[FCU] La malédiction du cinquième esprit

Chapitre 28 : Une histoire de coupoles


Elle commençait à en avoir l’habitude désormais. L’éternité de cette fraction de seconde passa pour la cadette d’Arendelle qui sentit sous ses bottines la douceur de la mousse. L’odeur de la forêt parvînt également à ses narines et l’air doux et froid enfin, remplissait pour la première fois depuis son trépas ses poumons. C’était une véritable renaissance pour Anna d’Arendelle qui observait son environnement avec des yeux d’enfant. Elle se souvînt comment jadis, peu après le couronnement de sa sœur une fois son pouvoir accepté par tous, elle avait pu converser avec sa cousine Raiponce de Corona. La jeune princesse rayonnait et narrait à la furie rousse quelle joie cela avait pu être pour elle que de poser le pied dans l’herbe lorsqu’elle avait quitté sa tour la première fois. En cet instant, Anna prenait pleinement conscience de ce qu’avait pu ressentir Raiponce. C’était la première fois qu’elle pensait à sa cousine depuis son trépas. Elle avait dû grandement changer depuis toutes ses années ! Cette vague de nostalgie n’envahit cependant pas bien longtemps la souveraine. Elle devait pleinement se sentir vivante et, sans parvenir à se maîtriser commença à courir au hasard des sentiers.


-Anna ! Non !!! Reste avec nous ! Avertit Kristoff


Elysia ne fut pas en reste mais, bien plus calme, adossé à son fidèle soutien de marche qu’il utilisait jadis pour faire paître les bêtes, le Sappos se contenta d’observer la folie douce de la petite rousse qui semblait comme décrire un cercle dans sa course saugrenue. Le Sappos était consterné de voir son arrière petite fille se montrer si indiscrète. Son pauvre époux du monde des morts devait tout faire pour tenter de la raisonner et rattraper l’héritière d’Arendelle qui, il fallait le reconnaître avait une excellente condition physique. Après un dernier soupir, Elysia se décala de quelques pas sur le côté puis avec le flegme digne des plus grands aristocrates anglais, tendit nonchalamment son bâton vers le sol pour que, quelques instants plus tard, la furie rousse ne se prenne les pieds et s’étale de tout son long dans un tas de feuilles sans comprendre sur l’instant ce qu’il venait de lui arriver.



-Eh mais ?! Pourquoi ?! Lança Anna furieuse.
-Tu es bien comme ta mère toi !... Tu n’as pas idée du nombre de fois où j’ai agi de la sorte avec Iduna quand elle s’enfuyait pour ne pas suivre ses leçons de chamanisme avec ta grand-mère !? Tu ne t’étais jamais demandé pourquoi les pantalons d’enfant de ta mère étaient toujours rapiécés aux genoux ? Tu as ta réponse maintenant ! Se contenta de répondre le Sappos en lâchant son bâton.
-Mais pourquoi ? Et pourquoi Pierre n’est pas là ? Constata la jeune femme alors que son aïeul l’aidait à se relever.
-Tu te souviens de la nuit où nous sommes ?... Il a un travail je te rappelle !
-Un travail ?! Oh mais ça veut dire qu’Emma en a un aussi n’est-ce pas ?
-Eh bien ?... Oui sans doute ! Pourquoi ?
-Alors c’est l’occasion de raisonner Mamie !


A ces mots, la furie rousse fut à nouveau digne de son surnom et fila tel le vent au travers des arbres centenaires avant de disparaître dans l’obscurité de la nuit.


-Anna Non !!! Mais par tous les esprits et Dieux Northuldra et d’Arendelle elle est insupportable ! Jamais je n’aurai pensé le dire mais Iduna était un véritable petit ange docile en comparaison ! Kristoff ! Rattrape-la vite !


Le débiteur de glace obéit alors et parti à la poursuite de sa belle. Elysia de son côté fouillait méthodiquement les fourrés. Son appui demeurait introuvable alors qu’au-dessus de sa tête, un aigle s’envolait tenant dans ses serres l’objet de ses désirs. Déçu, après plusieurs minutes de recherche, le Sappos se résigna désappointé. Son ancêtre lui avait pourtant intimé la consigne de ne laisser aucun indice derrière lui mais le temps pressait. Un morceau de bois dans une forêt c’était embêtant mais cela pouvait passer inaperçu, en revanche, la vue claire et distincte d’Anna d’Arendelle, véritable sosie d’Anna Picéaerd, voilà une couverture qui serait à jamais déchirée. Le Northuldra du Nord réfléchit quelques instants. Sa descendante souhaitait retrouver sa grand-mère et avait remarquée qu’elle passait la majorité de son temps sur les plages grises. Fort heureusement il constata que son arrière petite fille n’était pas dotée du sens de l’orientation. D’un pas lent mais certain, Elysia se mit en marche dans la direction opposée. Inutile de se presser, il arriverait avant sa descendante pour l’arrêter à temps.
Après de longues minutes de marche, Elysia fut en vue des plages grises et son cœur de nouveau vivant se mit à battre la chamade. Caché il ne pouvait être vu mais lui la voyait. De son pas si élégant, Mamie Anna déambulait sur les plages. Le Northuldra l’observait. Après tout il ne l’avait jamais connu âgée mais peu importait, elle restait la même alors que lui n’avait pas eu le temps de connaître le changement physique du temps qui passe. Il n’eût pas le temps d’observer la Picéaerd plus longtemps que des bruits de course approchaient. Sans aucun doute Anna ! Diable, se disait-il, elle faisait le bruit d’un troupeau d’éléphants ! Mamie Anna aurait tôt fait de l’entendre ! A la hâte il se précipita vers la source du bruit et percuta de plein fouet la jeune femme. Tout deux eurent quelques instants le souffle coupé mais, heureusement pour le Sappos, il fut le premier à recouvrer ses esprits et plaqua sa main sur la bouche trop bavarde de sa descendante pour empêcher que le moindre son ne puisse en sortir.


-Calme-toi Anna ! C’est moi !! Je vais te lâcher, mais tu dois me promettre de ne faire aucun bruit ! Chuchota avec force Elysia avant de relâcher son étreinte.
-… Non mais qu’est-ce que c’est q…MMMFFFH !!! Commença Anna avant que son aïeule ne lui entrave à nouveau la bouche.
-Ce n’est pas possible, mais un seul jour dans tes vies ou ta mort vas-tu être capable d’écouter et appliquer ce qu’on te dit ?! Silence ! Je sais que tu veux raisonner ta grand-mère ! Mais il ne le faut pas ! Pas maintenant ! Regarde ! Elle n’est pas seule ! Fit l’éleveur de rennes avant de relâcher la belle et lui montrer l’ombre derrière mamie.
-Attends quoi ?... Oh non ! Andréas ! Reconnu Anna.
-Andréas ?... Mais qu’est-ce qu’il fait là lui ? Questionna Kristoff
-Il… Il est parti en même temps que Mamie, maman et Elsa… Avoua Anna en indiquant son collier miroir.
-Et tu ne crois pas qu’il aurait été bon que je sache que mon père lui aussi était de retour ? S’indigna Kristoff.
-Oh les jeunes, vous réglerez ce différent sur l’oreiller plus tard !... Intervînt avec autorité Elysia.


La voix ferme du Northuldra eût un effet incroyable sur la jeune femme qui perdit immédiatement la parole. Avec prudence, elle s’approcha de son aïeule et observa la plage où les géants avaient disparus alors qu’au loin, les tous premiers rayons de l’aurore pouvaient se deviner sous l’horizon éclaircissant légèrement la nuit noire. Les nouveaux arrivants étudiaient la Picéaerd et son jeune frère adoptif qui s’étaient arrêtés et discutaient…


-Le matin approche ! Emma avait tort de craindre leur arrivée ! Jubila Andréas.
-Ne sois pas si confiant… La nuit n’est pas terminée ! Si Emma est la plus grande des Picéaerd, c’est parce que son jugement et sûr ! Nous sommes revenus lors de la dernière nuit de Noël ! Pierre Sappos ne va pas risquer de perdre davantage de temps ! Il viendra avec Elysia.
-Je ne te connaissais pas pessimiste ma grande sœur ! Où est passée celle que j’admirais tant pour sa capacité à ne penser qu’au bon malgré les obstacles ?
-Obstacles que tu as mis sur ma route n’est-ce pas ? Coupa Mamie d’une voix ferme.
-Anna… Voyons nous n’allons pas… Nous n’étions pas dans le même camp à cette époque…
-C’est bien pour cela que tu as perdu mon petit frère ! Ça ne l’oublie jamais !
-Quoi ?
-Tu m’as bien compris Andréas ! Tu veux être l’associé d’Emma ?... Oublie cette illusion tu ne l’es pas ! Emma ne considère comme associé personne ! Mais il n’y a que moi qu’elle va considérer comme son égal, elle n’est pas bête et sait que sans moi elle ne peut obtenir ce que nous voulons ! Mais ça toi, tu ne peux pas lui offrir ! Alors n’oublie pas ta place ! Tu n’es qu’un apprenti dans cette bataille !
-Mais je…
-Je ne veux pas nuire à ton égo petit frère ! Tu as joué une première fois, plutôt bien je dois le reconnaître… Mais tu as perdu parce que tu m’avais comme adversaire ! Tu es doué, mais prends le temps d’apprendre ! C’est ce qui t’a perdu ! Être trop impatient ! Trop confiant ! Ne jamais sous-estimer un ennemi tant qu’il n’est pas éliminé !
-C’est bien pour ça que j’ai envoyé ta petite fille et son insupportable gamine dans les limbes ! Pas mal comme élimination non ?
-Pourtant toi aussi tu étais dans les limbes… Et que vois-je devant moi ? Un Andréas censé ne jamais s’évader… Les limbes pourront sans doute les retarder, mais tôt ou tard, Pierre et Elysia, si ce n’est Anna elle-même, trouveront une sortie à cette prison !
-Anna ? Oh ma grande sœur, tu présumes des capacités de cette idiote ! Railla Andréas alors que dans les fourrées, Elysia pinçait sa petite fille pour l’empêcher de se dévoiler.
-Mieux vaut voir son ennemi trop fort que pas assez… Fit mamie qui continuait la leçon.
-Ah oui ? Et présumer de sa force n’est-ce pas mauvais aussi ? Dis moi Anna, toi qui es si importante comme tu le dis, explique-moi ? A moi le pauvre apprenti qui ne sait rien… Si cette petite idiote se retrouve ici, sauras-tu l’éliminer définitivement ?! Tu parles, mais auras-tu le cran de te salir les mains s’il le faut ?!
-Regarde cette plage Andréas… Ces rochers informes, qu’est-ce donc ?
-Tu le sais !
-Précisément ! Et qui ici les a envoyés face au cataclysme ?
-Anna tu détournes la question ! Tu voulais sauver tes proches ! J’ai ma réponse ! Tu es incapable de t’en débarrasser ! Alors ne présume pas trop ! Emma sait sur qui elle pourra compter pour l’élimination !
-Ah oui ?... Si j’avais voulu les sauver, j’aurais pu prévenir Elsa ! Elle n’était pas loin ! Nous savons qu’elle aurait pu arrêter la vague ! Ou appeler moi-même le Nokk ! Même si nous ne sommes pas les plus proches, il m’aurait entendu pour le bien des Northuldra… L’ai-je fait ? Non ! A la place j’ai envoyé les géants de pierre ! La pierre ! Un élément qui n’aime pas l’eau n’est-ce pas ?... Mes proches amis tu le sais ?... Je n’ai pas hésité à les sacrifier ! Nous avons sauvé la forêt ainsi ! Pour les Northuldra nous sommes des héros, et en plus, Emma a pu récupérer leur pouvoir… Et ce fut bien long car tu n’as pas été capable de le retrouver plus tôt ! Alors ne joues pas à ce jeu avec moi Andréas ! Ma fille a voulu se montrer insolente enfant… Nous voyons le résultat ! Une chamane et un cinquième esprit raté ! Seulement capable de rester seule et inutile depuis un an ! Tout ça parce que je me suis mise supposément en danger afin que son idiot de mari ne vienne me sauver ! Dommage, il n’y soit pas resté !... Et n’ait pas laissé le temps à Iduna de s’y risquer ! Mais elle est malgré tout pratiquement hors du jeu, et nous sommes insoupçonnables ! Voilà comment on élimine les adversaires… un par un Andréas ! Décidément tu restes un amateur ! Je comprends pourquoi tu n'as jamais été en mesure de l’emporter ! Trancha mamie d’une voix glaciale.


C’en fut trop pour Anna qui enfonçait son poing dans sa bouche pour ne pas hurler sa rage. Elysia s’en rendit vite compte et chargea Kristoff d’éloigner la furie rousse. Les propos si durs d’Anna Picéaerd causaient des blessures bien trop douloureuses pour la jeune Arendellienne qui sentait la nausée la gagner. Après s’être assuré que sa petite fille était hors de portée de la matriarche diabolique, le cœur lourd, le Sappos se risqua à s’approcher à nouveau des plages. Pour Elysia, les paroles d’Anna avaient également été comme un coup de poignard. Depuis quelques temps il avait rompu avec la Picéaerd dont le comportement avait changé mais en cet instant, il le savait, il l’avait véritablement perdu et serait bien obligé tôt ou tard de faire ce qu’il doit faire, peu importe les pouvoirs et la puissance de la cinquième esprit perdue par la haine et la soif de pouvoir. Décidément, cette malédiction qui frappait les esprits était bel et bien présent et Anna paraissait en être la dernière et pire victime… Avec appréhension, Elysia tendit à nouveau l’oreille, Mamie regardait sévèrement Andréas qui n’en menait pas large, intimidé par le rapace au bras de la matriarche.


-… Alors Andréas ? J’attends ?!
-Tu attends quoi ?
-Aucune trace disais-tu ?... Et ça alors ?


De colère mamie donna un coup de pied au bâton qu’elle avait au pied qui frappa le tibia d’Andréas. Le Sambucus grimaça mais pas autant qu’Elysia. Lui qui voulait ne laisser aucune trace ! N’importe qui aurait pu ne rien remarquer sur cet objet, mais évidemment pas Anna…


-Eh bien… Je… c’est… un morceau de bois ?
-Un morceau de bois ?... Tu crois que l’oiseau m’aurait apporté un morceau de bois ?! Tu as dit de ma petite fille qu’elle était idiote, mais mon pauvre frère, elle a cent fois plus d’esprit que toi ! Cette horreur à tes pieds… C’est le bâton de berger d’Elysia ?! Et s’il est trouvé curieusement cette nuit… Qu’est-ce que cela signifie d’après toi ?
-Très bien Anna… Je m’incline, tu avais raison… comme toujours. Bougonna Andréas.
-Tu connais les instructions d’Emma ?!... Voilà ton domaine de compétence ! Remets-toi en chasse ! Débusque-les ! J’ai une idée ! Toi qui a tellement fait mal à ma famille avec ton arme favorite, cette fois utilise là pour éliminer Elysia ! Voilà une mission qui devrait te plaire, tu as toujours rêvé de le faire n’est-ce pas ?
-Il va y avoir un problème à ce sujet Anna…
-Comment ça ?... Tu ne t’en penses pas capable ? Voilà qui m’étonne ! J’ai encore assez de pitié pour lui pour que tu t’en charges rapidement avec ton poison, mais si je m’en occupe il le regrettera amèrement…
-Non c’est que… Je n’ai plus mon arme… Elle… Elle a disparue depuis des semaines…
-Tu as quoi ?! … Andréas mais te rends-tu compte de ce que cela signifie ?! Combien de temps va-t-il se passer avant qu’on ne sache que tu es là ?! Lança mamie d’une voix glaciale.
-Cela m’importe peu ! Et ne t’en fais pas, je vais le trouver ton Elysia, et à partir de ce moment… Je vais… Commença Andréas en voulant briser le bâton contre son genou.
-Non pas ça !
-Quoi ?... Oh Anna, ainsi donc le tuer te poserait problème ? Railla Andréas.
-Pas du tout idiot ! Je te parle de ça ! Ne le brise pas !
-Serait-on sentimentale ?
-Aucunement ! Mais j’ai horreur du gaspillage ! Crois-moi je rêverai de le voir disparaître mais à quoi bon… Plusieurs fois j’ai voulu m’en débarrasser, il m’est toujours revenu, alors autant qu’il soit utile ! L’aube arrive ! Va-t’en Andréas ! Trouve tous ces idiots qui ont eu la stupidité de venir ici ! Iduna et Agnarr ne vont pas tarder à arriver pour la promenade de l’impotent !


Andréas obtempéra et s’éloigna. Elysia voulut continuer d’observer celle qui était sa moitié et devenait désormais une ennemie mortelle. Malheureusement, il constatait qu’Andréas avait choisi de démarrer sa chasse dans sa direction. Il était temps de s’éloigner et mettre à l’abri sa petite fille et son époux. Sur la plage. Mamie resta un instant à caresser le haut du crâne de l’oiseau majestueux


-Envole-toi mon tout beau… Si Iduna te voit avec moi, elle va se douter de quelque chose… Allez continue de la surveiller !


La matriarche relâcha le roi des cieux qui disparut bien vite dans la pénombre. Mamie Anna s’éloignait aux premiers rayons du soleil. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour croiser, comme elle l’avait prévu, Iduna avec claudiquant à son bras, Agnarr.


-Eh bien mon ange de l’air, plus les jours passent et plus tu es matinale !
-Il le faut bien maman ! On ne marie pas tous les jours un de ses enfants ! Enfin je vais pouvoir y assister ! J’espère que tout se passera bien et que je saurais retenir mes larmes !
-Allons je n’en doute pas… Tu es une Picéaerd, Pardon, une Picéaerd, mariée à la famille royale d’Arendelle. La force et la sagesse Northuldra, associée à la prestance et la dignité royale de la famille Arendellienne, de grandes qualités n’est-il pas mon gendre ? Sourit Mamie à l’attention d’Agnarr.
-Prestance et dignité… Pour l’heure j’en suis encore loin ! Heureusement que le peuple ne peut me voir ainsi convalescent…
-A ce propos ? Comment s’en sortent mes arrières petits enfants ?...
-Sans doute correctement… Hans ne doit pas tarder de revenir pour m’en faire un rapport…
- Et vous n’êtes pas trop déçu que votre projet de marier cette jeune Emma à Viktor n’ait pu se concrétiser ?
-C’était… une idée stupide je suppose…
-Je ne vous le fais pas dire Agnarr ! Louons la sagesse et surtout le sentiment profond qui unit votre fils et de votre future belle fille pour avoir su contrecarrer cette folie. Vous devriez le savoir que les mariages arrangés ne fonctionnent pas dans notre famille ! Gronda mamie avec malice.
-Pardonnez-moi mais… Mon père et vous n’aviez-vous pas envisagé notre union bien avant que nous nous rencontrions ?
-De l’esprit ! Voilà une bonne nouvelle mon gendre, vous vous remettez vite c’est une bonne chose ! Mais ai-je fait quoi que ce soit pour favoriser ou empêcher votre union ?... Non, j’ai seulement laissé faire le destin.
-Décidément Iduna, jamais je n’aurai le dessus face à ta mère…
-Oh Agnarr, ne vous dévalorisez pas tant voyons ! Oh et pour votre dignité… J’ai un présent pour vous ! Iduna, je crois que ça va te plaire… Fit Mamie en présentant l’appui.
-C’est… Maman est ce que c’est… Ce que je crois ?
-Ca l’est mon ange de l’air ! Si ça ne tenait qu’à moi, il aiderait à allumer le feu du foyer de nos charmant tourtereaux mais… Il demeure malgré tout ton père et dans ton cœur c’est important alors… Il sera mieux au sein de ton foyer… Et qu’il trouve son utilité première pour vous mon gendre !
-Je… Je vous remercie Anna c’est… Hum… Je suis honoré, ainsi que le peuple d’Arendelle pour cette marque d’amitié et de respect entre nos peuples.
-Agnarr ! Voyons ça n’est pas un cadeau diplomatique…
-Ne te fâche pas mon ange de l’air. Tu le sais je n’aime guère le protocole et les relations entre les puissants néanmoins si tu permets ; Votre Majesté, je suis honorée et ravie que ce geste et cet humble présent soit pris en si haute estime par Arendelle et j’ose croire que nous saurons en toute circonstance toujours nous trouver dans le même camp, amis et alliés en toute circonstance dis-je. Fit Mamie avec une révérence parfaite au roi.
-Madame Picéaerd, Arendelle vous promets ce que vous souhaitez. Répondit Agnarr qui avait compris que pour une fois, aussi curieux que cela puisse paraître, le protocole importait à la matriarche.
-Maman ?... Mais depuis quand tu t’intéresses à…
-Il faut bien que j’aie hérité de quelques aspects de ma chère mère en plus de son savoir chamanique… Elle qui n’aspirait qu’aux responsabilités ! Mais tu as raison ! Ces taches sont celles de Yohan… Et bientôt de votre belle-fille ! D’ailleurs ne pensez vous pas qu’il est temps de préparer nos futurs mariés ! Le jour est là après tout ! Rassurez-vous, Emma sera rentrée à l’heure ! Agnarr, maintenant que vous avez un appui, m’autorisez vous à prendre votre place au bras de ma chère fille, après tout vous savez vous aussi ce que c’est de ne plus avoir les genoux d’une jeunesse bien lointaine désormais…
-Prenez-ça comme une première preuve qu’Arendelle sera toujours à votre service ! Conclut le roi avec dignité.


Le couple royal et la matriarche s’en retournaient vers le village Northuldra pour préparer l’union entre Emma et Kaspian. Rapidement, Mamie prit congé du couple prêt à préparer le futur époux alors que la première des Picéaerd, dans sa tenue de mère fouettarde apparaissait après sa longue nuit de labeur. Avec politesse, Agnarr et Iduna saluèrent Emma, impatients de la voir, de nouveau vêtue telle une Northuldra pour, auprès de mamie, mener la cérémonie de mariage.


-Emma ! Alors comment s’est passée cette nuit de travail ?
-Un travail que je déteste comme toujours ! J’espère que ça sera la dernière fois ! Hors de question d’attendre des mois pour obtenir un esprit comme pour les géants ! Mais dis-moi Anna… Ce qui aide Agnarr à marcher… Serais-ce ?...
-Tu connais la réponse n’est-ce pas Emma ?
-Donc… Ils sont là !
-C’était prévisible non ?
-Raison de plus pour agir !
-Nous allons le faire ne t’en fais pas Emma ! Quelle belle idée que tu as eu d’organiser le mariage aujourd’hui ! Ils ne vont jamais résister et se montrer ! Je n’ai pas le don de voir l’avenir mais je te promets Emma, bientôt nous aurons un nouvel esprit de notre côté !
-J’espère Anna !
-A ce propos, j’aurai une faveur à te demander.
-Oh ?... Mais Anna, tu te trompes, ça n’est pas moi qui distribue les cadeaux en cette période !
-Eh bien c’est l’occasion de faire une exception pour justement rebattre toutes les cartes !
-Soit, que veux tu ?
-Je veux ça !
-Ca ?... Le miroir ?!
-Oui ! N’est-ce pas notre totem familial ? Transmis de génération en génération ?
-Certes ! Mais tu me l’as rendue Anna !
-A ta demande mais, j’aimerai pouvoir renouer avec la tradition ! Je vais aller préparer la mariée…J’en ai besoin !
-Quoi ? Tu veux donner à cette idiote ce bijou ?! Pourquoi ce collier ?!
-Allons Emma… Ca n’est qu’une breloque pour toi, mais pour elle, une relique de la famille Picéaerd ! Le symbole qu’elle fait partie de la famille ! Imagine, nous, ses héroïnes, qui allons la marier à un Picéaerd… Et lui offrons le bijou ancestral offert de chamanes en chamanes… Comment être plus certaines de ne pas l’avoir à nos côtés ! Après un cadeau pareil, on pourra lui demander de brûler toute la forêt qu’elle le ferait tu ne crois pas ?


Emma hésita un long moment, mais face au regard déterminé d’Anna, elle finit par céder. Après tout, la plus grande des Picéaerd ne s’était pas trompée. Elle était une recrue formidable pour son projet, sans doute son plan devait-être le bon. De toute manière, Emma le savait, dans un avenir proche, il ne lui suffirait que de demander à Andréas de se débarrasser de cette pot-de-colle. Quoi de mieux que de rendre Kaspian veuf pour le faire totalement perdre pied ? Mamie Anna s’empressa de fourrer le précieux artefact dans sa poche, prête à l’offrir à la promise de Kaspian malgré le sourire crispée d’Emma qui n’osait pas dire la véritable valeur du miroir à Mamie.


Au loin, fort heureusement, à l’opposée du terrain de chasse d’Andréas, Elysia, Anna et Kristoff trouvaient quelques minutes de repos. Cette arrivée dans le monde des vivants n’était pas aussi rose qu’aurait pu l’espérer Anna. La fille d’Iduna, machinalement, observait depuis le collier miroir le mariage qui se préparait… Pierre était enfin de retour et apprenait inquiet qu’Andréas et mamie étaient au courant de leur arrivée. Il ne doutait pas qu’Emma devait elle aussi être au courant. L’effet de surprise ne pourrait exister finalement. Pire encore, le bras armé d’Emma était déjà en chasse.


-Je veux y aller ! Coupa Anna.
-Quoi ?!
-Le mariage de Kaspian ! Je veux le voir !
-Anna non ! Tu ne comprends pas ?! Nous ne sommes pas les bienvenus ici. Nous devons agir, mais dans la discrétion pour le moment…
-Penses-tu papy que l’on pourrait nous attaquer ? Que maman et ma sœur nous attaquerait Kristoff et moi ? Toi c’est possible… Enfin je veux dire, c’est pas pour dire que tu es moins bien que nous mais…
-Ne te fatigue pas Anna ! J’ai très bien compris ce que tu voulais dire et tu as raison, mais imagine, si vous arrivez juste au moment du mariage de ton frère… Tu vas lui voler la vedette, et Emma pourrait paniquer et se montrer menaçante !
-Laisse la faire Elysia… Si elle le souhaite, elle n’a qu’à y aller…
-Vraiment ? Oh et tu ne rimes plus ? Remarque je préfère ça !
-Tu peux y aller… Mais en restant cachée ! Ton grand père a raison en revanche, inutile de prendre la vedette à ton frère… Comment aurais-tu réagi en situation inverse ?


Anna ne trouva de mots pour répondre. Elle qui avait pris tant l’habitude de vivre dans l’ombre imposante de sa glorieuse ainée ne pouvait que comprendre cette situation. L’argument de Pierre avait fait mouche. Vaincue, elle céda au compromis du premier Sappos et, toute la petite troupe finit par se rendre, bien cachée au plus près du village où la cérémonie s’apprêtait à commencer.
Kaspian était magnifique dans un traditionnel costume Northuldra, paré des symboles des esprits. Le jeune homme rayonnait et offrait quelques signes à la foule de curieux venus assister à ce grand jour. Il était si heureux d’être enfin pardonné et accepté au sein de la communauté. A son bras, se retenant pour ne pas pleurer. Iduna n’était pas en reste. Anna observait sa mère remonter l’allée de son pas altier. L’ange de l’air rayonnait, elle aussi dans une tenue scintillante de milliers de cristaux d’esprits, sans aucun doute le fruit de la magie d’Elsa ! La cadette d’Arendelle observa la foule et ne tarda pas à distinguer la reine des neiges qui discrètement faisait virevolter des centaines de flocons au-dessus de l’assemblée pour donner à cet instant, cette touche de magie qui la rendait si unique. A ses côtés, dans sa tenue martiale et digne, Agnarr aussi se laissa aller à exprimer ses sentiments. Un sourire sincère se dessinait sur le visage marqué par le poids des années et la longue convalescence du souverain.
Kaspian prit place devant l’autel au plus près d’Emma et Mamie elles aussi parées de merveilleuses tenues de cérémonie. Anna reconnut la robe d’esprit de sa grand-mère et son cœur se serra. Cette femme qu’elle admirait tant était toujours aussi merveilleuse. Elle jeta un œil vers Elysia qui semblait la dévorer des yeux. Malgré tout ce que mamie avait pu devenir, le Sappos ne semblait toujours pas ressentir de haine envers celle qui était devenue un monstre. Un monstre caché sous la couverture d’une héroïne pour tout un peuple.
Finalement, au chant d’une chorale d’enfants dirigée par Antoine, au bras de Yohan, Emma, sous une pluie d’applaudissements apparut aux yeux de tous. Tous furent subjugués. La jeune femme brillait par son esprit, en ce jour, tous pouvaient se rendre compte à quel point elle était belle. Encore une fois, Anna reconnu à la robe de la mariée le savoir faire de la reine des neiges. Dignement, au bras du prince des Iles du Sud devenu depuis si longtemps chef Northuldra, la belle s’apprêtait à retrouver son prince devant l’autel à la dernière note du chœur d’enfants. Tout semblait si parfait. Le vent sifflait au milieu de l’assemblée. Anna se doutait que sa mère avait dû demander à son ami le zéphyr de participer à la fête.
D’un geste noble, Mamie Anna invita toute l’assemblée à s’asseoir et, avec grande expertise et dignité, les deux plus grandes matriarches de la famille Picéaerd entamèrent la cérémonie alors que les amants se dévoraient des yeux.
Anna, si curieuse se risqua à écarter toujours plus les fourrées. Elle luttait pour ne pas sortir du bois et s’installer au premier rang auprès d’Elsa et Iduna. Elle dévisageait les jeunes époux si beaux dans leur tenue de cérémonie. Rapidement, elle repéra le collier au cou d’Emma et ne put s’empêcher de serrer son propre miroir. Ce bijou ! Il était en tout point identique ! Emma et Mamie l’auraient donc donné à la jeune Emma ? Mais pourquoi ? Obnubilée par ces questions, Anna, manquât de peu de perdre l’équilibre et fit crisser une brindille. Alertée par le bruit alors qu’Emma poursuivait une prière Northuldra, Mamie détourna le regard. L’espace de quelques secondes, Anna eût l’impression que sa grand-mère la fixait de son regard sarcelle. La jeune reine recula dans les fourrées le cœur battant. Non ! Elle était sans doute trop loin pour que sa grand-mère n’ait pu la remarquer, pourtant, elle avait le sentiment que le visage de Mamie s’était soudain durci. Pire encore, Anna avait l’impression que désormais, Mamie Anna ne cessait de jeter des regards dans sa direction et même, semblait lui adresser quelques signes de tête. Une sueur froide coula dans le dos de la furie rousse. Ce regard si dur, soudain elle craignait de s’être fourvoyée. Oui, l’espace d’un instant, elle s’imaginait la possibilité que sa grand-mère la prenne pour une ennemie. Anna le sentait, sa grand-mère semblait désormais sans pitié.
Heureusement pour la jeune femme, elle put voir le visage de la matriarche se détendre et tendre aux jeunes époux les traditionnelles coupoles.


-Allons jeunes gens ! Vous savez ce qu’il vous attend ! Tout ça n’est qu’une formalité pour vous ! Ca fait des années que vos coupoles ont été allumées mais maintenant, officialisons ce que nous attendons tous depuis des années !


Mamie avait parlé d’une voix légère et toute l’assistance s’autorisa un rire ainsi que les mariés qui semblaient ainsi se déstresser quelque peu. Anna de son côté, oublia, elle aussi sa peur et s’amusa de la réaction des futurs époux. Elle n’avait pas pu se marier vivante mais pouvait aisément imaginer dans quel état ils devaient se trouver pour ce jour si important pour eux ! La première Picéaerd, profita de cette ambiance détendue pour proposer à la jeune Emma de se charger elle-même d’allumer les coupoles. Quelque peu tremblante, et impatiente, la jeune mariée accepta et se concentra. Les secondes s’écoulèrent mais… Rien ne se passa alors que le silence plombait soudain l’assemblée. Les secondes semblèrent peu à peu être des minutes et quelques murmures inquiets se firent entendre. De son côté la jeune chamane avait le visage rongé par l’inquiétude et la frustration. Aussitôt Mamie vola à son secours.


-Allons allons… Voilà pourquoi il ne faut pas demander à une chamane d’allumer ses coupoles pour son mariage ! Le stress n’est jamais bon pour la concentration ! Je peux m’en charger si tu préfères ?!
-Avec joie ! Fit la mariée en redonnant les artefacts.
-Rassurez-vous, votre chamane reste de très haut niveau ! Une panne ça arrive ! Enfin… Mon petit Kaspian j’espère que tu n’auras pas cette mésaventure ce soir !


La phrase de mamie fit rire de bon cœur toute l’assemblée alors que le visage du jeune homme vira au rouge. La phrase eût l’effet escomptée sur l’épouse qui relâchait sa frustration. Mamie en profita pour proposer quelques bons mots et anecdotes à l’assemblée alors qu’elle tentait à son tour d’allumer les coupoles. Les bons mots de la matriarche trainaient en longueur. Peu à peu, le visage de mamie à son tour se durcit. Cet exercice était une formalité pour elle mais, à l’instar de la jeune chamane… Rien ne se produisit…


-Mais par Ahtohallan c’est impossible ! Les coupoles ne s’allument pas ! Grogna Mamie agacée.
-Quoi ? Non c’est impossible tempéra la première Picéaerd qui à son tour feignit un essai.
-Alors ? Questionna Kaspian inquiet.
-Je ne comprends pas… C’est comme si la flamme de Bruni n’existait plus… Comme si votre union était maudite lança d’une voix soudainement grave la première Picéaerd.
-Quoi ?! Hurla Kaspian.
-Ce mariage ne peut avoir lieu ! Les Dieux et les esprits sont contre ! Le mariage ne peut qu’être annule ! Je suis désolée ! Trancha tel un couperet la voix froide d’Emma.
-Inutile de s’intéresser aux coupoles ! Je m’en suis passée après tout ! Lança mamie par égard pour son petit-fils.
-Malgré tout, est-ce arrivé lors d’un mariage de ne pouvoir en allumer Anna ? Tu n’aimes pas ce rite je le concède ! Mais qui parmi vous souhaite défier les Dieux ?! Tonna Emma.


La stupeur et l’effroi put se lire sur le visage de toute l’assemblée mais le pire fut pour Kaspian. Le jeune homme dévasté laissa son esprit et ses pouvoirs exploser. Aussitôt, le zéphyr au-dessus d’eux s’agita. Iduna eût beau tenter de raisonner son ami rien n’y fit. Le pouvoir de Kaspian fut plus fort. La tempête commença à s’agiter, arrachant déjà les décorations. Paniqués, les Northuldra commencèrent à s’enfuir.


-La !!! Les Sappos sont là !!! Ils nous observent !!! Ce sont eux qui ont maudit le mariage de notre pauvre Kaspian !


Mamie avait hurlé furieuse et désignait le fourrée où était cachée Anna. Kaspian lui ne l’avait pas écouté et déjà s’était enfui repoussant sans ménagement Iduna et Elsa qui tentèrent vainement de le retenir.


-Elysia !!! Elysia !!! Tout ça c’est de ta faute ! Vociféra Mamie Anna folle de rage. Elysia !!! Lui et tous les Sappos !!! Ils nous ont maudits ! Il nous faut nous en débarrasser !


Le geste accusateur de Mamie terrifia Anna. Kristoff et Elysia, cachés et comprenant l’urgence de la situation s’empressèrent de tirer vers eux la jeune femme. Il était temps pour eux de s’enfuir le plus vite possible avant de risquer la vindicte de tout un peuple.


-Ils s’enfuient ! Ils s’enfuient !!! Elsa !!! Viens ici !!! Apporte-moi le Nokk tout de suite !!! Je m’en chargerai moi-même ! Cria Mamie. Pour elle, cette ultime attaque envers sa famille était celle de trop.
-Mamie, pas la peine… Je vais m’en charger si tu souhaites ! Proposa la reine des neiges.
-Ne discute pas ! Je t’ai demandé le Nokk c’est pour que tu me l’apportes ! Lui et moi ne nous apprécions guère mais il va m’obéir crois-moi ! Toi, utilise donc tes pouvoirs pour contenir la tempête de ton frère ! Iduna, essaie de raisonner le vent pendant ce temps ! Et moi, je me charge des Sappos !
-Elsa… Fais ce que ta grand-mère te dit… Je ne l’ai jamais vu ainsi… Concéda Iduna au bras d’Agnarr.


La reine des neiges ne préféra pas lutter. Le temps pressait. D’une seule pensée elle fit apparaître dans la mare avoisinante l’équidé qu’elle s’empressa de geler pour le rendre capable de se mouvoir sur la terre ferme et lui créa une bride. Avec une étonnante agilité, Mamie s’en empara avant qu’Elsa n’ait pu la mettre en garde mais peu semblait importer la Picéaerd. La volonté de défendre les siens face à l’attaque semblait l’immuniser contre le froid. Le Nokk s’agita un instant, mais autoritaire, Mamie le fit se calmer et le rendre plus docile encore qu’un chaton.


-Ne perdez pas de temps mes Picéaerd ! Protégez les Northuldra ! Iduna, ramène ton mari en sécurité, Agnarr avec votre jambe folle, vous n’êtes utile à personne n’est-il pas…
-Je..
-Fort bien ! Coupa mamie…


Déterminée la matriarche, aidé de l’équidé, s’empressa de partir en direction du fourré où elle avait repéré Anna quelques minutes auparavant. De leur côté avec un peu plus d’un kilomètre d’avance, Anna, Kristoff et Elysia s’empressaient de s’éloigner le plus loin possible. La jeune femme, l’esprit trop embrumée d’imaginer mamie comme une ennemie ne regarda pas devant elle et, au détour d’un épicéa géant s’écrasa la tête la première sur le flanc d’un cheval blanc, la propulsant au sol.


-Oh ?... Voila que j’ai comme un sentiment de déjà vu !
-Hans ?!
-Pour vous servir Anna…
-Hans ?! Vous ?... Vous n’êtes pas… Surpris de nous voir ?!
-Pourquoi ? Parce que vous êtes morte sur mon navire il y a tant d’années ?!
-Euh… Eh bien euh… Par exemple !
-Oh Anna ! Votre mère, votre sœur et votre grand-mère sont revenues d’entre les morts l’an passé… Alors vous revoir est-ce réellement surprenant ?
-Anna !!! Nous n’avons pas le temps pour faire la conversation !! Intima Kristoff inquiet.
-Oui !!! Hans ? Vous venez d’Arendelle n’est-ce pas ? Je le sais !! Vous exercez la régence depuis presque un an depuis l’accident de père ! Vous chaperonnez les fils de ma sœur…
-Décidément… On ne peut jamais rien cacher à cette famille. Soupira amusé le prince des Iles du Sud.
-Hans !!! Vite ! Emmenez-nous en Arendelle !!! Les Northuldra sont à nos trousses !!! Hurla Kristoff.
-Les Northuldra ?!!! … Quoi ? Non je ne peux pas faire ça !! Le roi est aux côtés des Northuldra, je…
-Hans ! C’est un ordre de la reine ! Je suis de retour pleinement vivante ! La dernière fois que vous m’avez vu, c’était moi la reine n’est-ce pas ?! Vous n’avez pas à discuter ! Lança furieuse Anna


La jeune femme avait agi d’instinct. Etais-ce parce que son grand père avait insisté sur son appartenance à la famille d’Arendelle ? Peut-être ? En tous les cas, elle ne voulait pas fuir sa légitimité et se devait d’asseoir son autorité.


-Je… A vos ordres votre Altesse ! Lança Hans qui fit grimper tout le petit monde.
-Au grand galop !!! Tout de suite ! Poursuivit autoritaire Anna, avec autant de force et détermination que celle qu’avait sa grand-mère lorsqu’elle avait dénoncé les Sappos.


Hans obtempéra et la charrette Arendellienne s’ébranla rapidement sur le sentier chaotique de la forêt. Au loin, le galop du Nokk put s’entendre. Par moments, Anna pouvait deviner la forme gelée de l’esprit de l’eau et imaginait aisément sa grand-mère chevaucher l’esprit, déterminée à les vaincre.
Sur le dos du Nokk, Mamie poursuivait la course alors que la plaine des monolithes était atteinte. Peu à peu, Anna tira la bride et le Nokk décèlera avant de s’arrêter tandis que la matriarche observa la charrette repartir plein sud et être peu à peu hors d’atteinte de sa folie vengeresse.


-Bien joué ma petite Picéaerd ! Je suis heureuse que tu aies donné tort à Andréas ! Voilà qui va rééquilibrer les choses… Quant à toi mon ami de l’eau… Laissons leur un peu de répit, il sera temps de s’occuper d’eux plus tard… Mais nous avons d’autres projets ! Allez ! Direction les plages mon tout beau ! Lança Mamie pour elle-même.


Calmée, la matriarche ordonna au cheval de prendre la direction du Nord. Au bout de plusieurs minutes, de son pas royal, l’esprit apporta la Picéaerd à destination. Comme elle pouvait s’en douter. Emma l’attendait, tâchant de s’abriter du mieux qu’elle put de la tempête qui faisait rage.


-Anna ! Non mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Fulmina Emma.
-Oh non ! Ne nous mentons pas ! Tu sais très bien pourquoi les coupoles ne se sont pas allumées… Tu as d’ailleurs très bien feint ta tentative…
-Je ne peux rien te cacher… S’amusa Emma en offrant un grand sourire à Mamie qui descendit de sa monture.
-Non ! Mais quelle brillante idée, plutôt que te faire passer pour la sauveuse, seule capable d’allumer ce feu que tu t’es appropriée de détruire leur cérémonie… Laisse-moi deviner, tu as vu ce que j’avais vu ?
-Euh… Et qu’est-ce que vous avez vu ? Demanda Andréas agacé d’être mis de côté.
-Ce que nous avons vu mon frère ?... C’est ton échec ! Tu avais pour mission de nous débarrasser d’eux : Mais tu ne les as pas trouvés ? C’était pourtant évident qu’ils viendraient à la cérémonie ! Lança mamie d’une voix froide alors qu’Emma acquiesçait.
-Allons Anna… Ne blâme pas ainsi ton frère ! Nous sommes une famille après tout ici ! Et toi ?... Nous en as-tu débarrassé ?
-Non…
-Non ?! Mais comment est-ce possible ?! Tu les poursuivais avec le Nokk ?! Ils ne pouvaient s’échapper ! Hurla Andréas.
-Tu as tout à fait raison mon petit frère… Mais je n’ai pas voulu agir comme tu l’aurais fait… Il y avait bien plus intéressant pour nous ! Répondit mamie d’une voix calme.
-Ah oui ? Quoi donc ?! Insista le Northuldra.
-Ma chère Emma ?... Je sais que tu adores ma cuisine ! Ma spécialité c’est le ragout de rennes mais pour ce soir ?... Que dirais-tu d’un cheval ?! Depuis le temps que je veux le voir disparaître ! Lui et moi on avait un compte à régler depuis mes deux ans ! Lança Mamie en offrant la bride à Emma.
-Brillant !... Absolument brillant Anna ! Fit Emma les yeux scintillants avant d’observer Andréas. C’est un travail d’équipe ! Andréas… Tu sais quoi faire n’est-ce pas ?!
-Avec joie !
-Surtout prends ton temps… Je vais apprécier chaque seconde du spectacle ! Insista Mamie.


Andréas ne se fit pas prier davantage et, comme des mois auparavant sur les terres gelées avec Bruni, le Nokk se cabra paniqué. Hélas pour l’esprit de l’eau, Andréas, Emma et Mamie étaient trop forts pour lui. Comme le reptile, il se déforma comme soumis à une intense souffrance puis, la glace qui le composait se liquéfiât pour regagner les vagues de la mère sombre ne laissant sur le sable que le symbole de l’eau. Triomphante, Emma s’en saisit les yeux brillants. La victoire s’approchait toujours plus… Il n’en restait plus qu’un.