[FCU] La malédiction du cinquième esprit

Chapitre 32 : Avis de tempête !


-Viens avec moi mon petit ! Nous devons sauver ce qui peut encore l’être ! Ta tempête ne pourra s’arrêter tant que nous n’aurons pas réglé définitivement le compte de ceux qui ne génèrent que peine et trahison pour notre famille ! Kaspian ! Tu es le dernier des Picéaerd ! Ensemble ! Toi et moi, nous pourrons créer la paix ! Suis-moi !
-A quoi bon ? J’ai déjà tout perdu !!! Pleura Kaspian.
-Ne dis pas cela ! Tes parents en ont peut-être réchappé ! En Arendelle, tes neveux sont en danger ! Kaspian, que dirais ta grand-mère en pareille circonstance ?! Pense à elle ! Lorsqu’elle a cru que ta mère était morte, lorsqu’elle a vu ton oncle Olaf mourir sans qu’elle ne puisse agir qu’a-t-elle fait ? Elle a continué d’avancer ! Même si cela a été dur mais elle l’a fait pour finalement des années après, se trouver au bon endroit pour sauver tes parents ! Pour permettre ta naissance ! Malgré les épreuves, malgré sa mort, elle est revenue pour être toujours près de toi ! Elle est partie pour Ahtohallan pour trouver une réponse pour toi ! Ta grand-mère Anna n’a jamais renoncé, elle l’a fait pour sa famille ! Kaspian, tu ne peux pas renoncer à cela ! Par le passé je n’ai pas su le faire pour ma fille, permets-moi de me racheter aujourd’hui, et d’être ta béquille aujourd’hui pour t’aider à avancer ! N’oublie pas, tu es le cinquième esprit, celui destiné à accomplir la prophétie, d’être l’esprit qui maîtrise les éléments ! Regarde ceci Kaspian…
-Une pierre ?... Celle du vent ? Pourquoi l’avoir transformé ainsi ?
-Je l’ai fait pour toi ! Pour te protéger ! Tu as du mal à te contrôler, il ne faut pas que cette tempête ne détruise tout. L’esprit ainsi bloqué dans la pierre me permet de t’aider à la contenir. Mais tu es le grand cinquième esprit. Permets-moi de te guider vers ta gloire et, quand tout sera fait, tout ceci sera à toi et j’espère que tu me pardonneras d’avoir ainsi bloqué les éléments. Fit Emma en désignant les quatre pierres.
-Ce sont…
-Tous tes pouvoirs Kaspian oui ! Mais je ne les contrôle pas, c’est toi le maître ! Je peux seulement les canaliser pour t’aider… Comme jadis ta sœur portait des gants pour contrôler son pouvoir de glace, mais ta peur ne fera que renforcer ce gros temps.


Habilement, sans que le dernier de la famille ne s’en rende compte, Emma agita sa main qui tenaient les pierres et la tempête se fit plus impressionnante alors que Kaspian sentait l’angoisse monter. Avec une douceur légèrement surjouée, la mère fouettarde prit son jeune descendant maladroitement dans ses bras pour le calmer tout en veillant à ce que le temps fasse quelque peu de même.


-Tu vois ?... Tout vient de toi !... Laisse-moi t’aider ! Je sais comment tout réparer ! Pour cela, nous devons nous rendre dans le royaume de ton père et faire disparaître nos ennemis ! Ta grand-mère Anna est sans doute arrivée à la même conclusion que moi et doit certainement se rendre elle aussi en Arendelle ! Kaspian, notre famille compte sur toi, nous devons nous battre !
-Nous battre ?... Personne ne sera blessé ? Demanda le jeune homme inquiet alors qu’Emma s’en rendant compte fit grossir la tempête.
-Nous ferons tout pour l’éviter, je serai à tes côtés ! Suis mes conseils et ensemble nous pourrons mettre fin à ce cauchemar ! Kaspian, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour Emma ! Que cette petite si merveilleuse ne soit pas morte en vain ! Qu’il n’y ait plus jamais d’Emma : C’est ce qu’elle aurait voulu n’est-ce pas ? Insista la première Picéaerd qui veillait à remettre le vêtement en lambeaux dans les mains de Kaspian.
-Je te suis…
-Alors ne perdons pas de temps !!! Prévenons la communauté !


Emma était au comble de l’excitation, tout paraissait si simple désormais, il ne restait plus qu’à porter le coup de grâce. Elle le savait, Pierre Sappos n’avait plus aucune chance désormais. D’ici peu, les troupes de Kraberg menées par Mamie seraient elles aussi aux portes d’Arendelle et Emma, dotée des pierres et des cinquièmes esprits à sa botte pourrait enfin mettre fin à l’existence de Pierre Sappos et savourer sa vengeance qui infusait depuis des siècles. Il ne lui restait qu’un dernier effort à faire avec un sourire pour Kaspian. Tous deux se mirent en route sans qu’Emma ne se doute qu’elle était observée.

L’image se brouilla alors qu’Anna avait la nausée. A ses côtés, Pierre portait une main secourable pour l’empêcher de défaillir. A la hâte elle referma le miroir offert par le gardien. Elle n’avait pas osé observer sa grand-mère, la voir agir contre elle lui aurait fait trop de mal. Elle voulait s’assurer que le pays Northuldra était en sécurité mais ce qu’elle venait de voir était bien pire que ses plus folles craintes.


-Tiens ! Nous avons le même collier ?! Je croyais qu’il était unique dans la famille Picéaerd ! Souffla Emma qui apparaissait dans le cabinet de travail de la reine.
-Quoi ?
-Oui, regardez !


Avec spontanéité la fille de Yohan dévoila le précieux bijou que lui avait offert son idole quelques jours avant la cérémonie de mariage avortée. Intriguée, Anna prit soin de la comparer, ils étaient en tout point semblables.


-Mademoiselle Emma ! Voilà un objet tout à fait remarquable ! Je n’ai pas souvenir de te l’avoir jamais glissé dans tes chaussons… Intervînt Pierre
-Quoi ?! Oh !! Pierre ! Oh euh… Je… En fait… Je… Comment dois-je vous appeler ? Monsieur Picéaerd ? Monsieur Noël et… euh…
-Allons ! Garde les révérences pour la reine… Et, ma mémoire me fait défaut, peux-tu me rappeler quand t’ai-je offert ceci ?
-Quoi ?... Oh eh bien… Non ça n’est pas vous c’est… Emma Picéaerd ! Elle… Elle m’a dit que comme j’allais entrer dans la famille je devais…
-Voilà qui est curieux, ça n’est pourtant pas à la mère fouettarde de faire des cadeaux…
-Eh bien… En fait c’est… C’est madame Anna Picéaerd qui s’est chargée de me le confier en me disant que c’était… Bredouilla Emma alors qu’Anna sentit un liquide âcre dans sa bouche à la mention de sa grand-mère.
-Mamie ?!... Ma grand-mère t’a offert ceci ?! Et non à ma mère ou à ma sœur ?!
-Anna je t’en prie gardons notre calme…
-Je… Reine Anna si vous… Je peux vous le laisser si c’est important puisqu’après tout je… Je n’ai pas pu épouser votre frère donc c’est certain comme c’est un bijou de famille…
-Oh, il serait bien impoli de rendre un cadeau ! Crois-moi je suis le spécialiste de la question ! Cependant jeune chamane, puis-je te demander de te l’emprunter ? Une curiosité coupable…
-Euh oui !!! Oui bien sûr ! Fit Emma en se délestant volontiers du merveilleux présent.
-Je te remercie ! Quel magnifique objet, je te promets de te le rendre en parfait état ! Mais… Pardonne-moi si tu es venue, c’était sans doute pour parler à la reine ?! Répondit Pierre d’une voix douce.
-Euh… Oui… Majesté c’était pour… Pour vous prévenir qu’avec Antoine… Nous… Nous nous sommes chargés avec les intendants de préparer des vivres pour les réfugiés et… Je souhaitais savoir si vous vouliez que nous préparions également un espace pour les soins… Vous savez, Antoine a des talents dans ce domaine, il a veillé pendant des mois sur votre père, quant à moi eh bien…
-… Nul doute que les talents d’une chamane, adoubée par ma grand-mère seront très utiles ! C’est une excellente idée Emma et, merci pour tout ce que tu fais pour Arendelle. Souffla Anna, aidée par Pierre.
-Oh… De… De rien !!! Vous savez, je n’ai pas oublié la gentille reine qui m’avait offert toutes ces belles robes et donné du travail à mon père quand nous étions si seuls !...
-Et moi je me rappelle de la petite fille courageuse et futée… qui sera d’un grand secours pour nous en ces heures sombres.


La reine n’avait pas besoin de se forcer, son caractère ouvert et enjouée reprenait bien vite le dessus sur l’impérieuse nécessité de maintenir une distance protocolaire. Agnarr aurait peut-être désapprouvé mais peu importait. Emma était aux anges et louait la bonté de la famille. La reine en revanche se mordillait la lèvre, elle n’osait avouer à la jeune femme les noirs desseins d’Emma Picéaerd. La situation était suffisamment grave pour ne pas en plus entamer le moral des plus optimistes des alliés. Avec politesse, la reine permit à la chamane de prendre congé avant de replonger dans sa torpeur.


-Eh bien, voilà une bien bonne surprise !
-Attends quoi ?
-Ceci ! Quelle aubaine ! Si Emma ne l’a pas, elle ne peut pas nous observer ! Elle ne sait pas que tu possèdes ce miroir !
-Ca ne change pas grand-chose ! Comme tu le dis, ça n’est qu’un miroir !
-Oh non Anna !! C’est bien plus que ça ! C’est un présent du gardien ne l’oublie pas ! Insista le premier Sappos en glissant l’objet dans la main de la reine.
-Tu ne comptes pas le garder pour l’observer ?
-Non ! Je connais déjà le pouvoir de cet objet !... Après tout… c’est moi qui l’ai offert à Emma !
-Quoi ? Comment ? Je pensais que quand vous étiez proches Ahtohallan…
-N’existait pas encore en effet !... Mais depuis le temps, ton ancêtre a su, le modifier quelque peu dira-t-on !
-Et à quoi sert-il ?
-Ca… C’est à toi de le découvrir Anna ! En attendant, et si tu en profitais pour continuer de prendre des informations ? Je sais que tu ne le veux pas mais il va falloir savoir ce que fait ta grand-mère !



La reine savait que le premier Sappos avait raison. Avec appréhension, elle rangea le collier d’Emma et rouvrit le sien. Anna prit une grande inspiration et se concentra sur sa grand-mère. Au bout de quelques instants, la glace d’Ahtohallan répondit à son appel. L’image de Mamie apparût avec à ses côtés Iduna et Elsa. La chamane se chargeait de rassurer ses descendantes. Toutes trois étaient confortablement installées dans une charrette et profitaient des restes du ragout de la matriarche. Mamie avait l’art et la manière de tout enjoliver pour endormir la méfiance d’Iduna et Elsa. Avec malice, elle avait chargé Andréas de mener la troupe. Ainsi le Sambucus se trouvait-il loin de lange de l’air qui était donc moins agacée par sa présence. Le vieux Northuldra en avait profité pour enrôler son fils, mais aussi celui d’Elsa qui suivait désormais Alexandre comme son ombre.
Derrière son miroir, Anna se mordilla la lèvre. Elsa, Iduna l’avaient mise en garde ! Envoyer ainsi Viktor était une mauvaise idée, elle en constatait amèrement le résultat. Comment avait-elle pu être si stupide ? Comment avait-elle pu imaginer une seule seconde que Mamie ne puisse être derrière cette révolte. Elle voulait prouver à son neveu qu’il était capable, mais face à mamie, il était évident que le jeune garçon n’avait aucune chance ! Pire encore, sa sœur et sa mère, pourtant deux femmes fortes et convaincues étaient elles aussi tombées sous le charme de la Picéaerd. Anna ne pouvait leur en vouloir, elle s’en voulait à elle-même ! Elle n’avait pas osé en parler, leur expliquer à quel point mamie pouvait être dangereuse ! Comment auraient-elles pu se méfier ? Comment auraient-elles pu lutter contre la matriarche ?
Aidée par Pierre, la reine tenta de se concentrer sur la conversation, elle était calme.


-Maman ? Depuis quand prônes-tu la guerre ? Interrogea Iduna.
-Ca n’est pas une guerre mon ange de l’air ! Regarde ces gens ! Ils sont apeurés, ils sont désespérés ! Ils cherchent de l’aide ! Tu connais Arendelle ! Ces gens ont du cœur !
-Maman ! Arendelle a été averti que Kraberg lance une attaque !!! Bien sûr que si c’est une guerre !
-Allons… Trouves-tu que ces gens sont armés ? Je veux dire véritablement armés pour un conflit ? Une chance pour nous, c’est notre petite Anna qui est la reine ! Ta fille ne cessera de me surprendre ! Il vaut mieux pour la paix que ça soit-elle plutôt que ton mari ! Ne m’en veux pas, et excuse-moi Elsa de parler ainsi de ton père mais… Agnarr est bien sympathique cependant, il n’arrive pas à la cheville de son père en tant que dirigeant, en revanche il le dépasse pour ce qui est des défauts, notamment celui d’être particulièrement têtu ! Si Agnarr était resté souverain, la paix aurait été difficile à maintenir. Heureusement, notre petite Picéaerd a du cœur et saura répondre !
-Mamie tu avais dit que c’était une catastrophe qu’Anna soit devenue la reine…
-Espérons simplement qu’elle ne soit pas définitivement tombée sous l’influence des Sappos ! C’est à cause de ça que j’ai voulu qu’elle reste loin du monde des vivants ! Mais, à choisir, s’i le destin avait décidé qu’elle devait revenir sur cette Terre, alors il vaut mieux qu’elle soit en Arendelle, plutôt qu’avec nous. Sourit Mamie.


Anna voulut refermer le miroir, des larmes commençaient à remplir ses yeux. Les propose de mamie semblaient la ménager pourtant la souveraine en comprenait le véritable sens. Elle, la petite sotte de la famille, avec toutes ses bévues, aux côtés de mamie elle aurait contrarié ses plans alors que là, en Arendelle, elle l’écervelée comme elle savait qu’on pouvait la décrire parfois, elle n’avait fait que rendre la tache de mamie plus simple. Son retour avait donné prétexte à la matriarche pour les prendre en chasse, pour capturer le Nokk, désormais, sa mère et sa fille sont à ses côtés…. Avec sans aucun doute l’esprit du vent ! Anna ne pouvait être une alliée plus précieuse pour les noirs desseins de mamie qu’en se trouvant dans l’autre camp…


-Si tu abandonnes maintenant… Alors tu lui donneras raison ! Insista Pierre.
-Je lui ai déjà donné raison !
-Et donc tu penses que le gardien aurait pu se tromper aussi lourdement ?!
-Toutes mes décisions ne font qu’empirer les choses !
-Et ta grandeur d’âme, et ta détermination à servir tes proches ? Ta capacité à écouter non seulement les Picéaerd mais, Ahtohallan nous en préserve, les Sappos également et que tu sois ici pour Arendelle ? Tu as été la seule à nous croire ! La seule à accepter la vérité ! La seule à pouvoir sauver Arendelle ! Tu veux ainsi donner raison à ta grand-mère, donner raison à Emma Picéaerd et donner tort au gardien ?!... Toi !!! La cadette un peu folle qui a maintes reprises a sauvé sa sœur ? Qui a su se relever des plus grands chagrins pour faire ce qui est juste et tout réparer ? Ai-je vraiment en face de moi la Anna qui avait accepté de renoncer au baiser qui pouvait la sauver du cœur de glace pour sauver sa sœur d’une mort certaine ? La Anna qui au fond des grottes pleurant sa sœur s’est relevée pour détruire le barrage et libérer la forêt Northuldra ? La Anna qui a décidé seule d’affronter la ville d’Arnevik et par un seul discours a permis à cette ville au passé criminel séculaire de devenir en quelques années une place prospère et honnête ? La Anna qui dans les limbes a su trouver la force de s’échapper à deux reprises de cette prison éternelle ?


Le Sappos avait pris les mains de sa lointaine descendante et discrètement avait rouvert le précieux miroir. Son regard plongea dans celui de la furie rousse qui retrouva courage. D’un geste disgracieux, elle s’essuya les yeux et le nez puis replongea dans la forêt de Kraberg.


-[…] Iduna, n’as-tu pas vu ici toute la détresse et la pauvreté de ces gens ? Ahtohallan m’a guidé ici, puisqu’Anna est reine je comprends pourquoi ! N’oublie pas son autre vie où elle avait décidé d’être la bienfaitrice de cette ville… Son cœur saura parler ! La détresse de Kraberg pourra la libérer des Sappos ! Si tu n’es pas convaincue, va les voir ! Insista Mamie.
-Je les ai vus maman ! En voyageant ici, je me suis arrêtée dans une auberge non loin d’ici, j’ai été navrée d’apprendre que la fille de la famille ne pouvait réaliser ses rêves… alors que moi… J’ai pu y arriver ! Je me suis promis de l’aider… Concéda l’ange de l’air convaincue par sa mère.
-Quand nous aurons sauvé Arendelle et Anna… tu le feras, je te le promets !


Anna ne put entendre la suite, sans qu’elle le veuille, le miroir redevînt trouble. La reine n’eût pas le temps cependant de s’en étonner qu’elle se rendît compte qu’Ahtohallan souhait lui montrer autre chose. Elle se trouvait quelques kilomètres plus en avant dans la forêt. Andr2as guidait une troupe énervée des révoltés de Kraberg. Le Sambucus, galvanisait les troupes dans leur rage d’en découdre et transmettait sa folie vengeresse à son fils et à Viktor. L’influençable neveu d’Anna n’avait pas pu résister bien longtemps à la force de persuasion d’Andréas, alors que la troupe faisait face à une auberge. Le sang d’Anna se glaça, l’espace d’une seconde, elle eût un mauvis pressentiment. Ahtohallan l’avait senti et le miroir lui montra les habitants à l’intérieur. La reine put voir le couple étonné d’avoir trouvé sur son comptoir en guise de paiement, une bourse de 500 couronnes. Un paiement bien supérieur pour le gite d’une seule nuit. L’adolescente près d’eux jubilait en relisant une missive, l’invitant en Arendelle. Anna sentit son estomac se nouer, c’était l’auberge dont venait de parler Iduna. L’instant d’après, la porte se fracassa, les révoltés, hurlèrent et molestèrent le couple, l’un d’eux gifla violemment la jeune Théa qui vacilla, relâchant son précieux courrier qui glissa sous le meuble. L’instant d’après, Andréas pénétra suivi par Viktor et Alexandre. Terrifiés, les parents obéirent rapidement à l’ordre du Sambucus. Sans ménagement ils furent expulsés de leur domicile accompagnés par quelques hommes forts. Mamie Anna pouvait rassurer tant qu’elle le voulait Iduna et Elsa pour endormir leur méfiance, Andréas lui se chargeait de la partie brutale. Il fallait des bras pour détruire Arendelle. De ses yeux fous, il observa l’adolescente prostrée et rit grassement. En aucun cas cette jeune fille pourrait faire un soldat, en revanche, sa jeunesse et sa beauté pouvait être un argument de poids pour motiver les révoltés.


-Allez ma mignonne ! Toi aussi ! Tu sors sans faire d’histoire ! Tu verras tu y trouveras ton compte d’aider à lutter contre Arendelle ! Grinça Andréas alors que Viktor était mal à l’aise face à ce propos.
-Non ! Hors de question ! Répondit avec courage Théa en attrapant un misérable chandelier pour unique défense.
-La demoiselle veut se battre ! Tant mieux, les hommes aiment quand la chair fraiche est farouche !!! Lâche ça petite tu vas te faire mal, tu n’es pas un soldat ! Dans cette guerre tu serviras à autre chose ! Hurla Andréas en la désarmant avec facilité.


Théa luttait tant qu’elle pouvait mais c’était peine perdue face à la force du Northuldra. Andréas se gaussait des protestations de l’adolescente sous les yeux amusés des révoltés et horrifiés d’Alexandre et Viktor. Trop sur de lui, Andréas relâcha légèrement son emprise. Théa en profita pour le mordre et se libérer. Avec l’énergie du désespoir elle se réfugia derrière la table. A portée de main se trouvait un couteau, sans réfléchir, elle le lança sur son assaillant. Andr2as eut juste le temps d’un geste d’esquive, la lame la manquât de peu et se planta dans le mur. Le Northuldra ne riait plus. Il se contenta d’un geste, les mutins comprirent et les torches furent lâchés sur les rideaux qui ne tardèrent pas à s’embraser, d’autres furent lancées vers le comptoir où étaient stockées les alcools qui s’enflammèrent aussi.


-Je pensais que tu pourrais me distraire cette nuit fillette ! mais tu n’en vaux pas la peine ! Finissez là et brûlez tout !



Trois brutes armées de pelles s’approchèrent de la jeune femme terrifiée prêts à la massacrer. Ils soulevèrent leur outil pour lui fendre le crâne mais se heurtèrent soudain à une lame. Face à eux, vif comme l’éclair, Viktor avait jailli et sorti son sabre d’apparat. Le fils d’Elsa n’était pas le plus courageux des hommes mais il avait reçu à la demande d’Agnarr une solide éducation militaire et excellait dans le maniement de la lame. D’aucuns déclaraient que le jeune homme avait dû hériter du talent inné pour la discipline de sa tante. Avec facilité, Viktor désarma les trois assaillants puis prit la main de Théa en défiant Andréas du regard, sabre pointé vers le Northuldra.


-Vous ne la touchez pas ! Aucun mal ne devait être fait à qui que ce soit !
-Ne te mêle pas de ça moucheron ! Cracha Andréas avant d’avoir la mauvaise surprise de se faire à son tour maîtriser sans difficulté par le frêle adolescent.
-Aucun mal j’ai dit ! Je suis prince d’Arendelle ! Je suis venu pour trouver un compromis ! Certainement pas pour une guerre ! Mais je défendrais au prix de ma vie chaque habitant de ce royaume est-ce clair ?!
-Papa ! Laisse-la ! Il a raison !
-Faibles d’esprit que vous êtes !
-Vous préférez que nous allions en débattre auprès de ma grand-mère ?! Poursuivit Viktor.
-Si ça vous amuse mon prince… Gardez là cette trainée !
-Ses parents !!! Qu’il ne leur soit fait aucun mal ! Lança le jeune homme d’une voix hésitante mais qui n’avait jamais paru aussi autoritaire et royale.
-Si cela plait à son altesse… Minauda Andréas agacé avec une révérence insolente.

Tous s’empressèrent de quitter la bâtisse qui s’enflammaient toujours plus. Andréas qui ne souhaitait pas avoir de problème avec mamie se laissa faire de mauvaise grâce et relança la marche de l’armée alors que Viktor, chevaleresque offrit sa veste à la jeune femme choquée qui cherchait ses parents du regard. Le prince d’Arendelle et son nouvel acolyte échangeaient des regards inquiets, la situation n’étaient pas aussi pacifiste que ce qui leur avait été présenté alors qu’ils comprenaient qu’ils étaient piégés. Les brutes d’Andréas les toisaient d’un regard mauvais leur faisant bien comprendre qu’il n’était pas question qu’ils retournent vers l’arrière en informer Anna ou pire, qu’Elsa et Iduna ne se rendent compte de la situation.


-Finalement, on dirait que ce petit va prendre confiance en lui, alors ma reine, toujours aussi peu convaincue de tes capacités ? Interrogea Pierre avec sympathie.


Anna ne répondit pas. Certes Viktor s’était enfin montré sous un bon jour mais on ne pouvait clairement pas dire que la situation s’améliorait bien au contraire. Andréas avait montré toute sa folie. Tenter de sauver la paix semblait de plus en plus compromis. Pourtant, au fond d’elle-même, Anna le savait, c’était la seule solution. Angoissée, elle referma le miroir d’Ahtohallan et prit une grande inspiration. La phrase que répétait sans cesse Agnarr à sa sœur trottaient dans sa tête. Elle se devait de maîtriser ses sentiments. Un exercice bien délicat pour la reine. Pourtant, Anna tachait de se montrer confiante et prévenante. C’était son rôle de donner confiance au peuple qui se préparait au pire. Durant toute la journée, la nouvelle reine s’empressait de discuter, complimenter, plaindre, saluer tout homme et femme qu’elle pouvait croiser. En compagnie de ses parents elle était d’un réconfort certains envers les habitants apeurés, elle faisait de son mieux pour calmer les enfants et les accompagnaient volontiers vers Olaf qui se révélait être un merveilleux animateur pour les petits. Plus tard, la reine s’éclipsais pour rejoindre les autres parties du château et proposait volontiers son aide à Emma et Antoine qui préparaient au mieux l’arrivée prochaine de malades et blessés. Avec attention elle accompagnait Emma dans les prières Northuldra pour y trouver un certain apaisement. Elle regagna ensuite la cour du château où les défenses commençaient à s’organiser sous le commandement d’Hans et Yohan. La reine put voir ses deux neveux particulièrement impliqués. Karl avait regagné les rangs des marins, Ryder celui des officiers de cavalerie. L’un comme l’autre paraissaient transformés, les adolescents tétanisés avaient laissé place à de jeunes adultes déterminés, à l’instar de Viktor qui avait su tenir tête à Andréas. L’éducation militaire d’Agnarr avait porté ses fruits alors qu’Anna regrettait qu’Elsa ne puisse voir la chair de sa chair se montrer si braves. Quant à elle, elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre et valider les derniers ordres. Elle était la reine pourtant en cet instant elle se sentait si inutile !
La furie rousse souhaitait rester au plus près des défenseurs et des civils le plus longtemps possible, bien après la tombée de la nuit. La reine finit par tomber de sommeil alors qu’Elysia l’accompagnait jusqu’à sa chambre pour y trouver un repos salvateur. Lorsqu’elle rouvrit les yeux. Elle frissonnait. Le froid était perçant, le ciel toujours plus menaçant. Au loin des cris se firent entendre. Comme à son habitude, la reine s’empressa de s’habiller, optant pour une tenue martiale qui n’était pas sans rappeler celle d’Agnarr. Pas question de s’attarder à se coiffer, elle laissa sa cascade de cheveux roux retomber librement derrière sa tête, recouvrant en partie les épaulettes de sa veste d’officier puis descendit quatre à quatre le grand escalier faisant résonner le claquement des talons de ses bottes. En hâte elle atteignit la cour du château et observait inquiète la foule en colère commencer le siège d’Arendelle.
Pourtant ça n’était pas là son inquiétude première, au loin sur le fjord, elle distinguait une sorte de tornade qui arrivait. Pour elle cela ne faisait aucun doute, Emma arrivait. Il fallait faire vite. Anna balaya la foule du regard, rapidement au premier rang elle distingua Andréas. Ses poings se serrèrent alors que le Northuldra semblait lui adresser un sourire mauvais. Elle continua d’observer la troupe de Kraberg, mais aucune trace d’Anna, Iduna ou Elsa. Toutes trois devaient se tenir bien en retrait, incapables sans doute de voir les prémices de la grande bataille qui s’annonçait.
Il était temps d’arrêter cette folie ! Anna s’approcha tant qu’elle put du point mais Hans la stoppa. Le visage martial et déterminé, il n’avait pas besoin de s’exprimer, Anna avait compris. Elle resta alors auprès de son père et des Sappos alors que le benjamin des Iles, à la tête du régiment de cavalerie secondé par Ryder avançait seul, drapeau blanc en main, prêt à parlementer avec la foule en colère. Le maître d’Arnevik n’eût pas le temps d’arriver au-devant d’Andréas qu’un craquement sourd se fit entendre. Une immense tornade venait de pénétrer dans le fjord et détruisait un à un les fiers navires d’Arendelle alors qu’avec l’énergie du désespoir les marins plongeaient dans l’eau salée, espérant rejoindre la berge avant que le froid n’engourdisse trop leurs membres et ne les empêchent de nager les condamnant à une mort certaine. Derrière la tempête, Anna vit effarée Emma se tenir en retrait, satisfaite et à ses côtés Kaspian totalement désemparé.


-Non !!! Pas ça !!! Non !!! Emma !!! Aide-moi !!!
-Je fais tout ce que je peux Kaspian pour la contenir, ton pouvoir est si fort… Il sent la présence des Sappos c’est certain. Hurla la première Picéaerd qui feignait de tenter d’arrêter le cataclysme mais veillant, pour l’heure à laisser les infortunés naufragés sauver leur vie et regagner la berge, toussant et crachant l’eau froide.


Les propos furent lointains mais Anna put tout entendre grâce au miroir d’Ahtohallan. Furieuse, Anna tourna son regard vers cette lointaine ancêtre qui lui donnait la nausée. Avec une énergie folle elle hurla ses ordres, ordonnant aux forces militaires d’Arendelle de se concentrer sur Emma Picéaerd, faisant fi de la menace de Kraberg. Détournant son regard de la foule en colère, Anna ne remarqua même pas que la médiation d’Hans fut un échec cuisant et les récoltés commencèrent à percer les défenses d’Arendelle alors que Mamie, Iduna et Elsa parvenaient enfin sur le champ de bataille catastrophée du désastre qui s’annonçait.
Machinalement, Anna sortit de sa poche son cristal de feu et jeta un regard noir vers Emma Picéaerd. C’était elle la cause de tous ces maux ! Il fallait la détruire ! La reine s’apprêtait à hurler des ordres mais elle sentit une main la retenir.


-Non Anna ! Non !
-Pierre mais…
-Anna ! N’oublie pas pourquoi elle est là !!! C’est pour moi ! Uniquement pour se venger de moi ! Pour le mal que je lui ai fait !
-Peu importe !!! Elle va tout détruire !! Nous devons l’arrêter !


Anna sursauta immédiatement. Les troupes de Kraberg et d’Arendelle se faisaient face et un craquement se fit entendre. Elsa venait de créer une longue piste de glace. Iduna observait catastrophée, Mamie de son côté avait le visage fermé en direction d’Andréas, visiblement agacée qu’il n’en ait fait qu’à sa tête. La magie de la reine des neiges avait permis d’éviter un premier bain de sang. Les premières lignes de Kraberg dérapèrent et furent emportés plus bas, contournant ainsi la défense Arendellienne.


-Je t’avais dit que ta fille saurait trouver une solution pour éviter le conflit… Inutile de faire couler le sang, je vais aller calmer Andréas dans ses ardeurs ! Lança mamie à Iduna alors qu’Anna l’avait entendu dans son miroir.


Les premières lignes de Kraberg furent surprises d’avoir ainsi évité l’affrontement et se retrouvaient désormais au plus près du château. Anna frissonna à nouveau en entendant l’ordre terrible de Yohan. Elle jeta un regard compatissant vers Kristoff. Le montagnard actionna le mécanisme, quelques instants plus tard, l’ArenPont s’effondra.


-Ca suffit !!! Si nous nous débarrassons d’Emma tout le reste cessera ! Enragea Anna.
-Non Anna ! Tu n’es pas là pour faire la guerre ! Rappelle-lui ce qui fait d’elle un être exceptionnel ! La mère fouettarde n’est pas un monstre ! Si tu l’attaques, tu la feras passer comme tel, et toi aussi ! Implora Pierre.
-Tu dois la raisonner ! Insista Elysia qui avait rejoint sa petite fille avant d’ajouter en désignant le petit message enroulé sur son cylindre que possédait Anna : Tu es la flamme qui ne doit pas s’éteindre !


Anna jeta un dernier regard vers la bataille retardée. Les débris du pont étaient encore fumants. Arendelliens et révoltés se hissaient tant bien que mal, oubliant quelques instants qu’ils étaient censés s’affronter. Aucune vie humaine n’avait pour l’heure été perdue, elle se devait de suivre le conseil du premier Sappos. Ave courage, Anna tenta de s’approcher d’Emma et Kaspian.


-Emma !!! Arrête !! La mère fouettarde n’est pas là pour tout détruire ! Implora Anna.
-Non ! Pas ça ! Nous l’avons perdu !!! Les Sappos l’ont perverti… Hurla Mamie alors que le cri de douleur d’Iduna se fit entendre par la suite.


Anna l’avait entendu et s’empressa de refermer le collier miroir. Elle en avait assez d’entendre sa grand-mère qui la dénigrait tant désormais. Elle allait lui prouver ! Elle ! La petite écervelée de la famille allait leur prouver à tous !


-Emma !!! Les Picéaerd et les Sappos ne sont pas des ennemis ! Pas plus qu’Arendelle ! Emma !!! Tu es la mère fouettarde mais tu n’es pas un monstre ! Au contraire !!! Tu apportes le bien dans ce monde !!! Arrête cette folie !! Les Sappos sont bons !!!
-Kaspian !!! Il faut agir ! Regarde, les Sappos s’en sont pris à ta sœur ! Railla Emma pour terrifier le jeune homme.


Emma prenait plaisir à tourmenter le jeune homme et profita de son état pour agiter la main. La tornade qui terminait de décimer les navires Arendelliens ne fit que grossir, grossir, grossir… Puis, d’un petit geste discret et sadique, Emma fit envoyer toute cette déferlante vers la souveraine d’Arendelle.



-Kaspian non !!! Maîtrise-toi !!! Maîtrise-toi je t’en conjure !!! Je… Je ne peux plus te contenir !!! Hurla soudain de terreur Emma continuant de jouer son rôle à la perfection faisant porter toute la culpabilité sur son lointain descendant.


Tous observaient terrifiés alors qu’Anna, seule affrontait la tempête gigantesque qui l’avalait. Elsa au loin hurlait, faisant disparaître sa glace qui séparait Kraberg d’Arendelle, Iduna et Mamie semblaient elles aussi effarées.


-Kaspian !!! Non pas ça !!! Calme-toi je t’en prie !!! Hurla Emma, qui tentait de rejoindre l’immense tempête qui menaçait la reine, suivie de près par Agnarr qui lui aussi ne souhaitait qu’une chose : Raisonner son fils qui déclenchait l’apocalypse.


Plus loin, du côté de Kraberg, Mamie observait les troupes d’Andréas avancer et se rapprocher d’Anna puis vit Kaspian et Emma faire de même avant de poser un regard glacial vers Elysia. Le voir ainsi semblât gonfler encore davantage sa motivation. Déterminée, elle se retourna vers la fille et sa petite fille.


-Vite !!! Agnarr et Emma sont en danger !!! Kaspian est devenu incontrôlable !!! Nous devons aller aider Emma pour le contenir !!! Elsa !! Fais arrêter ton père et cette petite !
-Oui mamie ! Répondit Elsa qui s’empressa d’utiliser ses pouvoirs pour essayer de les mettre tous les deux à l’abri.
-Bravo ma grande Picéaerd ! Espérons maintenant que nous pourrons rejoindre Emma à temps pour calmer la tempête et sauver Anna des Sappos ! Vite suivez-moi nous n’avons pas de temps à perdre !


Plus loin, Anna se couvrit les yeux pour affronter le blizzard, les franges de ses épaulettes lui fouettaient le visage mais la reine luttait pour demeurer debout., elle ainsi que ses ancêtres Sappos. Derrière elle, elle pouvait voir l’armée des révoltés percer les défenses du royaume. Elle devait lutter face à la folie d’Emma !


-Votre Majesté ! Vos ordres !!!??? Hurla Yohan.
-Ne ripostez pas !!! Ce ne sont pas des monstres !!! Nous n’en sommes pas non plus !!!! Vociféra Anna dont la voix peinait à se faire entendre dans le vent glacial.


La reine observait les troupes s’approcher d’elle sans aucune peur alors que les Sappos s’étaient quelque peu éloignés. Elle défiait Andréas du regard et se sentait prête à l’affronter. Si elle parvenait à défaire le Northuldra fou, peut être pourrait elle mettre fin à ce cauchemar. Déterminée, la reine était prête à se munir de son sabre militaire lorsqu’un cri perçant la déconcentra. Anna détourna le regard et vit dans une prison de glace son père et Emma. C’était sans doute le prodige d’Elsa, pourtant, Anna en était convaincue, sa sœur ne leur voulait aucun mal, les deux se trouvaient en sécurité relative, pourtant Emma continuait de hurler le prénom de Kaspian.


-Quoi ?... Emma ?! … Est-ce que ?... Est-ce que j’ai entendu Emma ?! Souffla Kaspian qui sortait de sa torpeur.


La première Picéaerd, cessa soudainement de jubiler et observa au loin. C’était impossible ! Cette petite garce était encore en vie ! Le Nokk n’avait pas su les faire disparaître comme prévu ! Peu importait, pour la première Picéaerd, ça n’était qu’un contre temps, cette fouineuse n’était rien pourtant il fallait s’en occuper. Avec un soupir, elle détourna son regard d’Anna mais surtout des Sappos qu’elle voulait détruire pour observer Agnarr et Emma dans leur cage… Ils n’étaient que des pions déjà sortis du jeu. D’un geste discret, Emma fit décaler la tempête. Anna fut heureuse de pouvoir enfin se maintenir debout dans lutter avec acharnement sans comprendre qu’Emma souhaitait seulement cacher des yeux de Kaspian sa belle dulcinée. De son air faussement maternel, la première Picéaerd s’approcha de son descendant et lui caressa les cheveux.


-Contrôle-toi Kaspian ! Je sais ce que tu ressens, je sais…
-Emma !!! Je l’ai entendu !!! Elle est vivante !!!
-Kaspian !... Elle… C’est ton esprit qui te joue des tours…


Emma observait le jeune homme serrer les dents. Depuis son perchoir, elle pouvait tout voir. Non loin d’elle, Mamie Anna ! Enfin, sa plus précieuse alliée de retour ! Mauvaise nouvelle, Iduna et Elsa l’étaient également mais peu importe, elle se doutait que la chamane avait eu raison de leur jugement. A nouveau elle balaya le champ de bataille du regard et vit les Sappos à nouveau se rapprocher de la pauvre petite souveraine d’Arendelle… Emma sourit, c’était trop facile ! Elle n’avait qu’à utiliser son petit fou pour mater à jamais les Sappos. Avec un sourire mauvais, elle dévisagea Kaspian… Il fallait lui faire mal !


-Kaspian ! Ca suffit ! Ta petite amie est morte !!! Elle repose noyée dans la mer sombre ! A cause de cette tempête ! Une tempête que tu as crée à cause des Sappos !
-Non !!!! Hurla Kaspian de désespoir.


Le parfait alibi pour déverser toute la fureur de la tempête. Emma d’un geste la fit grossir toujours plus. Elle eut un dernier regard vers Anna d’Arendelle. Elysia et Pierre se trouvaient proches, ainsi qu’Andréas, décidé à la supprimer… Quelle belle occasion pour éliminer un autre pion ! Elle hurla.


-Anna !! Non !!!! Les Sappos l’attaquent !!!!


Le cri transperça la tempête. Tous tournèrent le regard vers la reine et les Sappos puis, d’un geste, Emma fit trembler la terre. Une énorme crevasse se créa sous les pieds de la reine, comme si elle avait été par un maléfice lancé par Pierre Sappos.
Andréas ne put atteindre la reine, le sol se déroba et il perdit l’équilibre. Les Sappos furent projetés un peu plus loin mais curieusement épargnés, pour le moment. Anna de son côté avec toute l’énergie que son corps et son instinct de survie pouvaient lui prodiguer tentait de fuir mais le vide se rapprochait inexorablement. Dans un dernier saut désespéré elle tenta de s’accrocher à la paroi. La pluie et le vent de la tempête gagnait et la reine se sentit glisser peu à peu vers l’abime. Elle essayait de s’accrocher en vain, ses pieds bientôt ne sentirent plus que le vide, ses mains elles aussi glissèrent puis, au moment de la chute, elle se sentit miraculeusement retenue. Anna rouvrit les yeux et vit son sauveur. Viktor. Son propre neveu face au danger avait accouru aussi vite qu’il pouvait et s’était jeté pour la rattraper. Hélas, le triplé lui aussi se sentit peu à peu glisser. Anna et lui se sentirent toujours plus attiré par le fond avant que deux paires de mains ne viennent les tirer de ce mauvais pas. Tirant de toutes leurs forces, Théa et Alexandre, avec l’énergie du désespoir parvinrent à ramener les infortunés sur la terre ferme.


-Viktor !!! Tu… Tu m’as sauvé la vie… Hoqueta Anna
-Tu m’as fait confiance ma tante ! Répondit ému le jeune prince.


Tous les deux n’eurent pas le temps de se tomber dans les bras, l’armée de Kraberg devenait toujours plus dangereuse.


-Vite Viktor, avec tes amis, peu importe qui ils sont, e sont forcément des gens bien ! Va arrêter cette folie !
-Et toi ma tante ?
-Moi ?... Je m’occupe de lui ! S’ils me voient sauver leur chef, ils s’arrêteront ! Hurla Anna en désignant Andréas qui plus bas luttait pour éviter une chute mortelle.


Désorientée, Anna jetait des regards partout. La brume l’avait envahi, plus personne ne pouvait la voir, pas même Iduna et Elsa qui s’étaient rapprochées d’Emma. Peu importait ; elle agirait seule. Avec prudence, elle s’accrocha du mieux qu’elle put pour tendre une main salvatrice à Andréas. Avec conviction elle lui aussi tendit la sienne mais il était trop loin pour quelques centimètres.


-Anna !! Attrape !


Surprise, Anna releva la tête et vit son grand père lui tendre son bâton. Pierre et lui s’étaient mis d’accord, ils assuraient Anna qui s’étira autant qu’elle put et tendit le bâton qu’Andréas s’empressa d’attraper. De toutes ses forces, la souveraine, aidée de son grand père tira et, après un gros effort, Andréas put s’accrocher pour retrouver la terre ferme. Anna rendit son appui à son grand père qui, sans aucune pitié, l’utilisa pour violemment frapper le visage d’Andréas qui s’effondra assommé.


-Depuis le temps que j’attendais ça ! Hurla le grand père satisfait.
-Elysia…
-Oui je sais… Anna !! Prends ceci !!! Ordonne à tes troupes de ne pas résister ! Tous ces gens, ça n’est pas leur guerre !
-Quoi ?
-C’est à toi ! Et toi seule de régler ça ! Pour Arendelle ! Pour nous tous !
-Mais papy…
-Tu trouveras Anna ! J’ai confiance en toi ! Donne l’ordre !


Surprise, Anna prit le portevoix et hurla aussi fort qu’elle put l’arrêt des combats. La voix puissante de la furie rousse, attira l’attention des forces de la nature qui fit se relever la brume quelques instants. Soudain, Anna put voir Emma et Kaspian, non loin d’eux, Iduna, Elsa mais aussi mamie. Le temps semblait figé. Pierre défiait Emma du regard. Elysia faisait pareil avec mamie. La tension se sentait entre les grands parents d’Anna et Elsa. Curieusement, Mamie fut la première à lâcher, de manière presque imperceptible, son regard se posa sur Anna. Elysia lui eût un sourire. Sans doute était-il satisfait d’avoir fait céder dans ce curieux duel la grande Anna Picéaerd. Avec dignité il se retourna vers Anna et lui embrassa le front tendrement. Ses mains se posèrent contre les hanches de la souveraine, non pas pour la réconforter mais pour tâter les poches de la souveraine pleines des miroirs d’Ahtohallan, du cristal et du mot de mamie. Lentement, parfaitement synchronisés, Pierre et Elysia se retournèrent et avancèrent droit vers les mutins de Kraberg sans résistance.


-Nous nous rendons !!! Hurlèrent-ils ensemble. Après un dernier regard pour Anna.


L’espace d’un instant, tous s’observèrent ne sachant quoi faire. Emma jubilait intérieurement, Mamie observait. Elle le sentait, c’était trop tôt pour qu’Emma se dévoile alors qu’Iduna et Elsa observaient médusées !


-Qu’il ne leur soit fait aucun mal !!! Ou ils pourraient déclencher l’apocalypse hurla Mamie à l’attention des hommes de Kraberg qui s’approchaient.


Mamie continuait de fixer les Sappos, sans un regard pour Anna qui tentait de retenir ses larmes, ni pour Emma au-dessus d’elle. Il n’était pas nécessaire d’observer son ancêtre, il était évident qu’elle avait compris. D’un geste mauvais, alors que les mutins attachaient les Sappos, elle y vit l’occasion parfaite que lui offrait mamie. Il était aisé d’imaginer une dernière mauvaise action.


-Kaspian !! Les Sappos !!! Hurla Emma pour sortir le jeune homme de sa torpeur puis d’un geste mauvais, elle relança la tempête, plus forte que jamais contre Anna d’Arendelle…

Chapitre 33 : Toujours debout


-Anna non !!!!


La voix d’Elsa avait transpercé le chaos qui régnait sur Arendelle. Le visage défait de Kaspian, l’expression faussement effarée d’Emma et en moins de temps qu’il ne le fallait pour le penser, la déferlante s’abattit sur la souveraine. Elsa en eût le souffle coupé. Iduna porta sa main à sa bouche écœurée et lança un regard horrifié à son jeune fils responsable de cette catastrophe. Mamie de son côté dont l’inquiétude pouvait également se lire sur le visage n’avait qu’une obsession les Sappos. Tous deux avaient accepté de se rendre, quelques hommes de Kraberg s’étaient alors hasardés à les appréhender. Ils étaient là ! Prêts à être éliminés ! Le cauchemar allait pouvoir se terminer mais pourtant, l’urgence absolue demeurait la tempête qui était devenue incontrôlable.
Avec bravoure, Elsa se lança dans le cataclysme, prête à lutter de toutes ses forces pour sauver sa jeune sœur. Elle lança face au déchaînement des éléments toute sa puissance de glace pour contenir la furie des éléments fous. Anna eût de son côté juste le temps de trouver un abri de fortune derrière un mur de pierre. Elle constatait catastrophée, happée dans le tourbillon la force de cette folie. Les arbres arrachés, les habitations dévastées. L’attaque dont Arendelle était victime se trouvait elle aussi stoppée. Les troupes des rebelles n’osaient s’aventurer au plus près de cette catastrophe climatique contrée par le dangereux pouvoir de la reine des neiges qui n’offrait à la tempête qu’un corps toujours plus menaçant, tel un monstre prêt à tous les engloutir.
Anna tentait vainement de se maintenir debout. Son cœur battait à tout rompre et ses yeux se posèrent sur Andréas inconscient. L’homme n’était pas protégé. C’était un miracle qu’une pierre ou un arbre ne l’ait pas encore frappé de plein fouet dans ce tumulte. Avec courage et inconscience, la furie rousse tenta de toutes ses forces de tirer le vieux Northuldra par les jambes vers son maigre abri. Le risque la força à se dévoiler et, comme si les éléments guettaient une proie facile, le cataclysme se mit à rugir davantage encore sur la jeune souveraine qui s’abattit au sol sous la force du vent.


-Non !!! Hurlèrent de concert Iduna et Elsa.
-Voilà !!! Voilà ce que tu as fait !!!! C’est à cause de toi que ce gamin ne contrôle plus rien !!! Tu es fier de toi Pierre ! Vociféra soudain Emma en jetant un regard de braise vers le premier Sappos.


Les Sappos ne répondirent pas, à la place au milieu du tumulte, un glatissement se fit entendre. Iduna rayonna, son ami des cieux venait de transpercer les nuages et planait au-dessus du tumulte qui emprisonnait la souveraine d’Arendelle.


-Je ne vois rien !!! Je t’en prie, apporte-moi une preuve de vie !!! Hurla inquiète l’ange de l’air au roi du ciel.


Malgré le grondement de la tempête, la femme et l’animal purent se comprendre. Emma de son côté n’en avait que faire, elle jubilait d’avoir la possibilité de punir son pire ennemi, Mamie en revanche n’avait d’yeux que vers Elsa qui luttait contre le monstre crée par Kaspian. Réduire en miette les Sappos la réjouissait mais elle ne souhaitait pas que sa petite-fille ainée qui l’avait rejoint ne soit blessée dans cette bataille. De son côté, l’aigle plongea dans le cataclysme et, de sa vue perçante, repéra Anna d’Arendelle, toujours en vie qui luttait face au déchainement des éléments. Sans ménagement, le rapace s’approcha de la reine. Il voulait répondre à la demande de sa maîtresse. Sans douceur de ses serres, il attrapa violemment l’un des miroirs d’Ahtohallan. Par reflexe, Anna tenta de lutter en frappant l’oiseau. Dans un geste maladroit elle fit tomber l’objet cylindrique qui maintenait le précieux message du bâton d’Elysia. Au contact du sol, l’objet se brisa en deux. Le rapace s’en rendit compte en même temps que la souveraine. Tous deux tentèrent de rattraper les débris mais l’oiseau, plus rapide réussit à se saisir d’une moitié, laissant la jeune femme seule au milieu de la tempête, seulement capable d’observer le vol majestueux de l’aigle qui emportait au loin le précieux médaillon, présent du gardien. Les larmes aux yeux, Anna récupéra le demi cylindre brisé, comme le couple de ses grands-parents, irréparable. Le message de mamie aussi s’était déchiré, la jeune femme ne pouvait désormais plus lire que le mot « flamme ». Retenant ses larmes, la furie rousse serra contre elle l’objet brisé, et, en même temps que le papier, glissa alors un objet lisse et poreux du cylindre. Anna s’en saisit, c’était une craie blanche. Bien que transie de froid, la jeune femme oublia un instant sa souffrance laissant sa curiosité prendre le dessus. Pourquoi une craie se trouvait-elle là-dedans ? Inquiète, elle leva les yeux au ciel. Une trouée dans la tempête s’était créée et elle put une dernière fois voir le rapace majestueux disparaître.
L’aigle se posa près de Mamie et Iduna, même si, à la grande surprise de l’ange de l’air, son ami se présenta non face à elle mais bien face à sa mère. Mamie, impassible, se baissa et ramassa les trésors récupérés par l’animal qui s’envola immédiatement après au-dessus de leurs têtes. Dans ses mains ridées par le temps et les épreuves, Mamie reconnu le miroir qu’elle avait confié à la jeune Emma et le cylindre glissé jadis dans le bâton d’Elysia. Machinalement, l’objet fit remonter de lointains souvenirs dans l’esprit de la matriarche. L’espace d’un instant, Mamie tourna le regard vers Elysia, ses trésors récupérés, symbole de la victoire imminente bien en vue pour le Sappos vaincu. Cette fois, le duel du regard fut bien plus court, le sourire sur le visage de mamie et le vaincu, Elysia qui détourna les yeux vers le tumulte qui s’acharnait contre sa petite-fille. Mamie observa à son tour et se pinça la lèvre, elle détestait le gâchis, son écervelée de petite-fille cadette pourrait qui sait être encore utile pour permettre l’aboutissement du pouvoir de la famille Picéaerd, si elle devait mourir, autant que cela fût au meilleur moment. En hâte elle se retourna vers Kaspian et Emma. La première Picéaerd avait commencé à assener à son éternel rival son flot de reproches, elle voulait en finir vite après avoir profité de sa victoire totale, ignorant de son côté le maléfice qui frappait Anna d’Arendelle qui ne devait son salut qu’au pouvoir d’Elsa qui faisait de son mieux pour contenir la catastrophe. Il fallait terminer cette bataille, que la victoire soit totale et mamie savait quoi faire.


-Kaspian !!! Regarde !! Le collier d’Emma ! Kaspian !!! Ta futur épouse est ici !!! Hurla Mamie.
-Em… Emma ?! Lança le jeune homme prostré pour qui enfin un timide sourire illumina le visage.


Hagard, Emma dût abandonner pour un temps sa proie. Il ne fallait pas que sa couverture auprès de Kaspian ne disparaisse où alors comment ferait-elle pour obtenir l’allégeance des cinquièmes esprits et acquérir ce qu’elle chérissait depuis des siècles. Contrainte par son propre rôle, Kaspian retrouvant espoir, Emma dût pour un temps limiter la tempête. Une trouée enfin put s’apercevoir et, en contrebas, Anna, à genoux, épuisée de lutter et, à ses côtés, le corps inanimé d’Andréas non loin de la reine, Viktor en compagnie d’Alexandre et Théa qui prodiguaient des soins au vieux Northuldra. La vision de son fils fit avoir un haut le cœur à Elsa. Elle voulait courir le rejoindre pour le sortir du tumulte mais se ravisa au dernier moment. La tempête était toujours présente, elle ne pouvait se permettre de stopper son prodige pour permettre à sa barrière de perdurer et offrir une maigre protection aux naufragés de la météo. Iduna fut la première soulagée, ainsi qu’Agnarr, présent sur le champ de bataille, bien que Kraberg inexorablement ne prenne le dessus. La première des Picéaerd dévisageait furieuse son acolyte, qui lui offrit un sourire mauvais pour toute réponse.


-Oui Kaspian regarde ! Elle doit être ici, mais prisonnière des Sappos ! Tout est de leur faute ! Hurla Mamie à l’attention de son petit-fils et un léger hochement de tête à la première des Picéaerd.


Emma en fut comblée. Décidément, Anna avait plus d’un tour dans son sac Elle observait avide son descendant à nouveau se décomposer et laisser la colère l’envahir. Quelle clairvoyance ! Les Sappos pouvaient bien attendre de recevoir leur châtiment encore quelques instants, après tout, mamie lui donnait l’opportunité d’accomplir son destin. Oui, c’était sans doute là que voulait l’emmener l’astucieuse chamane ! D’un geste, Emma suivit les sentiments douloureux de son descendant et la tempête reprit une nouvelle fois toute sa splendeur, balayant la maigre défense d’Elsa qui ne résista pas plus que quelques misérables brindilles face à une déferlante. Sous le choc, la reine des neiges fut projetée quelques mètres en arrière, vers ses ascendantes. Mamie se porta à son secours et l’aida à se relever. Iduna s’approcha catastrophée et les trois Picéaerds assistaient impuissantes au cataclysme qui à nouveau souhaitait prendre Anna pour cible et sans doute, sceller son destin.


-Je ne peux plus le contrôler ! Hurla Emma catastrophée avant d’ajouter : J’ai besoin de force !


Elsa épouvantée se releva pour à nouveau lutter contre la catastrophe qui envahit à nouveau sa cadette qui conservait encore son abri de fortune. Elle voulut à nouveau déverser ses pouvoirs malgré la fatigue qui l’envahit à nouveau, elle qui n’était toujours pas remise totalement de ses mésaventures mais au dernier instant, elle sentit la main de sa grand-mère la retenir.


-Non Elsa ! Tu vas te tuer !
-Mais je dois aider ma sœur et mon fils mamie !
-Si tu veux les aider Elsa ! C’est avec Emma qu’il faut aller !
-Quoi ?
-Oui !... Et Iduna toi aussi ! Nous devons toute lui donner notre force ! Insista Mamie.
-Qu’est-ce que tu racontes mamie ?
-Emma !!! Explique-leur ! Hurla mamie en dévisageant la première des Picéaerd qui sourit, comprenant le merveilleux cadeau qui lui était offert.
-La tempête est trop forte !!! J’ai besoin de vous !!! Vous les cinquièmes esprits ! Il… Il faut pouvoir accomplir la prophétie ! Donnez-moi votre force et je pourrais accomplir la prophétie ! Hurla Emma feignant un effort pour contenir le gros temps.
-Mais… Mais je ne sais pas ce que je devrais faire quand… Maman, je ne sais pas si je suis prête ! Protesta Iduna.
-Parce que ça n’est pas à toi de faire ça mon ange de l’air ! Tu as un grand pouvoir… Mais Emma !... Emma a l’expérience ! Confia mamie déterminée en ne détachant pas son regard de la fondatrice.
-Laisse-moi t’aider Iduna ! Laisse-moi tous nous aider ! Avec votre pouvoir je pourrais arrêter tout cela ! Hurla Emma.


La reine des neiges eût un temps d’arrêt et plongea son regard gelé dans les yeux sarcelles de sa grand-mère. Dans le regard de la matriarche, la maîtresse de l’hiver put lire toute la détermination et l’aura de la plus éminente des Picéaerd. En quelques secondes, Elsa en était convaincue, sa grand-mère comme toujours devait avoir raison. Avec un soupir, Elsa renonça à affronter la tempête et pria pour que sa sœur puisse y survivre le temps qu’Emma parvienne à tout réparer. Déterminée, sans un regard pour sa mère, Elsa s’approcha d’Emma et, d’instinct lui tendit la main et posa genou à terre. La matriarche s’approcha ensuite de sa fille et, comme pour la reine des neiges, plongea ses yeux dans ceux de l’ange de l’air. A son tour, Iduna rendit les armes. Un dernier instant elle hésita et jeta un regard vers son père Elysia. Le Sappos, aux côtés de Pierre paraissait fataliste. Ils acceptaient la défaite. L’ancien éleveur de rennes vit le regard de sa fille et lui aussi lui adressa un regard. Iduna en fut soulagée, Elysia semblait lui aussi lui offrir sa bénédiction. Peu importait les griefs qui l’opposait à mamie le sauvetage d’Anna paraissait plus important pour le patriarche. Fataliste, Iduna s’en allât rejoindre la première des Picéaerd. A son tour, offrant sa main, elle ploya aussi le genou. Quelques pas plus loin, Mamie Anna empruntait le même chemin faisant signe à Kaspian lui aussi de s’incliner.



-Emma ! Pitié ne fais pas ça !! Ne commets pas cette erreur ! Implora Pierre désemparé et entravé, incapable de riposter.


La tempête enfin offrit une accalmie. Anna, épuisée retrouva quelques forces et en profita pour se relever et sortir de son abri. Elle jeta un regard vers le haut pour y voir sa fratrie et sa mère avoir fait allégeance à Emma. Elle ne pouvait laisser faire cette situation sans se battre.


-Emma ! Arrête cette folie ! Tu n’as pas à faire ça !!! Emma tu n’es pas un monstre ! Hurla la reine d’Arendelle déterminée.
-Anna ! Pour une fois agis avec ta tête et tais-toi ! Tu ne rends service à personne en agissant ainsi ! Coupa furieuse Mamie en jetant un regard noir à sa petite-fille avant de l’accuser de faire le jeu des Sappos.


Anna accusa violemment le coup. Certes sa grand-mère avait pu par le passé la disputer, même sévèrement, mais autant de dureté dans sa voix jamais la furie rousse n’aurait pu le concevoir à son encontre de la part de la matriarche qui avait basculé.


-Laisse Anna ! Si cela doit se faire alors qu’il en soit ainsi.


La souveraine sursauta avant de tourner son regard vers les Sappos. Cette phrase ! C’était son grand père qui venait de la prononcer. Son regard fit froid dans le dos d’Anna. C’était une supplique certes, mais aussi, elle le comprenait, un ordre. Elle refusait d’y croire ! Comment pouvait-il ainsi baisser les bras ! Elle ne voulait surtout pas ! Elle était Anna, celle qui n’abandonnait jamais, qui se relevait sans cesse, qui luttait tant que son cœur battait et même au-delà. A nouveau une injonction sévère de mamie lui parvînt et Elysia la supplia une seconde fois.


-Sauve ta vie petite ! Implora Elysia.
-Anna, Arendelle a besoin de toi ! N’y va pas !!! Hurla Agnarr qui peu à peu se retrouvait encerclé par Kraberg.


Ce fut la phrase de trop pour la petite rousse qui voyait l’armée du royaume se faire toujours plus dépasser malgré les efforts de son stratège pour réorganiser les défenses et éviter toute effusion de sang. La phrase d’Agnarr était sans doute vraie. Comment pouvait elle s’opposer à sa famille pour un autre camp familial alors qu’elle se devait de s’occuper de son royaume. Combien de membres de sa famille n’avaient eu de cesse de lui rappeler qu’elle ne devait pas oublier son ascendance Arendellienne. Il était temps pour elle de refuser de prendre position, jamais elle ne pourrait s’opposer aux Picéaerds ou aux Sappos. C’était sa famille ! Et elle devait aussi protéger Arendelle ! Le cœur lourd, Anna recula d’un pas et resta derrière son maigre abri.
Pour Emma, c’était un triomphe ! Les esprits, avaient choisi leur camp et étaient inclinés derrière elle. Tous avaient accepté qu’elle devienne ce cinquième esprit ultime que seul la légende décrivait. Enfin, ce Graal qu’elle espérait tant allait être à sa portée et ensuite ? Ensuite elle pourrait faire souffrir Pierre !
La fondatrice des Picéaerd ferma quelques instants les yeux. Elle sentait au travers de la main d’Elsa qui tenait celle des autres la puissance et la sagesse des esprits. Cela devait probablement se transmettre à elle. Elle attendit encore quelques instants puis ouvrit les yeux surprise… Rien n’avait changé.


-Qu’espérais-tu au juste ? Mère fouettarde ?!
-Quoi ?! Fulmina Emma.


La première des Picéaerd se retourna furieuse. Derrière elle, Elsa, Iduna, Kaspian demeuraient genou à terre et, à la dernière place, tenant la main de ses descendants, Mamie Anna qui elle, se tenait debout et défiait l’ancêtre.


-Que fais-tu ?
-Je t’appelle par ton nom ! Mère fouettarde !
-Tu oses ! Tu oses me refuser… Toi… Tu refuses que la prophétie s’accomplisse !
-Je ne refuse rien du tout… Mère fouettarde.
-Effrontée ! Tu étais pourtant la meilleure s’entre nous ! Tant pis qu’il en soit ainsi ! Hurla Emma.
-Emma mais que fais-tu ? Demanda Elsa paniquée.
-Silence !


D’un geste, Emma bloqua les cinquièmes esprits grâce aux bienfaits de la nature. De lourds blocs de pierre entravèrent les esprits et les eaux, d’un autre geste encerclèrent les armées de Kraberg et d’Arendelle qui stoppèrent le combat. Elsa, Iduna, et Kaspian demeuraient piégés alors qu’elle observait la chamane, seule debout. Emma ne comprenait pas. Comment sa plus fidèle alliée pouvait lui refuser son allégeance… Elle qui pourtant tenait la main de Kaspian ! C’était incompréhensible ! Elle aurait dû recevoir tous les bienfaits des Picéaerd ! Peu importait ! S’il fallait se salir les mains alors il devait en être ainsi. Emma toisa Mamie Anna du regard qui ne cherchait pas à se défendre. Il fallait à la doyenne dévoiler son vrai visage et bien soit. Après tout, au fond d’elle-même elle le savait. Anna Picéaerd était bien trop sage et astucieuse pour ne pas avoir ses propres ambitions, il était temps de se débarrasser de sa plus précieuse alliée pour accomplir son destin. Emma eut un rictus mauvais et dirigea sa main vers mamie. Il était plus que temps se disait-elle que la matriarche ne retourne dans le monde des morts.


-Non !!! Hurla Anna


La reine d’Arendelle était sortie de sa torpeur. Laisser les querelles familiales était déjà difficile pour elle mais pas ça ! Elle ne pouvait laisser sa grand-mère sans défense ainsi. Anna d’Arendelle n’était pas une spectatrice ! La furie rousse agissait d’instinct alors qu’Emma pointait son doigt accusateur vers mamie, prête à lancer la fureur des éléments contre la matriarche rebelle. Alors que les forces de la nature apparaissaient derrière Emma, Anna d’Arendelle pointa sans savoir pourquoi son cristal offert jadis par Grand Pabby en direction de la première Picéaerd. La cinquième esprit ultime déchanta rapidement. Elle qui pensait lancer l’apocalypse contre mamie ne vit rien arriver contre la matriarche et, estomaquée, constata que les flammes de Bruni se dirigeaient vers elle. Le feu ne provenait pas de sa pierre qu’elle avait volé en premier mais émanait d’Anna d’Arendelle. C’était impossible ! Comment cette petite écervelée pouvait maîtriser le feu qu’elle avait dérobé ?! Emma n’eut pas le temps de se poser la question, ni même tenter de se protéger. Les flammes de Bruni trouvaient une puissance et une intensité rare depuis le cristal d’Anna et s’empressa d’encercler la première Picéaerd qui hurla, non pas de douleur mais de rage. Les flammes ne la consumèrent pas, elles n’attaquaient pas Emma mais finirent par percer la faille de la doyenne pour expulser les pierres des esprits.
Celles-ci roulèrent loin de la première Picéaerd et tous purent admirer les esprits êtres libérés, délivrés de l’emprise égoïste d’Emma. Courant d’air fut le premier à quitter sa prison. Les feuilles mortes dansaient avec frénésie dans le ciel annihilant la tempête, puis, avec malice et force mit à mal les piliers de pierre et libéra les cinquièmes esprits. Iduna en profita. L’ange de l’air, ravie de retrouver son ami se laissa porter par ses embruns et brilla de mille feux au-dessus des flammes de Bruni qui refluaient peu à peu vers le cristal d’Anna alors qu’Emma observait la scène médusée.
L’ange de l’air dominait le fjord et regardait sévèrement la scène d’horreur sous ses yeux. Rapidement elle repéra sa fille cadette et lui offrit un sourire plein de gratitude. Personne ne comprenait vraiment l’exploit d’Anna d’Arendelle mais tous le savaient, sans elle, le cataclysme aurait déjà commencé. Soudain, l’ancienne reine perdit le sourire. Non loin d’Anna, elle repéra Andréas qui recouvrait ses esprits. La colère atteint l’ange de l’air qui transmis ses pensées à son ami esprit. A une vitesse folle, Iduna transperça les airs pour s’approcher au plus près de celui qu’elle abhorrait tant. Le vieux Northuldra était mal en point et continuait de recevoir les soins d’Alexandre Viktor et la jeune Théa. Iduna sursauta lorsqu’elle reconnut la jeune femme qui elle aussi cligna plusieurs fois des yeux subjuguée. Cette femme qui tel un ange volait dans les airs était cette même gentille dame qui avait été la dernière cliente de l’auberge détruite de ses parents.


-Maman ! Laisse-le je t’en prie ! Souffla Anna qui vit le visage de sa mère.


La reine d’Arendelle avait parlé sans savoir pourquoi elle s’était décidée à défendre ainsi cet homme détestable. Pourtant, ce sentiment provenait du plus profond de son cœur. Elle se décala machinalement d’un pas pour se trouver sur le chemin de sa mère, elle était l’obstacle qui séparait l’ange de l’air d’Andréas. Un obstacle qu’Iduna se refusait d’affronter. Le visage de l’ancienne reine se radoucit soudainement et offrit un merveilleux sourire à sa cadette qui la rendait si fière et heureuse. Apaisée, Iduna accepta le choix de sa jeune fille et laissa le vent la ramener doucement vers les autres esprits. Pourtant, survolant le fjord, l’ange de l’air repéra son père entravé aux côtés de Pierre. Enervée elle se dirigea vers eux, laissant le vent faire son office. Avec autorité, le zéphyr repoussa les quelques gardiens qui entouraient les Sappos et fit sauter les chaînes. Satisfaite, Iduna, emportée par le vent s’en alla retrouver le reste de sa famille tout juste libérée.
Emma, qui avait perdu quelques instants l’équilibre se releva péniblement, choquée de voir la situation lui échapper. Elle aperçut non loin d’elle les pierres des esprits que le vent avait fait tomber. Elle rampa pour tenter de les récupérer, alors que la tempête qu’elle maîtrisait toujours commençait à grossir. Elle fut une nouvelle fois repoussée alors qu’une nouvelle pierre libéra un esprit.
La terre se mit alors à trembler. Le grondement sourd fut d’abord confondu avec le tonnerre mais il n’en fut rien. Hoquetant, Emma se releva mais perdit encore une fois pied, glissant sur une flaque d’eau qui ne fit que grossir. Elsa s’en était aperçu alors que libérée de l’entrave d’Emma la reine des neiges s’échinait à nouveau à lutter contre la tempête, la maîtresse de l’hiver dirigea sa neige vers cette flaque qui grossissait sans cesse. Sous l’effort de l’ainée d’Iduna, la flaque d’eau continua de grossir et une sculpture de glace en ressorti avant de prendre vie. Les yeux translucides du Nokk apparurent soudainement alors qu’il ruait, heureux de retrouver sa liberté. Sa folie ne dura pas alors qu’il fit face à Elsa. Le Nokk lui offrit une révérence parfaite et se laissa docilement monter par la jeune femme heureuse de retrouver son ami et s’empressa de retrouver sa mère dans les airs. A nouveau, le tonnerre se fit entendre et la terre trembla. Une nouvelle pierre se libéra. Au bout de quelques secondes, une énorme main de pierre s’arracha du sol. Peu à peu un géant commençait à renaître de ses cendres. La main inexorablement s’approcha d’Anna Picéaerd. La matriarche eut une larme à l’œil de voir son ami de toujours revenir d’entre les morts. Heureuse, elle retrouva sa jeunesse et sauta avec légèreté dans la main de son ami. Pour autant, mamie fut surprise de ne pas se sentir soulevée par le roc. Au contraire, la main du géant demeurait immobile, comme s’il attendait quelque chose. Mamie se retourna et dévisagea son petit-fils.


-Kaspian ! … Il t’attend !
-Je… Je ne sais pas mamie ! Je… Après toutes mes catastrophes !
-Tes catastrophes qui ne sont pas de ton fait !... Il est temps mon petit Picéaerd que tu choisisses ton esprit !


Mamie insista en tendant sa main vers Kaspian qui, après une nouvelle hésitation accepta de la prendre. Humblement, lui aussi sauta dans la main et tous deux sentirent la terre à nouveau trembler. Le géant semblait sublimé et soudainement, il leva haut dans le ciel ses deux esprits.


-Tu auras mis le temps… Mais enfin notre cinquième esprit a trouvé son lien !... Et avec les géants en plus !
-Tu… Tu m’en veux mamie ?!
-T’en vouloir ?! Bien sur que non, tu n’imagines pas comme je peux être fière de cette situation mon petit Picéaerd ! Souffla mamie en embrassant son petit-fils, sans se rendre compte que non loin d’eux, furieuse, Emma avait récupéré les pierres. De rage, elle se retourna vers Anna d’Arendelle qu’elle considérait comme responsable de sa situation. Elle, si proche de la victoire voyait son rêve lui filer entre les doigts.


-Toi ! Combien de fois faudra-t-il que je te tue ?! Ne bouge pas ma petite cette fois, ce sera la bonne !


Avec rage, Emma usa de sa haine et de son influence restante sur les éléments pour les déverser avec force vers la furie rousse sous les yeux médusés de sa famille. Surprise, la jeune reine n’eût pas le temps d’esquiver mais alors que la folie des éléments fonçait droit sur elle, celle-ci frappa soudain Pierre. Le premier Sappos, effaré par le geste d’Emma était sorti de sa léthargie et venait de s’interposer. Frappé brutalement par les flammes, l’eau, la roche et le vent envoyé par la Picéaerd, le premier des Sappos s’écrasa lourdement sur le sol juste devant sa lointaine descendante transie de peur.

Chapitre 34 : C’est toi la passerelle !


Les éléments avaient frappé fort. Elysia, livide s’empressa d’accourir auprès de son aïeul. Anna était incapable de bouger, transie de peur avant d’entendre avec soulagement la voix de son grand père annoncer qu’il respirait encore. La reine d’Arendelle jeta un regard noir vers la plus ancienne ancêtre et, plus loin vers ceux de son clan, à nouveau entravés dans leurs mouvements, Les pierres avaient libéré les esprits mais Emma semblait toujours aussi forte, bien que ses défenses soient mises à mal par la puissance de la reine des neiges. Inquiète, la furie rousse baissa les yeux sur le blessé.


-Pousse-toi de là ! Et garde ça avec toi c’est précieux !


Anna recula, surprise de la réponse aussi sèche de son grand père alors qu’il venait de lui glisser dans les mains le demi cylindre qui avait roulé au sol. Elle sentit des larmes humidifier ses yeux alors qu’elle lança à nouveau un regard vers le ciel. Instinctivement, celui-ci se fixa sur sa grand-mère. La furie rousse fut surprise de voir Mamie Anna la fixer si intensément. Pendant de longues secondes elles se toisaient du regard et mamie paraissait contrariée. La matriarche eût un soupir et agita sa main qui tenait la chaine du collier miroir récupéré. La reine resta interdite sans comprendre. Mamie leva les yeux au ciel puis sortit de sa poche la seconde partie du cylindre que le roi des cieux lui avait rapporté. Elle y dévoila la craie et l’approcha du miroir en continuant de dévisager sa petite fille avec insistance. Intriguée, Anna sortit de son côté son propre miroir et son morceau de craie d’Agathe blanche sans comprendre.


-Qu’est-ce que tu attends ?! Mais fais comme elle !!! Grogna Elysia.


La cadette d’Arendelle resta interdite un instant, à nouveau elle dirigea son regard vers sa grand-mère qui leva les yeux au ciel puis commença à gratter la surface du miroir à l’aide de sa craie. La jeune femme continua d’observer la chamane et crut ressentir l’aura de la matriarche. Elle baissa les yeux un instant sur son propre miroir. Ahtohallan lui offrit quelques images de la vie de son homologue qui tentait de tout réparer. Enfin pour elle tout devînt limpide. Anna pivota et fit face à Andréas qui recouvrait ses esprits. Elle observa avec bienveillance le vieux Northuldra et pointa le miroir vers le père de Kristoff. Avec douceur, elle commença à gratter la paroi gelée, derrière elle, plusieurs mètres plus hauts, sans qu’elle le voie, Mamie opérait le même geste dirigé vers son frère adoptif. Les fines particules de la pierre poreuse sur le miroir créèrent une légère poussière presque invisible qui virevolta et finit par atteindre les pupilles du vieux Northuldra. Loin de le gêner ou brouiller sa vue au contraire, la poussière donnait l’impression de laver les yeux d’Andréas. Le bleu des yeux du Sambucus parût plus étincelant, plus perçant et profond. Le regard froid et machiavélique disparaissait alors qu’Anna continuait de frotter le miroir qui brillait et chauffait dans sa main pour laisser place chez le Northuldra à un regard émerveillé. Les pupilles immenses d’Andréas brillaient autant que les miroirs, comme si l’homme voyait pour la première fois après une éternité dans l’obscurité. Une larme perla au coin de son œil et traça son sillon sur le visage dur et marqué du Northuldra impitoyable créant une profonde fissure dans cette solide armure qui se brisait. Au creux de sa main, le miroir était brulant mais Anna n’en ressentit aucune douleur. La glace d’Ahtohallan ne fondait pas, au contraire, Anna se sentit parcourue par les bienfaits de la rivière magique. Elysia et Pierre avaient dit vrai, le cadeau du gardien n’était pas qu’un simple collier qui lui permettait d’épier les faits et gestes de son aïeul. Non, elle pouvait voir bien au-delà de tout cela.
Andréas pleurait à grosses larmes désormais, il avait baissé la tête, son dos était vouté comme écrasé par le poids de la culpabilité. L’homme prenait conscience des multiples crimes qui avaient jalonné sa vie maudite. Il serra ses poings, et luttait pour ne pas s’effondrer alors que la vérité, la pure vérité apparaissait dans ses yeux lavés grâce à la craie d’Anna. Ce geste, cette craie, ce miroir, tout ceci était déjà vu pour le Northuldra. Dès sa plus tendre enfance, sur les terres gelées, il avait eu à faire à cet objet. Il frissonna, l’image de son pire cauchemar lui revenait en mémoire. Cette femme habillée de noire, inquiétante. La mère fouettarde ! Lui qui n’était pas méchant s’était soudain trouvé puni, maudit par cette femme qui avait gratté son miroir et brisé à jamais la vue du Northuldra afin qu’il serve ses desseins.
Andréas n’était pas le seul à voir, Anna aussi enfin sentait tout, au point qu’elle ne savait même plus si son geste avait libéré Andréas ou si c’était elle qui s’était délivrée de l’ignorance. Elle tourna son regard enfin vers le ciel. Mamie avait rangé son collier miroir et approuvait, comme si Anna se sentait adoubée enfin.


-Elysia… Je suis tellement désolé d’avoir attisé la mauvaise entente entre Pieter et toi. Sans moi, aucun malheur ne vous serait arrivé… Je… Laisse-moi t’aider ! Beata m’a appris à soigner !


Andréas avait parlé d’une petite voix et tendait sa main ouverte vers le Sappos. De sa vie le père de Kristoff n’avait jamais été aussi sincère. C’était une véritable renaissance. Elysia le toisa un instant du regard. Sans doute que pendant une seconde l’envie de lui écraser à nouveau son bâton dans la figure devait lui traverser l’esprit mais les traits du visage du patriarche se détendirent. Il accepta la main offerte puis se décala quelque peu laissant Andréas prodiguer les soins, bientôt secondé par Viktor qui parvenait à leur hauteur.


-Traitre !!!


La relative quiétude avait été brisée par Emma. Son visage était déformé par la rage qui l’aveuglait. Voir ainsi son sortilège levé et perdre son plus fidèle lieutenant alors qu’elle était si proche de la victoire. C’était l’insolence de trop. Les pierres encore en main elle les serra aussi fort qu’elle put entre ses doigts. Les esprits s’étaient peut-être libérés mais ces reliques allaient continuer à lui conférer la puissance qu’elle cherchait tant à acquérir. La partie n’était pas terminée, elle allait leur montrer à tous. Et autant commencer par ceux qu’elle désirait punir et qui osait la défier. La première Picéaerd se concentra, prête à envoyer contre ses ennemis les forces de la nature mais à la place, elle ne sentit qu’une légère brise. Elle secoua les pierres dans sa main et hurla toujours plus fort mais encore une fois les esprits pendant un instant restèrent de marbre. Emma fusilla les éléments du regard qui enfin se décidèrent à se mettre en branle. Le zéphyr accompagné par Iduna commença à tournoyer, Elsa à cheval sur le Nokk sentit sa monture elle aussi se mouvoir, Mamie et Kaspian durent se tenir un instant pour conserver l’équilibre alors que le géant commençait aussi à se mettre en branle. Les trois esprits élémentaires choisirent de se rejoindre en un seul point, rassemblant tous les membres de la famille. L’espace d’un instant, les éléments semblèrent fusionner et un pont fait d’air, de pierre et d’eau se matérialisa et commença à se construire en direction des Sappos. Au bout de quelques instants, ce pont rencontra les flammes de Bruni qui émanaient toujours du cristal d’Anna. Enfin, la salamandre apparût de nouveau aux yeux de tous. Elle sautillait tant qu’elle le pouvait sur le pont qui inexorablement se rapprochait d’Anna. Une fois devant la souveraine, le reptile sauta sur son épaule alors que la furie rousse sentit le pont l’emporter dans un tourbillon d’air, d’eau, de feu et de terre. Une brume épaisse envahit ce nouvel élément alors que tous eurent l’impression que l’édifice commençait à se rétracter pour s’élever au-dessus des Picéaerds. Lorsque la brume se dissipa enfin, sur un promontoire, les dominant tous, apparut Anna d’Arendelle. Entre temps, la reine avait vu sa tenue se transformer. Il n’était plus question de la robe noire de souveraine. A la place, elle arborait une merveilleuse tenue d’un blanc immaculé qui n’était pas sans rappeler celui qui ornait la robe de sa sœur ainée. Sur le bustier de la tenue, les quatre grands éléments étaient matérialisés et en son centre pouvait se retrouver le crocus d’Arendelle. Derrière elle, cheveux au vent, une élégante cape constituée de cristaux semblables à celui qu’elle avait toujours conservé terminait d’orner la tenue royale d’Anna que tous observaient subjugués. Tous les yeux étaient levés vers cette apparition divine. Bruni sauta finalement dans la douce brise de courant d’air pour saluer leur nouvelle maîtresse, en contrebas, le Nokk offrit à Anna une révérence élégante, rapidement imitée par le géant de pierre.

Mamie eût un immense sourire et commença à applaudir. La foule des armées se décida à imiter le geste de la matriarche, le reste des Picéaerds échangeaient des regards sans comprendre, mais de tous, les plus surprises furent de loin, Emma et Anna elle-même. La souveraine s’observait, détaillant chaque élément de sa tenue, peinant à comprendre ce qui venait de lui arriver alors que sa lointaine ancêtre elle bouillonnait. Comment étais-ce possible que cette petite sotte se retrouve en pareille position ?


-Non !!! Non c’est impossible !!!! Ça ne peut pas être toi la prophétie !!! Toi !!! La fille idiote d’Iduna ?! La seconde née ?! Celle qui n’a aucun pouvoir ? Celle qui n’a jamais été esprit ?! Qu’est-ce que tu viens faire ici toi ?! Ça devait être moi !!! C’est moi qui ai reçu l’allégeance des cinquièmes esprits !
-Non tu ne l’as pas eu Emma ! C’est bien ton erreur ! Tu en as toujours oublié un !
-Quoi ?! Toi ?! Oui c’est toi qui m’as trahi !!! Hurla la Picéaerd à l’attention de la matriarche.
-Non Emma, pas moi, j’étais avec les autres, ne pas m’incliner à cause de vieux genoux n’est pas une rébellion ! Mais tu ne pouvais réussir ! Car à chaque instant Emma, tu as oublié le plus important des cinquièmes esprits ! Rétorqua Mamie en pointant son doigt vers sa petite fille.
-Moi ?
-Oui toi ma petite Picéaerd… Pardon, je ne devrais pas te nommer ainsi… Toi… notre passerelle ! Emma, tu n’as vu que moi, tu n’as vu qu’Iduna et ses grands pouvoirs, tu n’as vu qu’Elsa et son don, tu n’as vu que Kaspian, et toujours, tu as ignoré celle qui nous liait tous !


A ces mots, Mamie, mais aussi Iduna, Elsa et Kaspian se sentirent soudain légers. Chacun d’eux ressentirent une chaleur au niveau du pied, à l’endroit où leur marque de cinquième esprit était imprimée sur leur chair. Sans se concerter, ni savoir pourquoi ils agissaient ainsi, tous les quatre levèrent leur doigt vers Anna. Les éléments de la nature semblaient comprendre et quatre cristaux se matérialisèrent. Quatre cristaux, pour quatre esprits. Et tous les quatre convergeaient vers un seul endroit, vers un cinquième esprit, leur passerelle, Anna d’Arendelle. La furie rousse ressentit soudain toute la force et la sagesse des esprits de sa famille. Elle était pénétrée et se sentait en cet instant si bien ; l’essence la plus pure de la nature emplissait les veines de la furie rousse de ses bienfaits et de son savoir. Pendant quelques instants, le nouveau cinquième esprit ultime flottait dans les airs, soutenu par le plus fidèle ami de sa mère avant de la reposer doucement sur son promontoire. Anna respirait à pleins poumons les bienfaits des esprits qu’Emma enviait tant.


-Pourquoi ? Pourquoi toi ?! Tu n’as jamais montré le moindre intérêt pour les esprits ? Dotée d’un pouvoir chamanique médiocre… Pourquoi ?! Lança avec mépris la première Picéaerd.
-Elle est la seule à avoir compris le principe de passerelle ! Les éléments ont toujours été partagés entre Sappos et Picéaerd ! Les Sappos ont toujours eu le contrôle de l’élément du feu ! Anna a été la seule à ne pas mettre en avant une famille plutôt qu’une autre ! Elle n’a pas non plus oublié Arendelle ! Une autre famille d’esprit puisque tu avais souhaité faire d’Aren un esprit ! Anna est la seule à avoir accepté d’être tout à la fois et pas une meneuse d’une famille au détriment d’une autre ! Le cinquième esprit n’est pas un leader ! Le cinquième esprit est un centre ! Anna est le centre ! Lança Mamie, prête à défendre sa petite fille.
-Idiotie d’une rare stupidité ! Et moi qui pensais que tu étais la plus habile de cette maudite famille ! C’est moi qui ai crée le rôle de cinquième esprit ! Jamais ça n’a été…
-Jamais ça n’a été toi mémé !
-Quoi ? Tu oses m’interrompre ?! Moi ?! Emma Picéaerd la première des…
-Picéaerds ! Mais pas des esprits mémé !
-Tu oses encore ?
-Tu n’as jamais été véritablement un esprit mémé. Tu es la mère fouettarde. Le rôle de cinquième esprit est d’assurer l’équilibre entre les forces de la nature pour préserver la lumière et l’harmonie ! Un rôle qui était dévolu à deux êtres exceptionnels… Au père Noël et à son acolyte de toujours… La mère fouettarde !


La furie rousse avait parlé d’une voix grandiloquente et indiqua de ses bras ses deux plus anciens ancêtres. Pierre, qui peu à peu récupérait rouvrit les yeux et dévisagea le regard furieux d’Emma Picéaerd qui détourna le regard.


-Tu oses m’affubler de ce titre immonde…
-ça n’est pas un titre immonde ! Tu as un rôle important Emma ! Pierre et toi vous aviez la charge de veiller à ce qu’un cinquième esprit puisse maintenir l’équilibre entre les forces de la nature par votre association. C’était à vous de désigner le Sappos et le Picéaerd qui aurait cette charge… Mais aussi l’Arendellien, puisque tu as transmis cette responsabilité à mon ancêtre Aren ! Invoqua Anna.
-La vérité des esprits t’a ouvert les yeux… Je savais que ça serait toi ! Lança Mamie admirative.
-Petite insolente tu oses ! Tu oses vouloir m’apprendre à voir ce que j’ai moi-même crée ?!
-Ferme les yeux si tu veux voir… Ton reflet dans son grand miroir…


Anna avait chanté par instinct se moquant éperdument des griefs d’Emma. A nouveau elle ressortit son collier miroir et le pointa en direction de l’ancêtre, la glace d’Ahtohallan refléta un maigre rayon de soleil et aveugla pour un temps la première Picéaerd. Humblement, Mamie Anna lâcha son propre collier miroir qui fut jadis la propriété d’Emma. Le zéphyr s’empressa de l’apporter au nouveau cinquième esprit. Les deux colliers fusionnèrent et formèrent un miroir qui baigna de lumière la première Picéaerd.
Eblouie, elle se masqua pendant un temps le visage mais se sentait tel un insecte par la flamme d’une bougie, irrémédiablement attirée par cette lumière. La mère fouettarde baissa la main et fit face au miroir, elle ferma les yeux et comme pouvait le prédire la berceuse qu’elle avait elle-même inventée, elle put voir.
Le miroir renvoyait à la première Picéaerd les confessions de Pierre dont Anna avait pris connaissance avant de revenir dans le monde des vivants. La cinquième esprit se pinça la lèvre voyant que son aïeule ne paraissait pas forcément réceptive.


-Ecoute-le Emma ! Ton rôle de mère fouettarde est une bénédiction ! C’est ton rôle, le plus important de tous ! Implora Anna.
-Le rôle d’un monstre ! Vociféra Emma.


L’ancêtre tentait toujours de lancer ses griefs contre Anna, mais la puissance de ses attaques faiblissait, le cinquième esprit de son côté se contentait de les esquiver sans chercher à riposter. Anna préféra se concentrer sur le miroir. Les paroles ne suffisaient pas, il fallait qu’elle voie.
Ahtohallan matérialisa des scènes du passé d’Emma. La première Picéaerd pouvait revoir des enfants et adultes qu’elle s’était chargée de punir. Ces douloureux rappels mit Emma dans une rage folle mais Anna n’en avait que faire, elle continuait de refuser de répondre aux attaques et se concentrait toujours davantage pour alimenter le miroir. Peu à peu, Emma fut obligée de s’y plonger. Elle devait voir ceux qu’elle punissait, ceux qui la craignaient tant mais pourtant, les souvenirs ne s’arrêtaient pas au seul passage de la mère fouettarde. Emma put voir cet adolescent turbulent qui détruisait tout avoir finalement avec le charbon reçu ouvert les yeux, le lendemain, il était le premier à alimenter le feu mourant pour ses parents malades, à se retrousser les manches pour permettre à la ferme de survivre et finalement, finir par proposer un abri aux voyageurs égarés. Quelques années après, ce fut cette femme vénale d’Arnevik qui après la visite de la mère fouettarde quitta la ville, emportant avec elle autant de nourrissons illégitimes qu’elle put, destinés à une mort certaine pour s’installer en Arendelle et y fonder le premier orphelinat, que bien des années après, Iduna aura fréquenté. Les exemples se multipliaient et peu à peu des larmes perlèrent sur le visage d’Emma. Tous ces gens qu’elle avait puni se révélaient sous leur meilleur jour. Tous avaient retrouvé le droit chemin et aucun ne craignait la mère fouettarde bien au contraire, pour chacun de ces anciens punis, la mère fouettarde s’avérait être leur véritable bienfaitrice. Les images défilaient et se terminèrent sur l’espiègle Iduna qui finit après moult menaces de Mamie Anna par recevoir la visite de la terrible mère fouettarde. L’année suivante, l’ange de l’air, exilée en Arendelle était une des petites mains précieuses pour donner un peu de joie aux orphelins d’Arendelle et les encourager à toujours suivre le droit chemin.
Anna sentit ses forces faiblirent, permettre au miroir de montrer toute cette vérité à Emma l’épuisait. Elle finit par renoncer. L’image se brouilla, à nouveau les colliers miroirs se séparèrent et revinrent dans les mains d’Anna. Confiante, la reine d’Arendelle se laissa glisser dans les airs sous les yeux admiratifs d’Iduna qui voyait sa fille cadette voler comme une plume comme elle avait eu si souvent l’habitude d’agir dans ses jeunes années. La reine d’Arendelle de son côté naviguait dans les airs pour redescendre au niveau du fjord et se retrouver auprès de son grand père et son lointain ancêtre Pierre Sappos qui peu à peu récupérait de l’attaque d’Emma. Avec courage, après avoir pris connaissance de l’état du père noël, elle défia la première Picéaerd du regard qui accusait le coup.


-Regarde Emma ! Regarde autour de toi ! Regarde Pierre ! Blessé ! Regarde Andréas, sa vie brisée par ton sortilège et le mal qu’il a fait ! Regarde tous ces gens qui craignent pour leur vie ! Tout ça pour ta vengeance ? Et pour quelle raison cette vengeance ?!
-Tu ne sais rien idiote de ce qu’il m’a fait ! Cracha Emma.
-Si je le sais ! Regarde Emma !


Une dernière fois, Anna associa les deux miroirs et laissa une nouvelle fois la magie d’Ahtohallan éblouir la première des Picéaerd. La rivière magique replongea dans les plus lointains souvenirs de la Picéaerd. A nouveau éblouie, Emma reviva de vieux souvenirs enfouis. Ce jour béni où Pierre lui avait offert ce fameux collier miroir, bien avant qu’elle ne le transforme en arme par la magie de la rivière gelée. De nombreux souvenirs complices entre Pierre et Emma apparurent. Ces deux jeunes enfants orphelins, qui avaient grandis tels des frères et sœur mais qui au fond d’eux, nourrissaient des sentiments bien plus forts encore. Pierre comme Emma se sont séparés et ont fait leur vie mais Ahtohallan montrait la vérité profonde des deux protagonistes qui jamais ne s’étaient oubliés. La trahison de Pierre avait fait si mal à Emma, la mère fouettarde, aveuglée par sa vengeance avait jusqu’alors refusé de voir les sentiments de celui qui avait été son seul véritable amour. Enfin Emma voyait ce qu’elle avait toujours refusé de voir. La première des Picéaerd voyait et entendait les déclarations d’amour de Pierre qui, d’année en année ne cessait de regretter sa séparation avec l’amour de son existence, celle que le gardien avait pourtant associé en les bénissant des plus grandes responsabilités.


-Voilà la vérité Emma ! Ton rôle n’était pas une punition mais un privilège ! Le gardien ne t’a pas maudit, il t’a béni ! La malédiction c’est toi qui la crées ! Par ta vengeance ! Portant vos rôles, votre association n’ont pu exister que par l’amour que le gardien a vu chez vous ! Et qu’as-tu voulu ? Te venger et tout détruire ! Pour te contenter le gardien t’a offert la possibilité de former le cinquième esprit, tu as voulu le transformer en arme ! Pourquoi ? Pour ta vengeance ! Alors voilà ! Regarde Emma ! Pierre est là ! Face à toi ! Si la vengeance est la chose la plus importante qui soit pour toi alors qu’il en soit ainsi… Vas-y. Affirma Anna d’une voix forte en s’écartant d’un pas.
-Si tu veux me punir pour mes actes Emma, vas-y je suis prêt ! Mais sache que pour moi, cette punition a commencé le jour où tu as décidé de ne plus me voir… Je ne m’en plains pas, je mérite cette situation. Ajouta Pierre digne.
-N’oublie pas une chose Emma ! Pense à toutes ces personnes que tu as aidées ! La mère fouettarde aide à réparer, elle n’est pas là pour simplement punir, encore moins pour se venger ! C’est à toi de choisir ! Utilise la force des esprits si c’est ton souhait, je ne t’empêcherai pas de remplir ton rôle de mère fouettarde !


D’un geste ample, la nouvelle cinquième esprit fit comprendre à ses amis élémentaires sa volonté. Le zéphyr lui fit virevolter les cheveux avant de s’éloigner et emporter avec lui Bruni. Le Nokk et les géants eux aussi se mirent en mouvement et se placèrent derrière Emma. Anna continuait de défier du regard sa lointaine ancêtre avant un dernier signe d’approbation. Mamie tenta de s’approcher mais Anna d’un signe la dissuada d’intervenir. Il était temps que tout se termine, et seule Emma devait décider. Après s’être assurée que sa grand-mère n’allait pas intervenir, Anna aida Andréas à se relever et l’éloigna du lieu de quelques pas ainsi que son neveu et ses amis. Seul Elysia demeurait auprès de son ancêtre et refusa l’invitation de sa petite fille à s’éloigner. Les deux Sappos dévisageaient la doyenne Picéaerd alors que Mamie l’observait avec inquiétude.
Emma était tiraillée. Ça n’était pas la victoire qu’elle attendait. Elle qui espérait tant devenir le cinquième esprit ultime venait de voir son rêve être parti en fumée mais peu importait, elle allait pouvoir régler ce qui la tourmentait depuis des siècles. Les esprits élémentaires ressentaient les émotions de la doyenne et se montraient vindicatifs. Emma n’avait qu’à penser une seule chose et pouvait ainsi annihiler définitivement les Sappos. Son regard plongea dans celui de Pierre. Le temps semblait arrêté pour les deux être légendaires. Peu à peu, Emma s’approcha pour n’être plus qu’à quelques mètres de Pierre. Tous deux se toisaient du regard. Avec un soupir, Pierre finit par sortir de sa poche un objet qu’Emma reconnut aussitôt et fit chavirer son cœur. Le présent qu’elle avait jadis offert à Pierre. Les dernières défenses de la matriarche tombèrent. Lentement, elle s’approcha toujours plus, le conflit n’avait que trop duré et les deux amants retrouvés se tombèrent dans les bras dans une longue et tendre étreinte. Pudiquement, le zéphyr les emporta quelques mètres plus loin. Toujours épris l’un de l’autre, Pierre et Emma susurraient des mots à l’oreille que seul l’autre pouvait entendre. Cette conversation leur appartenait à eux seuls.
Elysia avait observé, la larme à l’œil son ancêtre partir en compagnie de la mère fouettarde. Son regard finalement se tourna et son cœur manquât un battement. Face à lui, là où se trouvait Emma quelques secondes auparavant, Mamie Anna le regardait, les joues rouges. A son tour, le Northuldra sentit l’émotion l’envahir. D’un pas tremblant, les mains moites, il s’approcha de la chamane. Arrivé au plus près d’elle, Mamie détourna la tête.


-Ne me regarde pas Elysia ! Pas comme ça ! Je suis si vieille ! Je…


Mamie ne put terminer sa phrase, du bout de ses doigts, Elysia avait tendrement attrapé le menton de Mamie et fait ramener le regard sarcelle de la chamane dans son propre regard. Il dévisageait son épouse. Lui avait retrouvé son corps de trentenaire qu’il avait lors de son trépas, Mamie quant à elle avait quitté le monde des vivants bien des années plus tard mais le temps n’avait aucun effet pour le Northuldra qui posa son doigt sur la bouche de son épouse.


-Chut… Ne dis rien, il est si rare de pouvoir tomber amoureux à nouveau de son âme sœur…
-Je…
-Tu es aussi belle Anna que le jour où nous nous sommes aimés la première fois…
-Elysia ! … Tu m’as tellement manqué !
-Tu m’as manqué aussi ma Anna d’amour !


Les masques étaient tombés, tous deux n’avaient plus besoin de jouer à se détester, leur amour pouvait à nouveau être vu. Avec délicatesse, le Northuldra bascula sa belle et lui offrit un merveilleux baiser que tous deux attendaient depuis si longtemps. Anna observait attendrie et heureuse de voir ses grands parents à nouveau ensemble. Elle avait bel et bien réussi à tout réparer. Elsa et Iduna s’empressèrent de rejoindre la furie rousse pour l’étreindre également, laissant à Anna et Elysia la possibilité de continuer à s’aimer.
Machinalement, étouffée sous les étreintes de sa sœur et sa mère, Anna leva les yeux au ciel et vit Pierre et Emma non loin. Leur étreinte se transforma pour eux aussi en un langoureux baiser. Cette guerre était enfin terminée. La reine d’Arendelle sourit de cette situation enfin apaisée et sentit tout à coup ses miroirs d’Ahtohallan la brûler. Surprise, elle les sortit à la hâte de sa poche et les fit tomber dans l’herbe grasse. Une énorme brume sortit des deux colliers qui fit reculer les Picéaerds. Mamie et Elysia, intrigués stoppèrent leur baiser un temps pour observer ce nouveau phénomène, de même que Pierre et Emma.
Anna d’Arendelle sentit au fond d’elle-même la raison de ce curieux phénomène. Son caractère spontané et enjoué ne put l’empêcher de sautiller sur place et émettre de petits cris de souris.


-C’est le gardien !!! Le gardien arrive !!!
-Tu… Tu es sûre ma petite Picéaerd ? Questionna Mamie qui s’était approchée.
-Oui !!!! Tu vas voir ! Il prend la forme d’Helga !!! Je vais revoir ma petite Helga !!!


Surexcitée, la reine d’Arendelle, s’approcha de la brume et commença à la dissiper. Ses propos se confirmaient. Le gardien se matérialisait. Une silhouette de petite taille commençait à apparaître. Le cœur d’Anna battait la chamade, elle allait revoir sa précieuse Helga mais soudain, son cœur manquât un battement alors que la brume venait de disparaître. Abasourdie, elle hoqueta.


-Grand Pabbie ?! Articula-t-elle en voyant le vieux troll sortir de la brume, les miroirs en main.