La Reine des Neiges 3
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- x.a.l.a.n.d.a
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 85)
Jeu 04 Avr 2024, 21:44
Chapitre 85
Anna
Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, me tortillant sans cesse, incapable de penser à autre chose qu’à ce que j’avais entendu la veille au soir. Je ne comprenais pas, comment était-ce possible ?
Kai m’avait empêchée de rejoindre ma sœur, jugeant bon de nous laisser tous digérer l’information de notre côté. Je n’avais pas pu lui parler, rien, pas un mot et me sentai terriblement coupable de l’avoir laissée passer la nuit seule après une telle nouvelle.
« Il ne vaut mieux pas attiser davantage la curiosité, Votre Majesté », m’avait murmuré le majordome en désignant implicitement les autres domestiques.
J’avais accepté à contrecoeur de me retirer dans ma chambre, laissant Kristoff et Elsa seuls dans les leurs.
Le moment que j’attendais avec tant d’impatience arrivait enfin. Le soleil se levait. Cela faisait des heures que je patientais devant ma fenêtre, à la recherche du moindre petit rayon de lumière. Il était enfin là. Il était encore très tôt, mais tant pis, elle devait être réveillée de toute façon. Je sortis silencieusement de ma chambre et me dirigeai sans hésiter vers celle d’Elsa. Avant d’entrer, je vérifiai que le couloir était vide, que j’étais bien seule et que personne ne pourrait venir nous écouter. Chose faite, j’ouvris la porte sans même frapper. Ma sœur était assise à la fenêtre, comme bien souvent, le visage tourné vers l’extérieur. Je m’approchai sans rien dire et vins m’asseoir à côté d’elle. Elle me jeta un rapide regard et me sourit tristement. Elle avait l’air épuisée et ses yeux étaient rougis, signe qu’elle avait dû pleurer. La voir ainsi me fit encore plus de peine. Je regrettai de ne pas avoir été là pour elle dès l’annonce du médecin.
« Je n’étais pas malade en fin de compte… murmura-t-elle. Le docteur dit… que je suis enceinte de plus de trois mois…
— C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? » fis-je, ne sachant quoi dire d’autre.
Je vis alors une larme couler sur la joue de ma sœur.
« Non, non ce n’est pas une bonne nouvelle…
— Tu… Tu sais qui est le père ? » demandai-je timidement, posant enfin la question qui trottait dans ma tête depuis la veille.
Elle secoua la tête. Ce non me glaça le sang.
« Ryder ? » insinuai-je alors d’une petite voix.
Prononcer ce prénom me fit un drôle d’effet. Au même moment, Elsa se tourna brusquement vers moi, me lançant un regard à la fois surpris et rempli de peur.
« Comment…
— J’ai cru comprendre que vous aviez…
— Combien de personnes le savent ? dit-elle, paniquée.
— Je ne sais pas… Kristoff et moi l’avons appris un peu par hasard…
— Kristoff est au courant ? »
J’acquiesçai et la vis alors se recroqueviller sur elle-même.
« C’était une erreur… murmura-t-elle. Je ne sais pas ce qui m’a pris cet après-midi-là… Je n’étais pas… moi-même…
— Hey… Tu n’as pas à te justifier, ça ne me regarde pas et ça ne regarde personne.
— J’ai failli perdre Honeymaren à cause de ça… »
Je posai une main rassurante sur la sienne et demandai :
« Pourquoi dis-tu que tu ne sais pas qui est le père alors ? Ça ne peut-être que Ryder… »
Le regard de la jeune femme s’assombrit. Il y avait quelque chose que je ne savais pas et ce quelque chose m’inquiétait de plus en plus.
« Je ne comprends pas… dis-je d’une voix tremblante.
— Ce n’est pas… Ce n’est pas forcément Ryder… » avoua-t-elle en détournant le regard.
Je remarquai qu’elle essayait de contenir les nouvelles larmes qui lui montaient aux yeux.
« Alors… qui d’autre ? »
Elle ne répondit rien. Ses yeux vides ne reflétaient plus aucune âme. Cela m’effrayait de plus en plus. Soudain, une colère sourde monta en moi. Je réalisai soudain l’ampleur de la situation. Elle ne pouvait pas avoir plusieurs fois blessé Honeymaren, c’était injuste.
« Pourquoi tu lui as fait ça ? » demandai-je séchement.
Elsa, surprise, recentra ses yeux bleus sur moi.
« De quoi tu parles ?
— Honeymaren. Pourquoi tu lui as fait ça ? Je ne crois pas qu’elle t’ait manqué une seule fois de respect. Elle ne méritait pas que tu fasses ce que tu as fait avec son frère et… avec d’autres personnes visiblement. Alors… Je veux que tu me dises pourquoi tu l’as faite souffrir en la trompant plusieurs fois. Qu’est-ce qui t’y a poussée ? »
La jeune femme resta bouche-bée face à mes accusations.
« Anna, je…
— Je veux juste que tu m’expliques. Tu n’as pas dû dire quoi que ce soit à Honeymaren concernant tout ça… Alors fais-le au moins avec moi, il faut que je comprenne. »
Les pupilles de ma sœur se retrécirent instantanément de colère.
« Sors. Sors de ma chambre, dit-elle froidement.
— Non ! Je ne partirai pas tant que tu ne m’auras pas expliqué. »
Ce fut alors Elsa qui se leva et qui se dirigea vers la porte. Je la rattrapai rapidement par le bras, l’empêchant de faire un pas de plus.
« Lâche-moi ! cria-t-elle.
— Non ! Je veux que tu me dises la vérité ! »
Je sentis sa main agripper la mienne et une décharge glacée se répandit immédiatement dans tout mon bras, me forçant à la libérer.
« Aïe ! protestai-je. Elsa !
— Je n’ai pas eu le choix l’unique autre fois où j’ai trompé Honeymaren comme tu dis ! » hurla-t-elle en se tournant dans ma direction.
Je me figeai instantanément sur place.
« Quoi ? murmurai-je faiblement.
— Je pensais qu’au moins ma sœur m’écouterait et me comprendrait, mais non, tu ne fais que m’inculper de crimes que je n’ai pas commis, comme tous les autres ! Silja m’avait dit qu’aucun être humain normal, c’est-à-dire autre que moi, ne me comprendrait jamais… Je voulais lui démontrer qu’elle avait tort, qu’ils n’étaient pas tous pareils, et j’espérais que tu fasses partie de ces exceptions. Mais je me suis visiblement trompée, c’est elle qui avait raison. Maintenant, si tu penses vraiment que j’aime faire souffrir les autres uniquement pour mon plaisir personnel, comme tout le monde semble le croire, je n’ai plus rien à faire ici.
— Elsa, s’il te plaît… »
Je n’arrivais plus à parler. Mes larmes et ma gorge nouée m’en empêchaient.
« Je suis désolée… soufflai-je. Je ne savais pas… »
Elsa posa sa main sur la poignée de la porte, prête à partir.
« Je t’en supplie, reste… »
Je vis alors de la glace se former à l’endroit où étaient posés ses doigts. Les petits soubresauts de ses épaules me firent comprendre qu’elle pleurait, elle aussi. Je courus vers elle et la prit dans mes bras, l’étreignant de toutes mes forces, en pleurs.
« Je suis désolée… murmura-t-elle.
— De quoi ?
— De t’avoir fait mal…
— Ce n’est rien, c’est moi qui t’ai blessée… Pardonne-moi, s’il te plaît… »
Elle posa sa main glacée sur la mienne, lâchant enfin la porte.
« Qu’est-ce qui s’est passé alors ? » demandai-je tout en reniflant et en essuyant mes dernières larmes d’un revers de coude.
La jeune femme me tournait toujours le dos. Je ne voyais pas les expressions de son visage mais je compris que c’était certainement encore trop douloureux pour elle d’en parler.
« Ce n’est rien, repris-je, tu n’as pas besoin de me raconter quoi que ce soit… Je veux juste savoir de qui il s’agit… »
Je la vis inspirer profondément, comme pour se calmer.
« Erik », dit-elle d’une voix morne.
Je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Non, ce n’était pas possible, cela ne pouvait pas être vrai, ce devait être un mauvais rêve. Et pourtant, ma sœur était bien là, devant moi.
***
Je triturai la nourriture dans mon assiette, ne cessant de faire des va-et-vients incessants d’un bout à l’autre avec ma fourchette. Elsa mangeait silencieusement. Kristoff me regardait faire, avalant de temps en temps la bouchée qu’il avait portée à ses lèvres. C’était la première fois depuis deux jours que nous étions de nouveau réunis pour partager un repas. Mais je n’avais pas le cœur à cela, je ne faisais que penser à ce que m’avait dit ma sœur le matin même. J’avais pris la décision de ne plus lui poser de questions à ce sujet, du moins pour le moment. Je voyais bien qu’elle se torturait l’esprit tout autant que moi, si ce n’était plus encore. C’était elle la principale concernée après tout, mais comme toujours, j’avais l’impression que la détresse de ma sœur était également mienne. La porte s’ouvrit, Kai et d’autres domestiques entrèrent pour débarrasser la table. Je levai les yeux. J’étais la seule à ne pas avoir touché à mon déjeuner. Les assiettes de Kristoff et d’Elsa étaient quasiment vides. Les domestiques vinrent les ramasser, prirent la mienne malgré tout et nous proposèrent une mousse au chocolat en dessert.
« Je n’en prendrai pas, merci, dis-je en souriant faiblement.
— Moi non plus », fit Elsa.
Kristoff me lança un regard inquiet. Il n’était pas habitué à ce que je refuse un dessert, surtout contenant du chocolat.
La table débarrassée, on nous laissa de nouveau seuls. Je regardai Elsa, tandis que le jeune homme entamait sa mousse au chocolat. Ma sœur avait les yeux rivés sur le mur du fond de la pièce, celui derrière lequel se cachait la bibliothèque secrète de notre mère.
« Vous avez eu tort de ne pas en vouloir, elle est vraiment délicieuse », s’exclama Kristoff, la bouche pleine.
Je lui souris distraitement, ne quittant pas Elsa du regard. Elle avait quelque chose en tête, mais je n’arrivais pas à deviner quoi. Soudain, elle se leva et dit :
« Je vais vous laisser, je vais me reposer dans ma chambre. »
Je la suivis des yeux alors qu’elle quittait la pièce. Je savais pertinemment que ce n’était pas ce qu’elle allait faire.
« Alors ? Vous avez parlé ? » me demanda Kristoff quand elle fut partie.
J’acquiesçai.
« Et donc ? Tu en sais plus ? »
Je ne répondis rien, perdue dans mes pensées.
« C’est Ryder le père n’est-ce pas ? »
Je regardai le jeune homme. Il était impassible, c’était la première fois que je le voyais comme ça.
« J’espère », répondis-je tout en songeant à ce qu’Elsa pouvait réellement être partie faire.
Soudain, une idée me passa par la tête. Ça ne peut être que ça.
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Re: La Reine des Neiges 3
Jeu 04 Avr 2024, 22:13
Après lecture du chapitre...
C'est bien ce que je craignais Pourvu que bébé aille bien
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 86)
Dim 07 Avr 2024, 11:21
Chapitre 86
Kai
Je ne réalisais pas encore. Elsa, enceinte ? Je la connaissais depuis sa naissance et avais l’impression que tout était passé si vite… Je ne pouvais m’empêcher de revoir sa mère enceinte d’elle vingt cinq ans auparavant, paraissant déjà se soucier de l’avenir de son bébé.
« M’sieur, nous devrions commencer à tout installer dans l’jardin pour d’main… Il n’devrait pleuvoir ni c’soir ni cette nuit, ça nous laisse l’occasion d’être prêts en avance. »
J’essayais de le dissimuler comme je le pouvais mais au fond, des dizaines de questions m’assaillaient. Elsa était très sérieuse et j’avais toujours été persuadé qu’elle suivrait les lignes directrices soigneusement tracées par ses parents sans jamais s’en éloigner, contrairement à sa sœur. Mais je m’étais trompé. Aucune des deux jeunes femmes ne marchait dans les pas d’Iduna et d’Agnarr.
« M’sieur ? »
Elles s’étaient émancipées des traditions, les brisant les unes après les autres et faisant selon leur volonté. J’avais du mal à les comprendre, préférant me réfugier dans des règles depuis longtemps établies.
« M’sieur vous m’entendez ? »
Je me tournai vers le jeune homme qui me parlait. C’était un des nouveaux domestiques. Je ne connaissais même pas son nom, je ne m’y étais jamais intéressé. Aucun d’entre eux ne m’inspirait confiance désormais, moi qui avais régulièrement l’habitude de me confier auprès de Gerda autrefois.
« Faisons ce que vous avez dit, répondis-je en réalisant enfin ce qu’il m’avait proposé.
— Vous êtes sûr ? Vous n’avez pas l’air… »
Je lui lançai un regard noir.
« Très bien, parfait… » fit-il, comprenant qu’il n’avait pas à me remettre en cause.
Il termina d’essuyer l’assiette qu’il tenait, la rangea dans un placard et sortit de la cuisine, accompagné des autres domestiques qui étaient là. Je les regardais faire, incapable de bouger et de revenir à la réalité.
« Qu’est-ce que tu fabriques ? Ne reste pas planté là, on a besoin de toi. »
C’était la voix de Gerda qui venait de résonner dans ma tête. Elle m’avait dit cette phrase tellement de fois quand je lui semblais perdu dans mes pensées, préoccupé par tous les problèmes quotidiens auxquels nous devions faire face. Et maintenant que j’attendais bêtement dans la cuisine, je l’entendais encore me le reprocher. Je réussis à refouler momentanément mes questionnements sur Elsa et allai rejoindre les autres domestiques.
***
Malgré le soleil de début d’après-midi qui baignait tout le royaume, le jardin, lui, était très bien ombragé. Tous les domestiques du château s’affairaient, comme des fourmis, les uns portant les bancs où s’assiéraient les invités dans un coin un peu plus reculé, là où se déroulerait la cérémonie, sous une jolie arche recouverte de lierre et de fleurs rose et blanches spécialement confectionnée pour l’occasion par notre jardinier, les autres portant tables et chaises au centre du jardin où tout le monde s’installerait pour le déjeuner. Je vins alors aider à disposer les tables en forme de U.« Où doit-on placer la reine et le futur roi ?
— A part bien sûr.
— Comment ça à part ? Il ne faut surtout pas les séparer de leurs convives, c’est très mal poli !
— Mettez leur table au centre et accolez-la aux autres par ses extrémités, ordonnai-je. N’oubliez pas, il ne faut pas disperser la famille royale. Le futur roi Kristoff et la reine Anna doivent être au centre mais sa sœur Elsa doit être à ses côtés, à sa gauche de préférence.
— Mais… Dans ce cas Monsieur, ce n’est plus le couple qui est au centre mais uniquement la reine Anna, entourée de sa sœur et de son mari. On ne peut pas l’y mettre seule, il faut qu’ils y soient tous les deux.
— Eh bien, ajoutez une quatrième personne qui se mettra à la droite de Monsieur Kristoff, m’exaspérai-je.
— Qui ça Monsieur ?
— Je n’en sais rien, un troll ou quelqu’un qui a été important dans sa vie.
— Ou l’père de l’enfant. »
Tout le monde se tut. Je me retournai vers la personne qui venait de parler. C’était le même jeune homme que précédemment dans la cuisine. Je m’approchai lentement de lui. Il avait le visage fermé et ne semblait nullement impressionné par tous les regards braqués sur lui.
« Rappelle-moi ton nom ? dis-je froidement en arrivant à sa hauteur.
— Daven.
— Très bien, Daven, à qui faisais-tu allusion à l’instant ?
— Au père d’l’enfant d’Elsa.
— De la princesse Elsa », rectifiai-je.
Le jeune homme leva les yeux au ciel. Je saisis brusquement son col et lui intimai à voix basse :
« Je ne sais pas ce qui vous a poussé à venir ici, mais croyez-moi, vous pouvez repartir aussi vite que vous êtes venu si vous ne respectez pas les règles du château. Le respect des membres de la famille royale faisant partie de ces règles, je peux vous assurer que si vous continuez sur votre lancée, vous et vos petits camarades qui aimez faire des petites réunions secrètes dans la cuisine pour émettre des hypothèses plus incriminantes les unes que les autres sur la princesse Elsa n’allez pas rester bien longtemps parmi nous, suis-je suffisamment clair ? »
Il acquiesça silencieusement. Je le relâchai et repassai rapidement mes vêtements avec mes mains, de peur qu’ils ne se soient froissés dans cette petite altercation.
« Vous ne m’avez pas répondu, remarquai-je alors, pourquoi êtes-vous ici ?
— A cause d’ma mère.
— Elle a certainement préféré offrir un meilleur avenir à son fils que celui de vaux-rien », répliquai-je séchement.
Le visage du jeune homme se rembrunit aussitôt mais il retourna à ses tâches sans dire quoi que ce soit de plus.
« Maintenant, fis-je en m’adressant à tous les autres domestiques qui s’étaient brusquement arrêtés de travailler, si vous voulez bien reprendre ce que vous faisiez. Et laissez cette quatrième place vacante pour le moment, nous verrons ce que nous en ferons plus tard. »
Tous m’obéirent, reprenant chacun ce qu’ils étaient en train de faire, sans la moindre remarque sur ce qu’il venait de se produire. Pourtant de mon côté, je restais préoccupé par une chose suite à cette courte conversation. Je n’avais jamais vu Elsa avec un homme, rien, pas un seul geste d’affection envers quelqu’un. Alors c’était vrai que la question du père restait énigmatique, surtout pour nous domestiques qui n’avions évidemment pas accès à tous les secrets de la famille royale. La savoir ainsi enceinte me paraissait donc irréel, moi qui n’aurais jamais cru que la jeune femme aurait un enfant avant de se marier, tant elle était attachée aux coutumes auxquelles on l’avait habituée depuis toute petite. Soudain, un cri me tira brutalement de mes songes :
« La pièce montée s’est effondrée ! La pièce montée s’est effondrée ! »
C’était le cuisinier qui avait subitement surgi du palais, courant et hurlant dans ma direction.
« Calmez-vous, lui dis-je, ce n’est pas bien grave, il suffit que vous la refassiez.
— Que je la refasse ? répondit-il, tout essoufflé. Je crois que vous ne vous rendez pas bien compte du travail que ça représente ! J’y suis depuis ce matin, ça fait des heures que j’y travaille et ça m’empêche de finaliser tout le reste !
— Eh bien dans ce cas, finissez le reste et revenez à la pièce montée si vous avez encore du temps. De toute façon, il me semble que le futur roi et la reine ne vous en ont pas expressément demandé une, je ne l’ai pas vue sur le menu…
— Peut-être, mais c’est ce que tous les invités attendent. Un mariage sans pièce montée, ce n’est pas un mariage ! Je veux leur en faire la surprise.
— Eh bien faites ! Mais vous risquez d’y passer la nuit…
— Croyez-moi, je le ferai Monsieur. »
Et il repartit d’un pas décidé vers ses cuisines. C’était la première fois que je le voyais autant investi dans quelque chose, lui qui passait d’ordinaire son temps à maugréer. Je levai les yeux vers la porte derrière laquelle avait disparu le cuisinier. A côté d’elle se trouvait la salle à manger. De ma place, je pouvais apercevoir à travers une grande fenêtre Anna et Kristoff qui terminaient leur déjeuner. Elsa n’était plus avec eux. C’était étrange, la jeune femme les quittait rarement avant la fin du repas. Inquiet, je rentrai à l’intérieur du château, traversai le couloir et montai les escaliers me menant à l’étage. Je me dirigeai instinctivement vers la chambre d’Elsa et frappai à la porte. Pas de réponse. Je frappai une nouvelle fois et attendis quelques secondes. Toujours rien.
« Tout va bien Madame ? » demandai-je, de plus en plus anxieux.
Silence. Pour la première fois, j’entrouvris la porte sans que l’on m’y invite et passai ma tête dans l’ouverture. Il n’y avait personne à l’intérieur.
- x.a.l.a.n.d.a
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 87)
Mer 10 Avr 2024, 18:54
Chapitre 87
Elsa
J’avais délibérément menti à ma sœur, oubliant déjà la promesse que je lui avais faite. Il avait fallu que je parte sans davantage attirer son attention et sans lui donner l’envie de me suivre. J’avais alors fait semblant de monter les escaliers pour rejoindre ma chambre mais étais très vite redescendue, repassant le plus discrètement possible devant la salle à manger et parcourant tout le couloir jusqu’au bâtiment réservé aux domestiques. J’avais senti un courant d’air froid en entrant dans le petit corridor y menant. Il y faisait très sombre. J’avais frissonné en y passant, non pas à cause de la fraîcheur ambiante mais à cause du peu d’hospitalité que ce coin du château m’inspirait. Je n’avais pas tellement su où aller, c’était la première fois que je m’y aventurais. J’avais ouvert plusieurs portes, découvrant peu à peu les différentes pièces qui s’y trouvaient, et venais finalement de tomber sur celle que je cherchais. C’était la seule verrouillée, cela ne pouvait être qu’elle. Je tentai d’actionner plusieurs fois la poignée, mesurant la solidité du verrou.
« J’aime pas faire ça, mais j’ai pas le choix », murmurai-je à moi-même.
Je fis un petit bâtonnet de glace, ni trop fin ni trop large, et l’enfonçai dans la serrure. Un petit cliquetis dès la première tentative me signifia que la porte était désormais ouverte. Enfin, la chambre de Kai. J’entrai et la reconnus tout de suite. Elle était à son image. Propre, simple et ordonnée. Il n’y avait que très peu de meubles. Un petit lit au matelas fin, une table de nuit à sa gauche, une bassine posée au pied du lit et une chaise au fond de la pièce. Des vêtements étaient soigneusement repliés sur cette dernière. Il n’y avait rien d’autre, pas de commode, pas d’armoire, pas de tableau ni d’autres décorations, rien. J’étais assez surprise. N’avait-il jamais eu envie de garder ses souvenirs avec lui, accrochés sur les murs ? Ou était-il trop pudique pour oser les y mettre ? Je n’en savais rien, Kai avait toujours été quelqu’un d’extrêmement mystérieux, même après vingt-cinq ans de loyaux services à mes côtés.
Je refermai la porte derrière moi, de peur d’être surprise. Il ne fallait pas qu’on me voie, ni qu’on me pose des questions sur ce que je faisais là, dans un bâtiment où je n’avais normalement pas le droit de pénétrer. C’était le seul endroit où les domestiques pouvaient être tranquilles et avoir leur petit jardin secret. Je savais que ce que je faisais était mal, que je ne devais pas m’insinuer ainsi dans le peu de vie privée que le majordome pouvait avoir, mais je n’avais pas le choix, il fallait que je sache.
Je me dirigeai instinctivement vers la table de nuit, seul petit meuble où l’on pouvait véritablement ranger quelque chose, et ouvris son unique tiroir. Il y avait une petite boîte noire à l’intérieur. Je retirai doucement son couvercle, le cœur battant. Je crus défaillir en y voyant ce que je cherchais depuis plusieurs jours : une clé. Une clé posée sur un velour rouge vif. Je l’attrapai délicatement, de peur qu’elle ne tombe en poussière entre mes doigts et l’examinai. C’était une jolie clé en fer forgé dont l’anneau formait trois magnifiques cercles autour desquels de minuscules branches de lierre s’enroulaient. Cela ne pouvait être que la bonne. Gardant la clé avec moi, je rangeai rapidement la boîte dans le tiroir et me précipitai vers la porte de la chambre. Je sursautai en l’ouvrant. Anna se tenait derrière, sourcils froncés et bras croisés.
« Qu’est-ce que tu fais là ? m’étonnai-je, cachant immédiatement la clé derrière mon dos.
— Je te pose la même question. Je croyais que tu te reposais.
— Eh bien, je… »
Sans attendre la fin de ma phrase, elle saisit la main que je lui cachais et y découvris la clé.
« J’en étais sûre… murmura-t-elle. Tu n’avais pas à aller dans la chambre de Kai ! Ou du moins… pas sans moi.
— Qu’est-ce que ça change ? Au moins je l’ai trouvée.
— Ne me dis pas que tu as fouillé toute sa chambre…
— Non, juste sa table de nuit, c’était facile.
— Quand est-ce que tu vas penser à enfin me dire la vérité quand tu fais quelque chose ? J’ai l’impression que quoi que je te dise, tu feras toujours le contraire…
— Tu étais avec Kristoff, je n’allais pas vous déranger pour si peu.
— Tu aurais vraiment dû aller te reposer… Tu en as besoin, surtout depuis que… »
Je lui lançai un regard glacial, la faisant immédiatement taire. Anna soupira.
« Tu es sûre que c’est bien la clé du bureau de papa au moins ? Si ça se trouve elle appartient à Kai…
— Non c’est la bonne j’en suis sûre. Pourquoi me l’aurait-il cachée sinon ?
— Qu’est-ce que vous faites là ? »
Ma sœur et moi nous tournâmes dans la même direction. Le majordome se tenait à moins d’un mètre de nous.
« Vous n’avez rien à faire ici », dit-il d’un ton ferme en nous foudroyant du regard.
Je vis ses yeux se poser sur la porte de sa chambre. Il allait immédiatement se rendre compte qu’elle n’était plus verrouillée. Je fis alors tournoyer le bout de mes doigts derrière mon dos et conçus, sans que personne ne s’en aperçoive, un petit bloc de glace qui vint s’enfoncer dans la serrure, la bloquant momentanément pour créer l’illusion.
« Retournez dans vos appartements », articula-t-il, la voix emplie de colère.
Je poussai doucement Anna, lui faisant comprendre d’obéir au majordome. Nous quittâmes immédiatement le bâtiment des domestiques, et rentrâmes de nouveau dans la partie principale du palais.
« On est d’accord qu’il vient de nous gronder comme des enfants ? » fit ma sœur en riant alors que nous traversions le couloir.
J’acquiesçai, un sourire aux lèvres.
« Parfois, quand je suis avec lui, j’oublie complètement que c’est moi la reine et que c’est lui qui est censé m’obéir, reprit-elle. J’ai l’impression d’avoir affaire à une nouvelle figure paternelle.
— C’est Gerda et lui qui ont fini notre éducation… Ils ont pris ce rôle très à cœur et Kai en garde certainement des réminiscences. On ne peut pas lui en vouloir…
— Oui c’est vrai… Tu as gardé la clé ?
— Bien sûr. Il n’a rien vu. »
Nous montâmes les escaliers et, une fois en haut, Anna parut hésiter.
« Je ne suis pas sûre d’avoir envie d’aller dans le bureau de papa maintenant… Je… Je ne préfère pas savoir tout de suite ce qu’on va y découvrir… »
Je ne répondis rien, moi qui, au contraire, mourrais d’envie d’y aller. Mais je comprenais ma sœur, je ne pouvais pas l’y forcer et je voulais qu’on le fasse ensemble.
« D’accord… Tu veux venir dans ma chambre avec moi pour se reposer un peu ? »
Un grand sourire illumina son visage.
« Enfin… Seulement si tu n’as rien d’autre à faire, ajoutai-je.
— Non, Kristoff est avec Sven et je crois qu’il devait demander au cuisinier d’acheter une montagne de carottes pour le mariage…
— Parfait. »
Je la fis entrer dans ma chambre et nous nous allongeâmes sur le lit. Ma sœur vint se blottir contre moi par habitude. Je posai la clé que je tenais toujours sur ma table de nuit et caressai doucement ses cheveux, comme notre mère faisait quand nous étions petites.
« Elsa ?
— Hmmm ?
— J’aimerais que ce soit toi qui confectionne ma robe de mariée. Je sais… Je sais que tu feras quelque chose de magnifique dont personne d’autre ne sera capable.
— Anna je… Je ne sais pas quoi dire… Tu me fais vraiment confiance à ce point ?
— Oui bien sûr. Tu es la seule personne à être capable de faire des robes sur-mesure en quelques minutes. Je ne voulais pas qu’elle soit prête à l’avance, je veux que tu laisses libre cours à ton imagination sur le moment.
— Je te la ferai demain matin alors… Quelques heures avant la cérémonie.
— Merci… souffla-t-elle.
— Merci à toi de me confier cette merveilleuse tâche. Tu as hâte d’être à demain je suppose ?
— Je suis terrifiée. Je suis terrifiée mais j’ai aussi envie d’exploser de joie. J’attends ça depuis si longtemps… J’ai tout de suite su que c’était l’homme de ma vie…
— Presque tout de suite », la taquinai-je.
Elle releva la tête et me tira la langue en riant.
« Si tu savais à quel point tout est confus dans ma tête…
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas… J’ai l’impression d’entamer une nouvelle vie. Je n’aurais plus vraiment le rôle que j’avais jusqu’à présent, c’est Kristoff qui va devoir tout gérer et je sais que ça lui fait très peur…
— Mais tu seras à ses côtés pour l’aider, tout ira bien.
— Oui mais c’est toi qui a été formée toute ta vie ou presque dans le but d’être reine et de diriger ce royaume. Nos parents t’ont tout confié parce que tu es l’aînée. Moi… moi je n’ai jamais vraiment reçu les conseils qu’on t’a donnés. J’essaye de faire comme je peux mais c’est très difficile… Si je conseillais mal Kristoff ça pourrait…
— Anna… Tu t’es merveilleusement bien débrouillée, même quand Arendelle était à l’article de la mort par ma faute…
— Arrête de dire ça. S’il te plaît… Tu n’y es pour rien…
— Si tout le monde pouvait penser comme toi… »
Ma sœur se tut.
« Tout ce que je veux te dire c’est que tu as prouvé plus d’une fois depuis que je t’ai transmis la couronne que tu étais à ta place, repris-je. Et même une fois mariée, tu n’as rien à craindre, Kristoff et toi formerez un couple royal irréprochable, j’en suis persuadée. »
Anna sourit. Elle avait les larmes aux yeux mais je pouvais deviner qu’il s’agissait de larmes de bonheur.
« Je t’aime Elsa », murmura-t-elle en fermant les yeux.
Je la sentis sombrer peu à peu dans le sommeil en cette fin d’après-midi. Elle avait besoin de récupérer suite à tout le stress de ces derniers jours.
« Moi aussi je t’aime », répondis-je finalement.
La jeune femme ne réagit pas, elle était déjà endormie. Je savais que de mon côté je n’arriverais pas à trouver le sommeil. J’avais l’esprit bien trop préoccupé. Je repoussai doucement la tête de ma sœur, prenant garde à ne pas la réveiller, et la calai le plus confortablement possible sur un oreiller avant de me lever. J’entrai dans ma salle de bain et me figeai devant le miroir, de profil. D’une main tremblante, je plaquai ma robe contre le bas de mon ventre. C’était à peine visible pour quelqu’un d’extérieur mais moi je voyais le changement. Une boule d’angoisse se forma alors dans ma gorge et mes yeux se mirent à piquer. Je repensais alors à Honeymaren. Je n’avais pas le droit de pleurer.
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 88)
Jeu 18 Avr 2024, 14:12
Chapitre 88
Honeymaren
Je n’osais avancer tant j’étais impressionnée. Les bâtiments s’élevaient très haut, bien plus haut que les arbres, je n’avais jamais vu une chose pareille. D’ailleurs, les quelques plantes qu’il y avait étaient enfermées dans des cages de fer sans raison apparente. Les maisons étaient toutes recouvertes de pierre, ce qui me surprit tout autant. Je ne suis pas sûre que les esprits de la terre apprécieraient qu’on les défie ainsi… pensai-je. J’étais figée sur place et étais incapable de faire faire un pas de plus au renne sur lequel j’étais montée. Il n’y avait rien de familier en face de moi. Tout m’effrayait, me poussant à rester à la lisière de la mince forêt qui recouvrait le flan de la montagne que je venais de descendre, seul élément dans lequel je me sentais encore à ma place. Mon renne recula de quelques pas, visiblement apeuré, lui aussi. J’inspirai profondément et lui donnai un petit coup de talon. Il refusa de m’obéir. Pour l’encourager, je caressai doucement son encolure. Il secoua la tête en signe de mécontentement mais finit par avancer. Quand ses sabots foulèrent pour la première fois le sol recouvert de pierres lisses et arondies, il fit un écart sur le côté et manqua de me faire tomber.
« Hey, doucement… » lui murmurai-je le plus calmement possible.
J’eus beau le talonner pour redémarrer, il refusa catégoriquement de faire un pas de plus. Je soupirai d’exaspération, laissant tomber ma tête en arrière.
« C’est pas vrai… » marmonnai-je.
Je dus descendre du renne et continuer à pied, le traînant difficilement derrière moi. Le clapotis irrégulier et hésitant de ses sabots sur le sol était le seul bruit qui venait troubler l’étrange silence dans lequel était plongé le royaume. Je trouvais de plus en plus inquiétant que l’on ne croise personne, et pourtant, j’avais l’impression de sentir une multitude de regards posés sur nous. Je levai la tête et jetai un rapide coup d’œil aux habitations. Les volets qui jusqu’ici m’avaient paru fermés à cause du soleil étaient maintenant entrouverts. Je me sentais de plus en plus mal à l’aise et, pour tenter de contrer les sensations désagréables qui m’envahissaient, j’essayai de centrer toute mon attention sur les immenses tours aux flèches pointues qui s’élevaient en face de moi. Le château, pensai-je. Il avait l’air magnifique, étincelant sous le soleil de fin d’après-midi. C’était là que je devais me rendre, mais les maisons collées les unes aux autres me baraient la route. J’arrivais bientôt à un petit carrefour, pouvant aller soit à gauche, soit à droite, alors que le palais était en face de moi, derrière une rangée d’habitations. J’hésitai plusieurs minutes, ne sachant ce que je devais faire pour y accéder. Alors que je m’apprêtais à prendre la rue de droite, j’entendis des pas qui s’approchaient derrière moi. Faisant mine de ne rien avoir remarqué, je m’y engageai, restant sur mes gardes. Tout en avançant, j’écoutai attentivement ce qu’il se passait dans mon dos, essayant de faire abstraction du cliquetis des sabots du renne. Quelque chose m’inquiéta alors : à chaque foulée que je faisais, j’avais l’impression que la personne derrière moi se démultipliait, que ses pas devenaient de plus en plus nombreux et de plus en plus bruyants. Elle n’était pas seule, ils étaient plusieurs. Ils allaient à la même allure que moi et semblaient me suivre. Je devais m’en assurer. Je vis alors une petite ruelle sur la gauche et l’empruntai, voyant là une opportunité de gagner plus rapidement le château. Alors que je venais d’en parcourir les premiers mètres, je remarquai qu’il n’y avait plus un seul bruit derrière moi. Soulagée, je relâchai la pression qui s’était emparée de mon corps et continuai ma progression plus sereinement. Il faut que t’arrêtes de toujours t’imaginer le pire Honeyma… Un homme apparut soudain au bout de la ruelle, me tirant brutalement de mes pensées. Je lui lançai un regard inquiet. Il semblait figé, bloquant le passage de toute la largeur de son corps. Je ralentis, mais refusai de m’arrêter. Je ne devais surtout pas lui montrer que j’avais peur. Tout un groupe de personnes apparut alors, rejoignant l’homme et m’empêchant définitivement de passer. Je me stoppai brusquement et sentis la tête du renne se cogner de surprise contre l’arrière de mon épaule. Ils me fixaient tous, hommes et femmes, et aucun de leurs regards ne m’inspirait confiance. Sans les lâcher des yeux, je tâtai doucement les flans de l’animal où j’avais accroché mes quelques bagages. Je sentis entre deux sacs un long morceau de bois et l’attrapai discrètement.
« Lâche-ça », dit fermement l’homme que j’avais aperçu en premier.
Voyant que je ne lui obéissais pas, il répéta :
« Lâche-ça. Tu n’es pas en position de force, tu ne peux rien faire. »
Je jetai un rapide coup d’œil derrière moi, évaluant les issues possibles. Un second groupe de personnes me barait également la route. J’étais piégée. C’est très intelligent de m’être coincée toute seule dans une ruelle… Comprenant que c’était inutile, je jetai la lance que j’avais saisie à mes pieds et lançai un regard noir à l’homme qui me faisait toujours face, affichant un air satisfait.
« Voilà c’est fait, qu’est-ce que vous voulez ?
— Tu viens de là-haut hein ? De cette forêt de malheur… »
Je ne répondis rien, ne sachant quelle pouvait être leur réaction.
« Ne fais pas semblant, reprit-il, tout le monde sait qui tu es. Tu es une Northuldra. Qu’est-ce que tu fais ici ?
— Je dois aller au château.
— Au château ? Tu as raison, c’est le seul endroit où on accepte les gens comme toi… »
Il s’approcha dangereusement de moi. Des rires se mirent à fuser autour de nous.
« Rentre chez toi, tu n’as rien à faire à Arendelle. Retourne parmi les autres sauvages. »
Je reculai de quelques pas, tout en jetant nerveusement un regard vers ma lance. Elle était trop loin à présent. L’homme attrapa soudainement le col de ma tunique et me plaqua brutalement contre l’un des murs en pierre de la ruelle. Je grimaçai de douleur au moment où l’arrière de mon crâne s’y cogna. Je sentais son souffle chaud et humide sur mon visage et voulus m’en détourner mais il attrapa fermement mon menton, m’obligeant à le regarder dans les yeux.
« On a commis l’erreur une fois, pas deux », m’asséna-t-il.
Soudain, j’entendis un bruit métallique et vis la pointe d’une épée se poser sur la gorge de l’homme qui me tenait toujours. La ruelle devint tout à coup parfaitement silencieuse.
« Relâche-la. »
Mon agresseur ne bougea pas. Son regard s’était un peu plus empli de rage.
« Tout de suite », reprit-la voix d’un ton autoritaire.
La pointe de l’épée s’enfonça légèrement dans la peau de l’homme, créant une minuscule gouttelette de sang. Il finit par céder et lâcha mes vêtements. Enfin libre de mes mouvements, je tournai la tête dans la direction de mon sauveur. Le lieutenant, fis-je intérieurement en reconnaissant celui avec qui j’avais été enfermée dans la forêt enchantée depuis ma naissance. Il rangea son épée dans l’étui accroché à sa ceinture et ajouta :
« Je préfère ça. Maintenant si vous voulez bien vous donner la peine de dégager le passage pour que je puisse accompagner cette jeune femme jusqu’au château. »
Sa voix était toujours aussi calme et posée et imposait le respect. Les personnes regroupées là s’écartèrent immédiatement, n’osant s’interposer. Il m’attrapa doucement par le bras et me tira derrière lui. D’un claquement de langue, je fis signe au renne de nous suivre.
« Tu n’auras pas toujours autant de chance… maugréa l’homme à mon attention quand nous passâmes devant lui.
— Je peux vous retourner la remarque », répliqua le lieutenant en lui lançant un regard noir.
Nous sortîmes de la ruelle et nous en éloignâmes le plus rapidement possible. Je jetai plusieurs coups d’œil par-dessus mon épaule pour m’assurer que nous n’étions pas suivis.
« Ne t’inquiète pas, ils ne sont pas stupides, ils savent qu’ils ne font pas le poids », dit-il en remarquant mon geste.
Je ne répondis rien, me contentant de fixer le sol qui défilait sous mes pieds.
« Ce sont des pavés, m’expliqua-t-il. Ça change de l’herbe… mais c’est beaucoup moins agréable.
— Comment vous avez su que ces personnes me suivaient ? demandai-je timidement.
— Je t‘ai vue arriver. Tu ne passes pas inaperçue et c’est bien ça qui m’a inquiété... Les gens ici n’aiment pas trop la différence… J’ai eu raison de te suivre aussi, non ?
— Merci, Monsieur…
— Oh non par pitié, pas de Monsieur. Appelle-moi Mattias. Et… tu peux me tutoyer. Après tout, on se connaît depuis longtemps… »
Je souris, ne sachant quoi répondre.
« Comment va ton frère ? »
Je sentis mon cœur se serrer et les larmes me monter aux yeux.
« Quoi ? C’était bien ton frère non ? demanda-t-il en remarquant mon trouble.
— Oui mais… il est mort », soufflai-je.
Le visage du lieutenant se décomposa.
« Je… Je suis désolé…
— Ce n’est rien… Je pensais que vous le saviez…
— Non… J’ai démissionné de mes fonctions, je ne suis plus vraiment au courant de ce qui se passe là-haut, ni de ce qui se passe ici d’ailleurs… »
Le reste du trajet se fit dans le silence, sa question ayant soudainement jeté un terrible froid dans la conversation. Nous arrivâmes bientôt à une grande allée qui débouchait sur un immense pont, menant lui-même au château. Je pouvais enfin le voir dans sa globalité et dans toute sa splendeur. Je n’avais jamasi rien vu de tel. C’était magnifique. Mattias s’arrêta avant que l’on ne monte sur le pont.
« Je vais te laisser là, tout devrait bien se passer. On se voit demain au mariage je suppose. »
J’acquiesçai et lui souris avant qu’il ne s’en aille, me laissant seule avec mon renne. Je m’avançai sur le pont et ne pus m’empêcher de me pencher par-dessus bord pour regarder la mer. Elle était calme et réflétait les derniers rayons du soleil. C’était complètement différent de la Mer Sombre. Celle-ci paraissait inoffensive.
J’arrivai bientôt devant l’immense porte en fer forgé du château. Je me sentis soudainement intimidée mais attrapai tout de même l’énorme poignée et frappai trois coups avec. Il ne fallut que quelques secondes pour que l’on vienne m’ouvrir. Deux gardes apparurent.
« Vous êtes ? demanda l’un d’entre eux.
— Euh… Honeymaren Nattura. »
Ils se regardèrent, haussant les sourcils.
« Vous avez une invitation ? »
Je leur tendis le faire-part sous forme de flocon.
« Allez-y », firent-ils en me laissant passer après l’avoir vaguement regardé.
Ils refermèrent immédiatement la porte derrière moi quand je fus dans la cour.
« Wow », soufflai-je, impressionnée.
Je ne pouvais détacher mon regard du ciel que les plus hautes tours du palais semblaient chatouiller.
« Vous pouvez laisser votre… animal dans l’écurie si vous le souhaitez », m’indiqua l’un des gardes.
J’acquiesçai et conduis le renne jusqu’à l’endroit qu’il me montrait. Il y avait plusieurs chevaux et, dans le box du fond, je reconnus immédiatement Sven. Je me précipitai vers lui et caressai son encolure.
« Ça ne te dérange pas si je t’ai amené un copain ? »
Il me donna un petit coup de tête enthousiaste. Je souris, ouvris le box et y fis entrer mon renne. Je le libérai de mes bagages et repartis, les laissant seuls. En ressortant de l’écurie, le garde qui m’y avait conduit m’accompagna jusqu’à l’entrée du palais. Il frappa. Un homme à peine plus grand que moi, au haut du crâne dégarni et à la tenue vestimentaire très étrange nous ouvrit.
« Honeymaren Nattura, l’informa le garde en me désignant.
— Merci, vous pouvez disposer. »
L’homme baissa les yeux et remarqua les sacs que je portais.
« Ne me dites pas qu’il vous a laissée avec ça dans les mains, sans même vous proposer de les prendre…
— Oh mais ce n’est rien je peux… »
Il attrapa mes bagages avant même que je ne puisse finir ma phrase.
« Suivez-moi, je vais vous conduire à votre chambre. Je suis Kai, le majordome du palais. Si vous avez besoin de quoi que ce soit durant votre séjour, n’hésitez pas à m’appeler. D’autres domestiques seront également à votre disposition si vous le souhaitez.
— Merci mais… ça devrait aller. »
Nous entrâmes dans une salle immense au parquet parfaitement ciré qui luisait sous nos pieds. C’était magnifique.
« Vous êtes une amie de la reine Anna je suppose ? reprit Kai, ne remarquant pas mon émerveillement.
— Je suis un peu plus… proche d’Elsa disons mais je m’entends très bien avec Anna également, répondis-je distraitement.
— Parfait. En tant que représentante des Northuldra, nous vous placerons à la table d’honneur demain midi.
— Oh mais ce n’est pas…
— J’insiste. »
Je soupirai, comprenant que je n’avais pas vraiment le choix. Nous quittâmes cette salle splendide, traversâmes un couloir et montâmes de magnifiques escaliers pour arriver au premier étage.
« Votre chambre », fit le majordome en poussant une porte.
Je le suivis à l’intérieur. C’était adorable et bien loin de ce que je connaissais. Le lit me paraissait immense, les murs étaient colorés, il y avait un tapis et des tableaux qui habillaient parfaitement la pièce et chaque meuble semblait sortir tout droit d’un rêve. C’est donc ça la vie de princesse, pensai-je en regardant Kai déposer toutes mes affaires au centre de la chambre.
« Je vais vous laisser, vous avez fait un long voyage et êtes sûrement très fatiguée, dit-il en sortant de la pièce.
— Attendez ! » m’écriai-je en le suivant dans le couloir.
Il se retourna et me lança un regard surpris.
« J’aimerais… J’aimerais voir Elsa… Vous savez où elle est ? »
Le visage du majordome se décomposa. Sa pâleur m’effraya soudain.
« Elle… Elle a besoin de se reposer, répondit-il d’une voix peu assurée.
— Comment ça ? » m’étonnai-je.
J’entendis alors une porte s’ouvrir et tournai la tête dans sa direction. La jeune femme apparut dans le couloir. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
« Elsa ! » criai-je, soulagée.
Je voulus me précipiter vers elle et la serrer le plus fort possible dans mes bras mais je sentis une main m’en empêcher avant même que je ne puisse faire un pas. C’était Kai qui me retenait.
« S’il vous plaît… Pas de mouvement brusque », me dit-il.
Je remarquai le long regard qu’ils s’échangèrent et compris que quelque chose n’allait pas.
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Re: La Reine des Neiges 3
Jeu 18 Avr 2024, 15:16
Allez Elsa ! Va falloir porter ces balls et dire à ta chérie que y a un polichinelle dans le tiroir
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 89)
Sam 20 Avr 2024, 18:07
Chapitre 89
Iduna
Je me sentais mourir de chaud. Je ne savais pas depuis combien de temps la charrette avait démarré mais cela me semblait être une éternité. J’allais étouffer si je restais encore longtemps sous cette maudite couverture. Alors, discrètement, j’attrapai le couteau que j’avais toujours accroché à ma ceinture, et déchirai le tissu d’un coup sec, laissant une ouverture assez large pour respirer. Je l’écartai un peu pour tenter d’entrevoir où je me trouvais. La cime des arbres qui défilait devant mes yeux m’était complètement inconnue. Ce n’était plus celle des bouleaux de la forêt enchantée. Je sentis une boule d’angoisse se former dans ma gorge. Quelle idée j’avais eue de me cacher là-dedans ? Personne ne m’avait vue, ils finiraient tous par croire que j’avais été tuée dans la bataille et ne me chercheraient pas. Sauf peut-être ma mère… Mais avait-elle survécu ? Je n’en savais rien, je ne ressentais plus rien.
« A chaque fois que tu te poseras une question, ferme les yeux et la réponse finira par apparaître au fond de ton cœur », me disait-elle souvent.
Je fermai alors les yeux, essayant de me concentrer le plus possible sur la forêt enchantée et ce qu’il en restait.
« Il faut que je sache », murmurai-je.
Mais rien ne m’apparut. Je n’entendais que les battements de mon cœur qui tambourinait de plus en plus fort dans ma poitrine. Un épais brouillard venait de se former dans mes pensées, m’empêchant d’avoir la moindre vision de ce qu’il se passait là-bas. Je rouvris les yeux et soupirai. C’était ma faute, je n’aurais pas dû suivre ma curiosité et prendre en pitié un parfait inconnu. Il faisait partie de nos ennemis qui plus est. Si le chef Harald l’apprenait, je risquais d’être bannie à tout jamais des Northuldra.
Le faible rayon de lumière qui s’insinuait à présent à l’intérieur de la charrette me permit de regarder ce qui m’entourait. Il y avait des cagettes de bois remplies d’armes. Je n’en connaissais aucune. Elles étaient bien plus sophistiquées que les nôtres. Il n’y avait pas de bois ni de pierre, mais uniquement du fer. Je le reconnaissais à son éclat et sa froideur. Nous n’avions aucune arme de ce genre, mais uniquement des petits ustensiles, comme le couteau que j’avais toujours sur moi, qui nous avaient été échangés contre certains de nos savoir-faire. Je passai doucement mes doigts sur un long morceau de métal aplati de part et d’autre et dont la poignée était richement décorée de petits motifs que je ne parvenais pas à correctement distinguer dans la pénombre. Le bout d’un de mes doigts glissa par mégarde sur la lame et fut immédiatement entaillé. Je retins un cri de douleur et mis la phalange qui commençait à saigner dans ma bouche, ne pouvant désinfecter la blessure autrement. Je frissonnai en pensant à quel point il était facile de transpercer un corps avec de telles armes. Soudain, mon regard se posa sur le jeune garçon que j’avais déposé non loin de moi, espérant que quelqu’un puisse le sauver. Il était toujours inconscient et son entaille à l’arrière du crâne ne cicatrisait pas. Il perdait beaucoup de sang. J’arrachai une des manches de ma tunique et l’enroulait autour de sa tête, espérant que cela puisse stopper l’hémorragie au moins jusqu’à notre arrivée je ne savais trop où. Je ne savais pas pourquoi je l’avais sauvé. Il était un peu plus vieux que moi et ne portait pas d’arme au moment où il avait été blessé. Je l’avais trouvé allongé dans l’herbe, le crâne à moitié écrasé contre un rocher, mais encore vivant. Il respirait encore, c’était tout ce qui m’importait. Son visage doux m’avait paru si inoffensif que j’avais tout de suite compris qu’il avait été une victime collatérale de la bataille entre nos peuples. Il ne devait rien y comprendre, tout comme moi, ou du moins, je l’espérais. J’avais senti au fond de moi que c’était de mon devoir de le sauver. Voilà tout.
Alors que je posais ma main sur son front fiévreux pour m’assurer que son état ne s’aggravait pas, je vis un faible sourire se dessiner sur ses lèvres et un petit soupir s’en dégagea. Je stoppai immédiatement le contact établi entre nous, soudainement gênée. La charrette roula sur une pierre et le soubresaut qu’elle fit me projeta sur le jeune homme. Mes doigts heurtèrent une petite plaque métallique cousue sur son vêtement. Je parvins à lire ce qui était gravé dessus : Agnarr. Drôle de prénom, pensai-je. Je réussis à me redresser et m’éloignai le plus possible de lui. Je remarquai alors qu’une partie de la couverture s’était soulevée au moment où la roue avait heurté la pierre, laissant une ouverture assez large pour que je puisse m’extirper de là sans attirer l’attention. Je passais ma tête à l’extérieur et regardai discrètement autour de moi. Il y avait deux hommes à l’avant de la charrette qui me tournaient le dos. Tout un groupe de personnes était à cheval au devant de nous et discutait :
« Crois-moi, si je recroise un seul de ces sauvages un jour, je le découperai en morceaux et jetterai ses restes dans la mer ! s’écria un homme.
— Ce sera facile. Ils sont à peine armés.
— Peut-être mais ils ont quand même réussi à tuer plusieurs d’entre nous et à en faire prisonniers d’autres… remarqua un autre soldat.
— Qu’est-ce que tu vas dire à Mathilda ?
— Je n’en sais rien… soupira le premier. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point ce sera dur d’annoncer à ma femme que son frère est mort et de l’entendre hurler et pleurer de douleur toute la nuit… »
J’essayai de faire abstraction de ce qui se disait. La charrette fermait la marche. C’était une occasion inespérée, personne ne me verrait m’échapper. Je sortis mes jambes puis tout le reste de mon corps de dessous la couverture. Je regardai le sol défiler sous les roues. Ils n’allaient pas assez vite pour que je puisse me blesser. C’était parfait. Alors que j’étais prête à sauter en marche, quelque chose me retint. Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil par-dessus mon épaule. Le jeune homme… Je ne pouvais pas le laisser là, seul et à moitié mourant. Il fallait que je m’assure qu’il arrive à bon port et qu’on le soigne correctement. Prise de remords, je me faufilai de nouveau à l’intérieur de la charrette et remis correctement la couverture, de telle sorte que toute envie de fuir ne vienne plus me tenter. Je pris la main du jeune homme dans la mienne et m’allongeai à ses côtés.
« Presse mes doigts si jamais ça ne va pas », murmurai-je à son oreille, convaincue qu’il pouvait m’entendre.
Je fermai les yeux et m’endormis rapidement, bercée par le rythme régulier de la charrette.
***
Je sentis une vive lumière derrière mes paupières closes. Je refusai de les ouvrir, encore bien trop plongée dans le sommeil. « Regardez ! Le prince !
— Il est blessé !
— Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Je poussai un petit grognement de mécontentement et refermai instinctivement mes doigts… sur eux-mêmes. Sa main n’était plus là. Je réalisai soudain que la charrette était à l’arrêt. J’ouvris brusquement les yeux mais n’eus pas le temps de faire le moindre geste en découvrant l’attroupement de personnes autour de moi. On me saisit brusquement par les aisselles et on me jeta sur le sol. Je grimaçai en sentant les pierres dures s’enfoncer dans mon dos mais me relevai d’un bond, saisissant mon couteau et le brandissant devant moi. La foule se recula. Des cris de panique s’en échappèrent.
« Saisissez son arme ! » hurla une voix parmi eux.
Plusieurs personnes se jetèrent sur moi et réussirent à me désarmer, jetant mon couteau suffisamment loin pour que je ne puisse plus m’en servir. Un homme me maintint fermement les bras dans le dos, m’empêchant de m’échapper.
« D’où tu viens ? » me demanda-t-il d’un ton glacial.
Mon cœur s’affola de nouveau. Je ne devais surtout pas dire la vérité, ils me tueraient sur le champ.
« Réponds ! D’où tu viens ? répéta-t-il, plus fort cette fois.
— Regardez comment elle est habillée… Il lui manque même une manche, quelle négligence ! Vous pensez que c’est l’une d’entre eux ? » murmura une femme non loin de moi.
Mon rythme cardiaque accéléra un peu plus. C’était fini. Ils allaient tout deviner. Soudain, je vis un homme s’abaisser pour ramasser mon couteau. Il l’examina attentivement.
« Où est-ce que t’as eu ça ? me demanda-t-il d’un air soupçonneux.
— Ma… ma mère me l’a donné, répondis-je d’une voix tremblante.
— Il y a le crocus d’Arendelle gravé dessus… Elle est d’ici, reprit-il en s’adressant à celui qui me tenait toujours.
— Je ne le crois pas ! Qui es-tu ? » s’écria ce dernier en me secouant.
Une idée me vint soudain. C’était ma seule chance de m’en sortir.
« Une amie d’Agnarr », affirmai-je alors.
Il y eut un silence qui me parut durer une éternité. Je ne sus si j’avais répondu ce qu’il fallait ou non.
« Où… Où est-il ? demandai-je d’une petite voix.
— Il est blessé. On l’a conduit au château. »
Je n’avais aucune idée de ce que c’était mais répondis tout de même :
« C’est là-bas que nous devions nous retrouver… Je dois absolument y aller. »
Personne ne réagit. L’attente me parut terriblement longue, ne sachant si mon mensonge allait fonctionner ou non. L’homme qui me tenait me lâcha alors et dit à celui qui détenait mon couteau :
« Emmène-la au palais.
— Mais… Tu es sûr ? On ne sait pas qui elle est… C’est peut-être une voleuse ou je ne sais quoi…
— C’est le prince qui le dira. »
On me poussa en avant. Je n’avais plus le choix. Si je voulais rester en vie, je devais suivre cet homme. Il rangea mon couteau dans sa ceinture et se mit en route, me faisant signe de venir avec lui, ce que je fis.
Alors que nous marchions depuis plusieurs minutes déjà, il me demanda :
« Comment t’appelles-tu ?
— Mathilda », mentis-je, sortant le premier prénom qui me venait à l’esprit.
Il ne répondit rien et continua imperturbablement sa route jusqu’à un immense bâtiment.
***
Le château, comme on l’appelait, était absolument magnifique. C’était la première fois de ma vie que je voyais quelque chose d’aussi imposant, moi qui étais habituée aux simples tentes. Il y avait des pièces plus grandes les unes que les autres partout. On m’accompagna à l’étage, jusque devant une grande porte à laquelle on frappa. « Entrez », fit une voix à l’intérieur.
La personne qui m’accompagnait ouvrit la porte, me laissa entrer en me présentant :
« Mathilda, Monsieur ».
Les yeux rivés sur le jeune homme allongé dans l’immense lit au centre de la pièce, je ne remarquai pas que la personne qui m’avait amenée jusqu’ici se retira. En me voyant, le garçon qui avait visiblement repris totalement connaissance se redressa brusquement.
« C’est vous… » murmura-t-il.
Deux femmes à ses côtés voulurent le rallonger.
« Votre Majesté, vous devez vous reposer… lui dit l’une d’entre elles. Vous êtes blessé…
— Laissez-moi tranquille, je vais bien. »
Il se leva et s’approcha de moi, encore chancelant. Je le voyais éveillé pour la première fois. Quelque chose dans son attitude me rassura. Je sentis qu’il ne me ferait aucun mal.
« C’était vous dans la charrette, n’est-ce pas ? » me demanda-t-il.
J’acquiesçai.
« On vous a déjà attribué une chambre ?
— Une chambre ? m’étonnai-je.
— Vous devez être fatiguée après un voyage pareil. Vous aurez besoin d’un endroit où vous reposer. Venez, je vais vous montrer. »
J’entendis les deux femmes soupirer au fond de la pièce.
« Mais… Monsieur… s’exaspérèrent-elles.
— Ne vous inquiétez pas tout va bien. Tout va très bien », répéta-t-il en m’adressant un grand sourire.
Je le lui rendis et le suivis dans le couloir.
« Nous avons cinq chambres », dit-il en se dirigeant vers une première porte.
Il l’ouvrit et je découvris une grande pièce luxueuse. Du lit à baldaquin à la plus petite commode, en passant par les tables de nuit et la penderie, tous les meubles étaient parfaitement assortis les uns aux autres. Voyant que je ne disais rien, il m’emmena vers une seconde chambre. Elle était identique à la première en taille et en richesse de mobilier. Seules les couleurs changeaient. Puis, il m’emmena vers une troisième porte, à l’autre bout du couloir.
« Celle-ci… C’était la mienne il y a quelques jours encore… Mais maintenant, depuis… depuis que mon père n’est plus là, je vais prendre sa chambre… Celle où on vous a conduite à votre arrivée. »
Je lui lançai un regard en coin, sentant beaucoup de tristesse et de douleur dans sa voix. La pièce qu’il me montrait était encore plus spacieuse que les deux précédentes. L’immense fenêtre sur le mur du fond donnait une vue magnifique sur une grande partie du royaume. Mais c’était beaucoup trop, je ne me sentais pas à ma place.
« Quelque chose ne va pas ? demanda le jeune homme en remarquant mon mal être.
— Je… Je ne suis pas habituée à des chambres pareilles… Vous n’auriez pas… plus petit ?
— Plus petit ? » s’étonna-t-il.
Il sembla réfléchir quelques instants et me conduisit vers une pièce quasiment en face de la précédente. Il ouvrit la porte et j’eus immédiatement un coup de foudre pour la chambre qui s’offrait à mes yeux. Elle était d’une taille plus raisonnable que les autres – bien que déjà grande. Le lit me paraissait immense, les murs étaient colorés, il y avait un tapis et des tableaux qui habillaient parfaitement la pièce et chaque meuble semblait sortir tout droit d’un rêve.
« Celle-ci… Celle-ci est parfaite, murmurai-je.
— J’aurais préféré offrir notre plus belle chambre à celle qui m’a sauvé la vie mais si tel est votre choix…
— C’est celle-ci la plus belle à mes yeux », soufflai-je.
Je courus vers le lit et me jetai dessus.
« Combien de temps comptez-vous rester ? me demanda-t-il.
— Une nuit ou deux pas plus. »
Un voile de déception parut sur son visage. Faisant mine de ne pas l’avoir remarqué, j’ajoutai :
« Le temps que je trouve un moyen de retourner parmi les mi… »
Je me tus soudainement, réalisant que je venais de me trahir. Je posai une main sur ma bouche comme pour tenter de ravaler les mots que je venais de prononcer. Le jeune homme sourit.
« Ce n’est rien, je vous ai vue dans la forêt enchantée. Vous dansiez avec le vent… C’était… magique, souffla-t-il, les yeux scintillants. Ne vous inquiétez pas, votre secret est bien gardé avec moi. Je ne dirai rien à personne. »
Je souris faiblement.
« Oh, je crois que l’on ne s’est pas vraiment présenté tout à l’heure. Je m’appelle Agnarr, prince et futur roi d’Arendelle, dit-il tristement. Vous êtes… Mathilda, n’est-ce pas ? »
Je secouai la tête.
« J’ai dit ça parce que je pensais que c’était un prénom qui n’attirerait pas trop de soupçons. Je m’appelle Iduna.
— Iduna ? C’est magnifique… »
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 90)
Ven 26 Avr 2024, 17:43
Chapitre 90
Kristoff
Une nuit, plus qu’une nuit, pensai-je. Cela faisait des heures que je me disais la même chose et étais incapable de trouver le sommeil. Je me tortillai d’un bout à l’autre de mon lit et ne trouvai pas de position pour dormir. Agacé, je finis par me lever, me rhabillai, enfilai mes pantoufles et ouvris en grand ma penderie. Au beau milieu de cette dernière trônait le costume de marié que j’avais acheté depuis des mois. Il était composé d’une magnifique chemise d’un blanc impeccable, d’un veston et d’un pantalon vert émeraude et d’une cravate couleur crème. N’y connaissant absolument rien, j’avais demandé conseil à la vendeuse du magasin dans lequel j’étais déjà entré plusieurs fois. C’était elle qui avait choisi pour moi, m’assurant que le tout m’allait à merveille et qu’un tel vert allait superbement bien avec la couleur de mes cheveux. Je lui avais fait confiance, remarquant effectivement que c’était la première fois que je me sentais aussi beau dans une telle tenue.
Je ne pus m’empêcher de caresser du bout des doigts le tissu de la veste. J’avais besoin de le sentir, comme pour m’assurer que c’était bien réel, que j’allais effectivement l’enfiler le lendemain matin pour mon mariage. Plus qu’une nuit, répétai-je dans ma tête. Je refermai la penderie en soupirant. Je devais passer cette nuit seul, sans un quelconque réconfort pour calmer le stress et la joie qui m’envahissaient en même temps. J’eus alors l’idée d’aller rejoindre Sven dans les écuries. La présence du renne me permettait d’évacuer toutes mes angoisses, et ce depuis toujours. Je quittai ma chambre, traversai le couloir jusqu’au grand escalier du fond et en descendis rapidement les marches. Arrivé dans le hall d’entrée, je remarquai que les chandeliers étaient toujours allumés, signe que quelqu’un était toujours debout. Je sautai par-dessus les dernières marches et me dirigeai le plus discrètement possible vers l’immense porte qui donnait sur la cour. Au moment où je posai ma main sur l’énorme battant, j’entendis quelqu’un arriver derrière moi. Je me retournai vivement et vis une jeune femme très brune dont le visage était à moitié caché dans la pénombre.
« Kristoff ? » fit-elle en me voyant.
Elle s’avança vers moi et passa dans la lumière.
« Honeymaren ! m’écriai-je en la reconnaissant enfin. Je ne savais pas que tu étais arrivée au palais…
— Depuis quelques heures seulement. »
Je remarquai que quelque chose n’allait pas au ton de sa voix. Elle semblait éteinte.
« Tu ne dors pas ? lui demandai-je alors.
— Je n’y arrive pas… Toi non plus je suppose ? »
Je secouai la tête.
« J’allais… J’allais aux écuries retrouver Sven. Tu veux venir avec moi ? A moins que tu aies mieux à faire…
— Non je me promenais dans le château c’est tout… Je veux bien t’accompagner, si ça ne te dérange pas bien sûr.
— Pas du tout, au contraire. »
Je la vis attraper un des chandeliers accrochés au mur et nous sortîmes dans la cour plongée dans l’obscurité, nous dirigeant vers les écuries. Lorsque nous entrâmes, les chevaux qui s’y trouvaient levèrent la tête en même temps et poussèrent des petits hennissements craintifs.
« Doucement… » murmurai-je pour calmer leur soudaine agitation.
J’entendis soudain un long brame au fond de la pièce. Je souris et me dirigeai vers lui, Honeymaren sur les talons.
« Tu es venue avec un renne ? lui demandai-je en en remarquant un deuxième dans le box de Sven.
— Oui je n’avais pas trop le choix, c’est plus rapide qu’à pied et ça m’a permis d’emporter quelques affaires. Ça ne te dérange pas que je les aie mis dans le même box ?
— Non pas du tout. Ça fera un compagnon à Sven. »
La jeune femme sourit et nous entrâmes à l’intérieur. Elle caressa doucement son animal d’un air pensif.
« Tout va bien ? lui demandai-je.
— Ça va. Alors ? Tu es bientôt marié je crois ?
— Oui, c’est la dernière ligne droite.
— Tu as hâte ?
— Bien sûr. Ça fait si longtemps que je rêve d’épouser Anna… Je ne pensais pas un jour trouver la femme de ma vie mais quand j’ai appris à la connaître… je me suis dit que si je devais me marier un jour ce serait avec elle et personne d’autre. »
Honeymaren sourit et s’assit en tailleur dans la paille. Je l’imitai. Sven vint alors poser sa tête sur mon genou.
« Tout le monde doit être très fier pour vous, dit-elle.
— Je crois oui. Est-ce que… je peux te dire quelque chose ?
— Oui bien sûr.
— J’entends beaucoup de compliments et de félicitations à droite et à gauche sur mon mariage mais ils ne viennent jamais de la bouche des personnes que j’aimerais avoir en face de moi. Je n’ai pas vraiment connu mes véritables parents… C’est un autre homme qui m’a servi de figure paternelle pendant des années… Et… Je ne l’ai plus jamais revu depuis que je l’ai quitté… J’ai besoin de le revoir, de lui dire que je vais me marier à la femme la plus extraordinaire du monde et que j’ai réussi ma vie. J’espérais qu’il soit venu avec toi… mais te voilà seule. Honeymaren, j’ai besoin de savoir la vérité le concernant et… tu es la seule personne qui puisse me la délivrer.
— Moi ? Mais… je ne sais même pas de qui tu parles… Comment serais-je censée connaître cet homme ?
— L’arme qu’avait Erik, le fusil qu’il tenait, était à mon père adoptif. »
La jeune femme tressaillit.
« Co… Comment tu peux le savoir ? souffla-t-elle, le regard soudainement vide.
— Il y avait un A gravé dessus, comme sur celui que possédait l’homme dont je te parle.
— Son nom ? demanda-t-elle, incapable de formuler une phrase complète.
— Aksel. »
Je la vis alors pâlir. Ses grands yeux bruns se relevèrent vers moi et je compris à son regard que quelque chose n’allait pas.
« Qu’est-ce qu’il y a ? m’inquiétai-je. Tu le connais ? »
Elle hocha la tête.
« Je suis désolée… murmura-t-elle. Il est mort l’hiver dernier… »
Je sentis quelque chose se briser en moi quand elle prononça ces mots. Je ne savais pas trop si j’arrivais dores et déjà à réaliser ce qu’elle venait de me dire, tant mes pensées étaient complètement embrouillées.
« Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? balbutiai-je.
— Il s’est noyé dans la Mer Sombre…
— Comment Erik s’est procuré son fusil ? »
Honeymaren soupira. Je sentais que plus j’insistai avec mes questions, plus je la mettais mal à l’aise en la forçant à replonger dans un passé qu’elle tentait d’oublier.
« Aksel était son père… dit-elle finalement. Il n’a pas dû avoir trop de mal à trouver son arme tu sais…
— Je n’ai jamais su que c’était un Northuldra… Il ne me l’a jamais dit… soufflai-je, abasourdi.
— Je ne l’ai quasiment jamais vu au village… Il s’est très vite séparé de sa femme après la naissance d’Erik, son fils aîné. Personne n’a jamais vraiment su pourquoi mais… c’était certainement pour s’occuper de toi. Elle a espéré le revoir pendant des années mais il n’est jamais réapparu… Elle a fini par tomber malade. Il n’est revenu que quand elle est morte…
— Il ne m’a jamais parlé d’elle ni de son fils…
— Il en a même eu trois. Isaak, Erik et Adrian. Le plus jeune n’est pas issu de la même femme que les deux autres et… je crois qu’Erik l’a très mal vécu… »
Je me tus quelques instants.
« Il avait une cabane, n’est-ce pas ? repris-je d’une voix morne.
— Une cabane ?
— Oui, dans la montagne, au fond des bois, là où il n’y a plus que des pins, des pins très hauts, si hauts qu’on a l’impression qu’ils nous tombent dessus quand on les regarde. »
La jeune femme garda le silence quelques secondes avant de répondre :
« Oui je crois.
— De toute façon, il ne devait certainement plus se souvenir de moi…
— Je pense que tout le monde se souviendrait d’avoir éduqué un petit garçon blond pendant plusieurs années, surtout dans nos régions où il n’y a que des bruns. »
Je souris tristement tout en caressant la tête de Sven.
« Anna lui avait envoyé notre faire-part de mariage… Il ne le recevra jamais », murmurai-je.
Je vis alors les yeux de la jeune femme s’écarquiller.
« Courant d’Air l’a déposé devant la cabane d’Erik. Je l’ai ramené si tu veux, il est dans un de mes sacs.
— Ça ne te dérangerait pas de me le donner ? J’aimerais le garder…
— Bien sûr que non. Suis-moi », dit-elle en se relevant.
Je fis de même et la suivis hors du box. J’attrapai une carotte dans une cagette qui en était remplie et que j’avais laissée dans l’écurie, et la tendis à Sven. Le renne la saisit entre ses dents et la mâcha goulûment. Je lui fis une dernière tape amicale sur l’encolure et ressortis de l’écurie, rejoignant Honeymaren qui m’attendait dehors. Elle était figée sur place.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » lui demandai-je.
Elle ne me répondit pas. Je suivis alors son regard qui était rivé vers le premier étage du château. La lumière d’une des pièces était encore allumée : la chambre d’Elsa. J’aperçus alors l’ombre d’une jeune femme se dessiner à la fenêtre. Elle semblait nous regarder.
« Elle est… très étrange depuis que je suis arrivée, souffla Honeymaren en ne la lâchant pas des yeux. Elle ne m’a pas adressé un seul mot et semble m’éviter…
— Tu n’es pas au courant ? m’étonnai-je alors.
— Au courant de quoi ?
— Elsa est enceinte… »
La jeune femme tourna brusquement la tête vers moi, semblant sous le choc.
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Re: La Reine des Neiges 3
Ven 26 Avr 2024, 19:17
Non mais Kristoff...C'était pas à toi de le dire Mais quel bouffon sans déconner !
Dimanche c'est nos trois ans de mariage avec frantzoze et je confirme ! Ni l'un ni l'autre n'avions dormi la veille !!!
Dimanche c'est nos trois ans de mariage avec frantzoze et je confirme ! Ni l'un ni l'autre n'avions dormi la veille !!!
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 91)
Dim 28 Avr 2024, 11:15
Chapitre 91
Aksel
« Quoi ? Tu serais prêt à tout quitter pour des gens que tu connais à peine ?
— Ce sont des amis de longue date…
— Tu ne m’en as jamais parlé ! Comment tu les connais ?
— Nikolai est éleveur de rennes, Helene, sa femme… Je ne sais pas exactement ce qu’elle fait, je ne l’ai vue qu’une ou deux fois. C’est lui que je connais davantage, il était menuisier avant. On a travaillé ensemble pendant des années.
— A Arendelle ? »
J’acquiesçai. Ma femme soupira et reprit :
« Je sais que tu as fait ça parce que tu croyais vraiment à l’harmonie entre nos deux peuples et que tu voulais que l’on s’installe là-bas avant d’avoir un enfant mais… regarde où on en est aujourd’hui. Si on l’avait fait, on y serait bloqué et on devrait vivre dans la peur constante de se faire massacrer dans une rue. Après tout ce qui s’est passé, comment peux-tu encore vouloir aider l’un d’entre eux ?
— Nikolai n’est pas d’Arendelle, il vient d’un village plus à l’ouest.
— Mais sa femme si, n’est-ce pas ? »
Je ne répondis rien.
« Je t’en supplie… Tu ne peux pas me faire ça… » murmura-t-elle.
Une larme coula lentement sur sa joue et fut bientôt rejointe par d’autres. Je la pris dans mes bras et la serrai contre ma poitrine.
« Je viendrai te rendre visite le plus souvent possible, je te le promets.
— Et ton fils ? Tu as pensé à ton fils, ton véritable fils ?
— Tu seras une mère parfaite pour lui…
— Il vient d’avoir deux ans… Tu ne peux pas l’abandonner comme ça !
— Je ne l’abandonne pas…
— Bien sûr que si ! hurla-t-elle en se dégageant soudainement de mon étreinte. Tu pars t’occuper d’un autre petit garçon que tu ne connais même pas… Comment veux-tu que j’explique ça à Erik ? Tu veux que je lui dise que son père lui préfère un petit garçon d’Arendelle ?
— Ne dis pas ça… Et… il n’est pas né à Arendelle.
— Alors qu’est-ce que je dois dire ?
— Si je ne les aide pas, qu’est-ce qui arrivera à cet enfant d’après toi ?
— Ils n’ont qu’à demander à quelqu’un d’autre !
— Il n’y a personne d’autre.
— Qu’est-ce que tu en sais ? Il fallait qu’ils trouvent une victime et c’est tombé sur toi, voilà tout. Pourquoi ils abandonnent leur gosse ? Ils ne sont pas capables de s’en occuper eux-mêmes, c’est ça ?
— Nikolai est très malade. Ça fait des années que c’est le cas. C’est pour ça qu’il a arrêté son métier de menuisier… Son état s’empire de semaine en semaine et… il n’a pas les moyens de se faire soigner. Il va certainement disparaître dans les mois à venir, il le sait, et Helene ne pourra pas s’occuper seule de l’enfant sans aucun revenu et sans aucune ressource… Et si c’est à moi qu’ils confient leur fils, c’est parce que Nikolai m’a toujours fait confiance et qu’il sait que je m’en occuperai correctement. »
Ema baissa la tête. Elle tentait de me cacher les nouvelles larmes qui lui montaient aux yeux.
« Tu ne peux pas rester là, même si c’est avec le petit ? me demanda-t-elle, le regard vide.
— Non je ne peux pas, tu sais pourquoi…
— Où est-ce que tu vas aller ?
— Il y a une cabane abandonnée dans la forêt de pins. Je pourrais y accéder, le territoire Northuldra s’y étend encore et le brouillard va au-delà. Tout ira bien, je te le promets. »
Je l’embrassai tendrement. Elle se laissa faire mais ne me rendit pas mon baiser. J’essuyai ses larmes du bout du pouce et m’avançai jusqu’au petit lit en bois au fond de la tente. Erik y faisait sa sieste. Je caressai doucement ses cheveux bruns et déposai un baiser sur son front chaud. Je souris en posant une dernière fois mes yeux sur lui. Il semblait tellement apaisé. Je sentis une violente douleur me déchirer le cœur en réalisant que je n’allais pas le voir grandir normalement comme les autres pères.
« Promets-moi que tu reviendras, souffla Ema derrière mon dos.
— Je te le promets.
— Souvent ?
— Souvent. »
Je ramassai les bagages que j’avais rassemblés au centre de la tente et les mis sur mon dos. Je souris une dernière fois à ma femme et sortis. Je l’entendis alors me suivre. Je me retournai et lui lançai un long regard rempli de tendresse.
« Tout ira bien, lui répétai-je.
— Aksel… Je suis enceinte. »
Je faillis laisser tomber les sacs que je tenais de surprise.
« Depuis combien de temps ? soufflai-je.
— Je ne sais pas. »
Ses yeux étaient complètement vides. Je sentais que mon départ la détruisait.
« Reste. Je t’en supplie… murmura-t-elle.
— Je… Je ne peux pas… Je leur ai promis, articulai-je tant bien que mal.
— Et moi ? Tu m’as toujours dit que j’étais la femme de ta vie et que tu serais toujours là pour moi. On te demande de t’occuper d’un enfant qui n’est même pas le tien et tu me quittes à la première occasion ?
— Je suis désolé… » soufflai-je.
Je me détournai d’Ema et m’éloignai.
« Aksel ! hurla-t-elle, la voix brisée par les pleurs. Aksel ! »
Mon cœur se déchira un peu plus en entendant ses cris désespérés. Je ne devais pas revenir en arrière. Si je le faisais, je ne repartirais plus jamais. Je continuai donc à avancer jusqu’à ce qu’elle soit trop loin pour que je puisse encore l’entendre hurler mon nom.
Le centre du village semblait mort, désormais plongé dans une éternelle brume. Il n’y avait personne. Je le traversai de part en part, repoussant tant bien que mal les vagues de remords qui m’assaillaient, jusqu’à dépasser la dernière tente. Soudain, je vis une silhouette se dessiner à quelques mètres devant moi. Elle marchait dans ma direction, tout en s’appuyant sur un long bâton. Je m’arrêtais, reconnaissant la cheffe Yéléna.
« Vous partez ? demanda-t-elle, impassible.
— C’est ce que vous m’avez demandé non ? rétorquai-je.
— Vous avez fait votre choix, je ne vous ai pas imposé la garde d’un enfant supplémentaire.
— Pourquoi refusez-vous qu’il vienne ici ? Il ne vient même pas d’Arendelle ! »
Le regard sévère de Yéléna me fit comprendre qu’elle ne changerait pas d’avis et que je devais me plier à sa volonté, comme d’habitude. Je soupirai.
« Je vais faire ce que vous voulez, mais répondez au moins à ma question. Vous me devez bien ça… »
Elle resta droite, ne laissant aucune émotion traverser son visage. Je m’exaspérai, persuadé qu’elle resterait là, sans rien dire, et repris ma route. Je n’avais fait que deux pas quand je l’entendis répondre d’une voix morne :
« Ses cheveux. »
Je me retournai vers elle, surpris.
« Comment ça ? m’étonnai-je.
— De quelle couleur sont-ils ?
— Je n’en sais rien. Comment pourrais-je le savoir ? Je n’ai jamais vu le petit.
— Ils sont blonds », dit-elle, répondant elle-même à sa question.
Je restai bouche-bée, ne sachant pourquoi elle semblait aussi sûre d’elle.
« Vous n’en savez rien, répliquai-je alors.
— Moi non. Silja si. »
J’haussai les épaules et dis :
« Et alors ? Qu’est-ce que ça change ?
— Le roi Runeard et maintenant le roi Agnarr sont blonds. Tant que je serai cheffe des Northuldra, pas une seule personne blonde ne viendra vivre parmi nous.
— Vous n’êtes quand même pas en train de me dire que vous m’empêchez de revenir au village avec ce petit garçon uniquement à cause de ses cheveux ? »
Yéléna me lança un long regard et s’en alla, retournant vers le camp.
« Silja a toujours raison », me cria-t-elle avant de disparaître dans la brume.
Je restai plusieurs minutes immobile, incapable de faire le moindre mouvement suite à ce que m’avait dit la cheffe Northuldra. Puis, reprenant mes esprits, je me lançai de nouveau dans mon périple à travers la forêt.
***
La cabane était toujours là, à l’endroit que j’avais prévu, au milieu d’immenses pins. Le brouillard recouvrait également cette partie de la forêt, ne nous laissant rien d’autre comme ciel qu’un amas blanchâtre et cotonneux. Je m’avançai jusqu’à la porte de la petite habitation. Elle était ouverte. L’intérieur était moins délabré que ce à quoi je m’attendais. Le bois du mobilier semblait humide et commençait à moisir ; je pourrais rapidement le remplacer en taillant des arbres plus jeunes. Un trou au plafond d’où gouttait de l’eau laissait entrer de l’air frais mais il ne suffirait que de quelques réparations par-ci par-là et le tout serait parfaitement habitable. Je traversai la pièce principale et ouvris les deux portes du mur du fond. Elles donnaient chacune sur une petite chambre. Le sommier des lits était toujours là et paraissait encore solide. Il y manquait uniquement une paillasse sur laquelle s’allonger. J’entendis soudain du bruit à l’extérieur. Je laissai mes affaires à l’intérieur de la cabane et sortis. Un traineau venait d’arriver. Il était conduit par un homme à côté duquel était assise une jeune femme très blonde. Je les reconnus aussitôt. Nikolai et Helene. Cette dernière sauta du traîneau et ce ne fut qu’à ce moment-là que je remarquai qu’elle tenait dans ses bras un enfant emmitoufflé dans un épais manteau. Il se cachait derrière les longs cheveux de sa mère et semblait en rire. La jeune femme s’avança lentement vers moi. Je vis alors que son visage était baigné de larmes. Je jetai un rapide coup d’œil à Nikolai qui était resté dans le traîneau. Il me tournait le dos, je ne voyais que l’arrière de son crâne. A ses épaules tremblantes, je compris qu’il n’était pas aussi insensible qu’il aurait aimé l’être en cet instant. Helene serra son fils contre elle avant de le déposer dans mes bras. Le petit garçon leva alors les yeux vers sa mère. Quand il comprit que quelque chose n’allait pas, il se mit à hurler et à pleurer également. Je tentai tant bien que mal de le calmer quand il se mit à se débattre entre mes mains. Il me repoussait, me donnait des coups de pied et criait des « maman ! » déchirants. Le petit bonnet de laine qu’il portait tomba au sol à cause de toute son agitation. Ses cheveux me furent alors révélés. Ils étaient bien blonds, comme l’avait prédit Silja. Helene ramassa le bonnet, se pencha vers son fils et lui chuchota quelque chose que je ne parvins pas à entendre. « Comment s’appelle-t-il ? demandai-je timidement.
— Kristian. »
Sa réponse était très sèche. Elle n’avait même pas pris la peine de lever les yeux vers moi.
« Comment avez-vous fait avec le brouillard ? repris-je d’une voix hésitante.
— Les esprits ne nous en veulent pas. Nous faisons un premier pas vers vous et vous faites un premier pas vers nous. Nous participons en quelque sorte à souder nos peuples alors… Ils nous ont laissé passer. »
Le petit garçon se remit à hurler de plus belle. Helene rajusta son manteau, passa une main dans ses cheveux et déposa un léger baiser sur son front. Quand elle eût terminé, elle me jeta un rapide regard et repartit vers le traîneau d’un pas rapide, comme pour fuir les appels désespérés de son fils qui déchiraient son cœur de mère, tout comme je l’avais fait avec ma femme quelques heures plus tôt. Alors qu’elle s’éloignait, je la vis serrer le bonnet du petit garçon dans sa main. Elle remonta à bord du traîneau et je regardai Nikolai faire démarrer ses deux rennes d’un geste. Ils s’éloignèrent rapidement, me laissant seul avec Kristian dans les bras.
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 92)
Mer 01 Mai 2024, 15:25
Chapitre 92
Anna
Je me réveillai brusquement, sentant un premier rayon de soleil se poser sur ma peau. Enfin, c’était le grand jour. Je me redressai sur mon lit et regardai par la fenêtre. Il faisait grand beau, pas un nuage à l’horizon. Tout s’annonçait bien. Je me levai d’un bond, sortis de ma chambre et courus à pieds nus dans le couloir jusqu’à celle d’Elsa. J’entrai discrètement sans frapper et découvris ma sœur encore profondément endormie dans son lit. Je souris en la voyant. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas réussi à fermer l’œil. Je m’en voulais de devoir la réveiller. Je m’avançai silencieusement jusqu’à son lit et montai dessus. Elle ne réagit pas, semblant plongée dans un rêve. Je caressai doucement ses cheveux et replaçai une mèche derrière son oreille. Ma sœur fronça les sourcils et finit par ouvrir les yeux. Elle sourit en me voyant.
« C’est déjà l’heure de se réveiller ? » demanda-t-elle d’une voix encore endormie.
J’acquiesçai, un grand sourire aux lèvres.
« Oh ! Ta robe ! s’exclama-t-elle en se redressant d’un seul coup. Laisse-moi le temps de m’habiller et je suis à toi. »
Elle ouvrit sa penderie et choisit une robe.
« C’est celle que tu vas porter à la cérémonie ? » demandai-je, curieuse.
La jeune femme contempla quelques instants la robe qu’elle tenait et répondit :
« Non ce ne sera pas celle-la. C’est uniquement en attendant que tu sois prête. »
Elle partit aussitôt dans la salle de bain. Alors qu’elle se préparait, je m’allongeai sur son lit et fixai la porte qu’elle avait laissée entrouverte. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’Elsa me cachait absolument toutes les émotions qui la traversaient, ce qu’on lui avait habitué à faire depuis toute petite. J’entendis un robinet s’ouvrir et de l’eau couler. J’essayai de me mettre à sa place, d’imaginer ce que je ferais avec une grossesse indésirée, mais c’était des questions auxquelles il était bien difficile de répondre. Mes yeux glissèrent soudain jusqu’à sa table de nuit, à quelques centimètres de moi. Le tiroir principal était à moitié ouvert. Curieuse, je le tirai complètement. Ma sœur y avait rangé la clé qu’elle avait trouvée dans la chambre de Kai. Alors que je m’apprêtais à le refermer, je remarquai un morceau de tissu soigneusement plié dans le fond du tiroir. Je l’attrapai et l’ouvris. Il y avait quelque chose d’écrit dessus. Les lettres grossièrement formées étaient à peine déchiffrables. Je réussis tout de même à lire :
FERME LES YEUX ET LA REPONSE A TA QUESTION APPARAÎTRA DANS TON CŒUR
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Je repliai immédiatement le morceau de tissu que je tenais et levai les yeux vers Elsa qui était ressortie de la salle de bain. Son regard dur me fit comprendre que j’avais vu quelque chose que je n’étais pas censée voir.
« Qu’est-ce que c’est ? demandai-je en désignant le morceau de tissu.
— Rien, dit-elle sèchement en me le reprenant des mains et en le rangeant dans le tiroir.
— Si ce n’est rien, pourquoi tu ne veux pas m’expliquer ce que ça faisait dans ta table de nuit ? »
Elle soupira.
« J’ai trouvé ça dans la forêt enchantée…
— Comment ça ?
— S’il te plaît… J’aimerais commencer ta robe. On en reparlera une autre fois. »
Je ne protestai pas, sachant pertinemment que c’était inutile et qu’elle ne me dirait rien de plus. Je me levai et vins me positionner au centre de sa chambre.
« De quelle couleur tu l’aimerais ?
— Je ne te dis rien, fais-la comme tu le sens. »
Elle sourit, se mit en face de moi et réfléchit quelques instants.
« Vu la saison, il te faut quelque chose de frais et de clair, commença-t-elle. Comme le vert est ta couleur préférée, je pense que je vais partir là-dessus. Ça te va ? »
J’hochai la tête.
« Ferme les yeux. »
Je l’écoutai et fis ce qu’elle me demandait. Je repensai alors à ce que j’avais lu sur le morceau de tissu quelques minutes plus tôt et me concentrai le plus possible derrière mes paupières closes. Quelle est ma question ? me demandai-je. Je n’en avais aucune idée, je ne savais pas vraiment à quoi faisait référence l’inscription. Dès que j’essayais de penser, une seule et même image me revenait en tête : le visage souriant de Kristoff. Et si c’était ça la réponse que j’attendais ? Mais non, cela ne pouvait pas l’être. Mon union définitive avec le jeune homme était une chose que j’avais toujours souhaitée et sur laquelle je n’avais jamais eu le moindre doute. Cette image ne venait pas anéantir une quelconque incertitude mais confirmait au contraire que je n’avais jamais eu besoin de me questionner sur ce point. Kristoff était l’homme de ma vie et j’allais l’épouser. Je n’avais aucune question à me poser.
« Tu peux rouvrir les yeux. »
Ma sœur me tira brutalement de mes pensées. Je l’écoutai et admirai ce qu’elle venait de réaliser en un tour de main. Je n’avais pourtant rien senti lors de ma préparation.
« Wow », soufflai-je.
Je portais à présent une longue robe vert pâle qui s’étalait sur le sol autour de moi. Le tissu était si fin que je ne le sentais même pas sur ma peau. De minuscules strass venaient le pailleter par-ci par-là, créant des petits reflets de lumière. Les bords de la robe étaient décorés par de jolis motifs floraux qui semblaient grimper jusqu’à moi.
« Elsa… C’est magnifique… murmurai-je, émerveillée.
— Ça te plaît vraiment ?
— Si ça me plaît ? C’est incroyable ! Je n’ai jamais eu une robe aussi belle de ma vie…
— Je n’ai pas encore tout à fait fini. Mais d’abord, il faut te coiffer et te maquiller. Tu veux que je te le fasse ? »
J’acquiesçai et allai m’installer sur la chaise en face de sa coiffeuse.
« Encore une fois, je te laisse faire », fis-je en lançant un rapide regard à ma sœur à travers le miroir.
Je la sentis attraper mes cheveux et commencer à les brosser soigneusement. Je grimaçai à chaque nœud qu’elle rencontrait.
« Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu t’obstines à les détacher pour dormir. Regarde dans quel état ils sont ! s’exaspéra-t-elle.
— Bah quoi ? C’est plus confortable. »
Elsa leva les yeux au ciel tout en continuant à les démêler. Elle les tira en arrière, les tressa et les regroupa en un joli chignon. Je la vis alors s’éloigner, ouvrir sa penderie et en sortir un petit coffret.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je en me retournant.
Elle ne me répondit pas et se contenta de l’ouvrir. L’intérieur était recouvert de velours mauve. Il n’y avait que deux objets que je reconnus immédiatement : la couronne de notre père et le diadème de notre mère.
« Elsa… »
Soudainement émue, je fus incapable de dire quoi que ce soit d’autre.
« J’aimerais… J’aimerais que tu portes ceci aujourd’hui », fit la jeune femme, luttant également pour contenir ses émotions.
Je la vis alors prendre le diadème et le déposer dans mes cheveux.
« Tu es d’accord ? »
Je fis oui de la tête, les larmes aux yeux. Sans un mot, Elsa passa au maquillage. Ma sœur m’appliqua alors un peu de fond de teint, un fard à paupière légèrement doré et me noircit les cils. Quand elle eût terminé, je me regardai dans le miroir, me trouvant véritablement belle pour la première fois de ma vie.
« Je… Je ne sais pas quoi dire… soufflai-je, les yeux rivés sur mon reflet.
— Tu n’aimes pas ?
— Si, j’adore.
— Parfait. Lève-toi. »
Je lui obéis et la sentis effleurer mes cheveux du bout des doigts.
« Qu’est-ce que tu fais ?
— Regarde par toi-même. »
Je remarquai alors qu’un long voile couleur crème était maintenant accroché au diadème de ma mère.
« Merci… Merci infiniment », soufflai-je en me jetant dans les bras de ma sœur.
Nous nous enlaçâmes un long moment et lorsque je me reculai enfin, je remarquai les larmes de joie qui s’échappaient de ses yeux bleus.
« Tu es splendide, dit-elle en essuyant ses joues mouillées.
— C’est grâce à toi… Ne me fais pas pleurer s’il te plaît, je risque de tout saccager…
— Ça m’étonnerait beaucoup que tu arrives à ne verser aucune larme aujourd’hui…
— Tu as raison… Quelle heure est-il en fait ? »
Elsa jeta un rapide coup d’œil à l’horloge derrière moi.
« Neuf heures et demi, répondit-elle.
— Tu as encore le temps de te préparer ?
— Bien sûr. »
Je la vis baisser les yeux et faire tournoyer sa main en direction de ses pieds. Une robe sublime se forma petit à petit autour de son corps. Sa couleur vert d’eau s’accordait à merveille avec la mienne.
« Comment… Comment tu arrives à faire ça ? fis-je, ébahie.
— Je n’en sais rien… Je n’ai qu’à penser à la tenue que je souhaite et…
— Et elle apparaît ?
— Oui.
— C’est extraordinaire… »
Sans m’en rendre compte, je baissai instinctivement les yeux vers son ventre. Pour la première fois depuis des semaines, elle portait une robe suffisamment rapprochée de son corps pour que l’on remarque qu’il s’était légèrement arrondi. Elle dût remarquer mon regard et en être gênée car elle se détourna presque immédiatement, de façon à ce que je ne puisse plus rien voir.
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Re: La Reine des Neiges 3
Mer 01 Mai 2024, 15:43
Donc Anna ne se marie pas en blanc...Hum...Intéressant ^^
La description de sa robe me fait bien la visualiser et si tu le permets je voudrais essayer de la dessiner ?!
Quant à Elsa... Hum...Le léger bidou qui commence à se voir à trois mois, j'ai du mal à y croire, après ça dépend des femmes mais moi je suis à 6 et on me demande toujours si je suis enceinte ce qui me frustre énormément
La description de sa robe me fait bien la visualiser et si tu le permets je voudrais essayer de la dessiner ?!
Quant à Elsa... Hum...Le léger bidou qui commence à se voir à trois mois, j'ai du mal à y croire, après ça dépend des femmes mais moi je suis à 6 et on me demande toujours si je suis enceinte ce qui me frustre énormément
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 93)
Sam 04 Mai 2024, 16:59
Chapitre 93
Kai
Tout était enfin prêt. J’avais fait trois fois le tour du jardin et du palais pour m’assurer que rien ne manquait. J’eus alors l’idée d’aller au premier étage, pour voir si Anna et Kristoff avaient déjé terminé leur préparation. Je montai les escaliers, me dirigeai immédiatement vers la chambre de la reine et frappai à la porte. Pas de réponse. Je l’entrouvris et passai ma tête à l’intérieur. Il n’y avait personne. Je repassai dans le couloir et allai frapper à celle de Kristoff.
« Oui ?
— Tout va bien ? » demandai-je.
La porte s’ouvrit alors. Le jeune homme apparut, déjà vêtu de son magnifique costume. C’était l’une des rares fois où je le trouvais aussi élégant.
« Ce n’est pas… trop ridicule ? fit-il en n’osant pas me regarder dans les yeux.
— Absolument pas, vous êtes parfait.
— Et pour mes cheveux ? Qu’est-ce que je peux faire ? »
Je le regardai quelques instants.
« Les plaquer en arrière. Ce sera sûrement mieux. »
Il baissa les yeux, visiblement déçu par ma réponse.
« D’accord… Merci. Vous savez où est Anna ?
— Non, je la cherchais justement. Mais… vous n’êtes pas censé la voir avant le début de la cérémonie.
— Oui je sais… Quelle heure est-il ?
— Dix heures et quart passées. Je vous laisse finir de vous préparer. »
Alors que je me dirigeai vers la chambre d’Elsa, persuadé que sa sœur s’y trouvait, la porte de celle d’Honeymaren s’ouvrit brusquement et la jeune femme sortit sous mes yeux dans le couloir. Elle sursauta en me voyant.
« Vous m’avez fait peur ! s’exclama-t-elle. Elsa est dans sa chambre ? J’aimerais la voir…
— Je pense oui. Mais la reine s’y trouve aussi… Aucun invité ne doit la voir avant son mariage. »
Elle soupira.
« C’est à Elsa que je dois absolument parler…
— Je regrette, vous ne pourrez la voir que tout à l’heure, quand nous serons tous réunis dans le jardin. Vous êtes déjà prête ? » demandai-je en la regardant de haut en bas.
Elle ne portait qu’une fine robe en lin resserrée par une ceinture à sa taille.
« Oui. Quelque chose ne va pas ?
— Si… Si, si », hésitai-je en regardant ses longs cheveux bruns regroupés en une tresse qui retombait sur son épaule.
Je remarquai alors les petites fleurs coincées entre plusieurs mèches.
« Où est-ce que vous avez trouvé ça ? m’étonnai-je.
— Elles viennent de la forêt enchantée, dit-elle en comprenant à quoi je faisais allusion. Je les ai séchées pour les amener ici.
— C’est… très joli.
— Merci. Si je ne peux pas voir Elsa pour l’instant, vous pouvez me dire où se trouve le jardin s’il vous plaît ? »
Je ne pouvais détacher mes yeux de ses cheveux. C’était une très jolie jeune femme. Elle était complètement différente de celles d’Arendelle. Elle avait un charme que personne n’avait ici. Sauf peut-être Elsa, elle aussi très différente. Je croisai alors son regard. Ses grands yeux bruns remplis d’interrogation me tirèrent de mes pensées.
« Le jardin s’il vous plaît ? répéta-t-elle.
— Euh… Descendez les escaliers, tournez à gauche et ce sera la première porte que vous croiserez.
— Merci », dit-elle en s’éloignant.
Je la regardai descendre tranquillement les marches jusqu’à ce que je ne puisse plus la voir. Des rires provenant de la chambre d’Elsa me firent comprendre que les deux sœurs étaient bel et bien ensemble. Je souris en les entendant et allai rejoindre les autres dans le jardin.
***
Onze heures venaient de sonner à l’horloge de l’église du royaume. Tous les invités s’étaient déjà réunis au fond du jardin, sur les bancs que nous avions soigneusement disposés en rangs, laissant simplement une allée centrale pour le passage de la mariée. Ils étaient tous arrivés dans la matinée et ne pouvaient contenir leur joie. Les discussions fusaient en tout sens. Certains s’impatientaient, ne tenant plus en place, d’autres s’exclamaient et émettaient des hypothèses sur la robe de la reine. Les proches de Kristoff, les trolls et Sven, étaient rassemblés sur la partie de gauche, tandis que les proches d’Anna, l’ancien lieutenant Mattias et sa femme, Honeymaren et la place réservée à Elsa, se trouvaient sur la droite. J’attendais patiemment aux côtés du prêtre et du futur marié qui ne supportait plus l’attente qu’on lui infligeait. « Ça va être encore long ? me chuchota-t-il.
— Encore un peu de patience Monsieur. »
Je lui jetai un rapide coup d’œil et remarquai alors qu’il portait un morceau de glace en forme de flocon accroché à sa veste. Aksel était écrit dessus.
Soudain, je vis deux domestiques apparaître et me faire un léger signe de tête. Anna arrivait. Tout le monde sembla le comprendre et se retourna en même temps. Je me retournai et, d’un geste, ordonnai aux musiciens de commencer. Nous vîmes alors les deux jeunes femmes arriver, main dans la main. Leur robe était sublime. Celle d’Anna était si détaillée qu’il était presque impossible de distinguer tous les motifs qui la recouvraient. Elle semblait flotter autour d’elle, tant le tissu paraissait léger. Je lançai un regard à Kristoff. Il était subjugué. Les yeux qu’il posait sur sa future femme témoignaient de tout l’amour qu’il lui portait. La jeune femme le regardait avec tout autant de tendresse. Pour la première fois, je comprenais qu’ils étaient véritablement faits l’un pour l’autre, malgré tout ce que j’avais pu penser de lui. On entendait des murmures d’admiration de part et d’autre du jardin. Arrivant au bout de l’allée, Elsa serra une dernière fois la main de sa sœur et la laissa rejoindre seule Kristoff avant de s’asseoir à sa place, à côté d’Honeymaren. Je vis cette dernière tenter de poser sa main sur celle de la jeune femme mais elle l’ignora. Le prêtre commença alors son discours :
« Chère Anna, reine d’Arendelle, et cher Kristoff Bjorgman, vous vous aimez depuis le 3 juillet 1843, ce jour où vous vous êtes rencontrés. Mais vous vous mariez non pas parce que vous vous aimez, mais pour vous aimer… »
Je ne pouvais quitter la jeune reine des yeux. Je remarquai alors le diadème dans ses cheveux. Ce n’était pas le sien, mais celui de sa mère. Les paroles du prêtre me parurent de plus en plus lointaines. Je ne pouvais décrocher mon regard du diadème aux diamants bleus qui me replongeait quarante-six ans auparavant.
***
« Votre amour dans le mariage est un édifice que vous construisez. Construire un édifice se fait dans la joie : la joie procurée par l’avancée des travaux, la satisfaction de voir la construction progresser ; mais aussi la peine : les tempêtes qui peuvent détruire vos constructions, les matériaux qui peuvent manquer, la fatigue… Si vous surmontez ensemble ces peines, vous en viendrez à bout. Et par l’exemple que vous allez donner, vos enfants reprendront le flambeau et continueront l’édification. »Agnarr lança discrètement un regard à Iduna. Quand cette dernière passa une main sur son ventre par réflexe, je compris immédiatement. Elle était enceinte de leur premier enfant, mais personne ne l’eût deviné si elle n’avait fait ce geste. J’étais le seul à l’avoir vu, le seul à connaître la vérité. Je me demandai alors si leur mariage n’avait pas été précipité par cette nouvelle. Mais après tout, cela faisait huit ans qu’ils se connaissaient, huit ans qu’ils s’aimaient. Iduna avait voulu attendre ses vingt ans pour se marier et Agnarr avait respecté sa décision. J’avais affaire à deux jeunes adultes qui voulaient vivre pleinement leur vie, sans avoir à le faire dans la contrainte, ce pourquoi la découverte de la grossesse de la jeune femme avait certainement un peu précipité leur décision de se marier, avant que cela ne soit publiquement su.
***
« Vous allez vous engager l'un envers l'autre, reprit le prêtre. Est-ce librement et sans contrainte ?— Oui, répondirent Kristoff et Anna tour à tour.
— Vous allez vous promettre fidélité, est-ce pour toute votre vie ?
— Oui.
— Dans le foyer que vous allez fonder, acceptez-vous la responsabilité d'époux et de parents ? »
Kristoff et Anna se regardèrent et se mirent à rougir.
« Oui, nous l’acceptons », répondirent-ils finalement.
Ils s’attrapèrent les mains. Le prêtre entama alors les vœux de consentement :
« Kristoff, voulez-vous prendre Anna comme épouse et promettez-vous de lui rester fidèle, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, et de l’aimer tous les jours de votre vie ?
— Oui, répondit-il en plongeant ses yeux dans ceux de la jeune femme.
— Anna, voulez-vous prendre Kristoff comme époux et promettez-vous de lui rester fidèle, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, et de l’aimer tous les jours de votre vie ?
— Oui, répondit-elle, les larmes aux yeux.
— Vous êtes désormais unis par les liens du mariage. »
Le prêtre se tourna vers moi :
« Les alliances je vous prie. »
Je sortis de la poche de mon veston une petite boîte qui contenait celles d’Iduna et d’Agnarr. C’était moi qui avais voulu leur en faire la surprise. Je l’ouvris et la présentai aux deux jeunes mariés.
« Kai… souffla Anna en les reconnaissant immédiatement. Je ne pensais pas que vous les aviez gardées…
— J’attendais une grande occasion comme celle-ci pour les ressortir Madame, lui expliquai-je.
— Passez ces alliances à vos doigts, qu’elles soient signe de votre amour et de votre fidélité », reprit le prêtre.
Ils s’exécutèrent tour à tour et ne purent davantage retenir les larmes d’émotion qui les submergeaient.
« Parce que c’est votre volonté et parce que vous l’avez affirmé devant nous, je vous déclare dès à présent mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée », conclut le prêtre.
Kristoff et Anna ne se firent pas davantage prier et, sous un tonnerre d’applaudissements et de cris et joie, ils s’échangèrent un long baiser sous nos yeux.
***
Il y avait eu un grand silence dans l’église. Aucune acclamation, aucun encouragement, rien. Sentant le froid qui s’était alors jeté sur l’assemblée au moment des derniers mots du prêtre, Agnarr et Iduna s’étaient longuement regardé, paraissant hésitants. Le jeune roi avait finalement déposé un rapide baiser sur la joue de sa femme, comprenant que c’était inutile de montrer davantage de tendresse à un public mécontent. Personne n’avait souhaité leur union. Ils considéraient tous que c’était une trahison envers Arendelle que le roi se marie à une jeune femme inconnue. Mais c’était à présent leur reine, et ils n’avaient d’autres choix que de la respecter. Ansa aime ce message
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 94)
Mer 08 Mai 2024, 21:50
Chapitre 94
Honeymaren
Je ne savais pas vraiment ce que je faisais sur la table d’honneur, aux côtés du marié et au milieu de gens que je ne connaissais pas. J’avais l’impression de ne pas être à ma place. Ma robe de lin était très simple et n’était pas teinte comme tous leurs vêtements colorés. Je détonnai très clairement. On m’avait donné le titre d’ambassadrice des Northuldra mais ce n’était que pour tenter de rehausser mon image auprès de toutes ces personnes qui avaient l’habitude d’évoluer dans un monde que je ne connaissais pas et dont j’ignorais tout. Je regardai le lieutenant Mattias, assis à quelques places de moi avec sa femme. Il me rendit rapidement mon regard et me fit un grand sourire, ne semblant pas remarquer mon mal être. Soudain, une dizaine de domestiques portant des assiettes arrivèrent et se positionnèrent derrière les invités. Celui qui s’était présenté comme le majordome du château, Kai, leur fit signe de nous servir et annonça :
« Tartare de saumon sur galette de Jarlsberg, accompagné d’une terrine de poisson. »
Les domestiques retirèrent alors le couvercle des assiettes, nous dévoilant enfin le plat qu’ils nous avaient apporté. L’odeur qui s’en échappa me donna l’eau à la bouche.
« Je n’ai jamais rien mangé de pareil… murmurai-je à Kristoff.
— Je m’y suis habitué mais c’est vrai qu’au début ça fait bizarre… répondit-il. Tu verras, le cuisinier du palais est très doué. »
N’osant manger avant les autres de peur de paraître mal polie, je guettais avec impatience que quelqu’un saisisse ses couverts et entame son plat. Comme rien ne se passait, je me tournai vers Kristoff et lui demandai discrètement :
« Pourquoi personne ne mange ?
— Je crois qu’ils attendent qu’Anna et moi commencions.
— Dépêchez-vous alors ! le taquinai-je en lui donnant un coup de coude dans les côtes.
— Attention à ce que tu fais, je suis roi maintenant.
— Non pas encore, tu n’as pas été couronné. J’ai encore trois heures pour t’embêter. »
Il sourit, se tourna vers Anna et ils entamèrent leur plat. Tout le monde se mit alors à manger en même temps. Soulagée, j’attrapai ma fourchette et enfournai une première bouchée du fameux tartare. L’explosion de saveurs sur mon palais se fit immédiatement ressentir. C’était délicieux, je n’avais jamais rien mangé de tel, étant habituée à faire le strict minimum en cuisine.
« Alors ? » me demanda Kristoff en me regardant manger.
La bouche pleine, je fus incapable de lui répondre et lui fis un immense sourire. Il rit en me voyant ainsi et me laissa finir mon assiette tranquillement.
Le plat principal fut tout aussi bon. Je n’avais jamais mangé de mouton de ma vie et cette première fut une réussite. La sauce et les légumes qui l’accompagnaient se mariaient divinement bien ensemble.
L’attente jusqu’au dessert fut ensuite terriblement longue. Les convives discutaient les uns avec les autres, posaient des questions ou félicitaient le jeune couple, et je me sentais seule, incapable de participer aux conversations qu’ils tenaient.
« A quelle heure se déroulera le couronnement déjà ?
— A seize heures, dans l’église.
— Nous pourrons y assiter ?
— Oui bien sûr, tout le monde peut y assister, même les habitants d’Arendelle. »
Je lançai un regard en biais vers Elsa. Elle aussi semblait perdue dans ses pensées et ne participait pas aux discussions. Elle fixait ses mains posées sur ses cuisses et semblait faire abstraction de ce qu’il se passait autour d’elle. Pourquoi ne veut-elle rien me dire ? me demandai-je alors. Il était vrai que la jeune femme m’évitait depuis mon arrivée. Nous n’avions pas échangé un seul mot. Elle était restée la plupart du temps enfermée dans sa chambre, loin des regards. Je cherchais justement le sien mais ne le trouvai pas. Elle ne tourna à aucun moment son visage vers moi, gardant les yeux baissés. Je repensai alors à ce que m’avait dit Kristoff quand nous étions sortis des écuries. Je reculai discrètement ma chaise pour mieux voir la jeune femme, mais ne distinguais rien de ma place. J’entendis alors que l’on annonçait l’arrivée du dessert. Bien trop préoccupée par Elsa, je ne prêtai même pas attention à ce qu’on me servit et mangeai distraitement.
Soudain, je vis arriver une montagne de petits gâteaux recouverts d’une pâte brune que l’on apportait sur un chariot à roulettes.
« Qu’est-ce que c’est ? m’étonnai-je à haute voix.
— Des choux recouverts de caramel, répondit le lieutenant Mattias. C’est ce qu’on appelle une pièce montée. »
Anna et Kristoff se lancèrent un regard surpris.
« On en avait pourtant pas demandée, remarqua la jeune femme.
— C’est une surprise du chef », dit alors Kai.
Le visage des mariés s’éclaira. On les invita à couper eux-mêmes ladite pièce montée, ce qu’ils firent, avant de nous servir à chacun une part. Je la mangeai sans trop de conviction, trouvant pourtant cela délicieux. Toutes les pensées qui m’assaillaient tournaient autour d’Elsa.
« Honeymaren, est-ce vrai que vous n’avez vu un ciel clair pour la première fois de votre vie qu’en fin d’année dernière ? »
Je tournai la tête. C’était Halima, la femme du lieutenant qui venait de me poser cette question et qui me regardait, sourire aux lèvres, attendant ma réponse.
« Euh… Oui. Oui, oui.
— Comment c’est là-haut ? Je veux dire… dans la forêt enchantée. Il paraît que c’est complètement différent d’ici. Enfin… c’est ce que m’a dit Mattias.
— Ça n’a… Ça n’a pas grand-chose à voir c’est vrai », répondis-je en jetant des regards dans la direction d’Elsa qui semblait toujours m’ignorer.
Halima se tourna vers le lieutenant, semblant mal à l’aise à cause de mes réponses.
« Eh bien… Qu’est-ce que vous pouvez nous en dire ?
— Il n’y a pas… Il n’y a pas toutes ces constructions que vous avez. Tout est en bois. Nous avons quelques cabanes mais la plupart des Northuldra vivent dans des tentes. Et… Il y a beaucoup plus de nature qu’ici. C’est pour ça que nous vivons au plus proche des esprits.
— Ah oui les esprits… On n’a jamais vraiment su à quoi était due leur disparition d’ailleurs… »
Je jetai un coup d’œil à Elsa. La jeune femme semblait de plus en plus gênée.
« Vous avez une idée vous ? »
Mon regard croisa alors celui d’Anna et Kristoff qui me fixaient d’un air inquiet.
« Non, non je ne sais pas », répondis-je.
Quand je vis leurs épaules se détendre, je compris que j’avais fait le bon choix en optant pour le mensonge.
« Oh… Je ne sais pas ce que ça a donné chez vous mais ici c’était effroyable… Plusieurs personnes sont mortes d’épuisement ou de maladie, d’autres ont voulu fuir le plus loin possible mais sont finalement revenues quand tout ce cauchemar s’est enfin terminé… Je suppose que vous avez eu beaucoup de pertes avec le peu de moyens que vous avez… »
Je me figeai instantanément.
« Je ne pense pas que ce soit une question de moyens, répliquai-je sèchement. Vous vous considérez certainement comme bien plus civilisés que mon peuple, et pourtant vous avez subi les mêmes dégâts que nous. »
Je sentis que ma réponse jeta soudainement un froid dans l’atmosphère. Je me tournai vers Elsa. Elle gardait les yeux rivés sur ses cuisses et ne m’était d’aucun secours. Anna se leva d’un seul coup.
« Eh bien, pour changer un peu de sujet, dit-elle, j’aimerais vous remercier tous d’être venus, parfois de loin, pour assister à notre union. On aura attendu longtemps, très longtemps, pour pouvoir enfin la fêter comme il se doit mais je pense que cette attente n’aura rendu ce moment que plus beau et plus intense. »
Elle se tourna vers Kristoff et continua :
« En tout cas, ce jour marquera à tout jamais un changement dans nos vies et j’en suis la plus heureuse. »
Le jeune homme sourit, se leva et l’embrassa tendrement sous nos yeux.
« Vous savez… j’ai tellement douté ces derniers mois, non pas à cause du mariage en lui-même parce que je l’ai toujours voulu, mais à cause de tout ce que ça impliquerait par la suite. Anna… Anna est vraiment la seule femme pour qui je peux accepter de devenir roi de quelque chose, et en l’occurrence d’un royaume tout entier, moi qui ne suis qu’un petit vendeur de glaçons orphelin à l’origine, dit-il en se grattant nerveusement l’arrière du crâne. Et… c’est aussi la seule femme qui me fait m’en sentir capable… »
Tout le monde applaudit en même temps.
Le repas terminé, tous se levèrent et allèrent discuter soit entre eux, soit avec les jeunes mariés. D’autres en profitèrent pour visiter le magnifique jardin du palais. Moi, je n’avais qu’une idée en tête : parler à Elsa. Quand je la vis se lever, je me précipitai derrière elle et, avant qu’elle n’ait pu m’échapper, je l’attrapai par la main.
« Laisse-moi tranquille, fit-elle alors en tentant de se dégager.
— Certainement pas ! Pourquoi tu m’évites comme ça ? De quoi as-tu peur ?
— J’ai juste besoin d’être seule en ce moment. Tu ne peux pas comprendre…
— Bien sûr que si !
— Non, tu ne sais rien, rien du tout…
— Kristoff… m’a dit la vérité », soupirai-je.
Elsa dégagea immédiatement sa main de la mienne et recula d’un pas.
« Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il t’a dit ? » balbutia-t-elle, le regard vide.
Je baissai les yeux vers son ventre par réflexe. Elle le remarqua instantanément et sembla vouloir s’éloigner. Soudain, le majordome du palais apparut.
« Je ne voudrais pas interrompre votre conversation Mesdames mais le couronnement de Monsieur Bjorgmann commence dans moins d’une demi-heure, dit-il.
— Nous y serons », lui assurai-je en ne quittant pas Elsa des yeux.
La jeune femme ne répondit rien. Pour la premère fois depuis un bon moment, elle me rendit mon regard avant de retourner à l’intérieur du château.
***
La chapelle était pleine à craquer. C’était un lieu magnifique, mêlant du bois sculpté à des murs aux couleurs bleutées qui ressortaient sous la lumière introduite par de jolies fenêtres tout allongées. Beaucoup d’habitants d’Arendelle étaient venus assiter à la cérémonie. Ils n’avaient pas assisté au couronnement d’un roi depuis des dizaines d’années. On m’avait installée au premier rang, à côté du lieutenant Mattias. « Ça t’en fera des choses à raconter quand tu rentreras chez toi », me murmura-t-il alors qu’un chant religieux commençait à emplir l’église.
Je lui souris faiblement, ne quittant pas Kristoff des yeux. Anna était à ses côtés. Le jeune homme portait un magnifique costume rouge et bleu marine dont les épaulettess dorées ne faisaient qu’accentuer un peu plus sa musculature. La longue cape qui traînait derrière lui semblait le gêner dans ses mouvements mais il restait étrangement calme, lui qui n’avait pourtant jamais eu l’habitude de porter de tels vêtements. Je le vis alors se pencher légèrement en avant et le prêtre déposa une couronne sur sa tête. Quand le jeune homme se redressa, on lui tendit deux objets en or.
« Qu’est-ce que c’est ? demandai-je discrètement au lieutenant.
— Une orbe et un sceptre impériaux. Ce sont les symboles de l’autorité et de la puissance du roi ou de la reine.
— Elsa a eu ça lors de son couronnement ?
— Je n’étais pas là mais je suppose que oui. Ce sont les mêmes d’ailleurs. Anna les a eus entre les mains également, tout comme leur père et leur mère. Il n’en existe qu’une seule paire par royaume. C’est très précieux. »
Je regardai autour de moi.
« Où est-elle d’ailleurs ?
— Qui ça ?
— Elsa. »
Le lieutenant se retourna, la cherchant lui aussi des yeux.
« Je ne la vois pas mais elle est forcément là », dit-il en se réinstallant correctement.
Une boule d’angoisse se forma soudainement dans ma gorge. Je me rappelai du dernier regard qu’elle m’avait lancé avant de rentrer dans le château. Non, elle n’est pas ici, pensai-je alors. De plus en plus convaincue que quelque chose n’allait pas, je ne tenais plus en place. Il fallait que j’en aie le cœur net. Je me levai subitement.
« Qu’est-ce que tu fais ? s’exclama alors Mattias en m’attrapant par le bras.
— Il faut que je sache où elle est. »
Je me libérai de son emprise et traversai la chapelle jusqu’à la sortie. J’entendis les gens murmurer à mon passage. Je ne leur prêtai pas attention et réussis à me faufiler à l’extérieur. Une fois dehors, je sus exactement où aller chercher. Je courus jusqu’au château, passai les gardes, traversai la cour et entrai précipitamment dans le hall d’entrée. Tout me paraissait étrangement vide. Ils étaient tous dans la chapelle, sans se soucier de ce qu’il se passait au palais. Je montai quatre à quatre les marches de l’escalier devant moi et arrivai à l’étage. Je me jetai sur la première porte de chambre et frappai à grands coups dessus.
« Elsa ? Elsa, tu es là ? »
Aucune réponse. Je tentai d’actionner la poignée. Elle était fermée à clé. Ce n’était pas normal. Je tambourinai une nouvelle fois.
« Elsa ? Réponds-moi ! »
Toujours rien. Je collai alors mon oreille à la porte à la recherche du moindre petit bruit qui pouvait m’indiquer sa présence. J’entendis soudain un son que je pouvais reconnaître entre mille : le petit tintement si caractéristique des pouvoirs d’Elsa qui se manifestait à chaque fois qu’elle les utilisait. Je sentis mon cœur palpiter de plus en plus vite dans ma poitrine.
« Elsa ! » hurlai-je, paniquée, en comprenant que quelque chose n’allait pas.
Voyant qu’elle ne comptait toujours pas m’ouvrir, je m’écartai d’un pas de la porte, inspirai profondément et donnai un violent coup d’épaule dedans. Ce ne fut qu’au deuxième coup qu’elle s’ouvrit brusquement. Ignorant la douleur lancinante qui s’étendait dans tout mon bras, je me précipitai à l’intérieur et découvris la jeune femme assise sur son lit, les mains posées sur son ventre.
« Qu’est-ce que tu fais ?! » m’écriai-je en voyant la lumière bleutée qui sortait de ses doigts, comme à chaque fois qu’elle utilisait sa magie.
Elle ne sembla pas m’entendre, les yeux fixant un point dans le vide, le visage impassible.
« Elsa ! Arrête ! » criai-je en me jetant sur elle, l’obligeant à écarter ses mains de son ventre.
Au moment où je la touchai, elle parut reprendre ses esprits. Ses grands yeux bleus se levèrent vers moi et se remplirent de larmes. Elle éclata immédiatement en pleurs. Je la pris dans mes bras et la serrai contre moi.
« Qu’est-ce qui t’a pris ? murmurai-je en caressant doucement ses cheveux.
— Je… Je ne veux pas de ce bébé… sanglota-t-elle.
— Tu… Tu aurais pu te tuer en faisant ce que tu faisais Elsa… Tu ne sais pas quels sont les risques d’une fausse couche… S’il te plaît, dis-moi que tu n’as rien… »
Elle secoua la tête. Je soupirai de soulagement.
« Honeymaren ?
— Hmmm ?
— C’est peut-être Erik le père… »
Je me raidis, réalisant avec horreur qu’elle n’avait pas tord.
« Ou Ryder… soufflai-je, me sentant soudainement vidée de toute émotion.
— Je suis désolée… » murmura Elsa en se redressant.
Elle se releva et se dirigea vers la fenêtre, les bras croisés par-dessus sa poitrine.
« C’est ma faute si je suis enceinte… Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai complètement perdu le contrôle de moi-même… J’avais… J’avais l’impression de ne plus m’appartenir… J’étais à la merci d’une force supérieure qui me poussait à ne plus être moi…
— Je ne t’en veux plus pour Ryder… J’ai compris que tu n’étais pas vraiment en possession de tous tes moyens ce soir-là... Tu avais déjà perdu le contrôle avec moi juste avant… Mais pour Erik, je refuse que tu penses que c’est de ta faute ce qu’il s’est passé. Il avait prémédité son coup… »
Elsa soupira.
« Qu’est-ce que je peux faire ? souffla-t-elle tristement.
— Viens-là », dis-je en tapotant le matelas à côté de moi.
La jeune femme me rejoignit. Je m’allongeai dans son lit et l’invitai à faire de même.
« Je serai toujours là pour toi, lui murmurai-je. Je ne veux pas que tu te mettes en danger en essayant de te débarrasser de ce bébé alors… je t’aiderai à t’en occuper, je te le promets. Je resterai ici jusqu’à ton accouchement.
— Mais… Si jamais il avait les yeux de son père, les yeux d’Erik… Je ne supporterai pas de devoir affronter ce même regard toute ma vie…
— Il peut aussi avoir tes yeux… Tes magnifiques yeux bleus. »
Elsa sourit tristement et vint alors se blottir contre moi.
« Je t’aime », murmura-t-elle.
J’attrapai doucement son menton et tournai son visage vers le mien.
« Moi aussi je t’aime », fis-je en l’embrassant tendrement.
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Re: La Reine des Neiges 3
Mer 08 Mai 2024, 22:10
Ah quand même ! Ça éclate enfin entre les deux ! ça fait du bien
Et les risques d'une fausse couche... Pour avoir subi un curetage, trois spontanée, une expulsion par voie médicamenteuse et un embryon qui s'est régénèré dans mes cellules. Oui. Il ne vaut pas mieux la provoquer si ça doit venir, ça viendra tout seul...
Toutefois point important à noter...En tant que porteuse de l'embryon tu t'en fiches de mourir en même temps que ta progéniture... C'est très égoïste mais c'est la réalité !
Et les risques d'une fausse couche... Pour avoir subi un curetage, trois spontanée, une expulsion par voie médicamenteuse et un embryon qui s'est régénèré dans mes cellules. Oui. Il ne vaut pas mieux la provoquer si ça doit venir, ça viendra tout seul...
Toutefois point important à noter...En tant que porteuse de l'embryon tu t'en fiches de mourir en même temps que ta progéniture... C'est très égoïste mais c'est la réalité !
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 95)
Dim 12 Mai 2024, 10:52
Chapitre 95
Iduna
« Tout va bien ?
— Non, non ça ne va pas.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Pourquoi tu as réagi comme ça ? Tu as peur d’eux ?
— De quoi tu parles ?
— Ce matin dans l’église… »
Agnarr soupira.
« Iduna… Je pensai que tu étais passée à autre chose depuis… Je n’ai pas peur d’eux, je ne voulais simplement pas créer un scandale au beau milieu de la cérémonie.
— En m’embrassant ? »
Il se figea.
« Il y a… Il y a des choses que l’on doit garder pour nous et faire dans l’intimité, c’est tout. J’ai préféré ne pas les froisser.
— Tu ne vas pas me faire croire que les mariés ne s’embrassent jamais lors de leur mariage… On a beau avoir des cultures très différentes, je vis ici depuis suffisamment longtemps pour savoir que ça se fait habituellement. Tu aurais épousé une princesse ou même une femme d’Arendelle, tu l’aurais embrassée…
— Hey… Ça n’a rien à voir avec toi, je te le promets, dit-il en caressant doucement ma joue.
— Bien sûr que si ! rétorquai-je en le stoppant dans son geste. Ouvre les yeux Agnarr, vous ne supportez pas la différence…
— Ne dis pas ça…
— Alors pourquoi m’a-t-on demandé de laisser blanchir ma peau ? Pourquoi m’as-tu suppliée de conserver mon passé secret ? Pour que je vous paraisse plus normale et pour que j’entre dans vos codes, n’est-ce pas ?
— C’était pour te protéger… Si tu avais dit la vérité en arrivant ici, tu aurais été tuée par le premier venu… Tant qu’ils auront des doutes, je ne peux pas me permettre de les froisser davantage qu’ils ne le sont… Je préfère m’assurer qu’on ne te fera aucun mal en cachant tes origines et en affichant le moins possible notre amour. Nous nous sommes mariés publiquement, c’est déjà un grand pas en avant...
— Embrasse-moi », l’interrompis-je alors.
Agnarr parut surpris de ma demande, mais il s’exécuta aussitôt, pressant doucement ses lèvres contre les miennes.
« Plus que ça », réclamai-je quand il éloigna son visage du mien.
Je le vis hésiter et jeter un rapide coup d’œil vers la porte.
« Quoi ? Tu as peur qu’on nous surprenne ? Si c’est le cas, nous sommes à présent mariés et dans notre chambre conjugale… C’est notre droit. »
Il sourit, m’attrapa par la taille et me colla contre le mur derrière moi.
« Tu es complètement folle, me murmura-t-il en riant.
— C’est pour ça que tu m’aimes non ? »
Il m’embrassa alors avec passion, oubliant enfin toutes ses craintes. Ses baisers semblèrent se prolonger encore et encore pour mon plus grand plaisir. Lorsqu’il finit par se retirer, il me fallut quelques secondes pour reprendre mon souffle.
« C’est… C’est mieux comme ça », haletai-je, satisfaite.
Je le vis se diriger vers notre lit et s’y allonger.
« Tu comptes rester debout ? » me demanda-t-il.
Je souris et le rejoignis. Il me prit immédiatement dans ses bras, retira mon diadème et défit mon chignon.
« Tu sais le temps que ça m’a pris pour le faire ?
— Comme c’est ta femme de chambre qui te l’a fait, je pense que tu ne m’en voudras pas trop », répondit-il d’un air joueur.
Il m’attrapa par les hanches, m’allongea sur le dos et se redressa en s’appuyant sur un coude.
« Je t’en supplie, je ne veux pas que tu penses que j’ai honte de toi parce que tu es Northuldra, murmura-t-il en caressant doucement mes cheveux. Tu es la femme dont j’ai toujours secrètement rêvée en pensant que je ne la rencontrerais jamais dans la vie réelle. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée depuis ma naissance. Si je ne t’avais pas… je ne sais pas comment je ferais… Tu peux penser que les gens ici ne supportent pas la différence mais moi c’est justement ce que j’aime chez toi. Tu es unique Iduna…
— C’est vraiment ce que tu penses ?
— C’est ce que j’ai toujours pensé. »
Agnarr se pencha doucement vers moi et déposa de tendres baisers dans mon cou.
« C’est rare que tu sois aussi audacieux en ayant laissé notre porte ouverte, le taquinai-je.
— Je peux l’être encore plus s’il le faut… »
Je retrouvais enfin le Agnarr de mon enfance, celui qui n’hésitait pas à m’embêter dès qu’il le pouvait et qui oubliait quelques temps tous ses devoirs et toutes ses responsabilités. Le jeune homme passa une main dans mon dos et retira lentement les attaches de ma robe de mariée. Il réussit à l’enlever complètement et s’étonna en voyant mon corset.
« Tu en portes toujours ? Tu sais que ce n’est pas bon d’en avoir dans ton cas… Je pensais que tu avais arrêté d’en mettre depuis longtemps…
— Tu ne veux pas que j’attire l’attention, surtout en ce moment n’est-ce pas ? Si ma femme de chambre remarque que je n’en porte plus, elle se doutera nécessairement de quelque chose.
— Si ce n’est qu’elle, ce n’est pas encore trop grave. Je préfère que tu sois en bonne santé plutôt que de prendre des risques inutiles… »
Je lui souris et l’embrassai sur le front.
« Ne t’en fais pas pour moi », le rassurai-je.
Il caressa ma lèvre inférieure de son pouce et descendit doucement le long de mon menton et de mon cou jusqu’à ma clavicule. Je le sentis dégrafer petit à petit mon corset de son autre main et quand il l’eut complètement retiré, je pus enfin emplir pleinement d’air ma cage thoracique.
« C’est vraiment une torture ce truc là, fis-je, les côtes endolories. Je ne comprends pas comment les femmes ici font pour supporter ça sans jamais se plaindre.
— Je ne sais pas non plus… Je n’ai jamais été un partisan du corset, surtout quand on sait tous les problèmes de santé que ça peut vous causer… »
Il embrassa tendrement le haut de ma poitrine, fit mine de continuer plus bas mais s’arrêta immédiatement.
« Qu’est-ce que tu fais ? m’écriai-je, soudainement déçue.
— Si je grille toutes mes cartes dans les dix premières minutes de notre nuit de noces, tu risques de m’en vouloir alors… je préfère te laisser patienter encore un peu. »
Je restai bouche-bée, peu habituée à ce qu’il soit aussi entreprenant et aussi joueur avec moi.
« Je te préfère comme ça, lui dis-je alors en passant mes doigts dans ses cheveux.
— Comment ça ? s’étonna-t-il en se redressant.
— Moins sérieux et plus taquin. Comme… Comme au début de notre relation. Tu te fichais de tout ce qu’on pouvait te dire, tout ce qui t’importait c’était d’être heureux et de vivre ta vie.
— Iduna… Je ne peux pas rester comme ça éternellement tu sais… On attend beaucoup de moi maintenant que je suis roi et… et on va devenir parents, ajouta-t-il en posant doucement une main sur mon ventre.
— Quand est-ce que tu vas leur dire ? demandai-je en redevenant immédiatement sérieuse.
— Je ne sais pas… Tant que tu peux encore le cacher, je ne dirai rien.
— J’ai de plus en plus de mal tu sais… Je vais bientôt entamer mon quatrième mois de grossesse… Pourquoi tu ne veux pas annoncer la nouvelle maintenant ? »
Il soupira et continua tendrement la série de baisers qu’il avait commencée jusqu’au bas de mon ventre qui s’arrondissait de semaine en semaine.
« Parce que… je ne sais pas comment ils réagiront… reprit-il en se redressant. Je préfère prendre le moins de risque possible et attendre que les chances de perdre le bébé s’amenuisent… Si jamais il t’arrivait quoi que ce soit parce que je l’ai annoncé trop tôt, je m’en voudrais toute ma vie… »
Je me blottis dans le creux de son épaule.
« Tu n’as plus peur ? me demanda-t-il alors.
— Peur de quoi ?
— De devenir maman.
— Grâce à toi, non. Tu es la seule personne qui m’ait donné envie d’avoir un bébé et… maintenant j’ai hâte de pouvoir dire que je suis la mère de ton enfant. »
Le jeune homme me serra un peu plus contre lui. Je ne m’étais jamais sentie aussi bien et aussi en sécurité qu’entre ses bras.
« Agnarr ?
— Oui ?
— Comment on va faire si jamais on découvrait que j’étais enceinte avant notre mariage ?
— C’est aussi pour ça que j’aimerais attendre avant d’annoncer quoi que ce soit… »
Il se releva et partit dans la salle de bain.
« Qu’est-ce que tu fais ? » lui demandai-je, surprise.
Il ne me répondit pas. Je l’entendis fouiller dans un placard et il revint quelques secondes plus tard, quelque chose dans la main. Je reconnus alors son rasoir. Avant même que je ne puisse réagir, il s’entailla le bout du doigt avec.
« Arrête ! m’écriai-je en tentant de le stopper. Qu’est-ce qui te prend ?
— Ne t’inquiète pas, fais-moi confiance », dit-il en observant une première goutte de sang se former sur sa phalange.
Il posa alors son doigt sur les draps et attendit plusieurs secondes.
« Je ne comprends vraiment pas ce que tu fais… m’exaspérai-je.
— Tu t’inquiètais que l’on découvre que tu es enceinte, non ? Eh bien je mets fin à tous les doutes qui ont pu naître dans leurs esprits », dit-il en retirant son doigt.
Je regardai la trace de sang qu’il avait laissée sur le drap blanc, comprenant enfin à quoi il faisait allusion.
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Re: La Reine des Neiges 3
Dim 12 Mai 2024, 11:03
Oui enfin...Si les gens sont pas trop cons le calcul est vite fait XD surtout si elle a déjà entamé le deuxième trimestre XD donc si ! Bien sûr qu'ils sauront qu'elle est tombée enceinte avant le mariage, y a 0 chance qu'ils ne le sachent pas !
Ça me fait rire de lire ce qu'on imagine de la femme enceinte tout en sachant que la réalité est très différente
Non, à 4 mois ça se verra pas encore surtout si c'est le matin avant manger...Si, bien sûr que si les gens ont pu s'en apercevoir surtout au niveau de la nourriture et de sa fatigue ^^ et encore plus le personnel du château qui s'occupe d'elle.
Non le corset n'est pas nocif pour les femmes enceintes puisqu'il y en avait des spéciaux pour elles et quoiqu'on en dise c'est très bon pour le maintien du dos surtout maintenant qu'elle se prépare à accueillir un bébé donc à sécréter du lait dans sa poitrine qui est affreusement douloureuse ! (Ouais Agnarr a intérêt d'y aller doucement sinon c'est pas du tout agréable !)
Enfin bref... elle arrive quand la nuit de noces d'Anna et Kristoff ?! Non parce que c'est quand même ça le plus important
Ça me fait rire de lire ce qu'on imagine de la femme enceinte tout en sachant que la réalité est très différente
Non, à 4 mois ça se verra pas encore surtout si c'est le matin avant manger...Si, bien sûr que si les gens ont pu s'en apercevoir surtout au niveau de la nourriture et de sa fatigue ^^ et encore plus le personnel du château qui s'occupe d'elle.
Non le corset n'est pas nocif pour les femmes enceintes puisqu'il y en avait des spéciaux pour elles et quoiqu'on en dise c'est très bon pour le maintien du dos surtout maintenant qu'elle se prépare à accueillir un bébé donc à sécréter du lait dans sa poitrine qui est affreusement douloureuse ! (Ouais Agnarr a intérêt d'y aller doucement sinon c'est pas du tout agréable !)
Enfin bref... elle arrive quand la nuit de noces d'Anna et Kristoff ?! Non parce que c'est quand même ça le plus important
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Re: La Reine des Neiges 3
Dim 12 Mai 2024, 12:57
Chaque grossesse est différente... Ma soeur est actuellement enceinte de son troisième enfant, elle est seulement à 7 semaines de grossesse et pourtant on le remarque déjà bien. Pour son premier c'était la même chose, tandis que pour le deuxième son ventre ne s'est vraiment arrondi que vers le 6e moisAnsa a écrit:Oui enfin...Si les gens sont pas trop cons le calcul est vite fait XD surtout si elle a déjà entamé le deuxième trimestre XD donc si ! Bien sûr qu'ils sauront qu'elle est tombée enceinte avant le mariage, y a 0 chance qu'ils ne le sachent pas !
Ça me fait rire de lire ce qu'on imagine de la femme enceinte tout en sachant que la réalité est très différente
Non, à 4 mois ça se verra pas encore surtout si c'est le matin avant manger...Si, bien sûr que si les gens ont pu s'en apercevoir surtout au niveau de la nourriture et de sa fatigue ^^ et encore plus le personnel du château qui s'occupe d'elle.
Non le corset n'est pas nocif pour les femmes enceintes puisqu'il y en avait des spéciaux pour elles et quoiqu'on en dise c'est très bon pour le maintien du dos surtout maintenant qu'elle se prépare à accueillir un bébé donc à sécréter du lait dans sa poitrine qui est affreusement douloureuse ! (Ouais Agnarr a intérêt d'y aller doucement sinon c'est pas du tout agréable !)
Enfin bref... elle arrive quand la nuit de noces d'Anna et Kristoff ?! Non parce que c'est quand même ça le plus important
Et le chapitre de la nuit de noces d'Anna et Kristoff arrive mardi (si j'ai le temps de le poster parce que je suis super occupée en ce moment )
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Re: La Reine des Neiges 3
Dim 12 Mai 2024, 13:03
Ah ? C'est dans le prochain ?! Parfait !
Exact ! Chaque grossesse est différente ^^ moi presque 7 mois (dans 10 jours) et mon Bébé Snowgie se dévoile enfin dans mon bidou ce qui me plaît parce que pendant très longtemps ça a été "ah bon t'es enceinte ?! Mais ça se voit pas ?!" C'est ultra frustrant surtout avec 6 fausses couches juste avant mais bon il est là et bien vivant et c'est le plus beau cadeau du monde
Après si t'as pas le temps j'attends de toute façon ! (hâte ! Hâte ! Hâte !)
Exact ! Chaque grossesse est différente ^^ moi presque 7 mois (dans 10 jours) et mon Bébé Snowgie se dévoile enfin dans mon bidou ce qui me plaît parce que pendant très longtemps ça a été "ah bon t'es enceinte ?! Mais ça se voit pas ?!" C'est ultra frustrant surtout avec 6 fausses couches juste avant mais bon il est là et bien vivant et c'est le plus beau cadeau du monde
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 96)
Mar 14 Mai 2024, 10:16
Chapitre 96
Anna
Kristoff m’attrapa par la taille et me fit tournoyer dans les airs.
« Wow, Anna c’était… c’était… une journée merveilleuse ! s’écria-t-il alors, fou de joie. Je n’arrive pas à croire que c’est fait, nous sommes mariés et liés l’un à l’autre pour la vie… »
Il me reposa au sol et m’embrassa passionnément.
« Je n’ai jamais été aussi heureux, souffla-t-il. La cérémonie, le repas, le couronnement… Tout était absolument parfait et… je n’aurais jamais réussi cette dernière étape sans toi… Je n’arrive pas encore à me rendre compte que je suis roi d’Arendelle mais je pense que ça ne saurait tarder avec tout ce qui va me tomber dessus dès demain matin…
— Ne t’inquiète pas, je t’aiderai pour absolument tout, je ne te laisserai pas tout gérer seul.
— Tu es la meilleure… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi… »
Je lui souris et retirai ma robe sous ses yeux.
« C’est Elsa qui l’a faite n’est-ce pas ? demanda-t-il.
— Oui, aucun couturier n’aurait été capable de faire une telle merveille sur-mesure en quelques secondes à peine.
— Elle est vraiment… magnifique. Je n’en croyais pas mes yeux quand je t’ai vue arriver tout à l’heure. Tu étais vraiment splendide.
— Merci, tu étais très beau aussi. Le vert te va vraiment très bien. On te l’a déjà dit ? demandai-je d’un air taquin.
— Après la vendeuse chez qui j’ai acheté le costume, tu es la deuxième à m’en faire la remarque… »
Je croisai les bras et affichai une moue boudeuse.
« Mais venant de toi ça me touche beaucoup plus, se rattrapa-t-il en me faisant un clin d’œil.
— Tu as vraiment un don pour te dépétrer de toutes les situations dans lesquelles tu t’es malencontreusement mis, remarquai-je en déposant soigneusement sur le dossier d’une chaise la robe que j’avais réussi à retirer seule.
— On me le dit souvent », fit le jeune homme en s’approchant de moi.
Il m’attrapa par les hanches et m’attira contre lui.
« Kristoff je… je ne suis pas encore prête, murmurai-je.
— Tu es toujours parfaite pour moi », souffla-t-il à mon oreille.
Il couvrit alors ma nuque de délicats baisers qui me firent frissonner. Le contact de ses lèvres sur ma peau fit naître une douce chaleur au creux de mon ventre.
« Tu veux toujours te préparer ou bien on peut continuer ce qu’on a commencé ?
— Tout dépend de ce que tu me proposes… »
Je me retournai pour lui faire face, posai mes mains sur son torse et montai sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Il détourna légèrement son visage et mon baiser se déposa au coin de ses lèvres.
« Hey ! T’as pas le droit de faire ça… protestai-je.
— J’aime bien t’embêter. Je me venge un peu de tout ce que tu m’as fait subir comme ça…
— Tu plaisantes ?
— Pas du tout. »
Il m’attrapa par l’arrière des cuisses et me déposa sur le lit. Je retirai sa veste et sa chemise, sentant ses mains qui commençaient à explorer mon corps.
« Je ne regrette pas que l’on n’ait pas attendu ce soir comme le voulait le protocole pour… enfin… tu sais…
— Pourquoi ? demandai-je en riant.
— Parce que… tu peux plus en profiter que si c’était ta première expérience. »
Je souris et attirai son visage au-dessus du mien.
« Tu vas me laisser t’embrasser cette fois ?
— Je ne sais pas… Essaye toujours. »
Je surélevai légèrement ma tête et réussis enfin à déposer mes lèvres sur les siennes. Le souffle chaud de Kristoff sur ma peau me donnait envie de ne plus jamais me décoller de lui. Je sentis alors ses mains remonter le long de mes cuisses et s’arrêter plus tôt que prévu.
« Qu’est-ce que tu fais ? m’étonnai-je alors.
— Je te fais patienter un peu.
— Non… S’il te plaît… »
Il ne répondit rien et se contenta d’embrasser doucement chaque parcelle de mon corps jusqu’au bas de mon ventre. A chaque baiser qu’il déposait sur ma peau, j’avais l’impression de toujours sentir la brûlure de ses lèvres à l’endroit qu’il venait d’effleurer. Plus les minutes avançaient, plus un incontrôlable désir montait en moi. Les caresses du jeune homme me rendaient de plus en plus folle, mais il ne semblait pas encore décidé à me donner ce que je voulais. Il tournoyait autour, sans jamais toucher les zones qui auraient pu pleinement me combler. Je fermai les yeux et mordillai ma lèvre inférieure dans l’espoir de retenir encore un peu le bouillonnement intérieur auquel je devais faire face. Quand je sentis ses mains approcher de nouveau du but, je ne pus m’empêcher d’émettre un léger soupir de bonheur. Il me rendait faible, je ne pouvais plus lui résister.
« Kristoff… » soufflai-je difficilement, ayant de plus en plus de mal à cacher le désir qui me submergeait.
Les yeux entrouverts, je vis un léger sourire de satisfaction se former aux coins de sa bouche. Il savait qu’il avait gagné, que j’étais incapable de tenir plus longtemps. Son visage disparut alors entre mes cuisses et le plaisir qui m’envahit instantanément se propagea dans tout mon corps. Je savais que les oreilles les plus indiscrètes pouvaient nous entendre, alors, pour ne pas attirer le moindre soupçon sur nos activités nocturnes, j’aggripai les draps et les serrai de toutes mes forces entre mes mains, espérant ainsi taire les gémissements que je ne pouvais désormais plus contenir. Au bout de plusieurs minutes, le jeune homme se redressa tout en gardant une de ses mains entre mes cuisses et me murmura :
« Ça te plaît ? »
J’hochai rapidement la tête, incapable de prononcer le moindre mot.
« Je veux que tu te rappelles de cette nuit toute ta vie, ajouta-t-il en se positionnant au-dessus de moi.
— Et… Et toi ? réussis-je à articuler.
— Ne t’en fais pas pour moi. C’est parfait. »
Il se déshabilla complètement et je le sentis presque aussitôt presser son bassin contre mes hanches. Il étouffa alors le cri de plaisir qui m’échappa en collant ses lèvres aux miennes et accéléra petit à petit la cadence de ses gestes. Je saisis sa nuque entre mes mains moites et l’invitai à m’embrasser encore et encore, ce qu’il n’hésita pas à faire. Soudain, sans prévenir et sans séparer nos corps l’un de l’autre, il passa ses bras dans mon dos et me souleva, m’obligeant à quitter le lit dans lequel il m’avait pourtant si confortablement installée. Alors qu’il me portait, j’enroulai mes jambes autour des siennes et agrippai ses larges épaules de mes mains.
« Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu fais ? demandai-je alors, n’ayant pas l’habitude qu’il nous interrompe ainsi.
— Tu vas voir. »
Il me relâcha quand je fus dos à un mur de ma chambre, cala une main derrière un de mes genoux et souleva ma jambe, ne me laissant qu’un pied au sol. Kristoff ralentit soudain le rythme pour me laisser m’habituer à cette nouvelle position.
« Ça va ? »
J’acquiesçai.
« Non, je veux que tu me le dises à voix haute, me dit-il.
— Oui… Oui ça va », soufflai-je.
Je regardai par-dessus l’épaule du jeune homme.
« Si quelqu’un ouvre la porte, repris-je en remarquant qu’elle était juste en face de nous, je ne sais pas comment on va justifier ce qu’on fait…
— On n’a rien à justifier, personne n’est censé entrer ici sans notre accord. Et… si c’était le cas, ils verraient juste qu’on s’aime et qu’on le met en pratique. »
Je souris face à sa réaction et me laissai de nouveau emporter par ses mouvements doux mais intenses. Il replaça alors sa main libre entre mes jambes qu’il maintenait écartées et y ajouta de tendres caresses dont il augmentait petit à petit l’intensité. Je fermai les yeux, plaquai ma tête contre le mur derrière moi et me laissai de nouveau submergée par tout le plaisir qu’il me donnait. Quand il accéléra une dernière fois le rythme, je sentis presque assitôt une vive chaleur et des frissons se propager dans ton mon corps qui se mit à trembler. Kristoff sembla remarquer les violentes convulsions qui me prenaient soudain et vint caler sa tête dans le creux de mon cou pour me murmurer :
« Je n’ai jamais été aussi heureux que quand je te vois comme ça… »
Quelques secondes plus tard, je sentis ses muscles, jusqu’ici contractés, se relâcher et il dut s’appuyer contre le mur pour résister à la sensation de vertige qui le prenait également. Il soupira de bonheur et me lâcha. Les jambes encore chancelantes, je dus m’accrocher à lui pour me maintenir debout.
« Wow… murmurai-je. C’était… C’était…
— Intense ?
— Oui c’est ça, intense… »
Il m’aida à rejoindre le lit, ce lit dans lequel nous n’aurions désormais plus honte de dormir ensemble. Je m’y allongeai et me blottis dans ses bras, la tête posée sur son torse.
« Je te le redis : c’est le plus beau jour de ma vie, souffla-t-il en déposant un baiser dans mes cheveux.
— A moi aussi.
— Je t’aime Anna. Anna Bjorgman, dit-il en souriant.
— Je t’aime aussi », fis-je en baillant.
***
Cela faisait des heures que je somnolais, sans véritablement m’endormir. Fatiguée d’errer dans un état semi-comateux, je me redressai et plissai les yeux pour distinguer l’heure sur la grande horloge de ma chambre. Deux heures vingt. C’était beaucoup trop tôt. Je soupirai et regardai Kristoff qui dormait profondément à côté de moi. Un petit ronflement s’échappait même de ses lèvres entrouvertes et me fit sourire. Je déposai un délicat baiser sur son front chaud, de façon suffisamment subtile pour ne pas le réveiller. Je sortis du lit et effleurai la robe de mariée que j’avais laissée sur une chaise. Jamais je n’aurais pensé en porter une si belle un jour. Je pensai alors à mes parents. J’aurais tellement aimé qu’ils assistent à mon mariage avec Kristoff. Ils auraient enfin vu leur petite fille devenir adulte. Une idée me vint soudain. Et si ma mère avait su à l’avance tout ce qui m’arriverait, y compris avec qui et quand j’allais me marier ? Surexcitée, il fallait absolument que j’aie une réponse à ma question. Le plus silencieusement possible, je quittai ma chambre, traversai discrètement le couloir et descendis en courant les escaliers. J’entrai dans le Grand Salon et me dirigeai sans hésiter vers le fond de la pièce. Je tâtonnai dans le noir à la recherche de la moindre irrégularité sur le mur en face de moi, comme l’avait fait Elsa quelques jours auparavant. Je trouvai enfin la minuscule bosse que je cherchais et appuyai dessus. L’extrémité du mur se décala alors, laissant une ouverture suffisamment large pour que je puisse entrer dans la bibliothèque qui se cachait derrière. Je me munis d’un chandelier, en allumai toutes les bougies et pénétrai dans la pièce secrète. Rien n’avait bougé, les livres étaient toujours soigneusement empilés sur les étagères. Je saisis celui que m’avait déjà montré ma sœur et l’ouvris à la première page. « Visions du futur et du passé », lis-je à voix haute.
Une petite annotation sur le bas de la page disait : rêves prémonitoires ? Je feuilletai rapidement le livre, et finis par le refermer, déçue face à toutes les pages écrites dans une langue que je ne connaissais pas. J’en pris un autre intitulé Origines du Chamane. Cette fois, l’écriture de ma mère apparaissait plus souvent.
« Le don de chamanisme ne peut découler que d’une aptitude à communiquer et à vivre en harmonie avec les esprits, commençai-je à lire. L’individu une fois désigné ne peut ensuite transmettre ce don qu’au premier membre de sa descendance. »
Dans la marge, je pus voir un Elsa ? marqué à l’encre noire. Je passai rapidement les pages jusqu’à ce que le titre d’un chapitre attire mon attention : Disparition du Chamane.
« Le chamane, lié à l’immortalité de la nature, ne peut être considéré comme les autres êtres humains au moment de sa disparition. Nul ne peut dire que le chamane meurt définitivement, il ne fait que disparaître du monde physique, sans jamais quitter le monde spirituel. A sa disparition, le chamane laisse toutes ses visions et ses souvenirs derrière lui, rassemblés en un lieu choisi par les esprits pour les recueillir. »
Et une nouvelle annotation : légende d’Ahtohallan ?
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Re: La Reine des Neiges 3
Mar 14 Mai 2024, 10:33
Ah bah voilà ! Depuis le temps que je l'attendais, je suis enfin satisfaite
Quel merveilleux souvenir que celui de son mariage et sa nuit de noces... Même si la fête s'est finie tôt à Arendelle
Alors le mur c'est pas mal mais ça fait un peu mal au dos si ça dur trop longtemps ^^ Et c'est rigolo que tu les ais mis là-dessus parce que l'une des scènes de sexe marquante chez moi entre Anna et Kirstoff c'est aussi contre un mur...Du moins pour le tome 2
Dommage pour la deuxième partie qui casse un peu la première un chapitre juste tranquillou focalisé sur la fin du mariage aurait juste suffi...
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 97)
Dim 19 Mai 2024, 11:13
Chapitre 97
Aksel
« Quoi ? Ça te vexe que je te dise que tu t’es plus occupé d’un gamin qui n’était même pas le tien que de nous ? »
Je soupirai.
« Tu sais pourquoi je l’ai fait…
— Non justement, je ne sais pas ! Tu n’avais aucune raison valable de nous abandonner comme tu l’as fait !
— Erik… On en a déjà parlé, je ne souhaite pas recommencer.
— Et notre mère ? Tu as pensé à notre mère ? Si tu ne l’avais pas lâchement quittée comme tu l’as fait, en lui promettant de revenir la voir, elle serait toujours là. »
Je lançai un regard à Isaak. Il n’avait pas bougé et était resté assis sur sa chaise, les yeux rivés sur la fenêtre, sans dire un mot.
« Oh mais c’est vrai sa mort n’a pas dû trop de bouleverser, après tout tu as rapidement trouvé une femme de remplacement…
— Erik… Fais attention à ce que tu dis. »
Des cris de joie dans mon dos me firent me retourner. Adrian, mon plus jeune fils, était assis en tailleur dans un coin de la pièce et jouait avec une figure en bois qu’Isaak avait sculptée pour lui. Il paraissait si insouciant et n’écoutait pas un mot de ce que nous disions.
« Au lieu de profiter des moments que nous pouvons désormais partager tous les quatre, tu ne fais que me reprocher un passé que je n’ai pas choisi. Tu ignores tout du sens du sacrifice, tu ne penses qu’à ta petite personne. Si tu savais à quel point ça m’a déchiré le cœur de devoir laisser Ema seule avec un enfant un bas âge, surtout quand elle m’a annoncé qu’elle attendait un deuxième bébé, tu ne serais même pas capable de me dire autant de cruautés. Tu n’as pas de cœur Erik…
— J’ai de qui tenir. »
Je me stoppai et l’observai longuement.
« Je pensais pouvoir te faire confiance pour gérer cette famille en mon absence, mais je me rends compte que ta colère et ta rancune aveugles ont certainement dû te faire oublier tout le reste. Tu as préféré te réfugier dans la haine que dans l’amour des tiens. C’est ton choix, mais ne pense pas que c’est également le mien. »
Le jeune homme ne répondit rien et resta droit, le visage impassible. Désespéré et comprenant qu’il ne changerait jamais son opinion vis-à-vis de son propre père, je me dirigeai vers la porte d’entrée et sortis de la cabane. Il faisait froid dehors, malgré le soleil qui tapait depuis le début de cette matinée d’hiver. Je regardai le village enneigé. C’était par un jour comme celui-ci que j’avais vu le petit garçon pour la dernière fois. Par un jour de forte neige où j’avais manqué d’attention. Je m’étais endormi trop vite, sans véritablement me soucier de ce qu’il faisait. Et je l’avais rapidement regretté. A mon réveil, je me souvenais encore l’avoir appelé et n’avoir eu aucune réponse. Je m’étais levé précipitamment et l’avais cherché dans la cabane, pensant qu’il s’était encore caché comme il avait l’habitude de faire. Mais non, il n’était nulle part. J’avais couru dehors, sans même prendre la peine d’enfiler un manteau et avais hurlé son nom à m’en déchirer les cordes vocales. Rien, seul le sifflement du vent dans les branches des pins qui m’entouraient m’avait répondu. Je ne me souvenais plus du temps qu’il m’avait fallu pour enfin accepter la réalité. Plusieurs jours, voire plusieurs semaines certainement. Je l’avais cherché partout, j’avais ratissé la forêt de long en large, m’égosillant à chaque tronc d’arbre que je passais dans l’espoir qu’il me répondrait peut-être. Mais j’avais fini par me rendre à l’évidence : Kristian avait fugué.
Je marchais lentement à travers le village, le regard dans le vide. Je ne pouvais m’empêcher de ressasser sans cesse cet épisode. Il me paraissait loin, mais très proche à la fois. Cela avait marqué la fin d’une partie de ma vie, loin des Northuldra. Et, lorsque j’étais retourné parmi les miens, j’avais tout de suite compris que rien ne serait comme avant mon départ. Ema venait de mourir, quelques jours avant mon retour au camp, me laissant deux fils que je connaissais à peine mais qui étaient déjà orphelins de leur mère. J’étais resté de marbre à l’annonce du décès de ma femme, mais intérieurement, c’était un échec de plus, une nouvelle promesse que je n’avais pas su tenir. J’avais failli deux fois à mes missions : je n’avais pas su m’occuper et protéger le garçon que l’on m’avait confié jusqu’à ce qu’il puisse se débrouiller seul, ni honoré ma parole en rendant régulièrement visite à Ema. Et c’était bien cela qui me faisait le plus de mal, me dire que tout ce que j’avais désespérément tenté de bâtir de mes propres mains s’était brutalement effondré, me laissant seul au milieu d’un champ de ruines.
Je repensai alors à la fuite de Kristian. Il n’était âgé que d’une dizaine d’années quand il avait pris cette décision de quitter la cabane sans jamais y revenir. Cela m’avait longtemps laissé incrédule qu’un enfant si jeune puisse faire une telle chose, mais j’avais fini par comprendre : j’avais été trop dur avec lui. J’avais senti dès le début qu’il ne se remettrait jamais de la séparation de ses parents qui lui avait été brusquement infligée. Et cela avait effectivement été le cas. Il m’en avait toujours voulu. J’avais tenu bon, je ne lui avais pas dit la vérité sur son abandon, comme me l’avait expressément demandé sa mère. Après la phase de la culpabilité et de la remise en question, j’avais tenté de comprendre où il avait bien pu aller, seul, sans aucune ressource. Kristian n’avait pas pu pénétrer dans la forêt enchantée, c’était impossible. Il avait certainement dû errer dans les bois de pins de la montagne, sans jamais trouver d’issue. Sa seule chance de survie aurait été de rejoindre Arendelle, quelques dizaines de kilomètres plus bas, mais pour un enfant seul, c’était impossible.
Pourtant, depuis que j’étais revenu au village Northuldra, je ne pouvais me résigner à croire que le petit garçon était mort. Il avait toujours eu une volonté rare pour un gamin, une volonté de toujours se tirer de n’importe quelle situation, une volonté de vivre. Et, lorsque je regardais Erik, mon fils de vingt-six ans, je ne pouvais m’empêcher de penser que Kristian, s’il était encore en vie, aurait exactement le même âge. J’essayais intérieurement de m’imaginer à quoi il pouvait bien ressembler. Un grand jeune homme fort et intelligent, comme il l’avait toujours été depuis tout petit certainement.
Je quittai le campement et descendis jusqu’au ruisseau. Quand je fus au bord, je m’assis sur un rocher et levai les yeux vers le ciel. Il commençait à se voiler de nuages, il allait certainement neiger. La neige… C’était la dernière chose qui aurait pu me relier à lui. Si seulement je m’étais réveillé plus tôt ce jour-là, j’aurais pu suivre les pas qu’il avait laissés sur le sol blanc, mais quand j’étais sorti, ils avaient déjà été recouverts par d’autres flocons. La neige aurait pu nous permettre de nous retrouver, mais au lieu de cela, elle avait décidé de nous séparer à tout jamais.
Cela faisait plus de quinze ans que j’étais revenu au village et pourtant, pas un seul jour ne s’était écoulé sans que je pense à Kristian. Les derniers souvenirs que j’avais de lui tournaient en boucle dans ma tête et me déchiraient un peu plus le cœur chaque matin après une longue nuit de questionnements intérieurs. J’avais l’impression que rien de ma vie d’avant ne pouvait consoler la perte du petit garçon. Elle viendrait me hanter jusqu’à la fin de mes jours. Mais me réfugier dans mes souvenirs ne me suffisait plus, il fallait que je connaisse la vérité, que je sache ce qu’il était réellement devenu après avoir fugué. Le ciel au-dessus de moi devenait de plus en plus blanc. Je vis tournoyer dans les airs un premier flocon qui termina sa gracieuse course sur le dos de ma main. Alors que je le regardais fondre petit à petit sur ma peau, j’eus soudain une idée. C’était la neige qui nous avait séparés, à présent c’était à elle de me livrer tous ses secrets profondément enfouis et de me rapprocher enfin de mon Kristian. Je me levai aussitôt et me dirigeai vers les enclos où nous laissions nos rennes. J’aurais besoin de l’un d’entre eux pour partir vers le Nord.
***
Les flocons s’étaient arrêtés de tomber, m’offrant une parfaite visibilité. J’en profitai pour observer silencieusement l’immense étendue de glace en contrebas. Du haut de la falaise, sur le dos du renne que j’avais discrètement séparé du reste du troupeau, je ne pouvais détacher mon regard de la petite île qui se profilait à l’horizon. Elle était bien réelle, ce n’était pas une légende. On racontait toutefois que seuls les chanceux pouvaient l’apercevoir d’aussi loin. Je descendis du renne et jetai un coup d’œil aux énormes rochers sur lesquels il fallait s’aventurer pour atteindre la petite plage de galets noirs. J’attrapai fermement la bride de l’animal et le forçai à me suivre sur les pierres glissantes. Il poussa un long brame de mécontentement et voulut reculer.
« Allez, avance ! » m’écriai-je.
Je tirai un peu plus sur le harnais et il finit par céder, posant un premier sabot sur un rocher. Je n’étais pas beaucoup plus serein que lui, de peur de déraper à cause de la semelle usée de mes bottes. Mais je n’avais qu’un seul objectif en tête : il fallait que je découvre la vérité sur Kristian et seule Ahtohallan pouvait la connaître. Le renne glissa soudain et manqua de m’entraîner avec lui. D’une main ferme, je réussis à le remettre sur ses quatre pattes. Lorsque nous arrivâmes enfin en sécurité au fond de la petite crique, je lançai un nouveau regard à l’île au loin. Elle semblait calme et paisible, entourée d’une mer étrangement immobile. C’était la première fois que je m’approchais de la Mer Sombre. Elle me semblait beaucoup moins effrayante que ce qu’on m’en avait raconté. Je posai un pied sur sa surface gelée et appuyai le plus fort possible dessus. Elle ne se brisa pas et me parut solide. Sans davantage d’hésitation, je m’avançai dessus, tirant toujours le renne derrière moi, et marchai sans quitter Ahtohallan des yeux. La neige s’était remise à tomber, me laissant distinguer de moins en moins nettement ses contours.
Quand nous fûmes à mi-parcours, j’entendis soudain un cri dans mon dos. Je l’ignorais. Il ne fallait pas que je sois distrait. Je devais rejoindre l’île coûte que coûte. J’accélérai alors la cadence de mes pas, ne prenant même plus garde à la surface glissante que j’avais sous mes pieds.
« Stop ! Arrêtez-vous ! »
Le cri semblait cette fois beaucoup plus proche et plus distinct. Je soupirai et me retournai finalement. Un jeune homme brun, qu’il me sembla connaître, courrait tant bien que mal dans ma direction, tombant régulièrement sur la glace mais se relevant immédiatement pour reprendre sa course. Quand il fut à ma hauteur, je le reconnus enfin : c’était le frère d’Honeymaren, la fiancée d’Erik.
« Monsieur Myhre ! Qu’est-ce que vous faites ? s’écria-t-il alors.
— Ça te regarde pas, retourne d’où tu viens.
— Certainement pas. Vous avez volé mon renne…
— Si c’est pour ça que t’es là, tiens, reprends-le et laisse-moi tranquille », lui dis-je en lui tendant la bride de l’animal.
Il la saisit et me regarda longuement.
« Vous ne devriez pas être ici, c’est dangereux », reprit-il.
Je levai les yeux au ciel et repris ma route.
« Occupe-toi de tes affaires, je ne t’oblige pas à me suivre », lui criai-je.
J’entendis pourtant ses pas qui me suivaient.
« Qu’est-ce que tu fais ? soupirai-je.
— Je ne partirai pas tant que vous ne m’aurez pas dit ce que vous faites.
— Ça se voit non ? Je vais à Ahtohallan.
— Pourquoi ? Personne n’a jamais réussi à poser son pied dessus à part Elsa.
— Je n’ai aucune idée de qui est cette fille, mais je compte bien faire comme elle.
— Vous n’y arriverez pas.
— Bah tiens donc. Ce n’est pas ton combat, c’est le mien. Si tu as peur, rentre chez toi.
— Je veux juste que vous me disiez pourquoi vous y allez.
— Pour découvrir la vérité.
— La vérité sur quoi ?
— Sur Kristian.
— C’est l’un de vos fils ? »
Je m’arrêtai soudainement, sentant mon cœur faire un bond dans ma poitrine.
« Pas vraiment. Mais pour moi c’était tout comme », soufflai-je.
Je sentis les larmes me monter aux yeux. J’inspirai profondément et me retournai vers le jeune homme.
« Maintenant va-t-en. »
Mes yeux se posèrent sur la plage que j’avais laissée loin derrière moi. Malgré la distance et la neige qui tombait de plus en plus fort, je pouvais y voir tout un attroupement de personnes. L’une d’entre elles courait à toute vitesse vers nous, sans être déséquilibrée par la glace sous ses pieds nus. Elle nous criait quelque chose que je ne parvenais pas à entendre distinctement.
« Qu’est-ce que… »
Un craquement sourd m’interrompit soudain. Le renne que tenait le frère d’Honeymaren se cambra de peur et s’échappa en direction de la plage. Je baissai les yeux et, à travers la surface gelée, je vis Nokk galoper dans notre direction. Il semblait fou de rage et, avant que l’on puisse réagir, il brisa violemment la glace sous nos pieds. L’eau glacée dans laquelle je fus plongé paralysa mon corps. J’avais du mal à nager pour tenter de remonter à la surface. Quand je voulus prendre une grande bouffée d’air, je sentis la mer me happer de nouveau dans ses profondeurs, m’empêchant de respirer. Je regardai autour de moi. La jeune femme qui avait couru dans notre direction était elle aussi tombée dans l’eau et faisait tout pour secourir le frère d’Honeymaren. Soudain, sous mes yeux ébahis, une lumière bleutée s’échappa de ses mains et une énorme plaque de glace se forma sous le corps du jeune homme, le ramenant à l’air libre. Nokk voulut détruire le radeau de fortune qu’elle venait de créer mais elle l’en empêcha, gelant le corps de l’esprit de l’eau qui disparut presque aussitôt. Elle sembla alors me chercher du regard. Je nageai difficilement dans sa direction et quand elle me vit, elle me rejoignit et m’aida à remonter à la surface. Nous inspirâmes en même temps une grande bouffée d’air frais et alors que nous essayions de grimper sur le rebord avec l’aide du frère d’Honeymaren, je sentis une vive douleur dans mon pied droit. J’eus tout juste le temps de baisser les yeux et de voir la mâchoire de Nokk refermée autour de celui-ci avant que le cheval ne m’entraîne une nouvelle fois dans la mer avec lui. Je voulus hurler mais aucun son ne sortit de ma bouche, seule l’eau y entra et s’infiltra dans mes poumons. Je me débattai, tentant de libérer mon pied, mais rien à faire, l’animal était bien trop puissant. Je levai les yeux. La jeune femme était replongée et tentai de nous suivre. Mais plus les secondes passaient, plus nous nous éloignions rapidement l’un de l’autre. L’eau autour de moi devenait de plus en plus noire, jusqu’à ce que je ne puisse plus rien distinguer. Mes oreilles étaient si écrasées par la pression qu’il me sembla que mes tympans éclataient. Je fermai les yeux, tentant d’ignorer mes poumons brûlants. Le manque d’oxygène se faisait bien trop ressentir. Je n’arrivais plus à penser correctement. Mais ce n’était pas ce qui m’attendait qui m’inquiétait. C’était de ne jamais pouvoir savoir ce qui était advenu de Kristian.
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 98)
Mer 22 Mai 2024, 15:07
Chapitre 98
Kai
Les tables, les chaises et les bancs avaient été retirés du jardin. Le mariage était terminé, le couronnement était passé. Nous avions un nouveau roi à présent. Un roi dont je n’avais pas forcément voulu au début, mais que j’acceptais pleinement à présent. Il m’avait démontré pendant ces longues semaines de difficultés qu’il resterait toujours fidèle à sa femme et au royaume auquel il appartenait.
Alors que j’aidais à essuyer et à ranger la vaisselle de la veille, je jetai un rapide coup d’œil à Daven, le jeune domestique. Il était appuyé contre une table, un torchon dans les mains, mais avait l’air rêveur.
« Ces assiettes ne vont pas s’essuyer toutes seules ! » lui lançai-je alors.
Il sursauta, brusquement tiré de ses pensées, me jeta un regard noir mais se mit imméditament à la tâche. Quelque chose me perturbait dans son attitude. Il se donnait l’air inquiétant voire méchant, alors qu’au fond j’avais la sensation qu’il était rempli d’une souffrance qu’il voulait maintenir cachée. Je m’approchai de lui et l’aidai à porter la pile d’assiettes qu’il voulait ranger dans le placard au-dessus de lui.
« C’est bon, j’ai pas besoin d’votre aide ! me lâcha-t-il alors.
— Je n’ai pas l’habitude de laisser quelqu’un en difficulté se débrouiller seul, alors vous allez devoir me supporter encore un peu », répliquai-je.
Nous arrivâmes finalement à tout mettre dans le placard et je refermai aussitôt ce dernier. Daven, sans même me remercier, attrapa plusieurs verres posés à côté de l’évier et les essuya rapidement. Je le regardai faire sans un mot.
« J’aimerais vous parler, lui dis-je alors.
— Pour quoi faire ? Vous voulez encore m’faire la leçon c’est ça ? J’ai fait quoi cette fois ?
— Rien. Je veux simplement discuter avec vous. Ça ne prendra pas longtemps, quelques minutes tout au plus. »
Il soupira et laissa ses verres et son torchon sur le plan de travail.
« Allez-y j’vous écoute.
— Non, pas ici. J’aimerais éviter les indiscrétions », murmurai-je en jetant des regards aux autres domestiques qui a première vue ne semblaient pas nous écouter.
— J’ai vraiment pas l’temps pour ça…
— Par contre pour rêvasser, là vous avez le temps, rétorquai-je. Suivez-moi je vous prie. »
Il leva les yeux au ciel mais m’accompagna dans le couloir. Je refermai la porte de la cuisine derrière nous.
« Quel âge avez-vous ? lui demandai-je alors.
— Dix-neuf ans.
— Et… que faisiez-vous avant votre arrivée au château ?
— J’aidais mon père. Il a une ferme sur les hauteurs d’Arendelle.
— Et votre mère ? »
Il haussa les épaules.
« Quoi ? Vous ne voulez pas me dire ce qu’elle fait ? m’étonnai-je.
— Elle faisait comme font toutes les femmes d’aujourd’hui. Elle cherchait son indépendance.
— Oh et… a-t-elle réussi ?
— Elle est morte. »
Je me tus immédiatement, ne sachant comment réagir. Daven me jeta un regard en coin.
« Me prenez pas en pitié, j’déteste ça, dit-il alors.
— Hmmm… Très bien. Comment a réagi votre père ?
— Il s’en fout. De toute façon ils se sont séparés avant même que j’naisse. J’crois qu’c’est à cause de moi. Ma mère voulait pas d’enfant. Donc elle m’a laissé à mon père après l’accouchement.
— Vous ne l’avez pas beaucoup connue, n’est-ce pas ?
— Non. J’ai jamais vraiment cherché à la voir. Et pourtant… Quand j’ai appris qu’elle était morte ça m’a fait un choc.
— Je vois… Puis-je vous poser une question qui n’a pas grand-chose à voir avec tout ça ?
— Ouais.
— Oui, rectifiai-je. Pourquoi avez-vous tant de haine envers la princesse Elsa ? D’après votre histoire, je ne comprends vraiment pas ce qu’elle a à voir avec vous…
— Elle a tué ma mère. »
Je restai bouche-bée.
« Comment ?
— Elle a tué ma mère, répéta-t-il.
— Je ne comprends pas…
— Si elle avait pas été là, elle serait encore en vie… C’est à cause d’elle qu’elle est morte. »
Je restai incrédule, incapable de croire à ses propos.
« Elle a été tuée y a quatre mois environ, reprit-il, les yeux rivés sur le sol. La disparition des esprits lui a été fatale. Et c’est à cause d’Elsa – ah non pardon, de la princesse Elsa. C’est elle qui les a fait disparaître les uns après les autres pour s’venger de tout c’qu’elle a subi depuis son enfance. Mais moi j’y suis pour rien. Ma mère y était pour rien. Et elle est morte. Par sa faute.
— Vous ne savez pas ce que vous dites… murmurai-je. La réalité est tout autre, je peux vous l’assurer. Je suis resté seul au château pendant plusieurs jours à cette période et j’ai eu le temps de me demander pourquoi les esprits disparaissaient ainsi. Je n’ai jamais voulu croire ce que tout le monde disait et ce que vous pensez encore aujourd’hui. La princesse Elsa n’est pas comme ça, ce n’est pas un monstre voulant à tout prix faire du mal à son prochain, ni une sorcière remplie d’une envie de vengeance contre ceux qui lui ont fait du mal. Elle est étonnamment bienveillante après tout ce qu’on lui a fait subir, comme peu le seraient à sa place. Je n’avais plus rien à faire, alors j’ai commencé à errer dans le palais à la recherche d’un indice, de quelque chose me permettant de comprendre la situation que nous vivions tous. Et j’ai trouvé. J’ai trouvé une pièce dont je n’avais jamais connu l’existence. Une pièce remplie de livres qui m’ont permis de comprendre. Ils disaient qu’à chaque fois que quelqu’un portait atteinte au cinquième esprit, l’un des quatre autres pouvait être amené à disparaître. C’est ce qui s’est passé je pense. Et si vous souhaitez éviter de répéter le passé, je vous conseille de changer rapidement vos opinions sur votre princesse. »
Le jeune homme resta silencieux pendant de longues secondes. Il semblait assimiler petit à petit ce que je lui avais dit.
« Quelle pièce ? demanda-t-il alors.
— Je crois que cela ne vous regarde pas.
— Comment l’avez-vous trouvée ? »
Il me sembla voir une lueur dans ses yeux qui me parut vaguement familière.
« J’avais… une amie qui travaillait au château et qui était très proche de la reine Iduna et de ses filles. Elle connaissait beaucoup de leurs secrets je pense. Quand elle est morte, j’ai cherché sans relâche si elle ne m’avait pas laissé quelque chose me permettant de comprendre ce qui nous arrivait. J’ai trouvé une lettre qui m’était adressée dans sa table de nuit. Elle m’y a confié beaucoup de choses, parfois très… personnelles, et d’autres concernant la reine. Cette pièce en faisait partie. Seules Iduna et mon amie en connaissaient l’existence.
— Comment s’appelait votre amie ? me demanda Daven d’un air détaché.
— Gerda », soupirai-je.
Je vis alors sa mâchoire se crisper.
« J’devrais retourner travailler », dit-il en reprenant immédiatement son calme.
Il repartit dans la cuisine, me laissant seul dans le couloir.
***
En fin de matinée, je retournai dans ma chambre pour me reposer quelques instants. Alors que je m’allongeai sur mon lit, je remarquai que le tiroir de ma table de nuit était mal fermé. Je commençai soudain à réaliser que je n’avais pas dû surprendre Elsa et Anna suffisamment tôt pour les empêcher de venir fouiner à l’intérieur. Je tirai sur la poignée, attrapai la petite boîte que renfermait le tiroir et l’ouvris précipitamment. Elle était vide. Pris de colère, je sortis de ma chambre en courant, prêt à réclamer ce qui m’appartenait auprès des deux jeunes femmes. Leur père m’avait demandé de cacher cette clé et c’était certainement pour les en tenir à l’écart. Je percutai malencontreusement quelqu’un dans le couloir et lui hurlai : « Qu’est-ce que vous faites sur mon chemin ?
— J’peux vous retourner la question. »
Reconnaissant immédiatement cette voix, je levai les yeux vers le visage de la personne que je venais de bousculer.
« Daven ! Je croyais que vous étiez retourné travailler… Vous n’avez rien à faire ici.
— J’devais vous parler.
— Me parler ? m’étonnai-je, oubliant soudainement la clé qu’Elsa et Anna avaient en leur possession.
— Oui. J’aimerais savoir quelle était la chambre de votre amie.
— Comment ça ?
— S’il vous plaît, j’ai besoin d’la voir. »
Je le regardai longuement. Pour la première fois, je décelais enfin la fragilité de ce garçon. Ses yeux étaient remplis d’espoir, de peur et de tristesse. Je sentis véritablement de la détresse dans sa voix.
« Très bien, mais à une condition. »
Il leva un sourcil interrogateur.
« Je ne veux plus jamais que vous disiez du mal de la princesse Elsa, ni vous, ni les autres domestiques.
— Seulement si vous m’avez dit la vérité tout à l’heure.
— Bien sûr que oui.
— J’en veux la preuve. Et si c’est le cas, j’vous en fais la promesse.
— Parfait, soupirai-je. Venez avec moi. »
Je l’emmenai jusqu’au fond du couloir et, arrivé devant la dernière porte, je sortis le trousseau de clés que j’avais toujours sur moi. Je l’ouvris et laissai entrer le jeune homme. Il se figea sur le seuil de la pièce.
« Comment puis-je savoir qu’c’est bien cette chambre et pas une autre ?
— Vous ne faites pas facilement confiance aux gens dites-moi.
— Non jamais. Ils m’ont trop souvent trompé. »
Je lui fis signe de me laisser passer, entrai dans la chambre et me dirigeai immédiatement vers la table de nuit. Je saisis le petit cadre qui était posé dessus, seul objet que nous avions laissé après sa mort, et le lui tendis.
« C’est elle, c’est Gerda », lui dis-je en essayant de contenir l’émotion qui me submergeait soudain.
Il s’approcha, prit la photo entre ses mains et la contempla un long moment.
« C’est ma mère… » souffla-t-il.
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Re: La Reine des Neiges 3
Jeu 23 Mai 2024, 00:56
Oooh voilà qui est intéressant !!! Gerda mère ! J'adore l'idée !
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La Reine des Neiges 3 (Chapitre 99)
Sam 25 Mai 2024, 12:43
Chapitre 99
Kristoff
Je me réveillai pour la première fois roi d’Arendelle. Anna, dont je pouvais désormais dire qu’elle était ma femme, dormait toujours contre moi. Je regardai l’heure. Midi passé. Nous étions si épuisés de notre journée de la veille que nous n’avions pas pu nous tirer plus tôt du lit. Je caressai tendrement les cheveux d’Anna et déposai un léger baiser sur son front. Elle poussa un petit grognement et enfouit un peu plus son visage contre moi.
« Encore cinq minutes… » murmura-t-elle d’une voix endormie.
Je souris et la pris dans mes bras. Pour la première fois depuis bien longtemps, je me sentais comblé, rien ne manquait à mon bonheur, ou presque. Je baissai les yeux vers la veste de mon costume qui était restée par terre. De ma place, je pouvais apercevoir le coin d’un gros flocon de neige qui dépassait du tissu. Je n’arrivais pas encore à accepter ce que m’avait dit Honeymaren. Aksel ne pouvait pas être mort, ce n’était pas possible… Et pourtant, ce devait être la réalité. Je soupirai. J’avais l’impression d’avoir de nouveau perdu un père.
« Il est quelle heure ? demanda Anna sans ouvrir les yeux.
— Tard, il faudrait qu’on se lève. Tout le monde doit nous attendre.
— Eh bien qu’ils attendent. Je veux profiter de mon premier réveil avec mon mari. »
Je posai ma main en visière sur son front, lui permettant d’ouvrir tranquillement les yeux sans être aveuglée par la lumière du jour. Elle esquissa un petit sourire en me voyant et déposa un baiser sur mes lèvres. C’était un petit bisou rapide – trop rapide à mon goût – pour dire bonjour. Déçu, je l’attrapai par la nuque et l’embrassai de nouveau, plus longuement et plus intensément cette fois.
« Je préfère ça… » lui murmurai-je.
Elle sourit, s’appuya sur un coude pour se redresser et vint s’asseoir sur mon ventre. Je posai mes mains sur ses cuisses et la regardai de haut en bas. Elle était si jolie.
« Ce que j’aime maintenant c’est qu’on peut faire tout ce qu’on veut sans que l’on puisse nous reprocher quoi que ce soit, dit-elle alors.
— Ça aurait toujours dû être le cas.
— Tu sais bien que non, ce n’était pas possible…
— Ici non, mais ailleurs ça n’aurait pas posé problème.
— Tu regrettes ta vie au château ?
— Non pas du tout. Si je n’étais pas venu ici, nous ne nous serions jamais mariés et je m’en serais voulu toute ma vie. J’ai fait le meilleur des choix possibles. »
Anna voulut se pencher vers moi mais on frappa à la porte et, par réflexe, elle se rallongea sur le lit. Je lui lançai un regard interrogateur, ne comprenant pas pourquoi elle ne disait rien.
« C’est à toi de répondre, chuchota-t-elle.
— Pourquoi ?
— Fais ce que je te dis, vite. »
Je soupirai et me redressai.
« Oui ? fis-je alors.
— Il faudrait que vous vous prépariez Monsieur, dit la voix de Kai derrière la porte. Vos sujets ne vont pas tarder à arriver au château, vous devez les accueillir correctement. »
Je me tournai vers Anna.
« Mes sujets ?
— Oui. La tradition veut que quand un roi ou une reine est couronné, les habitants d’Arendelle viennent le rencontrer au palais, dans la salle du trône, pour lui offrir des présents, m’expliqua-t-elle.
— Mais je n’ai besoin de rien, je…
— C’est comme ça depuis toujours. Ne t’en fais pas, ça ne durera pas très longtemps. Et… Je serai à tes côtés si tu trouves le temps long. »
Elle m’adressa un petit clin d’œil et sortit du lit pour faire sa toilette et s’habiller. Elle choisit une longue robe dans sa penderie et partit dans la salle de bain avec.
« Surtout n’oublie pas de mettre une veste par-dessus ta chemise, enfile un pantalon bien repassé et coiffe-toi, me dit-t-elle depuis la pièce voisine. Oh et mets ta couronne. Il faut absolument que tu la portes.
— Vraiment ?
— Oui. A chaque fois que tu vas te présenter publiquement, il faut que tu l’aies.
— Très bien… »
Je sortis du lit, ramassai les vêtements que j’avais négligemment laissés au sol et partis m’habiller à mon tour.
***
Tous les domestiques ou presque s’était rassemblés dans la salle du trône, parfaitement alignés sur l’un des côtés de la pièce. On nous installa, Anna et moi, sur de grands sièges dorés recouverts de velours rouge. « C’est de l’or ? » murmurai-je à la jeune femme.
Elle sourit et acquiesça. Nous étions légèrement surélevés par rapport au reste de la salle, séparés du reste par un minuscule escalier de trois marches.
« Qu’est-ce que je suis censé faire ?
— Ecoute ce qu’on te dit, réponds leur s’ils te posent des questions et sois le plus naturel possible. Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. »
Kai chercha notre accord dans nos regards et fit ouvrir les portes. Je me crispai sur mon siège en entendant le brouhaha qui emplit aussitôt le hall d’entrée. Kristoff, tu peux le faire. Une foule de personnes entra alors dans la salle du trône et se rangea en une longue colonne. Reste tranquille, fais comme si tu avais fait ça toute ta vie. Le premier homme de la longue file qui s’étirait devant mes yeux se pencha respectueusement en avant et déposa sur les quelques marches qui nous séparaient un long objet enrubanné dans un épais tissu.
« Je l’ai forgée pour vous Votre Majesté », dit-il tout en le déballant.
Je vis alors apparaître une magnifique épée, dont la lame luisait sous la lumière du jour et dont la poignée était ornée de magnifiques dorures. Impressionné, je me levai et pris l’arme entre mes mains. Elle était étonnamment légère et semblait facilement maniable.
« Elle est… magnifique, soufflai-je, ébahi. Je n’en avais jamais vue d’aussi belle… Je vais devoir prendre quelques cours pour savoir m’en servir correctement mais je vous assure que quand ce sera fait, je la porterai toujours à ma ceinture.
— Je suis heureux qu’elle vous plaise Votre Altesse… Ça fait trois générations que ma famille se donne la mission de créer une épée originale pour le nouveau roi. Si elle vous convient, j’estime avoir accompli mon devoir. »
Je lui souris et il repartit, pleinement satisfait, laissant la personne suivante prendre sa place. C’était un autre homme, beaucoup plus jeune cette fois-ci qui tenait une pile de livres dans ses mains. Il les déposa également sur les marches du petit escalier et dit sans les quitter des yeux :
« Ils appartenaient à mon père… Il est mort il y a quatre mois et il tenait beaucoup à ses livres. Je pense qu’ils vous seront plus utiles qu’à moi, ils retranscrivent toute l’histoire d’Arendelle à travers les siècles ainsi que tous les rois et reines qui les ont traversés. Il reste des pages vides à la fin. Vous pouvez y écrire votre propre histoire si vous le souhaitez. »
Je regardai les reliures rouges et or des livres. Elles étaient magnifiques. Je souris au jeune homme et le remerciai. Il fit une légère révérence et repartit aussitôt. Les personnes défilèrent ensuite devant nous, déposant une montagne de cadeaux en tout genre sur les marches : bougies, décorations, vœux de mariage, vaisselle en porcelaine, bijoux, nourriture… Certaines se contentaient de nous féliciter, d’autres posaient quelques questions. Une femme déposa une minuscule paire de chaussures d’enfant à nos pieds. Je regardai Anna. Elle rougit immédiatement.
« Vous comptez avoir un bébé n’est-ce pas ? » nous demanda-t-on à plusieurs reprises.
Nous répondions toujours la même chose :
« Ce n’est pas prévu pour le moment mais… ça rentrera sûrement dans nos plans futurs. »
L’après-midi me parut longue, contrairement à ce que m’avait dit Anna. Quand tout le monde fut enfin parti, je jetai un rapide coup d’œil à tous les présents qu’on nous avait laissés. Soudain, quelque chose attira mon attention. C’était un morceau de tissu qui dépassait entre deux petits objets en fer forgé. Je l’extirpai de sa cachette. Mon cœur rata un battement. C’était un petit bonnet en laine gris. Non, ça ne peut pas être ça, me rassurai-je intérieurement. Mes doigts effleurèrent pourtant une couture qui s’étirait sur quelques centimètres sur le devant. Je le retournai, tout tremblant, et y découvris ce que je redoutai. Le prénom Kristian y était cousu. Je levai alors les yeux vers la grande porte en face de moi, me demandant qui avait pu le déposer là. Les visages que j’avais aperçus durant l’après-midi paraissaient soudainement flous dans ma mémoire…
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