Frozen: Épris dans la glace
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 27 Mar 2020, 22:47
Bon, Frantzoze, t'es vraiment un sale bâtard mais j'avoue tu m'as fait hurler de rire avec tes graphiques !
Mais bon, trêve de gaudriole, maintenant qu'on a fini de se poiler, on peut passer au nouveau chapitre ! Pour ceux à qui l'ami Sivert manque, ne vous en faites pas, il prépare ses plans, comme vous pourrez le voir très bientôt ! En attendant, j'espère que vous apprécierez ce chapitre !
Enjoy !
Cette fois, j’étais cuit.
Anna était là, devant moi, ma dernière lettre étalée face à elle, sur mon bureau. J’ignorais totalement comment elle était entrée en sa possession, mais il n’y avait pas de doute possible: c’était bien ma lettre. Je maudissais intérieurement de toutes mes forces ce damné Esprit du Vent. Elsa avait eu beau me dire et me répéter qu’il m’obéirait si je lui intimai l’ordre de lui apporter quoi que ce soit, mais de toutes évidence, il ne l’avait pas fait cette fois-ci, avec cette lettre. À cet instant, je pouvais tout juste espérer qu’il ne l’ait pas amenée directement auprès d’Anna. Dans tous les cas, cette fichue bourrasque avait eu un sacré sens du timing.
Pourquoi avait-il fallu qu’il (ou elle, pour ce que j’en savais) attende le moment où notre correspondance avec Elsa commençait à être très claire sur nos sentiments respectifs pour aller tout balancer à sa soeur ? Pourquoi ce problème n’avait-il pas pu se présenter plus tôt, ou tout était encore trop ambigu entre nous pour qu’Anna puisse comprendre ce qui se tramait derrière son dos ? À cet instant, il était impossible que je tente de lui faire croire quoi que ce soit d’autre que ce qu’elle devait probablement penser déjà. Perdant de fait toute l’éloquence dont j’était capable dans mes lettres, je balbutiai:
« Euh…et bien…Anna je…ce n’est pas…
- Ce que je crois ? me coupa-t-elle, au contraire Yohan, je pense que c’est exactement ce à quoi je pense, là tout de suite.
Je levai les yeux vers elle, penaud comme un enfant grondé par sa mère. Elle ne semblait pas en colère. Elle ne paraissait pas m’en vouloir. L’air avec lequel elle me regardait était étrange, de façon telle que je ne me souvenais pas l’avoir déjà vu sur son visage. Je sondai ses yeux verts. J’y décelai un curieux mélange entre de l’excitation, de la nervosité, et ce qui semblait s’apparenter à de la déception. Au fond de moi, je pressentais ce qu’elle devait ressentir. Et je m’en voulais.
Je m’en voulais, car me vint à l’esprit l’idée horrible que je l’avais blessée. Je lui avais encore menti. Je ne pourrais jamais oublier la première fois que c’était arrivé. Lorsque, lors de mon premier voyage, elle et Elsa avaient découvert qui j’étais, elle m’en avait beaucoup voulu de lui avoir menti pendant des mois, et elle en avait été profondément meurtrie. Elle me faisait confiance. Et voilà que, pour la deuxième fois, j’avais manigancé mes propres intérêts derrière son dos, malgré cette confiance qu’elle avait placée en moi. Je ne savais pas quoi dire. J’attendais qu’elle parle, qu’elle me dise à quel point je l’avais sans doute encore déçue.
- Combien de temps ?
- Quoi ?
- Combien de temps cela fait-il que vous échangez ce genre de lettres avec Elsa ?
Je jetai un oeil à la lettre dépliée sur le bureau, et soupirai:
- Comme je te l’ai dit, ça doit bien faire un mois.
J’avais parlé d’une voix blanche. Anna, elle, n’avait pas réagi. Elle était toujours calme, posée, et elle prit délicatement la lettre entre ses doigts en s’asseyant sur mon bureau. Je m’attendais à la voir exploser à tout moment. Elle parcourut rapidement la lettre des yeux et s’enquit:
- Donc, si je comprends bien, vous avez passé ces dernières semaines avec Elsa à vous envoyer des mots doux alors que je t’avais expressément demandé de me tenir au courant de tout ce qui concernait ses difficultés ?
Je massai ma nuque avant de répondre. Elle me faisait mal à force de se raidir.
- C’est…c’est ça Anna. Je suis désolé. Vraiment.
Elle reposa la lettre.
- Et bien heureusement qu’Elsa pense à m’envoyer des lettres à moi aussi, sans quoi je n’aurais pas été au courant de grand chose.
L’idée affreuse me vint qu’Elsa ait pu parler à Anna de notre correspondance. Puis, je me souvins que je parlais d’Elsa, et que les chances qu’elle le fasse étaient quasi-nulles. Puis, à ma grande surprise, je vis Anna se pencher vers moi. Elle souriait.
- Tu m’as encore menti.
Et voilà. Nous y étions. J’allais réveiller la furie. Et je méritais amplement la volée de bois vert à venir que j’allais me prend…
- Pendant tout ce temps, tu t’es moqué de moi.
Elle se releva, tandis que je la regardai, stupéfait. Elle souriait toujours, et ne semblait pas m’en vouloir.
- Que…euh…quoi ?!
Je faillis tomber de ma chaise lorsque Anna se précipita sur moi en la renversant à moitié. Elle plongea un regard faussement suspicieux dans le mien, comme une petite fille qui aurait accusé son petit frère d’avoir caché les bonbons.
- Tu es bien amoureux d’Elsa ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit !
- Et bien, je dirais que c’était précisément pour éviter ce genre de réaction mais je suis pas sûr que…
Je manquai de m’étaler sur le sol lorsque Anna relâcha la chaise, qui se remit brusquement en place.
- Quand je pense que tu m’as soutenu le contraire pendant des mois ! Je savais que tu me prenais pour une bille ! Comment as-tu pu me faire ça ?!
J’étais stupéfait. Anna ne paraissait avoir dans la voix ni colère ni déception. Cependant, elle semblait clairement décontenancée, comme si elle ne savait pas comment accueillir la nouvelle. Elle commença à faire nerveusement les cent pas, comme si elle réfléchissait. Surmontant mon malaise, je déglutis et osai demander:
- Et donc…quelle sera ma sanction ?
Anna s’arrêta et tourna vers moi un visage surpris.
- Ta sanction ?
- Et bien oui. Je t’ai désobéi Anna. J’ai…j’ai fait passer mes intérêts personnels avant la mission que tu m’avais confiée. Du coup tu…tu vas me punir j’imagine ?
- Te punir ? Non…non je vais juste…prendre les choses en mains.
La jeune Reine s’approcha de moi, tandis que je levai les mains comme pour me rendre. Je n’en revenais pas.
- Prendre les…et du coup, moi je fais quoi ?
- Toi, répondit-elle en se penchant de nouveau sur moi, toi tu vas finir ce que tu as commencé avec Elsa. Que tu passes outre mes demandes officielles, passe encore. Mais crois moi Yohan, si jamais tu as le malheur de briser le coeur à ma soeur, ou même de lui donner une raison, une seule petite raison de voir en votre relation une quelconque déception amoureuse, tu auras affaire à moi. Je ne plaisante pas. Je sais ce que ça fait. Et plus que quiconque, je sais qu’il est possible d’en mourir. Rien chez Elsa n’est plus fragile et plus précieux que son coeur, et si jamais tu osais lui faire le moindre mal sentimentalement parlant, je t’étriperai, je te momifierai, je t’enfermerai à l’intérieur d’une pyramide de glace qu’elle aura préalablement construit et peut-être, et je dis bien peut-être qu’avec un peu de chance, on te retrouvera avant 5 000 ans. Est-ce clair ?
Je déglutis de nouveau, presque effrayé. Anna avait dit tout ça d’une traite, sans reprendre son souffle, et je voyais à son regard qu’elle était on ne pouvait plus sérieuse. Jamais je n’aurais pensé utiliser un jour ce mot pour décrire la jolie rousse, mais elle était à cet instant parfaitement terrifiante.
- Okk je…je crois que j’ai saisi. En somme tu me demandes de…
- De concrétiser les choses avec Elsa, oui. Crois moi je la connais, si tu attends qu’elle fasse le premier pas, nous serons probablement tous morts avant qu’elle ne se décide.
Et elle tourna les talons, comme pour sortir de la chambre. Je restai assis sur ma chaise, hébété. J’avais l’impression de n’avoir absolument rien compris à ce qui venait de se passer. C’était tout ? Les choses allaient se régler comme ça ? Non, tout cela ne ressemblait pas à Anna. Elle avait presque l’air de se contenir. Je me levai doucement et m’enquis:
- Et donc, c’est tout ? C’est tout ce que ça te fait de savoir que ta soeur et moi…enfin que je…que j’aime Elsa ?
À ma grande surprise, Anna se retourna vers moi en soupirant:
- Je te l’ai dit Yohan, il aurait vraiment fallu être un parfait imbécile pour ne pas voir qu’il y avait quelque chose entre vous deux. Depuis le jour où Elsa t’a donné ce poste d’Escorte Royale, je savais que ça finirait comme ça. Je ne m’attendais pas aux lettres, je l’avoue. Mais après tout, Elsa a toujours aimé ça. Écrire. Elle a toujours été douée pour ça.
Elle souriait à présent, et je retrouvais dans son sourire la Anna rieuse et espiègle que je connaissais.
- Quand on était petites, j’inventais des histoires romantiques avec des petits personnages de glace qu’elle créait. Et je lui faisais écrire des petites lettres d’amour pour les illustrer. Je me souviens de ces lettres, elles étaient incroyables, à chaque fois j’étais…
Mais alors qu’elle commençait à se perdre dans son récit et ses rêveries, elle en fut brusquement tirée lorsqu’elle jeta de nouveau un oeil par la fenêtre.
- Oh mais je parle je parle, j’ai encore des tas de choses à faire ! Et du coup, toi, tu viens avec moi.
Je me tournai vers le bureau en montrant la lettre du doigt.
- Euh, d’accord mais vu que tu m’as demandé de…enfin, la lettre…
- Elle peut attendre, s’impatienta Anna, je suis sûre qu’Elsa a encore bien des choses à faire de son côté aussi. Tu sais qu’avec Courant d’Air elle a les lettres en main presque instantanément…quand il les lui porte. Allez viens, tu auras bien le temps de jouer les amoureux plus tard !
Je m’avouai vaincu, et ceignis Flamme ainsi que les Lames d’Arendelle avant de lui emboîter le pas. Cependant, lorsque nous fûmes sortis de la chambre, Anna se tourna vers moi, un air malicieux sur le visage.
- Ne va pas croire que cette histoire va s’arrêter là Yohan. Je compte bien m’en entretenir avec Elsa, à un moment ou à un autre, et cette fois rien ni personne ne pourra m’empêcher de le faire.
Elle avait dit cela sur un ton qui trahissait une volonté qui elle-même ne laissait aucun doute sur la véracité de sa phrase. Je hochai la tête.
- D’accord, j’ai saisi. Mais, tout de même…sans vouloir te commander…essaie de…ne pas être trop dure avec elle.
- Pourquoi je le serais ? Elle a simplement volontairement oublié de raconter à sa soeur qu’elle était engagée dans une relation épistolaire amoureuse avec mon meilleur ami, c’est tout.
Je sentis à ces mots mes joues chauffer légèrement et agitait la main nonchalamment.
- Oh, « relation amoureuse », exagère pas, c’est encore un bien trop grand…
Mais je m’arrêtai vite de parler en voyant le regard qu’Anna me lançait. Elle ne paraissait clairement pas convaincue d’avance par tout ce que j’allais pouvoir lui dire, et, voyant que je m’étais tu, elle pris la direction de la grande cour, pour sortir du château.
- Bref, où…où allons nous ? osai-je demander après quelques instants
- Sur le port, répondit Anna, je veux voir si les problèmes des bateleurs de ce matin ont évolué.
Je restai sans répondre, me contentant de la suivre jusqu’aux quais. Ces derniers, visuellement, étaient fidèles à eux-mêmes: les pêcheurs se passaient ça et là à la chaîne d’énormes poissons, qu’ils achevaient de placer dans des grands filets. L’air marin y était bien plus vivifiant qu’ailleurs, et le parfum salé des embruns se mêlait à la forte odeur de poisson pour un résultat olfactif dont l’identité était aussi forte que l’aspect désagréable. Les petits bateaux de pêche naviguaient avec adresse au milieu des splendides bateaux de la flotte royale, pour la plupart d’imposants trois mâts, qui, bien qu’ayant fameuse allure, étaient tout sauf fins comme des oiseaux. Le contraste était saisissant, mais cela ne semblait pas déranger les pêcheurs. Ils avaient vraisemblablement autre chose en tête lorsque Anna et moi arrivâmes à leur rencontre. L’un d’eux se dirigea vers la Reine avec un grand sourire. Il était grand et carré, aux allures de vieux marin qui en avait déjà vu beaucoup. Pour avoir voyagé plus loin qu’aucun d’entre eux ne le ferait jamais, son aspect ne m’impressionnait pas, mais l’homme dégageait tout de même une aura d’ancienneté et de vigueur impressionnante pour son âge.
- Votre Majesté ! s’exclama-t-il en s’inclinant légèrement devant Anna, vous revenez voir s’il y’a du nouveau ma parole ! On vous attendait depuis quelques minutes, les gars et moi, on commençait à se demander si vous nous aviez pas oublié !
- Désolée Otto, répondit Anna, j’ai eu une…petite surprise de dernière minute.
Je savais qu’elle s’était tournée vers moi en disant cela, mais je décidai de faire comme si je n’avais rien entendu, ce qui était également le cas du marin.
- Vous faites pas de bile Votre Altesse, toutes façons on sait pas trop comment vous expliquer ça…le mieux c’est que vous veniez voir par vous mêmes.
Ce disant, il nous mena vers le chemin de terre qui lui même menait aux quais et aux bâtiments dans lesquels les poissons étaient récupérés et traités. L’odeur était insoutenable, mais cela ne semblait pas déranger le vieux marin. Anna, elle, tentait tant bien que mal de garder contenance, mais je pouvais voir à son teint verdâtre que les effluves de poisson épouvantables semblaient la gêner à peu près autant que moi.
Le dénommé Otto, lui, nous amena sans broncher vers une grande bâche qui paraissait recouvrir quelque chose. Il se tourna vers Anna en pointant le grand tissu du doigt.
- On a préféré isoler les preuves, M’sieur Faulkner a demandé à ce que vous puissiez les voir en premier.
- Les preuves ? s’enquit Anna, les preuves de quoi ?
- Voyez plutôt.
Le vieux marin souleva la bâche, et nous vîmes simplement apparaître…des débris de tonneaux brisés.
Peu convaincus, nous échangeâmes un regard avec Anna qui en disait long sur la façon dont la déception avait été à la hauteur des attentes. Je demandai poliment la permission, et lorsqu’elle me l’eut accordée d’un mouvement de tête, m’avançai prudemment vers l’endroit que nous avait dévoilé le marin.
- Okk, donc c’est ça que vous vouliez nous montrer ? Des…tonneaux cassés ? Dites, je voudrais pas me montrer irrespectueux, mais ils picolent pas un peu vos marins ?
- Oh voyons M’sieur Yohan, s’indigna le vieil homme, des hommes exemplaires, pas indisciplinés pour un sou ! Non, là c’est pas fair-play !
- Parce que vous trouvez ça fair-play vous, de faire se déplacer la Reine parce qu’on vous a pété trois arceaux de tonneaux ?
Mais alors qu’il allait répondre, le marin se tut en voyant Anna s’approcher elle-même, et s’accroupir devant les débris. Sa robe trainait dans la terre et la boue, mais elle ne semblait pas s’en soucier.
- Yohan, dit-elle, je pense que tu devrais voir ça.
Intrigué, je m’approchai d’elle, et baissai les yeux vers ce qu’elle me montrait. À nos pieds, parmi les débris de bois et de fer, formées dans la terre humide et clairement visibles, se trouvaient des empreintes de pieds. De pieds nus.
- Alors ça par exemple…
Je me baissai à mon tour pour les étudier.
Elles étaient fraîches, mais vraisemblablement pas du jour. La terre avait déjà recommencé à se solidifier autour des empreintes. Il était déjà surprenant que quiconque ait pu venir jusqu’ici pieds nus, mais le plus étrange, c’était la taille et la forme. Les empreintes étaient larges et grossières, comme si le pied de la personne qui les avait laissées était déformé ou trop grand. Autant dire que cela n’avait rien d’un pied ordinaire. Anna et moi remarquâmes que les empreintes commençaient au niveau des tonneaux brisés, puis qu’elles continuaient jusqu’aux quais, pour finalement s’arrêter à leur niveau, à peine visibles sur quelques centimètres. Elles n’était vraiment pas très espacées, ce qui trahissait des jambes exceptionnellement petites.
- Qu’est-ce qui a bien pu laisser ces empreintes ? s’enquit Anna
- En tous cas, c’est pas un humain, c’est sûr, affirmai-je, j’ai jamais connu personne capable de marcher avec des pieds pareils.
La jeune rousse acquiesça, se releva, et s’adressa au marin.
- Otto, de quand dataient ces tonneaux ?
- Bah c’était les tonneaux du dernier convoi de la forêt M’Dame, de chez les amis de vot’ soeur la Reine Elsa.
- Un convoi de marchandises Northuldra, m’expliqua Anna en se tournant vers moi, ils nous envoient régulièrement des ressources venues de la forêt.
- Ça c’était ceux d’avant-hier, continua le matelot, on les a placé là en attendant que les gars viennent les chercher, puis hier soir on les a trouvés comme ça. Ils étaient vides M’Dame. Alors vous comprenez, on s’est dit qu’c’était pas normal mais nous, si y’a un problème avec vos potes dans la forêt, on préfère vous le dire à vous en premier plutôt que nous en mêler. On est des gars d’la mer nous autres.
L’absence de réaction ainsi que l’air grave sur le visage d’Anna m’indiqua clairement qu’elle réfléchissait. Pour ma part, je restai sans rien dire, bien que j’eus certaines idées qui me passaient par la tête en cet instant même. Le marin en faisait autant, et il ne broncha même pas lorsque, après s’être frotté le visage sous l’effet de la fatigue, Anna lui ordonna.
- Bien. Je vous remercie pour ces informations Otto, vous avez bien agi. Si vous n’avez pas terminé votre travail pour aujourd’hui, achevez le. Autrement, vous pouvez rentrer chez vous vous reposer. Je vous ferai signe si j’ai encore besoin de vous.
- Bien M’Dame.
Le marin la remercia, et après nous avoir respectueusement salué, il se retira dans un atelier. Nous restâmes là avec Anna, silencieux jusqu’à ce que celle-ci regarde d’un air désolé le bas de sa robe. Il était boueux, sale et humide.
- On dirait bien que je vais devoir rentrer me changer.
Nous reprîmes donc la direction du château, évitant néanmoins de parler trop fort pour n’alerter personne.
- Alors, m’enquis-je, tu crois qu’il se passe quoi avec les Northuldra ?
- Les Northuldra, je ne sais pas, répondit Anna, ce ne sont pas eux qui m’inquiètent.
- Ah bon ?
- Oui. Tu as bien vu ces empreintes ? À ton avis, ce sont des empreintes de quoi ?
Je repensai à la forme et la taille des empreintes. À leur espacement. Et à bien y réfléchir, je ne connaissais au final qu’une seule espèce en Arendelle qui pouvait correspondre à ces critères précis.
- Eh bien, sans trop me mouiller, je dirais des empreintes de troll, répondis-je.
- Tout juste, confirma Anna.
Nous arrivâmes très bientôt au château, et alors que je suivais machinalement la petite rousse, elle prit la direction de sa chambre. À ma grande surprise, elle m’invita à entrer. Sans mot dire, je restai respectueusement debout, tandis que je regardai Anna choisir des affaires pour se changer. Elle ne semblait pas dérangée le moins du monde, et continuait de me parler comme si de rien n’était.
- La vraie question c’est: pourquoi un troll prendrait-il le risque de venir seul en Arendelle, d’autant plus caché dans un tonneau de marchandises ?
Ne pouvant m’empêcher de me sentir gêné, je me retournai tout de même lorsqu’elle passa derrière le paravent pour se changer. J’était certes flatté de la confiance qu’elle semblait m’accorder, mais je me sentais légèrement mal en pensant qu’Anna était en train de se déshabiller à quelques mètres de moi, quand bien même je ne pouvais pas la voir. Cependant, sa question méritait d’être posée.
- Je ne sais pas, répondis-je, il me semble que lorsque les trolls ont quelque chose à vous dire, ils viennent directement, et à plusieurs.
- En effet, ajouta Anna derrière son paravent, mais peut-être que cette fois-ci, si c’est bien un troll, ce n’est pas eux qu’il représentait.
Je tâchai d’ignorer le corset que je vis atterrir par dessus le paravent dans le miroir en face de moi, et demandai:
- Que veux-tu dire ?
- Cette histoire que les trolls vous ont raconté à Kristoff et toi, à propos de ce troll..comment s’appelait-il déjà ?
Ça y était. Je voyais enfin où elle voulait en venir. En effet, nous n’avions pas reparlé de cette histoire depuis que Kristoff et moi étions revenus, l’attaque qu’avait subi Elsa quelques jours plus tard ayant accaparé nos pensées. Pourtant, si effectivement un troll était venu seul en Arendelle, il n’était pas impossible qu’il s’agisse de…
- Morten, murmurai-je
- C’est cela ! acheva Anna
Je la vis alors sortir de derrière le paravent, et ne pus m’empêcher de sourire en la voyant.
Elle avait très fière allure. Elle portait désormais un pantalon beige, surmonté d’une robe courte violette, surmontée d’un boléro noir au liseré vert. Sa tenue, à la fois sobre et élégante, semblait lui donner une plus grande liberté de mouvement, et ses gestes eux-mêmes paraissaient plus souples et plus vifs. Je m’apprêtai à la complimenter, mais elle me prit de vitesse, concentrée sur la conversation.
- Et si mes souvenirs sont bons, d’après ce que vous ont dit les trolls, ce « Morten » aime bien passer du temps parmi les humains. Peut-être une raison suffisante pour venir jusqu’en Arendelle.
- Oui, certes Anna mais…pourquoi le tonneau ?
Quand bien même le troll renégat aurait décidé tout seul de venir jusqu’en Arendelle, pourquoi n’avait-il pas choisi de rouler jusqu’au royaume, ainsi que le faisaient ses ex-congénères lorsqu’ils y venaient ?
Je vis Anna soupirer. À l’évidence, elle se posait autant de questions que moi.
- Je ne sais pas Yohan, je t’avoue que tout ça est très étrange pour moi. Je ne sais vraiment pas à quoi ça rime, tout ce qui se passe en ce moment. Toi, Elsa, les Northuldra, les trolls…je ne comprends rien à ce qui se passe.
Elle avait l’air fatiguée. Attendri, je m’approchai d’elle, et posai ma main sur son épaule.
- Hé, ça va aller, t’en fais pas, on finira bien par découvrir ce que c’est que tout ce bordel, et si il faut on y mettra fin.
La Reine leva vers moi un petit sourire, qui me mit du baume au coeur. Je ne voyais pas souvent sourire Anna ces derniers temps, et il était toujours appréciable de la voir faire. Mais je pouvais voir aux traits tirés de son visage qu’elle était épuisée. Elle posa sa main sur la mienne, et soupira.
- Si tu le dis. En attendant, je veux quand même essayer de savoir ce que fait un troll tout seul à Arendelle.
- Et donc, qu’est-ce qu’on va faire ?
Anna sembla réfléchir pendant quelques secondes, puis déclara:
- Je ne peux pas demander à toute la garde de chercher un petit troll dans tout le royaume, ce serait ridicule. Quant à toi, tu as déjà une mission. Je vais mettre Kristoff et Sven sur le coup. Si quelqu’un peut bien trouver un troll caché dans la ville, c’est eux.
Il y eut quelques instants de silence, et alors que je commençai à me demander quelle était cette « mission » dont elle me parlait, elle le brisa finalement en se tournant vers moi. Elle souriait de nouveau.
- Je pense que tu devrais aller envoyer ta lettre à Elsa. Elle doit l’attendre.
Je lui fis à mon tour un petit sourire gêné. J’étais toujours un peu surpris de sa réaction en découvrant la relation que sa soeur et moi entretenions dans nos lettres, et je l’avoue, avais espéré que le sujet ne reviendrait pas tout de suite sur le tapis. Dans le doute, je m’enquis une dernière fois.
- Oui, tu as raison je…je vais le faire. Du coup tu…tu es sûre Anna ? Aucun problème pour toi avec…enfin je veux dire si je…
- Le seul problème actuellement Yohan, répondit la rouquine, c’est que tu fais attendre Elsa.
- Je te demande pardon ?
Anna se leva finalement, et à ma grande surprise, me prit dans ses bras d’un air enjoué, qu’elle ne possédait pas tout juste quelques secondes auparavant.
- Bien sûr que je suis très heureuse pour vous ! Pour elle, pour toi ! Vous êtes si compliqués tous les deux, l’amour, ça ne peut vraiment pas vous faire de mal ! Alors arrête de faire comme elle, et de t’inquiéter toujours pour rien ! Regarde, Kristoff et moi, on ne s’est pas autant embêtés, ça s’est fait le plus naturellement du monde !
Je dus me mordre la langue pour ne pas répliquer que j’étais bien placé pour savoir que non, tout n’avait pas été si naturel pour eux deux non plus, mais je n'avais pas envie de réveiller de vieilles interrogations enfouies depuis longtemps aux yeux d’Anna. Je lui rendis donc doucement son étreinte, en lui caressant affectueusement les cheveux.
- C’est vrai, tu as raison. Merci Anna. T’es la meilleure !
La jeune Reine me lâcha, et désigna du menton la porte de sa chambre.
- Je sais. Allez, va dire des mots doux à ma soeur ! C’est un ordre de ta Reine !
- À vos ordres Majesté !
Une fois sorti de la chambre d’Anna, je pris la direction de la mienne. Je me sentais serein et apaisé. Ainsi Anna n’avait-elle pas vu d’inconvénients à ce que quelque chose de plus qu’une amitié de circonstances existe entre Elsa et moi. Au fond de moi, je n’en attendais pas moins d’elle, mais j’étais tout de même surpris du calme de sa réaction. J’avais outrepassé ses ordres, et l’avais délibérément mise à l’écart de quelque chose qui à priori la concernait pourtant un petit peu. Non pas que la façon dont elle avait réagi ne me faisait pas plaisir, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il y avait derrière cette dernière d’autres préoccupations dont Anna ne m’avait pas parlé, et sur lesquelles elle ne voulait vraisemblablement pas s’étendre. Mais après tout, cela la regardait.
À cet instant, je pensais à Elsa bien entendu, mais ces histoires d’empreintes de pas, de tonneaux et de trolls se bousculaient dans ma tête. Morten avait-il vraiment un lien avec tout cela ? Anna avait raison, l’explication était celle qui paraissait la plus plausible. L’espace d’un instant, je repensais à l’homme qu’Elsa et moi avions vu dans la forêt. Probablement celui là même qui l’avait attaquée. Je n’aurais su dire pourquoi ni comment, mais j’étais au fond de moi persuadé que lui et Morten avaient un lien par rapport aux événements de ces dernières semaines. Mais lequel, ça…cela restait à découvrir.
En entrant dans ma chambre, je repensai à la lettre. À présent, j’hésitai vraiment à l’envoyer, sans vraiment savoir pourquoi. De ce que me disait Elsa, elle n’était indifférente ni à mes lettres ni à moi. Ou peut-être était-elle naturellement trop bienveillante pour oser me dire le contraire ? Je soupirai en me rendant compte de ma stupidité. Voilà qu’à présent je commençai à me questionner comme une vulgaire adolescente !
« Allez Yohan, commence pas, si Elsa te le dit c’est que ça doit être vrai ! Envoie cette lettre bordel ! ».
Mais alors que je me défaisais des Lames d’Arendelle avant d’aller me rasseoir à mon bureau, des petits coups sourds se firent entendre à ma porte. Je me levai en grommelant.
« Oh mais qui c’est le con encore qui…
J’allai ouvrir, et me trouvai de nouveau nez à nez avec Olaf. Il était seul, et me regardait la bouche en coeur. Me sentant soudain pris d’une grande lassitude, je pris néanmoins le temps de demander poliment.
- Tiens donc, Olaf ! Qu’est-ce que tu fais ici ?
- C’est Anna qui m’envoie, répondit le bonhomme de neige.
Je le regardai en soupirant. Très mauvais menteur, je savais qu’il était incapable de me dire autre chose que la vérité.
- Anna qui t’envoie ? Mais on s’est quittés y’a tout juste quelques secondes, elle pouvait pas venir elle même ?
Sans se départir de son sourire aussi touchant qu’idiot, Olaf entra doucement et sans aucune gêne dans ma chambre en expliquant.
- Enfin elle m’a pas vraiment envoyé, mais comme Kristoff vient de la rejoindre dans sa chambre j’ai pas pu entrer. Anna m’a dit qu’ils devaient discuter de choses très importantes.
Je pouvais comprendre Anna. Si elle devait entretenir Kristoff sur ce qu’il se passait et lui demander de chasser le troll de façon urgente, elle ne devait certainement pas avoir envie de se retrouver avec Olaf dans les pattes. Mais le bonhomme de neige continua.
- D’ailleurs j’ai jamais le droit d’entrer dans leur chambre quand ils sont tous les deux, je me demande bien pourquoi…
Refermant la porte d’un air las, je m’assis de nouveau sur ma chaise de bureau en soupirant.
- Oh ouais, on se demande hein…
Je faillis tomber à la renverse lorsque Olaf sauta à moitié à pieds joints sur mon bureau.
- Mais bon, tant pis, laissons les à leurs cachotteries. Et toi tu fais quoi ?!
- Bon sang Olaf ! criai-je, fais attention tu vas déchirer ma…
Le reste de ma phrase se perdit dans ma surprise. Écarquillant les yeux, je soulevai alors Olaf pour vérifier la plante de ses « pieds ». Je le reposai, et tandis qu’il me regardait d’un air hébété sans paraitre comprendre ce que je faisais, je me mis à ratisser mon bureau de long en large, regardant dessus, dessous, et dans tous les coins de ma chambre d’un air frénétique.
- Hé, Yohan, ça va ? demanda le bonhomme de neige
Je ne lui répondis pas. Désormais sourd à ses questions et ses pitreries, je sentais monter en moi un irrépressible et incontrôlable vent de panique.
La lettre avait disparu.
Mais bon, trêve de gaudriole, maintenant qu'on a fini de se poiler, on peut passer au nouveau chapitre ! Pour ceux à qui l'ami Sivert manque, ne vous en faites pas, il prépare ses plans, comme vous pourrez le voir très bientôt ! En attendant, j'espère que vous apprécierez ce chapitre !
Enjoy !
Chapitre 13 - Nouvelle Mission
Cette fois, j’étais cuit.
Anna était là, devant moi, ma dernière lettre étalée face à elle, sur mon bureau. J’ignorais totalement comment elle était entrée en sa possession, mais il n’y avait pas de doute possible: c’était bien ma lettre. Je maudissais intérieurement de toutes mes forces ce damné Esprit du Vent. Elsa avait eu beau me dire et me répéter qu’il m’obéirait si je lui intimai l’ordre de lui apporter quoi que ce soit, mais de toutes évidence, il ne l’avait pas fait cette fois-ci, avec cette lettre. À cet instant, je pouvais tout juste espérer qu’il ne l’ait pas amenée directement auprès d’Anna. Dans tous les cas, cette fichue bourrasque avait eu un sacré sens du timing.
Pourquoi avait-il fallu qu’il (ou elle, pour ce que j’en savais) attende le moment où notre correspondance avec Elsa commençait à être très claire sur nos sentiments respectifs pour aller tout balancer à sa soeur ? Pourquoi ce problème n’avait-il pas pu se présenter plus tôt, ou tout était encore trop ambigu entre nous pour qu’Anna puisse comprendre ce qui se tramait derrière son dos ? À cet instant, il était impossible que je tente de lui faire croire quoi que ce soit d’autre que ce qu’elle devait probablement penser déjà. Perdant de fait toute l’éloquence dont j’était capable dans mes lettres, je balbutiai:
« Euh…et bien…Anna je…ce n’est pas…
- Ce que je crois ? me coupa-t-elle, au contraire Yohan, je pense que c’est exactement ce à quoi je pense, là tout de suite.
Je levai les yeux vers elle, penaud comme un enfant grondé par sa mère. Elle ne semblait pas en colère. Elle ne paraissait pas m’en vouloir. L’air avec lequel elle me regardait était étrange, de façon telle que je ne me souvenais pas l’avoir déjà vu sur son visage. Je sondai ses yeux verts. J’y décelai un curieux mélange entre de l’excitation, de la nervosité, et ce qui semblait s’apparenter à de la déception. Au fond de moi, je pressentais ce qu’elle devait ressentir. Et je m’en voulais.
Je m’en voulais, car me vint à l’esprit l’idée horrible que je l’avais blessée. Je lui avais encore menti. Je ne pourrais jamais oublier la première fois que c’était arrivé. Lorsque, lors de mon premier voyage, elle et Elsa avaient découvert qui j’étais, elle m’en avait beaucoup voulu de lui avoir menti pendant des mois, et elle en avait été profondément meurtrie. Elle me faisait confiance. Et voilà que, pour la deuxième fois, j’avais manigancé mes propres intérêts derrière son dos, malgré cette confiance qu’elle avait placée en moi. Je ne savais pas quoi dire. J’attendais qu’elle parle, qu’elle me dise à quel point je l’avais sans doute encore déçue.
- Combien de temps ?
- Quoi ?
- Combien de temps cela fait-il que vous échangez ce genre de lettres avec Elsa ?
Je jetai un oeil à la lettre dépliée sur le bureau, et soupirai:
- Comme je te l’ai dit, ça doit bien faire un mois.
J’avais parlé d’une voix blanche. Anna, elle, n’avait pas réagi. Elle était toujours calme, posée, et elle prit délicatement la lettre entre ses doigts en s’asseyant sur mon bureau. Je m’attendais à la voir exploser à tout moment. Elle parcourut rapidement la lettre des yeux et s’enquit:
- Donc, si je comprends bien, vous avez passé ces dernières semaines avec Elsa à vous envoyer des mots doux alors que je t’avais expressément demandé de me tenir au courant de tout ce qui concernait ses difficultés ?
Je massai ma nuque avant de répondre. Elle me faisait mal à force de se raidir.
- C’est…c’est ça Anna. Je suis désolé. Vraiment.
Elle reposa la lettre.
- Et bien heureusement qu’Elsa pense à m’envoyer des lettres à moi aussi, sans quoi je n’aurais pas été au courant de grand chose.
L’idée affreuse me vint qu’Elsa ait pu parler à Anna de notre correspondance. Puis, je me souvins que je parlais d’Elsa, et que les chances qu’elle le fasse étaient quasi-nulles. Puis, à ma grande surprise, je vis Anna se pencher vers moi. Elle souriait.
- Tu m’as encore menti.
Et voilà. Nous y étions. J’allais réveiller la furie. Et je méritais amplement la volée de bois vert à venir que j’allais me prend…
- Pendant tout ce temps, tu t’es moqué de moi.
Elle se releva, tandis que je la regardai, stupéfait. Elle souriait toujours, et ne semblait pas m’en vouloir.
- Que…euh…quoi ?!
Je faillis tomber de ma chaise lorsque Anna se précipita sur moi en la renversant à moitié. Elle plongea un regard faussement suspicieux dans le mien, comme une petite fille qui aurait accusé son petit frère d’avoir caché les bonbons.
- Tu es bien amoureux d’Elsa ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit !
- Et bien, je dirais que c’était précisément pour éviter ce genre de réaction mais je suis pas sûr que…
Je manquai de m’étaler sur le sol lorsque Anna relâcha la chaise, qui se remit brusquement en place.
- Quand je pense que tu m’as soutenu le contraire pendant des mois ! Je savais que tu me prenais pour une bille ! Comment as-tu pu me faire ça ?!
J’étais stupéfait. Anna ne paraissait avoir dans la voix ni colère ni déception. Cependant, elle semblait clairement décontenancée, comme si elle ne savait pas comment accueillir la nouvelle. Elle commença à faire nerveusement les cent pas, comme si elle réfléchissait. Surmontant mon malaise, je déglutis et osai demander:
- Et donc…quelle sera ma sanction ?
Anna s’arrêta et tourna vers moi un visage surpris.
- Ta sanction ?
- Et bien oui. Je t’ai désobéi Anna. J’ai…j’ai fait passer mes intérêts personnels avant la mission que tu m’avais confiée. Du coup tu…tu vas me punir j’imagine ?
- Te punir ? Non…non je vais juste…prendre les choses en mains.
La jeune Reine s’approcha de moi, tandis que je levai les mains comme pour me rendre. Je n’en revenais pas.
- Prendre les…et du coup, moi je fais quoi ?
- Toi, répondit-elle en se penchant de nouveau sur moi, toi tu vas finir ce que tu as commencé avec Elsa. Que tu passes outre mes demandes officielles, passe encore. Mais crois moi Yohan, si jamais tu as le malheur de briser le coeur à ma soeur, ou même de lui donner une raison, une seule petite raison de voir en votre relation une quelconque déception amoureuse, tu auras affaire à moi. Je ne plaisante pas. Je sais ce que ça fait. Et plus que quiconque, je sais qu’il est possible d’en mourir. Rien chez Elsa n’est plus fragile et plus précieux que son coeur, et si jamais tu osais lui faire le moindre mal sentimentalement parlant, je t’étriperai, je te momifierai, je t’enfermerai à l’intérieur d’une pyramide de glace qu’elle aura préalablement construit et peut-être, et je dis bien peut-être qu’avec un peu de chance, on te retrouvera avant 5 000 ans. Est-ce clair ?
Je déglutis de nouveau, presque effrayé. Anna avait dit tout ça d’une traite, sans reprendre son souffle, et je voyais à son regard qu’elle était on ne pouvait plus sérieuse. Jamais je n’aurais pensé utiliser un jour ce mot pour décrire la jolie rousse, mais elle était à cet instant parfaitement terrifiante.
- Okk je…je crois que j’ai saisi. En somme tu me demandes de…
- De concrétiser les choses avec Elsa, oui. Crois moi je la connais, si tu attends qu’elle fasse le premier pas, nous serons probablement tous morts avant qu’elle ne se décide.
Et elle tourna les talons, comme pour sortir de la chambre. Je restai assis sur ma chaise, hébété. J’avais l’impression de n’avoir absolument rien compris à ce qui venait de se passer. C’était tout ? Les choses allaient se régler comme ça ? Non, tout cela ne ressemblait pas à Anna. Elle avait presque l’air de se contenir. Je me levai doucement et m’enquis:
- Et donc, c’est tout ? C’est tout ce que ça te fait de savoir que ta soeur et moi…enfin que je…que j’aime Elsa ?
À ma grande surprise, Anna se retourna vers moi en soupirant:
- Je te l’ai dit Yohan, il aurait vraiment fallu être un parfait imbécile pour ne pas voir qu’il y avait quelque chose entre vous deux. Depuis le jour où Elsa t’a donné ce poste d’Escorte Royale, je savais que ça finirait comme ça. Je ne m’attendais pas aux lettres, je l’avoue. Mais après tout, Elsa a toujours aimé ça. Écrire. Elle a toujours été douée pour ça.
Elle souriait à présent, et je retrouvais dans son sourire la Anna rieuse et espiègle que je connaissais.
- Quand on était petites, j’inventais des histoires romantiques avec des petits personnages de glace qu’elle créait. Et je lui faisais écrire des petites lettres d’amour pour les illustrer. Je me souviens de ces lettres, elles étaient incroyables, à chaque fois j’étais…
Mais alors qu’elle commençait à se perdre dans son récit et ses rêveries, elle en fut brusquement tirée lorsqu’elle jeta de nouveau un oeil par la fenêtre.
- Oh mais je parle je parle, j’ai encore des tas de choses à faire ! Et du coup, toi, tu viens avec moi.
Je me tournai vers le bureau en montrant la lettre du doigt.
- Euh, d’accord mais vu que tu m’as demandé de…enfin, la lettre…
- Elle peut attendre, s’impatienta Anna, je suis sûre qu’Elsa a encore bien des choses à faire de son côté aussi. Tu sais qu’avec Courant d’Air elle a les lettres en main presque instantanément…quand il les lui porte. Allez viens, tu auras bien le temps de jouer les amoureux plus tard !
Je m’avouai vaincu, et ceignis Flamme ainsi que les Lames d’Arendelle avant de lui emboîter le pas. Cependant, lorsque nous fûmes sortis de la chambre, Anna se tourna vers moi, un air malicieux sur le visage.
- Ne va pas croire que cette histoire va s’arrêter là Yohan. Je compte bien m’en entretenir avec Elsa, à un moment ou à un autre, et cette fois rien ni personne ne pourra m’empêcher de le faire.
Elle avait dit cela sur un ton qui trahissait une volonté qui elle-même ne laissait aucun doute sur la véracité de sa phrase. Je hochai la tête.
- D’accord, j’ai saisi. Mais, tout de même…sans vouloir te commander…essaie de…ne pas être trop dure avec elle.
- Pourquoi je le serais ? Elle a simplement volontairement oublié de raconter à sa soeur qu’elle était engagée dans une relation épistolaire amoureuse avec mon meilleur ami, c’est tout.
Je sentis à ces mots mes joues chauffer légèrement et agitait la main nonchalamment.
- Oh, « relation amoureuse », exagère pas, c’est encore un bien trop grand…
Mais je m’arrêtai vite de parler en voyant le regard qu’Anna me lançait. Elle ne paraissait clairement pas convaincue d’avance par tout ce que j’allais pouvoir lui dire, et, voyant que je m’étais tu, elle pris la direction de la grande cour, pour sortir du château.
- Bref, où…où allons nous ? osai-je demander après quelques instants
- Sur le port, répondit Anna, je veux voir si les problèmes des bateleurs de ce matin ont évolué.
Je restai sans répondre, me contentant de la suivre jusqu’aux quais. Ces derniers, visuellement, étaient fidèles à eux-mêmes: les pêcheurs se passaient ça et là à la chaîne d’énormes poissons, qu’ils achevaient de placer dans des grands filets. L’air marin y était bien plus vivifiant qu’ailleurs, et le parfum salé des embruns se mêlait à la forte odeur de poisson pour un résultat olfactif dont l’identité était aussi forte que l’aspect désagréable. Les petits bateaux de pêche naviguaient avec adresse au milieu des splendides bateaux de la flotte royale, pour la plupart d’imposants trois mâts, qui, bien qu’ayant fameuse allure, étaient tout sauf fins comme des oiseaux. Le contraste était saisissant, mais cela ne semblait pas déranger les pêcheurs. Ils avaient vraisemblablement autre chose en tête lorsque Anna et moi arrivâmes à leur rencontre. L’un d’eux se dirigea vers la Reine avec un grand sourire. Il était grand et carré, aux allures de vieux marin qui en avait déjà vu beaucoup. Pour avoir voyagé plus loin qu’aucun d’entre eux ne le ferait jamais, son aspect ne m’impressionnait pas, mais l’homme dégageait tout de même une aura d’ancienneté et de vigueur impressionnante pour son âge.
- Votre Majesté ! s’exclama-t-il en s’inclinant légèrement devant Anna, vous revenez voir s’il y’a du nouveau ma parole ! On vous attendait depuis quelques minutes, les gars et moi, on commençait à se demander si vous nous aviez pas oublié !
- Désolée Otto, répondit Anna, j’ai eu une…petite surprise de dernière minute.
Je savais qu’elle s’était tournée vers moi en disant cela, mais je décidai de faire comme si je n’avais rien entendu, ce qui était également le cas du marin.
- Vous faites pas de bile Votre Altesse, toutes façons on sait pas trop comment vous expliquer ça…le mieux c’est que vous veniez voir par vous mêmes.
Ce disant, il nous mena vers le chemin de terre qui lui même menait aux quais et aux bâtiments dans lesquels les poissons étaient récupérés et traités. L’odeur était insoutenable, mais cela ne semblait pas déranger le vieux marin. Anna, elle, tentait tant bien que mal de garder contenance, mais je pouvais voir à son teint verdâtre que les effluves de poisson épouvantables semblaient la gêner à peu près autant que moi.
Le dénommé Otto, lui, nous amena sans broncher vers une grande bâche qui paraissait recouvrir quelque chose. Il se tourna vers Anna en pointant le grand tissu du doigt.
- On a préféré isoler les preuves, M’sieur Faulkner a demandé à ce que vous puissiez les voir en premier.
- Les preuves ? s’enquit Anna, les preuves de quoi ?
- Voyez plutôt.
Le vieux marin souleva la bâche, et nous vîmes simplement apparaître…des débris de tonneaux brisés.
Peu convaincus, nous échangeâmes un regard avec Anna qui en disait long sur la façon dont la déception avait été à la hauteur des attentes. Je demandai poliment la permission, et lorsqu’elle me l’eut accordée d’un mouvement de tête, m’avançai prudemment vers l’endroit que nous avait dévoilé le marin.
- Okk, donc c’est ça que vous vouliez nous montrer ? Des…tonneaux cassés ? Dites, je voudrais pas me montrer irrespectueux, mais ils picolent pas un peu vos marins ?
- Oh voyons M’sieur Yohan, s’indigna le vieil homme, des hommes exemplaires, pas indisciplinés pour un sou ! Non, là c’est pas fair-play !
- Parce que vous trouvez ça fair-play vous, de faire se déplacer la Reine parce qu’on vous a pété trois arceaux de tonneaux ?
Mais alors qu’il allait répondre, le marin se tut en voyant Anna s’approcher elle-même, et s’accroupir devant les débris. Sa robe trainait dans la terre et la boue, mais elle ne semblait pas s’en soucier.
- Yohan, dit-elle, je pense que tu devrais voir ça.
Intrigué, je m’approchai d’elle, et baissai les yeux vers ce qu’elle me montrait. À nos pieds, parmi les débris de bois et de fer, formées dans la terre humide et clairement visibles, se trouvaient des empreintes de pieds. De pieds nus.
- Alors ça par exemple…
Je me baissai à mon tour pour les étudier.
Elles étaient fraîches, mais vraisemblablement pas du jour. La terre avait déjà recommencé à se solidifier autour des empreintes. Il était déjà surprenant que quiconque ait pu venir jusqu’ici pieds nus, mais le plus étrange, c’était la taille et la forme. Les empreintes étaient larges et grossières, comme si le pied de la personne qui les avait laissées était déformé ou trop grand. Autant dire que cela n’avait rien d’un pied ordinaire. Anna et moi remarquâmes que les empreintes commençaient au niveau des tonneaux brisés, puis qu’elles continuaient jusqu’aux quais, pour finalement s’arrêter à leur niveau, à peine visibles sur quelques centimètres. Elles n’était vraiment pas très espacées, ce qui trahissait des jambes exceptionnellement petites.
- Qu’est-ce qui a bien pu laisser ces empreintes ? s’enquit Anna
- En tous cas, c’est pas un humain, c’est sûr, affirmai-je, j’ai jamais connu personne capable de marcher avec des pieds pareils.
La jeune rousse acquiesça, se releva, et s’adressa au marin.
- Otto, de quand dataient ces tonneaux ?
- Bah c’était les tonneaux du dernier convoi de la forêt M’Dame, de chez les amis de vot’ soeur la Reine Elsa.
- Un convoi de marchandises Northuldra, m’expliqua Anna en se tournant vers moi, ils nous envoient régulièrement des ressources venues de la forêt.
- Ça c’était ceux d’avant-hier, continua le matelot, on les a placé là en attendant que les gars viennent les chercher, puis hier soir on les a trouvés comme ça. Ils étaient vides M’Dame. Alors vous comprenez, on s’est dit qu’c’était pas normal mais nous, si y’a un problème avec vos potes dans la forêt, on préfère vous le dire à vous en premier plutôt que nous en mêler. On est des gars d’la mer nous autres.
L’absence de réaction ainsi que l’air grave sur le visage d’Anna m’indiqua clairement qu’elle réfléchissait. Pour ma part, je restai sans rien dire, bien que j’eus certaines idées qui me passaient par la tête en cet instant même. Le marin en faisait autant, et il ne broncha même pas lorsque, après s’être frotté le visage sous l’effet de la fatigue, Anna lui ordonna.
- Bien. Je vous remercie pour ces informations Otto, vous avez bien agi. Si vous n’avez pas terminé votre travail pour aujourd’hui, achevez le. Autrement, vous pouvez rentrer chez vous vous reposer. Je vous ferai signe si j’ai encore besoin de vous.
- Bien M’Dame.
Le marin la remercia, et après nous avoir respectueusement salué, il se retira dans un atelier. Nous restâmes là avec Anna, silencieux jusqu’à ce que celle-ci regarde d’un air désolé le bas de sa robe. Il était boueux, sale et humide.
- On dirait bien que je vais devoir rentrer me changer.
Nous reprîmes donc la direction du château, évitant néanmoins de parler trop fort pour n’alerter personne.
- Alors, m’enquis-je, tu crois qu’il se passe quoi avec les Northuldra ?
- Les Northuldra, je ne sais pas, répondit Anna, ce ne sont pas eux qui m’inquiètent.
- Ah bon ?
- Oui. Tu as bien vu ces empreintes ? À ton avis, ce sont des empreintes de quoi ?
Je repensai à la forme et la taille des empreintes. À leur espacement. Et à bien y réfléchir, je ne connaissais au final qu’une seule espèce en Arendelle qui pouvait correspondre à ces critères précis.
- Eh bien, sans trop me mouiller, je dirais des empreintes de troll, répondis-je.
- Tout juste, confirma Anna.
Nous arrivâmes très bientôt au château, et alors que je suivais machinalement la petite rousse, elle prit la direction de sa chambre. À ma grande surprise, elle m’invita à entrer. Sans mot dire, je restai respectueusement debout, tandis que je regardai Anna choisir des affaires pour se changer. Elle ne semblait pas dérangée le moins du monde, et continuait de me parler comme si de rien n’était.
- La vraie question c’est: pourquoi un troll prendrait-il le risque de venir seul en Arendelle, d’autant plus caché dans un tonneau de marchandises ?
Ne pouvant m’empêcher de me sentir gêné, je me retournai tout de même lorsqu’elle passa derrière le paravent pour se changer. J’était certes flatté de la confiance qu’elle semblait m’accorder, mais je me sentais légèrement mal en pensant qu’Anna était en train de se déshabiller à quelques mètres de moi, quand bien même je ne pouvais pas la voir. Cependant, sa question méritait d’être posée.
- Je ne sais pas, répondis-je, il me semble que lorsque les trolls ont quelque chose à vous dire, ils viennent directement, et à plusieurs.
- En effet, ajouta Anna derrière son paravent, mais peut-être que cette fois-ci, si c’est bien un troll, ce n’est pas eux qu’il représentait.
Je tâchai d’ignorer le corset que je vis atterrir par dessus le paravent dans le miroir en face de moi, et demandai:
- Que veux-tu dire ?
- Cette histoire que les trolls vous ont raconté à Kristoff et toi, à propos de ce troll..comment s’appelait-il déjà ?
Ça y était. Je voyais enfin où elle voulait en venir. En effet, nous n’avions pas reparlé de cette histoire depuis que Kristoff et moi étions revenus, l’attaque qu’avait subi Elsa quelques jours plus tard ayant accaparé nos pensées. Pourtant, si effectivement un troll était venu seul en Arendelle, il n’était pas impossible qu’il s’agisse de…
- Morten, murmurai-je
- C’est cela ! acheva Anna
Je la vis alors sortir de derrière le paravent, et ne pus m’empêcher de sourire en la voyant.
Elle avait très fière allure. Elle portait désormais un pantalon beige, surmonté d’une robe courte violette, surmontée d’un boléro noir au liseré vert. Sa tenue, à la fois sobre et élégante, semblait lui donner une plus grande liberté de mouvement, et ses gestes eux-mêmes paraissaient plus souples et plus vifs. Je m’apprêtai à la complimenter, mais elle me prit de vitesse, concentrée sur la conversation.
- Et si mes souvenirs sont bons, d’après ce que vous ont dit les trolls, ce « Morten » aime bien passer du temps parmi les humains. Peut-être une raison suffisante pour venir jusqu’en Arendelle.
- Oui, certes Anna mais…pourquoi le tonneau ?
Quand bien même le troll renégat aurait décidé tout seul de venir jusqu’en Arendelle, pourquoi n’avait-il pas choisi de rouler jusqu’au royaume, ainsi que le faisaient ses ex-congénères lorsqu’ils y venaient ?
Je vis Anna soupirer. À l’évidence, elle se posait autant de questions que moi.
- Je ne sais pas Yohan, je t’avoue que tout ça est très étrange pour moi. Je ne sais vraiment pas à quoi ça rime, tout ce qui se passe en ce moment. Toi, Elsa, les Northuldra, les trolls…je ne comprends rien à ce qui se passe.
Elle avait l’air fatiguée. Attendri, je m’approchai d’elle, et posai ma main sur son épaule.
- Hé, ça va aller, t’en fais pas, on finira bien par découvrir ce que c’est que tout ce bordel, et si il faut on y mettra fin.
La Reine leva vers moi un petit sourire, qui me mit du baume au coeur. Je ne voyais pas souvent sourire Anna ces derniers temps, et il était toujours appréciable de la voir faire. Mais je pouvais voir aux traits tirés de son visage qu’elle était épuisée. Elle posa sa main sur la mienne, et soupira.
- Si tu le dis. En attendant, je veux quand même essayer de savoir ce que fait un troll tout seul à Arendelle.
- Et donc, qu’est-ce qu’on va faire ?
Anna sembla réfléchir pendant quelques secondes, puis déclara:
- Je ne peux pas demander à toute la garde de chercher un petit troll dans tout le royaume, ce serait ridicule. Quant à toi, tu as déjà une mission. Je vais mettre Kristoff et Sven sur le coup. Si quelqu’un peut bien trouver un troll caché dans la ville, c’est eux.
Il y eut quelques instants de silence, et alors que je commençai à me demander quelle était cette « mission » dont elle me parlait, elle le brisa finalement en se tournant vers moi. Elle souriait de nouveau.
- Je pense que tu devrais aller envoyer ta lettre à Elsa. Elle doit l’attendre.
Je lui fis à mon tour un petit sourire gêné. J’étais toujours un peu surpris de sa réaction en découvrant la relation que sa soeur et moi entretenions dans nos lettres, et je l’avoue, avais espéré que le sujet ne reviendrait pas tout de suite sur le tapis. Dans le doute, je m’enquis une dernière fois.
- Oui, tu as raison je…je vais le faire. Du coup tu…tu es sûre Anna ? Aucun problème pour toi avec…enfin je veux dire si je…
- Le seul problème actuellement Yohan, répondit la rouquine, c’est que tu fais attendre Elsa.
- Je te demande pardon ?
Anna se leva finalement, et à ma grande surprise, me prit dans ses bras d’un air enjoué, qu’elle ne possédait pas tout juste quelques secondes auparavant.
- Bien sûr que je suis très heureuse pour vous ! Pour elle, pour toi ! Vous êtes si compliqués tous les deux, l’amour, ça ne peut vraiment pas vous faire de mal ! Alors arrête de faire comme elle, et de t’inquiéter toujours pour rien ! Regarde, Kristoff et moi, on ne s’est pas autant embêtés, ça s’est fait le plus naturellement du monde !
Je dus me mordre la langue pour ne pas répliquer que j’étais bien placé pour savoir que non, tout n’avait pas été si naturel pour eux deux non plus, mais je n'avais pas envie de réveiller de vieilles interrogations enfouies depuis longtemps aux yeux d’Anna. Je lui rendis donc doucement son étreinte, en lui caressant affectueusement les cheveux.
- C’est vrai, tu as raison. Merci Anna. T’es la meilleure !
La jeune Reine me lâcha, et désigna du menton la porte de sa chambre.
- Je sais. Allez, va dire des mots doux à ma soeur ! C’est un ordre de ta Reine !
- À vos ordres Majesté !
Une fois sorti de la chambre d’Anna, je pris la direction de la mienne. Je me sentais serein et apaisé. Ainsi Anna n’avait-elle pas vu d’inconvénients à ce que quelque chose de plus qu’une amitié de circonstances existe entre Elsa et moi. Au fond de moi, je n’en attendais pas moins d’elle, mais j’étais tout de même surpris du calme de sa réaction. J’avais outrepassé ses ordres, et l’avais délibérément mise à l’écart de quelque chose qui à priori la concernait pourtant un petit peu. Non pas que la façon dont elle avait réagi ne me faisait pas plaisir, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il y avait derrière cette dernière d’autres préoccupations dont Anna ne m’avait pas parlé, et sur lesquelles elle ne voulait vraisemblablement pas s’étendre. Mais après tout, cela la regardait.
À cet instant, je pensais à Elsa bien entendu, mais ces histoires d’empreintes de pas, de tonneaux et de trolls se bousculaient dans ma tête. Morten avait-il vraiment un lien avec tout cela ? Anna avait raison, l’explication était celle qui paraissait la plus plausible. L’espace d’un instant, je repensais à l’homme qu’Elsa et moi avions vu dans la forêt. Probablement celui là même qui l’avait attaquée. Je n’aurais su dire pourquoi ni comment, mais j’étais au fond de moi persuadé que lui et Morten avaient un lien par rapport aux événements de ces dernières semaines. Mais lequel, ça…cela restait à découvrir.
En entrant dans ma chambre, je repensai à la lettre. À présent, j’hésitai vraiment à l’envoyer, sans vraiment savoir pourquoi. De ce que me disait Elsa, elle n’était indifférente ni à mes lettres ni à moi. Ou peut-être était-elle naturellement trop bienveillante pour oser me dire le contraire ? Je soupirai en me rendant compte de ma stupidité. Voilà qu’à présent je commençai à me questionner comme une vulgaire adolescente !
« Allez Yohan, commence pas, si Elsa te le dit c’est que ça doit être vrai ! Envoie cette lettre bordel ! ».
Mais alors que je me défaisais des Lames d’Arendelle avant d’aller me rasseoir à mon bureau, des petits coups sourds se firent entendre à ma porte. Je me levai en grommelant.
« Oh mais qui c’est le con encore qui…
J’allai ouvrir, et me trouvai de nouveau nez à nez avec Olaf. Il était seul, et me regardait la bouche en coeur. Me sentant soudain pris d’une grande lassitude, je pris néanmoins le temps de demander poliment.
- Tiens donc, Olaf ! Qu’est-ce que tu fais ici ?
- C’est Anna qui m’envoie, répondit le bonhomme de neige.
Je le regardai en soupirant. Très mauvais menteur, je savais qu’il était incapable de me dire autre chose que la vérité.
- Anna qui t’envoie ? Mais on s’est quittés y’a tout juste quelques secondes, elle pouvait pas venir elle même ?
Sans se départir de son sourire aussi touchant qu’idiot, Olaf entra doucement et sans aucune gêne dans ma chambre en expliquant.
- Enfin elle m’a pas vraiment envoyé, mais comme Kristoff vient de la rejoindre dans sa chambre j’ai pas pu entrer. Anna m’a dit qu’ils devaient discuter de choses très importantes.
Je pouvais comprendre Anna. Si elle devait entretenir Kristoff sur ce qu’il se passait et lui demander de chasser le troll de façon urgente, elle ne devait certainement pas avoir envie de se retrouver avec Olaf dans les pattes. Mais le bonhomme de neige continua.
- D’ailleurs j’ai jamais le droit d’entrer dans leur chambre quand ils sont tous les deux, je me demande bien pourquoi…
Refermant la porte d’un air las, je m’assis de nouveau sur ma chaise de bureau en soupirant.
- Oh ouais, on se demande hein…
Je faillis tomber à la renverse lorsque Olaf sauta à moitié à pieds joints sur mon bureau.
- Mais bon, tant pis, laissons les à leurs cachotteries. Et toi tu fais quoi ?!
- Bon sang Olaf ! criai-je, fais attention tu vas déchirer ma…
Le reste de ma phrase se perdit dans ma surprise. Écarquillant les yeux, je soulevai alors Olaf pour vérifier la plante de ses « pieds ». Je le reposai, et tandis qu’il me regardait d’un air hébété sans paraitre comprendre ce que je faisais, je me mis à ratisser mon bureau de long en large, regardant dessus, dessous, et dans tous les coins de ma chambre d’un air frénétique.
- Hé, Yohan, ça va ? demanda le bonhomme de neige
Je ne lui répondis pas. Désormais sourd à ses questions et ses pitreries, je sentais monter en moi un irrépressible et incontrôlable vent de panique.
La lettre avait disparu.
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
Face each new sun with eyes clear and true
Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 27 Mar 2020, 23:20
Non mais Anna (la reine, je précise !) qui se déshabille OKLM dans la pièce où se trouve Yohann on dirait le personnage d'Irène Adler dans le Sherlock Holmes avec Dowy Jr.
J'ai bien aimé le coup des empreintes, mais je sais si c'est moi qui ai vu venir le truc, mais j'ai su d'avance qu'il s'agissait de Morten. Et quelque chose me dit que c'est lui qui a chouravé la lettre.
Ca reste tout de même bien écrit, attendons la suite.
J'ai bien aimé le coup des empreintes, mais je sais si c'est moi qui ai vu venir le truc, mais j'ai su d'avance qu'il s'agissait de Morten. Et quelque chose me dit que c'est lui qui a chouravé la lettre.
Ca reste tout de même bien écrit, attendons la suite.
- AnsaAdmin
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 28 Mar 2020, 11:24
Un bon chapitre scindé en deux parties bien distinctes.
Les réactions d'Anna sont très justes ! J'adore comment tu la rends vraiment hyper protectrice de sa soeur... Bon du coup ça dénote un peu avec tes chapitres précédents ou on avait l'impression d'un "je m'en foutisme total" qui si je ne me trompe pas ressort encore une fois quand même dans ce chapitre puisqu'Anna a décidé de visser ses fesses à Arendelle et de ne pas partir à l'aventure ! Du coup elle l'annonce quand le secret de polichinelle ?!
Tout comme Anna les réactions de Yohan sont très justes, je l'imagine tellement prêt à s'évanouir et ça me fait bien marrer ! Et tu sais pourquoi ?! PARCE QUE LA DUCHESSE A PAS LE DROIT DE VOIR ANNA SE CHANGER CHE ! MOUHAHAHA
D'ailleurs à propos de ce passage... Je ne sais pas si c'est voulu au niveau des couleurs de la nouvelle tenue d'Anna mais je trouve que ceux sont les mêmes que celle de la robe de couronnement d'Elsa ?
Ensuite concernant toute l'intrigue autour du port, je trouve que c'est pas mal, ça dynamise un peu le chapitre. Après tu alternes bien entre les passages calmes et les passages d'action ... Et Mortem ! Quelle saloperie, je le sens pas ce p***** de troll ! Comme Dov je pense que c'est lui qui a piqué la lettre de Yohan.
Enfin je t'accorde un frozen point pour l'échange d'Olaf et Yohan à la fin ! Et on ne me l'a fait pas à moi ! Le bonhomme de neige a été viré parce que en ce moment même Anna et Kristoff sont en train de s'envoyer en l'air ! Et me dis pas non tu n'es point dans la tête des personnages
Voilà voilà... Bon maintenant tu sais moi je suis comme Anna... T'as intérêt de me faire une p***** d'histoire d'amour entre les deux sinon je te déglingue !!!
Les réactions d'Anna sont très justes ! J'adore comment tu la rends vraiment hyper protectrice de sa soeur... Bon du coup ça dénote un peu avec tes chapitres précédents ou on avait l'impression d'un "je m'en foutisme total" qui si je ne me trompe pas ressort encore une fois quand même dans ce chapitre puisqu'Anna a décidé de visser ses fesses à Arendelle et de ne pas partir à l'aventure ! Du coup elle l'annonce quand le secret de polichinelle ?!
Tout comme Anna les réactions de Yohan sont très justes, je l'imagine tellement prêt à s'évanouir et ça me fait bien marrer ! Et tu sais pourquoi ?! PARCE QUE LA DUCHESSE A PAS LE DROIT DE VOIR ANNA SE CHANGER CHE ! MOUHAHAHA
D'ailleurs à propos de ce passage... Je ne sais pas si c'est voulu au niveau des couleurs de la nouvelle tenue d'Anna mais je trouve que ceux sont les mêmes que celle de la robe de couronnement d'Elsa ?
Ensuite concernant toute l'intrigue autour du port, je trouve que c'est pas mal, ça dynamise un peu le chapitre. Après tu alternes bien entre les passages calmes et les passages d'action ... Et Mortem ! Quelle saloperie, je le sens pas ce p***** de troll ! Comme Dov je pense que c'est lui qui a piqué la lettre de Yohan.
Enfin je t'accorde un frozen point pour l'échange d'Olaf et Yohan à la fin ! Et on ne me l'a fait pas à moi ! Le bonhomme de neige a été viré parce que en ce moment même Anna et Kristoff sont en train de s'envoyer en l'air ! Et me dis pas non tu n'es point dans la tête des personnages
Voilà voilà... Bon maintenant tu sais moi je suis comme Anna... T'as intérêt de me faire une p***** d'histoire d'amour entre les deux sinon je te déglingue !!!
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 28 Mar 2020, 15:22
Comment je vois Anna quand elle parle à Yohan à propos de l'amour de sa soeur...
Elle va tellement lui exploser sa face s'il fait un seul pet de travers le bougre!
Bon blague à part, toute cette première partie est très plaisante et oui pour moi Anna c'est De Niro dans cette scène.
Curieusement, elle n'a pas agi à la Corse:
"Elle te plait ma soeur?
ELLE TE PLAIT MA SOEUR?!"
Uderzo...A JAMAIS LE MEILLEUR! chapeau l'artiste!
Bon, dans les deux cas de toute façon la situation fonctionnait
On sent bien Anna qui a une partie d'elle qui a envie d'éclater de rire à faire miroiter Yohan qui doit suer à grosses gouttes
(oh tiens...Anna assise sur le trône royal ça me rappelle quelque ...NON!!! On a dit tout public!)
Mais aussi qu'intérieurement elle saute de joie, depuis le temps qu'elle attendait que ça s'officialise (la meuf était quand même suffisament déséspérée pour qu'il bouge son fion au point d'envoyer Kristoff lui secouer les pruneaux le chapitre précédent)
Et malgré tout aussi une partie d'elle où elle a envie de lui arracher les yeux avec une cuillère pour lui faire bouffer parce que...ON TOUCHE PAS A MA SOEUR!!!
Enfin bref, une scène archi plaisante vraiment parfaite
Enfin parfaite...Non presque parfaite car à vrai dire elle est TROP bien, et dans le sens premier et non comme superlatif à la mode en ce moment.
Trop bien car finalement, elle m'a sorti de l'histoire, j'ai pris mon pied à l'écouter et la lire et la relire, je ne m'en lasse pas...Mais j'en oublie qu'elle s'insère dans une histoire, j'ai un peu oublié les enjeux et j'ai du mal à me remettre dedans dans la seconde partie qui prend un ton plus sérieux et replonge dans les événements de la narration.
Donc finalement, et c'est sévère et injuste car ça ne reflète pas la qualité réelle de cette partie mais pour la résumer eh bien je vais reprendre l'élement critique que j'avais donné précédemment
Une transition
Voilà c'est une transition qui nous rammène d'un moment où on s'est bien éclaté à..."oh vous vous souvenez je vous raconte une histoire avec Elsa qui a des problèmes TOUSSA TOUSSA?! Ouais donc voilà c'est bon vous y êtes de nouveau?...Bon, alors ce que je vous ai raconté, on s'en fout un peu, mais maintenant que vous êtes de nouveau avec moi on va continuer d'accord?!"
Bref, aller au port pour observer trois tonneaux pétés et une empreinte boueuse, bah là franchement...ça ne m'interesse pas...Non finalement tu m'as vendu au départ un "mon beau père et moi" version Arendelle, je veux ça jusqu'au bout!
Sans doute faudrait-il que je lise uniquement cette partie, sans l'autre pour l'apprecier pleinement. Je le ferai probablement, mais pour l'heure, la première partie est trop présente en mon esprit donc c'est encore trop biaisé.
Alors je caricature, je m'y suis quand même un peu interessé. C'est légèrement dramatisé car après tout, une empreinte à la con au milieu de trois tonneaux pétés..."Oh les pêcheurs...J'ai un royaume à royaumer!
Alors bon, ça ramène gentilment les méchants en Arendelle et effectivement la dernière ligne de texte nous replonge carrément dedans...La disparition (et je ne parle pas du bouquin!), fatalement ça renvoie AU MECHANT qui avait dit qu'il voulait manipuler le couillon de Yohan et son amour débile, visiblement ça va commencer...
Elle va tellement lui exploser sa face s'il fait un seul pet de travers le bougre!
Bon blague à part, toute cette première partie est très plaisante et oui pour moi Anna c'est De Niro dans cette scène.
Curieusement, elle n'a pas agi à la Corse:
"Elle te plait ma soeur?
ELLE TE PLAIT MA SOEUR?!"
Uderzo...A JAMAIS LE MEILLEUR! chapeau l'artiste!
Bon, dans les deux cas de toute façon la situation fonctionnait
On sent bien Anna qui a une partie d'elle qui a envie d'éclater de rire à faire miroiter Yohan qui doit suer à grosses gouttes
(oh tiens...Anna assise sur le trône royal ça me rappelle quelque ...NON!!! On a dit tout public!)
Mais aussi qu'intérieurement elle saute de joie, depuis le temps qu'elle attendait que ça s'officialise (la meuf était quand même suffisament déséspérée pour qu'il bouge son fion au point d'envoyer Kristoff lui secouer les pruneaux le chapitre précédent)
Et malgré tout aussi une partie d'elle où elle a envie de lui arracher les yeux avec une cuillère pour lui faire bouffer parce que...ON TOUCHE PAS A MA SOEUR!!!
Enfin bref, une scène archi plaisante vraiment parfaite
Enfin parfaite...Non presque parfaite car à vrai dire elle est TROP bien, et dans le sens premier et non comme superlatif à la mode en ce moment.
Trop bien car finalement, elle m'a sorti de l'histoire, j'ai pris mon pied à l'écouter et la lire et la relire, je ne m'en lasse pas...Mais j'en oublie qu'elle s'insère dans une histoire, j'ai un peu oublié les enjeux et j'ai du mal à me remettre dedans dans la seconde partie qui prend un ton plus sérieux et replonge dans les événements de la narration.
Donc finalement, et c'est sévère et injuste car ça ne reflète pas la qualité réelle de cette partie mais pour la résumer eh bien je vais reprendre l'élement critique que j'avais donné précédemment
Une transition
Voilà c'est une transition qui nous rammène d'un moment où on s'est bien éclaté à..."oh vous vous souvenez je vous raconte une histoire avec Elsa qui a des problèmes TOUSSA TOUSSA?! Ouais donc voilà c'est bon vous y êtes de nouveau?...Bon, alors ce que je vous ai raconté, on s'en fout un peu, mais maintenant que vous êtes de nouveau avec moi on va continuer d'accord?!"
Bref, aller au port pour observer trois tonneaux pétés et une empreinte boueuse, bah là franchement...ça ne m'interesse pas...Non finalement tu m'as vendu au départ un "mon beau père et moi" version Arendelle, je veux ça jusqu'au bout!
Sans doute faudrait-il que je lise uniquement cette partie, sans l'autre pour l'apprecier pleinement. Je le ferai probablement, mais pour l'heure, la première partie est trop présente en mon esprit donc c'est encore trop biaisé.
Alors je caricature, je m'y suis quand même un peu interessé. C'est légèrement dramatisé car après tout, une empreinte à la con au milieu de trois tonneaux pétés..."Oh les pêcheurs...J'ai un royaume à royaumer!
Alors bon, ça ramène gentilment les méchants en Arendelle et effectivement la dernière ligne de texte nous replonge carrément dedans...La disparition (et je ne parle pas du bouquin!), fatalement ça renvoie AU MECHANT qui avait dit qu'il voulait manipuler le couillon de Yohan et son amour débile, visiblement ça va commencer...
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 03 Avr 2020, 23:12
Allez, trêve de tergiversations, il est maintenant temps pour nous de nous diriger lentement mais sûrement vers le moment où tout cela va vraiment commencer à puer pour nous personnages ! Il est désormais temps de répondre aux quelques questions que vous pouviez vous poser concernant notre "bon" Sivert !
Et Elsa ? Oh ben, elle...elle a pas fini de s'en poser des questions !
Enjoy !
Seul le bruit des pas glacé du Nokke troublait le calme de la soirée qui s’annonçait. Une de ces soirées fraîches mais étoilées qui donnaient envie de rester éveillé, tranquille, à regarder les étoiles d’un air songeur pendant un long moment. Pourtant, si Elsa était encore dehors à cette heure-ci, ça n’avait rien à voir avec les étoiles.
Le Cinquième Esprit tournait depuis des heures dans la forêt, chevauchant le Kelpie de glace. Depuis qu’elle avait perdu Bruni, Elsa ne le quittait plus. Les souvenirs de la petite salamandre, emportée de force loin d’elle, sans qu’elle ne puisse rien y faire, la hantaient depuis de trop nombreuses nuits à présent. Elle n’avait eu de cesse ces dernières semaines de parcourir la Forêt des Northuldra de part en part, sans jamais s’éloigner du Nokke. L’Esprit de l’Eau à ses côtés la rassurait. Elle en avait bien besoin actuellement. Cela faisait presque un mois que Bruni avait disparu, et qu’Elsa courait à travers toute la forêt en quête du mystérieux étranger qui l’avait attaquée.
Elle avait peur.
Elle avait fait l’erreur qu’avait fait Hans jadis: elle avait sous-estimé son adversaire, était restée insensible à ses menaces jusqu’à ce qu’il les mette à exécution. Et elle l’avait payé cher. L’étranger lui apparaissait souvent dans ses rêves. Il se moquait d’elle, la pointait du doigt, et elle ne pouvait alors rien faire d’autre que de le regarder, immobile, tandis que Bruni se tenait à côté de lui, embrasant la forêt tout en lui jetant des regards suppliants. Elsa imaginait parfois ce que devait endurer la salamandre. Toutes les fois où elle avait du lutter ces dernières semaines contre des incendies déclarés un peu partout dans la forêt. Si Anna avait été là, elle aurait plus d’une fois été horrifiée de voir sa soeur au milieu des flammes, déchainant ses pouvoirs pour les éteindre et sauver le plus d’hectares de forêt possible. Parfois, Elsa se disait que, étant donné que jamais encore aucun des incendies n’avait atteint le village Northuldra, c’était probablement que l’homme devait ignorer où il se trouvait. Cela constituait certes un avantage pour elle, mais ce dernier était bien maigre au vu de ses difficultés.
Car ce soir là, elle rentrait encore bredouille au village. À ce train là, le maléfique inconnu aurait très bientôt le temps de faire flamber toute la forêt. Il suffirait d’une fois, une seule fois, où Elsa baisserait sa garde, et rien ne pourrait empêcher le feu de dévaster les environs jusqu’à atteindre le village. Lorsqu’elle arriva à ce dernier, juchée sur le Nokke, Elsa avait presque envie de pleurer. Elle était exténuée, elle sentait ses forces l’abandonner jour après jour, et ses recherches continuaient inlassablement de ne rien donner. Elle arriva au village, descendit du Nokke, et flatta son encolure. Lui au moins était toujours là pour l’aider. Aussi, lorsque la glace qui le recouvrait s’envola, et qu’il finit, après un dernier câlin d’Elsa, par s’évanouir dans une flaque d’eau des environs, la jeune femme sentit une boule d’angoisse se former au creux de son ventre. La même que celle qui la prenait tous les soirs, lorsqu’elle rentrait inévitablement les mains vides. Sans perdre de temps, elle alla se réfugier dans sa tente, sans faire attention aux quelques Northuldra qui la regardaient d’un air curieux.
Elle alla immédiatement s’appuyer sur la petite table qu’elle utilisait pour lire et écrire, et essuya une larme fugitive au coin de ses cils du revers de sa manche. Machinalement, son regard se posa sur la petite photographie posée face à elle. On pouvait y voir Anna, radieuse, qui souriait de toutes ses dents, comme si elle ignorait tout des difficultés rencontrées par sa soeur en ce moment. Ce qui, pensa dramatiquement Elsa, était le cas.
« Oh, Anna, gémit-elle, je suis perdue petite soeur, je n’y arrive plus. Je ne sais plus ce que je dois faire. Le danger se rapproche de jour en jour et je…
Sentant un vent de panique passager lui prendre les tripes, Elsa détourna son regard de la photo pendant quelques secondes, attendant que son coeur reprenne un rythme normal. Puis, elle releva doucement la tête, avant de murmurer en regardant tendrement le portrait de sa soeur:
- J’espère que tout va bien pour vous à Arendelle.
- Elsa ?
La jeune femme sursauta, et se retourna vivement pour se retrouver nez à nez avec Yelena. La doyenne du village la regardait à l’entrée de sa tente, appuyée légèrement sur son bâton. On ne lisait dans son regard ni sévérité ni angoisse, juste de l’incompréhension. Elle paraissait décontenancée face aux agissements étranges du Cinquième Esprit depuis quelques temps. Elle ne l’avait jamais vue ainsi. Elle savait qu’Elsa était de nature calme mais nerveuse, et la voir perdre à ce point son sang-froid depuis quelques semaines avait de quoi rendre la matriarche curieuse.
- Oh, bonsoir Yelena.
Cette dernière entra dans la tente, et s’avança vers Elsa, posant doucement son bras sur le sien d’un air maternel.
- Toujours rien ? demanda-t-elle
- Non, avoua tristement Elsa
Elle s’assit sur son lit, la tête baissée. Elle n’avait pas pu se résoudre à cacher la vérité à Yelena. Elle lui avait dit dès le lendemain de l’incident avoir perdu Bruni. Cependant, elle ne lui avait pas mentionné sa rencontre avec l’homme mystérieux. Elle ne voulait pas l’effrayer. Que penseraient les Northuldra si le puissant Cinquième Esprit lui même ne pouvait rien face à un homme dont il ignorait tout ? Mais Elsa en était consciente, elle n’allait pas pouvoir leur cacher la vérité bien longtemps. Elle savait d’expérience qu’elle n’allait y gagner que de les mettre un peu plus en danger.
Elle ne réagit pas quand Yelena s’assit auprès d’elle, semblant réfléchir:
- Tout cela est bien étrange. Où donc a bien pu aller cet Esprit du Feu ? Cela ne lui ressemble pourtant pas de tant s’éloigner. Croyez vous qu’il ait pu se rendre chez votre soeur, dans votre royaume ?
- Non, répondit Elsa, Anna me l’aurait fait savoir.
- Vous avez raison.
Les deux femmes restèrent silencieuses, jusqu’à ce que Yelena ne se lève, en posant affectueusement sa main sur l’épaule d’Elsa.
- Ne vous en faites pas, la rassura-t-elle, vous êtes le Cinquième Esprit, vous finirez bien par le retrouver. Et puis qui sait, peut-être finira-t-il par revenir de lui-même. Voyez le bon côté: la nature est toujours du nôtre, aucun incident n’est à déplorer pour l’instant.
Et elle se leva, en souhaitant bonne nuit à Elsa. Cette dernière sentit ses doigts se crisper sur ses couvertures. Elle ne pouvait pas continuer à lui mentir. À leur mentir. Assez de mensonges. Elle ne mentirait plus à personne. Au moment où Yelena posa un pied en dehors de sa tente, elle souffla d’une voix blanche:
- Bruni ne s’est pas enfui.
La doyenne s’arrêta. Sans la regarder, Elsa put presque la sentir se retourner vers elle. Elle imaginait parfaitement l’air incrédule sur son visage.
- Que dites vous ? demanda Yelena
Elsa dut se faire violence pour passer outre la grosse boule qu’elle sentait se former dans sa gorge, et avoua enfin:
- Il…il y avait un homme.
Elle avoua tout. L’homme, ses menaces, sa magie, la manière dont il avait emporté Bruni, sa façon de se montrer et de disparaître, sa voix, sombre et effrayante parmi les arbres. Elle parla des incendies qu’elle avait du affronter, des promesses de l’homme de les faire souffrir, elle et tous ceux auxquels elle tenait. Lorsqu’elle acheva son récit, elle crut presque fondre en larmes en voyant la façon dont Yelena la regardait. La matriarche ne semblait pas énervée, ni même déçue. Ce qu’Elsa lisait sur son visage à cet instant n’était rien de cela, plutôt une grande surprise. Mais alors qu’un silence pesant commençait à envahir la tente, Yelena demanda:
- Avant que nous n’allions plus loin Elsa, je dois vous le demander: êtes-vous bien certaine de tout ce que vous me dites là ?
Elsa acquiesça. Elle ne s’expliquait pas le soudain malaise qu’elle pouvait sentir chez la Northuldra. Cette dernière posa son bâton, et s’assit en tailleur sur le grand tapis qui ornait le sol. Après avoir invité Elsa à en faire autant, elle prit une grande respiration et souffla:
- Je suis désolée de vous entendre raconter cela Elsa, mais avant toute chose, je comprend pourquoi vous l’avez gardé pour vous.
Elsa était stupéfaite. Elle s’était attendue à ce que Yelena lui reproche ses mensonges, mais au lieu de cela, c’était bien Yelena elle-même qui semblait avoir quelque chose à se reprocher. Elle le lisait dans son regard.
- Vous m’avez demandé il y a quelques semaines de cela si les Northuldra savaient pratiquer la magie. À cela, je vous ai toujours répondu non. Que nous ne faisions pas de magie, que nous n’utilisions que les forces de la nature.
Elsa acquiesça. Elle ne voulait pas la couper. Quelque chose lui disait que ce qu’avait à lui dire Yelena allait être décisif pour les événements à venir.
- Et bien, moi non plus, je ne vous ai pas tout dit. Vous aviez raison Elsa, les Northuldra ont bel et bien connu jadis la magie. Nous étions des chamanes, des sorciers pour certains. Nous utilisions poudres, potions et parfois de puissants sortilèges pour parvenir à dompter la nature telle que nous la connaissons désormais.
Cela, Elsa s’en doutait déjà. Elle ignorait pourquoi Yelena s’était jusque là refusée à lui dire, mais les recherches qu’elle avait fait au château ne pouvaient mentir. Elle était presque heureuse d’entendre Yelena les confirmer.
- Pourquoi avez-vous cessé ? demanda-t-elle
Yelena sembla hésiter, puis répondit:
- Au départ, notre magie et les Esprits de la Nature agissaient en harmonie. Les Esprits nous apportaient leurs bienfaits, et nous utilisions nos pouvoirs pour les en remercier, majoritairement. Tout cela était d’un parfait équilibre. Du moins, c’était là ce que nous croyions.
Elle semblait profondément triste, ce que Elsa pouvait noter à sa seule façon d’éviter de la regarder dans les yeux.
- L’un de nous, un Northuldra puissant et respecté, passa de nombreuses années à repousser les limites de notre magie et des potentialités qu’elle nous apportait. Son nom était Sivert. Il n’était pas un homme mauvais, mais il ne supportait pas l’idée que nous puissions nous brider volontairement dans nos pouvoirs pour respecter l’équilibre de la nature. Selon lui, si ces pouvoirs nous avaient été donnés, c’était pour contrôler la nature et ses Esprits…ainsi que vous le faites Elsa.
- Je ne contrôle pas les Esprits, se défendit la jeune femme, je…
- Je le sais bien, continua Yelena, mais ce n’était pas là la vision de Sivert. Lui ne voulait pas la nature comme alliée…il la voulait sous son contrôle. Plus les jours passaient, plus il devenait puissant et assoiffé de pouvoir. Il nous enjoignit plus d’une fois à quitter la forêt pour étendre ce qu’il aimait appeler « L’Empire Northuldra » plus loin dans ces terres. Il semblait vouloir mettre tout le pays sous notre coupe…y compris les vôtres.
- Arendelle…murmura Elsa.
- Et puis, vint le tristement célèbre jour de la visite de votre grand père. Lorsque les hostilités furent déclarées, Sivert fut impitoyable. Vous savez le massacre que fut ce jour là, vous ignorez en quelle partie il en est responsable.
- Que voulez-vous dire ? demanda Elsa.
Elle sentit un frisson parcourir son échine en voyant le regard que posa Yelena sur elle avant de répondre.
- Les soldats d’Arendelle que vous avez retrouvés, ceux menés par le Général Mattias…pourquoi croyez vous qu’ils étaient si peu nombreux ?
Elsa écarquilla les yeux de surprise. À bien y penser, son grand père avait effectivement du prendre beaucoup d’hommes avec lui, s’il prévoyait d’attaquer les Northuldra. Et lorsqu’elle avait rencontré Mattias et ses hommes, ils n’était plus qu’une poignée. Une petite poignée.
- Il les a tués…mais pourquoi ? Pourquoi ne l’avez vous pas arrêté avec votre magie ? Pourquoi ne pas l’avoir utilisée ?
Yelena soupira tristement.
- Nous ne l’utilisions plus. Notre dernière idée pour faire comprendre à Sivert que nous ne partagions pas ses désirs de pouvoir et d’expansion, fut de cesser de pratiquer la magie. Après tout, les Esprits de la Nature suffisaient largement à nos besoin. Mais cela n’arrêta pas Sivert. Et lorsque nous fûmes témoins du massacre, nous jurâmes de ne plus jamais faire usage de magie. Elle ne fut plus ni pratiquée, ni enseignée. Cela fut facile: beaucoup de magiciens Northuldra périrent ce jour là, et très vite, il ne s’en trouva plus assez pour maintenir la tradition de notre magie.
- Et…que fit Sivert ? demanda Elsa
- Sivert…il était furieux. Pour lui, l’attaque d’Arendelle était la preuve finale que nous devions prendre le pouvoir. Et il nous en voulait beaucoup d’avoir cessé la magie. Mais nous…nous avons été aussi aveugles que lui. Perdus dans notre naïveté, nous n’avons même pas pensé que les agissements de votre grand-père étaient de son seul fait.
Elsa regarda la doyenne d’un air surpris. Comment, même suite à une attaque, les Northuldra, avaient pu penser jusqu’au bout que son grand père était de bonne volonté ?
- Quoi ? s’enquit-elle
- Nous faisions confiance à Arendelle. Et la solution la plus simple qui nous apparut était que l’attaque avait été en réalité orchestrée par Sivert pour prouver ses théories et s’en servir contre Arendelle. Alors nous l’avons banni. Nous l’avons chassé, loin de la tribu, en lui ordonnant de ne jamais revenir. Nous n’avons pas mis longtemps à comprendre que nous nous étions trompés, mais le mal était déjà fait. Nous savions que Sivert ne s’en prendrait pas à nous. Nous eûmes peur au départ qu’il n’aille directement s’attaquer à Arendelle mais…la brume était déjà tombée.
Après quelques instants, lorsque Yelena eut terminé son récit, Elsa ne savait toujours pas quoi dire. Elle était stupéfaite. Fallait-il que les Northuldra soient à ce point un pays pacifiste pour renoncer d’eux mêmes à leurs pouvoirs devant un fou assoiffé de puissance ! Outre cela, la jeune femme se sentait profondément touchée par la confiance que le peuple du Soleil avait accordée à Arendelle. Même après une attaque, ils avaient d’abord refusé de croire que son grand père puisse en être l’instigateur ! Tout en sentant monter en elle un élan d’affection pour Yelena et les Northuldra, Elsa demanda:
- Et…qu’est devenu Sivert ?
- Nous ne le savions pas, répondit tristement la veille femme, depuis ce jour, nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. Depuis tout ce temps, nous le pensions mort et enterré. Mais d’après votre récit, il semblerait qu’il soit toujours bien vivant.
Elle venait de confirmer ce que craignait Elsa. Si l’homme avait été assez puissant pour décimer l’armée d’Arendelle et prendre le contrôle de Bruni, alors elle avait véritablement du souci à se faire. Elsa leva la tête lorsqu’elle sentit la main de Yelena se poser sur la sienne.
- Elsa, écoutez moi.
Cette fois, la Reine des Neiges pouvait clairement lire la crainte et le doute dans les yeux gris de la matriarche.
- Si vraiment Sivert est revenu, ne tentez surtout pas de le retrouver.
- Mais…
- Sa haine n’est pas dirigée contre nous, mais contre Arendelle. S’il n’a toujours pas agi contre notre peuple, c’est qu’il ne le peut ou ne le veut pas. En revanche, votre royaume, et tous ceux qui y résident sont en danger. »
Elle n’eut pas besoin de le dire deux fois. Les paroles de Sivert tournaient à présent dans la tête d’Elsa. « Voir tout ce à quoi vous tenez réduit en cendres, et de voir ceux que vous aimez se retourner contre vous ». Si Yelena disait vrai, alors tout ce temps n’avait finalement servi au sorcier qu’à préparer ses plans. Cela voulait dire qu’il attendait son heure, le moment où il pourrait fondre sur Arendelle, et sans aucun doute, s’en prendre directement à…
« Oh non, Anna !
Face à elle, Yelena acquiesça. Alors qu’elle commençait à se remettre debout, Elsa fit un bond sur ses pieds, et se précipita au dehors.
- Mais, que faites-vous ? demanda la doyenne
- Je pars pour Arendelle ! répondit Elsa, si ma soeur est en danger, je n’ai pas un instant à perdre !
Mais alors qu’elle se préparait à appeler le Nokke, elle sentit de nouveau la main de Yelena sur son épaule. Elsa se tourna vers elle, et se rendit compte avec surprise qu’elle lui faisait « non » de la tête.
- N’agissez pas en hâte Elsa, dit-elle
- Mais vous avez dit que…
- Je sais ce que j’ai dit. Mais votre soeur est une femme forte, vous le savez bien. Elle pourra sans doute survivre une nuit de plus, et Sivert ne semble pas pressé.
- Mais je…
- Vous êtes épuisée, cela se voit. Vous êtes partie ce matin, et venez tout juste de rentrer. Vous êtes forte vous aussi Elsa, mais vous n’êtes pas invincible. Vous savez à présent la puissance de Sivert. Vous êtes bouleversée, nerveuse et fatiguée. Dans votre état, vous ne serez d’aucun secours à votre soeur.
Elsa baissa la tête, et regarda Yelena. Elle avait raison. Elle sentait la fatigue la prendre, et elle savait qu’elle n’était pas en état de chevaucher jusqu’à Arendelle à cette heure-ci. Elle acquiesça tristement.
- Vous avez raison, dit-elle
- Faites confiance à votre soeur, acheva Yelena, vous lui avez demandé de veiller sur votre royaume, et je suis sûr qu’elle s’y emploie.
Après s’être souhaité une bonne nuit, les deux femmes prirent congé l’une de l’autre. Et tandis qu’Elsa rentrait de nouveau dans sa tente, les pensées se bousculaient dans sa tête. L’histoire de Sivert, bien sûr, mais également sa première rencontre avec lui, ses menaces et…Anna. Elle n’avait rien dit de toutes ses difficultés à sa soeur. Elle ne voulait pas l’effrayer. Au fond d’elle, Elsa s’en voulait de continuer à lui cacher ce genre de choses.
D’autant que ces derniers temps, il y avait une autre personne, à qui cette fois, elle n’avait rien caché.
Presque machinalement, Elsa s’installa de nouveau à sa table, et, prenant en main un paquet enveloppé de chiffons, elle en sortit un petit coffre de bois. Ce dernier contenait un ensemble volumineux de feuillets, que la jeune femme étala devant elle, caressant doucement le papier sous ses doigts. Elle en prit un au hasard, en lut une première phrase, et un sourire, aussi crispé que sincère, apparut instantanément sur son visage.
« Peut-être rougis-tu en lisant cela; n’en aie surtout pas honte, car cela veut sûrement dire que mon but est atteint. J’ai plaisir à imaginer que mes sentiments te touchent et si ton nez en rougis, alors jamais si beau nez n’eut fard. »
Et une fois encore, comme toutes celles où elle relisait ces lettres, Elsa sentit en effet le rouge lui monter aux joues. Ces mots là, ils étaient pour elle, uniquement. Et ils venaient de lui.
Yohan l’avait toujours vue ainsi. Du moins, c’était ce qu’il prétendait dans ses lettres. Et Elsa voulait croire que, depuis ses premiers mensonges qui avaient bien failli les séparer définitivement, le jeune homme ne lui mentait plus, ou du moins, plus sur ses sentiments. Lui n’avait jamais eu peur d’elle, il ne l’avait jamais jugée étrange, ni même dangereuse. Elsa était bien consciente que, venant de lui, cela aurait été déplacé, mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir pour lui une profonde gratitude pour cela. Mais était-ce seulement de la gratitude qu’elle ressentait depuis de longues semaines maintenant ? Ces battements frénétiques de son coeur, qui lui donnait l’impression de battre à s’en extirper de sa poitrine chaque fois qu’elle lisait ses lettres, n’était-ce pas autre chose que de la stricte gratitude ?
Les mains de la jeune femme tremblaient en tenant le papier. Les mots tournaient dans sa tête, la saisissaient en plein coeur, et retournaient ses tripes sous l’effet d’élans d’affection incontrôlés. Ce qu’Elsa ressentait à cet instant, c’était l’aboutissement inévitable d’une relation de confiance et de bien-être dont les racines plongeaient tout droit dans l’océan secret des sentiments tumultueux qui la secouaient à présent jusqu’au plus profond de son coeur. En un mot, pour la première fois de sa vie, Elsa n’avait pas le sentiment de se tromper en parlant d’Amour. Oh, pas celui qu’elle avait pour sa soeur, non. Ce dernier était très fort, au delà de tout même, si on lui posait la question. Mais Yohan…Yohan était la figure qui, venue d’ailleurs, de si loin qu’elle ignorait d’où, avait toujours vu en elle la femme digne, forte, aimante et protectrice qu’Elsa avait toujours voulu être. Elle voyait dans ses mots et dans ses yeux l’image qu’il avait d’elle, ainsi qu’elle la voyait dans ceux d’Anna. Et tout comme Anna, elle ne ressentait pas dans son coeur d’autre moyen de l’en remercier que l’amour. Un amour profond, beau et sincère, du genre de celui dont elle aussi, elle avait parfois rêvé plus jeune, lorsque ses pouvoirs n’avaient pas encore pris l’ascendant sur ses désirs.
Aujourd’hui, Elsa sentait son coeur battre pour un homme, elle se sentait frissonner en entendant les mots qu’il lui adressait, et elle sentait ses entrailles se serrer d’impatience à l’idée de sa prochaine lettre, et de trac à l’idée de le revoir.
Aujourd’hui, Elsa était amoureuse. Mais voilà…elle était le Cinquième Esprit.
Elle n’était plus comme les autres. Elle savait depuis toujours qu’elle ne l’avait jamais vraiment été, et elle avait même cru l’être, un moment, à travers les mots de son…ami ? amant ? ou rien ? Comment devait-elle considérer un homme qui, malgré tout l’amour qu’il pouvait avoir pour elle, était si différent de tout ce qu’elle était ? Elsa soupira, en pressant la lettre de Yohan contre son coeur.
Elle avait bien cru trouver sa place, en découvrant Ahtohallan et son rôle d’Esprit. Et en un sens, elle l’avait trouvée. Mais cette place justement, n’était-ce pas ce qui l’empêchait précisément de prétendre à une vie normale ? Une vie comme devait la vivre sa soeur, entourée de ceux qu’elle aimait, sans aucun autre devoir que de veiller sur eux ? Comment pourrait-elle concilier le rôle majeur qui était désormais le sien, et les sentiments et les élans amoureux de petite fille qu’elle ressentait à présent ? Elsa se leva, la lettre toujours à la main. Elle sortit de sa tente, levant la tête vers les étoiles brillantes. Le vent siffla sur son visage. Courant d’Air lui disait bonne nuit. Et Elsa avait peur. Elle était effrayée, perdue entre ses désirs, ses devoirs et ses responsabilités. Ainsi c’était cela l’amour, un poids aussi agréable que gênant pour qui craignait plus que tout de faire passer ses intérêts avant ses devoirs. Elsa s’éloigna du camp, s’enfonçant dans la forêt, et, comme elle le faisait lorsqu’elle était en proie au doute, elle caressa du doigt la lettre de Yohan, et commença à chanter:
Mais d'où vient
L'émotion étrange
Qui me fascine
Autant qu'elle me dérange
Je frissonne, poignardée par le beau
C'est comme
Dans l'âme le couteau
La blessure traverse mon coeur
Et j'ai
La joie dans la douleur
Je m'enivre de ce poison
À en perdre la raison
Elle se sentait stupide. L’amour était quelque chose de beau, elle le savait. Et si Anna était là, elle serait probablement très contente pour elle. Mais Anna ne savait pas. Elle ignorait les responsabilités qui étaient les siennes. Elsa était le Cinquième Esprit. Avait-elle seulement droit à cette chose si simple et si humaine qu’était l’amour. La Reine des Neiges se sentait parfaitement idiote, de se voir presque blessée par ses responsabilités grandissantes quand elle ne demandait qu’à s’abandonner aux maux que pouvait apporter l’amour. Parce que, elle le sentait au plus profond d’elle, elle adorait ça.
C'est le bien qui fait mal
Quand tu aimes
Tout à fait normal
Ta peine
Prend le plaisir
C'est si bon de souffrir
Succombe au charme
Donne tes larmes
Et pourtant, stupide, Elsa ne l’était pas. Elle savait le mal que pouvait causer l’amour. Elle savait qu’Anna avait gardé en tête la cruelle déception amoureuse que lui avait infligé Hans, presque 4 ans auparavant. Bien sûr, Kristoff avait été là pour elle, pour l’aimer comme Anna le méritait, mais au fond d’elle, sa soeur avait tout de même gardé quelques temps le souvenir cuisant de ces mots « si seulement quelqu’un était amoureux de vous ». Et amoureux d’elle, quelqu’un l’était, songeait Elsa. Follement, d’après ses dires. Et cela lui plaisait. Beaucoup. Elle aimait lire ses mots, elle aimait succomber à leur beauté et à l’ivresse qu’ils provoquaient en elle. Et cela lui faisait mal. Si mal de se dire que, peut-être, elle n’y avait pas droit. Pas dans sa condition. Pas en étant ce qu’elle était. Mais elle s’en fichait. Si c’était cela l’amour, alors elle en voulait quand même. Avec tout le bien et tout le mal que cela pourrait lui faire.
Je ressens
De violentes pulsions
J'ai l'impression
De glisser vers le fond
Si j'ignore
D'où vient ce fléau
J'adore
L'avoir dans la peau
Envoûtée par des idées folles
Soudain
Mes envies s'envolent
Le désir devient ma prison
À en perdre la raison
La nuit était pleinement tombée à présent, mais Elsa s’en fichait. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête, et elle sentait son coeur être balloté de tous côtés comme un ballon au gré du vent. Elle ne savait plus quoi faire, perdue qu’elle était entre les effusions incontrôlables de son amour naissant, et les lourdes responsabilités qui étaient à présent les siennes. La jeune femme se sentait comme prise au piège, bien que, pour la première fois de sa vie, elle avait le choix: s’abandonner à l’amour, ou passer à côté, sacrifier son bonheur et celui de l’homme qu’elle aimait au nom d’un rôle décisif qu’elle n’avait pas choisi ? Elsa se sentait devenir folle à trop y réfléchir. Mais elle aimait trop les lettres de Yohan et les violents émois qu’elles provoquaient en elle pour ne pas au moins se pencher sur la question. Ainsi, c’était cela l’amour. Des questions, du doute et la certitude absolue d’adorer ça.
C'est le bien qui fait mal
Quand tu aimes
Tout à fait normal
Ta peine
Prend le plaisir
C'est si bon de souffrir
Succombe au charme
Donne tes larmes
Elsa acheva sa chanson, et reporta son regard sur la lettre, les yeux brillants. Elle devait faire quelque chose. Elle devait absolument se sortir de là. Libérer ses envies, dire ce qu’elle avait sur le coeur, voir Yohan et lui avouer tout ce qu’elle ressentait: son amour, bien sûr, mais aussi ses peurs, ses craintes, et les terribles choix que ces perspectives lui demandaient de faire. Rien que d’y penser, Elsa se sentait trembler. Et elle savait que ça n’avait rien à voir avec le froid. Une larme perla au creux de son oeil, et roula sur sa joue. Elle voulut l’essuyer avec sa manche, mais elle leva brusquement la tête lorsque le sifflement de Courant d’Air l’avertit. Il lui apportait quelque chose.
Le petit globe d’eau salée tomba finalement sur la lettre de Yohan lorsqu’Elsa leva la main.
Un message venait d’arriver.
« Aaaah, Morten ! Je ne suis pas le dernier à pester lorsque tu me déçois, mais je dois dire que cette fois-ci, tu as finement joué notre coup, mon petit ami de pierre !
À des kilomètres de là, dans la grotte que Sivert et lui occupaient, le petit troll se dandinait fièrement devant son maître. Ce dernier, nonchalamment assis dans son siège taillé à même la roche, tenait entre ses doigts la lettre que Morten avait volé sur le bureau de Yohan, et la regardait avec un sourire carnassier.
- Vous avez vu Maître Sivert ! J’ai fait tout comme vous m’aviez dit, et même plus ! couina fièrement le troll
- C’est vrai, c’est vrai, avoua le sorcier, mais ne va cependant pas t’attribuer tout le mérite de ta petite entreprise ! Je me félicite également d’avoir pensé ce plan ingénieux: t’envoyer espionner directement chez ces crétins d’Arendelle, caché dans un tonneau ! Bigre, je me surprends encore parfois de mon propre génie ! Qu’en penses-tu Esprit ?
Perché sur l’épaule du Northuldra, Bruni était immobile.
Ses yeux, d’ordinaire vifs et curieux, restaient figés, le regard vide et éteint, et leur couleur, habituellement bleu violacé, était à présent d’un rouge sombre. Immobilisée dans son hypnose, la petite salamandre ne se tourna même pas vers le sorcier, se contentant de fixer un point invisible sur le sol.
- Je suis bien d’accord avec toi ! fanfaronna Sivert en se levant d’un air triomphal.
Sans faire attention à Morten, qui continuait de s’agiter de façon auto-satisfaite à ses pieds, il leva la lettre de Yohan devant son visage, et cracha d’un air dédaigneux.
- Ainsi cet avorton est tombé sous le charme de cette péronnelle glacée d’Arendelle ! Te rends-tu compte Morten, des potentialités que cela nous offre ?!
Le troll arrêta de se dandiner, et fit mine de réfléchir. Quand bien même il avait pris la lettre, il ne s’était pas attendu à ce que son Maître en soit aussi satisfait.
- Euh, oui, vous avez raison Maître Sivert mais…vous avez essayé de nombreuses fois de tuer Elsa d’Arendelle ces derniers temps. C’est étrange que vous n’ayez jamais réussi.
Le troll était totalement sincère dans son questionnement, aussi couina-t-il autant de surprise que de douleur lorsque Sivert ordonna à Bruni de lui envoyer un jet de feu, ce que la salamandre fit sans sourciller.
- Idiot ! Ces « tentatives » n’avaient pas pour but de la tuer ! Ce n’était là que de petits coups de semonce, des coups d’éclat spectaculaires comme j’en ai le secret. Oh, un peu théâtral, j’en conviens ! Mais vois-tu, je ne veux pas simplement tuer Elsa d’Arendelle.
- Ah bon ? siffla Morten en soufflant sur les braises d’une de ses mèches de cheveux, mais vous aviez dit que…
- La mort sera pour elle une libération, cracha Sivert, je veux la voir crier pitié, ramper devant moi en me suppliant d’épargner ceux qui auront survécu, après avoir tué tous ceux auxquels elle tient, particulièrement sa chère soeur et son bien aimé royaume !
S’avançant vers son autel magique, le vieux mage sortit de sa tunique une fiole, et après avoir pris entre ses doigts une pincée de l’étrange poudre qu’elle contenait, la jeta à l’intérieur. Instantanément, un écran de fumée se forma devant son regard mauvais, et l’image d’Elsa se matérialisa à l’intérieur. Elle semblait être en train de chanter, tenant une lettre dans sa main. Souriant de toutes ses dents, Sivert montra l’image à Morten d’un air dédaigneux.
- Vois-tu Morten, qu’as-tu l’impression qu’est en train de faire notre amie ici représentée ?
Regardant l’image de la Reine des Neiges d’un air curieux, Morten pencha la tête et marmonna:
- Ben, je dirais qu’elle…chante ?
- En effet Morten. Elle chante. Elle chante. Et sais-tu ce que nous allons faire, nous, à présent ?
- Oui !
Surpris, le Northuldra se tourna vers le troll en grattant sa barbe.
- Ah bon ? Morten sembla réfléchir, et avoua:
- Ah, euh…non.
Roulant des yeux pour évacuer son envie de le frapper, Sivert se drapa de nouveau dans sa grande cape noire, et grinça:
- Et bien, si elle chante, nous allons la faire danser !
À ces mots, Bruni s’enflamma sans un bruit sur son épaule, sans même que le sorcier ne s’en émeuve.
- Nous allons frapper une autre fois, continua-t-il, et cette fois-ci, nous parviendrons à dompter les Esprits du Vent et de l’Eau, et nous serons…
- Ah, moi je croyais que vous alliez vouloir l’attaquer pendant qu’elle serait à Arendelle.
Arrêté brusquement dans son élan, Sivert se tourna vers Morten.
- Que dis tu Morten ?
- Bah oui, expliqua le troll, quand j’étais là bas, avant que vous me fassiez revenir avec votre sort, j’ai espionné sa soeur Anna d’Arendelle. Je venais de voler la lettre de son ami et je l’ai entendu discuter avec le grand blond tout carré. Elle disait qu’elle allait envoyer un message à Elsa pour la faire venir demain soir au royaume.
Un ange passa dans la grotte pendant quelques instants. Sivert s’avança brusquement devant le troll, qui se recroquevilla sur lui-même, craignant la colère de son maître. Mais ce n’était pas lui qu’il regardait. Morten se retourna. Dans l’image de la fumée, Elsa venait de recevoir une missive portée par le vent qu’elle lisait à présent attentivement.
- Si tes informations sont exactes Morten, et si mes yeux ne me trompent pas, on dirait bien qu’Anna d’Arendelle a tenu parole. Fort bien.
Morten, toujours tremblant, ouvrit prudemment les yeux.
- Fort bien ? Pourquoi vous dites « fort bien » ?
Sivert se redressa, et partit d’un grand rire glaçant avant de regarder fixement l’image d’Elsa au coeur de la fumée.
- Anna d’Arendelle vient de nous offrir sa soeur et son royaume sur un plateau. Et il serait très impoli de notre part de décliner son invitation.
Et Elsa ? Oh ben, elle...elle a pas fini de s'en poser des questions !
Enjoy !
Chapitre 14: Le Bien qui fait mal
Seul le bruit des pas glacé du Nokke troublait le calme de la soirée qui s’annonçait. Une de ces soirées fraîches mais étoilées qui donnaient envie de rester éveillé, tranquille, à regarder les étoiles d’un air songeur pendant un long moment. Pourtant, si Elsa était encore dehors à cette heure-ci, ça n’avait rien à voir avec les étoiles.
Le Cinquième Esprit tournait depuis des heures dans la forêt, chevauchant le Kelpie de glace. Depuis qu’elle avait perdu Bruni, Elsa ne le quittait plus. Les souvenirs de la petite salamandre, emportée de force loin d’elle, sans qu’elle ne puisse rien y faire, la hantaient depuis de trop nombreuses nuits à présent. Elle n’avait eu de cesse ces dernières semaines de parcourir la Forêt des Northuldra de part en part, sans jamais s’éloigner du Nokke. L’Esprit de l’Eau à ses côtés la rassurait. Elle en avait bien besoin actuellement. Cela faisait presque un mois que Bruni avait disparu, et qu’Elsa courait à travers toute la forêt en quête du mystérieux étranger qui l’avait attaquée.
Elle avait peur.
Elle avait fait l’erreur qu’avait fait Hans jadis: elle avait sous-estimé son adversaire, était restée insensible à ses menaces jusqu’à ce qu’il les mette à exécution. Et elle l’avait payé cher. L’étranger lui apparaissait souvent dans ses rêves. Il se moquait d’elle, la pointait du doigt, et elle ne pouvait alors rien faire d’autre que de le regarder, immobile, tandis que Bruni se tenait à côté de lui, embrasant la forêt tout en lui jetant des regards suppliants. Elsa imaginait parfois ce que devait endurer la salamandre. Toutes les fois où elle avait du lutter ces dernières semaines contre des incendies déclarés un peu partout dans la forêt. Si Anna avait été là, elle aurait plus d’une fois été horrifiée de voir sa soeur au milieu des flammes, déchainant ses pouvoirs pour les éteindre et sauver le plus d’hectares de forêt possible. Parfois, Elsa se disait que, étant donné que jamais encore aucun des incendies n’avait atteint le village Northuldra, c’était probablement que l’homme devait ignorer où il se trouvait. Cela constituait certes un avantage pour elle, mais ce dernier était bien maigre au vu de ses difficultés.
Car ce soir là, elle rentrait encore bredouille au village. À ce train là, le maléfique inconnu aurait très bientôt le temps de faire flamber toute la forêt. Il suffirait d’une fois, une seule fois, où Elsa baisserait sa garde, et rien ne pourrait empêcher le feu de dévaster les environs jusqu’à atteindre le village. Lorsqu’elle arriva à ce dernier, juchée sur le Nokke, Elsa avait presque envie de pleurer. Elle était exténuée, elle sentait ses forces l’abandonner jour après jour, et ses recherches continuaient inlassablement de ne rien donner. Elle arriva au village, descendit du Nokke, et flatta son encolure. Lui au moins était toujours là pour l’aider. Aussi, lorsque la glace qui le recouvrait s’envola, et qu’il finit, après un dernier câlin d’Elsa, par s’évanouir dans une flaque d’eau des environs, la jeune femme sentit une boule d’angoisse se former au creux de son ventre. La même que celle qui la prenait tous les soirs, lorsqu’elle rentrait inévitablement les mains vides. Sans perdre de temps, elle alla se réfugier dans sa tente, sans faire attention aux quelques Northuldra qui la regardaient d’un air curieux.
Elle alla immédiatement s’appuyer sur la petite table qu’elle utilisait pour lire et écrire, et essuya une larme fugitive au coin de ses cils du revers de sa manche. Machinalement, son regard se posa sur la petite photographie posée face à elle. On pouvait y voir Anna, radieuse, qui souriait de toutes ses dents, comme si elle ignorait tout des difficultés rencontrées par sa soeur en ce moment. Ce qui, pensa dramatiquement Elsa, était le cas.
« Oh, Anna, gémit-elle, je suis perdue petite soeur, je n’y arrive plus. Je ne sais plus ce que je dois faire. Le danger se rapproche de jour en jour et je…
Sentant un vent de panique passager lui prendre les tripes, Elsa détourna son regard de la photo pendant quelques secondes, attendant que son coeur reprenne un rythme normal. Puis, elle releva doucement la tête, avant de murmurer en regardant tendrement le portrait de sa soeur:
- J’espère que tout va bien pour vous à Arendelle.
- Elsa ?
La jeune femme sursauta, et se retourna vivement pour se retrouver nez à nez avec Yelena. La doyenne du village la regardait à l’entrée de sa tente, appuyée légèrement sur son bâton. On ne lisait dans son regard ni sévérité ni angoisse, juste de l’incompréhension. Elle paraissait décontenancée face aux agissements étranges du Cinquième Esprit depuis quelques temps. Elle ne l’avait jamais vue ainsi. Elle savait qu’Elsa était de nature calme mais nerveuse, et la voir perdre à ce point son sang-froid depuis quelques semaines avait de quoi rendre la matriarche curieuse.
- Oh, bonsoir Yelena.
Cette dernière entra dans la tente, et s’avança vers Elsa, posant doucement son bras sur le sien d’un air maternel.
- Toujours rien ? demanda-t-elle
- Non, avoua tristement Elsa
Elle s’assit sur son lit, la tête baissée. Elle n’avait pas pu se résoudre à cacher la vérité à Yelena. Elle lui avait dit dès le lendemain de l’incident avoir perdu Bruni. Cependant, elle ne lui avait pas mentionné sa rencontre avec l’homme mystérieux. Elle ne voulait pas l’effrayer. Que penseraient les Northuldra si le puissant Cinquième Esprit lui même ne pouvait rien face à un homme dont il ignorait tout ? Mais Elsa en était consciente, elle n’allait pas pouvoir leur cacher la vérité bien longtemps. Elle savait d’expérience qu’elle n’allait y gagner que de les mettre un peu plus en danger.
Elle ne réagit pas quand Yelena s’assit auprès d’elle, semblant réfléchir:
- Tout cela est bien étrange. Où donc a bien pu aller cet Esprit du Feu ? Cela ne lui ressemble pourtant pas de tant s’éloigner. Croyez vous qu’il ait pu se rendre chez votre soeur, dans votre royaume ?
- Non, répondit Elsa, Anna me l’aurait fait savoir.
- Vous avez raison.
Les deux femmes restèrent silencieuses, jusqu’à ce que Yelena ne se lève, en posant affectueusement sa main sur l’épaule d’Elsa.
- Ne vous en faites pas, la rassura-t-elle, vous êtes le Cinquième Esprit, vous finirez bien par le retrouver. Et puis qui sait, peut-être finira-t-il par revenir de lui-même. Voyez le bon côté: la nature est toujours du nôtre, aucun incident n’est à déplorer pour l’instant.
Et elle se leva, en souhaitant bonne nuit à Elsa. Cette dernière sentit ses doigts se crisper sur ses couvertures. Elle ne pouvait pas continuer à lui mentir. À leur mentir. Assez de mensonges. Elle ne mentirait plus à personne. Au moment où Yelena posa un pied en dehors de sa tente, elle souffla d’une voix blanche:
- Bruni ne s’est pas enfui.
La doyenne s’arrêta. Sans la regarder, Elsa put presque la sentir se retourner vers elle. Elle imaginait parfaitement l’air incrédule sur son visage.
- Que dites vous ? demanda Yelena
Elsa dut se faire violence pour passer outre la grosse boule qu’elle sentait se former dans sa gorge, et avoua enfin:
- Il…il y avait un homme.
Elle avoua tout. L’homme, ses menaces, sa magie, la manière dont il avait emporté Bruni, sa façon de se montrer et de disparaître, sa voix, sombre et effrayante parmi les arbres. Elle parla des incendies qu’elle avait du affronter, des promesses de l’homme de les faire souffrir, elle et tous ceux auxquels elle tenait. Lorsqu’elle acheva son récit, elle crut presque fondre en larmes en voyant la façon dont Yelena la regardait. La matriarche ne semblait pas énervée, ni même déçue. Ce qu’Elsa lisait sur son visage à cet instant n’était rien de cela, plutôt une grande surprise. Mais alors qu’un silence pesant commençait à envahir la tente, Yelena demanda:
- Avant que nous n’allions plus loin Elsa, je dois vous le demander: êtes-vous bien certaine de tout ce que vous me dites là ?
Elsa acquiesça. Elle ne s’expliquait pas le soudain malaise qu’elle pouvait sentir chez la Northuldra. Cette dernière posa son bâton, et s’assit en tailleur sur le grand tapis qui ornait le sol. Après avoir invité Elsa à en faire autant, elle prit une grande respiration et souffla:
- Je suis désolée de vous entendre raconter cela Elsa, mais avant toute chose, je comprend pourquoi vous l’avez gardé pour vous.
Elsa était stupéfaite. Elle s’était attendue à ce que Yelena lui reproche ses mensonges, mais au lieu de cela, c’était bien Yelena elle-même qui semblait avoir quelque chose à se reprocher. Elle le lisait dans son regard.
- Vous m’avez demandé il y a quelques semaines de cela si les Northuldra savaient pratiquer la magie. À cela, je vous ai toujours répondu non. Que nous ne faisions pas de magie, que nous n’utilisions que les forces de la nature.
Elsa acquiesça. Elle ne voulait pas la couper. Quelque chose lui disait que ce qu’avait à lui dire Yelena allait être décisif pour les événements à venir.
- Et bien, moi non plus, je ne vous ai pas tout dit. Vous aviez raison Elsa, les Northuldra ont bel et bien connu jadis la magie. Nous étions des chamanes, des sorciers pour certains. Nous utilisions poudres, potions et parfois de puissants sortilèges pour parvenir à dompter la nature telle que nous la connaissons désormais.
Cela, Elsa s’en doutait déjà. Elle ignorait pourquoi Yelena s’était jusque là refusée à lui dire, mais les recherches qu’elle avait fait au château ne pouvaient mentir. Elle était presque heureuse d’entendre Yelena les confirmer.
- Pourquoi avez-vous cessé ? demanda-t-elle
Yelena sembla hésiter, puis répondit:
- Au départ, notre magie et les Esprits de la Nature agissaient en harmonie. Les Esprits nous apportaient leurs bienfaits, et nous utilisions nos pouvoirs pour les en remercier, majoritairement. Tout cela était d’un parfait équilibre. Du moins, c’était là ce que nous croyions.
Elle semblait profondément triste, ce que Elsa pouvait noter à sa seule façon d’éviter de la regarder dans les yeux.
- L’un de nous, un Northuldra puissant et respecté, passa de nombreuses années à repousser les limites de notre magie et des potentialités qu’elle nous apportait. Son nom était Sivert. Il n’était pas un homme mauvais, mais il ne supportait pas l’idée que nous puissions nous brider volontairement dans nos pouvoirs pour respecter l’équilibre de la nature. Selon lui, si ces pouvoirs nous avaient été donnés, c’était pour contrôler la nature et ses Esprits…ainsi que vous le faites Elsa.
- Je ne contrôle pas les Esprits, se défendit la jeune femme, je…
- Je le sais bien, continua Yelena, mais ce n’était pas là la vision de Sivert. Lui ne voulait pas la nature comme alliée…il la voulait sous son contrôle. Plus les jours passaient, plus il devenait puissant et assoiffé de pouvoir. Il nous enjoignit plus d’une fois à quitter la forêt pour étendre ce qu’il aimait appeler « L’Empire Northuldra » plus loin dans ces terres. Il semblait vouloir mettre tout le pays sous notre coupe…y compris les vôtres.
- Arendelle…murmura Elsa.
- Et puis, vint le tristement célèbre jour de la visite de votre grand père. Lorsque les hostilités furent déclarées, Sivert fut impitoyable. Vous savez le massacre que fut ce jour là, vous ignorez en quelle partie il en est responsable.
- Que voulez-vous dire ? demanda Elsa.
Elle sentit un frisson parcourir son échine en voyant le regard que posa Yelena sur elle avant de répondre.
- Les soldats d’Arendelle que vous avez retrouvés, ceux menés par le Général Mattias…pourquoi croyez vous qu’ils étaient si peu nombreux ?
Elsa écarquilla les yeux de surprise. À bien y penser, son grand père avait effectivement du prendre beaucoup d’hommes avec lui, s’il prévoyait d’attaquer les Northuldra. Et lorsqu’elle avait rencontré Mattias et ses hommes, ils n’était plus qu’une poignée. Une petite poignée.
- Il les a tués…mais pourquoi ? Pourquoi ne l’avez vous pas arrêté avec votre magie ? Pourquoi ne pas l’avoir utilisée ?
Yelena soupira tristement.
- Nous ne l’utilisions plus. Notre dernière idée pour faire comprendre à Sivert que nous ne partagions pas ses désirs de pouvoir et d’expansion, fut de cesser de pratiquer la magie. Après tout, les Esprits de la Nature suffisaient largement à nos besoin. Mais cela n’arrêta pas Sivert. Et lorsque nous fûmes témoins du massacre, nous jurâmes de ne plus jamais faire usage de magie. Elle ne fut plus ni pratiquée, ni enseignée. Cela fut facile: beaucoup de magiciens Northuldra périrent ce jour là, et très vite, il ne s’en trouva plus assez pour maintenir la tradition de notre magie.
- Et…que fit Sivert ? demanda Elsa
- Sivert…il était furieux. Pour lui, l’attaque d’Arendelle était la preuve finale que nous devions prendre le pouvoir. Et il nous en voulait beaucoup d’avoir cessé la magie. Mais nous…nous avons été aussi aveugles que lui. Perdus dans notre naïveté, nous n’avons même pas pensé que les agissements de votre grand-père étaient de son seul fait.
Elsa regarda la doyenne d’un air surpris. Comment, même suite à une attaque, les Northuldra, avaient pu penser jusqu’au bout que son grand père était de bonne volonté ?
- Quoi ? s’enquit-elle
- Nous faisions confiance à Arendelle. Et la solution la plus simple qui nous apparut était que l’attaque avait été en réalité orchestrée par Sivert pour prouver ses théories et s’en servir contre Arendelle. Alors nous l’avons banni. Nous l’avons chassé, loin de la tribu, en lui ordonnant de ne jamais revenir. Nous n’avons pas mis longtemps à comprendre que nous nous étions trompés, mais le mal était déjà fait. Nous savions que Sivert ne s’en prendrait pas à nous. Nous eûmes peur au départ qu’il n’aille directement s’attaquer à Arendelle mais…la brume était déjà tombée.
Après quelques instants, lorsque Yelena eut terminé son récit, Elsa ne savait toujours pas quoi dire. Elle était stupéfaite. Fallait-il que les Northuldra soient à ce point un pays pacifiste pour renoncer d’eux mêmes à leurs pouvoirs devant un fou assoiffé de puissance ! Outre cela, la jeune femme se sentait profondément touchée par la confiance que le peuple du Soleil avait accordée à Arendelle. Même après une attaque, ils avaient d’abord refusé de croire que son grand père puisse en être l’instigateur ! Tout en sentant monter en elle un élan d’affection pour Yelena et les Northuldra, Elsa demanda:
- Et…qu’est devenu Sivert ?
- Nous ne le savions pas, répondit tristement la veille femme, depuis ce jour, nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. Depuis tout ce temps, nous le pensions mort et enterré. Mais d’après votre récit, il semblerait qu’il soit toujours bien vivant.
Elle venait de confirmer ce que craignait Elsa. Si l’homme avait été assez puissant pour décimer l’armée d’Arendelle et prendre le contrôle de Bruni, alors elle avait véritablement du souci à se faire. Elsa leva la tête lorsqu’elle sentit la main de Yelena se poser sur la sienne.
- Elsa, écoutez moi.
Cette fois, la Reine des Neiges pouvait clairement lire la crainte et le doute dans les yeux gris de la matriarche.
- Si vraiment Sivert est revenu, ne tentez surtout pas de le retrouver.
- Mais…
- Sa haine n’est pas dirigée contre nous, mais contre Arendelle. S’il n’a toujours pas agi contre notre peuple, c’est qu’il ne le peut ou ne le veut pas. En revanche, votre royaume, et tous ceux qui y résident sont en danger. »
Elle n’eut pas besoin de le dire deux fois. Les paroles de Sivert tournaient à présent dans la tête d’Elsa. « Voir tout ce à quoi vous tenez réduit en cendres, et de voir ceux que vous aimez se retourner contre vous ». Si Yelena disait vrai, alors tout ce temps n’avait finalement servi au sorcier qu’à préparer ses plans. Cela voulait dire qu’il attendait son heure, le moment où il pourrait fondre sur Arendelle, et sans aucun doute, s’en prendre directement à…
« Oh non, Anna !
Face à elle, Yelena acquiesça. Alors qu’elle commençait à se remettre debout, Elsa fit un bond sur ses pieds, et se précipita au dehors.
- Mais, que faites-vous ? demanda la doyenne
- Je pars pour Arendelle ! répondit Elsa, si ma soeur est en danger, je n’ai pas un instant à perdre !
Mais alors qu’elle se préparait à appeler le Nokke, elle sentit de nouveau la main de Yelena sur son épaule. Elsa se tourna vers elle, et se rendit compte avec surprise qu’elle lui faisait « non » de la tête.
- N’agissez pas en hâte Elsa, dit-elle
- Mais vous avez dit que…
- Je sais ce que j’ai dit. Mais votre soeur est une femme forte, vous le savez bien. Elle pourra sans doute survivre une nuit de plus, et Sivert ne semble pas pressé.
- Mais je…
- Vous êtes épuisée, cela se voit. Vous êtes partie ce matin, et venez tout juste de rentrer. Vous êtes forte vous aussi Elsa, mais vous n’êtes pas invincible. Vous savez à présent la puissance de Sivert. Vous êtes bouleversée, nerveuse et fatiguée. Dans votre état, vous ne serez d’aucun secours à votre soeur.
Elsa baissa la tête, et regarda Yelena. Elle avait raison. Elle sentait la fatigue la prendre, et elle savait qu’elle n’était pas en état de chevaucher jusqu’à Arendelle à cette heure-ci. Elle acquiesça tristement.
- Vous avez raison, dit-elle
- Faites confiance à votre soeur, acheva Yelena, vous lui avez demandé de veiller sur votre royaume, et je suis sûr qu’elle s’y emploie.
Après s’être souhaité une bonne nuit, les deux femmes prirent congé l’une de l’autre. Et tandis qu’Elsa rentrait de nouveau dans sa tente, les pensées se bousculaient dans sa tête. L’histoire de Sivert, bien sûr, mais également sa première rencontre avec lui, ses menaces et…Anna. Elle n’avait rien dit de toutes ses difficultés à sa soeur. Elle ne voulait pas l’effrayer. Au fond d’elle, Elsa s’en voulait de continuer à lui cacher ce genre de choses.
D’autant que ces derniers temps, il y avait une autre personne, à qui cette fois, elle n’avait rien caché.
Presque machinalement, Elsa s’installa de nouveau à sa table, et, prenant en main un paquet enveloppé de chiffons, elle en sortit un petit coffre de bois. Ce dernier contenait un ensemble volumineux de feuillets, que la jeune femme étala devant elle, caressant doucement le papier sous ses doigts. Elle en prit un au hasard, en lut une première phrase, et un sourire, aussi crispé que sincère, apparut instantanément sur son visage.
« Peut-être rougis-tu en lisant cela; n’en aie surtout pas honte, car cela veut sûrement dire que mon but est atteint. J’ai plaisir à imaginer que mes sentiments te touchent et si ton nez en rougis, alors jamais si beau nez n’eut fard. »
Et une fois encore, comme toutes celles où elle relisait ces lettres, Elsa sentit en effet le rouge lui monter aux joues. Ces mots là, ils étaient pour elle, uniquement. Et ils venaient de lui.
Yohan l’avait toujours vue ainsi. Du moins, c’était ce qu’il prétendait dans ses lettres. Et Elsa voulait croire que, depuis ses premiers mensonges qui avaient bien failli les séparer définitivement, le jeune homme ne lui mentait plus, ou du moins, plus sur ses sentiments. Lui n’avait jamais eu peur d’elle, il ne l’avait jamais jugée étrange, ni même dangereuse. Elsa était bien consciente que, venant de lui, cela aurait été déplacé, mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir pour lui une profonde gratitude pour cela. Mais était-ce seulement de la gratitude qu’elle ressentait depuis de longues semaines maintenant ? Ces battements frénétiques de son coeur, qui lui donnait l’impression de battre à s’en extirper de sa poitrine chaque fois qu’elle lisait ses lettres, n’était-ce pas autre chose que de la stricte gratitude ?
Les mains de la jeune femme tremblaient en tenant le papier. Les mots tournaient dans sa tête, la saisissaient en plein coeur, et retournaient ses tripes sous l’effet d’élans d’affection incontrôlés. Ce qu’Elsa ressentait à cet instant, c’était l’aboutissement inévitable d’une relation de confiance et de bien-être dont les racines plongeaient tout droit dans l’océan secret des sentiments tumultueux qui la secouaient à présent jusqu’au plus profond de son coeur. En un mot, pour la première fois de sa vie, Elsa n’avait pas le sentiment de se tromper en parlant d’Amour. Oh, pas celui qu’elle avait pour sa soeur, non. Ce dernier était très fort, au delà de tout même, si on lui posait la question. Mais Yohan…Yohan était la figure qui, venue d’ailleurs, de si loin qu’elle ignorait d’où, avait toujours vu en elle la femme digne, forte, aimante et protectrice qu’Elsa avait toujours voulu être. Elle voyait dans ses mots et dans ses yeux l’image qu’il avait d’elle, ainsi qu’elle la voyait dans ceux d’Anna. Et tout comme Anna, elle ne ressentait pas dans son coeur d’autre moyen de l’en remercier que l’amour. Un amour profond, beau et sincère, du genre de celui dont elle aussi, elle avait parfois rêvé plus jeune, lorsque ses pouvoirs n’avaient pas encore pris l’ascendant sur ses désirs.
Aujourd’hui, Elsa sentait son coeur battre pour un homme, elle se sentait frissonner en entendant les mots qu’il lui adressait, et elle sentait ses entrailles se serrer d’impatience à l’idée de sa prochaine lettre, et de trac à l’idée de le revoir.
Aujourd’hui, Elsa était amoureuse. Mais voilà…elle était le Cinquième Esprit.
Elle n’était plus comme les autres. Elle savait depuis toujours qu’elle ne l’avait jamais vraiment été, et elle avait même cru l’être, un moment, à travers les mots de son…ami ? amant ? ou rien ? Comment devait-elle considérer un homme qui, malgré tout l’amour qu’il pouvait avoir pour elle, était si différent de tout ce qu’elle était ? Elsa soupira, en pressant la lettre de Yohan contre son coeur.
Elle avait bien cru trouver sa place, en découvrant Ahtohallan et son rôle d’Esprit. Et en un sens, elle l’avait trouvée. Mais cette place justement, n’était-ce pas ce qui l’empêchait précisément de prétendre à une vie normale ? Une vie comme devait la vivre sa soeur, entourée de ceux qu’elle aimait, sans aucun autre devoir que de veiller sur eux ? Comment pourrait-elle concilier le rôle majeur qui était désormais le sien, et les sentiments et les élans amoureux de petite fille qu’elle ressentait à présent ? Elsa se leva, la lettre toujours à la main. Elle sortit de sa tente, levant la tête vers les étoiles brillantes. Le vent siffla sur son visage. Courant d’Air lui disait bonne nuit. Et Elsa avait peur. Elle était effrayée, perdue entre ses désirs, ses devoirs et ses responsabilités. Ainsi c’était cela l’amour, un poids aussi agréable que gênant pour qui craignait plus que tout de faire passer ses intérêts avant ses devoirs. Elsa s’éloigna du camp, s’enfonçant dans la forêt, et, comme elle le faisait lorsqu’elle était en proie au doute, elle caressa du doigt la lettre de Yohan, et commença à chanter:
Mais d'où vient
L'émotion étrange
Qui me fascine
Autant qu'elle me dérange
Je frissonne, poignardée par le beau
C'est comme
Dans l'âme le couteau
La blessure traverse mon coeur
Et j'ai
La joie dans la douleur
Je m'enivre de ce poison
À en perdre la raison
Elle se sentait stupide. L’amour était quelque chose de beau, elle le savait. Et si Anna était là, elle serait probablement très contente pour elle. Mais Anna ne savait pas. Elle ignorait les responsabilités qui étaient les siennes. Elsa était le Cinquième Esprit. Avait-elle seulement droit à cette chose si simple et si humaine qu’était l’amour. La Reine des Neiges se sentait parfaitement idiote, de se voir presque blessée par ses responsabilités grandissantes quand elle ne demandait qu’à s’abandonner aux maux que pouvait apporter l’amour. Parce que, elle le sentait au plus profond d’elle, elle adorait ça.
C'est le bien qui fait mal
Quand tu aimes
Tout à fait normal
Ta peine
Prend le plaisir
C'est si bon de souffrir
Succombe au charme
Donne tes larmes
Et pourtant, stupide, Elsa ne l’était pas. Elle savait le mal que pouvait causer l’amour. Elle savait qu’Anna avait gardé en tête la cruelle déception amoureuse que lui avait infligé Hans, presque 4 ans auparavant. Bien sûr, Kristoff avait été là pour elle, pour l’aimer comme Anna le méritait, mais au fond d’elle, sa soeur avait tout de même gardé quelques temps le souvenir cuisant de ces mots « si seulement quelqu’un était amoureux de vous ». Et amoureux d’elle, quelqu’un l’était, songeait Elsa. Follement, d’après ses dires. Et cela lui plaisait. Beaucoup. Elle aimait lire ses mots, elle aimait succomber à leur beauté et à l’ivresse qu’ils provoquaient en elle. Et cela lui faisait mal. Si mal de se dire que, peut-être, elle n’y avait pas droit. Pas dans sa condition. Pas en étant ce qu’elle était. Mais elle s’en fichait. Si c’était cela l’amour, alors elle en voulait quand même. Avec tout le bien et tout le mal que cela pourrait lui faire.
Je ressens
De violentes pulsions
J'ai l'impression
De glisser vers le fond
Si j'ignore
D'où vient ce fléau
J'adore
L'avoir dans la peau
Envoûtée par des idées folles
Soudain
Mes envies s'envolent
Le désir devient ma prison
À en perdre la raison
La nuit était pleinement tombée à présent, mais Elsa s’en fichait. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête, et elle sentait son coeur être balloté de tous côtés comme un ballon au gré du vent. Elle ne savait plus quoi faire, perdue qu’elle était entre les effusions incontrôlables de son amour naissant, et les lourdes responsabilités qui étaient à présent les siennes. La jeune femme se sentait comme prise au piège, bien que, pour la première fois de sa vie, elle avait le choix: s’abandonner à l’amour, ou passer à côté, sacrifier son bonheur et celui de l’homme qu’elle aimait au nom d’un rôle décisif qu’elle n’avait pas choisi ? Elsa se sentait devenir folle à trop y réfléchir. Mais elle aimait trop les lettres de Yohan et les violents émois qu’elles provoquaient en elle pour ne pas au moins se pencher sur la question. Ainsi, c’était cela l’amour. Des questions, du doute et la certitude absolue d’adorer ça.
C'est le bien qui fait mal
Quand tu aimes
Tout à fait normal
Ta peine
Prend le plaisir
C'est si bon de souffrir
Succombe au charme
Donne tes larmes
Elsa acheva sa chanson, et reporta son regard sur la lettre, les yeux brillants. Elle devait faire quelque chose. Elle devait absolument se sortir de là. Libérer ses envies, dire ce qu’elle avait sur le coeur, voir Yohan et lui avouer tout ce qu’elle ressentait: son amour, bien sûr, mais aussi ses peurs, ses craintes, et les terribles choix que ces perspectives lui demandaient de faire. Rien que d’y penser, Elsa se sentait trembler. Et elle savait que ça n’avait rien à voir avec le froid. Une larme perla au creux de son oeil, et roula sur sa joue. Elle voulut l’essuyer avec sa manche, mais elle leva brusquement la tête lorsque le sifflement de Courant d’Air l’avertit. Il lui apportait quelque chose.
Le petit globe d’eau salée tomba finalement sur la lettre de Yohan lorsqu’Elsa leva la main.
Un message venait d’arriver.
****************
« Aaaah, Morten ! Je ne suis pas le dernier à pester lorsque tu me déçois, mais je dois dire que cette fois-ci, tu as finement joué notre coup, mon petit ami de pierre !
À des kilomètres de là, dans la grotte que Sivert et lui occupaient, le petit troll se dandinait fièrement devant son maître. Ce dernier, nonchalamment assis dans son siège taillé à même la roche, tenait entre ses doigts la lettre que Morten avait volé sur le bureau de Yohan, et la regardait avec un sourire carnassier.
- Vous avez vu Maître Sivert ! J’ai fait tout comme vous m’aviez dit, et même plus ! couina fièrement le troll
- C’est vrai, c’est vrai, avoua le sorcier, mais ne va cependant pas t’attribuer tout le mérite de ta petite entreprise ! Je me félicite également d’avoir pensé ce plan ingénieux: t’envoyer espionner directement chez ces crétins d’Arendelle, caché dans un tonneau ! Bigre, je me surprends encore parfois de mon propre génie ! Qu’en penses-tu Esprit ?
Perché sur l’épaule du Northuldra, Bruni était immobile.
Ses yeux, d’ordinaire vifs et curieux, restaient figés, le regard vide et éteint, et leur couleur, habituellement bleu violacé, était à présent d’un rouge sombre. Immobilisée dans son hypnose, la petite salamandre ne se tourna même pas vers le sorcier, se contentant de fixer un point invisible sur le sol.
- Je suis bien d’accord avec toi ! fanfaronna Sivert en se levant d’un air triomphal.
Sans faire attention à Morten, qui continuait de s’agiter de façon auto-satisfaite à ses pieds, il leva la lettre de Yohan devant son visage, et cracha d’un air dédaigneux.
- Ainsi cet avorton est tombé sous le charme de cette péronnelle glacée d’Arendelle ! Te rends-tu compte Morten, des potentialités que cela nous offre ?!
Le troll arrêta de se dandiner, et fit mine de réfléchir. Quand bien même il avait pris la lettre, il ne s’était pas attendu à ce que son Maître en soit aussi satisfait.
- Euh, oui, vous avez raison Maître Sivert mais…vous avez essayé de nombreuses fois de tuer Elsa d’Arendelle ces derniers temps. C’est étrange que vous n’ayez jamais réussi.
Le troll était totalement sincère dans son questionnement, aussi couina-t-il autant de surprise que de douleur lorsque Sivert ordonna à Bruni de lui envoyer un jet de feu, ce que la salamandre fit sans sourciller.
- Idiot ! Ces « tentatives » n’avaient pas pour but de la tuer ! Ce n’était là que de petits coups de semonce, des coups d’éclat spectaculaires comme j’en ai le secret. Oh, un peu théâtral, j’en conviens ! Mais vois-tu, je ne veux pas simplement tuer Elsa d’Arendelle.
- Ah bon ? siffla Morten en soufflant sur les braises d’une de ses mèches de cheveux, mais vous aviez dit que…
- La mort sera pour elle une libération, cracha Sivert, je veux la voir crier pitié, ramper devant moi en me suppliant d’épargner ceux qui auront survécu, après avoir tué tous ceux auxquels elle tient, particulièrement sa chère soeur et son bien aimé royaume !
S’avançant vers son autel magique, le vieux mage sortit de sa tunique une fiole, et après avoir pris entre ses doigts une pincée de l’étrange poudre qu’elle contenait, la jeta à l’intérieur. Instantanément, un écran de fumée se forma devant son regard mauvais, et l’image d’Elsa se matérialisa à l’intérieur. Elle semblait être en train de chanter, tenant une lettre dans sa main. Souriant de toutes ses dents, Sivert montra l’image à Morten d’un air dédaigneux.
- Vois-tu Morten, qu’as-tu l’impression qu’est en train de faire notre amie ici représentée ?
Regardant l’image de la Reine des Neiges d’un air curieux, Morten pencha la tête et marmonna:
- Ben, je dirais qu’elle…chante ?
- En effet Morten. Elle chante. Elle chante. Et sais-tu ce que nous allons faire, nous, à présent ?
- Oui !
Surpris, le Northuldra se tourna vers le troll en grattant sa barbe.
- Ah bon ? Morten sembla réfléchir, et avoua:
- Ah, euh…non.
Roulant des yeux pour évacuer son envie de le frapper, Sivert se drapa de nouveau dans sa grande cape noire, et grinça:
- Et bien, si elle chante, nous allons la faire danser !
À ces mots, Bruni s’enflamma sans un bruit sur son épaule, sans même que le sorcier ne s’en émeuve.
- Nous allons frapper une autre fois, continua-t-il, et cette fois-ci, nous parviendrons à dompter les Esprits du Vent et de l’Eau, et nous serons…
- Ah, moi je croyais que vous alliez vouloir l’attaquer pendant qu’elle serait à Arendelle.
Arrêté brusquement dans son élan, Sivert se tourna vers Morten.
- Que dis tu Morten ?
- Bah oui, expliqua le troll, quand j’étais là bas, avant que vous me fassiez revenir avec votre sort, j’ai espionné sa soeur Anna d’Arendelle. Je venais de voler la lettre de son ami et je l’ai entendu discuter avec le grand blond tout carré. Elle disait qu’elle allait envoyer un message à Elsa pour la faire venir demain soir au royaume.
Un ange passa dans la grotte pendant quelques instants. Sivert s’avança brusquement devant le troll, qui se recroquevilla sur lui-même, craignant la colère de son maître. Mais ce n’était pas lui qu’il regardait. Morten se retourna. Dans l’image de la fumée, Elsa venait de recevoir une missive portée par le vent qu’elle lisait à présent attentivement.
- Si tes informations sont exactes Morten, et si mes yeux ne me trompent pas, on dirait bien qu’Anna d’Arendelle a tenu parole. Fort bien.
Morten, toujours tremblant, ouvrit prudemment les yeux.
- Fort bien ? Pourquoi vous dites « fort bien » ?
Sivert se redressa, et partit d’un grand rire glaçant avant de regarder fixement l’image d’Elsa au coeur de la fumée.
- Anna d’Arendelle vient de nous offrir sa soeur et son royaume sur un plateau. Et il serait très impoli de notre part de décliner son invitation.
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
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Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 04 Avr 2020, 00:00
Enfin Elsa qui reconnaît son amour envers Yohan ça fait un bail que j'attendais. Et le choix de la musique pour la toile de fond est bien trouvé
Je savais bien que Sivert était un Northuldra je sais pas pourquoi mais le fait qu'il était accompagné d'un troll j'arrêtais pas d'y penser
Et +1 pour enfin avoir une Yelena gentille
Et ça reste bien écrit, en somme que du tout bon. Hâte pour la suite.
Je savais bien que Sivert était un Northuldra je sais pas pourquoi mais le fait qu'il était accompagné d'un troll j'arrêtais pas d'y penser
Et +1 pour enfin avoir une Yelena gentille
Et ça reste bien écrit, en somme que du tout bon. Hâte pour la suite.
- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 04 Avr 2020, 11:36
Bon un peu à l'arrache... J'ai bien aimé finalement qu'il y ait une toute petite phrase de transition entre les deux tableaux de ce chapitre ce qui permet de bien mieux s'y retrouver entre la partie ELSA et la partie MOUAHAHAHAHA JE SUIS LE MECHANT!
D'ailleurs le méchant...On va lui donner sa tête officielle
Oui il me fait finalement beaucoup penser à Don Salluste...Il a été disgracié dès le début de l'histoire et annonce qu'il veut se venger en assumant clairement faire des actes horribles et aussi, en assumant que son comportement même avant sa disgrace pouvait être quelque peu discutable.
C'est un méchant très stéréotypé, très manichéen, mais malgré tout efficace donc pourquoi pas d'ailleurs il en devient assez plaisant.
MAIS
Morten
...Alors je l'adore mais du coup, en voyant un Sivert #DonSalluste par extrapolation on pourrait supposer voir un Morten #RuyBlas ...Manipulé, le serviteur faire valoir mais qui, au fur et à mesure va s'émanciper pour changer de camp.
Alors ça n'est pas ce qui est demandé dans cette fiction (même si l'idée pourrait être sympa) mais, contrairement à Ruy Blas...Morten ne va pas s'opposer ou à minima répondre à Sivert, ni même critiquer ses choix.
Tu le dis et la comparaison est très juste, ce personnage c'est Bartok, un vrai SideKick comique et il remplit très bien le rôle. Sauf que Bartok, même s'il rampe devant Raspoutine bah il a tout de même quelques reflexions pour dire que Raspoutine est...un peu con! Bref, on voit une personalité qui est capable de réflechir par elle même sans, certes archi fidèle et suivant quasi aveuglément son maître mais avec malgré tout une opinion...Pour l'heure c'est ce qu'il manque un tout petit peu à Morten. D'autant que tu l'as dit toi même, lui il n'a rien contre personne fondamentalement (comme Bartok d'ailleurs).
Bon ça c'est du général, mais au niveau du chapitre, sa réflexion candide mais pourtant archi pertinente qui fait changer ses plans à Sivert est magnifique c'est vraiment le peu de vitriol du pudding à l'arsenic qu'il nous offre là!
Du coup j'ai commencé un peu par la fin, tant pis ça ne sera pas chronologique
Alors l'écriture... la lettre finalement revue et corrigée passe mieux, le personnage est plus naturel, plus sincère, plus vrai que dans sa première tentative à vouloir se la jouer poète du XIXè ...On parle quand même du type qui peut balancer des menaces de mort à peine voilées à Olaf ou insulter tout le monde devant Elsa...Donc la blonde quand elle reçoit une lettre dupoivrot garde royal...elle ne s'attend pas à lire du Hugo
Les chansons...Bon cette fois c'est assumé c'est donc mieux. Je préfère des détournements mais le texte passe très bien ainsi donc pourquoi pas
L'idée de montrer deux temps dans le tableau Elsa, avec une première partie en tension "j'ai perdu Bruni...Ok et moi de mon côté je dois te dire qu'un fou furieux risque de nous buter"...Bim ça pose bien la tension et paf, un instant après, Elsa roucoule comme une lycéenne japonaise en lisant une lettre. Le constraste est saisissant et assez plaisant
Bon j'ai toujours un petit peu de mal avec l'idée qu'Elsa ait pu en dire un peu à Yelena avant d'avouer et que si c'est le choix retenu, que Yelena ne se soit pas plus alerté avant l'aveu final. Mais malgré tout la scène a sa tension, elle reste efficace malgré tout et le résultat est là c'est bien l'essentiel, j'aurai peut être apprécié davantage voir un peu de tension entre les deux ...Qu'elles se sentent mutuellement trahies que l'autre ait menti ou tout au moins...pas tout dit dans un premier temps mais c'est pas mechant.
Voilà...Donc avec une fin qui annonce une confrontation sur le terrain de la rouquine...Décidément, faut jamais être dans la ville d'Arendelle quand Yohan s'y trouve!
D'ailleurs le méchant...On va lui donner sa tête officielle
Oui il me fait finalement beaucoup penser à Don Salluste...Il a été disgracié dès le début de l'histoire et annonce qu'il veut se venger en assumant clairement faire des actes horribles et aussi, en assumant que son comportement même avant sa disgrace pouvait être quelque peu discutable.
C'est un méchant très stéréotypé, très manichéen, mais malgré tout efficace donc pourquoi pas d'ailleurs il en devient assez plaisant.
MAIS
Morten
...Alors je l'adore mais du coup, en voyant un Sivert #DonSalluste par extrapolation on pourrait supposer voir un Morten #RuyBlas ...Manipulé, le serviteur faire valoir mais qui, au fur et à mesure va s'émanciper pour changer de camp.
Alors ça n'est pas ce qui est demandé dans cette fiction (même si l'idée pourrait être sympa) mais, contrairement à Ruy Blas...Morten ne va pas s'opposer ou à minima répondre à Sivert, ni même critiquer ses choix.
Tu le dis et la comparaison est très juste, ce personnage c'est Bartok, un vrai SideKick comique et il remplit très bien le rôle. Sauf que Bartok, même s'il rampe devant Raspoutine bah il a tout de même quelques reflexions pour dire que Raspoutine est...un peu con! Bref, on voit une personalité qui est capable de réflechir par elle même sans, certes archi fidèle et suivant quasi aveuglément son maître mais avec malgré tout une opinion...Pour l'heure c'est ce qu'il manque un tout petit peu à Morten. D'autant que tu l'as dit toi même, lui il n'a rien contre personne fondamentalement (comme Bartok d'ailleurs).
Bon ça c'est du général, mais au niveau du chapitre, sa réflexion candide mais pourtant archi pertinente qui fait changer ses plans à Sivert est magnifique c'est vraiment le peu de vitriol du pudding à l'arsenic qu'il nous offre là!
Du coup j'ai commencé un peu par la fin, tant pis ça ne sera pas chronologique
Alors l'écriture... la lettre finalement revue et corrigée passe mieux, le personnage est plus naturel, plus sincère, plus vrai que dans sa première tentative à vouloir se la jouer poète du XIXè ...On parle quand même du type qui peut balancer des menaces de mort à peine voilées à Olaf ou insulter tout le monde devant Elsa...Donc la blonde quand elle reçoit une lettre du
Les chansons...Bon cette fois c'est assumé c'est donc mieux. Je préfère des détournements mais le texte passe très bien ainsi donc pourquoi pas
L'idée de montrer deux temps dans le tableau Elsa, avec une première partie en tension "j'ai perdu Bruni...Ok et moi de mon côté je dois te dire qu'un fou furieux risque de nous buter"...Bim ça pose bien la tension et paf, un instant après, Elsa roucoule comme une lycéenne japonaise en lisant une lettre. Le constraste est saisissant et assez plaisant
Bon j'ai toujours un petit peu de mal avec l'idée qu'Elsa ait pu en dire un peu à Yelena avant d'avouer et que si c'est le choix retenu, que Yelena ne se soit pas plus alerté avant l'aveu final. Mais malgré tout la scène a sa tension, elle reste efficace malgré tout et le résultat est là c'est bien l'essentiel, j'aurai peut être apprécié davantage voir un peu de tension entre les deux ...Qu'elles se sentent mutuellement trahies que l'autre ait menti ou tout au moins...pas tout dit dans un premier temps mais c'est pas mechant.
Voilà...Donc avec une fin qui annonce une confrontation sur le terrain de la rouquine...Décidément, faut jamais être dans la ville d'Arendelle quand Yohan s'y trouve!
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 04 Avr 2020, 11:51
Alors je ne te remercie pas car maintenant je vais avoir la chanson en tête toute la journée xD
Nous avons là un bon chapitre où la première partie nous tient en haleine. En effet, nous sommes face à une Elsa qui est au bout du rouleau (ce qui est en période de confinement est peut être la meilleure des choses mais bon). J'apprécie le fait que tu la laisses gérer seule la situation. On reconnaît bien son caractère introvertie à vouloir à tout pris s'en sortir tout en pensant qu'elle n'a pas besoin de l'aide des autres pour ne pas les alerter ! J'apprécie aussi le fait que tu dises qu'elles correspondent avec Anna. Malgré tout on garde le lien fort entre les deux soeurs que l'on retrouve moins quand on est du point de vue d'Anna .
Tiens et puisqu'on parle d'Anna... La duchesse veut bien un portrait de sa chère souveraine dédicacée pour la prochaine fois Quoi ?! Y a pas de raison qu'Elsa soit la seule à avoir la frimousse de sa soeur près d'elle
Les intéractions entre Yélana et Elsa sont fluides et bien amenées. J'aime beaucoup le fait que Yélana ne soit pas parfaite et qu'elle ne dise pas tout non plus à Elsa, ça la rend humaine et sage. Ta Yélana c'est un peu ma Mamie Anna ... De même le fait que Silvert et Morten aient le même passé est pas mal et contrairement à ce que tu crois pas du tout dérangeant ... Le hasard c'est le hasard mon vieux
Ensuite... Nous avons enfin des sentiments dévoilés pour notre chère Esprit... Qui se fait des noeuds au cerveau modèle géant comme à son habitude. Mais ce n'est pas bien grave ça la rend très humaine et pour le coup tu ne t'éloignes pas de son caractère de base ... On a un petit extrait de ce que lui écrit Yohan qui est très romantique et franchement je surkiffe... Maintenant je veux les voir s'embrasser !!!!! (En mode Charlotte dans la princesse et la grenouille ! "Je serais prête à embrasser des milliers de grenouilles si c'est pour avoir mon prince charmant"...)
Enfin la deuxième partie est pas mal. Nous avons le bon duo Morten/ Silvert qui fonctionne drôlement bien. Après le fait que ça soit des méchants "Disney" comme tu l'as précisé rend l'histoire moins complexe et il est vrai que j'ai du mal à les trouver crédible. Je préfère les méchants qui se prennent la tête et qui ne sont pas nés méchants. Alors oui tu as fait leur back-story où on voit qu'ils ont soufferts et ont été traités injustement. Mais j'ai l'impression quand on lit leurs échanges dans ta dernière partie que ça a été complètement effacé. Comme si tu avais voulu leur donner une back-story histoire de dire ils sont méchants à cause de... Mais que leurs caractères du présent fait beaucoup trop cartoonesque pour qu'on s'en rappelle ... Après attention encore une fois ils sont très bien écrits... Mais voilà je pense qu'il faudra que je m'y fasse
Encore une fois un très bon chapitre ... J'attends le retour Elsa/Anna et surtout Elsa/Yohan.
Nous avons là un bon chapitre où la première partie nous tient en haleine. En effet, nous sommes face à une Elsa qui est au bout du rouleau (ce qui est en période de confinement est peut être la meilleure des choses mais bon). J'apprécie le fait que tu la laisses gérer seule la situation. On reconnaît bien son caractère introvertie à vouloir à tout pris s'en sortir tout en pensant qu'elle n'a pas besoin de l'aide des autres pour ne pas les alerter ! J'apprécie aussi le fait que tu dises qu'elles correspondent avec Anna. Malgré tout on garde le lien fort entre les deux soeurs que l'on retrouve moins quand on est du point de vue d'Anna .
Tiens et puisqu'on parle d'Anna... La duchesse veut bien un portrait de sa chère souveraine dédicacée pour la prochaine fois Quoi ?! Y a pas de raison qu'Elsa soit la seule à avoir la frimousse de sa soeur près d'elle
Les intéractions entre Yélana et Elsa sont fluides et bien amenées. J'aime beaucoup le fait que Yélana ne soit pas parfaite et qu'elle ne dise pas tout non plus à Elsa, ça la rend humaine et sage. Ta Yélana c'est un peu ma Mamie Anna ... De même le fait que Silvert et Morten aient le même passé est pas mal et contrairement à ce que tu crois pas du tout dérangeant ... Le hasard c'est le hasard mon vieux
Ensuite... Nous avons enfin des sentiments dévoilés pour notre chère Esprit... Qui se fait des noeuds au cerveau modèle géant comme à son habitude. Mais ce n'est pas bien grave ça la rend très humaine et pour le coup tu ne t'éloignes pas de son caractère de base ... On a un petit extrait de ce que lui écrit Yohan qui est très romantique et franchement je surkiffe... Maintenant je veux les voir s'embrasser !!!!! (En mode Charlotte dans la princesse et la grenouille ! "Je serais prête à embrasser des milliers de grenouilles si c'est pour avoir mon prince charmant"...)
Enfin la deuxième partie est pas mal. Nous avons le bon duo Morten/ Silvert qui fonctionne drôlement bien. Après le fait que ça soit des méchants "Disney" comme tu l'as précisé rend l'histoire moins complexe et il est vrai que j'ai du mal à les trouver crédible. Je préfère les méchants qui se prennent la tête et qui ne sont pas nés méchants. Alors oui tu as fait leur back-story où on voit qu'ils ont soufferts et ont été traités injustement. Mais j'ai l'impression quand on lit leurs échanges dans ta dernière partie que ça a été complètement effacé. Comme si tu avais voulu leur donner une back-story histoire de dire ils sont méchants à cause de... Mais que leurs caractères du présent fait beaucoup trop cartoonesque pour qu'on s'en rappelle ... Après attention encore une fois ils sont très bien écrits... Mais voilà je pense qu'il faudra que je m'y fasse
Encore une fois un très bon chapitre ... J'attends le retour Elsa/Anna et surtout Elsa/Yohan.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 04 Avr 2020, 14:05
Merci pour vos commentaires. Je suis très content que Sivert et Morten vous plaisent, j'ai vraiment beaucoup d'affection pour ces deux personnages donc voir qu'ils sont appréciés me fait très plaisir !
Concernant Morten, non, il n'est pas là pour s'opposer à Sivert. Déjà parce qu'il en a peur (parce que le gars touche quand même sa bille question magie), et surtout, il lui obéit aveuglément car il pense vraiment que Sivert pourra lui apprendre la magie s'il fait tout ce que ce dernier lui demande. Donc non, il n'est pas là pour le contredire, même quand il fait ou dit des conneries (cela dit, Sivert étant plutôt intelligent, il n'en fait pas tous les quatre matins).
Concernant Morten, non, il n'est pas là pour s'opposer à Sivert. Déjà parce qu'il en a peur (parce que le gars touche quand même sa bille question magie), et surtout, il lui obéit aveuglément car il pense vraiment que Sivert pourra lui apprendre la magie s'il fait tout ce que ce dernier lui demande. Donc non, il n'est pas là pour le contredire, même quand il fait ou dit des conneries (cela dit, Sivert étant plutôt intelligent, il n'en fait pas tous les quatre matins).
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
Face each new sun with eyes clear and true
Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 04 Avr 2020, 14:27
C'est à mon sens bien là le souci, tu as moyen d'avoir un duo de mechant qui fonctionne bien et qui pourrait être vraiment plaisant...
A la Salluste/ Ruy Blas ou, en prenant chez Disney un Gaston/ le Fou (du film! pas du DA où le fou est un perso de m*rde!)
Mais au final ces persos s'approchent davantage d'un duo...Forte/Fifre de la Belle et la bête 2 ...Un certain potentiel, mais gaché par l'absence de réelle interraction voir de rapport de force entre eux
EDIT: Ouais en relisant même moi je trouve que la comparaison est raide, elle est plus la pour la blague qu'autre chose hein
C'est surtout pour souligner le fait qu'il manque une certaine valeur ajoutée du coup, surtout au personnage de faire valoir.
A la limite le méchant unidimentionnel, oui ça fait un peu méchant de BD mais c'est toujours plaisant s'il est vraiment inquiétant, et là il l'est, et son rare temps d'exposition ne le rend que plus menaçant (à l'instar de Thanos dans les premiers films Marvel...On sait qu'il existe, qu'il attend...et on flippe!)
Mais le faire valoir qui est juste là pour dire oui oui sans rien d'autre...je trouve que pour le coup c'est un potentiel gaché.
A la Salluste/ Ruy Blas ou, en prenant chez Disney un Gaston/ le Fou (du film! pas du DA où le fou est un perso de m*rde!)
Mais au final ces persos s'approchent davantage d'un duo...Forte/Fifre de la Belle et la bête 2 ...Un certain potentiel, mais gaché par l'absence de réelle interraction voir de rapport de force entre eux
EDIT: Ouais en relisant même moi je trouve que la comparaison est raide, elle est plus la pour la blague qu'autre chose hein
C'est surtout pour souligner le fait qu'il manque une certaine valeur ajoutée du coup, surtout au personnage de faire valoir.
A la limite le méchant unidimentionnel, oui ça fait un peu méchant de BD mais c'est toujours plaisant s'il est vraiment inquiétant, et là il l'est, et son rare temps d'exposition ne le rend que plus menaçant (à l'instar de Thanos dans les premiers films Marvel...On sait qu'il existe, qu'il attend...et on flippe!)
Mais le faire valoir qui est juste là pour dire oui oui sans rien d'autre...je trouve que pour le coup c'est un potentiel gaché.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 10 Avr 2020, 23:07
Voici donc le chapitre 15 ! Où il est encore question d'amour et où les choses s'accélèrent encore un peu plus...avant la dernière ligne droite ? À voir !
Enjoy !
La matinée était fraîche, et pourtant, alors que nous étions assis dans le petit salon, prenant notre petit déjeuner, Anna et moi avions de quoi nous faire des suées. Ces derniers jours n’avaient pas été de tout repos, aussi bien pour elle que pour moi. Et à en juger par le visage défait de Kristoff, cela avait l’air d’être également le cas pour lui (bien que je n’aurais su dire sur le moment si cette tête là ne lui venait pas de la tendance d’Anna à déteindre sur lui, ce qui lui rendait les réveils matinaux particulièrement pénibles). La Reine d’Arendelle n’avait pas eu un instant pour elle ces derniers temps. Les problèmes avaient doublé dans le royaume. Les vents soufflaient de plus en plus fort, et cela causait de nombreux ennuis aux habitants. Des masures presque totalement envolées, des cultures réduites à néant…même quelques bateaux avaient failli être envoyés par le fond directement dans le port à force d’être bringuebalés de tous côtés par les vents. Anna avait fort à faire pour écouter, rassurer et aider tous les Arendelliens qui se présentaient au château, désemparés, et criant leurs angoisses et leurs revendications pour leurs possessions, leurs maisons, et plus rarement, leurs vies.
Naturellement, la jeune rousse avait d’abord pensé à des agissements de Morten, et Kristoff et Sven avaient du redoubler d’efforts pour retrouver le petit troll, introduit clandestinement à Arendelle. Mais très vite, il avait fallut se rendre à l’évidence. Outre le fait que chercher un troll en Arendelle équivaille presque littéralement à la recherche de l’aiguille dans la botte de foin, le montagnard et son renne étaient formels: il n’y avait plus trace de quelque troll que ce soit en Arendelle. Ce qui, je devais bien le dire, ne m’arrangeait pas, mais alors pas du tout.
Je n’avais toujours pas retrouvé ma lettre pour Elsa. J’avais eu beau la chercher absolument partout, elle restait totalement introuvable. Au départ, j’avais bien évidemment pensé qu’il s’agissait d’une blague un peu lourde que me faisait Olaf. Mais après l’avoir honteusement pourri, et copieusement traité de tous les noms pendant 3 jours, je dus me faire une raison: le bonhomme de neige n’y était pour rien. Je m’étais donc platement excusé, et avais tenté par tous les moyens de retrouver ma lettre. Je crus même un moment que Morten lui-même pouvait être à l’origine de sa disparition, mais cette idée ne me trotta pas longtemps dans la tête. Après tout, je ne connaissais qu’à peine le troll, et il en était de même pour lui. Quel intérêt pouvait-il bien avoir à voler une lettre d’amour ?
Cette affaire me rendait absolument dingue. Cette lettre ne pouvait tout de même pas s’être envolée ? Bien sûr, dès que j’eus cette pensée, celle, fugace, que Courant d’Air eut pu l’emporter sans que j’en sois prévenu me traversa l’esprit. Mais là aussi, je faisais probablement fausse route. L’Esprit du Vent venait certes porter mes lettres lorsque je le lui demandais, mais j’aurais été très étonné qu’il en prenne l’initiative. Ce matin là, comme les précédents, j’étais donc nonchalamment attablé en train de siroter une tasse de café du bout des lèvres, mon cerveau bouillonnant déjà à force de retourner encore et encore les derniers événements dans ma tête, lorsque je vis Anna soupirer. La reine se tourna vers moi et s’enquit:
« Alors, Yohan, dis moi: as-tu finalement retrouvé cette lettre ?
Je me tournai vers elle, une expression aussi neutre que possible sur le visage. Anna ne m’avait absolument pas tenu rigueur de ma correspondance avec Elsa, et elle avait même contribué elle aussi à rechercher la lettre disparue. Toutes proportions gardées bien sûr, devant la masse de tâches qui étaient les siennes, mais l’effort était tout de même appréciable.
- Non, répondis je d’un air blasé, je ne sais absolument pas où est passée cette fichue lettre. À croire qu’elle a totalement disparu du royaume.
- Je vois. En as-tu tout de même envoyé une autre à Elsa ?
Je restai cette fois sans répondre. Devant ma recherche effrénée de la lettre, je n’avais même pas pensé à en écrire une autre, simplement histoire de ne pas laisser trop longtemps Elsa dans l’attente d’une réponse. La question d’Anna vint me frapper le visage tandis que je me retenais de le faire moi-même, devant ma propre stupidité.
- Non, je n’y ai pas pensé.
Face à moi, Kristoff affichait toujours la même mine de déterré. Il bâilla, passant poliment sa main devant sa bouche, ce qui sembla amuser Anna. La scène paraissait anodine, mais pour moi, elle avait quelque chose de notable dans son aspect insolite. Je n’avais certes jamais dormi aux côtés d’Anna, mais pour moi, il était de notoriété publique qu’elle avait toujours cette image de la jeune femme au sommeil de plomb, et qui se levait le matin avec une tête à faire peur, et des cheveux qui auraient fait se dresser sur la tête ceux de n’importe qui d’à peu près sain d’esprit. Ainsi, la voir de si bon matin, élégamment habillée, fraîche et pimpante, face à un Kristoff qu’on aurait juré sorti du lit à grands coups de pompes dans le train avait de quoi décontenancer.
Je m’attardai légèrement sur elle. À cet instant, je la reconnaissais à peine. Anna restait elle-même, mais tout, chez elle, trahissait l’assurance et l’aisance qu’elle semblait avoir pris depuis qu’elle était entrée dans ses fonctions de reine. Son maintien était plus droit, plus altier, elle ne portait pas autant de maquillage qu’à l’accoutumée et pourtant, son visage gardait un air doux et avenant. Mais quelque chose me dérangeait: bien qu’elle fut aussi jolie et souriante que d’ordinaire, Anna paraissait avoir quelque chose de changé. Comme si les traits de son visage s’étaient affirmés récemment, du moins aussi bien que le reste.
- Tu devrais, finit-elle par me dire en sirotant son chocolat, Elsa va finir par se demander pourquoi tu ne lui réponds pas.
Je baissai la tête. Elle avait raison. Après tout, ce n’était qu’une lettre parmi d’autres, et je ne pouvais pas laisser Elsa sans réponse plus longtemps. Ses mots me manquaient. Elle me manquait. Hélas, je n’avais pas autant de temps que je le désirais pour lui écrire. Anna allait encore devoir inspecter la ville aujourd’hui, et j’allais bien entendu devoir l’accompagner. Après quelques instants de silence, Kristoff se leva, s’étira, et se dirigea vers sa fiancée, passant amoureusement ses bras autour de son cou.
- Bien, dit-il, je vais devoir y aller, Jakob m’attend pour la prochaine livraison.
Il embrassa Anna sur le front et se dirigea vers la porte, lorsque la rouquine se leva et alla vers lui en sautillant.
- Kristoff ! Attends !
Elle s’approcha de lui, et remit tendrement ses cheveux en place, en murmurant d’un ton presque maternel.
- Tu devrais songer à rafraichir tes cheveux de temps en temps. Penses-y avant…avant le Jour J !
- Ne t’en fais pas, rit doucement le montagnard, j’y penserai. Je t’aime !
Il embrassa la jeune reine, et après m’avoir adressé un dernier signe de la main, sortit de la pièce. Je regardai Anna avec un sourire en coin tandis qu’elle revenait s’asseoir à la table.
- Le Jour J ? m’enquis-je
- Notre mariage, répondit Anna le plus simplement du monde. Voyant que je la regardais avec des yeux ronds, elle eut un petit rire et continua.
- Eh oui Yohan, tu ne pensais tout de même pas que nous resterions fiancés éternellement ?
- Non, bien sûr, je…
- Je suis la Reine d’Arendelle désormais, et Kristoff a amplement mérité que notre union soit officialisée après tout ce qu’il a fait pour moi. Il sera bientôt Lord Kristoff, Prince Consort d’Arendelle ! Et bien sûr, mon mari !
Je ne pus m’empêcher d’avoir un petit sourire en la regardant. Bien que son ton montrait toute l’assurance qui était désormais la sienne, Anna avait dit cela avec des étoiles dans les yeux, et un vibrato dans la voix qui trahissaient véritablement l’excitation et l’exaltation qui étaient les siennes à l’idée d’épouser Kristoff. Mais, ainsi que je l’avais prévu au fond de moi, elle ne m’avait pas oublié, et la suite fut prévisible.
- Le mariage est en train d’être préparé en ce moment même. Pas en grande pompe bien sûr, mais suffisamment pour s’assurer qu’il aura lieu lorsque tout cela sera terminé. D’ailleurs Yohan, Elsa sera bien entendu présente à mon mariage…et j’espère bien que tu seras avec elle.
- Bien sûr Anna, la rassurai-je, faisant mine de n’avoir pas saisi, je ne raterai votre mariage pour rien au mo…
- Tu m’as très bien compris Yohan ! m’interrompit la petite rousse, je ne tolèrerai pas de ta part que ma soeur soit encore considérée comme un coeur à prendre lors de mon mariage .
Je restai interdit, la regardant sans savoir quoi faire. J’avais bien compris lorsqu’elle avait trouvé la lettre qu’elle souhaitait qu’Elsa et moi officialisions une relation qui n’était jusque là qu’épistolaire. Mais écrire à Elsa, c’était une chose. Réussir à aller jusqu’au bout avec elle, c’en était une autre. La Reine des Neiges n’était pas une femme facile à cerner, et il ne serait probablement pas aussi aisé pour moi de dire devant elle toutes ces folles choses que nous nous écrivions.
- Oui, répondis-je, je…j’ai saisi Anna mais…comme tu l’as dit, nous avons des choses à régler avant et…il faudrait que je puisse voir Elsa pour cela.
- Oh je pense que vous aurez l’occasion d’en discuter bien plus tôt que tu ne le crois, rit Anna.
Je m’arrêtai sur sa phrase. Cela voulait-il dire…
- Tu as demandé à Elsa de venir ?
- Je n’ai pas dit ça. Je dis juste qu’il n’est pas impossible que vous puissiez vous revoir. En attendant, va donc te préparer. Nous allons devoir y aller. »
J’acquiesçai, et pris congé de la reine pour me diriger vers ma chambre. Le temps d’enfiler ma veste, ainsi que mon équipement (la dague Flamme étant bien entendu déjà à ma ceinture), je fus très vite prêt à l’action. Mais alors que je m’apprêtai à sortir de la pièce, une petite enveloppe se glissa sous ma porte, avec un petit bruit sec. Je m’approchai prudemment, le coeur battant: quelqu’un avait-il retrouvé ma lettre ?!
Hélas, il me suffit de prendre le papier en main pour me rendre compte qu’il ne s’agissait pas de cette dernière. C’était un petit mot, tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Qui donc pouvait bien me l’avoir envoyé ? Je défis en vitesse la petite enveloppe, et dépliai une très courte missive, que je ne mis que quelques secondes à lire.
« Retrouve moi ce soir, près des jardins, 21h. À la cascade. N’en parle à personne.
- Anna. »
Je restai un temps interdit, le papier dans mes mains. Quelques minutes à peine que nous nous étions quittés, et plus qu’une question de secondes avant que nous nous retrouvions ! Quelle était donc cette chose dont voulait m’entretenir Anna le soir même, si importante qu’elle se refusait visiblement même à en parler de vive voix ? Après quelques secondes de réflexion, je repliai la missive et la rangeai dans ma poche. Peu importait. J’avais assez discuté, assez désobéi aux ordres d’Anna ces derniers temps, et il était grand temps de faire enfin ce qu’elle me demandait. Je pris donc la direction de la salle du Trône, où je la retrouvai pour notre tournée d’inspection matinale.
« Alors ? m’enquis-je tandis que nous traversions le pont qui liait le château au reste du village, parle moi un peu de votre mariage ! Je suis sûr que vous avez mis les petits plats dans les grands !
- Eh oui, ainsi que le veut la tradition ! répondit Anna
Je vis à son sourire joyeux que la simple évocation de son mariage prochain semblait lui procurer des émotions intenses. La voir si heureuse me réchauffait le coeur.
- Oh j’ai bien pensé un moment faire cela en comité réduit, continua la reine, mais je veux offrir à mon futur mari le mariage le plus prestigieux auquel il puisse avoir droit ! Et puis Kristoff est un homme du peuple, et les gens d’Arendelle sont les plus précieux à mes yeux…
- Après ta soeur.
Coupée dans son élan, Anna me regarda avec un petit sourire en coin.
- Oui, rit-elle, après ma soeur. Enfin, je veux être sûre que tout Arendelle sera là pour célébrer ce grand jour comme il se doit ! »
J’acquiesçai, et continuai à la suivre tandis que nous commencions notre tournée. À l’évidence, les problèmes n’étaient pas terminés en Arendelle.
Oaken sembla fondre en larmes lorsqu’il vit arriver Anna devant chez lui. Il se précipita vers elle, et semblait presque prêt à s’effondrer sur ses frêles épaules pour pleurer toutes les larmes de son corps tandis que nous le regardions d’un air gêné.
« C’est une catastrophe Ma Reine ! Une catastrophe ! Tous mes saunas sont détruits, et toute ma précieuse collection automne-hiver y est passée ! Comment vais-je faire pour réchauffer ma famille à présent ?!
Derrière lui, nous pouvions constater les dégâts. Ces derniers semblaient très frais, vraisemblablement datés de la veille même. Une partie conséquente de sa toiture s’était envolée, et il ne restait plus rien des petites cabines…pardon, des petits saunas individuels que le grand homme aimait à confectionner avec amour. Des gros morceaux de charbon étaient éparpillés ça et là tout autour de la maison, côtoyant les débris de bois et de métal. On aurait vraiment juré qu’une tempête de tous les diables s’était abattue sur l’épicier et sa famille, ce que ce dernier eut tôt fait de me confirmer lorsque je lui posai la question:
- Une tempête de tous les diables Messire !!! cria-t-il, des rafales plus violentes que le froid de l’hiver, et plus rapides que…que…
- Plus rapides que le vent ? tentai-je sans grande conviction
- C’est ça ! Plus rapides que le vent ! Tout a été emporté ! Tout ! Pauvre de moi, que vais-je faire à présent ?
Derrière lui, sa famille le regardait d’un air désolé, tandis qu’il pleurait à chaudes larmes sur l’épaule d’Anna. Cette dernière le rassura alors qu’elle commençait presque à suffoquer.
- Allons allons Oaken, ressaisissez-vous, je vous en prie. Écoutez, je vous promets que nous trouverons une solution au plus vite. En attendant je vais faire en sorte que vous et votre famille soyez dédommagés pour les dégâts subis. »
Nous dûmes presque forcer Oaken pour l’empêcher de serrer Anna dans ses bras jusqu’à la briser comme un oeuf. Nous l’écoutâmes se répandre en remerciements et en pleurnicheries pendant quelques instants, puis nous prîmes congé de lui et de sa famille pour continuer notre tournée.
« Tout cela ne me plait vraiment pas, songea Anna sur le chemin, j’ai beau me casser le dos à m’occuper de tous ces problèmes les uns après les autres, il suffit que l’un d’eux soit réglé pour que deux autres apparaissent.
- Ouais, et puis c’est bizarrement c’est toujours les mêmes, ajoutai-je, Elsa doit vraiment avoir de singuliers soucis dans la forêt pour que le vent souffle ainsi tous les soirs.
Anna s’arrêta, et je manquai de m’étaler par terre en l’imitant brusquement. La petite rousse semblait toujours en pleine réflexion, mais je la sentais à présent bien plus soucieuse.
- Maintenant que tu le dis…
- Eh bien ?
- Eh bien la dernière fois que le vent a soufflé ainsi chez nous…c’était lorsqu’Elsa a réveillé les esprits pour la première fois, et que nous avons du aller chez les Northuldra pour cette histoire de barrage. Donc maintenant que j’y pense…soit Elsa a vraiment de gros problèmes dont elle ne nous aurait pas parlé avec les esprits…soit…
- Soit ? m’enquis-je sans vraiment être sûr de vouloir entendre la suite
- Soit Elsa n’y est pour rien, et cela vient de quelqu’un d’autre. »
Je restai sans répondre, ce qui ne sembla pas échapper à la reine. Elle m’entretint par la suite pendant de longues minutes afin de savoir plus en détails ce qu’Elsa et moi avions dit dans nos lettre à ce propos, et si j’avais mis sa soeur au courant de nos difficultés, mais je dus lui avouer que non. Nos dernières lettres n’avaient été que de longs échanges amoureux, et tout juste Elsa y avait-elle parfois mentionné les soucis qui étaient les siens. Des nôtres en revanche, je n’avais rien dit du tout.
Nous achevâmes notre tournée, sans qu’Anna ne revienne sur le sujet. Elle ne disait rien, mais je sentais que son mutisme venait plus d’un énervement de sa part plutôt que d’une volonté de ne pas aborder le sujet devant le peuple. Elle avait beau ne rien me dire, je sentais bien qu’elle m’en voulait un peu. Je ne doutais pas qu’elle était sincèrement heureuse pour Elsa et moi, mais je voyais dans son regard et à la façon dont elle pinçait ses lèvres qu’elle n’appréciait pas la façon dont j’avais tu toutes ses difficultés dans mes lettres à sa soeur.
Le reste de la journée se déroula sans accroc notable, jusque sur les coups de 17 heures. Je me trouvais dans ma chambre, écrivant une autre lettre à Elsa, tandis qu’Anna avait rejoint sa chambre pour se reposer quelques instants. Soudain, on frappa à la porte:
« Entrez ! invitai-je
Je vis alors entrer Kristoff, souriant, qui après s’être poliment assuré qu’il ne me dérangeait pas, me demanda, à ma grande surprise:
- Dis moi Yohan, tu ne saurais pas où est Anna ?
Je le regardai en fronçant les sourcils. Jakob et lui étaient revenus tôt de leur dernière livraison, et j’étais sûr qu’il était allé rejoindre immédiatement sa fiancée dans leur chambre.
- Elle n’est pas dans sa chambre ? demandai-je, surpris
- Non, répondit Kristoff
Anna n’avait ainsi dit ni à lui ni à moi où elle était allée, mais je remarquai que le montagnard semblait plus curieux qu’inquiet.
- J’ai déjà posé la question à Kay, continua-t-il, mais il m’a dit qu’elle a demandé à ce qu’on ne la dérange pas.
- Eh bien…ne la dérange pas ? tentai-je
- Oh, bien sûr, je ne veux pas la déranger, je voulais simplement savoir si tu savais ce qu’elle était partie faire ? Je pris quelques secondes pour réfléchir, mais avouai finalement.
- Non, désolé Kristoff. Elle ne m’a rien dit.
- Ah. Très bien. Désolé Yohan. Merci. On se voit plus tard ! »
Et il disparut en fermant la porte, un sourire aux lèvres. Ses dernières paroles me semblaient étranges. C’était comme s’il voulait plus s’assurer que je ne sache pas ce que faisait Anna plutôt que de vraiment chercher à savoir où elle se trouvait. Je le saluai, et retournai à ma lettre. Pendant quelques secondes, je n’entendis que le grattement de ma plume sur le papier, mais des pensées troubles se mélangeaient dans ma tête. J’avais de plus en plus l’impression qu’Anna me cachait des choses elle aussi, peut-être même le faisait-elle avec la complicité de Kristoff. Voire celle d’Olaf. Et si tel était le cas, quelle était cette chose dont elle ne voulait même pas me parler ? Je songeai un instant à aller tirer les vers du nez à Kristoff ou au bonhomme de neige sitôt que j’aurais achevé ma lettre, puis je me souvins de la missive que m’avait fait parvenir Anna le matin même. Je posai ma plume et la sortis de ma poche. Elle était formelle. Le soir, à la cascade, sans en parler à personne. Peut-être avait-elle enfin décidé de me dire ce qu’elle semblait me cacher depuis quelques temps ? Peu importait. J’en aurais le coeur net ce soir même. Repliant la missive, j’achevai ma lettre, la cachetai, et appelai Courant d’Air pour la faire envoyer au plus vite. Il était hors de question qu’une lettre de plus se perde. Heureusement, après quelques secondes, je vis virevolter à quelques centimètres de moi les quelques feuilles mortes, dont l’orange vif scintillant au soleil annonçait la présence de l’Esprit du Vent.
« Eh bien ! l’accueillais-je d’un ton sévère, tu as été plus rapide cette fois !
Je lui tendis ma lettre. L’idée de lui demander directement ce qu’il en était des bourrasques de vent à Arendelle me traversa l’esprit, mais je l’oubliais bien vite. On ne demandait pas à du vent de vous apporter une réponse.
- Tiens, porte ça à Elsa s’il te plaît. Et cette fois, fais en sorte qu’elle lui arrive hein ? »
Le papier me glissa des doigts sous le doux frottement du vent contre ma main, et quelques secondes plus tard, je le voyais s’envoler haut dans le ciel, porté par l’Esprit du Vent. Peut-être qu’Elsa recevrait bel et bien ma lettre cette fois-ci. J’avais pris soin d’y être plus bavard sur les difficultés que pouvait connaître Anna à Arendelle. Non seulement car je lui devais bien cela, mais surtout car au fond de moi, je sentais monter depuis quelques temps cet irrépressible sentiment que quelque chose n’allait pas. Qu’il y avait quelque chose de pourri au royaume d’Arendelle. Comme si les choses allaient brutalement s’accélérer et prendre des tournants que nous n’avions pas prévu. Ce n’était là que des pensées purement subjectives, basées sur rien d’autre qu’un pur ressenti personnel, mais je devais au moins m’en ouvrir à Elsa. Après tout, je m’étais ouvert à elle sur tout le reste.
Et elle m’aimait en retour.
Elle me l’avait avoué elle même, dans ses lettres. À mi-mot, et par de brillants sous-entendus, mais il n’était pas possible de nier ses aveux. Elle même avait utilisé plusieurs fois le mot « amour », fut-ce d’un air hésitant, elle l’avait employé. Je n’en revenais toujours pas. J’avais toujours eu une très bonne relation avec Elsa, mélange d’admiration, de profond respect et d’amour jusque là inavoué. Jusqu’à tout récemment, nous ne nous étions pas avoué grand chose d’ailleurs, de nos visions respectives l’un de l’autre. Mais tout cela, c’était terminé. Elsa était au courant de ce que je ressentais pour elle à présent, et elle m’avait avoué la réciprocité de ces sentiments. Je n’en revenais toujours pas. Elle était le Cinquième Esprit, représentante humaine des éléments de la nature. Et elle m’avait choisi moi, un simple humain, que plusieurs siècles séparaient d’elle en termes de langue, de culture et de moeurs. Elle m’avait choisi pour occuper dans son coeur la place qui ne l’était pas déjà par sa soeur. Je n’y croyais pas moi même. Aimer Elsa, c’était aimer la nature elle-même. On ne devait pas s’attendre à ce qu’un coucher de soleil nous admire en retour.
Et pourtant…
Je m’assis sur mon lit pendant quelques instants, la tête et le coeur pleins de l’image envoutante de la chevelure blonde et des yeux bleus de l’ancienne reine d’Arendelle, et m’endormis sans même m’en rendre compte.
Fort heureusement pour moi, je m’éveillai juste à temps. Jetant un oeil encore tout endormi à la petite horloge de ma chambre, je sentis mon coeur rater un battement en voyant l’heure qu’elle affichait.
« 20h55 ! Mon Dieu je vais encore passer pour un… »
Je me levai en quatrième vitesse, m’habillant plus vite que jamais. J’étais toujours en train de sangler les Lames d’Arendelle à la va-vite en sortant de de ma chambre. Je me précipitai sans attendre à l’extérieur du château, vers les jardins. La cascade dont avait parlé Anna n’était pas loin, mais, à moins d’arriver directement par la mer, elle demandait tout de même de monter quelques cols à pieds pour y parvenir. Je courus donc à perdre haleine, regardant frénétiquement ma montre. Si ce qu’avait à me dire Anna était véritablement si important, je préférais ne pas savoir si elle allait tolérer de ma part un énième retard. J’arrivais finalement à quelques secondes près devant la cascade, là où Anna était censée m’attendre. Pourtant, lorsque je fus sur place, et alors que je reprenais lentement ma respiration après ma furieuse cavalcade, je ne la trouvai nulle part. Je pris soin de me déplacer un peu partout, appelant mon amie. Peut-être ne m’avait-elle pas entendu arriver ? Mais après quelques secondes à la chercher aux alentours, je me rendis à l’évidence: elle n’était pas là.
J’eus pour moi même un petit sourire satisfait: ainsi cette fois, c’était Anna elle-même qui était en retard. Je n’avais bien sûr aucune intention de lui en tenir rigueur, mais au moins je ne l’étais pas moi même, une fois de plus. Je pris donc le parti de l’attendre, assis sur une pierre près de la cascade. La nuit semblait fraîche, mais de par ma particularité sanguine, je me sentais aussi bien que lors d’une chaude nuit d’été. Quelques instants plus tard, j’entendis finalement des bruits de pas arriver dans ma direction. Je me levai de mon rocher, affichant sans pouvoir m’en empêcher un sourire goguenard.
« Ah, tu es là Anna ! J’ai failli t’attendre dis do…
Le reste de ma phrase mourut dans ma gorge, tandis que je me raidis instantanément en ouvrant des yeux ronds comme des assiettes à soupe. Devant moi, resplendissante dans sa tenue blanche, ses longs cheveux flottant à la légère brise du soir, venait d’apparaître Elsa.
- Yohan ? Elle paraissait aussi surprise que moi, alors que, la chose me fit tressaillir de gêne, je vis ses joues rougir. Elle était aussi merveilleuse que lorsque nous nous étions quittés la dernière fois. Peut-être plus encore, ou bien était-ce qu’elle m’avait manqué bien plus que je ne l’imaginais. Je chancelai légèrement en posant mon regard sur elle, et balbutiai:
- El…Elsa mais que…qu’est-ce que tu fais ici ?
- Eh bien, répondit-elle en sortant de sa poche un papier plié, Anna m’a demandé de la retrouver ici ce soir. Et toi ?
Je jetai un oeil au papier. Il s’agissait sans aucun doute d’une missive similaire à celle que j’avais reçu le matin même. Silencieusement, je sortis cette dernière, et la présentai à Elsa.
- Eh bien, probablement la même chose que toi.
La jeune femme regarda la feuille d’un air coi. De la même façon que moi, elle ne paraissait pas comprendre la démarche d’Anna à travers ces lettres. Et je ne la comprenais pas non plus. J’avais cru qu’Anna avait quelque chose de capital à me dire, et elle m’avait expressément précisé le matin même qu’elle n’avait pas demandé à Elsa de venir au royaume. Pourquoi avait-elle menti ? Pourquoi avait-elle absolument faire en sorte qu’Elsa et moi nous retrouvions seuls tous les deux à cette heure de la soirée devant…
- Oh.
- Oh ? s’interrogea Elsa
- Elsa je dois te dire que…Anna est au courant pour…pour nous deux.
Elle ne sembla pas plus choquée que ça par l’information. Je la sentis néanmoins quelque peu anxieuse lorsqu’elle s’approcha doucement de moi, tandis que je sentais mon coeur tambouriner dans ma poitrine à chacun de ses pas.
- Je vois. Et…comment a-t-elle réagi ?
Dans une réponse à moitié silencieuse, je lui montrai les missives que nous avions reçu. Celles à qui nous devions de nous retrouver tous les deux ici à cette heure.
- Eh bien, je dirais qu’elle a décidé d’accélérer les choses.
Cette fois, Elsa sembla comprendre. Anna avait voulu nous rendre service. Elle avait voulu jouer les entremetteuses entre nous. Elle avait délibérément envoyé de fausses missives à sa soeur et à moi pour nous demander de nous rendre à un même endroit, tous les deux, où bien sûr, elle n’avait jamais eu l’intention de venir. Ainsi, de par cette minuscule et diabolique machination, je me retrouvai à présent seul avec Elsa, sous les étoiles, en une heure et un endroit où personne ne pouvait nous surprendre. Je sentis un léger sourire se dessiner sur mes lèvres. Même en étant reine, et dans des temps troublés, Anna restait Anna.
« Petite futée ! », songeai-je intérieurement.
- Je vois, déclara finalement Elsa, et…et toi ? As-tu envie de les accélérer ?
Elle était tout près de moi à présent. Si près que je pouvais sentir l’aura qu’elle dégageait. Comme si toute sa puissance et sa beauté, héritées aussi bien de sa mère que de la nature elle-même, se répandait en vibrant par tous les pores de sa peau. Je me grattai la tête d’un air gêné.
- Accélérer ? Elsa tu…tu sais bien que rien ne me ferait plus plaisir mais…nous devrions peut-être parler de…
Soudain, je vis le visage d’Elsa changer. Son regard se fit plus grave, comme si elle venait de se rappeler de quelque chose de crucial.
- Oh, suis-je bête…j’ai failli oublier ! Yohan, je dois absolument voir Anna !
- Quoi ?
- C’est extrêmement important ! Arendelle, vous…toi, vous êtes en danger !
- Mais enfin Elsa, de quoi est-ce que tu parles ?
Tout à coup, elle semblait paniquée. Comme si elle avait soudain très peur pour sa soeur et pour son royaume.
- Yohan, dit-elle, tu sais que rien ne me ferait plus plaisir que d’accélérer les choses entre nous mais ce soi…
- C’est vrai ?
J’avais senti un frisson d’adrénaline en l’entendant dire cela. J’avais eu beau lire ses lettres, avoir Elsa en personne, face à moi, qui avouait son envie que nous allions plus loin, cela faisait tout de même un sacré choc. Et cela ne s’arrangea pas lorsqu’elle prit doucement mes mains dans les siennes. Je sentis instantanément tout mon corps se raidir sous l’effet d’un stress inexpliqué en sentant le contact de ses mains douces et chaudes sur les miennes.
- Bien sûr, souffla-t-elle, tout ce que j’ai dit dans mes lettres. Tout est vrai. Tout.
- Eh bien je…
- Et je l’avoue, j’espérais aussi pouvoir entendre la dernière directement de ta bouche.
Ce disant, à ma grand surprise, je la vis sortir de sa poche une lettre encore cachetée, même pas dépliée. Je déglutis. C’était ma dernière. Celle que j’avais envoyée quelques heures auparavant ! Ainsi cette fois, Courant d’air avait accompli sa tâche ! Mais Elsa ne semblait même pas l’avoir dépliée.
- Tu…tu l’as…
- Non, dit-elle, je ne l’ai pas lue. Mais je suis sûre que, comme les autres, elle est absolument magnifique.
Je me sentis rougir violemment. Heureusement qu’il faisait à cette heure déjà assez sombre.
- Comme les autres…n’en ai-je…n’en ai-je parfois pas fait…un peu trop ?
Elsa eut un petit rire, et, ses mains toujours dans les miennes, nous fit asseoir sur la pierre où je l’avais attendue sans le savoir.
- Je mentirais en disant que non. Mais…ça n’a aucune importance pour moi.
- Ah bon ?
Elle resta silencieuse quelques instants, et continua.
- « Devant toi mon coeur ne fait qu’un cri, et si les baisers s’envoyaient par écrit, Elsa, tu lirais ma lettre avec les lèvres. ». C’est beau, c’est magnifique même. Un peu pompeux, en effet. Mais…je veux croire que ces mots étaient sincères.
Cette phrase là, je ne comptais pas de sitôt lui avouer que je l’avais empruntée à un auteur que j’admirais. Elle lui avait plu, c’était bien là le principal. Plongeant mon regard dans le sien, je la citai à mon tour.
- « Et je tressaille encore en te lisant, et le feu de l’amour fait fondre mon coeur de glace ». Tu sais Elsa, un grand poète français a dit un jour « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ».
- Il a bien raison. Et je veux croire que toutes ces lettres étaient autant de preuves. Oui, c’était parfois un peu trop, je l’avoue. Mais quand tu as vécu avec Anna, tu sais qu’aucune preuve d’amour n’est jamais assez forte pour celui qui l’exprime. Même si…même si cela doit faire mal.
Je la regardai d’un air étrange. Je ne comprenais pas ces derniers mots. Que voulait-elle dire ? Souffrait-elle de nos échanges ? Cela lui causait-il un tort quelconque ? Décidément, cette femme semblait vouloir torturer mon coeur à chacune de ses paroles ! Jamais délibérément, bien sûr, mais je sentais qu’elle tournait autour du pot, comme si elle cherchait à se protéger, ou à me protéger de quelque chose que j’ignorais. Et cela ne me plaisait pas. J’en avais assez de la voir se torturer elle même l’esprit. Sans trop réfléchir à ce que je faisais, je posai affectueusement ma main sur sa joue.
- Mal ? Elsa, qu’est-ce qui te…
Mais à ma grande surprise, Elsa se leva. Pas brusquement, ni dans la précipitation. Elle se leva doucement, et se tourna vers moi en me tendant sa main.
- Viens, dit-elle, je voudrais te montrer quelque chose.
Je la regardai d’un air hébété. Que voulait-elle me montrer ? À quoi l’avais-je faite penser si soudainement ?
- Me montrer…très bien.
Je me levai, et désignai le château.
- Ne devrait-on pas au moins prévenir Anna de ton arrivée ? Tu n’es…
- Nous ne serons pas longs, murmura Elsa en me tendant sa main, viens avec moi.
Je n’insistai pas. Chacun de ses désirs était pour moi un ordre. Elle me mena sur la berge du château, et quelques secondes après, je vis apparaître le Nokke, crevant l’onde noire de la surface du lac. Je restai immobile tandis qu’à ma grande surprise, je le vis s’approcher doucement de moi. Instinctivement, je voulus reculer, mais Elsa se voulut rassurante.
- Non, laisse le venir à toi. On dirait qu’il t’aime bien. La créature était à quelques centimètres de moi à présent. Je n’avais qu’à tendre la main pour la toucher.
- Mais comment…
- Il sait…il sait qui tu es. Il le ressent à travers moi. Très bien, tu peux monter.
Stupéfait, je me tournai vers la jeune femme.
- Quoi ?
- Tu peux monter, répéta-t-elle, nous devons aller…quelque part.
Face à moi, le Nokke s’était incliné, m’invitant de façon on ne pouvait plus claire à prendre place sur son dos. Après un dernier regard encourageant d’Elsa, je ne discutai pas, et l’enfourchai sans dire un mot. Elsa vint se placer devant moi, tenant la bride de glace qui enserrait l’encolure de la bête. Pour moi, j’étais toujours pétrifié de surprise. L’esprit était fait intégralement d’eau, et pourtant, je ne me sentais absolument pas mouillé. Tout cela était très étrange. Elsa se tourna vers moi, et murmura:
- Accroche toi.
Et le Nokke détala soudain sur le lac ! Pris au dépourvu, je dus m’accrocher instinctivement à la taille de la Reine des Neiges pour ne pas être désarçonné. Je sentais le vent dans mes cheveux et sur ma peau. Aucune sensation de froid bien sûr, mais se sentir porté par le Nokke, volant presque au dessus de la surface de l’eau, avait quelque chose d’enivrant. Je voyais le paysage défiler sous mes yeux, au creux des montagnes et des étendues d’eau du fjord, tout en sentant la robe d’Elsa sous mes doigts. Elle était là, tout contre moi, et me menait je ne savais où. Je le découvris assez vite.
Nous vîmes bientôt apparaître au loin un énorme glacier, qui semblait presque briller dans l’obscurité, apparaissant comme une vieille cité mystique à la surface de l’eau. J’étais subjugué par la beauté de l’image, mais Elsa m’en avait assez parlé dans ses lettres pour que je puisse me faire une idée de sa nature.
- Est-ce que c’est…
- Ahtohallan, confirma-t-elle
Portés par le Nokke, nous ne mîmes pas longtemps à y arriver. Lorsque la créature nous déposa sur la berge enneigée, je levai la tête, époustouflé.
L’endroit était extraordinaire. Les grands pics de glace dressés vers le ciel, à la fois magnifiques et menaçants, entouraient le le glacier d’une sorte de halo mystique de puissance brute qui vous écrasait de tout son poids. Je me sentais vraiment tout petit devant la magnificence du spectacle glacé qui s’offrait à ma vue. Je me retournai vers Elsa. Le Nokke avait déjà disparu dans les flots. La jeune femme était là, face à moi, et me tendit à nouveau sa main pour me faire entrer dans cet endroit merveilleux, que d’après ses dires, très peu de personnes autres qu’elle avaient pu découvrir.
Bien trop subjugué pour réagir, je me laissai entrainer à l’intérieur par le Cinquième Esprit. L’intérieur était encore plus incroyable. Les murs de glace, sur lesquels se reflétaient l’éclat de la robe blanche d’Elsa, achevaient la grandeur du tableau que j’avais sous les yeux. Et fort heureusement pour moi, je ne ressentais pas le froid, car tout cela devait probablement être d’une atmosphère glaciale. Sans dire un mot, ma main toujours dans la sienne, Elsa m’entraina dans une immense salle, sorte de gigantesque dôme où semblaient se faire face et se répondre autant de grands miroirs de glace dans lesquels la beauté sidérante de la Reine des Neiges se reflétait. Cette dernière se tourna alors vers moi.
- Ahtohallan, dit-elle, rivière magique, qui connait tout de nous. Passé, présent, futur…tout ce qui est, sera ou a été est présent et conservé, ici. Ici, je peux enfin être moi-même, sans avoir plus jamais besoin de fuir, ou d’aller chercher ailleurs des réponses que j’ai cherché toute ma vie. Pourtant, Yohan, il est une question que j’ai encore besoin de poser, et je voudrais entendre la réponse de ta bouche.
Toujours sidéré par la beauté d’Ahtohallan autant que la sienne, je m’avançai vers elle en prenant son autre main.
- Je t’écoute.
Elsa sembla hésiter, puis demanda finalement, à voix si basse qu’elle sembla presque murmurer:
- Pourquoi…pourquoi moi ?
À nouveau, je posai ma main sur sa joue en la regardant tendrement. Ainsi, elle n’avait pas changé. Après toutes nos lettres, tous nos aveux, elle se demandait encore. Elle se posait encore la question de savoir comment quelqu’un de « normal » pouvait s’intéresser à elle. Quelqu’un qui ne serait pas de sa famille, ou qu’elle aurait créé elle-même.
- Elsa, écoute moi bien. Pour moi, cela fait 5 ans que nous nous sommes quittés. En 5 ans, j’ai vu des choses, des centaines de choses si incroyables que même toi tu ne me croirais pas si je te les racontais. J’ai vu des mondes, des univers entiers. J’ai rencontré des gens, beaucoup de gens. Tous venaient d’horizons divers et tous ont eu de l’importance pour moi. Des hommes, des femmes…oui, des femmes, dont beaucoup étaient très belles, de belles personnes que j’ai beaucoup aimé côtoyer. Mais toi Elsa…toi…tu as été la première que j’ai voulu voir, lorsque l’immensité de l’univers s’est présenté à moi. Tu as été la première à m’accueillir, à me donner une place dans un monde qui n’était pas le mien. Tu m’as aidé. Aidé à grandir, à découvrir que je pouvais faire de grandes choses. Tu m’as aidé à m’ouvrir aux gens, à assumer pleinement ce que je suis. Tu m’as montré la voie Elsa. La voie de ceux qui n’ont pas peur de crier à la face du monde leurs envies, leurs peines et leurs désirs. Et, je dois bien le dire, de toutes les choses extraordinaires que j’ai pu voir dans mes voyages…aucune n’approche de près ou de loin le plaisir que j’ai de poser les yeux sur toi. Toi et moi sommes pareils Elsa. Deux âmes errantes, qui ont fini par trouver leur chemin, dans leur têtes et dans leurs coeurs. Et mon chemin désormais…c’est toi.
J’achevai ma tirade, tandis que je voyais des larmes perler au coin des yeux du Cinquième Esprit. Je n’avais pas menti. Je pensais chacun des mots que je venais de dire. Et Elsa semblait l’avoir compris.
À cet instant, nous sentions tous deux que nous étions précisément là où nos coeurs nous avaient mené. Pour la première fois depuis longtemps, je laissais mes sentiments prendre le dessus. Je savais ce que je devais faire. Je lâchai doucement les mains d’Elsa, avant d’entamer doucement.
Tu l'as cherché un temps ta place en ce bas monde
À chasser le printemps là où pleuvent les trombes
T'as cru taire la douleur, ce précipice en toi, là
En fuyant le bonheur je sais je suis comme toi, toi
T'es juste douée, douée, douée, douée pour voler, voler
Tu t'es perdue souvent pour garder le contrôle
Renaître en deux temps
Le cœur sur les épaules
Si rire c'est aimer pour deux
Pleurer sous un saule
C'est revenir du feu
Le cœur sur les épaules
Au sourire d’Elsa, je pouvais voir qu’elle comprenait. Elle avait passé les 21 premières années de sa vie à fuir le monde et les gens, pour les protéger d’elle même. Et j’avais passé tant de temps dans des mondes qui n’étaient pas le mien que je ne pouvais que comprendre. Comprendre ce que c’était que de ne pas se sentir aimé ou à sa place parmi les autres. Mais désormais, pour elle comme pour moi, c’était terminé. Et Elsa semblait d’accord, tandis qu’elle repris de sa voix cristalline.
L'as-tu trouvé enfin le paradis, l'alcôve?
La trêve au quotidien quand s'acharnent les fauves
Existe t-il seulement le pourquoi du comment?
T'es pas méchant, ni fou, un peu perché c'est tout, tout
T'es juste doué, doué, doué, doué pour voler, voler
Tu t'es perdu souvent pour garder le contrôle
Renaître en deux temps
Le cœur sur les épaules
Si rire c'est aimer pour deux
Pleurer sous un saule
C'est revenir du feu
Le cœur sur les épaules
À cet instant, je l’avoue, plus rien d’autre ne comptait. Elle, moi, tous les deux réunis à Ahtohallan. Les soucis d’Arendelle me paraissaient désormais bien loins. Et si elle comme moi allions très vite avoir l’occasion de nous le reprocher, nous n’en savions rien à cet instant précis. Je sentais l’émotion dans les yeux d’Elsa, tandis que nos voix se mêlaient dans des aveux qui achevaient la longue entreprise amoureuse que nous avions entamé ces derniers mois. Je chantais pour elle, elle chantait pour moi, mais, tous les deux, nous parlions de nous.
Qui de l'homme ou du rêveur?
T'es pas la somme de tes erreurs
Ce qui transpire de l’extérieur
C'est qu'on est doués, doués, doués, doués pour voler, voler
On s'est perdu souvent pour garder le contrôle
Renaître en deux temps
Le cœur sur les épaules
Si rire c'est aimer pour deux
Pleurer sous un saule
C'est revenir du feu
Le cœur sur les épaules
Notre chanson s’achevait tandis qu’Elsa posait doucement sa tête sur mon épaule. Je crus défaillir lorsqu’elle leva les yeux vers moi, de grands yeux larmoyants de joie et d’amour, d’un regard que jamais, je n’aurais cru pouvoir être adressé à moi.
Mais à peine étais-je en train de me remettre de mes émotions que je sentis le visage de la jeune femme s’approcher du mien.
Ça y était. C’était le moment. J’avais attendu cet instant pendant des semaines, des mois, des années, et maintenant, il était là. Instinctivement, je me penchai pour l’embrasser, et nos lèvres s’approchaient l’une de l’autre alors que je sentis soudain les alentours d’Ahtohallan s’illuminer.
J’eus l’espace d’un instant l’impression que l’endroit s’éclairait pour nous, mais un regard furtif par dessus l’épaule d’Elsa me fit frémir. Et cela n’avait rien à voir avec l’instant.
Me maudissant pour cela, je m’arrêtai tandis que les lèvres d’Elsa frôlaient les miennes.
- Euh…Elsa ?
- Oui ? souffla-t-elle
- Ahtohallan ne te montre-t-elle que le passé, ou tu peux voir aussi ce qui se déroule en ce moment même ?
Rompant à son tour le baiser que nous ne nous étions pas donné, Elsa me regarda sans comprendre.
- Non, je peux aussi voir Arendelle quand je le désire, pourquoi ?
Sans mot dire, je lui fis signe de se retourner. La jeune femme s’exécuta, et fit face à l’image que projetait la rivière de glace sur les grandes parois.
Arendelle était en flammes. Le village brûlait, les habitants courant dans tous les sens pour se protéger du feu, et des débris, qui semblaient voler dans les airs sous la puissance du vent, qui paraissait souffler plus fort que jamais. Et au centre du brasier, immobile parmi les arendelliens paniqués, se tenait la silhouette noire de la colline. Celle là même qui nous avait attaqué.
Mon coeur se serra lorsque je vis le visage d’Elsa se décomposer, et cette dernière, horrifiée, porta la main à sa bouche en criant:
- Oh non ! Non non non ! Arendelle…Anna !
Enjoy !
Chapitre 15: Le coeur sur les épaules
La matinée était fraîche, et pourtant, alors que nous étions assis dans le petit salon, prenant notre petit déjeuner, Anna et moi avions de quoi nous faire des suées. Ces derniers jours n’avaient pas été de tout repos, aussi bien pour elle que pour moi. Et à en juger par le visage défait de Kristoff, cela avait l’air d’être également le cas pour lui (bien que je n’aurais su dire sur le moment si cette tête là ne lui venait pas de la tendance d’Anna à déteindre sur lui, ce qui lui rendait les réveils matinaux particulièrement pénibles). La Reine d’Arendelle n’avait pas eu un instant pour elle ces derniers temps. Les problèmes avaient doublé dans le royaume. Les vents soufflaient de plus en plus fort, et cela causait de nombreux ennuis aux habitants. Des masures presque totalement envolées, des cultures réduites à néant…même quelques bateaux avaient failli être envoyés par le fond directement dans le port à force d’être bringuebalés de tous côtés par les vents. Anna avait fort à faire pour écouter, rassurer et aider tous les Arendelliens qui se présentaient au château, désemparés, et criant leurs angoisses et leurs revendications pour leurs possessions, leurs maisons, et plus rarement, leurs vies.
Naturellement, la jeune rousse avait d’abord pensé à des agissements de Morten, et Kristoff et Sven avaient du redoubler d’efforts pour retrouver le petit troll, introduit clandestinement à Arendelle. Mais très vite, il avait fallut se rendre à l’évidence. Outre le fait que chercher un troll en Arendelle équivaille presque littéralement à la recherche de l’aiguille dans la botte de foin, le montagnard et son renne étaient formels: il n’y avait plus trace de quelque troll que ce soit en Arendelle. Ce qui, je devais bien le dire, ne m’arrangeait pas, mais alors pas du tout.
Je n’avais toujours pas retrouvé ma lettre pour Elsa. J’avais eu beau la chercher absolument partout, elle restait totalement introuvable. Au départ, j’avais bien évidemment pensé qu’il s’agissait d’une blague un peu lourde que me faisait Olaf. Mais après l’avoir honteusement pourri, et copieusement traité de tous les noms pendant 3 jours, je dus me faire une raison: le bonhomme de neige n’y était pour rien. Je m’étais donc platement excusé, et avais tenté par tous les moyens de retrouver ma lettre. Je crus même un moment que Morten lui-même pouvait être à l’origine de sa disparition, mais cette idée ne me trotta pas longtemps dans la tête. Après tout, je ne connaissais qu’à peine le troll, et il en était de même pour lui. Quel intérêt pouvait-il bien avoir à voler une lettre d’amour ?
Cette affaire me rendait absolument dingue. Cette lettre ne pouvait tout de même pas s’être envolée ? Bien sûr, dès que j’eus cette pensée, celle, fugace, que Courant d’Air eut pu l’emporter sans que j’en sois prévenu me traversa l’esprit. Mais là aussi, je faisais probablement fausse route. L’Esprit du Vent venait certes porter mes lettres lorsque je le lui demandais, mais j’aurais été très étonné qu’il en prenne l’initiative. Ce matin là, comme les précédents, j’étais donc nonchalamment attablé en train de siroter une tasse de café du bout des lèvres, mon cerveau bouillonnant déjà à force de retourner encore et encore les derniers événements dans ma tête, lorsque je vis Anna soupirer. La reine se tourna vers moi et s’enquit:
« Alors, Yohan, dis moi: as-tu finalement retrouvé cette lettre ?
Je me tournai vers elle, une expression aussi neutre que possible sur le visage. Anna ne m’avait absolument pas tenu rigueur de ma correspondance avec Elsa, et elle avait même contribué elle aussi à rechercher la lettre disparue. Toutes proportions gardées bien sûr, devant la masse de tâches qui étaient les siennes, mais l’effort était tout de même appréciable.
- Non, répondis je d’un air blasé, je ne sais absolument pas où est passée cette fichue lettre. À croire qu’elle a totalement disparu du royaume.
- Je vois. En as-tu tout de même envoyé une autre à Elsa ?
Je restai cette fois sans répondre. Devant ma recherche effrénée de la lettre, je n’avais même pas pensé à en écrire une autre, simplement histoire de ne pas laisser trop longtemps Elsa dans l’attente d’une réponse. La question d’Anna vint me frapper le visage tandis que je me retenais de le faire moi-même, devant ma propre stupidité.
- Non, je n’y ai pas pensé.
Face à moi, Kristoff affichait toujours la même mine de déterré. Il bâilla, passant poliment sa main devant sa bouche, ce qui sembla amuser Anna. La scène paraissait anodine, mais pour moi, elle avait quelque chose de notable dans son aspect insolite. Je n’avais certes jamais dormi aux côtés d’Anna, mais pour moi, il était de notoriété publique qu’elle avait toujours cette image de la jeune femme au sommeil de plomb, et qui se levait le matin avec une tête à faire peur, et des cheveux qui auraient fait se dresser sur la tête ceux de n’importe qui d’à peu près sain d’esprit. Ainsi, la voir de si bon matin, élégamment habillée, fraîche et pimpante, face à un Kristoff qu’on aurait juré sorti du lit à grands coups de pompes dans le train avait de quoi décontenancer.
Je m’attardai légèrement sur elle. À cet instant, je la reconnaissais à peine. Anna restait elle-même, mais tout, chez elle, trahissait l’assurance et l’aisance qu’elle semblait avoir pris depuis qu’elle était entrée dans ses fonctions de reine. Son maintien était plus droit, plus altier, elle ne portait pas autant de maquillage qu’à l’accoutumée et pourtant, son visage gardait un air doux et avenant. Mais quelque chose me dérangeait: bien qu’elle fut aussi jolie et souriante que d’ordinaire, Anna paraissait avoir quelque chose de changé. Comme si les traits de son visage s’étaient affirmés récemment, du moins aussi bien que le reste.
- Tu devrais, finit-elle par me dire en sirotant son chocolat, Elsa va finir par se demander pourquoi tu ne lui réponds pas.
Je baissai la tête. Elle avait raison. Après tout, ce n’était qu’une lettre parmi d’autres, et je ne pouvais pas laisser Elsa sans réponse plus longtemps. Ses mots me manquaient. Elle me manquait. Hélas, je n’avais pas autant de temps que je le désirais pour lui écrire. Anna allait encore devoir inspecter la ville aujourd’hui, et j’allais bien entendu devoir l’accompagner. Après quelques instants de silence, Kristoff se leva, s’étira, et se dirigea vers sa fiancée, passant amoureusement ses bras autour de son cou.
- Bien, dit-il, je vais devoir y aller, Jakob m’attend pour la prochaine livraison.
Il embrassa Anna sur le front et se dirigea vers la porte, lorsque la rouquine se leva et alla vers lui en sautillant.
- Kristoff ! Attends !
Elle s’approcha de lui, et remit tendrement ses cheveux en place, en murmurant d’un ton presque maternel.
- Tu devrais songer à rafraichir tes cheveux de temps en temps. Penses-y avant…avant le Jour J !
- Ne t’en fais pas, rit doucement le montagnard, j’y penserai. Je t’aime !
Il embrassa la jeune reine, et après m’avoir adressé un dernier signe de la main, sortit de la pièce. Je regardai Anna avec un sourire en coin tandis qu’elle revenait s’asseoir à la table.
- Le Jour J ? m’enquis-je
- Notre mariage, répondit Anna le plus simplement du monde. Voyant que je la regardais avec des yeux ronds, elle eut un petit rire et continua.
- Eh oui Yohan, tu ne pensais tout de même pas que nous resterions fiancés éternellement ?
- Non, bien sûr, je…
- Je suis la Reine d’Arendelle désormais, et Kristoff a amplement mérité que notre union soit officialisée après tout ce qu’il a fait pour moi. Il sera bientôt Lord Kristoff, Prince Consort d’Arendelle ! Et bien sûr, mon mari !
Je ne pus m’empêcher d’avoir un petit sourire en la regardant. Bien que son ton montrait toute l’assurance qui était désormais la sienne, Anna avait dit cela avec des étoiles dans les yeux, et un vibrato dans la voix qui trahissaient véritablement l’excitation et l’exaltation qui étaient les siennes à l’idée d’épouser Kristoff. Mais, ainsi que je l’avais prévu au fond de moi, elle ne m’avait pas oublié, et la suite fut prévisible.
- Le mariage est en train d’être préparé en ce moment même. Pas en grande pompe bien sûr, mais suffisamment pour s’assurer qu’il aura lieu lorsque tout cela sera terminé. D’ailleurs Yohan, Elsa sera bien entendu présente à mon mariage…et j’espère bien que tu seras avec elle.
- Bien sûr Anna, la rassurai-je, faisant mine de n’avoir pas saisi, je ne raterai votre mariage pour rien au mo…
- Tu m’as très bien compris Yohan ! m’interrompit la petite rousse, je ne tolèrerai pas de ta part que ma soeur soit encore considérée comme un coeur à prendre lors de mon mariage .
Je restai interdit, la regardant sans savoir quoi faire. J’avais bien compris lorsqu’elle avait trouvé la lettre qu’elle souhaitait qu’Elsa et moi officialisions une relation qui n’était jusque là qu’épistolaire. Mais écrire à Elsa, c’était une chose. Réussir à aller jusqu’au bout avec elle, c’en était une autre. La Reine des Neiges n’était pas une femme facile à cerner, et il ne serait probablement pas aussi aisé pour moi de dire devant elle toutes ces folles choses que nous nous écrivions.
- Oui, répondis-je, je…j’ai saisi Anna mais…comme tu l’as dit, nous avons des choses à régler avant et…il faudrait que je puisse voir Elsa pour cela.
- Oh je pense que vous aurez l’occasion d’en discuter bien plus tôt que tu ne le crois, rit Anna.
Je m’arrêtai sur sa phrase. Cela voulait-il dire…
- Tu as demandé à Elsa de venir ?
- Je n’ai pas dit ça. Je dis juste qu’il n’est pas impossible que vous puissiez vous revoir. En attendant, va donc te préparer. Nous allons devoir y aller. »
J’acquiesçai, et pris congé de la reine pour me diriger vers ma chambre. Le temps d’enfiler ma veste, ainsi que mon équipement (la dague Flamme étant bien entendu déjà à ma ceinture), je fus très vite prêt à l’action. Mais alors que je m’apprêtai à sortir de la pièce, une petite enveloppe se glissa sous ma porte, avec un petit bruit sec. Je m’approchai prudemment, le coeur battant: quelqu’un avait-il retrouvé ma lettre ?!
Hélas, il me suffit de prendre le papier en main pour me rendre compte qu’il ne s’agissait pas de cette dernière. C’était un petit mot, tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Qui donc pouvait bien me l’avoir envoyé ? Je défis en vitesse la petite enveloppe, et dépliai une très courte missive, que je ne mis que quelques secondes à lire.
« Retrouve moi ce soir, près des jardins, 21h. À la cascade. N’en parle à personne.
- Anna. »
Je restai un temps interdit, le papier dans mes mains. Quelques minutes à peine que nous nous étions quittés, et plus qu’une question de secondes avant que nous nous retrouvions ! Quelle était donc cette chose dont voulait m’entretenir Anna le soir même, si importante qu’elle se refusait visiblement même à en parler de vive voix ? Après quelques secondes de réflexion, je repliai la missive et la rangeai dans ma poche. Peu importait. J’avais assez discuté, assez désobéi aux ordres d’Anna ces derniers temps, et il était grand temps de faire enfin ce qu’elle me demandait. Je pris donc la direction de la salle du Trône, où je la retrouvai pour notre tournée d’inspection matinale.
« Alors ? m’enquis-je tandis que nous traversions le pont qui liait le château au reste du village, parle moi un peu de votre mariage ! Je suis sûr que vous avez mis les petits plats dans les grands !
- Eh oui, ainsi que le veut la tradition ! répondit Anna
Je vis à son sourire joyeux que la simple évocation de son mariage prochain semblait lui procurer des émotions intenses. La voir si heureuse me réchauffait le coeur.
- Oh j’ai bien pensé un moment faire cela en comité réduit, continua la reine, mais je veux offrir à mon futur mari le mariage le plus prestigieux auquel il puisse avoir droit ! Et puis Kristoff est un homme du peuple, et les gens d’Arendelle sont les plus précieux à mes yeux…
- Après ta soeur.
Coupée dans son élan, Anna me regarda avec un petit sourire en coin.
- Oui, rit-elle, après ma soeur. Enfin, je veux être sûre que tout Arendelle sera là pour célébrer ce grand jour comme il se doit ! »
J’acquiesçai, et continuai à la suivre tandis que nous commencions notre tournée. À l’évidence, les problèmes n’étaient pas terminés en Arendelle.
Oaken sembla fondre en larmes lorsqu’il vit arriver Anna devant chez lui. Il se précipita vers elle, et semblait presque prêt à s’effondrer sur ses frêles épaules pour pleurer toutes les larmes de son corps tandis que nous le regardions d’un air gêné.
« C’est une catastrophe Ma Reine ! Une catastrophe ! Tous mes saunas sont détruits, et toute ma précieuse collection automne-hiver y est passée ! Comment vais-je faire pour réchauffer ma famille à présent ?!
Derrière lui, nous pouvions constater les dégâts. Ces derniers semblaient très frais, vraisemblablement datés de la veille même. Une partie conséquente de sa toiture s’était envolée, et il ne restait plus rien des petites cabines…pardon, des petits saunas individuels que le grand homme aimait à confectionner avec amour. Des gros morceaux de charbon étaient éparpillés ça et là tout autour de la maison, côtoyant les débris de bois et de métal. On aurait vraiment juré qu’une tempête de tous les diables s’était abattue sur l’épicier et sa famille, ce que ce dernier eut tôt fait de me confirmer lorsque je lui posai la question:
- Une tempête de tous les diables Messire !!! cria-t-il, des rafales plus violentes que le froid de l’hiver, et plus rapides que…que…
- Plus rapides que le vent ? tentai-je sans grande conviction
- C’est ça ! Plus rapides que le vent ! Tout a été emporté ! Tout ! Pauvre de moi, que vais-je faire à présent ?
Derrière lui, sa famille le regardait d’un air désolé, tandis qu’il pleurait à chaudes larmes sur l’épaule d’Anna. Cette dernière le rassura alors qu’elle commençait presque à suffoquer.
- Allons allons Oaken, ressaisissez-vous, je vous en prie. Écoutez, je vous promets que nous trouverons une solution au plus vite. En attendant je vais faire en sorte que vous et votre famille soyez dédommagés pour les dégâts subis. »
Nous dûmes presque forcer Oaken pour l’empêcher de serrer Anna dans ses bras jusqu’à la briser comme un oeuf. Nous l’écoutâmes se répandre en remerciements et en pleurnicheries pendant quelques instants, puis nous prîmes congé de lui et de sa famille pour continuer notre tournée.
« Tout cela ne me plait vraiment pas, songea Anna sur le chemin, j’ai beau me casser le dos à m’occuper de tous ces problèmes les uns après les autres, il suffit que l’un d’eux soit réglé pour que deux autres apparaissent.
- Ouais, et puis c’est bizarrement c’est toujours les mêmes, ajoutai-je, Elsa doit vraiment avoir de singuliers soucis dans la forêt pour que le vent souffle ainsi tous les soirs.
Anna s’arrêta, et je manquai de m’étaler par terre en l’imitant brusquement. La petite rousse semblait toujours en pleine réflexion, mais je la sentais à présent bien plus soucieuse.
- Maintenant que tu le dis…
- Eh bien ?
- Eh bien la dernière fois que le vent a soufflé ainsi chez nous…c’était lorsqu’Elsa a réveillé les esprits pour la première fois, et que nous avons du aller chez les Northuldra pour cette histoire de barrage. Donc maintenant que j’y pense…soit Elsa a vraiment de gros problèmes dont elle ne nous aurait pas parlé avec les esprits…soit…
- Soit ? m’enquis-je sans vraiment être sûr de vouloir entendre la suite
- Soit Elsa n’y est pour rien, et cela vient de quelqu’un d’autre. »
Je restai sans répondre, ce qui ne sembla pas échapper à la reine. Elle m’entretint par la suite pendant de longues minutes afin de savoir plus en détails ce qu’Elsa et moi avions dit dans nos lettre à ce propos, et si j’avais mis sa soeur au courant de nos difficultés, mais je dus lui avouer que non. Nos dernières lettres n’avaient été que de longs échanges amoureux, et tout juste Elsa y avait-elle parfois mentionné les soucis qui étaient les siens. Des nôtres en revanche, je n’avais rien dit du tout.
Nous achevâmes notre tournée, sans qu’Anna ne revienne sur le sujet. Elle ne disait rien, mais je sentais que son mutisme venait plus d’un énervement de sa part plutôt que d’une volonté de ne pas aborder le sujet devant le peuple. Elle avait beau ne rien me dire, je sentais bien qu’elle m’en voulait un peu. Je ne doutais pas qu’elle était sincèrement heureuse pour Elsa et moi, mais je voyais dans son regard et à la façon dont elle pinçait ses lèvres qu’elle n’appréciait pas la façon dont j’avais tu toutes ses difficultés dans mes lettres à sa soeur.
Le reste de la journée se déroula sans accroc notable, jusque sur les coups de 17 heures. Je me trouvais dans ma chambre, écrivant une autre lettre à Elsa, tandis qu’Anna avait rejoint sa chambre pour se reposer quelques instants. Soudain, on frappa à la porte:
« Entrez ! invitai-je
Je vis alors entrer Kristoff, souriant, qui après s’être poliment assuré qu’il ne me dérangeait pas, me demanda, à ma grande surprise:
- Dis moi Yohan, tu ne saurais pas où est Anna ?
Je le regardai en fronçant les sourcils. Jakob et lui étaient revenus tôt de leur dernière livraison, et j’étais sûr qu’il était allé rejoindre immédiatement sa fiancée dans leur chambre.
- Elle n’est pas dans sa chambre ? demandai-je, surpris
- Non, répondit Kristoff
Anna n’avait ainsi dit ni à lui ni à moi où elle était allée, mais je remarquai que le montagnard semblait plus curieux qu’inquiet.
- J’ai déjà posé la question à Kay, continua-t-il, mais il m’a dit qu’elle a demandé à ce qu’on ne la dérange pas.
- Eh bien…ne la dérange pas ? tentai-je
- Oh, bien sûr, je ne veux pas la déranger, je voulais simplement savoir si tu savais ce qu’elle était partie faire ? Je pris quelques secondes pour réfléchir, mais avouai finalement.
- Non, désolé Kristoff. Elle ne m’a rien dit.
- Ah. Très bien. Désolé Yohan. Merci. On se voit plus tard ! »
Et il disparut en fermant la porte, un sourire aux lèvres. Ses dernières paroles me semblaient étranges. C’était comme s’il voulait plus s’assurer que je ne sache pas ce que faisait Anna plutôt que de vraiment chercher à savoir où elle se trouvait. Je le saluai, et retournai à ma lettre. Pendant quelques secondes, je n’entendis que le grattement de ma plume sur le papier, mais des pensées troubles se mélangeaient dans ma tête. J’avais de plus en plus l’impression qu’Anna me cachait des choses elle aussi, peut-être même le faisait-elle avec la complicité de Kristoff. Voire celle d’Olaf. Et si tel était le cas, quelle était cette chose dont elle ne voulait même pas me parler ? Je songeai un instant à aller tirer les vers du nez à Kristoff ou au bonhomme de neige sitôt que j’aurais achevé ma lettre, puis je me souvins de la missive que m’avait fait parvenir Anna le matin même. Je posai ma plume et la sortis de ma poche. Elle était formelle. Le soir, à la cascade, sans en parler à personne. Peut-être avait-elle enfin décidé de me dire ce qu’elle semblait me cacher depuis quelques temps ? Peu importait. J’en aurais le coeur net ce soir même. Repliant la missive, j’achevai ma lettre, la cachetai, et appelai Courant d’Air pour la faire envoyer au plus vite. Il était hors de question qu’une lettre de plus se perde. Heureusement, après quelques secondes, je vis virevolter à quelques centimètres de moi les quelques feuilles mortes, dont l’orange vif scintillant au soleil annonçait la présence de l’Esprit du Vent.
« Eh bien ! l’accueillais-je d’un ton sévère, tu as été plus rapide cette fois !
Je lui tendis ma lettre. L’idée de lui demander directement ce qu’il en était des bourrasques de vent à Arendelle me traversa l’esprit, mais je l’oubliais bien vite. On ne demandait pas à du vent de vous apporter une réponse.
- Tiens, porte ça à Elsa s’il te plaît. Et cette fois, fais en sorte qu’elle lui arrive hein ? »
Le papier me glissa des doigts sous le doux frottement du vent contre ma main, et quelques secondes plus tard, je le voyais s’envoler haut dans le ciel, porté par l’Esprit du Vent. Peut-être qu’Elsa recevrait bel et bien ma lettre cette fois-ci. J’avais pris soin d’y être plus bavard sur les difficultés que pouvait connaître Anna à Arendelle. Non seulement car je lui devais bien cela, mais surtout car au fond de moi, je sentais monter depuis quelques temps cet irrépressible sentiment que quelque chose n’allait pas. Qu’il y avait quelque chose de pourri au royaume d’Arendelle. Comme si les choses allaient brutalement s’accélérer et prendre des tournants que nous n’avions pas prévu. Ce n’était là que des pensées purement subjectives, basées sur rien d’autre qu’un pur ressenti personnel, mais je devais au moins m’en ouvrir à Elsa. Après tout, je m’étais ouvert à elle sur tout le reste.
Et elle m’aimait en retour.
Elle me l’avait avoué elle même, dans ses lettres. À mi-mot, et par de brillants sous-entendus, mais il n’était pas possible de nier ses aveux. Elle même avait utilisé plusieurs fois le mot « amour », fut-ce d’un air hésitant, elle l’avait employé. Je n’en revenais toujours pas. J’avais toujours eu une très bonne relation avec Elsa, mélange d’admiration, de profond respect et d’amour jusque là inavoué. Jusqu’à tout récemment, nous ne nous étions pas avoué grand chose d’ailleurs, de nos visions respectives l’un de l’autre. Mais tout cela, c’était terminé. Elsa était au courant de ce que je ressentais pour elle à présent, et elle m’avait avoué la réciprocité de ces sentiments. Je n’en revenais toujours pas. Elle était le Cinquième Esprit, représentante humaine des éléments de la nature. Et elle m’avait choisi moi, un simple humain, que plusieurs siècles séparaient d’elle en termes de langue, de culture et de moeurs. Elle m’avait choisi pour occuper dans son coeur la place qui ne l’était pas déjà par sa soeur. Je n’y croyais pas moi même. Aimer Elsa, c’était aimer la nature elle-même. On ne devait pas s’attendre à ce qu’un coucher de soleil nous admire en retour.
Et pourtant…
Je m’assis sur mon lit pendant quelques instants, la tête et le coeur pleins de l’image envoutante de la chevelure blonde et des yeux bleus de l’ancienne reine d’Arendelle, et m’endormis sans même m’en rendre compte.
Fort heureusement pour moi, je m’éveillai juste à temps. Jetant un oeil encore tout endormi à la petite horloge de ma chambre, je sentis mon coeur rater un battement en voyant l’heure qu’elle affichait.
« 20h55 ! Mon Dieu je vais encore passer pour un… »
Je me levai en quatrième vitesse, m’habillant plus vite que jamais. J’étais toujours en train de sangler les Lames d’Arendelle à la va-vite en sortant de de ma chambre. Je me précipitai sans attendre à l’extérieur du château, vers les jardins. La cascade dont avait parlé Anna n’était pas loin, mais, à moins d’arriver directement par la mer, elle demandait tout de même de monter quelques cols à pieds pour y parvenir. Je courus donc à perdre haleine, regardant frénétiquement ma montre. Si ce qu’avait à me dire Anna était véritablement si important, je préférais ne pas savoir si elle allait tolérer de ma part un énième retard. J’arrivais finalement à quelques secondes près devant la cascade, là où Anna était censée m’attendre. Pourtant, lorsque je fus sur place, et alors que je reprenais lentement ma respiration après ma furieuse cavalcade, je ne la trouvai nulle part. Je pris soin de me déplacer un peu partout, appelant mon amie. Peut-être ne m’avait-elle pas entendu arriver ? Mais après quelques secondes à la chercher aux alentours, je me rendis à l’évidence: elle n’était pas là.
J’eus pour moi même un petit sourire satisfait: ainsi cette fois, c’était Anna elle-même qui était en retard. Je n’avais bien sûr aucune intention de lui en tenir rigueur, mais au moins je ne l’étais pas moi même, une fois de plus. Je pris donc le parti de l’attendre, assis sur une pierre près de la cascade. La nuit semblait fraîche, mais de par ma particularité sanguine, je me sentais aussi bien que lors d’une chaude nuit d’été. Quelques instants plus tard, j’entendis finalement des bruits de pas arriver dans ma direction. Je me levai de mon rocher, affichant sans pouvoir m’en empêcher un sourire goguenard.
« Ah, tu es là Anna ! J’ai failli t’attendre dis do…
Le reste de ma phrase mourut dans ma gorge, tandis que je me raidis instantanément en ouvrant des yeux ronds comme des assiettes à soupe. Devant moi, resplendissante dans sa tenue blanche, ses longs cheveux flottant à la légère brise du soir, venait d’apparaître Elsa.
- Yohan ? Elle paraissait aussi surprise que moi, alors que, la chose me fit tressaillir de gêne, je vis ses joues rougir. Elle était aussi merveilleuse que lorsque nous nous étions quittés la dernière fois. Peut-être plus encore, ou bien était-ce qu’elle m’avait manqué bien plus que je ne l’imaginais. Je chancelai légèrement en posant mon regard sur elle, et balbutiai:
- El…Elsa mais que…qu’est-ce que tu fais ici ?
- Eh bien, répondit-elle en sortant de sa poche un papier plié, Anna m’a demandé de la retrouver ici ce soir. Et toi ?
Je jetai un oeil au papier. Il s’agissait sans aucun doute d’une missive similaire à celle que j’avais reçu le matin même. Silencieusement, je sortis cette dernière, et la présentai à Elsa.
- Eh bien, probablement la même chose que toi.
La jeune femme regarda la feuille d’un air coi. De la même façon que moi, elle ne paraissait pas comprendre la démarche d’Anna à travers ces lettres. Et je ne la comprenais pas non plus. J’avais cru qu’Anna avait quelque chose de capital à me dire, et elle m’avait expressément précisé le matin même qu’elle n’avait pas demandé à Elsa de venir au royaume. Pourquoi avait-elle menti ? Pourquoi avait-elle absolument faire en sorte qu’Elsa et moi nous retrouvions seuls tous les deux à cette heure de la soirée devant…
- Oh.
- Oh ? s’interrogea Elsa
- Elsa je dois te dire que…Anna est au courant pour…pour nous deux.
Elle ne sembla pas plus choquée que ça par l’information. Je la sentis néanmoins quelque peu anxieuse lorsqu’elle s’approcha doucement de moi, tandis que je sentais mon coeur tambouriner dans ma poitrine à chacun de ses pas.
- Je vois. Et…comment a-t-elle réagi ?
Dans une réponse à moitié silencieuse, je lui montrai les missives que nous avions reçu. Celles à qui nous devions de nous retrouver tous les deux ici à cette heure.
- Eh bien, je dirais qu’elle a décidé d’accélérer les choses.
Cette fois, Elsa sembla comprendre. Anna avait voulu nous rendre service. Elle avait voulu jouer les entremetteuses entre nous. Elle avait délibérément envoyé de fausses missives à sa soeur et à moi pour nous demander de nous rendre à un même endroit, tous les deux, où bien sûr, elle n’avait jamais eu l’intention de venir. Ainsi, de par cette minuscule et diabolique machination, je me retrouvai à présent seul avec Elsa, sous les étoiles, en une heure et un endroit où personne ne pouvait nous surprendre. Je sentis un léger sourire se dessiner sur mes lèvres. Même en étant reine, et dans des temps troublés, Anna restait Anna.
« Petite futée ! », songeai-je intérieurement.
- Je vois, déclara finalement Elsa, et…et toi ? As-tu envie de les accélérer ?
Elle était tout près de moi à présent. Si près que je pouvais sentir l’aura qu’elle dégageait. Comme si toute sa puissance et sa beauté, héritées aussi bien de sa mère que de la nature elle-même, se répandait en vibrant par tous les pores de sa peau. Je me grattai la tête d’un air gêné.
- Accélérer ? Elsa tu…tu sais bien que rien ne me ferait plus plaisir mais…nous devrions peut-être parler de…
Soudain, je vis le visage d’Elsa changer. Son regard se fit plus grave, comme si elle venait de se rappeler de quelque chose de crucial.
- Oh, suis-je bête…j’ai failli oublier ! Yohan, je dois absolument voir Anna !
- Quoi ?
- C’est extrêmement important ! Arendelle, vous…toi, vous êtes en danger !
- Mais enfin Elsa, de quoi est-ce que tu parles ?
Tout à coup, elle semblait paniquée. Comme si elle avait soudain très peur pour sa soeur et pour son royaume.
- Yohan, dit-elle, tu sais que rien ne me ferait plus plaisir que d’accélérer les choses entre nous mais ce soi…
- C’est vrai ?
J’avais senti un frisson d’adrénaline en l’entendant dire cela. J’avais eu beau lire ses lettres, avoir Elsa en personne, face à moi, qui avouait son envie que nous allions plus loin, cela faisait tout de même un sacré choc. Et cela ne s’arrangea pas lorsqu’elle prit doucement mes mains dans les siennes. Je sentis instantanément tout mon corps se raidir sous l’effet d’un stress inexpliqué en sentant le contact de ses mains douces et chaudes sur les miennes.
- Bien sûr, souffla-t-elle, tout ce que j’ai dit dans mes lettres. Tout est vrai. Tout.
- Eh bien je…
- Et je l’avoue, j’espérais aussi pouvoir entendre la dernière directement de ta bouche.
Ce disant, à ma grand surprise, je la vis sortir de sa poche une lettre encore cachetée, même pas dépliée. Je déglutis. C’était ma dernière. Celle que j’avais envoyée quelques heures auparavant ! Ainsi cette fois, Courant d’air avait accompli sa tâche ! Mais Elsa ne semblait même pas l’avoir dépliée.
- Tu…tu l’as…
- Non, dit-elle, je ne l’ai pas lue. Mais je suis sûre que, comme les autres, elle est absolument magnifique.
Je me sentis rougir violemment. Heureusement qu’il faisait à cette heure déjà assez sombre.
- Comme les autres…n’en ai-je…n’en ai-je parfois pas fait…un peu trop ?
Elsa eut un petit rire, et, ses mains toujours dans les miennes, nous fit asseoir sur la pierre où je l’avais attendue sans le savoir.
- Je mentirais en disant que non. Mais…ça n’a aucune importance pour moi.
- Ah bon ?
Elle resta silencieuse quelques instants, et continua.
- « Devant toi mon coeur ne fait qu’un cri, et si les baisers s’envoyaient par écrit, Elsa, tu lirais ma lettre avec les lèvres. ». C’est beau, c’est magnifique même. Un peu pompeux, en effet. Mais…je veux croire que ces mots étaient sincères.
Cette phrase là, je ne comptais pas de sitôt lui avouer que je l’avais empruntée à un auteur que j’admirais. Elle lui avait plu, c’était bien là le principal. Plongeant mon regard dans le sien, je la citai à mon tour.
- « Et je tressaille encore en te lisant, et le feu de l’amour fait fondre mon coeur de glace ». Tu sais Elsa, un grand poète français a dit un jour « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ».
- Il a bien raison. Et je veux croire que toutes ces lettres étaient autant de preuves. Oui, c’était parfois un peu trop, je l’avoue. Mais quand tu as vécu avec Anna, tu sais qu’aucune preuve d’amour n’est jamais assez forte pour celui qui l’exprime. Même si…même si cela doit faire mal.
Je la regardai d’un air étrange. Je ne comprenais pas ces derniers mots. Que voulait-elle dire ? Souffrait-elle de nos échanges ? Cela lui causait-il un tort quelconque ? Décidément, cette femme semblait vouloir torturer mon coeur à chacune de ses paroles ! Jamais délibérément, bien sûr, mais je sentais qu’elle tournait autour du pot, comme si elle cherchait à se protéger, ou à me protéger de quelque chose que j’ignorais. Et cela ne me plaisait pas. J’en avais assez de la voir se torturer elle même l’esprit. Sans trop réfléchir à ce que je faisais, je posai affectueusement ma main sur sa joue.
- Mal ? Elsa, qu’est-ce qui te…
Mais à ma grande surprise, Elsa se leva. Pas brusquement, ni dans la précipitation. Elle se leva doucement, et se tourna vers moi en me tendant sa main.
- Viens, dit-elle, je voudrais te montrer quelque chose.
Je la regardai d’un air hébété. Que voulait-elle me montrer ? À quoi l’avais-je faite penser si soudainement ?
- Me montrer…très bien.
Je me levai, et désignai le château.
- Ne devrait-on pas au moins prévenir Anna de ton arrivée ? Tu n’es…
- Nous ne serons pas longs, murmura Elsa en me tendant sa main, viens avec moi.
Je n’insistai pas. Chacun de ses désirs était pour moi un ordre. Elle me mena sur la berge du château, et quelques secondes après, je vis apparaître le Nokke, crevant l’onde noire de la surface du lac. Je restai immobile tandis qu’à ma grande surprise, je le vis s’approcher doucement de moi. Instinctivement, je voulus reculer, mais Elsa se voulut rassurante.
- Non, laisse le venir à toi. On dirait qu’il t’aime bien. La créature était à quelques centimètres de moi à présent. Je n’avais qu’à tendre la main pour la toucher.
- Mais comment…
- Il sait…il sait qui tu es. Il le ressent à travers moi. Très bien, tu peux monter.
Stupéfait, je me tournai vers la jeune femme.
- Quoi ?
- Tu peux monter, répéta-t-elle, nous devons aller…quelque part.
Face à moi, le Nokke s’était incliné, m’invitant de façon on ne pouvait plus claire à prendre place sur son dos. Après un dernier regard encourageant d’Elsa, je ne discutai pas, et l’enfourchai sans dire un mot. Elsa vint se placer devant moi, tenant la bride de glace qui enserrait l’encolure de la bête. Pour moi, j’étais toujours pétrifié de surprise. L’esprit était fait intégralement d’eau, et pourtant, je ne me sentais absolument pas mouillé. Tout cela était très étrange. Elsa se tourna vers moi, et murmura:
- Accroche toi.
Et le Nokke détala soudain sur le lac ! Pris au dépourvu, je dus m’accrocher instinctivement à la taille de la Reine des Neiges pour ne pas être désarçonné. Je sentais le vent dans mes cheveux et sur ma peau. Aucune sensation de froid bien sûr, mais se sentir porté par le Nokke, volant presque au dessus de la surface de l’eau, avait quelque chose d’enivrant. Je voyais le paysage défiler sous mes yeux, au creux des montagnes et des étendues d’eau du fjord, tout en sentant la robe d’Elsa sous mes doigts. Elle était là, tout contre moi, et me menait je ne savais où. Je le découvris assez vite.
Nous vîmes bientôt apparaître au loin un énorme glacier, qui semblait presque briller dans l’obscurité, apparaissant comme une vieille cité mystique à la surface de l’eau. J’étais subjugué par la beauté de l’image, mais Elsa m’en avait assez parlé dans ses lettres pour que je puisse me faire une idée de sa nature.
- Est-ce que c’est…
- Ahtohallan, confirma-t-elle
Portés par le Nokke, nous ne mîmes pas longtemps à y arriver. Lorsque la créature nous déposa sur la berge enneigée, je levai la tête, époustouflé.
L’endroit était extraordinaire. Les grands pics de glace dressés vers le ciel, à la fois magnifiques et menaçants, entouraient le le glacier d’une sorte de halo mystique de puissance brute qui vous écrasait de tout son poids. Je me sentais vraiment tout petit devant la magnificence du spectacle glacé qui s’offrait à ma vue. Je me retournai vers Elsa. Le Nokke avait déjà disparu dans les flots. La jeune femme était là, face à moi, et me tendit à nouveau sa main pour me faire entrer dans cet endroit merveilleux, que d’après ses dires, très peu de personnes autres qu’elle avaient pu découvrir.
Bien trop subjugué pour réagir, je me laissai entrainer à l’intérieur par le Cinquième Esprit. L’intérieur était encore plus incroyable. Les murs de glace, sur lesquels se reflétaient l’éclat de la robe blanche d’Elsa, achevaient la grandeur du tableau que j’avais sous les yeux. Et fort heureusement pour moi, je ne ressentais pas le froid, car tout cela devait probablement être d’une atmosphère glaciale. Sans dire un mot, ma main toujours dans la sienne, Elsa m’entraina dans une immense salle, sorte de gigantesque dôme où semblaient se faire face et se répondre autant de grands miroirs de glace dans lesquels la beauté sidérante de la Reine des Neiges se reflétait. Cette dernière se tourna alors vers moi.
- Ahtohallan, dit-elle, rivière magique, qui connait tout de nous. Passé, présent, futur…tout ce qui est, sera ou a été est présent et conservé, ici. Ici, je peux enfin être moi-même, sans avoir plus jamais besoin de fuir, ou d’aller chercher ailleurs des réponses que j’ai cherché toute ma vie. Pourtant, Yohan, il est une question que j’ai encore besoin de poser, et je voudrais entendre la réponse de ta bouche.
Toujours sidéré par la beauté d’Ahtohallan autant que la sienne, je m’avançai vers elle en prenant son autre main.
- Je t’écoute.
Elsa sembla hésiter, puis demanda finalement, à voix si basse qu’elle sembla presque murmurer:
- Pourquoi…pourquoi moi ?
À nouveau, je posai ma main sur sa joue en la regardant tendrement. Ainsi, elle n’avait pas changé. Après toutes nos lettres, tous nos aveux, elle se demandait encore. Elle se posait encore la question de savoir comment quelqu’un de « normal » pouvait s’intéresser à elle. Quelqu’un qui ne serait pas de sa famille, ou qu’elle aurait créé elle-même.
- Elsa, écoute moi bien. Pour moi, cela fait 5 ans que nous nous sommes quittés. En 5 ans, j’ai vu des choses, des centaines de choses si incroyables que même toi tu ne me croirais pas si je te les racontais. J’ai vu des mondes, des univers entiers. J’ai rencontré des gens, beaucoup de gens. Tous venaient d’horizons divers et tous ont eu de l’importance pour moi. Des hommes, des femmes…oui, des femmes, dont beaucoup étaient très belles, de belles personnes que j’ai beaucoup aimé côtoyer. Mais toi Elsa…toi…tu as été la première que j’ai voulu voir, lorsque l’immensité de l’univers s’est présenté à moi. Tu as été la première à m’accueillir, à me donner une place dans un monde qui n’était pas le mien. Tu m’as aidé. Aidé à grandir, à découvrir que je pouvais faire de grandes choses. Tu m’as aidé à m’ouvrir aux gens, à assumer pleinement ce que je suis. Tu m’as montré la voie Elsa. La voie de ceux qui n’ont pas peur de crier à la face du monde leurs envies, leurs peines et leurs désirs. Et, je dois bien le dire, de toutes les choses extraordinaires que j’ai pu voir dans mes voyages…aucune n’approche de près ou de loin le plaisir que j’ai de poser les yeux sur toi. Toi et moi sommes pareils Elsa. Deux âmes errantes, qui ont fini par trouver leur chemin, dans leur têtes et dans leurs coeurs. Et mon chemin désormais…c’est toi.
J’achevai ma tirade, tandis que je voyais des larmes perler au coin des yeux du Cinquième Esprit. Je n’avais pas menti. Je pensais chacun des mots que je venais de dire. Et Elsa semblait l’avoir compris.
À cet instant, nous sentions tous deux que nous étions précisément là où nos coeurs nous avaient mené. Pour la première fois depuis longtemps, je laissais mes sentiments prendre le dessus. Je savais ce que je devais faire. Je lâchai doucement les mains d’Elsa, avant d’entamer doucement.
Tu l'as cherché un temps ta place en ce bas monde
À chasser le printemps là où pleuvent les trombes
T'as cru taire la douleur, ce précipice en toi, là
En fuyant le bonheur je sais je suis comme toi, toi
T'es juste douée, douée, douée, douée pour voler, voler
Tu t'es perdue souvent pour garder le contrôle
Renaître en deux temps
Le cœur sur les épaules
Si rire c'est aimer pour deux
Pleurer sous un saule
C'est revenir du feu
Le cœur sur les épaules
Au sourire d’Elsa, je pouvais voir qu’elle comprenait. Elle avait passé les 21 premières années de sa vie à fuir le monde et les gens, pour les protéger d’elle même. Et j’avais passé tant de temps dans des mondes qui n’étaient pas le mien que je ne pouvais que comprendre. Comprendre ce que c’était que de ne pas se sentir aimé ou à sa place parmi les autres. Mais désormais, pour elle comme pour moi, c’était terminé. Et Elsa semblait d’accord, tandis qu’elle repris de sa voix cristalline.
L'as-tu trouvé enfin le paradis, l'alcôve?
La trêve au quotidien quand s'acharnent les fauves
Existe t-il seulement le pourquoi du comment?
T'es pas méchant, ni fou, un peu perché c'est tout, tout
T'es juste doué, doué, doué, doué pour voler, voler
Tu t'es perdu souvent pour garder le contrôle
Renaître en deux temps
Le cœur sur les épaules
Si rire c'est aimer pour deux
Pleurer sous un saule
C'est revenir du feu
Le cœur sur les épaules
À cet instant, je l’avoue, plus rien d’autre ne comptait. Elle, moi, tous les deux réunis à Ahtohallan. Les soucis d’Arendelle me paraissaient désormais bien loins. Et si elle comme moi allions très vite avoir l’occasion de nous le reprocher, nous n’en savions rien à cet instant précis. Je sentais l’émotion dans les yeux d’Elsa, tandis que nos voix se mêlaient dans des aveux qui achevaient la longue entreprise amoureuse que nous avions entamé ces derniers mois. Je chantais pour elle, elle chantait pour moi, mais, tous les deux, nous parlions de nous.
Qui de l'homme ou du rêveur?
T'es pas la somme de tes erreurs
Ce qui transpire de l’extérieur
C'est qu'on est doués, doués, doués, doués pour voler, voler
On s'est perdu souvent pour garder le contrôle
Renaître en deux temps
Le cœur sur les épaules
Si rire c'est aimer pour deux
Pleurer sous un saule
C'est revenir du feu
Le cœur sur les épaules
Notre chanson s’achevait tandis qu’Elsa posait doucement sa tête sur mon épaule. Je crus défaillir lorsqu’elle leva les yeux vers moi, de grands yeux larmoyants de joie et d’amour, d’un regard que jamais, je n’aurais cru pouvoir être adressé à moi.
Mais à peine étais-je en train de me remettre de mes émotions que je sentis le visage de la jeune femme s’approcher du mien.
Ça y était. C’était le moment. J’avais attendu cet instant pendant des semaines, des mois, des années, et maintenant, il était là. Instinctivement, je me penchai pour l’embrasser, et nos lèvres s’approchaient l’une de l’autre alors que je sentis soudain les alentours d’Ahtohallan s’illuminer.
J’eus l’espace d’un instant l’impression que l’endroit s’éclairait pour nous, mais un regard furtif par dessus l’épaule d’Elsa me fit frémir. Et cela n’avait rien à voir avec l’instant.
Me maudissant pour cela, je m’arrêtai tandis que les lèvres d’Elsa frôlaient les miennes.
- Euh…Elsa ?
- Oui ? souffla-t-elle
- Ahtohallan ne te montre-t-elle que le passé, ou tu peux voir aussi ce qui se déroule en ce moment même ?
Rompant à son tour le baiser que nous ne nous étions pas donné, Elsa me regarda sans comprendre.
- Non, je peux aussi voir Arendelle quand je le désire, pourquoi ?
Sans mot dire, je lui fis signe de se retourner. La jeune femme s’exécuta, et fit face à l’image que projetait la rivière de glace sur les grandes parois.
Arendelle était en flammes. Le village brûlait, les habitants courant dans tous les sens pour se protéger du feu, et des débris, qui semblaient voler dans les airs sous la puissance du vent, qui paraissait souffler plus fort que jamais. Et au centre du brasier, immobile parmi les arendelliens paniqués, se tenait la silhouette noire de la colline. Celle là même qui nous avait attaqué.
Mon coeur se serra lorsque je vis le visage d’Elsa se décomposer, et cette dernière, horrifiée, porta la main à sa bouche en criant:
- Oh non ! Non non non ! Arendelle…Anna !
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
Face each new sun with eyes clear and true
Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 11 Avr 2020, 00:00
La petite s***** ! Elle arrange un RDV entre les deux tourteraux pour qu'ils s'obligent à s'avouer leur amour
Je sais pas comment l'expliquer, mais pourquoi j'ai visualisé la scène de Dragons avec Harold qui invite Astrid à faire un tour de vol pendant le trajet à dos de Nokke ? Sérieusement, j'ai directement pensé à cette scène
Bien joué aussi la musique quand ils sont à Ahtohalan ça colle super bien en plus !
Et Arendelle qui prend feu... Sivert s'est enfin décidé à utiliser Bruni pour passer à l'acte le prochain chapitre va avoir une odeur de cendre et de sang !
Je sais pas comment l'expliquer, mais pourquoi j'ai visualisé la scène de Dragons avec Harold qui invite Astrid à faire un tour de vol pendant le trajet à dos de Nokke ? Sérieusement, j'ai directement pensé à cette scène
Bien joué aussi la musique quand ils sont à Ahtohalan ça colle super bien en plus !
Et Arendelle qui prend feu... Sivert s'est enfin décidé à utiliser Bruni pour passer à l'acte le prochain chapitre va avoir une odeur de cendre et de sang !
- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 11 Avr 2020, 01:59
Superbe!!!
Là vraiment pas grand chose à redire pour celui là!
Les éléements "dérangeants" des autres chapitres sont effacés ou plutôt habilement dissimulés!...L'écriture pompeuse est élégamment toilettée, totalement absente dans ce chapitre ou plutpot...joliment mise en valeur de manière romantique et poétique et s'intègre parfaitement, ça passe comme un suppo de 11heures avant d'aller au lit!
Un excellent cru ce chapitre!
Il a tout pour lui, enfin le face à face amoureux attendu depuis des lustres et joliment amené car on ne l'attend pas exactement à ce moment là.
Alors oui on pourrait dire que le petit stratagème est quelque peu cliché...mais c'est efficace, ça matche, Anna en serait parfaitement capable (bon et après on est pas cons on sait que c'est pas Anna...mais ça lui ressemble suffisamment pour reconnaître que la manipulation de Sivert est joliment executée).
Les dialogues sont assez naturels ça passe tout seul
Non c'est vraiment de très bonne facture.
Alors pour pinailler, oui certaines répliques sont parfois légèrement telephonnées. Les expressions des personnages qui peinent à avouer leurs sentiments parfois trop littéraires...J'aurai pu imagnier une Elsa plus difficile à tomber dans le panneau et capable de montrer ses émotions non par des mots mais de manière plus artisitique et magique mais y a pas de quoi fouetter un Olaf...d'autant qu'il a visiblement pris cher pour rien en plus donc on va le laisser tranquille pour une fois!
Bon, le petit grain de sable le plus grossier...mais qui ne gène pas en soi, c'est la réaction d'Elsa. Elle dit elle même qu'elle ne vient pas pour l'amour, qu'elle est là pour avertir Anna, alors se laisser aller ainsi, c'est un peu forcé. Alors oui pour les besoins de l'histoire ça colle parfaitement mais voilà pour le coup elle se laisse aller de manière un peu curieuse.
la fin est un rappel efficace à la réalité, là encore un peu cliché dans le cliffangher mais les vieilles méthodes ont fait leurs preuves des fois faut pas chercher trop loin et ça marche vraiment très bien!
Si, le début du chapitre du coup est un peu moins fort que le reste, le duo Anna/ Yohan, non ça sonne un peu moins juste. Anna ne se mêle pas assez de la correspondance finalement car, soit elle s'en mêle pour jouer les entremêteuses...Et ça serait tout à fait son genre
soit elle s'en mêle en mode "bon casanova t'es gentil mais tu vas penser aux miches de ma soeur après car on a de plus gros problèmes donc tu lui écris sérieusement et tu joueras les bourreaux des coeurs un autre jour"
Après je dis que ça fonctionne moins bien, c'est en comparaison avec le reste du chapitre où là je le redis la partition est excellente!
Peut être bien, le meilleur chapitre pour l'heure de cette histoire
Allez pour être vraiment pinailleur on pourrait dire de ce chapitre:
Mais...c'est du cliché qui marche et on accepte volontiers de rentrer dedans
La prochaine tu nous en fais un du même acabit mais avec une touche d'originalité/ surprise / hors des sentiers battus et ça serait top!
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 11 Avr 2020, 11:31
Un excellent chapitre où j'ai manqué de faire des arrêts cardiaques à plusieurs reprises... ET TU SAIS TRÈS BIEN POURQUOI !!!!
m*rde ! Ce baiser il était servi sur un plateau ! Il pouvait arriver à tout moment ! Et BOUM tu t'es craché bien comme il faut dans les stéréotypes à la noix (Coucou on est sur le point de s'embrasser... Eh bah non parce que ... Mince ! Y a un truc qui aurait pu arriver après ou avant le baiser ! Mais qui a décidé d'arriver pile à ce moment-là quoi !!! Mais ça alors quel hasard)... OUI MON SEUM EST INCOMMENSURABLE LA !!!!
Sans déconner @Yokill2B la seule chose qui m'empêche de t'éventrer et de donner tes morceaux de cadavres à manger à la Anna raptor c'est que je sais que tu vas le faire ce p***** de big bisous entre les deux personnages... Et alors là ! Là ! Je veux pas te mettre la pression mais j'attends un truc exceptionnel !! (En gros faut que je sente le mélange de salive entre les deux à travers ce passage quand il arrivera t'as compris ?!)
https://pin.it/4sWhbYO
Bon... Essayons de revenir à un état un peu plus calme... Tu nous as fait du très beau travail ! ... Tout concorde... Les actions des personnages et plus particulièrement Anna qui nous a fait un coup digne de son génie... Bon du coup Kristoff était au courant n'est-ce pas ? , les sentiments de nos deux amants, la balade romantique à dos de Nokk, le duo en chanson et l'intimité à Ahtohallan... C'est juste parfait. On ressent vraiment les sensations des personnages. J'ai manqué à plusieurs reprises de faire des arrêts cardiaques comme lorsque Elsa s'est pointée et non Anna ou quand ils étaient sur le point de s'embrasser... Mais évitons de revenir à cet acte manqué digne de Raiponce et Eugène dans la barque...
Si je devais donner un tout petit point négatif je dirai que tu n'as pas besoin d'autant étayer les pensées de Yohan. On sait qu'il est amoureux, on sait qu'Elsa aussi a du mal avec l'amour. Soit tu le mets dans le dialogue soit tu le mets en monologue intérieur mais pas les deux... Et je te dis ça parce que j'ai tendance à blablater moi aussi ... Après attention ça n'enlève rien à la beauté du chapitre
Tu nous as fait un vrai coup d'éclats, j'attends le prochain chapitre sans impatience du coup puisque j'ai compris ta stratégie d'écriture maintenant Oui ! Oui ! Je vois mon baiser s'envolait au loin !!! Et qu'est-ce qu'on dit au baiser Elsa/ Yohan ?!
https://tenor.com/wum7.gif
m*rde ! Ce baiser il était servi sur un plateau ! Il pouvait arriver à tout moment ! Et BOUM tu t'es craché bien comme il faut dans les stéréotypes à la noix (Coucou on est sur le point de s'embrasser... Eh bah non parce que ... Mince ! Y a un truc qui aurait pu arriver après ou avant le baiser ! Mais qui a décidé d'arriver pile à ce moment-là quoi !!! Mais ça alors quel hasard)... OUI MON SEUM EST INCOMMENSURABLE LA !!!!
Sans déconner @Yokill2B la seule chose qui m'empêche de t'éventrer et de donner tes morceaux de cadavres à manger à la Anna raptor c'est que je sais que tu vas le faire ce p***** de big bisous entre les deux personnages... Et alors là ! Là ! Je veux pas te mettre la pression mais j'attends un truc exceptionnel !! (En gros faut que je sente le mélange de salive entre les deux à travers ce passage quand il arrivera t'as compris ?!)
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Bon... Essayons de revenir à un état un peu plus calme... Tu nous as fait du très beau travail ! ... Tout concorde... Les actions des personnages et plus particulièrement Anna qui nous a fait un coup digne de son génie... Bon du coup Kristoff était au courant n'est-ce pas ? , les sentiments de nos deux amants, la balade romantique à dos de Nokk, le duo en chanson et l'intimité à Ahtohallan... C'est juste parfait. On ressent vraiment les sensations des personnages. J'ai manqué à plusieurs reprises de faire des arrêts cardiaques comme lorsque Elsa s'est pointée et non Anna ou quand ils étaient sur le point de s'embrasser... Mais évitons de revenir à cet acte manqué digne de Raiponce et Eugène dans la barque...
Si je devais donner un tout petit point négatif je dirai que tu n'as pas besoin d'autant étayer les pensées de Yohan. On sait qu'il est amoureux, on sait qu'Elsa aussi a du mal avec l'amour. Soit tu le mets dans le dialogue soit tu le mets en monologue intérieur mais pas les deux... Et je te dis ça parce que j'ai tendance à blablater moi aussi ... Après attention ça n'enlève rien à la beauté du chapitre
Tu nous as fait un vrai coup d'éclats, j'attends le prochain chapitre sans impatience du coup puisque j'ai compris ta stratégie d'écriture maintenant Oui ! Oui ! Je vois mon baiser s'envolait au loin !!! Et qu'est-ce qu'on dit au baiser Elsa/ Yohan ?!
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 11 Avr 2020, 12:29
Allez un peu d'avance, mais pour ta suite future...
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Lun 13 Avr 2020, 20:52
Ce chapitre était vraiment magnifique. Même si, pour résumé ma pensé, j'ai juste envie de dire : ENFIN !
Et surtout bravo à Anna, même si je m'en suis douté avec l'histoire du mot sous la porte, elle est futée. Bon, entre nous, j'imagine tellement qu'elle est cachée quelque part dans les hautes herbes à les observer et se féliciter que ça est marché en les voyant partir à dos de Nokk.
Et ce passage à Ahtohallan, entre la question assez logique d'Elsa et la tirade de Yohan, et la chanson qui passe parfaitement bien, franchement j'aurai envie de dire que certaine réplique sont un peu clichés, mais c'est du bon cliché bien dosé comme je l'aime et ça n'enlève rien au côté vraiment touchant et adorable de la scène.
Par contre, par contre ! Le baiser qui s'arrête au dernier moment !
Là par contre j'avoue c'est un cliché qui m'a toujours fait mal, qu'elle que ce soit l'oeuvre. Après je me doute qu'il arrivera à un moment ou un autre, mais y'a justement un détail là-dessus qui me fait peur. C'est son contexte. Parce que vu la fin du chapitre et l'attaque qui a l'air d'une ampleur assez importante, j'ai une espèce de mauvaise intuition de tableau de l'enfer où c'est un baiser d'adieu larmoyant.
Enfin, ce ne sont que des suppositions, j'espère que tu donneras me tort dans les prochains chapitres !
Et surtout bravo à Anna, même si je m'en suis douté avec l'histoire du mot sous la porte, elle est futée. Bon, entre nous, j'imagine tellement qu'elle est cachée quelque part dans les hautes herbes à les observer et se féliciter que ça est marché en les voyant partir à dos de Nokk.
Et ce passage à Ahtohallan, entre la question assez logique d'Elsa et la tirade de Yohan, et la chanson qui passe parfaitement bien, franchement j'aurai envie de dire que certaine réplique sont un peu clichés, mais c'est du bon cliché bien dosé comme je l'aime et ça n'enlève rien au côté vraiment touchant et adorable de la scène.
Par contre, par contre ! Le baiser qui s'arrête au dernier moment !
Là par contre j'avoue c'est un cliché qui m'a toujours fait mal, qu'elle que ce soit l'oeuvre. Après je me doute qu'il arrivera à un moment ou un autre, mais y'a justement un détail là-dessus qui me fait peur. C'est son contexte. Parce que vu la fin du chapitre et l'attaque qui a l'air d'une ampleur assez importante, j'ai une espèce de mauvaise intuition de tableau de l'enfer où c'est un baiser d'adieu larmoyant.
Enfin, ce ne sont que des suppositions, j'espère que tu donneras me tort dans les prochains chapitres !
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 17 Avr 2020, 22:44
Merci à tous pour vos retours ! J'avais un peu d'appréhension sur ce dernier chapitre, car l'écriture de scènes romantique n'est clairement pas ma spécialité, et j'ai vraiment eu du mal à l'écrire !
Et ça ne va pas vraiment changer avec ce chapitre là ! On entre désormais clairement dans la dernière ligne droite de cette histoire, et vous savez ce que ça veut dire...vous la sentez venir la PLS ou pas ?
Enjoy !
« Allez, allez, plus vite ! »
Mes mains crispées sur sa robe, je pouvais sentir la panique d’Elsa à travers la façon dont sa voix tremblait tandis qu’elle enjoignait le Nokke à presser l’allure.
Lorsqu’Ahtohallan nous avait montré la situation d’Arendelle, ni elle ni moi n’avions hésité un instant. Nos circonvolutions amoureuses avaient été remises à plus tard, et nous avions instantanément enfourché l’Esprit de l’Eau pour revenir au royaume le plus vite possible.
Elsa semblait terrifiée. Elle avait bien tenté en partant de se donner une contenance, mais je la sentais trembler comme une feuille tandis qu’elle fouettait sans discontinuer la bride de glace du cheval d’eau. Et je savais très bien que cela n’avait rien à voir avec le froid.
Pour elle comme pour moi, le trajet parut interminable. Tandis que nous traversions de nouveau les immenses gorges où la mer sombre rejoignait Arendelle, nous pouvions voir les lueurs du village rougeoyer à l’horizon. Les flammes dévoraient le village, et s’élevaient vers le ciel, dans un spectacle proprement affreux à regarder. Je sentais mon coeur se serrer à l’idée que les habitants avaient du voir une telle chose leur tomber dessus sans prévenir, et je pensais à Anna, qui avait du gérer cela toute seule. Je souhaitais de toutes mes forces qu’il ne lui soit rien arrivé, et j’étais sûr de ne pas être le seul en entendant Elsa répéter à voix basse:
« Non non non… »
Je ressentais sans peine le malheur qui devait être le sien. De toute évidence, elle ne souhaitait pas poser les yeux sur les flammes qui dévoraient Arendelle, mais elle n’avait pas d’autre choix si nous voulions arriver au plus vite.
Lorsque le Nokke atteignit la berge du château, Elsa sauta de ce dernier avant même qu’il ne s’arrête, et atterrit gracieusement sur la petite plage d’herbe. Je l’imitai, et vis le Nokke disparaître instantanément dans les flots. Je n’eus même pas le temps de me dire qu’un Esprit de l’Eau serait sans doute bien pratique pour éteindre un incendie qu’Elsa était déjà partie en courant en direction du village. Sans attendre, je tirai les Lames d’Arendelle, et m’élançai à sa suite.
Fort heureusement, le château n’avait pas été atteint par les flammes. Nous pûmes ainsi le traverser de part en part à la hâte sans rencontrer qui que ce soit d’affolé ou de paniqué. Ils étaient vraisemblablement tous en train d’affronter les flammes à l’extérieur. Je grimaçai: si tel était le cas, il n’y avait aucune chance qu’Anna n’y soit pas allée, elle aussi.
Personne ne courut jamais plus vite qu’Elsa cette nuit là. Tandis que je faisais mon possible pour la suivre, elle traversa à la volée la cour du château, et franchit les grandes portes de ce dernier en courant, avant de s’arrêter brusquement, portant la main à sa bouche, une expression de véritable horreur sur le visage. Levant la tête à mon tour, je manquai de l’imiter devant le désolant spectacle qui s’offrait à nous. Jamais je n’avais vu Arendelle dans un tel état. Et pour moi qui par deux fois avait connu le royaume en temps de guerre, cela voulait dire beaucoup.
Si le château avait vraisemblablement été épargné, il semblait n’y avoir pas une maison du village qui ne fut pas en proie aux flammes. Tout brûlait et se consumait, dans un véritable tableau d’horreur. De tous côtés on pouvait voir les Arendelliens courir en hurlant, paniqués par la catastrophe. Des femmes pleuraient, certaines hurlant le nom de leurs enfants égarés au milieu du brasier qui dévorait la ville. De courageux habitants tentaient tant bien que mal de lutter contre les flammes, armés de seaux et de n’importe quel récipient pouvant accueillir de l’eau, mais leurs efforts semblaient bien dérisoires face aux flammes gigantesques qui s’élevaient face à eux.
Jetant mon regard de tous côtés, je sentis mon rythme cardiaque accélérer: je ne voyais aucune trace d’Anna. Cela semblait également paniquer véritablement Elsa, qui se tourna vers moi, et balbutia d’un air affolé:
- Yohan, va aider les habitants ! Je vais chercher Anna !
- Mais attends Elsa, tu ne vas pas…commençai-je, craignant que nous séparer ne soit pas une bonne idée.
Mais elle ne m’écoutait pas, et s’était déjà élancée vers le coeur du brasier, jetant à la volée de grandes vagues de neige et de glace pour éteindre toute flamme qui croiserait sa route. Je voulus croire l’espace d’un instant qu’elle saurait lutter efficacement contre l’incendie avec ses pouvoirs, mais je sentis tout de même un pincement au coeur en la voyant se jeter dans les flammes en courant. Inconsciemment, je restai quelques secondes pétrifié sur place, sans savoir quoi faire, puis je me souvins de ses paroles. Toute demande d’Elsa était un ordre pour moi. Je m’élançai donc en direction de la chaîne formée par les habitants qui se faisaient passer les seaux remplis d’eau, mais m’arrêtai brusquement dans mon élan lorsqu’une chose me revint à l’esprit.
L’homme de la colline. Il était là. Je l’avais vu dans les reflets d’Ahtohallan. Et je n’étais ni naïf ni stupide. Personne d’autre ne pouvait être derrière tout ça. J’avisai les habitants qui tentaient vainement d’éteindre le feu, puis tournai la tête vers le centre du village, là où je l’avais vu dans la glace. Je m’étais jadis juré de tout faire pour protéger Elsa, Anna, ainsi que les habitants d’Arendelle, et j’avais déjà tué de nombreuses personnes qui avaient prétendu leur faire du mal.
Et à présent, un candidat en plus se présentait à moi.
Ma décision était prise.
Je raffermis ma prise sur les Lames d’Arendelle, et m’élançai au milieu du village en flammes à la recherche du mystérieux inconnu. Il ne me fallut que quelques instants pour me dire qu’il ne s’agissait peut-être pas d’une bonne idée. L’écharpe que j’avais placé sur mon visage pour me protéger de la fumée ne fut pas efficace très longtemps, et tandis que je progressai péniblement au milieu des flammes et des maisons incendiées, je sentais cette dernière me piquer les yeux, la gorge et le nez. La chaleur était insoutenable. Si mon sang gelé me permettait de survivre à des températures extrêmement basses, j’étais en revanche totalement normal en ce qui concernait ma tolérance aux fortes chaleurs. Je ne mis pas longtemps à suer à grosses gouttes au milieu de la fournaise, cherchant en vain l’homme qui en était responsable.
Je ne le voyais nulle part.
Pourtant, il devait sans doute être très reconnaissable. J’avais imprimé son image dans mon esprit depuis sa toute première attaque. Grand, menaçant, enveloppé d’une sorte de manteau sombre…j’étais sûr de le reconnaître si je le voyais, et pourtant, au milieu des flammes, de la fumée et des cris, je ne distinguais rien qui me rappelait sa silhouette.
Mais alors que je continuai d’avancer, tentant en vain de le repérer au milieu de la fournaise, j’entendis des cris bourrus et plaintifs sur ma gauche. Comme si quelqu’un était en proie à un effort intense. Je me tournai dans la direction d’où venaient les cris et mon coeur rata un battement.
Toute la structure de l’Old Reinder était en flammes. L’intérieur semblait presque entièrement consumé, et les grandes poutres de bois étaient effondrées au milieu de la salle principale, visible depuis l’extérieur. Ce fut justement l’une d’elle qui attira mon attention.
Anton était dessous.
Coincé par la poutre en train de brûler, le tavernier poussait de toutes ses forces sur ses bras pour se dégager, mais l’énorme rondin de bois bloquait tout le bas de son corps, et il ne pouvait même pas bouger son torse pour trouver un meilleur appui. Je regardai le bâtiment. S’il continuait à brûler, tout allait bientôt s’effondrer sur lui.
Oubliant toute autre chose, je glissai les Lames d’Arendelle à ma ceinture, et courus à sa rencontre pour sauver mon premier ami en Arendelle. Mais alors qu’il ne me restait que quelques mètres à faire pour arriver jusqu’à l’Old Reinder, j’entendis une femme hurler à côté de moi.
- MA FILLE !!! MA FILLE EST À L’INTÉRIEUR !!!
Ses cris furent instantanément suivis par les hurlements d’un enfant, qui provenaient d’une maison en proie aux flammes, et qui, cette fois-ci, ne laissait rien voir de ce qu’il y avait à l’intérieur.
- À L’AIDE !!! AIDEZ LA !!!! pleura la femme.
Instinctivement, je me tournai rapidement vers l’Old Reinder. Anton était toujours en train de se débattre, coincé sous la poutre. Je jetai un coup d’oeil rapide à la toiture de la taverne. Ce n’était qu’une question de minutes avant que toute la structure ne s’écroule sur lui. Sans savoir quoi faire, je regardai de tous côtés, essayant en vain d’apercevoir quelqu’un. Anna, Elsa, Kristoff, Sven…n’importe qui susceptible de me venir en aide. J’entendais toujours à mes oreilles les cris et les pleurs de la fillette, emprisonnée dans la maison en flammes.
- Allez, Elsa, sifflai-je entre mes dents, fais vite…
Je sentais depuis quelques secondes la chaleur et la fumée baisser quelque peu. Là où elle était, Elsa devait se montrer de plus en plus efficace avec ses pouvoirs pour lutter contre l’incendie. Je me pris à espérer qu’elle allait arriver très vite, car je n’appréciais pas du tout le dilemme qui s’offrait à moi: sauver la fillette, ou aider mon ami ? Quelle qu’allait être ma décision, j’allais devoir la prendre vite, au risque de ne pouvoir sauver ni l’un ni l’autre. Seulement, il ne me fallut que quelques secondes pour me faire à l’idée: Elsa n’arriverait pas à temps. J’espérais juste qu’elle était parvenue à trouver Anna, et que cette dernière allait bien.
Finalement, alors que j’étais toujours pétrifié par mon indécision, le feu choisit pour moi. Une poutre s’effondra en travers de l’entrée de la maison où la petite était prisonnière. Voyant cela, sa mère, dans un élan d’héroïsme autant que de désespoir, voulut s’élancer à l’intérieur, mais je fus plus rapide. Je me jetai à l’intérieur de la maison, passant au devant de la femme en sautant par dessus la poutre. À l’intérieur, la fumée était plus piquante et plus brûlante que jamais. Je respirais à peine, et la transpiration me coulait sur le visage, et je sentais mes cheveux plaqués contre mon front, tout en me battant pour ne pas les avoir dans les yeux. Je devais absolument trouver la gamine au plus vite, en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Fort heureusement pour moi, je fus très vite alerté par ses cris de peur. Tournant la tête, je la vis recroquevillée dans un coin que les flammes avaient pour l’instant épargné. Elle était roulée en boule, et me regardait en pleurant. Tâchant de ne pas suffoquer, je lui criai aussi fort que je pus:
- Ne t’en fais pas ! Ça va aller, je vais te sortir de là !
Je m’approchai de l’endroit, tentant vainement d’avancer au milieu des débris enflammés. La chaleur devenait insoutenable. Je me penchai en avant pour attraper la fillette, mais j’en étais empêché par une imposante commode, tombée en travers de la pièce et qui obstruait le passage.
- On a pas le choix, soufflai-je, tu vas devoir m’aider à soulever ça.
Mais je sentais que la petite avait bien trop peur pour pouvoir bouger. Pendant quelques instants, je me pris à penser à Anton. J’allais vite devoir sortir la gamine de là si je voulais lui venir en aide. Je plaquai mes mains sous le meuble, et tentai de le soulever.
- Allez, c’est parti !
Hélas, je n’étais clairement pas assez fort. Je n’allais pas tarder à lâcher. Et si la commode tombait brusquement, alors les quelques poutres qui restaient au plafond s’effondreraient, scellant le sort de la fillette ainsi que le mien. Mes bras me brulaient, et la douleur de mes muscles commençait à être insoutenable. Luttant pour ne pas lâcher, je regardai la fillette avec des larmes de douleur perlant à mes yeux.
- Il…il faut que tu m’aides ! Vite ! Sinon on va y passer tous les deux !
Pendant une seconde, je sentis le désespoir m’envahir, pensant qu’elle ne m’avait pas entendu.
Puis elle bougea.
À ma grande surprise, elle rampa au sol, évitant les flammes comme par miracle, et profitant de sa petite taille, elle se glissa lentement sous la commode, que je soulevais toujours ! La bénissant intérieurement, je lâchai enfin le lourd meuble lorsqu’elle fut enfin passée. Mais nous n’étions pas encore tirés d’affaire. Il nous fallait encore sortir de là. Sans hésiter, je protégeai la fillette de mes bras, et me mis à progresser vers la sortie. Je pouvais entendre les cris de sa mère à l’extérieur. Mais alors que nous étions presque sortis, je sentis la fulgurante douleur d’une flamme qui venait de me lécher le bras. Je poussai un cri de douleur, et la fillette se tourna vers moi avec un air apeuré. Je levai la tête au plafond en entendant un craquement. La poutre qui retenait le toit allait finir par céder. Instinctivement, je regardai devant moi. Je voyais la porte, et l’extérieur, hors des flammes. Saisissant la petite, je ne vis alors plus qu’une solution. Je la pressai contre moi en balbutiant:
- Accroche toi.
Dès lors qu’elle se fut agrippée à ma chemise, je pris mon élan, et priant pour que cela passe, m’élançai d’un bond à travers l’ouverture de la porte ! Je me roulai en boule pour amortir la chute lorsque je sentis l’air frais de l’extérieur contraster avec la fournaise. J’atterris lourdement sur le sol. J’étais éreinté, mon bras me faisait un mal de chien, mais la petite était en vie.
En la lâchant pour la voir rejoindre sa mère en pleurs, je me souvins de la situation. J’avais sauvé la petite, mais qu’en était-il de…
- ANTON !!!
Prenant à peine le temps de me relever, je me précipitai sur l’Old Reinder. Par miracle, tout ne s’était pas encore effondré. Anton était toujours coincé sous la gigantesque poutre, mais il était à présent bien moins vigoureux dans ses efforts pour s’en extirper. Il commençait à fatiguer. J’allais devoir faire vite. Sans réfléchir, je courus directement vers lui, sautant par dessus les flammes et les débris.
- Anton ! criai-je en arrivant sur lui, Anton tiens bon, je vais te sortir de là !
Ainsi que je l’avais anticipé, le tavernier ne sembla pas ravi de me voir risquer ma vie pour lui.
- Yohan ! Qu’est-ce tu…non, non gamin, t’en fais pas pour moi, va aider tes amis !
- Dis pas de conneries Anton, tu es mon ami ! Allez, faut soulever ça !
Cependant, je savais au fond de moi que jamais je ne parviendrais à ôter la poutre cette fois. Mon bras me faisait mal et mes muscles avaient déjà trop souffert en sauvant la petite fille quelques instants auparavant. Il était impossible que je parvienne à soulever quoi que ce soit. Mais je me refusais à laisser Anton ici. Il avait été la première personne à m’accueillir en Arendelle, à prendre soin de moi. C’était le premier véritable ami que je m’y était fait, avant même Anna ou Elsa. Il était hors de question que je le laisse mourir. Seulement, il ne semblait pas de cet avis.
- Non, mon gars, écoute moi, il faut que t’ailles…
- J’irai nulle part Anton ! Pas sans t’avoir sorti de…
- ATTENTION !!!!
Alerté par le cri paniqué derrière moi, je levai la tête. Le feu avait atteint la charpente du toit du bâtiment, et cette dernière commençait à s’effondrer. D’ici quelques secondes, tout le toit de la taverne allait nous tomber dessus. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine tandis que je cherchais une solution. Jamais je n’aurais le temps de sortir Anton de là avant que tout ne s’effondre. Et si je ne bougeais pas, nous allions y passer tous les deux.
- Anton je…
CRRRAAAC !!!!!
Alors que j’avais à peine ouvert la bouche, le toit émit un sinistre craquement et s’effondra violemment sur nous. Sans réfléchir à ce que je faisais, je bondis instinctivement sur le côté, n’évitant l’écrasement que de très peu. Mais alors que je me croyais tiré d’affaire en retombant douloureusement sur les pavés de la rue, je vis devant moi une ultime poutre tomber droit sur moi. Je voulus bouger, mais le frottement de mon bras contre le pavé me lança douloureusement et la douleur me paralysa sur place. Je fermai les yeux en voyant l’énorme pilier de bois arriver vers moi, attendant de me faire broyer sous son poids.
Soudain, j’entendis des pas précipités, comme sous l’effet d’une démarche extrêmement rapide. Il y eut un bruit métallique, comme une épée que l’on retire de son fourreau, et…rien ne vint. J’ouvris doucement les yeux, qui me piquaient et me brûlaient toujours, et restai bouche bée devant le spectacle qui s’offrait à moi.
Elsa était arrivée, et avait finalement utilisé ses pouvoirs. Le feu avait disparu. La poutre de bois était coupée en deux, chaque morceau roulant au sol à mes côtés. Et juste devant moi, droite comme un i, une épée à la main, se tenait Anna. Elle portait la même tenue que celle qu’elle avait enfilé devant moi quelques jours auparavant, et la partie supérieure de ses cheveux étaient attachée sur le haut de son crâne, le reste lui tombant librement sur les épaules. Elle portait un gant en cuir à la main gauche, tandis que la droite tenait une épée. Je ne pus m’empêcher de remarquer une vilaine estafilade sanguinolente à son poignet droit, mais elle ne semblait pas la faire souffrir. Je la vis se retourner vers Elsa et moi. Je devinai au regard noir qu’elle nous lançait qu’elle était aussi furieuse que choquée, mais lorsque mon regard se dirigea droit devant moi, je sus bien vite que je n’allais pas avoir le temps d’en discuter. L’Old Reinder s’était effondré.
- ANTON !!!!!
Je me levai aussi vite que je le pus, me précipitant sur le bâtiment en ruines. Avec l’énergie du désespoir, je me frayai un chemin jusqu’à l’endroit où, enseveli sous les piliers de bois brûlés et les débris, était couché le vieux tavernier, désormais tranquille. Il donnait presque l’impression de se reposer. La gorge nouée, je tombai à genoux devant lui, essayant tant bien que mal de déplacer les obstacles qui l’empêchaient de bouger.
- Anton ! Anton ! T’en fais pas ça va aller, on va te sortir de là, répétai-je
La faiblesse de la voix avec laquelle il me répondit me fit tellement froid dans le dos que je stoppai mes efforts durant quelques instants.
- Non, non p’tit gars, c’est…c’est fini. C’est fini pour moi.
Avec le peu d’énergie qu’il lui restait, il déplaça un morceau de bois qui lui couvrait le torse, et je vis apparaître avec horreur un lourd morceau de poutre fiché dans sa poitrine. Il saignait abondamment et son souffle se faisait de plus en plus faible.
Sentant les larmes perler dans mes yeux, je me penchai sur lui, cherchant désespérément une solution.
- Non…non non non Anton ! C’est pas possible ! T’inquiète pas je vais…AU SECOURS !!! ON A UN BLESSÉ ICI !!! ON A…
Je m’arrêtai brutalement lorsque je sentis l’énorme main d’Anton presser la mienne. Je me tournai vers lui, en proie à la panique la plus totale.
- Ça va aller gamin. Ça va aller…
- Non Anton, non, je te laisserais pas mourir ! Tu peux pas…
- T’en fais pas mon gars…je suis déjà mort d’puis longtemps t’façons…je vais…je vais enfin retrouver ma Ida.
Il n’avait pas terminé ces quelques paroles que je sentais à présent les larmes couler franchement sur mes joues. Je savais déjà qu’il ne s’était jamais totalement remis de la mort de sa femme, mais le voir ainsi, résigné à la mort, lui qui était d’ordinaire si jovial et si heureux de vivre, me mettait véritablement le coeur en miettes.
- Dis pas ça Anton, on va t’aider on va trouver une…
Mais il ne me laissa pas finir, et resserra un peu plus sa poigne sur ma main.
- Écoute moi mon garçon, écoute moi…arrête d’parler et écoute une dernière fois le vieux Anton.
- Mais…
- J’ai eu une belle vie. Et j’en r’grette pas un seul instant. Pas un seul. Surtout d’puis que…d’puis qu’tes arrivé. Tu sais, j’mentais pas y’a trois ans…t’es la meilleure chose qui m’soit arrivé d’puis longtemps mon gars. Toi, la reine, la princesse…z’êtes l’av’nir de c’te bonne vieille Arendelle.
J’étais dévasté de l’entendre. Je ne voulais pas qu’il meure. Je me sentais encore tellement redevable envers Anton…chaque fois que j’avais été en Arendelle, j’avais passé mon temps à courir après Anna ou Elsa, et je n’avais jamais véritablement remercié le tavernier de ce qu’il avait fait pour moi. Et voilà où nous en étions. Il allait mourir là, seul, enseveli sous les décombres d’un énième incendie de son établissement, tout ça parce que j’avais négligé qu’Arendelle, cela ne se limitait pas aux deux soeurs royales.
- Anton, pleurai-je, je suis désolé je voulais pas…je…
- Tu diras à Nora que j’veux qu’elle r’prenne la boutique. J’veux personne d’aut’ qu’elle. Toi, tu dois t’occuper de tes amies.
- Tu es mon ami Anton. T’es mon pote, je peux pas te laisser…
- C’est trop tard pour moi. Mais avant d’partir, j’vais te dire une chose mon gars: si t’as trouvé quelqu’un qu’taime, et qui t’aime aussi, surtout, le laisse pas partir. Garde ceux qu’t’aime près d’toi, p’importe c’qui s’passera. Sans ça, la vie, c’pas la peine.
Je n’osais même pas le regarder. Mes yeux me brûlaient, et cela n’avait plus rien à voir avec la fumée. J’avais déjà perdu du monde dans mes nombreux voyages, dont des amis ou des gens auxquels je tenais. Mais sans Anton, aucun de ces voyages n’aurait été possible. Sans lui, j’ignorais totalement où je me serais trouvé à cet instant. Sans lui, ma vie telle qu’elle était aujourd’hui n’existerait sans doute pas. Mais lui semblait serein. Dans un effort qui lui parut surhumain, il releva doucement la tête, et serra ma main une dernière fois.
- En attendant, j’suis heureux d’partir comme ça. Près d’mon ami. Embrasse la reine et la princesse pour moi Yohan. Moi, j’embrasserai ma Ida pour toi. »
Quelques secondes plus tard, la tête du tavernier retomba sur le sol, tandis que ses yeux regardaient sans voir les étoiles que le trou béant dans le toit du bâtiment laissait apparaître. C’était fini. Pleurant à chaudes larmes, le corps secoué de sanglots, je fermai les yeux de mon vieil ami et me relevai péniblement. Je tremblais comme une feuille tandis que je regagnai l’extérieur.
Anna et Elsa étaient là.
L’incendie semblait éteint. La Reine des Neiges avait été très efficace. Une odeur de brûlé flottait dans l’air, mais le calme semblait revenu, si l’on exceptait les cris et les lamentations qu’il était possible d’entendre ça et là, les Arendelliens, tout comme moi, se lamentant sur leurs pertes.
Lorsqu’elle vit les larmes couler sur mon visage, Elsa comprit, et vint m’enlacer de ses bras pour me réconforter. Puis, je sentis une petite pression contre ma jambe. Je ne baissai même pas les yeux. Je savais qu’Olaf était venu lui aussi me faire un câlin. Et pour une fois, je le laissai faire. J’étais content qu’il aille bien. Tournant dans ma tête les dernières paroles d’Anton, je laissai libre cours à mon chagrin, et, enfouissant mon visage au creux de l’épaule d’Elsa, je pleurai amèrement.
Lorsque je fus quelque peu calmé, je relevai la tête, et vis Elsa me faire un pauvre petit sourire, qui se voulut rassurant mais qui ne parvint qu’à me faire me sentir plus mal encore. Elle était complètement défaite. Échevelée, meurtrie, noire de cendres, elle avait semblait-il durement lutté pour éteindre l’incendie, et probablement presque à elle seule.
Puis, je remarquai que Anna, elle, n’avait pas bougé.
Elle était debout, face à nous, les bras croisés. Elle avait rangé son arme à sa ceinture. J’étais toujours stupéfait de la voir ainsi, habillée comme une véritable guerrière, et maniant l’épée. Et d’après ce que j’avais pu voir, elle semblait la manier plutôt bien. Mais ce n’était pas là ce qui m’inquiétait le plus. La jeune reine nous regardait, Elsa et moi, avec un air crispé et un regard noir. Elle semblait véritablement furieuse. Ses lèvres tremblaient.
Elsa se dirigea vers elle, les bras tendus. Mais Anna ne bougea pas les siens d’un pouce. Elle parla, et sa voix me fit frémir. Elle tremblait, prête à se briser à tout instant.
« Puis-je savoir…où vous étiez ?
Je vis Elsa s’arrêter, surprise de voir sa soeur étonnamment si froide. Quant à moi, j’échangeai un regard méfiant avec Olaf. Elsa se voulut rassurante et parla d’une voix douce:
- Anna, nous…
Mais c’était vraisemblablement l’étincelle dont Anna avait besoin. Elle explosa, se mettant à hurler plus fort que jamais, des larmes de rage au coin des yeux.
- AVEZ VOUS LA MOINDRE IDÉE DU SANG D’ENCRE QUE JE ME SUIS FAIT ?! COMMENT J’AI PANIQUÉ ?! J’AI CRU QUE VOUS…QUE VOUS ÉTIEZ…
- Anna, nous allons bien, affirma Elsa.
Mais ce n’était apparemment pas la seule chose qui dérangeait Anna.
- OUI, VOUS ALLEZ BIEN, VOUS ALLEZ TRÈS BIEN MÊME !!! MAINTENANT, REGARDE AUTOUR DE TOI ELSA ! EST-CE QUE C’EST LE CAS DE TOUT LE MONDE ?!
Elle avait raison. Je savais déjà ce qu’elle allait nous dire. Arendelle avait été attaquée alors que nous n’étions pas là. Nous l’avions laissée seule pour protéger le royaume. Une fois de plus. Et une fois de plus, beaucoup en avaient payé le prix fort. Dont mon ami. À cet instant, j’étais d’ores et déjà d’accord avec tout les reproches qu’Anna allait pouvoir me faire. Elsa elle-même semblait en prendre la mesure, car elle ne trouva rien à redire, et se contenta de regarder sa soeur sans répondre.
- REGARDE ELSA ! répéta Anna, REGARDE CE QUI SE PASSE ! ARENDELLE EST RAVAGÉE ! DÉTRUITE ! ENCORE UNE FOIS ! ET ENCORE UNE FOIS, JE T’AI CHERCHÉE AU MILIEU DE TOUT ÇA, EN PENSANT QUE J’ALLAIS TOMBER SUR…SUR TON…JE N’EN PEUX PLUS ELSA !
Je m’avançai timidement vers elle. Sa colère était légitime, mais elle n’avait pas à être dirigée contre Elsa uniquement. J’étais tout aussi responsable qu’elle.
- Anna, ce n’est pas…
Mais à ma grande surprise, elle ne me laissa pas finir, et pointa vers moi un doigt accusateur.
- QUANT À TOI ! C’EST EXACTEMENT LA MÊME CHOSE ! OÙ ÉTAIS-TU QUAND TOUT CELA A COMMENCÉ ?! OÙ ÉTIEZ VOUS TOUS LES DEUX ?! JE ME SUIS ARRANGÉE POUR QUE VOUS SOYEZ LÀ TOUS LES DEUX AU MÊME MOMENT, ET MALGRÉ ÇA…MALGRÉ ÇA JE…
Puis, j’entendis sa voix se briser. Elle cessa de hurler, et fondit en larmes en se prenant la tête dans les mains. Elsa et moi échangeâmes un regard gêné tandis que se formait déjà un petit attroupement autour de nous trois. J’eus cependant un petit soulagement en voyant arriver Kristoff. Ses vêtements étaient roussis, et il était noir de cendres lui aussi, mais il allait bien. Il se précipita sur Anna et l’aida à se relever tandis qu’elle pleurait à chaudes larmes.
- Je…je croyais enfin bien faire.
Je m’approchai à mon tour, me voulant rassurant.
- Tu as très bien fait Anna, nous avons…
- Où étiez-vous ? demanda-t-elle brusquement en levant la tête.
Je pouvais de nouveau voir toute la rage et la tristesse qui animaient son joli visage tandis qu’elle sifflait entre ses dents.
- Cette fois je veux savoir Yohan. Où étiez vous tous les deux lorsqu’il nous est tombé dessus…
- « Il » ? Qui ça « i…
- RÉPONDS MOI ! Toi et Elsa, où étiez vous au lieu de nous protéger ?
Cette fois, ce fut au tour d’Elsa de s’approcher de nous, en mettant une main réconfortante sur mon épaule.
- Ahtohallan, dit-elle, je…je voulais lui montrer Ahtohallan. C’est ma faute Anna.
Je voulus instantanément protester, mais Anna ne m’en laissa pas le temps. Elle se défit doucement de l’étreinte de Kristoff, et se tourna vers sa soeur avec un regard noir.
- Oui. C’est vrai Elsa. C’est ta faute.
Instinctivement, je regardai autour de nous. La foule éplorée était rassemblée, et je n’aimais pas du tout le tour que prenait la conversation. Je voulus calmer les choses, mais Anna ne m’en laissa pas le temps. Elle s’avança vers sa soeur en crachant.
- Des semaines…pendant des semaines, tu m’as caché ce que tu faisais. Tu ne m’as rien dit de tout ça. Tu m’as encore traitée comme l’enfant que je ne suis plus depuis bien longtemps…
- Anna, ce n’est pas vrai, se défendit Elsa, si j’ai fait ça c’est pour…
- Me protéger ?! C’est cela que tu vas dire Elsa ? siffla Anna, furieuse, regarde autour de toi ! Regarde tous ces gens ! Regarde moi ! As-tu l’impression de nous avoir protégé ?!
Je comprenais amplement sa colère. Elle s’était arrangée pour qu’Elsa et moi puissions être réunis à Arendelle en même temps, et elle ne s’était certainement pas douté que nous irions roucouler à l’autre bout du royaume pendant qu’une telle catastrophe lui tomberait dessus. Peut-être même avait-elle anticipé que cette dernière pouvait arriver. Néanmoins, je n’aimais pas la voir crier sur sa soeur.
- Du calme Anna, tentai-je, c’est vrai que…
- Et c’est pareil pour toi Yohan ! dit-elle en faisant volte-face, depuis que tu es arrivé, je dois presque me battre pour te garder près de moi ! Dois-je te rappeler que tu es l’Escorte Royale de la Reine ?! Tu as passé toutes tes premières semaines à te plaindre que tu craignais pour ton rôle, alors pourquoi est-ce que tu ne le remplis pas ?!
Ça y était. Il était là, le reproche que j’attendais depuis de longues semaines. Je savais qu’Anna avait du se retenir très longtemps de m’en parler, mais là, alors qu’elle était bouleversée, choquée, triste et en colère, elle ne semblait plus pouvoir tenir. Cependant, à la voir ainsi, capable de trancher en deux une poutre en bois avec une précision diabolique, j’étais incapable de ne pas me faire la réflexion.
- Pourtant on dirait que tu n’as plus tellement besoin de moi pour te protéger.
- Et eux ?! cria-t-elle en désignant les habitants regroupés autour de nous, ils n’en ont pas besoin ?! C’est justement pour protéger Arendelle que je me démène depuis des mois, que je subis les entrainements intensifs de mon Maître d’armes tous les jours, que tous les soirs je me retrouve à courir les toits du royaume pour tenter de réparer ce que je peux et d’anticiper ce qui doit l’être ! C’est pour protéger ceux que j’aime que me suis mise à porter cette…cette chose !
Elle désigna son épée d’un geste de la main. Ainsi c’était cela, la raison de ses nombreuses disparitions nocturnes. Ses « réunions secrètes »…Anna s’entrainait. Elle s’entrainait depuis des mois, pour apprendre à se défendre et à protéger les gens qu’elle aimait. Elle s’était poussée dans ses derniers retranchements physiques et mentaux, tout ça pour prendre soin du royaume. Et pendant ce temps, Elsa et moi…
Mais Elsa justement, ne semblait pas voir cela sous le même angle. Je pouvais voir à son expression que le fait que sa soeur soit devenue une guerrière de l’ombre ne lui plaisait pas.
- Tu n’as pas à faire ça Anna, dit-elle, je ne veux pas que tu risques ta vie pour défend…
Mais ce n’était vraisemblablement pas la chose à dire.
- Tu vois ce que ça fait Elsa ? la coupa Anna, tu vois l’effet que ça me fait quand je te le dis ?! Mais si je ne le fais pas, qui le fera ? Toi ? Avec tes fameux pouvoirs ? Qui me dit que tu ne seras pas occupée à les utiliser pour faire je ne sais quoi en forêt ? Ou pour jouer les amoureuses transies ?
Je regardai soudainement la rousse avec de grands yeux. Je ne l’avais encore jamais entendue parler ainsi à sa soeur. Et à voir la façon dont cette dernière sembla piquée au vif par ces paroles, elle était bien d’accord avec moi.
- Jouer les amoureuses transies, siffla Elsa…on se demande bien de qui je tiens cela.
Un silence assourdissant tomba sur la petite assemblée. J’échangeai un regard avec Kristoff. Décidément, la conversation prenait un tournant qui, de toute évidence, ne lui plaisait pas plus qu’à moi. Il tenta de s’approcher d’Anna, mais cette dernière se dégagea de lui pour s’approcher de sa soeur, qu’elle regardait d’un air féroce.
- 3 ans Elsa ! 3 ans que TU as quitté notre royaume parce que, je l’admets, je voulais vivre une histoire d’amour. Et à présent que c’est ton tour, qu’est-ce que tu fais ? Tu tournes le dos à Arendelle ! Encore !
- Je n’ai tourné le dos à personne !
- Ah oui ? Alors explique moi pourquoi tu étais de nouveau réfugiée dans une forteresse de glace tandis que le royaume, TON royaume, partait littéralement en flammes !
Elsa était furieuse. Son beau visage était à présent déformé par la colère, devant les propos de sa jeune soeur. Certes, je méritais autant qu’elle les reproches d’Anna, mais je ne souhaitais pas m’immiscer au milieu des deux soeurs. Je ne les avais jamais vues ainsi, et j’ignorais complètement quoi faire. Je me tournai vers Kristoff et Olaf, mais même eux semblaient ne pas savoir comment intervenir.
- Je suis le Cinquième Esprit Anna ! Tu sais très bien que…
- Oh oui, parlons-en de ce Cinquième Esprit ! Parlons en du fait que ce qui est arrivé ce soir n’est arrivé qu’à cause de l’Esprit du Feu que TU as perdu !!!
Les paroles d’Anna furent suivies d’un long silence qui ne fut troublé que par les quelques bribes de conversations et de réactions que l’on pouvait déjà entendre parmi les Arendelliens. Heureusement pour nous, le Général Mattias, toujours très réfléchi, avait déjà commencé à les faire se disperser. Néanmoins, je vis tout de même les larmes de rage et de déception qui étaient apparues dans les yeux d’Elsa. Jamais Anna ne lui avait parlé ainsi. Jamais elle ne l’avait accusée si directement.
- Je t’ai pourtant prévenue, dit-elle
Je pensais qu’à voir pleurer sa soeur, la colère d’Anna retomberait. Mais je me trompais. Elle tremblait toujours autant de fureur et ne semblait pas vouloir s’arrêter.
- Et c’est tout ce que tu as fait ! cria-t-elle, me prévenir ! Sans jamais venir m’apporter ton aide ! Ou me demander la mienne ! Nous aurions pu empêcher cela Elsa ! Nous aurions pu, toutes les deux, si tu avais su jouer correctement ton rôle !
- Tout comme ça ne serait probablement pas arrivé si tu avais été une bonne reine !
Kristoff, Olaf et moi tournâmes instantanément notre tête vers Elsa. Celle là, nous ne l’avions pas vu venir. Qu’Anna fut en colère, c’était légitime et compréhensible, même si je soupçonnais ses mots d’avoir largement dépassé sa pensée. Mais que les deux soeurs se mettent ainsi à s’accuser l’une l’autre de n’avoir pas su remplir leurs rôles respectifs sans avoir besoin de l’autre, ça…c’était aussi choquant qu’inattendu. Pour nous tous. Je m’avançai vers elles. C’en était trop. J’avais déjà perdu un ami ce soir, je ne voulais pas perdre ni l’une ni l’autre.
- Euh, ok les filles, je crois qu’on va…
Mais Anna ne m’écoutait pas. Touchée en plein coeur par la dernière phrase de sa soeur, elle aussi pleurait à présent, son visage toujours déformé par la colère.
- Alors voilà, dit-elle, tu l’as finalement dit. C’est ça que tu penses hein ? Que je suis une mauvaise reine pour Arendelle…Elsa tout…tout ce que j’ai fait depuis que je suis sur le trône je l’ai fait pour…pour être digne de toi ! Pour être aussi bonne pour Arendelle que tu l’as été ! Pour être comme toi !
- Et moi je voulais que tu sois meilleure que moi ! cria Elsa, les larmes roulant sur son visage.
Cette fois, je vis Kristoff s’avancer vers Anna. Il avait raison, c’en était trop. Il était temps qu’elles arrêtent de se disputer. Nous allions remettre tout ça à plat, et en reparler une fois à tête reposée, après avoir pris soin des habitants. Il nous fallait encore savoir quoi faire. Mais Anna ne voulut rien savoir, elle se détourna de Kristoff, et tentant tant bien que mal de ravaler ses larmes, murmura entre deux sanglots:
- Retourne dans la forêt Elsa. Je dois m’occuper de mon peuple. Kristoff, va aider les habitants.
- Mais ma chérie…
- Tu m’as entendue Kristoff ?!
Le montagnard regarda tristement sa fiancée, et s’en alla sans mot dire à la rencontre des habitants. Mieux valait ne pas contrarier Anna à cet instant. La reine resta immobile, raide comme un piquet, et alors qu’Elsa se tournait vers moi, elle répéta:
- Va-t-en Elsa. Je…tu en as déjà assez fait ce soir.
Complètement paniqué, je vis Elsa redresser la tête, et tourner les talons pour s’en aller. Elle allait repartir vers la mer, et chevaucher de nouveau le Nokke, pour retourner à Ahtohallan. Et elle partait désormais fâchée avec sa soeur. Leurs mots avaient été horribles, pour l’une comme pour l’autre, et j’étais certain qu’elles ne s’en remettraient pas de sitôt. Je devais absolument faire quelque chose, mais quoi ?
Puis, à ma grande surprise, je vis Elsa se retourner et elle me tendit sa main.
- Yohan ? dit-elle, tu viens ?
J’ouvris la bouche pour répondre, mais à ma grande stupeur, Anna me devança.
- Yohan ne va nulle part.
Je la regardai sans comprendre. Que lui arrivait-il ? Elle comptait me retenir à Arendelle de force ? Était-elle désemparée à ce point ?
- Je te demande pardon Anna ?
- Jusqu’à preuve du contraire, Yohan est toujours l’Escorte Royale, et il est encore sous les ordres de sa reine. C’est à dire moi.
J’étais stupéfait. Était-ce vraiment Anna qui était en train de faire autant d’autoritarisme envers moi ? Où était passée ma meilleure amie, celle qui s’était ravie pour moi quand elle avait découvert mes sentiments pour sa soeur ?
- Anna, demandai-je…dis moi que tu plaisantes ?
- Non Yohan, c’est Elsa elle-même qui a mis cela en place. Mais tu as raison, je ne permettrai plus qu’on dise que je ne suis pas une bonne reine. Aussi, je te laisse le choix…
Avant même qu’elle eut fini sa phrase, je sus la question qu’elle allait me poser. Celle que j’avais toujours voulu esquiver toute ma vie. Celle à laquelle je n’aurai jamais de réponse. Et celle à laquelle je ne voulais jamais en avoir. Je crus presque sentir mes jambes se dérober sous mon poids lorsque les mots franchirent les lèvres d’Anna.
- Fais ton choix Yohan: ma soeur, ou moi.
Et ça ne va pas vraiment changer avec ce chapitre là ! On entre désormais clairement dans la dernière ligne droite de cette histoire, et vous savez ce que ça veut dire...vous la sentez venir la PLS ou pas ?
Enjoy !
Chapitre 16: Entre deux feux
« Allez, allez, plus vite ! »
Mes mains crispées sur sa robe, je pouvais sentir la panique d’Elsa à travers la façon dont sa voix tremblait tandis qu’elle enjoignait le Nokke à presser l’allure.
Lorsqu’Ahtohallan nous avait montré la situation d’Arendelle, ni elle ni moi n’avions hésité un instant. Nos circonvolutions amoureuses avaient été remises à plus tard, et nous avions instantanément enfourché l’Esprit de l’Eau pour revenir au royaume le plus vite possible.
Elsa semblait terrifiée. Elle avait bien tenté en partant de se donner une contenance, mais je la sentais trembler comme une feuille tandis qu’elle fouettait sans discontinuer la bride de glace du cheval d’eau. Et je savais très bien que cela n’avait rien à voir avec le froid.
Pour elle comme pour moi, le trajet parut interminable. Tandis que nous traversions de nouveau les immenses gorges où la mer sombre rejoignait Arendelle, nous pouvions voir les lueurs du village rougeoyer à l’horizon. Les flammes dévoraient le village, et s’élevaient vers le ciel, dans un spectacle proprement affreux à regarder. Je sentais mon coeur se serrer à l’idée que les habitants avaient du voir une telle chose leur tomber dessus sans prévenir, et je pensais à Anna, qui avait du gérer cela toute seule. Je souhaitais de toutes mes forces qu’il ne lui soit rien arrivé, et j’étais sûr de ne pas être le seul en entendant Elsa répéter à voix basse:
« Non non non… »
Je ressentais sans peine le malheur qui devait être le sien. De toute évidence, elle ne souhaitait pas poser les yeux sur les flammes qui dévoraient Arendelle, mais elle n’avait pas d’autre choix si nous voulions arriver au plus vite.
Lorsque le Nokke atteignit la berge du château, Elsa sauta de ce dernier avant même qu’il ne s’arrête, et atterrit gracieusement sur la petite plage d’herbe. Je l’imitai, et vis le Nokke disparaître instantanément dans les flots. Je n’eus même pas le temps de me dire qu’un Esprit de l’Eau serait sans doute bien pratique pour éteindre un incendie qu’Elsa était déjà partie en courant en direction du village. Sans attendre, je tirai les Lames d’Arendelle, et m’élançai à sa suite.
Fort heureusement, le château n’avait pas été atteint par les flammes. Nous pûmes ainsi le traverser de part en part à la hâte sans rencontrer qui que ce soit d’affolé ou de paniqué. Ils étaient vraisemblablement tous en train d’affronter les flammes à l’extérieur. Je grimaçai: si tel était le cas, il n’y avait aucune chance qu’Anna n’y soit pas allée, elle aussi.
Personne ne courut jamais plus vite qu’Elsa cette nuit là. Tandis que je faisais mon possible pour la suivre, elle traversa à la volée la cour du château, et franchit les grandes portes de ce dernier en courant, avant de s’arrêter brusquement, portant la main à sa bouche, une expression de véritable horreur sur le visage. Levant la tête à mon tour, je manquai de l’imiter devant le désolant spectacle qui s’offrait à nous. Jamais je n’avais vu Arendelle dans un tel état. Et pour moi qui par deux fois avait connu le royaume en temps de guerre, cela voulait dire beaucoup.
Si le château avait vraisemblablement été épargné, il semblait n’y avoir pas une maison du village qui ne fut pas en proie aux flammes. Tout brûlait et se consumait, dans un véritable tableau d’horreur. De tous côtés on pouvait voir les Arendelliens courir en hurlant, paniqués par la catastrophe. Des femmes pleuraient, certaines hurlant le nom de leurs enfants égarés au milieu du brasier qui dévorait la ville. De courageux habitants tentaient tant bien que mal de lutter contre les flammes, armés de seaux et de n’importe quel récipient pouvant accueillir de l’eau, mais leurs efforts semblaient bien dérisoires face aux flammes gigantesques qui s’élevaient face à eux.
Jetant mon regard de tous côtés, je sentis mon rythme cardiaque accélérer: je ne voyais aucune trace d’Anna. Cela semblait également paniquer véritablement Elsa, qui se tourna vers moi, et balbutia d’un air affolé:
- Yohan, va aider les habitants ! Je vais chercher Anna !
- Mais attends Elsa, tu ne vas pas…commençai-je, craignant que nous séparer ne soit pas une bonne idée.
Mais elle ne m’écoutait pas, et s’était déjà élancée vers le coeur du brasier, jetant à la volée de grandes vagues de neige et de glace pour éteindre toute flamme qui croiserait sa route. Je voulus croire l’espace d’un instant qu’elle saurait lutter efficacement contre l’incendie avec ses pouvoirs, mais je sentis tout de même un pincement au coeur en la voyant se jeter dans les flammes en courant. Inconsciemment, je restai quelques secondes pétrifié sur place, sans savoir quoi faire, puis je me souvins de ses paroles. Toute demande d’Elsa était un ordre pour moi. Je m’élançai donc en direction de la chaîne formée par les habitants qui se faisaient passer les seaux remplis d’eau, mais m’arrêtai brusquement dans mon élan lorsqu’une chose me revint à l’esprit.
L’homme de la colline. Il était là. Je l’avais vu dans les reflets d’Ahtohallan. Et je n’étais ni naïf ni stupide. Personne d’autre ne pouvait être derrière tout ça. J’avisai les habitants qui tentaient vainement d’éteindre le feu, puis tournai la tête vers le centre du village, là où je l’avais vu dans la glace. Je m’étais jadis juré de tout faire pour protéger Elsa, Anna, ainsi que les habitants d’Arendelle, et j’avais déjà tué de nombreuses personnes qui avaient prétendu leur faire du mal.
Et à présent, un candidat en plus se présentait à moi.
Ma décision était prise.
Je raffermis ma prise sur les Lames d’Arendelle, et m’élançai au milieu du village en flammes à la recherche du mystérieux inconnu. Il ne me fallut que quelques instants pour me dire qu’il ne s’agissait peut-être pas d’une bonne idée. L’écharpe que j’avais placé sur mon visage pour me protéger de la fumée ne fut pas efficace très longtemps, et tandis que je progressai péniblement au milieu des flammes et des maisons incendiées, je sentais cette dernière me piquer les yeux, la gorge et le nez. La chaleur était insoutenable. Si mon sang gelé me permettait de survivre à des températures extrêmement basses, j’étais en revanche totalement normal en ce qui concernait ma tolérance aux fortes chaleurs. Je ne mis pas longtemps à suer à grosses gouttes au milieu de la fournaise, cherchant en vain l’homme qui en était responsable.
Je ne le voyais nulle part.
Pourtant, il devait sans doute être très reconnaissable. J’avais imprimé son image dans mon esprit depuis sa toute première attaque. Grand, menaçant, enveloppé d’une sorte de manteau sombre…j’étais sûr de le reconnaître si je le voyais, et pourtant, au milieu des flammes, de la fumée et des cris, je ne distinguais rien qui me rappelait sa silhouette.
Mais alors que je continuai d’avancer, tentant en vain de le repérer au milieu de la fournaise, j’entendis des cris bourrus et plaintifs sur ma gauche. Comme si quelqu’un était en proie à un effort intense. Je me tournai dans la direction d’où venaient les cris et mon coeur rata un battement.
Toute la structure de l’Old Reinder était en flammes. L’intérieur semblait presque entièrement consumé, et les grandes poutres de bois étaient effondrées au milieu de la salle principale, visible depuis l’extérieur. Ce fut justement l’une d’elle qui attira mon attention.
Anton était dessous.
Coincé par la poutre en train de brûler, le tavernier poussait de toutes ses forces sur ses bras pour se dégager, mais l’énorme rondin de bois bloquait tout le bas de son corps, et il ne pouvait même pas bouger son torse pour trouver un meilleur appui. Je regardai le bâtiment. S’il continuait à brûler, tout allait bientôt s’effondrer sur lui.
Oubliant toute autre chose, je glissai les Lames d’Arendelle à ma ceinture, et courus à sa rencontre pour sauver mon premier ami en Arendelle. Mais alors qu’il ne me restait que quelques mètres à faire pour arriver jusqu’à l’Old Reinder, j’entendis une femme hurler à côté de moi.
- MA FILLE !!! MA FILLE EST À L’INTÉRIEUR !!!
Ses cris furent instantanément suivis par les hurlements d’un enfant, qui provenaient d’une maison en proie aux flammes, et qui, cette fois-ci, ne laissait rien voir de ce qu’il y avait à l’intérieur.
- À L’AIDE !!! AIDEZ LA !!!! pleura la femme.
Instinctivement, je me tournai rapidement vers l’Old Reinder. Anton était toujours en train de se débattre, coincé sous la poutre. Je jetai un coup d’oeil rapide à la toiture de la taverne. Ce n’était qu’une question de minutes avant que toute la structure ne s’écroule sur lui. Sans savoir quoi faire, je regardai de tous côtés, essayant en vain d’apercevoir quelqu’un. Anna, Elsa, Kristoff, Sven…n’importe qui susceptible de me venir en aide. J’entendais toujours à mes oreilles les cris et les pleurs de la fillette, emprisonnée dans la maison en flammes.
- Allez, Elsa, sifflai-je entre mes dents, fais vite…
Je sentais depuis quelques secondes la chaleur et la fumée baisser quelque peu. Là où elle était, Elsa devait se montrer de plus en plus efficace avec ses pouvoirs pour lutter contre l’incendie. Je me pris à espérer qu’elle allait arriver très vite, car je n’appréciais pas du tout le dilemme qui s’offrait à moi: sauver la fillette, ou aider mon ami ? Quelle qu’allait être ma décision, j’allais devoir la prendre vite, au risque de ne pouvoir sauver ni l’un ni l’autre. Seulement, il ne me fallut que quelques secondes pour me faire à l’idée: Elsa n’arriverait pas à temps. J’espérais juste qu’elle était parvenue à trouver Anna, et que cette dernière allait bien.
Finalement, alors que j’étais toujours pétrifié par mon indécision, le feu choisit pour moi. Une poutre s’effondra en travers de l’entrée de la maison où la petite était prisonnière. Voyant cela, sa mère, dans un élan d’héroïsme autant que de désespoir, voulut s’élancer à l’intérieur, mais je fus plus rapide. Je me jetai à l’intérieur de la maison, passant au devant de la femme en sautant par dessus la poutre. À l’intérieur, la fumée était plus piquante et plus brûlante que jamais. Je respirais à peine, et la transpiration me coulait sur le visage, et je sentais mes cheveux plaqués contre mon front, tout en me battant pour ne pas les avoir dans les yeux. Je devais absolument trouver la gamine au plus vite, en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Fort heureusement pour moi, je fus très vite alerté par ses cris de peur. Tournant la tête, je la vis recroquevillée dans un coin que les flammes avaient pour l’instant épargné. Elle était roulée en boule, et me regardait en pleurant. Tâchant de ne pas suffoquer, je lui criai aussi fort que je pus:
- Ne t’en fais pas ! Ça va aller, je vais te sortir de là !
Je m’approchai de l’endroit, tentant vainement d’avancer au milieu des débris enflammés. La chaleur devenait insoutenable. Je me penchai en avant pour attraper la fillette, mais j’en étais empêché par une imposante commode, tombée en travers de la pièce et qui obstruait le passage.
- On a pas le choix, soufflai-je, tu vas devoir m’aider à soulever ça.
Mais je sentais que la petite avait bien trop peur pour pouvoir bouger. Pendant quelques instants, je me pris à penser à Anton. J’allais vite devoir sortir la gamine de là si je voulais lui venir en aide. Je plaquai mes mains sous le meuble, et tentai de le soulever.
- Allez, c’est parti !
Hélas, je n’étais clairement pas assez fort. Je n’allais pas tarder à lâcher. Et si la commode tombait brusquement, alors les quelques poutres qui restaient au plafond s’effondreraient, scellant le sort de la fillette ainsi que le mien. Mes bras me brulaient, et la douleur de mes muscles commençait à être insoutenable. Luttant pour ne pas lâcher, je regardai la fillette avec des larmes de douleur perlant à mes yeux.
- Il…il faut que tu m’aides ! Vite ! Sinon on va y passer tous les deux !
Pendant une seconde, je sentis le désespoir m’envahir, pensant qu’elle ne m’avait pas entendu.
Puis elle bougea.
À ma grande surprise, elle rampa au sol, évitant les flammes comme par miracle, et profitant de sa petite taille, elle se glissa lentement sous la commode, que je soulevais toujours ! La bénissant intérieurement, je lâchai enfin le lourd meuble lorsqu’elle fut enfin passée. Mais nous n’étions pas encore tirés d’affaire. Il nous fallait encore sortir de là. Sans hésiter, je protégeai la fillette de mes bras, et me mis à progresser vers la sortie. Je pouvais entendre les cris de sa mère à l’extérieur. Mais alors que nous étions presque sortis, je sentis la fulgurante douleur d’une flamme qui venait de me lécher le bras. Je poussai un cri de douleur, et la fillette se tourna vers moi avec un air apeuré. Je levai la tête au plafond en entendant un craquement. La poutre qui retenait le toit allait finir par céder. Instinctivement, je regardai devant moi. Je voyais la porte, et l’extérieur, hors des flammes. Saisissant la petite, je ne vis alors plus qu’une solution. Je la pressai contre moi en balbutiant:
- Accroche toi.
Dès lors qu’elle se fut agrippée à ma chemise, je pris mon élan, et priant pour que cela passe, m’élançai d’un bond à travers l’ouverture de la porte ! Je me roulai en boule pour amortir la chute lorsque je sentis l’air frais de l’extérieur contraster avec la fournaise. J’atterris lourdement sur le sol. J’étais éreinté, mon bras me faisait un mal de chien, mais la petite était en vie.
En la lâchant pour la voir rejoindre sa mère en pleurs, je me souvins de la situation. J’avais sauvé la petite, mais qu’en était-il de…
- ANTON !!!
Prenant à peine le temps de me relever, je me précipitai sur l’Old Reinder. Par miracle, tout ne s’était pas encore effondré. Anton était toujours coincé sous la gigantesque poutre, mais il était à présent bien moins vigoureux dans ses efforts pour s’en extirper. Il commençait à fatiguer. J’allais devoir faire vite. Sans réfléchir, je courus directement vers lui, sautant par dessus les flammes et les débris.
- Anton ! criai-je en arrivant sur lui, Anton tiens bon, je vais te sortir de là !
Ainsi que je l’avais anticipé, le tavernier ne sembla pas ravi de me voir risquer ma vie pour lui.
- Yohan ! Qu’est-ce tu…non, non gamin, t’en fais pas pour moi, va aider tes amis !
- Dis pas de conneries Anton, tu es mon ami ! Allez, faut soulever ça !
Cependant, je savais au fond de moi que jamais je ne parviendrais à ôter la poutre cette fois. Mon bras me faisait mal et mes muscles avaient déjà trop souffert en sauvant la petite fille quelques instants auparavant. Il était impossible que je parvienne à soulever quoi que ce soit. Mais je me refusais à laisser Anton ici. Il avait été la première personne à m’accueillir en Arendelle, à prendre soin de moi. C’était le premier véritable ami que je m’y était fait, avant même Anna ou Elsa. Il était hors de question que je le laisse mourir. Seulement, il ne semblait pas de cet avis.
- Non, mon gars, écoute moi, il faut que t’ailles…
- J’irai nulle part Anton ! Pas sans t’avoir sorti de…
- ATTENTION !!!!
Alerté par le cri paniqué derrière moi, je levai la tête. Le feu avait atteint la charpente du toit du bâtiment, et cette dernière commençait à s’effondrer. D’ici quelques secondes, tout le toit de la taverne allait nous tomber dessus. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine tandis que je cherchais une solution. Jamais je n’aurais le temps de sortir Anton de là avant que tout ne s’effondre. Et si je ne bougeais pas, nous allions y passer tous les deux.
- Anton je…
CRRRAAAC !!!!!
Alors que j’avais à peine ouvert la bouche, le toit émit un sinistre craquement et s’effondra violemment sur nous. Sans réfléchir à ce que je faisais, je bondis instinctivement sur le côté, n’évitant l’écrasement que de très peu. Mais alors que je me croyais tiré d’affaire en retombant douloureusement sur les pavés de la rue, je vis devant moi une ultime poutre tomber droit sur moi. Je voulus bouger, mais le frottement de mon bras contre le pavé me lança douloureusement et la douleur me paralysa sur place. Je fermai les yeux en voyant l’énorme pilier de bois arriver vers moi, attendant de me faire broyer sous son poids.
Soudain, j’entendis des pas précipités, comme sous l’effet d’une démarche extrêmement rapide. Il y eut un bruit métallique, comme une épée que l’on retire de son fourreau, et…rien ne vint. J’ouvris doucement les yeux, qui me piquaient et me brûlaient toujours, et restai bouche bée devant le spectacle qui s’offrait à moi.
Elsa était arrivée, et avait finalement utilisé ses pouvoirs. Le feu avait disparu. La poutre de bois était coupée en deux, chaque morceau roulant au sol à mes côtés. Et juste devant moi, droite comme un i, une épée à la main, se tenait Anna. Elle portait la même tenue que celle qu’elle avait enfilé devant moi quelques jours auparavant, et la partie supérieure de ses cheveux étaient attachée sur le haut de son crâne, le reste lui tombant librement sur les épaules. Elle portait un gant en cuir à la main gauche, tandis que la droite tenait une épée. Je ne pus m’empêcher de remarquer une vilaine estafilade sanguinolente à son poignet droit, mais elle ne semblait pas la faire souffrir. Je la vis se retourner vers Elsa et moi. Je devinai au regard noir qu’elle nous lançait qu’elle était aussi furieuse que choquée, mais lorsque mon regard se dirigea droit devant moi, je sus bien vite que je n’allais pas avoir le temps d’en discuter. L’Old Reinder s’était effondré.
- ANTON !!!!!
Je me levai aussi vite que je le pus, me précipitant sur le bâtiment en ruines. Avec l’énergie du désespoir, je me frayai un chemin jusqu’à l’endroit où, enseveli sous les piliers de bois brûlés et les débris, était couché le vieux tavernier, désormais tranquille. Il donnait presque l’impression de se reposer. La gorge nouée, je tombai à genoux devant lui, essayant tant bien que mal de déplacer les obstacles qui l’empêchaient de bouger.
- Anton ! Anton ! T’en fais pas ça va aller, on va te sortir de là, répétai-je
La faiblesse de la voix avec laquelle il me répondit me fit tellement froid dans le dos que je stoppai mes efforts durant quelques instants.
- Non, non p’tit gars, c’est…c’est fini. C’est fini pour moi.
Avec le peu d’énergie qu’il lui restait, il déplaça un morceau de bois qui lui couvrait le torse, et je vis apparaître avec horreur un lourd morceau de poutre fiché dans sa poitrine. Il saignait abondamment et son souffle se faisait de plus en plus faible.
Sentant les larmes perler dans mes yeux, je me penchai sur lui, cherchant désespérément une solution.
- Non…non non non Anton ! C’est pas possible ! T’inquiète pas je vais…AU SECOURS !!! ON A UN BLESSÉ ICI !!! ON A…
Je m’arrêtai brutalement lorsque je sentis l’énorme main d’Anton presser la mienne. Je me tournai vers lui, en proie à la panique la plus totale.
- Ça va aller gamin. Ça va aller…
- Non Anton, non, je te laisserais pas mourir ! Tu peux pas…
- T’en fais pas mon gars…je suis déjà mort d’puis longtemps t’façons…je vais…je vais enfin retrouver ma Ida.
Il n’avait pas terminé ces quelques paroles que je sentais à présent les larmes couler franchement sur mes joues. Je savais déjà qu’il ne s’était jamais totalement remis de la mort de sa femme, mais le voir ainsi, résigné à la mort, lui qui était d’ordinaire si jovial et si heureux de vivre, me mettait véritablement le coeur en miettes.
- Dis pas ça Anton, on va t’aider on va trouver une…
Mais il ne me laissa pas finir, et resserra un peu plus sa poigne sur ma main.
- Écoute moi mon garçon, écoute moi…arrête d’parler et écoute une dernière fois le vieux Anton.
- Mais…
- J’ai eu une belle vie. Et j’en r’grette pas un seul instant. Pas un seul. Surtout d’puis que…d’puis qu’tes arrivé. Tu sais, j’mentais pas y’a trois ans…t’es la meilleure chose qui m’soit arrivé d’puis longtemps mon gars. Toi, la reine, la princesse…z’êtes l’av’nir de c’te bonne vieille Arendelle.
J’étais dévasté de l’entendre. Je ne voulais pas qu’il meure. Je me sentais encore tellement redevable envers Anton…chaque fois que j’avais été en Arendelle, j’avais passé mon temps à courir après Anna ou Elsa, et je n’avais jamais véritablement remercié le tavernier de ce qu’il avait fait pour moi. Et voilà où nous en étions. Il allait mourir là, seul, enseveli sous les décombres d’un énième incendie de son établissement, tout ça parce que j’avais négligé qu’Arendelle, cela ne se limitait pas aux deux soeurs royales.
- Anton, pleurai-je, je suis désolé je voulais pas…je…
- Tu diras à Nora que j’veux qu’elle r’prenne la boutique. J’veux personne d’aut’ qu’elle. Toi, tu dois t’occuper de tes amies.
- Tu es mon ami Anton. T’es mon pote, je peux pas te laisser…
- C’est trop tard pour moi. Mais avant d’partir, j’vais te dire une chose mon gars: si t’as trouvé quelqu’un qu’taime, et qui t’aime aussi, surtout, le laisse pas partir. Garde ceux qu’t’aime près d’toi, p’importe c’qui s’passera. Sans ça, la vie, c’pas la peine.
Je n’osais même pas le regarder. Mes yeux me brûlaient, et cela n’avait plus rien à voir avec la fumée. J’avais déjà perdu du monde dans mes nombreux voyages, dont des amis ou des gens auxquels je tenais. Mais sans Anton, aucun de ces voyages n’aurait été possible. Sans lui, j’ignorais totalement où je me serais trouvé à cet instant. Sans lui, ma vie telle qu’elle était aujourd’hui n’existerait sans doute pas. Mais lui semblait serein. Dans un effort qui lui parut surhumain, il releva doucement la tête, et serra ma main une dernière fois.
- En attendant, j’suis heureux d’partir comme ça. Près d’mon ami. Embrasse la reine et la princesse pour moi Yohan. Moi, j’embrasserai ma Ida pour toi. »
Quelques secondes plus tard, la tête du tavernier retomba sur le sol, tandis que ses yeux regardaient sans voir les étoiles que le trou béant dans le toit du bâtiment laissait apparaître. C’était fini. Pleurant à chaudes larmes, le corps secoué de sanglots, je fermai les yeux de mon vieil ami et me relevai péniblement. Je tremblais comme une feuille tandis que je regagnai l’extérieur.
Anna et Elsa étaient là.
L’incendie semblait éteint. La Reine des Neiges avait été très efficace. Une odeur de brûlé flottait dans l’air, mais le calme semblait revenu, si l’on exceptait les cris et les lamentations qu’il était possible d’entendre ça et là, les Arendelliens, tout comme moi, se lamentant sur leurs pertes.
Lorsqu’elle vit les larmes couler sur mon visage, Elsa comprit, et vint m’enlacer de ses bras pour me réconforter. Puis, je sentis une petite pression contre ma jambe. Je ne baissai même pas les yeux. Je savais qu’Olaf était venu lui aussi me faire un câlin. Et pour une fois, je le laissai faire. J’étais content qu’il aille bien. Tournant dans ma tête les dernières paroles d’Anton, je laissai libre cours à mon chagrin, et, enfouissant mon visage au creux de l’épaule d’Elsa, je pleurai amèrement.
Lorsque je fus quelque peu calmé, je relevai la tête, et vis Elsa me faire un pauvre petit sourire, qui se voulut rassurant mais qui ne parvint qu’à me faire me sentir plus mal encore. Elle était complètement défaite. Échevelée, meurtrie, noire de cendres, elle avait semblait-il durement lutté pour éteindre l’incendie, et probablement presque à elle seule.
Puis, je remarquai que Anna, elle, n’avait pas bougé.
Elle était debout, face à nous, les bras croisés. Elle avait rangé son arme à sa ceinture. J’étais toujours stupéfait de la voir ainsi, habillée comme une véritable guerrière, et maniant l’épée. Et d’après ce que j’avais pu voir, elle semblait la manier plutôt bien. Mais ce n’était pas là ce qui m’inquiétait le plus. La jeune reine nous regardait, Elsa et moi, avec un air crispé et un regard noir. Elle semblait véritablement furieuse. Ses lèvres tremblaient.
Elsa se dirigea vers elle, les bras tendus. Mais Anna ne bougea pas les siens d’un pouce. Elle parla, et sa voix me fit frémir. Elle tremblait, prête à se briser à tout instant.
« Puis-je savoir…où vous étiez ?
Je vis Elsa s’arrêter, surprise de voir sa soeur étonnamment si froide. Quant à moi, j’échangeai un regard méfiant avec Olaf. Elsa se voulut rassurante et parla d’une voix douce:
- Anna, nous…
Mais c’était vraisemblablement l’étincelle dont Anna avait besoin. Elle explosa, se mettant à hurler plus fort que jamais, des larmes de rage au coin des yeux.
- AVEZ VOUS LA MOINDRE IDÉE DU SANG D’ENCRE QUE JE ME SUIS FAIT ?! COMMENT J’AI PANIQUÉ ?! J’AI CRU QUE VOUS…QUE VOUS ÉTIEZ…
- Anna, nous allons bien, affirma Elsa.
Mais ce n’était apparemment pas la seule chose qui dérangeait Anna.
- OUI, VOUS ALLEZ BIEN, VOUS ALLEZ TRÈS BIEN MÊME !!! MAINTENANT, REGARDE AUTOUR DE TOI ELSA ! EST-CE QUE C’EST LE CAS DE TOUT LE MONDE ?!
Elle avait raison. Je savais déjà ce qu’elle allait nous dire. Arendelle avait été attaquée alors que nous n’étions pas là. Nous l’avions laissée seule pour protéger le royaume. Une fois de plus. Et une fois de plus, beaucoup en avaient payé le prix fort. Dont mon ami. À cet instant, j’étais d’ores et déjà d’accord avec tout les reproches qu’Anna allait pouvoir me faire. Elsa elle-même semblait en prendre la mesure, car elle ne trouva rien à redire, et se contenta de regarder sa soeur sans répondre.
- REGARDE ELSA ! répéta Anna, REGARDE CE QUI SE PASSE ! ARENDELLE EST RAVAGÉE ! DÉTRUITE ! ENCORE UNE FOIS ! ET ENCORE UNE FOIS, JE T’AI CHERCHÉE AU MILIEU DE TOUT ÇA, EN PENSANT QUE J’ALLAIS TOMBER SUR…SUR TON…JE N’EN PEUX PLUS ELSA !
Je m’avançai timidement vers elle. Sa colère était légitime, mais elle n’avait pas à être dirigée contre Elsa uniquement. J’étais tout aussi responsable qu’elle.
- Anna, ce n’est pas…
Mais à ma grande surprise, elle ne me laissa pas finir, et pointa vers moi un doigt accusateur.
- QUANT À TOI ! C’EST EXACTEMENT LA MÊME CHOSE ! OÙ ÉTAIS-TU QUAND TOUT CELA A COMMENCÉ ?! OÙ ÉTIEZ VOUS TOUS LES DEUX ?! JE ME SUIS ARRANGÉE POUR QUE VOUS SOYEZ LÀ TOUS LES DEUX AU MÊME MOMENT, ET MALGRÉ ÇA…MALGRÉ ÇA JE…
Puis, j’entendis sa voix se briser. Elle cessa de hurler, et fondit en larmes en se prenant la tête dans les mains. Elsa et moi échangeâmes un regard gêné tandis que se formait déjà un petit attroupement autour de nous trois. J’eus cependant un petit soulagement en voyant arriver Kristoff. Ses vêtements étaient roussis, et il était noir de cendres lui aussi, mais il allait bien. Il se précipita sur Anna et l’aida à se relever tandis qu’elle pleurait à chaudes larmes.
- Je…je croyais enfin bien faire.
Je m’approchai à mon tour, me voulant rassurant.
- Tu as très bien fait Anna, nous avons…
- Où étiez-vous ? demanda-t-elle brusquement en levant la tête.
Je pouvais de nouveau voir toute la rage et la tristesse qui animaient son joli visage tandis qu’elle sifflait entre ses dents.
- Cette fois je veux savoir Yohan. Où étiez vous tous les deux lorsqu’il nous est tombé dessus…
- « Il » ? Qui ça « i…
- RÉPONDS MOI ! Toi et Elsa, où étiez vous au lieu de nous protéger ?
Cette fois, ce fut au tour d’Elsa de s’approcher de nous, en mettant une main réconfortante sur mon épaule.
- Ahtohallan, dit-elle, je…je voulais lui montrer Ahtohallan. C’est ma faute Anna.
Je voulus instantanément protester, mais Anna ne m’en laissa pas le temps. Elle se défit doucement de l’étreinte de Kristoff, et se tourna vers sa soeur avec un regard noir.
- Oui. C’est vrai Elsa. C’est ta faute.
Instinctivement, je regardai autour de nous. La foule éplorée était rassemblée, et je n’aimais pas du tout le tour que prenait la conversation. Je voulus calmer les choses, mais Anna ne m’en laissa pas le temps. Elle s’avança vers sa soeur en crachant.
- Des semaines…pendant des semaines, tu m’as caché ce que tu faisais. Tu ne m’as rien dit de tout ça. Tu m’as encore traitée comme l’enfant que je ne suis plus depuis bien longtemps…
- Anna, ce n’est pas vrai, se défendit Elsa, si j’ai fait ça c’est pour…
- Me protéger ?! C’est cela que tu vas dire Elsa ? siffla Anna, furieuse, regarde autour de toi ! Regarde tous ces gens ! Regarde moi ! As-tu l’impression de nous avoir protégé ?!
Je comprenais amplement sa colère. Elle s’était arrangée pour qu’Elsa et moi puissions être réunis à Arendelle en même temps, et elle ne s’était certainement pas douté que nous irions roucouler à l’autre bout du royaume pendant qu’une telle catastrophe lui tomberait dessus. Peut-être même avait-elle anticipé que cette dernière pouvait arriver. Néanmoins, je n’aimais pas la voir crier sur sa soeur.
- Du calme Anna, tentai-je, c’est vrai que…
- Et c’est pareil pour toi Yohan ! dit-elle en faisant volte-face, depuis que tu es arrivé, je dois presque me battre pour te garder près de moi ! Dois-je te rappeler que tu es l’Escorte Royale de la Reine ?! Tu as passé toutes tes premières semaines à te plaindre que tu craignais pour ton rôle, alors pourquoi est-ce que tu ne le remplis pas ?!
Ça y était. Il était là, le reproche que j’attendais depuis de longues semaines. Je savais qu’Anna avait du se retenir très longtemps de m’en parler, mais là, alors qu’elle était bouleversée, choquée, triste et en colère, elle ne semblait plus pouvoir tenir. Cependant, à la voir ainsi, capable de trancher en deux une poutre en bois avec une précision diabolique, j’étais incapable de ne pas me faire la réflexion.
- Pourtant on dirait que tu n’as plus tellement besoin de moi pour te protéger.
- Et eux ?! cria-t-elle en désignant les habitants regroupés autour de nous, ils n’en ont pas besoin ?! C’est justement pour protéger Arendelle que je me démène depuis des mois, que je subis les entrainements intensifs de mon Maître d’armes tous les jours, que tous les soirs je me retrouve à courir les toits du royaume pour tenter de réparer ce que je peux et d’anticiper ce qui doit l’être ! C’est pour protéger ceux que j’aime que me suis mise à porter cette…cette chose !
Elle désigna son épée d’un geste de la main. Ainsi c’était cela, la raison de ses nombreuses disparitions nocturnes. Ses « réunions secrètes »…Anna s’entrainait. Elle s’entrainait depuis des mois, pour apprendre à se défendre et à protéger les gens qu’elle aimait. Elle s’était poussée dans ses derniers retranchements physiques et mentaux, tout ça pour prendre soin du royaume. Et pendant ce temps, Elsa et moi…
Mais Elsa justement, ne semblait pas voir cela sous le même angle. Je pouvais voir à son expression que le fait que sa soeur soit devenue une guerrière de l’ombre ne lui plaisait pas.
- Tu n’as pas à faire ça Anna, dit-elle, je ne veux pas que tu risques ta vie pour défend…
Mais ce n’était vraisemblablement pas la chose à dire.
- Tu vois ce que ça fait Elsa ? la coupa Anna, tu vois l’effet que ça me fait quand je te le dis ?! Mais si je ne le fais pas, qui le fera ? Toi ? Avec tes fameux pouvoirs ? Qui me dit que tu ne seras pas occupée à les utiliser pour faire je ne sais quoi en forêt ? Ou pour jouer les amoureuses transies ?
Je regardai soudainement la rousse avec de grands yeux. Je ne l’avais encore jamais entendue parler ainsi à sa soeur. Et à voir la façon dont cette dernière sembla piquée au vif par ces paroles, elle était bien d’accord avec moi.
- Jouer les amoureuses transies, siffla Elsa…on se demande bien de qui je tiens cela.
Un silence assourdissant tomba sur la petite assemblée. J’échangeai un regard avec Kristoff. Décidément, la conversation prenait un tournant qui, de toute évidence, ne lui plaisait pas plus qu’à moi. Il tenta de s’approcher d’Anna, mais cette dernière se dégagea de lui pour s’approcher de sa soeur, qu’elle regardait d’un air féroce.
- 3 ans Elsa ! 3 ans que TU as quitté notre royaume parce que, je l’admets, je voulais vivre une histoire d’amour. Et à présent que c’est ton tour, qu’est-ce que tu fais ? Tu tournes le dos à Arendelle ! Encore !
- Je n’ai tourné le dos à personne !
- Ah oui ? Alors explique moi pourquoi tu étais de nouveau réfugiée dans une forteresse de glace tandis que le royaume, TON royaume, partait littéralement en flammes !
Elsa était furieuse. Son beau visage était à présent déformé par la colère, devant les propos de sa jeune soeur. Certes, je méritais autant qu’elle les reproches d’Anna, mais je ne souhaitais pas m’immiscer au milieu des deux soeurs. Je ne les avais jamais vues ainsi, et j’ignorais complètement quoi faire. Je me tournai vers Kristoff et Olaf, mais même eux semblaient ne pas savoir comment intervenir.
- Je suis le Cinquième Esprit Anna ! Tu sais très bien que…
- Oh oui, parlons-en de ce Cinquième Esprit ! Parlons en du fait que ce qui est arrivé ce soir n’est arrivé qu’à cause de l’Esprit du Feu que TU as perdu !!!
Les paroles d’Anna furent suivies d’un long silence qui ne fut troublé que par les quelques bribes de conversations et de réactions que l’on pouvait déjà entendre parmi les Arendelliens. Heureusement pour nous, le Général Mattias, toujours très réfléchi, avait déjà commencé à les faire se disperser. Néanmoins, je vis tout de même les larmes de rage et de déception qui étaient apparues dans les yeux d’Elsa. Jamais Anna ne lui avait parlé ainsi. Jamais elle ne l’avait accusée si directement.
- Je t’ai pourtant prévenue, dit-elle
Je pensais qu’à voir pleurer sa soeur, la colère d’Anna retomberait. Mais je me trompais. Elle tremblait toujours autant de fureur et ne semblait pas vouloir s’arrêter.
- Et c’est tout ce que tu as fait ! cria-t-elle, me prévenir ! Sans jamais venir m’apporter ton aide ! Ou me demander la mienne ! Nous aurions pu empêcher cela Elsa ! Nous aurions pu, toutes les deux, si tu avais su jouer correctement ton rôle !
- Tout comme ça ne serait probablement pas arrivé si tu avais été une bonne reine !
Kristoff, Olaf et moi tournâmes instantanément notre tête vers Elsa. Celle là, nous ne l’avions pas vu venir. Qu’Anna fut en colère, c’était légitime et compréhensible, même si je soupçonnais ses mots d’avoir largement dépassé sa pensée. Mais que les deux soeurs se mettent ainsi à s’accuser l’une l’autre de n’avoir pas su remplir leurs rôles respectifs sans avoir besoin de l’autre, ça…c’était aussi choquant qu’inattendu. Pour nous tous. Je m’avançai vers elles. C’en était trop. J’avais déjà perdu un ami ce soir, je ne voulais pas perdre ni l’une ni l’autre.
- Euh, ok les filles, je crois qu’on va…
Mais Anna ne m’écoutait pas. Touchée en plein coeur par la dernière phrase de sa soeur, elle aussi pleurait à présent, son visage toujours déformé par la colère.
- Alors voilà, dit-elle, tu l’as finalement dit. C’est ça que tu penses hein ? Que je suis une mauvaise reine pour Arendelle…Elsa tout…tout ce que j’ai fait depuis que je suis sur le trône je l’ai fait pour…pour être digne de toi ! Pour être aussi bonne pour Arendelle que tu l’as été ! Pour être comme toi !
- Et moi je voulais que tu sois meilleure que moi ! cria Elsa, les larmes roulant sur son visage.
Cette fois, je vis Kristoff s’avancer vers Anna. Il avait raison, c’en était trop. Il était temps qu’elles arrêtent de se disputer. Nous allions remettre tout ça à plat, et en reparler une fois à tête reposée, après avoir pris soin des habitants. Il nous fallait encore savoir quoi faire. Mais Anna ne voulut rien savoir, elle se détourna de Kristoff, et tentant tant bien que mal de ravaler ses larmes, murmura entre deux sanglots:
- Retourne dans la forêt Elsa. Je dois m’occuper de mon peuple. Kristoff, va aider les habitants.
- Mais ma chérie…
- Tu m’as entendue Kristoff ?!
Le montagnard regarda tristement sa fiancée, et s’en alla sans mot dire à la rencontre des habitants. Mieux valait ne pas contrarier Anna à cet instant. La reine resta immobile, raide comme un piquet, et alors qu’Elsa se tournait vers moi, elle répéta:
- Va-t-en Elsa. Je…tu en as déjà assez fait ce soir.
Complètement paniqué, je vis Elsa redresser la tête, et tourner les talons pour s’en aller. Elle allait repartir vers la mer, et chevaucher de nouveau le Nokke, pour retourner à Ahtohallan. Et elle partait désormais fâchée avec sa soeur. Leurs mots avaient été horribles, pour l’une comme pour l’autre, et j’étais certain qu’elles ne s’en remettraient pas de sitôt. Je devais absolument faire quelque chose, mais quoi ?
Puis, à ma grande surprise, je vis Elsa se retourner et elle me tendit sa main.
- Yohan ? dit-elle, tu viens ?
J’ouvris la bouche pour répondre, mais à ma grande stupeur, Anna me devança.
- Yohan ne va nulle part.
Je la regardai sans comprendre. Que lui arrivait-il ? Elle comptait me retenir à Arendelle de force ? Était-elle désemparée à ce point ?
- Je te demande pardon Anna ?
- Jusqu’à preuve du contraire, Yohan est toujours l’Escorte Royale, et il est encore sous les ordres de sa reine. C’est à dire moi.
J’étais stupéfait. Était-ce vraiment Anna qui était en train de faire autant d’autoritarisme envers moi ? Où était passée ma meilleure amie, celle qui s’était ravie pour moi quand elle avait découvert mes sentiments pour sa soeur ?
- Anna, demandai-je…dis moi que tu plaisantes ?
- Non Yohan, c’est Elsa elle-même qui a mis cela en place. Mais tu as raison, je ne permettrai plus qu’on dise que je ne suis pas une bonne reine. Aussi, je te laisse le choix…
Avant même qu’elle eut fini sa phrase, je sus la question qu’elle allait me poser. Celle que j’avais toujours voulu esquiver toute ma vie. Celle à laquelle je n’aurai jamais de réponse. Et celle à laquelle je ne voulais jamais en avoir. Je crus presque sentir mes jambes se dérober sous mon poids lorsque les mots franchirent les lèvres d’Anna.
- Fais ton choix Yohan: ma soeur, ou moi.
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
Face each new sun with eyes clear and true
Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 17 Avr 2020, 23:34
VOUS VOUS AMUSEZ BIEN, LES ENFANTS ?
Sivert qui attaque Arendelle en l'absence d'Elsa, Yohan obligé de sacrifier la vie de son vieil ami au profit de celle d'une petite fille, les deux sœurs qui s'envoient des mandales parce que l'une n'était pas là et l'autre n'a pas su faire son devoir de reine... et Kristoff et Yohan qui n'arrivent pas à calmer les tensions.
Moi je dit PLS over 9000 !
Reste à savoir qui Yohan va suivre : Elsa pour ses sentiments ou Anna pour Tout Réparer ? Hâte de le savoir dans le prochain chapitre, et surtout quel sera le prochain coup dur de se s******* de Sivert.
Sivert qui attaque Arendelle en l'absence d'Elsa, Yohan obligé de sacrifier la vie de son vieil ami au profit de celle d'une petite fille, les deux sœurs qui s'envoient des mandales parce que l'une n'était pas là et l'autre n'a pas su faire son devoir de reine... et Kristoff et Yohan qui n'arrivent pas à calmer les tensions.
Moi je dit PLS over 9000 !
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- AnsaAdmin
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 18 Avr 2020, 12:37
Alors que dire de ce chapitre ?!
Un très bon PLS dans l'ensemble mais contrairement à ce que tu pourrais croire la dispute ne m'a pas atteint plus que ça x)... Je m'explique avant que tu me dises que je suis sans coeur... C'est la troisième dispute des fan-fics alors on s'y attend à ce qu'elles se balancent des choses ignobles à la figure. Et puis pour ce qui est de l'entrée en matière... Bah même si je ne veux pas comparer y a des similitudes avec Retour vers le passé 2 : Anna doit se débrouiller toute seule de gérer un accident gargantuesque/ les autres ne sont pas avec elle/ du coup elle explose et leurs dit leurs quatre vérités dans la tronche... Et puis tu n'as pas arrêté de dire "oh vous allez être en PLS! Vous allez être en PLS!" et au final j'ai attendu un truc grandiose pour une scène qu'on a déjà eu ailleurs. Certes pas écrit de la même manière mais qui était déjà présente .
Je reconnais quand même qu'à la différence de la mienne qui est une adolescente la tienne est une guerrière redoutable et j'adore cet aspect-là d'elle (donc frozen point)
De ce fait j'ai beaucoup plus été émue par la mort d'Anton qui était vraiment prenante et qui je dois bien l'avouer m'a retournée les entrailles ! Tu as su dépeindre cette scène avec précision sans donner 15 millions de pathos donc je t'accorde un Golden frozen point ! Honnêtement j'ai vraiment aimé ta première partie parce que justement tu ne misais pas dessus et tu n'en as pas parlé une seule seconde quand nous conversions sur les fics cette semaines
Pour en revenir à la réaction d'Anna tout à fait légitime, étaye-le vraiment, verbalise vraiment les choses. On sent qu'Anna est furax et on le comprend très bien, mais à aucun moment elle ne dit CLAIREMENT "Purée c'est moi la cruche qui vous ai laissés vous évader en amoureux "
Comme pour la scène finale. Tu t'arrêtes comme ça avec une violence qui en dit long sur ce que tu attends des lecteurs.
(je vous tiens en haleine comme ça vous êtes obligés de lire le chapitre suivant)... Pour moi c'est le genre d'arrêt qui me donne envie de ne plus lire la fan-fiction. D'autant plus que ça serait la première fois que tu le fais je dirais pas, mais comme tu as tendance à aimer faire des cliffhanger bah c'est lassant. Pour moi tu aurais rajouté une pensée du personnage en une ligne narrative et ça aurait été parfait. ça aurait fait moins brutal.
Du coup y a aucun problème, tu sais que je vais le lire ton prochain chapitre puisqu'encore une fois c'est du très bon travail mais je ne l'attends pas non plus avec impatience (#cliffhangerdemerde)
Un très bon PLS dans l'ensemble mais contrairement à ce que tu pourrais croire la dispute ne m'a pas atteint plus que ça x)... Je m'explique avant que tu me dises que je suis sans coeur... C'est la troisième dispute des fan-fics alors on s'y attend à ce qu'elles se balancent des choses ignobles à la figure. Et puis pour ce qui est de l'entrée en matière... Bah même si je ne veux pas comparer y a des similitudes avec Retour vers le passé 2 : Anna doit se débrouiller toute seule de gérer un accident gargantuesque/ les autres ne sont pas avec elle/ du coup elle explose et leurs dit leurs quatre vérités dans la tronche... Et puis tu n'as pas arrêté de dire "oh vous allez être en PLS! Vous allez être en PLS!" et au final j'ai attendu un truc grandiose pour une scène qu'on a déjà eu ailleurs. Certes pas écrit de la même manière mais qui était déjà présente .
Je reconnais quand même qu'à la différence de la mienne qui est une adolescente la tienne est une guerrière redoutable et j'adore cet aspect-là d'elle (donc frozen point)
De ce fait j'ai beaucoup plus été émue par la mort d'Anton qui était vraiment prenante et qui je dois bien l'avouer m'a retournée les entrailles ! Tu as su dépeindre cette scène avec précision sans donner 15 millions de pathos donc je t'accorde un Golden frozen point ! Honnêtement j'ai vraiment aimé ta première partie parce que justement tu ne misais pas dessus et tu n'en as pas parlé une seule seconde quand nous conversions sur les fics cette semaines
Pour en revenir à la réaction d'Anna tout à fait légitime, étaye-le vraiment, verbalise vraiment les choses. On sent qu'Anna est furax et on le comprend très bien, mais à aucun moment elle ne dit CLAIREMENT "Purée c'est moi la cruche qui vous ai laissés vous évader en amoureux "
Comme pour la scène finale. Tu t'arrêtes comme ça avec une violence qui en dit long sur ce que tu attends des lecteurs.
(je vous tiens en haleine comme ça vous êtes obligés de lire le chapitre suivant)... Pour moi c'est le genre d'arrêt qui me donne envie de ne plus lire la fan-fiction. D'autant plus que ça serait la première fois que tu le fais je dirais pas, mais comme tu as tendance à aimer faire des cliffhanger bah c'est lassant. Pour moi tu aurais rajouté une pensée du personnage en une ligne narrative et ça aurait été parfait. ça aurait fait moins brutal.
Du coup y a aucun problème, tu sais que je vais le lire ton prochain chapitre puisqu'encore une fois c'est du très bon travail mais je ne l'attends pas non plus avec impatience (#cliffhangerdemerde)
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Sam 18 Avr 2020, 15:19
Don de devin?!
Bon j'avais dit que je le ferai pour celui là alors...on est parti!
(ouais non si je fais phrase par phrase on y est jusqu'à la fin du confinement
(oui fallait bien qu'elle arrive forcément )
Bon malgré tout quelques mots.
Le très gros point fort de ce chapitre n'est probablement pas celui que tu as imaginé en écrivant car non, ça n'est pas cette dispute ni le choix cornellien (bon alors par contre la décision que prendra Yohan sera la meilleure et c'est sublime...mais ça sera pour un prochain chapitre ), bref oui ça n'est pas ça le point fort mais bel et bien, la disparition d'Anton!
C'est très bien fait, c'est émouvant et ça apporte une réelle valeur ajoutée par rapport à ce qui avait déjà pu être vu...
Quant à la dispute...Tu nous l'as pour le coup survendu. Donc on s'attend forcément à quelque chose de parfait.
Et ça n'y est pas...c'est très bon, mais un petit goût d'innachevé.
Déjà, et ça a été dit, Anna qui semble en vouloir uniquement à Elsa et pas d'abord et avant tout à elle même d'avoir pris une mauvaise décision...ça n'apparaît pas assez pour le coup.
Et autre chose, là ça marche très bien pour une dispute d'ados voire jeunes adultes à la manière du couronnement d'Elsa, quand les deux découvrent encore le pouvoir et les reponsabilités.
AMais là elles ont du vécu au niveau responsabilités et conséquences de leurs choix...cela aurait été bien plus fort de la part d'Anna si elle était apparue en colère froide.
Qu'est ce qui marque le plus? Une Anna qui se met à exploser ce qui est propre à son caractère impulsif...où justement une Anna tellement folle de rage qu'elle en dépasse ce stade et reste glaciale car même "trop furieuse" pour hurler
En soi, ça fonctionne très bien mais peut être que cela ne va pas réellement au bout des choses. Tu crées des actions magnifiques, tu pénètres dans la défense tu dribbles le gardien, il n'y a plus qu'à pousser la balle au fond...mais tu ne le fais pas!
C'est pareil avec ton méchant.
Est-ce que c'est un mec déterminé qui veut atteindre son but le plus rapidement possible? Auquel cas, il flingue Elsa à la première occasion...mais il ne l'a pas fait
Est-ce qu'il est plus dans le registre sadique dans la vengeance auquel cas il joue avec Elsa comme un chat avec la souris...Mais là pareil on ne lui sent pas (assez) la volonté d'aller dans cette voie...
Voilà, sinon c'est superbe il n'y a pas grand chose...mais je le redis, le vrai point fort, c'est Anton (d'ailleurs paradoxalement, c'est ce que tu nous as le moins vendu...donc on ne l'attendait pas, c'est peut être aussi ce qui rend la scène d'autant plus forte...)
Frantzoze a écrit:Allez un peu d'avance, mais pour ta suite future...
Bon j'avais dit que je le ferai pour celui là alors...on est parti!
« Allez, allez, plus vite ! »
(ouais non si je fais phrase par phrase on y est jusqu'à la fin du confinement
je pensais à Anna, qui avait du gérer cela toute seule. Je souhaitais de toutes mes forces qu’il ne lui soit rien arrivé, et j’étais sûr de ne pas être le seul en entendant Elsa répéter à voix basse:
« Non non non… »
Personne ne courut jamais plus vite qu’Elsa cette nuit là. Tandis que je faisais mon possible pour la suivre,
Levant la tête à mon tour, je manquai de l’imiter devant le désolant spectacle qui s’offrait à nous. Jamais je n’avais vu Arendelle dans un tel état. Et pour moi qui par deux fois avait connu le royaume en temps de guerre, cela voulait dire beaucoup.
De courageux habitants tentaient tant bien que mal de lutter contre les flammes, armés de seaux et de n’importe quel récipient pouvant accueillir de l’eau, mais leurs efforts semblaient bien dérisoires face aux flammes gigantesques qui s’élevaient face à eux.
Mais elle ne m’écoutait pas, et s’était déjà élancée vers le coeur du brasier, jetant à la volée de grandes vagues de neige et de glace pour éteindre toute flamme qui croiserait sa route.
(oui fallait bien qu'elle arrive forcément )
L’homme de la colline. Il était là. Je l’avais vu dans les reflets d’Ahtohallan. Et je n’étais ni naïf ni stupide. Personne d’autre ne pouvait être derrière tout ça.
Oubliant toute autre chose, je glissai les Lames d’Arendelle à ma ceinture, et courus à sa rencontre pour sauver mon premier ami en Arendelle.
Finalement, alors que j’étais toujours pétrifié par mon indécision,
Dès lors qu’elle se fut agrippée à ma chemise, je pris mon élan, et priant pour que cela passe, m’élançai d’un bond à travers l’ouverture de la porte ! Je me roulai en boule pour amortir la chute lorsque je sentis l’air frais de l’extérieur contraster avec la fournaise.
- Anton ! criai-je en arrivant sur lui, Anton tiens bon, je vais te sortir de là !
Ainsi que je l’avais anticipé, le tavernier ne sembla pas ravi de me voir risquer ma vie pour lui.
- Yohan ! Qu’est-ce tu…non, non gamin, t’en fais pas pour moi, va aider tes amis
Alerté par le cri paniqué derrière moi, je levai la tête. Le feu avait atteint la charpente du toit du bâtiment, et cette dernière commençait à s’effondrer.
JE me levai aussi vite que je le pus, me précipitant sur le bâtiment en ruines. Avec l’énergie du désespoir, je me frayai un chemin jusqu’à l’endroit où, enseveli sous les piliers de bois brûlés et les débris, était couché le vieux tavernier, désormais tranquille. Il donnait presque l’impression de se reposer. La gorge nouée, je tombai à genoux devant lui, essayant tant bien que mal de déplacer les obstacles qui l’empêchaient de bouger.
- Anton ! Anton ! T’en fais pas ça va aller, on va te sortir de là, répétai-je
La faiblesse de la voix avec laquelle il me répondit me fit tellement froid dans le dos que je stoppai mes efforts durant quelques instants.
Non, non p’tit gars, c’est…c’est fini. C’est fini pour moi
Il n’avait pas terminé ces quelques paroles que je sentais à présent les larmes couler franchement sur mes joues.
Tu es mon ami Anton. T’es mon pote, je peux pas te laisser…
[...]
- En attendant, j’suis heureux d’partir comme ça. Près d’mon ami. Embrasse la reine et la princesse pour moi Yohan. Moi, j’embrasserai ma Ida pour toi. »
Quelques secondes plus tard, la tête du tavernier retomba sur le sol, tandis que ses yeux regardaient sans voir les étoiles
Anna ne bougea pas les siens d’un pouce. Elle parla, et sa voix me fit frémir. Elle tremblait, prête à se briser à tout instant.
« Puis-je savoir…où vous étiez ?
Elle explosa, se mettant à hurler plus fort que jamais, des larmes de rage au coin des yeux.
- AVEZ VOUS LA MOINDRE IDÉE DU SANG D’ENCRE QUE JE ME SUIS FAIT ?! COMMENT J’AI PANIQUÉ ?! J’AI CRU QUE VOUS…QUE VOUS ÉTIEZ…
- REGARDE ELSA ! répéta Anna, REGARDE CE QUI SE PASSE ! ARENDELLE EST RAVAGÉE ! DÉTRUITE ! ENCORE UNE FOIS ! ET ENCORE UNE FOIS, JE T’AI CHERCHÉE AU MILIEU DE TOUT ÇA, EN PENSANT QUE J’ALLAIS TOMBER SUR…SUR TON…JE N’EN PEUX PLUS ELSA !
Oui. C’est vrai Elsa. C’est ta faute
Et c’est pareil pour toi Yohan ! dit-elle en faisant volte-face, depuis que tu es arrivé, je dois presque me battre pour te garder près de moi ! Dois-je te rappeler que tu es l’Escorte Royale de la Reine ?! Tu as passé toutes tes premières semaines à te plaindre que tu craignais pour ton rôle, alors pourquoi est-ce que tu ne le remplis pas ?!
Kristoff, Olaf et moi tournâmes instantanément notre tête vers Elsa.
lors voilà, dit-elle, tu l’as finalement dit. C’est ça que tu penses hein ? Que je suis une mauvaise reine pour Arendelle…
Cette fois, je vis Kristoff s’avancer vers Anna. Il avait raison, c’en était trop. Il était temps qu’elles arrêtent de se disputer. Nous allions remettre tout ça à plat, et en reparler une fois à tête reposée, après avoir pris soin des habitants. Il nous fallait encore savoir quoi faire
- Retourne dans la forêt Elsa. Je dois m’occuper de mon peuple.
Fais ton choix Yohan: ma soeur, ou moi.
Bon malgré tout quelques mots.
Le très gros point fort de ce chapitre n'est probablement pas celui que tu as imaginé en écrivant car non, ça n'est pas cette dispute ni le choix cornellien (bon alors par contre la décision que prendra Yohan sera la meilleure et c'est sublime...mais ça sera pour un prochain chapitre ), bref oui ça n'est pas ça le point fort mais bel et bien, la disparition d'Anton!
C'est très bien fait, c'est émouvant et ça apporte une réelle valeur ajoutée par rapport à ce qui avait déjà pu être vu...
Quant à la dispute...Tu nous l'as pour le coup survendu. Donc on s'attend forcément à quelque chose de parfait.
Et ça n'y est pas...c'est très bon, mais un petit goût d'innachevé.
Déjà, et ça a été dit, Anna qui semble en vouloir uniquement à Elsa et pas d'abord et avant tout à elle même d'avoir pris une mauvaise décision...ça n'apparaît pas assez pour le coup.
Et autre chose, là ça marche très bien pour une dispute d'ados voire jeunes adultes à la manière du couronnement d'Elsa, quand les deux découvrent encore le pouvoir et les reponsabilités.
AMais là elles ont du vécu au niveau responsabilités et conséquences de leurs choix...cela aurait été bien plus fort de la part d'Anna si elle était apparue en colère froide.
Qu'est ce qui marque le plus? Une Anna qui se met à exploser ce qui est propre à son caractère impulsif...où justement une Anna tellement folle de rage qu'elle en dépasse ce stade et reste glaciale car même "trop furieuse" pour hurler
En soi, ça fonctionne très bien mais peut être que cela ne va pas réellement au bout des choses. Tu crées des actions magnifiques, tu pénètres dans la défense tu dribbles le gardien, il n'y a plus qu'à pousser la balle au fond...mais tu ne le fais pas!
C'est pareil avec ton méchant.
Est-ce que c'est un mec déterminé qui veut atteindre son but le plus rapidement possible? Auquel cas, il flingue Elsa à la première occasion...mais il ne l'a pas fait
Est-ce qu'il est plus dans le registre sadique dans la vengeance auquel cas il joue avec Elsa comme un chat avec la souris...Mais là pareil on ne lui sent pas (assez) la volonté d'aller dans cette voie...
Voilà, sinon c'est superbe il n'y a pas grand chose...mais je le redis, le vrai point fort, c'est Anton (d'ailleurs paradoxalement, c'est ce que tu nous as le moins vendu...donc on ne l'attendait pas, c'est peut être aussi ce qui rend la scène d'autant plus forte...)
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Lun 20 Avr 2020, 16:42
Hey ! J'avais suivi le début de ta fic, pas rattrapé, puis resuivi à partir de chapitres plus loin. Donc il me fallait rattraper pour bien comprendre les enjeux. Je reprend à partir du chapitre 5. Je vais faire ça petit à petit pendant la semaine à raison de 2 chapitres par jour (tout rattraper d'un coup comme je l'ai fait avec celle de Frantzoze je n'en ai pas le courage X'D).
Chapitre 5:
Le meilleur moment pour moi est celui de Sivert et Morten. C'est un duo de méchant bien à la Disney comme on les aime. Sivert à un côté Scar dans sa relation avec son sous-fifre. Dans ce sens là.
Dans leur dernière ligne, on sent bien qu'il faut pas rigoler avec lui... Il n'a pas le pardon facile. Encore vouloir fâcher les deux soeurs !? Mais c'est une mode ou quoi dans vos fanfictions X'D ?
Puis vint le passage où Anna console Yohan. C'est touchant comme tout. Qu'elle belle mission elle lui offre. L'intervention de Mattias est intéressante dans le mesure où il permet de nous faire comprendre ce que traverse le héro par rapport à tous ces changements.
Chapitre 6:
Ce chapitre de transition est plutôt axé sur l'humour. Le pauvre Yohan qui doit supporter le côté totalement déluré de Olaf. J'ai rit à gorge déployé au moment de la question qui fâche: "tu préfère Elsa à Anna ?", alors qu'il est bien trop innocent pour avoir des arrières pensées. PAR CONTRE ON NE PARLE PAS COMME CA A OLAF BORDEL DE...... j'aurais été là j'aurais bien fait comprendre à ce Yohan ma façon de penser.
Et Morten qui vient à leur rencontre. Alors je ne sais pas si ce dernier ressemble plus à Gollum ou à Jaquouille
Les retrouvailles entre Elsa et Yohan vont, semble-t-il, être intéressantes.
Chapitre 5:
Le meilleur moment pour moi est celui de Sivert et Morten. C'est un duo de méchant bien à la Disney comme on les aime. Sivert à un côté Scar dans sa relation avec son sous-fifre. Dans ce sens là.
Dans leur dernière ligne, on sent bien qu'il faut pas rigoler avec lui... Il n'a pas le pardon facile. Encore vouloir fâcher les deux soeurs !? Mais c'est une mode ou quoi dans vos fanfictions X'D ?
Puis vint le passage où Anna console Yohan. C'est touchant comme tout. Qu'elle belle mission elle lui offre. L'intervention de Mattias est intéressante dans le mesure où il permet de nous faire comprendre ce que traverse le héro par rapport à tous ces changements.
Chapitre 6:
Ce chapitre de transition est plutôt axé sur l'humour. Le pauvre Yohan qui doit supporter le côté totalement déluré de Olaf. J'ai rit à gorge déployé au moment de la question qui fâche: "tu préfère Elsa à Anna ?", alors qu'il est bien trop innocent pour avoir des arrières pensées. PAR CONTRE ON NE PARLE PAS COMME CA A OLAF BORDEL DE...... j'aurais été là j'aurais bien fait comprendre à ce Yohan ma façon de penser.
Et Morten qui vient à leur rencontre. Alors je ne sais pas si ce dernier ressemble plus à Gollum ou à Jaquouille
Les retrouvailles entre Elsa et Yohan vont, semble-t-il, être intéressantes.
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Mar 21 Avr 2020, 15:03
Je continu mon rattrapage.
Chapitre 7:
La réaction de Yohan est très naturel vis à vis d'Elsa. Ca doit être en effet déconcertant de se trouver devant une figure à l'apparence quasi divine. Elsa est si douce . Concernant l'attaque, un coup de Sivert je suppose ?
Chapitre 8:
Donnez un cookie à Sven pour sa bravoure et sa ténacité ! Il a du bien morflé pendant l'attaque. Ce chapitre était assez dense, je pense que tu aurais pu largement le diviser en 2 (la partie retour en Arendelle et une partie soirée jeu). Concernant la soirée devinette je n'ai pas pu m'empêcher de penser à une conférence skype où tu avais mimé des choses pas jojo sur l'air de Dies Irae de Mozart . Le traîneau de Kristoff, un vrai running gag X'D, il n'arrête pas de prendre chère.
Aussi moment assez touchant entre Yohan et Elsa qui semblent ressentir les même choses mutuellement: "Sans toi je ressens un vide".
Chapitre 9:
Pas là ! Mais t'es pas là ! Mais t'es où ? Pas là ! (j'écris le com avec la dite chanson en fond sonnore), tu nous a refait la scène de Kristoff et son solo
Tu nous a offert dans ce chapitre des informations intéressantes. Les Northuldras semblaient maîtriser la magie (coucou Sivert ?) et Anton a des soucis de livraison (re coucou Sivert !). Pour le reste vas-y Yohan on est tous derrière toi .
J'ai bien aimé la mention de la réunion royale où Anna a besoin de se changer ah ah!
Chapitre 7:
La réaction de Yohan est très naturel vis à vis d'Elsa. Ca doit être en effet déconcertant de se trouver devant une figure à l'apparence quasi divine. Elsa est si douce . Concernant l'attaque, un coup de Sivert je suppose ?
Chapitre 8:
Donnez un cookie à Sven pour sa bravoure et sa ténacité ! Il a du bien morflé pendant l'attaque. Ce chapitre était assez dense, je pense que tu aurais pu largement le diviser en 2 (la partie retour en Arendelle et une partie soirée jeu). Concernant la soirée devinette je n'ai pas pu m'empêcher de penser à une conférence skype où tu avais mimé des choses pas jojo sur l'air de Dies Irae de Mozart . Le traîneau de Kristoff, un vrai running gag X'D, il n'arrête pas de prendre chère.
Aussi moment assez touchant entre Yohan et Elsa qui semblent ressentir les même choses mutuellement: "Sans toi je ressens un vide".
Chapitre 9:
Pas là ! Mais t'es pas là ! Mais t'es où ? Pas là ! (j'écris le com avec la dite chanson en fond sonnore), tu nous a refait la scène de Kristoff et son solo
Tu nous a offert dans ce chapitre des informations intéressantes. Les Northuldras semblaient maîtriser la magie (coucou Sivert ?) et Anton a des soucis de livraison (re coucou Sivert !). Pour le reste vas-y Yohan on est tous derrière toi .
J'ai bien aimé la mention de la réunion royale où Anna a besoin de se changer ah ah!
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 24 Avr 2020, 19:59
Comme le prochain chapitre arrive dans les minutes qui viennent...une nouvelle utilisation des lames d'Arendelle en perspective peut-être?!
Oui le message ci dessus n'a aucun intérêt c'est juste que ce fan art se devait de terminer sur ce topic
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Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 24 Avr 2020, 22:46
Alors, pour l'utilisation des Lames d'Arendelle, vous aurez peut-être un début d'indice dans ce prochain chapitre ! On arrive maintenant dans les derniers chapitres de cette histoire, et il est temps que les choses s'accélèrent un peu, mais pour l'heure, il est temps de découvrir la réponse de Yohan !
Enjoy !
Anna regardait son ami d’un air de défi. Elle était véritablement furieuse. Partout où elle regardait, elle pouvait voir des habitations brûlées, calcinées. Elle voyait toutes ces vies parties en fumée, toutes ces choses qui s’étaient vues réduites en cendres, presque en un claquement de doigts.
Elle avait essayé de se défendre, de défendre son peuple. Brandissant son épée au milieu de la fournaise, elle avait vite rencontré son responsable. Grand, maigre, engoncé dans une longue cape noire. Et ce regard ! La façon dont il l’avait regardée, la façon dont ses yeux vairons avaient posé sur elle ce regard plein de haine et de colère…Anna ne savait pas qui était cet homme, ni ce qu’elle ou Elsa lui avaient fait, mais sur le moment, elle n’en avait eu que faire. Elle s’était vaillamment défendue, faisant danser sa lame autour de lui en évitant le déluge de boules de feu qu’il avait fait pleuvoir sur elle. Il avait finalement sorti un poignard, et elle s’était même pris un mauvais coup sur le haut du poignet ! Mais avant qu’elle n’ait pu réagir, l’homme avait disparu, littéralement envolé, comme s’il ne la jugeait pas digne de perdre son temps avec elle. Il avait semblé chercher quelque chose au milieu des maisons en flammes. Quelque chose…ou quelqu’un.
Anna ignorait totalement qui, ou quoi, et elle s’en fichait.
À cet instant, elle se contentait de regarder Yohan fixement, attendant sa réponse. Elle leur en voulait, à lui comme à sa soeur, de n’avoir à nouveau pas été là pour défendre Arendelle. Elle leur en voulait de l’avoir laissée seule. Mais surtout, elle s’en voulait elle même terriblement. Elle avait été tellement stupide. Elle avait vraiment pensé faire les choses bien, pour une fois, en arrangeant ces retrouvailles entre Elsa et Yohan. Elle avait pensé qu’ainsi, ils pourraient l’aider. Mais elle n’avait rien vu venir. Elle était pourtant bien placée pour savoir que l’amour pouvait parfois mener à faire des choses stupides, et elle s’en voulait affreusement de n’y avoir pas pensé.
Et cela avait mené aux mots d’Elsa. Ces mots qu’elle avait redouté d’entendre. Ce que pensait réellement sa soeur.
« Ça ne serait pas arrivé si tu avais été une bonne reine ! ».
Anna ne pouvait pas croire que c’était là la véritable opinion d’Elsa. Et pourtant, au fond d’elle, elle ne pouvait s’empêcher d’être quelque peu d’accord avec elle. Il fallait voir les choses en face: elle n’avait pas su gérer convenablement les choses ces derniers temps. Et voilà où cela avait mené. Il allait être temps de reprendre drastiquement les choses en main, quand bien même cela devait vouloir dire se séparer.
Elle attendit donc la réponse de Yohan. Ce dernier restait pétrifié, sans pouvoir dire quoi que ce soit. Ce ne fut cependant pas le cas d’Elsa, qui protesta.
- Non, Anna, tu ne peux pas lui demander une chose pareille ! Tu sais très bien que Yohan ne…
- Il me semble t’avoir demandé de partir Elsa ! intima vertement la petite rousse, pour une fois, laisse moi faire ce que j’ai à faire et laisse la gestion du royaume à ceux que ça concerne !
Elle voyait bien que sa soeur était choquée par ses paroles. Mais après tout, elle non plus n’avait pas été tendre avec elle. Et Anna était bien trop en colère pour lui pardonner si facilement, à cet instant. Elle fit donc mine d’afficher une royale indifférence lorsqu’Elsa siffla le Nokke, qui apparut dans l’onde d’une flaque d’eau, et le recouvrit de glace en se tournant vers Yohan.
- Je suis désolée Yohan, dit-elle, que décides-tu ?
Mais le jeune homme paraissait toujours aussi décontenancé. Son regard alternait entre les deux soeurs, et il pinçait ses lèvres en balbutiant:
- Mais…je…ne…je peux pas…
Voyant qu’il ne semblait pas décidé, Elsa enfourcha le Nokke, et sa voix se brisa lorsqu’elle s’adressa à sa soeur.
- Je serai à Ahtohallan, si l’un de vous me cherche.
Et elle détourna son visage, avant que le Nokke ne détale dans le fjord, en direction de la Mer Sombre. Anna la soupçonnait d’avoir fondu en larmes en partant, et elle se sentait toute proche de l’imiter. Mais non, elle devait rester forte. Elle avait suffisamment pleuré cette nuit là. Elle allait montrer à sa soeur, elle allait leur montrer, à tous, quel genre de reine elle était, quel genre de reine elle voulait être. Elle se tournait donc vers Yohan, qui avait regardé partir Elsa sans pouvoir dire un mot.
- Bon, et bien, on dirait bien que cela règle la question. Suis moi Yohan.
Elle tourna les talons en direction du château, mais elle fut arrêtée par la voix de son ami derrière elle.
- Non.
- Je te demande pardon ? s’enquit Anna en se tournant vers lui
Yohan leva la tête, un air féroce sur le visage, et siffla.
- Non Anna. Tu ne peux pas me demander ça.
- Te demander quoi ? De choisir entre ma soeur et moi ? C’est pourtant ce que tu viens de faire, tu n’as pas suivi Elsa et tu es resté là. Je t’en suis très reconnaissante Yohan et on…
- Tu le ferais toi ? cracha le jeune homme, que ferais-tu Anna, si je te demandais de choisir entre ton meilleur ami et la personne que tu aimes ? Que ferais-tu, si je te demandais de choisir entre Elsa et Kristoff ?
Pendant quelques secondes, Anna songea véritablement à répondre « Kristoff », mais elle savait que cela serait mentir. Jamais elle n’avait même songé à l’éventualité de ce choix, et elle comprenait amplement à quel point cela devait être difficile pour Yohan de voir partir Elsa loin d’eux, au vu de la façon dont avait évolué leur relation ces derniers temps. Mais alors qu’elle baissait la tête, penaude, elle se ressaisit, et affirma d’un ton autoritaire.
- Peu importe ce que je ferais. Ça me désole Yohan, mais après tout, tu n’as pas vraiment le choix.
- Plait-il ?
- Comme je l’ai dit, je suis peut-être ta meilleure amie mais…
- Ouais…et tu devrais veiller à ce que ça ne change pas…la coupa le jeune homme.
À ces mots, Anna se sentit fulminer. S’il comptait la prendre par les sentiments…
- Mais avant tout je suis ta reine ! cria-t-elle
- TU AS TOUJOURS ÉTÉ UNE REINE ! répondit Yohan sur le même ton, tu as toujours eu l’étoffe d’une reine pour moi Anna, et je n’ai jamais remis ça en question. Jusqu’à aujourd’hui…
La petite rousse sentait ses ongles s’enfoncer dans sa peau à force de serrer les poings. Que lui arrivait-il ? Elle s’était parfois énervée depuis qu’elle était au pouvoir, mais c’était la première fois qu’elle ressentait une telle colère, sourde, froide, et à la fois brûlante, comme si le choc et la tristesse de la soirée faisaient passer un voile de fureur sur ses sentiments.
- Je te le redis Yohan, gronda-t-elle, la question ne se pose pas. Tu ne peux pas m’abandonner. Tu fais partie de l’Escorte Royale d’Arendelle.
À ces mots, elle vit Yohan soupirer et poser ses mains sur ses hanches. Elle crut pendant un instant avoir gagné, mais elle sentit comme une pierre tomber dans son estomac lorsqu’il releva la tête en déclarant:
- Eh bien je ne veux plus en faire partie.
Et sous les yeux horrifiés de la reine, il détacha la ceinture qui retenait les Lames d’Arendelle, et la laissa tomber sur le sol devant lui, avant de se diriger vers le château. Ne comprenant qu’à peine ce qui venait de se passer, Anna ramassa les armes et courut à sa suite.
- Yohan ! cria-t-elle, puis-je savoir ce que tu…
- Si être l’Escorte Royale doit me faire choisir entre toi ou ta soeur, alors je ne veux plus de ce rôle Anna. C’est aussi simple que ça.
- Mais…balbutia Anna…mais tu…tu ne peux pas !
Sans cesser de marcher vers le château, Yohan tourna son visage vers elle. Elle comprit presque son erreur en le voyant. Il paraissait furieux.
- Ah oui ? Pardonne moi, ce n’est peut-être pas la bonne formulation officielle: Votre Majesté, j’ai l’honneur, et non le regret, de vous présenter ma démission de mon poste d’Escorte Royale.
Et il reprit la route en direction du château, en se retournant d’un air furibond. Restée seule avec Olaf, Anna échangea un regard inquiet avec le bonhomme de neige, qui se lança bientôt à la suite de Yohan. Elle l’imita, les Lames d’Arendelle toujours à la main.
- Mais Yohan tu…tu ne vas pas faire ça ? Tu vas me laisser seule, ici ? Maintenant ? J’ai besoin de toi, j’ai besoin d’aide, je ne peux pas gérer ça toute seule !
Anna était terrifiée. Apprendre à se défendre et à manier les armes, c’était une chose. Mais si vraiment Arendelle était menacée par quelqu’un de si puissant qu’il en donnait du fil à retordre à Elsa, elle n’était vraiment pas sûre de pouvoir affronter seule une telle menace. Petit à petit, elle prenait conscience des difficultés qui l’attendaient, et en voyant tout autour d’elle les visages défaits et larmoyants de ceux qui avaient survécu à l’incendie, elle sentait monter en elle une peur panique de n’être pas à la hauteur. Elle ne voulait pas que Yohan la laisse tomber. Elle avait besoin de lui. Mais il était sans doute trop tard.
- Ça, grinça son ami entre ses dents, il fallait y penser avant de te mettre ta soeur à dos.
Anna avait beau le suivre de près, il ne s’arrêtait pas. Ils venaient à présent d’entrer dans la cour du château, et ils avaient presque atteint l’entrée principale lorsque la reine s’arrêta. Elle se tordait nerveusement les mains et tentait tant bien que mal de faire entendre raison à son ami.
- Écoute Yohan, j’avais peur pour Elsa ! J’avais peur pour toi et…d’accord, je n’aurais pas du m’énerver, j’ai eu tort, mais Elsa, elle…elle a…tu sais je comprends tout à fait que tu aies envie de la rejoindre mais…
- Tu ne comprends rien du tout Anna ! cria Yohan en se tournant brusquement vers elle, je n’ai pas envie de rejoindre Elsa si ça doit signifier que je te laisse tomber ! Tu m’as demandé de choisir entre ta soeur ou toi, et voilà ma réponse: allez au Diable, jamais je ne ferai ce choix !
- Mais alors que vas-tu faire ? s’enquit la rousse, pourquoi retournes-tu au château ? Tu ne vas pas rejoindre Elsa ?
Elle s’était vraiment attendue à ce qu’il la laisse tomber pour aller rejoindre sa soeur après avoir pris quelques affaires. Mais rien n’avait pu préparer Anna à la décision qu’il avait prise.
- Non, répondit le jeune homme, je ne resterai pas une minute de plus en Arendelle tant que je devrais y choisir entre elle et toi. Je vais retourner à l’ampli et je reviendrai peut-être lorsque vous serez revenues à la raison.
Anna sentit une pierre tomber dans son estomac. Ainsi il ne la laissait pas tomber elle. Il laissait tout Arendelle derrière lui. La reine pouvait amplement comprendre son ressenti, et elle s’en voulait de lui avoir imposé ce choix cruel. Mais le voir partir maintenant, tout abandonner au moment où elle et sa soeur avaient le plus besoin de lui…Anna ne lui en voulait pas pour elle. Après tout, elle le méritait un peu. Mais pas sa soeur. Lorsque Yohan eut achevé sa phrase, elle sentit revenir la colère sourde qui avait été la sienne quelques minutes auparavant.
- Tu ne peux pas, dit-elle, tu ne peux pas faire ça. Elsa ne mérite pas ça.
- Elle ne méritait pas non plus d’être renvoyée dans la forêt comme tu l’as fait. Et pourtant ça ne t’a pas empêché de le faire.
Face à elle, Yohan écarta les bras.
- Eh oui Anna, je viens peut-être d’un autre monde, mais je suis un être humain comme vous ! Moi aussi je peux prendre des décisions radicales quand ça s’impose !
- Nous abandonner toutes les deux ? Abandonner Arendelle ? Nous laisser tomber lorsque nous avons le plus besoin de toi ? Tu parles d’une décision radicale ! C’est ça qui s’impose d’après toi ? cria Anna
- Tiens ? Tu parles en « nous » maintenant ? Tu n’as pas eu les pensées aussi solidaires tout à l’heure, lorsque tu as congédié ta soeur comme une malpropre !
Anna voulut répondre, mais elle ne trouva rien à redire. Il avait raison. Elle s’en voulait terriblement d’avoir traité sa soeur ainsi. Si elle s’écoutait, elle irait tout de suite la retrouver pour s’excuser, lui dire qu’elle l’aimait et la serrer dans ses bras. Mais elle ignorait où se trouvait Ahtohallan, et même si elle le savait, elle était incapable de s’y rendre seule. Pour autant, voir partir Yohan était la dernière chose qu’elle souhaitait voir arriver à cet instant.
- Tu ne peux pas partir, souffla-t-elle, pas maintenant. J’ai besoin de toi. Tu ne peux pas me laisser.
- Tu ne peux pas non plus me demander de choisir entre ta soeur ou toi. Et pourtant tu l’as fait Anna. Dis toi que c’est de bonne guerre.
Anna n’eut même pas besoin de lever la tête pour savoir qu’il était déjà reparti vers sa chambre. Là où se trouvait l’ampli. Il allait le prendre, partir comme il l’avait déjà fait jadis, et elle ignorait totalement quand il allait revenir. Si toutefois il revenait.
- Je croyais que tu aimais Elsa ! cria-t-elle avec l’énergie du désespoir, je croyais que j’étais ton amie ! Je…je croyais que tu tenais à nous.
Elle vit Yohan s’arrêter à quelques mètres d’elle. Il ne se retourna même pas pour lui répondre.
- C’est justement parce que je tiens à vous que je ne reste pas.
Elle aurait du le retenir. Elle aurait du tout faire pour le faire rester auprès d’elle. Mais au fond d’elle, Anna si choquée, si déçue, si en colère contre lui et contre elle-même qu’elle ne s’entendit presque pas hurler sur son ami, criant sans même tenter de dissimuler sa peur et son chagrin.
- Ah oui ? Eh bien…BON DÉBARRAS ! TU AS RAISON, VA-T-EN ! JE N’AI PAS BESOIN DE TOI APRÈS TOUT, JE PEUX TRÈS BIEN GÉRER ÇA TOUTE SEULE ! JE L’AI FAIT PENDANT DES SEMAINES ! VOUS ALLEZ VOIR TOI ET ELSA ! VOUS ALLEZ VOIR DE QUOI JE SUIS CAPABLE ! JE TE MONTRERAI YOHAN ! JE RÈGLERAI TOUT ÇA TOUTE SEULE PENDANT QUE VOUS SEREZ PARTIS VOUS CACHER ! VOUS N’ÊTES QU’UNE BANDE DE LÂCHES !!!
Yohan ne répondit même pas. Elle le vit simplement s’avancer vers les escaliers qui menaient aux chambres. Néanmoins, elle le vit s’arrêter une dernière fois, et se tourner vers elle. Elle crut qu’il allait finalement lui répondre, mais Anna réalisa que ce n’était pas elle qu’il regardait.
- Olaf, dit-il, je te laisse cinq minutes pour te décider.
Stupéfaite, Anna se tourna vers le petit bonhomme de neige, et elle eut l’impression de sentir son coeur se briser. Ce dernier la regardait avec un air plus triste que jamais. Elle ne se souvenait pas l’avoir jamais vu aussi déconfit. Olaf semblait presque avoir perdu des couleurs, sa blancheur étant désormais plus terne, et même la carotte qui lui servait de nez paraissait tristement baissée. Contrairement à leur mésaventure dans la grotte, il semblait aller bien, mais Anna n’aimait pas du tout l’allure qu’il avait face à elle. Il semblait véritablement très triste.
- Te décider ? demanda-t-elle doucement…mais Olaf, qu’est-ce que…
- Je suis désolé Anna, répondit tristement le bonhomme de neige, mais je pense…je pense que je devrais aller avec Yohan.
La petite rousse aurait pu être surprise par ce que venait de dire Olaf, si elle avait seulement compris ses mots. Mais il n’y avait rien à faire, son esprit paraissait refuser d’admettre ce qu’elle venait d’entendre. Elle ne se posait même pas la question de savoir quelles étaient les raisons qui pouvaient le pousser à ça. Jamais, depuis qu’elle le connaissait, Olaf ne l’avait laissée tomber. Jamais il n’avait été ailleurs qu’auprès d’elle lorsqu’elle en avait besoin. Et autant dire qu’à cet instant précis, elle avait plus besoin que jamais de pouvoir compter sur un ami. Anna regarda le petit bonhomme de neige, incrédule. Que lui arrivait-il ?
- Que…je te demande pardon Olaf ?
Face à elle, la petite créature se tortillait nerveusement. Olaf semblait au comble du malaise, et jetait toujours sur son amie un regard larmoyant. À le voir, il était clair que ce qu’il lui disait ne lui plaisait pas plus qu’à elle. Pourtant, Yohan restait immobile face à eux, attendant la suite.
- Tu sais Anna, piailla le bonhomme de neige, vous m’avez dit une fois avec Elsa que j’étais la chose qui vous avait permis de garder votre lien quand vous étiez séparées…tu sais, quand vous étiez petites…
Plus elle l’écoutait, plus Anna craignait ce qu’il était en train de dire. Elle sentait se former une grosse boule dans sa gorge, et ses yeux recommençaient à la brûler.
- Oui Olaf, c’est vrai, murmura-t-elle
Ce dernier baissa tristement la tête.
- Mais, si vous décidez de briser ce lien entre vous, et bien…qu’est-ce que je deviens moi ? Comment je peux vous rassembler toutes les deux si vous vous séparez ? Je sais pas ce que je dois faire Anna.
Il semblait vraiment désemparé, et sa détresse brisait littéralement le coeur à la jeune reine. Elle ne l’avait jamais vu ainsi, et elle était sûre qu’il aurait pleuré s’il l’avait pu. Elle, en tous cas, sentait de nouveau les larmes recommencer à rouler sur ses joues. Elle serra le petit bonhomme de neige contre elle, en proie au désespoir le plus profond lorsqu’elle ne le sentit pas lui rendre son étreinte.
- Je suis tellement, tellement désolée Olaf, dit-elle, je m’en veux, si tu savais. Je n’aurais pas du…
Sa voix se brisa. Elle avait envie que ça s’arrête. Que tout redevienne comme avant. Que les mots horribles qu’elle avait prononcé s’effacent comme autant de paroles en l’air dites sous l’effet de la colère ou de la peur. Mais elle voyait la détresse dans les yeux d’Olaf, la tristesse dans ceux de Yohan, et elle ne pourrait jamais oublier la peine immense qu’elle avait lu sur le visage d’Elsa lorsqu’elle était partie, loin d’elle, après qu’elle lui eut elle-même ordonné. Anna sentit quelque chose se briser en elle lorsque Olaf se dégagea doucement de son étreinte, et souffla d’une voix éraillée.
- Je suis désolé Anna. J’espère que tout finira par s’arranger avec Elsa. T’en fais pas pour moi, je saurai quand ce sera fait. Je le sais. »
Et il s’éloigna d’elle, se dirigea de ses petits pas vers Yohan. Sans un regard pour Anna, ce dernier grimpa les escaliers, désormais suivi d’Olaf, laissant la petite rousse seule, agenouillée sur le sol, pleurant à chaudes larmes. Elle resta là un long moment, sanglotant et tremblant en repensant à ce qu’elle venait de provoquer, indifférente à toute personne qui se présenta à elle pour tenter de la réconforter. Puis, au bout de quelques minutes qui lui parurent une éternité, elle ravala ses larmes, releva la tête, et se redressa. Elle savait ce qu’elle devait faire. Elle l’avait déjà fait. Elle allait se relever, fièrement endosser son rôle de reine, de soeur, et d’amie, et elle allait tout réparer.
Exception faite de Kristoff, Anna tenait à Elsa, Olaf et Yohan plus que tout au monde et elle devait absolument rattraper ses bêtises. Serrant dans son poing les Lames d’Arendelle, elle se précipita dans les escaliers, et courut à la chambre de Yohan. Préparant dans sa tête les excuses les plus sincères de sa vie, elle ouvrit la porte à la volée…et son coeur rata un battement.
L’amplificateur dimensionnel n’était plus là, et la dague Flamme était posée sur le sol. Yohan était parti. Et Olaf avec lui.
Quelques secondes plus tard, au coeur de la forêt à des kilomètres du village, le calme et la quiétude de l’endroit furent troublés lorsque de grands éclairs bleus et un bruit strident déchirèrent le silence. L’amplificateur venait de s’y matérialiser. Après avoir une énième fois atterri en catastrophe, Yohan ramassait les morceaux du corps disloqué d’Olaf en grommelant. Une fois remis sur pieds, le bonhomme de neige afficha un sourire, qui disparut instantanément en songeant à ce qu’ils venaient de faire. Il avait certes pu tester le voyage dimensionnel pour la première fois, mais il venait sciemment d’abandonner Anna, à un moment où elle avait pourtant besoin de lui. Olaf regarda tristement autour de lui, et s’enquit auprès de Yohan:
« On est dans la forêt ? On n’est pas partis ?
L’humain roula des yeux en soupirant.
- Évidemment que non. Je ne peux pas quitter Arendelle, pas maintenant. Pas après ce qui vient de se passer.
- Mais alors…pourquoi tu n’es pas resté avec Anna ?
Olaf jeta un regard inquiet à Yohan. Il avait suivi le voyageur, mais il avouait ne pas trop comprendre pourquoi il avait tenu à rester en Arendelle malgré ce qu’il avait dit. Ce dernier soupira, et s’assit sur une pierre, regardant le petit bonhomme de neige dans les yeux. Il parla doucement et sans s’énerver. Pour une fois, il se montrait patient et compréhensif avec Olaf.
- Olaf…je ne peux pas. Je ne peux pas choisir entre Anna ou Elsa. Je suis sûr que tu peux comprendre ça. Tu ferais quoi toi, si on te demandait de choisir ?
La petite créature ne répondit pas, et se contenta d’acquiescer en signe de compréhension. Il était bien d’accord avec lui. Lui non plus n’avait pas vu d’autres option que de ne choisir ni l’une ni l’autre.
- Oui, j’aime Elsa, c’est vrai, continua Yohan, mais Anna est ma meilleure amie, et en choisir une, c’est laisser tomber l’autre. Et je refuse de laisser tomber qui que ce soit.
- Tu dis ça mais pourtant on vient de les laisser tomber toutes les deux, soupira Olaf en baissant tristement la tête.
Il faisait peine à voir. Il était plus qu’évident qu’il était incroyablement triste d’avoir du tourner le dos aux deux soeurs, fut-ce temporairement. Et Yohan avait beau être exaspéré parfois par le bonhomme de neige, il l’appréciait tout de même assez pour le considérer comme un ami. Un ami qui, lui, pouvait être consolé sans favoriser personne. Il s’agenouilla près de lui, et après quelques secondes d’hésitation, tapota affectueusement ce qui lui semblait être l’épaule minuscule du bonhomme de neige.
- Écoute Olaf, personne ne connaît mieux Anna et Elsa que toi. Elles finiront par regretter ce qu’elles ont fait et dit. Elles le regrettent déjà. Nous allons attendre un peu que les choses se soient tassées, et nous…
- Elles ne se tasseront que si quelqu’un y veille Petit !
Instinctivement, Yohan se redressa d’un bond tandis qu’Olaf se cachait derrière ses jambes. La voix qui venait de parler n’était pas l’une des leurs. En face d’eux, adossé à un arbre, se tenait un homme.
Il était grand et maigre, bien que l’épais manteau de fourrure noir qu’il portait le faisait paraître plus imposant. Ses doigts, longs et fins, témoignaient néanmoins d’une certaine poigne qui, couplée à des ongles courts mais taillés en petites pointes, donnaient à ses mains l’attrait étrange de celles d’un magicien.
L’homme regardait d’un air fasciné Yohan et Olaf, avec au fond de ses yeux vairons un éclat que le jeune homme ne parvenait pas à s’expliquer, mais qui le mettait profondément mal à l’aise. Mais le pire était sans aucun doute que, sans même l’avoir jamais vu de près, il n’avait aucun mal à le reconnaître. Yohan en aurait mis sa main à couper, il avait devant lui l’homme de la colline, celui qui était responsable de l’attaque d’Arendelle, et qu’il avait vu dans les reflets d’Ahtohallan.
- Vous !
Il porta instinctivement la main à sa ceinture pour dégainer les Lames d’Arendelle…et se souvint qu’elles n’étaient plus là. Dans sa colère, il les avait laissées à Anna, pour symboliser sa démission de son poste d’Escorte Royale. Et comme il aimait aller jusqu’au bout de sa propre stupidité, il avait fait de même au dernier moment avec Flamme ! La dague représentait depuis son premier voyage la preuve matérielle la plus forte de son amitié avec Anna. S’il s’était débarrassé des armes données par Elsa, et s’il voulait être équitable, alors il se devait de faire la même chose pour celle transmise par Anna. Et à présent, à trop vouloir être équitable, il était sans armes, démuni, devant l’homme qui était sans aucun doute responsable de tous leurs malheurs. Yohan déglutit et siffla avec colère.
- Vous étiez sur la colline ! C’est vous qui nous avez attaqué ! L’incendie, c’était vous !
Face à lui, l’homme écarta les bras en avançant doucement vers lui. Instinctivement, Yohan recula.
- Allons allons, fit l’homme d’une voix doucereuse, ne partons pas en de si mauvais termes ! Commençons par le début.
Il tendit sa main décharné à Yohan. Ce dernier ne cilla même pas, se contentant de le regarder d’un air dégoûté.
- Je me nomme Sivert, continua l’homme, sorcier, chamane, herboriste, et autant d’autres titres qui pour l’heure ont très peu d’intérêt à être développés. Je suppose, au vu de ton allure, que tu es bien ce fameux Yohan dont tout le monde parle ?
Yohan, lui, n’avait pas bougé. Ses lèvres restèrent serrées, comme s’il se refusait à lui adresser la parole. Cela ne semblait pas déranger Sivert, qui retira sa main, et entrepris d’admirer ses ongles en continuant de parler.
- Je vais prendre ton silence pour un oui. Il est bien plus éloquent que n’importe quelle réponse après tout. Oh je sais ce que tu te dis, tu m’en veux à mort pour avoir causé la pagaille chez tes amis d’Arendelle et pour avoir mis dans le pétrin la femme que tu aimes.
Il voulut continuer, mais Yohan intervint finalement. Consumé par la haine et la rage, il ne semblait même pas se demander comment cet homme pouvait savoir la nature de ses sentiments pour Elsa.
- Vous avez menacé Elsa, vous avez tué mon ami, vous pensez vraiment que je ne vais pas vous tuer ?
- Oh Petit, crois bien que je suis sincèrement désolé pour ton ami, piailla Sivert, extatique, je t’assure, je n’ai jamais eu pour objectif de te faire le moindre tort ! Bien au contraire d’ailleurs ! Je comprends ta colère, elle est parfaitement légitime, et tu as tous les droits de vouloir me faire la peau ! Mais comme tu as pu le voir, je suis moi-même doté d’une certaine puissance et en plus, tu es désarmé.
Plus il parlait, plus Yohan se sentait bouillir de rage. Et voilà qu’en plus, il osait raconter qu’il n’avait rien contre lui ou ses amis ! Le jeune homme repensa à Anton, en train de mourir devant lui. À la réflexion, il valait mieux pour Sivert qu’il n’ait pas ses armes sur lui à cet instant, il en aurait fait de la charpie.
- Vous n’avez pas réussi à tuer Elsa, cracha-t-il, elle en revanche, elle ne vous ratera pas !
Sivert le pointa alors du doigt en partant d’un grand « Ah ! », comme s’il avait attendu que Yohan dise cela. Il affichait une mine si réjouie qu’on aurait dit un présentateur TV ravi qu’un candidat ait donné la mauvaise réponse.
- Erreur mon ami, erreur ! couina le sorcier, je ne peux pas réussir quelque chose, si ce n’est pas un de mes objectifs !
- Pas un de vos…qu’est-ce que vous racontez ?
- Tu dois me prendre pour un monstre, un fou dangereux…et pourtant mon cher je t’assure que je n’ai jamais tenté de faire le moindre mal au Cinquième Esprit !
Cette fois, Yohan en était sûr. Sivert le prenait pour un idiot dans des proportions astronomiques. Par deux fois, il avait tenté de faire partir Elsa en fumée, comment pouvait-il lui affirmer le contraire sans même trembler des genoux ?! Le jeune homme regarda rapidement autour de lui, réfléchissant à toute vitesse. Ils étaient seuls dans la forêt, et il n’avait aucune idée de la distance à laquelle ils se trouvaient du camp Northuldra. Si Sivert décidait de l’attaquer, il n’avait aucun moyen de se défendre. Mais aussi étrange que cela lui paraisse, le sorcier ne semblait pas belliqueux, et le regardait toujours d’un air serein.
- Vous l’avez menacé, et vous lui avez pris l’Esprit du Feu.
- Certes, certes, avoua Sivert, mais comme tu as pu le constater par la suite, je n’ai fait aucun mal à cette charmante jeune femme. De même qu’à ce fameux Esprit du Feu. Vois donc par toi même !
Ce disant, il claqua des doigts, et Yohan vit alors Bruni grimper à toute vitesse sur l’épaule du mage noir. Et il devait bien l’avouer, la salamandre avait l’air de bien se porter. Ses yeux étaient toujours globuleux, et perdus dans le vide, mais Yohan ne faisait pas grande différence avec son air habituel.
- Comment peut-il vous obéir ? cracha-t-il ?
Sivert claqua dans ses mains d’un air satisfait.
- Ah, voilà une question intéressante ! Je vais donc pouvoir t’expliquer ! Vois-tu, tu me prends sans doute pour un monstre, mais en réalité, je suis un Northuldra.
Ça, Yohan ne s’y attendait pas. Il avait rencontré les Northuldra. Ils lui paraissaient être un peuple pacifique et agréable. Comment un être aussi ignoble pouvait-il décemment en être issu ? Et pourquoi n’était-il pas parmi eux ? Voyant qu’il continuait de le toiser avec méfiance, Sivert soupira.
- Allons, cesse donc de t’inquiéter de moi ! Encore une fois, tu es désarmé, si je t’avais voulu du mal, cela serait déjà fait non ? De même que si j’avais voulu me lancer à la poursuite de ton ami le bonhomme de neige.
Quelques secondes de silence suivirent ses paroles, puis Yohan se retourna. Olaf n’était plus là. Son ami, bien trop effrayé par Sivert, avait pris ses jambes à son coup, et avait disparu. Le voyageur dimensionnel se retourna dans tous les sens pour tenter de l’apercevoir en criant:
- Olaf ? OLAF !!!
Mais il dut se rendre à l’évidence. Olaf était parti. Yohan sentit monter en lui une telle inquiétude qu’il ne s’énerva même pas. La forêt était bien trop dangereuse pour le bonhomme de neige et il ne voulait sous aucun prétexte rentrer à Arendelle sans lui. Il ne pouvait pas se permettre de le perdre.
Pendant quelques instants, Sivert le regarda nonchalamment paniquer, puis tendit les bras comme s’il se voulait rassurant.
- Pas de panique Petit. Pour te prouver ma bonne foi, je vais t’aider à retrouver ton ami. Morten !
Baissant les yeux, Yohan vit alors apparaître aux pieds de Sivert une petit créature, qu’il reconnut comme étant le troll qui les avait aidé, Olaf et lui, à trouver les Northuldra la première fois qu’ils étaient venus retrouver Elsa.
- Morten ?
Le petit être de pierre lui fit un discret signe de la main, comme pour le saluer, et Sivert se pencha doucement vers lui.
- Va donc retrouver le bonhomme de neige de notre ami, ordonna-t-il, et reviens ensuite vers nous. Sois gentil avec lui et…fais ça vite.
- Avec plaisir ! acquiesça le troll, ce sera fait Maître Sivert !
Et sans plus attendre, la créature partit en courant à travers les buissons, aussi vite que lui permettaient ses petits pieds.
Resté seul avec Sivert, Yohan hésita quelques instants. Après tout, il avait raison. S’il avait voulu l’attaquer, il l’aurait déjà fait, et de toutes façons, il était désarmé et n’avait plus aucune échappatoire. Autant écouter ce qu’il avait à lui dire.
- Quel rapport entre Elsa et le fait que vous soyez un Northuldra ? demanda-t-il
- À la bonne heure ! cria Sivert en frappant dans ses mains, enfin j’ai l’occasion de m’expliquer sur mes intentions réelles ! Si tu savais combien de temps j’ai attendu cela ! Tu es une bénédiction pour moi mon ami !
- Ne vous faites pas d’idées, cracha Yohan, je vous écoute parce que je n’ai pas d’autres options, là tout de suite !
- Tu marques un point ! ironisa Sivert, bien, alors voici donc notre affaire: comme je te l’ai dit, je suis un Northuldra. Et comme tu as du le remarquer, je suis bien loin de chez moi, et depuis bien longtemps. C’est que, vois-tu, je suis encore un des rares Northuldra à savoir pratiquer la magie.
Yohan était au courant de cela. Il se souvenait des recherches qu’il avait effectué avec Elsa dans la bibliothèque du château. Il savait que les Northuldra avaient jadis pratiqué la magie, et que, d’après Elsa, ils y avaient renoncé. La raison à ce renoncement, en revanche, il ne la connaissait pas.
- Et alors ? s’enquit-il
- Alors, expliqua Sivert d’un ton mielleux, disons que mes congénères n’appréciaient pas cela. Et pourtant, si je le faisais, c’était uniquement pour leur rendre service. Vois-tu, j’ai bien peur qu’ils n’aient menti à ta chère amie le Cinquième Esprit.
Le sorcier savoura l’effet que produisit ses mots lorsque Yohan afficha un air surpris.
- Que voulez vous dire ?
Prudemment, Sivert s’approcha de lui en joignant ses mains, et expliqua:
- Vois-tu, rien n’oblige cette pauvre jeune femme a s’acquitter de cette tâche ingrate. Elle a été choisie par les Northuldra et Ahtohallan, tout simplement car elle s’est trouvée là au mauvais endroit au mauvais moment.
- Vous vous foutez de moi ? cracha Yohan, vous allez essayer de me faire croire que depuis tout ce temps, les Northuldra n’auraient pas essayé de trouver un autre Cinquième Esprit ? Qu’ils ont absolument attendu qu’Elsa débarque ?
- Oh crois moi, assura Sivert, je suis bien placé pour savoir que mes semblables sont terrifiés par toute sorte de magie, y compris celle de ta chère et tendre.
Yohan marqua un temps d’arrêt. Elsa ne lui avait jamais véritablement parlé de sa vie chez les Northuldra, mais il était sûr qu’elle s’entendait à merveille avec eux. Toujours sans bouger, il leva la tête vers Sivert, qui sifflotait négligemment. Son oeil jaune fixait le jeune homme, comme s’il était indépendant de l’autre, ce qui avait le don de le mettre très mal à l’aise.
- Où vous voulez en venir ? demanda-t-il.
- Ah, enfin nous allons pouvoir nous comprendre ! s’exclama Sivert d’un air satisfait, eh bien pour être honnête, je vous observe depuis un petit moment, toi et tes deux amies.
- Quoi ?!
- Allons allons, du calme ! Je te l’ai dit, si j’avais vraiment voulu vous tuer, j’aurais mis bien plus de coeur à l’ouvrage tu ne crois pas ? Bien. Ainsi, je vous ai observés, et je dois dire que je suis assez triste pour vous trois.
- C’est à dire ?
Dans un grand geste théâtral, Sivert fit mine de s’effondrer, tout en se rapprochant de Yohan, qui ne le quittait pas des yeux.
- Cruelle destinée que la vôtre ! Condamnés à demeurer séparés, chacun de votre côté, tout cela à cause d’un rôle sur lequel la pauvre Elsa n’a jamais eu son mot à dire ! La chose est simple: toi, tu veux pouvoir vivre comme tu l’entends, entouré de ta chère amie la rouquine et de sa soeur, qui a eu la bonne idée de te voler ton coeur. Quant à elles, elles ne sont plus vraiment les mêmes lorsqu’elles ne sont plus ensemble n’est-ce pas ?
Il avait raison. Yohan devait bien se rendre à l’évidence. Rien n’était plus pareil depuis qu’Elsa était devenue le Cinquième Esprit. Elles étaient séparées, chacune devant remplir un rôle qui était probablement trop grand pour elle seule, sans pouvoir compter sur l’autre. Et si Yohan était honnête, même si tout s’était bien passé, il aurait bien été forcé de choisir à un moment: rester avec Elsa, celle qu’il aimait, dans la forêt, ou demeurer auprès d’Anna, sa meilleure amie, au royaume ? Désormais, la situation était claire, et le choix qu’avait voulu lui imposer Anna lui apparaissait comme inéluctable. Mais que pouvait bien avoir à voir cet étrange sorcier Northuldra avec tout cela ?
- Jusque là c’est concis mais je m’y retrouve. Et donc ? s’enquit-il
À sa grande surprise, Sivert le pris doucement par les épaules, et siffla à son oreille.
- Laisse moi vous aider. Je vous ai quelque peu bousculé, toi et tes amis, et crois bien que je m’en excuse. Mais ce n’était là qu’un moyen, certes un peu extrême, de faire voir la vérité en face à ton amie: elle n’est pas faite pour être le Cinquième Esprit.
- Mais…
- Je peux changer cela. Si tu m’aides, je pourrais la libérer de ce fardeau, et je te promets que tout redeviendra comme tu l’as toujours voulu. Ton amie Anna retrouvera sa soeur, quant à toi tu pourras couler des jours heureux aux côtés de ta donzelle.
Yohan hésitait. La solution lui paraissait pourtant simple: il ne faisait pas confiance à cet inconnu. En revanche, il avait confiance en Elsa. Cependant…oui, Elsa lui avait dit être très heureuse de sa condition mais…tout cela, c’était avant que ne débarque toutes ces difficultés. Et quand bien même elles ne seraient pas arrivées, ils auraient tout de même fini par être séparés. Si Elsa n’était plus le Cinquième Esprit, elle n’aurait alors plus aucune obligation qui la retiendrait chez les Northuldra, et elle pourrait revenir vivre heureuse à Arendelle, avec Anna…avec lui.
- Vous pourriez faire cela ? demanda-t-il finalement
Instantanément, Sivert se planta devant lui, dans un salut presque militaire.
- Mon ami…tu as ma parole.
Le jeune homme soupira, et après avoir hésité quelques secondes, releva la tête:
- Bien…que dois-je faire ?
Il crut que le sorcier allait se mettre à danser. D’un air extatique, il le prit par l’épaule et susurra:
- Parfait ! Tu fais le bon choix ! Cependant, c’est là que les choses se compliquent…vois-tu, je ne suis actuellement…plus vraiment le bienvenu chez les Northuldra, contrairement à toi. Je ne peux donc m’y rendre sans être accompagné. Néanmoins, s’ils me voient avec quelqu’un digne de confiance, peut-être se montreront-ils plus…coopératifs.
Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Yohan avait compris. L’espace d’un instant, il pensa à Olaf, mais Sivert sembla l’anticiper:
- Ne t’en fais pas pour ton ami, Morten sait où se trouve le camp des Northuldra, il le guidera jusque là bas.
Yohan ne répondit pas. Il se contenta de regarder Sivert, puis l’ampli dimensionnel, et après quelques secondes, se dirigea vers sa machine en s’adressant au sorcier:
- Bien. Allons-y.
Olaf avait cessé de courir. Il s’en voulait terriblement. Il avait véritablement pris peur devant l’effrayant sorcier, et il avait pris lâchement la fuite, dans l’espoir d’aller chercher du secours. Yohan était désarmé, et le mage noir avait Bruni ! Au fond de lui, le petit bonhomme de neige avait espéré que son ami pourrait tenir le coup jusqu’à ce qu’il revienne avec de l’aide. Mais après de longues minutes à errer dans la forêt, il dut se rendre à l’évidence.
Il était perdu.
Il ne savait pas où il était. Et il n’avait croisé personne. Cette fois, il ne pourrait compter sur aucune aide. Et Yohan non plus. L’espace d’un instant, Olaf se figea de terreur.
« Oh mon Dieu et si…et si il lui était arrivé quelque chose ?! Non, non Olaf, Yohan est fort, il tiendra le coup face au sorcier ! Mais le sorcier il…il a Bruni ! Oh non Yohan…oh, qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je fais ?!
Mais alors qu’il était en train de se lamenter, le bonhomme de neige entendit derrière lui des bruits dans les fourrés. Il hésita à prendre ses petites jambes à son coup, mais il avait beaucoup trop peur pour bouger. Visiblement, il n’était pas encore assez grand pour ne plus avoir peur en forêt. Mais alors qu’il priait de toutes ses forces pour que cela ne soit pas un loup, un ours ou un faisan, il vit finalement sortir une petite créature de pierre, qu’il reconnut instantanément, avec un sourire !
- Morten ! couina Olaf, ça faisait un bail !
Le petit troll s’avança vers lui à petits pas. Il semblait très satisfait de l’avoir retrouvé.
- Ouais, dit-il, ça fait un petit moment que je te cours après ! Maître Sivert m’a demandé de te ramener.
À ces mots, Olaf se raidit, et commença à reculer.
- Hein ? Maître Sivert ? Tu…tu es avec cet effrayant sorcier ?
Morten acquiesça. Il ne paraissait pas voir ce qui gênait tant Olaf, mais le bonhomme de neige, lui, n’aimait vraiment pas cela. Il s’en voulait suffisamment d’avoir laissé Yohan avec l’inquiétant personnage pour ne pas en plus se tromper plus longtemps sur le compte de son acolyte.
- Ben ouais, couina le troll, ça fait un moment maintenant ! Il fait un peu peur parfois c’est vrai, mais au moins des fois il sait tenir parole ! Regarde ça !
Il claqua dans ses doigts et une étincelle jaillit, faisait apparaître une flamme au creux de sa paume.
- Il m’avait dit que si je faisais ce qu’ile me demandait, il m’apprendrait la magie ! Bon, pour l’instant, je sais faire que quelques flammes, mais je pense qu’il pourra me montrer beaucoup plus de choses quand il sera devenu le Cinquième Esprit.
Olaf marqua un temps d’arrêt, pas sûr d’avoir compris ce que venait de dire le troll.
- Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes c’est…c’est Elsa le Cinquième Esprit !
- Oui, pour l’instant, répondit Morten, mais quand Maître Sivert aura pris le pouvoir chez les Northuldra et qu’il se sera débarrassé d’elle, là il deviendra bien plus puissant et moi il pourra m’apprendre beaucoup plus de magie !
Terrifié par ce qu’il venait d’entendre, Olaf se figea sur place.
- Se…se débarrasser d’Elsa ? Mais…mais comment ? Et pourquoi ? Il peut pas faire du mal à Elsa, Yohan ne le laissera pas faire.
- T’en fais pas, lorsqu’ils auront atteint le village Northuldra ce sera plus un problème.
Le troll ne paraissait absolument pas inquiet des agissements de son maître. Et si Olaf comprenait bien, ce dernier projetait de tuer Elsa une fois qu’il serait arrivé au village Northuldra. Et Yohan ? Que faisait-il ? Pourquoi n’essayait-il pas de l’en empêcher ? Paniqué, Olaf porta ses mains de bois à son visage et couina.
- Oh mon Dieu c’est…c’est horrible il…il faut prévenir Anna !
Mais alors qu’il allait se retourner pour s’en aller à toute vitesse, Morten s’approcha de lui en faisant claquer les doigts de son autre main. Olaf vit les flammes dans ses mains grandir tandis que le troll s’adressait à lui:
- Oh non non non, tu peux pas ! Maître Sivert m’a demandé de m’occuper de toi, histoire que tu fasses pas de bêtises ! Je suis désolé Olaf, mais si c’est le Maître qui l’ordonne…t’inquiète pas, il m’a dit de faire ça vite.
Et il s’avança vers lui, les mains en avant. Quelques secondes plus tard, une petit boule de feu vint s’écraser aux pieds du bonhomme de neige. Ce dernier poussa un hurlement, et partit en courant, aussi vite que le lui permettaient ses petits pieds.
- Mais cesse donc de bouger ! se plaignait Morten, j’arriverai jamais à te viser sinon !
Il envoyait toujours de petites boules de feu avec ses mains, et Olaf avait de plus en plus mal à les éviter. Il ne pouvait pas se permettre de fondre, pas maintenant ! Yohan était trop loin de lui, et il fallait absolument prévenir Anna de ce qui était en train de se tramer. Elsa était en danger ! Mais il fallait d’abord se débarrasser de Morten. Les mains de pierre du troll brûlaient à présent, et Olaf commençait à être cerné par le feu. Il n’avait plus le choix. Comme dirait Yohan « tant pis, il allait falloir taper » s’il voulait réussi à s’enfuir. Rassemblant tout son courage, Olaf se dressa fièrement devant Morten et demanda:
- Hé, Morten, on joue aux devinettes ?! Devine ce que c’est ça !
Se concentrant de toutes ses forces, le bonhomme de neige interchangea les boules de neige qui constituaient son corps, passant la plus grosse juste au dessous de sa tête. Puis il fit piocha directement dans cette dernière, et coinça ses mains dans des petites boules de neiges pour les transformer en poings, avant de faire pointer férocement ses doigts vers l’extérieur. Il se redressa devant le troll en tentant de paraître intimidant.
- Et voilà ! Ma meilleure imitation de mon petit frère Guimauve ! Qu’est-ce que tu dis de ça ! YAAAAAH !!!!
Et il se jeta sur Morten, essayant tant bien que mal de le frapper avec ses petits points de neige. Heureusement pour lui, le troll était très lent, mais ses mains brûlantes étaient difficiles à éviter.
- Aïe ! piailla Morten, je te préviens Olaf, je vais me fâcher !
Il attrapa un des poings d’Olaf, et fit brûler ardemment sa main. Le bonhomme de neige sentit son poing de neige fondre au contact de la pierre brûlante, et il sentait même la nappe surgelée qui le recouvrait le picoter légèrement comme si…comme si elle fondait elle aussi !
Fort heureusement pour lui, un violent souffle de vent le sépara alors de Morten, et l’envoya voler quelques mètres plus loin. Alors qu’il se relevait péniblement en remettant son corps en place, Olaf regarda devant lui, et vit le troll en train de se tortiller et de se débattre face à quelques feuilles mortes qui virevoltaient autour de lui, lui cachant le visage. Un large sourire apparut sur le visage du bonhomme de neige.
- Courant d’Air !
L’Esprit du Vent était venu l’aider. Il était venu le sauver du feu de Morten. Ce dernier d’ailleurs, commençait véritablement à s’énerver, pestant contre le vent et les feuilles qui s’agitaient autour de lui.
- Oh, allez, Ouste ! Vous m’empêchez de…hé !
Le vent venait de le faire basculer sur le dos. Sentant la force des rafales redoubler, Olaf sut que le bon moment était venu. Il s’assit les pieds en avant, et en se cramponnant bien à toutes les parties qui composaient son corps, cria:
- Courant d’air ! Ici vite !
Et en quelques secondes, le bonhomme de neige se sentit projeté dans les airs par le vent. Comme il l’avait espéré, il percuta violemment Morten qui n’avait pas encore fini de se relever, et le troll roula jusqu’au bas de la colline sur laquelle ils se trouvaient en poussant un cri perçant. Olaf, toujours virevoltant dans tous les sens, voyait à présent ses pieds et son corps voler devant ses yeux. Repensant avec nostalgie à sa première rencontre avec l’Esprit du Vent, il cria pour se faire entendre:
- Courant d’Air ! Il faut que j’aille à Arendelle, vite ! Tu peux me porter ?
Pendant un instant, Olaf continua de flotter dans les airs. Puis, la force du vent redoubla, et il se sentit emporté dans ce qui semblait être une nouvelle tornade. Et tandis que sa tête était de nouveau bringuebalée de tous côtés, il pouvait voir le paysage de la forêt défiler. Ainsi porté par le vent, il serait très vite à Arendelle !
- Youhou !!! cria-t-il, Anna, Elsa, Yohan, tenez bon, j’arrive !!!!
Enjoy !
Chapitre 17: Au mauvais endroit au mauvais moment
Anna regardait son ami d’un air de défi. Elle était véritablement furieuse. Partout où elle regardait, elle pouvait voir des habitations brûlées, calcinées. Elle voyait toutes ces vies parties en fumée, toutes ces choses qui s’étaient vues réduites en cendres, presque en un claquement de doigts.
Elle avait essayé de se défendre, de défendre son peuple. Brandissant son épée au milieu de la fournaise, elle avait vite rencontré son responsable. Grand, maigre, engoncé dans une longue cape noire. Et ce regard ! La façon dont il l’avait regardée, la façon dont ses yeux vairons avaient posé sur elle ce regard plein de haine et de colère…Anna ne savait pas qui était cet homme, ni ce qu’elle ou Elsa lui avaient fait, mais sur le moment, elle n’en avait eu que faire. Elle s’était vaillamment défendue, faisant danser sa lame autour de lui en évitant le déluge de boules de feu qu’il avait fait pleuvoir sur elle. Il avait finalement sorti un poignard, et elle s’était même pris un mauvais coup sur le haut du poignet ! Mais avant qu’elle n’ait pu réagir, l’homme avait disparu, littéralement envolé, comme s’il ne la jugeait pas digne de perdre son temps avec elle. Il avait semblé chercher quelque chose au milieu des maisons en flammes. Quelque chose…ou quelqu’un.
Anna ignorait totalement qui, ou quoi, et elle s’en fichait.
À cet instant, elle se contentait de regarder Yohan fixement, attendant sa réponse. Elle leur en voulait, à lui comme à sa soeur, de n’avoir à nouveau pas été là pour défendre Arendelle. Elle leur en voulait de l’avoir laissée seule. Mais surtout, elle s’en voulait elle même terriblement. Elle avait été tellement stupide. Elle avait vraiment pensé faire les choses bien, pour une fois, en arrangeant ces retrouvailles entre Elsa et Yohan. Elle avait pensé qu’ainsi, ils pourraient l’aider. Mais elle n’avait rien vu venir. Elle était pourtant bien placée pour savoir que l’amour pouvait parfois mener à faire des choses stupides, et elle s’en voulait affreusement de n’y avoir pas pensé.
Et cela avait mené aux mots d’Elsa. Ces mots qu’elle avait redouté d’entendre. Ce que pensait réellement sa soeur.
« Ça ne serait pas arrivé si tu avais été une bonne reine ! ».
Anna ne pouvait pas croire que c’était là la véritable opinion d’Elsa. Et pourtant, au fond d’elle, elle ne pouvait s’empêcher d’être quelque peu d’accord avec elle. Il fallait voir les choses en face: elle n’avait pas su gérer convenablement les choses ces derniers temps. Et voilà où cela avait mené. Il allait être temps de reprendre drastiquement les choses en main, quand bien même cela devait vouloir dire se séparer.
Elle attendit donc la réponse de Yohan. Ce dernier restait pétrifié, sans pouvoir dire quoi que ce soit. Ce ne fut cependant pas le cas d’Elsa, qui protesta.
- Non, Anna, tu ne peux pas lui demander une chose pareille ! Tu sais très bien que Yohan ne…
- Il me semble t’avoir demandé de partir Elsa ! intima vertement la petite rousse, pour une fois, laisse moi faire ce que j’ai à faire et laisse la gestion du royaume à ceux que ça concerne !
Elle voyait bien que sa soeur était choquée par ses paroles. Mais après tout, elle non plus n’avait pas été tendre avec elle. Et Anna était bien trop en colère pour lui pardonner si facilement, à cet instant. Elle fit donc mine d’afficher une royale indifférence lorsqu’Elsa siffla le Nokke, qui apparut dans l’onde d’une flaque d’eau, et le recouvrit de glace en se tournant vers Yohan.
- Je suis désolée Yohan, dit-elle, que décides-tu ?
Mais le jeune homme paraissait toujours aussi décontenancé. Son regard alternait entre les deux soeurs, et il pinçait ses lèvres en balbutiant:
- Mais…je…ne…je peux pas…
Voyant qu’il ne semblait pas décidé, Elsa enfourcha le Nokke, et sa voix se brisa lorsqu’elle s’adressa à sa soeur.
- Je serai à Ahtohallan, si l’un de vous me cherche.
Et elle détourna son visage, avant que le Nokke ne détale dans le fjord, en direction de la Mer Sombre. Anna la soupçonnait d’avoir fondu en larmes en partant, et elle se sentait toute proche de l’imiter. Mais non, elle devait rester forte. Elle avait suffisamment pleuré cette nuit là. Elle allait montrer à sa soeur, elle allait leur montrer, à tous, quel genre de reine elle était, quel genre de reine elle voulait être. Elle se tournait donc vers Yohan, qui avait regardé partir Elsa sans pouvoir dire un mot.
- Bon, et bien, on dirait bien que cela règle la question. Suis moi Yohan.
Elle tourna les talons en direction du château, mais elle fut arrêtée par la voix de son ami derrière elle.
- Non.
- Je te demande pardon ? s’enquit Anna en se tournant vers lui
Yohan leva la tête, un air féroce sur le visage, et siffla.
- Non Anna. Tu ne peux pas me demander ça.
- Te demander quoi ? De choisir entre ma soeur et moi ? C’est pourtant ce que tu viens de faire, tu n’as pas suivi Elsa et tu es resté là. Je t’en suis très reconnaissante Yohan et on…
- Tu le ferais toi ? cracha le jeune homme, que ferais-tu Anna, si je te demandais de choisir entre ton meilleur ami et la personne que tu aimes ? Que ferais-tu, si je te demandais de choisir entre Elsa et Kristoff ?
Pendant quelques secondes, Anna songea véritablement à répondre « Kristoff », mais elle savait que cela serait mentir. Jamais elle n’avait même songé à l’éventualité de ce choix, et elle comprenait amplement à quel point cela devait être difficile pour Yohan de voir partir Elsa loin d’eux, au vu de la façon dont avait évolué leur relation ces derniers temps. Mais alors qu’elle baissait la tête, penaude, elle se ressaisit, et affirma d’un ton autoritaire.
- Peu importe ce que je ferais. Ça me désole Yohan, mais après tout, tu n’as pas vraiment le choix.
- Plait-il ?
- Comme je l’ai dit, je suis peut-être ta meilleure amie mais…
- Ouais…et tu devrais veiller à ce que ça ne change pas…la coupa le jeune homme.
À ces mots, Anna se sentit fulminer. S’il comptait la prendre par les sentiments…
- Mais avant tout je suis ta reine ! cria-t-elle
- TU AS TOUJOURS ÉTÉ UNE REINE ! répondit Yohan sur le même ton, tu as toujours eu l’étoffe d’une reine pour moi Anna, et je n’ai jamais remis ça en question. Jusqu’à aujourd’hui…
La petite rousse sentait ses ongles s’enfoncer dans sa peau à force de serrer les poings. Que lui arrivait-il ? Elle s’était parfois énervée depuis qu’elle était au pouvoir, mais c’était la première fois qu’elle ressentait une telle colère, sourde, froide, et à la fois brûlante, comme si le choc et la tristesse de la soirée faisaient passer un voile de fureur sur ses sentiments.
- Je te le redis Yohan, gronda-t-elle, la question ne se pose pas. Tu ne peux pas m’abandonner. Tu fais partie de l’Escorte Royale d’Arendelle.
À ces mots, elle vit Yohan soupirer et poser ses mains sur ses hanches. Elle crut pendant un instant avoir gagné, mais elle sentit comme une pierre tomber dans son estomac lorsqu’il releva la tête en déclarant:
- Eh bien je ne veux plus en faire partie.
Et sous les yeux horrifiés de la reine, il détacha la ceinture qui retenait les Lames d’Arendelle, et la laissa tomber sur le sol devant lui, avant de se diriger vers le château. Ne comprenant qu’à peine ce qui venait de se passer, Anna ramassa les armes et courut à sa suite.
- Yohan ! cria-t-elle, puis-je savoir ce que tu…
- Si être l’Escorte Royale doit me faire choisir entre toi ou ta soeur, alors je ne veux plus de ce rôle Anna. C’est aussi simple que ça.
- Mais…balbutia Anna…mais tu…tu ne peux pas !
Sans cesser de marcher vers le château, Yohan tourna son visage vers elle. Elle comprit presque son erreur en le voyant. Il paraissait furieux.
- Ah oui ? Pardonne moi, ce n’est peut-être pas la bonne formulation officielle: Votre Majesté, j’ai l’honneur, et non le regret, de vous présenter ma démission de mon poste d’Escorte Royale.
Et il reprit la route en direction du château, en se retournant d’un air furibond. Restée seule avec Olaf, Anna échangea un regard inquiet avec le bonhomme de neige, qui se lança bientôt à la suite de Yohan. Elle l’imita, les Lames d’Arendelle toujours à la main.
- Mais Yohan tu…tu ne vas pas faire ça ? Tu vas me laisser seule, ici ? Maintenant ? J’ai besoin de toi, j’ai besoin d’aide, je ne peux pas gérer ça toute seule !
Anna était terrifiée. Apprendre à se défendre et à manier les armes, c’était une chose. Mais si vraiment Arendelle était menacée par quelqu’un de si puissant qu’il en donnait du fil à retordre à Elsa, elle n’était vraiment pas sûre de pouvoir affronter seule une telle menace. Petit à petit, elle prenait conscience des difficultés qui l’attendaient, et en voyant tout autour d’elle les visages défaits et larmoyants de ceux qui avaient survécu à l’incendie, elle sentait monter en elle une peur panique de n’être pas à la hauteur. Elle ne voulait pas que Yohan la laisse tomber. Elle avait besoin de lui. Mais il était sans doute trop tard.
- Ça, grinça son ami entre ses dents, il fallait y penser avant de te mettre ta soeur à dos.
Anna avait beau le suivre de près, il ne s’arrêtait pas. Ils venaient à présent d’entrer dans la cour du château, et ils avaient presque atteint l’entrée principale lorsque la reine s’arrêta. Elle se tordait nerveusement les mains et tentait tant bien que mal de faire entendre raison à son ami.
- Écoute Yohan, j’avais peur pour Elsa ! J’avais peur pour toi et…d’accord, je n’aurais pas du m’énerver, j’ai eu tort, mais Elsa, elle…elle a…tu sais je comprends tout à fait que tu aies envie de la rejoindre mais…
- Tu ne comprends rien du tout Anna ! cria Yohan en se tournant brusquement vers elle, je n’ai pas envie de rejoindre Elsa si ça doit signifier que je te laisse tomber ! Tu m’as demandé de choisir entre ta soeur ou toi, et voilà ma réponse: allez au Diable, jamais je ne ferai ce choix !
- Mais alors que vas-tu faire ? s’enquit la rousse, pourquoi retournes-tu au château ? Tu ne vas pas rejoindre Elsa ?
Elle s’était vraiment attendue à ce qu’il la laisse tomber pour aller rejoindre sa soeur après avoir pris quelques affaires. Mais rien n’avait pu préparer Anna à la décision qu’il avait prise.
- Non, répondit le jeune homme, je ne resterai pas une minute de plus en Arendelle tant que je devrais y choisir entre elle et toi. Je vais retourner à l’ampli et je reviendrai peut-être lorsque vous serez revenues à la raison.
Anna sentit une pierre tomber dans son estomac. Ainsi il ne la laissait pas tomber elle. Il laissait tout Arendelle derrière lui. La reine pouvait amplement comprendre son ressenti, et elle s’en voulait de lui avoir imposé ce choix cruel. Mais le voir partir maintenant, tout abandonner au moment où elle et sa soeur avaient le plus besoin de lui…Anna ne lui en voulait pas pour elle. Après tout, elle le méritait un peu. Mais pas sa soeur. Lorsque Yohan eut achevé sa phrase, elle sentit revenir la colère sourde qui avait été la sienne quelques minutes auparavant.
- Tu ne peux pas, dit-elle, tu ne peux pas faire ça. Elsa ne mérite pas ça.
- Elle ne méritait pas non plus d’être renvoyée dans la forêt comme tu l’as fait. Et pourtant ça ne t’a pas empêché de le faire.
Face à elle, Yohan écarta les bras.
- Eh oui Anna, je viens peut-être d’un autre monde, mais je suis un être humain comme vous ! Moi aussi je peux prendre des décisions radicales quand ça s’impose !
- Nous abandonner toutes les deux ? Abandonner Arendelle ? Nous laisser tomber lorsque nous avons le plus besoin de toi ? Tu parles d’une décision radicale ! C’est ça qui s’impose d’après toi ? cria Anna
- Tiens ? Tu parles en « nous » maintenant ? Tu n’as pas eu les pensées aussi solidaires tout à l’heure, lorsque tu as congédié ta soeur comme une malpropre !
Anna voulut répondre, mais elle ne trouva rien à redire. Il avait raison. Elle s’en voulait terriblement d’avoir traité sa soeur ainsi. Si elle s’écoutait, elle irait tout de suite la retrouver pour s’excuser, lui dire qu’elle l’aimait et la serrer dans ses bras. Mais elle ignorait où se trouvait Ahtohallan, et même si elle le savait, elle était incapable de s’y rendre seule. Pour autant, voir partir Yohan était la dernière chose qu’elle souhaitait voir arriver à cet instant.
- Tu ne peux pas partir, souffla-t-elle, pas maintenant. J’ai besoin de toi. Tu ne peux pas me laisser.
- Tu ne peux pas non plus me demander de choisir entre ta soeur ou toi. Et pourtant tu l’as fait Anna. Dis toi que c’est de bonne guerre.
Anna n’eut même pas besoin de lever la tête pour savoir qu’il était déjà reparti vers sa chambre. Là où se trouvait l’ampli. Il allait le prendre, partir comme il l’avait déjà fait jadis, et elle ignorait totalement quand il allait revenir. Si toutefois il revenait.
- Je croyais que tu aimais Elsa ! cria-t-elle avec l’énergie du désespoir, je croyais que j’étais ton amie ! Je…je croyais que tu tenais à nous.
Elle vit Yohan s’arrêter à quelques mètres d’elle. Il ne se retourna même pas pour lui répondre.
- C’est justement parce que je tiens à vous que je ne reste pas.
Elle aurait du le retenir. Elle aurait du tout faire pour le faire rester auprès d’elle. Mais au fond d’elle, Anna si choquée, si déçue, si en colère contre lui et contre elle-même qu’elle ne s’entendit presque pas hurler sur son ami, criant sans même tenter de dissimuler sa peur et son chagrin.
- Ah oui ? Eh bien…BON DÉBARRAS ! TU AS RAISON, VA-T-EN ! JE N’AI PAS BESOIN DE TOI APRÈS TOUT, JE PEUX TRÈS BIEN GÉRER ÇA TOUTE SEULE ! JE L’AI FAIT PENDANT DES SEMAINES ! VOUS ALLEZ VOIR TOI ET ELSA ! VOUS ALLEZ VOIR DE QUOI JE SUIS CAPABLE ! JE TE MONTRERAI YOHAN ! JE RÈGLERAI TOUT ÇA TOUTE SEULE PENDANT QUE VOUS SEREZ PARTIS VOUS CACHER ! VOUS N’ÊTES QU’UNE BANDE DE LÂCHES !!!
Yohan ne répondit même pas. Elle le vit simplement s’avancer vers les escaliers qui menaient aux chambres. Néanmoins, elle le vit s’arrêter une dernière fois, et se tourner vers elle. Elle crut qu’il allait finalement lui répondre, mais Anna réalisa que ce n’était pas elle qu’il regardait.
- Olaf, dit-il, je te laisse cinq minutes pour te décider.
Stupéfaite, Anna se tourna vers le petit bonhomme de neige, et elle eut l’impression de sentir son coeur se briser. Ce dernier la regardait avec un air plus triste que jamais. Elle ne se souvenait pas l’avoir jamais vu aussi déconfit. Olaf semblait presque avoir perdu des couleurs, sa blancheur étant désormais plus terne, et même la carotte qui lui servait de nez paraissait tristement baissée. Contrairement à leur mésaventure dans la grotte, il semblait aller bien, mais Anna n’aimait pas du tout l’allure qu’il avait face à elle. Il semblait véritablement très triste.
- Te décider ? demanda-t-elle doucement…mais Olaf, qu’est-ce que…
- Je suis désolé Anna, répondit tristement le bonhomme de neige, mais je pense…je pense que je devrais aller avec Yohan.
La petite rousse aurait pu être surprise par ce que venait de dire Olaf, si elle avait seulement compris ses mots. Mais il n’y avait rien à faire, son esprit paraissait refuser d’admettre ce qu’elle venait d’entendre. Elle ne se posait même pas la question de savoir quelles étaient les raisons qui pouvaient le pousser à ça. Jamais, depuis qu’elle le connaissait, Olaf ne l’avait laissée tomber. Jamais il n’avait été ailleurs qu’auprès d’elle lorsqu’elle en avait besoin. Et autant dire qu’à cet instant précis, elle avait plus besoin que jamais de pouvoir compter sur un ami. Anna regarda le petit bonhomme de neige, incrédule. Que lui arrivait-il ?
- Que…je te demande pardon Olaf ?
Face à elle, la petite créature se tortillait nerveusement. Olaf semblait au comble du malaise, et jetait toujours sur son amie un regard larmoyant. À le voir, il était clair que ce qu’il lui disait ne lui plaisait pas plus qu’à elle. Pourtant, Yohan restait immobile face à eux, attendant la suite.
- Tu sais Anna, piailla le bonhomme de neige, vous m’avez dit une fois avec Elsa que j’étais la chose qui vous avait permis de garder votre lien quand vous étiez séparées…tu sais, quand vous étiez petites…
Plus elle l’écoutait, plus Anna craignait ce qu’il était en train de dire. Elle sentait se former une grosse boule dans sa gorge, et ses yeux recommençaient à la brûler.
- Oui Olaf, c’est vrai, murmura-t-elle
Ce dernier baissa tristement la tête.
- Mais, si vous décidez de briser ce lien entre vous, et bien…qu’est-ce que je deviens moi ? Comment je peux vous rassembler toutes les deux si vous vous séparez ? Je sais pas ce que je dois faire Anna.
Il semblait vraiment désemparé, et sa détresse brisait littéralement le coeur à la jeune reine. Elle ne l’avait jamais vu ainsi, et elle était sûre qu’il aurait pleuré s’il l’avait pu. Elle, en tous cas, sentait de nouveau les larmes recommencer à rouler sur ses joues. Elle serra le petit bonhomme de neige contre elle, en proie au désespoir le plus profond lorsqu’elle ne le sentit pas lui rendre son étreinte.
- Je suis tellement, tellement désolée Olaf, dit-elle, je m’en veux, si tu savais. Je n’aurais pas du…
Sa voix se brisa. Elle avait envie que ça s’arrête. Que tout redevienne comme avant. Que les mots horribles qu’elle avait prononcé s’effacent comme autant de paroles en l’air dites sous l’effet de la colère ou de la peur. Mais elle voyait la détresse dans les yeux d’Olaf, la tristesse dans ceux de Yohan, et elle ne pourrait jamais oublier la peine immense qu’elle avait lu sur le visage d’Elsa lorsqu’elle était partie, loin d’elle, après qu’elle lui eut elle-même ordonné. Anna sentit quelque chose se briser en elle lorsque Olaf se dégagea doucement de son étreinte, et souffla d’une voix éraillée.
- Je suis désolé Anna. J’espère que tout finira par s’arranger avec Elsa. T’en fais pas pour moi, je saurai quand ce sera fait. Je le sais. »
Et il s’éloigna d’elle, se dirigea de ses petits pas vers Yohan. Sans un regard pour Anna, ce dernier grimpa les escaliers, désormais suivi d’Olaf, laissant la petite rousse seule, agenouillée sur le sol, pleurant à chaudes larmes. Elle resta là un long moment, sanglotant et tremblant en repensant à ce qu’elle venait de provoquer, indifférente à toute personne qui se présenta à elle pour tenter de la réconforter. Puis, au bout de quelques minutes qui lui parurent une éternité, elle ravala ses larmes, releva la tête, et se redressa. Elle savait ce qu’elle devait faire. Elle l’avait déjà fait. Elle allait se relever, fièrement endosser son rôle de reine, de soeur, et d’amie, et elle allait tout réparer.
Exception faite de Kristoff, Anna tenait à Elsa, Olaf et Yohan plus que tout au monde et elle devait absolument rattraper ses bêtises. Serrant dans son poing les Lames d’Arendelle, elle se précipita dans les escaliers, et courut à la chambre de Yohan. Préparant dans sa tête les excuses les plus sincères de sa vie, elle ouvrit la porte à la volée…et son coeur rata un battement.
L’amplificateur dimensionnel n’était plus là, et la dague Flamme était posée sur le sol. Yohan était parti. Et Olaf avec lui.
****************
Quelques secondes plus tard, au coeur de la forêt à des kilomètres du village, le calme et la quiétude de l’endroit furent troublés lorsque de grands éclairs bleus et un bruit strident déchirèrent le silence. L’amplificateur venait de s’y matérialiser. Après avoir une énième fois atterri en catastrophe, Yohan ramassait les morceaux du corps disloqué d’Olaf en grommelant. Une fois remis sur pieds, le bonhomme de neige afficha un sourire, qui disparut instantanément en songeant à ce qu’ils venaient de faire. Il avait certes pu tester le voyage dimensionnel pour la première fois, mais il venait sciemment d’abandonner Anna, à un moment où elle avait pourtant besoin de lui. Olaf regarda tristement autour de lui, et s’enquit auprès de Yohan:
« On est dans la forêt ? On n’est pas partis ?
L’humain roula des yeux en soupirant.
- Évidemment que non. Je ne peux pas quitter Arendelle, pas maintenant. Pas après ce qui vient de se passer.
- Mais alors…pourquoi tu n’es pas resté avec Anna ?
Olaf jeta un regard inquiet à Yohan. Il avait suivi le voyageur, mais il avouait ne pas trop comprendre pourquoi il avait tenu à rester en Arendelle malgré ce qu’il avait dit. Ce dernier soupira, et s’assit sur une pierre, regardant le petit bonhomme de neige dans les yeux. Il parla doucement et sans s’énerver. Pour une fois, il se montrait patient et compréhensif avec Olaf.
- Olaf…je ne peux pas. Je ne peux pas choisir entre Anna ou Elsa. Je suis sûr que tu peux comprendre ça. Tu ferais quoi toi, si on te demandait de choisir ?
La petite créature ne répondit pas, et se contenta d’acquiescer en signe de compréhension. Il était bien d’accord avec lui. Lui non plus n’avait pas vu d’autres option que de ne choisir ni l’une ni l’autre.
- Oui, j’aime Elsa, c’est vrai, continua Yohan, mais Anna est ma meilleure amie, et en choisir une, c’est laisser tomber l’autre. Et je refuse de laisser tomber qui que ce soit.
- Tu dis ça mais pourtant on vient de les laisser tomber toutes les deux, soupira Olaf en baissant tristement la tête.
Il faisait peine à voir. Il était plus qu’évident qu’il était incroyablement triste d’avoir du tourner le dos aux deux soeurs, fut-ce temporairement. Et Yohan avait beau être exaspéré parfois par le bonhomme de neige, il l’appréciait tout de même assez pour le considérer comme un ami. Un ami qui, lui, pouvait être consolé sans favoriser personne. Il s’agenouilla près de lui, et après quelques secondes d’hésitation, tapota affectueusement ce qui lui semblait être l’épaule minuscule du bonhomme de neige.
- Écoute Olaf, personne ne connaît mieux Anna et Elsa que toi. Elles finiront par regretter ce qu’elles ont fait et dit. Elles le regrettent déjà. Nous allons attendre un peu que les choses se soient tassées, et nous…
- Elles ne se tasseront que si quelqu’un y veille Petit !
Instinctivement, Yohan se redressa d’un bond tandis qu’Olaf se cachait derrière ses jambes. La voix qui venait de parler n’était pas l’une des leurs. En face d’eux, adossé à un arbre, se tenait un homme.
Il était grand et maigre, bien que l’épais manteau de fourrure noir qu’il portait le faisait paraître plus imposant. Ses doigts, longs et fins, témoignaient néanmoins d’une certaine poigne qui, couplée à des ongles courts mais taillés en petites pointes, donnaient à ses mains l’attrait étrange de celles d’un magicien.
L’homme regardait d’un air fasciné Yohan et Olaf, avec au fond de ses yeux vairons un éclat que le jeune homme ne parvenait pas à s’expliquer, mais qui le mettait profondément mal à l’aise. Mais le pire était sans aucun doute que, sans même l’avoir jamais vu de près, il n’avait aucun mal à le reconnaître. Yohan en aurait mis sa main à couper, il avait devant lui l’homme de la colline, celui qui était responsable de l’attaque d’Arendelle, et qu’il avait vu dans les reflets d’Ahtohallan.
- Vous !
Il porta instinctivement la main à sa ceinture pour dégainer les Lames d’Arendelle…et se souvint qu’elles n’étaient plus là. Dans sa colère, il les avait laissées à Anna, pour symboliser sa démission de son poste d’Escorte Royale. Et comme il aimait aller jusqu’au bout de sa propre stupidité, il avait fait de même au dernier moment avec Flamme ! La dague représentait depuis son premier voyage la preuve matérielle la plus forte de son amitié avec Anna. S’il s’était débarrassé des armes données par Elsa, et s’il voulait être équitable, alors il se devait de faire la même chose pour celle transmise par Anna. Et à présent, à trop vouloir être équitable, il était sans armes, démuni, devant l’homme qui était sans aucun doute responsable de tous leurs malheurs. Yohan déglutit et siffla avec colère.
- Vous étiez sur la colline ! C’est vous qui nous avez attaqué ! L’incendie, c’était vous !
Face à lui, l’homme écarta les bras en avançant doucement vers lui. Instinctivement, Yohan recula.
- Allons allons, fit l’homme d’une voix doucereuse, ne partons pas en de si mauvais termes ! Commençons par le début.
Il tendit sa main décharné à Yohan. Ce dernier ne cilla même pas, se contentant de le regarder d’un air dégoûté.
- Je me nomme Sivert, continua l’homme, sorcier, chamane, herboriste, et autant d’autres titres qui pour l’heure ont très peu d’intérêt à être développés. Je suppose, au vu de ton allure, que tu es bien ce fameux Yohan dont tout le monde parle ?
Yohan, lui, n’avait pas bougé. Ses lèvres restèrent serrées, comme s’il se refusait à lui adresser la parole. Cela ne semblait pas déranger Sivert, qui retira sa main, et entrepris d’admirer ses ongles en continuant de parler.
- Je vais prendre ton silence pour un oui. Il est bien plus éloquent que n’importe quelle réponse après tout. Oh je sais ce que tu te dis, tu m’en veux à mort pour avoir causé la pagaille chez tes amis d’Arendelle et pour avoir mis dans le pétrin la femme que tu aimes.
Il voulut continuer, mais Yohan intervint finalement. Consumé par la haine et la rage, il ne semblait même pas se demander comment cet homme pouvait savoir la nature de ses sentiments pour Elsa.
- Vous avez menacé Elsa, vous avez tué mon ami, vous pensez vraiment que je ne vais pas vous tuer ?
- Oh Petit, crois bien que je suis sincèrement désolé pour ton ami, piailla Sivert, extatique, je t’assure, je n’ai jamais eu pour objectif de te faire le moindre tort ! Bien au contraire d’ailleurs ! Je comprends ta colère, elle est parfaitement légitime, et tu as tous les droits de vouloir me faire la peau ! Mais comme tu as pu le voir, je suis moi-même doté d’une certaine puissance et en plus, tu es désarmé.
Plus il parlait, plus Yohan se sentait bouillir de rage. Et voilà qu’en plus, il osait raconter qu’il n’avait rien contre lui ou ses amis ! Le jeune homme repensa à Anton, en train de mourir devant lui. À la réflexion, il valait mieux pour Sivert qu’il n’ait pas ses armes sur lui à cet instant, il en aurait fait de la charpie.
- Vous n’avez pas réussi à tuer Elsa, cracha-t-il, elle en revanche, elle ne vous ratera pas !
Sivert le pointa alors du doigt en partant d’un grand « Ah ! », comme s’il avait attendu que Yohan dise cela. Il affichait une mine si réjouie qu’on aurait dit un présentateur TV ravi qu’un candidat ait donné la mauvaise réponse.
- Erreur mon ami, erreur ! couina le sorcier, je ne peux pas réussir quelque chose, si ce n’est pas un de mes objectifs !
- Pas un de vos…qu’est-ce que vous racontez ?
- Tu dois me prendre pour un monstre, un fou dangereux…et pourtant mon cher je t’assure que je n’ai jamais tenté de faire le moindre mal au Cinquième Esprit !
Cette fois, Yohan en était sûr. Sivert le prenait pour un idiot dans des proportions astronomiques. Par deux fois, il avait tenté de faire partir Elsa en fumée, comment pouvait-il lui affirmer le contraire sans même trembler des genoux ?! Le jeune homme regarda rapidement autour de lui, réfléchissant à toute vitesse. Ils étaient seuls dans la forêt, et il n’avait aucune idée de la distance à laquelle ils se trouvaient du camp Northuldra. Si Sivert décidait de l’attaquer, il n’avait aucun moyen de se défendre. Mais aussi étrange que cela lui paraisse, le sorcier ne semblait pas belliqueux, et le regardait toujours d’un air serein.
- Vous l’avez menacé, et vous lui avez pris l’Esprit du Feu.
- Certes, certes, avoua Sivert, mais comme tu as pu le constater par la suite, je n’ai fait aucun mal à cette charmante jeune femme. De même qu’à ce fameux Esprit du Feu. Vois donc par toi même !
Ce disant, il claqua des doigts, et Yohan vit alors Bruni grimper à toute vitesse sur l’épaule du mage noir. Et il devait bien l’avouer, la salamandre avait l’air de bien se porter. Ses yeux étaient toujours globuleux, et perdus dans le vide, mais Yohan ne faisait pas grande différence avec son air habituel.
- Comment peut-il vous obéir ? cracha-t-il ?
Sivert claqua dans ses mains d’un air satisfait.
- Ah, voilà une question intéressante ! Je vais donc pouvoir t’expliquer ! Vois-tu, tu me prends sans doute pour un monstre, mais en réalité, je suis un Northuldra.
Ça, Yohan ne s’y attendait pas. Il avait rencontré les Northuldra. Ils lui paraissaient être un peuple pacifique et agréable. Comment un être aussi ignoble pouvait-il décemment en être issu ? Et pourquoi n’était-il pas parmi eux ? Voyant qu’il continuait de le toiser avec méfiance, Sivert soupira.
- Allons, cesse donc de t’inquiéter de moi ! Encore une fois, tu es désarmé, si je t’avais voulu du mal, cela serait déjà fait non ? De même que si j’avais voulu me lancer à la poursuite de ton ami le bonhomme de neige.
Quelques secondes de silence suivirent ses paroles, puis Yohan se retourna. Olaf n’était plus là. Son ami, bien trop effrayé par Sivert, avait pris ses jambes à son coup, et avait disparu. Le voyageur dimensionnel se retourna dans tous les sens pour tenter de l’apercevoir en criant:
- Olaf ? OLAF !!!
Mais il dut se rendre à l’évidence. Olaf était parti. Yohan sentit monter en lui une telle inquiétude qu’il ne s’énerva même pas. La forêt était bien trop dangereuse pour le bonhomme de neige et il ne voulait sous aucun prétexte rentrer à Arendelle sans lui. Il ne pouvait pas se permettre de le perdre.
Pendant quelques instants, Sivert le regarda nonchalamment paniquer, puis tendit les bras comme s’il se voulait rassurant.
- Pas de panique Petit. Pour te prouver ma bonne foi, je vais t’aider à retrouver ton ami. Morten !
Baissant les yeux, Yohan vit alors apparaître aux pieds de Sivert une petit créature, qu’il reconnut comme étant le troll qui les avait aidé, Olaf et lui, à trouver les Northuldra la première fois qu’ils étaient venus retrouver Elsa.
- Morten ?
Le petit être de pierre lui fit un discret signe de la main, comme pour le saluer, et Sivert se pencha doucement vers lui.
- Va donc retrouver le bonhomme de neige de notre ami, ordonna-t-il, et reviens ensuite vers nous. Sois gentil avec lui et…fais ça vite.
- Avec plaisir ! acquiesça le troll, ce sera fait Maître Sivert !
Et sans plus attendre, la créature partit en courant à travers les buissons, aussi vite que lui permettaient ses petits pieds.
Resté seul avec Sivert, Yohan hésita quelques instants. Après tout, il avait raison. S’il avait voulu l’attaquer, il l’aurait déjà fait, et de toutes façons, il était désarmé et n’avait plus aucune échappatoire. Autant écouter ce qu’il avait à lui dire.
- Quel rapport entre Elsa et le fait que vous soyez un Northuldra ? demanda-t-il
- À la bonne heure ! cria Sivert en frappant dans ses mains, enfin j’ai l’occasion de m’expliquer sur mes intentions réelles ! Si tu savais combien de temps j’ai attendu cela ! Tu es une bénédiction pour moi mon ami !
- Ne vous faites pas d’idées, cracha Yohan, je vous écoute parce que je n’ai pas d’autres options, là tout de suite !
- Tu marques un point ! ironisa Sivert, bien, alors voici donc notre affaire: comme je te l’ai dit, je suis un Northuldra. Et comme tu as du le remarquer, je suis bien loin de chez moi, et depuis bien longtemps. C’est que, vois-tu, je suis encore un des rares Northuldra à savoir pratiquer la magie.
Yohan était au courant de cela. Il se souvenait des recherches qu’il avait effectué avec Elsa dans la bibliothèque du château. Il savait que les Northuldra avaient jadis pratiqué la magie, et que, d’après Elsa, ils y avaient renoncé. La raison à ce renoncement, en revanche, il ne la connaissait pas.
- Et alors ? s’enquit-il
- Alors, expliqua Sivert d’un ton mielleux, disons que mes congénères n’appréciaient pas cela. Et pourtant, si je le faisais, c’était uniquement pour leur rendre service. Vois-tu, j’ai bien peur qu’ils n’aient menti à ta chère amie le Cinquième Esprit.
Le sorcier savoura l’effet que produisit ses mots lorsque Yohan afficha un air surpris.
- Que voulez vous dire ?
Prudemment, Sivert s’approcha de lui en joignant ses mains, et expliqua:
- Vois-tu, rien n’oblige cette pauvre jeune femme a s’acquitter de cette tâche ingrate. Elle a été choisie par les Northuldra et Ahtohallan, tout simplement car elle s’est trouvée là au mauvais endroit au mauvais moment.
- Vous vous foutez de moi ? cracha Yohan, vous allez essayer de me faire croire que depuis tout ce temps, les Northuldra n’auraient pas essayé de trouver un autre Cinquième Esprit ? Qu’ils ont absolument attendu qu’Elsa débarque ?
- Oh crois moi, assura Sivert, je suis bien placé pour savoir que mes semblables sont terrifiés par toute sorte de magie, y compris celle de ta chère et tendre.
Yohan marqua un temps d’arrêt. Elsa ne lui avait jamais véritablement parlé de sa vie chez les Northuldra, mais il était sûr qu’elle s’entendait à merveille avec eux. Toujours sans bouger, il leva la tête vers Sivert, qui sifflotait négligemment. Son oeil jaune fixait le jeune homme, comme s’il était indépendant de l’autre, ce qui avait le don de le mettre très mal à l’aise.
- Où vous voulez en venir ? demanda-t-il.
- Ah, enfin nous allons pouvoir nous comprendre ! s’exclama Sivert d’un air satisfait, eh bien pour être honnête, je vous observe depuis un petit moment, toi et tes deux amies.
- Quoi ?!
- Allons allons, du calme ! Je te l’ai dit, si j’avais vraiment voulu vous tuer, j’aurais mis bien plus de coeur à l’ouvrage tu ne crois pas ? Bien. Ainsi, je vous ai observés, et je dois dire que je suis assez triste pour vous trois.
- C’est à dire ?
Dans un grand geste théâtral, Sivert fit mine de s’effondrer, tout en se rapprochant de Yohan, qui ne le quittait pas des yeux.
- Cruelle destinée que la vôtre ! Condamnés à demeurer séparés, chacun de votre côté, tout cela à cause d’un rôle sur lequel la pauvre Elsa n’a jamais eu son mot à dire ! La chose est simple: toi, tu veux pouvoir vivre comme tu l’entends, entouré de ta chère amie la rouquine et de sa soeur, qui a eu la bonne idée de te voler ton coeur. Quant à elles, elles ne sont plus vraiment les mêmes lorsqu’elles ne sont plus ensemble n’est-ce pas ?
Il avait raison. Yohan devait bien se rendre à l’évidence. Rien n’était plus pareil depuis qu’Elsa était devenue le Cinquième Esprit. Elles étaient séparées, chacune devant remplir un rôle qui était probablement trop grand pour elle seule, sans pouvoir compter sur l’autre. Et si Yohan était honnête, même si tout s’était bien passé, il aurait bien été forcé de choisir à un moment: rester avec Elsa, celle qu’il aimait, dans la forêt, ou demeurer auprès d’Anna, sa meilleure amie, au royaume ? Désormais, la situation était claire, et le choix qu’avait voulu lui imposer Anna lui apparaissait comme inéluctable. Mais que pouvait bien avoir à voir cet étrange sorcier Northuldra avec tout cela ?
- Jusque là c’est concis mais je m’y retrouve. Et donc ? s’enquit-il
À sa grande surprise, Sivert le pris doucement par les épaules, et siffla à son oreille.
- Laisse moi vous aider. Je vous ai quelque peu bousculé, toi et tes amis, et crois bien que je m’en excuse. Mais ce n’était là qu’un moyen, certes un peu extrême, de faire voir la vérité en face à ton amie: elle n’est pas faite pour être le Cinquième Esprit.
- Mais…
- Je peux changer cela. Si tu m’aides, je pourrais la libérer de ce fardeau, et je te promets que tout redeviendra comme tu l’as toujours voulu. Ton amie Anna retrouvera sa soeur, quant à toi tu pourras couler des jours heureux aux côtés de ta donzelle.
Yohan hésitait. La solution lui paraissait pourtant simple: il ne faisait pas confiance à cet inconnu. En revanche, il avait confiance en Elsa. Cependant…oui, Elsa lui avait dit être très heureuse de sa condition mais…tout cela, c’était avant que ne débarque toutes ces difficultés. Et quand bien même elles ne seraient pas arrivées, ils auraient tout de même fini par être séparés. Si Elsa n’était plus le Cinquième Esprit, elle n’aurait alors plus aucune obligation qui la retiendrait chez les Northuldra, et elle pourrait revenir vivre heureuse à Arendelle, avec Anna…avec lui.
- Vous pourriez faire cela ? demanda-t-il finalement
Instantanément, Sivert se planta devant lui, dans un salut presque militaire.
- Mon ami…tu as ma parole.
Le jeune homme soupira, et après avoir hésité quelques secondes, releva la tête:
- Bien…que dois-je faire ?
Il crut que le sorcier allait se mettre à danser. D’un air extatique, il le prit par l’épaule et susurra:
- Parfait ! Tu fais le bon choix ! Cependant, c’est là que les choses se compliquent…vois-tu, je ne suis actuellement…plus vraiment le bienvenu chez les Northuldra, contrairement à toi. Je ne peux donc m’y rendre sans être accompagné. Néanmoins, s’ils me voient avec quelqu’un digne de confiance, peut-être se montreront-ils plus…coopératifs.
Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Yohan avait compris. L’espace d’un instant, il pensa à Olaf, mais Sivert sembla l’anticiper:
- Ne t’en fais pas pour ton ami, Morten sait où se trouve le camp des Northuldra, il le guidera jusque là bas.
Yohan ne répondit pas. Il se contenta de regarder Sivert, puis l’ampli dimensionnel, et après quelques secondes, se dirigea vers sa machine en s’adressant au sorcier:
- Bien. Allons-y.
***************
Olaf avait cessé de courir. Il s’en voulait terriblement. Il avait véritablement pris peur devant l’effrayant sorcier, et il avait pris lâchement la fuite, dans l’espoir d’aller chercher du secours. Yohan était désarmé, et le mage noir avait Bruni ! Au fond de lui, le petit bonhomme de neige avait espéré que son ami pourrait tenir le coup jusqu’à ce qu’il revienne avec de l’aide. Mais après de longues minutes à errer dans la forêt, il dut se rendre à l’évidence.
Il était perdu.
Il ne savait pas où il était. Et il n’avait croisé personne. Cette fois, il ne pourrait compter sur aucune aide. Et Yohan non plus. L’espace d’un instant, Olaf se figea de terreur.
« Oh mon Dieu et si…et si il lui était arrivé quelque chose ?! Non, non Olaf, Yohan est fort, il tiendra le coup face au sorcier ! Mais le sorcier il…il a Bruni ! Oh non Yohan…oh, qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je fais ?!
Mais alors qu’il était en train de se lamenter, le bonhomme de neige entendit derrière lui des bruits dans les fourrés. Il hésita à prendre ses petites jambes à son coup, mais il avait beaucoup trop peur pour bouger. Visiblement, il n’était pas encore assez grand pour ne plus avoir peur en forêt. Mais alors qu’il priait de toutes ses forces pour que cela ne soit pas un loup, un ours ou un faisan, il vit finalement sortir une petite créature de pierre, qu’il reconnut instantanément, avec un sourire !
- Morten ! couina Olaf, ça faisait un bail !
Le petit troll s’avança vers lui à petits pas. Il semblait très satisfait de l’avoir retrouvé.
- Ouais, dit-il, ça fait un petit moment que je te cours après ! Maître Sivert m’a demandé de te ramener.
À ces mots, Olaf se raidit, et commença à reculer.
- Hein ? Maître Sivert ? Tu…tu es avec cet effrayant sorcier ?
Morten acquiesça. Il ne paraissait pas voir ce qui gênait tant Olaf, mais le bonhomme de neige, lui, n’aimait vraiment pas cela. Il s’en voulait suffisamment d’avoir laissé Yohan avec l’inquiétant personnage pour ne pas en plus se tromper plus longtemps sur le compte de son acolyte.
- Ben ouais, couina le troll, ça fait un moment maintenant ! Il fait un peu peur parfois c’est vrai, mais au moins des fois il sait tenir parole ! Regarde ça !
Il claqua dans ses doigts et une étincelle jaillit, faisait apparaître une flamme au creux de sa paume.
- Il m’avait dit que si je faisais ce qu’ile me demandait, il m’apprendrait la magie ! Bon, pour l’instant, je sais faire que quelques flammes, mais je pense qu’il pourra me montrer beaucoup plus de choses quand il sera devenu le Cinquième Esprit.
Olaf marqua un temps d’arrêt, pas sûr d’avoir compris ce que venait de dire le troll.
- Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes c’est…c’est Elsa le Cinquième Esprit !
- Oui, pour l’instant, répondit Morten, mais quand Maître Sivert aura pris le pouvoir chez les Northuldra et qu’il se sera débarrassé d’elle, là il deviendra bien plus puissant et moi il pourra m’apprendre beaucoup plus de magie !
Terrifié par ce qu’il venait d’entendre, Olaf se figea sur place.
- Se…se débarrasser d’Elsa ? Mais…mais comment ? Et pourquoi ? Il peut pas faire du mal à Elsa, Yohan ne le laissera pas faire.
- T’en fais pas, lorsqu’ils auront atteint le village Northuldra ce sera plus un problème.
Le troll ne paraissait absolument pas inquiet des agissements de son maître. Et si Olaf comprenait bien, ce dernier projetait de tuer Elsa une fois qu’il serait arrivé au village Northuldra. Et Yohan ? Que faisait-il ? Pourquoi n’essayait-il pas de l’en empêcher ? Paniqué, Olaf porta ses mains de bois à son visage et couina.
- Oh mon Dieu c’est…c’est horrible il…il faut prévenir Anna !
Mais alors qu’il allait se retourner pour s’en aller à toute vitesse, Morten s’approcha de lui en faisant claquer les doigts de son autre main. Olaf vit les flammes dans ses mains grandir tandis que le troll s’adressait à lui:
- Oh non non non, tu peux pas ! Maître Sivert m’a demandé de m’occuper de toi, histoire que tu fasses pas de bêtises ! Je suis désolé Olaf, mais si c’est le Maître qui l’ordonne…t’inquiète pas, il m’a dit de faire ça vite.
Et il s’avança vers lui, les mains en avant. Quelques secondes plus tard, une petit boule de feu vint s’écraser aux pieds du bonhomme de neige. Ce dernier poussa un hurlement, et partit en courant, aussi vite que le lui permettaient ses petits pieds.
- Mais cesse donc de bouger ! se plaignait Morten, j’arriverai jamais à te viser sinon !
Il envoyait toujours de petites boules de feu avec ses mains, et Olaf avait de plus en plus mal à les éviter. Il ne pouvait pas se permettre de fondre, pas maintenant ! Yohan était trop loin de lui, et il fallait absolument prévenir Anna de ce qui était en train de se tramer. Elsa était en danger ! Mais il fallait d’abord se débarrasser de Morten. Les mains de pierre du troll brûlaient à présent, et Olaf commençait à être cerné par le feu. Il n’avait plus le choix. Comme dirait Yohan « tant pis, il allait falloir taper » s’il voulait réussi à s’enfuir. Rassemblant tout son courage, Olaf se dressa fièrement devant Morten et demanda:
- Hé, Morten, on joue aux devinettes ?! Devine ce que c’est ça !
Se concentrant de toutes ses forces, le bonhomme de neige interchangea les boules de neige qui constituaient son corps, passant la plus grosse juste au dessous de sa tête. Puis il fit piocha directement dans cette dernière, et coinça ses mains dans des petites boules de neiges pour les transformer en poings, avant de faire pointer férocement ses doigts vers l’extérieur. Il se redressa devant le troll en tentant de paraître intimidant.
- Et voilà ! Ma meilleure imitation de mon petit frère Guimauve ! Qu’est-ce que tu dis de ça ! YAAAAAH !!!!
Et il se jeta sur Morten, essayant tant bien que mal de le frapper avec ses petits points de neige. Heureusement pour lui, le troll était très lent, mais ses mains brûlantes étaient difficiles à éviter.
- Aïe ! piailla Morten, je te préviens Olaf, je vais me fâcher !
Il attrapa un des poings d’Olaf, et fit brûler ardemment sa main. Le bonhomme de neige sentit son poing de neige fondre au contact de la pierre brûlante, et il sentait même la nappe surgelée qui le recouvrait le picoter légèrement comme si…comme si elle fondait elle aussi !
Fort heureusement pour lui, un violent souffle de vent le sépara alors de Morten, et l’envoya voler quelques mètres plus loin. Alors qu’il se relevait péniblement en remettant son corps en place, Olaf regarda devant lui, et vit le troll en train de se tortiller et de se débattre face à quelques feuilles mortes qui virevoltaient autour de lui, lui cachant le visage. Un large sourire apparut sur le visage du bonhomme de neige.
- Courant d’Air !
L’Esprit du Vent était venu l’aider. Il était venu le sauver du feu de Morten. Ce dernier d’ailleurs, commençait véritablement à s’énerver, pestant contre le vent et les feuilles qui s’agitaient autour de lui.
- Oh, allez, Ouste ! Vous m’empêchez de…hé !
Le vent venait de le faire basculer sur le dos. Sentant la force des rafales redoubler, Olaf sut que le bon moment était venu. Il s’assit les pieds en avant, et en se cramponnant bien à toutes les parties qui composaient son corps, cria:
- Courant d’air ! Ici vite !
Et en quelques secondes, le bonhomme de neige se sentit projeté dans les airs par le vent. Comme il l’avait espéré, il percuta violemment Morten qui n’avait pas encore fini de se relever, et le troll roula jusqu’au bas de la colline sur laquelle ils se trouvaient en poussant un cri perçant. Olaf, toujours virevoltant dans tous les sens, voyait à présent ses pieds et son corps voler devant ses yeux. Repensant avec nostalgie à sa première rencontre avec l’Esprit du Vent, il cria pour se faire entendre:
- Courant d’Air ! Il faut que j’aille à Arendelle, vite ! Tu peux me porter ?
Pendant un instant, Olaf continua de flotter dans les airs. Puis, la force du vent redoubla, et il se sentit emporté dans ce qui semblait être une nouvelle tornade. Et tandis que sa tête était de nouveau bringuebalée de tous côtés, il pouvait voir le paysage de la forêt défiler. Ainsi porté par le vent, il serait très vite à Arendelle !
- Youhou !!! cria-t-il, Anna, Elsa, Yohan, tenez bon, j’arrive !!!!
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"Look to the stars my darling baby boys
Life is strange and vast
Filled with wonders and joys
Face each new sun with eyes clear and true
Unafraid of the Unknown
Because i'll face it all with you"
"Moi, je suis peut-être pas un as de la stratégie ou du tir à l'arc, mais je peux me vanter de savoir ce que c'est que d'aimer quelqu'un." - Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois)
"Il faut savoir qu'une passerelle a deux côtés...et nos parents ont eu deux filles." - Elsa d'Arendelle
Re: Frozen: Épris dans la glace
Ven 24 Avr 2020, 23:46
Aîe, la séparation entre les deux sœurs... dur dur pour Anna d'encaisser d'autant que c'est de son dû, et non celui d'Elsa.
J'aime bien la décision que prend ton personnage : ne prendre pour aucun parti afin de ne pas favoriser l'un. Et rejoint par Olaf en plus. Le fait qu'il rappelle qu'il est le lien entre les deux sœurs fait bien réfléchir Anna sur sa décision. Bien pensé, je dis oui
Par contre que Yohan rejoigne Sivert un peu contre son gré... ça sent le roussi, comme dirait l'autre sauf s'il a ses raisons de faire double jeu.
Et Olaf qui a droit à sa médaille pour avoir fait face à Morten, et qui profite de la présence de Courant d'Air pour aller alerter Anna sur la situation. Il a enfin eu une bonne idée, le bougre
Super chapitre dans l'ensemble, qu’adviendra-t-il de nos héros dans la suite ? Wait and see.
J'aime bien la décision que prend ton personnage : ne prendre pour aucun parti afin de ne pas favoriser l'un. Et rejoint par Olaf en plus. Le fait qu'il rappelle qu'il est le lien entre les deux sœurs fait bien réfléchir Anna sur sa décision. Bien pensé, je dis oui
Par contre que Yohan rejoigne Sivert un peu contre son gré... ça sent le roussi, comme dirait l'autre sauf s'il a ses raisons de faire double jeu.
Et Olaf qui a droit à sa médaille pour avoir fait face à Morten, et qui profite de la présence de Courant d'Air pour aller alerter Anna sur la situation. Il a enfin eu une bonne idée, le bougre
Super chapitre dans l'ensemble, qu’adviendra-t-il de nos héros dans la suite ? Wait and see.
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