- Le Royaume d'Arendelle -
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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 63)

Sam 13 Jan 2024, 11:37
Chapitre 63
Elsa
 
Qu’est-ce que j’ai fait ?
Une violente douleur me tordit brusquement l’estomac. Je grimaçai, posant mes mains au-dessous de mes côtes.
Elle ne me pardonnera jamais.
Je me laissai tomber en arrière sur mon lit. Je sentais mon cœur s’affoler incontrôlablement dans ma poitrine. Une sensation insupportable de tournis m’obligea à fermer les yeux. Je serrais si fort mes paupières que je sentis bientôt des larmes se former à leur coin. Elles dégoulinèrent lentement le long de mes joues, laissant une trace brûlante sur ma peau, avant de s’écraser sur le drap sous ma tête. Je revoyais derrière mes paupières closes le visage de Ryder penché au-dessus du mien, dans cette même position. Plus j’y pensais, plus j’avais l’impression d’étouffer, si bien que mes pleurs se transformèrent rapidement en sanglots. Ma douleur à l’estomac reprit de plus belle, me forçant à me recroqueviller sur le côté. Je rouvris mes yeux brûlants. Mes mains tremblaient toujours. Je regardai autour de moi. La pièce toute entière était recouverte de glace. J’avais l’impression de me retrouver une dizaine d’années en arrière, incapable de refouler et de maîtriser mes sentiments. Quelque chose était différent cependant. Le contrôle ne m’apartenait plus, je subissais, c’est tout. Le lit sur lequel j’étais allongée était le seul élément encore intact de la pièce. Les énormes stalactites sur les murs et le plafond s’avançaient dangereusement vers lui. La glace n’avait pas l’air de venir de moi. C’était elle qui m’encerclait et qui m’emprisonnait minute après minute dans mon propre malheur. Je me levai prudemment, posant mes pieds nus sur le sol gelé. D’un geste de la main, je m’habillai d’une longue robe blanche aussi fine qu’une pellicule de neige. Je me faufilai au milieu des énormes pics de glace qui me barraient le passage. Alors que j’atteignais la porte de la chambre, l’un d’entre eux surgit brusquement du mur attenant, déchira le tissu fin de ma manche et me blessa au bras. Comme je m’étais rapidement écartée, il ne me causa qu’une égratignure. Je sortis tant bien que mal de la pièce et courus à travers le couloir. La glace recouvrait les murs à mon passage. Je me jetai sur la porte d’entrée et tentai de l’ouvrir. Le gel l’avait bloquée. J’en forçais comme je pouvais l’ouverture, m’acharnant sur la poignée. La glace la recouvrit petit à petit m’empêchant définitivement de la tourner. Je reculai d’un pas et lançai une gerbe gelée sur l’entrée. La porte en bois ne résista pas et s’ouvrit brutalement. Je me glissai rapidement à l’extérieur et courus sur l’herbe jaunie. La nuit venait de tomber et malgré cela, je savais qu’il faisait toujours une chaleur insupportable. Cela dit, je remarquai que je ne ressentais pas cette dernière. Je n’avais jamais senti le froid mais le chaud, c’était différent. Je l’avais toujours connu, jusqu’à aujourd’hui. Pour la première fois de ma vie, je n’avais plus aucune sensation.
Le centre du village était déjà plongé dans la pénombre. Je m’avançai jusqu’à la cabane d’Honeymaren et frappai prudemment à la porte. Aucune réponse. Les volets étaient clos.

« Si tu cherches Honeymaren tu ne la trouveras pas ici. »

Je me retournai en sursautant et découvris Erik, adossé à un arbre et faisant tourner une branche noircie entre ses doigts. Il ne me regardait pas ; il se contentait de sourire en observant le morceau de bois désséché qui ne cessait de virevolter de son pouce à son auriculaire.  

« C’est bien à elle que tu voulais parler n’est-ce pas ? » reprit-il d’un ton désinvolte.

Je quittai, un peu hésitante, le seuil de la cabane et m’approchai prudemment de lui.

« Où est-elle ? lui demandai-je d’un ton ferme.
— Je ne sais pas. Elle n’est pas revenue chez elle après qu’elle t’ait vue avec son frère. »

J’eus l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds. Comment pouvait-il être au courant ? Erik stoppa soudainement le bâton entre ses doigts et le jeta par terre. Je tentai de lui dissimuler du mieux que je pouvais la nausée qui me prenait tout à coup. Il planta alors ses yeux gris dans les miens et dit d’une voix impassible :

« D’un autre côté je la comprends la pauvre. Se faire humilier de la sorte par son propre frère c’est difficile à supporter… »

Un bourdonnement au creux de mes oreilles m’empêchait d’entendre clairement ses paroles. Tout semblait s’écrouler autour de moi. Je fixais ses lèvres pour essayer de saisir ce qu’il me disait. Mais je n’entendais qu’un son grave et indistinct.

« Je comprends qu’elle se soit enfuie, et puis ce serait incompréhensible de la voir revenir au village après ce qu’il s’est…
— Ryder n’a rien fait. Ce n’est pas sa faute », le coupai-je en plongeant de nouveau mon regard dans le sien.

 Erik croisa les bras par-dessus sa poitrine et se pencha lentement vers moi, jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres de mon visage.

« Ah oui ? De qui est-ce la faute alors ? » souffla-t-il en affichant un sourire narquois.

Je me sentais de plus en plus mal à l’aise. Cet homme avait quelque chose d’inquiétant, bien que je ne sache dire quoi exactement. Son regard était si froid. Il ne laissait transparaître aucune émotion. C’était la première fois que j’étais autant décontenancée par quelqu’un. D’habitude, c’était moi qui produisais cet effet là sur les autres.

« Dis-moi où est Honeymaren. C’est tout ce que je te demande », murmurai-je pour éviter que ma voix ne tremble.

Le jeune homme se redressa et me considéra un instant, sans un mot.

« Suis-moi, dit-il finalement en m’attrapant par le poignet.
— Ne me touche pas ! »

Il me lâcha immédiatement et sourit de nouveau, comme satisfait de ma réaction.

***   

Erik ouvrit la porte de sa cabane et se tint à côté, me faisant un signe de la main.

« Je ne comprends pas. Pourquoi me fais-tu venir ici ?
— J’aimerais te montrer quelque chose. Entre, je ne mords pas, enfin, pas souvent… »

Je ne sus dire s’il avait tenté de détendre l’atmosphère en plaisantant ou s’il était réellement sérieux, tant son impassibilité m’inquiétait. J’entrai tout de même à l’intérieur, peu rassurée. Il me suivit et referma la porte derrière lui avant d’aller chercher deux chaises autour de l’énorme table en bois au centre de la salle à manger. Il s’intalla sur l’une d’entre elles et me présenta l’autre, m’invitant à m’y asseoir – ce que je fis. Erik se pencha alors en avant, posant ses coudes sur ses genoux et joignant les mains.

« Il y a des choses qui sont impossibles à comprendre pour certains tant qu’ils ne les ont pas vécues, commença-t-il. C’est souvent le cas pour les blessures les plus profondes. Pas celles que l’on t’afflige à coups de couteau, non, ça on s’en remet. Je parle de la blessure psychologique qui, elle, ne se refermera jamais. Celle qui laisse une marque indélébile en toi jusqu’à la fin de ta vie. Celle dont la douleur est ravivée jour après jour par une floppée de mots et de souvenirs qui tournent en boucle dans ta mémoire. Tu sais de quoi je parle, pas vrai ? Eh bien, imagine un instant pouvoir faire vivre à d’autres ce que toi tu as subi pendant des mois voire des années. Pouvoir enfin les faire souffrir comme ils t’ont fait souffrir.
— Je ne suis pas comme ça. Je ne fais pas souffrir les gens pour le plaisir.
— Ah oui ? Ça n’a pourtant pas eu l’air de te déranger lorsque Ryder était au-dessus de toi dans ce lit sous les yeux de sa sœur… »

Je restai bouche-bée, incapable de dire quoi que ce soit. Je serrai les poings, enfonçant mes ongles dans la paume de mes mains, pour tenter de dissimuler la colère qui montait en moi. Erik baissa les yeux et remarqua mon geste.

« Je te sens tendue. Un verre d’eau peut-être ? Tu te sentiras mieux après. »

Le jeune homme se leva, attrapa deux verres dans un placard au-dessus de sa tête et les remplit d’eau. Il m’en servit un et garda l’autre pour lui, se rasseyant sur sa chaise. Il le but lentement en ne me lâchant pas du regard. Je saisis le verre posé sur la table à côté de moi pour cacher ma gêne. Du givre se forma immédiatement dessus. Je le portai à mes lèvres et en bus le contenu, focalisant toute mon attention sur mes doigts tremblants dont de la glace s’échappait. Il ne fallait pas que je lui montre qu’il me déstabilisait. Après avoir avalé la dernière gorgée, je reposai le verre le plus calmement possible sur la table, cachant le givre qui en couvrait une partie à Erik. Soudain, il y eut un bruit fracassant. Je sursautai et lançai un regard interrogateur au jeune homme. Il venait de lâcher son verre, lequel s’était brisé en morceaux au sol. Il souriait toujours, ne semblant pas le moins du monde dérangé par ce qu’il venait de se passer. Je savais qu’il avait fait ça pour attirer mon attention sur lui et me déstabiliser davantage. Il se leva alors, ne prit pas la peine de ramasser les bouts de verre éparpillés un peu partout, et se contenta de me faire signe de le suivre. Je me levai, un peu tremblante, ne sachant quoi faire d’autre, et le suivis à travers un couloir sombre jusqu’à une nouvelle pièce. Il ouvrit la porte de ce qui s’avéra être une chambre et se dirigea immédiatement vers la fenêtre sur le mur d’en face. Je restai figée à l’entrée, refusant de pénétrer à l’intérieur.  

« Tu… Tu devais me dire où est allée Honeymaren, dis-je d’une voix peu assurée.
— Et je devais te montrer quelque chose, c’est pour ça que je t’ai faite venir ici après tout. »

Il tira les fins rideaux de la fenêtre, laissant entrer les rayons de la lune.

« Regarde. Je vois absolument tout d’ici. »

On pouvait voir la cabane d’Honeymaren et de Ryder depuis sa chambre. Une sensation de nausée me prit de plus belle.

« Tu disais que tu n’aimais pas faire souffrir les gens pour le plaisir, reprit-il, regardant par la fenêtre. C’est bien, tu es une personne vertueuse – même s’il me semble que l’on peut exprimer quelques doutes à ce sujet depuis quelques temps. Moi, je n’ai jamais voulu être comme ça. Je préfère faire partie de ces gens qui se réjouissent du malheur des autres, surtout lorsque les autres en question m’ont causé une blessure indélébile. »

Ma douleur à l’estomac devenait de plus en plus insupportable. J’avais l’impression que mes jambes allaient lâcher à tout moment si je ne me soutenais pas contre quelque chose.

« C’est Honeymaren qui m’a infligé cette blessure indélébile. Elle n’a jamais exprimé le moindre remord. Mais bon, comme tu le disais si bien, ce n’est pas sa faute. »

Manquant de tomber, je me rattrapai d’une main à la poutre de bois qui encadrait la porte. Au contact de mes doigts, celle-ci se recouvrit immédiatement de givre. Je me redressai comme je pouvais, ne lâchant pas la poutre. J’avais de plus en plus de mal à respirer et à maintenir mes yeux ouverts. J’entendis qu’Erik revenait vers moi.

« Mais maintenant, elle a compris quelle douleur j’ai pu ressentir quand elle est partie en te surprenant dans les bras de son frère. Cette profonde déchirure de voir tout ce qu’on aime nous échapper en un instant.
— Ce… n’est pas… la faute… de Ryder », haletai-je.

Une violente fatigue m’assaillie soudain. Je tombai à genoux, incapable de me maintenir debout plus longtemps. Je me penchai en avant, les mains au sol, pour tenter de reprendre mon souffle. Impossible. De la glace se forma sous moi sans que je puisse l’en empêcher.

« Exactement, ce n’est pas la faute de Ryder », répéta Erik.

Le jeune homme s’accroupit pour être à ma hauteur et saisit brusquement mon menton, me forçant à voir son visage.

« C’est la tienne », dit-il séchement en repoussant violemment ma tête en arrière.

Je me cognai brutalement contre la poutre qui maintenait la porte de la chambre. Ce fut la dernière chose dont j’eus conscience.
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Sam 13 Jan 2024, 11:47
Je le sens pas, le Erik ! Pourvu qu'il ait pas tué Honeymaren Sad

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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 64)

Sam 20 Jan 2024, 10:33
Chapitre 64
Yéléna
 
Assise sur un rocher, j’observais l’eau fuyante du ruisseau qui contournait le village. Cela faisait une heure que je contemplais sans me lasser les rayons de la lune qui miroitaient à sa surface. C’était notre dernière ressource, et la plus précieuse. Une fois disparue, la survie des Northuldra ne serait plus une question de semaines mais de jours. Je plongeai l’extrémité de mon bâton dans l’eau et la remuai lentement, ce qui vint perturber son rythme monotone. Des éclats de lumière dorée, qui contrastaient avec la blancheur de la lumière lunaire, se formaient à chacun de ses allers-retours dans le ruisseau. Je stoppai alors mon geste, préférant observer ces étincelles flotter quelques secondes dans les airs avant de venir se coller à la surface froide et fluide de l’eau pour s’y éteindre et disparaître lentement.
M’appuyant sur mon bâton, je me relevai difficilement et marchai sur quelques dizaines de mètres sur les rives du ruisseau. Soudain, un bruit devant moi attira mon attention : des pierres roulaient les unes sur les autres dans l’eau. En approchant, je distinguai également quelques murmures qui se voulaient les plus discrets possibles. Malgré la nuit noire, je finis par distinguer un jeune couple accompagné de deux enfants, une petite fille et un bébé que la mère portait en bandoulière sur son ventre. Les parents, chargés de sacs en toile, étaient accroupis dans le ruisseau et remplissaient plusieurs gourdes d’eau. Ils sursautèrent en me voyant et se redressèrent immédiatement.  
« Yéléna ! Je ne pensais pas  vous voir… Nous… Euh… tenta de s’expliquer le jeune homme.
— Que faites-vous ?
— Des réserves d’eau.
— Et ça ? » demandai-je en désignant du menton les sacs en toile qu’ils portaient.
Le couple se regarda, hésitant à me répondre. La fillette s’avança soudainement vers moi en poussant des petits cris de joie. Son père la fit taire et l’attrapa brusquement par la main et l’attira contre lui. Il soupira avant de me répondre :
« Nous partons. Le village n’est plus suffisamment sûr. Nos enfants ne sont plus en sécurité, et nous non plus. Nous avons tous besoin de nous nourrir et de vivre correctement, ce qui n’est plus le cas ici. »
Je me raidis en l’écoutant mais ne dis rien.
« Nous n’avons plus le choix Yéléna, ajouta-t-il en baissant les yeux d’un air dépité.
— Où comptez-vous aller ?
— Nous ne savons pas encore. Dans un village plus au sud sans doute. Ils sont moins atteints par ces évènements.
— Ils le seront tôt ou tard comme nous tous, répliquai-je.
— C’est notre seule chance. »
Je le regardai longuement, sans un mot de plus. Ils avaient tous les deux l’air déterminé à tout quitter pour le bien de leur famille. Je ne pouvais pas les en empêcher.
« Très bien », soufflai-je.
Le couple parut surpris de ma réaction.
« Merci », murmura le jeune homme en me gratifiant d’un sourire.
Ils ramassèrent les gourdes qu’ils avaient négligemment laissées sur les rebords du ruisseau et s’en allèrent, emmenant avec eux toutes les affaires qu’ils avaient pu prendre. La petite fille dont la main était toujours coincée dans celle de son père se retourna pour me regarder tout en s’éloignant. Ses grands yeux brillaient dans la nuit. Elle ne pouvait qu’avoir une meilleure vie en quittant les Northuldra. Je savais que de plus en plus de familles seraient amenées à faire de même. Si nous ne voulions pas voir notre civilisation disparaître, c’était notre seule option.
Je continuais ma progression en aval, marchant lentement sur l’herbe sèche qui craquait sous chacun de mes pas. Je n’avais aucune idée en tête, je ne faisais que passer le temps en m’occupant l’esprit et en évitant de le laisser vagabonder entre mes pensées noires. Le ruisseau s’amincissait de plus en plus jusqu’à ne devenir qu’un simple filet d’eau se faufilant entre les cailloux polis. Je l’observais rétrécir jusqu’à ce que quelque chose devant moi attire mon attention. Il y avait là une silhouette que je n’arrivais pas correctement à distinguer dans le noir. Elle était assise en tailleur dans l’herbe jaune et recroquevillée sur elle-même au bord de l’eau qui continuait à serpenter entre les pierres. Je m’avançai silencieusement vers elle et remarquai à ses épaules tremblantes que la personne pleurait. Je ne pus m’empêcher de caresser doucement ses cheveux. Je ne sus dire si c’était pour la rassurer ou pour me confirmer que sa présence était bien réelle. Quoi qu’il en soit, elle sursauta au contact de mes doigts et se redressa brusquement.
« Honeymaren ! m’exclamai-je en découvrant le visage de la jeune femme baigné de larmes.
— Je vous en prie, ne dites pas que vous m’avez vue ! » s’inquièta-t-elle aussitôt.
Elle paraissait paniquée et avait du mal à parler entre deux sanglots qu’elle tentait d’étouffer.
« Calme-toi, lui dis-je, ce n’est pas la peine de se mettre dans des états pareils. Qu’est-ce qu’il y a ? »
Honeymaren sembla essayer de reprendre son souffle. Elle me dévisagea quelques secondes et parut douter de ma gentillesse.
« Je préfère être seule. Laissez-moi. »
Je soutins son regard longuement pour me laisser le temps de retrouver mon air impassible.
« S’il vous plait…, insista-t-elle.
— Tu as continué n’est-ce pas ? »
La jeune femme fut étonnée de ma question.
« De quoi est-ce que vous…
— Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Je t’ai demandé d’oublier Elsa. Tu ne l’as pas fait, pire, tu continues à te tordre l’esprit pour elle. Et quel est le résultat ? Des crises de larmes à n’en plus finir. Je pensais pendant tout un moment que tu avais cessé avec toutes ces sottises, mais non, tu reviens inlassablement au point de départ. Tu n’apprends pas de tes erreurs, tu ne fais qu’agir comme une enfant capricieuse ! » m’écriai-je.
Honeymaren resta bouche-bée.
« Mais après tout, repris-je d’une voix calme, si tu pleures aujourd’hui, c’est que tu commences à prendre conscience de ton erreur, n’est-ce pas ?
— Je…
— Fais bien attention à ce que tu fais. Tu n’es pas en position de force. Ni par rapport à moi, ni par rapport à elle. Ne l’oublie jamais.
— Et alors ?
— Ton peuple est dans le besoin. Et tu préfères sacrifier ton temps et ton énergie pour une personne en qui nul ne peut avoir confiance ! Sa mère et son grand-père avant elle ont…
— Sa mère a quitté les siens parce qu’ils ne lui faisaient pas confiance et parce qu’ils étaient incpables de lui offrir la vie qu’elle voulait ! cria-t-elle. Elle a trouvé l’amour mais vous n’étiez pas d’accord. Tout ce qui vous importait c’était de maintenir la civilisation des Northuldra debout, peu importe les conditions dans lesquelles ses membres allaient vivre. Alors oui, Iduna a préféré partir, et je commence à comprendre de plus en plus pourquoi ! Vous maintenez depuis des dizaines d’années votre version de l’histoire et vous la rabâchez sans cesse aux plus jeunes qui ne la connaissent pas pour vous assurer leur adhésion et montrer du doigt celles et ceux qui osent s’émanciper. Mais maintenant que votre autorité est remise en question par les évènements actuels, à l’instar de votre père avant vous, vous préférez dénoncer les Northuldra qui ne rentrent pas dans votre vision des choses, comme moi. Ce qui vous effraie c’est de perdre le contrôle de la situation. Et le fait que de plus en plus de rébellions internes éclosent ne fait qu’accentuer votre peur. Alors vous mettez tout en place pour nous maintenir silencieux et dociles, quitte à nous menacer en nous rappelant que vous êtes plus puissante que nous. Mais où est cachée cette puissance ? J’attends toujours de le savoir. 
— Tu ne sais pas dans quoi tu viens de t’embarquer Honeymaren », murmurai-je en ne la quittant pas des yeux.
Pendant tout son discours, les battements de mon cœur n’avaient cessé d’accélérer, jusqu’à ce que leur pulsion emplisse tout mon être. Je sentais mes mains trembler. Je les resserais autour de mon bâton pour dissimuler ma perte de patience à la jeune femme.
« Je n’ai pas peur de vos menaces. Vous pouvez m’exiler, m’enfermer, me rappeler à longueur de journée que je ne vaux rien à vos yeux, ça ne m’atteint plus », répliqua-t-elle.  
J’ouvris la bouche, prête à enchaîner, quand un bruit m’arrêta tout à coup. A vrai dire, ce fut plutôt le brusque silence qui m’interpella. Je tournai légèrement la tête sur ma droite. Le mince filet d’eau venait de disparaître complètement. Honeymaren remarqua mon regard et parut tout aussi inquiète que moi quand elle découvrit l’origine de ce silence soudain. Elle se mit alors à courir pour remonter le ruisseau en amont mais s’arrêta net à peine quelques dizaines de mètres plus loin et hurla :
« L’eau a disparu ! »
Je crus que le sol s’effondrait sous mes pieds à son annonce. Cette fois, c’était la fin.

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Sam 20 Jan 2024, 13:31
Bien Honeymaren ! Bien ! Elle porte ses... Seins ! XD
Dans ta tronche Yelana ! Par contre plus d'eau ça pue un peu... Beaucoup... Sad

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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 65)

Mer 24 Jan 2024, 15:46
Chapitre 65
Honeymaren
 
Je remontai tout le ruisseau en courant. Je ne sentais pas mes jambes brûler de fatigue. Le manque de nourriture et d’énergie accumulé depuis plusieurs jours ne se faisait plus sentir. Il y avait urgence. Je trébuchai sur une branche morte et m’étalai de tout mon long sur l’herbe jaunie. Mes poumons brûlaient. Des larmes s’échappaient de mes yeux sans que je puisse les retenir. Je cognai mes poings contre le sol dans un geste rageur. Epuisée, je ne parvins pas à me relever. Je restai allongée là, essoufflée, et jetai un rapide coup d’œil à ce qu’il restait du ruisseau. Il n’y avait qu’une multitude de pierres de toute taille, entassées les unes à côté des autres. Il ne restait pas une goutte d’eau.
***   
J’étais revenue au village, dépitée. Le soleil commençait à se lever à l’horizon. Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit et pourtant, je n’avais aucune envie de dormir. Je n’avais plus qu’une idée en tête : trouver la raison de la disparition de l’eau et la faire revenir.
J’entrai dans ma cabane en en ouvrant violemment la porte. Elle se claqua contre le mur. Au même instant, Ryder, qui avait visiblement passé la nuit dans le canapé du salon, se releva d’un bond et courut dans ma direction.
« Honeymaren ! Où est-ce que tu étais passée ? J’ai cru que… »
Ma main fendit l’air et atterrit sur sa joue avant même qu’il ne puisse terminer sa phrase. Mon frère poussa un cri de douleur et frotta son visage endolori.
« Mais ça va pas ?! Qu’est-ce qui te prend ?
— Toi ! Ne t’avise plus jamais de m’adresser la parole », lui lançai-je en le poussant hors de mon chemin.
Ryder sembla tellement sous le choc qu’il ne s’interposa pas davantage et me laissa passer. Je me précipitai dans ma chambre, fermai la porte derrière moi et me jetai sur mon étagère. Il n’y avait à l’intérieur que quelques livres – les seuls que nous avions pu sauver après l’incendie. J’en attrapai un, faisant tomber les autres, et le feuilletai rapidement. L’information que je cherchais devait forcément s’y trouver. Une page en particulier attira alors mon attention. Son coin était déchiré, comme pour la différencier des autres. Je la lus en diagonale mais finalement, ce ne fut pas le texte qui m’interpella ; ce fut l’image qui l’accompagnait. C’était exactement le même motif que sur le châle de la mère d’Elsa et Anna : les quatre éléments de la nature avec au centre le cinquième esprit, la passerelle entre le monde humain et magique. Mais quelque chose à quoi je n’avais pas prêté attention jusque-là me paraissait désormais évident sur cette image. Je déchirai la page du livre concernée, la fourrai dans la poche de mon pantalon, et jetai le reste de l’ouvrage sur mon lit avant de ressortir précipitamment de ma chambre. Je fonçai malencontreusement dans Ryder qui n’avait pas bougé et lui lançai un regard noir.
« Honeymaren, est-ce que tu peux me dire ce que tu f…
— J’ai dit quoi ? » l’interrompis-je en sortant de la cabane.
Je claquai la porte d’entrée derrière moi, ne le laissant pas me répondre. Le jour s’était complètement installé, baignant le village d’une lumière aveuglante. Il faisait déjà chaud et nous n’avions plus rien pour nous rafraîchir – ou presque. Je traversais le campement d’un pas décidé, évitant de penser à la suite. Je n’avais pas le choix de toute façon. Je descendis la petite bute qui conduisait en contrebas du village. Il ne me restait aucune autre alternative, la situation était bien trop critique. Il ne restait qu’une vingtaine de mètres qui me séparaient de mon but. La cabane d’Elsa était là, devant moi. J’étais sur son seuil. Je me préparais à frapper quand quelque chose me retint. La dernière fois que j’y étais venue, j’avais découvert ce que jamais je n’aurais voulu voir. J’inspirai profondément et donnai trois coups contre la porte d’entrée malgré tout. Elle s’ouvrit seule, sans que qui que ce soit ne vienne pour s’en charger. Intriguée, je passai ma tête à l’intérieur. Il faisait sombre, les volets été restés fermés. Je finis par entrer après quelques hésitations.
« Elsa ? Il faut que je te parle », soupirai-je.
Pas de réponse. Je me dirigeai directement vers la chambre et, une fois devant, je priai intérieurement de ne rien y découvrir d’autre de choquant. Je poussai doucement la porte. Il y faisait terriblement froid ; il y avait de la glace partout. Et au milieu de tout cela, il y avait Elsa, recroquevillée sur elle-même au pied de son lit. Elle pleurait, le visage enfoui au creux de ses bras posés sur ses genoux. Je pénétrai dans la pièce silencieusement et vins m’asseoir sur le lit, non loin d’elle. C’était la première fois depuis que je la connaissais que je la voyais dans cet état, et pourtant, cela ne me faisait rien, je n’avais aucune émotion. La blessure qu’elle m’avait infligée était encore bien trop présente. Je me râclais la gorge pour me signaler.
« Va-t-en, murmura-t-elle sans même lever la tête.
— Certainement pas. J’ai pas fait tous ces efforts pour repartir immédiatement. Ça me coûte beaucoup d’être ici. »
Je me mordis la lèvre inférieure, hésitant à lui montrer un soupçon de compassion.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je finalement.
 Elle ne répondit pas. Son silence me fit comprendre qu’elle ne voulait pas en parler. Elsa finit par se redresser, essuyant ses larmes d’un revers de main.
« Pourquoi tu es revenue ? Je pensais que…
— Oui tu pensais bien. Ce n’est pas pour ça que je suis là. J’ai besoin de toi. L’esprit de l’eau a disparut…
— Quand ?
— Cette nuit. »
La jeune femme me lança un regard interloqué.
« Cette nuit… répéta-t-elle.
— Oui. Je veux savoir pourquoi. Et pour ça j’ai besoin de voir le châle de ta mère.
— Comment ça ?
— S’il te plait. »
Elsa soutint mon regard quelques instants puis s’appuya sur le lit pour se relever. Je remarquai immédiatement qu’elle grimaçait pour se mettre debout et qu’elle avait du mal à s’y maintenir.
« Tout va bien ? demandai-je.
— Ou… Oui », souffla-t-elle difficilement.
Elle tenta de marcher le plus normalement possible jusqu’à l’autre bout de la pièce où se trouvait une grande armoire, elle aussi recouverte de givre.
« Pourquoi tu laisses tout ça dans cet état ? Je ne t’ai jamais vue laisser la glace envahir la pièce où tu es.
— Je ne peux plus rien y faire. »
Sa réponse me parut étrange. Elle m’inquiétait mais je ne voulais pas le lui montrer.
« Alors pourquoi tu n’ouvres pas la fenêtre ? Avec la chaleur qu’il fait dehors ça ferait tout fondre en quelques minutes.    
— La fenêtre est bloquée à cause du froid. On ne peut pas l’ouvrir. »
Elsa réussit après quelques difficultés à ouvrir les battants de l’armoire, en sortit le châle d’Iduna et revint vers moi, s’empêchant difficilement de boîter.
« Sérieusement, qu’est-ce que tu as ? »
Toujours aucune réponse. Je soupirai en saisissant le châle qu’elle me tendait. La jeune femme vint s’asseoir à côté de moi sur le lit, regardant par-dessus mon épaule ce que je faisais.
« Voyons voir… »
J’examinai attentivement le tissu qui glissait entre mes doigts. Puis, je trouvais enfin ce que je cherchais. Je sortis la feuille du livre de ma poche. C’était bien le même motif.
« Qu’est-ce qui t’intrigue tant ? me demanda Elsa.
— Regarde. Le cinquième esprit, au centre, est entouré des quatre autres. Mais ce que je n’avais jamais remarqué, c’est que le cinquième esprit est relié à tous les autres, ou plutôt, les quatre autres sont reliés au cinquième esprit. Ils ont tous l’air de dépendre de lui.
— Si c’était vraiment le cas, les quatre éléments n’auraient pas existé avant ma naissance.
— A moins… A moins que quelqu’un d’autre ait endossé le rôle que tu tiens aujourd’hui. »
Elsa se tut, semblant méditer sur mes paroles.
« Quoi qu’il en soit, s’ils sont tous rattachés à toi… ça veut dire que leur disparition y est aussi liée d’une manière ou d’une autre. Qu’est-ce que tu en penses ?
— Je… je ne sais pas… »
Je me stoppai, comprenant que je la mettais mal à l’aise. Nous nous tûmes pendant un long moment. Cela me parut durer une éternité. En tout cas suffisamment longtemps pour me perdre dans les pensées que je refoulais depuis mon entrée dans cette chambre.
« Je sais que tu ne me pardonneras jamais pour ce qu’il s’est passé, dit-elle en brisant la première le silence qui s’était installé. Je ne me pardonne pas non plus, je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce jour-là, je n’étais pas… moi-même. »
Je  tournai la tête pour lui cacher mon visage. Je ne voulais pas qu’elle voie les larmes qui se formaient au coin de mes yeux.
« Non je ne peux pas te pardonner. Je suis désolée… » soufflai-je faiblement.
Je me levai et me dirigeai vers la porte de la chambre.
« Je peux le garder ? » lui demandai-je en désignant du menton le châle d’Iduna.
Elsa acquiesça.
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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty Re: La Reine des Neiges 3

Mer 24 Jan 2024, 18:10
La gifle dans la tronche à Ryder... Un délice bien mérité même si c'est plutôt Elsa qui aurait dû recevoir quelque chose !

Et on retrouve une Elsa neurasthénique, propre à son état du 1 ! Razz

Vite vite ! La suite ! :-D

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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 66)

Sam 27 Jan 2024, 15:41
Chapitre 66
Ryder
 
Des hurlements au dehors me réveillèrent en sursaut. Je fus tellement désorienté que je tombai du canapé dans lequel je m’étais malencontreusement endormi pour les quelques heures de sommeil qu’il me restait. La dureté du sol me tira pour de bon de l’état semi-comateux dans lequel je me trouvais. Je me redressai péniblement, m’appuyant sur un des accoudoirs, attrapai le t-shirt que j’avais négligemment laissé traîner par terre et l’enfilai. Il faisait sombre, je n’avais pas rouvert les volets. Je poussai un grognement et passai une main sur mon visage tout en me dirigeant vers la fenêtre du salon. Quelle heure pouvait-il être ? Tard certainement. Ma joue endolorie me rappella la gifle qu’Honeymaren m’avait donnée. Jamais je ne l’avais vue aussi en colère contre moi. Bien  sûr, je la comprenais. Je m’en voulais à moi-même à vrai dire. Mais la tentation avait été beaucoup trop forte, je n’avais eu d’autre choix que d’y succomber. Cela dit, je n’avais pas été dans un état normal, peut-être que si cela avait été le cas, j’aurais catégoriquement refusé. Mais ne l’aurais-je pas regretté finalement ? C’était une occasion inéspérée et je l’avais saisie, voilà tout. Enfin presque…
Je tirai les rideaux de la fenêtre et regardai au travers. Le petit interstice entre les deux battants des volets me laissait deviner un attroupement de personnes dehors. J’ouvris la fenêtre et les repoussai complètement, espérant en savoir plus. Certaines pleuraient, d’autres hurlaient. Il se passait quelque chose de grave. Je pris à peine le temps d’enfiler des chaussures et me précipitai à l’extérieur. La foule était si compacte que je n’arrivais pas à me faufiler entre les Northuldra qui étaient rassemblés là. Il y en avait qui restaient passifs, le visage attéré, les bras croisés, ne sachant quoi faire de plus. Des conversations fusaient dans tous les sens. Je ne comprenais rien.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demandai-je.
Les quelques personnes qui m’entendirent me lancèrent un regard vide, sans toutefois répondre à ma question. Ils semblaient ailleurs, comme déconnectés de la réalité. Je tentai de pousser ceux qui me bouchaient la vue mais d’autres prenaient immédiatement leur place, m’empêchant d’avancer. Ils se bousculaient les uns les autres, tout aussi curieux que moi, pour voir ce qu’il se passait au devant. Et puis soudain, un cri plus perçant que les autres me glaça. Je montai sur la pointe des pieds et m’appuyai sur les épaules de mes voisins pour me maintenir en équilibre et tenter de voir ce qu’il se passait. Je réussis à apercevoir entre deux personnes une vieille femme en larmes qui hurlait des paroles indiscernables. Je ne la connaissais pas, mais la voir dans cet état me fendit le cœur. Je ne savais pas encore pourquoi elle criait ainsi mais je pouvais sentir toute sa douleur. Elle se laissa tomber à genoux dans l’herbe et enfouit son visage dans ses mains pour étouffer ses hurlements. Je me déportai légèrement sur la gauche tout en lançant des regards furtifs entre les jambes des  Northuldra. Je remarquai alors une main, un bras et une jambe puis tout le corps d’un vieil homme étendu au sol. Je me déplaçai encore un peu et parvins enfin à voir son visage. Il était inconscient. Deux autres hommes étaient penchés au-dessus de lui, lui parlaient et tâtaient son poul sur son poignet. Il ne bougeait pas. Je reportais mon attention sur la vieille femme. Elle semblait déchirée face à cet homme au sol, celui avec qui je supposais qu’elle avait tout partagé, celui avec qui elle avait ri et pleuré. Tout son monde s’était écroulé autour d’elle quand son mari s’était effondré dans l’herbe. Et pendant ce temps, nous étions tous là à les contempler de haut, sans oser bouger. Je me sentais honteux. Honteux d’assister à cette scène sans la moindre discrétion. Au contraire, j’avais été pressé de découvrir ce qui était arrivé à ces pauvres gens, même si cela devait passer par mon entrée dans leur vie privée, maintenant exposée au grand public. Au lieu de nous sentir comme des intrus, nous restions là à observer passivement le malheur des autres, nous réjouissant secrètement que cela leur soit arrivé à eux et pas à nous. Mais de quoi s’agissait-il au juste ? Personne ne le savait vraiment.
Je relevais la tête, pris de nausées. Ils étaient comme des bêtes de foire au milieu d’une foule de curieux qui attendait avec impatience leur prochain numéro. Et j’en faisais bêtement partie, emporté par un désir commun de savoir ce qu’il se passait.
« Vous pensez qu’il est mort ?
— Je ne sais pas. Ils l’ont sorti comme ça de sa maison. »
Les hypothèses fusaient dans tous les sens, plus indécentes les unes que les autres. Je n’en pouvais plus, il fallait que je m’extirpe de cette masse malsaine dans laquelle j’étais venu m’engluer. Je reculais de quelques pas, ayant besoin de respirer. Je remarquai alors un visage que je n’avais pas vu jusque-là. Celui de ma sœur. Elle se tenait comme moi à distance de la foule, pétrifiée. Nos regards se croisèrent alors. Nous étions si absorbés l’un par l’autre que nous ne remarquâmes pas que la foule s’étirait de plus en plus jusqu’à laisser une haie d’honneur aux hommes qui tiraient le vieillard vers l’infirmerie. Honeymaren serrait dans l’une de ses mains un châle fuchsia que je reconnus aussitôt : celui d’Iduna. Il n’y avait aucune émotion sur le visage de ma sœur. Elle ne faisait que me fixer d’un regard vide, perdue dans ses pensées. Je ne pouvais que lui rendre la pareille.
***   
« Où est-ce que tu es allée trouver ça ? demandai-je en désignant le châle d’Iduna.
— Tu te poses vraiment la question ? Tu connais bien les lieux pourtant tu devrais le savoir. »
J’ignorai le ton pinçant de sa voix. Honeymaren me parlait, c’était tout ce qui m’importait.
« Mais elle est d’accord ? insistai-je.
— Elle n’a pas l’air de refuser souvent en ce moment, n’est-ce pas ? »
Je remis les coussins du canapé que j’avais entraînés dans ma chute en place. Ma sœur restait debout, l’épaule appuyée contre un mur.
« Qu’est-ce que tu comptes en faire au juste ?
— Je ne sais pas encore. »
Je soupirai devant le manque de coopération de la jeune femme. Je faisais tout pour retisser les liens qui s’étaient brutalement brisés entre nous et elle ne semblait pas vouloir faire davantage d’efforts.
« Cet homme dehors… Qu’est-ce qui lui est arrivé selon toi ? dis-je en changeant de sujet dans l’espoir de détendre l’atmosphère.
— Fatigue. Manque de nourriture. Manque d’eau. Ça me parait évident non ?
— L’eau… Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment…
— Elle a disparu cette nuit. J’étais au bord du ruisseau. Je l’ai vu s’assécher d’un coup.
— Tu sais à quoi c’est lié ? »
Honeymaren me regarda quelques secondes comme pour évaluer à quel point je tenais à ce qu’elle me réponde.
« A Elsa je pense, finit-elle par dire. Tous les esprits sont liés non ? Ça ne serait pas…
— Attends… Tu as dit la nuit dernière ?
— Euh… Oui. Pourquoi ? »
Je réfléchis, faisant les cent pas dans le salon.
« Arrête de bouger comme ça, ça me stresse, s’exapéra-t-elle.
— Seulement si on s’asseoit tous les deux. »
Honeymaren leva les yeux au ciel mais finit par attraper une chaise et s’y installer. Je fis de même.
« Hier soir… commençai-je, j’ai entendu frapper à notre porte. J’ai d’abord cru que c’était toi et puis juste avant d’aller ouvrir, j’ai eu un doute et je suis allé jeter un coup d’œil par la fenêtre. Les volets étaient fermés, heureusement, donc j’ai pu voir qui était à la porte entre deux rainures de bois sans qu’on me voie. C’était Elsa. J’ai tout de suite su qu’elle venait pour toi, alors je n’ai pas ouvert, j’ai décidé de lui faire croire qu’il n’y avait personne. Je crois que ça a marché parce qu’elle a rapidement fait demi-tour. Sauf que je n’ai pas tout de suite compris pourquoi elle s’en allait. Ce n’est qu’ensuite que je l’ai vu. Erik était là, devant notre cabane. Elle est allée le rejoindre, et pour une raison qui m’échappe, elle l’a suivi. Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite, je les ai perdus de vue. Tout ce que je sais c’est qu’elle est partie avec lui et que je ne l’ai plus revue après.
— Erik ? Il ne devait pas avoir de bonnes intentions… Mais elle ne le connaît pas suffisamment, elle a dû tomber trop facilement dans son piège.
— Réfléchis Honeymaren… Si l’eau a disparut cette nuit juste après qu’Elsa soit partie avec lui, il y a forcément un lien. Qu’est-ce qui a pu se passer selon toi ? »
Le visage de la jeune femme se décomposa. Elle savait quelque chose de plus que moi.
« Honeymaren ? m’inquiétai-je.
— Je… je dois te laisser. »
Elle se leva, manqua de faire tomber sa chaise et se précipita dans sa chambre, emportant le châle d’Iduna avec elle.
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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 67)

Jeu 01 Fév 2024, 16:45
Chapitre 67
Elsa
 
Ils étaient tous dehors. Je les entendais s’agiter au loin, mais je n’avais pas la force de me lever. J’étais restée là pendant des heures, allongée sur mon lit, les mains sur le ventre, les yeux rivés sur le plafond, dans la pénombre. De toute façon, je ne pouvais pas accéder à la fenêtre. J’avais tout perdu, je me sentais vide, plus aucune émotion ne me traversait, je ne ressentais plus rien. La glace progressait toujours autour de moi dans un craquement infernal. Tant que je parvenais à la contenir à l’intérieur, ce serait encore supportable. Mais si je n’y arrivais plus,  si tout ce que j’essayais de maintenir caché explosait au grand jour, que se passerait-il ?
Je n’étais plus rien. Juste un tourbillon intérieur inarrêtable. A cet instant, je ne me sentais plus humaine, j’étais dans un état intermédiaire qui me conduisait vers l’inconnu. Celui-ci me paraissait inquiétant et attrayant à la fois. Il était tout ce que je redoutais depuis toujours mais en même temps, il me permettait de toucher du bout du doigt toute l’étendue de mes pouvoirs. Mais pouvais-je simplement revenir en arrière après avoir sauté dans ce gouffre sans fond de l’inconnu ? Je n’en avais pas la force, je m’enfonçais petit à petit, de plus en plus prisonnière, incapable de remonter à la surface pour retrouver mon état normal. Jour après jour, minute après minute, je me faisais peu à peu happer par cette puissance surnaturelle. Elle n’était plus en moi, j’étais en elle. Je n’avais désormais plus d’autre choix que d’obéir à ses envies de liberté croissantes.
Je tentai une nouvelle fois de m’extirper du lit. Je me sentais écrasée sur le matelas par une force invisible, les muscles endoloris, les membres paralysés, j’étais condamnée à rester allongée sur le dos. Un nouveau tiraillement aigu vint déchirer mon ventre. D’un mouvement brusque, je réussis à rouler sur le côté jusqu’au bord du lit et vomis le restant de ce que contenait mon estomac. L’odeur désagréable qui s’en dégagea me provoqua davantage de nausées et le goût acide que conservait ma bouche semblait ne plus jamais pouvoir s’en effacer. Je me redressai péniblement en m’appuyant sur mes coudes, la tête lourde. Je regardai autour de moi, étonnée. La glace avait disparu, la chambre était redevenue normale. La douleur s’était elle aussi dissipée, me laissant enfin libre de mes mouvements. Je me mis à genoux sur le matelas, tendis la main et essayai de créer un nuage de flocons dans l’atmosphère. Rien ne se produisit malgré tous mes efforts. Je soupirai, désespérée, comprenant que je n’avais plus le dessus désormais. Je me laissai retomber sur mon oreiller et me massai les tempes, épuisée. Les cris s’accentuèrent au dehors. Je voulais les ignorer. Alors je fermai les yeux pour faire le vide dans ma tête et oublier ce qu’il se passait autour de moi.
***   
Mes poignets brûlaient. Je sentais le métal froid resserré autour d’eux.
« Il faut s’en débarrasser, nous ne sommes plus en sécurité. Son cas s’aggrave de jour en jour.
— Que comptez-vous faire ? »
Il y eut un silence. Les voix semblaient étouffées. Je ne parvenais pas à les reconnaître. Une douleur s’élançait sans cesse dans ma tête posée contre la pierre lisse. Je me redressai tant bien que mal et ouvris péniblement les yeux. Je ne voyais rien. Tout autour de moi paraissait plongé dans la brume. Mon corps était endolori à force de dormir sur le sol dur. Je grimaçai en me relevant, l’épaule appuyée contre le mur à côté de moi. Je titubai, manquant d’équilibre. Je voulus me rattraper à l’unique fenêtre de la pièce dont je distinguais uniquement la clarté émanente mais mes mains ne s’y accrochèrent pas. Elles ne firent que glisser contre le verre dans un grincement métallique. Je tentai de bouger les doigts. Ils étaient prisonniers dans d’énormes menottes en fer forgé. J’eus soudainement envie de hurler, de me débattre jusqu’à briser les chaînes qui me retenaient, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Seul un tourbillon de colère s’agitait en moi et happait mes autres émotions. Je tirai de toutes mes forces pour libérer mes mains. Les chaînes se mirent alors à s’entrechoquer, faisant bien plus de bruit que ce à quoi je m’attendais. J’entendis de nouveau de l’agitation non loin de moi. Les voix reprirent :
« Elle est réveillée !
— Il faut faire vite avant que ça ne recommence ! Dépêchez-vous ! Entrez derrière moi. »
Je tournai la tête dans leur direction. Je ne distinguais rien, ce n’était qu’un espace sombre et flou. Je tirai d’un coup sec sur mes menottes. Au même moment, une porte s’ouvrit. A son grincement reconnaissable entre mille, je sus immédiatement où je me trouvais. La prison, pensai-je, la prison du palais. Un groupe de personnes s’avançait vers moi. Leurs pas claquaient sur le sol de pavés. Ils étaient hésitants. Je sentais leur peur. Ils n’étaient que de vagues formes sombres pour moi. Seul un élément brillait, attirant mon attention : l’épée dans leur main. Bizarrement, c’était le seul objet que je voyais nettement. Je ne pus m’empêcher de sourire et de demander :
« Alors… Où est-il ? »
Pas de réponse.
« Je vous ai posé une question. Où est-il ?
— Qui ça ? me répondit l’une des personnes qui me faisaient face.
— Qui ça ? Hans ! Où est Hans ? » hurlai-je.
Silence. Quelqu’un s’approcha de moi. Sa démarche était légère mais peu assurée. Je sentis que l’on m’attrapait doucement par les épaules. Je me raidis.
« Elsa, Hans est parti d’ici depuis plusieurs années. »
L’intonation de cette voix m’était familière. L’entendre m’appeler par mon prénom me fit soudainement me sentir faible. J’oubliais toute la colère que j’avais accumulée.
« Qui… Qui êtes-vous ? »
On ne me répondit pas. Je saisis brusquement le visage de cette personne qui n’avait pas bougé.
« Votre Majestée ! Ses mains ! Ses mains ne sont plus menottées ! »
Je parcourus du bout des doigts sa peau lisse et finis par rencontrer une mèche de ses cheveux. Ils étaient doux mais mal regroupés dans un chignon négligemment fait. Mes mains se mirent à trembler.
« Reculez ! Vite ! Avant qu’elle ne recommence ! »
On nous sépara brutalement.
« Qui êtes-vous ? » répétai-je en serrant les poings.
J’entendis un soupir.
« C’est moi, Anna. Mais tu ne t’en souviens jamais. Je dois te le répéter tous les jours parce que tous les jours tu as oublié. Tu as oublié où tu étais, pourquoi tu y étais et tu m’as oublié moi, ta sœur. Tu ne sais plus que tu avais une famille et tu ne sais plus qui tu es. Ta personnalité, tes émotions et tes sentiments s’effacent jour après jour pour laisser place à la haine et la colère. Alors tous les jours je suis obligée de te remettre ces chaînes et de te renfermer dans ce cachot parce que tu es devenue dangereuse. Tu penses tout contrôler mais en réalité tu ne contrôles plus rien, pas même tes propres pouvoirs. »
Un bruit métallique se fit entendre. Je compris qu’elle ramassait les menottes. Quand elle fit suffisamment proche de moi, je la saisis brusquement par les poignets, l’empêchant de m’attacher à nouveau. Soudain, au moment où nos mains se touchèrent, je recouvris la vue. Je sursautai en la voyant enfin. Ses cheveux étaient devenus blancs. Je levai la tête. Les gardes derrière elle avaient eux aussi les cheveux blancs, encore plus clairs que les miens. Je ne comprenais pas.
« Qu’est-ce… Qu’est-ce qui se passe ?
— Tu as fait disparaître tous les éléments. Il ne reste plus que toi, murmura Anna. Nous ne pouvons pas vivre entourés de glace. Nous n’avons plus le choix. »
Une gerbe de glace s’échappa de mes mains et s’enroula autour des poignets de la jeune femme. Elle cria à la fois de douleur et de surprise. Trois gardes se jetèrent immédiatement sur moi, tentant de m’immobiliser.
« Votre Majestée ! Eloignez-vous elle pourrait vous tuer ! » crièrent-ils à l’attention d’Anna.
Je me débattais autant que possible, paralysant leurs doigts dans la glace dès qu’ils me touchaient. L’un d’entre eux arracha les menottes des mains de ma sœur et me les passa, les resserrant davantage encore. Je poussai un cri de douleur et tirai de toutes mes forces pour me libérer. Les gardes restants vinrent appuyer les trois premiers en me forçant à me mettre à genoux sur le sol froid. Ils m’y maintinrent fermement, m’empêchant de faire le moindre geste. L’un d’eux vint alors se positionner à ma droite, épée en main. Il leva les yeux vers Anna, cherchant son approbation.
« Madame ? »
Comme toute réponse, la jeune femme détourna le regard et s’en alla, refermant la porte du cachot derrière elle. Son choix était fait, elle me condamnait. Je baissai la tête, fixant les pavés. Une larme s’échappa de mes yeux et vint s’écraser entre mes genoux.
« Les esprits ne reviendront pas quand vous m’aurez tuée, soufflai-je.
— C’est ce qu’on verra ! »
L’épée fendit l’air. Son sifflement fut le dernier bruit que j’entendis.
***   
Je bondis sur mon lit, me réveillant aussitôt. J’haletai tout en regardant autour de moi pour reprendre mes esprits. La glace n’était pas réapparue dans ma chambre mais le brouhaha au dehors était toujours bien présent. Je grimaçai soudainement. La douleur n’avait pas disparu. Celle physique finirait par cesser – il ne lui faudrait pas beaucoup de temps – mais celle psychologique laisserait à tout jamais une marque indélébile en moi, je le savais.
Je me levai, encore chancelante, et me dirigeai vers la salle de bain. Bouger était douloureux, mais je n’avais pas le choix. Je retirai la chemise de nuit que je portais en arrivant devant le miroir. Je n’avais pas osé baisser les yeux depuis la veille. Pourtant, je devais en avoir le cœur net. Je pris alors mon courage à deux mains. La douleur n’était pas trompeuse. L’intérieur de mes cuisses était encore couvert de sang séché.
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Jeu 01 Fév 2024, 16:49
Pauvre Elsa...
Tu m'étonnes qu'avec son enfance elle fasse encore des cauchemars Sad Sad Sad
Par contre comme elle est liée aux éléments et que tout semble mort tu vas pas nous la faire mourir hein ?! Sad

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Jeu 01 Fév 2024, 17:03
Ansa a écrit:Pauvre Elsa...
Tu m'étonnes qu'avec son enfance elle fasse encore des cauchemars Sad Sad Sad
Par contre comme elle est liée aux éléments et que tout semble mort tu vas pas nous la faire mourir hein ?! Sad
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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 68)

Sam 03 Fév 2024, 10:34
Chapitre 68
Yéléna
 
Le soleil était déjà haut, couvrant les plaines et les montagnes de sa chaleur brûlante. Je m’agitais dans ma tente, réunissant les derniers vieux morceaux de nourriture que j’avais précieusement conservés mais qui étaient d’ores et déjà entamés par la moisissure. Il n’y avait pas le choix, c’était tout ce qu’il me restait. Je les rassemblai au centre de la tente, les déposai dans un sac en cuir et y ajoutai une petite gourde d’eau, ressource la plus précieuse. Ce ne serait pas suffisant mais c’était mes dernières réserves. Je m’apprêtais à sortir quand soudain Silja me barra la route. Elle entra dans la tente, me repoussant en arrière.
« Où est-ce que tu comptes aller ?
— Pourquoi me poses-tu encore la question ? Tu le sais. Tu sais toujours tout. »
Le visage impassible de la vieille femme me fit comprendre qu’elle attendait tout de même une réponse. Je soupirai.
« A la Mer Sombre. Ça te convient ?
— Avec ça ? me demanda-t-elle en désignant du menton le sac à mes pieds.
— Comment…
— Chut. Tu ne tiendras pas la journée avec si peu d’eau. 
— Tu as peut-être une meilleure solution à me proposer ? ironisai-je. Plus personne n’a d’eau… Et je ne compte pas me battre pour priver quelqu’un d’autre de cette ressource vitale pour mon propre profit.
— Ça n’a pas l’air de poser problème aux autres pourtant…
— Comment ça ? »
Silja tira l’un des pans de ma tente et m’invita à regarder ce qu’il se passait au dehors. Des groupes de Northuldra se disputaient – parfois violemment – quelques récipients encore remplis d’eau. Les plus âgés étaient immédiatement mis à l’écart, considérés comme non-prioritaires. Les plus jeunes et les plus vigoureux n’hésitaient pas à pousser et frapper ceux qui s’interposaient sur leur chemin. Je sentis la colère monter en moi. La vieille femme posa sa main sur mon épaule, tentant de me retenir. Je me dégageai d’un coup sec, saisis mon bâton et me dirigeai vers l’attroupement d’un pas rapide.
« Ça suffit ! » hurlai-je en arrivant à leur niveau.
Tous se stoppèrent, me lançant des regards ahuris.
« Êtes-vous encore civilisés pour vous battre ainsi pour une ressource dont nous avons tous besoin pour vivre ? Où sont passées vos valeurs de partage, d’honneur et d’empathie ? Je ne vois devant moi qu’un troupeau d’animaux d’une même espèce, capables de s’entretuer pour maintenir leur soi-disant survie alors même que cette survie dépend en réalité de celle de chacun de ses membres. Vous n’êtes qu’inconscients, égoïtes et incapables de vous occuper de votre prochain ! Vous avez beau revendiquer faire partie d’un grand peuple, celui des Northuldra, mais vous ne faites que l’amenuiser en le détruisant de l’intérieur ! »
Ils me regardaient tous, plus interloqués les uns que les autres. Un jeune homme qui accaparait deux coupelles remplies d’eau se pencha en avant pour les poser au sol, mais avant qu’il n’ait pu achever son geste, son voisin lui asséna un violent coup de poing dans le ventre, lui faisant lâcher les récipients. L’eau se renversa et se répandit dans l’herbe sèche. Les hurlements fusèrent à nouveau. Tous se jetèrent sur l’agresseur. Je restai immobile, refermant fermement mes doigts sur mon bâton, les yeux fixés sur les deux coupelles laissées au sol.
« Voilà où la bêtise d’un seul nous mène et nous condamne tous », soufflai-je
Je repartis tranquillement vers ma tente, les laissant se battre, eux qui étaient incapables d’apprendre de leurs erreurs. Silja m’attendait toujours à l’intérieur, assise sur mon lit.  
« Ton intervention a servi à quelque chose ?
— Je me passerai de tes commentaires, répliquai-je d’un ton sec en ramassant mon sac de provisions.
— Tu ne devrais pas partir seule.
— Je doute que tu puisses m’accompagner.
— Je ne parle pas de moi. Ouvre les yeux Yéléna. La seule personne qui peut véritablement t’aider, c’est Elsa. »
Je me raidis instantanément.
« Qu’est-ce que tu entends par là ? demandai-je en lançant un regard suspicieux à la vieille femme.
— Réfléchis ! Ses pouvoirs peuvent t’être utiles ! A toi et à nous tous ! Ils pourraient assurer notre survie malgré la disparition de l’esprit de l’eau. Si l’on fait fondre sa glace…
— Ce n’est pas une solution durable.
— Tu as une meilleure proposition peut-être ? » rétorqua-t-elle.
Je m’approchai jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres d’elle. Silja ne pouvait pas me voir mais elle sentirait ma présence.
« Jamais je ne laisserai notre survie reposer sur cette fille, sifflai-je. Nous ne pouvons pas être dans un état de dépendance. Si elle venait à disparaître, que ferions-nous ?
— Yéléna, tu n’as pas le choix. Du moins pour le moment. Emmène-la avec toi.
— Tu me caches quelque chose… »
La vieille femme se tut.
« Dis-moi la vérité », repris-je.
Silja attrapa mes mains.
« Elsa a besoin de toi.  
— De moi ? Je n’ai rien à…
— S’il te plait. Elle est plus seule que jamais. C’est le dernier esprit, en tant que cheffe, tu dois la protéger. On ne peut pas se permettre de la perdre elle  aussi. »
Je fixais les yeux blancs de mon amie. Elle était inquiète, pour la première fois depuis bien longtemps.
« Très bien… », murmurai-je.
J’attrapai mon bâton quand la vieille femme m’arrêta :
« Non pas celui-là. »
Elle me tendit alors sa canne. J’hésitai quelques secondes mais finis par la lui prendre et me retirai sans un mot de plus.
***   
La forêt semblait complètement morte. Cela faisait des heures que nous marchions vers le Nord sans croiser la moindre touche de verdure ou de vie. Tout était calme. Pas le moindre chant d’oiseau ne venait rompre le silence. Je lançais discrètement un regard à Elsa. Nous n’avions pas échangé une parole depuis notre départ. Elle ne m’avait rien demandé et m’avait suivie sans rechigner. Son visage était fermé mais laissait transparaître une once de tristesse.
« Demande-lui ce qu’elle a tant qu’on y est. N’oublie pas de lui donner ton eau et ta nourriture ça la réconfortera peut-être !
— Pas maintenant… murmurai-je.
— Vous m’avez parlé ? demanda Elsa en se retournant.
— Non je… je réfléchissais. »
La jeune femme haussa les épaules et continua sa route. Je me sentais de plus en plus fatiguée et incapable de garder la cadence. L’écart entre nous s’agrandissait à chaque nouvelle foulée.
« Qu’est-ce que tu fais au juste ? Tu t’avoues vaincue ? Tu n’es plus capable de surmonter tes problèmes par toi-même, tu es obligée de ramper aux pieds de ces traîtres n’est-ce pas ? Tu te fais trop facilement humilier Yéléna. »
Les arbres semblaient tournoyer autour de moi. Elsa était de plus en plus floue.
« Tu cherches sa pitié mais tu n’obtiendras que l’expression de sa colère et de sa cruauté. Regarde-la. Elle n’attend qu’un signe de faiblesse de ta part et tu es en train de lui donner ce qu’elle veut. Oh oui les Northuldra étaient un grand peuple, mais tu détruis notre prestige à toi seule en accordant aveuglément ta confiance à nos ennemis. »
Je tombai à genoux, incapable de faire un pas de plus.
« Si tu continues sur cette voie, tu feras bientôt partie de ces êtres perfides.
— Non ! » criai-je de toutes mes forces.
Alertée, Elsa se retourna et courus dans ma direction.
« Yéléna ! Tout va bien ? Qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiéta-t-elle en m’aidant à me relever. Je n’ai pas…
— Lâche-moi ! Lâche-moi je t’ai dit ! » vociférai-je en me débattant.
La jeune femme s’écarta immédiatement. Je me remis debout seule, et époussetai rapidement ma tunique de la main. Elle me tendit la canne de Silja que je saisis avec colère.
« Vous ne voudriez pas faire une pause ? me proposa-t-elle.
— Non ! On avance ! »
Nous  marchâmes côte à côte en silence tout le restant du trajet.
Bientôt, le bord de la falaise se dessina à l’horizon. Nous y étions presque. Plus nous avancions, plus nous pouvions voir les parcelles bleutées et scintillantes de la mer. Elle était calme, aucune vague ne venait troubler sa surface parfaitement lisse. Nous descendîmes le long des rochers jusqu’à la plage de galets noirs en contrebas. Ils étaient brûlants, ayant absorbé toute la chaleur du soleil sans discontinuer depuis des semaines. Je m’approchai du bord de l’eau. Elle était immobile et ne venait pas recouvrir mes pieds d’écume blanche. Je regardai à l’horizon. On pouvait voir les contours d’Ahtohallan se dessiner au loin.
« Tu sais qu’elle ne doit pas y retourner. Pourquoi l’as-tu amenée jusqu’ici ? »
Je fermai les yeux et inspirai profondément. J’entendis Elsa arriver à ma hauteur. Elle entra sans hésiter dans l’eau. Rien ne se produisit.
« Nokk n’est plus là… souffla-t-elle.
— C’était évident. »
La jeune femme baissa la tête.
« Il y a quelque chose que je ne comprends pas, reprit-elle. Pourquoi m’avoir emmenée ici pour simplement faire un constat auquel on s’attendait ? »
Je sortis ma gourde et bus une grande gorgée, prenant le temps de réfléchir à ma réponse.  
« C’était trop tard pour l’esprit de l’eau. Ce n’est pas ça qui m’importait. Je voulais savoir si Ahtohallan était toujours là.
— Comment ça ? C’est une île, elle ne peut pas disparaître.  
— L’île non mais la glace qui la recouvre si. Je veux que tu t’y rendes.
— Je ne peux pas, répondit-elle d’une traite.
— Je suis trop âgée pour le faire par moi-même, c’est à toi d’y aller.
— Je ne peux pas. Je ne suis pas en état… »
Elle s’interrompit en remarquant mon regard interrogateur. Sans un mot, elle attrapa ma gourde et agita sa main libre autour du goulot. Rien ne se passa.
« Vous voyez, dit-elle d’un ton désespéré, ma magie ne m’obéit plus. Jamais je ne pourrai faire la traversée jusque là bas sans mes pouvoirs. »
Je compris alors.   
« Prends-ça », fis-je en lui tendant la canne de Silja.
Elsa me regarda, étonnée, mais sembla rapidement comprendre où je voulais en venir. Elle se mit face à la mer et tapa le bâton au sol deux fois. L’eau se sépara alors en deux, lui laissant un passage jusqu’à Ahtohallan.
« Pourquoi ne venez-vous pas avec moi ? me demanda la jeune femme en se tournant dans ma direction.
— Je te l’ai dit, c’est à toi d’y aller. »
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Sam 03 Fév 2024, 10:47
Non... Elsa c'est Moïse maintenant ?! XD
Ah mais c'est de là que vient le proverbe "tous les chemins mènent à Ahtohallan ?! Razz "
Quand est-ce qu'on retrouve Anna et Kristoff ? :angel:
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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 69)

Jeu 08 Fév 2024, 16:50
Chapitre 69
Anna
 
« On meurt de soif Kristoff ! Même Sven n’arrive plus à avancer…
— Oui je sais. Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? » fit-il séchement.
Je ne répondis rien. Nous étions tous les deux épuisés et prêts à nous emporter à la moindre étincelle. Je croisai les bras et regardai le sol défiler sous les roues du traineau. Une sensation de vertige me prit soudain. Le sol devint alors flou et une vague de chaleur m’envahit. J’avais l’impression de tanguer de plus en plus, passant presque par-dessus bord. Je sentis une main ferme se poser sur mon épaule et me rattraper in extremis.
« Anna ! S’il te plait il faut que tu tiennes le coup. Je sais que c’est dur mais on a pas le choix… »
Kristoff arrêta le traineau, m’attrapa par les épaules et me secoua doucement dans l’espoir de me faire reprendre mes esprits. Il essuya mon front couvert de sueur et voulut me serrer contre lui. Prise d’un nouveau malaise, je le repoussai, me penchai par-dessus le traineau et vomis un liquide jaunâtre. Le jeune homme descendit immédiatement de son siège et observa les arbres qui nous entouraient. Je le vis se pencher et farfouiller dans la terre à la recherche de quelque chose.
« Qu’est-ce que tu fais ? murmurai-je.
— Quand j’étais petit, commença-t-il en continuant à creuser, je devais souvent me débrouiller seul. Je n’ai pas toujours eu quelqu’un qui m’apportait et me préparait ma nourriture contrairement à… »
Il marqua une pause.
« Enfin peu importe, reprit-il. Quoi qu’il en soit, j’ai dû apprendre à faire avec ce que j’avais sous la main, et en l’occurrence, ce que j’ai sous la main, c’est ça. »
Il se releva victorieusement et me montra avec fierté sa trouvaille.
« Deux racines complètement sèches et pourries… soupirai-je.
— Quoi ? Si ça ne te convient pas, continue à écouter ton ventre gargouiller et à vomir. Personnellement, je préfère encore manger ça. »
Kristoff retira la terre de l’une des racines qu’il tenait et croqua dedans sans hésiter. Je le vis mâcher à grand peine et avaler difficilement.
« Ce n’est pas le repas le plus gastronomique que j’aie pu faire je te l’accorde mais au moins ça nous fait quelque chose à nous mettre dans le ventre, et avec un peu de chance, cet arbre aura peut-être pompé les dernières gouttes d’eau qu’il restait dans ce sol avant la disparition de Nokk, ce qui nous laisserait quelques heures de vie supplémentaires.
— Kristoff !
— Quoi ? Ce n’est pas négligeable, dit-il entre deux bouchées. Bon, t’en veux ? »
Je saisis avec dégoût la racine qu’il me tendait.
« N’oublie pas de retirer la terre, c’est pas très bon pour la santé… »
Je lui lançai un regard noir.
« Si tu ne la manges pas, donne la moi. Ça en fera plus pour Sven.
— Je… Je vais la manger, dis-je d’une voix que je voulais la plus assurée possible.
— Ah, tu vas enfin connaître la vraie vie ! »
Je portai la racine à ma bouche et croquai timidement dedans. Un goût acre et amer envahit alors mon palais. Kristoff se mit à rire devant les grimaces que je faisais.
« On essaiera de trouver mieux en chemin mais pour l’instant c’est de ça dont on doit se contenter. »
Il tendit la moitié de sa racine à Sven qui l’avala sans hésiter, ne semblant pas du tout dérangé par le goût de pourriture prééminent. De mon côté, je faisais tout pour passer outre et me forçais à avaler chaque nouvelle bouchée.
Le jeune homme remonta à mes côtés dans le traîneau et nous nous remîmes en route. Le soleil venait de commencer sa lente descente dans un ciel virant du bleu au violet, puis du violet au rose. Une suite de petits nuages blancs se formait au-dessus de nos têtes, comme prête à s’accrocher à la cime des arbres morts qui nous entouraient.
« Tu as dû vivre longtemps par toi-même ? demandai-je en ne quittant pas le ciel des yeux.
— J’ai su me débrouiller. Quand je me suis retrouvé seul avec Sven après avoir quitté celui qui m’a recueilli, on a passé plusieurs jours dans les forêts des montagnes en trouvant de la nourriture là on pouvait en trouver. La plupart du temps c’était des végétaux mais il nous arrivait de descendre en contrebas et de trouver quelques pêcheurs qui ne faisaient pas toujours attention à leurs poissons.
— Vous leur en voliez ?
— Nan, enfin, peut-être un ou deux de temps en temps. Mais c’était surtout pour moi. Sven n’aime pas le poisson. Trop d’arêtes.
— Et ils ne voyaient rien ? m’étonnai-je en avalant la dernière bouchée de la racine.
— Je peux être très discret quand je veux. »
Je levai les yeux au ciel, sans toutefois parvenir à cacher le sourire qui naissait aux coins de mes lèvres.
« Tu en doutes ? s’offusqua Kristoff.
— Non, je n’ai juste jamais eu l’occasion de voir le maître à l’œuvre.
— Je te montrerai. Quand tout sera redevenu normal… »
Le soleil disparut derrière les montagnes alentours, ne laissant qu’une balafre orangée au-dessus de leur sommet. La cadence de Sven me berçait de plus en plus. Je fixai alors sa croupe, me laissant entraîner dans son rythme.
« Tu penses que tout redeviendra normal un jour ? » murmurai-je, perdue dans mes pensées.
Le jeune homme réfléchit un instant. Il posa sa main sur la mienne et dit :
« Pour ça on doit d’abord trouver Elsa et s’assurer qu’il ne lui arrive rien. Ensuite… eh bien ensuite nous trouverons une solution pour ramener les esprits au plus vite. Il faudrait demander à cette petite vieille… Comment…
— Silja.
— Ah oui Silja. Elle doit bien avoir un bouquin ou quelque chose dans le genre permettant de faire une incantation pour les faire revenir non ?
— Si c’était le cas, elle l’aurait déjà fait.
— Moi elle me paraît louche !
— Kristoff…
— Quoi ? C’est toujours de ceux qui paraissent les plus innocents dont il faut se méfier…
— Elle a plus de quatre-vingts dix ans. Que veux-tu qu’elle fasse ?
— Justement… »
Je soupirai et retirai ma main de celle du jeune homme.
« Je plaisante…
— Je sais. C’est bien ça le problème », marmonnai-je.
Devant nous se dessinèrent quatre immenses menhirs. Malgré la nuit tombante, je remarquai un détail frappant : les gravures représentant chacune l’un des esprits semblaient effacées et n’étaient plus visibles. Je lançai un regard inquiet à Kristoff.
« On voit la même chose… souffla-t-il.
— Il faut qu’on retrouve Elsa. Vite. »
***   
A première vue, le village des Northuldra semblait calme. Mais, quand nous nous approchâmes, nous vîmes des tentes détruites. Je reconnus l’emplacement de celle de Yéléna. Il n’en restait presque rien. Soudain, Sven fit un écart, poussant un drôle de grognement. Kristoff se pencha pour voir ce sur quoi il avait buté. Il devint alors blême et tout tremblant.
« Anna… », fit-il d’un air effrayé.
Je passai du même côté que lui et me penchai également. Je reconnus immédiatement la forme qui gisait au sol. C’était un corps. Le corps d’un jeune homme dont le visage était face contre terre. Je refoulai le dégoût que cette scène m’inspirait et sautai hors du traîneau. Mes jambes soudainement tremblantes faillirent ne pas me rattraper. Je pris mon courage à deux mains et retournai le cadavre. Sa mâchoire semblait être cassée ; la lame d’un couteau sculpté était enfoncée entre ses côtes. C’était le coup fatal qui lui avait été porté. Je regardai Kristoff qui était resté dans le traîneau, n’osant pas bouger.
« Il… il est mort il y a plusieurs heures déjà », me dit-il.
J’observai les environs. Il n’y avait personne. Les seuls objets qui attirèrent mon attention furent deux petites coupelles en bois laissées à quelques pas du corps.
« On ne peut plus rien pour lui… »
J’attrapai la main que Kristoff me tendait et remontai à bord du traîneau. Nous avançâmes silencieusement à travers le village, retenant notre souffle et prêts à découvrir d’autres atrocités de ce genre.
« Qu’est-ce qu’il lui est arrivé selon toi ? » demandai-je d’une petite voix.
Soudain, des cris retentirent quelques mètres devant nous, derrière un regroupement de cabanes. Des bruits de coups nous firent rapidement comprendre que quelque chose de grave se produisait.
« Un règlement de comptes », murmura le jeune homme en arrêtant Sven.
Je ne sus s’il répondait à ma question ou s’il émettait une hypothèse sur ce qui était en train de se passer.
« Reste-là, m’ordonna-t-il en descendant du traîneau.
— Ce serait mal me connaître. »
Je sautai de mon siège et lui emboîtai le pas. Il m’attrapa fermement par le bras et me força à reculer, jusqu’à être à sa hauteur.
« Anna, arrête de toujours vouloir commettre des imprudences. Pour une fois fais ce que je te dis et reste ici. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. »
Un nouveau cri retentit. Il me lança un regard sévère, partit en courant vers les cabanes et disparut derrière l’une d’entre elles. Je soupirai de mécontentement, croisai rageusement les bras et m’appuyai contre Sven qui broutait de l’herbe sèche.
« Je déteste quand il me traite comme une enfant », marmonnai-je.
Le renne me lança un regard en coin, comme s’il s’amusait de ma situation. Un hurlement de détresse me fit sursauter. Je reconnus immédiatement à qui il appartenait.
« Honeymaren… » murmurai-je.
Je voulus partir en courant vers les cabanes mais Sven me retint, aggripant mes vêtements avec ses dents.
« Lâche-moi ! lui criai-je. Elle a besoin d’aide ! »
Je réussis à me dégager de son emprise et me précipitai dans la direction des cris. Je dépassai rapidement les premières cabanes et alors que j’allais contourner la dernière, une main se posa sur mon épaule, m’empêchant de faire un pas de plus. Je me retournai vivement.
« Kristoff !
— Chut ! Je t’avais dit de rester au traîneau !
— Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je pensais que…
— Je ne peux rien faire.
— Quoi ? »
Il attrapa mon visage, le tourna de nouveau vers l’avant et pointa quelque chose du doigt, derrière la cabane. Je me penchai pour mieux voir ce qu’il me montrait. Malgré la pénombre, je distinguai au clair de lune un groupe de personnes. Elles étaient cinq. Deux d’entre elles maintenaient un jeune homme à genoux pendant que les deux autres observaient la scène.
« Je ne comprends pas… J’ai entendu Honeymaren…
— Elle est là », me dit Kristoff en désignant les deux personnes à l’écart.
Je plissai les yeux et reconnus effectivement la jeune femme. Elle pleurait. Ses bras étaient maintenus dans son dos par l’homme qui se tenait derrière elle.
« Et Ryder se fait frapper par les deux autres. Je ne sais pas ce qu’ils lui veulent. »
Soudain, un des hommes lui asséna un violent coup de genou dans le ventre. Ryder s’effondra au sol. Je remarquai quelque chose de sombre briller sur son visage. Du sang. Honeymaren tenta de se débattre pour porter secours à son frère mais l’homme qui la tenait ne semblait pas décidé à la laisser faire.
« Pourquoi tu n’interviens pas ? demandai-je à Kristoff, paniquée.
— Tu plaisantes ? Je ne vais pas y aller seul contre trois.
— Nous sommes deux. Avec Ryder et Honeymaren, quatre. »
Le jeune homme ne répondit rien, préférant analyser la scène et les moyens dont il disposait. Je trépignai d’impatience, incapable de rester là à rien faire alors que mes amis étaient en danger. L’homme qui venait de frapper Ryder s’accroupit au-dessus de lui, le redressa en le soulevant par les épaules et dit en ricanant :
« Alors… Tu veux pas nous dire ce que ça fait de passer une soirée avec l’ex reine d’Arendelle ? Elles sont aussi débrouillardes que chez nous les filles de là-bas ?
— La ferme ! cria Honeymaren.
— Quoi ? Toby, Sander, regardez ça, je crois qu’elle est jalouse que son frère ait voulu remettre sa chérie sur le droit chemin. »
Ryder ne répondait rien. Il était complètement abasourdi.
« D’ailleurs, reprit l’homme en se relevant et en s’approchant de la jeune femme, il n’est peut-être pas trop tard pour te remettre également sur le droit chemin… »
Il passa une main dans les cheveux d’Honeymaren. Je ne pouvais en supporter davantage. Ma colère allait exploser à tout moment.
« Ne la touche pas ! » hurlai-je en sortant de ma cachette.
L’homme sembla étonné de me voir mais reprit rapidement ses esprits :
« Oh, mais regardez qui voi… »
Il s’arrêta en voyant Kristoff à mes côtés.
« Relâchez-les, dis-je d’une voix ferme.
— Oh mais bien sûr Votre Majesté », dit-il d’un ton mielleux et en feignant une révérence.
Je le vis saisir un objet accroché à sa ceinture. Je compris immédiatement de quoi il s’agissait quand je remarquai une lame briller sous les rayons de la lune.
« Reste derrière moi », souffla Kristoff en me passant devant.
L’homme s’avançait dangereusement, couteau en main. Alors qu’il s’apprêtait à se jeter sur nous, j’entendis un claquement de doigt derrière moi. Il se figea, la main tremblante, lâcha soudainement son arme et s’effondra au sol. Le visage de ses deux complices se tordit de peur. Effrayés, ils partirent en courant, abandonnant Ryder et Honneymaren. Kristoff et moi nous regardâmes, ne comprenant pas ce qu’il venait de se passer. Je me retournai et aperçus Silja qui se tenait dans l’ombre, l’air grave.
« Dépéchez-vous, nous dit-elle, il ne restera pas comme ça longtemps. »

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Jeu 08 Fév 2024, 17:39
Enfin une partie Anna I love it
C'était pas mal du tout tout ça ! J'imagine bien ma pauvre qui doit essayer de manger des racines et que ça a un goût infect...Perso je préfère vomir de l'eau (enceinte depuis 3 mois j'ai pu testé bravo )
Par contre je trouve Kristoff assez cassant quand même avec Anna...Je sais pas...C'est le premier chapitre où je retrouve pas le couple d'Arendelle... Enfin bon à voir si ça sera comme ça les prochaines fois...

Et on termine par une statuette en cookie à offrir à Siljia !!! Razz

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Jeu 08 Fév 2024, 18:02
Ansa a écrit:Enfin une partie Anna I love it
C'était pas mal du tout tout ça ! J'imagine bien ma pauvre qui doit essayer de manger des racines et que ça a un goût infect...Perso je préfère vomir de l'eau (enceinte depuis 3 mois j'ai pu testé bravo )
Par contre je trouve Kristoff assez cassant quand même avec Anna...Je sais pas...C'est le premier chapitre où je retrouve pas le couple d'Arendelle... Enfin bon à voir si ça sera comme ça les prochaines fois...

Et on termine par une statuette en cookie à offrir à Siljia !!! Razz
Oui c'est normal que Kristoff soit assez cassant... Ils commencent tous à être hyper stressés, à ne plus dormir beaucoup etc etc donc ça commence à devenir dur  La Reine des Neiges 3  - Page 6 1f62c
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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 70)

Dim 11 Fév 2024, 15:46
Chapitre 70
Kristoff
 
« Vous l’avez tué ?
— Non. Je ne tue personne.
— Vous l’avez endormi ?
— On peut dire ça.
— Comment vous avez fait ? »
Anna ne cessait de poser des questions à la vieille femme qui nous avait conduits jusqu’à sa tente. C’était l’une des dernières qui étaient toujours debout, et pourtant, l’intérieur donnait l‘impression qu’un ouragan était passé par là. Il y en avait partout. Des objets plus improbables les uns que les autres étaient dispersés par terre et nous arrivions tout de même à tenir à six à l’intérieur. Silja avait allongé Ryder sur ce qui semblait être son lit et préparait une étrange bouillie à base de plantes qu’elle écrasait avec une pierre dans un récipient en bois poli. Quand le tout lui sembla suffisamment lisse, elle l’appliqua aux endroits où le jeune homme avait reçu des coups. Ce dernier grimaçait de douleur à chaque fois qu’elle posait sa main sur lui. Je lançai un regard à Honeymaren. Elle était prostrée au fond de la tente, les bras enroulés autour de ses jambes. Je vins m’asseoir à côté d’elle. Nous restâmes silencieux un moment, observant les gestes de la vieille femme.
« Tout va bien ? » lui demandai-je finalement.
Elle acquiesça.
« Vu ta tête, ce n’est pas ce que j’aurais répondu », la taquinai-je gentiment.
Une larme coula sur la joue de la jeune femme.
« Hey… Qu’est-ce qui se passe ? m’inquiétai-je.
— Tout le monde est au courant. Je ne sais pas comment, mais tout le monde est au courant, souffla-t-elle.
— Au courant de quoi ?
— De ce qu’il s’est passé entre Ryder et… »
Elle s’interrompit et me regarda d’un air désespéré.
« Et Elsa ? » finis-je.
Honeymaren ne répondit rien. Nous restâmes l’un à côté de l’autre, n’osant plus nous regarder.
« Tu leur en veux ?
— Bien sûr ! Comment veux-tu que ce ne soit pas le cas ?
— Ryder reste ton frère…
— Justement ! C’est encore pire… C’est parce qu’il est mon frère que je lui en veux. Il n’aurait jamais dû faire ça.
— Mets-toi à sa place…
— Jamais je n’aurais fait ça ! Jamais ! Je sais où sont les limites à ne pas dépasser contrairement à lui ! »
Je soupirai, attristé de voir ces jumeaux déchirés.
« Tu sais, je n’ai eu ni frère ni sœur et ça m’a beaucoup manqué. J’aurais adoré avoir une relation fusionnelle avec quelqu’un comme celle que tu avais avec Ryder il y a encore quelques semaines. J’ai essayé de combler ce vide avec Sven mais je ne fais que des monologues en réalité. On a vécu beaucoup de choses tout les deux mais il reste un animal et moi un humain. C’est une frontière impossible à dépasser.
— C’est à toi de voir s’il y a réellement une frontière ou pas », suggéra Honeymaren.
Je la regardai, étonné de sa réponse.
« Quoi qu’il en soit, vous êtes jumeaux, repris-je. Que tu le veuilles ou non, vous serez toujours liés l’un à l’autre et cette réalité te rattrapera bien plus vite que tu ne le penses. Je sais que c’est dur mais… vous devriez vous réconcilier.
— C’est à lui de faire le premier pas.
— Et Elsa ? Qu’est-ce que tu comptes faire avec elle ?
— Je ne sais pas…
— Tu penses pouvoir lui pardonner ?
— Je n’en sais rien… D’un côté, j’en ai envie mais de l’autre, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qu’il s’est passé et de me dire qu’elle est tout aussi responsable que Ryder dans cette histoire. Et… elle est de plus en plus bizarre. Je ne la reconnais pas…
— Bizarre ?
— Oui. Elle réagit toujours beaucoup plus violemment qu’avant et ses moindres émotions semblent décuplées. Elle me fait peur parfois…
— Tu as essayé d’en parler avec elle ?
— Pas vraiment. Nous ne sommes pas très ouvertes au dialogue en ce moment…
— Quand est-ce que tu lui as parlé pour la dernière fois ?
— Le lendemain de la disparition de l’esprit de l’eau.
— Et alors ?
— Elle était… bizarre. Je voyais qu’elle n’allait pas bien alors je lui ai malgré tout posé quelques questions mais elle n’y a jamais répondu. En tout cas pas honnêtement.
— Qu’est-ce qu’elle avait ?
— Elle pleurait quand je suis arrivée et elle m’a semblée avoir mal quelque… »
Le débit de paroles de la jeune femme avait ralenti au fur et à mesure que sa phrase avançait. Elle semblait réfléchir en même temps qu’elle parlait et fronçait de plus en plus les sourcils.
« Honeymaren ?
— Je… Je ne devrais pas te raconter tout ça… »
Elle se leva et alla rejoindre Silja qui venait de terminer d’appliquer sa pommade artisanale sur Ryder.
« Pourquoi dit-on que les esprits sont tous liés au cinquième ?  lui demanda-t-elle.
— Qui t’a dit ça ? fit la vieille femme d’un air soupçonneux.
— Je… Euh… Je l’ai lu. »
Sans un mot, Silja alla reposer le récipient qu’elle tenait sur une petite étagère en bois déjà chargée de bibelots, attrapa un tambouret qui avait été renversé et laissé tel quel sur le sol, le remit sur ses pieds et s’assit dessus. Les yeux fermés et les mains posées sur les genoux, elle semblait prête à nous révéler quelque chose d’important dont nous ne devions rater aucune miette. Et pourtant, alors que nous étions suspendus à ses lèvres, ce ne fut qu’un ronflement qui sortit de sa bouche. Anna, Honeymaren et moi nous regardâmes, surpris.
« Je crois qu’elle s’est endormie… murmura Anna en retenant son rire.
— C’est impossible, comment… »
La vieille femme redressa subitement la tête, écarquilla les yeux et dit d’une voix affolée :
« Les esprits disparaissent de ce monde lorsque le cinquième n’assure plus une continuité entre l’univers des humains et le leur.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? s’empressa Anna.
— Le cinquième esprit étant censé être une passerelle entre les Hommes et les éléments, il doit vivre en harmonie avec les deux mondes, continua Silja. Si cette harmonie est rompue d’un des deux côtés, cela a des répercussions sur l’autre et c’est le chaos qui se répand. »
***   
« Ça m’embête vraiment de laisser Honeymaren dormir dans le salon…
— Oui moi aussi. Mais c’est elle qui nous l’a proposé et qui a insisté pour que ça se passe comme ça. Tu la connais, quand elle a une idée derrière la tête il ne vaut mieux pas aller contre elle. Et puis, elle pourrait dormir avec Ryder… remarqua Anna.
— Elle ne le fera pas. C’est trop tôt.
— Tu… Tu as su ce qu’il s’était passé ?
— Pas vraiment. Mais je pense que ce qu’on a entendu tout à l’heure nous le laisse deviner… »
La jeune femme était allongée en face de moi et paraissait soucieuse.
« Elsa n’est pas comme ça… murmura-t-elle.
— Elle a beaucoup changé Anna… »
Nous nous tûmes un moment, perdus dans nos pensées respectives.
« Kristoff, est-ce que tu t’es déjà demandé ce qu’étaient devenus tes parents ?
— Ça fait longtemps que je ne les considère plus comme faisant partie de ma famille tu sais. S’ils m’ont abandonné, c’est qu’ils ne voulaient pas de moi.
— Ils ne t’ont pas complètement abandonné… Ils t’ont confié à quelqu’un pour s’assurer que tu aurais tout ce dont tu avais besoin.
— Justement, c’est davantage de cette personne dont je me soucie. Je ne sais pas ce qu’Aksel est devenu…
— Aksel ? Tu ne m’as jamais dit son nom…
— Je ne l’ai jamais considéré comme mon père mais, avec du recul, je me rends compte qu’il a fait beaucoup pour moi alors qu’il n’avait rien demandé. Je suis parti un jour et je ne l’ai jamais remercié pour ce qu’il avait fait pour moi. Il ne doit même pas savoir que je suis encore en vie… »
Anna posa sa main sur la mienne dans un geste de compassion.
« Oh mais ne t’en fais pas, dis-je en riant, les trolls, Sven et toi constituez ma seule et unique famille et j’en suis très fier. »

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Dim 11 Fév 2024, 16:09
La réf de la vieille qui s'endort versus Mamaoudi j'ai ! Razz
Un chapitre finalement plus apaisant malgré les mêmes tensions qui substitent comme au précédent.

C'est moi où j'ai l'impression qu'on arrive doucement à la fin de l'histoire ?! scratch

Reste plus qu'à trouver Elsa et qu'elle aille mieux pour faire revenir tous les esprits et tout est bien qui finit bien ! I love it
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Dim 11 Fév 2024, 16:21
Ansa a écrit:La réf de la vieille qui s'endort versus Mamaoudi j'ai ! Razz
Un chapitre finalement plus apaisant malgré les mêmes tensions qui substitent comme au précédent.

C'est moi où j'ai l'impression qu'on arrive doucement à la fin de l'histoire ?! scratch

Reste plus qu'à trouver Elsa et qu'elle aille mieux pour faire revenir tous les esprits et tout est bien qui finit bien ! I love it
ça risque d'être un peu plus compliqué que ça...  La Reine des Neiges 3  - Page 6 1f62c
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Dim 11 Fév 2024, 16:22
x.a.l.a.n.d.a a écrit:
Ansa a écrit:La réf de la vieille qui s'endort versus Mamaoudi j'ai ! Razz
Un chapitre finalement plus apaisant malgré les mêmes tensions qui substitent comme au précédent.

C'est moi où j'ai l'impression qu'on arrive doucement à la fin de l'histoire ?! scratch

Reste plus qu'à trouver Elsa et qu'elle aille mieux pour faire revenir tous les esprits et tout est bien qui finit bien ! I love it
ça risque d'être un peu plus compliqué que ça...  La Reine des Neiges 3  - Page 6 1f62c

Ah tant mieux ! Ça veut dire que l'histoire ne se finit pas encore !!! I love it I love it
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Jeu 15 Fév 2024, 21:46
Chapitre 71
Silja
 
Je sentis une présence qui me réveilla. J’ouvris d’un coup sec les pans de ma tente. Les rayons du soleil qui venait tout juste de se lever se posèrent sur ma peau. Les yeux pourtant rivés sur l’horizon, je ne distinguais rien d’autre qu’un voile blanchâtre auquel je m’étais désormais habituée. Je savais cependant que deux silhouettes se dessinaient au loin. Je souris et vins m’installer sur ma chaise à bascule restée dehors. Elles étaient de retour. Yéléna avançait d’un pas sûr, s’appuyant sur ma canne, tandis qu’Elsa qui se tenait à ses côtés semblait davantage fébrile. Son pas n’était pas régulier.
Quand elles furent suffisamment proches, je leur fis signe de me rejoindre. Je retournai dans la pénombre de ma tente, emportant la chaise à bascule avec moi. Je m’y assis de nouveau et me balançai d’avant en arrière.
« Vous en avez mis du temps, fis-je en les entendant entrer.
— Nous avons eu un petit imprévu », répondit la cheffe Northuldra.
Je souris, sachant ce dont elle parlait. Mon amie glissa ma canne entre mes mains. Je l’attrapai et la posai contre mon siège.
« Peux-tu… Peux-tu attendre dehors s’il te plait Yéléna ? » demandai-je en me tournant vers elle.
Elle se retira sans protester.
« Bien, fis-je. Raconte-moi tout maintenant. »
Je tendis les mains. Il fallut quelques secondes avant qu’Elsa les saisisse et s’agenouille devant moi.
« Que voulez-vous que je vous dise ? souffla-t-elle d’un air morne.
— Qu’as-tu vu à Ahtohallan ?
— L’île est toujours recouverte de glace. Elle semble intacte malgré la chaleur qui l’entoure.
— Non, ce n’est pas ça dont je veux parler. Qu’as-tu vu dans le glacier ? »
Elle se tut. Je pressai ses mains. Elles n’étaient pas froides comme d’habitude, au contraire, elles étaient moites. Je sentis la jeune femme trembler et sa respiration se hacher soudainement. Elle pleurait.
« Je… J’ai vu ma mère… Elle ne m’a jamais semblé aussi réelle… »
Je ne répondis rien. Mon visage se crispait malgré moi. Je ne voulais pas le lui montrer.
« C’était elle le cinquième esprit avant moi n’est-ce pas ? Elle m’a transmis ce rôle à sa mort…
— Non, dès ta naissance », rectifiai-je.
Elsa tenta de retirer ses mains des miennes. Je l’en empêchai, resserrant mon emprise sur elle.
« Ce rôle comme tu dis se transmet de génération en génération, dès la naissance du premier enfant.
— Mais… Je ne comprends pas… Comment ma mère pouvait-elle être une passerelle entre le monde des humains et celui des esprits ? Elle n’avait aucun pouvoir s’apparentant aux miens ou à ceux des esprits…
— Elle a donc renié ses origines jusque-là… murmurai-je.
— Comment ça ? » demanda la jeune femme en reprenant soudainement contenance.
Je lâchai ses mains, saisis ma canne et traversai la tente jusqu’à l’étagère à côté de l’entrée.
« Vois-tu, commençai-je, ta mère était une chamane. Comme moi. »
Je tatai du bout des doigts les récipients qui s’y trouvaient et attrapai le bocal que je cherchais quand ma main se posa dessus.
« Elle possédait plusieurs dons semblables aux miens, comme la capacité d’avoir des visions. »
Mes doigts continuèrent à parcourir la petite étagère.
« C’est pour ça que les esprits l’ont choisie. Comme ils avaient choisi sa mère avant elle et ainsi de suite.
— Le don de chamanisme se transmet lui aussi de génération en génération ?
— Oui. Mais uniquement chez le premier né. Où est-elle ? J’étais pourtant certaine de l’avoir rangée ici…
— Qu’est-ce que vous cherchez ? me demanda la jeune femme, intriguée.
— Une plante. Ah la voilà ! 
— Elle n’est pas morte ?
— Rien de ce qui est ici ne meurt ma chérie. »
Je pris une poignée des feuilles que je devinais encore fraîches et vertes de la plante et revins vers Elsa.
« Ta mère ne devait pas mesurer les conséquences de ses actes en quittant la forêt enchantée. Les esprits ont disparu avec elle ce jour-là et nous ont piégés sous cette brume atroce.
— Elle l’a regretté… Toute sa vie.
— Peut-être. Mais il était trop tard. 
— Pourquoi ne montrez-vous aucune compassion envers elle ? s’énerva soudain la jeune femme. Vous et les autres Northuldra n’avez jamais essayé de comprendre ses choix !
— Oh crois-moi, j’ai essayé. Mais je n’ai pas réussi. Arendelle avait assassiné l’une de ses sœurs, fait prisonnière l’autre, mais elle a tout de même fui avec son roi. Elle ne s’est jamais retournée pour voir ce qu’était devenue sa mère. Jamais.
— Vous n’en savez rien !
— Oh si, crois-moi, je le sais. J’ai attendu des années le retour de ma fille aînée, mais j’ai fini par comprendre qu’elle avait préféré m’abandonner au profit de sa nouvelle vie à Arendelle. »
Je sentis que la jeune femme peinait à encaisser l’information que je venais de lui donner.
« Vous êtes ma…
— Ta grand-mère. »
Elsa se leva, recula et renversa les objets posés au sol.
« Pourquoi ne m’avez-vous rien dit avant ? me reprocha-t-elle.
— Quand je t’ai vue pour la première fois, j’ai tout de suite compris pourquoi ta mère n’était jamais revenue. Elle t’avait eue entre temps et ce n’était plus elle désormais qui endossait le rôle du cinquième esprit, c’était toi. Tu étais la seule à pouvoir franchir le mur de brume, Iduna ne pouvait que contempler la forêt enchantée de l’extérieur. Mais comme tu n’en as pris connaissance qu’après la mort de tes parents, il était trop tard pour que je revoie ma fille… Je pensais que ta mère t’avait au moins parlé de moi, mais visiblement, elle ne l’a jamais fait…
— Elle nous a parlé de vous. Mais jamais sous cet angle. Je n’ai jamais compris que ma grand-mère pouvait être…
— Une chamane Northuldra ?
— Oui…
— Je savais que tu finirais par le savoir. Je n’avais pas besoin de te le dire, du moins, pour le moment…
— Pourquoi ne m’a-t-elle jamais dit que ma grand-mère se trouvait ici ? Elle n’a même quasiment jamais parlé de la forêt enchantée, comme si elle en avait peur.
— Elle voulait te protéger.  
— Me protéger de quoi ?
— De ce qu’il t’arrive en ce moment. »
Elsa se tut soudainement.
« Ta mère savait les dangers que tu encourais à cause de son passé en revenant ici. Elle avait dû prévoir ce qui se produit en ce moment même, repris-je.
— De quoi parlez-vous ?
— Le monde des humains et celui des esprits sont liés comme tu le sais. A chaque fois que l’un des deux mondes porte atteinte au lien qui les unit, cela a des conséquences sur l’autre. En l’occurrence, c’est le monde des humains qui porte atteinte à ce lien. Et ce lien, c’est toi. A chaque fois que les Hommes te nuisent, les esprits s’affaiblissent et finissent par disparaître. C’est ce qu’il s’est passé. »
Je mis les feuilles que j’avais conservées dans le creux de ma main dans le bocal et le tendis à la jeune femme.
« Contre la douleur. Mâches-en chaque soir avant de te coucher, lui dis-je.
— Comment…
— Je l’ai su quand l’esprit de l’eau a disparut.
— Merci », murmura-t-elle en saisissant le bocal.
Elle posa un baiser dans mes cheveux avant de se retirer. Au moment où je l’entendis sortir, Yéléna entra précipitamment.
« Ma tente ! hurla-t-elle. Qu’est-il arrivé à ma tente ?
— Tu ne le découvres que maintenant ?
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Elle a été saccagée avec d’autres dès ton départ. Les cœurs des Northuldra se remplissent de haine Yéléna. Plus les jours passent, plus leur colère grandit.
— Que me veulent-ils ? Je n’ai rien à me…
— Ils t’accusent de trahison envers notre peuple.
— Pourquoi ?
— Laisse-moi terminer. Ils pensent que tu complotes avec Elsa et Arendelle.
— Jamais je…
— Tout ce qu’ils voient, c’est que tu accapares Elsa, la seule personne qui pourrait nous sortir de cette crise de l’eau. Et l’arrivée d’Anna et Kristoff risque de ne rien arranger.
— Anna et Kristoff ? Je ne leur ai pas demandé de…
— Ils sont venus d’eux-mêmes. Regarde la vérité en face. Tu ne peux pas empêcher la guerre. Elle a déjà commencé, fis-je en me tournant vers mon lit où je savais que deux taches de sang se trouvaient.
— Quelle guerre ? dit-elle avec appréhension.
— La guerre de l’eau. »
Je sortis de ma tente, m’appuyant sur ma canne. La cheffe Northuldra me suivit. Nous marchâmes sur quelques dizaines de mètres, jusqu’à arriver en contrebas du village, à l’ancienne place du ruisseau qui avait laissé un fossé desséché derrière lui.
« Regarde », dis-je en le pointant de ma canne.
Yéléna étouffa un cri d’effroi.
« Ce sont là les corps de ceux qui ont déjà péri à cause du manque d’eau. Victimes de la soif ou de la jalousie des autres. Ceux dont tu vois les tentes ravagées là-haut sont ici maintenant. Tu en es l’exception. La guerre a commencé Yéléna, répétai-je, et si tu n’agis pas rapidement, tu ne feras que voir les cadavres s’amonceller dans ce fossé. 
— Où est mon bâton ? murmura-t-elle.
— Là-dedans », dis-je en désignant du menton le ruisseau asséché.
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Jeu 15 Fév 2024, 23:37
Je le savais ! Je l'avais senti depuis le début que la vieille c'était sa grand-mère Razz
Iduna Chamane et ancienne cinquième esprit en plus... Bon pour moi c'est du déjà vu car j'y ai consacré énormément de temps dans mes fics, mais ça fait toujours plaisir de voir des similitudes !!! Razz

La suite ! La suite ! La suite !!! Very Happy

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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 72)

Sam 17 Fév 2024, 19:01
Chapitre 72
Ryder

Je me réveillai, le corps endolori. Je passai ma main sur ma mâchoire. La douleur fut immédiate. Ces malades m’avaient sûrement déplacé quelque chose. Je sortis tant bien que mal du lit et arrivai tout chancelant devant le miroir. Une grosse ecchymose me laissait une tache jaunâtre sur la joue. Mes lèvres étaient gonflées et l’on pouvait toujours voir du sang séché sur le coin de mes narines. Je grimaçai devant mon abominable reflet. Je ne pouvais pas sortir comme ça.
On frappa à ma porte. Je me mis dos à cette dernière, refusant que l’on me voie ainsi.
« Hmmm ? », fis-je tout de même.
J’entendis quelqu’un entrer.
« Ah tu es debout, je ne pensais pas que tu en serais capable après la soirée que tu as vécue… »
Je reconnus la voix qui me parlait mais refusai catégoriquement de me retourner.
« Ryder ? Tout va bien ?
— Oui. J’ai… J’ai juste besoin d’être un peu seul. »
Je l’entendis approcher. Chacun de ses pas faisait craquer le parquet de ma chambre. Je me raidis, n’ayant qu’une seule envie : enfouir mon visage dans mes draps et ne plus en sortir.
« Tu détestes être seul. »
Je recouvris mon visage de mes mains.
« S’il te plaît… » insistai-je.
On m’attrapa les poignets, me forçant à regarder la personne qui me faisait face, sans me cacher.
« Kristoff ! Arrête ! criai-je.
— Wow ! Ils t’ont pas raté… Je ne pensais pas que ce serait à ce point. Tu les connaissais ?
— Laisse-moi tranquille !
— Tu plaisantes ? »
J’avais beau me débattre, le jeune homme ne me lâcha pas.
« Ryder, sérieusement ! C’était qui ces types ?
— J’en sais rien ! Je les connaissais pas !
— Tu leur avais déjà parlé ?
— Non.
— Tu les avais déjà vus ?
— Non. Enfin, peut-être… Oh et puis j’en sais rien, y a plein de gens que j’ai jamais vus ici !
— Alors comment ça se fait qu’ils savaient des choses sur toi que même nous ne savions pas ?! »
Je baissai les yeux et me mordillai la lèvre inférieure. La douleur que je ressentis en le faisant me fit immédiatement arrêter. Un goût de sang m’arriva alors dans la bouche.
« Ryder ? Comment ils pouvaient le savoir ? Et c’est quoi cette histoire avec Elsa ? Tu saignes », fit-il remarquer en montrant ma lèvre.
Je levai les yeux au ciel.
« Je sais, marmonnai-je.
— Alors ?
— Je… Je veux pas en parler d’accord ?
— Arrête. T’as pas d’autre ami à part moi ici. Tu peux pas rester seul dans ton silence avec tes problèmes. Ils voulaient ta mort !
— N’exagère pas…
— Je n’exagère pas ! Si on était pas intervenu, qu’est-ce qui ce serait passé ? Maintenant dis-moi la vérité. Ils ne t’ont pas frappé sans raison…
— Ils voulaient m’humilier pour une histoire avec Elsa, ça te convient ? m’énervai-je.
— Et qu’est-ce qu’Honeymaren avait à voir là-dedans ?
— Elles s’aiment Kristoff… Depuis le premier jour, soufflai-je.
— Tu le savais déjà non ?
— Je… Je crois que je n’arrivais pas à réaliser… Mais le problème c’est que…
— C’est que tu l’aimes aussi ? »
J’acquiesçai en silence. Les larmes me montèrent soudainement aux yeux.
« Mais… J’ai fait une bêtise… »
J’en sentis une dégringoler le long de ma joue et atterrir sur le plancher.
« J’ai… craqué… Je me suis laissé emporter par mon désir et mes sentiments et je n’ai pas réfléchi au mal que je causerais une fois cette barrière franchie. Je m’en veux terriblement Kristoff… Elsa m’évite, je ne l’ai plus croisée depuis cet… incident, et Honeymaren me déteste comme jamais elle ne m’a détesté.
— Elle ne peut pas te détester. Tu es son frère et sa seule famille. Elle t’en veut, c’est différent et compréhensible.
—  Qu’est-ce que je peux faire pour me racheter ?
— Rien. Il faut lui laisser du temps, c’est tout. »
Je m’assis sur mon lit, sentant mon visage brûler sous mes larmes chaudes.
« Il y a quelque chose que je ne comprends pas… fit Kristoff en me rejoignant. Tu dis avoir craqué mais, qu’est-ce qui t’y a poussé ?
— Elsa… Quand je suis allé chez elle, elle était…
— Si tu es allé chez elle, c’est que quelque chose d’autre t’y avait poussé avant. Qu’est-ce qui t’a donné envie de la rejoindre à ce moment-là ? »
Je fixai un point dans le vide. La pièce semblait avoir disparu autour de moi. J’étais seul, avec mes pensées. « Vois ça comme une chance. C’est peut-être le moment pour toi d’agir et de réaliser ce que t’as toujours eu envie de faire. »
« Erik… murmurai-je en me remémorant ses paroles. C’est lui qui m’y a poussé. »
Soudain, la porte de ma chambre s’ouvrit en grand d’un seul coup et claqua violemment contre le mur. Je levai la tête et lançai un regard morne à Honeymaren qui se tenait dans l’entrée, le visage crispé.
« Qu’est-ce que tu as dit ? » souffla-t-elle.
Elle s’approcha lentement du lit. Je pouvais ressentir à travers son corps tendu toute la colère qu’elle retenait. Kristoff se leva et s’interposa entre nous deux. Il enroula ses bras autour de la jeune femme pour l’empêcher d’avancer davantage.
« S’il te plaît… lui murmura-t-il.
— Lâche-moi ! »
Elle se dégagea d’un coup sec et lui lança :
« Sors s’il te plaît. Je dois parler à mon frère. »
Kristoff la regarda tristement et soupira.
« Rappelle-toi de ce que je t’ai dit hier… », fit-il avant de s’en aller, refermant la porte derrière lui.
Honeymaren se positionna juste devant moi, bras croisés. Incapable de croiser son regard, mes yeux se posèrent sur le morceau de tissu bordeau qui dépassait de sa ceinture.
« Tu ne devrais pas écouter les conversations aux portes… dis-je faiblement.
— Je commence à me méfier depuis quelques temps… marmonna-t-elle. Qu’est-ce qu’Erik a à voir là-dedans ?
— C’est lui qui m’a… incité à faire ce que j’ai fait…
— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— De voir ta précédente dispute avec Elsa comme une chance…
— Une chance de quoi ? De te l’approprier ? »
Je ne répondis rien et me relevai, ne supportant pas cette position d’infériorité dans laquelle je me trouvais. J’avais l’impression d’être un petit garçon se faisant disputer par sa mère.
« Réponds ! cria-t-elle. Arrête de fuir à chaque fois qu’un conflit se présente ! »
Je conservai le silence, lui tournant le dos. Je la sentis alors me pousser violemment vers l’avant. Je manquai de tomber et me rattrapai in extremis à une commode.
« Tu es folle ! hurlai-je.
— Et toi ! Tu es complètement immature ! Tu n’es qu’un gamin incapable de réfléchir par lui-même ! Tu avais besoin de quoi ? Que quelqu’un te conforte dans l’idée que détruire la vie des autres c’est pas si grave ? Ah oui, ça on peut dire que t’es tombé sur la bonne personne ! Je n’arrive pas à croire que t’aies écouté les conseils de l’unique pauvre type du village incapable d’aimer…
— C’est lui qui est venu me voir…
— Et alors ? Ça ne te rend pas moins coupable ! Tu ne connais même pas sa  vraie personnalité ! C’est toi qui as bêtement suivi les directives d’un homme narcissique, psycho-rigide, manipulateur et violent aux dépens de ta propre sœur ! Tu as tout détruit, tout ! Tu m’as pris celle que j’aimais alors que ma vie commençait enfin à s’éclaircir !
— Tu n’es pas la seule à avoir des problèmes dans la vie, d’accord ? Tu crois que ce j’ai fait c’était par pur égoïsme ? Tu crois que je ne me suis pas torturé l’esprit des centaines de fois à cause de tout ça ? Et pourquoi d’après toi ? Parce que je n’ai jamais eu ne serait-ce qu’une véritable once de bonheur dans ma vie, je n’ai fait que te soutenir moralement pendant des années ! Alors quand j’ai eu l’occasion, ne serait-ce qu’une seule fois, de m’occuper de moi et non pas de ma sœur, oui je l’ai saisie.
— En me prenant l’unique personne dont je sois véritablement tombée amoureuse ?
— Et toi tu m’as pris mes parents ! Ça fait quinze ans que je dois vivre avec cette douleur perpétuelle par ta faute, mais non, tu préfères t’apitoyer uniquement sur ta petite personne ! Tu n’as aucune empathie, aucune compassion, tu préfères vivre ta vie sans te soucier de celle des autres ! Tu ne m’as jamais pris au sérieux… Tu ne fais que me ridiculiser en permanence parce que tu penses que moi aussi je suis incapable d’aimer… Mais c’est faux. La seule femme qui a réussi à débloquer ce sentiment chez moi, c’est Elsa, que tu le veuilles ou non.
— Si tu l’aimais vraiment, jamais tu n’aurais écouté Erik la concernant ! Il ne lui veut pas du bien Ryder…
— Tu dis n’importe quoi ! Il n’a rien à voir dans cette histoire.
— Bien sûr que si. Tu as fait exactement ce qu’il voulait que tu fasses. Il a réussi à nous déchirer Elsa, toi et moi pour se faciliter la tâche.
— Quelle tâche ?
— Il l’a violée Ryder… »
Tout s’écroula en moi. La voix d’Honeymaren me semblait soudainement lointaine. Je ne distinguais plus que ses yeux remplis de larmes. Ses paroles se répétaient en boucle dans ma tête : « il l’a violée Ryder… ».
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Sam 17 Fév 2024, 20:04
Ouch... Bon je m'y attendais un peu de la part de cette ordure d'Erik mais c'est clairement pas propre pour cette pauvre Elsa Sad Sad Sad Sad

Un truc positif Honeymaren et Ryder ont enfin réussi à crever l'abcès même si c'est en se disputant Wink

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La Reine des Neiges 3  - Page 6 Empty La Reine des Neiges 3 (Chapitre 73)

Mer 21 Fév 2024, 17:47
Chapitre 73
Erik
 
Ils étaient prêts, je le sentais. Leur colère émanait de partout. Je pouvais la lire dans leurs yeux, leurs gestes, leurs paroles. Ils en étaient tous emplis. C’était le moment. Mais quelque chose encore leur manquait.
J’étais assis à l’écart de toutes ces personnes regroupées dans ma cabane. Je les y avais laissées entrer car j’étais le seul à posséder ce qu’ils recherchaient depuis plusieurs jours. Un homme s’approcha de moi, un verre à la main.

« Je ne comprends pas comment tu fais pour avoir toute cette eau. Et fraîche en plus ! »

Je souris en le regardant et me levai. Il parut impressionné par ma taille et recula d’un pas.

« J’ai mes petits secrets », dis-je en m’amusant de sa réaction.

Il resta dubitatif mais se contenta de hausser les épaules, sans dire un mot de plus. Des ricanements à l’autre bout de la pièce attirèrent mon attention. Je levai la tête et remarquai trois visages familiers. J’avançai alors à grands pas vers eux, les poings serrés.

« Qu’est-ce qui vous a pris ? Ça ne faisait pas partie du plan ! » leur lançai-je en arrivant à leur hauteur.

Ils me regardèrent avec de grands yeux étonnés jusqu’à ce que l’un d’entre eux prenne la parole :

« T’inquiète personne n’en a rien su !
— Tu plaisantes ? Les personnes les plus importantes de ce village ont été témoins de vos actes !
— Tu te comptes dedans ?
— Dans les personnes les plus importantes de ce camp, pas encore. Dans les témoins de vos idioties, oui !
— Détends-toi, on a juste anticipé sur ce que tu rêvais de faire depuis des mois.
— Ce n’était pas le moment opportun !
— Parce qu’il y a des moments opportuns pour la vengeance ?
— Bien sûr que oui ! Maintenant Sander, fais bien comprendre à tes petits camarades de ne plus jamais vous aviser d’anticiper sur mes potentielles intentions. Suis-je clair ? »

Il avala difficilement sa salive et secoua la tête en signe d’approbation. Je regardai alors derrière moi. Les Northuldra présents se ruaient sur les carafes remplies d’eau que j’avais disposées sur la grande table en bois. Je souris en les regardant faire.

« Erik ? » fit timidement Sander.

Je levai les yeux au ciel.

« Eux ils ne sont pas au courant de ce qu’il s’est passé hier soir.
— Je sais. 
— Et toi qu’en as-tu réellement vu ?
— Suffisamment pour me faire réaliser votre bêtise en tout cas.
— Tu ne sais pas qui est arrivé après n’est-ce pas ?
— Comment ça ? fis-je en leur faisant de nouveau face.
— Anna et Kristoff sont ici. La reine et le futur roi d’Arendelle.
— Parfait… » murmurai-je.

Ils se lancèrent des regards en coin, ne semblant pas comprendre. Je lisais de l’inquiétude sur leur visage. Sander changea immédiatement de sujet, paraissant effrayé par mes réponses :

« Et… Comment tu as fait pour avoir tout ça ? On crève tous de soif et toi tu…
— Une petite… manipulation, rien de plus. 
— Ça ne serait pas possible de refaire une petite manipulation, histoire d’assurer notre survie ? Ça respecterait ton plan : on survivrait et les autres…
— J’ai une bien meilleure idée en tête… » soufflai-je.

Je m’avançai au milieu de la pièce, me frayant un chemin entre chaque Northuldra. Je montai sur la table de bois et poussai du pied une carafe d’eau qui se brisa au sol.

« Mais tu es complètement fou !
— On est en pleine pénurie et tu te permets de gaspiller ?
— Faites-le descendre et regretter son geste ! »

Je tentai de dissimuler le sourire naissant sur mes lèvres au fur et à mesure que les commentaires fusaient autour de moi.

« Voyez où nous en sommes aujourd’hui ! m’écriai-je soudain, faisant taire les remarques. Capables de nous entretuer pour une malheureuse maladresse… Et tout ça pourquoi ? Parce que nous sommes contraints à vivre dans la restriction, le manque et la crainte de la mort qui nous guette jour après jour, heure après heure. Nous ne reconnaissons plus l’humanité en nous, nous ne faisons que lutter pour notre survie désormais. Nous avons d’abord supporté le manque de nourriture, et maintenant le manque d’eau. Nous avons supporté de voir plusieurs de nos proches mourir sous nos yeux impuissants à cause de ces pénuries. Mais jusqu’où irons-nous comme ça ? Pas loin, je vous le garantis. Nous nous sommes posé de nombreuses questions pendant cette période : comment faire pour tenir dans ce chaos ? Doit-on partir ou rester ? Est-ce partout pareil ? Mais nous sommes-nous seulement posé la bonne question ? Je ne pense pas. Alors c’est moi qui vous la pose aujourd’hui : qui est à l’origine de ce désastre ? »

Ils se regardèrent tous, destabilisés par ce que je venais de leur dire.

« Yéléna ! cria Sander depuis le fond de la pièce.
 — Yéléna a changé, c’est vrai, dis-je. Mais est-ce vraiment de sa faute ? Qui la corrompue ?
— Elsa ! s’écrièrent plusieurs personnes.
— Exactement, Elsa, répétai-je. Ceux d’Arendelle n’ont fait que nous conduire aux pires catastrophes depuis des décennies, pensant que leurs connaissances étaient supérieures à celles des Northuldra. Cette fille aux pouvoirs diaboliques n’a fait que corrompre plusieurs des nôtres et briser l’harmonie que nous avions avec les esprits. C’est à cause d’elle s’ils ont disparu !
— Comment peux-tu en être aussi sûr ? Nous avons beau avoir toujours vécu avec, nous ne savons rien d’eux ! Ils ont pu disparaître pour une raison toute autre ! »

Je reconnus la voix qui m’avait interrompu. Je la cherchai du regard sans la trouver. Soudain, une personne attira mon attention. Je descendis de la table d’un bond. Tous s’écartèrent en silence pour me laisser passer. Elle était vêtue d’une tunique que j’aurais pu reconnaître entre mille. Un morceau de tissu bordeau dépassait de la ceinture resserrée autour de sa taille. La cape qui recouvrait sa tête et la moitié de son visage ne faisait que confirmer ce que je pensais. Elle ne bougeait pas et attendait que je vienne à elle. Je fis un signe de tête à mes trois alliés du fond de la salle pour qu’ils me rejoignent.

« Il me semble, dis-je lorsque je fus à sa hauteur, que tu as osé me contredire sur un point paraissant pourtant évident à tout le monde. Pourquoi ?
— Parce que tes propos ne reposent que sur ta jalousie.
— Ma jalousie ? ricanai-je. Comment pourrai-je être jaloux d’une fille qui ne vit que dans la débauche ? Mais… je te retourne la remarque, Honeymaren. »

Je saisis brusquement le bout de tissu qui dépassait de sa ceinture et la repoussait violemment en arrière. Les gens autour de nous s’écartèrent et la regardèrent tomber au sol. Dans l’élan, la cape qui la cachait découvrit le visage de la jeune femme.

« Rends-moi ça ! cria-t-elle en s’appuyant sur ses coudes pour se redresser.
— Je ne suis pas sûr que ça soit à toi, dis-je en dépliant le châle qui appartenait autrefois à Iduna. Si tu es venue pour boire, sers-toi. »

Mon sourire moqueur sembla lui déplaire. Elle tenta de se relever mais Markus et Sander l’en empêchèrent, la maintenant fermement au sol.

« Regardez, fis-je en m’adressant à tous ceux qui étaient présents et en leur montrant le châle. Vous voyez ? Tous les esprits sont reliés au cinquième. C’est lui qui les contrôle. Et comme ce rôle revient à l’ancienne reine d’Arendelle, que pensez-vous qu’elle vise en les faisant disparaître les uns après les autres ? Notre perte ! »

Des hurlements remplis de haine se firent entendre dans toute la pièce. Des poings rageurs se levèrent sous mes yeux dans un désir de vengeance et de justice. Enfin. Ils comprenaient ce qu’il leur manquait. Un leadeur. Un chef charismatique capable de ne pas se laisser influencer par le camp adverse.

« Non ! cria Honeymaren en se débattant. Ce n’est pas comme ça que ça marche ! »

Sa voix se faisait recouvrir par celle des autres Northuldra. J’étais le seul à l’avoir entendue. Je m’accroupis au-dessus d’elle et lui murmurai :

« Tu as choisi ton camp, tu auras la guerre. »

Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent de peur. Je fis signe à Markus et Sander de la lâcher. Elle se releva tant bien que mal, les larmes aux yeux.

« Tu es un monstre… » souffla-t-elle avant de quitter la cabane en courant.

Je resserrai mon poing autour du châle d’Iduna. Je tenais ma victoire. Yéléna incarnait le passé. J’incarnais le présent.

« Tu… Tu as une idée de comment tu vas t’y prendre pour Elsa ? » me demanda Sander d’une petite voix.

Le brouhaha cessa immédiatement, attendant ma réponse. Je m’avançai  jusqu’à un placard de la cuisine. Moi seul savais ce qu’il contenait.

« Bien sûr », affirmai-je, sourire aux lèvres.
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Jeu 22 Fév 2024, 23:43
Et dans la catégorie du plus grand con**** de l'histoire je voudrais...Erik ! :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse:
Dommage que les autres Northuldra ne soient pas très futfutes ! La Reine des Neiges 3  - Page 6 1566868710 La Reine des Neiges 3  - Page 6 1566868710 La Reine des Neiges 3  - Page 6 1566868710

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