[FCU] La malédiction du cinquième esprit

Chapitre 7 : La vie d’Emma Picéaerd.



-Tu as bel et bien tenue ta promesse ! Ce ragout ! Mais quel délice ! Un jour il faudra que tu nous donnes tes secrets de cuisine ! Lança Emma sincère.
-Mémé a raison mamie ! Il y a une raison spéciale à ce chef d’œuvre culinaire maman ?
-Oui mon ange de l’air, il y a une occasion en effet !
-Oui… Emma nous doit de nombreuses explications ! Coupa Elsa.
-Je n’ai qu’une parole jeune esprit, il n’était pas nécessaire de tenter de m’acheter avec un tel festin…
-Ma grande Picéaerd, je ne pensais pas à cela. S’excusa mamie.
-Ah bon, alors c’est quoi la raison ? Demanda la cadette la bouche pleine.
-Anna tes manières ! Ne donne pas le mauvais exemple à la petite Helga !
-Oui maman ! on ne parle pas la bouche pleine ! S’amusa la petite en postillonnant son ragout.
-Eh bien ce n’est pas gagné. Remarqua Elsa qui dignement essuyait une salissure de sa joue envoyée par sa jeune nièce.
-Je te conseille ma petite Picéaerd de suivre les conseils de ta mère ! Ce repas est pour ton grand père, et il ne jure que par l’ordre et la bienséance !
-Ah bon ?... Depuis quand je ne jure que par ça moi ?! Questionna Elysia qui avait un peu de jus de viande sur le menton.
-Je ne parle pas de toi… Mais de leur autre grand père… Le Roi Runaerd ! Répondit Mamie.
-Quoi ?! Beugla Elysia en recrachant son ragout. Tu as invité ce…
-… membre de la famille de notre fille et petites filles oui. Fit la matriarche avec un regard sévère.
-Ah non ! Je ne me suis jamais opposé à toi, je l’ai déjà accepté une fois dans l’Helveg mais là pas sous mon toit !
-…Euh papy… Techniquement ici c’est le château d’Arendelle donc en réalité…
-Anna… Ne termine pas ta phrase, je n’ai jamais vu papa ainsi… Coupa Iduna inquiète.
-Il viendra malgré tout… Je lui ai promis ce ragout et je tiens toujours parole Elysia. Fit calmement mamie.
-D’accord… Alors ne te donne pas la peine de le servir… Je vais me charger de lui donner son assiette… Elle lui arrivera on ne peut plus rapidement !
-Monsieur Elysia Sappos… Oseriez-vous insinuer que vous comptez gaspiller mon ragout ?! Tonna mamie d’une voix qui rendrait la reine des neiges la personne la plus chaleureuse du monde.
-Mais je…
-Méfiez-vous Elysia Sappos ! Des représailles pourraient être prises dans ce genre de cas… Il y a de très nombreuses chambres en ce lieu pour m’y retrouver…seule !
-Quoi ?!... Anna !... Tu bluffes !
-Tu crois ?! … Elsa, puis-je transférer mes affaires dans ta chambre je te prie ? Fit mamie qui ne laissait rien paraître.
-Euh maman ?! … Elle bluffe là non ?! Souffla Anna à sa mère alors qu’Elysia perdait de son assurance.
-Hum… Pardonnez-moi ? J’arrive trop tôt ?!


Tous se tournèrent et devant eux se tenait la silhouette imposante du roi Runaerd alors qu’Elysia fit un gros effort pour ne pas se montrer discourtois. Anna et Elsa restèrent bouche bée et, telles des automates, s’approchaient lentement, impressionnées par l’imposant souverain.


-Grand père ?... Soufflèrent les deux sœurs en s’approchant.
-Tenez-vous droites mesdemoiselles ! Vous êtes les nouvelles reines ici à ce que j’ai compris.
-Roi Runaerd. Fit Iduna avec une révérence parfaite.
-Lady Iduna ! Vous êtes tout aussi ravissante que votre mère ! Mon fils a une grande chance de vous avoir pris pour femme. Je suis heureux d’avoir vu en votre union, mon rève le plus cher se réaliser… N’est-il pas Lady Anna ?
-N’allons pas jusque là mon ami… Ce sont nos enfants qui se sont choisis, sans que nous n’ayons eu rien à leur dire et c’est bien là, la plus belle preuve d’amour qui soit… Que chaque âme puisse se trouver auprès de celle qu’il aime. Reprit la matriarche avec politesse.
-Un rêve resté inaccessible pour moi Lady Anna… Tiens…ceci est pour toi ! Je sais que tu les avais apprécié jadis ! Fit le souverain en offrant des chocolats à Mamie après un baise main.
-J’ose espérer que ce bon roi dans sa grande générosité en aura apporté pour tout le monde… Gromela Elysia qui serrait toujours plus fort sa cuillère au point de s’en imprimer l’empreinte sur la main.
-J’ai pensé que ceci pourrait vous faire plaisir… En souvenir de votre passage en notre royaume… Tendit Runaerd.
-Charmant séjour…Exilé dans la ville la plus dangereuse et immorale du monde…
-De l’hydromel cuvée spéciale ?! Sourit Pieter qui avait pris la bouteille des mains de son beau frère.
-J’en ai une pour vous aussi mon cher Pieter ! Sourit Runaerd.
-Oh ?! Délicate attention grand père ! Et Elsa adore l’hydromel en plus !
-Anna ! Coupa la reine des neiges gênée
-Hum… Eh bien mesdemoiselles à vrai dire j’avais pensé à autre chose pour vous, mais votre oncle et votre grand père sauront sans doute vous en proposer je n’en doute pas… Voilà pour vous.
-Qu’est-ce que c’est ? Demandèrent les sœurs en observant deux médailles.
-La distinction de commandeur protecteur d’Arendelle… J’avais comme projet de la remettre à votre père après notre voyage en pays Northuldra, il aurait ainsi accompli avec moi sa première mission diplomatique et présenté officiellement non plus comme héritier présomptif mais bien dauphin d’Arendelle… je n’en ai pas eu le temps et, hélas je crains que lui non plus n’ait pu vous en décorer avant votre séparation…
-Je… Je n’avais même pas connaissance de cette décoration… Fit Elsa émue alors qu’Anna avait toutes les peines du monde à l’accrocher à sa tenue.
-Quant à vous, Lady Iduna… J’aime croire que votre union avec mon fils était écrite. J’ai eu le privilège de vous voir naître et accompagner votre mère jusqu’au lieu où était réfugié votre père… Vous ne le savez sans doute pas mais, Agnarr du haut de ses deux ans avait alors juré à Lady Anna qu’il vous protègerait… Il m’a assommé de questions à mon retour en Arendelle quand je lui ai annoncé votre naissance… Je n’ai jamais été un père attentionné pour lui mais, j’ai toujours conservé ceci, il l’avait réalisé quelques semaines après votre naissance.


Le roi tira de sa veste un papier plié, légèrement froissé qu’il tendit à la souveraine. Iduna le déplia et distingua un dessin de jeune enfant. Au-dessus des personnages grossièrement dessinés, une femme, un bébé et à côté un jeune garçon, les prénoms rédigés par Runaerd à la demande de l’enfant : Anna, Iduna, Agnarr. Iduna ne put s’empêcher de sentir ses yeux s’humidifier alors que le jeune Agnarr avait maladroitement entouré le bébé qui était censé la représenter et lui dans un cœur. En dessous de l’œuvre, écrit de la main de Runaerd sous la dictée de l’enfant, le pieu vœu du jeune prince : « Bébé Iduna je te protégerai toujours, je t’aimerai toujours, un jour on se marira toi et moi. ».
La mère et ses deux filles s’exstasiaient face à cette candeur alors que Mamie remarquait Elysia sur le point d’exploser. Le Northuldra faisait son possible pour conserver son calme, honorant sa promesse de faire des efforts, mais à n’en pas douter la situation devenait de plus en plus intenable.


-C’est tout à fait adorable merci roi Agnarr… Remercia Iduna sincère.
-C’est aussi efficace que tes coupoles n’est-ce pas mamie ? Souffla Anna.
-Eh bien…
-Oui tout à fait ma petite fille… Au point que ton père n’avait pas le moindre souvenir de ta mère quand il la revit au moment de la guerre. Fulmina Elysia.
-C’était… Hum… j’ai bien conscience que vous n’appréciez guère mes venues, aussi vous imposer mon fils auprès de votre fille, j’évitais donc de lui parler des Northuldra et ne l’emmenait pas notamment pour ne pas vous froisser mon ami…


Iduna, Elsa et Anna étaient conquises. L’ange de l’air retrouvait, au fond de ses plus vieux souvenirs ce curieux grand bonhomme qui se présentait comme un ami de sa mère et jouait avec plaisir avec elle tandis qu’Anna et Elsa de leur côté découvrait un homme attentionné, à mille lieux du militaire strict qu’avait pu décrire Agnarr ou même Olson.


-Ces présents sont… Je pense que nous sommes tous heureux de les recevoir grand père ! Fit Anna avec un sourire.
-Oui, délicate attention Runaerd de penser ainsi à tout le monde. Remarqua Mamie en lui tendant volontiers à bout de bras une assiette de ragout alors qu’Elysia s’économisa l’effort de lui venir en aide.
-En effet… Car nous… Nous n’avons absolument rien pour vous ! Remarqua le Northuldra sans une once de culpabilité.
-Oh ne vous en faîtes pas… Me trouver ici en présence de mes descendantes et Lady Anna… Voilà le plus merveilleux présent que je puisse souhaiter.
-… Vous m’en direz tant… S’étouffa Elysia.


Le repas se termina dans la convivialité et les sourires. Runaerd était au centre des conversations et narrait avec plaisirs de vieux souvenirs. Comment vivait sous sa protection Pieter mais ce qui intéressa surtout les convives ce fut les quelques bêtises du jeune Agnarr qui ne manquèrent pas de faire rire Anna et Elsa qui peinait à imaginer leur père s’adonner aux sottises d’enfant, mais aussi quelques facéties d’Iduna qui sautait volontiers sur les genoux du monarque lors de ses visites en pays Northuldra. L’ancien souverain savait se montrer parfaitement honnête et avouait aussi ses défauts, surtout celui d’avoir été un père non seulement sévère mais aussi assez absent pour son fils unique. Cette sagesse acquise par Runaerd, capable d’assumer ses mauvais côtés et y faire amende honorable impressionnait les femmes d’Arendelle alors qu’il retrouvait une certaine complicité avec Mamie Anna. A l’autre bout de la table, Elysia se murait dans le silence, son verre d’Hydromel à la main dans lequel il trempait régulièrement les lèvres pour s’empêcher d’exploser. Mamie finit par le remarquer et lui jeta un regard sévère. Le Northuldra comprit le message et de mauvaise grâce accepta de remplir le verre de Runaerd alors que le roi proposait de porter un toast.


-Chère famille, c’est un honneur de vous trouver et partager ce précieux moment en votre compagnie. Mes petites filles qui font la fierté d’Arendelle ! A ma belle-fille, le plus merveilleux présent fait à notre bon royaume ! A Pieter, qui mieux que toi pour symboliser l’union de nos peuples, le Northuldra devenu soldat d’Arendelle ! A toi Lady Anna…
-C’est bon on a compris ! Coupa Elysia d’un ton sec.
-Hum… Et à vous aussi Elysia ! … Et merci pour cette visite d’avoir évité la violence à mon égard !
-Trop aimable… Bien… Oh mais vous avez vu l’heure ? Runaerd je suppose que vous devez être très occupé, sans doute comptez vous… nous quitter ? Espéra Elysia.
-Hum… Je…
-Pourquoi être si pressé ?... Vous attendiez tous des explications de ma part ? C’est une bonne chose que vous soyez ici Runaerd… après tout, cela vous concerne également…un peu


Tous les regards se tournèrent alors vers Emma. Chacun prit soudain conscience que la doyenne était restée étonemment discrète, mais Elysia la fusillait du regard.


-Pensez-vous madame que cela soit…
-Oui je le pense Roi Runaerd… Allez, suivez-moi, nous avons de vieux souvenirs à déterrer.


La doyenne sans plus de cérémonial se leva et quitta calmement la table, rapidement suivie par Anna et Elsa qui lui emboitèrent le pas au bras de celui qui faisait battre leur coeur. Avec dignité, Runaerd se leva à son tour.


-Lady Anna ?... Puis-je me permettre de t’accompagner ? Demanda l’ancien roi en offrant son bras à la matriarche.
-Euh… Si…Si vous insistez Runaerd. Hoqueta la matriarche alors qu’Elysia bouillait à voir sa femme partir au bras de l’Arendellien.
-Allons papa… Il est particulièrement poli ce roi Runaerd… Il a deviné que mon souhait était de suivre Emma au bras de mon cher père ! Souffla la douce voix d’Iduna alors qu’elle se frottait au bras de l’ancien habitant des Terres gelées.


Elysia lui sourit et se radoucit. Avec grand plaisir il prit le bras de sa fille qui l’espace d’un instant donnait l’impression d’être retombée en enfance alors que tous deux quittèrent la grande salle.
Après une longue marche, ils finirent par rejoindre le reste de la troupe, sagement assis dans le dôme des souvenirs d’Ahtohallan. Emma leur faisait face.


-Eh bien, vous avez pris votre temps ! Anna… Ne m’en veux pas surtout…
-Pourquoi ? Questionna la matriarche.
-Ton double a occupé son temps dans l’Helveg à raconter sa vie à ta famille… je suis désolé de devoir prendre ton rôle cette fois. S’amusa Emma
-Tu devrais tout nous raconter au lieu de patienter encore. Coupa Elsa impatiente.
-Très juste jeune esprit… Vous vouliez savoir pourquoi il ne faut jamais s’occuper des vivants… Voyez ce qu’il en coûte !


Emma lança immédiatement un souvenir et tous purent la voir, bien plus jeune, sur une terre qui ressemblait vaguement aux Terres gelées être en pleine dispute avec un autre jeune homme. Le souvenir n’était pas tout à fait calé mais la famille pouvait aisément deviner que la conversation était loin d’être sereine entre les protagonistes jusqu’à ce que finalement, Emma finisse par lever la main et frapper la joue de son contradicteur. Ce dernier n’esquiça pas un geste.


-… Je crains que nous ne nous soyons tout dit Emma… Lança-t-il froidement.
-Je ne veux plus jamais te revoir Pierre ! Hurla-t-elle avant de tourner les talons.
-… Nous sommes obligés de nous retrouver… C’est notre destin…
-Qu’importe ! Jamais plus je ne m’occuperai de Noël ! Tu m’entends ?! Jamais s’il faut que cela continue ainsi ! Adieu Pierre !
-Si c’est ton souhait. Soupira Pierre alors que les deux partirent dans des directions opposées, chacun les larmes aux yeux.


-Attends stop !
-Anna ! Tu ne vas pas commencer à interrompre sinon on n’aura jamais assez de l’éternité ! Souffla Elsa, agacée de voir sa cadette incapable de se concentrer plus de quelques instants.
-Non ça n’est pas ça Elsa mais il nous faut des explications ! Qui c’est lui ?! .. Est-ce que c’est bien LE Pierre ?...
-Oui… C’est bien lui ma petite… Pierre Sappos… Ton ancêtre Elysia !
-Ton frère ?!... C’est le père Noël ?! Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?! Répliqua la furie rousse.
-Anna… Calme-toi. Tempéra Iduna.
-Hum ?... Elle est toujours comme ça celle-là ? Comme son double en somme ! Chuchota Runaerd à l’attention de Mamie.
-…Adoptif ! Frère adoptif ! Corrigea Emma avant de poursuivre : Peu importe ce qu’il s’est passé… Nous avions déjà notre mission de Noël lui et moi et les esprits étaient déjà venus à moi pour que je devienne le cinquième
-Pourquoi vous disputiez-vous ?
-Oh… Quelle importance ! … Les conséquences en revanche en ont… Ce fut la dernière fois que nous vivions ensemble… Je suis partie m’installer loin, en Pays Northuldra, alors que lui est resté sur les Terres Gelées… J’ai fini par savoir qu’il avait cessé de vivre en ermite, il s’est marié et a eu un fils. Permettez ? Je ne pensais pas remonter si loin ! Je vais rapidement avancer les événements…


La doyenne s’exécuta et, de manière accélérée, la famille put apprécier certaines bribes. Emma arriva en pays Northuldra et fut accueilli par le chef et son fils. Tous reconnurent dans le jeune homme les traits de Viggo qui se chargea de l’installer. Les Picéaerds purent constater qu’Emma avait tenu sa promesse, personne pouvait imaginer une seule seconde qu’elle fut la mère fouettarde, jamais elle ne mentionnait même Noël. Les événements s’enchaînaient à toute vitesse, en quelques secondes, la famille put entrapercevoir la cérémonie de mariage entre Emma et le fils du chef puis voir le jeune couple, heureux, présenter à la tribu leur fille Anna puis dépités, à devoir dire adieu au chef Northuldra et voir Viggo prendre la suite. Les années passaient alors qu’Emma peu à peu s’imposait non seulement comme chamane, mais aussi cinquième esprit. La femme cherchait à initier sa fille mais, la famille le savait déjà, Anna Picéaerd première du nom n’était pas réceptive. Bien que ces événements passaient à une vitesse folle, Iduna ne put s’empêcher de sentir en elle une pointe de culpabilité vis-à-vis de sa mère, elle qui pouvait se montrer si capricieuse dès qu’il était question de chamanisme dans son enfance. Elle n’était pas la seule à se sentir mal et ce malaise grandit lorsqu’il fallut à nouveau affronter la tragique disparition de la fille d’Emma. Les souvenirs soudain se firent plus nets et les Picéaerds purent enfin s’imprégner pleinement de la vie d’Emma qui, en pleurs retrouvait le village Northuldra.


-Emma ? Qu’y a-t-il ?! S’écria soudain Viggo en remarquant le visage défait de son épouse.
-Anna… Elle… Viggo pardonne-moi… Tout est de la faute !
-Quoi Anna ? S’inquiéta le chef
-Elle… Elle est morte Viggo ! Hoqueta Emma avant de s’écrouler.


Ses jambes ne pouvaient plus la porter, dévastée par le chagrin. Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était allongée sur un lit avec des linges humides sur le front. Elle sentait sur sa peau une curieuse mixture dont elle perçut une forte odeur de sureau.


-Emma ?! Vous vous réveillez ? Vous vous sentez bien ?
-Quoi… Einhard ? C’est…C’est toi ?
-Chut… Calmez-vous Emma…
-Quel… Quel jour sommes nous ?
-Le premier jour suivant les saturnales… Vous nous avez fait peur vous savez ? Nous pensions que jamais vous n’alliez vous réveiller !
-Le premier… Noël… Souffla Emma.
-No… Quoi…
-Oh… Aucune importance, oubliez ça… Rumina Emma.


La vision d’Emma se fit quelque peu plus nette et put enfin distinguer les traits du visage de son gendre. Ses yeux rougis et ses cernes trahissait son état. Il avait passé des jours à la veiller et pleurer en silence la perte de son épouse. Peu à peu le cinquième esprit recouvrait ses esprits et se frotta le visage. La pate visqueuse collait à ses doigts alors qu’elle les portait à sa bouche, intriguée.


-Je ne ferai pas ça à votre place ! Avertit une femme.
-Quoi ?
-C’est un onguent aux baies de sureau et fleurs de pavot. Cela vous a aidé à dormir et calmé vos angoisses… Mais vous n’êtes sans doute pas sans le savoir, le sureau est un poison violent… Répondit la femme alors qu’elle palpait les membres engourdis d’Emma.
-Aïe…
-C’est très curieux… Vos muscles… Vos os… On dirait ceux d’un vieillard !... S’étonna la guerisseuse.
-C’est que je ne suis plus toute jeune Ingrid. Répondit le cinquième esprit avec un sourire forcé.
-Oh tout de même… pas à ce point… A sentir vos muscles on croirait que vous êtes centenaire ! … Voyez que c’est impossible… D’ailleurs quel âge avez-vous ?
-C’est impoli de demander ceci à une dame ! … De toute façon vous ne me croiriez pas !
-C’est médical !... Enfin, si vous ne l’assumez pas peu importe ! Coupa la femme en poursuivant ses soins.
-Ma sœur Ingrid s’est occupée de soigner vos maux… Expliqua Einhard.
-Oh ?... Merci Ingrid ! Décidément tous les membres de la famille Tarandus ont le cœur sur la main…
-Nattura ! Corrigea Ingrid.
-Plait-il ?
-Vous avez célébré mon mariage la semaine dernière ! L’avez-vous oublié ? Fit Ingrid en désignant une coupole incandescente au fond de la pièce.
-Oui pardon où avais-je la tête…
-Justement Emma… à propos des noms… J’ai à vous parler !... Voilà… Nous en avons discuté avec le chef…
-Quoi ?
-Nos filles… En souvenir d’Anna ! … Nous… Nous voulons qu’elles prennent le nom de Picéaerd
-Comment ?... Mais… Mais ça n’est pas… ton nom Einhard…
-C’est celui de mon épouse… M’autorisez-vous je vous en prie Emma à le porter en sa mémoire ?... Viggo est d’accord pour que dorénavant ce nom se passe par les femmes… il perdurera !
-Comment ?... Mais… Einhard, c’est le vôtre qui disparaîtra alors !
-Il ne disparaîtra pas… Les rennes font partie de la vie des Northuldra après tout… Je suis convaincu qu’ils suivront toujours notre famille quoi qu’il arrive… Je vous en prie Emma… C’est là… le plus beau présent que vous pourriez me faire… Jamais elle ne vous l’a avoué mais Anna… Anna a si souvent mentionné le nom Picéaerd… Vos rapports étaient compliqués mais… Elle vous admirait tellement…
-Faire un présent… à cette date ?! …


Emma avait parlé pour elle-même et leva les yeux vers la fenêtre où elle pouvait distinguer le clair de lune. Pour elle cela ne pouvait être un hasard ce réveil salvateur, ni même les mots employés par son gendre alors qu’elle serrait les dents, sentant son destin la ratrapper.

-Alors Emma ?!...
-Si… Si c’est si important pour vous… Alors qu’il en soit ainsi… Jeune Picéaerd ! Souffla Emma avant de s’endormir à nouveau.

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-Pardon mais… n’étais-tu pas censé nous expliquer… d’autres choses ?! Questionna Elsa.


Le reste de la famille observa surprise la reine des neiges alors qu’Emma interrompit le souvenir. Habituellement, c’était plutôt la cadette d’Arendelle qui pouvait éprouver des difficultés à se concentrer ni s’empêcher d’interrompre mais curieusement cette fois, Anna semblait captivée. La plus jeune sœur remarqua à peine sa mère réprimender Elsa pour son impolitesse avant qu’Emma ne la stoppe.


-Inutile ma chère… Il n’est nullement interdit de se questionner, c’est un signe d’intelligence au contraire ! Et tu as raison jeune esprit, je vous avais plutôt promis des informations sur le cinquième esprit… Mais, je n’ai pas le talent de ta grand-mère pour montrer les souvenirs je dois bien l’avouer… Je suis remonté bien plus loin que je ne l’aurai souhaité mais puisque ces souvenirs étaient là, je me suis dit que cela vous intéresserait peut être un peu… Après tout c’est la manière dont notre nom a perduré !
-Nous aurions pu nous nommer Tarandus… Réflechit mamie.
-Ironique n’est-ce pas ?... Pour la cuisinière de ragout que tu es. Fit Emma.
-Au final Einhard était un visionnaire… Les rennes ont toujours eu un rôle à jouer dans notre famille…
-Papa ! Ils ont causé ta mort ! S’offusqua Mamie.
-Non… Andréas la fait ! J’ai donné ma vie pour m’occuper de ces animaux… Si je regrette de n’avoir pu passer davantage de temps sur terre en compagnie de ma fille et ma petite fille… je ne regrette pas d’être parti par ces animaux qui font partie de moi… et de notre peuple ! Rétorqua papy Olaf ce qui plongea toute la famille en pleine reflexion.
-Au fait mémé… t’avais quel âge ? Intervînt soudain Anna.


Tous retrouvaient enfin la furie rousse, capable de changer de sujet en quelques secondes, alors que le visage d’Emma s’empourpra légèrement.


-A ce moment là ?... Eh bien, peu ou proue deux cents ans…
-Hahaha… Non serieusement mémé, tu avais quelle âge ? Insista Anna alors que tous demeuraient circonspects.
-A peu près deux cents ans…


Toute la famille se tût sous l’effet de la surprise ; Emma semblait on ne peut plus sérieuse avant de soupirer et prendre la main de sa jeune descendante.


-Quel esprit vif ma petite ! A faire attention à tous les plus petits détails ! Je te remercie de cette question, cela va me permettre d’avancer un peu plus vite les souvenirs… Donc oui je le confirme à nouveau, j’avais presque deux cents ans…Cent quatre vingt dix sept pour être exact… Tout ce que vous avez vu, c’est trois ans avant ma mort !
-Wow… Mais comment as-tu fait pour conserver ?... C’est un pouvoir chamanique ? Un présent des esprits ? Questionna Mamie.
-Jalouse ?
-Non… Répondit à la hate Mamie en se mordillant la lèvre, refusant d’avouer qu’elle était heureuse dans l’Hellheim d’avoir retrouvé sa jeunesse.
-J’étais la mère Noël… Pierre et moi avons acquis avec ce pouvoir… la jeunesse éternelle. Vous n’avez pas pu le percevoir lorsque j’ai avancé les souvenirs mais, à partir de cet instant, j’ai commencé à vieillir… et même, plus rapidement qu’un être humain normal… Je le masquais mais, j’avais des difficultés à me déplacer. Ingrid avait vu juste, si d’exterieur ça ne se voyait pas encore, mon corps en revanche se rappellait peu à peu de mon âge réel… C’est cette nuit là que je l’ai compris…
-Comment cela ? Demanda Elsa soudain interessée.
-Einhard qui me demande mon nom comme un cadeau… à cette date… A l’époque vous l’avez compris, les Northuldra ne connaissaient pas Noël mais davantage les saturnales… Notre influence avec Pierre s’étendait d’année en année mais nous ne touchions pas encore le monde, loin de là… D’ailleurs nous ne l’avons jamais fait.
-Attends quoi ?! Pourtant Noël est fêté partout ! Objecta Anna.
-Oui… Notre légende s’est propagée… Mais n’allons pas trop vite. J’ai compris que mon destin me ratrappait… J’avais renoncé à ma charge… et donc à ma jeunesse éternelle… A partir de là, ma vieillesse allait se révéler. J’ai donc une fois remise sur pieds quitté les Northudra pour vivre en ermite… et oui Anna, tu n’as rien inventé. Sourit Emma.
-Ca n’était pas gaité de cœur… Intervînt Anna.
-Moi non plus… J’ai utilisé le temps qui me restait à chercher les réponses sur le cinquième esprit…
-Et qu’as-tu trouvé ?
-Ma mort… Vous allez voir…


Alors que tous étaient estomaquée qu’Emma parle si naturellement de sa disparition elle relança le souvenir


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La rivière d’Ahtohallan coulait paisiblement dans son lit au milieu d’un paysage d’un blanc immaculé. Les terres gelées n’avaient jamais aussi bien portée leur nom qu’à l’aube de l’hiver alors que les fumées des feux revigorants des Northuldra du Nord s’élevaient dans le ciel. Légèrement en amont, Emma observait le village qui abritait jadis l’orphelinat où elle avait grandi en compagnie de Pierre. La première des Picéaerd avait grandement changé en trois années à peine. Ses cheveux étaient désormais blancs et son visage bardé de rides alors qu’elle se tenait voutée, appuyée à une canne branlante, l’âge l’avait rattrappé alors qu’elle fut prise d’une toux grasse. Epuisée par les longues années de vie, elle s’affaissa, ses forces l’abandonnaient. Elle avait consacré ses trois dernières années à chercher les réponses sur les esprits élementaires. Ils étaient devenus ses amis, leur pouvoir la fascinait mais désormais elle n’avait plus la force d’espérer un jour les apprendre pour elle. Soudain, la main secourable du géant de la terre l’aida à s’arracher du sol. La présence des esprits fit retrouver quelques forces à Emma. Elle paraissait se nourrir de leur essence, comme avait pu le faire Iduna après s’être sacrifiée pour ses filles et châtié Andréas. Emma finit par repérer la maison où vivait désormais la famille Sappos. L’esprit du vent la fit s’envoler jusqu’à la fenêtre et Emma put voir son ancien acolyte allongé sur son lit, aux portes de la mort. Le zéphyr souffla dans la maisonnée permettant de faire porter les voix jusqu’aux oreilles d’Emma. Les descendants Sappos prenaient le temps de dire au revoir à leur guide qui jamais n’avait abandonné sa mission. Emma n’en pouvait plus et d’un geste força le géant à s’en aller. Encore une fois, Pierre recevait l’amour mais pas elle. Elle qui avait tant apporté aux Northuldra par son savoir chamanique, elle qui avait apporté aux peuples du Nord les bienfaits de la nature grâce aux esprits et pourtant… Elle était déjà oubliée. Elle allait mourir et personne ne s’en souciait, quand Pierre lui partait apaisé, ses proches auprès de lui. Alors qu’il ferma les yeux une dernière fois, Emma préféra observer une autre maison. A l’interieur, un jeune garçon detestable, hurlant et rejetant les ordres de ses parents alors que l’enfant capricieux bouait devant le sapin décoré.
Emma eût alors un flash, elle se rendit soudain compte de la date… la nuit de Noël ! Ses forces l’abandonnaient ! Pierre lui venait d’embrasser la mort… à cette date ! Encore une fois le destin lui rappelait sa condition. Mais pire encore… ce garnement desagréable dans son attitude !


-Attends un peu toi !... Il est temps qu’on te rappelle le droit chemin ! … Mes amis ! J’aurai besoin de vous.


Emma n’eût pas besoin d’en dire plus que le géant finit par lui apporter quelques morceaux de charbon qu’Emma lança en l’air. Le vent se chargea du reste et le transporta à l’interieur de la maison pour remplir les chaussires de cet enfant turbulent.


-La mère fouettarde t’a à l’œil mon garçon ! Ne l’oublie pas ! … S’il te plaît ! Emmène-moi à la rivière. Finit-elle par souffler au géant.


L’être de Pierre s’executa et la déposa avec minutie sur les berges alors qu’Emma fixait la lune épuisée.


-Merci mes amis… Voilà que vous m’avez fait redevenir la mère fouettarde… Moi qui m’était juré de ne jamais le refaire !


Avec difficulté elle plongea ses mains dans l’eau froide, alors qu’elle fut soudain frappée d’une révélation.


-Pardonne-moi Anna pour cette promesse stupide promesse ! … Je suis la mère fouettarde ! Je l’ai toujours été ! J’aurai dû l’être avec toi aussi ! … Je t’aurai ainsi ramené dans le droit chemin avant qu’il ne soit trop tard !... J’aurai dû accepter mon pouvoir ! Accepter tous mes pouvoirs ! La nature aurait été mienne aussi… Et qui sait, peut être même aussi à toi !... Mais ce soir… Tout va disparaître…


Lentement, elle se retourna une dernière fois pour fixer le ciel. Au dessus d’elle, le géant apparût, sa main la frola telle une carresse. Aucun mot n’avait besoin d’être dit alors que le vent vînt lui aussi la chatouiller. Bruni aussi passa se blottir quelques instants contre le cœur épuisée de la vieillarde.


-Au revoir mes amis… A Noël…évidemment ! … Je suis prête !


Emma écarta les bras et l’eau d’Ahtohallan se mit à monter pour la faire glisser dans le lit aquatique. Le Nokk se matérialisa pour la bercer doucement et, une fois qu’Emma prit une dernière respiration et ferma les yeux, l’équidé l’emporta avec douceur dans les flots.


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-Et c’est tout ?! … ça finit comme ça ?! Mais tu ne nous as rien dit ! Gromella Anna.


Seul le silence répondit à la reine d’Arendelle alors qu’elle eut la surprise de voir sa sœur, sa mère et sa grand-mère s’être toutes prises la main, les yeux humides. Pour chacune d’elle, la fin d’Emma Picéaerd leur rappella des éléments de leur propre existence. La proximité avec les esprits pour Mamie, Iduna retrouvait sa nostalgie d’avoir été si longtemps séparée de sa famille alors que la quête de pouvoir et la solitude d’Emma résonnait en écho avec la condition de la reine des neiges.


-Sans vouloir vous manquer de respect, je suis d’avis de ma petite fille car en l’état… Je ne vois pas pourquoi vous souhaitiez que je reste. S’excusa Runaerd.
-Vous pouvez toujours partir maintenant ! Objecta Elysia.
-Très chère famille… Vous devriez pourtant le savoir vu l’endroit où nous sommes… La mort n’est pas la fin ! Loin de là !
-Tu es arrivée dans l’Hellheim ?
-Non ma petite… Je n’y étais pas
-Alors où ?
-Quand j’ai ouvert les yeux… Je me trouvais dans l’Helveg !... Pierre m’y attendait.
-Et que s’est-il passé alors ? Demanda la jeune rousse avide d’informations.
-Eh beh… Quelque soit la version, elle adore les histoires de ses ancêtres ?! Commenta Elysia amusé.
-Veux-tu le voir ma petite ? Questionna Emma sans faire attention.
-Et comment !


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Emma peinait à rassembler ses idées… Son dernier souvenir était elle qui flottait sur l’eau froide de la rivière d’Ahtohallan. Désormais, elle n’avait plus aucune douleur et, surprise, constatait que sa vieillesse avait disparue.


-C’est agréable n’est-ce pas ?... Quand tes genoux arrêtent de te rappeler les longues années passées ?
-Toi ! Sursauta Emma.
-Alors comme ça, nous avons disparu le même jour toi et moi… Quelle coïncidence ?! Siffla Pierre.
-Où sommes nous ?
-Tu ne devines pas ?... C’est toi la chamane pourtant ! … Bienvenue dans l’Helveg !


Pour toute réponse, Emma se mit à éclater de rire. Voir son vieil acolyte ne l’enchantait pas, mais se trouver en cet espace où les ames transitent l’amusait beaucoup.


-Tu as toujours utilisé beaucoup de termes pour me qualifier… Mais jamais je ne t’ai fait rire ! Aurais-je fait une blague ?!
-Oh oui Pierre tu en es une ! L’Helveg ! Ainsi le beau père Noël que tout le monde aime tant ! Qui a fait tant de bien et récolté les louanges du travail des autres aurait une affaire non réglée pour ne pas être monté directement dans l’Hellheim !
-Mais nous avons en effet une affaire non reglée toi et moi… Notre travail ne se finit jamais…
-Si mon vieux ! Le travail comme tu dis est terminé… Nous sommes morts ! Tu devrais d’ailleurs me remercier, c’est parce que j’ai tourné le dos à tout ceci que toi et moi avons fini par vieillir !
-C’est ce que tu crois Emma ! Nous pouvons retourner dans le monde des vivants quand nous le souhaitons !... Par la porte juste là !
-Si au lieu de forger ta légende de gentil gros tu t’étais interessé aux lois qui régissent l’univers tu saurais que cette porte ne peut être franchie qu’une seule fois… et dans un seul sens !
-Alors pourquoi l’ai-je ouverte ?


Sans un mot, Pierre passa la porte laissant Emma à sa solitude avant de revenir quelques temps plus tard.


-Co… Comment est-ce possible ?
-Toute mon existence je suis resté celui que je devais être… Et cette mission ne me quitte pas ! Je continue à veiller sur les enfants ! … Mais j’ai le choix… Je peux aussi… mourir !
-Quoi ?


Pierre ne dit pas un mot, ferma les yeux et un halo de lumière se matérialisa autour de lui, prêt à l’emporter dans l’Hellheim mais au dernier moment, ce dernier refusa puis adressa un sourire à sa camarade. Encouragée, Emma tenta à son tour. Elle se concentra tant qu’elle put, mais la lumière se refusa à elle.


-Tu as probablement raison Emma… Toi tu n’es peut être plus qu’une simple humaine… Dans ce cas, à toi de trouver quelle est ta mission non terminée…
-Laquelle ?! … De ne pas t’avoir assez détesté ?! Lança Emma qui ne souhaitait qu’une chose, être désagréable envers Pierre.
-Non je ne pense pas… plutôt de savoir qui tu es ?... Au fait, tu sais quel est le jour de notre mort… Alors regarde tes chaussures !


Pierre ne dit pas un mot de plus, la lumière apparut à nouveau et cette fois, il accepta de s’élever vers l’Hellheim. Intriguée, Emma se tourna et remarqua derrière elle une cheminée avec des chaussures qui attendaient. Avec prudence elle s’approcha puis y trouva à l’intérieur de la première chaussure un pendentif, marqué des symboles des esprits élémentaires avec en son centre, sa silhouette. Machinalement, la première Picéaerd passa le bijou autour de son cou puis fouilla la deuxième chaussure et perdit le sourire alors qu’elle sortit un morceau de charbon entouré d’un sucre d’orge.


-Il se moque de moi en plus cet idiot barbu à demi obèse ! Vociféra-t-elle en jetant ce second présent au loin.


Furieuse, elle s’empressa d’accéder à la porte de l’Helveg et tira sur la poignée. Elle usa de toutes ses forces pendant des heures mais rien à faire, la porte demeurait invariablement verrouillée. Epuisée, elle finit par abandonner et au hasard, observa la vie du monde des vivants depuis le dôme des souvenirs. Elle regardait le pays Northuldra pendant des années. Viggo finit par fermer les yeux lui aussi, mais le chef Northuldra ne vînt jamais dans l’Helveg laissant une fois encore Emma à sa solitude. Malgré tout, elle poursuivit son observation. Elle s’attardait sur sa petite fille qui avait bien grandi et se découvrait un modeste talent de chamane. Néanmoins, la première Picéaerd n’y trouva aucune satisfaction jusqu’à ce qu’elle finisse par sentir une main se poser sur son épaule.


-Pourquoi ne vas-tu pas la voir ?
-Pierre ?! Tu es encore ici ?! Je t’ai vu partir pour l’Hellheim il y a des années !
-Et aussi voyager dans les mondes à ma guise… Mais je ne t’ai jamais vu dans le monde des vivants…
-C’est ça moque toi de moi en plus !
-Puis-je te demander pourquoi n’es-tu jamais revenue ?
-Tu es donc encore plus stupide que gros ! Parce que cette maudite porte est fermée. Hurla Emma qui retrouvait sa volonté première d’être désagréable avec Pierre.
-Insulte moi si cela peut te faire du bien Emma… Je n’ai toujours souhaité que ton bonheur ! Fit Pierre en tendant à nouveau le présent jeté il y a des années.
-En m’ayant laissé avoir ce rôle ingrat ! Tonna-t-elle en faisant à nouveau tomber le charbon.
-Le rôle le plus important… Il requiert une grande sagesse… Tu l’as dit, c’est simple de donner de la joie aux enfants avec des cadeaux… Mais le plus beau de tous, c’est celui de leur apprendre à devenir meilleur… Ca n’est pas pour rien si c’est toi que la nature a choisi. Remarqua Pierre en désignant le collier qu’elle portait. Alors qui es-tu Emma ?
-Pas ce que tu crois ! Allez retourne donc coincer ton ventre énorme dans des cheminées !
-As-tu seulement…essayé ?... Pour une mère fouettarde, je trouve que la punition que tu t’imposes est bien longue et sévère… Pourtant cela fait partie de toi…n’est-ce pas ce qui fut ta dernière action sur terre ?!
-Ne m’appelle pas ainsi !
-… Pardonne-moi… Je suis comme toi, je préfère la mère Noël. Fit Pierre en désignant le sucre d’orge accroché au charbon.
-Quoi ?... Eh ?! Où vas-tu ?
-Suis-moi…tu verras ! Fit Pierre en passant la porte.
-Après plus de deux cents ans et même dans la mort il continue à me piler les nerfs ! Lança-t-elle troublée.


Emma plongea dans ses pensées puis se surprit à ne pas avoir jeté à nouveau le présent de Pierre. Elle soupira longuement puis s’approcha finalement de la porte de l’Helveg.


-Pfff…C’est ridicule ! Très bien… Je suis Emma Picéaerd. Je suis le cinquième esprit, la nature m’a choisie pour transmettre sa volonté et…je suis… Je suis la mère fouettarde !


Elle avait à peine prononcé les dernières paroles avant de poser une main tremblante sur la poignée qui n’opposa aucune résistance. Enfin elle était ouverte ! Elle se retourna et vit le halo de lumière illuminer d’l’Helveg, comme celui qui se matérialisait pour emporter Pierre dans l’Hellheim. Ainsi donc, elle aussi avait réussi… Elle aussi pouvait comme le premier Sappos aller et venir dans tous les mondes selon sa volonté. Tremblante, elle passa la porte et sentit soudain les élements de la nature la parcourir. Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, elle sentait son pouvoir d’esprit grandir alors qu’elle posait le pied auprès de la rivière d’Ahtohallan. Elle s’observa, elle avait retrouvé une forme parfaitement humaine.


-Eh bien… J’ai failli attendre. Tu m’accompagnes ? Comme au bon vieux temps ? Souffla Pierre.
-Quoi ?! … Parce que tu oses encore croire que je vais être ta faire valoir ?
-Je ne l’ai jamais vu ainsi… Mais partenaire !
-Jamais ! …
-Emma… Tu as une mission ! Implora Pierre.
-Eh bien remplis-là ! Tu fais le gros balourd sympathique, tu n’as qu’à prendre le manteau de la mère fouettarde ! Je n’en veux pas !
-… Il n’y a pas que ça… Emma ça n’est pas ta seule mission ici !


Sans un mot, Emma ne laissa pas à Pierre l’occasion de continuer et se laissa emporter par les esprits de la nature, laissant son plus vieil acolyte seul. Aidée par les esprits, Emma arpenta le monde sans qu’un lieu ne trouve grâce à ses yeux. Pourtant, à la fin de son voyage, elle arriva enfin auprès du village Northuldra et y vit sa petite fille méditer. La jeune femme devait apprendre par elle-même, son savoir chamanique était loin d’être parfait. Emma sourit, mais au dernier moment se retînt. La dernière fois qu’elle avait souhaité transmettre, c’était pour sa fille, avec les circonstances dramatiques qui en ont découlé et préféra renoncer. Sa petite fille releva la tête, sans doute avait-elle sentie sa présence mais déjà la première Picéaerd était loin, emportée par les vents vers la rivière d’Ahtohallan.
Emma regagna son domaine de l’Helveg. La curiosité la poussa à retourner observer les humains mais leurs préoccupations ne l’importait guère alors que les années passaient. Elle écoutait ceux qu’elle avait vu naître, devenus des vieillards narrer la légende de la première chamane Northuldra, la mystérieuse cinquième esprit. Par son absence, les anciens tentaient d’expliquer aux plus jeunes les raisons des caprices de la nature qui semblait peu à peu les abandonner… sans doute pour les rassurer, alors qu’Emma riait dans sa barbe.
Elle ne souhaitait pas en entendre davantage quand pour terminer les anciens narraient la légende du père Noël qui serait malgré tout toujours présents pour les protéger.


-Ah non mais ils se moquent de moi en plus… Encore lui qui récolte les lauriers ! Qu’ils se débrouillent ! Se dit-elle pour elle-même !


Emma sauta dans les mains du géant pour s’éloigner le plus loin possible, espérant ne jamais revoir les Northuldra. Mais alors qu’elle s’éloignait, une nouvelle colère de la nature se déclancha. Elles étaient de plus en plus fréquente ces dernières semaines, mais cette fois, le géant de la Terre semblait moins receptif à la volonté du cinquième esprit. Plus les jours passaient, à chaque visite d’Emma dans le monde des vivants, plus les colères de la nature s’intensifiaient et au contraire, l’influence d’Emma baissait au point qu’elle ne se sentait plus forcément en sécurité auprès des esprits. Lors de la dernière, elle se retrouva prisonnière su souffle du zéphyr et crut percevoir dans le sifflement de l’air, des reproches. La nature était en colère contre elle, et souhaitait lui faire comprendre avant finalement de la relacher lourdement au sol.


-Non ! … Il avait raison !... Pierre avait raison !...


Emma savait quoi faire. Humblement, elle s’agenouilla devant le géant.


-Acceptes-tu de m’accompagner… Pour que je puisse former mon successeur ? Et je le veillerai depuis le monde des morts. Fit-elle en baissant la tête.


Pour toute réponse, Emma sentit la main de l’être de pierre la soulever délicatement et commencer à se déplacer vers la tribu des Northuldra.


-Non pas là bas !... Ils n’en sont pas dignes ! Cherchons ailleurs ! Vociféra Emma


Curieusement le géant lui obéit et prit la direction du sud. Au bout de quelques heures, Emma arriva sur les bords d’un magnifique Fjord où une petite ville commençait à se construire. Pendant des jours elle observa ce cueirux peuple et leur chef, un certain Aren, qui était suivi comme son ombre par son fils presque adulte. Le roi était un homme éclairé, juste et humble. Il insistait auprès de son peuple pour que tout un chacun respecte les bienfaits de la nature.


-Lui il n’est pas mal…Qu’en pensez-vous ? Demanda Emma aux esprits proches d’elle qui, satisfaite de la réponse de la nature décida d’aller à la rencontre du roi.


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-Eh là ! C’est donc comme ça qu’Aren est devenu le cinquième esprit ?! Demanda soudain Anna.
-Je pensais que c’était la nature qui choisissait… Contesta Mamie.
-Ce fut une décision commune… Mais la nature a le dernier mot… Rectifia Emma.
-C’est tout de même toi qui a insisté
-Je te l’accorde, mais Aren s’est trouvé être quelqu’un de particulièrement doué, capable même de me remplacer…
-Donc c’était finalement une bonne chose de s’être interessée au monde des vivants. Constata Iduna.
-Non ma chère… Car tout ceci n’a fini qu’à aboutir à la guerre entre les Northuldra et les Arendelliens… Avec de graves conséquences… Je vous montre. Soupira Emma.


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Emma observait les troupes d’Aren se préparer. Elles marchaient depuis une journée vers le Nord et le bivouac non loin de la montagne du Nord était rude, mais la volonté du souverain et davantage encore celle du prince galvanisait ses troupes, soudain, alors qu’Emma s’éloignait, elle sentit une main se poser sur son épaule.


-Emma ! Tu dois arrêter cette folie ! Il faut que tu raisonnes le roi !
-Pierre ?! S’étonna Emma.
-Cette guerre peut détruire la nature !! Et nos peuples !
-Depuis quand t’interesses-tu à cela toi ?... Tu n’as pas une tournée à faire pour t’empifrer de gateaux et lait chaud que des marmots trop gatés auront laissé pour toi au pied d’un sapin ? Ou enfin décides-tu à faire un régime ?!
-Emma je suis sérieux ?! … La destinée de nos peuples est en jeu !
-Je ne m’interesse pas à eux !... Je n’obéis qu’à la nature ! Cette guerre est une volonté des hommes… Je ne suis là que pour veiller sur le cinquième esprit… Mais il a la mission également de protéger son royaume… Je n’ai pas à m’y opposer !
-Mais le peuple de la nature… celui qui vit en communion avec, c’est le peuple Northuldra ! Pas celui d’Arendelle !
-La nature a choisi Aren ! Tu oses remettre en cause cela ?! Occupe-toi de tes affaires Pierre ! Laisse la gestion de la nature à ceux qui savent ! Et les querelles humaines…aux humains !
-Même si cela doit nous opposer ?
-Laisse-moi Pierre ! Retourne jouer avec tes rennes ! Fulmina Emma.
-S’il le faut… J’espère que tu prendras conscience avant qu’il ne soit trop tard !


Emma préféra l’ignorer. Trois jours plus tard, auprès du roi, elle observait les troupes Arendelliennes, attaquer les Northuldra. Le combat s’engageait bien pour l’armée d’Aren quand soudain, le roi fulmina.


-Non !! Regarde mon fils ! Les troupes d’Arnevik !
-Quelles troupes ? Que vient faire Arnevik ? !
-Leurs cavaliers nous attaquent !


Aren était fou de rage alors qu’il voyait l’armée d’Arnevik prendre à revers ses forces, mais le plus furieux était probablement son fils qui, s’en attendre, s’empressa d’aller regagner le champ de bataille. Aren le suivit, talonné par Emma qui craignait de perdre son disciple. L’approche du roi et son fils stoppèrent le combat entre les troupes d’Arendelle et celles d’Arnevik, après tout, elles faisaient partie du même royaume. Le chaos permis aux Northuldra, dépassés en nombre et en armes à battre en retraite dans l’incompréhension générale. Le calme revenu, Aren observa furieux les force d’Arnevik.


-De quel droit osez-vous vous retourner contre votre roi ?! C’est de la haute trahison !
-Et la haute trahison est punie de mort ! Vociféra le prince enhardi par la supériorité numérique des forces royales par rapport à celles d’Arnevik.
-Silence fils ! Bien que le prince ait raison, je souhaite me montrer magnanime ! Ployez le genou immédiatement ! Que l’officier de commandement se dénonce et en ce cas, seule sa mort suffira à punir cette trahison
-Penses-tu qu’aider son roi à recouvrer la raison soit une trahison mon frère ?!


Emma fut estomaquée par la situation au même titre que le souverain mais probablement pas pour les mêmes raisons. Aux côtés d’Arnved, elle reconnu la corpulente silhouette de Pierre Sappos. Ainsi donc il avait décidé de prendre part à ce conflit. La scène s’accéléra quelque peu alors qu’Emma semblait déconnectée de la conversation entre les deux frères puis, elle vit son disciple dégainner Révolute. Les soldats des deux camps mirent la main à l’arme, sentant le bain de sang fratricide approcher mais finalement, le souverain la déposa au sol et à la place tendit sa main désarmée vers son jeune frère qui l’accepta avec un sourire.


-Mon frère ! … On ne t’appelle pas le Juste pour rien !
-Je serai toujours fidèle à mon roi et le servirai quoi qu’il en coûte… même si pour cela je dois me placer au devant de son épée. Reprit le cadet


Arnved arborait un grand sourire, partagé par Pierre, soulagé de voir la guerre être évitée de justesse avec cette poignée de main fraternelle lorsqu’Aren tomba à genoux dans les bras de son frère. Crachant du sang sur l’armure immaculée du maître d’Arnevik, le roi d’Arendelle ne put prononcer un seul mot avant de tomber, mort, Révolute plantée dans le dos. Le temps semblait s’être arrêté quand horrifiés, tous virent le prince se saisir de l’arme ayant tué son père avec un regard fou.


-Faible ! Je vais faire ce que tu es incapable de faire ! Détruire les Northuldra, devenir le maître de la nature… Et je vais commencer par toi avant cela !!


Tout se passa si vite. Le fils d’Aren levait déjà son arme devant son oncle prit par surprise mais alors qu’il portait le coup fatal un cri se fit entendre le temps d’un clignement d’Arnved. Stupéfait, il remarqua alors que Pierre s’était placé au devant de lui, se trouvant transpercé par l’épée des rois. Personne n’avait esquissé le moindre geste alors que Pierre Sappos s’effondrait sur le corps sans vie Aren, lui aussi venait de quitter ce monde.
Aussitôt, la nature se réveilla, furieuse d’un tel gachis, elle se retourna contre les deux armées ciblant principalement le prince cupide qui reçut une fin comparable à celle, des siècles plus tard d’Andréas. Bien qu’ayant puni l’assassin, la nature ne décoléra pas alors qu’Emma au milieu du chaos parvînt à atteindre le corps sans vie de Pierre Sappos. Elle entonna alors quatre notes et le vent l’éleva de la mêlée, elle et son vieil acolyte. La fureur de la nature s’atténua alors qu’Arnved se tenait sur un rocher, Révolute souillée du sang de son frère et de Pierre en main, appellant les troupes au calme. Comme un seul homme, les soldats s’arrêtèrent et s’agenouillèrent, ils avaient face à eux le porteur de l’épée des rois mais Emma n’entendit rien, elle était emporté au loin jusqu’à la rivière d’Ahtohallan.
Lorsqu’elle se releva sur la berge, Emma poussa lentement Pierre jusqu’au lit calme de la rivière magique. Les mains souillée de sang, Emma les plongea dans l’eau froide alors que son ami aquatique apparu.


-Jamais plus ! Tu m’as bien comprise ?! Fermons ce lieu ! Lança-t-elle le regard noir.


Le Nokk semblât comprendre et replongea dans les eaux d’Ahtohallan. Malgré la froideur de l’eau, Emma accompagna Pierre et ferma les yeux alors qu’elle sentait autour d’elle la température encore diminuer. La première Picéaerd resta ainsi prostrée, sans un seul mouvement, elle n’ouvrit pas les yeux pendant trois longs jours, ses pensées focalisées sur un seul objectif. A la fin du troisième jour, épuisée, elle finit par ouvrir les yeux et fut stupéfaite du prodige. Elle se trouvait au milieu d’un immense glacier. Seule un mince trou d’eau, vestige de la rivière liquide demeurait encore. Rassemblant ses dernières forces, elle y poussa Pierre qui s’enfonça dans les eaux glaciales alors qu’une couche de glace se forma, fermant à jamais la dernière demeure du premier Sappos.
Epuisée, Emma contempla son œuvre grandiose. Elle finit par y trouver un escalier et, après une longue marche, arriva enfin au sommet du glacier. Il était immense et dominait la mer sombre de plusieurs dizaines de mètres. De l’autre côté à l’intérieur des terres, une muraille semblable, interdisant l’accès aux habitants des terres gelées… Emma voulut se hisser, mais elle sentait qu’une force invisible la retenait. Après plusieurs tentatives, elle renonça et redescendit dans les entrailles du glacier. Elle trouva alors la porte vers l’Helveg. Fatiguée du monde des vivants elle l’emprunta et retrouva l’Helveg, avec en son centre, la lumière de l’Hellheim qui l’attendait.
Elle soupira puis fut piquée par la curiosité… la guerre avait-elle continué où Arnved avait-il pu réconcilier tous les clans ? Emma brûlait de savoir et tourna la poignée mais cette fois… la porte resta malgré toutes ses tentatives, désespérément close.
Après des heures de lutte, elle s’avoua vaincue et trouva non loin d’elle, le présent de pierre, ce morceau de charbon et son sucre d’orge, il était là, posé, où avait définitivement disparu le corps de Pierre. Emma voulut s’en saisir pour le jeter le plus loin possible, mais alors qu’elle le prit en main, une voix sourde se fit entendre dans sa tête et une force invisible la projeta au sol. Des souvenirs figés se matérialisait, la montrant pendant des années à assurer en compagnie de Pierre sa mission de Noël.
Epuisée, elle relâcha le charbon paniquée… Dorénavant, elle ne pourrait se rendre dans le monde des vivants que pour Noël, afin de remplir la mission qui jadis lui avait été confiée…

Chapitre 8 : Nuit d’ivresse.



Un silence de mort était retombé alors que les souvenirs d’Emma s’étaient évaporés. La doyenne avait relevé la tête mais personne ne put réagir. De toutes les réactions possibles, Emma ne s’attendait pas à ça. Curieusement, Runaerd s’était levé dignement le regard froid. Lui le souverain qui toujours avait craint la magie, voir un tel gâchis, ses lointains ancêtres s’entre-déchirer avec dans chaque camp des êtres doués de grands pouvoirs paraissait trop pour l’ancien souverain. Sans un mot, il quitta les lieux mais le plus curieux fut à venir.


-Roi Runaerd ! Attendez-moi je vous accompagne.


Elysia à son tour s’était levé, lui qui ne supportait pas la présence du roi Runaerd était finalement le premier à souhaiter l’accompagner et quitter les lieux, marqué au plus profond de sa chair par la disparition du fondateur de sa famille. Rapidement, les autres membres de la famille quittèrent également Ahtohallan, laissant Emma seule mais ne purent retrouver le Northuldra et l’Arendellien qui s’étaient retranché dans la taverne d’Arnevik que l’Hellheim avait créé pour eux.


-C’est vous qui avez choisi le lieu ?
-J’allais vous poser la question Elysia…
-Je n’aurai pas pensé revenir ici…
-Moi non plus… L’Hellheim l’a peut être choisi pour nous car ce fut un des seuls où nous avons eu nous côtoyer sans que vous ne soyez hostile à mon égard…
-Ah mais vous n’allez pas commencer ! … Jamais je n’aurai pensé prononcer cette phrase un jour mais… Je regrette la compagnie de votre rejeton par rapport à vous !
-Allons Elysia ! ... C’est vous qui souhaitiez me suivre après tout…
-Certes ! Bien, puisque nous sommes là…Je vous sers ?!


Le Northuldra avait fouillé dans les placards du bar miteux de la taverne et trouvé deux verres et quelques bouteilles anciennes.


-Comment saviez-vous ?...
-J’ai travaillé dans ce bar miteux je vous rappelle ! L’Hellheim est un endroit curieux n’est-il pas ! Ces bouteilles ! Elles ressemblent à celles que je cachais plutôt que le tord-boyau infâme qu’il fallait servir aux gibiers de potence qui arpentaient ces lieux…
-Alors nous pouvons les déguster en paix… Santé Elysia ! A la mémoire des nôtres tombés sous les coups de Révolute !
-Je n’ai pas pour habitude de vous approuver mais… Voilà qui est parlé ! A Pierre Sappos !
-A Aren le Grand !


Les verres tintèrent et Elysia en même temps que Runaerd vidèrent le leur, réprimant chacun une grimace lorsque la brulure de l’alcool ne leur enflamme la gorge.


-Vous savez… Je ne regrette pas ce verre avec vous… Quel gâchis cette histoire n’est-ce pas ?
-Ne m’en parlez pas… Cette maudite magie du cinquième esprit… mais apparemment pas la seule ! Votre famille aussi en avait visiblement ! Encore une fois cela nous force à nous entre-tuer ! Comme à chaque conflit entre nos peuples !
-Quoi ?... Vous vous égarez Runaerd ! Fit Elysia en remplissant à nouveau les verres.
-Vous croyez ?! Vous avez vu la nature devenir folle dans les souvenirs d’Emma… De la même manière que lors mon propre trépas ! La magie est un poison ! Se renfrogna Runaerd en vidant son verre.
-Quand on en fait mauvais usage oui… Comme pour ceci ! Répliqua Elysia en vidant à son tour le sien et les remplissant à nouveau.
-Taisez-vous donc ! Je croirai entendre cette maudite Rita !... Ah oui, vous ne connaissiez pas ma femme… Vous pourriez pourtant plus me comprendre à avoir un faible pour la vôtre si vous aviez côtoyé cette harpie !
-Ne parlez pas d’Anna ! Grogna Elysia qui but cul-sec son verre furieux.
-Pardonnez-moi, c’était mal venu… Je vous en offre un autre ! Mais en même temps… Osez me dire que vous ne pouvez me comprendre d’avoir mon cœur qui bat pour une femme aussi exceptionnelle qu’Anna Picéaerd !
-Votre cœur ne bat plus ici Runaerd !
-Très juste… mais vous ne le savez que trop bien, l’amour ne meurt jamais… Fit le souverain en se servant à son tour.
-Mais dans le fond… Allez-y ! Pourquoi est-ce que vous l’aimez tant… Qu’est-ce qui vous fait fondre chez elle ?
-Vous êtes sûr de vous ?... Si je réponds vous voudrez encore me faire la peau mon ami !
-Vous n’aurez qu’à m’offrir un verre en compensation !
-Proposition alléchante mais hélas… Je crains que nous n’ayons déjà terminé la bouteille… Remarqua Runaerd.
-Pas celle-ci !


Elysia avait à nouveau fouillé dans les placards miteux et en ressorti un nouveau spiritueux, plus ancien encore. Runaerd hésita un instant face à la forte odeur mais, avec le regard insistant de son acolyte, se décida une nouvelle fois à remplir les verres et tous deux trinquèrent à nouveau.


-Alors ?... Pourquoi aimez-vous ma Anna d’amour ?
-Très bien, vous avez gagné Elysia… Dès que je l’ai vu la première fois, elle sortait de l’adolescence et promise à Amarok… J’ai vu sa chevelure de feu, son visage, ses yeux menthe à l’eau, elle était la plus belle femme qui m’avait été donné de rencontrer jusqu’à présent ! Moi qui avais été dégouté de la présence féminine par mon rang… Comprenez, dès mes douze ans, on m’a forcé à des rendez-vous arrangés avec des princesses royales, pour la plupart sans esprit mais bouffi d’orgueil. Obligé de me montrer agréable envers ces jeunes femmes de bonne famille pour qui je n’avais aucune affection et pire encore de leur part qui ne voyait qu’un titre mais qui au plus profond de leur âme me méprisait. Ce fut le cas pour Rita… De toutes les prétendantes, ce fut probablement celle que Je détestais le moins. La seule avec un peu d’esprit… Mais elle en revanche… Je la répugnais !... Ce qui n’était pas le cas de mon titre et mes parents eux voyait la puissance financière de sa famille… Nous n’eûmes que trois rendez-vous qui furent chacun un supplice avant que nos fiançailles ne soient annoncées, à notre grand désespoir ! Alors quand des années plus tard, j’ai vu Anna… sa beauté, son esprit, mais aussi cette curieuse lumière dans son œil…
-Quoi ? Quelle lumière ? … Je connais les yeux de ma femme mieux que personne, de quoi parlez-vous.
-Non, je ne pense pas que cela puisse se voir… non elle se ressent ! Dans son regard, je la sentais prisonnière… J’ai vite compris de quoi. Ce mariage futur avec Amarok ne la rendait pas heureuse… Vous êtes bien placé pour le savoir
-A qui le dîtes-vous ! Fit Elysia en vidant son verre imité par Runaerd.
-Nous étions pareils elle et moi… deux êtres, obligés à ne pouvoir choisir l’amour… Pourquoi croyez-vous que j’aie accepté de vous protéger ?! … Elle pouvait avoir avec vous l’amour véritable, celui qui s’est refusé à moi !
-Protégé… Vous y allez fort ! C’est Pieter qui s’est chargé de vous convaincre…
-Parce que vous pensez qu’un simple soldat aurait eu les moyens financiers, le temps et la logistique pour vous cacher si personne, avec plus d’influence que lui ne venait à son secours ? … Pieter m’a tout avoué après qu’il fut arrêté en train de tenter de dérober quelque argent dans le trésor royal à votre attention… En tant que soldat étranger, cela aurait pu être interprété pour une trahison il aurait pu être fouetté et pendu pour ce crime !... Je l’ai fait libérer prétextant lui avoir confié l’argent…. Je lui ai donné les moyens de réussir…
-Vous ?... Vous avez fait ça pour moi ? Je pensais que… Que votre promesse de me protéger faîte à Anna lors de mon départ n’était que vaines paroles ! Demanda Elysia en servant à nouveau son compère de boisson.
-Pas pour vous… Pour elle ! Je sais qu’Anna aurait remué ciel et terre pour protéger celui qu’elle aime… C’est cette grandeur d’âme qui me touche au plus profond. Alors j’ai agi comme elle l’aurait sans doute fait à ma place… Quand je l’ai vue, sur le point d’accoucher venir jusque dans mes appartements, au péril de sa vie pour vous trouver… J’ai su que jamais elle ne pourrait être mienne… Oh je le savais déjà avant, c’était là une preuve supplémentaire… Qui me rendait encore davantage amoureux d’elle ! D’autant qu’elle voyait en moi, non pas le roi… mais bien l’être humain ! Elle fut la seule à me voir ainsi ! Alors… je me suis juré de toujours l’aider… même si je ne pourrai être avec elle ! … Vous pouvez vous moquer Elysia ! C’est certain que lorsqu’on me voit, le roi martial ce côté fleur bleu peut prêter à sourire…
-Absolument pas Runaerd !... Car c’est la même chose pour moi. Anna a quelque chose d’unique et je ne parle pas que de sa chevelure…
-Ah ces cheveux de feu… Quel délice en effet ! Remarqua l’ancien monarque avec envie sans que pour une fois Elysia ne serre les poings.
-Mais si Anna est magnifique, elle est encore plus belle à l’intérieur…
-Ca je ne peux pas vous dire… Je n’ai jamais visité…
-J’espère bien… Rétorqua Elysia qui remplissait à nouveau les verres, sentant que les spiritueux commençaient déjà leur effet de désinhibition sur Runaerd
-Non mais … Pas comme ça vous savez ce que je veux dire !... Enfin… ça marche aussi vous me direz mais non… Je suis… Je suis un gentilhomme et jamais… Jamais je ne me permettrai…avec une femme mariée !... Une femme mariée à un homme avec qui… Je trinque ! Santé ! Fit Runaerd d’un geste bien moins assuré, renversant une partie du précieux liquide.
-Eh bien Runaerd… Vous êtes en train de rendre les armes face aux assauts d’Arnevik on dirait !!
-C’est… C’est possible…. Alors continuons sur cette voie ! Et parlez-moi d’elle !
-Runaerd… Nous… Nous avons probablement déjà assez…
-Tant mieux ! Si ça peut nous faire oublier ce massacre causé par la magie ! La magie !... C’est la cause de tous nos maux ! … Vous savez !... Anna je l’adore !... Si vous n’étiez pas là… Je vous jure… J’aurai répudié ma femme et aurait fait d’elle la reine d’Arendelle ! Parole !
-Je ne sais pas si j’ai vraiment envie d’entendre cette hypothèse… Fit Elysia qui vidait un nouveau verre et semblait mieux tenir le choc que le roi.
-Non mais… Je vous ai dit… Je ne touche pas à son honneur… Bon sauf la fois où je lui ai volé un baiser… Mais t’énerves pas mon copain, elle m’a giflé en contrepartie donc rien de grave…
-Runaerd… Et si nous arrêtions ici les consommations… N’allez pas commencer à regretter vos paroles…


Avec prudence, Elysia éloignait les verres et les deux bouteilles déjà vides. Lui aussi sentait que l’alcool commençait à lui embrumer l’esprit mais bien moins que le roi Runaerd. Son expérience de quelques mois derrière le bar d’Arnevik, à gérer les gibiers de potence ivre mort avait donné au Northuldra une certaine résistance. Bien que rentré en pays Northuldra, jusqu’à sa mort prématurée, il n’avait plus touché à l’alcool, son organisme résistait incroyablement bien.


-Non fais pas ça copain ! Et de toute façon… Avec Anna ça n’aurait pas marché… A cause de sa magie ! La magie c’est un poison ! Hurla Runaerd en reprenant son verre pour le vider d’un trait et se saisir de la bouteille.
-Non… Ca en revanche c’en est un !
-Fais pas ton rabat joie ! Je t’admire mon copain… Comment tu as pu accepter de vivre malgré sa dangerosité… Enfin on parle d’Anna, elle est extraordinaire, mais à mon grand regret dangereuse !...
-Anna n’a pas de pouvoirs !
-Si elle en a… Comme tous ceux de ton peuple non ?! … Tu sais je m’en souviens quand enfant les Northuldra ont incendié Arendelle !... J’ai dû fuir pour ma vie !
-Cette bataille… La nature n’y a joué aucun rôle ! Personne ne contrôle ces pouvoirs ! Et certainement pas Anna ! Finalement je crois que je vous préfère quand vous lui tournez autour plutôt qu’à l’insulter de la sorte ! Fit Elysia sévère, se servant un nouveau verre pour se calmer.
-Jamais je ne l’insulterai ! Pour moi, elle est la perfection incarnée ! Je ne t’en veux pas… On est dans le même camp toi et moi… A cause de toute cette magie toi aussi tu as perdu ton ancêtre !
-Non Runaerd… C’est la faiblesse humaine qui l’a causé !
-…A cause de la magie ! Ne dis pas le contraire ! … Cette raclure qui les as assassinés que voulait-il ?... La magie ! Rien d’autre ! Vociféra Runaerd.
-Ca n’est pas de la magie…
-Joue pas sur les mots ! … Pouvoir des esprits… Si ça t’amuse de le nommer ainsi… C’est quand même ça qui a causé leur mort !


Le Northuldra ne trouva rien à redire et sentit ses yeux s’humidifier. Lui aussi était parti le cœur serré d’Ahtohallan et, même s’il refusait de l’avouer à Runaerd, il n’avait pu s’empêcher d’avoir cette pensée lui traverser l’esprit. Il s’en était immédiatement voulu et avait l’impression de trahir Mamie Anna mais aussi, il comprenait la détresse de Runaerd. Curieusement, il n’avait plus aucune jalousie envers l’ancien souverain ni animosité, au contraire, il souhaitait presque être son ami. Afin de se donner du courage, avec l’expertise de celui qui avait été derrière le bar durant quelques mois, il se chargea à nouveau de remplir les verres qui, il le savait avait été bien trop utilisé pour une seule soirée mais qu’importe, ils en avaient besoin l’un comme l’autre.


-Tu vois toute cette magie… ou pouvoir de la nature ou chamanisme, appelle-le comme tu veux si ça t’amuse… c’est une vraie malédiction… Ronchonna Runaerd.
-Allons ne dîtes pas ça Runaerd… C’est l’alcool qui parle ! Pas vous…
-Crois-tu ? Ca n’a causé que du malheur !
-Runaerd ! Aimez-vous ma femme… L’aimez-vous vraiment ! Se fâcha Elysia.
-Bien sûr ! … Peut-être même plus que toi !
-Ca j’en doute ! … Si c’était le cas, vous aimeriez ce pouvoir que vous dénigrez ! Anna est la plus grande chamane Northuldra depuis probablement Emma ! Elle est le cinquième esprit et la mère de la plus puissante d’entre elles qui est d’ailleurs votre belle-fille !... Elle est la grand-mère d’une merveilleuse jeune femme dotée des pouvoirs de l’hiver !... Alors si vous aimez ma femme. Soyez en digne ! Méritez-la Runaerd !
-Et si je l’accepte, tu me la laisserais ? Fit Runaerd avec un sourire en levant son verre à moitié vide.
-Doucement Runaerd… Je n’ai pas encore assez bu pour ça ! Siffla Elysia en trinquant à nouveau.
-Il fallait bien que j’essaie… Allez copain ! Un dernier ! A la santé de cette merveilleuse Lady Anna qui fait battre nos cœurs !
-… Nous sommes morts…
-Oh fais pas ton rabat-joie ! Tu l’aimes, je l’aime… Ca doit nous rapprocher copain ! Buvons à Lady Anna ! … A Lady Iduna aussi, la plus grandiose de toutes les belles filles !
-… Soit ! Le dernier Runaerd dans ce cas ! Soupira Elysia qui souhaitait malgré tout se montrer agréable avec Runaerd !
-Non ! Encore un toast !
-Non Runaerd c’est assez !
-Si ! Un dernier… Pour Elsa !
-Pour Elsa ?... Pourquoi Elsa ?!
-Parce qu’elle est comme les autres ! C’est une sorcière aussi !
-Quoi ?!


La voix d’Elsa avait raisonné dans toute la taverne alors que les regards éméchés d’Elysia et Runaerd se tournèrent vers la reine des neiges furieuse et profondément blessée. Elle avait dû subir de terribles mots à l’encontre de son pouvoir, jamais encore celui de sorcière. D’un pas décidé, elle rejoignit les deux soiffards suivie comme son ombre par sa cadette qui tentait de la raisonner.


-J’avais pourtant dit Runaerd que c’était le verre de trop… Souffla maladroitement Elysia avec un rire gêné.
-Ne te mêles pas de ça papy ! Hurla Elsa en lui arrachant la bouteille des mains…
-Doucement… Elsa que comptes-tu faire ?
-Comme vous ! … Il vaut mieux que je repense aux propos de grand père Runaerd après quelques verres !


Le regard d’Elsa jeta des éclairs à l’attention de son grand père paternel alors qu’elle se servit un grand verre qu’elle vida d’une traite avant de recommencer.


-Eh ! Elsa doucement ! Je sais que tu aimes l’hydromel mais quand même…
-Pas de commentaire Anna…
-Bah si… Au moins partages avec ta petite sœur adorée. Plaida Anna avec des yeux de biche.
-Approche donc… je peux faire ça pour toi ! Fit Elysia qui retrouvait ses reflexes de serveur de tripot alors qu’Elsa enchaînait les verres.
-Euh… Tu devrais peut être calmer l’allure… Tempéra Runaerd.
-Vous devriez appliquer votre conseil à vous aussi Runaerd !
-Alors là bon courage pour lui faire entendre raison... Quant il s’agit d’hydromel, Elsa est une machine ! Pouffa Anna en vidant son verre.
-… Et je n’ai aucun conseil à recevoir de la part de quelqu’un qui me voit comme une sorcière !
-Ouche… ça va être compliqué pour toi grand père ! Bon courage ! Pouffa Anna avant de retourner à son breuvage.


Elysia cherchait à tempérer la colère de sa petite fille et malgré sa réticence à servir à nouveau Runaerd et lui-même au vu de leur grande consommation, il estimait qu’un verre partagé avec ses petites filles pourrait calmer les tensions naissantes entre la reine des neiges et son grand-père paternel. Les deux sœurs ne se firent pas prier pour rejoindre les deux grands pères avinés et récupérer leur retard alors qu’une nouvelle bouteille d’hydromel fut vidée plus vite encore qu’une assiette de ragout de mamie Anna.


-Allez Elsa… Profite donc, ça n’est pas tous les jours que tu as l’occasion de partager une cuvée spéciale avec tes deux grands pères et ta cadette ! Se risqua le Northuldra alors qu’il voyait un sourire se dessiner sur le visage de la reine des neiges malgré un regard toujours glacial à l’attention de Runaerd.
-Je préférerai le partager avec des personnes qui ne me voient pas comme une menace !
-Eh ! Moi je te vois comme une menace… Je partage mon trône avec toi… Enfin, à moins que ça soit moi la menace pour toi… C’était toi au départ la seule reine ! Rit Anna qui avait déjà le rouge aux joues d’avoir consommé trop rapidement son verre.
-Alors toi la furie rousse à qui on pardonne tout, tu n’interviens pas ! … Je n’ai déjà trop rien dit quand tu m’as traité de monstre ou quand tu as dit que je n’avais pas d’enfant ! Alors retourne jouer avec ton dadet des montagnes… Et laisse-moi régler son compte à papy gros nez !
-Hihihi ! C’est vrai qu’il a un gros nez !... On sait de qui tient papa… Heureusement qu’on ne lui ressemble pas ! Gloussa la jeune rousse en vidant son verre.
-Ca c’est vrai mes petites filles ! Heureusement vous avez pris du côté Northuldra ! S’amusa Elysia
-Ah mais… Tu pensais me vexer mon copain ? Non je suis entièrement d’accord avec toi… Agnarr est plutôt vilain… Il a pris de sa mère… Une sacré harpie votre mamie… L’opposé de Lady Anna ! … D’ailleurs ma petite Anna ! C’est bien toi la plus belle des deux. Absolument parfaite en tout point avec ces merveilleux cheveux ! Le portrait craché de la plus belle femme de tous les temps … Toi Elsa bah pas de chance, tu as pris de celui là qui sent le renne mal léché ! Heureusement pour toi, tu as quelques gênes de ta grand-mère … Ne te vexe pas surtout t’es pas vilaine comme ton père ma grande !
-Mais qu’est-ce que vous faîtes ici ?!


Elsa, offusquée aurait voulu répondre à son grand père fortement alcoolisé mais, à l’instar de ses compagnons de boisson, elle sursauta et tourna les yeux vers l’entrée de la taverne. Seul, et stupéfait, Pieter les dévisageait tous un par un. Pour la première fois, Runaerd baissait les yeux, la mine coupable face à son ancien soldat alors qu’il avançait vers le comptoir tenu de manière experte par Elysia.


-Je répète ? Qu’est-ce que vous faîtes tous là ?! … ça fait des heures qu’on vous cherche partout ! Anna est avec Iduna, elle fouille les environs d’Ahtohallan… Kristoff et Ryder eux arpentent le château… Et vous étiez tous dans cette gargote pour… Non ! Et ça qu’est-ce que c’est ?
-Eh bien ça se voit Pieter… Des bouteilles d’hydromel cuvée spéciale… S’amusa Elysia.


Tous accompagnèrent le Northuldra dans un fou rire en dévisageant Pieter médusé.


-Vous avez… Non mais vous vous rendez compte ?! … Des bouteilles pareilles ! … Attendez de voir Anna arriver !
-Oh ! Mamie va râler… Car il n’en reste plus une goutte ! Fanfaronna Anna en désignant la bouteille vide.
-Quoi ?!
-Anna a raison grand tonton… plus rien à part cette dernière goutte dans mon verre et… Oups… Ah… Eh bien je crois que ma robe avait soif elle aussi. Claironna Elsa qui venait de se renverser l’hydromel sur la tenue.
-Et vous ne m’en avez même pas gardé ?! Une cuvée spéciale mais vous vous moquez de moi ?! … Elysia ?! Regarde dans ton bar… Trouve en une autre !
-Je… Non désolé Pieter… Il n’y a plus rien… Enfin
-Quoi enfin…
-Eh bien… Il reste toujours le bizarre !


D’un geste tremblant qui trahissait une certaine ébriété, Elysia posa une curieuse bouteille pleine de poussière sur le comptoir que tous observèrent longuement à la fois inquiets et intrigués.


-Bah… Maintenant qu’elle est sortie… Ca serait idiot de la laisser ainsi ! Et puis faut bien consoler ce grand gaillard ! Au fait, est-ce que je vous ai dit que c’était un de mes petits protégés de l’armée… Un bel homme si vigoureux… Et excellent manieur de queue ! Lança Runaerd
-Quoi ?! Papy je crois ne pas avoir assez bu… Et toi beaucoup trop ! S’indigna Elsa.
-Je parle de billard Elsa ! Que vas-tu t’imaginer ! Ah pour sûr, ton grand-oncle savait toucher les boules avec une précision extraordinaire !
-Allez Runaerd… Arrêtez là vos remarques sur mon beau-frère… Trinquez avec nous…
-Oh… Et t’es sur mon copain pour les deux petites !? Fit Runaerd en désignant Anna et Elsa.
-Oh grand père ! Epargne nous tes remarques ! Fit Elsa avant de vider son verre et tousser, créant immédiatement de la glace autour de ses mains pour les porter à ses joues : Oh… Faut reconnaître… C’est du brutal !


Les compagnons de boisson d’Elsa ne purent s’empêcher d’éclater de rire face à la mésaventure de la reine des neiges avant d’observer peu rassurés le contenu de leur verre qui ne les inspiraient guère. Finalement, après plusieurs secondes d’hésitation, tous eurent le courage de vider leur verre et toussèrent au moment où l’alcool leur brula la gorge. Elysia fut celui qui résista le mieux. Le Northuldra tentait de demeurer impassible malgré les larmes qui lui montaient aux yeux, Anna chantonnait malgré elle, alors que Runaerd comme Pieter manquaient de s’écrouler sur le comptoir, terrassés par la force de l’alcool. Passé la surprise, les soiffards n’hésitèrent pas et une nouvelle tournée fut servie, leur tirant à tous à nouveau les larmes.


-Faut avouer c’est plutôt une boisson d’homme ! Remarqua Elysia
-Je lui ai trouvé un goût de pomme… Siffla Anna les yeux dans le vague…
-Y’en a ! Répondit Elsa en servant à nouveau tout le monde.
-Je vais vous dire, y a pas que de la pomme là-dedans… y a autre chose ! Objecta Pieter le regard vitreux alors que la bouteille était presque vide.
-Ah oui… Parce que t’es un expert en boisson grand tonton ? Remarqua Elsa qui semblait être la dernière avec sa sœur à tenir encore debout.
-Non… C’est… C’est un goût qui me rappelle ce lieu… et ces maudites tavernes !
-Endroit où tu n’as pas hésité à m’envoyer me cacher… Comme quoi je le savais que tu ne m’aimais pas ! Grogna Elysia.
-Si je t’aime bien… Tu es mon type mais je préfère ton frère ! Et c’est d’un commun accord avec Runaerd !
-Oui c’est bien vrai ! … Parce que j’ai toujours été là pour toi copain ! Hurla Runaerd qui émergeait en levant son verre vide.
-Pourquoi ça te rappelle son gout ? Demanda Anna que la curiosité parvenait à faire décuver quelque peu.
-Oui j’aimerai savoir… Car jamais je n’ai servi ce tord boyaux !
-Eh… C’est un tord boyaux qui se laisse boire ! Protesta Runaerd.
-Oh oui je m’en souviens ! … Parles-tu de la fois où il a fallu te porter pour t’emmener dans une des chambres de la taverne tellement tu étais ivre Pieter…
-Ivre comme papy Runaerd ?
-Ou comme toi Anna… ou ta sœur ! S’amusa Elysia.
-Eh !! Moi je suis Anna !... Je ne suis pas ivre d’abord ! Plaida la rouquine, avec le feu aux joues.



Tous tentaient d’estimer lequel d’entre eux était le plus aviné et aucun n’avaient remarqué à l’entrée Iduna, accompagnée de sa mère et Emma sur leurs talons qui observaient la scène consternées.


-Maman ? Tu y vas où j’y vais ? Fulmina Iduna.
-Non Attends un peu mon ange de l’air…
-Pourquoi ?
-Laisse-moi le temps de graver dans ma mémoire cette scène pour la rappeler à ton père !... Je ne suis pas certaine que l’éternité soit assez longue pour que je m’en lasse ! Répondit mamie, plus amusée qu’énervée.
-Quoi ? Non mais tu as vu dans quel état ils se sont mis ? Et Anna et Elsa ?! Non mais quel exemple !
-Hum… Si ça peut te rassurer ma chère… C’est l’avantage de l’Hellheim, les conséquences de la boisson n’existent pas ici…
-Ah parce que tu les défends en plus… Cela m’étonne de la mère fouettarde !
-Ah non mais pardonne-moi… Je ne veux pas me mêler de vos histoires…
-Allez viens… Allons les faire revenir à la raison ! Proposa Mamie.



Les deux femmes commencèrent à s’approcher dans l’ombre mais soudain, Mamie stoppa leur avancée, intriguée par l’histoire de Pieter.


-Pardon Runaerd… J’ai menti, je n’étais pas blessé cet été quand je suis venu m’enivrer ici… Elysia, tu ne pouvais pas m’avoir vu boire ceci… Tu étais en pays Northuldra… Et moi je venais de devenir orphelin et ma sœur venait de me rejeter. Fit Pieter morose en levant son verre.
-Comment ça ? Questionna Anna.
-Nous venions de nous installer avec Niklas grâce à la générosité de notre bon roi…
-C’est un plaisir ! Je fais toujours ça pour mes copains ! Et vous êtes tous mes copains ici ! Je vais vous offrir des maisons ! Non ne dîtes pas non ça me fait plaisir ! Fit Runaerd complètement ivre.
-Oh va falloir le ramener dans une brouette celui-là… ça va encore être pour moi… Persifla Elysia.
-Pourquoi tu es venu ici grand tonton ?
-Un matin… Niklas est parti… Je pensais qu’il me trompait, j’étais fou de rage alors… J’ai prétexté être blessé pour ne pas me rendre aux manœuvres militaires et j’ai été noyer mon désespoir ici… avec ce tord boyaux !
-Niklas t’a trompé ?
-A vrai dire… non mais moi oui !
-Quoi ? Demandèrent les sœurs dont les idées s’éclaircissaient.
-Il ne m’a pas trompé… Mais finalement j’aurai préféré… Avoua Pieter en vidant son verre.
-Comment ça toi tu l’as fait ?
-C’est Arnevik… C’est facile de trouver une charmante compagnie ! Et il y avait cette merveilleuse serveuse qui avait remplacé Elysia… Enfin… serveuse comme Elysia !
-C’est-à-dire ? Demanda le Northuldra agacé de la comparaison.
-Ce n’était pas son vrai métier…
-Une fille de joie ? Proposa Elsa en vidant à nouveau son verre.
-Non… Mais elle avait des arguments pour l’être ! Non… cette fille… Elle n’était sans doute pas de la ville mais cachée…Elle et moi… On était désespérés… Je me suis noyé dans ce tord boyau… et ses cheveux blonds ! A la fermeture nous avons fini par nous retrouver seuls dans l’arrière cuisine…
-L’arrière cuisine ?... Ce n’est pas là ou maman est née ?... Demanda la rousse.
-C’est bon Anna… Nous n’avons pas besoin de détails sur les exploits ivres de grand tonton ! Vociféra Elsa qui d’un trait vida son verre et le pointa d’un doigt accusateur : Et tu devrais avoir honte ! Trahir ainsi la confiance de celui qu’on aime…
-Euh… Elsa ?! … ça n’est pas toi qui t’es mariée avec Yohan alors que le corps de Ryder était encore en train de brûler ? Questionna Anna
-Pas de commentaire Anna… Tu devrais arrêter de boire… même si ça n’est pas la boisson qui t’empêche de ne pas garder le silence…
-Mais tu as raison Elsa… Et je ne pouvais même pas me pardonner en me disant que Niklas avait agi de la même manière… Mais ce qu’il a fait était aussi une trahison
-Et qu’a-t-il fait ?
-Il est allé chez les Northuldra !
-Chez les Northuldra ? Il y allait sans toi ? Ou sans lui ?! Questionna Elysia en désignant Runaerd qui était désormais incapable de suivre les conversations.
-Il s’y était souvent rendu… Il restait avec… Andréas ! Il le retrouvait non loin du barrage…
-Quoi ? Andréas ? Et pourquoi faisait-il ça ? Demanda Elysia qui semblait retrouver quelque peu la raison, remplissant à nouveau le verre de Pieter pour le faire continuer son histoire.
-Parce qu’il voulait ramener Andréas avec lui… Il voulait en faire son fils adoptif… ou le former à devenir soldat d’Arendelle… C’était un souhait du roi après tout ! Mais j’ai été le seul à accepter ! Amarok refusait, mais il pensait qu’Andréas, étant un adopté serait plus enclin à accepter ! C’est ce qu’il m’avait dit en rentrant ! … Il aurait même demandé à Beata de les suivre pour le convaincre si ça avait pu le décider à venir vivre avec nous… Il voulait le faire venir car c’était mon petit frère après tout… Niklas pensait que s’il était avec moi, Anna saurait finalement se montrer moins dure avec moi et me permettrai de voir toute la famille malgré la disparition de nos parents… Ouais ! Comme je vous dis ! Niklas et moi aurions pu adopter Andréas !... Et ça pour moi c’est pire qu’une trahison ! Me l’imposer alors que je le haïssais déjà… bien avant de savoir quel monstre il pouvait être ! Niklas s’en est voulu d’ailleurs quand il m’a avoué son projet et qu’il faisait ami-ami avec celui-là ! Bougonna Pieter en finissant la bouteille.
-Quoi ?! Qu’est-ce que tu racontes Pieter ?!


L’ancien soldat d’Arendelle, surpris tomba à la renverse. Lorsqu’il se releva, il vit sa sœur cadette lui faire face, avide de réponses. Péniblement, il se tînt au comptoir alors que la pièce semblait tourner.


-Oh ?! … J’aurai pas dû dire ça… Maugréa-t-il en affrontant le regard sévère de mamie alors que les autres, par instinct, terminaient leur dernier verre.

Chapitre 9 : Parents (im)parfaits


Les jours passaient dans l’Hellheim alors qu’Anna et Elsa profitaient comme chaque matin d’une petite sortie entre sœurs. Toutes les deux adoraient déambuler au hasard des rues. Les premiers commerces étaient toujours ceux proches du château d’Arendelle, mais immédiatement après tout changeait, et l’Hellheim chaque jour les surprenait en leur proposant toute sorte de divertissements. Pourtant ce matin-là, les deux sœurs ne s’intéressaient guère aux emplettes et déambulaient au hasard, accompagnées pour une fois par Kristoff. Pour le montagnard, les journées semblaient toutes trop similaires, chacun avait sa routine, et s’il pouvait profiter de moments délicieux avec Anna et enfin vivre leur amour apaisé, il souhaitait rompre la monotonie quotidienne. Elsa avait alors proposé à Ryder de les accompagner également, mais le jeune Nattura lui ne pouvait se résoudre à laisser les enfants seuls. Bien qu’ils ne fussent pas les siens, Ryder y trouvait là un réconfort, avec le sentiment d’être le père de ces enfants, bien plus que Kristoff en réalité qui se reconnaissait davantage dans ce rôle avec Helga. Anna l’avait remarqué et rapidement, avait lâché le bras de son amant, faisant semblant d’être attirée par quelque vitrine. Rien de surprenant pour ses compagnons, tant la jeune reine d’Arendelle pouvait changer de centre d’intérêt en quelques instants à peine, laissant Kristoff et son ainé seuls. Le montagnard s’en trouva mal à l’aise de faire ainsi face à sa belle-sœur qui, dans une autre vie avait été sa femme pendant de longues années. Il développait un certain sentiment de culpabilité envers Elsa. De ne pouvoir pleinement assumer ce rôle de père auprès d’enfants qu’il n’avait jamais connu, et partager l’autorité parentale avec une femme certes qu’il admirait, respectait et considérait comme l’une des plus chères à son cœur, mais pas son âme sœur ! Anna l’avait très bien senti, et voyait en ce doux matin, l’occasion parfaite pour le confronter à son ainée. Voilà qu’elle faisait semblant de s’intéresser à une boutique de couture. Chose ridicule tant tous savaient à quel point l’exercice, qui nécessite patience et concentration se trouvait être un véritable supplice pour la furie rousse, mais peu importait, la voilà suffisamment éloignée pour que sa sœur et son époux ait de l’intimité, mais assez proche pour tendre l’oreille et ne pas manquer une miette de leur conversation.


-Voilà… Du coup… Il fait plutôt beau… Et chaud pour la saison !... Ca doit…. Te changer Elsa… Tenta le montagnard ma à l’aise
-Ah ? Donc tu n’as à ce point rien à me dire Kristoff ? Coupa Elsa glaciale alors qu’elle souhaitait masquer son agacement de le voir ainsi absent pour leurs enfants.
-Quoi ? Je … Non… Non absolument pas mais… Voilà c’est l’été… Il fait chaud et… Ca nous change de la glace et… Mais ça n’est pas une critique, la glace c’est toute ma vie aussi alors… Oui ça doit te changer parce que… moi aussi et… Euh… Oui… Comment vont les enfants ?! Sourit Kristoff de manière maladroite.
-Les enfants ?! … Tu veux dire nos enfants ? Ou parles tu plus spécifiquement de notre nièce Helga ?


Elsa avait appuyé où ça faisait mal, elle en avait pleinement conscience et malgré elle, elle s’en voulait. Elle se mordit la langue et se radoucit s’autorisant à prendre délicatement la main de Kristoff qui ne savait plus quoi dire.


-Ils vont très bien Kristoff. Ils sont comme leur père, ils adorent la glace et faire des tours à dos de rennes… Ils ont tes yeux ! Quand ils seront plus grands… Enfin si l’Hellheim leur permet de grandir, les garçons voudraient apprendre à tailler des blocs de glace pour faire… le métier de leur papa !
-Je… Tu m’en veux Elsa… C’est cela ? Se risqua Kristoff.
-T’en vouloir ?... Oui… Un peu… Mais ça n’est pas juste ! Quand nous étions vivants, c’était à peine si tu osais m’adresser la parole… Nous avions tous deux cette distance quasi protocolaire et regardes-nous ce matin… Nous nous parlons presque comme des frères et sœurs…
-J’aurai aimé avoir une sœur comme toi…. Enfin j’ai une sœur… ou plutôt … J’avais mais enfin tu vois, je n’ai pas eu le temps de la connaître et…
-Et elle t’a tué également… ça rabat quelque peu les cartes ! S’amusa Elsa qui réussit à arracher un timide sourire au montagnard.
-C’est certain Elsa…
-Kristoff… Est-ce que tu peux être honnête avec moi… Même si ce que tu dis ne doit pas me plaire ? Fit Elsa soudain sérieuse.
-Quoi ?... Euh… Oui ! Oui bien sûr que je…
-Kristoff ? Aimes-tu nos enfants ?


Elsa lui avait coupé la parole et la question était sortie précipitamment. Elle prit le montagnard totalement au dépourvu. Au loin, Anna également sursauta et se mordit fortement la lèvre. Son instinct lui dictait de revenir immédiatement pour sauver son époux de ce mauvais pas mais au fond d’elle-même. La jeune rousse savait qu’il était désormais nécessaire de clarifier la situation. Dans l’Hellheim, Kristoff avait clairement le mauvais rôle.


-Je… Elsa ? Mais pourquoi cette question ?
-Réfléchis Kristoff ! Mais tu me l’as promis ! Sois honnête ! Je dois savoir… Aimes-tu nos enfants ?
-Je… Evidemment que je les aime Elsa…
-Mais il y a un mais n’est-ce pas ?
-Elsa…
-De l’honnêteté Kristoff ! … S’il te plait ! Implora la reine des neiges en lui serrant la main un peu plus fort.


Le montagnard se mura quelques instants dans le silence. N’y tenant plus, Anna les rejoignit prudemment et joignit ses mains à celles de sa sœur pour soutenir Kristoff. Elsa et le montagnard ne réagirent même pas. Elle avait sans doute tout entendu mais peu importait pour Kristoff qui plongea son regard dans les yeux menthe à l’eau de sa femme afin de trouver la force de répondre. Après un long silence il soupira, Anna s’éloigna d’un pas pour laisser la place à sa sœur alors que le regard de la reine des neiges et celui du livreur de glace se croisaient. La cadette les observait et pouvait clairement voir l’amour entre eux… Mais pas un amour qui l’inquiétait. Non Elsa en aucun cas était une rivale ! Kristoff avait vu juste, entre eux transpirait l’amour d’un frère pour une sœur.


-Dis-moi la vérité Kristoff.
-Elsa… Les enfants… Tu as me détester mais… Ce ne sont pas nos enfants ! Je n’ai pas d’enfant ! Anna non plus et toi… tu n’en as pas ici ! Ils sont le fruit de nos nous d’une autre vie. Je sais ce que tu ressens Elsa… Ce lien puissant qui te lie à eux ! Tu es une mère à n’en pas douter… Ici tu es leur mère c’est évident et… et moi aussi j’ai ce lien…
-Mais pas pour eux c’est ça ?
-Elsa… Si je me vois comme leur père… J’ai l’impression de trahir mon frère ! C’est pour lui que ton cœur bat… Enfin quand nous vivions ! D’ailleurs, je vois le regard de Ryder sur eux et je n’en ai aucune jalousie au contraire… Et non seulement je le trahis lui, mais je trahirai aussi Anna…
-Tu ne me trahis pas Kristoff ! Coupa la jeune femme en se blottissant contre lui.
-Parce que tu n’as pas ressenti, même au fond de toi, même quelques instants un peu de jalousie quand nous les avons retrouvés ici et que ta sœur et moi sommes partis avec les enfants ?
-Euh… Si… Un peu. Avoua triste Anna qui n’osait pas croiser le regard de sa sœur.
-Voilà Elsa tu sais désormais… Mais oui je les adore ! Pour moi, ils sont comme des neveux et nièces…
-Comme Helga ? Demanda Elsa bien qu’elle connaisse la réponse.
-Non… pas comme Helga. Avoua Kristoff en baissant les yeux.
-Pour toi… c’est elle ton enfant c’est ça ?... Pas les nôtres ?
-Elsa… Je…
-Dis le Kristoff ! Tu m’as promis ! Même si ça ne me plaît pas… Je dois l’entendre. Fit Elsa qui tachait de se montrer forte alors qu’Anna lui passait une main sur l’épaule, sentant qu’elle comme Kristoff se trouvait au bord des larmes…
-Elsa… Kristoff ! Je suis désolée, c’est ma faute ! Je n’aurai pas dû partir… Tout ça pour une boutique de couture en plus…. Lança Anna coupable.
-Non tu n’as pas à t’en vouloir… Elsa a raison… même si ça fait mal, pour elle… comme pour moi ! Il faut que ça soit dit… Oui Elsa ! Oui tu as raison ! Tu sais déjà tout ! Ici, dans l’Hellheim je me sens père… mais pas de nos enfants non… Je sens ce lien… pour Helga et seulement elle ! … Mais ça ne m’empêche pas d’être profondément attaché aux nôtres… comme…
-… un oncle ?
-Exactement… Elsa ça n’est pas contre toi… ça n’est pas contre eux ! … C’est l’amour que je porte à Anna qui change tout. Elle est tout pour moi ! Alors je souhaite être tout pour elle ! Comme Ryder fait pour toi ! Si tu lui demandes… mais je suis certain que tu connais déjà sa réponse…
-Mais ça n’est pas Ryder qu’ils appellent quand ils disent papa…
-Ni moi… Elsa, mais le Kristoff de l’autre monde… Comme quand ils disent maman… C’est de ton double qu’ils parlent, pareil pour Helga, sa maman, c’est Anna de l’autre monde !
-Et elle désigne Hans en disant papa… Pas toi !


Elsa serrait les poings, tout comme Anna. Kristoff n’était pas en reste. La reine des neiges lui avait demandé de l’honnêteté, elle était servie. Il n’y avait pas une once de méchanceté dans les paroles du montagnard, elles n’étaient que pure vérité mais malgré tout, pour tous les trois elles étaient douloureuses.


-Certes Elsa… Tu as raison. Et ça me fait autant de mal qu’à toi de devoir l’accepter mais n’empêche pas de prendre le rôle que nous nous sommes attribués. Lança doucement Kristoff en prenant les mains de la reine des neiges.
-Sauf que c’est différent… C’est plus facile pour Helga… Son père n’est pas ici ! Hans, dans l’autre monde ne se souvient de rien ! Seuls nos doubles à Anna et moi… et peut être aussi mamie savent tout ! Donc pour elle, c’est comme si elle n’avait plus de père… Ton double non plus Kristoff ne se souvient de rien, mais nos enfants… Nos enfants eux te voient tous les jours ici ! Le père qu’ils ont toujours connu !... Ils vont finir par… Par ne plus faire la différence !
-Kristoff… Elsa… Elle a raison…
-Et Ryder alors ?... Tu n’as pas le sentiment de le trahir Elsa si je passe mon temps à tes côtés et que nous soyons tous les deux les parents modèles que certes les enfants méritent, mais dont ils sont déjà pourvus avec Ryder dans mon rôle ?... Et aussi priver Helga d’une figure parentale, laissant à Anna, la lourde tache de combler cette absence pour la petite ?


Un lourd silence s’installa. Kristoff ne souhaitait pas se montrer désagréable même si malgré lui il s’était mis à parler plus fort. Instantanément il s’en voulut. Elsa n’était aucunement à blâmer bien au contraire


-Tu veux les abandonner ? Risqua Elsa glaciale.


La reine des neiges regretta immédiatement ses paroles qui la blessait tout autant que Kristoff. Elle se savait injuste et se mordit la lèvre. C’était là une gaffe digne de sa sœur ! Non… C’était honteux de penser cela. Anna pouvait être maladroite, mais pas blessante volontairement et la reine des neiges s’en voulait de ne l’avoir ne serait-ce que pensé. Kristoff de son côté avait encaissé la remarque et demeurait stoïque. Avec une infinie douceur, il repoussa tendrement Anna qui le soutenait toujours pour se placer face à Elsa. Le montagnard approcha sa main sur le menton de la reine des neiges qu’il frôla à peine pour relever le regard du cinquième esprit vers le sien. Elsa était troublée, il n’y avait pas une once de colère dans le regard de son beau frère, bien au contraire et en cet instant, elle comprenait comment, dans une autre vie, elle avait pu tomber amoureuse de lui.


-Je comprends pourquoi, dans une autre vie, mon cœur a pu battre pour toi Elsa. Fit le montagnard en cruel écho à la pensée de l’ainée d’Arendelle.
-Kristoff je… Je suis désolée pour….
-Non… Tu n’as pas à t’excuser. Je sais que, dans une autre vie, je ne vivais que pour t’offrir le meilleur et je me dois de faire de même ici. Et crois moi Elsa, ça n’est pas une contrainte ! Je souhaite, ce qu’il y a de mieux pour nous tous… Pour notre famille. Cela inclus Anna… mais aussi mon frère, vos parents, vos grands parents… tous ! Et les enfants… Eux ils viennent de mondes différents ce qui les rends encore plus exceptionnels… car nous sommes quoi qu’il arrive tous liés ! Dans une autre vie, je t’ai aimé Elsa d’Arendelle, d’un amour je suppose aussi sincère que celui que je porte à ta sœur, d’un amour, aussi sincère je suppose que celui que mon frère te porte, d’un amour aussi sincère je suppose que celui que j’ai pour toi ici… même s’il est différent ! Elsa, j’étais très sérieux quand j’ai dit te voir comme une sœur… Tu es sans doute, après Anna, la personne qui compte le plus à mes yeux. Ce que je souhaite, c’est le bonheur de nous tous…. J’y ai réfléchi jour et nuit ! Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère… D’un père qui les aime et aime leur mère car c’est l’amour qui soude une famille ! Tu peux me croire, j’ai été élevé par les experts en la matière. Ce lien tu l’as avec mon frère, et je l’ai avec ta sœur. Pour le bien des enfants, c’est sans doute mieux ainsi. Mais tu peux me croire, je serai toujours présent pour…nos enfants ! Même si j’agis plus dans un rôle d’oncle pour eux. Ainsi, tu pourras vivre notre vie éternelle, heureuse, auprès de l’homme que tu aimes, sans que cette situation curieuse ne nous brouille à tous l’esprit… Elsa, je veux te prouver l’amour que je te porte avec cette promesse.


Kristoff termina sa phrase alors que la reine des neiges avait les larmes aux yeux, au même titre que sa cadette. Rarement elle n’avait entendu une déclaration aussi belle et sincère alors que Kristoff lui adressait un sourire. Lentement, il s’approcha et lui déposa un tendre baiser fraternel sur la joue avant de l’étreindre. Ce geste termina de briser les dernières défenses de la reine des neiges qui ne put davantage retenir ses larmes. Anna s’empressa de les rejoindre, elle aussi les yeux humides.

Anna, Elsa et Kristoff retrouvaient peu à peu leurs esprits et marchaient en silence, lorsque leur regard fut attiré par la taverne miteuse. Voilà des semaines qu’ils n’avaient pas revu la façade délabrée de l’Engel Dot… Depuis cette curieuse nuit où les deux sœurs avaient bu bien plus que de raison en compagnie de leurs aïeux. La vision de l’établissement leur fit remonter un léger sentiment de nausée au souvenir de cette nuit trop arrosée et des révélations de leur grand oncle Pieter qui depuis était étonnement discret.


-Elsa ?... Ca te dirait d’y faire un tour ?
-Quoi ?... Oh Anna, tu ne penses pas qu’il est un peu tôt pour aller s’enivrer ? La dernière fois ne t’a pas suffi ?
-Parle pour toi, tu n’étais pas dans un meilleur état je te rappelle… Je me souviens de la tête qu’a fait des enfants quand tu as voulu les embrasser le lendemain…
-Parce qu’Helga t’a accueilli les bras ouverts peut être ? Attends je la cite « Oh maman tu pues le vomi de pommes ! »
-Comme quoi j’avais raison… Je lui avais bien trouvé un gout de pomme !
-Très spirituel !
-Non mais là… C’est surtout pour voir l’endroit où a travaillé Papy et ou est née maman… et sans alcool !
-Tu n’as pas une autre idée ?... Tu ne veux pas plutôt que l’on rejoigne mamie pour l’aider à cuire son ragout ?
-Si tu crois qu’elle nous laissera approcher à moins de dix mètres de sa cuisine tu es bien candide Elsa ! Tu devrais le savoir depuis le temps ! Personne n’approche le ragout de mamie ! Allez viens on va bien s’amuser… Et qui sait, s’il reste une bouteille d’hydromel, on pourra se la garder pour nous trois… On en a bien besoin après toutes ces émotions tu ne crois pas ?
-Je ne dis pas non… Enfin si on me demande mon avis… Souffla Kristoff.
-Bon… Si tu me prends par les sentiments…


La chose entendue, ils se décidèrent à pénétrer dans l’établissement peu recommandable. Bien qu’étant dans l’Hellheim et sachant qu’elles ne risquaient rien dans ce paradis, Anna et Elsa poussèrent la porte avec prudence. L’endroit n’inspirait toujours pas confiance. Peu à peu la lumière éclaira la pièce et les deux sœurs sursautèrent. Accoudés au comptoir, Elysia, Pieter et Runaerd étaient confortablement installés, un verre plein devant eux, de même que la bouteille. Tous trois étaient en pleine discussion et furent aussi surpris d’être découverts.


-Mais… Qu’est-ce que vous faîtes là ?
-…Et vous ?... Vous n’avez pas mieux à faire ? Comme vous occuper de votre progéniture ? Coupa Pieter sur un ton coupable.
-Eh n’inverse pas les rôles grand tonton, c’est toi que l’on surprend !... Et papy on pourrait te retourner la remarque d’ailleurs ! Toi aussi tu pourrais occuper ton temps avec mamie et Olaf !
-Oh ne t’en fais pas ma belle… Je l’occupe mon temps avec Anna !
-Oui… Et j’aimerai bien te remplacer parfois… Coupa Runaerd.
-Ah non Runaerd tu ne vas pas recommencer !...
-Dites tous les trois, ma sœur vous a posé une question ? Que faîtes vous là ?! Coupa Elsa


La reine des neiges avait parlé d’une voix autoritaire et imposante qui n’était pas sans rappeler celle que pouvait prendre sa mère lors de ses grandes années de reine aux côtés d’Agnarr. Iduna avait toujours été attentionnée et douce et avait ce talent inné d’imposer le respect et l’autorité sans même à avoir à hausser le ton ni paraître désagréable. Elsa, qui dès le plus jeune âge se savait destinée à régner un jour avait toujours admirer la reine d’Arendelle et s’évertuait à suivre cet exemple, alors que tous la dévisageaient avec de grands yeux ce qui lui fit perdre quelque peu de sa confiance.


-Ca par exemple… Commença Runaerd
-… Oui… C’est impressionnant… Poursuivit Elysia
-… Heureusement qu’elle est blonde autrement…Ajouta Pieter…
-Mais qu’est-ce que vous dîtes ? Vous êtes encore ivres ? Questionna Anna aussi surprise que son ainée.
-Elsa … Quand tu as parlé… Tu étais le portrait craché de ta grand-mère !
-Ma ?... Quoi ? Moi ? De mamie ?
-Eh ?! Je croyais que c’était moi ! Pesta Anna.
-Oh oui tu l’es… Tu lui ressembles trait pour trait ! Confirma Pieter.
-Non Elsa… Ta voix !... C’est tout à fait celle de ma Lady Anna !
-Oh… Doucement Runaerd… Ca n’est pas TA Lady comme tu dis…
-La voix de ?... Non… Je… Je pensais que j’avais celle de maman ?
-Et à ton avis… De qui a-t-elle hérité ?! S’amusa Pieter.
-… Enfin, elle a tout de même moins de prestance que Lady Anna…
-D’accord avec toi Runaerd… Avec Anna, jamais on ne se serait permis de…
-Oh vous allez vous arrêter oui ?! Qu’est-ce que vous faîtes ici !? Beugla Anna qui n’en pouvait plus…
-Ca c’est ton côté de la famille ! Lancèrent en chœur Runaerd et Elysia en se montrant du doigt alors qu’Anna les foudroyaient du regard.
-Euh… Dîtes… La dans son regard… c’est le double d’Anna, faudrait peut-être s’arrêter là ! Proposa Pieter inquiet du regard de braise de la jeune rousse.
-Oui bien sûr… Eh bien puisque tu veux tout savoir… Je viens ici, à la demande d’Anna… Oui c’est ça… Elle me demande de lui rapporter…De l’hydromel ! … Et oui c’est l’ingrédient secret de son ragout ! Lança Elysia.
-De l’hydromel ?... Dans le ragout ?... Alors là ça n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais !
-… Et pour cause ma petite Picéaerd ! … Je n’en mets pas !
-Mamie ?!


Les deux sœurs se tournèrent et virent la grand-mère leur faire face un sourire aux lèvres, alors que Kristoff qui lui avait ouvert la porte se retenait de ne pas rire.


-Anna ! … Mon amour ! … Tu vois ! J’allais justement te rapporter l’hydromel ! Je viens juste de le trouver ! S’empressa de dire Elysia en désignant une bouteille.
-Ne te fatigue pas Elysia tu peux la laisser ici je n’en ai pas besoin !
-Oh je le savais ! Papy à menti ! S’exclama la plus jeune des sœurs.
-Non ma petite Picéaerd… Il ne t’a pas menti, je l’ai en effet envoyé chercher de l’hydromel…
-Quoi ? Mais pourquoi si tu n’en as pas besoin ?
-Parce qu’il te fallait un prétexte pour venir ici tous les jours en compagnie de Runaerd ! Je te connais Elysia Sappos ! Fit Mamie en allant lui déposer un baiser.
-Quoi ? Non ! Anna, ce qu’il s’est passé l’autre jour ici est tout à fait exceptionnel et jamais…


Le Northuldra ne put poursuivre sa phrase. Mamie l’en empêcha et plaqua ses lèvres contre celles de son époux. Rapidement leurs langues se rencontrèrent et réalisaient une douce valse dans leurs bouches alors que leur étreinte ne se fit que plus forte et langoureuse.


-Eh bien voilà…. Ils sont repartis pour nous en refaire un… Bon vous avez l’habitude, vous savez, dans l’arrière cuisine, la première porte sur votre gauche… Remarqua Pieter alors que les joues de Runaerd s’empourprèrent légèrement.



La remarque ne fit pas s’arrêter les amants qui poursuivaient leur baiser rendant la scène plus torride à chaque seconde. Peu à peu les mains du Northuldra commençaient à danser sur la robe impeccable de cinquième esprit que portait fièrement Mamie Anna depuis quelque temps désormais, rendant davantage encore justice à ses fores généreuses. L’éleveur de rennes ne se fit pas prier pour s’emparer des divines gorges alors qu’il ne lâchait pas les lèvres de son âme sœur.


-Bon Papy ! Mamie ! Stop !! Peut être pas en public et en plein jour ! … Entendre votre concerto toutes les nuits ça me suffit… Je vous rappelle que ma chambre est au-dessus de la vôtre !
-Oh mais on le sait Elsa, ne t’en fais pas ! D’ailleurs tu nous rends très bien l’écho ! Souffla Mamie alors qu’Elysia la relâchait enfin.
-Mais… Mais voyons… S’empourpra Elsa.
-Ah ouais ?... Ca se passe comment ? Demanda la cadette intriguée.
-Anna ! Nous n’allons pas faire un concours voyons. Intervînt Kristoff à la grande joie d’Elsa de le voir ainsi venir à son secours.
-Ah parce que tu n’es pas curieux de savoir ?
-Si… Mais quand nous déciderons d’ouvrir cette merveille ensemble ! S’amusa Kristoff en désignant la bouteille qu’il mit dans les mains d’Elsa qui avait soudain moins de gratitude pour le montagnard.
-Mais du coup mamie ? Pourquoi il te fallait un prétexte ? Poursuivi Anna qui quelque soit le sujet voulait étancher sa curiosité.
-Parce que tes deux grands pères ont besoin de se parler tout simplement ! Et puis… ça me laissait du temps pour moi !
-Quoi ? Toi mamie tu préfères avoir du temps loin de papy ?! S’insurgea la rousse.
-De manière tout à fait exceptionnel… Et ça va changer car… J’ai enfin terminé ! Sourit mamie.
-Terminé quoi ? Ton ragout Lady Anna ? J’ai une faim de loup.
-Oui, il termine de mijoter mais il ne s’agit pas de cela Runaerd ! …Le mieux c’est que je vous montre ?! Vous voulez voir ?
-Oui !!!
-Je n’en doutais pas de toi ! Et toi aussi Elsa ça devrait te plaire ! …
-Moi ? Questionna la reine des neiges.
-Oui, qui de mieux qu’un cinquième esprit pour voir cela ! … Allez viens !!! Lança Mamie vers l’extérieur.
-Non… Je ne pense pas que ça soit une bonne idée…
-Quoi ? Maman est dans le coup ? Mais quelle est cette fameuse surprise ? Fit Anna au comble de l’excitation.
-Oui ! C’est elle que ça concerne !!
-Allez maman montre toi !!! On veut savoir !


Face à l’hésitation d’Iduna, Mamie s’empressa de sortir laissant le reste de la famille circonspects. Tous interrogèrent Elysia qui lui aussi ne semblait sincèrement rien savoir et finalement, Mamie finit par réapparaître.


-Alors chère famille Picéaerd… Et vous aussi Runaerd ! Laissez moi vous présenter… Notre cinquième esprit Iduna dans sa nouvelle tenue !!!


Aussitôt mamie, heureuse ouvrit grand la porte laissant apparaître Iduna. L’ange de l’air était vêtue d’une robe bien trop grande pour elle. Elle semblait nager dans le vêtement trop ample. Les motifs des esprits brodés maladroitement de couleurs criardes rendait le vêtement désuet et vieillissait considérablement l’ancienne souveraine dont les formes n’étaient pas mises en valeur par la coupe du vêtement. Iduna, habituée du pas altier paraissait gauche et désarticulée dans cet habit grotesque qui paraissait inconfortable tant il était serré à la taille alors qu’il se trouvait trop ample en haut du corps et, comble du scandale, la coupe incertaine et irrégulière de la robe, laissait apparaitre les chevilles de l’ange de l’air.


-Oh l’horreur ! Souffla Anna à sa sœur ainée qui était aussi estomaquée que le jour où elle avait découvert la statue de Flemmingrad.
-Alors ? Qu’en pensez-vous ? Demanda fièrement mamie qui n’avait pas entendu.


Tous dévisageaient gênés Iduna qui cherchait quelque réconfort auprès de sa famille. Elysia posa sur sa fille un regard désolé. Lorsqu’elle était enfant, heureusement pour elle, ils avaient su récupérer les vêtements réalisés par Helga mais après son trépas, Anna s’était contentée de quelques menues retouches pour vêtir l’intrépide Iduna qui ne brillait pas par la qualité de ses tenues, qui heureusement étaient confectionnées par Yelena. Le visage du patriarche s’empourpra finalement alors que Mamie le dévisagea, avide d’avoir un retour.


-Non c’est… Eh bien euh… On peut dire que… ça te change Iduna ! On… On retrouve bien l’esprit du passage du vent sur cette tenue et… Bredouilla Elysia
-Oui… Oui tout à fait… Ce côté un peu fouillis dans les coutures et les couleurs sur la robe… C’est tout à fait le rendu que l’on peut avoir après une bourrasque ! Tenta Pieter avant de se mordre la lèvre se demandant si sa remarque était réellement un compliment.
-Mais c’est tout à fait une tenue dans le thème et… Pardon je suis loin d’être un expert vous le savez mais là… Les formes sur la poitrine… ça représente les quatre éléments n’est-ce pas ? Risqua Runaerd.
-Ah oui je les vois ! … Belle analyse Runaerd en effet les éléments... Oh et puis celui qui descend vers le nombril oui c’est… C’est celui de l’air… Ton élément fétiche Iduna ! Ah incontestablement c’est un bon choix… Cette tenue est…
-Ridicule ? Fit Iduna consternée en coupant la parole à son père alors que le sourire de mamie s’était effacé.
-Elsa ? Un avis ? Demanda mamie de plus en plus sombre.
-Non ! Non là c’est impossible !... Il n’y a rien à sauver là-dedans. Les manches, la coupe… Non là ça va pas du tout il faut tout changer !
-Euh Elsa… Si il y a peut être quelque chose quand même ! Tenta Anna qui voyait la mine défaite de sa grand-mère.
-A minima le tissu est de qualité mais il va falloir reprendre la coupe et la tenue…


Elsa était trop subjuguée par la catastrophe vestimentaire à rattraper. Machinalement, elle se saisit d’une paire de ciseaux et à la sauvette se mit à couper quelques éléments de la tenue alors que mamie Anna, totalement défaite avait rejoint Pieter, Elysia et Runaerd au comptoir et se saisit du verre de l’ancien souverain d’Arendelle qu’elle but avec amertume.
La reine des neiges n’en avait que faire et s’acharnait à reprendre comme elle le pouvait le vêtement alors qu’Iduna la laissait faire volontiers, même si elle envoyait quelques regards compatissant vers la chamane désabusée. Plus elle retravaillait la robe, plus Elsa se rendait compte qu’elle avait toujours aimé ça. Après tout sa première action lorsqu’elle a enfin commencé à accepter son pouvoir avait été de se créer une robe à sa mesure. La tenue vestimentaire l’avait toujours importée et voilà qu’elle laissait libre cours à son imagination. Elle relâcha ses ciseaux et observa quelques instants. Le vêtement était encore très perfectible mais la coupe était déjà bien plus appropriée. La reine des neiges eût un léger sourire et moulina ses mains. Des volutes de neige se créèrent pour parsemer la robe de sa mère. Elle retraçait élégamment les coutures et les motifs des esprits. Ses centaines de flocons se collèrent sur le tissu en marques d’esprits élémentaires organisée tel un vol de feuilles morte au gré des vents. La ligne du vêtement se transformait peu à peu en une bise indomptable. Lorsqu’elle eût terminé son ouvrage, la robe n’avait plus rien à voir avec la tentative de création de mamie Anna. Le vêtement semblait d’une légèreté incroyable, prête à s’envoler dans les volutes du zéphyr. Iduna était devenue le vent, elle l’incarnait pleinement.
Elsa doucement s’écarta alors que tous exceptée Mamie vexée dévoraient Iduna des yeux. L’ancienne souveraine s’approcha d’un pas aérien vers la glace crasseuse de la taverne et eût les larmes aux yeux en se découvrant dans sa tenue d’esprit, jamais elle ne s’était sentie si belle.


-Waow maman tu… Tu es extraordinaire ! Souffla Anna subjuguée…
-Anna a raison ! … On peut dire que tu ne voles pas ton surnom d’ange de l’air ! Tu l’es pleinement devenue ! Ajouta Elysia fasciné avant d’adresser un sourire gêné vers mamie et ajouter rapidement : Mais la robe qu’avait confectionné ta mère était de base magnifique aussi…
-N’essaie pas de te rattraper Elysia c’est pire ! Bien ! Si vous voulez bien m’excuser… J’ai la cuisson d’un ragout à surveiller ! Inutile de rater plus d’une chose dans la journée ! Fulmina Mamie.
-Je t’accompagne…
-Non Elysia pas la peine ! Tu n’as qu’à ouvrir la bouteille que je t’avais envoyé chercher… Iduna… Tu feras attention de ne pas en reverser sur ta tenue maintenant qu’elle est… parfaite il faut bien le reconnaître. Articula mamie qui bien qu’énervée ne pouvait que s’incliner face à la merveille qu’avait crée Elsa.


Sans un mot de plus, mamie quitta les lieux laissant derrière elle un climat pesant où un long silence s’installa. Finalement, Runaerd se leva.


-Je… Je vais peut-être la raccompagner.
-Certainement pas sans moi !
-Ni moi… Elle a besoin d’une présence fraternelle ! Fit Pieter qui n’attendit pas et s’empressa de quitter les lieux.
-Va avec lui Runaerd. Fit Elysia avec un sourire.
-Tu es sur ?... Tu comptes me laisser seul avec elle ? Je ne te pensais pas ivre pourtant… ni moi d’ailleurs !
-Ne rêve pas éveillé, Pieter sera là… Et je t’aurai rattrapé avant que tu ne sois avec elle ! S’amusa Elysia avant de se tourner vers sa fille et ses petites filles.
-Je… Je vais le surveiller également… Proposa Kristoff en chevalier servant.
-Tu as raison… Méfies toi qu’elle ne se venge pas en rajoutant Sven au menu du jour ! Répliqua le patriarche
-Non ?! … Elle n’oserai tout de même pas ?!


Kristoff prit de panique s’empressa de quitter la pièce pour rattraper la chamane suivi par l’ancien souverain laissant Elysia seul avec sa fille et ses petites filles. Avec délicatesse, l’ancien membre des Terres gelées prit les mains d’Iduna pour les baiser tendrement.


-Une fois calmée ta mère te dira la même chose que moi. Voilà que notre Ange de l’air a pris son envol ! Tu es absolument sublime et tu ne peux imaginer comme nous sommes honorés de t’avoir pour fille. Fit Elysia avant de déposer un second baiser cette fois sur la joue de sa fille émue.
-Mamie va m’en vouloir ? Se risqua Elsa mal à l’aise.
-Il faut bien que parfois ta grand-mère soit comme nous et cesse d’être parfaite ! Mais elle connaît ses faiblesses et ses défauts… et la couture n’a jamais été son fort…
-Comme moi ! Pouffa Anna.
-Non… Mais c’est ce qui la rend plus extraordinaire encore et nous fait apprécier davantage ses exceptionnelles qualités ! En revanche Elsa… Laisse moi t’avertir… Ta grand-mère est rancunière ! Je te souhaite bien du courage ! Fit le grand père en se dirigeant vers la sortie.
-Papy ?... Ou vas-tu ?
-A ton avis Anna ?... Je ne vais pas prendre le risque de laisser trop d’avance à Runaerd… Et jamais je ne manquerai le ragout de ta grand-mère ! Car dans ce domaine, personne ne rivalise avec elle ! Celui-là… et bien d’autres domaines encore ! Fit le Northuldra du Nord avant de s’éclipser.


Iduna resta encore quelques minutes à s’admirer alors qu’Elsa ne savait plus trop quoi penser. Sonnée, elle s’était laissée tomber sur une des chaises de la taverne avant que la main secourable de l’ange de l’air ne la sorte de sa torpeur.


-On ne le dira jamais assez Elsa… Tu as un talent formidable. Je n’ai, tu le sais jamais été une très grande admiratrice de tes robes, mais ce que tu as crée pour moi, jamais je n’aurai même pu l’imaginer et… Oh vite, il nous faut nous hâter pour le repas ! Fit Iduna.
-Je… Je n’ai pas très faim !
-Dis plutôt que tu ne veux pas affronter le regard de mamie et… Hum… Je sais, j’aurai dû me taire. Remarqua Anna confuse.
-Comment ça va se passer ? Questionna la reine des neiges.
-Eh bien… Si par hasard nous pouvons malgré tout mourir dans l’Hellheim, je pense qu’elle te tuera Elsa !...
-Quoi ?!
-Je plaisante voyons !... Enfin… Je n’aimerai pas être à ta place pour le repas ! Fit Iduna taquine.
-Je ne voulais pas la blesser maman…
-Je le sais… Et ta grand-mère le sait également. Elsa, tu te souviens des crises que pouvait faire Anna lorsqu’elle n’arrivait pas à faire son point de croix ?
-Eh !!! Alors d’abord je ne faisais pas de crise ! Et puis c’était parce que je n’avais pas les bonnes aiguilles ! Ronchonna la furie rousse.
-Eh bien voilà… Tu as un aperçu de ce qui t’attend ! Mais ta grand-mère sait que la création de vêtement n’est pas sa spécialité…
-Justement j’ai tout gâché… Elle a dû y mettre du cœur pour réaliser ta tenue et moi, en quelques instants…
-Tu m’as permis d’être présentable au lieu de porter cette horreur ! S’amusa Iduna.
-Maman ?! Firent les sœurs de concert.
-Allons ne soyez pas surprises… Après tout, nous l’avons tous pensé ! Et vous le savez aussi bien que moi, personne n’est plus franc et direct que votre grand-mère ! Si elle est vexée c’est parce qu’elle a bien conscience de ses limites… ça n’est agréable pour personne après tout…
-Si tu le dis… Fit Elsa peu rassurée à l’idée d’affronter sa grand-mère avant qu’elle ne se soit calmée.
-Après Elsa… Si tu as si peur de l’affronter… J’ai bien une idée pour vous éviter d’assister au repas. Suggéra Iduna.
-Quoi ?... Ne pas rendre honneur au ragout de mamie ?! Je ne suis pas certaine que ça soit une bonne idée pour la calmer… et en plus j’ai faim moi ! Grogna Anna.
-Elle saura passer outre si vous faîtes ce qu’elle prévoyait pour nous après la présentation de… son œuvre !
-Qu’est-ce que c’est ?
-Nous ne sommes pas à Noël… Donc Emma ne pourra pas nous gêner cette fois… Vous pensiez que votre grand-mère laisserait notre famille se débrouiller sans nous ?!... Il est temps de veiller à ce que tout se passe pour le mieux là bas !
-Mais ?... Comment ? On ne peut pas descendre dans le monde des vivants !
-Ca c’est oublier les pouvoirs de votre vieille mère !... Alors ça vous tente ?... Je vais vous montrer comment faire… Et j’irai ensuite calmer maman avant ton retour Elsa ! Je te dois bien ça ! Alors mes filles ? Prêtes pour défier à nouveau les lois de la mère fouettarde ?
-Et comment ! C’est par où ?! Demanda Anna surexcitée qui en avait oubliée sa faim et le ragout qui l’attendait.

Chapitre 11 : Responsable mais pas coupable



-Mais qu’est-ce que vous faîtes là vous ?! Vociféra Anna contrariée.


Les propos de la jeune reine d’Arendelle résonnaient encore dans la magnifique salle de réception, mais l’ambiance festive avait désormais totalement disparue. Plus personne n’osait toucher une bouchée des succulents mets et même l’odeur savoureuse du ragout de mamie donnait l’impression d’avoir disparu. Les estomacs étaient noués, la fête, définitivement terminée. Seuls les regards circonspects et inquiets se focalisaient tous sur le nouveau venu qui ne comprenait pas la situation.


-Je répète, qu’est-ce que vous faîtes ici ?! Reprit Anna furieuse en se levant.
-Je… Je n’en sais rien votre altesse… Je ne sais pas même où je suis… S’excusa le militaire soutenu par Pieter.
-Vous vous trouvez dans le château d’Arendelle… Faut faire soigner votre vue, je pensais que vous connaissiez les lieux… Tenta Ryder pour détendre l’atmosphère mais le regard sévère d’Elsa le dissuada de poursuivre.
-Jeune Nattura je ne pense pas que l’heure soit à la plaisanterie… Niklas, vous êtes dans l’Hellheim, parmi les morts… Ou si vous préférez dans ce que dans la croyance populaire vous pouvez appeler le paradis. Expliqua Mamie, plus gênée du fait qu’on ne touchait plus à son ragout qu’à l’arrivée d’un nouveau visiteur.
-Le pa… Alors c’est bien vrai ce que dit cette personne en rouge ?... Je suis… Vraiment mort ?!
-Oui Niklas… Tu l’es. Souffla Pieter avec amour.
-Mais pourquoi êtes-vous là ?! Insista Anna folle de rage.
-Quoi ? Ici ? Au parad… pardon dans l’Hellheim ?... Je n’en ai pas la moindre idée ma reine…. Déjà, parlez-vous seulement de ce lieu ?
-Oh oui probablement ! Anna nous a dit qu’elle avait dit à Kaspian quand elle est retournée dans le monde des vivants qu’il devait vous éloigner parce que vous l’avez tapé quand elle était jeune, qu’elle ne vous aimait pas et que vous étiez globalement nul comme militaire….
-Mon fils… Félicitations tu as le tact de la famille… Mais là tu devrais surtout garder ta langue dans ta bouche ! Sauf si tu veux subir les foudres de ta mère… ou pire encore… de ta nièce ! Intervînt Elysia en exfiltrant son jeune fils alors que Mamie le regardait curieusement tandis qu’Anna lui jetait un regard noir.
-Vous auriez souhaité que je termine en enfer ? Releva Olson en dévisageant Anna qui ne savait plus où se mettre.
-Non ! Non bien sûr que non Général ! Allons vous parlez de ma petite sœur… Vous savez l’écervelée petite princesse Anna… Elle ne voulait pas dire ça, vous savez comme moi qu’il ne faut pas prendre au sérieux tout ce que sa langue bien pendue peut dire avant de réfléchir… N’est-ce pas Anna ?... Tu es ravie de voir que notre ami le général Olson ait pu gagner son paradis dans l’au-delà ?!


Elsa dévisagea sa jeune sœur avec un regard insistant pour lui faire comprendre de jouer le jeu afin de garder les apparences. La jeune Anna se mordilla la lèvre et s’efforça d’offrir à la reine des neiges un sourire figé maladroit et forcé qui signifiait qu’elle acceptait mais avec un message sous-entendu pour son ainée qui ne s’en sortirai pas si facilement une fois cette situation réglée de l’avoir ainsi dévalorisée.



-Haha… Mais oui général… Ma sœur a raison… C’était pour vous taquiner voyons ! Vous savez comme je peux me montrer puéril mais arrêtons-la le jeu… Je suis aussi la reine et vous le savez… N’en déplaise à ma sœur, je puis me montrer on ne peut plus sérieuse, alors trêve de plaisanteries désormais… Comment-vous êtes-vous retrouvé face à nous ?! Fit la rouquine avec un regard de défi pour son ainée.
-Ce que notre petite Picéaerd souhaite savoir monsieur c’est probablement les circonstances de votre trépas et… Pardonnez-moi d’ailleurs j’oublie les bonnes manières ! Je me présente, Emma Picéaerd. Chamane, cinquième esprit, fondatrice en quelque sorte de cette grande et noble famille Northuldra que la royauté d’Arendelle a fini par épouser et… oui j’ai aussi quelques liens avec les légendes de Noël mais cela risque de faire beaucoup d’informations à digérer donc restons-en là pour l’heure… D’ailleurs en parlant de bonnes manières et de digestion, je vous présente à nouveau toutes nos plus plates excuses au nom de cette famille qui ne brille pas par son hospitalité ! … Jeune esprit, proposes donc une place à tes côtés pour notre hôte et… Anna ? Je ne doute pas qu’il reste de ton succulent ragout pour ce pauvre général qui vient de vivre une journée difficile…
-Vivre ?... Est-ce le bon mot ? Pouffa Kristoff.
-Très spirituel… et pertinent mais mon jeune ami, n’avez-vous pas eu quelques difficultés vous aussi lors de votre arrivée dans le monde des morts ? Et n’avez-vous pas apprécié de trouver la douce hospitalité de notre chère Anna pour vous aider à vous acclimater Questionna calmement Emma.
-Si… Si vous avez raison. Répondit Kristoff mal à l’aise alors qu’il repensait à son arrivée dans l’Helveg et Sven qui l’avait conduit jusqu’à la hutte de mamie Anna.
-C’est votre rôle désormais chers Picéaerd…. Vous êtes les hôtes de ce paradis, c’est à vous d’accueillir comme il se doit ceux qui nous y rejoignent… Allons mon bon monsieur, n’ayez crainte… Vous ne risquez pas de mourir après tout c’est déjà fait ! Prenez place au festin… Nous fêtions Noël…
-Moi… Moi aussi…Enfin… Il me semble. Réfléchit Olson qui tentait de se remémorer ses derniers instants.
-Viens… Reste avec moi, tout ira bien tu verras ! Fit Pieter qui ne le lâchait pas.



Le frère cadet de mamie aida son âme sœur à se relever et l’accompagna sous le regard de la famille à prendre place à table. A la hâte Pieter décala son assiette pour laisser une place à son amant entre lui et le roi Runaerd. Olson, habitué au protocole hésita mais Runaerd lui offrit un large sourire et d’un geste l’invita à prendre place. Avec prudence, le vieux général s’assit et fut surpris de sentir Runaerd l’étreindre de manière fraternelle dans un geste tout sauf protocolaire.



-Mais… Je votre altesse… Balbutia-t-il.
-Oh Niklas oubliez tous ces titres ils n’ont plus lieu d’être ici… Et puis s’il y a une couronne sur la tête de quelqu’un ici, ce sont à mes deux petites filles qu’il faut rendre hommage… Mais oublions tout ceci, ça n’a plus d’importance désormais… Comportez-vous… comme en privé mon ami !



L’ancien roi avait parlé avec un sourire entendu. Pieter se retînt d’un petit rire alors que l’assemblée observait sans vraiment comprendre. Olson lui avait apparemment reçu le message et tous purent voir un sourire se dessiner sur le visage martial de Niklas. Encouragée par un signe de tête d’Emma qui se trouvait être une maîtresse de maison tout à fait honorable, Mamie reprit le dessus et se hâta de servir Olson. La chamane ne manquât pas de lui souffler quelques mots à l’oreille, sans doute quelques souvenirs d’un passé lointain. Non pas qu’ils avaient été amis mais tous deux se respectaient profondément et Anna savait l’attirance qu’avait son frère pour l’homme d’armes. Le reste de la famille observait et ne pouvait que supposer, personne n’entendit rien aux propos échangés alors qu’Anna offrit une généreuse portion au nouvel arrivé.

Le repas se termina de manière cordiale mais la joie avait quitté la salle. Tous appréciaient le repas mais Anna elle, ne quittait pas des yeux l’officier supérieur. Olson ne devait pas mourir. Olson devait être leur atout…


-Pourquoi êtes-vous mort ?! Lâcha-t-elle
-Anna… Nous… Nous devons tous mourir un jour et puis… Le général Olson n’était plus de première jeunesse… Sans vous offenser ! Commenta Iduna avec toute la dignité d’une reine.
-Cela ne m’offense pas votre altesse, vous avez raison, je ne suis plus tout jeune….
-Je m’en fiche de l’âge de ce vieux débris ! Il n’était pas question qu’il meure tout de suite !!


La colère avait pris le pas pour la furie rousse qui se leva un peu trop rapidement et renversa sans le vouloir le reste du ragout de sa grand-mère. Ce malheureux accident emporta l’espace d’un instant sa fureur pour une crainte lorsqu’elle croisa le regard de son aïeule… Jamais personne n’avait encore renversé en sa présence le précieux repas…


-Si nous étions vivants je t’aurai qualifié de suicidaire ma petite fille… Voilà un geste bien imprudent ! Commenta Elysia comme pour détendre l’atmosphère.
-Pourquoi dis-tu ça ? Parce que ma Petite Picéaerd vient de renverser le plus merveilleux de mes ragouts ?... Un accident ça arrive voyons. Plaida Mamie qui tâchait de garder son calme malgré une paupière tremblante.
-Je ne sais pas pourquoi je suis mort… Coupa Olson, surpris de prononcer ces mots.


La phrase du général fit redescendre toute la tension. Mamie s’empressa de débarrasser la table afin de ne pas voir le gâchis de son plat jeté à terre. Elle fut rapidement aidée par Runaerd et Elysia. Les autres s’empressèrent d’apporter leur aide alors qu’Elsa proposa, aidée par Pieter, à Olson de prendre place confortablement dans un des riches salons du château afin de se remettre de ses émotions, laissant la furie rousse seule à table.


-Pourquoi es-tu si contrariée mon enfant ? J’ai cru voir que tu étais le rayon de soleil de notre grande et belle famille ? Pourquoi tant de noirceur tout à coup ? Questionna soudain Emma en passant une main amicale dans le dos de la jeune femme.
-Il… Il n’aurait pas dû mourir !
-Bien sûr que si mon enfant… Tout le monde doit mourir un jour. Fit Emma avec douceur.
-Je le sais mémé mais lui… Il ne devait pas mourir… maintenant !
-ça hélas, personne ne peut le savoir mon enfant…
-Mémé tu ne comprends pas ?! Avec Elsa nous avons missionné Kaspian pour qu’Olson serve à accomplir leur destin ! Notre plan est à l’eau ! Mémé ?! Pourquoi ?! Pourquoi le destin nous joue-t-il ce mauvais tour ?!
-Eh bien… Il est possible que ceci soit de ta faute. Répondit Emma sans réfléchir.
-Attends quoi ?!


La matriarche s’en voulut immédiatement et prit la furie rousse dans ses bras, offrant à Anna un geste maternel qu’Emma n’avait encore jamais eu, pas même pour sa propre fille. L’aïeule et sa lointaine descendante restèrent ainsi un long moment ce qui étonnèrent les autres membres de la famille une fois de retour.


-Venez ! Dit Emma.


L’ancêtre avec une grande douceur aida Anna à se relever et la soutînt pour aller prendre place dans le salon du château. Tous suivirent sans dire le moindre mot. A leur entrée, Pieter, qui avait confortablement installé Niklas aux côtés de Runaerd se releva immédiatement imité par ses convives. Tous trois observèrent stupéfaits la tristesse d’Anna. Se voulant protecteur, Runaerd prit le relais de la matriarche et aida sa petite fille à s’installer avant de lui passer le bras derrière les épaules, réconfort qu’accepta volontiers la jeune femme avant que l’ancien roi, poliment ne se décale pour laisser la tâche de réconfort à Kristoff.


-C’est ma faute si notre Anna se trouve dans cet état. Confessa Emma.
-Mais qu’est-ce que tu lui as fait ? Fulmina Iduna.
-Je lui ai seulement dit la vérité… Mais de manière bien maladroite ma chère. Vous le savez hélas, la délicatesse n’est pas une grande qualité familiale.
-Quelle est cette vérité si dure à entendre ? Questionna mamie intriguée.
-Je… devrais sans doute vous laisser et… Hum… Pourrais-je savoir où dois-je me retirer ? Demanda Olson qui en bon militaire respectait l’intimité de la famille royale.
-Oh certainement pas mon bon monsieur… Vous êtes d’ailleurs le principal concerné
-Moi ?
-Oui vous ! … Anna mon enfant, je sais que tu ne vas pas aimer mais, je vais répéter à tous ce que je t’ai dit et je te promets de tout expliquer, je te présente à nouveau mes excuses, je n’aurai pas dû l’exprimer ainsi.


Emma avait commencé avec de grandes précautions alors qu’Anna se blottissait davantage dans les bras de Kristoff, puis, la reine d’Arendelle trouva le courage de reprendre le dessus et fit un léger signe approbateur à son aïeule, elle était prête.


-J’admire ton courage mon enfant. Voilà, Anna s’interrogeait sur votre mort général Olson, elle s’étonnait de votre arrivée soudaine et je lui ai dit… que c’était probablement sa faute… ainsi que la tienne Elsa d’ailleurs…
-Quoi ?! Madame ! Je ne sais qui vous êtes et si leurs Majestés vous connaissent et vous invitent à leur table je ne puis que les approuver mais je me suis fait un devoir de toujours défendre la couronne d’Arendelle ! Vous venez d’insulter de manière immonde par vos mensonges nos grandes souveraines !


Olson s’était immédiatement relevé. Bien que décédé comme les autres, curieusement, le général n’avait pas retrouvé les traits de sa tendre jeunesse mais davantage ceux d’un homme d’âge mûr. Néanmoins cela ne l’empêcha pas de se montrer si réactif et s’était déjà saisi de manière vindicative du bras de la matriarche, bien décidé à mettre hors de la vue de ses bonnes reines cette intrigante qui avait décidé de les tourmenter par de vils mensonges. La matriarche, bien que dans une position inconfortable ne résista pas.


-Olson… non… Merci… Merci de votre loyauté mais…Laissez… Laissez-là s’expliquer s’il vous plaît. Hoqueta Anna.
-Comme il vous plaira ma reine… Mais madame, je déments avec la plus grande fermeté vos allégations douteuses ! En aucun cas nos bonnes reines n’auraient pu avoir une quelconque incidence sur mon trépas puisqu’hélas, voilà des années désormais que nous pleurons leur disparition ! Aucune d’elles ne peut donc m’avoir tué et…
-Tué ?... Oh voyons non je n’ai jamais osé penser une telle chose ! Quel monstre pourrait imaginer qu’un membre de notre famille depuis l’Hellheim ne puisse prendre la vie d’un être humain ! S’opposa Emma alors qu’Olson la relâchait.
-Mais… Vous avez pourtant parlé… Commença Kristoff.
-De faute !... Pas de meurtre. Par les esprits qu’avez-vous donc tous imaginé au travers de mes mots ?!... Alors laissez-moi les dissiper. Un membre du monde des morts… ne peut pas tuer un vivant ! C’est impossible. Donc non général, ni Anna, ni Elsa ne vous a tué… Mais leur action pour modifier le monde des vivants a pu avoir comme conséquence votre trépas…
-Quoi ?... Que voulez-vous dire ? Comment ça leur action ?... Si nous sommes morts comment pouvons-nous…
-Normalement, nous ne pouvons pas… Mais à personnes exceptionnelles, événements exceptionnelles et Anna et Elsa ont pu trouver un moyen, cela serait un peu long à vous expliquer mais elles ont pu communiquer avec leur jeune frère Kaspian…
-Quoi ?... Les morts peuvent ?... Mais pourquoi personne n’est jamais venu me…
-Calmez-vous général et s’il vous plaît ne digressons pas, je vous le rappelle, la communication entre les mondes est pratiquement impossible, et lorsqu’elle a lieu… Elle n’est jamais sans conséquence
-Madame… J’ose espérer que vous n’êtes pas en train d’insinuer que notre bonne reine Anna aurait commandité ma mort ?! S’énerva à nouveau le militaire.
-Non… Non bien sûr que non… De tous les membres de notre famille cette douce enfant serait probablement la dernière d’entre nous à avoir une telle pensée ! Non ce qu’il faut voir c’est… que l’on ne récolte jamais de bons fruits à vouloir tenter de régenter la vie des vivants…
-Que voulez-vous dire ? Questionna Olson tout aussi intrigué que le reste de la famille.
-Eh bien que la vie trouve toujours une manière de contrecarrer la volonté d’un mort… La vie nous rappelle que nous n’en sommes pas les maîtres ! Et particulièrement lorsque l’on est cinquième esprit…
-Allons Emma, tu dramatises sans doute, rien ne nous permet de dire que l’intervention d’Anna et Elsa ont entraîné la mort de Niklas… Coupa Mamie.
-Ni la tienne ?... Ne t’oublie pas car… jamais ces deux enfants n’y auraient pensé sans ta sagesse n’est-ce pas ? Fit Emma alors que mamie recula, déçue d’être prise en défaut.
-Je… Justement, je ne les aurai jamais guidé vers une situation fâcheuse !
-C’est pourtant la le défaut que nous cinquième esprit partageons tous…


La tristesse pouvait s’entendre dans la voix d’Emma. Elle semblait convaincue de la culpabilité de ses descendantes dans la mort d’Olson mais pourtant elle souhaitait prendre sur ses épaules toute la responsabilité de cette tragique erreur.


-Général, puis-je me permettre de vous demander… Vos derniers souvenirs sur Terre ?
-Euh… Je… Oui bien sûr ! Eh bien… J’ai… Je me souviens avoir reçu une missive du prince Hans. Il me faisait part d’une invitation au repas royal de Noël à la demande du chef Northuldra et du jeune prince Kaspian, fils d’Agnarr qu’Hans devait nommer au titre de roi émérite pour le discours de la nouvelle année.
-Attendez quoi ?... Hans devait faire quoi ? Coupa soudain Anna, intéressée.
-Oui… Le prince a fait rédiger un décret de pardon royal pour votre père et, par ce titre, votre frère pouvait ainsi recouvrer un titre royal qu’il n’avait pas…
-Quoi ?... Comment ça mon fils n’avait pas de titre ?
-Doucement mon ange de l’air… après tout ton fils est cinquième esprit, c’est une tache bien plus importante qu’un titre royal dont il ne devrait jamais revendiquer la couronne. Tempéra Mamie.
-Eh bien altesse, pour tout vous dire… La naissance de votre fils n’a jamais été indiqué dans les registres royaux. Il n’est pas né en Arendelle et nous vous pensions disparue depuis des années si bien que les registres vous concernant le roi Agnarr et vous ont été scellés… Vous connaissez les coutumes, pour que justement aucune tentative de falsification ne puisse être faite. Seul un descendant direct, vous le savez est en droit de rouvrir ces registres mais… Lors du court règne de notre reine Elsa… Pardonnez-moi votre Majesté mais nous devons le reconnaître, vous n’avez pas agi en tant que reine.


Un lourd silence s’abattit sur l’assistance alors que les regards se portèrent sur Elsa. La reine des neiges fut alors plongée dans ses derniers mois de vie. Très vite alitée du fait de sa grossesse, et dévastée par le chagrin d’avoir perdu sa mère lors de la tragique bataille de la reconquête, elle s’était montrée incapable de s’intéresser au pouvoir, déléguant tout à ses conseillers. Cet état léthargique ne l’avait alors jamais quitté jusqu’à ce qu’elle ne vienne, en compagnie de Mamie à Ahtohallan rencontrer son destin. Lors des premiers jours dans l’Hellheim, Elsa avait eu ce sentiment de colère vis-à-vis du reste de sa famille, d’avoir dû se sacrifier alors qu’il lui restait sa vie… Mais désormais un sentiment de honte l’envahissait… Elle le comprenait désormais… Elle ne s’était pas sacrifiée pour les autres… Non elle était, comme sa mère, morte lors de la bataille et errait telle une âme en peine. Elle avait cessé de vivre. Finalement, l’appel de Mamie avait été pour elle une délivrance. Ca n’était pas elle qui avait sauvé la famille mais bien la famille qui la sauvait en l’arrachant à cette vie qu’elle ne vivait plus, dont elle n’était plus digne car incapable de se relever.


-Je… Pardon maman… J’ai été une reine effroyable. Sanglota Elsa.
-Mais non ! Non Elsa ne dis pas ça !


Iduna fut la première à parler, mais tous les membres vinrent au chevet de la reine des neiges avec un mot pour la consoler. Personne ne pouvait lui en vouloir de ne pas avoir été capable d’exercer pleinement ses fonctions et tous, cherchaient à la convaincre que son sacrifice était l’une des actions les plus héroïques de la famille. Finalement, Elsa eût enfin une réaction et un timide sourire lorsqu’Olson s’agenouilla devant elle.


-Je vous demande pardon ma reine de vous avoir par mes propos causé un si grand tort. Nul n’a su de mémoire d’Arendellien apparaître plus digne que vous dans l’épreuve…
-Comme quoi il a vraiment ses préférés celui-là… J’avais bien fait de le mettre à la retraite. Souffla Anna jalouse à l’oreille de son époux.


La discrétion n’était pas la qualité première de la cadette d’Arendelle que tous avaient entendu. Iduna lui jeta un regard désapprobateur alors que Mamie se retînt de rire mais globalement tous firent semblant de n’avoir rien entendu.


-Vous avez raison de me railler ma reine, après tout je vous avais bien mal jugé. Votre choix à propos de mon sort était justifié et mérité reine Anna. S’excusa Olson.
-Oh… Hum… Non mais… Faîtes comme si je n’avais rien dit et… que disiez-vous à propos du registre pour mon frère ? Lança à la hâte Anna alors que le rouge lui montait aux joues.
-Oui veuillez me pardonner… Reine Elsa, jamais je n’oserai me permettre de dire que vous avez été une mauvaise reine… cela serait trahir la confiance que m’a toujours accordé la famille royale et ça serait mentir. Personne n’a le droit de vous reprocher vos derniers mois de règne ! Je voulais seulement étayer un fait.
-Tu peux lui faire confiance Elsa… Niklas Olson est un des militaires et conseillers les plus zélés et professionnel que j’ai eu la chance d’avoir à mon service. Intervînt Runaerd en posant une main amicale sur l’épaule de l’officier.
-Votre altesse est trop bonne envers moi. Sourit Olson en plongeant son regard dans celui de l’ancien roi puis celui de Pieter.
-… Et donc ?... Pour mon fils ? Coupa Iduna
-Oui… Donc, au moment de la disparition de la reine Elsa… Plus personne ne pouvait ouvrir ces registres… Mis à part les princes Viktor, Karl et Ryder mais cela, uniquement à leur majorité. Il n’y a donc qu’une personne vivante qui pourrait rouvrir ces registres…
-Agnarr… Souffla Iduna.
-En effet, néanmoins sa mise en disgrâce à la suite de son procès lui a retiré ce droit. Voilà donc pourquoi le prince Hans a décrété un pardon royal et l’a porté au titre de roi émérite… Ainsi, s’il ne peut régner, il peut agir pour votre fils et l’inscrire comme membre de la famille royale, lui octroyant ainsi les privilèges, droits et titres qui lui reviennent. C’est donc à l’occasion de ce diner de Noël que j’ai pu assister à l’intronisation de son altesse le prince Kaspian et la réhabilitation de sa Majesté.
-Voilà qui me semble bien imprudent qu’un régent agisse ainsi contre un jugement de notre royaume… Néanmoins en tant que père je suis heureux de savoir qu’Agnarr retrouve sa place…


Runaerd était sorti de sa réserve. Lui le roi martial, connu pour sa grande dévolution à l’ordre et la primauté de la justice rendue. Voilà une action qui aurait été parfaitement inimaginable du temps de son règne. Tous sentaient que l’ancien monarque demeurait tiraillé entre ses convictions politiques profondes et son affection familiale qu’il regrettait de n’avoir su montrer à son fils de son vivant.


-Certes votre altesse mais ça n’est pas une première, par le passé le régent…
-… Alric, duc de Kraberg avait ainsi réhabilité mon arrière-arrière grand-oncle Kurt d’Harmon au titre d’héritier présomptif avant que ne naquisse finalement mon arrière-arrière-grand-père qui deviendra finalement Lars III d’Arendelle. Coupa d’une voix solennelle Runaerd.


Le silence s’installa. La connaissance de l’Histoire de la royauté de Runaerd impressionnait au sein de la famille tout particulièrement Elsa. La reine des neiges qui durant ses années de confinement n’avait eu pour seule distraction que d’apprendre toute l’Histoire du royaume aurait été incapable de rappeler ce fait historique si peu connu du royaume ce qui n’avait semblé demander aucun effort de mémoire à son grand père.


-Exact comme toujours votre altesse… C’est ce fait que le prince Hans a découvert…
-Je concède à ce régent qu’il a de l’astuce pour la recherche des actes. C’est un bon atout pour Arendelle ! Mes félicitations Elsa d’avoir eu ainsi la sagesse de nommer un homme si brillant pour conduire la destinée de notre Royaume en attendant qu’un de tes fils ne prenne la suite de nos glorieux ancêtres. Fit Runaerd sincère.
-… Hum… Pardonnez-moi de vous contredire votre Majesté mais cela sera peut-être du coup… le prince Kaspian le futur roi d’Arendelle.
-Quoi ?! S’étouffa Elsa.


La reine des neiges s’en voulut immédiatement. Pourquoi serait-elle offusquée de voir son jeune frère s’asseoir sur le trône, pourtant une jalousie naissait en elle, elle souhaitait que cela soit un de ses descendants.


-Euh… Oui votre jeune frère en accédant au titre de prince royal acquiert également ses droits sur la succession au trône d’Aren.
-Est-ce pour cela que les registres ont été mis à jour ?... Mon fils doit devenir roi ? Demanda Iduna étonnée.
-Non votre Majesté… Pas que je sache pour l’heure en tout cas. Cela a été fait… afin que l’ancien roi Agnarr puisse à nouveau avoir quelque fonction officielle au sein du royaume.
-Et pourquoi donc ? Mon gendre ne devait-il pas avoir pour mission de veiller à ce que le cinquième esprit ne s’épanouisse en pays Northuldra ? Intervînt mamie.
-Si fait Lady Anna… Mais le prince Hans a fait ce choix afin qu’Agnarr puisse avoir quelque influence notamment sur notre diplomatie étrangère… et son premier acte devait être, si j’ai bien compris à la demande de son fils, de me nommer ambassadeur auprès de Weselton… Je puis vous assurer que sa grâce était ravie de retrouver place à la direction du royaume… Et je dois vous le confesser pour ma part, bien moins de devoir quitter ma chère patrie pour une contrée qui est si vous me le permettez, hostile à nos intérêts.


Un lourd silence s’installa alors que les regards convergeaient vers Anna et Elsa.


-Vous comprenez maintenant ?... Vos actes ont des conséquences sur la vie. Conclut Emma.
-Mais… Nous ne voyons toujours pas de rapport avec la mort du général et puis… Si cela permet à mon fils de pouvoir figurer au sein de la famille royale d’Arendelle… Après tout c’est aussi son histoire… Il n’y a donc rien de fâcheux. Défendit Iduna.
-Tu as raison ma chère… J’espère que c’est le cas mais… nous devrions laisser ce général finir son histoire. Répondit Emma bien moins sereine.
-Oui pardonnez-moi vous me demandiez mes derniers instants, voilà qui n’est pas professionnel que de digresser de la sorte de ma part…
-Vous êtes tout excusé Niklas… Faisons fi des convenances mon ami, détendez-vous, vous n’êtes plus à notre service désormais, parlons d’égal à égal. Encouragea Runaerd qui déboucha une bouteille d’hydromel et offrit un verre au militaire.
-Je… Merci votre…
-Runaerd… Appelez moi par mon prénom… Comme nous le faisons tous ici ! Coupa le monarque en frappant l’épaule de Pieter.
-Certes Maj… Runaerd ! Fit Olson mal à l’aise.
-Continue ton histoire ! Encouragea Pieter.
-Donc… C’est… C’est assez flou… Je… Je me souviens de la cérémonie puis d’un grand banquet, très agréable. Le… Le prince Kaspian s’est montré parfait en tout point, digne de son grand père !
-Vous me flattez !
-Eh oh doucement Runaerd… c’est aussi moi son grand père, c’est surtout pour ça qu’il est doué !
-… Tous les deux ça suffit, s’il est ainsi c’est parce que je suis sa mère surtout !
-La bataille d’égo pourrait durer longtemps… Pouvez-vous poursuivre Niklas ? Fit mamie faisant semblant d’ignorer les querelles.
-Avec plaisir Lady Anna… D’ailleurs, ce jeune garçon vous ressemble beaucoup dans son attitude… à vous et aussi à Pieter !
-C’est normal… ce petit est un Picéaerd !... Elevé par un Arendellien cela ne peut être qu’extraordinaire ! Coupa mamie suffisamment fort pour mettre fin aux disputes.



Comme souvent, la phrase de la matriarche venait de faire mouche et tous revenaient à la raison. Pour une fois ni Anna ni Elsa n’avaient pris part à la querelle ni même partie mais toutes deux ne purent s’empêcher de réprimer un rire… Leur jeune frère qui avait tant de qualité où tous se félicitaient d’en être responsable était d’abord et avant tout, le disciple de mamie qui était la seule à ne rien revendiquer.


-Et c’est tout ? S’inquiéta Emma à l’attention d’Olson.
-Euh… Il… Il m’a offert un présent puis nous avons diné et… Je suis désolé… Je n’arrive pas à me souvenir du reste.
-Attendez ? Ca voudrait dire que vous êtes mort comme ça ? Sans raison ? Non ça n’est pas possible ! Vous êtes vieux et puis… Oui vous deviez aussi être malade ! Ou les blessures de la guerre ne se sont jamais soigné c’est ça qui vous a tué finalement ! Paniqua soudain Anna.
-Je… Je suis navré mais non… J’ai bénéficié des soins des meilleurs médecins d’Arendelle pour panser mes blessures… J’étais parfaitement remis sur pied de ce point de vue…
-Mais alors pourquoi ?!
-Ca mon enfant… Comme tu le sais, il n’est pas difficile pour nous de le découvrir… Plaida Emma.
-Quoi ?
-Allez venez les Picéaerd… Puisque la mémoire de Niklas est défaillante, Ahtohallan nous répondra. Soupira Mamie.



Docilement toute la famille suivit la chamane Picéaerd. Pieter s’empressa de prendre la main de son amant pour l’accompagner vers ce lieu enchanteur dont il avait quelque fois, il y a de nombreuses années entendu le nom mais dont il ne savait rien. Emerveillé, le militaire observa les trésors offerts par l’Hellheim. Son caractère martial s’oublia peu à peu et ses yeux pétillèrent. Anna et Elsa, intriguées restèrent relativement proches du militaire et découvrirent que Niklas pouvait avoir un regard d’enfant. L’officier faisait de son mieux pour tenir sa ligne de conduite bien qu’il s’autorisa quelques questions discrètes sur le lieu puis finalement, celle qui lui brûlait la langue à propos de celle qui fut son épouse durant de longues années.


-Elle n’est pas ici Niklas… Beata a disparu avant de pouvoir réparer ses torts par rapport à ses enfants et se retrouve désormais dans le Niflheim… Je suis désolée. Fit Mamie qui avait entendu.
-Quoi ?... Mais ? Pourquoi ? Elle… Elle était sans doute plus vertueuse que moi et… Je l’ai laissé partir pour qu’elle répare et…
-Je… Je pourrais lui transmettre un message de votre part à l’occasion si vous souhaitez… Tempéra Iduna pour rassurer le militaire.
-Pourquoi ne peut-elle nous rejoindre ? Elle le mérite non ?!
-Ca ne fonctionne pas si facilement… Les transferts d’âmes pour s’élever vers l’Hellheim sont… Commença Emma d’une voix sombre.
-Impossible ? C’est ça que vous essayez de me dire ? Demanda Olson digne.
-Non Niklas… J’en suis la preuve mais pour cela, il m’a fallu obtenir le pardon et me pardonner à moi-même… C’est très difficile mais… un jour… Peut-être ! Fit Runaerd en soutenant son vieux camarade.



Kristoff et Ryder demeuraient quelque peu en retrait, le duc de la plaine des trolls serrait légèrement les poings. Il redoutait la question d’Olson qui finit par arriver. Au fond de son cœur, il gardait la cicatrice de l’abandon de sa mère. Même s’il en connaissait les raisons, même s’il savait tout le bien qu’elle avait pu faire autour d’elle, une voix dans son cœur lui rappelait qu’il s’était retrouvé seul et abandonné dès l’enfance, une enfance loin de son frère et sa sœur qu’il n’avait pu connaître par son choix de fuir. Bien sûr Kristoff savait qu’il avait pu échapper à son père, et cette fuite lui avait permis de rencontrer l’amour de sa vie… Mais c’est aussi le fait qu’il ne connaisse pas sa sœur qui aura poussé Honeymaren à le tuer. Ces questions hantaient le montagnard qui ne savait trop quoi penser de sa mère.


-Il faudrait qu’Honeymaren lui pardonne déjà… Qui sait, elles se sont peut-être toutes les deux retrouvées dans le Niflheim et peuvent tenter de se réparer mutuellement… c’est par elle que passera la voie de la rédemption de Beata. Philosopha Mamie.


La réponse de la matriarche, n’était pas ce qu’espérait le militaire mais il put lire dans les yeux de la chamane toute la sincérité et se résout à accepter cette situation dignement. Juste avant de reprendre la route, Mamie eût un regard pour Kristoff. Dans cet échange bref et sans parole, le montagnard tentait par tous les moyens d’exprimer à la matriarche sa reconnaissance pour lui avoir évité de s’expliquer mais au fond du regard menthe à l’eau de mamie Kristoff comprit le message. Cette question sur sa mère, il lui faudra bien la trancher tôt ou tard. Gêné, le montagnard ferma la marche, accompagné d’Anna qui sentait le besoin de son époux de se sentir épaulé alors que tous pénétraient dans la galerie des souvenirs d’Ahtohallan sous le regard fasciné du nouvel arrivant.
Avec toute son expertise, la tache lui ayant une fois encore été laissé par Emma, Mamie Anna se chargea d’activer les souvenirs. Peu à peu l’image se cala et tous purent admirer la joie d’Agnarr de retrouver quelque pouvoir en Arendelle. Le sourire de l’ancien monarque fit tiquer Elsa… Elle pouvait lire sur le visage de son père le goût du pouvoir dont elle avait hérité. La reine des neiges se concentra à contrôler ses émotions mais elle se sentit rougir en voyant le regard perçant de mamie se poser sur elle… Comme toujours la matriarche avait deviné.
Néanmoins, mamie ne préféra pas questionner la gardienne de la forêt et se contenta de faire défiler les derniers souvenirs d’Olson pendant la soirée du Réveillon de Noël, puis, le lendemain matin, le voir s’approcher de la chambre de Kaspian.


-Mais… Que faisiez-vous dans la chambre de mon fils ? Demanda Iduna soupçonneuse.
-Le jeune prince, en ce matin de Noël a souhaité m’offrir quelques douceurs. Expliqua le militaire.


Les souvenirs confirmaient les dires du général.


-Ça c’est mon garçon ! Toujours le cœur sur la main ! S’enthousiasma Iduna.


Anna et Elsa n’étaient pas en reste et furent heureuses de voir Kaspian jouer son rôle comme elle l’avait missionné, tout se passait comme prévu et tous constataient qu’Olson était en pleine santé alors que le repas de Noël arrivait. Mamie avec l’accord de la famille avança quelque peu le souvenir, les conversations n’étaient guères intéressantes même si tous étaient heureux de voir leurs proches si bien ensemble.


-Voilà… Le repas se termine… et c’est le trou noir pour moi. Commenta Olson.
-Dans ce cas, attardons-nous ! Répondit Mamie en ralentissant à nouveau le souvenir.


Tous suivirent avec attention Olson remonter vers des appartements qui lui avaient été attribué au château au titre d’ambassadeur. Le militaire, une fois seul se mit à parler pour lui-même… ou plutôt ses suppliques s’adressaient à Pieter dont toute la famille put voir qu’Olson tenait toujours dans sa main le portrait du Northuldra. Le frère cadet de mamie eût les larmes aux yeux alors que tous entendaient la déclaration d’amour de l’officier d’ordinaire impassible. Après ce recueillement, le général reposa le portrait de son âme sœur puis retira la petite bourse offerte par Kaspian. A l’intérieur, un message lut à haute voix par l’officier

« Général Olson, voici quelques douceurs que j’ai préparé moi-même pour vous remercier de vous rendre à Weselton et me permettre je l’espère pour les princes d’Arendelle et moi de rencontrer enfin notre cousin. Affectueusement, Kaspian. »


-Fort bien… Tu as gagné petit prince… J’irai là-bas si tel est ton souhait… Je le dois à tes sœurs après tout !



Alors que les deux sœurs observaient satisfaite de voir que leur frère avait parfaitement rempli sa mission, Olson dans le souvenir se saisit d’un biscuit qu’il mangea avec gourmandise. Quelques instants plus tard, les Picéaerds observaient effarés le général tomber et commencer à suffoquer, et être atteint d’affreux spasmes.
Immédiatement, Mamie fit stopper le souvenir alors que la famille commençait à réaliser l’horreur.



-Est-ce que… Ce sont les biscuits de Kaspian qui…
-Pieter ?! Que dirais-tu d’emmener Niklas dans une partie de ton Hellheim ? Je suppose que vous souhaitez vous installer n’est-ce pas ? Coupa à la hâte mamie.
-Mais… Tenta Iduna.


L’ange de l’air ne put obtenir de réponse que Mamie pressait tout le monde de quitter la galerie des souvenirs et marchait en tête de cortège en compagnie de Pieter et Niklas en direction de leur logis. Arrivés dans la demeure de son cadet, Mamie continua de monopoliser la parole. Seule sa robe d’esprit permettait de la distinguer de sa petite fille tant elle avait le comportement impulsif. Mamie s’intéressait à tout, s’extasiait de tout au point de réussir à emporter dans son enthousiasme le reste de la famille, alors que Niklas et Pieter semblaient si heureux. La famille passait de très agréables moments pour le reste de la journée.



-Vous allez être très heureux… et un nouvel Hellheim va s’ouvrir pour vous ! Mon frère, je suis si heureuse pour toi !! Je vous apporterai du ragout quand tu veux !
-Merci petite sœur ! Tu seras toujours la bienvenue chez nous !
-Oui, je ne sais comment vous remercier Lady Anna.
-Bien… il va être temps pour nous de nous retirer…
-Nous ne vous reverrons pas ? Questionna Anna.
-Chacun doit vivre son Hellheim ma petite… Mais tu pourras rendre visite à ton grand oncle dès que tu le désires. Assura Emma.
-J’en serai ravi en tout cas
-Moi aussi votre Alt… hum, jeune Anna ! Et j’espère que vous aussi ! S’amusa Olson qui se sentait un peu plus à l’aise.
-Bien les Picéaerd… Il est l’heure. Souffla Mamie.
-Pour vous peut être… Mais moi… Je ne suis pas un Picéaerd !


Mamie et ses petites filles se stoppèrent immédiatement, surprise de voir Runaerd rester aux côtés de ses soldats.


-Grand père ?
-C’est votre Hellheim à toutes les deux Elsa… Moi vous ne m’avez pas connu… Mais… Je viens de trouver mon Hellheim !
-Attends quoi ?


Runaerd ne répondit pas, et posa une main sensuelle sur la nuque d’Olson et Pieter s’approcha de plus en plus de l’ancien monarque. Les yeux de l’Arendellien et du Northuldra brûlaient d’une flamme qui ne laissait pas de place au doute alors qu’elle était aussi visible dans les yeux du vieux militaire. Lentement, Runaerd se pencha et ses lèvres rencontrèrent rapidement celles de l’ainé des Picéaerd et Niklas complétait en caressant amoureusement les torses des deux hommes.


-Alors là ça n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais ! Souffla estomaquée Anna.
-Alors Runaerd… Tu… Tu comptes rester… Avec eux ?... Voilà donc pour qui bat ton cœur finalement… bel et bien un Picéaerd.
-Je ne pouvais rien te cacher Elysia…
-Eh bien… Soyez heureux… Mais
-Oui ?
-Nos soirées à la taverne vont me manquer ! S’amusa Elysia en dévisageant le roi et Pieter.
-Tu auras bien l’occasion de les retrouver de temps en temps Elysia… Tant que tu ne rentres pas trop tard !! Bien… Allez venez mes Picéaerd… Laissons les se retrouver… Tout se passera très bien ! Conclut Mamie en refermant la porte sur les trois amants.



Les Picéaerd se retrouvèrent sur le chemin du retour et même Anna pendant de longues minutes garda le silence le temps de digérer la nouvelle.


-Eh bien… Finalement, heureusement que Papa n’a pas vu ça… ça l’aurait tué je pense ! Pouffa Anna.
-Anna voyons, ça ne va pas de dire des choses pareilles !
-Tout de même Elsa… Papy Runaerd… Avec grand tonton et…Olson ! .... Brrr !!!
-On ne juge pas Anna ! Regarde Mamie ne dit rien, elle ne juge pas !
-Bravo Elsa, tu gagnes en sagesse ! Mais je suis du même avis que ma petite Picéaerd… Ce coup là je ne l’avais pas vu venir…
-Tu le prends plutôt bien malgré tout mamie… et toi aussi maman !
-Maman ?!
-Iduna ?! … Où est-elle ?! Paniqua soudain Mamie.
-Elle… Elle nous a quitté peu après que nous soyons arrivés chez ton frère. Indiqua Emma.
-Quoi ?! Par Ahtohallan mais pourquoi ne pas nous avoir prévenus ?!
-Mais pourquoi maman est partie ?
-Oh je sais où elle est allée !... Vite, allons à Ahtohallan !
-Quoi ?! Non mamie tu ne penses pas que maman aurait pu…
-Oh ma petite Picéaerd, je préfère ne rien présumer.



Mamie n’en dit pas plus et partit telle une flèche vers le glacier suivi par le reste de la troupe. Essoufflée après une course effrénée, la matriarche se figea à l’entrée de la galerie des souvenirs. Iduna n’était peut-être pas une chamane, elle était peut-être une élève dissipée, mais elle apprenait vite et avait réussi à activer la galerie des souvenirs. La matriarche fit signe à tous de ne rien dire alors qu’ils s’approchaient doucement d’Iduna et tous observaient les souvenirs passer en boucle. Tous virent effarés les vivants découvrir le corps sans vie d’Olson et Kaspian rongé par la honte déclencher une tempête sur Arendelle alors que les regards se posaient sur lui. Mamie fit disparaître le souvenir avant de récupérer dans ses bras sa fille en pleurs.


-Mais qu’est-ce que vous avez fait ?! Hurla de désespoir Iduna à l’attention de ses filles qui se mordaient la lèvre jusqu’au sang.