- Le Royaume d'Arendelle -
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Floconnette
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Légende du Royaume
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Mer 14 Sep 2022, 23:05
Donc ça se confirme!
Du coup si je suis là logique de Frantzoze les premiers chapitres vont être du point de vue des enfants donc relativement rapides dans les événements ?
Comme les années qui passent vite dans les souvenirs d'une grand mère ? Razz
Ansa
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Mer 14 Sep 2022, 23:21
J'arrive pas à me rendre compte Sad

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Sam 17 Sep 2022, 21:07
Chapitre 2 : Jeux d’enfants :

-Je suis prête pour ma leçon de chamanisme Maman! M'exclamai-je, alors qu'est-ce que nous allons étudier aujourd'hui ?

Très assidue pour mes cinq ans, ma mère aimait quand la demande venait de moi. A ma grande surprise, elle ne répondit pas tout de suite, se contentant de tirer sur mes cheveux pour pouvoir m'attacher les élastiques en haut de mon crâne brun. Je réprimais alors une grimace car les petites mèches ondulées créaient déjà des nœuds avec les chouchous. Puis j'essayais de ne pas y penser et insistai avec surprise en voyant qu'elle était toujours silencieuse :

- D'ailleurs...Tu ne me fais pas mes tresses Maman ? C'est quand même plus pratique pour travailler !

Elle ne répondit toujours pas et se contenta de me laver ma bouille toute couverte de la confiture de baie de sureau du petit déjeuner. Puis elle me regarda avec un grand sourire admiratif.

-Tu es parfaite mon enfant, nota-t-elle en ajoutant quelques broderies sur le haut de ma robe en laine, mais tu le serais encore plus si tu cessais de me poser des questions...Rehausse-toi, une femme se doit de ne jamais être voûtée si elle veut attirer du charisme ! Allez ! Rentre ton ventre et étire ton dos !

Je m'exécutais sans toutefois tenir compte de ce qu'elle venait de me dire sur les bavardages puisque je répétais un peu effrayée par cette matinée inconnue :

- D'accord...Mais je dois être parfaite pour quelle raison Maman ?

Je détestais quand je ne connaissais pas les informations à l'avance. Et puis je n'aimais pas les broderies. Je trouvais qu'elles me grossissaient encore plus que je ne l'étais déjà par rapport à toutes les autres filles de la tribu. Je n'avais pas la chance d'être aussi grande qu'elles au même âge et ce n'était pas être droite qui allait changer grande chose. Le silence de ma mère m'agaça et je repris :

-Hey Maman ! Tu ne m'as pas répondu ? Qu'est-ce qu'on va étudier aujourd'hui ?

Elle soupira profondément, mécontente que je n'assimile pas sa remarque. Testant encore un peu mon impatience, elle finit par m'ébouriffer les cheveux et rétorqua enfin :

-Il n'y a pas de chamanisme ce matin, nous allons rendre visite à la famille Camviridus. Ils nous invitent à déjeuner.

-Mais...On vient à peine de manger Maman, répliquai-je déboussolée.

Elle rougit aussitôt comme si elle avait sorti une bêtise et renchérit :

-Oui...Oui...Je voulais dire, tu vas un peu jouer avec Olaf avant, pendant que Papa et moi avons à discuter avec Anna et Pieter.

Un peu déçue car j'aurais préféré apprendre, je me laissais faire et attendis que Maman m'enfile ma capeline avant que nous nous dirigions vers les terres boueuses et reculées qui puaient le purin de renne loin du centre du village.

Mon père nous y attendait déjà. Je fournis un gros effort pour ne pas montrer le dégoût que j'éprouvais en voyant la modeste hutte fabriquée avec différents arbres de fortunes alors que je sentais la boue envahir l'intérieur de mes bottes en laine. Mes pieds allaient empester durant un bon mois comme la dernière fois que nous étions venus. Je n'avais rien contre Olaf et ses parents. Ils étaient tous les trois très gentils. Mais pourquoi mes parents avaient-ils choisi de se rendre chez eux plutôt qu'ils ne viennent à notre maison ?! Je me retins de poser la question alors que je chassais les mouches qui vinrent se plaquer contre mes joues.

Du plus loin qu'elle nous vit, madame Camviridus nous lança un grand sourire et cria en direction du palier :

-Pieter ! Christia, Rick et Helga Piceaerd sont là !

Elle accourut alors vers nous et chassa ses gants noircis par la terre avant de prendre chaleureusement les mains de mes parents. Puis elle se pencha vers moi pour m'embrasser les joues.

-Tu vas bien petite demoiselle ? Tu es toute belle dit donc ! Nota-t-elle.

La remarque me plut immédiatement car Anna semblait sincère. C'était bien la première Etre humaine qui voyait autre chose que mon physique désavantageux. Je rougis jusqu'aux oreilles et c'est bien évidemment le moment que choisit Olaf pour venir nous saluer. D'une tête plus grand que moi, il alla se poster face à Papa et Maman et s'écria avec politesse :

-Bonjour Monsieur Piceaerd, Bonjour Madame Piceaerd !

Puis il me fit un petit coucou timide sans mentionner mon prénom.

-Bon...Eh...Bien...Ne restons pas planter là ! Nous avons de grandes choses à accomplir n'est-ce pas mon brave Rick ? Demanda alors Pieter qui avait cessé de bêcher derrière l'autre face de la hutte pour venir nous rejoindre.

Papa jeta immédiatement un coup d'œil dans ma direction et celle de mon compagnon de jeu alors que nous ne comprîmes pas le sens de la phrase. Agacée de ne pas savoir, je fus néanmoins charmée par Anna qui reprit aussitôt d'une voix bourrue :

-Vous pouvez bien attendre deux minutes messieurs, non ? Je suis certaine que ces charmants petits ont faim ! J'ai préparé quelques gâteaux sur la table si jamais ils reviennent affamés après leurs jeux.

Elle nous fit alors un clin d'œil et ajouta :

- Qu'en dites-vous jeunes gens ? Est-ce que cela vous fait plaisir ?

Nous hochâmes la tête, totalement en confiance. Son sourire chaleureux me réchauffa le cœur et je me sentis enfin rassurée par cette matinée perturbée. Je me contentais de hocher la tête tout en lui offrant mon plus beau sourire.

-Oui c'est une excellente idée Madame Camviridus, merci beaucoup, murmurai-je intimidée.

-Pas plus d'un gâteau à la fois Helga ! Il ne faudrait pas que tu t'empiffres de trop, tu as déjà bien assez de masse comme cela ! Me prévint Maman.

Mes joues se chauffèrent cette fois de honte. Toutefois, j'acquiesçai derechef tout en ne bougeant pas pour autant à cause de la boue qui continuait de s'infiltrer entre mes orteils à mon plus grand dégoût. Nos parents le remarquèrent et Anna Camviridus reprit alors :

-Bon, eh bien, dans ce cas, si vous avez tout compris, vous pouvez aller vous amuser dehors, nous restons dans la maison si vous avez besoin.

-Aucun problème Maman, dit Olaf en me tendant déjà sa main crasseuse.

Je la pris à contrecœur et nous nous éloignâmes enfin de la hutte et du champ à l'odeur de lisier. Nous nous dirigeâmes vers un terrain de coudriers ombragés.

-Alors ? A quoi veux-tu jouer Helga ? Demanda-t-il tout en maintenant une certaine distance.

Je l'observais de la tête aux pieds et soupirai bientôt :

-Nous ne sommes pas assez pour un loup touche-touche.

- C'est vrai...Dommage qu'Iduna, Yuma et Ylva ne soient pas avec nous ! S'écria-t-il, tu te rappelles comment on s'est bien amusés la semaine dernière ?

J'acquiesçai et ris en repensant à ma meilleure amie chamane qui avait réussi à nous battre à ce jeu cinq fois d'affilés tellement elle était rapide. Malheureusement tout avait été vite interrompu quand nos parents s'étaient aperçus qu'Iduna et moi jouions ensemble...

Je me rendis soudain compte que le jeune garçon attendait toujours une initiative de ma part et je repris :

-Bon de toute façon, Yuma et Ylva travaillent avec leurs parents, nous ne pouvons pas aller les chercher...Hum...Que dirais-tu d'un chat perché ?

Mon acolyte retrouva aussitôt le sourire et répéta :

-Va pour un chat perché !

Puis il n'attendit pas et me poussa l'épaule avant d'hurler :

- C'est toi le chat !

Je le vis alors courir en direction du premier arbre qu'il avait sous la main et monter dessus avec une grande agilité. Je bouillis immédiatement pour m'être faite avoir et surmontée la sensation de chaussettes mouillées pour essayais de l'attraper. Mais c'était trop tard. Il avait déjà grimpé dans les branches les plus en hauteur. Je sentis la colère me gagner et bredouillai alors en pleurant :

-Tu as triché...Tu...Tu sais que je suis grosse...Je peux pas te suivre...Tu es méchant...Moi...Je...Je veux plus jouer avec toi...

Vexée, je donnai un coup de pied dans l'arbre avant de ressentir une douleur à l'orteil. Toutefois je ne lui en dis rien et me détournai de sa cachette pour repartir vers la maison.

-Non ! Helga! Attends ! Cria-t-il bientôt.

Il descendit alors du coudrier et me rattrapa. Puis il passa ses mains sales sur mon visage pour essuyer mes larmes et m'embrassa la joue.

-Voilà. Pardon. Je suis désolé, je ne voulais pas te faire pleurer...Mais tu semblais vouloir jouer et...Je savais pas que tu avais du mal à courir à cause de ton poids...A vrai dire moi je te trouve jolie avec tes rondeurs...Bafouilla-t-il gentiment.

-Te moque pas de moi...Les grosses filles tous les garçons les trouvent moches...Et puis c'est pas la question...Oui je voulais jouer...Mais si tu étais galant, tu aurais fait le chat en premier et tu m'aurais laissé gagner ! Clamai-je encore énervée.

Son regard s'assombrit aussitôt et je compris que je l'avais vexé à mon tour.

- T'es bien une fille ! Vous voulez toujours tricher parce que vous êtes nulles !

- C'est même pas vrai d'abord ! C'est toi qui as triché en disant que c'est moi le chat et en courant vite dans cet arbre pour que je ne puisse pas te toucher ! Grognai-je, c'est toi la fille !

-Non ! Je suis un vrai garçon ! Et j'aime les filles ! Toutes les filles sauf toi ! Je retire ce que j'ai dit! Tu es grosse, moche et méchante ! Cria-t-il.

La remarque me blessa et je me remis à pleurer alors qu'il continua toujours en colère :

-Moi je voulais juste être gentil ! Maintenant je vais me faire gronder par Papa et Maman parce que je t'ai fait pleurer, sale pimbêche !

Il me tourna soudain le dos. Furieuse car je souhaitais avoir le dernier mot, je rugis encore :

-Oh oui ! J'espère que tu vas te faire tancer par tes parents et que tu recevras une sévère correction du chef ! Tu es le pire garçon que je connaisse !

J'étais sur le point de lui lancer un pic d'énergie brûlante à la poitrine comme ceux que les chamanes utilisaient en cas d'attaque, quand la situation se retourna contre moi. En colère, Olaf me poussa par terre. Je ne tombais pas fort mais assez pour que toute la belle robe que Maman m'avait mise ce matin soit tâchée. J'arrivais cette fois à retenir mes larmes et me relevais avec prestance en clamant :

-Tu n'es qu'un rustre Olaf Camviridus et tu le resteras toute ta vie ! Je ne veux plus jamais te voir!

Je le laissai ainsi au milieu de notre coin de jeu et courus jusqu'à la hutte pour aller me plaindre auprès de Maman. Les quatre adultes arrêtèrent leur discussion quand ils me virent entrer dans la pièce.

-Helga ?! Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Dans quel état es-tu ?! S'offusqua ma mère en m'arrachant le bras pour que je sois à sa hauteur.

Sans attendre, je leur donnai mes explications pendant qu'Anna se chargea de me nettoyer le visage et les mains.

-Quel fripon ce petit garnement ! Clama-t-elle, Pieter tu te chargeras de le punir quand il reviendra !

Monsieur Camviridus confirma mais contre toute attente, Maman s'interposa entre eux et déclara :

-Non, ne fais pas ça Pieter ! Olaf ne le mérite pas ! Helga doit apprendre à être moins pleurnicheuse.

Je pâlis aussitôt et murmurai :

-Mais Maman c'est lui qui...

Elle me fit signe de la main et renchérit :

-Y a pas de « c'est lui qui » Helga, j'ai dit non...C'est à toi à apprendre à être plus ouverte et plus sage. Tu te rappelles ? La clef d'une bonne chamane, c'est sa sagesse...Tu passes outre ses bêtises enfantines et tu vas t'excuser auprès d'Olaf, compris jeune fille ?

Prise de rancœur, je ne pouvais néanmoins faire autrement et dis bientôt entre mes dents :

-Oui...Maman...

-Bien, nota-t-elle, et pour que cette dispute te serve de leçon jusqu'au bout, tu garderas ta tenue sale toute la journée, ainsi la prochaine fois il ne te viendra pas l'idée de te battre, nous sommes d'accord, n'est-ce pas Rick ?

Papa approuva alors que je me raccrochais aux regards pleins de compassions que me lançaient Anna et Pieter Camviridus. Penaude, je retournais donc dans les bois en maudissant Olaf d'exister et le trouvais plusieurs minutes plus tard en train de gratter la terre tels les faons sauvages que nous croisions parfois lors des chasses. Ne pouvant m'empêcher de lorgner ses ongles noircis par le sol, je lui tapotai l'épaule pour lui faire signe que j'étais là. Il se retourna et me dévisagea toujours durement avant de grogner :

- Qu'est-ce que tu me veux encore ? Alors ça y est, tu as été chouiner aux parents ?

Prenant sur moi pour ne pas lui sauter dessus et le tapais, je m'accroupis à ses côtés et répondis:

-Oui...Mais ils m'ont tous dit d'aller m'excuser...Alors je m'excuse, voilà...Et toi, tu ne te feras même pas gronder.

Il retrouva tout de suite le sourire en entendant cela. La vie est injuste, grommelai-je intérieurement. Puis il me dévisagea longuement avant de reprendre :

- D'accord, je te pardonne...Bon...De toute façon on va jouer à un autre jeu parce que chat perché c'est vraiment pour les bébés, surtout quand on est pas en groupe, on va faire une chasse au trésor à la place.

-Une chasse au trésor ? Répétai-je curieuse, bien qu'il eût fallu mettre les mains dans la boue.

-Oui ! Pendant que tu étais partie, je me suis assoupie sous cet arbre et y a quelque chose de dure qui m'a fait mal aux fesses...Alors ça m'a donné l'idée...Tu veux creuser avec moi ?

Pour la première fois depuis ce matin, je fus plus intriguée par ce que j'allais trouver que par la propreté que m'avaient toujours inculquée mes parents. Nos mains s'engouffrèrent ensemble dans le sol malléable alors que nous fîmes une lourde pile de terre sur le côté pour pouvoir le reboucher une fois que nous aurions obtenu notre trésor. Hélas le magot ne fut pas aussi précieux que nous l'avions espéré lorsque nous tombâmes dessus après dix bonnes minutes de recherche.

-On dirait les bols que nous utilisons pour boire le thé ! S'écria Olaf en brandissant deux ustensiles en terre cuite.

-Non, c'est plus petit, murmurai-je, ça me rappelle quelque chose mais je ne saurais plus dire où j'en ai déjà vu.

J'inspectais minutieusement notre trouvaille et tressaillis bientôt en voyant qu'il y avait quelque chose de gravé dessus. Malheureusement, nous ne pouvions pas voir grand-chose car le tout était barbouillé de terre.

-Tu sais lire Olaf ? Demandai-je sans trop d'espoir car nous recevions les mêmes leçons de Maman.

-Bah non pourquoi ? Renchérit-il.

Sans attendre, je lui montrai les motifs qui avaient été incrustés au coutelas dans ces espèces de petites coupes et il haussa les épaules.

-Nous devrions aller demander à nos Papas et Mamans qu'en dis-tu ?! M'écriai-je.

-Cela peut s'envisager effectivement, dit-il.

Nous ne partîmes pas pour autant tout de suite et j'inspectai alors l'intérieur de ses coupoles qui semblaient marquées par...Des traces de brûlures.

-Tu as vu on dirait des petites graines qui ont été allumées, déclarai-je.

J'en sortis plusieurs du centre pour lui montrer et il les toucha également.

-Oui, on dirait bien...Mais ça doit faire longtemps parce qu'elles ne sont plus du tout chaudes, nota-t-il.

Je confirmais par un hochement en tapotant à nouveau l'ustensile.

- J'aimerais vraiment savoir ce qui est gravé, pas toi ? Lançai-je encore.

Le jeune garçon affirma et trouva utile de me dire :

-Regarde ! Y avait une croix sur l'arbre...Si ça se trouve c'est vraiment un trésor très important...Mais tu sais peut-être que les parents n'auraient pas aimé que nous fouillons...

J'ouvris alors deux grands yeux de surprise, n'ayant pas pensé à cela. Puis je fixai Olaf un peu méchamment et repris :

-Notre jeune Camviridus aurait-il peur finalement de se faire gronder ?

Il serra les poings face à ma brimade et répliqua :

-Non. Moi mes parents sont gentils, pas comme les tiens visiblement !

-Mes parents sont très gentils aussi ! Ils veulent le meilleur pour moi ! Pour que je sois une femme forte spirituellement ! Grommelai-je en n'ayant pas apprécié la remarque.

D'un geste rapide, je pris rapidement les deux coupoles dans mes mains et dis encore :

-Si tu ne veux pas venir avec moi, tant pis, j'irai sans toi !

J'ajoutai même avec bravoure :

-Et je me porte garante en disant que c'est moi qui les ai trouvées pour que tu ne te prennes pas de punition.

-Non mais pour qui tu me prends ? Une mauviette ? Je t'ai dit que j'étais un garçon ! Je suis fort ! J'ai peur de rien ! Grogna-t-il.

-Oh la la ! Mais ce que tu peux être susceptible ! Maugréai-je, allez viens !

Je n'attendis pas qu'il me suive mais nous retournâmes néanmoins tous les deux jusqu'à la hutte des Camviridus. Nous cachâmes les coupoles derrière nous et Pieter demanda :

-Vous vous êtes réconciliés les enfants ?

-Oui, j'ai fait comme Maman a dit, répondis-je en rehaussant le torse.

-Ne t'en réjouis pas ma chérie, il faut que tu restes humble, me rappela-t-elle.

-Vous êtes allés vous servir en gâteau ? Reprit à son tour la Maman d'Olaf.

Nous secouâmes la tête et mon compagnon de jeu répliqua :

-Nous avons trouvé un trésor Maman !

-Un trésor ? Répéta-t-elle en faisant semblant d'être intriguée.

Me sentant en confiance, je dévoilais alors les coupoles toujours planquées derrière notre dos. Nos quatre parents virèrent au blanc et Papa s'écria :

-Où avez-vous trouvé cela ?

Olaf lui expliqua rapidement les détails de l'emplacement et comment nous étions tombés dessus.

-On voulait que vous nous lisiez ce qui est noté ! M'exclamai-je.

Apeurés les parents Camviridus regardèrent les miens qui semblaient contrariés. Ils attendirent qu'ils hochent la tête pour donner leur consentement.

Puis Maman nous invita à nous asseoir autour de la table et nous inversa les coupoles qu'elle avait soigneusement nettoyées.

-Maintenant qu'il n'y a plus la terre, regardez les prénoms qu'il y a dessus, indiqua-t-elle.

-HEL-GA, décodai-je.

-OL-AF, reprit-il.

Nous nous regardâmes sans comprendre et nos parents nous entourèrent alors comme s'ils allaient nous annoncer quelque chose d'important.

-Bien...Puisqu'il le faut, reprit ma Mère, mes enfants vous avez devant vous des coupoles de mariage ! Expliqua-t-elle encore.

Pas plus avancés, Pieter étaya à nouveau à notre égard.

-Ce que Madame Piceaerd essaye de vous dire, c'est que ces deux coupoles ont été allumées pour que vous vous mariez un jour...Tous les deux.

Mon sang se glaça immédiatement et j'évitais le regard grimaçant d'Olaf qui devint aussi rouge pivoine que moi. Malgré nos disputes, je l'aimais bien...Mais je ne sais pas si je l'aimais assez pour que nous soyons amoureux et que nous ayons des bébés quand nous serions grands. Mon cœur s'alourdit et je repensais aux autres garçons de notre groupe. Cela allait très vite puisqu'il s'agissait uniquement de Yuma. Mes émotions repartirent de plus belle en pensant à lui. J'essayai de le comparer mentalement en détaillant Olaf. Il n'y avait aucun doute sur le fait que Yuma était plus beau que lui. Plus propre aussi.

-Et si on ne veut pas se marier ensemble ? Demanda alors mon compagnon de jeu qui avait l'air aussi enchanté que moi par la nouvelle.

Je fus surprise de croiser un regard de flamme dans les yeux de sa mère. Elle s'approcha de lui et lui broya l'épaule en déclarant :

-Eh bien, tu devras le vouloir mon fils. Helga est la chamane du village. Tu l'épouses pour t'élever socialement. A contrario Monsieur et Madame Piceaerd estiment que tu es un parti excellent pour qu'elle puisse s'élever en sagesse.

La remarque me rendit des sueurs froides et je cherchais à en comprendre plus. Néanmoins, je n'interrogeais pas mes parents. Voyant le silence malfaisant qui était en train de s'installer, Maman renchérit :

-Madame Camviridus a tout à fait raison. Nul ne va à l'encontre des coupoles. Les coupoles sont la volonté des dieux que notre première ancêtre Emma Piceaerd, la chamane des Northuldra de la Forêt Enchantée mais aussi Mère Fouettarde a mis en place quand elle s'est mariée avec Vigo. Il est donc formellement interdit d'aller à son encontre ou vous recevrez un châtiment terrible qui s'abattra sur vous et toute votre descendance !

Nous assimilâmes vite et Olaf demanda alors :

-Est-ce que c'est pour cela que vous êtes venu nous visiter ce matin ?

Nos quatre parents hochèrent la tête et Pieter reprit :

-Oui tout à fait. Nous faisons en sorte que vous puissiez vous voir le plus souvent possible pour vous mettre à l'aise.

-Est-ce que vous vous êtes mariés de la même manière Papa et toi ? Et monsieur et Madame Camviridus ? Questionnai-je à mon tour.

L'idée même de passer le reste de mes jours dans la bouillasse et la pauvreté me mettait mal à l'aise. Toutefois, comme elle l'avait si bien spécifié, je ne pouvais plus aller contre la volonté des dieux puisqu'ils l'avaient déjà décidé.

-Oui, ça a été comme ça pour nous aussi ma chérie...Commença-t-elle.

-Et nous sommes très heureux, nous assurèrent-ils en chœur.

Ma nature optimiste m'obligea à y croire et je les interrogeai, curieuse :

-Et donc...Vous avez déjà allumés nos coupoles une première fois, c'est bien cela ?

-Oui c'est exact. Nous avons récupéré les graines de l'âtre qui viennent de Bruni et nous les avons allumés une première fois à vos naissances avant de les enterrer dans les terres sacrées des Géants. Ainsi, elles seront disposées à être rallumées une deuxième fois quand vous serez grands le jour de votre mariage.

-Bien Maman, dis-je me sentant soudainement prise d'une mission importante.

Je me tournais soudain vers Olaf et lui souris. Il me le rendit et me serra la main comme si nous scellions un pacte.

-Est-ce qu'on peut retourner jouer dans ce cas ? Demanda-t-il à son tour.

Nos parents se concertèrent puis nous encouragèrent à y aller. Ils étaient ravis de voir que ça s'était bien passé. Laissant les coupoles de côté, nous nous rendîmes à nouveau près des arbres. Me sentant soudain intimidée, je finis par me racler la gorge et demandai :

-Donc...Tu m'aimeras quand même, même si je suis une pimbêche, grosse et méchante ?

Le jeune garçon me dévisagea alors de la tête aux pieds et haussa les épaules en répondant :

-De toute façon je n'ai pas le choix puisque les coupoles ont dit qu'il le fallait.

-Mais est-ce que tu as déjà une amoureuse ? Lançai-je encore en voyant qu'il ne me regardait pas en disant cela.

Ses joues rosirent d'émotions et il répliqua :

-Non, non, je n'ai personne.

-Pfff, tu n'es qu'un menteur, maugréai-je un peu jalouse avant de repenser à Yuma.

Voyant qu'il m'avait vexé, Olaf vint me prendre la main et renchérit :

-Bon...Bon je m'excuse, voilà, tu es contente ?!

Je me renfrognais et lui tirai la langue en guise de réponse. Il soupira et changea aussitôt de tactique. Il murmura alors :

-Pardon pour ce que j'ai dit tout à l'heure. Tu es très jolie Helga même si tu es un peu grosse...J'ai une idée que dirais-tu qu'on fasse semblant que le mariage soit aujourd'hui ?

Je ne savais pas si l'idée me plaisait vraiment mais comme c'était pour de semblant, je choisis de m'exécuter.

-Oui je veux bien, déclarai-je.

-Alors dans ce cas, allume les coupoles ! Ordonna-t-il en m'en tendant des imaginaires.

Je m'exécutais soudain amusée par la situation et pris mon rôle de chamane très à cœur. Je fis bientôt un bruit de crépitement avec ma bouche indiquant qu'elles avaient bien pris.

-Les coupoles ont choisi de nous unir et ne peuvent être dissociées ! Nous sommes à présent mari et femme, conclus-je alors que nous nous tenions toujours les mains.

Je voulus alors le lâcher mais Olaf maintient ses doigts pégueux entre les miens et ajouta :

-Tu as oublié quelque chose !

-Quoi donc ? Demandai-je.

-Le bisou pardi ! S'écria-t-il.

-Ah oui pardon, grommelai-je.

Prenant mon rôle très à cœur jusqu'au bout, j'attendis qu'il pose sa bouche sur la mienne et fermai bientôt les yeux. Je sentis alors ses lèvres presser doucement mes contours et ne pus m'empêcher de rougir jusqu'aux oreilles bien que je ravalais ma salive avec dégoût en pensant qu'il ne s'était pas débarbouillé après avoir mangé le biscuit.

Nous eûmes à peine le temps de reprendre nos esprits que nous entendîmes aussitôt :

-Ah les voilà !

Nos quatre parents accompagnés du chef Paco Lorcus et son fils Yuma vinrent immédiatement à notre rencontre. Anna et Pieter prirent fermement Olaf dans leur bras alors que les miens furent plus rigoristes, se contentant de me ramener contre eux.

-Les enfants, vous allez rentrer vous calfeutrez avec vos Mamans pendant que vos Papas doivent se rendre sur les Terres Gelées, expliqua le chef.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demandai-je en voyant leurs yeux qui convulsaient de terreur.

-Rien ma fille. Ta mère et toi allez devoir garder Yuma chez nous jusqu'à ce que Paco, Pieter et moi revenions, m'expliqua Papa.

Remplie de joie à cette idée bien que ne sachant pas pourquoi, j'acquiesçai tout en allant volontiers prendre la main de mon autre ami.

-Est-il arrivé quelque chose de grave Papa ? Questionna à son tour Olaf qui avait blanchi d'un coup, la famille d'Iduna est sur les Terres Gelées...

-...Et il ne lui arrivera rien à elle, rétorqua sèchement mon Père.

Il se tourna alors vers Maman et ajouta comme un refrain :

-Nous le faisons pour sa fonction de chamane non pour sauver des Sappos !

Elle hocha la tête d'un air entendu.

-Mettons-nous en route à présent ! Reprit le chef avec sévérité, laissez vos différents de côté, le plus important c'est notre peuple !

-Oui ! Allons repousser les attaquants d'Arnevik ! Grogna Papa.

-Fais attention à toi Rick, renchérit Maman.

Elle lui donna un baiser alors qu'Anna fit de même avec Pieter et nous partîmes nous réfugier dans nos huttes jusqu'à ce qu'on nous dise d'en sortir. Je priai fort pour Iduna, espérant qu'il ne lui arriverait rien.

****

Maman m'avait dit de fermer les yeux car c'était mieux pour ressentir les énergies affluer dans nos chakras.

Je l'avais écouté silencieusement jusqu'à ce qu'une merveilleuse image de ma rencontre la semaine dernière avec mes amis de la Forêt Enchantée ressurgisse dans mon esprit. Il y avait d'abord Helga qui était très gentille même si elle pouvait agir en petite cheffe ce qui pouvait être énervant, venait ensuite Ylva qui ne jurait que par les faits scientifiques malgré son côté caractériel et déluré. Yuma et Olaf en tant que garçons n'étaient pas si différents. Ils étaient tous les deux justes, gentils et patients. La seule vraie différence était leur statut. Yuma était le fils du chef quand Olaf était l'un des familles les plus pauvres de la Forêt Enchantée. Mais moi je m'en fichais de son statut. Je le trouvais très beau. Il avait des yeux verts pétillants et des cheveux bruns coupés en brosse qui devaient être doux quand nous passions les mains dedans...Contrairement à Yuma qui avait des cheveux blond pâle qui lui tombaient sur les épaules. Il n'avait pas le même éclat dans ses yeux bleus. C'était la deuxième fois que nous nous voyons là-bas. J'étais trop petite pour me rappeler de la première fois. Notre groupe était solide et j'espérais qu'il le reste même lorsque nous serions grands...J'espérais aussi qu'Olaf deviendrait mon amoureux...Mais ça, c'était uniquement mon secret...

-Iduna ? Iduna ? Tu écoutes ce que je te dis ? Demanda soudain Maman, me faisant sortir de ma rêverie.

-Hein quoi ?! M'écriai-je en rouvrant les yeux.

Elle me lança un regard effaré par ma bêtise et grommela :

-Dis-le tout de suite si tu ne veux pas apprendre à être une bonne chamane ! Si tu désires être moins bien qu'Helga Piceaerd !

-Je ne veux pas être meilleure qu'elle Maman, je veux que nos leçons se complètent, réfutai-je immédiatement, Helga est ma meilleure amie avec Ylva !

Ma mère me lança alors un regard noir et répliqua :

-Grossière erreur mon trésor ! Tu as été ensorcelée par cette vaurienne tout comme notre pauvre ancêtre Pierre Sappos l'a été également lorsqu'il s'était amouraché d'Emma Piceaerd il y a bien longtemps de cela. Son rôle de Mère Fouettarde ne lui ai pas anodin et tu ferais bien de faire attention à toi, si jamais tu ne veux pas finir comme elle !

Je blêmis aussitôt et murmurai :

-Mais non Maman...De toute façon ce n'est pas possible que notre famille finisse en Père ou Mère Fouettarde...Nous sommes trop gentils...

Elle se radoucit alors et retrouva un visage angélique avant de poser sa main sur mon épaule.

-Mais oui ma chère enfant. Les Sappos sont gentils, répéta-t-elle avec orgueil.

Me sentant à nouveau en confiance, j'osais alors dire :

-Néanmoins...Helga l'est aussi Maman.

Ses traits se durcirent aussitôt mais elle se contint et me reparla doucement :

-Mon trésor, tu as le droit d'être amie avec qui tu veux...Mais pas avec ces fourbes de Piceaerd. Crois-moi, tu n'en tireras rien de bon. Ils ne sont pas gentils comme nous. Ils font en sorte que tu penses qu'ils le soient. Mais rien de bien ne sortira de votre relation.

-Pourtant Maman, il me semble que la phrase fétiche des Sappos est d'apporter la joie. Peut-être que c'est pour ça qu'Emma a été méchante avec Pierre parce qu'il ne l'a jamais fait. Tout comme toi, tu ne l'as jamais fait avec Christia, soulevai-je.

Elle encaissa la remarque et son visage rougit à nouveau de colère. Fermant les yeux, elle respira fort si bien que je m'attendais à recevoir une gifle dans l'instant. Mais à la place, elle murmura d'une voix ferme :

-Je t'interdis formellement de revoir cette maudite famille, Iduna ! Est-ce que c'est compris ?!

-Mais Maman...Comme je viens de te dire Helga, Ylva et moi sommes meilleures amies et...

-...Raison de plus jeune fille, me coupa-t-elle cette fois plus violemment, il faut stopper cette amitié tout de suite pour éviter de te faire de faux espoirs, est-ce clair ?!

De nature calme, je me frottais pourtant les mains de colère contre ma tunique mais finis par répondre :

-Oui Maman, j'ai compris.

Je ne renonçais toutefois pas à revoir mes sœurs de cœur et fus presque démoralisée de voir ma mère reprendre des couleurs après que j'eûs accepté son sermon. Elle me prit alors contre elle et m'enlaça fortement avant de répliquer :

-Allez ! Reconcentre-toi pour tes ouvertures de chakras mon trésor, replace-toi en tailleur et remets tes mains en angles comme il le faut !

Je m'exécutais sans grande conviction, me sentant vide d'un coup, sans plus aucune envie d'apprendre. Ce fut ainsi que je fus presque heureuse de voir Papa arriver avec une expression paniquée dans la hutte pour interrompre notre leçon. Maman marqua un temps d'arrêt et demanda soudain inquiète :

-Elias...Est-ce que tout va bien ?

A bout de souffle, mon Père répondit :

-Amaris...Les enfants...Les traîtres d'Arnevik arrivent...

Je ne compris rien à leur langage mais je sus que l'heure était grave. Les yeux de ma Mère convulsèrent d'angoisse et elle m'aida à me relever avant de demander :

-Combien de temps avons-nous devant nous ?

-Vingt, peut-être trente minutes, répondit Papa.

Mon cœur s'emballa en la voyant pâlir. Elle garda toutefois un calme que je lui enviais et reprit :

-Dans ce cas mettons-nous en route tout de suite.

Sans attendre, elle me releva du sol et m'habilla chaudement. Je n'osais pas lui demander ce qui se passait et la laissai m'enfiler mon bonnet par-dessus ma tresse ainsi que mon écharpe et mes moufles en peaux de rennes. Puis nous sortîmes toutes les deux de la hutte et je vis que tous les enfants de la tribu s'étaient regroupés avec leur mère autour du chaudron central où réchauffait notre nourriture.

Certains pleuraient de peur car ils ne comprenaient pas ce qui était en train de se produire, mais la majorité d'entre nous était silencieuse, rassurés d'être protégés par nos Mamans. Quelque chose me frappa soudain et j'interrogeais alors la mienne :

-Pourquoi il n'y a aucun Papa ?

Comme toute réponse, je vis aussitôt surgir le mien maculé au visage de graisse de phoque surmonté par un maquillage effrayant. Il tenait à la main une lance et un bouclier fait avec la panse d'une de ces immondes créatures. Je blanchis immédiatement et me tourner à nouveau vers ma mère pour lui demander :

-Maman...Papa il va se battre, c'est bien cela ?

-Oui mon trésor, ils vont tous se battre pour que nous puissions garder nos maisons et notre liberté, expliqua-t-elle en me caressant le visage.

Les plus jeunes paniquèrent aussitôt et les pleurs repartirent de plus belle. A ma grande surprise, ma mère s'avança et parvint à calmer tout le groupe. Elle s'efforça de sourire et répliqua :

-Pas de panique chers petits ! Nous allons nous rendre dans un endroit magique qui est protégé par...Non...Vous ne saurez pas tout, tout de suite finalement, il va falloir me suivre si vous voulez connaître la suite !

Son air malicieux détendit les enfants qui s'exclamèrent en chœur :

-Oui Madame Sappos !

-Merci Amaris, soufflèrent à leur tour les mères, heureuses que la mienne ait su calmer leurs chérubins.

-Ne traînez pas plus dans ce cas, nous confia Papa.

Il l'embrassa fermement et nous nous mîmes en route en direction d'Ahtohallan. Oh bien sûr ! Aucun de nous ne pouvait y entrer, exceptés les cinquièmes esprits, mais nous fûmes assez proches de l'immense rocher de glace en nous calant tous...Dans les congères.

Comme celles de la surface étaient trop à la vue de tous, ma mère se débrouilla pour ouvrir la trappe de glace qui menait à une immense galerie lugubre et très froide, utilisée comme garde-manger qu'en de rares festivités.

Personne n'aurait l'idée de venir nous chercher ici. Dès lors, mon cœur se dilata avec un peu moins d'appréhension et je retrouvais des battements réguliers. Laissant passer les autres en premier, ma mère et moi fermâmes la marche. Passé le sentiment de survie, je déchantais assez vite tout en sachant que nous allions passer du temps dans ce lieu.

-Euh...Alors c'est ça ton endroit magique Maman ? Nous sommes déjà venues ici et je peux te dire que je n'ai jamais rien vu de surnaturel, maugréai-je un peu déçue car comme tous les enfants je m'étais attendue à autre chose.

-Un peu de patience Iduna, je vais l'expliquer...Mais avant je veux m'assurer que nous soyons bien tous en sécurité, nota-t-elle.

Nous parcourûmes bientôt la plaine des Terres Gelées du regard, vérifiant ainsi qu'il n'y avait plus personne dans les environs. Puis Maman me tendit ses gants et elle se servit de la congère pour caler une feuille de papier et écrivit rapidement en lettres capitales :

« BESOIN D'AIDE DE LA FORET ENCHANTEE/ ATTAQUE D'ARNEVIK ». Puis elle plia le message et chanta les quatre notes qui s'envolèrent dans un tourbillon de neige pour appeler Courant d'Air. L'esprit du vent arriva quelques secondes plus tard et ses rafales de feuilles congelés par la descente de température, emportèrent le mot vers le lointain.

-Voilà...Nous allons avoir du renfort d'ici peu, dit-elle confiante.

Elle referma ensuite la trappe qui produisit un lourd bruit et distribua une torche à chaque Maman présente. Puis elle nous invita à nous asseoir sur le sol glacial et à nous serrer les uns contre les autres pour répandre de la chaleur. Contre toute attente, elle ne nous dévoila pas la suite de l'histoire tout de suite, préférant que les plus jeunes prennent du repos. J'aurais dû faire de même, mais j'en fus incapable à cause de mes sens qui étaient tous aux aguets.

-Dors Iduna...Dors, mon enfant n'ait plus peur, murmura-t-elle en glissant furtivement son doigt sur mon nez et mes mains pour que je puisse plus facilement me rendre dans le pays des songes.

Je fus soudainement prise d'angoisse et murmurai :

-Maman...Je veux Papa...S'il te plaît...Dis-moi que Papa va bien...Qu'il ne va pas se faire tuer par les méchants messieurs d'Arnevik.

Elle me resserra immédiatement contre elle et m'embrassa le nez en chuchotant :

-Papa est fort...Tout ira bien pour lui...

Ses yeux s'habituèrent à l'obscurité. Elle balaya bientôt la salle du regard où se trouvaient les autres femmes et sembla calculer combien seraient sans mari d'ici à ce que la bagarre se finisse. Mon ventre se noua à nouveau et je voulus aller aux latrines tellement j'avais peur. Mon corps trembla alors de la tête aux pieds et ma mère me massa tout de suite pour m'apaiser.

- N'aies crainte mon trésor...Maman et Papa seront toujours avec toi ma chérie...Mais il faut faire un gros dodo pour ça.

Elle m'embrassa tendrement le front et reprit les glissements de ses doigts sur mes parties du corps pour m'aider à me rendre dans les bras de Morphée. Après quelques minutes de lutte, cela finit par fonctionner et je sombrais enfin dans un sommeil profond qui me fit oublier ce qui était en train de se passer à la surface.

Ce fut un grand boum qui me réveilla en sursautant quelques minutes ou heures plus tard. Une odeur de brûler se répandit immédiatement dans mes narines et je ne pus retenir plus longtemps mon stress en souillant littéralement mes collants. Je m'attendais à me faire réprimander par Maman mais cette dernière se contenta de me caresser les cheveux.

-Chut, dit-elle en pointant son doigt vers le haut de la galerie.

Un autre fracas se fit aussitôt entendre, mêlé à des cris de colères et des injures.

-Amaris...Est-ce qu'ils sont justes au-dessus ? Chuchota Aponi la guérisseuse, paniquée.

Ma Mère hocha fermement la tête et indiqua à nouveau le silence aux autres membres. Nous retînmes toutes notre souffle et continuâmes d'entendre les cris de guerres et de souffrance qui se profilaient au-dessus de nos chefs. Incapable de reconnaître si une des voix était celle de mon père ou de l'ennemi, je constatais que c'était uniquement un mélange guttural empli de haine. Heureusement, je finis par ne plus les entendre car Maman m'enroula mon écharpe autour de la tête avant de me compresser fermement les oreilles. Les autres femmes firent de même et je ne fus bientôt plus préoccupée que par la gêne de mes bas mouillés qui puaient l'urine. Une larme de honte coula bientôt sur ma joue et elle me l'essuya.

-Ce n'est pas grave mon trésor, c'est normal d'avoir peur, murmura-t-elle si bas que je le lus sur ses lèvres.

Elle pencha à nouveau ma tête contre sa cuisse pour que je retrouve une respiration normale et m'invita à fermer les yeux. J'avais l'impression que les palpitations de mon cœur allaient m'arracher la poitrine.

Peinant à rester sereine, je fermais encore les yeux, ressentant les vibrations de ses veines contre mon corps. Étourdie par la situation, la fatigue m'envahit une nouvelle fois. Mes paupières devinrent lourdes et je finis par les fermer, essayant de me concentrer sur autre chose que sur mon bas de corps qui était à présent gelé à cause de la température des congères. Je promets de toujours bien faire mes leçons de chamanisme...Promis, promis juré...Pensai-je en boucle.

Une goutte tomba soudain sur mon front. Indécise, j'en vis alors plusieurs à différents endroits du plafond. Les questions émergèrent immédiatement dans ma tête : Est-ce que les congères étaient en train de fondre ? Est-ce que les ennemis étaient en train de mettre le feu auquel cas nous serions tous ensevelis... Jamais trouvables... Je frissonnais à nouveau alors que les gouttes persistèrent, ne se contentant plus de venir s'échouer que sur le visage. Quelque chose me frappa alors et je constatais avec horreur qu'elles étaient rouges et sentaient le cuivre. J'eus peine à retenir un hurlement.

Du sang...Mon Dieu...J'étais en train d'être imprégnée de sang.

-Ma...Maman... Bredouillai-je en sentant mon petit déjeuner remonter.

-Calme-toi Iduna, murmura-t-elle patiemment tout comme les autres mères le faisaient pour leurs enfants.

-Amaris...Que devons-nous faire ? Demanda aussitôt l'une d'entre elles.

Maman maintint toujours le calme et répondit doucement :

-Attendre...Nous ne pouvons rien faire d'autre...Débarbouillez les petits au mieux avec les vêtements qui n'ont pas été touchés.

Les femmes approuvèrent et enlevèrent le sang qui n'avait pas eu le temps de sécher, laissant tout de même de grosses traces sur nos joues joufflues. Puis l'un des enfants afficha soudain une mine dubitative et questionna :

-Madame Sappos...Vous aviez dit que ce lieu était magique...Mais si c'était vraiment le cas nous ne serions pas couverts de ce flux corporel, n'est-ce pas ?

Contre toute attente, ma mère retrouva le sourire et nous fîmes signe de patienter encore un peu avant de chuchoter :

-Dans quelques minutes...Nous reprendrons l'histoire.

Bien que toujours apeurés, nous nous mîmes pourtant tous en cercle comme lorsqu'elle nous faisait classe et attendîmes qu'elle nous dise d'enlever les écharpes de nos têtes pour pouvoir l'écouter. Le sang plut durant un moment et nous dûmes faire abstraction pour ne repartir dans un chaos général. Le plafond en fut imprégné puis le sol, indiquant avec angoisse tous les morts qui étaient en train de s'abattre pour leur patrie. Après ce qui me parut une éternité, le liquide s'atténua. Maman choisit ce moment pour défaire mon écharpe des oreilles.

Je fus tout de suite surprise qu'il n'y ait plus de bruit au-dessus de nous. Elle testa encore notre patience durant une minute et finit par dire à haute voix :

-Mes enfants...Nous avons échappé au pire...Savez-vous qui nous a protégées ?

Nous secouâmes tous la tête en même temps et elle répliqua :

-Pierre Sappos pardi ! Eh oui ! Il nous a aidées. Il nous a protégées pour que nous ne mourrions pas dans la bataille.

-Mais si y a du sang partout, il n'a pas pu protéger nos Papas, nos Papys, nos Tontons ou nos Frères, souleva un enfant apeuré.

Il se recroquevilla tout de suite contre sa mère alors que la mienne répliqua :

- C'est une excellente suggestion cher petit...Néanmoins...Si les femmes et les enfants reçoivent la protection de notre ancêtre, les hommes eux ont le droit à son courage...Malheureusement, il ne peut rien contre la haine d'Emma Piceaerd qui pousse les gens d'Arnevik à nous attaquer.

La réponse convint à mon camarade mais je ne l'approuvais pas. J'en voulais au Père Noël de ne pas protéger mon Papa. C'était un Sappos aussi. Il aurait dû être privilégié.

-Alors...Nous sommes vraiment dans un lieu magique Amaris ? Questionna aussitôt une Maman en lui faisant un clin d'œil.

C'était une façon de l'encourager à introduire la suite de son récit. Ma mère rehaussa son corps pour réclamer l'attention et commença :

-Tout à fait...Ces congères sont magiques ! Elles sont spéciales car elles n'ont pas toujours servi à contenir les nourritures des grandes célébrations. Savez-vous quelles étaient leurs fonctions, il y a longtemps de cela ?

Pris dans l'histoire, nous haussâmes tous les épaules pour qu'elle nous l'avoue.

-Eh bien, mes petits...Voici l'ancienne demeure du Père Noël ! S'exclama-t-elle.

Surpris, nous ouvrîmes tous des yeux gros comme des calots. Fière de son effet, Maman continua :

-Oui ! Pierre Sappos a commencé à vivre ici quand il a appris les sombres desseins d'Emma Piceaerd...Quand cette dernière a mal tourner et est devenue la Mère Fouettarde ! Il a décidé de faire de cet endroit un refuge qui protégerait quiconque aurait besoin de son aide...Voilà pourquoi nous sommes là aujourd'hui.

Un autre enfant qui devait avoir une dizaine d'années demanda alors :

-Est-ce que vous auriez une preuve de ce que vous affirmez Madame Sappos ?

Nous nous tournâmes immédiatement vers lui avant d'à nouveau observer Maman. Loin de s'offusquer par son ton impertinent mais curieux, elle se mit à lui sourire et hocha la tête avant de répondre :

-Oui cher enfant. Il y en a une...Il y a un motif sur la paroi...A toi de le chercher.

Sans attendre, elle lui tendit la torche pour qu'il se mette au travail. Nous l'observâmes attentivement oubliant complètement que la guerre continuait de battre son plein. Après plusieurs minutes de recherches, le jeune garçon s'arrêta devant un pan du mur et s'écria :

-Madame Sappos ! Je crois que j'ai trouvé !

Ne souhaitant pas qu'on bouge, elle nous fit signe de rester assise et se tourna alors vers lui en disant :

-Nous t'écoutons jeune homme !

Il plissa immédiatement les yeux et énuméra :

-Eh bien...Il y a un cœur avec inscrits des lettres à l'intérieur... P...S plus... I...S ...Oh ! Ceux sont des initiales !

-Exactement ! Clama Maman, Pierre Sappos aimait tellement Ida Sappos notre première ascendante qu'il lui construisit cette maison pour la protéger et grava leur amour dans la paroi de glace.

- C'est bizarre parce que le I est mal fait...On dirait plutôt un E...Et le S...Un drôle de P...Souleva derechef notre camarade.

Mais il n'eut pas le temps de faire plus de suggestions que ma mère se racla la gorge et conclut :

-La bonté, la gentillesse et la générosité du Père Noël étaient tellement puissantes qu'elle réside encore dans ces congères. C'est pour cela que vous ne craignez et ne craindrez jamais rien ici.

Nous retrouvâmes immédiatement le sourire et nous recroquevillâmes les uns contre les autres. Nous attendîmes encore pendant deux longues heures où nos mères se chargèrent de nous distribuer le peu de vivres qu'elles avaient réussi à emporter. Peu à peu mes yeux finirent par s'habituer au noir et je remarquais alors que la pièce où nous nous trouvions n'était en réalité que le début de d'autres très longues galeries. Profitant que les autres fassent la sieste à force d'épuisement, j'interrogeais à nouveau ma mère :

-Il y a quoi là-bas ?

-Un immense labyrinthe mon trésor, je t'interdis d'y aller toute seule où tu pourrais te perdre, dit-elle froidement.

Voyant que cette réponse était un peu courte à mon goût, elle ajouta :

- C'est un immense réseau que nos ancêtres utilisaient quand nous ne voulions pas utiliser le Nokk pour maintenir la passerelle avec la Forêt Enchantée. Ainsi ces immenses tunnels sont des galeries qui nous conduisent directement dans les Cavernes Perdues, un lieu du peuple du soleil...Ils passent sous la Mer Sombre...Les Plages Grises et la Clairière des Rencontres. Il y a également un pan d'Ahtohallan qui dérive en cours d'eau pour que les gens puissent s'abreuver.

-Donc...Si nous avons soif, tu iras en chercher ? Demandai-je.

Maman hocha la tête puis elle répondit :

-Tout à fait ma chérie. Mais là tout de suite, je vais aller voir où ils en sont à la surface.

Mon cœur s'arrêta aussitôt et je bredouillai inquiète :

-Non ! N'y vas pas ! Tu vas te faire tuer !

Elle me caressa brièvement la joue et reprit :

-Mais non voyons mon trésor...Je jette juste un coup d'œil, je vais faire très attention. Tu restes bien sage en m'attendant, d'accord ?

-Mais...Si tu ne reviens pas ! Qui va m'apprendre le chamanisme ? Questionnai-je.

Son regard s'assombrit et elle répondit :

-Si je ne devais pas revenir ce serait Christia Piceaerd qui se chargerait de ton éducation...C'est pour cela que je reviendrai ! Jamais une chamane Piceaerd ne fera d'apprentissage à un membre Sappos crois-moi !

Je déglutis violemment en assimilant ses paroles alors qu'elle s'en alla. Je me rendis alors compte que cela n'aurait pas été si déplaisant d'avoir Helga en sœur de chamanisme. Je m'assis en tailleurs et attendis le souffle court tout en essayant de m'occuper l'esprit avec autre chose... Je pensai à mes amis qui devaient être bien au chaud chez eux.

-Ça me fera une sacrée aventure à leur raconter la prochaine fois qu'on se reverra, pensai-je à haute voix.

Mes pensées divaguèrent tout de suite et j'imaginais tout de suite un autre scénario que celui qui s'était produit aujourd'hui...Olaf arriver fièrement sur le Nokk pour m'emporter loin de tout ce cauchemar...Moi qui lui donnerai un baiser sur la bouche en guise de remerciement...Puis notre petit groupe qui ferait la fête...

Mon ventre gargouilla soudain interrompant mes pensées et je devins rouge brique en songeant déjà à embrasser des garçons malgré mon jeune âge. Heureusement Maman mit fin à ma gêne en débarquant dans la congère avec un air serein sur le visage.

-Mesdames ! Les dragons d'Arnevik ont battu en retrait ! Les Terres Gelées sont de nouveaux libres ! Annonça-t-elle.

Il y eut un long silence suivit d'applaudissements rassurés de la part de tous les enfants. Les Mamans étaient néanmoins plus inquiètes se demandant quels hommes avaient trépassé. Nous fermâmes la marche comme tout à l'heure et remontâmes vers la lumière.

Aveuglée dans un premier temps, je constatais bientôt l'étendue des dégâts qui s'était imprégnée sur l'immense plaque de glace. De grosses flaques de sang étaient venues assombrir le sol, contenant des hommes éventrés. Certains respiraient encore faiblement quand d'autres avaient le regard vide fixé vers le ciel. Une odeur putride signifiant que certains cadavres étaient là depuis déjà quelques heures, s'empara de mes narines. Je ne désirais qu'une chose : Que nous rentrions à la maison.

-Que fait-on Amaris ? Demandèrent tout de suite les femmes.

-Allez recenser le nombre de vivants, mesdames... Aponi, Iduna et moi nous chargeons de vérifier les blessées et les morts.

Aussitôt la guérisseuse se détacha de sa fille Sora et l'invita à suivre le reste du groupe féminin qui s'en retourna vers le centre du village. J'aurais préféré les suivre. A la place, je passais un moment à appliquer les gestes du circuit chamanique sur chaque corps pour voir s'il restait encore un peu d'aura indiquant un semblant de vie. La guérisseuse prenait ensuite le relais pour les blessures plus physiques. Nous nous occupâmes ainsi de tous les mâles Northuldra. Je reconnus certains Papas mais fus rassurée de ne voir aucune trace du mien. Nous définîmes trois gros périmètres où avaient eu lieu les attaques et restâmes concentrées jusqu'au bout. Nous n'en sauvâmes pas autant que je l'aurais voulu.

Quant aux personnes d'Arnevik qui pouvaient être également blessés, nous ne leur laissâmes pas à la vie. Maman se contentait d'appeler à chaque fois le Nokk pour qu'il les emporte vers une noyade dans la Mer Sombre. Je trouvais cela affreusement cruel mais après tout c'était eux qui avaient commencé à nous attaquer après tout

Ce fut ainsi que nous rentrâmes au centre de la communauté de longues heures plus tard. Les femmes nous donnèrent le compte des survivants et nous regardâmes si cela coïncidait bien avec le nombres de morts. Les cris des femmes qui avaient perdus leurs proches me déchirèrent bientôt les tympans et je parcourus la plaine du regard pour voir si Papa faisait partie des victimes.

Je retrouvai aussitôt le sourire en le voyant arriver au loin avec une allure de vainqueur. Ne me posant pas plus de question, je courus dans ses bras et lui fis un énorme câlin comme toute bonne petite fille de cinq ans.






Dernière édition par Ansa le Mar 08 Aoû 2023, 22:07, édité 3 fois

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Mar 20 Sep 2022, 20:43
Nous voilà donc réellement de retour vers le passé.

Helga, cinq ans, doit rendre visite à la famille Camviridus avec ses parents au lieu de se mettre au chamanisme, à son dam. Mais pour autant, elle pourra passer du temps avec Olaf, le fils Camviridus, à jouer à chat perché. Mais le jeu bascule vite à la dispute, Olaf n'hésitant pas à salir le dressing d'Helga. Mais si les parents du garnement songent à le corriger, il en est tout autrement pour les parents d'Helga : c'est elle qui doit apprendre à ne pas se comporter en pleurnicheuse, se montrer plus sage et gentille et faire abstraction de ces enfantillages, comme toute future chamane.

S'en retournant auprès de son camarade de jeu, les excuses prennent la place de la chamaillerie et laissent la place à une chasse au trésor... le butin étant des coupoles avec leur noms gravés dessus. Et on sait de quoi ça parle : selon leur parents, et comme ces derniers l'ont fait auparavant, les deux enfants sont destinés à se marier, que cela leur plaise ou non s'ils ne veulent pas être victime d'une malédiction divine. Et malgré leur petite bagarre, ils finissent par consentir. Mais ils doivent vite se séparer car Arnevik attaque les terres où habite Iduna Sappos, l'amie d'Helga, et leur pères doivent porter secours à leur peuple.

De son côté, Iduna Sappos a la vie dure avec sa mère qui veut qu'elle soi meilleure chamane qu'Helga, alors qu'Iduna veut juste être complémentaire avec elle. mais connaissant les rivalités entre les deux familles... difficile pour maman Sappos d'être raisonnée. Mais durant sa leçon, Arnevik vient passer à l'attaque, et tout les hommes doivent prendre par à la défense tandis que les femmes et les enfants doivent se réfugier dans des congères, Amaris Sappos (la mère d'Iduna) en profite aussi pour écrire une lettre à ??? pour demander de l'aide.

Mais le temps passant, l'angoisse montant et c'est bientôt du sang qui s'écoule du plafond accompagné d'une odeur de brûlé, qui disparaît heureusement quelques temps après. Amaris révèle alors que ces congères sont magiques car c'est là où a habité Pierre Sappos, ayant fait de ces endroits des protections magiques en gravant ses initiales sur les parois ainsi que ceux d'Ida Sappos, la première ascendante de la famille... mais le I et le S ressemble plus à un E et un P pour un enfant... Et en contemplant les alentours, Iduna peut voir une galerie reliant les congères à plusieurs endroits : les cavernes perdues, les plages grises, la clairières des rencontres, et bien sûr Ahtohallan.

La bataille entre northuldras des terres gelés et Arnevik s'est finalement arrêté et Iduna, en apprentie chamane, s'exerce à déceler le moindre signe de vie et de chaleur sur les corps. Tandis que l'esprit de l'eau s'occupe de noyer les survivants ennemis. Et quant au père d'Iduna, il est heureusement vivant.

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Mar 20 Sep 2022, 21:03
Merci pour ton commentaire @Dov I love it
Amaris Sappos envoie une lettre au chef de la Forêt Enchantée pour qu'il vienne avec ses hommes en renfort Wink

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Mer 21 Sep 2022, 21:53
Spoilers sans contexte du chapitre 3 qui est en cours d'écriture Smile

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Jeu 22 Sep 2022, 13:16
Donc grâce à l'histoire des trois narratrices le puzzle de la vue northuldra sera complet!
Peut être l'origine du châle et de l'écharpe ?
Ensuite c'est le méchant dans Once Upon à Time je crois(faudra un jour que je regarde).... donc un pacte avec le diable en perspective? Twisted Evil
Et aussi les amitiés scellés entre les 3 filles comme celles de leurs enfants dans le 3?

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Jeu 22 Sep 2022, 16:53
Floconnette a écrit:Donc grâce à l'histoire des trois narratrices le puzzle de la vue northuldra sera complet!
Peut être l'origine du châle et de l'écharpe ?
Ensuite c'est le méchant dans Once Upon à Time je crois(faudra un jour que je regarde).... donc un pacte avec le diable en perspective? Twisted Evil
Et aussi les amitiés scellés entre les 3 filles comme celles de leurs enfants dans le 3?

Oui c'est Rumpelstinskin le "méchant" de OUAT Smile...Elle est bien...Y a quelques saisons de trop mais j'avais apprécié celle de la reine des neiges Wink
Surprise, surprise dimanche ! (A moins que tu le veuilles en amont en MP...Tu me dis Razz )

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Ven 23 Sep 2022, 17:40
J'aimerai bien mais je ne suis même pas sûre d'avoir le temps de le lire d'ici là
J'ai des TP à faire et un certain B... comme boulet en guise de partenaire de travail :fouet:
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Ven 23 Sep 2022, 17:55
Ouais ouais 😆 on la connaît l'histoire du duo amoureux qui doit "travailler" sur le même TP 😜

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Sam 24 Sep 2022, 16:28
Coucou

désolée, pas de temps dans la semaine, je vais redire deux trois choses sur ce chapitre pour ne pas complètement le zapper, mais je ne l'ai pas relue depuis la sortie donc je ne sais pas si je me souviendrais de tout :sorry:

En tout cas ce qui m'a vraiment marqué la dedans c'est le comportement détestable de la mère d'Helga enves sa fille... C'est une véritable Fichini avec cette pauvre Helga! Sad
En fait non, je suis pas tout à fait certaine de ma comparaison car là, c'est pas tant de la cruauté envers la jeune fille et un désamour pour sa fille. Je pense quand même qu'elle l'aime, je vais lui laisser encore un peu le bénéfice du doute. Non c'est plus ces parents que je vois parfois sur les courts de tennis. Leurs enfants sont en train de jouer, de s'amuser car c'est d'abord et avant tout ça l'intérêt du sport, mais pour ces parents non! Limite tu te demandes s'il ne vont pas rentrer sur le court pour mettre une baffe à leur gosse s'il ou elle a le malheur d'envoyer une balle faute, persuadés qu'ils sont qu'ainsi ils vont engendrer le futur Féderer (oh mon Roger... Pourquoi tu es parti en retraite!!!! Sad ) ou la future Serena Williams (toi aussi, pourquoi as tu quitté les courts?!?! )
Bref un comportement à vomir, à en dégouter les gamins, j'en ai déjà vu comme ça massacrer leur raquette et ne plus jamais vouloir toucher une balle à cause de ça... Qui sait si ça n'arrivera finalement pas à Helga à propos du chamanisme (au moins pour un temps vu qu'on connait son avenir vis à vis de sa fille Very Happy ). Mais ça serait une évolution intéressante pour le coup... La voir s'en détourner et finalement pourquoi y revient-elle?! ... Un curieux écho avec Iduna qui avait ce conflit avec Mamie Anna (mais elles c'étaient du fait du caractère d'Iduna, la ça serait à cause d'un parent qui veut faire de son enfant un singe savant).

D'ailleurs, l'aspect mariage forcé via les coupoles pourrait être un argument de poids d'ailleurs pour qu'Helga finisse par se rebeller.
Bref je sais j'ai oublié pleins de choses mais voilà c'était vraiment cet élement là en particulier qui m'a fait réagir et même spéculer sur des potentielles évolutions... Je me trompe peut être magistralement mais bon pas grave, comme ça j'aurai la surprise!

Voilà! J'espère faire mieux la prochaine fois!!! :calin:
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Sam 24 Sep 2022, 19:32
Effectivement ce point là sur lequel tu t'es attardée je lavais pas vu venir parce qu'il se noie au milieu du reste. Là Christia franchement elle a été soft x)

Mais dommage de pas avoir plus retenu la relation Olaf/Helga par exemple et toute la partie avec les Arnevikien qui attaquent les Terres Gelées donc toute la partie où Iduna est menacée...

Comme l'impression pour moi d'avoir été à côté des enjeux que tu devais voir dans mon chapitre... De pas avoir su accentué dessus... Assez déçue... Je vais faire encore plus attention du coup pour le chapitre de demain. Pas sûr qu'il soit prêt du coup

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Dim 25 Sep 2022, 20:22
Chapitre 3 : Les pactes :

J'étais surexcitée car aujourd'hui c'était le jour des rencontres, autrement dit le jour où j'allais revoir Iduna. Réveillée depuis des heures à l'idée de cette merveilleuse perspective, je restai pourtant dans mon lit jusqu'à ce que Papa et Maman se lèvent, repensant dans ma tête à la leçon de chamanisme d'hier.

Puis mon esprit divagua sur l'attaque qui s'était déroulée il y a quelques mois de cela. Ylva, Iduna et moi avions eu six ans entre temps. Ma meilleure amie de la Forêt Enchantée et moi-même avions tant prié les dieux et les coupoles pour qu'il ne lui arrive rien que cela lui avait porté chance. Iduna nous avait envoyé un message par Courant d'Air pour nous rassurer. Paco Lorcus, le Papa de Yuma était rentré tard ce soir-là avec le mien si bien que Maman nous avait déjà couchés. Yuma. Mon cœur bondit à la mention du prénom de mon ami. Il était beau et gentil et j'avais compris que j'en étais amoureuse. Mais lui, ce n'était pas comme Olaf, ce n'était pas pour de semblant. Je n'éprouvais pas les mêmes sentiments quand j'étais en sa compagnie que lorsque j'étais avec mon futur mari. Malgré les tensions dues à la guerre et au fait que nos Papas étaient partis un moment, nous avions passé un bel après-midi tous les deux, bien mieux que la matinée qui s'était déroulée auprès de mon fiancé. Yuma m'avait trouvé belle et ne m'avait pas traité ni de grosse ni de pimbêche. Maman nous avait occupés dans la maison avec le jeu des osselets puis nous avions un peu étudié avant qu'elle ne nous fasse un cours de méditation qui avait calmé nos esprits.

Yuma m'avait tenu la main tout le long ce qui m'avait donné envie de lui faire un bisou sur la joue. Maman avait ensuite pris plusieurs risques car elle nous avait fait sortir malgré les procédures à suivre en cas d'attaque. Elle avait voulu à tout prix que nous allions nous laver et avait tout mis en œuvre pour que nous nous rendions près des berges. Nous avions été seuls au monde puisque personne n'avait désiré enfreindre la règle.

Yuma et moi nous étions baignés ensemble car nous avions porté nos maillots contrairement aux fois où Maman m'emmenait toute seule pour me laver toute nue. Nous avions voulu jouer et elle nous l'avait autorisé mais pas longtemps. Ainsi, nous étions repartis à la hutte sans même nous être séchés.

Maman nous avait ensuite allongés sur les lits, chacun dans un différent, car elle avait dit que ce n'était pas convenable qu'une fille et un garçon dorment ensemble même enfants. Elle était ensuite partie dans la pièce à vivre. Bien que séparés Yuma et moi avions parler en langage des signes. Il m'avait d'abord rassuré sur la situation et je m'étais sentie pousser des ailes car je savais qu'il me protégerait quoiqu'il arrive. Il m'avait ensuite fait des grimaces ce qui n'avait pas manqué de me faire rire et j'avais dû étouffer ma tête dans mon oreiller pour que Maman ne m'entende pas. Je n'avais pas voulu me faire gronder ce qui n'avait pas marché puisqu'elle avait fini par arriver nous donnant une sévère correction à tous les deux. Elle nous avait ordonné de nous retourner face aux murs pour ne plus que nous nous parlions.

Cela m'avait laissé le temps de réfléchir à une solution pour que les dieux ne voient pas d'inconvénients à ce que je sois une semaine mariée à Olaf et une semaine mariée à Yuma quand je serai plus grande. J'avais alors fini par me dire qu'il faudrait graver le prénom du fils Lorcus à côté de celle de mon futur mari comme cela il n'y aurait pas de jaloux.

Je m'étais finalement assoupie jusqu'à entendre Maman pousser un cri de joie suivi de la voix de Papa. J'avais alors compris qu'il était revenu vainqueur de la guerre. Peu après la voix du chef Paco s'était également fait entendre et il était entré dans la chambre pour récupérer Yuma. Comme j'avais fait semblant de dormir, je n'avais pas pu lui dire au revoir mais j'avais ressenti un grand vide dans mon cœur dès l'instant où il était parti.

Nous nous étions revus depuis, bien sûr mais nous n'avions jamais repartagé une proximité similaire à celle que nous avions eue ce jour-là. Mes parents préféraient que je passe mes journées avec Olaf même lorsque nous n'étions pas en classe ou que je faisais mes leçons de chamanisme. Heureusement, sa Maman ou son Papa arrivaient toujours à me sauver car mon futur mari effectuait les travaux aux champs avec eux, ce qui lui prenait beaucoup de son temps.

Mais aujourd'hui ce n'était pas pareil ! C'était un jour férié comme chaque fois que nous rencontrions les Northuldra des Terres Gelées ! Aujourd'hui nous allions pouvoir faire la fête, nous amuser, jouer et danser jusqu'à très tard sans que les parents ne nous réprimandent... Il allait falloir user d'astuces pour que Maman, Papa, Monsieur et Madame Sappos ne s'aperçoivent pas qu'Iduna et moi nous parlions.

Pour cela, j'avais déjà établi un plan avec Ylva et priai fort pour qu'il fonctionne. Je ne comprenais pas la haine viscérale qu'avaient nos parents entre eux. Certes Emma et Pierre se détestaient mais c'était il y a tellement longtemps ! Et puis finalement, ils devaient s'aimer un peu quand même puisqu'ils coopéraient en se répartissant les gentils et les méchants enfants.

J'étais en train d'y réfléchir quand Maman arriva soudain dans ma chambre en déclarant d'une voix solennelle :

-Helga ! Il est temps de te lever mon enfant ! Prépare-toi rapidement ! Le petit déjeuner est sur la table ! Tu ne manges pas comme un renne en pleine gestation et tu te dépêches, nous avons une leçon de tricot après.

Ne faisant pas gaffe à sa comparaison avec le cervidé, je la regardais un peu frustrée et répliquai :

-Euh...Oui Maman...Néanmoins...Je croyais que nous ne travaillions pas le jour des rencontres.

Un peu contrariée par mon ton déboussolé, elle renchérit alors :

-Dois-je te rappeler qu'aucun de vous n'a été assez compétent hier en classe pour finir les châles que nous devons offrir à nos invités cet après-midi ?! Si vous n'aviez pas passé votre temps à être si dissipés, vous auriez eu toute la matinée pour jouer, mais comme le travail n'est pas accompli, la priorité ce sont les cadeaux pour nos amis. Est-ce que tu comprends jeune fille ?

-Euh...Oui Maman...Bredouillai-je, enfin...Non...Je suis quand même un peu embêtée...Parce que moi...Vois-tu, je ne faisais pas partie des élèves perturbateurs...Et...

Ma mère fronça immédiatement les sourcils et je sus que c'était mauvais signe. Néanmoins elle garda une certaine distance et dit d'une voix très froide :

-Te crois-tu supérieure aux autres Helga Piceaerd ? Est-ce ainsi qu'une chamane doit raisonner ?

Je répondis alors en blanchissant :

-Euh, non, Maman...Mais...

-Fais-tu partie du groupe classe ? Es-tu intervenue pour faire taire les autres et reprendre l'activité ? Continua-t-elle férocement.

Je secouai à nouveau la tête de plus en plus pâle. Elle eut aussitôt un sourire de triomphe et conclut :

-Dans ce cas, qui ne dit mot consens ! Tu as toutes les raisons de faire la punition au même titre que les autres !

Elle m'inspecta ensuite de la tête aux pieds et ajouta d'une voix hautaine :

- D'autant que si je ne me trompe pas, le châle que tu fais pour la pestiférée qui te sert de compagnie n'est pas terminé non plus.

-Iduna n'est pas une pestiférée Maman ! Répliquai-je en bouillonnant, c'est ma meilleure amie que tu le veuilles ou non !

Ma mère me lança immédiatement un regard de braise. Elle s'avança vers moi et me prit le menton si fort que je sentis ses griffes. Elle capta ainsi mon regard et renchérit :

-Soit. Tu t'es laissée bernée par son côté gentillet...Tu te rendras compte toute seule sur le long terme que votre relation amicale ne vous apportera rien du tout ni à l'une ni à l'autre...Cela est inutile de t'en dissuader puisque de toute façon pour l'instant tu es obnubilée par sa prestance qui soyons clairs vaut dix fois la tienne appâtée !

Mon cœur bondit aussitôt de joie. Maman était-elle vraiment en train de dire qu'elle ne m'empêcherait pas de passer du temps avec Iduna ?! Je gardais toutefois mon sourire victorieux pour moi tandis qu'elle dit encore :

-Contentez-vous de parler de chamanisme toutes les deux. C'est ce point-là et UNIQUEMENT ce point-là qui doit vous unir.

Je fis la moue mais consentis à accepter son raisonnement. Maman poussa alors un profond soupir puis me relâcha et me donna une tape sur les fesses pour que j'aille prendre mon petit déjeuner.

J'étais donc en train d'avaler mes biscuits d'avoine quand elle passa devant moi armée d'une capeline en s'exclamant :

-Je pars devant, d'accord Helga ? Je viens d'éteindre le feu. Tu as juste à t'habiller, te faire tes tresses et fermer la hutte derrière toi ! Optimise tout ce que tu as à faire et rejoins-moi !

-Bien Maman, murmurai-je.

Elle m'embrassa les cheveux et sortit enfin de la pièce.

J'eus d'abord l'idée de prendre mon temps pour me venger de ces vilaines paroles à l'égard de ma sœur de cœur, mais finalement, je repensais au châle de cette dernière qui était à peine commencé et ma motivation changea radicalement.

J'accomplis donc mes gestes quotidiens avec avidité et me rendis enfin dans la Prairie des Rencontres où ma mère y était déjà avec tous mes camarades de classes, assis en cercle sur des grandes couvertures en peaux de rennes, chacun armés de différents crochets et de pelotes de laines bien entamées. Je sortis alors les patrons de ma besace et m'assis silencieusement entre Yuma et Ylva avant que Maman ne me lance un regard autoritaire.

Ses yeux dévièrent vers Olaf et je compris que je devais aller m'asseoir à côté de mon futur mari.

Soufflant un peu car je ne voulais pas sentir son odeur de boue et de transpiration, je lui fis tout de même mon plus beau sourire et m'avachis sans grande élégance à ses côtés avant de déballer mon tricot et me mettre au travail.

Je ne restai toutefois pas concentrée très longtemps comme chaque fois que nous faisions des leçons en extérieur. Je pris alors le temps d'être émerveillée par la Forêt Enchantée. Les arbres étaient boisés, remplis de fruits juteux. Les feuilles lumineuses grâce aux rayons du soleil. L'été était chaud. Tout était confortable. Maman était une bonne professeure. Nous étions attentifs car c'était le matin, plus aptes à la mise au travail. Les invités allaient arriver d'ici peu. Si toutes les journées pouvaient être ainsi...Que dis-je ?! La vie devrait être ainsi...Ce serait merveilleux, pensai-je avec délice. Je me concentrais à nouveau sur mon ouvrage en essayant d'être la plus précise possible.

Heureusement que Maman nous donnait bien les indications :

-Voilà... N'oubliez pas...On commence par faire cinq mailles en l'air...Bien Yuma ! Attention tu fermes bien ton rang par une maille coulée...Voilà parfait, déclara-t-elle.

Je jetais alors un coup d'œil à mon amoureux secret qui exécuta ses ordres. Puis je regardais mon propre châle et ne fus pas amplement satisfaite. Aussi je demandai soudain en le brandissant comme un drapeau :

-Et moi c'est bon, Maman ?

Elle vint alors vers moi et se pencha pour parcourir minutieusement les franges entrelacées. Elle me déclara quelques secondes plus tard :

-Oui c'est pas mal pour le premier rang Helga...A présent fais trois mailles en l'air, puis crochète ensuite dans le rond trois brides et deux mailles en l'air...Et tu fais ainsi jusqu'à ton deuxième rang ma chérie.

Je sursautais immédiatement devant un tel élan de tendresse auquel je n'avais le droit qu'en de rares occasions. Malgré tout je savais que même s'ils ne me le montraient pas souvent, mes parents m'aimaient. Voulant à son tour, lui plaire, Olaf se racla subitement la gorge, ravalant sa morve au passage et demanda également :

-Madame Piceaerd, est-ce que pour moi c'est bon ?

Maman sourit en découvrant qu'il faisait semblant de s'intéresser à son cours. Elle lui tapota gentiment la tête et répondit :

-Très bien Olaf, serre juste bien ta bride pour qu'elle ne se détache pas...

Sans attendre qu'il le fasse, elle s'empara de son châle et utilisa sa propre technique pour l'uniformiser. Puis elle le retendit à mon futur mari et ajouta :

-Voilà c'est mieux.

Elle inspecta ensuite nos faits et gestes et nous nous remîmes au travail, souhaitant finir au plus vite pour pouvoir aller jouer. Je reliais ainsi mes mailles en activant mes doigts avec force tout en espérant que le cadeau plairait à ma meilleure amie. Nous agîmes ainsi dans le plus grand silence pendant une longue heure apaisante si bien que je finis par avoir mal à la tête à force de me concentrer. Je la relevai donc et observai tous mes camarades qui avaient presque fini leurs œuvres. Puis je me focalisais sur la mienne en la placardant devant moi et constatais que je ne m'en étais pas mal sortie non plus.

Maman sembla remarquer notre effort puisque son visage se détendit et elle déclara :

-Pour ceux qui veulent, vous pouvez faire une petite pause, pour les autres, je reste à votre disposition si vous avez besoin d'aide pour les châles.

Olaf lâcha immédiatement son travail avec impatience, dévoilant bien que cette activité l'embêtait. J'aurais aimé le suivre mais Yuma et Ylva n'avaient pas bougé, trop occupés à s'acharner sur les leurs.

-Vous venez jouer ? Nous demanda-t-il bientôt.

Je secouai immédiatement la tête à contrecœur et expliquai :

-Non Olaf, moi je dois terminer le mien...La visite des Northuldra des Terres Gelées est cet après-midi et je veux absolument offrir ce châle à Iduna.

-Si jamais t'as pas fini, elle aura toujours le mien en lot de consolation ! S'exclama tout de suite ma chère Nordlys avec un petit sourire amusé.

J'approuvais en observant son travail impeccable et fis à peine attention au regard méprisant du jeune Camviridus qui haussa les épaules alors que je sentis le regard réprobateur de Maman. Elle se sentit alors obligée de jouer les entremetteuses :

-Allons Helga, ma chérie, tu auras largement fini, va donc t'aérer avec ton fiancé ! S'exclama-t-elle.

-Moi j'y vais en tous cas, reprit Yuma qui s'emmêlait avec ses mailles.

Ses yeux s'illuminèrent alors de douceur à mon égard et il bondit sur ses jambes pour pouvoir se les dégourdir. Je le dévisageai aussitôt avec tendresse et étais sur le point de lâcher mon ouvrage quand Maman me l'arracha des mains en disant avec aigreur :

-Bon...Je vais te le terminer mon enfant ! File avec ton amoureux !

Je ne demandais pas mon reste, et Ylva nous suivit pendant que nous allâmes gambader un peu plus loin. Nous jouâmes à la bataille contre les hommes d'Arnevik. Ylva et moi faisions les gentils pendant que Yuma et Olaf brandirent leurs lances faites avec des bâtons de bois pour jouer les méchants. Ils nous attaquaient férocement mais nous les évitions grâce à mon aura chamanique et la puissance des esprits.

Je faisais semblant de leur envoyer le feu de défense pendant qu'Ylva se chargeait de chanter faussement les notes de nos esprits alliés. Nous fîmes ainsi trois parties jusqu'à ce que nous soyons essoufflés et remplis de sueurs. Nous nous rendîmes donc aux berges pour nous passer de l'eau sur la figure.

-Je vais boire à ma hutte, vous venez avec moi ? Demanda alors Yuma en me lorgnant avec affection.

Nous hochâmes fermement la tête et le fils du chef me tendit bientôt la main pour que je la prenne. J'allais le faire avant de me souvenir que je devais accorder plus d'attention à Olaf. Surmontant mon dégoût, je m'accrochais bientôt à ses doigts moites à sa plus grande surprise. Vexé, mon amoureux secret me snoba et s'empara de la main d'Ylva. Nous chahutâmes encore un peu mais retournâmes vers le campement Northuldra.

Nous passâmes devant la Clairière des rencontres. Maman ne s'y trouvait plus alors que tous les châles étaient rangés, pliés soigneusement les uns sur les autres. C'était Mouna, la guérisseuse âgée de douze ans qui les surveillaient pour que les autres enfants ne fassent pas une mauvaise farce en les cachant. Inquiète dès que je voyais mes parents loin de moi, je lui demandai alors :

-Tu sais où est partie Maman ?

L'adolescente m'observa avec tendresse et répondit :

-Oui ! Ils sont avec le chef Paco !

Je me sentis rassurée et nous reprîmes notre marche jusqu'à arriver au campement. Yuma était sur le point de nous faire entrer de sa maison en toile quand il s'arrêta soudain en entendant nos parents discuter avec vivacité. L'envie de boire nous passa tout de suite. Intrigués, nous nous concertâmes du regard et hochâmes la tête d'un commun accord pour les espionner. Nous nous agglutinâmes donc contre une des fentes qui laissait un trou abîmé dans la hutte et observâmes nos parents.

-Que proposes-tu Paco ? Tu as bien vu le nombre de morts qu'il y a eu la dernière fois ?! S'écria Papa avec férocité, nous avons perdu des frères ! Personne ne nous les ramènera ! Non ! Non ! Il faut que nous soyons plus préparés pour les batailles à venir ! Ce peuple ne lâchera rien ! Montrons-leur que nous non plus !

-Ce n'est pas si simple Rick, renchérit-il, nous sommes un peuple pacifiste, nous ne pouvons délibérément penser à nous battre.

-Certes Paco, mais n'oublie pas que si nous nous battons c'est pour notre légitime défense ! Souleva Maman avec sévérité, les esprits n'y verront aucuns inconvénients si c'est pour maintenir notre peuple en vie, nous ne pouvons plus nous permettre de vivre l'horreur de l'année dernière.

-Et pourtant Christia...Cela a toujours été depuis des siècles, soupira à nouveau le chef, préméditer un acte criminel envers ces hommes nous rabaisse à leur niveau.

-Pour notre défense ! C'est pour notre défense Paco ! Explosa encore Papa en tapant du poing sur la table, nos voisins des Terres Gelées s'affaiblissent les uns après les autres ! Et que se passera-t-il ensuite ? Ils pourraient rentrer dans Ahtohallan ! Détruire la déesse Mère !

-Non ! Ahtohallan est un lieu sacré qui saura leur faire payer, déclara-t-il.

-Soit pour Ahtohallan... Mais pour nous que se passera-t-il ensuite ? Une fois qu'ils se seront définitivement appropriés les Terres Gelées, ils n'auront aucun mal à arriver dans la Forêt Enchantée et nous abattre...A moins que le Nokk ne les engloutisse avant, reprit Papa.

-Il ne le fera pas Rick. Il n'aurait aucune raison de le faire s'il ne se sent pas menacé... Hors ici, ce n'est pas lui qui l'est, dit Maman pensive.

Elle se mordit la lèvre alors que je sentais une haine de plus en plus viscérale à l'égard des gens d'Arnevik monter dans mes entrailles. Iduna. Ma précieuse amie avait failli mourir à cause de ces monstres ! Elle nous avait raconté ce qui s'était passé...Le sang qui dégoulinait des plafonds...Les tas de cadavres qu'elle n'avait pas réussi à sauver... Je bouillonnai d'être si jeune pour ne pas pouvoir être de la même partie que mes parents.

Je me focalisais à nouveau sur eux qui étaient à présent silencieux. Maman observait toujours le chef en lui lançant des flammes du regard.

-Tu avais des mois pour y réfléchir Paco ! Nos invités viennent cet après-midi ! Tu leur avais promis que tu trouverais une solution pour contrattaquer alors maintenant il va falloir les rassurer ! Quitte à inventer quelque chose ! S'exclama-t-elle.

-Si tu as une idée Christia, je suis toute ouïe, dit-il avec ironie.

Ravie d'avoir enfin tout le loisir de pouvoir dire ce qu'elle pensait, Maman retrouva le sourire et exposa alors son plan :

-Ils veulent nous faire du mal, parfait ! Attaquons-nous aussi de sorte à leur faire du mal ! N'oublions pas qu'Arnevik n'est qu'un port et une usine qui ne peuvent pas vivre sans les subventions...D'Arendelle !

La mention de ce royaume fit immédiatement blanchir le chef alors que nous nous regardâmes tous interloqués car l'endroit ne nous disait rien. Fière de son effet, ma Mère continua alors :

-Si nous détruisons la partie expansive de ce maudit royaume, nous n'aurons aucun mal à détruire Arnevik...Cela nous ferait certes faire un grand détour mais ce serait reculer pour mieux cerner ces monstres et les assassiner dans ce misérable taudis, ainsi on les tuerait dans l'œuf.

-Cela semble ambitieux comme projet Christia...Mais néanmoins pas réalisables sur le court terme ! Il nous faudra des années pour mettre en place notre armée, sans compter que nous avons moins d'hommes qu'eux, objecta Paco.

Papa fronça à nouveau les sourcils et s'apprêtait à parler quand Maman le coupa par un signe de bras et ajouta :

-Nous sommes d'accord que cela peut prendre plusieurs mois...Mais ce qui compte tout de suite c'est de rassurer les habitants des Terres Gelées...Si aujourd'hui tu leur mens en leur disant que tout est déjà en place, cela te laissera le temps d'anticiper ton organisation d'ici quelques années...Après tout...En dehors de l'attaque de l'année dernière, celle d'avant avait eu lieu bien avant notre naissance...Les bateaux des gens d'Arnevik ne sont que de vulgaires coques de noix. Ils n'ont pas assez d'argent pour financer une nouvelle expédition vers nos terres...A moins qu'Arendelle ne les aide, d'où l'importance d'évincer le peuple de cette partie du royaume en premier...Pour qu'il ne reste plus que les rustres et les prostitués qui eux sont des suiveurs...Si plus personne ne leur dit d'aller explorer de nouvelles terres, ils ne prendront pas le risque de dépenser le peu d'argent qu'ils ont pour vivre pour tenter une aventure dont ils en connaissent à présent le danger, est-ce que tu me comprends Paco ?

Le chef assimila longuement ses paroles avec intention. Il fut comblé par son ton perspicace et finit par hocher la tête en déclarant :

-Bien Christia...Tu es une bonne stratège. Faisons donc ainsi. Je prendrais les hommes des Terres Gelées à part tout à l'heure pour les en informer...Puis quand ils repartiront chez eux, je me chargerai de le dire à notre partie de la communauté...Surtout...Pas un mot aux enfants de ce projet pour l'instant !

-Cela tombe sous le sens Paco ! Plaisanta Papa.

Ils se serrèrent tous les trois la main en signe d'accord et ressortirent de la hutte alors que nous nous planquâmes rapidement derrière pour ne pas nous faire repérer. Blancs comme des linges, nous attendîmes plusieurs secondes dans un long silence où chacun cogita avec ce qui venait d'être dit. Puis Yuma finit par reprendre la parole pour nous tous :

-Il nous faut oublier tout cela !

-Tu rigoles ou quoi ?! Explosai-je, non, non, non il est hors de question de faire comme si cette conversation n'avait jamais existé ! Nous devons faire un pacte comme les adultes !

-Mais pourquoi ? Demanda-t-il alors avec calme.

-Ma Grosse Gaga a raison ! Répliqua Ylva trépignant de joie, ce sera l'occasion pour moi d'enfin écrire un essai d'histoire convenable ! En connaître sur Arendelle, c'est inespéré et ferait de toi un grand chef ! Un chef encore plus important que ton père qui resterait pour sûr dans les mémoires de tout futur Northuldra qui se respecte !

Mon amoureux secret fit la moue car il savait que notre chère Nordlys le prenait par les sentiments. Apeuré à son tour Olaf murmura :

-Mais...Euh...Moi je n'aime pas trop me battre...

-Alors tu n'es pas un vrai garçon ! Renchéris-je avec colère, les vrais garçons ça aime la guerre ! N'est-ce pas Yuma ? Demandai-je en le forçant à plier.

Mais il n'eut pas le temps de répondre que mon fiancé renchérit avec colère :

-Si ! Je t'ai déjà dit que j'étais un vrai garçon ! C'est juste que je n'ai pas envie de me battre contre les hommes d'Arnevik qui sont aussi des guerriers...Je préférerais négocier...

-On ne négocie pas avec ces gens-là ! Réitérai-je violemment, et puis réfléchis ! Les garçons Northuldra ne se battent pas entre eux ! Donc soit tu es un vrai garçon et tu aimes la guerre soit tu n'es qu'une mauviette !

Olaf encaissa la remarqua et ses yeux me lancèrent des éclairs. Il ne répondit pas. Je l'entendis juste chuchoter « grosse peste » mais je n'y prêtais pas attention. Sentant que je l'avais maté, j'ajoutai encore à l'égard de tout le monde :

- N'oublions pas qu'Iduna a failli mourir. Pour elle, moi, je serai prête à faire n'importe quoi ! Même à créer un pacte pour que nous détruisions Arendelle, pas vous ?

Ylva hocha fermement la tête en signe d'accord alors qu'Olaf se contenta d'en faire un léger tout en continuant de m'ignorer. Il ne restait que Yuma. Mes yeux d'ambre firent pression dans les siens bleu azur si bien qu'il finit par baisser le regard en grommelant :

-Je suis désolé...Mais je persiste...Moi non plus je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée...Nous sommes trop petits pour agir, c'est sûrement pour cela que les parents ne veulent pas nous en parler.

Désemparée car je m'attendais à être soutenue, je le dévisageai avec dureté et questionnai alors acerbement :

-Yuma Lorcus ! C'est toi qui deviendras chef un jour ! N'as-tu pas envie que ta première décision soit d'une importance capitale pour la protection de ta communauté ?! Ylva te la pourtant bien spécifié il y a quelques secondes il me semble !

Affaiblie par mon ton de meneuse, il bredouilla :

-Euh...Si...Si bien sûr Helga...

Il me sourit alors et mon cœur s'emballa tandis qu'il me tendit sa main en s'exclamant :

-Dans ce cas...Je...Euh...Je dirai même marché conclu chamane Helga Piceaerd !

Mes joues rosirent et je sentis un long courant chaud exploser à l'intérieur de mon corps. Comme si elle avait senti ma gêne, Ylva, satisfaite, me prit l'autre main et agrippa également celle d'Olaf en lui indiquant de prendre l'autre de Yuma.

-Scellons le pacte ! Clamai-je, jurons de rendre la paix à la Forêt Enchantée et de détruire Arendelle !

-Nous le jurons ! Conclurent nos voix en chœur.

Nous nous tailladâmes nos pouces en signe d'accord et partîmes enfin boire comme si de rien n'était. J'étais hâte d'être cet après-midi pour que nous puissions ajouter Iduna avec nous.

****

Nous venions de finir de nous préparer et attendions que Papa revienne à la hutte pour nous rendre près du rivage où se trouvaient nos bateaux. Je m'étais donc assise autour de la table et demeurais silencieuse alors que tout mon être était excité à l'idée de retrouver mes meilleures amies que j'avais cru perdre il y a un an. Il m'arrivait d'être triste d'être aussi excentrée des autres. C'est pour cela que chaque moment était précieux et encore ! Helga et moi ne pouvions même pas nous voir comme nous le voulions à cause de la haine de nos parents. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce qui avait bien pu être si grave entre nos deux familles. Après tout Pierre et Emma étaient de vieux croulants et s'il n'y avait pas eu d'autre animosité depuis, il n'y avait aucune raison pour que nous ne puissions pas être comme des sœurs. Serrant les poings, j'avais tourné plusieurs fois la phrase dans ma tête et m'étais enfin décidée, compte tenu la situation, à oser poser la question à ma Mère :

-Maman...Pourquoi est-ce que nous sommes attaqués par les méchants d'Arnevik ?

Quoi ? Qu'est-ce que je venais de dire ?! Cela n'avait rien à voir avec ma demande de base. Elle me lança immédiatement un sourire crispé et ses yeux fuirent alors qu'elle répondit :

-Je...Je n'en sais rien mon trésor.

-Pourtant...Ce n'est pas gentil d'attaquer des gens qui ne vous ont rien fait...Tu ne trouves pas Maman ? Et puis pourquoi, nous ? Pourquoi les gens d'Arnevik ne vont pas voir d'autres îles dans ce cas ?

Son front se couvrit soudain de sueurs alors que son visage se renferma de plus en plus au fur et à mesure que j'énonçai mes questions. Je sentais bien que quelque chose m'échappait. Quelque chose qu'elle voulait me cacher mais j'ignorai pourquoi. Essayant une autre approche, j'ajoutais alors :

-Pardonne-moi Maman...Je suis trop curieuse.

Cela la détendit immédiatement et elle se mit à rougir de confusion avant de bafouiller :

-Non...Non mon trésor, c'est normal que tu t'interroges...Mais je ne peux pas t'en dire énormément car je ne veux pas t'inquiéter...Disons...Qu'il y a très très longtemps de cela...Du temps de Pierre Sappos...La cruelle Emma Piceaerd s'est débrouillée pour pouvoir amenée Arnevik à sa perte...C'est pour cela qu'ils en veulent aux Northuldra...Et plus particulièrement à notre partie de peuple.

Je poussai un profond soupir. Comment Helga pouvait-elle être rattachée à un être aussi cupide alors que je ne voyais aucun mal à trouver une ressemblance avec mon cher Père Noël pour moi. Papa et Maman n'avaient de cesse de chanter ses louanges et je suivais leur tempérament. Que pensait mon vieil ancêtre de notre relation amicale ? En tous cas, il n'avait pas l'air de le prendre mal puisque je n'avais pas vu la Mère Fouettarde au Noël dernier. C'était plutôt bon signe.

-Mais Maman...Est-ce qu'il arrive à Pierre Sappos de distribuer des jouets aux enfants d'Arendelle et d'Arnevik ? Questionnai-je encore, si c'est le cas, pourquoi n'a-t-il pas empêché Emma d'être méchante avec ces habitants.

-Je te l'ai déjà répété Iduna. Emma Piceaerd est rusée. Elle ne fait qu'agir par vilenie et fourberie...Pierre Sappos ne peut malheureusement pas apporter la joie à ces fils et filles du diable qui logent dans cet immense royaume. Ils ont tous été condamnés à cause d'Emma.

-Pardonne-moi Maman...Mais ce n'est pas justement parce qu'ils sont au plus bas que notre premier ancêtre devrait leur apporter la joie, renchéris-je.

Elle fut à nouveau contrariée et soupira encore en me prenant contre elle :

-Cela serait facile si tout était si simple mon trésor. Tu as tendance à voir le bien partout car ton ascendant est le Père Noël. Pourtant je sais que c'est dur ma Iduna...Mais il va falloir que tu comprennes qu'il y a des personnes qui ne pourront malheureusement être jamais sauvées.

-Eh bien c'est vraiment triste Maman, dis-je alors que ma gorge se noua.

Sa main m'entoura bientôt le menton et elle murmura :

-Le monde l'est...C'est pour cela que nous les Sappos nous servons à apporter un peu de bonheur à ceux qui le méritent réellement. Il faut que tu sois fière de ce rôle. Ne pense à rien d'autre mon trésor, d'accord ?

-Oui Maman ! M'exclamai-je en me redressant fièrement.

Nous nous enlaçâmes et Papa vint enfin nous chercher. Mon excitation remonta et je manquais de tomber à plusieurs reprises durant le trajet, sur la plaque glacée tellement je ne tenais pas en place.

-Iduna ! Tu reviens là ! Et tu ne me quittes plus ! Me gronda bientôt ma Mère, exaspérée en comprenant pourquoi j'étais pressée de retourner dans la Forêt Enchantée.

Elle m'empoigna la main et je me concentrai sur mes énergies pour faire redescendre les émotions de mon chakra sacré. Nous retrouvâmes les autres membres du village et elle appela le Nokk pour pouvoir l'atteler à notre bateau. Docile, l'esprit de l'eau se laissa faire. Il hennit pour donner son accord et Papa accrocha la sangle à la devanture du navire. Tous les habitants montèrent ensuite à bord et nous quittâmes bientôt la côte gelée pour un quart d'heure.

J'étais fascinée par la vitesse à laquelle le cheval sacré nous faisait aller alors que nous mettions beaucoup plus de temps avec le transport à une allure normale. Mon cœur faillit exploser de bonheur en voyant enfin les abords des Plages Grises qui étaient resplendissantes. Les Galets noirs reluisaient avec la lumière du soleil, tout comme les arbres. Papa m'agrippa par les bras pour que je puisse observer au plus loin. Je lui fis un bisou sur la joue et m'exclamai :

- Ils sont beaux les sapins ! Ils brillent !

A ma grande surprise, il fronça alors les sourcils et regarda l'horizon durement.

-Ce sont des épicéas que tu vois Iduna, même pour cela nous avons été copiés par les Piceaerd. Nous avions choisi le nom de famille de Sappos en premier par rapport aux sapins, expliqua-t-il.

-Et pourtant Papa... Il me semblait que Pierre et Emma avaient été élevés ensemble en tant qu'orphelins, frères et sœurs, et qu'ils avaient choisi les noms de famille parce qu'ils avaient été recueillis par les mêmes bûcherons...C'est....Euh.... C'est ce que Maman nous raconte à chaque fois dans le conte de Noël, ajoutai-je.

-Elias... Grogna-t-elle en lui lançant un regard noir.

Papa rougit aussitôt et répliqua :

-Il est vrai...Mais c'est quand même Pierre qui a eu l'idée des Sappos deux minutes avant Emma. Elle l'a juste recopiée parce que les Piceaerd n'ont pas toujours su faire que ça.

-Mais le chamanisme ne vient-il pas d'eux ? Soulevai-je voulant à tout prix défendre Helga.

Maman le fusilla à nouveau et celui-ci perdit patience :

-Ne me regarde pas comme ça Amaris ! C'est bien ta fille tiens ! Un vrai moulin à paroles ! Débrouille-toi avec, puisque j'ai tout faux à chaque fois !

Il me redéposa avec violence au sol et s'éloigna d'un pas colérique. Attristée par la dispute que je venais de produire, je me mis à pleurer. Maman sut bientôt me réconforter et finit par répondre :

- C'est bien les Piceaerd qui ont instauré le chamanisme. C'est la seule chose de bien qu'ils ont fait dans leur vie. Ils...ils l'ont enseigné aux Sappos par le biais de Pierre qui l'a transmis à Ida...On raconte même qu'au fil des siècles il y a eu des Sappos et des Piceaerd qui se sont mariés mais je n'y crois pas car nos deux familles ne sont pas compatibles à cause de la malédiction.

-La malédiction ? Répétai-je apeurée.

Maman laissa un long silence pour faire durer le suspense, puis elle répondit :

-Oui mon trésor... Tous les Sappos qui ont été amis ou amoureux d'un Piceaerd ont subi une violente malédiction qui les as fait mourir jeune ! De ce fait, ils n'ont jamais pu avoir de descendance ensemble...Les Dieux l'ont strictement interdit à chaque fois.

Je demeurais songeuse. Je ne pourrais pas renoncer à Helga. Et si Maman me disait cela uniquement parce qu'elle les déteste ? Oui ! C'était sûrement cela ! Mes parents n'arriveraient pas à gâcher le plaisir que j'avais à retrouver ma meilleure amie ! Déterminée à passer du temps avec elle, je repris d'une voix fausse :

-Bien dans ce cas Maman, je ferai attention et je ne jouerai plus avec Helga ! C'est promis. Nous nous verrons uniquement pour discuter de chamanisme comme tu fais avec Christia.

Son visage rayonna soudain de soulagement et je sus que c'était ce qu'elle voulait entendre. Elle me souleva alors dans ses bras et m'embrassa la joue en murmurant :

-Je savais que tu saurais retrouvé la raison mon trésor. Tu es une vraie Sappos !

Je fis de mon mieux pour contrôler mes joues qui commençaient à chauffer à cause du mensonge et me concentrer plutôt sur le bateau qui était en train d'accoster alors que les pisteuses de la Forêt Enchantée nous faisaient déjà de grands coucous pour nous souhaiter la bienvenue.

Mon père et les autres hommes, détachèrent bientôt l'esprit de l'eau et nous touchâmes enfin la terre ferme. Les adultes reçurent tous des châles et je les enviais car la matière était toute douce. Ils nous menèrent ensuite jusqu'à la Clairière des Rencontres où nous prîmes une collation. Je vis enfin mon groupe de compagnons et demandai alors à mes parents avec une petite voix de souris :

-Papa, Maman...Je peux aller rejoindre mes amis ?

Mes parents inspectèrent aussitôt les membres et sourirent en ne voyant aucune trace d'Helga.

-Oui tu peux y aller mon trésor, amusez-vous bien.

N'y manquant pas, je me ruais sur eux et leur offris à chacun des cris stridents et des gros câlins pour montrer que j'étais heureuse de les retrouver. Ylva et Yuma me sautèrent dans les bras alors qu'Olaf me donna un baiser sur la joue qui me fit rougir jusqu'aux oreilles.

-Faut qu'on te raconte quelque chose ! S'exclamèrent-ils en chœur alors que je remarquais qu'ils avaient chacun une entaille dans le pouce.

Attentive, je les écoutais me parler d'un pacte qu'ils avaient fait pour aider les Terres Gelées à vaincre les habitants d'Arnevik. Moins enjouée qu'eux tous par la perspective de tuer des gens, même si ce peuple infâme n'avait aucune pitié à le faire, je ne leur dis rien et me mordis plutôt la lèvre pour ne pas montrer que j'avais peur.

-Alors ? Tu marches avec nous Iduna ? Demanda Yuma quelques minutes plus tard.

Incapable de le dire oralement, je me contentai de hocher la tête avec force.

-Parfait ! Sourit-il, dans ce cas suis-nous !

Sans attendre, ils m'emmenèrent un peu plus loin derrière les arbres et me firent la même marque qu'eux. Surprise par la douleur brusque, mes yeux s'envahirent de larmes mais je les ravalais assez vite pour ne pas me prendre de réflexion. Je souffris en silence tandis qu'Ylva me pressa le doigt avec un épais tissu pour arrêter le sang. Puis Yuma déclara :

-Helga est près des berges si tu veux la rejoindre, nous on va faire diversion auprès de tes parents et si jamais ils demandent où tu es, on répondra que tu es partie aux latrines. D'accord ?

- D'accord ! Clamai-je toute heureuse.

-Olaf t'accompagne et ensuite Ylva viendra vous rejoindre comme ça, ça sera moins suspect ! Ajouta-t-il.

-Tu n'imagines même pas le sacrifice que je fais pour ne pas te voir chaque seconde que tu es là, bouda-t-elle.

Lui offrant un gros câlin, je lui répétai ensuite :

-Oh si ! Je m'en rends compte...Merci ma chère Nordlys.

-Bon alors ça te convient comme ça Iduna ? Reprit Olaf avec impatience.

- C'est entendu ! M'exclamai-je surexcitée par l'idée de défier les adultes.

Lui et mon autre meilleure amie partirent donc en direction du buffet pendant que j'étais aux anges de me retrouver seule avec le fils Camviridus. Il me prit alors ma main qui n'était pas abîmée et déclara avec fierté :

-Je suis ton Northuldra servant tout le long du trajet !

Flattée, je lui embrassai la joue avec spontanéité et gloussai comme une idiote. Nous nous mîmes en route et je ne souhaitais pas qu'elle s'arrête tout de suite tellement j'étais contente d'être avec mon amoureux secret. Ses yeux verts brillaient en se focalisant sur n'importe quoi...Mais surtout sur moi.

-Tu n'as pas trop mal ? Demanda-t-il bientôt en pointant son doigt vers mon pouce emmailloté.

-Non ça va, mentis-je voulant montrer que j'étais forte.

-Ah tu es sûre ? Parce que si tu avais eu mal, je t'aurais fait un bisou magique ! S'écria-t-il.

Il était joueur. Cela se lisait dans son regard. Me sentant soudain gourde, je rectifiais alors :

-Euh...Bah...Si j'ai un peu mal en fait !

Je lui tendis immédiatement ma main sans hésitation en me jurant que je ne me la laverai plus jamais le doigt qu'il avait effleuré de ses lèvres. Il s'en empara avec délicatesse alors que j'osai balayer ses cheveux pour voir s'ils étaient réellement doux. Et il l'était.

-Merci Olaf. Grâce à toi, je n'ai plus mal ! Clamai-je, me sentant obligée de le préciser.

-A ton service mademoiselle Iduna ! Renchérit-il tout content.

Ravis, nous continuâmes notre route jusqu'à arriver près d'un fleuve bordé par des berges verdoyantes et des rochers lisses. Ayant repéré Helga, je lâchais subitement la main de mon amoureux secret et courus dans les bras de ma meilleure amie en poussant un cri de joie.

-Je nous ai cueilli des baies de sureaux comestibles et je t'ai confectionné ça ! Clama-t-elle après que nous nous soyons relâchées et prises encore dans nos bras à plusieurs reprises.

-Bon...Eh bien...Je vous envoie Ylva ! Cria Olaf en comprenant qu'il ne servait plus à rien.

Ma sœur de cœur le regarda hautainement puis balaya l'air de ses bras pour lui dire de partir. Il lui fit aussitôt une grimace alors que mes doigts se concentrèrent sur la jolie création qu'elle m'avait faite. Nous nous assîmes ensuite en tailleur et mangeâmes les mets qui nous laissèrent des traces violettes partout autour de la bouche si bien que nous nous mîmes à ricaner jusqu'à ce que nous ne puissions plus nous arrêter.

-Attends...Attends...J'ai mal au ventre ! Je vais vomir ! Clamai-je en sentant la collation remonter.

Nous évitâmes alors de nous regarder pendant quelques secondes pour ne pas repartirent dans un fou rire mais ce fut peine perdue. Nos yeux se croisèrent à nouveau et nous n'entendîmes plus que nos gloussements dans toute la Forêt Enchantée.

-Leçon de chamanisme ? Lançai-je alors.

-Leçon de chamanisme ! Répéta Helga.

Sans attendre, nous fermâmes tout de suite nos yeux et nous concentrâmes sur notre chakra sacré pour que celui-ci s'apaise. Après plusieurs respirations, cela fonctionna et nous retrouvâmes une allure normale. Je rouvris les yeux avant ma meilleure amie et me frottai les mains sur mon châle violet... Il était si doux...Comme les cheveux d'Olaf...Je ne pourrai jamais m'en séparer...Tant pis...J'inventerai qu'Ylva m'en avait confectionné deux. Puis, je me rendis compte qu'elle m'observait et je m'écriai alors :

-Tu es vraiment très gentille de m'avoir fait ce cadeau Helga ! J'en aurais bien besoin quand j'aurais froid aux Terres Gelées...Et j'aurais une part de toi avec moi comme ça !

Elle rougit satisfaite et je sus que je l'avais gênée. Je posais immédiatement ma main ferme sur la sienne pour faire redescendre sa température alors qu'elle répliqua :

-Ça m'a fait plaisir...En même temps ! Ce n'est rien ! C'est normal tu es ma meilleure amie !

-Oui mais quand même...Moi je n'ai rien à t'offrir, bafouillai-je gênée.

C'était le comble pour une descendante du Père Noël ! Quelle nulle je faisais ! Au bord des larmes car je n'avais même pas songé à lui trouver un petit quelque chose, je sentis mes énergies s'adoucir à nouveau quand elle me transmit de la chaleur en faisant la connexion avec ses doigts. Elle finit par renchérir :

-Notre amitié est tout ce que je veux de ta part...

-Et c'est déjà bien compliqué comme cela, soupirai-je en pensant à la haine de nos parents.

Helga acquiesça du chef et murmura :

-Tout de même...Maman m'a aidé à te fabriquer ce châle ! Je ne te l'aurais jamais fini autrement.

-Moi j'ai menti à la mienne en lui faisant croire que nous ne serions pas meilleures amies ! M'exclamai-je.

-Cela peut se voir comme une sorte de cadeau ! Remarqua-t-elle avec un grand sourire.

Nous nous regardâmes un court instant et gloussâmes à nouveau. Comme il était bon d'être entourée de sa famille de cœur. Si la vie pouvait être tous les jours être comme cela. Sans soucis. Sans guerre. Ce serait l'Hellheilm. Helga sembla avoir les mêmes pensées que moi. Nous nous allongeâmes dans un long silence et observâmes le ciel alors que j'étais toujours pensive. Oui. Oui être avec ses amis était la meilleure des choses. Le visage d'Olaf apparut soudain dans mon esprit et je fermais les yeux pour ne pas rougir. Puis je les rouvris vite et repris :

-Dis...Est-ce que tu crois qu'on se mariera et qu'on aura des enfants un jour ?

Les poils d'Helga s'hérissèrent immédiatement comme si je venais de sortir la bêtise la plus grosse du monde et elle s'écria :

-Bah évidemment que oui ! Madame Sappos n'a pas allumé de coupoles pour toi et ton futur amoureux ?

Je n'avais jamais entendu parler de ce rituel. Toutefois comme je ne voulais pas que ma meilleure amie croit que je suis inculte, je secouai juste la tête. Elle me regarda alors avec envie et rétorqua :

-Eh bien tu as de la chance ! Au moins tu pourras tomber amoureuse de qui tu veux.

Ne comprenant toujours pas le rapport entre les coupoles et nos futurs maris, je m'accoudais dans l'herbe tendre et la questionnai intriguée d'une voix un peu surprise :

-Ah bon...Mais pourquoi tu dis ça ?

Helga soupira et se mordit la lèvre comme si elle n'était pas prête à révéler un secret. Mon cœur cogna fort dans ma poitrine et j'en vins à me demander si ses parents ne lui avaient pas sorti les mêmes réflexions de malédiction entre nos deux familles qu'à moi. Puis finalement, elle chuchota :

-Je suis amoureuse de Yuma...Mais Papa et Maman ont allumé ma coupole de mariage et celle d'Olaf...Tu es sûre que tu ne veux pas te dévouer à ma place ?

Mon souffle se coupa alors que j'étais en train de réaliser ce qu'elle venait de dire. Les mots « coupoles » et « mariage » s'associèrent alors qu'un souvenir d'un dessin dans un grimoire de chamanisme violemment fermé par Maman me revint alors en mémoire. Des coupoles de mariage...Oui...Une tradition instaurée par Emma Piceaerd que Maman faisait uniquement à la demande des mariés qui y tenaient. Voilà pourquoi, elle ne me l'avait pas effectué avec moi.

J'éclatais de rire pour essayer de désamorcer la situation mais la réalité me brisa le cœur en mille morceaux. Monsieur, Madame Piceaerd et les dieux avaient déjà unis Olaf à quelqu'un d'autre qu'à moi et je ne pourrai jamais remédier à cela. Je fis de mon mieux pour que ma voix ne soit pas déraillée par la déception et dis alors :

-Non merci...Je n'en ai pas envie...Pour l'instant, de toute façon je n'ai pas encore choisi de garçon qui trouve dévotion à mes yeux...Mais j'aimerais bien que ça arrive un jour... En attendant je me consacre entièrement au chamanisme.

-Pareil que moi ! Nos âmes sont comme synchronisées ! Clama Helga ignorant la douleur qui était en train de me ronger le corps de la tête aux pieds.

Pourquoi avait-il fallu que je parle de cela ? Nous avions bien le temps pour nous soucier de nos amoureux. J'essayais de le prendre avec philosophie. Après tout si j'avais des sentiments pour Olaf maintenant, je n'en aurais peut-être plus pour lui une fois adulte. J'oubliai mon trouble quand elle m'enlaça encore. Puis elle me défit ma tresse et en fit deux comme elle savait si bien les faire. Nous nous penchâmes ensuite vers l'eau des berges pour que je puisse me voir comme dans un miroir.

-Voilà...Finit-elle par dire, comme ça, nous sommes comme des jumelles.

J'approuvai alors que deux yeux translucides nous épièrent dans le reflet de l'eau. Amusée, Helga chanta pour que l'esprit sorte la tête et nous le saluâmes.

-Le Nokk, c'est vraiment mon préféré ! Nous nous sommes choisis tu sais ! C'est comme si j'avais été attirée par lui, le jour où Maman m'a présenté les esprits...Je ne savais même pas qu'en étant pas cinquième esprit, je pouvais autant être reliée à eux aussi fort !

-Fascinant, murmurai-je.

-Et toi ? C'est lequel ton préféré ? Renchérit-elle curieuse.

-Hum...Bruni...Maman dit que les Sappos ont toujours été attirés par le feu.

-Intéressant pour des personnes des Terres Gelées ! Clama-t-elle.

J'approuvais en silence. Il lui lécha alors la joue puis disparut dans l'eau alors que je continuais de songer à nos futurs mariages. Une idée germa alors dans ma tête et je repris à l'égard de ma meilleure amie :

-Faisons un pacte Helga !

-Je t'écoute, dit-elle.

Enthousiaste, même si je savais que j'allais sortir une idée saugrenue, je lui entourai alors l'épaule et m'écriai :

-Promettons-nous d'allumer les coupoles pour unir nos enfants ! Comme nous sommes comme des sœurs, ça sera obligé qu'ils s'aiment !

Elle chercha tout de suite dans mon regard pour voir si je plaisantais mais je maintins un regard déterminé. Malgré cette pseudo malédiction, j'étais prête à essayer d'unir un Sappos et une Piceaerd ou inversement. Je savais ce qui se passait dans sa tête : Nos parents se détestaient...C'était simplement de la provocation à leurs égards...Et pourtant notre amitié était bien réelle. Très forte. Après quelques instants d'hésitation, elle écarquilla les yeux et fit un grand sourire avant de conclure :

- C'est d'accord Iduna !

Nous nous sourîmes avec violence puis scellâmes nos mains en signe de nouvel accord. Nous finîmes par nous couper une mèche chacune pour nous les échanger en guise de preuve. Ylva choisit ce moment pour nous rejoindre et nous jouâmes à chat le reste de l'après-midi si bien que le soleil était en train de décliner quand elle nous suggéra :

-Oh ! Il faudrait peut-être retourner à la Clairière ! Ma Grosse Gaga, pars en premier comme ça vos parents croiront que nous étions que toutes les deux !

-Tiens ! Tiens ! Mais on ne vous a jamais dit qu'il n'était pas beau de mentir Mademoiselle Nordlys ?! Clamèrent soudain quatre voix d'adultes en chœur.

Nous blêmîmes toutes les trois en même temps alors que nos parents nous dévisageaient durement à l'orée des arbres. Par précaution Helga et moi nous lâchâmes la main mais il était trop tard. Nous devions être observées depuis un bon moment à voir la tête de déconfiture de nos parents. Ma mère regarda encore Christia avec violence et ajouta :

-Il y en a une d'ailleurs à qui il va aussi falloir apprendre la notion des méfaits du mensonge ! A moins bien sûr qu'elle eût été entraînée par cette petite Mère Fouettarde !

Madame Piceaerd la fusilla alors du regard et grogna :

- C'est tout à son honneur d'être la descendante d'une femme qui a failli se faire berner par un gros plein de soupe qui prône la bienveillance et la gentillesse sans pour autant être capable de l'appliquer à ses propres descendants ! Bravo pour l'ouverture d'esprit !

Le visage de Maman vira au rouge tandis qu'elle encaissa ses paroles. Elle finit par bredouiller :

-Vu le poids de ta fille mon ancêtre n'a pas trop de quoi rougir...Bien...Éloignez votre enfant de la mienne c'est tout ce que je vous demande !

-Au risque de vous déplaire chère Madame Sappos, c'est la vôtre qui n'est pas à sa place ici ! Nous ! Nous nous sommes des habitants de la Forêt Enchantée ! Nous sommes chez nous ! Alors c'est votre royale postérieure de Mère Noëlle qui va se bouger de déguerpir avec votre enfant ! Lança à nouveau Madame Piceaerd d'une voix moqueuse.

Furieuse, elle plia et se rapprocha de moi avec une lueur sanguinaire dans le regard. Elle m'agrippa le bras et me força à la suivre tandis que mes jambes étaient en coton. Nous arrivâmes bientôt à la hauteur de mon père qui m'envoya une fessée magistrale.

-Nous reparlerons de ton comportement plus tard ! Dit-il durement, nous nous sommes déjà trop donnés en spectacle devant ces scélérats ! N'est-ce pas Amaris ?

-Tu as raison Elias...Ajouta-t-elle.

Avant de se rendre compte que j'avais un bandage au doigt. Je voulus tout de suite cacher ma main derrière mon dos, mais elle me la déroba et dénoua rapidement le morceau de tissus. Puis elle me lança un regard paniqué en clamant :

-Iduna, c'est elle qui t'a fait ça ?!

Toujours honteuse d'avoir reçu une punition devant ma meilleure amie, je me contentais de secouer la tête alors que monsieur et madame Piceaerd s'aperçurent à leur tour que leur fille avait une trace similaire à la mienne.

-Peux-tu nous expliquer Helga ? Demanda son père avec impatience.

Elle haussa les épaules et la main de sa mère s'abattit aussitôt sur sa joue. Nos parents se concertèrent du regard dans un mélange de colère et de peur. De plus en plus pâle, je crus que ma mère allait s'évanouir. Au bord des larmes, elle finit par s'égosiller :

-Il...Il est hors de question qu'elles se voient à nouveau !

Rick et Christia gardèrent un sang-froid incroyable en hochant la tête et la Maman de ma meilleure amie reprit avec ironie :

-Il ne vaut mieux pas en effet ! Nous parlerons de chamanisme par Courant d'Air dorénavant.

Ma mère la fusilla du regard alors que ses yeux étaient de plus en plus hautains. Je crus qu'elles allaient en venir aux mains mais nos Papas les canalisèrent. Mon rythme cardiaque s'accéléra alors que j'étais en train de réaliser amèrement que rien ne serait plus jamais comme avant. N'y tenant plus, je pleurais silencieusement. Helga et moi n'avions même pas pu nous dire adieux. Notre amitié ne pouvait pas se finir ainsi ! C'était injuste !

Quitte à me prendre une autre fessée, je bravais une dernière fois les adultes. Ainsi, profitant d'un instant d'inattention de mes parents, je me dérobai soudain de mon père et courus enlacer ma meilleure amie une dernière fois.

-On s'écrira par Courant d'Air...Chuchotai-je, on s'écrira...Je ne t'oublierai pas Helga...

-Je te le promets, murmura-t-elle, moi non plus je ne t'oublierai pas Iduna...

Nous nous enlaçâmes encore et encore avant d'être définitivement séparées par nos parents respectifs. Nos cris déchirants furent bientôt les seuls échos de la Forêt Enchantée.





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Dim 25 Sep 2022, 22:19
Je viens de lire et finalement je me dis que dans mon commentaire j'avais un chapitre d'avance lol!
A moins que je ne t'aie inspiré ! Razz

Oui laissez moi croire que j'ai eu une influence sur le Fcu Razz
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Dim 25 Sep 2022, 22:29
Floconnette a écrit:Je viens de lire et finalement je me dis que dans mon commentaire j'avais un chapitre d'avance lol!
A moins que je ne t'aie inspiré ! Razz

Oui laissez moi croire que j'ai eu une influence sur le Fcu Razz

Perdu ! J'avais écrit le chapitre avant que tu postes le commentaire ! Razz
Néanmoins tu as eu quelques influences sur certains chapitres de Prise par un Northuldra et bien évidemment tu verras pour Hallricsen ce que je lui réserve...Mais comme dirait Kristoff c'est dans longtemps, dans très très longtemps ! I love it

Mais non il ne faut pas croire ! Tu es un puits d'inspiration ma petite @Floconnette chérie ! I love it I love you :calin:


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Lun 26 Sep 2022, 20:20
Du côté d'Helga, un an après l'attaque d'Arnevik, elle est tout excité à revoir bientôt Iduna à l'occasion d'un jour de fête. Mais elle repense aussi aux moments passés avec Yuma, qu'elle a finit par tomber amoureux, pas comme Olaf où son amour n'était pas vraiment réciproque, malgré les coupoles qui les destinent à être ensemble. Mais comme le dit la "tradition", Picéards et Sappos ne font jamais bon ménage, aussi il serait impensable que ses parents sachent qu'elle parle avec Iduna, sauf s'il s'agit de chamanisme, selon sa mère. Même si elle n'approuve pas cette amitié pour autant.

Mais avant la rencontre, Helga doit finir son travail de couture du châle. Puis seulement après elle pourra commencer à jouer avec ses amis. Mais en rentrant, ils surprennent les parents d'Helga et Yuma en train de parler : à propos des défenses à renforcer en vue d'éventuels attaques d'Arnevik, et même à l'attaquer directement, tout ça avec l'aide des northuldras des Terres Gelées qui arriveront bientôt pour la fête. Pour les enfants, ce projet n'est pas bien apprécié, mais c'est sans compter l'impulsion d'Helga qui les convainquent de conclure un pacte de sang entre eux pour participer à cette guerre, par vengeance envers ceux qu'ils ont perdu.

Du côté d'Iduna, alors qu'elle est en route pour retrouver Helga, elle en apprend plus sur l'animosité animant les Picéards et les Sappos depuis des lustres, comprenant que même si elle est du côté du bien (si on peut dire en ces termes), les choses ne sont pas aussi simples et ne le seront jamais non plus. Sans compter qu'il y aurait une certaine malédiction derrière tout ça, à chaque fois qu'un Picéard et un Sappos s'unit par l'amitié ou le mariage. Mais ça, Iduna n'y croit pas et fait la fausse promesse à sa mère de ne parler que de chamanisme avec son amie. Mais à peine arrivée, elle est d'abord mise dans la confidence et le pacte avant de rejoindre Helga, Olaf l'accompagnant à son plus grand bonheur.

Puis une fois avoir fait une leçon de chamanisme avec Helga et à se faire tresser les cheveux pour ressembler à son ami, elle reçoit d'elle le châle tricotée de ce matin et des délicieuses baies de sureaux. Mais Iduna, elle, n'a rien à offrir à Iduna, mais cette dernière la rassure que leur amitié est tout ce qui lui importe. Puis elle apprend ensuite l'existence des coupoles, leur utilité et qu'Helga et Olaf sont destinés à les allumer pour être mariés, à son grand désarroi, même si elle essaye de se convaincre que son amour envers Olaf disparaîtra le temps passant. Mais histoire de compenser sa tristesse (si tant est que ça suffise), elle propose un pacte à Helga : celui d'unir leurs futurs enfants entre eux. Pacte accepté !

Mais finir sur cette note serait trop beau pour être vrai, car les parents des deux enfants arrivent, constatant leur fille respectives ensemble. Et évidemment, Sappos + Picéards = confrontations ancestrales, cette fois entre les deux matrones. Et même si ça ne dure heureusement pas, c'est les enfants qui devront subir la correction parental, plus encore quand les parents remarquent la coupure aux doigts des deux fillettes.

C'est dit, Helga et Iduna ne se reverront plus ! Et quant aux discussions sur le chamanisme, c'est Courant d'Air qui fera office de facteur.

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Lun 26 Sep 2022, 21:24
Merci @Dov pour ton commentaire Smile

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Mar 27 Sep 2022, 21:39
Les deux chapitres pour samedi sont en cours d'écriture Wink

Pour le chapitre 4, étant donné que c'est un retour dans l'Hellheilm et que ce sera assez court, je ne mets pas de spoilers sans contexte, en revanche pour le chapitre 5, voici les spoilers sans contexte Very Happy


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Ven 30 Sep 2022, 18:19
Oh non!!! :sorry: j'avais pas vu et je pensais avoir commenté
Je suis trop nulle Sad
Bon il me fait une excuse... bah je dirai que c'est la faute de @Frantzoze !
Pourquoi je sais pas mais bon ça marche!
Tu dois nous offrir le McDonald's pour te faire pardonner Frantzoze! Razz

Bon et pour les spoilers il y aura donc le tour de table des prisonniers du présent, ça promet!!!et après ça un tour de table des enfants du passé et sans doute des retrouvaient entre les deux amies avec maman qui n apprécié pas... au point de les espionner?

Et.encore désolée !!! Frantzoze c'est ta faute! On veut toues les deux un happy meal!!!
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Ven 30 Sep 2022, 19:31
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Quand tu lis le message de @Floconnette Sad Sad Sad Sad Sad

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Ven 30 Sep 2022, 19:41
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Sam 01 Oct 2022, 20:36
Voici donc les deux chapitres de ce soir. Il en sera de même tous les quatre-cinq chapitres.
Bonne lecture Smile
Je m'excuse par avance car je ne sais plus si j'ai corrigé le texte pour le chapitre 4, le chapitre 5 de sûr c'est fait ^^


Chapitre 4 : Prison de glace 1 : [/size]

La dernière phrase de Mémé Iduna venait d'être dite nous laissant dans un malaise silencieux. Je soupçonnais déjà que la haine entre les familles soit due à une visite d'Emma du temps où celle-ci demeurait mauvaise. J'observais alors mes grands-parents et étais sur le point de sortir une bêtise quand ma fille me devança :

-Bah dit donc ! C'est un miracle que vous vous soyez trouvé tous les deux !

Ils sursautèrent, rougirent et se lancèrent tout de même un sourire complice malgré leur désaccord.

-Oui c'est grâce aux coupoles ! S'exclama Mamie Anna se moquant au passage de Yélana.

-Sur ce point-là, je rejoins la vision de notre grand-mère ! Nota alors Papy Elysia avec dureté à l'égard de Mémé Helga et sa mère, la prochaine fois qu'Emma Piceaerd aura des idées idiotes comme celles-là, elle fera mieux de s'abstenir.
-Hum...Je pense que tu n'es pas prêt pour la suite mon fils...Soupira derechef Mémé Iduna.

Mon autre aïeule lui lança un regard interrogateur et écarquilla de grands yeux avant de répliquer :

-Quoi ?! Ne me dis pas que toi aussi tu as... ?

Elle sursauta violemment et elles rirent en même temps.

-Mais qu'est-ce qu'elles ont encore fait ces deux fofolles ?! Dit à son tour Ylva qui comme nous ne comprenait rien à ce qu'elles racontaient.
-Ne vous inquiétez pas ! Vous saurez tout plus tard ! Clamèrent-elles en ricanant de plus belle.
-Nous sommes dans une basse-cour...Chuchota alors Papa à l'oreille de Maman.
-Tu devrais avoir l'habitude Agnarr...Anna et Elsa faisaient autant de bruits lorsqu'elles étaient enfants souviens-toi...Renchérit-elle.

Mon père me fixa alors que mes joues se chauffèrent également et ce fut finalement mon grand-père qui me sauva en clamant d'une voix boudeuse :

-Moi j'aimerais bien comprendre pourquoi quand je parle de coupoles bizarrement ça fait rire...
-Oh mais de quoi il se plaint le petit frère ?! Ce n'est pas toi qui les a subi ! Intervint à son tour Amarok.

Abasourdi, Papy Elysia se tourna alors méchamment vers lui et grommela :

-Ose répéter ça espèce d'andouille ! J'ai pas subi les coupoles qu'il m'a sorties ?! Tu te moques de moi ou quoi ?! Nous avons tous les quatre été victimes d'une promesse de fillettes !

Réactives mes deux aïeules le bloquèrent immédiatement et lui agrippèrent chacune une oreille, montrant par la même occasion qu'elles n'avaient pas aimé la remarque. Mon grand-oncle Amarok explosa tout de suite de rire mais s'arrêta bien vite en voyant le regard carnassier que lui lança Pépé Yuma.

-Pour quelqu'un qui ne veut pas ressembler à son père, je te confirme que tu es aussi virulent que lui ! Clama aussitôt Mémé Iduna.

A notre grande surprise, la Mère de Yélana se râcla la gorge et rétorqua :

-Hum...Tu l'es aussi ma Reine...Bien plus que Yuma si mes souvenirs sont bons.
-Et ils l'ont toujours été ! S'écrièrent les voix de nos quatre ancêtres en même temps.

Cela flatta l'historienne et Yélana en profita pour voler un baiser à son mari tout en lui susurrant :

-Monsieur Lorcus... Pardonnez-moi, mais est-ce que vous venez vraiment de dire que vous avez subi les coupoles au cours de toute votre vie ?!

Elle le fusilla du regard et notre grand-oncle se mit soudain à pâlir. Bravant le danger que pouvait être la cheffe des Northuldra avec son côté caractériel, il répliqua :

-Oui...Bah...Pas à partir du moment où elles nous ont unies...Mais avoue que toi aussi, elles t'ont quand même un peu embêté...Allez ! Admets-le mon amour !

Mamie Anna nous avait déjà dit qu'il avait l'art de tourner la situation en sa faveur...Nous avions l'exemple en direct sous nos yeux à présent. Pour une fois, c'était loin de déplaire à mes grands-parents qui jubilèrent immédiatement en lorgnant Yélana avec amusement jusqu'à ce que cette dernière rougisse.

-Oui, Oui ! J'en ai souffert de cette situation aussi ! Finit-elle par cracher après plusieurs secondes de silence.

Amusés, mes grands-parents applaudirent alors, tandis qu'Amarok lui déroba un baiser qu'elle accepta en étant tout de même contrariée. Sentant qu'une ambiance chaleureuse était en train de s'installer, Papy Elysia essaya tout de suite de faire de même avec Mamie Anna mais cette dernière se recula pour lui montrer qu'elle était toujours fâchée après lui.

- N'essaye même pas Elysia Sappos ! Tu n'auras rien de ma part tant que nous ne serons pas sortis de cet endroit ! Grinça-t-elle.
-Ce qui risque d'être long si nous sommes coincés pour de bon ici pour toujours, soupira Papa.

Papy lui jeta immédiatement un regard noir et renchérit :

-Merci ! J'adore votre optimisme Moustache Junior !

Mon père se rebiffa alors mais ma fille qui voulait sans doute bien faire, expliqua :

-En même temps avec tout ce qui vient d'être dit sur la haine de Mémé Christia et Mémé Amaris à l'égard des Sappos et des Piceaerd, ce n'est pas surprenant que Mémé Anna en veuille à Pépé Elysia...Vous savez, c'est sans doute dans les gênes...

Nos plus vieilles aïeules lui jetèrent alors un regard hautain tandis que je la pris contre moi en lançant un petit sourire gêné.

-Hum...Ma chérie...Je pense que tu en as assez dit...Si tu n'as pas envie de finir en ragoût de renne...

Me bravant de son air déterminé, elle ajouta d'une voix tenace :

-Je dis juste la vérité Maman, n'en déplaise à certains ! D'ailleurs pour avoir conter également l'histoire du Père Noël et de la Mère Fouettarde aux petits Northuldra, je n'ai jamais entendu que les Sappos avaient trouvé le nom de famille en premier par rapport aux Piceaerd ni entendu parler d'une quelconque malédiction.
-Hum...C'est peut-être tout simplement parce que ce n'est pas du tout la vérité jeune fille ! S'exclama Mémé Helga qui se radoucit en la regardant avec un grand sourire.
-Pas la vérité ? Répéta-t-elle soulagée.
-Et non, reprit Mémé Iduna, nos parents se détestaient tellement qu'ils étaient prêts à nous faire croire n'importe quoi pour ne plus que nous nous voyons !
-Whoua ! Qu'est-ce que ça a bien fonctionné puisque de toute façon vous aviez déjà décidé de marier tout le monde avant même qu'ils soient conçus ! S'écria Maman d'une voix moqueuse.
-Merci pour cette phrase mon Ange de l'Air...Je pense même que sur le point du mariage arrangé tu n'as pas à rougir puisqu'il me semble que ta propre petite fille ici présente découle d'une union qui n'avait aucun amour à la base, murmura Mamie Anna en lui lançant un regard noir.

Le teint de Maman blêmit aussitôt alors qu'Hans et moi cherchâmes à nous faire tout petits. Sentant que l'atmosphère était en train de s'alourdir, Papa répliqua tout de suite :

-Belle-Maman s'il vous plaît, évitez d'être si stressée comme cela...Nous sommes dans l'Hellheilm ! Nous sommes tous ensemble dans la joie et la bonne humeur...

Elle lui lança immédiatement un sourire nerveux et Papy Elysia s'exclama avec ironie :

-Hum...Non, n'essayez pas Moustache Junior...Même vous, vous n'y croyez pas !

Mémé Helga qui jusque-là était restée passive, s'écria alors :

-Bon quand ces messieurs dames auront fini de se prendre la tête, je pourrai peut-être reprendre notre histoire familiale !
-Bah ça dépend ! Si c'est pour entendre Papa et toi vous insultez durant les trois quarts du récit ! Moi je passe mon tour, renchérit mon aïeule, vous m'avez déjà fatigué et vous êtes encore qu'enfants !
-Oui enfin si je puis me permettre Belle-Maman, vous aussi vous passiez votre temps à vous disputer avec votre fiancé, essaya mon Père.
-Mais moi je ne lui ai pas fait d'enfants après mon Gendre, merci ! J'aurais préféré oublier la seule fois où ce cher monsieur a voulu avoir un moment intime avec mon corps, d'une façon plus que forcée ! Grinça-t-elle tout de suite.

Grand Tonton Amarok et Yélana tournèrent aussitôt de l'œil à la mention du viol.

-Hum...Mamie...Nous ne sommes pas là parce que justement nous voudrions nous réconcilier tous ensemble ? Soulevai-je, trouvant que la conversation allait vers l'opposé.
-Tu as raison ma petite Piceaerd, chuchota-t-elle troublée, pardon...Je me suis emportée.
-En même temps, détrousser les jeunes filles sans leur consentement...C'est de famille, grinça Papy Elysia entre ses dents tandis que sa colère était encore et toujours dirigée vers Pépé Yuma.
-Et les mettre enceinte aussi par la même occasion, renchérit Amarok qui n'apprécia pas la remarque.
-Oui alors...Si je puis me permettre...Commença Ylva.
-...Non laisse Marraine ! Je vais le dire moi-même ! Pour ton information espèce de crétin, ma femme était amplement consentante et c'est ça qui fait mal à ton petit ego d'aîné ! Minauda mon grand-père, dégainant déjà les poings, d'ailleurs puisque nous sommes sur les histoires d'amour, je n'ai pas vraiment envie d'avoir vos points de vue en détails ! Ajouta-t-il pour soutenir Mamie.

Mais cette dernière l'ignora une fois de plus en grognant :

-En même temps si tu n'avais pas fait ton boudeur et aurais accepté ton père et ton frère tout de suite, nous ne serions pas là ! Tu t'en plains qu'à toi...

Elle soupira alors et murmura :

-Quand je pense qu'en plus...
-...Nous sommes coincés ici et ne pouvons même pas faire de voyage astral, compléta-t-il en la dévorant avec envie.

Baissant soudain la garde, elle rougit violemment et se contenta d'acquiescer. L'air de rien, Papy lui agrippa doucement la main et finit par lui délivrer un baiser langoureux. Intriguée, je constatais que Madame Nordlys avait déjà la main sur un carnet et un crayon.

-A mon avis y en a pas pour longtemps avant que ces deux-là craquent, pouffa-t-elle.
-YLVA ! Grognèrent Mémé Iduna et Mémé Helga d'une seule traite.

Ce qui stoppa le baiser de mes grands-parents. Se voulant toujours fâchée, mon aïeule répliqua :

-Je suis toujours fâché Monsieur Elysia Sappos !
-Si vous voulez Madame Anna Piceaerd...Du moment que j'ai le droit à un petit câlin et des baisers...Moi je veux bien être fâché ! S'exclama-t-il en l'embrassant de plus belle.
-Whoua...Eh bah avec le feu qu'ils ont ces deux-là, si la glace ne fond pas...Répliqua mon grand-oncle.
-Prends-en de la graine Amarok, grinça derechef la mère de Yélana qui tenait toujours son tas de feuilles.
-Hum...De toute façon cela ne pourrait fonctionner puisque nous sommes coincés dans une paroi invisible, rappelai-je frustrée alors que je pensais moi-même à tous les ébats que j'aurais à rattraper avec Kristoff si jamais nous nous revoyions un jour.
-Peu importe ma Furie Rousse, je rejoins Tonton Amarok ! S'écria Maman dégoûtée, cinq minutes avant ça chouine que ça veut pas de détails et c'est eux qui nous illustrent les scènes sulfureuses qui font seulement plaisir à Grande Marraine !

Cela eut don de les stopper. Nous demeurâmes donc songeurs quelques instants ce qui donna l'impression à Mémé Helga de pouvoir reprendre l'histoire quand Papa, qu'on avait pas entendu depuis un moment, rétorqua :

-Puis-je me permettre d'apporter une petite rectification à vos propos dans tout ce qui vient d'être dit concernant la partie d'Arnevik et d'Arendelle ?
-Ah ? Pourquoi vous y étiez avec nous peut-être ? Se moqua gentiment Pépé Yuma.

Mon Père rougit de confusion et secoua la tête avant de répondre :

-Non...Ou alors je serai vraiment bien conservé ! Mais je puis affirmer qu'à Arendelle nous avons des archives royales et que notre partenariat avec Arnevik était bien délaissé à votre époque...S'ils vous attaquaient c'est surtout parce que c'étaient des pirates sanguinaires qui étaient sans cesse à la recherche de butins.
-Heureusement que grâce à Elsa nous avons réussi à rétablir cette partie du royaume et rendre hommage à Arnved et Aren en faisant en sorte qu'elle soit de nouveau prospère !
M'exclamai-je alors que ma chère sœur m'avait raconté il y a bien longtemps de cela comment elle s'était effeuillée sur les tables de l'Engel Død face à Maria.

Tous les membres du groupe me regardèrent tout de suite bizarrement comme si je les avais trahis par cette seule phrase. Ma fille fut la seule à me réconforter en se rapprochant de moi avec tendresse. Elle m'enlaça fortement quand nous entendîmes soudain qu'on tapait contre la fine pellicule invisible. Nous nous retournâmes tous pour découvrir...Un Pierre et une Emma amusés de la situation.

-Ouf ! Enfin des gens qui vont peut-être pouvoir nous sauver ! S'exclama Mamie Anna en s'approchant du mur invisible.
-Quoi ? Déjà ? Mais nous n'avons même pas eu la moitié du quart de l'histoire des Arrières-Belles-Mamans ! S'indigna Papa très sérieusement.
-Vous ne voudriez pas plutôt sortir d'ici Moustache Junior ? Questionna Papy Elysia avec impatience tout en lorgnant les fesses de ma grand-mère.

Cela en disait long sur l'activité qu'il avait envie de faire...

-Pas vraiment Mouton Hihi ! D'autant plus que je n'aurais pas Iduna de toute la semaine si je sors ! C'est Antoine qui aura le droit aux voyages astraux ! Répondit-il excité.

Maman rougit violemment sous le regard piqué d'une lassitude sévère de la part de mon grand-père.

-Oh mes aïeux ! C'est vrai ! J'avais oublié que ma chère filleule s'était mariée au jeune Populus après votre mort Agnarr ! Non mais attendez ! Qu'est-ce que je suis en train de raconter ! Iduna partage sa mort avec deux hommes ?! Cria à son tour Yélana en manquant de s'étouffer.
-Oui et elle fait des prouesses dans la lignée de ses aïeux cette demoiselle ! Commenta Ylva en lui lançant un sourire carnassier.
-Merci Marraine ! Grognèrent en même temps Papy et Mamie.
-Je fais ce que je veux de mon corps, non Tantine ? Renchérit-elle en la bravant.
-Non...Enfin...Si...De toute façon...Dans cette famille, l'échangisme fait aussi partie des mots d'ordres...Bafouilla-t-elle dépassée.

La remarque n'affecta aucun d'entre nous. Puis mes grands-parents se tournèrent à nouveau vers Emma et Pierre qui attendaient toujours derrière la paroi avec un grand sourire.

-Bon alors ! Vous allez nous aider à nous libérer oui ! Grommelèrent nos voix.
-Hum...Mauvaise idée ! Si nous vous délivrons, vous repartirez chacun dans votre partie du monde des morts et ce que notre chère nouvelle reine de l'Hellheilm entreprend depuis déjà plusieurs tentatives n'aura une fois de plus servi à rien, commença l'ancienne Mère Fouettarde.
-Alors qu'enfermés dans cette cage en verre, vous permet de sortir toutes les rancœurs et tous les secrets qui vous pèsent et vous permettront ainsi d'avancer et d'aboutir à une paix intérieure pour vous tous ! Compléta l'ex-Père Noël, vous avez trois grands secrets à délivrer.
-Mais il faut que nous allions nous occuper des enfants ! S'écria Mamie Anna avec colère.
-Oh ils survivent très bien sans vous...Je crois qu'ils se sont lancés comme défit un concours de celui qui mangera le plus de parts de bûches en une minute, renchérit Pierre, nous irons les border et leur raconter une jolie histoire après...Vous pouvez prendre tout votre temps, ils sont entre de bonnes mains !

Papy et Mamie soupirèrent alors que Mémé Iduna et Mémé Helga observaient ces nouvelles recrues avec des yeux à la fois remplis d'émerveillement et de mépris.

-Quand on y pense vous auriez dû venir dans le cercle avec nous ! S'écrièrent-elles avec violence, après tout ! C'est votre faute au départ si nous avons été séparées presque toute notre enfance !
-Nous ne pouvons rien faire contre la bêtise de l'être humain, souligna Emma, et vous le savez très bien mesdemoiselles.

Puis elle se reprit en regardant amoureusement Pierre :

-Enfin si...Nous avons pu expérimenter au cours de toutes ces années auprès de tous les enfants de la Terre, n'est-ce pas monsieur Sappos ?
-Outre tes manigances avec notre cher ex-gardien, lui rappela-t-il d'une voix mi-sévère, mi-enjouée.

Ma première ancêtre fit la moue et hocha la tête en lui octroyant un long baiser langoureux qui nous dégoûta un peu. Ce furent finalement nos quatre arrière-grands-parents qui se raclèrent la gorge pour les faire s'arrêter avant que Papa ne reprenne d'une voix tenace à l'égard de Mémé Helga :

-Du coup si j'ai bien suivi Arrière-Belle-Maman ! Ce qu'a dit votre Mère à propos des gens d'Arendelle et d'Arnevik était déjà faux...

L'aïeule dont ma fille détenait le prénom hocha rapidement la tête tandis que mon Père se tourna ensuite vers Mémé Iduna en renchérissant :

-Et ce qu'a dit la vôtre aussi d'ailleurs ?
-A propos de quoi ? Demanda-t-elle.
-Cette histoire de malédiction entre les Piceaerd et les Sappos par exemple ! Si ça ce n'est pas de l'endoctrinement ! S'exclama-t-il, quand on voit que Belle-Maman et Mouton Hihi ont été capables de produire la plus belle des créatures qu'est ma femme !

Les joues de ma mère se chauffèrent à nouveau alors qu'elle souffla un « Agnarr voyons ! » gênée.

-Je suis amplement d'accord avec lui mon Ange de l'Air ! S'exclama Mamie Anna en la dévorant du regard.

Ce qui laissa à mon autre Mémé le temps de répondre à Papa :

-Effectivement roi Agnarr ! Tout ce que mes parents contaient était purement faux... Que ce soit la malédiction entre nos deux ascendances...Ou le reste sur l'appropriation des noms de famille.

Elle se tourna ensuite vers nos premiers aïeux et ajouta :

-Tiens ! D'ailleurs ! Puisqu'on vous a tous les deux sous la main, pourriez-vous nous rappeler comment vous vous les êtes procurés...

Les deux amants se regardèrent alors avec complicité et Pierre demanda à sa femme :

-Tu le dis ou je m'en charge.
-A toi l'honneur vieille fripouille ! Se moqua gentiment Emma en lui offrant son plus beau sourire.

Il lui déroba immédiatement un autre baiser avant de reprendre :

-Eh bien, comme vous le savez tous, ma très chère Mère Fouettarde et moi-même avons été élevés par des bûcherons car nous étions orphelins, comme nous n'avions pas de noms de famille à proprement parler, Emma a eu l'idée de nous appeler Piceaerd car lorsqu'on parlait de nous deux, on disait « ce sont les gens qui habitent près des sapins », mais c'était en réalité des épicéas et c'est comme ça qu'est né le nom de Piceaerd. Quant à Sappos il est arrivé, mais après.
- C'est bien ce que je pensais, souligna à nouveau Papa, c'est vous qui aviez raison ! Non vos parents !
-Mais cela ne nous dit pas comment la haine entre les deux familles s'est envenimée au fil des siècles, souleva ma fille qui voulait revenir à l'histoire.

Je rejoignis son impatience en me plaçant à côté d'elle. Mes premiers ancêtres sentirent que c'était le moment de nous laisser puisqu'ils s'exclamèrent :

-On reviendra voir si vous êtes sages dans quelques heures ! De toute façon, vous ne pourrez, vous échapper de là tant que vous ne vous serez pas tout dit ce que vous avez sur le cœur, donc soyez fair-play et jouer le jeu ! A tout à l'heure !
-Attendez ! N'oubliez pas de souhaiter une bonne nuit à Olaf de notre part ! S'écria Mamie.
-Cela sera fait ma chère, renchérit Mémé Emma.

Ils repartirent alors aussi vite qu'ils étaient venus, laissant un nouveau malaise au sein de notre prison.

-Si ces messieurs dames veulent bien se rasseoir pour que je puisse continuer ! Répéta Mémé Helga, nous n'en sommes qu'au début après tout...

Elle appuya sa phrase par un regard lourd de sens à l'égard des autres membres de son âge qui approuvèrent d'un hochement de tête rempli de complicité
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Dernière édition par Ansa le Mar 08 Aoû 2023, 22:18, édité 5 fois

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Sam 01 Oct 2022, 20:53
Et voici donc le deuxième chapitre de ce soir Very Happy

Chapitre 5 : J’en ai marre :

Cinq ans. Cela faisait cinq ans maintenant que nous ne nous étions pas revues avec Iduna. Au début, j'avais été tellement en colère contre mes parents que j'avais arrêté d'être la bonne élève. J'avais tout refusé. Le chamanisme, les leçons générales de Maman, les sorties avec Olaf qui demeurait toujours un fiancé agaçant et frileux...J'étais tout simplement rentrée dans ma période du « NON » envers les adultes avec un peu de retard. Mais j'avais eu beau pleurnicher, contester, réfuter, mes parents n'avaient pas plié. Mes fesses avaient eu beau être rouges pendant des jours à cause de mes refus, j'avais fini par être docile. Maman avait perdu patience avant Papa et c'était sa main qui m'avait le plus martyrisé. Pour me punir davantage mes parents m'avaient interdit de revoir mes amis pendant un temps. De ce fait, mon chagrin n'avait fait que s'accroître. J'étais restée enfermée à clef dans la hutte, chaque fois qu'ils sortaient pour que je ne puisse pas m'échapper.

J'étais donc restée allongée pendant des jours jusqu'à recevoir une visite de Courant d'Air armé d'une lettre...D'Iduna. Dès lors, j'avais compris que nous pourrions avoir un autre moyen de communication grâce à l'esprit du vent. La lettre de ma meilleure amie m'avait réchauffé le cœur et je lui avais envoyé la mienne en retour. Nous avions alors échangé ainsi jusqu'à ce que je me montre à nouveau docile envers les adultes Piceaerd. Là, encore, ça avait pris du temps car j'avais la dent dure à l'égard de mes parents.
C'était finalement un beau jour d'août alors que j'étais toujours avachie sur mes peaux de rennes, que j'avais reçu de la visite. Intriguée car je n'étais toujours pas autorisée à recevoir du monde j'avais vu entrer Anna Camviridus en personne. Elle était apparue telle une magicienne sortant enfin de sa tour de bouillasse. D'abord méfiante, j'étais restée sur mes gardes me contentant de l'ignorer malgré ses beaux sourires. Elle était venue s'asseoir à côté de moi, imprégnant la chambre d'une odeur terreuse bien que meilleure que celle suante d'Olaf et m'avait pris la main. La sienne était ferme et calleuse. Une main de femme forte qui avait enduré des choses sans toutefois jamais nous en faire part.

-Et si tu m'expliquais ce qui te tracasse Helga Piceaerd, avait-elle dit, cela restera entre nous, je te le promets...Je ne mettrais même pas ta mère au courant ni aucun membre de ma famille.

Au début je n'avais pas voulu me confier à elle avant de finalement pleurer à chaudes larmes et tout lui raconter. A ma grande surprise, Anna avait écouté patiemment et m'avait même ramené contre son cœur avant de me de sécher le visage à l'aide d'un tissu.

-Crois-tu que la meilleure solution soit de rester à bouder tes parents ? Avait-elle demandé ensuite.

J'avais haussé les épaules, intriguée par sa réponse qui n'était pas un blâme.

-Ne voudrais-tu pas leur montrer au contraire qu'ils ont torts ? Avait-elle encore insisté.
-Mais nous ne sommes que deux petites filles...Nous ne pouvons pas faire grand-chose, avais-je rétorqué.

Anna avait immédiatement rigolé ce qui m'avait vexé. Puis elle m'avait à nouveau ramené contre elle et m'avait pris le visage pour que je puisse la regarder dans les yeux.

-Vous ne le serez pas éternellement mes chères petites. Un jour quand vous serez plus grandes vous pourrez montrer au monde entier que votre amitié est forte...Et elle le sera toujours crois-moi. Mais rien ne se gagne sans agissements. Il faut parfois se battre pour obtenir ce que l'on veut de plus précieux au monde. En attendant, il vous faudra user de finesse. Pour l'instant, vos parents sont en colère que ce soit les Piceaerd et les Sappos...Penses-tu que de les affronter alors qu'ils sont déjà à vifs ne va pas envenimer les choses ?

J'avais pris un temps pour assimiler ses paroles et avais répondu un maigre « si ».

-Donc il faut que je redevienne la petite fille gentille et que je fasse comme si j'étais contente qu'Iduna et moi soyons séparées, c'est bien cela ?

Elle m'avait longuement regardé avec une tendresse si maternelle que j'aurais aimé l'avoir pour Maman sur le champ. Puis elle avait déclaré :

-Disons qu'il ne faut pas trop en faire des tonnes...Mais il vaut mieux pour toi être instruite et avoir tes parents à tes côtés tant que tu n'as pas toutes les clefs pour leur prouver qu'Iduna et toi soyez les meilleures choses que le destin ait pu mettre sur la route des Piceaerd et des Sappos.
-Ah bon ? Pourquoi ? Avais-je questionné avec surprise.
-Parce que vous êtes les symboles de la réconciliation entre ses deux familles qui sont toutes les deux piquées d'orgueils et de querelles du passé ! S'était-elle exclamée.

Ses paroles m'avaient laissé songeuse mais j'avais été fière d'être la représentante de la fin des batailles interminables entre nos deux familles. J'avais attendu avec impatience qu'Anna s'en aille pour pouvoir écrire toute notre conversation à ma sœur de cœur. La Maman d'Olaf m'avait redonné de l'espoir et je m'étais réconciliée avec mes parents pour ne plus qu'ils aient de soupçons. Ainsi, j'avais pensé stratégie, et avais tissé des liens encore plus forts avec Yuma, Olaf et Ylva.

Cinq ans passèrent donc ainsi sans que je puisse revoir ma chère amie des Terres Gelées. J'avais gagné en confiance, en maturité, en dureté et en sagesse comme mes parents me l'avaient enseigné au cours de toutes ces années. Âgée de onze ans à présent, j'avais fini d'accomplir mon premier palier du chamanisme en découvrant que mon animal totem n'était autre que la coccinelle, un animal valorisant selon Maman. Symbole de porte-bonheur et métamorphose. Ma mère y avait vu pour moi un signe que j'avais définitivement épouser la sagesse en restant humble auprès de mon futur époux. Pour ma part, je le voyais plus comme un guide à suivre vers ma longue spiritualité et mes amours semés d'embûches. Et il était certain que plus les années passaient, plus je savais que ce ne serait pas facile de ce côté-là... J'étais toujours un peu replète mais moins boulotte à l'aube de mon adolescence si bien qu'Olaf avait cessé de me traiter de grosse à tout bout de champ et encore moins Maman. Ma chère Nordlys continuait quant à elle de me surnommer la « Grosse Gaga » mais c'est plus affectueux que méchant de sa part. Je demeurais toujours plus épaisse qu'elle qui était la plus fine et la plus petite de notre groupe. Je demandais souvent des descriptions à Iduna pour savoir si elle aussi avait grandi. Olaf s'était transformé également devenant encore plus trapu et costaud avec ses travaux aux champs...Ses cheveux châtains avaient légèrement poussés toutefois il continuait de se les couper pour qu'ils ne le gênent pas dans ses besognes.

Mais celui qui avait définitivement vu son physique changer, demeurait...Yuma. Atteignant presque deux tailles de plus que nous tous, sa carrure s'était élargie donnant des épaules massives de futur chef robuste, le tout couronné par une épaisse chevelure de guerrier nordique qui lui tombait maintenant aux épaules et qu'il attachait pour suivre les traces de ses ancêtres. Je me forçais à ne pas le regarder quand ce n'était pas lui qui me cherchait de ses yeux bleus magnifiques...Des yeux où je m'étais déjà perdue il y a bien longtemps maintenant... Oui, nous riions toujours autant tous les quatre...Mais ce n'était pas pareil avec lui...Et je savais très bien pourquoi...Même si je restais à ma place, ne voulant pas provoquer la foudre des dieux et des coupoles. Quelquefois je me trouvais absurde d'être autant attirée par lui, mettant cela sur le compte que je placerai n'importe quel garçon sur un piédestal par rapport à Olaf qui me dégoûtait toujours avec ces manières de rustre. Ce matin-là ne faisait pas exception à la règle alors que je me torturais toujours l'esprit entre le garçon Camviridus et le fils Lorcus.

-Assez Helga, murmurai-je en me grondant, essaye plutôt de te rappeler où est-ce que tu as été en voyage astral cette nuit...

Je fermai les yeux pour me concentrer sur les bribes de rêves qui auraient pu me revenir. Hélas, rien ne m'avait assez interpellé pour que je m'en rappelle sur l'instant. Et pourtant...Il m'eût suffi de plusieurs secondes pour reconstituer un paysage inconnu bordé de lourds pavés et d'un brouillard grisonnant. Concentrée, je me refis le scénario dans ma tête et avançai à petits pas dans ce labyrinthe de pierres. Peu à peu des maisons délabrées s'amoncelèrent dans mon esprit et je fus subjuguée par un des bâtiments qui m'interpella car plus gros et plus éclairé. C'était un lieu très bruyant.

Je voulus mentalement l'explorer pour essayer de trouver plus de détails dans ce souvenir quand j'entendis un petit claquement contre la paroi de ma chambre. Les images s'estompèrent immédiatement de mon esprit. Peu après, Courant d'Air s'infiltra entre une des fentes de la hutte pour me délivrer un billet qu'il me déposa entre les mains avant de se mettre en tapis de sol en attendant que je le lise et que je lui donne mon propre cachet de retour.

Un long sourire s'étira en voyant le prénom de la propriétaire. Comme toujours, j'ouvris la lettre dans une grande avidité avant de la relire plusieurs fois. Voici ce qu'elle disait :

« Ma Chère Helga,
Aujourd'hui j'ai passé la première étape de chamanisme comme toi, il y a quelques mois. J'ai le grand honneur de t'annoncer que j'ai la louve comme animal totem pour mon intelligence et mon appétit de liberté, mais aussi car j'accorde beaucoup d'importance aux liens sociaux que j'ai tissés. Sache que tu en fais partie ! Je ne te remercierai jamais assez d'être mon amie, malgré tout ce que nous avons eu à subir au cours de ses dernières années. Bon ! Comme pour toi avec la coccinelle avoir la louve a aussi de mauvais côtés et met mes craintes en valeur comme le fait que j'ai toujours peur d'être à part dans le groupe que nous avons construit ensemble car habitant loin de vous tous. Je me sens constamment menacée. Par Papa, par Maman qui ne fait que vérifier mes activités à longueur de journée ! C'est pour cela que tu reçois moins de lettres qu'avant. Je pense qu'ils me soupçonnent de te communiquer des informations d'où le fait que tu es restée huit longs jours sans rien.
J'espère que cela ne vient que de mon imagination. Je ne t'en dis pas plus, mais je sens qu'il y a quelque chose de bizarre chez eux. Leur aura est constamment lourde. Surtout chez Maman ! C'est une boule d'énergie nerveuse ! Ils semblent préparer la maison comme si nous allions recevoir une autre personne. Ils ont confectionné un autre lit, tanner d'autres peaux de rennes en guise de couvertures et tuer d'autres poulets de Norvège pour récupérer les plumes et en faire deux oreillers. J'ai observé le ventre de Maman ces quelques mois mais il n'est pas arrondi et je n'ai pas senti de nouvelle vie, l'autre fois quand je lui ai passé la main dessus en lui faisant un câlin. Alors je ne sais pas pour l'instant à quoi est dû tout ce remue-ménage. Je te tiendrais bien sûr au courant dans une prochaine lettre.
A très bientôt ma chère sœur de cœur.
Je t'aime affectueusement.
Iduna Sappos.
»

Indécise sur le comportement d'Amaris et Elias Sappos, je m'interrogeai soudain sur le fait que les miens n'aient pas voulu me donner des petits frères ou des petites sœurs.

- Qu'est-ce que je peux être bête...Ce n'est pas dans leur caractère...Papa et Maman n'ont pas assez de patience de toute façon ! Voilà pourquoi...Murmurai-je à voix haute.

Ils m'aimaient. Les dieux m'étaient témoins, je savais qu'ils m'aimaient. Mais je sentais parfois qu'ils m'avaient fait par dépit parce qu'ils voulaient absolument avoir une descendante pour perpétuer le chamanisme et la lignée des Piceaerd. Ma mère me le sortait parfois lorsqu'elle était en colère après moi. Que je n'étais qu'un fardeau physique et moral qu'elle était obligée de traîner jusqu'à ce que je m'assagisse. Elle se rendait compte ensuite qu'elle allait trop loin et s'excuser en m'enlaçant comme elle ne le faisait jamais. J'essayais de faire abstraction et n'y prêtais pas attention mais chaque parole était un peu plus blessante chaque jour. Je me jurai de ne jamais sortir cela à ma fille combien même je serai en colère contre elle...Combien même elle ferait une bêtise qui aurait de lourdes conséquences...Revenant soudain à l'instant présent, je pris un crayon et du papier et répondis à mon tour à ma sœur de cœur :

-Chère Iduna,
Ici, rien de nouveau par rapport à ce que j'ai déjà dit l'autre jour. Bravo pour ton totem. La louve c'est un animal plein de charisme par rapport à la coccinelle...Oh ! Si Maman m'entendait je me prendrais des réprimandes...Je ne saurais trop te dire ce qui se passe pour tes parents. Les adultes ont vraiment un comportement bizarre ! C'est déjà la sénilité qui approche peut-être ? Ou le fait que ta Mère ne pourra peut-être plus faire de bébés, du coup elle a besoin de s'occuper...Essaye de ne pas trop y penser. Tiens, je vais te divertir autrement ! Je ne t'ai pas tout dit en fait ! Tout à l'heure je vais aller rejoindre les autres membres du groupe et nous allons terminer le plan du pacte « détruire Arendelle » pour qu'il soit opérationnel. J'attendrais demain pour tout t'expliquer dans une énième lettre. Cela me pèse, mais s'il faut qu'on soit vigilante, on sera vigilante. Je ne veux pas prendre de risque pour notre amitié ! Je crois en nous et continuerai d'y croire jusqu'à notre dernier souffle.
A très bientôt.
Je t'embrasse de toute mon âme.
Helga.
"

Je me dépêchais de gratter les derniers mots et les redonner à Courant d'Air avant de me lever et de rejoindre mes parents pour le petit déjeuner. Ne prenant même pas la peine de m'installer à table, j'agrippai vite un biscuit au grand désarroi de Maman.

-Où files-tu mon enfant ? Il y a chamanisme ce matin ! S'écria-t-elle, et Madame Nordlys et moi devons vous parler...
-...J'ai rapidement un truc à faire avec Olaf, la coupai-je, je travaillerai mes leçons et mes devoirs après Maman, promis, fais-moi confiance, s'il te plaît !

Elle se radoucit immédiatement en entendant que j'allais voir mon fiancé et renchérit :

-Soit, c'est une décision pleine de sagesse ma petite...Mais prends tout de même le temps de manger, si tu t'empiffres trop vite c'est aussi pour cela que tu grossis ! Même si en ce moment tu me contraries en ayant presque bientôt plus que la peau sur les os à force de jeûner comme tu le fais...
-Oh je crois que j'ai assez de réserves Maman ! Tu me l'as assez répété après tout...Murmurai-je comme un reproche.

Je soutins un regard déterminé et cela la laissa songeuse. Elle prit conscience que j'avais grandi et que j'avais assimilé les nombreuses remarques qu'elle avait pu me faire sur mon poids au cours de mon enfance. Je lus un certain agacement dans ses yeux, néanmoins elle finit par me faire un petit signe en murmurant :

-Soit Helga...Ne viens pas te plaindre si tu as faim ensuite...Tu n'auras du ragoût de rennes qu'à midi...Allez va t'amuser maintenant et profite de ton fiancé.

J'acquiesçai et sortis enfin en trombe de la maison. Je retrouvai les autres membres dans la petite cabane que nous nous étions confectionnés dans des Mélèzes non loin du campement. Courant d'Air pouvait nous aider à y grimper ou bien Paco nous avait confectionné une échelle en bois pour les plus craintifs d'entre nous. C'était dans ce refuge qu'étaient nés tous les plans que nous avions mis en place à l'égard du peuple d'Arendelle. Nous n'avions pas entendu les adultes en reparler depuis cinq ans alors que nous n'en avions pas démordu. Mes amis et moi nous mîmes donc en cercle pour pouvoir en discuter alors que chacun savait à quel rôle s'en tenir. Ainsi Olaf avait celui de la gestion de temps, Ylva l'arbitraire qui régulait les temps de parole, Yuma le greffier et moi qui qui donnais les idées oralement. Dans une douceur extrême, le fils du chef me tendit alors la feuille qui datait de la semaine précédentes et déclara :

-Donne-nous les dernières nouvelles Helga, comme cela nous les aurons bien en tête.

J'approuvais en récupérant le papier, non sans ressentir des milliers de frissons quand nos doigts se rencontrèrent. Gênée, je me contrôlais et m'éclaircis la gorge avant d'annoncer :

-Alors, nous avons d'abord parler des différentes façons de tuer les Arendelliens mais il va falloir que nous clarifions définitivement aujourd'hui de quelle manière on souhaite les éliminer si nous voulons mettre le plan à exécution la semaine prochaine. Il faudra d'ailleurs penser à aller chercher Iduna.
-Tu t'en chargeras avec le Nokk ? Souleva Olaf soudain pris d'enthousiasme.

Je le regardais alors méchamment et grommelai :

-Hey ! Tu ne parles pas si Ylva ne t'as pas attribué la parole ! C'est le règlement !

Me faisant des gros yeux, il se tourna alors vers mon autre meilleure amie et attendit qu'elle lui dise de parler avant de répéter sa question.

-Oui, c'est le Nokk qui amènera Iduna dans la Forêt Enchantée. Elle l'appellera pour venir nous rejoindre, répondis-je.

Yuma leva alors la main à son tour et Ylva lui fit signe qu'il pouvait interagir.

-Continue Helga ! M'encouragea-t-il encore en me dévorant du regard.
-Ah oui pardon ! Bon j'en étais où...Ah oui ! Donc faut qu'on définisse comment on les tue parce qu'on hésitait encore entre plusieurs façons ! Olaf avait suggéré de dévier le grand lac qui abreuve nos cultures pour que cela fasse une grande vague qui engloutirait le royaume, Ylva qu'on pouvait prendre quelqu'un en otage pour que ce soit lui qui malencontreusement créait un accident, ensuite on l'abattrait, moi j'avais plutôt proposé qu'on fasse un voyage astral pour les brûler les uns après les autres et toi Yuma, tu voulais que nous les détruisions au corps à corps à l'aide des coutelas de nos parents ! M'exclamai-je.
-Il nous faut voter ! Intervint ma jeune amie de sa voix fluette, laquelle selon vous est la meilleure des solutions ?

Elle nous observa attentivement, attendant que l'un de nous lève la main pour répondre.

-Cela serait plus facile si nous votions, non ? Renchérit à son tour Olaf.
-Tu n'as pas attendu qu'Ylva te dise de parler ! Lui rappelai-je à nouveau.

Bon cette fois c'était plus pour l'agacer que pour le verbaliser. Et cela marcha à merveille quand il s'écria :

-La prochaine fois que tu me le redis, je te saute dessus pour te taper !
-Hey du calme ! S'exclama à son tour Yuma, prenant ma défense au passage, on rigolait...Regarde ! Moi non plus j'ai pas respecté le temps de parole ! Ce n'est pas grave !
-Si ! Cette grosse pimbêche ne te dit rien à toi ! Grommela-t-il en me regardant méchamment.
-Vous avez fini oui ! Cria alors Ylva, ramenant tout de suite le calme, on doit se battre contre les andouilles d'Arendelle ! Pas entre nous ! Pour vous aider, je vais donner en premier mon vote ! Yuma tu le griffonnes quelque part et on fera pareil pour vous tous ! Alors pour ma part j'aimais bien mon idée mais elle est trop lente comme celle d'Helga et Yuma ! Il vaudrait mieux créer la grosse vague qui déferlerait sur le village pour engloutir tout le monde d'un coup...Cela pourrait passer pour une catastrophe naturelle !

Ayant compris la leçon mon amoureux secret leva aussitôt la main et déclara :

-Oui mais comment on sait si le royaume est vraiment en bas ?
-Tu remets en doute ma parole ?! S'énerva-t-elle en devenant toute rouge.

Je ris malgré moi et Yuma me lança un regard, blessé. Il l'obtint à nouveau et répondit :

-Non, non ce n'est pas ça. C'est juste que comme nous n'y sommes jamais allés...Tu ne peux pas en être sûre à cent pour cent que c'est à cet endroit-là c'est tout...Mais tu as raison, de toute façon, nous n'avons pas trop le choix.

Ylva eut un sourire triomphant et me donna bientôt la parole. Ravie dans mon rôle de petite cheffe, je repris donc avec joie :

-Donc tout le monde vote pour la solution d'Olaf ?

Tout notre groupe hocha la tête en signe d'accord et je continuais alors :

- C'est OK, Yuma tu notes bien tout hein !

Oubliant sa colère, il m'offrit un acquiescement avec un grand sourire qui me charma immédiatement. Je poursuivis encore :

-Parfait ! Passons donc au récapitulatif final : Donc la semaine prochaine vers 15 heures précisément, on se retrouve tous aux Plages Grises pour réceptionner Iduna. De-là notre groupe se sépare en deux. Olaf et Yuma, vous vous occuperez de détourner la rivière à l'aide des Géants de la Terre qui vous creuseront de grands sillons...En revanche, ne leur dites pas pourquoi sinon vous n'obtiendrez aucune aide. Pendant ce temps-là, Ylva, Iduna et moi nous prenons de l'avance vers Arendelle. On ira discrètement et on se cachera sous la grotte pour être en sûreté. On vous enverra Courant d'Air pour que vous puissiez lancer l'eau. Ne le faites pas avant, d'accord ?
- D'accord ! Clamèrent-ils en unisson.

Je conclus alors :

-On a tout bon ou vous avez des questions ?
-Non tout est clair ! S'écrièrent les voix surexcitées par le projet.

Notre impatience se manifesta encore lorsque nous rangeâmes toutes nos affaires dans les cachettes de la cabane. Yuma recopia ensuite un double de ce qui venait d'être dit à Iduna et nous étions tous sur le point de lui envoyer quand Maman se manifesta non loin de l'aire de jeu :

-Les enfants ! Les enfants descendez ! Madame Nordlys a quelque d'important à vous dire !

Tandis que je me rappelais soudain qu'elle l'avait brièvement mentionné à table tout à l'heure, nous nous tournâmes alors vers Ylva mais elle haussa les épaules pour montrer qu'elle n'était pas au courant de quoique ce soit. Je rangeai rapidement la lettre dans mon corset et nous descendîmes l'échelle les uns après les autres. Yuma me précéda pour vérifier que j'étais bien en sécurité et il réceptionna ma main quand nous atterrîmes au sol.

Le visage de Madame Nordlys était grave, presque solennel autant que celui de ma Mère comme si elle allait annoncer quelque chose d'important. Elle déclara alors :

-Ylva ma chérie, il est temps de te préparer pour un long voyage, dis adieu à tes amis.

Indécise, ma meilleure amie blanchit et ne réussit pas à réagir. Plus vive par la symbolique de ses paroles, je m'accrochais à elle avec force en clamant :

-Non ! Non ! S'il vous plaît ! Je ne veux pas qu'Ylva meure !

A ma grande surprise, sa mère éclata tout de suite de rire et murmura :

-Mais il n'est pas question de cela ma petite Helga ! Ylva va partir pour un long séjour aux Terres Gelées pour tenir compagnie à Iduna Sappos.

Je me figeai d'un coup. Quoi ?! M'isoler de mon autre meilleure amie ?! Non ! Non et non ! Oubliant complètement le pacte de détruire Arendelle qui tombait à l'eau pour l'instant, je sentis les larmes picoter mes yeux alors que je tentais de contrôler ma respiration.

-Mais Maman...Je n'ai pas envie d'être loin de toi ! S'indigna enfin ma chère Nordlys en se mettant à pleurer à son tour, j'aime énormément Iduna, mais je ne veux pas être séparée ni de Papa ni de toi !

Le visage de sa mère se décomposa alors et je compris qu'il en était de même pour elle. Pour autant elle resta neutre et lui ouvrit ses bras en répliquant :

-Il le faudra pourtant ma petite chérie. Amaris Sappos souhaite que tu passes plus de temps avec sa fille. Elle a eu l'idée de te choisir toi car elle sait qu'il y aura pleins de choses qui t'intéresseront aux Terres Gelées. Cela épanouira ton esprit de réflexion.
-Dans ce cas-là Maman, pourquoi ne venez-vous pas avec moi ? Nous pourrions faire la journée des rencontres là-bas pour une fois, argumenta-t-elle encore.

Elle ne voulait pas renoncer à nous et cela me réchauffa le cœur. Nos deux mères ne lui répondirent pas tout de suite, préférant se concerter du regard avec un peu d'anxiété. Je savais déjà que la réponse n'allait pas nous plaire. Très digne, Ylva les observa et me fixa également avant de reprendre :

- J'y vais pour mettre fin à la guerre entre les Piceaerd et les Sappos, c'est ça ?

Madame Nordlys se mordit la lèvre et hocha la tête. Je me raidis immédiatement de contrariété et jetais un regard noir à Maman.

-Tu étais au courant n'est-ce pas ? Questionnai-je à son égard.

Inébranlable, elle dit alors :

-Oui je l'étais mon enfant. Amaris, Madame Nordlys et moi avons convenu que ce serait mieux pour vous deux. Cela permettra définitivement de t'éloigner d'Iduna et de permettre à notre charmante historienne de continuer à relater les faits de nos Terres les plus lointaines. On vous laisse une dizaine de minutes pour faire vos adieux.

Elles s'éloignèrent sur ces entrefaites et nous laissèrent un peu d'intimité. Il n'y eut aucun rapport de force comme lorsque Iduna et moi nous quittâmes. Nous étions bien trop choqués pour cela. Olaf et Yuma offrirent à Ylva un regard compatissant alors que je fus beaucoup plus tactile en me ruant sur elle pour l'enlacer, écrasant sa petite taille au passage. Nous pleurâmes mutuellement puis elle finit par sécher ses larmes et reprit en se raclant la gorge :

-Il ne faut pas que je vois cela comme une punition ma Grosse Gaga. Je dois même être fière de ce rôle ! Je serai la passerelle entre vous deux. Je vous le promets. Ce sera plus facile comme excuse pour toi de m'adresser tes lettres plutôt qu'à Iduna. Vous ne vous ferez pas surprendre comme cela !

Sentant soudain mon cœur plus léger à cette idée ingénieuse, je m'en voulus un peu plus tôt d'avoir eu une pensée égoïste. Iduna aussi, avait le droit d'avoir une meilleure amie à ses côtés. Je fus alors plus confiante et lui murmurai :

- C'est d'accord, nous ferons ainsi...Reportons notre attaque pour plus tard. Quand nous serons tous réunis. Nous attendrons ce moment pour agir ensemble.
Les yeux encore brillants de larmes, Ylva sourit et répéta :
-Oui. De toute façon, cela n'a plus l'air d'être la préoccupation principale des adultes. Et puis il n'y a pas eu de nouvelle bataille avec ces barbares...Ils nous ont peut-être oubliés...En tous les cas, tu as raison...Nous resterons Ensemble.

Nous nous enlaçâmes encore et elle partit rapidement si bien que je me sentie perdue.

****

-Tu viens m'aider Iduna ? Il faut rabattre les draps sur le lit !
-Oh...Euh...Oui Maman ! Clamai-je toujours déboussolée par son comportement anodin.

Sans attendre, je lâchais alors mes craies et mes feuilles pour la rejoindre dans ma chambre. Sentant que je n'aurais aucune réponse si jamais je posais les questions de but en blanc, je jouai plutôt l'idiote et déclarai avec malice :

-Tu sais Maman, je suis capable de faire mon lit toute seule... A moins que nous devions accueillir un patient d'Aponi car elle manque de place ?

Surprise par mon ton, elle me regarda soudain d'un air dur et grommela :

-Tu nous fais de l'humour maintenant ! Petite impertinente !

Vexée qu'elle l'ait mal pris, je baissai les yeux et me concentrai sur la texture douce des cervidés qui me réchauffait surtout les soirs de grands vents. Puis elle sentit sans doute qu'elle y était allée assez fort et poussa un lourd soupir avant de reprendre :

-Ta réflexion était logique...Et dans un sens tu n'as pas tort. Nous allons effectivement recevoir quelqu'un pendant un long moment avec nous mais elle sera plutôt une invitée plus qu'une patiente.
-Une ? Nous allons accueillir une femme, Maman ? Demandai-je à nouveau intriguée.

J'espérai au fond de mon cœur qu'il s'agisse d'Helga. Malheureusement, j'avais appris depuis longtemps maintenant que cela serait trop beau pour être vrai. La réponse ne tarda pas :

-Oui...Enfin je dirai plutôt une jeune fille...Une jeune fille qui a ton âge mon trésor.

Elle s'approcha alors vivement de moi et entoura mon menton de ses mains douces comme elle le faisait souvent quand j'étais petite.

-Il faut que tu grandisses Iduna. Je te pensais vraiment plus mature. J'ai été très déçue par ton comportement quand j'ai vu mes doutes se confirmer, dit-elle lentement d'une voix dure.
-Mon comportement ? Tes doutes se confirmer ? Répétai-je alors que mon cœur s'accéléra d'un coup d'appréhension.

Ce que je redoutais tant, m'arriva alors en pleine figure. Maman se détacha de moi et sortit bientôt toute ma pile de lettres envoyée depuis des années, que j'avais pris soin de soigneusement plier et entouré d'un fil de crins de rennes. Les avaient-elles lus ? Connaissait-elle l'existence de notre plan pour détruire Arendelle ? L'avait-elle dit aux autres parents ? Mon visage vira tout de suite au blanc et je déglutis violemment alors que ses sourcils se froncèrent de colère.

-Tu pensais vraiment que je ne m'en apercevrais pas à la longue !? Tu nous prends vraiment pour des imbéciles ton père et moi ?! S'énerva-t-elle, tu mériterais une visite de la Mère Fouettarde à vie pour ton comportement puéril d'entêtée ! Tu ne mérites même pas d'être une Sappos, Iduna!

Mon sang bouillonna immédiatement à l'intérieur de mon corps alors que je pouvais sentir les palpitions de colère vibrer dans tout mon être.

-Eh bien je ne désire plus en être une si cela m'empêche de voir Helga ! Criai-je soudain.

La gifle partit instantanément. Ma joue cuisit fort mais je ne pleurai pas. Une haine immense envers mes parents grandissait au plus profond de mon âme et je hurlai à nouveau :

-OUI JE DETESTE ETRE UNE SAPPOS ! JE VOUS DETESTE TOUS LES DEUX ! VOUS N'ETES QUE DES VANTARDS QUI CLAMEZ LA TOLERANCE A LONGUEUR DE JOURNEE SANS ETRE CAPABLES DE L'APPLIQUER A VOS SEMBLABLES !

D'un pas furibond, je lui arrachais les lettres des mains. Puis j'attrapais ma capeline et me dirigeai vers la porte en hurlant encore :

-AU DIABLE LE CHAMANISME ET AU DIABLE VOUS DEUX !
-Iduna tu reviens ici tout de suite ! S'écria Maman avec froideur.

Mais je ne l'écoutais pas. Je voulais leur faire mal par mes paroles. Leur montrer que moi aussi je pouvais les faire souffrir comme ils l'avaient fait toutes ces années en me privant de mes sœurs de cœur. Ma Mère me suivit alors d'un pas pesant et essaya de me rattraper. Je me fis donc plus pressante et me retournai vers elle tout en continuant de beugler :

-DE TOUTE FACON NOS ENFANTS SERONT UNIS PAR LE MARIAGE ET LES SAPPOS DEVIENDRONT DES PICEAERD QUE VOUS LE VOULIEZ OU NON ! LES SAPPOS S'ETEINDRONT COMME VOTRE MAUDITE FLAMME DE CLEMENCE QUI N'EXISTE PAS !

Son visage se décomposa et je crus qu'elle allait tomber dans les paumes. J'espérai lui avoir fait mal, très mal.

-La marque que tu as sur le pouce...Y a-t-il un rapport avec ce que tu viens de dire ?! Demanda-t-elle médusée.
-PARFAITEMENT ! M'égosillai-je, OUI ! MA FILLE OU MON FILS EPOUSERA UN OU UNE PICEAERD ! ET ILS S'AIMERONT ! ILS S'AIMERONT TELLEMENT FORT QUE PAPA ET TOI SEREZ OBLIGES DE SUPPORTER LEURS REGARDS ENFLAMMES ET LEURS BAISERS A LONGUEUR DE JOURNEE. ILS NE SE DETACHERONT JAMAIS ! OH DIABLE VOTRE MALEDICTION DE PACOTILLE ! ILS LA BRAVERONT !

Abasourdie par mes paroles tranchantes, elle se mit à respirer plus fort et murmura :

-Mais qu'est-ce que tu as fait Iduna ?

Elle s'approcha soudain de moi d'un pas aguerri et me secoua en grognant :

- Qu'est-ce que tu as fait ? QU'EST-CE QUE TU AS FAIT BON SANG ?! Pourquoi ?! POURQUOI ?! Pourquoi tu as fait ça ?!

Moins méfiante, je n'eus pas le temps de m'échapper de son emprise cette fois-ci. Elle m'envoya alors des gifles de rage. Elles plurent les unes après les autres, plus fortes, plus violentes, déversant la haine et la peur qu'elle ne cessait d'éprouver. Mes joues s'endolorirent, devinrent brûlantes et je me vis bientôt vaciller alors que ma coiffure se détacha. Dans un dernier réflexe de défense, je lui envoyais enfin une décharge de feu et voulus reprendre ma marche pour appeler le Nokk et m'éloignai à jamais de ce maudit continent de glace.
Mais je ne pus aller bien loin car mon père arriva à ce moment-là...Accompagné d'Ylva. Il se détacha alors de mon autre meilleure amie et s'approcha de nous en demandant complètement déboussolé :

-Iduna ? Amaris ? Pourrai-je savoir ce qui se passe ? On vous entend à l'autre bout des Terres !

Encore sous le choc, aucune de nous deux n'eut le courage de donner des explications et Maman se contenta d'éclater en sanglots dans ses bras. Cela rameuta un peu le reste de la tribu ce qui agaça mon père qui nous ramena rapidement dans la hutte en s'écriant :

-Rentrez chez vous ! Il n'y a rien à voir !

J'observais Ylva qui semblait un peu effrayée par nos apparences. Mon Père s'en rendit compte aussi puisqu'il essaya de détendre l'atmosphère en reprenant :

-Eh bien...Ce n'est pas l'accueil tu t'attendais jeune fille, n'est-ce pas ?

Bouleversée, ma meilleure amie répondit par des larmes. Je retrouvais immédiatement mes réflexes d'amabilité et allai l'enlacer en murmurant :

-Oh pardon Ylva...Je suis là. Ne t'inquiète pas. Tu vas te plaire avec nous ici.

Maman se racla alors la gorge et s'essuya le nez du revers de la main avant de murmurer d'une voix enrouée :

-Et si tu lui montrais votre chambre à présent Iduna ?

Toujours secouée par la grondeur de notre échange, je me contentais de hocher la tête et les ramenai, son baluchon et elle vers mon coin reculé. Pour autant, nous ne pûmes parler comme nous le voulions car mes parents nous avaient suivies. Ils lui expliquèrent tout de suite :

-Iduna et toi partagez ce lieu ensemble. Chaque soir, je ramène un bac d'eau chaude pour que tu puisses prendre un bain. Nos repas se font vers 19h et le coucher à 21h. Je t'ai fait un peu de place sur le tabouret pour que tu puisses plier tes vêtements et ranger tes affaires en dessous.
-Il n'y en a pas beaucoup Madame Sappos, dit-elle poliment.
-Pas autant de distance entre nous ma petite chérie, appelle-moi Amaris. Je t'en confectionnerai, moi si tu le désires ou nous demanderons à ta Maman qui m'enverra ses œuvres par Courant d'Air...Tu es ici chez toi, Ylva, d'accord ? Reprit-elle avec douceur.

Ma meilleure amie se détendit en entendant cela et lui octroya même un sourire en acquiesçant.

-Bien. Dans ce cas, range vite toutes tes affaires et ensuite Iduna se chargera de te faire un tour de notre territoire, indiqua-t-elle.

J'évitai son regard à cause de la tension toujours palpable entre nous deux et préférai aider ma sœur de cœur à vider son sac au sens premier du terme. Papa choisit ce moment-là pour demander des explications à Maman sur nos têtes débraillées de tout à l'heure. Je n'y prêtais pas attention mais n'arrivai pas non plus à parler à Ylva pour autant.
Un de mes souhaits les plus cher était en train de se réaliser. Je n'étais plus seule ! Enfin ! J'avais de la compagnie ! Et pas n'importe laquelle ! Ma deuxième meilleure amie. Pour une surprise impensable, c'en était bien une.

Elle me chuchota rapidement qu'elle allait faire l'intermède entre Helga et moi et mon être rayonna de nouveau. Je me sentis apaisée et un peu moqueuse à l'égard des adultes qui croyaient qu'Ylva nous éloignerait définitivement l'une de l'autre.

-Et Olaf et Yuma ? Est-ce qu'ils vont bien ? Chuchotai-je encore.
-Oui. Ils sont dans une drôle de période en ce moment, avoua-t-elle.
- Qu'est-ce tu veux dire ? La lançai-je encore.
-Eh bien disons qu'il y a une tension entre eux, deux...Helga et Olaf se sont toujours disputés, ils ne passent leur temps qu'à ça...Mais là...On sent une jalousie inconsciente chez Yuma...Hum...Comment t'expliquer... Disons qu'à chaque fois qu'Olaf balance un pic à Helga, Yuma se contente de prendre sa défense avec force. C'est assez mignon...Je pense qu'ils ont un faible l'un pour l'autre si tu veux mon avis.
-Oh...Murmurai-je pensive alors qu'un espoir naquit au creux de mon cœur.

Si Yuma et Helga s'aimaient, il y avait peut-être une chance pour que je termine avec Olaf ? Non...Non ne sois pas bête Iduna...Il ne faut pas contrarier les dieux et les coupoles...Et encore moins Pierre Sappos que tu as sans doute dû bien énerver aujourd'hui...Pensai-je avec force. Comme si elle avait compris ce qui se tramait dans ma tête, ma meilleure amie me prit la main avec ferveur et me regarda en souriant. Sa chaleur produisit des milliers de frissons dans mon corps et je me mis à rougis sans trop savoir pourquoi.

-Bon...Eh bien...Je suppose que tu as amené tes cahiers d'essais avec toi, n'est-ce pas ? Finis-je par bredouiller avec confusion.
-Oui ! D'ailleurs je vais en préparer un tout de suite, si tu dis que nous allons faire le tour de l'île ! Répondit-elle ayant retrouvée de l'énergie.
-Oh...Tu risques d'être déçue...Ce n'est pas aussi boisé que la Forêt Enchantée...Ton écrit ne fera sans doute qu'une dizaine de lignes, expliquai-je.
-Hum...Pas si nous interrogeons les gens sur toute cette haine autour des Sappos et des Piceaerd...Souligna-t-elle avec malice.

Cela suffit à attiser ma curiosité. Voyant qu'elle avait capté mon attention, elle ajouta :

-Nous allons enquêter comme des détectives et interroger le plus d'habitants possible pour connaître cette origine...Savoir si cela vient vraiment de Pierre et Emma ou s'il y a eu quelque chose de plus récent...Qu'en penses-tu ?
-Je suis totalement partante ! M'écriai-je.

Puis je poussai un soupir et repris :

-Toutefois...Je doute que les gens soient aussi compatissants avec nous...Tu sais...Ils sont beaucoup influencés par Maman.
-Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir ! Clama-t-elle, c'est de demander nous-mêmes !

Je confirmais et conclus :

-Je pense avoir ma petite idée de qui est-ce qu'il faut interroger !

Cela plut à Ylva et nous nous mîmes enfin en route. Nous passâmes devant mes parents qui discutaient toujours. Ils me lancèrent un regard noir mais ne m'interpellèrent pas. Je savais déjà qu'ils prendraient un moment plus tard pour me parler à part dans d'éventuelles représailles. Mais pour l'instant je n'y prêtais pas attention.
Nous nous dépêchâmes de sortir sans demander notre reste.
Je l'amenais d'abord au centre du village pour la présenter au reste de la tribu. Ils lui firent le meilleur accueil en lui offrant un par-dessus plus chaud et un bonnet rembourré de poils de renne. Elle était toute jolie ainsi et se fondait un peu plus dans le paysage. Une fois cela fait, je l'amenais jusqu'aux congères.

-Là c'est notre garde-manger. Il est plutôt rare que nous y venions, exceptés si un adulte nous y envoie, expliquai-je.
- D'accord, dit-elle en griffonnant toujours des notes sur son cahier.

Nous partîmes ensuite à l'autre bordure de l'île pour qu'elle voit la faune qui se composait de gros phoques gris aux yeux globuleux noirs ainsi que de petits pingouins qui glissaient sur la glace comme s'il eût s'agit de toboggans.

-On utilise le foie des phoques pour faire l'huile de nos lampes et nos vêtements quant aux pingouins, ils ont le même goût que les poulets de Norvège quoiqu'un peu plus salés, expliquai-je encore.
-Ok, murmura-t-elle en écrivant, appuyée sur sa cuisse fine.

Une fois qu'elle eût terminé, elle me regarda avec un grand sourire et s'exclama :

-Bon ! Et si nous effectuions les recherches pour votre problème familial maintenant !

Je savais que cela n'allait pas arranger la dispute que nous avions eue un peu plus tôt avec ma Mère mais je m'en fichais. Je voulais en avoir le cœur net. Aussi j'acquiesçai fortement.
Nous retournâmes donc au centre de la communauté et interrogeâmes la femme que j'avais en tête qui n'était autre que la guérisseuse :

-Dis Aponi...Toi qui es la plus vieille des Northuldra des Terres Gelées...Est-ce que tu pourrais nous expliquer quelque chose ?

A la fois flattée et vexée que je la sollicite, elle répondit :

-Oui Iduna ! Mais fais vite ! J'ai un patient qui m'attend...Et puis ce n'est pas moi la plus vieille...C'est ma mère.

Cette nouvelle suscita en nous de l'intérêt. Ylva et moi nous concertâmes tout de suite du regard et j'ajoutai :

-Oh ! Si ça t'embête nous pouvons directement aller demander à ta Maman dans ce cas ! Elle sera plus en mesure de nous aider je pense.

Aponi tapa alors du pied, montrant qu'elle perdait un peu patience. Elle finit par dire :

-Bon d'accord...Vous lui donnerez ce gros panier de fruits par la même occasion...Elle est à notre hutte, ne la dérangez pas trop longtemps elle a besoin de repos, d'accord ?

Nous hochâmes la tête d'un commun accord et déguerpîmes sans demander notre reste. Nous arrivâmes dans une des maisons en toile un peu décharnées et avançâmes doucement jusqu'à un grand fauteuil à bascule où siégeait une dame toute fripée. Ses yeux noirs s'illuminèrent en nous apercevant.

-De la compagnie ! Comme c'est gentil à vous mesdemoiselles ! Clama-t-elle d'une voix rouée.
-Bonjour Madame...Aponi nous a dit que vous pourriez répondre à notre question, réitérai-je avec politesse.
-Disons que...Je vais faire au mieux, reprit-elle.
-Evidemment...Dis-je avec conviction, bien alors...Autant que je me lance...Vous qui êtes sans doute pleine de sagesse grâce à votre âge...Est-ce que vous sauriez pourquoi il y a une bataille perpétuelle entre les Piceaerd et les Sappos, s'il vous plaît ?

La femme nous regarda attentivement et répondit par une autre question :

-Tu es la petite Iduna Sappos qui est amie avec Helga Piceaerd, c'est bien cela ?

J'acquiesçai alors que ses rides s'étirèrent dans un grand sourire et elle dit encore :

-Bien...Normalement je ne devrais pas te donner d'explication...Mais l'idée est tellement saugrenue qu'elle mérite que tu la connaisses...En revanche, si tu souhaites en faire part à tes parents et à ton amie ensuite, tu ne précises pas que c'est moi qui t'ai donné l'information, est-ce bien clair ?
-Oui Madame ! M'écriai-je.

Avide de curiosité, Ylva repositionna son crayon juste en dessous des notes qu'elle avait déjà inscrites pour pouvoir l'expliquer dans une lettre à notre meilleure amie plus tard.
A notre grande surprise, la vieille femme se redressa soudain et récupéra un lourd bâton pour se maintenir.

-Venez, ce n'est pas ici que vous trouverez des réponses, nous indiqua-t-elle.

Surprise mais complètement sous son emprise charismatique, nous la laissâmes alors nous guider vers la zone des congères. Nous n'étions donc pas très loin d'Ahtohallan lorsqu'elle nous stoppa et s'arrêta sans pour autant fournir d'explications. Ylva et moi attendîmes un peu dans un silence gênant avant que ma meilleure amie ne se racle la gorge et demande avec franchise :

- Qu'est-ce qu'on attend là en fait ?

Amusée, la vieille femme donna alors un coup de canne au sol et déclara :

-Ah ces jeunes...Tellement préoccupés à tout observer qu'ils ne voient pas l'essentiel...Mesdemoiselles...Regardez sous vos pieds !

Nous exécutâmes son ordre et nous écartâmes pour fixer la glace. Quelle ne fut pas notre surprise d'y découvrir...Des inscriptions...La mère d'Aponi eut immédiatement un sourire triomphant et elle ordonna à nouveau :

-Lisez ce qui est inscrit.
-A la mémoire d'Emma Piceaerd...Première chamane qui a été bonne à la communauté des Terres Gelées ! M'exclamai-je surprise.

Un peu déboussolée, je murmurai alors :

-Excusez-moi Madame...Mais je ne vois pas trop le rapport avec ce que je viens de vous demander.
-Il est pourtant sous tes yeux ma petite...Cette plaque que tu vois est apparue un beau matin de Noël du temps où c'était les Northuldra des Terres Gelées qui réceptionnaient ceux de la Forêt Enchantée. Nous sommes ici à l'emplacement où se trouvait la maison d'Emma Piceaerd. Tes parents ainsi que ceux d'Helga étaient jeunes à l'époque. Tout le monde a cru à une farce de Christia. Surtout ta mère, Amaris. Elle était tellement jalouse que ce ne soit pas le nom de Pierre Sappos qui soit apparu qu'elle refusait de croire que cette trace ne soit pas l'œuvre de son ancienne meilleure amie. Christia eut beau lui jurer qu'elle n'y était pour rien dans cette gravure, au fils du temps leur relation devint plus froide jusqu'à ne devenir que des disputes à répétition.
-Attendez...Vous êtes en train de dire que nos parents se font la tête à cause d'une histoire de dessin ? M'offusquai-je.
-Précisément ! Renchérit-elle, mais pas seulement ! Elles se font surtout la tête à cause d'une chose en particulier !
-Qui est ? Questionna à son tour Ylva.

La mère d'Aponi marqua alors un temps d'arrêt et répondit avec un grand sourire :

- L'orgueil mes chères petites. Oui ! C'est bien l'orgueil qui anime vos parents. Si je ne me trompe pas, il me semble que c'est ce que tu as hurlé à ta mère tout à l'heure jeune fille.

Quoi ? Comment était-elle au courant ?! Je rougis violemment, prenant seulement conscience maintenant que tout le village l'avait entendu. Je me contentais de hocher discrètement la tête tellement j'avais honte.
-Donc il n'y a vraiment pas de malédiction entre nos deux familles ? Demandai-je encore.
-Disons qu'Emma et Pierre n'ont jamais été d'accord selon les dires historiques des livres gardés par les familles Piceaerd et Sappos...Moi j'y discerne quelque chose de plus profond mais tu es trop jeune pour comprendre, dit-elle avec malice...Outre ce point, je n'ai jamais entendu parler d'une quelconque malédiction, non.

L'étau qui m'enserrait le cœur jusqu'à présent se dégagea et je fus vraiment heureuse que notre relation n'ait de quelconques conséquences sur nos futurs descendants.

-Il faudra que j'explore l'ouvrage de ta mère pour compléter ma thèse ! S'exclama Ylva qui avait à présent rempli sa page de gribouillages coordonnées.
-Tu peux toujours chercher mon enfant...Bon courage ! S'écria la mère d'Aponi qui délaissait déjà la plaque d'Emma Piceaerd pour repartir vers le centre de la tribu.
-Pourquoi cela ? Demanda-t-elle mi-curieuse, mi-déçue.
-Parce qu'après leur dispute, Amaris a fait disparaître tous les livres concernant les Sappos et les Piceaerd.
-Elle les a déjà sorties pour moi ! M'exclamai-je en ayant le souvenir de la lecture du rituel des coupoles sacrés alors que j'étais plus jeune.
-Oui mais ils ne sont certainement pas cachés à ta hutte jeune fille, nota-t-elle, à vous de vous débrouiller pour les trouver et ton amie aura tous les secrets qu'elle désire connaître sur ces deux familles ennemies. Bon courage mesdemoiselles. Vous êtes l'avenir de la réconciliation.

J'imprimais à jamais dans ma tête ses paroles pleines de bon sens. Puis Ylva rangea son carnet et nous retournâmes à la hutte avec une sensation de réussite. Contrairement à d'habitude, Papa n'était pas reparti travailler. Il remaniait les cordes de son panier de pêcheur pendant que Maman était en train de préparer le goûter. Avec ce que j'avais appris, je me sentais plus forte. Je savais qu'il serait plus facile de les affronter à présent.

-Alors, ça y est Iduna ? Tu as fait faire le tour de l'île à Ylva ? Demanda-t-elle l'air de rien.

Je n'avais pas envie de répondre mais ma meilleure amie s'en chargea pour moi :

-Oui Madame Sappos ! On a vraiment un grand espace même s'il est différent de la Forêt Enchantée. Iduna m'a présentée à tout le monde et je me sens un peu mieux que tout à l'heure en arrivant. Est-ce que je pourrais écrire à Papa et Maman maintenant pour tout leur expliquer s'il vous plaît ?
-Par les esprits, appelle-moi Amaris ! Grogna-t-elle gentiment, Eh oui ! Je n'y vois aucun inconvénient, vas-y ma petite chérie.

Ylva déguerpit donc dans la chambre sans attendre et je savais qu'elle allait également faire un rapport à Helga. Je demeurais figée pour ma part, ne sachant pas très bien quoi faire. Mes parents décidèrent de m'ignorer, continuant inlassablement leurs tâches jusqu'à ce que Papa reprenne :

-Nous avons à parler Iduna.

Ne souhaitant pas montrer que j'étais anxieuse, je déglutis pourtant avec violence et m'approchais de la table où il se trouvait toujours. Il dit alors :

-Ta Mère m'a expliqué ton comportement de tout à l'heure. Qu'on soit bien clair jeune fille, c'est la première et la dernière fois que tu parles ainsi à un adulte. Tu te dois de nous respecter. Nous t'avons mis au monde, nous savons ce qui est le mieux pour toi. Est-ce que c'est compris ?!

Accablée par son ton froid, je murmurai aussitôt :

-Oui.
-Oui qui ? Répéta-t-il d'une voix dure.
-Oui Papa...Oui Maman...Chuchotai-je à nouveau penaude.
-Parfait. Va avec Ylva à présent et tâche de trouver la sagesse en cette demoiselle qui est largement plus mature que toi et l'autre peste de qui tu t'es entichée, continua-t-il d'un ton glacial.

Au bord des larmes, je hochai faiblement la tête et me dirigeai déjà vers la porte de la chambre quand mon père me dit encore :

-Une dernière chose Iduna. Que ta mère et moi ne t'entendions plus jamais parler d'un quelconque pacte avec les Piceaerd où tes fesses chaufferont tellement forts que tu ne pourras plus t'asseoir pendant un mois, d'accord ?

Je me tripotais d'instinct la petite boule de chair qui était venue recouvrir l'entaille de mon pouce et mentis avec aplomb :

-Oui Père, c'est d'accord. Je vous promets qu'il n'y aura plus jamais de liens entre les Piceaerd et les Sappos.

Mon père et ma mère se lancèrent un regard satisfait, puis Maman conclut :

-Dans ce cas mon trésor, préviens Ylva que le goûter est prêt.

Je courus enfin me réfugier dans ma chambre et signai un petit mot en bas de la longue explication de notre chère historienne. Nous nous dépêchâmes d'appeler Courant d'Air pour qu'il apporte cette lettre à la pièce manquante de notre trio d'amitié et nous nous sentîmes plus unies que jamais.








Dernière édition par Ansa le Jeu 10 Aoû 2023, 11:50, édité 3 fois

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Dim 02 Oct 2022, 15:20
Petit interlude dans l'Heilleim avant la reprise de l'histoire principale : une série de disputes et altercations verbale entre ancêtre et descendants Picéards et Sappo. Toujours à se ressasser les mauvais souvenirs, que ce soit les coupoles, les comportements de certains déplaisant pour d'autres, les situations sociales et politiques, ou encore... l'échangisme. Et Emma et Pierre de leur rappeler qu'ils resteront prisonniers de leur cellule invisible s'ils continuent à agir ainsi, qu'ils doivent apprendre à déballer positivement ce qui les pèsent par rapport aux autres pour ainsi trouver la paix et tranquillité véritable... quelqu'un a dit Huis Clos ?

Mais reprenons incessamment notre histoire principale. Helga a eu bien du mal à digérer sa séparation avec Iduna, se comportant de façon négatif avec son entourage, ne suivant plus les leçons de sa mère sur le chamanisme, dédaignant la présence de son futur fiancé forcé et subissant les réprimandes parentales... bref, une période pas glop à vivre, surtout pour une enfant. Elle peut heureusement compter sur l'esprit de l'air, faisant office de facteur entre elle et Iduna. Et puis, finalement, sur celle d'Anna Camviridus, venus lui rendre visite. Elle lui fait comprendre que faire son boudin n'arrangera pas les choses, surtout quand il s'agit de deux familles ennemies, mais qu'elle et son amie ne resteront jamais éternellement séparées : l'âge adulte leur laissera l'opportunité de démontrer la force de leur amitié, symbole de la ré. Mais avant cela, Helga doit cesser de se rebeller de la sorte et essayer de retrouver la confiance de ses parents et de ses amis.

Cinq ans lui aura permis de parvenir à ses fins, à renouer avec son entourage et à découvrir la coccinelle comme son animal-totem, symbole de chance et de métamorphose selon sa mère. Et le plan physique n'est pas en reste, pour elle comme pour ses amis, si ce n'est qu'elle commence à être tiraillé entre Yuma et Olaf, malgré que ce dernier ne lui plaisait pas vraiment. Et aussi à recevoir des nouvelles d'Iduna, toujours par l'intermédiaire de Courant d'Air, apprenant qu'elle a la louve comme animal-totem... mais aussi l'arrivée future d'une nouvelle personne chez elle, dont elle a des doutes s'il s'agit d'un petit frère ou sœur.

Il reste cependant autre chose : son pacte avec ses amis de détruire Arendelle. Aussi, lors d'une réunion secrète avec eux, malgré l'absence d'Iduna, ils énumèrent les différentes façons de se débarrasser de leur voisin : provoquer une inondation, les tuer par voyage astral, ou purement et simplement les attaquer. Après le vote, c'est l'idée du barrage qui est choisie, avec un plan méticuleusement préparé et comptant sur la présence d'Iduna : les garçons iront détourner l'eau de la rivière avec l'aide des géants de la terre et les filles iront prendre de l'avance sur Arendelle pour donner le signal aux garçons avec Courant d'Air. Le plan semble parfait... si seulement au dernier moment, Ylva ne devait pas partir en voyages vers les terres gelées, et sans ses parents. Et le pire, c'est que c'est non seulement pour apaiser le conflit entre Picéards et Sappos, mais aussi pour tenir compagnie à Iduna, et par là-même d'éloigner Iduna et Helga. Mais Ylva et Helga ne renoncent pas malgré tout, se disant même que les échanges secrets entre Helga et Iduna seront facilité grâce à Ylva, tout comme le plan sera maintenu, mais tout de même repoussé.

Du côté d'Iduna, elle se retrouve confronté à ses lettres découvertes par sa mère, cette dernière se montrant très déçue de son comportement. C'en est trop pour Iduna : elle explose de colère et révèle sa promesse de faire marier son enfant à celui d'Helga si cela devait arriver. Sa mère en est évidemment enragée et la sermonne violemment, en même temps qu'Ylva arrive. La situation revient vite au calme, Iduna présente Ylva à sa tribu et à lui faire visiter les terres de son peuple. Puis dans l'intimité, elles commencent à monter une enquête, sur l'origine de la discorde entre Pierre Sappos et Emma Picéards. A commencer par interroger la doyenne du village, qui les emmène directement à Ahtohallan trouver les réponses à leur question : que cette rivalité Sappos/Picéards serait non seulement dû à l'orgueil nourrie par la discencion entre les deux amants légendaires, mais aussi dû à une fâcherie d'Amaris envers Christia à propos d'un graffiti, à l'emplacement de la maison d'Emma Picéard, représentant le nom de Pierre Sappos, pensant que c'était une farce de son amie malgré les protestation de Christia. Mais ça, les deux filles en restent sceptique, il faudra donc qu'elles fouillent les ouvrages concernant les deux familles. Mais encore faut-il les trouver...

Et plus important encore, tenir Helga au courant de ses agissements avec Ylva.


Dernière édition par Dov le Lun 03 Oct 2022, 19:24, édité 1 fois
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Dim 02 Oct 2022, 22:10
Malgré quelques petites incohérences, merci @Dov pour ton commentaire Smile

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