[Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
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M.Baggins
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 25 Sep 2020, 21:24
Chapitre 4 : Les apprentis :
-A votre avis les enfants, pourquoi est-ce que nous ne sommes pas dans la hutte de l’école ce matin ? Demanda Maman.
-Moi je sais ! Moi je sais ! Criai-je en levant bien haut la main, tu l’as dit à Papa tout à l’heure.
-Chut Anna, laisse les autres répondre, me gronda-t-elle gentiment.
Je le chuchotai immédiatement à Yélana pour qu’elle donne la réponse. Ma meilleure amie depuis quatre ans maintenant, leva aussitôt la main. Maman soupira en comprenant mon stratagème mais répliqua :
-Oui Yélana ?
-On va étudier la science et vie de la terre aujourd’hui en observant les arbres.
-Très bien. Je voudrais que vous preniez le temps d’admirer votre environnement. Vous le côtoyer tous les jours, pourtant si je vous demande une description des arbres vous serez incapables de me répondre. Et surtout si je vous demande la relation avec vous, vous serez bien en peine de me le dire.
Nous hochâmes la tête pour acquiescer ses paroles. Maman sourit et nous fit assoir en cercle. Il faisait beau. C’était le printemps.
-Je vous explique la consigne. Vous avez tous des noms de famille en rapport avec la nature qui nous entoure. Il serait donc intéressant que vous en appreniez plus sur cette nature qui vous correspond vous ne trouvez pas ?
-Oui Madame Piceaerd ! Clama la classe.
-Dans ce cas, vous allez réaliser un herbier que nous irons faire sécher en classe ensuite. Quand je vais donner le nom de votre arbre, la famille qui le porte va aller chercher les feuilles pour le reste de la classe. D’accord ?
Nous acquiesçâmes.
-Commençons donc. A votre nom vous vous levez. Bien. Acerabolo.
Un garçon et une fille allèrent immédiatement décrocher plusieurs feuilles d’érables de Norvège, puis ils revinrent s’assoir.
-Savez-vous ce que symbolise votre nom jeunes gens ?
Ils secouèrent la tête.
-Le sens de l’observation.
Ils firent des mines déçues alors que cela suffit à attiser ma curiosité.
-J’appelle, Aulnus.
Un garçon blond et bavard aux yeux noirs se leva et alla vers un aulne.
-Moi je sais Madame pour le symbole de mon nom il incarne le courage et la vaillance.
-Oui très bien Frantz, reviens t’assoir maintenant.
Maman appela ensuite les Bettua qui se dirigèrent vers les Bouleaux symbole de bienveillance. Puis il y eut les Delahage qui étaient les plus bas au rang social puisqu’ils se rendirent dans la haie la plus proche. Ensuite ce fut au tour de Yélana.
-Allez mademoiselle Coudrier à ton tour ! Clama Maman.
Ma meilleure amie se rendit alors près d’un noisetier et y revint avec plusieurs feuilles.
-Moi, Madame je ne connais pas le symbole mais je sais que s’endormir sous un noisetier permettrait de faire des rêves prémonitoires, c’est mon Papa qui me l’a dit mais je n’ai jamais essayé.
-Intéressant, commenta Maman.
Elle annonça ensuite l’autre nom du bas peuple Northuldra. Celui des Populus qui était tout simplement lié au peuplier, symbole de la patience. Enfin ce fut notre tour.
-Les Piceaerd !
Pieter et moi ne nous fîmes pas priés pour ramasser plusieurs épines et pommes de pins d’un grand épicéa. Puis j’expliquai fièrement :
- L’épicéa symbolise la naissance, la pulsion de vie et l’égocentrisme créatif …
-Très bien Anna, répliqua Maman fièrement.
Yélana me donna la main avec un sourire.
-Il reste une famille qui n'a pas d'enfants encore... Les Nattura les plus communs avec les Delahage et les Populus puisque la signification de leur nom est directement lié à la nature. A la communion la plus primaire. Et c'est pour cela que dans cette famille il y a essentiellement des guérisseuses. Nous leurs en sommes reconnaissants ! Il ne faut pas oublier pas que c’est Mouna qui m’a sauvée lors de mon accouchement il y a six ans....Peut être qu'elle aura une héritière un jour !
-C’est un peu dégoûtant Maman ! Dis-je.
Elle rit.
-Oui tu as raison ma petite chamane. Bien vous avez tous vos feuilles ?
-Oui Madame Piceaerd.
-Parfait. Gardez-les bien avec vous nous allons retourner en classe pour les faire sécher.
Nous partîmes aussitôt de la clairière pour nous rediriger vers le campement. Là, Maman s’appliqua à nous faire coincer chaque feuille de chaque arbre différent sur une page du cahier de nos herbiers.
-Et en attendant que ça sèche, nous allons passer à un cours géographie qui est en rapport avec vos arbres.
Elle nous dicta alors pleins de phrases avec des mots compliqués. Au début je ne dis trop rien. Mais après quelques lignes, je commençai déjà à souffler. Mon esprit partit immédiatement ailleurs autre que vers les termes « continentale, conifère ou encore régions tempérées et humides de l'hémisphère Nord ».
Je fus bientôt sortie de ma rêverie.
-Quoi ? Cela ne te plaît pas Anna ? S’étonna Maman, je croyais que tu aimais apprendre.
-Si si, c’est très intéressant. Mais je préfère les histoires d’aventures où deux personnes doivent s’enfuir pour s’aimer pleinement comme elles le désirent sans que leurs parents ne les embête.
-Quelle drôle d’idée ma petite chamane ! S’exclama Maman choquée.
-Ou bien les histoires d’amour impossible entre un peuple Northuldra et un comme celui d’Arendelle par exemple ! Clamai-je à nouveau.
-Anna voyons ! Arrête tes sottises ! Dit-elle en haussant le ton.
Les élèves s’arrêtèrent net pour nous regarder. Je baissai rapidement les yeux face à elle. Elle me regardait en colère.
-Pardon Maman… C’est juste que j’ai pleins d’idées dans ma tête.
-Oui… Eh bien contente-toi de penser à l’instant présent ! Me sermonna-t-elle en pointant mon cahier, et d'avoir plus de raisonnement logique !
Elle se remit à dictée alors que je sentis des larmes de honte me montaient aux yeux.
-Je m’en fiche. Un jour, j’écrirai mes histoires dignes des grandes dames de ce monde, chuchotai-je pour moi-même.
-Est-ce que tu as fini par les écrire tes romans Mamie ? Demandai-je impatiente.
-Oh oui ! Soupira-t-elle. Mais je ne préfère ne pas t’en parler pour l'instant ma petite Picéaerd.
-Est-ce qu’on les connaît au moins ? Renchérit Maman intriguée.
Mamie hocha rapidement la tête et préféra changer de sujet.
-Comment se fait-il que ta Mère était à la fois chamane et préceptrice ? Lança à son tour Hans. Je croyais que c’était le travail d’un autre Northuldra, alors que toi tu serais plus l’équivalent du prêtre pour les européens.
-Préceptrice ? Répéta Papy sans comprendre.
-faiaoga mon amour.
-Bah alors vous ne saviez pas ça beau Papa ? Se moqua bientôt Père.
-Agnarr tais-toi, grogna Maman en lui lançant un coup de coude.
-Ah ! Je retrouve le caractère autoritaire de mon Ange de l'Air ! S’exclama alors Grand-père avec un sourire.
-Est-ce que ça va être toujours comme ça entre eux ? Me murmura Hans.
J’haussais les épaules, frustrée de ne pas connaître les histoires de Mamie. Enfin… Il y en avait au moins une dont elle était en train de nous faire part. Mon mari ne se laissa pas décontenancer.
-On pourrait partir tous les deux pendant qu’ils se disputent ? Proposa-t-il d’un air enjôleur.
C’était tentant de retrouver l’intimité conjugale. Mais l’appel de l’histoire l’était encore plus.
-Non il vaut mieux rester auprès de Mamie. Elle sait toujours ce qu’il faut faire.
Un peu déçu, Hans acquiesça et m’embrassa le cou.
-Comme vous voudrez madame Westergaard.
Je ne voulais pas entendre une seconde de plus mes proches continuer de se chamailler, aussi je demandai à nouveau :
-Du coup, tu avais double leçon toi Mamie ?
-Double leçon ?
-Oh bah tu sais… Tu avais l’école comme tout le monde mais tu avais aussi des leçons de chamanisme non ? Quand as-tu commencé tes leçons d’ailleurs ?! Est-ce qu’on peut considérer que ta première rencontre avec les esprits faisait partie de l’apprentissage ?
-Stop! Stop! Stop! Anna! Rit-elle. J’y viens de suite.
-Son impatience me rappelle quelqu’un, minauda encore Papy.
-Oui toi ! S’exclama-t-elle en lui tapant la poitrine.
-Ou toi ! Renchérit Papy.
-Oh pitié ! Epargnez-nous ce spectacle ! Grogna Papa, Anna a de votre ADN à tous les deux ainsi qu’à Iduna et moi pas étonnant qu’elle soit aussi explosive ! Point.
-Surtout faites comme si je n’étais pas là, je m’en remettrai… Murmurai-je en rougissant.
-Mais tu es morte mon amour, dit Hans.
-Merci de me le rappeler, grommelai-je.
Je lui effleurai tout de même les lèvres pour lui montrer que je ne lui en voulais pas pour sa remarque maladroite.
-Bon ! Pourrait-on passer à autre chose maintenant ? Tout cela m’exaspère ! Déclara Papa.
Maman lui embrassa la joue pour l’adoucir alors que Mamie s’écria :
-Tout à fait mon Gendre ! Vous l’avez très bien dit ! Revenons à notre histoire.
-A demain Madame Piceaerd ! Dirent les élèves dans l’attroupement général.
Ils sortirent de la salle de classe. Je les suivis dehors.
-Si on allait se baigner près de l’étang ? Proposa bientôt Amarok.
-Papa et Maman veulent que je rentre tout de suite après l’école, bouda Yélana.
-Je te ramènerai si tu veux, renchérit le fils du chef, c'est Papa qui nous surveille.
Ma meilleure amie rougit, tout heureuse.
-C’est d’accord.
-Nous, faut d’abord qu’on se change, dis-je enthousiaste.
Nous retournâmes à la maison avec Maman. Pieter troqua bientôt sa tenue Northuldra contre un maillot de corps. J’enfilais ensuite le mien. Nous étions sur le point de repartir lorsque Maman m’arrêta :
-Non, toi Anna il faut que tu restes avec moi.
-Pourquoi ? Demandai-je agacée.
-Il y a ta leçon de chamanisme, répondit Maman avec un grand sourire.
Je poussai un profond soupir, jalouse de voir Pieter déjà dehors. Il me cria bien fort :
-Je te raconterai ! A tout à l’heure !
Maman vint immédiatement poser une main sur mon épaule.
-Ne sois pas triste ma petite chamane, tu ne le comprends pas pour l’instant mais tu es privilégiée par rapport aux autres. En plus quelque chose me dit que cette leçon va te plaire !
J’haussai les épaules, indifférente à ses propos. Elle n’y prêta pas attention et m’emmitoufla bientôt de mon châle violet qui me recouvrit tout le corps. Nous nous rendîmes jusqu’à l’orée des Plages Grises. Mon cœur battit violemment en apercevant deux silhouettes au loin.
-Iduna ! Nous sommes là ! S’exclama immédiatement Maman.
Iduna ? Mais alors cela voudrait dire que…
-ELYSIA ! Hurlai-je en me précipitant dans ses bras.
Le garçon m’accueillit un grand sourire aux lèvres.
-Bonjour Anna ! Comme je suis content de te revoir ! Tu as grandi ! S’écria-t-il.
-Mais toi aussi ! Dis-je en contemplant son corps plus trapu qu’avant.
-Je te l’avais bien dit que cette leçon allait te plaire, dit Maman.
J’hochai la tête.
-Alors par quoi veux-tu commencer Iduna ? Renchérit-elle.
-Il y a un très gros travail à faire pour Elysia et je pense que ma méthode de travail ne correspond pas à son apprentissage.
-Développe, dit Maman d’une voix professionnelle alors que nous retournions dans la hutte.
-Eh bien… Il y met beaucoup de volonté, beaucoup de motivation mais il ne retient pas grand-chose. Nous n’avons pas expérimenté beaucoup de leçons. J’ai l’impression que son aura n’est pas assez puissante.
Maman réfléchit puis ordonna :
-Approche Elysia.
Il arriva timidement à sa hauteur. Elle lui agrippa bientôt la main et ferma les yeux quelques instants.
-Effectivement l’aura est faible, diagnostiqua-t-elle.
Elle chuchota immédiatement quelque chose dans l’oreille d’Iduna.
-Non je n’y avais pas pensé, reconnut cette dernière. Mais c’est une bonne idée Helga !
Nous nous concertâmes du regard cherchant à comprendre ce qu’elles s’étaient dit. Nous ne tardâmes pas à le savoir.
-Il existe des moyens efficaces pour avoir une aura plus ouverte, reprit Maman.
Elle nous fit nous installer en tailleur au centre de la hutte pendant qu’Iduna et elle se contentèrent d’allumer des bougies tout en récitant des paroles en Northuldra du Sud et du Nord.
-Tout d’abord mes enfants, nous avons tous ce qu’on appelle des Chakras. Ceux sont des ouvertures de notre esprit qui crée une sensibilité avec le monde qui nous entoure et qui nous permettent d’être en meilleure santé. Il arrive que certains chakras soient plus réceptifs que d’autres selon les personnes. Pour Elysia par exemple ils n’ont pas été ouverts naturellement alors que pour Anna si.
-Ceux sont nos ancêtres les Northuldra des pays tropicaux et arides qui nous ont appris l’existence de ces chakras et comment nous devions les utiliser, continua Iduna.
-Est-ce que ça va faire mal ? Demanda Elysia qui s’attendait à une opération.
Je lui pris la main pour l’encourager.
-Non garde ton corps pour toi ma petite chamane, dit Maman, et non Elysia cela ne fera pas mal, tout au plus un vertige rien d’autre.
Il poussa un soupir de soulagement et me regarda en souriant. Sentant que je rosissais, je détournai immédiatement le regard et me focalisai sur les adultes.
-Combien on en a dans le corps Maman ? Questionnai-je à mon tour.
-Oh ! Beaucoup ! Mais il en existe 7 principaux. C’est sur ceux-là que nous allons travailler.
-Euh… Helga… On ne va pas tous leur faire ? Il y en a qu’ils ne sont pas en âge de comprendre, répliqua très vite la mère d’Elysia.
Maman rougit à son tour et bafouilla :
-Oui, Iduna, tu as raison. Je pense que commencer avec trois suffiront pour ces jeunes gens. Il faut déjà voir si ce jeune homme est réceptif au premier.
-Moi en tous cas, je suis tout à fait prête ! Dis-je.
-Calme-toi Anna. Tu es déjà trop excitée là.
Elysia rit gentiment, se moquant de moi.
-Un peu de concentration jeunes gens ! Ordonna aussitôt Maman. Restez en tailleurs et placez votre index et votre pouce de chaque main côte à côte.
Nous nous appliquâmes.
-Bien. Gardez vos doigts comme ça et détachez vos mains. Mettez la gauche sur votre genou gauche et la droite juste au-dessus de votre poitrine.
-Près du cœur ? Demandai-je.
Maman hocha la tête, elle aida ensuite Elysia qui s’emmêlait les pinceaux entre sa droite et sa gauche.
-Voilà c’est mieux. Maintenant dites dans votre tête le monde « YAM ».
-YAM ! Répéta automatiquement Elysia.
-Dans la tête on a dit ! Grognai-je car je trouvais qu’il jouait les idiots.
Maman posa une main sur mon épaule.
-Tu restes calme Anna sinon ça ne marchera pas. D’accord ? Excuse-toi auprès d’Elysia.
Je m’exécutai un peu honteuse. Puis Maman se tourna gentiment vers le Northuldra du nord.
-Tu peux le crier dans ta tête si tu veux Elysia, compris ?
-Oui madame. Pardon.
Nous recommençâmes et cette fois il n’y eut plus de bruit. La pièce me semblait loin. J’avais fermé les yeux pour plus de précautions. Je me sentis envahie d’un sentiment de pureté, de joie et d’innocence. Nous restâmes comme ça pendant longtemps mais cela ne me gênait pas car nous étions bien. Ce furent Iduna et Maman qui nous ramenèrent à la réalité.
-Comment te sens-tu Elysia ? Demanda-t-elle.
Le garçon me regarda puis répondit :
-J’ai envie d’aller faire un câlin à tout le monde maintenant, d’aimer tout le monde, de me faire plus d’amis.
-Bien. C’est ton langage d’enfant mais cela montre quand même que cela a fonctionné puisque les qualités du cœur ont l’air de s’être ouvertes.
-Est-ce que ça t’a fait pareil Anna ? S’enquit Iduna anxieuse.
J’hochai la tête même si j’étais déçue que Maman ne m’ait pas demandé la réponse à moi.
-Parfait mes enfants. Nous allons donc ouvrir le deuxième chakra. Celui de la gorge.
Elysia ouvrit immédiatement de grands yeux apeurés et se recroquevilla contre sa mère.
- Je ne veux pas qu’on m’ouvre le cou, pleurnicha-t-il.
Mais qu’est-ce qu’il était bête ! Ce n’était pas possible ! Je m’en voulu tout de suite pour avoir pensé ça de lui. Je lui pris aussitôt la main et murmurai :
-Est-ce que tu me fais confiance ?
Il fixa mes beaux yeux sarcelles et finit par hocher la tête.
-Parfait mon garçon. Il faut arrêter d’avoir peur. Tu es très bien entouré et tu as bien réussi le premier chakra. Fais-toi confiance. Anna...Encore une fois ne lui tend pas la main...Vous risqueriez de vous emmêlez vos énergies....Et je veux déterminer la sienne.
-Pardon Maman, murmurai-je en retirant mes doigts de ceux chauds du jeune garçon.
Ma Mère nous ramena au centre de la pièce.
-Asseyez-vous sur vos genoux jeunes gens. Bien, maintenant enlacez tous vos doigts sauf les pouces.
Elle inspecta rapidement notre posture.
-Parfait. J’ai cru comprendre que vous saviez où était votre gorge. Vous allez donc imaginer un point à l’intérieur puis dire dans votre tête le mot « HAM » pendant cinq minutes.
Cette fois Elysia ne fit pas d’autres bourdes et l’exercice se fit sans encombre. Quelquefois je confondais le mot avec les Ah-Ah qui servaient à appeler les esprits mais cela ne semblait pas perturber la leçon. Au bout des cinq minutes promises, nous nous arrêtâmes.
-Alors qu’as-tu ressenti Elysia ? Demanda à nouveau Maman.
Je croisai immédiatement les bras et me frottai les pieds de mécontentement.
-Pourquoi tu ne m’interroges pas ?! Grognai-je.
-Parce que toi, je sais que ça a marché ma petite chamane, répondit-elle en me caressant le dos… Alors Elysia je t’écoute ?
-J’ai l’impression que j’aurais plus de facilité à parler avec les gens, murmura timidement ce dernier en voyant qu’il m’avait contrarié.
-C’est exactement l’effet recherché ! S’écria Maman avec un grand sourire.
-J’admire ton travail Helga ! Je ne sais pas comment tu fais mais tu m’épates ! S’exclama Madame Sappos avec des yeux de fierté pour son petit garçon.
-Oh ce n’est rien ! Je te ferai part de mes petites astuces tout à l’heure, reprit-elle. Mais avant il nous reste un dernier chakra à ouvrir. Celui du troisième œil.
Cette fois il n’y eut aucune remarque. A la place Maman dicta le positionnement :
-Remettez vous en tailleur. Puis collez vos phalanges les unes aux autres sauf pour les majeurs que vous allez juste collés aux sommets.
-C’est compliqué, commentai-je.
-Oui je sais....Mais un peu de difficulté ne vous fait pas de mal.
Elle nous aida patiemment à bien installer nos mains puis elle continua :
-Gardez-bien vos doigts comme je viens de vous les placer. Bien, les pouces doivent se pointer vers vous alors que vos majeurs doivent s’étendre à l’opposé. Voilà. C’est très bien. Pour vos bras maintenez-les bien en angle droit.
-Elle est dure celle-là, Helga non ? Chuchota bientôt Iduna.
-On essaye et si jamais ils n’y arrivent pas, ce n’est pas grave. Ils auront toute leur vie pour s’entraîner sur l’ouverture des chakras.
Puis elle s’adressa à nouveau à nous :
-Maintenant imaginez que vous avez un troisième œil dans votre crâne juste entre les deux yeux habituels. Fermez-les et dites dans votre tête le son « AUM ».
L’exercice fut fait. Je m’y pris tellement bien que je faillis tomber dans les paumes.
-Vous pouvez ouvrir les yeux à présent, murmura Maman cinq minutes plus tard.
-Ne m’en veuillez pas Madame Picéaerd mais cette fois je n’ai pas ressenti grand-chose, le devança Elysia.
-Qu’appelles-tu par pas grand-chose ? Répéta-t-elle.
-Eh bien, je n’ai revu que des souvenirs de choses que j’avais appris avec Maman ou bien à l’école, murmura le garçon.
-C’est déjà pas mal. Je ne m’attendais pas à ce que vous réussissiez du premier coup de toute façon. Vous avez bien travaillé, vous méritez un goûter. Ma petite chamane va chercher les gâteaux dans le cellier, je vais discuter avec Iduna.
-Bien Maman.
Nous allâmes chercher un gâteau confectionné hier soir et le mangeâmes de bon cœur sans pour autant parler. J’en voulais toujours à Elysia d’avoir été le centre d’intérêt au cours de cette leçon. Nos deux mères étaient dehors. Nous entendions leur conversation au loin. Après un long moment, elles revinrent vers nous, le visage d’Iduna était à la fois serein et triste.
-Tout va bien Maman ? Demanda alors le petit garçon en lui prenant la main.
-Oui mon petit Sappos.
-On rentre bientôt à la maison ? Questionna-t-il à nouveau. Je voudrais encore jouer avec Anna.
Je me renfrognai aussitôt. Je voulais lui faire ma mauvaise tête le plus longtemps possible pour son comportement mais je n’y arrivai pas. J’affichai quand même une mine boudeuse et évitai son regard.
-Mon Elysia joli, nous avons pris une décision avec Helga, reprit Iduna. Vois-tu, c’est une plus grande chamane que moi et elle arrive à t’apprendre des choses que moi je n’arrive pas malgré des mois d’apprentissages. Tu vas rester avec elle pendant quatre ans pour pouvoir devenir un chamane acceptable pour les Northuldra du Nord, d’accord ?
-Tu m’abandonnes Maman ? Paniqua-t-il soudain.
-Non, non mon petit Sappos. Tu vas rester avec Madame et Monsieur Picéaerd et je demanderai de tes nouvelles régulièrement par Courant d’Air.
-Tu pourras aussi lui écrire Elysia, intervint Maman. Tu resteras chez nous et tu feras partie de la famille avec Pieter et Anna. Tu veux bien accomplir cette mission pour ton peuple ?
Je scrutai le garçon qui réfléchissait. Il finit par répondre :
-Je veux bien.
Iduna et Maman retrouvèrent immédiatement le sourire.
-Tu es un bon garçon. Quand je te retrouverai tu seras un jeune homme.
Iduna le porta dans ses bras et l’embrassa avec affection. Elle pleura à chaudes larmes mais finit quand même par le lâcher.
-Surtout tu ne le laisses pas s'approcher de... Implora bientôt la mère d'Elysia.
-Je te le promets....Viens à présent, je te raccompagne, dit-elle en lui caressant le dos d’un air compatissant. Anna tu restes bien avec Elysia dans la maison, d’accord ? Mets-le à l’aise, tu veux bien.
J’hochai la tête en l’observant toujours durement. Elles s’en allèrent enfin. le garçon des Terres Gelées s’approcha alors timidement de moi.
-On est toujours amis ? Demanda-t-il apeuré.
-Je suis contente que tu restes ! Dis-je furieuse.
-Ce n’est pas ce que ton corps montre.
-Tu voudrais peut-être que je te saute dans les bras ? Repris-je.
-Bah je croyais que ton chakra du cœur s’était bien ouvert à toi aussi, alors je m’étais dit que tu pourrais même m’embrasser, minauda-t-il d’un air malin. Tu es très douée comme apprentie chamane après tout.
Mon comportement changea radicalement. Je n’étais vraiment pas une bonne amie. Elysia ne laissait aucune trace de peine transparaître quant au fait qu’il serait séparé de sa mère pendant quatre ans et moi j’étais en train de lui faire une crise de nerfs parce que Maman ne m’avait pas mise en avant durant la leçon. Je retrouvai le sourire et lui prenant la main, je déclarai :
-Pardon. Je suis égoïste. Tu as raison mon chakra du cœur est ouvert tout comme le tien.
-Alors on essaye un bisou ? Proposa-t-il.
Je priai intérieurement pour que Maman, Papa et Pieter n’arrivent pas à ce moment-là. Mon cœur se mit à battre plus vite alors que je me penchai vers la tête d’Elysia. Je fermai les yeux et me collai rapidement à ses lèvres. Un son timide indiquant que nous nous étions bien embrassés résonna. L’instant d’après nous ouvrîmes les yeux et nous écartâmes l’un de l’autre rouge de confusion.
-Alors qu’en as-tu pensé ? Demanda-t-il.
-C’était dégoûtant, répondis-je du tac au tac.
A mon grand soulagement, Elysia ne fut pas blessé ayant le même sentiment.
-Bon de toute façon, je ne peux pas être ton amoureux, je te rappelle que c’est Amarok qui l’est, reprit le jeune Northuldra du Nord, mais je veux bien te servir de deuxième grand frère et meilleur ami garçon si tu le désires.
-Je veux bien. Vous vous partagerez les tâches avec Pieter.
La mention de ce dernier le fit arriver. Il s’arrêta net en voyant Elysia et le toisa du regard.
-Que fais-tu ici ? Demanda-t-il sans même lui dire bonjour.
Maman et Papa arrivèrent alors pour expliquer la situation. Pieter n’en démorda pas. Il ne pouvait s’empêcher de cacher son mécontentement face à notre nouveau frère.
-Allez Pieter sois gentil avec Elysia vous allez partager la même chambre, dit Maman.
-Oh je peux dormir sur le tapis de rennes si ça le dérange ou dans la chambre d’Anna, avança le garçon.
-Non ! Coupa Papa d’une voix un peu trop directe. Tu dormiras avec Pieter et je ne veux pas d’histoires.
-Mais Papa ! Ce n’est pas juste ! S’écria ce dernier, en plus je croyais que seules les filles pouvaient être chamanes ! Maman tu m’as menti !
-Je ne t’ai pas menti mon fils, les filles ont plus de facilité à l’être car elles ont une aura plus naturelle alors que pour les garçons il faut passer par l’apprentissage. Tu n’étais pas destiné à être chamane de toute façon puisque les traces de la cérémonie de la nature sont parties tout de suite après ta naissance. Pour Elysia c’est différent, sa Maman n'a pas de Papa et ne peut pas avoir d’autres enfants. En attendant qu’il se trouve une femme ça reste lui le chamane officiel après Iduna. Est-ce que tu as compris Pieter ?
-Oui Maman, murmura-t-il tout en lorgnant le Northuldra du Nord d’un sale œil.
Puis il ajouta plus bas pour que seule Elysia et moi puissions l’entendre :
-J’en connais un qui ne va pas être content.
Le dîner se fit dans le plus grand silence. Puis il fallut aller nous coucher. Alors que j’entrai dans mon lit, les garçons vinrent me souhaiter bonne nuit. L’atmosphère était toujours pesante.
-Je te trouvais très jolie avec ton maillot de corps, murmura le Northuldra des Terres Gelées.
Je rougis alors qu’il m’embrassa la joue. Puis tandis qu’il s’en alla ensuite de la pièce, j’interpellai Pieter :
-Tu ne m’aimes plus ?
Je lui fis les yeux doux et il se radoucit aussitôt.
-Si bien sûr que si petite sœur, mais j’ai promis de te protéger. Elysia ne me plaît pas. J’ai peur qu’il prenne ma place.
-Je te promets que non. J’aurais toujours besoin de toi Grand frère; dis-je d'une voix qui ne laissait aucun doute.
Cela l’apaisa un peu. Il me sourit enfin et m’embrassa le front.
-Tu devais me raconter la baignade, insistai-je.
-Oh il n’y a pas grand-chose à dire, l’eau était fraîche mais nous nous sommes bien amusés quand même. Yélana a été ravie de son après-midi et Amarok aussi… Même si il aurait préféré que tu sois là. Il n’a pas arrêté de me le dire… Ce qui ne plaisait pas forcément à ta meilleure amie.
Je rougis à nouveau, gênée de susciter autant d’intérêt pour un garçon de dix ans. Il ne fallait pas que j’oublie que c’était mon futur amoureux.
-Et toi ? Est-ce que votre leçon de chamanisme s’est bien passée ? Demanda-t-il poliment.
J’hochai la tête et lui racontai un peu ce que nous avions fait. Il sembla vite n’en avoir que faire. Aussi je ne dis rien sur le baiser et étouffai un faux bâillement. Pieter sortit aussitôt de sa léthargie et dit :
-Bonne nuit petite sœur.
-Bonne nuit. Dormez bien tous les deux. Et sois gentil avec lui. Il ne te veut pas de mal.
Pieter haussa les épaules et murmura quelque chose, cette fois inaudible.
-Vous aviez vraiment trouvé le baiser dégoûtant ? Demandai-je en fixant Papy et Mamie.
Ils se regardèrent aussi rouge que ce jour-là à la mention de la question puis secouèrent la tête.
-J’avais compris tout de suite que c’était toi que j’aimais malgré mes six ans, ajouta Mamie.
-Ils ne perdent pas de temps en tous cas chez les Northuldra, grinça bientôt Papa, six ans et huit ans quel précocité ! Pas étonnant qu’Anna et Hans aient couché ensemble à seize et dix-sept ans ! Et que derechef elle soit tombée enceinte !
-Agnarr je t’en prie ! S’exclama Maman.
-Mais si je ne me trompe pas mon Gendre vous avez fait la même chose au même âge ! Reprit Mamie tout sourire.
-Ne me dis pas que toi aussi tu as lu mon journal intime, murmura Maman rouge comme une pivoine.
Hans et moi éclatâmes de rire alors que mon aïeule expliqua :
-Non mon Ange de l'Air, je ne savais même pas que tu avais un journal intime de ton vivant. Non ! C’est par la galerie des souvenirs que je m’en suis aperçue… Et j’aurais préféré ne pas tomber dessus honnêtement.
-Nous voilà bien, Belle-Maman se rince l’œil sur notre première fois, dit Papa d’une voix ferme.
-Bon de toute façon il faut bien que j’arrive de quelque part, lâchai-je en essayant de prendre du recul face au sentiment de dégoût qui s’installait.
Papy me prit aussitôt par l’épaule et dit :
-Heureusement que ma petite fille a la sagesse de sa Grand-mère et pas le côté bougon de son Père...J'en viens presque à regretter que nous ne soyons pas avec Runeard en ce moment...
-Elysia...Le gronda Mamie.
-Est-ce que tes relations avec Pieter se sont améliorées ? Demandai-je voulant changer de conversation.
-Disons qu’il y a eu des hauts et des bas. Il était gentil quand il avait besoin de moi. Mais Anna vous en parlera plus après.
-Tu n’as pas revu ta mère en quatre ans ?
-Jamais. Elle ne pouvait pas se permettre de venir, et de s'absenter sans laisser aucun chamane dans la village. Mais nous conversions beaucoup par lettres… A vrai dire avec le recul, je la remercie car cela m’a permis d’être plus longtemps auprès de ma chère et tendre future femme.
Il y eut un silence. Puis Père se leva.
-Bon ça fait beaucoup d’informations d’un coup… Est-ce que vous me permettez cher beau Papa de faire une petite pause à l’extérieur avec votre fille ? Demanda-t-il d’un ton moqueur.
Papy l’observa et observa Maman :
-D’accord mais pas de bêtises hein ! S’exclama-t-il.
Maman rit et secoua la tête. Puis ils s’en allèrent hors de la hutte. Papy et Mamie se retirèrent également dans leur chambre me laissant seule avec Hans. Nous restâmes dans le salon nous accordant un moment d’intimité. Je ne pouvais m’empêcher de penser avec désespoir que les quatre ans de Papy avec ses parents n’étaient rien en comparaison avec l’éternité pour ma sœur et moi.
-Fais-confiance à Mamie, murmura Hans comme s’il avait lu dans mes pensées.
Je l’embrassai en signe de réponses.
-A votre avis les enfants, pourquoi est-ce que nous ne sommes pas dans la hutte de l’école ce matin ? Demanda Maman.
-Moi je sais ! Moi je sais ! Criai-je en levant bien haut la main, tu l’as dit à Papa tout à l’heure.
-Chut Anna, laisse les autres répondre, me gronda-t-elle gentiment.
Je le chuchotai immédiatement à Yélana pour qu’elle donne la réponse. Ma meilleure amie depuis quatre ans maintenant, leva aussitôt la main. Maman soupira en comprenant mon stratagème mais répliqua :
-Oui Yélana ?
-On va étudier la science et vie de la terre aujourd’hui en observant les arbres.
-Très bien. Je voudrais que vous preniez le temps d’admirer votre environnement. Vous le côtoyer tous les jours, pourtant si je vous demande une description des arbres vous serez incapables de me répondre. Et surtout si je vous demande la relation avec vous, vous serez bien en peine de me le dire.
Nous hochâmes la tête pour acquiescer ses paroles. Maman sourit et nous fit assoir en cercle. Il faisait beau. C’était le printemps.
-Je vous explique la consigne. Vous avez tous des noms de famille en rapport avec la nature qui nous entoure. Il serait donc intéressant que vous en appreniez plus sur cette nature qui vous correspond vous ne trouvez pas ?
-Oui Madame Piceaerd ! Clama la classe.
-Dans ce cas, vous allez réaliser un herbier que nous irons faire sécher en classe ensuite. Quand je vais donner le nom de votre arbre, la famille qui le porte va aller chercher les feuilles pour le reste de la classe. D’accord ?
Nous acquiesçâmes.
-Commençons donc. A votre nom vous vous levez. Bien. Acerabolo.
Un garçon et une fille allèrent immédiatement décrocher plusieurs feuilles d’érables de Norvège, puis ils revinrent s’assoir.
-Savez-vous ce que symbolise votre nom jeunes gens ?
Ils secouèrent la tête.
-Le sens de l’observation.
Ils firent des mines déçues alors que cela suffit à attiser ma curiosité.
-J’appelle, Aulnus.
Un garçon blond et bavard aux yeux noirs se leva et alla vers un aulne.
-Moi je sais Madame pour le symbole de mon nom il incarne le courage et la vaillance.
-Oui très bien Frantz, reviens t’assoir maintenant.
Maman appela ensuite les Bettua qui se dirigèrent vers les Bouleaux symbole de bienveillance. Puis il y eut les Delahage qui étaient les plus bas au rang social puisqu’ils se rendirent dans la haie la plus proche. Ensuite ce fut au tour de Yélana.
-Allez mademoiselle Coudrier à ton tour ! Clama Maman.
Ma meilleure amie se rendit alors près d’un noisetier et y revint avec plusieurs feuilles.
-Moi, Madame je ne connais pas le symbole mais je sais que s’endormir sous un noisetier permettrait de faire des rêves prémonitoires, c’est mon Papa qui me l’a dit mais je n’ai jamais essayé.
-Intéressant, commenta Maman.
Elle annonça ensuite l’autre nom du bas peuple Northuldra. Celui des Populus qui était tout simplement lié au peuplier, symbole de la patience. Enfin ce fut notre tour.
-Les Piceaerd !
Pieter et moi ne nous fîmes pas priés pour ramasser plusieurs épines et pommes de pins d’un grand épicéa. Puis j’expliquai fièrement :
- L’épicéa symbolise la naissance, la pulsion de vie et l’égocentrisme créatif …
-Très bien Anna, répliqua Maman fièrement.
Yélana me donna la main avec un sourire.
-Il reste une famille qui n'a pas d'enfants encore... Les Nattura les plus communs avec les Delahage et les Populus puisque la signification de leur nom est directement lié à la nature. A la communion la plus primaire. Et c'est pour cela que dans cette famille il y a essentiellement des guérisseuses. Nous leurs en sommes reconnaissants ! Il ne faut pas oublier pas que c’est Mouna qui m’a sauvée lors de mon accouchement il y a six ans....Peut être qu'elle aura une héritière un jour !
-C’est un peu dégoûtant Maman ! Dis-je.
Elle rit.
-Oui tu as raison ma petite chamane. Bien vous avez tous vos feuilles ?
-Oui Madame Piceaerd.
-Parfait. Gardez-les bien avec vous nous allons retourner en classe pour les faire sécher.
Nous partîmes aussitôt de la clairière pour nous rediriger vers le campement. Là, Maman s’appliqua à nous faire coincer chaque feuille de chaque arbre différent sur une page du cahier de nos herbiers.
-Et en attendant que ça sèche, nous allons passer à un cours géographie qui est en rapport avec vos arbres.
Elle nous dicta alors pleins de phrases avec des mots compliqués. Au début je ne dis trop rien. Mais après quelques lignes, je commençai déjà à souffler. Mon esprit partit immédiatement ailleurs autre que vers les termes « continentale, conifère ou encore régions tempérées et humides de l'hémisphère Nord ».
Je fus bientôt sortie de ma rêverie.
-Quoi ? Cela ne te plaît pas Anna ? S’étonna Maman, je croyais que tu aimais apprendre.
-Si si, c’est très intéressant. Mais je préfère les histoires d’aventures où deux personnes doivent s’enfuir pour s’aimer pleinement comme elles le désirent sans que leurs parents ne les embête.
-Quelle drôle d’idée ma petite chamane ! S’exclama Maman choquée.
-Ou bien les histoires d’amour impossible entre un peuple Northuldra et un comme celui d’Arendelle par exemple ! Clamai-je à nouveau.
-Anna voyons ! Arrête tes sottises ! Dit-elle en haussant le ton.
Les élèves s’arrêtèrent net pour nous regarder. Je baissai rapidement les yeux face à elle. Elle me regardait en colère.
-Pardon Maman… C’est juste que j’ai pleins d’idées dans ma tête.
-Oui… Eh bien contente-toi de penser à l’instant présent ! Me sermonna-t-elle en pointant mon cahier, et d'avoir plus de raisonnement logique !
Elle se remit à dictée alors que je sentis des larmes de honte me montaient aux yeux.
-Je m’en fiche. Un jour, j’écrirai mes histoires dignes des grandes dames de ce monde, chuchotai-je pour moi-même.
*****
-Est-ce que tu as fini par les écrire tes romans Mamie ? Demandai-je impatiente.
-Oh oui ! Soupira-t-elle. Mais je ne préfère ne pas t’en parler pour l'instant ma petite Picéaerd.
-Est-ce qu’on les connaît au moins ? Renchérit Maman intriguée.
Mamie hocha rapidement la tête et préféra changer de sujet.
-Comment se fait-il que ta Mère était à la fois chamane et préceptrice ? Lança à son tour Hans. Je croyais que c’était le travail d’un autre Northuldra, alors que toi tu serais plus l’équivalent du prêtre pour les européens.
-Préceptrice ? Répéta Papy sans comprendre.
-faiaoga mon amour.
-Bah alors vous ne saviez pas ça beau Papa ? Se moqua bientôt Père.
-Agnarr tais-toi, grogna Maman en lui lançant un coup de coude.
-Ah ! Je retrouve le caractère autoritaire de mon Ange de l'Air ! S’exclama alors Grand-père avec un sourire.
-Est-ce que ça va être toujours comme ça entre eux ? Me murmura Hans.
J’haussais les épaules, frustrée de ne pas connaître les histoires de Mamie. Enfin… Il y en avait au moins une dont elle était en train de nous faire part. Mon mari ne se laissa pas décontenancer.
-On pourrait partir tous les deux pendant qu’ils se disputent ? Proposa-t-il d’un air enjôleur.
C’était tentant de retrouver l’intimité conjugale. Mais l’appel de l’histoire l’était encore plus.
-Non il vaut mieux rester auprès de Mamie. Elle sait toujours ce qu’il faut faire.
Un peu déçu, Hans acquiesça et m’embrassa le cou.
-Comme vous voudrez madame Westergaard.
Je ne voulais pas entendre une seconde de plus mes proches continuer de se chamailler, aussi je demandai à nouveau :
-Du coup, tu avais double leçon toi Mamie ?
-Double leçon ?
-Oh bah tu sais… Tu avais l’école comme tout le monde mais tu avais aussi des leçons de chamanisme non ? Quand as-tu commencé tes leçons d’ailleurs ?! Est-ce qu’on peut considérer que ta première rencontre avec les esprits faisait partie de l’apprentissage ?
-Stop! Stop! Stop! Anna! Rit-elle. J’y viens de suite.
-Son impatience me rappelle quelqu’un, minauda encore Papy.
-Oui toi ! S’exclama-t-elle en lui tapant la poitrine.
-Ou toi ! Renchérit Papy.
-Oh pitié ! Epargnez-nous ce spectacle ! Grogna Papa, Anna a de votre ADN à tous les deux ainsi qu’à Iduna et moi pas étonnant qu’elle soit aussi explosive ! Point.
-Surtout faites comme si je n’étais pas là, je m’en remettrai… Murmurai-je en rougissant.
-Mais tu es morte mon amour, dit Hans.
-Merci de me le rappeler, grommelai-je.
Je lui effleurai tout de même les lèvres pour lui montrer que je ne lui en voulais pas pour sa remarque maladroite.
-Bon ! Pourrait-on passer à autre chose maintenant ? Tout cela m’exaspère ! Déclara Papa.
Maman lui embrassa la joue pour l’adoucir alors que Mamie s’écria :
-Tout à fait mon Gendre ! Vous l’avez très bien dit ! Revenons à notre histoire.
*****
-A demain Madame Piceaerd ! Dirent les élèves dans l’attroupement général.
Ils sortirent de la salle de classe. Je les suivis dehors.
-Si on allait se baigner près de l’étang ? Proposa bientôt Amarok.
-Papa et Maman veulent que je rentre tout de suite après l’école, bouda Yélana.
-Je te ramènerai si tu veux, renchérit le fils du chef, c'est Papa qui nous surveille.
Ma meilleure amie rougit, tout heureuse.
-C’est d’accord.
-Nous, faut d’abord qu’on se change, dis-je enthousiaste.
Nous retournâmes à la maison avec Maman. Pieter troqua bientôt sa tenue Northuldra contre un maillot de corps. J’enfilais ensuite le mien. Nous étions sur le point de repartir lorsque Maman m’arrêta :
-Non, toi Anna il faut que tu restes avec moi.
-Pourquoi ? Demandai-je agacée.
-Il y a ta leçon de chamanisme, répondit Maman avec un grand sourire.
Je poussai un profond soupir, jalouse de voir Pieter déjà dehors. Il me cria bien fort :
-Je te raconterai ! A tout à l’heure !
Maman vint immédiatement poser une main sur mon épaule.
-Ne sois pas triste ma petite chamane, tu ne le comprends pas pour l’instant mais tu es privilégiée par rapport aux autres. En plus quelque chose me dit que cette leçon va te plaire !
J’haussai les épaules, indifférente à ses propos. Elle n’y prêta pas attention et m’emmitoufla bientôt de mon châle violet qui me recouvrit tout le corps. Nous nous rendîmes jusqu’à l’orée des Plages Grises. Mon cœur battit violemment en apercevant deux silhouettes au loin.
-Iduna ! Nous sommes là ! S’exclama immédiatement Maman.
Iduna ? Mais alors cela voudrait dire que…
-ELYSIA ! Hurlai-je en me précipitant dans ses bras.
Le garçon m’accueillit un grand sourire aux lèvres.
-Bonjour Anna ! Comme je suis content de te revoir ! Tu as grandi ! S’écria-t-il.
-Mais toi aussi ! Dis-je en contemplant son corps plus trapu qu’avant.
-Je te l’avais bien dit que cette leçon allait te plaire, dit Maman.
J’hochai la tête.
-Alors par quoi veux-tu commencer Iduna ? Renchérit-elle.
-Il y a un très gros travail à faire pour Elysia et je pense que ma méthode de travail ne correspond pas à son apprentissage.
-Développe, dit Maman d’une voix professionnelle alors que nous retournions dans la hutte.
-Eh bien… Il y met beaucoup de volonté, beaucoup de motivation mais il ne retient pas grand-chose. Nous n’avons pas expérimenté beaucoup de leçons. J’ai l’impression que son aura n’est pas assez puissante.
Maman réfléchit puis ordonna :
-Approche Elysia.
Il arriva timidement à sa hauteur. Elle lui agrippa bientôt la main et ferma les yeux quelques instants.
-Effectivement l’aura est faible, diagnostiqua-t-elle.
Elle chuchota immédiatement quelque chose dans l’oreille d’Iduna.
-Non je n’y avais pas pensé, reconnut cette dernière. Mais c’est une bonne idée Helga !
Nous nous concertâmes du regard cherchant à comprendre ce qu’elles s’étaient dit. Nous ne tardâmes pas à le savoir.
-Il existe des moyens efficaces pour avoir une aura plus ouverte, reprit Maman.
Elle nous fit nous installer en tailleur au centre de la hutte pendant qu’Iduna et elle se contentèrent d’allumer des bougies tout en récitant des paroles en Northuldra du Sud et du Nord.
-Tout d’abord mes enfants, nous avons tous ce qu’on appelle des Chakras. Ceux sont des ouvertures de notre esprit qui crée une sensibilité avec le monde qui nous entoure et qui nous permettent d’être en meilleure santé. Il arrive que certains chakras soient plus réceptifs que d’autres selon les personnes. Pour Elysia par exemple ils n’ont pas été ouverts naturellement alors que pour Anna si.
-Ceux sont nos ancêtres les Northuldra des pays tropicaux et arides qui nous ont appris l’existence de ces chakras et comment nous devions les utiliser, continua Iduna.
-Est-ce que ça va faire mal ? Demanda Elysia qui s’attendait à une opération.
Je lui pris la main pour l’encourager.
-Non garde ton corps pour toi ma petite chamane, dit Maman, et non Elysia cela ne fera pas mal, tout au plus un vertige rien d’autre.
Il poussa un soupir de soulagement et me regarda en souriant. Sentant que je rosissais, je détournai immédiatement le regard et me focalisai sur les adultes.
-Combien on en a dans le corps Maman ? Questionnai-je à mon tour.
-Oh ! Beaucoup ! Mais il en existe 7 principaux. C’est sur ceux-là que nous allons travailler.
-Euh… Helga… On ne va pas tous leur faire ? Il y en a qu’ils ne sont pas en âge de comprendre, répliqua très vite la mère d’Elysia.
Maman rougit à son tour et bafouilla :
-Oui, Iduna, tu as raison. Je pense que commencer avec trois suffiront pour ces jeunes gens. Il faut déjà voir si ce jeune homme est réceptif au premier.
-Moi en tous cas, je suis tout à fait prête ! Dis-je.
-Calme-toi Anna. Tu es déjà trop excitée là.
Elysia rit gentiment, se moquant de moi.
-Un peu de concentration jeunes gens ! Ordonna aussitôt Maman. Restez en tailleurs et placez votre index et votre pouce de chaque main côte à côte.
Nous nous appliquâmes.
-Bien. Gardez vos doigts comme ça et détachez vos mains. Mettez la gauche sur votre genou gauche et la droite juste au-dessus de votre poitrine.
-Près du cœur ? Demandai-je.
Maman hocha la tête, elle aida ensuite Elysia qui s’emmêlait les pinceaux entre sa droite et sa gauche.
-Voilà c’est mieux. Maintenant dites dans votre tête le monde « YAM ».
-YAM ! Répéta automatiquement Elysia.
-Dans la tête on a dit ! Grognai-je car je trouvais qu’il jouait les idiots.
Maman posa une main sur mon épaule.
-Tu restes calme Anna sinon ça ne marchera pas. D’accord ? Excuse-toi auprès d’Elysia.
Je m’exécutai un peu honteuse. Puis Maman se tourna gentiment vers le Northuldra du nord.
-Tu peux le crier dans ta tête si tu veux Elysia, compris ?
-Oui madame. Pardon.
Nous recommençâmes et cette fois il n’y eut plus de bruit. La pièce me semblait loin. J’avais fermé les yeux pour plus de précautions. Je me sentis envahie d’un sentiment de pureté, de joie et d’innocence. Nous restâmes comme ça pendant longtemps mais cela ne me gênait pas car nous étions bien. Ce furent Iduna et Maman qui nous ramenèrent à la réalité.
-Comment te sens-tu Elysia ? Demanda-t-elle.
Le garçon me regarda puis répondit :
-J’ai envie d’aller faire un câlin à tout le monde maintenant, d’aimer tout le monde, de me faire plus d’amis.
-Bien. C’est ton langage d’enfant mais cela montre quand même que cela a fonctionné puisque les qualités du cœur ont l’air de s’être ouvertes.
-Est-ce que ça t’a fait pareil Anna ? S’enquit Iduna anxieuse.
J’hochai la tête même si j’étais déçue que Maman ne m’ait pas demandé la réponse à moi.
-Parfait mes enfants. Nous allons donc ouvrir le deuxième chakra. Celui de la gorge.
Elysia ouvrit immédiatement de grands yeux apeurés et se recroquevilla contre sa mère.
- Je ne veux pas qu’on m’ouvre le cou, pleurnicha-t-il.
Mais qu’est-ce qu’il était bête ! Ce n’était pas possible ! Je m’en voulu tout de suite pour avoir pensé ça de lui. Je lui pris aussitôt la main et murmurai :
-Est-ce que tu me fais confiance ?
Il fixa mes beaux yeux sarcelles et finit par hocher la tête.
-Parfait mon garçon. Il faut arrêter d’avoir peur. Tu es très bien entouré et tu as bien réussi le premier chakra. Fais-toi confiance. Anna...Encore une fois ne lui tend pas la main...Vous risqueriez de vous emmêlez vos énergies....Et je veux déterminer la sienne.
-Pardon Maman, murmurai-je en retirant mes doigts de ceux chauds du jeune garçon.
Ma Mère nous ramena au centre de la pièce.
-Asseyez-vous sur vos genoux jeunes gens. Bien, maintenant enlacez tous vos doigts sauf les pouces.
Elle inspecta rapidement notre posture.
-Parfait. J’ai cru comprendre que vous saviez où était votre gorge. Vous allez donc imaginer un point à l’intérieur puis dire dans votre tête le mot « HAM » pendant cinq minutes.
Cette fois Elysia ne fit pas d’autres bourdes et l’exercice se fit sans encombre. Quelquefois je confondais le mot avec les Ah-Ah qui servaient à appeler les esprits mais cela ne semblait pas perturber la leçon. Au bout des cinq minutes promises, nous nous arrêtâmes.
-Alors qu’as-tu ressenti Elysia ? Demanda à nouveau Maman.
Je croisai immédiatement les bras et me frottai les pieds de mécontentement.
-Pourquoi tu ne m’interroges pas ?! Grognai-je.
-Parce que toi, je sais que ça a marché ma petite chamane, répondit-elle en me caressant le dos… Alors Elysia je t’écoute ?
-J’ai l’impression que j’aurais plus de facilité à parler avec les gens, murmura timidement ce dernier en voyant qu’il m’avait contrarié.
-C’est exactement l’effet recherché ! S’écria Maman avec un grand sourire.
-J’admire ton travail Helga ! Je ne sais pas comment tu fais mais tu m’épates ! S’exclama Madame Sappos avec des yeux de fierté pour son petit garçon.
-Oh ce n’est rien ! Je te ferai part de mes petites astuces tout à l’heure, reprit-elle. Mais avant il nous reste un dernier chakra à ouvrir. Celui du troisième œil.
Cette fois il n’y eut aucune remarque. A la place Maman dicta le positionnement :
-Remettez vous en tailleur. Puis collez vos phalanges les unes aux autres sauf pour les majeurs que vous allez juste collés aux sommets.
-C’est compliqué, commentai-je.
-Oui je sais....Mais un peu de difficulté ne vous fait pas de mal.
Elle nous aida patiemment à bien installer nos mains puis elle continua :
-Gardez-bien vos doigts comme je viens de vous les placer. Bien, les pouces doivent se pointer vers vous alors que vos majeurs doivent s’étendre à l’opposé. Voilà. C’est très bien. Pour vos bras maintenez-les bien en angle droit.
-Elle est dure celle-là, Helga non ? Chuchota bientôt Iduna.
-On essaye et si jamais ils n’y arrivent pas, ce n’est pas grave. Ils auront toute leur vie pour s’entraîner sur l’ouverture des chakras.
Puis elle s’adressa à nouveau à nous :
-Maintenant imaginez que vous avez un troisième œil dans votre crâne juste entre les deux yeux habituels. Fermez-les et dites dans votre tête le son « AUM ».
L’exercice fut fait. Je m’y pris tellement bien que je faillis tomber dans les paumes.
-Vous pouvez ouvrir les yeux à présent, murmura Maman cinq minutes plus tard.
-Ne m’en veuillez pas Madame Picéaerd mais cette fois je n’ai pas ressenti grand-chose, le devança Elysia.
-Qu’appelles-tu par pas grand-chose ? Répéta-t-elle.
-Eh bien, je n’ai revu que des souvenirs de choses que j’avais appris avec Maman ou bien à l’école, murmura le garçon.
-C’est déjà pas mal. Je ne m’attendais pas à ce que vous réussissiez du premier coup de toute façon. Vous avez bien travaillé, vous méritez un goûter. Ma petite chamane va chercher les gâteaux dans le cellier, je vais discuter avec Iduna.
-Bien Maman.
Nous allâmes chercher un gâteau confectionné hier soir et le mangeâmes de bon cœur sans pour autant parler. J’en voulais toujours à Elysia d’avoir été le centre d’intérêt au cours de cette leçon. Nos deux mères étaient dehors. Nous entendions leur conversation au loin. Après un long moment, elles revinrent vers nous, le visage d’Iduna était à la fois serein et triste.
-Tout va bien Maman ? Demanda alors le petit garçon en lui prenant la main.
-Oui mon petit Sappos.
-On rentre bientôt à la maison ? Questionna-t-il à nouveau. Je voudrais encore jouer avec Anna.
Je me renfrognai aussitôt. Je voulais lui faire ma mauvaise tête le plus longtemps possible pour son comportement mais je n’y arrivai pas. J’affichai quand même une mine boudeuse et évitai son regard.
-Mon Elysia joli, nous avons pris une décision avec Helga, reprit Iduna. Vois-tu, c’est une plus grande chamane que moi et elle arrive à t’apprendre des choses que moi je n’arrive pas malgré des mois d’apprentissages. Tu vas rester avec elle pendant quatre ans pour pouvoir devenir un chamane acceptable pour les Northuldra du Nord, d’accord ?
-Tu m’abandonnes Maman ? Paniqua-t-il soudain.
-Non, non mon petit Sappos. Tu vas rester avec Madame et Monsieur Picéaerd et je demanderai de tes nouvelles régulièrement par Courant d’Air.
-Tu pourras aussi lui écrire Elysia, intervint Maman. Tu resteras chez nous et tu feras partie de la famille avec Pieter et Anna. Tu veux bien accomplir cette mission pour ton peuple ?
Je scrutai le garçon qui réfléchissait. Il finit par répondre :
-Je veux bien.
Iduna et Maman retrouvèrent immédiatement le sourire.
-Tu es un bon garçon. Quand je te retrouverai tu seras un jeune homme.
Iduna le porta dans ses bras et l’embrassa avec affection. Elle pleura à chaudes larmes mais finit quand même par le lâcher.
-Surtout tu ne le laisses pas s'approcher de... Implora bientôt la mère d'Elysia.
-Je te le promets....Viens à présent, je te raccompagne, dit-elle en lui caressant le dos d’un air compatissant. Anna tu restes bien avec Elysia dans la maison, d’accord ? Mets-le à l’aise, tu veux bien.
J’hochai la tête en l’observant toujours durement. Elles s’en allèrent enfin. le garçon des Terres Gelées s’approcha alors timidement de moi.
-On est toujours amis ? Demanda-t-il apeuré.
-Je suis contente que tu restes ! Dis-je furieuse.
-Ce n’est pas ce que ton corps montre.
-Tu voudrais peut-être que je te saute dans les bras ? Repris-je.
-Bah je croyais que ton chakra du cœur s’était bien ouvert à toi aussi, alors je m’étais dit que tu pourrais même m’embrasser, minauda-t-il d’un air malin. Tu es très douée comme apprentie chamane après tout.
Mon comportement changea radicalement. Je n’étais vraiment pas une bonne amie. Elysia ne laissait aucune trace de peine transparaître quant au fait qu’il serait séparé de sa mère pendant quatre ans et moi j’étais en train de lui faire une crise de nerfs parce que Maman ne m’avait pas mise en avant durant la leçon. Je retrouvai le sourire et lui prenant la main, je déclarai :
-Pardon. Je suis égoïste. Tu as raison mon chakra du cœur est ouvert tout comme le tien.
-Alors on essaye un bisou ? Proposa-t-il.
Je priai intérieurement pour que Maman, Papa et Pieter n’arrivent pas à ce moment-là. Mon cœur se mit à battre plus vite alors que je me penchai vers la tête d’Elysia. Je fermai les yeux et me collai rapidement à ses lèvres. Un son timide indiquant que nous nous étions bien embrassés résonna. L’instant d’après nous ouvrîmes les yeux et nous écartâmes l’un de l’autre rouge de confusion.
-Alors qu’en as-tu pensé ? Demanda-t-il.
-C’était dégoûtant, répondis-je du tac au tac.
A mon grand soulagement, Elysia ne fut pas blessé ayant le même sentiment.
-Bon de toute façon, je ne peux pas être ton amoureux, je te rappelle que c’est Amarok qui l’est, reprit le jeune Northuldra du Nord, mais je veux bien te servir de deuxième grand frère et meilleur ami garçon si tu le désires.
-Je veux bien. Vous vous partagerez les tâches avec Pieter.
La mention de ce dernier le fit arriver. Il s’arrêta net en voyant Elysia et le toisa du regard.
-Que fais-tu ici ? Demanda-t-il sans même lui dire bonjour.
Maman et Papa arrivèrent alors pour expliquer la situation. Pieter n’en démorda pas. Il ne pouvait s’empêcher de cacher son mécontentement face à notre nouveau frère.
-Allez Pieter sois gentil avec Elysia vous allez partager la même chambre, dit Maman.
-Oh je peux dormir sur le tapis de rennes si ça le dérange ou dans la chambre d’Anna, avança le garçon.
-Non ! Coupa Papa d’une voix un peu trop directe. Tu dormiras avec Pieter et je ne veux pas d’histoires.
-Mais Papa ! Ce n’est pas juste ! S’écria ce dernier, en plus je croyais que seules les filles pouvaient être chamanes ! Maman tu m’as menti !
-Je ne t’ai pas menti mon fils, les filles ont plus de facilité à l’être car elles ont une aura plus naturelle alors que pour les garçons il faut passer par l’apprentissage. Tu n’étais pas destiné à être chamane de toute façon puisque les traces de la cérémonie de la nature sont parties tout de suite après ta naissance. Pour Elysia c’est différent, sa Maman n'a pas de Papa et ne peut pas avoir d’autres enfants. En attendant qu’il se trouve une femme ça reste lui le chamane officiel après Iduna. Est-ce que tu as compris Pieter ?
-Oui Maman, murmura-t-il tout en lorgnant le Northuldra du Nord d’un sale œil.
Puis il ajouta plus bas pour que seule Elysia et moi puissions l’entendre :
-J’en connais un qui ne va pas être content.
Le dîner se fit dans le plus grand silence. Puis il fallut aller nous coucher. Alors que j’entrai dans mon lit, les garçons vinrent me souhaiter bonne nuit. L’atmosphère était toujours pesante.
-Je te trouvais très jolie avec ton maillot de corps, murmura le Northuldra des Terres Gelées.
Je rougis alors qu’il m’embrassa la joue. Puis tandis qu’il s’en alla ensuite de la pièce, j’interpellai Pieter :
-Tu ne m’aimes plus ?
Je lui fis les yeux doux et il se radoucit aussitôt.
-Si bien sûr que si petite sœur, mais j’ai promis de te protéger. Elysia ne me plaît pas. J’ai peur qu’il prenne ma place.
-Je te promets que non. J’aurais toujours besoin de toi Grand frère; dis-je d'une voix qui ne laissait aucun doute.
Cela l’apaisa un peu. Il me sourit enfin et m’embrassa le front.
-Tu devais me raconter la baignade, insistai-je.
-Oh il n’y a pas grand-chose à dire, l’eau était fraîche mais nous nous sommes bien amusés quand même. Yélana a été ravie de son après-midi et Amarok aussi… Même si il aurait préféré que tu sois là. Il n’a pas arrêté de me le dire… Ce qui ne plaisait pas forcément à ta meilleure amie.
Je rougis à nouveau, gênée de susciter autant d’intérêt pour un garçon de dix ans. Il ne fallait pas que j’oublie que c’était mon futur amoureux.
-Et toi ? Est-ce que votre leçon de chamanisme s’est bien passée ? Demanda-t-il poliment.
J’hochai la tête et lui racontai un peu ce que nous avions fait. Il sembla vite n’en avoir que faire. Aussi je ne dis rien sur le baiser et étouffai un faux bâillement. Pieter sortit aussitôt de sa léthargie et dit :
-Bonne nuit petite sœur.
-Bonne nuit. Dormez bien tous les deux. Et sois gentil avec lui. Il ne te veut pas de mal.
Pieter haussa les épaules et murmura quelque chose, cette fois inaudible.
*****
-Vous aviez vraiment trouvé le baiser dégoûtant ? Demandai-je en fixant Papy et Mamie.
Ils se regardèrent aussi rouge que ce jour-là à la mention de la question puis secouèrent la tête.
-J’avais compris tout de suite que c’était toi que j’aimais malgré mes six ans, ajouta Mamie.
-Ils ne perdent pas de temps en tous cas chez les Northuldra, grinça bientôt Papa, six ans et huit ans quel précocité ! Pas étonnant qu’Anna et Hans aient couché ensemble à seize et dix-sept ans ! Et que derechef elle soit tombée enceinte !
-Agnarr je t’en prie ! S’exclama Maman.
-Mais si je ne me trompe pas mon Gendre vous avez fait la même chose au même âge ! Reprit Mamie tout sourire.
-Ne me dis pas que toi aussi tu as lu mon journal intime, murmura Maman rouge comme une pivoine.
Hans et moi éclatâmes de rire alors que mon aïeule expliqua :
-Non mon Ange de l'Air, je ne savais même pas que tu avais un journal intime de ton vivant. Non ! C’est par la galerie des souvenirs que je m’en suis aperçue… Et j’aurais préféré ne pas tomber dessus honnêtement.
-Nous voilà bien, Belle-Maman se rince l’œil sur notre première fois, dit Papa d’une voix ferme.
-Bon de toute façon il faut bien que j’arrive de quelque part, lâchai-je en essayant de prendre du recul face au sentiment de dégoût qui s’installait.
Papy me prit aussitôt par l’épaule et dit :
-Heureusement que ma petite fille a la sagesse de sa Grand-mère et pas le côté bougon de son Père...J'en viens presque à regretter que nous ne soyons pas avec Runeard en ce moment...
-Elysia...Le gronda Mamie.
-Est-ce que tes relations avec Pieter se sont améliorées ? Demandai-je voulant changer de conversation.
-Disons qu’il y a eu des hauts et des bas. Il était gentil quand il avait besoin de moi. Mais Anna vous en parlera plus après.
-Tu n’as pas revu ta mère en quatre ans ?
-Jamais. Elle ne pouvait pas se permettre de venir, et de s'absenter sans laisser aucun chamane dans la village. Mais nous conversions beaucoup par lettres… A vrai dire avec le recul, je la remercie car cela m’a permis d’être plus longtemps auprès de ma chère et tendre future femme.
Il y eut un silence. Puis Père se leva.
-Bon ça fait beaucoup d’informations d’un coup… Est-ce que vous me permettez cher beau Papa de faire une petite pause à l’extérieur avec votre fille ? Demanda-t-il d’un ton moqueur.
Papy l’observa et observa Maman :
-D’accord mais pas de bêtises hein ! S’exclama-t-il.
Maman rit et secoua la tête. Puis ils s’en allèrent hors de la hutte. Papy et Mamie se retirèrent également dans leur chambre me laissant seule avec Hans. Nous restâmes dans le salon nous accordant un moment d’intimité. Je ne pouvais m’empêcher de penser avec désespoir que les quatre ans de Papy avec ses parents n’étaient rien en comparaison avec l’éternité pour ma sœur et moi.
-Fais-confiance à Mamie, murmura Hans comme s’il avait lu dans mes pensées.
Je l’embrassai en signe de réponses.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 25 Sep 2020, 23:03
Pas vraiment grand chose à dire encore une fois, pour être honnête.
C'était bien mignon, ma foi, entre les cours de sciences naturelles et l'amour déjà bien précoce entre Mamie Anna et Papi Elysia. Mais pour autant ça n'avance pas beaucoup non plus sur l'histoire, si ce n'est justement sur la relation Anna-Elysia. Et la réunion de famille à Helveg reste toujours aussi délicieuse à suivre.
Par contre...
... attention au souvenirs du Vietnam, les âmes traumatisées !
C'était bien mignon, ma foi, entre les cours de sciences naturelles et l'amour déjà bien précoce entre Mamie Anna et Papi Elysia. Mais pour autant ça n'avance pas beaucoup non plus sur l'histoire, si ce n'est justement sur la relation Anna-Elysia. Et la réunion de famille à Helveg reste toujours aussi délicieuse à suivre.
Par contre...
Oh je peux dormir sur le tapis de rennes si ça le dérange ou dans la chambre d’Anna
... attention au souvenirs du Vietnam, les âmes traumatisées !
- AnsaAdmin
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 29 Sep 2020, 14:45
Dov a écrit:Pas vraiment grand chose à dire encore une fois, pour être honnête.
C'était bien mignon, ma foi, entre les cours de sciences naturelles et l'amour déjà bien précoce entre Mamie Anna et Papi Elysia. Mais pour autant ça n'avance pas beaucoup non plus sur l'histoire, si ce n'est justement sur la relation Anna-Elysia. Et la réunion de famille à Helveg reste toujours aussi délicieuse à suivre.
Par contre...
Oh je peux dormir sur le tapis de rennes si ça le dérange ou dans la chambre d’Anna
... attention au souvenirs du Vietnam, les âmes traumatisées !
Alors je pense que tu vas être déçu par cette histoire @Dov parce que ce qui fait sa symbiose c'est justement l'histoire d'amour entre Elysia et Anna . Si tu veux une histoire d'action il faudra plus te rabattre sur les secrets d'Ahtohallan ... Après dans ma deuxième partie d'histoire comme elle sera liée aux secrets d'Ahtohallan tu seras moins déçu je pense ... En tous cas merci pour ton commentaire et à mon avis, quelque chose me dit que les souvenirs du Vietnam seront présent dans le prochain chapitre.
D'ailleurs voici les spoilers sans contexte du chapitre 5 !
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 29 Sep 2020, 19:29
Je ne pensais pas dire ça un jour mais à mamie mais...
La gamine je sais tout au début mais qu'est ce qu'elle peut être... Bref...Disons que cela prouve que mamie est humaine, elle ne peut pas toujours et en toute circonstance être absolument parfaite
serieusement?!
-Si si, c’est très intéressant. Mais je préfère les histoires d’aventures où deux personnes doivent s’enfuir pour s’aimer pleinement comme elles le désirent sans que leurs parents ne les embête.
-Quelle drôle d’idée ma petite chamane ! S’exclama Maman choquée.
-Ou bien les histoires d’amour impossible entre un peuple Northuldra et un comme celui d’Arendelle par exemple ! Clamai-je à nouveau.
-Anna voyons ! Arrête tes sottises ! Dit-elle en haussant le ton.
Les élèves s’arrêtèrent net pour nous regarder. Je baissai rapidement les yeux face à elle. Elle me regardait en colère.
-Pardon Maman… C’est juste que j’ai pleins d’idées dans ma tête.
-Oui… Eh bien contente-toi de penser à l’instant présent ! Me sermonna-t-elle en pointant mon cahier. [/quote]
...Oh mais non laissez tomber c'est des conneries tout ça comme si c'était possible...
Il est certaines idées qui traversent l'esprit qu'il serait bon d'effacer maintenant...
J'avais dit d'oublier...
D'une manière générale, j'aime beaucoup les interractions dans l'helveg, à chaque fois cela offre quelques moments très savoureux...Peut être presque trop car j'ai du coup un tout petit peu plus de mal à rentrer dans la vie de la très jeune mamie...Mais justement peut être parce qu'on ne voit pas encore très bien où cela nous mène. Même si pour cette dernière partie de chapitre, on commence à avoir les bases du triangle amoureux qui va rythmer la vie de Mamie... Ainsi donc Elysia a été le "Hans" de Mamie... Le gosse adopté plus ou moins officiellement
...Ah oui et accessoirement à propos d'Elysia
Et pour terminer... La PLS finale
Mon Dieu je crains tellement le pire...A ce rythme là, Mamie va bientôt leur décrire en détail la brouette norvégienne! Et toutes ses aventures depuis le plus jeune age...au niveau du chou rouge
...J'ai presque peur d'avoir la suite...
La gamine je sais tout au début mais qu'est ce qu'elle peut être... Bref...Disons que cela prouve que mamie est humaine, elle ne peut pas toujours et en toute circonstance être absolument parfaite
-J’appelle, Aulnus.
Un garçon blond et bavard aux yeux noirs se leva et alla vers un aulne.
-Moi je sais Madame pour le symbole de mon nom il incarne le courage et la vaillance.
-Oui très bien Frantz, reviens t’assoir maintenant.
serieusement?!
-Quoi ? Cela ne te plaît pas Anna ? S’étonna Maman, je croyais que tu aimais apprendre.
-Si si, c’est très intéressant. Mais je préfère les histoires d’aventures où deux personnes doivent s’enfuir pour s’aimer pleinement comme elles le désirent sans que leurs parents ne les embête.
-Quelle drôle d’idée ma petite chamane ! S’exclama Maman choquée.
-Ou bien les histoires d’amour impossible entre un peuple Northuldra et un comme celui d’Arendelle par exemple ! Clamai-je à nouveau.
-Anna voyons ! Arrête tes sottises ! Dit-elle en haussant le ton.
Les élèves s’arrêtèrent net pour nous regarder. Je baissai rapidement les yeux face à elle. Elle me regardait en colère.
-Pardon Maman… C’est juste que j’ai pleins d’idées dans ma tête.
-Oui… Eh bien contente-toi de penser à l’instant présent ! Me sermonna-t-elle en pointant mon cahier. [/quote]
...Oh mais non laissez tomber c'est des conneries tout ça comme si c'était possible...
Elle se remit à dictée alors que je sentis des larmes de honte me montaient aux yeux.
-Je m’en fiche. Un jour, j’écrirai mes histoires dignes des grandes dames de ce monde, chuchotai-je pour moi-même.
Il est certaines idées qui traversent l'esprit qu'il serait bon d'effacer maintenant...
Est-ce que tu as fini par les écrire tes romans Mamie ? Demandai-je impatiente.
-Oh oui ! Soupira-t-elle. Mais je ne préfère ne pas t’en parler ma petite Picéaerd.
-Est-ce qu’on les connaît au moins ? Renchérit Maman.
J'avais dit d'oublier...
D'une manière générale, j'aime beaucoup les interractions dans l'helveg, à chaque fois cela offre quelques moments très savoureux...Peut être presque trop car j'ai du coup un tout petit peu plus de mal à rentrer dans la vie de la très jeune mamie...Mais justement peut être parce qu'on ne voit pas encore très bien où cela nous mène. Même si pour cette dernière partie de chapitre, on commence à avoir les bases du triangle amoureux qui va rythmer la vie de Mamie... Ainsi donc Elysia a été le "Hans" de Mamie... Le gosse adopté plus ou moins officiellement
...Ah oui et accessoirement à propos d'Elysia
Et pour terminer... La PLS finale
-Nous voilà bien, belle-maman se rince l’œil sur notre première fois, dit Papa d’une voix ferme.
Mon Dieu je crains tellement le pire...A ce rythme là, Mamie va bientôt leur décrire en détail la brouette norvégienne! Et toutes ses aventures depuis le plus jeune age...au niveau du chou rouge
...J'ai presque peur d'avoir la suite...
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 29 Sep 2020, 20:46
Je sens que ça va être une constante dans mes commentaires, mais...bon sang ce qu'ils sont adorables ces bambins
Ce que j'aime beaucoup dans ce chapitre, comme Frantzoze l'a justement dit, c'est de montrer un côté très humain de Mamie Anna, dans le sens où c'est une prodige aucun doute là-dessus, mais ce n'est pas alors tant la maitrise de ce don naturel que l'on doit acquérir mais la sagesse vis-à-vis de ce dernier (le premier exemple qui me vient à l'esprit dans ce style est celui d'Anakin Skywalker, prodige dans la Force qui malheureusement n'atteindra jamais la sagesse de ces pairs et de son maitre). J'oserai d'ailleurs aller jusqu'à imaginer que peut-être cette sagesse viendra de la compagnie d'Elysia au sein du foyer, lui étant bien moins doué et Anna pouvant donc devenir une aide précieuse. Mais je pars peut-être un petit trop loin
La première partie sur l'apprentissage des enfants Northuldras nous en apprends non seulement plus sur leur culture, mais là aussi renforce le fait que Mamie Anna était une rêveuse (et accessoirement une voyante assez impressionnante, si c'est de l'instinct je dis chapeau ).
En tout cas l'arrivé nouvelle d'Elysia dans leur maison risque de ne pas être de tout repos avec le comportement de Pieter, qui montre d'ailleurs un nouveau visage : celui du grand frère qui tient vraiment à sa petite sœur et qui a peur de perdre sa place.
Cela contraste assez avec ce que l'on a vu de lui jusqu'à lors, et plus je lis cette réplique plus je la trouve touchante, je ne saurai dire pourquoi cela me fait vraiment m'attacher à lui.
Cependant, comme il le fait justement remarquer, cela risque de ne pas être au goût d'Amarok...ça va être électrique quand ils vont arriver à l'adolescence, je le sens bien !
Pour ce qui est des échanges dans l'Helveg, ils sont toujours aussi croustillants ! Je ne me lasse des piques qu'ils s'envoient, même si bon...on commence à passer un nouveau cap.
C'est quand même triste chez eux les réunions de famille ! En tout cas j'ai hâte de lire la suite, surtout que si ça continue sur cette même lancée nous allons encore avoir un bon dans le temps au niveau des souvenirs, et au vu des spoilers sans contexte...je crois bien qu'il y a deux petits Northuldras qui vont faire une grosse bêtise, entre Simba et Nala s'apprêtant à aller au cimetière des éléphants et Pinocchio allant sur l'île où les enfants peuvent faire ce qu'ils veulent (désolé le nom m'échappe complètement), je le sens bien venir aussi
Ce que j'aime beaucoup dans ce chapitre, comme Frantzoze l'a justement dit, c'est de montrer un côté très humain de Mamie Anna, dans le sens où c'est une prodige aucun doute là-dessus, mais ce n'est pas alors tant la maitrise de ce don naturel que l'on doit acquérir mais la sagesse vis-à-vis de ce dernier (le premier exemple qui me vient à l'esprit dans ce style est celui d'Anakin Skywalker, prodige dans la Force qui malheureusement n'atteindra jamais la sagesse de ces pairs et de son maitre). J'oserai d'ailleurs aller jusqu'à imaginer que peut-être cette sagesse viendra de la compagnie d'Elysia au sein du foyer, lui étant bien moins doué et Anna pouvant donc devenir une aide précieuse. Mais je pars peut-être un petit trop loin
La première partie sur l'apprentissage des enfants Northuldras nous en apprends non seulement plus sur leur culture, mais là aussi renforce le fait que Mamie Anna était une rêveuse (et accessoirement une voyante assez impressionnante, si c'est de l'instinct je dis chapeau ).
En tout cas l'arrivé nouvelle d'Elysia dans leur maison risque de ne pas être de tout repos avec le comportement de Pieter, qui montre d'ailleurs un nouveau visage : celui du grand frère qui tient vraiment à sa petite sœur et qui a peur de perdre sa place.
Ansa a écrit:-Si bien sûr que si petite sœur, mais j’ai promis de te protéger. Elysia ne me plaît pas. J’ai peur qu’il prenne ma place.
Cela contraste assez avec ce que l'on a vu de lui jusqu'à lors, et plus je lis cette réplique plus je la trouve touchante, je ne saurai dire pourquoi cela me fait vraiment m'attacher à lui.
Cependant, comme il le fait justement remarquer, cela risque de ne pas être au goût d'Amarok...ça va être électrique quand ils vont arriver à l'adolescence, je le sens bien !
Pour ce qui est des échanges dans l'Helveg, ils sont toujours aussi croustillants ! Je ne me lasse des piques qu'ils s'envoient, même si bon...on commence à passer un nouveau cap.
Ansa a écrit:-Nous voilà bien, belle-maman se rince l’œil sur notre première fois, dit Papa d’une voix ferme.
C'est quand même triste chez eux les réunions de famille ! En tout cas j'ai hâte de lire la suite, surtout que si ça continue sur cette même lancée nous allons encore avoir un bon dans le temps au niveau des souvenirs, et au vu des spoilers sans contexte...je crois bien qu'il y a deux petits Northuldras qui vont faire une grosse bêtise, entre Simba et Nala s'apprêtant à aller au cimetière des éléphants et Pinocchio allant sur l'île où les enfants peuvent faire ce qu'ils veulent (désolé le nom m'échappe complètement), je le sens bien venir aussi
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 02 Oct 2020, 22:05
Chapitre 5 : En quête des Arendelliens : Partie 1 :
-Je suis trop content parce qu’aujourd’hui c’est le jour où c’est mon Père qui nous donne la leçon ! S’exclama fièrement Amarok du haut de ses treize ans.
En effet, cela faisait maintenant trois ans que nous avions le droit à des cours de chasse plus sportifs. Et c’était Yuma Lorcus, le chef du peuple Northuldra en personne qui s’adonnait à cet entraînement. Nous étions actuellement tous réunis devant l’enclos des rennes en attendant la consigne.
-Chers enfants. Je vous annonce le programme du jour. Ce matin nous allons apprendre à monter à dos de rennes. Puis monsieur Coudrier a gentiment préparé un pique-nique pour ce midi. Enfin, cet après-midi nous ferons un exercice de chasse dans la partie Est de la Forêt Enchantée. Est-ce que c’est bon pour tout le monde ?
-Oui Monsieur …
-Parfait. Vous avez donc plusieurs rennes dans l’enclos. Choisissez-en un chacun.
Yélana et moi nous donnâmes la main pour trouver les rennes les plus proches. Quelques instants plus tard nous étions face à nôtre cervidé.
-A présent. Je ne sais pas si vous vous en êtes aperçus mais il y a des brosses aux pieds de vos animaux. Prenez-les et panser les rennes délicatement.
Je m’appliquai aisément, cherchant toujours à être la plus consciencieuse possible. Je jetais des coups d’oeils aux autres. Yélana était aussi fluide que moi. Pieter et Amarok avaient l’habitude car mon frère aidait le fils du chef certains soirs. Elysia n’était pas loin non plus. Il était tombé sur un renne peu docile et bataillait tant bien que mal pour essayer de le brosser. Je souris niaisement en le voyant. Il avait pas mal changé en trois ans. Le petit garçon avait été remplacé par un jeune homme de onze ans à la musculature toujours plus imposante liée aux travaux de la terre. Il restait moins doué que moi pour le chamanisme mais Maman lui avait fait faire de très gros progrès. Son caractère s’était forgé petit à petit à cause de Pieter qui lui menait la vie dure. Il se laissait moins faire maintenant et imposait sa vision du monde à mon frère ainsi qu’à Amarok qui n’avait pas été tendre avec lui non plus. C’était le seul pour qui mon attention était différente. Il jouait bien son rôle de second frère et je lui confiais le moindre de mes secrets tout comme je le faisais avec Pieter.
-Bon je pense qu’on est bien ! De ce que je vois les poils sont lustrés et brillants ! S’exclama bientôt Yuma.
Nous nous arrêtâmes immédiatement alors qu’il continua :
-Vous allez à présent monter en croupe sur votre renne. Un bon chasseur doit savoir affronter les obstacles même en mouvement. Tous sur vos montures donc !
Les plus grands furent les plus avantagés. En deux temps trois mouvements ils se trouvaient sur leurs rennes. Yélana réussit par son agilité alors que je peinais encore à mettre tout mon poids en élan.
-Je peux le faire… Je peux le faire ! Grognai-je tout en sautant pour la énième fois.
Je fus soudainement saisie par deux mains sur mes fesses. Elles m’aidèrent à grimper. Je me retournai instantanément, c’était Yuma. Il me les tapota gentiment et déclara :
-On s’entraînera jeune fille, c’est toujours compliqué la première fois.
Je me contentai d’hocher la tête, essayant d’oublier le trouble qu’avait produit le toucher de ses mains sur mon corps. Le chef me fit une risette et reprit :
-Nous allons faire quelques tours de pistes. La plaine qui est juste à côté va être notre terrain. Surtout compressez bien vos jambes de chaque côté des flancs pour maintenir votre équilibre, compris ?
-Oui ! Au galop ! Clama notre groupe.
Yuma ouvrit alors la porte de l’enclos. Les rennes y allèrent d’eux-mêmes comme s’ils connaissaient la route. De ce fait les montures étaient calmes et obéissantes. Nous pouvions leur faire confiance. Ce fut ainsi, que quelques minutes plus tard, un gigantesque O était en train de se former par les animaux qui tournaient en cercle. Nous n’eûmes pas besoin de donner d’ordres mais de seulement nous contenter de rester droit et de bloquer les jambes pour ne pas tomber.
-Car j’ai le vent dans les cheveux… Chantai-je bientôt d’une voix douce en fermant les yeux.
J’étais heureuse d’être transportée dans l’instant. J’en oubliai bien vite qu’il s’agissait d’un entraînement pour une leçon de chasse. Ce fut Amarok qui me sortit soudain de ma rêverie en criant :
-Anna ! On retourne à l’enclos ! Viens !
J’encourageai aussitôt le renne :
-Allez mon grand !
L’animal brama mais me reconduisit auprès des autres. Je lui chuchotai des « AU PAS » pour qu’il retrouve son calme. J’ordonnai alors d’une voix ferme à mon compagnon de s’arrêter en lui tirant légèrement sur les rênes.
-Vous avez bien travaillé pour cette matinée. Nous allons maintenant pique-niquer ! Félicitations ! Intima bientôt le chef.
-Euh chef...Comment redescend-t-on ? Questionna Yélana toujours d’une voix posée.
-Ah oui pardon ! Penchez-vous légèrement en avant. Passez votre jambe droite par-dessus la croupe du renne en évitant de la toucher. Enfin, joignez les deux jambes pour atterrir sur vos deux pieds.
J’observais mes proches et me sentis toute bête. Comment pouvaient-ils être aussi souples ? Ou bien ce n’était pas possible c’était moi qui avais des jambes trop petites ?!
-Tout va bien Anna ? Demanda alors Yuma car j’étais encore la seule sur le renne.
Je n’osais pas lui dire que je ne voulais pas qu’il m’aide à cause de mon malaise de tout à l’heure. Je cherchai Pieter, Amarok ou encore Elysia du regard. Mais même s’ils avaient tous les trois grandis aucun n’était assez haut pour me soulever. Résignée, je finis par répondre un peu honteuse :
-Je n’arrive pas à descendre.
-Oh ce n’est rien ça, rit-il, tends-moi les bras que je t’aide.
A contrecœur je m’appliquai à la tâche. Yuma me transporta bientôt de ses mains lourdes. Je remarquai alors que ses pouces effleuraient ma poitrine naissante, me produisant des frissons. Je faillis avoir un mouvement de recul mais j’étais déjà au sol.
-Allez filons au pique-nique à présent ! Conclut-il en me donnant une tape sur les fesses.
Le déjeuner se fit dans une entente agréable. Une heure plus tard nous étions tous dans la zone Est de la Forêt Enchantée armés des lances bien plus grandes que nous. Nous nous étions déjà entraînés des semaines auparavant à bien les tenir.
-Je rappelle les consignes, prévint le chef, vous allez vous séparer par trois et partir dans la direction donnée par un ruban attaché à un arbre. Mettez-vous d’accord pour la couleur. Nous nous retrouvons ici dans une heure c’est compris ? Pour vous aider, observez la place du soleil dans le ciel. Bon courage à vous.
Les groupes se firent rapidement. A ma grande surprise Elysia se mit avec Pieter et Amarok. Sans doute pour me tenir éloigner de lui. Je me mis avec Yélana mais les autres groupes étaient déjà formés.
-Je vous accompagne jeunes demoiselles, concéda enfin Yuma à mon grand désolement. Mais je vous prévins je vous laisse faire.
-Oh chouette ! Merci chef ! Cria la petite Northuldra ravie.
Il nous plaqua alors une main dans chaque dos et nous partîmes à l’aventure. Tout retenait notre intention : les traces dans la terre, les poils accrochés aux arbres, les bruits qui nous entouraient. Le silence était primordial. J’ouvrai la marche d’un pas délicat, évitant la moindre branche qui craque, le moindre caillou qui crisse. Yélana suivait mes traces avec une agile souplesse. Yuma se trouvait tout derrière. Je fis alors signe à ma meilleure amie de se rapprocher vers un arbre. Nous nous sourîmes. Il restait quelques poils duvetés épais et brun d’un poulet norvégien qui avait sans doute dû passer par là il y a peu de temps. Notre proie serait donc facile. Yélana m’indiqua bientôt des traces humides dans le sol. L’animal ne devait pas être passé là depuis bien longtemps. Nous nous tournâmes vers le chef qui pencha la tête pour nous féliciter puis nous nous remîmes en marche. Nos pas nous menèrent de longues minutes plus tard sur un plateau ombragé par de grands arbres. Les animaux se trouvaient bien là en train de dormir. Mais nous blanchîmes immédiatement en voyant que ce n’étaient pas des poulets.
-Des chats de Norvège, Lâcha Yélana à voix haute.
L’animal était plus imposant recouvert d’un fourreau qui lui montait jusqu’aux oreilles. Heureusement ses prunelles jaunes étaient fermées. J’indiquai un « Chut » à ma meilleure amie alors que le chef se plaça derrière moi pour me montrer comment bien tenir ma lance. Je tremblais en sachant que l’animal était carnivore et qu’il n’hésiterait pas à nous tuer si jamais nous loupions le coup.
-Des gestes clairs et précis…Nous chuchota-t-il.
Nous avions de la chance qu’il soit endormi. Nous cernâmes bientôt le chat et pointâmes nos lances en direction de son dos et son cœur. Nous nous concertâmes du regard et murmurâmes :
-Trois…Deux…Un…
Le chat ne se réveilla pas alors que nous abattîmes en même temps nos lances dans son corps. Ses yeux s’ouvrirent d’un coup alors qu’il poussa un dernier cri de surprise.
-Bravo mesdemoiselles ! Nous applaudit Yuma à voix haute. Vous aurez de la nourriture pour ce soir.
Je préférai détourner le regard le temps qu’il s’attaque à la dépouille. Il entoura les morceaux de feuilles mortes et nous les mit dans nos besaces. N’y tenant plus à la vue de tout ce sang et des abats qui gisaient au sol, je vomis instantanément.
-Anna ? Tout va bien ? S’inquiéta Yélana.
Je crachai de plus belle en guise de réponse. Le chef ordonna bientôt à ma meilleure amie :
-Va rassembler les autres au point de rencontre, je m’occupe d’elle le temps qu’elle aille mieux et nous arrivons d’accord ?
-Oui chef.
Yélana me lança un dernier regard et partit en courant légèrement. Yuma attendit qu’elle soit bien loin avant de demander :
-Ça va mieux jeune demoiselle ?
-Oui, oui, répondis-je très vite car je ne voulais pas me retrouver seule avec lui. C’est mon ventre qui m’a fait mal mais ça va mieux.
J’étais sur le point de me relever quand il s’approcha doucement de moi pour être sûr.
-Laisse-moi le regarder pour vérifier, reprit-il, allez soulève ta robe.
Je n’en avais pas envie mais mon caractère docile prit le dessus. Maman avait toujours dit que je devais être obéissante. Je ne fis qu’appliquer sa volonté. Le chef palpa bientôt mon ventre et ses mains dérivèrent bientôt vers ma poitrine. Il frôla rapidement mes pointes puis caressa mon dos jusqu’au haut des fesses.
-Tu es sûre que tu n’as mal qu’au ventre et pas plus bas ?
-Oui chef, murmurai-je d’une voix à peine audible.
Même si je ne comprenais pas ce qu’il était en train de faire, je sentais que c’était mal.
-Laisse-moi regarder quand même. Rien que pour être certain.
Sans même avoir le temps de donner mon accord, il me baissa mon collant et enfouit ses doigts dans ma culotte. Pas longtemps heureusement. Mais assez pour que je me sente terriblement mal à l’aise. Ses doigts touchèrent mon devant et mon derrière. Je décidai de fermer les yeux pour oublier ce qu’il était en train de faire. Je me concentrai bientôt comme Maman me l’avait appris et m’agrippai fort à son torse tout en chauffant mes mains à l’aide de ma respiration.
Le flux chaleureux de l’aura vint enfin à mon secours et le brûla. Il recula rapidement mais ne fit pas le rapprochement avec moi.
-Rhabille-toi Anna. Ça a l’air d’être passé. Nous allons retrouver les autres.
Il me sourit à nouveau et me tendit sa main. Sur le trajet du retour il conclut :
-Surtout ne tracasse pas tes parents avec cette histoire de vomissement. Un Northuldra n’a jamais ce genre de réactions quand il abat un animal. Les autres se moqueraient de toi d’accord. Ils te traiteraient de sorcière parce que tu es différente avec tes cheveux roux. Tu ne voudrais surtout pas que ça arrive n’est-ce pas ?
Je secouai la tête même si je comprenais qu'il souhaitait surtout que je me taise pour autre chose.
-Bien. Alors promets-moi que tout ce qui s’est passé après la battue du chat restera entre nous, insista le chef, ça sera notre petit secret.
-Oui, dis-je à la va vite car je voyais enfin mes proches.
Yuma me sourit alors que je retournai auprès de ceux que j’aime vraiment. En voyant mon faux frère, j'eus envie de tout lui raconter. Mais finalement je préférais passer à autre chose car j'avais trop honte.
-As-tu réellement aimé chasser ? Demandai-je essayant d’oublier la dernière partie de son récit.
Mamie secoua la tête. Ce fut Papy qui répondit :
-Je me chargeai de cette tâche car je savais que votre mère avait trop de respect pour les animaux qu’elle mangeait.
-C’était lâche de ma part, mais je préférai cuisiner la nourriture plutôt que de la courser, nous coupa-t-elle.
-Mais du coup Papy est-ce qu’il y a une différence entre un bon et un mauvais chasseur ? Lança Hans.
-Oui mon garçon, le mauvais chasseur il a sa lance, il voit un truc, il vise Et le bon chasseur, il a sa lance, il voit un truc bah il vise.
-Mais c’est pareil non ? Questionnai-je étonnée.
Papy réfléchit quelques instants avant de bafouiller rouge de confusion :
-Euh… Bah... Oui en fait.
-Moi y a quand même un truc qui me choque, intervint soudain Papa. Vous allez encore dire que je suis un être abominable parce que je critique votre peuple Belle-Maman mais en Arendelle, dans le monde civilisé ça ne viendrait pas à l’esprit d’un chef de faire des attouchements sur des petites filles.
-Sur les petites filles peut être pas mon Gendre mais sur les grandes et enceintes je n’en mettrai pas ma main à couper ! Clama aussitôt Mamie alors que j’aurais aimé disparaître dans le Niflheim.
Hans blanchit à la référence alors que Maman l’observa cherchant à comprendre.
-Qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ?! Grogna Papa. Oui, bon je vous l’accorde je n’aime pas mon beau-fils mais ce n’est pas une raison pour dire qu’il a abusé d’Elsa !
-Quoi Kristoff ?! S’étrangla mon aïeule, je vous rassure immédiatement ma grande Piceaerd était complètement consentante ! C’est moi qui ai été au courant en premier de leurs ébats je vous rappelle !
-Alors qui ?! S’énerva Papa.
Mamie ne dit rien et se tourna vers moi. Je me repliai contre Hans en me mordant la lèvre. Cette fois ce fut Maman la première à réagir.
-C’était donc pour ça que tu n’étais pas bien Anna quand nous sommes repartis des îles du Sud !? Lâcha-t-elle. Et je n’ai rien vu ! Mais quelle mère indigne, je fais !
Elle vint alors m’enlacer tandis que Papa avait blanchi.
-Vous avez d’autres remarques idiotes mon Gendre ou on peut continuer mon histoire ? Questionna Mamie.
-Non je pense que tout est clair Belle-Maman, grinça-t-il entre ses dents.
Angoissée par les mauvais souvenirs de Karl qui remontaient, je fus rassurée d’être entourée de mes proches.
-Oui la suite ! Plus vite Mamie ! Clamai-je d’une voix enfantine.
-Ah vous voilà enfin ! Annonça Maman en nous embrassant chacun sur la tête. Et avec de la viande en plus ! Voilà un souci en moins dont j’ai à me préoccuper.
Nous rentrâmes dans la maison et allâmes déposer nos affaires. Mère prit la viande et la ramena dans le cellier. Puis Pieter ressortit rejoindre Amarok et Yélana comme il avait l’habitude de le faire quand Elysia et moi avions notre leçon.
-A tout à l’heure Maman ! A tout à l’heure Anna ! Cria-t-il oubliant exprès mon autre frère.
-Bon. Maintenant qu’il est parti nous allons faire un rapide bilan de l’ouverture de vos chakras. Je veux vous voir vous appliquer sur le cœur, le plexus solaire et la gorge dans cet ordre-là.
Les quelques minutes qui suivirent furent silencieuses. Je trouvai enfin la paix malgré quelques souvenirs encore oppressants de cet après-midi qui me revenaient en tête.
-Bien, continua Maman après l'application de la tâche, aujourd’hui vous allez en découvrir un nouveau. Celui de la couronne. Asseyez-vous en tailleur, croisez vos mains entièrement sauf vos auriculaires.
Nous le fîmes sans attendre.
-Ensuite, Concentrez-vous sur le sommet de votre crâne, puis chantez le son « NG » dans votre tête. Cette fois, la méditation est plus longue, car elle doit durer au minimum dix minutes. Compris ?
Nous hochâmes la tête et commençâmes l’exercice. Au début je n’y arrivais pas. Puis finalement après avoir fermée les yeux, je me sentis dans un bien être qui me tira peu à peu dans un état de somnolence. Je me vis bientôt allongée sur mon lit, entourée de ma famille. Maman se tenait près de moi alors que je pleurais. Elle me rassurait en m’embrassant le front.
-Je vais mourir, pleurai-je.
-Mais non ma chérie. C’est normal ! Clamait-elle, laisse-toi aller.
Je sentis immédiatement une force intérieure qui voulait sortir de mon enveloppe charnelle. Elle me poussait de plus en plus puissante vers ma bouche.
-Vas-y Anna, c’est bien ma petite chamane, répéta-t-elle.
Je criai alors à pleins poumons. Je me sentis aussitôt partir. Bientôt une boule transparente s’éleva au-dessus de ma bouche. C’était moi. Je planais au-dessus de mon corps. Et je n’étais pas morte. Je pensais alors aux stèles que j’avais vu le jour où Courant d’Air m’avait transporté pour la première fois dans les airs. Mon âme m’emmena immédiatement à cet endroit. J’aperçus l’entrée de la clairière et j’en fus éblouie. Mais la vision ne resta pas longtemps et se brouilla.
-Anna ! Anna ma petite chamane réveille-toi ! Clama Maman en me tapotant mes joues.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demandai-je d'une voix pâteuse.
-Tu t’es évanouie, expliqua Elysia.
-Je crois que je n’ai plus d’énergie. Je me sens très fatiguée, murmurai-je. J’ai fait un drôle de rêve.
Je le racontai immédiatement à Maman. Un sourire illumina de plus en plus son visage. Quand j’eus terminé elle annonça :
-Ma chérie je suis très fière de toi, tu viens de découvrir le principe du voyage astral. Il te permet d’aller où tu veux presque quand tu veux. Il peut être très utile si tu veux prévenir quelqu’un. Mais il ne faut pas trop l’utiliser car comme tu l’as constaté il peut être dangereux et te bloquer dans le monde de l’inconscient.
-Est-ce que les lieux où nous nous rendons sont réels ? Demandai-je.
-Oui pourquoi ?
-Parce que ces stèles j’aimerais bien y aller moi Maman.
-Non Anna c’est trop dangereux, me coupa-t-elle. Je te rappelle que nous avons tué toute une population en Arendelle et que celle-ci recommence à peine à croître au bout de neuf ans. Il nous faut nous méfier car s’ils venaient ici nous serions décimés.
-Mais Madame Piceaerd n’avez-vous jamais envisagé qu’ils puissent être gentil ? Essaya Elysia qui comprenait bien que j’étais intriguée.
-Nos ancêtres aussi pensaient cela et ils sont tous morts les uns après les autres ! Ces gens d'Arendelle sont de la même souche que les gens d'Arnevik ! Ce peuple-là n'est pas bon pour nous ! Dit-elle bornée, il vaut mieux que tu oublies ces monolithes Anna. Tu ne retourneras jamais là-bas, compris ma chérie. Tu n’es pas bien ici ?
-Si Maman, mais j’aimerais visiter d’autres endroits, partir en voyage.
Elle sourit frustrée et déclara alors :
-Dans quelques années que tu seras devenue une chamane encore plus experte que tu n’es maintenant, je t’amènerai à Ahtohallan.
-Ahtohaquoi ? Répéta Elysia sans comprendre.
Maman nous chanta alors la berceuse. Pieter choisit ce moment-là pour revenir souper.
-Ah ! Je vois qu’on ne m’a pas attendu, grinça-t-il tout en lorgnant d’un œil mauvais notre frère adoptif.
-Elysia ne connaissait pas la berceuse, dis-je pour le défendre.
Pieter haussa les épaules et vint m’embrasser.
-Heureusement que tu es très forte petite sœur, me chuchota-t-il. Tu m’aides à mettre la table ?
Je lui pris sa main et nous y allâmes ensemble. J’entendais Maman et Elysia discutaient dans la salle d’à côté :
-C’était encore nul pour moi Madame Piceaerd n’est-ce pas ? J’ai l’impression de ne pas être à la hauteur. J’ai tellement déçu ma mère qu’elle m’a laissé chez vous. Mais même là je pense que ces quatre ans sont une perte de temps...
-Alors tu l’aimes toujours ton grand frère adoptif ? Intervint Pieter alors que je tendais encore l’oreille.
Je rougis immédiatement.
-Pourquoi demandes-tu ça ? Questionnai-je.
-Il vient de te corréler à une perte de temps car tu fais partie du monde qui l’entoure depuis quatre ans, jubila-t-il.
-Arrête d’être méchant avec lui je te l’ai déjà dit, Murmurai-je, si tu avais écouté jusqu’au bout il a dit que c’était pour nous la perte de temps. Il se dévalorise toujours et Amarok et toi vous ne l’encouragez jamais. Vous êtes des monstres tous les deux ! Je t’ai déjà dit que tu n’avais pas besoin d’être jaloux ! Je vous aime tous les deux pareils.
-Mais moi je suis ton vrai frère, objecta-t-il lui aussi en colère.
-Et alors ? Tu ne préfères pas que je sois entourée par deux protecteurs plutôt qu’un ?! Non toi tout ce qui t’intéresses c’est ton égoïsme !
Le mot blessa Pieter en plein cœur. Il me prit délicatement la main. Je la lui enlevai car cela me rappelait les touchers de Yuma. Garder le secret Anna… Ne rien dire…
-Pardonne-moi petite sœur. Oui je ne suis qu’un idiot, jaloux et possessif. Mais moi encore ça peut s’arranger. Mets-toi un peu à la place d’Amarok. Il y a Elysia qui vit sous notre toit alors que lui, t’es destiné et ne le peut pas.
-Pieter, j’ai que neuf ans je ne vais pas faire de bébés avec Elysia… Soulevai-je en rougissant à la seule pensée que cette idée m’eût traversée l’esprit. Je l’aime comme je t’aime toi et rien de plus. Je sais que je suis destinée à Amarok depuis la naissance et rien ne pourra le changer. J’irai lui parler demain et le rassurer comme je l’ai fait avec toi d’accord ?
Mon grand frère poussa un soupir de soulagement et hocha la tête.
-Je t’aime petite sœur. Quelquefois j’oublie que tu as déjà neuf ans.
-Et toi douze, ris-je en lui ébouriffant les cheveux.
Nous terminâmes de mettre la table alors que Maman continuait de valoriser Elysia. Papa arriva ensuite et nous pûmes manger. Nous leur racontâmes notre journée, en expliquant que nous avions bien chassés. C’était Pieter, Amarok et Elysia qui étaient tombés sur le poulet de Norvège. Comme je l’avais promis au chef je ne précisais rien sur ce qui s’était passé après la battue du chat avec Yélana.
-Félicitations à vous trois ! S’écria Papa, vous deviendrez très vite de très bons chasseurs et chasseuse !
Elysia et Pieter hochèrent la tête alors que je préférai oublier cette phrase. En réalité, j’attendais le coucher avec impatience pour pouvoir refaire un voyage astral. Maman alla border les garçons puis elle revint vers moi :
-Allez jeune fille, on se câline, on se blottit, dicta-t-elle comme un refrain.
Ses bras étaient vraiment le seul endroit où je me sentais le plus à l’aise. Mes paupières tombèrent d’elles-mêmes après la fin de la berceuse. Les gestuelles qui suivirent furent exactement les mêmes que lors de l’entrainement. Ainsi je vis mon âme s’élevait hors du corps et s’envolait bien loin de la Forêt Enchantée.
J’arrivais sur des pavés, face à la mer et me matérialisai enfin. J’étais transparente comme un fantôme. Aucune ombre ne se reflétait avec moi alors que la pleine lune était bien haute dans le ciel. J’observais les alentours. Il y avait des halles vides et une odeur de poisson qui persistait. Je devais être dans un port. Les maisons qui me faisaient face étaient en bois et de couleurs différentes, rouge ou marron pour la plupart. Je marchai un peu pour découvrir cet endroit que j’avais l’impression de connaître. Les enseignes étaient neuves et indiquaient les types d’échoppes qui se tenaient face à moi. Je finis par lire « Les Confiseries d’Arendelle ». Mon cœur manqua un battement. J’étais dans la ville maudite. La ville détruite par les Northuldra à ma naissance. Et elle était neuve à nouveau. J’aurais dû partir sur le champ mais je n’en avais pas envie. Elle n’avait rien de terrifiante et semblait même incroyablement chaleureuse.
Je marchai encore. J’entendis soudain sonner une horloge en bois sculptée au loin. Six heures. Les premières lueurs de l’aube étaient en train d’apparaître. Un point lumineux m’éblouit alors et j’aperçus le château flambant neuf. Un souvenir des plus lointains ressurgit immédiatement. Moi en train de pleurer dans les bras de Pieter. Amarok était là aussi et nous étions dans une bibliothèque.
-Je ne peux pas rester, murmurai-je… Il faut que j’en parle à Maman.
J’ordonnai immédiatement à mon corps de me réveiller. Quelques instants plus tard, j’étais dans mon lit en sueurs et fatiguée. Je tentais de me rendormir en me tournant à plusieurs reprises si bien que je finis par faire du bruit.
Papa arriva bientôt dans la chambre.
-Ça ne va pas petite chamane ? Demanda-t-il en me prenant dans ses bras.
-Si, mais j’ai fait un voyage astral Papa… J’étais à Arendelle.
Mon père blanchit immédiatement mais contrairement à ce que j'aurais pu croire il fut moins bouleversé que Maman plus tôt dans l'après-midi.
-Comment était-ce ? Questionna-t-il d'une voix détaché.
-La ville est toute reconstruite, répondis-je simplement, elle est toute pavé, et les échoppes brillaient avec la lune.
-Habille-toi et va prendre ton petit-déjeuner, dit-il en douceur, je vais avertir ta mère.
Il m’embrassa le front et sortit. Quelques minutes plus tard nous étions tous attablés dans la salle à manger.
-Tu ne dois jamais retourner là-bas ! S’exclama Maman d’un ton grave.
-Mais pourquoi ? ça n’avait pas l’air si dangereux ? Réitérai-je. Je voudrais bien partir de la Forêt Enchantée même quelquefois, aller voir les monolithes qui marquent l’entrée.
-Tu n’as pas à tergiverser Anna ! Je t’ai déjà dit non hier ça ne change pas aujourd’hui ! Non c’est non ! S’enflamma-t-elle. Tu dois être une petite fille obéissante.
Je me mis à pleurer sous la violence du haussement de ton. Pieter fusilla Maman du regard et vint m’enlacer.
-Maman ne veut que ton bien, me chuchota-t-il. Et même si moi je suis là pour te protéger, il faut l’écouter.
Je m’enlevai ma morve et hochai la tête. Mais pour la première fois de ma vie, j’étais déterminée à désobéir. C’était notre jour de repos aujourd’hui mais nous nous retrouvions entre amis non loin du campement pour jouer. Ce fut ainsi que nous nous donnâmes rendez-vous chez Yélana avec Elysia, Pieter et Amarok. J’allai immédiatement voir le jeune homme et lui prenant la main, je le maintins à l’écart.
-Je voudrais mettre les choses au clair, déclarai-je alors qu’il était étonné.
-Je t’écoute.
-Je sais que nous devrons nous marier d’ici quelques années. Et je sais que ça t’embête qu’Elysia soit sous notre toit.
-Tu me penses sincèrement jaloux d’Elysia, dit-il d’un air hautain. Je sais très bien qu’il n’a aucune chance avec moi.
Sa réponse me doucha alors qu’il me caressa le dos comme son père. Je reculai immédiatement et repris :
-Bien. Dans ce cas, nous pouvons retourner voir les autres.
-Attends Anna, reprit-il en sentant que sa remarque m'avait froissé. Tu parlais de bébés… Tu aimerais en avoir avec moi ? Tu sais comment on les fait au moins ?
Je rougis violemment et déblatérai un souvenir :
-Eh bien… Papa et Maman m’ont parlés un jour de graines qui vont dans un œuf et après il se transforme en bébé.
Amarok rit et se pencha à mon oreille :
-Si tu veux j’ai une autre explication à te proposer mais il faut aller voir les rennes.
Sans même attendre sa tête se décala pour rencontrer ma bouche. Je me dérobais immédiatement refusant d’admettre que j’avais préféré celui d’Elysia d’il y a trois ans.
-J’ai toujours rêvé de faire ça Anna et quand nous serons mariés, je ferai bien plus. Alors on va les voir ces rennes ? Insista-t-il.
-Une autre fois… Je vais jouer avec Yélana, répondis-je troublée.
Je courus le plus vite vers ma meilleure amie car j’avais toujours mon idée en tête.
-Viens faut que je te raconte quelque chose. Mais tu sembles contrariée. Tout va bien ? Demandai-je devant son teint pâle.
-Oui, dit-elle d’une voix cassante.
-Elysia viens aussi, ordonnai-je.
Amarok et Pieter furent mécontents de ne pas être inclus, mais je m’en fichai.
-Tu te rappelles du rêve que j’ai raconté ce matin au petit déjeuner Elysia ? Demandai-je ignorant un peu Yélana qui m’agaçait par son comportement que je ne comprenais pas.
-Oui.
-Et bien, j’aimerais aller là-bas. A Arendelle. Connaître un peu un autre monde que le nôtre.
-Tu voudrais quitter la Forêt Enchantée ? Répéta Yélana qui se réveillait enfin.
J’hochai la tête.
-Anna je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… Commença Elysia.
-Nous sommes grandes maintenant et nous savons chasser. Nous avons plus d’expérience. Un petit voyage à dos de rennes se fera rapidement et nos parents n’y verront que du feu ! M’écriai-je avant de me reprendre pour le jeu de mots douteux… Enfin, ils ne s’en rendront pas compte.
-Et si vous vous blessiez ou êtes arrêter ? Que se passerait-il ?! Réitéra Elysia.
Je le fusillai du regard.
-Ecoute soit tu es avec nous, soit tu t’en vas, dis-je d’un ton glacial.
Le Northuldra du Nord hésita puis finalement soupira.
-Je vais venir avec vous dans ce cas-là, dit-il.
-Non, non, il nous faut quelqu’un pour occuper les parents, Pieter et Amarok, insistai-je.
-Tu ne veux pas qu’il vienne ? Demanda Yélana dans une fausse joie.
Je secouai la tête.
-Amarok est comme Pieter, il me l’interdirait et puis c’est le fils du chef, il irait lui dire.
-Un point pour toi, concéda Yélana, du coup quand partons-nous ?
-J’aurais bien dit maintenant, il est encore tôt si nous voulons revenir avant la nuit c’est parfait. Elysia tu veux bien détourner l’attention des garçons ?
-Et s’ils me demandent où vous êtes ? Insista-t-il.
-Tu leurs dira qu’on est parties jouer à des trucs de filles, minaudai-je.
Je le scrutai du regard cherchant son approbation. Il finit par dire :
-C'est d'accord...Je veux bien vous couvrir.
-Oh merci Elysia ! Clamai-je en lui assenant un baiser sur la joue.
Il devint écarlate alors que je sentis mon cœur s'emballait devant sa réaction touchante. Toutefois je finis par secouer la tête pour me remettre les idées en place. L’argument était facile même si je n’étais pas dupe. Je savais qu’en partant tout de suite nous éveillerions les soupçons. Nous retournâmes donc discuter avec eux pendant plusieurs minutes avant de nous retirer par la suite pour faire semblant d’aller aux toilettes.
-Les filles vont toujours aux latrines en groupe c’est bien connu, maugréa Pieter, à croire que vous seriez capables de vous perdre en route.
Nous acquiesçâmes amusées avant de faire semblant d’aller dans la hutte qui servait à ça. Nous lançâmes un signal du regard à Elysia qui déclara d’une voix neutre :
-Si nous allions jouer avec nos lances ?
Amarok et Pieter refusèrent d’abord avant d’y concéder. Nous avions le champ libre pour nous rendre dans l’enclos.
-C’est moins facile qu’à dos de géants, mais au moins nous passerons inaperçues, commentai-je, tu es prête ?
Yélana hocha la tête et nous sortîmes discrètement les rennes. Heureusement aucun adulte n’était dans les parages. Puis ma meilleure amie m’aida à monter avant que nous criions ensemble :
-GALOP !
Nous partîmes tout droit et attînmes rapidement les stèles des steppes. Je respirai alors un grand coup avant que nous nous lancions à nouveau.
-J’ai une question idiote… Commençai-je.
-Aucune ne l’est, répondit Mamie.
-Vous connaissiez la route ?
-N’ayant jamais été de ma vie par moi-même, la réponse est évidente.
-Vous n’êtes donc pas arrivés en Arendelle ? Questionna Hans.
-Pas tout à fait. Mais vous saurez très bientôt.
-Alors ça fait quoi de désobéir Belle-Maman ? S’enquit à son tour Papa. Moi qui pensais avoir un modèle de perfection face à moi… Enfin…Après ma femme bien sûr.
Maman sourit alors qu’elle rétorqua :
-Ce fut agréable mon Gendre.
-Et pour toi Papy comment ça s’est passé ? Est-ce que Pieter et Amarok t’ont tapé quand ils ont su ? Demandai-je.
La remarque le fit rire mais il répondit :
-En réalité pour deux personnes qui disaient se soucier d’Anna ils ont mis longtemps avant de se rendre compte de son absence. Nous avions fait le sport et c’est Helga qui est venue blanche comme un linge et inquiète nous demander où tu étais passée. J’ai su mentir mais je n’en étais pas fier ayant toujours en mémoire qu’il pouvait vous arriver quelque chose. Alors vers la fin de la journée je vous ai dénoncé. Je n’en pouvais plus.
-Tu as bien fait mon amour, murmura Mamie.
Elle lui prit la main mais Papy resta de marbre.
-Au moins je me sens moins idiote pour notre escapade à Kraberg, commentai-je.
Hans rit et m’embrassa alors que Papa répliqua :
-Donc en trois ans de temps vous avez embrassé deux hommes et vous vous êtes faites touchée en prime.
-Dis-donc mon Gendre est-ce que vous savez ce que c’est que d’être une femme dans une tribu nomade où même si notre sexe est vénéré nous subissons toujours les stéréotypes de la fille objet, ancré dans la tête des hommes depuis longtemps. Comme chez vous d’ailleurs.
-Et voilà… Encore une féministe, soupira Papa.
Contre toute attente ce fut Hans qui répliqua acerbement :
-Ne soyez pas rigoriste Père ! Vous savez que ça m’horripile ! Je vous rappelle qu’Anna a été abusée par mon frère juste par un quiproquo idiot. Vous ne voudrez pas devenir un Wilhelm !
La remarque doucha immédiatement Papa qui s’excusa auprès de Mamie.
-Sans défendre Agnarr je dois dire que je suis un peu d’accord avec lui ! Lâcha soudain mon grand-père.
-Elysia… S’étonna Mamie choquée.
-Tu ne m’avais jamais révélé qu’Amarok t’avais embrassé. Est-ce que vous avez fait plus ? Demanda-t-il méfiant.
-Sérieusement tu me fais une crise de jalousie pour ça ?! S’exclama Mamie dont le ton avait monté d’un coup. Tu veux que je te rappelle avec qui je me suis mariée finalement ?!
Ils se lancèrent des regards noirs.
-Je veux juste savoir c’est tout, dit Papy.
-Eh bien tu attendras comme tout le monde la suite de l’histoire et tu ne vas pas être déçu ! Je vais prendre l’air avant de t’étrangler ! Ajouta-t-elle.
Elle partit dehors alors qu’Hans et moi peinions à ne pas rire car c’était rare de la voir perdre son sang-froid.
-Jaloux même après la mort c’est beau, Beau-Papa, déclara mon Père.
Maman lui donna une tape sur le torse puis elle surenchérit :
-A mon humble avis je pense que tu devrais aller t’excuser Papa.
-Oui dépêche-toi parce que je veux savoir la suite moi ! Le grondai-je.
Grand-père peu fier de son comportement détala alors qu’Hans et moi prîmes le temps d’aller dans la galerie des souvenirs pour continuer de voir ce qui se passait pour Elsa dans sa vie actuelle qui faisait suite à mon rêve.
-Mais attends ! Y a un truc qui cloche-là ! M’écriai-je. Papa, Maman et Mamie sont en vie. Et j’ai un petit frère !
-Oui mais peut être qu’ils n’étaient pas vraiment morts dans cette vie-là…Commença mon mari…
-Oh regarde ! Papa s'est évanoui ! Repris-je.
Nous aperçûmes alors une auréole blanche semblable à celle que j'avais vu avec Elsa lorsque j'avais voulu lui ouvrir la porte vers l'Helveg. J'étais prête à refaire la même chose, avant d’être interrompue par Mamie qui déboula vers nous à une allure qui indiquait qu'elle ne s’était pas réconciliée avec Papy.
-Anna ! Hans ! Vous n’avez rien à faire là sans ma permission ! Retournez tout de suite dans la hutte !
-Mais nous voulions voir El…
-Dans la hutte j’ai dit ! Sinon vous ne comprendrez rien à la suite de l’histoire !
Elle renvoya violemment la boule lumineuse dans le souvenir. Puis nous n’osâmes rien tenter de plus et rentrâmes en espérant que l’ambiance redeviendrait plus calme.
-Je suis trop content parce qu’aujourd’hui c’est le jour où c’est mon Père qui nous donne la leçon ! S’exclama fièrement Amarok du haut de ses treize ans.
En effet, cela faisait maintenant trois ans que nous avions le droit à des cours de chasse plus sportifs. Et c’était Yuma Lorcus, le chef du peuple Northuldra en personne qui s’adonnait à cet entraînement. Nous étions actuellement tous réunis devant l’enclos des rennes en attendant la consigne.
-Chers enfants. Je vous annonce le programme du jour. Ce matin nous allons apprendre à monter à dos de rennes. Puis monsieur Coudrier a gentiment préparé un pique-nique pour ce midi. Enfin, cet après-midi nous ferons un exercice de chasse dans la partie Est de la Forêt Enchantée. Est-ce que c’est bon pour tout le monde ?
-Oui Monsieur …
-Parfait. Vous avez donc plusieurs rennes dans l’enclos. Choisissez-en un chacun.
Yélana et moi nous donnâmes la main pour trouver les rennes les plus proches. Quelques instants plus tard nous étions face à nôtre cervidé.
-A présent. Je ne sais pas si vous vous en êtes aperçus mais il y a des brosses aux pieds de vos animaux. Prenez-les et panser les rennes délicatement.
Je m’appliquai aisément, cherchant toujours à être la plus consciencieuse possible. Je jetais des coups d’oeils aux autres. Yélana était aussi fluide que moi. Pieter et Amarok avaient l’habitude car mon frère aidait le fils du chef certains soirs. Elysia n’était pas loin non plus. Il était tombé sur un renne peu docile et bataillait tant bien que mal pour essayer de le brosser. Je souris niaisement en le voyant. Il avait pas mal changé en trois ans. Le petit garçon avait été remplacé par un jeune homme de onze ans à la musculature toujours plus imposante liée aux travaux de la terre. Il restait moins doué que moi pour le chamanisme mais Maman lui avait fait faire de très gros progrès. Son caractère s’était forgé petit à petit à cause de Pieter qui lui menait la vie dure. Il se laissait moins faire maintenant et imposait sa vision du monde à mon frère ainsi qu’à Amarok qui n’avait pas été tendre avec lui non plus. C’était le seul pour qui mon attention était différente. Il jouait bien son rôle de second frère et je lui confiais le moindre de mes secrets tout comme je le faisais avec Pieter.
-Bon je pense qu’on est bien ! De ce que je vois les poils sont lustrés et brillants ! S’exclama bientôt Yuma.
Nous nous arrêtâmes immédiatement alors qu’il continua :
-Vous allez à présent monter en croupe sur votre renne. Un bon chasseur doit savoir affronter les obstacles même en mouvement. Tous sur vos montures donc !
Les plus grands furent les plus avantagés. En deux temps trois mouvements ils se trouvaient sur leurs rennes. Yélana réussit par son agilité alors que je peinais encore à mettre tout mon poids en élan.
-Je peux le faire… Je peux le faire ! Grognai-je tout en sautant pour la énième fois.
Je fus soudainement saisie par deux mains sur mes fesses. Elles m’aidèrent à grimper. Je me retournai instantanément, c’était Yuma. Il me les tapota gentiment et déclara :
-On s’entraînera jeune fille, c’est toujours compliqué la première fois.
Je me contentai d’hocher la tête, essayant d’oublier le trouble qu’avait produit le toucher de ses mains sur mon corps. Le chef me fit une risette et reprit :
-Nous allons faire quelques tours de pistes. La plaine qui est juste à côté va être notre terrain. Surtout compressez bien vos jambes de chaque côté des flancs pour maintenir votre équilibre, compris ?
-Oui ! Au galop ! Clama notre groupe.
Yuma ouvrit alors la porte de l’enclos. Les rennes y allèrent d’eux-mêmes comme s’ils connaissaient la route. De ce fait les montures étaient calmes et obéissantes. Nous pouvions leur faire confiance. Ce fut ainsi, que quelques minutes plus tard, un gigantesque O était en train de se former par les animaux qui tournaient en cercle. Nous n’eûmes pas besoin de donner d’ordres mais de seulement nous contenter de rester droit et de bloquer les jambes pour ne pas tomber.
-Car j’ai le vent dans les cheveux… Chantai-je bientôt d’une voix douce en fermant les yeux.
J’étais heureuse d’être transportée dans l’instant. J’en oubliai bien vite qu’il s’agissait d’un entraînement pour une leçon de chasse. Ce fut Amarok qui me sortit soudain de ma rêverie en criant :
-Anna ! On retourne à l’enclos ! Viens !
J’encourageai aussitôt le renne :
-Allez mon grand !
L’animal brama mais me reconduisit auprès des autres. Je lui chuchotai des « AU PAS » pour qu’il retrouve son calme. J’ordonnai alors d’une voix ferme à mon compagnon de s’arrêter en lui tirant légèrement sur les rênes.
-Vous avez bien travaillé pour cette matinée. Nous allons maintenant pique-niquer ! Félicitations ! Intima bientôt le chef.
-Euh chef...Comment redescend-t-on ? Questionna Yélana toujours d’une voix posée.
-Ah oui pardon ! Penchez-vous légèrement en avant. Passez votre jambe droite par-dessus la croupe du renne en évitant de la toucher. Enfin, joignez les deux jambes pour atterrir sur vos deux pieds.
J’observais mes proches et me sentis toute bête. Comment pouvaient-ils être aussi souples ? Ou bien ce n’était pas possible c’était moi qui avais des jambes trop petites ?!
-Tout va bien Anna ? Demanda alors Yuma car j’étais encore la seule sur le renne.
Je n’osais pas lui dire que je ne voulais pas qu’il m’aide à cause de mon malaise de tout à l’heure. Je cherchai Pieter, Amarok ou encore Elysia du regard. Mais même s’ils avaient tous les trois grandis aucun n’était assez haut pour me soulever. Résignée, je finis par répondre un peu honteuse :
-Je n’arrive pas à descendre.
-Oh ce n’est rien ça, rit-il, tends-moi les bras que je t’aide.
A contrecœur je m’appliquai à la tâche. Yuma me transporta bientôt de ses mains lourdes. Je remarquai alors que ses pouces effleuraient ma poitrine naissante, me produisant des frissons. Je faillis avoir un mouvement de recul mais j’étais déjà au sol.
-Allez filons au pique-nique à présent ! Conclut-il en me donnant une tape sur les fesses.
Le déjeuner se fit dans une entente agréable. Une heure plus tard nous étions tous dans la zone Est de la Forêt Enchantée armés des lances bien plus grandes que nous. Nous nous étions déjà entraînés des semaines auparavant à bien les tenir.
-Je rappelle les consignes, prévint le chef, vous allez vous séparer par trois et partir dans la direction donnée par un ruban attaché à un arbre. Mettez-vous d’accord pour la couleur. Nous nous retrouvons ici dans une heure c’est compris ? Pour vous aider, observez la place du soleil dans le ciel. Bon courage à vous.
Les groupes se firent rapidement. A ma grande surprise Elysia se mit avec Pieter et Amarok. Sans doute pour me tenir éloigner de lui. Je me mis avec Yélana mais les autres groupes étaient déjà formés.
-Je vous accompagne jeunes demoiselles, concéda enfin Yuma à mon grand désolement. Mais je vous prévins je vous laisse faire.
-Oh chouette ! Merci chef ! Cria la petite Northuldra ravie.
Il nous plaqua alors une main dans chaque dos et nous partîmes à l’aventure. Tout retenait notre intention : les traces dans la terre, les poils accrochés aux arbres, les bruits qui nous entouraient. Le silence était primordial. J’ouvrai la marche d’un pas délicat, évitant la moindre branche qui craque, le moindre caillou qui crisse. Yélana suivait mes traces avec une agile souplesse. Yuma se trouvait tout derrière. Je fis alors signe à ma meilleure amie de se rapprocher vers un arbre. Nous nous sourîmes. Il restait quelques poils duvetés épais et brun d’un poulet norvégien qui avait sans doute dû passer par là il y a peu de temps. Notre proie serait donc facile. Yélana m’indiqua bientôt des traces humides dans le sol. L’animal ne devait pas être passé là depuis bien longtemps. Nous nous tournâmes vers le chef qui pencha la tête pour nous féliciter puis nous nous remîmes en marche. Nos pas nous menèrent de longues minutes plus tard sur un plateau ombragé par de grands arbres. Les animaux se trouvaient bien là en train de dormir. Mais nous blanchîmes immédiatement en voyant que ce n’étaient pas des poulets.
-Des chats de Norvège, Lâcha Yélana à voix haute.
L’animal était plus imposant recouvert d’un fourreau qui lui montait jusqu’aux oreilles. Heureusement ses prunelles jaunes étaient fermées. J’indiquai un « Chut » à ma meilleure amie alors que le chef se plaça derrière moi pour me montrer comment bien tenir ma lance. Je tremblais en sachant que l’animal était carnivore et qu’il n’hésiterait pas à nous tuer si jamais nous loupions le coup.
-Des gestes clairs et précis…Nous chuchota-t-il.
Nous avions de la chance qu’il soit endormi. Nous cernâmes bientôt le chat et pointâmes nos lances en direction de son dos et son cœur. Nous nous concertâmes du regard et murmurâmes :
-Trois…Deux…Un…
Le chat ne se réveilla pas alors que nous abattîmes en même temps nos lances dans son corps. Ses yeux s’ouvrirent d’un coup alors qu’il poussa un dernier cri de surprise.
-Bravo mesdemoiselles ! Nous applaudit Yuma à voix haute. Vous aurez de la nourriture pour ce soir.
Je préférai détourner le regard le temps qu’il s’attaque à la dépouille. Il entoura les morceaux de feuilles mortes et nous les mit dans nos besaces. N’y tenant plus à la vue de tout ce sang et des abats qui gisaient au sol, je vomis instantanément.
-Anna ? Tout va bien ? S’inquiéta Yélana.
Je crachai de plus belle en guise de réponse. Le chef ordonna bientôt à ma meilleure amie :
-Va rassembler les autres au point de rencontre, je m’occupe d’elle le temps qu’elle aille mieux et nous arrivons d’accord ?
-Oui chef.
Yélana me lança un dernier regard et partit en courant légèrement. Yuma attendit qu’elle soit bien loin avant de demander :
-Ça va mieux jeune demoiselle ?
-Oui, oui, répondis-je très vite car je ne voulais pas me retrouver seule avec lui. C’est mon ventre qui m’a fait mal mais ça va mieux.
J’étais sur le point de me relever quand il s’approcha doucement de moi pour être sûr.
-Laisse-moi le regarder pour vérifier, reprit-il, allez soulève ta robe.
Je n’en avais pas envie mais mon caractère docile prit le dessus. Maman avait toujours dit que je devais être obéissante. Je ne fis qu’appliquer sa volonté. Le chef palpa bientôt mon ventre et ses mains dérivèrent bientôt vers ma poitrine. Il frôla rapidement mes pointes puis caressa mon dos jusqu’au haut des fesses.
-Tu es sûre que tu n’as mal qu’au ventre et pas plus bas ?
-Oui chef, murmurai-je d’une voix à peine audible.
Même si je ne comprenais pas ce qu’il était en train de faire, je sentais que c’était mal.
-Laisse-moi regarder quand même. Rien que pour être certain.
Sans même avoir le temps de donner mon accord, il me baissa mon collant et enfouit ses doigts dans ma culotte. Pas longtemps heureusement. Mais assez pour que je me sente terriblement mal à l’aise. Ses doigts touchèrent mon devant et mon derrière. Je décidai de fermer les yeux pour oublier ce qu’il était en train de faire. Je me concentrai bientôt comme Maman me l’avait appris et m’agrippai fort à son torse tout en chauffant mes mains à l’aide de ma respiration.
Le flux chaleureux de l’aura vint enfin à mon secours et le brûla. Il recula rapidement mais ne fit pas le rapprochement avec moi.
-Rhabille-toi Anna. Ça a l’air d’être passé. Nous allons retrouver les autres.
Il me sourit à nouveau et me tendit sa main. Sur le trajet du retour il conclut :
-Surtout ne tracasse pas tes parents avec cette histoire de vomissement. Un Northuldra n’a jamais ce genre de réactions quand il abat un animal. Les autres se moqueraient de toi d’accord. Ils te traiteraient de sorcière parce que tu es différente avec tes cheveux roux. Tu ne voudrais surtout pas que ça arrive n’est-ce pas ?
Je secouai la tête même si je comprenais qu'il souhaitait surtout que je me taise pour autre chose.
-Bien. Alors promets-moi que tout ce qui s’est passé après la battue du chat restera entre nous, insista le chef, ça sera notre petit secret.
-Oui, dis-je à la va vite car je voyais enfin mes proches.
Yuma me sourit alors que je retournai auprès de ceux que j’aime vraiment. En voyant mon faux frère, j'eus envie de tout lui raconter. Mais finalement je préférais passer à autre chose car j'avais trop honte.
****
-As-tu réellement aimé chasser ? Demandai-je essayant d’oublier la dernière partie de son récit.
Mamie secoua la tête. Ce fut Papy qui répondit :
-Je me chargeai de cette tâche car je savais que votre mère avait trop de respect pour les animaux qu’elle mangeait.
-C’était lâche de ma part, mais je préférai cuisiner la nourriture plutôt que de la courser, nous coupa-t-elle.
-Mais du coup Papy est-ce qu’il y a une différence entre un bon et un mauvais chasseur ? Lança Hans.
-Oui mon garçon, le mauvais chasseur il a sa lance, il voit un truc, il vise Et le bon chasseur, il a sa lance, il voit un truc bah il vise.
-Mais c’est pareil non ? Questionnai-je étonnée.
Papy réfléchit quelques instants avant de bafouiller rouge de confusion :
-Euh… Bah... Oui en fait.
-Moi y a quand même un truc qui me choque, intervint soudain Papa. Vous allez encore dire que je suis un être abominable parce que je critique votre peuple Belle-Maman mais en Arendelle, dans le monde civilisé ça ne viendrait pas à l’esprit d’un chef de faire des attouchements sur des petites filles.
-Sur les petites filles peut être pas mon Gendre mais sur les grandes et enceintes je n’en mettrai pas ma main à couper ! Clama aussitôt Mamie alors que j’aurais aimé disparaître dans le Niflheim.
Hans blanchit à la référence alors que Maman l’observa cherchant à comprendre.
-Qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ?! Grogna Papa. Oui, bon je vous l’accorde je n’aime pas mon beau-fils mais ce n’est pas une raison pour dire qu’il a abusé d’Elsa !
-Quoi Kristoff ?! S’étrangla mon aïeule, je vous rassure immédiatement ma grande Piceaerd était complètement consentante ! C’est moi qui ai été au courant en premier de leurs ébats je vous rappelle !
-Alors qui ?! S’énerva Papa.
Mamie ne dit rien et se tourna vers moi. Je me repliai contre Hans en me mordant la lèvre. Cette fois ce fut Maman la première à réagir.
-C’était donc pour ça que tu n’étais pas bien Anna quand nous sommes repartis des îles du Sud !? Lâcha-t-elle. Et je n’ai rien vu ! Mais quelle mère indigne, je fais !
Elle vint alors m’enlacer tandis que Papa avait blanchi.
-Vous avez d’autres remarques idiotes mon Gendre ou on peut continuer mon histoire ? Questionna Mamie.
-Non je pense que tout est clair Belle-Maman, grinça-t-il entre ses dents.
Angoissée par les mauvais souvenirs de Karl qui remontaient, je fus rassurée d’être entourée de mes proches.
-Oui la suite ! Plus vite Mamie ! Clamai-je d’une voix enfantine.
*****
-Ah vous voilà enfin ! Annonça Maman en nous embrassant chacun sur la tête. Et avec de la viande en plus ! Voilà un souci en moins dont j’ai à me préoccuper.
Nous rentrâmes dans la maison et allâmes déposer nos affaires. Mère prit la viande et la ramena dans le cellier. Puis Pieter ressortit rejoindre Amarok et Yélana comme il avait l’habitude de le faire quand Elysia et moi avions notre leçon.
-A tout à l’heure Maman ! A tout à l’heure Anna ! Cria-t-il oubliant exprès mon autre frère.
-Bon. Maintenant qu’il est parti nous allons faire un rapide bilan de l’ouverture de vos chakras. Je veux vous voir vous appliquer sur le cœur, le plexus solaire et la gorge dans cet ordre-là.
Les quelques minutes qui suivirent furent silencieuses. Je trouvai enfin la paix malgré quelques souvenirs encore oppressants de cet après-midi qui me revenaient en tête.
-Bien, continua Maman après l'application de la tâche, aujourd’hui vous allez en découvrir un nouveau. Celui de la couronne. Asseyez-vous en tailleur, croisez vos mains entièrement sauf vos auriculaires.
Nous le fîmes sans attendre.
-Ensuite, Concentrez-vous sur le sommet de votre crâne, puis chantez le son « NG » dans votre tête. Cette fois, la méditation est plus longue, car elle doit durer au minimum dix minutes. Compris ?
Nous hochâmes la tête et commençâmes l’exercice. Au début je n’y arrivais pas. Puis finalement après avoir fermée les yeux, je me sentis dans un bien être qui me tira peu à peu dans un état de somnolence. Je me vis bientôt allongée sur mon lit, entourée de ma famille. Maman se tenait près de moi alors que je pleurais. Elle me rassurait en m’embrassant le front.
-Je vais mourir, pleurai-je.
-Mais non ma chérie. C’est normal ! Clamait-elle, laisse-toi aller.
Je sentis immédiatement une force intérieure qui voulait sortir de mon enveloppe charnelle. Elle me poussait de plus en plus puissante vers ma bouche.
-Vas-y Anna, c’est bien ma petite chamane, répéta-t-elle.
Je criai alors à pleins poumons. Je me sentis aussitôt partir. Bientôt une boule transparente s’éleva au-dessus de ma bouche. C’était moi. Je planais au-dessus de mon corps. Et je n’étais pas morte. Je pensais alors aux stèles que j’avais vu le jour où Courant d’Air m’avait transporté pour la première fois dans les airs. Mon âme m’emmena immédiatement à cet endroit. J’aperçus l’entrée de la clairière et j’en fus éblouie. Mais la vision ne resta pas longtemps et se brouilla.
-Anna ! Anna ma petite chamane réveille-toi ! Clama Maman en me tapotant mes joues.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demandai-je d'une voix pâteuse.
-Tu t’es évanouie, expliqua Elysia.
-Je crois que je n’ai plus d’énergie. Je me sens très fatiguée, murmurai-je. J’ai fait un drôle de rêve.
Je le racontai immédiatement à Maman. Un sourire illumina de plus en plus son visage. Quand j’eus terminé elle annonça :
-Ma chérie je suis très fière de toi, tu viens de découvrir le principe du voyage astral. Il te permet d’aller où tu veux presque quand tu veux. Il peut être très utile si tu veux prévenir quelqu’un. Mais il ne faut pas trop l’utiliser car comme tu l’as constaté il peut être dangereux et te bloquer dans le monde de l’inconscient.
-Est-ce que les lieux où nous nous rendons sont réels ? Demandai-je.
-Oui pourquoi ?
-Parce que ces stèles j’aimerais bien y aller moi Maman.
-Non Anna c’est trop dangereux, me coupa-t-elle. Je te rappelle que nous avons tué toute une population en Arendelle et que celle-ci recommence à peine à croître au bout de neuf ans. Il nous faut nous méfier car s’ils venaient ici nous serions décimés.
-Mais Madame Piceaerd n’avez-vous jamais envisagé qu’ils puissent être gentil ? Essaya Elysia qui comprenait bien que j’étais intriguée.
-Nos ancêtres aussi pensaient cela et ils sont tous morts les uns après les autres ! Ces gens d'Arendelle sont de la même souche que les gens d'Arnevik ! Ce peuple-là n'est pas bon pour nous ! Dit-elle bornée, il vaut mieux que tu oublies ces monolithes Anna. Tu ne retourneras jamais là-bas, compris ma chérie. Tu n’es pas bien ici ?
-Si Maman, mais j’aimerais visiter d’autres endroits, partir en voyage.
Elle sourit frustrée et déclara alors :
-Dans quelques années que tu seras devenue une chamane encore plus experte que tu n’es maintenant, je t’amènerai à Ahtohallan.
-Ahtohaquoi ? Répéta Elysia sans comprendre.
Maman nous chanta alors la berceuse. Pieter choisit ce moment-là pour revenir souper.
-Ah ! Je vois qu’on ne m’a pas attendu, grinça-t-il tout en lorgnant d’un œil mauvais notre frère adoptif.
-Elysia ne connaissait pas la berceuse, dis-je pour le défendre.
Pieter haussa les épaules et vint m’embrasser.
-Heureusement que tu es très forte petite sœur, me chuchota-t-il. Tu m’aides à mettre la table ?
Je lui pris sa main et nous y allâmes ensemble. J’entendais Maman et Elysia discutaient dans la salle d’à côté :
-C’était encore nul pour moi Madame Piceaerd n’est-ce pas ? J’ai l’impression de ne pas être à la hauteur. J’ai tellement déçu ma mère qu’elle m’a laissé chez vous. Mais même là je pense que ces quatre ans sont une perte de temps...
-Alors tu l’aimes toujours ton grand frère adoptif ? Intervint Pieter alors que je tendais encore l’oreille.
Je rougis immédiatement.
-Pourquoi demandes-tu ça ? Questionnai-je.
-Il vient de te corréler à une perte de temps car tu fais partie du monde qui l’entoure depuis quatre ans, jubila-t-il.
-Arrête d’être méchant avec lui je te l’ai déjà dit, Murmurai-je, si tu avais écouté jusqu’au bout il a dit que c’était pour nous la perte de temps. Il se dévalorise toujours et Amarok et toi vous ne l’encouragez jamais. Vous êtes des monstres tous les deux ! Je t’ai déjà dit que tu n’avais pas besoin d’être jaloux ! Je vous aime tous les deux pareils.
-Mais moi je suis ton vrai frère, objecta-t-il lui aussi en colère.
-Et alors ? Tu ne préfères pas que je sois entourée par deux protecteurs plutôt qu’un ?! Non toi tout ce qui t’intéresses c’est ton égoïsme !
Le mot blessa Pieter en plein cœur. Il me prit délicatement la main. Je la lui enlevai car cela me rappelait les touchers de Yuma. Garder le secret Anna… Ne rien dire…
-Pardonne-moi petite sœur. Oui je ne suis qu’un idiot, jaloux et possessif. Mais moi encore ça peut s’arranger. Mets-toi un peu à la place d’Amarok. Il y a Elysia qui vit sous notre toit alors que lui, t’es destiné et ne le peut pas.
-Pieter, j’ai que neuf ans je ne vais pas faire de bébés avec Elysia… Soulevai-je en rougissant à la seule pensée que cette idée m’eût traversée l’esprit. Je l’aime comme je t’aime toi et rien de plus. Je sais que je suis destinée à Amarok depuis la naissance et rien ne pourra le changer. J’irai lui parler demain et le rassurer comme je l’ai fait avec toi d’accord ?
Mon grand frère poussa un soupir de soulagement et hocha la tête.
-Je t’aime petite sœur. Quelquefois j’oublie que tu as déjà neuf ans.
-Et toi douze, ris-je en lui ébouriffant les cheveux.
Nous terminâmes de mettre la table alors que Maman continuait de valoriser Elysia. Papa arriva ensuite et nous pûmes manger. Nous leur racontâmes notre journée, en expliquant que nous avions bien chassés. C’était Pieter, Amarok et Elysia qui étaient tombés sur le poulet de Norvège. Comme je l’avais promis au chef je ne précisais rien sur ce qui s’était passé après la battue du chat avec Yélana.
-Félicitations à vous trois ! S’écria Papa, vous deviendrez très vite de très bons chasseurs et chasseuse !
Elysia et Pieter hochèrent la tête alors que je préférai oublier cette phrase. En réalité, j’attendais le coucher avec impatience pour pouvoir refaire un voyage astral. Maman alla border les garçons puis elle revint vers moi :
-Allez jeune fille, on se câline, on se blottit, dicta-t-elle comme un refrain.
Ses bras étaient vraiment le seul endroit où je me sentais le plus à l’aise. Mes paupières tombèrent d’elles-mêmes après la fin de la berceuse. Les gestuelles qui suivirent furent exactement les mêmes que lors de l’entrainement. Ainsi je vis mon âme s’élevait hors du corps et s’envolait bien loin de la Forêt Enchantée.
J’arrivais sur des pavés, face à la mer et me matérialisai enfin. J’étais transparente comme un fantôme. Aucune ombre ne se reflétait avec moi alors que la pleine lune était bien haute dans le ciel. J’observais les alentours. Il y avait des halles vides et une odeur de poisson qui persistait. Je devais être dans un port. Les maisons qui me faisaient face étaient en bois et de couleurs différentes, rouge ou marron pour la plupart. Je marchai un peu pour découvrir cet endroit que j’avais l’impression de connaître. Les enseignes étaient neuves et indiquaient les types d’échoppes qui se tenaient face à moi. Je finis par lire « Les Confiseries d’Arendelle ». Mon cœur manqua un battement. J’étais dans la ville maudite. La ville détruite par les Northuldra à ma naissance. Et elle était neuve à nouveau. J’aurais dû partir sur le champ mais je n’en avais pas envie. Elle n’avait rien de terrifiante et semblait même incroyablement chaleureuse.
Je marchai encore. J’entendis soudain sonner une horloge en bois sculptée au loin. Six heures. Les premières lueurs de l’aube étaient en train d’apparaître. Un point lumineux m’éblouit alors et j’aperçus le château flambant neuf. Un souvenir des plus lointains ressurgit immédiatement. Moi en train de pleurer dans les bras de Pieter. Amarok était là aussi et nous étions dans une bibliothèque.
-Je ne peux pas rester, murmurai-je… Il faut que j’en parle à Maman.
J’ordonnai immédiatement à mon corps de me réveiller. Quelques instants plus tard, j’étais dans mon lit en sueurs et fatiguée. Je tentais de me rendormir en me tournant à plusieurs reprises si bien que je finis par faire du bruit.
Papa arriva bientôt dans la chambre.
-Ça ne va pas petite chamane ? Demanda-t-il en me prenant dans ses bras.
-Si, mais j’ai fait un voyage astral Papa… J’étais à Arendelle.
Mon père blanchit immédiatement mais contrairement à ce que j'aurais pu croire il fut moins bouleversé que Maman plus tôt dans l'après-midi.
-Comment était-ce ? Questionna-t-il d'une voix détaché.
-La ville est toute reconstruite, répondis-je simplement, elle est toute pavé, et les échoppes brillaient avec la lune.
-Habille-toi et va prendre ton petit-déjeuner, dit-il en douceur, je vais avertir ta mère.
Il m’embrassa le front et sortit. Quelques minutes plus tard nous étions tous attablés dans la salle à manger.
-Tu ne dois jamais retourner là-bas ! S’exclama Maman d’un ton grave.
-Mais pourquoi ? ça n’avait pas l’air si dangereux ? Réitérai-je. Je voudrais bien partir de la Forêt Enchantée même quelquefois, aller voir les monolithes qui marquent l’entrée.
-Tu n’as pas à tergiverser Anna ! Je t’ai déjà dit non hier ça ne change pas aujourd’hui ! Non c’est non ! S’enflamma-t-elle. Tu dois être une petite fille obéissante.
Je me mis à pleurer sous la violence du haussement de ton. Pieter fusilla Maman du regard et vint m’enlacer.
-Maman ne veut que ton bien, me chuchota-t-il. Et même si moi je suis là pour te protéger, il faut l’écouter.
Je m’enlevai ma morve et hochai la tête. Mais pour la première fois de ma vie, j’étais déterminée à désobéir. C’était notre jour de repos aujourd’hui mais nous nous retrouvions entre amis non loin du campement pour jouer. Ce fut ainsi que nous nous donnâmes rendez-vous chez Yélana avec Elysia, Pieter et Amarok. J’allai immédiatement voir le jeune homme et lui prenant la main, je le maintins à l’écart.
-Je voudrais mettre les choses au clair, déclarai-je alors qu’il était étonné.
-Je t’écoute.
-Je sais que nous devrons nous marier d’ici quelques années. Et je sais que ça t’embête qu’Elysia soit sous notre toit.
-Tu me penses sincèrement jaloux d’Elysia, dit-il d’un air hautain. Je sais très bien qu’il n’a aucune chance avec moi.
Sa réponse me doucha alors qu’il me caressa le dos comme son père. Je reculai immédiatement et repris :
-Bien. Dans ce cas, nous pouvons retourner voir les autres.
-Attends Anna, reprit-il en sentant que sa remarque m'avait froissé. Tu parlais de bébés… Tu aimerais en avoir avec moi ? Tu sais comment on les fait au moins ?
Je rougis violemment et déblatérai un souvenir :
-Eh bien… Papa et Maman m’ont parlés un jour de graines qui vont dans un œuf et après il se transforme en bébé.
Amarok rit et se pencha à mon oreille :
-Si tu veux j’ai une autre explication à te proposer mais il faut aller voir les rennes.
Sans même attendre sa tête se décala pour rencontrer ma bouche. Je me dérobais immédiatement refusant d’admettre que j’avais préféré celui d’Elysia d’il y a trois ans.
-J’ai toujours rêvé de faire ça Anna et quand nous serons mariés, je ferai bien plus. Alors on va les voir ces rennes ? Insista-t-il.
-Une autre fois… Je vais jouer avec Yélana, répondis-je troublée.
Je courus le plus vite vers ma meilleure amie car j’avais toujours mon idée en tête.
-Viens faut que je te raconte quelque chose. Mais tu sembles contrariée. Tout va bien ? Demandai-je devant son teint pâle.
-Oui, dit-elle d’une voix cassante.
-Elysia viens aussi, ordonnai-je.
Amarok et Pieter furent mécontents de ne pas être inclus, mais je m’en fichai.
-Tu te rappelles du rêve que j’ai raconté ce matin au petit déjeuner Elysia ? Demandai-je ignorant un peu Yélana qui m’agaçait par son comportement que je ne comprenais pas.
-Oui.
-Et bien, j’aimerais aller là-bas. A Arendelle. Connaître un peu un autre monde que le nôtre.
-Tu voudrais quitter la Forêt Enchantée ? Répéta Yélana qui se réveillait enfin.
J’hochai la tête.
-Anna je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… Commença Elysia.
-Nous sommes grandes maintenant et nous savons chasser. Nous avons plus d’expérience. Un petit voyage à dos de rennes se fera rapidement et nos parents n’y verront que du feu ! M’écriai-je avant de me reprendre pour le jeu de mots douteux… Enfin, ils ne s’en rendront pas compte.
-Et si vous vous blessiez ou êtes arrêter ? Que se passerait-il ?! Réitéra Elysia.
Je le fusillai du regard.
-Ecoute soit tu es avec nous, soit tu t’en vas, dis-je d’un ton glacial.
Le Northuldra du Nord hésita puis finalement soupira.
-Je vais venir avec vous dans ce cas-là, dit-il.
-Non, non, il nous faut quelqu’un pour occuper les parents, Pieter et Amarok, insistai-je.
-Tu ne veux pas qu’il vienne ? Demanda Yélana dans une fausse joie.
Je secouai la tête.
-Amarok est comme Pieter, il me l’interdirait et puis c’est le fils du chef, il irait lui dire.
-Un point pour toi, concéda Yélana, du coup quand partons-nous ?
-J’aurais bien dit maintenant, il est encore tôt si nous voulons revenir avant la nuit c’est parfait. Elysia tu veux bien détourner l’attention des garçons ?
-Et s’ils me demandent où vous êtes ? Insista-t-il.
-Tu leurs dira qu’on est parties jouer à des trucs de filles, minaudai-je.
Je le scrutai du regard cherchant son approbation. Il finit par dire :
-C'est d'accord...Je veux bien vous couvrir.
-Oh merci Elysia ! Clamai-je en lui assenant un baiser sur la joue.
Il devint écarlate alors que je sentis mon cœur s'emballait devant sa réaction touchante. Toutefois je finis par secouer la tête pour me remettre les idées en place. L’argument était facile même si je n’étais pas dupe. Je savais qu’en partant tout de suite nous éveillerions les soupçons. Nous retournâmes donc discuter avec eux pendant plusieurs minutes avant de nous retirer par la suite pour faire semblant d’aller aux toilettes.
-Les filles vont toujours aux latrines en groupe c’est bien connu, maugréa Pieter, à croire que vous seriez capables de vous perdre en route.
Nous acquiesçâmes amusées avant de faire semblant d’aller dans la hutte qui servait à ça. Nous lançâmes un signal du regard à Elysia qui déclara d’une voix neutre :
-Si nous allions jouer avec nos lances ?
Amarok et Pieter refusèrent d’abord avant d’y concéder. Nous avions le champ libre pour nous rendre dans l’enclos.
-C’est moins facile qu’à dos de géants, mais au moins nous passerons inaperçues, commentai-je, tu es prête ?
Yélana hocha la tête et nous sortîmes discrètement les rennes. Heureusement aucun adulte n’était dans les parages. Puis ma meilleure amie m’aida à monter avant que nous criions ensemble :
-GALOP !
Nous partîmes tout droit et attînmes rapidement les stèles des steppes. Je respirai alors un grand coup avant que nous nous lancions à nouveau.
****
-J’ai une question idiote… Commençai-je.
-Aucune ne l’est, répondit Mamie.
-Vous connaissiez la route ?
-N’ayant jamais été de ma vie par moi-même, la réponse est évidente.
-Vous n’êtes donc pas arrivés en Arendelle ? Questionna Hans.
-Pas tout à fait. Mais vous saurez très bientôt.
-Alors ça fait quoi de désobéir Belle-Maman ? S’enquit à son tour Papa. Moi qui pensais avoir un modèle de perfection face à moi… Enfin…Après ma femme bien sûr.
Maman sourit alors qu’elle rétorqua :
-Ce fut agréable mon Gendre.
-Et pour toi Papy comment ça s’est passé ? Est-ce que Pieter et Amarok t’ont tapé quand ils ont su ? Demandai-je.
La remarque le fit rire mais il répondit :
-En réalité pour deux personnes qui disaient se soucier d’Anna ils ont mis longtemps avant de se rendre compte de son absence. Nous avions fait le sport et c’est Helga qui est venue blanche comme un linge et inquiète nous demander où tu étais passée. J’ai su mentir mais je n’en étais pas fier ayant toujours en mémoire qu’il pouvait vous arriver quelque chose. Alors vers la fin de la journée je vous ai dénoncé. Je n’en pouvais plus.
-Tu as bien fait mon amour, murmura Mamie.
Elle lui prit la main mais Papy resta de marbre.
-Au moins je me sens moins idiote pour notre escapade à Kraberg, commentai-je.
Hans rit et m’embrassa alors que Papa répliqua :
-Donc en trois ans de temps vous avez embrassé deux hommes et vous vous êtes faites touchée en prime.
-Dis-donc mon Gendre est-ce que vous savez ce que c’est que d’être une femme dans une tribu nomade où même si notre sexe est vénéré nous subissons toujours les stéréotypes de la fille objet, ancré dans la tête des hommes depuis longtemps. Comme chez vous d’ailleurs.
-Et voilà… Encore une féministe, soupira Papa.
Contre toute attente ce fut Hans qui répliqua acerbement :
-Ne soyez pas rigoriste Père ! Vous savez que ça m’horripile ! Je vous rappelle qu’Anna a été abusée par mon frère juste par un quiproquo idiot. Vous ne voudrez pas devenir un Wilhelm !
La remarque doucha immédiatement Papa qui s’excusa auprès de Mamie.
-Sans défendre Agnarr je dois dire que je suis un peu d’accord avec lui ! Lâcha soudain mon grand-père.
-Elysia… S’étonna Mamie choquée.
-Tu ne m’avais jamais révélé qu’Amarok t’avais embrassé. Est-ce que vous avez fait plus ? Demanda-t-il méfiant.
-Sérieusement tu me fais une crise de jalousie pour ça ?! S’exclama Mamie dont le ton avait monté d’un coup. Tu veux que je te rappelle avec qui je me suis mariée finalement ?!
Ils se lancèrent des regards noirs.
-Je veux juste savoir c’est tout, dit Papy.
-Eh bien tu attendras comme tout le monde la suite de l’histoire et tu ne vas pas être déçu ! Je vais prendre l’air avant de t’étrangler ! Ajouta-t-elle.
Elle partit dehors alors qu’Hans et moi peinions à ne pas rire car c’était rare de la voir perdre son sang-froid.
-Jaloux même après la mort c’est beau, Beau-Papa, déclara mon Père.
Maman lui donna une tape sur le torse puis elle surenchérit :
-A mon humble avis je pense que tu devrais aller t’excuser Papa.
-Oui dépêche-toi parce que je veux savoir la suite moi ! Le grondai-je.
Grand-père peu fier de son comportement détala alors qu’Hans et moi prîmes le temps d’aller dans la galerie des souvenirs pour continuer de voir ce qui se passait pour Elsa dans sa vie actuelle qui faisait suite à mon rêve.
-Mais attends ! Y a un truc qui cloche-là ! M’écriai-je. Papa, Maman et Mamie sont en vie. Et j’ai un petit frère !
-Oui mais peut être qu’ils n’étaient pas vraiment morts dans cette vie-là…Commença mon mari…
-Oh regarde ! Papa s'est évanoui ! Repris-je.
Nous aperçûmes alors une auréole blanche semblable à celle que j'avais vu avec Elsa lorsque j'avais voulu lui ouvrir la porte vers l'Helveg. J'étais prête à refaire la même chose, avant d’être interrompue par Mamie qui déboula vers nous à une allure qui indiquait qu'elle ne s’était pas réconciliée avec Papy.
-Anna ! Hans ! Vous n’avez rien à faire là sans ma permission ! Retournez tout de suite dans la hutte !
-Mais nous voulions voir El…
-Dans la hutte j’ai dit ! Sinon vous ne comprendrez rien à la suite de l’histoire !
Elle renvoya violemment la boule lumineuse dans le souvenir. Puis nous n’osâmes rien tenter de plus et rentrâmes en espérant que l’ambiance redeviendrait plus calme.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 02 Oct 2020, 22:59
Toujours pas grand chose à dire sur ce chapitre :-/
Enfin, si... le trio Anna-Elysia-Pieter ça reste vraiment mignon à suivre, pareillement pour leurs leçons (la chasse, le chamanisme...). Et les moments à Helveg, rien à dire j'adore
Par contre, Yuma qui fait des attouchements pas du tout subtils sur mineur c'était un peu trop, je trouve. Et pourtant je l'ai attendu le passage #MeToo
Mais hâte de voir l'escapade à Arendelle, et comment ça va se terminer.
Et aussi, un frozen point pour la référence aux Inconnus
Enfin, si... le trio Anna-Elysia-Pieter ça reste vraiment mignon à suivre, pareillement pour leurs leçons (la chasse, le chamanisme...). Et les moments à Helveg, rien à dire j'adore
Par contre, Yuma qui fait des attouchements pas du tout subtils sur mineur c'était un peu trop, je trouve. Et pourtant je l'ai attendu le passage #MeToo
Mais hâte de voir l'escapade à Arendelle, et comment ça va se terminer.
Et aussi, un frozen point pour la référence aux Inconnus
- Lhysender
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Jeu 08 Oct 2020, 21:50
Bien que trouvé le chapitre un petit long à un moment, j'y retiens nombre de chose. D'abord le début qui m'a donné l'impression d'être à Poudlard avec Hagrid, mais qui surtout nous montre encore un nouvelle facette de l'apprentissage de la vie chez les enfants Northuldras. De même que l'apprentissage d'Anna en tant que chamane qui fait un grand bon en avant avec son premier voyage astral qui ancre son envi de partir à l'aventure. Mais nous y reviendrons plus tard.
La scène malaisante du chapitre remplit son office, rien que de la relire je suis vraiment pas à l'aise et donc je préfère ne pas m'attarder dessus, ce qui dans un sens veut dire qu'il est réussit. Mais Yuma est un enfoiré et que si le fils tient du père, Amaraok va vite devenir pire. Déjà que je pouvais pas l'encadrer...
Bref, revenons sur la cas de Pieter. Décidément, à chaque chapitre je l'apprécie de plus en plus autant que j'ai envi de lui mettre une bonne tape derrière la tête pour qu'il se réveille. On sent qu'il n'a pas confiance en lui, on sent qu'il a un bon fond, mais je suis certain qu'il ce fait entrainé par Amarok. C'est le fils du chef, il a surement envi de bien se faire voir. Mais je prie pour qu'à un moment il se rende compte de son erreur et que ses actions vont finir par provoquer exactement ce qu'il ne veut pas. Et ça ce sera vraiment déchirant.
Pour une raison étrange, ça en fait presque mon personnage préféré alors que ses actions m'insupportent, parce que je commence (enfin, je théorise ) sur pourquoi il le fait et je sens qu'il a vraiment un bon fond. C'est assez étrange à expliquer, mais j'attends vraiment de voir comment il vas évoluer.
Pour Elysia, son manque de confiance en lui me donne juste envi de lui ébouriffer les cheveux et de lui dire que tout vas bien se passer et qu'il faut arrête de se dévaloriser. Peut-être qu'il ne vas pas briller en tant que chamane, mais en tant que soutien pour Anna. Parce que si Tolkien m'a bien apprit quelque chose, c'est parfois le vrai héros ce n'est celui qui porte le fardeau, mais celui qui le soutiendra jusqu'au bout pour qu'il réussisse. Enfin je vais surement très loin pour le coup, mais vraiment il me fend le cœur et j'espère vraiment qu'il va se reprendre.
Pour la partie dans l'Helveg, je n'ai rien à ajouter sur les piques habituelles, si ce n'est sur deux point. D'abord, les fissures qui apparaissent dans le couple Mamie Anna/Elysia qui jusque là avait l'air parfait à côté de celui d'Agnarr et Iduna. Ensuite, le fait que Mamie Anna ne veuille absolument pas qu'Anna et Hans explore seul les souvenirs, surtout à cause de cette phrase qui me fait vraiment tiquer :
Ca pour moi, ça sent le "j'ai fais quelque chose de terrible, mais j'avais des raisons de le faire" ou quelque chose du genre. Mais ici encore, je théorise
Bref, j'attends avec impatience de voir comment vas se dérouler cette petite expédition en Arendelle !
La scène malaisante du chapitre remplit son office, rien que de la relire je suis vraiment pas à l'aise et donc je préfère ne pas m'attarder dessus, ce qui dans un sens veut dire qu'il est réussit. Mais Yuma est un enfoiré et que si le fils tient du père, Amaraok va vite devenir pire. Déjà que je pouvais pas l'encadrer...
Bref, revenons sur la cas de Pieter. Décidément, à chaque chapitre je l'apprécie de plus en plus autant que j'ai envi de lui mettre une bonne tape derrière la tête pour qu'il se réveille. On sent qu'il n'a pas confiance en lui, on sent qu'il a un bon fond, mais je suis certain qu'il ce fait entrainé par Amarok. C'est le fils du chef, il a surement envi de bien se faire voir. Mais je prie pour qu'à un moment il se rende compte de son erreur et que ses actions vont finir par provoquer exactement ce qu'il ne veut pas. Et ça ce sera vraiment déchirant.
Pour une raison étrange, ça en fait presque mon personnage préféré alors que ses actions m'insupportent, parce que je commence (enfin, je théorise ) sur pourquoi il le fait et je sens qu'il a vraiment un bon fond. C'est assez étrange à expliquer, mais j'attends vraiment de voir comment il vas évoluer.
Pour Elysia, son manque de confiance en lui me donne juste envi de lui ébouriffer les cheveux et de lui dire que tout vas bien se passer et qu'il faut arrête de se dévaloriser. Peut-être qu'il ne vas pas briller en tant que chamane, mais en tant que soutien pour Anna. Parce que si Tolkien m'a bien apprit quelque chose, c'est parfois le vrai héros ce n'est celui qui porte le fardeau, mais celui qui le soutiendra jusqu'au bout pour qu'il réussisse. Enfin je vais surement très loin pour le coup, mais vraiment il me fend le cœur et j'espère vraiment qu'il va se reprendre.
Pour la partie dans l'Helveg, je n'ai rien à ajouter sur les piques habituelles, si ce n'est sur deux point. D'abord, les fissures qui apparaissent dans le couple Mamie Anna/Elysia qui jusque là avait l'air parfait à côté de celui d'Agnarr et Iduna. Ensuite, le fait que Mamie Anna ne veuille absolument pas qu'Anna et Hans explore seul les souvenirs, surtout à cause de cette phrase qui me fait vraiment tiquer :
Ansa a écrit:Sinon vous ne comprendrez rien à la suite de l’histoire !
Ca pour moi, ça sent le "j'ai fais quelque chose de terrible, mais j'avais des raisons de le faire" ou quelque chose du genre. Mais ici encore, je théorise
Bref, j'attends avec impatience de voir comment vas se dérouler cette petite expédition en Arendelle !
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 09 Oct 2020, 22:15
Chapitre 6 : En quête des Arendelliens : Partie 2 :
Nous étions bien loin de la Forêt Enchantée à présent dans une plaine déserte mais verdoyante. Je ne savais pas depuis combien de temps nous étions parties.
-Tu es sûre que si nous avançons bien tout droit nous arriverons à Arendelle ? Demanda Yélana.
-Oui, répondis-je.
Je me mordis la lèvre tout de suite après car en réalité je n’en savais pas plus qu’elle. Hélas ! La seule fois où je m’y étais rendue c’était par rêve.
-Nous sommes bientôt arrivées du coup ? Insista-t-elle.
-Oui ne t’inquiète pas. Nous devrions faire une halte pour que les rennes boivent, commentai-je.
-Oui tu as raison.
Nous arrivâmes dans une plaine plus rocheuse.
-Y a de l’eau quelque part ? Demanda Yélana.
J’inspectai le lieu du regard et fis la moue.
-Non. Seulement des geysers, répondis-je.
Ma meilleure amie s’en ficha. Elle amena tout de même sa bête vers les petits cratères.
-Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne id… Commençai-je.
Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que son renne se braqua au contact de la vapeur brûlante sur son museau. Il se cabra immédiatement la renversant au sol.
-Yélana ! Criai-je en descendant à mon tour de ma monture.
Cette dernière s’en alla aussi effrayée que celle de ma meilleure amie.
-Non, non, non…Grognai-je.
Mais il était trop tard. Je retournais aussitôt auprès de Yélana et l’allongeai au sol. Puis j’appliquai rapidement les gestes que Maman m’avait appris au fils de mes années de chamanisme. Je fermai les yeux, respirai un grand coup pour ne faire qu’un avec l’aura de ma meilleure amie. Je sentais le fluide à travers son corps.
-Ah-Ah! Ah-Ah! Prononçai-je plusieurs fois de suite.
Après ce qui me parut une éternité, elle finit par rouvrir les yeux.
-Anna ? Murmura-t-elle.
Je l’enlaçai en quelques secondes.
-Oh Yélana tu m’as fait peur ! Tu es tombée de ton renne. Mais tu n’as rien de grave. Bon maintenant la mauvaise nouvelle c’est que nous n’avons plus de moyens de locomotions ni pour rentrer à la maison ni pour nous rendre en Arendelle.
-C’est une plaisanterie ?! S’exclama-t-elle. Tout ça c’est de ta faute !
-Eh ! Doucement ! Tu n’as pas dit non, non plus quand je t’ai proposé l’escapade. Allez ! Viens à présent ! Nous devons trouver un moyen de continuer, pondérai-je d'une voix calme.
Je l’aidais à se relever avec vigilance et nous inspectâmes les environs. Mon imagination me joua des tours car à présent des rochers ronds couverts de mousses s’étaient peu à peu remplis dans le paysage. Je faillis définitivement avoir une attaque lorsque nous entendîmes soudain :
-Comment une humaine peut être dotée de magie ?!
-Yélana tu as parlé ? Demandai-je.
-Mais non voyons, je pensais que c’était toi Anna, renchérit-elle aussi blanche que moi.
Les rochers se mirent alors à bouger dans un rythme harmonieux et roulèrent autour de nous, nous encerclant toutes les deux.
-Anna si c’est une plaisanterie de ta part ce n’est pas drôle ! Pleurnicha ma meilleure amie en se collant contre moi.
-Je t’assure que je n’y suis pour rien ! Me défendis-je.
Sous nos yeux ébahis, les rochers se transformèrent aussitôt en petits êtres de pierre. Je souris immédiatement rassurée car ils devaient faire partie de la famille des géants.
-Des voyageuses d’Arendelle ! Clamèrent-ils tous en même temps.
-Non pas d’Arendelle, reprit l’un d’eux beaucoup plus trapu et maculé de branchage qui faisait office de cheveux.
Il s’avança vers nous avec méfiance alors que nous étions toujours pétrifiées par l’émotion.
-Qu’est-ce que vous êtes exactement ? Osa demander Yélana en les observant avec étonnement et peur.
-Voyons ! Tu ne l’as pas remarqué ! Aux vues de leur physique, ils doivent être cousin avec mes amis! Donc ils ne doivent pas être méchants !
-Vous êtes donc des Northuldra ! S’exclama aussitôt le plus âgé.
Nous blanchîmes pour de bon car nous venions d’être découvertes.
-Vous n’avez rien à craindre de nous si vous et votre peuple ne nous exterminez pas comme cela fut le cas pour celui d’Arendelle.
-Comment êtes-vous au courant ? S’écria Yélana.
-Je suis capable de lire dans l’avenir car comme vous mademoiselle Anna, je suis doté de magie, expliqua-t-il.
Je pâlis encore plus.
-Et vous connaissez mon nom en plus, murmurai-je.
-Le mien est Grand Pabby, répondit-il simplement.
Il fit un hochement de tête en guise de salut et nous lui rendîmes mal à l’aise.
-Je viens de vous voir guérir votre amie… Mais dites-moi qu’est-ce que deux petites filles Northuldra font si loin de la Forêt Enchantée ?
-Nous voulions découvrir Arendelle en toute discrétion, soupirai-je. Sans l’attaquer bien sûr ! Ajoutai-je très vite car je ne voulais pas donner mauvaise impression.
Grand Pabby soupira à son tour et nous confronta du regard.
-Je n’ai pas le droit de vous y emmener. Pas après ce que vous avez fait subir à ce peuple.
-Tant pis, dit très vite Yélana, de toute façon nous n’avons pas besoin de vous, nous sommes toutes les deux unies comme des sœurs parées à retourner chez nous.
Ma meilleure amie me serra la main avec force bien que je ne sois pas d’accord avec ses paroles. Le troll mature rétorqua alors :
-Votre amitié sera mise à rude épreuve.
Il agita alors ses mains provoquant des aurores boréales avec ses doigts qui nous représentaient d’abord enlacés avant de nous voir plus grandes en train de nous disputer et de partir chacune de notre côté.
-C’est fascinant, murmurai-je. Vous pourriez m’apprendre ?
-Non jeune fille, répondit-il durement. Vous l’ignorez sans doute mais tout comme Arendelle et les Northuldra, votre peuple et celui des trolls sommes officiellement ennemis pour dissuader les hommes de vouloir s’approprier la magie des esprits.
-Les esprits sont très gentils, ceux sont nos amis ! Clamai-je me rappelant ma première rencontre avec eux.
-Anna, tendez-moi votre main ! Ordonna aussitôt Grand Pabby.
Je sentis à son regard que je devais m’exécuter. Le troll observa mes lignes comme j’avais déjà vu Maman le faire. Il finit par déclarer :
-Dans cette vie-là Anna vous aurez du chagrin…Mais peu importe vous êtes trop petite pour vous en soucier pour l’instant. Je vais faire en sorte de vous raccompagner chez vous. A moins que vous n’utilisiez votre magie.
-Mais je n’ai aucun pouvoir magique ! M’écriai-je voulant préciser cette confusion. Je suis la future chamane du village c’est tout.
Grand Pabby écarquilla de grands yeux où je pouvais voir de milliers de questions se répercuter dans sa tête.
-Votre potentiel est déjà puissant, demoiselle, dit-il sur un air de défi.
-Anna tu es sûre que tu ne veux pas rentrer ? Répliqua Yélana. Ce serait plus prudent tout de même. Les parents vont finir par se demander où nous sommes.
-Non ! Répondis-je entêtée, j’ai le sentiment que nous ne sommes pas très loin du but.
Grand Pabby nous observa longuement puis finit par dire :
-Je veux bien vous mener à Arendelle, vous n’en êtes pas trop loin.
-Oh merci ! C’est gentil monsieur le petit géant ! M’exclamai-je ravie.
-Mais à une condition. Que vous gagniez mon duel.
-Je vous ai dit que je n’avais pas de magie, plaidai-je. C’est de la triche. Je n’ai jamais entendu parler d’un humain capable d’en avoir.
-Tu en connaîtras un, un jour, reprit rapidement le troll mais pour l’instant tu n’as pas à t’en préoccuper. Alors on le fait oui ou non ce duel ?
Je consultai ma meilleure amie du regard. Ses yeux montraient de la peur et une soudaine envie de fuir.
-Calme-toi, Yélana de toute façon on ne rentrera jamais assez tôt pour ne pas se faire punir ! M’exclamai-je résignée.
Elle se mit à pleurer. Un troll femme se chargea alors de lui offrir de quoi boire. Elle s'apaisa puis elle et les autres se décalèrent aussitôt pour nous laisser de la place au centre de la plaine. Grand Pabby sortit bientôt quelque chose de sa tunique de mousse.
-Anna sais-tu ce que ceux sont ces choses-là ? Demanda-t-il.
J’observais des longs tubes transparents qui avaient l’apparence de verre. L’embout était pointu que d’un côté.
-Non je ne sais pas, admis-je en haussant les épaules.
-Ceux-ci sont des cristaux de souvenirs. Je les ai enlevés à une personne qui a beaucoup souffert lorsqu’elle était petite et qui a beaucoup de respect pour notre peuple. Si tu parviens à les allumer, je vous ramène à Arendelle et je pourrais redonner ses souvenirs à cette personne. Le duel est simple, nous en allumons cinq chacun. Si jamais tu n’arrives pas à en allumer ne serait-ce qu’un seul je vous raccompagne dans la Forêt Enchantée.
-Qui est cette fameuse personne ? Questionnai-je intriguée.
-Cela a vraiment de l’importance pour toi de le savoir ? Tu ne préfères pas rester neutre et être bienveillante avec elle ? Interrogea à son tour le troll.
Je respirai un grand coup.
-Vous ne comptez pas me le dire de toute façon ? L'interrogeai-je.
-Tu as bien compris. Et je sais que tu es sage et que ton désir de visiter Arendelle est plus puissant.
-Exact ! M'écriai-je d'une voix déterminée.
Grand Pabby sourit et mit le cristal au sol. D’un geste manuel il alluma le premier diamant sans problèmes. Je me concentrai alors sur le mien et fermant les yeux, je l’imaginai en train de s’embraser. Quand je les rouvris quelques secondes plus tard, il était allumé.
-Bien Anna ! Déclara-t-il, encore quatre.
Grand Pabby fit le même geste pour le deuxième et il s’éclaira en quelques secondes. Je m’avançai alors légèrement et fermai à nouveau les yeux pour me concentrer. Je dus attendre plusieurs minutes avant qu’il ne s’allume.
-Un peu plus difficile celui-là non ?
-Oui, reconnus-je.
Grand Pabby alla alors placer le troisième cristal au centre de la vallée. Il exécuta son même rituel toujours sans aucune difficulté puis il me fit signe que c’était mon tour. Mes paupières demeurèrent closes mais je ressentis que la fluidité du minéral était plus brouillé. Sans paniquer, je savais que si je ne trouvais pas le fil conducteur je ne pourrai pas me concentrer. La vision ne me suffisait plus il fallait que je touche l’objet. Le troll me laissa faire. Je ressentis immédiatement un choc électrique mais persistai à tenir le cristal. Des sons glacials se firent entendre dans ma tête.
-Anna tu peux lâcher, m’intima soudain Grand Pabby. Il est allumé.
Mes paumes étaient meurtries mais j'indiquai au troll que je voulais continuer. Il alluma donc son quatrième cristal et attendit mon tour. Même si je savais que mes doigts allaient en pâtir, je pris à nouveau l’objet dans les mains. Mais contre toute attente, celui-ci ne brûla pas. Bien au contraire, il en émana de la glace. J’entendis des sons de clochettes comme ceux qu’on pouvait trouver dans les pays froids tel le nôtre en hiver. La fluidité fut encore une fois compliquée à trouver car elle semblait givrée. Je finis par ressentir un petit filet d’aura et ouvris enfin les yeux.
-Tu es une sacrée adversaire, admit Grand Pabby qu’à moitié étonné.
-Je suis coriace, admis-je simplement, quand je veux quelque chose je l’obtiens.
-Bien. Ce dernier cristal ne sera donc pas trop compliqué pour toi dans ce cas.
Laissant le monticule des cristaux qui s’étaient déjà allumés, le troll se chargea d’éclairer son dernier. Puis il mit le mien au sol. Je le récupérai aussitôt. Il était de température normal mais beaucoup plus lourd que les autres. Je cherchai pendant plusieurs minutes l’aura qui siégeait à l’intérieur mais je faillis rendre les armes en ne le trouvant pas. J’ouvris les yeux, Grand Pabby attendait toujours patiemment.
-Je n’y arrive pas, murmurai-je au bord des larmes car j’étais si près du but.
-Ne te laisse pas submerger par tes émotions, préconisa-t-il. Respire un grand coup et réessaye une dernière fois.
Je m’exécutai ne pouvant m’empêcher de penser à ce que pouvait ressentir Elysia à chaque fois qu’il ratait quelque chose. Je palpais encore le cristal et repensais justement à cette première leçon de chamanisme que nous avions eu tous les deux. Et depuis il était resté près de moi. Puis le souvenir se fondit dans mon esprit, remplacé par celui de Pieter protecteur, et ma première rencontre avec Yélana et Amarok. Nous étions tous liés et formions une famille de cœur. Plus mes pensées dérivèrent vers ce sentiment de bonheur, d’apaisement, plus je finis par sentir l’aura. J’entendis alors des cris d’enfants à travers ma tête.
-Bravo Anna ! S’exclama Grand Pabby.
Je rouvris les yeux avec un air de victoire et de soulagement. Yélana qui s'était adoucie également se rua dans mes bras.
-Nous avons gagné ! S’exclama-t-elle.
-Il n’y avait pas vraiment de gagnants ou perdants en réalité, avoua le troll, mais vous avez réussi l’épreuve et le petit garçon qui avait perdu ses souvenirs vous remerciera d’avance j’en suis sûr. Il habite à Arendelle justement ! Est-ce que vous voudriez m’accompagner pour pouvoir les lui rendre en main propre ?
-Anna, on ne devrait pas, il ne faut pas nous faire remarquer, rappela Yélana.
-HEUREUSEMENT QU’IL Y EN A UNE ICI QUI A PLUS DE CERVELLE QUE L’AUTRE ! Rugit soudain une voix masculine.
Nous nous retournâmes en sursaut et pâlîmes immédiatement alors qu’à l’entrée de la vallée se tenaient nos Pères, nos Mères, Amarok, Pieter et Elysia. Ce dernier avait l’œil amoché. Sans doute l’œuvre de ma brute de frère et mon futur mari.
-VOUS LE TROLL ! LAISSEZ MA FILLE TRANQUILLE ! Cria Père.
Tout le monde était revenu dans la hutte. Tout le monde sauf Papy.
-Où est-il ? Demanda Maman inquiète car elle n’avait jamais vu ses parents se déchirer.
-Parti réfléchir car il n’a pas apprécié la vérité que je lui ai avoué, répondit-elle…Ne me regardez pas comme ça vous la connaitrez aussi mais pas tout de suite !
-Mais il va revenir ? Osa demander Papa.
-Bah alors mon Gendre ça y est vous aussi vous devenez sentimental en cherchant une figure paternel ?! Questionna Mamie en essayant de détendre l'atmosphère.
-Pas forcément. Je n’aime pas voir ma femme dans cet état c’est tout, se renfrogna-t-il.
Maman et lui se prirent la main ce qui me mit mal à l’aise.
-Ne t’en fais pas mon Ange de l'Air, Il reviendra quand il sera calmé. Il faut juste lui laisser le temps de digérer certaines abominations. Mais il n’y a pas donc pas de crainte à avoir, murmura Mamie en lui caressant la joue.
J’avais l’impression qu’elle-même essayait de se convaincre.
-Si jamais il n’est pas là d’ici tout à l'heure nous irons à sa recherche. Mais je vous promets qu’il reviendra. Bon sinon, personne n’a de questions ? Si mon histoire ne vous intéresse pas je l'arrête et ça ira plus vite, grogna-t-elle.
Il y eut des « NON » de protestation puis je finis par demander d’une petite voix de souris à cause de la tension qui était toujours palpable :
-Tu as su à qui étaient ces souvenirs ?
Contre toute attente Mamie ne répondit pas tout de suite mais se tourna plutôt vers Papa.
-A votre Père mon Gendre, les souvenirs étaient au roi Runeard, murmura-t-elle.
-Donc il y est pour quelque chose aussi dans la guerre Northuldra/Arendellien, ne put s’empêcher de dire Hans.
Mamie et Papa lui jetèrent immédiatement des regards noirs.
-Les coupables peuvent être un puits sans fond, il est donc inutile de remuer le couteau dans la plaie mon petit Picéaerd, le gronda-t-elle.
-Pardon Mamie.
-Pourquoi Grand Pabby n’a pas voulu te dire ton avenir comme il l’avait fait avec Elsa ? Interrogea Maman.
-Il me semble que la réponse est évidente non ? Quand on voit le gâchis que vous avez fait tous les deux en l’enfermant !
-Belle-Maman je vous prie ! Cria Papa rouge de colère, nous avons cru bien agir pour notre fille !
-Ce n’est pas après vous que j’en ai le plus pour cette histoire, renchérit-elle en se tournant vers Mère, Toi, Iduna tu connaissais la magie, le chamanisme.
-Je pensais que c’était une malédiction qui m’était infligée, murmura-t-elle en baissant la tête comme si elle venait de se faire punir.
-Ou un cadeau, concéda Mamie pensive. Mais une fois encore vous l’apprendrez plus tard. On s’y remet.
-Oui ! Clamai-je toute excitée.
Nous étions encore attentifs même si le fait que Papy ne soit pas là me faisait un pincement au cœur.
Je me recroquevillai contre Yélana. Nos cœurs battaient à tout rompre. Nos parents avaient réussi à nous rattraper avant même que nous ayons atteint la fin de notre escapade. Je tremblais de nervosité. Ni ma Mère ni mon Père n’avaient levé la main sur moi jusqu’à maintenant. Le temps était désormais remis à zéro.
Ainsi Maman fonça sur moi d’un pas non élégant et me détacha de Yélana en m’empoignant par le bras. Elle me donna une fessée au passage et me ramena auprès de Papa qui préféra m’aplatir une violente claque sur le visage. Mes joues étaient en feu et mes larmes commencèrent à couler. Yélana ne fut pas en reste, recevant la même correction de la part de ses parents.
-Du calme s’il vous plaît ! S’exclama Grand-Pabby d’un ton tendu. Ce n’est pas un lieu qui accepte la tourmente ! Ajouta-t-il en levant les bras au ciel.
-VOUS TAISEZ-VOUS ! Hurla Maman stressée, J’ESPERE QUE VOUS N’AVEZ PAS RACONTER DE FARIBOLES A MA FILLE !
-Anna a beaucoup de capacités, déclara-t-il calmement.
-JE LE SAIS. JE N’AI PAS EU BESOIN DE VOUS POUR LE SAVOIR ! MAINTENANT LAISSEZ-NOUS RETOURNER DANS NOTRE FORET ENCHANTEE ET CROUPISSEZ A JAMAIS DANS VOTRE VALLEE DE MALHEUR PUISQUE DE TOUTE FACON VOUS N'ETES PAS CAPABLE DE FAIRE AUTRE CHOSE !
Grand Pabby respira un grand coup et conclut :
-J’entends bien votre colère Helga. Mais pour que mon peuple vous laisse en paix il faut que vous partiez immédiatement. Au revoir Anna.
Il me fit un petit signe de la main alors que je me promis de ne jamais oublier notre échange. Maman me fit monter sur le renne d’Elysia et ce dernier me souffla discrètement :
-Je suis désolé.
Je lui pris la main car finalement lui aussi avait reçu une correction et murmurai :
-Je te raconterai tout.
Le trajet du retour se fit dans le silence. Il me parut beaucoup moins long qu’à l’allée. Il faut dire que nous ne passâmes pas par les mêmes chemins, les adultes préférant les coins forestiers plutôt que les grandes plaines étendues.
Quand nous arrivâmes à la maison, nous eûmes à peine le temps de nous dire au revoir avec ma meilleure amie que nous fûmes aussitôt séparées.
-Yélana a besoin d’une violente correction ! S’exclama son père, le mieux placé pour lui en donner une est vous Yuma !
Je blanchis immédiatement. J’avais l’ultime conviction qu'elle allait subir les mêmes gestes de la part du chef que moi lors de la chasse.
-Ne vous inquiétez pas je m’en charge ! Je vous promets que cette demoiselle n’aura plus envie de sortir de la Forêt Enchantée à l’avenir.
Alors qu’il l’a souleva violemment en passant devant moi, elle cria :
-Je te déteste Anna !
Ce qui me fit pleurer à nouveau. Je n’eus pas le temps de riposter que Papa me traina dans la hutte sans que mes pieds ne touchent le sol. Une fois à l’intérieur sa réaction changea complètement.
-Tu te rends compte que tu aurais pu mourir ?! S’exclama-t-il. Pourquoi à ton avis sommes-nous si durs ? Nous avons eu peur de te perdre ! Ta mère et moi ne serions rien sans vous ! Sans votre frère et toi !
-Mais…Mais…Je voulais tellement visiter cet endroit, pleurnichai-je bien que prenant peu à peu conscience de ces paroles.
-C’était trop risqué Anna, reprit-il, si nous ne te l’avons interdit c’était pour une bonne raison. Tu es petite et vulnérable. Je te le répète ! Tu aurais pu mourir ! Que dis-je ?! Vous auriez pu mourir ! Tu as entraîné Yélana dans ta bêtise ! Qu’est-ce qu’on aurait dit à ses parents !? Il y aurait pu avoir une guerre entre nous ! Et je ne dis pas ça uniquement parce que vous êtes juste des filles ! Imagine si tu avais été avec Amarok ! Autant te dire que si y avait eu un problème nous nous serions faits exécutés ou expulsés !
Mes joues étaient figées à présent à cause des dernières larmes. Néanmoins je comprenais où Papa voulait en venir. Je me ruai alors dans ses bras. Il m’accueillit en larmes et me serra très fort. Maman fit de même ainsi que Pieter. Seul Elysia restait en retrait.
-De toute façon on se doute que ce n’est pas toi qui a eu l’idée, dit mon frère en me frottant le dos.
Il tourna immédiatement sa tête vers mon faux frère.
-Je vous promets que ce n’est pas moi, bredouilla alors Elysia en se cachant le visage de ses mains.
-Nous le savons, dit fermement Papa, Pieter dans ta chambre tout de suite ! Je n’aime pas le mensonge et tu le sais très bien !
Les deux garçons se lorgnèrent hargneusement, puis mon frère s’exécuta.
-Tu punis la mauvaise personne Olaf ! S’écria aussitôt Maman sans que toutefois elle n'accuse mon faux frère.
-Que proposes-tu dans ce cas Helga ? S’enquit celui-ci.
J’attendis plusieurs minutes que ma sentence tombe, m’imaginant tous les scénarii possibles.
-J’emmènerai Anna à Arendelle cette nuit, dit Maman. Nous irons ensemble.
Sauf celui-là…
-Et c’est tout ?! Tu ne veux même pas la punir un tout petit peu ? Insista Papa bien qu'il fût soulagé.
-Je pense que cette escapade lui a servi de leçon. N’est-ce pas Anna ?
-Oui Maman, répondis-je soulagée, je ne désobéirai plus c’est promis.
Je courus l’embrasser. Elysia osa alors s’approcher et répliqua :
-Monsieur et Madame Picéaerd, je me mêle peut être de ce qui ne me regarde pas… Mais je pense qu’il faudrait que Yélana ne soit pas punie non plus. Ça serait injuste vous ne croyez pas ?
Mon Père et ma Mère se consultèrent du regard puis Maman rétorqua :
-Voilà qui est sage comme paroles Elysia. Allons chez Yuma tout de suite.
Ils me prirent par la main et nous nous y rendîmes. Papa et Maman réussirent à convaincre monsieur Coudrier de récupérer sa fille au passage. Nous arrivâmes donc devant la hutte mais ne rentrâmes pas tout de suite. Nous entendions Yélana pleurer au loin.
-ARRETEZ DE ME TOUCHER MAINTENANT S’IL VOUS PLAIT ! Criait la jeune fille. PROMIS JE NE FERAI PLUS DE BETISES.
-Chut, chut, chut, tu ne diras rien de ce qui s’est passé ici compris ?! L’avertit le chef.
Nos parents blanchirent immédiatement.
-Helga pars avec Anna, je ne veux pas que vous assistiez à ça, maugréa Papa alors que lui et monsieur Coudrier entrèrent dans la hutte.
-Non Olaf...Attends ! Yuma ne se permettrait jamais cela... Insinua ma Mère.
Je ne savais pas si ses paroles avaient un rapport avec ce qu'il avait été capable de me faire. En tous les cas, nous ne pûmes nous empêcher d’observer. Yélana avait le visage rouge marqué par les doigts du chef. Mais rien de plus. Pas de collants baissés, pas de mains sur ses parties de filles. Nos parents le regardèrent gênés.
-Qu’y a-t-il ?! Rugit-il.
-Je pense que Yélana a compris son erreur chef, déclara monsieur Coudrier, je voudrais qu’elle rentre à la maison maintenant. Il y a des propos que j’ai entendu qui ne m’ont pas plu.
Ma meilleure amie se réfugia dans ses bras.
-Papa je ne recommencerai jamais de bêtises, marmonna-t-elle.
-Bien ma petite puce… Est-ce que le chef Yuma t’a touché là où il ne devrait pas ?!
La petite fille secoua la tête assez vite.
-Non mais vous me prenez pour qui Kanda ? Vous allez terminer au piquet à la mercie des bêtes sauvages si ça continue ! Explosa Yuma.
-Pour rien. Pardonnez-moi chef, conclut-il en éloignant tout de même sa fille tout en le fixant avec un regard d'acier.
Nous ressortîmes rapidement de la hutte du doyen.
-Est-ce que nous pourrions retourner à la maison maintenant ? Demanda alors ma meilleure amie à son Père.
-Est-ce que je pourrai parler à Yélana d’abord ? Renchéris-je.
Elle me regarda toujours avec une mine boudeuse.
-Non loin de nous alors, confia Maman.
Elle me suivit près de l’enclos des rennes.
-Je voudrais m’excuser, dis-je d’une voix si basse que je ne savais pas si elle l’avait entendue. Je ne suis pas une bonne amie. Je t’ai mise en danger.
J’attendis plusieurs minutes. Elle se jeta finalement dans mes bras et chuchota :
-Je te pardonne Anna. Je regrette ce que je t’ai dit tout à l’heure. Promets-moi qu’on sera toujours amies. Il faut que je te confie un secret.
-Je t’écoute, dis-je d'une voix attentive.
Yélana hésita et me prit fermement la main comme si elle essayait d'être courageuse. Elle se lança finalement et se mit à chuchoter :
-Le chef… Il m’a fait des choses dégoûtantes… Mais si dégoutantes que je ne veux pas que Papa le sache.
-Je garderai le secret, promis-je, ces choses-là il me les a faites aussi pendant la chasse l’autre fois. Mais pareil je ne veux rien dire à personne, pas même à Amarok. Nous continuerons d’agir ensemble.
Yélana entrelaça ses mains entre les miennes et conclut en souriant :
-Ensemble.
La nuit même Maman m’emmena à Arendelle comme elle me l’avait promis. Nous ressemblions à deux âmes errantes. Nous parcourûmes un peu l’extérieur de la ville mais nous retrouvâmes bientôt à nous balader dans le château.
-Je n’arrive pas à croire que tout a été reconstruit, pesta-t-elle.
Je lui pris le bras. Nous parcourûmes un long corridor tapissé de crocus et elle finit par ouvrir une chambre au hasard. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, roux comme moi était en train de dormir. Il ronflait bruyamment à cause de sa bouche ouverte et de la bave qui en découlait.
-Ca doit être le prince Runeard, dit-elle avec hargne. Il a de la chance qu’en voyage astral nous ne puissions tuer personne sinon je m’en serai chargée.
-Chut Maman, il pourrait nous entendre...Viens rentrons !
Mon cœur s’arrêta soudain quand je vis que deux cristaux semblables à ceux que j’avais allumés, logeaient sur sa table de chevet.
-Ça ne va pas ma petite chamane ? Demanda Maman en voyant mon trouble.
Les paroles de Grand-Pabby me revinrent en mémoire mais je préférai répondre :
-Tout va bien. Je ne voudrais pas être trop fatiguée demain.
-Tu sais je ne te l’ai pas demandé tout à l’heure mais j’espère que ce troll de malheur ne t’as pas parlé de choses que tu ne devrais pas savoir ?
-Non rien du tout Maman. Il a juste été impressionné par mon énergie.
Son sourire m’apaisa. Elle plaqua une main sur la poitrine de Runeard qui fut pris de picotements ce qui nous poussa à partir. J’avais honte de dire que j’éprouvais de la compassion pour ce jeune homme qui pouvait être honorable car il restait un être humain.
*****
-Finalement votre punition a été plutôt légère, dit Papa.
-Vous espériez peut-être qu’il nous condamne à mort mon Gendre, rétorqua Mamie moqueuse. Dans ce cas peu d’entre vous se trouverait dans cette hutte aujourd’hui.
-Pourquoi n’avoir jamais rien dit pour les agissements de Yuma ?! Il aurait pu être condamné ! Clamai-je avec colère.
-Nous avions trop peur des conséquences que cela impliquerait à nos parents. Alors nous avons préféré nous taire…Ce que j’aurais dû faire en sachant déjà qu’Elysia est quelqu’un de jaloux, soupira-t-elle.
-Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie Belle-Maman, reprit Papa avec un sourire sadique, mais il me semble que Beau-Papa n’est pas revenu…
-Merci mon Gendre pour cette analyse je ne m’en étais pas rendue compte, grinça-t-elle. Je crains que nous allons devoir partir à sa recherche avant qu’il ne fasse une bêtise.
Nous nous séparâmes en duo sauf elle. Hans et moi prîmes la direction de l’ouest non loin de la fameuse galerie où Mamie ne voulait plus qu’on se rende sans elle.
-A ton avis par où doit-on chercher ? Demanda mon mari. Nous ne connaissons pas les moindres recoins de cette reproduction de la Forêt Enchantée. Voyons, réfléchissons… Y a aucun endroit dont Mamie a parlé qui pourrait être susceptible de nous aiguiller.
-Les Plages Grises pourraient être une bonne idée non ? Lâchai-je en repensant au moment où Elsa s’était réveillée suite au fait que Mamie lui avait incorporé notre ancienne vie en tête.
-Si tu veux ma Anna chérie, répondit Hans en m’embrassant le cou.
-On risque de marcher un peu, préconisai-je.
Mais finalement, il fallait croire que l’espace n’était pas le même dans l’Helveg. Ainsi nous nous retrouvâmes devant les Plages Grises le temps d’une pensée. L’endroit était apaisant. La mer calme s’harmonisait contre les galets lisses. Nous inspectâmes les lieux.
-Même si l’endroit est sympathique je n’ai pas l’impression que Papy soit là, soulevai-je en me mordillant la lèvre.
-Non, il n’y a rien à part nous, renchérit-il.
Hans se colla alors à moi et me murmura à l’oreille :
-Dis tu ne trouves pas qu’ils sont trop mignons à être encore amoureux Papy et Mamie ?
J’hochai la tête, refusant de sentir la boule de désir qui était en train de naître au creux de mes reins. Visiblement dans l’Helveg les sentiments de la sexualité semblaient les mêmes qu’en étant vivants. Et l’occasion se présentait plutôt bien. Nous étions seuls en plein air loin des autres membres de la famille ce qui était rare depuis notre arrivée. Semblant comprendre où je voulais en venir Hans se colla un peu plus à moi.
-Anna…Tu crois que nous pouvons faire ce genre de choses ici ? Je veux dire en étant mort ? Bredouilla-t-il.
-Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, soufflai-je en l’emmenant vers une partie un peu plus sablonneuse de la plage.
Non. Rien n’avait changé. Nous oubliâmes Papy, Mamie et les autres dans l’instant sans aucune honte. Les baisers de mon beau prince s’intensifièrent avec fougue.
-Oh Anna… Comme ces moments m’ont manqué… Chuchota-t-il tandis que sa bouche se faisait pressante dans ma gorge de jeune fille.
-Allongeons-nous Hans…Sur le sable…Viens…Vite ! M’exclamai-je riant.
Nous pouvions être pris à tout moment mais je n’en avais que faire. La seule chose qui me préoccupait en cet instant était de pouvoir déshabiller mon mari tout en le martelant de baisers et caresses. Il retrouva bientôt les habitudes de ses doigts et réussit avec affinité à envoyer ma robe et mon corset au sol, dévoilant ma poitrine redevenue svelte à cause de la perte d’Helga.
-Oh ma femme… Ma belle petite femme… Murmura-t-il tout en m’enlaçant à nouveau.
Me sentant désirable, je l’enfourchai et lui défis son pantalon. J’eus un peu de mal à lui enlever complètement mais une fois cela fait, je me remise au-dessus de lui. Je voulais avoir le contrôle pour cette première fois où nous faisions l’amour dans l’Helveg. Je lisais dans les yeux d’Hans qu’il était légèrement frustré de ne pas avoir la main.
-Laisse-moi te réapprendre, lui soufflai-je à l’oreille tout en me penchant.
Sa bouche agrippa un de mes seins au vol tandis que je commençais à positionner nos deux corps l’un dans l’autre. Nous gémîmes en même temps à cette sensation de bien être retrouvée. Hans passa ses mains sur ma poitrine puis descendit sur mes cuisses pour finir par me maintenir les fesses. Il les caressait alors que je m’appliquai à faire la progression lente des va-et-vient.
-Cela te plaît ?! Chuchotai-je par peur de rompre l’instant présent.
Comme réponse mon mari me força à baisser la tête pour pouvoir m’embrasser langoureusement.
-C’est divin ce que tu fais ma Anna…Ma déesse… Dit-il en soupirant à son aise.
Je continuai de chercher à le contenter aussi j’accélérai la cadence, non seulement pour lui mais aussi pour moi. Je n’avais de cesse de lever la tête pour pousser plus librement mes cris de plaisir. De me cambrer de plus en plus pour qu’Hans puisse apprécier ma croupe. Ses yeux me dévoraient d’amour et d’admiration. Je voulais qu’il ne s’arrête jamais de me caresser et je savais quelle partie me faisait le plus d’effet. Alors, sans attendre, je lui enlevai les mains de mes fesses et les lui remonter jusqu’à mes seins qu’il sut agacer comme je l’aimais.
-Continue Hans, continue, répétai-je tandis que mes mots s’accentuaient.
-Oui…Anna…Oui… je ne vais pas pouvoir tenir trop longtemps…
-Qu’importe, le coupai-je, nous sommes morts il n’y a donc plus besoin de moyens de protection… Juste de toi et moi qui prenons notre plaisir.
Mon mari acquiesça alors que nous sentions chacun de notre côté que la communion sexuelle allait bientôt prendre fin. Nous nous retrouvâmes plus sensibles, poussâmes un orgasme commun avant de nous rétracter et que je m’abatte sur lui en lui caressant le visage.
Nous restâmes ainsi couchés l’un sur l’autre avant qu’Hans ne murmure :
-Même si nous sommes morts je bénis le ciel chaque jour de t’avoir rencontré.
Mon cœur était rempli d’amour et des larmes de joies vinrent brouiller mon visage.
-Je pense exactement la même chose de votre Grand-mère… Lâcha soudain une voix masculine.
-Papy ?! S’exclamèrent nos voix gênées.
-Pardonnez-moi, dit-il en se détournant légèrement le temps que nous cachions nos corps nus. Rassurez-vous je n’ai rien vu.
Décidément… Il fallait toujours qu’on soit surpris par un membre de la famille pour nos premières fois…Et il faut croire que ça venait du prénom…
-Encore heureux, déclara Hans qui renfila son pantalon à la hâte. Tu sais quand même que si nous avons atterri sur cette plage c’est parce que nous te cherchions ! Mamie est folle d’inquiétude !
-Elle vous l’a dit ?! Demanda Grand-père en se mordant la lèvre de stress, je ne suis vraiment pas fier de mon comportement à son égard alors qu’elle a été sincère avec moi.
-Elle nous l’a dit à sa manière, rétorquai-je en remettant mon chemisier et ma jupe. Maman aussi est inquiète. Je pense que l’une comme l’autre n’ont pas envie de te reperdre.
-Oui je comprends, reprit-il, je ne suis qu’un idiot. Vous voulez bien me raccompagner auprès d’elles ?
-Va à la hutte, je vous y rejoins, déclarai-je à l'adresse d'Hans.
-Bien ma chérie, murmura-t-il en m'embrassant.
Juste avant de partir Papy conclut :
-Vous avez eu une bonne intuition en ayant ce moment de complicité sur les Plages Grises… C’est là qu’Iduna a été conçue. Comme quoi ma petite Piceaerd tu as dû le sentir… Mais comme dirait Mamie Anna, vous aurez l’explication plus tard.
J’eus un petit rire gêné en les regardant partir. J’avais une dernière chose à régler de mon côté. Et pour cela il fallait moi aussi que j’aille contre la volonté de ma Grand-mère. Une dernière question me taraudait l’esprit. J’avais suivi ma sœur, vu ses retrouvailles avec mes parents, ma Grand-mère et mon nouveau petit frère. Mais qu’en était-il de mon moi du futur. Je n’étais pas encore apparu depuis l’attaque de Weselton. Peut-être allais-je retrouver ma famille ou l’homme de ma vie… Enfin… Kristoff… Puisque là j’étais mariée à Hans.
L’image des Plages Grises disparut instantanément et j’atterris bientôt dans la Galerie des Souvenirs. J’allai immédiatement à celui qui m’intéressait encore et toujours. La réunion de famille se profilait. Puis Mamie essaya de faire ouvrir les chakras à Kaspian sous l’œil furieux de Papa. Les tons de l’un et l’autre s’élevèrent.
-Pour vous rien ne change, vous vous disputez toute la journée… Chantai-je en riant.
Il ne manquait plus que ma présence. C’était le moment d’aller à la pêche aux informations. Plongeant ma main dans le souvenir, j’appuyai fort sur le front de ma sœur.
-Où suis-je Elsa ? Où suis-je dans cette vie-là ? Répétai-je.
Le contact sembla marcher car ma sœur furieuse se mit à hurler à Mamie :
-Où est Anna !?
Ma Grand-mère l’observa en plein désarroi.
- Pardon ?... Mais… Comment veux-tu que je le sache ma grande Piceaerd ?
Je déclarai à nouveau :
-Où suis-je Elsa ? Où suis-je dans cette vie-là ?!
Elle réitéra donc toujours en s’appuyant la tête car je la compressai :
-Mamie dis-moi où est Anna ?!
Cette fois ce fut au tour de ma Mère d’être surpris. Elle s’exclama aussitôt :
-Elsa mais qu’est-ce qu’il te prend ?
Je ne la laissai pas tranquille et dis à nouveau :
-Où suis-je Elsa ? Où suis-je dans cette vie-là ?!
Ma sœur cria de plus belle :
-Je veux savoir où est Anna ?! Où est Anna ?!... Mamie…Où est-elle ?
Ma Grand-mère lui répondit dépassée :
-Elsa ! Voyons calme-toi ? Il n’y a qu’Ahtohallan qui peut le savoir ! Je ne suis pas le cinquième esprit, c’est donc toi qui dois le savoir !
Ma sœur ne réagit pas. Plaquant toujours d’une main son front, je lui envoyai des spasmes aux bras avec l’autre.
-Où suis Elsa ?! Où suis-je dans cette vie-là ?!
En vain, elle répondit encore :
-Je ne le sais pas où est Anna !
Voyant que ça ne servait à rien que j’insiste auprès d’elle, je décidai de me tourner vers un autre cinquième esprit : Maman. Oui ! Elle ! Elle devait savoir où j’étais ! J’enlevai alors ma main du front de ma sœur et la collai violemment à celui de ma mère qui eût la même gestuelle qu’Elsa.
-Où suis-je Maman ?! Où suis-je dans cette vie-là ?!
Sa réponse fusa quelques secondes après :
-Anna…Nous devons trouver Anna ! Maman dis-nous où se trouve ma fille !
-Iduna ?! Tu vas bien ? Interrogea-t-elle à nouveau. Vous allez me faire devenir chèvre, toutes les deux ! Si vous voulez ma mort ! Vous allez l’avoir !
Mais j’insistai encore auprès d’elle :
-Où suis-je Maman ?! Où suis-je dans cette vie-là ?!
Elle n'avait pas encore la bonne réponse…
-Cherchons Anna ! Nous devons la retrouver !...Le cinquième esprit doit la retrouver !
J’allais réitérer une troisième fois quand je vis Mamie se postait sur ses genoux.
-Mais que faites-vous ? Beugla Agnarr…
-Mon gendre je vais vous demander seulement de vous taire ! Je sais reconnaître un esprit qui voyage dans un corps quand j’en vois un… J’avais eu un doute avec Elsa j’en suis certaine désormais ! Je vais chasser cet esprit… Jamais il ne pourra à nouveau venir vous tourmenter ! Tiens bon Iduna…
Sentant une force chamanique me chasser du corps de Maman, je partis aussitôt. Je perdais patience.
-Allez Anna… On tente une dernière fois.
Le plus réceptif restait sans doute Kaspian mon nouveau petit frère. Après tout lui aussi avait des pouvoirs.
-Où suis-je petit frère ?! Où suis-je dans cette vie-là ?! Dis-je encore.
Il hurla alors en se roulant par terre :
-Anna !!!!! Anna !!! Anna !!!!!
Je voulus retirer ma main mais je n’y parvins pas. Kaspian toujours en transe produisit alors une tornade faite de vent mais aussi de sable.
-Allez Anna ! Allez ! Grognai-je en serrant les dents.
Mon travail finit par payer puisque ma main se détacha enfin du front de mon frère.
-Je m’excuse de vous avoir tous fait du mal, soupirais-je pas plus avancée.
C’est alors que le sens des souvenirs retourna en arrière et s’arrêta sur l’île d’Ahtohallan. Finalement l’image allait m’accorder mon désir de connaissance. Tout était calme sur l’île. Je plissai légèrement les yeux et aperçus soudain une silhouette brûlée et mouillée sur les rebords. Ses yeux fermés ne laissaient aucun doute sur sa situation.
-Mais… Je suis morte aussi ! Lâchai-je la gorge serrée.
Et où était la pauvre âme de cette autre moi ? Était-elle arrivée dans l’Helveg ?! Je plongeais à nouveau ma main et la plaquai sur le ventre de mon homologue. Une boule lumineuse s’éleva alors de sa bouche et une matérialisation d’une Anna plus âgée m’observa.
-Je peux te faire passer dans le royaume des morts, déclarai-je en lui tendant la main.
-Est-ce vraiment la bonne solution ?! Demanda soudain une voix derrière moi.
Gardant toujours ma main tendue, je me tournai vers Mamie.
-Pourquoi ne suis-je pas vraiment surprise de te retrouver là ?! Me gronda-t-elle.
-L’autre Anna...Elle est morte...Tu vois bien...Je l’aide juste e à passer de l’autre côté, expliquai-je.
-Comme tu veux, répondit Mamie calmement, sache que dès l’instant où tu prendras la main de celle-ci dans l’Helveg, l’une de vous deux se désintègrera.
Je blanchis immédiatement face à ce qui avait failli arriver.
-Du coup je fais quoi Mamie ? Questionnai-je d’une toute petite voix.
-Ce que tu veux. Je raconterais la suite de l’histoire à ton autre toi, s’il le faut, continua-t-elle avec un sourire.
Je repoussai tout de suite l’autre âme vers mon corps plus âgé et sans vie. Cette dernière se renfrogna mais nous vîmes tout de même la boule lumineuse s'élevait dans les airs. Apaisée pour elle, je ressortis ma main du souvenir.
-Bien. Tu arrives à devenir sage ma petite Piceaerd, déclara mon aïeule.
Elle vint m’enlacer.
-Merci à vous deux de m’avoir ramené votre Grand-père… N’ayez crainte ce qui s’est passé sur la plage restera entre nous, ajouta-t-elle en me faisant un clin d’œil.
Je rougis violemment. Je croyais que Papy devait tenir sa langue.
-Bien je ne t’empêcherai pas de revenir là puisque je sais que de toute façon tu me désobéiras… Mais si nous retournions à la suite de l’histoire d’abord ? Déclara-t-elle à nouveau tout sourire.
J’hochai la tête et nous partîmes main dans la main vers la hutte.
Nous étions bien loin de la Forêt Enchantée à présent dans une plaine déserte mais verdoyante. Je ne savais pas depuis combien de temps nous étions parties.
-Tu es sûre que si nous avançons bien tout droit nous arriverons à Arendelle ? Demanda Yélana.
-Oui, répondis-je.
Je me mordis la lèvre tout de suite après car en réalité je n’en savais pas plus qu’elle. Hélas ! La seule fois où je m’y étais rendue c’était par rêve.
-Nous sommes bientôt arrivées du coup ? Insista-t-elle.
-Oui ne t’inquiète pas. Nous devrions faire une halte pour que les rennes boivent, commentai-je.
-Oui tu as raison.
Nous arrivâmes dans une plaine plus rocheuse.
-Y a de l’eau quelque part ? Demanda Yélana.
J’inspectai le lieu du regard et fis la moue.
-Non. Seulement des geysers, répondis-je.
Ma meilleure amie s’en ficha. Elle amena tout de même sa bête vers les petits cratères.
-Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne id… Commençai-je.
Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que son renne se braqua au contact de la vapeur brûlante sur son museau. Il se cabra immédiatement la renversant au sol.
-Yélana ! Criai-je en descendant à mon tour de ma monture.
Cette dernière s’en alla aussi effrayée que celle de ma meilleure amie.
-Non, non, non…Grognai-je.
Mais il était trop tard. Je retournais aussitôt auprès de Yélana et l’allongeai au sol. Puis j’appliquai rapidement les gestes que Maman m’avait appris au fils de mes années de chamanisme. Je fermai les yeux, respirai un grand coup pour ne faire qu’un avec l’aura de ma meilleure amie. Je sentais le fluide à travers son corps.
-Ah-Ah! Ah-Ah! Prononçai-je plusieurs fois de suite.
Après ce qui me parut une éternité, elle finit par rouvrir les yeux.
-Anna ? Murmura-t-elle.
Je l’enlaçai en quelques secondes.
-Oh Yélana tu m’as fait peur ! Tu es tombée de ton renne. Mais tu n’as rien de grave. Bon maintenant la mauvaise nouvelle c’est que nous n’avons plus de moyens de locomotions ni pour rentrer à la maison ni pour nous rendre en Arendelle.
-C’est une plaisanterie ?! S’exclama-t-elle. Tout ça c’est de ta faute !
-Eh ! Doucement ! Tu n’as pas dit non, non plus quand je t’ai proposé l’escapade. Allez ! Viens à présent ! Nous devons trouver un moyen de continuer, pondérai-je d'une voix calme.
Je l’aidais à se relever avec vigilance et nous inspectâmes les environs. Mon imagination me joua des tours car à présent des rochers ronds couverts de mousses s’étaient peu à peu remplis dans le paysage. Je faillis définitivement avoir une attaque lorsque nous entendîmes soudain :
-Comment une humaine peut être dotée de magie ?!
-Yélana tu as parlé ? Demandai-je.
-Mais non voyons, je pensais que c’était toi Anna, renchérit-elle aussi blanche que moi.
Les rochers se mirent alors à bouger dans un rythme harmonieux et roulèrent autour de nous, nous encerclant toutes les deux.
-Anna si c’est une plaisanterie de ta part ce n’est pas drôle ! Pleurnicha ma meilleure amie en se collant contre moi.
-Je t’assure que je n’y suis pour rien ! Me défendis-je.
Sous nos yeux ébahis, les rochers se transformèrent aussitôt en petits êtres de pierre. Je souris immédiatement rassurée car ils devaient faire partie de la famille des géants.
-Des voyageuses d’Arendelle ! Clamèrent-ils tous en même temps.
-Non pas d’Arendelle, reprit l’un d’eux beaucoup plus trapu et maculé de branchage qui faisait office de cheveux.
Il s’avança vers nous avec méfiance alors que nous étions toujours pétrifiées par l’émotion.
-Qu’est-ce que vous êtes exactement ? Osa demander Yélana en les observant avec étonnement et peur.
-Voyons ! Tu ne l’as pas remarqué ! Aux vues de leur physique, ils doivent être cousin avec mes amis! Donc ils ne doivent pas être méchants !
-Vous êtes donc des Northuldra ! S’exclama aussitôt le plus âgé.
Nous blanchîmes pour de bon car nous venions d’être découvertes.
-Vous n’avez rien à craindre de nous si vous et votre peuple ne nous exterminez pas comme cela fut le cas pour celui d’Arendelle.
-Comment êtes-vous au courant ? S’écria Yélana.
-Je suis capable de lire dans l’avenir car comme vous mademoiselle Anna, je suis doté de magie, expliqua-t-il.
Je pâlis encore plus.
-Et vous connaissez mon nom en plus, murmurai-je.
-Le mien est Grand Pabby, répondit-il simplement.
Il fit un hochement de tête en guise de salut et nous lui rendîmes mal à l’aise.
-Je viens de vous voir guérir votre amie… Mais dites-moi qu’est-ce que deux petites filles Northuldra font si loin de la Forêt Enchantée ?
-Nous voulions découvrir Arendelle en toute discrétion, soupirai-je. Sans l’attaquer bien sûr ! Ajoutai-je très vite car je ne voulais pas donner mauvaise impression.
Grand Pabby soupira à son tour et nous confronta du regard.
-Je n’ai pas le droit de vous y emmener. Pas après ce que vous avez fait subir à ce peuple.
-Tant pis, dit très vite Yélana, de toute façon nous n’avons pas besoin de vous, nous sommes toutes les deux unies comme des sœurs parées à retourner chez nous.
Ma meilleure amie me serra la main avec force bien que je ne sois pas d’accord avec ses paroles. Le troll mature rétorqua alors :
-Votre amitié sera mise à rude épreuve.
Il agita alors ses mains provoquant des aurores boréales avec ses doigts qui nous représentaient d’abord enlacés avant de nous voir plus grandes en train de nous disputer et de partir chacune de notre côté.
-C’est fascinant, murmurai-je. Vous pourriez m’apprendre ?
-Non jeune fille, répondit-il durement. Vous l’ignorez sans doute mais tout comme Arendelle et les Northuldra, votre peuple et celui des trolls sommes officiellement ennemis pour dissuader les hommes de vouloir s’approprier la magie des esprits.
-Les esprits sont très gentils, ceux sont nos amis ! Clamai-je me rappelant ma première rencontre avec eux.
-Anna, tendez-moi votre main ! Ordonna aussitôt Grand Pabby.
Je sentis à son regard que je devais m’exécuter. Le troll observa mes lignes comme j’avais déjà vu Maman le faire. Il finit par déclarer :
-Dans cette vie-là Anna vous aurez du chagrin…Mais peu importe vous êtes trop petite pour vous en soucier pour l’instant. Je vais faire en sorte de vous raccompagner chez vous. A moins que vous n’utilisiez votre magie.
-Mais je n’ai aucun pouvoir magique ! M’écriai-je voulant préciser cette confusion. Je suis la future chamane du village c’est tout.
Grand Pabby écarquilla de grands yeux où je pouvais voir de milliers de questions se répercuter dans sa tête.
-Votre potentiel est déjà puissant, demoiselle, dit-il sur un air de défi.
-Anna tu es sûre que tu ne veux pas rentrer ? Répliqua Yélana. Ce serait plus prudent tout de même. Les parents vont finir par se demander où nous sommes.
-Non ! Répondis-je entêtée, j’ai le sentiment que nous ne sommes pas très loin du but.
Grand Pabby nous observa longuement puis finit par dire :
-Je veux bien vous mener à Arendelle, vous n’en êtes pas trop loin.
-Oh merci ! C’est gentil monsieur le petit géant ! M’exclamai-je ravie.
-Mais à une condition. Que vous gagniez mon duel.
-Je vous ai dit que je n’avais pas de magie, plaidai-je. C’est de la triche. Je n’ai jamais entendu parler d’un humain capable d’en avoir.
-Tu en connaîtras un, un jour, reprit rapidement le troll mais pour l’instant tu n’as pas à t’en préoccuper. Alors on le fait oui ou non ce duel ?
Je consultai ma meilleure amie du regard. Ses yeux montraient de la peur et une soudaine envie de fuir.
-Calme-toi, Yélana de toute façon on ne rentrera jamais assez tôt pour ne pas se faire punir ! M’exclamai-je résignée.
Elle se mit à pleurer. Un troll femme se chargea alors de lui offrir de quoi boire. Elle s'apaisa puis elle et les autres se décalèrent aussitôt pour nous laisser de la place au centre de la plaine. Grand Pabby sortit bientôt quelque chose de sa tunique de mousse.
-Anna sais-tu ce que ceux sont ces choses-là ? Demanda-t-il.
J’observais des longs tubes transparents qui avaient l’apparence de verre. L’embout était pointu que d’un côté.
-Non je ne sais pas, admis-je en haussant les épaules.
-Ceux-ci sont des cristaux de souvenirs. Je les ai enlevés à une personne qui a beaucoup souffert lorsqu’elle était petite et qui a beaucoup de respect pour notre peuple. Si tu parviens à les allumer, je vous ramène à Arendelle et je pourrais redonner ses souvenirs à cette personne. Le duel est simple, nous en allumons cinq chacun. Si jamais tu n’arrives pas à en allumer ne serait-ce qu’un seul je vous raccompagne dans la Forêt Enchantée.
-Qui est cette fameuse personne ? Questionnai-je intriguée.
-Cela a vraiment de l’importance pour toi de le savoir ? Tu ne préfères pas rester neutre et être bienveillante avec elle ? Interrogea à son tour le troll.
Je respirai un grand coup.
-Vous ne comptez pas me le dire de toute façon ? L'interrogeai-je.
-Tu as bien compris. Et je sais que tu es sage et que ton désir de visiter Arendelle est plus puissant.
-Exact ! M'écriai-je d'une voix déterminée.
Grand Pabby sourit et mit le cristal au sol. D’un geste manuel il alluma le premier diamant sans problèmes. Je me concentrai alors sur le mien et fermant les yeux, je l’imaginai en train de s’embraser. Quand je les rouvris quelques secondes plus tard, il était allumé.
-Bien Anna ! Déclara-t-il, encore quatre.
Grand Pabby fit le même geste pour le deuxième et il s’éclaira en quelques secondes. Je m’avançai alors légèrement et fermai à nouveau les yeux pour me concentrer. Je dus attendre plusieurs minutes avant qu’il ne s’allume.
-Un peu plus difficile celui-là non ?
-Oui, reconnus-je.
Grand Pabby alla alors placer le troisième cristal au centre de la vallée. Il exécuta son même rituel toujours sans aucune difficulté puis il me fit signe que c’était mon tour. Mes paupières demeurèrent closes mais je ressentis que la fluidité du minéral était plus brouillé. Sans paniquer, je savais que si je ne trouvais pas le fil conducteur je ne pourrai pas me concentrer. La vision ne me suffisait plus il fallait que je touche l’objet. Le troll me laissa faire. Je ressentis immédiatement un choc électrique mais persistai à tenir le cristal. Des sons glacials se firent entendre dans ma tête.
-Anna tu peux lâcher, m’intima soudain Grand Pabby. Il est allumé.
Mes paumes étaient meurtries mais j'indiquai au troll que je voulais continuer. Il alluma donc son quatrième cristal et attendit mon tour. Même si je savais que mes doigts allaient en pâtir, je pris à nouveau l’objet dans les mains. Mais contre toute attente, celui-ci ne brûla pas. Bien au contraire, il en émana de la glace. J’entendis des sons de clochettes comme ceux qu’on pouvait trouver dans les pays froids tel le nôtre en hiver. La fluidité fut encore une fois compliquée à trouver car elle semblait givrée. Je finis par ressentir un petit filet d’aura et ouvris enfin les yeux.
-Tu es une sacrée adversaire, admit Grand Pabby qu’à moitié étonné.
-Je suis coriace, admis-je simplement, quand je veux quelque chose je l’obtiens.
-Bien. Ce dernier cristal ne sera donc pas trop compliqué pour toi dans ce cas.
Laissant le monticule des cristaux qui s’étaient déjà allumés, le troll se chargea d’éclairer son dernier. Puis il mit le mien au sol. Je le récupérai aussitôt. Il était de température normal mais beaucoup plus lourd que les autres. Je cherchai pendant plusieurs minutes l’aura qui siégeait à l’intérieur mais je faillis rendre les armes en ne le trouvant pas. J’ouvris les yeux, Grand Pabby attendait toujours patiemment.
-Je n’y arrive pas, murmurai-je au bord des larmes car j’étais si près du but.
-Ne te laisse pas submerger par tes émotions, préconisa-t-il. Respire un grand coup et réessaye une dernière fois.
Je m’exécutai ne pouvant m’empêcher de penser à ce que pouvait ressentir Elysia à chaque fois qu’il ratait quelque chose. Je palpais encore le cristal et repensais justement à cette première leçon de chamanisme que nous avions eu tous les deux. Et depuis il était resté près de moi. Puis le souvenir se fondit dans mon esprit, remplacé par celui de Pieter protecteur, et ma première rencontre avec Yélana et Amarok. Nous étions tous liés et formions une famille de cœur. Plus mes pensées dérivèrent vers ce sentiment de bonheur, d’apaisement, plus je finis par sentir l’aura. J’entendis alors des cris d’enfants à travers ma tête.
-Bravo Anna ! S’exclama Grand Pabby.
Je rouvris les yeux avec un air de victoire et de soulagement. Yélana qui s'était adoucie également se rua dans mes bras.
-Nous avons gagné ! S’exclama-t-elle.
-Il n’y avait pas vraiment de gagnants ou perdants en réalité, avoua le troll, mais vous avez réussi l’épreuve et le petit garçon qui avait perdu ses souvenirs vous remerciera d’avance j’en suis sûr. Il habite à Arendelle justement ! Est-ce que vous voudriez m’accompagner pour pouvoir les lui rendre en main propre ?
-Anna, on ne devrait pas, il ne faut pas nous faire remarquer, rappela Yélana.
-HEUREUSEMENT QU’IL Y EN A UNE ICI QUI A PLUS DE CERVELLE QUE L’AUTRE ! Rugit soudain une voix masculine.
Nous nous retournâmes en sursaut et pâlîmes immédiatement alors qu’à l’entrée de la vallée se tenaient nos Pères, nos Mères, Amarok, Pieter et Elysia. Ce dernier avait l’œil amoché. Sans doute l’œuvre de ma brute de frère et mon futur mari.
-VOUS LE TROLL ! LAISSEZ MA FILLE TRANQUILLE ! Cria Père.
****
Tout le monde était revenu dans la hutte. Tout le monde sauf Papy.
-Où est-il ? Demanda Maman inquiète car elle n’avait jamais vu ses parents se déchirer.
-Parti réfléchir car il n’a pas apprécié la vérité que je lui ai avoué, répondit-elle…Ne me regardez pas comme ça vous la connaitrez aussi mais pas tout de suite !
-Mais il va revenir ? Osa demander Papa.
-Bah alors mon Gendre ça y est vous aussi vous devenez sentimental en cherchant une figure paternel ?! Questionna Mamie en essayant de détendre l'atmosphère.
-Pas forcément. Je n’aime pas voir ma femme dans cet état c’est tout, se renfrogna-t-il.
Maman et lui se prirent la main ce qui me mit mal à l’aise.
-Ne t’en fais pas mon Ange de l'Air, Il reviendra quand il sera calmé. Il faut juste lui laisser le temps de digérer certaines abominations. Mais il n’y a pas donc pas de crainte à avoir, murmura Mamie en lui caressant la joue.
J’avais l’impression qu’elle-même essayait de se convaincre.
-Si jamais il n’est pas là d’ici tout à l'heure nous irons à sa recherche. Mais je vous promets qu’il reviendra. Bon sinon, personne n’a de questions ? Si mon histoire ne vous intéresse pas je l'arrête et ça ira plus vite, grogna-t-elle.
Il y eut des « NON » de protestation puis je finis par demander d’une petite voix de souris à cause de la tension qui était toujours palpable :
-Tu as su à qui étaient ces souvenirs ?
Contre toute attente Mamie ne répondit pas tout de suite mais se tourna plutôt vers Papa.
-A votre Père mon Gendre, les souvenirs étaient au roi Runeard, murmura-t-elle.
-Donc il y est pour quelque chose aussi dans la guerre Northuldra/Arendellien, ne put s’empêcher de dire Hans.
Mamie et Papa lui jetèrent immédiatement des regards noirs.
-Les coupables peuvent être un puits sans fond, il est donc inutile de remuer le couteau dans la plaie mon petit Picéaerd, le gronda-t-elle.
-Pardon Mamie.
-Pourquoi Grand Pabby n’a pas voulu te dire ton avenir comme il l’avait fait avec Elsa ? Interrogea Maman.
-Il me semble que la réponse est évidente non ? Quand on voit le gâchis que vous avez fait tous les deux en l’enfermant !
-Belle-Maman je vous prie ! Cria Papa rouge de colère, nous avons cru bien agir pour notre fille !
-Ce n’est pas après vous que j’en ai le plus pour cette histoire, renchérit-elle en se tournant vers Mère, Toi, Iduna tu connaissais la magie, le chamanisme.
-Je pensais que c’était une malédiction qui m’était infligée, murmura-t-elle en baissant la tête comme si elle venait de se faire punir.
-Ou un cadeau, concéda Mamie pensive. Mais une fois encore vous l’apprendrez plus tard. On s’y remet.
-Oui ! Clamai-je toute excitée.
Nous étions encore attentifs même si le fait que Papy ne soit pas là me faisait un pincement au cœur.
*****
Je me recroquevillai contre Yélana. Nos cœurs battaient à tout rompre. Nos parents avaient réussi à nous rattraper avant même que nous ayons atteint la fin de notre escapade. Je tremblais de nervosité. Ni ma Mère ni mon Père n’avaient levé la main sur moi jusqu’à maintenant. Le temps était désormais remis à zéro.
Ainsi Maman fonça sur moi d’un pas non élégant et me détacha de Yélana en m’empoignant par le bras. Elle me donna une fessée au passage et me ramena auprès de Papa qui préféra m’aplatir une violente claque sur le visage. Mes joues étaient en feu et mes larmes commencèrent à couler. Yélana ne fut pas en reste, recevant la même correction de la part de ses parents.
-Du calme s’il vous plaît ! S’exclama Grand-Pabby d’un ton tendu. Ce n’est pas un lieu qui accepte la tourmente ! Ajouta-t-il en levant les bras au ciel.
-VOUS TAISEZ-VOUS ! Hurla Maman stressée, J’ESPERE QUE VOUS N’AVEZ PAS RACONTER DE FARIBOLES A MA FILLE !
-Anna a beaucoup de capacités, déclara-t-il calmement.
-JE LE SAIS. JE N’AI PAS EU BESOIN DE VOUS POUR LE SAVOIR ! MAINTENANT LAISSEZ-NOUS RETOURNER DANS NOTRE FORET ENCHANTEE ET CROUPISSEZ A JAMAIS DANS VOTRE VALLEE DE MALHEUR PUISQUE DE TOUTE FACON VOUS N'ETES PAS CAPABLE DE FAIRE AUTRE CHOSE !
Grand Pabby respira un grand coup et conclut :
-J’entends bien votre colère Helga. Mais pour que mon peuple vous laisse en paix il faut que vous partiez immédiatement. Au revoir Anna.
Il me fit un petit signe de la main alors que je me promis de ne jamais oublier notre échange. Maman me fit monter sur le renne d’Elysia et ce dernier me souffla discrètement :
-Je suis désolé.
Je lui pris la main car finalement lui aussi avait reçu une correction et murmurai :
-Je te raconterai tout.
Le trajet du retour se fit dans le silence. Il me parut beaucoup moins long qu’à l’allée. Il faut dire que nous ne passâmes pas par les mêmes chemins, les adultes préférant les coins forestiers plutôt que les grandes plaines étendues.
Quand nous arrivâmes à la maison, nous eûmes à peine le temps de nous dire au revoir avec ma meilleure amie que nous fûmes aussitôt séparées.
-Yélana a besoin d’une violente correction ! S’exclama son père, le mieux placé pour lui en donner une est vous Yuma !
Je blanchis immédiatement. J’avais l’ultime conviction qu'elle allait subir les mêmes gestes de la part du chef que moi lors de la chasse.
-Ne vous inquiétez pas je m’en charge ! Je vous promets que cette demoiselle n’aura plus envie de sortir de la Forêt Enchantée à l’avenir.
Alors qu’il l’a souleva violemment en passant devant moi, elle cria :
-Je te déteste Anna !
Ce qui me fit pleurer à nouveau. Je n’eus pas le temps de riposter que Papa me traina dans la hutte sans que mes pieds ne touchent le sol. Une fois à l’intérieur sa réaction changea complètement.
-Tu te rends compte que tu aurais pu mourir ?! S’exclama-t-il. Pourquoi à ton avis sommes-nous si durs ? Nous avons eu peur de te perdre ! Ta mère et moi ne serions rien sans vous ! Sans votre frère et toi !
-Mais…Mais…Je voulais tellement visiter cet endroit, pleurnichai-je bien que prenant peu à peu conscience de ces paroles.
-C’était trop risqué Anna, reprit-il, si nous ne te l’avons interdit c’était pour une bonne raison. Tu es petite et vulnérable. Je te le répète ! Tu aurais pu mourir ! Que dis-je ?! Vous auriez pu mourir ! Tu as entraîné Yélana dans ta bêtise ! Qu’est-ce qu’on aurait dit à ses parents !? Il y aurait pu avoir une guerre entre nous ! Et je ne dis pas ça uniquement parce que vous êtes juste des filles ! Imagine si tu avais été avec Amarok ! Autant te dire que si y avait eu un problème nous nous serions faits exécutés ou expulsés !
Mes joues étaient figées à présent à cause des dernières larmes. Néanmoins je comprenais où Papa voulait en venir. Je me ruai alors dans ses bras. Il m’accueillit en larmes et me serra très fort. Maman fit de même ainsi que Pieter. Seul Elysia restait en retrait.
-De toute façon on se doute que ce n’est pas toi qui a eu l’idée, dit mon frère en me frottant le dos.
Il tourna immédiatement sa tête vers mon faux frère.
-Je vous promets que ce n’est pas moi, bredouilla alors Elysia en se cachant le visage de ses mains.
-Nous le savons, dit fermement Papa, Pieter dans ta chambre tout de suite ! Je n’aime pas le mensonge et tu le sais très bien !
Les deux garçons se lorgnèrent hargneusement, puis mon frère s’exécuta.
-Tu punis la mauvaise personne Olaf ! S’écria aussitôt Maman sans que toutefois elle n'accuse mon faux frère.
-Que proposes-tu dans ce cas Helga ? S’enquit celui-ci.
J’attendis plusieurs minutes que ma sentence tombe, m’imaginant tous les scénarii possibles.
-J’emmènerai Anna à Arendelle cette nuit, dit Maman. Nous irons ensemble.
Sauf celui-là…
-Et c’est tout ?! Tu ne veux même pas la punir un tout petit peu ? Insista Papa bien qu'il fût soulagé.
-Je pense que cette escapade lui a servi de leçon. N’est-ce pas Anna ?
-Oui Maman, répondis-je soulagée, je ne désobéirai plus c’est promis.
Je courus l’embrasser. Elysia osa alors s’approcher et répliqua :
-Monsieur et Madame Picéaerd, je me mêle peut être de ce qui ne me regarde pas… Mais je pense qu’il faudrait que Yélana ne soit pas punie non plus. Ça serait injuste vous ne croyez pas ?
Mon Père et ma Mère se consultèrent du regard puis Maman rétorqua :
-Voilà qui est sage comme paroles Elysia. Allons chez Yuma tout de suite.
Ils me prirent par la main et nous nous y rendîmes. Papa et Maman réussirent à convaincre monsieur Coudrier de récupérer sa fille au passage. Nous arrivâmes donc devant la hutte mais ne rentrâmes pas tout de suite. Nous entendions Yélana pleurer au loin.
-ARRETEZ DE ME TOUCHER MAINTENANT S’IL VOUS PLAIT ! Criait la jeune fille. PROMIS JE NE FERAI PLUS DE BETISES.
-Chut, chut, chut, tu ne diras rien de ce qui s’est passé ici compris ?! L’avertit le chef.
Nos parents blanchirent immédiatement.
-Helga pars avec Anna, je ne veux pas que vous assistiez à ça, maugréa Papa alors que lui et monsieur Coudrier entrèrent dans la hutte.
-Non Olaf...Attends ! Yuma ne se permettrait jamais cela... Insinua ma Mère.
Je ne savais pas si ses paroles avaient un rapport avec ce qu'il avait été capable de me faire. En tous les cas, nous ne pûmes nous empêcher d’observer. Yélana avait le visage rouge marqué par les doigts du chef. Mais rien de plus. Pas de collants baissés, pas de mains sur ses parties de filles. Nos parents le regardèrent gênés.
-Qu’y a-t-il ?! Rugit-il.
-Je pense que Yélana a compris son erreur chef, déclara monsieur Coudrier, je voudrais qu’elle rentre à la maison maintenant. Il y a des propos que j’ai entendu qui ne m’ont pas plu.
Ma meilleure amie se réfugia dans ses bras.
-Papa je ne recommencerai jamais de bêtises, marmonna-t-elle.
-Bien ma petite puce… Est-ce que le chef Yuma t’a touché là où il ne devrait pas ?!
La petite fille secoua la tête assez vite.
-Non mais vous me prenez pour qui Kanda ? Vous allez terminer au piquet à la mercie des bêtes sauvages si ça continue ! Explosa Yuma.
-Pour rien. Pardonnez-moi chef, conclut-il en éloignant tout de même sa fille tout en le fixant avec un regard d'acier.
Nous ressortîmes rapidement de la hutte du doyen.
-Est-ce que nous pourrions retourner à la maison maintenant ? Demanda alors ma meilleure amie à son Père.
-Est-ce que je pourrai parler à Yélana d’abord ? Renchéris-je.
Elle me regarda toujours avec une mine boudeuse.
-Non loin de nous alors, confia Maman.
Elle me suivit près de l’enclos des rennes.
-Je voudrais m’excuser, dis-je d’une voix si basse que je ne savais pas si elle l’avait entendue. Je ne suis pas une bonne amie. Je t’ai mise en danger.
J’attendis plusieurs minutes. Elle se jeta finalement dans mes bras et chuchota :
-Je te pardonne Anna. Je regrette ce que je t’ai dit tout à l’heure. Promets-moi qu’on sera toujours amies. Il faut que je te confie un secret.
-Je t’écoute, dis-je d'une voix attentive.
Yélana hésita et me prit fermement la main comme si elle essayait d'être courageuse. Elle se lança finalement et se mit à chuchoter :
-Le chef… Il m’a fait des choses dégoûtantes… Mais si dégoutantes que je ne veux pas que Papa le sache.
-Je garderai le secret, promis-je, ces choses-là il me les a faites aussi pendant la chasse l’autre fois. Mais pareil je ne veux rien dire à personne, pas même à Amarok. Nous continuerons d’agir ensemble.
Yélana entrelaça ses mains entre les miennes et conclut en souriant :
-Ensemble.
La nuit même Maman m’emmena à Arendelle comme elle me l’avait promis. Nous ressemblions à deux âmes errantes. Nous parcourûmes un peu l’extérieur de la ville mais nous retrouvâmes bientôt à nous balader dans le château.
-Je n’arrive pas à croire que tout a été reconstruit, pesta-t-elle.
Je lui pris le bras. Nous parcourûmes un long corridor tapissé de crocus et elle finit par ouvrir une chambre au hasard. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, roux comme moi était en train de dormir. Il ronflait bruyamment à cause de sa bouche ouverte et de la bave qui en découlait.
-Ca doit être le prince Runeard, dit-elle avec hargne. Il a de la chance qu’en voyage astral nous ne puissions tuer personne sinon je m’en serai chargée.
-Chut Maman, il pourrait nous entendre...Viens rentrons !
Mon cœur s’arrêta soudain quand je vis que deux cristaux semblables à ceux que j’avais allumés, logeaient sur sa table de chevet.
-Ça ne va pas ma petite chamane ? Demanda Maman en voyant mon trouble.
Les paroles de Grand-Pabby me revinrent en mémoire mais je préférai répondre :
-Tout va bien. Je ne voudrais pas être trop fatiguée demain.
-Tu sais je ne te l’ai pas demandé tout à l’heure mais j’espère que ce troll de malheur ne t’as pas parlé de choses que tu ne devrais pas savoir ?
-Non rien du tout Maman. Il a juste été impressionné par mon énergie.
Son sourire m’apaisa. Elle plaqua une main sur la poitrine de Runeard qui fut pris de picotements ce qui nous poussa à partir. J’avais honte de dire que j’éprouvais de la compassion pour ce jeune homme qui pouvait être honorable car il restait un être humain.
*****
-Finalement votre punition a été plutôt légère, dit Papa.
-Vous espériez peut-être qu’il nous condamne à mort mon Gendre, rétorqua Mamie moqueuse. Dans ce cas peu d’entre vous se trouverait dans cette hutte aujourd’hui.
-Pourquoi n’avoir jamais rien dit pour les agissements de Yuma ?! Il aurait pu être condamné ! Clamai-je avec colère.
-Nous avions trop peur des conséquences que cela impliquerait à nos parents. Alors nous avons préféré nous taire…Ce que j’aurais dû faire en sachant déjà qu’Elysia est quelqu’un de jaloux, soupira-t-elle.
-Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie Belle-Maman, reprit Papa avec un sourire sadique, mais il me semble que Beau-Papa n’est pas revenu…
-Merci mon Gendre pour cette analyse je ne m’en étais pas rendue compte, grinça-t-elle. Je crains que nous allons devoir partir à sa recherche avant qu’il ne fasse une bêtise.
Nous nous séparâmes en duo sauf elle. Hans et moi prîmes la direction de l’ouest non loin de la fameuse galerie où Mamie ne voulait plus qu’on se rende sans elle.
-A ton avis par où doit-on chercher ? Demanda mon mari. Nous ne connaissons pas les moindres recoins de cette reproduction de la Forêt Enchantée. Voyons, réfléchissons… Y a aucun endroit dont Mamie a parlé qui pourrait être susceptible de nous aiguiller.
-Les Plages Grises pourraient être une bonne idée non ? Lâchai-je en repensant au moment où Elsa s’était réveillée suite au fait que Mamie lui avait incorporé notre ancienne vie en tête.
-Si tu veux ma Anna chérie, répondit Hans en m’embrassant le cou.
-On risque de marcher un peu, préconisai-je.
Mais finalement, il fallait croire que l’espace n’était pas le même dans l’Helveg. Ainsi nous nous retrouvâmes devant les Plages Grises le temps d’une pensée. L’endroit était apaisant. La mer calme s’harmonisait contre les galets lisses. Nous inspectâmes les lieux.
-Même si l’endroit est sympathique je n’ai pas l’impression que Papy soit là, soulevai-je en me mordillant la lèvre.
-Non, il n’y a rien à part nous, renchérit-il.
Hans se colla alors à moi et me murmura à l’oreille :
-Dis tu ne trouves pas qu’ils sont trop mignons à être encore amoureux Papy et Mamie ?
J’hochai la tête, refusant de sentir la boule de désir qui était en train de naître au creux de mes reins. Visiblement dans l’Helveg les sentiments de la sexualité semblaient les mêmes qu’en étant vivants. Et l’occasion se présentait plutôt bien. Nous étions seuls en plein air loin des autres membres de la famille ce qui était rare depuis notre arrivée. Semblant comprendre où je voulais en venir Hans se colla un peu plus à moi.
-Anna…Tu crois que nous pouvons faire ce genre de choses ici ? Je veux dire en étant mort ? Bredouilla-t-il.
-Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, soufflai-je en l’emmenant vers une partie un peu plus sablonneuse de la plage.
Non. Rien n’avait changé. Nous oubliâmes Papy, Mamie et les autres dans l’instant sans aucune honte. Les baisers de mon beau prince s’intensifièrent avec fougue.
-Oh Anna… Comme ces moments m’ont manqué… Chuchota-t-il tandis que sa bouche se faisait pressante dans ma gorge de jeune fille.
-Allongeons-nous Hans…Sur le sable…Viens…Vite ! M’exclamai-je riant.
Nous pouvions être pris à tout moment mais je n’en avais que faire. La seule chose qui me préoccupait en cet instant était de pouvoir déshabiller mon mari tout en le martelant de baisers et caresses. Il retrouva bientôt les habitudes de ses doigts et réussit avec affinité à envoyer ma robe et mon corset au sol, dévoilant ma poitrine redevenue svelte à cause de la perte d’Helga.
-Oh ma femme… Ma belle petite femme… Murmura-t-il tout en m’enlaçant à nouveau.
Me sentant désirable, je l’enfourchai et lui défis son pantalon. J’eus un peu de mal à lui enlever complètement mais une fois cela fait, je me remise au-dessus de lui. Je voulais avoir le contrôle pour cette première fois où nous faisions l’amour dans l’Helveg. Je lisais dans les yeux d’Hans qu’il était légèrement frustré de ne pas avoir la main.
-Laisse-moi te réapprendre, lui soufflai-je à l’oreille tout en me penchant.
Sa bouche agrippa un de mes seins au vol tandis que je commençais à positionner nos deux corps l’un dans l’autre. Nous gémîmes en même temps à cette sensation de bien être retrouvée. Hans passa ses mains sur ma poitrine puis descendit sur mes cuisses pour finir par me maintenir les fesses. Il les caressait alors que je m’appliquai à faire la progression lente des va-et-vient.
-Cela te plaît ?! Chuchotai-je par peur de rompre l’instant présent.
Comme réponse mon mari me força à baisser la tête pour pouvoir m’embrasser langoureusement.
-C’est divin ce que tu fais ma Anna…Ma déesse… Dit-il en soupirant à son aise.
Je continuai de chercher à le contenter aussi j’accélérai la cadence, non seulement pour lui mais aussi pour moi. Je n’avais de cesse de lever la tête pour pousser plus librement mes cris de plaisir. De me cambrer de plus en plus pour qu’Hans puisse apprécier ma croupe. Ses yeux me dévoraient d’amour et d’admiration. Je voulais qu’il ne s’arrête jamais de me caresser et je savais quelle partie me faisait le plus d’effet. Alors, sans attendre, je lui enlevai les mains de mes fesses et les lui remonter jusqu’à mes seins qu’il sut agacer comme je l’aimais.
-Continue Hans, continue, répétai-je tandis que mes mots s’accentuaient.
-Oui…Anna…Oui… je ne vais pas pouvoir tenir trop longtemps…
-Qu’importe, le coupai-je, nous sommes morts il n’y a donc plus besoin de moyens de protection… Juste de toi et moi qui prenons notre plaisir.
Mon mari acquiesça alors que nous sentions chacun de notre côté que la communion sexuelle allait bientôt prendre fin. Nous nous retrouvâmes plus sensibles, poussâmes un orgasme commun avant de nous rétracter et que je m’abatte sur lui en lui caressant le visage.
Nous restâmes ainsi couchés l’un sur l’autre avant qu’Hans ne murmure :
-Même si nous sommes morts je bénis le ciel chaque jour de t’avoir rencontré.
Mon cœur était rempli d’amour et des larmes de joies vinrent brouiller mon visage.
-Je pense exactement la même chose de votre Grand-mère… Lâcha soudain une voix masculine.
-Papy ?! S’exclamèrent nos voix gênées.
-Pardonnez-moi, dit-il en se détournant légèrement le temps que nous cachions nos corps nus. Rassurez-vous je n’ai rien vu.
Décidément… Il fallait toujours qu’on soit surpris par un membre de la famille pour nos premières fois…Et il faut croire que ça venait du prénom…
-Encore heureux, déclara Hans qui renfila son pantalon à la hâte. Tu sais quand même que si nous avons atterri sur cette plage c’est parce que nous te cherchions ! Mamie est folle d’inquiétude !
-Elle vous l’a dit ?! Demanda Grand-père en se mordant la lèvre de stress, je ne suis vraiment pas fier de mon comportement à son égard alors qu’elle a été sincère avec moi.
-Elle nous l’a dit à sa manière, rétorquai-je en remettant mon chemisier et ma jupe. Maman aussi est inquiète. Je pense que l’une comme l’autre n’ont pas envie de te reperdre.
-Oui je comprends, reprit-il, je ne suis qu’un idiot. Vous voulez bien me raccompagner auprès d’elles ?
-Va à la hutte, je vous y rejoins, déclarai-je à l'adresse d'Hans.
-Bien ma chérie, murmura-t-il en m'embrassant.
Juste avant de partir Papy conclut :
-Vous avez eu une bonne intuition en ayant ce moment de complicité sur les Plages Grises… C’est là qu’Iduna a été conçue. Comme quoi ma petite Piceaerd tu as dû le sentir… Mais comme dirait Mamie Anna, vous aurez l’explication plus tard.
J’eus un petit rire gêné en les regardant partir. J’avais une dernière chose à régler de mon côté. Et pour cela il fallait moi aussi que j’aille contre la volonté de ma Grand-mère. Une dernière question me taraudait l’esprit. J’avais suivi ma sœur, vu ses retrouvailles avec mes parents, ma Grand-mère et mon nouveau petit frère. Mais qu’en était-il de mon moi du futur. Je n’étais pas encore apparu depuis l’attaque de Weselton. Peut-être allais-je retrouver ma famille ou l’homme de ma vie… Enfin… Kristoff… Puisque là j’étais mariée à Hans.
L’image des Plages Grises disparut instantanément et j’atterris bientôt dans la Galerie des Souvenirs. J’allai immédiatement à celui qui m’intéressait encore et toujours. La réunion de famille se profilait. Puis Mamie essaya de faire ouvrir les chakras à Kaspian sous l’œil furieux de Papa. Les tons de l’un et l’autre s’élevèrent.
-Pour vous rien ne change, vous vous disputez toute la journée… Chantai-je en riant.
Il ne manquait plus que ma présence. C’était le moment d’aller à la pêche aux informations. Plongeant ma main dans le souvenir, j’appuyai fort sur le front de ma sœur.
-Où suis-je Elsa ? Où suis-je dans cette vie-là ? Répétai-je.
Le contact sembla marcher car ma sœur furieuse se mit à hurler à Mamie :
-Où est Anna !?
Ma Grand-mère l’observa en plein désarroi.
- Pardon ?... Mais… Comment veux-tu que je le sache ma grande Piceaerd ?
Je déclarai à nouveau :
-Où suis-je Elsa ? Où suis-je dans cette vie-là ?!
Elle réitéra donc toujours en s’appuyant la tête car je la compressai :
-Mamie dis-moi où est Anna ?!
Cette fois ce fut au tour de ma Mère d’être surpris. Elle s’exclama aussitôt :
-Elsa mais qu’est-ce qu’il te prend ?
Je ne la laissai pas tranquille et dis à nouveau :
-Où suis-je Elsa ? Où suis-je dans cette vie-là ?!
Ma sœur cria de plus belle :
-Je veux savoir où est Anna ?! Où est Anna ?!... Mamie…Où est-elle ?
Ma Grand-mère lui répondit dépassée :
-Elsa ! Voyons calme-toi ? Il n’y a qu’Ahtohallan qui peut le savoir ! Je ne suis pas le cinquième esprit, c’est donc toi qui dois le savoir !
Ma sœur ne réagit pas. Plaquant toujours d’une main son front, je lui envoyai des spasmes aux bras avec l’autre.
-Où suis Elsa ?! Où suis-je dans cette vie-là ?!
En vain, elle répondit encore :
-Je ne le sais pas où est Anna !
Voyant que ça ne servait à rien que j’insiste auprès d’elle, je décidai de me tourner vers un autre cinquième esprit : Maman. Oui ! Elle ! Elle devait savoir où j’étais ! J’enlevai alors ma main du front de ma sœur et la collai violemment à celui de ma mère qui eût la même gestuelle qu’Elsa.
-Où suis-je Maman ?! Où suis-je dans cette vie-là ?!
Sa réponse fusa quelques secondes après :
-Anna…Nous devons trouver Anna ! Maman dis-nous où se trouve ma fille !
-Iduna ?! Tu vas bien ? Interrogea-t-elle à nouveau. Vous allez me faire devenir chèvre, toutes les deux ! Si vous voulez ma mort ! Vous allez l’avoir !
Mais j’insistai encore auprès d’elle :
-Où suis-je Maman ?! Où suis-je dans cette vie-là ?!
Elle n'avait pas encore la bonne réponse…
-Cherchons Anna ! Nous devons la retrouver !...Le cinquième esprit doit la retrouver !
J’allais réitérer une troisième fois quand je vis Mamie se postait sur ses genoux.
-Mais que faites-vous ? Beugla Agnarr…
-Mon gendre je vais vous demander seulement de vous taire ! Je sais reconnaître un esprit qui voyage dans un corps quand j’en vois un… J’avais eu un doute avec Elsa j’en suis certaine désormais ! Je vais chasser cet esprit… Jamais il ne pourra à nouveau venir vous tourmenter ! Tiens bon Iduna…
Sentant une force chamanique me chasser du corps de Maman, je partis aussitôt. Je perdais patience.
-Allez Anna… On tente une dernière fois.
Le plus réceptif restait sans doute Kaspian mon nouveau petit frère. Après tout lui aussi avait des pouvoirs.
-Où suis-je petit frère ?! Où suis-je dans cette vie-là ?! Dis-je encore.
Il hurla alors en se roulant par terre :
-Anna !!!!! Anna !!! Anna !!!!!
Je voulus retirer ma main mais je n’y parvins pas. Kaspian toujours en transe produisit alors une tornade faite de vent mais aussi de sable.
-Allez Anna ! Allez ! Grognai-je en serrant les dents.
Mon travail finit par payer puisque ma main se détacha enfin du front de mon frère.
-Je m’excuse de vous avoir tous fait du mal, soupirais-je pas plus avancée.
C’est alors que le sens des souvenirs retourna en arrière et s’arrêta sur l’île d’Ahtohallan. Finalement l’image allait m’accorder mon désir de connaissance. Tout était calme sur l’île. Je plissai légèrement les yeux et aperçus soudain une silhouette brûlée et mouillée sur les rebords. Ses yeux fermés ne laissaient aucun doute sur sa situation.
-Mais… Je suis morte aussi ! Lâchai-je la gorge serrée.
Et où était la pauvre âme de cette autre moi ? Était-elle arrivée dans l’Helveg ?! Je plongeais à nouveau ma main et la plaquai sur le ventre de mon homologue. Une boule lumineuse s’éleva alors de sa bouche et une matérialisation d’une Anna plus âgée m’observa.
-Je peux te faire passer dans le royaume des morts, déclarai-je en lui tendant la main.
-Est-ce vraiment la bonne solution ?! Demanda soudain une voix derrière moi.
Gardant toujours ma main tendue, je me tournai vers Mamie.
-Pourquoi ne suis-je pas vraiment surprise de te retrouver là ?! Me gronda-t-elle.
-L’autre Anna...Elle est morte...Tu vois bien...Je l’aide juste e à passer de l’autre côté, expliquai-je.
-Comme tu veux, répondit Mamie calmement, sache que dès l’instant où tu prendras la main de celle-ci dans l’Helveg, l’une de vous deux se désintègrera.
Je blanchis immédiatement face à ce qui avait failli arriver.
-Du coup je fais quoi Mamie ? Questionnai-je d’une toute petite voix.
-Ce que tu veux. Je raconterais la suite de l’histoire à ton autre toi, s’il le faut, continua-t-elle avec un sourire.
Je repoussai tout de suite l’autre âme vers mon corps plus âgé et sans vie. Cette dernière se renfrogna mais nous vîmes tout de même la boule lumineuse s'élevait dans les airs. Apaisée pour elle, je ressortis ma main du souvenir.
-Bien. Tu arrives à devenir sage ma petite Piceaerd, déclara mon aïeule.
Elle vint m’enlacer.
-Merci à vous deux de m’avoir ramené votre Grand-père… N’ayez crainte ce qui s’est passé sur la plage restera entre nous, ajouta-t-elle en me faisant un clin d’œil.
Je rougis violemment. Je croyais que Papy devait tenir sa langue.
-Bien je ne t’empêcherai pas de revenir là puisque je sais que de toute façon tu me désobéiras… Mais si nous retournions à la suite de l’histoire d’abord ? Déclara-t-elle à nouveau tout sourire.
J’hochai la tête et nous partîmes main dans la main vers la hutte.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 10 Oct 2020, 00:39
Bon ben y a encore des questions qui attendent leurs réponses.
Déjà la rencontre avec les trolls était plutôt inattendu, mais aussi un peu mystérieuse : genre Grand Pabbie voudrait réactiver des cristaux de souvenir en rapport avec Runeard... ça sent déjà que ça aura un rapport avec le(s) futur(s) conflit(s) entre Northuldras et Arendelle. Et le fait que les trolls ne sont pas la bienvenue dans la forêt, ça ajoute du background qui (j'espère) sera un peu expliqué par la suite.
Alors par contre, Yuma qui refait son Harvey Weinstein là... s'il recommence, je souhaite de tout coeur qu'il souffre et agonise à mort dans ses derniers instants.
Enfin le passage à Helveg... ça fait toujours plaisir de retrouver nos personnages préférés continuant à s'envoyer des pics. Sympa aussi le parallèle avec le dernier chapitre de Les Secrets d'Ahtohallan, je comprend maintenant qui jouait les esprits frappeurs chez les personnages. Mais à partir du moment où Anna et Hans font leurs affaires... je vais dire que venant de toi Ansa, j'ai fini par m'habituer à ce genre de scène. Mais comme @Lhysender, moi aussi je me pose des questions sur comment ils peuvent ressentir le plaisir de la chair et des jouissances même dans la mort. Et genre s'il peuvent procréer, est-ce que leur progéniture est déjà morte ? On peut donc parler de fausse couche, non ?
Blague à part, j'ai vraiment bien aimé et j'attends la suite comme toujours.
Déjà la rencontre avec les trolls était plutôt inattendu, mais aussi un peu mystérieuse : genre Grand Pabbie voudrait réactiver des cristaux de souvenir en rapport avec Runeard... ça sent déjà que ça aura un rapport avec le(s) futur(s) conflit(s) entre Northuldras et Arendelle. Et le fait que les trolls ne sont pas la bienvenue dans la forêt, ça ajoute du background qui (j'espère) sera un peu expliqué par la suite.
Alors par contre, Yuma qui refait son Harvey Weinstein là... s'il recommence, je souhaite de tout coeur qu'il souffre et agonise à mort dans ses derniers instants.
Enfin le passage à Helveg... ça fait toujours plaisir de retrouver nos personnages préférés continuant à s'envoyer des pics. Sympa aussi le parallèle avec le dernier chapitre de Les Secrets d'Ahtohallan, je comprend maintenant qui jouait les esprits frappeurs chez les personnages. Mais à partir du moment où Anna et Hans font leurs affaires... je vais dire que venant de toi Ansa, j'ai fini par m'habituer à ce genre de scène. Mais comme @Lhysender, moi aussi je me pose des questions sur comment ils peuvent ressentir le plaisir de la chair et des jouissances même dans la mort. Et genre s'il peuvent procréer, est-ce que leur progéniture est déjà morte ? On peut donc parler de fausse couche, non ?
Blague à part, j'ai vraiment bien aimé et j'attends la suite comme toujours.
- FrantzozeLégende du Royaume
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 10 Oct 2020, 19:08
Il m'a manqué du temps pour faire un retour sur le chapitre précédent...Il faut dire que j'ai eu du mal à encaisser le choc et il m'a fallu changer l'échelle de @Lhysender
Jusque là nous allions de Anna qui pleure à Sven qui explose...Il a donc fallu rajouter un échelon PLS désormais avec "Mamie est seule avec Yuma"
...Oh mon Dieu ça fait mal
Et le pire...C'est que ça recommence dans ce dernier chapitre.
Bon entendons nous bien...Tout le monde déteste Yelena...Elle est vieille, elle est pas commode et avuons le tout le monde était content de sa mort dans Nouveaux Défis (bien quequelque peu traumatisante)...Mais toute Yelena qu'elle est...On lit "les filles vont recevoir une correction"...bon ça finalement on l'accepte même si on sait que ça va être juste une petite claque aux fesses ou une paire de gifles
Mais le pire c'est lire "chef, qui mieux que vous pour vous en charger pour Yelena?"
Et là...
Mais je brûle les étapes, il faut revenir au début...
Contrairement aux premiers chapitres où je disais que la vie des enfants Northuldra m'intéressaient "moins" (c'est à pondérer évidemment) que les dialogues savoureux de l'Helveg, cette fois c'est différent. Sans doute parce que les enfants ont quelque peu grandit depuis deux chapitres et, ce ne sont plus seulement des enfants bien gentils et sages même s'ils sont espiègles façon "Martine" ou "Emma"
Là on a effectivement une grosse bêtise de la part des deux filles...Mais bordel Yelena ne méritait pas ça... Franchement j'aurai préféré lire qu'après une correction elle soit ressortie avec une marque sur le visage...Mais Wait... Elle est ressortie avec une marque sur le visage puisqu'elle s'est mangée une tarte quand même!
Bref, on commence à voir mamie vraiement se forger sa personnalité, d'ailleurs j'ai trouvé (en ressenti en tout cas) que nous étions moins dans l'Helveg et plus dans les souvenirs sans que cela "ne choque", au contraire pour le coup!
Le petit duel...Pardon examen de compétences lancé par Grand Pabby était bien sympathique pour permettre de voir que Mamie est petite...mais déjà bien douée dans son domaine
Et pour la fin Anna qui s'amuse à aller trifouiller les esprits de sa famille du côté de la timelaps les Secrets d'Ahtohallan... Va falloir lui expliquer à la petite rousse que c'est super dangereux d'agir ainsi depuis un autre plan de l'univers sur l'esprit d'un tiers...
Forcément cette fin qui recoupe les secrets d'Ahtohallan donne l'explication des comportements très curieux que pouvaient avoir les protagonistes dans "la suite du rève d'Anna" ... Le FCU se poursuit et clairement, les morts ont donc une influence sur les vivants! Mais gare aux conséquences.
D'ailleurs, niveau conséquence... Mamie se montre encore archi badass quand elle intervient...Comme d'hab pile au bon moment pour...comme d'hab empêcher Anna de faire une grosse boulette.
Notre petite rousse préférée s'est donc vue morte....
Et donc nous pouvons à nouveau considérer que mamie lui a sauvé la vie puisque 2 ames de la meême personne ne peuvent être dans l'Helveg...Euh wait...Peut on vraiment dire qu'elle lui a sauvé la vie?... Plutôt la mort non?
D'ailleurs à l'instar de @Dov...Du coup les deux tourtereaux qui font...hum disons...des crêpes dans l'Helveg... Si Anna tombe enceinte, est ce qu'elle peut donner la vie chez les morts?
Et si jamais elle fait une fausse couche, ça ferait un bébé mort chez les morts...mais moins par moins ça fait plus...Donc du coup, une fausse couche chez les morts crée-t-elle donc une naissance chez les vivants?
...Donc, est ce que nous serions tous... des fausses couches du royaume des morts?!
Jusque là nous allions de Anna qui pleure à Sven qui explose...Il a donc fallu rajouter un échelon PLS désormais avec "Mamie est seule avec Yuma"
...Oh mon Dieu ça fait mal
Et le pire...C'est que ça recommence dans ce dernier chapitre.
Bon entendons nous bien...Tout le monde déteste Yelena...Elle est vieille, elle est pas commode et avuons le tout le monde était content de sa mort dans Nouveaux Défis (bien quequelque peu traumatisante)...Mais toute Yelena qu'elle est...On lit "les filles vont recevoir une correction"...bon ça finalement on l'accepte même si on sait que ça va être juste une petite claque aux fesses ou une paire de gifles
Mais le pire c'est lire "chef, qui mieux que vous pour vous en charger pour Yelena?"
Et là...
Mais je brûle les étapes, il faut revenir au début...
Contrairement aux premiers chapitres où je disais que la vie des enfants Northuldra m'intéressaient "moins" (c'est à pondérer évidemment) que les dialogues savoureux de l'Helveg, cette fois c'est différent. Sans doute parce que les enfants ont quelque peu grandit depuis deux chapitres et, ce ne sont plus seulement des enfants bien gentils et sages même s'ils sont espiègles façon "Martine" ou "Emma"
Là on a effectivement une grosse bêtise de la part des deux filles...Mais bordel Yelena ne méritait pas ça... Franchement j'aurai préféré lire qu'après une correction elle soit ressortie avec une marque sur le visage...Mais Wait... Elle est ressortie avec une marque sur le visage puisqu'elle s'est mangée une tarte quand même!
Bref, on commence à voir mamie vraiement se forger sa personnalité, d'ailleurs j'ai trouvé (en ressenti en tout cas) que nous étions moins dans l'Helveg et plus dans les souvenirs sans que cela "ne choque", au contraire pour le coup!
Le petit duel...Pardon examen de compétences lancé par Grand Pabby était bien sympathique pour permettre de voir que Mamie est petite...mais déjà bien douée dans son domaine
Et pour la fin Anna qui s'amuse à aller trifouiller les esprits de sa famille du côté de la timelaps les Secrets d'Ahtohallan... Va falloir lui expliquer à la petite rousse que c'est super dangereux d'agir ainsi depuis un autre plan de l'univers sur l'esprit d'un tiers...
Forcément cette fin qui recoupe les secrets d'Ahtohallan donne l'explication des comportements très curieux que pouvaient avoir les protagonistes dans "la suite du rève d'Anna" ... Le FCU se poursuit et clairement, les morts ont donc une influence sur les vivants! Mais gare aux conséquences.
D'ailleurs, niveau conséquence... Mamie se montre encore archi badass quand elle intervient...Comme d'hab pile au bon moment pour...comme d'hab empêcher Anna de faire une grosse boulette.
Notre petite rousse préférée s'est donc vue morte....
Et donc nous pouvons à nouveau considérer que mamie lui a sauvé la vie puisque 2 ames de la meême personne ne peuvent être dans l'Helveg...Euh wait...Peut on vraiment dire qu'elle lui a sauvé la vie?... Plutôt la mort non?
D'ailleurs à l'instar de @Dov...Du coup les deux tourtereaux qui font...hum disons...des crêpes dans l'Helveg... Si Anna tombe enceinte, est ce qu'elle peut donner la vie chez les morts?
Et si jamais elle fait une fausse couche, ça ferait un bébé mort chez les morts...mais moins par moins ça fait plus...Donc du coup, une fausse couche chez les morts crée-t-elle donc une naissance chez les vivants?
...Donc, est ce que nous serions tous... des fausses couches du royaume des morts?!
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Mar 13 Oct 2020, 17:43
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Jeu 15 Oct 2020, 16:12
Un chapitre riche en émotion, autant dans les souvenirs que dans l'Helveg.
Pour commencer, l'épreuve de Pabby. On sent bien qu'il voit le potentiel d'Anna, de toute évidence il se doutait qu'elle réussirait et il a juste exploiter son esprit d'enfant pour la pousser à accepter. Heureusement qu'elle n'est pas encore assez grande pour qu'elle le porte sur son dos, sinon ça se serait fini comme sur Dagobah !
En tout cas encore un bel écho à la thématique des souvenirs avec les cristaux, on peut malgré tout se poser la question de savoir ce qui se serait passer si Anna avait échouer, surtout en sachant à qui les souvenirs appartenaient...mais nous y reviendront.
L'arrivé des parents met bien en exergue les tensions entre Troll et Northuldras, même si la colère de ces derniers contraste fortement avec le calme des êtres de pierre. Leur colère est cependant compréhensible, puisque il devait être mort de peur pour Anna et Yélana, là encore, c'est une réaction tout à fait naturelle. Bien évident qu'elle vont se faire punir, après tout c'est une bêtise assez monumentale (surtout que bon, ce serait pas nouveau qu'il y est des loups dans le coin), et donc...
Bon sang heureusement que les autres adultes sont intervenus à temps, la facette la plus sombre de Yuma commence à apparaitre en pleine lumière aux yeux de tous ! Mais c'est tellement rageant de le voir exercer une pression sur tout le monde grâce à son rôle de chef du camps...oh comme j'attends que le karma lui revienne en pleine poire, je sens que je vais savourer ce moment avec grand plaisir, vivement qu'enfin il reçoive le châtiment qu'il mérite
Au moins cela a scellé l'amitié d'Anna et Yélana. Si seulement ça avait pu être par un autre évènement que celui-là...
Pour essayer d'oublier ça, passons au point Pieter du chapitre :
Je veux toujours croire en sa rédemption, vraiment. mais je dois bien avouer qu'ils s'enfoncent un peu plus à chaque fois et si lors des chapitres précédents il y avait toujours un petit signe d'espérance, là ça commence à sentir le roussi. J'y crois encore, mais je t'ai à l'œil gamin, ça me ferait mal que tu doives rejoindre ad vitam æternam le banc avec les autres.
Je terminerai avec évidemment le voyage astral en Arendelle, avec cette illustration assez effrayante de la haine du peuple du soleil envers leur voisin. On parle quand même d'un infanticide doublé d'un régicide, le sang froid d'Helga est très inquiétant. Alors oui, ça reste Runeard, mais quand même pour l'instant ce n'est qu'un enfant !
En tout cas cela promet pour la suite, parce que va bientôt arriver le temps de l'adolescence...pourquoi je sens que ça va être explosif ?
Maintenant, la partie dans l'Helveg. Au delà des moments d'amour retrouvés entre Anna et Hans, les conséquences et parallèles des évènements entre ce récit et celui des secrets d'Ahtohallan sont toujours aussi bien ficelés. Sans parler du léger traumatisme d'Anna de se voir morte, même dans un monde alternatif, je retiens surtout cette phrase de mamie Anna :
C'est ce genre de détail que j'adore et qui rends l'univers crédible : oui tu peux influencer d'autres lignes temporelles, mais il ne faut jamais oublier que ça a toujours des conséquences. l'illustrer avec ce principe que les deux mêmes entités ne peuvent coexister sur le même plan, c'est simple et efficace
Pour terminer, l'instant spoilers sans contexte ! Alors...la gare de Disney me brise le cœur parce que je n'y suis toujours pas retourné
L'image de Frère des Ours...alors là je vois absolument pas ! Est-ce que ils vont se faire transformer en animaux ? Encore un coup des esprits ! Par contre pour l'image de Mulan, ça sent l'apprentissage de mamie Anna à se préparer à être la femme d'Amarok...je ne vois vraiment pas comment ça pourrait mal tourner. Enfin la représentation de l'arbre monde, ça sent encore les interactions avec l'autre timeline et encore plus de lore. J'ai hâte de lire tout ça demain !
Pour commencer, l'épreuve de Pabby. On sent bien qu'il voit le potentiel d'Anna, de toute évidence il se doutait qu'elle réussirait et il a juste exploiter son esprit d'enfant pour la pousser à accepter. Heureusement qu'elle n'est pas encore assez grande pour qu'elle le porte sur son dos, sinon ça se serait fini comme sur Dagobah !
En tout cas encore un bel écho à la thématique des souvenirs avec les cristaux, on peut malgré tout se poser la question de savoir ce qui se serait passer si Anna avait échouer, surtout en sachant à qui les souvenirs appartenaient...mais nous y reviendront.
L'arrivé des parents met bien en exergue les tensions entre Troll et Northuldras, même si la colère de ces derniers contraste fortement avec le calme des êtres de pierre. Leur colère est cependant compréhensible, puisque il devait être mort de peur pour Anna et Yélana, là encore, c'est une réaction tout à fait naturelle. Bien évident qu'elle vont se faire punir, après tout c'est une bêtise assez monumentale (surtout que bon, ce serait pas nouveau qu'il y est des loups dans le coin), et donc...
Ansa a écrit:-Yélana a besoin d’une violente correction ! S’exclama son père, le mieux placé pour lui en donner une est vous Yuma !
Bon sang heureusement que les autres adultes sont intervenus à temps, la facette la plus sombre de Yuma commence à apparaitre en pleine lumière aux yeux de tous ! Mais c'est tellement rageant de le voir exercer une pression sur tout le monde grâce à son rôle de chef du camps...oh comme j'attends que le karma lui revienne en pleine poire, je sens que je vais savourer ce moment avec grand plaisir, vivement qu'enfin il reçoive le châtiment qu'il mérite
Au moins cela a scellé l'amitié d'Anna et Yélana. Si seulement ça avait pu être par un autre évènement que celui-là...
Pour essayer d'oublier ça, passons au point Pieter du chapitre :
Ansa a écrit:-De toute façon on se doute que ce n’est pas toi qui a eu l’idée, dit mon frère en me frottant le dos.
Je veux toujours croire en sa rédemption, vraiment. mais je dois bien avouer qu'ils s'enfoncent un peu plus à chaque fois et si lors des chapitres précédents il y avait toujours un petit signe d'espérance, là ça commence à sentir le roussi. J'y crois encore, mais je t'ai à l'œil gamin, ça me ferait mal que tu doives rejoindre ad vitam æternam le banc avec les autres.
Je terminerai avec évidemment le voyage astral en Arendelle, avec cette illustration assez effrayante de la haine du peuple du soleil envers leur voisin. On parle quand même d'un infanticide doublé d'un régicide, le sang froid d'Helga est très inquiétant. Alors oui, ça reste Runeard, mais quand même pour l'instant ce n'est qu'un enfant !
En tout cas cela promet pour la suite, parce que va bientôt arriver le temps de l'adolescence...pourquoi je sens que ça va être explosif ?
Maintenant, la partie dans l'Helveg. Au delà des moments d'amour retrouvés entre Anna et Hans, les conséquences et parallèles des évènements entre ce récit et celui des secrets d'Ahtohallan sont toujours aussi bien ficelés. Sans parler du léger traumatisme d'Anna de se voir morte, même dans un monde alternatif, je retiens surtout cette phrase de mamie Anna :
Ansa a écrit:-Comme tu veux, répondit Mamie calmement, sache que dès l’instant où tu prendras la main de celle-ci dans l’Helveg, l’une de vous deux se désintègrera.
C'est ce genre de détail que j'adore et qui rends l'univers crédible : oui tu peux influencer d'autres lignes temporelles, mais il ne faut jamais oublier que ça a toujours des conséquences. l'illustrer avec ce principe que les deux mêmes entités ne peuvent coexister sur le même plan, c'est simple et efficace
Pour terminer, l'instant spoilers sans contexte ! Alors...la gare de Disney me brise le cœur parce que je n'y suis toujours pas retourné
L'image de Frère des Ours...alors là je vois absolument pas ! Est-ce que ils vont se faire transformer en animaux ? Encore un coup des esprits ! Par contre pour l'image de Mulan, ça sent l'apprentissage de mamie Anna à se préparer à être la femme d'Amarok...je ne vois vraiment pas comment ça pourrait mal tourner. Enfin la représentation de l'arbre monde, ça sent encore les interactions avec l'autre timeline et encore plus de lore. J'ai hâte de lire tout ça demain !
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 16 Oct 2020, 21:36
Chapitre 7 : De tes rêves à mes rêves :
-Maman je suis stressée, murmurai-je.
-Tu n’as pas à l’être ma petite chamane. C’est ta première grosse étape dans le chamanisme et tu es très douée, la preuve tu l’as passé deux ans plus tôt que moi au même âge que toi.
-Pense un peu à moi qui a déjà échoué deux fois, dit Elysia d’une voix déraillée à cause de ses treize ans.
Je lui souris de compassion.
-Il y a un dicton qui dit que la troisième fois c’est la bonne, dis-je en lui serrant la main.
Mon regard sarcelle se plongea dans ses beaux yeux bleus et je ressentis une vibration au plus profond de mon âme. J’ignorais ce que c’était mais mon cœur se mit à battre plus vite. Elysia était toujours mon grand frère de cœur et je savais que nous étions la dernière année où il devait rester. Tous les soirs, j’affichai un sourire de soulagement en voyant que sa mère ne s’était pas présentée pour le reprendre. Pourtant, je n’étais pas idiote, je savais qu’elle viendrait d’un jour à l’autre. Mon cœur se serra à nouveau à cette idée et je me raccrochai à sa main chaude avec ferveur.
-Hum...Anna...Tu peux arrêter de serrer s'il te plaît ?! Demanda le Northuldra du Nord quelques secondes plus tard.
Je le relâchais immédiatement, rouge de confusion.
-Allons, allons ma petite chamane… Mets-toi en tailleurs et imagine que tu es une grenouille, rit Maman qui croyait toujours que je stressai pour mon examen. Surtout tu respires bien.
-Et si mon animal totem ne me plaisait pas, paniquai-je revenant subitement au sujet initial.
-Il te plaira forcément puisqu’il émane de toi, insista-t-elle. Allez ! Fais-ce que je te dis ! Et toi aussi Elysia.
Nous nous exécutâmes et il y eut un silence apaisant pendant cinq minutes. Puis Maman vint prononcer la phrase que je redoutais :
-C’est l’heure.
L’examen ne se faisait pas dans la hutte. Ainsi nous partîmes dans les praires de Lichen, ces mêmes prairies que j’avais traversées avec Yélana, il y a un an déjà. Comme promis nous n’avions plus rien tenté depuis revenant toutes les deux à notre nature docile.
-Jeunes gens qui souhaitent commencer ? Demanda Maman alors que nous étions toujours debout foulants l’herbe jaune et sèche de l’automne.
-A toi l’honneur Anna je t’en prie, répondit rapidement Elysia en me poussant.
-Merci pour ce geste de courtoisie… Le raillai-je.
Le Northuldra du Nord se confondit aussitôt en excuses.
-Oh tu as raison, je pourrais peut-être passer en premier comme ça mon échec sera vite remplacé par ta réussite ! Reprit-il.
-Arrête de dire des sottises ! M'exclamai-je en lui prenant à nouveau sa main, tiens...Je te donne un peu de mon énergie.
Je fermai les yeux quelques instants me concentrant sur sa paume chaude. Mon ventre se retourna à la douceur de sa peau et je m'arrêtais vite plus troublée que je ne l'aurais voulu.
-Merci Anna ! S'écria-t-il rassuré.
Il se pencha alors et m'embrassa la joue. A nouveau la chaleur atteint mon visage et je détournai la tête pour me concentrer sur mon épreuve.
-Allez ma petite chamane ! Il est temps ! Déclara Maman en me retirant de mon faux frère.
Ils allèrent s'assoir tous les deux.
-Va te placer dans le cercle que j’ai tracé à partir de branches d’Epicéa ma chérie, dicta-t-elle.
J’y allai aussitôt.
-A toi de jouer maintenant, ma petite chamane, ordonna-t-elle.
Respirant une dernière fois avec profondeur, je fermai les yeux et tendis les mains au ciel. Puis je choisis cinq mots importants qui me reflétaient et les citai par pensées :
-FAMILLE, SOUVENIRS, MEMOIRE, NOSTALGIE, SAGESSE.
Je les répétai plusieurs fois d’affilés avant de sentir par mon aura que l’apparition de mon animal totem était en train de fonctionner. En effet, l’énergie se détacha bientôt de mon corps semblable à une ombre au soleil.
-Impressionnant, murmura Elysia émerveillé.
Je n’osai pas ouvrir les yeux par peur de briser le lien avec l’énergie.
-Tu peux regarder Anna ! S’exclama Maman ravie.
Je m’exécutai en continuant de faire résonner les mots dans ma tête. Ce que je vis me stupéfia. Un animal gigantesque était face à moi… Bon moins grand que les géants mais plus grand que tous les animaux de la Forêt Enchantée. Sa peau était rugueuse, deux grandes défenses s’abaissaient jusqu’au sol ainsi qu’une immense trompe se terminant par deux petites lèvres. Son front et ses pieds étaient plats alors que ses oreilles avaient la forme du Continent Africain. Il était entouré d’un halo de lumière pour bien montrer que c’était une incarnation de mon énergie.
-Qu’est-ce que c’est que cet animal ? Demandai-je intriguée car je ne l’avais pas vu dans les livres de Maman.
Pour toutes réponses il se mit à barrir.
-D’après le grimoire tu viens de faire apparaître un éléphant ma petite chamane. Et je vais te dire tout de suite pourquoi.
Elle tourna plusieurs pages avant de reprendre :
-L’éléphant est un animal d’Afrique et d’Asie qui mesure 7 à 9 tonnes. Il se nourrit de 200 kilos d’herbes chaque jour et passe son temps principalement dans l’eau et la boue pour se protéger des insectes. Enfin il se déplace en troupeaux guidés par une matriarche. Ils sont constitués de femelles et d’éléphanteaux alors que les mâles vivent en solitaire et ne retrouvent les femelles que pour la saison des amours.
-Ah bon ?! Ils ne peuvent pas faire des éléphanteaux toute l’année ? Lâchai-je alors que le visage de Maman devint rouge brique.
-Eh bien non… Qu’au printemps visiblement. Comme beaucoup d’animaux. Mais passons. Pour l’énergie positive l’éléphant t’apporte la patience, la réflexion sur toi-même et sur les autres, le besoin de prendre du recul alors que pour l’énergie négative tu as tendance à ressasser tout le temps le passé et à vouloir te battre avec ceux qui se sont opposés à toi. Il faudra donc que tu travailles sur la relativisation de l’esprit de vengeance. Enfin comme épreuve l’éléphant se rapporte au temps qui passe et aux souffrances que cela inclue.
Je repensai alors à ce qu’avait dit Grand Pabby sur mon futur mais mes pensées s’embrouillèrent alors que ma mère appela Elysia au centre d’un cercle d’eau.
-Je t’envoie pleins d’ondes positives, l’encourageai-je.
Il me sourit nerveusement et alla faire l’exercice. Je priais pour qu’il réussisse car il le méritait. Il était gentil, doux, attentionné, plein de bonne volonté…Le garçon idéal.
-Oh Maman regarde ! Chuchotai-je soudain.
Les efforts d’Elysia avaient enfin payé puisqu’un halo d’énergie sortit de son corps et se matérialisa non loin de nous, renvoyant… Un mouton.
-Bravo ! Clamai-je en me relevant subitement.
Le jeune homme ouvrit immédiatement les yeux et découvrit ce qu’il venait de produire.
-Félicitation Elysia je savais que tu en étais capable ! S’écria Maman.
Comme tout à l’heure elle tourna les pages de son grimoire pour se renseigner sur l’animal.
-Alors que nous dit ton totem… Il représente un aspect innocent de toi-même, l’innocence, la douceur… Comme sentiment négatif je dirais qu’il montre ta vulnérabilité à être impuissant mais cela peut aussi être une force positive pour toi puisque tu t’acceptes ainsi en respectant ta zone de confort avec les autres… Enfin tu as un côté persévérant qui montre que tu es attaché aux valeurs familiales ! La preuve sans être un chamane exceptionnel tu sais quand même maîtriser les choses, et tu le fais pour ta tribu.
Maman referma son livre et nous félicita encore :
-Vous êtes officiellement rentrés dans la première catégorie des chamanes seniors tous les deux aujourd’hui ! Vous avez donc le droit à deux symboles.
Elle nous tendit des paquets. Elysia l’ouvrit et tomba sur un bonnet Northuldra alors que de mon côté je reçus une cape violette.
-Ils ont été faits par mes soins. Conservez-les bien, nous dit-elle toute heureuse.
-Merci Maman, murmurai-je en lui sautant dans les bras.
-Oui, merci Madame Piceaerd, dit poliment Elysia qui semblait moins convaincu par son cadeau… J’en aurais bien besoin quand je retournerai dans Les Terres Gelées.
Je préférai ne pas relever sa dernière phrase. Nous pûmes ensuite aller jouer avec Amarok, Yélana et Pieter.
-Tiens vous voilà enfin ! Grogna mon frère.
-Oui ! Nous avons réussi notre épreuve. J’ai un éléphant comme animal totem ! M’écriai-je contente.
-Et toi ? Questionna Pieter à l’adresse d’Elysia.
-Un mouton, dit-il.
Les garçons éclatèrent alors de rire soulignant bien qu’ils se moquaient de lui.
-Il n’y a vraiment rien de drôle ! Clamai-je sur la défensive.
-Laisse Anna…De toute façon je ne suis pas le seul ici à qui cet animal totem pourrait être péjoratif, murmura le jeune homme amusé.
-T’insinues quoi-là Elysia ?! Demanda soudain Pieter avec hargne.
-Que pour quelqu’un qui est méprisant, je te trouve rapidement menacé alors que je n’ai cité aucun nom, rétorqua simplement le garçon du nord.
-Si tu oses encore ajouter quelque chose, je te gifle ! S’exclama toujours mon frère soudain nerveux.
-Allez les garçons ne soyez pas idiots… Commença Yélana.
-Si tu oses encore ajouter quelque chose, je te gifle ! Répéta Elysia d’un ton imitatif.
Pieter ne mentit pas. Il ouvrit les hostilités en envoyant un coup de poing dans la figure du Northuldra du Nord. Ce dernier se retrouva plaqué à terre en un rien de temps.
-Morveux… Tu ne mérites rien pour attendre ! Renchérit mon frère avec rage.
Elysia se redressa furieux et lui sauta aussitôt dessus. Les échanges s’enchainèrent se faisant de plus en plus violents.
-Amarok arrête-les je t’en prie ! Finis-je par supplier après que Yélana et moi ayons essayé à trois reprises de nous interposer.
Le fils du chef y consentit non sans avoir pris le temps de bien observer la scène avec amusement. Il attrapa bientôt Pieter par les bras et le décala sur le côté, le temps qu’Elysia termine de taper dans le vide.
-LAISSE-LE MOI ! LAISSE-LE-MOI ! JE VAIS LUI FAIRE LA PEAU ! Grogna encore mon frère tout en gesticulant.
-Il n’en vaut pas la peine, je t’assure. De toute façon il va retourner dans les Terres Gelées d’ici peu, tu n’auras plus à le supporter… Déclara Amarok… Viens allons te soigner et expliquer à tes parents ce qui s’est passé.
Ils s’en allèrent lui adressant toujours des regards mauvais. Je courus aussitôt vers le jeune homme qui avait le visage gonflé et les lèvres en sang.
-Est-ce que ça va ? Demanda Yélana.
-Il vient de se battre ! Bien sûr que ça ne va pas ! Répondis-je avec hargne, va chercher de l’eau maintenant s’il te plaît !
Bien qu’outrée par mon comportement ma meilleure amie s’exécuta quand même.
-Attends ne bouge pas, murmurai-je à l’adresse d’Elysia.
J’arrachai immédiatement un pan de ma nouvelle cape et lui tapotai la lèvre. Il m’arrêta immédiatement, bloquant ma main en plein mouvement.
-Non arrête Anna, je te dis que ça va. Tu vas te faire gronder… Ils vont mentir je le sais… Soupira-t-il.
J’essayai de ne pas penser à nouveau à la compression qui se ressentait dans mon ventre au contact de sa main sur la mienne.
-Je te protégerai, je te le promets, murmurai-je en l’embrassant sur sa joue gonflée.
-Aïe… Merci Anna, me sourit-il.
Yélana choisit ce moment pour revenir avec une grande bassine d’eau. Je nettoyai le visage de mon faux frère essayant de le rendre le plus présentable possible.
-Bien, il faut retourner à la maison. Tu n’as rien à te reprocher, ne t’inquiète pas, lui murmurai-je lui ayant laissé le pan de la cape pour qu'il la maintienne sur sa joue endolorie.
-Heureusement qu’Amarok a été un héros et qu’il a arrêté la dispute ! S’exclama Yélana avec des étoiles pleins les yeux.
-Oui… Redescends un peu il ne les a pas stoppés dès le départ non plus, rappelai-je.
Je déboulai dans la maison, prête à défendre l’injustice causée par mon frère.
-Maman ! Maman ! Pieter et Elysia se sont battus ! C’est Pieter qui a commencé parce que lui et Amarok se sont moqués de son animal totem…
-Anna… Commença-t-elle.
-Non je sais que Pieter t’a dit le contraire mais je te promets que c’est vrai ! Insistai-je.
-Anna…
-S’il te plaît Maman ! Ne punis pas Elysia il n’y est pour rien…
-Anna je sais tout ça, renchérit-elle calmement.
-…Il faut appeler Mouna… Attends quoi ?! Lâchai-je enfin comprenant ses paroles.
-Oui Pieter m’a raconté ce qui s’était passé et il n’a pas cherché à mentir, répéta-t-elle.
J’observai mon frère. Il boudait toujours mais répliqua :
-Je suis beaucoup de choses mais je ne suis pas un menteur…Je vais aller chercher la guérisseuse.
-Attends jeune homme ! Tu n’as rien oublié ? Dit-elle d'une voix froide.
Mon frère jaugea Elysia et lui murmura :
-Je m’excuse pour tout à l’heure.
Il décampa ensuite rapidement. Maman soupira, et reprit :
-Eh bien, tu n’as jamais été défiguré en quatre ans et il a fallu que tu choisisses le jour où ta Mère te récupère pour te mettre dans un état lamentable.
Je me figeai immédiatement en entendant ses paroles. Je parvins à articuler dans un monde au ralenti :
-Iduna est là ?
Ma bouche devint sèche. Ne pas pleurer Anna. Ne pas pleurer. Elysia est encore là avec toi.
-Elle arrive tout à l’heure, je l’ai prévenue que tu avais réussi ton examen. J’ai reçu une réponse tout de suite après, expliqua Maman ne voyant pas la douleur qui était en train de m’atteindre en plein cœur.
Le sol se déroba sous mes pieds. Mes jambes flageolèrent d’elles-mêmes et je faillis tomber. Je me rattrapai à Yélana.
-Tu fus un bon compagnon de jeu, admit cette dernière en enlaçant Elysia.
Je fus déçue de voir que ce dernier avait l’air de prendre la nouvelle plutôt bien. Il souriait même. Ne ressentait-il pas l’étouffement dont j’étais atteinte ? Cela ne lui faisait-il pas pareil ? Qu'est-ce que je pouvais être idiote ! Pourquoi est-ce que je réagissais ainsi après tout ?! J'essayais d'éviter l'énergie qui s'emballait dans mes veines à la simple vue de mon faux frère. Une petite flamme au fond de mon cœur savait pourquoi j'étais comme ça mais je n'osai pas me l'avouer... Tu ne peux pas Anna...Tu dois être raisonnable, docile, me persuadai-je.
-On se voit demain Anna ? Demanda soudain ma meilleure amie me sortant de ma torpeur.
-Hein quoi ?! Euh...Oui oui, dis-je très vite car je ne voulais pas imaginer un quotidien sans Elysia.
Je réussis à lui faire un petit signe de la main alors qu’elle partit. Mouna choisit ce moment-là pour arriver. Elle s’occupa du Northuldra des Terres Gelées avec une extrême douceur.
-Voilà. J’ai fait de notre mieux mais il reste un peu gonflé, nota Mouna. Garde-bien la glace sur tes joues.
-Si seulement je pouvais en faire à volonté avec mes mains, se plaignit-il.
Ce qui fit rire Maman.
-Quelle idée saugrenue. Mais au moins la santé mentale va bien.
Elysia me lança un coup d’œil et découvrit ma blancheur. Il trouva enfin une phrase rassurante :
-Je vais être content de revoir ma Mère durant un temps mais ça va me faire bizarre de me retrouver tout seul avec elle.
-En tous cas, tu connais bien les bases du chamanisme maintenant mon petit Sappos.
Il y eut un silence gêné, puis j’avouai tout bas :
-Il va falloir que tu recouses la cape Maman. Je m’en suis servie pour arrêter le sang des lèvres d’Elysia. Excuse-moi de l’avoir utilisée.
-Tu as bien fait ma chérie. Heureusement pour nous, il y a des fissures qui peuvent être réparées.
J’ignorai si elle disait ça par rapport à mon chagrin même si j'essayai de le dissimuler le plus possible. Je me contentai uniquement d’acquiescer.
-Je peux t’aider à rassembler tes affaires si tu veux ? Demanda soudain Pieter qui eut un élan de sympathie.
-Je veux bien, consentit mon faux frère.
Ils s’en allèrent à l’autre bout de la hutte alors que je me réfugiai moi-même dans ma chambre.
-Pourquoi Elysia ? Pourquoi dois-tu partir ? Murmurai-je sentant enfin les larmes couler sur mon nez, c'est trop injuste...
Je tentai de respirer pour atténuer la douleur. Je ne voulais pas qu’on voie que j’avais les yeux rouges, que j’avais pleuré.
-Tout va bien Anna ? Demanda Maman derrière la porte.
Je me raclai la gorge et parvins à répondre :
-Oui… Oui… J’arrive…Une minute…
Je m’essuyai les yeux le plus vite possible pour effacer ma détresse et sortis enfin. A ma grande horreur Iduna était déjà là.
-Ah la voilà ! S’exclama-t-elle. Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, Anna.
-Si, si, déclarai-je en lui tendant la main pour la saluer.
Je ne pouvais lui en vouloir d’être contente. Pourtant dans l’instant j’aurais aimé l’exterminer pour pouvoir garder Elysia auprès de moi.
-Ils ont tous bien grandi Helga, dit-elle émue en m’observant et observant son fils. Ça me fait tellement drôle.
Elle le secoua gentiment. Lui-même était gêné par la situation même si je lisais dans ses yeux qu’il était heureux de la retrouver.
-Bon ne restons pas plantés là, j’ai préparé une bonne collation, dit Maman joyeuse.
Je ne pus rien avaler, encore trop contrariée. Je ne lâchai plus mon faux frère qui sut un peu me redonner le sourire. Je voulais profiter au maximum de sa compagnie.
-Et dire que maintenant nous allons devoir commencer à chercher des prétendants pour nos enfants… Murmura Iduna.
J’imaginai aussitôt Elysia aux bras d’une très belle fille blonde comme Yélana et j’eus envie de la griffer. Je me surpris moi-même pour ma réaction alors que Maman souligna :
-Oh pour Anna c’est déjà vu depuis sa naissance, elle est promise à Amarok le fils du chef.
Je rougis violemment ne sachant pas pourquoi alors qu'Iduna renchérit contrariée :
-Tu sais que j'aurais préféré oublier ça Helga...Mais après tout...Les paroles que nous avions dit enfants se sont réalisées...C’est bien dommage que nous ayons manqué quelques étapes…Tu sais très bien ce qui aurait été parfait pour moi...
Je ne compris rien à leurs sous-entendu mais elles visiblement s'en accommodèrent. Maman acquiesça avec tristesse.
-Pourvu que la coupole ne nous fasse pas regretter notre décision. Enfin… Seul l’avenir nous le dira… De toute façon on ne pourra pas aller à l’encontre du feu sacré du Muspelheim la terre des enfers qui loge au creux des neufs mondes de l’arbre de l’Ygg…
Iduna la coupa avant qu’elle finisse d’éveiller ma curiosité :
-Oh assez Helga ! J'ai l'impression de revivre les cours avec ta mère…Mais tu as raison… De toute façon je ne marierai pas mon fils sans que sa femme lui plaise.
-S’il vous plaît est-ce qu’on pourrait parler d’autres choses ? Intervint enfin Elysia qui sentait la pression monter.
-Pardon mon grand, murmura sa Mère en lui ébouriffant les cheveux.
Je retrouvai enfin le sourire face à ce geste anodin.
-Tu as raison, renchérit-elle. De toute façon nous allons partir, nous avons de la route quand même jusqu’à chez nous.
Je me glaçai à nouveau. La douleur qui avait réussi à partir, revint instantanément. La scène se déroula au ralenti. Nous nous levâmes de table et nous dirigeâmes dehors. Elysia inspecta bien la maison pour vérifier qu’il n’avait rien oublié et nous rejoint. Les embrassades furent brèves.
-Allez le bateau nous attend ! S’écria Iduna.
-Pas besoin de bateau, répliquai-je, les géants vont vous aider, vous irez plus vite et ça sera moins dangereux.
-Anna ils ne servent pas à ça…
-Ecoute Maman ! Je te le répète ceux sont mes amis. Jusqu’à maintenant tu n’as pas voulu que je les revoie. Mais là c’est moi qui décide maintenant.
-Bien… Bien… Comme tu veux ma petite chamane, bredouilla-t-elle devant mon air contrarié. Allons-y dans ce cas.
-Est-ce que je pourrais dire au revoir à Anna seule, d’abord ? Demanda soudain Elysia.
Mon cœur se mit à battre plus vite alors que nos mères se concertèrent du regard. A mon grand soulagement elles furent d’accord.
-Mais ne vous éternisez pas, plaisanta Maman, nous allons vous attendre près des berges.
J’attendis qu’il n’y ait plus personne pour enfin me jeter avec violence à son cou.
-Tu vas me manquer… Je ne veux pas que tu partes… Hoquetai-je n’arrivant plus à retenir mes larmes.
Il m’embrassa la tempe, me serra si fort à m’en éclater la poitrine et répliqua :
-Toi aussi tu vas me manquer Anna. Ne t’inquiète pas on se reverra. Je...Je ne pourrai pas rester sans te voir.
Il me prit ensuite le menton et je crus que nous allions nous embrasser comme lorsque nous étions petits...J'aurais tellement aimé qu'il se penche...Et qu'il m'embrasse avec fermeté... mais au lieu de cela il me dit en souriant :
-Tu as toujours les plus beaux cheveux de la terre… Amarok a vraiment de la chance.
-Tu resteras toujours mon grand frère de cœur, repris-je manquant de succomber à son charme.
Il acquiesça et conclut :
-Et toi bien plus qu’une sœur… Allez… Je sais que ça ne nous fait pas plaisir mais il faut rejoindre les autres.
A contrecœur nous partîmes vers la rivière des géants main dans la main. Une fois là, je fis le même appel que lors de ma première rencontre avec eux. L’un des monstres de pierre se réveilla.
-Saluez-les ! Ordonnai-je en hochant la tête.
Iduna et Elysia s’exécutèrent.
-Ramène-les sur les Terres Gelés ! Dis-je aussitôt à mon ami.
D’abord grognon. Il se mit bientôt à sourire et tendit sa main. Les deux Sappos allèrent au centre et s’y assirent.
-Merci encore Helga ! S’exclama Iduna.
-Je t’en prie, ça a été un réel plaisir.
Je leur fis un signe de la main et imprimai à jamais le regard bleu d’Elysia.
-A dans quatre ans ! Cria-t-il, Ne pleure pas Anna !
J’hochai la tête alors que la phrase fit l’inverse. Le géant se leva et partit en direction d'Ahtohallan jusqu’à n’être plus qu’un petit point dans l’horizon. Plus je le vis s'éloigner plus j'entendis raisonner au plus profond de mon être le "Je t'aime" à l'égard du jeune homme qui devait rester enfoui. Maman me soutint l’épaule me sortant bientôt de ma torpeur et dit :
-Bien. Il ne reste plus qu’à rentrer à la maison.
-Je peux partir seule ? Demandai-je.
Elle sentit ma pudeur et répondit oui. Je n’attendis pas et me mis à courir le plus rapidement possible laissant enfin couler les larmes, le cœur à jamais déchiré. Quelques minutes plus tard, je m’adossai à un arbre car mon ventre me lança d’un coup. C’est alors que je sentis un liquide désagréable entre mes jambes. Profitant qu’il n’y ait personne, je jetais rapidement un coup d’œil au fond de ma culotte et manquai une respiration en voyant du sang marronâtre et collant.
-Oh non… Murmurai-je…Maman… Il faut que je voie Maman…
Je rentrai à la maison pour avoir la fameuse explication. Heureusement Pieter et Papa n’étaient pas là.
-Là… Là… Ce n’est rien Anna, me rassura-t-elle tout en m’aidant à me changer… Le départ d’Elysia a fait arriver tes menstruations beaucoup plus tôt que prévu. Tu auras ça tous les mois désormais.
-Mais comment ça s’arrête ? Pleurnichai-je car je n’en voulais pas.
-Tout seul… Et ça reviendra par cycles. Je vais te donner des plantes pour soulager ta douleur. C’est un secret de femmes, tu pourras en discuter avec Yélana uniquement, d’accord.
J’hochai la tête. Maman me prit ensuite sur les genoux et me câlina en chantant la berceuse d’Ahtohallan. Je m’endormis en rêvant à nos retrouvailles avec Elysia.
-Mamie… C’est tellement romantique, soupirai-je encore troublée par le récit même si je connaissais la fin.
-Les histoires les plus épineuses sont les plus belles ma petite Piceaerd, commenta-t-elle.
-Je ne te voyais déjà plus comme une sœur, intervint à son tour Papy, c’est quand j’ai dû te quitter que j’ai vraiment compris que je ne pourrais pas en aimer une autre que toi.
-Et moi donc ! Renchérit-elle en se serrant contre lui.
-Vous êtes tellement extraordinaires tous les deux, conclut enfin Maman.
-Oh ! Ne soyez pas si sentimental Beau-Papa je vous en prie… Moi j’ai autre chose qui m’intrigue…Vous vous aimiez n’est-ce pas ?
-Ça saute aux yeux non ?! S’exclama Hans moqueur.
-Bien, dans ce cas pourquoi ne pas l’avoir dit à vos parents ?! Je ne comprends pas.
-Je ne sais pas comment ça a été pour votre relation avec Iduna mon Gendre ! Mais pour nous c’était vraiment compliqué. J’étais docile. Je voulais plaire à mes parents. Faire comme ils voulaient.
-C’est pour ça que tu me dis toujours de choisir ? Demandai-je.
-Oui Anna.
-Pour répondre à votre question Belle-Maman, reprit Papa, j’étais promis à un autre parti, mais le soir de mon anniversaire j’ai clamé haut et fort que je ne voulais qu’Iduna comme reine.
-Je m’en rappelle, renchérit Maman en l’embrassant. Et tout le monde était furieux mais tu t’en moquais.
-Eh bien, il faut croire que vous avez eu plus de chances que nous, admit Mamie.
-Parmi tous vos cours de sorcelleries, je dois avouer que celui de l’animal totem est bien sympathique. Je me demande bien lequel j’aurais pu avoir ?
-Il faut regarder si le pigeon a été rajouté à la liste, répondit ma grand-mère avec malice.
Papa lui jeta un regard noir alors qu’elle éclata de rire.
-Je plaisante mon Gendre. Pour vous je pense que le loup convient bien et pour Iduna la louve. Quant à Anna la biche et Hans le renard. Voilà je crois qu’on est bon.
-Mamie c’est quoi cette histoire des neufs mondes ? Reprit mon mari.
-Bonne question mon petit Piceaerd, j’avais posé la même peu de temps après le départ d’Elysia. Je vous y réponds tout de suite.
C’était reparti !
-Anna tu viens jouer avec nous ? Demanda Pieter.
-Non laisse-moi tranquille, va jouer tout seul ! Grognai-je.
Une semaine qu’Elysia était partie. Mon état n’allait pas mieux. La petite fille joyeuse avait été remplacée par une jeune fille bougonne.
-Allez, viens, ça va te faire du bien. Amarok sera content de te voir, insista-t-il.
-Non, je ne veux pas. En plus, Yélana n’est pas là, elle doit aider son père.
Je fermai les yeux et imaginai le jeune homme des Terres Gelées perdu au milieu des phoques et des pingouins. Mes yeux s’emplirent de larmes. Pieter voyant ma détresse, s’approcha et déclara :
-Tu sais… Il me manque à moi aussi…
Je le repoussai immédiatement furieuse et criai :
-Menteur ! Tu es content qu’il soit parti ! Tu n’as jamais pu le voir ! Tu n’es qu’un jaloux !
Mon frère me regarda, agacé. Il attendit que je me calme avant de reprendre :
-Je n’avais pas le choix.
Sa remarque m’intrigua.
-Que veux-tu dire ?! Demandai-je hargneusement.
Pieter soupira et reprit :
-Qu’Amarok n’est pas toujours très gentil avec moi comme Yélana peut l’être avec toi. Il me force à faire les choses parfois.
Je lus immédiatement de la détresse dans ses yeux.
-Et pourquoi tu ne lui dis pas ?! Tu n’es vraiment qu’un lâche ! Renchéris-je.
-Parce que je n’ai pas envie de t’attirer des ennuis étant donné que c’est ton futur mari...Il vaut mieux que nous soyons en bons termes. Et il y a autre chose...Mais je ne souhaite pas t'en parler parce que j'ai honte... En tous les cas il reste quand même mon ami. Enfin si toi tu t’élèveras socialement avec lui, le fait d’être son beau-frère sera bon aussi pour ma sociabilisation… Et puis zut… Si je me fâche avec lui on ne se verra plus et …Je ne veux pas te perdre Anna ! Bredouilla-t-il.
J’hochai la tête mais restai distante.
-Allez viens jouer avec nous s’il te plaît, dit-il derechef.
-Je t’ai dit non. Je préfère rester avec Maman et étudier ! M’exclamai-je.
-Bonne idée ! Déclara cette dernière en arrivant subitement dans la chambre. Nous avons besoin de discuter toutes les deux sans que tu sois là Pieter. Tu peux y aller.
Mon frère fit la moue et haussa les épaules.
-Comme vous voulez… A tout à l’heure dans ce cas.
Il s’en alla alors que Maman vint s’assoir sur le lit à côté de moi.
-Je ne suis pas idiote ma petite chamane, je vois bien que quelque chose ne va pas…Est-ce que tu voudrais m’en parler ? Osa-t-elle demander.
Je secouai la tête prête à nouveau à pleurer.
-N’aies pas honte d’être triste ma chérie… J’ai moi-même pleuré le départ d’Elysia… C’est normal tu sais que tu ressentes un manque… Vous étiez très proches tous les deux...Peut être un peu trop par moment.
J’évitai de la regarder car je sentais que mon nez me piquait. Maman me tendit ses bras.
-Allez… Viens là…
Je me réfugiai contre elle et pleurai enfin à mon aise bercée par sa tendresse maternelle.
-Quatre ans n’est pas si loin ne t’inquiète pas. Et puis avec un peu de chance quand Elysia reviendra tu auras le grand honneur de lui présenter tes fiançailles avec Amarok.
Je frissonnai subitement à cette idée...Non je ne le voulais pas ! Avais-je envie de crier, mais si...Je me devais d'être sage.
-Je sais que pour toi c’est peut-être flou pour l’instant mais nous avons besoin d’en parler. Tu es une grande fille maintenant, renchérit Maman.
-Est-ce que ça a été pareil pour Papa et toi ? Questionnai-je soudain.
-Que veux-tu dire ?
-Est-ce que vous aussi vous étiez destinés l’un à l’autre depuis la naissance ?
-Oui. Ton père faisait aussi parti du peuple du soleil. Il a pris mon nom quand il m’a épousé car c’est comme ça dans la tradition Northuldra.
-Comment il s’appelait avant ?
-Il a toujours eu honte de son rang et n’a jamais voulu que je ne le dise à personne. Donc tu ne le sauras pas. Sache juste qu’en m’épousant, il s’est élevé socialement. Nous avons grandi ensemble et étions déjà très amoureux depuis l’enfance, ajouta-t-elle rapidement en se mordant la lèvre, il a toujours été un homme d’honneur malgré son rang social et n’en a jamais aimé une autre que moi. Un peu comme Amarok et toi finalement.
Je n’osais pas lui dire que je ne ressentais rien de plus que de l’amitié pour mon futur mari. Et ce n’était pas avec le portrait qu’en avait fait Pieter tout à l’heure que ça allait s’arranger.
-Est-ce qu’Amarok et toi avez cette affinité ? Insista-t-elle comme si ça allait la soulager de le savoir.
-Oui Maman, répondis-je résignée.
Il me fallait obéir, être docile car mes parents avaient raison...C'étaient des adultes, ils avaient déjà vécu des choses avant nous.
-Bien. Tu es une jeune fille désormais…Même si c’est tôt.
Je rougis mal à l’aise en repensant à la couleur de mes changes et me raccrochai à elle. Elle s’éclaira la gorge aussi gênée que moi et reprit :
-Il va falloir que je te mette en garde contre certaines choses. D’abord, il ne faut pas que tu le dises à Amarok tout de suite. Nous attendrons cinq ans d’accord ?
-Pourquoi Maman ? Demandai-je crédule.
-Parce que sinon il voudra toucher ton corps, t’embrasser et te mettre un bébé dans le ventre. Et il faut attendre d’être mariée pour ce genre de choses. Hors maintenant que tu as tes menstruations tu pourrais très bien tomber enceinte tout de suite. Au moins si Amarok ne le sait pas, il ne sera pas tenté.
-Ah d’accord, répondis-je repensant aux actes de Yuma.
-Est-ce qu’Amarok a déjà tenté des choses qu’il n’aurait pas dû avec toi ?
-Il m’a juste embrassé une fois, avouai-je en rougissant.
-Bien. S’il recommence à présent il faudra le repousser. C’est à toi de choisir Anna, pas à lui, tu comprends ? Il n’a pas le droit de te forcer à faire quoi que ce soit et toi non plus d’ailleurs.
-Oui Maman.
Je finirai bien par l’aimer. Je ne pouvais faire autrement. Une image soudaine d’Elysia et moi en train de nous embrasser à perdre haleine me vint à l’esprit et je la chassai immédiatement. J’étais trop jeune pour lui, il ne s’intéressait pas à moi...La preuve il n'avait rien tenté la semaine dernière.
-Est-ce que Papa et toi vous avez attendu le mariage avant de vous aimer intimement ? Demandai-je soudain.
Maman vira au rouge et répondit rapidement un « Oui » qui voulait clairement dire « Non ».
-C’est compliqué Anna d’attendre parce qu’Amarok et toi vous vous aimerez tellement fort que vous aurez envie de ne faire qu’un. Mais il faut résister à ce désir ma petite chamane et tu n’en seras que plus satisfaite après le mariage, insista-t-elle en pâlissant de plus en plus.
-Ça a l’air si bien pourtant… Qu’est-ce qu’on ressent à ce moment-là ? Questionnai-je intriguée.
Maman réfléchit. Elle se passa rapidement un coup de langue sur les lèvres avant de répondre :
-C’est indescriptible ma chérie… Je dirai un bien être indéfinissable… Mais quand tu le découvriras par toi-même ça sera encore mieux.
-Merci pour tes explications Maman… Je me sens plus sereine, dis-je sincèrement.
Elle m’embrassa avec tendresse.
-De rien ma petite chamane. Tu veux rejoindre les autres ?
-Non. J’ai une question que je voulais te poser l’autre jour mais je n’osais pas par peur que tu te moques de moi.
-Oui ?
-La semaine dernière avec Iduna tu as parlé des neufs mondes… Est-ce que c’est de là que vient le premier chamane ? Lâchai-je soudain.
-Oh… Vaste question ma chérie. Eh bien les premières traces de chamanisme ont été trouvées en Sibérie durant la préhistoire. Mais le mot écrit est apparu qu’au XVIIème siècle.
-Et est-ce qu’ils apprenaient déjà tout ce qu’on apprend encore aujourd’hui ?
Maman sourit, contente que je m’intéresse par moi-même à ce qui faisait mon essence sur Terre. Nous sortîmes de la chambre et nous nous installâmes sur la table de la cuisine.
-Je reviens, me dit-elle.
Elle alla dans sa chambre et en revint avec un grand livre illustré par un arbre géant.
-Regarde Anna… Voici l’Yggdrasil. Il représente les neufs mondes qui nous entourent. Nous, nous sommes dans le Mindgard c’est-à-dire sur la terre des vivants. Tout en haut il y a Asgard et Vanaheim pour les Dieux nordiques. Et en dessous tu as les royaumes des Elfes, nains, géants… Et bien sûr celui qui nous intéresse, celui des morts : L’Helheim.
-Pourquoi est-ce que celui-là est plus important que les autres ? Questionnai-je à nouveau intriguée.
-Parce que la fonction du chamane est de faire le lien entre les vivants et les morts. Notre devoir est d’accompagner les âmes des défunts et de transmettre des messages autant à l’un qu’à l’autre. Selon les anciennes légendes de la préhistoire, les vieilles chamanes utilisaient le cheval à huit pattes du Dieu Odin pour pouvoir passer entre les deux royaumes.
-Oh ?! Un cheval comme le Nokk ? Mais c’est bizarre autant de pieds !
-Oui ma petite chamane. C’est pour ça qu’au fil des siècles le mythe s’est ébruité et nous avons découvert les voyages astraux et la psychographie. Mais je t’en apprendrais un peu plus quand tu seras plus grande. Néanmoins nous avons gardé la tradition d’allumer la coupole du mariage avec le feu du Muspellheim.
-Mais qui va le chercher dans ce cas ? Interrogeai-je encore.
-Oh… Je ne suis pas certaine que tu aies envie de le savoir, répondit-elle à nouveau gênée.
-Si, si ça m’intéresse.
-Le feu s’allume par les graines que nous récupérons dans les flammes des foyers qui se sont déjà allumées...Quant aux premières graines... La légende raconte qu'elles proviennent de… L’urine de Bruni. En tant qu’esprit du feu, c’est elle qui se régénère grâce au feu du Muspellheim.
-C’est une astuce pour le moins drôle Maman ! Clamai-je.
Nous nous regardâmes en silence puis elle murmura :
-Est-ce que ça va mieux ?
-Oui Maman. Un petit peu.
Je souris enfin.
-Ne le prends pas mal Maman, mais je suis ravie que nous n’ayons pas eu le genre de discussion que tu avais eu avec ta mère...Même si en soi je vous entendais tout le temps avec Papa.
-Si tu n’étais pas partie cela aurait été dans mon devoir de te mettre en garde Iduna, la sermonna-t-elle, et il n’y aurait rien eu de mal à cela.
-J’ignorai que votre peuple en connaissait autant sur l’Yggdrasil, Belle-Maman, déclara Papa qui voulait à tout prix changer de sujet car il n’avait pas oublié que Mamie avait observé leur première fois.
-Comme quoi mon Gendre vous voyez qu’on peut trouver des intérêts communs, dit Mamie avec un sourire, mais je savais que ce pan de mon histoire allait vous plaire.
-Ah bon ?! Et pourquoi donc ?! Demanda-t-il soupçonneux.
-Parce que dans une autre vie où vous étiez marié à la fois à la reine des îles du Sud et celle d’Arendelle, cet arbre a été l’équilibre sur vos jumelles Elsa et Emma, l’une ayant le pouvoir de glace et l’autre de feu.
-Je connais l’histoire de l’Yggdrasil moi aussi, assura-t-il, et votre mère a oublié de vous préciser, que le rôle du cinquième esprit est non seulement d’être gardien de la Forêt Enchantée mais aussi de maintenir la paix entre les neufs mondes.
Mamie fut stupéfaite de voir que Papa s’y connaissait bien sur le sujet.
-Nous avons des livres Belle-Maman en Arendelle, reprit-il tout sourire, Néanmoins je vois que même morte votre santé mentale ne s'est pas améliorée… Une vie où j’aurais eu deux femmes alors que j’aime Iduna de tout mon cœur, non mais puis quoi encore ?!
-Mamie a raison Papa je t’assure ! Intervins-je. Nous aussi avec Hans nous étions concernés par l’Yggdrasil puisque si j’avais bien suivi c’était Emma notre mère commune qui en était la gardienne et tu avais fauté avec elle pour m’avoir.
-Parfait ma petite Piceaerd, déclara-t-elle avec un sourire. Que vous le vouliez ou non mon gendre vous aviez fait un pacte avec la gardienne des neufs mondes. C’est pour ça que vos filles avaient des pouvoirs. Elsa en avait payé de sa vie. Mais elle avait été ressuscitée par la fille d’Anna et Kristoff qui s’appelait Emma aussi… Oui les prénoms sont récurrents.
Je rougis immédiatement en repensant au beau montagnard puis j’observai Hans et l’embrassai rapidement pour compromettre ma faute.
-Oh assez Belle-Maman avec ces sornettes ! Je respecte le chamanisme parce que je respecte ma femme mais il ne faut pas trop m’en demander non plus s’il vous plaît !
-Comme vous voudrez mon Gendre… Pourtant il faudra bien que vous y concédiez plus tard dans mon récit, conclut-elle amusée.
-Maman je suis stressée, murmurai-je.
-Tu n’as pas à l’être ma petite chamane. C’est ta première grosse étape dans le chamanisme et tu es très douée, la preuve tu l’as passé deux ans plus tôt que moi au même âge que toi.
-Pense un peu à moi qui a déjà échoué deux fois, dit Elysia d’une voix déraillée à cause de ses treize ans.
Je lui souris de compassion.
-Il y a un dicton qui dit que la troisième fois c’est la bonne, dis-je en lui serrant la main.
Mon regard sarcelle se plongea dans ses beaux yeux bleus et je ressentis une vibration au plus profond de mon âme. J’ignorais ce que c’était mais mon cœur se mit à battre plus vite. Elysia était toujours mon grand frère de cœur et je savais que nous étions la dernière année où il devait rester. Tous les soirs, j’affichai un sourire de soulagement en voyant que sa mère ne s’était pas présentée pour le reprendre. Pourtant, je n’étais pas idiote, je savais qu’elle viendrait d’un jour à l’autre. Mon cœur se serra à nouveau à cette idée et je me raccrochai à sa main chaude avec ferveur.
-Hum...Anna...Tu peux arrêter de serrer s'il te plaît ?! Demanda le Northuldra du Nord quelques secondes plus tard.
Je le relâchais immédiatement, rouge de confusion.
-Allons, allons ma petite chamane… Mets-toi en tailleurs et imagine que tu es une grenouille, rit Maman qui croyait toujours que je stressai pour mon examen. Surtout tu respires bien.
-Et si mon animal totem ne me plaisait pas, paniquai-je revenant subitement au sujet initial.
-Il te plaira forcément puisqu’il émane de toi, insista-t-elle. Allez ! Fais-ce que je te dis ! Et toi aussi Elysia.
Nous nous exécutâmes et il y eut un silence apaisant pendant cinq minutes. Puis Maman vint prononcer la phrase que je redoutais :
-C’est l’heure.
L’examen ne se faisait pas dans la hutte. Ainsi nous partîmes dans les praires de Lichen, ces mêmes prairies que j’avais traversées avec Yélana, il y a un an déjà. Comme promis nous n’avions plus rien tenté depuis revenant toutes les deux à notre nature docile.
-Jeunes gens qui souhaitent commencer ? Demanda Maman alors que nous étions toujours debout foulants l’herbe jaune et sèche de l’automne.
-A toi l’honneur Anna je t’en prie, répondit rapidement Elysia en me poussant.
-Merci pour ce geste de courtoisie… Le raillai-je.
Le Northuldra du Nord se confondit aussitôt en excuses.
-Oh tu as raison, je pourrais peut-être passer en premier comme ça mon échec sera vite remplacé par ta réussite ! Reprit-il.
-Arrête de dire des sottises ! M'exclamai-je en lui prenant à nouveau sa main, tiens...Je te donne un peu de mon énergie.
Je fermai les yeux quelques instants me concentrant sur sa paume chaude. Mon ventre se retourna à la douceur de sa peau et je m'arrêtais vite plus troublée que je ne l'aurais voulu.
-Merci Anna ! S'écria-t-il rassuré.
Il se pencha alors et m'embrassa la joue. A nouveau la chaleur atteint mon visage et je détournai la tête pour me concentrer sur mon épreuve.
-Allez ma petite chamane ! Il est temps ! Déclara Maman en me retirant de mon faux frère.
Ils allèrent s'assoir tous les deux.
-Va te placer dans le cercle que j’ai tracé à partir de branches d’Epicéa ma chérie, dicta-t-elle.
J’y allai aussitôt.
-A toi de jouer maintenant, ma petite chamane, ordonna-t-elle.
Respirant une dernière fois avec profondeur, je fermai les yeux et tendis les mains au ciel. Puis je choisis cinq mots importants qui me reflétaient et les citai par pensées :
-FAMILLE, SOUVENIRS, MEMOIRE, NOSTALGIE, SAGESSE.
Je les répétai plusieurs fois d’affilés avant de sentir par mon aura que l’apparition de mon animal totem était en train de fonctionner. En effet, l’énergie se détacha bientôt de mon corps semblable à une ombre au soleil.
-Impressionnant, murmura Elysia émerveillé.
Je n’osai pas ouvrir les yeux par peur de briser le lien avec l’énergie.
-Tu peux regarder Anna ! S’exclama Maman ravie.
Je m’exécutai en continuant de faire résonner les mots dans ma tête. Ce que je vis me stupéfia. Un animal gigantesque était face à moi… Bon moins grand que les géants mais plus grand que tous les animaux de la Forêt Enchantée. Sa peau était rugueuse, deux grandes défenses s’abaissaient jusqu’au sol ainsi qu’une immense trompe se terminant par deux petites lèvres. Son front et ses pieds étaient plats alors que ses oreilles avaient la forme du Continent Africain. Il était entouré d’un halo de lumière pour bien montrer que c’était une incarnation de mon énergie.
-Qu’est-ce que c’est que cet animal ? Demandai-je intriguée car je ne l’avais pas vu dans les livres de Maman.
Pour toutes réponses il se mit à barrir.
-D’après le grimoire tu viens de faire apparaître un éléphant ma petite chamane. Et je vais te dire tout de suite pourquoi.
Elle tourna plusieurs pages avant de reprendre :
-L’éléphant est un animal d’Afrique et d’Asie qui mesure 7 à 9 tonnes. Il se nourrit de 200 kilos d’herbes chaque jour et passe son temps principalement dans l’eau et la boue pour se protéger des insectes. Enfin il se déplace en troupeaux guidés par une matriarche. Ils sont constitués de femelles et d’éléphanteaux alors que les mâles vivent en solitaire et ne retrouvent les femelles que pour la saison des amours.
-Ah bon ?! Ils ne peuvent pas faire des éléphanteaux toute l’année ? Lâchai-je alors que le visage de Maman devint rouge brique.
-Eh bien non… Qu’au printemps visiblement. Comme beaucoup d’animaux. Mais passons. Pour l’énergie positive l’éléphant t’apporte la patience, la réflexion sur toi-même et sur les autres, le besoin de prendre du recul alors que pour l’énergie négative tu as tendance à ressasser tout le temps le passé et à vouloir te battre avec ceux qui se sont opposés à toi. Il faudra donc que tu travailles sur la relativisation de l’esprit de vengeance. Enfin comme épreuve l’éléphant se rapporte au temps qui passe et aux souffrances que cela inclue.
Je repensai alors à ce qu’avait dit Grand Pabby sur mon futur mais mes pensées s’embrouillèrent alors que ma mère appela Elysia au centre d’un cercle d’eau.
-Je t’envoie pleins d’ondes positives, l’encourageai-je.
Il me sourit nerveusement et alla faire l’exercice. Je priais pour qu’il réussisse car il le méritait. Il était gentil, doux, attentionné, plein de bonne volonté…Le garçon idéal.
-Oh Maman regarde ! Chuchotai-je soudain.
Les efforts d’Elysia avaient enfin payé puisqu’un halo d’énergie sortit de son corps et se matérialisa non loin de nous, renvoyant… Un mouton.
-Bravo ! Clamai-je en me relevant subitement.
Le jeune homme ouvrit immédiatement les yeux et découvrit ce qu’il venait de produire.
-Félicitation Elysia je savais que tu en étais capable ! S’écria Maman.
Comme tout à l’heure elle tourna les pages de son grimoire pour se renseigner sur l’animal.
-Alors que nous dit ton totem… Il représente un aspect innocent de toi-même, l’innocence, la douceur… Comme sentiment négatif je dirais qu’il montre ta vulnérabilité à être impuissant mais cela peut aussi être une force positive pour toi puisque tu t’acceptes ainsi en respectant ta zone de confort avec les autres… Enfin tu as un côté persévérant qui montre que tu es attaché aux valeurs familiales ! La preuve sans être un chamane exceptionnel tu sais quand même maîtriser les choses, et tu le fais pour ta tribu.
Maman referma son livre et nous félicita encore :
-Vous êtes officiellement rentrés dans la première catégorie des chamanes seniors tous les deux aujourd’hui ! Vous avez donc le droit à deux symboles.
Elle nous tendit des paquets. Elysia l’ouvrit et tomba sur un bonnet Northuldra alors que de mon côté je reçus une cape violette.
-Ils ont été faits par mes soins. Conservez-les bien, nous dit-elle toute heureuse.
-Merci Maman, murmurai-je en lui sautant dans les bras.
-Oui, merci Madame Piceaerd, dit poliment Elysia qui semblait moins convaincu par son cadeau… J’en aurais bien besoin quand je retournerai dans Les Terres Gelées.
Je préférai ne pas relever sa dernière phrase. Nous pûmes ensuite aller jouer avec Amarok, Yélana et Pieter.
-Tiens vous voilà enfin ! Grogna mon frère.
-Oui ! Nous avons réussi notre épreuve. J’ai un éléphant comme animal totem ! M’écriai-je contente.
-Et toi ? Questionna Pieter à l’adresse d’Elysia.
-Un mouton, dit-il.
Les garçons éclatèrent alors de rire soulignant bien qu’ils se moquaient de lui.
-Il n’y a vraiment rien de drôle ! Clamai-je sur la défensive.
-Laisse Anna…De toute façon je ne suis pas le seul ici à qui cet animal totem pourrait être péjoratif, murmura le jeune homme amusé.
-T’insinues quoi-là Elysia ?! Demanda soudain Pieter avec hargne.
-Que pour quelqu’un qui est méprisant, je te trouve rapidement menacé alors que je n’ai cité aucun nom, rétorqua simplement le garçon du nord.
-Si tu oses encore ajouter quelque chose, je te gifle ! S’exclama toujours mon frère soudain nerveux.
-Allez les garçons ne soyez pas idiots… Commença Yélana.
-Si tu oses encore ajouter quelque chose, je te gifle ! Répéta Elysia d’un ton imitatif.
Pieter ne mentit pas. Il ouvrit les hostilités en envoyant un coup de poing dans la figure du Northuldra du Nord. Ce dernier se retrouva plaqué à terre en un rien de temps.
-Morveux… Tu ne mérites rien pour attendre ! Renchérit mon frère avec rage.
Elysia se redressa furieux et lui sauta aussitôt dessus. Les échanges s’enchainèrent se faisant de plus en plus violents.
-Amarok arrête-les je t’en prie ! Finis-je par supplier après que Yélana et moi ayons essayé à trois reprises de nous interposer.
Le fils du chef y consentit non sans avoir pris le temps de bien observer la scène avec amusement. Il attrapa bientôt Pieter par les bras et le décala sur le côté, le temps qu’Elysia termine de taper dans le vide.
-LAISSE-LE MOI ! LAISSE-LE-MOI ! JE VAIS LUI FAIRE LA PEAU ! Grogna encore mon frère tout en gesticulant.
-Il n’en vaut pas la peine, je t’assure. De toute façon il va retourner dans les Terres Gelées d’ici peu, tu n’auras plus à le supporter… Déclara Amarok… Viens allons te soigner et expliquer à tes parents ce qui s’est passé.
Ils s’en allèrent lui adressant toujours des regards mauvais. Je courus aussitôt vers le jeune homme qui avait le visage gonflé et les lèvres en sang.
-Est-ce que ça va ? Demanda Yélana.
-Il vient de se battre ! Bien sûr que ça ne va pas ! Répondis-je avec hargne, va chercher de l’eau maintenant s’il te plaît !
Bien qu’outrée par mon comportement ma meilleure amie s’exécuta quand même.
-Attends ne bouge pas, murmurai-je à l’adresse d’Elysia.
J’arrachai immédiatement un pan de ma nouvelle cape et lui tapotai la lèvre. Il m’arrêta immédiatement, bloquant ma main en plein mouvement.
-Non arrête Anna, je te dis que ça va. Tu vas te faire gronder… Ils vont mentir je le sais… Soupira-t-il.
J’essayai de ne pas penser à nouveau à la compression qui se ressentait dans mon ventre au contact de sa main sur la mienne.
-Je te protégerai, je te le promets, murmurai-je en l’embrassant sur sa joue gonflée.
-Aïe… Merci Anna, me sourit-il.
Yélana choisit ce moment pour revenir avec une grande bassine d’eau. Je nettoyai le visage de mon faux frère essayant de le rendre le plus présentable possible.
-Bien, il faut retourner à la maison. Tu n’as rien à te reprocher, ne t’inquiète pas, lui murmurai-je lui ayant laissé le pan de la cape pour qu'il la maintienne sur sa joue endolorie.
-Heureusement qu’Amarok a été un héros et qu’il a arrêté la dispute ! S’exclama Yélana avec des étoiles pleins les yeux.
-Oui… Redescends un peu il ne les a pas stoppés dès le départ non plus, rappelai-je.
Je déboulai dans la maison, prête à défendre l’injustice causée par mon frère.
-Maman ! Maman ! Pieter et Elysia se sont battus ! C’est Pieter qui a commencé parce que lui et Amarok se sont moqués de son animal totem…
-Anna… Commença-t-elle.
-Non je sais que Pieter t’a dit le contraire mais je te promets que c’est vrai ! Insistai-je.
-Anna…
-S’il te plaît Maman ! Ne punis pas Elysia il n’y est pour rien…
-Anna je sais tout ça, renchérit-elle calmement.
-…Il faut appeler Mouna… Attends quoi ?! Lâchai-je enfin comprenant ses paroles.
-Oui Pieter m’a raconté ce qui s’était passé et il n’a pas cherché à mentir, répéta-t-elle.
J’observai mon frère. Il boudait toujours mais répliqua :
-Je suis beaucoup de choses mais je ne suis pas un menteur…Je vais aller chercher la guérisseuse.
-Attends jeune homme ! Tu n’as rien oublié ? Dit-elle d'une voix froide.
Mon frère jaugea Elysia et lui murmura :
-Je m’excuse pour tout à l’heure.
Il décampa ensuite rapidement. Maman soupira, et reprit :
-Eh bien, tu n’as jamais été défiguré en quatre ans et il a fallu que tu choisisses le jour où ta Mère te récupère pour te mettre dans un état lamentable.
Je me figeai immédiatement en entendant ses paroles. Je parvins à articuler dans un monde au ralenti :
-Iduna est là ?
Ma bouche devint sèche. Ne pas pleurer Anna. Ne pas pleurer. Elysia est encore là avec toi.
-Elle arrive tout à l’heure, je l’ai prévenue que tu avais réussi ton examen. J’ai reçu une réponse tout de suite après, expliqua Maman ne voyant pas la douleur qui était en train de m’atteindre en plein cœur.
Le sol se déroba sous mes pieds. Mes jambes flageolèrent d’elles-mêmes et je faillis tomber. Je me rattrapai à Yélana.
-Tu fus un bon compagnon de jeu, admit cette dernière en enlaçant Elysia.
Je fus déçue de voir que ce dernier avait l’air de prendre la nouvelle plutôt bien. Il souriait même. Ne ressentait-il pas l’étouffement dont j’étais atteinte ? Cela ne lui faisait-il pas pareil ? Qu'est-ce que je pouvais être idiote ! Pourquoi est-ce que je réagissais ainsi après tout ?! J'essayais d'éviter l'énergie qui s'emballait dans mes veines à la simple vue de mon faux frère. Une petite flamme au fond de mon cœur savait pourquoi j'étais comme ça mais je n'osai pas me l'avouer... Tu ne peux pas Anna...Tu dois être raisonnable, docile, me persuadai-je.
-On se voit demain Anna ? Demanda soudain ma meilleure amie me sortant de ma torpeur.
-Hein quoi ?! Euh...Oui oui, dis-je très vite car je ne voulais pas imaginer un quotidien sans Elysia.
Je réussis à lui faire un petit signe de la main alors qu’elle partit. Mouna choisit ce moment-là pour arriver. Elle s’occupa du Northuldra des Terres Gelées avec une extrême douceur.
-Voilà. J’ai fait de notre mieux mais il reste un peu gonflé, nota Mouna. Garde-bien la glace sur tes joues.
-Si seulement je pouvais en faire à volonté avec mes mains, se plaignit-il.
Ce qui fit rire Maman.
-Quelle idée saugrenue. Mais au moins la santé mentale va bien.
Elysia me lança un coup d’œil et découvrit ma blancheur. Il trouva enfin une phrase rassurante :
-Je vais être content de revoir ma Mère durant un temps mais ça va me faire bizarre de me retrouver tout seul avec elle.
-En tous cas, tu connais bien les bases du chamanisme maintenant mon petit Sappos.
Il y eut un silence gêné, puis j’avouai tout bas :
-Il va falloir que tu recouses la cape Maman. Je m’en suis servie pour arrêter le sang des lèvres d’Elysia. Excuse-moi de l’avoir utilisée.
-Tu as bien fait ma chérie. Heureusement pour nous, il y a des fissures qui peuvent être réparées.
J’ignorai si elle disait ça par rapport à mon chagrin même si j'essayai de le dissimuler le plus possible. Je me contentai uniquement d’acquiescer.
-Je peux t’aider à rassembler tes affaires si tu veux ? Demanda soudain Pieter qui eut un élan de sympathie.
-Je veux bien, consentit mon faux frère.
Ils s’en allèrent à l’autre bout de la hutte alors que je me réfugiai moi-même dans ma chambre.
-Pourquoi Elysia ? Pourquoi dois-tu partir ? Murmurai-je sentant enfin les larmes couler sur mon nez, c'est trop injuste...
Je tentai de respirer pour atténuer la douleur. Je ne voulais pas qu’on voie que j’avais les yeux rouges, que j’avais pleuré.
-Tout va bien Anna ? Demanda Maman derrière la porte.
Je me raclai la gorge et parvins à répondre :
-Oui… Oui… J’arrive…Une minute…
Je m’essuyai les yeux le plus vite possible pour effacer ma détresse et sortis enfin. A ma grande horreur Iduna était déjà là.
-Ah la voilà ! S’exclama-t-elle. Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, Anna.
-Si, si, déclarai-je en lui tendant la main pour la saluer.
Je ne pouvais lui en vouloir d’être contente. Pourtant dans l’instant j’aurais aimé l’exterminer pour pouvoir garder Elysia auprès de moi.
-Ils ont tous bien grandi Helga, dit-elle émue en m’observant et observant son fils. Ça me fait tellement drôle.
Elle le secoua gentiment. Lui-même était gêné par la situation même si je lisais dans ses yeux qu’il était heureux de la retrouver.
-Bon ne restons pas plantés là, j’ai préparé une bonne collation, dit Maman joyeuse.
Je ne pus rien avaler, encore trop contrariée. Je ne lâchai plus mon faux frère qui sut un peu me redonner le sourire. Je voulais profiter au maximum de sa compagnie.
-Et dire que maintenant nous allons devoir commencer à chercher des prétendants pour nos enfants… Murmura Iduna.
J’imaginai aussitôt Elysia aux bras d’une très belle fille blonde comme Yélana et j’eus envie de la griffer. Je me surpris moi-même pour ma réaction alors que Maman souligna :
-Oh pour Anna c’est déjà vu depuis sa naissance, elle est promise à Amarok le fils du chef.
Je rougis violemment ne sachant pas pourquoi alors qu'Iduna renchérit contrariée :
-Tu sais que j'aurais préféré oublier ça Helga...Mais après tout...Les paroles que nous avions dit enfants se sont réalisées...C’est bien dommage que nous ayons manqué quelques étapes…Tu sais très bien ce qui aurait été parfait pour moi...
Je ne compris rien à leurs sous-entendu mais elles visiblement s'en accommodèrent. Maman acquiesça avec tristesse.
-Pourvu que la coupole ne nous fasse pas regretter notre décision. Enfin… Seul l’avenir nous le dira… De toute façon on ne pourra pas aller à l’encontre du feu sacré du Muspelheim la terre des enfers qui loge au creux des neufs mondes de l’arbre de l’Ygg…
Iduna la coupa avant qu’elle finisse d’éveiller ma curiosité :
-Oh assez Helga ! J'ai l'impression de revivre les cours avec ta mère…Mais tu as raison… De toute façon je ne marierai pas mon fils sans que sa femme lui plaise.
-S’il vous plaît est-ce qu’on pourrait parler d’autres choses ? Intervint enfin Elysia qui sentait la pression monter.
-Pardon mon grand, murmura sa Mère en lui ébouriffant les cheveux.
Je retrouvai enfin le sourire face à ce geste anodin.
-Tu as raison, renchérit-elle. De toute façon nous allons partir, nous avons de la route quand même jusqu’à chez nous.
Je me glaçai à nouveau. La douleur qui avait réussi à partir, revint instantanément. La scène se déroula au ralenti. Nous nous levâmes de table et nous dirigeâmes dehors. Elysia inspecta bien la maison pour vérifier qu’il n’avait rien oublié et nous rejoint. Les embrassades furent brèves.
-Allez le bateau nous attend ! S’écria Iduna.
-Pas besoin de bateau, répliquai-je, les géants vont vous aider, vous irez plus vite et ça sera moins dangereux.
-Anna ils ne servent pas à ça…
-Ecoute Maman ! Je te le répète ceux sont mes amis. Jusqu’à maintenant tu n’as pas voulu que je les revoie. Mais là c’est moi qui décide maintenant.
-Bien… Bien… Comme tu veux ma petite chamane, bredouilla-t-elle devant mon air contrarié. Allons-y dans ce cas.
-Est-ce que je pourrais dire au revoir à Anna seule, d’abord ? Demanda soudain Elysia.
Mon cœur se mit à battre plus vite alors que nos mères se concertèrent du regard. A mon grand soulagement elles furent d’accord.
-Mais ne vous éternisez pas, plaisanta Maman, nous allons vous attendre près des berges.
J’attendis qu’il n’y ait plus personne pour enfin me jeter avec violence à son cou.
-Tu vas me manquer… Je ne veux pas que tu partes… Hoquetai-je n’arrivant plus à retenir mes larmes.
Il m’embrassa la tempe, me serra si fort à m’en éclater la poitrine et répliqua :
-Toi aussi tu vas me manquer Anna. Ne t’inquiète pas on se reverra. Je...Je ne pourrai pas rester sans te voir.
Il me prit ensuite le menton et je crus que nous allions nous embrasser comme lorsque nous étions petits...J'aurais tellement aimé qu'il se penche...Et qu'il m'embrasse avec fermeté... mais au lieu de cela il me dit en souriant :
-Tu as toujours les plus beaux cheveux de la terre… Amarok a vraiment de la chance.
-Tu resteras toujours mon grand frère de cœur, repris-je manquant de succomber à son charme.
Il acquiesça et conclut :
-Et toi bien plus qu’une sœur… Allez… Je sais que ça ne nous fait pas plaisir mais il faut rejoindre les autres.
A contrecœur nous partîmes vers la rivière des géants main dans la main. Une fois là, je fis le même appel que lors de ma première rencontre avec eux. L’un des monstres de pierre se réveilla.
-Saluez-les ! Ordonnai-je en hochant la tête.
Iduna et Elysia s’exécutèrent.
-Ramène-les sur les Terres Gelés ! Dis-je aussitôt à mon ami.
D’abord grognon. Il se mit bientôt à sourire et tendit sa main. Les deux Sappos allèrent au centre et s’y assirent.
-Merci encore Helga ! S’exclama Iduna.
-Je t’en prie, ça a été un réel plaisir.
Je leur fis un signe de la main et imprimai à jamais le regard bleu d’Elysia.
-A dans quatre ans ! Cria-t-il, Ne pleure pas Anna !
J’hochai la tête alors que la phrase fit l’inverse. Le géant se leva et partit en direction d'Ahtohallan jusqu’à n’être plus qu’un petit point dans l’horizon. Plus je le vis s'éloigner plus j'entendis raisonner au plus profond de mon être le "Je t'aime" à l'égard du jeune homme qui devait rester enfoui. Maman me soutint l’épaule me sortant bientôt de ma torpeur et dit :
-Bien. Il ne reste plus qu’à rentrer à la maison.
-Je peux partir seule ? Demandai-je.
Elle sentit ma pudeur et répondit oui. Je n’attendis pas et me mis à courir le plus rapidement possible laissant enfin couler les larmes, le cœur à jamais déchiré. Quelques minutes plus tard, je m’adossai à un arbre car mon ventre me lança d’un coup. C’est alors que je sentis un liquide désagréable entre mes jambes. Profitant qu’il n’y ait personne, je jetais rapidement un coup d’œil au fond de ma culotte et manquai une respiration en voyant du sang marronâtre et collant.
-Oh non… Murmurai-je…Maman… Il faut que je voie Maman…
Je rentrai à la maison pour avoir la fameuse explication. Heureusement Pieter et Papa n’étaient pas là.
-Là… Là… Ce n’est rien Anna, me rassura-t-elle tout en m’aidant à me changer… Le départ d’Elysia a fait arriver tes menstruations beaucoup plus tôt que prévu. Tu auras ça tous les mois désormais.
-Mais comment ça s’arrête ? Pleurnichai-je car je n’en voulais pas.
-Tout seul… Et ça reviendra par cycles. Je vais te donner des plantes pour soulager ta douleur. C’est un secret de femmes, tu pourras en discuter avec Yélana uniquement, d’accord.
J’hochai la tête. Maman me prit ensuite sur les genoux et me câlina en chantant la berceuse d’Ahtohallan. Je m’endormis en rêvant à nos retrouvailles avec Elysia.
*****
-Mamie… C’est tellement romantique, soupirai-je encore troublée par le récit même si je connaissais la fin.
-Les histoires les plus épineuses sont les plus belles ma petite Piceaerd, commenta-t-elle.
-Je ne te voyais déjà plus comme une sœur, intervint à son tour Papy, c’est quand j’ai dû te quitter que j’ai vraiment compris que je ne pourrais pas en aimer une autre que toi.
-Et moi donc ! Renchérit-elle en se serrant contre lui.
-Vous êtes tellement extraordinaires tous les deux, conclut enfin Maman.
-Oh ! Ne soyez pas si sentimental Beau-Papa je vous en prie… Moi j’ai autre chose qui m’intrigue…Vous vous aimiez n’est-ce pas ?
-Ça saute aux yeux non ?! S’exclama Hans moqueur.
-Bien, dans ce cas pourquoi ne pas l’avoir dit à vos parents ?! Je ne comprends pas.
-Je ne sais pas comment ça a été pour votre relation avec Iduna mon Gendre ! Mais pour nous c’était vraiment compliqué. J’étais docile. Je voulais plaire à mes parents. Faire comme ils voulaient.
-C’est pour ça que tu me dis toujours de choisir ? Demandai-je.
-Oui Anna.
-Pour répondre à votre question Belle-Maman, reprit Papa, j’étais promis à un autre parti, mais le soir de mon anniversaire j’ai clamé haut et fort que je ne voulais qu’Iduna comme reine.
-Je m’en rappelle, renchérit Maman en l’embrassant. Et tout le monde était furieux mais tu t’en moquais.
-Eh bien, il faut croire que vous avez eu plus de chances que nous, admit Mamie.
-Parmi tous vos cours de sorcelleries, je dois avouer que celui de l’animal totem est bien sympathique. Je me demande bien lequel j’aurais pu avoir ?
-Il faut regarder si le pigeon a été rajouté à la liste, répondit ma grand-mère avec malice.
Papa lui jeta un regard noir alors qu’elle éclata de rire.
-Je plaisante mon Gendre. Pour vous je pense que le loup convient bien et pour Iduna la louve. Quant à Anna la biche et Hans le renard. Voilà je crois qu’on est bon.
-Mamie c’est quoi cette histoire des neufs mondes ? Reprit mon mari.
-Bonne question mon petit Piceaerd, j’avais posé la même peu de temps après le départ d’Elysia. Je vous y réponds tout de suite.
C’était reparti !
*****
-Anna tu viens jouer avec nous ? Demanda Pieter.
-Non laisse-moi tranquille, va jouer tout seul ! Grognai-je.
Une semaine qu’Elysia était partie. Mon état n’allait pas mieux. La petite fille joyeuse avait été remplacée par une jeune fille bougonne.
-Allez, viens, ça va te faire du bien. Amarok sera content de te voir, insista-t-il.
-Non, je ne veux pas. En plus, Yélana n’est pas là, elle doit aider son père.
Je fermai les yeux et imaginai le jeune homme des Terres Gelées perdu au milieu des phoques et des pingouins. Mes yeux s’emplirent de larmes. Pieter voyant ma détresse, s’approcha et déclara :
-Tu sais… Il me manque à moi aussi…
Je le repoussai immédiatement furieuse et criai :
-Menteur ! Tu es content qu’il soit parti ! Tu n’as jamais pu le voir ! Tu n’es qu’un jaloux !
Mon frère me regarda, agacé. Il attendit que je me calme avant de reprendre :
-Je n’avais pas le choix.
Sa remarque m’intrigua.
-Que veux-tu dire ?! Demandai-je hargneusement.
Pieter soupira et reprit :
-Qu’Amarok n’est pas toujours très gentil avec moi comme Yélana peut l’être avec toi. Il me force à faire les choses parfois.
Je lus immédiatement de la détresse dans ses yeux.
-Et pourquoi tu ne lui dis pas ?! Tu n’es vraiment qu’un lâche ! Renchéris-je.
-Parce que je n’ai pas envie de t’attirer des ennuis étant donné que c’est ton futur mari...Il vaut mieux que nous soyons en bons termes. Et il y a autre chose...Mais je ne souhaite pas t'en parler parce que j'ai honte... En tous les cas il reste quand même mon ami. Enfin si toi tu t’élèveras socialement avec lui, le fait d’être son beau-frère sera bon aussi pour ma sociabilisation… Et puis zut… Si je me fâche avec lui on ne se verra plus et …Je ne veux pas te perdre Anna ! Bredouilla-t-il.
J’hochai la tête mais restai distante.
-Allez viens jouer avec nous s’il te plaît, dit-il derechef.
-Je t’ai dit non. Je préfère rester avec Maman et étudier ! M’exclamai-je.
-Bonne idée ! Déclara cette dernière en arrivant subitement dans la chambre. Nous avons besoin de discuter toutes les deux sans que tu sois là Pieter. Tu peux y aller.
Mon frère fit la moue et haussa les épaules.
-Comme vous voulez… A tout à l’heure dans ce cas.
Il s’en alla alors que Maman vint s’assoir sur le lit à côté de moi.
-Je ne suis pas idiote ma petite chamane, je vois bien que quelque chose ne va pas…Est-ce que tu voudrais m’en parler ? Osa-t-elle demander.
Je secouai la tête prête à nouveau à pleurer.
-N’aies pas honte d’être triste ma chérie… J’ai moi-même pleuré le départ d’Elysia… C’est normal tu sais que tu ressentes un manque… Vous étiez très proches tous les deux...Peut être un peu trop par moment.
J’évitai de la regarder car je sentais que mon nez me piquait. Maman me tendit ses bras.
-Allez… Viens là…
Je me réfugiai contre elle et pleurai enfin à mon aise bercée par sa tendresse maternelle.
-Quatre ans n’est pas si loin ne t’inquiète pas. Et puis avec un peu de chance quand Elysia reviendra tu auras le grand honneur de lui présenter tes fiançailles avec Amarok.
Je frissonnai subitement à cette idée...Non je ne le voulais pas ! Avais-je envie de crier, mais si...Je me devais d'être sage.
-Je sais que pour toi c’est peut-être flou pour l’instant mais nous avons besoin d’en parler. Tu es une grande fille maintenant, renchérit Maman.
-Est-ce que ça a été pareil pour Papa et toi ? Questionnai-je soudain.
-Que veux-tu dire ?
-Est-ce que vous aussi vous étiez destinés l’un à l’autre depuis la naissance ?
-Oui. Ton père faisait aussi parti du peuple du soleil. Il a pris mon nom quand il m’a épousé car c’est comme ça dans la tradition Northuldra.
-Comment il s’appelait avant ?
-Il a toujours eu honte de son rang et n’a jamais voulu que je ne le dise à personne. Donc tu ne le sauras pas. Sache juste qu’en m’épousant, il s’est élevé socialement. Nous avons grandi ensemble et étions déjà très amoureux depuis l’enfance, ajouta-t-elle rapidement en se mordant la lèvre, il a toujours été un homme d’honneur malgré son rang social et n’en a jamais aimé une autre que moi. Un peu comme Amarok et toi finalement.
Je n’osais pas lui dire que je ne ressentais rien de plus que de l’amitié pour mon futur mari. Et ce n’était pas avec le portrait qu’en avait fait Pieter tout à l’heure que ça allait s’arranger.
-Est-ce qu’Amarok et toi avez cette affinité ? Insista-t-elle comme si ça allait la soulager de le savoir.
-Oui Maman, répondis-je résignée.
Il me fallait obéir, être docile car mes parents avaient raison...C'étaient des adultes, ils avaient déjà vécu des choses avant nous.
-Bien. Tu es une jeune fille désormais…Même si c’est tôt.
Je rougis mal à l’aise en repensant à la couleur de mes changes et me raccrochai à elle. Elle s’éclaira la gorge aussi gênée que moi et reprit :
-Il va falloir que je te mette en garde contre certaines choses. D’abord, il ne faut pas que tu le dises à Amarok tout de suite. Nous attendrons cinq ans d’accord ?
-Pourquoi Maman ? Demandai-je crédule.
-Parce que sinon il voudra toucher ton corps, t’embrasser et te mettre un bébé dans le ventre. Et il faut attendre d’être mariée pour ce genre de choses. Hors maintenant que tu as tes menstruations tu pourrais très bien tomber enceinte tout de suite. Au moins si Amarok ne le sait pas, il ne sera pas tenté.
-Ah d’accord, répondis-je repensant aux actes de Yuma.
-Est-ce qu’Amarok a déjà tenté des choses qu’il n’aurait pas dû avec toi ?
-Il m’a juste embrassé une fois, avouai-je en rougissant.
-Bien. S’il recommence à présent il faudra le repousser. C’est à toi de choisir Anna, pas à lui, tu comprends ? Il n’a pas le droit de te forcer à faire quoi que ce soit et toi non plus d’ailleurs.
-Oui Maman.
Je finirai bien par l’aimer. Je ne pouvais faire autrement. Une image soudaine d’Elysia et moi en train de nous embrasser à perdre haleine me vint à l’esprit et je la chassai immédiatement. J’étais trop jeune pour lui, il ne s’intéressait pas à moi...La preuve il n'avait rien tenté la semaine dernière.
-Est-ce que Papa et toi vous avez attendu le mariage avant de vous aimer intimement ? Demandai-je soudain.
Maman vira au rouge et répondit rapidement un « Oui » qui voulait clairement dire « Non ».
-C’est compliqué Anna d’attendre parce qu’Amarok et toi vous vous aimerez tellement fort que vous aurez envie de ne faire qu’un. Mais il faut résister à ce désir ma petite chamane et tu n’en seras que plus satisfaite après le mariage, insista-t-elle en pâlissant de plus en plus.
-Ça a l’air si bien pourtant… Qu’est-ce qu’on ressent à ce moment-là ? Questionnai-je intriguée.
Maman réfléchit. Elle se passa rapidement un coup de langue sur les lèvres avant de répondre :
-C’est indescriptible ma chérie… Je dirai un bien être indéfinissable… Mais quand tu le découvriras par toi-même ça sera encore mieux.
-Merci pour tes explications Maman… Je me sens plus sereine, dis-je sincèrement.
Elle m’embrassa avec tendresse.
-De rien ma petite chamane. Tu veux rejoindre les autres ?
-Non. J’ai une question que je voulais te poser l’autre jour mais je n’osais pas par peur que tu te moques de moi.
-Oui ?
-La semaine dernière avec Iduna tu as parlé des neufs mondes… Est-ce que c’est de là que vient le premier chamane ? Lâchai-je soudain.
-Oh… Vaste question ma chérie. Eh bien les premières traces de chamanisme ont été trouvées en Sibérie durant la préhistoire. Mais le mot écrit est apparu qu’au XVIIème siècle.
-Et est-ce qu’ils apprenaient déjà tout ce qu’on apprend encore aujourd’hui ?
Maman sourit, contente que je m’intéresse par moi-même à ce qui faisait mon essence sur Terre. Nous sortîmes de la chambre et nous nous installâmes sur la table de la cuisine.
-Je reviens, me dit-elle.
Elle alla dans sa chambre et en revint avec un grand livre illustré par un arbre géant.
-Regarde Anna… Voici l’Yggdrasil. Il représente les neufs mondes qui nous entourent. Nous, nous sommes dans le Mindgard c’est-à-dire sur la terre des vivants. Tout en haut il y a Asgard et Vanaheim pour les Dieux nordiques. Et en dessous tu as les royaumes des Elfes, nains, géants… Et bien sûr celui qui nous intéresse, celui des morts : L’Helheim.
-Pourquoi est-ce que celui-là est plus important que les autres ? Questionnai-je à nouveau intriguée.
-Parce que la fonction du chamane est de faire le lien entre les vivants et les morts. Notre devoir est d’accompagner les âmes des défunts et de transmettre des messages autant à l’un qu’à l’autre. Selon les anciennes légendes de la préhistoire, les vieilles chamanes utilisaient le cheval à huit pattes du Dieu Odin pour pouvoir passer entre les deux royaumes.
-Oh ?! Un cheval comme le Nokk ? Mais c’est bizarre autant de pieds !
-Oui ma petite chamane. C’est pour ça qu’au fil des siècles le mythe s’est ébruité et nous avons découvert les voyages astraux et la psychographie. Mais je t’en apprendrais un peu plus quand tu seras plus grande. Néanmoins nous avons gardé la tradition d’allumer la coupole du mariage avec le feu du Muspellheim.
-Mais qui va le chercher dans ce cas ? Interrogeai-je encore.
-Oh… Je ne suis pas certaine que tu aies envie de le savoir, répondit-elle à nouveau gênée.
-Si, si ça m’intéresse.
-Le feu s’allume par les graines que nous récupérons dans les flammes des foyers qui se sont déjà allumées...Quant aux premières graines... La légende raconte qu'elles proviennent de… L’urine de Bruni. En tant qu’esprit du feu, c’est elle qui se régénère grâce au feu du Muspellheim.
-C’est une astuce pour le moins drôle Maman ! Clamai-je.
Nous nous regardâmes en silence puis elle murmura :
-Est-ce que ça va mieux ?
-Oui Maman. Un petit peu.
Je souris enfin.
****
-Ne le prends pas mal Maman, mais je suis ravie que nous n’ayons pas eu le genre de discussion que tu avais eu avec ta mère...Même si en soi je vous entendais tout le temps avec Papa.
-Si tu n’étais pas partie cela aurait été dans mon devoir de te mettre en garde Iduna, la sermonna-t-elle, et il n’y aurait rien eu de mal à cela.
-J’ignorai que votre peuple en connaissait autant sur l’Yggdrasil, Belle-Maman, déclara Papa qui voulait à tout prix changer de sujet car il n’avait pas oublié que Mamie avait observé leur première fois.
-Comme quoi mon Gendre vous voyez qu’on peut trouver des intérêts communs, dit Mamie avec un sourire, mais je savais que ce pan de mon histoire allait vous plaire.
-Ah bon ?! Et pourquoi donc ?! Demanda-t-il soupçonneux.
-Parce que dans une autre vie où vous étiez marié à la fois à la reine des îles du Sud et celle d’Arendelle, cet arbre a été l’équilibre sur vos jumelles Elsa et Emma, l’une ayant le pouvoir de glace et l’autre de feu.
-Je connais l’histoire de l’Yggdrasil moi aussi, assura-t-il, et votre mère a oublié de vous préciser, que le rôle du cinquième esprit est non seulement d’être gardien de la Forêt Enchantée mais aussi de maintenir la paix entre les neufs mondes.
Mamie fut stupéfaite de voir que Papa s’y connaissait bien sur le sujet.
-Nous avons des livres Belle-Maman en Arendelle, reprit-il tout sourire, Néanmoins je vois que même morte votre santé mentale ne s'est pas améliorée… Une vie où j’aurais eu deux femmes alors que j’aime Iduna de tout mon cœur, non mais puis quoi encore ?!
-Mamie a raison Papa je t’assure ! Intervins-je. Nous aussi avec Hans nous étions concernés par l’Yggdrasil puisque si j’avais bien suivi c’était Emma notre mère commune qui en était la gardienne et tu avais fauté avec elle pour m’avoir.
-Parfait ma petite Piceaerd, déclara-t-elle avec un sourire. Que vous le vouliez ou non mon gendre vous aviez fait un pacte avec la gardienne des neufs mondes. C’est pour ça que vos filles avaient des pouvoirs. Elsa en avait payé de sa vie. Mais elle avait été ressuscitée par la fille d’Anna et Kristoff qui s’appelait Emma aussi… Oui les prénoms sont récurrents.
Je rougis immédiatement en repensant au beau montagnard puis j’observai Hans et l’embrassai rapidement pour compromettre ma faute.
-Oh assez Belle-Maman avec ces sornettes ! Je respecte le chamanisme parce que je respecte ma femme mais il ne faut pas trop m’en demander non plus s’il vous plaît !
-Comme vous voudrez mon Gendre… Pourtant il faudra bien que vous y concédiez plus tard dans mon récit, conclut-elle amusée.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 16 Oct 2020, 22:55
La séance de l'invocation de l'animal-totem, franchement je m'attendais à tout sauf à rire parce que Mamie Anna associé à l'éléphant... on pourrait se dire qu'elle s'est trompé sur sa personnalité mais Elysia en mouton, pour le coup ça me semble logique avec sa personnalité.
Ensuite, la scène d'adieu... c'était vraiment triste la manière dont tu l'as décrit mais en même temps étant encore enfants, je peux pas m'empêcher de trouver ça mignon aussi un peu doux-amer finalement, comme on l'a dit durant le live. Et rien que la réplique "Et toi bien plus qu’une sœur"... ça fait vraiment le taf et ça risque d'être d'autant plus difficile pour Mamie Anna quand on se rappelle qu'elle est promise à Amarok
Bon par contre Mamie Anna qui a déjà ses menstruations à peine après le départ de son futur mari... je connais rien sur ce fonctionnement, mais j'ai des doutes là-dessus
Quant aux moments dans l'Hel, c'est toujours aussi plaisant à suivre. Mais dès la comparaison entre Agnarr et le pigeon, venant de Mamie Anna, non c'est trop pour moi
Encore un chapitre bien mignon dans l'ensemble, attendons la suite.
Ensuite, la scène d'adieu... c'était vraiment triste la manière dont tu l'as décrit mais en même temps étant encore enfants, je peux pas m'empêcher de trouver ça mignon aussi un peu doux-amer finalement, comme on l'a dit durant le live. Et rien que la réplique "Et toi bien plus qu’une sœur"... ça fait vraiment le taf et ça risque d'être d'autant plus difficile pour Mamie Anna quand on se rappelle qu'elle est promise à Amarok
Bon par contre Mamie Anna qui a déjà ses menstruations à peine après le départ de son futur mari... je connais rien sur ce fonctionnement, mais j'ai des doutes là-dessus
Quant aux moments dans l'Hel, c'est toujours aussi plaisant à suivre. Mais dès la comparaison entre Agnarr et le pigeon, venant de Mamie Anna, non c'est trop pour moi
Encore un chapitre bien mignon dans l'ensemble, attendons la suite.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 17 Oct 2020, 20:03
Ah ces au revoir...
On était à ça de Cinémagique!!!
C'est tout de même très fluide... La première partie sur l'animal totem, bien qu'un événement archi important m'a plutôt bien fait rire. Tu as su le présenter à la fois avec beaucoup de solennité mais aussi avec légèreté et malice (non pas le vent @Dov) ... Et puis ça aide à faire passer la pilule de la PLS que se mange Mamie avec le départ d'Elysia. On savait que ça arriverait mais bon quand même...
De même les au revoir arrivent à ne pas être top larmoyants, on ressent la tristesse et aussi l'espoir qu'ils se revoient...Bon et vu qu'on sait à la fin ils sont ensemble ça va...Mais n'empeche on peut dire que mamie
Bref un chaPitre qui confirme le changement opéré dans la fiction. On a désormais quasi exclusivement du Mamie Anna jeune, et l'Helveg ne devient qu'une petite parenthèse toujours plus ou moins comique. Et pour le coup, si pour les premiers chapitres je savourais les passages dans l'Helveg et avait un peu moins d'intérêt pour Mamie Anna enfant, la donne a changé. Il faut dire que maintenant qu'elle est un peu plus grande et plus mure, les enjeux commencent à montrer leur bout de leur nez...Et cette fin n'en est que la confirmation... Les amourettes naissantes, les hormones qui travaille mais comme le rappelle très justement Grand mamie Helga...
Donc Amarok, Elysia...On range son tuyau d'arrosage...Yma toi aussi!!! ...SURTOUT TOI!!! Pieter pareil! C'est ta soeur je te rappelle! Tiens d'ailleurs Pieter!!!
Mesdames et Messieurs les jurés, Monsieur le président, monsieur l'avocat de la Défense, nous sommes ici pour juger et condamner Pieter, dont le crime est...
Voyons, je me refuse à ce que l'on dise que le réquisitoire est trop sévère donc, permettez moi de retirer le terme prétencieux, mais oui j'ai bien dit condamner mesdames et messieurs les Jurés car ne nous y trompons pas, ce Pieter, quand on le regarde, le grand frère protecteur, on lui donnerai Le cinquième esprit sans confession! Mais n'oublions pas... C'est un véritable petit con!!
Il suffit de nous replonger dans le dossier, dès la naissance de Mamie, ce jeune homme a agi en véritable petite raclure de bidet! Sous ses airs angéliques de Grand frère, n'oubliez pas que c'est lui Mesdames et Messieurs qui du haut de ses 4 ans a osé lever la main sur sa petite soeur qui était partie voir les géants. La jeune Anna méritait-elle une correction? Peut être nous ne sommes pas là pour juger ceci...Mais étais-ce à l'accusé de s'en charger...Lui qui était encore en age de faire pipi au lit?...D'ailleurs si j'étais médisant, je soulignerai aux jurés que l'accusé aujourd'hui encore ne saurait passer une nuit propre mais la question n'est pas là!
Poursuivons et nous remarquons que durant toute cette enfance, l'accusé n'a eu de cesse d'avoir un comportement de petit con envers sa soeur et pire encore envers l'invité de ses parents, le jeune Elysia, qui a n'en pas douter a gardé de profondes cicatrices des brimades infligés par ce petit con.
Car oui, n'oublions pas qu'il agit en douce, et toujours dans l'objectif de nuire à Elysia pour qui il voue une profonde jalousie! Je vois l'avocat de la défense trepigner et s'insurger....Sans doute plaisera-t-il la volonté d'un grand frère protecteur qui serait maladroit.
Mesdames et Messieurs les jurés...Moi aussi j'ai un coeur. Moi aussi je peux comprendre cette volonté, moi aussi j'aimerai je vous assure croire que l'accusé est juste maladroit. Mais le dossier est implacable. Pieter Pieceard est un fourbe. Il agit toujours dans le dos, il n'a pas le courage d'affronter, il manipule, il transforme, il ment. Il veut nuire. Il est...Un petit con!
Alors certes mesdames et messieurs les jurés... Certes...Il y a ces derniers événements. Les plus graves! Car il est question de coups et blessures volontaire ayant entraîné une défiguration partielle de la victime Elysia. Ce crime ne peut rester impuni!!! Voilà...Le dernier acte fou de petit con! Il est de notre devoir, mesdames et messieurs les jurés d'agir pour stopper immédiatement cette folie de Pieter Picéaerd et le condamner pour que ces agissements cessent!
Bien sûr, la Défense, qui prendra la parole après moi saura vous rappeler que justement, dans cette gradation, un espoir de rédemption serait apparu... Ce jeune homme, face à la gravité de son acte s'est dénoncé. Bien sûr on peut évoquer ses excuses envers la victimes...Mais étaient-elles sincères? Permettez moi d'en douter! Et enfin bien entendu...Les aveux! Pourquoi Pieter Picéaerd agit en petit con? Car il suit bêtement le meneur! Avouez que c'est ironique de la part d'un jeune homme qui se moque de l'autre au pretexte que son totem est le mouton...Franchement mesdames et messieurs les jurés...Qui est le mouton dans cette histoire?!
Mais là où la défense vous parlera d'une prise de conscience...D'un premier pas vers la rédemption. Mesdames et Messieurs les jurés... N'oubliez pas une autre possibilité. Nous avons à faire à un petit con de la pire espèce...Un fourbe qui retourne les situations à son avantage....Alors, une fois son crime perpétré, car Pieter est intelligent, il sait qu'il ne pourra pas s'en sortir par une pirouette cette fois...Quelle meilleure solution que de commencer à avouer, se trouver des circonstances atténuantes et ainsi éviter la sanction? D'ailleurs a-t-il été sanctionné?... Vous pouvez chercher mesdames et messieurs les jurés...Il ne l'a pas été! Finalement qui s'en sort le mieux? La victime qui reçoit de vraies fausses excuses pour le mal qu'il a subit...Où le petit con qui, sous couvert d'avoir lavé sa conscience peut continuer sa petite vie sans conséquence? Où est la justice?! Trouvez vous cela normal? Trouvez vous cela acceptable?!
Alors, maintenant que mon réquisitoire touche à sa fin, je suis un fervent défenseur de la justice et j laisse volontiers la parole à mon confrère, Maître @Lhysender qui pourra avec tout son talent vous démontrer que l'accusé mérite une dernière chance que l'espoir existe au travers de ses justifications et excuses... Mais surtout, mesdames et messieurs les jurés, au moment de votre délibéré je vous demande, qu'importe les arguments de la défense de ne pas oublier... Un petit con deviendra toujours un Grand con! Avec les conséquences qui vont avec...Si vous acquittez l'accusé, n'oubliez pas qu'il deviendra un grand con. Je vous demande donc...d'éviter cela...De faire stopper Pieter Picéaerd pour épargner au monde la présence de ce petit con!
Je vous remercie mesdames et messieurs les jurés .
On était à ça de Cinémagique!!!
C'est tout de même très fluide... La première partie sur l'animal totem, bien qu'un événement archi important m'a plutôt bien fait rire. Tu as su le présenter à la fois avec beaucoup de solennité mais aussi avec légèreté et malice (non pas le vent @Dov) ... Et puis ça aide à faire passer la pilule de la PLS que se mange Mamie avec le départ d'Elysia. On savait que ça arriverait mais bon quand même...
De même les au revoir arrivent à ne pas être top larmoyants, on ressent la tristesse et aussi l'espoir qu'ils se revoient...Bon et vu qu'on sait à la fin ils sont ensemble ça va...Mais n'empeche on peut dire que mamie
Bref un chaPitre qui confirme le changement opéré dans la fiction. On a désormais quasi exclusivement du Mamie Anna jeune, et l'Helveg ne devient qu'une petite parenthèse toujours plus ou moins comique. Et pour le coup, si pour les premiers chapitres je savourais les passages dans l'Helveg et avait un peu moins d'intérêt pour Mamie Anna enfant, la donne a changé. Il faut dire que maintenant qu'elle est un peu plus grande et plus mure, les enjeux commencent à montrer leur bout de leur nez...Et cette fin n'en est que la confirmation... Les amourettes naissantes, les hormones qui travaille mais comme le rappelle très justement Grand mamie Helga...
Donc Amarok, Elysia...On range son tuyau d'arrosage...Yma toi aussi!!! ...SURTOUT TOI!!! Pieter pareil! C'est ta soeur je te rappelle! Tiens d'ailleurs Pieter!!!
Mesdames et Messieurs les jurés, Monsieur le président, monsieur l'avocat de la Défense, nous sommes ici pour juger et condamner Pieter, dont le crime est...
Voyons, je me refuse à ce que l'on dise que le réquisitoire est trop sévère donc, permettez moi de retirer le terme prétencieux, mais oui j'ai bien dit condamner mesdames et messieurs les Jurés car ne nous y trompons pas, ce Pieter, quand on le regarde, le grand frère protecteur, on lui donnerai Le cinquième esprit sans confession! Mais n'oublions pas... C'est un véritable petit con!!
Il suffit de nous replonger dans le dossier, dès la naissance de Mamie, ce jeune homme a agi en véritable petite raclure de bidet! Sous ses airs angéliques de Grand frère, n'oubliez pas que c'est lui Mesdames et Messieurs qui du haut de ses 4 ans a osé lever la main sur sa petite soeur qui était partie voir les géants. La jeune Anna méritait-elle une correction? Peut être nous ne sommes pas là pour juger ceci...Mais étais-ce à l'accusé de s'en charger...Lui qui était encore en age de faire pipi au lit?...D'ailleurs si j'étais médisant, je soulignerai aux jurés que l'accusé aujourd'hui encore ne saurait passer une nuit propre mais la question n'est pas là!
Poursuivons et nous remarquons que durant toute cette enfance, l'accusé n'a eu de cesse d'avoir un comportement de petit con envers sa soeur et pire encore envers l'invité de ses parents, le jeune Elysia, qui a n'en pas douter a gardé de profondes cicatrices des brimades infligés par ce petit con.
Car oui, n'oublions pas qu'il agit en douce, et toujours dans l'objectif de nuire à Elysia pour qui il voue une profonde jalousie! Je vois l'avocat de la défense trepigner et s'insurger....Sans doute plaisera-t-il la volonté d'un grand frère protecteur qui serait maladroit.
Mesdames et Messieurs les jurés...Moi aussi j'ai un coeur. Moi aussi je peux comprendre cette volonté, moi aussi j'aimerai je vous assure croire que l'accusé est juste maladroit. Mais le dossier est implacable. Pieter Pieceard est un fourbe. Il agit toujours dans le dos, il n'a pas le courage d'affronter, il manipule, il transforme, il ment. Il veut nuire. Il est...Un petit con!
Alors certes mesdames et messieurs les jurés... Certes...Il y a ces derniers événements. Les plus graves! Car il est question de coups et blessures volontaire ayant entraîné une défiguration partielle de la victime Elysia. Ce crime ne peut rester impuni!!! Voilà...Le dernier acte fou de petit con! Il est de notre devoir, mesdames et messieurs les jurés d'agir pour stopper immédiatement cette folie de Pieter Picéaerd et le condamner pour que ces agissements cessent!
Bien sûr, la Défense, qui prendra la parole après moi saura vous rappeler que justement, dans cette gradation, un espoir de rédemption serait apparu... Ce jeune homme, face à la gravité de son acte s'est dénoncé. Bien sûr on peut évoquer ses excuses envers la victimes...Mais étaient-elles sincères? Permettez moi d'en douter! Et enfin bien entendu...Les aveux! Pourquoi Pieter Picéaerd agit en petit con? Car il suit bêtement le meneur! Avouez que c'est ironique de la part d'un jeune homme qui se moque de l'autre au pretexte que son totem est le mouton...Franchement mesdames et messieurs les jurés...Qui est le mouton dans cette histoire?!
Mais là où la défense vous parlera d'une prise de conscience...D'un premier pas vers la rédemption. Mesdames et Messieurs les jurés... N'oubliez pas une autre possibilité. Nous avons à faire à un petit con de la pire espèce...Un fourbe qui retourne les situations à son avantage....Alors, une fois son crime perpétré, car Pieter est intelligent, il sait qu'il ne pourra pas s'en sortir par une pirouette cette fois...Quelle meilleure solution que de commencer à avouer, se trouver des circonstances atténuantes et ainsi éviter la sanction? D'ailleurs a-t-il été sanctionné?... Vous pouvez chercher mesdames et messieurs les jurés...Il ne l'a pas été! Finalement qui s'en sort le mieux? La victime qui reçoit de vraies fausses excuses pour le mal qu'il a subit...Où le petit con qui, sous couvert d'avoir lavé sa conscience peut continuer sa petite vie sans conséquence? Où est la justice?! Trouvez vous cela normal? Trouvez vous cela acceptable?!
Alors, maintenant que mon réquisitoire touche à sa fin, je suis un fervent défenseur de la justice et j laisse volontiers la parole à mon confrère, Maître @Lhysender qui pourra avec tout son talent vous démontrer que l'accusé mérite une dernière chance que l'espoir existe au travers de ses justifications et excuses... Mais surtout, mesdames et messieurs les jurés, au moment de votre délibéré je vous demande, qu'importe les arguments de la défense de ne pas oublier... Un petit con deviendra toujours un Grand con! Avec les conséquences qui vont avec...Si vous acquittez l'accusé, n'oubliez pas qu'il deviendra un grand con. Je vous demande donc...d'éviter cela...De faire stopper Pieter Picéaerd pour épargner au monde la présence de ce petit con!
Je vous remercie mesdames et messieurs les jurés .
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Sam 17 Oct 2020, 20:38
@Frantzoze ou l'art de partir dans un grand délire x)
Patience, Pieter aura son jugement en temps et en heure
Pour Mamie et Elysia j'ai essayé de me baser sur le nombre de fois où tu m'as laissé à la gare de Marne-La-Vallée/chessy et que mon petit coeur saignait à chaque fois
PS : Pour Elysia c'est pas les yeux qu'il préfère mais les cheveux
J'ai même pas placé le "J'ai perdu le Nord" alors que la pitchounette elle est dans une forêt ! :*
Pour le coup tu accuses Pieter d'être un petit con mais à la lecture live @Dov, @Lhysender et toi avez réagi pareil en apprenant l'animal totem ! J'avoue avoir plus rigolé pour le coup du pigeon pour Agnarr xD
Tiens tant qu'on parle de @Dov, des règles peuvent se déclencher suite à un changement brutal dans ta vie ... Ce fût moi-même mon cas ...
Patience, Pieter aura son jugement en temps et en heure
Pour Mamie et Elysia j'ai essayé de me baser sur le nombre de fois où tu m'as laissé à la gare de Marne-La-Vallée/chessy et que mon petit coeur saignait à chaque fois
PS : Pour Elysia c'est pas les yeux qu'il préfère mais les cheveux
J'ai même pas placé le "J'ai perdu le Nord" alors que la pitchounette elle est dans une forêt ! :*
Pour le coup tu accuses Pieter d'être un petit con mais à la lecture live @Dov, @Lhysender et toi avez réagi pareil en apprenant l'animal totem ! J'avoue avoir plus rigolé pour le coup du pigeon pour Agnarr xD
Tiens tant qu'on parle de @Dov, des règles peuvent se déclencher suite à un changement brutal dans ta vie ... Ce fût moi-même mon cas ...
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Lun 19 Oct 2020, 20:04
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Lun 19 Oct 2020, 22:16
Oui alors j'ai pu le découvrir... Euh en dernier spoiler j'aurai plutôt dit ça moi ...
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Lun 19 Oct 2020, 22:37
Oui ça aurait pu
Mais celui-là je le garde déjà pour d'autres chapitres à venir
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Jeu 22 Oct 2020, 21:56
Bon, excusez moi, je dois me mettre devant le pupitre. C'est bon les caméras sont allumées ? Parfait : je ne m'attendais pas à ce que l'animal totem d'Elysia soit un mouton. les rires ont été provoqués par la surprise plus que par moquerie. je m'excuse si cela a été mal interprété (de toute façon le mien devait probablement être un paresseux ou une marmotte, alors qui suis-je pour juger ?) . Nous pouvons maintenant reprendre le cours de ce commentaire.
Blague mise à part, je ne m'attendais pas du tout aux animaux totems d'Anna comme Elysia. Je me permets d'ailleurs de saluer le travail de recherche sur leur signification, même si ça amené un petit point qui m'as un peu gêné : le fait que je les trouve très informé pour un peuple du grand Nord. Autant si ça avait été à Arendelle ça ne m'aurait peut-être pas fait cet effet, mais c'est vraiment le seul point qui m'a à un moment un peu sorti de l'histoire.
Parce que le reste du chapitre était très bon, surtout la scène des aux revoir. Bon sang je ne sais pas si c'est parce que ce sont des enfants que ça fait encore plus mal, mais la larme n'était pas loin
C'est dosé juste comme il faut pour que ça ne devienne pas cliché, ça touche pile là où il faut et on sent parfaitement que c'est un moment déchirant pour Anna, au point de provoquer chez elle les premiers changements de son corps annonçant la fin de l'enfance.
Et ne demandez pas pourquoi (sans rire, je ne saurai pas répondre), j'ai relu ce passage avec cette chanson. Oui il y a un truc qui ne tourne vraiment pas rond dans ma tête.
D'ailleurs en lisant on ressent vraiment que c'est un chapitre charnier dans l'histoire, surtout pour Anna qui entre dans la maturité autant physiquement que mentalement. En toute honnêteté, c'est pour moi (pour l'instant) le meilleur chapitre en terme d'évolution de personnage de cette histoire. Notamment concernant...le point Pieter.
Je ne vais absolument pas remettre en cause le comportement de Pieter depuis le début de l'histoire. Il c'est comporté comme un enfoiré à plusieurs reprises et il devra en répondre à un moment ou un autre, c'est normal. Mais toute bonne rédemption ne saurait pas s'accompagner d'un juste châtiment. On a eu la preuve dès le début du chapitre où il part au quart de touret ne manque pas de s'attaquer à Elysia dont il sait très bien qu'il aura l'avantage durant l'affrontement.
Si je me suis d'abord dit qu'il était définitivement perdu, le fait qu'il soit honnête quand à ce qui c'était passé a commencé à me faire douté de nouveau. Mais c'est son discours à Anna qui m'a fait dire : "enfin l'espoir renait !". Je vais être franc : ce passage est génial parce que il m'a fait prendre conscience que Pieter est complètement perdu. Est-ce qu'il hésites à dire qu'il fait pour lui où est-ce que c'est vraiment par rapport à la peur de perdre sa sœur ? Je penche plutôt pour le deuxième choix. Mais il n'en reste qu'il a peur, peur de faire quelque chose qui puisse nuire à sa sœur, peur d'Amarok surement...bref, nous savons tous une nouvelle fois ce qu'il advient des personnages qui se laissent dicter leur conduite par cette émotion. Et oui, malgré que je le défends, je ne peux nier qu'il y a toujours un risque. Un risque que malgré les bonnes intentions qui se cachent derrière ses actes, la gravité de ses derniers ne finissent par prendre trop d'ampleur et qu'ils finissent par commettre l'irréparable. Et là, il perdra tout ce qu'il essayait de protéger. Donc oui, j'espère qu'il finira par se rendre compte de son erreur, mais j'espère aussi qu'il recevra sa juste punition, car reconnaitre ses torts ne peut à lui seul excuser toutes ses actions passés. Je ne sais pas si ça prendra du temps, je ne sais même pas si ça arrivera, mais j'ai envi d'y croire encore.
Alors messieurs les jurés, quand vous prononcez votre sentence, condamnez le. Oui, moi qui suis censé le défendre, je vous dis de le condamner pour ses actes passés. Mais ne le condamner pas sur les suppositions de ses actes futurs. Un homme qui fait des choses mal avec de mauvaises intentions est irrécupérables, celui qui fait des choses mal avec de bonnes intentions peu encore être sauvé, pour peu qu'il le décide.
Blague mise à part, je ne m'attendais pas du tout aux animaux totems d'Anna comme Elysia. Je me permets d'ailleurs de saluer le travail de recherche sur leur signification, même si ça amené un petit point qui m'as un peu gêné : le fait que je les trouve très informé pour un peuple du grand Nord. Autant si ça avait été à Arendelle ça ne m'aurait peut-être pas fait cet effet, mais c'est vraiment le seul point qui m'a à un moment un peu sorti de l'histoire.
Parce que le reste du chapitre était très bon, surtout la scène des aux revoir. Bon sang je ne sais pas si c'est parce que ce sont des enfants que ça fait encore plus mal, mais la larme n'était pas loin
C'est dosé juste comme il faut pour que ça ne devienne pas cliché, ça touche pile là où il faut et on sent parfaitement que c'est un moment déchirant pour Anna, au point de provoquer chez elle les premiers changements de son corps annonçant la fin de l'enfance.
Et ne demandez pas pourquoi (sans rire, je ne saurai pas répondre), j'ai relu ce passage avec cette chanson. Oui il y a un truc qui ne tourne vraiment pas rond dans ma tête.
D'ailleurs en lisant on ressent vraiment que c'est un chapitre charnier dans l'histoire, surtout pour Anna qui entre dans la maturité autant physiquement que mentalement. En toute honnêteté, c'est pour moi (pour l'instant) le meilleur chapitre en terme d'évolution de personnage de cette histoire. Notamment concernant...le point Pieter.
Je ne vais absolument pas remettre en cause le comportement de Pieter depuis le début de l'histoire. Il c'est comporté comme un enfoiré à plusieurs reprises et il devra en répondre à un moment ou un autre, c'est normal. Mais toute bonne rédemption ne saurait pas s'accompagner d'un juste châtiment. On a eu la preuve dès le début du chapitre où il part au quart de touret ne manque pas de s'attaquer à Elysia dont il sait très bien qu'il aura l'avantage durant l'affrontement.
Si je me suis d'abord dit qu'il était définitivement perdu, le fait qu'il soit honnête quand à ce qui c'était passé a commencé à me faire douté de nouveau. Mais c'est son discours à Anna qui m'a fait dire : "enfin l'espoir renait !". Je vais être franc : ce passage est génial parce que il m'a fait prendre conscience que Pieter est complètement perdu. Est-ce qu'il hésites à dire qu'il fait pour lui où est-ce que c'est vraiment par rapport à la peur de perdre sa sœur ? Je penche plutôt pour le deuxième choix. Mais il n'en reste qu'il a peur, peur de faire quelque chose qui puisse nuire à sa sœur, peur d'Amarok surement...bref, nous savons tous une nouvelle fois ce qu'il advient des personnages qui se laissent dicter leur conduite par cette émotion. Et oui, malgré que je le défends, je ne peux nier qu'il y a toujours un risque. Un risque que malgré les bonnes intentions qui se cachent derrière ses actes, la gravité de ses derniers ne finissent par prendre trop d'ampleur et qu'ils finissent par commettre l'irréparable. Et là, il perdra tout ce qu'il essayait de protéger. Donc oui, j'espère qu'il finira par se rendre compte de son erreur, mais j'espère aussi qu'il recevra sa juste punition, car reconnaitre ses torts ne peut à lui seul excuser toutes ses actions passés. Je ne sais pas si ça prendra du temps, je ne sais même pas si ça arrivera, mais j'ai envi d'y croire encore.
Alors messieurs les jurés, quand vous prononcez votre sentence, condamnez le. Oui, moi qui suis censé le défendre, je vous dis de le condamner pour ses actes passés. Mais ne le condamner pas sur les suppositions de ses actes futurs. Un homme qui fait des choses mal avec de mauvaises intentions est irrécupérables, celui qui fait des choses mal avec de bonnes intentions peu encore être sauvé, pour peu qu'il le décide.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Jeu 22 Oct 2020, 23:13
Je ne me moquerais pas Antoine, j'ai écouté la chanson d'Astérix quand j'ai écrit le passage !
Patience pour Pieter patience !
Bon allez si déjà là tu n'étais pas bien dis toi que pour le suivant j'ai terminé au fond du trou tellement j'étais mal x)
Patience pour Pieter patience !
Bon allez si déjà là tu n'étais pas bien dis toi que pour le suivant j'ai terminé au fond du trou tellement j'étais mal x)
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 23 Oct 2020, 21:02
Chapitre 8 : Amis ou Ennemis ?
Nous étions tous réunis pour le mariage d’Elysia avec une jeune fille des Terres Gelées. Nous étions invités, Yélana, Amarok, Pieter, Papa, Maman et moi. Nous faisions face à Iduna qui présidait la cérémonie. Elle en était au moment de l’allumage des coupoles du foyer. Si le feu s’allumait tout de suite, cela voulait dire que les Dieux de l’Yggdrasil étaient consentants à l’union. J’attendais parmi la foule, le souffle court, priant pour que la coupole ne s’allume pas. Mon vœu semblait s’exaucer. Iduna se concentrait, retentait encore alors qu'aucune flamme n'apparaissait.
-Arrête Mère ! Ordonna Elysia au bout d’un moment.
Elle s’exécuta. Le jeune homme se tourna alors vers moi et tout en me montrant du regard, il déclara :
-Je souhaite t’épouser Anna Piceaerd car je n’ai toujours aimé que toi.
Il vint alors vers moi et me leva, puis il me pencha en arrière et m’embrassa avec douceur. Je m’accrochai à son cou et changeai mon visage de position de sorte à ce que mes lèvres forcent sur les siennes. Nos langues s’emmêlèrent alors et nous continuions de nous embrasser à en perdre haleine. Puis les autres disparurent et nous nous retrouvâmes sous une cascade d’eau chaude non loin du canyon de la Forêt Enchantée. Nous n’arrêtions pas nos baisers, nos caresses. L’eau nous tombait dessus, collant de plus en plus nos vêtements contre nos peaux, révélant certaines formes. J'en devins folle. Je voulais nous voir nus, le sentir contre moi.
-Elysia, je t’aime, murmurai-je alors que nos mains se baladaient un peu partout sur notre corps.
-Moi aussi Anna… Tu es très belle...Si belle.
Mon corps s’enflammait de désir, la boule de chaleur grandissait au creux de mes reins, au plus profond de ma féminité. Elysia continua à prononcer mon prénom avec harmonie alors que ses mains trouvèrent enfin leur chemin en haut de ma robe Northuldra, touchant ma poitrine avec délicatesse.
-Ne t’arrête pas… Chuchotai-je.
-Anna ? Que je ne m’arrête pas à faire quoi ? Demanda soudain une voix à travers le Northuldra des Terres Gelées.
L’image se troubla et je me retrouvai dans mon lit. Maman était à côté de moi me fixant avec surprise.
-C’est l’heure de se réveiller ma petite chamane, dit-elle en ayant bien du mal à cacher un sourire idiot.
Je m’étirai aussitôt, essayant de ne pas montrer le sang qui était en train de me monter aux joues. C’était la quatrième fois cette semaine que je faisais des rêves très proches d’Elysia. Les quatre ans d’absence arrivaient à leur fin. Oh bien sûr ! Nous avions échangé, mais la proximité demeurait un obstacle...Et mon amour pour le jeune homme ne s'était jamais éteint pourtant...A mon grand regret.
-Tu parlais dans ton sommeil, précisa Maman en riant.
-Ah bon ? Et qu’est-ce que je racontai ? Questionnai-je de façon indifférente.
-Tu gémissais, répondit-elle, a mon avis, j’en connais une qui a pris du bon temps avec Amarok !
-Maman je t’en prie ! M’exclamai-je en détournant le regard.
Mon futur mari était malheureusement la dernière personne à laquelle je pensais dans mes fantasmes. Pourtant en quatre ans nous avions tenté de nous rapprocher. Mais l’affinité ne s’arrêtait pas plus loin qu’à l’amitié. Tout comme pour Yélana et Pieter d’ailleurs... Ce qui était normal pour ce dernier puisqu’il s’agissait de mon frère.
-Allez je te taquine, mais cela ne te fait pas t’habiller. Je te laisse, le petit déjeuner t’attend. Ensuite leçon de chamanisme.
-Oui Maman, soupirai-je.
Je serai bien restée dans les bras d’Elysia plus longtemps. Mon faux-frère me manquait toujours. Mais avec ce dont je rêvais pouvais-je encore l’appeler comme cela ? Oui Anna. Je le fantasmai car pour moi il représentait l’homme idéal. Je ne pouvais pas l'aimer de toute façon. Je soulevai enfin les draps et sortis du lit. Je troquai mes anciens changes contre des nouveaux car il était inutile de préciser leur état suite à mon rêve, fis rapidement mes tresses jumelles et retrouvai enfin ma famille.
-Bonjour ma petite sœur préférée ! S’écria Pieter en m’embrassant le front.
-Oui oui bonjour… Juste Anna c’est bien aussi, grommelai-je.
-Bah alors ? D’où vient cette mauvaise humeur ? Demanda à nouveau mon frère.
J’haussai les épaules. J’avais quatorze ans et je voulais juste retourner à mon rêve torride. Maman distribua les aliments et répliqua :
-C’est bien dommage que tu fasses la tête… Surtout un jour comme aujourd’hui…
-Ah bon pourquoi ? Interrogeai-je enfin intriguée.
-Oh ! Je ne suis pas sûre mais il me semble que le peuple des Terres Gelés vient nous rendre visite, dit-elle malicieuse. Et que par conséquent il y a de fortes chances que tu revoies Elysia.
Je souris simplement et mon cœur bondit d’émotions à la seule prononciation de son prénom.
-Ça sera comme au bon vieux temps, admit Pieter qui avait gagné en maturité.
-Prêt pour la chasse mon fils ? Questionna alors Papa.
-Oui.
-Ne rentrez pas trop tard si vous voulez profiter des autres, prévint Maman.
-N’aies crainte. Yuma et Amarok sont à cheval sur l’heure, plaisanta-t-il.
Il alla l’embrasser puis ils partirent.
-Bien, Anna c’est à nous, reprit-elle. Te rappelles-tu ta première leçon de chamanisme avec Elysia ?
-Oui… C’était sur l’ouverture des chakras, dis-je.
-Exact. Il en reste trois que tu n’as pas ouvert puisque tu n’étais pas en âge de les comprendre. Nous allons le faire maintenant.
Sans plus attendre, elle me ramena au centre de la hutte et me tendit un coussin.
-Parfait ma petite chamane. Les trois chakras qu’on va travailler se trouvent en dessous de la poitrine. Commençons donc par le chakra racine. Tout d’abord, tiens-toi debout, sois bien détendue et fléchis légèrement les genoux. Ton but est de te connecter au sol. Alors vas-y.
Je m’exécutais.
-Bien. Anna. A présent tu vas balancer ton poids toujours très doucement, vers l’avant.
Essayant du mieux que je pus de ne pas tomber comme une masse, je m’appliquai et atteins bientôt le sol.
-Assied-toi en tailleurs maintenant et fais un mouvement circulaire entre le pouce et l’index de tes deux mains.
Maman inspecta mes gestes et les valida. Elle finit par murmurer :
-Concentre-toi et chante le son « LAM » dans ta tête en fermant les yeux.
Je me repliai immédiatement dans mes pensées alors que Maman m’indiqua que le chakra racine se situait au plus profond de ma fleure intime. Je sentis aussitôt une ouverture de bien être semblable à celle que je pouvais ressentir lors de mes rêves farfelus avec Elysia. Je nous voyais tous les deux à faire ce besoin animal pour pouvoir nous reproduire.
-A en juger par ton rouge aux joues, je suppose que ça vient de marcher ma petite chamane, déclara Maman me sortant subitement de mes pensées.
-Hum…Oui. Il sert à développer quel équilibre celui-là ?
-L’instinct de survie, d’où tes pensées de copulation, je suppose ?
-Euh...Oui...C’est exact, bafouillai-je.
-Tu n’as pas à avoir honte Anna. C’est naturel. Mais puisque ça te gêne, autant passer au suivant. Le chakra sacré. Assieds-toi sur les genoux, le dos droit et relâché. Voilà. Très bien. Pose ta main gauche sur ton genou, paume vers le haut, puis pose ta main droite sur l’autre. Allez plus proche. Il faut que tes pouces s’effleurent.
-Comme ça Maman ? Demandai-je voulant être perfectionniste.
-Oui. Maintenant visualise ton chakra dans le bas du dos, puis prononce dans ta tête le son « VAM ».
Mes pensées me renvoyèrent alors un trop plein d’émotions emmêlées. Je me revoyais en train de dire au revoir à Elysia, en train de me disputer avec Pieter, en train d’avoir un sentiment de fierté avec Grand Pabby. Puis les images s’arrêtèrent sur un puissant sentiment de désir. Celui de ne faire qu’un, une fois encore avec mon faux frère. Pas d’enfants cette fois. Juste nous deux qui voulions atteindre une passion sexuelle.
-Je crois que je préférais le chakra racine finalement, déclarai-je après de longues minutes.
-Pourtant le chakra sacré est important car c’est lui qui équilibre ta vie sensuelle en tant qu’humaine, c’est aussi lui qui régule tes différentes émotions. Il faut que tu le surveilles Anna car, toi, tu es quelqu’un de très émotive. On s’entraînera. C’est important car tu es grande à présent. D’ici quatre, cinq ans, tu seras une femme mariée.
Et si je n’en avais pas envie ? J’avais failli le dire à voix haute mais le regard déterminé de Maman m’en dissuada. Je me contentai d’acquiescer. Je me plaçai à nouveau sur mes genoux pour l’ouverture du dernier chakra. Mes mains étaient posées sur l’estomac et mes pouces joints. Le mot à prononcer était « RAM ». Je redoutai encore des instants de gêne mais cette fois ce qui me vint par penser était controversée. J’allais à l’encontre de mes parents pour le mariage d’Amarok. Je clamai haut et fort que j’aimais Elysia et qu’ils ne m’empêcheraient pas de l’épouser.
-Alors Anna ? Demanda Maman.
-Euh...J’ai l’impression qu’il rejoint un peu le chakra sacré par rapport aux émotions, répondis-je très vite car je ne voulais pas lui révéler ce que j’avais vu.
-Bien ma petite chamane. C’est le chakra qui peut te rendre agressive si tu as un trop pleins d’émotions. C’est avec celui-ci que tu dois te faire confiance et t’affirmer. Est-ce que tu as compris ?
D’où mes rêves, d’où cette pensée… Non Anna. Non. Je ne devais pas aimer Elysia. Tant pis s'il fallait que je me le répète jusqu'à ce que ça rentre. J’étais promise à Amarok, un point c'est tout. Il ne pouvait en être autrement.
-Ma petite chamane ? Est-ce que ça va ? Reprit Maman. Tu as l’air perdu.
-Non, Maman. Je t’assure tout va bien. Oui j’ai compris. Enfin non… Je voulais savoir quelque chose.
-Je t’écoute ?
-Pourquoi est-ce que je suis la seule de la famille à être promise à quelqu’un ? Demandai-je.
Il y eut un silence montrant qu'elle était prise de court. Puis finalement elle répondit :
-Parce que Pieter n’a pas le chamanisme, du coup aux yeux d’un parti il est moins important que toi.
Quelle injustice ! J’en venais presque à regretter mon rôle. Maman ajouta avec un air nostalgique :
-Je ne sais pas ce qu’il attend pour nous la présenter mais j’ai l’impression que la jeune fille Delahage lui plait. Est-ce que tu les aurais vu un peu ensemble ?
J’étais tellement déroutée par mes propres sentiments que je n’avais pas le temps de me préoccuper de ceux de mon frère.
-Non, Maman, finis-je par répondre. Mais j’essayerai d’en savoir plus si tu veux.
-Très bien. Tu es gentille. Ton père et moi sommes très fiers de vous deux.
-Merci Maman. Je t’aime.
-Moi aussi ma petite chamane.
Elle m’enlaça.
-Je peux aller voir Yélana et Amarok avant le déjeuner ?
-Oui. Vas-y ! S'exclama-t-elle ravie.
Je ne me fis pas prier. En deux temps, trois mouvements, je me retrouvai bientôt devant la maison des Coudriers.
-Tiens ! Bonjour Anna ! S’exclama Kanda.
-Bonjour monsieur, Yélana n’est pas là ? Demandai-je.
-Elle est partie avec Amarok il n’y a pas longtemps. Ils allaient vers le canyon, me précisa-t-il.
-Ah bien ! Merci monsieur Coudrier.
-De rien.
Je filais immédiatement dans la direction indiquée et étais prête à faire une entrée fulgurante quand ce que je vis me força à me cacher derrière un buisson. Yélana était adossée contre un des arbres alors que sa bouche et celle d’Amarok étaient scellées. Je me fis immédiatement peur car je ne ressentais absolument pas de jalousie. Après tout ma meilleure amie devait être heureuse puisque c'était ce qu'elle avait toujours voulu. J’en fus même gênée d’avoir assistée à cet instant d’intimité entre eux. Aussi, je repartis vers la maison le plus rapidement possible.
Quand j’arrivai, Papa et Pieter étaient revenus et Maman préparait le déjeuner. J’allais l’aider en essayant d’oublier que j'avais envie de reproduire que j’avais vu entre Elysia et moi.
-Tu sais Maman, tu n’es pas obligée de nous raconter tous tes fantasmes en détail ! S’écria Mère.
-Vous voulez l’histoire en entier ?! Alors je n’omets aucun détail ! Renchérit-elle.
-Ne vous plaignez pas, si ça avait été ma version de l’histoire ces fantasmes seraient venus beaucoup plus tôt ! Rétorqua Papy.
-Merci Beau-Papa ! Je pense que ça ira ! S’exclama mon Père.
Pour une fois j’étais d’accord avec lui.
-Quand je pense que tu aurais pu prévenir Yuma pour les agissements d’Amarok ! Repris-je, ça aurait été plus vite.
-Oui c’est sûr ! Et il m’aurait sauté dessus pour l’occasion ! Renchérit-elle en frissonnant.
-Pardon Mamie, je ne pensais plus à ça. Mais ta mère et ton père auraient pu le savoir, eux.
-Non Anna. J’ai déjà répondu à Agnarr à ce sujet, insista-t-elle en haussant la voix.
Elysia se rapprocha alors d’elle et lui murmura à l’oreille :
-Tu es sûr qu’il faut parler de la suite ?
-Toi comme moi, savons que je préférerai l’avoir oublié. Mais j’ai promis que je raconterai tout et je tiens mes promesses.
Papy acquiesça alors que je ne comprenais pas son anxiété. Mamie reprit alors :
-Mon Ange de l'Air répète à tout le monde ce que je te disais chaque soir avant de t’endormir.
-Euh… D’accord… On se câline, on se blottit ? Dit Maman comme un refrain.
-Très bien, conclut Mamie. Vous voilà tous prévenus.
Ma curiosité reprenait le dessus. Etre attentive Anna ! Etre attentive !
Le déjeuner se passa vite alors que mon cœur battait déjà à mille à l’heure à l’idée de retrouver Elysia. Il faillit éclater quand Maman après avoir observée le soleil, déclara :
-Ils doivent être arrivés.
J’essayai de ne pas montrer mon impatience. Hors, là, tout de suite je ne souhaitais qu’une chose : Lui sauter au cou. Nous nous retrouvâmes donc dans la partie de la Forêt destinée aux rencontres. Il y avait quelques visages inconnus, de nouvelles naissances. Je cherchai mon faux frère parmi la foule. Mon cœur manqua soudain un battement. Il était là !
Elysia me faisait face. Il avait bien grandi et ses cheveux blonds avaient poussé. Ils étaient attachés en demi-queue. Ses épaules étaient de plus en plus massives lui faisant un port de tête d’homme. Son menton bien que rasé laissait échapper quelques traces de duvets clairs. Ses yeux myosotis me virent enfin. Je lui faisais de grands coucous n’osant m’approcher. Il me les rendit de façon timide et activa son pas.
-Bonjour Anna ! S’exclama-t-il joyeux, tout en maintenant une certaine distance. Tu as beaucoup changé ! Et cela te va très bien !
Il lorgna avec rapidité ma bouche, mes seins et mes fesses.
-Toi aussi tu as grandi, renchéris-je un peu déçue que nous mettions une barrière dans notre échange.
J’aurais tellement voulu l’enlacer mais je sentais que si je le faisais maintenant, ça serait raté. Nous nous embrassâmes brièvement les joues à la place...Ce qui suffit déjà me rendre euphorique intérieurement.
-Alors que racontes-tu de beau ? Demandai-je pour détendre l'atmosphère.
-Pas grand-chose de nouveau par rapport à ce que je t’ai déjà dit par lettre, répondit-il furtivement.
Je ne comprenais pas ses réactions. J’avais l’impression de l’embêter plus qu’autre chose. Iduna vint nous sauver en me saluant.
-Bonjour Anna ! Ce que tu es une belle jeune fille à présent ! S’écria-t-elle.
-Merci Madame Sappos.
-Elysia t’a-t-il prévenu ? Reprit-elle.
-Maman s’il te plaît, pas maintenant, dit-il fermement.
-Prévenu de quoi ? Demandai-je.
-Nous sommes venus chercher la femme d’Elysia chez vous ! Répondit-elle enthousiaste.
Mes jambes me lâchèrent d’un coup alors que la massue s’abattit sur mon crâne.
-Mais…Mais je croyais que tu ne devais pas épouser une femme si tu ne l’aimais pas, renchéris-je plus violemment que je ne l’aurais cru.
Cache tes émotions Anna, maîtrise tes sentiments…Ne montre pas que cela t'a atteint...
-Je ne suis plus de toute jeunesse Anna, expliqua Iduna. Autant te le dire… Je suis condamnée et si je n’apprends pas rapidement les leçons de chamanisme à la femme d’Elysia, la tribu n’en saura pas assez pour survivre.
-Même avec ce que Maman lui a appris ? Insistai-je me sentant prise d'un vertige.
-Oui. Même si Helga a fait du bon travail ce n’est pas suffisant, soupira-t-elle.
Je déglutis rapidement avant de répliquer :
-Je suis vraiment navrée pour vous Iduna. Si seulement…
-La mort n’est pas une échappatoire, me coupa-t-elle. Tout le monde y passe et je ne veux pas qu'on s'apitoie sur mon sort. Mais merci Anna. Bon je vous laisse je vais aller discuter avec la principale intéressée.
Elle nous laissa dans le silence le plus totale.
-C’est pour cela que tu es si distant ? Finis-je par demander.
Sa réponse me glaça encore plus :
-Je ne voulais pas te faire de peine. Et puis il faut penser un peu à nous deux, nous ne sommes plus des enfants. Tu es promise et moi aussi. Je ne voudrais pas qu’il y ait d’amalgames entre nous sur des comportements qui pourraient être mal compris.
-D’accord, dis-je automatiquement.
J’avais envie de lui sauter dessus et de le secouer. De l’embrasser violemment pour lui prouver l’inverse à propos de nos sentiments. Nous échangeâmes un regard qui ne laissa aucun doute sur ce qu'il ressentait aussi...Pourquoi n'agissait-il pas dans ce cas ?! Certes nous étions en plein milieu de la clairière et Amarok ou Yuma pouvaient être dans les parages mais tout de même !
-Et donc ? Qui est la fameuse ? Parvins-je à articuler au bord des larmes.
Elysia ne répondit pas de suite mais me fixa plutôt de ses beaux yeux bleus.
-Je ne suis pas sûr que la réponse va te plaire, murmura-t-il.
La vérité se connecta immédiatement à mon cerveau. Je lui lançai aussitôt un regard enflammé et répliquai furieuse :
-De tous les choix qui étaient possible dans la tribu il a fallu que tu prennes Yélana !
-C’était la seule que je connaissais le mieux après toi, se défendit-il.
-Oh ! Je vois que tu n’as pas perdu ton temps en tous cas dans ta réflexion ! Criai-je prise d'une jalousie incurable.
Il s'énerva à son tour et je sentis que je l'avais peiné.
-Mais qu’est-ce que ça peut bien te faire à toi de toute façon ?! Tu es promise à Amarok ! De quoi tu te mêles ! Me cracha-t-il piqué à vif.
Je dus me contrôler de toutes mes forces pour ne pas éclater en sanglots. A la place, je renchéris à mon tour avec férocité :
-Bravo ! Quel répondant ! Eh bien ! Cours la voir ta jolie fiancée ! Vous me dégoûtez tous les deux ! Je t’interdis de remettre les pieds ici et encore moins de me parler !
-Parfait ! Conclut-il, Adieu dans ce cas Anna !
Je ne lui répondis pas alors qu’il partit avec violence en direction de la maison des Coudriers. J’hésitai un instant à le rattraper mais à la place, je donnai un coup de poing à l’arbre auquel j’étais adossée. Puis je courus me réfugier près des berges et pleurai enfin de rage.
-Quel idiot ! Mais quel idiot ! Grognai-je en donnant un coup de pied dans un des gros rochers.
Il se mit à bouger le temps que je me rappelle qu’il s’agissait de mes amis. Le géant me regarda légèrement énervé.
-Excuse-moi. Elysia m’a brisé le cœur, murmurai-je avant de me remettre à pleurer.
Le géant grogna puis s’assit sur le bord de la rive avec moi. Son index me tapota bientôt le dos. Puis il me logea au creux de sa main et me ramena contre son torse. Je me plaquai contre la roche rêche et restai quelques minutes ainsi le temps d’être apaisée.
-Merci d’être là pour moi, chuchotai-je.
Le géant grogna à nouveau et me regarda en souriant. Puis il me redéposa au sol et retourna se coucher sur la berge. Je lui fis un petit signe avant d’entendre dans mon dos :
-Je savais que je trouverai là Anna.
Mes traits se durcirent à nouveau et je me retournai violemment vers Yélana.
-Tu comptais me le dire quand pour Elysia et toi ? Demandai-je.
Yélana s’approcha et supplia :
-Je n’étais pas au courant. Je t’en prie, il faut me croire Anna. Je ne t’aurais jamais caché ça…
-…Comme tu m’as caché ton baiser de ce matin avec Amarok, la coupai-je.
-Ça aussi j’allais y venir. Je m’en excuse. J’ai agi de manière impulsive, mais tu connais mon faible pour lui depuis que nous sommes amis.
-Je m’en fiche que tu l’aies embrassé, dis-je distante, tu peux l'embrasser autant de fois que tu veux, je m'en fiche, je t'assure.
-Je ne te comprends vraiment pas dans ce cas, reprit-elle, tu as moins de réaction pour ton futur mari que pour quelqu’un que tu considères comme ton frère.
-Tu es sûre que nous sommes amies ?! Demandai-je avec méchanceté.
-Mais oui pourquoi ?! Oh mais je sais pourquoi ! Questionna-t-elle à son tour avant de lâcher subitement, J’ai compris : Tu aimes Elysia.
-Bravo pour cette analyse, rétorquai-je hargneusement. Je croyais que tu le savais depuis le temps. J’ai toujours parlé d’Elysia alors que toi, tu ne jurais que par Amarok. Mais peu importe… ça ne sert à rien de ressasser, ça ne fera pas avancer le reste.
La réaction de ma meilleure amie me choqua alors :
-Tu es quand même gonflée ! Tu sais déjà que tu es mariée au meilleur parti du village et ce depuis ta naissance alors que moi je n’ai rien demandé et me voilà à me retrouver à apprendre des pratiques dont je n’en ai que faire auprès d’un homme qui n’a aucun charisme et qui ne m’aime pas ! Toi au moins, tu as la chance d’avoir l’admiration d’Amarok qui ne jure que par ta beauté ! « Tes cheveux uniques, tes yeux de velours » ! Je reprends ses mots bien sûr !
Je me retins de l’étrangler. A la place je répondis :
-Eh bien pourquoi n’allons-nous pas de ce pas dire à tous les parents que j’aime Elysia et que tu aimes Amarok. Le problème serait réglé !
-Mais tu crois quoi ? L’idée m’était déjà venue, mais ce n’est pas possible. Amarok m’a expliqué que vos deux coupoles étaient déjà prêtes à être allumées depuis quatorze ans et toi comme moi savons qu’on ne peut pas aller à l’encontre de l’Yggdrasil.
Maudit arbre de vie ! Je les haïssais tous !
-Oui, dis-je serrant les dents, je ne le sais que trop...
-Et puis la dernière fois que j’ai essayé de te suivre, j’ai promis que je ne recommencerai pas !
Je soupirai et baissai la tête.
-Moi aussi...Tu as raison...Un point pour toi...
-Je vais devoir partir. Je venais te dire adieu, reprit-elle un peu plus radoucie.
Ça ne pouvait pas se finir comme ça. C’était un cauchemar.
-Alors adieux Yélana Coudrier, dis-je durement. Je crois que nous nous sommes tout dits.
Elle se renfrogna. Elle s’arracha notre bracelet de l’amitié du poignet et le balança au sol et conclut :
-Moi aussi. Adieu Anna Piceaerd.
Je la regardai s’en aller tout en comprenant que Grand Pabby avait raison. Arriverai-je un jour à lui pardonner ?! Pensai-je Il me fallait à présent rejoindre les autres et paraître la plus naturelle possible. Je fis semblant le reste de l’après-midi évitant le plus ceux qui étaient passés d’amis à ennemis. Ils restèrent jusqu’au dîner. Le banquet et les « au revoir » furent brefs. La chaleur de l’été sonnait faux sur toute cette mise en scène.
-J’espère être encore en vie pour te voir mariée Anna, déclara Iduna. A dans quatre ans donc ? Demanda-t-elle.
-A dans quatre ans, repris-je poliment.
Je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle était pleine de bonne volonté… Optimiste. Maman pleura un peu son départ alors que cette fois je demeurais calme.
-Il est temps de rentrer, précisa-t-elle.
-Je voudrais parler un peu avec Amarok d’abord, déclarai-je.
-Pas trop longtemps alors, répliqua Maman surprise.
J’acquiesçai et elle s’en alla. Je retrouvai bientôt le fils du chef près de l’ancien enclos de rennes des Coudriers.
-Il paraît qu’Elysia est reparti ? Je n’ai même pas eu le temps de lui dire au revoir, déclara-t-il.
J’hochai la tête évitant de le regarder car je sentais poindre les larmes. Le passé est passé Anna, ne plus penser à ton faux frère. Te concentrer sur ton avenir avec Amarok.
-Il est parti avec Yélana, murmurai-je.
-Elle va me manquer. Je l’appréciais bien, admit-il.
-Il vaut mieux oui… Je vous ai vu vous embrasser, dis-je un petit rictus aux lèvres.
Amarok blanchit d’avoir été découvert.
-J’ai fait ce qu’elle voulait Anna… Pardonne-moi, je suis un être faible, incapable de résister, dit-il.
-Ce n’est pas grave, je ne t’en veux pas, chuchotai-je… Yélana a toujours été amoureuse de toi de toute façon… Mais tout ceci est révolu maintenant puisqu’elle est avec son promis et toi avec moi.
-Mon père a dit que je pourrais bientôt te demander officiellement ta main, précisa-t-il.
Il enlaça ses doigts à travers les miens de façon gauche. Je ne le rejetai pas même si son toucher ne me faisait rien. Amarok balaya mes deux tresses en arrière. Ses yeux me scrutèrent attendant que je m’y oppose. Mais je ne réagis pas et le laissai faire. Il me fallait accepter mon sort. Plus rien n’avait d’importance de toute façon puisqu’Elysia ne m’aimait pas. Le fils du chef se pencha alors que je fermai les yeux pour accueillir ses lèvres. Ce fut un baiser plus chaste que je ne l’aurais cru, sachant ce qu’il avait déjà pu faire par le passé. J’eus à peine le temps de sentir la pression que déjà il recula.
-Je te promets de veiller sur toi Anna Piceaerd, de ne jamais te faire de mal. De toujours te respecter, chuchota-t-il.
-Merci Amarok, murmurai-je en lui rendant son baiser. Je serai très heureuse d’annoncer nos fiançailles.
Il sourit de joie et nous nous serrâmes maladroitement l’un contre l’autre.
-On se voit demain ? Demanda-t-il en me tenant le visage.
-Oui.
-Alors à demain Anna, conclut-il.
Il s’en alla ensuite me laissant seule face au malaise qui s’installait.
-Quel gâchis, pensai-je, Je ne sais même pas ce qu’est l’amour. Je regardais un point au hasard de l’horizon cherchant ma respiration lorsque Pieter arriva.
-Tu en fais une tête petite sœur… ça ne va pas ? Demanda-t-il face à la pâleur de mon visage.
-Tu as trouvé les mots juste, déglutis-je, ça ne va pas. Rien ne va. J’ai l’impression que ma meilleure amie vient de me trahir en partant avec mon faux frère pour qui j’avais énormément d’affection…
-Dont tu étais amoureuse tu veux dire ? Renchérit Pieter un petit sourire aux lèvres.
Cela m’arracha un sourire. A quoi bon nier ? Mon amour pour Elysia était démasqué.
-Dont je suis toujours amoureuse; rectifiai-je. Mais promise à un autre…Amarok est charmant mais je ne l’aime pas, je n’y arrive pas. Pourtant il faudra bien que je m’en accommode puisque le destin l’a décidé pour nous.
Je soupirai profondément, serrant les points pour ne pas pleurer face au ridicule de la situation. Je me calmai quelques instants avant de reprendre :
-Et toi Pieter ? Qu’attends-tu pour présenter la fille Delahage à Maman et Papa ?
-On ne peut rien te cacher donc… Dit-il en rougissant malgré lui.
-On s’était promis de tout se dire tous les deux, renchéris-je. Alors ?
-Alors, c’est une mauvaise journée pour tout le monde, soupira-t-il. J’ai été devancé par Frantz Aulnus. J’ai mis trop de temps...Bon après même si je l'aimais bien...Ce n'était pas mon premier choix.
-Oh ? Vraiment ? Ton premier choix ?
Pieter me regarda à nouveau mal à l'aise.
-Oui...Qu'importe Anna...Ce n'est pas important, dit-il.
-Oh… Tu sais… Je serai bien d’avis de te dire que les Northuldra filles ce n’est pas ce qu’il manque dans la tribu, mais je sais trop bien que l’amour ça ne se commande pas.
Pieter m’observa et tenta de rester fier. Il m’embrassa le front et rétorqua :
-Ne t’inquiète pas pour ton secret. Je le garderai en sécurité. Moi, je ne compte rien dire à Papa et Maman puisqu’il n’y avait rien d’officiel. Mais je suis quand même bien surpris qu’ils n’aient jamais rien remarqué pour toi…
-…Mon arrangement avec Amarok est beaucoup plus important, le coupai-je.
-Nous ferons donc tout pour que ce soit une réussite petite sœur. Je m’excuse encore d’avoir été aussi exécrable avec lui durant toutes ces années.
-Tu peux, murmurai-je. Allez viens…Rentrons à la maison.
-Oh Mamie c’est vraiment trop triste, dis-je la gorge tremblante.
Je ne pouvais m’empêcher de faire le rapprochement entre son histoire d’amour et ma pénible situation sur mes sentiments controversés envers Kristoff et Hans. Mon mari était mon tout. Pourtant je ne parvenais pas à oublier le montagnard. Et cela ne s’arrangeait pas depuis que Mamie m’avait parlé des différentes histoires qu’on avait eu ensemble.
-Pauvre Pieter, souligna justement Hans comme s’il avait senti que je remettais en cause notre relation. Est-ce qu’il s’est marié ?
-Pauvre Pieter c’est vite dit ! S’exclama alors Papy hargneusement, tout est relatif.
-Elysia calme-toi, murmura Mamie en lui caressant le bras pour l’apaiser.
-Toi et moi savons la suite, dit-il en serrant les dents.
-Oui et elle sera racontée en temps et en heure. Il reste quand même mon frère.
-Oui pardon, se reprit-il, excuse-moi mon amour.
-Rassurez-moi Beau-Papa vous n’allez pas nous faire une nouvelle crise de jalousie ? Questionna Père.
Mamie observa Papy avec des yeux de reproches. Après tout c’était de sa faute cette fois si elle s’était résignée à aller dans les bras d’Amarok. Il la ramena contre elle et la câlina.
-Non… C’est moi qui avais été un pur idiot à l’époque. J’avais tellement mal par rapport au destin qui nous attendait chacun que je préférai jouer les durs.
-Et ça avait bien fonctionné, murmura Mamie. Je t’en voulais amèrement. Je ne désirai plus jamais te revoir.
-Même pas en rêves érotiques ? Plaisanta-t-il.
-Surtout pas en rêves érotiques… Mais je n’ai pas tenu de ce côté-là…Dit-elle.
-Pas de détails par pitié Belle-Maman ! Reprit Papa.
-Il faudra bien que vous en ayez en temps et en heures mon Gendre ! Minauda-t-elle avec malice.
-Pourquoi Yélana n’a pas dit non ? Demanda à son tour Maman qui sentait que l’ambiance se réchauffait un peu trop.
-Parce qu’elle était jalouse que je sois promise à Amarok, soupira mon aïeule.
-Quand on voit comment ça a fini… Déclara Papa.
-Agnarr ! Le gronda-t-elle.
-Dans cette vie-là mon Gendre ! Je le rappelle ! Puisqu’il y a bien d’autres vies où vous et moi sommes en train de nous disputer en étant bien vivants. D’ailleurs je vais aller voir un peu ce qui se passe par là-bas… Anna tu m’accompagnes ?
J’hochai la tête soulagée d’être seule avec elle pour pouvoir lui dire ce que j’avais sur le cœur.
-Je te sens perturbée ma petite Piceaerd, murmura-t-elle.
-Oh Mamie… Je ne peux m’empêcher de penser à Kristoff quand tu parles de ton histoire d’amour… Pourtant j’aime Hans de toute mon âme…
-C’est normal… Dans d’autres vies tu as été profondément amoureuse de lui et c’est resté inscrit dans ton aura.
-Parfois j’en viens à regretter de ne pas être dans une de ces vies avec lui, dis-je enfin en me mordant la lèvre.
-Je comprends ma chérie, admit Mamie. Moi-même je… Non… Nous en discuterons plus tard.
Elle revint au souvenir actuel et le consulta rapidement.
-Ça n’a pas l’air d’être bon pour eux ! Commentai-je en voyant que Papa s’agitait car il venait d’apprendre que les Northuldra voulaient attaquer Arendelle déjà aux mains du Duc de Weselton.
Mamie m’observa en haussant les sourcils et je me repris :
-Pardon… Je voulais dire… Ce n’est vraiment pas de chance.
-Tu sais ce qui va être vraiment pénible comme situation ? Questionna-t-elle.
-Quand Elsa et Kristoff vont apprendre ma mort dans cette histoire-là, répondis-je. Mais on peut sans doute l’éviter non ?
-Exactement ma petite Picéaerd. Et non toi comme moi savons que ce ne sera pas possible de la contourner. Tu étais très importante à leurs yeux. A mon avis ça ne devrait plus tarder avec ce que tu as fait la dernière fois, tu les as poussés à aller te chercher.
-Est-ce grave ?
-Non. De toute façon ils devront l’apprendre. Ta sœur va avoir le cœur brisé et c'est normal, murmura-t-elle blême.
-Et Kristoff aussi, murmurai-je en me mordant la lèvre. C’est bien dommage qu’on ne puisse pas ressusciter.
Mamie sourit et me serra fort la main. Elle finit par déclarer :
-Fais-moi confiance.
-Est-ce que tu ne pourrais pas faire en sorte qu’Elsa et Kristoff tombent amoureux ? Comme ça a déjà fusionné entre eux dans mon ancienne vie, ça pourrait être pareil là, essayai-je.
Mamie rit à ma remarque et répliqua :
-Tu as vraiment de l’imagination… Mais je te rappelle qu’Elsa est avec Ryder, et vu leur union sur la plage je ne pense pas qu’ils soient prêts à se quitter.
Je rougis violemment à la comparaison. Mamie rit encore et me ramena contre elle.
-Ça va aller ma petite Piceaerd, conclut-elle.
Nous étions tous réunis pour le mariage d’Elysia avec une jeune fille des Terres Gelées. Nous étions invités, Yélana, Amarok, Pieter, Papa, Maman et moi. Nous faisions face à Iduna qui présidait la cérémonie. Elle en était au moment de l’allumage des coupoles du foyer. Si le feu s’allumait tout de suite, cela voulait dire que les Dieux de l’Yggdrasil étaient consentants à l’union. J’attendais parmi la foule, le souffle court, priant pour que la coupole ne s’allume pas. Mon vœu semblait s’exaucer. Iduna se concentrait, retentait encore alors qu'aucune flamme n'apparaissait.
-Arrête Mère ! Ordonna Elysia au bout d’un moment.
Elle s’exécuta. Le jeune homme se tourna alors vers moi et tout en me montrant du regard, il déclara :
-Je souhaite t’épouser Anna Piceaerd car je n’ai toujours aimé que toi.
Il vint alors vers moi et me leva, puis il me pencha en arrière et m’embrassa avec douceur. Je m’accrochai à son cou et changeai mon visage de position de sorte à ce que mes lèvres forcent sur les siennes. Nos langues s’emmêlèrent alors et nous continuions de nous embrasser à en perdre haleine. Puis les autres disparurent et nous nous retrouvâmes sous une cascade d’eau chaude non loin du canyon de la Forêt Enchantée. Nous n’arrêtions pas nos baisers, nos caresses. L’eau nous tombait dessus, collant de plus en plus nos vêtements contre nos peaux, révélant certaines formes. J'en devins folle. Je voulais nous voir nus, le sentir contre moi.
-Elysia, je t’aime, murmurai-je alors que nos mains se baladaient un peu partout sur notre corps.
-Moi aussi Anna… Tu es très belle...Si belle.
Mon corps s’enflammait de désir, la boule de chaleur grandissait au creux de mes reins, au plus profond de ma féminité. Elysia continua à prononcer mon prénom avec harmonie alors que ses mains trouvèrent enfin leur chemin en haut de ma robe Northuldra, touchant ma poitrine avec délicatesse.
-Ne t’arrête pas… Chuchotai-je.
-Anna ? Que je ne m’arrête pas à faire quoi ? Demanda soudain une voix à travers le Northuldra des Terres Gelées.
L’image se troubla et je me retrouvai dans mon lit. Maman était à côté de moi me fixant avec surprise.
-C’est l’heure de se réveiller ma petite chamane, dit-elle en ayant bien du mal à cacher un sourire idiot.
Je m’étirai aussitôt, essayant de ne pas montrer le sang qui était en train de me monter aux joues. C’était la quatrième fois cette semaine que je faisais des rêves très proches d’Elysia. Les quatre ans d’absence arrivaient à leur fin. Oh bien sûr ! Nous avions échangé, mais la proximité demeurait un obstacle...Et mon amour pour le jeune homme ne s'était jamais éteint pourtant...A mon grand regret.
-Tu parlais dans ton sommeil, précisa Maman en riant.
-Ah bon ? Et qu’est-ce que je racontai ? Questionnai-je de façon indifférente.
-Tu gémissais, répondit-elle, a mon avis, j’en connais une qui a pris du bon temps avec Amarok !
-Maman je t’en prie ! M’exclamai-je en détournant le regard.
Mon futur mari était malheureusement la dernière personne à laquelle je pensais dans mes fantasmes. Pourtant en quatre ans nous avions tenté de nous rapprocher. Mais l’affinité ne s’arrêtait pas plus loin qu’à l’amitié. Tout comme pour Yélana et Pieter d’ailleurs... Ce qui était normal pour ce dernier puisqu’il s’agissait de mon frère.
-Allez je te taquine, mais cela ne te fait pas t’habiller. Je te laisse, le petit déjeuner t’attend. Ensuite leçon de chamanisme.
-Oui Maman, soupirai-je.
Je serai bien restée dans les bras d’Elysia plus longtemps. Mon faux-frère me manquait toujours. Mais avec ce dont je rêvais pouvais-je encore l’appeler comme cela ? Oui Anna. Je le fantasmai car pour moi il représentait l’homme idéal. Je ne pouvais pas l'aimer de toute façon. Je soulevai enfin les draps et sortis du lit. Je troquai mes anciens changes contre des nouveaux car il était inutile de préciser leur état suite à mon rêve, fis rapidement mes tresses jumelles et retrouvai enfin ma famille.
-Bonjour ma petite sœur préférée ! S’écria Pieter en m’embrassant le front.
-Oui oui bonjour… Juste Anna c’est bien aussi, grommelai-je.
-Bah alors ? D’où vient cette mauvaise humeur ? Demanda à nouveau mon frère.
J’haussai les épaules. J’avais quatorze ans et je voulais juste retourner à mon rêve torride. Maman distribua les aliments et répliqua :
-C’est bien dommage que tu fasses la tête… Surtout un jour comme aujourd’hui…
-Ah bon pourquoi ? Interrogeai-je enfin intriguée.
-Oh ! Je ne suis pas sûre mais il me semble que le peuple des Terres Gelés vient nous rendre visite, dit-elle malicieuse. Et que par conséquent il y a de fortes chances que tu revoies Elysia.
Je souris simplement et mon cœur bondit d’émotions à la seule prononciation de son prénom.
-Ça sera comme au bon vieux temps, admit Pieter qui avait gagné en maturité.
-Prêt pour la chasse mon fils ? Questionna alors Papa.
-Oui.
-Ne rentrez pas trop tard si vous voulez profiter des autres, prévint Maman.
-N’aies crainte. Yuma et Amarok sont à cheval sur l’heure, plaisanta-t-il.
Il alla l’embrasser puis ils partirent.
-Bien, Anna c’est à nous, reprit-elle. Te rappelles-tu ta première leçon de chamanisme avec Elysia ?
-Oui… C’était sur l’ouverture des chakras, dis-je.
-Exact. Il en reste trois que tu n’as pas ouvert puisque tu n’étais pas en âge de les comprendre. Nous allons le faire maintenant.
Sans plus attendre, elle me ramena au centre de la hutte et me tendit un coussin.
-Parfait ma petite chamane. Les trois chakras qu’on va travailler se trouvent en dessous de la poitrine. Commençons donc par le chakra racine. Tout d’abord, tiens-toi debout, sois bien détendue et fléchis légèrement les genoux. Ton but est de te connecter au sol. Alors vas-y.
Je m’exécutais.
-Bien. Anna. A présent tu vas balancer ton poids toujours très doucement, vers l’avant.
Essayant du mieux que je pus de ne pas tomber comme une masse, je m’appliquai et atteins bientôt le sol.
-Assied-toi en tailleurs maintenant et fais un mouvement circulaire entre le pouce et l’index de tes deux mains.
Maman inspecta mes gestes et les valida. Elle finit par murmurer :
-Concentre-toi et chante le son « LAM » dans ta tête en fermant les yeux.
Je me repliai immédiatement dans mes pensées alors que Maman m’indiqua que le chakra racine se situait au plus profond de ma fleure intime. Je sentis aussitôt une ouverture de bien être semblable à celle que je pouvais ressentir lors de mes rêves farfelus avec Elysia. Je nous voyais tous les deux à faire ce besoin animal pour pouvoir nous reproduire.
-A en juger par ton rouge aux joues, je suppose que ça vient de marcher ma petite chamane, déclara Maman me sortant subitement de mes pensées.
-Hum…Oui. Il sert à développer quel équilibre celui-là ?
-L’instinct de survie, d’où tes pensées de copulation, je suppose ?
-Euh...Oui...C’est exact, bafouillai-je.
-Tu n’as pas à avoir honte Anna. C’est naturel. Mais puisque ça te gêne, autant passer au suivant. Le chakra sacré. Assieds-toi sur les genoux, le dos droit et relâché. Voilà. Très bien. Pose ta main gauche sur ton genou, paume vers le haut, puis pose ta main droite sur l’autre. Allez plus proche. Il faut que tes pouces s’effleurent.
-Comme ça Maman ? Demandai-je voulant être perfectionniste.
-Oui. Maintenant visualise ton chakra dans le bas du dos, puis prononce dans ta tête le son « VAM ».
Mes pensées me renvoyèrent alors un trop plein d’émotions emmêlées. Je me revoyais en train de dire au revoir à Elysia, en train de me disputer avec Pieter, en train d’avoir un sentiment de fierté avec Grand Pabby. Puis les images s’arrêtèrent sur un puissant sentiment de désir. Celui de ne faire qu’un, une fois encore avec mon faux frère. Pas d’enfants cette fois. Juste nous deux qui voulions atteindre une passion sexuelle.
-Je crois que je préférais le chakra racine finalement, déclarai-je après de longues minutes.
-Pourtant le chakra sacré est important car c’est lui qui équilibre ta vie sensuelle en tant qu’humaine, c’est aussi lui qui régule tes différentes émotions. Il faut que tu le surveilles Anna car, toi, tu es quelqu’un de très émotive. On s’entraînera. C’est important car tu es grande à présent. D’ici quatre, cinq ans, tu seras une femme mariée.
Et si je n’en avais pas envie ? J’avais failli le dire à voix haute mais le regard déterminé de Maman m’en dissuada. Je me contentai d’acquiescer. Je me plaçai à nouveau sur mes genoux pour l’ouverture du dernier chakra. Mes mains étaient posées sur l’estomac et mes pouces joints. Le mot à prononcer était « RAM ». Je redoutai encore des instants de gêne mais cette fois ce qui me vint par penser était controversée. J’allais à l’encontre de mes parents pour le mariage d’Amarok. Je clamai haut et fort que j’aimais Elysia et qu’ils ne m’empêcheraient pas de l’épouser.
-Alors Anna ? Demanda Maman.
-Euh...J’ai l’impression qu’il rejoint un peu le chakra sacré par rapport aux émotions, répondis-je très vite car je ne voulais pas lui révéler ce que j’avais vu.
-Bien ma petite chamane. C’est le chakra qui peut te rendre agressive si tu as un trop pleins d’émotions. C’est avec celui-ci que tu dois te faire confiance et t’affirmer. Est-ce que tu as compris ?
D’où mes rêves, d’où cette pensée… Non Anna. Non. Je ne devais pas aimer Elysia. Tant pis s'il fallait que je me le répète jusqu'à ce que ça rentre. J’étais promise à Amarok, un point c'est tout. Il ne pouvait en être autrement.
-Ma petite chamane ? Est-ce que ça va ? Reprit Maman. Tu as l’air perdu.
-Non, Maman. Je t’assure tout va bien. Oui j’ai compris. Enfin non… Je voulais savoir quelque chose.
-Je t’écoute ?
-Pourquoi est-ce que je suis la seule de la famille à être promise à quelqu’un ? Demandai-je.
Il y eut un silence montrant qu'elle était prise de court. Puis finalement elle répondit :
-Parce que Pieter n’a pas le chamanisme, du coup aux yeux d’un parti il est moins important que toi.
Quelle injustice ! J’en venais presque à regretter mon rôle. Maman ajouta avec un air nostalgique :
-Je ne sais pas ce qu’il attend pour nous la présenter mais j’ai l’impression que la jeune fille Delahage lui plait. Est-ce que tu les aurais vu un peu ensemble ?
J’étais tellement déroutée par mes propres sentiments que je n’avais pas le temps de me préoccuper de ceux de mon frère.
-Non, Maman, finis-je par répondre. Mais j’essayerai d’en savoir plus si tu veux.
-Très bien. Tu es gentille. Ton père et moi sommes très fiers de vous deux.
-Merci Maman. Je t’aime.
-Moi aussi ma petite chamane.
Elle m’enlaça.
-Je peux aller voir Yélana et Amarok avant le déjeuner ?
-Oui. Vas-y ! S'exclama-t-elle ravie.
Je ne me fis pas prier. En deux temps, trois mouvements, je me retrouvai bientôt devant la maison des Coudriers.
-Tiens ! Bonjour Anna ! S’exclama Kanda.
-Bonjour monsieur, Yélana n’est pas là ? Demandai-je.
-Elle est partie avec Amarok il n’y a pas longtemps. Ils allaient vers le canyon, me précisa-t-il.
-Ah bien ! Merci monsieur Coudrier.
-De rien.
Je filais immédiatement dans la direction indiquée et étais prête à faire une entrée fulgurante quand ce que je vis me força à me cacher derrière un buisson. Yélana était adossée contre un des arbres alors que sa bouche et celle d’Amarok étaient scellées. Je me fis immédiatement peur car je ne ressentais absolument pas de jalousie. Après tout ma meilleure amie devait être heureuse puisque c'était ce qu'elle avait toujours voulu. J’en fus même gênée d’avoir assistée à cet instant d’intimité entre eux. Aussi, je repartis vers la maison le plus rapidement possible.
Quand j’arrivai, Papa et Pieter étaient revenus et Maman préparait le déjeuner. J’allais l’aider en essayant d’oublier que j'avais envie de reproduire que j’avais vu entre Elysia et moi.
*****
-Tu sais Maman, tu n’es pas obligée de nous raconter tous tes fantasmes en détail ! S’écria Mère.
-Vous voulez l’histoire en entier ?! Alors je n’omets aucun détail ! Renchérit-elle.
-Ne vous plaignez pas, si ça avait été ma version de l’histoire ces fantasmes seraient venus beaucoup plus tôt ! Rétorqua Papy.
-Merci Beau-Papa ! Je pense que ça ira ! S’exclama mon Père.
Pour une fois j’étais d’accord avec lui.
-Quand je pense que tu aurais pu prévenir Yuma pour les agissements d’Amarok ! Repris-je, ça aurait été plus vite.
-Oui c’est sûr ! Et il m’aurait sauté dessus pour l’occasion ! Renchérit-elle en frissonnant.
-Pardon Mamie, je ne pensais plus à ça. Mais ta mère et ton père auraient pu le savoir, eux.
-Non Anna. J’ai déjà répondu à Agnarr à ce sujet, insista-t-elle en haussant la voix.
Elysia se rapprocha alors d’elle et lui murmura à l’oreille :
-Tu es sûr qu’il faut parler de la suite ?
-Toi comme moi, savons que je préférerai l’avoir oublié. Mais j’ai promis que je raconterai tout et je tiens mes promesses.
Papy acquiesça alors que je ne comprenais pas son anxiété. Mamie reprit alors :
-Mon Ange de l'Air répète à tout le monde ce que je te disais chaque soir avant de t’endormir.
-Euh… D’accord… On se câline, on se blottit ? Dit Maman comme un refrain.
-Très bien, conclut Mamie. Vous voilà tous prévenus.
Ma curiosité reprenait le dessus. Etre attentive Anna ! Etre attentive !
*****
Le déjeuner se passa vite alors que mon cœur battait déjà à mille à l’heure à l’idée de retrouver Elysia. Il faillit éclater quand Maman après avoir observée le soleil, déclara :
-Ils doivent être arrivés.
J’essayai de ne pas montrer mon impatience. Hors, là, tout de suite je ne souhaitais qu’une chose : Lui sauter au cou. Nous nous retrouvâmes donc dans la partie de la Forêt destinée aux rencontres. Il y avait quelques visages inconnus, de nouvelles naissances. Je cherchai mon faux frère parmi la foule. Mon cœur manqua soudain un battement. Il était là !
Elysia me faisait face. Il avait bien grandi et ses cheveux blonds avaient poussé. Ils étaient attachés en demi-queue. Ses épaules étaient de plus en plus massives lui faisant un port de tête d’homme. Son menton bien que rasé laissait échapper quelques traces de duvets clairs. Ses yeux myosotis me virent enfin. Je lui faisais de grands coucous n’osant m’approcher. Il me les rendit de façon timide et activa son pas.
-Bonjour Anna ! S’exclama-t-il joyeux, tout en maintenant une certaine distance. Tu as beaucoup changé ! Et cela te va très bien !
Il lorgna avec rapidité ma bouche, mes seins et mes fesses.
-Toi aussi tu as grandi, renchéris-je un peu déçue que nous mettions une barrière dans notre échange.
J’aurais tellement voulu l’enlacer mais je sentais que si je le faisais maintenant, ça serait raté. Nous nous embrassâmes brièvement les joues à la place...Ce qui suffit déjà me rendre euphorique intérieurement.
-Alors que racontes-tu de beau ? Demandai-je pour détendre l'atmosphère.
-Pas grand-chose de nouveau par rapport à ce que je t’ai déjà dit par lettre, répondit-il furtivement.
Je ne comprenais pas ses réactions. J’avais l’impression de l’embêter plus qu’autre chose. Iduna vint nous sauver en me saluant.
-Bonjour Anna ! Ce que tu es une belle jeune fille à présent ! S’écria-t-elle.
-Merci Madame Sappos.
-Elysia t’a-t-il prévenu ? Reprit-elle.
-Maman s’il te plaît, pas maintenant, dit-il fermement.
-Prévenu de quoi ? Demandai-je.
-Nous sommes venus chercher la femme d’Elysia chez vous ! Répondit-elle enthousiaste.
Mes jambes me lâchèrent d’un coup alors que la massue s’abattit sur mon crâne.
-Mais…Mais je croyais que tu ne devais pas épouser une femme si tu ne l’aimais pas, renchéris-je plus violemment que je ne l’aurais cru.
Cache tes émotions Anna, maîtrise tes sentiments…Ne montre pas que cela t'a atteint...
-Je ne suis plus de toute jeunesse Anna, expliqua Iduna. Autant te le dire… Je suis condamnée et si je n’apprends pas rapidement les leçons de chamanisme à la femme d’Elysia, la tribu n’en saura pas assez pour survivre.
-Même avec ce que Maman lui a appris ? Insistai-je me sentant prise d'un vertige.
-Oui. Même si Helga a fait du bon travail ce n’est pas suffisant, soupira-t-elle.
Je déglutis rapidement avant de répliquer :
-Je suis vraiment navrée pour vous Iduna. Si seulement…
-La mort n’est pas une échappatoire, me coupa-t-elle. Tout le monde y passe et je ne veux pas qu'on s'apitoie sur mon sort. Mais merci Anna. Bon je vous laisse je vais aller discuter avec la principale intéressée.
Elle nous laissa dans le silence le plus totale.
-C’est pour cela que tu es si distant ? Finis-je par demander.
Sa réponse me glaça encore plus :
-Je ne voulais pas te faire de peine. Et puis il faut penser un peu à nous deux, nous ne sommes plus des enfants. Tu es promise et moi aussi. Je ne voudrais pas qu’il y ait d’amalgames entre nous sur des comportements qui pourraient être mal compris.
-D’accord, dis-je automatiquement.
J’avais envie de lui sauter dessus et de le secouer. De l’embrasser violemment pour lui prouver l’inverse à propos de nos sentiments. Nous échangeâmes un regard qui ne laissa aucun doute sur ce qu'il ressentait aussi...Pourquoi n'agissait-il pas dans ce cas ?! Certes nous étions en plein milieu de la clairière et Amarok ou Yuma pouvaient être dans les parages mais tout de même !
-Et donc ? Qui est la fameuse ? Parvins-je à articuler au bord des larmes.
Elysia ne répondit pas de suite mais me fixa plutôt de ses beaux yeux bleus.
-Je ne suis pas sûr que la réponse va te plaire, murmura-t-il.
La vérité se connecta immédiatement à mon cerveau. Je lui lançai aussitôt un regard enflammé et répliquai furieuse :
-De tous les choix qui étaient possible dans la tribu il a fallu que tu prennes Yélana !
-C’était la seule que je connaissais le mieux après toi, se défendit-il.
-Oh ! Je vois que tu n’as pas perdu ton temps en tous cas dans ta réflexion ! Criai-je prise d'une jalousie incurable.
Il s'énerva à son tour et je sentis que je l'avais peiné.
-Mais qu’est-ce que ça peut bien te faire à toi de toute façon ?! Tu es promise à Amarok ! De quoi tu te mêles ! Me cracha-t-il piqué à vif.
Je dus me contrôler de toutes mes forces pour ne pas éclater en sanglots. A la place, je renchéris à mon tour avec férocité :
-Bravo ! Quel répondant ! Eh bien ! Cours la voir ta jolie fiancée ! Vous me dégoûtez tous les deux ! Je t’interdis de remettre les pieds ici et encore moins de me parler !
-Parfait ! Conclut-il, Adieu dans ce cas Anna !
Je ne lui répondis pas alors qu’il partit avec violence en direction de la maison des Coudriers. J’hésitai un instant à le rattraper mais à la place, je donnai un coup de poing à l’arbre auquel j’étais adossée. Puis je courus me réfugier près des berges et pleurai enfin de rage.
-Quel idiot ! Mais quel idiot ! Grognai-je en donnant un coup de pied dans un des gros rochers.
Il se mit à bouger le temps que je me rappelle qu’il s’agissait de mes amis. Le géant me regarda légèrement énervé.
-Excuse-moi. Elysia m’a brisé le cœur, murmurai-je avant de me remettre à pleurer.
Le géant grogna puis s’assit sur le bord de la rive avec moi. Son index me tapota bientôt le dos. Puis il me logea au creux de sa main et me ramena contre son torse. Je me plaquai contre la roche rêche et restai quelques minutes ainsi le temps d’être apaisée.
-Merci d’être là pour moi, chuchotai-je.
Le géant grogna à nouveau et me regarda en souriant. Puis il me redéposa au sol et retourna se coucher sur la berge. Je lui fis un petit signe avant d’entendre dans mon dos :
-Je savais que je trouverai là Anna.
Mes traits se durcirent à nouveau et je me retournai violemment vers Yélana.
-Tu comptais me le dire quand pour Elysia et toi ? Demandai-je.
Yélana s’approcha et supplia :
-Je n’étais pas au courant. Je t’en prie, il faut me croire Anna. Je ne t’aurais jamais caché ça…
-…Comme tu m’as caché ton baiser de ce matin avec Amarok, la coupai-je.
-Ça aussi j’allais y venir. Je m’en excuse. J’ai agi de manière impulsive, mais tu connais mon faible pour lui depuis que nous sommes amis.
-Je m’en fiche que tu l’aies embrassé, dis-je distante, tu peux l'embrasser autant de fois que tu veux, je m'en fiche, je t'assure.
-Je ne te comprends vraiment pas dans ce cas, reprit-elle, tu as moins de réaction pour ton futur mari que pour quelqu’un que tu considères comme ton frère.
-Tu es sûre que nous sommes amies ?! Demandai-je avec méchanceté.
-Mais oui pourquoi ?! Oh mais je sais pourquoi ! Questionna-t-elle à son tour avant de lâcher subitement, J’ai compris : Tu aimes Elysia.
-Bravo pour cette analyse, rétorquai-je hargneusement. Je croyais que tu le savais depuis le temps. J’ai toujours parlé d’Elysia alors que toi, tu ne jurais que par Amarok. Mais peu importe… ça ne sert à rien de ressasser, ça ne fera pas avancer le reste.
La réaction de ma meilleure amie me choqua alors :
-Tu es quand même gonflée ! Tu sais déjà que tu es mariée au meilleur parti du village et ce depuis ta naissance alors que moi je n’ai rien demandé et me voilà à me retrouver à apprendre des pratiques dont je n’en ai que faire auprès d’un homme qui n’a aucun charisme et qui ne m’aime pas ! Toi au moins, tu as la chance d’avoir l’admiration d’Amarok qui ne jure que par ta beauté ! « Tes cheveux uniques, tes yeux de velours » ! Je reprends ses mots bien sûr !
Je me retins de l’étrangler. A la place je répondis :
-Eh bien pourquoi n’allons-nous pas de ce pas dire à tous les parents que j’aime Elysia et que tu aimes Amarok. Le problème serait réglé !
-Mais tu crois quoi ? L’idée m’était déjà venue, mais ce n’est pas possible. Amarok m’a expliqué que vos deux coupoles étaient déjà prêtes à être allumées depuis quatorze ans et toi comme moi savons qu’on ne peut pas aller à l’encontre de l’Yggdrasil.
Maudit arbre de vie ! Je les haïssais tous !
-Oui, dis-je serrant les dents, je ne le sais que trop...
-Et puis la dernière fois que j’ai essayé de te suivre, j’ai promis que je ne recommencerai pas !
Je soupirai et baissai la tête.
-Moi aussi...Tu as raison...Un point pour toi...
-Je vais devoir partir. Je venais te dire adieu, reprit-elle un peu plus radoucie.
Ça ne pouvait pas se finir comme ça. C’était un cauchemar.
-Alors adieux Yélana Coudrier, dis-je durement. Je crois que nous nous sommes tout dits.
Elle se renfrogna. Elle s’arracha notre bracelet de l’amitié du poignet et le balança au sol et conclut :
-Moi aussi. Adieu Anna Piceaerd.
Je la regardai s’en aller tout en comprenant que Grand Pabby avait raison. Arriverai-je un jour à lui pardonner ?! Pensai-je Il me fallait à présent rejoindre les autres et paraître la plus naturelle possible. Je fis semblant le reste de l’après-midi évitant le plus ceux qui étaient passés d’amis à ennemis. Ils restèrent jusqu’au dîner. Le banquet et les « au revoir » furent brefs. La chaleur de l’été sonnait faux sur toute cette mise en scène.
-J’espère être encore en vie pour te voir mariée Anna, déclara Iduna. A dans quatre ans donc ? Demanda-t-elle.
-A dans quatre ans, repris-je poliment.
Je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle était pleine de bonne volonté… Optimiste. Maman pleura un peu son départ alors que cette fois je demeurais calme.
-Il est temps de rentrer, précisa-t-elle.
-Je voudrais parler un peu avec Amarok d’abord, déclarai-je.
-Pas trop longtemps alors, répliqua Maman surprise.
J’acquiesçai et elle s’en alla. Je retrouvai bientôt le fils du chef près de l’ancien enclos de rennes des Coudriers.
-Il paraît qu’Elysia est reparti ? Je n’ai même pas eu le temps de lui dire au revoir, déclara-t-il.
J’hochai la tête évitant de le regarder car je sentais poindre les larmes. Le passé est passé Anna, ne plus penser à ton faux frère. Te concentrer sur ton avenir avec Amarok.
-Il est parti avec Yélana, murmurai-je.
-Elle va me manquer. Je l’appréciais bien, admit-il.
-Il vaut mieux oui… Je vous ai vu vous embrasser, dis-je un petit rictus aux lèvres.
Amarok blanchit d’avoir été découvert.
-J’ai fait ce qu’elle voulait Anna… Pardonne-moi, je suis un être faible, incapable de résister, dit-il.
-Ce n’est pas grave, je ne t’en veux pas, chuchotai-je… Yélana a toujours été amoureuse de toi de toute façon… Mais tout ceci est révolu maintenant puisqu’elle est avec son promis et toi avec moi.
-Mon père a dit que je pourrais bientôt te demander officiellement ta main, précisa-t-il.
Il enlaça ses doigts à travers les miens de façon gauche. Je ne le rejetai pas même si son toucher ne me faisait rien. Amarok balaya mes deux tresses en arrière. Ses yeux me scrutèrent attendant que je m’y oppose. Mais je ne réagis pas et le laissai faire. Il me fallait accepter mon sort. Plus rien n’avait d’importance de toute façon puisqu’Elysia ne m’aimait pas. Le fils du chef se pencha alors que je fermai les yeux pour accueillir ses lèvres. Ce fut un baiser plus chaste que je ne l’aurais cru, sachant ce qu’il avait déjà pu faire par le passé. J’eus à peine le temps de sentir la pression que déjà il recula.
-Je te promets de veiller sur toi Anna Piceaerd, de ne jamais te faire de mal. De toujours te respecter, chuchota-t-il.
-Merci Amarok, murmurai-je en lui rendant son baiser. Je serai très heureuse d’annoncer nos fiançailles.
Il sourit de joie et nous nous serrâmes maladroitement l’un contre l’autre.
-On se voit demain ? Demanda-t-il en me tenant le visage.
-Oui.
-Alors à demain Anna, conclut-il.
Il s’en alla ensuite me laissant seule face au malaise qui s’installait.
-Quel gâchis, pensai-je, Je ne sais même pas ce qu’est l’amour. Je regardais un point au hasard de l’horizon cherchant ma respiration lorsque Pieter arriva.
-Tu en fais une tête petite sœur… ça ne va pas ? Demanda-t-il face à la pâleur de mon visage.
-Tu as trouvé les mots juste, déglutis-je, ça ne va pas. Rien ne va. J’ai l’impression que ma meilleure amie vient de me trahir en partant avec mon faux frère pour qui j’avais énormément d’affection…
-Dont tu étais amoureuse tu veux dire ? Renchérit Pieter un petit sourire aux lèvres.
Cela m’arracha un sourire. A quoi bon nier ? Mon amour pour Elysia était démasqué.
-Dont je suis toujours amoureuse; rectifiai-je. Mais promise à un autre…Amarok est charmant mais je ne l’aime pas, je n’y arrive pas. Pourtant il faudra bien que je m’en accommode puisque le destin l’a décidé pour nous.
Je soupirai profondément, serrant les points pour ne pas pleurer face au ridicule de la situation. Je me calmai quelques instants avant de reprendre :
-Et toi Pieter ? Qu’attends-tu pour présenter la fille Delahage à Maman et Papa ?
-On ne peut rien te cacher donc… Dit-il en rougissant malgré lui.
-On s’était promis de tout se dire tous les deux, renchéris-je. Alors ?
-Alors, c’est une mauvaise journée pour tout le monde, soupira-t-il. J’ai été devancé par Frantz Aulnus. J’ai mis trop de temps...Bon après même si je l'aimais bien...Ce n'était pas mon premier choix.
-Oh ? Vraiment ? Ton premier choix ?
Pieter me regarda à nouveau mal à l'aise.
-Oui...Qu'importe Anna...Ce n'est pas important, dit-il.
-Oh… Tu sais… Je serai bien d’avis de te dire que les Northuldra filles ce n’est pas ce qu’il manque dans la tribu, mais je sais trop bien que l’amour ça ne se commande pas.
Pieter m’observa et tenta de rester fier. Il m’embrassa le front et rétorqua :
-Ne t’inquiète pas pour ton secret. Je le garderai en sécurité. Moi, je ne compte rien dire à Papa et Maman puisqu’il n’y avait rien d’officiel. Mais je suis quand même bien surpris qu’ils n’aient jamais rien remarqué pour toi…
-…Mon arrangement avec Amarok est beaucoup plus important, le coupai-je.
-Nous ferons donc tout pour que ce soit une réussite petite sœur. Je m’excuse encore d’avoir été aussi exécrable avec lui durant toutes ces années.
-Tu peux, murmurai-je. Allez viens…Rentrons à la maison.
*****
-Oh Mamie c’est vraiment trop triste, dis-je la gorge tremblante.
Je ne pouvais m’empêcher de faire le rapprochement entre son histoire d’amour et ma pénible situation sur mes sentiments controversés envers Kristoff et Hans. Mon mari était mon tout. Pourtant je ne parvenais pas à oublier le montagnard. Et cela ne s’arrangeait pas depuis que Mamie m’avait parlé des différentes histoires qu’on avait eu ensemble.
-Pauvre Pieter, souligna justement Hans comme s’il avait senti que je remettais en cause notre relation. Est-ce qu’il s’est marié ?
-Pauvre Pieter c’est vite dit ! S’exclama alors Papy hargneusement, tout est relatif.
-Elysia calme-toi, murmura Mamie en lui caressant le bras pour l’apaiser.
-Toi et moi savons la suite, dit-il en serrant les dents.
-Oui et elle sera racontée en temps et en heure. Il reste quand même mon frère.
-Oui pardon, se reprit-il, excuse-moi mon amour.
-Rassurez-moi Beau-Papa vous n’allez pas nous faire une nouvelle crise de jalousie ? Questionna Père.
Mamie observa Papy avec des yeux de reproches. Après tout c’était de sa faute cette fois si elle s’était résignée à aller dans les bras d’Amarok. Il la ramena contre elle et la câlina.
-Non… C’est moi qui avais été un pur idiot à l’époque. J’avais tellement mal par rapport au destin qui nous attendait chacun que je préférai jouer les durs.
-Et ça avait bien fonctionné, murmura Mamie. Je t’en voulais amèrement. Je ne désirai plus jamais te revoir.
-Même pas en rêves érotiques ? Plaisanta-t-il.
-Surtout pas en rêves érotiques… Mais je n’ai pas tenu de ce côté-là…Dit-elle.
-Pas de détails par pitié Belle-Maman ! Reprit Papa.
-Il faudra bien que vous en ayez en temps et en heures mon Gendre ! Minauda-t-elle avec malice.
-Pourquoi Yélana n’a pas dit non ? Demanda à son tour Maman qui sentait que l’ambiance se réchauffait un peu trop.
-Parce qu’elle était jalouse que je sois promise à Amarok, soupira mon aïeule.
-Quand on voit comment ça a fini… Déclara Papa.
-Agnarr ! Le gronda-t-elle.
-Dans cette vie-là mon Gendre ! Je le rappelle ! Puisqu’il y a bien d’autres vies où vous et moi sommes en train de nous disputer en étant bien vivants. D’ailleurs je vais aller voir un peu ce qui se passe par là-bas… Anna tu m’accompagnes ?
J’hochai la tête soulagée d’être seule avec elle pour pouvoir lui dire ce que j’avais sur le cœur.
-Je te sens perturbée ma petite Piceaerd, murmura-t-elle.
-Oh Mamie… Je ne peux m’empêcher de penser à Kristoff quand tu parles de ton histoire d’amour… Pourtant j’aime Hans de toute mon âme…
-C’est normal… Dans d’autres vies tu as été profondément amoureuse de lui et c’est resté inscrit dans ton aura.
-Parfois j’en viens à regretter de ne pas être dans une de ces vies avec lui, dis-je enfin en me mordant la lèvre.
-Je comprends ma chérie, admit Mamie. Moi-même je… Non… Nous en discuterons plus tard.
Elle revint au souvenir actuel et le consulta rapidement.
-Ça n’a pas l’air d’être bon pour eux ! Commentai-je en voyant que Papa s’agitait car il venait d’apprendre que les Northuldra voulaient attaquer Arendelle déjà aux mains du Duc de Weselton.
Mamie m’observa en haussant les sourcils et je me repris :
-Pardon… Je voulais dire… Ce n’est vraiment pas de chance.
-Tu sais ce qui va être vraiment pénible comme situation ? Questionna-t-elle.
-Quand Elsa et Kristoff vont apprendre ma mort dans cette histoire-là, répondis-je. Mais on peut sans doute l’éviter non ?
-Exactement ma petite Picéaerd. Et non toi comme moi savons que ce ne sera pas possible de la contourner. Tu étais très importante à leurs yeux. A mon avis ça ne devrait plus tarder avec ce que tu as fait la dernière fois, tu les as poussés à aller te chercher.
-Est-ce grave ?
-Non. De toute façon ils devront l’apprendre. Ta sœur va avoir le cœur brisé et c'est normal, murmura-t-elle blême.
-Et Kristoff aussi, murmurai-je en me mordant la lèvre. C’est bien dommage qu’on ne puisse pas ressusciter.
Mamie sourit et me serra fort la main. Elle finit par déclarer :
-Fais-moi confiance.
-Est-ce que tu ne pourrais pas faire en sorte qu’Elsa et Kristoff tombent amoureux ? Comme ça a déjà fusionné entre eux dans mon ancienne vie, ça pourrait être pareil là, essayai-je.
Mamie rit à ma remarque et répliqua :
-Tu as vraiment de l’imagination… Mais je te rappelle qu’Elsa est avec Ryder, et vu leur union sur la plage je ne pense pas qu’ils soient prêts à se quitter.
Je rougis violemment à la comparaison. Mamie rit encore et me ramena contre elle.
-Ça va aller ma petite Piceaerd, conclut-elle.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Ven 23 Oct 2020, 22:12
Bon alors déjà, bien joué pour la scène du rêve ! Malgré l'apparente rapidité dans l'essentiel par rapport au précédent chapitre, j'y croyais vraiment... jusqu'à ce que tu nous révèles que c'était juste un fantasme de mamie Anna. Là bravo, ça m'a bien surpris ! Ça m'a même fait un peu penser à Joker et cette histoire de fausse réalité d'Arthur Fleck.
Par contre, ça se gâte depuis le retour d'Elysia. Je m'attendais à des retrouvailles heureuses, que Mamie Anna et Elysia allaient enfin consommer (non officiellement) leur union... et là PAF, un mot de travers et tout part en cacahuète entre eux ! Ils s'aiment finalement pas (ou plutôt n'arrivent pas à s'avouer leur amour), Elysia préférant Yéléna, Mamie Anna décide finalement de couper les ponts avec lui... et maintenant y a Yéléna qui affirme son amour à Amarok (dont Mamie Anna est promis pour rappel) mais qui elle aussi n'ose pas l'avouer. Ça fait un peu vaudeville au premier abord, mais avec le drama à la place du malentendu humoristique, ça augure pas de bonnes choses pour la suite. Bon cela dit, on sait finalement que Mamie Anna va revenir vers Elysia, mais reste à voir dans quelles circonstances.
Au passage, j'aime beaucoup quand Mamie Anna va trouver du réconfort auprès des géants/esprits de la terre. Ça leur apporte un peu de douceur quand on sait qu'on peut aisément les imaginer brutaux, mais ça j'aime bien.
Pas mal du tout pour le coup, donc j’attends comment ça va se dégoupiller. Serait-ce Arendelle qui va (involontairement) dégoupiller la situation, si le lecteur voit ce que je veux dire ? Wait and see.
Par contre, ça se gâte depuis le retour d'Elysia. Je m'attendais à des retrouvailles heureuses, que Mamie Anna et Elysia allaient enfin consommer (non officiellement) leur union... et là PAF, un mot de travers et tout part en cacahuète entre eux ! Ils s'aiment finalement pas (ou plutôt n'arrivent pas à s'avouer leur amour), Elysia préférant Yéléna, Mamie Anna décide finalement de couper les ponts avec lui... et maintenant y a Yéléna qui affirme son amour à Amarok (dont Mamie Anna est promis pour rappel) mais qui elle aussi n'ose pas l'avouer. Ça fait un peu vaudeville au premier abord, mais avec le drama à la place du malentendu humoristique, ça augure pas de bonnes choses pour la suite. Bon cela dit, on sait finalement que Mamie Anna va revenir vers Elysia, mais reste à voir dans quelles circonstances.
Au passage, j'aime beaucoup quand Mamie Anna va trouver du réconfort auprès des géants/esprits de la terre. Ça leur apporte un peu de douceur quand on sait qu'on peut aisément les imaginer brutaux, mais ça j'aime bien.
Pas mal du tout pour le coup, donc j’attends comment ça va se dégoupiller. Serait-ce Arendelle qui va (involontairement) dégoupiller la situation, si le lecteur voit ce que je veux dire ? Wait and see.
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Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 3 : Les souvenirs d'une Grand-Mère : Attention contenus mature !
Dim 25 Oct 2020, 22:27
Merci @Dov pour ton commentaire
Nous sommes en pleine adolescence donc des mots qui sont dits et mal interprétés c'est assez courant
J'ai adoré écrire la scène avec les géants C'était un peu de douceur noyée dans le flot de mots qui m'ont fait souffrir durant l'écriture.
Voici sans hésiter les spoilers sans contexte du chapitre 9
Nous sommes en pleine adolescence donc des mots qui sont dits et mal interprétés c'est assez courant
J'ai adoré écrire la scène avec les géants C'était un peu de douceur noyée dans le flot de mots qui m'ont fait souffrir durant l'écriture.
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