- Le Royaume d'Arendelle -
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Ansa
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[Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures ! - Page 3 Empty Re: [Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures !

Dim 15 Oct 2023, 20:41
Chapitre 6 : 28 avril 1867 :

ANCIENNE TIMELINE...

-Prête ma chérie ? Demanda Maman alors que je n’avais pas dormi de la nuit, trop excitée par ce jour si important.

Aujourd’hui...C’était aujourd’hui que j’allais me lier à Léon à jamais. Pour l’occasion toute ma famille d’Arendelle était venue, la veille pour être debout dès la première heure le lendemain matin si bien qu’il régnait en ce moment-même une telle agitation dans la hutte que je ne savais plus où donner de la tête.

-Allez grande sœur ! Dégourdis-toi un peu ! S’exclamèrent les jumelles qui avaient déjà mis des habits festifs, les rendant encore plus ravissantes que d’habitude.
-Allez jouer avec les autres enfants de la communauté, s’il vous plaît, les filles ! Notre future mariée a besoin de calme ! Répliqua alors ma Mère.

Dociles, elles renchérirent en chœur :

-Oui Marraine Anna !  

Ressemblant pour une fois à une petite fille normale, Kirsten entraîna bientôt Rita et je poussai un bref soupir de stress. Maman ne tarda pas à le remarquer et répliqua, un peu inquiète :

-Ça va aller ma princesse ?!
-Non...Non j’ai besoin d’air, murmurai-je, stressée.

Me sentant partir, Tatie Elsa vint me tapoter les joues pendant qu’elle se dépêcha d’aller me chercher un morceau de sucre.

-C’est rien ! C’est l’émotion ! Clama soudain Ylva qui n’aurait manqué la préparation pour rien au monde.

Me détaillant de la tête aux pieds, je l’entendis encore énumérer avec un grand sourire :

-Hanches élargies, seins bien lourds, ventre plus bombé...Hum...Cette demoiselle sera soit face au mur ce soir ou bien par-dessus son mari !
-Ah non, Maman !Tu ne commences pas ! Sinon je te confisque cette chose ! Grommela tout de suite la cheffe Yélana en essayant de lui dérober son carnet à dessins.  
-N’essaye même pas ma Beauté, gloussa-t-elle après l’avoir très vite rangée.  
-Vous pourriez aller vous chamailler ailleurs ?! Grommela Maman qui les dévisagea férocement avant de les pousser pour avoir de l’espace.
-Oh ma Furie Rousse...Ce regard... S’exclama à son tour Mamie Dudu en entrant subrepticement au milieu de nous toutes.  
-Oui ! C’est celui de notre chère Piceaerd !! Dirent-elles à l’unisson.
-Vous avez fini de dire des sottises ! Mamie Anna avait bien plus de charisme que moi ! Réfuta tout de suite ma mère avec nostalgie.

Puis elle se reprit très vite et se focalisa à nouveau sur moi en me tendant le petit déjeuner :

-Tiens ! Des galettes d’avoines au chocolat comme tu les aimes petite gourmande !

Incapable d’avaler quoique ce soit tellement mon estomac était noué par le mariage imminent, je me ravisais bien vite en humant l’odeur douce-amère de la mixture marron et brillante qui était étalée de partout sur les graines compactes et étouffantes. Hypnotisée par le plat, je trouvai bientôt la force de l’engloutir pendant que toutes les femmes de la maison s’activaient à jouer les domestiques en me coiffant et me maquillant. Je n’eus juste plus qu’à me brosser les dents avant que Maman ne s’approche à nouveau de mon corps en sous-vêtements et dépose un paquet sur la table.

-Ouvre-le, ma chérie ! S’exclama-t-elle émue.

Je m’exécutais et il ne me fallut que quelques secondes pour réaliser qu’il s’agissait de la belle robe qu’elle avait porté pour son propre mariage avec Papa.

-Je...Je m’étais dit que ça te ferait plus plaisir qu’une simple tenue Northuldra...Surtout si nous nous évinçons en Arendelle pour continuer les festivités juste après... Ajouta-t-elle, face à mon peu de réaction.

Il est vrai qu’il avait été convenu qu’une fois la mise en place du feu du foyer dans notre logis, nous retournerions vers le royaume pour passer dans les rues et prendre le banquet là-bas. En tant que souverains, Tatie Elsa et Papa l’avaient exigé.

-Tu es la première princesse héritière d’Arendelle ! Et même si ce n’est pas toi qui reprendras le gouvernement à notre mort, tu te dois de parader devant tes sujets ! S’étaient-ils justifiés.

Je n’avais pas pu faire autrement qu’approuver et m’inquiétais plus pour Léon qui n’allait pas être dans son élément naturel...Lui m’avait assuré que cela irait et j’aimais y croire. Mais j’avais un peu l’impression de trahir ma véritable famille en délaissant la communauté de la Forêt Enchantée.

-Comprends-nous ma princesse ! Quand Kristoff et moi nous sommes mariés, nous avions oublié ce détail et il a ensuite fallu que je le dise à tout le monde durant des jours à la suite de cela...Nous voulions faire les choses bien cette fois avec toi ! Avait-encore expliqué Maman.
-Oui ! D’autant plus que cette discipline avait déjà été effectuée quand je m’étais moi aussi mariée avec Kristoff ! Avait soulevé à son tour Tatie Elsa, bref ! Pas la peine de faire cette tête-là ! Tu as des devoirs envers tes différents peuples !

Forte heureusement ma future belle-mère et Mamie Dudu avaient réussi à être convaincantes et le peuple du soleil n’avait pas trop rechigné...
Revenant subitement à l’instant présent, je déclarai alors à toute mes proches qui attendaient toujours :

-Je ne pouvais pas rêver mieux comme robe de mariée...Merci Maman !

Déjà en larmes, elle usa donc de son mouchoir et se réfugia dans les bras de ma tante pendant que Mamie, Madame Nordlys et Madame Coudrier se chargèrent de m’aider à la mettre. Agrandie au niveau du bassin, elle passa sans problème...

-Tu es...Superbe...Ma princesse, Bafouilla à nouveau Maman en éclatant à nouveau en sanglots.

Mon cœur se serra tout de suite d’émotions en la voyant ainsi et je murmurai d’une voix assez gênée :

-Mince ! Si j’avais su que tu n’allais pas tenir le coup...Je ne me serais peut-être pas mariée...
-Tiens, ça me rappelle une Furie Rousse qui m’avait grondé quand elle avait vu que j’avais commencé à perdre mes moyens, s’amusa à son tour Mamie Dudu.

Cela la stoppa tout de suite et Tatie Elsa qui me détaillait encore de la tête aux pieds, s’écria à son tour :

-Tu as le port d’une véritable souveraine...C’est absolument stupéfiant.

Gênée d’être autant au centre de l’attention, je grommelai alors :

-Oui, bon...Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat non plus, hein ! Je pense que nous devrions y aller avant que Léon ne s’inquiète de mon retard.
-Une mariée n’est jamais en retard ! Me gronda aussitôt Ylva, si la personne t’aime réellement elle peut t’attendre mille ans !
-Et c’est une femme infidèle qui te le dit ! Renchérit ironiquement Yélana.
-Quoi ?! Grande Marraine infidèle à Grand Parrain Kanda ?! Mais depuis quand ?! S’offusqua Mamie Dudu.
-Depuis toujours petite Ange de l’Air...Mais tu étais trop jeune pour qu’on t’en fasse part, et Papa était tout aussi volage, dit encore la cheffe d’une voix amusée.
-En tous cas, toi, Tantine tu es restée avec Tonton Amarok jusqu’à sa mort ! Renchérit-elle.
-Il aurait mieux valu qu’elle le soit aussi, grinça immédiatement Madame Nordlys.
-Décidément...Le chef Lorcus n’était aimé de personne, souligna encore ma grand-mère.
-Il faisait tout pour aussi ! Lancèrent aussitôt Maman et Tatie Elsa en chœurs Maman.  

Le temps se figea alors que les doyennes leurs lancèrent des regards outrés et interrogateurs. Ne souhaitant pas plus les embarrasser car j’avais compris qu’elles avaient fait une bourde vis-à-vis de ce qui avait été raconté par Mémé Anna dans l’Helveg, je regardais rapidement mon reflet dans le miroir puis je déclarai :

-En tous les cas, moi, je ne serai pas infidèle ! Si vous voulez bien me suivre maintenant ! J’estime que nous avons déjà perdu assez de temps et cela ne va pas être une mince affaire de marcher avec des talons et une robe qui pèse le poids d’un renne mort pour arriver jusqu’au lieu de la cérémonie des mariages !

Nous nous mîmes en route sans plus d’incidents. Fébrile, le cœur battant à mille à l’heure, je faisais au mieux pour ne pas glisser ou me prendre les pieds dans des branches si bien que j’affichais plus une mine constipée que celle d’une mariée réjouie en apparaissant face à la foule qui bavardait en patientant... Laissant une nouvelle fois un temps de battement, je me rapprochais du groupe d’enfants qui s’était arrêté de parler en me voyant apparaître.

-Oh ! Tu es ravissante maîtresse Helga ! Zozota bientôt Ilse alors que Rackel reprit :
-C’est pas ce nom-là qu’il faut employer aujourd’hui mais Belle-Sœur !

Les trouvant mignonnes toutes les deux, je les invitais, elles, ainsi que toutes les filles de la tribu à se préparer pour lancer les pétales de roses blanches. Puis je me tournais vers Elysia et Pieter avant de demander à nouveau :

-Vous avez bien les alliances, les garçons ?
-Je leur donnerai à la dernière minute, précisa tout de suite Tonton Kristoff.

S’en fichant complètement de leur mission, les jumeaux qui s’étouffaient avec leurs nœuds papillons se tournèrent vers lui et rétorquèrent :

-Mais pourquoi il faut qu’on porte ses habits ?!  
-Parce que c’est un jour de fête ! Votre sœur se marie ! Indiqua-t-il en montrant ma robe.
-Vous êtes très élégants en tous cas, les flattai-je.
-Oui, je trouve aussi, approuva Sofia en embrassant timidement la joue de Pieter.

Le deuxième jumeau devint écarlate alors qu’elle lui prit la main sous le regard assombri et jaloux de Rita. De nature à titiller les autres, Elysia se rua sur son frère et lui tira fermement les bretelles en bougonnant :

-Pfff, élégant mon œil oui !

Ne se laissant pas faire, il eut le répondant adéquat et rumina bientôt en effectuant le même geste en retour.

-Aïe ! Sale brute ! Attends voir !
-Bon stop ! Ça suffit ! Renchérit assez vite Maman en les tirant chacun par une oreille, allez, vous assoir...TOUT DE SUITE !

Ils ne pipèrent plus mots et rejoignirent le premier rang alors que l’assemblée se fit plus calme et plus ordonnée. Les Northuldra suivirent, se rassemblant autour d’un même point. Ils attendirent avec impatience que je m’avance devant le rocher en forme de cœur derrière lequel se tenaient des dizaines de rennes endimanchés pour l’occasion. Restée en retrait aux côtés de Papa, je manquai de pouffer de rire lorsqu’il me confia :

-Tu as encore deux secondes pour t’enfuir si tu veux.

Cela allégea l’atmosphère solennelle et nous nous regardâmes une nouvelle fois avant qu’il ajoute :

-Je suis très fière de toi ma princesse...Même si je ne me rappelle pas tout ce que j’ai pu partager avec ta mère... Je suis heureux que nous t’ayons eu.
-Merci Papa, murmurai-je toute heureuse.

Très rouge, il sortit alors un présent de sa poche et me le donna en ajoutant :

-Voici un petit mot de ma part...Je ne me sentais pas de faire un discours devant tout le monde alors j’ai préféré te le coucher sur un papier. Tu le liras quand tu auras un moment.

Estimant que les autres pouvaient attendre encore un peu, j’ouvris l’enveloppe et lus attentivement :

Ma Princesse,                                                                                                                                  
C’est un jour exceptionnel pour toi. Et aujourd’hui, je dois avouer que je suis particulièrement fier et ému de participer à l’un des plus beaux jours de ta vie. Tu as eu une naissance singulière mais tu demeures mon plus beau miracle même si tu as bien souvent l’impression d’être mise à l’écart. Du peu de moments que ta tante a bien voulu me montrer dans les souvenirs figés, je me rappelle de toi comme étant une jeune demoiselle espiègle, calme et câline. Et regarde-toi, aujourd’hui, dans la magnifique robe que portait ta mère ce même jour, entourée de tous tes proches et mariée à l’amour de ta vie. Tu ne pouvais pas me rendre plus heureux de te voir comblé à ce point. Bien que je n’en doutais pas, tu as su choisir un mari aimable et aimant, respectueux de la formidable femme que tu es, et qui saura te chérir dans les meilleurs moments, comme dans les plus difficiles… Ou alors il aura affaire à moi et encore mieux ! A ta mère !                                                                                                    
Je ne sais pas si je suis la personne la mieux placée pour te prodiguer des conseils matrimoniaux mais sache qu’il y a une chose à véritablement retenir c’est que chaque pensée, chaque geste et chaque parole doit être placé sous le signe de l’amour.. Cela étant dit, je vous souhaite un mariage à Léon et toi à votre image : heureux, pétillant et plein de joie de vivre. Et sois assurée que même mariée, je serai toujours là pour toi ma Petite Gaga.                    
Je t’aime et t’embrasse tendrement avec tout l’affection qu’un père puisse te donner.  
Hans Westergaard d’Arendelle.


Je m’étais jurée de ne pas pleurer pour que mon maquillage ne coule pas mais ce dévoilage de sentiments bien que protocolaire me toucha au plus haut point. Faisant fi des convenances, je me retrouvai très vite contre lui et lui donnai bientôt un baiser sur la joue avant de reprendre :

-Merci Papa...Je t’aime aussi.
-Tu es aussi belle que ta mère ! N’oublie jamais ça !

J’acquiesçai. Heureux, il me tendit ensuite son bras et demanda :

-Il est temps pour vous d’y aller mademoiselle Westergaard !

Il n’eut pas besoin de le dire deux fois et nous nous avançâmes soudain dans l’allée improvisée avant que Papa n’aille rejoindre le reste de la populace. Au comble du bonheur, j’eus soudain le trac face aux regards fixés sur moi mais me rapprochai tout de même de l’autel où m’attendait mon bienaimé. Sa bouche resta ouverte de stupeur alors que je rougis violemment de gêne. Parvenant enfin à sa hauteur, je cherchai bientôt à me justifier face à son silence :

-C’était pour faire plaisir à Maman...Mais je savais que tu trouverais cela encombrant...
-Tu plaisantes ou quoi ?! Tu es absolument magnifique...On dirait une fée ! S’exclama-t-il un peu fort.

Je devins écarlate alors que la foule rit et applaudit pour sa remarque. N’en restant pas là, il ajouta encore :

-Mais si tu tiens tellement à le savoir...

Il ne termina pas sa phrase à haute voix et se pencha alors plus près de mon oreille avant de reprendre rapidement :

-Mon habit préféré de toi est quand tu es nue...

Mes joues se chauffèrent à nouveau et je glissais fermement sa main dans la mienne. Il ne s’en détacha pas durant tout le long de la cérémonie. Très émue, nous écoutâmes donc ma mère s’évertuer à nous donner ce consentement en essayant de ne pas trembler ni pleurer. Ce fut assez difficile pour elle car elle demeura assez émotive. L’écoutant attentivement, mon esprit réussit tout de même à vagabonder sur les dernières semaines qui avaient précédé ce si merveilleux jour...La discussion entre Papa et Léon qui s’était avérée chaotique à cause de la leçon moralisatrice qu’il lui avait passé avant de finalement l’embrasser et le prendre dans ses bras comme son futur gendre. La peur du regard de Maman lorsque celle-ci l’avait découvert alors que tous les autres étaient en train de gambader dans l’étang de la Clairière des Rencontres. A ma grande surprise, elle n’avait pas été cassante mais j’avais rescellée une profonde tristesse et un désappointement total à l’idée que je sois mère à mon tour alors que je vivais sur Terre depuis à peine deux ans.

-C’est ma faute aussi ! Je n’aurais pas dû te crier dessus, le soir du réveillon ! Tu aurais dû venir à Arendelle avec nous au lieu de le fêter ici ! Avait-elle ronchonné.

J’en avais souri et n’avait rien regretté. Non, je n’avais même pas été fâchée après Ylva qui ne m’avait pas expliqué la façon dont se faisait les enfants...Au contraire...Je l’avais remercié de ne pas m’avoir mise en garde car sans cela je n’aurais jamais eu Maëlle et Frantz aussi vite.
Reposant brièvement mon autre main sur mon ventre naissant, je revins à l’instant présent et continuai d’écouter la cérémonie.

-Peut-être que notre chamane veut, elle-même allumer sa coupole ? Questionna soudain Maman en me lançant un sourire radieux.

Moins complexée qu’avant avec toutes mes difficultés car j’avais eu la force d’aller la trouver pour les lui avouer, je hochai vigoureusement la tête et pris le bol en terre cuite à mon nom avant d’y verser la poudre de coquelicot et prononcer la bonne incantation. Le feu prit tout de suite et la foule qui avait assisté religieusement à toute la scène jusqu’à maintenant, me félicita de bon cœur. Absorbé d’amour, Léon me délivra un regard envoûtant et je renouvelai bientôt les mêmes gestes sur sa propre coupole qui s’enflamma tout aussi vite.

-Bravo ma princesse, m’intima Maman tandis que je me tournai vers Papa qui m’offrit un sourire de bravoure.

Apaisée par cette petite victoire, je regardai alors mes frères arriver avec le coussin des alliances et ceux de mon nouveau mari, armés d’un morceau de pain orangé. Un peu surprise, mon attention fut totalement détournée de l’échange de nos bagues car j’étais trop omnibulée par la couleur croustillante et chaude de la miche.

-Madame Delahage et ses enfants ont tenu à faire une surprise aux mariés en leur offrant le pain de la prospérité ! Si vous en mangez un, vous ne souffrirez jamais de la disette ! Clama aussitôt Maman avec un grand sourire.

Nous ne nous fîmes donc pas priés et agrippâmes les deux bouts aux notes sucrés.

-Hum...C’est de la carotte ? Demandai-je à Léon alors qu’il explosa de rire.
-Oui ça l’est...Mais tu as du glaçage sur le nez, répondit-il en me l’enlevant avec son doigt.

Il l’enfonça ensuite dans la bouche et une même chaleur s’empara de nos deux êtres. L’assemblée générale dut s’en apercevoir car il y eut quelques sifflements suspicieux surtout de la part d’Ylva qui n’en finissait plus de croquer notre mariage sur papier pour qu’il entre dans les archives de la cheffe Yélana. Evitant que nous soyons gênés davantage, Maman conclut à nouveau :

-Léon Delahage, Helga Westergaard dite Piceaerd, les dieux ont décidé d’allumer vos coupoles ! Unissez vos deux feux sacrés pour qu’ils ne fassent plus qu’un et vous apportent la joie et la prospérité dans votre foyer !

Elle nous les restitua avidement et je regardais l’objet qui avait causé tant de dégâts au sein de notre famille en espérant qu’il n’en soit pas de même pour nous. Semblant s’en rendre compte, ma mère ajouta cette fois plus détendue :

-Je vous déclare enfin mari et femme, vous pouvez vous embrasser !

L’étape ne fut pas compliquée à suivre. Bien qu’intimidée de déposer à pleine bouche, un baiser affectueux à mon nouveau mari sous tous les yeux de la communauté, j’appréciai au maximum cet échange. D’un commun accord avec Léon nous nous arrêtâmes pourtant très vite et il susurra bientôt à mon oreille :

-Je te promets que nous le prolongerons quand nous serons...Que tous les deux...
-J’ai hâte d’y être dans ce cas, chuchotai-je à mon tour en me coinçant dans ses bras pour recevoir une autre étreinte de lui.

Le cortège fut patient et nous l’invitâmes ensuite à se rendre à la maison des berges. Ne pouvant faire rentrer tout le monde, seule Yélana, sa mère et la famille proche assistèrent au premier crépitement du feu du foyer.

-Enfin cette maison sera protégée par les coupoles ! S’enquit bientôt Madame Coudrier dans un sous-entendu qui était lourd de sens.
-Elle l’a toujours été ma Beauté, malgré tout ce qu’a pu te dire ma Grosse Gaga ! Renchérit Ylva, un brin moqueuse.

Sa fille fit tout de suite la moue et haussa les épaules, non convaincue. Le débat fut très vite clos et la troupe se chargea d’applaudir avant de nous laisser un peu d’espace pour que nous puissions nous mettre en route pour Arendelle.
Le trajet ne dura pas longtemps et sitôt que la main de l’esprit de la terre nous débarqua dans le royaume, les jumelles retrouvèrent leurs aises en se mettant en avant pour offrir de jolis sourire et des signes de la main aux gens. Calquant mes gestes sur elle, je fus envahie d’une grande détresse alors que mon amant paraissait beaucoup plus serein.
Sympathisant avec les membres qui le dévisageaient tout de même bizarrement à cause de sa tenue, il perdit rapidement les codes et se mit bientôt à faire des révérences aux gens qui les lui soumettaient. Indignée, Tatie Elsa poussa de longs soupirs alors que je lui murmurai :

-Hum...Mon amour...C’est toi qui dois recevoir leur allégeances...Non, l’inverse...

Rouge de confusion, il se stoppa donc relativement vite et nous continuâmes le tour tandis que je le sentis de moins en moins détendu. A ma grande surprise, Papa et Tonton Kristoff virent également son malaise et le prirent immédiatement à part.

-Nous allons lui donner deux trois notions de bienséance ! Plaisantèrent-ils en chœur.

Perplexe, je refusais un premier temps de me séparer de mon mari mais je compris rapidement qu'il n'y avait pas de plan machiavélique derrière leur intervention. Surtout de mon oncle. Et pour cause ! Après tout, lui aussi revenait de loin en matière d'éducation royal. Attristée tout de même par la tournure de notre parcours dans les ruelles, je me retrouvais alors à goûter les plats ou prendre les cadeaux des invités sans ma moitié ce qui était un peu idiot pour une tournée de couple...

-Ne fais pas cette bouille-là ma chérie, ton oncle et ton père ne lui ont pas fait de mal tout de même ! Répéta Maman à plusieurs reprises en des plusieurs clins d’oeils à Tatie Elsa qui les lui rendait en rosissant.

Que me cachaient-elles toutes les deux ?! Je n’eus pas à attendre longtemps pour le savoir que nous nous dirigeâmes enfin toutes ensemble vers le centre même de la ville où siégeait la stèle qui abritait les noms des citoyens décédés lors de la grande guerre menés en Arendelle du temps de mes arrière-grands-parents. Une estrade y avait été mise pour l’occasion. Me mettant sur le côté pour ne pas étouffer au milieu de la foule compacte, je manquais de blanchir en voyant Léon se placer dessus, armé d’une feuille. Horrifiée, je lançais un regard interrogateur à Maman, amusée, qui me canalisa en chuchotant :

-Ne t’en fais pas ma princesse…C’était prévu…
-Ne me dis pas que c’est pour cette raison que vous me l’avez enlevé ?! Pestai-je de plus en plus décontenancée face à ce qu’il allait bien pouvoir dire.  
-Bien sûr que si ma chérie…Maintenant écoute-le donc ! M’intima-t-elle.

Coincée entre Tatie et elle, je baissais déjà les yeux de honte à l’idée qu’il fasse une autre bourde et compressai ma main sur mon ventre comme ultime recours. Maëlle et Frantz apparurent sagement et les battements de leurs cœurs réussirent à m’apaiser, le temps du discours. A mon grand étonnement, Léon avait retrouvé sa sérénité, et s’éclaircit bientôt la gorge en regardant son auditoire avant de s’exclamer :

-Cher peuple d’Arendelle, Merci à vous d’être présent pour nous aujourd’hui ! Ma rencontre avec la princesse Helga d’Arendelle a été le plus beau jour de ma vie et je ne voulais pas vous laisser de côté pour partager ce merveilleux moment avec nous ! Vos cadeaux et votre présence nous ont sincèrement touché, montrant une fois encore à quel point, il est plus important pour nous d’avancer ensemble par l’amitié plutôt que passer notre temps à nous disloquer par la violence ! Comme il est de coutume, je voudrais maintenant appeler ma femme pour que nous puissions procéder à la tradition du Kransekkake avec vous comme uniques témoins !

Tous les regards se braquèrent immédiatement vers moi et je compris enfin la stratégie de mes proches. En énonçant ce texte, mon mari indiquait qu’il renouait définitivement avec les Arendellien, sans aucune hostilité. Dévisageant ma tante qui me regarda avec un sourire en coin avant de me lancer un jet dans le dos pour m’aider à me redresser, je me levai donc rapidement. Perdant un peu l’équilibre, je réussis à trouver les marches et grimper à mon tour sur l’esplanade surélevée alors qu’Olaf et Olina apportèrent un gigantesque gâteau aux amandes nappé de glaçage au citron qui était échafaudé sur plusieurs étages sous forme d’anneaux.

-Vos Altesses royales ! Vous pouvez y aller ! S’exclama à son tour Papa.  

C’était donc le signal. En quelques secondes mon mari et moi enlevâmes les personnages en sucre qui nous représentait puis nous unîmes nos mains pour tirer sur le haut de la pâtisserie. Deux anneaux nous restèrent bientôt entre les doigts si bien que la foule applaudit sans attendre avec ravissement en criant de joie :

-Vive la princesse Helga ! Vive le prince Léon ! Vive les deux futurs héritiers du royaume d’Arendelle !

Avions-nous le droit de leur dire ce qu’il en était de notre fils et notre fille tout de suite ?! Jetant rapidement un regard à mes parents, je fus satisfaite de voir qu’ils donnaient leur accord. Peu satisfaire, Tatie Elsa tourna immédiatement de l’œil mais n’osa pas contredire sa sœur, affichant plutôt une mine furieuse à la place. Je sus qu’elle n’était pas contente lorsqu’elle remit ses gants pour éviter de geler tout le monde de contrariété. N’y prêtant pas attention, ce fut donc avec une grande joie que je repris à l’adresse du peuple qui était à nouveau à notre écoute :

-En réalité, les souverains sont déjà en route et devraient venir agrandir la grande famille pour cette fin d’été !

Il y eut d’abord quelques sifflements douteux quant à la fiabilité de notre chasteté avant que les gens ne se rétractent face à la solidité de notre couple. De nombreux « bravo » finirent alors par s’entendre tandis que mes joues se chauffèrent de plaisir. Sven découpa ensuite le gâteau et chacun eut le droit à une part en guise d’apéritif dinatoire.
Puis nous laissâmes les habitants moins aisés et notre périple se poursuivit ensuite auprès des dignitaires dans les jardins du château. Tatie Elsa qui ne s’était toujours pas déridée à la suite de l’annonce, me déclara bientôt d’une voix pincée :

-Il va de soi que maintenant tes frères et sœurs sont au courant, jeune fille !

Soudés comme jamais, Léon et moi fîmes front avant que je ne réponde :

-Ce n’est pas un problème Tatie...Nous étions sur le point d’aller en discuter avec eux justement !
-Quoi ?! Et en quelle honneur ?! Ne va pas leur mettre des idées en têtes ! Persiffla-t-elle, de toute façon Rita et Kirsten connaissent déjà tout de la bonne conduite à tenir avec son galant quand elles en auront un et tu n’arriveras pas à les faire changer d’avis !  
-Ce n’est pas notre attention, reine Elsa...D’autant plus qu’elles n’ont que sept ans, répondit mon mari d’une voix un peu timide.

Agacée, elle se mordit une nouvelle fois les lèvres et allait répliquer quelque chose avant que Maman ne titube jusqu’à elle en clamant d’une voix déformée par les deux verres d’hydromel qu’elle avait bu un peu trop vite :

-Allez ! Grande sœur ! Décoince-toi, voyons ! Tiens ! Je vais appeler Hans pour qu’il t’aide !
-Anna voyons ! Tes manières ! S’offusqua-t-elle, devant ta fille en plus !

Mais il n’y eut rien à faire. Elle l’embarqua sans tarder alors que nous nous retînmes de rire de la voir essayer de se dégager. Profitant de cet intermède, nous nous dépêchâmes ensuite de rejoindre l’aire de jeux en glace. Comme un bouclier mes quatre frères et sœurs nous y attendaient. Nous n’eûmes pas le temps d’ouvrir la bouche qu’ils s’écrièrent :

-C’est vrai ce que tu as dit tout à l’heure grande sœur ? Tu vas avoir un bébé ?
-Non...Pas un mais deux bébés, comme pour vous quatre mais cette fois ce sera une petite fille et un petit garçon, Déclarai-je toute fière.
-Maman a toujours dit qu’il fallait être mariée pour que le papa plante la petite graine et toi ton ventre il est déjà très gros ! Souleva tout de suite Kirsten qui détaillait mon bas de corps avec précaution.

Puis elle regarda Rita et les deux se mirent à glousser avant que la deuxième jumelle ne reprenne à l’égard de Léon :

-Tu n’as pas attendu avant de lui faire un gros câlin tout nu !

Les joues de mon amant s’embrasèrent et je me raclais une première fois la gorge sans succès.

-Parce qu’ils étaient amoureux, voilà tout, bande de bécasses, bougonna à son tour Elysia qui était un peu dégoûté par la conversation.  
-Et puis ce que vous pouvez être niaises les filles ! S’enquit derechef Pieter, C’est pas « un gros câlin » mais celui spécial comme pour les rennes au moment du printemps quand ils se grimpent l’un sur l’autre !
-Hum...Pieter...Commençai-je en devenant cramoisie.

Kirsten se bouchonna les oreilles en affichant une grimace.

-Tais-toi espèce de goujat ! Cria-t-elle.
-Non, attends ! Moi, je veux savoir ! Reprit mon autre sœur curieuse des explications.
-Ma poupette, ça suffit ! Pieter stop ! Lançai-je à nouveau.

Déterminé à me braver, mon frère fit pourtant comme si je n’existais pas et répondit :

-Bah si tu préfères, les bébés ils sortiront du même endroit de part où ils sont rentrés !

Il désigna alors très vite son bas puis le bas de corps de Rita et les deux rougirent avec violence avant que je ne blêmisse. Songeant que j’allais m’en prendre plein la figure par Tatie Elsa une fois de plus, je m’entreposais entre eux deux et renchéris cette fois avec dureté :

-Allez ! Le cours de sciences-naturelles est terminé ! Que je ne vous entende pas reparler de cela avant que soyez grands sinon je me chargerai de vous tirer les oreilles ! D’autant plus que nous n’étions pas venus pour cela avec Léon mais plutôt pour vous dévoiler les parrains et marraines de ces bébés...

Retrouvant soudain de l’intérêt pour la conversation, Kirsten se déboucha alors les oreilles et demanda d’une voix enthousiasmée :

-Oh ? Tu veux dire que tu nous as choisi tous les quatre ?!  

Léon et moi hochâmes la tête et ils se ruèrent sur nous pour nous embrasser.

-Elysia et Kirsten pour Frantz quant à Rita et Pieter vous vous occuperez de Maëlle ! Renchéris-je.
-Chouette ! S’esclaffèrent-ils surexcités.

Ils restèrent ensuite près de nous comme si les jumeaux allaient sortir maintenant et je chuchotai bientôt à mon mari :

-Bon...Nous ne nous en sommes pas trop mal sortis.  

Il m’embrassa avec force pour toutes réponses. Oubliant le reste des invités, nous profitâmes de cette union buccale avec tiédeur jusqu’à être stoppés par un feu d’artifice floconneux et stratégique lancé par Tatie Elsa. Apeurées par le bruit, mes poupettes se réfugièrent dans mes jupons et nous contemplâmes ensemble ce spectacle vaniteux jusqu’à ce qu’être rejoints par nos proches accompagné d’un invité inconnu.

-Princesse Helga ! Prince Léon ! Mes filles ! Clama aussitôt ma tante tout en étant très rouge, je voudrais vous présenter votre oncle Viktor venu spécialement des îles du Sud en tant que représentant de cette patrie !

Intriguées nous dévisageâmes avec surprise ce grand gaillard qui ressemblait plus à Tonton Kristoff qu'à ses frères. Faisant appel à mes cours de politique je me rappelais que c'était l'unique adopté des Westergaard. Très confus, il nous ignora et continua de s’adresser à Papa :

-Cela me fait plaisir que tu aies décidé de suivre les traces de Père et Mère en adoptant à ton tour une orpheline ! Tu as l’air de plus la considérer que nos propres parents ne l’ont fait avec moi !  
-Oh que oui ! S’exclama-t-il en m’embrassant le front.

Emue, j’effectuai donc une révérence à son égard alors qu’il blanchit d’un coup.

-Qu’y a-t-il ? Demandai-je aussitôt...Oh...Je ne m’y suis pas bien prise, c’est ça ?! Je suis navrée...Avec mon ventre je ne peux pas aller plus bas et...
-Oh, non...Non ce n’est pas ça chère Helga, bredouilla-t-il en me regardant avec une expression terrifiée...C’est juste que...Dans cette tenue...Avec ce teint... Tu ressembles à ta grand-mère...Déjà que pour une adoptée, je te trouve très proche physiquement de ton père.

Soudain embarrassée, je cherchais vite une solution et renchéris :

-Tu sais mon oncle, c’est un mécanisme naturel chez les personnes orphelines...Elles prennent les traits de leurs parents.

Me voulant ensuite plus tranquille, j’ajoutais alors :

-Hum...Voici Léon Delahage, mon mari...Il vient du peuple Northuldra où j’exerce mon métier de chamane, une tradition ancestrale transmise par les filles de la branche généalogique de Mamie Dudu...Enfin...La reine Iduna, pardon !

Très poli, mon mari s’avança et ils se donnèrent une poignée de main. Puis les jumelles l’embrassèrent avant que Papa ne reprenne :

-Qu’est-ce que ça me fait vraiment plaisir de te voir ! La dernière fois c’était après mon mariage avec Elsa ! Quand nos parents sont morts !
-Oui ! Je m’en rappelle très bien ! S’enquit Oncle Viktor.
-Heureusement qu’ils ne sont plus là...Nous sommes tellement plus sereins les uns, les autres ! Continua-t-il, ils auraient gâché la fête à coups sûrs...
-Hum...Hans... Sache tout de même qu’une certaine membre Westergaard a fait le déplacement avec moi pour ce mariage.
-Ah bon ?! Qui donc Viktor ?! Parle ! Tu m’as l’air bien mystérieux tout à coup !

Il ne répondit pas tout de suite et chercha du réconfort en croisant le regard bleuté de Tatie Elsa qui fit mine de parler avec Maman pour qu’on ne voit pas que ses joues avaient changé de couleur. Puis il se décida enfin à déclarer d’une voix morne :

-Eh bien...Sa Majesté la reine mère Tatiana des îles du Sud nous font l’honneur de sa visite…  
-Quoi ?! Grand-Maman est encore en vie ?! Beugla soudain Papa qui perdit toute contenance.

Se voulant enjouée, Tatie Elsa demanda aussitôt face à ses yeux qui se révulsèrent d’horreur :

-Ce n’est pas une bonne nouvelle mon amour ?

Volant à sa rescousse, Maman plaisanta aussitôt :

-Si elle est comme Alix ou Wilhelm nous sommes déjà rodés !

Cela ne manqua pas de faire rire Tonton Viktor qui se reprit bientôt :

-Oh pour cela, elle l’est...Si ce n’est pas pire !

Cela me laissa songeuse et nous attendîmes donc la mystérieuse personne avec des sentiments contradictoires. Pour ma part, j’étais assez curieuse. Après tout j’avais déjà réussi à adoucir Mamie Alix durant les nombreux voyages astraux que j’avais pratiqué auprès d’elle et j’avais même fini par trouver une réelle sympathie à l’égard de cette femme dont tous mes proches m’avaient vanté les pires torts. Pleine de bonne volonté, je décidais donc de ne pas juger trop vite mon arrière-grand-mère et attendis patiemment qu’elle arrive pour me forger une opinion.
Une demi-heure passa donc encore avant que Kay ne nous fasse part de son arrivée. Mémé Tatiana s’avança vers nous d’un pas très droit et très froid et s’écria avec un drôle d’accent scandinave :

-Doux Jésus ! Quel périple ! Ma petite impertinente de fille m’avait fait part que cet endroit recule était une vraie plaie pour venir mais je ne pensais pas que je serai aussi malade !

Très élancée et très fine, notre aïeule n’avait rien de maternel. Rouge de sueurs, elle sortit bientôt un éventail et reprit d’un ton guinguant à l’adresse d’Olaf qui passait par là :

-Je sens que mes nausées me reprennent...Vous, là ! Le nain carnavaleux ! Seriez-vous aimable d’aller me chercher une boisson puisque les principautés d’ici semblent manquer de savoir-être !
-Oh tout de suite Madame ! Renchérit le bonhomme de neige avec un grand sourire.
-Vous devriez peut-être retourner vous allonger Grand-Maman...Vous serez plus au calme dans vos appartements pour le dîner ! Décréta soudain Viktor.
-Combien de fois va-t-il falloir que je vous le dise ?! Je vous interdis de m’adresser la parole sale avorton ! Déjà vous supporter durant le voyage a été un calvaire, donc disparaissez de ma vue à présent, ragea-t-elle.

Prenant soudain son courage à deux mains, Papa s’avança alors vers elle et renchérit d’une voix austère :

-Je vois que vous êtes toujours égale à vous-même, Grand-Maman ! Pourrai-je me permettre de vous présenter les mariés avant que mon grand frère ne survive pas à vos coups verbaux...

Le détaillant un court instant pour se le remémorer, elle renchérit tout aussi méchante :

-Quoi ?! Serais-je en train de rêver ?! Est-ce bien vous ?! Le petit monstre treizième du nom?!
-Oh Kirsten...Tu entends comment elle parle à Papa…Chuchota immédiatement Rita qui pouffa, les mains devant sa bouche.

Mémé ne manqua pas de le voir et renchérit tout aussi férocement :

-Grand Dieu ! Mais quelle enfant mal élevée ! Tenez-vous droite jeune fille ! Et ne parlez que lorsqu’on vous adresse la parole en faisant une révérence et un « Votre Altesse ! »

Vexée, ma petite sœur se réfugia contre Tatie Elsa alors que son autre jumelle regarda notre arrière-grand-mère avec émerveillement.  

-Oh…Aurais-je enfin trouvé...Mon modèle de perfection ?! Vous avez vu comment en une parole claire, elle a imposé son autorité.

Suivant ses conseils, elle se pointa tout de suite devant elle et effectua une révérence impeccable en ânonnant un « Bonjour votre Altesse ». Notre aïeule la toisa du regard et répliqua :

-Bien…Elle a déjà un peu plus de correction celle-là même si c’est très loin d’être parfait !

Puis elle nous balaya tous à nouveau du regard et s’arrêta sur Léon et moi avant d’ajouter :

-Je suppose que c’est pour vous deux que je suis ici ?!

S’approchant vers nous, elle me releva bientôt le menton de ses ongles pointus et m’observa longuement avant de déclarer :

-La ressemblance avec ma Alix est frappante...Vous êtes bien une Westergaard sans aucun doute !

Elle se tourna ensuite vers Léon et le questionna :

-Et de quel endroit venez-vous donc jeune homme ? Quel est votre rang ?!

Ayant retenu la leçon, mon mari tenta une révérence avant de répondre avec franchise :

-Du pays Northuldra votre Altesse...Je suis maraîcher là-bas.

Elle eut un temps d’arrêt avant de reprendre d’une voix froide :

-Quel affront...Un paysan qui ose épouser une sang bleue ?! Pire encore ! Mon petit fils a accepté ça ?!
-C’est que nous habitons tous les deux là-bas Mémé, me justifiai-je, je ne serai jamais reine vous comprenez...
-Par tous les saints...Je suis en train de faire un mauvais rêve et je vais me réveiller, murmura-t-elle en se signant.

Elle récupéra rapidement le verre qu’Olaf lui rapporta et sortit bientôt un mouchoir de sa poche pour se tamponner les lèvres et le cou avant de reprendre :

-Il ne manquerait plus que ce mariage soit précipité à cause d’une grossesse et je rends l’âme définitivement.

Souhaitant de nouveau attirée l’attention de cette dame qui lui plaisait beaucoup, Kirsten me devança tout en n’oubliant pas la révérence et reprit d’une voix forte :

-C’est précisément le cas votre Altesse ! Et je serai la marraine de l’un des deux enfants !
-Ah parce qu’ils sont deux en plus ?! S’étrangla-t-elle en nous méprisant du regard.

Léon et moi hochâmes la tête en déglutissant péniblement. Dès lors, elle nous ignora totalement pour se concentrer uniquement sur l’aînée des jumelle. Son visage se radoucit quelque peu alors qu’elle lui prit les mains en déclarant théâtralement :  

-C’est donc sur vous que repose cette famille jeune fille...Vous avez l’air d’être celle qui a le plus la tête sur les épaules même si vous avez encore beaucoup de progrès à faire.
-Je serai infaillible pour vous votre Altesse, j’en fais la promesse ! S’exclama-t-elle à nouveau, ravie d’avoir suscitée de l’intérêt.
-Parfait...Je n’ai donc plus aucune raison de rester, ici ! Dit-elle.
-Quoi ?! Vous nous quittez déjà ?! Demandèrent en même temps Papa et Tonton Viktor en ayant du mal à masquer leurs sourires.  
-Oui ! Inutile de perdre du temps pour cette mascarade ! Tant que mes valises sont encore sur le bateau, je serai tout aussi bien dans ma demeure ! Conclut-elle.  

Elle accorda seulement un regard à Kirsten et demanda ensuite à Kay de la raccompagner sans tenir compte de notre oncle qui répliqua à l’égard de notre Père :

-Oh laisse ! Je trouverai un autre bateau...De toute façon, je ne supportais pas un instant de plus avec cette vieille folle.
-Quand je serai grande je veux être comme Mémé Tatiana, murmura encore une fois ma sœur avec certitude.
-Je te le déconseille ma princesse, murmura aussitôt Papa en la prenant dans ses bras tandis que de l’autre main il agrippa celle de Kirsten.
-Allez ! Et si nous passions à table pour effacer ce mauvais quart d’heure ?! Suggéra soudain Maman qui était moins saoule.

Nous approuvâmes et elle me fila discrètement le même type de lettres que Papa m’avait donné un peu plus tôt dans la matinée. Nous nous retrouvâmes donc dans un repas familial plus concis.
Plus disciplinée que jamais après la rencontre qu’elle venait d’avoir, Kirsten s’évertuait déjà à faire toute la vie de notre fils, en déclarant dans l’ordre avec sa bouche pincée :  

-Ah oui, pour parvenir à une éducation soignée, il faudra que Frantz dorme au moins quatre jours par semaines au château ! Ce sera le minimum pour qu’il n’est pas une éducation de rustre ! Il devra être impeccable et ne pas sentir le renne mal léché ! Oh ! Et ne vous en faîtes pas ! Je lui apprendrais à bien se tenir à table...Pas comme certaines personnes malheureusement ici ! Ajouta-t-elle en dévisageant Léon qui avait renversé la moitié de la soupe aux asperges sur sa manche.    
-Les enfants sont merveilleux, railla-t-il aussitôt en lui lançant un regard enflammé.
-Ne t’énerve pas, ma petite sœur est maladroite mais ce qu’elle essaye de dire, c’est que nos enfants seront bien entourés quoiqu’il arrive ! M’écriai-je.
-C’est résumé bien piètrement mais l’idée est là, oui ! Renchérit-elle, je rendrai mon filleul exemplaire, moi !

Puis elle s’arrêta quelques secondes pour observer Elysia qui était en train de jouer à mettre le plus de petits pois dans sa bouche au risque de tout recracher avant d’ajouter d’une voix hautaine :

-Il est clair que ce n’est pas avec ce qui lui servira de parrain que nous pourrons avancer !
-Rappelle-moi pourquoi on a pris une de mes sœurs, déjà ?! Soupira-t-il de plus en plus décontenancé.
-Oh...Eh bien...C’est toi qui as dit que toute la communauté Northuldra pouvait servir de Parrain/ Marraine et que c’était futile de n’en désigner qu’un ! Expliquai-je.
-Ah oui c’est vrai...Je commence à regretter cette phrase, maugréa-t-il.
-Tu sais...Nous pouvons toujours changer d’avis, après tout, ils ne sont pas encore nés, repris-je malicieuse.

Alertée par ma phrase, la première jumelle blanchit d’un coup et demanda vexée :

-Quoi ?! Vous voudriez m’évincer de mon rôle de Marraine ?!

D’un regard froid, elle se leva très dignement et nous toisa bientôt du regard avant de laisser échapper un gémissement superflu. Puis elle alla à l’autre bout de la table et tira fermement Rita avec elle alors que cette dernière était encore en train de manger.

-Qu’est-ce qu’elle a la coincée encore ?! Questionna immédiatement Elysia.
-Hey ! J’avais pas fini ! Grommela sa jumelle.  

Indifférente à ces paroles, Kirsten entraîna sa sœur vers la porte de sortie. Elles ne purent toutefois pas aller bien loin que Papa les récupéra chacune par le col de leur veste en déclarant d’une voix espiègle :

-On ne délaisse jamais un dessert mesdemoiselles ! Surtout pas...Cette si jolie fontaine n’est-ce pas ?! Ajouta-t-il en pointant son doigt vers le un plateau apporté par Olina.

Un « Whoua » général se fit entendre alors que les filles changèrent aussitôt de comportement, enthousiasmées par l’idée de goûter à la délicieuse boisson chaude et crémeuse.

-Moi j’étais au courant parce que toute cette semaine, je suis allé avec Papa à la boulangerie pour voir si Louise, mon amoureuse, arrivait bien à la sculpter ! Je savais qu’elle réussirait ! S’écria derechef Elysia.
-Pfff...D’un pathétique...D’une, elle est trop vieille pour toi et de deux elle est tellement grosse qu’elle doit passer son temps à manger les pâtisseries plus que les vendre...Il faudrait la déplacer ailleurs si nous ne voulons conserver notre économie, n’est-ce pas Maman ?! S’enquit Kirsten par esprit de vengeance.  

J’arrêtais vite mon jumeau qui voulut lui sauter dessus et me levai gauchement avant de déclarer d’une voix subjuguée :

-Bien et si nous faisions honneur à mademoiselle Bakerdatter, dans ce cas ?!

Cela mit fin à la tension et nous nous abreuvâmes tous plusieurs fois de la somptueuse boisson cacaotée. Le ventre gonflé à cause de toute la nourriture ingurgitée, je ne savais même pas si j’aurais la force, de conjuguer avec mon mari comme il se doit d’ici quelques minutes…
Ma conscience me prouva tout de suite l’inverse, quand nous arrivâmes dans la chambre avec une envie décuplée à cause de tous les jours où nous nous étions privés depuis presque un mois. La lourde porte se referma derrière nous et mon mari n'attendit pas d'avoir atteint le lit avant de me doucher de baisers.

-Tu es ma femme... Enfin... Je n'arrive toujours pas y croire... je me suis pincée toute la journée pour vérifier que ce n'était pas un rêve, murmura-t-il.
-Mon mari... Mon si beau mari, chuchotai-je, prise un désir grimpant à une vitesse folle, honore-moi s'il te plaît...

Il acquiesça volontiers et reprit tactilement une étreinte stratégique pour pouvoir tirer avec efficacité sur la fermeture éclair de la robe.

-Enlève...Toi aussi...Allez...Mets-toi torse-nu... Le suppliai-je.

Il s'exécuta et je voulus lui embrasser le torse mais il se détacha, avant à ma plus grande frustration…

-Reviens, chuchotai-je désemparée.

Mais il n’appliqua pas mon souhait et s’approcha plutôt du lit, seul.

-J’ai une surprise pour toi…Viens-voir ! S’écria-t-il en rabattant la couette.

Intriguée, je découvris un nouveau plateau rempli de mignardises qu’on avait déjà eu au dessert.

-Tu n’as pas assez mangé ? Plaisantai-je, ne songeant même pas à avaler un morceau de plus.

Provocateur, il se rua doucement sur moi et m’agrippa les fesses avant de me soulever et me mettre sur la couche nuptiale. Puis il dit d’une voix suave :

-Je veux pouvoir goûter à tous ces délices sur ton corps…Le glaçage du gâteau sur ton nez ce matin…Ça m’a rendu fou…

Frénétique, j’agrippais délicatement une fraise qui trainait en vrac au milieu du plateau et lui tendis les lèvres joueuses pour lui donner mon approbation. Enivré par le goût fruité, il m’embrassa à plusieurs reprises tout en mangeant tous les fruits rouges qui venaient prendre part au jeu érotique. Léchant avec avidité chaque parcelle de ma langue qui retenait les derniers morceaux hachés de framboises, groseilles ou airelles, je dus avouer que les parfums sucrés furent un succès. Pas en reste, le jus qui s’échappait avec contenance des fruits n’avait pas le temps d’atteindre les joues ou le cou avant d’être lapés au vol par nos langues à l’unisson. A présent bien découverts, nous nous excitâmes plus encore quand les cerises servirent à camoufler mes mamelons avant d’être généreusement croquer par la bouche duveteuse de mon nouveau mari. De plus en plus fou, il dévora ainsi tout mon buste avec désir, s’emparant des gâteaux enrobés qu’il prenait soin de tapisser de chantilly sur toute la surface disponible de mon corps.  

-Attends…Attends, moi aussi…Je veux faire ! Déclarai-je en lui bloquant les deux jambes pour pouvoir taper ses fesses après avoir plongés ma main dans le liquide chaud, amer et chocolaté.

Amusée, je laissais donc les différentes empreintes contrastées sur ses parties, dodues blanche et douces. Il fut au comble de l’envie tandis que ses muscles contractés par ma correction improvisée commençaient à chauffer. N’y résistant plus, je m’autorisais alors à passer ma langue pour lui nettoyer la moindre parcelle qui collait affreusement à son postérieur.

-Oh Helga…Oh…C’est divin…Hoqueta-t-il alors que j’avais de plus en plus mal aux pointes de ma poitrine et au bas ventre.

Qu’attendait-il pour me pénétrer bon sang ? L’entendre prononcer ses mots, finit de me faire gémir et je lui laissais certaines traces grossières de chocolat séché sur les fessiers avant de le pousser sur le lit pour lui monter dessus.

-Non…Pas encore…Je n’ai pas fini…De t’explorer…Susurra-t-il en parvenant à se dérober.

Grandement frustrée, je le laissais tout de même faire tandis qu’il aspira très vite une gorgée de glaçons fondus des fonds de verres de thé froids qui restaient encore sur le plateau. Vif, il m’écarta bientôt les cuisses et engouffra sa bouche dans mon chakra le plus secret. Surprise par l’aspect du froid, je crus un instant que cela allait être néfaste pour la suite de notre échange. Il n’en fut rien. Bien au contraire. La texture dilata ma partie la plus intime et la sensibilité n’en fut que plus excitante…Vigoureuse…A la limite des chatouilles…

N’arrivant pas à me retenir de rire, j’appuyai ma main avec fermeté sur la tête de mon amant qui continuait de lécher avec force mon lieu secret. Ebahie par ce ressenti pour le moins singulier, ma moiteur s’éveilla au maximum tandis que l’effet anesthésiant n’était en rien gênant. Au bord de l’apothéose, je couinai bientôt son prénom de façon démesurée…Il s’allongea bientôt, prêt à me réceptionner à ma guise et je ne cherchai pas plus quand je trouvai la juste place pour me fondre en lui. J’aurais cru que la froideur de ma fleure intime demeurerait un handicap pour sa protubérance, mais il n’en fut rien. Ses coups réguliers me réchauffèrent très vite si bien que mon corps qui était tout collant et suant s’enhardit.

-Helga…Debout…Mets-toi debout…Me souffla-t-il soudain.

Repensant alors aux phrases d’Ylva de ce matin, j’en vins à soupçonner que c’était la doyenne Northuldra qui lui avait sous-entendu d’accomplir de telles préliminaires. Qu’importe Helga...C’est si bon...Pensai-je quand il me caressa les seins tout en dosant les cabrements. Les mains cramponnées ainsi sur le mur, dos à lui, j’oubliai mes jumeaux en recevant ce paradis animal. Divin…Mes aïeux…C’était divin… Scandée par l’explosion intense mais passagère, je finis par pousser un jouissement qui indiquait clairement ma complaisance à l’égard des bienfaits de cette nuit de noces.
Echevelés et pleins d’audaces, nous nous déplaçâmes gentiment vers le lit et nous glissâmes dedans avant qu’il ne demande :

-Verdict la nourriture quand nous faisons l’amour… ?!
-A recommencer sans hésiter monsieur Westergaard, gloussai-je en me collant contre lui.

Cela ne manqua pas de le faire rire et nous nous consultâmes une nouvelle fois du regard en ayant la même idée en tête...Si bien que j’ajoutai bientôt en plaisantant :

-Tu crois qu’il reste des mignardises aux cuisines ?!
-Hum...ça vaut la peine d’aller y jeter un coup d’œil...Minauda-t-il.

Ni une, ni deux, nous nous rhabillâmes et sortîmes de la chambre avant de percuter Ylva qui n’avait rien manqué à la scène.

-Ne faites pas attention à moi ! Filez donc ! Nous encouragea-t-elle.

Nous suivîmes son conseil et terminâmes la nuit au milieu des fourneaux pour recommencer cette expérience sensorielle et mémorable…





Allez ! Je mets quand même la petite chanson qui va bien parce que je l'ai eu en tête pendant toute l'écriture Very Happy



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Lun 16 Oct 2023, 18:38
C'est enfin le jour du mariage pour la petite Helga, et bien sûr ça la met dans toute ses états. Mais sa mère, la reine Anna (fraîchement réveillé, rappelez-vous), est là pour la rassurer, lui offrant même d'enfiler sa robe de mariée européenne, de sorte à ce que le mariage puisse être fêté également à Arendelle. Même si Helga accepte de la porter, elle se demande si cela ne serait pas très bien pris par les northuldras, mais on lui assure que non, qu'Anna d'Arendelle l'avait déjà fait à son mariage.

Puis, après de vives réminiscences de fidélités sexuelles (pas très flatteuses) avec les autres doyennes de la famille et un mot touchant et encourageant de la part de son père, Helga peut enfin se présenter pour allumer sa coupole afin de sceller son union avec Léon, tout en profitant d'une nouvelle façon de se marier : goûter au pain de la prospérité pour s'assurer d'être à l'abri de la faim. Puis enfin vient le moment de continuer la cérémonie à Arendelle. Mais Léon ne se sent pas bien à l'aise en ce lieu totalement nouveau pour lui, Hans et Kristoff le prenant à part pour le mettre en confiance. mais ça gêne quand même Helga, qui se retrouve à être louangé sans son mari. Mais en réalité, il s'était préparé, aidé par sa belle-famille, à énoncer un discours empreint de paix et de réconciliation face aux arendelliens et en procédant selon la coutume du Kransekkake.

Mais malgré l'atmosphère festive, Elsa n'approuve pas l'annonce publique d'Helga sur la venue imminente de ses futures enfants, surtout en présence des petits frères et sœurs d'Helga, qui semblent bien enclins à jouer la précocité en parlant un peu trop de comment se font les bébés. Mais Helga coupe court à la conversation en leur disant qu'ils seront les parrains et marraines de leurs futures neveu et nièce. Puis après cela se font les présentations avec Viktor Westergaard et la grand-mère de la famille, Tatiana. Et son caractère donne bien le ton : hautaine, vaniteuse, et surtout ne nourrissant pas une vraie tendresse pour son petit-fils. Et on peut s'y attendre, non seulement elle voit très mal qu'un paysan (sous-entendu northuldra) se marie avec son arrière petite-fille mais que cette dernière soit déjà enceinte avant le mariage. En fait, seule la petite Kirsten semble nourrir une admiration pour la vieille peau de vache, se plaisant à s'imaginer appliquer l'éducation parfaite à son futur filleul, ce qui n'est pas du goût

Puis enfin, après le banquet traditionnel, les deux mariés peuvent finalement copuler en toute intimité. Mais avec une saveur toute particulière : il s'agit de goûter aux plaisirs de la chair, pas au sens figuré, mais au sens propre, en s'enduisant de desserts du banquet préalablement substitués.

Et tout ça sous le regard discret d'Ylva... donc pas vraiment d'intimité.

Et pas besoin de cogiter longtemps pour deviner que le pêché de ce chapitre, c'est la gourmandise :cookie:

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Lun 16 Oct 2023, 22:39
Frantzoze m'a spoilé le titre et a cherché à me convaincre à son avis.
J'ai été influencée honteusement et je suis tombée dans ce piège! Un chapitre qui parle énormément de nourriture le tout sans la célèbre "Grosse GaGa" oui ça manque de saveur pour le coup.
L'autre GaGa a dû assouvrir le fantasme absolu de la "grosse gaga" associer plaisir charnelle et bouffe... son paradis absolu! Very Happy

Autrement les jumelles sont définitivement mes persos enfant préférés. J'adore les réactions de Rita et plus encore Kirsten

pour le reste c'est un mariage classique, très classique, presque trop... Aucun rebondissement, c'est finalement exactement ce qu'on attend.

Si exception avec l'arrivée de la grand mère Merryl Streep le diable s'habille en Prada... dommage qu'elle reparte si vite, ça aurait été drole de la voir visiter le pays des Northuldra... Wink

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Lun 16 Oct 2023, 22:46
Floconnette a écrit:Frantzoze m'a spoilé le titre et a cherché à me convaincre à son avis.
J'ai été influencée honteusement et je suis tombée dans ce piège! Un chapitre qui parle énormément de nourriture le tout sans la célèbre "Grosse GaGa" oui ça manque de saveur pour le coup.
L'autre GaGa a dû assouvrir le fantasme absolu de la "grosse gaga" associer plaisir charnelle et bouffe... son paradis absolu! Very Happy

Autrement les jumelles sont définitivement mes persos enfant préférés. J'adore les réactions de Rita et plus encore Kirsten

pour le reste c'est un mariage classique, très classique, presque trop... Aucun rebondissement, c'est finalement exactement ce qu'on attend.

Si exception avec l'arrivée de la grand mère Merryl Streep le diable s'habille en Prada... dommage qu'elle reparte si vite, ça aurait été drole de la voir visiter le pays des Northuldra... Wink

Ooooh mais t'as toujours un coup d'avance ! XD Razz
Quoi ?! Qu'est-ce que j'apprends ?! Frantzoze t'envoie des MP spoileurs ?! Je vais le défonce ! [Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures ! - Page 3 196702029 [Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures ! - Page 3 196702029 [Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures ! - Page 3 196702029
Hahaha mais qui dit qu'avec Olaf la Grosse Gaga n'a-t-elle pas fait ça ?! ... Oh...Je viens d'aovir une idée !!! :cookie: :cookie: :cookie:
Merci en tous cas pour ton commentaire ! I love it et merci pour toi aussi @Dov

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Mer 18 Oct 2023, 16:27
Allez ! Le chapitre est en cours d'écriture ! Smile
Mais voici les spoilers du chapitre 7 Very Happy

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Dim 22 Oct 2023, 21:14
Bon eh bien même s'il n'y a pas eu de spéculation pour ce chapitre voici le dernier dans la tête de Petite Gaga ! I love it  
Bonne lecture Very Happy
PS : IL FAUT LIRE MON CHAPITRE D'ABORD AVANT CELUI DE FRANTZOZE Wink

Chapitre 7 : L'envie :

TIMELINE ACTUELLE...

-Comment te sens-tu aujourd'hui Maman ? Demandai-je comme un refrain en effectuant mon rituel habituel sur son corps pour le soigner.
-Fatiguée... Répondit-elle d'une voix pesante, et ce n'est pas te voir t'agiter aussi grosse qu'une baleine qui va me faire me sentir mieux !

Habituée maintenant depuis cinq mois à recevoir toutes remarques, j'y fis à peine attention et lui renvoyai mon énergie d'une façon inconstante à l'aube de mon neuvième mois de grossesse. Ainsi, cinq mois déjà s'étaient écoulés depuis notre mariage et si la présentation de Léon ainsi que notre nuit de noces me paraissaient bien loin, je n'avais pas l'impression d’avancer à cause du caractère toujours morose de ma mère. Egale à elle-même depuis son réveil, elle demeurait pâle, frêle, n’aspirant qu'à se flageller à propos du sort de Mamie Anna. Nous avions beau lui expliquer que sa mort n’avait pas été de son fait, elle ne voulait rien entendre...

-Inutile de me cacher ma véritable nature Helga, je suis une tueuse voilà tout, répétait-elle sans cesse.

Cela me rendait folle...Mais ce n’était pas la seule chose qui m’horripilait depuis son « retour ». Voir Kirsten devenir de plus en plus exécrable pour se calquer sur le caractère de Mémé Tatiana avec qui elle conversait beaucoup par lettres depuis le mariage l’était tout autant. Et ce jour-ci ne faisait pas exception à la règle. Revenant à l'instant présent je clamai alors à ma mère :

-Allez Maman ! Tu peux te lever ! Si tu t’es déplacée exprès jusqu’à la Forêt Enchantée, ça veut dire que tu as assez de forces pour tenir debout !
-Revenir dans ce lieu pour ce jour si...Spécial, n’était pas mon idée mais celle de ta givrée de tante ! Et je dois dire que ce n’est pas sans me déplaire... Renchérit-elle amusée, L’odieuse bonne femme qui est ton arrière-grand-mère en pleine confrontation avec un peuple nomade ! Elle est persuadée que ça révèlera le pire d’elle ce qui fera par effet boule de neige ouvrir les yeux à ta sœur qui lui voue une admiration débordante !  
-J’ai de sérieux doutes... Kirsten a aussi du mal avec le peuple du soleil...Mais enfin...Que les dieux entendent les prières de Tatie...De toute façon, ce n’est pas à nous de nous en mêler et certainement pas aujourd’hui où nous devons plutôt communier avec la nature pour rendre hommage à Papy Wilhelm et Mamie Alix ! M’exclamai-je, enthousiaste.

Taciturne, le visage de Maman s’assombrit alors et elle cracha soudain avec violence :

-Ne prononce pas les prénoms de ces salauds ! Ils ne le méritent pas ! Et puis zut à la fin ! je me demande bien pourquoi cet abruti d’Hans n’a pas raisonné sa femme pour que ce soit nous qui nous rendions aux îles du Sud !
-S'il te plaît Maman, n'insulte pas Papa, repris-je en lui massant les épaules, tu étais tout autant d’accord si ce n’est plus pour que ce soient eux qui viennent...Tu insistais car...

Je préférais ne pas finir ma phrase en repensant à la raison. Comme si elle s’en rappelait elle, elle se mit à ricaner méchamment et renchérit :

-Ah oui ! C’est vrai ! J’espérais que la vieille carne se noierait au retour du voyage comme elle a échappé à son trépas en revenant de de votre mariage !

L’entendre le prononcer à nouveau me broya le cœur et une voix au fond de moi avait envie d’hurler « Bon sang ! Rendez-moi sa gentillesse ! Sa bonne humeur ! Son optimisme ! »

-Maman je t’en prie...Pense à de belles choses... Déjà on va t’aider à te rendre présentable parce que sinon, c’est certain que tu vas te prendre une réflexion de Mémé Tatiana, murmurai-je doucement.

Elle ne se débattit pas et j’en fus heureuse. Elle ne put tout de même s’empêcher de répliquer :

-Elle a dit que tu avais très peu d’importance...Personne ne parle comme cela de ma fille...Ecoute-moi, donc au lieu de t’agiter ! Il ne faut pas lui pardonner !  
-Je ne lui pardonne pas Maman, murmurai-je en lui faisant ses tresses jumelles.
-C’est pire ! Tu ignores ! Grommela-t-elle, qui ne dit mot consens,  je te rappelle !
-Mais oui, chuchotai-je, attendrie...Laisse-moi plutôt lacer ton corset au lieu de te monter la tête !

Placée derrière elle, je liais activement les fils jusqu’à ce qu’elle stoppe subitement mon geste.  Elle se retourna bientôt et me força à la regarder avant de reprendre avec une pointe de jalousie :

-C’est vrai que tu es marquée par le physique de cette horrible Alix ! Quand je te dis que je suis punie ! La seule fille que j’ai eue et il a fallu qu’elle hérite des traits des Westergaard ! Ah ! Je suis maudite ! Même la perfection n’a pas atteint mes enfants ! Regarde Rita et Kirsten elles sont belles et bien élevées comme Elsa ! Alors que moi...Moi j’ai eu une fille et des fils moches comme leurs pères ! Tous bagarreurs ou qui ouvrent les cuisses au premier venu ! Laisse-moi donc ! Je ne veux pas participer à cette cérémonie finalement !
-Tiens-toi droite et lève les bras que je puisse te mettre ta robe ! Ordonnai-je en faisant la sourde oreille.  

Cela l’agaça mais elle maugréa juste :

-C’est ça...Fais celle qui n’entend pas...Ce que tu peux être bête en plus ma pauvre fille !

Serrant les dents pour ne pas lui répondre, je terminai de l’épousseter pile au moment où Tonton Kristoff entra dans la chambre.  

-Vous êtes prêtes ? Demanda-t-il en lançant un sourire radieux à Maman.

Le genre de sourire qui sous-entendait qu’il avait envie de l’étreindre de façon plus intime. Vu le regard de méfiance qu’elle lui lança, ça n’allait pas encore être pour aujourd’hui...

-Tu es sublime Anna chérie ! Essaya-t-il encore.

Elle darda immédiatement un regard féroce sur lui et rechigna :

-Inutile de me complimenter ! Je sais très bien que tu as toujours préféré ma sœur ! Je ne suis malheureusement pas aussi parfaite qu’elle !

Elle l’avait dit sur un tel ton de raillerie que je frissonnais d’horreur. Si même Tatie Elsa n’avait plus le droit à son respect, l’heure était grave...Calme face à sa réaction, Tonton Kristoff l’approcha tout de même et lui prit les deux mains avant de lui murmurer :

-Je n’ai pas besoin que tu sois parfaite, j’ai juste besoin de toi.

Ses yeux s’élargirent tout de suite de gêne et elle se radoucit immédiatement. Comprenant qu’ils avaient besoin d’être seuls, je lançai bientôt :

-Bon...Ne...Ne tardez pas...

Indifférents à ma présence, ils étaient déjà bouches contre bouches quand je quittais la hutte.  Faisant au mieux pour surmonter mon dégoût, je me dirigeai vers la Prairie des Aulnes où Tatie Elsa avait créé une sépulture pour l’occasion. Ainsi, elle et les autres membres de la communauté exceptés Tonton Yohan, Tatie Camille, mes cousines ou encore Maria étaient regroupés face aux deux bustes en glace de Papy et Mamie.

-Ton oncle et ta mère n’ont pas suivi ? Demanda aussitôt Papa.

Mes joues se chauffèrent et je bredouillai rapidement :

-Euh...Si...Si...Ils arrivent...Ils se retrouvent...
-Il y a définitivement un manque d’éducation notable de la part de cette royauté qui tombe en déconfiture...Voilà ce qui se passe quand on épouse des roturiers et pire encore ! Des paysans ! Soupira alors mon aïeule.
-Eh bien usons de ce temps efficacement ! Pourriez-vous lire mon discours Grand-Maman ?! Je l’ai bien peaufiné cette fois ! S’enquit Kirsten qui lui sortit une longue lettre de son cru.

Elle était la seule personne pour qui elle avait de la patience. Sans attendre, elle réceptionna la feuille de papier et la lut avant de lui tendre à nouveau en répliquant :

-Vous progressez vraiment vite chère petite...C’est beaucoup moins mièvre que l’essai de ce matin !

Le visage de la jumelle s’illumina au compliment alors que Maman et Tonton arrivèrent enfin.

-Eh bien ce n'est pas trop tôt ! Grommela Mémé Tatiana.

Puis elle fit signe à Kirsten et ajouta :

-Ma chère protégée ! A vous l’honneur !

Attentifs, les gens se turent enfin pour écouter ma petite sœur qui énonça d’une voix posée :

-Cher peuple du soleil, afin de consolider notre amitié et laisser derrière nous nos différents d’antan, la reine Elsa aussi cinquième esprit de ce lieu a souhaité rendre homme aux défunts roi Wilhelm et reine Alix des îles du Sud, au cœur même de la nature pour rappeler que nous ne faisons plus qu’un avec elle à l’heure de notre mort. Je l’appelle donc à présent pour qu’elle accomplisse le devoir de mémoire !
Sous l’œil attentif de la foule, la petite se décala alors pour laisser de la place à ma tante qui s’avança tandis qu’elle se recroquevilla de manière très digne aux côté de notre aïeule qui lui tapota brièvement l’épaule pour lui montrer qu’elle avait été satisfaite de son intervention. Accrochée de la même manière à Maman pour qu’elle ne fasse pas de bêtise, nous regardâmes attentivement la grande reine des neiges qui manipula avec beaucoup d’élégance son pouvoir pour pouvoir éclater en quelques secondes, les deux têtes gelées qu’elle avait confectionnées. Un premier souvenir figé s’échappa donc du buste de Papy Wilhelm le représentant tel qu’il était de son vivant : Désagréable. Pas en reste, ce fut la même pour ma grand-mère quelques secondes plus tard.

Alors que mes yeux restaient en point fixe sur le reste d’eau fondu qui siégeait à présent sur le sol, la cheffe Yélana tapa bientôt trois fois sur son bâton en concluant :

-Bon ou mauvais, seule la nature a jugé de leur sort. Apaisons à présent les esprits de chacun en leur dédiant une minute de silence !  

Forcée de le faire car elle avait été contre cette cérémonie jusqu’à la dernière minute, elle joua pourtant le jeu et se contenta de toiser mon aïeule qui fit de même. Les deux demeurèrent pourtant muettes et le silence fut immédiat au sein de tout notre groupe si bien que nous entendîmes bientôt le gazouillis des oiseaux. Rapprochée de Léon, j’étais ravie de retrouver son épaule pour déléguer un peu de mon poids. Etant à présent presque à terme, le moindre de mes mouvements devenait un calvaire pour moi. Tout le monde dans la communauté était unanime : Si pour mon visage j’avais hérité de Mamie Alix, pour le physique de mon corps je n’avais jamais aussi bien portée le nom de Mémé Helga. Mais je m’en fichais. Tout ce qui m’importait c’était mon fils et ma fille qui étaient en bonne santé. Priant donc en Northuldra pour mes grands-parents malgré leurs caractères exécrables, nous fûmes respectueux...Jusqu’à ce que Maman éclate d’un rire de plus en plus sonore.

-Grand Dieu ! Cela vous fait rire en plus ?! S’offusqua tout de suite Mémé Tatiana alors que mes proches et moi blanchîmes d’un coup.
-Oh oui ! Si vous saviez ! Je rigole parce que je les imagine en train de nous voir de l’Hellheilm et de se moquait de tout ce cérémonial ! Pouffa-t-elle.
-Anna ça suffit ! Dit Tatie d’une voix grave, ce n’est pas bon de profaner une célébration mortuaire...Kristoff va te raccompagner à la maison des Berges.

Mon oncle voulut alors la prendre dans ses bras mais elle se déroba et ses yeux se révulsèrent de dégoûts à notre égard avant qu’elle ne reprenne, revêche :

-Quelle bande d’hypocrites vous faites tous ! Vous avez fait moins de manières quand Mamie Anna est morte alors qu’elle était une citoyenne de votre peuple ! Oh oui ! C’était la reine des chamanes ! La plus perspicace des femmes qu’on connaisse ! Non...Au lieu de cela, vous vous prosternez pour des gens que vous ne connaissez même pas ! Passe encore pour la majorité des Northuldra puisqu’on sait tous qu’ils sont bêtes comme leurs pieds ! Mais toi, Maman ! Et toi Elsa ! Comment pouvez-vous cautionner une telle mascarade ?! Ils vous ont traité comme des moins que rien et cette garce continue de le faire ! Ajouta-t-elle en pointant son doigt avec violence en direction de mon arrière-grand-mère, et vous vous abaissez à elle ! A eux ! Vous voulez le fond de ma pensée ! Wilhelm et Alix n’étaient que deux salopards qui ont mérité de mourir ! Oh oui ! C’est bien fait pour eux et j’espère qu’ils se gèlent bien dans le Nifflheilm ! Ils n’étaient que deux charognes qui avaient le cœur remplie d’obscurité par l’éducation austère de cette harpie et ses semblables !
-Veuillez retirer vos propos Madame ou il en cuira de nos relations ! S’exclama soudain Mémé Tatiana, outrée par ses paroles.  

Je voulus la retenir, mais elle réussit à se dérober. Se voulant imposante, elle s’approcha alors de mon aïeule et la scruta férocement avant que Kirsten ne s’interpose entre elles deux.

-Tu es en colère Marraine Anna mais il faut te ressaisir ! La brava-t-elle avec calme.  

Lui agrippant violemment le bras, elle prit bien soin de détacher chaque mot avant de lui dire méchamment :

-Mêle...Toi...Une bonne...Fois...Pour toute...De ce qui te regarde...Tu évinces assez...Ma fille comme ça...Mais...Ce ne sera...Pas le cas...Avec moi...

Sans attendre, elle la projeta violemment au sol et ne se préoccupa plus d’elle alors que Rita, Elysia et Pieter la réceptionnèrent en ânonnant des « ça va », inquiets.

-Hans fais quelque chose ! Cria soudain Tatie qui gelait déjà le sol montrant qu’elle n’arrivait pas à se contrôler.

Restée droite, Mémé Tatiana brandit soudain sa canne tout en criant de colère :

-Vous croyez que vous me faites peur, petite impertinente ?! Méfiez-vous ! J’ai su la manier sur ma fille, je n’aurais aucun mal à le faire sur vous !

Mais ce fut peine perdue, Maman avait un atout et pas des moindres...Le feu de défense chamanique. En quelques instants, mon arrière-grand-mère porta ses mains à sa poitrine en suffoquant de douleurs sous les pleurs de ma jeune sœur qui hurlait des « Mémé » à en déchirer les âmes. Tout s’était déroulé si vite que nous n’avions pas eu le temps de comprendre... Mais il fallait arrêter cela ! Maintenant ! Me détestant au plus profond de mon être, je voulus à mon tour la brûler pour au moins essayer de la raisonner. J’étais donc sur le point de lui envoyer les premières flammes quand je fus devancée par...Mamie Dudu.
-Tu rentres à la maison des berges tout de suite ma Furie Rousse ! Tu te dépêches ! Je n’hésiterais pas à recommencer jusqu’à ce que tu comprennes ! S’écria-t-elle, les yeux déjà embués de larmes.

Cela fonctionna pour un temps et ma mère se tourna avec violence vers elle, refusant de réaliser ce qu’elle venait de lui faire. Elle se mit bientôt à crier :

-Maman...Tu...Tu as osé !  
-Ne m’oblige pas à répéter la menace mademoiselle Anna d’Arendelle ! S’écria-t-elle encore en pointant son doigt en direction de l’extérieur du village.

Peu habituée à l’entendre crier si fort, Lucia et Kaspian prirent peur et se mirent à pleurer avant d’être emportés bientôt par Papy Antoine pas beaucoup plus rassurés qu’eux. Blessée dans son amour propre, la sanction n’apaisa ma Maman. Bien au contraire ! Cela déferla plus que jamais sa colère. Bravant Mamie Dudu, elle lança une autre série de fournaise dans le ventre de notre aïeule qui se plia en deux avant de perdre connaissance.

-Mémé ! Hurla aussitôt Kirsten avant d’éclater à son tour en sanglots.
-Voilà ! Bon débarras ! Clama-t-elle alors que nous la dévisageâmes terrifiée.

Nous fîmes donc à peine attention à Laïka qui s’était éclipsée à sa hutte pendant toute la scène et qui revenait enfin avec une seringue remplie de clous de girofles et de feuilles de cocaïnes comprimés. D’un geste ferme, elle maîtrisa enfin Maman et lui planta l'aiguille dans la jambe. Cette dernière s’écroula alors que ma vision ne put en supporter plus. Très vite, elles furent emportées toutes les deux dans l’antre des guérisseuses alors que nous étions tous sous le choc.

-S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! Calmez-vous ! Comme chacun sait ici ! La chamane Anna a quelques problèmes de santé et ne pensait pas le moins du monde a ce qu’elle a pu sortir ! S’égosilla bientôt Yélana qui maîtrisa petit à petit les paroles de chacun.
-Comment être certaine qu’elle ne nous veut pas de mal à nous aussi ?! S’écrièrent, les Northuldra, horrifiés.

A mon grand regret, madame Coudrier n’eut pas matière à répondre, et ce fut Tatie Elsa bien que tout aussi ébranlée que nous tous qui déclara tout de même d’une voix convaincante :

-Tant que moi votre cinquième esprit serait là, vous ne risquez rien auprès de la princesse Anna ! Nous travaillerons activement à sa guérison, tous autant que nous sommes ! Les guérisseuses ! Les chamanes ! Moi ! Par pitié ! Je sais que ce que je vous demande est difficile ! Mais il ne faut pas lui tourner le dos ! Pas maintenant ! Elle a besoin de vous ! Au fond, elle n’avait pas complètement tort ! J’ai été un peu bête de prendre l’initiative de cette cérémonie ici sachant qu’aucun de vous n’étiez attaché aux îles du Sud !
-Oui...Oui...C’est vrai, approuvèrent-ils en buvant ses dires.

Retrouvant des couleurs, elle se tourna alors vers moi et me prit à témoins avant d’ajouter :

-Je vous laisse à présent avec Helga Piceaerd pour qu’elle régule vos chakras qui en ont bien besoin !

Bien que toujours fébrile, je me donnais de la consistance en leur lançant un sourire encourageant. Je commençais par les plus jeunes de la fratrie avant de m’attaquer aux adultes et passais donc mes mains sur les chakras principaux de quasiment toute la communauté. Après de longues minutes, je décidais de m’arrêter car la tête commençait à me tourner.

-Abreuve-toi mon amour, s’enquit Léon en me voyant chanceler, tu ne devrais pas trop forcer.
-Je vais très bien ! Maëlle et Frantz ne sont pas prévu avant la fin du mois ! Mais là de toute façon, j’ai fini...Regarde comme ils vont mieux tous...Dis-je, fière de mon amélioration dans mon chamanisme.

Sentant que j’étais très touchée malgré tout par la situation, mon mari décida d’unir ses mains aux miennes pour essayer de dynamiser mon énergie. Cela ne marcha pas bien sûr mais la prise en charge du geste me donna le sourire.

-Je t’aime, murmurai-je.

Lovée contre lui, mon rythme cardiaque retrouva des battements réguliers tandis qu’il caressa fermement mon énorme ventre. Très vite interrompus par cette brève scène de répit, nous fûmes bientôt confrontés à Tatie et Papa qui arrivaient vers nous en nous lançant des regards graves.

-Hum...C’est mauvais signe ça, bafouilla mon amant.
-Quelque chose de grave ma Tante ? Demandai-je par précaution même si je connaissais déjà la réponse.
-Suis-moi à la hutte, dit-elle simplement.

Me détachant de Léon qui retourna faire patienter les enfants, j’accordais mes pas aux siens si bien que nous arrivâmes rapidement dans la grande demeure des guérisseuses. Je faillis avoir une attaque en constatant qu’un drap blanc était venu recouvrir un corps. Reculant immédiatement, je marquai un temps d’arrêt et questionnai :

-Ce...Est-ce...Ce que je crois ?!
-Oui...La reine mère Tatiana des îles du Sud nous a quitté, répondit distinctement Laïka.
-Son cœur a lâché, crut bon d’ajouter Béata.

Je crus que le mien allait s’arrêter également. Non...Non...Ce n’est pas possible...Maman n’est pas une meurtrière...Non de non ! Pestai-je.
-Pourrai-je voir la dépouille s’il te plaît ? Demandai-je bientôt à la guérisseuse.
-Ce n’est pas une bonne idée, petite Gaga...Trop d’émotions pourrait t’être néfaste ! Répondit tout de suite Mamie Dudu, tu en as déjà bien assez eu pour aujourd’hui !
-Bon sang ! Je veux vérifier quelque chose ! Grommelai-je soudain avec force.

Dupée par mon ton, la sœur Nattura me laissa la place et j’agrippai tout de suite la main froide de Mémé Tatiana où tous les chakras étaient éteints. S’il vous plaît, faites que je trouve un indice en rapport avec cette garce d’Emma... Pensai-je en boucles tout en passant stratégiquement mes doigts à l’endroit où se trouvaient encore les énergies animées quelques heures plus tôt. Cherchant avidement les traces de brûlures, je retrouvais une zone légèrement rouge qui sentais le roussis mais ce ne fut pas ça qui me perturba le plus ! Victoire ! Une fine brisure de miroir était coincée à l’emplacement du chakra du cœur, si fine qu’elle était quasiment indétectable à l’œil nue...Mais pour une chamane...

-Ce n’est pas la faute de Maman, lançai-je, sereine en me tournant enfin vers Mamie Dudu.

Perplexe, elle n’ajouta rien mais repéra la position de mes doigts et elle comprit non sans peine que j’avais trouvé le véritable coupable. Prise dans ma lancée, j’ajoutai encore :

-Restez ici et préparez les funérailles ! Tatie Elsa et moi avons besoin de nous rendre à Ahtohallan ! Il faut que je vérifie quelque chose et cela ne peut pas attendre !
-Est-ce une bonne idée dans ton état Petite Gaga ? S’inquiéta immédiatement ma grand-mère en détaillant mon ventre bien rond.
-Mais oui ! Ne t’en fais pas...Nous n’en aurons pas pour longtemps ! A tout de suite ! Assurai-je.

Ne leur laissant pas le choix, je m’activai à sortir de la hutte. Je retrouvais ma tante quelques minutes plus tard avec Papa en train de créer de petites sculptures de glace pour les enfants. Son visage s’assombrit à nouveau lorsqu’elle me vit et elle répliqua :

-Nous devrions aller au chevet de ta mère à présent !
-Non, Tatie ! Clamai-je d’une voix sûre.
-Quoi ? Comment ça non ?! Tu sais bien que ce n’est pas son œuvre ! Grommela-t-elle, furieuse.
-Oui et justement nous avons besoin de nous rendre à Ahtohallan pour voir les autres vies...Je t’en prie...Je veux être fixée...Murmurai-je.

Comprenant ma détermination, Papa ne fut pas pénible et répliqua même embarrassé :

-Bon...Bah...Je vais m’occuper des petits et je vais rejoindre Kristoff après.

Déconnectées par ses paroles, ma tante et moi nous dépêchâmes de nous rendre aux Plages Grises pour pouvoir ensuite grimper sur le Nokk. Ce ne fut pas sans mal car j’avais toujours été thalassophobe à cause de ma première mort quand je n’étais encore que dans le ventre de Maman. Loin de se moquer, Tatie qui comparait ma peur à celle qu’elle avait eu avec son pouvoir, décida de me faire monter devant elle pour m’entourer de sa protection. Crispée, je tentais de me cramponner à la crinière de l’esprit de l’eau mais cette dernière me filait entre mes mains à cause de son enveloppe fluide. De ce fait mes griffes se rabattirent bien vite sur l’autre seul corps que j’avais sous la main, celui de Tatie. Elle eut pas mal de bleus de ma part mais ne s’en offusqua pas. Je fus en décalée durant tout le trajet faisant à peine attention aux choses qui m’entouraient y compris aux tiraillements qui commençaient à se faire sentir dans mon bas ventre...
Je ne fus jamais aussi heureuse de voir la somptueuse étendue de glace et descendis si rapidement qu’une autre douleur vive dans le bas ventre me coupa le souffle. Non... Helga...Ne perds pas de temps à le dire à Tatie Elsa ! Il faut regarder les autres vies ! Juste regarder les autres vies ! Me grondai-je.

Maladroites nous effectuâmes une salutation à la Déesse mère avant de passer les différents tunnels de pureté. Le trajet ne fut pas long...Mais assez pour que je me sente encore fatiguée. Heureusement, j’oubliai vite mes petits soucis au ventre quand nous arrivâmes enfin dans le grand dôme qui recouvrait tous les souvenirs confondus des différentes générations. Prenant rapidement une des mèches de Maman que j’avais réussi à dérober chez Mamie Dudu, je l’intégrais bientôt à la paroi et les dizaines de bulles des différentes vies apparurent.

-Tu es sûre que regarder cela ne va pas te faire plus de mal qu’autre chose Helga ? Demanda soudain ma tante.
-Non ! Je veux juger de l’étendue des dégâts d’Emma ! Voir si c’est très grave ailleurs que dans notre temporalité ! Grommelai-je, il ne faut pas qu’on reste sans rien faire ! C’est très grave ce qui est arrivé aujourd’hui ! Il ne faudrait pas que ça se répande aussi ailleurs !

Indécise, la reine des neiges accepta de me laisser faire et j’activais la bulle de droite avant de la passer très vite jusqu’à ne plus pouvoir avancer.
Plus vieille que chez nous, Maman, Tonton Kristoff et leur quatre enfants apparurent dans la Forêt Enchantée. D’une voix espiègle, Suzanne et Nikolas, les plus jeunes, demandèrent en chœurs :

-Alors Maman ? On va bientôt y aller à la surprise d’Ahtohallan ?!

Amusée, elle rit promptement et réussit à les calmer alors qu’ils continuèrent à tourner autour de mon oncle et Ryder.

-On attend qu’Elsa chérie et les triplés arrivent et ensuite nous nous mettons tous en route ! Indiqua soudain monsieur Nattura.


Les joues de ma tante prirent aussitôt des couleurs alors qu’elle répliqua :

-J’avais presque oublié que j’étais aussi mariée à Ryder dans cette vie-là et que j’avais Agnarr, Ryder junior et Karl avec lui.

Puis elle se racla très vite la gorge et reprit :

-Bien...Je n’ai pas l’impression qu’Emma soit allée explorer cette vie-là, ma petite Gaga ! Tout à l’air parfaitement normal ! Regarde ! Ta mère est celle qui fait le plus tourner Kristoff en bourrique !

Nous observâmes encore quelques minutes pour que j’en sois bien certaine et je fus amèrement obliger de constater qu’elle avait raison. L’homologue de ma tante ainsi que trois garçonnets aux cheveux aussi noirs que le frère d’Honeymaren finirent par apparaître et tout ce beau monde quitta la Forêt Enchantée pour se rendre vers les Plages Grises en direction de la Déesse Mère, s’accordant même un pique-nique devant le lieu sacré une fois arrivé sur place...Non...Pas une ombre à ce tableau si parfait...Je fus aussitôt rongée d’un sentiment de convoitise dévastatrice avant de me reprendre pour ma conduite ! Enfin Helga ! Ils sont sains et saufs ! Tu devrais être contente ! Me grondai-je.

Troublée, j’arrêtai alors le souvenir et déclarai encore à l’égard de Tatie :

-Pour bien faire, on devrait regarder toutes les vies...Mais je ne pense pas que nous pouvons nous le permettre !
-Tu es sûre que ça ne va pas te prendre trop de ton énergie ?! S’inquiéta-t-elle.

Je secouai vivement la tête et guidai mes doigts sur une autre bulle au hasard. Ecartant au plus profond de mon raisonnement, les tambours de poing de côté dans mon bas ventre, j’allumais ce nouveau souvenir et me rendis jusqu’à la limite de l’avancée de la vie.  

Une fois encore une scène d’étreintes heureuses, me consuma d’envie. Tatie Elsa était en train d’être embrassée sans pudeur par une reproduction de Tonton Viktor avant que celui-ci ne se mette à genoux en demandant :

-Elsa...Je veux être sûr....Enfin...Reine Elsa d’Arendelle...Voulez-vous m’épouser dans cette vie...Et toutes les autres ?

Pour toute réponse, ma tante le fit se relever en lui donnant à nouveau un éternel baiser fougueux. Devenant cramoisie au même titre que celle qui était toujours à mes côtés, j’allais commencer à sortir une phrase mais elle me coupa l’herbe sous le pieds en plaisantant :

-Il est clair que je n’ai pas du tout respecté cette promesse...Enfin c’est un point de vue, bien sûr...


Je ne réussis pas à partager sa bonne humeur alors que mon cœur se rétracta avec de plus de plus de pensées méchantes face à la scène harmonieuse qui continuait de défiler sous nos yeux. Comblée de joie, ma tante envoyait des sourires ou des marques d’affection aux restes des gens qui étaient en train de s’agglutiner autour d’elle. Ma jalousie fut alors à son paroxysme quand une petite fille blonde s’approcha d’elle alors qu’elle resta interloquée par sa présence.

-Mais toi...Je crois que je te connais mais je ne me souviens pas...Bredouilla-t-elle, confuse.
-Je suis Emma ! S’enquit l’enfant toute contente.
-Encore une, rit-elle alors que cela me donna la nausée, avec ta fille Anna, cela en fait trois !
-Mais c’est moi sa fille Tatie ! C’est moi qui t’ai réveillée ! S’enquit-elle avec un rictus fière.


J’eus aussitôt envie de la gifler...Du calme Helga...Ce n’est tout de même pas sa faute si elle porte le même prénom que cette ignoble Mère Fouettarde ! Tentai-je de me raisonner.

-Tu te rappelles cette demoiselle ?! Demandai-je d’une voix rauque.

Ma tante eut aussitôt un frisson et répondit très vite :

-Oui, c’est la fille d’Anna et Kristoff et sœur de Pierre...Elle est incorrigible et beaucoup plus remuante que toi...Il me semble si je ne dis pas de sottise que ta mère a aussi failli mourir à cause d’elle...Mais c’était un accident car elle était tout bébé...Mise à part son côté collante, c’est un amour ! Rien à voir avec notre peste d’ancêtre !
-Je te fais confiance là-dessus, maugréai-je.

Voyant mon air attristé, elle renchérit en essayant de donner un air enjoué :

-Visiblement tout à l’air d’aller pour le mieux dans cette vie-là aussi.

Je faillis détruire le souvenir tellement cela m’énerva. Réussissant à contrôler mes émotions, j’entrecroisais alors mes jambes pour contracter une nouvelle douleur à mon ventre puis je me contentais juste de répondre :

-Oui...C’est tant mieux...Bon j’en essaye encore une et si je vois que tout va bien, nous pourrons rentrer dans la Forêt Enchantée ! Cela ne sert à rien de tout regarder visiblement...Nous avons l’air d’être les seuls touchés par cette malédiction...

Tatie se mordit la lèvre comme toute réponse. Ne lui laissant pas le choix, je me focalisais aussitôt sur une autre bulle et l’activai avec sérieux jusqu’à voir apparaître Maman qui berçait doucement Elysia en larmes alors que je suivais plus petite derrière elle, âgée de cinq ans.

-Maman chérie ! Je dois m’installer sur le fauteuil pour lui donner le biberon ? Demanda ma moi-enfant.
-Oui ma princesse, nota-t-elle avec un grand sourire.

Elle attendit que mon homologue soit bien placée pour lui déposer notre petit frère qui continuait de gigoter. Comme par miracle, il s’arrêta en la dévisageant et cette autre petite Gaga lui caressa la joue en murmurant :
-Voilà Elysia...Il ne faut pas pleurer, tu es avec moi...


Puis elle regarda vivement Maman et prit le biberon avec précaution avant de lui enfourner dans la bouche. Désespérée par tant de bienveillance, j’enlevais les doigts sans m’en rendre compte avant de me mettre à pleurer de colère. Touchée par mon visage accablé, Tatie Elsa me frotta vigoureusement le dos de compassion.

-Allez...Va...Ne te ronge pas tant les sang...Chuchota-t-elle.

-C’est...C’est tout ce que tu trouves à dire...Alors...Alors que nous...Nous sommes définitivement la seule vie touchée par cette garce... Dis-je en m’étranglant avec ma salive.
-Ce n’est pas plus mal dans un sens...Cela est positif pour ta mère et veut dire qu’elle a toujours l’espoir de ses autres elles-mêmes qui la mènent vers la lumière ! C’est très bon pour son cœur !
-Certes, pensai-je, dommage que je n’arrive pas à communiquer avec le monde des morts pour pouvoir en faire part à tous ceux qui sont encore dans l’Hellheilm.
-Tu trouveras un moyen de les prévenir...Je reste confiante, m’encouragea-t-elle en délaissant bientôt la paroi pour retourner vers le centre du glacier.  

Paraissant sereine, j’étais pourtant de plus en plus ombragé par la jalousie. Pourquoi bon sang ?! Pourquoi Emma s’acharnait-elle sur ma pauvre Maman ?! Même celle de ma partie enfant allait bien ! C’était injuste ! Oui tellement injuste ! Et zut de zut ! Pourquoi n’y avions-nous pas le droit nous aussi à ce bonheur inespéré ?!
Je n’eus pas le temps de plus y réfléchir que je sentis soudain un énorme craquement vibrer dans mon intimité. Un mal plus aigu me força alors à passer mes doigts dedans et mon cœur s’emballa en sentant un drôle de liquide.  

-Tatie...Tatie j’ai de l’eau chaude...Qui coule de ma...Paniquai-je, livide tout en stoppant mon regard sur ma main mouillée.

Déjà prête à partir, la belle cinquième esprit se retourna rapidement tout en demandant :

-Attends...Quoi ?! Qu’est-ce que tu as dit ?!

Puis son regard se posa sur le sol trempé et ses yeux s’écarquillèrent de répulsion.

-Mais non...Mais non...C’est pas possible...Pas ici...Pas maintenant...Je suis toute seule... Bougonna-t-elle violemment.
-Tatie qu’est-ce que j’ai ?! Soulevai-je, de plus en plus inquiète face à sa tête.
-Tu accouches ! Cria-t-elle.

Arpentant la pièce avec violence, elle se parla alors à elle-même :

-Bon...Essayons d’être méthodique...Déjà tu travailles ta respiration...Allez ! Tu prends une grande aspiration et ensuite tu souffles doucement en hachure !

Je m’appliquais alors que la douleur naissante de tout à l’heure, me lancina cette fois avec plus de violence.

-Surtout tu ne pousses pas, d'accord ! Tu retiens bien le tout ! Purée il fallait que ça tombe sur moi, ajouta-t-elle en s'approchant de mon corps pour essayer de me faire remonter vers la sortie de la grotte.

Ce fut peine perdue... Elle essaya de me soutenir mais je ne pouvais pas avancer plus de deux pas sans m'arrêter à cause des contractions. Elle sentit bientôt ma tension et me recouvrit toute ma zone abdominale de fraîcheur mais rien n'y fit... Les gémissement de douleurs reprirent alors que j'avais effectivement envie que d'une chose : Expulser Maëlle et Frantz au plus vite.

-Tatie...Tatie désolée mais je n'arrive pas à me retenir, Criai-je.
-Ah si si si ! Sur la vie de nos ancêtres, je t’implore de te retenir ! Renchérit-elle stressée, je n'ai rien sur moi si ça se complique et là il faut absolument que nous retournions dans la Forêt Enchanté pour avoir une guérisseuse sous la main ! Allez ! Fournis un effort...Il faut au moins que nous sortions du glacier et après on prend le Nokk pour arriver in extremis dans l'ancienne maison de Mamie Anna sur les Plages Grises.

M'énoncer les étapes ne me fit pas plus ralentir les spasmes électriques qui m'enflammaient le bas ventre...Pliée en deux j'avais envie de repousser ma tante qui était de moins en moins indulgente à l'égard de ma main qu’elle continuait de tirer avidement pour me faire avancer. Ainsi, nous quittâmes à peine le dôme des souvenirs que je m’arrêtais à nouveau en découpant mes mots :

-Tatie...Tatie je suis désolée je ne peux pas aller plus loin... J'ai quelque chose qui me bloque dans...

Atrocement gênée, je ne réussis pas à ma finir ma phrase et pointais plutôt mon doigt en direction de mon chakra racine toujours à l'affût de la moindre douleur. Le visage de ma tante devint cramoisi et elle croisa ses bras pour bien me spécifier qu'elle n'irait pas regarder avant de reprendre :

-Eh bien touche pour voir ce qui ne va pas dans ce cas !

Encaissant son agacement, je fus prise de tremblements mais m'exécutais tout de même. Quelle ne fut pas ma surprise de sentir quelque chose de dur au milieu des amas de sang et autres liquides gluants qui sentaient forts en attendant d'être expulsés.

-Alors ? Est-ce que ça fait comme une boule ? Questionna-t-elle en détournant les yeux.
-Non...non on dirait plutôt des cheveux, répondis-je en sentant plusieurs filaments sur le crâne ...De mon fils.

Plus blême que jamais, Tatie eut besoin de s'asseoir pour ne pas tomber à la renverse. Puis elle déplora bientôt :

-C'est encore plus proche que je ne le pensais...Tu ne peux rien faire comme les autres, toi ! Ce n'est pas possible !

Son air fâché ne m'était pas vraiment destinée mais je comprenais sa colère. Si jamais il m'arrivait malheur on la tiendrait pour responsable...Un peu comme Maman avec Mémé Tatiana...Bon sang mais qu'est-ce qui m'avait pris d'aller regarder les souvenirs maintenant ?! Je savais très bien que ça finirait comme ça ! Tout ça pour m'inquiéter pour rien puisque les homologues menaient tranquillement leurs petites vies parfaites avec leurs enfants...

-Qu'est-ce qu'on fait Tatie ? Finis-je par demander au risque de me prendre encore des réprimandes... J'avais préparé des couvertures bien chaudes depuis des jours pour les accueillir comme il se doit...Ils vont mourir de froid...
-Mais non ! Mais non ! Il va falloir te découvrir. Ton châle nous servira en attendant et je vais de ce pas demander à Hans de venir en bateaux avec Béata pour apporter le nécessaire ! S’écria-t-elle, ordonnée.

Emballée par l'idée, je hochai vigoureusement la tête avant de pousser un autre gémissement de douleur.

-Je...Euh...Ça veut dire que je peux...Tu sais...Pousser ? Demandai-je encore pour être sûre.
-Ma foi si tu n'as pas le choix, grommela-t-elle.

Elle voulut m'aider à m'allonger mais je refusais préférant largement la position debout pour pouvoir les réceptionner. Ne me concentrant plus du tout sur elle, j'attendis qu'une autre contraction passe avant de donner tout ce que j'avais, quitte à avoir la tête qui tourne violemment. Tatie Elsa se chargea donc d'appeler Courant d'Air pour lui expliquer la situation alors que je fus comme dans un état second. Je n'avais plus qu'un objectif : La délivrance de ce mal...Si bien que je sentis à peine le tout nouveau corps qui passa dans la zone exigüe. Aidant au mieux mon fils, j'y allais à deux mains pour le faire sortir tandis que sa sœur suivit de près. Ma tante eut à peine le temps de le prendre dans ses bras que Maëlle atterrit au creux de mes paumes tandis que je ne savais pas encore comme je réussissais à tenir debout tellement mes jambes étaient en coton. Je fondis immédiatement en larmes alors que les contractions s'amoindrirent après que j’eus expulsé les deux placentas.

-Ne bouge surtout pas...Je vais trouver de quoi te libérer...M’indiqua bientôt ma Tante.  
-Délivr...Plaisantai-je.
-Non ! Ne finis pas ta phrase ! Commanda-t-elle toujours d’un air grave.

Je me retins de rire, toujours un peu sonnée par la tournure des évènements et fis à peine attention aux enfants qui s’étaient remis à pleurer.

-Couvre-les Helga ! Reprit-elle en ayant créé un stalactique improvisé et pointue à l’aide de son pouvoir.

Appliquant alors mon châle avec force sur mes enfants qui cherchaient déjà les mamelons pour téter, je sentis bientôt que nos liens avaient été définitivement coupés.

-Voilà ! S’exclama ma Tante en traçant une marque de sang après s’être épongée le front.

Puis elle inspecta le sol couvert de sang et du liquide amniotique et ajouta :

-Eh bah...Tu nous as créé un beau bazar...

Avant de se tourner attendrie vers moi en caressant fermement ces nouvelles têtes.

-Mais tout le monde est sain et sauf c’est le principal...Reste-là et repose-toi le temps que j’aille vérifier si les autres ne sont pas arrivés, d’accord ? Demanda-t-elle à nouveau.

Je hochai vivement la tête dans un état complètement à part et passai les prochaines minutes à bien frictionner mes petits pour qu’ils n’attrapent pas froid. Hélas, j’eus beau essayer de les réchauffer, l’humidité d’Ahtohallan transperçait violemment nos corps.

-Ô Mère Toute puissante, s’il vous plaît, protégez-les, priai-je très vite, appréhendant qu’ils s’éteignent avant de rencontrer Léon.

Semblant comprendre mes craintes, le glacier réagit et la mare de sang fut bientôt absorbée dans le sol vivant, créant une crevasse qui se remplit d’eau...Fumante.

-Tu...Tu me permets de baigner mes enfants ?! Demandai-je aussitôt au cœur du dôme.

Je n’eus pas de réponse bien sûr, mais l’eau prit soudain une teinte lumineuse ce qui me rappela la façon dont mes arrière-grands-parents avaient été conçus. Oui...Pépé...Mémé...

-Mémé Anna...Pitié...Sauve-les... Répétai-je à plusieurs reprises comme une longue prière tout en sachant que cela ne servait à rien puisqu’elle ne m’entendait pas.

Redoublant de précaution, je me chargeai alors de me fondre par mes propres moyens dans cette drôle de baignoire tout en supportant bien les deux nuques de mes nouveaux-nés. Leurs pleurs s’arrêtèrent immédiatement au contact de la flotte qui leur offrit ainsi un contact similaire à celui qu’ils avaient pu avoir dans mon ventre il y a encore quelques heures. Des traces apparurent alors sur leur pieds et je reconnus non sans mal les losanges de la cérémonie de la nature. J’en fus infiniment soulagée.

-Ma petite Gaga ? Ça va toujours ?! Finit par demander Tatie armée de deux couvertures de bébés en en laine bien chaudes de longues minutes plus tard.

Elle resta circonspecte en nous voyant mais se contenta simplement de dire encore :

-Les autres nous attendent dehors...Es-tu apte à te déplacer ?

J’acquiesçai très vite et nous sortîmes bientôt du cœur d’Ahtohallan. Remerciant une dernière fois la mère des esprits par une prière intense, j’enroulais ensuite promptement Maëlle et Frantz dans la couverture et nous quittâmes enfin le lieu pour rejoindre ceux qui nous attendaient sur la plaque de glace.  

-Eh bien ! Que de rebondissements aujourd’hui ! S’écria Yélana qui m’envoya un sourire radieux en zyeutant ma progéniture avec envie.
-Vite ! Calez-là dans la couchette du bateau ! S’enquit à son tour Laïka, même pour un quart d’heure, cela ne peut lui faire que du bien ! On a pas idée d’aller courir à droite à gauche, enceinte jusqu’aux yeux ! J’espère au moins que vous y avez trouvé votre compte !

J’acquiesçais avec toujours la même pointe au cœur. Maman allait bien dans les autres vies et mes frères et sœurs grandissaient normalement. Pourquoi n’arrivai-je pas à m’en réjouir ?! C’était plus fort que moi...J’étais jalouse de ses autres situations si apaisées.

-Nous avons enterré votre aïeule et la petite Piceaerd se repose, entourée de notre Ange de l’Air et le reste de votre famille...Il n’y a donc plus rien à craindre ! Ajouta Madame Coudrier avec justesse.

Je lui offris une moue non convaincue...Oh si...Avec cette salope d’Emma il y avait tout à craindre justement. J’étais assez affligée que Yélana ne s’en rende pas compte. Sa mère, Ylva, pour sûr, s’en serait méfiée, elle. N’arrivant pas à plus réfléchir, je m’engouffrais bientôt dans le ventre du navire bien fatiguée et retrouvai Léon qui faisait les cent pas dans la cabine. Timide, je m’avançais alors vers lui et m’exclamai sans ménagement :

-Tu veux bien les prendre, Les sœurs Nattura tiennent à ce que je me couche.

Hypnotisé par ses enfants, il eut un temps d’arrêt comme s’il ne comprenait pas comment ils étaient passé de mon ventre à mes bras. Très ému, il s’approcha alors et les cala chacun dans ses mains avant de me délivrer un baiser de joie.
Bien que toujours en colère par les images terrifiantes que j’avais vu, je réussis à me reposer deux longues heures dans le bateau et fus donc en meilleure forme quand nous retournâmes à la maison des berges. Trépignant d’impatience à l’idée de présenter mes enfants à Maman et Papa, je fus heureuse de voir ce dernier venir à notre rencontre.

-Ma princesse ! Tu es là et tu vas bien ! S’exclama-t-il en me prenant doucement dans les bras pour ne pas écraser Maëlle.
-Je te présente ta petite fille, murmurai-je avec émotions.

Lui embrassant délicatement la fontanelle, il fit ensuite de même avec Frantz que Léon tenait toujours et ses yeux s’embuèrent.

-Purée...Qu’est-ce qu’il y a comme poussière ! S’écria-t-il soudain en s’essuyant brièvement.

Puis il ajouta encore :

-Allez ! Venez ! Yohan, Camille, Emma, Sofia et Maria sont de retour ! Nous avons préparé une fête pour les naissances !
-Ah bon ? Demandai-je étonnée, mais...Avons-nous vraiment le droit avec la mort de Mémé Tatiana ? Et puis pas sûrs que les enfants pardonnent si facilement à Maman ! Surtout Kirsten ! A mon avis, elle doit bouder dans un coin.
-Pas du tout ! S’exclama Papa amusé, toi n’étant pas là...C’est elle qui a présidé l’enterrement avec l’aide de Yélana et comme tu la connais elle a pris ce rôle très à cœur...Madame Coudrier lui a ensuite expliqué l’importance du pardon à elle ainsi qu’à tes autres frères et sœur...Et en bonne fille parfaite qu’est Kirsten, elle est allée voir ta mère en lui disant qu’elle n’avait pas été affectée par son excès de rage.
-Whoua, j’avoue que je ne comprendrais jamais comment elle fait, admis-je.

Léon et Papa approuvèrent et nous rîmes tous de bon cœur sur tout le trajet du retour. Fatiguée mais apaisée, ce fut une explosion de couleur qui m’attendirent dans la salle à manger de la hutte. Maman était assise dans le gros fauteuil alors que des banderoles peintes par tous mes élèves étaient accrochées un peu partout au plafond.

-Bienvenue aux nouveaux membres Piceaerd, lus-je prête à pleurer à nouveau.

Puis je me tournais vers tous les adultes qui étaient là et ajoutai :

-Merci...Merci à tous !

Impatiente, je m’approchais enfin de Maman qui semblait assagie et m’abaissai à sa hauteur pour lui présenter Maëlle.

-Qu’est-ce qu’elle a un nez affreux ! Dit-elle en l’observant de plus près, et cette grosse tête chauve... Oui elle est vraiment très laide ! J’espère que ton garçon est mieux réussi !
-Prends-là donc dans les bras cette nouvelle chamane, murmurai-je un peu vexée par sa remarque.

Elle dut sentir que j’étais à fleur de peau car elle appliqua mon ordre en se radoucissant. Enveloppant délicatement ce nouveau paquet de vie contre elle, elle posa rapidement sa main sur la sienne minuscule et reprit bientôt d’une voix presque normale :

-Bienvenue dans la famille Piceaerd, Petite Maëlle.

Retrouvant des couleurs de la voir attendrie, je fus encore plus satisfaite lorsqu’elle déclara :

-Elle a un bon flux chamanique déjà...La tradition est assurée...On va pouvoir en faire quelque chose !
-A part si elle tire de moi ! Plaisanta tout de suite Mamie Dudu.

Maman lui lança tout de suite un regard noir et se passa instinctivement la main sur sa poitrine avant de reprendre :

-Etant donné ton exploit de tout à l’heure, on ne puit pas dire que tu aies ratée ta vocation !

Un lourd silence rempli de tension s’installa immédiatement entre les deux femmes et je me raclai la gorge avant de reprendre :

-Si déjà elle est plus douée que moi ce sera très bien !
-Elle n’aura pas trop de mal...Même si...Tu t’améliores tout de même, bougonna-t-elle en déviant à nouveau ses yeux sur moi puis sur Maëlle.

Soulagée qu’elle me fasse enfin un compliment, je ne me lassai pas de les contempler avant que tous nos frères et sœurs n’entrent subitement dans la pièce.

-Vous vous êtes bien lavés les mains ? Demanda Léon avec précaution.

Il tenait toujours Frantz dans ses bras et cela m’émue.

-Oui ! Répondirent-ils, surexcités.

Avec délicatesse, il alla donc s’installer sur le lit et fut bientôt entouré de nos fratries toutes émues. Les voir ainsi me retourna le bas ventre de bonheur...Oui...Même Elysia et Pieter demeuraient sages et avaient un grand sourire aux lèvres.

-Est-ce que je pourrai prendre mon filleul ? Questionna soudain Kirsten avec timidité.

Elle n’attendit pas le consentement de Léon en étant déjà très proche de ses genoux.

-Oui, demoiselle...Si tu te cales bien contre le fauteuil, lui dit-il.
-Oh ! Moi aussi je pourrais le prendre après ? Clama alors Per.  
-Et moi aussi ?! Soulevèrent à leur tour Rackel et Ilse.
-Oui vous pourrez, déclarai-je, ravie, d’ailleurs Maëlle réclame aussi votre attention.

Comme s’ils semblaient l’avoir oublié, les petits tournèrent plusieurs fois leur têtes vers la gauche et la droite, n’arrivant pas à se décider dans quelle direction il leur fallait regarder entre les deux nouveau-nés. Restant pour ma part près de Maman pour éviter qu’elle ne fasse de mouvement brusque avec ma fille, je jetai tout de même un coup d’œil à la rencontre entre Kirsten et Frantz. Quelle ne fut pas ma surprise de voir des larmes discrètes s’accumuler aux coins des yeux de l’aînée des jumelles. Loin du protocole, elle redevint une jeune fille ordinaire et lui embrassa sa peau joufflue, toute rouge d’émotion.

-Bonjour Frantz...Je suis ta Marraine...J’ai pleins de choses à t’apprendre, chuchota-t-elle à sa minuscule oreille.

Comme s’il avait compris ce qu’elle racontait, mon fils lui offrit bientôt...Un sourire. Mes sentiments controversèrent immédiatement... J’aurais dû être heureuse, mais la rivalité s’empara de mon être. Pourquoi n’était-ce pas moi qui avais souffert le martyre qui y avait eu le droit ?! Troublée par ces sensations qui me faisaient passer pour une capricieuse, je jetai un rapide regard vers ma fille qui était bien logée dans les bras de sa Mamie Anna et lui faisait également des sourires. Mais c’était moi qui les avait portés ?! Je m’étais restreint pendant neuf mois ?! Pourquoi avaient-ils décidé de quitter mon ventre ?! Nous n’étions pas bien tous les trois ?! De plus en plus submergée par ces perceptions confuses, j’éclatais soudain en sanglots sous le regard alarmée de Léon.

-Belle-Sœur, ça ne va pas ? Demanda soudain Enge avec inquiétude.

Très sensible, il pleura à son tour et cela contamina bientôt les jumeaux qui poussèrent à leur tour des vagissements.

-C’est rien, c’est normal, déclarèrent alors Tatie et Maman en recouvrant toutes nos voix.

D’un geste rapide ma Tante joua alors avec ses pouvoirs créant des feux d’artifices de givre qui ramena très vite toute la maisonnée au calme. Puis elle ajouta à l’adresse de tout le monde :

-Allez ! Serrez-vous pour la photographie !  

Nous nous exécutâmes rapidement alors qu’elle déclara une nouvelle fois :

-Allez ! A trois ! Vous dîtes Piceaerd ! Un...Deux...Trois...
-PICEAERD ! Hurlèrent nos voix à l’unisson.

Il n’y eut aucun flash ni tout le matériel adéquate dont les photographes normaux avaient besoin d’habitude. Tatie Elsa captura bientôt la scène et la transforma de ses mains en souvenir figé qui partit en direction d’Ahtohallan dans la plus grande des harmonies. Ce fut un autre calme avant la tempête.





Et pour les illustrations de chapitre Smile


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Lun 23 Oct 2023, 18:26
Les mois ont passé depuis le mariage, Helga en est à son neuvième mois de grossesse et elle s'apprête à discourer devant les northuldras en vue du deuil des décès du roi Wilhelm et de reine Alix des îles du Sud (noyés pour rappel). Mais les choses ne sont pas roses pour autant, surtout avec sa mère qui, toujours sous l'emprise du sort d'Emma, est passé de gentille maman extravertie et souriante à sombre hargne cynique et déprimée, se considérant malchanceuse d'avoir des enfants imparfaits pâlissant en comparaison de ceux d'Elsa. Et, comme toujours dans cet univers, les choses ne font qu’empirer quand Anna se permet d'éclater de rire durant la cérémonie en rappelant à quel points les deux monarques étaient de sombres tâches. Et comme Tatiana Westergaard, a.k.a la peau de vache, est présente à cette cérémonie, faut pas s'étonner que ça finit par dégénérer, et ici Tatiana et Anna perdant connaissance durant une confrontation, malgré l'intervention d'Iduna.

Mais pire en fait, car Tatiana n'a pas survécu à la dispute. Mais après examen chamanique, Helga est convaincu que ce n'est pas sa mère qui a tué Tatiana : un morceau de miroir se trouvait au niveau du chakra du cœur. Avec l'aide de sa tante Elsa, elle décide de partir pour Ahtohallan. Là, elle passe en revue les différentes vies pour trouver celle où Emma Picéard a accompli son forfait de meurtre. Mais toutes les vies consultés n'apportent rien, seulement de la jalousie au fait que toutes ces vies bénéficient du bonheur et de la sérénité qui manquent à celle qui s'écoule. Et histoire d'en rajouter, Helga a des contractions, et elle est trop faible pour sortir du glacier. Elsa n'a alors pas le choix, elle doit aider sa nièce à accoucher dans le froid. Mais comme un signe de compassion divin, une mare chaude se crée dans Ahtohallan, permettant à Helga de maintenir ses enfants aux chauds en attendant que les autres membres de la famille viennent l'aider à sortir sans encombre. Et pour couronner le tout, la marque des cérémonie de la nature apparait sur le pied des deux enfants.

De retour au lieu de cérémonie, Helga est chaudement accueillie par son entourage pour la merveilleuse venue des jumeaux (malgré l'enterrement de Tatiana qui a eu lieu juste avant), même sa mère sest remise de l'incident et semble reprendre le goût de vivre, affichant une nette préférence pour la petite Ansa Maëlle. Puis vient enfin le moment de figer l'évènement, mais pas avec de la photographie : c'est Elsa qui, par ses pouvoirs, capture la scène pour la ranger dans les souvenirs d'Ahtohallan.

Et le pêché de ce chapitre ? Ben c'est le nom du chapitre.

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Ven 27 Oct 2023, 09:32
Ils sont nés les divins enfants! cheers cheers cheers cheers (oui je reprends la formule de Frantzoze dans son chapitre et alors?! Razz)

Oh du coup je vais commencer par ça. C'est vraiment une super trouvaille que vous avez fait cette fois. Que de temps en temps, Frantzoze propose un complément c'est vraiment génial ça enrichie l'histoire j'adore, bon je le détaillerai plus pour parler du chapitre de Frantzoze mais je pense que l'un ne va pas sans l'autre, j'ai compris la logique, l'histoire c'est ici et là bas c'est le bonbon en plus quand l'histoire le permet ou plutôt en a besoin!


Du coup je suis un peu embêtée pour en faire un retour, je veux parler que du chapitre lue, mais c'est impossible de vraiment dissocier. Enfin, surtout pour la naissance des enfants! Very Happy
Bon voilà comment ça s'est passé dans ma tête :glurp: (oui parfois je réflechis) Razz
J'ai lu ici, je suis arrivée au passage de la naissance des enfants. C'est bien, c'est original comme lieu de naissance mais au fond je me disais "ouais, c'est un peu facile, c'est triché, les enfants qui survivent dans le froid polaire alors qu'il n'y a rien c'est pas possible"
Et une fois le chapitre de Frantzoze lu, j'ai complètement changé d'avis. Le point de vue de l'autre côté finalement tout est pensé! L'idée est merveilleuse et vous savez les sublimer avec des "bonus" quand il le faut! :prosterne:

Voilà je voulais commencer par ça car c'est ce qui m'a le plus marqué, la manière dont vous apportez les bonus (oui Frantzoze toi je t'appelle les bonus) Razz Et je me rends compte que pour le premier bonus la dernière fois, c'était pareil, l'Histoire et la narration avait pu le permettre, savamment apporter les ingrédients.
C'est un super travail.

Bon je ne vais pas oublier le reste, qui n'est pas moins important... Pour le coup Anna qui devient une meurtrière... WOW! Shocked [Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures ! - Page 3 1566868710 c'est très osé!
A la fin de l'histoire nous n'avons pas les conséquences de cet acte mais nulle doute qu'Anna et Arendelle vont avoir des problèmes par la suite avec les Iles du Sud, quand bien même il y ait eu des mariages entre les deux nations... Le meurtre d'une personalité royale par un pays étranger, ça n'a jamais auguré la paix... :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse:


Et justement Anna qui devient dark-Anna! (pour le coup le spoiler est magique!)
Ah oui le spoiler j'oubliais! Ca reprend justement ce que je disais, la manière magnifique dont l'Histoire permet d'ouvrir la voie aux bonus. J'ai reconnu, c'est Once Upon a Time. Le personnage d'Emma quand elle devient Dark... Un personnage de bien qui se fait noircir l'âme. Exactement ce qui arrive à Anna, parfaitement illustré. Et pour la symbolique, un personnage qui s'appelle Emma... Et dès qu'on a le bonus de Frantzoze, ça prend encore plus son sens. Vraiment du génie!!! Very Happy
Finalement, je suis contente d'avoir oublié e pronostiquer les spoilers, c'est tellement mieux de pouvoir l'analyser maintenant, une fois que je sais! Very Happy

Mais oui Dark Anna. Mince mais quest-ce qu'elle y va fort! Mon petit coeur a failli lâcher! Sad Sad Sad Sad
Les propos qu'elle tient sont horribles, et aussi, ce twist!!!
Iduna qui utilise un pouvoir chamanique puissant. Enfin elle révèle toute sa puissance. Si seulement Mamie Anna avait pu voir ça! (bon elle aurait peut être désapprouvé l'usage de cette manière mais... WOW!) Comme d'habitude, Iduna, trop forte!

La belle surprise déjà vue dans le chapitre précédent avec Tatiana... Je pensais qu'on avait touché le fond avec les parents d'Hans, mais on voit que la génération précédente était encore pire!


Pour la raison de cette manifestation (oui je fais tout dans le désordre je sais, c'est le bordel dans ma tête en ce moment... Pourquoi je dis en ce moment moi? C'est toujours le bordel... Oui je suis folle et alors?! :vouiii: :vouiii: :vouiii: )
Encore une fois c'est la magie du chapitre avec bonus.
Quand je lis (et à ce moment là, je ne savais pas ce qu'allait être le chapitre de Frantzoze) encore une fois je suis surprise "Pourquoi cette cérémonie pour eux? Et en Pays Northuldra?) Comme dirait Jack Sparrow...

[Ansa's Stories] Retour vers le passé 6 : Les derniers pêchés des Piceaerd : Attention Contenus Matures ! - Page 3 Jack-sparrow-ce-que-tu-dit-na-aucun-sens

(et ouais, j'ai réappris) à poster des images!!! Very Happy
Bref, ça n'a pas de sens mais quand à postériori j'ai lu le bonus de Frantzoze là ça a changé...

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Non vraiment tes deux pièges sont magnifiques! Je suis tombée dedans sans problème Chapeau!

Bon il ne me reste que la fin maintenant je pense... ça permet de toucher un mot sur Kirsten.
Je ne la comprends pas cette petite. Elle doit être la petite fille absolument parfaite avec la petite touche agaçante de l'enfant trop modèle mais elle intervient beaucoup. Finalement elle n'est pas si discrète que ça...
Une énigme cette enfant! Va t-elle basculer du côté obscur? (oui je suis un peu spoilé par le bonus c'est vrai... mais ça vaut le coup!!!)
Hate de savoir la suite!!!

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Ven 27 Oct 2023, 11:10
Merciiiiii beaucoup pour ton commentaire I love it
On aura l'occasion d'être plus dans la tête de Kirsten à partir des semaines à suivre. Car pui c'était le dernier chapitre dans la tête de Petite Gaga ou Erreur de la nature Gaga comme dirait @Frantzoze Razz

Bref tu vas pouvoir avoir le temps de réfléchir à mille et un scénari car vacances obliges le prochain chapitre ne sera que le dimanche 12 novembre 😉
En vrai y aurait pu en avoir un ce dimanche mais je vais découvrir ma Grand-mère paternelle avant son dernier voyage... Faut bien quelqu'un pour l'accompagner... et dimanche prochain..  Petit Disney avec @Yokill2B et @Frantzoze Wink bref l'emploi du temps est bien chargé Wink... Mais bon si je te dis prochain chapitre tête d'Elysia ça te laisse le temps de spéculer quelques hypothèses ! Wink

Quant à toi @Dov merci également pour ton commentaire I love it le Ansa barré m'a fait rire Wink mais j'ai une immense chance d'être tenue par ma Mamie Anna...Alors qu'elle me trouve très laide XD
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Mar 07 Nov 2023, 17:23
Allez ! Very Happy après cette pause de deux semaines voici enfin les spoilers sans contexte du chapitre 8 Very Happy

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Mer 08 Nov 2023, 09:59
De la dépression au menu comme c'est surprenant?!
Hum, si j'associe ça à la dernière image, j'aurai bien dit un baby blues de la part d'helga mais vu qu'il n'y a qu'un seul enfant j'ai un doute
Ou alors?...
Ah non tu fais pas ça!!!!
Pas une méga depression parce qu'un des deux enfants meurt!!!!
Non!!! Non pas ça je refuse!!!! Même Emma n'est pas si cruelle!!!!!
Sans rire tu fais pas ça!!!!! :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse:
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Mer 08 Nov 2023, 10:08
Floconnette a écrit:De la dépression au menu comme c'est surprenant?!
Hum, si j'associe ça à la dernière image, j'aurai bien dit un baby blues de la part d'helga mais vu qu'il n'y a qu'un seul enfant j'ai un doute
Ou alors?...
Ah non tu fais pas ça!!!!
Pas une méga depression parce qu'un des deux enfants meurt!!!!
Non!!! Non pas ça je refuse!!!! Même Emma n'est pas si cruelle!!!!!
Sans rire tu fais pas ça!!!!! :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse: :tronçonneuse:

Avec ce que j'ai vécu je veux pas faire ça t'inquiète Wink on est dans l'Hellheilm dans le prochain chapitre Razz
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Sam 11 Nov 2023, 08:56
Petite question pratique ! Dans le chapitre de demain il y a 4 PDV différents, souhaitez-vous que je mette qui parle ou est-ce que vous vous contenterez de deviner par les séparations qui seront indiquées par les "*****" ?!
Comme voulvoul Very Happy

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Sam 11 Nov 2023, 09:27
Je pense qu'on est pas idiots et on va deviner Very Happy

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Dim 12 Nov 2023, 20:44
Floconnette a écrit:Je pense qu'on est pas idiots et on va deviner Very Happy

Parfait !Voici donc le chapitre 8 Very Happy

Chapitre 8 : Vice-Versa :

HELLHEILM ACTUELLE...

-Ça fait donc 4 à 1 pour moi ! Clamai-je en présentant les osselets à Tyr car c’était à son tour de jouer.
-Oh non ! Papa ! Tu es encore premier ! Grommela mon fils en éclatant de rire, mais je vais te battre !
-Ah ! Je reconnais bien là, une vraie âme de Lorcus ! M’écriai-je en l’enlaçant avec tendresse.

Jaloux, Olaf observa notre complicité avec une moue envieuse. Puis il ronchonna :

-Allez ! Tyr ! Lance maintenant ! Sinon on aura pas le temps de finir la partie avant d’aller nous coucher !

Conscient qu’il n’était pas bien ces derniers temps à cause du comportement inexistant d’Elysia, je lui frottai vigoureusement le dos pour lui donner de l’affection tout en déclamant avec gentillesse :

-Calme-toi Bonhomme ! De toute façon, vous saviez que nous n’aurions pas le temps de finir le jeu !
-Oui ! D’autant plus que Parrain il doit nous raconter la grande histoire sur Marraine et Maman avant de dormir ! S’enquit derechef mon garçon.

Exaspéré par cette fable à dormir debout, j’étais bien obligé de reconnaître que le Moche avait eu une bonne idée d’en faire un rituel...Je ne lui avouerai jamais mais cela me faisait du bien de l’entendre...Oui...Imaginer ma Yélana en héroïne me procurait un bien fou. Je gardai précieusement dans ma mémoire les images qu’ils avaient réussi à activer sur la paroi d’Ahtohallan l’autre jour...Quand il n’était pas encore qu’un tas de loques...

-Ah oui, l’histoire...Reprit mon filleul sans grande conviction...Moi je m’en fiche un peu à présent puisque Papa n’est même plus avec nous tout le reste de la journée.

J’eus tout de suite énormément de peine pour lui. Comment mon frère que j’avais toujours considéré comme l’être le plus parfait, pouvait-il délaisser à ce point son unique enfant ?! Maman l’avait définitivement trop gâté ! Trop porté aux nues ! Et à part ça, c’était moi le méchant ! Prouve-leur l’inverse Amarok ! Rachète-toi ! Me convainquis-je. Réactif, je n’attendis pas que mon neveu gèle le sol sous ses pieds et le bloquai bientôt contre moi tout en le berçant doucement pour faire redescendre sa contrariété. Puis je lui murmurai d’une voix douce:

-Là...Là...Inutile de te mettre dans cet état...Tu sais, même si je ne peux pas faire de miracle, je vais déjà aller réveiller ton Papa pour l’instant.
-Maintenant ? Insista-t-il.
-Oui maintenant ! Répétai-je, pendant ce temps-là, rangez le jeu ! Brossez-vous les dents et mettez-vous en pyjama !

J’avais hérité de la droiture militaire de mon père. Mais cela ne sembla pas gêner les garçons qui ne pipèrent mot. Très vite, Tyr commença à s’activer tandis qu’Olaf m’enserra violemment le cou.

-Je t’aime Parrain Amarok ! Déclara-t-il.

N’ayant jamais pensé que le fils d’Anna en personne puisse me dire ça un jour, je pris un temps pour l’enlacer et murmurai à mon tour :

-Moi aussi je t’aime petit Bonhomme de Neige...On va y arriver, ne t’inquiète pas.

Le sourire d’espoir qu’il me lança me donna encore plus envie de secouer mon andouille de cadet. Finissant par le relâcher gentiment, je m’engouffrai enfin dans l’antre de mon frère qui sentait une odeur absolument immonde de renfermé et de sueurs comme quelqu’un qui n’aurait pas aéré et ne se serait pas lavé durant plusieurs jours...Ce qui était son cas. Grinçant immédiatement des dents, je me bouchai vite le nez et atteins son lit avant de le fixer, vautré dans les draps comme un des phoques échoué aux Terres Gelées.

-Hey le Moche...Lève-toi maintenant...Tu as dormi toute la journée...Lui intimai-je sans le toucher.

Il était hors de question que mes mains s’attardent sur ce crasseux. Ouvrant un œil pâteux, il chuchota très bas :

-Laisse-moi Amarok...
-Oh que non ! Tu me fais la même tous les soirs ! Y a l’histoire des enfants donc tu as intérêt de t’y tenir ! Bouillonnai-je d’un ton aigre.

Je devais être mauvais, cassant...Ne pas montrer que son état m’atteignait, que je me faisais barrage pour ne pas le prendre dans mes bras. Sans qu’on ne le veuille vraiment, la disparition de nos femmes nous avaient rapproché, créant une complicité maladroite entre nous deux...Aussi je m’inquiétais beaucoup pour lui. Mais ça...Il n’en saura jamais rien. Il était déprimé par la mort ! Ça tombait bien moi aussi ! A la différence près que je ne m’en plaignais pas ! Oh non ! Avec ce que Papa m’avait enseigné, je n’aurais jamais la trempe de jouer les paresseux avachi dans le lit sans penser à l’avenir de mon fils ! Yélana ne le voudrait surtout pas...Et Anna non plus...

-Tu as cinq minutes pour rappliquer dans la chambre d’Olaf et Tyr ! Dis-je encore durement.

Puis je partis sans lui laisser le choix et me postai dans la pièce d’à côté, inspectant en revue nos petits qui s’étaient glissés sous les draps après avoir exécutés tous mes ordres. A mon grand soulagement, Elysia finit par arriver dans un état pitoyable.

-Oh Parrain ! Tu es venu ! Chouette ! Nous sommes toutes ouïes ! S’exclama mon fils en effectuant des gestes grandiloquents.

Lui donnant une légère tape sur l’épaule pour lui dire de se calmer, je me focalisais ensuite sur mon petit frère qui n’avait jamais aussi bien porté son surnom que maintenant... Inerte, un état général de crasse, un menton pas rasé laissant une barbe mal taillée et des cheveux si gras qu’on aurait pu faire cuire le ragoût de Marraine Helga dessus. Réprimant une forte envie de vomir, j’étais sur le point de l’envoyer d’un coup de pieds aux fesses vers la salle de bain quand Tyr visiblement pas gêné par son allure insista :

-Alors Parrain ? Tu y vas ? Parce qu’on attend avec Olaf ! Hein ! Tu es d’accord avec moi Olaf ?

Détaillant rapidement son père, il détourna bientôt le regard comme s’il avait honte de lui. Oh oui...Il n’y avait plus d’amour dans ses yeux quand il le dévisageait...J’essayai d’imaginer mon petit chef faire de même pour moi et cela me broya l’estomac. Posant délicatement mes mains sur son dos pour faire redescendre le givre qui commençait à se voir sur la fourrure de renne, je fus heureux de l’entendre répondre à son cousin en lui offrant un sourire grimaçant :

-Euh...Oui...Tout à fait d’accord avec toi Tyr !

Me prenant à parti, il rayonna à nouveau et évacua les derniers flocons de neiges à travers la pièce.

-Nous t’écoutons dans ce cas Elysia ! Déclarai-je, souhaitant en finir au plus vite.

Médusé, je constatai alors que cet imbécile était en train de s’endormir debout ?! Aaargh...C’était vraiment de la bave qui coulait sur le recoin de sa bouche ?!

-Hey le Moche ! Le rappelai-je, fournis un effort bon sang !

Arraché à son état de zombie, il écarquilla à nouveau les yeux et nous regarda tour à tour comme s’il ne nous avait pas vu jusqu’à maintenant. Qu’était-il devenu ? Sérieusement ?! Pourquoi Pieter et moi ne l’avions-nous pas secoué quand il avait commencé à aller mal ?! Pourquoi avait-il fallu que nous le ménagions ? L’enfonçant toujours plus dans cet état de décrépitude...

-Bon ! Si tu ne dis rien ! Je vais m’en charger ! Finis-je par dire à bout de patience.

Réagissant enfin, il me fusilla du regard et souffla un bon coup pour montrer que cela l’agaçait. Puis il fulmina méchamment :

-Tu n’as pas deux minutes ?!
-Moi si mais nos fils non ! Ils attendent beaucoup de toi, n’est-ce pas les enfants ?! Appuyai-je en les prenant à témoins.

Ils hochèrent vivement la tête et mon cadet soupira avant de déclarer :

-Très bien... Il était une fois une méchante sorcière prénommée Emma qui était aigrie par la vie. Un beau jour, ne souhaitant répandre que le mal elle s’attaqua aux deux belles princesses du royaume car elles vivaient dans une grande harmonie auprès de leurs enfants et leurs maris. Elles se prénommaient Anna et Yélana. Mauvaise, elle les enleva et les enferma dans un cachot humide qui était infesté de rats et de moisissures et jura qu’elles croupiraient dans cet endroit infâme jusqu’à la fin des temps. Bien qu’inquiètes, les deux princesses avaient toutefois de l’espoir car Anna était une magicienne. Elle avait le pouvoir de se téléporter par pensées la nuit pour rendre visite aux gens. Alors un jour, sans crier garde, elle effectua son drôle de voyage et prévint les chevaliers Olaf et Tyr qu’elles étaient toutes les deux en danger. Alertés, les garçons qui étaient de grands cavaliers mirent leurs armures et préparèrent leurs chevaux avant de partir à l’aventure...
-...Et là c’est mon passage préféré...Celui où on arrive pour combattre la vilaine sorcière à l’épée, chuchota bientôt mon fils à l’oreille de mon filleul.

Heureux de les voir enfin enjoués, j’attendis, attentif qu’Elysia réplique bientôt :

-Oui...Tu as raison jeune homme, c’est ce moment-là...Où en était-je ?! Ah oui...Tyr et Olaf arrivèrent alors avec leur épée et bravèrent la vilaine Emma Piceaerd...Mais la Mère Fouettarde avait plus d’un tour dans son sac...En quelques secondes, elle réussit à les capturer grâce à son fouet magique et les serra si fort qu’ils s’évanouirent. Heureuse, elle les emprisonna alors à jamais à quelques mètres des cachots où se trouvaient les belles princesses Yélana et Anna. Et tout le monde vécut malheureux jusqu’à la fin des temps...Parce que c’est comme ça que se termine les véritables contes...Par la mort et le désespoir...Sur ce...Bonne nuit les petits...Conclut-il d’une voix morne.

Il venait vraiment de dire ça calmement là ?! Je lui jetai sans attendre un regard noir alors qu’un long silence s’abattit dans la chambre. Réagis Amarok ! Colle-lui-s’en une, une bonne fois pour toute pour lui remettre les idées en place ! Me convainquis-je en colère. Mais je n’en eus pas le temps que Tyr grommela soudain avec violence :

-Pfff, t’es pas drôle Parrain ! C’est pas comme ça que ça se termine normalement ! Moi je veux que tu dises qu’on sauve Maman Yélana et Marraine Anna et qu’on vive tous heureux pour toujours !

Mon regard croisa bientôt celui d’Olaf qui fusillait également son père de contrariété. Souhaitant rétablir la situation au plus vite, je repris alors pour tout le monde :

-Et voilà ! Tonton Elysia a voulu faire une petite plaisanterie...Parce...Parce qu’il est très fatigué ! Il rétablira la fin heureuse du conte demain soir !

Mes yeux le zébrèrent, lui indiquant de se retirer par la même occasion pour que je répare les dégâts mais il s’entêta...

-Non...Dit-il, non, je trouve que cette nouvelle fin est très bien...Et je m’excuse d’avoir bourrer le crâne des enfants, de récits mièvres... Pardonne-moi Amarok...C’est toi qui avais raison depuis le départ ! J’aurais préféré m’éclater le visage jusqu’au sang plutôt que d’avoir inventé cette histoire la première fois !

Mais qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon frère ?! Lui, l’être si patient ? Si indétrônable ? Quel était ce pantin machiavélique qui s’était emparé de son âme ?!

-Papa, c’est vrai que tu as dit ça ? Demanda aussitôt Tyr.

Je blanchis instantanément et ne protestai pas pour plutôt répliquer :

-Oui mais j’ai été bête ! Couchez-vous à présent... Tonton et moi avons besoin de discuter !

Je les rassurai du mieux que je pus en leur remontant les couvertures jusqu’aux cous. Puis je me penchais pour les embrasser tous les deux puisqu’Elysia ne daigna même pas le faire pour son fils. Ce dernier plein de rancœur finit par s’énerver :

-Tu sais quoi ?! Je préférais Maman...Toi...Je te déteste...En fait tu n’es pas gentil comme elle arrêtait pas de le dire...T’es moche et tu pues depuis qu’elle n’est plus là...Moi je veux que Parrain Amarok ce soit mon nouveau Papa parce qu’il est meilleur que toi ! Maman elle aurait dû se marier avec lui, en fait !

Il l’avait tellement mérité ! Et pourtant j’eus aussitôt du chagrin pour lui. Si Olaf savait qu’Anna avait été ma première épouse...Que son père et moi avions servi dans ce même corps... J’en frissonnai de dégoût et de honte... Ne souhaitant pas remuer ce passé douloureux, je tirai mon frère par la main priant pour qu’il ne réponde pas...Ce qui fut vain...

-Eh bien...C’est sur ces paroles touchantes que nous nous quittons ! Adieux mon fils donc... Lança-t-il d’un ton assassin.

Furieux, mon filleul lui tourna le dos et se mit à pleurer. Faisant signe à Tyr de le réconforter, j’embarquai enfin mon frère avec nonchalance jusqu’à sa chambre. Faisant exprès de serrer fermement son bras pour lui faire comprendre l’impact de ses paroles, je le fis avancer brutalement. Hélas, ce fut un corps errant que je trainais jusqu’au lit. Il retrouva un semblant de mouvement une fois proche de sa couchette et se cacha bientôt sous les couvertures pour me faire comprendre qu’il voulait que je parte. Ah ça non alors ! ça ne va pas se passer comme ça ! Pestai-je.

Réactif, je pris sur moi et soulevai enfin ses couettes collantes pour le braver méchamment comme lorsque nous étions petits.

-Debout le Moche ! Tu n’avais aucun droit d’être si infâme comme tu l’as fait avec les enfants ! Criai-je, furieux.

Non indigné, il haussa à peine les épaules ce qui m’irrita encore plus si bien que je rugis une nouvelle fois :

-Tu es en train de perdre complètement l’esprit !
-Sans doute...Parvint-il à articuler sans conviction.

Cela me fit sortir de ses gonds et je le méprisai au plus haut point en déclarant :

-Mes aïeux... Si Anna te voyait comme ça...
-C’est justement parce qu’elle n’est pas là que je suis comme ça, souligna-t-il.

Cette fois je n’y tins plus ! A bout de nerfs, je le giflai avant de renchérir amèrement :

-Ce n’est pas une raison ! Bats-toi !
-Pour quoi faire ? Les jours sont tous pareils...Ma Anna d’amour est inaccessible...Cela ne sert à rien... Marraine ne fait rien... Yélana va bien...Ma petite Piceaerd aussi...Il n’y a que ma femme qui dépérit...Geignit-il.
-Ah bah c’est clair que si elle te trouve comme ça, ça ne va pas l’arranger ! Maugréai-je.

Capricieux, il ne renchérit pas et m’arracha les couvertures des mains pour les repasser par-dessus sa tête.

-Si tu crois que tu vas t’en tirer comme ça, tu ne perds rien pour attendre, ronchonnai-je en m’éloignant du lit, plus déterminé que jamais à trouver une solution.

****

-Mamie Gaga ! Tu peux encore me donner une portion de ragoût ?! Demanda aussitôt Alexandra alors que Maman avait déjà été bien généreuse sur la précédente.

Fière qu’elle aime sa cuisine ce qui n’était pas très difficile car elle était excellente, elle se tourna vers Niklas et moi pour avoir notre approbation.

-Uniquement si tes Papas sont d’accord ! S’écria-t-elle.

Connaissant la combine, la petite nous implora bien vite du regard.

-Comment résister à ces si beaux yeux ?! Questionna à son tour mon mari...Mais pas trop grosse la louche alors Helga, hein ?

Ma mère acquiesça tout en lui faisant un clin d’œil complice. Puis elle caressa d’une risette la joue de ma fille et remplit à nouveau son assiette. J’étais ravi qu’elles s’entendent aussi bien...Je n’avais jamais envisagé d’être père ni même qu’elle me pardonne toutes mes années de silence en Arendelle où je n’avais désiré qu’une chose : La bannir de ma vie. Mais elle l’avait fait. Ma Maman chérie qui était un peu trop étouffante à se mêler de ma vie sentimentale avait reconnu ses erreurs... Qu’importe qu’Alexandra soit arrivée par accident, de surcroît avec un membre de la famille royale...Qu’importe que je sois marié à un Arendellien...Elle nous aimait encore plus fort désormais. J’étais heureux de l’avoir à mes côtés pour qu’elle me guide dans mon rôle de Papa. Le plus drôle était de la voir interagir avec Niklas qui s’amusait souvent à l’encenser sur son génie et sa gentillesse par rapport à l’autre andouille d’Halricsen. Même après toutes ces années, je n’arrivais toujours pas à croire que j’étais le neveu de cet imbécile qui m’avait mené la vie dure en me traitant sans arrêt de « vermine Northuldra »...Justice était faite. Oh oui ! Notre vie dans l’Hellheilm était parfaite et si ma petite sœur chérie n’était pas partie dans les limbes, il n’y aurait aucune ombre au tableau...

-C’est bon comme ça mon Gendre ? Quémanda soudain Maman en me faisant revenir à l’instant présent.

Mon mari opina du chef et je ne résistai pas à l’embrasser dans le cou. La passion que je lui dévouai ne s’était jamais éteinte, pas même avec la présence de ma fille adultérine qui au contraire le rendait plus humain. N’ayant pas manqué de voir le geste, Maman reprit bientôt à notre adresse :

-Tes Papas devraient aller se reposer, qu’en penses-tu ma chipie ?! En plus, cela ferait très plaisir à Grande Tatie Ylva ! Elle a tellement peu de matières en ce moment qu’elle va finir par perdre toutes ces années d’entraînements de dessins !

Niklas et moi virâmes au rouge brique et nous retrouvâmes rapidement une distance convenable.

-Pas de matière ! Pas de matière ! Elle a tout de même fait de très beaux croquis de notre voyage de noces à Harmon mon amour ! Souleva alors Papa tandis que je ne voulais surtout pas imaginer cela.

D’un esprit vif, Alexandra nous écouta tout en mangeant le ragoût d’un appétit d’ogre. Ma mère lui chanta des comptines alors que mon père lui faisait des grimaces pour la faire rire.

-Olaf si elle vomit ! Tu ramasses tout ! Le gronda-t-elle.

Ne jurant que par la discipline, ce fut mon cher et tendre qui ramena tout le monde à l’ordre en déclarant :

-Pas de pagaille dans la maison ! Chipie ! Finis vite ton assiette ! On ne joue pas avec la nourriture !
-Oui Papa Niklas ! S’écria-t-elle.

Je manquais de glousser en voyant mes parents blanchirent de confusion comme si c’était eux qui venaient de se faire gronder. Je n’eus toutefois pas le temps de leur sortir une boutade qu’Amarok déboula soudain dans la pièce avec sa mine des mauvais jours.

-Oula...Ça n’a pas l’air d’aller mon grand Lorcus ? S’inquiéta tout de suite Maman.
-C’est Elysia...Je...Je ne sais plus quoi faire...Répondit-il, il est paresseux...Et lamentable...
-Il l’a toujours été ! Ne pus-je m’empêcher de répliquer sous les yeux noirs de mes parents.
-Ce n’est pas marrant Pieter ! Rugit-il, c’est bête mais c’est mon frère ! Faut que tu t’y fasses ! Je ne veux pas que Maman le voit comme ça ! Il est de pire en pire ! Il a été désastreux ce soir auprès de Tyr et Olaf... Parrain...Marraine...Venez m’aider je vous en prie !

Papa et Maman blanchirent d’un coup alors que j’eus une certaine rancœur envers mon idiot de beau-frère. Allez ! Fallait que monsieur le Moche attire l’attention une fois de plus alors que mes parents étaient si bien avec leur petite-fille !

-Helga...Ne crois-tu pas que nous devrions envoyer cette folle d’Ylva à ta place ? C’est elle qui veille sur les autres d’habitude ?! Ronchonna Papa comme s’il avait lu dans mes pensées.
-Oh oui ! Lui mettre sous le nez, la sauveuse qui n’arrive pas à faire revenir Anna ! Très bonne idée Monsieur Piceaerd ! Y a pas de doute ! Le titilla-t-elle avec ironie.

Ils se lancèrent un regard complice alors que je trouvais cette détente inappropriée par rapport à la gravité de la situation. J’en avais rien à faire d’Elysia mais si Anna revenait maintenant, quel spectacle lui infligerait-il ?! Ne voulant pas que ma petite sœur souffre, je me tournai vers Niklas et lui demandai :

-Tu veux bien t’occuper de notre princesse ?
-Mais oui...Va donc, M’intima-t-il avec douceur.

Je l’embrassai chastement et pressai le pas derrière les autres membres de notre famille.

****

J’étais enfin seul...Dans mon état comateux...Somnolent avec solitude... Une voix vint toutefois troubler mon repos...Une voix que je connaissais bien...

-Il est où par les esprits ?! Parle mon grand Lorcus !

C’est une plaisanterie ?! Ma belle-mère ? Vraiment ? Des pas lourds faisant vibrer le mobilier m’indiquèrent bientôt qu’elle venait de pénétrer dans la pièce.

-Oula...Effectivement ! Ça sent le renne pas frais par ici ! On dirait les chambres de la caserne après une journée d’entraînement intensif ! Décréta alors cet imbécile de Pieter qui l’avait visiblement accompagné...
-On se passera de tes commentaires mon Grand Militaire ! D’ailleurs, Amarok et toi allez sagement nous attendre chez Ylva et Iduna, j’ai promis que je leur rendrai visite mais je vais avoir un peu de retard...Ne leur dîtes pas pourquoi !
-Evidemment que non, Marraine ! Grommela aussitôt mon frère, mais je me demande par quel prodige tu vas réussir...
-J’ai eu quelques conseils auprès de ma chère Nordlys depuis le temps si jamais quelqu’un n’était pas au mieux de sa forme ! Jubila-t-elle, Allez filez à présent !

Ils s’exécutèrent assez vite. Buté, je ne me manifestai pas plus auprès d’elle et continuai à faire semblant de dormir alors qu’en réalité, je fixai inlassablement le bois d’épicéa, les yeux dans le vide. Cela n’impressionna visiblement pas Tatie Helga qui décida de venir s’assoir à mes côtés sur le rebord du lit, le faisant légèrement se tasser vers l’avant. Dans une caresse très douce, elle passa bientôt plusieurs fois la main sur le haut de mon crâne, graissant toujours un peu plus mes longs filaments blond qui étaient tout emmêlés. La gorge prise dans un étau, je faisais de mon mieux pour altérer mes larmes et ne pas me retrouver à pleurer comme une madeleine face à elle. Mais revoir en boucles tous les merveilleux moments que j’avais vécu auprès de ma femme et mes enfants ne m’aidaient pas. Devinant que je ne dormais pas, elle finit par pousser un soupir avant de murmurer :

-Tu sais...Si y en a bien une qui comprend dans quel état tu es mon Petit Chamane...C’est moi...Rappelle-toi...Après mon mariage avec Olaf...

Je voulus hausser les épaules pour montrer que je m’en fichais de sa compassion mais le geste ne suivit pas. Ne souhaitant pas lâcher l’affaire, Tatie Helga continua :

-L’épreuve que tu vis est très dure...Elle l’est pour nous tous...Mais plus que quiconque pour toi et mon petit-fils...Tu ne veux voir personne...Tu ne veux plus te battre...Te relever...Et c’est normal...

Pourquoi ne comprenait-elle pas que je ne voulais pas parler ?! En être à me circonvenir me braquer plus qu’autre chose ! Je me tus une nouvelle fois comme toute réponse. Tenace, elle ajouta encore :

-Ainsi Elysia Sappos Piceaerd...Tu as décidé de laisser cette couarde d’Emma gagner la partie...Si c’est pas désastreux de savoir ça...

Ce fut la première remarque depuis longtemps qui me piqua à vif. Brisé au plus profond de mon âme, mon ego en prit un coup et je voulus lui crier dessus. Mais ma voix ne réussit à sortir qu’un chuchotement affaibli :

-Je...Je...Je...Ne te permets...Pas...Ta...Tatie.

Me tournant enfin vers elle avec des yeux hautains, je la soutins sans parvenir à en ajouter plus. Satisfaite, un immense sourire qui fit rebondir ses joues dodues se dessina sur son visage et elle dit avec amusement :

-Ah ! Je savais que tu avais une langue...Enfin je n’en doutais pas si on en croit les exploits que tu es capable de procurer avec à ma fille selon les dires de ma chère Nordlys...
Si seulement mon Ange était là...Oui...Ma langue s’engouffrerait dans sa bouche...Ses seins...Ses cuisses ou encore son chakra racine... Ne cherchant même pas à réfuter, je finis par reprendre après un temps interminable :
-Dans le fond tu as raison Tatie...Je...Je n’ai plus le courage d’avancer...Nous nous sommes disputés avec mon petit bonhomme de neige...Il veut Amarok pour Papa... Tu vois finalement...C’est toi qui avais raison avec les coupoles depuis le départ...

Vexée, elle poussa un profond soupir et se mordit la lèvre avant d’ajouter :

-Je m’excuse encore pour ce que je vous ai fait subir à Anna et toi durant vos premières années... Néanmoins, je suis étonnée qu’avec votre parcours tu baisses si vite les bras.
Sans me laisser le temps de parler, elle sortit alors trois lettres chiffonnées de sa robe et me les tendit. L’odeur familière des Piceaerd atteint tout de suite mes narines et j’humais dans un premier temps le papier avant d’ouvrir la première lettre d’une main tremblotante.

« 24 décembre 1801
Mon amour, C’est la Xième lettre de la journée mais c’est le seul lien qui nous permet de passer du temps ensemble. Comme toi, je revois en boucle nos baisers et notre étreinte de l'autre soir. C'était si merveilleux...Savoir que nos sentiments sont réciproques me donne envie de me battre pour qu'on obtienne notre amour ! Au diable ma mère et ses maudites coupoles ! Il n'y a que toi ! Toi ! Toi et encore Toi qui comptes ! Mon bel Elysia ça a toujours été toi... L'homme que j'avais réellement choisi, que mon cœur appelait en chaque instant. À très vite et prie auprès de Pierre Sappos pour qu'ils nous aident à nous réunir et surmonter toutes les épreuves. Je t'aime... Dieu que je t'aime... À bientôt.
Anna Piceaerd
. »

Cet écrit paraissait tellement loin et pourtant il reflétait déjà une triste réalité... Nous avions toujours été séparés... Oubliant ma belle-mère qui avait toujours les yeux focalisés sur moi, je m'emparais de la deuxième lettre et la lus.

« 17 octobre 1806
Mon amour,
Je n'ai plus l'habitude de t'écrire maintenant que nous sommes réunis et cela me manque un peu...Aussi en ce jour si particulier de notre troisième anniversaire de mariage, je voulais te dire merci... Merci pour tout ce que tu m'as apporté...Entre autre une jolie demoiselle assez caractérielle qui ne veut pas apprendre ses leçons mais qui est aussi notre boule d'amour...Oui...Merci pour tout ce que tu m'apportes au quotidien, ta patience, ton amour, ton désir à mon égard. Je ne regrette absolument pas d'avoir bravé mes parents pour me retrouver avec toi... Nous avons su avancer ensemble même si nous n'étions pas toujours réunis et c'est cela le plus important...Qu'importe la distance, qu'importe les épreuves qui nous séparaient notre amour a toujours été le plus fort et le restera même dans mille ans ! à ce soir dans notre lit où je t'attends avec une petite surprise. Anna Piceaerd.
»

Mon cœur s'accéléra en s'attardant sur cette dernière phrase et une vision de ma femme en sous-vêtements transparents, commandés d'Arendelle par Marraine revint à ma mémoire. Quel délice cela avait été de la caresser lentement en jouant avec le tissu voluptueux alors que son corps avait succombé de manière manifeste aux glissements de mes doigts... Me rappelant subitement que Tatie Helga était à mes côtés, je me concentrai enfin sur la dernière lettre.

« 17 octobre 1817
Mon amour, Encore un anniversaire de mariage passé sans toi. Déjà deux ans que tu m'as quitté...l'écrire, le lire, le penser me font toujours autant mal. Je sais que tu n'obtiendras jamais cette correspondance mais cela me fait du bien de coucher des mots sur le papier. Notre petit garçon me donne vraiment la force d'avancer... Il est mon tout et son énergie fait plaisir à voir. Je te reconnais beaucoup à travers lui et je souris malgré moi. L'autre jour il m'a vu pleurer et il a créé un cœur avec sa glace miraculeuse. Oui notre petit Olaf sait m'apaiser après l'horreur que nous avons vécue. J'espère que de ton côté tu veilles bien sur Iduna où qu'elle soit... Je ne suis pas morbide mais j'ai hâte de te rejoindre pour l'éternité. Bon anniversaire de mariage mon amour. J'espère que tu penses à nous et nos retrouvailles de l’Helveg.
Je t'embrasse tendrement mon Elysia. Avec tout mon amour.
Anna Piceaerd
»

Je reçus ces trois lettres comme une claque. Après des semaines de latence, Tatie Helga venait de me ramener vers la lumière... Je l’observai avec gratitude tandis qu’elle renchérit :

-Tu as toujours aimé ma fille Elysia Sappos Piceaerd...Crois-tu qu’elle voudrait te voir finir comme cela après toutes les épreuves que vous avez vécues ?
-Non...Mais j’ai si peur...Soufflais-je, peur d’affronter le quotidien sans elle...Qu’elle ne revienne jamais...Ne plus pouvoir la serrer dans mes bras...

Comme réveillé d’un enchantement, je m’écroulai enfin comme une masse contre sa grosse poitrine tout en pleurant toutes les larmes de mon corps. Maternelle, elle me fit très vite un câlin, attendant simplement que la crise passe.

-Elle nous reviendra mon Petit Chamane...M’assura-t-elle, elle nous reviendra ne t’en fais pas...Mais en attendant ne tourne pas le dos à votre petit Bonhomme de neige...C’est lui et uniquement lui qui est capable de te faire avancer en ces temps si troublés...Tu vas te réconcilier avec lui et ça va aller mieux, tu vas voir...Foi de Grosse Gaga comme dirait ta Marraine.

Contre toute attente cela nous fit éclater de rire. Puis elle me détacha bientôt d’elle et m’observa de la tête aux pieds avant de me dicter de reprendre sur un ton léger :

-Si ma fille te voyait comme ça, elle fuirait...N’oublie pas qu’elle n’aime pas les gens sales ! Tu vas donc lui faire honneur, aller prendre un bon bain et te raser... Ensuite, tu viendras avec nous pour qu’on rende visite à Iduna et Ylva !

Me détailler étape par étape la démarche à suivre m’apaisa. Je passais donc dans la salle de bain et n’en ressortis que bien propre au bout d’une demi-heure. Quand je revins dans la pièce à vivre ma grosse tante et mon oncle me détaillèrent avec fierté en s’écriant :

-Ah ! Voilà enfin un beau jeune homme ! Tu as carrément une autre allure maintenant ! Digne d’un chef comme l’était Yuma ! Qu’en dis-tu, Olaf ?

Il approuva d’un signe de la tête. N’appréciant pas d’être au centre de l’attention, je grommelais alors :

-Oui bon...On peut passer à autre chose maintenant Tatie ! Je me sens déjà ridicule comme ça...Allons voir Marraine et Maman maintenant... Qui sait ?! Peut-être auront-elles une bonne surprise à nous annoncer...
-Oui qui sait ?! Répéta-t-elle avec enthousiaste, ce rendez-vous ne pourra pas te faire de mal de toute façon ! Cela va te forcer à effectuer une tâche et à te préoccuper l’esprit !

Je confirmai à mon tour avec conviction. Oui...Je devais me donner un objectif comme je l’avais fait avec l’histoire des garçons jusqu’à maintenant... Pris d’un nouveau souffle de vie, j’agrippai alors la main de mon beau-père et ma belle-mère pour qu’ils me guident jusqu’à la maison de ma mère et sa femme...

****

-Tu es sûr que tu sens bien Tatie Ylva ? Demanda aussitôt Pieter alors que je sentais une nouvelle fois un liquide aigre remonter le long de mon œsophage.
-Ne le dis pas à ta Marraine mais je pense qu’elle s’est surpassée cette fois dans son plat de ce midi...Grommelai-je tandis que la nourriture ne voulait définitivement pas rester dans mon estomac.
-Je t’ai entendu Ylva Nordlys ! Et je suis profondément vexée que ma nourriture ne te convienne pas...D’ailleurs...Si tu n’es pas contente, tu n’as qu’à aller rejoindre Kanda ! Déclara ma Reine en s’approchant de moi avec une infusion fumante au gingembre.

L’odeur sucrée et forte me fit tout de suite avoir un haut le cœur et je répliquai :

-Oh je t’en prie Iduna...Tu disais que j’étais obsédée par le fait qu’Olaf te tourne autour mais je vois que tu es pas mal aussi dans ton genre à propos de mon ancien mari...A moins qu’il ait commis une faute malencontreuse, je ne vois pas ce qu’il vient faire dans notre conversation !

Ma femme chérie tourna aussitôt du nez et se mura dans le silence alors que je repensai à la visite surprise de ce matin d’Anna Piceaerd. J’avais réussi à obtenir un câlin d’elle et cela avait été charmant même si je n’en savais pas plus sur le plan à suivre pour la ramener... J’avais fait ce qu’elle avait demandé sitôt que notre contact s’était terminé...Oh oui ! Je m’étais excusée auprès de ma Reine et nous avions vite succombé à une nouvelle étreinte charnelle avant que ces maudits maux de ventre ne viennent tout gâcher !

-Examine-moi ! Lui avai-je demandé avec force encore toute nue contre ses seins.

Inquiète, elle n’avait pas cherché à me contredire et avait exploré mes chakras du bas de corps. Son comportement avait alors changé du tout au tout et elle s’était murée dans le silence en me regardant avec une mine boudeuse durant le reste de la journée comme c’était encore le cas à présent.
Je ne savais donc pas pour l’heure ce qu’il en était de l’avancée de notre dispute et ce n’était pas la voir s’agiter avec cette tisane sous mon nez qui m’aiderait à faire passer l’envie de vomir.

-S’il te plaît ma Reine, éloigne-moi cette boisson sinon tu vas avoir des draps à changer !
-Tu ne peux t’en prendre qu’à toi si tu es comme ça, rumina-t-elle entre ses dents.

A ma grande surprise, j’aperçus des larmes de colère glisser le long de ses joues. Dépassée par sa réaction surdimensionnée, je ne l’étreignis pas. M’en voulait-elle à ce point ? Pour un minuscule écart ? Alors que j’avais été la femme la plus fidèle du monde depuis que j’étais mariée à elle ! Voyant que je ne la câlinai pas elle se renfrogna et insista alors à me mettre le gobelet de thé sous le nez avant de grommeler :

-Bois...Ça va faire passer tes nausées !

Frivole, j’étais donc prête à lui dire que j’avais vu ma Belle et qu’elle était de mon côté pour cette coucherie exceptionnelle quand des coups retentirent à l’entrée de notre hutte.

-Oh non ! C’est les autres ! C’est clairement pas le moment ! Stressa-t-elle en s’essuyant vite le visage avec sa manche.

Ravie d’avoir un peu de compagnie car cela ferait peut-être disparaitre mes répulsions, je fus heureuse d’être bientôt enlacée par mon autre meilleure amie qui m’étouffa entre sa grosse poitrine.

-Ylva ? Ça ne va pas ? Questionna-t-elle.

Souhaitant prouver l’inverse, je lui répondis avec ma légèreté habituelle :

-Rien de bien méchant ma Grosse Gaga ! Je suis déjà morte que peut-il m’arriver de plus ?
-Oh ! Je ne sais pas moi ! Un départ pour les limbes peut-être ?! Bougonna-t-elle.

Devais-je lui dire que j’avais vu sa fille qui semblait en meilleur état psychologiquement que pouvait l’être Joli-Coeur ?! Non...J’avais promis de ne pas faire de gaffe ! Aussi je repris simplement :

-Arrêtez de tout dramatiser toutes les deux ! On dirait que vous n’avez jamais été malade ! Normalement ça devrait s’atténuer ! Ma petite femme chérie a fait le nécessaire ! N’est-ce pas ma Reine ?!

Essayant de la dérider, je constatai bien vite que cela ne marcha pas puisque son regard vrilla et qu’elle renchérit plus durement :

-D’une je ne suis pas petite, de deux ce n’est pas moi qui règlerai ton soucis de santé ! D’autant plus si tu ne prends pas les médicaments que je te prescrit ! Ajouta-t-elle en me montrant la tisane à laquelle je n’avais pas touchée.

Soucieuse de ne pas la contrarier d’avantage, je refoulais un relent vertigineux et attrapai la boisson au gingembre pour lui faire plaisir. J’étais donc arrivée à la moitié du verre quand je sentis le liquide faire demi-tour vers ma bouche. Ne me préoccupant pas plus des autres, je me levai précipitamment avec toute la dignité possible et courus jusqu’aux latrines avant d’à nouveau rejeter le peu de contenu que je venais d’avaler il y a quelques minutes. Ne voulant pas avouer aux autres que je n’étais pas sereine par cette insistance un peu trop prononcée de ce mal, je fus heureuse de sentir la poigne ferme de Pieter me venir en aide en m’agrippant les cheveux. Il resta avec moi le temps que les spasmes se calment. Puis il me tendit son mouchoir et demanda :

-Ça va aller Tatie Ylva ?
-Oui jeune homme...J’en ai vu d’autres ! Répondis-je en me relevant si vite que la tête me tourna.

Je n’osais pas lui dire que c’était la première fois que j’avais affaire à un coup de froid ou une indigestion aussi tenace. Sentant mon trouble, mon neveu de cœur fut aux petits soins et me souleva presque facilement pour me faire retourner dans la maison. A peine passai-je la porte que mes deux sœurs de cœurs me regardèrent avec une expression calculatrice ce que je n’appréciais pas du tout. Elles étaient clairement connectées et complotaient contre moi.

-Tu es bien sûre de toi Iduna ? Demanda alors ma grosse Gaga le temps que Pieter me dépose dans le lit.
-Puisque je te dis que je l’ai vu quand je lui ai fait les soins dans ses chakras tout à l’heure, répondit-elle tandis que mes idées s’embrouillaient.

Ça n’avait pas l’air de passer ! D’habitude ça allait mieux après les vomissements ! Pourquoi ce n’était pas le cas ici ?! Indifférente à ma douleur, ma chère Piceaerd et ma belle Sappos s’évertuaient à maintenir leur conversation :

-Comment est-ce possible ?! Nous sommes mortes et puis elle ne voit pas Kanda aussi souvent que toi…
-Si malheureusement ! Elle le voit un jour sur deux et elle a même enfreint son planning cette semaine pour le voir un jour où elle devait m’être destinée... Et comme nous lui avons libéré son chakra racine...Plus rien ne me surprend dans l’Hellheilm ! Rechigna-t-elle.
-Vous savez que je suis là et que je vous entends... Maugréai-je, ma grosse Gaga s’il te plaît, n’attisonne pas sa colère...Elle est déjà d’une sale humeur ce soir...Et toi ma Iduna même si je vois mon ancien mari, je t’aime plus que lui...Je pensais que tu le savais depuis le temps !

N’ayant pas la force d’en rajouter plus, je me tournai à nouveau vers Pieter et bredouillai alors :

-Mon Grand Militaire, tu veux bien me passer la bassine ? Je sens que ça va repartir.

Patient, il s’exécuta alors que ma grosse sœur de cœur répliqua bientôt de façon malicieuse :

-Voudrais-tu bien arrêter de bouger que je puisse vérifier les dires de ta femme ?!

Jugeant qu’elle perdait son temps, je la laissais tout de même faire car j’avais remarqué depuis bien longtemps qu’elle était meilleure chamane que ma chère Reine. Espérant donc qu’elle m’apaise enfin mes chakras de la gorge et du plexus solaire, je la laissai faire tandis qu’elle se dépêcha de poser avec délicatesse deux mains bien à plat sur mon ventre. Heureuse, je constatai alors que les nausées étaient en train de s’estomper et n’en fus que plus ravie...Jusqu’à ce que je vois sa tête blanchir avec violence. Prise d’une soudaine bouffée de chaleur, je revis alors l’état d’excitation d’Anna après m’avoir enlacée et l’associai enfin avec la méthode qu’utilisait sa mère en ce moment même. La bouche sèche, je les fixai tour à tour et déclamai aussitôt :

-Je vous vois venir...Et je trouve pas ça drôle du tout !
-Mais...Ylva...C'est juste que...Ce...Ce n'est pas une farce en fait, bredouilla ma grosse Gaga en m’agrippant la main.

Elle la posa immédiatement par-dessus la sienne comme elle l’avait fait quand elle était enceinte de Yélana...Un minuscule embryon apparut me faisant éclater en sanglots. Un bébé...J’attendais un bébé de Kanda...

-Mais alors...Ma Belle avait raison tout à l’heure ! Lâchai-je sous le coup de l’émotion.
-Quoi ?! Tu as vu Anna ?! Répéta Elysia en me dévisageant avec des yeux remplis d’espoir.
-Oui, dis-je en me mordant la lèvre, elle...Elle semblait en forme pour quelqu’un qui loge dans les limbes...Elle a dit que le plan se déroulait normalement...

Encore sonnée, je posais à nouveau une main hésitante sur mon bas ventre et je souris bêtement en ajoutant :

-La clef du plan...Elle est là...

Sentant le regard lourd de Joli-Cœur, Pieter, ma grosse Gaga et ce gnangnan d’Olaf me persécutaient avec force, je dis encore :

-Je suis navrée...Je n’aurais pas dû vous faire part de notre entrevue...Elle ne voulait pas que vous le sachiez pour ne pas avoir de peine.
-Ce n’est rien Ylva...L’important c’est que notre fille aille bien, assura bientôt Helga en me regardant avec un sourire crispé.
-Bien que nous n’en doutions pas, elle a de qui tenir niveau tempérament, assura ce bougre de Camviridus en regardant sa femme amoureusement.

Elysia approuva en silence et je le sentis profondément blessé...Il n’était malheureusement pas le seul des Sappos qui semblait m’en vouloir en cet instant...Essayant d’impliquer ma Reine dans la venue de cette nouvelle vie, je bredouillai d’une voix confuse :

-Ma femme chérie...Veux-tu bien me dire si c’est une fille ou un garçon ?

Non compatissante, ses yeux s’assombrirent et elle me snoba pour montrer qu’elle était bien frustrée. Patiente, je désirai l’apprendre que de sa bouche aussi je fus contente qu’elle pose sa main sur mon ventre malgré son mauvais caractère. Il ne se passa pas deux secondes avant qu’elle dise :

-Eh bien à en croire la datation régit par la temporalité de l’Hellheilm, tu attends un petit garçon depuis à peu près deux cycles alors que tu as vu Kanda hier.
-Un garçon ? Répétai-je soudain effrayée, mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir apprendre à un garçon...Autant une fille c’était facile même si ma Beauté ne l’a jamais été...Mais un garçon...
-Eh bien...Si je ne dis pas de bêtises, il me semble qu’Iduna pourra t’aider ! Elle en a eu deux après tout ! Et ce nouveau membre Nordlys/ Coudrier vivra sous votre toit n’est-ce pas ? M’interrogea Helga alors que mon cœur était de plus en plus en lambeaux de voir ma femme prendre la nouvelle de cette façon.

C’est bien fait pour toi Ylva...Tu étais pareille à l’annonce d’Amarok et Elysia ! Me confortai-je. Très froide, elle m’observa sans grande enthousiasme et reprit d’une voix sèche :

-Je ne m’interposerai pas si tu décides de partir vivre avec lui...Vous avez enfin ce que vous avez toujours désiré tous les deux... Tu n’auras plus l’orgueilleuse Iduna Sappos pour te réprimander si jamais tu commets un écart... N’oublie juste pas que c’est à moi que tu es mariée ici mais si ta vengeance était de me faire payer mon rapprochement avec Olaf lors de ton arrivée dans l’Hellheilm, alors c’est très réussi...Au moins cette fois ce n’est pas Helga qui va en pâtir...
-Iduna ! Stop ! S’écria alors notre autre sœur de cœur.

Mais je l’arrêtai à mon tour et me levai fièrement pour me présenter face à ma Reine avant de déclarer :

-Ma petite femme chérie...Je suis entièrement d’accord avec tout ce que tu me reproches...Et je suis désolée si je t’ai blessée...Ce...Ce n’était pas mon intention...Jamais je ne chercherai à te faire du mal...Je ne fais pas vraiment attention à quand je vais trop loin ou quand je prends les choses à la légère mais tu peux être certaine d’une conviction...Je...Je ne souhaite pas vivre avec Kanda...C’est toi que j’aime Iduna Sappos...Ça a toujours été toi...Et cet enfant ne changera rien aux sentiments que j’éprouve pour toi...Néanmoins, ce serait déloyal de ne pas en informer son père...Tu comprends ?

Les yeux brouillés de larmes, elle hocha vigoureusement la tête en hoquetant, repliée sur elle-même. Réussissant à la séduire, je lui pris bientôt la main et l’embrassai fermement avant de la caresser.

-Je vais juste lui en faire part mais il ne me forcera pas à habiter avec lui...Repris-je, c’est un homme d’honneur...Il aura son fils les jours impairs quand il sera là...Et les jours pairs il grandira avec nous...Comme ça a été le cas quand j’avais vécu chez toi et qu’Elysia était enfant ou quand je gardais Amarok et Pieter...Ça ne change en rien l’amour que j’ai pour toi ma Reine...Absolument rien... S’il te plaît...Accepte mes excuses...

Elle resta statique un moment avant d’enfin me délivrer un baiser. Bien que gênée, Helga se pointa bientôt derrière nous deux et lança d’une voix remplie d’émotions :

-Allez ! Câlin générale ! Promis je ne vous écrase pas !

La phrase nous fit éclater de rire et nous nous réfugiâmes contre elle, consolidant encore et toujours notre amitié aguerrie.

-Tout ceci est bien beau Marraine...Mais ma Anna d’amour ne t’aurait-elle pas donné plus d’indication sur comment ton garçon compte la faire sortir des limbes ?! Intervint soudain Elysia.

Je secouai immédiatement la tête et renchéris :

-Non malheureusement...Mais je pense que nous en serons plus quand il sortira de mon ventre !

***

La nouvelle de l’état de ma petite tante m’avait définitivement redonné du poil de la bête. C’était le petit matin. Je n’avais quasiment pas dormi, réfléchissant à comment j’allais réussir à me faire pardonner auprès de mon petit bonhomme de neige. M’approchant doucement de son lit, je chuchotai avec bravoure :

-Je rentre à nouveau dans le jeu vile Emma...Tu as intérêt à t’être armée comme il faut...

Ne voulant pas me mettre en colère, je ne me lassai pas de regarder mon fils dormir. Si Anna disait qu’il avait mes traits, il avait tout autant ses expressions. Comment as-tu pu être à deux doigts de tout gâcher, Elysia ? Bien sûr qu’il me donnait la force d’avancer ! Me pardonnerait-il pour ce que j’avais pu sortir un peu plus tôt ?! Je n’eus pas trop longtemps à attendre avant de le savoir. Sa petite bouille s’éveilla alors qu’il finit par ouvrir un oeil. Docile, il bailla lentement et se frotta les yeux avant de s’apercevoir de ma présence.

-Papa...Tu vas mieux ? Demanda-t-il simplement en m’observant sous ma nouvelle transformation.

Incapable de parler, je me contentais de hocher la tête. Puis je lui ouvris mes bras et il s’enserra en grenouille autour de mon aine. Calant sa tête contre mon cœur, je me focalisais sur sa respiration qui était apaisée et l’emmenai jusqu’à ma chambre pour ne pas réveiller Tyr. Assis sur le lit, nous ne bougeâmes plus, nous contentant de dynamiser nos énergies à l’un et à l’autre. Après une éternité, je finis par lui embrasser les cheveux en murmurant :

-Excuse-moi mon trésor...Je n’aurais pas dû faire comme si tu n’existais pas...Maman serait très en colère après moi si elle était au courant de cela.
-Non, annona-t-il.
-Quoi non ?! Tu ne veux pas de mes excuses ?! Répétai-je au bord des larmes.
-Non, Papa...Maman ne pourra pas être très en colère après toi parce qu’elle est très très amoureuse, reprit-il avec espièglerie, en revanche peut-être que grande sœur Iduna t’aurait fait pleins de réflexions pas très gentils vu comment elle crie après Agnarr le Moche et Antoine quand elle est énervée...Enfin criait...

La remarque me fit rire mais j’étais trop stressé par son ton déconcertant pour être pleinement serein. Passant ma main dans ses cheveux bouclés, je ne me lassais pas de me raccrocher à ce trésor inestimé. Sentant que je n’arriverai pas à prononcer une parole de plus, mon fils sut m’apaiser de la même manière qu’il l’avait fait pour mon Ange lorsque j’étais mort. Ainsi il me créa bientôt un cœur de glace et me le mit dans les mains avant de renchérir :

-Tiens Papa...C’est pour toi en attendant que Maman revienne...Conserve-le bien et chaque fois que tu seras contrarié ou triste, ressors-le pour le serrer très fort contre toi...J’ai mis du permafrost exprès pour qu’il ne dégèle pas.
-Merci mon trésor, soufflai-je en étouffant mes sanglots.
-De rien ! Je m’en suis fait un aussi qui est pratique quand je la pleure...T’as pas à être embarrassé de pleurer même si t’es adulte ! Parrain Amarok, il m’a dit qu’il n’y avait que les faibles qui ne pleuraient pas.

Subitement propulsé des années en arrière par cette phrase déformée, je repensai à ce jour de fête des pères où mon grand-frère avait dit l’inverse. Comme s’il avait compris qu’on parlait de lui, il arriva bientôt alors que je m’adressai à lui avec un sourire moqueur :

-Ah bon ?! Parrain a vraiment dit ça ?
-Eh oui le Moche...Enfin...Petit frère, nota-t-il.

Tout heureux de voir que j’allais mieux il me passa une brave main sur l’épaule et je lui murmurai :

-Merci de t’être occupé d’Olaf.
-De rien...Bon retour parmi nous, bougonna-t-il.
-Papa ! Parrain ! Venez ! C’est l’heure du petit déjeuner maintenant ! Claironna bientôt mon fils en m’embarquant vers la salle à manger.

Ragaillardi, je n’avais plus qu’une idée en tête : Que la grossesse de Marraine passe rapidement pour retrouver ma Anna d’amour.

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Lun 13 Nov 2023, 18:33
On a donc l'histoire divisé en quatre points de vues :

PDV Amarok

Après avoir mis ses enfants et ses neveux au lit, Amarok tire tant bien que mal son frère du sommeil afin qu'il raconte une histoire aux enfants avant de dormir. Mais celui-ci, déprimant suite à la mort de sa femme, n'a pas le cœur à clore l'histoire sur une happy ending, prenant même à cœur les paroles blessantes de son fils Tyr. Le prenant à part, Amarok le réprimande sur son comportement, arguant qu'il lui reste encore ses enfants à prendre soin, mais rien n'y fait. Elysia veut qu'on le laisse seul à ses idées noires.

PDV Pieter

Pieter passe du bon temps avec sa famille et son amant Niklas. Mais l'arrivée d'Amarok et son annonce de l'état de santé d'Elysia abrège vite le moment doux. Lui et ses parents doivent donc voir ce qui lui arrive.

PDV Elysia

Elysia est trop cloitré dans sa dépression pour se relever et aller de l'avant. mais l'intervention d'Helga change la donne. Elle comprend ce que ressent son filleul et compatis grandement, mais elle lui fait savoir qu'en se comportant comme tel, non seulement il laisserait Emma triompher, mais aussi il laisserait une mauvaise image à son fils, qui préférerait Amarok comme figure paternel que son vrai père. Puis elle offre des lettres à son beau-fils, des lettres de sa Anna lui professant tout son amour et son désir pour lui malgré les obstacles et la distances les séparant. Se requinquant de ses souvenirs, Elysia se décide à franchir le pas et sortir de sa coquille, en plus de se rendre plus présentable.

PDV Ylva

Ylva ne se sent pas bien, elle est prise d'aigreur et de nausée, et sa Iduna lui en veut d'avoir passé trop de temps avec Kanda alors qu'elle devait être avec son amante, d'autant qu'Iduna a décelé un état qui ajoutait encore de la rancœur à l'égard de sa Ylva. Helga, arrivante, confirme bientôt la situation : Ylva est enceinte de Kanda, elle attend un garçon, conformément soi-disant au plan d'Anna. Mais Iduna s'en retrouve blessée dans son orgueil, préférant finalement voir son amante avec Kanda plutôt qu'avec elle. Mais Ylva la rassure qu'il n'en est rien, que même la venue de ce petit miracle ne changera rien à sa préférence pour Iduna.

PDV Elysia

Encore sous l'effet de la grossesse surprise de sa tante et la perspective de savoir que ça femme va bien malgré sa mort, Elysia se donne courage à renouer avec son fils. Ce dernier lui pardonne son comportement sous la forme d'un petit cœur de glace qu'il pourra utiliser comme remontant si elle pense à sa femme d'amour.

Le pêché capital de ce chapitre ? La paresse, mélangé à la colère.

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Lun 13 Nov 2023, 18:39
Merci @Dov pour ton commentaire 😉

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Lun 13 Nov 2023, 19:30
Oh je suis déçue... les chapitres ne se complètent pas cette fois Razz

Par contre quand tu as dit que tu changeais souvent pour le coup t'as pas fait les choses à moitié
En plus y a mon beau Pieter qui pouponne! Very Happy
J'avais envie de gifler GaGa... elle se mêle de l éducation de la petite, je sens qu'elle veut gérer!
Non!!! On laisse faire Pieter!!! Very Happy

Et Elysia en déchet j'ai bien. Aimé aussi surtout du point de vue d'Amarok il devait avoir envie de le tuer.

Enfin la surprise Ylva celle là je ne l'avais pas vie venir!!!
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Lun 13 Nov 2023, 19:46
Mais d'où Helga elle se mêle de l'éducation de la petite ?! Sad Sad Sad Sad Sad
Au contraire elle demande tout le temps l'avis de Niklas et Pieter... Elle fait juste pas de différences entre ses petits enfants c'est tout :/

Et oui pour Ylva ça a été dur de garder la surprise I love it

Bon sinon on a revu Basile détective privé... la scène de la taverne a donné quelques idées à Helga et Ylva Razz

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Vous faites ce que vous voulez d'Ylva ! Moi je repas avec notre Grosse Gaga Nationale !  :bave:  :bave:  I love it  I love it  I love it
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Mer 15 Nov 2023, 14:00
Allez ! Spoilers sans contexte chapitre 9 Very Happy

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Mer 15 Nov 2023, 22:36
Oh joli!!!

Et visiblement les prochaines générations vont jouer aux jeux de l'amour!!!!
C'est Ylva qui va être contente!
Et depuis l'Hellheim la Grosse GaGa qui va allumer des coupoles !!! (si je me souviens bien dans frère des ours 2 c'est ça)

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Mer 15 Nov 2023, 22:38
Floconnette a écrit:Oh joli!!!

Et visiblement les prochaines générations vont jouer aux jeux de l'amour!!!!
C'est Ylva qui va être contente!
Et depuis l'Hellheim la Grosse GaGa qui va allumer des coupoles !!! (si je me souviens bien dans frère des ours 2 c'est ça)

Yep ! C'est bien frère des ours 2 Wink
Oui y aura vieille Ylva Razz
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Dim 19 Nov 2023, 20:44
Nous voilà donc au chapitre 9 ! A partir de maintenant les chapitres tourneront autour...Des jumeaux et des jumelles Smile
Et on commence dans la tête de...PIETER ! Wink
Bonne lecture ! I love it

Chapitre 9 : La petite fugue :

ANCIENNE TIMELINE...

-Allez Maëlle ! Allez Frantz ! Vous faites un vœux et à trois vous soufflez sur la bougie ! Claironna ma grande sœur en leur offrant un sourire très niais comme chaque fois qu’elle s’adressait à eux, un ! Deux ! Trois !
Les jumeaux s’exécutèrent, envoyant des postillons sur le gâteau à la fraise qui avait été confectionné par les soins d’Olina mais amené jusqu’à la Forêt Enchantée où nous nous trouvions tous car nos Papas et nos Mamans faisaient leur pèlerinage mensuel dans leurs villes respectives de parrainage. De plus, comme c’était le cas pour la fête de Noël, Helga et Léon avaient décidé que les anniversaires de notre neveu et notre nièce seraient une année chez les Northuldra et une année chez les Arendellien.

Installé dans la foule au milieu des autres, je vis donc Sofia Westergaard qui était à quelques mètres de moi, retenu des deux mains sur l’épaule de son père et sa mère alors que Tonton Kaspian avait le droit d’être à côté d’Emma, lui. C’était injuste ! De toute façon que les adultes, Elysia ou mes pimbêches de cousines le veuillent, j’irai jouer avec elle après...Enfin non ! Y a que Kirsten qui était une pimbêche ! Rita c’était ma fausse amoureuse ! On faisait semblant de dire qu’on
allait se marier tous les deux parce qu’on était de sang royal mais Maman et Tatie nous grondaient à chaque fois qu’on le sous-entendait en prétextant même que c’était Pépé Runeard qui l’avait interdit dans la loi...
Honnêtement, ni l’un ni l’autre ne voyons le mal. Peut-être parce qu’il n’y en avait pas ? Et puis si j’avais toujours une profonde amitié/ amoureuse pour ma cousine, à présent que j’avais dix ans je la considérais plus comme une sœur...Contrairement à Sofia qui me faisait avoir de petits picotements dans tout le corps. Mon visage devenait tout rouge dès que je lui parlais et j’avais souvent du mal à associer toutes mes idées pour produire une phrase correcte quand elle était là. Tu n’es qu’un idiot Pieter, ce n’est qu’une fille, m’étais-je longtemps répété. Avant de comprendre que j’en étais véritablement amoureux comme les grands. Ce n’était pas une princesse mais elle avait de beaux cheveux châtains qui frisaient quand il pleuvait et de grands yeux noisettes qui étaient en ce moment-même en train de s’attarder sur moi tout en essayant de faire passer un message.

Soucieux d’être son centre de l’attention, le feu me monta immédiatement aux joues et je lui fis bientôt un petit signe en retour tout en me sentant bête. Je reçus immédiatement un coup de coude de la part de Rita qui jeta un regard noir à sa cousine avant de me chuchoter d’un ton mielleux :

-Parrain Pieter...Il faut qu’on donne notre cadeau à Maëlle.
Me faisant couper tout contact visuel avec Sofia, elle m’entraîna alors à l’endroit où notre neveu et notre nièce avaient été regroupés. Ils jouaient déjà avec le cadeau de Kirsten la Pimbêche et je ris en voyant la tête de mon frère qui était tout sauf enchanté d’être en sa compagnie près de Frantz. Indécis, les adultes regardaient le présent farfelu comme une bombe à retardement.

-Oh...Euh...C’est très beau Kirsten mais qu’est-ce que c’est ? Demanda Gaga de longues minutes plus tard.
-Cela m’aurait étonné que tu comprennes du premier coup grande sœur, soupira-t-elle, c’est un objet créée par mes soins, Maman était contente ! Je ne lui ai pas coûté cher cette année, contrairement aux deux précédentes.
-Et donc ? Qu’est-ce que c’est ? Insista à son tour Léon en haussant légèrement le ton avec impatience.

Il avait su prendre ses marques au sein de la famille royale depuis le temps qu’il côtoyait notre aînée mais il demeurait malgré tout, toujours gauche...Ce qui me plaisait énormément même si je devais faire celui qui ne l’aimait pas comme le dictait Elysia...Il était le meneur, j’étais le suiveur. Pourtant en mon for intérieur, j’enviai monsieur Delahage car moi aussi j’aurais donné n’importe quoi pour naître et habiter dans la Forêt Enchantée...Il n’y avait que mon travail de berger qui me plaisait car je ne pouvais pas faire de bêtise au milieu de la nature, trop préoccupé par les soins des bêtes et leurs fourrages...Et puis c’était l’occasion de jouer avec Sofia. Elle adorait Knut et c’était réciproque ! Nous formions un trio incontestable quand je n’étais pas avec Elysia, Rita ou Kirsten. Je n’avais jamais voulu être prince et j’en voulais un peu à Papa d’avoir épousé Maman même si je n’aurais jamais voulu de Tonton Hans comme Papa comme c’était le cas pour Helga... Si différente des jumelles en étant très nulle dans tous les domaines. Elle avait néanmoins comme atout de ne pas être distante et froide comme pouvait l’être Marraine Elsa et encore pire Kirsten la Chichiteuse qui était sa miniature en tous points. Cet instant ne faisait pas exception à la règle tandis qu’elle jeta un regard dénué de sentiments à l’amoureux de notre grande sœur.

Sans lâcher Léon des yeux, elle s’adressa alors à notre neveu avec autorité :

-Frantz... Je suis certaine que tu as compris de quoi il en était...Fais donc marcher ce jouet mon trésor !

Observant le présent avec un regard hésitant, mon neveu fut soulagé quand Elysia lui arracha soudain le bâton et le long tube en bois des mains pour lui montrer.

-Ah la la...Elle sait pas y faire ton idiote de Marraine au niveau de la pédagogie ! Elle est encore pire qu’Helga...Enfin sans te manquer de respect grande sœur ! Hein ! Regarde mon petit ! Faut secouer la tige dans le tube...Puis après tu souffles dans le rond ! Lui intima-t-il, allez vas-y...Essaie !

Sans attendre, l’enfant s’exécuta, formant alors de grosses bulles qui se répandirent un peu partout autour de nous sous les applaudissements de Per, Rackel, Enge et Ilse au comble de la joie. Ah oui...Ils étaient bêtes quand même ! Impressionnés par ce stupide jouet quand ils avaient à disposition des esprits qui avaient dix fois plus de pouvoirs ! Leur réaction ne me déplut toutefois pas et dans un ravissement que je ne cachais même pas, je me délectai tout de suite du visage boudeur de ma cousine trop parfaite. Son air constipé empira quand grande sœur Gaga toute gênée, ne sut plus quoi dire à part :

-Oh...Mais euh...Mais c’est un très beau jouet ma Poupette...Merci beaucoup !

Cette péronnelle de Kirsten haussa aussitôt les épaules sans une once de modestie et dit d’une voix pincée :

-Je sais...On se demande pour lequel je l’ai fabriqué mais bon !

Je manquais aussitôt de m’étouffer de rire en voyant Elysia qui avait conservé l’objet et avait du mal à le rendre à son filleul. Très forte pour ajouter d’autres pics, cette mijaurée confia encore avec détachement :
-Heureusement que je suis là pour penser à des cadeaux parce que si on attend après son parrain, il n’aura jamais rien ce petit !

-...Et il n’aura jamais rien ce petit ! Et Blablabla ! La refit-il tout de suite, elle a fini Miss Monde ?! C’est fou d’être encore persuadée qu’il n’y a que toi qui a la science infuse alors que je n’ai jamais oublié l’anniversaire ou la fête de mon filleul les deux années précédentes...M’enfin bon...On te refera pas hein ! Contrairement à toi, j’ai utilisé MA caissette personnelle, MOI, pour offrir le meilleur des cadeaux à ce petit ange ! Admirez tous l’engin !

Ayant attiré l’attention de tout le monde, il se rapprocha alors des buissons et en ressortit un vélo à trois roues acheté à la boutique de jouet du royaume, là où nous-même avions commandé notre cadeau en commun avec Rita. Subjugué par la grosseur du présent, Frantz lâcha les bulles comme une vulgaire paire de chaussettes et s’en approcha avant de demander :

-Oh Parrain, c’est un tycicle ?
-Eh oui mon tout beau ! Comme tu le voulais sur la liste du Père Noël l’année dernière mais que t’étais trop petit ! T’as de la chance ! Parrain Elysia il communique avec Pierre Sappos !
-Pfff...Ce n’est même plus lui le Père Noël...Maugréa Kirsten du tac au tac.

Mais personne ne l’écouta. Rose d’émotions, le petit se rua alors sur mon frère et lui embrassa la joue en bafouillant un « Merci Parrain » qui la fit frémir de rage. Jalouse, elle serra les poings de colère alors que Maëlle envieuse dériva également vers le jouet de son jumeau.

-Frantz, prêté ? Demanda-t-elle.
-Non, c’est moi qui te pique des trucs ! Grommela-t-il en se mettant devant son nouveau moyen de locomotion.

Prête à pleurer, elle fit déjà la moue mais je vins tout de suite à son secours et m’écriai en lui rattrapant sa main potelée :

-Attends ma puce ! Marraine Rita et moi on a mieux que ça !

Sans la faire plus attendre nous lui amenâmes à notre tour un grand paquet emballé qu’elle déchira tout de suite. Elle se retrouva bientôt face à un éléphant en bois aussi grand que le vélo qui avait également la capacité de rouler. Oubliant le jouet de son frère, elle grimpa sur le siège et nous remercia aussitôt par des gros câlins.

-Frantz fait la course ? Questionna-t-elle ensuite.
-Oui...Même si je vais gagner ! Répondit-il pour l’embêter.

Elle chouina un peu mais ses autres oncles et tantes l’encouragèrent très vite. Ils formèrent ainsi une espèce de piste sous les yeux attentifs de Léon et Helga. Resté en retrait, j’assistai à la scène aux côtés de Rita et l’autre rabat-joie de Kirsten profondément vexée. Les sourcils toujours froncés, elle pesta encore :

-Pfff...Il l’a fait exprès cet analphabète basique et primaire ! Moi je m’évertue à expliquer qu’un cadeau fait à la main est plus symbolique que celui acheté dans un magasin et cet idiot ruine toute ma leçon ! Je le déteste ! Si Frantz pouvait lui foncer dessus et lui faire du mal ce serait parfait !
-Hey ! Attention à ce que tu dis sur mon frère la coincée ! Le défendis-je, la vraie raison c’est que tu es trop radine comme Tatie Elsa, c’est pour ça que tu n’as rien voulu lui acheter avec tes sous personnels !
-Maman et moi sommes économes c’est différent ! Renchérit-elle d’une voix sèche, mais ce genre de notions sont bien loin de ta réalité, espèce d’immature ! J’en ai assez entendu ! Je vais aller voir Mamie Dudu ! Elle, au moins c’est une adulte responsable qui n’a pas une cervelle d’huître comme toi et ton hurluberlu de frère !

Déjà prête à mettre les voiles, elle s’arrêta pourtant très vite et dévisagea subitement sa jumelle, avant de reprendre avec agressivité :

-Rita tu viens ?!

Souhaitant la titiller pour la faire définitivement sortir de ses gonds, je maugréai avec amusement :

-De quoi t’as peur la chichiteuse ? Qu’elle m’aime plus que toi ?
-Pff la question ne se pose même pas ! Rétorqua-t-elle d’un air hautain, nous sommes liées toutes les deux ! Bien évidemment que je suis plus importante pour elle que toi, n’est-ce pas Rita ?

Le « oui » limpide n’arriva jamais et ce fut encore plus savoureux de la voir désespérait intérieurement.

-Je vous aime tous les deux, concéda sa sœur quelques secondes plus tard.

Pas un monstre, elle était prête toutefois à la suivre, ce qui ne me plut pas. Un peu vexé qu’elle me lâche, je faillis lui dire que ce n’était qu’une hypocrite mais je me retins et préférai profiter de cet intermède pour pouvoir enfin rejoindre Sofia.

-Euh...Coucou ! Lui clamai-je en guise d’entrée alors qu’elle m’offrit un grand sourire.

A ma grande surprise, elle ne me répondit pas mais éclata plutôt de rire en me détaillant.

-Que...Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? Bougonnai-je, trop obnubilé par sa voix étincelante pour être froissé.
-Tu as un peu de reste de chocolat sur le coin de la bouche ! Nota-t-elle en sortant déjà son mouchoir brodé pour m’essuyer le visage.

Sans que je ne puisse protester, elle le passa bientôt sur le coin de mes lèvres alors que j’eus de plus en plus chaud par la simplicité de son geste.

-Euh...Merci, chuchotai-je.
-De rien, dit-elle en m'embrassant la joue.

Je jurai immédiatement pour moi-même que je ne me la laverai plus jamais. Un long silence embarrassant s'installa ensuite et je fus heureux que ce soit elle qui le transperce en demandant :

-Tu repars quand pour Arendelle ?
-Pas avant la fin de la semaine...Papa et Maman sont en voyage d’affaires à Kraberg et Parrain et Marraine eux, pareils mais à Arnevik...Du coup Helga et Léon ont proposé de nous garder pour terminer les vacances...Enfin c’est surtout Mamie Dudu et Papy Antoine qui devaient s’en charger mais leur hutte est trop petite pour nous tous, alors nous dormons à celles des Berges ! Clamai-je.

J’espérai l’avoir impressionné avec mon long discours mais cela ne l’ébranla pas et elle se contenta seulement de hocher la tête avant de reprendre :

-Bon bah c’est chouette, on va pouvoir profiter et bien s’amuser ensemble alors !
-Oh...Euh...Eh bien...Oui ! Bredouillai-je, de plus en plus gêné.

Me mordant violemment la joue pour être si idiot, je pris bientôt mon courage à deux mains pour lui demander à mon tour :

-Et donc...Est-ce que tu voudrais qu’on joue à chat ?
-Oh oui ! Avec grand plaisir ! S’écria-t-elle.

Vive comme l’éclair, elle m’attrapa le poignet et m’entraîna un peu plus loin pour que nous puissions être tranquilles. Nous n’eûmes pas le temps de faire plus d’un échange qu’une vieille voix reconnaissable parmi mille se fit bientôt entendre :

-Mais regardez donc ce que nous avons là...Deux cœurs tendres à peine éclos !

Nous retournant brusquement, nous vîmes soudain Ylva Nordlys qui déambula au ralenti avec sa canne. Devenant cramoisis en entendant ses propos, nous nous retrouvâmes encore plus gênés tandis qu’elle minauda à nouveau avec amusement :

-Oh ? Aurais-je dévoilé un secret commun enfoui dans vos pensées ?! N’ayez crainte ! J’en ai vu plus d’un de couples Piceaerd/ Westergaard ! Et tout ce que je peux vous dire c’est que je n’ai aucune doute pour vous deux ! La petite graine de l’amour flamboie dans la Forêt ! Deux personnes de sang royal ! Très bon choix !
-Doucement Madame Nordlys ! Grommela soudain Sofia tandis que son état colérique m’attendrit, moi je suis autant Northuldra que vous ! Et Pieter c’est juste un copain, d’accord ?! Je comprends maintenant qui est-ce qui souffle à Emma de me titiller avec lui !

La vieille femme prit un temps avant de nous regarder tour à tour. Puis elle éclata de rire ce qui montra clairement qu’elle se moquait de nous. Humilié, j’eus tout de suite envie de lui arracher sa canne.

-Non...Parce que tu crois...Que...Non...Mademoiselle Westergaard...Tu me fais marcher ?! Tu...Tu penses sincèrement que tu fais intégralement partie de ce peuple ?! Pouffa-t-elle à haute voix.
-J’ai vécu toute ma vie dans la Forêt Enchantée et je suis née ici ! Dit-elle fièrement bien que vexée, je n’ai absolument rien à voir avec mes cousines qui me traitent comme une moins que rien et qui font des manières pour tout et n’importe quoi !
-Soit...Toutefois, tu viens explicitement de le dire ! Ceux sont tes cousines...Donc c’est que forcément vous êtes liées...Et fait extraordinaire ! C’est par le biais de vos Papas qui sont tous les deux...Des princes ! Renchérit-elle avec ironie.

Voyant que mon cerveau avait du mal à faire le rapprochement même si cela paraissait en réalité très évident, notre vieille tante se tourna vers moi et soupira avant de glousser encore :
-Eh bah...La lumière n’a vraiment pas touché les derniers Piceaerd... Entre la grande rouquine qui ne sait rien faire de ses dix doigts, la Kirsten plus dévergondée qu’une armoire à glace et toi et ton frère qui avaient tout du côté gaffeur et casse-pied de vos parents, heureusement qu’il y a ma petite Rita pour relever tout ça en ayant un potentiel dans tous mes domaines de compétences !

Abasourdi, j’estimais en avoir assez entendu et intimai alors à mon amoureuse :

-Viens Sofia...Allons jouer ailleurs !

La poigne fatiguée de madame Nordlys nous stoppa toutefois et elle s’écria à nouveau :

-Du calme jeunes gens ! Je me moque gentiment mais ce que j’essaye de vous faire comprendre c’est qu’étant tous les deux de sang royal ce sera plus facile pour vous de vous marier ! Les conseillers royaux y verront moins d’inconvénients pas comme ce fut le cas pour votre grand-mère Iduna avec votre premier grand-père Agnarr par exemple...

Quelle importance puisque mon amoureuse avait bien spécifié qu’on était juste ami...Je faillis sombrer dans le désespoir quand j’aperçus la même lumière dans son regard à mon égard. Les propos d’Ylva me plurent immédiatement avant qu’elle n’ajoute subitement, pensive :

-Oh...Attendez...Je me suis peut-être trop avancée...Il est vrai qu’il y a eu ce passif pour Yohan...

Nous observant une nouvelle fois, elle eut soudain une moue triste et continua :

-Je suis navrée, l’identité du père de ta bienaimée doit rester secrète...Bref ! Oubliez ce que je viens de vous dire ! Vous êtes condamnés à ne pas vous aimer !

Quoi ?! Yohan avoir une identité mystérieuse ?! Mais pourquoi ?! La remarque m’intrigua tout de suite et je souhaitais en savoir plus. Autant stupéfaite que moi, Sofia l’interrogea aussitôt :

-Qu’est-ce que c’est que cette histoire Ylva ? Pourquoi Maman et Papa ils doivent pas dire qu’ils sont des îles du Sud comme Tonton Hans ?

Ayant l’art de raconter les faits historiques autant que de les écrire, la vieille dame se lécha bientôt les lèvres dans un silence pesant puis finit par rétorquer avec un sourire amusé :

-Eh bien...Parce que ton Papa Yohan aurait pu être mon meilleur client à croquis avant qu’il ne rencontre ta mère ma petite ! Enfin non, pardon...C’est surtout parce que ton Papy Wilhelm et ta grand-mère Alix n’étaient pas trop d’accord avec cette union.
-Oh...C’est pour ça que Papa, il ne veut pas nous parler d’eux ? Devina tout de suite ma partenaire de jeux.
-Exactement jeune fille ! Tu vois quand tu veux... ! S’exclama-t-elle.

Sans rien ajouter, elle fit alors mine de partir mais ce fut peine perdu. Ayant mordu à l’hameçon, nous voulûmes connaître le fin mot de l’histoire et mon amoureuse reprit tout de suite :

-Puisque vous avez l’air si bien renseigné Madame Nordlys, sauriez-vous nous dire comment ils ont réussi à s’aimer ? Je...Je sais juste que quand ils se sont mariés Emma elle avait déjà presque deux ans et Maman m’attendait.

A notre grande surprise, la vieille dame fut prise de cours. Donnant fièrement une tape dans la main de ma partenaire pour avoir réussi à lui faire fermer son clapet, je fus presque déçue quelques minutes plus tard lorsqu’elle renchérit :

-Bon...Je ne devrais pas vous mettre au courant...Mais bon...Au point où j’en suis...Tant pis ! Alors voilà ! Ils ont utilisé une très vieille méthode qu’utilisent encore d’autres coureurs de grands chemins qui voyagent en Europe...Sans prévenir personne, Yohan a fait des bagages et a été « enlevé » Camille. Cet acte a marqué le début de leur fiançailles ! Ils ont fait un merveilleux voyage à Arnevik et ensuite ils ne sont plus jamais retournés aux îles du Sud, préférant venir s’installer ici où ils étaient sûrs qu’ils n’auraient aucun jugement de la part des habitants de notre communauté...Ce qui fut le cas ! A part ma Beauté qui a été un peu revêche, ils ont été bien intégrés par tout le monde.
-Pfff, c’est n’importe quoi ! Démentit aussitôt Sofia avec ténacité, ils ne peuvent pas se volatiliser dans la nature en étant de sang royal sans que les gardes ne se mettent à leurs recherches !
-A part si tout le monde se fichaient d’eux ce qui était peut-être le cas de tes grands-parents puisqu’ils avaient pleins de fils ! Clamai-je sans prendre de gants.
-Exactement ! Je constate qu’il y a un peu de matière grise dans ce jeune homme là aussi ! Insista Ylva.
-Et vous allez me faire croire que personne ne s’inquiète quand les gens pratiquent cette tradition ! Grommela aussitôt Sofia non convaincue.
-Figure-toi que non jeune fille ! Réitéra la vieille dame, pour la simple et bonne raison que les fiancés en informent les membres de leurs familles !

Alors qu’une nouvelle idée germait dans mon esprit, je repris alors :

-Et c’est donc ça qu’il faut faire pour s’avouer son amour, c’est bien cela ?
-Tout à fait ...Dit-elle en se réhaussant péniblement, bien, je compte sur vous à présent pour ne raconter à personne tout ce que je viens de vous dire ! Je vous fais entièrement confiance !
-Evidemment ! Clamèrent nos voix à l’unisson.
-Parfait ! Nota-t-elle enjouée en nous tapotant nos têtes.

Puis son regard s’attarda encore sur Sofia qui la bravait également et elle conclut :

-Oh et pour ta gouverne demoiselle...Je titille autant ta sœur avec le jeune Kaspian que n’importe quel couple que je vois se former dans la Forêt Enchantée ou ailleurs ! Allez ! A bientôt tous les deux !

Elle s’éloigna enfin en nous faisant un signe d’au revoir. Espiègle, mon amoureuse eut la présence d’esprit de ne pas rebondir sur ces propos alors que son récit résonnait encore dans ma tête. Et si je faisais pareil ? Si j’enlevais la fille de Yohan pour lui avouer tout l’amour que je lui portais ?! Mais allai-je avoir le cran ? Oui Pieter ! Tu réussiras...Ce soir tiens...Tu trouveras une activité entreprenante et...

-Ah Sofia ! Tu es là ! Ça fait un quart-d’heure que nous t’appelons ! Il est temps de rentrer ! Il va faire nuit dans pas longtemps ! Je ne veux pas que tu attrapes froid ! S’exclama soudain Yohan en me dévisageant durement.

Puis il ajouta :

-Tu devrais faire de même Pieter ! Toute ta famille se trouve bien au chaud dans la maison des berges !

Je rêve ou il essayait de m’éloigner de sa fille ?! Eh bien ! ça n’allait pas se passer ainsi ! Riant intérieurement à la façon dont j’allais élaborer mon plan pour kidnapper ma belle, je répliquai simplement :

-Oui ! Vous avez raison Monsieur Westergaard ! A plus tard Sofia !

Bravant le visage fermé de son père, je me penchai alors aux côtés de mon amie et lui déposai rapidement un bisou sur la joue avant de passer à l’étable des Coudriers donner à manger à Knut.

-A tout à l’heure mon grand ! Clamai-je.
-A tout à l’heure Pieter ! Repris-je d’une voix plus aigüe pour dire que c’était mon renne qui parlait.

Lui ébouriffant une dernière fois l’encolure, je me dépêchai enfin de rejoindre mon frère et le reste de la famille qui était déjà à table dans une ambiance bien agitée, animée en premier lieu...Par cette pimbêche de Kirsten :

-Non Frantz chéri...Tiens-toi droit ! Attention...Coince bien ta fourchette entre l’index et le pousse...Oula non... Fais gaffe...Ce n’est pas à ta tête de descendre mais à la main de venir vers la bouche avec la nourriture !

Se décalant un peu pour que je puisse m’assoir, Elysia soutint bientôt son filleul en déclamant :

-Elle te gonfle Marraine Kirsten ?! Hein ?!
-Oh que Oui ! S’écria-t-il fortement de sa voix fluette.

La vérité sortit du cœur ! Mon jumeau et moi éclatâmes de rire tandis que Léon se prit un coup de coude d’Helga pour ne pas faire de même. La jumelle nous fixa bientôt médusée et renchérit d’une voix pincée :

-Bien...Si vous voulez qu’ils soient définitivement des animaux cet enfant, ce n’est pas mon problème ! Ce n’était pas la peine de me donner ce rôle si vous ne voulez pas que je le tire vers le haut !

Ayant toujours trouvé les mots pour nous calmer, notre Gaga s’approcha alors d’elle et posa sa main sur son épaule en s’exclamant :

-Attention, nous sommes très contents de ce que tu fais ma poupette...Mais il y a certaines notions que Frantz et Maëlle n’ont pas besoin d’apprendre avant quelques années, c’est simplement ça qu’il faut que tu comprennes.
-Soit, se braqua-t-elle en se réfugiant dans sa soupe.

Cette coincée ferma enfin sa bouche alors que je demeurai moi-même très silencieux, me contentant d’observer Rita qui s’amusa avec Maëlle jusqu’à la fin du repas. Une fois terminé, nous demandâmes tous ensembles :

-On peut jouer un peu avant de nous coucher grande sœur ?
-Oui ! Mais des jeux calmes car nous allons endormir les jumeaux…D’ailleurs jeune homme tu laisses les bulles de Marraine Kirsten sur la table et tu prends ton doudou à la place.

Bien qu’un peu triste mon neveu s’exécuta alors que Léon rajouta à notre adresse :

-Quand on viendra vous dire que c’est l’heure vous ne rechignerez pas !
-Oui promis ! Clamèrent nos quatre voix à l’unisson.

Par peur qu’ils ne changent d’avis, nous ne demandâmes pas notre reste et grimpâmes les escaliers assez vite pour aller dans nos chambres attribuées.

-Bataille de polochon ? Questionna aussitôt Elysia ayant déjà attrapé son oreiller.

J’allais lui répondre qu’on allait faire trop de bruit quand Rita apparut à l’angle de la porte.

-Tiens…Voilà la cafteuse de première qui va tout rapporter à Mademoiselle Chichi-Panpan ! Grommela aussitôt mon jumeau.

Elle lui offrit aussitôt un signe injurieux comme toute réponse. Choqué par son geste, je lui reconnus toutefois une certaine bravoure et n’ajoutai rien alors que mon frère s’énerva :

-On veut pas de toi ici !
-Chut ! Gaga a dit qu'il fallait qu'on soit calme...Je veux parler à Pieter ! Je viens pas pour toi, nota-t-elle en me dardant de ses beaux yeux verts.

Pris au milieu du conflit, je décidai de ne pas me positionner et les laissai encore se battre quelques secondes avant que mon jumeau ne me pousse violemment contre son corps.

-Tiens ! Voilà ! Dégage avec elle ! Conclut-il méchamment.

Il alla prendre un livre et ne s'en détacha plus. Hésitant quelques instants à suivre Rita, je finis par accepter sa main et nous allâmes dans une des autres pièces de la maison. Bien que blessé par le comportement d’Elysia, je culpabilisais de l'avoir laissé seul. Indifférente à mon sentiment de confusion, Rita demanda tout de suite :

-Elle vous racontait quoi Ylva tout à l'heure à Sofia et toi ?!

Jugeant que cela ne la regardait pas, je perçus tout de suite la pointe de jalousie dans sa voix et compris bien vite que le fait d’avoir partagé un moment de complicité sans elle lui était pesant. Souhaitant lui faire comprendre qu’elle n’avait pas besoin de s’inquiéter et que je me souciais d’elle, je repris alors :

-Tu sais l’autre fois quand je surveillais les rennes, j’ai trouvé une pierre et je l’ai rapporté à Tonton Ryder...Il m’a dit que c’était un talisman Northuldra...
-...Tu veux pas répondre à ma question ?! Demanda-t-elle, vexée, je suis sûre que tu as bien rigolé avec elle...

Décidant avec moi-même qu’elle n’aurait le droit qu’à un demi-mensonge, je répliquai alors d’une voix sûre :

-Quoi ?! Euh...Non, non, Ylva nous expliquait comment ton oncle Yohan et ta tante Camille se sont rencontrés c’est tout !
-Pourquoi ? Questionna-t-elle suspicieuse, elle a trouvé que vous étiez amoureux ?

Haussant les épaules car ses questions m’agaçaient, je répondis :

-Elle n’a rien mentionné là-dessus...Mais Sofia, je l’aime bien comme toi...

Froissée, Rita tourna tout de suite du nez et rétorqua en s’époussetant sa chemise de nuit :

-Nous sommes tout de même très différentes ! J’espère que tu m’aimes un peu plus ! Je suis plus amusante et nous nous côtoyons plus souvent ! Tu te rappelles quand je craignais l’orage l’autre fois et que tu es venue me protéger !

Je hochai la tête pour lui faire plaisir et sautai sur ce souvenir pour lui parler de mon cadeau :

-A propos de moyen de protection ! Je te disais que l’autre jour j’ai trouvé un talisman dans les pâturages de la Plaine des Monolithes, Tonton Ryder et la cheffe Yélana ont dit qu’il fallait le garder précieusement parce qu’il devait appartenir aux premiers Northuldra. Ils avaient dû le placer dans la terre comme symbole de fertilité il y a des milliers d’années ! Madame Coudrier m’a affirmé que si tu le gardes sur toi, il te défendra contre toutes sortes de malédiction...Alors...Euh...Je m’étais dit que ce serait bien que tu le portes parce que si ça se trouve, quand je serai plus grand je ne serai pas forcément là pour veiller sur toi tout le temps, tu comprends ?

Ayant blanchi à la dernière partie de ma tirade, je ne fus toutefois pas surpris lorsqu’elle déclara :

-Mais tu habiteras bien au château quand tu seras adulte, non ? Ne va pas me dire qu’il n’y a pas assez de place pour tout le monde !
-Oh non non...C’est pas ça le problème...C’est euh...Bah tu sais...Mon travail de berger...C’est un peu pénible de faire des allers-retours ! Donc...Je pense que je ferai comme notre grande-sœur...Je viendrais habiter ici ! M’exclamai-je sans mentionner que c’était surtout pour vivre avec Sofia que je voulais m’établir dans la Forêt Enchantée.

Je m’attendais tout de suite à une crise capricieuse de sa part comme elle était très bien capable de m’en faire mais à la place elle dit d’une voix calme :

-Bon très bien, dans ce cas, moi aussi je viendrai habiter avec toi chez les Northuldra !

Congestionné par son répondant, je fus bientôt rassuré en lui avouant :

-Marraine Elsa et Parrain Hans ne seront sans doute pas trop d’accord ! Avec tous les principes royaux que tu apprends, il faudra assister Kirsten ! Vous règnerez ensemble !
-C’est mon aînée de dix minutes ! C’est à elle que revient le trône ! Et puis moi j’ai d’autres projets ! Voilà, je n’en ai encore parler à personne mais j’ai beaucoup discuté avec Ylva et elle a décidé que je serai sa successeuse quand elle ne sera plus là.

Me sentant soudain idiot, je rougis violemment et bafouillai :

-Quoi...Alors...Tu seras prête à faire des croquis sur les gens qui s’aiment ?!
-Il est vrai que je pourrai le faire ! Clama-t-elle avec sérieux, après tout je suis assez bonne en dessin...Mais ce sont surtout les essais historiques et scientifiques qui m’intéressent...Donc quand Ylva quittera notre monde, ce que j’espère être dans très longtemps, je serai l’écrivaine officielle des récits de la Forêt Enchantée.
-D’accord, dis-je simplement.

Je ne voulais pas d’esclandre donc je ne montrai rien tandis qu’elle continua encore :

-Tu me construiras une belle hutte, nous nous marierons et nous aurons beaucoup d’enfants ! Et comme nous ne serons plus princes et princesses, plus aucun adulte ne pourra nous interdire d’être ensemble, qu’en penses-tu ?
-C’est un beau programme, dis-je timidement.

Ne laissant rien transparaître à propos de mes sentiments pour sa cousine, je gardais dans un coin de ma tête, le plan d’enlèvement que j’avais échafaudé pour elle cette nuit et répliquai bientôt à l’adresse de Rita :

-Alors tu acceptes mon talisman ou pas ?

Elle se renfrogna immédiatement et me tendit sa main. J’y déposai rapidement la pierre lisse et ocre marquée d’une rune.

-Tu sais ce que ça veut dire ? Demanda-t-elle encore.
-Oui ! Selon les livres de la cheffe, cela signifie « sagesse », répondis-je tout fier.
-Cela me va...Même si comme dirait Ylva ce ne sont que des fariboles ! Mais ton geste me réchauffe le cœur ! Oui ! Vraiment merci ! Cela veut dire que j’ai de l’importance pour toi Pieter, minauda-t-elle.

Tactile, elle s’approcha alors de moi et me fit un énorme câlin avant de soupirer :

-Et là comme on est amoureux, c’est le moment où tu m’embrasses !
-Tu es sûre que ce n’est pas risqué ? Helga va peut-être venir bientôt nous dire de nous coucher...Je ne voudrais pas qu’elle le rapporte à Mamie Dudu...Je n’ai pas envie de recevoir une correction moi, mes fesses sont déjà bien assez rouges à cause d’Elysia ! Bougonnai-je.
-C’est sûr que si tu hésites trop longtemps on va se faire prendre, renchérit-elle, frustrée, enfin...Dis plutôt que tu ne veux pas me faire de bisou, ça ira plus vite.
-Mais enfin...Non pas du tout...Répliquai-je en l’enlaçant à nouveau, tiens, voilà !

Sans attendre, je m’élançais mécaniquement vers ses lèvres et y déposai un baiser fugace. Un sourire radieux apparut tout de suite sur son visage et elle surenchérit à son tour par une dizaine d’autres qui me submergèrent d’un nouveau désir masculin. Je savais que ce n’était pas bien mais elle était consentante.

-Je t’aime Pieter ! S’écria-t-elle, ravie.
-Moi aussi, répliquai-je, n’osant lui avouer que j’étais plus préoccupée par son corps féminin qui s’embellissait que par la profondeur de son âme.
-Ah ! Pieter ! Rita ! Vous voilà ! Vous pouvez me dire ce que vous faisiez dans la chambre !? S’écria soudain Helga en nous fixant avec méfiance.

Ouf...Nous l’avions échappé belle ! Essayant de ne pas rougir pour ne pas avoir l’air soupçonneux, nous nous contentâmes de dire que nous jouions. Etant assez cruche, notre Gaga y crut.

-Allez ! Au dodo maintenant ! Clama-t-elle d’une voix pressée.

Ma cousine et moi nous souhaitâmes une bonne nuit et je rejoins mon jumeau avec l’estomac noué. Combien de temps mettrait-il à s’endormir ?! Je voulais retrouver Sofia, moi !
Me boudant toujours, il continua de lire et évita mon regard même après qu’Helga lui eût dit d’éteindre les chandelles.
Lui en voulant également de m’avoir poussé tout à l’heure, je me glissai dans le lit sans même lui accorder un regard et m’allongeai en priant pour que mes yeux restent ouverts jusqu’à ce qu’il trouve le sommeil.
Ne pouvant pas me faire la tête trop longtemps car il avait besoin de moi, il me regarda enfin et me confia avec détachement :

-Je te trouve bien silencieux, tu n’aurais pas fait une bêtise sans moi à tout hasard ?!
-Qu’est-ce que ça peut bien te faire, de toute façon ! Tu m’as fait mal ! Tu es qu’un méchant ! Grommelai-je.

Vexé, il ne s’excusa même pas mais se moqua plutôt de moi :

-Oula fais donc pas trop cette tête-là ! On dirait les miss parfaites ! Je parie que Rita t'a encore embobiné !
-N'importe quoi ! Ne la critique pas ! Elle est moins pénible que Kirsten, dis-je.
-Pfff c'est les deux mêmes ! Bouda-t-il, Rita elle te promet juste plus de trucs parce qu'elle est plus libérée que l'autre coincée mais dans le fond elle te défendra pas si jamais tu fais une bêtise !
-Je sais...Soupirai-je, n’empêche on a failli avoir de l'espoir avec la pimbêche quand elle avait séché le cours de Tatie Elsa !
-Oui ! Elle avait tellement de potentiel ! Mais elle n'a plus jamais voulu le faire quand Marraine a dit que sa soeur était meilleure qu'elle ! Renchérit-il.

Moqueurs, nous explosâmes de rire et enfouîmes nos têtes sous les couvertures pour ne pas qu'Helga vienne nous gronder bien que nous n'avions pas véritablement peur d'elle. Son autorité était aussi élevée qu'un chaton de Norvège...

-Bonne nuit Elysia, finis-je par souffler.
-Bonne nuit Pieter, conclut-il.

Il m’embrassa vivement l’épaule en signe d’excuse et me tourna ensuite le dos. Faisant faussement pareil, j’attendis que les ronflements de Maman qu'il avait eu en héritage se fassent entendre puis je me levai discrètement et renfilai mes vêtements et mes bottes avant de descendre l'escalier. Pas de grincement. La chance était de mon côté ! Avançant à petits pas pour être le plus silencieux possible, je fus heureux d'entendre que toute la maisonnée était en train de dormir... Enfin presque... les cris de dinde que poussaient ma grande sœur en cet instant me dégoutaient à moitié bien que l'activité qu'elle et son idiot de mari étaient en train de faire avait le mérite de les occuper un moment...

Repassant par l'enclos de dehors pour aller chercher Knut, je le harnachai bientôt et l’attachais non loin de l'ancienne maison de mes arrières-deux-fois grands-parents avant de me rendre à la fenêtre de Sofia. Je lançais soudain un caillou mais je n’eus pas de succès. Il fallut attendre la troisième tentative pour qu’elle pointe le bout de son nez.

-Pieter ? Chuchota-t-elle en se frottant les yeux, qu’est-ce que tu fais là ?

Prenant sur moi pour ne pas paraître ridicule, je lui montrai alors la selle de Knut et murmurai d’une voix détaché :

-Le carrosse de son altesse est avancé !

Je devins livide en la voyant grimacer. Mince ! Je savais pourtant qu’il ne fallait pas utiliser ces termes ! Sofia était une fille simple ! Me raclant immédiatement la gorge pour rebondir sur ma bourde, je repris alors :

-Bah je fais comme ton Papa avec ta Maman...Je viens enlever mon amoureuse...Enfin...Si tu...Si tu veux bien faire semblant de l’être comme je suis pas trop sûr que tu sois d’accord...

A mon grand soulagement, l’idée lui plut tout de suite et elle m’indiqua le chiffre deux avec ses doigts avant de reprendre :

-Ne bouge pas...Je me couvre chaudement et je te rejoins.

Hochant vivement la tête, mon cœur martela bientôt dans ma poitrine et j’eus l’impression que les minutes durèrent des heures. Après une éternité, Sofia apparut telle une fée de l’hiver dans ses peaux de bêtes raffinées. Oh oui...Elle était aussi belle que Rita...Si ce n’est plus. Je fis aussitôt signe à Knut de se baisser et mon compagnon s’exécuta. Mon amoureuse coinça alors ses deux jambes entre les flancs de mon cervidé et je repris alors :

-En avant vers les Plages Grises Knut !

Vif et intelligent, il savait qu’il ne devait pas bramer, aussi se contenta-t-il d’y aller au pas jusqu’à ce qu’on soit bien sorti du village Northuldra. Puis il trottina pour enfin nous mener au galop jusqu’au lieu indiqué. N’osant plus bouger, j’étais aux anges car Sofia se tenait avec force contre mon dos, serrant comme un fermoir mon corps qui s’emmêlait avec le sien. Cette proximité me rendit toute chose et j’eus une soudaine envie de l’embrasser à pleine bouche. Je ne tentais toutefois pas l’expérience car j’avais trop peur de me prendre une claque de sa part. Elle était assez caractérielle.
La brise se fit plus forte quand nous arrivâmes enfin aux abords des épicéas. Le vent du nord, glacial soufflait si fort qu’il faisait tomber les épines des arbres de Noël, les répandant comme des confetti sur le sable.
Je trouvais le cadre joli. J’espérais qu’il lui plaisait également.

-Arrête-nous là Knut ! Lâchai-je enfin à mon ami.

Il nous déposa alors vaguement sur le sol et je lui offris une carotte en guise de récompense. Ne comprenant pas très bien ce que nous venions faire ici, Sofia dit aussitôt sur le ton de l’humour :

-Alors je sais que je ne suis pas frileuse...Néanmoins, je ne suis pas prête pour une ballade à dos de Nokk.

Son ton plaisant me mura d’embarras et j’étais heureux d’avoir mon foulard en laine pour recouvrir mes joues car elles rougirent instantanément.

-Oh non non...Je...Je ne pensais pas à ça...Si...Euh...Si tu me fais confiance, tu me suis, bredouillai-je outrancièrement gêné.

Enlaçant fermement mes doigts aux siens, elle déclara alors très sérieusement :

-Bien sûr que j’ai confiance en toi Pieter Bjorgman !

Rassuré, je ne quittai donc plus ses mains et la menai avec fermeté vers un épicéa dont le tronc était assez conséquent, puis je sortis mon canif de ma poche et me tournai à nouveau vers elle en bafouillant :

-Voilà...Euh...Je m’étais dit que ce serait une bonne idée de laisser quelque part une trace de notre amour...
-Oh ! S’exclama-t-elle en sursautant.

Ce fut bien la première fois que je vis ses joues chauffer aussi fort que les miennes. N’ayant pas plus de réaction, je me mordis la lèvre par peur d’avoir dit une bêtise et ajoutai bientôt :

-Enfin...Sauf si tu ne veux pas bien sûr...C’est uniquement si tu veux toi...Moi...Moi je te forcerai jamais à rien.

Ayant retrouvé ses esprits, elle reprit alors :

-Je suis totalement d’accord avec cette proposition.

Poussant un soupir de soulagement intérieur, je m’approchais alors de l’arbre et usais de ma force pour transpercer l’écorce et y formais un cœur. Puis j’y plaçais en grosses lettres « SW + PB ». Haletant, je contemplais mon travail avec ferveur et attendis qu’elle commente. Elle n’en fit rien. Face à son silence, je lui demandai quelques secondes plus tard :

-Alors qu’en penses-tu ? Est-ce que cela te plaît ?
-Oui c’est parfait ! Répondit-elle en applaudissant avec force, bravo Pieter.

D’un geste, elle me prit alors mes deux mains et les tint fermement avant de reprendre :

-Pieter Bjorgman...Promets-moi que tout ceci est bien réel...
-...Ça l’est, la coupai-je un peu vite.

Avant de me confondre en excuses pour ma grossièreté. Son regard noisette se radoucit immédiatement et elle continua :

-...Je disais donc, promets-moi que tout ceci est bien réel...Et que nous reviendrons chaque année honorer cette escapade même quand nous serons grands !
-Je te le promets ! Clamai-je tout heureux.

La suite se grava dans ma mémoire à jamais. Sans aucune hésitation, elle se pencha vers mon visage et déposa ses lèvres avec sûreté sur ma bouche. Je ne réagis pas tout de suite tellement surpris par l’acte et fus presque déçu qu'elle la détache aussi vite. Je décidai alors pour la première fois de ma vie de prendre mon courage à deux mains et m’approchais à mon tour pour l'embrasser de façon prononcée. Amusée, elle ne me gifla pas et je sus enfin ce qu'on ressentait quand on était vraiment atteint de bonheur. Plus jamais je n’embrasserai Rita...Oh ça non ! Les baisers de Sofia avaient une vraie valeur...Ils m’enflammèrent instantanément, me rendant si confus à certains endroits de mon corps que je faillis en devenir incontrôlable. La lâchant à temps avant d’approfondir mes gestes, je me retrouvai tout gêné et me tins fort la nuque en arrière pour paraître naturel. Elle explosa tout de suite de rire pour dédramatiser et renchérit ensuite :

-Bien…Que propose donc mon nouvel amoureux maintenant ?

Pris de court car je n’avais pas trop d’idées après la gravure de nos initiales, je ne voulais toutefois pas perdre la face et déclarai :

-Eh bien…Comme tu veux…

Réfléchissant quelques instants, elle déclara alors :

-Amène-moi là à la Plaine des Monolithes…Papa ne veut pas que j’y aille, il dit que les rennes sont dangereux à cause d’un vieil accident qui était arrivé dans le village il y a longtemps de cela.

Je confirmais tout de suite par un signe de tête. Il est vrai que lorsque Knut était de mauvaise humeur il pouvait se braquer et frapper le sol violemment, ne se préoccupant pas de savoir si ses sabots pouvaient nous percuter. Etant bébé il pouvait aisément me faire mal…Alors tout un groupe d’adultes étaient difficiles à maîtriser. Voilà pourquoi il était recommandé d’être toujours au moins deux bergers et de bien avoir un bâton pour se protéger. Me tournant vers mon compagnon quadrupède, je pris bientôt la main de Sofia et déclarai :

-Mademoiselle est servie !

Nous éclatâmes de rire et filâmes donc à l’opposé des Plages Grises dans une forte envie d’arrêter le temps. Profitant que le ciel soit étoilé, mon amoureuse me fit tout un cours sur leur position et leurs noms qui s’avéra bien mieux que ceux donnés par Helga.

-Est-ce que tu vois les étoiles aussi en Arendelle ? Questionna-t-elle soudain alors que les quatre monolithes nous firent bientôt face.
-Oui…Elles sont juste un peu moins grosses qu’ici, commentai-je.

Mais elle ne m’écoutait déjà plus et contemplai l’espace infini de broussailles qui nous faisait face.

-Whouaaa ! C’est gigantesque ! Et tu arrives à retrouver tout le troupeau là-dedans ?!

Heureux de l’avoir impressionné, je répondis du tac au tac :

-Oui ! Avec Tonton Ryder nous prenons bien soin de quadriller les zones à observer et nous faisons régulièrement des rondes pendant que les bêtes broutent, dorment ou…

Je me tus avant d’expliquer la dernière activité car je n’étais pas certain que Yohan et Camille seraient contents que je lui dise cela.

-Ah oui ! Où s’accouplent ! Mais d’accord ! Je vois ! Clama-t-elle quelques secondes plus tard sans une once de gêne, et tu ne t’ennuies pas trop toute la journée à attendre qu’ils fassent tout ça ?

Secouant vivement la tête, je repris alors :

-Non…J’aime ce calme si apaisant… Et puis…Je me sens doté d’une mission ici…Bien plus que mon devoir de prince ! A Arendelle, je suis oppressé au milieu des gens parce que Rita et Kirsten nous font de l’ombre en étant trop parfaites. Elysia et moi nous prenons ces réflexions depuis notre naissance...Tu sais...Du style, suivez l'exemple des filles, si bien qu'autant lui que moi nous détestons être au sein de la famille royale...
-Pourtant tu aimes Arendelle, n'est-ce pas ? C'est ta patrie ? Demanda-t-elle, surprise par ces révélations.
-Le royaume en tant que tel oui ! Mais les gens…Non…Je suis heureux que ce soient nos cousines qui y soient nées en premier et que ça soient elles qui gouverneront un jour…C’est ce que tout le monde veut…Pas des demi-sang royaux…Insistai-je.

Lui prenant rapidement la main, j’ajoutai aussitôt :

-Les seuls sur qui je veux régner ceux sont les rennes…Avec toi ma future cheffe de la Forêt Enchantée !

En avais-je fait trop ? Visiblement non. Je sus que l’idée l’enchantait quand elle se colla contre moi pour encore m’embrasser la bouche.

-Ce serait une merveilleuse idée mais je ne sais pas si ça sera possible, avoua-t-elle soudain alors que son visage devint triste.

Mon cœur manqua un battement et j’eus une soudaine envie de pleurer.

-Oh ? Mais pourquoi ? Réussis-je à lui demander…Je me lave tous les jours tu sais !

La remarque la fit rire et elle secoua la tête en levant les yeux au ciel avant de reprendre :

-Non ! Non ! Ce n’est pas ça…C’est juste par rapport à Emma…
-Quoi ? Qu’est-ce que ta sœur vient faire là-dedans ?! Ne pus-je m’empêcher de crier avec mécontentement.
-Bah elle va encore dire que je la copie ! Bougonna-t-elle, parce qu’elle aime Kaspian qui est également un membre de la famille royale…Elle croit que je fais exprès de faire pareil qu’elle et que je n’ai aucune personnalité.
-Oh…Je connais un peu ça… Comme Elysia est mon jumeau, les gens nous confondent souvent et pensent qu’on a le même caractère…Mais pour mon frère c’est l’inverse ! C’est très important que je fasse exactement tout comme lui…Il n’est pas content si j’essaye de lui faire front… Il critique tout le temps Kirsten mais dans le fond c’est les mêmes tous les deux, déclarai-je.

Puis voyant qu’elle était toujours malheureuse, je passais mon bras par-dessus son épaule et la rapprochai un peu plus de moi avant d’ajouter :

-Mais bon…On a dit que c’était notre secret pour l’instant…Donc Emma n’a pas besoin de le savoir…Et si jamais elle te fait une réflexion quand on sera grand, on appellera Mamie Dudu et elle aura tôt fait de la faire taire !

Cela la rassura tout de suite et nous restâmes silencieux l’un contre l’autre un bon moment après cela, pour contempler les étoiles. Somnolant à moitié, nous ne fîmes pas attention aux premières lueurs roses dans le lointain. Oh mince ! L’aurore se levait ! Il fallait que je la ramène et retourne à la maison des Berges avant qu’on s’aperçoive de notre absence !
La secouant gentiment, nous remontâmes à dos de Knut et arrivâmes au campement qui était encore endormi…Enfin presque…

Mon cœur se figea en apercevant Yohan, Camille, Léon et Helga qui nous attendaient de pieds fermes au centre des huttes. Ils avaient l’air furieux…Très furieux… Sofia et moi nous lançâmes sitôt un regard et un même sourire orna bientôt nos visages alors que nos pensées furent connectées :

« Si c’était à refaire…Cette escapade serait la même sans hésiter ».


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Dim 19 Nov 2023, 21:36
C'est trop mignon cet anniversaire des bout chous!!! I love it I love it I love it I love it
Clairement Frantzoze a plus de chance que toi car au moins... il a deux cadeaux!
Rien que pour ça, elle a bien raison Kristen ! Surtout que le petit a l'air d'adorer les deux cadeaux!

Ensuite j'ai bien aimé la Ylva "Zazu". Je m'attendais à ce qu elle finisse par sortir une coupole pour Sofia et Pieter! Very Happy
Pour le coup si.Mamie Anna avait vu ça depuis les limbes elle aurait lâché l'affaire!

En tout cas elle a bien perturbé l'esprit de Pieter ! Je pense que c'est bien cette raison qui le pousse à faire sa grosse bêtise à la fin.
Je me.demande même si Ylva n'a pas été possédée par Emma pour foutre le bazar!!  :angel:

Clairement Ylva elle est en mode Scar aussi genre "oh zut j'en dis trop... surtout n'allez pas faire de bêtises les enfants"

Oh et la jalousie de Rita c'est absolument génial !!
Ca ne serait pas elle qui a cafardé qu'ils se sont enfuis les deux auprès des adultes?! :fouet:
En tout cas c'était bien mimi ce chapitre dans la tête du "mini KriKri"

En plus c'est un beau Pieter!!! I love it

Ansa aime ce message

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Lun 20 Nov 2023, 18:26
On se trouve donc dans la tête de Pieter... mentalement, j'entends.

Il assiste à l'anniversaire de ses neveu et nièce, où Elysia et Kirsten se disputent leurs estimes en vantant le cadeau qu'ils leur ont fait. Mais Pieter décide à se tenir à part pour commencer à engager la relation discussion avec Sofia Westergaard, malgré une intrusion assez gênante d'Ylva dans leur intimité. Cette dernière, jouant les poètes déversant l'amour sur les couples en devenir, leur révèle comment Yohan et Camille (les parents de Sofia) comment ils se sont mariés et aimé après avoir fugué leurs familles royales respectives. Cela inspire beaucoup Pieter pour déclarer son amour à sa copine.

Suite au dîner, Pieter est cependant confronté à un début de jalousie de Rita, qui voudrait savoir pourquoi il était avec Ylva et Sofia, sa sœur qu'elle estime moins méritante de Pieter qu'elle. Mais ce dernier s'en débarrasse rapidement en lui clamant son faux amour pour elle par l'offrande d'un talisman northuldra (soi-disant trouvé par hasard dans la forêt) censé protéger des malédictions et garantir une futur vie de couple. Puis, s'assurant que toute la maison s'est endormie, il s'en va retrouver sa Sofia pour l'emmener aux plages grises. Et de là, lui propose d'admettre leur amour et de le sceller sur un arbre, ce que la soupirante accepte avec grande joie.

Puis se rendant sur la plaine des monolithes, ils discutent sur comment ils se sentent chez les northuldras, comment la vie en ce lieu est si libératrice pour Pieter en dehors de l'ambiance royale étouffante en Arendelle, comment leur amour ne doit pas être découvert sous peine de ne plus jamais se revoir (comme ce fût moult fois le cas dans cet univers). Mais il se fait tôt et les deux tourtereaux doivent se dépêcher de rentrer... où les attendent leurs parents respectifs, prêt à leur remonter les bretelles.

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