ce Beorn était-il le seul à posséder ce don ou y en avait-il d'autres comme lui? Puis soudain, la tirant des ses pensées, Gandalf prit un air grave avant d'ajouter:
"Cependant, c'est quelqu'un qui n'aime pas beaucoup les nains."
En entendant cela tous, y compris Elsa et Bilbon, regardèrent le magicien avec des airs paniqués. Mais qu'est-ce qui pouvait bien être passé par la tête de Gandalf pour qu'il ait l'idée de les amener dans une maison gardée par un gigantesque ours féroce, et qui ne serait que plus mécontent lorsqu'il découvrirait la nature de ses "invités"? Ils ne pouvaient pas sortir: la bête les attendait juste de l'autre côté de la porte.
Mais soudain, Elsa remarqua que la porte ne tremblait plus: le monstre aurait-il renoncé à essayer d'entrer? On entendait encore son souffle puissant, mais il semblait beaucoup plus calme. Puis finalement, il poussa un grognement et on entendit le lourd bruit de ses pas de moins en moins fort.
"On dirait qu'il s'éloigne, remarqua Ori qui avait collé son oreille à la grosse porte de bois.
-Ecarte-toi de là! s'exclama Dori qui saisit son petit frère pour le ramener vers lui, loin de la porte. Ce n'est pas naturel, rien ne l'est! Ça crève les yeux: il est soumis à un maléfice."
Elsa ne put soudain s'empêcher de se sentir légèrement piquée par les paroles de Dori: cette manière de dire d'une personne qu'elle était un genre de monstre maudit, bien que dans le cas présent il fut bien question d'un ours géant, lui évoquait de mauvais souvenirs.
Evidemment, elle ne comprenait que trop bien la peur de ses compagnons: elle l'avait elle aussi ressenti et avait été absolument terrifiée par cette bête, mais ces paroles lui faisait revenir en mémoire toutes ces années où on lui avait dit que les gens la considéraient comme un monstre, et surtout ce soir du couronnement où ces mises en gardes s'étaient révélées vraies.
Finalement, Gandalf répondit:
"Ne dites pas de bêtises, il n'est soumis qu'à son propre enchantement."
Puis il se dirigea lentement vers le fond de la pièce tout en déclarant:
"Bien, à présent tâchez de dormir, vous tous. Vous ne craignez rien ici cette nuit."
Et alors que les compagnons commencèrent à s'installer, le vieil homme jeta un dernier regard à la porte de bois et murmura, sans que les autres ne l'entende:
"Du moins je l'espère."
Puis il alla s'asseoir dans un coin, le dos appuyé contre un mur, avant d'allumer sa pipe et de se plonger dans ses bouillonnantes pensées tout en laissant échapper des volutes de fumée bleutée.
De leur côté, les camarades se mirent à leurs aises dans leur refuge temporaire.
Pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans cette maison, Elsa détacha le regard de la porte et, terminant de reprendre son souffle, prit enfin le temps de découvrir l'endroit dans lequel elle se trouvait. Il s'agissait d'une très grande grange, aux proportions impressionnantes (certainement prévu pour la taille du propriétaire de la maison).
Les murs tout autour d'eux étaient faits de lourdes pierres empilées et serrées les unes contre les autres sur la partie basse, tandis que le haut consistait en d'épaisses planches de bois solidement cloutées et callées verticalement. Le toit était également de bois, mais quelques pierres devaient bien aussi être placées entre deux couches de bois pour solidifier le tout.
Cette voûte, située à au moins six mètres du sol, était soutenue par de grosses poutres de bois verticales, calées au-dessous de poutre horizontales courant le long de la pente du toit. Sur les poutres faisant office de colonnes entre le sol et le plafond, on pouvait voir des gravures, représentant la plupart du temps des scènes de récolte, de chasse ou de traite des vaches.
Et justement, plusieurs bovidés aux longues cornes recourbées et à la foisonnante fourrure se trouvaient dans la grange, jetant parfois des regards intrigués aux compagnons tout en mâchant consciencieusement la paille recouvrant le sol de la pièce sur une couche de plusieurs centimètres.
Elsa resta un moment debout à observer tout simplement cette grange qui en soi n'avait rien de bien étonnant (hormis sa taille), mais dégageait tout de même une sensation étrange, inhabituelle, que la jeune femme ne pouvait pas nier apprécier. Elle se dit que cet endroit donnait une véritable impression de force et de solidité, et qu'il s'agirait sans nul doute d'un excellent abri pour la nuit. Ses compagnons semblaient penser la même chose: ils regardaient également autour d'eux avec des airs aussi bien impressionnés et intrigués que rassurés.
Mais la plupart d'entre eux étaient totalement exténués par la journée qui venait de s'écouler: ils trouvèrent chacun un coin bien confortable et s'allongèrent sur la paille avant de sombrer rapidement dans le sommeil. Elsa sentit qu'elle ne tiendrait plus très longtemps elle non plus: elle jeta simplement un regard par une fenêtre qui se trouvait là. Le Soleil était maintenant proche de l'horizon, et la nuit arriverait dans deux ou trois heures seulement. Mais les rayons de l'astre du jour éclairaient encore la grande plaine verte qui s'étendait loin, très loin, et dans laquelle trottaient quelques poneys et chevaux au milieu des herbes ondulant sous le vent. Soudain, Elsa vit de nombreux points noirs voler dans les airs au dessus de ces herbes: intriguée, elle plissa les yeux et découvrit qu'il s'agissait d'abeilles. De grosses abeilles, exactement comme celles qu'ils avaient vues plusieurs jours auparavant butiner les fleurs du val d'Anduin. La jeune femme se demanda un instant, amusée, si ces abeilles géantes avaient un rapport avec ce fameux Beorn. Etait-ce lui qui les élevait? Possédait-il des ruches dans son grand jardin?
Mais bien vite, la fatigue eut raison de la reine des neiges: elle laissa échapper un long bâillement, et décida d'imiter ses camarades en allant se coucher.
Elle se trouva également un coin agréable et s'allongea sur le tapis de paille; ce qui lui donna une sensation de véritable félicité après avoir meurtri ses jambes à courir sans s'arrêter toute la journée. Ces dernières, s'allongeant enfin et n'ayant plus à supporter le poids de son corps, poussèrent presque des soupirs de soulagement.
Bien que l'endroit sentit assez fortement la chèvre et la vache, Elsa ferma aussitôt les yeux et n'eut aucun mal à trouver le sommeil et le repos dont elle avait rêvé toute la journée.
La nuit était assez avancée à présent: une Lune presque pleine s'était levée et baignait la plaine des ses rayons argentés, parfois caressée par des filets de nuages qui couraient dans le ciel, portés par le vent.
Sous cette Lune, la maison de Beorn semblait paisible, endormie, sûre et inébranlable. Les animaux qui y vivaient avaient eux aussi trouvé le sommeil et un silence reposant, envoûtant entourait l'endroit.
Mais pourtant non loin, tapies dans le bosquet voisin de la grande demeure, des créatures pour le moins effrayantes observaient le refuge des compagnons avec des yeux avides. La horde des Orques qui les avaient poursuivis aujourd'hui se trouvait là, ainsi que les Wargs féroces. Après leur défaite dans les Monts Brumeux, Azog, furieux, avait mené les survivants de l'attaque des aigles dans une nouvelle poursuite.
Ils n'avaient perdu aucun temps et s'étaient élancés dans la direction où les aigles s'étaient envolés. Ils avaient traversé le reste des Monts Brumeux, les Wargs courant sans relâche, dévalant les pentes escarpées et sautant par dessus les rochers. Puis ils avaient atteint le val d'Anduin, et avaient alors commencé à flairer la piste des compagnons, qu'ils avaient traqué pendant une bonne semaine avant de se rapprocher d'eux suffisamment pour se lancer pour de bon à leurs trousses.
Et dans la journée qui venait de s'écouler, ils les avaient poursuivis férocement, Azog plus avide que jamais de rattraper ces sales nains. Mais alors qu'ils avaient presque atteint leur but, la créature avait surgi. Un énorme ours brun, au rugissement terrifiant et aux dents acérées s'était à son tour lancé à leur poursuite.
Ils connaissaient bien cette créature: c'était Beorn, le changeur de peau. Un être qui vivait dans une maison non loin de là et qui se montrait toujours d'une férocité incroyable avec les Orques.
Ceux-ci étant trop peu nombreux pour lui résister, déchaîné comme il était, ils avaient pris leurs jambes à leurs cous et s'étaient enfuis, oubliant les nains, ne cherchant qu'à échapper à la terrible créature. Ils s'étaient finalement tirés d'affaire, mais jamais ils n'oublièrent cette journée à cause de cela. Puis, discrètement, évitant de se faire repérer, ils avaient de nouveau suivi la piste des compagnons jusqu'à la maison du changeur de peau, dont ils s'approchèrent, ne voyant la bête nulle part alentours, pour surprendre leurs proies.
Mais alors qu'ils étaient à découvert, le monstre avait de nouveau surgi des fourrés, et avait cette fois réussi à s'emparer de l'un d'entre eux. Terrifiés, les autres s'étaient enfuis, laissant leur pauvre camarade à son sort entre les griffes de la bête. Ils s'étaient réfugiés dans le bosquet non loin de la grande demeure, se cachant, attendant le bon moment.
Et à présent que la nuit était tombée, ils étaient toujours tapis entre les arbres, observant la maison où se trouvaient leurs cibles. Mais celle-ci était toujours surveillée par Beorn: Azog la voyait, la silhouette noire de l'énorme ours qui rôdait et tournait autour de sa demeure, guettant le moindre intrus qui oserait s'approcher, et poussant d'inquiétants grognements dès qu'il entendait le moindre bruit.
Le profanateur était furieux: ces sales nains trouvaient toujours un moyen de lui échapper. Mais il se jura que cela ne durerait pas. A un moment ou un autre, ils seraient bien obligés de quitter cette maudite maison, et le changeur de peau ne serait pas toujours là pour veiller sur eux.
Derrière lui, les Wargs se chamaillaient, la faim commençant à leur taillader le ventre, tandis que les autres Orques attendaient des directives de leur chef.
Mais voyant que celui-ci restait totalement immobile et silencieux, le regard fixé sur la demeure du monstre, l'un d'entre eux s'approcha de lui et lui parla dans le noir langage des Orques.
"Nous pourrions les attaquer maintenant, suggéra-t-il. Les tuer pendant leur sommeil.
-Non, répliqua l'Orque pâle d'un air furieux. La bête monte la garde."
Enfin, il daigna sortir de son immobilité et tourna le dos à la grande maison, avant d'aller rejoindre ses congénères.
"Nous les tuerons sur la route! lança-t-il à l'adresse de chacun d'entre eux."
Ceux-ci le regardèrent alors, puis acquiescèrent doucement, se préparant à repartir à la charge dès que l'occasion s'en présenterait.
Puis soudain, un bruit se fit entendre non loin. Des bruits de branches et de brindilles qui craquent, et de pas rapides se rapprochant d'eux à grande vitesse. Tous se mirent sur leurs gardes: les Wargs se crampèrent sur leurs pattes et sortirent leurs crocs, tandis que les Orques se saisirent de leurs armes, prêts à se défendre.
Etait-ce la bête qui revenait à la charge?
Mais bientôt, la chose responsable des bruits surgit d'entre les buissons et se révéla aux yeux des créatures. Ce n'était pas la bête, c'était un de leurs semblables: un Warg brun monté par un Orque. Et cet Orque, tout comme Azog, avait la peau pâle et était plus grand que ses congénères. Il approcha sa monture tout près du profanateur et lui adressa ces paroles, toujours dans son rude langage:
"Ils se rassemblent à Dol Guldur. Le maître vous a demandé."
Tous les Orques restèrent alors silencieux, et tournèrent le regard vers leur chef. Celui-ci ne répondit rien, se contentant d'afficher un air mécontent.
Mais finalement, après un moment de silence et d'immobilité, il lança à tous ses chasseurs d'enfourcher leurs montures et de le suivre. Il monta lui-même sur son Warg blanc et tous s'éloignèrent de la maison de Beorn en direction du Sud, là d'où était venu le messager pâle.
Dans la grange, tout était calme. Seul la respiration paisible des compagnons se faisait entendre, accompagnée par celle des vaches endormies. Les murs épais de pierre et de bois conservait une certaine chaleur à l'intérieur du bâtiment, protégeant les camarades de la fraîcheur nocturne qui régnait dehors.
Elsa, qui avait plongé dans le sommeil dès qu'elle s'était allongée, se réveilla pourtant doucement. Elle se sentit tirée du monde des rêves et ouvrit doucement les yeux.
Elle mit un moment avant de se souvenir de tout ce qui s'était passé et de comprendre où elle se trouvait. Elle s'étira alors et bâilla légèrement: elle ignorait pourquoi elle s'était réveillée, peut-être un courant d'air ou un bruit qu'elle avait inconsciemment entendu, mais elle se sentait reposée et prit plaisir à rester un moment allongée dans la paille douce et fraîche, bien qu'odorante.
Elle se redressa légèrement pour jeter un coup d'œil par la fenêtre, afin d'estimer l'heure qu'il était à présent. Elle vit que la Lune se rapprochait de l'horizon: le jour se lèverait dans quelques heures maintenant; il fallait qu'elle dorme encore un peu.
Elle se rallongea et porta son regard au plafond, dissimulé dans l'obscurité, mais dont elle aimait deviner les formes et les reliefs au-dessus d'elle. Elle resta ainsi un moment, ne pensant à rien, essayant simplement de retrouver le sommeil.
Quand soudain, la dernière chose à laquelle elle se serait attendue arriva. Elle commença par entendre une petite voix qui l'appela:
"Elsa."
La jeune femme, pensant qu'il s'agissait de l'un de ses compagnons, se redressa et tourna la tête pour voir lequel d'entre eux l'avait appelé. Mais tous étaient profondément endormis: respirant calmement, et certainement incapables de prononcer un mot. Elle fronça alors les sourcils: qui l'avait appelée ainsi? Quelqu'un d'autre était-il entré dans la maison? Elle tourna la tête de tous côtés, observant chaque recoin pour voir si quelqu'un ne s'y trouvait pas; mais elle ne vit personne. Elle était sur le point de se dire qu'elle avait rêvé, lorsque la voix se fit de nouveau entendre:
"Elsa, c'est moi."
La jeune femme se dit soudain que cette voix lui était familière. Elle plissa les yeux en direction de la provenance du son, et alors, lentement, une silhouette pâle, fantomatique, se dessina dans l'obscurité de la maison de Beorn.
Bientôt, Elsa vit Anna, sa petite sœur, se tenir debout au milieu de la grange, la regardant avec ses yeux tendres et pétillants. La dame des neiges se sentit un peu fébrile devant cette apparition, mais cette fois elle ne fondit pas en larmes et ne se mit pas à trembler. Elle était même plutôt contente de voir sa sœur en cet instant.
"Anna... murmura-t-elle avec un petit sourire aux lèvres.
-Oui Elsa, je suis là, répondit cette dernière en s'approchant de sa grande sœur. Je voulais te voir de nouveau."
Une fois qu'elle fut assez proche, la silhouette d'Anna s'assit sur la paille, semblant pourtant flotter légèrement au dessus du sol.
A présent, les deux sœurs avaient les yeux au même niveau, et se regardaient en face.
Un silence régna pendant quelques instants, puis Anna se pencha légèrement en avant et regarda Elsa d'un air insistant, comme si elle attendait qu'elle lui dise quelque chose.
"Alors? demanda-t-elle avec un petit sourire. Es-tu sortie de ta grotte? As-tu rejoint ces fameux aventuriers?
-Oui, répondit l'aînée après un instant de silence. Oui Anna, j'ai enfin quitté ma grotte: je suis partie droit dans l'inconnu. Oh Anna, si tu savais... Il y a tant de choses à raconter, ce monde est vraiment incroyable!"
Après s'être quelque peu emportée, Elsa se souvint que ses compagnons dormaient toujours autour d'elle et qu'elle ne devait pas les réveiller.
Elle se calma alors, et reporta son regard droit dans celui de sa cadette. Elle la regarda ainsi quelques instants, une expression d'infinie gratitude sur le visage, un petit sourire se dessinant au coin de ses lèvres, et de petites larmes apparaissant dans ses yeux.
"Et tout cela, c'est grâce à toi Anna, reprit-elle en chuchotant. Je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire depuis la dernière fois que tu es venue me voir, mais jamais je ne pourrais te remercier assez de m'avoir encouragée à sortir de mon trou. Tu as toujours les bonnes idées, tu sais toujours ce qui est le mieux,... Contrairement à moi, qui ne fais que des erreurs et enchaîne sottise sur sottise.
-Ne dis pas cela Elsa, protesta Anna sur un ton rassurant. Tout le monde fait des erreurs: d'ailleurs tu as une fausse idée de moi. Si tu savais à quel point moi aussi je fais des erreurs.... De jugement principalement.
-En tout cas sache que je te suis éternellement redevable pour m'avoir guidée, reprit Elsa d'un air solennel. Et surtout sache que quoi qu'il arrive, je ne t'oublie jamais, car je t'aime Anna."
Un petit silence s'installa alors. Les deux sœurs se regardèrent, avant de lever en même temps leurs mains et de commencer à les approcher l'une de l'autre.
Mais lorsque leurs doigts auraient du se toucher, Elsa eut simplement l'impression de passer sa main dans un petit nuage de vapeur.
Elle se rappela immédiatement qu'il était impossible de toucher sa sœur ainsi. Un peu déçue, elle se ravisa et ramena sa main vers elle. Puis elle pensa à la place qu'occupait à présent sa cadette à Arendelle: et elle se dit qu'elle aimerait avoir des nouvelles du royaume. Elle se rappela le nombre de fois où elle y avait pensé depuis son entrée dans la compagnie, et comment elle avait parfois souhaité y retourner, ne fut-ce qu'un instant pour voir si tout allait bien.
"Bon, parlons de toi à présent, dit-elle en se penchant vers Anna. Raconte-moi, est-ce que tout va bien? Arrives-tu à t'en sortir à la tête du royaume? Je suis sûre que oui, douée comme tu es."
Anna parut alors un peu gênée. Elle sembla chercher ses mots, avant de commencer à répondre:
"Heu... Oui, oui... Je m'en sors assez bien. Disons que je me débrouille avec la situation.
-La situation? s'étonna Elsa en levant un sourcil.
-Eh bien, oui... confirma la jeune rousse avec un air encore plus embarrassé. Elsa, il faut que je te pose une question: n'as-tu toujours trouvé aucun moyen de rentrer?"
L'expression de l'aînée s'assombrit alors quelque peu. Elle baissa les yeux, un peu honteuse, avant de répondre sur un ton monotone:
"Non, je suis désolée Anna.
-Tu ne vois vraiment aucun moyen de revenir?
-Non, aucun. Crois-moi, si j'en trouvais, je reviendrais aussitôt te voir, rien que pour m'assurer que tout va bien. Mais je n'en connais aucun."
La jeune femme repensa soudain à ce jour bien lointain où le seigneur Elrond lui avait parlé de gemmes permettant à leur propriétaire de voyager entre les univers, mais elle se rappela surtout que cela n'était qu'une légende, et décida de ne rien dire à ce sujet, pour ne pas donner de faux espoir à sa jeune sœur.
Anna baissa alors les yeux et soupira, ce que fit également Elsa.
"Il faudra pourtant bien un jour que tu songes à revenir, dit soudain la cadette après un silence."
Elsa ne répondit pas tout de suite: elle repensa à cette dernière phrase.
Etait-ce bien vrai? Bien sûr, elle souhaitait être certaine que tout allait bien à Arendelle, mais avait-elle réellement envie de retourner y vivre? Avec tous ces gens qui la regarderaient comme un danger, comme un être anormal dont il faut rester éloigné, et surtout l'obligation de cacher ses pouvoirs.
Elle leva les yeux et regarda la grange autour d'elle, et se rappela de la plaine qui s'étendait au dehors, de l'Anduin qui coulait plus à l'Ouest, des Monts Brumeux qui se dressaient entre Fondcombe et la maison de Beorn, de la forêt de Vertbois qui les attendait plus loin à l'Est, et de la Montagne solitaire au bout du voyage.
Elle repensa à toutes les préoccupations qu'elle avait à présent, et tout ce qui lui restait encore à accomplir avec ses amis, puis soupira.
"Ecoute Anna, je... commença-t-elle, cherchant ses mots. Je n'ai jamais demandé à être envoyée ici, tout comme je n'ai jamais demandé de pouvoir contrôler la neige et la glace, mais pourtant c'est arrivé. Il ne servirait à rien de le nier: je me trouve ici en Terre du Milieu, sans aucun moyen de revenir; ce n'est tout de même pas ma faute. Et pour l'instant je suis très concentrée sur l'objectif de notre quête, et il serait déjà bien que nous arrivions jusqu'au bout. Je n'ai pas vraiment la tête à penser à mon retour au royaume.
-Et que feras-tu une fois une fois que tout cela sera terminé? demanda aussitôt Anna avec un regard appuyé. Lorsque vous aurez terminé votre voyage et accompli votre quête, où iras-tu? Que feras-tu?"
Elsa resta alors silencieuse, clouée sur place.
Elle n'avait pas l'ombre d'une réponse à l'esprit. Jamais encore depuis qu'elle avait quitté sa caverne elle n'avait pensé à ce qui se passerait une fois tout ceci accompli; elle espérait déjà pouvoir arriver jusqu'au bout de ce long voyage avec ses compagnons. Mais à présent que la question lui était posée, elle se trouva pour la première fois obligée d'y réfléchir: que se passerait-il après tout ça? Qu'allait elle devenir? Qu'adviendrait-il de la compagnie?
Il paraissait assez évident que les nains resteraient à Erebor, mais qu'en serait-il pour elle et Bilbon? Et Gandalf?
Chacun se dirait-il au revoir, partant de son côté? Retournerait-elle dans sa grotte au fond des bois? Elsa ne savait le dire.
"Anna je... commença-t-elle."
Mais soudain, un bruit se fit entendre au dehors: un bruit sourd accompagné d'un genre de craquement. La jeune femme sursauta et regarda aussitôt par la fenêtre.
Etait-ce Beorn? Etait-il revenu? Ou pire, était-ce les Orques qui les avaient retrouvés?
Elle plissa les yeux pour essayer de détecter le moindre mouvement au dehors, la respiration haletante. Mais elle ne vit rien, ni n'entendit plus rien. Peut-être n'était-ce que les poneys qui s'étaient remis à galoper...
Soulagée, elle poussa un soupir, et retourna la tête en direction d'Anna. Mais celle-ci c'était tout bonnement évaporée; il n'y avait plus aucune trace d'elle.
Elsa resta un instant sans bouger, puis baissa les yeux, un peu déçue.
La question posée par sa petite sœur ne cessait de résonner dans sa tête. Mais elle décida de la chasser de son esprit et d'essayer de se rendormir pour les quelques heures qui restaient avant le lever du Soleil.
Avant de se rallonger, elle jeta un dernier regard autour d'elle, et remarqua soudain que Bilbon aussi était apparemment réveillé. Allongé plus loin sur la paille, lui tournant le dos, elle eut l'impression de le voir tenir quelque chose dans ses mains et de le faire tourner entre ses doigts, le regard fixé dessus.
Elle ne pouvait voir de quoi il s'agissait et cela l'intrigua un instant, mais elle se dit rapidement que cela ne la regardait sûrement pas et qu'il devait s'agir d'un quelconque objet que le hobbit gardait dans sa poche: rien de bien important en somme.
Elle oublia bien vite la chose et se rallongea sur la paille, avant de fermer les yeux pour replonger dans le sommeil, l'esprit toujours un peu tracassé par sa discussion de ce soir avec Anna.
- Lhysender
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 05 Juin 2015, 19:20
Ah , la rencontre avec Beorn sous sa forme animal !
Bon je suis un peu déçu de ne pas avoir vu la suite sous sa forme humaine tout de suite, mais c'était pour la bonne cause d’une petite discussion touchante entre Elsa et Anna .
Encore un très bon chapitre, et décidément, que ce soit le livre, ta fic ou même le film, je ne me lasse pas de Gandalf qui dit que l'ours géant qui vient d'essayer de les massacrer c'est leur hôte, la réaction des autres me fait toujours mourir de rire !
Et tient pendant que j'y pense, l'arrivé de l'autre orque blanc (dont je me souviens de la tronche mais pas du nom XD) mais fait me demander: tu va pour le reste te baser vraiment sur le livre ou sur le film ? Juste pour savoir si on va avoir droit à Legolas (bien quand, je suis désolé, dans les films, il était juste là à mon sens pour les scènes d'actions...des super scènes d’actions certes, mais c'était quand même du fan service.)
Voilà, que ide de plus, sinon que: vivement la suite
Bon je suis un peu déçu de ne pas avoir vu la suite sous sa forme humaine tout de suite, mais c'était pour la bonne cause d’une petite discussion touchante entre Elsa et Anna .
Encore un très bon chapitre, et décidément, que ce soit le livre, ta fic ou même le film, je ne me lasse pas de Gandalf qui dit que l'ours géant qui vient d'essayer de les massacrer c'est leur hôte, la réaction des autres me fait toujours mourir de rire !
Et tient pendant que j'y pense, l'arrivé de l'autre orque blanc (dont je me souviens de la tronche mais pas du nom XD) mais fait me demander: tu va pour le reste te baser vraiment sur le livre ou sur le film ? Juste pour savoir si on va avoir droit à Legolas (bien quand, je suis désolé, dans les films, il était juste là à mon sens pour les scènes d'actions...des super scènes d’actions certes, mais c'était quand même du fan service.)
Voilà, que ide de plus, sinon que: vivement la suite
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- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 05 Juin 2015, 19:40
Merci Lhys.^^
Je suis désolé si tu es frustré pour Beorn, mais en effet je voulais faire de la place à cette discussion entre Elsa et Anna. Tu le verras bien sûr dans le prochain chapitre.
Concernant l'Orque pâle et Legolas: ils seront bien comme dans le film.
Mais laisse-moi t'expliquer pourquoi je ne trouve pas du tout que Legolas soit du fan service dans le film: tout d'abord, avant toute chose, qu'Est-ce que le fan service? Bon, en fait à la base c'est en rapport avec le hentai mais je vais m'arrêter là pour ça... Le fan service au sens large, c'est le fait de contenter des fans de quelque chose en y insérant (parfois de manière très artificielle et forcée) quelque chose qu'ils veulent y voir.
Ici, dans le cas d'un film, ce serait insérer un personnage, et plus précisément ici pour cette trilogie un personnage du Seigneur des Anneaux que tout le monde adorait: à savoir Legolas.
SEULEMENT! Si c'était vraiment du fan service, ils se seraient contenté de remettre le Legolas tel qu'on le connaissait dans le SDA (un peu beau gosse, tout lisse, tout gentil, qui balance des phrases du genre 'le ciel est rouge, beaucoup de sang a coulé cette nuit'...). Or là pas du tout: c'est un tout autre personnage qu'on rencontre dans la désolation de Smaug. On va le dire: un connard très peu sympathique, qui est pendant tout une partie du film plus un ennemi qu'autre chose, et aussi assez 'fils à papa'. Il reste certes très classe, mais ce n'est plus du tout le même.
Ensuite, j'ai dit que le fan service était parfois très forcé, mais là non. Je veux dire: Legolas est le fils de Thranduil, le roi de la Forêt; ce n'est pas comme s'il n'avait aucune raison d'être là.^^ Il est même mentionné dans le livre en tant que 'prince de la Forêt noire'.
Voilà, pour moi Legolas dans le Hobbit sert à faire un genre de pont entre les deux trilogies pour montrer par l'intermédiaire d'un personnage qui va évoluer grâce à une romance inventée par Peter Jackson dont je suis d'ailleurs également un fervent défenseur, et un combat dans lequel il se retrouve embarqué malgré lui, comment deux peuples qui se détestaient depuis longtemps (nains-elfes) peuvent finir par créer des liens très inattendus.
Au fur et à mesure de la trilogie du Hobbit, Legolas en suivant Tauriel apprend un peu plus à adopter le point de vue des nains et surtout prend du recul par rapport à son père et se rend compte que lui aussi peut être un vrai connard. C'est pourquoi il décide finalement de quitter son royaume pour découvrir le monde avec un œil neuf. Ce qui permettra d'expliquer comment il finit par devenir plus sage et surtout comment il créera un tel lien avec Gimli dans le SDA.^^^
Bref, voilà c'était mon point de vue.
En tout cas je suis content que ça te plaise toujours, et à la semaine prochaine pour la suite.
Je suis désolé si tu es frustré pour Beorn, mais en effet je voulais faire de la place à cette discussion entre Elsa et Anna. Tu le verras bien sûr dans le prochain chapitre.
Concernant l'Orque pâle et Legolas: ils seront bien comme dans le film.
Mais laisse-moi t'expliquer pourquoi je ne trouve pas du tout que Legolas soit du fan service dans le film: tout d'abord, avant toute chose, qu'Est-ce que le fan service? Bon, en fait à la base c'est en rapport avec le hentai mais je vais m'arrêter là pour ça... Le fan service au sens large, c'est le fait de contenter des fans de quelque chose en y insérant (parfois de manière très artificielle et forcée) quelque chose qu'ils veulent y voir.
Ici, dans le cas d'un film, ce serait insérer un personnage, et plus précisément ici pour cette trilogie un personnage du Seigneur des Anneaux que tout le monde adorait: à savoir Legolas.
SEULEMENT! Si c'était vraiment du fan service, ils se seraient contenté de remettre le Legolas tel qu'on le connaissait dans le SDA (un peu beau gosse, tout lisse, tout gentil, qui balance des phrases du genre 'le ciel est rouge, beaucoup de sang a coulé cette nuit'...). Or là pas du tout: c'est un tout autre personnage qu'on rencontre dans la désolation de Smaug. On va le dire: un connard très peu sympathique, qui est pendant tout une partie du film plus un ennemi qu'autre chose, et aussi assez 'fils à papa'. Il reste certes très classe, mais ce n'est plus du tout le même.
Ensuite, j'ai dit que le fan service était parfois très forcé, mais là non. Je veux dire: Legolas est le fils de Thranduil, le roi de la Forêt; ce n'est pas comme s'il n'avait aucune raison d'être là.^^ Il est même mentionné dans le livre en tant que 'prince de la Forêt noire'.
Voilà, pour moi Legolas dans le Hobbit sert à faire un genre de pont entre les deux trilogies pour montrer par l'intermédiaire d'un personnage qui va évoluer grâce à une romance inventée par Peter Jackson dont je suis d'ailleurs également un fervent défenseur, et un combat dans lequel il se retrouve embarqué malgré lui, comment deux peuples qui se détestaient depuis longtemps (nains-elfes) peuvent finir par créer des liens très inattendus.
Au fur et à mesure de la trilogie du Hobbit, Legolas en suivant Tauriel apprend un peu plus à adopter le point de vue des nains et surtout prend du recul par rapport à son père et se rend compte que lui aussi peut être un vrai connard. C'est pourquoi il décide finalement de quitter son royaume pour découvrir le monde avec un œil neuf. Ce qui permettra d'expliquer comment il finit par devenir plus sage et surtout comment il créera un tel lien avec Gimli dans le SDA.^^^
Bref, voilà c'était mon point de vue.
En tout cas je suis content que ça te plaise toujours, et à la semaine prochaine pour la suite.
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Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
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- Micky93Légende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 06 Juin 2015, 11:06
J'ai bien aimé ce chapitre. surtout la petite discussion entre les deux sœurs. Parce que mine de rien, j'adore les voire ensemble ces deux-là !
Si je ne me trompe pas, Beorn va leur rendre visite sous sa forme humaine après, non ?
Bref, excellent chapitre et vivement la semaine prochaine pour la suite !
Si je ne me trompe pas, Beorn va leur rendre visite sous sa forme humaine après, non ?
Bref, excellent chapitre et vivement la semaine prochaine pour la suite !
- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 06 Juin 2015, 20:59
Content que ça t'ait plu Micky.^^
Et oui, oui, ils vont bien voir Beorn sous sa forme humaine.
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- InvitéInvité
Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 17:16
Coucou j'arrive -tu voulais un procès ? Je vais bien finir par trouvé un truc ici qui me permettra d'en faire un aussi
-Bon déjà, j'ai envie de pleurer quand je vois tout ce qu'il y a à lire encore xD Pas que ce soit trop long, mais je vais me défoncer les n'oeils -
Pfiou quelle course @.@ A leur place, j'aurais crevé depuis longtemps é_è Elle va devenir hyper forte et endurante la petite Elsa
J'aime beaucoup quand ils arrivent dans la maison de Beorn x)
La conversation entre Elsa et Anna, ça fait du bien d'en avoir une ! Je trouve que ça manquait un peu et du coup là c'est bon, ça m'a remit d'aplomb pour les prochains chapitres xD Comme Elsa, je n'avais pas pensé à ce qu'elle pourrait faire par la suite O_O
Enfaite, la situation fait que je me demande presque si à la fin le lien entre les deux soeurs ne va pas finir par se briser définitivement é___è -et j'espère que non, sinon, gare à toi -
Bon, je suis quand même déçue, j'ai rien qui me permette d'ouvrir un procès, c'est pas cool, alors que toi tu as trouvé T__T
Bon, vivement la suite, comme d'habitude, pour de nouvelles aventuuuuuuures
-Bon déjà, j'ai envie de pleurer quand je vois tout ce qu'il y a à lire encore xD Pas que ce soit trop long, mais je vais me défoncer les n'oeils -
Pfiou quelle course @.@ A leur place, j'aurais crevé depuis longtemps é_è Elle va devenir hyper forte et endurante la petite Elsa
J'aime beaucoup quand ils arrivent dans la maison de Beorn x)
Quand j'ai lu ça, j'ai repensé àde cette journée extrêmement éprouvante
Et du coup...Ben je me suis mise à rire comme une débileNon, vraiment elle n'aimait pas du tout cette journée qui se présentait à elle.
La conversation entre Elsa et Anna, ça fait du bien d'en avoir une ! Je trouve que ça manquait un peu et du coup là c'est bon, ça m'a remit d'aplomb pour les prochains chapitres xD Comme Elsa, je n'avais pas pensé à ce qu'elle pourrait faire par la suite O_O
Enfaite, la situation fait que je me demande presque si à la fin le lien entre les deux soeurs ne va pas finir par se briser définitivement é___è -et j'espère que non, sinon, gare à toi -
Bon, je suis quand même déçue, j'ai rien qui me permette d'ouvrir un procès, c'est pas cool, alors que toi tu as trouvé T__T
Bon, vivement la suite, comme d'habitude, pour de nouvelles aventuuuuuuures
- M.BagginsLégende du Royaume
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Age : 25
Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 17:26
Voilà le chapitre 3 les gens. Il est long donc sera en deux parties, et la deuxième sera postée demain.^^
Bonne lecture.
Le lendemain matin, un temps clément étendait son doux manteau azuré sur le Val d'Anduin. Le Soleil brillait de ses rayons les plus radieux qu'il pouvait accorder à la Terre en automne, tandis que quelques chétifs nuages blancs défilaient ça et là sur la grande voûte bleue.
Au lieu dit de la maison de Beorn et dans ses alentours, la vie était sortie de sa torpeur de la nuit: les poneys et les chevaux gambadaient joyeusement dans l'herbe de la plaine qui entourait la grande demeure. Tandis que dans l'enceinte de cette dernière, chèvres et cochons cherchait nonchalamment de quoi satisfaire leur appétit du matin: les chèvres se délectaient de l'herbe grasse qui couvrait le grand jardin de Beorn ainsi que des feuilles des quelques arbustes qui y avaient poussé; les porcs, eux, fouillaient de leurs groins la terre au pied des arbres et au bord des potagers dans l'espoir de trouver des noix, des glands ou des pommes de terre enfouies sous le terreau frais.
Les poules et les oies étaient également occupées à chercher leur nourriture au sol, notamment des graines ou des insectes frétillants. Mais tous les insectes ne leur étaient pas accessibles: les grosses abeilles, ayant senti la chaleur des rayons du Soleil, étaient sorties de leurs ruches entreposées pour la plupart dans le fond du grand jardin près du mur d'enceinte, et voletaient dans les airs de fleur en fleur pour en extraire le précieux nectar.
Mais surtout, le fameux ôte de cette grande maison était de retour après la nuit mouvementée qui venait de s'écouler. Il avait repris sa forme humaine et était dans son jardin, muni d'une grande et lourde hache, occupé à fendre des bûches de bois. Il savait que des visiteurs imprévus occupaient actuellement sa demeure, mais il ignorait encore leur identité et leurs véritables intentions, et préférait attendre qu'ils se présentent d'eux-mêmes à lui.
Dans la grange, Elsa sortait tout juste de son sommeil. Malgré le tourment que lui avait apporté son entrevue avec sa sœur, elle avait réussi à se rendormir et à passer une nuit de sommeil paisible. Les rayons du Soleil, entrant par les fenêtres de la grange, avaient doucement percer à travers ses paupières et avaient fini par la réveiller. La jeune femme ouvrit doucement les yeux et s'étira longuement, se sentant grandement remise en forme par la nuit qu'elle venait de passer. Elle resta allongé encore quelques instants, sentant la paille douce sous elle, et regardant les grandes poutres du plafond de l'édifice. Elle remarqua vite que plusieurs grandes abeilles volaient au dessus d'elle, entrant et sortant régulièrement par un trou dans un angle entre les murs et le plafond. Leur bourdonnement paisible l'aida d'une certaine manière à se sentir bien.
Finalement, Elsa se redressa et retira les quelques fétus de paille qui s'étaient emmêlés dans ses cheveux. Puis elle se leva, et regarda rapidement autour d'elle: les vaches, toujours bien présentes, ruminaient encore la paille trouvée sur le sol, à présent habituées à la présence des compagnons. La jeune femme vit d'ailleurs bien vite que tous les autres étaient réveillés: les nains se tenaient tous debout ou assis un peu partout dans la grange, tandis que Gandalf faisait les cent pas un peu plus loin.
Seul Bilbon dormait encore: il était étendu, paisible, sur la paille, sa veste pourpre lui servant de couverture de fortune. Elsa ne put contenir un petit sourire tendre en le voyant ainsi, et décida de ne pas le réveiller, de le laisser bénéficier d'autant de sommeil qu'il en avait besoin. Elle rejoignit plutôt les autres, qui semblaient tous assez préoccupés.
Certains tendaient l'oreille pour essayer de détecter le moindre son suspect, d'autres se rongeaient les ongles, anxieux, et d'autres encore regardaient fixement Gandalf, attendant une idée de sa part.
Mais lorsque Fili vit Elsa approcher, il eut un petit sourire:
"Bonjour miss Elsa, dit-il en se redressant légèrement.
-Bonjour Fili, répondit celle-ci en s'asseyant près de lui. Que se passe-t-il au juste?
-Nous sommes en train de réfléchir à la bonne manière d'aborder la situation, répondit le jeune nain. Nous avons entendu Beorn revenir et nous serons bien obligés de nous présenter à lui. Mais, au vu de ce que nous a dit Gandalf à propos de cet homme-ours, et de ce que nous en avons nous-mêmes vu, vous comprendrez que nous redoutons quelque peu cette entrevue."
Elsa acquiesça, comprenant parfaitement ce qu'il voulait dire. Elle même se sentit d'ailleurs immédiatement beaucoup moins sereine qu'à son réveil: il était que le problème se posait maintenant. Ils seraient bien obligés de faire face à Beorn, et cela n'avait rien d'une bonne nouvelle à ses yeux. Il était vrai que ce qu'ils avaient vu à son sujet la veille n'était encourageant pour une rencontre avec lui.
Finalement, Thorin prit la parole:
"Il faudrait commencer par connaître son état actuel, dit-il à l'adresse de tous les autres. Est-il toujours sous la forme de l'ours géant ou est-il redevenu l'homme. Et ensuite, il faudrait savoir s'il semble dans de bonnes dispositions pour parler, autrement dit s'il se tient prêt à nous égorger ou pas.
-Je suis bien de cet avis, approuva Balin. Il est toujours bon de connaître l'état de son interlocuteur avant de parlementer.
-Il faut donc déjà essayer de le localiser, fit remarquer Ori en se levant."
Il se dirigea vers la grande porte de la grange et y colla l'oreille. Tous se turent, lui permettant d'écouter au dehors à travers le battant de la porte. Finalement, après un moment, Ori décrivit ce qu'il entendait.
"J'entends des bruits sourds réguliers, expliqua-t-il sans décoller l'oreille de la porte. On dirait... On dirait qu'il est en train de couper du bois.
-Cela est plutôt bon alors, non? demanda Kili en regardant ses compagnons. Cela signifie qu'il vaque à ses occupations, et qu'il n'est pas en train d'essayer de nous tuer.
-Mais cela signifie aussi qu'il a une hache à la main, fit remarquer Elsa en tremblant légèrement."
L'idée d'approcher cet homme incertain muni d'une grande hache aiguisée lui était peu sympathique; non plus qu'aux nains.
"Je serais d'avis de filer par la porte de derrière, proposa Nori en désignant une vieille porte au fond de la grange.
-Je ne fuis devant personne, protesta Dwalin en se levant, bête ou homme!
-Il est inutile de discuter! lança soudain Gandalf qui prit pour la première foi la parole. Nous ne pouvons traverser les terres sauvages sans l'aide de Beorn: nous serons traqués, tués avant d'atteindre la forêt."
Tous se turent alors: Elsa ne put qu'admettre que le magicien avait raison. Car il ne fallait pas oublier que les Orques étaient toujours à leur poursuite, et qu'ils devaient attendre là dehors, tapis dans les fourrés, prêts à bondir sur leurs proies.
Finalement, Gandalf, son bâton à la main, s'avança vers la grande porte de la grange et en retira la lourde planche de bois, avant d'ouvrir silencieusement l'un des battants.
Le cœur d'Elsa se mit à battre: elle s'attendait presque à voir l'énorme bête noire surgir de nulle part et se jeter férocement sur eux. Elle se releva, se tenant prête pour un éventuel affrontement, mais rien ne se produisit. Gandalf se pencha vers l'extérieur, jetant un coup d'œil autour de lui pour essayer de localiser Beorn.
Soudain, M. Sacquet bougea: il s'étira à son tour et ouvrit les yeux. Il chassa une abeille qui s'était posée sur son nez et se leva, avant d'enfiler sa veste et de rejoindre ses compagnons. Il leur adressa un sourire pour leur souhaiter bon matin, mais aucun d'eux ne lui rendit, trop occupés à retenir leurs respirations en regardant Gandalf penché au dehors. En voyant leurs airs anxieux, Bilbon perdit son sourire et s'approcha lui aussi de la porte.
Finalement, Gandalf revint à l'intérieur et se retourna vers ses compagnons. Et lorsqu'il vit le hobbit, une idée sembla se former dans sa tête.
"Bilbon, vous voilà, dit-il en regardant M. sacquet. Bien, bien, bien, bien... Ceci va demander beaucoup de doigté: nous devons procéder en douceur. La dernière personne à l'avoir effarouché a été réduite en lambeaux."
En entendant cela, chacun des compagnons ouvrit de grands yeux effrayés et trouva son front teinté de sueurs froides. Elsa déglutit avec difficulté: plus elle en apprenait sur Beorn, plus elle se disait qu'ils feraient mieux de filer en vitesse sans se faire remarquer.
Soudain, un bruit sec et sourd se fit entendre au dehors, faisant sursauter les compagnons: leur ôte venait d'abattre une nouvelle fois sa hache sur le bois. Certainement une grande hache, aiguisée et prête à découper bien autre chose que des rondins de bois...
"J'irai en premier, reprit soudain Gandalf en s'avançant vers la grande porte. Oh, et Bilbon, venez avec moi."
Elsa se tourna alors vers le hobbit, qui afficha un air plus terrifié encore. Mais voyant que Gandalf l'attendait, il finit par s'avancer malgré le tremblement de ses jambes.
Elsa se sentait extrêmement mal pour lui.
"Est... Est-ce une bonne idée? demanda M. Sacquet entre deux tremblements de lèvres à l'adresse du magicien.
-Oui, assura celui-ci avec cependant un air de grande appréhension. Quant à vous autres, attendez ici. Ne sortez pas avant que j'en ai donné le signal!
-D'accord on attend le signal, acquiesça Bofur en montant sur une étagère afin de pouvoir regarder au dehors par une fenêtre qui se trouvait là.
-Pas de geste brusque, de bruit ou de cri, indiqua également Gandalf qui semblait vouloir que toute cette opération soit absolument millimétrée. Et ne l'envahissez pas: vous ne sortez que deux par deux."
Il semblait enfin avoir terminer, mais son regard se posa soudain sur Elsa et une idée sembla lui traverser l'esprit.
"Ah, Elsa, reprit-il soudain. Vous, vous attendrez que les six premiers nains soient sortis, puis vous les rejoindrez seule. Ensuite, les sept autres sortiront à leur tour. Mais Bombur, vous comptez pour deux donc vous sortirez aussi seul."
Tous acquiescèrent alors, très anxieux et solennels. Elsa prit une grande inspiration, refoulant sa peur et tentant de maîtriser les quelques flocons qui s'étaient mis à tournoyer dans les airs. Même si elle accordait toute sa confiance au magicien, elle ne pouvait s'empêcher de redouter cette rencontre avec le puissant Beorn.
"N'oubliez pas, lança une dernière fois Gandalf, attendez le signal."
Puis enfin, lui et le hobbit tout tremblant sortirent au dehors, laissant derrière eux des compagnons tendus et retenant leur souffle, attendant le bon moment pour sortir et se présenter à leur ôte. Mais soudain:
"C'est quoi le signal? demanda Bofur en se tournant vers ses camarades."
Ceux-ci furent alors encore plus paniqués: Gandalf ne leur avait pas précisé la nature du signe qui les autoriserait à quitter la grange. Mais il était trop tard: lui et Bilbon s'étaient déjà éloignés au dehors.
A l'extérieur, le hobbit et le magicien avaient marché sur le chemin de terre qui menait de l'ouverture dans le mur d'enceinte jusqu'à la porte de la grange, puis avaient bien vite bifurqué sur leur gauche pour s'engager sur l'herbe du grand jardin de la maison. Là se trouvaient éparpillés toutes sortes d'objets: outils de jardinage, brouettes, sacs de terre, de graines, cabanons de bois,... Tous d'une taille impressionnante.
Gandalf fit signe à Bilbon de bien rester près de lui; car enfin leur ôte s'offrait à leur vue. Plus loin dans le grand jardin se dressait la silhouette d'un immense homme, à la carrure imposante et à la chevelure abondante. Il leur tournait le dos et était bien occupé à fendre des buches de bois posées sur un socle à l'aide d'une grande hache aiguisée qui sifflait, stridente, chaque fois qu'il l'abattait.
Le magicien hésita un instant à avancer, puis prit finalement une profonde inspiration avant de commencer à se diriger à la rencontre de Beorn d'un pas toujours quelque peu hésitant. Il avalait difficilement sa salive et respirait de plus en plus bruyamment à mesure qu'il approchait de leur ôte, qui continuait, imperturbable, à abattre sa lourde hache, tranchant net chaque buche après l'autre.
Bilbon sembla remarquer l'état du magicien:
"Vous êtes anxieux? lui demanda-t-il d'une petite voix.
-Anxieux? répéta un Gandalf faussement étonné comme s'il cherchait à dissimuler ses émotions. Quelles sottises!"
Lorsqu'enfin ils furent près de leur ôte, le magicien afficha un grand sourire forcé et lança d'un ton mielleux:
"Bonjour."
Beorn ne réagit pas. Leur tournant toujours le dos, il se baissa et attrapa une nouvelle buche sur le sol qu'il posa sur son socle, avant de la fendre à nouveau de sa hache. Celle-ci frôla d'ailleurs le magicien qui recula de quelques pas avec une petite exclamation apeurée. Bilbon, terrorisé, se cacha alors derrière son ami, dans les pans de sa longue tunique grise. Voyant que Beorn ne réagissait toujours pas, Gandalf répéta:
"Bonjour."
Finalement, le grand homme sembla cesser son activité et s'arrêta sur place, sa hache toujours en mains. Sans se retourner vers eux, il demanda cependant d'une voix grave, rauque et presque animale:
"Qui êtes-vous?
-Je suis Gandalf, répondit le magicien en s'inclinant bien bas. Gandalf le gris."
Soudain, Beorn se retourna enfin vers eux et posa l'extrémité de son dangereux instrument au sol, s'appuyant dessus comme sur une canne. Il était véritablement immense: il mesurait au moins deux mètres cinquante. Il était torse nu, révélant un buste et des bras musclés et robustes (on pouvait voir qu'un genre de fer de menotte enserrait son poignet gauche).
Ses cheveux, ainsi que sa barbe, étaient d'un brun grisonnant et très abondants. Mais surtout, il révéla enfin son visage: un visage assez allongé, au long nez rappelant un peu la forme d'une truffe. Sa mâchoire semblait également puissante et ses yeux étaient d'une couleur étrange: un brun légèrement jaune, comme on n'en trouve normalement pas chez les humains. Ses sourcils étaient de la même couleur que ses cheveux et tout aussi broussailleux.
Il fixa quelques instants Gandalf, considérant ce que celui-ci venait de lui dire, avant de déclarer de sa voix rauque:
"Je n'en ai jamais entendu parler."
Le vieil homme se redressa alors lentement, l'air un peu embarrassé.
"Je suis un magicien, expliqua-t-il sur un ton qui se voulait apaisant et rassurant. Peut-être connaissez-vous mon confrère, Radagast le brun? Il réside à la lisière Sud-Est de Vertbois."
Gandalf remarqua alors que le visage de Beorn s'adoucit quelque peu en entendant le nom de Radagast.
Mais finalement, il demanda de sa voix grave et avec son accent assez rude, en découvrant des canines anormalement longues et pointues:
"Qu'est-ce que vous voulez?
-Oh, seulement vous remercier pour votre hospitalité, répondit Gandalf en inclinant la tête. Vous avez dû voir que nous avons trouvé refuge dans votre demeure hier soir."
Il s'écarta de quelques pas pour désigner la grande maison, révélant soudain Bilbon aux yeux de Beorn.
En le voyant, le grand homme serra plus fort le manche de sa hache dans ses mains.
"Qui est ce petit individu? demanda-t-il d'un ton méfiant.
-Eh bien, c'est M. Sacquet, expliqua le magicien en faisant signe au hobbit de s'avancer, de la Comté."
Ce dernier s'avança, s'efforçant de contenir ses tremblements, et s'inclina à son tour devant Beorn.
Je vous laisse imaginer le sentiment de M. Sacquet devant cet immense personnage, lui qui se sentait déjà bien petit par rapport à un Homme normal.
"Ce n'est pas un nain n'est-ce pas? demanda le changeur de peau d'un air toujours plus méfiant.
-Oh non! s'eclama Gandalf. Non, c'est un hobbit de bonne famille et de réputation irréprochable.
-Un Semi-Homme et un magicien, résuma Beorn, semblant enfin se radoucir et portant un regard plus confiant sur les deux compagnons. Que faites vous dans les parages?
-Eh bien il se trouve que nous avons passé un mauvais quart d'heure avec les Gobelins dans les Montagnes, expliqua Gandalf en toute sincérité.
-Pourquoi avez-vous approché les Gobelins? demanda le grand homme. C'est stupide de faire ça!
-Vous avez parfaitement raison! approuva Gandalf en agitant son doigt pour faire comprendre au propriétaire de la demeure qu'il était d'accord avec lui."
A l'intérieur de la grange, Bofur qui était collé à la fenêtre en observant chaque mouvement de Gandalf, le vit agiter son doigt de la sorte. Soudain, un déclic se fit dans son esprit:
"Le signal! s'exclama-t-il. Sortez, sortez!"
Les compagnons furent pris d'un petit mouvement de panique, se demandant qui irait en premier s'exposer au danger qui attendait dehors. Finalement, Dwalin et Balin prirent une grande inspiration et se dirigèrent vers la grande porte.
Dehors, Gandalf s'arrêta net de parler lorsqu'il entendit les pas des deux compagnons derrière lui. Il se retourna et vit le solide guerrier accompagné du vieux diplomate s'avancer à plusieurs pas devant la porte de la grange et se placer l'un à côté de l'autre.
En les voyant, Beorn se saisit soudain de sa hache et la leva dans les airs, un air soudain féroce sur le visage. Gandalf fut pris de panique: mais pourquoi les deux frères étaient-ils sortis avant le signal?
Mais ces deux derniers, ravalant leur peur, s'inclinèrent du plus bas qu'ils purent en se présentant:
"Dwalin et Balin"
Gandalf était grandement perturbé, mais il était trop tard à présent, il devait agir en conséquence de la situation.
"Et je... bafouilla-t-il, cherchant ses mots. Je dois vous avouer que quelques uns dans notre groupe sont... Des nains.
-Parce que pour vous 'deux' c'est 'quelques uns'? s'étonna Beorn.
-Oh, oui eh bien... Puisque vous l'évoquez... Oui enfin, ils sont sans doute plus que deux."
Le magicien fit mine de commencer à compter sur ses doigts.
Dans la grange, Bofur prit à nouveau cela pour un signal.
"Sortez! lança-t-il."
Oïn et Gloïn sortirent alors de la grange et vinrent se placer juste aux côtés de Balin et Dwalin.
Beorn grogna en les voyant et agrippa encore un peu plus fort sa hache, tandis qu'Oïn et Gloïn s'inclinèrent à leur tour pour le saluer.
"Et... Voici d'autres membres de notre joyeuse troupe, expliqua maladroitement Gandalf toujours embarrassé par la situation et craignant la réaction du changeur de peau.
-Vous appelez 'six' une troupe? s'étonna le géant dont le mécontentement, bien qu'il soit toujours présent, semblait commencer à laisser place à la curiosité. Qu'êtes-vous donc? Un cirque ambulant?"
Gandalf se força à rire de cette plaisanterie, et fit signe aux suivants de sortir de la grange, profitant de la question de Beorn et du fait qu'il avait finalement reposé sa hache au sol pour présenter de nouveaux membres.
Dori et Ori sortirent alors de la grange et vinrent rejoindre leurs camarades. En les voyant, Beorn montra les dents et son visage se crispa.
"Dori et Ori, se présentèrent les deux frères en s'inclinant. Pour vous servir.
-Je ne veux pas de vos services, rétorqua sèchement le changeur de peau.
-Et c'est tout à fait compréhensible, s'empressa de glisser Gandalf pour flatter en quelques sortes leur ôte."
Il avait dit cela en levant la main comme en signe de paix. Dans la grange, Bofur indiqua alors au suivant de sortir: et c'était au tour d'Elsa.
Celle-ci s'efforça de contenir ses tremblements et inspira une grande bouffée d'air, avant de finalement rejoindre ses compagnons au dehors.
Lorsqu'il la vit sortir, Beorn afficha tout d'abord un air féroce, mais celui-ci fut vite remplacée par la surprise et l'intrigue.
Elsa, quant à elle, ne put qu'être impressionnée et confortée dans sa crainte en découvrant enfin cet homme immense, solide et fort, au visage assez féroce.
Mais elle ravala sa peur et s'inclina très bas.
Beorn la regarda quelques instants avant de demander:
"Qui est-elle?
-Ah, je vous présente Elsa, répondit Gandalf avec un petit sourire. Elle voyage également avec nous.
-Une humaine... S'étonna Beorn dont le visage affichait à présent bien plus de questionnement que de colère: il semblait désormais s'intéresser réellement à l'histoire de Gandalf et de la compagnie. Que fait-elle avec vous?
-Nous l'avons rencontrée il y a longtemps de cela, au mois d'août dans un bois bien plus à l'Ouest, expliqua alors le magicien. Nous lui avons parlé de notre voyage et de notre quête, et son cœur étant si généreux, elle a tout de suite accepté de nous aider."
Beorn sembla encore un peu plus intrigué en entendant prononcer le mot 'quête'. Il dévisagea une nouvelle fois tous les compagnons qui se trouvaient devant lui, notamment Elsa, semblant réfléchir et considérer tout ce qu'il savait à présent sur eux.
Profitant de cet instant de calme, Gandalf fit signe aux suivants de sortir de la grange.
Fili et Kili vinrent alors rejoindre leurs compagnons, avant de s'incliner à leur tour.
"Oh, et Fili et Kili, présenta Gandalf, j'avais oublié."
Beorn les regarda en grimaçant légèrement, mais il n'eut plus de réaction réellement agressive. Puis enfin, arrivèrent les derniers nains qui s'inclinèrent tous devant leur ôte.
"Et voici Nori, Bofur, Bifur et Bombur, dit Gandalf."
Un silence s'installa alors pendant quelques instants, tous les membres de la compagnie parfaitement droits et immobiles, attendant anxieusement la réaction de Beorn qui les regardait en serrant les lèvres.
Mais finalement, il finit par demander:
"Sont-ils tous là?"
Gandalf sembla hésiter à répondre.
"Il y en a d'autres? demanda à nouveau le changeur de peau."
Alors, enfin, le dernier membre de la compagnie sortit de la grange. Thorin vint rejoindre ses compagnons et inclina également la tête devant le géant.
Celui-ci en le voyant, ouvrit alors de grands yeux et afficha contre toute attente une expression que l'on aurait presque pu qualifier d'impressionnée. Elsa se demanda un instant ce qui pouvait bien justifier une telle réaction, mais à la manière dont le géant regardait le roi des nains, elle ne voyait qu'une seule explication: Beorn connaissait Thorin.
Après bien des peurs et de l'appréhension quant à la réaction de leur ôte, les compagnons furent des plus soulagés lorsque celui-ci finit par les inviter dans sa maison. Il avait déposé sa hache à côté du socle aux buches et leur avait demandé de le suivre.
Gandalf avait poussé un long soupir de soulagement, puis lui et les autres s'étaient lancés sur les pas du changeur de peau. En le suivant, Elsa remarqua plusieurs vieilles cicatrices sur son dos et ses bras, bien que la plupart fussent dissimulées par ses longs et épais cheveux, qui rappelaient presque la fourrure d'un animal.
Beorn les avait fait traverser toute une partie de son grand jardin: ils étaient passés entre des potagers, près d'animaux tels des chèvres, des vaches ou des cochons, sur de l'herbe verte aussi bien que sur de la terre plus dénudée, sous des arbres fruitiers et également non loin de toute une rangée de grandes ruches autour desquelles allaient et venaient les énormes abeilles.
Puis enfin, ils étaient arrivés devant la porte d'entrée de la partie habitable de la grande maison: une porte en bois épais et sculpté, bien assez haute et large pour laisser passer Beorn. Celui-ci gravit les quelques marches de pierres qui menaient à son porche et invita les compagnons à le suivre à l'intérieur. Ceux-ci, bien que toujours un peu hésitants, entrèrent alors à sa suite.
Et ils découvrirent alors l'intérieur de la fameuse maison de Beorn: des murs comme ceux de la grange, mais en pierre plus claire et plus finement taillée, renforcés régulièrement par d'épaisses colonnes de bois sculptées qui se dressaient aussi parfois au milieu des pièces pour soutenir le lourd plafond.
Ces colonnes ci étaient véritablement sculptées d'une main de maître: on y trouvait des figures incroyablement détaillées d'animaux, de plantes, de paysages et de courants d'eau qui courraient en leur sein.
Le sol était parfois de pierre et parfois de bois, mais très lisse et il était agréable de marcher dessus. Les encadrements de porte qui menaient d'une pièce à une autre étaient tout aussi travaillés et sculptés. Et dans ces pièces se trouvaient toute sortes de meubles, d'étagères, de tables, d'outils de jardinage, de bricolage, de cuisine,...
Et chaque meuble, éclairé par les rayons du Soleil qui entraient par les fenêtres, était sculpté avec une précision fascinante: Elsa se demanda si Beorn avait fait tout cela lui même.
Finalement, leur ôte les conduisit à ce qui devait être une salle à manger: une grande pièce au centre de laquelle se trouvait une grande table. D'ailleurs trop grande pour les compagnons: elle était conçue pour Beorn lui même, et les nains n'en dépassaient même pas lorsqu'ils s'asseyaient sur les grandes chaises qui l'entouraient. Même les mentons d'Elsa et Gandalf ne se trouvaient que guère au-dessus de la table lorsqu'ils s'y asseyaient.
Mais Beorn remédia à ce problème en installant sur chaque chaise un rondin de bois qu'il avait ramené de sa remise.
Il n'était certes pas très agréable de s'asseoir sur ce siège de fortune, mais les compagnons étaient trop soulagés en voyant que Beorn avait décidé de les inviter plutôt que de les tuer, trop heureux à l'idée de prendre un petit déjeuner digne de ce nom et trop reconnaissant à l'égard du changeur de peau pour seulement penser à se plaindre.
Leur ôte revint bientôt avec tout le nécessaire pour nourrir les compagnons: il amena et déposa sur la table caressée par les doux rayons du Soleil qui pénétraient dans la pièce par les fenêtres, du fromage, des œufs, du lait, des fruits, des pots de compotes, du pain et surtout quelque chose qu'Elsa n'avait plus mangé depuis bien longtemps: du miel.
Deux grands bols remplis d'un miel doré et onctueux qui fit chavirer d'envie le cœur de la jeune femme.
Beorn prit encore quelques instants pour aller chercher de grands verres et tasses en bois. Pendant qu'ils les cherchaient, Elsa prit le temps de regarder la pièce autour d'elle: on y trouvait des étagères sculptées, au-dessus desquelles se trouvaient de grands récipients, bols, tasses et paniers en osier, tandis que sur les murs étaient accrochés des couteaux, des cuillères et des louches, et que dans un coin de la pièce étaient entreposés des sacs de fruits et de légumes provenant du jardin de Beorn.
Elsa vit même, posé sur une table un peu plus loin, un plateau d'échecs aux dimensions impressionnantes et aux pièces sculptées dans un bois sombre.
Les personnages étaient bien souvent remplacés par des animaux: un cerf pour le roi, une biche pour la reine, un âne pour le fou et différents petits oiseaux pour les pions. Elsa se trouva quelques instants fascinée par ce plateau de jeu, elle qui avait joué aux échecs contre son père durant toute son enfance.
Finalement, Beorn revint en apportant les verres et les tasses. Il avait enfilé un gilet de laine brune grossièrement tricoté mais qui semblait tout de même confortable. Il déposa les tasses devant les compagnons et leur servit à chacun une grande ration de lait.
Tous entamèrent alors leur petit déjeuner avec appétit, en remerciant mille fois leur ôte. Elsa goûta de tout: les pommes, les poires, le lait peu frais mais tout de même délicieux, trempa le pain de bonne farine dans un œuf cassé au fond d'un bol, savoura le fromage aussi bien de vache que de chèvre, se délecta de la compote si délicieusement sucrée et surtout, eut l'impression de flotter sur un petit nuage lorsqu'elle goutta le miel.
Tout en mangeant, les compagnons prirent le temps d'exposer à Beorn leur quête: car celui-ci semblait avoir abandonné son mécontentement pour se montrer intéressé par l'histoire de cette singulière compagnie.
Elsa, Bilbon, Gandalf et les nains lui parlèrent de la Montagne, de leur voyage, de leur rencontre avec la jeune femme, de la carte, du jour de Durin, de leur traversée des Monts Brumeux, de leur bataille contre les Gobelins et aussi des Orques qui les poursuivaient.
Ils expliquèrent qu'ils avaient dû se réfugier chez lui pour échapper à Azog et ses chasseurs.
En entendant cela, Beorn, qui était allé poser le grand pichet de lait sur le rebord d'une fenêtre, redressa la tête.
"Alors c'est bien vrai, dit-il. Celui que j'avais interrogé ne m'a pas menti.
-Que voulez-vous dire? demanda Elsa intriguée par ces propos.
-La nuit dernière, après que vous soyez entrés dans ma maison, j'ai aperçu des Orques qui rodaient autour d'elle, expliqua Beorn en se retournant vers les compagnons. Je me suis alors jeté sur eux: ces lâches, tous pris de peur, se sont enfuis, sauf un que j'ai réussi à capturer. Je lui ai alors fait comprendre le sens du mot 'torture' pour le forcer à parler. Je lui ai demandé ce que lui et tous ses compagnons faisaient par ici. Entre deux hurlements, il m'a révélé qu'ils étaient à la poursuite d'une compagnie qui avait trouvé refuge dans ma demeure. Et aujourd'hui je vois qu'il disait bien vrai."
Les compagnons se jetèrent des regards anxieux.
"Et qu'avez-vous fait de l'Orque? demanda Elsa d'une voix un peu tremblante. Vous l'avez laissé partir?
-Certainement pas, grogna Beorn en désignant d'un signe de tête le jardin de l'autre côté de la fenêtre."
Les camarades regardèrent alors par cette dernière, et virent plus loin au fond du jardin une peau de Warg tendue entre deux poteaux de bois et la tête d'un Orque empalée sur une longue pique.
Tous déglutirent avec difficulté et Elsa frissonna, pensant qu'il valait beaucoup mieux avoir ce Beorn comme ami. Il ne fallait surtout pas qu'elle et ses amis fassent la moindre erreur.
Mais Beorn ne semblait plus fâché après eux: il s'approcha de la table en regardant Thorin d'un air intéressé.
"Alors vous êtes celui que l'on appelle Ecu de chêne? demanda-t-il. Dites-moi: pourquoi Azog le profanateur est-il à vos trousses?
-Vous connaissez Azog? s'étonna Thorin. Comment?
-Mon peuple fut le premier à habiter les Montagnes et cette vallée, expliqua Beorn. Avant que les Orques n'arrivent des contrées du Nord. Le profanateur a tué presque toute ma famille, les autres sont devenus ses esclaves."
En entendant cela, Elsa reporta son regard sur le bracelet de fer qui entourait le poignet de leur ôte. Cela avait-il un rapport avec ce que venait de dire Beorn?
"Mettre en cage des changeurs de peau et les torturer l'amusait beaucoup apparemment, ajouta le géant avec un air sombre. A mes yeux il n'y a pas d'être plus cruel qui vive en ce monde: c'est pourquoi tous ceux qui le combattent gagnent au moins mon respect. Et la fameuse légende de Thorin, le guerrier nain au bouclier de chêne, qui a vaincu le profanateur et défait ses armées ne m'a pas échappé."
Il reporta son regard sur le roi des nains, avec un certain respect dans les yeux. Thorin le lui rendit.
Puis, après un silence, Bilbon demanda d'une petite voix:
"Il y en a d'autres comme vous?
-Il y en avait beaucoup, répondit Beorn en se détournant.
-Et... Et maintenant?
-Maintenant il n'y en a plus qu'un."
Il avait dit cette dernière phrase avec une voix tremblante. Tous se turent un moment, laissant un silence planer dans la pièce.
Elsa ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur: elle se demanda si Beorn était en train de pleurer.
Et elle ne savait que trop bien ce que cela pouvait faire d'être 'le seul de son espèce'.
Finalement, le grand homme finit par se retourner vers eux et s'assit sur un tabouret dans un coin de la pièce.
"Donc il vous faut atteindre la Montagne avant les derniers jours de l'automne, résuma-t-il.
-Avant que n'arrive le jour de Durin oui, acquiesça Gandalf qui avait allumé sa pipe.
-Le temps va vous manquer, fit remarquer Beorn.
-C'est pourquoi nous devons traverser Vertbois, expliqua le magicien.
-Un mal est à l'œuvre dans cette forêt, dit Beorn avec un air soudain grave. J'ai entendu que les habitants de cette vallée l'ont renommé Forêt Noire. Sous ses arbres se cachent des créatures féroces: je ne m'y risquerais qu'en cas d'extrême nécessité.
-Nous prendrons la Route des elfes, assura Gandalf. Ce chemin est encore sûr.
-Sûr? s'étonna le géant. Les elfes de la Forêt Noire ne sont pas comme leurs semblables: moins raffinés et plus dangereux."
Les compagnons se jetèrent alors des regards inquiets: Elsa commençait à se dire que l'idée de traverser Vertbois n'était peut-être pas si bonne que cela.
"Mais ça n'a pas d'importance, poursuivit soudain Beorn.
-Que voulez-vous dire? demanda Thorin d'un air anxieux.
-Ces terres sont infestées d'Orques, répondit le changeur de peau. Leur nombre ne cesse d'augmenter et vous êtes à pied: vous n'atteindrez jamais la Forêt vivants."
Elsa sentit une boule se former dans sa gorge: les Orques étaient bien là, dehors, à les attendre.
Combien de temps devraient-ils rester cachés dans la maison de Beorn? La jeune femme essayait d'imaginer l'ampleur du danger: se feraient-ils égorger s'ils posaient ne fut-ce qu'un pied au dehors?
Les nains, le hobbit et la jeune affichèrent des airs désespérés, implorant n'importe quelle forme d'aide. En voyant ces regards, Beorn hésita quelques instants. Puis il finit par pousser un soupir et se leva.
"Je n'aime pas les nains, commença-t-il d'un air peu amical. Ils sont cupides et aveugles. Aveugles face à toute vie qu'ils estiment moindre que la leur."
Les compagnons affichèrent des airs sombres: il ne fallait apparemment pas s'attendre à plus d'aide de la part du géant. Mais soudain, celui-ci ajouta:
"Mais les Orques je les hais plus encore. Que vous faut-il?"
Deuxième partie demain (certainement matin, ou en tout cas peu après midi^^).
Bonne lecture.
Chapitre 3 (partie 1):
Le lendemain matin, un temps clément étendait son doux manteau azuré sur le Val d'Anduin. Le Soleil brillait de ses rayons les plus radieux qu'il pouvait accorder à la Terre en automne, tandis que quelques chétifs nuages blancs défilaient ça et là sur la grande voûte bleue.
Au lieu dit de la maison de Beorn et dans ses alentours, la vie était sortie de sa torpeur de la nuit: les poneys et les chevaux gambadaient joyeusement dans l'herbe de la plaine qui entourait la grande demeure. Tandis que dans l'enceinte de cette dernière, chèvres et cochons cherchait nonchalamment de quoi satisfaire leur appétit du matin: les chèvres se délectaient de l'herbe grasse qui couvrait le grand jardin de Beorn ainsi que des feuilles des quelques arbustes qui y avaient poussé; les porcs, eux, fouillaient de leurs groins la terre au pied des arbres et au bord des potagers dans l'espoir de trouver des noix, des glands ou des pommes de terre enfouies sous le terreau frais.
Les poules et les oies étaient également occupées à chercher leur nourriture au sol, notamment des graines ou des insectes frétillants. Mais tous les insectes ne leur étaient pas accessibles: les grosses abeilles, ayant senti la chaleur des rayons du Soleil, étaient sorties de leurs ruches entreposées pour la plupart dans le fond du grand jardin près du mur d'enceinte, et voletaient dans les airs de fleur en fleur pour en extraire le précieux nectar.
Mais surtout, le fameux ôte de cette grande maison était de retour après la nuit mouvementée qui venait de s'écouler. Il avait repris sa forme humaine et était dans son jardin, muni d'une grande et lourde hache, occupé à fendre des bûches de bois. Il savait que des visiteurs imprévus occupaient actuellement sa demeure, mais il ignorait encore leur identité et leurs véritables intentions, et préférait attendre qu'ils se présentent d'eux-mêmes à lui.
Dans la grange, Elsa sortait tout juste de son sommeil. Malgré le tourment que lui avait apporté son entrevue avec sa sœur, elle avait réussi à se rendormir et à passer une nuit de sommeil paisible. Les rayons du Soleil, entrant par les fenêtres de la grange, avaient doucement percer à travers ses paupières et avaient fini par la réveiller. La jeune femme ouvrit doucement les yeux et s'étira longuement, se sentant grandement remise en forme par la nuit qu'elle venait de passer. Elle resta allongé encore quelques instants, sentant la paille douce sous elle, et regardant les grandes poutres du plafond de l'édifice. Elle remarqua vite que plusieurs grandes abeilles volaient au dessus d'elle, entrant et sortant régulièrement par un trou dans un angle entre les murs et le plafond. Leur bourdonnement paisible l'aida d'une certaine manière à se sentir bien.
Finalement, Elsa se redressa et retira les quelques fétus de paille qui s'étaient emmêlés dans ses cheveux. Puis elle se leva, et regarda rapidement autour d'elle: les vaches, toujours bien présentes, ruminaient encore la paille trouvée sur le sol, à présent habituées à la présence des compagnons. La jeune femme vit d'ailleurs bien vite que tous les autres étaient réveillés: les nains se tenaient tous debout ou assis un peu partout dans la grange, tandis que Gandalf faisait les cent pas un peu plus loin.
Seul Bilbon dormait encore: il était étendu, paisible, sur la paille, sa veste pourpre lui servant de couverture de fortune. Elsa ne put contenir un petit sourire tendre en le voyant ainsi, et décida de ne pas le réveiller, de le laisser bénéficier d'autant de sommeil qu'il en avait besoin. Elle rejoignit plutôt les autres, qui semblaient tous assez préoccupés.
Certains tendaient l'oreille pour essayer de détecter le moindre son suspect, d'autres se rongeaient les ongles, anxieux, et d'autres encore regardaient fixement Gandalf, attendant une idée de sa part.
Mais lorsque Fili vit Elsa approcher, il eut un petit sourire:
"Bonjour miss Elsa, dit-il en se redressant légèrement.
-Bonjour Fili, répondit celle-ci en s'asseyant près de lui. Que se passe-t-il au juste?
-Nous sommes en train de réfléchir à la bonne manière d'aborder la situation, répondit le jeune nain. Nous avons entendu Beorn revenir et nous serons bien obligés de nous présenter à lui. Mais, au vu de ce que nous a dit Gandalf à propos de cet homme-ours, et de ce que nous en avons nous-mêmes vu, vous comprendrez que nous redoutons quelque peu cette entrevue."
Elsa acquiesça, comprenant parfaitement ce qu'il voulait dire. Elle même se sentit d'ailleurs immédiatement beaucoup moins sereine qu'à son réveil: il était que le problème se posait maintenant. Ils seraient bien obligés de faire face à Beorn, et cela n'avait rien d'une bonne nouvelle à ses yeux. Il était vrai que ce qu'ils avaient vu à son sujet la veille n'était encourageant pour une rencontre avec lui.
Finalement, Thorin prit la parole:
"Il faudrait commencer par connaître son état actuel, dit-il à l'adresse de tous les autres. Est-il toujours sous la forme de l'ours géant ou est-il redevenu l'homme. Et ensuite, il faudrait savoir s'il semble dans de bonnes dispositions pour parler, autrement dit s'il se tient prêt à nous égorger ou pas.
-Je suis bien de cet avis, approuva Balin. Il est toujours bon de connaître l'état de son interlocuteur avant de parlementer.
-Il faut donc déjà essayer de le localiser, fit remarquer Ori en se levant."
Il se dirigea vers la grande porte de la grange et y colla l'oreille. Tous se turent, lui permettant d'écouter au dehors à travers le battant de la porte. Finalement, après un moment, Ori décrivit ce qu'il entendait.
"J'entends des bruits sourds réguliers, expliqua-t-il sans décoller l'oreille de la porte. On dirait... On dirait qu'il est en train de couper du bois.
-Cela est plutôt bon alors, non? demanda Kili en regardant ses compagnons. Cela signifie qu'il vaque à ses occupations, et qu'il n'est pas en train d'essayer de nous tuer.
-Mais cela signifie aussi qu'il a une hache à la main, fit remarquer Elsa en tremblant légèrement."
L'idée d'approcher cet homme incertain muni d'une grande hache aiguisée lui était peu sympathique; non plus qu'aux nains.
"Je serais d'avis de filer par la porte de derrière, proposa Nori en désignant une vieille porte au fond de la grange.
-Je ne fuis devant personne, protesta Dwalin en se levant, bête ou homme!
-Il est inutile de discuter! lança soudain Gandalf qui prit pour la première foi la parole. Nous ne pouvons traverser les terres sauvages sans l'aide de Beorn: nous serons traqués, tués avant d'atteindre la forêt."
Tous se turent alors: Elsa ne put qu'admettre que le magicien avait raison. Car il ne fallait pas oublier que les Orques étaient toujours à leur poursuite, et qu'ils devaient attendre là dehors, tapis dans les fourrés, prêts à bondir sur leurs proies.
Finalement, Gandalf, son bâton à la main, s'avança vers la grande porte de la grange et en retira la lourde planche de bois, avant d'ouvrir silencieusement l'un des battants.
Le cœur d'Elsa se mit à battre: elle s'attendait presque à voir l'énorme bête noire surgir de nulle part et se jeter férocement sur eux. Elle se releva, se tenant prête pour un éventuel affrontement, mais rien ne se produisit. Gandalf se pencha vers l'extérieur, jetant un coup d'œil autour de lui pour essayer de localiser Beorn.
Soudain, M. Sacquet bougea: il s'étira à son tour et ouvrit les yeux. Il chassa une abeille qui s'était posée sur son nez et se leva, avant d'enfiler sa veste et de rejoindre ses compagnons. Il leur adressa un sourire pour leur souhaiter bon matin, mais aucun d'eux ne lui rendit, trop occupés à retenir leurs respirations en regardant Gandalf penché au dehors. En voyant leurs airs anxieux, Bilbon perdit son sourire et s'approcha lui aussi de la porte.
Finalement, Gandalf revint à l'intérieur et se retourna vers ses compagnons. Et lorsqu'il vit le hobbit, une idée sembla se former dans sa tête.
"Bilbon, vous voilà, dit-il en regardant M. sacquet. Bien, bien, bien, bien... Ceci va demander beaucoup de doigté: nous devons procéder en douceur. La dernière personne à l'avoir effarouché a été réduite en lambeaux."
En entendant cela, chacun des compagnons ouvrit de grands yeux effrayés et trouva son front teinté de sueurs froides. Elsa déglutit avec difficulté: plus elle en apprenait sur Beorn, plus elle se disait qu'ils feraient mieux de filer en vitesse sans se faire remarquer.
Soudain, un bruit sec et sourd se fit entendre au dehors, faisant sursauter les compagnons: leur ôte venait d'abattre une nouvelle fois sa hache sur le bois. Certainement une grande hache, aiguisée et prête à découper bien autre chose que des rondins de bois...
"J'irai en premier, reprit soudain Gandalf en s'avançant vers la grande porte. Oh, et Bilbon, venez avec moi."
Elsa se tourna alors vers le hobbit, qui afficha un air plus terrifié encore. Mais voyant que Gandalf l'attendait, il finit par s'avancer malgré le tremblement de ses jambes.
Elsa se sentait extrêmement mal pour lui.
"Est... Est-ce une bonne idée? demanda M. Sacquet entre deux tremblements de lèvres à l'adresse du magicien.
-Oui, assura celui-ci avec cependant un air de grande appréhension. Quant à vous autres, attendez ici. Ne sortez pas avant que j'en ai donné le signal!
-D'accord on attend le signal, acquiesça Bofur en montant sur une étagère afin de pouvoir regarder au dehors par une fenêtre qui se trouvait là.
-Pas de geste brusque, de bruit ou de cri, indiqua également Gandalf qui semblait vouloir que toute cette opération soit absolument millimétrée. Et ne l'envahissez pas: vous ne sortez que deux par deux."
Il semblait enfin avoir terminer, mais son regard se posa soudain sur Elsa et une idée sembla lui traverser l'esprit.
"Ah, Elsa, reprit-il soudain. Vous, vous attendrez que les six premiers nains soient sortis, puis vous les rejoindrez seule. Ensuite, les sept autres sortiront à leur tour. Mais Bombur, vous comptez pour deux donc vous sortirez aussi seul."
Tous acquiescèrent alors, très anxieux et solennels. Elsa prit une grande inspiration, refoulant sa peur et tentant de maîtriser les quelques flocons qui s'étaient mis à tournoyer dans les airs. Même si elle accordait toute sa confiance au magicien, elle ne pouvait s'empêcher de redouter cette rencontre avec le puissant Beorn.
"N'oubliez pas, lança une dernière fois Gandalf, attendez le signal."
Puis enfin, lui et le hobbit tout tremblant sortirent au dehors, laissant derrière eux des compagnons tendus et retenant leur souffle, attendant le bon moment pour sortir et se présenter à leur ôte. Mais soudain:
"C'est quoi le signal? demanda Bofur en se tournant vers ses camarades."
Ceux-ci furent alors encore plus paniqués: Gandalf ne leur avait pas précisé la nature du signe qui les autoriserait à quitter la grange. Mais il était trop tard: lui et Bilbon s'étaient déjà éloignés au dehors.
A l'extérieur, le hobbit et le magicien avaient marché sur le chemin de terre qui menait de l'ouverture dans le mur d'enceinte jusqu'à la porte de la grange, puis avaient bien vite bifurqué sur leur gauche pour s'engager sur l'herbe du grand jardin de la maison. Là se trouvaient éparpillés toutes sortes d'objets: outils de jardinage, brouettes, sacs de terre, de graines, cabanons de bois,... Tous d'une taille impressionnante.
Gandalf fit signe à Bilbon de bien rester près de lui; car enfin leur ôte s'offrait à leur vue. Plus loin dans le grand jardin se dressait la silhouette d'un immense homme, à la carrure imposante et à la chevelure abondante. Il leur tournait le dos et était bien occupé à fendre des buches de bois posées sur un socle à l'aide d'une grande hache aiguisée qui sifflait, stridente, chaque fois qu'il l'abattait.
Le magicien hésita un instant à avancer, puis prit finalement une profonde inspiration avant de commencer à se diriger à la rencontre de Beorn d'un pas toujours quelque peu hésitant. Il avalait difficilement sa salive et respirait de plus en plus bruyamment à mesure qu'il approchait de leur ôte, qui continuait, imperturbable, à abattre sa lourde hache, tranchant net chaque buche après l'autre.
Bilbon sembla remarquer l'état du magicien:
"Vous êtes anxieux? lui demanda-t-il d'une petite voix.
-Anxieux? répéta un Gandalf faussement étonné comme s'il cherchait à dissimuler ses émotions. Quelles sottises!"
Lorsqu'enfin ils furent près de leur ôte, le magicien afficha un grand sourire forcé et lança d'un ton mielleux:
"Bonjour."
Beorn ne réagit pas. Leur tournant toujours le dos, il se baissa et attrapa une nouvelle buche sur le sol qu'il posa sur son socle, avant de la fendre à nouveau de sa hache. Celle-ci frôla d'ailleurs le magicien qui recula de quelques pas avec une petite exclamation apeurée. Bilbon, terrorisé, se cacha alors derrière son ami, dans les pans de sa longue tunique grise. Voyant que Beorn ne réagissait toujours pas, Gandalf répéta:
"Bonjour."
Finalement, le grand homme sembla cesser son activité et s'arrêta sur place, sa hache toujours en mains. Sans se retourner vers eux, il demanda cependant d'une voix grave, rauque et presque animale:
"Qui êtes-vous?
-Je suis Gandalf, répondit le magicien en s'inclinant bien bas. Gandalf le gris."
Soudain, Beorn se retourna enfin vers eux et posa l'extrémité de son dangereux instrument au sol, s'appuyant dessus comme sur une canne. Il était véritablement immense: il mesurait au moins deux mètres cinquante. Il était torse nu, révélant un buste et des bras musclés et robustes (on pouvait voir qu'un genre de fer de menotte enserrait son poignet gauche).
Ses cheveux, ainsi que sa barbe, étaient d'un brun grisonnant et très abondants. Mais surtout, il révéla enfin son visage: un visage assez allongé, au long nez rappelant un peu la forme d'une truffe. Sa mâchoire semblait également puissante et ses yeux étaient d'une couleur étrange: un brun légèrement jaune, comme on n'en trouve normalement pas chez les humains. Ses sourcils étaient de la même couleur que ses cheveux et tout aussi broussailleux.
Il fixa quelques instants Gandalf, considérant ce que celui-ci venait de lui dire, avant de déclarer de sa voix rauque:
"Je n'en ai jamais entendu parler."
Le vieil homme se redressa alors lentement, l'air un peu embarrassé.
"Je suis un magicien, expliqua-t-il sur un ton qui se voulait apaisant et rassurant. Peut-être connaissez-vous mon confrère, Radagast le brun? Il réside à la lisière Sud-Est de Vertbois."
Gandalf remarqua alors que le visage de Beorn s'adoucit quelque peu en entendant le nom de Radagast.
Mais finalement, il demanda de sa voix grave et avec son accent assez rude, en découvrant des canines anormalement longues et pointues:
"Qu'est-ce que vous voulez?
-Oh, seulement vous remercier pour votre hospitalité, répondit Gandalf en inclinant la tête. Vous avez dû voir que nous avons trouvé refuge dans votre demeure hier soir."
Il s'écarta de quelques pas pour désigner la grande maison, révélant soudain Bilbon aux yeux de Beorn.
En le voyant, le grand homme serra plus fort le manche de sa hache dans ses mains.
"Qui est ce petit individu? demanda-t-il d'un ton méfiant.
-Eh bien, c'est M. Sacquet, expliqua le magicien en faisant signe au hobbit de s'avancer, de la Comté."
Ce dernier s'avança, s'efforçant de contenir ses tremblements, et s'inclina à son tour devant Beorn.
Je vous laisse imaginer le sentiment de M. Sacquet devant cet immense personnage, lui qui se sentait déjà bien petit par rapport à un Homme normal.
"Ce n'est pas un nain n'est-ce pas? demanda le changeur de peau d'un air toujours plus méfiant.
-Oh non! s'eclama Gandalf. Non, c'est un hobbit de bonne famille et de réputation irréprochable.
-Un Semi-Homme et un magicien, résuma Beorn, semblant enfin se radoucir et portant un regard plus confiant sur les deux compagnons. Que faites vous dans les parages?
-Eh bien il se trouve que nous avons passé un mauvais quart d'heure avec les Gobelins dans les Montagnes, expliqua Gandalf en toute sincérité.
-Pourquoi avez-vous approché les Gobelins? demanda le grand homme. C'est stupide de faire ça!
-Vous avez parfaitement raison! approuva Gandalf en agitant son doigt pour faire comprendre au propriétaire de la demeure qu'il était d'accord avec lui."
A l'intérieur de la grange, Bofur qui était collé à la fenêtre en observant chaque mouvement de Gandalf, le vit agiter son doigt de la sorte. Soudain, un déclic se fit dans son esprit:
"Le signal! s'exclama-t-il. Sortez, sortez!"
Les compagnons furent pris d'un petit mouvement de panique, se demandant qui irait en premier s'exposer au danger qui attendait dehors. Finalement, Dwalin et Balin prirent une grande inspiration et se dirigèrent vers la grande porte.
Dehors, Gandalf s'arrêta net de parler lorsqu'il entendit les pas des deux compagnons derrière lui. Il se retourna et vit le solide guerrier accompagné du vieux diplomate s'avancer à plusieurs pas devant la porte de la grange et se placer l'un à côté de l'autre.
En les voyant, Beorn se saisit soudain de sa hache et la leva dans les airs, un air soudain féroce sur le visage. Gandalf fut pris de panique: mais pourquoi les deux frères étaient-ils sortis avant le signal?
Mais ces deux derniers, ravalant leur peur, s'inclinèrent du plus bas qu'ils purent en se présentant:
"Dwalin et Balin"
Gandalf était grandement perturbé, mais il était trop tard à présent, il devait agir en conséquence de la situation.
"Et je... bafouilla-t-il, cherchant ses mots. Je dois vous avouer que quelques uns dans notre groupe sont... Des nains.
-Parce que pour vous 'deux' c'est 'quelques uns'? s'étonna Beorn.
-Oh, oui eh bien... Puisque vous l'évoquez... Oui enfin, ils sont sans doute plus que deux."
Le magicien fit mine de commencer à compter sur ses doigts.
Dans la grange, Bofur prit à nouveau cela pour un signal.
"Sortez! lança-t-il."
Oïn et Gloïn sortirent alors de la grange et vinrent se placer juste aux côtés de Balin et Dwalin.
Beorn grogna en les voyant et agrippa encore un peu plus fort sa hache, tandis qu'Oïn et Gloïn s'inclinèrent à leur tour pour le saluer.
"Et... Voici d'autres membres de notre joyeuse troupe, expliqua maladroitement Gandalf toujours embarrassé par la situation et craignant la réaction du changeur de peau.
-Vous appelez 'six' une troupe? s'étonna le géant dont le mécontentement, bien qu'il soit toujours présent, semblait commencer à laisser place à la curiosité. Qu'êtes-vous donc? Un cirque ambulant?"
Gandalf se força à rire de cette plaisanterie, et fit signe aux suivants de sortir de la grange, profitant de la question de Beorn et du fait qu'il avait finalement reposé sa hache au sol pour présenter de nouveaux membres.
Dori et Ori sortirent alors de la grange et vinrent rejoindre leurs camarades. En les voyant, Beorn montra les dents et son visage se crispa.
"Dori et Ori, se présentèrent les deux frères en s'inclinant. Pour vous servir.
-Je ne veux pas de vos services, rétorqua sèchement le changeur de peau.
-Et c'est tout à fait compréhensible, s'empressa de glisser Gandalf pour flatter en quelques sortes leur ôte."
Il avait dit cela en levant la main comme en signe de paix. Dans la grange, Bofur indiqua alors au suivant de sortir: et c'était au tour d'Elsa.
Celle-ci s'efforça de contenir ses tremblements et inspira une grande bouffée d'air, avant de finalement rejoindre ses compagnons au dehors.
Lorsqu'il la vit sortir, Beorn afficha tout d'abord un air féroce, mais celui-ci fut vite remplacée par la surprise et l'intrigue.
Elsa, quant à elle, ne put qu'être impressionnée et confortée dans sa crainte en découvrant enfin cet homme immense, solide et fort, au visage assez féroce.
Mais elle ravala sa peur et s'inclina très bas.
Beorn la regarda quelques instants avant de demander:
"Qui est-elle?
-Ah, je vous présente Elsa, répondit Gandalf avec un petit sourire. Elle voyage également avec nous.
-Une humaine... S'étonna Beorn dont le visage affichait à présent bien plus de questionnement que de colère: il semblait désormais s'intéresser réellement à l'histoire de Gandalf et de la compagnie. Que fait-elle avec vous?
-Nous l'avons rencontrée il y a longtemps de cela, au mois d'août dans un bois bien plus à l'Ouest, expliqua alors le magicien. Nous lui avons parlé de notre voyage et de notre quête, et son cœur étant si généreux, elle a tout de suite accepté de nous aider."
Beorn sembla encore un peu plus intrigué en entendant prononcer le mot 'quête'. Il dévisagea une nouvelle fois tous les compagnons qui se trouvaient devant lui, notamment Elsa, semblant réfléchir et considérer tout ce qu'il savait à présent sur eux.
Profitant de cet instant de calme, Gandalf fit signe aux suivants de sortir de la grange.
Fili et Kili vinrent alors rejoindre leurs compagnons, avant de s'incliner à leur tour.
"Oh, et Fili et Kili, présenta Gandalf, j'avais oublié."
Beorn les regarda en grimaçant légèrement, mais il n'eut plus de réaction réellement agressive. Puis enfin, arrivèrent les derniers nains qui s'inclinèrent tous devant leur ôte.
"Et voici Nori, Bofur, Bifur et Bombur, dit Gandalf."
Un silence s'installa alors pendant quelques instants, tous les membres de la compagnie parfaitement droits et immobiles, attendant anxieusement la réaction de Beorn qui les regardait en serrant les lèvres.
Mais finalement, il finit par demander:
"Sont-ils tous là?"
Gandalf sembla hésiter à répondre.
"Il y en a d'autres? demanda à nouveau le changeur de peau."
Alors, enfin, le dernier membre de la compagnie sortit de la grange. Thorin vint rejoindre ses compagnons et inclina également la tête devant le géant.
Celui-ci en le voyant, ouvrit alors de grands yeux et afficha contre toute attente une expression que l'on aurait presque pu qualifier d'impressionnée. Elsa se demanda un instant ce qui pouvait bien justifier une telle réaction, mais à la manière dont le géant regardait le roi des nains, elle ne voyait qu'une seule explication: Beorn connaissait Thorin.
Après bien des peurs et de l'appréhension quant à la réaction de leur ôte, les compagnons furent des plus soulagés lorsque celui-ci finit par les inviter dans sa maison. Il avait déposé sa hache à côté du socle aux buches et leur avait demandé de le suivre.
Gandalf avait poussé un long soupir de soulagement, puis lui et les autres s'étaient lancés sur les pas du changeur de peau. En le suivant, Elsa remarqua plusieurs vieilles cicatrices sur son dos et ses bras, bien que la plupart fussent dissimulées par ses longs et épais cheveux, qui rappelaient presque la fourrure d'un animal.
Beorn les avait fait traverser toute une partie de son grand jardin: ils étaient passés entre des potagers, près d'animaux tels des chèvres, des vaches ou des cochons, sur de l'herbe verte aussi bien que sur de la terre plus dénudée, sous des arbres fruitiers et également non loin de toute une rangée de grandes ruches autour desquelles allaient et venaient les énormes abeilles.
Puis enfin, ils étaient arrivés devant la porte d'entrée de la partie habitable de la grande maison: une porte en bois épais et sculpté, bien assez haute et large pour laisser passer Beorn. Celui-ci gravit les quelques marches de pierres qui menaient à son porche et invita les compagnons à le suivre à l'intérieur. Ceux-ci, bien que toujours un peu hésitants, entrèrent alors à sa suite.
Et ils découvrirent alors l'intérieur de la fameuse maison de Beorn: des murs comme ceux de la grange, mais en pierre plus claire et plus finement taillée, renforcés régulièrement par d'épaisses colonnes de bois sculptées qui se dressaient aussi parfois au milieu des pièces pour soutenir le lourd plafond.
Ces colonnes ci étaient véritablement sculptées d'une main de maître: on y trouvait des figures incroyablement détaillées d'animaux, de plantes, de paysages et de courants d'eau qui courraient en leur sein.
Le sol était parfois de pierre et parfois de bois, mais très lisse et il était agréable de marcher dessus. Les encadrements de porte qui menaient d'une pièce à une autre étaient tout aussi travaillés et sculptés. Et dans ces pièces se trouvaient toute sortes de meubles, d'étagères, de tables, d'outils de jardinage, de bricolage, de cuisine,...
Et chaque meuble, éclairé par les rayons du Soleil qui entraient par les fenêtres, était sculpté avec une précision fascinante: Elsa se demanda si Beorn avait fait tout cela lui même.
Finalement, leur ôte les conduisit à ce qui devait être une salle à manger: une grande pièce au centre de laquelle se trouvait une grande table. D'ailleurs trop grande pour les compagnons: elle était conçue pour Beorn lui même, et les nains n'en dépassaient même pas lorsqu'ils s'asseyaient sur les grandes chaises qui l'entouraient. Même les mentons d'Elsa et Gandalf ne se trouvaient que guère au-dessus de la table lorsqu'ils s'y asseyaient.
Mais Beorn remédia à ce problème en installant sur chaque chaise un rondin de bois qu'il avait ramené de sa remise.
Il n'était certes pas très agréable de s'asseoir sur ce siège de fortune, mais les compagnons étaient trop soulagés en voyant que Beorn avait décidé de les inviter plutôt que de les tuer, trop heureux à l'idée de prendre un petit déjeuner digne de ce nom et trop reconnaissant à l'égard du changeur de peau pour seulement penser à se plaindre.
Leur ôte revint bientôt avec tout le nécessaire pour nourrir les compagnons: il amena et déposa sur la table caressée par les doux rayons du Soleil qui pénétraient dans la pièce par les fenêtres, du fromage, des œufs, du lait, des fruits, des pots de compotes, du pain et surtout quelque chose qu'Elsa n'avait plus mangé depuis bien longtemps: du miel.
Deux grands bols remplis d'un miel doré et onctueux qui fit chavirer d'envie le cœur de la jeune femme.
Beorn prit encore quelques instants pour aller chercher de grands verres et tasses en bois. Pendant qu'ils les cherchaient, Elsa prit le temps de regarder la pièce autour d'elle: on y trouvait des étagères sculptées, au-dessus desquelles se trouvaient de grands récipients, bols, tasses et paniers en osier, tandis que sur les murs étaient accrochés des couteaux, des cuillères et des louches, et que dans un coin de la pièce étaient entreposés des sacs de fruits et de légumes provenant du jardin de Beorn.
Elsa vit même, posé sur une table un peu plus loin, un plateau d'échecs aux dimensions impressionnantes et aux pièces sculptées dans un bois sombre.
Les personnages étaient bien souvent remplacés par des animaux: un cerf pour le roi, une biche pour la reine, un âne pour le fou et différents petits oiseaux pour les pions. Elsa se trouva quelques instants fascinée par ce plateau de jeu, elle qui avait joué aux échecs contre son père durant toute son enfance.
Finalement, Beorn revint en apportant les verres et les tasses. Il avait enfilé un gilet de laine brune grossièrement tricoté mais qui semblait tout de même confortable. Il déposa les tasses devant les compagnons et leur servit à chacun une grande ration de lait.
Tous entamèrent alors leur petit déjeuner avec appétit, en remerciant mille fois leur ôte. Elsa goûta de tout: les pommes, les poires, le lait peu frais mais tout de même délicieux, trempa le pain de bonne farine dans un œuf cassé au fond d'un bol, savoura le fromage aussi bien de vache que de chèvre, se délecta de la compote si délicieusement sucrée et surtout, eut l'impression de flotter sur un petit nuage lorsqu'elle goutta le miel.
Tout en mangeant, les compagnons prirent le temps d'exposer à Beorn leur quête: car celui-ci semblait avoir abandonné son mécontentement pour se montrer intéressé par l'histoire de cette singulière compagnie.
Elsa, Bilbon, Gandalf et les nains lui parlèrent de la Montagne, de leur voyage, de leur rencontre avec la jeune femme, de la carte, du jour de Durin, de leur traversée des Monts Brumeux, de leur bataille contre les Gobelins et aussi des Orques qui les poursuivaient.
Ils expliquèrent qu'ils avaient dû se réfugier chez lui pour échapper à Azog et ses chasseurs.
En entendant cela, Beorn, qui était allé poser le grand pichet de lait sur le rebord d'une fenêtre, redressa la tête.
"Alors c'est bien vrai, dit-il. Celui que j'avais interrogé ne m'a pas menti.
-Que voulez-vous dire? demanda Elsa intriguée par ces propos.
-La nuit dernière, après que vous soyez entrés dans ma maison, j'ai aperçu des Orques qui rodaient autour d'elle, expliqua Beorn en se retournant vers les compagnons. Je me suis alors jeté sur eux: ces lâches, tous pris de peur, se sont enfuis, sauf un que j'ai réussi à capturer. Je lui ai alors fait comprendre le sens du mot 'torture' pour le forcer à parler. Je lui ai demandé ce que lui et tous ses compagnons faisaient par ici. Entre deux hurlements, il m'a révélé qu'ils étaient à la poursuite d'une compagnie qui avait trouvé refuge dans ma demeure. Et aujourd'hui je vois qu'il disait bien vrai."
Les compagnons se jetèrent des regards anxieux.
"Et qu'avez-vous fait de l'Orque? demanda Elsa d'une voix un peu tremblante. Vous l'avez laissé partir?
-Certainement pas, grogna Beorn en désignant d'un signe de tête le jardin de l'autre côté de la fenêtre."
Les camarades regardèrent alors par cette dernière, et virent plus loin au fond du jardin une peau de Warg tendue entre deux poteaux de bois et la tête d'un Orque empalée sur une longue pique.
Tous déglutirent avec difficulté et Elsa frissonna, pensant qu'il valait beaucoup mieux avoir ce Beorn comme ami. Il ne fallait surtout pas qu'elle et ses amis fassent la moindre erreur.
Mais Beorn ne semblait plus fâché après eux: il s'approcha de la table en regardant Thorin d'un air intéressé.
"Alors vous êtes celui que l'on appelle Ecu de chêne? demanda-t-il. Dites-moi: pourquoi Azog le profanateur est-il à vos trousses?
-Vous connaissez Azog? s'étonna Thorin. Comment?
-Mon peuple fut le premier à habiter les Montagnes et cette vallée, expliqua Beorn. Avant que les Orques n'arrivent des contrées du Nord. Le profanateur a tué presque toute ma famille, les autres sont devenus ses esclaves."
En entendant cela, Elsa reporta son regard sur le bracelet de fer qui entourait le poignet de leur ôte. Cela avait-il un rapport avec ce que venait de dire Beorn?
"Mettre en cage des changeurs de peau et les torturer l'amusait beaucoup apparemment, ajouta le géant avec un air sombre. A mes yeux il n'y a pas d'être plus cruel qui vive en ce monde: c'est pourquoi tous ceux qui le combattent gagnent au moins mon respect. Et la fameuse légende de Thorin, le guerrier nain au bouclier de chêne, qui a vaincu le profanateur et défait ses armées ne m'a pas échappé."
Il reporta son regard sur le roi des nains, avec un certain respect dans les yeux. Thorin le lui rendit.
Puis, après un silence, Bilbon demanda d'une petite voix:
"Il y en a d'autres comme vous?
-Il y en avait beaucoup, répondit Beorn en se détournant.
-Et... Et maintenant?
-Maintenant il n'y en a plus qu'un."
Il avait dit cette dernière phrase avec une voix tremblante. Tous se turent un moment, laissant un silence planer dans la pièce.
Elsa ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur: elle se demanda si Beorn était en train de pleurer.
Et elle ne savait que trop bien ce que cela pouvait faire d'être 'le seul de son espèce'.
Finalement, le grand homme finit par se retourner vers eux et s'assit sur un tabouret dans un coin de la pièce.
"Donc il vous faut atteindre la Montagne avant les derniers jours de l'automne, résuma-t-il.
-Avant que n'arrive le jour de Durin oui, acquiesça Gandalf qui avait allumé sa pipe.
-Le temps va vous manquer, fit remarquer Beorn.
-C'est pourquoi nous devons traverser Vertbois, expliqua le magicien.
-Un mal est à l'œuvre dans cette forêt, dit Beorn avec un air soudain grave. J'ai entendu que les habitants de cette vallée l'ont renommé Forêt Noire. Sous ses arbres se cachent des créatures féroces: je ne m'y risquerais qu'en cas d'extrême nécessité.
-Nous prendrons la Route des elfes, assura Gandalf. Ce chemin est encore sûr.
-Sûr? s'étonna le géant. Les elfes de la Forêt Noire ne sont pas comme leurs semblables: moins raffinés et plus dangereux."
Les compagnons se jetèrent alors des regards inquiets: Elsa commençait à se dire que l'idée de traverser Vertbois n'était peut-être pas si bonne que cela.
"Mais ça n'a pas d'importance, poursuivit soudain Beorn.
-Que voulez-vous dire? demanda Thorin d'un air anxieux.
-Ces terres sont infestées d'Orques, répondit le changeur de peau. Leur nombre ne cesse d'augmenter et vous êtes à pied: vous n'atteindrez jamais la Forêt vivants."
Elsa sentit une boule se former dans sa gorge: les Orques étaient bien là, dehors, à les attendre.
Combien de temps devraient-ils rester cachés dans la maison de Beorn? La jeune femme essayait d'imaginer l'ampleur du danger: se feraient-ils égorger s'ils posaient ne fut-ce qu'un pied au dehors?
Les nains, le hobbit et la jeune affichèrent des airs désespérés, implorant n'importe quelle forme d'aide. En voyant ces regards, Beorn hésita quelques instants. Puis il finit par pousser un soupir et se leva.
"Je n'aime pas les nains, commença-t-il d'un air peu amical. Ils sont cupides et aveugles. Aveugles face à toute vie qu'ils estiment moindre que la leur."
Les compagnons affichèrent des airs sombres: il ne fallait apparemment pas s'attendre à plus d'aide de la part du géant. Mais soudain, celui-ci ajouta:
"Mais les Orques je les hais plus encore. Que vous faut-il?"
Deuxième partie demain (certainement matin, ou en tout cas peu après midi^^).
- InvitéInvité
Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 17:28
Non t'es sérieux là ?!! Je viens juste de finir le 2 et de commenter punaise xD
- M.BagginsLégende du Royaume
- Messages : 1530
Date d'inscription : 06/02/2015
Age : 25
Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 17:28
Content que ça t'ait plu Gelwarin.^^
Eh ouais, moi on ne peut pas m'intenter de procès. Kèstu kroyé?
Bref, merci pour ton commentaire, et... Ben du coup la suite la voilà.^^
Eh ouais, moi on ne peut pas m'intenter de procès. Kèstu kroyé?
Bref, merci pour ton commentaire, et... Ben du coup la suite la voilà.^^
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Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
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- InvitéInvité
Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 17:32
Si je vais te faire un procès pour ne pas m'avoir laissé le temps de souffler entre deux chapitres xD
- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 18:03
Ca marche.
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- Micky93Légende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 18:52
Nom d'un chien M.B. tu comptes déjà poster la deuxième partie demain ? Laisse-nous souffler un peu l'ami, tu vas trop vite en besogne !
Sinon, pour en revenir à ce chapitre, je l'ai bien aimé.
Toujours au top au niveau des descriptions et des dialogues.
J'ai bien aimé le moment où les nains apparaissent chacun leur tour. Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'a fait rire.
Après:
"Les personnages étaient bien souvent remplacés par des animaux: un cerf pour le roi, une biche pour la reine, un âne pour le fou et différents petits oiseaux pour les pions" C'est jute bien trouvé quoi !
Bref, vivement la suite, mais par pitié laisse-nous le temps de digérer un peu tout de même !
Sinon, pour en revenir à ce chapitre, je l'ai bien aimé.
Toujours au top au niveau des descriptions et des dialogues.
J'ai bien aimé le moment où les nains apparaissent chacun leur tour. Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'a fait rire.
Après:
"Les personnages étaient bien souvent remplacés par des animaux: un cerf pour le roi, une biche pour la reine, un âne pour le fou et différents petits oiseaux pour les pions" C'est jute bien trouvé quoi !
Bref, vivement la suite, mais par pitié laisse-nous le temps de digérer un peu tout de même !
- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 12 Juin 2015, 19:36
Content que ça t'ait plu Micky.^^
C'est à dire que qu'une bonne partie de ma fic est déjà écrite, donc la deuxième partie de ce chapitre est déjà bien prête pour être postée demain.
Donc je la posterai, mais rien ne vous oblige à la lire demain.^^
En tout cas merci encore pour ton 'comment'!
C'est à dire que qu'une bonne partie de ma fic est déjà écrite, donc la deuxième partie de ce chapitre est déjà bien prête pour être postée demain.
Donc je la posterai, mais rien ne vous oblige à la lire demain.^^
En tout cas merci encore pour ton 'comment'!
_________________
Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
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- Lhysender
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 13 Juin 2015, 09:31
Et bien et bien, que dire de plus sinon que c'est encore un très bon chapitre !
J'attend de pied ferme la suite tout à l'heure
J'attend de pied ferme la suite tout à l'heure
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- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 13 Juin 2015, 12:45
Bon, voilà la deuxième partie du chapitre 3.^^
Je la poste aujourd'hui car je vais partir pendant les vacances et donc mon rythme de 'postage' va bien diminuer pendant un moment, pour reprendre en gros vers la rentrée. Donc j'essaie de le maintenir autant que possible pour l'instant. Mais rien ne vous oblige à lire aujourd'hui: vous lisez quand vous en avez envie, c'est tout.^^ Bref, donc deuxième partie, et bonne lecture.
Cette journée avait finalement été une véritable aubaine pour les compagnons: ils avaient trouvé refuge et nourriture chez Beorn, et ce dernier avait finalement accepté de les aider. Il semblait considérer qu'après tout leur quête méritait bien de s'achever. Pour répondre à sa question, et considérant ses mises en garde, les compagnons lui avaient simplement demandé des montures afin de pouvoir traverser plus rapidement la vallée jusqu'à la lisière de Vertbois. Beorn avait alors acquiescer, puis avait débarrassé la table avant de s'éloigner au dehors de l'enceinte de sa maison.
"Je vous prêterai mes poneys et mes chevaux, avait-il dit, mais il faut que j'aille les chercher dans la plaine et que je choisisse les plus vifs et les plus robustes. Je ne serai sûrement pas de retour avant longtemps, vous devrez encore passer cette nuit ici."
Puis il était parti, laissant les camarades seuls dans sa grande demeure. Ceux-ci s'étaient alors mis à leur aise, tout en respectant la maison de leur ôte. Certains étaient allés se promener dans les jardins, respirant l'air frais d'un val d'Anduin éclairé par les rayons du Soleil de midi, marchant aux côtés des animaux qui broutaient paisiblement, regardant voler les abeilles de fleur en fleur ou écoutant chanter les oiseaux guillerets dans les branches des arbres, sous lesquelles Ori prit plaisir à s'asseoir, appuyé contre le tronc, avant de se mettre à écrire poèmes et récits de voyage dans son précieux journal.
D'autres préférèrent visiter l'intérieur de la maison: chaque pièce offrant son lot de surprises. On pouvait y découvrir entreposées sur des étagères des sculptures sur bois toutes plus jolies les unes que les autres, perchés dans des nichoirs toutes sortes d'oiseaux se reposant paisiblement ou encore d'énormes tonneaux disposés les uns contre les autres dans un genre de remise sombre et fraîche. A en juger par la senteur qui flottait dans la pièce, ils contenaient certainement de jus de pomme fermenté ainsi que du cidre. C'était le genre d'odeur un peu enivrante mêlée à l'atmosphère ancienne et poussiéreuse de cette vieille pièce. Elsa trouvait cette singulière habitation de plus en plus incroyable et plaisante, et se disait que Beorn devait s'y sentir extrêmement bien. Bilbon et les nains semblaient également charmés par l'endroit.
La journée s'écoula donc paisiblement, et ce repos fut grandement apprécié par chacun des compagnons. Ils discutèrent de tous côtés, tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre, aussi bien de choses quelconques que de leur quête. A un moment, Elsa, Dwalin, Balin et Gandalf se trouvèrent seuls dans une pièce, assis sur de grandes chaises au bord d'une fenêtre. Le magicien et le vieux diplomate fumaient leurs éternelles pipes tandis que la jeune femme et le guerrier regardaient le paysage par la fenêtre. L'herbe verte du jardin remuait doucement sous le souffle des cieux tandis que des oiseaux voletaient au-dessus de la plaine. Un silence s'était installé, et Dwalin fut le premier à le briser:
"Cupides et aveugles... marmonna-t-il. Comment peut-il dire que nous sommes cupides et aveugles? J'aimerai bien lui montrer à qui il a affaire ce changeur de peau!"
Il s'était quelque peu énervé, mais finit par se calmer et soupira.
"Mais après tout cela importe bien peu, poursuivit-il toujours cependant avec son air renfrogné. Car si nous rencontrions des gens aussi généreux que lui tous les jours, je crois que la vie serait des plus belles.
-En effet, approuva Elsa. Et le pauvre ne doit pourtant pas être habitué à recevoir du monde: quand on est ainsi unique en son genre, les autres n'ont pas toujours une bonne vision de nous, et la vie en société devient vite très pénible. Croyez-moi, j'en sais quelque chose."
Dwalin, Balin et Gandalf regardèrent la jeune femme baisser les yeux en affichant un air sombre, et se lancèrent quelques regards gênés.
"Je sais bien mademoiselle Elsa, dit alors Dwalin sur un ton d'excuses un peu maladroit, venant de la part d'un guerrier comme lui qui ne devait pas avoir l'habitude de se montrer compatissant. C'est pourquoi je ne pourrai jamais en vouloir à cet homme-ours pour ce qu'il a dit. Et à vrai dire, d'après ce que nous autres compagnons de Thorin avons constaté, je me demande si le fait de vivre ainsi à l'écart des autres ne rendrait pas les cœurs bienfaisants. Car nous ne rencontrons peut-être pas de personnes aussi généreuses que lui tous les jours, mais nous en avons au moins rencontré une autre."
Il avait dit cela en adressant un sourire à la jeune femme, qui le lui rendit avec sincérité.
"Sans oublier M. Sacquet, fit-elle remarquer en pensant soudain à ce cher Bilbon.
-Comment pourrions-nous l'oublier? fit Balin avec un sourire aux lèvres. Tout comme Beorn il nous a accueilli chez lui le soir de la veille de notre départ: le pauvre, il semblait à l'époque terrorisé à l'idée de partir avec nous. Mais il a fini par accepter et voyez où il en est aujourd'hui: le sauveur qui défendit Thorin Ecu de chêne des griffes d'Azog le profanateur, tout comme vous le fîtes vous-même. Voyez-vous miss Elsa, les routes sont imprévisibles: elles se poursuivent encore et toujours jusqu'à des horizons insoupçonnés et par des chemins inattendus, et réservent autant d'affreuses que d'aimables surprises à quiconque les emprunte. Lorsque Thorin nous a appelé à nous réunir pour entreprendre ce voyage, je ne soupçonnais même pas que nous ferions ces deux rencontres qu'ont été celles avec M. Sacquet et avec vous; et pourtant aujourd'hui, je me demande bien ce que serait la compagnie d'Ecu de chêne sans vous deux. Et je me sens plus qu'honoré de pouvoir vous compter parmi nos amis.
-Ne vous avais-je pas dit que mademoiselle Elsa et M. Sacquet seraient de précieux compagnons? demanda Gandalf avec un petit sourire amusé.
-Oh, veuillez nous pardonner d'en avoir douté, plaisanta Balin en soufflant une bouffée de fumée. Mais qui aurait pu croire en voyant Bilbon ce fameux soir qu'il se montrerait aussi brave et courageux?
-Les hobbits sont vraiment des créatures extraordinaires, mon cher Balin, répondit Gandalf. On peut apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur eux en un mois, et pourtant au bout de cent ans ils peuvent encore vous surprendre."
Un petit silence serein et paisible s'installa pendant quelques instants. Elsa regarda à nouveau par la fenêtre et pensa à toute la route qu'ils avaient parcourue, et à celle qui s'étendait encore devant eux. Et soudain, elle repensa à Vertbois et à ce qu'avait dit Beorn le matin même.
"Mais je crains que nous soyons bientôt tous surpris par ce qui nous reste à affronter, et pas dans le bon sens du terme, fit-elle remarquer d'un air grave. Gandalf, Balin, êtes-vous sûrs qu'il soit bien prudent de traverser ainsi le grand Vertbois?
-Je crains fort qu'il s'agisse là du seul moyen que nous ayons d'arriver à temps à la Montagne, finit par répondre Balin après un court silence. La route est tortueuse et incertaine dans ces bois, mais ces lieux sont en la bonne garde de Thranduil, seigneur du royaume de la Forêt. Bien qu'il soit loin d'être quelqu'un d'appréciable, nous pouvons au moins compter sur lui pour protéger cet endroit des plus grands dangers."
Elsa finit alors par acquiescer, se disant que Gandalf et Balin savaient très certainement ce qu'ils faisaient. Et, ayant entendu pour la première fois ce nom, elle se perdit dans ses pensées à imaginer à quoi pouvait bien ressembler ce Thranduil, si bien qu'elle ne remarqua pas que Gandalf semblait soudain préoccupé et inquiet.
Le Soleil poursuivit sa course dans le ciel, et lorsqu'il commença réellement à se rapprocher de l'horizon, Beorn revint enfin, avec à ses côtés quatorze poneys et deux chevaux qu'il alla nettoyer et brosser avant d'en préparer les selles pour le lendemain. Car la nuit arriverait à présent très prochainement et il n'était pas prudent de se lancer de nuit dans ces terres grouillantes d'Orques.
A un moment, Elsa finit par sortir au dehors et respira le bon air frais tout en contemplant le beau jardin qui s'étendait devant elle. Elle se mit à déambuler tranquillement, faisant le tour de la maison, jusqu'à ce qu'elle apperçût un peu plus loin Thorin et Bilbon côte à côte, observant Beorn qui se tenait encore un peu plus loin. Le changeur de peau en avait terminé avec les poneys pour ce soir et s'occupait à présent de ses autres animaux: il venait de traire une chèvre dans un seau de fer. Celle-ci lui lécha alors le visage de sa langue râpeuse, et le géant la prit délicatement dans ses bras avant d'aller la reposer plus loin auprès de ses chevrots. Elsa ne put s'empêcher de sourire tendrement en voyant cette 'bête féroce' se montrer aussi attaché à ses compagnons de tous les jours.
La jeune femme finit par se joindre à Thorin et M. Sacquet, qui levèrent les yeux en la voyant arriver et la saluèrent. Eux aussi semblaient occupés à observer calmement la vie de Beorn suivre son cours.
"Cet 'homme' semble si heureux ici, finit par dire Thorin sans quitter le géant des yeux. Sa vie doit être paisible."
Elsa et Bilbon acquiescèrent silencieusement.
"Je me demande à quoi cela peut-il bien ressembler, reprit Thorin, de vivre chez soi, jour après jour, dans sa chère maison que l'on connaît si bien, sans se battre au péril de sa vie, sans toujours chercher à éviter le danger, sans toujours courir après l'introuvable... Il me semble avoir connu cela, fut un temps; mais même alors cela n'était pas pareil."
Il parlait à présent avec mélancolie, ses yeux bleus plongés dans le vague, reflétant la douce lueur orangée du Soleil déclinant sur la plaine infinie.
"Je suis de la famille royale, reprit-il. Même lorsque nous vivions dans notre cher Erebor, dans ses splendides murs si protecteurs qui surplombaient la course du temps sans y céder, nous n'étions jamais vraiment tranquilles. Je me demande à quoi cela peut ressembler de vivre uniquement pour et avec soi, sans rien attendre de personne et sans rien devoir à personne. Peut être se sent-on parfois seul... Mais peut-être cela nous protège-t-il aussi de malheurs: pas de dispute, de dissension, de mensonge, de trahison, de parole blessante..."
Il se tut alors pendant un moment, et Elsa et Bilbon en firent de même. Ils n'écoutaient plus que le vent souffler son chant régulier, et les bruits des animaux autour d'eux.
La gorge de la jeune femme était un peu nouée: sans le savoir, Thorin venait de décrire exactement tout ce qu'elle avait pu ressentir ou se demander pendant tant d'années de sa vie.
Puis finalement, dans un souffle, le souverain ajouta:
"Il faut certainement plus qu'une vie pour être capable de comprendre et d'apprécier tant de manière de vivre différentes.
-Mais parfois, si l'on est pleinement satisfait de celle que l'on mène, peut-être n'est-il pas besoin de chercher à en connaître d'autre si l'on aime son bonheur, répondit d'une voix paisible M. Sacquet. Pourquoi courir après l'introuvable quand on pourrait être si heureux avec ce que l'on a? Pourquoi tout laisser derrière nous pour aller trouver le bout du monde? Eh bien peut être parce que si ce bonheur qui emplit notre vie devient quotidien et banal, s'en éloigner pour un temps permet de l'apprécier mille fois plus lorsqu'on le retrouve enfin, et qu'après être passé entre les griffes de la tristesse, la douleur, le danger... Ses doux bras de velours sont la plus belle chose qui puisse nous arriver."
Lorsqu'il eut terminé, Elsa et Thorin le regardèrent, silencieux, puis finirent par lui adresser tous deux de grands sourire.
"La Comté semble au moins doter ses habitants de raison et de sagesse, remarqua le roi nain. Je crois que vous mieux que quiconque, M. Sacquet, êtes capable de comprendre de déchiffrer habilement le monde et ses secrets.
-Je le crois aussi, approuva Elsa, faisant apparaître sur le visage du hobbit un petit sourire gêné.
-Et en cela vous êtes proche de mademoiselle Elsa, ajouta soudain Thorin en portant son regard profond sur la jeune femme. Croyez-moi: vous deux vous ressemblez étonnamment. Je vous vois capables de voir au-delà des masques, des visages, et au plus profond des cœurs, et de savoir avec conviction ce pourquoi vous devez vous battre."
Ce fut au tour d'Elsa de rougir, et d'adresser au souverain un sourire gêné. Tous trois reportèrent un moment leurs regards vers l'horizon, ne disant rien, se tenant simplement là, tout proches et heureux de l'être.
A un moment, ils furent rejoints par Fili et Kili alors que le Soleil s'était couché et que seule une lueur rouge éclairait encore le ciel à l'Ouest.
Les deux jeunes frères avaient pris plaisir à visiter tout le domaine de Beorn, et se trouvaient heureux de retrouver à présent leur oncle et leurs deux amis.
"Cet endroit est si reposant, fit un moment remarquer Fili. On prendrait un réel plaisir à y vivre.
-C'est vrai, approuva Kili. Je crois même que rares sont les endroits qui m'ont inspiré autant de mélodies que celui-ci."
Il montra la petite flûte qu'il tenait dans sa main.
"Je me demande si les terres du royaume d'Erebor sont aussi agréables à vivre, murmura Fili en regardant vers l'Est.
-Ah, mon garçon, répondit Thorin en posant sa main sur l'épaule de son neveu. Si seulement toi et ton frère aviez pu voir ces lieux lorsqu'ils étaient verdoyants, fertiles et animés de vie..."
Il soupira.
"Mais je vous promets que vous ne serez pas déçu par ce palais qui attend au bout du voyage."
Au bout d'un moment, Thorin et ses deux neveux souhaitèrent la bonne nuit à Elsa et Bilbon, et s'en retournèrent côte à côte dans la demeure de Beorn.
La jeune femme et le hobbit restèrent ensemble dehors encore un moment. Elsa sentait l'air frais empli de l'odeur de l'herbe et des plantes lui caresser les narines: Fili et Kili disaient vrai, il était vraiment agréable de demeurer en ce lieu.
Elle marcha avec M. Sacquet à travers le jardin, sous la lumière des premières étoiles. Lorsqu'ils passèrent près des arbres, le doux bruit des feuilles sous le vent vint les apaiser encore davantage.
Puis un moment, Bilbon se baissa et ramassa quelque chose par terre.
"Qu'est-ce que c'est? demanda Elsa en se penchant pour mieux voir."
Le hobbit se redressa et lui montra sa trouvaille: un beau gland tout mur, tombé fraichement dans l'herbe du jardin.
"J'en avais rarement vu de si beau, remarqua Bilbon avec un léger sourire. Ce n'est pourtant pas faute d'en avoir ramassé dans mon enfance: chaque automne, je m'amusais à m'en remplir les poches près de la vieille Forêt."
Il eut un petit rire et rangea le fruit dans sa poche.
"Cela fera un souvenir après tout."
Elsa ne put encore une fois s'empêcher de sourire devant cette attitude si adorable. Puis à son tour, M. Sacquet bailla et souhaita une bonne nuit à son amie, qui préféra rester encore un peu dehors.
A présent seule, elle resta là debout un moment, à contempler les étoiles et la Lune qui avait gonflé sa voile argentée pour naviguer sur les vastes océans de la nuit.
Puis à un moment, elle remarqua un petit bruit sourd qui résonnait à intervalles réguliers plus loin dans le jardin. Intriguée, elle se dirigea vers la provenance du son, pour finalement découvrir Beorn qui, à la lumière d'une lanterne, terminait de découper ses buches de bois avec sa grande hache.
Lorsqu'enfin il eut fini et qu'il déposa son outil, un grand tas de buches fendues gisait sur le sol. Alors il entreprit de regrouper les fagots par groupes de deux ou trois qu'il liait avec des cordes, dans le but de les transporter jusque dans sa grande remise, afin de pouvoir faire de bons feux dans sa cheminée pendant tout l'hiver.
Mais le pauvre n'était pas prêt d'arriver au bout de sa tâche: les fagots étaient si nombreux. Elsa se sentit l'envie de l'aider: après tout, cela était peut-être un bon moyen pour le remercier de les avoir ainsi accueillis dans sa maison.
Elle s'avança alors un peu timidement vers le géant, puis après avoir hésité, s'éclaircit la gorge. En entendant cela, Beorn sursauta et se retourna vers elle en serrant les poings et montrant les dents. Elsa recula de quelques pas, mais en voyant à qui il avait affaire, Beorn se radoucit.
"C'est vous, grogna-t-il. Que voulez-vous?
-Rien, ce serait plutôt à moi de vous offrir quelque chose, répondit Elsa et se réavançant vers lui.
-Que voulez-vous dire? s'étonna le changeur de peau.
-Je voudrais vous offrir mon aide pour transporter tous ces lourds fagots jusque dans votre remise. Ainsi, cela sera plus vite fait."
Beorn la dévisagea quelques instants, puis se retourna pour se remettre au travail.
"Je n'ai pas besoin d'aide, répondit-il. Je m'en sortirai bien seul.
-J'insiste, reprit la jeune femme. Vous nous avez offert logis, protection et nourriture, nous vous devons bien au moins ça. Et j'agis ici au nom de tous mes compagnons."
Le géant se retourna vers elle, une expression un peu étonnée sur le visage. Puis finalement, il se mit à rire, amusé par cette persévérance.
"Bon, eh bien si vous y tenez tant, résolut-il."
Alors lui et Elsa se mirent au travail.
La jeune femme avait quelque peu pris l'habitude de transporter ainsi des choses lors de son séjour dans sa grotte près des landes d'Etten. Aussi comprit-elle rapidement le bon geste qu'il fallait avoir pour bien ficeler les morceaux de bois.
A chaque aller-retour, elle prenait une nouvelle corde et s'appliquait à bien serrer les nœuds et attacher les cordes à égale distance des extrémités des fagots. Ainsi, elle et Beorn travaillèrent un moment ensemble, sans rien dire, faisant simplement ce qu'ils avaient à faire.
Elle ne pouvait pas transporter autant de charges en même temps que le géant, mais elle s'efforçait tout de même d'être efficace. Et puis elle éprouvait un certain contentement à aider ainsi son ôte.
Lorsqu'enfin la tâche fut terminée et que Beorn déposa le dernier fardeau sur la grande pile de bois bien rangée au fond de la remise, Elsa poussa un petit soupir de contentement. Beorn, lui, sembla hésiter quelques instants, puis finit par marmonner:
"Merci."
Elsa eut un petit sourire: elle se doutait bien que ce gaillard solitaire, qui faisait tout lui-même, sans recevoir l'aide de personne ne devait pas avoir l'habitude de prononcer ce mot.
Puis ils sortirent tous deux de la remise, satisfaits d'avoir accompli ainsi une simple corvée quotidienne.
"Vous devriez aller dormir maintenant, conseilla Beorn. Vous aurez besoin de toutes vos forces pour ce qui vous attend ensuite.
-Merci Beorn, répondit simplement Elsa. Merci pour tout, et bon courage pour la suite.
-Que voulez-vous dire? s'étonna le géant.
-Je veux dire que je vous souhaite bonne continuation dans la vie que vous menez: seul dans votre maison, à l'écart du reste du monde... Ne prenez surtout pas cela comme une offense, vous êtes peut-être très heureux ainsi; ce que je veux dire c'est que..."
Elle hésita quelques instants, puis finit par terminer sa phrase:
"Je sais parfaitement ce que l'on peut ressentir lorsqu'on vit ainsi isolé, et surtout lorsqu'on est seul à être comme on est.
-Vous savez cela? demanda Beorn d'un air intrigué. Comment?"
La jeune femme prit une inspiration, puis se tourna et leva sa main droite. Alors l'herbe se couvrit de givre et quelques pointes de glace sortirent du sol, brillantes sous la Lune.
Beorn ouvrit alors de grands yeux et resta un moment figé sur place, fixant les stalagmites avec un air ébahi. Elsa se mit soudain à craindre sa réaction: avait-elle bien fait de lui révéler ainsi ses pouvoirs? Mais finalement, le géant se ravisa et ses yeux rentrèrent dans leurs orbites.
"Comment pouvez-vous faire cela? demanda-t-il en regardant la jeune femme d'un air toujours étonné.
-Depuis que je suis toute petite j'en ai été capable, répondit celle-ci. Je ne peux vous l'expliquer: j'ai simplement toujours eu ce don, et ai toujours été seule à l'avoir. Et comme je vous le disais, cela n'a pas toujours été facile; c'est pourquoi je vous comprends si vous trouvez parfois cela dur. Et je suis... Sincèrement désolée pour votre famille."
Un silence s'installa alors pendant quelques instants, puis finalement, pour la première fois, Elsa vit un pâle sourire apparaître sur le visage du changeur de peau.
"Je vous remercie, dit-il alors d'une voix plus douce que d'ordinaire. Vous êtes une des rares personnes qui m'aide à croire que peut-être tout le monde n'est pas si mauvais sur cette terre.
-Et qui sont les autres? demanda Elsa avec un petit sourire gêné.
-Il y a ce magicien, répondit Beorn en portant son regard sur l'horizon. Il vit à la lisière Sud-Est de Vertbois: Radagast le brun, le maître des formes et des changements de teinte. C'est lui aussi quelqu'un de bon. J'aime le rencontrer lorsqu'il vient près d'ici: il se soucie réellement du monde qui l'entoure, de ses créatures, des ses arbres et de chacun de se rochers. Si plus de gens étaient comme lui, qui sait dans quel bonheur nous pourrions vivre."
Elsa sourit devant les paroles du géant en se remémorant le magicien brun, qu'elle avait rencontré il y avait bien longtemps, lors de son premier jour au sein de la compagnie.
Après un silence, Beorn reporta son regard sur les pics de glace, puis sur Elsa.
"Vous êtes quelqu'un d'exceptionnel, dit-il avec une expression solennelle. Pourquoi donc avez-vous tenu à aider ces nains dans leur quête? Quel rapport cela peut-il bien avoir avec vous?
-Peut-être n'y retrouverai-je pas mon royaume, n'y gagnerai-je aucun trésor ou n'y retrouverai-je aucune famille, répondit la jeune femme après un court silence, mais je pourrais y trouver bien d'autres choses. La reconnaissance, l'honneur, la gloire... Ou peut-être est-ce même tout simplement le fait qu'aider quelqu'un, lui faire plaisir, vous apporte toujours un sentiment de satisfaction. Regardez-vous: après tout pourquoi nous avez-vous aidé?"
Beorn ne répondit pas: il resta silencieux, semblant réfléchir aux paroles de la jeune femme. Puis finalement, il lui adressa un signe de tête approbateur.
"Je vous souhaite une bonne nuit Elsa, dit-il après un moment, et bonne chance pour le reste de votre voyage."
Elsa le remercia une dernière fois, puis il s'éloigna vers la porte du mur d'enceinte, avant de pousser un grognement et de se transformer en un instant en un énorme ours brun-noir.
La jeune femme resta debout quelque instants, regardant le grand animal s'éloigner sous la voûte de la nuit, partant vagabonder sauvagement et librement dans la plaine autour de sa demeure.
Puis finalement, sentant la fatigue monter en elle, se dirigea vers la porte de la maison, et partit rejoindre ses compagnons dans leur sommeil pour la nuit.
Plus loin, beaucoup plus loin au Sud, entre les arbres de la lisière côté Ouest de Vertbois, se dressait une silhouette inquiétante. C'était une forteresse, ou plus exactement les ruines d'une grande forteresse, construite ici jadis par des entités peu recommandables. Au milieu des arbres de la partie Sud-Ouest de Vertbois, se dressait une colline, sèche, rocheuse et dénudée, au sommet de laquelle était érigée cette forteresse de pierres sombres: la forteresse de Dol Guldur, dont le nom signifiait précisément 'Colline de la sorcellerie'. Jadis, lorsque le mal menaçait de se répandre sur toute la Terre du Milieu, le seigneur ténébreux avait fait construire cette forteresse pour y loger ses alliés, ses serviteurs et y cacher bien des choses qui lui servaient à étendre son noir pouvoir sur le monde. Mais lorsqu'il avait été défait suite à une grande guerre, les occupants de cette forteresse avaient été tués ou chassés, et la construction avait été détruite, ne laissant que ces sinistres ruines perchées au sommet de cette colline.
Pourtant, cette nuit là, l'endroit n'était ni tranquille ni rassurant. Depuis un bon bout de temps déjà s'étendait au-dessus de cette région une épaisse nappe de nuages gris et grondants, rendant le ciel constamment obscur et ne laissant passer aucun rayon de Soleil. Quant aux arbres de la forêt environnante, ils étaient tous mal en point: leurs troncs noueux, étouffés de lierre noir et pourrissants suintaient la maladie, leurs branches tortueuses aux formes inquiétantes, comme des mains griffues, étaient quasiment nues, ne portant plus que quelques feuilles fripées et fanées, tandis que leurs racines en tout aussi piteux état s'enfonçaient dans une terre pleine de lichen grisâtre, empestant la décomposition et bien d'autres choses désagréables, comme si un terrible poison était à l'œuvre dans cette région.
Du haut de la sinistre colline au grand talus qui la côtoyait menait un pont de pierre, surplombant dangereusement un ravin assez impressionnant pour donner le vertige à quelqu'un de sensible. Et sur ce pont, ce soir là, sous un ciel privé de l'éclat des étoiles et de la Lune, s'avançait un groupe de cavaliers Orques montés sur leurs Wargs, menés par Azog. Celui-ci avait décidé d'écouter le messager de l'autre soir et était revenu avec ses troupes jusqu'à Dol Guldur où il avait été demandé.
Ils s'avancèrent donc jusqu'à la grande porte de la sombre forteresse, et s'engagèrent dans les couloirs inquiétants et tortueux des ruines dans l'ancienne place forte. De la mousse peu engageante recouvrait par endroit les pierres des murs et du sol, tandis que la plupart des portes et des fenêtres étaient 'décorées' de grands barreaux de fer rouillé qui se terminaient bien souvent en pointes et en piques menaçants. Mais surtout, la forteresse était en de nombreux endroits envahie par d'énormes ronces au corps noueux et épais, et aux piquants noirs et dressés, grands comme des dagues et des poignards. Ces plantes rampaient sur le sol et grimpaient le long des murs comme des serpents avides, s'enroulant autour des colonnes et se glissant dans chaque interstice, chaque porte, chaque fenêtre.
Mais les Orques s'avançaient sans crainte dans cet endroit qu'ils connaissaient bien: car c'était ici que résidait et que les logeait leur maître. A un moment, ils descendirent de leurs Wargs et continuèrent à pied dans les labyrinthes des couloirs de l'endroit. Puis Azog finit par arriver sur un genre de terrasse en pierre nue, surplombée par nul toit, donnant simplement au-dessus d'un petit précipice qui offrait une vue sur d'anciens cachots qui aurait fait frissonner n'importe quel voyageur. Le grand Orque pâle s'avança et se tint là, droit et imposant, sous les regards anxieux de ses sbires qui l'observaient d'un peu plus loin. Il attendait, car il savait que c'était là qu'il devait rencontrer celui qui l'avait fait demander.
Pendant quelques instants, tout resta immobile et silencieux, puis soudain, un courant d'air glacé se fit entendre et le vent commença à tourbillonner comme une tornade au-dessus du vide. Et bientôt, une ombre surgit de nulle part et se tint là, flottant par dessus les cachots. Cela formait à présent une grande masse noire et informe, comme si (vous allez trouver cela ridicule) une bougie émettait de l'ombre. Des rayons obscurs s'étiraient un peu partout et des traits souples et mouvants d'obscurité s'agitaient autour de la grande masse sombre qui flottait dans les airs.
Azog la regarda sans siller, puis soudain une voix se mit à résonner. Une voix terrible, rauque, caverneuse, mais presque irréelle: une voix d'outre tombe, qui se faisait pourtant entendre entre les murs de cet endroit terrifiant. La voix s'exprimait dans le terrible langage du Noir Parler.
"Nous sommes de plus en plus nombreux, et de plus en plus forts, dit-elle. D'autres Orques sont arrivés du Nord des Monts Brumeux.
-Malheureusement il en manquera certains à l'appel, répondit Azog dans cette même langue. Plus de la moitié de mes chasseurs ont été tués alors que nous poursuivions les nains.
-Comment est-ce arrivé? s'enquit la voix de la grande ombre.
-Nous les avions presque, nous étions sur le point de nous débarrasser d'eux, quand ces maudits aigles sont intervenus. Ils ont emporté les vies de bon nombre d'entre nous, avant d'emmener ces sales nains au loin, hors de notre portée.
-Et vous n'avez toujours pas réussi à éliminer ces nains?
-Non mon seigneur, nous les avions presque rattrapés, mais ils sont à présent en la bonne garde de ce sale changeur de peau!"
En entendant ces mots, la voix, ou le souffle, ou ce que vous voulez de l'ombre sembla mécontent, grommelant et réfléchissant. Puis soudain, Azog reprit la parole:
"Mais il y a autre chose maître: figurez-vous que les nains ne sont pas seuls dans leur voyage.
-De quoi parles-tu? s'étonna la grande ombre.
-Hormis ce magicien gris qui les accompagne, ils sont également assisté par une jeune femelle humaine, qui possède des capacités que même vous n'avez jamais vu en ce monde. En effet, les forces de l'hiver lui obéissent au doigt et à l'œil.
-Que dis-tu?
-Oui: elle peut faire ce qu'elle veut du vent froid, de la neige et de la glace... Je l'ai vu faire de mes propres yeux! J'ignore comment un tel pouvoir a pu se retrouver dans les mains d'une simple humaine, mais cela est vraiment très impressionnant."
Un silence s'installa: l'ombre semblait à nouveau réfléchir. Elle se mit à murmurer pour elle-même.
"C'est donc cela, ce bouleversement qui a secoué la Terre du Milieu il y a maintenant un peu plus de trois ans...
-Que dites-vous mon seigneur? s'étonna l'Orque pâle.
-Figure-toi que cette femme nous vient d'un autre monde; c'est pour cela que tu n'avais jamais vu ce pouvoir, comme je n'avais jamais ressenti de tel changement magique. Je me suis longtemps demandé de quoi il pouvait bien s'agir.
-Quoi qu'il en soit, reprit soudain Azog, j'ai immédiatement pensé qu'un tel pouvoir, aussi puissant, pourrait être d'une utilité inestimable à nos côtés. C'est pourquoi j'ai proposé à cette enchanteresse de quitter ces nains avec qui elle voyageait et de se joindre à nous."
Un rire mauvais se fit soudain entendre de la part de l'ombre.
"Tu es intelligent Azog, dit-elle, très intelligent. Et qu'a-t-elle répondu?
-En vérité, ces maudits aigles sont arrivés avant qu'elle ait pu donner sa réponse, et l'ont emporté au loin avec les nains. Mais pour tout vous dire, elle ne semblait pas très convaincue par ma proposition.
-Je vois... Pourtant tu dis vrai, un tel pouvoir, et surtout unique comme celui-ci, serait très précieux dans nos rangs. Il serait idéal de pouvoir la retrouver pour réitérer la demande, ou même la capturer et l'amener ici de force si elle refuse. Si cette troupe fait route vers la Montagne, je suppose qu'ils s'apprêtent à pénétrer dans la Forêt Noire.
-Je le pense aussi. Je peux repartir à la poursuite de ces nains et en profiter pour vous ramener l'humaine, mon seigneur.
-Non, nous n'avons plus le temps. Tu pourrais envoyer d'autres chasseurs le faire à ta place, mais toi tu restes ici. Les armées sont presque prêtes, et tu prendras leur commandement."
A ces mots, Azog sembla soudain contrarié.
"Mais... protesta-t-il. Et Ecu de chêne?
-La guerre approche, répondit simplement la grande ombre d'un ton plus sévère.
-Vous m'aviez promis sa tête! rappela l'Orque pâle d'un ton irrité.
-La mort les emportera tous!"
Et à ces mots, l'ombre se dissipa soudain, provoquant un fort courant d'air qui siffla pendant quelques instants, avant de s'estomper entre les sombres murs de la forteresse.
Azog resta là, figé, un air mécontent sur le visage. Devant ce silence et cette immobilité, l'un de ses chasseurs, qui avait entendu toute la conversation, s'approcha en demandant:
"Arrêtons-nous la poursuite?"
L'Orque pâle poussa un grognement, puis se retourna et appela d'une voix forte:
"Bolg!"
Bientôt, l'interlocuteur apparut dans l'embrasure de la porte de pierre, et s'avança vers Azog. Il était également grand et avait la peau pâle lui aussi: il portait des bottes de cuir et son tronc était protégé par de grandes bandes de métal noir.
Sur les cuirasses de ses épaules étaient fixées deux grandes pattes poilues et aux longues griffes courbes: des pattes d'ours très certainement. Mais sa tête était véritablement le plus effrayant chez lui: une énorme plaie laissait une ouverture béante sur son crâne, mais celle-ci était comblée par une grande pièce de métal. Cependant son œil gauche était d'un blanc laiteux: la blessure l'avait apparemment rendu borgne.
C'était le messager qui était venu chercher Azog il y avait quelques jours près de la maison de Beorn.
Mais en vérité, Bolg était plus qu'un simple messager: c'était le fils d'Azog lui-même. Cette blessure au crâne lui avait été causée lors d'un combat contre des elfes, et Azog avait épargné la mort et l'hémorragie à son enfant en bouchant la plaie de cette grande pièce de métal.
Bolg s'avança donc jusque devant son père, qui le regarda avec un sourire mauvais avant de lui demander:
"As-tu toujours soif du sang des nains?"
Je la poste aujourd'hui car je vais partir pendant les vacances et donc mon rythme de 'postage' va bien diminuer pendant un moment, pour reprendre en gros vers la rentrée. Donc j'essaie de le maintenir autant que possible pour l'instant. Mais rien ne vous oblige à lire aujourd'hui: vous lisez quand vous en avez envie, c'est tout.^^ Bref, donc deuxième partie, et bonne lecture.
Chapitre 3 (partie 2):
Cette journée avait finalement été une véritable aubaine pour les compagnons: ils avaient trouvé refuge et nourriture chez Beorn, et ce dernier avait finalement accepté de les aider. Il semblait considérer qu'après tout leur quête méritait bien de s'achever. Pour répondre à sa question, et considérant ses mises en garde, les compagnons lui avaient simplement demandé des montures afin de pouvoir traverser plus rapidement la vallée jusqu'à la lisière de Vertbois. Beorn avait alors acquiescer, puis avait débarrassé la table avant de s'éloigner au dehors de l'enceinte de sa maison.
"Je vous prêterai mes poneys et mes chevaux, avait-il dit, mais il faut que j'aille les chercher dans la plaine et que je choisisse les plus vifs et les plus robustes. Je ne serai sûrement pas de retour avant longtemps, vous devrez encore passer cette nuit ici."
Puis il était parti, laissant les camarades seuls dans sa grande demeure. Ceux-ci s'étaient alors mis à leur aise, tout en respectant la maison de leur ôte. Certains étaient allés se promener dans les jardins, respirant l'air frais d'un val d'Anduin éclairé par les rayons du Soleil de midi, marchant aux côtés des animaux qui broutaient paisiblement, regardant voler les abeilles de fleur en fleur ou écoutant chanter les oiseaux guillerets dans les branches des arbres, sous lesquelles Ori prit plaisir à s'asseoir, appuyé contre le tronc, avant de se mettre à écrire poèmes et récits de voyage dans son précieux journal.
D'autres préférèrent visiter l'intérieur de la maison: chaque pièce offrant son lot de surprises. On pouvait y découvrir entreposées sur des étagères des sculptures sur bois toutes plus jolies les unes que les autres, perchés dans des nichoirs toutes sortes d'oiseaux se reposant paisiblement ou encore d'énormes tonneaux disposés les uns contre les autres dans un genre de remise sombre et fraîche. A en juger par la senteur qui flottait dans la pièce, ils contenaient certainement de jus de pomme fermenté ainsi que du cidre. C'était le genre d'odeur un peu enivrante mêlée à l'atmosphère ancienne et poussiéreuse de cette vieille pièce. Elsa trouvait cette singulière habitation de plus en plus incroyable et plaisante, et se disait que Beorn devait s'y sentir extrêmement bien. Bilbon et les nains semblaient également charmés par l'endroit.
La journée s'écoula donc paisiblement, et ce repos fut grandement apprécié par chacun des compagnons. Ils discutèrent de tous côtés, tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre, aussi bien de choses quelconques que de leur quête. A un moment, Elsa, Dwalin, Balin et Gandalf se trouvèrent seuls dans une pièce, assis sur de grandes chaises au bord d'une fenêtre. Le magicien et le vieux diplomate fumaient leurs éternelles pipes tandis que la jeune femme et le guerrier regardaient le paysage par la fenêtre. L'herbe verte du jardin remuait doucement sous le souffle des cieux tandis que des oiseaux voletaient au-dessus de la plaine. Un silence s'était installé, et Dwalin fut le premier à le briser:
"Cupides et aveugles... marmonna-t-il. Comment peut-il dire que nous sommes cupides et aveugles? J'aimerai bien lui montrer à qui il a affaire ce changeur de peau!"
Il s'était quelque peu énervé, mais finit par se calmer et soupira.
"Mais après tout cela importe bien peu, poursuivit-il toujours cependant avec son air renfrogné. Car si nous rencontrions des gens aussi généreux que lui tous les jours, je crois que la vie serait des plus belles.
-En effet, approuva Elsa. Et le pauvre ne doit pourtant pas être habitué à recevoir du monde: quand on est ainsi unique en son genre, les autres n'ont pas toujours une bonne vision de nous, et la vie en société devient vite très pénible. Croyez-moi, j'en sais quelque chose."
Dwalin, Balin et Gandalf regardèrent la jeune femme baisser les yeux en affichant un air sombre, et se lancèrent quelques regards gênés.
"Je sais bien mademoiselle Elsa, dit alors Dwalin sur un ton d'excuses un peu maladroit, venant de la part d'un guerrier comme lui qui ne devait pas avoir l'habitude de se montrer compatissant. C'est pourquoi je ne pourrai jamais en vouloir à cet homme-ours pour ce qu'il a dit. Et à vrai dire, d'après ce que nous autres compagnons de Thorin avons constaté, je me demande si le fait de vivre ainsi à l'écart des autres ne rendrait pas les cœurs bienfaisants. Car nous ne rencontrons peut-être pas de personnes aussi généreuses que lui tous les jours, mais nous en avons au moins rencontré une autre."
Il avait dit cela en adressant un sourire à la jeune femme, qui le lui rendit avec sincérité.
"Sans oublier M. Sacquet, fit-elle remarquer en pensant soudain à ce cher Bilbon.
-Comment pourrions-nous l'oublier? fit Balin avec un sourire aux lèvres. Tout comme Beorn il nous a accueilli chez lui le soir de la veille de notre départ: le pauvre, il semblait à l'époque terrorisé à l'idée de partir avec nous. Mais il a fini par accepter et voyez où il en est aujourd'hui: le sauveur qui défendit Thorin Ecu de chêne des griffes d'Azog le profanateur, tout comme vous le fîtes vous-même. Voyez-vous miss Elsa, les routes sont imprévisibles: elles se poursuivent encore et toujours jusqu'à des horizons insoupçonnés et par des chemins inattendus, et réservent autant d'affreuses que d'aimables surprises à quiconque les emprunte. Lorsque Thorin nous a appelé à nous réunir pour entreprendre ce voyage, je ne soupçonnais même pas que nous ferions ces deux rencontres qu'ont été celles avec M. Sacquet et avec vous; et pourtant aujourd'hui, je me demande bien ce que serait la compagnie d'Ecu de chêne sans vous deux. Et je me sens plus qu'honoré de pouvoir vous compter parmi nos amis.
-Ne vous avais-je pas dit que mademoiselle Elsa et M. Sacquet seraient de précieux compagnons? demanda Gandalf avec un petit sourire amusé.
-Oh, veuillez nous pardonner d'en avoir douté, plaisanta Balin en soufflant une bouffée de fumée. Mais qui aurait pu croire en voyant Bilbon ce fameux soir qu'il se montrerait aussi brave et courageux?
-Les hobbits sont vraiment des créatures extraordinaires, mon cher Balin, répondit Gandalf. On peut apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur eux en un mois, et pourtant au bout de cent ans ils peuvent encore vous surprendre."
Un petit silence serein et paisible s'installa pendant quelques instants. Elsa regarda à nouveau par la fenêtre et pensa à toute la route qu'ils avaient parcourue, et à celle qui s'étendait encore devant eux. Et soudain, elle repensa à Vertbois et à ce qu'avait dit Beorn le matin même.
"Mais je crains que nous soyons bientôt tous surpris par ce qui nous reste à affronter, et pas dans le bon sens du terme, fit-elle remarquer d'un air grave. Gandalf, Balin, êtes-vous sûrs qu'il soit bien prudent de traverser ainsi le grand Vertbois?
-Je crains fort qu'il s'agisse là du seul moyen que nous ayons d'arriver à temps à la Montagne, finit par répondre Balin après un court silence. La route est tortueuse et incertaine dans ces bois, mais ces lieux sont en la bonne garde de Thranduil, seigneur du royaume de la Forêt. Bien qu'il soit loin d'être quelqu'un d'appréciable, nous pouvons au moins compter sur lui pour protéger cet endroit des plus grands dangers."
Elsa finit alors par acquiescer, se disant que Gandalf et Balin savaient très certainement ce qu'ils faisaient. Et, ayant entendu pour la première fois ce nom, elle se perdit dans ses pensées à imaginer à quoi pouvait bien ressembler ce Thranduil, si bien qu'elle ne remarqua pas que Gandalf semblait soudain préoccupé et inquiet.
Le Soleil poursuivit sa course dans le ciel, et lorsqu'il commença réellement à se rapprocher de l'horizon, Beorn revint enfin, avec à ses côtés quatorze poneys et deux chevaux qu'il alla nettoyer et brosser avant d'en préparer les selles pour le lendemain. Car la nuit arriverait à présent très prochainement et il n'était pas prudent de se lancer de nuit dans ces terres grouillantes d'Orques.
A un moment, Elsa finit par sortir au dehors et respira le bon air frais tout en contemplant le beau jardin qui s'étendait devant elle. Elle se mit à déambuler tranquillement, faisant le tour de la maison, jusqu'à ce qu'elle apperçût un peu plus loin Thorin et Bilbon côte à côte, observant Beorn qui se tenait encore un peu plus loin. Le changeur de peau en avait terminé avec les poneys pour ce soir et s'occupait à présent de ses autres animaux: il venait de traire une chèvre dans un seau de fer. Celle-ci lui lécha alors le visage de sa langue râpeuse, et le géant la prit délicatement dans ses bras avant d'aller la reposer plus loin auprès de ses chevrots. Elsa ne put s'empêcher de sourire tendrement en voyant cette 'bête féroce' se montrer aussi attaché à ses compagnons de tous les jours.
La jeune femme finit par se joindre à Thorin et M. Sacquet, qui levèrent les yeux en la voyant arriver et la saluèrent. Eux aussi semblaient occupés à observer calmement la vie de Beorn suivre son cours.
"Cet 'homme' semble si heureux ici, finit par dire Thorin sans quitter le géant des yeux. Sa vie doit être paisible."
Elsa et Bilbon acquiescèrent silencieusement.
"Je me demande à quoi cela peut-il bien ressembler, reprit Thorin, de vivre chez soi, jour après jour, dans sa chère maison que l'on connaît si bien, sans se battre au péril de sa vie, sans toujours chercher à éviter le danger, sans toujours courir après l'introuvable... Il me semble avoir connu cela, fut un temps; mais même alors cela n'était pas pareil."
Il parlait à présent avec mélancolie, ses yeux bleus plongés dans le vague, reflétant la douce lueur orangée du Soleil déclinant sur la plaine infinie.
"Je suis de la famille royale, reprit-il. Même lorsque nous vivions dans notre cher Erebor, dans ses splendides murs si protecteurs qui surplombaient la course du temps sans y céder, nous n'étions jamais vraiment tranquilles. Je me demande à quoi cela peut ressembler de vivre uniquement pour et avec soi, sans rien attendre de personne et sans rien devoir à personne. Peut être se sent-on parfois seul... Mais peut-être cela nous protège-t-il aussi de malheurs: pas de dispute, de dissension, de mensonge, de trahison, de parole blessante..."
Il se tut alors pendant un moment, et Elsa et Bilbon en firent de même. Ils n'écoutaient plus que le vent souffler son chant régulier, et les bruits des animaux autour d'eux.
La gorge de la jeune femme était un peu nouée: sans le savoir, Thorin venait de décrire exactement tout ce qu'elle avait pu ressentir ou se demander pendant tant d'années de sa vie.
Puis finalement, dans un souffle, le souverain ajouta:
"Il faut certainement plus qu'une vie pour être capable de comprendre et d'apprécier tant de manière de vivre différentes.
-Mais parfois, si l'on est pleinement satisfait de celle que l'on mène, peut-être n'est-il pas besoin de chercher à en connaître d'autre si l'on aime son bonheur, répondit d'une voix paisible M. Sacquet. Pourquoi courir après l'introuvable quand on pourrait être si heureux avec ce que l'on a? Pourquoi tout laisser derrière nous pour aller trouver le bout du monde? Eh bien peut être parce que si ce bonheur qui emplit notre vie devient quotidien et banal, s'en éloigner pour un temps permet de l'apprécier mille fois plus lorsqu'on le retrouve enfin, et qu'après être passé entre les griffes de la tristesse, la douleur, le danger... Ses doux bras de velours sont la plus belle chose qui puisse nous arriver."
Lorsqu'il eut terminé, Elsa et Thorin le regardèrent, silencieux, puis finirent par lui adresser tous deux de grands sourire.
"La Comté semble au moins doter ses habitants de raison et de sagesse, remarqua le roi nain. Je crois que vous mieux que quiconque, M. Sacquet, êtes capable de comprendre de déchiffrer habilement le monde et ses secrets.
-Je le crois aussi, approuva Elsa, faisant apparaître sur le visage du hobbit un petit sourire gêné.
-Et en cela vous êtes proche de mademoiselle Elsa, ajouta soudain Thorin en portant son regard profond sur la jeune femme. Croyez-moi: vous deux vous ressemblez étonnamment. Je vous vois capables de voir au-delà des masques, des visages, et au plus profond des cœurs, et de savoir avec conviction ce pourquoi vous devez vous battre."
Ce fut au tour d'Elsa de rougir, et d'adresser au souverain un sourire gêné. Tous trois reportèrent un moment leurs regards vers l'horizon, ne disant rien, se tenant simplement là, tout proches et heureux de l'être.
A un moment, ils furent rejoints par Fili et Kili alors que le Soleil s'était couché et que seule une lueur rouge éclairait encore le ciel à l'Ouest.
Les deux jeunes frères avaient pris plaisir à visiter tout le domaine de Beorn, et se trouvaient heureux de retrouver à présent leur oncle et leurs deux amis.
"Cet endroit est si reposant, fit un moment remarquer Fili. On prendrait un réel plaisir à y vivre.
-C'est vrai, approuva Kili. Je crois même que rares sont les endroits qui m'ont inspiré autant de mélodies que celui-ci."
Il montra la petite flûte qu'il tenait dans sa main.
"Je me demande si les terres du royaume d'Erebor sont aussi agréables à vivre, murmura Fili en regardant vers l'Est.
-Ah, mon garçon, répondit Thorin en posant sa main sur l'épaule de son neveu. Si seulement toi et ton frère aviez pu voir ces lieux lorsqu'ils étaient verdoyants, fertiles et animés de vie..."
Il soupira.
"Mais je vous promets que vous ne serez pas déçu par ce palais qui attend au bout du voyage."
Au bout d'un moment, Thorin et ses deux neveux souhaitèrent la bonne nuit à Elsa et Bilbon, et s'en retournèrent côte à côte dans la demeure de Beorn.
La jeune femme et le hobbit restèrent ensemble dehors encore un moment. Elsa sentait l'air frais empli de l'odeur de l'herbe et des plantes lui caresser les narines: Fili et Kili disaient vrai, il était vraiment agréable de demeurer en ce lieu.
Elle marcha avec M. Sacquet à travers le jardin, sous la lumière des premières étoiles. Lorsqu'ils passèrent près des arbres, le doux bruit des feuilles sous le vent vint les apaiser encore davantage.
Puis un moment, Bilbon se baissa et ramassa quelque chose par terre.
"Qu'est-ce que c'est? demanda Elsa en se penchant pour mieux voir."
Le hobbit se redressa et lui montra sa trouvaille: un beau gland tout mur, tombé fraichement dans l'herbe du jardin.
"J'en avais rarement vu de si beau, remarqua Bilbon avec un léger sourire. Ce n'est pourtant pas faute d'en avoir ramassé dans mon enfance: chaque automne, je m'amusais à m'en remplir les poches près de la vieille Forêt."
Il eut un petit rire et rangea le fruit dans sa poche.
"Cela fera un souvenir après tout."
Elsa ne put encore une fois s'empêcher de sourire devant cette attitude si adorable. Puis à son tour, M. Sacquet bailla et souhaita une bonne nuit à son amie, qui préféra rester encore un peu dehors.
A présent seule, elle resta là debout un moment, à contempler les étoiles et la Lune qui avait gonflé sa voile argentée pour naviguer sur les vastes océans de la nuit.
Puis à un moment, elle remarqua un petit bruit sourd qui résonnait à intervalles réguliers plus loin dans le jardin. Intriguée, elle se dirigea vers la provenance du son, pour finalement découvrir Beorn qui, à la lumière d'une lanterne, terminait de découper ses buches de bois avec sa grande hache.
Lorsqu'enfin il eut fini et qu'il déposa son outil, un grand tas de buches fendues gisait sur le sol. Alors il entreprit de regrouper les fagots par groupes de deux ou trois qu'il liait avec des cordes, dans le but de les transporter jusque dans sa grande remise, afin de pouvoir faire de bons feux dans sa cheminée pendant tout l'hiver.
Mais le pauvre n'était pas prêt d'arriver au bout de sa tâche: les fagots étaient si nombreux. Elsa se sentit l'envie de l'aider: après tout, cela était peut-être un bon moyen pour le remercier de les avoir ainsi accueillis dans sa maison.
Elle s'avança alors un peu timidement vers le géant, puis après avoir hésité, s'éclaircit la gorge. En entendant cela, Beorn sursauta et se retourna vers elle en serrant les poings et montrant les dents. Elsa recula de quelques pas, mais en voyant à qui il avait affaire, Beorn se radoucit.
"C'est vous, grogna-t-il. Que voulez-vous?
-Rien, ce serait plutôt à moi de vous offrir quelque chose, répondit Elsa et se réavançant vers lui.
-Que voulez-vous dire? s'étonna le changeur de peau.
-Je voudrais vous offrir mon aide pour transporter tous ces lourds fagots jusque dans votre remise. Ainsi, cela sera plus vite fait."
Beorn la dévisagea quelques instants, puis se retourna pour se remettre au travail.
"Je n'ai pas besoin d'aide, répondit-il. Je m'en sortirai bien seul.
-J'insiste, reprit la jeune femme. Vous nous avez offert logis, protection et nourriture, nous vous devons bien au moins ça. Et j'agis ici au nom de tous mes compagnons."
Le géant se retourna vers elle, une expression un peu étonnée sur le visage. Puis finalement, il se mit à rire, amusé par cette persévérance.
"Bon, eh bien si vous y tenez tant, résolut-il."
Alors lui et Elsa se mirent au travail.
La jeune femme avait quelque peu pris l'habitude de transporter ainsi des choses lors de son séjour dans sa grotte près des landes d'Etten. Aussi comprit-elle rapidement le bon geste qu'il fallait avoir pour bien ficeler les morceaux de bois.
A chaque aller-retour, elle prenait une nouvelle corde et s'appliquait à bien serrer les nœuds et attacher les cordes à égale distance des extrémités des fagots. Ainsi, elle et Beorn travaillèrent un moment ensemble, sans rien dire, faisant simplement ce qu'ils avaient à faire.
Elle ne pouvait pas transporter autant de charges en même temps que le géant, mais elle s'efforçait tout de même d'être efficace. Et puis elle éprouvait un certain contentement à aider ainsi son ôte.
Lorsqu'enfin la tâche fut terminée et que Beorn déposa le dernier fardeau sur la grande pile de bois bien rangée au fond de la remise, Elsa poussa un petit soupir de contentement. Beorn, lui, sembla hésiter quelques instants, puis finit par marmonner:
"Merci."
Elsa eut un petit sourire: elle se doutait bien que ce gaillard solitaire, qui faisait tout lui-même, sans recevoir l'aide de personne ne devait pas avoir l'habitude de prononcer ce mot.
Puis ils sortirent tous deux de la remise, satisfaits d'avoir accompli ainsi une simple corvée quotidienne.
"Vous devriez aller dormir maintenant, conseilla Beorn. Vous aurez besoin de toutes vos forces pour ce qui vous attend ensuite.
-Merci Beorn, répondit simplement Elsa. Merci pour tout, et bon courage pour la suite.
-Que voulez-vous dire? s'étonna le géant.
-Je veux dire que je vous souhaite bonne continuation dans la vie que vous menez: seul dans votre maison, à l'écart du reste du monde... Ne prenez surtout pas cela comme une offense, vous êtes peut-être très heureux ainsi; ce que je veux dire c'est que..."
Elle hésita quelques instants, puis finit par terminer sa phrase:
"Je sais parfaitement ce que l'on peut ressentir lorsqu'on vit ainsi isolé, et surtout lorsqu'on est seul à être comme on est.
-Vous savez cela? demanda Beorn d'un air intrigué. Comment?"
La jeune femme prit une inspiration, puis se tourna et leva sa main droite. Alors l'herbe se couvrit de givre et quelques pointes de glace sortirent du sol, brillantes sous la Lune.
Beorn ouvrit alors de grands yeux et resta un moment figé sur place, fixant les stalagmites avec un air ébahi. Elsa se mit soudain à craindre sa réaction: avait-elle bien fait de lui révéler ainsi ses pouvoirs? Mais finalement, le géant se ravisa et ses yeux rentrèrent dans leurs orbites.
"Comment pouvez-vous faire cela? demanda-t-il en regardant la jeune femme d'un air toujours étonné.
-Depuis que je suis toute petite j'en ai été capable, répondit celle-ci. Je ne peux vous l'expliquer: j'ai simplement toujours eu ce don, et ai toujours été seule à l'avoir. Et comme je vous le disais, cela n'a pas toujours été facile; c'est pourquoi je vous comprends si vous trouvez parfois cela dur. Et je suis... Sincèrement désolée pour votre famille."
Un silence s'installa alors pendant quelques instants, puis finalement, pour la première fois, Elsa vit un pâle sourire apparaître sur le visage du changeur de peau.
"Je vous remercie, dit-il alors d'une voix plus douce que d'ordinaire. Vous êtes une des rares personnes qui m'aide à croire que peut-être tout le monde n'est pas si mauvais sur cette terre.
-Et qui sont les autres? demanda Elsa avec un petit sourire gêné.
-Il y a ce magicien, répondit Beorn en portant son regard sur l'horizon. Il vit à la lisière Sud-Est de Vertbois: Radagast le brun, le maître des formes et des changements de teinte. C'est lui aussi quelqu'un de bon. J'aime le rencontrer lorsqu'il vient près d'ici: il se soucie réellement du monde qui l'entoure, de ses créatures, des ses arbres et de chacun de se rochers. Si plus de gens étaient comme lui, qui sait dans quel bonheur nous pourrions vivre."
Elsa sourit devant les paroles du géant en se remémorant le magicien brun, qu'elle avait rencontré il y avait bien longtemps, lors de son premier jour au sein de la compagnie.
Après un silence, Beorn reporta son regard sur les pics de glace, puis sur Elsa.
"Vous êtes quelqu'un d'exceptionnel, dit-il avec une expression solennelle. Pourquoi donc avez-vous tenu à aider ces nains dans leur quête? Quel rapport cela peut-il bien avoir avec vous?
-Peut-être n'y retrouverai-je pas mon royaume, n'y gagnerai-je aucun trésor ou n'y retrouverai-je aucune famille, répondit la jeune femme après un court silence, mais je pourrais y trouver bien d'autres choses. La reconnaissance, l'honneur, la gloire... Ou peut-être est-ce même tout simplement le fait qu'aider quelqu'un, lui faire plaisir, vous apporte toujours un sentiment de satisfaction. Regardez-vous: après tout pourquoi nous avez-vous aidé?"
Beorn ne répondit pas: il resta silencieux, semblant réfléchir aux paroles de la jeune femme. Puis finalement, il lui adressa un signe de tête approbateur.
"Je vous souhaite une bonne nuit Elsa, dit-il après un moment, et bonne chance pour le reste de votre voyage."
Elsa le remercia une dernière fois, puis il s'éloigna vers la porte du mur d'enceinte, avant de pousser un grognement et de se transformer en un instant en un énorme ours brun-noir.
La jeune femme resta debout quelque instants, regardant le grand animal s'éloigner sous la voûte de la nuit, partant vagabonder sauvagement et librement dans la plaine autour de sa demeure.
Puis finalement, sentant la fatigue monter en elle, se dirigea vers la porte de la maison, et partit rejoindre ses compagnons dans leur sommeil pour la nuit.
Plus loin, beaucoup plus loin au Sud, entre les arbres de la lisière côté Ouest de Vertbois, se dressait une silhouette inquiétante. C'était une forteresse, ou plus exactement les ruines d'une grande forteresse, construite ici jadis par des entités peu recommandables. Au milieu des arbres de la partie Sud-Ouest de Vertbois, se dressait une colline, sèche, rocheuse et dénudée, au sommet de laquelle était érigée cette forteresse de pierres sombres: la forteresse de Dol Guldur, dont le nom signifiait précisément 'Colline de la sorcellerie'. Jadis, lorsque le mal menaçait de se répandre sur toute la Terre du Milieu, le seigneur ténébreux avait fait construire cette forteresse pour y loger ses alliés, ses serviteurs et y cacher bien des choses qui lui servaient à étendre son noir pouvoir sur le monde. Mais lorsqu'il avait été défait suite à une grande guerre, les occupants de cette forteresse avaient été tués ou chassés, et la construction avait été détruite, ne laissant que ces sinistres ruines perchées au sommet de cette colline.
Pourtant, cette nuit là, l'endroit n'était ni tranquille ni rassurant. Depuis un bon bout de temps déjà s'étendait au-dessus de cette région une épaisse nappe de nuages gris et grondants, rendant le ciel constamment obscur et ne laissant passer aucun rayon de Soleil. Quant aux arbres de la forêt environnante, ils étaient tous mal en point: leurs troncs noueux, étouffés de lierre noir et pourrissants suintaient la maladie, leurs branches tortueuses aux formes inquiétantes, comme des mains griffues, étaient quasiment nues, ne portant plus que quelques feuilles fripées et fanées, tandis que leurs racines en tout aussi piteux état s'enfonçaient dans une terre pleine de lichen grisâtre, empestant la décomposition et bien d'autres choses désagréables, comme si un terrible poison était à l'œuvre dans cette région.
Du haut de la sinistre colline au grand talus qui la côtoyait menait un pont de pierre, surplombant dangereusement un ravin assez impressionnant pour donner le vertige à quelqu'un de sensible. Et sur ce pont, ce soir là, sous un ciel privé de l'éclat des étoiles et de la Lune, s'avançait un groupe de cavaliers Orques montés sur leurs Wargs, menés par Azog. Celui-ci avait décidé d'écouter le messager de l'autre soir et était revenu avec ses troupes jusqu'à Dol Guldur où il avait été demandé.
Ils s'avancèrent donc jusqu'à la grande porte de la sombre forteresse, et s'engagèrent dans les couloirs inquiétants et tortueux des ruines dans l'ancienne place forte. De la mousse peu engageante recouvrait par endroit les pierres des murs et du sol, tandis que la plupart des portes et des fenêtres étaient 'décorées' de grands barreaux de fer rouillé qui se terminaient bien souvent en pointes et en piques menaçants. Mais surtout, la forteresse était en de nombreux endroits envahie par d'énormes ronces au corps noueux et épais, et aux piquants noirs et dressés, grands comme des dagues et des poignards. Ces plantes rampaient sur le sol et grimpaient le long des murs comme des serpents avides, s'enroulant autour des colonnes et se glissant dans chaque interstice, chaque porte, chaque fenêtre.
Mais les Orques s'avançaient sans crainte dans cet endroit qu'ils connaissaient bien: car c'était ici que résidait et que les logeait leur maître. A un moment, ils descendirent de leurs Wargs et continuèrent à pied dans les labyrinthes des couloirs de l'endroit. Puis Azog finit par arriver sur un genre de terrasse en pierre nue, surplombée par nul toit, donnant simplement au-dessus d'un petit précipice qui offrait une vue sur d'anciens cachots qui aurait fait frissonner n'importe quel voyageur. Le grand Orque pâle s'avança et se tint là, droit et imposant, sous les regards anxieux de ses sbires qui l'observaient d'un peu plus loin. Il attendait, car il savait que c'était là qu'il devait rencontrer celui qui l'avait fait demander.
Pendant quelques instants, tout resta immobile et silencieux, puis soudain, un courant d'air glacé se fit entendre et le vent commença à tourbillonner comme une tornade au-dessus du vide. Et bientôt, une ombre surgit de nulle part et se tint là, flottant par dessus les cachots. Cela formait à présent une grande masse noire et informe, comme si (vous allez trouver cela ridicule) une bougie émettait de l'ombre. Des rayons obscurs s'étiraient un peu partout et des traits souples et mouvants d'obscurité s'agitaient autour de la grande masse sombre qui flottait dans les airs.
Azog la regarda sans siller, puis soudain une voix se mit à résonner. Une voix terrible, rauque, caverneuse, mais presque irréelle: une voix d'outre tombe, qui se faisait pourtant entendre entre les murs de cet endroit terrifiant. La voix s'exprimait dans le terrible langage du Noir Parler.
"Nous sommes de plus en plus nombreux, et de plus en plus forts, dit-elle. D'autres Orques sont arrivés du Nord des Monts Brumeux.
-Malheureusement il en manquera certains à l'appel, répondit Azog dans cette même langue. Plus de la moitié de mes chasseurs ont été tués alors que nous poursuivions les nains.
-Comment est-ce arrivé? s'enquit la voix de la grande ombre.
-Nous les avions presque, nous étions sur le point de nous débarrasser d'eux, quand ces maudits aigles sont intervenus. Ils ont emporté les vies de bon nombre d'entre nous, avant d'emmener ces sales nains au loin, hors de notre portée.
-Et vous n'avez toujours pas réussi à éliminer ces nains?
-Non mon seigneur, nous les avions presque rattrapés, mais ils sont à présent en la bonne garde de ce sale changeur de peau!"
En entendant ces mots, la voix, ou le souffle, ou ce que vous voulez de l'ombre sembla mécontent, grommelant et réfléchissant. Puis soudain, Azog reprit la parole:
"Mais il y a autre chose maître: figurez-vous que les nains ne sont pas seuls dans leur voyage.
-De quoi parles-tu? s'étonna la grande ombre.
-Hormis ce magicien gris qui les accompagne, ils sont également assisté par une jeune femelle humaine, qui possède des capacités que même vous n'avez jamais vu en ce monde. En effet, les forces de l'hiver lui obéissent au doigt et à l'œil.
-Que dis-tu?
-Oui: elle peut faire ce qu'elle veut du vent froid, de la neige et de la glace... Je l'ai vu faire de mes propres yeux! J'ignore comment un tel pouvoir a pu se retrouver dans les mains d'une simple humaine, mais cela est vraiment très impressionnant."
Un silence s'installa: l'ombre semblait à nouveau réfléchir. Elle se mit à murmurer pour elle-même.
"C'est donc cela, ce bouleversement qui a secoué la Terre du Milieu il y a maintenant un peu plus de trois ans...
-Que dites-vous mon seigneur? s'étonna l'Orque pâle.
-Figure-toi que cette femme nous vient d'un autre monde; c'est pour cela que tu n'avais jamais vu ce pouvoir, comme je n'avais jamais ressenti de tel changement magique. Je me suis longtemps demandé de quoi il pouvait bien s'agir.
-Quoi qu'il en soit, reprit soudain Azog, j'ai immédiatement pensé qu'un tel pouvoir, aussi puissant, pourrait être d'une utilité inestimable à nos côtés. C'est pourquoi j'ai proposé à cette enchanteresse de quitter ces nains avec qui elle voyageait et de se joindre à nous."
Un rire mauvais se fit soudain entendre de la part de l'ombre.
"Tu es intelligent Azog, dit-elle, très intelligent. Et qu'a-t-elle répondu?
-En vérité, ces maudits aigles sont arrivés avant qu'elle ait pu donner sa réponse, et l'ont emporté au loin avec les nains. Mais pour tout vous dire, elle ne semblait pas très convaincue par ma proposition.
-Je vois... Pourtant tu dis vrai, un tel pouvoir, et surtout unique comme celui-ci, serait très précieux dans nos rangs. Il serait idéal de pouvoir la retrouver pour réitérer la demande, ou même la capturer et l'amener ici de force si elle refuse. Si cette troupe fait route vers la Montagne, je suppose qu'ils s'apprêtent à pénétrer dans la Forêt Noire.
-Je le pense aussi. Je peux repartir à la poursuite de ces nains et en profiter pour vous ramener l'humaine, mon seigneur.
-Non, nous n'avons plus le temps. Tu pourrais envoyer d'autres chasseurs le faire à ta place, mais toi tu restes ici. Les armées sont presque prêtes, et tu prendras leur commandement."
A ces mots, Azog sembla soudain contrarié.
"Mais... protesta-t-il. Et Ecu de chêne?
-La guerre approche, répondit simplement la grande ombre d'un ton plus sévère.
-Vous m'aviez promis sa tête! rappela l'Orque pâle d'un ton irrité.
-La mort les emportera tous!"
Et à ces mots, l'ombre se dissipa soudain, provoquant un fort courant d'air qui siffla pendant quelques instants, avant de s'estomper entre les sombres murs de la forteresse.
Azog resta là, figé, un air mécontent sur le visage. Devant ce silence et cette immobilité, l'un de ses chasseurs, qui avait entendu toute la conversation, s'approcha en demandant:
"Arrêtons-nous la poursuite?"
L'Orque pâle poussa un grognement, puis se retourna et appela d'une voix forte:
"Bolg!"
Bientôt, l'interlocuteur apparut dans l'embrasure de la porte de pierre, et s'avança vers Azog. Il était également grand et avait la peau pâle lui aussi: il portait des bottes de cuir et son tronc était protégé par de grandes bandes de métal noir.
Sur les cuirasses de ses épaules étaient fixées deux grandes pattes poilues et aux longues griffes courbes: des pattes d'ours très certainement. Mais sa tête était véritablement le plus effrayant chez lui: une énorme plaie laissait une ouverture béante sur son crâne, mais celle-ci était comblée par une grande pièce de métal. Cependant son œil gauche était d'un blanc laiteux: la blessure l'avait apparemment rendu borgne.
C'était le messager qui était venu chercher Azog il y avait quelques jours près de la maison de Beorn.
Mais en vérité, Bolg était plus qu'un simple messager: c'était le fils d'Azog lui-même. Cette blessure au crâne lui avait été causée lors d'un combat contre des elfes, et Azog avait épargné la mort et l'hémorragie à son enfant en bouchant la plaie de cette grande pièce de métal.
Bolg s'avança donc jusque devant son père, qui le regarda avec un sourire mauvais avant de lui demander:
"As-tu toujours soif du sang des nains?"
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Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
Trampled into dust they're fallen,
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Mar 16 Juin 2015, 18:37
"On peut apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur eux en un mois, et pourtant au bout de cent ans ils peuvent encore vous surprendre." Je rêve, ou tu as repris cette phrase du film ?
Alors je ne vais pas m'attarder sur ce chapitre, mais plutôt sur ce qui va se passer par la suite mon cher M.B.
Avant de commencer, je tiens à te dire que cette deuxième partie est toujours aussi bien écrite et agréable à lire. Il n'y donc rien à redire là-dessus. D'ailleurs, ce qui est bien dans cette fic c'est qu'on est vraiment plongé dedans et ça c'est tip top. Je ne sais pas si les autres lecteurs le pensent également, mais en tout cas, moi je suis vraiment plongé dedans quoi.
Voilà, j'attends la suite de pied ferme !
J'oubliais... Je donnerais n'importe quoi pour avoir un combat épique entre Elsa et Sauron dans cette fic !
Imagine un peu. Notre reine bien-aimé en proie avec le seigneur des ténèbres. Ce serait d'une épiquenesse la plus totale mon cher M.B. tu ne trouve pas ? Mais bon, on verra déjà bien comment se déroulera le passage avec...
Alors je ne vais pas m'attarder sur ce chapitre, mais plutôt sur ce qui va se passer par la suite mon cher M.B.
Avant de commencer, je tiens à te dire que cette deuxième partie est toujours aussi bien écrite et agréable à lire. Il n'y donc rien à redire là-dessus. D'ailleurs, ce qui est bien dans cette fic c'est qu'on est vraiment plongé dedans et ça c'est tip top. Je ne sais pas si les autres lecteurs le pensent également, mais en tout cas, moi je suis vraiment plongé dedans quoi.
- Spoiler:
- Je me demande bien comment va se dérouler le passage chez les elfes de la Forêt Noire. Je fais allusion à notre chère petite Elsa. Je dis cela parce que mine de rien, on sait tous que les elfes n'apprécient guère les nains. Hors, notre chère petite reine va-t-elle avoir un traitement de faveur une fois sur place ? Elle ne va tout de même pas finir dans les geôles avec les nains tout de même, si ? Comment les elfes vont se comporter vis-à-vis d'elle ? Bref, cela m'intrigue au plus haut point.
Voilà, j'attends la suite de pied ferme !
J'oubliais... Je donnerais n'importe quoi pour avoir un combat épique entre Elsa et Sauron dans cette fic !
Imagine un peu. Notre reine bien-aimé en proie avec le seigneur des ténèbres. Ce serait d'une épiquenesse la plus totale mon cher M.B. tu ne trouve pas ? Mais bon, on verra déjà bien comment se déroulera le passage avec...
- Spoiler:
- SMAUG !
- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Mar 16 Juin 2015, 18:43
Non Micky, je n'ai pas repris cette phrase du film, mais du livre.^^ (Ouais bon, elle y est aussi dans le film, donc techniquement on peut dire que tu l'as repris du film crétin! )
Eh bien, je suis très content si je réussis à te plonger dans ma fic, mon cher Micky.^^ C'est plutôt une bonne nouvelle.
Pour ce qui est de tes interrogations: je ne révèlerai rien, désolé. Vous verrez tout cela en temps et en heure.
La suite arrive comme prévu le week-end prochain.
Eh bien, je suis très content si je réussis à te plonger dans ma fic, mon cher Micky.^^ C'est plutôt une bonne nouvelle.
Pour ce qui est de tes interrogations: je ne révèlerai rien, désolé. Vous verrez tout cela en temps et en heure.
La suite arrive comme prévu le week-end prochain.
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Mar 16 Juin 2015, 18:45
Un petit spoiler de rien du tout M.B. ! ALEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEZ !
- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 19 Juin 2015, 16:58
Voici le chapitre 4 les gens.^^
En espérant qu'il vous plaira, bonne lecture.
Lorsque le Soleil apparut sur l'horizon le lendemain matin, l'atmosphère était pesante, le ciel gris et le moral des compagnons relativement bas. Beorn les avait autorisé à passer la nuit où bon leur semblait dans sa maison, et chacun s'était arrangé pour trouver un coin qui soit le plus agréable possible. Elsa et tous les autres avaient donc passé une nouvelle bonne nuit de sommeil et auraient donc du se sentir en pleine forme pour reprendre la route; pourtant ce n'était pas le cas.
L'idée de quitter cet endroit fort agréable qu'était la maison de Beorn pour repartir dans les Terres sauvages où attendaient les Orques ne leur plaisait guère, mais c'était surtout le fait de savoir qu'après la traversée de ces terres les attendait le grand Vertbois que tout le monde semblait redouter qui les inquiétait.
Ce fut donc avec une mine basse qu'Elsa se leva ce matin là, alla rejoindre ses compagnons aussi peu enjoués qu'elle et avala tristement de quoi satisfaire sa faim pour le moment. Puis, lorsque le moment fut venu ils dirent adieu aux grandes colonnes sculptées, aux beaux meubles taillés et à la table qui les avait accueilli, pour sortir retrouver Gandalf et Beorn dans le jardin. Le ciel était couvert de nuages gris réduisant le Soleil à un pâle disque blanchâtre se dessinant vaguement à travers cette nappe de mauvais augure, tandis que le vent soufflait plus fort que la veille, grondant dans les feuillages et sifflant dans les airs au-dessus des têtes des compagnons.
Beorn avait préparé les montures pour ses invités: quatorze poneys et deux chevaux de fière allure, tout sellés et harnachés, prêts à porter les voyageurs à travers les herbes incertaines et dangereuses du val d'Anduin jusqu'à l'orée de la grande Forêt. Chacun alla donc trouver sa monture: Elsa choisit le cheval au pelage brun clair et au crin blanc, presque dorés sous les pâles rayons qui parvenaient à percer à travers les nuages. L'animal avait des pattes robustes et semblait taillé pour voyager loin et longtemps. Les compagnons remercièrent donc une dernière fois Beorn pour son aide et se préparèrent à enfourcher leurs montures.
Beorn leur avait fait cadeau de quelques affaires de voyage: ils disposaient à présent de nouveaux sacs, de couvertures et de manteaux, ainsi que de quelques provisions, notamment des biscuits, du pain et du fromage. Ils attachèrent leurs paquetages aux côtés de leurs montures respectives, puis enfourchèrent ces dernières et se tinrent prêts à partir. Ils n'attendaient plus que Gandalf.
Celui-ci avait une conversation avec Beorn: tous deux se tenaient un peu à l'écart du groupe, discutant en affichant des airs assez graves.
"Vous renverrez mes bêtes avant d'entrer dans la Forêt, imposa Beorn en regardant ses poneys et ses chevaux avec un air un peu inquiet.
-Vous avez ma parole, approuva Gandalf."
Soudain, un bruit se fit entendre au dessus d'eux. Dans les branchages des arbres du jardin, un corbeau poussa un sinistre croassement avant de prendre son envol et de disparaître au loin sur l'horizon, tâche noire sur le ciel de nuages gris.
"On nous observe, dit Gandalf en regardant au dessus de lui comme si une menace invisible planait dans les airs.
-Oui, confirma Beorn avec ce même regard. Les Orques ne renonceront pas: ils poursuivront les nains jusqu'à ce qu'ils les voient mourir.
-Pourquoi maintenant? demanda Gandalf avec un air quelque peu dérouté. Pourquoi le profanateur est-il sorti de son trou?
-Il y a une alliance entre les Orques de la Moria et le sorcier de Dol Guldur, répondit Beorn en regardant le magicien d'un air grave.
-En êtes-vous sûr? insista le vieil homme avec une expression soudain inquiète.
-Des hordes se sont rassemblées là-bas, confirma le changeur de peau en jetant un regard vers le Sud. Ils sont chaque jour plus nombreux.
-Que savez-vous de ce sorcier? s'enquit Gandalf en se rapprochant de Beorn. Celui qu'on appelle le Nécromancien.
-Je sais qu'il n'est pas celui que l'on pense, répondit le géant. Des créatures malfaisantes sont appelées pour le servir; Azog lui rend hommage."
En entendant ces derniers mots, le magicien afficha un air plus inquiet que jamais, et Beorn fit de même.
De leur côté, les compagnons commençaient à se demander ce que faisait le magicien. Le vent peu rassurant continuait de souffler et les nuages grondants glissaient sournoisement sur la voûte du ciel: l'horizon était menaçant, et pourtant ils se devaient d'aller vers lui. Thorin se tourna vers le magicien et le changeur de peau et appela:
"Gandalf! Nous perdons du temps."
Le vieil homme, en entendant l'appel de son ami, revint sur Terre et commença à se diriger vers le groupe. Mais soudain Beorn l'interpella:
"Encore une chose, objecta-t-il."
Gandalf s'arrêta soudain de marcher, tendant l'oreille avec un air d'appréhension, redoutant quelque peu ce qu'allait lui confier Beorn.
"Récemment le bruit a couru qu'on avait vu des morts en train de marcher du côté des monts du Rhudaur, révéla le géant avec un regard presque affolé.
-Des morts? s'effraya Gandalf en se retournant vers lui.
-Est-ce vrai? demanda Beorn d'un air très tendu. Y a-t-il des tombes dans ces montagnes?"
Gandalf ne répondit pas tout de suite: son regard termina de plonger dans la terreur, car il connaissait parfaitement la réponse. Et il se remémora les paroles qu'avait prononcé la dame Galadriel le jour où le Conseil Blanc avait été réuni à Fondcombe.
"Lorsqu'Angmar tomba, les Hommes du Nord emportèrent le corps du Roi sorcier et tous ses biens, et les scellèrent dans les monts du Rhudaur. Au plus profond de la roche ils l'ensevelirent, dans un tombeau si sombre qu'il ne verrait jamais le jour."
Alors, empli d'inquiétude, Gandalf finit par répondre au changeur de peau.
"Oui, dit-il. Il y a des tombes là-bas."
Beorn jeta alors quelques regards anxieux autour de lui.
"Je me souviens d'un temps où un être maléfique régnait sur ces terres, dit-il sans quitter l'horizon des yeux. Un être au pouvoir assez puissant pour réveiller les morts... Si cet ennemi est revenu en Terre du Milieu il faut me le dire Gandalf.
-Saroumane le blanc dit que ce n'est pas possible, répondit Gandalf en se raccrochant aux paroles du sage Saroumane comme pour se rassurer lui-même. Notre ennemi a été éliminé et ne reviendra jamais.
-Et Gandalf le gris que dit-il? demanda le géant en jetant au vieil homme un regard appuyé."
Le magicien hésita à donner sa réponse: il savait pertinemment qu'il était rongé d'inquiétude et qu'il se méfiait de chaque signe un peu alarmant; mais aujourd'hui cela était pire que d'habitude. Depuis quelques années, des indices et des signes, si minimes soient-ils, n'avaient cessé de s'accumuler, poussant de plus en plus le magicien gris à croire que quelque chose de bien plus grand qu'il n'y paraissait était en train de se préparer. Que devait-il répondre à Beorn? Mais soudain, deux nouveaux croassement se firent entendre et des corbeaux prirent à nouveau leur envol depuis les arbres surplombant les compagnons qui sursautèrent et jetèrent des regards méfiants aux deux oiseaux noirs qui disparurent vers l'horizon.
"Partez maintenant! lança soudain Beorn. Tant qu'il fait encore jour."
Gandalf acquiesça d'un signe de tête, remercia une dernière fois le changeur de peau puis s'empressa d'aller enfourcher son cheval robuste, à la robe blanche et noire. Alors, sous un ciel menaçant et dans une atmosphère pesante, la compagnie d'Ecu de chêne quitta la maison de Beorn pour se remettre en route vers leur ultime destination. Ils allèrent au pas sur le petit sentier qui menait jusqu'à la porte du mur d'enceinte, puis franchirent cette dernière, quittant le domaine de sûreté pour pénétrer de nouveaux dans les Terres sauvages. Elsa se retourna et jeta un dernier regard à la grande et accueillante maison de Beorn, une boule se formant dans sa gorge: elle éprouvait réellement un mauvais pressentiment ce matin là.
Beorn, lui, regarda les compagnons s'éloigner sur le dos de ses poneys avec un air tendu. Puis il murmura en regardant en direction de l'Est:
"Faites attention, ceux qui vous traquent ne sont pas très loin."
Les herbes ondulaient en de grandes vagues sous l'effet du fort vent, et les feuilles mortes des arbres étaient ballotées en tous sens dans les airs, tourbillons bruns et orangés qui narguaient les voyageurs, seuls au milieu de cette grande plaine.
Aussi longtemps qu'ils le purent, ils longèrent le mur de pierre chargé de lierre qui protégeait la maison du changeur de peau: celui-ci leur offrait un petit réconfort, une si petite mais si précieuse sensation de protection dans ces terres où le danger les guettait, invisible mais toujours aussi terrible. Les nains et Bilbon avaient revêtu des manteaux et des capes pour se protéger de la fraicheur si vive du vent d'automne, et avaient gardé leurs armes bien près d'eux, prêts à s'en servir au moindre danger qui surviendrait.
Mais bientôt, ils durent quitter la proximité rassurante du mur pour se lancer pour de bon dans le pays sauvage en direction de la forêt. Elsa était droite et crispée sur son cheval, tous les sens en alerte, écoutant le moindre bruit suspect et jetant des regards tout autour d'elle. A un moment, Thorin lança son poney au trot afin de grimper au sommet d'une petite colline qui se trouvait devant eux. Les autres attendirent au bas du monticule quelques instants, regardant le chef de la compagnie scruter l'horizon sur sa monture, droit dans les herbages qui frémissaient, comme la crécelle d'un serpent à sonnettes vous avertissant qu'il est dangereux de s'approcher davantage. Puis finalement, Thorin se retourna vers eux et leur lança:
"La plaine s'étend encore loin devant nous, mais pour l'instant aucun signe des Orques. La voie semble libre. Cependant nous n'allons pas tout à fait dans la bonne direction: Gandalf, vous projetiez bien d'entrer dans la Forêt par la porte des elfes?
-En effet, approuva le magicien. Je crois que ce chemin est le plus sûr.
-Dans ce cas nous allons devoir remonter légèrement vers le Nord, reprit Thorin en reportant son regard sur l'horizon. Vertbois est grand et s'étend sur des kilomètres du Nord au Sud, mais notre halte à la maison de Beorn nous a quelque peu éloigné de la porte des elfes. Dirigeons-nous donc vers le Nord sans perdre de temps; en avant!"
Les compagnons gravirent donc à leur tour la petite colline pour rejoindre leur chef. Et en arrivant à son sommet, Elsa découvrit devant elle de grands espaces plats couverts de hautes herbes et parsemés ça et là de rochers gris et bruns. A l'Ouest derrière eux s'étendaient les arbres du sous-bois qui côtoyait la maison de Beorn, mais à l'Est, les maigres buissons représentaient la seule végétation plus haute que les herbes. La jeune femme inspira un grand coup, et lança son cheval brun au trot dans cette plaine à la suite de ses camarades. Tous adoptèrent cette même allure durant presque toute la journée, n'accordant que très peu de pauses à leurs montures. Ils devaient avancer vite pour atteindre rapidement la Forêt et avoir une chance d'échapper aux Orques.
Thorin était en tête du groupe, tandis qu'Elsa et Gandalf fermaient la marche. La jeune femme remarqua d'ailleurs que le magicien affichait toujours cet air très préoccupé qui occupait son visage depuis leur départ de la maison. Elle se demanda ce qui pouvait le tracasser à ce point.
"Gandalf? appela-t-elle. Qu'y a-t-il? Pourquoi donc faites-vous cette tête?
-Hm? fit le magicien, semblant sortir de ses pensées. Oh, pardonnez-moi, mais je dois vous avouer que... Je suis inquiet.
-Cela a-t-il un rapport avec votre conversation avec Beorn ce matin? demanda la jeune femme d'un air soucieux. De quoi parliez-vous donc, si cela n'est pas indiscret?
-Disons que le changeur de peau n'est pas très tranquille lui non plus. Cette grande Forêt dont il est voisin semble tomber malade et les Orques se multiplient de jour en jour dans ces terres; et il pense que ces deux évènement ne sont pas sans lien. Mais s'il y en a bien un, ni lui ni personne n'a encore découvert lequel.
-Et cela vous préoccupe... Conclut Elsa en regardant l'horizon d'un air anxieux.
-Oui, approuva Gandalf. Oui, bien plus que vous ne le pensez."
La route se poursuivit toute la journée, à travers les herbes et les rochers. Les compagnons avançaient au trot, toujours aux aguets et prompts à se défendre. La menace semblait toujours être là, les observant à chaque instant, suscitant chez eux une peur viscérale qui les accompagna durant toute la traversée. Cette peur était renforcée par le sinistre râle que le vent arrachait à son clairon de fer, et qui était comme le hurlement d'un spectre les poursuivant sans relâche.
Pourtant, rien ne se passa durant cette journée: aucun cri de loup, aucune lame noire à l'horizon... Seuls quelques animaux furtifs, des cerfs, des lièvres ou des oiseaux les observèrent parfois de loin, s'écartant d'un seul coup lorsqu'ils se trouvaient sur leur chemin. En revanche, aucun Homme ne semblait habiter cette partie du val, contrairement à la partie Ouest où Elsa se souvenait avoir vu des groupes de bergers, de chasseurs ou de bûcherons marcher dans la plaine, et des cabanes ou des villages de bois et de pierre peupler par endroit les terres de l'Anduin. Pourquoi cette région ci était elle déserte? Vertbois était-il devenu si terrifiant qu'il avait fait fuir tous les habitants du coin?
Les compagnons firent ce qu'ils purent pour avancer aussi vite que possible, mais ils ne tenaient pas épuiser leurs montures qui devaient également porter les sacs et les couvertures. Ils n'avaient donc pas encore atteint la Forêt lorsque la nuit commença à tomber. Sachant qu'il n'était pas prudent de voyager de nuit, ils s'installèrent à l'abri d'un rocher près duquel ils cachèrent les poneys et les chevaux pour la nuit. Cependant, lorsqu'on regardait à l'Est, on pouvait voir sur l'horizon se dessiner un genre de ligne verdâtre qui ondulait légèrement sous le vent.
"Je vois les cimes des arbres de la Forêt! fit remarquer Kili en fixant l'horizon. Les feuilles sont lointaines: je ne peux encore les voir bouger sous le vent. Mais nous atteindrons les bois demain en fin de matinée."
Les compagnons, bien que l'idée d'enfin atteindre l'objectif fut satisfaisante, n'auraient su se réjouir de cette nouvelle: car la Forêt leur paraissait bien menaçante avec toutes les descriptions qu'on leur en avait faite récemment. Ils n'allumèrent pas de feu afin de ne pas attirer l'attention sur eux, et très peu parvinrent à trouver le sommeil. Gandalf semblait si perturbé qu'il n'alluma même pas sa pipe, s'asseyant simplement contre le rocher en marmonnant des choses pour lui-même.
Les autres restèrent éveillés, en alerte, montant la garde et décidés à se protéger mutuellement jusqu'à l'aurore. Elsa était de ceux-là: elle était assise dans l'herbe, l'oreille tendue, les sens en alerte, se tenant prête à faire face. Si la discussion qu'elle avait eu avec Anna il y avait deux nuits de cela l'avait poussé à se poser certaines questions sur ce qui se passerait après que cette quête serait terminée, elle n'avait désormais plus du tout l'esprit à cela. Elle était si concentrée sur ses objectifs, si portée sur ses gardes que la fin de la quête lui paraissait bien lointaine à présent, car chaque seconde dans l'obscurité de la nuit aux étoiles cachées par les nuages, où résonnaient toujours le grondement du vent et des cris de chouette peu rassurant paraissait une éternité. Mais finalement, l'aube vint.
A l'Est parut enfin la première lueur du Soleil, pâle et mauve sur le sombre horizon. Mais les compagnons ne se remirent pas en route tout de suite: ils restèrent un moment immobiles, dans la position où ils se trouvaient, sortant lentement de la torpeur dans laquelle la nuit et l'angoisse les avait plongé.
Mais finalement, lorsque le Soleil fut à moitié paru au dessus de l'horizon, Thorin appela ses camarades à se remettre en route. Ils enfourchèrent à nouveau poneys et chevaux et se lancèrent au trot dans la plaine toujours en direction du Nord. A un moment, lorsque le Soleil fut bien levé, bien que toujours caché par des nuages grisâtres, Elsa jeta un regard en arrière pour ne découvrir qu'une grande plaine herbeuse qui s'étendait à perte de vue: la maison de Beorn était loin derrière eux à présent, bien au-delà de leur champ de vision.
Le vent était toujours présent, mais bien moins déchaîné que la veille. On l'entendit pourtant très bien car nulle parole ne fut prononcée par les membres de la compagnie ce matin là: ils se contentèrent d'avancer à bonne allure vers leur destination, les yeux rivés sur l'Est où la ligne des arbres se rapprochait de plus en plus d'eux. Lorsque selon Thorin ils furent enfin arrivés à la bonne latitude pour atteindre la porte de elfes, ils bifurquèrent pour prendre pleinement la direction de l'Est, s'engageant ainsi sur la dernière ligne droite avant d'arriver à la lisière de Vertbois. Ils n'avaient finalement rencontré aucun Orque durant cette traversée, pas même aperçu le moindre Warg à l'horizon. Pourtant, une boule leur serrait à tous le ventre, car ce qui s'offrait à présent à leur vue n'avait rien de très rassurant.
Si les compagnons avaient pensé une seule seconde que l'absence des Orques sur leur chemin signifiait le renoncement de ces derniers à tenter de les débusquer, ils auraient eu grand tort. A bien des kilomètres au Sud, près de la lisière de Vertbois, toute une troupe de chasseurs Orques chevauchant avec fureur leurs montures aux dents pointues fendaient l'air en direction du Nord. Ils avaient quitté la forteresse de Dol Guldur l'autre soir sur les ordres d'Azog, et étaient menés par Bolg, fils de ce dernier.
En cet endroit, le val d'Anduin était bien moins lisse que dans les environs de la maison de Beorn. De nombreuses collines vertes parsemées d'arbres et de buissons décoraient le paysage. Les Orques fonçaient, gravissant colline après colline, sous le ciel gris et grondant qui menaçait le paysage depuis deux jours environ. Ils remontaient vers le Nord, longeant la Forêt, ne s'étant quasiment pas arrêtés depuis leur départ.
Mais les Wargs commençaient à fatiguer, et le doute à s'installer dans les esprits de leurs cavaliers. A un moment que les montures n'en purent plus de courir de la sorte, Bolg fixa un moment l'horizon, semblant réfléchir, puis se tourna vers ses chasseurs.
"Nous ne pouvons continuer ainsi, dit-il dans la langue Orque. Nous finirons par tuer nos bêtes si nous les épuisons de la sorte. Et je crois qu'il est inutile de rêver: nous ne parviendrons pas à rattraper ces sales nains avant qu'ils entrent dans la Forêt.
-Que proposez-vous alors de faire, maître? demanda un cavalier.
-Ne nous contentons pas de les suivre bêtement, reprit Bolg d'une voix forte. Soyons plus malins que cela: ils vont entrer dans la Forêt Noire, très bien. Ils n'ont sans doute aucune idée de ce qui les y attends. Ils vont se perdre, aussi bien sur la route que dans leurs propres têtes; et nous profiterons de cette occasion pour les piéger. Nous allons également entrer dans la Forêt et remonter vers le Nord, et alors nous couperons leur route!"
Les autres Orques se consultèrent quelques instants, puis ils finirent par acquiescer, trouvant l'idée plus que judicieuse. Avec un sourire satisfait, le jeune Orque pâle tourna alors sa monture vers les sombres arbres de Vertbois, puis lança:
"En avant!"
Et tous reprirent leur course funeste, marchant inexorablement vers leur but.
De nouveau plus au Nord, la compagnie de Thorin venait donc d'arriver devant la lisière du grand et fameux Vertbois. Tous restèrent quelques instants immobiles et silencieux en contemplant cette forêt qu'ils s'apprêtaient à pénétrer: les arbres affichaient des couleurs étranges, non naturelles, et leurs feuillages semblaient bien mal en point tandis que leurs branchages se tordaient en tous sens, semblant parfois tomber vers le sol en ayant rendu leur dernier souffle et parfois se dresser vers le ciel dans un cri de douleur, suppliant qu'on les achève. Et le vent qui soufflait faisait craquer ces branches, produisant un gémissement qui donna la chair de poule à tous les camarades: on aurait dit qu'un horrible fantôme grondait là, les épiant à chaque instant.
Elsa serra les lèvres: était-ce donc bien cela qu'ils s'apprêtaient à affronter? Maintenant qu'elle était juste devant elle, cette forêt lui faisait peur. Non pas seulement par son aspect, mais par quelque chose de plus profond que la jeune femme n'aurait su expliquer: un sentiment de malaise, et une peur instinctive, inexplicable qui venait de germer dans son esprit.
Cependant, au milieu de tous ces arbres macabres et de ces branchages spectraux se dressait une construction qui apportait une petite lueur de réconfort: quelque chose qui rappelait la forme d'une porte, sculpté dans un bois clair et dont les contours évoquaient les bois d'un cerf.
Finalement, tous descendirent de leurs montures. Lorsqu'Elsa posa le pied au sol, son sentiment de malaise s'accrut encore un peu. Elle s'efforça cependant de combattre cela et de se ressaisir: elle regarda autour d'elle et vit Bilbon qui jetait un regard mélancolique en direction de l'Ouest. Gandalf, lui, s'avança vers l'étrange sculpture aux bois de cerf et pénétra lentement sous la voûte des arbres, comme un éclaireur qui s'en va inspecter le terrain.
Depuis l'étrange porte s'avançait sous les arbres un sentier de dalles taillées dans une pierre claire, et qui disparaissait loin au delà de la vue dans l'obscurité des bois. Le magicien s'avança prudemment sous la voûte de feuilles fanées, inspectant chaque détail autour de lui: à quelques mètres de la porte sculptée se dressait au milieu du sentier un petit socle de pierre grise taillé avec d'élégants motifs.
"La Porte des elfes, dit Gandalf en regardant toujours autour de lui. C'est ici que commence le sentier qui traverse Vertbois."
Dans la plaine, Dwalin était descendu de son poney et observait le paysage autour de lui.
"Toujours aucun signe des Orques, fit-il remarquer. La chance est de notre côté."
Gandalf lui jeta un regard de doute en entendant cela: il était sûre que la chance n'avait pas grand chose à faire avec cela. Et comme pour confirmer ses pensées, une silhouette apparut soudain plus loin à l'Ouest au haut d'un rocher. La silhouette noire et massive d'un gros animal à quatre pattes: Beorn. Le changeur de peau les avait donc suivi jusqu'ici, craignant sans doute pour ses poneys et ses chevaux, et avait protégé leur route d'éventuels attaquants. En le voyant, Gandalf se souvint de la promesse qu'il lui avait faite.
"Libérez les poneys! lança-t-il à l'adresse de ses compagnons. Qu'ils retournent chez leur maître."
Elsa et les autres s'exécutèrent alors: ils entreprirent de détacher leurs affaires des flancs de leurs montures, de retirer les mors de leurs bouches et leur dirent adieu avant de les renvoyer d'où ils venaient. Elsa caressa quelques instants le museau du brave cheval brun qui l'avait porté jusque là, puis lui fit signe de repartir chez lui.
"Cette forêt semble malade, dit soudain Bilbon tout en détachant les rennes de son poney. Comme si elle était la proie d'une chose nuisible."
Il regarda les feuillages sombres avec un air très peu rassuré avant de demander:
"N'y a-t-il aucun moyen de la contourner?
-Si, en faisant un détour de deux cent milles vers le Nord, répondit Gandalf. Ou le double de cette distance vers le Sud."
Il continua de s'avancer prudemment sous la voûte des feuillages, commençant pourtant à se dire que la question de Bilbon était très pertinente, car les choses étaient pires que ce qu'il avait imaginé. La Forêt semblait affreusement malade, rongée par quelque chose de plus terrible que le poison. En réalité, Gandalf sentait de la magie noire dans l'air: il en était infesté, et pour un être comme lui qui ressentait ces choses là, l'atmosphère était d'une lourdeur difficilement supportable. Toutes ses inquiétudes furent encore grandement accrues à ce moment: sentir une telle magie lui rappelait amèrement tout ce que lui avaient rapporté Beorn et Radagast à propos de la forteresse de Dol Guldur. Cette forêt ne lui disait à présent plus rien qui vaille, pourtant il allait bien falloir la traverser. L'automne était à présent trop avancé, et s'ils se lançaient dans le contournement de Vertbois, jamais ils n'atteindraient la Montagne pour le jour de Durin.
Le magicien tourna lentement son regard sur la gauche: là se dressait une statue. Mais on ne voyait que son visage: le visage d'une femme, plus précisément d'une elfe, portant une couronne sur le front et affichant une expression de grande tristesse, une larme coulant sur sa joue. Tout le reste était totalement dissimulé par du lierre et de fourbes lianes s'enroulant autour de la pierre, l'enserrant tel des serpents cherchant à l'étouffer. Pourtant Gandalf eut le sentiment que quelque chose d'autre que le corps de la statue si dissimulait sous ses plantes grimpantes: il s'approcha avec prudence de la femme de pierre. Et soudain, une voix résonna dans sa tête: dame Galadriel lui parlait, si loin qu'elle pouvait être de lui à présent.
"Quelque chose avance dans l'ombre en silence à l'abri des regards, disait-elle. Mais elle gagne chaque jour en puissance. Méfiez-vous du Nécromancien: il n'est pas ce qu'il paraît."
Puis soudain, comme poussé par un instinct bouillant, Gandalf tendit la main et arracha la masse de lierre et de lianes qui dissimulaient la pierre. Et alors, là sur le corps de l'elfe de pierre, il vit une forme tracée à l'aide d'une peinture rouge: comme un œil avec un pupille de serpent. Là, immobile, rouge, semblant vous fixer et lire au plus profond de votre âme.
Devant la lisière de la Forêt, Elsa fut soudain parcourue d'un frisson. Elle n'aurait su dire ce qui avait provoqué cette réaction.
Gandalf, lui, regardait l'œil rouge avec un air alarmé; bien plus alarmé qu'à l'accoutumée.
"Gandalf, si notre ennemi est revenu il faut que nous le sachions, reprit la voix de dame Galadriel. Allez aux tombeaux dans les montagnes.
-Les monts du Rhudaur, murmura le magicien en affichant toujours son air alarmé."
A présent c'en était trop: tout ce qu'il avait découvert au cours de ces dernières années l'avait rongé de plus en plus. Les sages paroles de Saroumane avaient toujours réussi à le convaincre qu'il s'affolait pour rien, mais aucun raisonnement, si rationnel soit-il, ne pourrait le convaincre d'ignorer ce qui se trouvait là devant ses yeux. Peut-être n'était-ce encore qu'un simple hasard, mais dame Galadriel avait raison: il ne pouvait plus se permettre d'attendre, il devait en avoir le cœur net. Cependant les monts du Rhudaur se trouvaient loin au Nord Ouest, autant dire quasiment à l'opposé de la direction que suivait la compagnie. Il ne pouvait demander aux nains de l'accompagner: ils devaient accomplir leur quête. Mais alors, il devrait abandonner ses compagnons? Cela ne lui plaisait guère, mais il n'y avait apparemment pas d'autre choix. Il poussa alors un soupir et marmonna:
"S'il le faut..."
Au dehors, Elsa regardait les arbres de la Forêt avec appréhension. Elle se demandait toujours ce qui pouvait bien avoir provoqué ce frisson chez elle. Vraiment, plus les minutes passaient, moins elle avait envie de pénétrer ce Vertbois. Soudain, elle vit Bilbon qui se tenait à quelques pas devant elle, fixant également les branchages. Elle s'avança alors pour se trouver à côté de lui: à vrai dire la peur qui s'était réveillée en elle était si viscérale qu'elle craignait même d'être éloignée si peu que ce fut de ses compagnons. Elle avait envie de se trouver avec eux, le plus près d'eux possible... Le plus près de Bilbon possible
"Etes-vous aussi effrayé à l'idée d'entrer dans cette Forêt? demanda-t-elle à M. sacquet.
-Oui, répondit celui-ci. Totalement effrayé, j'en tremble de chacun de mes membres."
Elsa avala difficilement sa salive, puis un silence s'installa quelques secondes. Finalement, Bilbon se retourna vers les nains.
"Venez, dit-il. Nous devrions aider les autres à terminer de décharger les affaires."
Elsa acquiesça et suivit son ami. Tous deux aidèrent leurs camarades à détacher sacs et couvertures des derniers poneys qui restaient puis en prirent chacun sur le dos, tandis que Dori et Nori entreprirent de détacher les rennes du cheval de Gandalf. Mais soudain:
"Pas mon cheval, j'en ai besoin! lança la voix du magicien."
Tous se tournèrent vers lui et le virent sortir des bois, marchant vers eux d'un pas précipité. Elsa sentit soudain son cœur tomber dans sa poitrine: pourquoi Gandalf avait-il besoin de son cheval? Avait-il l'intention de...
"Vous allez nous quitter? demanda Bilbon avec un air au moins aussi horrifié.
-Croyez-moi, si je vous laisse c'est que j'y suis contraint, répondit tristement le magicien. Il y a des choses urgentes que je dois aller vérifier."
Un silence de mort s'abattit alors: tous les compagnons regardaient le vieil homme avec des airs terrifiés et implorants, comme s'ils le suppliaient intérieurement de rester avec eux. Elsa en faisait de même: l'idée de s'aventurer dans cette forêt ne lui était déjà que très peu sympathique, mais s'y aventurer sans Gandalf était plus terrible que tout. Les quelques secondes qui s'écoulèrent lui parurent comme une éternité: tout vacilla autour d'elle, tout sembla gris et sans vie, comme si une partie de ce monde venait de mourir. Les nains restaient là, immobiles, avec des airs graves et chagrins, mais tentant de rester dignes et forts. Elsa sentit des larmes monter à ses yeux, mais elle s'efforça de les retenir: elle aussi devait rester forte. C'est ce qu'on lui avait toujours appris: ne pas se laisser abattre, ne pas être submergée par ses émotions. Elle baissa simplement les yeux vers le sol, et constata que Bilbon en avait fait de même.
Gandalf se pencha alors vers lui avec une expression qui se voulait rassurante et encourageante, et dit d'une voix bienveillante:
"Vous avez changé Bilbon Sacquet; vous n'êtes plus le hobbit qu'on a vu quitter son village."
Bilbon releva lentement les yeux vers le magicien. Puis il essuya les quelques larmes qui les avaient emplis, avant de déclarer sur un ton solennel:
"J'allais vous en parler: j'ai trouvé quelque chose dans les tunnels des Gobelins."
Elsa releva les yeux vers lui, intriguée.
"Qu'avez-vous trouvé? demanda le magicien d'un air curieux."
Mais Bilbon ne répondit pas tout de suite: il hésita, ouvrant et refermant la bouche. Ses lèvres tremblèrent quelque peu, tout comme ses mains qu'il glissa dans ses poches. Puis finalement, il prit une inspiration et déclara:
"Mon courage."
Elsa fronça les sourcils: elle était quasiment certaine que le hobbit ne disait pas la vérité. Ou en tout cas pas toute la vérité: il cachait quelque chose.
Mais Gandalf, trop préoccupé par ce qu'il venait de découvrir, sembla satisfait de cette réponse.
"Oh, c'est bien, très bien, fit-il avec un léger sourire. Vous en aurez besoin."
M. Sacquet acquiesça puis dit au revoir au magicien. Celui-ci se tourna alors vers Elsa, qui retint comme elle le put ses larmes.
"Promettez-moi de nous revenir, dit-elle d'un ton implorant.
-Bien sûr, répondit Gandalf d'un ton rassurant, je reviendrai Elsa. Et vous promettez-moi de veiller sur vos compagnons. J'ai confiance en vous: je vous lègue ma place au sein de cette compagnie durant mon absence.
-C'est un honneur pour moi, répondit la jeune femme d'un air solennel sans pouvoir s'empêcher de ressentir une profonde tristesse en entendant ces paroles.
-Fort bien."
Finalement, Gandalf se tourna vers les nains et leur dit au revoir à tous. Puis il se dirigea vers son cheval et s'empressa de l'enfourcher.
Soudain, Elsa sentit quelque chose de froid sur sa peau: une goutte de pluie. Elle leva la tête vers le ciel gris, et une autre vint s'écraser sur son front. Et bientôt, le ciel déversa pleinement ses larmes sur la terre qui sembla encore plus triste.
"Je vous attendrai sur le promontoire, face au versant Sud d'Erebor, dit le vieil homme à l'adresse des compagnons avant de tourner plus précisément son regard vers Thorin. Gardez la carte et la clef en lieu sûr, et n'entrez pas dans cette Montagne sans moi."
Le roi nain acquiesça: mais Elsa remarqua que sur son visage, se mêlait à présent à la tristesse un certain mécontentement face au départ du magicien.
Gandalf leva une dernière fois les yeux vers les arbres de la Forêt, puis déclara avec un air grave:
"Ce n'est plus le Vertbois d'antan. Il y a une rivière dans cette forêt qui a été soumise à un enchantement: surtout ne touchez pas l'eau! Traversez par le pont de pierre. Dans cette forêt l'air lui-même est chargé d'illusions: il vous troublera l'esprit et tentera de vous fourvoyer.
-De nous fourvoyer? répéta Bilbon en tremblant. Comment ça?
-Restez sur le sentier, reprit Gandalf. Ne le quittez pas: si vous le quittez vous ne le retrouverez jamais. Restez sur le sentier quoi qu'il arrive!"
Puis, sur ces derniers mots, il détourna sa monture et quitta la compagnie. Tous restèrent là, à le regarder s'éloigner vers l'Ouest sur son robuste cheval noir et blanc. Ils restèrent silencieux et immobiles pendant un moment, n'entendant plus que le triste bruit de la pluie qui harcelait le paysage de ses innombrables coups.
Thorin se tint là: les grosses gouttes de l'eau du ciel coulaient sur son visage et perlaient dans ses cheveux tandis qu'il regardait la silhouette du magicien s'éloigner sur sa monture dans le rideau de pluie grisâtre. Son allié, son compagnon, son ami l'avait quitté à présent, et il devait continuer de mener seul cette quête.
Alors il se tourna vers ses compagnons et afficha un air décidé avant de lancer:
"En route! Nous devons y être avant le coucher du Soleil du jour de Durin."
Puis il marcha droit vers les arbres, ses pieds s'enfonçant quelque peu dans la boue qui commençait à se former sur le sol. Elsa et les autres jetèrent un dernier regard vers l'Ouest, mais Gandalf avait disparu dans le gris qui avait enveloppé le monde. Alors ils se tournèrent et suivirent leur chef. Ils passèrent par la porte des elfes, et pénétrèrent enfin sous la voûte des feuilles qui les protégea quelque peu de la pluie, avant de commencer à marcher sur le sentier de dalles claires qui s'enfonçait loin dans l'obscurité de la Forêt.
Elsa se dit qu'elle devait se tenir prête, qu'il serait sûrement périlleux et difficile de traverser cette forêt. Elle n'imaginait pas à quel point elle avait raison.
En espérant qu'il vous plaira, bonne lecture.
Chapitre 4:
Lorsque le Soleil apparut sur l'horizon le lendemain matin, l'atmosphère était pesante, le ciel gris et le moral des compagnons relativement bas. Beorn les avait autorisé à passer la nuit où bon leur semblait dans sa maison, et chacun s'était arrangé pour trouver un coin qui soit le plus agréable possible. Elsa et tous les autres avaient donc passé une nouvelle bonne nuit de sommeil et auraient donc du se sentir en pleine forme pour reprendre la route; pourtant ce n'était pas le cas.
L'idée de quitter cet endroit fort agréable qu'était la maison de Beorn pour repartir dans les Terres sauvages où attendaient les Orques ne leur plaisait guère, mais c'était surtout le fait de savoir qu'après la traversée de ces terres les attendait le grand Vertbois que tout le monde semblait redouter qui les inquiétait.
Ce fut donc avec une mine basse qu'Elsa se leva ce matin là, alla rejoindre ses compagnons aussi peu enjoués qu'elle et avala tristement de quoi satisfaire sa faim pour le moment. Puis, lorsque le moment fut venu ils dirent adieu aux grandes colonnes sculptées, aux beaux meubles taillés et à la table qui les avait accueilli, pour sortir retrouver Gandalf et Beorn dans le jardin. Le ciel était couvert de nuages gris réduisant le Soleil à un pâle disque blanchâtre se dessinant vaguement à travers cette nappe de mauvais augure, tandis que le vent soufflait plus fort que la veille, grondant dans les feuillages et sifflant dans les airs au-dessus des têtes des compagnons.
Beorn avait préparé les montures pour ses invités: quatorze poneys et deux chevaux de fière allure, tout sellés et harnachés, prêts à porter les voyageurs à travers les herbes incertaines et dangereuses du val d'Anduin jusqu'à l'orée de la grande Forêt. Chacun alla donc trouver sa monture: Elsa choisit le cheval au pelage brun clair et au crin blanc, presque dorés sous les pâles rayons qui parvenaient à percer à travers les nuages. L'animal avait des pattes robustes et semblait taillé pour voyager loin et longtemps. Les compagnons remercièrent donc une dernière fois Beorn pour son aide et se préparèrent à enfourcher leurs montures.
Beorn leur avait fait cadeau de quelques affaires de voyage: ils disposaient à présent de nouveaux sacs, de couvertures et de manteaux, ainsi que de quelques provisions, notamment des biscuits, du pain et du fromage. Ils attachèrent leurs paquetages aux côtés de leurs montures respectives, puis enfourchèrent ces dernières et se tinrent prêts à partir. Ils n'attendaient plus que Gandalf.
Celui-ci avait une conversation avec Beorn: tous deux se tenaient un peu à l'écart du groupe, discutant en affichant des airs assez graves.
"Vous renverrez mes bêtes avant d'entrer dans la Forêt, imposa Beorn en regardant ses poneys et ses chevaux avec un air un peu inquiet.
-Vous avez ma parole, approuva Gandalf."
Soudain, un bruit se fit entendre au dessus d'eux. Dans les branchages des arbres du jardin, un corbeau poussa un sinistre croassement avant de prendre son envol et de disparaître au loin sur l'horizon, tâche noire sur le ciel de nuages gris.
"On nous observe, dit Gandalf en regardant au dessus de lui comme si une menace invisible planait dans les airs.
-Oui, confirma Beorn avec ce même regard. Les Orques ne renonceront pas: ils poursuivront les nains jusqu'à ce qu'ils les voient mourir.
-Pourquoi maintenant? demanda Gandalf avec un air quelque peu dérouté. Pourquoi le profanateur est-il sorti de son trou?
-Il y a une alliance entre les Orques de la Moria et le sorcier de Dol Guldur, répondit Beorn en regardant le magicien d'un air grave.
-En êtes-vous sûr? insista le vieil homme avec une expression soudain inquiète.
-Des hordes se sont rassemblées là-bas, confirma le changeur de peau en jetant un regard vers le Sud. Ils sont chaque jour plus nombreux.
-Que savez-vous de ce sorcier? s'enquit Gandalf en se rapprochant de Beorn. Celui qu'on appelle le Nécromancien.
-Je sais qu'il n'est pas celui que l'on pense, répondit le géant. Des créatures malfaisantes sont appelées pour le servir; Azog lui rend hommage."
En entendant ces derniers mots, le magicien afficha un air plus inquiet que jamais, et Beorn fit de même.
De leur côté, les compagnons commençaient à se demander ce que faisait le magicien. Le vent peu rassurant continuait de souffler et les nuages grondants glissaient sournoisement sur la voûte du ciel: l'horizon était menaçant, et pourtant ils se devaient d'aller vers lui. Thorin se tourna vers le magicien et le changeur de peau et appela:
"Gandalf! Nous perdons du temps."
Le vieil homme, en entendant l'appel de son ami, revint sur Terre et commença à se diriger vers le groupe. Mais soudain Beorn l'interpella:
"Encore une chose, objecta-t-il."
Gandalf s'arrêta soudain de marcher, tendant l'oreille avec un air d'appréhension, redoutant quelque peu ce qu'allait lui confier Beorn.
"Récemment le bruit a couru qu'on avait vu des morts en train de marcher du côté des monts du Rhudaur, révéla le géant avec un regard presque affolé.
-Des morts? s'effraya Gandalf en se retournant vers lui.
-Est-ce vrai? demanda Beorn d'un air très tendu. Y a-t-il des tombes dans ces montagnes?"
Gandalf ne répondit pas tout de suite: son regard termina de plonger dans la terreur, car il connaissait parfaitement la réponse. Et il se remémora les paroles qu'avait prononcé la dame Galadriel le jour où le Conseil Blanc avait été réuni à Fondcombe.
"Lorsqu'Angmar tomba, les Hommes du Nord emportèrent le corps du Roi sorcier et tous ses biens, et les scellèrent dans les monts du Rhudaur. Au plus profond de la roche ils l'ensevelirent, dans un tombeau si sombre qu'il ne verrait jamais le jour."
Alors, empli d'inquiétude, Gandalf finit par répondre au changeur de peau.
"Oui, dit-il. Il y a des tombes là-bas."
Beorn jeta alors quelques regards anxieux autour de lui.
"Je me souviens d'un temps où un être maléfique régnait sur ces terres, dit-il sans quitter l'horizon des yeux. Un être au pouvoir assez puissant pour réveiller les morts... Si cet ennemi est revenu en Terre du Milieu il faut me le dire Gandalf.
-Saroumane le blanc dit que ce n'est pas possible, répondit Gandalf en se raccrochant aux paroles du sage Saroumane comme pour se rassurer lui-même. Notre ennemi a été éliminé et ne reviendra jamais.
-Et Gandalf le gris que dit-il? demanda le géant en jetant au vieil homme un regard appuyé."
Le magicien hésita à donner sa réponse: il savait pertinemment qu'il était rongé d'inquiétude et qu'il se méfiait de chaque signe un peu alarmant; mais aujourd'hui cela était pire que d'habitude. Depuis quelques années, des indices et des signes, si minimes soient-ils, n'avaient cessé de s'accumuler, poussant de plus en plus le magicien gris à croire que quelque chose de bien plus grand qu'il n'y paraissait était en train de se préparer. Que devait-il répondre à Beorn? Mais soudain, deux nouveaux croassement se firent entendre et des corbeaux prirent à nouveau leur envol depuis les arbres surplombant les compagnons qui sursautèrent et jetèrent des regards méfiants aux deux oiseaux noirs qui disparurent vers l'horizon.
"Partez maintenant! lança soudain Beorn. Tant qu'il fait encore jour."
Gandalf acquiesça d'un signe de tête, remercia une dernière fois le changeur de peau puis s'empressa d'aller enfourcher son cheval robuste, à la robe blanche et noire. Alors, sous un ciel menaçant et dans une atmosphère pesante, la compagnie d'Ecu de chêne quitta la maison de Beorn pour se remettre en route vers leur ultime destination. Ils allèrent au pas sur le petit sentier qui menait jusqu'à la porte du mur d'enceinte, puis franchirent cette dernière, quittant le domaine de sûreté pour pénétrer de nouveaux dans les Terres sauvages. Elsa se retourna et jeta un dernier regard à la grande et accueillante maison de Beorn, une boule se formant dans sa gorge: elle éprouvait réellement un mauvais pressentiment ce matin là.
Beorn, lui, regarda les compagnons s'éloigner sur le dos de ses poneys avec un air tendu. Puis il murmura en regardant en direction de l'Est:
"Faites attention, ceux qui vous traquent ne sont pas très loin."
Les herbes ondulaient en de grandes vagues sous l'effet du fort vent, et les feuilles mortes des arbres étaient ballotées en tous sens dans les airs, tourbillons bruns et orangés qui narguaient les voyageurs, seuls au milieu de cette grande plaine.
Aussi longtemps qu'ils le purent, ils longèrent le mur de pierre chargé de lierre qui protégeait la maison du changeur de peau: celui-ci leur offrait un petit réconfort, une si petite mais si précieuse sensation de protection dans ces terres où le danger les guettait, invisible mais toujours aussi terrible. Les nains et Bilbon avaient revêtu des manteaux et des capes pour se protéger de la fraicheur si vive du vent d'automne, et avaient gardé leurs armes bien près d'eux, prêts à s'en servir au moindre danger qui surviendrait.
Mais bientôt, ils durent quitter la proximité rassurante du mur pour se lancer pour de bon dans le pays sauvage en direction de la forêt. Elsa était droite et crispée sur son cheval, tous les sens en alerte, écoutant le moindre bruit suspect et jetant des regards tout autour d'elle. A un moment, Thorin lança son poney au trot afin de grimper au sommet d'une petite colline qui se trouvait devant eux. Les autres attendirent au bas du monticule quelques instants, regardant le chef de la compagnie scruter l'horizon sur sa monture, droit dans les herbages qui frémissaient, comme la crécelle d'un serpent à sonnettes vous avertissant qu'il est dangereux de s'approcher davantage. Puis finalement, Thorin se retourna vers eux et leur lança:
"La plaine s'étend encore loin devant nous, mais pour l'instant aucun signe des Orques. La voie semble libre. Cependant nous n'allons pas tout à fait dans la bonne direction: Gandalf, vous projetiez bien d'entrer dans la Forêt par la porte des elfes?
-En effet, approuva le magicien. Je crois que ce chemin est le plus sûr.
-Dans ce cas nous allons devoir remonter légèrement vers le Nord, reprit Thorin en reportant son regard sur l'horizon. Vertbois est grand et s'étend sur des kilomètres du Nord au Sud, mais notre halte à la maison de Beorn nous a quelque peu éloigné de la porte des elfes. Dirigeons-nous donc vers le Nord sans perdre de temps; en avant!"
Les compagnons gravirent donc à leur tour la petite colline pour rejoindre leur chef. Et en arrivant à son sommet, Elsa découvrit devant elle de grands espaces plats couverts de hautes herbes et parsemés ça et là de rochers gris et bruns. A l'Ouest derrière eux s'étendaient les arbres du sous-bois qui côtoyait la maison de Beorn, mais à l'Est, les maigres buissons représentaient la seule végétation plus haute que les herbes. La jeune femme inspira un grand coup, et lança son cheval brun au trot dans cette plaine à la suite de ses camarades. Tous adoptèrent cette même allure durant presque toute la journée, n'accordant que très peu de pauses à leurs montures. Ils devaient avancer vite pour atteindre rapidement la Forêt et avoir une chance d'échapper aux Orques.
Thorin était en tête du groupe, tandis qu'Elsa et Gandalf fermaient la marche. La jeune femme remarqua d'ailleurs que le magicien affichait toujours cet air très préoccupé qui occupait son visage depuis leur départ de la maison. Elle se demanda ce qui pouvait le tracasser à ce point.
"Gandalf? appela-t-elle. Qu'y a-t-il? Pourquoi donc faites-vous cette tête?
-Hm? fit le magicien, semblant sortir de ses pensées. Oh, pardonnez-moi, mais je dois vous avouer que... Je suis inquiet.
-Cela a-t-il un rapport avec votre conversation avec Beorn ce matin? demanda la jeune femme d'un air soucieux. De quoi parliez-vous donc, si cela n'est pas indiscret?
-Disons que le changeur de peau n'est pas très tranquille lui non plus. Cette grande Forêt dont il est voisin semble tomber malade et les Orques se multiplient de jour en jour dans ces terres; et il pense que ces deux évènement ne sont pas sans lien. Mais s'il y en a bien un, ni lui ni personne n'a encore découvert lequel.
-Et cela vous préoccupe... Conclut Elsa en regardant l'horizon d'un air anxieux.
-Oui, approuva Gandalf. Oui, bien plus que vous ne le pensez."
La route se poursuivit toute la journée, à travers les herbes et les rochers. Les compagnons avançaient au trot, toujours aux aguets et prompts à se défendre. La menace semblait toujours être là, les observant à chaque instant, suscitant chez eux une peur viscérale qui les accompagna durant toute la traversée. Cette peur était renforcée par le sinistre râle que le vent arrachait à son clairon de fer, et qui était comme le hurlement d'un spectre les poursuivant sans relâche.
Pourtant, rien ne se passa durant cette journée: aucun cri de loup, aucune lame noire à l'horizon... Seuls quelques animaux furtifs, des cerfs, des lièvres ou des oiseaux les observèrent parfois de loin, s'écartant d'un seul coup lorsqu'ils se trouvaient sur leur chemin. En revanche, aucun Homme ne semblait habiter cette partie du val, contrairement à la partie Ouest où Elsa se souvenait avoir vu des groupes de bergers, de chasseurs ou de bûcherons marcher dans la plaine, et des cabanes ou des villages de bois et de pierre peupler par endroit les terres de l'Anduin. Pourquoi cette région ci était elle déserte? Vertbois était-il devenu si terrifiant qu'il avait fait fuir tous les habitants du coin?
Les compagnons firent ce qu'ils purent pour avancer aussi vite que possible, mais ils ne tenaient pas épuiser leurs montures qui devaient également porter les sacs et les couvertures. Ils n'avaient donc pas encore atteint la Forêt lorsque la nuit commença à tomber. Sachant qu'il n'était pas prudent de voyager de nuit, ils s'installèrent à l'abri d'un rocher près duquel ils cachèrent les poneys et les chevaux pour la nuit. Cependant, lorsqu'on regardait à l'Est, on pouvait voir sur l'horizon se dessiner un genre de ligne verdâtre qui ondulait légèrement sous le vent.
"Je vois les cimes des arbres de la Forêt! fit remarquer Kili en fixant l'horizon. Les feuilles sont lointaines: je ne peux encore les voir bouger sous le vent. Mais nous atteindrons les bois demain en fin de matinée."
Les compagnons, bien que l'idée d'enfin atteindre l'objectif fut satisfaisante, n'auraient su se réjouir de cette nouvelle: car la Forêt leur paraissait bien menaçante avec toutes les descriptions qu'on leur en avait faite récemment. Ils n'allumèrent pas de feu afin de ne pas attirer l'attention sur eux, et très peu parvinrent à trouver le sommeil. Gandalf semblait si perturbé qu'il n'alluma même pas sa pipe, s'asseyant simplement contre le rocher en marmonnant des choses pour lui-même.
Les autres restèrent éveillés, en alerte, montant la garde et décidés à se protéger mutuellement jusqu'à l'aurore. Elsa était de ceux-là: elle était assise dans l'herbe, l'oreille tendue, les sens en alerte, se tenant prête à faire face. Si la discussion qu'elle avait eu avec Anna il y avait deux nuits de cela l'avait poussé à se poser certaines questions sur ce qui se passerait après que cette quête serait terminée, elle n'avait désormais plus du tout l'esprit à cela. Elle était si concentrée sur ses objectifs, si portée sur ses gardes que la fin de la quête lui paraissait bien lointaine à présent, car chaque seconde dans l'obscurité de la nuit aux étoiles cachées par les nuages, où résonnaient toujours le grondement du vent et des cris de chouette peu rassurant paraissait une éternité. Mais finalement, l'aube vint.
A l'Est parut enfin la première lueur du Soleil, pâle et mauve sur le sombre horizon. Mais les compagnons ne se remirent pas en route tout de suite: ils restèrent un moment immobiles, dans la position où ils se trouvaient, sortant lentement de la torpeur dans laquelle la nuit et l'angoisse les avait plongé.
Mais finalement, lorsque le Soleil fut à moitié paru au dessus de l'horizon, Thorin appela ses camarades à se remettre en route. Ils enfourchèrent à nouveau poneys et chevaux et se lancèrent au trot dans la plaine toujours en direction du Nord. A un moment, lorsque le Soleil fut bien levé, bien que toujours caché par des nuages grisâtres, Elsa jeta un regard en arrière pour ne découvrir qu'une grande plaine herbeuse qui s'étendait à perte de vue: la maison de Beorn était loin derrière eux à présent, bien au-delà de leur champ de vision.
Le vent était toujours présent, mais bien moins déchaîné que la veille. On l'entendit pourtant très bien car nulle parole ne fut prononcée par les membres de la compagnie ce matin là: ils se contentèrent d'avancer à bonne allure vers leur destination, les yeux rivés sur l'Est où la ligne des arbres se rapprochait de plus en plus d'eux. Lorsque selon Thorin ils furent enfin arrivés à la bonne latitude pour atteindre la porte de elfes, ils bifurquèrent pour prendre pleinement la direction de l'Est, s'engageant ainsi sur la dernière ligne droite avant d'arriver à la lisière de Vertbois. Ils n'avaient finalement rencontré aucun Orque durant cette traversée, pas même aperçu le moindre Warg à l'horizon. Pourtant, une boule leur serrait à tous le ventre, car ce qui s'offrait à présent à leur vue n'avait rien de très rassurant.
Si les compagnons avaient pensé une seule seconde que l'absence des Orques sur leur chemin signifiait le renoncement de ces derniers à tenter de les débusquer, ils auraient eu grand tort. A bien des kilomètres au Sud, près de la lisière de Vertbois, toute une troupe de chasseurs Orques chevauchant avec fureur leurs montures aux dents pointues fendaient l'air en direction du Nord. Ils avaient quitté la forteresse de Dol Guldur l'autre soir sur les ordres d'Azog, et étaient menés par Bolg, fils de ce dernier.
En cet endroit, le val d'Anduin était bien moins lisse que dans les environs de la maison de Beorn. De nombreuses collines vertes parsemées d'arbres et de buissons décoraient le paysage. Les Orques fonçaient, gravissant colline après colline, sous le ciel gris et grondant qui menaçait le paysage depuis deux jours environ. Ils remontaient vers le Nord, longeant la Forêt, ne s'étant quasiment pas arrêtés depuis leur départ.
Mais les Wargs commençaient à fatiguer, et le doute à s'installer dans les esprits de leurs cavaliers. A un moment que les montures n'en purent plus de courir de la sorte, Bolg fixa un moment l'horizon, semblant réfléchir, puis se tourna vers ses chasseurs.
"Nous ne pouvons continuer ainsi, dit-il dans la langue Orque. Nous finirons par tuer nos bêtes si nous les épuisons de la sorte. Et je crois qu'il est inutile de rêver: nous ne parviendrons pas à rattraper ces sales nains avant qu'ils entrent dans la Forêt.
-Que proposez-vous alors de faire, maître? demanda un cavalier.
-Ne nous contentons pas de les suivre bêtement, reprit Bolg d'une voix forte. Soyons plus malins que cela: ils vont entrer dans la Forêt Noire, très bien. Ils n'ont sans doute aucune idée de ce qui les y attends. Ils vont se perdre, aussi bien sur la route que dans leurs propres têtes; et nous profiterons de cette occasion pour les piéger. Nous allons également entrer dans la Forêt et remonter vers le Nord, et alors nous couperons leur route!"
Les autres Orques se consultèrent quelques instants, puis ils finirent par acquiescer, trouvant l'idée plus que judicieuse. Avec un sourire satisfait, le jeune Orque pâle tourna alors sa monture vers les sombres arbres de Vertbois, puis lança:
"En avant!"
Et tous reprirent leur course funeste, marchant inexorablement vers leur but.
De nouveau plus au Nord, la compagnie de Thorin venait donc d'arriver devant la lisière du grand et fameux Vertbois. Tous restèrent quelques instants immobiles et silencieux en contemplant cette forêt qu'ils s'apprêtaient à pénétrer: les arbres affichaient des couleurs étranges, non naturelles, et leurs feuillages semblaient bien mal en point tandis que leurs branchages se tordaient en tous sens, semblant parfois tomber vers le sol en ayant rendu leur dernier souffle et parfois se dresser vers le ciel dans un cri de douleur, suppliant qu'on les achève. Et le vent qui soufflait faisait craquer ces branches, produisant un gémissement qui donna la chair de poule à tous les camarades: on aurait dit qu'un horrible fantôme grondait là, les épiant à chaque instant.
Elsa serra les lèvres: était-ce donc bien cela qu'ils s'apprêtaient à affronter? Maintenant qu'elle était juste devant elle, cette forêt lui faisait peur. Non pas seulement par son aspect, mais par quelque chose de plus profond que la jeune femme n'aurait su expliquer: un sentiment de malaise, et une peur instinctive, inexplicable qui venait de germer dans son esprit.
Cependant, au milieu de tous ces arbres macabres et de ces branchages spectraux se dressait une construction qui apportait une petite lueur de réconfort: quelque chose qui rappelait la forme d'une porte, sculpté dans un bois clair et dont les contours évoquaient les bois d'un cerf.
Finalement, tous descendirent de leurs montures. Lorsqu'Elsa posa le pied au sol, son sentiment de malaise s'accrut encore un peu. Elle s'efforça cependant de combattre cela et de se ressaisir: elle regarda autour d'elle et vit Bilbon qui jetait un regard mélancolique en direction de l'Ouest. Gandalf, lui, s'avança vers l'étrange sculpture aux bois de cerf et pénétra lentement sous la voûte des arbres, comme un éclaireur qui s'en va inspecter le terrain.
Depuis l'étrange porte s'avançait sous les arbres un sentier de dalles taillées dans une pierre claire, et qui disparaissait loin au delà de la vue dans l'obscurité des bois. Le magicien s'avança prudemment sous la voûte de feuilles fanées, inspectant chaque détail autour de lui: à quelques mètres de la porte sculptée se dressait au milieu du sentier un petit socle de pierre grise taillé avec d'élégants motifs.
"La Porte des elfes, dit Gandalf en regardant toujours autour de lui. C'est ici que commence le sentier qui traverse Vertbois."
Dans la plaine, Dwalin était descendu de son poney et observait le paysage autour de lui.
"Toujours aucun signe des Orques, fit-il remarquer. La chance est de notre côté."
Gandalf lui jeta un regard de doute en entendant cela: il était sûre que la chance n'avait pas grand chose à faire avec cela. Et comme pour confirmer ses pensées, une silhouette apparut soudain plus loin à l'Ouest au haut d'un rocher. La silhouette noire et massive d'un gros animal à quatre pattes: Beorn. Le changeur de peau les avait donc suivi jusqu'ici, craignant sans doute pour ses poneys et ses chevaux, et avait protégé leur route d'éventuels attaquants. En le voyant, Gandalf se souvint de la promesse qu'il lui avait faite.
"Libérez les poneys! lança-t-il à l'adresse de ses compagnons. Qu'ils retournent chez leur maître."
Elsa et les autres s'exécutèrent alors: ils entreprirent de détacher leurs affaires des flancs de leurs montures, de retirer les mors de leurs bouches et leur dirent adieu avant de les renvoyer d'où ils venaient. Elsa caressa quelques instants le museau du brave cheval brun qui l'avait porté jusque là, puis lui fit signe de repartir chez lui.
"Cette forêt semble malade, dit soudain Bilbon tout en détachant les rennes de son poney. Comme si elle était la proie d'une chose nuisible."
Il regarda les feuillages sombres avec un air très peu rassuré avant de demander:
"N'y a-t-il aucun moyen de la contourner?
-Si, en faisant un détour de deux cent milles vers le Nord, répondit Gandalf. Ou le double de cette distance vers le Sud."
Il continua de s'avancer prudemment sous la voûte des feuillages, commençant pourtant à se dire que la question de Bilbon était très pertinente, car les choses étaient pires que ce qu'il avait imaginé. La Forêt semblait affreusement malade, rongée par quelque chose de plus terrible que le poison. En réalité, Gandalf sentait de la magie noire dans l'air: il en était infesté, et pour un être comme lui qui ressentait ces choses là, l'atmosphère était d'une lourdeur difficilement supportable. Toutes ses inquiétudes furent encore grandement accrues à ce moment: sentir une telle magie lui rappelait amèrement tout ce que lui avaient rapporté Beorn et Radagast à propos de la forteresse de Dol Guldur. Cette forêt ne lui disait à présent plus rien qui vaille, pourtant il allait bien falloir la traverser. L'automne était à présent trop avancé, et s'ils se lançaient dans le contournement de Vertbois, jamais ils n'atteindraient la Montagne pour le jour de Durin.
Le magicien tourna lentement son regard sur la gauche: là se dressait une statue. Mais on ne voyait que son visage: le visage d'une femme, plus précisément d'une elfe, portant une couronne sur le front et affichant une expression de grande tristesse, une larme coulant sur sa joue. Tout le reste était totalement dissimulé par du lierre et de fourbes lianes s'enroulant autour de la pierre, l'enserrant tel des serpents cherchant à l'étouffer. Pourtant Gandalf eut le sentiment que quelque chose d'autre que le corps de la statue si dissimulait sous ses plantes grimpantes: il s'approcha avec prudence de la femme de pierre. Et soudain, une voix résonna dans sa tête: dame Galadriel lui parlait, si loin qu'elle pouvait être de lui à présent.
"Quelque chose avance dans l'ombre en silence à l'abri des regards, disait-elle. Mais elle gagne chaque jour en puissance. Méfiez-vous du Nécromancien: il n'est pas ce qu'il paraît."
Puis soudain, comme poussé par un instinct bouillant, Gandalf tendit la main et arracha la masse de lierre et de lianes qui dissimulaient la pierre. Et alors, là sur le corps de l'elfe de pierre, il vit une forme tracée à l'aide d'une peinture rouge: comme un œil avec un pupille de serpent. Là, immobile, rouge, semblant vous fixer et lire au plus profond de votre âme.
Devant la lisière de la Forêt, Elsa fut soudain parcourue d'un frisson. Elle n'aurait su dire ce qui avait provoqué cette réaction.
Gandalf, lui, regardait l'œil rouge avec un air alarmé; bien plus alarmé qu'à l'accoutumée.
"Gandalf, si notre ennemi est revenu il faut que nous le sachions, reprit la voix de dame Galadriel. Allez aux tombeaux dans les montagnes.
-Les monts du Rhudaur, murmura le magicien en affichant toujours son air alarmé."
A présent c'en était trop: tout ce qu'il avait découvert au cours de ces dernières années l'avait rongé de plus en plus. Les sages paroles de Saroumane avaient toujours réussi à le convaincre qu'il s'affolait pour rien, mais aucun raisonnement, si rationnel soit-il, ne pourrait le convaincre d'ignorer ce qui se trouvait là devant ses yeux. Peut-être n'était-ce encore qu'un simple hasard, mais dame Galadriel avait raison: il ne pouvait plus se permettre d'attendre, il devait en avoir le cœur net. Cependant les monts du Rhudaur se trouvaient loin au Nord Ouest, autant dire quasiment à l'opposé de la direction que suivait la compagnie. Il ne pouvait demander aux nains de l'accompagner: ils devaient accomplir leur quête. Mais alors, il devrait abandonner ses compagnons? Cela ne lui plaisait guère, mais il n'y avait apparemment pas d'autre choix. Il poussa alors un soupir et marmonna:
"S'il le faut..."
Au dehors, Elsa regardait les arbres de la Forêt avec appréhension. Elle se demandait toujours ce qui pouvait bien avoir provoqué ce frisson chez elle. Vraiment, plus les minutes passaient, moins elle avait envie de pénétrer ce Vertbois. Soudain, elle vit Bilbon qui se tenait à quelques pas devant elle, fixant également les branchages. Elle s'avança alors pour se trouver à côté de lui: à vrai dire la peur qui s'était réveillée en elle était si viscérale qu'elle craignait même d'être éloignée si peu que ce fut de ses compagnons. Elle avait envie de se trouver avec eux, le plus près d'eux possible... Le plus près de Bilbon possible
"Etes-vous aussi effrayé à l'idée d'entrer dans cette Forêt? demanda-t-elle à M. sacquet.
-Oui, répondit celui-ci. Totalement effrayé, j'en tremble de chacun de mes membres."
Elsa avala difficilement sa salive, puis un silence s'installa quelques secondes. Finalement, Bilbon se retourna vers les nains.
"Venez, dit-il. Nous devrions aider les autres à terminer de décharger les affaires."
Elsa acquiesça et suivit son ami. Tous deux aidèrent leurs camarades à détacher sacs et couvertures des derniers poneys qui restaient puis en prirent chacun sur le dos, tandis que Dori et Nori entreprirent de détacher les rennes du cheval de Gandalf. Mais soudain:
"Pas mon cheval, j'en ai besoin! lança la voix du magicien."
Tous se tournèrent vers lui et le virent sortir des bois, marchant vers eux d'un pas précipité. Elsa sentit soudain son cœur tomber dans sa poitrine: pourquoi Gandalf avait-il besoin de son cheval? Avait-il l'intention de...
"Vous allez nous quitter? demanda Bilbon avec un air au moins aussi horrifié.
-Croyez-moi, si je vous laisse c'est que j'y suis contraint, répondit tristement le magicien. Il y a des choses urgentes que je dois aller vérifier."
Un silence de mort s'abattit alors: tous les compagnons regardaient le vieil homme avec des airs terrifiés et implorants, comme s'ils le suppliaient intérieurement de rester avec eux. Elsa en faisait de même: l'idée de s'aventurer dans cette forêt ne lui était déjà que très peu sympathique, mais s'y aventurer sans Gandalf était plus terrible que tout. Les quelques secondes qui s'écoulèrent lui parurent comme une éternité: tout vacilla autour d'elle, tout sembla gris et sans vie, comme si une partie de ce monde venait de mourir. Les nains restaient là, immobiles, avec des airs graves et chagrins, mais tentant de rester dignes et forts. Elsa sentit des larmes monter à ses yeux, mais elle s'efforça de les retenir: elle aussi devait rester forte. C'est ce qu'on lui avait toujours appris: ne pas se laisser abattre, ne pas être submergée par ses émotions. Elle baissa simplement les yeux vers le sol, et constata que Bilbon en avait fait de même.
Gandalf se pencha alors vers lui avec une expression qui se voulait rassurante et encourageante, et dit d'une voix bienveillante:
"Vous avez changé Bilbon Sacquet; vous n'êtes plus le hobbit qu'on a vu quitter son village."
Bilbon releva lentement les yeux vers le magicien. Puis il essuya les quelques larmes qui les avaient emplis, avant de déclarer sur un ton solennel:
"J'allais vous en parler: j'ai trouvé quelque chose dans les tunnels des Gobelins."
Elsa releva les yeux vers lui, intriguée.
"Qu'avez-vous trouvé? demanda le magicien d'un air curieux."
Mais Bilbon ne répondit pas tout de suite: il hésita, ouvrant et refermant la bouche. Ses lèvres tremblèrent quelque peu, tout comme ses mains qu'il glissa dans ses poches. Puis finalement, il prit une inspiration et déclara:
"Mon courage."
Elsa fronça les sourcils: elle était quasiment certaine que le hobbit ne disait pas la vérité. Ou en tout cas pas toute la vérité: il cachait quelque chose.
Mais Gandalf, trop préoccupé par ce qu'il venait de découvrir, sembla satisfait de cette réponse.
"Oh, c'est bien, très bien, fit-il avec un léger sourire. Vous en aurez besoin."
M. Sacquet acquiesça puis dit au revoir au magicien. Celui-ci se tourna alors vers Elsa, qui retint comme elle le put ses larmes.
"Promettez-moi de nous revenir, dit-elle d'un ton implorant.
-Bien sûr, répondit Gandalf d'un ton rassurant, je reviendrai Elsa. Et vous promettez-moi de veiller sur vos compagnons. J'ai confiance en vous: je vous lègue ma place au sein de cette compagnie durant mon absence.
-C'est un honneur pour moi, répondit la jeune femme d'un air solennel sans pouvoir s'empêcher de ressentir une profonde tristesse en entendant ces paroles.
-Fort bien."
Finalement, Gandalf se tourna vers les nains et leur dit au revoir à tous. Puis il se dirigea vers son cheval et s'empressa de l'enfourcher.
Soudain, Elsa sentit quelque chose de froid sur sa peau: une goutte de pluie. Elle leva la tête vers le ciel gris, et une autre vint s'écraser sur son front. Et bientôt, le ciel déversa pleinement ses larmes sur la terre qui sembla encore plus triste.
"Je vous attendrai sur le promontoire, face au versant Sud d'Erebor, dit le vieil homme à l'adresse des compagnons avant de tourner plus précisément son regard vers Thorin. Gardez la carte et la clef en lieu sûr, et n'entrez pas dans cette Montagne sans moi."
Le roi nain acquiesça: mais Elsa remarqua que sur son visage, se mêlait à présent à la tristesse un certain mécontentement face au départ du magicien.
Gandalf leva une dernière fois les yeux vers les arbres de la Forêt, puis déclara avec un air grave:
"Ce n'est plus le Vertbois d'antan. Il y a une rivière dans cette forêt qui a été soumise à un enchantement: surtout ne touchez pas l'eau! Traversez par le pont de pierre. Dans cette forêt l'air lui-même est chargé d'illusions: il vous troublera l'esprit et tentera de vous fourvoyer.
-De nous fourvoyer? répéta Bilbon en tremblant. Comment ça?
-Restez sur le sentier, reprit Gandalf. Ne le quittez pas: si vous le quittez vous ne le retrouverez jamais. Restez sur le sentier quoi qu'il arrive!"
Puis, sur ces derniers mots, il détourna sa monture et quitta la compagnie. Tous restèrent là, à le regarder s'éloigner vers l'Ouest sur son robuste cheval noir et blanc. Ils restèrent silencieux et immobiles pendant un moment, n'entendant plus que le triste bruit de la pluie qui harcelait le paysage de ses innombrables coups.
Thorin se tint là: les grosses gouttes de l'eau du ciel coulaient sur son visage et perlaient dans ses cheveux tandis qu'il regardait la silhouette du magicien s'éloigner sur sa monture dans le rideau de pluie grisâtre. Son allié, son compagnon, son ami l'avait quitté à présent, et il devait continuer de mener seul cette quête.
Alors il se tourna vers ses compagnons et afficha un air décidé avant de lancer:
"En route! Nous devons y être avant le coucher du Soleil du jour de Durin."
Puis il marcha droit vers les arbres, ses pieds s'enfonçant quelque peu dans la boue qui commençait à se former sur le sol. Elsa et les autres jetèrent un dernier regard vers l'Ouest, mais Gandalf avait disparu dans le gris qui avait enveloppé le monde. Alors ils se tournèrent et suivirent leur chef. Ils passèrent par la porte des elfes, et pénétrèrent enfin sous la voûte des feuilles qui les protégea quelque peu de la pluie, avant de commencer à marcher sur le sentier de dalles claires qui s'enfonçait loin dans l'obscurité de la Forêt.
Elsa se dit qu'elle devait se tenir prête, qu'il serait sûrement périlleux et difficile de traverser cette forêt. Elle n'imaginait pas à quel point elle avait raison.
- Micky93Légende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Ven 19 Juin 2015, 17:55
Bon alors, j'ai lu ton chapitre et que dire si ce n'est que c'est toujours aussi plaisant de te lire mon cher M.B.
J'ai désormais trop hâte de lire la suite, car comme je l'avais mentionné dans mon ancien message, je suis curieux de voir comment va se passer...
Bref, c'est un excellent chapitre comme d'habitude. J'attends donc la suite avec impatience.
J'ai désormais trop hâte de lire la suite, car comme je l'avais mentionné dans mon ancien message, je suis curieux de voir comment va se passer...
- Spoiler:
- La rencontre d'Elsa avec les elfes ! Et tout ce qui va suivre en fait.
Bref, c'est un excellent chapitre comme d'habitude. J'attends donc la suite avec impatience.
- Lhysender
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 20 Juin 2015, 20:09
Toujours assi agréable à lire M.B. Je n'ai pas trop de commentaire à faire, si ce n'est que c'est comme à ton habitude un très bon chapitre. Et j'attend la suite avec impatience .
Et d'ailleurs, si je ne trompe pas, dans le prochain chapitre:
Et d'ailleurs, si je ne trompe pas, dans le prochain chapitre:
- Spoiler alert:
- Les arachnophobes vont trembler
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- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 20 Juin 2015, 22:21
Micky: content que tu aies aimé.^^ Patience, la rencontre approche, elle approche lentement mais sûrement...
Lhysender: également content que ça t'ait plu.^^
La suite le week end prochain...
Lhysender: également content que ça t'ait plu.^^
La suite le week end prochain...
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Flowers with their names forgotten
Trampled into dust they're fallen,
Birds with broken wings are crying:
Wind can never take them flying.
Scream and cry but none will hear you,
Plead and beg but none will help you.
You no longer live as cattle:
Will you rise and join the battle?
Pigs will sneer at the steadfast
As we climb o'er the dead, keep advancing ahead!
Live your life in peace like you're just a sheep
But wolves will never lose their freedom.
Channel the anger swelling inside you,
Fighting the boundary 'till you break through.
Deep in your soul there's no hesitation
So make yourself the one - the Hunter!
Hungry to kill, you'll never forget this.
Piercing the sky with scarlet vengeance,
Bloody the bow and arrow in crimson,
Rally the hunters to war.
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- M.BagginsLégende du Royaume
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Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 20 Juin 2015, 22:34
Attends, est-ce que tu as lu la deuxième partie du chapitre 3 Lhys?
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- Lhysender
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Localisation : Quelque part entre la raison et la folie
Re: Au-delà des montagnes enneigées... (Tome 2)
Sam 20 Juin 2015, 22:40
Oui oui, c'est juste que je l'avais lu, que je me suis dit que comme d'habitude je mettrai un commentaire plus tard pareceque la conversation entre Beorn et Elsa est absolument poignante, surement pour l'instant l'un de mes passages favoris de ta fic, mais qu'entre temps le bac est arrivé et cela m'est sortit de la tête.
Vraiment désolé
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