Frozen: Épris dans la glace
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 09 Jan 2020, 10:53
Alors, pour reprendre point par point:
1. Je ne sais absolument pas d'où sortent ces signes concernant la mise en page. Je te rassure (ou pas), je les ai aussi, et en vrai, pas toujours selon la plateforme (ordi, smartphone ou tablette). Donc je vais essayer de me pencher là dessus pour les prochains chapitres.
2. Pour ce qui est de l'emploi fictif...le poste d'Escorte Royale de Yohan en a plus ou moins toujours été un. Elsa ne sachant pas que Matthias était toujours en vie lors du premier tome, et la Reine d'Arendelle n'ayant pas eu de garde officiel connu depuis la mort d'Agnar et Iduna, elle a donc à ses yeux véritablement créé le poste de Yohan spécialement pour lui. Quant à la mission donnée par Anna, envoyer Yohan en traîneau dans la Forêt des Northuldras ne lui coute rien, et elle n'a fait ça que pour lui permettre de revoir Elsa seul et vite.
3. Pour ce qui est des références, je suis content que la réf' à Star Wars ait été comprise, j'avais un peu peur que l'on passe à côté à la lecture. Et si le geste de Sivert avec la tête du troll t'a rappelé Hamlet, c'est là encore totalement voulu, la phrase qu'il prononce à ce moment là étant directement empruntée à Shakespeare ("Pauvre Yorik, je l'ai bien connu Horatio !").
Pour ce qui est de son langage, tu te rendras vite compte qu'il est encore bien moins fleuri que celui de Yohan. Et quand bien même, Sivert reste un homme consumé par le seum et la haine, et comme tu l'as si bien remarqué, il est susceptible de s'emporter facilement.
1. Je ne sais absolument pas d'où sortent ces signes concernant la mise en page. Je te rassure (ou pas), je les ai aussi, et en vrai, pas toujours selon la plateforme (ordi, smartphone ou tablette). Donc je vais essayer de me pencher là dessus pour les prochains chapitres.
2. Pour ce qui est de l'emploi fictif...le poste d'Escorte Royale de Yohan en a plus ou moins toujours été un. Elsa ne sachant pas que Matthias était toujours en vie lors du premier tome, et la Reine d'Arendelle n'ayant pas eu de garde officiel connu depuis la mort d'Agnar et Iduna, elle a donc à ses yeux véritablement créé le poste de Yohan spécialement pour lui. Quant à la mission donnée par Anna, envoyer Yohan en traîneau dans la Forêt des Northuldras ne lui coute rien, et elle n'a fait ça que pour lui permettre de revoir Elsa seul et vite.
3. Pour ce qui est des références, je suis content que la réf' à Star Wars ait été comprise, j'avais un peu peur que l'on passe à côté à la lecture. Et si le geste de Sivert avec la tête du troll t'a rappelé Hamlet, c'est là encore totalement voulu, la phrase qu'il prononce à ce moment là étant directement empruntée à Shakespeare ("Pauvre Yorik, je l'ai bien connu Horatio !").
Pour ce qui est de son langage, tu te rendras vite compte qu'il est encore bien moins fleuri que celui de Yohan. Et quand bien même, Sivert reste un homme consumé par le seum et la haine, et comme tu l'as si bien remarqué, il est susceptible de s'emporter facilement.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mer 15 Jan 2020, 22:51
Voici donc le chapitre 6 ! Les choses sérieuses commencent et pas mal de trucs sont faits et dits dans ce chapitre ! En espérant qu'il vous plaira !
Enjoy !
Dans les jours qui suivirent ma discussion avec Anna, je me félicitai de nombreuses fois d’avoir pensé à revenir avec des vêtements chauds. L’automne s’achevait lentement mais sûrement à Arendelle, et l’hiver n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. La saison n’était pas véritablement connue dans le royaume pour la clémence de sa température, aussi je m’habillai rapidement mais chaudement en partant dans la soirée du Mercredi.
J’avais du insister auprès d’Anna pour partir de nuit, après qu’elle m’eut dit qu’il fallait environ un jour et une nuit de route pour parvenir à la Forêt Northuldra où vivait Elsa. Plus tôt je serais parti, plus tôt je serais arrivé. Sans compter que Kristoff avait gracieusement accepté de me laisser emprunter son traineau ainsi que Sven pour le voyage (non sans y avoir été quelque peu poussé par sa fiancée). Il était évident qu’Anna avait très bien cerné mon envie de revoir Elsa au plus vite, et dans sa grande gentillesse, elle avait tout mis en oeuvre pour que je puisse le faire. Elle et Kristoff restèrent avec moi jusqu’après l’heure du dîner pour m’accompagner dans la cour où se trouvaient Sven et le traîneau.
Le montagnard tenait tendrement Anna par la taille, mais je le soupçonnais à cet instant de faire cela plus par inquiétude pour son traineau et son ami que par amour pour elle.
Et je ne pouvais que le comprendre.
Je soupirai en voyant le traineau, ainsi que la personne qui était déjà assise dedans.
« Vraiment Anna, demandai-je, c’est bien nécessaire ?
- Ne t’en fais pas Yohan, tenta-t-elle de me rassurer, Olaf connait la route et il pourra même t’indiquer des raccourcis.
Kristoff, lui, était allé vérifier comment allait Sven, et après avoir échangé quelques borborygmes étranges avec son ami, il se tourna vers moi avec un clin d’oeil.
- Je t’ai quand même mis une carte de la région, au cas où.
- Je te remercie Kristoff.
Autant être honnête, je n’étais pas vraiment ravi de voyager avec Olaf. Le côté exubérant et parfois stupide du bonhomme de neige avait souvent le don de m’agacer, d’autant plus que j’allais passer les prochaines heures seul avec lui. Hélas, n’étant encore jamais allé à la Forêt Enchantée, je ne pouvais pas utiliser l’ampli pour m’y rendre, et j’avais refusé auprès d’Anna qu’elle me donne toute une escorte pour cette mission. Mais il fallait tout de même que quelqu’un puisse m’indiquer le chemin…et d’après ce que j’avais compris, Anna avait deux choses extrêmement importantes à faire ces prochains jours, et il était impératif qu’elle reste à Arendelle. Elle avait toutefois refusé de me dire quelles étaient ces deux tâches.Quant à Kristoff, il avait préféré rester avec sa fiancée, ce que je pouvais aisément comprendre.
Olaf s’était donc avéré la seule solution viable pour m’assurer d’arriver chez les Northuldra. Mais il me fallait tout de même pouvoir arriver à destination et d’après Anna, notre ami enneigé pouvait y suffire. Et je ne remettais jamais en doute les paroles de la jeune reine. Je me hissai donc sur le siège avant, pris les rennes, et m’adressai à Sven et Olaf:
- Bon, allez les gars ! On est partis ! C’est pas que ça m’enchante mais quand il faut y aller…
Olaf vint joyeusement s’asseoir près de moi en criant:
- Ouais !!! On va aller voir Elsa et on va la ramener de gré ou de force !!!
- Je ne crois pas qu’il sera nécessaire de la forcer Olaf, dit doucement Anna en s’approchant du traineau.
Puis elle se tourna vers moi et m’adressa un sourire. Kristoff la tenait toujours par la taille.
- Bon voyage Yohan. Je serais bien venue avec toi, mais j’ai un…une réunion très importante demain.
Je vis le regard d’Anna changer, comme si elle avait failli faire une gaffe. Kristoff sembla lui venir en aide:
- Oui et puis tu as aussi ton rendez-vous demain matin.
Anna le dévisagea et se serra contre lui.
- Ah oui c’est vrai, merci Kristoff ! Ah, la vie de reine…
Je serrai la bride de Sven entre mes doigts et fit un clin d’oeil à la petite rousse.
- T’en fais pas Anna, on sera vite rentrés. Et sans forcer personne.
Puis, après un rapide échange de regard avec Sven, le renne détala, entrainant le traineau à sa suite dans les rues d’Arendelle. En partant, j’entendis Anna crier dans mon dos:
- Oh et Yohan ! Quand tu verras Elsa…dis toi que tout est normal !
Étrangement, ces dernières paroles ne furent pas pour me rassurer, mais je n’avais plus le temps de demander à Anna ce qu’elle voulait dire. Nous étions partis.
Il ne me fallut que quelques heures pour regretter amèrement d’être parti avec Olaf. Je pus me repérer jusqu’à l’aube grâce à la carte fournie par Kristoff et la lueur de la lanterne accrochée à son traineau. J’eus droit pendant ce temps là à un peu de répit, le bonhomme de neige s’étant profondément endormi à l’arrière. Mais, si les premières heures du voyage se déroulèrent sans encombre, il finit fatalement par se réveiller, et comme je l’avais craint, il émergea avec une énergie et un entrain de tous les diables.
- Hey, mais c’est que t’as drôlement bien avancé !!! cria-t-il à mon oreille
Je sursautai violemment, faisant faire un arrêt brusque à Sven en tirant malencontreusement sur sa bride. Le traineau lui frappa l’arrière train avant de se stopper, et le renne se tourna vers moi avec un regard courroucé. Je lui fis un petit signe d’excuse, et il reprit sa route, non sans avoir exprimé son mécontentement à travers ses naseaux. De son côté, Olaf avait pris la carte en mains, et la regardait en la tenant à l’envers.
- Dis donc, t’es sacrément doué pour arriver à lire ça ! C’est presque si t’avais pas besoin de moi !
- Ouais hein, on se demande…répondis-je d’un air sombre.
Imperméable à mon sarcasme, le bonhomme de neige jeta la carte à l’arrière du traineau et pointa son doigt de bois sec au devant de la route.
- Allez je vais quand même t’aider ! Prends là, je reconnais, c’est un raccourci !
Peu convaincu, je le regardai d’un air suspect.
- T’es sûr ?
- Mais oui je te dis ! Allez !
Sans répondre, je fis tourner Sven sur la gauche, et le traineau se cala sur un chemin cahoteux mais dont l’état ne me paraissait pas scandaleux. Nous avancions bien, et j’avais bel et bien l’impression que nous nous enfoncions dans la montagne. Bien que ma confiance en Olaf ne soit que toute relative, j’avais l’intuition que nous étions sur le bon chemin. Hélas, après quelques minutes de route qui furent somme toute assez tranquilles, ce dernier se mit en tête de faire passer le temps.
- Hé Yohan, ça te dis on joue au jeu du Vrai ou Faux ?
- Non.
- D’accord alors je commence !
Je soupirai. Je n’étais même pas surpris. Je savais très bien que rien n’arrêtait Olaf lorsqu’il avait une idée en tête, et à en juger par la façon dont il faisait à présent les questions et les réponses de son jeu tout seul, mon approbation n’avait au final que très peu d’intérêt pour lui.
- Vrai ou Faux ? Hippocrate a découvert les fondements du système sanguin ? FAUX ! C’est le médecin anglais William Harvey qui a fait cette découverte ! Vrai ou Faux ? Les roses bleues existent à l’état naturel ? FAUX ! Vrai ou Faux ? Les dauphins d’eau douce peuvent tourner la tête à un angle de 90° ? VRAI !
J’ignore combien de temps dura son petit jeu, mais j’avais suffisamment de pensées en tête pour ne pas y prêter attention. Les paroles d’Anna résonnaient dans mon esprit: « Quand tu verras Elsa, dis toi que tout est normal ». Qu’avait-elle voulu dire ? Elsa avait-elle changé elle aussi ? Anna paraissait plus mûre, certes, mais elle n’avait pas véritablement changé physiquement. Qu’en était-il de sa soeur ? D’après ce que m’avait raconté Anna, elle était devenue une sorte d’esprit de la nature, qui contrôlait les esprits élémentaires qu’étaient l’eau, le feu, l’air et la terre. Et si j’avais eu du mal à y croire au départ, ma confiance aveugle en la petite rousse avait eu tôt fait de dissiper tout doute. Après tout, je voyais bien Elsa en une sorte de guide spirituel pour ce peuple qu’Anna appelait Northuldra. Le rôle lui allait plutôt bien. Mais de là à la changer ? Il était impossible qu’elle ait pu perdre de sa beauté légendaire, peut-être même en avait-elle gagné ? Je pouffai tout seul intérieurement: pour ce qui était de la beauté, Elsa partait déjà sur un certain modèle d’exemplarité, il aurait été quasiment surnaturel qu’elle puisse aller plus loin encore. Et qu’en était-il de ses pouvoirs ? Je repensai à la dernière fois que je m’étais trouvé sur ce traineau avec elle. Nous allions à son ancien palais de glace, et elle avait jadis perdu subitement ses pouvoirs pendant quelques instants, sous le coup de la peur et du stress. Était-elle toujours sujette à de pareils états d’âme ? Donnait-elle toujours l’impression d’être en proie à quelque considération existentielle qui lui donnait l’impression d’appartenir à un autre monde ?
J’allais bientôt avoir ma réponse, mais des couinements joyeux à côté de moi me ramenèrent à la réalité. Avant cela, il allait falloir me taper les pitrerie d’Olaf.
- Vrai ou Faux ? demanda-t-il, l’eau a de la mémoire ? VRAI ! Beaucoup de gens n’y croient pas, mais c’est vr…
- Hein ? m’enquis-je, mais qu’est-ce que tu racontes Olaf ? L’eau, de la mémoire ?
Le bonhomme de neige se tourna vers moi, et me regarda comme si j’étais fou.
- Ben oui, dit-il, l’eau a de la mémoire !
- Oh pitié, me dis pas que tu fais partie de ces neuneus qui pensent qu’on peut soigner toutes les maladies à partir de ces conneries sur l’eau !
Devant nous, Sven émit un petit bruit, qui ressemblait presque à un rire, comme si le renne était en train de se moquer de moi.
- Il dit qu’il voit pas le rapport, dit Olaf
Je haussai les épaules avant de répondre.
- Bof, là d’où je viens certaines personnes sont persuadées que l’eau a de la mémoire et que ça pourrait soi disant aider à soigner les maladies, et d’autres conneries, donc tes histoires là…
À ma grande surprise, Olaf éclata de rire et se mit à se tortiller comme s’il avait du mal à garder son sérieux.
- Ahahaha !!! Soigner les maladies ! Et puis quoi encore ?! Tu dis n’importe quoi Yohan, ça veut absolument pas dire ça la mémoire de l’eau !
- Allons bon…et ça veut dire quoi ?
- Bah, ça veut juste dire que l’eau qui nous constitue est déjà passée par plusieurs êtres vivants avant d’arriver dans notre corps, c’est comme une forme d’ADN en fait, ça permet de faire vivre les souvenirs. Rien à voir avec les maladies. Pour ça, vaut mieux se contenter d’un docteur.
Je dus attendre que le bonhomme de neige reprenne son sérieux, mais alors que j’escomptais continuer le voyage dans le calme, ce dernier reprit:
- On rejoue au Vrai ou Faux ?
- Ah parce que t’avais l’impression que je jouais là ?
- Bah oui !
Je soupirai pour la énième fois, et m’apprêtai à replonger dans mes pensées, lorsque, sorti de nulle part, Olaf me demanda:
- Vrai ou Faux ? Tu préfères Elsa à Anna !
Je mis un si grand coup sur la bride que je manquai d’étrangler Sven. Le renne et le traineau s’arrêtèrent brusquement, et l’animal me jeta un regard furieux, mais je n’y fis pas attention. Je me tournai vers Olaf, estomaqué:
- QUOI ?! Le bonhomme de neige ne semblait même pas saisir l’absurdité de sa question.
- Ben oui, dit-il, c’est vrai ou c’est faux ?
- Mais enfin c’est faux !!!
- Ah…donc tu préfères Anna.
Je roulai des yeux aux ciel, résistant à l’envie de l’étrangler.
- Mais enfin je préfère…mais pas du tout mais qu’est-ce qui peut bien se tramer dans ton esprit enneigé là encore ?!
- Bah c’est pour savoir, dit Olaf
- Mais enfin, t’as une manière de présenter ça ! Et puis qu’est-ce que ça veut dire « je préfère » ? T’es pas un peu givré non ?
- Bah si.
- Oh c’est bon, écrase tu veux !
Je jetai un coup d’oeil aux alentours en maugréant. Où était-il encore allé chercher une telle bêtise ? Il était très clair que je ne faisais aucune différence entre Elsa et Anna. Si ce n’était qu’Elsa n’était désormais plus à Arendelle. Mais cela ne voulait rien dire. Anna m’aurait probablement manqué de la même façon si elle avait été à sa place. Je me débarrassai vite de cette idée. Trop compliqué à imaginer, et je n’avais pas envie de me poser une telle question à un instant pareil. J’aurais souhaité qu’Olaf se taise, mais pour l’heure, j’avais besoin de lui.
- Bon, Olaf, on verra plus tard pour les conneries. Pour l’instant faut que tu me dises où je vais, je sais pas du tout où je suis là.
Olaf regarda à droite puis à gauche, et grinça:
- Oh mince…moi non plus.
- QUOI ?! hurlai-je, furieux
- Non non mais attends attends je sais, couina le bonhomme de neige, on…on va prendre par là, à gauche.
Je regardai la direction dans laquelle il pointait, et dus me contenir pour ne pas exploser.
- Ça c’est à droite Olaf.
Ce dernier haussa ce qui lui servait d’épaules.
- Oh bah tu sais, la droite la gauche…selon comment on est tournés ça change tout. T’as bien pris à droite tout à l’heure ?
N’y tenant plus, je me mis à hurler:
- À droite ?! MAIS TU M’AS DIT À GAUCHE TOUT À L’HEURE !!!!
- Bah oui mais…
- DONC TU VEUX DIRE QUE LÀ, TU SAIS PAS OÙ ON EST ?!
Et après avoir de nouveau regardé à droite et à gauche (et ce probablement sans savoir laquelle était laquelle), Olaf dut se rendre à l’évidence.
- Bah…là comme ça non.
Je dus déployer des trésors de calme et de self-control pour ne pas coller un énorme coup de pied dans le bonhomme de neige. Profitant du fait que nous étions perdus en pleine montagne et que personne ne pouvait probablement nous entendre, j’hurlai:
- NON MAIS C’EST PAS POSSIBLE, PARTIR EN MONTAGNE AVEC UN TROU DE BALLE PAREIL, FAUT DRÔLEMENT DE LA VAILLANCE !!!!
De son côté, Olaf ne savait plus où se mettre. Il regardait le bas de son corps d’un air penaud, non sans regarder de temps à autre autour de lui pour tenter de se repérer. Sven, lui, s’était assis en plein milieu du chemin et ne semblait pas beaucoup apprécier de m’entendre m’époumoner. Ses oreilles étaient repliées et il tentait tant bien que mal de se faire tout petit, des fois qu’il me prenne l’envie de lui crier dessus aussi.
- TU M’EXPLIQUES MAINTENANT COMMENT ON VA…
Je fus coupé dans mon hurlement par un bruit dans les buissons derrière moi, suivi d’un petit couinement. Olaf sursauta, et piailla:
- Qu’est-ce que c’est ?
Je lui jetai un regard noir.
- Je ne sais pas, mais s’il a faim et qu’il aime la neige, je compte pas le priver !
Le bruit continuait. Pourtant, tout semblait littéralement mort et vide autour de nous. Les cailloux de la route ne tremblaient même plus depuis que le traineau était arrêté. Et il n’y avait pas de vent. Aucun bruit de petit animal, ni même un cri d’oiseau au loin ne se faisait entendre. Il n’y avait que ces plaintes étranges dans les buissons. Je crus tout d’abord à une hallucination, mais j’eus la confirmation que ce n’en était pas une lorsque je vis très distinctement quelque chose bouger dans les feuillages. Le bruit se déplaçait, comme si la chose avançait en grommelant. Cela ne semblait pas être grand chose, mais la bestiole ne paraissait pas décidée à bouger.
J’aurais tout aussi bien pu attendre qu’elle s’en aille, mais lorsqu’il la vit bouger, Olaf glapit de peur et sauta dans le traineau pour se cacher. Toujours furieux contre lui, je pris la décision (stupide et mesquine, j’en conviens) de lui occasionner une bonne tranche de frayeur en attrapant la chose. Je tirai Flamme si besoin était, et m’avançai en direction des buissons, lorsqu’un détail piqua mon attention.
On aurait dit un gros caillou qui bougeait !
En un éclair, je fus sur la bestiole. Celle-ci voulut déguerpir, mais je plongeai à moitié dans les fourrés, et à deux bras, en tirai un drôle de petit bonhomme qui gesticulait dans tous les sens en couinant.
- NOOOON ! LÂCHEZ MOI, LÂCHEZ MOI JE VOUS EN PRIE PITIÉ !!!!
Je reposai la petite créature de pierre, qui pesait tout de même son poids, et celle-ci se recroquevilla devant moi en tremblant. Je détaillai le bestiau.
C’était un troll. À l’image de ses congénères, c’était un petit bonhomme entièrement constitué de pierre, Il était vêtu d’un petit pagne ainsi que d’une chemise rudimentaire, et avait de longs cheveux filasses qui lui tombaient devant les yeux, ce qui ne devait pas aider à sa vision, sans compter son énorme nez qui devait également obstruer singulièrement ses yeux. J’avais déjà vu des trolls, ce petit peuple de lutins de pierre constituaient la seule famille de Kristoff avant qu’il ne fasse la connaissance d’ Anna et Elsa. Mais que faisait celui là si loin de chez eux ? Et pourquoi était-il seul ? Un doute affreux me saisit, et je me tournai vers le traineau, furieux:
- Un troll ? Olaaaaaf…Anna avait dit au Nord !!!! Tu nous as embarqué du côté des trolls espèce de…
Mais à ma grande surprise, le troll à mes pieds me regarda d’un air surpris, et secoua la tête:
- Hein ? Troll ? Non non non Messire, je ne suis pas un troll ! Pas un troll !
Je le regardai d’un air curieux. Qu’est-ce qu’il racontait ?
- Quoi ? Comment ça pas un troll ? Et tu es quoi, si t’es pas un troll ? On est pas chez eux ici ?
- Non Messire, vous êtes dans les Montagnes du Nord. Moi, je suis Morten. Juste Morten.
À mes côtés, je pouvais presque voir Olaf me regarder avec un sourire satisfait. Ainsi nous étions dans la bonne direction. Mais je ne m’expliquais toujours pas ce que faisait ce troll, si loin de chez lui. Je baissai les yeux vers lui et demandai:
- Ok. Et donc…Juste Morten, qu’est-ce que tu fous là si t’es pas un troll ?
La petite créature me regarda comme si j’étais fou avant de répondre.
- Moi Messire ? Oh mais rien du tout Messire, je passais par là, et j’ai entendu des cris Messire. Alors je suis venu voir. C’est vous qui criez comme ça Messire ?
- Ouais, répondis-je d’un air sombre en montrant Olaf dans le traineau, j’ai bien peur que ce crétin nous ait égaré. À la base on voulait aller dans la Forêt des Northuldra.
À ma grande surprise, je vis Morten se redresser, et sautiller sur place, comme s’il avait trouvé un sens à son existence.
- La Forêt Northuldra ?! Mais vous tombez très bien Messire ! Je sais exactement où elle est !!! Je connais cet endroit comme ma poche, même si j’en ai pas !
Pour la première fois depuis que nous étions partis, je sentis un sourire se dessiner sur mon visage.
- Tiens donc ! C’est vrai ? Et tu saurais nous y emmener ?
- Bien sûr Messire ! Si on va par là, c’est plus long mais c’est plus court parce que la route est meilleure mais c'est plus long en temps , et si c’est par là c’est plus court mais c'est plus long parce que c’est moins loin mais la route est mauvaise.
- Okk, je m’en tape complet. Je te cache pas que si on y arrive avant la nuit ça nous arrange, je suis éclaté.
Sans attendre, le troll me tourna le dos, et détala en avant, courant et sautillant.
- C’est comme si c’était fait Messire ! Je connais un raccourci ! Suivez le vieux Morten, il connait le chemin ! Venez !
Je remontai en vitesse dans le traineau, sans faire attention à Olaf, qui paraissait bouder après que son statut de GPS lui ait été enlevé, et lançai Sven à la suite du petit troll. En le suivant, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il faisait dans cette partie reculée du royaume, si loin de ses congénères. Faire cavalier seul, cela ne ressemblait pas aux trolls. Il allait falloir que j’en touche deux mots à Kristoff lorsque nous serions rentrés.
Pour autant, je dus bien reconnaître à Morten une certaine efficacité, car nous quittâmes très tôt le sentier tortueux et cahoteux sur lequel m’avait mené Olaf. Devant nous, le troll courait et sautillait sans jamais se fatiguer, nous criant quelquefois de ne pas le perdre de vue. Sven faisait tout ce qu’il pouvait pour cela, mais la route étant désormais meilleure, il n’avait aucun mal à tenir la cadence. La nuit commençait à tomber lorsque nous arrivâmes dans ce qui semblait être une immense forêt. Je ne pris tout d’abord pas le temps de m’intéresser au paysage, mais Olaf me rappela sa présence en venant s’extasier auprès de moi:
- Woouuuaah ! J’avais presque oublié comme cette forêt était belle !!!
Je levai la tête.
Ça, il fallait bien admettre, l’endroit était impressionnant. Les arbres n’étaient pas énormes, mais leur grand nombre apportait à la forêt une impression d’immensité et d’harmonie qui étrangement, aidait tout de suite à l’apaisement. Je ne me considérais pas comme très à l’aise en milieu forestier, et pourtant au milieu de tous ces arbres, dont la teinte orangée se reflétait dans le coucher de soleil à la faveur de l’automne, je me sentais étrangement bien. Si tel était l’endroit où vivait Elsa, je pouvais aisément comprendre qu’elle ait choisi d’y rester, loin de l’atmosphère bruyante et agoraphobe des rues d’Arendelle. D’ailleurs, étions nous véritablement arrivés ? Je voulus demander à Morten si nous étions encore loin, mais à ma grande surprise, lorsque je me penchai en avant, je ne vis nulle trace du troll. Je jetai un coup d’oeil circulaire aux alentours. Rien. Le troll semblait avoir disparu.
- Euh…Mr le troll ? Morten ? Morten vous êtes là ?
- MOOOOORTEEEN ?! cria Olaf à mes oreilles.
- Arg ! Bon sang Olaf, ne cesses-tu donc jamais de hurler ?!
- Désolé.
Mais hélas, seul le silence répondit à son cri. Le troll n’était plus là. Olaf et moi eûmes beau appeler encore et encore, et le chercher partout aux alentours, Morten avait disparu.
Étant donné que j’étais désormais assez clairement soulé par ce long voyage, et que je ne me souvenais pas avoir donné à la créature de raison de nous planter là, je me mis à maudire le troll et à l’agonir d’insultes silencieuses. Olaf, lui, semblait s’être fait à l’idée, et flânait désormais dans la forêt comme s’il faisait une simple ballade bucolique.
- Elle est tellement belle cette forêt, disait-il, je me demande ce que font les Northul…
Une fois encore, il fut coupé par un bruit de branche brisée. Je levai la tête. Cette fois, cela venait du haut. Le soleil était quasiment couché à présent, et la cime des arbres reculait doucement dans l’obscurité. Cependant, alors que je plissai les yeux pour tenter de voir ce qui avait bougé, je perçus distinctement une silhouette sombre, que je vis se projeter d’arbre en arbre à une vitesse prodigieuse. Je pestai intérieurement. Elle allait si vite que je peinais véritablement à la suivre. À nouveau, j’entendis les feuillages autour de moi bouger. Je me retournai.
Au milieu des grands buissons, dans l’obscurité grandissante, je vis clairement se dessiner des formes menaçantes, comme de grandes branches d’arbres qui se déplaçaient vers moi. Et parmi ces formes, une multitude de paires d’yeux brillaient, pointés sur nous. - Psst, Olaf, viens ici, vite, sifflai-je entre mes dents. Le bonhomme de neige ne se le fit pas dire deux fois. Je sentais les étranges créatures se rapprocher de nous.
Je n’aimais pas cela.
Elle étaient véritablement en train de nous encercler, et je pouvais toujours entendre les déplacements furtifs mais extrêmement rapides de la chose qui se balançait d’arbre en arbre au dessus de nos têtes. Instinctivement, je tirai les Lames d’Arendelle tandis qu’Olaf vint se réfugier derrière moi. Voyant la foule d’yeux se rapprocher, je reculai jusqu’à ce que je percute finalement le traineau, où Sven était figé, raide de peur. Dans quel sinistre piège le troll nous avait-il envoyé ?
Et alors que je levai les Lames d’Arendelle, prêt à nous défendre, j’entendis une autre branche d’arbre craquer, et une silhouette sombre atterrit sur le sol, presque silencieusement, comme un chat qui aurait voulu fondre sa proie. Je vis l’inconnu se redresser, et ce dernier pointa un long bâton vers moi. Les Lames à la main, je restai sans bouger, malgré ma surprise.
C’était une femme. Elle portait une tunique brune qui la rendait très difficile à distinguer dans la noirceur de la nuit. Sa tête était ornée d’une sorte de bonnet qui recouvrait de longs cheveux noirs qui lui tombaient dans le dos. Une frange s’arrêtait juste avant ses sourcils, ce qui lui dégageait aisément la vue, et pouvait en partie expliquer la grande précision de ses mouvements. Elle s’approcha de moi en levant son bâton, et je pus la détailler: le teint mat, plutôt belle, sa peau, ses grands yeux marron ainsi que ses habits lui donnaient un air amérindien assez prononcé. Nous restâmes silencieux quelques instants, puis elle parla d’une voix claire mais assurée:
- Écartez vous d’eux ! Ne leur faites pas de mal !
Je levai un sourcil circonspect en baissant les Lames d’Arendelle.
- Hein ? « Eux » ? Qui « eux » ?
Je fus coupé dans mon incompréhension par Olaf, qui se dégagea vivement de mes jambes et regarda l’inconnue avec un grand sourire.
- Honeymaren ! cria-t-il d’un air enjoué
Je le vis alors courir vers la jeune femme, et cette dernière se baissa pour l’accueillir joyeusement.
- Salut Olaf ! dit-elle, c’est bon de te revoir !
Elle leva la tête vers moi. Je ne comprenais plus rien. Qui était cette femme ? J’ouvris la bouche pour parler, mais je fus coupé par un chuchotement dans les buissons.
- Alors ? C’est bon ? Il fait quoi ?
- Ryder ! C’est moi Olaf ! cria le bonhomme de neige.
Je manquai de tomber à la renverse en voyant sortir des buissons un jeune homme qui ressemblait tant à la femme devant moi que mon instinct me cria instantanément l’évidence même: je me retrouvais devant un frère et une soeur. Et à en juger par les grandes embrassades qu’ils se faisaient tous les deux avec Olaf, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Je rangeai les Lames d’Arendelle en soupirant. J’avais trouvé les Northuldra.
- Allez viens Yohan ce sont des amis !
Olaf s’avança vers moi, et me tira vers les deux jeunes gens. La dénommé Honeymaren rangea son bâton dans son dos, et me regarda avec un sourire.
- Yohan ? C’est comme ça qu’il t’a appelé ?
- C’est comme ça que je m’appelle, répondis-je
Je n’étais vraisemblablement pas au bout de mes surprises. Je vis soudainement sortir des fourrés une multitude de rennes, qui s’empressèrent d’aller faire la fête à Sven, comme s’ils avaient tous retrouvé un vieil ami. Je soupirai devant ma bêtise. C’était donc là les terribles paires d’yeux menaçants. Je vis alors l’homme prénommé Ryder s’avancer vers moi, la main tendue.
- Yohan ? Oh, c’est toi ! Enchanté ! Moi c’est Ryder ! Excuse nous pour l’accueil, ma soeur est toujours un peu parano devant les inconnus.
- Hey ! grinça Honeymaren, je te signale que c’est toi qui a insisté pour qu’on vienne voir.
Ryder haussa les épaules, et après avoir salué Sven, il m’invita à les suivre.
- Alors c’est toi Yohan. On savait pas si tu viendrais. Elsa nous a quand même dit pas mal de choses sur toi.
Je tressaillis à la mention de la Reine des Neiges.
- Vous…vous connaissez Elsa ?
- Bien sûr ! répondit Honeymaren, elle est au village en ce moment même ! Elle pensait bien que tu viendrais un moment, elle nous avait prévenu mais on ne t’attendait pas si tôt.
Ryder prit les rennes du traineau, et quelques minutes plus tard, je me retrouvai à l’entrée d’un joli petit village, niché au coeur de la forêt. L’endroit était aussi pittoresque que charmant. De grandes huttes étaient disposées ça et là autour d’un grand cercle de pierre dans lequel brûlait un grand feu. De petits rennes gambadaient joyeusement en bordure du village, et le coin paraissait presque isolé dans sa quiétude au milieu de l’aspect inquiétant de la forêt. Autour de moi, les Northuldra me regardaient d’un air curieux, tandis qu’ils adressaient des signes de la main, des sourires et des embrassades à Olaf et Sven.
Je vis alors arriver vers moi une vieille femme, qui malgré son âge avancé, posait sur moi un oeil vif et alerte. Je m’avançai respectueusement vers elle.
- Bonsoir Madame, dis-je en lui tendant ma main, vous êtes la dirigeante des Northuldra ? Je suis Yohan. Je suis enchanté de vous…
Elle prit alors la canne qu’elle avait à la main, et me la posa sous le menton pour m’inspecter sous toutes les coutures.
- Alors c’est vous Yohan ? Bien bien, je vois. Pour tout vous dire, je vous aurais cru plus grand.
En temps normal, j’aurais fait regretter ces paroles à n’importe qui, mais je vis que la vieille femme souriait. À l’évidence, elle ne pensait pas à mal.
- Peut-on savoir ce que vous venez faire par chez nous ? demanda-t-elle malicieusement.
Au ton de sa voix, je perçus qu’elle connaissait déjà la réponse. Ne voulant pas la décevoir, je répondis néanmoins.
- Et bien je suis venu voir…
- Yohan ?
Coupé dans ma réponse, j’entendis Olaf pousser un cri de joie, quelques secondes avant que je ne me retourne….et que le souffle me manque.
Elle était là.
Devant moi.
Elsa.
Alors ? Cela vous a plu ? Yohan et Olaf ont donc rencontré l'assistant du méchant ! J'espère que vous avez repéré les quelques références qui parsèment ce chapitre !
Alors oui je sais, je me suis arrêté juste avant LES retrouvailles, mais ne vous en faites pas, ce sera pour la prochaine fois !
À la prochaine !
Enjoy !
Chapitre 6: Sur la route
Dans les jours qui suivirent ma discussion avec Anna, je me félicitai de nombreuses fois d’avoir pensé à revenir avec des vêtements chauds. L’automne s’achevait lentement mais sûrement à Arendelle, et l’hiver n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. La saison n’était pas véritablement connue dans le royaume pour la clémence de sa température, aussi je m’habillai rapidement mais chaudement en partant dans la soirée du Mercredi.
J’avais du insister auprès d’Anna pour partir de nuit, après qu’elle m’eut dit qu’il fallait environ un jour et une nuit de route pour parvenir à la Forêt Northuldra où vivait Elsa. Plus tôt je serais parti, plus tôt je serais arrivé. Sans compter que Kristoff avait gracieusement accepté de me laisser emprunter son traineau ainsi que Sven pour le voyage (non sans y avoir été quelque peu poussé par sa fiancée). Il était évident qu’Anna avait très bien cerné mon envie de revoir Elsa au plus vite, et dans sa grande gentillesse, elle avait tout mis en oeuvre pour que je puisse le faire. Elle et Kristoff restèrent avec moi jusqu’après l’heure du dîner pour m’accompagner dans la cour où se trouvaient Sven et le traîneau.
Le montagnard tenait tendrement Anna par la taille, mais je le soupçonnais à cet instant de faire cela plus par inquiétude pour son traineau et son ami que par amour pour elle.
Et je ne pouvais que le comprendre.
Je soupirai en voyant le traineau, ainsi que la personne qui était déjà assise dedans.
« Vraiment Anna, demandai-je, c’est bien nécessaire ?
- Ne t’en fais pas Yohan, tenta-t-elle de me rassurer, Olaf connait la route et il pourra même t’indiquer des raccourcis.
Kristoff, lui, était allé vérifier comment allait Sven, et après avoir échangé quelques borborygmes étranges avec son ami, il se tourna vers moi avec un clin d’oeil.
- Je t’ai quand même mis une carte de la région, au cas où.
- Je te remercie Kristoff.
Autant être honnête, je n’étais pas vraiment ravi de voyager avec Olaf. Le côté exubérant et parfois stupide du bonhomme de neige avait souvent le don de m’agacer, d’autant plus que j’allais passer les prochaines heures seul avec lui. Hélas, n’étant encore jamais allé à la Forêt Enchantée, je ne pouvais pas utiliser l’ampli pour m’y rendre, et j’avais refusé auprès d’Anna qu’elle me donne toute une escorte pour cette mission. Mais il fallait tout de même que quelqu’un puisse m’indiquer le chemin…et d’après ce que j’avais compris, Anna avait deux choses extrêmement importantes à faire ces prochains jours, et il était impératif qu’elle reste à Arendelle. Elle avait toutefois refusé de me dire quelles étaient ces deux tâches.Quant à Kristoff, il avait préféré rester avec sa fiancée, ce que je pouvais aisément comprendre.
Olaf s’était donc avéré la seule solution viable pour m’assurer d’arriver chez les Northuldra. Mais il me fallait tout de même pouvoir arriver à destination et d’après Anna, notre ami enneigé pouvait y suffire. Et je ne remettais jamais en doute les paroles de la jeune reine. Je me hissai donc sur le siège avant, pris les rennes, et m’adressai à Sven et Olaf:
- Bon, allez les gars ! On est partis ! C’est pas que ça m’enchante mais quand il faut y aller…
Olaf vint joyeusement s’asseoir près de moi en criant:
- Ouais !!! On va aller voir Elsa et on va la ramener de gré ou de force !!!
- Je ne crois pas qu’il sera nécessaire de la forcer Olaf, dit doucement Anna en s’approchant du traineau.
Puis elle se tourna vers moi et m’adressa un sourire. Kristoff la tenait toujours par la taille.
- Bon voyage Yohan. Je serais bien venue avec toi, mais j’ai un…une réunion très importante demain.
Je vis le regard d’Anna changer, comme si elle avait failli faire une gaffe. Kristoff sembla lui venir en aide:
- Oui et puis tu as aussi ton rendez-vous demain matin.
Anna le dévisagea et se serra contre lui.
- Ah oui c’est vrai, merci Kristoff ! Ah, la vie de reine…
Je serrai la bride de Sven entre mes doigts et fit un clin d’oeil à la petite rousse.
- T’en fais pas Anna, on sera vite rentrés. Et sans forcer personne.
Puis, après un rapide échange de regard avec Sven, le renne détala, entrainant le traineau à sa suite dans les rues d’Arendelle. En partant, j’entendis Anna crier dans mon dos:
- Oh et Yohan ! Quand tu verras Elsa…dis toi que tout est normal !
Étrangement, ces dernières paroles ne furent pas pour me rassurer, mais je n’avais plus le temps de demander à Anna ce qu’elle voulait dire. Nous étions partis.
Il ne me fallut que quelques heures pour regretter amèrement d’être parti avec Olaf. Je pus me repérer jusqu’à l’aube grâce à la carte fournie par Kristoff et la lueur de la lanterne accrochée à son traineau. J’eus droit pendant ce temps là à un peu de répit, le bonhomme de neige s’étant profondément endormi à l’arrière. Mais, si les premières heures du voyage se déroulèrent sans encombre, il finit fatalement par se réveiller, et comme je l’avais craint, il émergea avec une énergie et un entrain de tous les diables.
- Hey, mais c’est que t’as drôlement bien avancé !!! cria-t-il à mon oreille
Je sursautai violemment, faisant faire un arrêt brusque à Sven en tirant malencontreusement sur sa bride. Le traineau lui frappa l’arrière train avant de se stopper, et le renne se tourna vers moi avec un regard courroucé. Je lui fis un petit signe d’excuse, et il reprit sa route, non sans avoir exprimé son mécontentement à travers ses naseaux. De son côté, Olaf avait pris la carte en mains, et la regardait en la tenant à l’envers.
- Dis donc, t’es sacrément doué pour arriver à lire ça ! C’est presque si t’avais pas besoin de moi !
- Ouais hein, on se demande…répondis-je d’un air sombre.
Imperméable à mon sarcasme, le bonhomme de neige jeta la carte à l’arrière du traineau et pointa son doigt de bois sec au devant de la route.
- Allez je vais quand même t’aider ! Prends là, je reconnais, c’est un raccourci !
Peu convaincu, je le regardai d’un air suspect.
- T’es sûr ?
- Mais oui je te dis ! Allez !
Sans répondre, je fis tourner Sven sur la gauche, et le traineau se cala sur un chemin cahoteux mais dont l’état ne me paraissait pas scandaleux. Nous avancions bien, et j’avais bel et bien l’impression que nous nous enfoncions dans la montagne. Bien que ma confiance en Olaf ne soit que toute relative, j’avais l’intuition que nous étions sur le bon chemin. Hélas, après quelques minutes de route qui furent somme toute assez tranquilles, ce dernier se mit en tête de faire passer le temps.
- Hé Yohan, ça te dis on joue au jeu du Vrai ou Faux ?
- Non.
- D’accord alors je commence !
Je soupirai. Je n’étais même pas surpris. Je savais très bien que rien n’arrêtait Olaf lorsqu’il avait une idée en tête, et à en juger par la façon dont il faisait à présent les questions et les réponses de son jeu tout seul, mon approbation n’avait au final que très peu d’intérêt pour lui.
- Vrai ou Faux ? Hippocrate a découvert les fondements du système sanguin ? FAUX ! C’est le médecin anglais William Harvey qui a fait cette découverte ! Vrai ou Faux ? Les roses bleues existent à l’état naturel ? FAUX ! Vrai ou Faux ? Les dauphins d’eau douce peuvent tourner la tête à un angle de 90° ? VRAI !
J’ignore combien de temps dura son petit jeu, mais j’avais suffisamment de pensées en tête pour ne pas y prêter attention. Les paroles d’Anna résonnaient dans mon esprit: « Quand tu verras Elsa, dis toi que tout est normal ». Qu’avait-elle voulu dire ? Elsa avait-elle changé elle aussi ? Anna paraissait plus mûre, certes, mais elle n’avait pas véritablement changé physiquement. Qu’en était-il de sa soeur ? D’après ce que m’avait raconté Anna, elle était devenue une sorte d’esprit de la nature, qui contrôlait les esprits élémentaires qu’étaient l’eau, le feu, l’air et la terre. Et si j’avais eu du mal à y croire au départ, ma confiance aveugle en la petite rousse avait eu tôt fait de dissiper tout doute. Après tout, je voyais bien Elsa en une sorte de guide spirituel pour ce peuple qu’Anna appelait Northuldra. Le rôle lui allait plutôt bien. Mais de là à la changer ? Il était impossible qu’elle ait pu perdre de sa beauté légendaire, peut-être même en avait-elle gagné ? Je pouffai tout seul intérieurement: pour ce qui était de la beauté, Elsa partait déjà sur un certain modèle d’exemplarité, il aurait été quasiment surnaturel qu’elle puisse aller plus loin encore. Et qu’en était-il de ses pouvoirs ? Je repensai à la dernière fois que je m’étais trouvé sur ce traineau avec elle. Nous allions à son ancien palais de glace, et elle avait jadis perdu subitement ses pouvoirs pendant quelques instants, sous le coup de la peur et du stress. Était-elle toujours sujette à de pareils états d’âme ? Donnait-elle toujours l’impression d’être en proie à quelque considération existentielle qui lui donnait l’impression d’appartenir à un autre monde ?
J’allais bientôt avoir ma réponse, mais des couinements joyeux à côté de moi me ramenèrent à la réalité. Avant cela, il allait falloir me taper les pitrerie d’Olaf.
- Vrai ou Faux ? demanda-t-il, l’eau a de la mémoire ? VRAI ! Beaucoup de gens n’y croient pas, mais c’est vr…
- Hein ? m’enquis-je, mais qu’est-ce que tu racontes Olaf ? L’eau, de la mémoire ?
Le bonhomme de neige se tourna vers moi, et me regarda comme si j’étais fou.
- Ben oui, dit-il, l’eau a de la mémoire !
- Oh pitié, me dis pas que tu fais partie de ces neuneus qui pensent qu’on peut soigner toutes les maladies à partir de ces conneries sur l’eau !
Devant nous, Sven émit un petit bruit, qui ressemblait presque à un rire, comme si le renne était en train de se moquer de moi.
- Il dit qu’il voit pas le rapport, dit Olaf
Je haussai les épaules avant de répondre.
- Bof, là d’où je viens certaines personnes sont persuadées que l’eau a de la mémoire et que ça pourrait soi disant aider à soigner les maladies, et d’autres conneries, donc tes histoires là…
À ma grande surprise, Olaf éclata de rire et se mit à se tortiller comme s’il avait du mal à garder son sérieux.
- Ahahaha !!! Soigner les maladies ! Et puis quoi encore ?! Tu dis n’importe quoi Yohan, ça veut absolument pas dire ça la mémoire de l’eau !
- Allons bon…et ça veut dire quoi ?
- Bah, ça veut juste dire que l’eau qui nous constitue est déjà passée par plusieurs êtres vivants avant d’arriver dans notre corps, c’est comme une forme d’ADN en fait, ça permet de faire vivre les souvenirs. Rien à voir avec les maladies. Pour ça, vaut mieux se contenter d’un docteur.
Je dus attendre que le bonhomme de neige reprenne son sérieux, mais alors que j’escomptais continuer le voyage dans le calme, ce dernier reprit:
- On rejoue au Vrai ou Faux ?
- Ah parce que t’avais l’impression que je jouais là ?
- Bah oui !
Je soupirai pour la énième fois, et m’apprêtai à replonger dans mes pensées, lorsque, sorti de nulle part, Olaf me demanda:
- Vrai ou Faux ? Tu préfères Elsa à Anna !
Je mis un si grand coup sur la bride que je manquai d’étrangler Sven. Le renne et le traineau s’arrêtèrent brusquement, et l’animal me jeta un regard furieux, mais je n’y fis pas attention. Je me tournai vers Olaf, estomaqué:
- QUOI ?! Le bonhomme de neige ne semblait même pas saisir l’absurdité de sa question.
- Ben oui, dit-il, c’est vrai ou c’est faux ?
- Mais enfin c’est faux !!!
- Ah…donc tu préfères Anna.
Je roulai des yeux aux ciel, résistant à l’envie de l’étrangler.
- Mais enfin je préfère…mais pas du tout mais qu’est-ce qui peut bien se tramer dans ton esprit enneigé là encore ?!
- Bah c’est pour savoir, dit Olaf
- Mais enfin, t’as une manière de présenter ça ! Et puis qu’est-ce que ça veut dire « je préfère » ? T’es pas un peu givré non ?
- Bah si.
- Oh c’est bon, écrase tu veux !
Je jetai un coup d’oeil aux alentours en maugréant. Où était-il encore allé chercher une telle bêtise ? Il était très clair que je ne faisais aucune différence entre Elsa et Anna. Si ce n’était qu’Elsa n’était désormais plus à Arendelle. Mais cela ne voulait rien dire. Anna m’aurait probablement manqué de la même façon si elle avait été à sa place. Je me débarrassai vite de cette idée. Trop compliqué à imaginer, et je n’avais pas envie de me poser une telle question à un instant pareil. J’aurais souhaité qu’Olaf se taise, mais pour l’heure, j’avais besoin de lui.
- Bon, Olaf, on verra plus tard pour les conneries. Pour l’instant faut que tu me dises où je vais, je sais pas du tout où je suis là.
Olaf regarda à droite puis à gauche, et grinça:
- Oh mince…moi non plus.
- QUOI ?! hurlai-je, furieux
- Non non mais attends attends je sais, couina le bonhomme de neige, on…on va prendre par là, à gauche.
Je regardai la direction dans laquelle il pointait, et dus me contenir pour ne pas exploser.
- Ça c’est à droite Olaf.
Ce dernier haussa ce qui lui servait d’épaules.
- Oh bah tu sais, la droite la gauche…selon comment on est tournés ça change tout. T’as bien pris à droite tout à l’heure ?
N’y tenant plus, je me mis à hurler:
- À droite ?! MAIS TU M’AS DIT À GAUCHE TOUT À L’HEURE !!!!
- Bah oui mais…
- DONC TU VEUX DIRE QUE LÀ, TU SAIS PAS OÙ ON EST ?!
Et après avoir de nouveau regardé à droite et à gauche (et ce probablement sans savoir laquelle était laquelle), Olaf dut se rendre à l’évidence.
- Bah…là comme ça non.
Je dus déployer des trésors de calme et de self-control pour ne pas coller un énorme coup de pied dans le bonhomme de neige. Profitant du fait que nous étions perdus en pleine montagne et que personne ne pouvait probablement nous entendre, j’hurlai:
- NON MAIS C’EST PAS POSSIBLE, PARTIR EN MONTAGNE AVEC UN TROU DE BALLE PAREIL, FAUT DRÔLEMENT DE LA VAILLANCE !!!!
De son côté, Olaf ne savait plus où se mettre. Il regardait le bas de son corps d’un air penaud, non sans regarder de temps à autre autour de lui pour tenter de se repérer. Sven, lui, s’était assis en plein milieu du chemin et ne semblait pas beaucoup apprécier de m’entendre m’époumoner. Ses oreilles étaient repliées et il tentait tant bien que mal de se faire tout petit, des fois qu’il me prenne l’envie de lui crier dessus aussi.
- TU M’EXPLIQUES MAINTENANT COMMENT ON VA…
Je fus coupé dans mon hurlement par un bruit dans les buissons derrière moi, suivi d’un petit couinement. Olaf sursauta, et piailla:
- Qu’est-ce que c’est ?
Je lui jetai un regard noir.
- Je ne sais pas, mais s’il a faim et qu’il aime la neige, je compte pas le priver !
Le bruit continuait. Pourtant, tout semblait littéralement mort et vide autour de nous. Les cailloux de la route ne tremblaient même plus depuis que le traineau était arrêté. Et il n’y avait pas de vent. Aucun bruit de petit animal, ni même un cri d’oiseau au loin ne se faisait entendre. Il n’y avait que ces plaintes étranges dans les buissons. Je crus tout d’abord à une hallucination, mais j’eus la confirmation que ce n’en était pas une lorsque je vis très distinctement quelque chose bouger dans les feuillages. Le bruit se déplaçait, comme si la chose avançait en grommelant. Cela ne semblait pas être grand chose, mais la bestiole ne paraissait pas décidée à bouger.
J’aurais tout aussi bien pu attendre qu’elle s’en aille, mais lorsqu’il la vit bouger, Olaf glapit de peur et sauta dans le traineau pour se cacher. Toujours furieux contre lui, je pris la décision (stupide et mesquine, j’en conviens) de lui occasionner une bonne tranche de frayeur en attrapant la chose. Je tirai Flamme si besoin était, et m’avançai en direction des buissons, lorsqu’un détail piqua mon attention.
On aurait dit un gros caillou qui bougeait !
En un éclair, je fus sur la bestiole. Celle-ci voulut déguerpir, mais je plongeai à moitié dans les fourrés, et à deux bras, en tirai un drôle de petit bonhomme qui gesticulait dans tous les sens en couinant.
- NOOOON ! LÂCHEZ MOI, LÂCHEZ MOI JE VOUS EN PRIE PITIÉ !!!!
Je reposai la petite créature de pierre, qui pesait tout de même son poids, et celle-ci se recroquevilla devant moi en tremblant. Je détaillai le bestiau.
C’était un troll. À l’image de ses congénères, c’était un petit bonhomme entièrement constitué de pierre, Il était vêtu d’un petit pagne ainsi que d’une chemise rudimentaire, et avait de longs cheveux filasses qui lui tombaient devant les yeux, ce qui ne devait pas aider à sa vision, sans compter son énorme nez qui devait également obstruer singulièrement ses yeux. J’avais déjà vu des trolls, ce petit peuple de lutins de pierre constituaient la seule famille de Kristoff avant qu’il ne fasse la connaissance d’ Anna et Elsa. Mais que faisait celui là si loin de chez eux ? Et pourquoi était-il seul ? Un doute affreux me saisit, et je me tournai vers le traineau, furieux:
- Un troll ? Olaaaaaf…Anna avait dit au Nord !!!! Tu nous as embarqué du côté des trolls espèce de…
Mais à ma grande surprise, le troll à mes pieds me regarda d’un air surpris, et secoua la tête:
- Hein ? Troll ? Non non non Messire, je ne suis pas un troll ! Pas un troll !
Je le regardai d’un air curieux. Qu’est-ce qu’il racontait ?
- Quoi ? Comment ça pas un troll ? Et tu es quoi, si t’es pas un troll ? On est pas chez eux ici ?
- Non Messire, vous êtes dans les Montagnes du Nord. Moi, je suis Morten. Juste Morten.
À mes côtés, je pouvais presque voir Olaf me regarder avec un sourire satisfait. Ainsi nous étions dans la bonne direction. Mais je ne m’expliquais toujours pas ce que faisait ce troll, si loin de chez lui. Je baissai les yeux vers lui et demandai:
- Ok. Et donc…Juste Morten, qu’est-ce que tu fous là si t’es pas un troll ?
La petite créature me regarda comme si j’étais fou avant de répondre.
- Moi Messire ? Oh mais rien du tout Messire, je passais par là, et j’ai entendu des cris Messire. Alors je suis venu voir. C’est vous qui criez comme ça Messire ?
- Ouais, répondis-je d’un air sombre en montrant Olaf dans le traineau, j’ai bien peur que ce crétin nous ait égaré. À la base on voulait aller dans la Forêt des Northuldra.
À ma grande surprise, je vis Morten se redresser, et sautiller sur place, comme s’il avait trouvé un sens à son existence.
- La Forêt Northuldra ?! Mais vous tombez très bien Messire ! Je sais exactement où elle est !!! Je connais cet endroit comme ma poche, même si j’en ai pas !
Pour la première fois depuis que nous étions partis, je sentis un sourire se dessiner sur mon visage.
- Tiens donc ! C’est vrai ? Et tu saurais nous y emmener ?
- Bien sûr Messire ! Si on va par là, c’est plus long mais c’est plus court parce que la route est meilleure mais c'est plus long en temps , et si c’est par là c’est plus court mais c'est plus long parce que c’est moins loin mais la route est mauvaise.
- Okk, je m’en tape complet. Je te cache pas que si on y arrive avant la nuit ça nous arrange, je suis éclaté.
Sans attendre, le troll me tourna le dos, et détala en avant, courant et sautillant.
- C’est comme si c’était fait Messire ! Je connais un raccourci ! Suivez le vieux Morten, il connait le chemin ! Venez !
Je remontai en vitesse dans le traineau, sans faire attention à Olaf, qui paraissait bouder après que son statut de GPS lui ait été enlevé, et lançai Sven à la suite du petit troll. En le suivant, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il faisait dans cette partie reculée du royaume, si loin de ses congénères. Faire cavalier seul, cela ne ressemblait pas aux trolls. Il allait falloir que j’en touche deux mots à Kristoff lorsque nous serions rentrés.
Pour autant, je dus bien reconnaître à Morten une certaine efficacité, car nous quittâmes très tôt le sentier tortueux et cahoteux sur lequel m’avait mené Olaf. Devant nous, le troll courait et sautillait sans jamais se fatiguer, nous criant quelquefois de ne pas le perdre de vue. Sven faisait tout ce qu’il pouvait pour cela, mais la route étant désormais meilleure, il n’avait aucun mal à tenir la cadence. La nuit commençait à tomber lorsque nous arrivâmes dans ce qui semblait être une immense forêt. Je ne pris tout d’abord pas le temps de m’intéresser au paysage, mais Olaf me rappela sa présence en venant s’extasier auprès de moi:
- Woouuuaah ! J’avais presque oublié comme cette forêt était belle !!!
Je levai la tête.
Ça, il fallait bien admettre, l’endroit était impressionnant. Les arbres n’étaient pas énormes, mais leur grand nombre apportait à la forêt une impression d’immensité et d’harmonie qui étrangement, aidait tout de suite à l’apaisement. Je ne me considérais pas comme très à l’aise en milieu forestier, et pourtant au milieu de tous ces arbres, dont la teinte orangée se reflétait dans le coucher de soleil à la faveur de l’automne, je me sentais étrangement bien. Si tel était l’endroit où vivait Elsa, je pouvais aisément comprendre qu’elle ait choisi d’y rester, loin de l’atmosphère bruyante et agoraphobe des rues d’Arendelle. D’ailleurs, étions nous véritablement arrivés ? Je voulus demander à Morten si nous étions encore loin, mais à ma grande surprise, lorsque je me penchai en avant, je ne vis nulle trace du troll. Je jetai un coup d’oeil circulaire aux alentours. Rien. Le troll semblait avoir disparu.
- Euh…Mr le troll ? Morten ? Morten vous êtes là ?
- MOOOOORTEEEN ?! cria Olaf à mes oreilles.
- Arg ! Bon sang Olaf, ne cesses-tu donc jamais de hurler ?!
- Désolé.
Mais hélas, seul le silence répondit à son cri. Le troll n’était plus là. Olaf et moi eûmes beau appeler encore et encore, et le chercher partout aux alentours, Morten avait disparu.
Étant donné que j’étais désormais assez clairement soulé par ce long voyage, et que je ne me souvenais pas avoir donné à la créature de raison de nous planter là, je me mis à maudire le troll et à l’agonir d’insultes silencieuses. Olaf, lui, semblait s’être fait à l’idée, et flânait désormais dans la forêt comme s’il faisait une simple ballade bucolique.
- Elle est tellement belle cette forêt, disait-il, je me demande ce que font les Northul…
Une fois encore, il fut coupé par un bruit de branche brisée. Je levai la tête. Cette fois, cela venait du haut. Le soleil était quasiment couché à présent, et la cime des arbres reculait doucement dans l’obscurité. Cependant, alors que je plissai les yeux pour tenter de voir ce qui avait bougé, je perçus distinctement une silhouette sombre, que je vis se projeter d’arbre en arbre à une vitesse prodigieuse. Je pestai intérieurement. Elle allait si vite que je peinais véritablement à la suivre. À nouveau, j’entendis les feuillages autour de moi bouger. Je me retournai.
Au milieu des grands buissons, dans l’obscurité grandissante, je vis clairement se dessiner des formes menaçantes, comme de grandes branches d’arbres qui se déplaçaient vers moi. Et parmi ces formes, une multitude de paires d’yeux brillaient, pointés sur nous. - Psst, Olaf, viens ici, vite, sifflai-je entre mes dents. Le bonhomme de neige ne se le fit pas dire deux fois. Je sentais les étranges créatures se rapprocher de nous.
Je n’aimais pas cela.
Elle étaient véritablement en train de nous encercler, et je pouvais toujours entendre les déplacements furtifs mais extrêmement rapides de la chose qui se balançait d’arbre en arbre au dessus de nos têtes. Instinctivement, je tirai les Lames d’Arendelle tandis qu’Olaf vint se réfugier derrière moi. Voyant la foule d’yeux se rapprocher, je reculai jusqu’à ce que je percute finalement le traineau, où Sven était figé, raide de peur. Dans quel sinistre piège le troll nous avait-il envoyé ?
Et alors que je levai les Lames d’Arendelle, prêt à nous défendre, j’entendis une autre branche d’arbre craquer, et une silhouette sombre atterrit sur le sol, presque silencieusement, comme un chat qui aurait voulu fondre sa proie. Je vis l’inconnu se redresser, et ce dernier pointa un long bâton vers moi. Les Lames à la main, je restai sans bouger, malgré ma surprise.
C’était une femme. Elle portait une tunique brune qui la rendait très difficile à distinguer dans la noirceur de la nuit. Sa tête était ornée d’une sorte de bonnet qui recouvrait de longs cheveux noirs qui lui tombaient dans le dos. Une frange s’arrêtait juste avant ses sourcils, ce qui lui dégageait aisément la vue, et pouvait en partie expliquer la grande précision de ses mouvements. Elle s’approcha de moi en levant son bâton, et je pus la détailler: le teint mat, plutôt belle, sa peau, ses grands yeux marron ainsi que ses habits lui donnaient un air amérindien assez prononcé. Nous restâmes silencieux quelques instants, puis elle parla d’une voix claire mais assurée:
- Écartez vous d’eux ! Ne leur faites pas de mal !
Je levai un sourcil circonspect en baissant les Lames d’Arendelle.
- Hein ? « Eux » ? Qui « eux » ?
Je fus coupé dans mon incompréhension par Olaf, qui se dégagea vivement de mes jambes et regarda l’inconnue avec un grand sourire.
- Honeymaren ! cria-t-il d’un air enjoué
Je le vis alors courir vers la jeune femme, et cette dernière se baissa pour l’accueillir joyeusement.
- Salut Olaf ! dit-elle, c’est bon de te revoir !
Elle leva la tête vers moi. Je ne comprenais plus rien. Qui était cette femme ? J’ouvris la bouche pour parler, mais je fus coupé par un chuchotement dans les buissons.
- Alors ? C’est bon ? Il fait quoi ?
- Ryder ! C’est moi Olaf ! cria le bonhomme de neige.
Je manquai de tomber à la renverse en voyant sortir des buissons un jeune homme qui ressemblait tant à la femme devant moi que mon instinct me cria instantanément l’évidence même: je me retrouvais devant un frère et une soeur. Et à en juger par les grandes embrassades qu’ils se faisaient tous les deux avec Olaf, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Je rangeai les Lames d’Arendelle en soupirant. J’avais trouvé les Northuldra.
- Allez viens Yohan ce sont des amis !
Olaf s’avança vers moi, et me tira vers les deux jeunes gens. La dénommé Honeymaren rangea son bâton dans son dos, et me regarda avec un sourire.
- Yohan ? C’est comme ça qu’il t’a appelé ?
- C’est comme ça que je m’appelle, répondis-je
Je n’étais vraisemblablement pas au bout de mes surprises. Je vis soudainement sortir des fourrés une multitude de rennes, qui s’empressèrent d’aller faire la fête à Sven, comme s’ils avaient tous retrouvé un vieil ami. Je soupirai devant ma bêtise. C’était donc là les terribles paires d’yeux menaçants. Je vis alors l’homme prénommé Ryder s’avancer vers moi, la main tendue.
- Yohan ? Oh, c’est toi ! Enchanté ! Moi c’est Ryder ! Excuse nous pour l’accueil, ma soeur est toujours un peu parano devant les inconnus.
- Hey ! grinça Honeymaren, je te signale que c’est toi qui a insisté pour qu’on vienne voir.
Ryder haussa les épaules, et après avoir salué Sven, il m’invita à les suivre.
- Alors c’est toi Yohan. On savait pas si tu viendrais. Elsa nous a quand même dit pas mal de choses sur toi.
Je tressaillis à la mention de la Reine des Neiges.
- Vous…vous connaissez Elsa ?
- Bien sûr ! répondit Honeymaren, elle est au village en ce moment même ! Elle pensait bien que tu viendrais un moment, elle nous avait prévenu mais on ne t’attendait pas si tôt.
Ryder prit les rennes du traineau, et quelques minutes plus tard, je me retrouvai à l’entrée d’un joli petit village, niché au coeur de la forêt. L’endroit était aussi pittoresque que charmant. De grandes huttes étaient disposées ça et là autour d’un grand cercle de pierre dans lequel brûlait un grand feu. De petits rennes gambadaient joyeusement en bordure du village, et le coin paraissait presque isolé dans sa quiétude au milieu de l’aspect inquiétant de la forêt. Autour de moi, les Northuldra me regardaient d’un air curieux, tandis qu’ils adressaient des signes de la main, des sourires et des embrassades à Olaf et Sven.
Je vis alors arriver vers moi une vieille femme, qui malgré son âge avancé, posait sur moi un oeil vif et alerte. Je m’avançai respectueusement vers elle.
- Bonsoir Madame, dis-je en lui tendant ma main, vous êtes la dirigeante des Northuldra ? Je suis Yohan. Je suis enchanté de vous…
Elle prit alors la canne qu’elle avait à la main, et me la posa sous le menton pour m’inspecter sous toutes les coutures.
- Alors c’est vous Yohan ? Bien bien, je vois. Pour tout vous dire, je vous aurais cru plus grand.
En temps normal, j’aurais fait regretter ces paroles à n’importe qui, mais je vis que la vieille femme souriait. À l’évidence, elle ne pensait pas à mal.
- Peut-on savoir ce que vous venez faire par chez nous ? demanda-t-elle malicieusement.
Au ton de sa voix, je perçus qu’elle connaissait déjà la réponse. Ne voulant pas la décevoir, je répondis néanmoins.
- Et bien je suis venu voir…
- Yohan ?
Coupé dans ma réponse, j’entendis Olaf pousser un cri de joie, quelques secondes avant que je ne me retourne….et que le souffle me manque.
Elle était là.
Devant moi.
Elsa.
Alors ? Cela vous a plu ? Yohan et Olaf ont donc rencontré l'assistant du méchant ! J'espère que vous avez repéré les quelques références qui parsèment ce chapitre !
Alors oui je sais, je me suis arrêté juste avant LES retrouvailles, mais ne vous en faites pas, ce sera pour la prochaine fois !
À la prochaine !
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mer 15 Jan 2020, 23:28
Euh... Il a son permis traîneau depuis quand Yohan ? Par contre, il n'est pas très futé d'avoir pris Olaf avec lui, il aurait mieux fait de suivre la carte ! Même si en soi il avait raison et dit des choses vraies, surtout le "tu préfères Elsa que Anna", Yohan le nie mais il est in love pour la reine des neiges, sa réaction le confirme. Oui je suis arrêtée sur cette idée.
J'ai bien aimé la partie du voyage qui rappelle beaucoup celle du film même si j'ai eu plusieurs fois envie d'assommer le bonhomme de neige.
Parlons du petit Morten, ce nom me dit quelque chose mais je me trompe peut-être, j'espère qu'on en saura un peu plus sur lui, il est intriguant. Je me demande pourquoi il a disparu d'un seul coup et pourquoi il dit ne pas être un troll. J'ai l'impression qu'il n'est pas tout blanc.
EDIT : Oui bon j'ai eu un instant de flottement mais effectivement, c'est un gros blaireau, l'assistant du méchant, mon intuition n'en était pas une xD Du coup je sens qu'il va y avoir un pépin sur la route du retour à Arendelle vu que, visiblement, Yohan a été suivi.
Pour ce qui est des Northuldras, j'aime beaucoup la façon dont tu les décris, ça reflète très bien leur personnalité dans les films.
PAR CONTRE ! Ta fin.... Tu sais que je n'aime pas les fins qui laissent quelque chose en suspend, mais là j'avoue que j'ai bien aimé car tu gardes le suspens des retrouvailles jusqu'à la fin.
Je voulais aussi te dire aussi, c'est fou mais ton personnage est vraiment ton portrait craché, c'est très drôle, je te reconnais vraiment dedans! Oui c'est hyper logique, mais dans le 1 ce n'était pas aussi flagrant, ou peut-être que j'y faisais moins attention aussi.
Voilà voilà, chapitre sympathique, et tu as raison, on ne s'y ennuie pas !
J'ai bien aimé la partie du voyage qui rappelle beaucoup celle du film même si j'ai eu plusieurs fois envie d'assommer le bonhomme de neige.
Parlons du petit Morten, ce nom me dit quelque chose mais je me trompe peut-être, j'espère qu'on en saura un peu plus sur lui, il est intriguant. Je me demande pourquoi il a disparu d'un seul coup et pourquoi il dit ne pas être un troll. J'ai l'impression qu'il n'est pas tout blanc.
EDIT : Oui bon j'ai eu un instant de flottement mais effectivement, c'est un gros blaireau, l'assistant du méchant, mon intuition n'en était pas une xD Du coup je sens qu'il va y avoir un pépin sur la route du retour à Arendelle vu que, visiblement, Yohan a été suivi.
Pour ce qui est des Northuldras, j'aime beaucoup la façon dont tu les décris, ça reflète très bien leur personnalité dans les films.
PAR CONTRE ! Ta fin.... Tu sais que je n'aime pas les fins qui laissent quelque chose en suspend, mais là j'avoue que j'ai bien aimé car tu gardes le suspens des retrouvailles jusqu'à la fin.
Je voulais aussi te dire aussi, c'est fou mais ton personnage est vraiment ton portrait craché, c'est très drôle, je te reconnais vraiment dedans! Oui c'est hyper logique, mais dans le 1 ce n'était pas aussi flagrant, ou peut-être que j'y faisais moins attention aussi.
Voilà voilà, chapitre sympathique, et tu as raison, on ne s'y ennuie pas !
- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 16 Jan 2020, 18:43
Olaf en GPS...Pendant un voyage de plus de 24Heures...Ne serais-ce pas pire que se retrouver avec Emma Dans un autre monde?!
Bon blague à part, c'était assez plaisant, plutôt rythmé et amené correctement mais...Bien que tu dises qu'il se passe quelque chose bah je le vois plutôt comme un chapitre de transit au sens propre comme au sens figuré...Mais vers ça n'est pas parce qu'il ne se passe pas grand chose qu'on s'ennuie
Le personnage avait besoin de retrouver Elsa...Voilà c'est fait.
Une première interraction entre les deux camps (gentils/mechants) sans que personne ne le sache...OK c'est fait.
Et du coup en décpoule une présentation avec des nouveaux personnages pour Yohan, bon bah voilà, mais encore trop peu de choses de vues...Va-t-il aimer ou non Honeymaren&Co? Vont-ils le voir comme un allié ou se méfier de lui? Pour l'heure rien ne permet de choisir un chemin plutôt qu'un autre.
Bref finalement par rapport au chapitre précédent on est pas plus avancé...Mais c'était necessaire car il fallait changer d'univers.
Bon seule petite inconnue...Pourquoi Anna était retenue pour un rendez-vous?...Parce que concrètement, Anna serait sans doute capable pour laisser le royaume 4 jours juste avec les conseillers le temps d'aller chercher elle même sa soeur...Donc si un rendez-vous est plus important alors quel est-il?
Rendez-vous gynéco car elle est en cloque la rouquine?...Bon ça c'est plus pour la blague car si enceinte elle est...Cela date de l'arrivée de Yohan et son escapade contre le mur chaud et froid mais surtout le chaud #ToiMemeTuSais #YokillEcritDuTresHot #Mur #ElsaAToutVuDepuisAhtohallan
Alors quel est ce rendez-vous capital?...C'est peut être bien ça le point intrigant du chapitre.
Bon blague à part, c'était assez plaisant, plutôt rythmé et amené correctement mais...Bien que tu dises qu'il se passe quelque chose bah je le vois plutôt comme un chapitre de transit au sens propre comme au sens figuré...Mais vers ça n'est pas parce qu'il ne se passe pas grand chose qu'on s'ennuie
Le personnage avait besoin de retrouver Elsa...Voilà c'est fait.
Une première interraction entre les deux camps (gentils/mechants) sans que personne ne le sache...OK c'est fait.
Et du coup en décpoule une présentation avec des nouveaux personnages pour Yohan, bon bah voilà, mais encore trop peu de choses de vues...Va-t-il aimer ou non Honeymaren&Co? Vont-ils le voir comme un allié ou se méfier de lui? Pour l'heure rien ne permet de choisir un chemin plutôt qu'un autre.
Bref finalement par rapport au chapitre précédent on est pas plus avancé...Mais c'était necessaire car il fallait changer d'univers.
Bon seule petite inconnue...Pourquoi Anna était retenue pour un rendez-vous?...Parce que concrètement, Anna serait sans doute capable pour laisser le royaume 4 jours juste avec les conseillers le temps d'aller chercher elle même sa soeur...Donc si un rendez-vous est plus important alors quel est-il?
Rendez-vous gynéco car elle est en cloque la rouquine?...Bon ça c'est plus pour la blague car si enceinte elle est...Cela date de l'arrivée de Yohan et son escapade contre le mur chaud et froid mais surtout le chaud #ToiMemeTuSais #YokillEcritDuTresHot #Mur #ElsaAToutVuDepuisAhtohallan
Alors quel est ce rendez-vous capital?...C'est peut être bien ça le point intrigant du chapitre.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 16 Jan 2020, 21:01
Frantzoze a écrit:Et du coup en décpoule une présentation avec des nouveaux personnages pour Yohan, bon bah voilà, mais encore trop peu de choses de vues...Va-t-il aimer ou non Honeymaren&Co? Vont-ils le voir comme un allié ou se méfier de lui? Pour l'heure rien ne permet de choisir un chemin plutôt qu'un autre.
À priori, il n'y aura aucune animosité entre Yohan et les Northuldra. Elsa leur a parlé de lui, et tu te doutes qu'elle ne leur en a pas dit du mal. Cela dit, ils auront peut-être quelques doutes à avoir dans les prochains chapitres, mais rien qui ne présage d'une véritable méfiance envers lui. Et pour l'instant ils n'ont pas à se demander s'il est un "allié" puisque, pour l'heure, ils n'ont aucune réelle menace à affronter. Quant à Ryder et Honeymaren, ils sont amicaux avec Yohan du moment que lui l'est avec Elsa et leur peuple. Donc non, pour l'instant, aucun risque de friction ! Quoique, à voir les événements à venir...
Frantzoze a écrit:Pourquoi Anna était retenue pour un rendez-vous?...Parce que concrètement, Anna serait sans doute capable pour laisser le royaume 4 jours juste avec les conseillers le temps d'aller chercher elle même sa soeur...Donc si un rendez-vous est plus important alors quel est-il?
Va savoir...Anna est reine, il n'y a pas grand monde en Arendelle qui a les moyens de l'obliger à rester pour assister à une réunion ou un rendez-vous. Qui te dit que ce n'est pas elle même qui a mis ce rendez-vous en place ? Elle peut très bien avoir une excellente raison de vouloir rester le temps que Yohan revienne avec sa soeur. Et ça n'a pas forcément à voir avec ses entrailles...
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 16 Jan 2020, 21:58
Bon tu voulais un commentaire, le voici donc.
Pour ton chapitre précédent je n'ai pas grand-chose à dire, il n'était pas intéressant à mes yeux. A vrai dire pour l'instant je trouve ton méchant très plat. Je pense que c'est parce qu'il y a tout un mystère qui émane des intentions qu'il a de comploter contre Elsa et Anna. A voir si j'arriverai à l'apprécier dans les prochains chapitres mais pour l'instant je ne le prends pas du tout au sérieux.
Passons maintenant au chapitre lu hier qui était beaucoup plus réussi. Tout d'abord merci d'intégrer des moments de complicité entre Anna et Kristoff ça me fait bien plaisir
Ce chapitre était vraiment le plus drôle à mes yeux. Le duo Yohan/ Olaf est très fort dans le sens où c'est un "je t'aime moi non plus". C'est la première fois depuis tous les chapitres que je ressens les émotions émis par ton personnage. Et cette chute ! MAMA !!! Tu es un bel enfoiros de t'être arrêté maintenant xD Mais du coup ça préserve le suspense pour le prochain chapitre !
Enfin j'ai particulièrement apprécié ta première rencontre officielle avec la bande des Northuldra. Je suis ravie de voir que tu t'es inspirée du art of pour l'endurance physique des personnages, cela prouve que tu te renseignes sur les sujets pour être le plus proche possible des réalités pour tes écrits
Vivement ton prochain chapitre plein de promesses
Pour ton chapitre précédent je n'ai pas grand-chose à dire, il n'était pas intéressant à mes yeux. A vrai dire pour l'instant je trouve ton méchant très plat. Je pense que c'est parce qu'il y a tout un mystère qui émane des intentions qu'il a de comploter contre Elsa et Anna. A voir si j'arriverai à l'apprécier dans les prochains chapitres mais pour l'instant je ne le prends pas du tout au sérieux.
Passons maintenant au chapitre lu hier qui était beaucoup plus réussi. Tout d'abord merci d'intégrer des moments de complicité entre Anna et Kristoff ça me fait bien plaisir
Ce chapitre était vraiment le plus drôle à mes yeux. Le duo Yohan/ Olaf est très fort dans le sens où c'est un "je t'aime moi non plus". C'est la première fois depuis tous les chapitres que je ressens les émotions émis par ton personnage. Et cette chute ! MAMA !!! Tu es un bel enfoiros de t'être arrêté maintenant xD Mais du coup ça préserve le suspense pour le prochain chapitre !
Enfin j'ai particulièrement apprécié ta première rencontre officielle avec la bande des Northuldra. Je suis ravie de voir que tu t'es inspirée du art of pour l'endurance physique des personnages, cela prouve que tu te renseignes sur les sujets pour être le plus proche possible des réalités pour tes écrits
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 16 Jan 2020, 22:07
Ansa a écrit:Pour ton chapitre précédent je n'ai pas grand-chose à dire, il n'était pas intéressant à mes yeux. A vrai dire pour l'instant je trouve ton méchant très plat. Je pense que c'est parce qu'il y a tout un mystère qui émane des intentions qu'il a de comploter contre Elsa et Anna. A voir si j'arriverai à l'apprécier dans les prochains chapitres mais pour l'instant je ne le prends pas du tout au sérieux.
Ça peut paraître ironique, mais je te remercie vraiment pour ton honnêteté. Il va donc me falloir développer un peu plus le personnage de Sivert, même si cela parait compliqué: il y aura beaucoup de choses différentes à traiter dans cette histoire, et l'utilisation en majeure partie de la première personne fait que Sivert et Morten passent de fait un peu au second plan. C'est pourquoi j'ai voulu volontairement un méchant simple et dont le background ne serait pas si complexe. Mais je vais tâcher de faire en sorte de le développer un peu plus.
Ansa a écrit:Je suis ravie de voir que tu t'es inspirée du art of pour l'endurance physique des personnages, cela prouve que tu te renseignes sur les sujets pour être le plus proche possible des réalités pour tes écrits Wink
Je suis surtout ravi d'avoir pu choper l'art of à temps pour le parcourir avant d'écrire ce chapitre. J'ai vraiment voulu donner un petit côté badass et intéressant à Honeymaren, qui, contrairement à ce qu'on pourrait croire, est un personnage que j'aime bien. Et j'adore ce genre de petits détails qui ne sont pas réellement présents dans le film, mais qui sont tellement intéressants à traiter dans nos histoires, je ne pouvais pas passer à côté. Quelque chose me dit d'ailleurs que ces capacités pourraient s'avérer bien utiles à la Northuldra à un moment de l'histoire...
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Dim 19 Jan 2020, 22:06
Et c'est parti pour le chapitre 7 ! La Reine des Neiges entre dans la danse, et elle a subi deux trois changements aux yeux de notre ami Yohan. Il est maintenant temps de retourner à Arendelle..
J'espère que ce chapitre vous plaira, quant à moi je vous dis à bientôt pour la suite !
Enjoy !
Pendant quelques instants qui me parurent une éternité, je crus être redevenu sensible au froid. J’étais pétrifié.
Elsa était là, face à moi, et à présent je comprenais les mots d’Anna lors de mon départ.
Je me souviens avoir dit jadis que ma première vision d’Elsa lors de mon premier voyage en Arendelle avait été LE moment inoubliable de ce dernier. Je crains aujourd’hui qu’il ne me faille réitérer cette affirmation. La Elsa que j’avais devant les yeux était littéralement métamorphosée. Elle ne portait plus ni sa robe de glace, ni sa longue tresse sur le côté. Ses cheveux étaient désormais libres et détachés, et ils tombaient en une longue cascade blonde sur ses épaules nues, leurs pointes élégamment bouclées reposant sur sa poitrine. Et bien que je n’eus pas cru cela possible, cela renforçait d’autant plus l’aura presque magique de grâce et de légèreté qu’Elsa avait toujours dégagée.
Mais sa robe…sa robe affichait littéralement le basculement de la femme que j’avais face à moi de « très belle femme » à « oeuvre d’art vivante ». D’un blanc immaculé, elle épousait parfaitement les courbes pures et harmonieuses de la jeune femme, et ses motifs de couleur somptueusement ouvragés rappelaient sans mal la majesté inhérente à son sang royal. À cet instant, j’avais beaucoup de mal à croire que c’était le même qui coulait dans mes propres veines. Enfin, les grands tissus blancs et fins qui ornaient le haut du vêtement, qui paraissaient luire de leur composition de minuscules et délicats cristaux de glace, et flottant doucement dans la petite brise de la soirée, achevaient merveilleusement un travail d’orfèvre de portrait féminin qu’on aurait juré d’ordre divin.
Oui, c’était cela. Ce n’était plus une femme que j’avais devant les yeux. Ce n’était plus Elsa. Plutôt la version « demi-déesse de rêve » d’Elsa.
Et cela me faisait presque peur. Le « cinquième esprit »…
- El…Elsa, balbutiai-je, vous…enfin, tu…tu es…c’est vraiment toi ?
Elle acquiesça, et souffla:
- Oui.
Je frissonnai en entendant sa voix. À l’instar de celle d’Anna, elle paraissait plus mature, plus sensuelle, plus…profonde. Comme si elle en avait changé depuis la dernière fois. Subjugué et stupéfait, je n’osais pas bouger, et dus presque me faire violence pour avancer timidement vers elle, les mains refermées d’un air hésitant.
- Je…tu ne vas…je ne vais pas te passer à travers…n’est-ce pas ?
J’étais terrifié. Voir Elsa ainsi, si changée, si majestueuse, si…belle me donnait l’impression qu’elle n’était plus qu’une sorte d’ange que nous autres humains ne pouvions pas toucher. Derrière moi, je vis du coin de l’oeil les Northuldra me regarder étrangement. Je devais me comporter d’une façon bien étrange, car Olaf lui-même semblait se retenir de sauter au cou de sa créatrice. Heureusement, ce fut Elsa qui s’avança d’elle-même vers moi, et pris doucement mes mains dans les siennes. Je serais incapable de dire si elles étaient chaudes, ou si c’était les miennes qui étaient glacées. Mais le résultat était là. Je sentais mes mains dans les siennes. La Elsa que j’avais face à moi était bien réelle.
- C’est moi Yohan, dit-elle, Elsa.
J’avais l’impression de ne plus pouvoir parler. À cet instant, alors que je voyais son visage face au mien, je la reconnaissais pleinement. Les mêmes grands yeux bleus, ce visage rond aux traits fins et harmonieux, et ce sourire toujours un peu crispé. Pas de doute, c’était bien la Elsa que je connaissais. Pour autant, quelque chose dans les traits de son visage me paraissait plus…serein. Plus détendu. Elle semblait moins anxieuse, moins froide, ce qui n’était pas peu dire lorsqu’il était question de la Reine des Neiges. Je ne remarquai même pas qu’elle était en train de me détailler des yeux.
- Tu as l’air…changé, dit-elle, c’est les cheveux ou…un truc comme ça ?
Reprenant mes esprits, je passai nerveusement ma main dans mes cheveux en balbutiant, tout en m’efforçant de me donner un air aussi assuré que possible:
- Euh…un truc comme ça…je suppose. Vous…enfin je veux dire, tu…as bien changé, toi aussi.
Je la vis me sourire, et alors qu’elle ouvrait la bouche pour répondre, Olaf, n’y tenant plus, se jeta presque sur elle en criant:
- ELSAAA ! Oh tu m’as tellement manqué !!!
Je crus au départ sa réaction totalement sincère, bien qu’un peu exagérée, puis je vis le bonhomme de neige me faire un clin d’oeil, comme si…comme si sa réaction n’était finalement qu’une imitation volontairement ridicule et exagérée de mes propres états d’âme. Mais je restai sans rien dire. Olaf n’était pas du genre à se moquer de ses amis. C’était probablement moi qui me faisais des films. Pourtant, Elsa, elle, ne semblait pas s’en faire.
- Olaf, rit-elle, il n’y a pas si longtemps que nous nous sommes séparés.
- Chaque minute passée loin de toi est un déchirement pour mon petit coeur Elsa, fit mine de pleurnicher le bonhomme de neige.
Si le moment n’avait pas été mal choisi, je lui aurais volontiers demandé s’il se foutait de ma gueule, mais Elsa leva la tête vers moi, sans se départir de son sourire:
- Venez, dit-elle, entrez. Je suis sûre que tu dois avoir de nombreuses choses à me raconter Yohan.
Je m’apprêtai à la suivre, lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule. Je me retournai, et me trouvai nez à nez avec la vieille femme qui m’avait accueilli en me collant sa canne sous le menton. Son regard s’était fait moins sévère à présent, et elle avait posé sa main sur moi avec plus de douceur qu’elle n’y avait posé sa canne. Sans faire attention au regard interrogateur que je posai sur elle, elle s’adressa directement à Elsa.
- Elsa ?
- Oui ?
Rien qu’à la façon dont Elsa venait de répondre, je pus sentir immédiatement un immense respect entre les deux femmes. Chez les Northuldra, Elsa n’était peut-être plus reine, mais la chef de la tribu semblait lui vouer une très grande admiration, que je sentais tout à fait réciproque chez la belle blonde.
- Vos amis resteront parmi nous ce soir n’est-ce pas ? demanda la Northuldra
- Bien sûr Yelana, répondit Elsa, je ne comptais pas partir de nuit de toutes façons.
La femme, ainsi nommée Yelana, tourna sa tête vers moi avec un sourire. Sa main était toujours posée sur mon épaule.
- Bien, dit-elle, je vais leur faire préparer une hutte. Honeymaren viendra les avertir dès qu’elle sera prête.
À côté d’elle, je vis Ryder s’approcher de Sven.
- Quant à toi Sven mon ami, on va s’occuper de toi avec les autres ça te va ?
Le renne acquiesça joyeusement, et après un dernier signe de tête, Yelana me lâcha, et Olaf et moi pûmes suivre Elsa dans sa hutte. Contrairement à ce que pouvait laisser penser l’extérieur, celle-ci offrait tout le confort nécessaire. De grandes nappes de tissus formaient un sol doux sur lequel marcher, et sur lequel étaient disposés ce qui semblait être de grands coussins. Quant au « lit » d’Elsa, bien qu’il soit très loin des standards de ceux qu’il était possible de trouver à Arendelle, il était suffisamment grand et confortable pour qu’Elsa s’y allonge entièrement avec délice, comme elle le fit une fois entrée. Puis, elle nous invita avec Olaf à nous asseoir sur les coussins. S’ensuivirent alors quelques secondes d’un silence légèrement gênant, qu’Elsa ne semblait pas vouloir briser. Elle se contentait de m’observer avec un demi sourire en coin, qui, bien que très beau, me mettait un peu mal à l’aise. Je la sentais très confiante, bien dans sa peau, et les idées plus claires que jamais. J’avais face à moi une Elsa à laquelle je n’avais jamais vraiment été habitué. Le silence commençant à s’éterniser, je décidai de le briser:
- Alors, c’est…c’est là que tu vis maintenant.
Elsa leva la tête, regardant le haut de sa hutte, et soupira de contentement:
- Eh oui…j’ai trouvé ma place. Enfin.
J’échangeai un regard avec Olaf. Le sourire que me fit ce dernier ne me plut guère, pas plus que la phrase que venait de dire Elsa. « Trouvé ma place » ? Que voulait-elle dire ? Ne s’était-elle donc véritablement jamais senti chez elle à Arendelle ? Avec sa soeur ? Quelle pouvait bien être la raison qui la poussait à considérer une simple hutte en pleine forêt comme étant plus sa place qu’auprès d’Anna à Arendelle ?
- Ta…ta place ? demandai-je, c’est à dire ?
Elsa me regarda avec un air interrogateur, comme si elle ne me comprenait pas.
- Anna ne t’a rien dit ? s’enquit-elle
- Oh, si, si bien sûr, c’est juste que…je ne suis pas bien sûr d’avoir compris ces histoires d’esprits.
À mes côtés, je sentis qu’Olaf voulait intervenir, mais je lui intimai d’un regard de garder ses commentaires pour lui. Il n’insista pas, et se tut pendant qu’Elsa se redressait un peu en me regardant.
- Je suis le Cinquième Esprit Yohan, dit-elle comme si cela était quelque chose de totalement banal, le lien entre les esprits de l’eau, l’air, le feu et la terre. Le lien entre Arendelle et les Northuldra.
Je ne l’interrompis pas tandis qu’elle continuait. Pour une raison inconnue, je sentais que dire cela semblait lui faire un bien fou.
- J’ai enfin trouvé d’où venaient mes pouvoirs. Comme te l’a sûrement dit Anna, notre mère était une Northuldra. Et elle a sauvé notre père le jour où…où notre grand-père…enfin passons. Mes pouvoirs ne sont finalement que la manifestation de cet union. Celle qui existe entre Northuldra et Arendelliens. Celle qui existe entre les quatre esprits des quatre éléments. Ce lien fort et beau. Et ce lien…c’est moi. Et Anna.
- Et Anna ? demandai-je surpris.
- Bien sûr, répondit Elsa, nous formons une seule et même passerelle. Une passerelle a deux côtés, et nos parents ont eu deux filles. J’ai mis des années pour le comprendre. Je veille sur les Northuldra, Anna veille sur Arendelle. Comment s’en sort-elle d’ailleurs ?
Reprenant mes esprits, je voulus la rassurer, même si elle n’avait pas dit cela d’un air inquiet.
- Oh, bien, elle s’en sort très bien. Tu vas pouvoir le voir par toi-même. L’espace d’un instant, je crus qu’elle allait décliner l’invitation d’Anna, mais Elsa acquiesça et finit par se lever, pour nous ramener des chopes de bois qui contenaient un liquide chaud et fumant, qui semblait être une sorte de thé. Elle m’en tendit une, et s’assit face à Olaf et moi.
- Alors et toi ? dit-elle, comment vas-tu ?
- Mieux maintenant que je te vois, répondis-je avec un sourire.
Je ne fis pas attention au regard insistant d’Olaf à mes côtés, mais Elsa me fit un grand et magnifique sourire, avant de demander d’un air rieur.
- Mieux ? Comment ça mieux ?
- Disons que…tu imagines ma surprise lorsque, revenu à Arendelle, je vois Anna sur le trône et toi, je ne te vois nulle part.
Les mains collées contre sa chope, Elsa me regarda d’un air curieux.
- Étrange, dit-elle.
- Ah ça oui, je te confirme ! Quand tu débarques trois ans après et que tu vois tout changé à ce point…
- Non, dit la blonde en secouant la tête, je veux dire c’est étrange que tu ne l’aies pas su.
- Que veux-tu dire ?
Elsa croisa les jambes. Elle semblait réfléchir.
- Lors de ta première visite, dit-elle, tu semblais déjà tout connaître de nous, d’Arendelle, de notre histoire, même si tu venais d’ailleurs. Pourquoi n’étais-tu pas au courant cette fois ?
Je déglutis. Elle avait raison. Si Anna n’avait pas paru surprise que je sache rien des événements du second film lors de mon arrivée, je n’étais pas surpris que sa soeur se pose la question. Mais cela n’était pas grave. Je n’étais toujours pas prêt à lui avouer que, de là d’où je venais, elle n’était qu’un personnage fictif. J’étais trop heureux de la revoir pour lui annoncer de but en blanc une chose pareille.
- Je ne sais pas, répondis-je simplement, tu sais Elsa, l’espace dimensionnel est imprévisible, à force de se balader à droite à gauche, on se souvient plus de tout.
Je la sentis suspicieuse, mais heureusement pour moi, elle n’insista pas.
- Bien, dit-elle en prenant une gorgée de thé, en tous cas, sache que je suis très heureuse de te revoir Yohan. Je voulus répondre, mais elle ajouta:
- Mais tu sais, tu n’étais pas obligé de faire tout ce chemin pour venir jusqu’ici. Nous nous serions vu demain soir. Anna m’a conviée à…
-…une soirée devinettes, je sais, achevai-je, c’est pour ça que je suis là.
- Il avait vraiment hâte de te voir Elsa ! cria Olaf, comme s’il s’était retenu de manière épouvantable pendant de longues minutes.
Je jetai au bonhomme de neige un regard qui en disait long sur mon envie de lui faire la peau à cet instant précis, et me tournai vers Elsa.
- Ne l’écoute pas Elsa, ce n’est pas…enfin, si, bien sûr, j’avais envie de te revoir mais, c’est surtout que…en fait, c’est Anna qui m’a demandé de venir, pour pouvoir t’escorter à Arendelle. Elle m’a réintégré dans l’Escorte Royale.
- Je vois ça, dit Elsa, tu les as récupérée.
Je vis qu’elle pointait son regard sur les Lames d’Arendelle. Elle semblait perturbée.
Je comprenais son sentiment. J’avais tué beaucoup de gens avec ces armes, et elle avait elle-même tué le prince Hans avec, 3 ans auparavant. Je connaissais assez Elsa pour savoir qu’elle n’aimait pas faire du mal à qui que ce soit, alors tuer avec des armes qu’elle avait elle même fabriqué…par pudeur, je couvris un peu les Lames d’Arendelle avec ma cape de voyage, et m’adressai à elle.
- Alors tu…tu vas venir hein ? Tu as l’air…très heureuse ici.
Elsa s’étira. Je ne l’avais jamais vue aussi détendue.
- Je n’ai jamais été aussi heureuse, répondit-elle.
Au son de sa belle voix, je sus instantanément qu’elle disait vrai.
- Je sais désormais pleinement qui je suis. J’ai fini de trembler Yohan. Je n’ai plus peur de mes pouvoirs, Anna est en sécurité et veille sur Arendelle, et même toi, tu es là à présent. Je ne pourrais pas être plus heureuse qu’aujourd’hui.
Je ne pus m’empêcher de me sentir flatté (et un peu satisfait) lorsqu’elle ajouta ma présence à toutes les raisons qui faisaient son bonheur actuel. Pourtant, cette dernière phrase d’Elsa acheva totalement la transformation d’Arendelle à laquelle j’avais assisté ces derniers jours. Ainsi, elle était pour la première fois de sa vie totalement et pleinement heureuse, et cela se voyait. Depuis que j’étais arrivé, elle n’avait pas cessé de sourire. Je ne me souvenais pas avoir jamais vu Elsa aussi souriante, détendue et satisfaite. Je venais de la retrouver, là, dans une hutte en pleine forêt, et c’était là qu’elle avait vraisemblablement atteint son apogée. Loin d’Arendelle. Loin d’Anna.
- Mais ne t’en fais pas, acheva-t-elle comme si elle venait de lire dans mes pensées, je ne raterais une occasion de revoir Anna et Arendelle pour rien au monde. J’avais prévu d’utiliser le Nokke pour venir, mais puisque tu es là, nous partirons ensemble demain. J’ai trouvé plusieurs raccourcis, nous serons vite à Arendelle.
- Moi aussi je lui ai proposé des raccourcis, mais il a pas eu l’air de les apprécier ! se sentit obligé de signaler Olaf.
Elsa eut un petit rire, lors duquel je pus noter qu’elle avait toujours son adorable manie de mettre légèrement sa main devant ses lèvres lorsqu’elle riait, puis je demandai d’un air curieux:
- Le ? Le Nokke ?
- La forme de l’esprit de l’eau, répondit Elsa, c’est un cheval d’eau, il va à une vitesse incomparable. Je l’utilise souvent pour partir en ballade.
Puis elle se leva en reposant sa chope. Je voulus répondre, mais je sentis alors quelque chose me sauter sur le bras, et me grimper allègrement dessus, jusqu’à arriver sur ma tête !
- OOOUUUAAAHH !!! C’EST QUOI ÇA ?! OLAF ! T’AS FAIS QUOI ENCORE ?!
- BRUNI ! couina le bonhomme de neige .
Je me tortillai sur place pour tenter de trouver la chose qui venait de m’escalader, lorsque je vis soudain une petite forme bleutée sauter devant mes yeux pour aller atterrir dans la main d’Elsa. Reprenant mes esprits, je vis alors une minuscule salamandre bleue se lover délicieusement au creux de cette dernière comme un chat sur un coussin moelleux. Puis, l’animal se tourna vers moi en me regardant avec ses grands yeux globuleux. Tout en lui grattant affectueusement la tête avec son index, Elsa me le présenta:
- On dirait que tu viens de rencontrer Bruni, c’est la forme de l’esprit du feu. Bruni, voici Yohan. C’est lui qui vous a perturbé l’autre soir, lorsqu’il est arrivé. Mais il n’y a aucune inquiétude à avoir, c’est un de mes meilleurs amis. Sois très gentil avec lui, d’accord ?
La bestiole ne répondit bien évidemment pas, se contentant de me regarder d’un oeil torve tandis que je frissonnais encore de l’avoir sentie sur mon bras.
- L’esprit du feu ? demandai-je, ce petit truc bleu et vaguement mignon ? Et c’est moi qu’on aurait cru plus grand ?
Elsa eut un petit rire tandis que Bruni sautait de son épaule pour aller rejoindre Olaf. Du coin de l’oeil, je vis l’entrée de la hutte s’ouvrir, et le visage d’Honeymaren apparut.
- Elsa ? dit-elle
- Bonsoir Honeymaren.
- Bonsoir. Juste pour vous dire que votre hutte est prête, lança la Northuldra en s’adressant à Olaf et moi.
Elsa la remercia, puis la jeune femme s’éclipsa. Je me tournai vers l’ancienne reine d’Arendelle, qui recueillit le lézard bleu sur son doigt depuis le crâne d’Olaf, et de nouveau, m’adressa un sourire à casser des barreaux de chaise:
- Tant mieux, dit-elle, si Bruni est revenu, c’est qu’il doit être l’heure d’aller dormir. Nous ferions mieux d’aller nous coucher, nous avons de la route demain.
Elle nous raccompagna jusque sur la petite place du village, et à ma grande surprise, elle me prit les mains, ainsi que l’avait fait Anna, et pour la première fois depuis que je le revoyais, je pus déceler dans ses yeux une lueur d’impatience presque enfantine.
- J’ai vraiment hâte d’être à demain soir. Ça va me faire bizarre d’être de nouveau avec Anna et toi, tous les trois, au château !
- Et moi donc…soufflai-je
Elsa me lâcha, et après un dernier câlin à Olaf, elle nous tourna le dos avec un petit signe de la main.
- On se revoit demain matin. Dormez bien. Bonne nuit Olaf. Bonne nuit Yohan.
Et elle disparut dans sa hutte, nous laissant là, avec Olaf, au centre du village, près du feu qui se faisait de moins en moins flamboyant, à mesure que progressait la nuit.
- Bonne nuit…Elsa.
S’ensuivirent quelques secondes d’un silence pesant, qu’Olaf brisa finalement de manière bien lourde.
- Alors ? Tu l’as trouvée comment ? Elle est pas merveilleuse notre nouvelle Elsa ?
Je ne répondis pas, bien que le bonhomme de neige insistât pendant les longues minutes qui suivirent, aussi bien en allant rejoindre la hutte dans laquelle nous allions dormir (faisant au passage bien rire Honeymaren), que lorsque nous fûmes tous deux installés dans nos couches respectives. Et bien que je restais sans répondre, j’étais on ne pouvait plus d’accord avec Olaf: merveilleuse était le mot.
Elsa n’était pas seulement plus belle encore que la dernière fois. Elle était mieux que cela. Elle était heureuse. C’était réellement un pur bonheur de la voir ainsi, tant elle semblait rayonner de sa nouvelle condition. Je m’étais certes attendu à voir une Elsa un peu différente mais pas à ce point là. Mais peu m’importait. Si Elsa était heureuse, alors j’étais heureux pour elle. Au bout de quelques secondes, le sommeil vint m’envelopper de sa voilure de volupté, mais Olaf, lui, ne semblait pas vouloir dormir.
- Hé Yohan ? Tu dors ?
- Oui.
- Dis, tu penses qu’Elsa elle reviendra un jour à Arendelle ? Ou elle va passer toute sa vie ici ?
- Elsa passera sa vie où elle veut, grommelai-je, du moment qu’elle est heureuse ça me va. Dors maintenant.
- Et tu penses que son raccourci il sera plus efficace que le mien demain pour Arendelle ?
- OLAF ! Je ne sais pas quel sera le raccourci d’Elsa demain mais ce qui est sûr c’est que si un coup de pied au cul suffisait pour faire le trajet d’ici à Arendelle, tu y serais déjà ! Alors maintenant tu dors !
- D’accord !
Quelques minutes plus tard, Olaf et moi dormions du sommeil du juste. Et, malgré le fait que je venais de retrouver Elsa, et que je m’apprêtais à partir pour Arendelle avec elle dès le lendemain, je dormis à nouveau d’un sommeil sans rêve. J’avais un mauvais pressentiment. Cependant, nous fûmes tous très vite prêts le lendemain. Ce ne furent pas les ronflements d’Olaf qui m’éveillèrent, mais les doux rayons du soleil légèrement filtrés à travers le tissu de la hutte. Je m’habillai en vitesse, ceignis mes armes, et sortis, accompagné du bonhomme de neige. Elsa était déjà debout, et discutait avec Honeymaren et Yelana. Elle me fit un sourire en me voyant arriver, et mon coeur rata un battement. Ses cheveux étaient de nouveaux coiffés en une longue tresse sur le côté, ainsi qu’elle en avait l’habitude lorsqu’elle était à Arendelle. En revanche, elle ne paraissait pas avoir changé de robe, si ce n’était qu’elle portait désormais une cape blanche par dessus.
- Déjà réveillé Yohan ? dit-elle, très bien, nous allons pouvoir partir plus tôt. Si nous ne partons pas trop tard, nous arriverons à Arendelle avant la tombée de la nuit.
Elle échangea quelques mots avec Honeymaren et Yelana, et je la vis déposer Bruni sur le sol, pour lui parler doucement. Soudain, je sentis une bourrasque de vent manquer de m’emporter littéralement dans les airs, et me rétamai de tout mon long devant les trois femmes ! Je me relevai en grommelant, entendant Elsa rire:
- Allons, Courant d’Air ! Yohan est un ami, sois gentil avec lui !
Courant d’Air…qu’est-ce que c’était encore que cette nouveauté ?
- Laisse moi deviner, grinçai-je tandis qu’Olaf m’aidait à me relever, Esprit du Vent ?
- C’est cela, dit Elsa.
Elle resta là quelques instants, comme si elle donnait des recommandations aux deux esprits pour sa période d’absence, tandis que de son côté, Ryder me ramenait Sven et le traîneau en parfait état. Je le remerciai, puis vis Yelana arriver vers moi d’un pas vif. Elle inspecta le traîneau, puis se tourna vers moi.
- Vous partez déjà ?
- Euh, on dirait bien, répondis-je, quelque peu gêné, Elsa a probablement hâte de revoir sa soeur.
Autour de moi, plusieurs Northuldra s’étaient avancés, comme s’ils voulaient entendre ce que leur dirigeante avait à me dire. Je me doutais que cela allait avoir un rapport avec Elsa, mais j’avais visité suffisamment de mondes différents à présent pour savoir qu’avec des tribus autochtones étrangères, il fallait s’attendre à tout.
- Elsa nous a parlé de vous, dit-elle
- C’est ce qu’on m’a dit oui, répondis-je le plus objectivement possible
- Elle nous a raconté votre rencontre, et ce que vous avez traversé ensemble. Elle nous a également dit que vous n’apparteniez pas à notre monde, et que votre machine pouvait être dangereuse.
J’acquiesçai, mais je me voulus rassurant.
- Elle vous a dit la vérité. Mais je vous rassure, je ne représente pas la moindre menace pour vous. Et même si c’était mon intention, Elsa est plus puissante que je ne le serai jamais.
Yelana resta quelques instants sans répondre, puis je la vis tourner la tête pour regarder en direction d’Elsa.
- Elle a dit que vous diriez ça si je vous posais la question. Et elle n’est pas de cet avis.
Je regardai la vieille femme d’un air stupéfait. Comment Elsa, qui possédait déjà des pouvoirs quasi-illimités, et avait à présent tout loisir de contrôler les esprits qui eux mêmes contrôlaient les quatre éléments de la nature, pouvait-elle penser que je possédais des capacités plus grandes que les siennes ? Cela n’avait aucun sens. Et quand bien même l’ampli me permettait d’aller où bon me semblait, et d’en tirer plus de connaissances et d’enseignements que l’on en apprenait dans toute une vie, son rôle n’était pas de me permettre d’affronter qui que ce soit. Tout juste avait-il servi à me défendre, quelque fois.
Nous ne tardâmes pas à être prêts, et je pus quelques instants plus tard prendre les rênes du traineau, tandis qu’Elsa s’installait à côté de moi, et qu’Olaf s’allongeait à l’arrière. Yelana s’approcha alors du traineau, et posa sa main sur celle d’Elsa:
- Transmettez l’amitié du peuple Northuldra à votre soeur Elsa, elle est la bienvenue chez nous quand elle le désire.
- Je n’y manquerai pas, répondit joyeusement Elsa
Et après les derniers au revoir de rigueur à Honeymaren, Ryder, et les autres Northuldra, Sven s’ébroua, et le traineau détala à nouveau, cette fois-ci en direction d’Arendelle.
Heureusement, j’étais cette fois-ci guidé par Elsa elle-même, et Olaf était trop occupé à jouer tout seul à son jeu du Vrai ou Faux derrière nous pour se soucier de la route à suivre. Bien que nous nous connaissions à présent, j’étais toujours un peu intimidé par la belle blonde, même si elle avait recouvré la coiffure que j’avais l’habitude de la voir porter. Savoir que je voyageais aux côtés d’une sorte de demi-déesse, qui plus était mon amie, me mettait assez radicalement mal à l’aise. Pourtant, cela n’avait pas l’air de gêner Elsa, qui se tourna finalement vers moi pour demander:
- Alors dis moi Yohan, tu as finalement gagné en orientation depuis la dernière fois. Un avantage de tes nombreux voyages j’imagine.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Eh bien, la Forêt des Northuldra n’est pas si facile à trouver lorsqu’on ne sait pas où elle se trouve, même avec une carte.
- Ouais, sans compter que j’ai pas été aidé…enfin, pas par Olaf du moins.
Ce disant, ma rencontre avec le troll Morten me revint à l’esprit. Je ne comprenais toujours pas ni ce qu’il était venu faire dans ce coin reculé des montagnes, ni pourquoi il s’était enfui comme un voleur une fois que nous fûmes entrés dans la Forêt. Peut-être Elsa allait-elle pouvoir m’éclairer sur ce point.
- Dis moi Elsa, y a-t-il des trolls dans cette partie de la montagne ?
La jeune femme tourna vers moi un regard circonspect, comme si elle avait du mal à comprendre ma question.
- Non, dit-elle, pas que je sache. Les trolls vivent de l’autre côté des montagnes, je ne vois pas pourquoi il s’en trouverait par ici.
J’allais répondre, mais je fus devancé par Olaf.
- Pourtant on en a croisé un en venant ! C’est même lui qui nous a mené dans la forêt ! Il a dit qu’il s’appelait Morten !
Je n’eus presque pas besoin de regarder Elsa pour voir la surprise sur son visage. Elle me lança une question silencieuse, mais je confirmai les dires d’Olaf d’un signe de tête.
- C’est étrange, dit-elle, je suis pourtant sûre de n’avoir jamais vu de trolls dans ces montagnes. Bah, nous en parlerons à Kristoff une fois arrivés, je suis sûre qu’il pourra nous renseigner. J’ai tellement hâte de retrouver Anna !
- Elle a hâte elle aussi, ajoutai-je, elle est vraiment très prise par ses fonctions de reine, te revoir lui fera sûrement le plus grand bien.
Derrière nous, Olaf m’appela, mais je n’y fis pas attention. J’étais très heureux de voir qu’Elsa semblait impatiente de retrouver Arendelle et Anna. Ainsi tout cela lui manquait-il un peu…j’étais presque content lorsque j’entendis sa phrase suivante:
- Je la comprends. Je sais mieux que personne que diriger Arendelle n’est pas de tout repos. Nous allons passer un peu de temps tous les quatre, cela nous fera tous respirer un peu.
- Elsa ?
- Je ne l’ai quasiment pas vue ces derniers temps, soupirai-je, et avec toi qui n’est plus là, le château parait très vide.
- Yohan ?
Heureusement, même Elsa ne semblait pas pressée d’entendre les dernières bêtises d’Olaf. J’eus à nouveau droit à un magnifique sourire, et elle me rassura:
- Au moins maintenant tu sais où me trouver ce n’est…
- Hé Elsa ?
N’y tenant plus, je me retournai brusquement en criant.
- Oh mais TA MÈRE OLAF !!! TU VOIS PAS QU’ON DISCUTE, QU’EST-CE QUE T’AS À RENDRE FOU COMME ÇA ?!
- Oh rien je voulais juste dire à Elsa que Bruni nous avait suivi. Il arrive droit sur nous d’ailleurs. Ou alors c’est juste du feu.
- Quoi ?
Je vis la jeune femme se retourner, l’air inquiet.
- Je lui avais pourtant dit de rester…YOHAN ATTENTION !!!!
J’eus tout juste le temps de me retourner pour voir une énorme boule de feu foncer dans notre direction. Je n’eus pas le temps de faire tourner Sven, et cette dernière percuta de plein fouet le traineau, qui fit une embardée. Tentant tant bien que mal de remettre le véhicule droit tandis qu’Olaf poussait un cri aigu, je croisai le regard d’Elsa.
La seule lueur d’incompréhension au fond de ses yeux confirma ce que je craignais: quelque chose de magique, de menaçant et de pas joli venait encore de nous tomber dessus.
Restait à savoir quoi.
Alors, qu'avez-vous pensé de ces retrouvailles ? Voir Elsa si heureuse et détendue, ça a de quoi faire bizarre n'est-ce pas ? Bruni a-t-il vraiment pété les plombs ? Ou bien est-ce autre chose qui vient d'attaquer le traineau ?
N'hésitez pas à commenter pour me donner vos impressions, et je vous dit à bientôt pour le chapitre 8 !
J'espère que ce chapitre vous plaira, quant à moi je vous dis à bientôt pour la suite !
Enjoy !
Chapitre 7: Fini de trembler
Pendant quelques instants qui me parurent une éternité, je crus être redevenu sensible au froid. J’étais pétrifié.
Elsa était là, face à moi, et à présent je comprenais les mots d’Anna lors de mon départ.
Je me souviens avoir dit jadis que ma première vision d’Elsa lors de mon premier voyage en Arendelle avait été LE moment inoubliable de ce dernier. Je crains aujourd’hui qu’il ne me faille réitérer cette affirmation. La Elsa que j’avais devant les yeux était littéralement métamorphosée. Elle ne portait plus ni sa robe de glace, ni sa longue tresse sur le côté. Ses cheveux étaient désormais libres et détachés, et ils tombaient en une longue cascade blonde sur ses épaules nues, leurs pointes élégamment bouclées reposant sur sa poitrine. Et bien que je n’eus pas cru cela possible, cela renforçait d’autant plus l’aura presque magique de grâce et de légèreté qu’Elsa avait toujours dégagée.
Mais sa robe…sa robe affichait littéralement le basculement de la femme que j’avais face à moi de « très belle femme » à « oeuvre d’art vivante ». D’un blanc immaculé, elle épousait parfaitement les courbes pures et harmonieuses de la jeune femme, et ses motifs de couleur somptueusement ouvragés rappelaient sans mal la majesté inhérente à son sang royal. À cet instant, j’avais beaucoup de mal à croire que c’était le même qui coulait dans mes propres veines. Enfin, les grands tissus blancs et fins qui ornaient le haut du vêtement, qui paraissaient luire de leur composition de minuscules et délicats cristaux de glace, et flottant doucement dans la petite brise de la soirée, achevaient merveilleusement un travail d’orfèvre de portrait féminin qu’on aurait juré d’ordre divin.
Oui, c’était cela. Ce n’était plus une femme que j’avais devant les yeux. Ce n’était plus Elsa. Plutôt la version « demi-déesse de rêve » d’Elsa.
Et cela me faisait presque peur. Le « cinquième esprit »…
- El…Elsa, balbutiai-je, vous…enfin, tu…tu es…c’est vraiment toi ?
Elle acquiesça, et souffla:
- Oui.
Je frissonnai en entendant sa voix. À l’instar de celle d’Anna, elle paraissait plus mature, plus sensuelle, plus…profonde. Comme si elle en avait changé depuis la dernière fois. Subjugué et stupéfait, je n’osais pas bouger, et dus presque me faire violence pour avancer timidement vers elle, les mains refermées d’un air hésitant.
- Je…tu ne vas…je ne vais pas te passer à travers…n’est-ce pas ?
J’étais terrifié. Voir Elsa ainsi, si changée, si majestueuse, si…belle me donnait l’impression qu’elle n’était plus qu’une sorte d’ange que nous autres humains ne pouvions pas toucher. Derrière moi, je vis du coin de l’oeil les Northuldra me regarder étrangement. Je devais me comporter d’une façon bien étrange, car Olaf lui-même semblait se retenir de sauter au cou de sa créatrice. Heureusement, ce fut Elsa qui s’avança d’elle-même vers moi, et pris doucement mes mains dans les siennes. Je serais incapable de dire si elles étaient chaudes, ou si c’était les miennes qui étaient glacées. Mais le résultat était là. Je sentais mes mains dans les siennes. La Elsa que j’avais face à moi était bien réelle.
- C’est moi Yohan, dit-elle, Elsa.
J’avais l’impression de ne plus pouvoir parler. À cet instant, alors que je voyais son visage face au mien, je la reconnaissais pleinement. Les mêmes grands yeux bleus, ce visage rond aux traits fins et harmonieux, et ce sourire toujours un peu crispé. Pas de doute, c’était bien la Elsa que je connaissais. Pour autant, quelque chose dans les traits de son visage me paraissait plus…serein. Plus détendu. Elle semblait moins anxieuse, moins froide, ce qui n’était pas peu dire lorsqu’il était question de la Reine des Neiges. Je ne remarquai même pas qu’elle était en train de me détailler des yeux.
- Tu as l’air…changé, dit-elle, c’est les cheveux ou…un truc comme ça ?
Reprenant mes esprits, je passai nerveusement ma main dans mes cheveux en balbutiant, tout en m’efforçant de me donner un air aussi assuré que possible:
- Euh…un truc comme ça…je suppose. Vous…enfin je veux dire, tu…as bien changé, toi aussi.
Je la vis me sourire, et alors qu’elle ouvrait la bouche pour répondre, Olaf, n’y tenant plus, se jeta presque sur elle en criant:
- ELSAAA ! Oh tu m’as tellement manqué !!!
Je crus au départ sa réaction totalement sincère, bien qu’un peu exagérée, puis je vis le bonhomme de neige me faire un clin d’oeil, comme si…comme si sa réaction n’était finalement qu’une imitation volontairement ridicule et exagérée de mes propres états d’âme. Mais je restai sans rien dire. Olaf n’était pas du genre à se moquer de ses amis. C’était probablement moi qui me faisais des films. Pourtant, Elsa, elle, ne semblait pas s’en faire.
- Olaf, rit-elle, il n’y a pas si longtemps que nous nous sommes séparés.
- Chaque minute passée loin de toi est un déchirement pour mon petit coeur Elsa, fit mine de pleurnicher le bonhomme de neige.
Si le moment n’avait pas été mal choisi, je lui aurais volontiers demandé s’il se foutait de ma gueule, mais Elsa leva la tête vers moi, sans se départir de son sourire:
- Venez, dit-elle, entrez. Je suis sûre que tu dois avoir de nombreuses choses à me raconter Yohan.
Je m’apprêtai à la suivre, lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule. Je me retournai, et me trouvai nez à nez avec la vieille femme qui m’avait accueilli en me collant sa canne sous le menton. Son regard s’était fait moins sévère à présent, et elle avait posé sa main sur moi avec plus de douceur qu’elle n’y avait posé sa canne. Sans faire attention au regard interrogateur que je posai sur elle, elle s’adressa directement à Elsa.
- Elsa ?
- Oui ?
Rien qu’à la façon dont Elsa venait de répondre, je pus sentir immédiatement un immense respect entre les deux femmes. Chez les Northuldra, Elsa n’était peut-être plus reine, mais la chef de la tribu semblait lui vouer une très grande admiration, que je sentais tout à fait réciproque chez la belle blonde.
- Vos amis resteront parmi nous ce soir n’est-ce pas ? demanda la Northuldra
- Bien sûr Yelana, répondit Elsa, je ne comptais pas partir de nuit de toutes façons.
La femme, ainsi nommée Yelana, tourna sa tête vers moi avec un sourire. Sa main était toujours posée sur mon épaule.
- Bien, dit-elle, je vais leur faire préparer une hutte. Honeymaren viendra les avertir dès qu’elle sera prête.
À côté d’elle, je vis Ryder s’approcher de Sven.
- Quant à toi Sven mon ami, on va s’occuper de toi avec les autres ça te va ?
Le renne acquiesça joyeusement, et après un dernier signe de tête, Yelana me lâcha, et Olaf et moi pûmes suivre Elsa dans sa hutte. Contrairement à ce que pouvait laisser penser l’extérieur, celle-ci offrait tout le confort nécessaire. De grandes nappes de tissus formaient un sol doux sur lequel marcher, et sur lequel étaient disposés ce qui semblait être de grands coussins. Quant au « lit » d’Elsa, bien qu’il soit très loin des standards de ceux qu’il était possible de trouver à Arendelle, il était suffisamment grand et confortable pour qu’Elsa s’y allonge entièrement avec délice, comme elle le fit une fois entrée. Puis, elle nous invita avec Olaf à nous asseoir sur les coussins. S’ensuivirent alors quelques secondes d’un silence légèrement gênant, qu’Elsa ne semblait pas vouloir briser. Elle se contentait de m’observer avec un demi sourire en coin, qui, bien que très beau, me mettait un peu mal à l’aise. Je la sentais très confiante, bien dans sa peau, et les idées plus claires que jamais. J’avais face à moi une Elsa à laquelle je n’avais jamais vraiment été habitué. Le silence commençant à s’éterniser, je décidai de le briser:
- Alors, c’est…c’est là que tu vis maintenant.
Elsa leva la tête, regardant le haut de sa hutte, et soupira de contentement:
- Eh oui…j’ai trouvé ma place. Enfin.
J’échangeai un regard avec Olaf. Le sourire que me fit ce dernier ne me plut guère, pas plus que la phrase que venait de dire Elsa. « Trouvé ma place » ? Que voulait-elle dire ? Ne s’était-elle donc véritablement jamais senti chez elle à Arendelle ? Avec sa soeur ? Quelle pouvait bien être la raison qui la poussait à considérer une simple hutte en pleine forêt comme étant plus sa place qu’auprès d’Anna à Arendelle ?
- Ta…ta place ? demandai-je, c’est à dire ?
Elsa me regarda avec un air interrogateur, comme si elle ne me comprenait pas.
- Anna ne t’a rien dit ? s’enquit-elle
- Oh, si, si bien sûr, c’est juste que…je ne suis pas bien sûr d’avoir compris ces histoires d’esprits.
À mes côtés, je sentis qu’Olaf voulait intervenir, mais je lui intimai d’un regard de garder ses commentaires pour lui. Il n’insista pas, et se tut pendant qu’Elsa se redressait un peu en me regardant.
- Je suis le Cinquième Esprit Yohan, dit-elle comme si cela était quelque chose de totalement banal, le lien entre les esprits de l’eau, l’air, le feu et la terre. Le lien entre Arendelle et les Northuldra.
Je ne l’interrompis pas tandis qu’elle continuait. Pour une raison inconnue, je sentais que dire cela semblait lui faire un bien fou.
- J’ai enfin trouvé d’où venaient mes pouvoirs. Comme te l’a sûrement dit Anna, notre mère était une Northuldra. Et elle a sauvé notre père le jour où…où notre grand-père…enfin passons. Mes pouvoirs ne sont finalement que la manifestation de cet union. Celle qui existe entre Northuldra et Arendelliens. Celle qui existe entre les quatre esprits des quatre éléments. Ce lien fort et beau. Et ce lien…c’est moi. Et Anna.
- Et Anna ? demandai-je surpris.
- Bien sûr, répondit Elsa, nous formons une seule et même passerelle. Une passerelle a deux côtés, et nos parents ont eu deux filles. J’ai mis des années pour le comprendre. Je veille sur les Northuldra, Anna veille sur Arendelle. Comment s’en sort-elle d’ailleurs ?
Reprenant mes esprits, je voulus la rassurer, même si elle n’avait pas dit cela d’un air inquiet.
- Oh, bien, elle s’en sort très bien. Tu vas pouvoir le voir par toi-même. L’espace d’un instant, je crus qu’elle allait décliner l’invitation d’Anna, mais Elsa acquiesça et finit par se lever, pour nous ramener des chopes de bois qui contenaient un liquide chaud et fumant, qui semblait être une sorte de thé. Elle m’en tendit une, et s’assit face à Olaf et moi.
- Alors et toi ? dit-elle, comment vas-tu ?
- Mieux maintenant que je te vois, répondis-je avec un sourire.
Je ne fis pas attention au regard insistant d’Olaf à mes côtés, mais Elsa me fit un grand et magnifique sourire, avant de demander d’un air rieur.
- Mieux ? Comment ça mieux ?
- Disons que…tu imagines ma surprise lorsque, revenu à Arendelle, je vois Anna sur le trône et toi, je ne te vois nulle part.
Les mains collées contre sa chope, Elsa me regarda d’un air curieux.
- Étrange, dit-elle.
- Ah ça oui, je te confirme ! Quand tu débarques trois ans après et que tu vois tout changé à ce point…
- Non, dit la blonde en secouant la tête, je veux dire c’est étrange que tu ne l’aies pas su.
- Que veux-tu dire ?
Elsa croisa les jambes. Elle semblait réfléchir.
- Lors de ta première visite, dit-elle, tu semblais déjà tout connaître de nous, d’Arendelle, de notre histoire, même si tu venais d’ailleurs. Pourquoi n’étais-tu pas au courant cette fois ?
Je déglutis. Elle avait raison. Si Anna n’avait pas paru surprise que je sache rien des événements du second film lors de mon arrivée, je n’étais pas surpris que sa soeur se pose la question. Mais cela n’était pas grave. Je n’étais toujours pas prêt à lui avouer que, de là d’où je venais, elle n’était qu’un personnage fictif. J’étais trop heureux de la revoir pour lui annoncer de but en blanc une chose pareille.
- Je ne sais pas, répondis-je simplement, tu sais Elsa, l’espace dimensionnel est imprévisible, à force de se balader à droite à gauche, on se souvient plus de tout.
Je la sentis suspicieuse, mais heureusement pour moi, elle n’insista pas.
- Bien, dit-elle en prenant une gorgée de thé, en tous cas, sache que je suis très heureuse de te revoir Yohan. Je voulus répondre, mais elle ajouta:
- Mais tu sais, tu n’étais pas obligé de faire tout ce chemin pour venir jusqu’ici. Nous nous serions vu demain soir. Anna m’a conviée à…
-…une soirée devinettes, je sais, achevai-je, c’est pour ça que je suis là.
- Il avait vraiment hâte de te voir Elsa ! cria Olaf, comme s’il s’était retenu de manière épouvantable pendant de longues minutes.
Je jetai au bonhomme de neige un regard qui en disait long sur mon envie de lui faire la peau à cet instant précis, et me tournai vers Elsa.
- Ne l’écoute pas Elsa, ce n’est pas…enfin, si, bien sûr, j’avais envie de te revoir mais, c’est surtout que…en fait, c’est Anna qui m’a demandé de venir, pour pouvoir t’escorter à Arendelle. Elle m’a réintégré dans l’Escorte Royale.
- Je vois ça, dit Elsa, tu les as récupérée.
Je vis qu’elle pointait son regard sur les Lames d’Arendelle. Elle semblait perturbée.
Je comprenais son sentiment. J’avais tué beaucoup de gens avec ces armes, et elle avait elle-même tué le prince Hans avec, 3 ans auparavant. Je connaissais assez Elsa pour savoir qu’elle n’aimait pas faire du mal à qui que ce soit, alors tuer avec des armes qu’elle avait elle même fabriqué…par pudeur, je couvris un peu les Lames d’Arendelle avec ma cape de voyage, et m’adressai à elle.
- Alors tu…tu vas venir hein ? Tu as l’air…très heureuse ici.
Elsa s’étira. Je ne l’avais jamais vue aussi détendue.
- Je n’ai jamais été aussi heureuse, répondit-elle.
Au son de sa belle voix, je sus instantanément qu’elle disait vrai.
- Je sais désormais pleinement qui je suis. J’ai fini de trembler Yohan. Je n’ai plus peur de mes pouvoirs, Anna est en sécurité et veille sur Arendelle, et même toi, tu es là à présent. Je ne pourrais pas être plus heureuse qu’aujourd’hui.
Je ne pus m’empêcher de me sentir flatté (et un peu satisfait) lorsqu’elle ajouta ma présence à toutes les raisons qui faisaient son bonheur actuel. Pourtant, cette dernière phrase d’Elsa acheva totalement la transformation d’Arendelle à laquelle j’avais assisté ces derniers jours. Ainsi, elle était pour la première fois de sa vie totalement et pleinement heureuse, et cela se voyait. Depuis que j’étais arrivé, elle n’avait pas cessé de sourire. Je ne me souvenais pas avoir jamais vu Elsa aussi souriante, détendue et satisfaite. Je venais de la retrouver, là, dans une hutte en pleine forêt, et c’était là qu’elle avait vraisemblablement atteint son apogée. Loin d’Arendelle. Loin d’Anna.
- Mais ne t’en fais pas, acheva-t-elle comme si elle venait de lire dans mes pensées, je ne raterais une occasion de revoir Anna et Arendelle pour rien au monde. J’avais prévu d’utiliser le Nokke pour venir, mais puisque tu es là, nous partirons ensemble demain. J’ai trouvé plusieurs raccourcis, nous serons vite à Arendelle.
- Moi aussi je lui ai proposé des raccourcis, mais il a pas eu l’air de les apprécier ! se sentit obligé de signaler Olaf.
Elsa eut un petit rire, lors duquel je pus noter qu’elle avait toujours son adorable manie de mettre légèrement sa main devant ses lèvres lorsqu’elle riait, puis je demandai d’un air curieux:
- Le ? Le Nokke ?
- La forme de l’esprit de l’eau, répondit Elsa, c’est un cheval d’eau, il va à une vitesse incomparable. Je l’utilise souvent pour partir en ballade.
Puis elle se leva en reposant sa chope. Je voulus répondre, mais je sentis alors quelque chose me sauter sur le bras, et me grimper allègrement dessus, jusqu’à arriver sur ma tête !
- OOOUUUAAAHH !!! C’EST QUOI ÇA ?! OLAF ! T’AS FAIS QUOI ENCORE ?!
- BRUNI ! couina le bonhomme de neige .
Je me tortillai sur place pour tenter de trouver la chose qui venait de m’escalader, lorsque je vis soudain une petite forme bleutée sauter devant mes yeux pour aller atterrir dans la main d’Elsa. Reprenant mes esprits, je vis alors une minuscule salamandre bleue se lover délicieusement au creux de cette dernière comme un chat sur un coussin moelleux. Puis, l’animal se tourna vers moi en me regardant avec ses grands yeux globuleux. Tout en lui grattant affectueusement la tête avec son index, Elsa me le présenta:
- On dirait que tu viens de rencontrer Bruni, c’est la forme de l’esprit du feu. Bruni, voici Yohan. C’est lui qui vous a perturbé l’autre soir, lorsqu’il est arrivé. Mais il n’y a aucune inquiétude à avoir, c’est un de mes meilleurs amis. Sois très gentil avec lui, d’accord ?
La bestiole ne répondit bien évidemment pas, se contentant de me regarder d’un oeil torve tandis que je frissonnais encore de l’avoir sentie sur mon bras.
- L’esprit du feu ? demandai-je, ce petit truc bleu et vaguement mignon ? Et c’est moi qu’on aurait cru plus grand ?
Elsa eut un petit rire tandis que Bruni sautait de son épaule pour aller rejoindre Olaf. Du coin de l’oeil, je vis l’entrée de la hutte s’ouvrir, et le visage d’Honeymaren apparut.
- Elsa ? dit-elle
- Bonsoir Honeymaren.
- Bonsoir. Juste pour vous dire que votre hutte est prête, lança la Northuldra en s’adressant à Olaf et moi.
Elsa la remercia, puis la jeune femme s’éclipsa. Je me tournai vers l’ancienne reine d’Arendelle, qui recueillit le lézard bleu sur son doigt depuis le crâne d’Olaf, et de nouveau, m’adressa un sourire à casser des barreaux de chaise:
- Tant mieux, dit-elle, si Bruni est revenu, c’est qu’il doit être l’heure d’aller dormir. Nous ferions mieux d’aller nous coucher, nous avons de la route demain.
Elle nous raccompagna jusque sur la petite place du village, et à ma grande surprise, elle me prit les mains, ainsi que l’avait fait Anna, et pour la première fois depuis que je le revoyais, je pus déceler dans ses yeux une lueur d’impatience presque enfantine.
- J’ai vraiment hâte d’être à demain soir. Ça va me faire bizarre d’être de nouveau avec Anna et toi, tous les trois, au château !
- Et moi donc…soufflai-je
Elsa me lâcha, et après un dernier câlin à Olaf, elle nous tourna le dos avec un petit signe de la main.
- On se revoit demain matin. Dormez bien. Bonne nuit Olaf. Bonne nuit Yohan.
Et elle disparut dans sa hutte, nous laissant là, avec Olaf, au centre du village, près du feu qui se faisait de moins en moins flamboyant, à mesure que progressait la nuit.
- Bonne nuit…Elsa.
S’ensuivirent quelques secondes d’un silence pesant, qu’Olaf brisa finalement de manière bien lourde.
- Alors ? Tu l’as trouvée comment ? Elle est pas merveilleuse notre nouvelle Elsa ?
Je ne répondis pas, bien que le bonhomme de neige insistât pendant les longues minutes qui suivirent, aussi bien en allant rejoindre la hutte dans laquelle nous allions dormir (faisant au passage bien rire Honeymaren), que lorsque nous fûmes tous deux installés dans nos couches respectives. Et bien que je restais sans répondre, j’étais on ne pouvait plus d’accord avec Olaf: merveilleuse était le mot.
Elsa n’était pas seulement plus belle encore que la dernière fois. Elle était mieux que cela. Elle était heureuse. C’était réellement un pur bonheur de la voir ainsi, tant elle semblait rayonner de sa nouvelle condition. Je m’étais certes attendu à voir une Elsa un peu différente mais pas à ce point là. Mais peu m’importait. Si Elsa était heureuse, alors j’étais heureux pour elle. Au bout de quelques secondes, le sommeil vint m’envelopper de sa voilure de volupté, mais Olaf, lui, ne semblait pas vouloir dormir.
- Hé Yohan ? Tu dors ?
- Oui.
- Dis, tu penses qu’Elsa elle reviendra un jour à Arendelle ? Ou elle va passer toute sa vie ici ?
- Elsa passera sa vie où elle veut, grommelai-je, du moment qu’elle est heureuse ça me va. Dors maintenant.
- Et tu penses que son raccourci il sera plus efficace que le mien demain pour Arendelle ?
- OLAF ! Je ne sais pas quel sera le raccourci d’Elsa demain mais ce qui est sûr c’est que si un coup de pied au cul suffisait pour faire le trajet d’ici à Arendelle, tu y serais déjà ! Alors maintenant tu dors !
- D’accord !
Quelques minutes plus tard, Olaf et moi dormions du sommeil du juste. Et, malgré le fait que je venais de retrouver Elsa, et que je m’apprêtais à partir pour Arendelle avec elle dès le lendemain, je dormis à nouveau d’un sommeil sans rêve. J’avais un mauvais pressentiment. Cependant, nous fûmes tous très vite prêts le lendemain. Ce ne furent pas les ronflements d’Olaf qui m’éveillèrent, mais les doux rayons du soleil légèrement filtrés à travers le tissu de la hutte. Je m’habillai en vitesse, ceignis mes armes, et sortis, accompagné du bonhomme de neige. Elsa était déjà debout, et discutait avec Honeymaren et Yelana. Elle me fit un sourire en me voyant arriver, et mon coeur rata un battement. Ses cheveux étaient de nouveaux coiffés en une longue tresse sur le côté, ainsi qu’elle en avait l’habitude lorsqu’elle était à Arendelle. En revanche, elle ne paraissait pas avoir changé de robe, si ce n’était qu’elle portait désormais une cape blanche par dessus.
- Déjà réveillé Yohan ? dit-elle, très bien, nous allons pouvoir partir plus tôt. Si nous ne partons pas trop tard, nous arriverons à Arendelle avant la tombée de la nuit.
Elle échangea quelques mots avec Honeymaren et Yelana, et je la vis déposer Bruni sur le sol, pour lui parler doucement. Soudain, je sentis une bourrasque de vent manquer de m’emporter littéralement dans les airs, et me rétamai de tout mon long devant les trois femmes ! Je me relevai en grommelant, entendant Elsa rire:
- Allons, Courant d’Air ! Yohan est un ami, sois gentil avec lui !
Courant d’Air…qu’est-ce que c’était encore que cette nouveauté ?
- Laisse moi deviner, grinçai-je tandis qu’Olaf m’aidait à me relever, Esprit du Vent ?
- C’est cela, dit Elsa.
Elle resta là quelques instants, comme si elle donnait des recommandations aux deux esprits pour sa période d’absence, tandis que de son côté, Ryder me ramenait Sven et le traîneau en parfait état. Je le remerciai, puis vis Yelana arriver vers moi d’un pas vif. Elle inspecta le traîneau, puis se tourna vers moi.
- Vous partez déjà ?
- Euh, on dirait bien, répondis-je, quelque peu gêné, Elsa a probablement hâte de revoir sa soeur.
Autour de moi, plusieurs Northuldra s’étaient avancés, comme s’ils voulaient entendre ce que leur dirigeante avait à me dire. Je me doutais que cela allait avoir un rapport avec Elsa, mais j’avais visité suffisamment de mondes différents à présent pour savoir qu’avec des tribus autochtones étrangères, il fallait s’attendre à tout.
- Elsa nous a parlé de vous, dit-elle
- C’est ce qu’on m’a dit oui, répondis-je le plus objectivement possible
- Elle nous a raconté votre rencontre, et ce que vous avez traversé ensemble. Elle nous a également dit que vous n’apparteniez pas à notre monde, et que votre machine pouvait être dangereuse.
J’acquiesçai, mais je me voulus rassurant.
- Elle vous a dit la vérité. Mais je vous rassure, je ne représente pas la moindre menace pour vous. Et même si c’était mon intention, Elsa est plus puissante que je ne le serai jamais.
Yelana resta quelques instants sans répondre, puis je la vis tourner la tête pour regarder en direction d’Elsa.
- Elle a dit que vous diriez ça si je vous posais la question. Et elle n’est pas de cet avis.
Je regardai la vieille femme d’un air stupéfait. Comment Elsa, qui possédait déjà des pouvoirs quasi-illimités, et avait à présent tout loisir de contrôler les esprits qui eux mêmes contrôlaient les quatre éléments de la nature, pouvait-elle penser que je possédais des capacités plus grandes que les siennes ? Cela n’avait aucun sens. Et quand bien même l’ampli me permettait d’aller où bon me semblait, et d’en tirer plus de connaissances et d’enseignements que l’on en apprenait dans toute une vie, son rôle n’était pas de me permettre d’affronter qui que ce soit. Tout juste avait-il servi à me défendre, quelque fois.
Nous ne tardâmes pas à être prêts, et je pus quelques instants plus tard prendre les rênes du traineau, tandis qu’Elsa s’installait à côté de moi, et qu’Olaf s’allongeait à l’arrière. Yelana s’approcha alors du traineau, et posa sa main sur celle d’Elsa:
- Transmettez l’amitié du peuple Northuldra à votre soeur Elsa, elle est la bienvenue chez nous quand elle le désire.
- Je n’y manquerai pas, répondit joyeusement Elsa
Et après les derniers au revoir de rigueur à Honeymaren, Ryder, et les autres Northuldra, Sven s’ébroua, et le traineau détala à nouveau, cette fois-ci en direction d’Arendelle.
Heureusement, j’étais cette fois-ci guidé par Elsa elle-même, et Olaf était trop occupé à jouer tout seul à son jeu du Vrai ou Faux derrière nous pour se soucier de la route à suivre. Bien que nous nous connaissions à présent, j’étais toujours un peu intimidé par la belle blonde, même si elle avait recouvré la coiffure que j’avais l’habitude de la voir porter. Savoir que je voyageais aux côtés d’une sorte de demi-déesse, qui plus était mon amie, me mettait assez radicalement mal à l’aise. Pourtant, cela n’avait pas l’air de gêner Elsa, qui se tourna finalement vers moi pour demander:
- Alors dis moi Yohan, tu as finalement gagné en orientation depuis la dernière fois. Un avantage de tes nombreux voyages j’imagine.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Eh bien, la Forêt des Northuldra n’est pas si facile à trouver lorsqu’on ne sait pas où elle se trouve, même avec une carte.
- Ouais, sans compter que j’ai pas été aidé…enfin, pas par Olaf du moins.
Ce disant, ma rencontre avec le troll Morten me revint à l’esprit. Je ne comprenais toujours pas ni ce qu’il était venu faire dans ce coin reculé des montagnes, ni pourquoi il s’était enfui comme un voleur une fois que nous fûmes entrés dans la Forêt. Peut-être Elsa allait-elle pouvoir m’éclairer sur ce point.
- Dis moi Elsa, y a-t-il des trolls dans cette partie de la montagne ?
La jeune femme tourna vers moi un regard circonspect, comme si elle avait du mal à comprendre ma question.
- Non, dit-elle, pas que je sache. Les trolls vivent de l’autre côté des montagnes, je ne vois pas pourquoi il s’en trouverait par ici.
J’allais répondre, mais je fus devancé par Olaf.
- Pourtant on en a croisé un en venant ! C’est même lui qui nous a mené dans la forêt ! Il a dit qu’il s’appelait Morten !
Je n’eus presque pas besoin de regarder Elsa pour voir la surprise sur son visage. Elle me lança une question silencieuse, mais je confirmai les dires d’Olaf d’un signe de tête.
- C’est étrange, dit-elle, je suis pourtant sûre de n’avoir jamais vu de trolls dans ces montagnes. Bah, nous en parlerons à Kristoff une fois arrivés, je suis sûre qu’il pourra nous renseigner. J’ai tellement hâte de retrouver Anna !
- Elle a hâte elle aussi, ajoutai-je, elle est vraiment très prise par ses fonctions de reine, te revoir lui fera sûrement le plus grand bien.
Derrière nous, Olaf m’appela, mais je n’y fis pas attention. J’étais très heureux de voir qu’Elsa semblait impatiente de retrouver Arendelle et Anna. Ainsi tout cela lui manquait-il un peu…j’étais presque content lorsque j’entendis sa phrase suivante:
- Je la comprends. Je sais mieux que personne que diriger Arendelle n’est pas de tout repos. Nous allons passer un peu de temps tous les quatre, cela nous fera tous respirer un peu.
- Elsa ?
- Je ne l’ai quasiment pas vue ces derniers temps, soupirai-je, et avec toi qui n’est plus là, le château parait très vide.
- Yohan ?
Heureusement, même Elsa ne semblait pas pressée d’entendre les dernières bêtises d’Olaf. J’eus à nouveau droit à un magnifique sourire, et elle me rassura:
- Au moins maintenant tu sais où me trouver ce n’est…
- Hé Elsa ?
N’y tenant plus, je me retournai brusquement en criant.
- Oh mais TA MÈRE OLAF !!! TU VOIS PAS QU’ON DISCUTE, QU’EST-CE QUE T’AS À RENDRE FOU COMME ÇA ?!
- Oh rien je voulais juste dire à Elsa que Bruni nous avait suivi. Il arrive droit sur nous d’ailleurs. Ou alors c’est juste du feu.
- Quoi ?
Je vis la jeune femme se retourner, l’air inquiet.
- Je lui avais pourtant dit de rester…YOHAN ATTENTION !!!!
J’eus tout juste le temps de me retourner pour voir une énorme boule de feu foncer dans notre direction. Je n’eus pas le temps de faire tourner Sven, et cette dernière percuta de plein fouet le traineau, qui fit une embardée. Tentant tant bien que mal de remettre le véhicule droit tandis qu’Olaf poussait un cri aigu, je croisai le regard d’Elsa.
La seule lueur d’incompréhension au fond de ses yeux confirma ce que je craignais: quelque chose de magique, de menaçant et de pas joli venait encore de nous tomber dessus.
Restait à savoir quoi.
Alors, qu'avez-vous pensé de ces retrouvailles ? Voir Elsa si heureuse et détendue, ça a de quoi faire bizarre n'est-ce pas ? Bruni a-t-il vraiment pété les plombs ? Ou bien est-ce autre chose qui vient d'attaquer le traineau ?
N'hésitez pas à commenter pour me donner vos impressions, et je vous dit à bientôt pour le chapitre 8 !
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Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Dim 19 Jan 2020, 22:43
Rien à voir avec le chapitre...Pourtant c'est sa lecture qui m'y a fait penser donc je le mets ici...Je serais très curieux de lire "le journal de bord de Yohan"...Car même si le narrateur est à la première personne, il ne nous dit pas tout loin de là sur ses pensées, sur ses opinions, je suis quasi certain que seul dans sa hutte (après avoir foutu un pain à Olaf cela va sans dire pour être peinard) il aura sans doute couché sur le papier beauoup de choses sur Elsa
De retour à Arendelle là encore beaucoup de mots sur papier à propos de la reflexion d'Elsa sur qui a le plus de pouvoir entre Yohan et Elsa...
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Dim 19 Jan 2020, 22:43
Oh les retrouvailles, depuis le temps que j'attendais ce moment J'ai imaginé Yohan (toi ? Non....) avec la bave sur le coin des lèvres, c'était plutôt drôle. On voit que ton personnage est en admiration devant Elsa, on imagine bien ce que ça lui fait, c'était très bien retranscrit. Mais le Olaf qui arrive, je suis morte de rire, il a tout compris. Les retrouvailles sont parfaites, vraiment, tu n'en as pas trop fait et c'est vraiment bien écrit.
Pour ce qui est de Yelana, je l'ai déjà dit mais ça me fait plaisir de la voir attentionnée envers Elsa, et surtout elle est respectueuse, même avec Anna. De plus, on voit que l'ancienne reine d'Arendelle est heureuse dans la forêt enchantée, et comme tu l'as dit "ça fait un bien fou", la savoir en paix et toujours aussi bien avec son choix est exactement la façon dont j'imaginais la suite du deux.
Et pour Bruni, il est toujours aussi choupinou, et la réaction de Yohan était énorme. Je l'imagine bien comme ça en découvrant les différents esprits. Et comme ça aussi avec Olaf en faite !
Vu les retrouvailles avec Yohan, j'ai d'autant plus hâte de voir celles avec Anna, je dois avoir encore plus hâte que les deux soeurs.
Par contre, cette boule de feu ... Je me doutais que quelque chose allait venir déranger leur retour, et on sait déjà tous le coupable. Je me demande bien comment ils vont s'en sortir.
Vraiment, j'ai adoré ce chapitre, il était très beau et très touchant.
Pour ce qui est de Yelana, je l'ai déjà dit mais ça me fait plaisir de la voir attentionnée envers Elsa, et surtout elle est respectueuse, même avec Anna. De plus, on voit que l'ancienne reine d'Arendelle est heureuse dans la forêt enchantée, et comme tu l'as dit "ça fait un bien fou", la savoir en paix et toujours aussi bien avec son choix est exactement la façon dont j'imaginais la suite du deux.
Et pour Bruni, il est toujours aussi choupinou, et la réaction de Yohan était énorme. Je l'imagine bien comme ça en découvrant les différents esprits. Et comme ça aussi avec Olaf en faite !
Vu les retrouvailles avec Yohan, j'ai d'autant plus hâte de voir celles avec Anna, je dois avoir encore plus hâte que les deux soeurs.
Par contre, cette boule de feu ... Je me doutais que quelque chose allait venir déranger leur retour, et on sait déjà tous le coupable. Je me demande bien comment ils vont s'en sortir.
Vraiment, j'ai adoré ce chapitre, il était très beau et très touchant.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Lun 20 Jan 2020, 19:11
Attendez on m'indique que le coeur de Yohan a cessé de battre en voyant Elsa !
Franchement tu nous fais une très belle vision de notre reine des neiges et c'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce chapitre
Pour le reste, je trouve que ton personnage est vraiment odieux avec Olaf. Il ne faut pas oublier que le bonhomme de neige n'a que 3 ans . Donc vaut mieux réfléchir avant de critiquer les nôtres après
Enfin, tu termines encore une fois ton chapitre sur un peu de suspense... Faut faire attention à la longue on va être habitués ... Du coup je ne sais pas si ce que tu souhaitais c'était de nous donner envie de lire la suite mais pour le coup, pour moi en tous cas, c'est un raté
Franchement tu nous fais une très belle vision de notre reine des neiges et c'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce chapitre
Pour le reste, je trouve que ton personnage est vraiment odieux avec Olaf. Il ne faut pas oublier que le bonhomme de neige n'a que 3 ans . Donc vaut mieux réfléchir avant de critiquer les nôtres après
Enfin, tu termines encore une fois ton chapitre sur un peu de suspense... Faut faire attention à la longue on va être habitués ... Du coup je ne sais pas si ce que tu souhaitais c'était de nous donner envie de lire la suite mais pour le coup, pour moi en tous cas, c'est un raté
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Lun 20 Jan 2020, 19:58
Olaf pour Yohan...C'est un peu comme...Yohan dans les Emma
Le perso que tu adores martyriser...et qui en redemande
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Lun 20 Jan 2020, 20:07
Alors, je tiens à préciser une chose:
Yohan n'est pas sciemment un connard avec Olaf. Dans ces deux derniers chapitres il est tout simplement extrêmement stressé et mal à l'aise de retrouver Elsa quasiment seul à seul. Et si, de manière générale, il est plutôt indifférent aux sorties un peu nulles du bonhomme de neige, dans ce contexte là, il perd effectivement patience très vite.
Mais à part ça, non, il ne prend aucun plaisir à martyriser Olaf, et je vous rassure, il ne lui parlera pas aussi vertement en permanence.
Yohan n'est pas sciemment un connard avec Olaf. Dans ces deux derniers chapitres il est tout simplement extrêmement stressé et mal à l'aise de retrouver Elsa quasiment seul à seul. Et si, de manière générale, il est plutôt indifférent aux sorties un peu nulles du bonhomme de neige, dans ce contexte là, il perd effectivement patience très vite.
Mais à part ça, non, il ne prend aucun plaisir à martyriser Olaf, et je vous rassure, il ne lui parlera pas aussi vertement en permanence.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Dim 26 Jan 2020, 20:57
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- Lhysender
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Dim 26 Jan 2020, 21:09
"Flash spécial, on m’informe que le respect a été enlevé par un bonhomme de neige appelé Olaf, contactez la police si vous avez des informations"
Blague mise à part, le comportement d'Olaf me fait beaucoup rire, ça me rappel ce genre de pote qu'on adore mais qui peut pas s'empêcher de devenir lourd quand la fille pour laquelle on a le béguin est dans le coin. Je trouve vraiment que dans son rôle de ressort comique, tu l'exploites à merveille dans ton histoire !
Je vais juste revenir sur un point que j'ai trouvé excellent lors d'un des chapitres précédents, c'est l'évolution entre Mathias et Yohan : le fait que le général se mette à la place de ce dernier de cette manière, surtout vis-à-vis de sa propre expérience, c'était vraiment touchant.
Pour ce qui est des retrouvailles avec Elsa, je mentirai de manière éhontée si je disais que je n'aurai pas eu la même réaction en arrivant devant elle
Comme d'habitude, tu nous laisses sur une bonne dose de suspens. Sivert va-t'il vraiment passé à l'action maintenant ? Si j'étais à sa place je trouverai ça un peu tôt, mais après tout il doit avoir tout prévu à l'avance dans son plan
Vivement la suite !
Blague mise à part, le comportement d'Olaf me fait beaucoup rire, ça me rappel ce genre de pote qu'on adore mais qui peut pas s'empêcher de devenir lourd quand la fille pour laquelle on a le béguin est dans le coin. Je trouve vraiment que dans son rôle de ressort comique, tu l'exploites à merveille dans ton histoire !
Je vais juste revenir sur un point que j'ai trouvé excellent lors d'un des chapitres précédents, c'est l'évolution entre Mathias et Yohan : le fait que le général se mette à la place de ce dernier de cette manière, surtout vis-à-vis de sa propre expérience, c'était vraiment touchant.
Pour ce qui est des retrouvailles avec Elsa, je mentirai de manière éhontée si je disais que je n'aurai pas eu la même réaction en arrivant devant elle
Comme d'habitude, tu nous laisses sur une bonne dose de suspens. Sivert va-t'il vraiment passé à l'action maintenant ? Si j'étais à sa place je trouverai ça un peu tôt, mais après tout il doit avoir tout prévu à l'avance dans son plan
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mar 28 Jan 2020, 23:50
Merci beaucoup Lhysender pour ton gentil commentaire ! Et pour le coup, tu n'auras pas longtemps à attendre la suite puisque voici d'ores et déjà le chapitre 8 !
Avant toute chose, on commence par se sortir de la m*rde. Et on verra le reste plus tard...
Je tirai de toutes mes forces sur les rênes pour aider Sven à remettre le traîneau droit. Effrayé par l’attaque, l’animal avait brusquement viré sur la droite, et le véhicule avait presque failli se retrouver allongé sur le côté. Toujours assise à côté de moi, Elsa se cramponnait à la rambarde du traineau, regardant derrière elle, les yeux plissés pour essayer d’apercevoir l’endroit d’où provenait l’énorme boule de feu.
« Elsa c’était quoi ça ?! Ça lui arrive souvent de péter les plombs, à l’esprit du feu ?!
- Bruni n’y est pour rien, répondit la jeune femme.
Derrière nous, Olaf se redressa.
- Quoi ?! s’écria-t-il, mais si c’est pas Bruni, c’est…
- ATTENTION !!!
Heureusement, je parvins cette fois à faire virer Sven et le traineau, lorsqu’une deuxième boule de feu explosa sur la route à côté de nous, tout juste à quelques centimètres de nos roues. Je grimaçai. Il tenait déjà du miracle que nous n’ayons pas pris feu avec la première, si une autre de ces flammes parvenait à embraser le traineau, j’ignorais complètement comment nous allions rentrer à Arendelle. Si tant était que nous soyons alors toujours en vie.
- Elsa, qu’est-ce qui se passe ?! criai-je
Je tournai la tête, et remarquai qu’Elsa avait de nouveau détaché ses cheveux. Elle semblait pensive, et ses yeux regardaient de tous côtés, comme si elle cherchait quelque chose.
- Je ne sais pas, dit-elle, mais je suis sûre que ce n’est pas Bruni. Ses flammes sont violettes, celles-ci sont rouges !
Une troisième boule de feu passa juste au dessus de ma tête alors que je pressai Sven d’accélérer la cadence. Pourtant, alors que devant moi le renne semblait donner tout ce qu’il avait, je sentais étrangement le traineau ralentir. Autour de nous le paysage défilait moins lentement, et je sentis soudain face à moi une bourrasque de vent qui me pris en pleine face, et commença à faire reculer le traineau, ainsi que Sven, nous rendant moins mobiles, et donc bien plus vulnérables aux attaques de feu !
À côté de moi, Elsa se leva. Olaf, lui, s’était recroquevillé à l’intérieur du traineau et semblait avoir décidé de ne plus bouger.
- Elsa ! Qu’est-ce que tu fais ?! Pourquoi on ralentit ?!
Sans me regarder, la Reine des Neiges alla se poster à l’arrière du traineau, et je vis ses mains luire d’une lueur bleutée.
- Ça n’a rien à voir avec les esprits, dit-elle, dis à Sven de continuer d’avancer, je vais nous aider !
- Okk, mais fais attention aux…WOW !!!!
La boule de feu suivante ne rata Elsa que de très peu. Levant les mains, la jeune femme gela le projectile de flammes, et elle balança une trombe de neige à l’arrière du traineau, visant la route. La puissance du flux de glace propulsa le traineau, qui, aidé par Sven de l’autre côté, regagna bientôt sa vitesse. Je pestai intérieurement. Je savais qu’il valait mieux ne pas me retourner, mais savoir Elsa exposée et vulnérable à l’arrière ne me plaisait pas. Elle était clairement en vue de toutes les saloperies qui pouvaient nous tomber dessus par l’arrière, sans compter que la pluie de flammes continuait de s’abattre sur le traineau. Elsa faisait tout ce qu’elle pouvait pour nous empêcher d’être touchés, mais je ne pouvais pas la laisser faire indéfiniment, elle allait finir par fatiguer.
- Elsa ! hurlai-je, tiens bon je vais t’aider !
- NON ! cria-t-elle, dirige le traineau, je vais…
Elle ne put finir sa phrase, et dut se rattraper comme elle put à l’arrière du traineau, car une formidable bourrasque de vent s’abattit sur ce dernier. Je vis s’envoler plusieurs lattes de bois à côté de moi dans un craquement sinistre. À l’avant, Sven avait toutes les peines du monde à avancer convenablement. Tâchant tant bien que mal de tenir les rênes, je pouvais littéralement voir le traineau autour de moi partir en planches de bois. Le vent était intenable, et Elsa ne pouvait plus nous protéger des attaques de l’arrière, trop occupée à se cramponner de toutes ses forces pour ne pas être éjectée du traineau. Quelle était donc cette chose qui nous prenait en chasse, si puissante qu’elle en donnait du fil à retordre à Elsa ?
J’aurais du me poser normalement la question, mais à cet instant, connaître sa nature était le dernier de mes soucis. Nous nous dirigions droit vers un lac. Je me tournai vers Elsa et Olaf.
- Okk tout le monde on s’accroche ! Je vais devoir tourner fort si on veut pas finir dans le lac !
Mais à ma grande surprise, je vis Elsa écarquiller les yeux.
- Un lac ? Un…non, Yohan ne tourne pas !
- Quoi ? Comment ça ?
- Fonce ! Droit sur le lac !
- Quoi ?! Mais Elsa t’as pété les plombs ? On va…
- Tout droit Yohan ! Fais moi confiance !
Je fis claquer les rênes pour que Sven double l’allure. Elsa avait dit les mots magiques. Si elle voulait que je fonce sur le lac, c’était qu’elle devait avoir une bonne raison. Et oui, je lui faisais confiance. Toujours. Quelques secondes plus tard, je manquai de lâcher la bride de Sven lorsqu’une autre bourrasque de vent, plus violente que la précédente, arracha les planches du traineau sur ma gauche. Je sentis Elsa derrière moi venir se placer à mes côtés. Elle était toujours debout. Toujours recroquevillé au fond du traineau, Olaf semblait la regarder comme s’il la voyait pour la première fois. Une boule de feu brûlant me frôla la tête, et Elsa dut l’esquiver brusquement en s’accrochant aux quelques planches de bois que le vent n’avait pas emporté à l’avant du traineau. Je levai doucement la tête, et aperçut le projectile de flammes atterrir au milieu du lac. Nous y étions presque.
- Elsa, criai-je, j’espère que tu sais ce que tu fais, sinon on va finir en…
La Reine des Neiges se pencha alors vers moi, posant sa main sur son épaule.
- Lorsque je te le dirai, tu feras virer Sven et le traineau de toutes tes forces sur la gauche Yohan.
- Hein ? Mais tu m’as dit que…bon, d’accord, et toi, tu vas faire quoi ?
Je n’avais véritablement aucune idée de ce qu’Elsa prévoyait de faire. Je crus véritablement qu’elle se payait ma tête lorsqu’elle répondit, un demi sourire aux lèvres.
- Je vais sauter dans le lac.
- QUOI ?! Mais enfin Elsa c’est…
Je fus coupé par une énième boule de feu, qui cette fois percuta l’arrière du traineau de plein fouet. Entendant le hurlement d’Olaf derrière moi, je sus que le véhicule avait pris feu. Je pouvais désormais sentir la chaleur des flammes dans mon dos. À côté de moi, Elsa avait fléchi ses jambes. Elle se préparait à sauter.
- On va tous mourir !!! cria Olaf en s’accrochant à moi.
- Olaf ! Qu’est-ce que tu fais ?! Comment tu veux que je…
- MAINTENANT !!! cria Elsa. Reprenant mes esprits, je tirai de toutes mes forces sur les rênes, en hurlant:
- SVEN !!! À GAUCHE !!! À GAUUUUCHE !!!
Toujours accroché à mon dos, Olaf criait à s’en briser les cordes vocales. Je crus un instant que Sven ne m’avait pas entendu. Mais au moins, il avait senti les rênes tirer. Manquant presque de tomber, l’animal vira brusquement sur la gauche, ses sabots touchant quasiment l’eau du lac dans son virage. Je souris. L’ami de Kristoff avait encore du ressort. Puis Elsa sauta.
Déployant son corps, elle émit un long sifflement et se jeta dans le lac d’un bond, les jambes en avant. Et alors que je me retournai pour tenter de voir ce qu’elle tentait de faire, je vis ce qui semblait être un grand cheval sortir du lac, crevant la surface de l’eau dans de grandes gerbes d’écume. Et avant que je ne comprenne ce qui venait de se passer, Elsa atterrit droit sur l’étrange créature, et, gelant instantanément le lac, enfourcha la bestiole, avant d’arriver vers le traineau au grand galop. Elle fut instantanément visée par une boule de feu, mais la jeune femme n’eut qu’à lever la main pour projeter une gerbe de glace et s’en débarrasser. De notre côté, le traineau se consumait toujours. Je commençais à sentir l’odeur de bois brulé dans mes narines, et alors que Olaf et moi nous apprêtions dans quelques instants à avoir littéralement le feu au cul, Elsa leva la main, utilisant l’autre pour tenir la bride gelée qu’elle avait enroulée autour du cheval d’eau, et lança un jet de glace qui, non content d’éteindre totalement le feu, vint consolider l’intégralité de l’arrière du traineau. Voyant cela, Olaf sembla se sentir revigoré, et sauta de joie en regardant derrière nous:
- Ouais !!! Elsa t’es la meilleure !! C’est vraiment trop génia…
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase, une boule de feu venant s’écraser entre nous et Elsa, qui chevauchait à présent à toute vitesse à nos côtés. Du coin de l’oeil, je remarquai que son cheval ne semblait plus fait d’eau, mais scintillait à présent sous la chaleur des flammes comme s’il avait été entièrement taillé dans la glace la plus résistante du monde. Je tirai sur les rênes de Sven pour remettre le traineau en place, mais je sentis alors soudainement ces dernières s’échapper de mes mains. Durant quelques secondes, je ne compris pas ce qui se passait, puis Olaf hurla. Je me sentis alors soulevé du siège avant du traineau où j’étais assis, et je vis la terre s’éloigner. Le traineau était en train de s’élever dans les airs sous la force du vent ! Je tentai de résister de toutes mes forces, mais ce dernier était trop fort. Je lâchai la bride, et me sentis m’envoler brusquement dans les airs, loin du traineau.
- OH NON NON NON ! OH C’EST PAS VRAI !!!!!
J’avais l’impression d’être emporté dans une tornade. Je me sentais m’élever haut dans le ciel, violemment porté par le vent. Agitant les bras de toutes mes forces, je me débattais comme un beau diable, tout en sachant pertinemment que cela ne me servait à rien. Je ne comprenais rien du tout à ce qui était en train de m’arriver. Mais alors que j’étais à deux doigts de vomir à force d’être bringuebalé dans tous les sens, je tournai la tête, et écarquillai les yeux. Devant moi, sur le bord droit des gorges que le traineau était en train de traverser, se tenait une forme sombre.
Debout, les mains en l’air, on aurait clairement dit un homme, qui se tenait là comme s’il nous regardait. Pourtant, à voir les grands gestes qu’il esquissait avec ses bras, j’étais convaincu qu’il n’était pas étranger au déluge de saloperies magiques et mortelles qui nous tombait dessus depuis quelques instants. Hélas, j’aurais été à cet instant bien en peine de dire de qui il s’agissait, car tout ce que je pouvais distinguer en étant emporté par le vent comme une poupée de chiffon était une sombre silhouette noire. Je clignai des yeux, et quelques secondes plus tard, cette dernière avait disparu. Je n’eus même pas le temps d’écarquiller les yeux de surprise, que je sentis le vent s’arrêter, et je commençai à chuter dangereusement vers le sol.
- OH NON m*rde m*rde MEEEEERDE !!!
Je voyais le sol et le traineau se rapprocher à une vitesse très peu rassurante, et je me pris presque à me dire que je préférais m'écraser sur le sol plutôt que sur le véhicule de bois bardé de pointes de glace, lorsque je vis Elsa bondir de son étrange cheval. Rapide comme l’éclair, ce dernier redevint une étrange forme d’eau, et lorsque le traineau passa à côté d’une simple flaque, il se jeta d’un seul coup dedans, et disparut.
Elsa, elle, atterrit gracieusement sur le traineau, à côté d’Olaf, et leva les bras en l’air, effectuant des gestes millimétrés avec ses mains. Un toboggan de glace sembla alors s’élever dans les airs, et vint me cueillir dans ma chute. Hurlant de toutes mes forces, je me sentis glisser en tourbillonnant sur la glace, jusqu’à atterrir lourdement, assis sur le siège avant du traineau, aux côtés d’Elsa qui tenait à présent la bride de Sven. Le déluge de vent et de flammes semblait s’être arrêté. Désormais à moitié constitué de glace, le traineau poursuivait sa route comme si de rien n’était. Raide comme un piquet et claquant des dents sous l’effet de l’adrénaline et du stress, je me tournai vers Elsa. Elle était essoufflée, ses cheveux étaient de nouveau détachés, et elle avait véritablement l’air très inquiète.
- Elsa…ce…c’était…c’était quoi ça ?!
- Je ne sais pas, répondit-elle, je n’ai jamais vu une chose pareille.
Derrière nous, Olaf couina.
- Mais enfin, pourquoi Bruni et Courant d’Air t’attaqueraient ? Ça n’a aucun sens !
- Ce n’était pas eux, dit Elsa, jamais ils ne feraient ça. C’est bien ce qui m’inquiète. Je ne sais pas ce que c’était, mais ça n’avait aucun rapport avec les esprits.
Toujours tremblant comme une feuille, j’articulai difficilement.
- Il…il y avait un homme. Sur la colline.
Elsa se tourna vers moi. Ses beaux yeux ne semblaient pas effrayés ni paniqués, mais on pouvait clairement y lire une profonde incompréhension.
- Un homme ? Qui ?
- Je ne sais pas, fus-je obligé de reconnaître, je n’ai pas vu son visage.
À mon grand soulagement, la jeune femme n’insista pas, et resta silencieuse. Pendant les longues minutes qui suivirent, elle se contenta de guider Sven et le traineau à travers la montagne, murée dans un silence qui me faisait presque frémir. Je l’observai discrètement. Elle paraissait sereine, étrangement calme, comme si elle affrontait tous les quatre matins le genre d’ennuis qui venait de nous tomber dessus. Cette sérénité éveillait en moi des sentiments contraires. Elsa n’était jamais aussi belle que lorsqu’elle affichait un air calme et déterminé, mais je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que cette nouvelle vie chez les Northuldra avait changé en elle. La veille au soir, rien de ce que j’y avais vu n’avait laissé entrevoir les tourments et questions habituels qui étaient les siens lors de mon premier voyage. Et si j’étais plus qu’heureux de la voir épanouie et tranquille, je me rendais compte finalement qu’à la différence de sa soeur, je connaissais assez peu Elsa.
Mais il n’était pas temps de se questionner sur nos relations. Nous venions d’être attaqués par Dieu savait quoi, et Elsa s’était montrée plus rapide et efficace que jamais dans ses réactions. Dire que j’étais impressionné était un doux euphémisme.
- C’était…c’était vraiment incroyable ce que tu as fait tout à l’heure, dis-je au bout de quelques instants, brisant le silence après un bref raclement de gorge.
Elsa tourna la tête vers moi, et, affichant un demi sourire, répondit:
- En 3 ans, j’ai eu tout le temps que je voulais pour apprendre à maîtriser mes pouvoirs. Même dans des circonstances que je n’aurais pas vu venir.
Je restai sans répondre quelques instants, puis demandai:
- Tu as déjà eu affaire à ce genre de choses ?
L’inquiétude qu’il était possible de percevoir dans ma voix était réelle. Et à voir la façon dont Elsa se mordit la lèvre en répondant, elle était également partagée.
- Non, dit-elle, les esprits ne m’ont jamais créé le moindre problème, et surtout pas Bruni et Courant d’Air. Ces boules de feu et ces bourrasques de vent venaient d’autre chose. Mais d’où, ça, je l’ignore…
Alors qu’il était jusque là resté tranquille derrière nous sans rien dire, Olaf vint se placer entre nous deux et couina.
- Ben moi j’ai trouvé ça vraiment effrayant ! J’espère que les Northuldra sauront ce que c’est !
- Il est trop tard pour rebrousser chemin, dit Elsa, nous serons bientôt à Arendelle et Anna nous attend. Les esprits sont là bas pour veiller sur les Northuldra. Ils ne craignent rien. Quant à nous, nous pourrons sûrement en savoir plus une fois au château.
Je remuai sur mon siège sans rien dire, légèrement mal à l’aise. De toute évidence, Elsa avait pleinement confiance en la capacité des esprits et des Northuldra à s’en sortir sans elle, mais quelque chose dans sa soudaine sérénité me dérangeait. C’était comme si le fait que l’attaque soit survenue juste après mon retour ne la surprenait pas. Mettait-elle cela sur mon compte ? Ou pire, pensait-elle que c’était ma faute ?
« Allez Yohan, sois pas parano mon vieux, elle a juste hâte de revoir sa soeur. » Cette pensée me paraissait la plus plausible, bien que je n’aurais pas su dire à cet instant si elle n’était pas plus une espérance qu’une hypothèse. Heureusement, le reste du voyage se déroula sans encombres. Nous discutâmes cependant longuement avec Elsa de ce qui venait de se passer, sans qu’aucun de nous ne puisse véritablement donner à cette attaque d’explication claire. Elsa en profita pour éclaircir certaines zones d’ombres du récit que m’avait fait Anna, et si il était tout naturel qu’elle semblât très impatiente de la revoir, leur nouvelle situation, chacune de leur côté, ne paraissait pas la déranger plus que cela. Je me rendis compte quelques heures plus tard qu’en effet, Elsa connaissait vraisemblablement très bien ces montagnes, car nous fûmes en vue d’Arendelle tôt dans la soirée. Ses raccourcis s’étaient apparement montrés très efficaces.
Nous arrivâmes sans problème jusqu’au royaume, et je pus même percevoir un grand sourire de contentement sur le visage d’Elsa lorsque le traineau y pénétra. Elle regardait de tous côtés avec un semblant d’excitation, comme si elle n’y était pas revenue depuis longtemps. C’était véritablement un bonheur que de la voir s’émerveiller sur les lumières de la ville, qui commençaient à poindre dans les maisons et les lampadaires à mesure que le soleil déclinait à l’horizon. Sven ralentit l’allure. Je préférais que le tout Arendelle ne se précipite pas sur Elsa dès son arrivée. Mieux valait lui laisser le temps de respirer. Hélas, à peine fûmes nous entrés dans la cour intérieure du château, arrêtant doucement le traineau, que Sven s’écroula à moitié sur le pavé, épuisé, alors qu’une voix stridente se fit entendre quelques mètres devant nous.
- ELSAAAAAAAAA !!!!!
Cette dernière eut tout juste le temps de se retourner, avant de voir arriver Anna. La jeune reine courait vers sa soeur comme une furie, les bras écartés, avec sur son visage le plus grand sourire que je lui avais jamais vu. Elle sauta au cou de sa soeur en criant, tandis que cette dernière lui rendait chaleureusement son étreinte.
- Je suis tellement heureuse que tu sois là !!! cria Anna, tu m’as tellement manqué t’imagines même pas !
Derrière elles, je restai sans rien dire, ne pouvant m’empêcher d’afficher un petit sourire satisfait. Si je n’avais certes pas été surpris de voir Anna faire bonne figure ces derniers temps, je la connaissais assez pour savoir qu’Elsa lui manquait effectivement beaucoup, et voir les deux soeurs si heureuses de se retrouver me mettait du baume au coeur. Nous étions de nouveau là, à Arendelle. Tous ensemble.
- Tu m’as manqué aussi petite soeur, souffla doucement Elsa, j’avais vraiment hâte de te revoir.
Et alors que nous nous regardions d’un air satisfait avec Olaf en voyant les deux soeurs s’enlacer, un grand cri se fit entendre derrière nous. Nous nous retournâmes, et vîmes arriver Kristoff. Ce dernier regardait Sven et son traineau d'un air effaré.
- Mais…mais…mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?! Yohan, qu’est-ce que tu as…
Il se coupa dans son élan en levant la tête, et se dirigea finalement vers Elsa pour aller la saluer.
- Oh, oui, bredouilla-t-il, oui bien sûr Elsa vous…vous êtes là. C’est…vraiment bon de vous revoir.
Elsa enlaça gentiment le montagnard, tandis que celui-ci jetait un regard désolé sur son traineau. À ses côtés, Anna semblait s’être rendue compte de l’état du véhicule, et nous regardait à présent avec des yeux ronds comme des soucoupes.
- Je suis désolée pour ton traineau Kristoff, dis-je d’un air penaud, et pour Sven. Nous avons été attaqués en venant.
À ces mots, Anna tourna vers sa soeur et moi un regard stupéfait.
- Attaqués ? couina-t-elle, mais par qui ?!
De son côté, Kristoff était allé s’occuper de Sven. Le renne était véritablement épuisé, et tenait à peine debout. Son ami le soutenait, et flattait son encolure en le rassurant. Il se leva finalement, et nous prévint qu’il l’emmenait aux écuries pour qu’il puisse se reposer. Je pus percevoir une pointe de lassitude dans sa voix.
- Nous ne le savons pas, répondit Elsa, mais nous allons bien Anna, ne t’en fais pas.
Au son de sa voix, je sus au moment où ces mots franchirent ses lèvres qu’elle n’aurait jamais mentionné sciemment l’attaque à sa soeur si je ne l’avais pas fait. Ainsi, elle n’avait pas changé sur ce point. Elle faisait toujours tout pour éviter à Anna de s’inquiéter. Mais je ne comprenais pas pourquoi l’attaque que nous avions subi semblait si peu intéresser Elsa. Je pouvais facilement comprendre qu’elle comptait profiter de sa soirée avec sa soeur loin de ses préoccupations habituelles, mais j’étais sûr que ce genre d’attaque à coups de boules de feu et de rafales de vents, elle ne les subissait pas tous les quatre matins. Et Anna s’inquiétait à présent.
- Mais enfin, vous avez été attaqués directement dans la montagne ?! Et à voir l’état du traineau, ça devait être une grosse attaque ?! Combien étaient-ils ?
Hélas, ce fut le moment que choisit Olaf pour intervenir.
- Oh y’avait personne, dit-il, on s’est juste pris des boules de feu et des gros coups de vent !
- Des boules de feu et des…Elsa, tu as un problème avec les esprits ?! s’inquiéta Anna
Mais sa soeur vint doucement lui prendre les mains avec un sourire, et se voulut rassurante.
- Anna, je vais bien, dit-elle calmement, nous allons tous bien. Tout va bien avec les esprits, ne t’en fais pas. Je suis sûre que cette attaque n’avait rien à voir avec eux. J’en parlerai aux Northuldra dès demain, et je trouverai ce qu’il s’est passé. En attendant, nous avons des devinettes qui nous attendent, n’est-ce pas ?
Ces mots eurent quelque peu l’effet escompté, car Anna sembla se rasséréner un peu, et répondit à sa soeur avec un sourire. Puis Kristoff revint, et nous fûmes tous invités à entrer dans le château, pour que la soirée puisse commencer. Néanmoins, lorsque Anna passa devant moi, elle me jeta un regard qui ne laissait aucun doute quant au dialogue silencieux que ses beaux yeux bleus entamaient.
« Tu m’en diras plus sur cette attaque ? » « Compte sur moi ».
La Reine d’Arendelle avait mis les petits plats dans les grands. Le petit salon où elle veillait habituellement le soir avait été richement décoré, avec des motifs en forme de flocons de neige qui ornaient la nappe recouvrant la petite table dressée, et sur laquelle se trouvait quantité de plats tous plus appétissants les uns que les autres. Un bon feu brûlait dans la cheminée, et l’atmosphère générale de la pièce m’apaisa quelque peu après les sensations fortes de l’attaque, qui n’étaient pas tout à fait retombées.
- Je nous ai fait faire du gâteau au chocolat, glissa Anna à sa soeur d’un air malicieux.
Elsa lui répondit par un grand sourire, et s’assit délicatement dans le canapé, où elle fut rejointe par Olaf. Puis, elle leva les yeux, jetant un regard circulaire à la pièce, et dit d’un air rieur:
- Ça ne fait pourtant pas si longtemps que j’ai rejoint les Northuldra, mais j’ai l’impression de n’être pas revenue ici depuis des lustres.
Anna alla s’asseoir auprès d’elle en levant les yeux au ciel, et se blottit contre sa soeur et Olaf en minaudant:
- Pourtant tu es venue le mois dernier. Mais ce n’est pas nouveau, le château fait très vide sans toi. Et je ne suis pas la seule à le penser.
Il me fallut quelques secondes d’un silence pesant pour comprendre que les deux femmes s’étaient tournées vers moi. Lorsque mon regard croisa les leurs, d’un air légèrement gêné, Anna partit d’un petit rire et me désigna une console à l’entrée de la pièce.
- Ne reste pas planté là Yohan, viens t’asseoir avec nous. Pose tes armes, enlève ton manteau et installe toi.
Plus qu’à attendre Kristoff, et nous pourrons commencer. Je m’exécutai sans discuter, et vint les rejoindre sur le canapé, où Anna se leva pour faire bouger Elsa.
- Tiens, dit-elle, Elsa va se décaler comme ça tu pourras te mettre à côté d’elle. J’espère que tu es fort aux jeux de sociétés !
Je soupirai. Non seulement j’étais très loin d’être le meilleur joueur de société du monde, mais je n’arrêtais pas de penser à l’homme que j’avais aperçu sur la colline, dans la montagne.
J’étais perdu. Y avait-il vraiment quelqu’un ou était-ce de nouveau mon esprit qui m’avait joué un tour ? Après tout, le voyage dimensionnel, depuis le temps que je le pratiquais, pouvait à la longue avoir des effets néfaste sur la psyché du sujet si celui-ci y était exposé trop longtemps ou trop de fois. Et avec tous les univers différents que j’avais visité ces cinq dernières années, je m’étonnais de n’être pas encore devenu complètement louf. Kristoff arriva quelques instants plus tard, et après nous avoir assuré que Sven allait bien et profitait d’un repos bien mérité, il noue rejoignit sur le canapé, venant se placer aux côtés d’Anna, la serrant contre lui. Dans l’ensemble, la soirée se déroula sans accroc. Et quand bien même il s’en serait trouvé, je n’y aurais probablement pas fait attention. Les pensées se bousculaient dans ma tête. Nous étions à présent tous réunis dans cette pièce, Anna, Elsa, Kristoff, Olaf et moi. Et nous jouions à des jeux. À cet instant, c’était presque comme si rien n’avait changé depuis la dernière fois. Sauf que…
Je ne pouvais m’empêcher de regarder Elsa. Sa beauté n’avait pas changé, mais rien que de la voir les cheveux détachés avait quelque chose de troublant. Et de toute évidence, il n’y avait pas que ses cheveux. Elle-même semblait détachée de beaucoup de choses à présent, et je n’arrivais pas à m’imaginer que la femme que j’avais connu autrefois, angoissée, nerveuse et en proie à de grandes questions existentielles, était la même que celle qui était maintenant assise à côté de moi, tranquille, rieuse, posée et détendue. Peut-être trop d’ailleurs. J’étais convaincu qu’il y avait quelque chose qu’Elsa ne me disait pas. Rester aussi tranquille, après avoir été attaquée quelques heures auparavant par une chose aussi dangereuse que mystérieuse, cela ne lui ressemblait pas. Mais peut-être avait-elle raison…peut-être faisait-elle cela pour Anna, pour ne pas l’inquiéter. Car en effet, je devais l’avouer, entourée de son fiancé, sa soeur et ses amis, la petite rousse semblait au comble de la félicité.
- Yohan ? Ouhouh ! C’est à toi de jouer !
Je m’éveillai brusquement de ma somnolence. Anna me tapait sur l’épaule d'un air boudeur.
- C’est ton tour, dit-elle, mais c’est pas juste de faire les filles contre les garçons, vous vous êtes trois et nous on est que deux.
- Oui enfin, jusque là, il nous a pas beaucoup aidé, ajouta Olaf
- Ok Ok, j’y vais.
Je me levai, saisissant un papier dans le panier que me tendait gracieusement Elsa. Je lus ce que je devais imiter dessus, et écarquillai les yeux. Comment diable allais-je imiter une chose pareille ? Je lançai un regard dubitatif à Kristoff et Olaf, et tentai de mimer. Je me sentais parfaitement ridicule à agiter les bras dans tous les sens en dodelinant des épaules, mais cela ne semblait pas gêner Olaf ni Kristoff, qui donnaient tout ce qu’ils avaient pour trouver la réponse.
- Un panda roux !
- Un mime !
- Une bûche !
- Un hôtel deux étoiles !
- Donald Duck !
- La lettre J !
- Le Canal de Suez !
- Un anachronisme !
- Le Jeu de l’Amour et du Hasard !
À côté d’eux, Anna pleurait de rire, et Elsa elle même semblait avoir beaucoup de mal à se retenir d’en faire autant. Puis, le dernier grain du sablier s’écoula.
- STOP ! cria Anna
Défait, je baissai enfin les bras en poussant un énorme soupir. Olaf me regarda en faisant la moue.
- Mais enfin Yohan, c’était quoi ça ?!
Je lui tendis le papier en vociférant.
- Ce qui est marqué là dessus imbécile ! Sérieusement ? le Big Bang ? Comment tu veux mimer un truc pareil ?!
- Oh moi j’aurais réussi, mais je voudrais pas risquer de mettre de la neige partout, dit Olaf
Je me rassis dans le canapé en grommelant tandis qu’Anna essuyait ses yeux larmoyants, puis Elsa se pencha vers moi avec un sourire amusé.
- Le Big Bang ? Eh bien moi j’ai trouvé ton imitation très convaincante Yohan.
- Je te remercie Elsa.
Le reste de la soirée se déroula sans encombres, si ce n’était que tous purent se rendre compte d’à quel point j’étais véritablement nul à toute forme de jeux de société. Aussi, je laissai rapidement tomber l’affaire, pour simplement profiter du moment. La nuit était pleinement tombée depuis un moment lorsqu’Anna bailla en ouvrant une mâchoire à effrayer un requin.
- Nous devrions aller nous coucher, dit Kristoff, tu as ton…ta réunion demain Anna.
- Tu as raison Kristoff. Et puis on s’est bien amusés non ?
Elsa lança un merveilleux sourire à sa soeur.
- C’était une magnifique soirée Anna. Cette dernière l’enlaça, puis, après avoir dit bonne nuit à Olaf, qui courut rejoindre Sven, nous sortîmes tous de la pièce, pour nous diriger vers nos chambres. Anna en avait fait préparer une spécialement pour Elsa, et nous mena à cette dernière. Cependant, nous vîmes la reine et Kristoff s’arrêter devant leur chambre, puis Anna se tourna vers Elsa et moi.
- Bien, Elsa ta chambre est dans le même couloir que celle de Yohan. Voici la clé. Yohan, tu sauras la lui montrer, ou alors tu peux demander à Kay.
Je hochai la tête, et Elsa répondit:
- Tu sais Anna, je connais toujours bien ce château. Mais vous, où allez vous ?
Je remarquai qu’elle s’adressait à Anna et Kristoff.
- Et bien, nous coucher, répondit simplement Anna.
- Mais…tous les deux ?
Elsa semblait surprise. Elle n’avait vraisemblablement pas été habituée à voir dormir sa soeur et son fiancé ensemble. Anna, elle, ne semblait pas comprendre, puis elle regarda soudain sa soeur d’un air désolé:
- Oh, tu aurais voulu qu’on dorme ensemble Elsa ? Je suis désolée, je n’avais pas prévu…
- Non, non non, la coupa Elsa, ne t’en fais pas Anna, ce n’est pas..enfin, je veux dire…non rien.
Bonne nuit à vous. Anna embrassa sa soeur et, après m’avoir adressé un petit signe de la main, disparut derrière la porte de sa chambre avec Kristoff. Je restai seul sur le seuil avec Elsa. Je l’invitai poliment à me suivre, puis nous prîmes la direction de nos chambres.
- Tu sais, dis-je au bout de quelques secondes, ça n’a rien de fou qu’Anna dorme avec Kristoff.
Elsa semblait avoir anticipé la réflexion, car elle me regarda d’un air soucieux mâtiné de doute.
- Je sais mais..mais ils ne sont…pas encore mariés.
- Et alors, dis-je en haussant les épaules, Anna est reine, elle est bien libre de dormir avec qui elle veut.
À mon grand étonnement, Elsa n’insista pas. Elle se contenta de marcher doucement à côté de moi. Elle paraissait surprise, mais la pensée d’Anna et Kristoff dormant au même lit ne semblait pas la déranger plus que de raison. Après tout, elle vivait à présent en pleine forêt, bien loin de toute préoccupation royale, et elle n’était pas du genre à s’immiscer dans les décisions et les choix de sa soeur si cette dernière ne le lui demandait pas. Cependant, son mutisme me paraissait cacher quelque chose. Je me tournai vers elle.
- Alors…qu’est-ce que tu comptes faire ?
- À propos de quoi ? s’enquit-elle
Je la regardai en haussant un sourcil. Nous étions presque arrivés à nos chambres, mais je ne comptais pas lâcher le morceau si facilement.
- De ce qui s’est passé dans la montagne. Je sais que tu ne veux pas inquiéter Anna, mais moi, ça me semble quand même assez préoccupant cette histoire. Surtout si c’est la première fois que tu as affaire à un truc pareil. Tu es sûre que les esprits n’ont rien à voir là dedans ?
- Oui j’en suis sûre, dit simplement Elsa, et tu as raison, cela me préoccupe. Mais Anna doit déjà avoir suffisamment à faire ici et je ne veux pas lui donner matière à s’inquiéter d’autres tâches que les siennes. Je sais à quel point le titre de reine d’Arendelle peut être lourd à porter, et je ne veux pas lui compliquer la tâche.
- Mais…
- Elle a son rôle désormais. Et j’ai le mien. Je suis sûre que nous saurons nous débrouiller toutes les deux.
Elle avait dit cela sans aucune animosité ni autorité, mais je ne pus m’empêcher d’être mal à l’aise. Et lorsque nous nous arrêtâmes devant ma chambre, alors que je posais ma main sur la poignée, je ne pus résister à l’envie de demander:
- Et moi Elsa…quel est mon rôle à présent ?
Face à moi, la belle blonde me regarda sans paraître comprendre.
- Que veux-tu dire ?
- Anna est reine, et toi tu es le Cinquième Esprit. Vous avez trouvé vos voies respectives. C’est très bien. Mais moi, qu’est-ce que je deviens ? Anna dit qu’elle a encore besoin de moi, mais je la connais, je suis sûre qu’elle fera un merveilleux travail en tant que reine. Pourquoi aurait-elle encore besoin de mes services ? Quant à toi…tu n’as…plus besoin de personne à présent.
J’étais totalement sincère dans mes paroles, et pourtant, je me pris à les regretter, lorsque je vis soudain les traits d’Elsa se durcir. Il me sembla que je l’avais légèrement vexée. Aussi, ce fut avec une pointe de déception dans la voix qu’elle demanda:
- C’est ce que tu penses ?
Sans répondre, je hochai légèrement la tête. Il ne servait à rien de mentir. Heureusement, Elsa n’avait pas l’air de m’en vouloir. Elle retrouva un air doux, et j’eus à nouveau droit à un merveilleux sourire lorsqu’elle me répondit:
- Eh bien tu as tort. Et Anna a raison. Je sais qu’elle fera du très bon travail, mais je sais aussi qu’elle pourra toujours compter sur toi. Tout comme Kristoff ou Olaf. Et moi aussi. Tu sais, j’étais sincère quand je disais que j’étais heureuse de te revoir.
- Je n’en doute pas Elsa mais…
- Tu es notre ami Yohan. Avec ou sans moi, tu auras toujours ta place à Arendelle.
Étrangement, entendre Elsa me répéter ces paroles ne me détendait pas. N’y tenant plus, je soupirai, et regardait l’ancienne reine dans les yeux.
- Arendelle n’est…pas la même sans toi Elsa.
Pendant quelques secondes, je craignis sa réaction. J’avais peur d’avoir été trop sincère. Pourtant, Elsa semblait ravie. Elle prenait véritablement la mesure à cet instant qu’elle était associée à son ancien royaume, pour moi comme beaucoup d’autres personnes, et pour elle qui avait passé toute sa vie dans la crainte de n’y être pas acceptée, ces mots devaient sonner comme une délivrance.
- C’est exactement ce que nous nous sommes dit avec Anna lorsque tu es parti, répondit-elle finalement.
Je la regardai d’un air stupéfait. Le pensait-elle réellement, ou disait-elle cela juste pour me rassurer ? Je me plus à penser que la première option était la bonne.
- Mais tout ça appartient au passé, continua-t-elle, maintenant tu es là pour m’aider à nouveau.
J’étais époustouflé par ses paroles. Quand Elsa était-elle devenue si sage ? Si pragmatique ? À cet instant, au delà de sa grande beauté, je la voyais véritablement telle qu’elle était désormais. Lors de mon départ, j’avais quitté une jeune fille, tout juste sortie de l’adolescence. À présent, je retrouvai une jeune femme, libre et épanouie. Et cela me plaisait.
- T’aider ? demandai-je
- Bien sûr, répondit-elle en souriant, je compte sur toi pour m’aider à trouver d’où venait cette attaque.
Je sentis un large sourire étirer mon visage, comme une réponse au sien. Ma réponse ne tarda pas.
- Et tu as bien raison Elsa ! On va trouver qui a fait ça ! Ensemble !
- Oui…là je te retrouve, dit-elle.
Je n’eus alors pas immédiatement conscience d’être resté quelques instants à sourire béatement sans rien dire, jusqu’à ce qu’Elsa murmure finalement:
- Bon, et bien…bonne nuit ?
Je repris mes esprits, et bredouillai:
- Hein ? Oh ! Oui ! Oui, bonne nuit Elsa ! On…on se voit demain matin !
Sans mot dire, la jeune femme acquiesça, et me laissa là. Je la vis entrer dans sa chambre après m’avoir adressé un dernier signe de la main. Je sentis un léger sentiment de redite par rapport à la nuit précédente au village Northuldra, avec toutefois une différence de taille.
Pour la première fois depuis que j’étais revenu en Arendelle, je m’endormis en toute sérénité, heureux et impatient, le visage radieux et les douces paroles de la Reine des Neiges imprimés dans mon esprit.
Avant toute chose, on commence par se sortir de la m*rde. Et on verra le reste plus tard...
Chapitre 8: Les jeux sont faits
Je tirai de toutes mes forces sur les rênes pour aider Sven à remettre le traîneau droit. Effrayé par l’attaque, l’animal avait brusquement viré sur la droite, et le véhicule avait presque failli se retrouver allongé sur le côté. Toujours assise à côté de moi, Elsa se cramponnait à la rambarde du traineau, regardant derrière elle, les yeux plissés pour essayer d’apercevoir l’endroit d’où provenait l’énorme boule de feu.
« Elsa c’était quoi ça ?! Ça lui arrive souvent de péter les plombs, à l’esprit du feu ?!
- Bruni n’y est pour rien, répondit la jeune femme.
Derrière nous, Olaf se redressa.
- Quoi ?! s’écria-t-il, mais si c’est pas Bruni, c’est…
- ATTENTION !!!
Heureusement, je parvins cette fois à faire virer Sven et le traineau, lorsqu’une deuxième boule de feu explosa sur la route à côté de nous, tout juste à quelques centimètres de nos roues. Je grimaçai. Il tenait déjà du miracle que nous n’ayons pas pris feu avec la première, si une autre de ces flammes parvenait à embraser le traineau, j’ignorais complètement comment nous allions rentrer à Arendelle. Si tant était que nous soyons alors toujours en vie.
- Elsa, qu’est-ce qui se passe ?! criai-je
Je tournai la tête, et remarquai qu’Elsa avait de nouveau détaché ses cheveux. Elle semblait pensive, et ses yeux regardaient de tous côtés, comme si elle cherchait quelque chose.
- Je ne sais pas, dit-elle, mais je suis sûre que ce n’est pas Bruni. Ses flammes sont violettes, celles-ci sont rouges !
Une troisième boule de feu passa juste au dessus de ma tête alors que je pressai Sven d’accélérer la cadence. Pourtant, alors que devant moi le renne semblait donner tout ce qu’il avait, je sentais étrangement le traineau ralentir. Autour de nous le paysage défilait moins lentement, et je sentis soudain face à moi une bourrasque de vent qui me pris en pleine face, et commença à faire reculer le traineau, ainsi que Sven, nous rendant moins mobiles, et donc bien plus vulnérables aux attaques de feu !
À côté de moi, Elsa se leva. Olaf, lui, s’était recroquevillé à l’intérieur du traineau et semblait avoir décidé de ne plus bouger.
- Elsa ! Qu’est-ce que tu fais ?! Pourquoi on ralentit ?!
Sans me regarder, la Reine des Neiges alla se poster à l’arrière du traineau, et je vis ses mains luire d’une lueur bleutée.
- Ça n’a rien à voir avec les esprits, dit-elle, dis à Sven de continuer d’avancer, je vais nous aider !
- Okk, mais fais attention aux…WOW !!!!
La boule de feu suivante ne rata Elsa que de très peu. Levant les mains, la jeune femme gela le projectile de flammes, et elle balança une trombe de neige à l’arrière du traineau, visant la route. La puissance du flux de glace propulsa le traineau, qui, aidé par Sven de l’autre côté, regagna bientôt sa vitesse. Je pestai intérieurement. Je savais qu’il valait mieux ne pas me retourner, mais savoir Elsa exposée et vulnérable à l’arrière ne me plaisait pas. Elle était clairement en vue de toutes les saloperies qui pouvaient nous tomber dessus par l’arrière, sans compter que la pluie de flammes continuait de s’abattre sur le traineau. Elsa faisait tout ce qu’elle pouvait pour nous empêcher d’être touchés, mais je ne pouvais pas la laisser faire indéfiniment, elle allait finir par fatiguer.
- Elsa ! hurlai-je, tiens bon je vais t’aider !
- NON ! cria-t-elle, dirige le traineau, je vais…
Elle ne put finir sa phrase, et dut se rattraper comme elle put à l’arrière du traineau, car une formidable bourrasque de vent s’abattit sur ce dernier. Je vis s’envoler plusieurs lattes de bois à côté de moi dans un craquement sinistre. À l’avant, Sven avait toutes les peines du monde à avancer convenablement. Tâchant tant bien que mal de tenir les rênes, je pouvais littéralement voir le traineau autour de moi partir en planches de bois. Le vent était intenable, et Elsa ne pouvait plus nous protéger des attaques de l’arrière, trop occupée à se cramponner de toutes ses forces pour ne pas être éjectée du traineau. Quelle était donc cette chose qui nous prenait en chasse, si puissante qu’elle en donnait du fil à retordre à Elsa ?
J’aurais du me poser normalement la question, mais à cet instant, connaître sa nature était le dernier de mes soucis. Nous nous dirigions droit vers un lac. Je me tournai vers Elsa et Olaf.
- Okk tout le monde on s’accroche ! Je vais devoir tourner fort si on veut pas finir dans le lac !
Mais à ma grande surprise, je vis Elsa écarquiller les yeux.
- Un lac ? Un…non, Yohan ne tourne pas !
- Quoi ? Comment ça ?
- Fonce ! Droit sur le lac !
- Quoi ?! Mais Elsa t’as pété les plombs ? On va…
- Tout droit Yohan ! Fais moi confiance !
Je fis claquer les rênes pour que Sven double l’allure. Elsa avait dit les mots magiques. Si elle voulait que je fonce sur le lac, c’était qu’elle devait avoir une bonne raison. Et oui, je lui faisais confiance. Toujours. Quelques secondes plus tard, je manquai de lâcher la bride de Sven lorsqu’une autre bourrasque de vent, plus violente que la précédente, arracha les planches du traineau sur ma gauche. Je sentis Elsa derrière moi venir se placer à mes côtés. Elle était toujours debout. Toujours recroquevillé au fond du traineau, Olaf semblait la regarder comme s’il la voyait pour la première fois. Une boule de feu brûlant me frôla la tête, et Elsa dut l’esquiver brusquement en s’accrochant aux quelques planches de bois que le vent n’avait pas emporté à l’avant du traineau. Je levai doucement la tête, et aperçut le projectile de flammes atterrir au milieu du lac. Nous y étions presque.
- Elsa, criai-je, j’espère que tu sais ce que tu fais, sinon on va finir en…
La Reine des Neiges se pencha alors vers moi, posant sa main sur son épaule.
- Lorsque je te le dirai, tu feras virer Sven et le traineau de toutes tes forces sur la gauche Yohan.
- Hein ? Mais tu m’as dit que…bon, d’accord, et toi, tu vas faire quoi ?
Je n’avais véritablement aucune idée de ce qu’Elsa prévoyait de faire. Je crus véritablement qu’elle se payait ma tête lorsqu’elle répondit, un demi sourire aux lèvres.
- Je vais sauter dans le lac.
- QUOI ?! Mais enfin Elsa c’est…
Je fus coupé par une énième boule de feu, qui cette fois percuta l’arrière du traineau de plein fouet. Entendant le hurlement d’Olaf derrière moi, je sus que le véhicule avait pris feu. Je pouvais désormais sentir la chaleur des flammes dans mon dos. À côté de moi, Elsa avait fléchi ses jambes. Elle se préparait à sauter.
- On va tous mourir !!! cria Olaf en s’accrochant à moi.
- Olaf ! Qu’est-ce que tu fais ?! Comment tu veux que je…
- MAINTENANT !!! cria Elsa. Reprenant mes esprits, je tirai de toutes mes forces sur les rênes, en hurlant:
- SVEN !!! À GAUCHE !!! À GAUUUUCHE !!!
Toujours accroché à mon dos, Olaf criait à s’en briser les cordes vocales. Je crus un instant que Sven ne m’avait pas entendu. Mais au moins, il avait senti les rênes tirer. Manquant presque de tomber, l’animal vira brusquement sur la gauche, ses sabots touchant quasiment l’eau du lac dans son virage. Je souris. L’ami de Kristoff avait encore du ressort. Puis Elsa sauta.
Déployant son corps, elle émit un long sifflement et se jeta dans le lac d’un bond, les jambes en avant. Et alors que je me retournai pour tenter de voir ce qu’elle tentait de faire, je vis ce qui semblait être un grand cheval sortir du lac, crevant la surface de l’eau dans de grandes gerbes d’écume. Et avant que je ne comprenne ce qui venait de se passer, Elsa atterrit droit sur l’étrange créature, et, gelant instantanément le lac, enfourcha la bestiole, avant d’arriver vers le traineau au grand galop. Elle fut instantanément visée par une boule de feu, mais la jeune femme n’eut qu’à lever la main pour projeter une gerbe de glace et s’en débarrasser. De notre côté, le traineau se consumait toujours. Je commençais à sentir l’odeur de bois brulé dans mes narines, et alors que Olaf et moi nous apprêtions dans quelques instants à avoir littéralement le feu au cul, Elsa leva la main, utilisant l’autre pour tenir la bride gelée qu’elle avait enroulée autour du cheval d’eau, et lança un jet de glace qui, non content d’éteindre totalement le feu, vint consolider l’intégralité de l’arrière du traineau. Voyant cela, Olaf sembla se sentir revigoré, et sauta de joie en regardant derrière nous:
- Ouais !!! Elsa t’es la meilleure !! C’est vraiment trop génia…
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase, une boule de feu venant s’écraser entre nous et Elsa, qui chevauchait à présent à toute vitesse à nos côtés. Du coin de l’oeil, je remarquai que son cheval ne semblait plus fait d’eau, mais scintillait à présent sous la chaleur des flammes comme s’il avait été entièrement taillé dans la glace la plus résistante du monde. Je tirai sur les rênes de Sven pour remettre le traineau en place, mais je sentis alors soudainement ces dernières s’échapper de mes mains. Durant quelques secondes, je ne compris pas ce qui se passait, puis Olaf hurla. Je me sentis alors soulevé du siège avant du traineau où j’étais assis, et je vis la terre s’éloigner. Le traineau était en train de s’élever dans les airs sous la force du vent ! Je tentai de résister de toutes mes forces, mais ce dernier était trop fort. Je lâchai la bride, et me sentis m’envoler brusquement dans les airs, loin du traineau.
- OH NON NON NON ! OH C’EST PAS VRAI !!!!!
J’avais l’impression d’être emporté dans une tornade. Je me sentais m’élever haut dans le ciel, violemment porté par le vent. Agitant les bras de toutes mes forces, je me débattais comme un beau diable, tout en sachant pertinemment que cela ne me servait à rien. Je ne comprenais rien du tout à ce qui était en train de m’arriver. Mais alors que j’étais à deux doigts de vomir à force d’être bringuebalé dans tous les sens, je tournai la tête, et écarquillai les yeux. Devant moi, sur le bord droit des gorges que le traineau était en train de traverser, se tenait une forme sombre.
Debout, les mains en l’air, on aurait clairement dit un homme, qui se tenait là comme s’il nous regardait. Pourtant, à voir les grands gestes qu’il esquissait avec ses bras, j’étais convaincu qu’il n’était pas étranger au déluge de saloperies magiques et mortelles qui nous tombait dessus depuis quelques instants. Hélas, j’aurais été à cet instant bien en peine de dire de qui il s’agissait, car tout ce que je pouvais distinguer en étant emporté par le vent comme une poupée de chiffon était une sombre silhouette noire. Je clignai des yeux, et quelques secondes plus tard, cette dernière avait disparu. Je n’eus même pas le temps d’écarquiller les yeux de surprise, que je sentis le vent s’arrêter, et je commençai à chuter dangereusement vers le sol.
- OH NON m*rde m*rde MEEEEERDE !!!
Je voyais le sol et le traineau se rapprocher à une vitesse très peu rassurante, et je me pris presque à me dire que je préférais m'écraser sur le sol plutôt que sur le véhicule de bois bardé de pointes de glace, lorsque je vis Elsa bondir de son étrange cheval. Rapide comme l’éclair, ce dernier redevint une étrange forme d’eau, et lorsque le traineau passa à côté d’une simple flaque, il se jeta d’un seul coup dedans, et disparut.
Elsa, elle, atterrit gracieusement sur le traineau, à côté d’Olaf, et leva les bras en l’air, effectuant des gestes millimétrés avec ses mains. Un toboggan de glace sembla alors s’élever dans les airs, et vint me cueillir dans ma chute. Hurlant de toutes mes forces, je me sentis glisser en tourbillonnant sur la glace, jusqu’à atterrir lourdement, assis sur le siège avant du traineau, aux côtés d’Elsa qui tenait à présent la bride de Sven. Le déluge de vent et de flammes semblait s’être arrêté. Désormais à moitié constitué de glace, le traineau poursuivait sa route comme si de rien n’était. Raide comme un piquet et claquant des dents sous l’effet de l’adrénaline et du stress, je me tournai vers Elsa. Elle était essoufflée, ses cheveux étaient de nouveau détachés, et elle avait véritablement l’air très inquiète.
- Elsa…ce…c’était…c’était quoi ça ?!
- Je ne sais pas, répondit-elle, je n’ai jamais vu une chose pareille.
Derrière nous, Olaf couina.
- Mais enfin, pourquoi Bruni et Courant d’Air t’attaqueraient ? Ça n’a aucun sens !
- Ce n’était pas eux, dit Elsa, jamais ils ne feraient ça. C’est bien ce qui m’inquiète. Je ne sais pas ce que c’était, mais ça n’avait aucun rapport avec les esprits.
Toujours tremblant comme une feuille, j’articulai difficilement.
- Il…il y avait un homme. Sur la colline.
Elsa se tourna vers moi. Ses beaux yeux ne semblaient pas effrayés ni paniqués, mais on pouvait clairement y lire une profonde incompréhension.
- Un homme ? Qui ?
- Je ne sais pas, fus-je obligé de reconnaître, je n’ai pas vu son visage.
À mon grand soulagement, la jeune femme n’insista pas, et resta silencieuse. Pendant les longues minutes qui suivirent, elle se contenta de guider Sven et le traineau à travers la montagne, murée dans un silence qui me faisait presque frémir. Je l’observai discrètement. Elle paraissait sereine, étrangement calme, comme si elle affrontait tous les quatre matins le genre d’ennuis qui venait de nous tomber dessus. Cette sérénité éveillait en moi des sentiments contraires. Elsa n’était jamais aussi belle que lorsqu’elle affichait un air calme et déterminé, mais je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que cette nouvelle vie chez les Northuldra avait changé en elle. La veille au soir, rien de ce que j’y avais vu n’avait laissé entrevoir les tourments et questions habituels qui étaient les siens lors de mon premier voyage. Et si j’étais plus qu’heureux de la voir épanouie et tranquille, je me rendais compte finalement qu’à la différence de sa soeur, je connaissais assez peu Elsa.
Mais il n’était pas temps de se questionner sur nos relations. Nous venions d’être attaqués par Dieu savait quoi, et Elsa s’était montrée plus rapide et efficace que jamais dans ses réactions. Dire que j’étais impressionné était un doux euphémisme.
- C’était…c’était vraiment incroyable ce que tu as fait tout à l’heure, dis-je au bout de quelques instants, brisant le silence après un bref raclement de gorge.
Elsa tourna la tête vers moi, et, affichant un demi sourire, répondit:
- En 3 ans, j’ai eu tout le temps que je voulais pour apprendre à maîtriser mes pouvoirs. Même dans des circonstances que je n’aurais pas vu venir.
Je restai sans répondre quelques instants, puis demandai:
- Tu as déjà eu affaire à ce genre de choses ?
L’inquiétude qu’il était possible de percevoir dans ma voix était réelle. Et à voir la façon dont Elsa se mordit la lèvre en répondant, elle était également partagée.
- Non, dit-elle, les esprits ne m’ont jamais créé le moindre problème, et surtout pas Bruni et Courant d’Air. Ces boules de feu et ces bourrasques de vent venaient d’autre chose. Mais d’où, ça, je l’ignore…
Alors qu’il était jusque là resté tranquille derrière nous sans rien dire, Olaf vint se placer entre nous deux et couina.
- Ben moi j’ai trouvé ça vraiment effrayant ! J’espère que les Northuldra sauront ce que c’est !
- Il est trop tard pour rebrousser chemin, dit Elsa, nous serons bientôt à Arendelle et Anna nous attend. Les esprits sont là bas pour veiller sur les Northuldra. Ils ne craignent rien. Quant à nous, nous pourrons sûrement en savoir plus une fois au château.
Je remuai sur mon siège sans rien dire, légèrement mal à l’aise. De toute évidence, Elsa avait pleinement confiance en la capacité des esprits et des Northuldra à s’en sortir sans elle, mais quelque chose dans sa soudaine sérénité me dérangeait. C’était comme si le fait que l’attaque soit survenue juste après mon retour ne la surprenait pas. Mettait-elle cela sur mon compte ? Ou pire, pensait-elle que c’était ma faute ?
« Allez Yohan, sois pas parano mon vieux, elle a juste hâte de revoir sa soeur. » Cette pensée me paraissait la plus plausible, bien que je n’aurais pas su dire à cet instant si elle n’était pas plus une espérance qu’une hypothèse. Heureusement, le reste du voyage se déroula sans encombres. Nous discutâmes cependant longuement avec Elsa de ce qui venait de se passer, sans qu’aucun de nous ne puisse véritablement donner à cette attaque d’explication claire. Elsa en profita pour éclaircir certaines zones d’ombres du récit que m’avait fait Anna, et si il était tout naturel qu’elle semblât très impatiente de la revoir, leur nouvelle situation, chacune de leur côté, ne paraissait pas la déranger plus que cela. Je me rendis compte quelques heures plus tard qu’en effet, Elsa connaissait vraisemblablement très bien ces montagnes, car nous fûmes en vue d’Arendelle tôt dans la soirée. Ses raccourcis s’étaient apparement montrés très efficaces.
Nous arrivâmes sans problème jusqu’au royaume, et je pus même percevoir un grand sourire de contentement sur le visage d’Elsa lorsque le traineau y pénétra. Elle regardait de tous côtés avec un semblant d’excitation, comme si elle n’y était pas revenue depuis longtemps. C’était véritablement un bonheur que de la voir s’émerveiller sur les lumières de la ville, qui commençaient à poindre dans les maisons et les lampadaires à mesure que le soleil déclinait à l’horizon. Sven ralentit l’allure. Je préférais que le tout Arendelle ne se précipite pas sur Elsa dès son arrivée. Mieux valait lui laisser le temps de respirer. Hélas, à peine fûmes nous entrés dans la cour intérieure du château, arrêtant doucement le traineau, que Sven s’écroula à moitié sur le pavé, épuisé, alors qu’une voix stridente se fit entendre quelques mètres devant nous.
- ELSAAAAAAAAA !!!!!
Cette dernière eut tout juste le temps de se retourner, avant de voir arriver Anna. La jeune reine courait vers sa soeur comme une furie, les bras écartés, avec sur son visage le plus grand sourire que je lui avais jamais vu. Elle sauta au cou de sa soeur en criant, tandis que cette dernière lui rendait chaleureusement son étreinte.
- Je suis tellement heureuse que tu sois là !!! cria Anna, tu m’as tellement manqué t’imagines même pas !
Derrière elles, je restai sans rien dire, ne pouvant m’empêcher d’afficher un petit sourire satisfait. Si je n’avais certes pas été surpris de voir Anna faire bonne figure ces derniers temps, je la connaissais assez pour savoir qu’Elsa lui manquait effectivement beaucoup, et voir les deux soeurs si heureuses de se retrouver me mettait du baume au coeur. Nous étions de nouveau là, à Arendelle. Tous ensemble.
- Tu m’as manqué aussi petite soeur, souffla doucement Elsa, j’avais vraiment hâte de te revoir.
Et alors que nous nous regardions d’un air satisfait avec Olaf en voyant les deux soeurs s’enlacer, un grand cri se fit entendre derrière nous. Nous nous retournâmes, et vîmes arriver Kristoff. Ce dernier regardait Sven et son traineau d'un air effaré.
- Mais…mais…mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?! Yohan, qu’est-ce que tu as…
Il se coupa dans son élan en levant la tête, et se dirigea finalement vers Elsa pour aller la saluer.
- Oh, oui, bredouilla-t-il, oui bien sûr Elsa vous…vous êtes là. C’est…vraiment bon de vous revoir.
Elsa enlaça gentiment le montagnard, tandis que celui-ci jetait un regard désolé sur son traineau. À ses côtés, Anna semblait s’être rendue compte de l’état du véhicule, et nous regardait à présent avec des yeux ronds comme des soucoupes.
- Je suis désolée pour ton traineau Kristoff, dis-je d’un air penaud, et pour Sven. Nous avons été attaqués en venant.
À ces mots, Anna tourna vers sa soeur et moi un regard stupéfait.
- Attaqués ? couina-t-elle, mais par qui ?!
De son côté, Kristoff était allé s’occuper de Sven. Le renne était véritablement épuisé, et tenait à peine debout. Son ami le soutenait, et flattait son encolure en le rassurant. Il se leva finalement, et nous prévint qu’il l’emmenait aux écuries pour qu’il puisse se reposer. Je pus percevoir une pointe de lassitude dans sa voix.
- Nous ne le savons pas, répondit Elsa, mais nous allons bien Anna, ne t’en fais pas.
Au son de sa voix, je sus au moment où ces mots franchirent ses lèvres qu’elle n’aurait jamais mentionné sciemment l’attaque à sa soeur si je ne l’avais pas fait. Ainsi, elle n’avait pas changé sur ce point. Elle faisait toujours tout pour éviter à Anna de s’inquiéter. Mais je ne comprenais pas pourquoi l’attaque que nous avions subi semblait si peu intéresser Elsa. Je pouvais facilement comprendre qu’elle comptait profiter de sa soirée avec sa soeur loin de ses préoccupations habituelles, mais j’étais sûr que ce genre d’attaque à coups de boules de feu et de rafales de vents, elle ne les subissait pas tous les quatre matins. Et Anna s’inquiétait à présent.
- Mais enfin, vous avez été attaqués directement dans la montagne ?! Et à voir l’état du traineau, ça devait être une grosse attaque ?! Combien étaient-ils ?
Hélas, ce fut le moment que choisit Olaf pour intervenir.
- Oh y’avait personne, dit-il, on s’est juste pris des boules de feu et des gros coups de vent !
- Des boules de feu et des…Elsa, tu as un problème avec les esprits ?! s’inquiéta Anna
Mais sa soeur vint doucement lui prendre les mains avec un sourire, et se voulut rassurante.
- Anna, je vais bien, dit-elle calmement, nous allons tous bien. Tout va bien avec les esprits, ne t’en fais pas. Je suis sûre que cette attaque n’avait rien à voir avec eux. J’en parlerai aux Northuldra dès demain, et je trouverai ce qu’il s’est passé. En attendant, nous avons des devinettes qui nous attendent, n’est-ce pas ?
Ces mots eurent quelque peu l’effet escompté, car Anna sembla se rasséréner un peu, et répondit à sa soeur avec un sourire. Puis Kristoff revint, et nous fûmes tous invités à entrer dans le château, pour que la soirée puisse commencer. Néanmoins, lorsque Anna passa devant moi, elle me jeta un regard qui ne laissait aucun doute quant au dialogue silencieux que ses beaux yeux bleus entamaient.
« Tu m’en diras plus sur cette attaque ? » « Compte sur moi ».
La Reine d’Arendelle avait mis les petits plats dans les grands. Le petit salon où elle veillait habituellement le soir avait été richement décoré, avec des motifs en forme de flocons de neige qui ornaient la nappe recouvrant la petite table dressée, et sur laquelle se trouvait quantité de plats tous plus appétissants les uns que les autres. Un bon feu brûlait dans la cheminée, et l’atmosphère générale de la pièce m’apaisa quelque peu après les sensations fortes de l’attaque, qui n’étaient pas tout à fait retombées.
- Je nous ai fait faire du gâteau au chocolat, glissa Anna à sa soeur d’un air malicieux.
Elsa lui répondit par un grand sourire, et s’assit délicatement dans le canapé, où elle fut rejointe par Olaf. Puis, elle leva les yeux, jetant un regard circulaire à la pièce, et dit d’un air rieur:
- Ça ne fait pourtant pas si longtemps que j’ai rejoint les Northuldra, mais j’ai l’impression de n’être pas revenue ici depuis des lustres.
Anna alla s’asseoir auprès d’elle en levant les yeux au ciel, et se blottit contre sa soeur et Olaf en minaudant:
- Pourtant tu es venue le mois dernier. Mais ce n’est pas nouveau, le château fait très vide sans toi. Et je ne suis pas la seule à le penser.
Il me fallut quelques secondes d’un silence pesant pour comprendre que les deux femmes s’étaient tournées vers moi. Lorsque mon regard croisa les leurs, d’un air légèrement gêné, Anna partit d’un petit rire et me désigna une console à l’entrée de la pièce.
- Ne reste pas planté là Yohan, viens t’asseoir avec nous. Pose tes armes, enlève ton manteau et installe toi.
Plus qu’à attendre Kristoff, et nous pourrons commencer. Je m’exécutai sans discuter, et vint les rejoindre sur le canapé, où Anna se leva pour faire bouger Elsa.
- Tiens, dit-elle, Elsa va se décaler comme ça tu pourras te mettre à côté d’elle. J’espère que tu es fort aux jeux de sociétés !
Je soupirai. Non seulement j’étais très loin d’être le meilleur joueur de société du monde, mais je n’arrêtais pas de penser à l’homme que j’avais aperçu sur la colline, dans la montagne.
J’étais perdu. Y avait-il vraiment quelqu’un ou était-ce de nouveau mon esprit qui m’avait joué un tour ? Après tout, le voyage dimensionnel, depuis le temps que je le pratiquais, pouvait à la longue avoir des effets néfaste sur la psyché du sujet si celui-ci y était exposé trop longtemps ou trop de fois. Et avec tous les univers différents que j’avais visité ces cinq dernières années, je m’étonnais de n’être pas encore devenu complètement louf. Kristoff arriva quelques instants plus tard, et après nous avoir assuré que Sven allait bien et profitait d’un repos bien mérité, il noue rejoignit sur le canapé, venant se placer aux côtés d’Anna, la serrant contre lui. Dans l’ensemble, la soirée se déroula sans accroc. Et quand bien même il s’en serait trouvé, je n’y aurais probablement pas fait attention. Les pensées se bousculaient dans ma tête. Nous étions à présent tous réunis dans cette pièce, Anna, Elsa, Kristoff, Olaf et moi. Et nous jouions à des jeux. À cet instant, c’était presque comme si rien n’avait changé depuis la dernière fois. Sauf que…
Je ne pouvais m’empêcher de regarder Elsa. Sa beauté n’avait pas changé, mais rien que de la voir les cheveux détachés avait quelque chose de troublant. Et de toute évidence, il n’y avait pas que ses cheveux. Elle-même semblait détachée de beaucoup de choses à présent, et je n’arrivais pas à m’imaginer que la femme que j’avais connu autrefois, angoissée, nerveuse et en proie à de grandes questions existentielles, était la même que celle qui était maintenant assise à côté de moi, tranquille, rieuse, posée et détendue. Peut-être trop d’ailleurs. J’étais convaincu qu’il y avait quelque chose qu’Elsa ne me disait pas. Rester aussi tranquille, après avoir été attaquée quelques heures auparavant par une chose aussi dangereuse que mystérieuse, cela ne lui ressemblait pas. Mais peut-être avait-elle raison…peut-être faisait-elle cela pour Anna, pour ne pas l’inquiéter. Car en effet, je devais l’avouer, entourée de son fiancé, sa soeur et ses amis, la petite rousse semblait au comble de la félicité.
- Yohan ? Ouhouh ! C’est à toi de jouer !
Je m’éveillai brusquement de ma somnolence. Anna me tapait sur l’épaule d'un air boudeur.
- C’est ton tour, dit-elle, mais c’est pas juste de faire les filles contre les garçons, vous vous êtes trois et nous on est que deux.
- Oui enfin, jusque là, il nous a pas beaucoup aidé, ajouta Olaf
- Ok Ok, j’y vais.
Je me levai, saisissant un papier dans le panier que me tendait gracieusement Elsa. Je lus ce que je devais imiter dessus, et écarquillai les yeux. Comment diable allais-je imiter une chose pareille ? Je lançai un regard dubitatif à Kristoff et Olaf, et tentai de mimer. Je me sentais parfaitement ridicule à agiter les bras dans tous les sens en dodelinant des épaules, mais cela ne semblait pas gêner Olaf ni Kristoff, qui donnaient tout ce qu’ils avaient pour trouver la réponse.
- Un panda roux !
- Un mime !
- Une bûche !
- Un hôtel deux étoiles !
- Donald Duck !
- La lettre J !
- Le Canal de Suez !
- Un anachronisme !
- Le Jeu de l’Amour et du Hasard !
À côté d’eux, Anna pleurait de rire, et Elsa elle même semblait avoir beaucoup de mal à se retenir d’en faire autant. Puis, le dernier grain du sablier s’écoula.
- STOP ! cria Anna
Défait, je baissai enfin les bras en poussant un énorme soupir. Olaf me regarda en faisant la moue.
- Mais enfin Yohan, c’était quoi ça ?!
Je lui tendis le papier en vociférant.
- Ce qui est marqué là dessus imbécile ! Sérieusement ? le Big Bang ? Comment tu veux mimer un truc pareil ?!
- Oh moi j’aurais réussi, mais je voudrais pas risquer de mettre de la neige partout, dit Olaf
Je me rassis dans le canapé en grommelant tandis qu’Anna essuyait ses yeux larmoyants, puis Elsa se pencha vers moi avec un sourire amusé.
- Le Big Bang ? Eh bien moi j’ai trouvé ton imitation très convaincante Yohan.
- Je te remercie Elsa.
Le reste de la soirée se déroula sans encombres, si ce n’était que tous purent se rendre compte d’à quel point j’étais véritablement nul à toute forme de jeux de société. Aussi, je laissai rapidement tomber l’affaire, pour simplement profiter du moment. La nuit était pleinement tombée depuis un moment lorsqu’Anna bailla en ouvrant une mâchoire à effrayer un requin.
- Nous devrions aller nous coucher, dit Kristoff, tu as ton…ta réunion demain Anna.
- Tu as raison Kristoff. Et puis on s’est bien amusés non ?
Elsa lança un merveilleux sourire à sa soeur.
- C’était une magnifique soirée Anna. Cette dernière l’enlaça, puis, après avoir dit bonne nuit à Olaf, qui courut rejoindre Sven, nous sortîmes tous de la pièce, pour nous diriger vers nos chambres. Anna en avait fait préparer une spécialement pour Elsa, et nous mena à cette dernière. Cependant, nous vîmes la reine et Kristoff s’arrêter devant leur chambre, puis Anna se tourna vers Elsa et moi.
- Bien, Elsa ta chambre est dans le même couloir que celle de Yohan. Voici la clé. Yohan, tu sauras la lui montrer, ou alors tu peux demander à Kay.
Je hochai la tête, et Elsa répondit:
- Tu sais Anna, je connais toujours bien ce château. Mais vous, où allez vous ?
Je remarquai qu’elle s’adressait à Anna et Kristoff.
- Et bien, nous coucher, répondit simplement Anna.
- Mais…tous les deux ?
Elsa semblait surprise. Elle n’avait vraisemblablement pas été habituée à voir dormir sa soeur et son fiancé ensemble. Anna, elle, ne semblait pas comprendre, puis elle regarda soudain sa soeur d’un air désolé:
- Oh, tu aurais voulu qu’on dorme ensemble Elsa ? Je suis désolée, je n’avais pas prévu…
- Non, non non, la coupa Elsa, ne t’en fais pas Anna, ce n’est pas..enfin, je veux dire…non rien.
Bonne nuit à vous. Anna embrassa sa soeur et, après m’avoir adressé un petit signe de la main, disparut derrière la porte de sa chambre avec Kristoff. Je restai seul sur le seuil avec Elsa. Je l’invitai poliment à me suivre, puis nous prîmes la direction de nos chambres.
- Tu sais, dis-je au bout de quelques secondes, ça n’a rien de fou qu’Anna dorme avec Kristoff.
Elsa semblait avoir anticipé la réflexion, car elle me regarda d’un air soucieux mâtiné de doute.
- Je sais mais..mais ils ne sont…pas encore mariés.
- Et alors, dis-je en haussant les épaules, Anna est reine, elle est bien libre de dormir avec qui elle veut.
À mon grand étonnement, Elsa n’insista pas. Elle se contenta de marcher doucement à côté de moi. Elle paraissait surprise, mais la pensée d’Anna et Kristoff dormant au même lit ne semblait pas la déranger plus que de raison. Après tout, elle vivait à présent en pleine forêt, bien loin de toute préoccupation royale, et elle n’était pas du genre à s’immiscer dans les décisions et les choix de sa soeur si cette dernière ne le lui demandait pas. Cependant, son mutisme me paraissait cacher quelque chose. Je me tournai vers elle.
- Alors…qu’est-ce que tu comptes faire ?
- À propos de quoi ? s’enquit-elle
Je la regardai en haussant un sourcil. Nous étions presque arrivés à nos chambres, mais je ne comptais pas lâcher le morceau si facilement.
- De ce qui s’est passé dans la montagne. Je sais que tu ne veux pas inquiéter Anna, mais moi, ça me semble quand même assez préoccupant cette histoire. Surtout si c’est la première fois que tu as affaire à un truc pareil. Tu es sûre que les esprits n’ont rien à voir là dedans ?
- Oui j’en suis sûre, dit simplement Elsa, et tu as raison, cela me préoccupe. Mais Anna doit déjà avoir suffisamment à faire ici et je ne veux pas lui donner matière à s’inquiéter d’autres tâches que les siennes. Je sais à quel point le titre de reine d’Arendelle peut être lourd à porter, et je ne veux pas lui compliquer la tâche.
- Mais…
- Elle a son rôle désormais. Et j’ai le mien. Je suis sûre que nous saurons nous débrouiller toutes les deux.
Elle avait dit cela sans aucune animosité ni autorité, mais je ne pus m’empêcher d’être mal à l’aise. Et lorsque nous nous arrêtâmes devant ma chambre, alors que je posais ma main sur la poignée, je ne pus résister à l’envie de demander:
- Et moi Elsa…quel est mon rôle à présent ?
Face à moi, la belle blonde me regarda sans paraître comprendre.
- Que veux-tu dire ?
- Anna est reine, et toi tu es le Cinquième Esprit. Vous avez trouvé vos voies respectives. C’est très bien. Mais moi, qu’est-ce que je deviens ? Anna dit qu’elle a encore besoin de moi, mais je la connais, je suis sûre qu’elle fera un merveilleux travail en tant que reine. Pourquoi aurait-elle encore besoin de mes services ? Quant à toi…tu n’as…plus besoin de personne à présent.
J’étais totalement sincère dans mes paroles, et pourtant, je me pris à les regretter, lorsque je vis soudain les traits d’Elsa se durcir. Il me sembla que je l’avais légèrement vexée. Aussi, ce fut avec une pointe de déception dans la voix qu’elle demanda:
- C’est ce que tu penses ?
Sans répondre, je hochai légèrement la tête. Il ne servait à rien de mentir. Heureusement, Elsa n’avait pas l’air de m’en vouloir. Elle retrouva un air doux, et j’eus à nouveau droit à un merveilleux sourire lorsqu’elle me répondit:
- Eh bien tu as tort. Et Anna a raison. Je sais qu’elle fera du très bon travail, mais je sais aussi qu’elle pourra toujours compter sur toi. Tout comme Kristoff ou Olaf. Et moi aussi. Tu sais, j’étais sincère quand je disais que j’étais heureuse de te revoir.
- Je n’en doute pas Elsa mais…
- Tu es notre ami Yohan. Avec ou sans moi, tu auras toujours ta place à Arendelle.
Étrangement, entendre Elsa me répéter ces paroles ne me détendait pas. N’y tenant plus, je soupirai, et regardait l’ancienne reine dans les yeux.
- Arendelle n’est…pas la même sans toi Elsa.
Pendant quelques secondes, je craignis sa réaction. J’avais peur d’avoir été trop sincère. Pourtant, Elsa semblait ravie. Elle prenait véritablement la mesure à cet instant qu’elle était associée à son ancien royaume, pour moi comme beaucoup d’autres personnes, et pour elle qui avait passé toute sa vie dans la crainte de n’y être pas acceptée, ces mots devaient sonner comme une délivrance.
- C’est exactement ce que nous nous sommes dit avec Anna lorsque tu es parti, répondit-elle finalement.
Je la regardai d’un air stupéfait. Le pensait-elle réellement, ou disait-elle cela juste pour me rassurer ? Je me plus à penser que la première option était la bonne.
- Mais tout ça appartient au passé, continua-t-elle, maintenant tu es là pour m’aider à nouveau.
J’étais époustouflé par ses paroles. Quand Elsa était-elle devenue si sage ? Si pragmatique ? À cet instant, au delà de sa grande beauté, je la voyais véritablement telle qu’elle était désormais. Lors de mon départ, j’avais quitté une jeune fille, tout juste sortie de l’adolescence. À présent, je retrouvai une jeune femme, libre et épanouie. Et cela me plaisait.
- T’aider ? demandai-je
- Bien sûr, répondit-elle en souriant, je compte sur toi pour m’aider à trouver d’où venait cette attaque.
Je sentis un large sourire étirer mon visage, comme une réponse au sien. Ma réponse ne tarda pas.
- Et tu as bien raison Elsa ! On va trouver qui a fait ça ! Ensemble !
- Oui…là je te retrouve, dit-elle.
Je n’eus alors pas immédiatement conscience d’être resté quelques instants à sourire béatement sans rien dire, jusqu’à ce qu’Elsa murmure finalement:
- Bon, et bien…bonne nuit ?
Je repris mes esprits, et bredouillai:
- Hein ? Oh ! Oui ! Oui, bonne nuit Elsa ! On…on se voit demain matin !
Sans mot dire, la jeune femme acquiesça, et me laissa là. Je la vis entrer dans sa chambre après m’avoir adressé un dernier signe de la main. Je sentis un léger sentiment de redite par rapport à la nuit précédente au village Northuldra, avec toutefois une différence de taille.
Pour la première fois depuis que j’étais revenu en Arendelle, je m’endormis en toute sérénité, heureux et impatient, le visage radieux et les douces paroles de la Reine des Neiges imprimés dans mon esprit.
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"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
Re: Frozen: Épris dans la glace
Mer 29 Jan 2020, 12:19
Et ben, le début était bien secouant Mais malgré les descriptions, j'avais un peu de mal à visualiser l'action
Impatient de voir aussi ce qu'ont Sivert et Morten en tête pour oser s'attaquer au Cinquième Esprit
Et les anachronismes fallait oser
Enfin bref, j'ai bien aimé et je reste patient pour découvrir la suite
Impatient de voir aussi ce qu'ont Sivert et Morten en tête pour oser s'attaquer au Cinquième Esprit
Et les anachronismes fallait oser
Enfin bref, j'ai bien aimé et je reste patient pour découvrir la suite
- AnsaAdmin
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mer 29 Jan 2020, 12:24
Un très long chapitre bien maîtrisé.
Le suspense de la première moitié de chapitre sur la poursuite infernale est très très bien écrit. On a du mystère quant à ses "esprits" qui attaquent et je trouve ça très cool !
Pour la seconde moitié, j'ai beaucoup apprécié le petit clin d'oeil du "Jeu de l'amour et du hasard" lors de la séance devinettes. Les descriptions font qu'une fois de plus on arrive facilement à visualiser ce qui est en train de se passer et c'est une bonne chose.
Enfin, je ne peux pas poster le commentaire sans parler de la relation Anna/ Kristoff qui est bien illustrée dans ton chapitre. Je trouve ça mignon et protecteur la façon dont Elsa réagit vis à vis du fait qu'ils dorment ensemble. Elsa pensant que sa soeur est prude, Elsa pensant que sa soeur attend le mariage... Eh bah non
Bon et enfin ce côté self-control du personnage d'Elsa est intriguant. J'aime beaucoup ce nouvel aspect. Par contre le personnage de Yohan pleurnichard "Je sers à rien et blablabla". Il a pas 5 ans m*rde ! Donne lui des couilles Surtout qu'on a vu dans la première partie de ton chapitre et dans les autres qu'il était tout à fait utile
Un très bon chapitre une fois de plus
Le suspense de la première moitié de chapitre sur la poursuite infernale est très très bien écrit. On a du mystère quant à ses "esprits" qui attaquent et je trouve ça très cool !
Pour la seconde moitié, j'ai beaucoup apprécié le petit clin d'oeil du "Jeu de l'amour et du hasard" lors de la séance devinettes. Les descriptions font qu'une fois de plus on arrive facilement à visualiser ce qui est en train de se passer et c'est une bonne chose.
Enfin, je ne peux pas poster le commentaire sans parler de la relation Anna/ Kristoff qui est bien illustrée dans ton chapitre. Je trouve ça mignon et protecteur la façon dont Elsa réagit vis à vis du fait qu'ils dorment ensemble. Elsa pensant que sa soeur est prude, Elsa pensant que sa soeur attend le mariage... Eh bah non
Bon et enfin ce côté self-control du personnage d'Elsa est intriguant. J'aime beaucoup ce nouvel aspect. Par contre le personnage de Yohan pleurnichard "Je sers à rien et blablabla". Il a pas 5 ans m*rde ! Donne lui des couilles Surtout qu'on a vu dans la première partie de ton chapitre et dans les autres qu'il était tout à fait utile
Un très bon chapitre une fois de plus
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mer 29 Jan 2020, 12:54
chapitre à deux vitesses.
Une partie action une partie calme.
Dans les deux cas elles sont maîtrisées.
Je pense que tu as dû bien prendre ton pied dans la première partie pour montrer une Elsa bien badass qui tient tête aux Esprits chinois (bah oui les contrefaçons...)
Pour les devinettes on sent que tu t'es creusé la soupière pour nous prondre des anachronismes bien pourris mais qui font mouche...Mais tu perds quand même un Frozen point pour ça
Pour ce qui est du rendez-vous d'Anna...Je la verras bien en thérapie avec Freud la bougresse! (oui je sais...Freud c'est un peu trop tôt mais puisque tu es parti dans les anachronismes...)
Bon maintenant j'attends le match retour entre les esprits chinois et la blonde à domicile!
Une partie action une partie calme.
Dans les deux cas elles sont maîtrisées.
Je pense que tu as dû bien prendre ton pied dans la première partie pour montrer une Elsa bien badass qui tient tête aux Esprits chinois (bah oui les contrefaçons...)
Pour les devinettes on sent que tu t'es creusé la soupière pour nous prondre des anachronismes bien pourris mais qui font mouche...Mais tu perds quand même un Frozen point pour ça
Pour ce qui est du rendez-vous d'Anna...Je la verras bien en thérapie avec Freud la bougresse! (oui je sais...Freud c'est un peu trop tôt mais puisque tu es parti dans les anachronismes...)
Bon maintenant j'attends le match retour entre les esprits chinois et la blonde à domicile!
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mer 29 Jan 2020, 13:02
Merci à vous trois pour ces gentils commentaires ! Et pour revenir sur deux trois observations:
J'ai prévu un développement assez particulier pour Anna dans cette histoire, je pense que tu vas apprécier...
C'est vrai que, depuis qu'il est arrivé, il se plaint beaucoup. Mais rassure-toi, plus qu'un manque de couilles, c'est surtout de la peur. Et il a une très bonne raison d'avoir peur, de craindre les changements qu'il observe chez les deux soeurs, et chez Elsa en particulier. Tout cela sera explicité dans les prochains chapitres...
Alors, non, ne t'en fais pas pour elle, de tous les persos en présence, Anna est celle qui aurait le moins besoin d'une thérapie à l'heure actuelle ! La nouvelle Reine d'Arendelle sait parfaitement ce qu'elle fait...pour l'instant.
Ansa a écrit:Elsa pensant que sa soeur est prude, Elsa pensant que sa soeur attend le mariage... Eh bah non
J'ai prévu un développement assez particulier pour Anna dans cette histoire, je pense que tu vas apprécier...
Ansa a écrit: Par contre le personnage de Yohan pleurnichard "Je sers à rien et blablabla". Il a pas 5 ans m*rde ! Donne lui des couilles
C'est vrai que, depuis qu'il est arrivé, il se plaint beaucoup. Mais rassure-toi, plus qu'un manque de couilles, c'est surtout de la peur. Et il a une très bonne raison d'avoir peur, de craindre les changements qu'il observe chez les deux soeurs, et chez Elsa en particulier. Tout cela sera explicité dans les prochains chapitres...
Frantzoze a écrit:Pour ce qui est du rendez-vous d'Anna...Je la verras bien en thérapie avec Freud la bougresse!
Alors, non, ne t'en fais pas pour elle, de tous les persos en présence, Anna est celle qui aurait le moins besoin d'une thérapie à l'heure actuelle ! La nouvelle Reine d'Arendelle sait parfaitement ce qu'elle fait...pour l'instant.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 30 Jan 2020, 16:34
Ok, j'ai rien dis, je pensais pas que Sivert était aussi puissant, il se débrouille incroyablement bien le bougre ! Bon certes il est bien caché pour attaquer, mais je ne lui imaginais pas un tel pouvoir, j’applaudis l'artiste.En tout cas la première partie du chapitre était riche en action et très bien menée. Mais surtout, bon sang cette Elsa à la fois agile et puissante, on ressent bien toute la maîtrise de ses pouvoirs.
J'ai bien aimée aussi la deuxième partie, mais je reconnais qu'Elsa est beaucoup trop calme selon moi. Tout de même, elle se fait attaquer par quelque chose de très semblable aux esprits, ne pas paniquer c'est une chose, mais un soupçon d'inquiétude serait quand même de rigueur, non ? Oh mon Dieu, à moins qu'elle est prit la grosse tête avec son nouveau statut et qu'elle va commencer à se prendre pour une déesse ! Bon c'est très peu probable, mais je me méfie toujours de l'effet que le pouvoir peut avoir sur les gens
Trêve de digression ce petit moment de gêne entre les deux sœurs, ça m'a bien fait rire. De manière général ce moment de calme après toute cette agitation était très sympathique à suivre, même si c'est toujours le calme avant la tempête. Je me demande toujours cependant quelles sont ces réunions auxquelles assistent Anna, si ça trouve c'est quelque chose d'absolument pas grave, mais dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle le cacherait ? Attendez une seconde...mille million de mille sabord ! Elle dort avec Kristoff, il a l'air d'être le seul (pour l'instant) au courant de ces fameuses réunions...ne me dit pas que...
Par contre, Yohan va devoir faire attention, ça va commencer à se voir qu'il est complètement gaga d'Elsa ...comment ça c'est ironique venant de moi ?! Que celui qui a dit ça se dénonce !
En tout cas encore un très bon chapitre, vivement la suite !
J'ai bien aimée aussi la deuxième partie, mais je reconnais qu'Elsa est beaucoup trop calme selon moi. Tout de même, elle se fait attaquer par quelque chose de très semblable aux esprits, ne pas paniquer c'est une chose, mais un soupçon d'inquiétude serait quand même de rigueur, non ? Oh mon Dieu, à moins qu'elle est prit la grosse tête avec son nouveau statut et qu'elle va commencer à se prendre pour une déesse ! Bon c'est très peu probable, mais je me méfie toujours de l'effet que le pouvoir peut avoir sur les gens
Trêve de digression ce petit moment de gêne entre les deux sœurs, ça m'a bien fait rire. De manière général ce moment de calme après toute cette agitation était très sympathique à suivre, même si c'est toujours le calme avant la tempête. Je me demande toujours cependant quelles sont ces réunions auxquelles assistent Anna, si ça trouve c'est quelque chose d'absolument pas grave, mais dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle le cacherait ? Attendez une seconde...mille million de mille sabord ! Elle dort avec Kristoff, il a l'air d'être le seul (pour l'instant) au courant de ces fameuses réunions...ne me dit pas que...
- Théorie farfelue numéro 2214:
- Anna est enceinte !
Par contre, Yohan va devoir faire attention, ça va commencer à se voir qu'il est complètement gaga d'Elsa ...comment ça c'est ironique venant de moi ?! Que celui qui a dit ça se dénonce !
En tout cas encore un très bon chapitre, vivement la suite !
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 30 Jan 2020, 17:14
Lhysender a écrit:Ok, j'ai rien dis, je pensais pas que Sivert était aussi puissant, il se débrouille incroyablement bien le bougre ! Bon certes il est bien caché pour attaquer, mais je ne lui imaginais pas un tel pouvoir, j’applaudis l'artiste
Alors ouais, Sivert est puissant. Cela dit, il a eu de longues années pour étudier les esprit. Et ironiquement, c'est l'arrivée d'Elsa qui a en partie révélé Bruni et Courant d'Air au grand jour et a donc permis à Sivert de les observer en profondeur pour s'approprier leurs pouvoirs. Et il fallait un personnage avec des pouvoirs assez puissants pour rivaliser avec Elsa. Mais autant dire que tu n'as encore rien vu...
Concernant ta "théorie farfelue", alors non, ces "réunions" n'ont rien à voir avec une éventuelle grossesse d'Anna. Ce qui ne veut pas dire que Anna n'est pas enceinte non plus. Peut-être qu'elle l'est, va savoir....
Quant aux sentiments de Yohan envers Elsa...disons que pour l'instant, il se pose la question de leur nature. Et il devrait très vite avoir la réponse...
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 30 Jan 2020, 18:59
J'ai beaucoup aimé ce dernier chapitre en particulier !
La poursuite est décrite de façon à ce que j'ai bien réussi à me l'imaginer ! J'ai hâte de voir ce que ce Sivert a imaginé pour la suite car il ne va pas en rester là je suppose...
Par contre oui le fait que Elsa a l'air de totalement passé au dessus du fait qu'on l'a attaque...ben c'est un peu étrange quand même. Je veux dire ok elle est puissante et badass mais quand même...ah moins qu'elle en sait déjà plus que ce qu'elle dit ?
On saura bientôt quelles sont les fameuses réunions d'Anna ? Ça me perturbe ^^
Sinon j'attend le moment où Yohan avoue enfin qu'il est totalement fou d'Elsa et qu'elle l'envoie gentiment bouler... à moins que
La poursuite est décrite de façon à ce que j'ai bien réussi à me l'imaginer ! J'ai hâte de voir ce que ce Sivert a imaginé pour la suite car il ne va pas en rester là je suppose...
Par contre oui le fait que Elsa a l'air de totalement passé au dessus du fait qu'on l'a attaque...ben c'est un peu étrange quand même. Je veux dire ok elle est puissante et badass mais quand même...ah moins qu'elle en sait déjà plus que ce qu'elle dit ?
On saura bientôt quelles sont les fameuses réunions d'Anna ? Ça me perturbe ^^
Sinon j'attend le moment où Yohan avoue enfin qu'il est totalement fou d'Elsa et qu'elle l'envoie gentiment bouler... à moins que
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Jeu 30 Jan 2020, 20:38
Et on remercie Firewalk, qui me permet avec ce commentaire de confirmer définitivement mon titre de Légende d'Arendelle sur le forum ! En effet, c'est avec une profonde fierté, et un immense plaisir, que je vous annonce que CE MESSAGE EST MON 1000ÈME SUR LE FORUM !!!!! MERCI À VOUS TOUS DE M'AVOIR PERMIS UNE TELLE IMPLICATION ! 6 ANS APRÈS, IL ÉTAIT TEMPS !!! Bref, merci !
Revenons en aux réponses:
Elsa a-t-elle jamais été du genre à révéler clairement ce qu'elle avait sur le coeur ? D'ailleurs...
Il faut parfois quelques petites secousses pour avouer ce qu'on ressent. Et avant de l'avouer à l'autre, il faut se l'avouer soi-même...
Oui. Vous le saurez. Mais est-ce que ce sera "bientôt", ça...peut-être au prochain chapitre. Ou peut-être pas.
Revenons en aux réponses:
Firewalk a écrit:Par contre oui le fait que Elsa a l'air de totalement passé au dessus du fait qu'on l'a attaque...ben c'est un peu étrange quand même. Je veux dire ok elle est puissante et badass mais quand même...ah moins qu'elle en sait déjà plus que ce qu'elle dit ?
Elsa a-t-elle jamais été du genre à révéler clairement ce qu'elle avait sur le coeur ? D'ailleurs...
Firewalk a écrit: j'attend le moment où Yohan avoue enfin qu'il est totalement fou d'Elsa et qu'elle l'envoie gentiment bouler... à moins que
Il faut parfois quelques petites secousses pour avouer ce qu'on ressent. Et avant de l'avouer à l'autre, il faut se l'avouer soi-même...
Firewalk a écrit:On saura bientôt quelles sont les fameuses réunions d'Anna ?
Oui. Vous le saurez. Mais est-ce que ce sera "bientôt", ça...peut-être au prochain chapitre. Ou peut-être pas.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 07 Fév 2020, 23:06
Et voilà le chapitre 9 ! Les choses sérieuses commencent ! Il est temps d'arrêter de se mentir et de prendre les choses en main...et avec une petite chanson en prime !
Enjoy !
Le lendemain matin, ma bonne humeur était toujours là. Et alors que je prenais mon habituelle position « semi-relevé » juste après m’être réveillé, pour me remettre du trop violent effort que je venais de faire, je fis rapidement le point sur la situation, le sourire aux lèvres: Elsa était revenue au château et elle allait bien, de même qu’Anna. Nous étions de nouveau tous réunis au même endroit, et tout semblait aller pour le mieux en Arendelle. Mais quelques secondes tout juste après que cette pensée me soit venue à l’esprit, une autre vint aussitôt la remplacer. Et dans mon esprit, je revisualisai à travers mes yeux encore endormis l’attaque de la veille. Cet homme, perché sur la colline, qui faisait s’abattre sur Elsa et moi une pluie de feu et de vent violent. Le traineau qui s’élevait dans les airs. Elsa qui chevauchait un étrange cheval de glace (probablement le Nokk dont elle m’avait parlé au village Northuldra)…tout cela me revint en mémoire et mes pensées s’assombrirent.
De ce que m’avait dit Elsa, elle n’avait jamais rien connu de pareil depuis qu’elle était dans la forêt. Était-il possible que ce soit mon arrivée qui ait encore tout détraqué à Arendelle ? Je me levai en m’étirant, et après avoir fait un brin de toilette, attaché mes cheveux et m’être habillé, je sortis de ma chambre. Il ne devait pas être très tard, mais à en juger par le grand soleil qui filtrait à travers les rares fenêtres du couloir, je ne m’étais pas levé aux aurores non plus. Me tournant vers la chambre d’Elsa, j’eus un instant l’idée d’aller y frapper, mais je me ravisai: elle n’était peut-être pas réveillée ou présentable et je ne voulais pas la déranger. Je pris donc la direction de la cour, sans toutefois savoir ce que j’allais y faire. Je ne savais pas où était Anna, ni si elle avait besoin de moi. Mais après tout, j’étais toujours l’Escorte Royale et je me devais d’être à ses côtés le plus souvent possible.
En passant près d’une fenêtre ouverte, je me souvins que selon les dires de Kristoff, Anna devait participer ce matin à une réunion d’importance. Et je n’y étais pas. « À force de jouer l’escorte qui ne l’escorte jamais, pensai-je, je vais vraiment finir par passer pour un que je peux pas me permettre de passer pour ». Alors que je commençai à m’inquiéter de savoir si Anna n’allait pas tarder à me reprocher de ne jamais être à ses côtés, comme j’avais pu l’être avec Elsa lorsque j’étais son escorte, je sursautai brusquement en entendant un hurlement bourru en contrebas, dans la cour:
« ALLEZ MA GROSSE TATA ! C’EST LE MOMENT DE VOUS FAIRE BICHONNER ! »
Je souris en reconnaissant les beuglements si caractéristiques de Kristian, le Maître d’Armes d’Arendelle. Bien qu’il ne soit plus de première jeunesse, il appréciait visiblement encore les entrainements musclés, à base de bonnes grosses insultes bien grasses pour se mettre en jambe. Je hâtai le pas, bien content de n’être pas parmi les pauvres soldats qui devaient être en train de subir son entrainement, puis traçai ma route jusqu’à passer devant la bibliothèque du château. À mon grand étonnement, je la trouvai ouverte. Désirant satisfaire ma curiosité, j’y passai la tête.
Elsa était assise à une table, entourée d’un amas de livres, de cartes et de journaux. Bien qu’elle portât sa robe blanche, une couverture était posée sur ses épaules. Je poussai doucement la porte alors qu’un sourire éclairait mon visage.
« Bonjour Elsa ! la saluai-je respectueusement
La jeune femme leva la tête vers moi, et je restai coi en voyant ses yeux. Et cette fois, ce n’était pas pour leur beauté, mais bien pour les gigantesques cernes que l’on pouvait y distinguer. Néanmoins, Elsa me répondit tout de même avec un sourire.
- Bonjour Yohan.
Stupéfait, je jetai un oeil à la scène. Elle avait une couverture sur les épaules, des cernes monstrueux, et une petite lanterne éteinte était posée sur la table, à côté de la pile de livres. Nul besoin de s’appeler Sherlock Holmes pour comprendre.
- Elsa tu…tu as passé la nuit ici ?!
Je vis l’ancienne reine d’Arendelle bailler en mettant respectueusement sa main devant ses lèvres, et elle répondit:
- Oui. Je n’avais pas beaucoup de temps avant de repartir chez les Northuldra, il fallait bien que je le mette à profit.
Je la regardai sans comprendre. Qu’y avait-il de si important pour qu’elle n’en dorme pas de la nuit ? Je tirai doucement une chaise.
- Peu de temps mais…peu de temps pour quoi ?
Elsa jeta un regard sur tous les livres ouverts devant elle. Elle paraissait véritablement épuisée.
- Il fallait bien que je cherche des réponses sur l’incident d’hier.
Je suis sûr que le regard fataliste que je lui jetai à cet instant était plus qu’explicite. J’étais presque rassuré. Ainsi elle n’avait pas tant changé. Elle était toujours capable de s’inquiéter d’un problème au point de n’en pas dormir de la nuit, enfermée dans la bibliothèque. Je soupirai, et m’assis à côté d’elle.
- Et donc, tu as passé la nuit ici, sans même chercher à dormir…
Comme d’ordinaire, la bibliothèque était vide de monde. Il me paraissait clair que personne n’était venu déranger Elsa. Cette dernière me répondit d’une voix blanche, sans cesser de trier et manipuler les nombreux documents posés devant elle.
- Si, j’ai dormi pendant une heure ou deux. Je ne saurais pas dire.
- Incident ou pas, répliquai-je, je suis sûr qu’Anna ne serait pas ravie d’apprendre que tu t’épuises à faire des nuits blanches quand tu viens la voir.
À ces mots, je vis Elsa redresser la tête. Je pus alors lire la peur et l’inquiétude dans ses yeux fatigués.
- Surtout ne lui dis rien Yohan ! s’écria-t-elle, je ne lui ai pas donné plus de détails sur cette attaque, je ne veux pas en plus qu’elle s’inquiète pour moi !
- Tu sais qu’elle s’inquiètera toujours pour toi.
La jeune femme eut un petit sourire, puis reporta son attention sur ses feuilles et ses livres. La plupart étaient de lourds volumes qui traitaient au choix de l’histoire et la géographie du royaume, ainsi que des légendes du pays Northuldra, réelles ou fictives. Il y avait également des cartes, des schémas et des dessins. Je ne savais pas Elsa si portée sur la recherche. Je remarquai qu’elle avait pris de nombreuses notes.
- Alors ? demandai-je, qu’ont donné tes recherches ? J’espère au moins que tu n’es pas restée éveillée toute la nuit pour rien.
Au sourire qu’elle me tendit, je sus qu’elle avait tout de même réussi à se montrer productive et efficace.
- J’ai commencé par chercher si cela pouvait tout de même avoir un lien avec les esprits, on ne sait jamais. Il est possible que je sois…enfin que je ne sache pas…
Elle n’avait pas besoin de continuer pour que je sache immédiatement ce à quoi elle pensait, aussi la rassurai-je sans attendre.
- Je suis sûr que tu fais un Cinquième Esprit formidable Elsa. Ne pars pas du principe que tu y es forcément pour quelque chose…
- Je n’ai pas dit ça, répondit Elsa, je dis juste que c’est une possibilité.
Elle déplaça une pile de feuilles et me présenta un grand livre ouvert. La page que me montra Elsa représentait de grandes fresques où des hommes et des femmes côtoyaient ce que je reconnus comme étant Bruni. On pouvait également y voir dans un coin le Nokk dont elle s’était servi pendant l’attaque, ainsi que d’étranges bonhommes de pierre. Mais ce ne fut pas cela qui attira mon attention.
- Ce sont des Northuldra ? demandai-je
- Oui, acquiesça Elsa, leur peuple est présent dans ces montagnes depuis bien plus longtemps que nous, et apparemment ils ont toujours côtoyé les esprits. Je pointai du doigt l’un des Northuldra représentés sur la fresque.
- Mais attends…celui-là…on dirait qu’il fait du feu avec ses doigts. Et lui, il a l’air de faire voler des pierres !
À mes côtés, Elsa sourit d’un air satisfait. Je venais vraisemblablement de confirmer ses recherches.
- Exactement, dit-elle, apparemment les Northuldra ont su utiliser la magie, fut un temps.
Je la regardai d’un air confus.
- Mais enfin…Anna et toi m’avez dit que…
- Qu’ils n’en font pas, en effet. Ou du moins…ils n’en font plus », conclut Elsa.
Nous échangeâmes un regard perplexe. Pour elle comme pour moi, il avait toujours été admis que les Northuldra ne connaissaient pas la magie. Qu’ils se servaient simplement des esprits de la nature comme partenaires occasionnels et bien pratiques pour leur vie quotidienne. Était-il possible que tout cela ne soit pas entièrement vrai ? Que les Northuldra aient un jour pratiqué la magie, ainsi que l’avait fait Elsa toute sa vie ? Et s’ils connaissaient la magie, alors pourquoi auraient-il eu besoin d’un Cinquième Esprit pour lier les quatre autres ?
« Ça n’a aucun sens, dis-je d’un air confus en me grattant la tête, si les Northuldra connaissaient la magie, comment ont-ils décemment pu l’oublier ? Ça ne se transmet pas de génération en génération ce truc ?
- Ce n’est pas impossible, répondit Elsa, mais ce n’est pas obligatoire non plus. Je suis née avec des pouvoirs, mais ma mère et Anna n’en ont eu aucun.
À vrai dire, elle n’avait pas l’air de s’inquiéter plus que ça concernant sa situation et son rôle de Cinquième Esprit. En revanche, si comme moi, elle faisait un rapprochement entre l’attaque et le fait que les Northuldra aient un jour eu accès à la magie, alors peut-être avait-elle là de bonnes raisons de s’en inquiéter.
- Tu m’as bien dit que tu avais vu un homme durant l’attaque ? s’enquit finalement la jeune femme.
- Oui, mais je ne peux rien affirmer, répondis-je simplement en me levant, tu crois que c’était un Northuldra ? Un qui aurait des raisons de t’en vouloir et qui connaîtrait la magie ?
À ces mots, je sentis Elsa se crisper, et m’en voulus instantanément. Je ne voulais pas la froisser ou l’inquiéter plus que de raison. Pourtant, je la vis discrètement commencer à se tordre les mains et se mordiller légèrement la lèvre, ainsi qu’elle le faisait lorsqu’elle était stressée. Et bien qu’elle fut absolument magnifique lorsqu’elle faisait ça, la voir dans cet état ne me plaisait pas. Voyant qu’elle ne me répondait pas, je lui tendis la main pour l’aider à se lever. Elle la prit de bonne grâce (me faisant légèrement frissonner au passage au contact de la douceur de sa paume) et se releva, le livre à la main. Puis nous entreprîmes de mettre de l’ordre dans tous les documents qu’elle avait laissé trainer un peu partout. Lorsque cela fut fait, je jetai un oeil dans les gigantesques rayons de la bibliothèque royale, et demandai:
- Tu viens souvent ici quand tu es au château ?
- Disons que je n’ai pas accès à beaucoup de lecture chez les Northuldra, répondit Elsa, et ils ne sont pas particulièrement bavards sur les histoires de leur peuple. C’est comme si…
Elle s’arrêta, et je pus voir à son air songeur que quelque chose semblait la travailler.
- Comme si quoi ?
- C’est comme si ils avaient peur de quelque chose, acheva Elsa, mais ça ne peut pas être des esprits. Ni…ni de…
- Ni de toi, la coupai-je en voyant instantanément ce qu’elle avait en tête, mais de quoi alors ?
Finalement, Elsa haussa rapidement les épaules, et avoua:
- Je ne sais pas. Mais j’ai bien l’intention de tenter d’en savoir plus dès que je serai rentrée. Quitte à interroger Ahtohallan.
Je me tournai vers elle avec une expression de concentration, comme si je cherchais dans ma mémoire. J’avais déjà entendu ce nom quelque part.
- Ahtohallan c’est…la rivière de glace c’est ça ?
Elsa acquiesça.
- Absolument. C’est un endroit magnifique. Je te le montrerai, à l’occasion. J’y retourne dès ce soir, quand je serai rentrée.
Je restai sans répondre, mais le simple fait qu’elle y ait pensé d’elle-même sans que je n’aie fait la moindre allusion à cette éventualité m’emplit de fierté et de satisfaction, sans que je ne puisse me l’expliquer. Pour autant, la dernière phrase d’Elsa me fit tiquer:
- Dès ce soir ? Mais tu…tu t’en vas déjà ?
- Oui, dit-elle simplement, Anna a trop à faire pour que nous puissions passer plus de temps ensemble et je ne peux pas me permettre de rester là à ne rien faire.
En temps normal, j’aurais sans doute posé la question de savoir ce qu’elle pouvait bien avoir à faire de si important au fin fond de la forêt, mais je sentais que cela n’était pas le moment. Après tout, avec ce qu’elle venait de découvrir, Elsa allait en effet largement avoir de quoi mener une enquête approfondie chez les Northuldra dans les jours qui allaient suivre. Nous sortîmes finalement de la bibliothèque, et la jeune femme se tourna vers moi. Vu de la fenêtre, le soleil brillait à présent haut dans le ciel, et la douceur de la température qui passait à travers les fenêtres donnait véritablement envie d’aller se prélasser à l’extérieur. Mais bien entendu, j’avais d’autres impératifs. À l’heure qu’il était, Anna devait avoir fini sa réunion, et j’allais devoir la rejoindre, pour enfin accomplir mon devoir d’Escorte Royale. Elsa accepta en souriant de m’accompagner dans la cour, là où je pensais la retrouver. Mais lorsque nous arrivâmes devant la grande fontaine, nous n’y trouvâmes que Kristoff et Sven, qui s’amusaient à tailler des carottes et à les faire parler. En nous voyant arriver, le montagnard se releva d’un air gêné, et vint vers nous en courant à moitié:
- Ah Yohan, Elsa, vous êtes là ! dit-il le souffle court, Anna m’a dit de vous dire de l’attendre dans la salle du trône, elle est partie se changer après son…enfin, sa réunion.
Elsa et moi échangeâmes un regard, mais la blonde ne sembla pas pouvoir répondre à ma question muette. Quelle genre de réunion royale pouvait bien demander à la reine de se changer juste après ? Kristoff salua Sven, et nous accompagna jusqu’à la salle du trône. À ma grande surprise, nous la trouvâmes vide. Je m’étais attendu à y trouver au moins quelques conseillers, mais il n’y avait personne. Puis j’entendit Elsa émettre un petit rire à côté de moi:
- Qu’y a-t-il Elsa ? m’enquis-je
Cette dernière retrouva son sérieux, non sans afficher toujours un sourire en coin rieur, puis répliqua:
- Nous sommes Samedi matin.
Pendant un instant, je ne compris pas ce qu’elle voulait dire. Puis, après quelques secondes de réflexion, je me rappelai l’époque où j’étais encore son escorte.
- Oui et alo…oh non, c’est pas vrai !
Hélas, l’arrivée du Général Mattias confirma mes craintes. Le Samedi matin, c’était séance de doléances pour la Reine d’Arendelle ! Tous les habitants du royaume qui avaient un pet de travers venaient directement à la salle du trône pour s’en plaindre auprès de la reine, en espérant qu’elle trouve une solution. Et ils ne se privaient pas les pécores ! Je me remémorai instantanément les séances de doléances interminables qu’il m’avait fallut supporter 5 ans auparavant, aux côtés d’Elsa. Par chance, ces dernières se faisaient alors seulement avec Anna, et c’était alors l’occasion de passer un peu de temps « seul » avec les deux soeurs. Mais à présent qu’Elsa n’était plus reine, Anna et moi allions devoir nous les farcir tous les deux. Et le Général Mattias m’était très sympathique, mais je l’aurais volontiers échangé contre Elsa à cet instant. Je réfléchis quelques instants. Cela se tentait. J’ouvris la bouche, puis je vis Anna arriver en courant. Elle semblait essoufflée. Elle avait remis sa robe de reine. Reprenant son souffle, elle pris la main que Mattias lui tendait galamment pour se redresser. Puis elle se tourna vers nous, et un large sourire illumina son visage.
- Ah Yohan, Elsa ! Vous êtes là !
Elle se précipita vers nous, et nous serra tous les deux dans ses bras, avant d’aller embrasser Kristoff. Je ne pus m’empêcher de remarquer le regard d’Elsa lorsqu’elle vit leurs lèvres se joindre. Elle semblait attendrie, mais quelque chose me disait qu’elle était légèrement surprise de les voir faire aussi librement. Je savais bien qu’elle même ne se serait jamais permis une telle familiarité lorsqu’elle était reine. Quand bien même elle aurait eu quelqu’un pour le faire. Je chassai rapidement de mon esprit les pensées qui tentaient d’y entrer, et allai instinctivement rejoindre Anna.
- Vous avez bien dormi ? demanda la reine, j’espère que l’entrainement des soldats ne vous a pas dérangés ce matin, j’ai décidé de les faire commencer plus tôt pour qu’ils puissent avoir plus de temps libre !
Il y eut de nouveau un échange de regard entre Elsa et moi. Nous décidâmes visuellement de passer sous silence la nuit blanche de sa soeur pour Anna. Si c’était là la volonté d’Elsa, je me devais de la respecter. Puis, après les dernières politesses de rigueur, Kristoff embrassa rapidement Anna et retourna rejoindre Sven dans la cour. Anna, Mattias et moi nous retrouvâmes seuls devant Elsa. Je pris quelques secondes pour trouver la situation insolite, puis Anna s’adressa à sa soeur.
- Alors Elsa ? dit-elle, que vas-tu faire maintenant ? À moins que tu aies une doléance ?
Elle avait prononcé la dernière phrase sur le ton de la plaisanterie, mais Elsa, elle, resta sérieuse.
- Je suis juste venue dire au revoir avant de repartir.
- Quoi ?
Anna se leva, et après un regard pour Mattias et moi, se tourna vers sa soeur, déçue.
- Tu t’en vas déjà ? Mais tu n’es arrivée qu’hier soir !
À la moue qu’elle faisait, elle paraissait singulièrement triste. Je savais combien Anna aimait sa soeur et c’était toujours un déchirement pour elle que de s’en séparer. Elsa, elle, tourna rapidement vers moi un petit sourire. C’était la deuxième fois de la matinée qu’elle entendait cette phrase. Elle jeta finalement un regard empreint de douceur à Anna et expliqua:
- Je sais Anna, mais comme te l’a dit Yohan, nous avons été attaqués hier dans la forêt, et ce n’était pas quelque chose d’habituel. Je sens que les Northuldra pourraient vite avoir besoin de moi, et je ne veux pas les faire attendre.
Je m’attendis à ce que l’explication paraisse un peu fumeuse à Anna, mais curieusement, elle se montra compréhensive. Mattias, lui, n’avait toujours rien dit, et patientait respectueusement.
- Bien, dit Anna, tu as sans doute raison. Après tout, c’est toi qui veilles sur la forêt maintenant. Tu reviendras vite n’est-ce pas ?
- Dès que j’aurai de plus amples informations, je viendrai t’en informer en priorité Anna, répondit Elsa, le sourire aux lèvres.
Puis elle présenta les respects et amitiés du peuple Northuldra à sa soeur, et Mattias osa finalement lui demander de transmettre ses hommages à Yelana. Le vieux soldat avait passé presque 35 ans auprès des Northuldra, et malgré les frictions qu’il y avait pu parfois y avoir entre eux, il estimait et respectait beaucoup la dirigeante du peuple du soleil. Finalement, Elsa finit par s’incliner poliment devant Anna:
- Bon, et bien, je vous dis au revoir à tous. C’est toujours un grand plaisir de revenir. Anna…
Elle ne put finir sa phrase car, n’y tenant plus, la petite rousse se leva, les larmes aux yeux, et courut se jeter dans les bras de sa soeur. Cette dernière lui caressa tendrement les cheveux tandis qu’elle sanglotait sur son épaule:
- T’es pas encore partie que tu me manques déjà.
J’échangeai un regard attendri avec Mattias. J’avais toujours adoré assister à ces instants d’affection entre les deux soeurs, même si, pour le coup, Anna m’ôtait presque littéralement les mots de la bouche. Elles achevèrent leur câlin, et la reine s’essuya élégamment les yeux avant de se tourner vers moi, et à ma grande surprise, elle ordonna:
- Yohan, peux-tu raccompagner ma soeur s’il te plait ?
Sur le moment, je ne compris pas. Elsa connaissait parfaitement le chemin, elle n’avait certes pas besoin que je la raccompagne où que ce soit. Non pas que passer ces derniers instants avec elle ne me soit pas agréable mais…je compris en percevant le discret clin d’oeil d’Anna lorsqu’elle passa à côté de moi. Ainsi elle voulait me faire plaisir jusqu’au bout. Ô combien j’aimais ce petit bout de femme !
Elsa, elle, n’avait rien dit. Elle ne semblait même pas surprise de la demande d’Anna, et m’attendit patiemment. Je m’inclinai respectueusement devant Anna, et sortit de la pièce avec sa soeur. Cette dernière prit le temps de saluer les premiers habitants qui arrivaient pour les doléances, et tous semblaient ravis de la revoir. Puis je pris la direction de la cour, lorsque, à ma grande surprise, je vis Elsa se diriger vers l’autre bout du château, en direction des berges.
- Mais Elsa, le traineau est par…
- Je sais Yohan, rit-elle, mais je ne vais pas rentrer en traineau. Suis moi.
Voilà que c’était elle qui m’accompagnait à présent ! Je m’exécutai sans discuter, et suivis Elsa à travers les couloirs de pierre, jusqu’à déboucher à l’extérieur du château. Face à nous s’étendait le fjord, gigantesque et majestueuse crevasse traversée par les vastes étendues d’eau claire qui bordaient le royaume. L’air était doux et frais, et les cheveux d’Elsa flottaient délicatement au gré du léger vent qui s’était levé. De mon côté, je la regardais toujours sans comprendre.
- Bien, demandai-je, nous sommes là, devant le fjord. Et mainten…Wow !!!
Je sursautai lorsque je vis une forme sombre s’élever au dessus de la surface de l’eau. Comme si cette dernière s’était soudainement animée. Instinctivement, je portai la main aux Lames d’Arendelle, mais je sentis alors celle d’Elsa se poser dessus, comme pour m’en empêcher.
Quelques instants plus tard, l’étrange forme aquatique se stabilisa, et à ma grande stupeur, je vis de nouveau apparaître l’étrange cheval dont Elsa s’était servi durant l’attaque. L’animal était entièrement constitué d’eau, et se tenait debout sur la surface du lac, sans y faire apparaître la moindre onde, comme une sorte de Jésus chevalin. J’étais subjugué par la beauté et la grâce qui se dégageait de la créature. Malgré son aspect entièrement translucide, je pouvais sentir sur moi le regard inquisiteur et mystique que ses yeux vitreux posaient sur moi. À cet instant, le tableau que j’avais devant les yeux était empreint d’une poésie et d’une beauté idyllique que, je l’avoue, j’aurais beaucoup aimé photographier si j’en avais eu le temps: la créature d’eau, dressée fièrement à côté d’Elsa, avec en fond l’immensité du fjord. J’avais visité ces dernières années des dimensions entières qui étaient moins belles que cela. Mais je n’avais plus le temps de m’extasier. Elsa allait partir.
- Alors, voilà donc le fameux Nokke, l’esprit de l’eau dis-je en m’approchant de l’eau
- C’est ça, confirma Elsa en caressant le garrot de l’animal, mais je te déconseille de t’approcher, il n’aime pas les nouveaux visages.
Je suivis son conseil, et la regardai s’avancer vers l’esprit. Puis, elle détacha ses cheveux et les laissa flotter au vent. J’eus un très léger moment d’absence, puis me remis les idées en place, et demandai, tentant le tout pour le tout.
- Tu es…sûre que tu ne veux pas rester encore un peu ?
Elsa se retourna vers moi. Une fois encore, elle souriait.
- Yohan, tu sais que rien ne me ferait plus plaisir que de rester autant que possible, mais je ne peux pas. J’ai un autre rôle à jouer maintenant, et une tâche à accomplir. Et nous avons des recherches à faire, toi et moi.
- Des reche…ah oui, oui bien sûr !
Je la vis alors s’avancer vers moi, et à ma grande surprise, elle m’entoura de ses bras et me serra contre elle, ainsi qu’elle l’avait fait pour sa soeur. Je me raidis sur place, ne sachant absolument pas comment réagir face à cette marque d’affection.
- Veille bien sur Anna.
- O…oui. Bien sûr. Tu peux compter sur moi.
Lorsqu’elle me lâcha, j’eus la désagréable mais tenace impression que je la voyais, sinon pour la dernière fois, pour la dernière avant un long moment. Je ne savais pas quoi dire. Pour une raison sur laquelle il m’était impossible de mettre le doigt à cet instant, je n’avais pas envie qu’elle s’en aille.
Elsa enfourcha le Nokke, et m’adressa un dernier sourire avant de se retourner.
- Tu n’auras qu’à m’écrire si tu as des nouvelles à propos de l’attaque, dit-elle
- T’écrire ? Mais comment je…
- Appelle Courant d’Air. Il saura où me trouver.
Et sur ces mots, le Nokke se cabra, et, sans se retourner, détala vers le fond de la vallée, filant sur l’eau à toute vitesse. Je restai seul sur la berge, à le regarder s’éloigner.
Elsa était partie.
Je restai là quelques secondes, sans bouger, la regardant s’éloigner jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un petit point blanc à l’horizon. Puis, je repris mes esprits, et me dirigeai de nouveau vers l’intérieur du château. En tant qu’Escorte Royale, je me devais d’assister Anna pendant les séances de doléances, et bien que j’avais vraiment confiance en la capacité du Général Mattias à la protéger en cas de besoin, j’avais pris un peu trop de retard. Je pénétrai dans la salle du trône discrètement. Anna était en pleine doléance face à un Arendellien venu se plaindre de Dieu savait quoi. Bien qu’elle me vit entrer, elle ne tourna pas la tête vers moi lorsque je les rejoignit elle et Mattias. Elle écoutait patiemment ce qu’avait à dire le bonhomme. Je me postai derrière elle d’un air las, puis un large sourire apparut sur mon visage.
Trop occupé à repenser au départ d’Elsa, je n’avais même pas remarqué que l’habitant qu’Anna écoutait était Anton !
- Bon, vous m’connaissez Vot’ Majesté, disait-il d’un ton calme malgré sa voix forte, c’pas mon genre de v’nir râler dès qu’j’ai un cor aux pieds ! Mais là, si les fournisseurs y peuvent pu passer par l’montagne, eh j’vais vraiment batailler pour finir par servir mes clients moi !
Anna échangea un regard perplexe avec Mattias et moi. Je savais qu’Anton se fournissait en alcools et en provisions par delà les montagnes, mais, passé le petit village de Harmon un peu plus loin, je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait bien empêcher les fournisseurs d’accéder à Arendelle.
- Plus passer par la montage ? demanda Anna, vous êtes sûrs Anton ?
- Comme j’vous l’dit Vot’ Altesse ! répondit le tavernier, la dernière fois, y sont v’nus défroqués les pauv’ gars ! Déchiquetés ! Soi disant y se s’raient fait attaquer par des loups !
Je savais qu’il y avait des loups dans les montagnes, j’en avais moi même fait les frais, mais de mémoire, les attaques de voyageurs étaient plus rares que ce que l’on pouvait croire. Et si Anton venait en avertir Anna, c’était que ça ne devait pas être la première fois.
- Des loups ? s’enquit-elle, mais de quelle partie de la montagne venaient-ils ?
Anton se gratta son front dégarni et répondit.
- Euh…si j’me souviens ben, du Nord, qu’ils disaient !
Du Nord…les Northuldra. C’était là qu’ils étaient. Là qu’était repartie Elsa. Tout ça ne me plaisait pas. Si en plus d’attaques magiques violentes, les animaux se mettaient en plus à attaquer…qu’est-ce qui pouvait bien se passer dans ce coin de la montagne ? Anna dut voir la gravité sur mon visage, car elle décida d’écourter la séance.
- Très bien Anton, je vous remercie, dit-elle, j’en prends bonne note. Je ferai transmettre un message à ma soeur dans la forêt pour lui en faire part, si quelqu’un peut nous aiguiller sur ce qu’il se passe là bas, c’est bien elle.
Le tavernier s’inclina respectueusement, nous salua tous les trois (non sans me gratifier d’un petit clin d’oeil), et s’en alla. Nous eûmes encore quelques doléances à prendre, mais globalement, la séance s’acheva plus vite que je ne l’aurais cru. Et lorsque Mattias, après avoir salué Anna, repartit auprès de ses soldats, la Reine d’Arendelle se tourna vers moi:
- Alors, Elsa est bien repartie ?
- Oui, très bien, répondis-je
Je n’en rajoutai pas. Étrangement, je n’avais pas très envie de m’appesantir sur le sujet, fut-ce avec Anna. Cette dernière dut le remarquer, car elle posa sa main sur mon épaule et soupira:
- Tu sais, elle me manque à moi aussi. Moi aussi j’aimerais que l’on puisse se voir plus souvent, mais après tout, elle est heureuse à présent, et elle est là où elle doit être. C’est probablement mieux comme ça.
J’acquiesçai d’un air fataliste.
- Tu as raison Anna. Et si elle est heureuse, alors je suis heureux. Cela fit sourire la jeune rousse, qui me gratifia d’un rapide câlin avant de reprendre un air plus grave.
- C’est bien. Je suis fière de toi. Bon, je vais aller chercher Kristoff, il faut absolument que l’on parle de ce qui se passe dans la forêt ! Je n’ai pas oublié votre histoire d’attaque ! Retrouve moi ce soir après le diner, tu m’en diras un peu plus !
Je répondis par l’affirmative, et Anna disparut dans le couloir. Je me retrouvai de nouveau seul.
Je n’aimais pas lui mentir. Mais c’était pourtant ce que je venais de faire. Ce que j’avais fait depuis que j’étais revenu. Car je mettais à présent le doigt sur le véritable problème. Ce qui me gênait vraiment. Au fond, je ne me faisais aucune inquiétude pour la place que j’avais à Arendelle. Anna, Kristoff, Olaf, Anton, Nora, Jakob…au fond, ils n’avaient rien changé à la confiance et l’amitié qu’ils avaient pour moi. J’étais toujours l’Escorte Royale de la Reine, j’étais toujours le confident d’Anna…mon rôle n’avait pas changé. Mais elle, elle n’était plus là. Elsa. Voir les rues d’Arendelle, les couloirs du château sans sa présence, quoi que l’on en dise, ce n’était plus pareil. Et la voir repartir aussi vite qu’elle était venue, presque en coup de vent, tout en sachant qu’elle était probablement plus heureuse là où elle était à présent…j’allais avoir le plus grand mal à m’y faire. Sans Elsa, Arendelle me paraissait vide, terne, perdant de son identité malgré toute la bonne humeur et la volonté d’Anna. Alors que je sortais de nouveau sur la berge où elle était partie, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, je m’allongeai sur l’herbe, tandis que les paroles d’une chanson qui semblaient exactement correspondre aux sentiments enfouis qui étaient les miens me revenaient à l’esprit.
Je me sentais parfaitement ridicule, au fond de moi, à regretter Elsa comme si elle était définitivement partie. Elle non plus ne semblait pas avoir changé d’opinion ou de position vis à vis de moi. Elle paraissait même m’apprécier un peu plus. Mais les faits étaient là. M’endormir ce soir là en sachant que, à nouveau, la Reine des Neiges n’était plus à Arendelle m’emplirait à coup sûr d’un sentiment de vide et de manque.
Pendant quelques instants, je repensai à ma première venue à Arendelle. La première fois que j’avais vu et côtoyé Elsa. 5 ans après, ce moment était toujours profondément ancré dans ma mémoire. Et malgré toutes les choses extraordinaires que j’avais vues depuis, régulièrement, mes pensées revenaient vers elle. Toujours. Oh bien sûr, ma vie à Arendelle était faite de plein d’autres choses et d’autres gens: Anna, Kristoff, Anton, Nora…mais Elsa…Elsa était spéciale. J’avais beaucoup d’affection pour Anna, une affection débordante. Mais pour Elsa, je devais arrêter de me mentir: il était plus exact de parler d’amour. Oui, en ce sens là.
Cependant, je ne pouvais pas en vouloir à Elsa pour sa nouvelle vie. Je n’en avais pas le droit. Elle avait passé 13 ans de sa vie seule, isolée, sans personne pour se soucier de son bien-être, hormis sa soeur, qu’elle avait jadis repoussée par peur de lui faire du mal. Elle avait parfaitement le droit aujourd’hui de vivre sa vie comme elle l’entendait, d’être heureuse là où elle le voulait. Que pouvait-elle bien me devoir à moi, qui pendant 3 ans, était parti sans me retourner, et sans même donner signe de vie de temps à autre ? Non, même si Elsa n’avait rien fait pour m’empêcher d’en tomber amoureux, je ne devais la douleur qui était la mienne à personne d’autre que moi, quand bien même je devais être bien ridicule à manquer d’une femme qui ne partageait certainement pas ces sentiments.
Il allait donc me falloir trouver autre chose. Si Elsa avait décidé de vivre pleinement sa vie, je n’étais personne pour l’en empêcher, et même Anna semblait avoir accepté parfaitement la chose. Je n’avais plus qu’à faire de même. Après tout, la jeune rousse était toujours là, elle, et elle savait parfaitement ce que c’était que d’aimer profondément Elsa, ainsi que la douleur que c’était lorsqu’elle nous manquait. Mais, au fond de moi, je la sentais bien. Cette profonde, irrépressible et stupide fierté. Jamais je n’oserais aller parler à Anna des sentiments que je nourrissais pour sa soeur. Et puis quoi encore ? Non, si je devais faire quelque chose pour me dépêtrer de cette passion amoureuse qui, je le savais désormais, me serrait chaque jour un peu plus le coeur, je devais le faire seul.
C’était décidé.
Après tout, j’étais à Arendelle, loin du Monde Réel, celui où le premier réflexe de mes semblables aurait été de me juger, de me pointer du doigt pour des élans romantiques qui, en mon époque, étaient affreusement passés de mode. Non, j’étais à présent de retour à Arendelle, et j’allais arrêter de fuir pour une fois. J’avais fui une première fois, après avoir connu la guerre, le rejet, le doute, et même la mort, je ne fuirais plus cette fois ci. Même si l’amour m’effrayait bien plus que tout ce que je venais de me remémorer. S’il y avait une possibilité pour qu’Elsa soit un jour au courant de ce que mon coeur ressentait pour elle, elle ne le serait par personne d’autre que moi. Achevant ma chanson, je me relevai, le sourire aux lèvres, et retournai rejoindre Anna et Kristoff. Mais je gardais néanmoins mon idée dans le coin de ma tête.
Si je devais me livrer à elle, alors j’allais suivre le conseil même que m’avait donné Elsa:
« Tu n’auras qu’à m’écrire ».
Voilà voilà ! Avant que vous ne me donniez vos réactions éclairées, je tiens tout de même à préciser deux trois petites choses concernant les passages musicaux:
Il y en aura plusieurs, et chaque personnage aura un code couleur pour les passages chantés. Il pourra arriver parfois que je ne place pas les refrains des chansons (comme ici), soit car je ne leur trouve pas un grand intérêt narratif, soit car ils s'adaptent mal au texte et se répètent souvent.
À part ça, n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce (long) chapitre, quant à moi, je vous retrouve pour le prochain
Enjoy !
Chapitre 9: Pas là
Le lendemain matin, ma bonne humeur était toujours là. Et alors que je prenais mon habituelle position « semi-relevé » juste après m’être réveillé, pour me remettre du trop violent effort que je venais de faire, je fis rapidement le point sur la situation, le sourire aux lèvres: Elsa était revenue au château et elle allait bien, de même qu’Anna. Nous étions de nouveau tous réunis au même endroit, et tout semblait aller pour le mieux en Arendelle. Mais quelques secondes tout juste après que cette pensée me soit venue à l’esprit, une autre vint aussitôt la remplacer. Et dans mon esprit, je revisualisai à travers mes yeux encore endormis l’attaque de la veille. Cet homme, perché sur la colline, qui faisait s’abattre sur Elsa et moi une pluie de feu et de vent violent. Le traineau qui s’élevait dans les airs. Elsa qui chevauchait un étrange cheval de glace (probablement le Nokk dont elle m’avait parlé au village Northuldra)…tout cela me revint en mémoire et mes pensées s’assombrirent.
De ce que m’avait dit Elsa, elle n’avait jamais rien connu de pareil depuis qu’elle était dans la forêt. Était-il possible que ce soit mon arrivée qui ait encore tout détraqué à Arendelle ? Je me levai en m’étirant, et après avoir fait un brin de toilette, attaché mes cheveux et m’être habillé, je sortis de ma chambre. Il ne devait pas être très tard, mais à en juger par le grand soleil qui filtrait à travers les rares fenêtres du couloir, je ne m’étais pas levé aux aurores non plus. Me tournant vers la chambre d’Elsa, j’eus un instant l’idée d’aller y frapper, mais je me ravisai: elle n’était peut-être pas réveillée ou présentable et je ne voulais pas la déranger. Je pris donc la direction de la cour, sans toutefois savoir ce que j’allais y faire. Je ne savais pas où était Anna, ni si elle avait besoin de moi. Mais après tout, j’étais toujours l’Escorte Royale et je me devais d’être à ses côtés le plus souvent possible.
En passant près d’une fenêtre ouverte, je me souvins que selon les dires de Kristoff, Anna devait participer ce matin à une réunion d’importance. Et je n’y étais pas. « À force de jouer l’escorte qui ne l’escorte jamais, pensai-je, je vais vraiment finir par passer pour un que je peux pas me permettre de passer pour ». Alors que je commençai à m’inquiéter de savoir si Anna n’allait pas tarder à me reprocher de ne jamais être à ses côtés, comme j’avais pu l’être avec Elsa lorsque j’étais son escorte, je sursautai brusquement en entendant un hurlement bourru en contrebas, dans la cour:
« ALLEZ MA GROSSE TATA ! C’EST LE MOMENT DE VOUS FAIRE BICHONNER ! »
Je souris en reconnaissant les beuglements si caractéristiques de Kristian, le Maître d’Armes d’Arendelle. Bien qu’il ne soit plus de première jeunesse, il appréciait visiblement encore les entrainements musclés, à base de bonnes grosses insultes bien grasses pour se mettre en jambe. Je hâtai le pas, bien content de n’être pas parmi les pauvres soldats qui devaient être en train de subir son entrainement, puis traçai ma route jusqu’à passer devant la bibliothèque du château. À mon grand étonnement, je la trouvai ouverte. Désirant satisfaire ma curiosité, j’y passai la tête.
Elsa était assise à une table, entourée d’un amas de livres, de cartes et de journaux. Bien qu’elle portât sa robe blanche, une couverture était posée sur ses épaules. Je poussai doucement la porte alors qu’un sourire éclairait mon visage.
« Bonjour Elsa ! la saluai-je respectueusement
La jeune femme leva la tête vers moi, et je restai coi en voyant ses yeux. Et cette fois, ce n’était pas pour leur beauté, mais bien pour les gigantesques cernes que l’on pouvait y distinguer. Néanmoins, Elsa me répondit tout de même avec un sourire.
- Bonjour Yohan.
Stupéfait, je jetai un oeil à la scène. Elle avait une couverture sur les épaules, des cernes monstrueux, et une petite lanterne éteinte était posée sur la table, à côté de la pile de livres. Nul besoin de s’appeler Sherlock Holmes pour comprendre.
- Elsa tu…tu as passé la nuit ici ?!
Je vis l’ancienne reine d’Arendelle bailler en mettant respectueusement sa main devant ses lèvres, et elle répondit:
- Oui. Je n’avais pas beaucoup de temps avant de repartir chez les Northuldra, il fallait bien que je le mette à profit.
Je la regardai sans comprendre. Qu’y avait-il de si important pour qu’elle n’en dorme pas de la nuit ? Je tirai doucement une chaise.
- Peu de temps mais…peu de temps pour quoi ?
Elsa jeta un regard sur tous les livres ouverts devant elle. Elle paraissait véritablement épuisée.
- Il fallait bien que je cherche des réponses sur l’incident d’hier.
Je suis sûr que le regard fataliste que je lui jetai à cet instant était plus qu’explicite. J’étais presque rassuré. Ainsi elle n’avait pas tant changé. Elle était toujours capable de s’inquiéter d’un problème au point de n’en pas dormir de la nuit, enfermée dans la bibliothèque. Je soupirai, et m’assis à côté d’elle.
- Et donc, tu as passé la nuit ici, sans même chercher à dormir…
Comme d’ordinaire, la bibliothèque était vide de monde. Il me paraissait clair que personne n’était venu déranger Elsa. Cette dernière me répondit d’une voix blanche, sans cesser de trier et manipuler les nombreux documents posés devant elle.
- Si, j’ai dormi pendant une heure ou deux. Je ne saurais pas dire.
- Incident ou pas, répliquai-je, je suis sûr qu’Anna ne serait pas ravie d’apprendre que tu t’épuises à faire des nuits blanches quand tu viens la voir.
À ces mots, je vis Elsa redresser la tête. Je pus alors lire la peur et l’inquiétude dans ses yeux fatigués.
- Surtout ne lui dis rien Yohan ! s’écria-t-elle, je ne lui ai pas donné plus de détails sur cette attaque, je ne veux pas en plus qu’elle s’inquiète pour moi !
- Tu sais qu’elle s’inquiètera toujours pour toi.
La jeune femme eut un petit sourire, puis reporta son attention sur ses feuilles et ses livres. La plupart étaient de lourds volumes qui traitaient au choix de l’histoire et la géographie du royaume, ainsi que des légendes du pays Northuldra, réelles ou fictives. Il y avait également des cartes, des schémas et des dessins. Je ne savais pas Elsa si portée sur la recherche. Je remarquai qu’elle avait pris de nombreuses notes.
- Alors ? demandai-je, qu’ont donné tes recherches ? J’espère au moins que tu n’es pas restée éveillée toute la nuit pour rien.
Au sourire qu’elle me tendit, je sus qu’elle avait tout de même réussi à se montrer productive et efficace.
- J’ai commencé par chercher si cela pouvait tout de même avoir un lien avec les esprits, on ne sait jamais. Il est possible que je sois…enfin que je ne sache pas…
Elle n’avait pas besoin de continuer pour que je sache immédiatement ce à quoi elle pensait, aussi la rassurai-je sans attendre.
- Je suis sûr que tu fais un Cinquième Esprit formidable Elsa. Ne pars pas du principe que tu y es forcément pour quelque chose…
- Je n’ai pas dit ça, répondit Elsa, je dis juste que c’est une possibilité.
Elle déplaça une pile de feuilles et me présenta un grand livre ouvert. La page que me montra Elsa représentait de grandes fresques où des hommes et des femmes côtoyaient ce que je reconnus comme étant Bruni. On pouvait également y voir dans un coin le Nokk dont elle s’était servi pendant l’attaque, ainsi que d’étranges bonhommes de pierre. Mais ce ne fut pas cela qui attira mon attention.
- Ce sont des Northuldra ? demandai-je
- Oui, acquiesça Elsa, leur peuple est présent dans ces montagnes depuis bien plus longtemps que nous, et apparemment ils ont toujours côtoyé les esprits. Je pointai du doigt l’un des Northuldra représentés sur la fresque.
- Mais attends…celui-là…on dirait qu’il fait du feu avec ses doigts. Et lui, il a l’air de faire voler des pierres !
À mes côtés, Elsa sourit d’un air satisfait. Je venais vraisemblablement de confirmer ses recherches.
- Exactement, dit-elle, apparemment les Northuldra ont su utiliser la magie, fut un temps.
Je la regardai d’un air confus.
- Mais enfin…Anna et toi m’avez dit que…
- Qu’ils n’en font pas, en effet. Ou du moins…ils n’en font plus », conclut Elsa.
Nous échangeâmes un regard perplexe. Pour elle comme pour moi, il avait toujours été admis que les Northuldra ne connaissaient pas la magie. Qu’ils se servaient simplement des esprits de la nature comme partenaires occasionnels et bien pratiques pour leur vie quotidienne. Était-il possible que tout cela ne soit pas entièrement vrai ? Que les Northuldra aient un jour pratiqué la magie, ainsi que l’avait fait Elsa toute sa vie ? Et s’ils connaissaient la magie, alors pourquoi auraient-il eu besoin d’un Cinquième Esprit pour lier les quatre autres ?
« Ça n’a aucun sens, dis-je d’un air confus en me grattant la tête, si les Northuldra connaissaient la magie, comment ont-ils décemment pu l’oublier ? Ça ne se transmet pas de génération en génération ce truc ?
- Ce n’est pas impossible, répondit Elsa, mais ce n’est pas obligatoire non plus. Je suis née avec des pouvoirs, mais ma mère et Anna n’en ont eu aucun.
À vrai dire, elle n’avait pas l’air de s’inquiéter plus que ça concernant sa situation et son rôle de Cinquième Esprit. En revanche, si comme moi, elle faisait un rapprochement entre l’attaque et le fait que les Northuldra aient un jour eu accès à la magie, alors peut-être avait-elle là de bonnes raisons de s’en inquiéter.
- Tu m’as bien dit que tu avais vu un homme durant l’attaque ? s’enquit finalement la jeune femme.
- Oui, mais je ne peux rien affirmer, répondis-je simplement en me levant, tu crois que c’était un Northuldra ? Un qui aurait des raisons de t’en vouloir et qui connaîtrait la magie ?
À ces mots, je sentis Elsa se crisper, et m’en voulus instantanément. Je ne voulais pas la froisser ou l’inquiéter plus que de raison. Pourtant, je la vis discrètement commencer à se tordre les mains et se mordiller légèrement la lèvre, ainsi qu’elle le faisait lorsqu’elle était stressée. Et bien qu’elle fut absolument magnifique lorsqu’elle faisait ça, la voir dans cet état ne me plaisait pas. Voyant qu’elle ne me répondait pas, je lui tendis la main pour l’aider à se lever. Elle la prit de bonne grâce (me faisant légèrement frissonner au passage au contact de la douceur de sa paume) et se releva, le livre à la main. Puis nous entreprîmes de mettre de l’ordre dans tous les documents qu’elle avait laissé trainer un peu partout. Lorsque cela fut fait, je jetai un oeil dans les gigantesques rayons de la bibliothèque royale, et demandai:
- Tu viens souvent ici quand tu es au château ?
- Disons que je n’ai pas accès à beaucoup de lecture chez les Northuldra, répondit Elsa, et ils ne sont pas particulièrement bavards sur les histoires de leur peuple. C’est comme si…
Elle s’arrêta, et je pus voir à son air songeur que quelque chose semblait la travailler.
- Comme si quoi ?
- C’est comme si ils avaient peur de quelque chose, acheva Elsa, mais ça ne peut pas être des esprits. Ni…ni de…
- Ni de toi, la coupai-je en voyant instantanément ce qu’elle avait en tête, mais de quoi alors ?
Finalement, Elsa haussa rapidement les épaules, et avoua:
- Je ne sais pas. Mais j’ai bien l’intention de tenter d’en savoir plus dès que je serai rentrée. Quitte à interroger Ahtohallan.
Je me tournai vers elle avec une expression de concentration, comme si je cherchais dans ma mémoire. J’avais déjà entendu ce nom quelque part.
- Ahtohallan c’est…la rivière de glace c’est ça ?
Elsa acquiesça.
- Absolument. C’est un endroit magnifique. Je te le montrerai, à l’occasion. J’y retourne dès ce soir, quand je serai rentrée.
Je restai sans répondre, mais le simple fait qu’elle y ait pensé d’elle-même sans que je n’aie fait la moindre allusion à cette éventualité m’emplit de fierté et de satisfaction, sans que je ne puisse me l’expliquer. Pour autant, la dernière phrase d’Elsa me fit tiquer:
- Dès ce soir ? Mais tu…tu t’en vas déjà ?
- Oui, dit-elle simplement, Anna a trop à faire pour que nous puissions passer plus de temps ensemble et je ne peux pas me permettre de rester là à ne rien faire.
En temps normal, j’aurais sans doute posé la question de savoir ce qu’elle pouvait bien avoir à faire de si important au fin fond de la forêt, mais je sentais que cela n’était pas le moment. Après tout, avec ce qu’elle venait de découvrir, Elsa allait en effet largement avoir de quoi mener une enquête approfondie chez les Northuldra dans les jours qui allaient suivre. Nous sortîmes finalement de la bibliothèque, et la jeune femme se tourna vers moi. Vu de la fenêtre, le soleil brillait à présent haut dans le ciel, et la douceur de la température qui passait à travers les fenêtres donnait véritablement envie d’aller se prélasser à l’extérieur. Mais bien entendu, j’avais d’autres impératifs. À l’heure qu’il était, Anna devait avoir fini sa réunion, et j’allais devoir la rejoindre, pour enfin accomplir mon devoir d’Escorte Royale. Elsa accepta en souriant de m’accompagner dans la cour, là où je pensais la retrouver. Mais lorsque nous arrivâmes devant la grande fontaine, nous n’y trouvâmes que Kristoff et Sven, qui s’amusaient à tailler des carottes et à les faire parler. En nous voyant arriver, le montagnard se releva d’un air gêné, et vint vers nous en courant à moitié:
- Ah Yohan, Elsa, vous êtes là ! dit-il le souffle court, Anna m’a dit de vous dire de l’attendre dans la salle du trône, elle est partie se changer après son…enfin, sa réunion.
Elsa et moi échangeâmes un regard, mais la blonde ne sembla pas pouvoir répondre à ma question muette. Quelle genre de réunion royale pouvait bien demander à la reine de se changer juste après ? Kristoff salua Sven, et nous accompagna jusqu’à la salle du trône. À ma grande surprise, nous la trouvâmes vide. Je m’étais attendu à y trouver au moins quelques conseillers, mais il n’y avait personne. Puis j’entendit Elsa émettre un petit rire à côté de moi:
- Qu’y a-t-il Elsa ? m’enquis-je
Cette dernière retrouva son sérieux, non sans afficher toujours un sourire en coin rieur, puis répliqua:
- Nous sommes Samedi matin.
Pendant un instant, je ne compris pas ce qu’elle voulait dire. Puis, après quelques secondes de réflexion, je me rappelai l’époque où j’étais encore son escorte.
- Oui et alo…oh non, c’est pas vrai !
Hélas, l’arrivée du Général Mattias confirma mes craintes. Le Samedi matin, c’était séance de doléances pour la Reine d’Arendelle ! Tous les habitants du royaume qui avaient un pet de travers venaient directement à la salle du trône pour s’en plaindre auprès de la reine, en espérant qu’elle trouve une solution. Et ils ne se privaient pas les pécores ! Je me remémorai instantanément les séances de doléances interminables qu’il m’avait fallut supporter 5 ans auparavant, aux côtés d’Elsa. Par chance, ces dernières se faisaient alors seulement avec Anna, et c’était alors l’occasion de passer un peu de temps « seul » avec les deux soeurs. Mais à présent qu’Elsa n’était plus reine, Anna et moi allions devoir nous les farcir tous les deux. Et le Général Mattias m’était très sympathique, mais je l’aurais volontiers échangé contre Elsa à cet instant. Je réfléchis quelques instants. Cela se tentait. J’ouvris la bouche, puis je vis Anna arriver en courant. Elle semblait essoufflée. Elle avait remis sa robe de reine. Reprenant son souffle, elle pris la main que Mattias lui tendait galamment pour se redresser. Puis elle se tourna vers nous, et un large sourire illumina son visage.
- Ah Yohan, Elsa ! Vous êtes là !
Elle se précipita vers nous, et nous serra tous les deux dans ses bras, avant d’aller embrasser Kristoff. Je ne pus m’empêcher de remarquer le regard d’Elsa lorsqu’elle vit leurs lèvres se joindre. Elle semblait attendrie, mais quelque chose me disait qu’elle était légèrement surprise de les voir faire aussi librement. Je savais bien qu’elle même ne se serait jamais permis une telle familiarité lorsqu’elle était reine. Quand bien même elle aurait eu quelqu’un pour le faire. Je chassai rapidement de mon esprit les pensées qui tentaient d’y entrer, et allai instinctivement rejoindre Anna.
- Vous avez bien dormi ? demanda la reine, j’espère que l’entrainement des soldats ne vous a pas dérangés ce matin, j’ai décidé de les faire commencer plus tôt pour qu’ils puissent avoir plus de temps libre !
Il y eut de nouveau un échange de regard entre Elsa et moi. Nous décidâmes visuellement de passer sous silence la nuit blanche de sa soeur pour Anna. Si c’était là la volonté d’Elsa, je me devais de la respecter. Puis, après les dernières politesses de rigueur, Kristoff embrassa rapidement Anna et retourna rejoindre Sven dans la cour. Anna, Mattias et moi nous retrouvâmes seuls devant Elsa. Je pris quelques secondes pour trouver la situation insolite, puis Anna s’adressa à sa soeur.
- Alors Elsa ? dit-elle, que vas-tu faire maintenant ? À moins que tu aies une doléance ?
Elle avait prononcé la dernière phrase sur le ton de la plaisanterie, mais Elsa, elle, resta sérieuse.
- Je suis juste venue dire au revoir avant de repartir.
- Quoi ?
Anna se leva, et après un regard pour Mattias et moi, se tourna vers sa soeur, déçue.
- Tu t’en vas déjà ? Mais tu n’es arrivée qu’hier soir !
À la moue qu’elle faisait, elle paraissait singulièrement triste. Je savais combien Anna aimait sa soeur et c’était toujours un déchirement pour elle que de s’en séparer. Elsa, elle, tourna rapidement vers moi un petit sourire. C’était la deuxième fois de la matinée qu’elle entendait cette phrase. Elle jeta finalement un regard empreint de douceur à Anna et expliqua:
- Je sais Anna, mais comme te l’a dit Yohan, nous avons été attaqués hier dans la forêt, et ce n’était pas quelque chose d’habituel. Je sens que les Northuldra pourraient vite avoir besoin de moi, et je ne veux pas les faire attendre.
Je m’attendis à ce que l’explication paraisse un peu fumeuse à Anna, mais curieusement, elle se montra compréhensive. Mattias, lui, n’avait toujours rien dit, et patientait respectueusement.
- Bien, dit Anna, tu as sans doute raison. Après tout, c’est toi qui veilles sur la forêt maintenant. Tu reviendras vite n’est-ce pas ?
- Dès que j’aurai de plus amples informations, je viendrai t’en informer en priorité Anna, répondit Elsa, le sourire aux lèvres.
Puis elle présenta les respects et amitiés du peuple Northuldra à sa soeur, et Mattias osa finalement lui demander de transmettre ses hommages à Yelana. Le vieux soldat avait passé presque 35 ans auprès des Northuldra, et malgré les frictions qu’il y avait pu parfois y avoir entre eux, il estimait et respectait beaucoup la dirigeante du peuple du soleil. Finalement, Elsa finit par s’incliner poliment devant Anna:
- Bon, et bien, je vous dis au revoir à tous. C’est toujours un grand plaisir de revenir. Anna…
Elle ne put finir sa phrase car, n’y tenant plus, la petite rousse se leva, les larmes aux yeux, et courut se jeter dans les bras de sa soeur. Cette dernière lui caressa tendrement les cheveux tandis qu’elle sanglotait sur son épaule:
- T’es pas encore partie que tu me manques déjà.
J’échangeai un regard attendri avec Mattias. J’avais toujours adoré assister à ces instants d’affection entre les deux soeurs, même si, pour le coup, Anna m’ôtait presque littéralement les mots de la bouche. Elles achevèrent leur câlin, et la reine s’essuya élégamment les yeux avant de se tourner vers moi, et à ma grande surprise, elle ordonna:
- Yohan, peux-tu raccompagner ma soeur s’il te plait ?
Sur le moment, je ne compris pas. Elsa connaissait parfaitement le chemin, elle n’avait certes pas besoin que je la raccompagne où que ce soit. Non pas que passer ces derniers instants avec elle ne me soit pas agréable mais…je compris en percevant le discret clin d’oeil d’Anna lorsqu’elle passa à côté de moi. Ainsi elle voulait me faire plaisir jusqu’au bout. Ô combien j’aimais ce petit bout de femme !
Elsa, elle, n’avait rien dit. Elle ne semblait même pas surprise de la demande d’Anna, et m’attendit patiemment. Je m’inclinai respectueusement devant Anna, et sortit de la pièce avec sa soeur. Cette dernière prit le temps de saluer les premiers habitants qui arrivaient pour les doléances, et tous semblaient ravis de la revoir. Puis je pris la direction de la cour, lorsque, à ma grande surprise, je vis Elsa se diriger vers l’autre bout du château, en direction des berges.
- Mais Elsa, le traineau est par…
- Je sais Yohan, rit-elle, mais je ne vais pas rentrer en traineau. Suis moi.
Voilà que c’était elle qui m’accompagnait à présent ! Je m’exécutai sans discuter, et suivis Elsa à travers les couloirs de pierre, jusqu’à déboucher à l’extérieur du château. Face à nous s’étendait le fjord, gigantesque et majestueuse crevasse traversée par les vastes étendues d’eau claire qui bordaient le royaume. L’air était doux et frais, et les cheveux d’Elsa flottaient délicatement au gré du léger vent qui s’était levé. De mon côté, je la regardais toujours sans comprendre.
- Bien, demandai-je, nous sommes là, devant le fjord. Et mainten…Wow !!!
Je sursautai lorsque je vis une forme sombre s’élever au dessus de la surface de l’eau. Comme si cette dernière s’était soudainement animée. Instinctivement, je portai la main aux Lames d’Arendelle, mais je sentis alors celle d’Elsa se poser dessus, comme pour m’en empêcher.
Quelques instants plus tard, l’étrange forme aquatique se stabilisa, et à ma grande stupeur, je vis de nouveau apparaître l’étrange cheval dont Elsa s’était servi durant l’attaque. L’animal était entièrement constitué d’eau, et se tenait debout sur la surface du lac, sans y faire apparaître la moindre onde, comme une sorte de Jésus chevalin. J’étais subjugué par la beauté et la grâce qui se dégageait de la créature. Malgré son aspect entièrement translucide, je pouvais sentir sur moi le regard inquisiteur et mystique que ses yeux vitreux posaient sur moi. À cet instant, le tableau que j’avais devant les yeux était empreint d’une poésie et d’une beauté idyllique que, je l’avoue, j’aurais beaucoup aimé photographier si j’en avais eu le temps: la créature d’eau, dressée fièrement à côté d’Elsa, avec en fond l’immensité du fjord. J’avais visité ces dernières années des dimensions entières qui étaient moins belles que cela. Mais je n’avais plus le temps de m’extasier. Elsa allait partir.
- Alors, voilà donc le fameux Nokke, l’esprit de l’eau dis-je en m’approchant de l’eau
- C’est ça, confirma Elsa en caressant le garrot de l’animal, mais je te déconseille de t’approcher, il n’aime pas les nouveaux visages.
Je suivis son conseil, et la regardai s’avancer vers l’esprit. Puis, elle détacha ses cheveux et les laissa flotter au vent. J’eus un très léger moment d’absence, puis me remis les idées en place, et demandai, tentant le tout pour le tout.
- Tu es…sûre que tu ne veux pas rester encore un peu ?
Elsa se retourna vers moi. Une fois encore, elle souriait.
- Yohan, tu sais que rien ne me ferait plus plaisir que de rester autant que possible, mais je ne peux pas. J’ai un autre rôle à jouer maintenant, et une tâche à accomplir. Et nous avons des recherches à faire, toi et moi.
- Des reche…ah oui, oui bien sûr !
Je la vis alors s’avancer vers moi, et à ma grande surprise, elle m’entoura de ses bras et me serra contre elle, ainsi qu’elle l’avait fait pour sa soeur. Je me raidis sur place, ne sachant absolument pas comment réagir face à cette marque d’affection.
- Veille bien sur Anna.
- O…oui. Bien sûr. Tu peux compter sur moi.
Lorsqu’elle me lâcha, j’eus la désagréable mais tenace impression que je la voyais, sinon pour la dernière fois, pour la dernière avant un long moment. Je ne savais pas quoi dire. Pour une raison sur laquelle il m’était impossible de mettre le doigt à cet instant, je n’avais pas envie qu’elle s’en aille.
Elsa enfourcha le Nokke, et m’adressa un dernier sourire avant de se retourner.
- Tu n’auras qu’à m’écrire si tu as des nouvelles à propos de l’attaque, dit-elle
- T’écrire ? Mais comment je…
- Appelle Courant d’Air. Il saura où me trouver.
Et sur ces mots, le Nokke se cabra, et, sans se retourner, détala vers le fond de la vallée, filant sur l’eau à toute vitesse. Je restai seul sur la berge, à le regarder s’éloigner.
Elsa était partie.
Je restai là quelques secondes, sans bouger, la regardant s’éloigner jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un petit point blanc à l’horizon. Puis, je repris mes esprits, et me dirigeai de nouveau vers l’intérieur du château. En tant qu’Escorte Royale, je me devais d’assister Anna pendant les séances de doléances, et bien que j’avais vraiment confiance en la capacité du Général Mattias à la protéger en cas de besoin, j’avais pris un peu trop de retard. Je pénétrai dans la salle du trône discrètement. Anna était en pleine doléance face à un Arendellien venu se plaindre de Dieu savait quoi. Bien qu’elle me vit entrer, elle ne tourna pas la tête vers moi lorsque je les rejoignit elle et Mattias. Elle écoutait patiemment ce qu’avait à dire le bonhomme. Je me postai derrière elle d’un air las, puis un large sourire apparut sur mon visage.
Trop occupé à repenser au départ d’Elsa, je n’avais même pas remarqué que l’habitant qu’Anna écoutait était Anton !
- Bon, vous m’connaissez Vot’ Majesté, disait-il d’un ton calme malgré sa voix forte, c’pas mon genre de v’nir râler dès qu’j’ai un cor aux pieds ! Mais là, si les fournisseurs y peuvent pu passer par l’montagne, eh j’vais vraiment batailler pour finir par servir mes clients moi !
Anna échangea un regard perplexe avec Mattias et moi. Je savais qu’Anton se fournissait en alcools et en provisions par delà les montagnes, mais, passé le petit village de Harmon un peu plus loin, je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait bien empêcher les fournisseurs d’accéder à Arendelle.
- Plus passer par la montage ? demanda Anna, vous êtes sûrs Anton ?
- Comme j’vous l’dit Vot’ Altesse ! répondit le tavernier, la dernière fois, y sont v’nus défroqués les pauv’ gars ! Déchiquetés ! Soi disant y se s’raient fait attaquer par des loups !
Je savais qu’il y avait des loups dans les montagnes, j’en avais moi même fait les frais, mais de mémoire, les attaques de voyageurs étaient plus rares que ce que l’on pouvait croire. Et si Anton venait en avertir Anna, c’était que ça ne devait pas être la première fois.
- Des loups ? s’enquit-elle, mais de quelle partie de la montagne venaient-ils ?
Anton se gratta son front dégarni et répondit.
- Euh…si j’me souviens ben, du Nord, qu’ils disaient !
Du Nord…les Northuldra. C’était là qu’ils étaient. Là qu’était repartie Elsa. Tout ça ne me plaisait pas. Si en plus d’attaques magiques violentes, les animaux se mettaient en plus à attaquer…qu’est-ce qui pouvait bien se passer dans ce coin de la montagne ? Anna dut voir la gravité sur mon visage, car elle décida d’écourter la séance.
- Très bien Anton, je vous remercie, dit-elle, j’en prends bonne note. Je ferai transmettre un message à ma soeur dans la forêt pour lui en faire part, si quelqu’un peut nous aiguiller sur ce qu’il se passe là bas, c’est bien elle.
Le tavernier s’inclina respectueusement, nous salua tous les trois (non sans me gratifier d’un petit clin d’oeil), et s’en alla. Nous eûmes encore quelques doléances à prendre, mais globalement, la séance s’acheva plus vite que je ne l’aurais cru. Et lorsque Mattias, après avoir salué Anna, repartit auprès de ses soldats, la Reine d’Arendelle se tourna vers moi:
- Alors, Elsa est bien repartie ?
- Oui, très bien, répondis-je
Je n’en rajoutai pas. Étrangement, je n’avais pas très envie de m’appesantir sur le sujet, fut-ce avec Anna. Cette dernière dut le remarquer, car elle posa sa main sur mon épaule et soupira:
- Tu sais, elle me manque à moi aussi. Moi aussi j’aimerais que l’on puisse se voir plus souvent, mais après tout, elle est heureuse à présent, et elle est là où elle doit être. C’est probablement mieux comme ça.
J’acquiesçai d’un air fataliste.
- Tu as raison Anna. Et si elle est heureuse, alors je suis heureux. Cela fit sourire la jeune rousse, qui me gratifia d’un rapide câlin avant de reprendre un air plus grave.
- C’est bien. Je suis fière de toi. Bon, je vais aller chercher Kristoff, il faut absolument que l’on parle de ce qui se passe dans la forêt ! Je n’ai pas oublié votre histoire d’attaque ! Retrouve moi ce soir après le diner, tu m’en diras un peu plus !
Je répondis par l’affirmative, et Anna disparut dans le couloir. Je me retrouvai de nouveau seul.
Je n’aimais pas lui mentir. Mais c’était pourtant ce que je venais de faire. Ce que j’avais fait depuis que j’étais revenu. Car je mettais à présent le doigt sur le véritable problème. Ce qui me gênait vraiment. Au fond, je ne me faisais aucune inquiétude pour la place que j’avais à Arendelle. Anna, Kristoff, Olaf, Anton, Nora, Jakob…au fond, ils n’avaient rien changé à la confiance et l’amitié qu’ils avaient pour moi. J’étais toujours l’Escorte Royale de la Reine, j’étais toujours le confident d’Anna…mon rôle n’avait pas changé. Mais elle, elle n’était plus là. Elsa. Voir les rues d’Arendelle, les couloirs du château sans sa présence, quoi que l’on en dise, ce n’était plus pareil. Et la voir repartir aussi vite qu’elle était venue, presque en coup de vent, tout en sachant qu’elle était probablement plus heureuse là où elle était à présent…j’allais avoir le plus grand mal à m’y faire. Sans Elsa, Arendelle me paraissait vide, terne, perdant de son identité malgré toute la bonne humeur et la volonté d’Anna. Alors que je sortais de nouveau sur la berge où elle était partie, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, je m’allongeai sur l’herbe, tandis que les paroles d’une chanson qui semblaient exactement correspondre aux sentiments enfouis qui étaient les miens me revenaient à l’esprit.
Je suis une cruche
Percée de plus
J'ai la peau craquelée
Depuis toi, desséchée
Quand vient la lune
Et le vent frais
Par habitude
J'te cherche dans les rues pavées
Percée de plus
J'ai la peau craquelée
Depuis toi, desséchée
Quand vient la lune
Et le vent frais
Par habitude
J'te cherche dans les rues pavées
Je me sentais parfaitement ridicule, au fond de moi, à regretter Elsa comme si elle était définitivement partie. Elle non plus ne semblait pas avoir changé d’opinion ou de position vis à vis de moi. Elle paraissait même m’apprécier un peu plus. Mais les faits étaient là. M’endormir ce soir là en sachant que, à nouveau, la Reine des Neiges n’était plus à Arendelle m’emplirait à coup sûr d’un sentiment de vide et de manque.
Dieu qu'elle est loin
La vie de liesse
Où j'ai trouvé ta main
Bien avant la tristesse
Tu me traquais
Tu m'avais vu
Tu m'as pris pour collier
Et mon coeur tu l'as tordu
La vie de liesse
Où j'ai trouvé ta main
Bien avant la tristesse
Tu me traquais
Tu m'avais vu
Tu m'as pris pour collier
Et mon coeur tu l'as tordu
Pendant quelques instants, je repensai à ma première venue à Arendelle. La première fois que j’avais vu et côtoyé Elsa. 5 ans après, ce moment était toujours profondément ancré dans ma mémoire. Et malgré toutes les choses extraordinaires que j’avais vues depuis, régulièrement, mes pensées revenaient vers elle. Toujours. Oh bien sûr, ma vie à Arendelle était faite de plein d’autres choses et d’autres gens: Anna, Kristoff, Anton, Nora…mais Elsa…Elsa était spéciale. J’avais beaucoup d’affection pour Anna, une affection débordante. Mais pour Elsa, je devais arrêter de me mentir: il était plus exact de parler d’amour. Oui, en ce sens là.
Des nuits d'ivoire
Sûr, ça l’on t'en doit
Si les miennes sont noires
Non, je ne t'en veux pas
Ainsi va la vie
Enfin, surtout la tienne
Je m'abrutis
À jouer les fontaines
Sûr, ça l’on t'en doit
Si les miennes sont noires
Non, je ne t'en veux pas
Ainsi va la vie
Enfin, surtout la tienne
Je m'abrutis
À jouer les fontaines
Cependant, je ne pouvais pas en vouloir à Elsa pour sa nouvelle vie. Je n’en avais pas le droit. Elle avait passé 13 ans de sa vie seule, isolée, sans personne pour se soucier de son bien-être, hormis sa soeur, qu’elle avait jadis repoussée par peur de lui faire du mal. Elle avait parfaitement le droit aujourd’hui de vivre sa vie comme elle l’entendait, d’être heureuse là où elle le voulait. Que pouvait-elle bien me devoir à moi, qui pendant 3 ans, était parti sans me retourner, et sans même donner signe de vie de temps à autre ? Non, même si Elsa n’avait rien fait pour m’empêcher d’en tomber amoureux, je ne devais la douleur qui était la mienne à personne d’autre que moi, quand bien même je devais être bien ridicule à manquer d’une femme qui ne partageait certainement pas ces sentiments.
Je te remplace
Comme je le peux
Que tout s'efface
J'en fais le veux
Ça sera sans toi alors
Alors je n'ai plus qu'à être d'accord
Comme je le peux
Que tout s'efface
J'en fais le veux
Ça sera sans toi alors
Alors je n'ai plus qu'à être d'accord
Il allait donc me falloir trouver autre chose. Si Elsa avait décidé de vivre pleinement sa vie, je n’étais personne pour l’en empêcher, et même Anna semblait avoir accepté parfaitement la chose. Je n’avais plus qu’à faire de même. Après tout, la jeune rousse était toujours là, elle, et elle savait parfaitement ce que c’était que d’aimer profondément Elsa, ainsi que la douleur que c’était lorsqu’elle nous manquait. Mais, au fond de moi, je la sentais bien. Cette profonde, irrépressible et stupide fierté. Jamais je n’oserais aller parler à Anna des sentiments que je nourrissais pour sa soeur. Et puis quoi encore ? Non, si je devais faire quelque chose pour me dépêtrer de cette passion amoureuse qui, je le savais désormais, me serrait chaque jour un peu plus le coeur, je devais le faire seul.
A vous les cruches
Les cœurs en miettes
Soyons la ruche
D'un futur en fête
Les cœurs en miettes
Soyons la ruche
D'un futur en fête
C’était décidé.
Après tout, j’étais à Arendelle, loin du Monde Réel, celui où le premier réflexe de mes semblables aurait été de me juger, de me pointer du doigt pour des élans romantiques qui, en mon époque, étaient affreusement passés de mode. Non, j’étais à présent de retour à Arendelle, et j’allais arrêter de fuir pour une fois. J’avais fui une première fois, après avoir connu la guerre, le rejet, le doute, et même la mort, je ne fuirais plus cette fois ci. Même si l’amour m’effrayait bien plus que tout ce que je venais de me remémorer. S’il y avait une possibilité pour qu’Elsa soit un jour au courant de ce que mon coeur ressentait pour elle, elle ne le serait par personne d’autre que moi. Achevant ma chanson, je me relevai, le sourire aux lèvres, et retournai rejoindre Anna et Kristoff. Mais je gardais néanmoins mon idée dans le coin de ma tête.
Si je devais me livrer à elle, alors j’allais suivre le conseil même que m’avait donné Elsa:
« Tu n’auras qu’à m’écrire ».
Voilà voilà ! Avant que vous ne me donniez vos réactions éclairées, je tiens tout de même à préciser deux trois petites choses concernant les passages musicaux:
Il y en aura plusieurs, et chaque personnage aura un code couleur pour les passages chantés. Il pourra arriver parfois que je ne place pas les refrains des chansons (comme ici), soit car je ne leur trouve pas un grand intérêt narratif, soit car ils s'adaptent mal au texte et se répètent souvent.
À part ça, n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce (long) chapitre, quant à moi, je vous retrouve pour le prochain
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
Face each new sun with eyes clear and true
Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
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