[Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
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M.Baggins
Dov
Frantzoze
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 25 Avr 2021, 12:26
Alors globalement, cette fin m'a un peu déplu, pour un truc particulier.
Déjà, ça y est tout le monde est enfin réuni (dans la mort) pour que chacun puisse recommencer une nouvelle vie, et sous la supervision d'Anna (celle des films) pour qu'ils aient tous leur happy ending. Et de plus, c'est la Elsa des Secrets d'Ahtohallan qui rejoint la famille. Très bien...
Mais Elsa qui abandonne ses enfants pour rejoindre sa famille morte ? Là je dis NON ! Genre sa sœur vient la voir en voyage astral (ça y ressemble) et lui dit "Si tu cherches Mamie, elle est retourné dans la forêt, et elle va mourir. Mais elle veut te voir avant." Bon jusqu'ici, elle ne sait pas, elle pense partir pour quelques jours. Mais direct elle retrouve sa mamie, elle l'accompagne dans l'Helveg, elle lui dit que son bonheur sera dans la mort et non plus dans la vie, qu'elle doit donc abandonner ses héritiers. Qui d'ailleurs sont sous la garde d'Olaf ressuscité ? Est-ce vraiment une bonne idée ?
Alors OK elle en a vu de toute les couleurs, elle a perdu sa sœur, deux amants, sa mère et a condamné son père à l'exil. Elle a donc eu une vie de m*rde... mais vraiment au point de vouloir laisser ses enfants derrière elle ?
Alors je sais que tu n'aimes pas Elsa... ou plutôt que VOUS n'aimez pas Elsa (c'est un chapitre de toi et Frantzoze). Mais là c'est trop : non seulement ça devient du harcèlement sur un perso qui n'avait rien demandé (sous prétexte qu'elle est moins bonne qu'Anna), mais là on a plus affaire à Rita de Dangerous Secrets. Elsa refait presque la même chose que sa grand-mère paternelle !
Donc bref, une fin qui aurait pu être bonne pour moi si Elsa n’avait pas cédé aux conseils de Mamie Anna de rejoindre sa défunte famille dans la mort. Sinon, on verra bien ce que nous réservent les chapitres bonus.
Déjà, ça y est tout le monde est enfin réuni (dans la mort) pour que chacun puisse recommencer une nouvelle vie, et sous la supervision d'Anna (celle des films) pour qu'ils aient tous leur happy ending. Et de plus, c'est la Elsa des Secrets d'Ahtohallan qui rejoint la famille. Très bien...
Mais Elsa qui abandonne ses enfants pour rejoindre sa famille morte ? Là je dis NON ! Genre sa sœur vient la voir en voyage astral (ça y ressemble) et lui dit "Si tu cherches Mamie, elle est retourné dans la forêt, et elle va mourir. Mais elle veut te voir avant." Bon jusqu'ici, elle ne sait pas, elle pense partir pour quelques jours. Mais direct elle retrouve sa mamie, elle l'accompagne dans l'Helveg, elle lui dit que son bonheur sera dans la mort et non plus dans la vie, qu'elle doit donc abandonner ses héritiers. Qui d'ailleurs sont sous la garde d'Olaf ressuscité ? Est-ce vraiment une bonne idée ?
Alors OK elle en a vu de toute les couleurs, elle a perdu sa sœur, deux amants, sa mère et a condamné son père à l'exil. Elle a donc eu une vie de m*rde... mais vraiment au point de vouloir laisser ses enfants derrière elle ?
Alors je sais que tu n'aimes pas Elsa... ou plutôt que VOUS n'aimez pas Elsa (c'est un chapitre de toi et Frantzoze). Mais là c'est trop : non seulement ça devient du harcèlement sur un perso qui n'avait rien demandé (sous prétexte qu'elle est moins bonne qu'Anna), mais là on a plus affaire à Rita de Dangerous Secrets. Elsa refait presque la même chose que sa grand-mère paternelle !
Donc bref, une fin qui aurait pu être bonne pour moi si Elsa n’avait pas cédé aux conseils de Mamie Anna de rejoindre sa défunte famille dans la mort. Sinon, on verra bien ce que nous réservent les chapitres bonus.
- AnsaAdmin
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 08 Mai 2021, 18:25
Après deux semaines de repos et un évènement qui a gravé ma vie à jamais le 28 avril 2021, voici les spoilers sans contexte du chapitre bonus, prévu pour ce soir Il peut être à la fois dans Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une grand-mère et retour vers le passé 2 : Croquée par le crocus !
Et en guest star dans le spoiler ma Mamie et moi !
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- AnsaAdmin
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 08 Mai 2021, 20:54
Chapitre bonus 1 : Dévoile-toi :
-En quoi puis-je t’aider Mamie ? Demanda Elsa d’une voix serviable.
Je l’observai de la tête aux pieds et je souris tellement elle me rappelait mon mari. Elle scrutait le lieu de partout et je sentais bien qu’elle n’était pas à son aise dans ma hutte.
-Qu’est-ce qui te gêne ma grande Piceaerd ? Questionnai-je à mon tour.
Sans crier gare, Elsa se mit violemment à rougir puis elle se tripota les doigts de contrariété.
-Avant tout…Ça n’a rien à voir contre toi…Mais…Je ne me sens pas à ma place ici Mamie, expliquai-je.
-Je comprends…Déclarai-je en lui souriant pour l’encourager. Tu n’as qu’à imaginer comment était ta Mère lorsqu’elle a été séparée de ton grand-père et moi-même en arrivant à Arendelle, seule.
La remarque la fit sursauter mais elle finit par hocher la tête et se confondre en excuses :
-Pardon…Oui c’est vrai…Tu as raison…Même si Maman avait les pouvoirs en moins, ajouta-t-elle pour elle-même.
Je voulus m’approcher pour l’enlacer et la rassurer mais elle fit un pas en arrière comme si elle se devait de se protéger.
-Je…Je suis désolée Mamie…Pardonne-moi…Je…Je ne veux pas te faire de mal…Tu sais…Quand…Quand Anna et moi étions petites, je l’ai blessé accidentellement avec mon pouvoir…Depuis…Je ne veux plus qu’on me touche…Papa…Maman…Combien de fois j’aurais voulu leur faire un câlin comme une petite fille normale…De même pour ma petite sœur…Combien de fois j’ai eu envie de me congeler pour ne plus avoir à subir de l’entendre m’implorer de venir jouer avec elle derrière la porte…
Je me mordis immédiatement la lèvre la regardant sangloter au fil de son explication tandis que je me perdais moi-même dans mes souvenirs.
-Ce…C’est pour cela que je veux enlever mon pouvoir de glace, termina-t-elle.
Je restai quelques instants dans le silence avant de répondre :
-Si tu penses que tu te sentiras mieux après, je n’irai pas à l’encontre de ton choix ma Grande Piceaerd.
Elle retrouva un sourire crispé et me dévisagea avant de reprendre :
-Merci Mamie…Tu sais…Aussi incroyable que cela puisse paraître…C’est Anna qui m’aide à les gérer.
-Alors heureusement que tu en as une de substitution ! Plaisantai-je.
Ma remarque dérida un peu Elsa qui se surprit à rire. Un nouveau silence s’installa et je le brisai en m’exclamant :
-Bon allez ! Viens ! Tu ne vas pas rester planter au beau milieu de la hutte aussi grande soit-elle…Tu sais ça me fait très bizarre à moi aussi d’être là…Enfin je veux dire d’à nouveau habiter ici ! Mais puisque j’ai ressuscité après trente-cinq d’absence Yélana a insisté pour que je revienne auprès de la communauté. Allez viens te dis-je ! Je vais te montrer ta chambre !
Sans attendre, je l’emmenais dans l’ancienne chambre de mon Ange de l’Air que j’avais rapidement réaménagé le temps que Courant d’Air m’apprenne la venue de ma petite-fille aînée.
-C’est là que ta Mère a grandi, a eu des moments de joie, a claqué des portes quand elle n’était pas contente de faire des leçons de chamanisme ou encore a imaginé un avenir quand elle voulait se marier avec ton grand-père petite, dis-je d’une voix la plus neutre possible même si l’émotion était là pour moi aussi.
-Je n’arrive pas à penser à Maman enfant, dit Elsa pensive…Mais c’est gentil de m’avoir mis dans cette chambre Mamie.
Elle optimisa une nouvelle fois l’espace du regard et alla s’assoir sur le lit.
-Est-ce que les autres pièces de la maison ont été utilisées un jour ? Demanda-t-elle à nouveau un peu intriguée.
Je secouai la tête.
-Jamais…Elles l’auraient été si tu avais eu beaucoup d’oncles et de nièces, chuchotai-je, ce que nous avons essayé de faire avec ton grand-père…Mais cela n’a pas été très concluant.
Ma voix dérailla alors que je repensai à mon petit Olaf. Lui aussi avait eu des pouvoirs semblables à ceux d’Elsa. Cette dernière me regarda soudain avec plus d’insistance comme si elle s’apprêtait à réclamer quelque chose.
-Mamie…Est-ce que je pourrai sortir…Je…Enfin…C’est-à-dire que…Kristoff a promis qu’il me ferait faire un tour du campement…Avec Honeymaren et Ryder bien sûr ! Ajouta-t-elle très vite en devenant aussi rouge qu’un coquelicot.
La voir aussi crispée faillit me faire éclater de rire mais à la place je m’écriai d’une voix détachée :
-Mais oui ma grande Piceaerd, bien…salue-le pour moi entre deux embrassades, je retourne à mon ragoût de rennes !
-Oh bien sûr je le ferai ! Dit-elle avant de comprendre ma phrase.
Je la regardai amusée et ajoutai :
-Tu sais Elsa, tu as dix-huit ans et je ne suis pas Iduna, tu as le droit d’aller où tu veux avec qui tu veux, tu n’es pas prisonnière dans la Forêt Enchantée…Alors si tu veux aimer Kaspian…Enfin Kristoff…Va aimer Kristoff…Après tout ta mère en sera sans doute ravie…Elle était meilleure amie avec Béata…La mère de ton amoureux.
Ma petite fille s’autorisa enfin un écart et vint m’embrasser furtivement folle de joie. Puis elle sautilla un peu nerveusement et cria :
-Merci Mamie ! A tout à l’heure !
Elle s’en alla discrètement de la pièce alors que je ne bougeai pas. Je n’osais pas le dire mais j’étais angoissée à l’idée de me retrouver seule dans mon ancienne maison. De me retrouver face à mes propres fantômes alors que ma grande Piceaerd était avec moi. D’un autre côté, j’avais peur de mal agir avec elle ayant étant privée de tout contact humain depuis si longtemps…
-Courage Anna…Si mon bel Elysia était là…Il dirait que je m’en sors à merveille ! Murmurai-je à voix haute alors que des papillons s’emparèrent de mon bas-ventre à la seule mention de mon mari.
Elysia…Ce seul prénom faisait encore vibrer mon cœur et mon corps. Je fermai les yeux cherchant à me remémorer chaque trait de son visage, de ses expressions.
-Mon amour…Bientôt, répétai-je en souriant toute seule.
-Madame Piceaerd est-elle bien installée ? Demanda soudain Yélana à l’entrée de la hutte.
Je sursautai immédiatement et allai la voir, soulagée de me retrouver avec quelqu’un de familier.
-Madame Coudrier que me vaut votre visite ? Questionnai-je avec plaisir.
-Je venais observer tes échanges avec ta nouvelle recrue, répondit-elle.
-Donc te moquer ouvertement de moi, soupirai-je, trop aimable de ta part.
-Tout de suite sur la défensive Anna ! Grogna-t-elle.
-Ce n’est comme si tu avais voulu brûler mes petites filles, dis-je ironique, je suis curieuse que tu t’en soucies maintenant.
Yélana rougit de confusion et répliqua :
-Je m’excuse encore pour cet intermède, mais quand j’ai entendu les mots « soldats » et « Arendelle », ça m’a rendu folle…Je suis comme toi…Il ne se passe pas un jour sans que je regrette mon mari et mon bébé.
Je lui jetai aussitôt un regard de compassion et répliquai :
-Je comprends…Pardonne-moi…Bon pour répondre à ta question, je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre avec Elsa pour lui faire garder ses pouvoirs.
-Ah c’est sûr que ça aurait été plus simple avec sa sœur ! Quelle tornade celle-là ! Une vraie Iduna ! Plaisanta à nouveau ma meilleure amie.
Je lui lançai immédiatement des éclairs et elle éclata de rire. Puis je repris en l’imitant :
-Oh oui elle était pénible ! Mais bon comme vous n’avez pas allumé vos coupoles avec Elysia, vous êtes maudits et blablabla…
Yélana me donna une tape dans le dos pour me faire taire.
-Apprends ma chère que tes coupoles ne servent à rien, ajoutai-je en riant, mais ça serait trop long de t’expliquer pourquoi.
-Tu dirais n’importe quoi de toute façon pour te convaincre ! Maugréa-t-elle.
Nous nous regardâmes quelques instants et éclatâmes de rire à nouveau.
-Nous en étions donc à Elsa, repris-je après avoir retrouvé mon sérieux.
-Oui pardon Anna Piceaerd…Tu sais…J’aurais peut-être une idée à te soumettre pour ses pouvoirs…Déclara Yélana à ma grande surprise.
-Je t’écoute ! Dis-je attentive.
-Pourquoi ne lui parlerais-tu pas d’Olaf ? Lâcha-t-elle.
Je reçus la phrase comme un coup de massue. Cela faisait longtemps que mon fils n’avait pas été mentionné à haute voix. Il me parut d’ailleurs bizarre que Yélana soit au courant de son pouvoir de glace.
-Je…Je me vois mal me confier à Elsa quand je n’ai rien dit à sa mère à propos de son petit frère, expliquai-je confuse.
-Oui mais là, ce n’est pas Iduna qui a besoin d’aide, argumenta-t-elle, je pense que ça pourrait lui faire du bien…Et à toi aussi.
Elle me tapota gentiment le dos alors que je ne savais pas encore si je validais ses paroles. J’allai me réfugier près de la marmite du ragoût de rennes pour ne pas lui répondre à haute voix.
-Tu n’as jamais fui Anna Piceaerd, commenta-t-elle en comprenant mon retranchement, et je sais que tu prendras la meilleure décision.
Je me mordis la lèvre et l’observai. Elle aussi était devenue une femme pleine de sagesse après toutes ces années. J’étais sur le point d’ouvrir la bouche quand ma petite fille revint dans la hutte toute rouge et essoufflée.
-Déjà de retour ma grande Piceaerd ? Demandai-je alors qu’elle salua Yélana, je pensais que tu mettrais plus de temps.
-J’aurais bien aimé mais Kristoff devait aller avec son frère s’occuper des rennes…Et il n’a pas voulu que j’y aille car il a dit que ça pouvait être dangereux, expliqua-t-elle, enfin…C’est surtout monsieur Nattura qui n’a pas voulu…Il a dit que tu comprendrais.
Je me raidis aussitôt repensant aux dépouilles de mes parents piétinés par l’accident des cervidés alors qu’Iduna n’était encore qu’une enfant.
-Il a raison, dis-je, mon petit Andréas est toujours plein de sagesse.
-Tu vas donc m’aider à enlever mon pouvoir à présent Mamie ? Persista-t-elle.
Je jetai un coup d’œil à ma meilleure amie qui m’encouragea d’un signe de tête avant de s’en aller de ma demeure. Le regard d’Elsa ne déviait pas du mien. Je déglutis légèrement apeurée et m’éclaircis enfin la gorge avant de répliquer :
-Attends-moi là ma grande Piceaerd.
Elle s’installa autour de la table pendant que je courus récupérer des galets qui se trouvaient près des berges. J’en ramassai plusieurs et retournai auprès d’elle. Puis je les posai sur la table alors qu’elle les fixa comme d’éventuels ennemis.
-C’est ça qui va faire partir mes pouvoirs ? M’interrogea-t-elle en se repliant sur elle-même.
Je m’assis en face d’elle sans lui répondre et murmurai :
-J’aimerais te raconter une histoire, tu veux bien ?
Elle hocha la tête légèrement contrariée que je n’aille pas plus vite. Je fermai les yeux et commençai :
-Il était une fois une petite fille qui était promise à un chef Northuldra, elle suivit ce chemin mais fut bientôt rattrapée par son destin et tomba amoureuse d’un autre jeune homme…Elysia Sappos des Terres Gelées lui-même chamane de sa tribu. Ils eurent une petite fille et vécurent dans le bonheur pendant treize ans. Puis il y eut la guerre contre les Arendellien et cet homme merveilleux mourut durant la bataille laissant sa femme enceinte et seule. La petite fille disparut et sa mère la pensa morte pendant très longtemps. Heureusement pendant un petit temps la femme n’était plus seule car un petit garçon naquit. Et il garda un souvenir précieux de son Papa en héritant du pouvoir de la glace en lien avec le lieu de ses origines. Sa Maman fit de son mieux pour lui apprendre à les contrôler toujours dans une très grande douceur…
Je m’arrêtais d’un coup alors que ma voix se voila. Laisse tes émotions de côté Anna…Contrôle ta respiration, pensai-je. Elsa attendait toujours attentive.
-…Puis le petit garçon disparut à son tour et son pouvoir avec lui, et la jeune Maman se retrouva seule jusqu’à ce qu’elle retrouve sa fille et ses petites filles, conclus-je.
Ma petite Piceaerd resta silencieuse et je me surpris à penser à sa sœur qui aurait sans doute poser des milliers de questions. Je n’étais pas déçue pour autant par son comportement, ne souhaitant pas m’étendre sur le sujet. Elle resta un moment à fixer les pierres avant de dire :
-Tu es en train d’essayer de me convaincre de garder mes pouvoirs ?
-Tu es très futée Elsa, répondis-je simplement avec un sourire.
-Tu sais, Papa et Maman que j’aime beaucoup ont aussi essayé de m’apprendre comme toi avec ton fils. Mais ça n’a pas été un grand succès, bredouilla-t-elle.
-Oui je sais, mon Ange de l’Air m’a expliqué comment s’était passé tes années d’enfermement…Commençai-je.
- D’ailleurs je suis assez surprise que Maman ne m’ait rien dit à propos de son frère, renchérit-elle.
Je tapotai légèrement le bois de la table pour ne pas montrer mon angoisse et murmurai :
-Je n’ai jamais dit à personne que tu avais un oncle…Et je souhaiterais que tu n’en parles à personne non plus.
Je lus de la compassion dans ses yeux alors qu’elle répliqua :
-Promis Mamie, je respecte ton choix, je n’en dirais rien.
-Parfait…Dans ce cas, si tu veux bien de moi comme professeure, est-ce que nous pourrions faire une tentative ? Demandai-je.
Elle se renfrogna immédiatement et lia ses mains au travers de ses gants.
-Je…Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée…Je…Je devrais aller retrouver Kristoff, il doit avoir fini de surveiller le troupeau ! Déclara-t-elle en se relevant en catastrophe.
Je l’observai longuement puis je finis par demander :
-Qu’est-ce qu’il pense de tes pouvoirs ?
-Qui ça ? Rétorqua Elsa en se mordant la lèvre.
-Kristoff ma grande Piceaerd, répondis-je.
Son visage rougit violemment ce qui me réchauffa le cœur.
-Oh…Et bien…Il trouve que ça fait de moi quelqu’un d’unique…Et dit que si je les enlève je ne serai plus la même, bafouilla-t-elle, Anna pense exactement la même chose.
-Et tu n’as pas envie de les écouter eux ? Insistai-je.
Elle se mordit à nouveau violemment la lèvre et s’énerva :
-Je…Je t’ai dit que c’était peine perdue ! Je suis un cas désespéré ! Ma famille a été déchirée à cause de moi il y a des années de cela ! Tout le monde a été blessé à cause de ces fichus pouvoirs ! Je veux en finir ! Je ne reviendrai pas sur ma décision !
Elle éclata soudain en sanglots alors que je sentis un air frais s’enrôler tout autour de son être. Je ne la brusquai pas plus mais conclus plutôt:
-Je comprends ma grande Piceaerd…Mais sache que je ne te laisserai pas tomber quoiqu’il arrive. Viens manger à présent, je t’emmène quelque part ce soir.
Elle écouta attentivement ma dernière phrase et ne posa pas plus de question encore une fois. Elle se contenta juste d’hocher la tête avant de se retirer dans sa chambre et de se changer le temps que je finisse le ragoût. Nous mangeâmes dans un silence pesant puis je lui intimai de me suivre jusqu’aux berges. Une fois près des rives, j’appelai mes amis les géants.
-Conduis-moi jusqu’aux Terres Gelée ! Ordonnai-je bientôt à l’un d’eux.
Je montai dans leur main alors qu’Elsa s’avança au centre creux de la roche avec un air de méfiance.
-Tu m’emmènes aux origines de Papy ? Demanda-t-elle non rassurée.
-Exactement ma grande Piceaerd, répondis-je soulagée que mon histoire lui soit restée en mémoire.
Très posée, elle n’ajouta rien de plus. L’esprit de la Terre choisit ce moment pour partir en direction d’Ahtohallan. Sur le chemin je fis plusieurs tentatives pour faire parler ma petite fille mais je n’y parvins pas. Ce fut ainsi qu’une bonne demi-heure plus tard, le géant nous déposa au sol. J’observai à nouveau Elsa et répliquai :
-Tu n’es pas très habillée.
-Le froid ne m’a jamais dérangé Mamie…Tu sais avec mes pouvoirs ! Expliqua-t-elle, mais ce n’est pas le sujet…Pourquoi m’as-tu emmené ici ?
Je respirai un grand coup avant de rétorquer :
-Eh bien je m’étais dit qu’un petit itinéraire dans la vie de tes ancêtres pourrait peut être te permettre d’accepter tes pouvoirs.
-Tu es aussi têtue qu’Anna ! S’écria-t-elle encore sur la défensive.
-Ça doit venir du prénom, plaisantai-je.
Mais elle ne riait pas bien au contraire ! Elle me fusillait si fort du regard que j’aurais pu mourir si le jet de glace était venu de ses yeux.
-Il faut que tu aies confiance en toi Elsa ! Lâchai-je d’un coup, oh bien sûr, ça paraît beaucoup plus facile à dire, j’en suis amplement d’accord…Crois-le ou non mais tu as face à toi la personne qui a le moins confiance en elle.
Je sentis enfin de la surprise dans ses yeux en entendant mes paroles.
-Toi ? Vraiment Mamie ? Demanda-t-elle ne le pensant pas une seule seconde.
J’acquiesçai et nous nous mîmes en route jusqu’à l’autre bout de la plaque de glace. J’inspectai le sol avec précision, recherchant une trace que j’avais aperçue il y a bien longtemps. Quand enfin, je l’eus trouvé, je déclarai :
-Penche-toi Elsa et regarde !
Ma grande Piceaerd s’exécuta fixant la direction de mon doigt sans grande conviction. Son visage s’illumina ensuite en découvrant la gravure.
-Oh Mamie ! C’est le même symbole que le camée que m’a offert Kristoff ! Clama-t-elle enfin en me montrant la broche.
-Le camée de Béata…Hum…Sais-tu ce qu’il représente ? Questionnai-je.
-Il me semble qu’Anna avait parlé des esprits de la nature…Comme dans l’histoire que Papa nous avait raconté lorsque nous étions petites, répondit-elle.
-C’est exactement ça ! A présent regarde sous ton pied si tu le veux bien.
Elsa s’assit alors sur la glace et enleva ses bottes avant de dévoiler la renaissance des cinquièmes esprits.
-Mais…Je n’avais pas ce tatouage avant, avoua-t-elle surprise.
-Généralement c’est à la naissance qu’il apparaît lorsque les parents font la cérémonie de la nature. Je doute que ta mère vous l’ait faite.
Auquel cas, il s’imprime quand les personnes qui ont un rôle crucial finisse par l’accepter, expliquai-je, vois-tu je suis sûre que si on regarde sur le pied de ta sœur, nous trouverons également ce symbole Northuldra car elle est prête à être chamane…Mais elle ne figurera pas au centre.
-Pourquoi ? Qu’est-ce que cela signifie Mamie ? Demanda-t-elle.
-Eh bien, la réponse est évidente Elsa…Si tu es au centre des quatre esprits c’est que tu en es le cinquième. C’est toi la mère de tous les esprits, ton rôle est de veiller à ce qu’il y est un bon équilibre entre les quatre.
Elle sursauta et paniqua en quelques secondes :
-Et tu penses sincèrement que ce rôle m’a été attribué ?! Je veux dire…Il y a encore Trois jours je ne savais même pas que je faisais partie de la Forêt Enchantée !
-Au plus profond de ton âme tu étais au courant, insistai-je.
-Soit…Admettons que cela soit vrai…Quel est le rapport avec mon pouvoir ?! Est-ce que c’est lié ? Faut-il en avoir un pour être Cinquième esprit ? Renchérit-elle au bord de la crise de nerfs.
-Pas du tout ma grande Piceaerd, ta Mère était destinée à l’être et elle n’a aucun pouvoir, pareil pour moi…Je suis là pour t’ouvrir les yeux avant tout, tu dois t’accepter telle que tu es. Tu as un rôle clef auprès des esprits mais tu en as un aussi auprès des Piceaerd…Une partie de tes origines Elsa sont ici…Dans ce pays froid…Ton grand-père Elysia…Ton arrière-grand-mère Iduna…Mais pas seulement…Sais-tu pourquoi ce tatouage des esprits de la nature est gravé dans la glace ?!
Une fois encore, elle secoua la tête.
-Ma chère petite fille, nos pieds foulent actuellement la tombe de ta première ancêtre Emma Piceaerd. Elle venait des Terres Gelées et a été la première chamane et cinquième esprit de la Forêt Enchantée.
-Oh ! S’exclama-t-elle surprise.
Elle s’avança et observa la gravure de plus près. Sans faire attention, elle enleva enfin ses gants et la toucha sur toutes les reliures alors que je me retirai discrètement pour la laisser faire. Et l’exploit qu’elle produisit quelques secondes plus tard fut spectaculaire. Plaquant ses mains au milieu des quatre losanges elle ferma les yeux et se concentra comme si elle essayait d’apercevoir quelque chose. Des bulles d’eau gelées sortirent aussitôt de ses doigts et allèrent se matérialiser à côté de moi. Stupéfaite, je découvris qu’une jeune femme portant des vêtements en peaux de rennes se figea petit à petit grâce à la neige en congère.
Apeurée, Elsa se releva d’un coup. Ses yeux allèrent tour à tour entre les mains et la statue.
-Oh mes aïeux Mamie…Mais qu’est-ce que je viens de faire ? Paniqua-t-elle.
Je souris immédiatement de fierté et répondis :
-Un souvenir figé ma grande Piceaerd, tu viens de transférer grâce à la mémoire de l’eau un souvenir d’Emma Piceaerd…Et ça tu n’aurais jamais pu le faire sans ton sublime pouvoir des neiges…D’habitude c’est seulement à Ahtohallan que des statues comme celles-là apparaissent mais toi, tu as la capacité de pouvoir les transporter avec toi visiblement.
-Ahtohallan ? Comme dans la berceuse de Maman ? Répéta-t-elle.
-De ta Mère mais pas seulement… Elle provient également de notre ancêtre. Emma Piceaerd a été la première à la chanter puisqu’elle était liée aux esprits ! M’écriai-je.
-C’est fascinant Mamie, commenta-t-elle enfin sincère.
-Je ne puis que confirmer Elsa…Bien…As-tu toujours envie d’enlever tes pouvoirs après cela? Questionnai-je.
Elle me lança un regard hésitant. Ses yeux s’assombrirent alors qu’elle partait dans sa mémoire puis ils s’éclaircirent à nouveau lorsqu’elle lorgna la statue de glace.
-Il faut que j’y réfléchisse Mamie…J’ai besoin d’une bonne nuit de sommeil pour méditer tout ça, murmura-t-elle.
-Je suis ravie de te l’entendre dire…Allez viens il est temps de nous coucher justement, conclus-je.
Nous rentrâmes dans le même silence qu’à l’allée, mais j’eus la conviction que c’était un bon moment de calme qui lui permit de réfléchir. La nuit passa et quand je vis l’air déterminé d’Elsa le lendemain matin, je sus que j’étais sur la bonne voie. Je lui disposai tout de suite les cailloux sur le bord de la table et lui donnai la première leçon me sentant victorieuse.
Je passai donc beaucoup de temps à lui redonner confiance en elle. Ce ne fut pas aisé. Bien des fois, elle laissa son exercice car elle ne s’estimait pas assez compétente pour pouvoir les accomplir. Et pourtant. Elle avait tout fait avec brillance.
Presque trois semaines passèrent ainsi où elle s’accoutuma à sa nouvelle vie dans la Forêt Enchantée. Quand elle ne faisait pas ses leçons, je la laissai aller batifoler avec Kristoff. Son amour pour le jeune homme Nattura me ramenait des années en arrière quand je m’impatientais de revoir Elysia. Andréas et moi étions heureux qu’ils se soient trouvés car cela unissait définitivement nos deux familles.
Un matin, je donnai rendez-vous à Yélana pour que nous puissions nous rendre toutes les trois à Ahtohallan car j’estimai qu’Elsa était prête à accepter pleinement son rôle de cinquième esprit.
-Tu n’as rien à craindre ma grande Piceaerd, tu es performante je t’assure ! Tu as fait beaucoup de progrès ! Toute la famille sera très fière de toi surtout ta Mère et ta sœur ! M’écriai-je, et puis si tu réussis, tu auras la permission de passer le reste de la journée avec Kristoff ! Ajoutai-je en lui faisant un clin d’œil.
-Bien…Je vais me raccrocher à cela comme source de motivation, murmura-t-elle alors que ma meilleure amie renchérit :
-Bonté divine Anna ! Peut-être que ta petite fille n’a pas hérité de ton tempérament fougueux et amoureux !
J’haussai les sourcils à moitié convaincue bien que je fusse sûre que ma grande Piceaerd n’avait pas encore franchi le pas avec lui.
-Certes, tu as peut-être raison ! M’exclamai-je rougissant à mon tour sous le regard d’incompréhension d’Elsa, toutefois chère madame Coudrier tu ferais mieux de tenir ta langue si tu veux venir avec nous !
Yélana pâlit immédiatement car elle connaissait l’enjeux de ce voyage. Je voulais lui faire plaisir après toutes ces années de disputes et d’amitié. Lui laisser un dernier cadeau avant de partir rejoindre mon beau mari.
-Je plaisante, Allez ! Venez toutes les deux à présent ! Leur intimai-je.
Nous nous pressâmes de monter dans les mains du géant qui nous arrêta cette fois aux abords des Plages Grises. Nous passâmes ainsi devant mon ancienne hutte et arrivâmes dans l’eau.
-Pourquoi nous arrêtons-nous là ?! S’impatienta bientôt ma meilleure amie.
-Parce que je dois présenter Elsa au Nokk ! Expliquai-je, elle a déjà vu tous les autres, il ne manque que celui-là…Et je retardai le plus le moment compte tenu le caractère de ce dernier.
-C’est le dernier esprit c’est bien cela Mamie ? Demanda-t-elle un peu apeurée.
-Oui ma grande Piceaerd, assurai-je.
Puis je me tournai vers Yélana et le géant et ajoutai :
-Partez devant nous vous rejoignons !
Ma meilleure amie ronchonna mais l’esprit de la terre l’emmena comme je lui demandai. Restée avec ma grande Piceaerd, je lui intimai bientôt d’enlever ses chaussures et ses bas avant de le faire moi-même et d’entrer dans l’eau.
-Tu te rappelles ce que tu as ressenti quand Courant d’Air t’a transporté violemment ? Quand Bruni a essayé de te consumer ou encore quand les géants ont failli t’écraser ? Enumérai-je.
-Euh…Oui Mamie, pourquoi ? Paniqua-t-elle.
-Parce que ce n’est rien à côté du Nokk ! En piste maintenant ! Clamai-je.
Je la poussai gentiment en avant alors qu’elle créa d’elle-même une plaque de glace. Hélas il en fallait bien plus pour arrêter l’esprit de l’eau. Alors que nous avancions progressivement main dans la main, la forme fluide de l’équidé craqua le sol robuste m’arrachant ma petite fille. Le cheval d’eau la fit aussitôt glisser vers les abysses de la Mer Sombre. J’aurais voulu l’aider mais je savais que c’était son combat. Je fus tout de même soulagée de la voir ressurgir de l’eau les cheveux démêlés et mouillés flottant au vent. Elle me regarda avec fureur mais n’eut pas le temps de répliquer que le Nokk revint à la charge, l’emmenant ainsi pour deux tentatives. Lui aussi hennissait avec colère.
-Mais tu vas rester tranquille oui ?! Lui criait-elle tout en se maintenant avec force sur la forme fluide.
Elle glissa encore deux fois avant de réapparaître avec l’esprit de l’eau harnaché au museau. De gré ou de force, elle finit par le dompter. Elle me regarda bientôt essoufflée et retrouva petit à petit son calme avant de demander :
-Alors satisfaite Mamie ?
-Moins que toi sans doute, plaisantai-je.
Elsa me regarda tendrement et se permit de rire.
-Certes…Monte à présent, m’intima-t-elle ensuite.
Je fus surprise de constater que l’esprit ne me rejeta pas. Prenant la confiance, je lui tapotai alors la croupe en murmurant :
-Tu as le bonjour d’Helga Piceaerd.
Comme s’il semblait avoir compris le sens de mes paroles, il hennit de plaisir. Elsa tenait toujours le harnais. Elle se tourna alors vers moi et sans que je m’y attende se fondit contre mon corps.
-Merci Mamie…Merci pour tout…Grâce à toi je me suis épanouie, murmura-t-elle.
J’osai enfin lui embrasser son front glacé et rétorquai émue :
-Non merci à toi ma grande Piceaerd, grâce à toi, je ne suis plus seule.
Elle fut émue mais ne montra pas plus de geste démonstratif. Elle donna alors un coup de bride et le Nokk nous amena jusqu’à Ahtohallan. Comme prévu Yélana nous y attendait avec le Géant.
-Eh bien ! Ce n’est pas trop tôt ! S’écria-t-elle mécontente.
-Oh ! Vois ça avec Elsa, c’est elle qui nous a retarder en manquant de se faire noyer plusieurs fois, dis-je avec ironie.
Ma meilleure amie me tira la langue alors que je lui donnai la main. Dans un profond silence religieux nous pénétrâmes dans le glacier sacré. Nous laissâmes volontairement Elsa y aller en premier car c’était son heure de gloire. Très vite, elle trouva ses aises et se permit quelques fantaisies en glissant avec adresse sur le tobogan cristallin. Arrivée au précipice elle fut plus maligne que nous toutes jusqu’à présent puisqu’elle créa des piliers de glace et sauta avec une élégance atteignant bientôt l’autre côté sans aucune difficulté. Pour ma part, je préférai être transportée par les esprits comme avant. Yélana s’accrocha à moi avec peur.
-Mamie c’est bloqué ! S’exclama soudain ma petite fille.
-A toi de trouver la solution, dis-je comme ma mère l’avait fait avec moi.
Elsa hésita puis ses bras se soulevèrent dans un mouvement gracieux et des jets de neige se catapultèrent contre la paroi jusqu’à la faire exploser. Puis elle éleva les colonnes au sol les disposant pour rendre la voie praticable jusqu’au dôme. Nous arrivâmes alors dans la salle lugubre. J’indiquai à Yélana de s’arrêter car Elsa devait finaliser son rôle seule.
-Tu m’accompagnes Mamie ? Demanda-t-elle apeurée.
-Non…C’est ton moment ma grande Piceaerd ! L’encourageai-je.
Elle avança la tête haute et reçut les esprits en formes éparpillées autour d’elle. Ils l’éclairèrent jusqu’à l’emplacement des losanges. Ma petite fille se mordit encore la lèvre, me jeta un regard hésitant et y alla. Tout comme moi des années auparavant, elle fut enveloppée d’une lumière étincelante et les souvenirs apparurent contre le mur. La berceuse d’Ahtohallan chantée par Iduna alors qu’Elsa et Anna étaient enfants s’entendit bientôt résonnant à travers le sanctuaire.
-C’est…Époustouflant Anna…Murmura bientôt Yélana avec des yeux émerveillés.
Je ne pus qu’approuver sentant une larme de joie coulait le long de ma joue. Cela avait pris du temps mais j’avais réussi l’apprentissage d’un cinquième esprit. Et bientôt je ferai de même avec ma chamane.
-Mamie…Je…J’ai réussi ! S’écria à son tour ma grande Piceaerd en inspectant sa nouvelle robe blanche parsemée des cristaux reluisants et dénudée aux épaules.
Nous l’applaudîmes immédiatement alors qu’elle fit apparaître des souvenirs figés. Yélana ne savait plus où donner de la tête ressemblant à une enfant devant des tas de cadeaux.
-Est-il…Est-il parmi eux, Anna ? Finit-elle par demander d’une petite voix de souris.
-Je te l’ai promis non ? Renchéris-je avec malice.
Ma meilleure amie n’osa y croire alors que je me tournai vers Elsa qui se regardait incapable de penser que tout ce qui s’était produit dans la pièce était de son fait. Elle finit par me dévisager et je lus de la reconnaissance dans son regard. Puis son visage se déforma et des larmes coulèrent sur ses joues. Elle se rua sur moi et vint m’enlacer plus fort pour la deuxième fois de la journée.
-Je sais qui je suis maintenant, murmura-t-elle, merci, merci pour tout.
-J’en suis ravie ma grande Piceaerd ! Clamai-je en lui caressant le dos.
Je rejoins ensuite Yélana qui attendait patiemment son tour. J’observais donc la salle et la guidai enfin vers une reproduction de son mariage avec Amarok. Surmontant mon dégoût, je touchai tour à tour les deux souvenirs qui s’animèrent. Puis je me retirai pour laisser un peu d’intimité à ma meilleure amie et retournai auprès d’Elsa qui trépignait à présent d’impatience.
-Quand je vais raconter ça à Kristoff et Anna ! S’écria-t-elle avant de se rétracter et rougir, enfin…Je vais l’écrire et l’envoyer par Courant d’Air à ma petite sœur…
-Oui oui…Ou bien tout lui dire de vive voix ce soir près de la cascade d’Arendelle ! Repris-je amusée.
-Non…Mais je ne vois pas du tout de quoi tu parles Mamie, bafouilla-t-elle alors que son visage devint cramoisi.
La voir de plus en plus confuse me fit éclater de rire. Je décidai de mettre fin à son embarra et lui expliquai alors :
-Tu as face à toi l’experte des rendez-vous cachés Elsa ! Tous les vendredis comme par hasard tu dois te rendre au barrage avec Kristoff pour le contempler…Le barrage…Hein pas Kristoff! Hum…Vous avez eu le temps de bien le voir sous toutes les coutures depuis presque trois semaines…Mais il n’y a pas de boue près du barrage alors que je suis obligée de nettoyer derrière toi quand tu en reviens et que tu laisses des traces sur le plancher de la hutte…Par ailleurs j’ai suivi les empreintes des sabots de Sven qui faisaient un joli chemin jusqu’au point de rencontre de ta sœur…Oh…Et tous mes pots de plantes qui ont été déplacées parce que tu devais rapporter des choses pour certaines expériences…Je suis d’ailleurs surprise qu’Anna ait déjà des grimoires à sa disposition et qu’elle essaye des expériences sachant que nous n’avons encore rien appris !
Elsa baissa aussitôt la tête comme si elle venait d’être punie.
-Je…J’avais peur que tu me dénonces à Maman si je te le disais, dit-elle en se mordant la lèvre.
Je ris encore et rétorquai :
-Moi ? Te dénoncer ? A mon Ange de l’Air qui plus est ?! Ne me confonds pas avec ton père s’il te plaît ! S’il y a bien une chose que je déteste c’est voir ma famille séparée ! Alors ne t’en fais pas, je te laisserai librement voir Anna ce soir ! Comme tous les vendredis à l’avenir.
-Merci Mamie…Du coup…Et est-ce que maintenant je peux rejoindre…Commença-t-elle.
-Kaspian ? Enfin Kristoff ? Oui vas-y ! Tu l’as amplement méritée ! Encore bravo à toi ma grande Piceaerd ! Clamai-je.
-Tu me raccompagnes jusqu’au Nokk ? Ajouta-t-elle.
-Non…Tu n’as plus besoin de moi…Tu as réussi à le dompter lui aussi, conclus-je avec clin d’œil.
Elsa obtempéra. Je la regardai partir pleine d’assurance et de majesté. Je retournai ensuite auprès de Yélana qui n’avait pas bougé.
-Est-ce qu’on se remet en route madame Coudrier ? Questionnai-je gentiment pour ne pas la brusquer.
-Nous sommes vraiment obligées ? Demanda-t-elle boudeuse.
-Oh bah tu sais vu ton âge tu le reverras sans doute bientôt ! Clamai-je naturellement.
Ma meilleure amie me fusilla aussitôt du regard.
-Autant que toi qui doit soit disant revoir Elysia d’ici quelques mois, maugréa-t-elle.
Son visage finit par se radoucir et elle me donna une lettre que je pris avec surprise.
-Je préfère te déclarer ses derniers mots pendant que tu es en bonne santé… Je ne souhaite pas que nous nous parlions sur ton lit de mort car je souffrirai trop, j’attendrai que l’on vienne me prévenir que tu n’es plus là, balbutia-t-elle en fixant toujours le souvenir d’Amarok.
-Puis-je l’ouvrir tout de suite ? Demandai-je émue.
-Si tu le souhaites oui, comme ça, cela me permet de rester un peu plus longtemps auprès de la statue de mon mari, répondit-elle avec malice.
Tandis que ma bouche était sèche, je décachetai l’enveloppe et lus enfin :
Ma chère Anna Piceaerd,
Que de chemins parcourus depuis nos deux ans. Le troll avait raison en disant que notre amitié a été mise à rudes épreuves. Durant notre enfance et notre adolescence j’ai eu souvent envie de te détester. Tu demeurais cette sœur qui était plus belle et plus importante alors que moi j’étais toujours dans l’ombre. Je t’en voulais pour ses coupoles que tu méprisais. Mais finalement, je n’aurais jamais pu ne pas t’aimer. Tu demeurais et demeure encore aujourd’hui ma sœur, ma confidente malgré les années, malgré nos divergences. Je suis ravie de t’avoir rencontré. D’avoir partagé de moments forts avec toi comme la naissance de ta fille. Oui nous avons connu des hauts et des bas. J’ai pu assister à ton mariage avec l’homme que tu aimes réellement. Nous avons affronté ensemble la mort, la souffrance. Je n’ai pas été tendre avec toi. La colère m’a aveuglé. Il me fallait une coupable et tu avais la première place. Pourtant dès l’instant où nous avons conclu le pacte, je t’ai regrettée et pleurée. C’est grâce à toi que je me suis assagie. Et je te serai toujours reconnaissante pour ta patience à mon égard. Moi et mon caractère revêche…
Aujourd’hui, tu vas bientôt mourir pour de vrai. Je n’ose imaginer ma vie sans toi car même si nous ne nous voyons pas tous les jours depuis moult années, je savais que j’avais ton épaule sur laquelle m’appuyait. Tu laisseras un vide dans mon cœur Anna Piceaerd…Coudrier, ma petite sœur de quelques mois au même titre qu’Amarok mon très cher mari et Elysia et Pieter mes frères de cœur.
J’espère que nous nous retrouverons tout de même dans l’au-delà au moins pour un petit coucou. Tu me manqueras terriblement mais sache que je penserai toujours à toi-même après ta mort et que je veillerai sur le reste de ta famille que je considère également comme la mienne. Je t’aime tendrement Anna Piceaerd Coudrier et te souhaite que du bonheur pour nos derniers moments à vivre et pour les retrouvailles avec ton mari.
Mille bises. Yélana Coudrier ta meilleure amie et sœur à jamais.
Je tentais de refouler les larmes qui me piquaient les yeux. Je la regardais dos à moi, toujours proche d’Amarok. Elle se tourna bientôt à son tour le visage maculé de larmes. Nous nous tombâmes dans les bras et reniflâmes pendant les quelques minutes qui suivirent. Nous n’étions pas du genre démonstratif, mais le fait de se dire que nous serions bientôt séparées pour toujours nous fit oublier les convenances. Nous restâmes ainsi encore quelques secondes avant de quitter Ahtohallan et son atmosphère particulière. Nous remontâmes à bord de la main du géant.
-Je te promets que tu reviendras voir la statue ! M’exclamai-je.
-Merci Anna, dit-elle.
Nous restâmes silencieuses. Bien entendu, l’une comme l’autre savions que nous ne remettrions jamais les pieds là-bas avant ma mort. Nous nous quittâmes comme au bon vieux temps en partant chacune de notre côté. Je retournai méditer le reste de l’après-midi en attendant le retour d’Elsa.
J’étais donc en train de m’accorder une petite sieste quand soudain je ressentis une secousse. Je me réveillai instantanément, prise de sueurs froides. Tout dans la hutte bougeait alors que je me retrouvai pétrifiée, ramenée des années en arrière.
-Ma grande Piceaerd ?! Non ! Pas ma grande Piceaerd ! M’exclamai-je immédiatement en me levant le plus vite possible, pas encore !
Je me ruai en dehors de la hutte quitte à me faire piétiner par les rennes. Mais à ma grande surprise, il n’y avait pas un seul cervidé comme lors de la mort de mes parents. Néanmoins le tremblement de terre ne s’était pas arrêté. Je regardais mes amis de pierre qui étaient paniqués. J’observai le ciel déchiré par les croassements de panique des oiseaux qui filaient à cause d’un danger. Qu’en était-il du village ? Je n’eus pas le temps d’y aller que j’aperçus enfin Elsa et Kristoff venir à ma rencontre.
-Mamie…Mamie…Je suis désolée, pleurnicha-t-elle en s’accrochant à mon cou.
Je me décrochai d’elle anxieuse et m’écriai alors que le sol s’apaisa peu à peu :
-Calme-toi ma grande Piceaerd et dis-moi ce qui se passe !
-Madame Piceaerd…C’est nous les responsables ! Expliqua Kristoff en faisant profil bas.
Il inspecta ses pieds alors que ma peur fut progressivement remplacée par une colère inexplicable.
-Mais responsable de quoi ?! Explosai-je dépassée.
Elsa angoissée pleura de plus belle.
-Nous…Nous venons de détruire le barrage, finit alors par avouer le jeune Nattura.
-Vous avez fait quoi ?! M’étranglai-je, mais qu’est-ce qui vous a pris ?! Vous savez ce que représentait ce monument ?! Et le travail qu’il a fallu pour le construire !?
-Nous…Nous…Sav…Savons…Nous…Nous ne voulions pas faire ça Mamie…Nous ne savions pas qu’il allait se passer ça quand…Bredouilla Elsa de plus en plus pâle.
-Quand quoi ?! M’impatientai-je, Par les esprits ! Faites une phrase complète s’il vous plaît !
Kristoff et Elsa se concertèrent du regard et il la ramena contre lui. Ils rougirent immédiatement et je ne pus m’empêcher de voir la position de la main du montagnard qui était un peu trop près sur la hanche de ma petite fille à mon goût. Mon sang ne fit qu’un tour et je compris enfin qu’ils s’étaient fait l’amour.
-Oh…Aurais-tu savouré ton nouveau rôle de cinquième esprit par la découverte d’un autre monde ma grande Piceaerd ?! Demandai-je en essayant d’avoir un peu de finesse.
-Oui Mamie, avoua-t-elle toujours aussi rouge, et…Je m’en veux…Si j’avais su…
Je ris jaune et repris :
-Non tu ne t’en veux pas…Il faudrait être idiote pour s’en vouloir…A moins que Kristoff fut un très mauvais partenaire mais je ne le pense pas puisque vous vous aimez ! Mais enfin qu’est-ce que je raconte ! Soit…Je veux bien que Kristoff soit fort…Mais quand même ! Cela ne justifie pas toute la destruction d’un barrage ! Maugréai-je vexée qu’Elysia n’ait jamais produit un tel exploit.
-Nous pensions que tu aurais su, murmura-t-elle avant de se remettre à pleurer.
Plusieurs images se formèrent alors dans ma tête. Celles des autres vies que j’avais exploré à Ahtohallan. Une image d’Anna en robe de reine verte devant une statue d’Agnarr et Iduna plus jeunes me traversa aussitôt l’esprit. Nos terres et nos peuples à jamais réunis par l’amour, disait-elle. J’observai Kristoff natif de la Forêt Enchantée et Elsa d’Arendelle. Et tout devint clair pour moi.
-J’ai bien une petite idée, finis-je par dire, c’est...
-Qu’importe…Ce n’est pas le plus important…A cause de nous…maintenant…Maintenant…Une vague gigantesque se dirige tout droit vers Arendelle ! Renchérit Elsa en larmes.
-Seigneur je n’y avais pas pensé ! M’écriai-je, bon nous rediscuterons de votre acte après ! Il faut se dépêcher ! Vite !
Sans attendre, je chantai les quatre notes et intimai au géant de nous prendre dans sa main.
-Conduis-nous à Arendelle ! Rapidement ! S’il te plaît !
L’esprit de la terre s’exécuta et nous l’encourageâmes à aller plus vite même si nous étions assez haut pour voir que le royaume avait déjà été englouti.
-Ma…Mam…Mamie…J’ai…J’ai tué…Ma fam…Fam…Famille, hoqueta Elsa jusqu’à ne presque plus pouvoir respirer.
Je ne trouvai rien à répondre sachant que trop bien le malaise dans lequel nous pouvions être quand on comprenait que nous nous retrouvions seuls au monde.
-Rien n’est perdu tant que nous n’avons pas trouvé les corps, tentai-je de la rassurer.
…Avant d’apercevoir trois ombres en contrebas…Je les fixai de plus près d’un œil attentif et mon cœur manqua un battement.
-Stop mon ami! Stop! Criai-je au Géant.
-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a madame Piceaerd ? M’interpella Kristoff.
D’une geste, je pointai mon doigt vers le sol et implorai l’esprit de la terre de nous déposer. Le grand Nattura se chargea immédiatement de ramener les trois corps dans la main alors qu’Elsa s’effondra à nouveau contre lui. J’aurais pu m’abattre comme elle, mais au lieu de ça, je m’agenouillai auprès de ma fille, mon gendre et Hans qu’Elsa m’avait déjà dépeint et que j’avais reconnu comme étant une des relations d’Anna dans ses nombreuses autres vies. J’allai aussitôt vérifier qu’ils respiraient encore. Je soufflai un grand coup et posai juste mes paumes sur leurs corps cherchant l’énergie des âmes.
-Mamie…Est-ce qu’ils…Est-ce qu’ils sont… Peina à demander ma petite fille.
Je poussai un soupir de soulagement en secouant la tête.
-Non ma grande Piceaerd…Ils sont en vie… Nous allons retourner à la hutte pour les soigner, la rassurai-je.
-Attends…Il manque Anna ! Anna devait venir me rejoindre à la cascade ! Pleura-t-elle alors que je sentis l’air frais se répandre dans ses doigts.
-Je sais Elsa ! Mais tu pourras l’aider de la hutte je t’assure ! Allez ! Il nous faut revenir sur nos pas à présent !
Le Géant obtempéra et nous déposa quelques minutes plus tard sur les berges devant ma demeure.
-Merci mon ami ! Clamai-je, maintenant ne perdons pas de temps ! Kristoff dépose les corps sur les lits et va chercher Laïka ! J’ai besoin d’un diagnostic plus médical que spirituel ! Quant à toi ma grande Piceaerd, envoie les esprits aider ta sœur !
-Mais…Mais Mamie… Nous ne savons même pas si elle est en vie ! Ajouta-t-elle en me serrant à nouveau.
-Combien même elle ne l’est pas ! Il faut envoyer de l’aide à Arendelle ! La secouai-je, Elsa tu es la seule potentiellement vivante pour l’instant ! Tu ne peux abandonner ton royaume !
Elle se mordit la lèvre, ferma les yeux et se mit alors à chanter les « Ah-Ah-Ah-Ah » comme je lui avais appris. Bruni, Courant d’Air et même le Nokk apparurent aussitôt. Elsa attendit mon signal puis elle déclara:
-Allez sauver la princesse Anna et les habitants d’Arendelle !
Les esprits s’activèrent tous à leur manière : l’Air tourbillonna, L’Eau hennit bruyamment et le Feu tourna sur lui-même en produisant des flammes. En quelques secondes ils partirent avec leur mission en tête. Laïka, Yélana choisirent ce moment pour arriver avec Andréas.
-Tout va bien par ici ! Demanda-t-il, vous avez entendu la secousse…J’ai cru revivre le troupeau de rennes dans le village Anna !
-Moi aussi petit frère ! Clamai-je à son adresse alors qu’il se rua dans mes bras.
-Laïka pourriez-vous réveiller Papa, Maman et Hans s’il vous plaît ? Intervint Elsa.
-Mais Madame Piceaerd…Commença-t-elle en m’observant sans comprendre.
-Mon énergie à elle seule ne suffit plus, me justifiai-je, et je n’ai rien encore appris à ma petite Piceaerd…Va les examiner à l’intérieur.
Elle partit dans la hutte alors que je m’adressai ensuite à notre cheffe :
-Yélana, il nous faut préparer nos maisons pour recevoir les éventuels survivants !
-Quoi Anna ? Tu veux dire accueillir des Arendellien ? S’offusqua-t-elle, c’est hors de question !
-Oh je t’en prie ! La hache de guerre est enterrée désormais ! La preuve ! Il n’y a pas eu de tentatives ni de tensions depuis que la brume s’est relevée ! M’énervai-je.
-Toi comme moi savons ce qui s’est passé la dernière fois que des Arendellien sont venus en amitié chez nous, maugréa-t-elle.
Je fulminai intérieurement mais répliquai calmement :
-Oui ! Je m’en rappelle très bien, j’ai retrouvé ma fille et découvert mon Gendre, mes petites filles et mon petit-fils !
-Ce que tu peux être pénible à jouer sur les mots Anna Piceaerd ! Je parlais d’avant ! Clama-t-elle.
-Dans ce cas-là nous pourrions parler aussi de ce qui s’était passé peu après nos naissances ! M’écriai-je ne souhaitant pas dévoiler le secret devant Elsa, toi comme moi savons que ce n’était pas très propre non plus.
Yélana serra les dents et je sus que je l’avais convaincue. J’enchaînais donc :
-Les Northuldra sont connus pour leur hospitalité et leur confiance envers la nature. Le barrage a été détruit parce qu’une Arendellienne et un Northuldra se sont aimés. Ma fille et mon Gendre sont les premiers à avoir mis fin à ce conflit. Elsa et Kristoff sont les suivants…Ne gâche pas tout Yélana Coudrier…Ne suis pas le chemin de la peur comme l’avait ton mari, sois plus maligne que lui…Bon en même temps tu n’auras pas trop de mal…Murmurai-je en frissonnant.
-…Je pourrai en dire autant pour le tien ! Persifla-t-elle.
-Vous êtes d’accord alors ? L’implora ma grande Piceaerd qui voulait couper court à notre dispute puérile.
Elle la jaugea de la tête aux pieds et dit en soupirant :
-Je n’ai jamais su dire non à un membre de votre famille…Viens Andréas nous allons prévenir les autres.
-Attendez Yélana j’ai besoin de lui ! Intervint Laïka, il faut déplacer les corps dans ma hutte, ça sera plus simple pour que je les examine, pour l’instant ils semblent souffrir d’un traumatisme et je n’arrive pas à les réveiller, mais en dehors de cela leur pronostic vital va très bien.
Ma petite fille poussa un soupir de soulagement. Mon petit frère se chargea donc d’emmener les trois membres avec Laïka pendant que Yélana se chargea de donner les instructions aux autres Northuldra. Nous nous occupâmes ainsi jusqu’à très tard le soir. Même Elsa et Kristoff s’y mirent tout en ne manquant pas de faire des allers-retours dans la hutte de la guérisseuse pour espérer un miracle. Mais c’était inutile d’attendre quelque chose si Anna ne réapparaissait pas avec son énergie. Contre toute attente, Elsa voulait que je lui cache que les membres de notre famille étaient blessés gravement. J’avais beau lui dire que si Anna ne participait pas au réveil, ils ne reviendraient pas à la vie, elle ne voulait pas en entendre parler et souhaiter préserver sa petite sœur le plus longtemps possible de cette vue macabre quitte à trouver elle-même une autre solution. C’était une vraie Piceaerd pour son côté têtue. Nous attendîmes les autres jusqu’à la nuit noire et consentîmes à rentrer à la hutte en voyant qu’aucun survivant n’était venu.
-Les rescapés arriveront sans doute demain, déclarai-je pour rassurer ma petite fille.
-Comment peux-tu en être sûre ? Et puis s’il n’y a plus Anna qui aura la présence d’esprit de venir jusqu’à nous ? Grogna-t-elle.
-Vous avez toujours le général Niklas Olson à votre service il me semble, lançai-je soudain.
Elsa me regarda stupéfaite que je connaisse ce monsieur.
-Euh…Oui pourquoi ? Bafouilla-t-elle.
-Lui viendra dans ce cas, dis-je la mort dans l’âme, il connait le chemin pour venir jusqu’à la hutte Piceaerd de la Forêt Enchantée, ne t’inquiète pas.
Je le revoyais plus jeune en train de dévorer mon frère du regard. Pieter. Son nom venait d’être évoqué deux fois en si peu de temps si bien que mes yeux s’embuèrent. J’avais hésité à allumer leur coupole. Mais le destin en avait décidé autrement.
-Mamie…Tu as eu des différents avec lui ? Paniqua soudain Elsa devant mon expression tragique.
-Non…Non pas du tout ma grande Piceaerd, la rassurai-je, Olson a été un ami et même plus pour moi…Et pour quelqu’un d’autre…Mais ceux sont des souvenirs trop lointain pour que je t’en parle maintenant. De toute façon nous avons un autre sujet à aborder.
Les joues d’Elsa réagirent immédiatement et elle se mit à se tripoter les doigts de stress.
-Tu vas me gronder pour ma conduite de cuisses légères c’est ça ? murmura-t-elle, oui je sais…Maman m’a toujours appris qu’il fallait attendre le mariage pour faire ce genre de choses mais…Je…Eh bien…ça s’est fait tout seul…Nous…Nous en avions envie tous les deux…C’était la première fois je t’assure. Kristoff a toujours très respectueux sur le sujet…Je…Je suis un peu gênée de parler de cela avec toi…Mais étant donné que notre acte a détruit toute un royaume…Enfin…Si nous avions su que ça ferait cela, nous ne l’aurions jamais fait, pleura-t-elle…Alors…Je suis prête à entendre tes réprimandes.
J’attendis d’être sûre qu’elle se soit arrêtée puis je demandai :
-Est-ce que vous vous aimez ?
Elsa me fixa bizarrement mais répondit :
-Euh…Oui…Bien sûr…Mais…
-Est-ce que vous comptez recommencer ?! Enchaînai-je.
-Recommencer à faire quoi ? Questionna-t-elle avec incompréhension.
-L’amour ma grande Piceaerd, est-ce que vous comptez recommencer ? Répétai-je.
Elsa devint écarlate, prise au dépourvue par ma question mais aussi par le fait que je dise clairement l’activité. Néanmoins elle finit par répondre :
-Eh bien…Euh…Oui je pense…J’espère juste que nous ne détruirons plus rien les prochaines fois.
-Bien…J’ai tout ce que je voulais savoir, répliquai-je avec un grand sourire.
-Attends quoi ?! Tu ne me grondes pas ? Tu ne me fais même pas une petite leçon de morale ? Dit-elle presque déçue.
-Quoi ? Tu en espérais une ? S’il n’y a que cela…Ce n’est pas bien Elsa de t’être donnée à Kristoff sans que vous soyez mariés ! Vous serez maudits car vos coupoles ne sont même pas allumées ! Les dieux vont vous exterminer ! Voilà tu es contente ? …Moi pas car maintenant j’ai l’impression d’être Yélana, maugréai-je avant d’éclater de rire.
Ma grande Piceaerd ne trouva rien à redire et me regarda choquée par mon comportement passif.
-Maman aurait eu beaucoup de chance si tu l’avais découverte en train de faire ça, dit-elle avec admiration.
-Ah tiens-donc ! Et pourquoi cela ? Demandai-je étonnée.
-Tu t’en fiches que je sois devenue une femme, répondit-elle.
-Encore une fois…Tu t’adresses à ta grand-mère…Ce n’est pas la même relation ! Et aussi incroyable que cela puisse te paraître Elsa… J’ai eu ton âge ! Clamai-je malicieuse, et j’estime avoir fait pire que toi.
-Oh… Ne m’en veux pas Mamie mais oui j’ai un peu de mal à imaginer, dit-elle en détournant le regard, moi qui te pensais un vrai modèle de pureté.
J’éclatai de rire de plus belle. Puis voyant qu’elle était toujours contrariée, je m’arrêtais. Elle attendit que le silence s’installe avant de se racler la gorge et demandai ensuite :
-Donc si je comprends bien…Tu n’as pas attendu le mariage non plus ?
Je ris nerveusement à nouveau et secouai la tête. J’énumérai soudain :
-Exactement ! Je n’ai pas attendu le mariage, je n’étais pas promise à ton grand-père et je suis tombée enceinte de ta mère après une nuit passionnelle avec lui. Je te laisse imaginer la tête de tes grands-parents maternels quand ils l’ont appris.
-S’ils sont aussi doués que Papa et Maman j’ai une petite idée, murmura-t-elle la mort dans l’âme.
-Aime tes parents Elsa…Lui dis-je patiemment, ils ne veuillent que votre bien à Anna, Hans et toi, ne sois pas trop dure à l’égard de ton père qui a été malheureux durant toute son enfance à cause de moi. Ne sois pas trop dure à l’égard de ta mère qui t’as caché qu’elle venait d’un autre peuple…Ne sois pas trop dure avec eux d’eux qui ont essayé d’être de bons parents et qui le sont quoique tu penses.
Elle imprima mes paroles et je lui caressai le dos de compassion.
-Merci en tous cas de ne pas m’en vouloir, ajouta-t-elle.
-C’est le privilège d’une grand-mère, et il n’y a aucune raison que je t’en veuille, tu as bien fait d’avoir aimé Kristoff si vous en aviez tous les deux envie. Ne t’inquiète pas je ne dirai rien à tes parents.
-Vu l’état dans lequel ils sont pour l’instant on ne peut rien leur dire, reprit-elle alors que sa lèvre se fendilla.
-Bien sûr ma grande Piceaerd, conclus-je sentant que j’avais fait une bourde, va te reposer à présent, nous aurons beaucoup de travail demain.
Elle ne perdit pas de temps avant de se glisser dans le lit. Elle dormait déjà quand je lui rabattis les draps jusqu’au cou. Mon sang se glaça en sentant quelque chose pendant que je la bordais. Faisant attention de ne pas la réveiller, je soulevai légèrement la couette et posai ma main le plus délicatement possible sur son bas ventre. Mon visage s’illumina. Il n’avait que quelques heures à peine mais il était bien là…Le futur petit Piceaerd demeurait déjà chaudement dans le corps de ma petite fille.
Je repartis de la chambre sur la pointe des pieds et me rendis moi-même dans mon lit pour prier.
-Il faut que tu vives mon Ange de l’Air…Ton enfant va avoir besoin de toi…Je ne sais pas si je dois être fière qu’elle ait suivi le même chemin que sa grand-mère, chuchotai-je avec un sourire.
Je n’eus pas le temps de plus m’interroger que déjà je sombrais à mon tour dans les bras de Morphée.
Je me retrouvai bientôt en train de parcourir Arendelle. Mon âme flottait sur l’eau. C’était un désastre…Le royaume avait effectivement été inondé. Mais les maisons avaient malgré tout tenu. Le château avait eu le plus d’impact. Je cherchai à rencontrer l’âme de ma plus jeune petite fille. Je fus soulagée de sentir une aura puissante vers l’entrée d’Arendelle. M’approchant tel un fantôme, je découvris bientôt les survivants en train de dormir à même le sol à côté d’un nombre incalculable de tombes fraîchement creusées. J’inspectai les visages troublés par la vue de la mort et me concentrai le plus possible pour apercevoir Anna.
Après quelques minutes de recherches, je la découvris au milieu d’une famille, le visage et les cheveux maculés de boue et les vêtements déchirés. Je poussai immédiatement un soupir de soulagement ne pouvant lui en vouloir cette fois d’être sale. Toute la famille était en vie… Mais il ne faudrait pas trop la brusquer tout de suite…Elsa ne le voulait pas. Je m’avançai et me penchai vers elle en lui embrassant le front.
-Tu as eu une lourde tâche à accomplir aujourd’hui ma petite Piceaerd…J’ai hâte de te retrouver demain, murmurai-je.
Je fus ensuite obligée de m’en aller à cause de mon aura faible. Je dormis peu et me réveillai avant l’aube pour me rendre un peu plus à l’écart des rives. Je chantais les quatre notes habituelles et mes amis finirent par se lever.
-Allez à la rencontre des Arendellien et amenez-les dans vos mains jusqu’à la Forêt Enchantée! Criai-je.
Ils me sourirent et Je les vis ainsi s’éloigner avec un sentiment d’apaisement et de réussite. Mon cinquième esprit était formé. Ma chamane le serait très vite. Et je pourrai tranquillement partir en paix.
Et pour le titre... Sans surprise pour la deuxième fois dans cette fanfiction je nous remets un petit coup de "Zeige Diche/ Show Yourself"
-En quoi puis-je t’aider Mamie ? Demanda Elsa d’une voix serviable.
Je l’observai de la tête aux pieds et je souris tellement elle me rappelait mon mari. Elle scrutait le lieu de partout et je sentais bien qu’elle n’était pas à son aise dans ma hutte.
-Qu’est-ce qui te gêne ma grande Piceaerd ? Questionnai-je à mon tour.
Sans crier gare, Elsa se mit violemment à rougir puis elle se tripota les doigts de contrariété.
-Avant tout…Ça n’a rien à voir contre toi…Mais…Je ne me sens pas à ma place ici Mamie, expliquai-je.
-Je comprends…Déclarai-je en lui souriant pour l’encourager. Tu n’as qu’à imaginer comment était ta Mère lorsqu’elle a été séparée de ton grand-père et moi-même en arrivant à Arendelle, seule.
La remarque la fit sursauter mais elle finit par hocher la tête et se confondre en excuses :
-Pardon…Oui c’est vrai…Tu as raison…Même si Maman avait les pouvoirs en moins, ajouta-t-elle pour elle-même.
Je voulus m’approcher pour l’enlacer et la rassurer mais elle fit un pas en arrière comme si elle se devait de se protéger.
-Je…Je suis désolée Mamie…Pardonne-moi…Je…Je ne veux pas te faire de mal…Tu sais…Quand…Quand Anna et moi étions petites, je l’ai blessé accidentellement avec mon pouvoir…Depuis…Je ne veux plus qu’on me touche…Papa…Maman…Combien de fois j’aurais voulu leur faire un câlin comme une petite fille normale…De même pour ma petite sœur…Combien de fois j’ai eu envie de me congeler pour ne plus avoir à subir de l’entendre m’implorer de venir jouer avec elle derrière la porte…
Je me mordis immédiatement la lèvre la regardant sangloter au fil de son explication tandis que je me perdais moi-même dans mes souvenirs.
-Ce…C’est pour cela que je veux enlever mon pouvoir de glace, termina-t-elle.
Je restai quelques instants dans le silence avant de répondre :
-Si tu penses que tu te sentiras mieux après, je n’irai pas à l’encontre de ton choix ma Grande Piceaerd.
Elle retrouva un sourire crispé et me dévisagea avant de reprendre :
-Merci Mamie…Tu sais…Aussi incroyable que cela puisse paraître…C’est Anna qui m’aide à les gérer.
-Alors heureusement que tu en as une de substitution ! Plaisantai-je.
Ma remarque dérida un peu Elsa qui se surprit à rire. Un nouveau silence s’installa et je le brisai en m’exclamant :
-Bon allez ! Viens ! Tu ne vas pas rester planter au beau milieu de la hutte aussi grande soit-elle…Tu sais ça me fait très bizarre à moi aussi d’être là…Enfin je veux dire d’à nouveau habiter ici ! Mais puisque j’ai ressuscité après trente-cinq d’absence Yélana a insisté pour que je revienne auprès de la communauté. Allez viens te dis-je ! Je vais te montrer ta chambre !
Sans attendre, je l’emmenais dans l’ancienne chambre de mon Ange de l’Air que j’avais rapidement réaménagé le temps que Courant d’Air m’apprenne la venue de ma petite-fille aînée.
-C’est là que ta Mère a grandi, a eu des moments de joie, a claqué des portes quand elle n’était pas contente de faire des leçons de chamanisme ou encore a imaginé un avenir quand elle voulait se marier avec ton grand-père petite, dis-je d’une voix la plus neutre possible même si l’émotion était là pour moi aussi.
-Je n’arrive pas à penser à Maman enfant, dit Elsa pensive…Mais c’est gentil de m’avoir mis dans cette chambre Mamie.
Elle optimisa une nouvelle fois l’espace du regard et alla s’assoir sur le lit.
-Est-ce que les autres pièces de la maison ont été utilisées un jour ? Demanda-t-elle à nouveau un peu intriguée.
Je secouai la tête.
-Jamais…Elles l’auraient été si tu avais eu beaucoup d’oncles et de nièces, chuchotai-je, ce que nous avons essayé de faire avec ton grand-père…Mais cela n’a pas été très concluant.
Ma voix dérailla alors que je repensai à mon petit Olaf. Lui aussi avait eu des pouvoirs semblables à ceux d’Elsa. Cette dernière me regarda soudain avec plus d’insistance comme si elle s’apprêtait à réclamer quelque chose.
-Mamie…Est-ce que je pourrai sortir…Je…Enfin…C’est-à-dire que…Kristoff a promis qu’il me ferait faire un tour du campement…Avec Honeymaren et Ryder bien sûr ! Ajouta-t-elle très vite en devenant aussi rouge qu’un coquelicot.
La voir aussi crispée faillit me faire éclater de rire mais à la place je m’écriai d’une voix détachée :
-Mais oui ma grande Piceaerd, bien…salue-le pour moi entre deux embrassades, je retourne à mon ragoût de rennes !
-Oh bien sûr je le ferai ! Dit-elle avant de comprendre ma phrase.
Je la regardai amusée et ajoutai :
-Tu sais Elsa, tu as dix-huit ans et je ne suis pas Iduna, tu as le droit d’aller où tu veux avec qui tu veux, tu n’es pas prisonnière dans la Forêt Enchantée…Alors si tu veux aimer Kaspian…Enfin Kristoff…Va aimer Kristoff…Après tout ta mère en sera sans doute ravie…Elle était meilleure amie avec Béata…La mère de ton amoureux.
Ma petite fille s’autorisa enfin un écart et vint m’embrasser furtivement folle de joie. Puis elle sautilla un peu nerveusement et cria :
-Merci Mamie ! A tout à l’heure !
Elle s’en alla discrètement de la pièce alors que je ne bougeai pas. Je n’osais pas le dire mais j’étais angoissée à l’idée de me retrouver seule dans mon ancienne maison. De me retrouver face à mes propres fantômes alors que ma grande Piceaerd était avec moi. D’un autre côté, j’avais peur de mal agir avec elle ayant étant privée de tout contact humain depuis si longtemps…
-Courage Anna…Si mon bel Elysia était là…Il dirait que je m’en sors à merveille ! Murmurai-je à voix haute alors que des papillons s’emparèrent de mon bas-ventre à la seule mention de mon mari.
Elysia…Ce seul prénom faisait encore vibrer mon cœur et mon corps. Je fermai les yeux cherchant à me remémorer chaque trait de son visage, de ses expressions.
-Mon amour…Bientôt, répétai-je en souriant toute seule.
-Madame Piceaerd est-elle bien installée ? Demanda soudain Yélana à l’entrée de la hutte.
Je sursautai immédiatement et allai la voir, soulagée de me retrouver avec quelqu’un de familier.
-Madame Coudrier que me vaut votre visite ? Questionnai-je avec plaisir.
-Je venais observer tes échanges avec ta nouvelle recrue, répondit-elle.
-Donc te moquer ouvertement de moi, soupirai-je, trop aimable de ta part.
-Tout de suite sur la défensive Anna ! Grogna-t-elle.
-Ce n’est comme si tu avais voulu brûler mes petites filles, dis-je ironique, je suis curieuse que tu t’en soucies maintenant.
Yélana rougit de confusion et répliqua :
-Je m’excuse encore pour cet intermède, mais quand j’ai entendu les mots « soldats » et « Arendelle », ça m’a rendu folle…Je suis comme toi…Il ne se passe pas un jour sans que je regrette mon mari et mon bébé.
Je lui jetai aussitôt un regard de compassion et répliquai :
-Je comprends…Pardonne-moi…Bon pour répondre à ta question, je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre avec Elsa pour lui faire garder ses pouvoirs.
-Ah c’est sûr que ça aurait été plus simple avec sa sœur ! Quelle tornade celle-là ! Une vraie Iduna ! Plaisanta à nouveau ma meilleure amie.
Je lui lançai immédiatement des éclairs et elle éclata de rire. Puis je repris en l’imitant :
-Oh oui elle était pénible ! Mais bon comme vous n’avez pas allumé vos coupoles avec Elysia, vous êtes maudits et blablabla…
Yélana me donna une tape dans le dos pour me faire taire.
-Apprends ma chère que tes coupoles ne servent à rien, ajoutai-je en riant, mais ça serait trop long de t’expliquer pourquoi.
-Tu dirais n’importe quoi de toute façon pour te convaincre ! Maugréa-t-elle.
Nous nous regardâmes quelques instants et éclatâmes de rire à nouveau.
-Nous en étions donc à Elsa, repris-je après avoir retrouvé mon sérieux.
-Oui pardon Anna Piceaerd…Tu sais…J’aurais peut-être une idée à te soumettre pour ses pouvoirs…Déclara Yélana à ma grande surprise.
-Je t’écoute ! Dis-je attentive.
-Pourquoi ne lui parlerais-tu pas d’Olaf ? Lâcha-t-elle.
Je reçus la phrase comme un coup de massue. Cela faisait longtemps que mon fils n’avait pas été mentionné à haute voix. Il me parut d’ailleurs bizarre que Yélana soit au courant de son pouvoir de glace.
-Je…Je me vois mal me confier à Elsa quand je n’ai rien dit à sa mère à propos de son petit frère, expliquai-je confuse.
-Oui mais là, ce n’est pas Iduna qui a besoin d’aide, argumenta-t-elle, je pense que ça pourrait lui faire du bien…Et à toi aussi.
Elle me tapota gentiment le dos alors que je ne savais pas encore si je validais ses paroles. J’allai me réfugier près de la marmite du ragoût de rennes pour ne pas lui répondre à haute voix.
-Tu n’as jamais fui Anna Piceaerd, commenta-t-elle en comprenant mon retranchement, et je sais que tu prendras la meilleure décision.
Je me mordis la lèvre et l’observai. Elle aussi était devenue une femme pleine de sagesse après toutes ces années. J’étais sur le point d’ouvrir la bouche quand ma petite fille revint dans la hutte toute rouge et essoufflée.
-Déjà de retour ma grande Piceaerd ? Demandai-je alors qu’elle salua Yélana, je pensais que tu mettrais plus de temps.
-J’aurais bien aimé mais Kristoff devait aller avec son frère s’occuper des rennes…Et il n’a pas voulu que j’y aille car il a dit que ça pouvait être dangereux, expliqua-t-elle, enfin…C’est surtout monsieur Nattura qui n’a pas voulu…Il a dit que tu comprendrais.
Je me raidis aussitôt repensant aux dépouilles de mes parents piétinés par l’accident des cervidés alors qu’Iduna n’était encore qu’une enfant.
-Il a raison, dis-je, mon petit Andréas est toujours plein de sagesse.
-Tu vas donc m’aider à enlever mon pouvoir à présent Mamie ? Persista-t-elle.
Je jetai un coup d’œil à ma meilleure amie qui m’encouragea d’un signe de tête avant de s’en aller de ma demeure. Le regard d’Elsa ne déviait pas du mien. Je déglutis légèrement apeurée et m’éclaircis enfin la gorge avant de répliquer :
-Attends-moi là ma grande Piceaerd.
Elle s’installa autour de la table pendant que je courus récupérer des galets qui se trouvaient près des berges. J’en ramassai plusieurs et retournai auprès d’elle. Puis je les posai sur la table alors qu’elle les fixa comme d’éventuels ennemis.
-C’est ça qui va faire partir mes pouvoirs ? M’interrogea-t-elle en se repliant sur elle-même.
Je m’assis en face d’elle sans lui répondre et murmurai :
-J’aimerais te raconter une histoire, tu veux bien ?
Elle hocha la tête légèrement contrariée que je n’aille pas plus vite. Je fermai les yeux et commençai :
-Il était une fois une petite fille qui était promise à un chef Northuldra, elle suivit ce chemin mais fut bientôt rattrapée par son destin et tomba amoureuse d’un autre jeune homme…Elysia Sappos des Terres Gelées lui-même chamane de sa tribu. Ils eurent une petite fille et vécurent dans le bonheur pendant treize ans. Puis il y eut la guerre contre les Arendellien et cet homme merveilleux mourut durant la bataille laissant sa femme enceinte et seule. La petite fille disparut et sa mère la pensa morte pendant très longtemps. Heureusement pendant un petit temps la femme n’était plus seule car un petit garçon naquit. Et il garda un souvenir précieux de son Papa en héritant du pouvoir de la glace en lien avec le lieu de ses origines. Sa Maman fit de son mieux pour lui apprendre à les contrôler toujours dans une très grande douceur…
Je m’arrêtais d’un coup alors que ma voix se voila. Laisse tes émotions de côté Anna…Contrôle ta respiration, pensai-je. Elsa attendait toujours attentive.
-…Puis le petit garçon disparut à son tour et son pouvoir avec lui, et la jeune Maman se retrouva seule jusqu’à ce qu’elle retrouve sa fille et ses petites filles, conclus-je.
Ma petite Piceaerd resta silencieuse et je me surpris à penser à sa sœur qui aurait sans doute poser des milliers de questions. Je n’étais pas déçue pour autant par son comportement, ne souhaitant pas m’étendre sur le sujet. Elle resta un moment à fixer les pierres avant de dire :
-Tu es en train d’essayer de me convaincre de garder mes pouvoirs ?
-Tu es très futée Elsa, répondis-je simplement avec un sourire.
-Tu sais, Papa et Maman que j’aime beaucoup ont aussi essayé de m’apprendre comme toi avec ton fils. Mais ça n’a pas été un grand succès, bredouilla-t-elle.
-Oui je sais, mon Ange de l’Air m’a expliqué comment s’était passé tes années d’enfermement…Commençai-je.
- D’ailleurs je suis assez surprise que Maman ne m’ait rien dit à propos de son frère, renchérit-elle.
Je tapotai légèrement le bois de la table pour ne pas montrer mon angoisse et murmurai :
-Je n’ai jamais dit à personne que tu avais un oncle…Et je souhaiterais que tu n’en parles à personne non plus.
Je lus de la compassion dans ses yeux alors qu’elle répliqua :
-Promis Mamie, je respecte ton choix, je n’en dirais rien.
-Parfait…Dans ce cas, si tu veux bien de moi comme professeure, est-ce que nous pourrions faire une tentative ? Demandai-je.
Elle se renfrogna immédiatement et lia ses mains au travers de ses gants.
-Je…Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée…Je…Je devrais aller retrouver Kristoff, il doit avoir fini de surveiller le troupeau ! Déclara-t-elle en se relevant en catastrophe.
Je l’observai longuement puis je finis par demander :
-Qu’est-ce qu’il pense de tes pouvoirs ?
-Qui ça ? Rétorqua Elsa en se mordant la lèvre.
-Kristoff ma grande Piceaerd, répondis-je.
Son visage rougit violemment ce qui me réchauffa le cœur.
-Oh…Et bien…Il trouve que ça fait de moi quelqu’un d’unique…Et dit que si je les enlève je ne serai plus la même, bafouilla-t-elle, Anna pense exactement la même chose.
-Et tu n’as pas envie de les écouter eux ? Insistai-je.
Elle se mordit à nouveau violemment la lèvre et s’énerva :
-Je…Je t’ai dit que c’était peine perdue ! Je suis un cas désespéré ! Ma famille a été déchirée à cause de moi il y a des années de cela ! Tout le monde a été blessé à cause de ces fichus pouvoirs ! Je veux en finir ! Je ne reviendrai pas sur ma décision !
Elle éclata soudain en sanglots alors que je sentis un air frais s’enrôler tout autour de son être. Je ne la brusquai pas plus mais conclus plutôt:
-Je comprends ma grande Piceaerd…Mais sache que je ne te laisserai pas tomber quoiqu’il arrive. Viens manger à présent, je t’emmène quelque part ce soir.
Elle écouta attentivement ma dernière phrase et ne posa pas plus de question encore une fois. Elle se contenta juste d’hocher la tête avant de se retirer dans sa chambre et de se changer le temps que je finisse le ragoût. Nous mangeâmes dans un silence pesant puis je lui intimai de me suivre jusqu’aux berges. Une fois près des rives, j’appelai mes amis les géants.
-Conduis-moi jusqu’aux Terres Gelée ! Ordonnai-je bientôt à l’un d’eux.
Je montai dans leur main alors qu’Elsa s’avança au centre creux de la roche avec un air de méfiance.
-Tu m’emmènes aux origines de Papy ? Demanda-t-elle non rassurée.
-Exactement ma grande Piceaerd, répondis-je soulagée que mon histoire lui soit restée en mémoire.
Très posée, elle n’ajouta rien de plus. L’esprit de la Terre choisit ce moment pour partir en direction d’Ahtohallan. Sur le chemin je fis plusieurs tentatives pour faire parler ma petite fille mais je n’y parvins pas. Ce fut ainsi qu’une bonne demi-heure plus tard, le géant nous déposa au sol. J’observai à nouveau Elsa et répliquai :
-Tu n’es pas très habillée.
-Le froid ne m’a jamais dérangé Mamie…Tu sais avec mes pouvoirs ! Expliqua-t-elle, mais ce n’est pas le sujet…Pourquoi m’as-tu emmené ici ?
Je respirai un grand coup avant de rétorquer :
-Eh bien je m’étais dit qu’un petit itinéraire dans la vie de tes ancêtres pourrait peut être te permettre d’accepter tes pouvoirs.
-Tu es aussi têtue qu’Anna ! S’écria-t-elle encore sur la défensive.
-Ça doit venir du prénom, plaisantai-je.
Mais elle ne riait pas bien au contraire ! Elle me fusillait si fort du regard que j’aurais pu mourir si le jet de glace était venu de ses yeux.
-Il faut que tu aies confiance en toi Elsa ! Lâchai-je d’un coup, oh bien sûr, ça paraît beaucoup plus facile à dire, j’en suis amplement d’accord…Crois-le ou non mais tu as face à toi la personne qui a le moins confiance en elle.
Je sentis enfin de la surprise dans ses yeux en entendant mes paroles.
-Toi ? Vraiment Mamie ? Demanda-t-elle ne le pensant pas une seule seconde.
J’acquiesçai et nous nous mîmes en route jusqu’à l’autre bout de la plaque de glace. J’inspectai le sol avec précision, recherchant une trace que j’avais aperçue il y a bien longtemps. Quand enfin, je l’eus trouvé, je déclarai :
-Penche-toi Elsa et regarde !
Ma grande Piceaerd s’exécuta fixant la direction de mon doigt sans grande conviction. Son visage s’illumina ensuite en découvrant la gravure.
-Oh Mamie ! C’est le même symbole que le camée que m’a offert Kristoff ! Clama-t-elle enfin en me montrant la broche.
-Le camée de Béata…Hum…Sais-tu ce qu’il représente ? Questionnai-je.
-Il me semble qu’Anna avait parlé des esprits de la nature…Comme dans l’histoire que Papa nous avait raconté lorsque nous étions petites, répondit-elle.
-C’est exactement ça ! A présent regarde sous ton pied si tu le veux bien.
Elsa s’assit alors sur la glace et enleva ses bottes avant de dévoiler la renaissance des cinquièmes esprits.
-Mais…Je n’avais pas ce tatouage avant, avoua-t-elle surprise.
-Généralement c’est à la naissance qu’il apparaît lorsque les parents font la cérémonie de la nature. Je doute que ta mère vous l’ait faite.
Auquel cas, il s’imprime quand les personnes qui ont un rôle crucial finisse par l’accepter, expliquai-je, vois-tu je suis sûre que si on regarde sur le pied de ta sœur, nous trouverons également ce symbole Northuldra car elle est prête à être chamane…Mais elle ne figurera pas au centre.
-Pourquoi ? Qu’est-ce que cela signifie Mamie ? Demanda-t-elle.
-Eh bien, la réponse est évidente Elsa…Si tu es au centre des quatre esprits c’est que tu en es le cinquième. C’est toi la mère de tous les esprits, ton rôle est de veiller à ce qu’il y est un bon équilibre entre les quatre.
Elle sursauta et paniqua en quelques secondes :
-Et tu penses sincèrement que ce rôle m’a été attribué ?! Je veux dire…Il y a encore Trois jours je ne savais même pas que je faisais partie de la Forêt Enchantée !
-Au plus profond de ton âme tu étais au courant, insistai-je.
-Soit…Admettons que cela soit vrai…Quel est le rapport avec mon pouvoir ?! Est-ce que c’est lié ? Faut-il en avoir un pour être Cinquième esprit ? Renchérit-elle au bord de la crise de nerfs.
-Pas du tout ma grande Piceaerd, ta Mère était destinée à l’être et elle n’a aucun pouvoir, pareil pour moi…Je suis là pour t’ouvrir les yeux avant tout, tu dois t’accepter telle que tu es. Tu as un rôle clef auprès des esprits mais tu en as un aussi auprès des Piceaerd…Une partie de tes origines Elsa sont ici…Dans ce pays froid…Ton grand-père Elysia…Ton arrière-grand-mère Iduna…Mais pas seulement…Sais-tu pourquoi ce tatouage des esprits de la nature est gravé dans la glace ?!
Une fois encore, elle secoua la tête.
-Ma chère petite fille, nos pieds foulent actuellement la tombe de ta première ancêtre Emma Piceaerd. Elle venait des Terres Gelées et a été la première chamane et cinquième esprit de la Forêt Enchantée.
-Oh ! S’exclama-t-elle surprise.
Elle s’avança et observa la gravure de plus près. Sans faire attention, elle enleva enfin ses gants et la toucha sur toutes les reliures alors que je me retirai discrètement pour la laisser faire. Et l’exploit qu’elle produisit quelques secondes plus tard fut spectaculaire. Plaquant ses mains au milieu des quatre losanges elle ferma les yeux et se concentra comme si elle essayait d’apercevoir quelque chose. Des bulles d’eau gelées sortirent aussitôt de ses doigts et allèrent se matérialiser à côté de moi. Stupéfaite, je découvris qu’une jeune femme portant des vêtements en peaux de rennes se figea petit à petit grâce à la neige en congère.
Apeurée, Elsa se releva d’un coup. Ses yeux allèrent tour à tour entre les mains et la statue.
-Oh mes aïeux Mamie…Mais qu’est-ce que je viens de faire ? Paniqua-t-elle.
Je souris immédiatement de fierté et répondis :
-Un souvenir figé ma grande Piceaerd, tu viens de transférer grâce à la mémoire de l’eau un souvenir d’Emma Piceaerd…Et ça tu n’aurais jamais pu le faire sans ton sublime pouvoir des neiges…D’habitude c’est seulement à Ahtohallan que des statues comme celles-là apparaissent mais toi, tu as la capacité de pouvoir les transporter avec toi visiblement.
-Ahtohallan ? Comme dans la berceuse de Maman ? Répéta-t-elle.
-De ta Mère mais pas seulement… Elle provient également de notre ancêtre. Emma Piceaerd a été la première à la chanter puisqu’elle était liée aux esprits ! M’écriai-je.
-C’est fascinant Mamie, commenta-t-elle enfin sincère.
-Je ne puis que confirmer Elsa…Bien…As-tu toujours envie d’enlever tes pouvoirs après cela? Questionnai-je.
Elle me lança un regard hésitant. Ses yeux s’assombrirent alors qu’elle partait dans sa mémoire puis ils s’éclaircirent à nouveau lorsqu’elle lorgna la statue de glace.
-Il faut que j’y réfléchisse Mamie…J’ai besoin d’une bonne nuit de sommeil pour méditer tout ça, murmura-t-elle.
-Je suis ravie de te l’entendre dire…Allez viens il est temps de nous coucher justement, conclus-je.
Nous rentrâmes dans le même silence qu’à l’allée, mais j’eus la conviction que c’était un bon moment de calme qui lui permit de réfléchir. La nuit passa et quand je vis l’air déterminé d’Elsa le lendemain matin, je sus que j’étais sur la bonne voie. Je lui disposai tout de suite les cailloux sur le bord de la table et lui donnai la première leçon me sentant victorieuse.
Je passai donc beaucoup de temps à lui redonner confiance en elle. Ce ne fut pas aisé. Bien des fois, elle laissa son exercice car elle ne s’estimait pas assez compétente pour pouvoir les accomplir. Et pourtant. Elle avait tout fait avec brillance.
Presque trois semaines passèrent ainsi où elle s’accoutuma à sa nouvelle vie dans la Forêt Enchantée. Quand elle ne faisait pas ses leçons, je la laissai aller batifoler avec Kristoff. Son amour pour le jeune homme Nattura me ramenait des années en arrière quand je m’impatientais de revoir Elysia. Andréas et moi étions heureux qu’ils se soient trouvés car cela unissait définitivement nos deux familles.
Un matin, je donnai rendez-vous à Yélana pour que nous puissions nous rendre toutes les trois à Ahtohallan car j’estimai qu’Elsa était prête à accepter pleinement son rôle de cinquième esprit.
-Tu n’as rien à craindre ma grande Piceaerd, tu es performante je t’assure ! Tu as fait beaucoup de progrès ! Toute la famille sera très fière de toi surtout ta Mère et ta sœur ! M’écriai-je, et puis si tu réussis, tu auras la permission de passer le reste de la journée avec Kristoff ! Ajoutai-je en lui faisant un clin d’œil.
-Bien…Je vais me raccrocher à cela comme source de motivation, murmura-t-elle alors que ma meilleure amie renchérit :
-Bonté divine Anna ! Peut-être que ta petite fille n’a pas hérité de ton tempérament fougueux et amoureux !
J’haussai les sourcils à moitié convaincue bien que je fusse sûre que ma grande Piceaerd n’avait pas encore franchi le pas avec lui.
-Certes, tu as peut-être raison ! M’exclamai-je rougissant à mon tour sous le regard d’incompréhension d’Elsa, toutefois chère madame Coudrier tu ferais mieux de tenir ta langue si tu veux venir avec nous !
Yélana pâlit immédiatement car elle connaissait l’enjeux de ce voyage. Je voulais lui faire plaisir après toutes ces années de disputes et d’amitié. Lui laisser un dernier cadeau avant de partir rejoindre mon beau mari.
-Je plaisante, Allez ! Venez toutes les deux à présent ! Leur intimai-je.
Nous nous pressâmes de monter dans les mains du géant qui nous arrêta cette fois aux abords des Plages Grises. Nous passâmes ainsi devant mon ancienne hutte et arrivâmes dans l’eau.
-Pourquoi nous arrêtons-nous là ?! S’impatienta bientôt ma meilleure amie.
-Parce que je dois présenter Elsa au Nokk ! Expliquai-je, elle a déjà vu tous les autres, il ne manque que celui-là…Et je retardai le plus le moment compte tenu le caractère de ce dernier.
-C’est le dernier esprit c’est bien cela Mamie ? Demanda-t-elle un peu apeurée.
-Oui ma grande Piceaerd, assurai-je.
Puis je me tournai vers Yélana et le géant et ajoutai :
-Partez devant nous vous rejoignons !
Ma meilleure amie ronchonna mais l’esprit de la terre l’emmena comme je lui demandai. Restée avec ma grande Piceaerd, je lui intimai bientôt d’enlever ses chaussures et ses bas avant de le faire moi-même et d’entrer dans l’eau.
-Tu te rappelles ce que tu as ressenti quand Courant d’Air t’a transporté violemment ? Quand Bruni a essayé de te consumer ou encore quand les géants ont failli t’écraser ? Enumérai-je.
-Euh…Oui Mamie, pourquoi ? Paniqua-t-elle.
-Parce que ce n’est rien à côté du Nokk ! En piste maintenant ! Clamai-je.
Je la poussai gentiment en avant alors qu’elle créa d’elle-même une plaque de glace. Hélas il en fallait bien plus pour arrêter l’esprit de l’eau. Alors que nous avancions progressivement main dans la main, la forme fluide de l’équidé craqua le sol robuste m’arrachant ma petite fille. Le cheval d’eau la fit aussitôt glisser vers les abysses de la Mer Sombre. J’aurais voulu l’aider mais je savais que c’était son combat. Je fus tout de même soulagée de la voir ressurgir de l’eau les cheveux démêlés et mouillés flottant au vent. Elle me regarda avec fureur mais n’eut pas le temps de répliquer que le Nokk revint à la charge, l’emmenant ainsi pour deux tentatives. Lui aussi hennissait avec colère.
-Mais tu vas rester tranquille oui ?! Lui criait-elle tout en se maintenant avec force sur la forme fluide.
Elle glissa encore deux fois avant de réapparaître avec l’esprit de l’eau harnaché au museau. De gré ou de force, elle finit par le dompter. Elle me regarda bientôt essoufflée et retrouva petit à petit son calme avant de demander :
-Alors satisfaite Mamie ?
-Moins que toi sans doute, plaisantai-je.
Elsa me regarda tendrement et se permit de rire.
-Certes…Monte à présent, m’intima-t-elle ensuite.
Je fus surprise de constater que l’esprit ne me rejeta pas. Prenant la confiance, je lui tapotai alors la croupe en murmurant :
-Tu as le bonjour d’Helga Piceaerd.
Comme s’il semblait avoir compris le sens de mes paroles, il hennit de plaisir. Elsa tenait toujours le harnais. Elle se tourna alors vers moi et sans que je m’y attende se fondit contre mon corps.
-Merci Mamie…Merci pour tout…Grâce à toi je me suis épanouie, murmura-t-elle.
J’osai enfin lui embrasser son front glacé et rétorquai émue :
-Non merci à toi ma grande Piceaerd, grâce à toi, je ne suis plus seule.
Elle fut émue mais ne montra pas plus de geste démonstratif. Elle donna alors un coup de bride et le Nokk nous amena jusqu’à Ahtohallan. Comme prévu Yélana nous y attendait avec le Géant.
-Eh bien ! Ce n’est pas trop tôt ! S’écria-t-elle mécontente.
-Oh ! Vois ça avec Elsa, c’est elle qui nous a retarder en manquant de se faire noyer plusieurs fois, dis-je avec ironie.
Ma meilleure amie me tira la langue alors que je lui donnai la main. Dans un profond silence religieux nous pénétrâmes dans le glacier sacré. Nous laissâmes volontairement Elsa y aller en premier car c’était son heure de gloire. Très vite, elle trouva ses aises et se permit quelques fantaisies en glissant avec adresse sur le tobogan cristallin. Arrivée au précipice elle fut plus maligne que nous toutes jusqu’à présent puisqu’elle créa des piliers de glace et sauta avec une élégance atteignant bientôt l’autre côté sans aucune difficulté. Pour ma part, je préférai être transportée par les esprits comme avant. Yélana s’accrocha à moi avec peur.
-Mamie c’est bloqué ! S’exclama soudain ma petite fille.
-A toi de trouver la solution, dis-je comme ma mère l’avait fait avec moi.
Elsa hésita puis ses bras se soulevèrent dans un mouvement gracieux et des jets de neige se catapultèrent contre la paroi jusqu’à la faire exploser. Puis elle éleva les colonnes au sol les disposant pour rendre la voie praticable jusqu’au dôme. Nous arrivâmes alors dans la salle lugubre. J’indiquai à Yélana de s’arrêter car Elsa devait finaliser son rôle seule.
-Tu m’accompagnes Mamie ? Demanda-t-elle apeurée.
-Non…C’est ton moment ma grande Piceaerd ! L’encourageai-je.
Elle avança la tête haute et reçut les esprits en formes éparpillées autour d’elle. Ils l’éclairèrent jusqu’à l’emplacement des losanges. Ma petite fille se mordit encore la lèvre, me jeta un regard hésitant et y alla. Tout comme moi des années auparavant, elle fut enveloppée d’une lumière étincelante et les souvenirs apparurent contre le mur. La berceuse d’Ahtohallan chantée par Iduna alors qu’Elsa et Anna étaient enfants s’entendit bientôt résonnant à travers le sanctuaire.
-C’est…Époustouflant Anna…Murmura bientôt Yélana avec des yeux émerveillés.
Je ne pus qu’approuver sentant une larme de joie coulait le long de ma joue. Cela avait pris du temps mais j’avais réussi l’apprentissage d’un cinquième esprit. Et bientôt je ferai de même avec ma chamane.
-Mamie…Je…J’ai réussi ! S’écria à son tour ma grande Piceaerd en inspectant sa nouvelle robe blanche parsemée des cristaux reluisants et dénudée aux épaules.
Nous l’applaudîmes immédiatement alors qu’elle fit apparaître des souvenirs figés. Yélana ne savait plus où donner de la tête ressemblant à une enfant devant des tas de cadeaux.
-Est-il…Est-il parmi eux, Anna ? Finit-elle par demander d’une petite voix de souris.
-Je te l’ai promis non ? Renchéris-je avec malice.
Ma meilleure amie n’osa y croire alors que je me tournai vers Elsa qui se regardait incapable de penser que tout ce qui s’était produit dans la pièce était de son fait. Elle finit par me dévisager et je lus de la reconnaissance dans son regard. Puis son visage se déforma et des larmes coulèrent sur ses joues. Elle se rua sur moi et vint m’enlacer plus fort pour la deuxième fois de la journée.
-Je sais qui je suis maintenant, murmura-t-elle, merci, merci pour tout.
-J’en suis ravie ma grande Piceaerd ! Clamai-je en lui caressant le dos.
Je rejoins ensuite Yélana qui attendait patiemment son tour. J’observais donc la salle et la guidai enfin vers une reproduction de son mariage avec Amarok. Surmontant mon dégoût, je touchai tour à tour les deux souvenirs qui s’animèrent. Puis je me retirai pour laisser un peu d’intimité à ma meilleure amie et retournai auprès d’Elsa qui trépignait à présent d’impatience.
-Quand je vais raconter ça à Kristoff et Anna ! S’écria-t-elle avant de se rétracter et rougir, enfin…Je vais l’écrire et l’envoyer par Courant d’Air à ma petite sœur…
-Oui oui…Ou bien tout lui dire de vive voix ce soir près de la cascade d’Arendelle ! Repris-je amusée.
-Non…Mais je ne vois pas du tout de quoi tu parles Mamie, bafouilla-t-elle alors que son visage devint cramoisi.
La voir de plus en plus confuse me fit éclater de rire. Je décidai de mettre fin à son embarra et lui expliquai alors :
-Tu as face à toi l’experte des rendez-vous cachés Elsa ! Tous les vendredis comme par hasard tu dois te rendre au barrage avec Kristoff pour le contempler…Le barrage…Hein pas Kristoff! Hum…Vous avez eu le temps de bien le voir sous toutes les coutures depuis presque trois semaines…Mais il n’y a pas de boue près du barrage alors que je suis obligée de nettoyer derrière toi quand tu en reviens et que tu laisses des traces sur le plancher de la hutte…Par ailleurs j’ai suivi les empreintes des sabots de Sven qui faisaient un joli chemin jusqu’au point de rencontre de ta sœur…Oh…Et tous mes pots de plantes qui ont été déplacées parce que tu devais rapporter des choses pour certaines expériences…Je suis d’ailleurs surprise qu’Anna ait déjà des grimoires à sa disposition et qu’elle essaye des expériences sachant que nous n’avons encore rien appris !
Elsa baissa aussitôt la tête comme si elle venait d’être punie.
-Je…J’avais peur que tu me dénonces à Maman si je te le disais, dit-elle en se mordant la lèvre.
Je ris encore et rétorquai :
-Moi ? Te dénoncer ? A mon Ange de l’Air qui plus est ?! Ne me confonds pas avec ton père s’il te plaît ! S’il y a bien une chose que je déteste c’est voir ma famille séparée ! Alors ne t’en fais pas, je te laisserai librement voir Anna ce soir ! Comme tous les vendredis à l’avenir.
-Merci Mamie…Du coup…Et est-ce que maintenant je peux rejoindre…Commença-t-elle.
-Kaspian ? Enfin Kristoff ? Oui vas-y ! Tu l’as amplement méritée ! Encore bravo à toi ma grande Piceaerd ! Clamai-je.
-Tu me raccompagnes jusqu’au Nokk ? Ajouta-t-elle.
-Non…Tu n’as plus besoin de moi…Tu as réussi à le dompter lui aussi, conclus-je avec clin d’œil.
Elsa obtempéra. Je la regardai partir pleine d’assurance et de majesté. Je retournai ensuite auprès de Yélana qui n’avait pas bougé.
-Est-ce qu’on se remet en route madame Coudrier ? Questionnai-je gentiment pour ne pas la brusquer.
-Nous sommes vraiment obligées ? Demanda-t-elle boudeuse.
-Oh bah tu sais vu ton âge tu le reverras sans doute bientôt ! Clamai-je naturellement.
Ma meilleure amie me fusilla aussitôt du regard.
-Autant que toi qui doit soit disant revoir Elysia d’ici quelques mois, maugréa-t-elle.
Son visage finit par se radoucir et elle me donna une lettre que je pris avec surprise.
-Je préfère te déclarer ses derniers mots pendant que tu es en bonne santé… Je ne souhaite pas que nous nous parlions sur ton lit de mort car je souffrirai trop, j’attendrai que l’on vienne me prévenir que tu n’es plus là, balbutia-t-elle en fixant toujours le souvenir d’Amarok.
-Puis-je l’ouvrir tout de suite ? Demandai-je émue.
-Si tu le souhaites oui, comme ça, cela me permet de rester un peu plus longtemps auprès de la statue de mon mari, répondit-elle avec malice.
Tandis que ma bouche était sèche, je décachetai l’enveloppe et lus enfin :
Ma chère Anna Piceaerd,
Que de chemins parcourus depuis nos deux ans. Le troll avait raison en disant que notre amitié a été mise à rudes épreuves. Durant notre enfance et notre adolescence j’ai eu souvent envie de te détester. Tu demeurais cette sœur qui était plus belle et plus importante alors que moi j’étais toujours dans l’ombre. Je t’en voulais pour ses coupoles que tu méprisais. Mais finalement, je n’aurais jamais pu ne pas t’aimer. Tu demeurais et demeure encore aujourd’hui ma sœur, ma confidente malgré les années, malgré nos divergences. Je suis ravie de t’avoir rencontré. D’avoir partagé de moments forts avec toi comme la naissance de ta fille. Oui nous avons connu des hauts et des bas. J’ai pu assister à ton mariage avec l’homme que tu aimes réellement. Nous avons affronté ensemble la mort, la souffrance. Je n’ai pas été tendre avec toi. La colère m’a aveuglé. Il me fallait une coupable et tu avais la première place. Pourtant dès l’instant où nous avons conclu le pacte, je t’ai regrettée et pleurée. C’est grâce à toi que je me suis assagie. Et je te serai toujours reconnaissante pour ta patience à mon égard. Moi et mon caractère revêche…
Aujourd’hui, tu vas bientôt mourir pour de vrai. Je n’ose imaginer ma vie sans toi car même si nous ne nous voyons pas tous les jours depuis moult années, je savais que j’avais ton épaule sur laquelle m’appuyait. Tu laisseras un vide dans mon cœur Anna Piceaerd…Coudrier, ma petite sœur de quelques mois au même titre qu’Amarok mon très cher mari et Elysia et Pieter mes frères de cœur.
J’espère que nous nous retrouverons tout de même dans l’au-delà au moins pour un petit coucou. Tu me manqueras terriblement mais sache que je penserai toujours à toi-même après ta mort et que je veillerai sur le reste de ta famille que je considère également comme la mienne. Je t’aime tendrement Anna Piceaerd Coudrier et te souhaite que du bonheur pour nos derniers moments à vivre et pour les retrouvailles avec ton mari.
Mille bises. Yélana Coudrier ta meilleure amie et sœur à jamais.
Je tentais de refouler les larmes qui me piquaient les yeux. Je la regardais dos à moi, toujours proche d’Amarok. Elle se tourna bientôt à son tour le visage maculé de larmes. Nous nous tombâmes dans les bras et reniflâmes pendant les quelques minutes qui suivirent. Nous n’étions pas du genre démonstratif, mais le fait de se dire que nous serions bientôt séparées pour toujours nous fit oublier les convenances. Nous restâmes ainsi encore quelques secondes avant de quitter Ahtohallan et son atmosphère particulière. Nous remontâmes à bord de la main du géant.
-Je te promets que tu reviendras voir la statue ! M’exclamai-je.
-Merci Anna, dit-elle.
Nous restâmes silencieuses. Bien entendu, l’une comme l’autre savions que nous ne remettrions jamais les pieds là-bas avant ma mort. Nous nous quittâmes comme au bon vieux temps en partant chacune de notre côté. Je retournai méditer le reste de l’après-midi en attendant le retour d’Elsa.
J’étais donc en train de m’accorder une petite sieste quand soudain je ressentis une secousse. Je me réveillai instantanément, prise de sueurs froides. Tout dans la hutte bougeait alors que je me retrouvai pétrifiée, ramenée des années en arrière.
-Ma grande Piceaerd ?! Non ! Pas ma grande Piceaerd ! M’exclamai-je immédiatement en me levant le plus vite possible, pas encore !
Je me ruai en dehors de la hutte quitte à me faire piétiner par les rennes. Mais à ma grande surprise, il n’y avait pas un seul cervidé comme lors de la mort de mes parents. Néanmoins le tremblement de terre ne s’était pas arrêté. Je regardais mes amis de pierre qui étaient paniqués. J’observai le ciel déchiré par les croassements de panique des oiseaux qui filaient à cause d’un danger. Qu’en était-il du village ? Je n’eus pas le temps d’y aller que j’aperçus enfin Elsa et Kristoff venir à ma rencontre.
-Mamie…Mamie…Je suis désolée, pleurnicha-t-elle en s’accrochant à mon cou.
Je me décrochai d’elle anxieuse et m’écriai alors que le sol s’apaisa peu à peu :
-Calme-toi ma grande Piceaerd et dis-moi ce qui se passe !
-Madame Piceaerd…C’est nous les responsables ! Expliqua Kristoff en faisant profil bas.
Il inspecta ses pieds alors que ma peur fut progressivement remplacée par une colère inexplicable.
-Mais responsable de quoi ?! Explosai-je dépassée.
Elsa angoissée pleura de plus belle.
-Nous…Nous venons de détruire le barrage, finit alors par avouer le jeune Nattura.
-Vous avez fait quoi ?! M’étranglai-je, mais qu’est-ce qui vous a pris ?! Vous savez ce que représentait ce monument ?! Et le travail qu’il a fallu pour le construire !?
-Nous…Nous…Sav…Savons…Nous…Nous ne voulions pas faire ça Mamie…Nous ne savions pas qu’il allait se passer ça quand…Bredouilla Elsa de plus en plus pâle.
-Quand quoi ?! M’impatientai-je, Par les esprits ! Faites une phrase complète s’il vous plaît !
Kristoff et Elsa se concertèrent du regard et il la ramena contre lui. Ils rougirent immédiatement et je ne pus m’empêcher de voir la position de la main du montagnard qui était un peu trop près sur la hanche de ma petite fille à mon goût. Mon sang ne fit qu’un tour et je compris enfin qu’ils s’étaient fait l’amour.
-Oh…Aurais-tu savouré ton nouveau rôle de cinquième esprit par la découverte d’un autre monde ma grande Piceaerd ?! Demandai-je en essayant d’avoir un peu de finesse.
-Oui Mamie, avoua-t-elle toujours aussi rouge, et…Je m’en veux…Si j’avais su…
Je ris jaune et repris :
-Non tu ne t’en veux pas…Il faudrait être idiote pour s’en vouloir…A moins que Kristoff fut un très mauvais partenaire mais je ne le pense pas puisque vous vous aimez ! Mais enfin qu’est-ce que je raconte ! Soit…Je veux bien que Kristoff soit fort…Mais quand même ! Cela ne justifie pas toute la destruction d’un barrage ! Maugréai-je vexée qu’Elysia n’ait jamais produit un tel exploit.
-Nous pensions que tu aurais su, murmura-t-elle avant de se remettre à pleurer.
Plusieurs images se formèrent alors dans ma tête. Celles des autres vies que j’avais exploré à Ahtohallan. Une image d’Anna en robe de reine verte devant une statue d’Agnarr et Iduna plus jeunes me traversa aussitôt l’esprit. Nos terres et nos peuples à jamais réunis par l’amour, disait-elle. J’observai Kristoff natif de la Forêt Enchantée et Elsa d’Arendelle. Et tout devint clair pour moi.
-J’ai bien une petite idée, finis-je par dire, c’est...
-Qu’importe…Ce n’est pas le plus important…A cause de nous…maintenant…Maintenant…Une vague gigantesque se dirige tout droit vers Arendelle ! Renchérit Elsa en larmes.
-Seigneur je n’y avais pas pensé ! M’écriai-je, bon nous rediscuterons de votre acte après ! Il faut se dépêcher ! Vite !
Sans attendre, je chantai les quatre notes et intimai au géant de nous prendre dans sa main.
-Conduis-nous à Arendelle ! Rapidement ! S’il te plaît !
L’esprit de la terre s’exécuta et nous l’encourageâmes à aller plus vite même si nous étions assez haut pour voir que le royaume avait déjà été englouti.
-Ma…Mam…Mamie…J’ai…J’ai tué…Ma fam…Fam…Famille, hoqueta Elsa jusqu’à ne presque plus pouvoir respirer.
Je ne trouvai rien à répondre sachant que trop bien le malaise dans lequel nous pouvions être quand on comprenait que nous nous retrouvions seuls au monde.
-Rien n’est perdu tant que nous n’avons pas trouvé les corps, tentai-je de la rassurer.
…Avant d’apercevoir trois ombres en contrebas…Je les fixai de plus près d’un œil attentif et mon cœur manqua un battement.
-Stop mon ami! Stop! Criai-je au Géant.
-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a madame Piceaerd ? M’interpella Kristoff.
D’une geste, je pointai mon doigt vers le sol et implorai l’esprit de la terre de nous déposer. Le grand Nattura se chargea immédiatement de ramener les trois corps dans la main alors qu’Elsa s’effondra à nouveau contre lui. J’aurais pu m’abattre comme elle, mais au lieu de ça, je m’agenouillai auprès de ma fille, mon gendre et Hans qu’Elsa m’avait déjà dépeint et que j’avais reconnu comme étant une des relations d’Anna dans ses nombreuses autres vies. J’allai aussitôt vérifier qu’ils respiraient encore. Je soufflai un grand coup et posai juste mes paumes sur leurs corps cherchant l’énergie des âmes.
-Mamie…Est-ce qu’ils…Est-ce qu’ils sont… Peina à demander ma petite fille.
Je poussai un soupir de soulagement en secouant la tête.
-Non ma grande Piceaerd…Ils sont en vie… Nous allons retourner à la hutte pour les soigner, la rassurai-je.
-Attends…Il manque Anna ! Anna devait venir me rejoindre à la cascade ! Pleura-t-elle alors que je sentis l’air frais se répandre dans ses doigts.
-Je sais Elsa ! Mais tu pourras l’aider de la hutte je t’assure ! Allez ! Il nous faut revenir sur nos pas à présent !
Le Géant obtempéra et nous déposa quelques minutes plus tard sur les berges devant ma demeure.
-Merci mon ami ! Clamai-je, maintenant ne perdons pas de temps ! Kristoff dépose les corps sur les lits et va chercher Laïka ! J’ai besoin d’un diagnostic plus médical que spirituel ! Quant à toi ma grande Piceaerd, envoie les esprits aider ta sœur !
-Mais…Mais Mamie… Nous ne savons même pas si elle est en vie ! Ajouta-t-elle en me serrant à nouveau.
-Combien même elle ne l’est pas ! Il faut envoyer de l’aide à Arendelle ! La secouai-je, Elsa tu es la seule potentiellement vivante pour l’instant ! Tu ne peux abandonner ton royaume !
Elle se mordit la lèvre, ferma les yeux et se mit alors à chanter les « Ah-Ah-Ah-Ah » comme je lui avais appris. Bruni, Courant d’Air et même le Nokk apparurent aussitôt. Elsa attendit mon signal puis elle déclara:
-Allez sauver la princesse Anna et les habitants d’Arendelle !
Les esprits s’activèrent tous à leur manière : l’Air tourbillonna, L’Eau hennit bruyamment et le Feu tourna sur lui-même en produisant des flammes. En quelques secondes ils partirent avec leur mission en tête. Laïka, Yélana choisirent ce moment pour arriver avec Andréas.
-Tout va bien par ici ! Demanda-t-il, vous avez entendu la secousse…J’ai cru revivre le troupeau de rennes dans le village Anna !
-Moi aussi petit frère ! Clamai-je à son adresse alors qu’il se rua dans mes bras.
-Laïka pourriez-vous réveiller Papa, Maman et Hans s’il vous plaît ? Intervint Elsa.
-Mais Madame Piceaerd…Commença-t-elle en m’observant sans comprendre.
-Mon énergie à elle seule ne suffit plus, me justifiai-je, et je n’ai rien encore appris à ma petite Piceaerd…Va les examiner à l’intérieur.
Elle partit dans la hutte alors que je m’adressai ensuite à notre cheffe :
-Yélana, il nous faut préparer nos maisons pour recevoir les éventuels survivants !
-Quoi Anna ? Tu veux dire accueillir des Arendellien ? S’offusqua-t-elle, c’est hors de question !
-Oh je t’en prie ! La hache de guerre est enterrée désormais ! La preuve ! Il n’y a pas eu de tentatives ni de tensions depuis que la brume s’est relevée ! M’énervai-je.
-Toi comme moi savons ce qui s’est passé la dernière fois que des Arendellien sont venus en amitié chez nous, maugréa-t-elle.
Je fulminai intérieurement mais répliquai calmement :
-Oui ! Je m’en rappelle très bien, j’ai retrouvé ma fille et découvert mon Gendre, mes petites filles et mon petit-fils !
-Ce que tu peux être pénible à jouer sur les mots Anna Piceaerd ! Je parlais d’avant ! Clama-t-elle.
-Dans ce cas-là nous pourrions parler aussi de ce qui s’était passé peu après nos naissances ! M’écriai-je ne souhaitant pas dévoiler le secret devant Elsa, toi comme moi savons que ce n’était pas très propre non plus.
Yélana serra les dents et je sus que je l’avais convaincue. J’enchaînais donc :
-Les Northuldra sont connus pour leur hospitalité et leur confiance envers la nature. Le barrage a été détruit parce qu’une Arendellienne et un Northuldra se sont aimés. Ma fille et mon Gendre sont les premiers à avoir mis fin à ce conflit. Elsa et Kristoff sont les suivants…Ne gâche pas tout Yélana Coudrier…Ne suis pas le chemin de la peur comme l’avait ton mari, sois plus maligne que lui…Bon en même temps tu n’auras pas trop de mal…Murmurai-je en frissonnant.
-…Je pourrai en dire autant pour le tien ! Persifla-t-elle.
-Vous êtes d’accord alors ? L’implora ma grande Piceaerd qui voulait couper court à notre dispute puérile.
Elle la jaugea de la tête aux pieds et dit en soupirant :
-Je n’ai jamais su dire non à un membre de votre famille…Viens Andréas nous allons prévenir les autres.
-Attendez Yélana j’ai besoin de lui ! Intervint Laïka, il faut déplacer les corps dans ma hutte, ça sera plus simple pour que je les examine, pour l’instant ils semblent souffrir d’un traumatisme et je n’arrive pas à les réveiller, mais en dehors de cela leur pronostic vital va très bien.
Ma petite fille poussa un soupir de soulagement. Mon petit frère se chargea donc d’emmener les trois membres avec Laïka pendant que Yélana se chargea de donner les instructions aux autres Northuldra. Nous nous occupâmes ainsi jusqu’à très tard le soir. Même Elsa et Kristoff s’y mirent tout en ne manquant pas de faire des allers-retours dans la hutte de la guérisseuse pour espérer un miracle. Mais c’était inutile d’attendre quelque chose si Anna ne réapparaissait pas avec son énergie. Contre toute attente, Elsa voulait que je lui cache que les membres de notre famille étaient blessés gravement. J’avais beau lui dire que si Anna ne participait pas au réveil, ils ne reviendraient pas à la vie, elle ne voulait pas en entendre parler et souhaiter préserver sa petite sœur le plus longtemps possible de cette vue macabre quitte à trouver elle-même une autre solution. C’était une vraie Piceaerd pour son côté têtue. Nous attendîmes les autres jusqu’à la nuit noire et consentîmes à rentrer à la hutte en voyant qu’aucun survivant n’était venu.
-Les rescapés arriveront sans doute demain, déclarai-je pour rassurer ma petite fille.
-Comment peux-tu en être sûre ? Et puis s’il n’y a plus Anna qui aura la présence d’esprit de venir jusqu’à nous ? Grogna-t-elle.
-Vous avez toujours le général Niklas Olson à votre service il me semble, lançai-je soudain.
Elsa me regarda stupéfaite que je connaisse ce monsieur.
-Euh…Oui pourquoi ? Bafouilla-t-elle.
-Lui viendra dans ce cas, dis-je la mort dans l’âme, il connait le chemin pour venir jusqu’à la hutte Piceaerd de la Forêt Enchantée, ne t’inquiète pas.
Je le revoyais plus jeune en train de dévorer mon frère du regard. Pieter. Son nom venait d’être évoqué deux fois en si peu de temps si bien que mes yeux s’embuèrent. J’avais hésité à allumer leur coupole. Mais le destin en avait décidé autrement.
-Mamie…Tu as eu des différents avec lui ? Paniqua soudain Elsa devant mon expression tragique.
-Non…Non pas du tout ma grande Piceaerd, la rassurai-je, Olson a été un ami et même plus pour moi…Et pour quelqu’un d’autre…Mais ceux sont des souvenirs trop lointain pour que je t’en parle maintenant. De toute façon nous avons un autre sujet à aborder.
Les joues d’Elsa réagirent immédiatement et elle se mit à se tripoter les doigts de stress.
-Tu vas me gronder pour ma conduite de cuisses légères c’est ça ? murmura-t-elle, oui je sais…Maman m’a toujours appris qu’il fallait attendre le mariage pour faire ce genre de choses mais…Je…Eh bien…ça s’est fait tout seul…Nous…Nous en avions envie tous les deux…C’était la première fois je t’assure. Kristoff a toujours très respectueux sur le sujet…Je…Je suis un peu gênée de parler de cela avec toi…Mais étant donné que notre acte a détruit toute un royaume…Enfin…Si nous avions su que ça ferait cela, nous ne l’aurions jamais fait, pleura-t-elle…Alors…Je suis prête à entendre tes réprimandes.
J’attendis d’être sûre qu’elle se soit arrêtée puis je demandai :
-Est-ce que vous vous aimez ?
Elsa me fixa bizarrement mais répondit :
-Euh…Oui…Bien sûr…Mais…
-Est-ce que vous comptez recommencer ?! Enchaînai-je.
-Recommencer à faire quoi ? Questionna-t-elle avec incompréhension.
-L’amour ma grande Piceaerd, est-ce que vous comptez recommencer ? Répétai-je.
Elsa devint écarlate, prise au dépourvue par ma question mais aussi par le fait que je dise clairement l’activité. Néanmoins elle finit par répondre :
-Eh bien…Euh…Oui je pense…J’espère juste que nous ne détruirons plus rien les prochaines fois.
-Bien…J’ai tout ce que je voulais savoir, répliquai-je avec un grand sourire.
-Attends quoi ?! Tu ne me grondes pas ? Tu ne me fais même pas une petite leçon de morale ? Dit-elle presque déçue.
-Quoi ? Tu en espérais une ? S’il n’y a que cela…Ce n’est pas bien Elsa de t’être donnée à Kristoff sans que vous soyez mariés ! Vous serez maudits car vos coupoles ne sont même pas allumées ! Les dieux vont vous exterminer ! Voilà tu es contente ? …Moi pas car maintenant j’ai l’impression d’être Yélana, maugréai-je avant d’éclater de rire.
Ma grande Piceaerd ne trouva rien à redire et me regarda choquée par mon comportement passif.
-Maman aurait eu beaucoup de chance si tu l’avais découverte en train de faire ça, dit-elle avec admiration.
-Ah tiens-donc ! Et pourquoi cela ? Demandai-je étonnée.
-Tu t’en fiches que je sois devenue une femme, répondit-elle.
-Encore une fois…Tu t’adresses à ta grand-mère…Ce n’est pas la même relation ! Et aussi incroyable que cela puisse te paraître Elsa… J’ai eu ton âge ! Clamai-je malicieuse, et j’estime avoir fait pire que toi.
-Oh… Ne m’en veux pas Mamie mais oui j’ai un peu de mal à imaginer, dit-elle en détournant le regard, moi qui te pensais un vrai modèle de pureté.
J’éclatai de rire de plus belle. Puis voyant qu’elle était toujours contrariée, je m’arrêtais. Elle attendit que le silence s’installe avant de se racler la gorge et demandai ensuite :
-Donc si je comprends bien…Tu n’as pas attendu le mariage non plus ?
Je ris nerveusement à nouveau et secouai la tête. J’énumérai soudain :
-Exactement ! Je n’ai pas attendu le mariage, je n’étais pas promise à ton grand-père et je suis tombée enceinte de ta mère après une nuit passionnelle avec lui. Je te laisse imaginer la tête de tes grands-parents maternels quand ils l’ont appris.
-S’ils sont aussi doués que Papa et Maman j’ai une petite idée, murmura-t-elle la mort dans l’âme.
-Aime tes parents Elsa…Lui dis-je patiemment, ils ne veuillent que votre bien à Anna, Hans et toi, ne sois pas trop dure à l’égard de ton père qui a été malheureux durant toute son enfance à cause de moi. Ne sois pas trop dure à l’égard de ta mère qui t’as caché qu’elle venait d’un autre peuple…Ne sois pas trop dure avec eux d’eux qui ont essayé d’être de bons parents et qui le sont quoique tu penses.
Elle imprima mes paroles et je lui caressai le dos de compassion.
-Merci en tous cas de ne pas m’en vouloir, ajouta-t-elle.
-C’est le privilège d’une grand-mère, et il n’y a aucune raison que je t’en veuille, tu as bien fait d’avoir aimé Kristoff si vous en aviez tous les deux envie. Ne t’inquiète pas je ne dirai rien à tes parents.
-Vu l’état dans lequel ils sont pour l’instant on ne peut rien leur dire, reprit-elle alors que sa lèvre se fendilla.
-Bien sûr ma grande Piceaerd, conclus-je sentant que j’avais fait une bourde, va te reposer à présent, nous aurons beaucoup de travail demain.
Elle ne perdit pas de temps avant de se glisser dans le lit. Elle dormait déjà quand je lui rabattis les draps jusqu’au cou. Mon sang se glaça en sentant quelque chose pendant que je la bordais. Faisant attention de ne pas la réveiller, je soulevai légèrement la couette et posai ma main le plus délicatement possible sur son bas ventre. Mon visage s’illumina. Il n’avait que quelques heures à peine mais il était bien là…Le futur petit Piceaerd demeurait déjà chaudement dans le corps de ma petite fille.
Je repartis de la chambre sur la pointe des pieds et me rendis moi-même dans mon lit pour prier.
-Il faut que tu vives mon Ange de l’Air…Ton enfant va avoir besoin de toi…Je ne sais pas si je dois être fière qu’elle ait suivi le même chemin que sa grand-mère, chuchotai-je avec un sourire.
Je n’eus pas le temps de plus m’interroger que déjà je sombrais à mon tour dans les bras de Morphée.
Je me retrouvai bientôt en train de parcourir Arendelle. Mon âme flottait sur l’eau. C’était un désastre…Le royaume avait effectivement été inondé. Mais les maisons avaient malgré tout tenu. Le château avait eu le plus d’impact. Je cherchai à rencontrer l’âme de ma plus jeune petite fille. Je fus soulagée de sentir une aura puissante vers l’entrée d’Arendelle. M’approchant tel un fantôme, je découvris bientôt les survivants en train de dormir à même le sol à côté d’un nombre incalculable de tombes fraîchement creusées. J’inspectai les visages troublés par la vue de la mort et me concentrai le plus possible pour apercevoir Anna.
Après quelques minutes de recherches, je la découvris au milieu d’une famille, le visage et les cheveux maculés de boue et les vêtements déchirés. Je poussai immédiatement un soupir de soulagement ne pouvant lui en vouloir cette fois d’être sale. Toute la famille était en vie… Mais il ne faudrait pas trop la brusquer tout de suite…Elsa ne le voulait pas. Je m’avançai et me penchai vers elle en lui embrassant le front.
-Tu as eu une lourde tâche à accomplir aujourd’hui ma petite Piceaerd…J’ai hâte de te retrouver demain, murmurai-je.
Je fus ensuite obligée de m’en aller à cause de mon aura faible. Je dormis peu et me réveillai avant l’aube pour me rendre un peu plus à l’écart des rives. Je chantais les quatre notes habituelles et mes amis finirent par se lever.
-Allez à la rencontre des Arendellien et amenez-les dans vos mains jusqu’à la Forêt Enchantée! Criai-je.
Ils me sourirent et Je les vis ainsi s’éloigner avec un sentiment d’apaisement et de réussite. Mon cinquième esprit était formé. Ma chamane le serait très vite. Et je pourrai tranquillement partir en paix.
Et pour le titre... Sans surprise pour la deuxième fois dans cette fanfiction je nous remets un petit coup de "Zeige Diche/ Show Yourself"
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mer 12 Mai 2021, 18:28
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 25 Mai 2021, 21:40
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 05 Juin 2021, 20:52
Un petit évènement imprévu a fait que j'étais incapable d'écrire la semaine dernière. Mais le chapitre bonus 2 est enfin prêt pour ce soir. Comme son prédécesseur, il est étroitement en lien avec Retour vers le passé 2 : Croqué par le crocus.
Chapitre bonus 2 : La chamane :
Je tombai de sommeil, réfléchissant comme à mon habitude à ma journée du lendemain. Les samedis étaient mon jour préféré de la semaine car c’était celui que je partageais avec Anna. Même si exceptionnellement cette semaine nous avions dû décaler. Celui où nous faisions nos cours de chamanisme. Au début, j’avais eu peur qu’elle me rejette comme avait pu le faire Iduna par le passé. Mais il n’en fut rien. Elle avait été demandeuse et excellait dans cet apprentissage. Si bien qu’au rythme où allaient les choses, je n’aurais bientôt plus rien à lui apprendre. Je n’en étais pas peu fière. J’étais moins inquiète quant au fait que je partirai bientôt rejoindre mon mari mort sans lui avoir tout enseigné.
-Allons Anna…Concentre-toi un peu sur ta discipline…Les chakras c’est fait…Soigner par l’aura c’est fait…Les exercices sur la respiration c’est fait…Les voyages astraux aussi…Enumérai-je, tout ça en trois semaines et encore il a fallu qu’elle se repose lorsqu’elle était malade et quand elle a aidé les autres Northuldra à créer les pompes pour dégorger Arendelle.
Je poussai un soupir de frustration n’arrivant pas à me décider sur une activité adéquate alors que j’en épluchai plusieurs dans ma mémoire en rapport avec les morts.
-Oh Elysia…Si seulement tu étais là pour m’aider ! Grognai-je.
J’attendis avec l’espoir qu’il apparaisse comme il l’avait fait la fameuse nuit d’il y a quelques mois où il était venu m’annoncer le jour de ma mort.
-Zut ! Et puis tant pis ! Si tu ne veux pas venir à moi mon amour, je me charge de venir à toi ! Même si tu me l’as interdit ! Pestai-je, j’ai besoin de ton avis.
Je savais qu’il allait grogner mais je ne pouvais faire autrement. Me concentrant du mieux que je pus malgré les années de fatigue, je mis tout en œuvre pour pouvoir rejoindre le monde des morts. Je m’endormis ainsi sans trop de difficultés, priant mon âme de s’exfiltrer de mon enveloppe charnelle. Cela prit un peu plus de temps que lorsque j’étais jeune mais j’y parvins.
Je reconnus l’endroit onirique, bleuté et flou et aperçus bientôt mon mari qui fit un bond de surprise en me voyant.
-An...Anna ? Que fais-tu là ? Ce n’est pas bon pour toi ? Je t’avais dit de ne pas venir ! Me gronda-t-il alors que ses yeux trahissaient un sentiment d’envie.
-J’ai besoin d’un petit conseil de mon mari d’amour, minaudai-je sans trop me forcer, si tu coopères rapidement je m’en vais juste après, promis !
Elysia soupira mais s’approcha tout de même de moi faisant monter le bienêtre dans mon âme toujours intacte. Il se pencha et m’enlaça alors que je reçus son étreinte glacée avec chaleur.
-Ma partie irrationnelle n’est pas pressée que tu repartes mais c’est comme ça…J’ai patienté trente-cinq ans, je pourrais encore attendre quelques mois…Ta fille a besoin de toi ! Renchérit-il, bien…A présent…Dis-moi ce qui se passe ma Anna d’amour ?
Je lui racontais alors rapidement les exploits chamaniques de sa plus petite fille.
-A la bonne heure ! Enfin des leçons qui ne se terminent pas en boucherie ! Finit-il par plaisanter.
Je le fusillai légèrement du regard, consciente qu’il était toujours resté en retrait dans nos disputes et il se reprit très vite :
-Puisque tout se passe bien, quel conseil attends-tu de moi ma belle chamane ?
-Je n’arrive pas à me décider sur ce que je vais pouvoir lui faire faire demain, expliquai-je en rougissant à son appellation.
Elysia me prit à nouveau dans ses bras glacials et demanda avec douceur :
-Que sommes-nous en train de faire en ce moment ma Anna ?
-Un voyage astral…Un vrai, accentuai-je alors que mon mari rougit à son tour à la mention du nom de code de nos étreintes charnelles, mais elle est rôdée là-dessus, dès sa deuxième leçons nous avons réussi à aller sur les îles Féroé d’où vient la Duchesse de Funningur...Notre petite Piceaerd adore ses romans érotiques…Et c’est tout à son honneur ! Elle en est revenue à peine fatiguée.
-Si je ne me trompe pas il y a eu le barrage qui a englouti tout Arendelle il n’y a pas longtemps, nota alors mon mari.
-Euh oui…Comment es-tu au courant de cela ? Le questionnai-je surprise.
-Il y a eu pas mal de monde qui est arrivé dans l’Helveg grâce à Aren, les gens ont ensuite été répartis dans l’Hellheim ou le Niflheim. Il y en a peu qui sont restés dans l’entre-deux, répondit-il.
Je ne lui avouai pas que l’acte venait de l’exploit sexuel d’Elsa et Kristoff préférant me concentrer sur l’objectif principal de cette visite.
-Où veux-tu en venir ? Finis-je par l’interroger car je ne voyais pas le rapport entre le barrage et les leçons.
Mon mari m’observa longuement puis demanda encore :
-Oh ma Anna d’amour, qu’aurais-tu voulu faire après la bataille entre les Northuldra et les Arendellien ?
-Mourir, dis-je du tac au tac.
Elysia me lança immédiatement un sourire nerveux. Il me serra plus fort et rétorqua :
-Non…Anna…Je voulais dire en tant que chamane ! Qu’aurais-tu dû faire normalement après cette bataille.
-Soulager les gens, murmurai-je cette fois de façon professionnelle, et pour cela nous aurions parlé.
Elysia tiqua car il voyait bien que je n’arrivais pas à mettre la main sur ce qu’il essayait de me faire deviner.
-On va partir sur autre chose, concéda-t-il, tu as la chance d’être chamane, tu te rappelles quelle est sa fonction ? Tu n’arrêtais pas de la répéter à Iduna !
-Oui faire le lien entre le mort et les vivants, lâchai-je d’un coup avant de comprendre.
Je souris immédiatement et regardai mon mari qui me sourit en retour.
-Merci mon Elysia, murmurai-je en embrassant sa joue fantôme.
-De rien ma Anna. A très bientôt.
Sa bouche froide rencontra la mienne pendant quelques secondes avant que je me sente partir vers le monde des vivants.
Malgré l’excitation qui se faisait sentir, j’eus une bonne nuit de sommeil.
-Mamie ! Mamie ! Mamie ! Je suis là ! Clama ma petite-fille le lendemain matin.
-Bonjour ma petite Piceaerd, va doucement…Il faut préserver ta vieille grand-mère tout de même, dis-je avec un sourire.
-Oh oui ! Pardon Mamie ! Je ne serai plus rien sans toi ! Renchérit-elle alors que je faillis m’étrangler.
Elle m’enlaça à m’en étouffer et mon cœur se brisa encore plus…Je n’aurais pas dû promettre à mon Ange de l’Air que je ne lui dirais rien…La vérité lui fera d’autant plus mal quand elle arrivera.
-Allons…Allons ne dis pas de sottises ! J’ai survécu trente-cinq ans sans ton grand-père, ta mère et bien d’autres alors tu pourras très bien te passer de moi le jour où je partirai ! Grognai-je, en attendant, viens plutôt m’aider à préparer les ingrédients pour la leçon.
-Oui Mamie ! Tout de suite Mamie ! Dit-elle en trépignant d’impatience, qu’est-ce qu’il faut ?
-De la poudre de coquelicot et deux chaises, répondit-elle.
Anna partit en coup de vent et revint quelques secondes plus tard alors que j’avais réussi à caler le mobilier au centre de la salle à manger.
-On commence par des exercices de respiration ? Demanda-t-elle.
-Comme d’habitude ma petite Piceaerd, déclarai-je amusée.
Son comportement changea radicalement et elle se mit d’elle-même en tailleur sur le sol avant de tourner ses paumes de main vers le ciel et fermer ses yeux. Je l’accompagnai bientôt et nous prîmes un temps pour entrer en contact avec les sept chakras principaux.
-Alors que va-t-on faire aujourd’hui Mamie ? Je suis impatiente d’apprendre, renchérit-elle sincère.
Je l’observai et éclatai soudain de rire devant cette boule d’énergies.
-Mamie ? Tout va bien ? Paniqua-t-elle.
-Oh oui ma petite Piceaerd ! Je repensai à la dernière leçon de chamanisme que j’avais effectué avec ta mère ! Je lui avais souhaité une petite fille qui soit aussi compliquée qu’elle et elle m’avait répondu « du moment qu’elle ne te ressemble pas ! »…
Anna se mit aussitôt à rougir violemment, consciente comme moi de notre ressemblance physique profonde.
-Au final vous êtes toutes les deux tombées à côté. Maman a eu beaucoup de mal à s’occuper d’Elsa et moi je suis tout ton portrait selon elle ! S’écria-t-elle avec un sourire gêné.
-C’est exact, admis-je.
Anna attendit quelques secondes avant de reprendre d’une petite voix :
-Je suis ravie et fière de te ressembler Mamie.
Elle se releva alors d’un bond pour m’enlacer à nouveau. Je lui rendis son étreinte, consciente qu’à la maison elle avait dû en manquer par ses parents préoccupés par sa sœur. Contre leur gré évidemment…Je savais pertinemment qu’Agnarr et Iduna donneraient leurs vies pour leur deux filles.
-Allez ma petite Piceaerd tu vas me faire pleurer, murmurai-je…Bien ! Trêve de retour vers le passé ! Aujourd’hui je vais t’apprendre à assouvir les peines de cœur des gens à travers le spiritisme.
Anna fut attentive comme toujours lorsqu’il s’agissait d’exercices qui l’intéressaient. Ainsi, elle écouta patiemment lorsque je lui expliquai le circuit à faire pour éveiller la connexion avec le défunt. Elle récita ensuite la prière Northuldra avec beaucoup d’éloquence pour éloigner les mauvais esprits et appliqua enfin la poudre de coquelicot sur les points chakras.
-Parfait Anna, on va s’entraîner comme ça tu pourras faire ça d’ici deux ou trois semaines aux personnes qui ont perdu des proches dans le barrage. Ils seront contents. D’accord ? Demandai-je.
-Oui Mamie ! Je suis prête ! Clama-t-elle.
-Bien, donc c’est moi qui vais réceptionner le défunt et toi tu te contentes juste de lui parler, expliquai-je.
-Pourquoi pas l’inverse ? Paniqua-t-elle.
-C’est toi qui dois apprendre à faire le lien entre les deux pas moi ma Petite Piceaerd, moi j’ai déjà suivi cet apprentissage…Expliquai-je patiemment, bon… N’oublie pas de penser au défunt que tu veux contacter avant de commencer d’accord ?
-Ah oui pardon Mamie, s’excusa-t-elle confuse.
Elle me laissa m’allonger et s’exécuta avec beaucoup de professionnalisme. Je priai pour qu’elle ait fait appel à Elysia. J’eus juste le temps d’entrevoir son beau visage par rêves avant de sombrer dans un état comateux. Je ne pensai plus à rien et bientôt le néant m’accueillit. Je restai ainsi pendant de longues minutes qui s’écoulaient lentement.
Puis je finis par rouvrir les yeux et découvris étonnée qu’Anna était…Effrayée.
-Ma petite Piceaerd…Est-ce que tout va bien ? Demandai-je d’une voix pâteuse. Qui as-tu vu?
-Je…Je me suis trompée dans la formule Mamie, murmura-t-elle alors que son visage se macula de larmes.
Je la pris dans mes bras, navrée de la voir aussi bouleversée.
-Allons, allons…Est-ce que l’esprit t’a fait du mal ? L’interrogeai-je.
-Non, Mamie…Mais j’ai échoué, pleura-t-elle encore.
-Ce n’est rien ça ma petite Piceaerd…Il en faut des échecs pour réussir, tu es déjà très en avance dans mes cours, la rassurai-je, tu me promets que l’esprit ne t’as pas blessé physiquement ?!
-Je te le jure Mamie…Rien physiquement, bégaya-t-elle.
-Bien…C’est déjà ça…Qui as-tu demandé alors ? Essayai-je à nouveau.
-Je…Je n’ai pas dit de prénom en particulier…Je…J’ai juste demandé à voir un de mes aïeuls… Répondit-elle d’une voix saccadée.
-D’accord, repris-je calmement, et la personne, décris-moi son timbre de voix…Que t’as-t-elle dit pour que tu te mettes dans un état pareil ?
Anna respira un grand coup pour se calmer avant de rétorquer :
-C’était une voix d’homme Mamie, il…Il a dit…Attends que je me rappelle…Hum : « Anna…Je te remercie pour le destin que tu as changé…Ceci dit je ne te pardonnerai jamais de m’avoir tué alors que je voulais simplement prendre du bon temps…Si tu me rappelles encore une fois, je viendrais de moi-même te hanter chaleureusement dans tes rêves jusqu’à ce que tu perdes la raison ! ».
Je pâlis immédiatement et faillis vomir en comprenant l’orateur.
-Saleté de Yuma Lorcus ! Pestai-je enfin, si je pouvais l’avoir devant moi je l’étranglerais de mes mains…Même si Maman ne serait pas contente !
-Tu…Tu sais qui est cet homme Mamie ? Demanda-t-elle soudain plus calme.
-Oui ma petite Piceaerd…Soupirai-je, c’était le père du chef Amarok qui s’est fait tuer durant la bataille des Northuldra et des Arendellien…Nous avons eu quelques différents tous les deux, mais je ne souhaite pas t’en parler pour préserver ton innocence…Est-ce que tu avais bien fait la prière avant l’exercice ?
-Oui Mamie…J’ai bien articulé et j’ai fait attention je te le promets, reprit-elle frustrée.
-Bien…On va le refaire et cette fois tu vas être très, très, précise dans l’appellation du défunt, là en disant juste « aïeul », le terme était trop large et l’aura a dû se fausser en confondant les membres de mon premier mariage avec mon second…Mais rassure-toi en aucun cas, Yuma n’est un de tes aïeuls et ses menaces ne seront jamais mises à exécution ! Nous allons y veiller toutes les deux.
Anna retrouva définitivement son calme et un sourire finit par revenir sur son visage. Elle s’essuya ses dernières larmes séchées, respira un grand coup et répliqua :
-Je veux bien retenter l’exercice Mamie !
Je lui fis une risette et conclus :
-Je suis ravie de l’entendre ma petite Piceaerd.
Elle me redonna un peu d’énergie et je me remis au sol. Je fus à nouveau happée par le néant pendant plusieurs minutes et j’attendis patiemment qu’Anna ait fini l’exercice. Son visage était triomphant quand je fus rappelée après cela. Elle pleurait encore mais cette fois de joie.
-J’en conclus que ça a été réussi ? Demandai-je avec un sourire.
Elle acquiesça avec force et répondis :
-Oui Mamie. J’ai préféré demander quelqu’un de neutre cette fois et j’ai pu voir le fils d’Aude la fleuriste…C’est…C’est le premier corps d’enfants que j’ai eu à affronter après l’accident du barrage…Je vais pouvoir transmettre à sa Maman qu’il a bien rejoint l’Hellheim et qu’il veille sur elle de là-haut…Qu’il ne faut pas qu’elle le pleure et pleins d’autres choses merveilleuses pour la rassurer.
J’assimilai aussitôt la conversation de ce petit garçon à ce que mon précieux Olaf avait pu me dire il y a bien longtemps maintenant. Je réprimai un frisson et manquai de pleurer à mon tour. Puis je retrouvai le sourire tout en sachant que je le retrouverai sans doute bientôt comme Elysia…Je n’eus pas le temps de penser plus qu’Anna me sauta à nouveau au cou avec violence.
-Oula doucement ma petite Piceaerd, tes câlins à répétitions me font plaisir mais vas-y doucement tout de même, déclarai-je amusée.
-Oui pardon Mamie…Mais je voulais te remercier de m’apprendre tout ça…Je me sens enfin importante…J’ai vraiment l’impression d’être spéciale comme Elsa…D’avoir un pouvoir en quelque sorte, se justifia-t-elle.
-Je comprends Anna…Néanmoins ta sœur et toi êtes exceptionnelles chacune à votre manière, murmurai-je.
Elle hocha la tête alors que je demandai encore comme à la fin de chaque cours :
-Est-ce que tu as des questions ma petite Piceaerd ?
Je devinai déjà la réponse en voyant ses yeux pétiller de malice. Nous passions toujours autant de temps à faire l’exercice qu’à parler après.
Elle vint s’assoir à table alors que je lui servis le repas. Le ragoût de rennes avait mijoté toute la matinée pour être bien savoureux.
-Oui j’en ai ! Clama-t-elle, d’abord…Comment était ma deuxième prestation ? Est-ce que je n’ai pas trop fait de gaffes Mamie ? Où étais-tu pendant que les âmes se sont emparées de ton corps ?! Est-ce que tu as eu mal ou est-ce que j’ai bien placé mes mains ?
-Doucement Anna…Calme-toi…Tu as été parfaite pour ton deuxième essai comme d’habitude ! La coupai-je, Je plaisantais tout à l’heure en disant que tu apprends tellement vite que tu n’auras bientôt plus besoin de moi mais à force je vais finir par croire que c’est vrai…Ton arrière-grand-mère serait extrêmement fière de toi.
Elle pâlit immédiatement en entendant ma première partie de phrase et je tentai de rester la plus neutre possible alors qu’elle me fit un énième câlin. Elle était très tactile contrairement à Elsa et j’avais l’impression de retrouver dans ses gestes son cher grand-père.
-Je te le redis encore ! Tu es une privilégiée comme Elsa ! Tu ne débarrasseras jamais de moi Mamie ! Tu as encore pleins d’années à vivre à nos côtés ! Clama-t-elle alarmée.
Elle sentait que quelque chose n’allait pas dans mes paroles. Pourtant je restai impassible et la grondai gentiment pour cacher mon trouble :
-Seuls les dieux le savent ma petite Piceaerd, tu te rends compte quand même qu’en un mois de temps tu as assimilé ce que ma Mère a mis cinq ans à m’enseigner ! Non vraiment ! Ton aura est un petit bijou.
-Merci Mamie, dit-elle en rougissant, je…Je n’ai pas l’habitude d’être mise en avant sans attirer l’attention.
-Quoi ? Ma petite Piceaerd qui s’excite pour se montrer aux autres ? Vraiment tu es comme ça? Me moquai-je.
Elle hocha la tête et la baissa bientôt honteuse. Je repris aussitôt avec douceur :
-Ceci dit…Je t’ai trouvée un peu plus agitée que d’habitude aujourd’hui…Cela aurait-il un rapport avec le fait que notre cours ait été déplacé cette semaine ?
Le visage d’Anna se réchauffa immédiatement et je sus tout de suite que j’allais avoir le droit à une confession sur ses peines de cœur.
Elle n’en démordait pas. Elle voulait piquer Kristoff à sa sœur. A cause de son rêve. Je n’osais pas lui dire qu’il ne fallait pas s’y fier. Que dans d’autres de mes vies j’avais été une peste avec son grand-père maternel et aimai un homme que j’ai détesté dans ma vie actuelle…Que j’avais même eu une liaison avec son grand-père paternel au plus grand bonheur de ce dernier. Non Anna…Tu ne peux pas lui dire ça…Elle n’est clairement pas prête, soupirai-je.
-Mamie… J’ai fait une bêtise, bafouilla soudain Anna en tremblotant.
Je faillis m’étrangler avec mon gâteau avant de répondre du tac au tac :
-Quoi toi aussi ?! Non mais vous vous êtes concertées avec Elsa ce n’est pas possible !
Anna pâlit à nouveau sans comprendre.
-Quoi ? Quoi moi aussi ? Répéta-t-elle, pourquoi Elsa ? Qu’est-ce qu’elle a Elsa ?
Je l’observai attentivement durant une petite seconde et poussai intérieurement un soupir de soulagement. Non...Ma petite Piceaerd était beaucoup trop jeune pour avoir fait l’amour surtout quand je savais qu’elle était incapable de choisir entre Hans ou Kristoff. Je la serrai fort contre moi et la rassurai immédiatement :
-Rien ma petite Piceaerd…Rien du tout…Elsa va très bien je t’assure…Elle file le parfait amour avec son grand Nattura c’est tout…Excuse-moi…Je suis tout à ton écoute.
Le visage d’Anna devint cramoisi de jalousie. Elle m’observa encore quelques secondes. Puis elle roula des yeux et je remarquai qu’elle était pensive. Elle réfléchissait à comment elle allait m’annoncer la nouvelle. En la voyant ainsi, je m’attendais tout de même au pire. Au moins, cette fois, il n’y avait pas d’autres barrages à casser dans les environs…
-Oh…Ce n’est peut-être pas si important que ça après tout, lâcha-t-elle en se relevant, et comme tu dis…Ma sœur va très bien.
-Une tentative de repli donc, murmurai-je, bien Anna…Tu ne fais plus confiance à ta vieille grand-mère.
-Non…Non…Mamie ce n’est pas ça ! Je…J’ai peur de faire du mal à Elsa ! S’écria-t-elle soudain.
Ses yeux s’embuèrent de contrariété et je supposai tout de suite que ladite bêtise avait dû se faire avec Kristoff. Sinon elle n’aurait jamais impliqué sa sœur dans l’équation. Je la pris immédiatement par les épaules en m’écriant :
-Que me chantes-tu là ma petite Piceaerd ?! Toi ?! Faire du mal à ta sœur ?! S’il y en a bien une qui ne doit rien craindre de toi c’est elle !
Le visage d’Anna se décomposa à nouveau en entendant mes paroles sensées l’apaiser.
-Peu importe Mamie…C’était une bêtise de plus de ma part de toute façon, maugréa-t-elle les larmes aux yeux.
-Et tu ne veux pas être plus explicite ? Insistai-je.
Anna se replia sur elle-même de la même manière qu’Elsa pouvait le faire. Elle secoua la tête et reprit :
-Non. Mamie…Je…J’ai eu trop honte.
Je ne la brusquai pas plus. Après tout mon rôle était de l’écouter. Elle finit alors par chuchoter d’une voix légère :
-Je…J’ai embrassé Kristoff.
J’hochai la tête lui indiquant alors de poursuivre.
-Il…Il n’a pas très bien réagi…Il m’aime mais comme une sœur…Il voit sa vie avec Elsa.
-Je comprends ce que tu ressens ma petite Piceaerd…Et Hans qu’a-t-il dit ? Demandai-je.
-Qu’il continuera de m’aider à faire des tentatives si je veux Kristoff, répondit-elle.
-Et est-ce que tu vas encore en faire ? Questionnai-je étonnée.
Anna haussa les épaules. Je pris cela pour un oui et soupirai intérieurement.
-Tu ne dis rien ? Questionna-t-elle frustrée.
-Rien te concernant ma petite fille… Néanmoins Hans est dévoué c’est tout ce que nous pouvons tirer de tes récits, dis-je d’une voix neutre.
Son visage afficha une mine boudeuse et je savais que ce n’était pas la réponse qu’elle aurait voulue. Je m’approchai encore doucement d’elle et lui tendis mes bras.
-Est-ce qu’un câlin de ta vieille grand-mère suffirait à te faire oublier ton chagrin ? Demandai-je avec un sourire.
Anna me regarda avec les yeux encore brillants. Puis elle se rua contre moi et y resta très longtemps. Je lui caressai les cheveux avec tendresse en murmurant :
-Quoi que tu aies fait ma petite Piceaerd, cela ne pourra pas être pire que ce que j’ai été capable de faire au même âge que toi ! Un baiser n’est rien du tout comparé à d’autres choses…Même si à quinze ans je n’étais pas encore trop imprudente, ajoutai-je avec un sourire.
Cela suffit à éveiller sa curiosité. Elle se détacha soudain de mon étreinte et m’observa à nouveau.
-Toi Mamie ? Tu as fait des bêtises ? Répliqua-t-elle étonnée.
Je ris et lui ébouriffai les cheveux.
-Oh oui ! Je te raconterai tout cela un jour…Quand tu auras mûri ! Clamai-je avec un clin d’œil.
Elle fut silencieuse après cela. Puis elle répliqua encore :
-Tu sais Mamie…Je vais bientôt l’être. J’ai presque seize ans…Demain pour être plus précise.
-Oh mais quelle merveilleuse nouvelle ! Repris-je, profite-s’en surtout !
-Oui ! Dit-elle comme si elle n’avait pas fini sa phrase…Est-ce que tu te rappelles des tiens ? Oh…Peut-être pas après tout ça remonte à longtemps maintenant !
Et pourtant. L’image fut intacte dans mon esprit. Mon cœur se déchira de nostalgie en repensant à Elysia qui était venu me faire la surprise de me rejoindre sous l’épicéa des Plages Grises alors que je venais de me fiancer à Amarok. C’était notre…Enfin nos premiers vrais baisers…Le dévoilage de nos premiers sentiments l’un envers l’autre. Lui…Mon faux frère…Mon amant…Mon mari…Le père de mes enfants…Comment avais-je pu vivre sans lui pendant si longtemps depuis ?! Malgré les années…Malgré la mort…Aucune flamme…Aucune coupole ne pourrait éteindre notre amour. Je frissonnai en repensant à ses excuses alors que nous nous étions disputés quatre ans avant notre premier baiser…A la bague faite avec la glace d’Ahtohallan qu’il m’avait fabriqué et qui était parti rejoindre son corps lors de sa mort…Sa manière craquante de se toucher la nuque quand il était stressé…A son courage de m’avoir embrassé alors que je connaissais sa timidité…Oh Dieu que je l’aimais…Je l’aimerai toujours…Et bientôt je serai à ses côtés…Enfin.
-Youhou Mamie ! Mamie ! Appela soudain Anna qui était toute rouge.
-Hein quoi ?! Pourquoi fais-tu cette tête ma petite Piceaerd ? Demandai-je.
-Tu as dit « je t’aime » à haute voix…Je suppose que tu parlais de Papy Elysia !
-Bien évidemment ! Je ne parlais pas de ton autre grand-père Runeard, grinçai-je.
Anna reprit des couleurs à cause de la confusion puis elle s’exclama plein d’espoir espérant avoir des informations sur mon passé :
-Donc ton seizième anniversaire avait un rapport avec Papy Elysia ?
-Oui ma petite Piceaerd…Comme pratiquement tous, après tout ! La grondai-je gentiment.
Anna se tut et nous nous regardâmes avec une grande complicité.
-Est-ce que tu as autre chose à me confier ? Questionnai-je.
-Euh…Non, Mamie…C’est juste que…Bafouilla-t-elle.
Elle me regarda avec nervosité et essaya de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle attendit ainsi au beau milieu de la hutte alors que je commençai à ranger les affaires que nous avions déplacées pour l’exercice voyant qu’elle n’arrivait pas à parler.
-Mamie…Essaya-t-elle encore.
Je m’arrêtai à nouveau et la regardai.
-Oui ? Demandai-je.
Elle allait mais sortir quelque chose mais une fois encore elle se retint, se déchiquetant la lèvre.
-Non rien, finit-elle par répondre…Hum…C’est sans importance…Merci pour tout. Je te dis à la semaine prochaine ?
-Avec grand plaisir ma petite Piceaerd ! Clamai-je.
Anna resta un moment à l’entrée de la hutte. Elle se serra les poings avec force et les frotta de contrariété sur sa tenue Northuldra comme son grand-père et sa mère pouvaient le faire, avant de me jeter un dernier regard. Elle soupira ensuite et emprunta le géant pour retourner à Arendelle. Je sentais que je l’avais froissé mais je ne comprenais pas en quoi…
-Bonjour grande sœur, te joins-tu à nous pour déjeuner ? Demanda soudain Andréas en m’offrant son plus beau sourire.
Je sursautai immédiatement mais répondis en plaisantant tout de même :
-Oh que oui ! J’ai assez de ragoût pour tout le monde.
Le sourire de mon petit frère adoptif fut bientôt replacé par un air nostalgique. Mince ! Mais quelle bourde avais-je faite encore ?! A ma grande surprise, je l’entendis alors répliquer :
-Je me souviens quand Maman et toi vous le faisiez, vous n’arrêtiez pas de vous chamailler…Mais vous vous aimiez…Et c’était toujours Papa qui arrivait à vous calmer.
J’hochai la tête me replongeant moi-même dans les souvenirs de ma Mère en train de me forcer à me marier avec Amarok. Je pâlis immédiatement alors que mon grand frère se rua sur moi en m’enlaçant. Il resta ainsi à me pleurer dans les bras pendant plusieurs minutes.
-Allons…Allons…Tu es grand maintenant pour avoir une telle peine, peinai-je à articuler sans avoir moi-même les larmes aux yeux car je n’aimais pas le voir comme ça.
-Pourtant Anna, tu as eu ce sentiment de solitude toi aussi quand tu as perdu tes proches, Souleva-t-il.
Je devins blanche en y repensant avant de me reprendre et de dire :
-J’en ai retrouvé quelques-uns depuis…Et toi aussi…Profite donc de tes enfants qui t’ont été redonnés Andréas.
Il acquiesça mais garda un visage dur à l’égard de Beata.
-Elle aussi m’a abandonnée ! Explosa-t-il, me privant de mon petit Kaspian pendant longtemps ! Et derechef comme j’ai passé mon temps à la chercher je n’ai pas non plus vu Ryder et Honeymaren grandir !
Je joignis aussitôt mes paumes de mains aux siennes pour tenter de le canaliser. Cela sembla marcher. J’attendis quelques secondes puis je surenchéris en lui frottant vigoureusement le dos :
-Donc c’est bien ce que je te dis, profite d’eux au maximum maintenant ! Moi aussi j’avais perdu mon Ange de l’Air mais j’ai été ravie de la retrouver à l’âge adulte ! Ravie de voir qu’elle avait fait des enfants.
-Oui tu as raison…Je devrais être plus fort, tous mes enfants sont en bonne santé ! Quand on sait que toi tu as perdu Olaf, reprit-il en s’essuyant avec sa manche.
Je me raidis aussitôt en revoyant mon petit garçon de cinq ans s’éteindre dans mes bras.
-Il aurait fait un merveilleux adulte pour sûr ! Renchérit Andréas pour me consoler, je ne l’avais pas vu beaucoup mais je l’avais aimé.
Je me contentai d’acquiescer, incapable de retrouver mes mots. Mon petit frère continua pour moi :
-Merci grande sœur pour tes conseils…J’aurais aimé que Pieter soit comme toi…C’est un de mes plus grands regrets…Ne jamais avoir eu de complicité avec lui.
Mes poils s’hérissèrent derechef en entendant le nom de mon grand frère prononcé à voix haute. Sans le vouloir, je rétorquai agressivement :
-Pieter et toi avez toujours eu une animosité ! Mais crois-moi il m’a beaucoup appris en tous cas ! Et surtout ! Surtout ! Il a tout de même réussi à tenir la promesse qu’il avait faite auprès de Papa et Maman quand je suis née.
Andréas sembla gêné devant mon ton enflammé. Il a vu qu’il m’avait troublé. Il reprit aussitôt d’une voix enfantine :
-Tu sais…Lui ne m’aimait pas forcément mais sa mort m’a quand même attristée.
La vision des derniers instants de mon frère traversa aussitôt mon esprit et j’activai mon chakra couronne pour relativiser sinon j’allais exploser de la même façon qu’Anna tout à l’heure.
-Je sais que tu es sincère petit frère, murmurai-je en posant ma main sur son épaule…Bien…Arrêtons cette discussion ici avant que je finisse définitivement en larmes…On va rejoindre Yélana à présent, aide-moi à transporter la marmite de rennes.
-Oui grande sœur, bien sûr ! Dit-il en retrouvant le sourire.
Sans attendre, nous partîmes de la maison et nous rendîmes vers la Clairière des Rencontres. Ma meilleure amie nous y attendait un peu bougonne comme à son habitude.
-Ah bah ce n’est pas trop tôt ! Je pensais qu’avec Andréas ça irait vite ! Maugréa-t-elle.
-J’avais besoin de consolé mon petit frère chéri, renchéris-je.
Yélana leva des yeux amusés au ciel avant de nous dévisager à nouveau.
- J’ai cru que tu avais invité ta petite fille à dîner avec nous ! Reprit-elle.
-Non ! Elle a préféré un repas privilégié avec sa grand-mère. A présent, elle est repartie pour ses devoirs royaux en Arendelle comme à son habitude, répliquai-je.
Yélana frissonna légèrement comme à chaque fois que je mentionnais la couronne royale. Puis elle essaya de s’intéresser à notre leçon de chamanisme hebdomadaire. C’était sa façon à elle, de renouer avec cette nouvelle aire Northuldra qui avait ressuscité grâce à Anna et Elsa. Je n’omettais aucun détail à ma meilleure amie sur mes petites filles que ce soit l’une ou l’autre. Aussi, je lui racontai bientôt le malaise de ma petite Piceaerd aujourd’hui à l’égard de son premier échec puis la peur de faire du mal à sa sœur ainsi que la mention de son anniversaire en fin de semaine.
-Elle m’a interrogé sur mes seize ans, expliquai-je, elle m’a demandé si ça avait été important pour moi.
Yélana me regarda à nouveau amusée et répliqua du tac au tac :
-Et toi bien sûr en bonne Mamie prude tu n’as pas mentionné que c’était la première fois que tu avais embrassé ton cher Elysia.
Malgré le poids de mon âge et les années qui me séparaient de mon mari, je sentis mes joues se chauffaient instantanément.
-Eh bien…Disons que je ne l’ai clairement pas dit comme ça ! Et je suis surprise que tu te rappelles ça ! Bafouillai-je confuse.
Yélana soupira encore et rétorqua avec un gros sourire :
-Ce genre de détails est inoubliable… Elysia ne faisait que m’en parlait c’était lassant à force… « Toi qui la connais bien Yélana est-ce que tu penses qu’elle sera contente de ma bague ?! Est-ce que tu crois qu’elle m’aime ? Est-ce que tu crois que je vais avoir le courage de l’embrasser ? Est-ce qu’elle va me pardonner ? »…Ce n’était que ces questions-là tous les jours…J’ai cru que j’allais devenir folle !
Je lui pris la main de compassion et répliquai :
-Ça en valait le coup… Même si à cette période moi aussi je pensais devenir folle avec mes fiançailles à Amarok.
Nous grimaçâmes en même temps avant d’éclater de rire.
-Certes Madame Piceaerd, reprit-elle, bon et du coup, ta petite Anna t’a parlée de son anniversaire et après ?
-…Elle était bizarre, commentai-je, elle a attendu sur le pas de la porte…Comme si elle voulait me demander quelque chose mais qu’elle n’osait pas.
La réaction de Yélana me surprit alors. Elle se mit à taper des mains et s’exclama :
-Sérieusement Anna ! Tu te moques de moi !
-Euh…Non pourquoi ? Demandai-je ne comprenant pas où elle voulait en venir.
-Ta petite fille n’attendait qu’une chose-là ! S’écria-t-elle, si tu me dis « Quoi donc ?! », je t’étrangle avec ton ragoût !
Je compris en un éclair où elle voulait en venir et me grondai moi-même :
-Suis-je bête !? Elle voulait juste que je lui dise que j’allais venir à son anniversaire en Arendelle !
-Mesdames et messieurs la sagesse d’Anna Piceaerd, continua de dire mon amie en se moquant.
-Tu n’es pas en reste dans tout ce qui concerne les maladresses Yélana Coudrier ! Maugréai-je me sentant de plus en plus ridicule.
-Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! Renchérit-elle.
-Oh je ne sais pas moi…Je ne suis pas sûre hein ! Mais il me semble qu’une fois tu avais sorti à Iduna qu’elle n’aurait pas dû exister à cause des coupoles maudites !
Le sourire de Yélana disparut immédiatement et elle grogna :
-Oui j’ai compris. Un point pour toi également. Bien. Nous sommes d’accord que même si tu ne lui as rien dit, tu vas y aller quand même ?
-Evidemment ! M’écriai-je retrouvant le sourire, elle aura la surprise, ce ne sera que mieux pour elle.
-A la bonne heure ! S’écria-t-elle, bon que vas-tu lui offrir comme cadeau dans ce cas ?
Je fus tout de suite prise de court. La vérité était évidente : Anna en tant que princesse d’Arendelle avait déjà tout à disposition…Même mes propres copies de roman de la Duchesse de Funningur.
-Je ne sais absolument pas de quoi elle pourrait avoir besoin, soupirai-je quelques instants plus tard.
-Peut-être à quelque chose en lien avec le chamanisme, non ? Minauda à nouveau ma meilleure amie.
J’épluchai dans ma mémoire ce qui avait pu être transmis par ma mère et que je n’avais pas déjà jeté dans la Mer Sombre et j’eus soudain une illumination.
-Tiens tiens…Ce regard…Quelque chose me dit qu’Anna Piceaerd a trouvé ! S’exclama-t-elle en me dévisageant.
-Oui ! Je retourne à la hutte de Papa et Maman ! Déclarai-je toute contente, merci Yélana ! Merci !
Ma meilleure amie fut immédiatement intriguée. Estimant que les autres Northuldra n’avaient pas besoin d’elle pour le moment, elle décida de me suivre nous replongeant toutes les deux dans le passé. Je marquai comme toujours un petit temps d’arrêt par respect pour mes parents avant d’entrer dans la demeure.
-Tu as dû me voir avec, très peu de fois en réalité, murmurai-je pensive.
Ne lui laissant pas le temps de me questionner, je me dirigeai vers une malle où reposaient encore les robes de Maman et en sortis bientôt l’écharpe bleue que j’avais obtenue lors de ma deuxième épreuve de réussite sur le chamanisme et mon rôle de cinquième esprit. Yélana écarquilla aussitôt des yeux ronds et je pus y lire un retour en arrière pour elle aussi.
-Je me souviens que tu l’avais porté le jour de tes dix-huit ans, me confia-t-elle bientôt.
-Exact, repris-je en rougissant, c’était le fameux jour où nous nous étions retrouvées et que je devais rejoindre Elysia le soir même pour que nous passions notre nuit ense…
-Stop Anna ! Merci ! Je ne veux toujours pas de détails même au bout cinquante et un ans ! Dit-elle très vite.
J’haussai les épaules gardant les images de cette nuit magique qui tournèrent dans ma tête aussi distinctement que si elles remontaient à quelques heures. Puis je me repris en voyant que Yélana m’observait toujours et j’emballai l’écharpe avec plus de soin tout en reprenant :
-Quand Maman et Papa sont morts…J’ai décidé de m’en détacher comme je m’étais détachée de la bague de fiançailles d’Elysia et des barrettes crocus de Pieter…Toutefois je n’ai jamais réussi à brûler cette écharpe car j’avais secrètement le rêve que j’aurais pu la transmettre un jour à Iduna…Bon toi comme moi savons ce qu’elle a pensé de toutes ces leçons…Heureusement qu’Anna aime le chamanisme finalement.
Ma meilleure amie acquiesça et répliqua :
-Tu ne pouvais pas faire de cadeau plus judicieux.
Puis elle marqua un temps d’arrêt avant d’ajouter :
-Ta mère doit être très fière de toi là où elle est…Je sais que c’était important pour toi et que tu as souffert de cet échec avec Iduna.
J’essayai de relativiser même si sa remarque me toucha profondément.
-Du Niflheim, elle ne me voit pas malheureusement, déclarai-je, mais Papa, ma Belle-Mère et mon Elysia doivent l’être pour sûr !
Ce fut au tour de Yélana d’être surprise. Voyant qu’elle ne comprenait pas, je pris deux bonnes heures pour lui expliquer qu’elle avait été ma vie de solitude sur les Plages Grises en trente-cinq ans de la mort d’Olaf, à mes recherches sur les coupoles dans Ahtohallan.
Elle écouta attentivement et je fus surpris de voir qu’elle se contenta juste d’hocher la tête sans remettre en cause mes dires.
Quand mon récit se termina, elle demanda d’une voix renfrognée :
-Mais du coup quand j’irai rejoindre Amarok, il n’éprouvera pas de sentiments pour toi au moins ?
-Pas plus qu’il n’en a éprouvé lorsqu’il était vivant, assurai-je.
Même si je n’étais pas sûre car je ne savais pas si le fait d’avoir fait d’autres vie différaient sur nos sentiments. Yélana me fixa longuement puis me serra la main.
-Si mon fils avait survécu nous aurions allumés ces coupoles avec Iduna ! Lâcha-t-elle d’un coup.
-Tu es incroyable ! M’exclamai-je dépitée, alors tout ce que je viens de te dire n’a servi à rien!? Le destin n’a pas besoin des coupoles pour s’acharner mais tu leurs restes quand même fidèle !
-A jamais Anna, grommela-t-elle en souriant.
Je lui révélai alors la vérité à propos de ma fille et mon Gendre :
-Apprends ma chère que même si tu l’avais voulu, cela ne se serait pas produit car Iduna était promise à Agnarr.
-Balivernes ! Les coupoles ne marchent pas sur un Arendellien ! S’exclama-t-elle désespérée.
-Elles marcheront sur mes petites filles pourtant si elles le désirent, renchéris-je.
-Alors tu nous aurais tous trahis ? Me persécuta-t-elle.
-Je n’aurais trahi personne, répliquai-je agacée, à la base Runeard était venu pour unir nos deux nations, pour que nous soyons amis…Et malgré tout, c’est ce qui a fini par arriver, cela a pris du temps c’est tout.
-Et tu crois sincèrement qu’Elysia aurait laissé faire cela ? Renchérit-elle avec hargne.
Je savais au fond de mon cœur qu’il en aurait été hors de question mise à part si Iduna était tombée amoureuse d’Agnarr.
-Bien sûr que oui, me convainquis-je, et personnellement je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat ! Il n’y a aucune différence entre un pacte marqué d’un sceau royal et des coupoles gravées à la naissance dans le bois allumées par une chamane…C’est exactement pareil ! C’est un mariage forcé dans les deux cas !
Yélana accueillit ma phrase comme une claque. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Aucun argument valable n’aurait pu contrecarrer ce que j’essayais de lui faire comprendre depuis le début et elle le comprit enfin.
-Je crois que notre discussion touche à sa fin pour aujourd’hui ! Conclut-elle, tu embrasseras Iduna, Elsa et Anna pour l’anniversaire de cette dernière.
Vexée, elle partit avant que je ne puisse répondre. Je la laissai méditer, faisant de même de mon côté.
L’anniversaire de ma petite fille arriva et fut un succès. Nous retentâmes l’exercice de spiritisme devant toute l’assemblée d’Arendelle et il n’y eut aucun problème cette fois-ci. Elle fut heureuse de son écharpe bleue et nous passâmes l’après-midi ensemble. Je fus contente de constater qu’elle avait finalement réussi à choisir entre Kristoff et Hans faisant le choix judicieux de laisser le grand Nattura à sa sœur. En revanche, je ne lui fis pas part de la petite fille que j’avais vue dans son ventre quand je lui avais donné son présent, espérant seulement qu’elle était bien de mon petit Piceaerd.
Tout se profilait donc pour le mieux et j’étais déjà impatiente que nous fassions notre prochaine leçon de chamanisme. J’étais donc en train de préparer des biscuits tout en me remémorant la leçon du jour que j’allais inculquer à Anna aujourd’hui. Ma petite Piceaerd n’allait pas tarder à arriver. J’appréhendais toujours ses entrées fracassantes me demandant quand est-ce que j’allais succomber à la crise cardiaque. Malgré tout, sa joie de vivre me donnait le sourire. Tout comme le fait d’avoir aidé sa sœur avant elle. L’odeur des biscuits se fit bientôt sentir. J’en goûtais un et la pâte croustillante éveilla un peu plus mes papilles. Je conservai les gâteaux et les plongeai dans du chocolat chaud. Un vieux souvenir d’Elysia et moi en train de faire la cuisine dans la hutte d’Amarok et Yélana émergea dans ma mémoire et je rougis violemment.
Courant d’Air entra immédiatement dans la pièce alors que j’étais encore dans ma rêverie et j’entendis soudain hurler :
-MAMAN ! MAMAN ! MAMAN !
J’eus du mal à reconnaître la voix de mon Ange de l’Air tellement elle était déformée par les sanglots. Elle venait d’arriver dans la hutte avec brutalité suivie d’Agnarr qui me regardait avec plus de réserves.
-Iduna ? Si je m’attendais à te voir toi ma chérie ? Que se passe-t-il ? Tu es bien pâle, déclarai-je.
Sans m’accorder de réponse ma fille se rua dans mes bras et laissa échapper toutes ses larmes. Je lui frottai vigoureusement le dos alors que cela me déchirait les entrailles de la voir comme ça. Ce n’était quand même pas le petit garçon qui logeait dans son ventre qui la mettait dans tous ces états ?!
-Mon Gendre…Qu’est-ce qui se passe ? Demandai-je à nouveau, personne n’est mort au moins ?
-Non, Belle-Maman, grinça-t-il.
Iduna réagit immédiatement en entendant le ton de son mari. Furieuse, elle se tourna vers lui et lui hurla dessus :
-AGNARR TU N’ES QU’UN IDIOT ! C’EST TA FAUTE ! SI TU N’AVAIS PAS DETRUIT LA PIECE DE CHAMANISME ET INTERDIT A ANNA DE POURSUIVRE SES LECONS AVEC SA GRAND-MERE ELLE NE SE SERAIT PAS ENFUIE !!
Je me pétrifiai dans un premier temps avant de répéter à mon tour d’une voix furibonde :
-Vous avez fait quoi mon Gendre ?
Je mis aussitôt mon Ange de l’Air sur le côté et me ruai sur lui avant de le secouer. Puis je lui criai dessus :
-De quel droit osez-vous faire ça ?! En quoi cela vous gêne-t-il dans votre petite vie de roi que j’apprenne des choses à MA petite fille ?! Oui votre père détestait la magie mais il était pour sûr plus ouvert d’esprit que vous malgré tout, je vous le garantis ! Je vous préviens s’il arrive quelque chose à Anna vous allez avoir affaire à moi !
-Belle-Maman je vous interdis de me parler sur ce ton ! S’exclama-t-il d’un air bougon, j’ai encore le droit de faire ce que je veux dans mon royaume, il me semble ! Je n’ai rien contre vos leçons en soi, mais ma fille passe plus de temps et prend plus de plaisir à appliquer son rôle de chamane qu’à suivre ces futurs devoirs de monarques !
-Dans ce cas mon Gendre pourquoi avoir détruit tout une pièce remplie de grimoire écrits par mon précieux Ange de l’Air pour préserver sa communauté si ce n’est pour éradiquer la partie Northuldra qui loge pourtant dans les veines de votre descendance ?! Renchéris-je, ne vous moquez pas de moi je ne suis pas d’humeur ! Vous avez déjà dépassé les bornes à plusieurs reprises en faisant du mal à Iduna et Elsa…Et maintenant Anna ! Mais quand allez-vous cesser vos pitreries !
Agnarr rougit pris au dépourvu. Il répliqua toujours de mauvaise humeur :
-Oui bon je reconnais, je suis quelqu’un de sanguin et ma colère m’a fait faire n’importe quoi…
-…Une chance pour vous qu’il y a des exemplaires de chamanisme écrits par les grands-mères et les arrière-grands-mères d’Iduna ! Le coupai-je, vous ne verrez donc aucun inconvénient à ce que mon Ange de l’Air les rapporte au château pour redorer cette pièce visiblement consacré à son passé ?
Mon Gendre me jeta un regard fuyant se sentant prisonnier de la situation. Il finit par grogner:
-Non aucun…Cessez donc de vous en faire…Anna n’est pas partie seule de toute façon ! Elle a embarqué Hans avec elle ! Ils sont sans doute en train de batifoler à l’heure qu’il est, ces deux idiots !
-Vous devriez en faire autant Agnarr cela vous détendrez ! Clamai-je.
Il s’empourpra et railla encore :
-Il ne nous reste qu’Elsa et son ravent de montagnard pour la couronne !
Iduna se rua alors vers lui et lui assena une gifle tout en criant :
-Son ravent de montagnard comme tu dis c’est un Northuldra comme ta femme !
-Et il fait déjà partie de la famille Piceaerd grâce à son père ! Persifflai-je.
-Ça Maman ce n’était pas obligé par contre, maugréa-t-elle n’aimant toujours pas ce pauvre Andréas.
-Soit mon Ange de l’Air…Bien…C’est gentil de m’avoir informé que mon Gendre était un abruti mais que voulez-vous que je fasse à mon âge pour vous aider à trouver Anna ? Demandai-je, surtout que je suppose que vous avez déjà fait des recherches un peu partout dans les royaumes voisins…
Iduna pleura de plus belle et se lova à nouveau contre moi.
-Je m’excuse Maman, bafouilla-t-elle, je m’excuse de t’avoir fait souffrir…Je me rends compte maintenant de l’état dans lequel tu devais être quand je suis partie…En plus il n’y avait plus Papa pour te protéger…Je ne voulais pas te faire du mal…Pardon…Pardon…Pardon.
Je faillis flancher à la mention d’Elysia mais à la place je la serrai plus fort et lui embrassai les cheveux.
-Je sais ma chérie, je sais…Tu as fait ce qui était juste…Et tu as appliqué une leçon de chamanisme donc je ne peux pas t’en vouloir, répliquai-je.
-Une leçon de chamanisme c’est ce dont nous allons avoir besoin maintenant Belle-Maman ! Reprit Agnarr avec des yeux implorants.
-Ah bon mon Gendre ? Vous avez besoin de ma sorcellerie à présent ?! Comme c’est curieux! Il me semblait tout à l’heure que mon Ange de l’Air avait dit que vous ne vouliez plus en entendre parler pour préserver Anna ?!
-Oui…Bon…Comme je vous le rappelle…Je me suis trompé…J’ai fait mon décret sans réfléchir aux conséquences.
-Ça c’est vraiment fâcheux, murmurai-je presque méchante, Ne m’en veuillez pas, mais je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée après tout ! Je n’ai pas envie de trahir ma petite fille qui elle au moins aime ce qu’elle fait et y a mis toute sa volonté dès le départ ! Elle sera peut-être plus heureuse avec son amant loin de vous et votre incompétence !
-Maman je t’en prie ! Je t’en supplie ! Cria Iduna, Anna comprendra, aide-moi à la ramener…Par les voyages astraux…Pas ceux que tu faisais avec Papa hein…
-Ah pourtant elle réussit ceux-là aussi avec brillance, déclarai-je amusée.
Mon Ange de l’Air se renfrogna et m’observa cherchant une explication. Puis voyant que je ne dirai rien elle ajouta :
-Par les voyages astraux tu peux la localiser et nous dire où elle est…Si elle est brillante comme tu dis…
-Elle l’est, confirmai-je.
-Dans ce cas, tu n’auras aucun problème à la trouver, s’il te plaît Maman je te le demande à genoux.
Je soupirai tiraillée par ce dilemme cornélien : Rendre le sourire à ma fille ou perdre la confiance de ma petite fille. Je pesai le pour et le contre. Je me revoyais moi-même en train de courir après Iduna pour la perdre à jamais et souffrir. D’un autre côté, Anna avait eu les tripes que je n’avais jamais eues : Elle s’était enfuie avec celui qu’elle aime pour espérer vivre pleinement avec lui, fuyant l’autorité parentale.
-Tu sais que c’est contre mes principes mon Ange de l’Air, je ne veux pas lui imposer de rentrer…Elle a fait son choix, tout comme tu avais fait le tien en aidant Agnarr…Lâchai-je.
-Belle-Maman…De quel choix sensé parlez-vous ?! Explosa mon Gendre, elle a seize ans et Hans dix-sept ! Ils sont trop jeunes pour se rendre compte de ce qu’ils font !
-Iduna en avait douze et vous quatorze…Pas besoin d’être jeune pour être idiot, lui criai-je, vous en êtes la preuve vivante Agnarr !
-Maman s’il te plaît…Intervint alors Iduna blanche comme une craie, oui je sais que tu ne veux pas choisir pour nous et que tu m’as fait souffrir en faisant cela…Mais là, on parle de mon enfant…Ce n’est pas toi qui choisis c’est moi…Si Anna doit en vouloir à quelqu’un c’est moi. Tu es ma dernière chance…Je t’en prie.
Je ne pus résister à ses beaux yeux bleus qui m’imploraient perlés de larmes.
-Bon…Je ne promets rien mais je vais essayer dans ce cas, mentis-je, mais pas maintenant…Retrouvez-moi demain matin à la même heure c’est compris ?
Mon Ange de l’Air se jeta encore dans mes bras et m’embrassa alors qu’Agnarr se contenta d’hocher la tête en disant :
-Merci Belle-Maman…Excusez-moi d’avoir été bête...
-Ce n’est pas envers moi qu’il faut s’excuser mon Gendre mais faîtes-le à votre femme, et à votre enfant quand vous l’aurez retrouvé, conclus-je en souriant.
Ils partirent confiants activant les recherches de leurs côté. J’allais de ce pas vérifier que mes petits Piceaerd n’étaient pas dans la Forêt Enchantée. Je demandai ainsi à Yélana, Andréas et quelques autres membres de quadriller le périmètre. Les pisteurs et pisteuses allèrent dans des endroits plus costauds comme les Cavernes Perdues quand d’autres se chargèrent d’aller en éclaireur sur les Plages Grises.
-C’est tout de même incroyable qu’il ne se passe pas une génération sans que nous recherchions un membre Piceaerd ! Grogna ma meilleure amie.
Je faillis lui flanquer une gifle même si je savais qu’elle avait raison. Quand ce n’était pas Iduna à cinq ans, c’était moi à trente-cinq et quand ce n’était pas moi à trente-cinq c’était Anna à seize ans.
-Manquerait plus que tu nous ramènes les coupoles dans l’équation et c’est bon nous avons tous les points de la fuite ! Me moquai-je.
Mais Yélana était pâle voyant qu’elle m’avait fait de la peine.
-Peut-être qu’Iduna lui a parlé des Terres Gelées ? Suggéra-t-elle me redonnant un peu d’espoir.
-Je vais aller vérifier.
Appelant mes fidèles amis, je passai d’abord par Ahtohallan puis j’allais plus loin sur la fine plaque où avait vécu les Sappos et les ancêtres Piceaerd. Ce fut dur mais il fallut me rendre à l’évidence…Elle n’y était pas non plus. Quand je revins à ma hutte penaude il faisait déjà nuit. Nous avalâmes vite un peu de ragoût de rennes puis j’intimai à la communauté de rentrer chez elle pour être le plus au calme possible.
Contrairement à ce que ma fille pouvait penser, je ne comptais pas trahir Anna. Il fallait que son père se rende compte du mal qu’il lui avait fait même si cela faisait souffrir mon Ange de l’Air. Bien évidemment, je ne garderai pas le secret éternellement et encore moins si je savais mes petits-enfants déjà en danger.
-Que ferais-tu Elysia à ma place ? Clamai-je.
Je soupirai. Je ne pouvais pas prendre le risque d’aller le voir en voyage astral et ensuite essayer de trouver Anna, cela m’aspirerait trop de mon énergie. Je fermai donc les yeux et me concentrai sur ma silhouette dans un lieu neutre. Je visualisai ensuite le visage de ma petite Piceaerd pendant de longues minutes sentant des dizaines d’énergies affluaient autour de moi. Et j’attendis…J’attendis…J’attendis…Dans une patience et une angoisse insoutenables.
Je sentis ma force s’épuisait petit à petit. A regret j’étais obligée de repartir quand j’entendis soudain :
-Mamie ? Mamie c’est bien toi ?
Je me tournai alors vers la voix et poussai un soupir de soulagement.
-Anna ? Murmurai-je.
En quelques secondes elle se retrouva dans mes bras et pleura comme sa mère un peu plus tôt aujourd’hui.
-Oh Mamie ! Je suis désolée…Je n’ai pas eu le temps de t’expliquer…Papa ne voulait plus qu’on fasse de leçons ensembles…Alors j’ai préféré partir…Hans est avec moi…Je te promets qu’on se retrouvera.
-J’y compte bien ! Une idée comme cela ne pouvait germer que dans ton esprit d’écervelée, la grondai-je.
-Tu es fâchée ? Demanda-t-elle d’une petite voix.
-Il y a un peu de quoi tout de même…Mais je ne réfuterai pas tes intentions…Anna promets-moi quelque chose, répliquai-je.
-Oui Mamie ? Répéta-t-elle soulagée.
-Je ne sais pas où vous allez avec Hans et je ne veux pas le savoir mais promets-moi que si tout ne se passe pas bien, tu rentres à la maison! Insistai-je.
Je la vis se mordre la lèvre montrant qu’elle réfléchissait. Puis elle répondit :
-Je te le promets Mamie…De ton côté promets-moi que si Papa et Maman viennent t’interroger, tu ne diras pas que tu m’as vu…Comme ça, nous pourrons continuer le chamanisme, Papa ne nous empêchera pas alors que si je reviens à la maison, c’est fini pour toujours.
Je déglutis violemment me sentant encore une fois prise au piège entre mon devoir de grand-mère et mon devoir de mère. Je répondis tout de même mal à l’aise :
-Je te le promets ma petite Piceaerd…Rejoins-moi par voyage astral tous les soirs pour me dire que tu vas bien, et ne me révèle jamais où vous allez ! Je dois te laisser à présent, je puise dans mon énergie et je ne suis plus de toute jeunesse. A demain.
-A demain Mamie, merci, je t’aime…Je ne te décevrai pas promis ! Clama-t-elle.
Elle me regarda avec des yeux pétillants marquant ce qui était pour elle la douceur et l’innocence de la jeunesse. Je regrettai de ne pas avoir eu son tempérament au même âge. Je lui embrassai le front pour lui porter bonheur et retournai à des rêves moins pénibles, rassurée qu’elle aille bien.
Chapitre bonus 2 : La chamane :
Je tombai de sommeil, réfléchissant comme à mon habitude à ma journée du lendemain. Les samedis étaient mon jour préféré de la semaine car c’était celui que je partageais avec Anna. Même si exceptionnellement cette semaine nous avions dû décaler. Celui où nous faisions nos cours de chamanisme. Au début, j’avais eu peur qu’elle me rejette comme avait pu le faire Iduna par le passé. Mais il n’en fut rien. Elle avait été demandeuse et excellait dans cet apprentissage. Si bien qu’au rythme où allaient les choses, je n’aurais bientôt plus rien à lui apprendre. Je n’en étais pas peu fière. J’étais moins inquiète quant au fait que je partirai bientôt rejoindre mon mari mort sans lui avoir tout enseigné.
-Allons Anna…Concentre-toi un peu sur ta discipline…Les chakras c’est fait…Soigner par l’aura c’est fait…Les exercices sur la respiration c’est fait…Les voyages astraux aussi…Enumérai-je, tout ça en trois semaines et encore il a fallu qu’elle se repose lorsqu’elle était malade et quand elle a aidé les autres Northuldra à créer les pompes pour dégorger Arendelle.
Je poussai un soupir de frustration n’arrivant pas à me décider sur une activité adéquate alors que j’en épluchai plusieurs dans ma mémoire en rapport avec les morts.
-Oh Elysia…Si seulement tu étais là pour m’aider ! Grognai-je.
J’attendis avec l’espoir qu’il apparaisse comme il l’avait fait la fameuse nuit d’il y a quelques mois où il était venu m’annoncer le jour de ma mort.
-Zut ! Et puis tant pis ! Si tu ne veux pas venir à moi mon amour, je me charge de venir à toi ! Même si tu me l’as interdit ! Pestai-je, j’ai besoin de ton avis.
Je savais qu’il allait grogner mais je ne pouvais faire autrement. Me concentrant du mieux que je pus malgré les années de fatigue, je mis tout en œuvre pour pouvoir rejoindre le monde des morts. Je m’endormis ainsi sans trop de difficultés, priant mon âme de s’exfiltrer de mon enveloppe charnelle. Cela prit un peu plus de temps que lorsque j’étais jeune mais j’y parvins.
Je reconnus l’endroit onirique, bleuté et flou et aperçus bientôt mon mari qui fit un bond de surprise en me voyant.
-An...Anna ? Que fais-tu là ? Ce n’est pas bon pour toi ? Je t’avais dit de ne pas venir ! Me gronda-t-il alors que ses yeux trahissaient un sentiment d’envie.
-J’ai besoin d’un petit conseil de mon mari d’amour, minaudai-je sans trop me forcer, si tu coopères rapidement je m’en vais juste après, promis !
Elysia soupira mais s’approcha tout de même de moi faisant monter le bienêtre dans mon âme toujours intacte. Il se pencha et m’enlaça alors que je reçus son étreinte glacée avec chaleur.
-Ma partie irrationnelle n’est pas pressée que tu repartes mais c’est comme ça…J’ai patienté trente-cinq ans, je pourrais encore attendre quelques mois…Ta fille a besoin de toi ! Renchérit-il, bien…A présent…Dis-moi ce qui se passe ma Anna d’amour ?
Je lui racontais alors rapidement les exploits chamaniques de sa plus petite fille.
-A la bonne heure ! Enfin des leçons qui ne se terminent pas en boucherie ! Finit-il par plaisanter.
Je le fusillai légèrement du regard, consciente qu’il était toujours resté en retrait dans nos disputes et il se reprit très vite :
-Puisque tout se passe bien, quel conseil attends-tu de moi ma belle chamane ?
-Je n’arrive pas à me décider sur ce que je vais pouvoir lui faire faire demain, expliquai-je en rougissant à son appellation.
Elysia me prit à nouveau dans ses bras glacials et demanda avec douceur :
-Que sommes-nous en train de faire en ce moment ma Anna ?
-Un voyage astral…Un vrai, accentuai-je alors que mon mari rougit à son tour à la mention du nom de code de nos étreintes charnelles, mais elle est rôdée là-dessus, dès sa deuxième leçons nous avons réussi à aller sur les îles Féroé d’où vient la Duchesse de Funningur...Notre petite Piceaerd adore ses romans érotiques…Et c’est tout à son honneur ! Elle en est revenue à peine fatiguée.
-Si je ne me trompe pas il y a eu le barrage qui a englouti tout Arendelle il n’y a pas longtemps, nota alors mon mari.
-Euh oui…Comment es-tu au courant de cela ? Le questionnai-je surprise.
-Il y a eu pas mal de monde qui est arrivé dans l’Helveg grâce à Aren, les gens ont ensuite été répartis dans l’Hellheim ou le Niflheim. Il y en a peu qui sont restés dans l’entre-deux, répondit-il.
Je ne lui avouai pas que l’acte venait de l’exploit sexuel d’Elsa et Kristoff préférant me concentrer sur l’objectif principal de cette visite.
-Où veux-tu en venir ? Finis-je par l’interroger car je ne voyais pas le rapport entre le barrage et les leçons.
Mon mari m’observa longuement puis demanda encore :
-Oh ma Anna d’amour, qu’aurais-tu voulu faire après la bataille entre les Northuldra et les Arendellien ?
-Mourir, dis-je du tac au tac.
Elysia me lança immédiatement un sourire nerveux. Il me serra plus fort et rétorqua :
-Non…Anna…Je voulais dire en tant que chamane ! Qu’aurais-tu dû faire normalement après cette bataille.
-Soulager les gens, murmurai-je cette fois de façon professionnelle, et pour cela nous aurions parlé.
Elysia tiqua car il voyait bien que je n’arrivais pas à mettre la main sur ce qu’il essayait de me faire deviner.
-On va partir sur autre chose, concéda-t-il, tu as la chance d’être chamane, tu te rappelles quelle est sa fonction ? Tu n’arrêtais pas de la répéter à Iduna !
-Oui faire le lien entre le mort et les vivants, lâchai-je d’un coup avant de comprendre.
Je souris immédiatement et regardai mon mari qui me sourit en retour.
-Merci mon Elysia, murmurai-je en embrassant sa joue fantôme.
-De rien ma Anna. A très bientôt.
Sa bouche froide rencontra la mienne pendant quelques secondes avant que je me sente partir vers le monde des vivants.
Malgré l’excitation qui se faisait sentir, j’eus une bonne nuit de sommeil.
-Mamie ! Mamie ! Mamie ! Je suis là ! Clama ma petite-fille le lendemain matin.
-Bonjour ma petite Piceaerd, va doucement…Il faut préserver ta vieille grand-mère tout de même, dis-je avec un sourire.
-Oh oui ! Pardon Mamie ! Je ne serai plus rien sans toi ! Renchérit-elle alors que je faillis m’étrangler.
Elle m’enlaça à m’en étouffer et mon cœur se brisa encore plus…Je n’aurais pas dû promettre à mon Ange de l’Air que je ne lui dirais rien…La vérité lui fera d’autant plus mal quand elle arrivera.
-Allons…Allons ne dis pas de sottises ! J’ai survécu trente-cinq ans sans ton grand-père, ta mère et bien d’autres alors tu pourras très bien te passer de moi le jour où je partirai ! Grognai-je, en attendant, viens plutôt m’aider à préparer les ingrédients pour la leçon.
-Oui Mamie ! Tout de suite Mamie ! Dit-elle en trépignant d’impatience, qu’est-ce qu’il faut ?
-De la poudre de coquelicot et deux chaises, répondit-elle.
Anna partit en coup de vent et revint quelques secondes plus tard alors que j’avais réussi à caler le mobilier au centre de la salle à manger.
-On commence par des exercices de respiration ? Demanda-t-elle.
-Comme d’habitude ma petite Piceaerd, déclarai-je amusée.
Son comportement changea radicalement et elle se mit d’elle-même en tailleur sur le sol avant de tourner ses paumes de main vers le ciel et fermer ses yeux. Je l’accompagnai bientôt et nous prîmes un temps pour entrer en contact avec les sept chakras principaux.
-Alors que va-t-on faire aujourd’hui Mamie ? Je suis impatiente d’apprendre, renchérit-elle sincère.
Je l’observai et éclatai soudain de rire devant cette boule d’énergies.
-Mamie ? Tout va bien ? Paniqua-t-elle.
-Oh oui ma petite Piceaerd ! Je repensai à la dernière leçon de chamanisme que j’avais effectué avec ta mère ! Je lui avais souhaité une petite fille qui soit aussi compliquée qu’elle et elle m’avait répondu « du moment qu’elle ne te ressemble pas ! »…
Anna se mit aussitôt à rougir violemment, consciente comme moi de notre ressemblance physique profonde.
-Au final vous êtes toutes les deux tombées à côté. Maman a eu beaucoup de mal à s’occuper d’Elsa et moi je suis tout ton portrait selon elle ! S’écria-t-elle avec un sourire gêné.
-C’est exact, admis-je.
Anna attendit quelques secondes avant de reprendre d’une petite voix :
-Je suis ravie et fière de te ressembler Mamie.
Elle se releva alors d’un bond pour m’enlacer à nouveau. Je lui rendis son étreinte, consciente qu’à la maison elle avait dû en manquer par ses parents préoccupés par sa sœur. Contre leur gré évidemment…Je savais pertinemment qu’Agnarr et Iduna donneraient leurs vies pour leur deux filles.
-Allez ma petite Piceaerd tu vas me faire pleurer, murmurai-je…Bien ! Trêve de retour vers le passé ! Aujourd’hui je vais t’apprendre à assouvir les peines de cœur des gens à travers le spiritisme.
Anna fut attentive comme toujours lorsqu’il s’agissait d’exercices qui l’intéressaient. Ainsi, elle écouta patiemment lorsque je lui expliquai le circuit à faire pour éveiller la connexion avec le défunt. Elle récita ensuite la prière Northuldra avec beaucoup d’éloquence pour éloigner les mauvais esprits et appliqua enfin la poudre de coquelicot sur les points chakras.
-Parfait Anna, on va s’entraîner comme ça tu pourras faire ça d’ici deux ou trois semaines aux personnes qui ont perdu des proches dans le barrage. Ils seront contents. D’accord ? Demandai-je.
-Oui Mamie ! Je suis prête ! Clama-t-elle.
-Bien, donc c’est moi qui vais réceptionner le défunt et toi tu te contentes juste de lui parler, expliquai-je.
-Pourquoi pas l’inverse ? Paniqua-t-elle.
-C’est toi qui dois apprendre à faire le lien entre les deux pas moi ma Petite Piceaerd, moi j’ai déjà suivi cet apprentissage…Expliquai-je patiemment, bon… N’oublie pas de penser au défunt que tu veux contacter avant de commencer d’accord ?
-Ah oui pardon Mamie, s’excusa-t-elle confuse.
Elle me laissa m’allonger et s’exécuta avec beaucoup de professionnalisme. Je priai pour qu’elle ait fait appel à Elysia. J’eus juste le temps d’entrevoir son beau visage par rêves avant de sombrer dans un état comateux. Je ne pensai plus à rien et bientôt le néant m’accueillit. Je restai ainsi pendant de longues minutes qui s’écoulaient lentement.
Puis je finis par rouvrir les yeux et découvris étonnée qu’Anna était…Effrayée.
-Ma petite Piceaerd…Est-ce que tout va bien ? Demandai-je d’une voix pâteuse. Qui as-tu vu?
-Je…Je me suis trompée dans la formule Mamie, murmura-t-elle alors que son visage se macula de larmes.
Je la pris dans mes bras, navrée de la voir aussi bouleversée.
-Allons, allons…Est-ce que l’esprit t’a fait du mal ? L’interrogeai-je.
-Non, Mamie…Mais j’ai échoué, pleura-t-elle encore.
-Ce n’est rien ça ma petite Piceaerd…Il en faut des échecs pour réussir, tu es déjà très en avance dans mes cours, la rassurai-je, tu me promets que l’esprit ne t’as pas blessé physiquement ?!
-Je te le jure Mamie…Rien physiquement, bégaya-t-elle.
-Bien…C’est déjà ça…Qui as-tu demandé alors ? Essayai-je à nouveau.
-Je…Je n’ai pas dit de prénom en particulier…Je…J’ai juste demandé à voir un de mes aïeuls… Répondit-elle d’une voix saccadée.
-D’accord, repris-je calmement, et la personne, décris-moi son timbre de voix…Que t’as-t-elle dit pour que tu te mettes dans un état pareil ?
Anna respira un grand coup pour se calmer avant de rétorquer :
-C’était une voix d’homme Mamie, il…Il a dit…Attends que je me rappelle…Hum : « Anna…Je te remercie pour le destin que tu as changé…Ceci dit je ne te pardonnerai jamais de m’avoir tué alors que je voulais simplement prendre du bon temps…Si tu me rappelles encore une fois, je viendrais de moi-même te hanter chaleureusement dans tes rêves jusqu’à ce que tu perdes la raison ! ».
Je pâlis immédiatement et faillis vomir en comprenant l’orateur.
-Saleté de Yuma Lorcus ! Pestai-je enfin, si je pouvais l’avoir devant moi je l’étranglerais de mes mains…Même si Maman ne serait pas contente !
-Tu…Tu sais qui est cet homme Mamie ? Demanda-t-elle soudain plus calme.
-Oui ma petite Piceaerd…Soupirai-je, c’était le père du chef Amarok qui s’est fait tuer durant la bataille des Northuldra et des Arendellien…Nous avons eu quelques différents tous les deux, mais je ne souhaite pas t’en parler pour préserver ton innocence…Est-ce que tu avais bien fait la prière avant l’exercice ?
-Oui Mamie…J’ai bien articulé et j’ai fait attention je te le promets, reprit-elle frustrée.
-Bien…On va le refaire et cette fois tu vas être très, très, précise dans l’appellation du défunt, là en disant juste « aïeul », le terme était trop large et l’aura a dû se fausser en confondant les membres de mon premier mariage avec mon second…Mais rassure-toi en aucun cas, Yuma n’est un de tes aïeuls et ses menaces ne seront jamais mises à exécution ! Nous allons y veiller toutes les deux.
Anna retrouva définitivement son calme et un sourire finit par revenir sur son visage. Elle s’essuya ses dernières larmes séchées, respira un grand coup et répliqua :
-Je veux bien retenter l’exercice Mamie !
Je lui fis une risette et conclus :
-Je suis ravie de l’entendre ma petite Piceaerd.
Elle me redonna un peu d’énergie et je me remis au sol. Je fus à nouveau happée par le néant pendant plusieurs minutes et j’attendis patiemment qu’Anna ait fini l’exercice. Son visage était triomphant quand je fus rappelée après cela. Elle pleurait encore mais cette fois de joie.
-J’en conclus que ça a été réussi ? Demandai-je avec un sourire.
Elle acquiesça avec force et répondis :
-Oui Mamie. J’ai préféré demander quelqu’un de neutre cette fois et j’ai pu voir le fils d’Aude la fleuriste…C’est…C’est le premier corps d’enfants que j’ai eu à affronter après l’accident du barrage…Je vais pouvoir transmettre à sa Maman qu’il a bien rejoint l’Hellheim et qu’il veille sur elle de là-haut…Qu’il ne faut pas qu’elle le pleure et pleins d’autres choses merveilleuses pour la rassurer.
J’assimilai aussitôt la conversation de ce petit garçon à ce que mon précieux Olaf avait pu me dire il y a bien longtemps maintenant. Je réprimai un frisson et manquai de pleurer à mon tour. Puis je retrouvai le sourire tout en sachant que je le retrouverai sans doute bientôt comme Elysia…Je n’eus pas le temps de penser plus qu’Anna me sauta à nouveau au cou avec violence.
-Oula doucement ma petite Piceaerd, tes câlins à répétitions me font plaisir mais vas-y doucement tout de même, déclarai-je amusée.
-Oui pardon Mamie…Mais je voulais te remercier de m’apprendre tout ça…Je me sens enfin importante…J’ai vraiment l’impression d’être spéciale comme Elsa…D’avoir un pouvoir en quelque sorte, se justifia-t-elle.
-Je comprends Anna…Néanmoins ta sœur et toi êtes exceptionnelles chacune à votre manière, murmurai-je.
Elle hocha la tête alors que je demandai encore comme à la fin de chaque cours :
-Est-ce que tu as des questions ma petite Piceaerd ?
Je devinai déjà la réponse en voyant ses yeux pétiller de malice. Nous passions toujours autant de temps à faire l’exercice qu’à parler après.
Elle vint s’assoir à table alors que je lui servis le repas. Le ragoût de rennes avait mijoté toute la matinée pour être bien savoureux.
-Oui j’en ai ! Clama-t-elle, d’abord…Comment était ma deuxième prestation ? Est-ce que je n’ai pas trop fait de gaffes Mamie ? Où étais-tu pendant que les âmes se sont emparées de ton corps ?! Est-ce que tu as eu mal ou est-ce que j’ai bien placé mes mains ?
-Doucement Anna…Calme-toi…Tu as été parfaite pour ton deuxième essai comme d’habitude ! La coupai-je, Je plaisantais tout à l’heure en disant que tu apprends tellement vite que tu n’auras bientôt plus besoin de moi mais à force je vais finir par croire que c’est vrai…Ton arrière-grand-mère serait extrêmement fière de toi.
Elle pâlit immédiatement en entendant ma première partie de phrase et je tentai de rester la plus neutre possible alors qu’elle me fit un énième câlin. Elle était très tactile contrairement à Elsa et j’avais l’impression de retrouver dans ses gestes son cher grand-père.
-Je te le redis encore ! Tu es une privilégiée comme Elsa ! Tu ne débarrasseras jamais de moi Mamie ! Tu as encore pleins d’années à vivre à nos côtés ! Clama-t-elle alarmée.
Elle sentait que quelque chose n’allait pas dans mes paroles. Pourtant je restai impassible et la grondai gentiment pour cacher mon trouble :
-Seuls les dieux le savent ma petite Piceaerd, tu te rends compte quand même qu’en un mois de temps tu as assimilé ce que ma Mère a mis cinq ans à m’enseigner ! Non vraiment ! Ton aura est un petit bijou.
-Merci Mamie, dit-elle en rougissant, je…Je n’ai pas l’habitude d’être mise en avant sans attirer l’attention.
-Quoi ? Ma petite Piceaerd qui s’excite pour se montrer aux autres ? Vraiment tu es comme ça? Me moquai-je.
Elle hocha la tête et la baissa bientôt honteuse. Je repris aussitôt avec douceur :
-Ceci dit…Je t’ai trouvée un peu plus agitée que d’habitude aujourd’hui…Cela aurait-il un rapport avec le fait que notre cours ait été déplacé cette semaine ?
Le visage d’Anna se réchauffa immédiatement et je sus tout de suite que j’allais avoir le droit à une confession sur ses peines de cœur.
Elle n’en démordait pas. Elle voulait piquer Kristoff à sa sœur. A cause de son rêve. Je n’osais pas lui dire qu’il ne fallait pas s’y fier. Que dans d’autres de mes vies j’avais été une peste avec son grand-père maternel et aimai un homme que j’ai détesté dans ma vie actuelle…Que j’avais même eu une liaison avec son grand-père paternel au plus grand bonheur de ce dernier. Non Anna…Tu ne peux pas lui dire ça…Elle n’est clairement pas prête, soupirai-je.
-Mamie… J’ai fait une bêtise, bafouilla soudain Anna en tremblotant.
Je faillis m’étrangler avec mon gâteau avant de répondre du tac au tac :
-Quoi toi aussi ?! Non mais vous vous êtes concertées avec Elsa ce n’est pas possible !
Anna pâlit à nouveau sans comprendre.
-Quoi ? Quoi moi aussi ? Répéta-t-elle, pourquoi Elsa ? Qu’est-ce qu’elle a Elsa ?
Je l’observai attentivement durant une petite seconde et poussai intérieurement un soupir de soulagement. Non...Ma petite Piceaerd était beaucoup trop jeune pour avoir fait l’amour surtout quand je savais qu’elle était incapable de choisir entre Hans ou Kristoff. Je la serrai fort contre moi et la rassurai immédiatement :
-Rien ma petite Piceaerd…Rien du tout…Elsa va très bien je t’assure…Elle file le parfait amour avec son grand Nattura c’est tout…Excuse-moi…Je suis tout à ton écoute.
Le visage d’Anna devint cramoisi de jalousie. Elle m’observa encore quelques secondes. Puis elle roula des yeux et je remarquai qu’elle était pensive. Elle réfléchissait à comment elle allait m’annoncer la nouvelle. En la voyant ainsi, je m’attendais tout de même au pire. Au moins, cette fois, il n’y avait pas d’autres barrages à casser dans les environs…
-Oh…Ce n’est peut-être pas si important que ça après tout, lâcha-t-elle en se relevant, et comme tu dis…Ma sœur va très bien.
-Une tentative de repli donc, murmurai-je, bien Anna…Tu ne fais plus confiance à ta vieille grand-mère.
-Non…Non…Mamie ce n’est pas ça ! Je…J’ai peur de faire du mal à Elsa ! S’écria-t-elle soudain.
Ses yeux s’embuèrent de contrariété et je supposai tout de suite que ladite bêtise avait dû se faire avec Kristoff. Sinon elle n’aurait jamais impliqué sa sœur dans l’équation. Je la pris immédiatement par les épaules en m’écriant :
-Que me chantes-tu là ma petite Piceaerd ?! Toi ?! Faire du mal à ta sœur ?! S’il y en a bien une qui ne doit rien craindre de toi c’est elle !
Le visage d’Anna se décomposa à nouveau en entendant mes paroles sensées l’apaiser.
-Peu importe Mamie…C’était une bêtise de plus de ma part de toute façon, maugréa-t-elle les larmes aux yeux.
-Et tu ne veux pas être plus explicite ? Insistai-je.
Anna se replia sur elle-même de la même manière qu’Elsa pouvait le faire. Elle secoua la tête et reprit :
-Non. Mamie…Je…J’ai eu trop honte.
Je ne la brusquai pas plus. Après tout mon rôle était de l’écouter. Elle finit alors par chuchoter d’une voix légère :
-Je…J’ai embrassé Kristoff.
J’hochai la tête lui indiquant alors de poursuivre.
-Il…Il n’a pas très bien réagi…Il m’aime mais comme une sœur…Il voit sa vie avec Elsa.
-Je comprends ce que tu ressens ma petite Piceaerd…Et Hans qu’a-t-il dit ? Demandai-je.
-Qu’il continuera de m’aider à faire des tentatives si je veux Kristoff, répondit-elle.
-Et est-ce que tu vas encore en faire ? Questionnai-je étonnée.
Anna haussa les épaules. Je pris cela pour un oui et soupirai intérieurement.
-Tu ne dis rien ? Questionna-t-elle frustrée.
-Rien te concernant ma petite fille… Néanmoins Hans est dévoué c’est tout ce que nous pouvons tirer de tes récits, dis-je d’une voix neutre.
Son visage afficha une mine boudeuse et je savais que ce n’était pas la réponse qu’elle aurait voulue. Je m’approchai encore doucement d’elle et lui tendis mes bras.
-Est-ce qu’un câlin de ta vieille grand-mère suffirait à te faire oublier ton chagrin ? Demandai-je avec un sourire.
Anna me regarda avec les yeux encore brillants. Puis elle se rua contre moi et y resta très longtemps. Je lui caressai les cheveux avec tendresse en murmurant :
-Quoi que tu aies fait ma petite Piceaerd, cela ne pourra pas être pire que ce que j’ai été capable de faire au même âge que toi ! Un baiser n’est rien du tout comparé à d’autres choses…Même si à quinze ans je n’étais pas encore trop imprudente, ajoutai-je avec un sourire.
Cela suffit à éveiller sa curiosité. Elle se détacha soudain de mon étreinte et m’observa à nouveau.
-Toi Mamie ? Tu as fait des bêtises ? Répliqua-t-elle étonnée.
Je ris et lui ébouriffai les cheveux.
-Oh oui ! Je te raconterai tout cela un jour…Quand tu auras mûri ! Clamai-je avec un clin d’œil.
Elle fut silencieuse après cela. Puis elle répliqua encore :
-Tu sais Mamie…Je vais bientôt l’être. J’ai presque seize ans…Demain pour être plus précise.
-Oh mais quelle merveilleuse nouvelle ! Repris-je, profite-s’en surtout !
-Oui ! Dit-elle comme si elle n’avait pas fini sa phrase…Est-ce que tu te rappelles des tiens ? Oh…Peut-être pas après tout ça remonte à longtemps maintenant !
Et pourtant. L’image fut intacte dans mon esprit. Mon cœur se déchira de nostalgie en repensant à Elysia qui était venu me faire la surprise de me rejoindre sous l’épicéa des Plages Grises alors que je venais de me fiancer à Amarok. C’était notre…Enfin nos premiers vrais baisers…Le dévoilage de nos premiers sentiments l’un envers l’autre. Lui…Mon faux frère…Mon amant…Mon mari…Le père de mes enfants…Comment avais-je pu vivre sans lui pendant si longtemps depuis ?! Malgré les années…Malgré la mort…Aucune flamme…Aucune coupole ne pourrait éteindre notre amour. Je frissonnai en repensant à ses excuses alors que nous nous étions disputés quatre ans avant notre premier baiser…A la bague faite avec la glace d’Ahtohallan qu’il m’avait fabriqué et qui était parti rejoindre son corps lors de sa mort…Sa manière craquante de se toucher la nuque quand il était stressé…A son courage de m’avoir embrassé alors que je connaissais sa timidité…Oh Dieu que je l’aimais…Je l’aimerai toujours…Et bientôt je serai à ses côtés…Enfin.
-Youhou Mamie ! Mamie ! Appela soudain Anna qui était toute rouge.
-Hein quoi ?! Pourquoi fais-tu cette tête ma petite Piceaerd ? Demandai-je.
-Tu as dit « je t’aime » à haute voix…Je suppose que tu parlais de Papy Elysia !
-Bien évidemment ! Je ne parlais pas de ton autre grand-père Runeard, grinçai-je.
Anna reprit des couleurs à cause de la confusion puis elle s’exclama plein d’espoir espérant avoir des informations sur mon passé :
-Donc ton seizième anniversaire avait un rapport avec Papy Elysia ?
-Oui ma petite Piceaerd…Comme pratiquement tous, après tout ! La grondai-je gentiment.
Anna se tut et nous nous regardâmes avec une grande complicité.
-Est-ce que tu as autre chose à me confier ? Questionnai-je.
-Euh…Non, Mamie…C’est juste que…Bafouilla-t-elle.
Elle me regarda avec nervosité et essaya de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle attendit ainsi au beau milieu de la hutte alors que je commençai à ranger les affaires que nous avions déplacées pour l’exercice voyant qu’elle n’arrivait pas à parler.
-Mamie…Essaya-t-elle encore.
Je m’arrêtai à nouveau et la regardai.
-Oui ? Demandai-je.
Elle allait mais sortir quelque chose mais une fois encore elle se retint, se déchiquetant la lèvre.
-Non rien, finit-elle par répondre…Hum…C’est sans importance…Merci pour tout. Je te dis à la semaine prochaine ?
-Avec grand plaisir ma petite Piceaerd ! Clamai-je.
Anna resta un moment à l’entrée de la hutte. Elle se serra les poings avec force et les frotta de contrariété sur sa tenue Northuldra comme son grand-père et sa mère pouvaient le faire, avant de me jeter un dernier regard. Elle soupira ensuite et emprunta le géant pour retourner à Arendelle. Je sentais que je l’avais froissé mais je ne comprenais pas en quoi…
-Bonjour grande sœur, te joins-tu à nous pour déjeuner ? Demanda soudain Andréas en m’offrant son plus beau sourire.
Je sursautai immédiatement mais répondis en plaisantant tout de même :
-Oh que oui ! J’ai assez de ragoût pour tout le monde.
Le sourire de mon petit frère adoptif fut bientôt replacé par un air nostalgique. Mince ! Mais quelle bourde avais-je faite encore ?! A ma grande surprise, je l’entendis alors répliquer :
-Je me souviens quand Maman et toi vous le faisiez, vous n’arrêtiez pas de vous chamailler…Mais vous vous aimiez…Et c’était toujours Papa qui arrivait à vous calmer.
J’hochai la tête me replongeant moi-même dans les souvenirs de ma Mère en train de me forcer à me marier avec Amarok. Je pâlis immédiatement alors que mon grand frère se rua sur moi en m’enlaçant. Il resta ainsi à me pleurer dans les bras pendant plusieurs minutes.
-Allons…Allons…Tu es grand maintenant pour avoir une telle peine, peinai-je à articuler sans avoir moi-même les larmes aux yeux car je n’aimais pas le voir comme ça.
-Pourtant Anna, tu as eu ce sentiment de solitude toi aussi quand tu as perdu tes proches, Souleva-t-il.
Je devins blanche en y repensant avant de me reprendre et de dire :
-J’en ai retrouvé quelques-uns depuis…Et toi aussi…Profite donc de tes enfants qui t’ont été redonnés Andréas.
Il acquiesça mais garda un visage dur à l’égard de Beata.
-Elle aussi m’a abandonnée ! Explosa-t-il, me privant de mon petit Kaspian pendant longtemps ! Et derechef comme j’ai passé mon temps à la chercher je n’ai pas non plus vu Ryder et Honeymaren grandir !
Je joignis aussitôt mes paumes de mains aux siennes pour tenter de le canaliser. Cela sembla marcher. J’attendis quelques secondes puis je surenchéris en lui frottant vigoureusement le dos :
-Donc c’est bien ce que je te dis, profite d’eux au maximum maintenant ! Moi aussi j’avais perdu mon Ange de l’Air mais j’ai été ravie de la retrouver à l’âge adulte ! Ravie de voir qu’elle avait fait des enfants.
-Oui tu as raison…Je devrais être plus fort, tous mes enfants sont en bonne santé ! Quand on sait que toi tu as perdu Olaf, reprit-il en s’essuyant avec sa manche.
Je me raidis aussitôt en revoyant mon petit garçon de cinq ans s’éteindre dans mes bras.
-Il aurait fait un merveilleux adulte pour sûr ! Renchérit Andréas pour me consoler, je ne l’avais pas vu beaucoup mais je l’avais aimé.
Je me contentai d’acquiescer, incapable de retrouver mes mots. Mon petit frère continua pour moi :
-Merci grande sœur pour tes conseils…J’aurais aimé que Pieter soit comme toi…C’est un de mes plus grands regrets…Ne jamais avoir eu de complicité avec lui.
Mes poils s’hérissèrent derechef en entendant le nom de mon grand frère prononcé à voix haute. Sans le vouloir, je rétorquai agressivement :
-Pieter et toi avez toujours eu une animosité ! Mais crois-moi il m’a beaucoup appris en tous cas ! Et surtout ! Surtout ! Il a tout de même réussi à tenir la promesse qu’il avait faite auprès de Papa et Maman quand je suis née.
Andréas sembla gêné devant mon ton enflammé. Il a vu qu’il m’avait troublé. Il reprit aussitôt d’une voix enfantine :
-Tu sais…Lui ne m’aimait pas forcément mais sa mort m’a quand même attristée.
La vision des derniers instants de mon frère traversa aussitôt mon esprit et j’activai mon chakra couronne pour relativiser sinon j’allais exploser de la même façon qu’Anna tout à l’heure.
-Je sais que tu es sincère petit frère, murmurai-je en posant ma main sur son épaule…Bien…Arrêtons cette discussion ici avant que je finisse définitivement en larmes…On va rejoindre Yélana à présent, aide-moi à transporter la marmite de rennes.
-Oui grande sœur, bien sûr ! Dit-il en retrouvant le sourire.
Sans attendre, nous partîmes de la maison et nous rendîmes vers la Clairière des Rencontres. Ma meilleure amie nous y attendait un peu bougonne comme à son habitude.
-Ah bah ce n’est pas trop tôt ! Je pensais qu’avec Andréas ça irait vite ! Maugréa-t-elle.
-J’avais besoin de consolé mon petit frère chéri, renchéris-je.
Yélana leva des yeux amusés au ciel avant de nous dévisager à nouveau.
- J’ai cru que tu avais invité ta petite fille à dîner avec nous ! Reprit-elle.
-Non ! Elle a préféré un repas privilégié avec sa grand-mère. A présent, elle est repartie pour ses devoirs royaux en Arendelle comme à son habitude, répliquai-je.
Yélana frissonna légèrement comme à chaque fois que je mentionnais la couronne royale. Puis elle essaya de s’intéresser à notre leçon de chamanisme hebdomadaire. C’était sa façon à elle, de renouer avec cette nouvelle aire Northuldra qui avait ressuscité grâce à Anna et Elsa. Je n’omettais aucun détail à ma meilleure amie sur mes petites filles que ce soit l’une ou l’autre. Aussi, je lui racontai bientôt le malaise de ma petite Piceaerd aujourd’hui à l’égard de son premier échec puis la peur de faire du mal à sa sœur ainsi que la mention de son anniversaire en fin de semaine.
-Elle m’a interrogé sur mes seize ans, expliquai-je, elle m’a demandé si ça avait été important pour moi.
Yélana me regarda à nouveau amusée et répliqua du tac au tac :
-Et toi bien sûr en bonne Mamie prude tu n’as pas mentionné que c’était la première fois que tu avais embrassé ton cher Elysia.
Malgré le poids de mon âge et les années qui me séparaient de mon mari, je sentis mes joues se chauffaient instantanément.
-Eh bien…Disons que je ne l’ai clairement pas dit comme ça ! Et je suis surprise que tu te rappelles ça ! Bafouillai-je confuse.
Yélana soupira encore et rétorqua avec un gros sourire :
-Ce genre de détails est inoubliable… Elysia ne faisait que m’en parlait c’était lassant à force… « Toi qui la connais bien Yélana est-ce que tu penses qu’elle sera contente de ma bague ?! Est-ce que tu crois qu’elle m’aime ? Est-ce que tu crois que je vais avoir le courage de l’embrasser ? Est-ce qu’elle va me pardonner ? »…Ce n’était que ces questions-là tous les jours…J’ai cru que j’allais devenir folle !
Je lui pris la main de compassion et répliquai :
-Ça en valait le coup… Même si à cette période moi aussi je pensais devenir folle avec mes fiançailles à Amarok.
Nous grimaçâmes en même temps avant d’éclater de rire.
-Certes Madame Piceaerd, reprit-elle, bon et du coup, ta petite Anna t’a parlée de son anniversaire et après ?
-…Elle était bizarre, commentai-je, elle a attendu sur le pas de la porte…Comme si elle voulait me demander quelque chose mais qu’elle n’osait pas.
La réaction de Yélana me surprit alors. Elle se mit à taper des mains et s’exclama :
-Sérieusement Anna ! Tu te moques de moi !
-Euh…Non pourquoi ? Demandai-je ne comprenant pas où elle voulait en venir.
-Ta petite fille n’attendait qu’une chose-là ! S’écria-t-elle, si tu me dis « Quoi donc ?! », je t’étrangle avec ton ragoût !
Je compris en un éclair où elle voulait en venir et me grondai moi-même :
-Suis-je bête !? Elle voulait juste que je lui dise que j’allais venir à son anniversaire en Arendelle !
-Mesdames et messieurs la sagesse d’Anna Piceaerd, continua de dire mon amie en se moquant.
-Tu n’es pas en reste dans tout ce qui concerne les maladresses Yélana Coudrier ! Maugréai-je me sentant de plus en plus ridicule.
-Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! Renchérit-elle.
-Oh je ne sais pas moi…Je ne suis pas sûre hein ! Mais il me semble qu’une fois tu avais sorti à Iduna qu’elle n’aurait pas dû exister à cause des coupoles maudites !
Le sourire de Yélana disparut immédiatement et elle grogna :
-Oui j’ai compris. Un point pour toi également. Bien. Nous sommes d’accord que même si tu ne lui as rien dit, tu vas y aller quand même ?
-Evidemment ! M’écriai-je retrouvant le sourire, elle aura la surprise, ce ne sera que mieux pour elle.
-A la bonne heure ! S’écria-t-elle, bon que vas-tu lui offrir comme cadeau dans ce cas ?
Je fus tout de suite prise de court. La vérité était évidente : Anna en tant que princesse d’Arendelle avait déjà tout à disposition…Même mes propres copies de roman de la Duchesse de Funningur.
-Je ne sais absolument pas de quoi elle pourrait avoir besoin, soupirai-je quelques instants plus tard.
-Peut-être à quelque chose en lien avec le chamanisme, non ? Minauda à nouveau ma meilleure amie.
J’épluchai dans ma mémoire ce qui avait pu être transmis par ma mère et que je n’avais pas déjà jeté dans la Mer Sombre et j’eus soudain une illumination.
-Tiens tiens…Ce regard…Quelque chose me dit qu’Anna Piceaerd a trouvé ! S’exclama-t-elle en me dévisageant.
-Oui ! Je retourne à la hutte de Papa et Maman ! Déclarai-je toute contente, merci Yélana ! Merci !
Ma meilleure amie fut immédiatement intriguée. Estimant que les autres Northuldra n’avaient pas besoin d’elle pour le moment, elle décida de me suivre nous replongeant toutes les deux dans le passé. Je marquai comme toujours un petit temps d’arrêt par respect pour mes parents avant d’entrer dans la demeure.
-Tu as dû me voir avec, très peu de fois en réalité, murmurai-je pensive.
Ne lui laissant pas le temps de me questionner, je me dirigeai vers une malle où reposaient encore les robes de Maman et en sortis bientôt l’écharpe bleue que j’avais obtenue lors de ma deuxième épreuve de réussite sur le chamanisme et mon rôle de cinquième esprit. Yélana écarquilla aussitôt des yeux ronds et je pus y lire un retour en arrière pour elle aussi.
-Je me souviens que tu l’avais porté le jour de tes dix-huit ans, me confia-t-elle bientôt.
-Exact, repris-je en rougissant, c’était le fameux jour où nous nous étions retrouvées et que je devais rejoindre Elysia le soir même pour que nous passions notre nuit ense…
-Stop Anna ! Merci ! Je ne veux toujours pas de détails même au bout cinquante et un ans ! Dit-elle très vite.
J’haussai les épaules gardant les images de cette nuit magique qui tournèrent dans ma tête aussi distinctement que si elles remontaient à quelques heures. Puis je me repris en voyant que Yélana m’observait toujours et j’emballai l’écharpe avec plus de soin tout en reprenant :
-Quand Maman et Papa sont morts…J’ai décidé de m’en détacher comme je m’étais détachée de la bague de fiançailles d’Elysia et des barrettes crocus de Pieter…Toutefois je n’ai jamais réussi à brûler cette écharpe car j’avais secrètement le rêve que j’aurais pu la transmettre un jour à Iduna…Bon toi comme moi savons ce qu’elle a pensé de toutes ces leçons…Heureusement qu’Anna aime le chamanisme finalement.
Ma meilleure amie acquiesça et répliqua :
-Tu ne pouvais pas faire de cadeau plus judicieux.
Puis elle marqua un temps d’arrêt avant d’ajouter :
-Ta mère doit être très fière de toi là où elle est…Je sais que c’était important pour toi et que tu as souffert de cet échec avec Iduna.
J’essayai de relativiser même si sa remarque me toucha profondément.
-Du Niflheim, elle ne me voit pas malheureusement, déclarai-je, mais Papa, ma Belle-Mère et mon Elysia doivent l’être pour sûr !
Ce fut au tour de Yélana d’être surprise. Voyant qu’elle ne comprenait pas, je pris deux bonnes heures pour lui expliquer qu’elle avait été ma vie de solitude sur les Plages Grises en trente-cinq ans de la mort d’Olaf, à mes recherches sur les coupoles dans Ahtohallan.
Elle écouta attentivement et je fus surpris de voir qu’elle se contenta juste d’hocher la tête sans remettre en cause mes dires.
Quand mon récit se termina, elle demanda d’une voix renfrognée :
-Mais du coup quand j’irai rejoindre Amarok, il n’éprouvera pas de sentiments pour toi au moins ?
-Pas plus qu’il n’en a éprouvé lorsqu’il était vivant, assurai-je.
Même si je n’étais pas sûre car je ne savais pas si le fait d’avoir fait d’autres vie différaient sur nos sentiments. Yélana me fixa longuement puis me serra la main.
-Si mon fils avait survécu nous aurions allumés ces coupoles avec Iduna ! Lâcha-t-elle d’un coup.
-Tu es incroyable ! M’exclamai-je dépitée, alors tout ce que je viens de te dire n’a servi à rien!? Le destin n’a pas besoin des coupoles pour s’acharner mais tu leurs restes quand même fidèle !
-A jamais Anna, grommela-t-elle en souriant.
Je lui révélai alors la vérité à propos de ma fille et mon Gendre :
-Apprends ma chère que même si tu l’avais voulu, cela ne se serait pas produit car Iduna était promise à Agnarr.
-Balivernes ! Les coupoles ne marchent pas sur un Arendellien ! S’exclama-t-elle désespérée.
-Elles marcheront sur mes petites filles pourtant si elles le désirent, renchéris-je.
-Alors tu nous aurais tous trahis ? Me persécuta-t-elle.
-Je n’aurais trahi personne, répliquai-je agacée, à la base Runeard était venu pour unir nos deux nations, pour que nous soyons amis…Et malgré tout, c’est ce qui a fini par arriver, cela a pris du temps c’est tout.
-Et tu crois sincèrement qu’Elysia aurait laissé faire cela ? Renchérit-elle avec hargne.
Je savais au fond de mon cœur qu’il en aurait été hors de question mise à part si Iduna était tombée amoureuse d’Agnarr.
-Bien sûr que oui, me convainquis-je, et personnellement je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat ! Il n’y a aucune différence entre un pacte marqué d’un sceau royal et des coupoles gravées à la naissance dans le bois allumées par une chamane…C’est exactement pareil ! C’est un mariage forcé dans les deux cas !
Yélana accueillit ma phrase comme une claque. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Aucun argument valable n’aurait pu contrecarrer ce que j’essayais de lui faire comprendre depuis le début et elle le comprit enfin.
-Je crois que notre discussion touche à sa fin pour aujourd’hui ! Conclut-elle, tu embrasseras Iduna, Elsa et Anna pour l’anniversaire de cette dernière.
Vexée, elle partit avant que je ne puisse répondre. Je la laissai méditer, faisant de même de mon côté.
L’anniversaire de ma petite fille arriva et fut un succès. Nous retentâmes l’exercice de spiritisme devant toute l’assemblée d’Arendelle et il n’y eut aucun problème cette fois-ci. Elle fut heureuse de son écharpe bleue et nous passâmes l’après-midi ensemble. Je fus contente de constater qu’elle avait finalement réussi à choisir entre Kristoff et Hans faisant le choix judicieux de laisser le grand Nattura à sa sœur. En revanche, je ne lui fis pas part de la petite fille que j’avais vue dans son ventre quand je lui avais donné son présent, espérant seulement qu’elle était bien de mon petit Piceaerd.
Tout se profilait donc pour le mieux et j’étais déjà impatiente que nous fassions notre prochaine leçon de chamanisme. J’étais donc en train de préparer des biscuits tout en me remémorant la leçon du jour que j’allais inculquer à Anna aujourd’hui. Ma petite Piceaerd n’allait pas tarder à arriver. J’appréhendais toujours ses entrées fracassantes me demandant quand est-ce que j’allais succomber à la crise cardiaque. Malgré tout, sa joie de vivre me donnait le sourire. Tout comme le fait d’avoir aidé sa sœur avant elle. L’odeur des biscuits se fit bientôt sentir. J’en goûtais un et la pâte croustillante éveilla un peu plus mes papilles. Je conservai les gâteaux et les plongeai dans du chocolat chaud. Un vieux souvenir d’Elysia et moi en train de faire la cuisine dans la hutte d’Amarok et Yélana émergea dans ma mémoire et je rougis violemment.
Courant d’Air entra immédiatement dans la pièce alors que j’étais encore dans ma rêverie et j’entendis soudain hurler :
-MAMAN ! MAMAN ! MAMAN !
J’eus du mal à reconnaître la voix de mon Ange de l’Air tellement elle était déformée par les sanglots. Elle venait d’arriver dans la hutte avec brutalité suivie d’Agnarr qui me regardait avec plus de réserves.
-Iduna ? Si je m’attendais à te voir toi ma chérie ? Que se passe-t-il ? Tu es bien pâle, déclarai-je.
Sans m’accorder de réponse ma fille se rua dans mes bras et laissa échapper toutes ses larmes. Je lui frottai vigoureusement le dos alors que cela me déchirait les entrailles de la voir comme ça. Ce n’était quand même pas le petit garçon qui logeait dans son ventre qui la mettait dans tous ces états ?!
-Mon Gendre…Qu’est-ce qui se passe ? Demandai-je à nouveau, personne n’est mort au moins ?
-Non, Belle-Maman, grinça-t-il.
Iduna réagit immédiatement en entendant le ton de son mari. Furieuse, elle se tourna vers lui et lui hurla dessus :
-AGNARR TU N’ES QU’UN IDIOT ! C’EST TA FAUTE ! SI TU N’AVAIS PAS DETRUIT LA PIECE DE CHAMANISME ET INTERDIT A ANNA DE POURSUIVRE SES LECONS AVEC SA GRAND-MERE ELLE NE SE SERAIT PAS ENFUIE !!
Je me pétrifiai dans un premier temps avant de répéter à mon tour d’une voix furibonde :
-Vous avez fait quoi mon Gendre ?
Je mis aussitôt mon Ange de l’Air sur le côté et me ruai sur lui avant de le secouer. Puis je lui criai dessus :
-De quel droit osez-vous faire ça ?! En quoi cela vous gêne-t-il dans votre petite vie de roi que j’apprenne des choses à MA petite fille ?! Oui votre père détestait la magie mais il était pour sûr plus ouvert d’esprit que vous malgré tout, je vous le garantis ! Je vous préviens s’il arrive quelque chose à Anna vous allez avoir affaire à moi !
-Belle-Maman je vous interdis de me parler sur ce ton ! S’exclama-t-il d’un air bougon, j’ai encore le droit de faire ce que je veux dans mon royaume, il me semble ! Je n’ai rien contre vos leçons en soi, mais ma fille passe plus de temps et prend plus de plaisir à appliquer son rôle de chamane qu’à suivre ces futurs devoirs de monarques !
-Dans ce cas mon Gendre pourquoi avoir détruit tout une pièce remplie de grimoire écrits par mon précieux Ange de l’Air pour préserver sa communauté si ce n’est pour éradiquer la partie Northuldra qui loge pourtant dans les veines de votre descendance ?! Renchéris-je, ne vous moquez pas de moi je ne suis pas d’humeur ! Vous avez déjà dépassé les bornes à plusieurs reprises en faisant du mal à Iduna et Elsa…Et maintenant Anna ! Mais quand allez-vous cesser vos pitreries !
Agnarr rougit pris au dépourvu. Il répliqua toujours de mauvaise humeur :
-Oui bon je reconnais, je suis quelqu’un de sanguin et ma colère m’a fait faire n’importe quoi…
-…Une chance pour vous qu’il y a des exemplaires de chamanisme écrits par les grands-mères et les arrière-grands-mères d’Iduna ! Le coupai-je, vous ne verrez donc aucun inconvénient à ce que mon Ange de l’Air les rapporte au château pour redorer cette pièce visiblement consacré à son passé ?
Mon Gendre me jeta un regard fuyant se sentant prisonnier de la situation. Il finit par grogner:
-Non aucun…Cessez donc de vous en faire…Anna n’est pas partie seule de toute façon ! Elle a embarqué Hans avec elle ! Ils sont sans doute en train de batifoler à l’heure qu’il est, ces deux idiots !
-Vous devriez en faire autant Agnarr cela vous détendrez ! Clamai-je.
Il s’empourpra et railla encore :
-Il ne nous reste qu’Elsa et son ravent de montagnard pour la couronne !
Iduna se rua alors vers lui et lui assena une gifle tout en criant :
-Son ravent de montagnard comme tu dis c’est un Northuldra comme ta femme !
-Et il fait déjà partie de la famille Piceaerd grâce à son père ! Persifflai-je.
-Ça Maman ce n’était pas obligé par contre, maugréa-t-elle n’aimant toujours pas ce pauvre Andréas.
-Soit mon Ange de l’Air…Bien…C’est gentil de m’avoir informé que mon Gendre était un abruti mais que voulez-vous que je fasse à mon âge pour vous aider à trouver Anna ? Demandai-je, surtout que je suppose que vous avez déjà fait des recherches un peu partout dans les royaumes voisins…
Iduna pleura de plus belle et se lova à nouveau contre moi.
-Je m’excuse Maman, bafouilla-t-elle, je m’excuse de t’avoir fait souffrir…Je me rends compte maintenant de l’état dans lequel tu devais être quand je suis partie…En plus il n’y avait plus Papa pour te protéger…Je ne voulais pas te faire du mal…Pardon…Pardon…Pardon.
Je faillis flancher à la mention d’Elysia mais à la place je la serrai plus fort et lui embrassai les cheveux.
-Je sais ma chérie, je sais…Tu as fait ce qui était juste…Et tu as appliqué une leçon de chamanisme donc je ne peux pas t’en vouloir, répliquai-je.
-Une leçon de chamanisme c’est ce dont nous allons avoir besoin maintenant Belle-Maman ! Reprit Agnarr avec des yeux implorants.
-Ah bon mon Gendre ? Vous avez besoin de ma sorcellerie à présent ?! Comme c’est curieux! Il me semblait tout à l’heure que mon Ange de l’Air avait dit que vous ne vouliez plus en entendre parler pour préserver Anna ?!
-Oui…Bon…Comme je vous le rappelle…Je me suis trompé…J’ai fait mon décret sans réfléchir aux conséquences.
-Ça c’est vraiment fâcheux, murmurai-je presque méchante, Ne m’en veuillez pas, mais je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée après tout ! Je n’ai pas envie de trahir ma petite fille qui elle au moins aime ce qu’elle fait et y a mis toute sa volonté dès le départ ! Elle sera peut-être plus heureuse avec son amant loin de vous et votre incompétence !
-Maman je t’en prie ! Je t’en supplie ! Cria Iduna, Anna comprendra, aide-moi à la ramener…Par les voyages astraux…Pas ceux que tu faisais avec Papa hein…
-Ah pourtant elle réussit ceux-là aussi avec brillance, déclarai-je amusée.
Mon Ange de l’Air se renfrogna et m’observa cherchant une explication. Puis voyant que je ne dirai rien elle ajouta :
-Par les voyages astraux tu peux la localiser et nous dire où elle est…Si elle est brillante comme tu dis…
-Elle l’est, confirmai-je.
-Dans ce cas, tu n’auras aucun problème à la trouver, s’il te plaît Maman je te le demande à genoux.
Je soupirai tiraillée par ce dilemme cornélien : Rendre le sourire à ma fille ou perdre la confiance de ma petite fille. Je pesai le pour et le contre. Je me revoyais moi-même en train de courir après Iduna pour la perdre à jamais et souffrir. D’un autre côté, Anna avait eu les tripes que je n’avais jamais eues : Elle s’était enfuie avec celui qu’elle aime pour espérer vivre pleinement avec lui, fuyant l’autorité parentale.
-Tu sais que c’est contre mes principes mon Ange de l’Air, je ne veux pas lui imposer de rentrer…Elle a fait son choix, tout comme tu avais fait le tien en aidant Agnarr…Lâchai-je.
-Belle-Maman…De quel choix sensé parlez-vous ?! Explosa mon Gendre, elle a seize ans et Hans dix-sept ! Ils sont trop jeunes pour se rendre compte de ce qu’ils font !
-Iduna en avait douze et vous quatorze…Pas besoin d’être jeune pour être idiot, lui criai-je, vous en êtes la preuve vivante Agnarr !
-Maman s’il te plaît…Intervint alors Iduna blanche comme une craie, oui je sais que tu ne veux pas choisir pour nous et que tu m’as fait souffrir en faisant cela…Mais là, on parle de mon enfant…Ce n’est pas toi qui choisis c’est moi…Si Anna doit en vouloir à quelqu’un c’est moi. Tu es ma dernière chance…Je t’en prie.
Je ne pus résister à ses beaux yeux bleus qui m’imploraient perlés de larmes.
-Bon…Je ne promets rien mais je vais essayer dans ce cas, mentis-je, mais pas maintenant…Retrouvez-moi demain matin à la même heure c’est compris ?
Mon Ange de l’Air se jeta encore dans mes bras et m’embrassa alors qu’Agnarr se contenta d’hocher la tête en disant :
-Merci Belle-Maman…Excusez-moi d’avoir été bête...
-Ce n’est pas envers moi qu’il faut s’excuser mon Gendre mais faîtes-le à votre femme, et à votre enfant quand vous l’aurez retrouvé, conclus-je en souriant.
Ils partirent confiants activant les recherches de leurs côté. J’allais de ce pas vérifier que mes petits Piceaerd n’étaient pas dans la Forêt Enchantée. Je demandai ainsi à Yélana, Andréas et quelques autres membres de quadriller le périmètre. Les pisteurs et pisteuses allèrent dans des endroits plus costauds comme les Cavernes Perdues quand d’autres se chargèrent d’aller en éclaireur sur les Plages Grises.
-C’est tout de même incroyable qu’il ne se passe pas une génération sans que nous recherchions un membre Piceaerd ! Grogna ma meilleure amie.
Je faillis lui flanquer une gifle même si je savais qu’elle avait raison. Quand ce n’était pas Iduna à cinq ans, c’était moi à trente-cinq et quand ce n’était pas moi à trente-cinq c’était Anna à seize ans.
-Manquerait plus que tu nous ramènes les coupoles dans l’équation et c’est bon nous avons tous les points de la fuite ! Me moquai-je.
Mais Yélana était pâle voyant qu’elle m’avait fait de la peine.
-Peut-être qu’Iduna lui a parlé des Terres Gelées ? Suggéra-t-elle me redonnant un peu d’espoir.
-Je vais aller vérifier.
Appelant mes fidèles amis, je passai d’abord par Ahtohallan puis j’allais plus loin sur la fine plaque où avait vécu les Sappos et les ancêtres Piceaerd. Ce fut dur mais il fallut me rendre à l’évidence…Elle n’y était pas non plus. Quand je revins à ma hutte penaude il faisait déjà nuit. Nous avalâmes vite un peu de ragoût de rennes puis j’intimai à la communauté de rentrer chez elle pour être le plus au calme possible.
Contrairement à ce que ma fille pouvait penser, je ne comptais pas trahir Anna. Il fallait que son père se rende compte du mal qu’il lui avait fait même si cela faisait souffrir mon Ange de l’Air. Bien évidemment, je ne garderai pas le secret éternellement et encore moins si je savais mes petits-enfants déjà en danger.
-Que ferais-tu Elysia à ma place ? Clamai-je.
Je soupirai. Je ne pouvais pas prendre le risque d’aller le voir en voyage astral et ensuite essayer de trouver Anna, cela m’aspirerait trop de mon énergie. Je fermai donc les yeux et me concentrai sur ma silhouette dans un lieu neutre. Je visualisai ensuite le visage de ma petite Piceaerd pendant de longues minutes sentant des dizaines d’énergies affluaient autour de moi. Et j’attendis…J’attendis…J’attendis…Dans une patience et une angoisse insoutenables.
Je sentis ma force s’épuisait petit à petit. A regret j’étais obligée de repartir quand j’entendis soudain :
-Mamie ? Mamie c’est bien toi ?
Je me tournai alors vers la voix et poussai un soupir de soulagement.
-Anna ? Murmurai-je.
En quelques secondes elle se retrouva dans mes bras et pleura comme sa mère un peu plus tôt aujourd’hui.
-Oh Mamie ! Je suis désolée…Je n’ai pas eu le temps de t’expliquer…Papa ne voulait plus qu’on fasse de leçons ensembles…Alors j’ai préféré partir…Hans est avec moi…Je te promets qu’on se retrouvera.
-J’y compte bien ! Une idée comme cela ne pouvait germer que dans ton esprit d’écervelée, la grondai-je.
-Tu es fâchée ? Demanda-t-elle d’une petite voix.
-Il y a un peu de quoi tout de même…Mais je ne réfuterai pas tes intentions…Anna promets-moi quelque chose, répliquai-je.
-Oui Mamie ? Répéta-t-elle soulagée.
-Je ne sais pas où vous allez avec Hans et je ne veux pas le savoir mais promets-moi que si tout ne se passe pas bien, tu rentres à la maison! Insistai-je.
Je la vis se mordre la lèvre montrant qu’elle réfléchissait. Puis elle répondit :
-Je te le promets Mamie…De ton côté promets-moi que si Papa et Maman viennent t’interroger, tu ne diras pas que tu m’as vu…Comme ça, nous pourrons continuer le chamanisme, Papa ne nous empêchera pas alors que si je reviens à la maison, c’est fini pour toujours.
Je déglutis violemment me sentant encore une fois prise au piège entre mon devoir de grand-mère et mon devoir de mère. Je répondis tout de même mal à l’aise :
-Je te le promets ma petite Piceaerd…Rejoins-moi par voyage astral tous les soirs pour me dire que tu vas bien, et ne me révèle jamais où vous allez ! Je dois te laisser à présent, je puise dans mon énergie et je ne suis plus de toute jeunesse. A demain.
-A demain Mamie, merci, je t’aime…Je ne te décevrai pas promis ! Clama-t-elle.
Elle me regarda avec des yeux pétillants marquant ce qui était pour elle la douceur et l’innocence de la jeunesse. Je regrettai de ne pas avoir eu son tempérament au même âge. Je lui embrassai le front pour lui porter bonheur et retournai à des rêves moins pénibles, rassurée qu’elle aille bien.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Lun 28 Juin 2021, 23:13
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Mar 29 Juin 2021, 22:48
1h à poireauter pour que tout sorte... Le mec doit encore en faire des cauchemars la nuit
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mer 07 Juil 2021, 10:51
J'en rêvais ! @Bjorgman l'a fait !
Superbe portrait d'Anna et Elysia Piceaerd enlacés !
Merci encore grand frère de coeur pour ce dessin talentueux !
Superbe portrait d'Anna et Elysia Piceaerd enlacés !
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mer 18 Aoû 2021, 17:21
Bien...Je viens de finir un chapitre bonus de retour vers le passé 3 qui n'étaient pas prévu. Comme d'habitude il faut le couper en deux parties car la longueur dépasse la limite maximum !
Voici déjà les spoilers sans contexte :
Et la première partie du chapitre...
Chapitre bonus 3 : Elise :
Je venais de rentrer à la maison. J’avais dû partir tôt ce matin-là pour donner la leçon aux petits Northuldra du village y compris Iduna qui sautillait d’un pied sur l’autre canalisant sa patience comme elle le pouvait du haut de ses quatre ans.
-Maman est-ce que je peux aller jouer avec Béata ? Demanda-t-elle d’une voix fluette alors que nous venions de passer la porte de la maison.
Je la dévisageai, comprenant l’importance de sa requête et ce qu’elle cachait en réalité.
-Tu auras le droit de jouer avec Béata une fois ta leçon de chamanisme terminée mon Ange de l’Air, tu le sais, cela n’a pas changé depuis hier, expliquai-je.
Iduna se referma immédiatement affichant une mine boudeuse. Elle se frotta les mains de contrariété et courut dans les bras d’Elysia qui nous attendait dans la salle à manger avant d’aller faire paître les rennes.
-Ah ! Voilà les deux femmes de ma vie ! S’écria-t-il en resserrant l’étreinte de notre fille…Oh ? Mais quelque chose ne pas va mon petit Ange de l’Air ? Ajouta-t-il en voyant ses yeux bleus de colère.
Iduna pointa alors un doigt dévastateur vers moi et murmura :
-Maman elle n’est pas gentille, elle veut que je fasse encore du travail alors que j’ai déjà bien fait mes leçons ce matin !
Mon mari regarda immédiatement dans ma direction et nous ne pûmes nous empêcher de retenir un fou rire. J’attendis que notre fille ne nous regarde pas pour lui faire signe d’entrer dans le jeu de notre enfant.
-Comment ? Maman te force encore à faire du chamanisme ?! Elle n’est vraiment pas drôle ! Reprit Elysia alors que je fis de plus en plus semblant d’être en colère.
-Tu devras lui apprendre à s’amuser Papa, suggéra-t-elle innocemment.
Mon mari devint rouge alors que j’avais de plus en plus de mal à garder mon sérieux.
-Oui tu as raison mon Ange de l’Air, finit-il par dire, alors quel jeu pourrions-nous montrer à Maman pour qu’elle s’amuse à ton avis ?
Iduna répliqua aussitôt :
-Celui de cache-cache Papa ! Moi j’aime beaucoup ce jeu ! On y joue souvent avec Béata et Courant d’Air !
Elysia hocha la tête d’un air entendu et dit à son tour :
-Parfait ! Faisons donc cela ! Tu vas te cacher et nous allons te chercher chacun de notre côté. Si Maman te trouve, vous faîtes la leçon de chamanisme. Si Papa te trouve, tu pourras directement aller jouer avec Béata, c’est compris ?
Je fis aussitôt les gros yeux à mon amant, non satisfaite de cet accord. A voir la tête d’Iduna, elle non plus n’était pas complètement convaincue. Toutefois, elle finit par répondre :
-Oui Papa c’est d’accord, vous comptez jusqu’à cinq-cents et pas de triche !
-Promis mon Ange de l’Air ! Clamai-je, interdiction pour toi d’utiliser les esprits pour t’aider par contre !
Elle hocha la tête et nous força à fermer les yeux et compter avant de s’enfuir de la hutte. Nous arrêtâmes dès l’instant où elle partit, nous contentant de nous fixer avec amusement.
-Hum…C’est moi ou vous venez de m’empêcher d’effectuer le travail attendu par toute la tribu Northuldra, Monsieur Piceaerd ? Murmurai-je en me postant face à lui.
Elysia fit semblant d’être la victime et répliqua :
-Quoi ? Moi ? Accusé injustement d’avoir voulu sauver la vie de ma fille ?! Je n’oserai jamais provoquer la colère d’Anna Piceaerd ! Toutefois, j’ai ouïe dire qu’il fallait que tu t’amuses…Et si je ne m’abuse, il existe un moyen assez agréable…
Joignant le geste à la parole, mon amant s’avança ,commençant à me défaire le lacet de robe. Je le repoussai gentiment car j’avais autre chose en tête.
-Ça aurait été avec plaisir, dis-je sincèrement, mais le futur rôle de notre fille est plus important pour l’instant…Et puis je suis fatiguée, je ne me sens pas très bien, je crois que je couve quelque chose.
Elysia me regarda aussitôt d’un air boudeur et maugréa :
-Iduna n’a pas l’air si pressée que ça de devenir chamane, et puis tu te lèves tous les jours très tôt depuis la reprise des leçons aux autres membres de la tribu…Dis-le tout de suite si tu veux m’éviter…Peut-être que je ne te plais plus et que tu ne veux plus de moi depuis qu’il y a eu la fausse couche d’Helga…
Contrariée dans un premier temps par ce triste souvenir, je m’approchai de lui et l’embrasser langoureusement tout en rayonnant intérieurement.
-Elysia Piceaerd tu serais un idiot de croire cela, murmurai-je sentant un nouveau vertige.
-Tu n’es pas plus pâle que d’habitude, renchérit-il tout en posant doucement sa main sur mon front, tu n’as pas de fièvre en tous cas, tu devrais plutôt te reposer au lieu de vouloir embêter Iduna puisque tu es si fatiguée. Je vais aller la chercher.
Je voulus lui faire une étreinte mais mon mari se déroba. Il resta très distant mais attendis que je me mette au lit avant d’ajouter :
-Je vais aller chercher Mouna aussi, elle pourra te faire un diagnostic.
Il était sur le point de partir avant que je ne l’appelle :
-Elysia…
Il se tourna aussitôt vers moi et répliqua :
-Quoi ?
-Je t’aime, soufflai-je.
Son visage se détendit m’indiquant qu’il n’était plus fâché. Cela marchait à chaque fois. Il resta silencieux quelques secondes puis reprit :
-Moi aussi je t’aime Anna Piceaerd.
Il s’en alla alors que je me touchai le ventre. Je n’étais qu’une idiote. Comme pour Iduna et Helga je ne savais pas comment annoncer la merveilleuse nouvelle à mon mari. J’avais beaucoup pleuré ma dernière fausse couche. Elysia ne m’avait pas jugé, ne m’avait pas rendu coupable. Nous nous aimions toujours autant. Nous avions fait face à la situation grâce à notre fille. Je caressai à nouveau mon ventre.
-Et maintenant nous allons pouvoir aller de l’avant avec toi ma petite Elise, chuchotai-je.
Elle n’était pas encore visible dans mon esprit, n’ayant été faite que très récemment. J’entrevoyais juste une étreinte passionnée d’il y a quelques jours de mon mari et moi-même dans notre chalet. Nous étions fin mai. La petite naîtra fin février.
-Mouna ne verra rien. Et je ne pourrai l’annoncer qu’à mon Elysia, me convainquis-je.
J’eus juste le temps d’y penser que mon amant choisit ce moment-là pour revenir avec la guérisseuse.
-Où est Iduna ? Demandai-je surprise.
Mon mari répondit avec un grand sourire :
-Avec sa grand-mère en train d’appliquer une leçon de chamanisme.
Je me renfrognai aussitôt avant de répliquer :
-Oui je sais qu’elle préfère les faire avec elle ! Bon…Ce n’est pas plus mal, le plus important c’est qu’elle apprenne…Et au moins elle n’est pas avec Béata.
-Elles joueront ensemble après, précisa bientôt Mouna qui me rappela sa présence.
Elle m’observa longuement puis me confia :
-Alors il paraît que tu ne vas pas très bien Anna Piceaerd.
Elle prit un tabouret et vint s’assoir à mes côtés, prête à m’examiner.
-Comme je disais à Elysia, juste de la fatigue, rien de bien dramatique, expliquai-je ne souhaitant pas lui dire que j’étais enceinte.
-Permets-moi de vérifier, déclara-t-elle d’une voix professionnelle.
Sans attendre, elle m’ausculta les yeux, les oreilles, la bouche. Puis elle me tata les seins et le ventre. Je me contrôlai pour ne pas grimacer ou faire un geste qui puisse lui faire comprendre que j’attendais un enfant.
-Tu n’as pas de douleurs ? Nulle part ? Insista-t-elle.
-Non…Comme je te l’ai dit…Juste mal à la tête et une très grande fatigue mais rien de bien grave…C’est l’âge qui veut ça, mentis-je.
Mouna rit et rétorqua du tac au tac :
-Qu’est-ce que je devrais dire moi ! Dois-je te rappeler qui t’as mise au monde ?!
Je secouai la tête tandis qu’elle retrouva son sérieux. Elle était agacée, non satisfaite de son pronostic. Elle se tourna ensuite vers Elysia qui attendait toujours patiemment avec inquiétude et quémanda :
-Concocte-lui du lait de renne, ça lui redonnera des forces.
Puis elle m’observa à nouveau et répliqua avec un soupir :
-Je n’ose pas en parler à Amarok et Yélana…Mais je crains que les habitants d’Arendelle nous rapportent des maladies que nous ne pourrions pas traiter.
-Comme les européens avec les amérindiens autrefois ? Questionnai-je surprise.
-Exact, répondit-elle, forte heureusement pour la majorité des Northuldra il n’y aurait pas de problème puisqu’ils ne se côtoient pas. Mais toi Anna, c’est particulier, ton frère est là-bas, et puis tu y es allée avec Yélana.
-Oh je t’en prie Mouna ! C’était pour la naissance d’Iduna, il y a quatre ans maintenant ! Réfutai-je, ton raisonnement est absurde, si nous avions eu une quelconque maladie dévastatrice, elle nous aurait emportés depuis longtemps.
La guérisseuse me lança un regard hautain avant de reprendre :
-Certes…Toutefois…J’ai préféré prendre les devants et…J’ai gardé quelques antidotes qui pourraient vous protéger des maladies d’Arendelle…Oh rien de bien méchant ! ça n’affectera pas ta santé.
Pour confirmer ses dires, elle sortit alors une seringue de sa poche de robe. Un liquide à base de plantes mélangées qui était à présent transparent presque invisible se trouvait à l’intérieur. Je l’observai comme un poison alors qu’il n’y avait aucune raison. Mouna avait toujours été une bonne guérisseuse, comme elle l’avait dit plus tôt, c’est elle qui m’avait sorti du ventre de Maman. Je pouvais lui faire confiance. Et puis il valait mieux qu’Elise naisse en étant immunisée plutôt qu’elle ne l’attrape à la naissance.
Voyant que je ne réagissais toujours pas, Elysia intervint :
-Prends-le mon amour, c’est un très beau cadeau que te fais Mouna.
La guérisseuse, heureuse d’être encouragée, expliqua tout à fait sûre d’elle :
-Il se prend en deux temps…Je t’en fais une dose aujourd’hui et une autre dans un mois et demi.
-Tu es certaine qu’il n’est pas dangereux ? Insistai-je un peu dubitative.
Mouna loin d’être déstabilisée, expliqua à nouveau :
-Bon, puisque tu tiens tant à le savoir, tous les Northuldra avaient reçu leurs deux doses à ta naissance quand nous avions attaqué les Arendelliens, et il n’y a pas eu de problème…Sauf que ta génération était trop petite pour que je fasse les deux piqûres.
Papa et Maman ne m’en avaient jamais parlé. Je pris quelques minutes de réflexion songeant qu’il y avait eu des naissances sans encombre après cette fameuse bataille sanglante.
-C’est d’accord…Si cela peut te rassurer, je veux bien tes piqûres, dis-je d’une voix déterminée.
La doyenne Nattura poussa un soupir de soulagement alors qu’Elysia vint m’embrasser en me tendant mon lait de renne. Un petit pic s’ensuivit puis la guérisseuse me donna ses dernières recommandations :
-N’oublie pas de bien t’hydrater tous les jours et de boire plus de lait de rennes…Elysia tu vérifieras n’est-ce pas ?
-Bien sûr ! Assura-t-il tout fier.
-Parfait, je n’ai plus qu’à me retirer dans ce cas, à plus tard la famille Piceaerd ! S’écria-t-elle.
-A plus tard, reprirent nos voix en chœur.
Le visage impassible de mon mari retrouva son anxiété sitôt qu’elle quitta la pièce. Il se plaça à côté de moi qui étais toujours bien pâle. Je refoulais une nouvelle nausée et lui rendis un sourire.
-Est-ce que tu vas mieux ma Anna d’amour ? Demanda-t-il en m’enroulant son bras autour de mes épaules.
Je cherchai une bonne façon de lui annoncer la nouvelle. Elysia je suis à nouveau enceinte, pensai-je simplement, oui ! Il fallait que je lui dise comme ça, d’une seule traite.
-Anna ? Répéta-t-il, est-ce que ça va ?
Son visage était toujours inquiet alors qu’il m’interrogeait du regard. Je pris mon courage à deux mains, pensai déjà à ma future petite fille, posai une main ferme et déterminée sur mon ventre et déclarai d’une voix sûre :
-Elysia…
Et puis plus rien…Le reste de la phrase ne voulut plus sortir.
-Qu’y a-t-il mon amour ? Me questionna-t-il étonné.
Allez Anna ! Ne sois pas bête ! Ce n’est pas comme si c’était la première fois ! Me grondai-je. Et pourtant…J’étais toujours bloquée alors que mon mari attendait impatient. Je faillis dire la phrase mais j’eus beau ouvrir la bouche, les mots restèrent bloqués. Je rougis de gêne alors que l’instant sembla durer une éternité.
-Oh ! Lâcha enfin Elysia en continuant de m’observer.
Je suivis ses yeux qui avaient dévié vers mon ventre où se trouvaient toujours mes mains. Un large sourire s’élargit petit à petit sur son visage.
-Ma Anna…Serais-tu en train de me faire comprendre que… Bafouilla-t-il ému.
J’hochai la tête, soulagée. Pour s’assurer que c’était vrai, mon bel amant posa à son tour sa main sur la mienne. Nous vîmes ainsi, l’œuf d’Elise qui reposait déjà au creux de mon bas-ventre.
-Est-ce que la nouvelle te fait plaisir ? Finis-je par demander d’une toute petite voix.
Les yeux d’Elysia plongèrent dans les miens et il répéta :
-Tu es vraiment en train de me demander si la nouvelle me fait plaisir ?! Quelle question ma Anna ! Bien sûr que je suis l’homme le plus chanceux du monde ! Et c’est grâce à toi ! Ma belle petite femme !
Je sentis une chaleur de bien être m’envahir alors que mon mari se pencha vers ma bouche pour y déposer un baiser empli de chaleur.
-Madame Anna Piceaerd! Vous qui faites battre mon cœur depuis mes deux ans je vous promets d’être aux petits soins pour vous au cours de cette nouvelle grossesse…Murmura-t-il à mon oreille.
-Je serai perdue sans vous, monsieur Elysia Piceaerd ! Repris-je.
Nous nous embrassâmes encore. L’étreinte se prolongea et j’ajoutai soudain avec taquinerie :
-Hum…Il me semble bien que ma fatigue soit passée avec le remède miracle de Mouna.
-Ce qui veut dire ? Lança à nouveau mon mari.
J’accentuai mon déhanché enlevant le coussin du lit pour être pleinement allongée et répétai d’une voix maligne :
-Tu sais très bien ce que ça veut dire Elysia Sappos…A moins que ton devoir d’aller faire paître les rennes t’appelle…
Mon mari excité secoua d’abord la tête en reprenant :
-Je te rappelle que je dois t’apprendre à t’amuser !
Puis il déglutit avant de me couvrir de baisers de la tête aux pieds. Je fermai les yeux pour sentir ses lèvres douces parcourir mon corps. Mes poils se dressaient d’émotions alors que je souhaitais me plaquer nue contre lui. Bientôt ses baisers s’arrêtèrent. Je tiquai, légèrement frustrée et rouvris les yeux. Mon amant était toujours là mais ne tenta plus rien pendant quelques secondes. Je lui lançai alors un regard étonné. Il attendit encore avant que sa main ne vienne se caler sous mon menton.
-Serais-tu coincé ? Demandai-je amusée, à moins que tu aies oublier comment on faisait…
Je n’eus aucune réaction de sa part si ce n’est qu’il se pencha très lentement pour m’embrasser. Je fermai à nouveau les yeux pour ressentir ses lèvres charnières contre les miennes. Elles étaient tendres bien qu’un peu gercées par le changement de température. La danse de nos deux bouches se fit bientôt entendre et mon mari ne tarda pas à trouver la combine pour rejoindre le chemin de ma langue. Comment un organe aussi gluant et mou pouvait-il me procurer un sentiment d’excitation ? J’étais encore en train d’y réfléchir tout en en redemandant à Elysia. Il s’évertua ainsi à explorer ma bouche passant de mon intérieur de joue droite à mon intérieur de joue gauche quand de mon côté je réussis à atteindre son palet non sans que nous nous cognions nos dents au passage. Le baiser dura jusqu’à que nous prenions conscience qu’il fallait reprendre notre souffle.
-Ceci n’est pas un jeu mais une tentative de réanimation, plaisantai-je.
-Tu as quelque chose de mieux à proposer peut-être ? Demanda-t-il en m’observant toujours grisé.
J’hochai la tête ne souhaitant pas laisser échapper l’occasion. Je chuchotai immédiatement dans le creux de son oreille :
-J’ai bien une idée, oui.
Je le forçai aussitôt à prendre ma place alors que je me mise debout.
-Je ne sais…Peut-être pas m’amuser…Mais je sais comment te plaire…Susurrai-je tout en continuant un léger déhanché.
Elysia, surpris par mon initiative n’en perdit pas une miette. Ainsi, il fixa le fil de mes doigts qui caressaient mon corps à travers mes vêtements. Je prenais mon temps pour faire mon parcours entre mes seins, sur mon ventre, mon bas-ventre, mon chakra racine et mes fesses. Faisant monter le désir, je décidais d’enlever mon corset et ma culotte en premier prenant soin de les envoyer sur le lit.
-Anna…Attends…Murmura-t-il bientôt en essayant de se relever.
Je l’arrêtais tout de suite et repris :
-Non…C’est moi qui contrôle pour une fois.
Le sang afflua sur ses joues alors je me redressai fièrement. Je repris mes caresses et me détachai ensuite mes tresses. La masse de cheveux s’accumula le long de mon dos et je les balançai légèrement créant un mouvement qui renvoya mon amant au septième ciel.
-Je sais…Que tu n’attends que ça de les frôler…Murmurai-je.
-Anna…Anna…Viens…Me supplia-t-il.
-Pas encore, chuchotai-je.
Laissant mes cheveux, je me trémoussai à nouveau alors que mes doigts défirent enfin ma robe Northuldra. Je la fis doucement glisser le long de mon corps, rendant progressivement mes épaules nues, puis ma poitrine que je titillai au passage, mon ventre pour finir sa chute à mes pieds.
-Anna…Tu es…Magnifique, déclara aussitôt mon amant d’une voix passionnée.
-Je sais très bien ce que tu essayes de faire Elysia Piceaerd…Répliquai-je, mais tu ne contrôleras rien cette fois.
Je pouvais lire la frustration mélangé à l’excitation dans son regard. Je me cabrai de plus en plus avant d’atteindre le lit. Je m’assis farouchement à ses côtés et le déshabillai fermement. Sa virilité se révéla à moi sans trop de difficultés et je repris les caresses et les mouvements comme il les aimait. Croyant que je ne le voyais pas, mon mari essaya bientôt de m’agripper un mamelon mais je l’esquivai facilement.
-J’ai dit que je contrôlais, monsieur Piceaerd, repris-je d’une voix autoritaire, laisse-moi…Te faire du bien.
-Mais Anna…Et toi ? S’impatienta-t-il.
-J’y trouve mon compte, souris-je.
Je lui replaçai alors la tête contre le lit et repris le mouvement. Puis n’y tenant plus, je décidai d’essayer une position qu’Elysia m’avait toujours refusé par principes. Ma bouche remplaça donc bientôt mes doigts et je fis de mon mieux glissant ma langue avec avidité le long de son être pour qu’il puisse ressentir le bien être que j’éprouvais quand il s’immisçait comme cela dans mon chakra racine.
-Oh…Anna…Bredouilla-t-il en appuyant sa main sur ma tête, oh…Continue…
Ma bouche joua donc à un rythme effréné avec sa virilité pendant de longues minutes…De longues minutes où j’espérais l’avoir satisfait. Je m’arrêtais quand mes mâchoires finirent par avoir mal et me relevai essayant toujours de le défier avec assurance.
-Alors monsieur Piceaerd ? Veux-tu que je m’arrête ? Demandai-je.
En sueurs, Elysia secoua la tête. Il n’osa plus bouger alors que j’avançai à tâtons jusqu’à atteindre son corps. Je ne cherchai pas longtemps la bonne position et m’accouplai enfin à lui. Le son rauque s’échappa de sa bouche en même temps que mon soupir d’aise.
-Anna…Tu…Tu es sûre que nous ne faisons pas de mal à Elise ? Questionna-t-il soudain.
J’explosai de rire et répondis :
-Tu faisais moins de manière quand j’étais enceinte d’Iduna !
Mon amant obtempéra et notre activité put reprendre. Je le contrôlais jusqu’au bout, maintenant ses bras par-dessus sa tête quand il le fallut, embrassant son front, sa bouche, son cou, son torse alors qu’il s’autorisa enfin à lécher mes seins avec délice.
-Tu me rends fou Anna…Gémit-il, si tu me refais des démonstrations comme celle-là…Je te ferai l’amour toute la journée.
Je ne trouvais rien à redire et jouis pour montrer mon consentement. Je finis par lâcher prise et lui délivrai ses mains pour qu’il s’occupe de mon corps. Je m’enivrais de plus en plus sous son toucher alors que ma sensibilité était proéminente dans mon chakra racine. Son être me grisait, me rendait heureuse. Mon mari frôla bientôt mes cheveux alors que soufflai son nom de façon entrecoupée :
-Ely…Sia…Ely…Sia…Oh mes aïeux…Je t’aime…
-Moi aussi Anna…Anna…An…Na…Murmura-t-il.
Je n’eus pas le temps d’entendre la dernière syllabe de mon prénom que déjà je me sentis partir vers le bien-être passager, poussant un dernier cri. Mon amant m’écarta alors rapidement de lui déversant à son tour sa jouissance. Nous nous regardâmes bientôt en souriant alors que notre respiration se stabilisa.
-J’attends notre prochain jeu avec impatience, déclarai-je quelques secondes plus tard.
Mon mari éclata de rire et nous nous serrâmes l’un contre l’autre toujours drapés des couvertures de rennes. Nous étions sur le point de nous assoupir quand nous sursautâmes à cause de notre Ange de l’Air qui cria soudain :
-Maman ! Papa ! Je suis rentrée avec Mamie Helga !
La porte de la chambre faillit s’ouvrir complètement nous révélant à notre fille quand nous entendîmes encore :
-Non attends Iduna ! Tu sais peut-être que Papa et Maman ne sont pas présentables surtout si tu as dit à Papa qu’il fallait qu’il apprenne à Maman à s’amuser.
-Ah oui ! Tu as raison ! Ils font peut-être des voyages astraux Mamie ! Renchérit la petite.
-Oui…Voilà…Tu as tout compris ma petite chamane, bredouilla-t-elle.
Nous manquâmes d’éclater de rire quand ma mère ajouta :
-Dépêchez-vous de vous rhabiller tous les deux !
Nous ne perdîmes pas de temps et exécutâmes son ordre alors qu’elles attendaient patiemment dans la salle à manger.
-Tu comptes lui dire Anna d’amour ? Pour ton état ? Me demanda alors Elysia.
-Pas encore, répondis-je en me mordant la lèvre, je ne voudrais pas qu’elle m’embête avec les coupoles si jamais cela devait se passer mal pour Elise.
Mon mari resta soucieux puis lança encore :
-Tu ne penses pas que c’est ton silence qui a provoqué la fausse couche d’Helga.
Je secouai immédiatement la tête même si l’idée inverse m’avait traversé l’esprit. Mon amant se radoucit soulagé. Il m’enlaça la taille et me murmura :
-Nous ferons en sorte que cela ne se passe pas comme la dernière fois, pour notre petite Elise.
Je souris rayonnante en posant une main ferme sur mon ventre et conclus :
-Oui mon amour, cette fois ce sera différent.
-Bon alors vous vous en sortez ?! Questionna aussitôt Maman en tapant fort contre le battant de la porte, Elysia tu exagères ! Les rennes ont besoin d’être menés aux champs ! Amarok a dû le faire seul !
Nous sortîmes enfin sous son regard conspirateur.
-Nous voilà ! Inutile de grogner ! M’exclamai-je en m’approchant de ma fille, alors mon Ange de l’Air ? Est-ce que ta leçon de chamanisme a été réussie avec Mamie ?
-Je crois Maman…Mamie m’a fait travailler les chakras, expliqua-t-elle.
-C’était bien, intervint-elle, même si cette jeune fille a tendance à se reposer sur ses acquis.
Iduna bouda aussitôt. Puis elle demanda d’une toute petite voix :
-Oh…ça veut dire que je ne peux pas aller jouer avec Béata ?
Je lui caressai tout de suite les cheveux pour la rassurer.
-Mais si, tu peux, dis-je.
-Bien…Quant à moi je vais aider Mouna pour ce matin, ma grande chamane, c’est bien toi qui t’en charges cet après-midi ? Demanda-t-elle.
-Oui Maman ! Avec Laïka ! Confirmai-je.
Elle hocha la tête, satisfaite puis s’en alla. Iduna ne mit pas longtemps à suivre son mouvement pour rejoindre sa meilleure amie. De même pour Elysia qui vaqua à son travail non sans un grand déplaisir. Je retournai me coucher après avoir préparé le repas.
-Je ne referai pas la même erreur que la dernière fois mon bébé, murmurai-je à mon ventre en le caressant, Maman se reposera plus, et tu t’accrocheras…Et tu seras heureuse, tu verras.
Je m’assoupis apaisée. Au fil des semaines, je n’éveillai aucun soupçon. La routine habituelle reprit son cours. J’alternais mes leçons avec les Northuldra et laissai un peu plus la main à Maman pour qu’elle apprenne le chamanisme à Iduna. Ainsi je pouvais me reposer le matin pour être optimal l’après-midi dans mes tournées avec Mouna ou Laïka. De même, comme s’ils avaient senti que j’avais besoin de repos, les esprits furent tranquilles pendant cette période. Trois semaines passèrent ainsi.
Trois semaines où j’attendis avec impatience d’entendre le cœur de ma petite Elise battre. Mon angoisse s’accentua lorsque nous entrâmes dans la quatrième semaine et qu’il n’y avait toujours rien.
-Arrête de regarder Anna, me grondai-je, tu attends une semaine ! Si dans une semaine il n’y a pas de développement, c’est que c’est un œuf blanc.
Elysia vit ma mine déconfite ce soir-là. Il resta préventif, fut aux petits soins pour moi comme il me l’avait promis. Sa présence ainsi que celle de ma Iduna me forcèrent à penser à autre chose.
Nous étions donc, une semaine plus tard, le soir juste avant nous coucher dans le lit avec Elysia.
-Je t’attendais pour regarder, précisai-je, je suis un peu stressée.
-Je comprends mon amour, reprit-il en me serrant fortement la main.
Je blanchis d’un coup et il me prit dans ses bras.
-Hey Anna…Anna…Du calme…ça va aller, me rassura-t-il, respire…Il n’y a aucune raison que ça ne soit pas bon.
Je pris deux grandes bouffées. Puis je lui souris et répliquai :
-Oui…Tu as raison…Allons-y ensemble.
Elysia hocha la tête. Nous plaquâmes nos mains en même temps et poussâmes un soupir de soulagement en sentant enfin le cœur de notre petite fille battre. Elle était microscopique…A peine trois millimètres mais son cœur résonnait bien à travers nos auras. Mon mari m’embrassa et répéta :
-Tu vois mon amour, il n’y a aucune raison de t’inquiéter.
Nous nous endormîmes confiants, les mains protectrices posées contre notre belle Elise A présent que je savais qu’elle grandissait bien, je me touchai moins le ventre. Le premier mois étant passé, je décidai de me consacrer à mon travail avec plus de ferveur tout en n’oubliant pas de me reposer quand je le pouvais. Tout comme pour Maman et Yélana, nous décidâmes d’attendre trois mois avant de l’annoncer à Iduna. Nous avions déjà fait ce choix pour Helga et nous l’avions bien fait finalement. Néanmoins la petite n’était pas bête et nous fûmes surpris à plusieurs reprises lorsqu’elle s’adressa à « Petit Haricot ». Nous ne lui dîmes rien pour autant. Tous les jours, Elysia trouvait le moyen de me taquiner. Ainsi, il se penchait sur mon ventre et me disait « Ça ne se voit pas. Quand est-ce que ça se verra ? ». Je le regardais mi-amusée, mi-désespérée et répondais souvent « Pas avant trois ou quatre mois…Rappelle-toi pour Iduna ». Nous nous perdions alors dans les merveilleux souvenirs de notre première née. Nous repensions aussi aux épreuves que nous avions subi durant cette période et étions heureux de voir l’évolution de notre couple depuis. Ma fausse couche avait été le seul point noir depuis nos retrouvailles. Heureusement, le mauvais sort semblait avoir été conjuré depuis.
Un mois passa donc encore où je subis les contrariétés liées à mon état. Ainsi je fus écœurée par l’odeur du ragoût de rennes et préférai me ruer sur les friandises d’Arendelle que me rapportait Pieter lorsqu’il venait pour les visites du barrage si bien qu’au rythme où j’allais je risquai de devenir énorme avant la fin de la grossesse. Mais ni Elysia ni moi ne nous en préoccupions, trop amoureux. Comme prévu, nous reçûmes la deuxième dose de l’antidote de Mouna pour nous protéger contre d’éventuelles maladies européennes.
-Voilà…Comme ça maintenant, Elise et toi êtes saines et sauves, plaisanta mon mari.
Je souris, soulagée et conclus :
-Oui tu as raison. J’ai hâte que Pieter vienne d’ailleurs !
Il y eut encore une semaine qui marqua la fin du mois de juin avec toujours la même routine. J’avais tout de même plus de repos car les petits Northuldra étaient plus libres en été. Ce qui n’était pas le cas des adultes. Ainsi, nous continuions les rendez-vous avec Arendelle pour le barrage. Dans mon état, Elysia préféra y aller à ma place.
Nous étions donc le sept juillet en train de finir de prendre notre déjeuner avant que le roi Runeard et ses soldats n’arrivent.
-Il faut toujours que j’aille chercher Pieter ? Demanda mon mari sans grande enthousiasme.
Je lui lançai un regard contrarié, prête à défendre mon frère et rétorquai avec un soupir :
-Oui Maman ne souhaite plus entendre parler de lui et Papa suit comme toujours. De plus, il ne peut pas voir Andréas. Je n’ai pas envie de les voir se battre toute la journée.
Iduna fut immédiatement alertée et commenta :
-Oh ! Je ne sais pas de qui tu parles Maman, mais s’il n’aime pas l’autre lèche-botte d’Andréas, moi je l’aime beaucoup ce monsieur !
Nous éclatâmes de rire et je repris :
-Mais oui mon Ange de l’Air, si tu veux. Papa va aller chercher tonton Pieter et toi tu vas rester avec Maman en attendant d’accord ?
Elle souffla légèrement et déclara :
-Va y avoir que des conversations d’adultes hein Maman ?
-C’est possible, admis-je.
-Je ne peux pas aller jouer avec Béata dans ce cas. Je veux gambader, me dégourdir les jambes ? Questionna-t-elle d’une toute petite voix.
Je ris à nouveau et lui caressai la joue.
-Il faudra bien que tu apprennes un jour à rester des heures assises pour méditer…Mais tu as encore le temps pour ça ma Iduna ! M’exclamai-je.
Elle retrouva le sourire et dit encore :
-Ça veut dire que c’est « OUI » Maman ?
Elysia et moi nous concertâmes du regard et j’acquiesçai. Toute heureuse Iduna se rua dans mes bras et m’embrassa violemment la joue.
-Merci Maman ! Tu es la meilleure des Mamans ! Merci Papa ! Tu es gentil ! Je vous aime ! A tout à l’heure ! Clama-t-elle.
Elle se pencha alors au-dessus de mon ventre, puis passant une main sur ma robe elle ajouta :
-Et à tout à l’heure à toi aussi Petit Haricot.
Elysia et moi nous dévisageâmes attendris comme toujours alors que la petite disparut par l’embrasure de la porte.
-Est-ce que tu crois vraiment qu’elle sent Elise à chaque fois ? Demandai-je en brisant le silence.
-Je pense, c’est une fille de chamanes après tout, plaisanta mon mari en m’embrassant.
-C’est mignon comme surnom « Petit Haricot », songeai-je amusée.
-Ça lui est venu naturellement depuis le départ en tous cas, dit Elysia.
Il me pressa la main et m’embrassa encore. Puis il rétorqua :
-Bien. Moi aussi je vais devoir vous laisser. Je reviens vite avec Pieter.
Il me lissa bientôt le ventre et l’embrassa avant de lui chuchoter :
-A tout à l’heure Elise ou Petit Haricot, sois sage avec Maman.
J’haussai les épaules, prête à rire alors qu’il s’échappa enfin. Terminant tranquillement mon assiette, je débarrassai ensuite la table et décidai d’aller m’allonger dans mon lit, profitant du calme avant que les autres ne reviennent.
-On va faire un petit somme mon bébé, ma Elise jolie, murmurai-je.
Je me détendis ainsi une dizaine de minutes avant de reprendre l’habitude et me touchai le ventre. Je plaquai ainsi mes deux paumes sur le bas-ventre. Je vis bien ma fille qui faisait à peine une quinzaine de millimètres mais je n’entendis plus son cœur.
-Non Anna, tu n’as pas dû bien placer tes mains, me rassurai-je très vite bien que prise d’un doute.
Je respirai un grand coup et recommençai mon exploit chamanique. Mon sang se glaça immédiatement et je crus que mon cœur allait aussi s’arrêter.
-Non Elise…S’il te plaît, murmurai-je en plaçant mes mains dans tous les sens possibles sur mon ventre.
Une phrase résonna aussitôt en écho dans ma tête…Son cœur s’est arrêté…Son cœur s’est arrêté…
-Je vous en prie…Je vous en prie…Répétai-je me sentant défaillir.
Je retenais mes larmes, trop sonnée par ce qui était en train de se passer. Qu’allai-je faire ? Qu’allai-je dire à Elysia ? Elysia qui devait être heureux en ce moment loin d’imaginer le drame qui était en train de me ronger de l’intérieur.
-Non…Je ne pourrais jamais lui dire…Je n’en aurais pas la force…Par pitié…Murmurai-je terrifiée.
Je pensai alors au jour de notre mariage qui n’avait pas été fait dans les règles Northuldra.
-Si ça se trouve c’est parce que je n’ai pas allumé les coupoles…Par les esprits Yélana et Maman avaient raison, dis-je d’une voix embrouillée.
Non Anna ! Non ! M’énervai-je. Et pourtant…Tout s’entrechoquait dans ma tête. J’avais pourtant respecté à la règle les précautions sur la nourriture et le repos. J’avais souffert en silence quand mon utérus grandissait et que mon bas-ventre me tirait. J’avais bravé les nausées car je me raccrochais à ma fille…
Je respirai de plus en plus fort mais je repoussai encore mes larmes. Je ne voulais pas qu’Elysia revienne avec Pieter. Je ne voulais pas leur dire. Pourquoi est-ce que mon cœur ne s’arrêtait pas à moi aussi ?! Comment allai-je le dire à mon mari ? Comment pouvais-je me permettre de lui gâcher encore une fois sa joie ?! Les sueurs froides me parcourent le corps. Et Pieter…Pieter aussi était au courant car je savais que c’était le seul qui n’irait pas le répéter aux autres…Lui aussi serait sous le choc ! Oui je ne souhaitais pas les voir ! Je voulais m’enfuir ! Partir ! Ne pas être confrontée à mes proches.
-El…Elise pour…Quoi tu as voulu me…Quit…Ter mon bébé ? Demandai-je soudain touchant encore mon ventre en vain.
Ma poitrine se serra…M’oppressa si fort…Ma respiration s’emballa et les larmes jaillirent enfin. Je m’essuyai la morve d’un revers de la manche autant que je le pouvais. C’est ta faute Anna…Cette petite Elise n’a pas voulu de ton corps tout comme Helga avant elle…Oui c’est de ta faute, ça ne peut-être que la tienne ! C’est ton corps ! Elle l’a rejetée !
Les pensées firent redoubler mes larmes. Je ne savais plus si elles étaient vraies ou fausses. Je m’essuyais patiemment les joues mais ce simple geste me faisait repartir de plus belle. Et le temps s’écoula lentement.
-Pauvre Petit Haricot…Maman n’a pas su être à la hauteur, pensai-je, pardonne-moi d’avoir eu un corps qui ne te convient pas.
Je tentai de retrouver ma respiration au milieu des spasmes quand j’entendis à l’entrée de la hutte :
-Ma Anna d’amour ! Nous sommes revenus !
Déjà ?! M’alarmai-je, Non…Non…Pas si tôt…Je n’étais pas prête à le dire à haute voix…
-Petite sœur, ton grand frère préféré est là ! S’écria encore Pieter.
Je voulus crier mais rien ne sortit de ma bouche. Je restai dans le lit redoutant l’irréparable. Après avoir fait le tour de la maison, mon frère et mon mari me trouvèrent enfin. J’aurais préféré éviter leur regard mais je les vis bientôt se décomposer alors que leurs yeux affichaient de l’incompréhension. Je me relevai, péniblement, au ralenti et m’assise sur le lit avant qu’Elysia me prenne le visage et demande :
-Anna que se passe-t-il ?
-Le cœur…Le cœur du bébé…Chuchotai-je si bas.
-Pourrais-tu parler plus fort mon amour je n’ai pas compris, répliqua-t-il.
-Je vous attends dehors, intervint Pieter qui avait bien compris que la situation était grave.
Attendant qu’il parte, je respirai à nouveau alors que les larmes me gagnaient déjà et articulai tant bien que mal :
-Le…Cœur…Du…Bé…Bé…S’est…Arrê…Té…
Elysia me dévisagea et je ne lus aucun reproche dans ses yeux. Il prit sur lui. Ne pleura pas. A la place, il m’ouvrit ses bras pour que je m’y réfugie. Les sanglots s’enchainèrent d’eux-mêmes. Pendant cinq minutes…Dix minutes…Une éternité. Mon mari me frotta vigoureusement le dos avec patience et m’embrassa très fort sur la tête à plusieurs reprises.
-Calme-toi mon amour…Calme-toi…Respire, murmura-t-il doucement.
Je m’exécutai bien que cela n’était pas très concluant. Progressivement, je finis par m’essuyer le visage.
-Pieter tu peux venir ! S’écria-t-il ensuite.
Mon frère arriva, penaud dans la chambre. Lui aussi avait les yeux rougis. En le voyant, je tentais de faire bonne figure. Il vint m’embrasser les joues comme il le faisait quand j’étais petite.
-Je suis contente que tu sois là, dis-je d’une voix aigüe.
-Ton grand frère sera toujours là pour toi, murmura-t-il en me regardant avec bienveillance.
Ils s’installèrent chacun à côté de moi puis Elysia reprit :
-Je sais que la question ne va pas te plaire ma Anna d’amour…Mais qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?
-Je ne voulais pas en parler à Mouna, objectai-je.
Elysia et Pieter se concertèrent du regard. Je savais que j’étais en minorité.
-Il va bien falloir pourtant. C’est au-dessus de nos capacités médicales, m’expliqua patiemment mon frère.
J’hochai la tête alors que la tête me tourna. J’eus un vertige si violent…Parler d’elle déjà au passé…Pourquoi n’avais-je pas ressenti qu’elle allait mal bon sang ?! Pourquoi n’ai-je pas senti que son cœur s’est arrêté ?! Pourquoi ai-je cru naïvement que cela allait marcher cette fois ?! Il aurait mieux valu une fausse couche comme Helga ! Pourquoi est-ce qu’Ahtohallan m’avait fait une fausse joie ?! Par les esprits ! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Explosai-je intérieurement.
Pieter resta avec moi le temps qu’Elysia se charge de trouver la guérisseuse. Il me raconta les avancées du barrage en essayant d’être le moins troublé possible. Mais je voyais bien que sa lèvre tremblait et qu’il avait bien sur mal à cacher sa peine.
-Tu as le bonjour du roi Runeard comme d’habitude, dit-il.
-Tu ne lui diras rien surtout, murmurai-je en recommençant à pleurer.
Pieter me prit contre lui et secoua la tête en rétorquant :
-Promis petite sœur.
Mouna et Elysia revinrent à ce moment-là. La guérisseuse me lança un regard de compassion et je compris que mon mari lui avait tout raconté. Les garçons s’éloignèrent du lit alors qu’elle m’inspecta.
-Vérifie une dernière fois Anna, me recommanda-t-elle.
J’eus l’espoir quelques secondes. En vain. Il n’y avait toujours qu’un embryon mort.
-Aurais-tu des plantes Mouna ? Demanda Elysia.
-Oui, expliqua-t-elle, mais avec les plantes ça pourrait durer des mois et Anna pourrait attraper une septicémie ou une hémorragie interne.
Elle nous observa et accepta le silence avant de répliquer :
-Non il vaudrait mieux faire une intervention plus conséquente et t’extirper ton embryon.
Je la fusillai immédiatement du regard. Non…Non pas m’arracher mon bébé…Elle n’avait aucun droit de me le sortir de mes entrailles, pensai-je.
-Il va falloir que ça attende de toute façon, repris-je avec aplomb, je dois encore donner un cours aux jeunes Northuldra demain.
-Il en est hors de question Anna ! Explosa soudain Elysia, voyons…Tu n’es pas en état…Ta santé est la priorité. Le reste n’a pas d’importance.
-C’est la meilleure solution, m’assura Mouna, vous êtes jeunes avec ton mari, vous en aurez d’autres…Et puis il y a Iduna.
Je respirai un grand coup et déclarai d’une voix tremblante :
-D’accord. Faisons ça. Mais s’il te plaît n’en dis pas un mot à Maman.
-Elle te serait d’un grand réconfort pourtant…Elle, et Yélana aussi je pense, reprit-elle.
-Surtout pas, elles viendraient m’embêter avec les dieux et les coupoles ! M’emportai-je, je t’en prie Mouna…Il ne faut pas qu’elles sachent.
La guérisseuse me regarda longuement avant de donner son consentement.
-Parfait, déclara-t-elle. Dans ce cas, je ne pourrai pas t’opérer dans la Forêt Enchantée. C’est trop risqué.
Elle s’adressa alors à mon grand frère :
-Pieter…Tu es bien avec le roi Runeard en Arendelle ?
-Oui, répondit-il étonné.
-Bien dans ce cas, débrouille-toi pour que nous puissions nous rendre là-bas dans deux jours. Quant à moi je me débrouillerai pour emmener Béata avec moi et Laïka qui est assez grande se chargera d’être la guérisseuse ici le temps de notre absence, expliqua-t-elle.
Il évita mon regard car il venait de briser la promesse quelques minutes plus tôt et renchérit :
-Je vais lui en faire part tout de suite.
-Il faut quatre jours pour aller en Arendelle même si nous partons maintenant, souligna Elysia.
-Nous irons à Arnevik, assura derechef mon frère, mais il nous faut partir dès à présent.
-Laissez-moi le temps d’aller chercher mon matériel et prévenir ma fille ainée, précisa Mouna.
-Je me charge de mener Iduna chez Helga et Olaf et je récupère Béata, déclama à son tour Elysia.
-Je vais…Tâcher…De prépa…Rer quelques affaires, peinai-je à articuler.
Ainsi chacun s’occupa de ce qu’il avait à faire. Je choisis mes vêtements au ralenti tout en continuant de caresser mon ventre pour oublier qu’on allait me retirer mon bébé pour toujours. Une demi-heure plus tard, nous empruntions le chemin du barrage pour quitter la Forêt Enchantée. J’étais toujours silencieuse et sonnée soutenue par Elysia.
-J’ai dit à Iduna qu’elle dormirait chez tes parents pendant quatre dodos, me déclara-t-il en me compressant la main.
-Et Maman n’a pas posé de questions ? Demanda Pieter d’un ton soupçonneux.
-J’ai dit que tu nous avais proposé de visiter Arendelle et que nous voulions faire une autre lune de miel, répondit-il, et visiblement elle y a cru.
Je repensai immédiatement à mon mari et moi-même à Ahtohallan lors de notre nuit de noces. Puis à nos retrouvailles à Arnevik pour l’accouchement d’Iduna…Oui…L’histoire ne serait vraiment pas pareille cette fois. Après avoir bien pleuré, je finis par rester calme tout le reste du trajet.
Il fut rare de me délivrer des mots tellement j’étais perdue dans mes pensées. Le premier jour et la première nuit passèrent et je ne parvins pas à dormir.
Suite dans le prochain post
Voici déjà les spoilers sans contexte :
Et la première partie du chapitre...
Chapitre bonus 3 : Elise :
Je venais de rentrer à la maison. J’avais dû partir tôt ce matin-là pour donner la leçon aux petits Northuldra du village y compris Iduna qui sautillait d’un pied sur l’autre canalisant sa patience comme elle le pouvait du haut de ses quatre ans.
-Maman est-ce que je peux aller jouer avec Béata ? Demanda-t-elle d’une voix fluette alors que nous venions de passer la porte de la maison.
Je la dévisageai, comprenant l’importance de sa requête et ce qu’elle cachait en réalité.
-Tu auras le droit de jouer avec Béata une fois ta leçon de chamanisme terminée mon Ange de l’Air, tu le sais, cela n’a pas changé depuis hier, expliquai-je.
Iduna se referma immédiatement affichant une mine boudeuse. Elle se frotta les mains de contrariété et courut dans les bras d’Elysia qui nous attendait dans la salle à manger avant d’aller faire paître les rennes.
-Ah ! Voilà les deux femmes de ma vie ! S’écria-t-il en resserrant l’étreinte de notre fille…Oh ? Mais quelque chose ne pas va mon petit Ange de l’Air ? Ajouta-t-il en voyant ses yeux bleus de colère.
Iduna pointa alors un doigt dévastateur vers moi et murmura :
-Maman elle n’est pas gentille, elle veut que je fasse encore du travail alors que j’ai déjà bien fait mes leçons ce matin !
Mon mari regarda immédiatement dans ma direction et nous ne pûmes nous empêcher de retenir un fou rire. J’attendis que notre fille ne nous regarde pas pour lui faire signe d’entrer dans le jeu de notre enfant.
-Comment ? Maman te force encore à faire du chamanisme ?! Elle n’est vraiment pas drôle ! Reprit Elysia alors que je fis de plus en plus semblant d’être en colère.
-Tu devras lui apprendre à s’amuser Papa, suggéra-t-elle innocemment.
Mon mari devint rouge alors que j’avais de plus en plus de mal à garder mon sérieux.
-Oui tu as raison mon Ange de l’Air, finit-il par dire, alors quel jeu pourrions-nous montrer à Maman pour qu’elle s’amuse à ton avis ?
Iduna répliqua aussitôt :
-Celui de cache-cache Papa ! Moi j’aime beaucoup ce jeu ! On y joue souvent avec Béata et Courant d’Air !
Elysia hocha la tête d’un air entendu et dit à son tour :
-Parfait ! Faisons donc cela ! Tu vas te cacher et nous allons te chercher chacun de notre côté. Si Maman te trouve, vous faîtes la leçon de chamanisme. Si Papa te trouve, tu pourras directement aller jouer avec Béata, c’est compris ?
Je fis aussitôt les gros yeux à mon amant, non satisfaite de cet accord. A voir la tête d’Iduna, elle non plus n’était pas complètement convaincue. Toutefois, elle finit par répondre :
-Oui Papa c’est d’accord, vous comptez jusqu’à cinq-cents et pas de triche !
-Promis mon Ange de l’Air ! Clamai-je, interdiction pour toi d’utiliser les esprits pour t’aider par contre !
Elle hocha la tête et nous força à fermer les yeux et compter avant de s’enfuir de la hutte. Nous arrêtâmes dès l’instant où elle partit, nous contentant de nous fixer avec amusement.
-Hum…C’est moi ou vous venez de m’empêcher d’effectuer le travail attendu par toute la tribu Northuldra, Monsieur Piceaerd ? Murmurai-je en me postant face à lui.
Elysia fit semblant d’être la victime et répliqua :
-Quoi ? Moi ? Accusé injustement d’avoir voulu sauver la vie de ma fille ?! Je n’oserai jamais provoquer la colère d’Anna Piceaerd ! Toutefois, j’ai ouïe dire qu’il fallait que tu t’amuses…Et si je ne m’abuse, il existe un moyen assez agréable…
Joignant le geste à la parole, mon amant s’avança ,commençant à me défaire le lacet de robe. Je le repoussai gentiment car j’avais autre chose en tête.
-Ça aurait été avec plaisir, dis-je sincèrement, mais le futur rôle de notre fille est plus important pour l’instant…Et puis je suis fatiguée, je ne me sens pas très bien, je crois que je couve quelque chose.
Elysia me regarda aussitôt d’un air boudeur et maugréa :
-Iduna n’a pas l’air si pressée que ça de devenir chamane, et puis tu te lèves tous les jours très tôt depuis la reprise des leçons aux autres membres de la tribu…Dis-le tout de suite si tu veux m’éviter…Peut-être que je ne te plais plus et que tu ne veux plus de moi depuis qu’il y a eu la fausse couche d’Helga…
Contrariée dans un premier temps par ce triste souvenir, je m’approchai de lui et l’embrasser langoureusement tout en rayonnant intérieurement.
-Elysia Piceaerd tu serais un idiot de croire cela, murmurai-je sentant un nouveau vertige.
-Tu n’es pas plus pâle que d’habitude, renchérit-il tout en posant doucement sa main sur mon front, tu n’as pas de fièvre en tous cas, tu devrais plutôt te reposer au lieu de vouloir embêter Iduna puisque tu es si fatiguée. Je vais aller la chercher.
Je voulus lui faire une étreinte mais mon mari se déroba. Il resta très distant mais attendis que je me mette au lit avant d’ajouter :
-Je vais aller chercher Mouna aussi, elle pourra te faire un diagnostic.
Il était sur le point de partir avant que je ne l’appelle :
-Elysia…
Il se tourna aussitôt vers moi et répliqua :
-Quoi ?
-Je t’aime, soufflai-je.
Son visage se détendit m’indiquant qu’il n’était plus fâché. Cela marchait à chaque fois. Il resta silencieux quelques secondes puis reprit :
-Moi aussi je t’aime Anna Piceaerd.
Il s’en alla alors que je me touchai le ventre. Je n’étais qu’une idiote. Comme pour Iduna et Helga je ne savais pas comment annoncer la merveilleuse nouvelle à mon mari. J’avais beaucoup pleuré ma dernière fausse couche. Elysia ne m’avait pas jugé, ne m’avait pas rendu coupable. Nous nous aimions toujours autant. Nous avions fait face à la situation grâce à notre fille. Je caressai à nouveau mon ventre.
-Et maintenant nous allons pouvoir aller de l’avant avec toi ma petite Elise, chuchotai-je.
Elle n’était pas encore visible dans mon esprit, n’ayant été faite que très récemment. J’entrevoyais juste une étreinte passionnée d’il y a quelques jours de mon mari et moi-même dans notre chalet. Nous étions fin mai. La petite naîtra fin février.
-Mouna ne verra rien. Et je ne pourrai l’annoncer qu’à mon Elysia, me convainquis-je.
J’eus juste le temps d’y penser que mon amant choisit ce moment-là pour revenir avec la guérisseuse.
-Où est Iduna ? Demandai-je surprise.
Mon mari répondit avec un grand sourire :
-Avec sa grand-mère en train d’appliquer une leçon de chamanisme.
Je me renfrognai aussitôt avant de répliquer :
-Oui je sais qu’elle préfère les faire avec elle ! Bon…Ce n’est pas plus mal, le plus important c’est qu’elle apprenne…Et au moins elle n’est pas avec Béata.
-Elles joueront ensemble après, précisa bientôt Mouna qui me rappela sa présence.
Elle m’observa longuement puis me confia :
-Alors il paraît que tu ne vas pas très bien Anna Piceaerd.
Elle prit un tabouret et vint s’assoir à mes côtés, prête à m’examiner.
-Comme je disais à Elysia, juste de la fatigue, rien de bien dramatique, expliquai-je ne souhaitant pas lui dire que j’étais enceinte.
-Permets-moi de vérifier, déclara-t-elle d’une voix professionnelle.
Sans attendre, elle m’ausculta les yeux, les oreilles, la bouche. Puis elle me tata les seins et le ventre. Je me contrôlai pour ne pas grimacer ou faire un geste qui puisse lui faire comprendre que j’attendais un enfant.
-Tu n’as pas de douleurs ? Nulle part ? Insista-t-elle.
-Non…Comme je te l’ai dit…Juste mal à la tête et une très grande fatigue mais rien de bien grave…C’est l’âge qui veut ça, mentis-je.
Mouna rit et rétorqua du tac au tac :
-Qu’est-ce que je devrais dire moi ! Dois-je te rappeler qui t’as mise au monde ?!
Je secouai la tête tandis qu’elle retrouva son sérieux. Elle était agacée, non satisfaite de son pronostic. Elle se tourna ensuite vers Elysia qui attendait toujours patiemment avec inquiétude et quémanda :
-Concocte-lui du lait de renne, ça lui redonnera des forces.
Puis elle m’observa à nouveau et répliqua avec un soupir :
-Je n’ose pas en parler à Amarok et Yélana…Mais je crains que les habitants d’Arendelle nous rapportent des maladies que nous ne pourrions pas traiter.
-Comme les européens avec les amérindiens autrefois ? Questionnai-je surprise.
-Exact, répondit-elle, forte heureusement pour la majorité des Northuldra il n’y aurait pas de problème puisqu’ils ne se côtoient pas. Mais toi Anna, c’est particulier, ton frère est là-bas, et puis tu y es allée avec Yélana.
-Oh je t’en prie Mouna ! C’était pour la naissance d’Iduna, il y a quatre ans maintenant ! Réfutai-je, ton raisonnement est absurde, si nous avions eu une quelconque maladie dévastatrice, elle nous aurait emportés depuis longtemps.
La guérisseuse me lança un regard hautain avant de reprendre :
-Certes…Toutefois…J’ai préféré prendre les devants et…J’ai gardé quelques antidotes qui pourraient vous protéger des maladies d’Arendelle…Oh rien de bien méchant ! ça n’affectera pas ta santé.
Pour confirmer ses dires, elle sortit alors une seringue de sa poche de robe. Un liquide à base de plantes mélangées qui était à présent transparent presque invisible se trouvait à l’intérieur. Je l’observai comme un poison alors qu’il n’y avait aucune raison. Mouna avait toujours été une bonne guérisseuse, comme elle l’avait dit plus tôt, c’est elle qui m’avait sorti du ventre de Maman. Je pouvais lui faire confiance. Et puis il valait mieux qu’Elise naisse en étant immunisée plutôt qu’elle ne l’attrape à la naissance.
Voyant que je ne réagissais toujours pas, Elysia intervint :
-Prends-le mon amour, c’est un très beau cadeau que te fais Mouna.
La guérisseuse, heureuse d’être encouragée, expliqua tout à fait sûre d’elle :
-Il se prend en deux temps…Je t’en fais une dose aujourd’hui et une autre dans un mois et demi.
-Tu es certaine qu’il n’est pas dangereux ? Insistai-je un peu dubitative.
Mouna loin d’être déstabilisée, expliqua à nouveau :
-Bon, puisque tu tiens tant à le savoir, tous les Northuldra avaient reçu leurs deux doses à ta naissance quand nous avions attaqué les Arendelliens, et il n’y a pas eu de problème…Sauf que ta génération était trop petite pour que je fasse les deux piqûres.
Papa et Maman ne m’en avaient jamais parlé. Je pris quelques minutes de réflexion songeant qu’il y avait eu des naissances sans encombre après cette fameuse bataille sanglante.
-C’est d’accord…Si cela peut te rassurer, je veux bien tes piqûres, dis-je d’une voix déterminée.
La doyenne Nattura poussa un soupir de soulagement alors qu’Elysia vint m’embrasser en me tendant mon lait de renne. Un petit pic s’ensuivit puis la guérisseuse me donna ses dernières recommandations :
-N’oublie pas de bien t’hydrater tous les jours et de boire plus de lait de rennes…Elysia tu vérifieras n’est-ce pas ?
-Bien sûr ! Assura-t-il tout fier.
-Parfait, je n’ai plus qu’à me retirer dans ce cas, à plus tard la famille Piceaerd ! S’écria-t-elle.
-A plus tard, reprirent nos voix en chœur.
Le visage impassible de mon mari retrouva son anxiété sitôt qu’elle quitta la pièce. Il se plaça à côté de moi qui étais toujours bien pâle. Je refoulais une nouvelle nausée et lui rendis un sourire.
-Est-ce que tu vas mieux ma Anna d’amour ? Demanda-t-il en m’enroulant son bras autour de mes épaules.
Je cherchai une bonne façon de lui annoncer la nouvelle. Elysia je suis à nouveau enceinte, pensai-je simplement, oui ! Il fallait que je lui dise comme ça, d’une seule traite.
-Anna ? Répéta-t-il, est-ce que ça va ?
Son visage était toujours inquiet alors qu’il m’interrogeait du regard. Je pris mon courage à deux mains, pensai déjà à ma future petite fille, posai une main ferme et déterminée sur mon ventre et déclarai d’une voix sûre :
-Elysia…
Et puis plus rien…Le reste de la phrase ne voulut plus sortir.
-Qu’y a-t-il mon amour ? Me questionna-t-il étonné.
Allez Anna ! Ne sois pas bête ! Ce n’est pas comme si c’était la première fois ! Me grondai-je. Et pourtant…J’étais toujours bloquée alors que mon mari attendait impatient. Je faillis dire la phrase mais j’eus beau ouvrir la bouche, les mots restèrent bloqués. Je rougis de gêne alors que l’instant sembla durer une éternité.
-Oh ! Lâcha enfin Elysia en continuant de m’observer.
Je suivis ses yeux qui avaient dévié vers mon ventre où se trouvaient toujours mes mains. Un large sourire s’élargit petit à petit sur son visage.
-Ma Anna…Serais-tu en train de me faire comprendre que… Bafouilla-t-il ému.
J’hochai la tête, soulagée. Pour s’assurer que c’était vrai, mon bel amant posa à son tour sa main sur la mienne. Nous vîmes ainsi, l’œuf d’Elise qui reposait déjà au creux de mon bas-ventre.
-Est-ce que la nouvelle te fait plaisir ? Finis-je par demander d’une toute petite voix.
Les yeux d’Elysia plongèrent dans les miens et il répéta :
-Tu es vraiment en train de me demander si la nouvelle me fait plaisir ?! Quelle question ma Anna ! Bien sûr que je suis l’homme le plus chanceux du monde ! Et c’est grâce à toi ! Ma belle petite femme !
Je sentis une chaleur de bien être m’envahir alors que mon mari se pencha vers ma bouche pour y déposer un baiser empli de chaleur.
-Madame Anna Piceaerd! Vous qui faites battre mon cœur depuis mes deux ans je vous promets d’être aux petits soins pour vous au cours de cette nouvelle grossesse…Murmura-t-il à mon oreille.
-Je serai perdue sans vous, monsieur Elysia Piceaerd ! Repris-je.
Nous nous embrassâmes encore. L’étreinte se prolongea et j’ajoutai soudain avec taquinerie :
-Hum…Il me semble bien que ma fatigue soit passée avec le remède miracle de Mouna.
-Ce qui veut dire ? Lança à nouveau mon mari.
J’accentuai mon déhanché enlevant le coussin du lit pour être pleinement allongée et répétai d’une voix maligne :
-Tu sais très bien ce que ça veut dire Elysia Sappos…A moins que ton devoir d’aller faire paître les rennes t’appelle…
Mon mari excité secoua d’abord la tête en reprenant :
-Je te rappelle que je dois t’apprendre à t’amuser !
Puis il déglutit avant de me couvrir de baisers de la tête aux pieds. Je fermai les yeux pour sentir ses lèvres douces parcourir mon corps. Mes poils se dressaient d’émotions alors que je souhaitais me plaquer nue contre lui. Bientôt ses baisers s’arrêtèrent. Je tiquai, légèrement frustrée et rouvris les yeux. Mon amant était toujours là mais ne tenta plus rien pendant quelques secondes. Je lui lançai alors un regard étonné. Il attendit encore avant que sa main ne vienne se caler sous mon menton.
-Serais-tu coincé ? Demandai-je amusée, à moins que tu aies oublier comment on faisait…
Je n’eus aucune réaction de sa part si ce n’est qu’il se pencha très lentement pour m’embrasser. Je fermai à nouveau les yeux pour ressentir ses lèvres charnières contre les miennes. Elles étaient tendres bien qu’un peu gercées par le changement de température. La danse de nos deux bouches se fit bientôt entendre et mon mari ne tarda pas à trouver la combine pour rejoindre le chemin de ma langue. Comment un organe aussi gluant et mou pouvait-il me procurer un sentiment d’excitation ? J’étais encore en train d’y réfléchir tout en en redemandant à Elysia. Il s’évertua ainsi à explorer ma bouche passant de mon intérieur de joue droite à mon intérieur de joue gauche quand de mon côté je réussis à atteindre son palet non sans que nous nous cognions nos dents au passage. Le baiser dura jusqu’à que nous prenions conscience qu’il fallait reprendre notre souffle.
-Ceci n’est pas un jeu mais une tentative de réanimation, plaisantai-je.
-Tu as quelque chose de mieux à proposer peut-être ? Demanda-t-il en m’observant toujours grisé.
J’hochai la tête ne souhaitant pas laisser échapper l’occasion. Je chuchotai immédiatement dans le creux de son oreille :
-J’ai bien une idée, oui.
Je le forçai aussitôt à prendre ma place alors que je me mise debout.
-Je ne sais…Peut-être pas m’amuser…Mais je sais comment te plaire…Susurrai-je tout en continuant un léger déhanché.
Elysia, surpris par mon initiative n’en perdit pas une miette. Ainsi, il fixa le fil de mes doigts qui caressaient mon corps à travers mes vêtements. Je prenais mon temps pour faire mon parcours entre mes seins, sur mon ventre, mon bas-ventre, mon chakra racine et mes fesses. Faisant monter le désir, je décidais d’enlever mon corset et ma culotte en premier prenant soin de les envoyer sur le lit.
-Anna…Attends…Murmura-t-il bientôt en essayant de se relever.
Je l’arrêtais tout de suite et repris :
-Non…C’est moi qui contrôle pour une fois.
Le sang afflua sur ses joues alors je me redressai fièrement. Je repris mes caresses et me détachai ensuite mes tresses. La masse de cheveux s’accumula le long de mon dos et je les balançai légèrement créant un mouvement qui renvoya mon amant au septième ciel.
-Je sais…Que tu n’attends que ça de les frôler…Murmurai-je.
-Anna…Anna…Viens…Me supplia-t-il.
-Pas encore, chuchotai-je.
Laissant mes cheveux, je me trémoussai à nouveau alors que mes doigts défirent enfin ma robe Northuldra. Je la fis doucement glisser le long de mon corps, rendant progressivement mes épaules nues, puis ma poitrine que je titillai au passage, mon ventre pour finir sa chute à mes pieds.
-Anna…Tu es…Magnifique, déclara aussitôt mon amant d’une voix passionnée.
-Je sais très bien ce que tu essayes de faire Elysia Piceaerd…Répliquai-je, mais tu ne contrôleras rien cette fois.
Je pouvais lire la frustration mélangé à l’excitation dans son regard. Je me cabrai de plus en plus avant d’atteindre le lit. Je m’assis farouchement à ses côtés et le déshabillai fermement. Sa virilité se révéla à moi sans trop de difficultés et je repris les caresses et les mouvements comme il les aimait. Croyant que je ne le voyais pas, mon mari essaya bientôt de m’agripper un mamelon mais je l’esquivai facilement.
-J’ai dit que je contrôlais, monsieur Piceaerd, repris-je d’une voix autoritaire, laisse-moi…Te faire du bien.
-Mais Anna…Et toi ? S’impatienta-t-il.
-J’y trouve mon compte, souris-je.
Je lui replaçai alors la tête contre le lit et repris le mouvement. Puis n’y tenant plus, je décidai d’essayer une position qu’Elysia m’avait toujours refusé par principes. Ma bouche remplaça donc bientôt mes doigts et je fis de mon mieux glissant ma langue avec avidité le long de son être pour qu’il puisse ressentir le bien être que j’éprouvais quand il s’immisçait comme cela dans mon chakra racine.
-Oh…Anna…Bredouilla-t-il en appuyant sa main sur ma tête, oh…Continue…
Ma bouche joua donc à un rythme effréné avec sa virilité pendant de longues minutes…De longues minutes où j’espérais l’avoir satisfait. Je m’arrêtais quand mes mâchoires finirent par avoir mal et me relevai essayant toujours de le défier avec assurance.
-Alors monsieur Piceaerd ? Veux-tu que je m’arrête ? Demandai-je.
En sueurs, Elysia secoua la tête. Il n’osa plus bouger alors que j’avançai à tâtons jusqu’à atteindre son corps. Je ne cherchai pas longtemps la bonne position et m’accouplai enfin à lui. Le son rauque s’échappa de sa bouche en même temps que mon soupir d’aise.
-Anna…Tu…Tu es sûre que nous ne faisons pas de mal à Elise ? Questionna-t-il soudain.
J’explosai de rire et répondis :
-Tu faisais moins de manière quand j’étais enceinte d’Iduna !
Mon amant obtempéra et notre activité put reprendre. Je le contrôlais jusqu’au bout, maintenant ses bras par-dessus sa tête quand il le fallut, embrassant son front, sa bouche, son cou, son torse alors qu’il s’autorisa enfin à lécher mes seins avec délice.
-Tu me rends fou Anna…Gémit-il, si tu me refais des démonstrations comme celle-là…Je te ferai l’amour toute la journée.
Je ne trouvais rien à redire et jouis pour montrer mon consentement. Je finis par lâcher prise et lui délivrai ses mains pour qu’il s’occupe de mon corps. Je m’enivrais de plus en plus sous son toucher alors que ma sensibilité était proéminente dans mon chakra racine. Son être me grisait, me rendait heureuse. Mon mari frôla bientôt mes cheveux alors que soufflai son nom de façon entrecoupée :
-Ely…Sia…Ely…Sia…Oh mes aïeux…Je t’aime…
-Moi aussi Anna…Anna…An…Na…Murmura-t-il.
Je n’eus pas le temps d’entendre la dernière syllabe de mon prénom que déjà je me sentis partir vers le bien-être passager, poussant un dernier cri. Mon amant m’écarta alors rapidement de lui déversant à son tour sa jouissance. Nous nous regardâmes bientôt en souriant alors que notre respiration se stabilisa.
-J’attends notre prochain jeu avec impatience, déclarai-je quelques secondes plus tard.
Mon mari éclata de rire et nous nous serrâmes l’un contre l’autre toujours drapés des couvertures de rennes. Nous étions sur le point de nous assoupir quand nous sursautâmes à cause de notre Ange de l’Air qui cria soudain :
-Maman ! Papa ! Je suis rentrée avec Mamie Helga !
La porte de la chambre faillit s’ouvrir complètement nous révélant à notre fille quand nous entendîmes encore :
-Non attends Iduna ! Tu sais peut-être que Papa et Maman ne sont pas présentables surtout si tu as dit à Papa qu’il fallait qu’il apprenne à Maman à s’amuser.
-Ah oui ! Tu as raison ! Ils font peut-être des voyages astraux Mamie ! Renchérit la petite.
-Oui…Voilà…Tu as tout compris ma petite chamane, bredouilla-t-elle.
Nous manquâmes d’éclater de rire quand ma mère ajouta :
-Dépêchez-vous de vous rhabiller tous les deux !
Nous ne perdîmes pas de temps et exécutâmes son ordre alors qu’elles attendaient patiemment dans la salle à manger.
-Tu comptes lui dire Anna d’amour ? Pour ton état ? Me demanda alors Elysia.
-Pas encore, répondis-je en me mordant la lèvre, je ne voudrais pas qu’elle m’embête avec les coupoles si jamais cela devait se passer mal pour Elise.
Mon mari resta soucieux puis lança encore :
-Tu ne penses pas que c’est ton silence qui a provoqué la fausse couche d’Helga.
Je secouai immédiatement la tête même si l’idée inverse m’avait traversé l’esprit. Mon amant se radoucit soulagé. Il m’enlaça la taille et me murmura :
-Nous ferons en sorte que cela ne se passe pas comme la dernière fois, pour notre petite Elise.
Je souris rayonnante en posant une main ferme sur mon ventre et conclus :
-Oui mon amour, cette fois ce sera différent.
-Bon alors vous vous en sortez ?! Questionna aussitôt Maman en tapant fort contre le battant de la porte, Elysia tu exagères ! Les rennes ont besoin d’être menés aux champs ! Amarok a dû le faire seul !
Nous sortîmes enfin sous son regard conspirateur.
-Nous voilà ! Inutile de grogner ! M’exclamai-je en m’approchant de ma fille, alors mon Ange de l’Air ? Est-ce que ta leçon de chamanisme a été réussie avec Mamie ?
-Je crois Maman…Mamie m’a fait travailler les chakras, expliqua-t-elle.
-C’était bien, intervint-elle, même si cette jeune fille a tendance à se reposer sur ses acquis.
Iduna bouda aussitôt. Puis elle demanda d’une toute petite voix :
-Oh…ça veut dire que je ne peux pas aller jouer avec Béata ?
Je lui caressai tout de suite les cheveux pour la rassurer.
-Mais si, tu peux, dis-je.
-Bien…Quant à moi je vais aider Mouna pour ce matin, ma grande chamane, c’est bien toi qui t’en charges cet après-midi ? Demanda-t-elle.
-Oui Maman ! Avec Laïka ! Confirmai-je.
Elle hocha la tête, satisfaite puis s’en alla. Iduna ne mit pas longtemps à suivre son mouvement pour rejoindre sa meilleure amie. De même pour Elysia qui vaqua à son travail non sans un grand déplaisir. Je retournai me coucher après avoir préparé le repas.
-Je ne referai pas la même erreur que la dernière fois mon bébé, murmurai-je à mon ventre en le caressant, Maman se reposera plus, et tu t’accrocheras…Et tu seras heureuse, tu verras.
Je m’assoupis apaisée. Au fil des semaines, je n’éveillai aucun soupçon. La routine habituelle reprit son cours. J’alternais mes leçons avec les Northuldra et laissai un peu plus la main à Maman pour qu’elle apprenne le chamanisme à Iduna. Ainsi je pouvais me reposer le matin pour être optimal l’après-midi dans mes tournées avec Mouna ou Laïka. De même, comme s’ils avaient senti que j’avais besoin de repos, les esprits furent tranquilles pendant cette période. Trois semaines passèrent ainsi.
Trois semaines où j’attendis avec impatience d’entendre le cœur de ma petite Elise battre. Mon angoisse s’accentua lorsque nous entrâmes dans la quatrième semaine et qu’il n’y avait toujours rien.
-Arrête de regarder Anna, me grondai-je, tu attends une semaine ! Si dans une semaine il n’y a pas de développement, c’est que c’est un œuf blanc.
Elysia vit ma mine déconfite ce soir-là. Il resta préventif, fut aux petits soins pour moi comme il me l’avait promis. Sa présence ainsi que celle de ma Iduna me forcèrent à penser à autre chose.
Nous étions donc, une semaine plus tard, le soir juste avant nous coucher dans le lit avec Elysia.
-Je t’attendais pour regarder, précisai-je, je suis un peu stressée.
-Je comprends mon amour, reprit-il en me serrant fortement la main.
Je blanchis d’un coup et il me prit dans ses bras.
-Hey Anna…Anna…Du calme…ça va aller, me rassura-t-il, respire…Il n’y a aucune raison que ça ne soit pas bon.
Je pris deux grandes bouffées. Puis je lui souris et répliquai :
-Oui…Tu as raison…Allons-y ensemble.
Elysia hocha la tête. Nous plaquâmes nos mains en même temps et poussâmes un soupir de soulagement en sentant enfin le cœur de notre petite fille battre. Elle était microscopique…A peine trois millimètres mais son cœur résonnait bien à travers nos auras. Mon mari m’embrassa et répéta :
-Tu vois mon amour, il n’y a aucune raison de t’inquiéter.
Nous nous endormîmes confiants, les mains protectrices posées contre notre belle Elise A présent que je savais qu’elle grandissait bien, je me touchai moins le ventre. Le premier mois étant passé, je décidai de me consacrer à mon travail avec plus de ferveur tout en n’oubliant pas de me reposer quand je le pouvais. Tout comme pour Maman et Yélana, nous décidâmes d’attendre trois mois avant de l’annoncer à Iduna. Nous avions déjà fait ce choix pour Helga et nous l’avions bien fait finalement. Néanmoins la petite n’était pas bête et nous fûmes surpris à plusieurs reprises lorsqu’elle s’adressa à « Petit Haricot ». Nous ne lui dîmes rien pour autant. Tous les jours, Elysia trouvait le moyen de me taquiner. Ainsi, il se penchait sur mon ventre et me disait « Ça ne se voit pas. Quand est-ce que ça se verra ? ». Je le regardais mi-amusée, mi-désespérée et répondais souvent « Pas avant trois ou quatre mois…Rappelle-toi pour Iduna ». Nous nous perdions alors dans les merveilleux souvenirs de notre première née. Nous repensions aussi aux épreuves que nous avions subi durant cette période et étions heureux de voir l’évolution de notre couple depuis. Ma fausse couche avait été le seul point noir depuis nos retrouvailles. Heureusement, le mauvais sort semblait avoir été conjuré depuis.
Un mois passa donc encore où je subis les contrariétés liées à mon état. Ainsi je fus écœurée par l’odeur du ragoût de rennes et préférai me ruer sur les friandises d’Arendelle que me rapportait Pieter lorsqu’il venait pour les visites du barrage si bien qu’au rythme où j’allais je risquai de devenir énorme avant la fin de la grossesse. Mais ni Elysia ni moi ne nous en préoccupions, trop amoureux. Comme prévu, nous reçûmes la deuxième dose de l’antidote de Mouna pour nous protéger contre d’éventuelles maladies européennes.
-Voilà…Comme ça maintenant, Elise et toi êtes saines et sauves, plaisanta mon mari.
Je souris, soulagée et conclus :
-Oui tu as raison. J’ai hâte que Pieter vienne d’ailleurs !
Il y eut encore une semaine qui marqua la fin du mois de juin avec toujours la même routine. J’avais tout de même plus de repos car les petits Northuldra étaient plus libres en été. Ce qui n’était pas le cas des adultes. Ainsi, nous continuions les rendez-vous avec Arendelle pour le barrage. Dans mon état, Elysia préféra y aller à ma place.
Nous étions donc le sept juillet en train de finir de prendre notre déjeuner avant que le roi Runeard et ses soldats n’arrivent.
-Il faut toujours que j’aille chercher Pieter ? Demanda mon mari sans grande enthousiasme.
Je lui lançai un regard contrarié, prête à défendre mon frère et rétorquai avec un soupir :
-Oui Maman ne souhaite plus entendre parler de lui et Papa suit comme toujours. De plus, il ne peut pas voir Andréas. Je n’ai pas envie de les voir se battre toute la journée.
Iduna fut immédiatement alertée et commenta :
-Oh ! Je ne sais pas de qui tu parles Maman, mais s’il n’aime pas l’autre lèche-botte d’Andréas, moi je l’aime beaucoup ce monsieur !
Nous éclatâmes de rire et je repris :
-Mais oui mon Ange de l’Air, si tu veux. Papa va aller chercher tonton Pieter et toi tu vas rester avec Maman en attendant d’accord ?
Elle souffla légèrement et déclara :
-Va y avoir que des conversations d’adultes hein Maman ?
-C’est possible, admis-je.
-Je ne peux pas aller jouer avec Béata dans ce cas. Je veux gambader, me dégourdir les jambes ? Questionna-t-elle d’une toute petite voix.
Je ris à nouveau et lui caressai la joue.
-Il faudra bien que tu apprennes un jour à rester des heures assises pour méditer…Mais tu as encore le temps pour ça ma Iduna ! M’exclamai-je.
Elle retrouva le sourire et dit encore :
-Ça veut dire que c’est « OUI » Maman ?
Elysia et moi nous concertâmes du regard et j’acquiesçai. Toute heureuse Iduna se rua dans mes bras et m’embrassa violemment la joue.
-Merci Maman ! Tu es la meilleure des Mamans ! Merci Papa ! Tu es gentil ! Je vous aime ! A tout à l’heure ! Clama-t-elle.
Elle se pencha alors au-dessus de mon ventre, puis passant une main sur ma robe elle ajouta :
-Et à tout à l’heure à toi aussi Petit Haricot.
Elysia et moi nous dévisageâmes attendris comme toujours alors que la petite disparut par l’embrasure de la porte.
-Est-ce que tu crois vraiment qu’elle sent Elise à chaque fois ? Demandai-je en brisant le silence.
-Je pense, c’est une fille de chamanes après tout, plaisanta mon mari en m’embrassant.
-C’est mignon comme surnom « Petit Haricot », songeai-je amusée.
-Ça lui est venu naturellement depuis le départ en tous cas, dit Elysia.
Il me pressa la main et m’embrassa encore. Puis il rétorqua :
-Bien. Moi aussi je vais devoir vous laisser. Je reviens vite avec Pieter.
Il me lissa bientôt le ventre et l’embrassa avant de lui chuchoter :
-A tout à l’heure Elise ou Petit Haricot, sois sage avec Maman.
J’haussai les épaules, prête à rire alors qu’il s’échappa enfin. Terminant tranquillement mon assiette, je débarrassai ensuite la table et décidai d’aller m’allonger dans mon lit, profitant du calme avant que les autres ne reviennent.
-On va faire un petit somme mon bébé, ma Elise jolie, murmurai-je.
Je me détendis ainsi une dizaine de minutes avant de reprendre l’habitude et me touchai le ventre. Je plaquai ainsi mes deux paumes sur le bas-ventre. Je vis bien ma fille qui faisait à peine une quinzaine de millimètres mais je n’entendis plus son cœur.
-Non Anna, tu n’as pas dû bien placer tes mains, me rassurai-je très vite bien que prise d’un doute.
Je respirai un grand coup et recommençai mon exploit chamanique. Mon sang se glaça immédiatement et je crus que mon cœur allait aussi s’arrêter.
-Non Elise…S’il te plaît, murmurai-je en plaçant mes mains dans tous les sens possibles sur mon ventre.
Une phrase résonna aussitôt en écho dans ma tête…Son cœur s’est arrêté…Son cœur s’est arrêté…
-Je vous en prie…Je vous en prie…Répétai-je me sentant défaillir.
Je retenais mes larmes, trop sonnée par ce qui était en train de se passer. Qu’allai-je faire ? Qu’allai-je dire à Elysia ? Elysia qui devait être heureux en ce moment loin d’imaginer le drame qui était en train de me ronger de l’intérieur.
-Non…Je ne pourrais jamais lui dire…Je n’en aurais pas la force…Par pitié…Murmurai-je terrifiée.
Je pensai alors au jour de notre mariage qui n’avait pas été fait dans les règles Northuldra.
-Si ça se trouve c’est parce que je n’ai pas allumé les coupoles…Par les esprits Yélana et Maman avaient raison, dis-je d’une voix embrouillée.
Non Anna ! Non ! M’énervai-je. Et pourtant…Tout s’entrechoquait dans ma tête. J’avais pourtant respecté à la règle les précautions sur la nourriture et le repos. J’avais souffert en silence quand mon utérus grandissait et que mon bas-ventre me tirait. J’avais bravé les nausées car je me raccrochais à ma fille…
Je respirai de plus en plus fort mais je repoussai encore mes larmes. Je ne voulais pas qu’Elysia revienne avec Pieter. Je ne voulais pas leur dire. Pourquoi est-ce que mon cœur ne s’arrêtait pas à moi aussi ?! Comment allai-je le dire à mon mari ? Comment pouvais-je me permettre de lui gâcher encore une fois sa joie ?! Les sueurs froides me parcourent le corps. Et Pieter…Pieter aussi était au courant car je savais que c’était le seul qui n’irait pas le répéter aux autres…Lui aussi serait sous le choc ! Oui je ne souhaitais pas les voir ! Je voulais m’enfuir ! Partir ! Ne pas être confrontée à mes proches.
-El…Elise pour…Quoi tu as voulu me…Quit…Ter mon bébé ? Demandai-je soudain touchant encore mon ventre en vain.
Ma poitrine se serra…M’oppressa si fort…Ma respiration s’emballa et les larmes jaillirent enfin. Je m’essuyai la morve d’un revers de la manche autant que je le pouvais. C’est ta faute Anna…Cette petite Elise n’a pas voulu de ton corps tout comme Helga avant elle…Oui c’est de ta faute, ça ne peut-être que la tienne ! C’est ton corps ! Elle l’a rejetée !
Les pensées firent redoubler mes larmes. Je ne savais plus si elles étaient vraies ou fausses. Je m’essuyais patiemment les joues mais ce simple geste me faisait repartir de plus belle. Et le temps s’écoula lentement.
-Pauvre Petit Haricot…Maman n’a pas su être à la hauteur, pensai-je, pardonne-moi d’avoir eu un corps qui ne te convient pas.
Je tentai de retrouver ma respiration au milieu des spasmes quand j’entendis à l’entrée de la hutte :
-Ma Anna d’amour ! Nous sommes revenus !
Déjà ?! M’alarmai-je, Non…Non…Pas si tôt…Je n’étais pas prête à le dire à haute voix…
-Petite sœur, ton grand frère préféré est là ! S’écria encore Pieter.
Je voulus crier mais rien ne sortit de ma bouche. Je restai dans le lit redoutant l’irréparable. Après avoir fait le tour de la maison, mon frère et mon mari me trouvèrent enfin. J’aurais préféré éviter leur regard mais je les vis bientôt se décomposer alors que leurs yeux affichaient de l’incompréhension. Je me relevai, péniblement, au ralenti et m’assise sur le lit avant qu’Elysia me prenne le visage et demande :
-Anna que se passe-t-il ?
-Le cœur…Le cœur du bébé…Chuchotai-je si bas.
-Pourrais-tu parler plus fort mon amour je n’ai pas compris, répliqua-t-il.
-Je vous attends dehors, intervint Pieter qui avait bien compris que la situation était grave.
Attendant qu’il parte, je respirai à nouveau alors que les larmes me gagnaient déjà et articulai tant bien que mal :
-Le…Cœur…Du…Bé…Bé…S’est…Arrê…Té…
Elysia me dévisagea et je ne lus aucun reproche dans ses yeux. Il prit sur lui. Ne pleura pas. A la place, il m’ouvrit ses bras pour que je m’y réfugie. Les sanglots s’enchainèrent d’eux-mêmes. Pendant cinq minutes…Dix minutes…Une éternité. Mon mari me frotta vigoureusement le dos avec patience et m’embrassa très fort sur la tête à plusieurs reprises.
-Calme-toi mon amour…Calme-toi…Respire, murmura-t-il doucement.
Je m’exécutai bien que cela n’était pas très concluant. Progressivement, je finis par m’essuyer le visage.
-Pieter tu peux venir ! S’écria-t-il ensuite.
Mon frère arriva, penaud dans la chambre. Lui aussi avait les yeux rougis. En le voyant, je tentais de faire bonne figure. Il vint m’embrasser les joues comme il le faisait quand j’étais petite.
-Je suis contente que tu sois là, dis-je d’une voix aigüe.
-Ton grand frère sera toujours là pour toi, murmura-t-il en me regardant avec bienveillance.
Ils s’installèrent chacun à côté de moi puis Elysia reprit :
-Je sais que la question ne va pas te plaire ma Anna d’amour…Mais qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?
-Je ne voulais pas en parler à Mouna, objectai-je.
Elysia et Pieter se concertèrent du regard. Je savais que j’étais en minorité.
-Il va bien falloir pourtant. C’est au-dessus de nos capacités médicales, m’expliqua patiemment mon frère.
J’hochai la tête alors que la tête me tourna. J’eus un vertige si violent…Parler d’elle déjà au passé…Pourquoi n’avais-je pas ressenti qu’elle allait mal bon sang ?! Pourquoi n’ai-je pas senti que son cœur s’est arrêté ?! Pourquoi ai-je cru naïvement que cela allait marcher cette fois ?! Il aurait mieux valu une fausse couche comme Helga ! Pourquoi est-ce qu’Ahtohallan m’avait fait une fausse joie ?! Par les esprits ! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Explosai-je intérieurement.
Pieter resta avec moi le temps qu’Elysia se charge de trouver la guérisseuse. Il me raconta les avancées du barrage en essayant d’être le moins troublé possible. Mais je voyais bien que sa lèvre tremblait et qu’il avait bien sur mal à cacher sa peine.
-Tu as le bonjour du roi Runeard comme d’habitude, dit-il.
-Tu ne lui diras rien surtout, murmurai-je en recommençant à pleurer.
Pieter me prit contre lui et secoua la tête en rétorquant :
-Promis petite sœur.
Mouna et Elysia revinrent à ce moment-là. La guérisseuse me lança un regard de compassion et je compris que mon mari lui avait tout raconté. Les garçons s’éloignèrent du lit alors qu’elle m’inspecta.
-Vérifie une dernière fois Anna, me recommanda-t-elle.
J’eus l’espoir quelques secondes. En vain. Il n’y avait toujours qu’un embryon mort.
-Aurais-tu des plantes Mouna ? Demanda Elysia.
-Oui, expliqua-t-elle, mais avec les plantes ça pourrait durer des mois et Anna pourrait attraper une septicémie ou une hémorragie interne.
Elle nous observa et accepta le silence avant de répliquer :
-Non il vaudrait mieux faire une intervention plus conséquente et t’extirper ton embryon.
Je la fusillai immédiatement du regard. Non…Non pas m’arracher mon bébé…Elle n’avait aucun droit de me le sortir de mes entrailles, pensai-je.
-Il va falloir que ça attende de toute façon, repris-je avec aplomb, je dois encore donner un cours aux jeunes Northuldra demain.
-Il en est hors de question Anna ! Explosa soudain Elysia, voyons…Tu n’es pas en état…Ta santé est la priorité. Le reste n’a pas d’importance.
-C’est la meilleure solution, m’assura Mouna, vous êtes jeunes avec ton mari, vous en aurez d’autres…Et puis il y a Iduna.
Je respirai un grand coup et déclarai d’une voix tremblante :
-D’accord. Faisons ça. Mais s’il te plaît n’en dis pas un mot à Maman.
-Elle te serait d’un grand réconfort pourtant…Elle, et Yélana aussi je pense, reprit-elle.
-Surtout pas, elles viendraient m’embêter avec les dieux et les coupoles ! M’emportai-je, je t’en prie Mouna…Il ne faut pas qu’elles sachent.
La guérisseuse me regarda longuement avant de donner son consentement.
-Parfait, déclara-t-elle. Dans ce cas, je ne pourrai pas t’opérer dans la Forêt Enchantée. C’est trop risqué.
Elle s’adressa alors à mon grand frère :
-Pieter…Tu es bien avec le roi Runeard en Arendelle ?
-Oui, répondit-il étonné.
-Bien dans ce cas, débrouille-toi pour que nous puissions nous rendre là-bas dans deux jours. Quant à moi je me débrouillerai pour emmener Béata avec moi et Laïka qui est assez grande se chargera d’être la guérisseuse ici le temps de notre absence, expliqua-t-elle.
Il évita mon regard car il venait de briser la promesse quelques minutes plus tôt et renchérit :
-Je vais lui en faire part tout de suite.
-Il faut quatre jours pour aller en Arendelle même si nous partons maintenant, souligna Elysia.
-Nous irons à Arnevik, assura derechef mon frère, mais il nous faut partir dès à présent.
-Laissez-moi le temps d’aller chercher mon matériel et prévenir ma fille ainée, précisa Mouna.
-Je me charge de mener Iduna chez Helga et Olaf et je récupère Béata, déclama à son tour Elysia.
-Je vais…Tâcher…De prépa…Rer quelques affaires, peinai-je à articuler.
Ainsi chacun s’occupa de ce qu’il avait à faire. Je choisis mes vêtements au ralenti tout en continuant de caresser mon ventre pour oublier qu’on allait me retirer mon bébé pour toujours. Une demi-heure plus tard, nous empruntions le chemin du barrage pour quitter la Forêt Enchantée. J’étais toujours silencieuse et sonnée soutenue par Elysia.
-J’ai dit à Iduna qu’elle dormirait chez tes parents pendant quatre dodos, me déclara-t-il en me compressant la main.
-Et Maman n’a pas posé de questions ? Demanda Pieter d’un ton soupçonneux.
-J’ai dit que tu nous avais proposé de visiter Arendelle et que nous voulions faire une autre lune de miel, répondit-il, et visiblement elle y a cru.
Je repensai immédiatement à mon mari et moi-même à Ahtohallan lors de notre nuit de noces. Puis à nos retrouvailles à Arnevik pour l’accouchement d’Iduna…Oui…L’histoire ne serait vraiment pas pareille cette fois. Après avoir bien pleuré, je finis par rester calme tout le reste du trajet.
Il fut rare de me délivrer des mots tellement j’étais perdue dans mes pensées. Le premier jour et la première nuit passèrent et je ne parvins pas à dormir.
Suite dans le prochain post
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mer 18 Aoû 2021, 17:34
La suite du chapitre bonus 3...
Le seul fait de me dire que j’avais encore échoué à donner la vie me rendait malade. Mon état n’alla pas mieux le lendemain. Nous roulâmes jusqu’au midi. Puis nous nous arrêtâmes pour manger. Je n’avais pas très faim. Pourtant je me forçai à avaler quelque chose. Ils attendirent patiemment que j’ai finie pour pouvoir repartir. Nous roulâmes tout le reste de la journée. Je regardai les paysages défiler, l’esprit dans le vague. Anna…C’est ta faute…Il aurait mieux valu que tu ne tombes pas enceinte…Dieu qu’est-ce que ça faisait mal…Une souffrance insoutenable…ils allaient m’enlever mon bébé pour toujours…Couper ce lien si précieux qui s’était établi aussi court soit-il…Oui…L’échec ne pouvait venir que de moi.
Nous nous arrêtâmes en dehors de la ville de la débauche pour la nuit et improvisâmes un campement comme nous savions si bien les faire. L’ambiance était tendue et nous nous couchâmes dans un silence insoutenable. J’étais recroquevillée contre Elysia et je ne voulais plus m’en détacher. Il était déjà en train de ronfler quand j’entendis un raclement de gorge.
-Anna ? Je peux entrer ? Demanda bientôt Pieter.
Je me relevai aussitôt ce qui réveilla mon mari.
-Oui bien sûr. Tu viens me souhaiter la bonne nuit ? Murmurai-je avec ironie.
-Entre autre, reprit-il.
Je vis alors qu’il tenait un paquet dans sa main et je le fixai attendant une explication.
-Qu’est-ce que c’est ? Osai-je enfin demander.
-Eh bien…Je ne sais pas si c’est une bonne idée de te le donner avec ce qui t’es arrivé…Mais c’était un cadeau pour Elise…Et j’espère que ça t’aidera à avoir du courage pour demain, bredouilla-t-il…Hum…C’est de la part de Runeard et moi-même.
Mon cœur se resserra comme si un géant était en train de le contracter. Je lui pris immédiatement le paquet et commençai à l’ouvrir quand Elysia m’en empêcha.
-Je ne suis pas sûre que ça te fasse du bien, me dit-il en me prenant contre lui.
-Laisse-moi faire, mon amour s’il te plaît, insistai-je.
Il plongea ses beaux yeux bleus dans les miens et finalement se retira. J’ouvris enfin le cadeau et me retrouvai avec une robe en velours bleue ciel surmontée d’une collerette blanche où étaient brodés des crocus d’Arendelle. Mes émotions ne firent qu’un tour en voyant le vêtement : Je retrouvai la compression à la poitrine et pleurai enfin de toutes mes forces laissant à la fois les larmes et la morve couler sans me préoccuper que cela se voit. N’y tenant plus, Pieter finit par m’ouvrir ses bras.
-Je suis là, petite sœur, si tu as besoin je suis là à ta disposition, murmura-t-il prêt à pleurer à son tour.
-Mer…Merci, bredouillai-je.
Je retrouvai enfin mon souffle et m’essuyai les yeux et le nez. Elysia fit un petit signe de remerciement à mon frère. Nous retournâmes ensuite nous coucher. Je ne dormis pas de la nuit trop stressée par l’intervention.
Je ne savais même pas comment je tenais encore debout le lendemain matin. Nous nous levâmes aux aurores et repartîmes toujours dans le plus grand silence. Quand nous traversâmes la ville, il n’y avait pas de bruits. L’odeur du sel remplaçait celle des semences et de l’alcool. Mon mari et mon frère me serrèrent plus fort contre eux ayant sans doute chacun des propres souvenirs de cet endroit. Je me revis enceinte d’Iduna subissant une douleur que je ne subirai pas cette fois. Nous passâmes devant la fontaine et je ne pus m’empêcher de sourire en voyant que Mouna nous arrêta devant une bâtisse en bois pelé où était inscrit en grosses lettres noires « L’ENGEL ». Runeard avait accompli mon souhait.
-Tu n’aurais pas pu trouver un autre endroit, grinça bientôt Elysia à l’adresse de mon frère.
-Runeard et moi avons fait du mieux que nous avons pu ! Se défendit-il, il fallait agir dans l’urgence et je te rappelle gentiment qu’il n’y a pas d’hôpital ici.
-Inutile de vous chamailler, intervint Mouna, le plus important c’est qu’il y ait un lit dans une pièce sombre et de l’eau chaude pour stériliser les ustensiles.
-Il y a, reprirent en même temps mon mari et Pieter.
-Alors c’est parfait ! Conduisez-nous, conclut la matriarche de la troupe.
Pour passer inaperçus nous ne prîmes pas la porte principale de l’auberge. Nous empruntâmes plutôt celle de derrière où Runeard et Pieter m’avaient rapporté le foin quand j’étais dans la douleur d’Iduna. L’état lubrique n’avait pas changé. C’est toujours le même lit avec le matelas troué par les mites, toujours la même odeur de jouissance, toujours le même froid.
-Cela te convient-il Mouna ? Demanda à nouveau mon frère.
La doyenne fit une légère moue mais finit par hocher la tête. Elle déposa rapidement les affaires qu’elle avait apporté et invita Béata à venir auprès d’elle pendant qu’elle prépara une tisane.
-Anna allonge-toi, Elysia aide-là, Pieter cale quelque chose à l’autre porte pour la fermer, ordonna-t-elle ensuite.
Je la regardai mélanger la mixture sans aucun effort. Bien qu’intriguée, je savais que l’objectif de cette boisson n’allait pas me plaire. La guérisseuse finit par donner le bol à Béata en lui glissant quelque chose à l’oreille. Puis la petite fille vint me l’apporter pendant que Mouna partit voir s’ils avaient un anesthésiant plus fort que les feuilles de cocaïne dans les alentours.
-Madame Piceaerd, il faut que vous buviez ça, ça va vous ouvrir votre col de l’utérus et sera plus facile pour nous pour la suite de l’intervention, déclara la jeune enfant.
Je jetais aussitôt un regard à Elysia qui était tout aussi ébranlé que moi. Il resta distant alors que je me remis à pleurer en entendant les explications. Je savais ce que ça voulait dire : C’était la fin imminente de notre lien à ce petit être et moi-même. Voyant que je ne réagissais pas Béata déposa le bol à côté du lit pour tenter de me réconforter :
-Ça va aller Madame Piceaerd, vous êtes une femme forte.
-Je…Je vais tuer mon bébé…Bredouillai-je alors que les larmes coulaient sur mon nez.
-Il est déjà partie, expliqua-t-elle.
-Je…Je vais me faire avorter…être définitivement bannie par les dieux, repris-je de plus belle.
-Mais non mais non, me rassura Béata, votre petite Elise est déjà partie dans l’Hellheilm…Vous n’êtes pas responsable…Cette intervention est nécessaire si vous ne voulez pas mourir.
Je lançai un regard à Elysia qui m’encouragea à prendre le bol bien que peinant à cacher ses larmes. Je bus donc tout d’une traite tout en ne pouvant m’empêcher de me sentir coupable.
-C’est très bien Madame Piceaerd, reprit la jeune fille, bien maintenant il faut laisser agir pendant une demi-heure. Venez avec moi maintenant monsieur Piceaerd, il faut qu’on trouve votre beau-frère pour qu’il nous aide à récupérer de la chaleur pour l’opération.
Elysia hésita mais finalement suivit Béata. Je demeurais seule pendant ce qui me parut une éternité. Je me caressai le ventre et chantai la berceuse d’une voix déraillée par les pleurs. Puis je fermai les yeux et pensai aux paroles cinglantes qui avaient tourné dans ma tête lors de mon union avec Amarok. D’autres larmes arrivèrent alors que j’avais toujours la robe de ma fille contre mon cœur. Je repensai soudain à ma première entrée dans Ahtohallan. Au dôme des souvenirs qui s’était illuminé alors que j’avais accompli mon acte. Au souvenir de Maman aussi en train de me chanter la berceuse.
Rien ne meurt, pensai-je le cœur meurtri.
Je m’essuyai rapidement les yeux en voyant les autres revenir avec du foin. Comme la première fois. Pieter vint me donner une tape d’encouragement sur l’épaule puis se retira. Mon mari prit le relai en m’étreignant tout en me murmurant des « je t’aime » en discontinu.
-Je ne serais plus jamais Maman, déclarai-je enfin.
Elysia m’embrassa très fort et murmura :
-Il ne faut pas dire ça mon amour, on ne sait jamais…Il reste Anan et Olaf…En tous les cas, nous avons Iduna. Nous sommes déjà parents.
J’hochai la tête alors que Mouna et Béata rentrèrent à nouveau dans la pièce.
-Elysia et Pieter il faut attendre dehors à partir de maintenant. Nous viendrons vous prévenir quand ça sera fini, confia la guérisseuse.
Mon mari se pencha et m’embrassa encore et encore. Il me tendit ensuite la petite robe d’Elise que je gardai précieusement contre moi. Puis il me pressa la main et partit enfin.
-L’intervention en elle-même ne va pas être si longue Anna… Nous allons t’endormir comme ça tu ne sentiras rien…Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils ont les produits anesthésiants ici. Est-ce que tu veux savoir ce que nous allons faire pendant que tu seras endormie ? Demanda-t-elle.
-Oui…Oui s’il te plaît Mouna, répondis-je.
Elle déclara alors d’une voix très détachée :
-Bien. Nous allons attendre que le breuvage t’ouvre complètement le col de l’utérus. Une fois cela fait nous allons t’écarter les petites lèvres à l’aide d’une pince puis nous allons percer la poche amniotique et t’aspirer l’embryon avec une paille de fer et une poire. Il va se briser et il n'en restera plus rien.
Je tournai de l’œil au fur et mesure des explications. Les larmes revinrent d’elles-mêmes en comprenant que c’était le dernier au revoir.
-Courage Anna, ça va bien se passer…C’est bientôt fini, me rassura encore la guérisseuse.
Béata qui était derrière elle vint me caresser les cheveux pendant que sa mère m’allongea. Elle me retroussa ensuite la robe et enleva mes bas. Je fixai sa fille qui ne semblait pas ébranlée du tout par ce qu’elle allait devoir entreprendre.
-Surtout tu ne diras rien à Iduna…Elle ne doit jamais savoir, murmurai-je à la jeune fille.
-Je vous le promets Madame Piceaerd, reprit-elle.
Elle observa aussitôt Mouna qui vint me mettre un chiffon imbibée d’une odeur forte sur le nez. Puis elle fit un petit signe de tête à Béata qui se chargea de me demander à nouveau :
-Madame Piceaerd énumérez-moi les sexes des enfants vus par le pendule de votre Maman.
Un peu confuse à cause de la question, je répliquai immédiatement :
-Euh…Fille…Fille…Fille…Garçon…
Je sombrai dans le néant avant d’avoir nommé Olaf. Je reconnus immédiatement l’Helveg. Ma belle-mère m’y attendait avec un air désolé.
-Viens dans mes bras Anna Piceaerd, Déclara-t-elle.
Je me réfugiai contre son corps plein de tendresse et les larmes coulèrent sur sa poitrine. Elle me caressa vigoureusement le dos et attendit que je me calme.
-Voilà. Ça fait du bien, dit-elle, je n’ose même pas imaginer la peine que vous devez avoir mes pauvres petits, je n’ai jamais perdu d’enfants…Enfin pas ainsi.
Je déglutis violemment. Iduna demanda aussitôt :
-Est-ce que tu voudrais le tenir dans tes bras ?
Je la regardai surprise et répondis :
-Mais…Je croyais que seul les bébés ayant vécus plus de trois mois étaient acceptés dans l’Hellheilm.
-C’est le cas, précisa bientôt ma belle-mère, mais là c’est un cas un peu particulier. Alors est-ce que tu voudrais tenir ta fille Anna Piceaerd ?
-Oui. Bien sûr, chuchotai-je pleine d’espoir.
Ma belle-mère me mena aussitôt vers une immense galerie de souvenirs semblable à celle d’Ahtohallan et m’arrêta devant l’entrée. Puis elle se tourna et ferma les yeux avant d’ouvrir un passage vers un endroit lumineux et apaisant. Un petit corps enveloppé dans des langes blanches atterrit bientôt dans ses bras.
-Tiens Anna. Voici Elise, déclara-t-elle en me la tendant.
Ma petite fille gigota un peu indiquant qu’elle s’éveillait. Elle écarquilla deux beaux yeux bleus qui me fixèrent intrigués. Je la serrai fort contre moi et lui embrassai le front et les joues tout en laissant couler des larmes à la fois de souffrance et d’apaisement. Puis je la berçai lentement en lui rechantant la berceuse d’Ahtohallan. Elle l’écouta attentivement alors que je ne cessais de la cajoler.
Après plusieurs minutes, Iduna me rappela gentiment à l’ordre :
-Il va falloir la laisser Anna…Tu ne peux pas rester trop longtemps…Tu vas bientôt te réveiller.
J’acquiesçai, retenant péniblement de nouvelles larmes et enfouis ma tête dans le cou de ma fille. Je finis par lui murmurer :
-Ma précieuse petite Elise, nous avions prévu dans les mois à venir à te présenter à notre grande famille. Dire que tu étais dans mon ventre. Cela aurait dû être une heureuse nouvelle. Mais tout s’est arrêté en apprenant que ton petit cœur a cessé de battre. En quelques secondes Maman s’est pris une claque monumentale et aurait préféré en recevoir une physiquement. Tu n’as pas encore vécu que déjà tu nous as quitté et je ne l’ai même pas ressenti ma chérie. Nous avons été étroitement liées par le ventre et le cœur et j’imaginai déjà les nombreux projets de la vie que nous aurions pu construire ensemble avec ton Papa et ta sœur. Oui mon bébé, Maman est passée du rêve au cauchemar en quelques secondes. Il a fallu prendre une décision et te laisser partir de mon corps. Les deux jours que je viens de subir ont été atroces. Je t’ai pleurée ma puce et te pleurerai encore. Toutefois, maintenant que je t’ai dans mes bras, je sais que tu veilles sur moi tout comme tu veilleras sur ton père, ta sœur et tes frères à venir. Merci ma Elise pour ce bonheur que nous avons pu partager ensemble même s’il a été court. Merci de m’avoir fait devenir Maman une troisième fois même si tu ne pourras jamais m’appeler ainsi. Merci pour ce bout de chemin ensemble. Tu es la troisième Piceaerd et tu le resteras. Je sais que la douleur ne partira jamais vraiment malgré le temps qui passe. J’ai ta robe offerte par tonton Pieter et tonton Runeard toujours avec moi comme porte-bonheur. Je penserai toujours à toi à certaines périodes, dans certaines paroles, à certains endroits avec certaines personnes. Tu auras toujours une place dans mon cœur au même titre que le reste de la famille.
Oui petite Elise, Maman t’aime et t’aimera toujours malgré cette séparation physique qui m’a arrachée le cœur mais qui était nécessaire.
Je m’arrêtai quelques instants et lui embrassai sa paume douce et froide alors qu’elle demeurait toujours silencieuse. Je me raclai la gorge et finis :
-Dors mon enfant n’aie plus peur, vole petite âme.
Je lui donnai encore d’immenses bisous sur ses joues potelées sous le regard attendri et larmoyant d’Iduna.
-Tu es prête ? Finit-elle par demander.
-Je ne le serai jamais…Mais ma foi…Oui, murmurai-je.
J’embrassai mon bébé une dernière fois et la soulevai vers l’Hellheilm. Les langes disparurent et furent remplacés par une immense robe blanche lumineuse. De même, une auréole entoura bientôt le dessus de la tête d’Elise alors que des petites ailes poussèrent dans son dos. Son visage juvénile nous regarda soudain en souriant et elle disparut.
-Iduna que s’est-il passé ? Demandai-je.
-Tu lui as demandé de veiller sur vous. Votre fille est donc devenue un ange, répondit-elle.
-Je ne la reverrai donc jamais ? Questionnai-je attristée.
Ma belle-mère secoua la tête et répliqua :
-Sans doute pas. Mais elle est en paix à présent.
Je fus surprise de l’être un peu aussi. J’enlaçai une dernière fois Iduna qui ne manqua pas de me rappeler qu’il fallait que je m’en aille et me réveillai enfin.
Ma bouche était pâteuse. Ma tête assez lourde. Je fus surprise de ne pas ressentir de douleur dans le bas-ventre.
-C’est bien Anna. Ouvre les yeux. Doucement, préconisa bientôt Mouna, l’intervention s’est très bien passée.
Je mis une demi-heure à émerger complètement. Je n’eus pas vraiment de pensées durant ce laps de temps. J’entendais péniblement les allers-retours de la guérisseuse et sa fille qui me tapotèrent gentiment les joues à plusieurs reprises pour que je reprenne connaissance.
Puis une main plus forte vint enlacer la mienne et je reçus un baiser doux sur la paume.
-Tout va bien ma Anna d’amour. C’est fini, me murmura Elysia.
Je peinais à hocher la tête tellement je me sentais encore endormie. Je lui souris faiblement.
-Je vais bien…Je suis apaisée…Parvins-je à articuler.
Mon mari resta près de moi à me caresser les cheveux pendant que mon frère se chargea de m’apporter de l’eau tout en me prenant la main pour me réconforter aussi.
-Combien de temps va-t-elle rester ainsi Mouna ? Demanda-t-il.
-Oh ! Il faut au moins qu’elle se repose pendant quatre heures, ensuite nous pourrons repartir pour la Forêt Enchantée, répondit-elle.
-Bien, je ne pourrai pas vous raccompagner mais vous me mettrez au courant de son état, reprit-il.
-Je t’entends Pieter, le grondai-je.
-Je sais petite sœur. Ne t’occupe pas de nous. Nous allons te donner à manger et à boire pour que tu reprennes des forces.
Elysia et lui firent donc des allers retours entre la salle de l’auberge où nous l’avions trouvé quatre ans plus tôt et ce qui me servait de chambre de repos. Je m’autorisai à somnoler ayant encore l’impression d’être droguée. Au cours des quatre heures qui suivirent Mouna et Béata veillèrent à ce qu’il n’y ait pas de pertes de sang trop conséquentes. La guérisseuse vérifia même que j’aille bien aux toilettes pour voir si je n’avais pas de brûlures marquant une éventuelle infection. Heureusement, mise à part quelques caillots de sang, ça ne me tirait pas. Le soleil commençait donc à décliner lorsqu’elle s’écria :
-Nous allons pouvoir y aller. Anna tu n’as pas la tête qui tourne, ça va ?
Je regardai mes proches. Le simple fait d’être avec eux et de les voir, me rassurer. J’avais tellement craint de somnoler au cours de l’après-midi et de me réveiller en découvrant qu’ils étaient tous partis sans moi.
-Non je n’ai pas la tête qui tourne, finis-je par chuchoter.
Je plongeai à nouveau mes yeux dans ceux de mon mari et j’ajoutai avec un sourire béat marqué d’un réel soulagement :
-Je suis contente que vous soyez là.
Comme si je craignais d’être abandonnée, je me ruai sur Elysia qui m’accueillit de façon protectrice.
-Oui ça a l’air d’aller effectivement, déclara Mouna en nous regardant attendrie, mettons-nous donc en route.
Je jetais un dernier coup d’œil à la pièce et essayai de ne pas voir les quelques traces de sang qu’il restait sur le matelas. Nous ressortîmes par la petite porte et contournâmes la grande auberge pour repartir de la rue principale. L’animation habituelle était revenue dans cet endroit maudit et l’intervention à laquelle j’avais eu le droit aujourd’hui semblait presque normale en ce lieu. Alors que nous pouvions nous activer, nous ne bougeâmes pas.
J’observai une dernière fois la bâtisse bizarrement soulagée qu’Elsa ne soit plus dans mon ventre. J’avais le sentiment que j’allais pouvoir avancer désormais ô combien cela serait douloureux. J’espérai tout de même que ce serait la dernière fois que je viendrais ici. Je dévisageai les lettres de l’ENGEL qui me narguaient.
-Pieter…Il faudra que tu dises à Runeard qu’il rajoute « DØD » au nom…Désormais cet endroit se nommera l’ENGEL DOD en souvenir d’Iduna et Elise ! M’exclamai-je d’un coup.
Mon frère choqué dans un premier temps acquiesça et promit qu’il le ferait.
Nous repartîmes comme nous étions venus : Dans le plus grand silence. En rentrant à la maison deux jours plus tard, je ne me souvins de rien…Brièvement Elysia qui me porta dans ses bras jusqu’à la chambre. Les remerciements à Mouna et Béata. Un baiser d’Iduna. Et puis plus rien. Je dormis pendant longtemps.
Quelques jours passèrent. J’étais toujours recroquevillée dans le lit. Les larmes coulaient encore mêlées à une haine incommensurable envers la vie. J’entendis soudain la porte s’entrebâiller et j’étouffais mes sanglots. La voix de la petite résonna alors inquiète :
-Papa…Pourquoi elle ne va pas bien Maman ? Quand est-ce qu’elle ira mieux ?
Elysia répondit du mieux qu’il put d’une voix voilée :
-Elle est triste parce qu’elle a dû dire au revoir à quelqu’un qu’elle aimait beaucoup…Elle retrouvera le sourire avec le temps mon Ange de l’Air. Tu n’y es pour rien en tous cas, lui assura-t-il en l’étreignant fort.
-Oh…Je comprends Papa…Et cette personne est-ce que je la connaissais ? Demanda-t-elle.
La réponse n’arriva pas tout de suite cette fois. Le silence était significatif : Elysia avait du mal à retenir ses larmes. Mon cœur était de plus en plus compressé alors que des images inventées de toutes pièces d’Elise dans ses langes présentées à sa grande sœur émergèrent dans mon esprit. Des larmes silencieuses glissèrent aussitôt le long de mes joues. Pourquoi à la fin ? Pourquoi cela n’avait-il pas pu se passer comme ma première grossesse ?
-Non Iduna tu ne connaissais pas cette personne, finit par répondre mon mari après une éternité.
-Papa…Est-ce que je peux aller réconforter Maman ? Demanda encore la petite.
Le « NON » émergea en premier dans ma tête. Non je ne voulais pas que ma petite fille ait un poids aussi lourd sur les épaules sans qu’elle en prenne conscience. Mais finalement, je me rendis compte que j’avais besoin d’elle dès l’instant où Elysia me la cala contre mon corps. Elle s’approcha doucement et ses petites mains vinrent enlacer mon cou. Elle m’embrassa ma joue mouillée et se mit à chanter :
-Dors mon enfants, n’aie plus peur…Le passé reste au fond des cœurs.
Contre toute attente, sa phrase me calma. Elle reprit immédiatement :
-Je ne veux pas que tu sois triste Maman. Je ferai tout pour être une gentille petite fille et te rendre heureuse, je te le promets…
Puis elle passa une main sur mon ventre et me regarda perplexe avant d’ajouter :
-Tu sais même s’il n’est plus là, Petit Haricot, il t’aimait j’en suis certaine.
Je l’observai les yeux noyés de larmes et la serrai plus fort. Elle accepta l’étreinte sans rechigner. Oui. Je me raccrocherai à ma fille comme à une bouée de sauvetage. Oui. Je n’oublierai jamais l’échange de ma belle-mère. Oui. Petite Elise restera toujours dans mon cœur comme Helga avant elle. Ça serait douloureux à jamais. Je culpabiliserai toujours. Mais je n’avais pas le choix. Il fallait bien avancer. Je regardai mon mari et ma fille en songeant que j’étais bien entourée.
A petit Pierre ou Petit Haricot qui m'a inspiré ce chapitre à ma plus grande douleur...
Et pour les musiques que j'écoute depuis le 9 juillet 2021...
A Elise ou Coquillette qui l'a suivi au 5 février 2022...
Le seul fait de me dire que j’avais encore échoué à donner la vie me rendait malade. Mon état n’alla pas mieux le lendemain. Nous roulâmes jusqu’au midi. Puis nous nous arrêtâmes pour manger. Je n’avais pas très faim. Pourtant je me forçai à avaler quelque chose. Ils attendirent patiemment que j’ai finie pour pouvoir repartir. Nous roulâmes tout le reste de la journée. Je regardai les paysages défiler, l’esprit dans le vague. Anna…C’est ta faute…Il aurait mieux valu que tu ne tombes pas enceinte…Dieu qu’est-ce que ça faisait mal…Une souffrance insoutenable…ils allaient m’enlever mon bébé pour toujours…Couper ce lien si précieux qui s’était établi aussi court soit-il…Oui…L’échec ne pouvait venir que de moi.
Nous nous arrêtâmes en dehors de la ville de la débauche pour la nuit et improvisâmes un campement comme nous savions si bien les faire. L’ambiance était tendue et nous nous couchâmes dans un silence insoutenable. J’étais recroquevillée contre Elysia et je ne voulais plus m’en détacher. Il était déjà en train de ronfler quand j’entendis un raclement de gorge.
-Anna ? Je peux entrer ? Demanda bientôt Pieter.
Je me relevai aussitôt ce qui réveilla mon mari.
-Oui bien sûr. Tu viens me souhaiter la bonne nuit ? Murmurai-je avec ironie.
-Entre autre, reprit-il.
Je vis alors qu’il tenait un paquet dans sa main et je le fixai attendant une explication.
-Qu’est-ce que c’est ? Osai-je enfin demander.
-Eh bien…Je ne sais pas si c’est une bonne idée de te le donner avec ce qui t’es arrivé…Mais c’était un cadeau pour Elise…Et j’espère que ça t’aidera à avoir du courage pour demain, bredouilla-t-il…Hum…C’est de la part de Runeard et moi-même.
Mon cœur se resserra comme si un géant était en train de le contracter. Je lui pris immédiatement le paquet et commençai à l’ouvrir quand Elysia m’en empêcha.
-Je ne suis pas sûre que ça te fasse du bien, me dit-il en me prenant contre lui.
-Laisse-moi faire, mon amour s’il te plaît, insistai-je.
Il plongea ses beaux yeux bleus dans les miens et finalement se retira. J’ouvris enfin le cadeau et me retrouvai avec une robe en velours bleue ciel surmontée d’une collerette blanche où étaient brodés des crocus d’Arendelle. Mes émotions ne firent qu’un tour en voyant le vêtement : Je retrouvai la compression à la poitrine et pleurai enfin de toutes mes forces laissant à la fois les larmes et la morve couler sans me préoccuper que cela se voit. N’y tenant plus, Pieter finit par m’ouvrir ses bras.
-Je suis là, petite sœur, si tu as besoin je suis là à ta disposition, murmura-t-il prêt à pleurer à son tour.
-Mer…Merci, bredouillai-je.
Je retrouvai enfin mon souffle et m’essuyai les yeux et le nez. Elysia fit un petit signe de remerciement à mon frère. Nous retournâmes ensuite nous coucher. Je ne dormis pas de la nuit trop stressée par l’intervention.
Je ne savais même pas comment je tenais encore debout le lendemain matin. Nous nous levâmes aux aurores et repartîmes toujours dans le plus grand silence. Quand nous traversâmes la ville, il n’y avait pas de bruits. L’odeur du sel remplaçait celle des semences et de l’alcool. Mon mari et mon frère me serrèrent plus fort contre eux ayant sans doute chacun des propres souvenirs de cet endroit. Je me revis enceinte d’Iduna subissant une douleur que je ne subirai pas cette fois. Nous passâmes devant la fontaine et je ne pus m’empêcher de sourire en voyant que Mouna nous arrêta devant une bâtisse en bois pelé où était inscrit en grosses lettres noires « L’ENGEL ». Runeard avait accompli mon souhait.
-Tu n’aurais pas pu trouver un autre endroit, grinça bientôt Elysia à l’adresse de mon frère.
-Runeard et moi avons fait du mieux que nous avons pu ! Se défendit-il, il fallait agir dans l’urgence et je te rappelle gentiment qu’il n’y a pas d’hôpital ici.
-Inutile de vous chamailler, intervint Mouna, le plus important c’est qu’il y ait un lit dans une pièce sombre et de l’eau chaude pour stériliser les ustensiles.
-Il y a, reprirent en même temps mon mari et Pieter.
-Alors c’est parfait ! Conduisez-nous, conclut la matriarche de la troupe.
Pour passer inaperçus nous ne prîmes pas la porte principale de l’auberge. Nous empruntâmes plutôt celle de derrière où Runeard et Pieter m’avaient rapporté le foin quand j’étais dans la douleur d’Iduna. L’état lubrique n’avait pas changé. C’est toujours le même lit avec le matelas troué par les mites, toujours la même odeur de jouissance, toujours le même froid.
-Cela te convient-il Mouna ? Demanda à nouveau mon frère.
La doyenne fit une légère moue mais finit par hocher la tête. Elle déposa rapidement les affaires qu’elle avait apporté et invita Béata à venir auprès d’elle pendant qu’elle prépara une tisane.
-Anna allonge-toi, Elysia aide-là, Pieter cale quelque chose à l’autre porte pour la fermer, ordonna-t-elle ensuite.
Je la regardai mélanger la mixture sans aucun effort. Bien qu’intriguée, je savais que l’objectif de cette boisson n’allait pas me plaire. La guérisseuse finit par donner le bol à Béata en lui glissant quelque chose à l’oreille. Puis la petite fille vint me l’apporter pendant que Mouna partit voir s’ils avaient un anesthésiant plus fort que les feuilles de cocaïne dans les alentours.
-Madame Piceaerd, il faut que vous buviez ça, ça va vous ouvrir votre col de l’utérus et sera plus facile pour nous pour la suite de l’intervention, déclara la jeune enfant.
Je jetais aussitôt un regard à Elysia qui était tout aussi ébranlé que moi. Il resta distant alors que je me remis à pleurer en entendant les explications. Je savais ce que ça voulait dire : C’était la fin imminente de notre lien à ce petit être et moi-même. Voyant que je ne réagissais pas Béata déposa le bol à côté du lit pour tenter de me réconforter :
-Ça va aller Madame Piceaerd, vous êtes une femme forte.
-Je…Je vais tuer mon bébé…Bredouillai-je alors que les larmes coulaient sur mon nez.
-Il est déjà partie, expliqua-t-elle.
-Je…Je vais me faire avorter…être définitivement bannie par les dieux, repris-je de plus belle.
-Mais non mais non, me rassura Béata, votre petite Elise est déjà partie dans l’Hellheilm…Vous n’êtes pas responsable…Cette intervention est nécessaire si vous ne voulez pas mourir.
Je lançai un regard à Elysia qui m’encouragea à prendre le bol bien que peinant à cacher ses larmes. Je bus donc tout d’une traite tout en ne pouvant m’empêcher de me sentir coupable.
-C’est très bien Madame Piceaerd, reprit la jeune fille, bien maintenant il faut laisser agir pendant une demi-heure. Venez avec moi maintenant monsieur Piceaerd, il faut qu’on trouve votre beau-frère pour qu’il nous aide à récupérer de la chaleur pour l’opération.
Elysia hésita mais finalement suivit Béata. Je demeurais seule pendant ce qui me parut une éternité. Je me caressai le ventre et chantai la berceuse d’une voix déraillée par les pleurs. Puis je fermai les yeux et pensai aux paroles cinglantes qui avaient tourné dans ma tête lors de mon union avec Amarok. D’autres larmes arrivèrent alors que j’avais toujours la robe de ma fille contre mon cœur. Je repensai soudain à ma première entrée dans Ahtohallan. Au dôme des souvenirs qui s’était illuminé alors que j’avais accompli mon acte. Au souvenir de Maman aussi en train de me chanter la berceuse.
Rien ne meurt, pensai-je le cœur meurtri.
Je m’essuyai rapidement les yeux en voyant les autres revenir avec du foin. Comme la première fois. Pieter vint me donner une tape d’encouragement sur l’épaule puis se retira. Mon mari prit le relai en m’étreignant tout en me murmurant des « je t’aime » en discontinu.
-Je ne serais plus jamais Maman, déclarai-je enfin.
Elysia m’embrassa très fort et murmura :
-Il ne faut pas dire ça mon amour, on ne sait jamais…Il reste Anan et Olaf…En tous les cas, nous avons Iduna. Nous sommes déjà parents.
J’hochai la tête alors que Mouna et Béata rentrèrent à nouveau dans la pièce.
-Elysia et Pieter il faut attendre dehors à partir de maintenant. Nous viendrons vous prévenir quand ça sera fini, confia la guérisseuse.
Mon mari se pencha et m’embrassa encore et encore. Il me tendit ensuite la petite robe d’Elise que je gardai précieusement contre moi. Puis il me pressa la main et partit enfin.
-L’intervention en elle-même ne va pas être si longue Anna… Nous allons t’endormir comme ça tu ne sentiras rien…Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils ont les produits anesthésiants ici. Est-ce que tu veux savoir ce que nous allons faire pendant que tu seras endormie ? Demanda-t-elle.
-Oui…Oui s’il te plaît Mouna, répondis-je.
Elle déclara alors d’une voix très détachée :
-Bien. Nous allons attendre que le breuvage t’ouvre complètement le col de l’utérus. Une fois cela fait nous allons t’écarter les petites lèvres à l’aide d’une pince puis nous allons percer la poche amniotique et t’aspirer l’embryon avec une paille de fer et une poire. Il va se briser et il n'en restera plus rien.
Je tournai de l’œil au fur et mesure des explications. Les larmes revinrent d’elles-mêmes en comprenant que c’était le dernier au revoir.
-Courage Anna, ça va bien se passer…C’est bientôt fini, me rassura encore la guérisseuse.
Béata qui était derrière elle vint me caresser les cheveux pendant que sa mère m’allongea. Elle me retroussa ensuite la robe et enleva mes bas. Je fixai sa fille qui ne semblait pas ébranlée du tout par ce qu’elle allait devoir entreprendre.
-Surtout tu ne diras rien à Iduna…Elle ne doit jamais savoir, murmurai-je à la jeune fille.
-Je vous le promets Madame Piceaerd, reprit-elle.
Elle observa aussitôt Mouna qui vint me mettre un chiffon imbibée d’une odeur forte sur le nez. Puis elle fit un petit signe de tête à Béata qui se chargea de me demander à nouveau :
-Madame Piceaerd énumérez-moi les sexes des enfants vus par le pendule de votre Maman.
Un peu confuse à cause de la question, je répliquai immédiatement :
-Euh…Fille…Fille…Fille…Garçon…
Je sombrai dans le néant avant d’avoir nommé Olaf. Je reconnus immédiatement l’Helveg. Ma belle-mère m’y attendait avec un air désolé.
-Viens dans mes bras Anna Piceaerd, Déclara-t-elle.
Je me réfugiai contre son corps plein de tendresse et les larmes coulèrent sur sa poitrine. Elle me caressa vigoureusement le dos et attendit que je me calme.
-Voilà. Ça fait du bien, dit-elle, je n’ose même pas imaginer la peine que vous devez avoir mes pauvres petits, je n’ai jamais perdu d’enfants…Enfin pas ainsi.
Je déglutis violemment. Iduna demanda aussitôt :
-Est-ce que tu voudrais le tenir dans tes bras ?
Je la regardai surprise et répondis :
-Mais…Je croyais que seul les bébés ayant vécus plus de trois mois étaient acceptés dans l’Hellheilm.
-C’est le cas, précisa bientôt ma belle-mère, mais là c’est un cas un peu particulier. Alors est-ce que tu voudrais tenir ta fille Anna Piceaerd ?
-Oui. Bien sûr, chuchotai-je pleine d’espoir.
Ma belle-mère me mena aussitôt vers une immense galerie de souvenirs semblable à celle d’Ahtohallan et m’arrêta devant l’entrée. Puis elle se tourna et ferma les yeux avant d’ouvrir un passage vers un endroit lumineux et apaisant. Un petit corps enveloppé dans des langes blanches atterrit bientôt dans ses bras.
-Tiens Anna. Voici Elise, déclara-t-elle en me la tendant.
Ma petite fille gigota un peu indiquant qu’elle s’éveillait. Elle écarquilla deux beaux yeux bleus qui me fixèrent intrigués. Je la serrai fort contre moi et lui embrassai le front et les joues tout en laissant couler des larmes à la fois de souffrance et d’apaisement. Puis je la berçai lentement en lui rechantant la berceuse d’Ahtohallan. Elle l’écouta attentivement alors que je ne cessais de la cajoler.
Après plusieurs minutes, Iduna me rappela gentiment à l’ordre :
-Il va falloir la laisser Anna…Tu ne peux pas rester trop longtemps…Tu vas bientôt te réveiller.
J’acquiesçai, retenant péniblement de nouvelles larmes et enfouis ma tête dans le cou de ma fille. Je finis par lui murmurer :
-Ma précieuse petite Elise, nous avions prévu dans les mois à venir à te présenter à notre grande famille. Dire que tu étais dans mon ventre. Cela aurait dû être une heureuse nouvelle. Mais tout s’est arrêté en apprenant que ton petit cœur a cessé de battre. En quelques secondes Maman s’est pris une claque monumentale et aurait préféré en recevoir une physiquement. Tu n’as pas encore vécu que déjà tu nous as quitté et je ne l’ai même pas ressenti ma chérie. Nous avons été étroitement liées par le ventre et le cœur et j’imaginai déjà les nombreux projets de la vie que nous aurions pu construire ensemble avec ton Papa et ta sœur. Oui mon bébé, Maman est passée du rêve au cauchemar en quelques secondes. Il a fallu prendre une décision et te laisser partir de mon corps. Les deux jours que je viens de subir ont été atroces. Je t’ai pleurée ma puce et te pleurerai encore. Toutefois, maintenant que je t’ai dans mes bras, je sais que tu veilles sur moi tout comme tu veilleras sur ton père, ta sœur et tes frères à venir. Merci ma Elise pour ce bonheur que nous avons pu partager ensemble même s’il a été court. Merci de m’avoir fait devenir Maman une troisième fois même si tu ne pourras jamais m’appeler ainsi. Merci pour ce bout de chemin ensemble. Tu es la troisième Piceaerd et tu le resteras. Je sais que la douleur ne partira jamais vraiment malgré le temps qui passe. J’ai ta robe offerte par tonton Pieter et tonton Runeard toujours avec moi comme porte-bonheur. Je penserai toujours à toi à certaines périodes, dans certaines paroles, à certains endroits avec certaines personnes. Tu auras toujours une place dans mon cœur au même titre que le reste de la famille.
Oui petite Elise, Maman t’aime et t’aimera toujours malgré cette séparation physique qui m’a arrachée le cœur mais qui était nécessaire.
Je m’arrêtai quelques instants et lui embrassai sa paume douce et froide alors qu’elle demeurait toujours silencieuse. Je me raclai la gorge et finis :
-Dors mon enfant n’aie plus peur, vole petite âme.
Je lui donnai encore d’immenses bisous sur ses joues potelées sous le regard attendri et larmoyant d’Iduna.
-Tu es prête ? Finit-elle par demander.
-Je ne le serai jamais…Mais ma foi…Oui, murmurai-je.
J’embrassai mon bébé une dernière fois et la soulevai vers l’Hellheilm. Les langes disparurent et furent remplacés par une immense robe blanche lumineuse. De même, une auréole entoura bientôt le dessus de la tête d’Elise alors que des petites ailes poussèrent dans son dos. Son visage juvénile nous regarda soudain en souriant et elle disparut.
-Iduna que s’est-il passé ? Demandai-je.
-Tu lui as demandé de veiller sur vous. Votre fille est donc devenue un ange, répondit-elle.
-Je ne la reverrai donc jamais ? Questionnai-je attristée.
Ma belle-mère secoua la tête et répliqua :
-Sans doute pas. Mais elle est en paix à présent.
Je fus surprise de l’être un peu aussi. J’enlaçai une dernière fois Iduna qui ne manqua pas de me rappeler qu’il fallait que je m’en aille et me réveillai enfin.
Ma bouche était pâteuse. Ma tête assez lourde. Je fus surprise de ne pas ressentir de douleur dans le bas-ventre.
-C’est bien Anna. Ouvre les yeux. Doucement, préconisa bientôt Mouna, l’intervention s’est très bien passée.
Je mis une demi-heure à émerger complètement. Je n’eus pas vraiment de pensées durant ce laps de temps. J’entendais péniblement les allers-retours de la guérisseuse et sa fille qui me tapotèrent gentiment les joues à plusieurs reprises pour que je reprenne connaissance.
Puis une main plus forte vint enlacer la mienne et je reçus un baiser doux sur la paume.
-Tout va bien ma Anna d’amour. C’est fini, me murmura Elysia.
Je peinais à hocher la tête tellement je me sentais encore endormie. Je lui souris faiblement.
-Je vais bien…Je suis apaisée…Parvins-je à articuler.
Mon mari resta près de moi à me caresser les cheveux pendant que mon frère se chargea de m’apporter de l’eau tout en me prenant la main pour me réconforter aussi.
-Combien de temps va-t-elle rester ainsi Mouna ? Demanda-t-il.
-Oh ! Il faut au moins qu’elle se repose pendant quatre heures, ensuite nous pourrons repartir pour la Forêt Enchantée, répondit-elle.
-Bien, je ne pourrai pas vous raccompagner mais vous me mettrez au courant de son état, reprit-il.
-Je t’entends Pieter, le grondai-je.
-Je sais petite sœur. Ne t’occupe pas de nous. Nous allons te donner à manger et à boire pour que tu reprennes des forces.
Elysia et lui firent donc des allers retours entre la salle de l’auberge où nous l’avions trouvé quatre ans plus tôt et ce qui me servait de chambre de repos. Je m’autorisai à somnoler ayant encore l’impression d’être droguée. Au cours des quatre heures qui suivirent Mouna et Béata veillèrent à ce qu’il n’y ait pas de pertes de sang trop conséquentes. La guérisseuse vérifia même que j’aille bien aux toilettes pour voir si je n’avais pas de brûlures marquant une éventuelle infection. Heureusement, mise à part quelques caillots de sang, ça ne me tirait pas. Le soleil commençait donc à décliner lorsqu’elle s’écria :
-Nous allons pouvoir y aller. Anna tu n’as pas la tête qui tourne, ça va ?
Je regardai mes proches. Le simple fait d’être avec eux et de les voir, me rassurer. J’avais tellement craint de somnoler au cours de l’après-midi et de me réveiller en découvrant qu’ils étaient tous partis sans moi.
-Non je n’ai pas la tête qui tourne, finis-je par chuchoter.
Je plongeai à nouveau mes yeux dans ceux de mon mari et j’ajoutai avec un sourire béat marqué d’un réel soulagement :
-Je suis contente que vous soyez là.
Comme si je craignais d’être abandonnée, je me ruai sur Elysia qui m’accueillit de façon protectrice.
-Oui ça a l’air d’aller effectivement, déclara Mouna en nous regardant attendrie, mettons-nous donc en route.
Je jetais un dernier coup d’œil à la pièce et essayai de ne pas voir les quelques traces de sang qu’il restait sur le matelas. Nous ressortîmes par la petite porte et contournâmes la grande auberge pour repartir de la rue principale. L’animation habituelle était revenue dans cet endroit maudit et l’intervention à laquelle j’avais eu le droit aujourd’hui semblait presque normale en ce lieu. Alors que nous pouvions nous activer, nous ne bougeâmes pas.
J’observai une dernière fois la bâtisse bizarrement soulagée qu’Elsa ne soit plus dans mon ventre. J’avais le sentiment que j’allais pouvoir avancer désormais ô combien cela serait douloureux. J’espérai tout de même que ce serait la dernière fois que je viendrais ici. Je dévisageai les lettres de l’ENGEL qui me narguaient.
-Pieter…Il faudra que tu dises à Runeard qu’il rajoute « DØD » au nom…Désormais cet endroit se nommera l’ENGEL DOD en souvenir d’Iduna et Elise ! M’exclamai-je d’un coup.
Mon frère choqué dans un premier temps acquiesça et promit qu’il le ferait.
Nous repartîmes comme nous étions venus : Dans le plus grand silence. En rentrant à la maison deux jours plus tard, je ne me souvins de rien…Brièvement Elysia qui me porta dans ses bras jusqu’à la chambre. Les remerciements à Mouna et Béata. Un baiser d’Iduna. Et puis plus rien. Je dormis pendant longtemps.
Quelques jours passèrent. J’étais toujours recroquevillée dans le lit. Les larmes coulaient encore mêlées à une haine incommensurable envers la vie. J’entendis soudain la porte s’entrebâiller et j’étouffais mes sanglots. La voix de la petite résonna alors inquiète :
-Papa…Pourquoi elle ne va pas bien Maman ? Quand est-ce qu’elle ira mieux ?
Elysia répondit du mieux qu’il put d’une voix voilée :
-Elle est triste parce qu’elle a dû dire au revoir à quelqu’un qu’elle aimait beaucoup…Elle retrouvera le sourire avec le temps mon Ange de l’Air. Tu n’y es pour rien en tous cas, lui assura-t-il en l’étreignant fort.
-Oh…Je comprends Papa…Et cette personne est-ce que je la connaissais ? Demanda-t-elle.
La réponse n’arriva pas tout de suite cette fois. Le silence était significatif : Elysia avait du mal à retenir ses larmes. Mon cœur était de plus en plus compressé alors que des images inventées de toutes pièces d’Elise dans ses langes présentées à sa grande sœur émergèrent dans mon esprit. Des larmes silencieuses glissèrent aussitôt le long de mes joues. Pourquoi à la fin ? Pourquoi cela n’avait-il pas pu se passer comme ma première grossesse ?
-Non Iduna tu ne connaissais pas cette personne, finit par répondre mon mari après une éternité.
-Papa…Est-ce que je peux aller réconforter Maman ? Demanda encore la petite.
Le « NON » émergea en premier dans ma tête. Non je ne voulais pas que ma petite fille ait un poids aussi lourd sur les épaules sans qu’elle en prenne conscience. Mais finalement, je me rendis compte que j’avais besoin d’elle dès l’instant où Elysia me la cala contre mon corps. Elle s’approcha doucement et ses petites mains vinrent enlacer mon cou. Elle m’embrassa ma joue mouillée et se mit à chanter :
-Dors mon enfants, n’aie plus peur…Le passé reste au fond des cœurs.
Contre toute attente, sa phrase me calma. Elle reprit immédiatement :
-Je ne veux pas que tu sois triste Maman. Je ferai tout pour être une gentille petite fille et te rendre heureuse, je te le promets…
Puis elle passa une main sur mon ventre et me regarda perplexe avant d’ajouter :
-Tu sais même s’il n’est plus là, Petit Haricot, il t’aimait j’en suis certaine.
Je l’observai les yeux noyés de larmes et la serrai plus fort. Elle accepta l’étreinte sans rechigner. Oui. Je me raccrocherai à ma fille comme à une bouée de sauvetage. Oui. Je n’oublierai jamais l’échange de ma belle-mère. Oui. Petite Elise restera toujours dans mon cœur comme Helga avant elle. Ça serait douloureux à jamais. Je culpabiliserai toujours. Mais je n’avais pas le choix. Il fallait bien avancer. Je regardai mon mari et ma fille en songeant que j’étais bien entourée.
A petit Pierre ou Petit Haricot qui m'a inspiré ce chapitre à ma plus grande douleur...
Et pour les musiques que j'écoute depuis le 9 juillet 2021...
A Elise ou Coquillette qui l'a suivi au 5 février 2022...
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 31 Aoû 2021, 09:44
Je repassais pour voir finalement je n'avais pas tant de retard que ça... Il n'y avait que le dernier chapitre auquel je n'avais pas fait de retour... De fait il est assez compliqué d'en faire un sachant qu'il concluait à la fois RVLP et Secrets d'Ahtohallan, fusionnant définitivement le FCU et ses histoires.
C'était très plaisant de l'avoir rédigé à 4 mains/ Curieusement ça a même été plus facile que pour écrire d'autres chapitres... Evidemment c'est un chapitre fleuve, qui aurait peut être mérité d'être deux chapitres seuls, un pour chaque histoire mais ça n'était pas le but premier de cette narration.
Elle nous aura porté pendant presque un an et ce fut une chouette aventure
Pour ce qui est des bonus, alors c'est un peu plus compliqué car ils ne sont pas la suite immédiate mais des ajouts à la narration première, j'ai donc un peu plus de mal à rentrer dedans... C'est toujours aussi bon au niveau narratif mais je pense que je ne pourrais les apprécier à leur juste valeur qu'en les plaçant, à l'endroit où ils doivent se trouver dans la narration, voilà pourquoi je n'en dirai guère davantage...
Alors voilà tout est terminé?! Le FCU est mort?
...Oh ça serait mal connaître la A&F stories
C'était très plaisant de l'avoir rédigé à 4 mains/ Curieusement ça a même été plus facile que pour écrire d'autres chapitres... Evidemment c'est un chapitre fleuve, qui aurait peut être mérité d'être deux chapitres seuls, un pour chaque histoire mais ça n'était pas le but premier de cette narration.
Elle nous aura porté pendant presque un an et ce fut une chouette aventure
Pour ce qui est des bonus, alors c'est un peu plus compliqué car ils ne sont pas la suite immédiate mais des ajouts à la narration première, j'ai donc un peu plus de mal à rentrer dedans... C'est toujours aussi bon au niveau narratif mais je pense que je ne pourrais les apprécier à leur juste valeur qu'en les plaçant, à l'endroit où ils doivent se trouver dans la narration, voilà pourquoi je n'en dirai guère davantage...
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 14 Nov 2021, 22:03
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 20 Mar 2022, 16:29
Alors j'ai une petite question. Je lis alors peut être que ça sera expliqué mais pourquoi Anna ne dit rien à sa sœur? Elle a pourtant réussie à obtenir qu'elles soient ensemble alors pourquoi? Et si elle lui dit pourquoi Elsa laisse pas Kristoff?
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 20 Mar 2022, 16:36
Oups j'ai vu que je n'étais pas sur le bon sujet. Oui je regarde aussi les autres fictions, j'aime bien me spoiler mais je crois voir quelque chose qui me fait peur... Anna est au paradis?!
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 20 Mar 2022, 18:01
Aaaaah :-P mais tu veux aller trop vite ! XD
Oui Anna est dans l'Helveg dans le 3 mais faut lire le 2 pour comprendre.
Alors concernant croqué par le crocus Anna ne dit rien parce qu'elle est persuadée qu'elle l'a prendra pour une folle (t'en connais beaucoup des gens qui ont dit "tu vois dans le futur il s'est passé ça et ça" et qui ont répondu "d'accord je te crois"...franchement ça ne court pas les rues. Autre chose...Anna pensait pouvoir tout diriger seule (un peu têtue et bornée notre cadette d'Arendelle) mais elle s'est aperçue un peu tard qu'elle n'y arriverait pas...Elsa étant déjà amoureuse de Kristoff et réciproquement, elle a un peu de mal à lui laisser (l'amour ça se commande pas malheureusement)...Mais je ne veux pas t'en dévoiler plus parce que je ne sais pas où tu en es et pour le problème technique je déplacerai les commentaires dans croqué par le crocus ! merci en tous cas de lire et de faire des retours !
Oui Anna est dans l'Helveg dans le 3 mais faut lire le 2 pour comprendre.
Alors concernant croqué par le crocus Anna ne dit rien parce qu'elle est persuadée qu'elle l'a prendra pour une folle (t'en connais beaucoup des gens qui ont dit "tu vois dans le futur il s'est passé ça et ça" et qui ont répondu "d'accord je te crois"...franchement ça ne court pas les rues. Autre chose...Anna pensait pouvoir tout diriger seule (un peu têtue et bornée notre cadette d'Arendelle) mais elle s'est aperçue un peu tard qu'elle n'y arriverait pas...Elsa étant déjà amoureuse de Kristoff et réciproquement, elle a un peu de mal à lui laisser (l'amour ça se commande pas malheureusement)...Mais je ne veux pas t'en dévoiler plus parce que je ne sais pas où tu en es et pour le problème technique je déplacerai les commentaires dans croqué par le crocus ! merci en tous cas de lire et de faire des retours !
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 22 Mar 2022, 00:14
Et un premier cadeau d'anniversaire ! Véritable chef d'oeuvre fait par une fan et amie Disney...Une illustration du chapitre 24 d'Elysia et Anna Piceaerd !
Par précaution c'est mis en spoiler pour ne pas que les puristes qui passeraient par-là ne tombent en diapason !
Par précaution c'est mis en spoiler pour ne pas que les puristes qui passeraient par-là ne tombent en diapason !
- Illustration Anna/Elysia Piceaerd :
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 16:18
Eh bien voilà, j'ai tout lu. Celle là et les Secrets d'Ahtohallan et j'ai compris pourquoi il fallait les lire en même temps! Déjà Wow! Bravo, avoir su coordonner comme ça deux histoires pour qu'elles avancent ensemble et pourtant elles donnaient l'impression de ne pas avoir de lien mais finir par se retrouver en une seule histoire c'est un truc de fou!
Alors plus spécifiquement pour celle-là. Je ne sais pas si je fais bien de le dire et surtout ne le prends pas mal mais au début, j'ai pas aimé et je me suis un peu forcé pour continuer. En fait, la vie de Mamie Anna quand elle est petite fille, bah ça ne m'interessait pas du tout, j'avais un peu l'impression que ça ne servait pas à l'histoire et je ne comprenais pas bien l'intérêt. . Alors attention j'ai pas dit que c'était pas bien, et ça donne quelques passages bien mignons mais voilà c'était pas trop à mon gout, et pourtant je vois que c'est important puisque ça présente bien les enjeux et les personnages. Déjà on comprend qu'Anna doit lutter entre son devoir et son coeur. Pour le coup ça me fait penser à Mulan 2, c'était ce qui était dit dans la bande annonce, mais bon, ici c'est quand même mieux fait! . Après les passages qui m'nt moins plu c'est vraiment le début car dès qu'elle commence à être adolescente et que l'histoire d'amour avec Elysia arrive d'un coup j'ai trouvé que l'histoire était plus profonde et donnait plus envie d'être suivie même si au final, bah je ne sais toujours pas trop à quoi ça sert vraiment pour le grand projet qui nous tient en haleine pour la seconde partie. Alors oui j'ai bien compris que connaître la vie de mamie aide à comprendre qui tous les enjeux, mais l'enfance et le début d'adolescence finalement je me dis que si on avait pas eu cette partie, bah ça n'aurait pas empêché de comprendre toute l'histoire.
Voilà c'était ma partie un peu moins bien mais après ça a vite basculé et j'étais très curieuse de connaître la vie extraordinaire de Mamie Anna. C'est curieux mais à la fin j'oublisais même que c'était une histoire reine des neiges et Anna et Elsa finalement je m'en fichais presque c'était sa vie qui m'intéressait. Si on m'avait dit que je lirai une histoire de la reine des neiges où les deux soeurs sont relégués à des rôles de fugurantes et que j'adorerai je ne l'aurai pas cru! .
Au final c'est fou comme ça enrichi le monde de la reine des neiges. C'est vrai que le film ne donne que peu d'informations sur les Northuldra et là avec cette fiction finalement c'est d'Arendelle dont on sait peu de choses. Et peu à peu, c'est affreux de voir toutes les epreuves qu'elle a du subir au cours de sa vie. A croire que le sort s'acharne sur elle et malgré tout elle arrive au final à surmonter. Quelle force, quelle volonté et c'est ça que j'ai trouvé super, c'est pas une super héroïne comme on voit en mode Super Girl ou celle qui est blonde et habillée comme superman mais en fille chez Marvel je connais pas son nom. Mamie Anna c'est pas ça, elle n'a pas de super pouvoirs et malgré tout elle arrive à faire des trucs de fou juste par sa volonté, ses valeurs et son intelligeance. Même si parfois, j'ai l'impression que tout le monde dit "Mamie a un plan" mais que dans les faits, bah elle ne sait pas vraiment elle même ce qu'il faut faire. Et c'est là que c'était super de voir le lien avec les secrets d'Ahtohallan car avec son double apparemment si, il y a un plan bel et bien ficelé et elle a pour mission de raconter sa vie pour tous les préparer au grand final. . Elle est trop forte! Frantzoze disait qu'Elsa adorait jouer aux echecs mais je pense qu'elle ne tiendrait pas une partie contre sa grand mère pour le coup! .
Au final je ne sais pas trop sur quoi m'arrêter en particulier parce que, wow c'est une histoire tellement complète et longue, c'est vraiment plus un tout mais je le redis je crois que ce qui était le plus fort, c'est d'avoir su raccorder vos deux histoires ensembles. D'ailleurs dans l'Helveg, il fallait jongler entre des personnage de son univers et d'autres de l'univers de Nouveaux Défis.
Enfin voilà, une vie extraordinaire et un plan de fou pour pouvoir tout recommencer. Tout ça me met l'eau à la bouche pour le 4 que je commencerai prochainement en même temps que la Malediction du cinquième esprit car si j'ai bien compris, les deux histoires fonctionnent encore ensemble?!
Bref, un grand bravo et encore une fois, désolé j'ai l'impression de passer pleins de choses sous silence mais je ne sais pas trop comment les dire.
Alors plus spécifiquement pour celle-là. Je ne sais pas si je fais bien de le dire et surtout ne le prends pas mal mais au début, j'ai pas aimé et je me suis un peu forcé pour continuer. En fait, la vie de Mamie Anna quand elle est petite fille, bah ça ne m'interessait pas du tout, j'avais un peu l'impression que ça ne servait pas à l'histoire et je ne comprenais pas bien l'intérêt. . Alors attention j'ai pas dit que c'était pas bien, et ça donne quelques passages bien mignons mais voilà c'était pas trop à mon gout, et pourtant je vois que c'est important puisque ça présente bien les enjeux et les personnages. Déjà on comprend qu'Anna doit lutter entre son devoir et son coeur. Pour le coup ça me fait penser à Mulan 2, c'était ce qui était dit dans la bande annonce, mais bon, ici c'est quand même mieux fait! . Après les passages qui m'nt moins plu c'est vraiment le début car dès qu'elle commence à être adolescente et que l'histoire d'amour avec Elysia arrive d'un coup j'ai trouvé que l'histoire était plus profonde et donnait plus envie d'être suivie même si au final, bah je ne sais toujours pas trop à quoi ça sert vraiment pour le grand projet qui nous tient en haleine pour la seconde partie. Alors oui j'ai bien compris que connaître la vie de mamie aide à comprendre qui tous les enjeux, mais l'enfance et le début d'adolescence finalement je me dis que si on avait pas eu cette partie, bah ça n'aurait pas empêché de comprendre toute l'histoire.
Voilà c'était ma partie un peu moins bien mais après ça a vite basculé et j'étais très curieuse de connaître la vie extraordinaire de Mamie Anna. C'est curieux mais à la fin j'oublisais même que c'était une histoire reine des neiges et Anna et Elsa finalement je m'en fichais presque c'était sa vie qui m'intéressait. Si on m'avait dit que je lirai une histoire de la reine des neiges où les deux soeurs sont relégués à des rôles de fugurantes et que j'adorerai je ne l'aurai pas cru! .
Au final c'est fou comme ça enrichi le monde de la reine des neiges. C'est vrai que le film ne donne que peu d'informations sur les Northuldra et là avec cette fiction finalement c'est d'Arendelle dont on sait peu de choses. Et peu à peu, c'est affreux de voir toutes les epreuves qu'elle a du subir au cours de sa vie. A croire que le sort s'acharne sur elle et malgré tout elle arrive au final à surmonter. Quelle force, quelle volonté et c'est ça que j'ai trouvé super, c'est pas une super héroïne comme on voit en mode Super Girl ou celle qui est blonde et habillée comme superman mais en fille chez Marvel je connais pas son nom. Mamie Anna c'est pas ça, elle n'a pas de super pouvoirs et malgré tout elle arrive à faire des trucs de fou juste par sa volonté, ses valeurs et son intelligeance. Même si parfois, j'ai l'impression que tout le monde dit "Mamie a un plan" mais que dans les faits, bah elle ne sait pas vraiment elle même ce qu'il faut faire. Et c'est là que c'était super de voir le lien avec les secrets d'Ahtohallan car avec son double apparemment si, il y a un plan bel et bien ficelé et elle a pour mission de raconter sa vie pour tous les préparer au grand final. . Elle est trop forte! Frantzoze disait qu'Elsa adorait jouer aux echecs mais je pense qu'elle ne tiendrait pas une partie contre sa grand mère pour le coup! .
Au final je ne sais pas trop sur quoi m'arrêter en particulier parce que, wow c'est une histoire tellement complète et longue, c'est vraiment plus un tout mais je le redis je crois que ce qui était le plus fort, c'est d'avoir su raccorder vos deux histoires ensembles. D'ailleurs dans l'Helveg, il fallait jongler entre des personnage de son univers et d'autres de l'univers de Nouveaux Défis.
Enfin voilà, une vie extraordinaire et un plan de fou pour pouvoir tout recommencer. Tout ça me met l'eau à la bouche pour le 4 que je commencerai prochainement en même temps que la Malediction du cinquième esprit car si j'ai bien compris, les deux histoires fonctionnent encore ensemble?!
Bref, un grand bravo et encore une fois, désolé j'ai l'impression de passer pleins de choses sous silence mais je ne sais pas trop comment les dire.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 17:52
Tout d'abord merci à toi pour ton commentaire ! Tu lis vachement vite dis-donc !
Reprenons un petit peu ton retour. Je comprends tout à fait que le début te paraisse un peu long par rapport à la suite de l'histoire mais ce que je voulais surtout mettre en place c'était l'histoire d'amour entre Anna et Elysia...Et développez assez les personnages et les l'environnement dans lequel ils grandissent avec les rôles de chacun. Effectivement, j'aurais pu commencer à l'adolescence, mais j'avais peur qu'on se perde dans les caractères des personnages. Parce qu'il y en a pas mal qui ont été inventés (Pieter, Amarok, Yuma, Helga, Olaf...) De même comme tu l'as si bien dit, je voulais mettre en avant la vie d'une Northuldra de son début à sa fin, c'était dans mon squelette de départ , d'où la palette de vie de Mamie de sa naissance jusqu'à sa mort. J'avoue aussi m'être fait plaisir avant tout, en créant tous ces chapitres. Malgré tout il y a des éléments qui scellent déjà la fin comme la relation Mamie Anna/ Grand Pabby qui débute à l'âge de 9 ans et qui sera nécessaire pour RVLP4: Prise par un Northuldra, l'animosité entre les arendellien et les Northuldra qui existent dès la naissance de Mamie et qui se répercutent dès le chapitre 10 ou ce besoin d'Amarok d'avoir Anna pour femme qui est expliqué également au chapitre 28 ...En fait, faut l'avoir lu plusieurs fois pour comprendre que des indices ont été semés par-ci, par-là et c'est ça qui en fait toute sa complexité ^^
Après encore une fois, j'entends tout à fait que ça a pu être long pour toi à démarrer
Ouf ! Même si en soi c'est vrai, on retrouve les mêmes enjeux, je préfère quand même être au-dessus de Mulan 2 xD...Même si j'avoue enfant, l'avoir beaucoup apprécié x)
Encore une fois c'était l'effet recherché. Mamie Anna et Papy Elysia étant de base des personnages inventés, il a fallu créer de toute pièce et il m'arrive de plus penser à eux qu'à la reine des neiges !!
C'est tout à fait ça. Mamie Anna c'est la personne lambda qui en a bien chié tous les jours et que tu pourrais croiser au hasard au détour d'une rue. C'est l'héroïne parfaite qui ne veut pas l'être de base. Elle peut représenter les grand-mères ou arrière-grand-mères du monde entier qui ont vécu les guerres sans pour autant s'apitoyer sur leurs sorts ! Et si on veut faire un lien avec les héros Marvel, il faut savoir que les super-héros ont été inspirés de la bonne littérature française ! On dit donc merci à Balzac encore Zola (avec la comédie humaine et les Rougon-Macquart) sans qui le concept de MCU (ou FCU nous concernant) n'existerait pas
https://www.letemps.ch/opinions/avengers-lunion-force
C'est plus ou moins ça. Disons que Mamie Anna travaille beaucoup aux feelings avec ses chakras ! ...Alors à 99% du temps c'est effectivement, "non j'avais rien au départ mais faut pas le montrer aux enfants xD"
Oh...Bah peut-être me dire ce que tu as pensé du couple Anna/ Elysia ?
Non mais si tu veux pas, je te force pas...Mais ça me ferait très plaisir d'avoir ton point de vue dessus
Reprenons un petit peu ton retour. Je comprends tout à fait que le début te paraisse un peu long par rapport à la suite de l'histoire mais ce que je voulais surtout mettre en place c'était l'histoire d'amour entre Anna et Elysia...Et développez assez les personnages et les l'environnement dans lequel ils grandissent avec les rôles de chacun. Effectivement, j'aurais pu commencer à l'adolescence, mais j'avais peur qu'on se perde dans les caractères des personnages. Parce qu'il y en a pas mal qui ont été inventés (Pieter, Amarok, Yuma, Helga, Olaf...) De même comme tu l'as si bien dit, je voulais mettre en avant la vie d'une Northuldra de son début à sa fin, c'était dans mon squelette de départ , d'où la palette de vie de Mamie de sa naissance jusqu'à sa mort. J'avoue aussi m'être fait plaisir avant tout, en créant tous ces chapitres. Malgré tout il y a des éléments qui scellent déjà la fin comme la relation Mamie Anna/ Grand Pabby qui débute à l'âge de 9 ans et qui sera nécessaire pour RVLP4: Prise par un Northuldra, l'animosité entre les arendellien et les Northuldra qui existent dès la naissance de Mamie et qui se répercutent dès le chapitre 10 ou ce besoin d'Amarok d'avoir Anna pour femme qui est expliqué également au chapitre 28 ...En fait, faut l'avoir lu plusieurs fois pour comprendre que des indices ont été semés par-ci, par-là et c'est ça qui en fait toute sa complexité ^^
Après encore une fois, j'entends tout à fait que ça a pu être long pour toi à démarrer
Floconnette a écrit:Pour le coup ça me fait penser à Mulan 2, c'était ce qui était dit dans la bande annonce, mais bon, ici c'est quand même mieux fait! Laughing
Ouf ! Même si en soi c'est vrai, on retrouve les mêmes enjeux, je préfère quand même être au-dessus de Mulan 2 xD...Même si j'avoue enfant, l'avoir beaucoup apprécié x)
Floconnette a écrit:C'est curieux mais à la fin j'oublisais même que c'était une histoire reine des neiges et Anna et Elsa finalement je m'en fichais presque c'était sa vie qui m'intéressait. Si on m'avait dit que je lirai une histoire de la reine des neiges où les deux soeurs sont relégués à des rôles de fugurantes et que j'adorerai je ne l'aurai pas cru!
Encore une fois c'était l'effet recherché. Mamie Anna et Papy Elysia étant de base des personnages inventés, il a fallu créer de toute pièce et il m'arrive de plus penser à eux qu'à la reine des neiges !!
Floconnette a écrit:Au final c'est fou comme ça enrichi le monde de la reine des neiges. C'est vrai que le film ne donne que peu d'informations sur les Northuldra et là avec cette fiction finalement c'est d'Arendelle dont on sait peu de choses. Et peu à peu, c'est affreux de voir toutes les epreuves qu'elle a du subir au cours de sa vie. A croire que le sort s'acharne sur elle et malgré tout elle arrive au final à surmonter. Quelle force, quelle volonté et c'est ça que j'ai trouvé super, c'est pas une super héroïne comme on voit en mode Super Girl ou celle qui est blonde et habillée comme superman mais en fille chez Marvel je connais pas son nom. Mamie Anna c'est pas ça, elle n'a pas de super pouvoirs et malgré tout elle arrive à faire des trucs de fou juste par sa volonté, ses valeurs et son intelligeance.
C'est tout à fait ça. Mamie Anna c'est la personne lambda qui en a bien chié tous les jours et que tu pourrais croiser au hasard au détour d'une rue. C'est l'héroïne parfaite qui ne veut pas l'être de base. Elle peut représenter les grand-mères ou arrière-grand-mères du monde entier qui ont vécu les guerres sans pour autant s'apitoyer sur leurs sorts ! Et si on veut faire un lien avec les héros Marvel, il faut savoir que les super-héros ont été inspirés de la bonne littérature française ! On dit donc merci à Balzac encore Zola (avec la comédie humaine et les Rougon-Macquart) sans qui le concept de MCU (ou FCU nous concernant) n'existerait pas
https://www.letemps.ch/opinions/avengers-lunion-force
Floconnette a écrit:Même si parfois, j'ai l'impression que tout le monde dit "Mamie a un plan" mais que dans les faits, bah elle ne sait pas vraiment elle même ce qu'il faut faire
C'est plus ou moins ça. Disons que Mamie Anna travaille beaucoup aux feelings avec ses chakras ! ...Alors à 99% du temps c'est effectivement, "non j'avais rien au départ mais faut pas le montrer aux enfants xD"
Floconnette a écrit:Au final je ne sais pas trop sur quoi m'arrêter en particulier parce que, wow c'est une histoire tellement complète et longue,
Oh...Bah peut-être me dire ce que tu as pensé du couple Anna/ Elysia ?
Non mais si tu veux pas, je te force pas...Mais ça me ferait très plaisir d'avoir ton point de vue dessus
Floconnette a écrit:Tout ça me met l'eau à la bouche pour le 4 que je commencerai prochainement en même temps que la Malediction du cinquième esprit car si j'ai bien compris, les deux histoires fonctionnent encore ensemble?!
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 18:01
C'est plus ou moins ça. Disons que Mamie Anna travaille beaucoup aux feelings avec ses chakras ! Razz...Alors à 99% du temps c'est effectivement, "non j'avais rien au départ mais faut pas le montrer aux enfants xD"
Mamie quand on lui demande si elle a VRAIMENT un plan
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 19:21
Elysia et Mamie? Ah oui c'est vrai j'aurai pu en parler! Bah on sait dès le départ qu'ils vont finir ensemble donc c'est un peu biaisé mais même si on ne le savait pas, ça se sent à des kilomètres qu'ils se cherchent. La simple première rencontre ou Elysia lui tire la langue, c'est tellement évident qu'ils doivent être ensemble à la fin. . Mais par contre, c'est pas forcément leur histoire d'amour qui me paraissait la plus captivante pour le coup je trouve que le couple entre les parents de Mamie est plus interessant, peut être même plus solide parce que c'est pas un amour évident. Et pareil niveau couple, je trouve que Yelana et Amarok est super intéressant car Yelana passe outre les comportements discutables de l'homme qu'elle aime, elle s'oppose à Mamie et est bien dégoutée du fait de ne pas pouvoir être avec celui qu'elle aime sauf que contrairement à Mamie elle n'ose pas se battre et pour le coup je trouve que ça fait "plus vrai". En fait elle me fait penser à Dolorès dans Encanto, elle aime Mariano, elle comprend qu'elle ne peut pas l'avoir car il est pour sa cousine et en est désemparée, alors ça rend sa chance à la fin d'autant plus mignonne car elle s'était résignée. Ca fait pareil pour Yelana et je trouve ça du coup plus fort. .
Et puis contrairement à Amarok ou à Yelana bah Elysia je le trouve moins mémorable. Pareil un autre personnage super intéressant dont j'ai pas parlé je m'en rends compte c'est Pieter! C'est vraiment celui qui n'a pas de chance et ça le rend bien plus intéressant. Mais Elysia je sais pas je le trouve un peu neutre. Quand il se retrouve séparé, exilé en Arendelle bah il est résigné et jamais il n'agit pour s'enfuir, il donne l'impression de subir les événements mais jamais n'essaie d'aller aux devants, alors que Yelana prend des responsabilités de chef. Pieter décide de partir pour Arendelle et changer de vie, bref ces personnages agissent, alors qu'Elysia, bah heureusement que Mamie agit pour deux. Du coup, le couple oui est bien sympa mais lui il est trop neutre. Je pense que c'est fait exprès car ça rend mamie encore plus brillante mais du coup, on n'a pas l'impression qu'il est digne d'un tel personnage.
Si je sais, il me fait penser un peu à Ryder dans les fictions de Frantzoze. Il arrive à avoir Elsa mais pareil il est trop effacé, trop neutre on se dit qu'il l'a eu un peu par chance du coup c'est pareil dans la fiction de Frantzoze, le couple Elsa/ Ryder je m'en fiche un peu. Pour le coup j'aurai plus aimé qu'elle soit avec Yohan, il y avait une autre alchimie, mais ça je le dirai à Frantzoze
Donc voilà, désolée je suis pas très positive sur ce couple, c'est aussi pour ça que je n'avais pas voulu en parler . Mais ça ne m'a pas empêché d'aimer leur relation et heureusement vu qu'elle est centrale dans l'histoire mais comme je le disais, elle l'est grace à Mamie mais pas trop à lui.
Voilà, je sais pas si c'est très claire j'ose pas trop me relire je suis sure d'avoir écrit des bêtises!
Et puis contrairement à Amarok ou à Yelana bah Elysia je le trouve moins mémorable. Pareil un autre personnage super intéressant dont j'ai pas parlé je m'en rends compte c'est Pieter! C'est vraiment celui qui n'a pas de chance et ça le rend bien plus intéressant. Mais Elysia je sais pas je le trouve un peu neutre. Quand il se retrouve séparé, exilé en Arendelle bah il est résigné et jamais il n'agit pour s'enfuir, il donne l'impression de subir les événements mais jamais n'essaie d'aller aux devants, alors que Yelana prend des responsabilités de chef. Pieter décide de partir pour Arendelle et changer de vie, bref ces personnages agissent, alors qu'Elysia, bah heureusement que Mamie agit pour deux. Du coup, le couple oui est bien sympa mais lui il est trop neutre. Je pense que c'est fait exprès car ça rend mamie encore plus brillante mais du coup, on n'a pas l'impression qu'il est digne d'un tel personnage.
Si je sais, il me fait penser un peu à Ryder dans les fictions de Frantzoze. Il arrive à avoir Elsa mais pareil il est trop effacé, trop neutre on se dit qu'il l'a eu un peu par chance du coup c'est pareil dans la fiction de Frantzoze, le couple Elsa/ Ryder je m'en fiche un peu. Pour le coup j'aurai plus aimé qu'elle soit avec Yohan, il y avait une autre alchimie, mais ça je le dirai à Frantzoze
Donc voilà, désolée je suis pas très positive sur ce couple, c'est aussi pour ça que je n'avais pas voulu en parler . Mais ça ne m'a pas empêché d'aimer leur relation et heureusement vu qu'elle est centrale dans l'histoire mais comme je le disais, elle l'est grace à Mamie mais pas trop à lui.
Voilà, je sais pas si c'est très claire j'ose pas trop me relire je suis sure d'avoir écrit des bêtises!
- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 19:39
Wow... Sortir que le couple Anna et Elysia est bof...
Tu vas avoir des problèmes!
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 19:52
Quoi? Mais non tout de suite je n'ai pas dit ça! C'est un beau couple bien au contraire, mais je trouve qu'il y a des couples et des relations plus interessantes encore c'est pas pareil. Et de toute façon, le meilleur couple c'est Anna et Kristoff POINT! Le reste ça n'existe pas! Bon si c'est vrai que l'échange Kristoff et Hans pour les soeurs c'était super sympa aussi . Mais voilà je ne dis pas que c'est un couple qui n'est pas interessant bien au contraire mais que le personnage d'Elysia, comme il est moins développé bah forcément ça rend le couple moins fort mais je pense que ça aurait été impossible de faire un partenaire à la hauteur de Mamie tant elle est géniale ici! Et ça les empêche pas d'avoir des scènes très... intenses! D'ailleurs je trouve que tu t'en sors mieux que Dov dans cet exercice, les scènes d'amour sont bien plus maîtrisées (et il y en a beaucoup plus aussi c'est sur).
Donc oui c'est un beau couple! Il n'y a pas de doute. Mais le personnage d'Elysia, bah il me plaît un peu moins en fait. Et je préfère les relations entre Mamie et Iduna, je crois que j'aurai adoré une histoire focalisée sur la relation mère fille!
Donc oui c'est un beau couple! Il n'y a pas de doute. Mais le personnage d'Elysia, bah il me plaît un peu moins en fait. Et je préfère les relations entre Mamie et Iduna, je crois que j'aurai adoré une histoire focalisée sur la relation mère fille!
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 03 Avr 2022, 23:46
Bien...Ca m'arrache les entrailles de le lire...Mais ceux sont des arguments somme toutes recevables...Mon pauvre Elysia ne peut malheureusement pas plaire à tout le monde
Si tu veux un endroit où ce personnage est un peu plus développé...Go par ici
https://disneyfrozen.forumactif.org/t1176-ansa-s-stories-retour-vers-le-passe-les-amants-de-l-avent-attention-contenus-matures
Je sais c'est pas la période mais bon...Y a aussi plus de développement Mamie Anna/ Iduna...
Si tu veux un endroit où ce personnage est un peu plus développé...Go par ici
https://disneyfrozen.forumactif.org/t1176-ansa-s-stories-retour-vers-le-passe-les-amants-de-l-avent-attention-contenus-matures
Je sais c'est pas la période mais bon...Y a aussi plus de développement Mamie Anna/ Iduna...
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- FloconnetteLégende du Royaume
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Lun 04 Avr 2022, 12:23
Mais j'ai pas dit que je ne l'aimais pas non plus . Je préfère m'intéresser aux événements de sa vie, la naissance de sa fille, sa relation avec elle, les drames de sa vie que le couple en tant que tel. Ils m'intéressaient bien plus quand ils galéraient à être ensemble qu'après. Oups en me lisant j'ai l'impression que ce que j'aime c'est les voir souffrir . Et j'aime bien les relations compliquées, donc comment elle partage sa vie avec Yelana ça j'aime bien, elles sont meilleures amies mais dès fois on a l'impression qu'elles vont se tuer. Avec Pieter aussi c'est génial pour ça. Bon et le pire c'est Andréas... Là j'ai eu mal! Bon et puis de toute façon la plus importantes des relations pour moi c'est celle de Mamie avec Anna
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