[FCU] La malédiction du cinquième esprit

Chapitre 29 : Fugitifs.



La charrette du prince Hans cahotait sur le sentier tortueux du massif de la montagne du Nord. A l’arrière, Kristoff, Elysia Anna et Pierre se cramponnaient comme ils pouvaient face à l’inconfort de la situation. La cadette d’Iduna, observait les montagnes au loin pour ne pas risquer d’avoir des hauts le cœur. Elle se demandait comment jadis sa mère avait pu faire pour rester immobile et cachée de la vue des Arendelliens, lors de sa fuite du pays Northuldra au moment de la chute de la brume. Au loin, le pic de la montagne du Nord et adossé à son flan le merveilleux palais de glace dominait toujours majestueusement le massif. C’était la première fois qu’Anna le revoyait et sentait à nouveau à quel point sa sœur ainée pouvait être si parfaite. Elle aurait tant voulu pouvoir la serrer dans ses bras avant cette fuite. Les pensées s’entrechoquaient dans l’esprit d’Anna, alors qu’une énième pierre sur la route la fit revenir à la réalité.


-Aïe !!! Protesta-t-elle en se massant le genou endolori après avoir percuté le plancher.
-Navré Anna ! Je vous avais dit de vous accrocher pourtant !
-Comment se fait-il que vous ayez pris un véhicule si inconfortable ? Vous êtes le régent d’Arendelle pourtant !
-Oh ?! Je pensais que la plus attachée au confort serait votre sœur, pourtant elle s’accommode de la vie en forêt ! Taquina Hans sans se retourner.
-Mais je ne suis pas…
-Je me déplace ainsi pour ne pas être remarqué. Malgré les années, je reste assez impopulaire dans le royaume… Ce que j’ai pu vous faire à votre sœur et vous reste en mémoire mais surtout, beaucoup n’aiment pas qu’Arnevik se soit relevée…
-Comment ça ?
-Depuis que vous avez détruit le barrage. Le plan de votre grand père est, sans mauvais jeu de mot tombé à l’eau. Petit à petit, les terres autour d’Arnevik se sont vues davantage irriguées et plus fertiles. Mais ça, ça n’était rien comparé à votre intervention ! Votre discours reste une source d’inspiration à Arnevik et je me suis juré de faire respecter votre souhait. La ville n’a plus rien à voir avec ce qu’elle fut pendant des générations ! C’est désormais une ville au commerce prospère ! Votre père en est ravi d’ailleurs pour les finances du royaume ! Cependant, dans bon nombre de parties du royaume, certains sont jaloux de cette réussite alors que pour eux, leur vie n’a guère changé… Ils considèrent que j’en suis le responsable… Voilà pourquoi je préfère voyager ainsi, pour ne pas être pris à parti et cela me permet aussi de savoir ce que pensent les habitants du royaume sans qu’ils me reconnaissent !
-Arendelle est censé être un royaume prospère ! Pourquoi les autres habitants seraient-ils jaloux d’Arnevik ?
-Arnevik est devenue une place forte pour l’agriculture du royaume. Son port commercial s’est aussi grandement développé. Les habitants ont investi sur la grande ile d’Aren. Des mines y ont été créés… Tout ceci s’est fait malheureusement au détriment d’autres places. Le Port d’Harmon périclite, les mines de Kraberg sont en difficultés par exemple…


L’ancienne souveraine se mordit la lèvre sans pouvoir répondre. Pendant tout ce temps passé dans l’Hellheim, jamais elle ne s’était posée la question de la survie de son royaume. Elle se sentit aussi très mal vis-à-vis de son homologue. Elle qui avait juré dans sa vie d’être la protectrice de Kraberg, savoir que la ville aujourd’hui devait se trouver dans une misère bien plus importante qu’avant la gênait grandement. Que penserait la vraie mère d’Helga de tout ceci ?


-Regarde Anna ! Nous quittons les sentiers, la route sera plus douce ! Souffla Kristoff pour changer de sujet et calmer l’angoisse qui montait auprès de la jeune femme.
-C’est vrai !... Au moins quand je serai de retour en Arendelle, je pourrais aider mes neveux à corriger cette erreur auprès de nos grandes villes que vous avez commises avec mon père…
-Vous pouvez nous blâmer pour nos échecs et je déplore que votre père ait pu reprendre le trône que la justice lui avait confisqué, néanmoins s’il a commis des erreurs, tout a toujours été sincèrement fait, pour le meilleur du royaume…
-Nous verrons cela Hans ! Nous verrons !... Pour l’heure il nous faut nous mettre à l’abri de ma grand-mère, et sans vous il faut bien le reconnaître nous n’aurions pas pu la devancer !
-Parce que tu penses vraiment que nous l’avons devancé Anna ?


Elysia avait parlé d’une voix sombre. Depuis la fuite de la forêt enchantée, il n’avait pas prononcé le moindre mot, pourtant son regard demeurait froid en permanence…


-Attends quoi ?
-Allons Anna ! Ta grand-mère chevauchait le Nokk ! Quand l’as-tu vu déjà utiliser l’esprit de l’eau ?!
-Euh… Eh bien… Jamais mais…
-Tout juste ! Jamais ! Elle n’aime guère avoir à faire à lui ? Alors tu penses qu’elle se serait chargée de le chevaucher si elle n’avait pas été déterminée ?
-Si… Bien sûr mais nous l’avons…
-Non ! Non Anna ! N’insulte pas ton intelligence à ce point ! Gronda Elysia.
-Mais..
-Pas de mais ! Nous étions à pied, puis dans cette charrette ! Tu penses vraiment que l’esprit de l’eau n’aurait pas pu fondre sur nous ?! Si nous avons pu nous échapper… C’est parce qu’elle l’a permis ! Insista Elysia.
-Quoi ? Mais pourquoi ? Oh ?! Est-ce qu’elle aurait changé d’avis ?!
-Je ne le pense pas mon enfant… Je pense qu’au contraire qu’elle avait un tout autre intérêt… Ajouta Pierre d’une voix grave.
-Lequel ?
-L’esprit de l’eau… Soupira le premier Sappos.


Anna soudain prit peur et serra contre elle son miroir. Elle savait qu’elle pouvait demander à Ahtohallan de tout lui révéler pourtant elle craignait ce qu’elle risquait de découvrir. Hagard, la jeune femme chercha quelque soutien dans les yeux des hommes qui l’accompagnaient mais tous, même Kristoff avaient la mine sombre. Lui aussi était donc convaincu que mamie pouvait à ce point avoir basculé ? Tremblante, elle sentit sur son épaule la main secourable du montagnard. Il n’avait pas besoin de parler, elle savait… Il le fallait ! Avec appréhension, elle regarda le précieux miroir qui commença à dévoiler les souvenirs récents. Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour le refermer et sentir de grosses larmes silencieuses couler le long de ses joues roses.


-C’est le plan d’Emma d’acquérir les esprits… Cette course folle aura été un prétexte pour Anna afin de récupérer le Nokk de la surveillance de ta sœur et l’offrir sur un plateau à Emma… Voilà qu’elle en possède trois désormais… Commenta Pierre d’une voix grave.
-Mais pourquoi ? Pourquoi fait-elle cela ?
-Ta grand-mère ? Malheureusement je n’en ai pas la moindre idée… Emma a dû pervertir son esprit, la convaincre que c’était le moyen de protéger les Picéaerd… Quant à Emma, son but est d’atteindre un pouvoir si puissant qu’elle sera capable de défier le gardien… Avoir ta grand-mère comme alliée lui est d’un grand secours, elle peut manipuler les cinquièmes esprits à sa guise et obtenir plus facilement l’obéissance des éléments…
-C’est-à-dire ? Demanda Anna à son lointain ancêtre.
-Je te l’ai dit Anna, chaque cinquième esprit a un lien très particulier avec un élément. Ta grand-mère c’était la pierre, ta mère l’air, ta sœur l’eau… C’est sans doute pour cela qu’Emma s’est attelée à obtenir le feu en premier ! C’est le seul élément qui résiste toujours aux cinquièmes esprits… Emma doit se dire qu’il allait être plus aisé de récupérer les autres… Désormais il ne reste plus que le zéphyr de ta mère comme barrière…
-Pourquoi le feu résiste ? Demanda Anna qui cherchait à focaliser son esprit sur un élément en particulier et ainsi ne pas fondre en larmes.
-Hélas je n’en ai pas la réponse… Fit Pierre.
-Moi si…
-Papy ?
-Le feu est le seul élément que l’homme est capable de créer ! Je suis certain que tu sais prendre un peu de bois sec et frotter au-dessus quelques pierres pour faire les étincelles ?
-Elle est très douée ! Elle a même su en un rien de temps allumer une torche avec des pierres alors qu’elle venait de tomber dans la cascade des cavernes perdues !
-Kristoff ! Voyons… Rougit Anna qui n’aimait guère se souvenir de ce moment où peu de temps après elle avait pleuré toutes les larmes de son corps.
-Tu as fait quoi ? Interrogea soudain Pierre…
-Euh… Oui, j’étais dans les cavernes et il me fallait de la lumière, enfin quoi, je n’ai fait qu’allumer une torche…
-… Allumer une torche en étant trempée… Voilà qui n’est pas courant…
-Pourquoi cet intérêt soudain ?
-Mon enfant… Tu nous avais dit toi-même avoir cru créer du feu avant ton trépas ? Questionna Pierre.
-Ah oui !! Oui ça je peux vous le confirmer !!! Je l’ai vu de mes yeux ! Nous étions en train de fortement tanguer face à la brume. La proue gitait fortement sur bâbord suite au gros temps de la mer devenue incontrôlable. Je craignais que nous ne chavirions mais la reine Anna a su transpercer ce maléfice d’une boule de feu née de ses mains et nous permettre de continuer d’avancer vers Ahtohallan même si… Nous n’avons pu réussir à atteindre la côte !


Hans s’était soudain brusquement retourné et avait arrêté sa cariole. Le benjamin des Iles du Sud n’avait pas perdu une miette de la conversation et s’était senti obligé d’intervenir. Anna de son côté avait les joues qui rougissaient toujours davantage. Une telle prouesse, elle avait cru la réaliser une première fois auprès des trolls, et Grand Pabby lui avait alors bien fait comprendre que c’était impossible qu’elle puisse contrôler les flammes.


-Je… Je sais que ça peut paraître fou mais… J’avais en ma possession des cristaux d’esprits c’est… C’est juste… Pour cette raison que…
-Ton pied je te prie mon enfant…
-Quoi ?
-Ton pied ! S’il te plaît ! Pose-le sur mon genou… Insista Pierre.


Interloquée, la jeune femme s’exécuta. Elle se déchaussa retroussa ses bas et sa robe avant d’atteindre les chaussettes qui masquaient son pied et ses chevilles. Par pudeur, Hans s’empressa de détourner le regard, se refusant à compromettre la vertu de la souveraine.


-Oh Hans, ne vous montrez pas si gêné ! Avouez que vous appréciez grandement les décolletés portés par ma sœur et puis, n’étiez vous pas le pirate le plus célèbre d’Arnevik, la terreur de l’Engel Dod ? Je ne doute pas que vous avez dû voir bien plus qu’une cheville féminine ! Railla Anna.


Le prince des Iles du Sud esquissa un sourire gêné à l’attention de la furie rousse et de Kristoff qui restait particulièrement calme, se moquant éperdument que le prince puisse se permettre d’observer cette partie de l’anatomie de la belle rousse que la bonne moralité interdisait scrupuleusement de dévoiler ! Pierre aussi n’en avait que faire et retourna lentement le pied délicat d’Anna pour laisser apparaître aux yeux de tous une marque à peine visible alors qu’Anna déséquilibrée manquât de peu de tomber.


-Eh ! Protesta-t-elle.
-Voyez-vous ce que je vois ? Demanda le plus âgé.
-Quoi ?... Euh oui ! C’est la marque des cinquièmes esprits mais… Je n’en suis pas une c’est Elsa qui…
-Non Anna je ne parle pas de ceci ! Et d’ailleurs c’est faux ce que tu viens de dire !
-Pierre a raison Anna… Tu es une cinquième esprit… Tu partages ce rôle avec ta sœur, même si elle est la seule à s’en charger. Après tout, c’est votre disparition à toutes les deux qui n’a fait que faire grandir les pouvoirs de Kaspian. Argumenta Elysia.
-Je te félicite mon descendant ! Je vois que tu as écouté les explications de ta femme ! Mais ce que je vois c’est ça ! Indiqua Pierre.
-Ca ?... Oh mais ça n’est qu’un grain de beauté rien de plus ! Argumenta Anna.
-Un grain qui te rend encore plus belle que le scintillement d’un lac gelé ! Souffla amoureusement Kristoff.
-Comme c’est mignon ! Mais non ça n’est pas un grain de beauté… Elysia ? N’as-tu pas toi-même ceci à ton pied ?
-Euh ?... Si… Confessa le Northuldra.
-Et à juste titre ! Ceci, est la marque de notre famille ! Anna, même si tu le refuses, tu es bien un cinquième esprit… Mais aussi une Sappos et… J’ai l’impression que comme chaque membre de notre famille tu as un grand lien avec le feu… Voilà sans doute pourquoi tu as pu allumer ta torche, pourquoi tu as pu transpercer la brume… Tu possèdes un lien très fort avec Bruni… Mais ça, Emma ne le sait pas ! Nous devons à tout prix préserver cette information !
-Quoi ? Que veux-tu dire ?
-Je veux dire que si elle avait pleinement conscience que tu es comme ta sœur et de surcroit avec un fort lien avec l’esprit du feu… Jamais elle ne t’aurait fait envoyer dans les limbes, elle a besoin de toi… Même si pour l’heure elle l’ignore ! Te garder loin d’elle est notre priorité ! Ainsi que préserver le dernier élément encore libre ! Le vent ne doit pas tomber dans les mains d’Emma ! Avertit Pierre.
-Eh bien regardez, ça ne risque pas… Il est au-dessus de nos têtes ! Fit remarquer Hans.


La conversation se stoppa et tous aperçurent surpris les feuilles virevolter au-dessus de leur tête. Hans disait vrai. Pierre pour la première fois souriait.


-Voilà une chance inattendue ! Anna ! Il est temps de vérifier tes talents d’esprit ! Appelle-le ! Fais-le venir nous rejoindre ! Ordonna le premier Sappos.


Surprise, la jeune femme s’exécuta. Le zéphyr était plutôt un bon compagnon pour elle. Après tout elle utilisait volontiers ses services lorsqu’Elsa lui avait laissé la couronne… avant de la lui contester. Avec un soupir, elle l’appela mais rien n’y fit. Peu à peu, l’air s’éloigna et, sans qu’Anna ne sache vraiment pourquoi elle se décida à entonner les quatre notes de sa mère. Le vent s’enroula soudain autour de lui-même, comme si en cet instant il hésitait. Anna réitéra son chant avec plus de force et de conviction. Au bout de la quatrième tentative, le zéphyr se décida à venir la voir. Malicieux, il s’amusa à ébouriffer les cheveux de tous les hommes et retourner la cape d’Anna sur elle. D’un geste, comme pour parer un coup imaginaire, Anna lança sa main vers les feuilles mortes par reflexe et, finit par attraper une missive. Elle referma ses doigts sur le papier qu’elle n’avait pas remarqué, transporté par l’embrun. Curieuse, elle le déplia et se figea.


-C’est ! C’est un message de Mamie !! Il… Il est pour Arendelle !
-Quoi ?! Firent tous les hommes.
-Je vous lis « … Mes chers arrière-petits-fils. Un grand danger plane au-dessus de nos têtes mais aussi sur Arendelle. Le temps presse restez sur vos gardes ! Un mal ancestral s’attaque aux nôtres et s’apprête à s’en prendre à vous. Ce mal provient d’une famille dont je vous ai souvent parlé, la famille de votre arrière grand père Elysia Sappos. Cette famille nous veut du mal et, hélas votre arrière grand père également. Avec un peu de chance, ce message le devancera. Vous devez vous méfier ! Il arrive bientôt devant votre porte mais pire que tout, il viendra en ami ! Il viendra en compagnie de personnes qui vous sont chères. Vous ne devez pas tomber dans ce piège ! Vous… » Eh !!!! Courant d’air !!! Reviens !!!


Anna avait beau hurler, le vent avait de nouveau fait son choix. L’esprit avait une mission à remplir et malgré l’appel d’Anna, choisi finalement de l’ignorer, emportant avec lui dans les airs la dangereuse lettre avant que l’ancienne reine n’ait pu la terminer et surtout, la détruire.
-Voilà qui est très fâcheux… Grommela Elysia.


Sa petite fille de son côté était catastrophée. Mamie avait décidément tout prévu ! Comment avait-elle pu croire un seul instant qu’elle avait pu s’échapper si facilement.


-Hans ! Vous devez partir et nous laisser ! Si nous arrivons en votre compagnie en Arendelle, les jeunes princes seraient capables de vous enfermer en même temps que nous !


Tous sursautèrent à ces paroles. La voix avait été autoritaire, déterminée, charismatique, une voix digne d’un roi. Cette voix, c’était celle de Kristoff Bjorgman.


-Plaît-il ?
-N’ai-je pas raison ? Vous Elysia, qui connaissez si bien Anna Picéaerd, et vous Pierre qui faîtes de même avec Emma. Est-ce que vous pensez une seule seconde que les princes ne feront pas ce que je viens de dire avec cette lettre ? Peut-on imaginer une seule seconde qu’elle puisse envoyer cette missive si elle n’est pas certaine de réussir ? Vous l’avez dit tous les deux, ce sont deux femmes brillantes, elles sont associées à mon père qui en plus d’être un véritable cinglé sadique, n’en demeure pas moins un manipulateur sans pitié et à qui envoient-elles ça ? A des gamins sans expérience. Vous vous souvenez quand nous étions dans l’Hellheim comment nous avons pu voir la jeune Emma jouer avec le jeune prince pour en faire son petit pantin ? Si elle en est capable, alors combien de chance y a-t-il pour qu’ils se rebellent contre le conseil d’Emma et Anna Picéaerd ! Pierre, Elysia, même si vous deviez nous quitter maintenant. Il suffit qu’Anna et moi n’apparaissions en Arendelle pour nous faire arrêter ! Nous sommes tous les deux morts depuis des années ! C’est évident que nous sommes les fameux amis dont parle la lettre ! Hans, si vous restez, vous tombez avec nous !


Un lourd silence s’abattit sur la troupe. Les paroles du montagnard résonnaient dans toutes les têtes alors qu’Anna ne savait quoi penser. Kristoff ! L’homme qu’elle aimait tant, lui l’être solitaire, réservé, qui détestait tant les mondanités royales et les responsabilités de chef d’état avait pourtant en cet instant parlé avec autant de charisme qu’Agnarr ou Iduna. Ironie, Anna constatait qu’ils se trouvaient en cet instant dans le domaine de la plaine des trolls. Ce duché spécialement crée pour faire de l’homme qu’elle aimait tant un duc… Ce fameux duc qui était en cet instant un véritable chef faisant honneur à son rang.


-Malgré les années il y a toujours des débiteurs de glace par ici n’est-ce pas ?
-Euh ?... Oui pourquoi ? Bredouilla le prince des Iles du Sud.
-J’ai besoin d’un traineau ! Et d’un renne !


Anna a nouveau fut transpercée. Kristoff avait parlé avec détermination, cette fois, ça n’était pas ses parents qu’elle entendait, mais bien sa chère sœur qui avait donné le même ordre à Kristoff quand tous étaient partis dans la forêt Northuldra la première fois. A croire que tous avaient des qualités de leader… Tous sauf elle ! Pensait la jeune femme désabusée. Hans de son côté obéit et, une vingtaine de minutes plus tard revînt auprès des survivants avec un traineau tiré par un fier cervidé. Avec expertise, Kristoff observa l’animal tout en vérifiant l’attelage. Tous l’observaient en silence alors qu’il murmurait à l’oreille du prince de la forêt, puis, prit une carotte et, après avoir croqué lui-même un morceau, offrit le reste au renne.


-Ecœurant… Remarqua Hans.
-Gardez vos remarques ! Comment s’appelle l’animal ? Demanda Kristoff.
-Les débiteurs qui me l’ont vendu l’ont nommé…Sven.


Kristoff arrêta soudain son expertise comme frappé en plein cœur. Anna s’en rendit compte et s’empressa d’aller serrer le bras de l’homme qu’elle aimait. A son tour elle observa le cervidé. Un fier animal, robuste bien que plus frêle que le fidèle compagnon de Kristoff. Pourtant, le nom ne pourrait évidemment que rappeler au débiteur de glace que son plus fidèle ami était resté loin là-bas, dans le monde des morts.


-Eh bien va pour Sven ! … Maugréa Kristoff.


Le montagnard, sans un mot pour Hans se permit de prendre dans la charrette de ce dernier papier et crayon et commença à griffonner quelques mots. L’écriture était petite et rapide. Aucune fioriture n’ornait les lettres comme pour la calligraphie impeccable d’Iduna ou d’Elsa. Non ! Kristoff était un homme simple et allait à l’essentiel.


-Tenez Hans ! Retournez chez les Northuldra ! Mais par la mer ! Ils doivent s’attendre à vous voir revenir par où nous nous sommes enfuis ! Quand vous accosterez, trouvez Yohan et remettez-lui ceci !
-Et où allez-vous de votre côté ?
-Au château ! Répondit le montagnard.
-Attends quoi ?
-Ne t’en fais pas Anna ! J’ai un plan ! Fais-moi confiance !


La détermination dans la voix fut percutante et Hans après un long soupir céda. Après un dernier signe de la main, il reparti seul pour bifurquer vers l’ouest, espérant sans doute rejoindre au plus vite la cité d’Arnevik dont il était toujours le maître. De leur côté, Kristoff fit monter tout le monde dans le traineau et demanda à son nouveau compagnon de poursuivre leur route plein sud. Le voyage fut long et personne n’osa parler. Anna, intriguée par tous les événements décida de trouver les réponses grâce à Ahtohallan. Elle entreprit d’observer le miroir, craignant que mamie, ayant utilisé courant d’air ne se soit approprié également l’esprit du vent. Rapidement les événements se matérialisèrent. Elle put voir la tempête continuer de se déchainer en pays Northuldra alors qu’Elsa faiblissait avec sa glace pour contrer les assauts d’un vent devenu incontrôlable par Kaspian jusqu’à ce que, finalement, la reine des neiges finisse par avoir le dessus puis, s’écrouler de fatigue. Mamie fut de retour à cet instant et se tenait au plus près de Laïka pour aider sa petite fille épuisée. Peu après, alors qu’Elsa était profondément endormie, Anna put constater que mamie était entrée en grande conversation avec Iduna. La matriarche tentait de convaincre l’ange de l’air que le mieux était d’éloigner pour un temps le vent de la forêt afin que Kaspian ne déclenche pas une nouvelle apocalypse. Après moult débats. Iduna céda et laissa le vent partir pour Arendelle avec un message de mamie. La matriarche avait expliqué qu’elle comptait prévenir les princes du danger qui les guettaient, ce qu’Agnarr avait approuvé sans que personne ne lise la prose de mamie.


-Pourquoi ? Mais pourquoi mamie veut-elle éloigner courant d’air ? Questionna Anna.
-Emma est une femme patiente, ta grand-mère est intelligente. Elles savent très bien que si tous les esprits disparaissent presque en même temps cela sera suspect. Elle nous a dénoncé auprès d’Arendelle, et elle commence à endormir la méfiance d’Iduna… C’est ce qu’on faisait quand elle était enfant, je peux te dire que c’était efficace ! Argumenta Elysia la mine sombre.
-Nous sommes arrivés ! Trancha Kristoff
-Quoi ?... Mais nous ne sommes pas encore dans la ville ! Hoqueta Anna.
-Et il ne vaut mieux pas ! A moins de vouloir nous faire arrêter par la garde !... Nous passerons par ici !


Kristoff indiqua une vieille bâtisse délabrée qu’Anna reconnu. Il s’agissait de l’ancien orphelinat. Là où sa mère avait passé jadis quelques années.


-Mais…
-Il y a un passage !
-Je sais… C’est mère qui l’a crée ! Pour rendre visite à père quand elle voulait ! Il donne sur la pièce secrète !
-Je ne peux rien te cacher ! C’est par ici qu’avec Yohan, nous avons fait évacuer toute la population que nous avons pu lors de la bataille d’Arendelle…
-Brillant… C’est brillant…


Le montagnard ne répondit pas et aida les passagers à descendre puis tous gagnèrent discrètement la bâtisse abandonnée et suivirent Kristoff dans l’étroit souterrain. Avec habilité, Anna se chargea d’allumer une torche et reçu quelques quolibets à la fois de la part de Kristoff mais aussi de son grand père sur son grand talent pour le maniement du feu.


-C’est sans doute parce que j’ai toujours le cristal de Pabbie avec moi… Siffla la jeune femme amusée.


Innocemment, elle sortit de sa poche le cristal de feu qu’elle avait en main lors de son trépas. Elle n’avait jamais su pourquoi cet objet l’avait accompagné dans l’au-delà et avait trouvé un certain réconfort auprès de lui lors de sa longue traversée des limbes. Lorsqu’elle put enfin en sortir pour gagner l’Hellheim, Anna avait pris l’habitude de ne jamais s’en séparer sans pour autant y accorder une quelconque importance. Pierre en revanche dévisagea la jeune femme avec intérêt.


-Où as-tu trouvé ça ?
-Je… Je l’ai toujours avec moi…
-Surtout Anna… Quoi qu’il arrive ! Ne t’en sépares jamais ! Qui sait, il pourrait peut-être servir dans un avenir proche ! Prophétisa le maître de Noël.


Pierre venait de faire tomber une ambiance lourde sur le groupe. Kristoff de son côté avait récupéré la torche des mains d’Anna qui tentait de rassembler ses pensées. Peu à peu, au fur et à mesure de la marche, elle finit par revenir à hauteur de l’homme qu’elle aimait.


-Kristoff ?... Ce papier que tu as donné à Hans… Qu’as-tu écrit ?
-Je demande de l’aide à un de nos vieux amis. D’ici là, nous resterons cachés dans la pièce secrète !
-C’est-à-dire ?
-Lors de notre fuite, j’avais en ma possession d’épée des rois… Je l’ai confiée à Yohan par la suite et si j’ai bien compris, il l’a encore aujourd’hui. Il était hors de question de la confier à ton père ! Je lui demande de te la rendre car… Elle est à toi n’est-ce pas ? Je lui ai rappelé les dernières paroles que nous avons échangés lui et moi avant que… Avant que ma sœur ne me tue ! Des paroles pour me convaincre que j’étais un dirigeant ! Ca, ta grand-mère ou Emma ne peuvent les connaître ! Yohan saura dans quel camp il doit être !
-Pourquoi, après tout le temps que nous avons pu passer ensemble je découvre seulement maintenant que tu es un incroyable stratège ? Demanda la jeune femme avec un regard amoureux.
-Oh j’ai eu un bon professeur. Dans l’Hellheim, les moments que je partageais avec ta sœur pour élever nos enfants… Elle nous apprenait les échecs…
-Berk ! Je déteste ce jeu ! Elsa voulait souvent que je joue avec elle mais je ne me faisais battre systématiquement…
-Sans doute parce que tu joues trop vite. Si tu prends ton temps, tu te rends compte que ta sœur n’anticipe pas ! Et le but dans ce jeu, c’est de toujours avoir un coup d’avance ! Chut ! Nous voilà arrivés à l’escalier !


Kristoff fit stopper le groupe puis commença à monter les premières marches alors qu’une voix se fit entendre.


-Eh bien vous avez mis le temps à arriver ! Rendez-vous ! Vous n’avez aucune chance !


Immédiatement, tous virent plusieurs armes être pointés sur eux. Kristoff regretta immédiatement sa dernière phrase alors que les gardes fondirent sur eux. Toute résistance fut inutile et sans ménagement, les soldats les entravèrent ne prenant même pas la peine d’observer le visage d’Anna. A quoi bon, elle était une reine disparue depuis si longtemps désormais ! Même si son visage était immortalisé sur certains portraits royaux, comment s’en rappeler ?
D’un pas lourd, les prisonniers remontèrent. Anna sentit son cœur se serrer lorsqu’elle pénétra dans la pièce secrète désormais vide. Elle n’eût pas le temps d’observer les lieux, les soldats, sans ménagement les firent avancer et, au sein de la bibliothèque, ils se retrouvèrent nez à nez avec Viktor. Le jeune homme tentait au maximum d’arborer un visage sévère, mais c’était chez lui contre nature ! Sur son visage pouvait se lire la candeur de son père et le manque de confiance de sa mère.


-Comme prévu les traitres sont là ! Lança-t-il d’une voix qui se voulait royale mais trahissait son inexpérience.
-Viktor ! Attends ! Tu ne sais pas ce que tu dis… Ecoute je sais ça va te paraître très bizarre mais je suis…
-Je sais qui tu es ma tante merci ! Coupa l’adolescent
-Oh ?... Alors ça ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais ! … Mais justement, écoute-moi, tu dois comprendre que…
-Oh mais j’ai déjà tout compris ! Mon arrière-grand-mère m’a tout raconté !... Jusqu’à votre ruse minable pour entrer au château !
-Attends quoi ?
- « Méfiez-vous ! Ils sont rusés, ils se douteront que vous êtes sur vos gardes et tenteront de venir au château par des moyens détournés ! Ils connaissent le passage creusé par votre grand-mère Iduna ! Arrêtez-les, avant qu’ils n’entrent au château ou ils ne seront que plus dangereux pour vous. » Lu Viktor.
-… Toujours un coup d’avance… Grinça ironiquement Anna avec un regard sévère pour Kristoff.
-Eh ! J’ai joué avec ta sœur, pas ta grand-mère… Se défendit le montagnard.
-Enfermez-les au secret ! Le procès aura lieu dans quelques jours ! Rassurez-vous, je suis certain que les juges voudront vous renvoyer dans le monde que vous n’auriez pas dû quitter !
-Viktor ! Arrête ! Ta mère ne permettrait jamais une chose pareille !


Anna plongea son regard dans les yeux apeurés de son neveu. Parler de sa mère avait fait mouche….


-Mon garçon… C’est nous que tu veux arrêter ! Tu es le maître ici avec tes frères. Si ta décision est de nous enfermer alors, enfermes-nous, mais ne commets pas la mauvaise action d’enfermer également ton oncle et ta tante… Ce ne sont pas les valeurs de ce royaume que traiter ainsi des membres de la famille royale… Lança Elysia.
-Il a raison mon garçon… Ta lettre parle des ennemis Sappos n’est-ce pas ? Mais est-ce qu’elle parle explicitement de ton oncle et ta tante ? Ne crains-tu pas une mauvaise action en les enfermant avec nous ? Ne crains-tu pas que ta mère ne soit en colère ? Que ton arrière-grand-mère, bien qu’elle t’ait écrit cette lettre ne soit en colère ?... Ne crains-tu pas de mettre en colère contre toi la mère fouettarde ? Ajouta Pierre
-Je…
-Tu es un bon garçon Viktor… Tout comme tes frères ! Tu sais qui je suis n’est-ce pas ? A chaque Noël je suis venu t’offrir des présents que tu méritais… Je ne te dis pas ça pour t’amadouer…
-Je… Trembla le jeune prince.
-Enfermes-nous si tu penses que c’est ce que tu dois faire. Jamais je ne pourrais te reprocher d’agir selon ton devoir… Mais les enfermer eux, ça n’est pas ce qu’on te demande n’est-ce pas ? Viktor, tu détestes faire une mauvaise action !... Tu sais qu’Emma Picéaerd pourrait alors venir te voir ? Insista Pierre d’une voix toujours plus intimidante.
-Je… Ga… Gar… GARDES ! Je… Euh… Ces deux-là ! Oui… Ces deux-là ! Emmenez-les !... En détention ! Pas au secret juste… La détention ! Et… Vous… Lieutenant vous… Emmenez mon oncle et ma tante dans… Euh… Les anciens appartements de la reine Anna et verrouillez la porte ! Je… Je dois m’entretenir avec mes frères pour décider de leur sort et… Et fixer la date de… du procès…
-Voilà qui est sage et juste mon garçon. Bien, si ces messieurs veulent bien nous indiquer le chemin, nous suivons sans résistance. Indiqua Elysia.
-Grand père non ! Viktor ! Tu ne peux pas !...
-Anna mon enfant ! Laisse ton neveu faire son devoir. Inutile de nous énerver. Je ne doute pas que tu sauras régler tout ceci. Souffla Pierre.


Désarmée, Anna obtempéra. Un moment de flottement s’installa, les gardes ne savaient trop quoi faire alors que les Sappos continuaient de leur demander le chemin. Devaient-ils obéir à leur jeune prince où à ces curieux messieurs, ou encore à Anna ? Après de longues secondes de silence. Viktor réitéra son ordre. De leur côté les Sappos mais aussi Anna acquiescèrent et les hommes en armes emportèrent Elysia et Pierre. Lentement, avec une légère révérence, l’officier finit par s’approcher d’Anna.


-Non !... Lieutenant non ! Je… J’ai changé d’avis… Je… Je vais m’en occuper moi-même !


Bien qu’intimidé, le jeune prince se redressa dans une posture qui n’était pas sans rappeler celle d’Agnarr même si le jeune homme fut très loin le même charisme. Anna et Kristoff acceptèrent de le suivre sans résistance. Etais-ce par crainte pour leurs amis ou par pitié pour le jeune prince sans panache, ils ne sauraient le dire. Pourtant, une fois emmenés dans les appartements qu’ils connaissaient si bien, coincés par une porte solidement verrouillée, Anna ne tarda pas à hurler sa rage d’être ainsi captive alors que Kristoff fut heureux de retrouver un grand lit confortable.



-Non mais je n’y crois pas ! Je n’y crois pas ! Je n’y crois pas ! Je n’y crois pas !...
-Oui Anna, j’ai compris, par pitié, est-ce que tu peux te taire ?


Les mots sortirent de la bouche de Kristoff malgré lui. Le montagnard, allongé depuis plus d’une heure sur le grand lit fixait inlassablement le plafond orné de crocus. Il ne pouvait plus supporter de voir sa belle arpenter de long en large la belle chambre qui furent la leur jadis et pire encore, entendre en boucle la furie rousse maugréer. Kristoff regretta immédiatement ses paroles alors qu’Anna le fusilla du regard, le pauvre venait d’ouvrir la boîte de Pandore.


-Que je me taise ?! Kristoff je suis enfermée dans mon propre château par mes propres neveux ! Si j’avais ma sœur en face de moi, je peux te jurer qu’elle m’entendrait sur la capacité de réflexion de ses rejetons ! Oh et puis je dirais deux mots à ton frère aussi ! Parce qu’ils n’ont pas été trop de deux pour engendrer de pareils idiots ! Ma grand-mère est devenue complètement folle ! Mon père s’est révélé être un très mauvais roi ! Ma mère n’a guère valu plus que l’écervelée que je pouvais être à ne penser qu’à des amourettes sans chercher à remplir la mission d’importance qui lui est confiée et toi la seule chose que tu trouves à dire c’est « tais-toi par pitié » ?!
-Et tu crois que me hurler dans les oreilles changera quoi que ce soit ? S’il te plaît calme-toi Anna ! Ton grand père serait furieux s’il te voyait ainsi ! Il te demanderait de te calmer pour réfléchir n’ai-je pas raison ?
-Si tu savais comme je peux te détester quand tu prends cet air là… Je croirais entendre Eugène Fitzerbergh quand il dit à ma cousine qu’il a toujours raison !
-Eh bien dis-toi que je suis sa version améliorée, moi, c’est pas l’option brindille !


La remarque permit au moins au visage d’Anna de se détendre. Comme coupée dans son élan elle dévisagea le montagnard et se retînt de ne pas éclater de rire. Le silence s’installa et l’un comme l’autre purent voir un léger sourire poindre. Inutile de parler, les deux jeunes gens venaient d’avoir la même idée. Il était temps de fêter ce renouveau, ils voulaient tous deux se sentir vivants. Revivre leur seule et unique expérience qui avait eu lieu la veille de leur mariage et du couronnement avortée de la belle rousse. Avec sensualité, oubliant totalement son agacement, la belle reine se rapprocha de la couche. Elle avait porté sa main aux manches de sa robe et les tiraient délicatement dévoilant les taches de rousseur de ses épaules. Le débiteur de glace n’y resta pas insensible et sentait son membre viril revivre également alors qu’il accueillait dans ses bras sa précieuse fleur d’Arendelle. La chambre était confortable, il aurait été dommage de ne pas en profiter. Les draps de soie se froissèrent alors que les amants telle une danse basculèrent sur le matelas confortable. Anna passait sa main sous l’épais pull de son amant et sentait sous ses doigts fins la peau chaude et douce ainsi que l’impressionnante musculature abdominale de son partenaire. Kristoff lui passait les mains dans les cheveux de la belle pour lui dénouer avec une infinie douceur sa coiffure laissant tomber des cascades de lave le long du visage d’Anna d’Arendelle.


-Comme tu es belle ainsi… ma reine du feu ! Taquina le duc de la plaine des trolls.
-Tu veux de la chaleur ? Je peux te promettre que le feu arrive bientôt !


Anna joignit le geste à la parole. Avec lenteur, alors qu’elle sentait son corps peu à peu se dénuder laissant apparaître ses sous-vêtements elle continuât de caresser le torse de Kristoff. Se souvenant des leçons chamaniques, elle se concentra pour que la chaleur au bout de ses doigts arrive et s’autorisa, coquine, à glisser ses doigts chauds vers les parties secrètes qu’elle convoitait tant. Du bout des doigts, tel un balancier elle effleurait la verge de Kristoff qu’elle sentait grandir toujours plus. La chaleur de l’aura de la furie rousse ne cessait d’exciter davantage l’homme fort. Anna, désormais vêtue de ses seuls sous vêtement apprécia les petits gémissements de son amant. Intrépide elle s’autorisa enfin à baisser le pantalon du montagnard, trop impatiente de voir l’anatomie de bellâtre qu’elle chérissait déjà de ses bienfaits. Enfin, plus rien ne masquait l’attribut du désir à la vue d’Anna. Elle sentait ses doigts toujours plus chauds. Elle les approcha à nouveau à la base de Kristoff et sur sa cuisse puis se pencha. Avec douceur, elle déposa un doux et furtif baiser sur la virilité du jeune homme qui s’agita davantage encore. Le montagnard répondit par un petit gémissement qui fut toujours plus bruyant. Tout à coup son plaisir grandit encore davantage alors qu’il sentait sur sa zone érogène la langue et les lèvres de sa belle lui procurer le plus doux des plaisirs. Comblé, il effleurait la chevelure de feu de sa torride partenaire qui semblait décidée à déclencher l’éruption.
Le plaisir était si grand alors que Kristoff relevait sa partenaire. Il sentait sa partie virile être aussi dur que ses piolets de glace alors qu’il remontait sa royale amante contre lui la délestant de ses derniers vêtements. Le feu d’Anna s’était propagé bien au-delà de ses mains. C’était comme si tout son corps était incandescent. Kristoff n’apprécia que davantage de coller sa bouche sur les doux mamelons de l’ancienne souveraine. La belle à son tour sentit le plaisir grandir. Les amants étaient synchronisés et s’offraient ce doux moment hors du temps. Ils étaient si vivants. Peu à peu, la furie rousse sentit enfin arriver ce qu’elle espérait tant. Enfin elle ne faisait plus qu’un avec Kristoff Bjorgman. Il était temps pour eux de déclencher l’éruption qu’ils attendaient tant. Anna se cambrait à chaque coup de rein du montagnard, dévoilant chaque fois sa poitrine que Kristoff s’autorisait à toucher avec douceur. La chevelure auburn d’Anna dansait au rythme de cette danse intime telles les flammes d’un brasier toujours plus chaud. Le rythme fut lent et doux, tous deux voulaient maîtriser au mieux ce feu qui les consumaient pour le faire durer et profiter le plus longtemps possible pour qu’après de longues minutes d’un ébat bouillonnant tous deux n’atteignent la plénitude de l’Hellheim en étant pour autant, parfaitement vivants.
Kristoff et Anna retrouvèrent peu à peu leur souffle, leurs corps entrelacés dans les draps de soie défaits. Ils s’observaient amoureusement alors qu’un bruit attira leur attention. La serrure semblât cliqueter. Surpris, le cœur battant, le couple s’empressa de relever les draps pour masquer leur nudité tandis que la porte s’ouvrit. L’espace d’une seconde, tous deux furent surpris de ne voir aucun prince d’Arendelle apparaître dans l’embrasure mais à la place, un autre visage bien connu…


-Anna ! Kristoff !!! Oh vous êtes vivants et vous continuez de vous faire des gros calins !
-Olaf ?!...

Chapitre 30 : Deux sœurs une couronne




La jeune femme avait répondu par reflexe et dévisageait le bonhomme de neige surprise. Elle avait beau savoir qu’Olaf avait vu son âme être séparée pour être attachée à une seconde personne elle avait toujours du mal à l’entendre.


-Vous êtes revenus comme Elsa du monde des morts ! Mais j’espère que c’est fini désormais, ça ne va pas devenir une habitude de mourir et revenir sans cesse !
-Je te retourne le compliment Olaf ! Après tout, toi aussi tu te trouves dans le monde des morts tu le savais ?
-Oh oui ! Beaucoup de gens n’y croient pas mais c’est vrai, une âme peut dans de rares cas être séparée en deux et se trouver à la fois chez les vivants et chez les morts, si elle peut s’accrocher au monde des vivants en se liant à la vie d’un autre. Elsa l’a fait pour moi en me liant à ses fils ! Du coup, le Olaf lié à Elsa est parti chez les morts… et moi je suis avec les vivants…
-C’est… C’est Elsa qui t’a expliqué ça ? Demanda la furie rousse surprise que le bonhomme de neige ait compris la complexité de sa situation.
-Pas du tout ! A l’époque où on te cherchait et qu’on a su que tu étais morte, Elsa était désespérée. Ta grand-mère l’a senti et m’a prédit qu’elle allait bientôt mourir, elle m’a du coup expliqué ce qui allait m’arriver pour que je reste auprès des enfants qui n’étaient pas encore nés ! C’est un personnage d’une infini sagesse ! J’espère qu’on va la revoir bientôt !
-Je l’espère Olaf mais… Qu’est-ce que… Sur ton menton ?! Marmonna Anna qui préférait changer de sujet pour ne pas parler de son aïeul.


La furie rousse maladroitement repoussait le drap pour masquer sa poitrine mais restait étonnée de la dégaine du bonhomme de neige. Il semblait quelque peu différent. Les brindilles qui lui servaient de cheveux avaient disparues mais à la place quelques-unes ornaient le menton du joyeux compagnon.


-Oh ça ?... Je ne suis plus si jeune Anna ! La barbe me donne un air plus âgé tu ne crois pas ?!
-Euh…
-Mais malgré les années, personne ne m’a jamais appris à me raser… Kristoff pourrait me conseiller peut être ? Soliloqua Olaf.
-Pourquoi pas ! Mais toi, as-tu appris quelque chose aux princes ? Demanda Kristoff surprenant sa belle.
-Oui pourquoi ?
-Je vais te dire pourquoi ! Tes charmants protégés nous ont enfermés ici tels des criminels ! Grogna Anna.
-Oh non ça c’est surement faux ! Jamais ils ne pourraient vous enfermer…
-Olaf !... Tu as bien déverrouillé la porte ?
-Oui pourquoi ?
-Et tu vois une clef dans la chambre de notre côté ?
-Non pourquoi ?
-Donc…


Le couple survivant pouvait deviner que l’être dépourvu de crâne utilisait en cet instant toutes ses capacités intellectuelles. Olaf était en véritable conflit intérieur entre son éternel optimisme à voir le meilleur chez les gens et la froide réalité. Peu à peu les traits de neige de la création d’Elsa se durcirent. Anna qui n’avait toujours connu que le sourire sur le visage de son ami fut surprise de pouvoir y lire de la contrariété et même de la colère. En cet instant, la cadette d’Arendelle put reconnaître un trait de famille entre Olaf et Guimauve. Le bonhomme de neige avait soudain le même regard menaçant que le gardien du palais de glace.


-Je reviens ! Je vais chercher Karl, Ryder et Viktor et vous verrez que toute cette histoire sera réglée !


Aussitôt le bonhomme de neige se détourna de ses amis dénudés et s’empressa de quitter la pièce verrouillant derrière lui à l’aide de son nez !


-Olaf non !!! Mais ne ferme pas… Non mais je ne le crois pas ! Lui aussi nous a enfermés !
-Où est le problème ?... Pour une fois il veut être discret !... Et si cela peut nous permettre de recommencer ce qui nous occupait vous et moi votre Majesté.


En tenue d’Adam, Kristoff s’était levé et prit la précaution de bloquer la porte avec un meuble avant de s’incliner devant sa reine elle aussi dans le plus simple appareil.


-Monsieur le duc… Vous savez parler à votre reine ! Souffla Anna avant de sauter dans les bras de l’homme qu’elle aimait tant, prête à se sentir à nouveau plus vivante que jamais.


A bout de trois longues heures, la serrure cliqueta à nouveau et la porte s’ouvrit laissant apparaître le bonhomme de neige. Face à lui, Anna et Kristoff se tenaient dignement, vêtus de leurs vêtements de cérémonie, seules tenues qui demeuraient dans l’armoire de cette chambre, comme pour un dernier hommage rendu au couple disparu depuis tant d’années. Le couple royal, dévisageait le bonhomme de neige avec Majesté.


-Oh ? Vous êtes mieux habillés plutôt que tout nu comme moi ! Je pensais que tout à l’heure vous aviez choisi d’adapter mon mode d’habillement.
-Pas tout le temps Olaf ! Souffla Anna avec un regard vers le lit encore en partie défait, repensant avec délice comment elle et Kristoff occupaient leur temps encore quelques minutes auparavant.
-Je vous amène de la visite ! Allez les garçons ! Entrez ! Fit le bonhomme de neige d’une voix autoritaire.


Anna et Kristoff purent voir, entrer d’un pas penaud, tels des enfants pris en faute, les trois jeunes adultes. Chacun trainait les pieds et maugréaient comme s’ils venaient de s’être fait sévèrement réprimander. Hésitants, tous trois finirent par lever les yeux vers les hôtes du château et dévisagèrent le couple royal d’Arendelle dans leur tenue d’apparat. Cette vision majestueuse ne fit qu’augmenter leur malaise. Viktor tremblait, Ryder avait le teint qui virait au rouge pivoine, Karl quant à lui exécuta devant la furie rousse une révérence appuyée, rapidement imité par ses deux frères, quelque peu plus sobre dans le geste.


-Eh bien les garçons ? Vous n’avez rien à dire à votre tante Anna ?! Gronda Olaf d’une voix gravee et portant sur les jeunes adultes un regard sévère qui n’était pas sans rappeler à Anna celui que pouvait avoir Elysia.
-Tante Anna, c’est formidable de te rencontrer enfin !... Commença Karl
-C’est Viktor qui a décidé tout seul de cette situation, jamais on n’aurait fait ça ! Mais une lettre de mémé Anna nous a averti que des ennemis allaient venir… Implora Ryder.
-Ne te dédouane pas Ryder ! Nous l’avons décidé ensemble !... Mais, tonton Olaf nous a expliqué que c’était une erreur stupide que de vous avoir enfermés… Poursuivit Viktor en regardant ses pieds.
-T’as entendu Anna ? Ils m’appellent tonton !... S’amusa le bonhomme de neige fier de lui avant de reprendre sa voix sévère : Et quoi d’autre ?
-Alors voilà… Pour… Pour éviter tout problème avec la couronne… Puisqu’un procès doit avoir lieu malgré tout eh bien nous… Nous allons, en ouverture déclarer qu’en tant que princes nous avons commis une erreur en vous accusant et comme ça… Le Royaume d’Arendelle vous présentera ses excuses en vous réhabilitant. Ainsi nous pourrons entamer le procès des ennemis plus posément d’ici-là, vous…
-Attends quoi ? Qu’est-ce que tu as dit ?!


Viktor blêmit en croisant le regard d’Anna qui le fusillait du regard. Des triplés, il était celui qui avait le plus d’aisance à parler mais en cet instant, sa tante le désarmait totalement.


-Eh bien oui… Il… Il y a des accusations terribles contre eux et… Evidemment ma tante, tu pourras témoigner en leur faveur si tel est ton souhait… Forcément ta parole aura du poids dans les délibérations mais nous ne pouvons pas…
-Viktor ?
-Oui ma tante ? Déglutit le jeune prince.
-Cesse de m’appeler ainsi, je suis à peine plus âgée que toi !
-Euh… A vrai dire ma tante, tu as tout de même… 42 ans…
-Je t’interdis de répéter ça ! Quand bien même cela soit vrai ! Fulmina Anna en lui prenant le bras.
-Euh… Oui… Pardon ma tante… Bégaya-t-il alors qu’Anna faisait de son mieux pour se contenir…
-Viktor… Serait-ce papa qui t’a confié les responsabilités ?
-Euh… Oui… Enfin non, c’est plutôt Hans le régent, sous la demande de papy Agnarr…
-D’accord… Quand tu verras Hans à nouveau… Pourras-tu lui dire que si jamais il ne se souvient plus de la fin de notre échange le jour où ta mère a su dégeler le royaume… Moi si ! Et je souhaite le réitérer face à cette décision désastreuse ! Dis lui ça ! Il comprendra ! Fit Anna en serrant le poing.
-Anna ! Tâchons de conserver notre calme ! Ce sont de jeunes gens qui veulent bien faire ! Notre situation va rentrer dans l’ordre et un procès aura lieu comme le veut la tradition d’Arendelle… Tempéra Kristoff pour calmer sa belle.
-Merci ! Euh… Dois-je vous appeler mon oncle ? Ou monsieur le duc ? Questionna le prince
-C’est duc… Tous les deux ne sont pas mariés ! Remarqua Ryder !
-Non c’est oncle ! C’est le frère de papa de toute façon ! Répondit Karl.
-Oui c’est vrai ! D’ailleurs n’est ce pas bizarre que notre oncle et notre tante se côtoient ? Insista Ryder.
-Ca suffit… On ne va tout de même pas épiloguer sur un nom…
-Ah oui je vous le confirme, si vous régnez ainsi, j’ai peur pour notre royaume. Suggéra Anna qui regardait méchamment Viktor, toujours vexée de la remarque de son neveu sur son âge.
-Hum… Enfin quoi qu’il en soit… Vous pouvez aller ou bon vous semble dans le château, vous êtes libres bien entendu. Conclut l’un des princes pour détendre l’atmosphère.


Les trois fils d’Elsa continuèrent les politesses d’usage mais cela n’intéressa pas Anna. Rapidement, ils finirent par prendre congé laissant le couple à nouveau seuls.


-Non mais quel toupet il a ce Viktor !!! Tu te rends compte !? Oser ainsi donner mon âge ?! C’est totalement faux en plus…
-Allons, je t’assure que tu es parfaitement bien conservée pour ton grand âge ma douce… et vieille reine d’Arendelle ! S’amusa Kristoff en lui déposant un baiser.
-C’est ça moque toi… Tu n’es plus de première jeunesse non plus ! Rétorqua la furie rousse énervée.
-C’est bien vrai ! Mais je sais ce qu’il te faut pour te calmer…
-Kristoff ? Encore ? Oh ?! J’avoue beaucoup aimer me sentir vivante !
-Nous pensons la même chose ma douce ?
-Sans doute… Siffla la belle en l’embrassant.
-Fort bien, alors je te suis… Tu connais par cœur le chemin de la cuisine ! Je meurs de faim ! Railla le montagnard.

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Depuis les hauteurs qui surplombaient les plages grises, Emma observait en contrebas ses descendantes. Elsa, Iduna, Ryder et Agnarr profitaient chaque jour de longues heures pour se retrouver et évoquer le temps perdu. Par moments, ils pouvaient être rejoints par Antoine qui était fort apprécié. Le Northuldra faisait comme parti de la famille désormais. Au même titre qu’Emma, qui attendait toujours de pouvoir enfin s’unir à l’homme qui lui était promis depuis toujours. En revanche, le fils d’Agnarr demeurait systématiquement le grand absent. Au loin sa tempête continuait de grandir. Elsa n’avait pas encore totalement récupéré de son exploit pour la contenir et, rongé par le remords, le dernier de la fratrie avait une nouvelle fois cherché l’exil. De son côté, la reine des neiges tentait du mieux qu’elle pouvait de ménager ses parents et se jurait, une fois remise d’aller raisonner son jeune frère. Elle aussi, au même âge connaissait les tourments d’un pouvoir incontrôlable. Elle se promit de lui narrer sa fuite vers la montagne du nord, sa construction de son palais et même celle de Guimauve, qu’elle avait crée pour faire fuir sa propre sœur !
Loin de tout cela, la matriarche ne perdait pas une miette. Ces belles pensées étaient à vomir et continuait d’observer au-dessus de l’ange de l’air, son ultime cible… L’esprit du vent. A contrecœur la première des Picéaerd avait accepté de suivre le plan de mamie et prévenir les jeunes princes d’Arendelle. Le zéphyr était de retour depuis quelques jours désormais mais il était revenu vierge de toute missive.

« Ces idiots de rejetons d’Elsa ont dû tout faire rater ! » Maugréa pour elle-même Emma.


Anna Picéaerd s’était montrée particulièrement utile et brillante comme alliée, il aurait été dommageable de ne pas suivre son plan cependant, plus le temps passait, plus Emma craignait que la chamane n’ait pêché par excès de confiance. Les princes n’étaient à ses yeux que des faibles d’esprit et même la petite sotte d’Anna d’Arendelle saurait probablement montrer assez de malice pour retourner la fratrie à sa cause.
Emma enrageait et chaque jour son impatience grandissait. Des siècles elle attendait et depuis quelques jours, Anna Picéaerd et Andréas s’étaient absentés. La première des Picéaerd avait reconnu l’habilité de la matriarche qui avait annoncé à sa famille vouloir chercher quelques réponses aux curieux malheurs qui avaient à nouveau frappé cette grande famille. La matriarche se devait de se tenir à l’écart et chercher grâce aux voyages astraux et par Ahtohallan les grandes réponses qu’ils leur manquaient. Emma le savait la réalité était tout autre, Anna avait quitté avec Andréas le pays Northuldra pour créer un soulèvement dans la ville de Kraberg avec le fils de feu la duchesse de Funningur.
La fondatrice de la dynastie continuait de serrer les dents. Mamie Anna n’était pas là… C’était aussi une occasion unique ! Depuis qu’elles avaient scellé leur alliance, Emma se gardait bien de ne pas nuire aux Picéaerds, mais maintenant que la chamane se trouvait loin… Qui pourrait l’empêcher ? Après tout il y avait sans doute la, un moyen plus rapide et efficace de récupérer enfin le dernier élément et éliminer deux cinquième esprits… Il n’y aurait alors que le plus faible émotionnellement à faire plier. Une idée folle ! Une idée aussi risquée que diabolique venait de poindre dans l’esprit vengeur de la mère fouettarde. Elle qui se devait de corriger ceux qui entreprenaient de mauvaises actions n’avait désormais que faire de ses propres préceptes. Le plus important était de punir Pierre Sappos, peu importait s’il fallait pour cela commettre les pires actions possibles… Même si cela devait nuire à sa propre famille ! Emma en était convaincue, la famille ne servait à rien ! Elle ne pouvait compter que sur elle-même ! Sa fille jadis ne l’avait pas soutenue, sa mort l’avait rendue faible, chaque manipulation au travers des siècles envers des descendants ne l’avaient que fait échouer…
C’était décidé ! Au diable les Picéaerds ! Eux aussi n’étaient que des pions ! Seule Anna Picéaerd pouvait se montrer digne d’intérêt et avait embrassé la cause. Sans doute ne serait-elle pas d’accord avec la méthode mais Emma en était certaine, la chamane pliera face à l’efficacité du plan ! Terminé de faire appel à d’autres ! C’était à elle désormais de commettre la mauvaise action et se salir les mains et finalement qui pouvait-elle craindre en représailles ? La mère fouettarde ?... C’était elle ! Depuis des siècles le monde la voyait comme un monstre pourquoi ne pas l’être en fin de compte ? Un sourire mauvais, terrifiant se dessina sur le visage Picéaerd qui annonçait que le destin de la famille allait désormais s’écrire différemment.


Sur la plage la tribu profitait enfin d’une accalmie. Agnarr, avec bienveillance, montra enfin une douce attitude paternelle. Mamie Anna il y a peu lui avait confié l’appui d’Elysia, à son tour il le confia à son ainée pour la soulager. Chevaleresque, Antoine avait offert son soutien en l’absence de Ryder à la jolie blonde. La reine des neiges en cet instant comprenait pourquoi sa mère appréciait tant cet homme si prévenant. Lui qui s’était montré le parfait garde malade pour son père opérait désormais ce rôle à la perfection auprès de la douce nymphe de l’hiver.


-Vous êtes décidément l’homme parfait Antoine ! Souffla Agnarr d’une voix royale.
-Vous me faîtes trop d’honneur !
-Papa a raison, vous êtes le véritable prince charmant ! Maman a toujours su juger la valeur des gens, elle ne s’est pas trompée avec vous. Fit la reine des neiges avec un merveilleux sourire qui illuminait son visage épuisé.
-Antoine est sans doute l’un des Northuldra les plus méritants qui soit ! Mon père n’a eu de cesse de me vanter ses qualités lui qui a si bien su le seconder pour diriger la communauté.
-Emma voyons, inutile d’enjoliver la situation… S’excusa Antoine alors que son visage s’empourpra face au sourire d’Iduna.
-Je n’enjolive rien ! Regardez ! Papa est au loin !! Autant lui demander !!! Je vais le chercher ! Papa !!! Papa !!!!


L’apprentie chamane s’empressa de prendre congé du groupe pour tenter de rejoindre Yohan au loin qui longeait la côte vers les criques abritées de la mer sombre. Curieusement il tenait avec lui un objet long que la jeune femme n’aurait su clairement désigner. L’ancien conseiller d’Arendelle ne ralentit pas le pas. Déterminée, la jeune femme accéléra décidée à rejoindre son père mais soudain, elle sentit un bras la retenir. Surprise elle sursauta et vit sa mère accompagnée de sa sœur cadette.

-Eh maman ! Qu’y a-t-il ? Je dois rejoindre papa !
-Inutile Emma ! Ton père… est pressé ! Il… Il est pressé !
-Quoi ? Mais où va-t-il ? Questionna Emma qui vit soudain le visage de sa mère blêmir.
-Euh…
-A la pêche ! Oui papa va à la pêche ! Lança à la hâte Sofia.
-Pardon ?... A la pêche ?! … Papa ?! Interrogea la chamane peu convaincue.
-Euh… Oui… Oui c’est ça ! Ta sœur a… parfaitement raison ! Ton père part à la pêche ! Il… Euh… Les pêcheurs sont tombés malades donc… en tant que chef…
-Bah c’est papa qui va s’en charger ! Poursuivit Sofia alors que Camille lui tapota gentiment l’épaule comme pour la remercier.
-Papa ?... A la pêche ?... La dernière fois qu’il a vu une épuisette il s’est pris les pieds dans le filet et s’est fracassé l’orteil ! Mais c’est lui qui va pêcher ?! Vous vous moquez de moi ?... Et c’est quoi le truc qu’il emporte avec lui ! Insista Emma qui voyait son père s’éloigner…
-Bah… La canne à pêche ! Répondit Sofia qui ne se démontait pas.
-D’accord j’ai compris… Toi t’as fait des progrès, pour raconter des histoires et… Enfin chose qu’évidemment maman je ne lui ai jamais apprise à faire et que je désapprouve totalement.
-Qu’est-ce que tu sous-entends là ma fille ? Souleva Camille sévère, trop heureuse de pouvoir changer de sujet.
-Rien… Rien du tout maman et puis… Comme papa je n’ai pas le temps… Je viens juste de me souvenir…C’est vrai il part pêcher !... Et moi aussi d’ailleurs ! Lança la chamane avant de rebrousser chemin.
-Quoi ? Non Emma attend !!!
-Pas le temps maman ! Les poissons m’attendent !


La jeune femme ne laissa aucune chance aux femmes de sa famille et s’empressa de partir à toutes jambes rejoindre les Picéaerds. Son père lui cachait sans doute quelque chose, elle devait découvrir quoi ! Haletante, elle arriva à la hauteur de ses compagnons. La chance était de son côté, les esquifs des pêcheurs n’étaient qu’à quelques encablures !


-Eh bien Emma… Voilà une façon cavalière de nous quitter ! Remarqua Elsa qui se souvenait pourtant d’une fillette polie.
-En effet mais je n’ai pu rejoindre mon père ! Il veut pêcher ! Et si nous le rejoignions ? J’insiste ! Roi Agnarr ? Qu’en pensez-vous ?


Emma avait pris le ton le plus poli qu’elle pouvait. Elle continuait de mépriser ce roi minable à ses yeux mais elle sentait qu’il était probablement le seul à pouvoir la soutenir.


-Eh bien… Qu’en penses-tu ma Iduna ?
-Je ne suis pas sure Agnarr… Elsa doit avoir besoin de se reposer…
-Mais non ! Mais non ! Allons !!! Rien de mieux que le bon air marin pour se sentir mieux !!! Je suis certaine que d’ici peu, les gens se rueront au bord de mer ou des lacs pour se soigner !
-Belle idée mademoiselle ! Quand tout ceci sera derrière nous je reprendrai l’idée pour Arendelle. Créer un accueil au bord des fjords pour soigner les gens ! Cela devrait être bon pour le commerce du royaume ! Allez ! Emma doit avoir raison ! Et puis Iduna ! Depuis tout ce temps où ta mère nous avait refusé de prendre le large… Puisqu’elle n’est pas là ?... Cela ne tente pas l’ancienne fillette effrontée que de désobéir à sa mère ? Suggéra Agnarr qui faisait appel aux plus anciens instincts de la douce et désormais sage Iduna.
-Je ne suis pas sure…
-Allez ma chère ! Il ne va rien nous arriver cette fois ! Je ne suis tout de même pas appelé à sombrer à chaque fois que je me risque à prendre la mer ! Toi non plus ?!
-Voila qui est parlé votre Majesté ! … les embarcations sont juste là ! Indiqua Emma avec une déférence surjouée avant de guider la troupe vers les navires.
-Un instant ! Qui parmi nous saura manœuvrer cet engin. Insista Iduna.
-Cela avance grâce au vent… Iduna, nous parlons de votre meilleur ami, nous ne devrions pas avoir de problème ! Proposa Emma.
-Attendez vous pensez que je vais m’occuper de ça ?!
-Je pourrais t’aider !... Je sais naviguer… Enfin, j’ai quelques notions ! Si nous ne nous éloignons pas trop du rivage !
-Vous méritez décidément votre titre d’homme parfait ! C’est décidé tous à bord ! Enfin, si vous nous y autorisez… Capitaine Populus ! Lança Agnarr à l’attention du Northuldra.
-Voilà qui est parlé !!! Allez Antoine !!! Largue les amarres ! Cap à l’est ! Nous y retrouverons papa ! Il est parti pêcher ! Fit Emma insistante.
-Pardon ?! … Ai-je bien entendu ?
-Tout à fait Antoine !
-Alors en effet nous n’avons pas un instant à perdre ! C’est une mission de sauvetage ! Lança Antoine avec un ton étonnamment léger.
-Plait-il ?
-Oui pardon, je t’explique Iduna ! La dernière fois que le chef Yohan a tenu une canne à pêche, au moment de lancer, au lieu que son hameçon ne plonge à l’eau pour attraper un poisson, le pauvre n’a su que pêcher sa moustache et manquât de tomber à l’eau tout en s’ouvrant la lèvre ! Heureusement Laïka a su faire des miracles pour le soigner !


Les passagers avaient tous pris place à bord en riant de bon cœur des malheurs du chef Northuldra alors qu’Antoine prit la barre pour quitter la plage et peu à peu s’orienter vers l’est. Au loin, Emma Picéaerd observait et jubilait. Elle n’en demandait pas tant ! Son idée affreuse prenait forme ! Personne n’en saurait jamais rien ! A la hâte et en toute discrétion, à son tour elle descendit sur le sable noir des plages désolées et, non sans une grande satisfaction, la diabolique Picéaerd trempa ses pieds dans l’eau froide. Aussitôt, quelques vagues s’approchèrent et deux yeux translucides apparurent.


« Lis la volonté de ta maîtresse !... Tu sais ce que tu dois faire mon esclave ! Règle ça vite ! »


Les deux yeux bleus disparurent dans les flots accompagnés d’un rire mauvais de la première Picéaerd. L’heure était venue d’éliminer définitivement les gêneurs. Il était temps désormais d’agir directement ! Fini les faux semblants ! C’était peut-être Andréas qui avait raison, frapper au cœur devait être la méthode la plus efficace.

Plusieurs minutes plus tard au large, Antoine se chargeait de maintenir le cap et gonflait la voile grâce aux bienfaits de courant d’air appelé en renfort par Iduna. La modeste embarcation Northuldra fendait les eaux calmes de la mer sombre mais au loin, malgré le temps dégagé, aucune trace du chef Northuldra promis par la chamane.


-Il est parti bien loin ton père Emma ?... Nous devrions rentrer désormais ! Proposa Iduna qui ne semblait pas à son aise sur l’eau.
-Non mais nous allons le rattraper, allez droit devant capitaine et… Wow !!! Qu’est-ce que c’est ?!

La jeune femme, peu habituée à être sur l’eau manquât de trébucher alors que l’embarcation gita quelque peu sur bâbord.


-Oups ! Désolé !... Il y a un peu de courant ici, je ne l’avais pas remarqué… Je vous ai dit j’ai seulement des notions et… Oh !!! Attention tenez-vous ! Ça tangue un peu ! Annonça le Northuldra.


Antoine disait vrai. La promenade sur l’eau qui se faisait jusqu’alors sur un calme plat commençait peu à peu à changer. La, mer, aussi plate qu’un lac commençait à se creuser quelque peu. L’écume apparaissait plus importante et léchait avec de plus en plus de force la coque éclaboussant peu à peu les passagers.

-Eh ? Dîtes… Euh… Si ça s’agite comme ça ?... Il… Il faudrait peut-être ?... Regagner le rivage ? Suggéra Agnarr qui avait perdu toute sa confiance.
-Je l’avais dit que c’était une mauvaise idée !
-Calmons nous Iduna !... Euh… Peux-tu dire au vent de… s’arrêter et… je… Je vais essayer de… virer sur bab… Euh non, plutôt tribord pour éviter le courant… Enfin je crois ! Souffla Antoine peu convaincu de ses compétences.


L’ange de l’air souffla ses consignes au zéphyr qui s’enfuit au loin pour permettre au fidèle compagnon de l’ancienne reine de virer. Hélas, à l’instant où le navire changea de direction. Un violent coup se fit sentir faisant perdre à tous ses passagers l’équilibre.


-Eh ? Mais que se passe-t-il ? Avons-nous heurté quelque chose ? Questionna la reine des neiges qui se sentait quelque peu nauséeuse.
-Euh… Non je… Je ne crois pas…


Antoine avait à peine terminé ses paroles que tous sidérés purent voir au-dessus d’eux, majestueux, un équidé aquatique sauter au-dessus de leur frêle embarcation.

-Oh ? C’est toi ?... Tu te montres farceur ?... Allons ! Approche et calme nous les flots ! Lança la reine des neiges.


Le Nokk, docile s’approcha de quelques pas. Peu à peu les flots redevinrent sages. Soulagés, les passagers remercièrent l’esprit de l’eau alors qu’Elsa reconnaissante lui offrait une révérence. Le cheval semblât répondre de la même manière et, soudainement se mit à violement ruer. Une première lame de fond frappa le navire qui précipita le groupe au sol. Furieux le Nokk ne s’arrêta pas. Il profita de son esprit de surprise et assena une seconde attaque, fatale à la misérable coque de noix Northuldra. L’assaut brisa en deux l’embarcation et tous furent projetés dans les flots qui à nouveau s’agitèrent. Avec difficulté tous réussirent à remonter à la surface, toussant, crachant l’eau froide et salée, quelque peu désorientés. Hélas l’esprit le plus dangereux des quatre éléments voulait être fidèle à sa réputation et à l’ordre terrible qu’il avait reçu. Ses proies étaient à sa Mercie, il était hors de question de les laisser s’échapper. Les yeux glaçant de la bête fixaient ses victimes et avec force se lança contre Iduna et Agnarr les propulsant vers les profondeurs sans que le couple d’Arendelle ne puisse lutter. Agnarr et Iduna sentaient leurs poumons se comprimer et une force bien trop puissante les entraîner davantage vers le fond. L’eau autour d’eux devenait toujours plus sombre et, soudainement, leur tortionnaire disparût immédiatement. Les époux purent distinguer une forme bleutée informe qui les frôlèrent. Un morceau de glace ! Cela ne pouvait être qu’Elsa ! Avec l’énergie du désespoir, ils battaient des pieds tant qu’ils purent. Leurs poumons réclamaient désespérément l’air qui manquait. Le réflexe d’ouvrir la bouche finit par être le plus fort, heureusement, juste à l’instant où Agnarr et Iduna retrouvaient la surface. L’oxygène enfin parvenait dans leur corps qui en réclamait tant. Désorientés et apeurés, le couple n’eût guère le temps d’évaluer la situation. Emma, et Antoine avaient eux aussi subi le même sort alors que le Nokk, furieux d’avoir été mis en échec relança une attaque plus violente encore. Les naufragés terrifiés s’attendaient à nouveau à subir la déferlante mais, au dernier moment, un immense flocon frappa de plein fouet l’équidé qui changea de cap épargnant les compagnons pour le moment. Tous entendirent une voix et sentir une surface froide sous leurs pieds. Comme propulsés hors de l’eau, ils constatèrent qu’une plaque de glace informe s’était crée leur offrant un radeau de fortune.


-Eh !!! Viens me voir !!! Laisse-les ! Que t-arrive-t-il ?!


Déterminée, postée sur un navire de glace qu’elle s’était créé, Elsa défiait le Nokk du regard. Pourquoi l’esprit de l’eau se montrait-il si vindicatif ? Elsa comme le reste de la troupe en était sidérée. Les esprits se comportaient si bizarrement depuis la disparition des géants ! Cela faisait des mois que personne n’avait revu Bruni, et voilà que désormais le Nokk décidait de se montrer hostile. Mais peu importait. La reine des neiges se sentait faible et s’appuyait sur le bâton de son grand père pour ne pas perdre l’équilibre, pour l’heure ce qui lui importait, c’était à nouveau de discipliner sa monture aquatique. Le Nokk l’observa ainsi que les naufragés. Il hésita un instant puis frappa l’écume de sa patte avant à plusieurs reprises avant de se cabrer violement vers le navire de glace. Il avait choisi. Pour lui, il fallait sans doute se débarrasser en premier de la principale menace. Elsa se tenait prête et tentait de geler les appuis de l’animal qui fut trop rapide pour elle. Les assauts de l’eau venaient de partout. Avec l’énergie du désespoir, Elsa paraît de tout côté mais la puissance aquatique prenait peu à peu le dessus sur la maîtresse de l’hiver. Les forces d’Elsa l’abandonnaient peu à peu. Son exploit face à la tempête de son frère laissait toujours plus de traces et l’ainée d’Arendelle sentait qu’elle perdait peu à peu pied. Après une énième tentative pour lancer une bride, le cheval d’eau s’en saisit et attira la reine des neiges dans les eaux agitées. Quelques secondes plus tard, crachant l’eau saumâtre, Elsa peinait à se maintenir à la surface et constata avec horreur que l’équidé se désintéressait d’elle pour l’heure. Son regard glaçant se tournait vers ses futurs victimes, dépourvues de pouvoirs pour se protéger. Ils n’avaient aucune chance.

-NON !! PAS CA !!! JE TE L’INTERDIS !!!!


La reine des neiges avait hurlé toute sa rage et sa détresse en lançant ses mains en avant en direction du Nokk. Un jet de glace d’une puissance qu’Elsa n’aurait jamais pu soupçonner apparût au bout de ses doigts trempés et telle une lance frappa le cheval en plein cœur. Le Nokk se cabra dans un immense bruit de houle déchainée. Il commençait à geler mais ruait dans tous les sens. Une tornade d’eau glacée commençait à se créer comme si le Nokk s’évaporait. Au ciel, de gros nuages se formaient au sommet de cette tornade destructrice alors qu’avec l’énergie du désespoir, Agnarr et Antoine ramaient aussi vite que possible pour ne pas être happés par la catastrophe. Plus loin, dans l’eau, la reine des neiges toussa. Les vagues la submergeaient régulièrement. Ses forces l’avaient abandonnées. Elle crut voir une dernière fois le Nokk s’évaporer dans les immenses nuages noirs. Au loin était-ce le son d’une sirène qu’elle entendait ? Peut-être… Où se trouvaient ses parents ? Elle ne le savait pas. Ses yeux se fermèrent alors que son corps sans force se laissa submerger. Elle n’avait plus la force. Ses dernières pensées se fixèrent vers ses trois garçons. Ses fils qu’elle n’avait pas eu le temps de retrouver mis à part Viktor. Elle le savait, d’ici peu elle serait à nouveau dans l’Hellheim… Elle avait échoué alors que ses pensées devinrent enfin noires.

Le temps fut comme suspendu mais Elsa finit par ouvrir les yeux. La lumière bien que faible l’aveugla. Elle avait beau avoir l’esprit embrumée, l’ainée d’Arendelle se sentit différente de sa première mort. Le passage par la porte de l’Helveg s’était fait en douceur. Aucune souffrance, aucune crainte. Pourtant cette fois, Elsa se sentait terrifiée mais surtout meurtrie. Ses yeux peu à peu s’accommodèrent à la lumière… Elle n’était pas dans l’Hellheim elle en était certaine. Les derniers instants de sa vie lui revinrent en mémoire. Sa lutte contre le Nokk, sa noyade… Elle avait perdu ! Elle n’avait su remplir jusqu’au bout sa mission ! Etais-ce la sa punition ? Avait-elle fini dans le Niflheim après avoir échoué ? Cette pensée terrifia la blonde, serait-ce pour cette raison qu’elle sentait la souffrance mais pas la paix ?


-Elsa !? Elsa ?!... Tu m’entends ?!
-Qu… Quoi ?! … Mam ?... Maman c’est ta voix ? Bredouilla Elsa qui peinait encore à voir correctement.
-Elsa ! Par Ahtohallan tu es là !!!! Ne t’en fais pas je suis là près de toi !!! Souffla la voix soulagée d’Iduna.
-Maman ?... Tu… Tu es là ?!... La ?... Avec moi ?!... Maman cela veut dire que toi aussi tu… Tu es morte ?! Questionna Elsa qui parvînt enfin à visualiser le doux visage d’Iduna.
-Morte ?... Pas sur mon navire ma chère ! Lança une voix.
-Quoi ?!... Qui ?! Qui a dit ça ?!
-Oh Elsa vous me décevez !... Malgré toutes ces années j’avais espéré que vous ne m’aviez malgré tout pas oublié mais après tout… Il est rare d’avoir une seconde chance de faire une première bonne impression ! Prince Hans ! Des Iles du Sud… et Régent de votre royaume d’Arendelle …


Le maître d’Arnevik quitta l’obscurité et apparût dans le champ de vision de la jeune femme. Elsa tourna quelque peu la tête et constata qu’elle était allongée sur la couchette d’une cabine spartiate, sur elle des couvertures simples alors qu’elle constatait qu’elle ne portait que ses sous-vêtements. Le cinquième esprit sentit soudain une vague de gêne l’envahir alors qu’elle pouvait voir sur une modeste table posé sa robe d’esprit.


-Rassurez-vous cela n’est pas de mon fait !... Mais celui de votre mère et… de votre belle-sœur. Enfin je suppose, je n’ai pas compris si elle avait pu épouser votre frère. Toutes deux sont restées à votre chevet depuis trois jours. Elles ont pansé vos blessures et ont veillé sur vous en compagnie de tous les autres passagers… Déclara Hans alors qu’Iduna, trop heureuse de voir sa fille sortir de sa torpeur lui tapotait tendrement le front comme elle pouvait le faire jadis quand fillette, Elsa était terrifiée par de vilains cauchemars.
-Passagers ?
-Oui Elsa ! Soyez la bienvenue sur l’Helga ! Mon navire ! Décidément, il aime voir les membres de votre famille à l’eau. La dernière fois que j’ai vogué sur la mer sombre avec ce fier vaisseau, c’était en compagnie de votre cadette !
-Quoi ?... Co… Comment ça ?... Comment est-ce possible ?
-Chut !!! Calme toi Elsa, tu as besoin de repos !!! Quand tu as empêché le Nokk de nous noyer avec ton prodige, la sirène du navire d’Hans a fendu les flots. Nous t’avons de justesse sorti des eaux et nous avons tous pu monter à bord…
-Mais ?... Comment ?... Pourquoi étiez-vous là ?! Demanda Elsa qui tentait de remettre de l’ordre dans ses idées malgré sa violente migraine.
-Si cela vous déplait… Je suis navré de vous avoir secouru… Piqua l’ancien pirate.
-Hans !! Allons ! Ne la brusquons pas !!! Alors Elsa ?!! Comment vous sentez vous ?!
-Yo… Yohan ? Questionna Elsa abasourdie alors que le chef Northuldra avait à son tour gagné la cabine.
-Surprise de me voir ?... Pourtant vous deviez me chercher ? Ma fille vous a convaincu de me rejoindre pour pêcher ?! Non ne soyez pas surprise si je le sais ! J’ai eu le temps d’apprendre l’histoire de votre infortune ! Je ne vais pas être long. Vous avez besoin de calme et de vos proches. Votre père attend que je sorte pour vous chérir ! Je m’en voudrais de le faire attendre !
-Yohan !!! Attendez !!!... Expliquez-moi !
-Plus tard… Reprenez vos forces Elsa !
-J’insiste ! Souffla la jeune femme de la voix la plus forte qu’elle put.
-Fort bien… Je suis parti discrètement car je veux lutter contre le même ennemi que vous ! Hans est venu me chercher avec son navire ! C’est pour cela que nous sommes là ! Nous n’avions que quelques centaines de mètres d’avance sur vous ! Nous avons senti la mer se transformer et nous vous avons repéré ! Hans a fait alors demi-tour pour vous secourir…
-Le même ennemi ?
-Oui… Mais nous en reparlerons plus tard ! Promis !
-Il a raison Elsa ! Tu dois te reposer ! Ajouta Iduna.
-Que… Qu’est-ce que ceci ?... Serait-ce ?... De la neige ? Fit Elsa en désignant le hublot.
-Oh ?... Oui Elsa c’est… C’est un problème mais pour l’heure ne t’en préoccupe pas ! Tu as besoin de tes forces ! Intervînt Iduna.
-C’est ?... C’est ma faute c’est ça ? C’est moi qui ai fait ça ?
-Elsa…
-Maman ! Dis moi !!!
-Oui Elsa… Soupira Iduna.
-Maman !... Aide-moi à me relever !


Malgré son état, Elsa puisa dans ses dernières forces pour tenter de se lever. Les humbles couvertures glissèrent quelque peu sur le corps parfait de la maîtresse de l’hiver et pudiquement Hans détourna le regard alors que maladroitement l’esprit réajustait le tissu, trop faible pour daigner s’habiller, laissant Iduna les attacher grossièrement.


-Hans ! Vous n’allez pas me faire croire que vous n’appréciez pas ce que vous pouvez voir… Railla Elsa.
-Décidément vous avez les mêmes remarques que votre sœur ! Elle m’a dit la même chose lorsque je l’ai aidé à fuir vers Arendelle !
-Ma sœur ?... Quand ?
-Il y a quelques jours !
-Quoi ?
-C’est pour ça que nous sommes ici Elsa, vous dormez depuis trois jours désormais mais ne vous en faîtes pas, nous allons tout vous raconter, quand vous aurez retrouvé vos forces ! Plaida Yohan.
-Il a raison ma floconnette ! Sois raisonnable !
-Je le suis maman !... Raisonnable au point d’arrêter le cataclysme que j’ai encore une fois crée !


Malgré l’opposition du groupe, Elsa se dirigea vers la porte et tomba nez à nez avec son père au bas des escaliers. Cette difficulté à monter sur le pont paraissait insurmontable pour Elsa alors qu’Agnarr put comprendre les intentions de sa première née dans son regard. Le souverain soupira et acquiesça. Le devoir devait passer avant toute chose. Avec dignité il offrit son soutien à la belle pour gagner le pont supérieur. A l’extérieur la température était glaciale. La neige tombait à gros flocons. De grandes plaques de glace s’étaient formés sur les flots mais comme à son habitude, Elsa ne fut pas dérangée par la rigueur du climat. D’un geste elle leva ses bras fatigués au ciel et se concentra. Elle pensa à Ryder, à ses enfants, à sa sœur. Toutes ces personnes pour qui elle avait le plus d’amour afin d’avoir le pouvoir de se débarrasser de cet hiver infernal… Hélas, malgré toute sa volonté, le temps ne changea pas alors qu’elle tombât à genoux. Avec une grande douceur. Agnarr et Iduna entourèrent leur fille et se chargèrent de l’aider à regagner sa couche. Pour la première fois depuis des années, ils étaient à son chevet et agissaient comme les parents aimant et protecteurs qu’ils pouvaient être avant le premier accident. Elsa semblait de nouveau avoir 4 ou 5 ans. Les larmes sur son visage étaient essuyées avec tendresse par le souverain alors qu’Iduna lui caressait les cheveux pour la calmer. Une fois qu’elle eût retrouvé une respiration acceptable. Ils se chargèrent de lui narrer les événements des derniers jours. Ils avaient pu être témoins du prodige d’Elsa pour empêcher le Nokk de les tuer. Hélas tout ne s’était pas passé comme prévu. L’esprit de l’eau demeurait incontrôlable et, enfermé dans le tourbillon de glace de la maîtresse de l’hiver il s’était envolé dans le ciel et semblait avoir pris possession des nuages pour créer cet effroyable hiver. La dure réalité fit remonter les larmes d’Elsa.


-Je suis désolée…
-Ne le sois pas Elsa ! Sans toi, nous serions morts à l’heure qu’il est !
-Mais regardez ce qu’il s’est passé par ma faute ! Je n’ai pas assez de pouvoir et…
-Si Elsa ! Bien sûr que tu en as assez ! Tu es si forte !!! Tu es la reine des neiges ! Souffla Agnarr avec dignité.
-Non !... Je ne suis reine de rien du tout papa ! A chaque fois que j’ai voulu, à chaque fois que j’ai usé du pouvoir je n’ai fait que créer de nouvelles catastrophes ! Celle-ci en est la dernière !
-Elsa non, tu n’es pas responsable de…
-Si maman je le suis ! Je ne suis pas une reine ! Je ne veux plus jamais l’être ! Je ne mérite pas ce nom ! Comment pourrais-je en être digne, si je ne suis pas capable de protéger ceux qui comptent sur moi !
-En participant à notre projet Elsa ! Souffla Yohan en montrant l’objet derrière lui.
-Est-ce ?...
-L’épée d’Aren en effet…
-Je n’en veux pas Yohan ! Je n’en suis pas digne…
-Rassurez vous Elsa… Si nous avons embarqué avec cette relique, ça n’est pas pour vous la confier … Mais bien à la reine légitime !
-Quoi ?
-Il parle de votre sœur Anna… Nous faisons voile vers Arendelle, nous devrions arriver aux premières heures du jour demain… C’est à elle que revient l’honneur de guider Arendelle ! Elle est la seule à ne pas usurper un titre qui contrairement à nous, ne nous a été confié qu’à titre représentatif et temporaire, n’est-ce pas roi Agnarr ? Demanda avec une voix solennelle Hans.


Le souverain resta mutique un instant, les yeux rivés sur l’armé séculaire, heureusement un coup de coude d’Iduna le fit se ressaisir…


-Hum… Vous avez entièrement raison Hans… Nous… Nous n’étions que… des régents, dans l’attente de l’avènement du souverain légitime… La reine Anna est de retour alors… Vive la reine !


Tous sentaient que les mots avaient été prononcés avec difficulté, Agnarr acceptait de lâcher le pouvoir qui lui était si précieux.


-Roi Agnarr… Je vous avais mal jugé finalement, je suis honorée de savoir que vous serez je l’espère prochainement mon beau père !


La voix d’Emma avait traversé la pièce alors qu’elle apparaissait dans l’embrasure en compagnie d’Antoine. Tous deux s’étaient afférés en cuisine pour préparer un repas revigorant pour la convalescente. Elsa les en remercia alors que tous confirmèrent les propos d’Emma. Iduna se permit même d’offrir à son époux un tendre baiser. Pour elle, il venait de prendre la plus grande décision de roi de sa carrière.

-Je m’en chargerai !
-Charger de quoi Elsa ?
-L’épée ! Je me chargerai de la remettre à Anna !
-Hum… Euh pourquoi pas mais… L’important est que tu te rétablisses Elsa et… Comme tu le sais selon nos traditions c’est… Au souverain de se charger…
-Si vous pensez à vous Agnarr, cette épée ne vous appartient pas ! Elle doit revenir à sa propriétaire la reine Anna, qui jadis l’avait confié au Duc de la plaine des trolls qui, face à l’adversité avait été désigné roi temporaire… Ce même roi qui m’a donné mission de conserver et protéger depuis toutes ces années cette relique, ce même roi qui aujourd’hui par sa missive m’a demandé de quitter le pays Northuldra pour rendre cette arme à sa propriétaire légitime ! Gronda Yohan qui voyait qu’Agnarr ne pouvait détacher ses yeux de la lame scintillante.
-En fait je pense que vous avez tous les deux raison ! Et si c’est à l’ancien souverain de la confier au nouveau… C’était moi la reine avant ma sœur ! Si je n’avais pas été stupide à vouloir m’accrocher au pouvoir… Jamais rien de tout ceci ne se serait passé ! Laissez-moi réparer mon erreur. C’est à moi de lui remettre en tant qu’ancienne reine et être la première à m’incliner devant celle qui doit guider Arendelle ! Fit Elsa avec détermination.


La gardienne de la forêt avait parlé comme une reine et tous s’inclinaient face à sa proposition afin de faire plier Agnarr.


-Si telle est la volonté de tous… Je pense Elsa qu’il vous faudra une tenue qui sied à un tel événement !


Hans joignit le geste à la parole. Il sortit de sa poche une petite clef en or et ouvrit la seule armoire de la cabine, dévoilant un vêtement familier à Elsa.

-Où avez-vous eu ceci ?! Questionna Elsa surprise qu’Hans la possède.
-Hum, lors de la prise d’Arendelle, les pillards se sont chargés de se servir… Comme maître d’Arnevik j’ai pu retrouver son voleur, sur ces mers en arraisonnant le navire du flibustier il y a quelques mois de cela. Malgré les années je l’ai reconnue. J’attendais de pouvoir la rendre à la penderie royale… ou à sa propriétaire légitime… Et je ne doute pas que votre père voudra vous voir agir comme vous le souhaitez avec la tenue d’une reine… N’est-il pas Agnarr ? Insista Hans…
-En effet… Elsa… Tu as la sagesse des grands souverains de ce royaume, qu’il en soit ainsi Elsa… Personne ne peut contester la décision de celle qui précédait la reine… Concéda Agnarr en détournant les yeux de la relique qu’il convoitait.
-Si ! Moi je le peux ! Cela se passera comme tu le désires Elsa à une condition !
-Maman ?
-Il est hors de question que tu agisses Elsa si d’ici à notre arrivée tu ne te reposes pas pour retrouver tes forces, et crois-moi, je veillerai à ce que tu ne quittes pas ce lit ! N’oublie pas je me suis chargée d’élever ta sœur… Allez ! Ouvre la bouche, tu dois reprendre des forces ! Trancha Iduna en présentant la soupe à la fille.
-Oui maman. Souffla docile la première née alors que tous quittèrent la cabine pour laisser la mère et la fille seules.


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Plusieurs dizaines de miles marins plus au sud, Anna avait retrouvé sa morosité du premier jour. L’influence d’Olaf n’avait eu d’effet sur ses neveux que quelques jours. Elle et Kristoff pouvaient se mouvoir librement dans le château, domestiques et dignitaires les saluaient systématiquement, à croire que la cadette d’Iduna et Agnarr avait retrouvé son rang même si, au nom du procès qui devait se tenir elle n’avait toujours pas le droit de voir les captifs. Cette situation en revanche ne devait guère plaire aux princes régents. Ryder, Karl mais plus encore Viktor se montraient distants envers leur tante qui par sa seule présence sapait leur autorité. Ils étaient tous trois bien jeunes et savaient qu’ils n’avaient pas encore le charisme royal de leur estimé grand père qui s’était bien chargé de les empêcher de prendre la lumière pendant leurs jeunes années. Cependant, l’exercice du pouvoir remis en question n’était pas la première préoccupation des princes mais bien la missive de mamie Anna toujours en possession de Viktor. Plus les jours passaient, plus le plus influent des triplés faisait part de ses craintes à ses frères. Certes la Picéaerd n’avait nommé personne, mais il était question d’ennemis qui viendraient en amis… Anna et Kristoff remplissaient totalement ces critères. Appréciés du château, leur influence laissait présager de l’issue du procès pour les Sappos emprisonnés, pourtant les concernant, Mamie Anna s’était montrée très claire. Leur chaperon Olaf avait beau n’avoir de cesse de les raisonner jours après jours, Viktor entraîna ses frères à sa cause et, depuis quelques heures, leur attitude avait totalement changé. Kristoff et Anna demeuraient désormais strictement consignés dans leurs appartements avec interdiction de communiquer avec qui que ce soit avant l’ouverture du procès prévu le lendemain. Seule exception, Olaf avait droit de tenir compagnie aux captifs. De toute manière, La volonté des princes n’aurait été suffisante pour dissuader le bonhomme de neige contre qui ils étaient parfaitement incapables de s’opposer.


-Je suis désolé Anna… Il n’y a rien à faire Viktor Karl et Ryder ne veulent rien entendre…
-Non mais c’est pas possible ! Comment font-ils pour être à ce point têtus !! Comment Elsa a-t-elle fait pour engendrer de… Olaf !!! Je sais que tu les as élevés et tu as fait de ton mieux mais je te le garantis, cette situation ne va pas durer et fils d’Elsa ou pas, ils pourront s’estimer heureux si je ne les laisse pourrir dans les cachots seulement 6 mois après ça !
-Hum… Anna… Cet aspect têtu ne crois-tu pas qu’ils l’auraient plutôt hérité… de leur tante ?...
-Attends quoi ?
-Ils obéissent à une lettre de ta grand-mère ! Anna, têtue comme tu es, si tu ne savais pas ce qu’est devenue ta grand-mère, à leur place, si la situation avait été inversée qu’aurais-tu fait ? Aurais-tu vraiment agi différemment ? Questionna Kristoff.
-… Non… Je les aurai enfermés pour suivre les conseils de mamie…
-Allez viens par la… Attendons ce procès, les dignitaires seront d’accord avec toi ! Tout va s’arranger ne t’en fais pas !
-Je suis d’accord avec Kristoff ! En plus je sais qui va siéger au procès ! Je peux aller leur parler !
-Quoi ?... Olaf non ne va pas… Faire ça ! Termina Anna alors que le bonhomme de neige avait déjà refermé la porte derrière lui.


Evidemment Olaf voulait rendre service mais son attitude risquait de desservir la jolie rousse. Peu importait. Kristoff plaqua ses lèvres sur celles de sa belle. Le crépuscule était là, il savait comment lui faire oublier ses tracas.
Le lendemain, alors que l’horloge d’Arendelle sonnait 10 heures, parée de ses habits d’apparat, Anna, en compagnie de Kristoff pénétrait dans la grande salle d’audience. Elle se contînt lorsqu’elle vit entravée sur le premier banc Pierre et Elysia alors qu’elle aussi prenait place à leurs côtés, accusée, faisant face aux trois trônes qui de leur magnificence écrasaient les pauvres princes dont les habits de sacre semblaient bien trop grands pour eux… Peu importait pour Viktor s’il paraissait ridicule, le jeune prince lança l’ouverture du procès. Le pauvre n’avait pas le charisme ou les qualités d’orateur de ses ancêtres mais, Anna devait bien le reconnaître, il était déterminé à agir selon sa responsabilité. La jeune rousse s’accrochait à cette pensée pour ne pas exploser et s’énerver sur ses pauvres neveux qui poursuivaient leur acte d’accusation.


-Vos altesses Stop !!! Lança soudain un Capitaine de garde.
-Quoi ?! Mais de quel droit interrompez-vous le prince !?! Qui a cette audace ! Fulmina Viktor avant de poursuivre. Faîtes arrêter l’insolent qui coupe la parole royale !
-On se calme mon garçon ! Ceci n’est pas une manière de régner !


La foule se retourna vers la grande porte alors que les princes blêmirent. Anna de son côté se retînt de ne pas rire alors que des murmures se firent entendre. Debout devant la porte, se tenait altier Agnarr qui dévisageait sévère ses petits-enfants.


-Grand père ?! Je… Enfin nous… Nous…
-C’était l’idée de Viktor ! Coupa Ryder.
-Il suffit ! Ton frère organise un procès, c’est son droit !... Mais mon garçon, ça n’est pas moi qui souhaite intervenir pour stopper cette mascarade ! Après tout, je n’en ai pas le pouvoir…


A nouveau des murmures circonspects se firent entendre. Le roi Agnarr déclarait qu’il n’avait pas le pouvoir ? Mais qui donc pouvait donc se trouver au-dessus du roi. Au bout de longues secondes, d’un pas militaire, Agnarr se décala d’un pas et offrit une légère révérence martiale. Les princes, livides semblèrent alors se liquéfier dans leurs tenues d’apparat et toute l’assistance s’empressa d’effectuer une révérence.


« La reine ! » « C’est la reine Elsa… » « La rumeur était fondée, la reine Elsa est vivante ! »… Se firent entendre alors que d’un pas royal, Elsa, remontait dignement l’assemblée, vêtue de sa robe de velours verte qu’elle avait porté jadis le jour de son couronnement. L’ainée d’Agnarr pendant quelques secondes oubliait l’assistance, oubliait ses enfants, oubliait sa sœur qui se contenait pour ne pas lui sauter au cou. Pour elle, elle ne pensait qu’à son couronnement, quand elle avait remonté l’allée similaire de la nef pour prêter le serment de servir et protéger Arendelle. En ce jour, elle allait enfin tenir cette promesse. Dignement elle se tenait face aux trônes. Les princes avaient beau se tenir trois marches plus haut que leur mère, ils semblaient si petits. D’un geste ample, Elsa releva sa cape de cérémonie et laissa apparaître le fourreau ornée d’Aren et présenta à l’assistance la Sainte épée.


-Maman… Souffla Karl
-Mes enfants, descendez ! Maintenant ! Ce procès n’a pas lieu d’être… C’est un sacre qui doit avoir lieu ! Lança Elsa suivant le mantra d’Agnarr. La fonction se devait de passer au-dessus des sentiments, bien qu’elle souhaitât ardemment les serrer dans ses bras.


Penauds, les garçons s’exécutèrent et descendirent de leur piédestal rejoignant les bancs de l’assemblée. Ils furent vite rejoints par Agnarr ainsi qu’Iduna qui venait en compagnie d’Emma, Antoine et Yohan de faire leur apparition.


-Vive la reine ! Vive la reine Elsa ! Lança soudain un des dignitaires.
-Non ! Coupa l’ainée pour geler instantanément l’ambiance avant de poursuivre en dévisageant sa sœur. Non monseigneur… Vous n’acclamez pas la bonne personne… Arendelle a bien une reine, une seule et unique reine. Je suis simplement venue humblement rapporter à notre souveraine ce qui lui appartient…


Avec grâce, Elsa s’approcha d’Anna qui par reflexe s’était relevée. Elle dévisagea sa sœur qu’elle sentait prête à lui sauter dans les bras, mais, au lieu d’exaucer le désir de sa cadette, le cinquième esprit s’agenouilla aux pieds de la rousse. Tête baissée, les yeux fixés au sol, Elsa présenta au-dessus de sa tête l’arme à sa sœur.


-Ceci vous revient votre Majesté Anna Ière d’Arendelle… Humblement je vous l’apporte au nom de celui qui l’a conservé toutes ces années en votre nom, et je vous prie de me pardonner le temps lointain où je n’ai pas su m’incliner devant vous… Déclara grandiloquente et soumise Elsa à genoux.
-A la reine ! Longue vie à la reine Anna d’Arendelle ! Vive la reine Anna d’Arendelle !


Un dignitaire avait lancé la phrase et fut reprise en chœur à plusieurs reprises par toute l’assistance. Iduna en avait profité pour se relever et coiffa sa cadette d’un diadème alors qu’émue, la rousse arborait fièrement l’épée des rois à sa taille. A ses côtés, Kristoff baissa à son tour les yeux et s’agenouilla aux côtés d’Elsa, offrant officiellement allégeance à la furie rousse. Par mimétisme, la foule agit de la même façon. Les princes eux aussi baissèrent les yeux se soumettant à la reine de retour. Dernier encore debout, Agnarr s’approcha de sa seconde fille l’observant quelques secondes.


-Votre Majesté, permettez-moi de vous présenter très officiellement ma démission de mes fonctions de souverain honoraire. Ce fut un honneur de vous représenter.


A son tour, en compagnie de son épouse, celui qui pourtant aimait tant le pouvoir ploya le genou, entérinant définitivement le couronnement de la reine, interrompu brutalement des années auparavant. A la hâte un militaire s’était empressé de récupérer les régalias présents près des trônes et les présenta à Anna qui s’en saisit avant de se diriger dignement vers le siège royal qui lui appartenait désormais. Avec appréhension la reine y prit place alors que la foule se releva en applaudissant et hurlant sa joie face à sa reine retrouvée. Elsa fut la première à la rejoindre et la prendre dans ses bras, oubliant le protocole.


-Tu es notre reine à tous ma sœur ! La couronne n’appartient qu’à toi… Pardonne-moi de n’avoir pas su te la laisser comme j’aurai dû jadis…
-Nous sommes sœurs Elsa ! Tu seras toujours la reine pour moi…
-Non Anna !... Nous avons beau être sœur, une seule porte la couronne… D’ailleurs ?... La reine ne doit-elle pas rendre justice ?
-Tu as tout à fait raison Elsa ! Hum ! Peuple d’Arendelle. Je vous promets de toute mes forces de toujours défendre et servir Arendelle. Et comme première décision pour mon règne. Je déclare innocent les hommes jugés ce jour de tous les crimes dont ils étaient accusés et ordonne leur libération immédiate ! Lança Anna.


La foule applaudit la décision alors que Pierre et Elysia furent libérés de leur entrave sous les applaudissements alors que les neveux de la reine se faisaient tout petits sous le regard sévère de leur mère qui finalement s’adoucit et leur offrit l’étreinte que tous attendaient depuis si longtemps. La joie pouvait s’entendre mais soudain, une voix se fit alors entendre et un militaire apeuré apparut.


-Alerte ! Alerte !!! Vos Altesses ! Kraberg s’est soulevée ! Une armée immense marche sur le royaume !!!
-Regardez !!! Il neige ! Il neige !!! Fit une autre voix étonnée.
-Pardonne-moi… Anna… Cette tempête…c’est ma faute… Je ne sais pas l’arrêter. Confessa coupable Elsa.
-J’aurai préféré un premier jour de règne plus calme ! Maugréa Anna alors qu’au milieu du vent de panique qui contaminait toute l’assistance, le cercle rapproché de la nouvelle reine se rapprochait de la royale fille prodigue d’Arendelle…

Chapitre 31 : Les Picéaerd au front.


Les acclamations avaient bien vite disparu pour laisser place à une vive inquiétude. Partout dans la salle d’audience pouvait s’entendre cris et chaos face à cette nouvelle calamité qui frappait Arendelle. Parmi les plus anciens, bon nombre accouraient auprès de Kristoff et s’agenouillaient devant le duc de la plaine des trolls. Bien qu’il se fût passé deux décennies, le souvenir de l’exil d’Arendelle lors de sa prise par Weselton menée par Kristoff demeurait vivace dans les esprits. Bon nombre voyaient dans le montagnard une de leurs plus sures chances de salut.


-Anna ?! Il me semble que tu te dois d’agir ! Lança Agnarr d’une voix à peine audible face à la confusion.
-Quoi ?
-Tu dois agir !!!
-Mais ?... Pourquoi moi et…
-Nous t’avons tous prêté allégeance ! Tu es la reine ! Parle et nous t’écouterons !
-Parler ?! Papa on ne s’entend pas dans ce chaos…
-Aie confiance en toi ! Tu es la reine !!! Et si l’avis de ton vieux père a une quelconque importance pour toi, je me souviens parfaitement de ma petite furie rousse qui du haut de ses 5 ans était tout à fait capable quand elle le voulait de se faire entendre à l’autre bout du château ! Insista Agnarr en serrant sa main sur l’épaule de la reine.
-SILENCE !!!!!


Immédiatement le vent de panique retomba, seuls des hoquets de surprise se firent entendre parmi la population, en revanche, Elsa, Iduna et Agnarr eux demeuraient impassibles, entourant la souveraine dont tous avaient pu admirer le coffre certain.

-Bel organe !
-Merci maman !
-Je me demande si je n’ai tout de même pas plus de coffre… Minauda Elsa taquine.
-Dîtes toutes les deux ? Est-ce normal de couper ainsi la parole à notre reine ? Et le protocole alors ? Souffla Agnarr sévère alors que l’assistance observait médusée.
-Hum ! Peuple d’Arendelle ! Une fois encore notre royaume doit affronter les épreuves ! Une fois encore notre peuple saura montrer que comme toujours nous demeurons un peuple fort et fière ! L’heure n’est pas à blâmer qui que ce soit. Kraberg fait partie de notre Royaume ! Nous ne devons pas les voir comme des ennemis ! Nous n’allons pas commettre l’erreur de nos ancêtres avec la ville d’Arnevik jadis ! Regardez aujourd’hui comme cette ville enfin apaisée est devenue prospère. Nous devons chercher à comprendre pourquoi Kraberg nous en veut ! Il nous faut défendre notre Royaume ! Cela passe par éviter qu’une seule goutte de sang d’un habitant du royaume, que cela soit de la ville d’Arendelle ou de Kraberg ne coule ! Il n’est pas nécessaire de chercher des responsables à cette situation mais c’est ensemble que nous la surmonteront ! D’ici là, vous devez vous protéger ! Le château vous restera ouvert ! Je charge le prince Hans de gérer la distribution de soupes chaudes et de couvertures… Prince, je crois savoir que vous connaissez déjà ce rôle non ?
-C’est pour moi un honneur…
-La dernière fois que vous m’avez répondu ça, je n’ai pas apprécié ce que vous êtes devenus ensuite…
-Anna ?... Pardon, votre Altesse… Le discours ! Remarqua Agnarr avec un petit signe de tête vers la foule.
-Oups… Oui… Que disais-je ?... Vous pouvez venir vous abriter de la tempête ici tant qu’elle sera au-dessus de nos têtes ! Je fais pleinement confiance à notre glorieuse ancienne reine Elsa pour trouver une solution et finir par vaincre ce temps glacial. Pour votre sécurité, veuillez si vous souhaitez vous abriter ici partir sur l’heure chercher vos effets. D’ici une heure, chaque membre de la famille royale aura une mission pour vous accueillir et vous servir au mieux !
-Voilà qui est parlé !!!
-Vive la reine ! Vive la reine !!!


La nature enjouée et chaleureuse d’Anna l’incita à demeurer encore quelques minutes auprès du peuple. Avec un grand sourire naturel, la souveraine prenait le temps de recevoir les paroles de chaque habitant qui l’interpellait. Sa sœur ainée l’observait avec envie. Anna ne se forçait pas, pour elle en revanche cette tache nécessitait tant d’efforts… Un léger signe de tête de l’ancien monarque encouragea la gardienne de la forêt à libérer sa cadette du peuple. Le devoir d’une reine se devait aussi de s’éloigner du peuple pour prendre les décisions. Elsa observa son père avec reconnaissance… Toute son expérience et sa stature était désormais entièrement dévoué à leur service, il était hors de question de le décevoir. Avec grâce, la maîtresse de l’hiver s’empressa de prendre le bras de sa sœur et, après quelques dernières acclamations, les sœurs prirent congé pour s’installer dans le cabinet royal. Avec appréhension, Anna hésita un instant mais, encouragée par Elsa, prit la place réservée à la reine alors que, respectant le protocole, son ainée resta debout.


-Alors Anna ? Que doit-on faire ? Demanda l’ainée à sa cadette la tête plongée dans ses mains, occupée à réfléchir et à digérer la nouvelle de son couronnement.
-Euh… Déjà toi ! Te faire discrète ! Je ne veux pas qu’on dise de toi que tu es un monstre et… Enfin tu sais que je ne le pense pas d’ailleurs ce n’est pas contre toi si je te demande…
-J’ai très bien compris Anna, je ferais ce que tu me demandes ne t’en fais pas… Quoi d’autre ? Arendelle compte sur toi !
-Je sais Elsa ! Tout le monde ne cesse de me le rappeler ! Même avant notre départ de l’Hellheim ! Très bien… Déjà… Il faut que la population soit rassurée ! Elsa j’ai besoin de toi pour transmettre mes ordres à papa et maman ! Dis-leur, qu’en tant qu’ancien roi et reine, ils sont les personnes parfaites pour rassurer les réfugiés qui viendront s’abriter ici ! Qu’ils soient là pour eux ! Transmets-leur !
-Ca ne sera pas nécessaire Anna !
-Quoi ?
-Regarde !...


La reine accepta enfin de lever les yeux. Elle dévisagea un temps sa sœur puis, constata que ses parents, mais aussi ses neveux, Yohan, Emma Kristoff et Hans l’avaient rejoint et, fébrilement attendaient tous…


-Oh ?... Euh… Pardon je… Je n’avais pas vu que…
-Ne t’excuse pas Anna ! Un souverain n’a pas à le faire !
-Eh bien… Si papa ! Justement je pense que si ! La couronne, le pouvoir ne nous donne pas le savoir absolu. Si j’ai bien appris quelque chose de mamie Anna…


La souveraine ne put poursuivre. Les mots restèrent bloqués dans sa gorge. A nouveau elle avait pensé à son aïeul comme le modèle, la perfection, l’héroïne à qui elle souhaitait s’identifier et ne voulait accepter l’idée qu’elle ait pu embrasser la mauvaise cause. Avec bienveillance, Elysia s’approcha de sa petite fille et lui posa sur l’épaule une main secourable qui l’aida à retrouver son calme et son courage.


-Tu ne dois pas te sentir coupable à penser à elle…
-Décidément ma fille… Tu es bien plus sage que je ne l’ai jamais été. Confia Agnarr en s’inclinant puis ajouta : Ce sera un honneur que de suivre tes directives Anna ! Iduna et moi nous chargeront d’accueillir le peuple en ton nom !
-Merci papa ! Hans, vous les aiderez ? Kristoff ! Toi qui un traineau ! Aide le village à stocker bois et couvertures et rapportes les ici !
-Comme tu voudras !
-Yohan ? Vous qui êtes notre stratège, allez voir les officiers et préparez un plan de défense, mais surtout, faîtes tout pour qu’il n’y ait aucune effusion de sang !
-A vos ordres votre Altesse ! Fit le chef Northuldra alors qu’il prit congé ainsi qu’Iduna et Agnarr.
-Elsa… Toi tu restes en retrait ! Il faut que tu sois reposée pour pouvoir stopper l’hiver !
-Anna ! Je t’assure je vais bien ! Je veux t’aider ! Plaida la souveraine
-Si tu veux m’aider, alors rétablis-toi ! Elsa regarde ! Tu ne peux pas marcher sans un appui !
-Un magnifique appui d’ailleurs ! Remarqua l’ancien éleveur de rennes.
-C’est papa qui me l’a confié… Avoua la reine des neiges.
-Ah oui mon gendre ? C’est vous qui l’avez trouvé dans la forêt ?
-Euh… Pas exactement. C’est… C’est Anna qui me l’a confié pendant ma convalescence. Me sentant mieux je lui ai rendu il y a quelques jours mais dès le lendemain, elle me l’a rendu, juste avant qu’elle ne quitte la pays Northuldra pour méditer. Alors n’en ayant plus l’utilité mais étant un objet de famille, je l’ai laissé à Elsa qui peinait à se remettre… Confia l’ancien monarque.
-Mais moi aussi je vais mieux papa ! Alors… Papy c’est à toi de le récupérer ! C’est le tiens après tout ! Coupa Elsa qui ne voulait pas paraître faible aux yeux de sa sœur.


Décidément, ce bâton devait toujours lui revenir. La reine des neiges s’en rendit rapidement compte et dévisagea son grand père. Il ne semblait pourtant pas être l’homme dangereux que pouvait dépeindre mamie depuis qu’elle refusait de le voir. Après tout, Anna avait accepté sa présence auprès d’elle. Sa cadette était un modèle pour la première née. Sa sagesse était bien supérieure à la sienne alors après tout, si Anna avait accepté de faire confiance à Elysia, elle se devait elle aussi de refaire un pas vers son grand-père. Avec un timide sourire, la reine des neiges, à la fois pour se rapprocher de son aïeul mais aussi pour prouver à sa sœur qu’elle était en forme se délesta du bâton et le tendit à son propriétaire légitime, le patriarche s’en saisit ému.


-Voilà un présent que j’aurai pu te faire… Souffla Pierre.
-Ce fut l’un des plus beaux qui m’a été fait… Il me vient de votre grand-mère, peu de temps après la naissance de votre mère…
-On ne peut pas dire que ça lui ait coûté si cher que ça… Proposa Anna d’une voix fausse, comme si elle cherchait à se montrer désagréable envers la personne qu’elle admirait tant mais qu’elle se sentait obligé désormais de dénigrer.
-Ne dis pas ça Anna c’est tout le contraire ! Elle a passé tant d’heures à le tailler pour montrer son amour… D’ailleurs elle a même su faire preuve d’une grande ingéniosité pour le montrer ! Regardez !
-Mais qu’est-ce que ?... Papy non !!! S’insurgea Elsa alors qu’elle voyait agir son grand père briser l’objet en deux.
-Ne t’en fais pas, ta grand-mère avait tout prévu regarde !


Elysia disait brai. Curieusement, l’objet de bois se trouvait être creux et une cavité secrète était habilement abritée. Avec soin, le Sappos en profita pour sortir un message enroulé et indiqua la curieuse missive.


-Votre grand-mère lorsqu’elle me l’a offert y avait glissé ceci… Quelques mots de sa main… Pour parler de nous… Soupira Elysia en désignant un petit rouleau contre un objet cylindrique qui permettait de maintenir le papier en place…
-Et il dit quoi ce message ? Demanda la souveraine dont la curiosité et le côté fleur bleue avait repris le dessus.
-Non… ça Anna… Je le garde pour moi ! Soupira le Northuldra en glissant la missive dans sa poche avant de refermer son bâton et glisser le cylindre dans sa poche et, s’éclaircit la gorge : Bien, que puis-je faire pour t’être utile ?
-Euh… Tu… Tu pourrais aider Kristoff ? Entre hommes forts vous allez vous entendre !
-Je ne puis rien te refuser… Répondit le grand père flatté qui à son tour quitta les lieux.
-Tous les trois ?!... Puis-je savoir où vous comptez aller ?! Coupa soudain Anna en dévisageant avec sévérité ses trois neveux.
-Euh… Eh bien nous… Commença Viktor
-C’était son idée que de partir !!! Coupa comme à son habitude Ryder.
-Ma tante pouvons-nous t’être agréable ? Questionna Karl.
-Karl, Ryder, tous les deux, allez voir Hans, vous serez sous son autorité !
-Bien sur ma tante mais… Euh pardon qu’allons-nous faire ?
-Sortir déjà ! Maintenant ! Coupa la reine sévère avant d’intervenir à nouveau : Viktor !!! Je n’ai pas le souvenir d’avoir parlé de toi ! Toi tu restes ici !
-Comme… Comme tu voudras ma tante.


Le chef des triplés inquiet dévisagea sa mère aussi surprise que lui de la sévérité de la jolie rousse et, avec appréhension se risqua à s’asseoir face à sa tante. Le port altier d’Anna n’était pas réputé pourtant, elle dégageait tant de majesté en cet instant par rapport à son jeune neveu


-A nous deux…
-Ma tante vraiment je suis désolé pour…
-Je m’en fiche de tes excuses Viktor !... Tu te tais et tu m’écoutes !
-Je… Oui… Votre Majesté.
-Viktor… Tu as voulu jouer au petit roi… Tu vas être servi ! Tu enfiles tes vêtements les plus chauds et tu pars de suite vers l’Est retrouver les mutins de Kraberg !
-Quoi ?
-Anna non !!! S’offusqua Elsa.
-Comment ça non ? Questionna Anna alors que Viktor devenait blême.
-Anna s’il te plaît !... Je ne sais pas ce que tu reproches à Viktor mais …
-Mais c’est aussi ce que tu penses Viktor ?... Que cette décision est une punition pour te faire payer la manière dont tu m’as traité ?
-Euh…
-Réponds Viktor !
-Eh bien… Oui ma tante… Balbutia le grand adolescent qui ressemblait plus en cet instant à un enfant apeuré.
-Anna ! Pourquoi le tourmentes-tu ?
Insista Elsa qui voulait défendre son fils.
-Toi aussi ?... Mais tu me prends pour notre ancêtre la mère fouettarde ?
-Pas du tout… S’excusa la reine des neiges.
-Pourtant ça pourrait, son vrai rôle, c’est de redresser les torts, son rôle c’est de tout réparer ! Viktor ! Si je te confie cette mission, ça n’est pas pour te punir, mais pour tout réparer ! Tu t’es trompé mais tu as voulu agir pour le bien d’Arendelle ! Je ne peux pas te blâmer pour ça ! Au contraire Viktor !... J’ai confiance en toi ! Lança d’une voix noble Anna se souvenant du mantra de Kristoff.
-Vrai… Vraiment ? Souffla le jeune prince.
-Tout à fait, et il est grand temps que tu prennes toi-même confiance en toi. Pars sur l’heure pour Kraberg ! Ces gens sont désespérés ! Quand j’étais plus jeune que toi, j’ai pris la responsabilité d’être la marraine de cette ville et d’améliorer les conditions de vie de ces gens, j’ai simplement osé prendre confiance en moi. A toi d’agir de la sorte mon neveu ! Ta reine te l’ordonne et a confiance en toi !
-Quoi ? Mais… Ma tante tu… Enfin à 16 ans tu… Etais seule avec maman dans ce château…
-Certes… C’est… Compliqué, dans un autre temps ! Un jour peut-être je vous expliquerai ce concept mais dis toi que nous ne vivons pas qu’une seule vie… Allez va ! Ordonna-t-elle au garçon surpris et heureux qui prit immédiatement congé, fière de sa mission.
-Anna ?! Mais ?! Pourquoi as-tu fait ça ?!
-Pourquoi, tu es sourde Elsa ? Je l’ai expliqué pourtant…
-Mais Viktor il… Enfin…
-Tu n’as pas confiance en ton propre fils ?
-C’est… Non pas du tout mais… Anna ! Laisse-moi y aller avec lui !
-Elsa ! C’est à ton fils d’y aller ! Souviens toi ! La prophétie montrée quand nous sommes arrivés dans l’Hellheim ! C’est ton frère et le fils de la duchesse qui doivent mettre fin au conflit !
-Pas sans aide ! Je vais avec lui ! De toute façon Anna, je veux pouvoir servir à quelque chose ! Au moins je pourrais le protéger de la tempête !
-Elsa…
-Non Anna ! N’essaie même pas de t’opposer. Je me plie à la volonté de ma reine, mais tu ne me feras pas céder en tant que mère ! Aurais-tu laissé Helga ainsi seule ?
-Elsa…
-Anna je t’en prie !!
-Elsa !!! … Je compte sur vous deux pour réussir ! Concéda la rouquine.


Au loin depuis les appartements royaux, Anna observait sa sœur et son neveu prêts pour le départ quelques minutes plus tard. Son cœur se serra. Elle n’avait pu finalement rester en compagnie de son ainée que quelques heures à peine, le temps qu’elle lui fasse le plus grand honneur qui soit.


-Bravo pour ta sagesse ma fille !
-Je ne le fais pas de gaité de cœur papa !
-Je n’en doute pas mais vois-tu Anna, le devoir d’un monarque va parfois au-delà de sa volonté d’agir ! Fit Agnarr avec philosophie.
-Je t’avoue que j’aurai préféré une vie sans soucis…
-Impossible ! Tu es une reine d’Arendelle !... Et tu fais partie de la famille Picéaerd, les soucis font partie de toi ! S’amusa Agnarr.


La boutade de l’ancien roi dérida quelque peu la jolie souveraine qui s’empressa d’aller s’assurer que tous étaient bien à leur poste. Les serviteurs la vêtirent de vêtements chauds pour affronter l’hiver. Ce fut non sans une certaine nostalgie qu’elle emmitoufla dans sa cape magenta ainsi que son bonnet. Kristoff a son passage ne put s’empêcher de relever la tête, après tout c’était dans cette tenue qu’il avait appris à connaître sa belle. Anna, contrairement à ses habitudes souhaitait se faire la plus discrète possible et écoutait de loin la conversation entre son beau montagnard et Yohan qui n’avait pas tardé à retrouver ses talents d’expert militaire. Iduna en profita en compagnie de son père, pour la rejoindre et, à l’instar d’Agnarr la féliciter pour ses décisions mais la cadette l’interrompit, intéressée par la stratégie militaire de Yohan. Kristoff soudain blêmit alors que le stratège évoquait les plans de défense extrêmes de la cité.


-Kristoff, il nous faut disposer des charges aux points stratégiques du pont. C’est ici la dernière ligne de défense, en cas de difficulté, il faudra tout faire sauter ! Fais atteler ton renne à la charrette ! Nous disposerons les explosifs sur le pont !


Le visage du montagnard était devenu blême alors qu’il serrait machinalement l’encolure du renne qu’Hans lui avait récupéré. Il fixait l’édifice et de terribles souvenirs lui revenaient en mémoire. La déroute de la défense Arendellienne et Sven… son plus fidèle ami qui héroïquement avait donné sa vie pour mettre à bien le projet que Yohan répétait à nouveau.


-N’est-ce pas un peu extrême Yohan ? Suggéra la furie rousse pour venir en soutien à son amant qui tremblait.
-J’espère que nous n’aurons pas à en arriver là mais il faut tout prévoir ! Je sais que pour Kristoff ce que je dis doit être très dur mais votre Altesse… C’est grâce à cette manœuvre folle qu’Arendelle a pu fuir…
-Certes mais… En ce temps là Yohan, vous n’aviez pas Elsa ? Depuis le château elle peut sans doute par son pouvoir couper la route aux assaillants sans tomber dans de telles extrémités… Suggéra Iduna.
-Ah oui !!! Oui ! Je préfère ça !!! Et puis cela fait écho à la volonté d’Anna ! Pas d’effusion de sang !!! Réagit Kristoff qui sautait sur l’occasion.
-C’est… C’est une éventualité en effet… Reine Anna, c’est à vous de trancher. La solution avec votre sœur, avec le risque si elle ne fonctionne pas que nous soyons à découvert où la mienne, plus brutale mais dont malheureusement nous connaissons déjà l’efficacité…
-Eh bien… Hum… A vrai dire nous… Nous n’avons pas le choix… Souffla la reine gênée.
-Comment ça ? Bien sûr que si nous l’avons Anna !
-Non Kristoff… Nous ne l’avons pas parce que… Parce qu’Elsa n’est pas là !
-Comment ? Tu dois te tromper Anna ! Ta sœur est là ! Je lui ai même ordonné de se reposer un maximum pour qu’elle retrouve toutes ses forces !
-Eh bien c’est la le problème maman… J’ai… J’ai ordonné à Viktor d’être notre représentant pour tenter une médiation avec Kraberg. Quand elle l’a appris, Elsa insisté pour l’accompagner… Ils sont partis il y a quelques heures…
-Tu as fait quoi ?! Anna tu as laissé un de tes neveux à peine sorti de l’enfance régler une guerre ? Et tu as laissé ta sœur y aller avec lui seule et sans escorte ?!
-Maman, j’envoie des gens en qui j’ai confiance…
-Ah Ah ! Ah Ah !
-Maman ? Mais qu’est-ce que tu fais ?! Interrogea Elsa alors que la bise glaciale de courant d’air arriva.
-Je vais faire ce que toute mère ferait en pareil circonstance ! Resterais-tu ici sans bouger si au lieu d’Elsa cela avait été ta précieuse Helga ?! Je vais les chercher ! Et sois en certaine Anna, tu es peut être la reine, mais je reste ta mère et ça jeune fille… Nous en reparlerons ! Fulmina Iduna.


Anna resta sans voix. Les yeux d’Iduna la transperçaient, ce même regard sévère que la furie rousse connaissait tant lorsqu’après d’innombrables bêtises enfant, elle finissait toujours par se faire prendre et rendre des comptes à l’ange de l’air. Pour autant, Anna le savait, il ne s’agissait pas cette fois d’une quelconque bêtise, elle était certaine de sa décision et tant pis si pour cela, il lui fallait s’opposer à sa mère. Au dernier moment, la souveraine saisit le bras de sa mère prête à s’envoler.


-Maman non ! C’est…
-C’est la décision de ta mère Anna et je pense sans vouloir remettre ton royal jugement en question qu’Iduna sait parfaitement ce qu’elle fait. Ta mère a toujours suivi son instinct et ce à raison !
-Grand père ?...
-Laisse-la y aller Anna ! … Tu as confiance en ta sœur, c’est bien pour cela que tu l’as laissé partir, eh bien moi, j’ai confiance en ma fille… qui se trouve être ta mère ! Bon voyage Iduna ! Souffla Elysia.
-Papy ?... Pourquoi ?! Demanda Anna qui hésitait à lâcher sa mère.
-Pour la même raison que toi qui a laissé ton neveu et ta sœur partir ! J’ai confiance en eux !
-Mais… Maman elle… Elle est si douce et…
-Et ta mère était intrépide et déterminée, peut-être même plus que toi dans ses jeunes années ! Ca elle ne peut l’oublier, c’est en elle !
-Je ne sais pas si…
-Anna ! Ne doute pas de ta mère ! Ta mère c’est ça !!
-Quoi ? Le message de ton bâton ? Questionna Anna en voyant Elysia sortir à nouveau le mystérieux rouleau. Après un instant d’hésitation, il se décida à le tendre à sa petite fille.
-Je… Vraiment je peux ?
-Est-ce que je te le proposerais si ça n’était pas le cas ? Insista le Sappos alors qu’Anna déroula le message.
- « Notre vraie flamme, la Famille Picéaerd ». C’est… C’est ça que tu voulais garder pour toi ?
-C’est ce qu’est ta mère ! Elle est notre flamme ! N’oublie pas que ta mère est une Picéaerd ! Elle non plus ne laissera pas sa famille seule ! Tout comme ta sœur ! Tout comme toi ! C’est bien pour cela qu’il fallait les laisser y aller ! En revanche…
-Quoi ? Demanda Anna alors qu’Elysia avait la mine sombre.

Le Sappos venait de désarmer la furie rousse qui relâcha son emprise sur celle d’Iduna. L’ange de l’air ne se fit pas prier et s’envola rapidement, sans que son visage n’exprime la moindre sympathie pour son père. En contrebas, Elysia et Anna observaient majestueuse, Iduna flotter aux quatre vents avant de prendre la direction de l’est, déterminée à rattraper sa fille.



-Si je le garde… Commença Elysia après avoir vu sa fille partir : c’est aussi pour ma rappeler de qui est ta grand-mère… Elle agit ainsi pour sa famille… Elle ne s’arrêtera donc jamais… Iduna et Elsa sont peut être notre dernière chance avant…
-Moi… Moi et… mon côté Sappos… Bredouilla Anna en dévoilant son cristal de feu de sa main libre.
-Espérons que nous n’ayons pas à en arriver là mais comme le dit ton ami avec son pont, il nous faut nous parer à toute éventualité alors… Maître Bjorgman, je pense qu’il faut s’occuper de cette charrette ! Quant à toi Anna, si le moment doit venir, tu sauras quoi faire de ceci ! Insista Elysia en refermant la paume de la main de la reine sur la missive et son petit objet en cylindre qui le maintenait.
-Tu… Tu veux que je…
-Pour que toi aussi tu saches ! Après tout, ça sera toi notre dernière chance…Si la guerre entre Sappos et Picéaerd doit dégénérer, ça sera à toi de tout réparer…C’est bien pour cela que tu es la meilleure reine d’Arendelle possible !
-Je… Je ne sais si j’en serai capable !
-Applique à toi-même ce que tu fais pour ton neveu et ta sœur, ce que je fais pour ta mère !... Aie confiance ! Déjà, espérons qu’à elles deux, elles puissent faire un miracle ! Soupira Elysia en observant le petit point dans le ciel froid et gris qu’était devenu Iduna.


Au loin dans la brise, Iduna serrait les poings. Les paroles d’Elysia résonnaient en son esprit. Il lui avait fallu du temps pour accepter la séparation de ses parents mais avait fini par se ranger du côté de Mamie Anna, tant elle avait expliqué que les Sappos pouvaient représenter une menace. Pourtant, son père avait paru être particulièrement raisonnable et prévenant. Peu importait au final pour la Picéaerd. La priorité était de retrouver son ainée et son petit fils et éviter qu’ils ne tombent dans une embuscade. Malheureusement, la tempête d’Elsa devenait toujours plus dense et l’ange de l’air avait bien du ml à distinguer quoi que ce soit au milieu de la neige et des importants nuages. Après de longues heures de recherches, frigorifiée, elle dû se résoudre à gagner une humble auberge de campagne sur la route de Kraberg. Emmitouflée dans une cape, dans des lieux si reculés de la ville d’Arendelle, personne n’aurait été capable de reconnaître le visage d’une reine censée avoir rendu son dernier souffle depuis de si longues années. La famille qui gérait l’établissement était simple mais accueillante. Avec plaisir ils servirent un repas chaud à l’ange de l’air qui s’en délecta. La femme avait cuisiné avec amour, comme pouvait le faire Mamie Anna pour son célèbre ragout. Malgré son envie d’être discrète, elle s’autorisa à discuter longuement avec la famille. Se prenant d’affection pour la fille ainée qui rêvait de pouvoir un jour être architecte. Hélas, la famille n’avait pas les moyens de payer l’envoi de l’adolescente vers une grande ville pour apprendre ce métier, de surcroit à une fille. Ces difficultés parlaient grandement à l’ancienne reine qui se remémorait ses jeunes années d’orpheline en Arendelle, quand elle-même avait dû affronter la réalité de sa condition de femme du peuple et avoir les pires difficultés à faire valoir son potentiel avec les moulins.
A l’aube le lendemain, l’ange de l’air déposa sur le comptoir quelques pièces pour le gite et le couvert et un message à l’attention de la jeune Théa et quelques consignes. Si la jeune femme se risquait à les suivre, la famille royale le saurait et Iduna se l’était promis, elle userait de toute son influence pour lui permettre de réaliser ses rêves.
Satisfaite, elle s’envola à nouveau grâce aux bienfaits du dernier esprit libre et arpenta les collines de l’arrière-pays de la ville de Kraberg. Au loin les fumées noires des mines pouvaient se deviner dans le ciel blanc et des cris alertèrent Iduna. En contrebas, une foule furieuse se montrait vindicative et face à elle, un garçon apeuré et la reine des neiges qui tentait une médiation. Iduna ne réfléchit pas. Elle ordonna au vent de redescendre. L’esprit de l’air créa une barrière naturelle entre les assaillants et la reine des neiges alors que la foule s’apprêtaient à lancer pierres et lances à l’encontre des membres de la famille royale.


-Halte !!! Mais arrêtez-vous !!! Vous êtes fous !!! Andréas ! Es-t-u inconscient à ce point ?! Lança une voix dans la foule alors qu’Iduna s’assurait que sa fille et son petit-fils n’avaient rien.
-Mais…
-Ne discute pas… S’ils sont blessés… Tu vas… Ah par Ahtohallan, plus de peur que de mal ! Iduna !!! Tu vas bien ?!


Elsa et Iduna se regardèrent médusées alors que Mamie se fraya un chemin vers elles et maintenaient la foule en respect.


-Maman ?
-Mamie ?
-Mémé ?
-Heureusement que vous n’êtes que trois, inutile de tous m’appeler ! Bien le bonjour mes Picéaerd et… Puis-je vous demander ce que vous faîtes ici ? Loin du pays Northuldra, et toi Viktor, n’as-tu pas du travail au royaume d’Arendelle ? Questionna la matriarche.
-Mamie ! Il s’est passé énormément de choses, j’ai… J’ai lancé une nouvelle tempête après que Kaspian ne se soit énervée suite au mariage manqué et… C’est incroyable mais Anna est de retour ! D’ailleurs nous sommes allées en Arendelle pour…
-Pour rien Elsa ! Pour rien !! Coupa à la hâte Iduna avec le regard sombre.
-Vraiment ? Oh mon ange de l’air, cela ressemble fortement à un mensonge… Interrogea mamie suspicieuse.
-Il y a plus important !!! C’est qui lui ?! Qu’est-ce qu’il fait la ? Lança furieuse Iduna en prenant Andréas par le col.
-Iduna !... Je t’ai manqué ?! Grinça Andréas avec ironie.
-Maman ?! Qu’est-ce qu’il fait là ?! Il n’est pas censé pourrir dans les limbes celui-là ?! Qu’est-ce que tu fais avec lui ?! Qu’est-ce que tu fais ici ?! Au milieu de la révolte contre Arendelle ?! Hurla Iduna qui aurait déjà frappé Andréas si elle ne sentait pas que cela déclencherait la fureur de la foule contre elle.
-Je le conçois Iduna ne t’en fais pas ! Mais laisse-moi te répondre par une autre question… Tu es allée en Arendelle et tu y as retrouvé ton père n’est-ce pas ?... Et bien pire, son lointain ancêtre ?!
-Oui mémé, ils… Ils sont venus, comme dans ton message. Se risqua Viktor alors que sa grand-mère le fusillait du regard.
-Comme c’est étonnant, et Viktor, ce sont des gens en tout point charmants ? Tout le monde les aime ? Tout le monde admire leur sagesse n’est-ce pas ? Insista Mamie, ravie de voir que la proie la plus faible avait décidé de parler.
-Euh… Oui ! C’est exactement ça mémé !
-Iduna ? Aurais-tu l’obligeance de le relâcher, venez, allons manger un bon ragout, je vais tout vous expliquer.
-Pourquoi es-tu à la tête de la rébellion ? Insista Elsa
-Rébellion ? Oh non Elsa ?... Ce que tu vois ici, c’est au contraire pour avoir une chance de sauver ta sœur ! Venez ! Vous comprendrez mieux le ventre plein !


Méfiants, les Picéaerd acceptèrent de suivre la matriarche. Iduna avait relâché Andréas qui lui adressait un grand sourire satisfait. Tous fendirent la foule docile aux ordres de la Picéaerd et s’engouffrèrent dans une habitation de fortune. A l’intérieur, près du feu, une grande marmite mijotait, comme si Mamie avait prévu l’arrivée de sa famille et juste à côté, à surveiller la cuisson, un jeune adulte, frêle et timide.


-Alexandre ?! C’est bien mon garçon, je m’en occupe ! Nous avons de la visite ! Voici ma fille, ma petite fille et mon arrière-petit-fils… Vous devez avoir à peu près le même âge tous les deux ! Nous avons à parler ! Et si tu en profitais pour montrer les environs au prince Viktor ?
-Euh… Si… Si vous voulez Madame Picéaerd…
-Mais oui ! Entre jeunes gens, je suis certaine que vous allez vous entendre bien mieux ! N’est-ce pas Viktor ?!
-Euh… Oui mémé. Hum… Monsieur Alexandre je… Je vous suis.


Viktor offrit un timide sourire protocolaire à son homologue. Il se reconnaissait tant dans ce jeune homme. Il n’était pas le plus grand ni le plus fort et dans son œil, le même regard que celui du prince. Ce sentiment d’être systématiquement écrasé par un héritage trop lourd à porter. Ils ne se connaissaient pas, pourtant, Viktor avait le sentiment d’être parfaitement capable de comprendre cet Alexandre. Les jeunes gens ne se firent pas prier et quittèrent les Picéaerds.


-Qui est-ce ? Questionna Elsa
-Alexandre… Mon fils ! Répondit Andréas calmement déstabilisant toujours plus Elsa et Iduna.
-Ce fut plus simple que je ne l’aurais pensé pour ces deux-là ! Souffla Mamie en tendant une assiette pleine à sa petite fille.
-Quoi ?
-Allons Elsa, ne me dis pas que tu ne te souviens pas de la prédiction d’Emma Picéaerd quand nous sommes arrivées dans l’Hellheim ?
-La prédiction ?
-Oui ! Selon laquelle ton fils allait nouer une relation très proche avec le fils de la duchesse de Funningur… Alexandre est ce fils ! Je vous avais dit avoir quitté le pays Northuldra pour trouver des réponses… Voilà qui est chose faîte ! J’ai trouvé Andréas ! Il a pu quitter les limbes… grâce aux Sappos ! N’est-ce pas Andréas ? Fit mamie en appuyant un regard intimidant vers son ancien frère adoptif.
-Euh ?... Oui… Oui tout à fait c’est… Pierre Sappos qui m’a délivré des limbes et ramené ici pour… servir son projet…
-Les Sappos veulent nous éradiquer ! Le plan de Pierre est de monter Kraberg contre Arendelle. Andréas devait convaincre Alexandre, étant son père il n’en aurait eu aucun mal
-En effet ! Ce gamin est très influençable et…
-Et heureusement pour nous ! Je suis tombée sur Andréas avant qu’il ne le trouve ! Coupa Mamie sévère.
-Exact…. Nous nous sommes affrontés elle et moi… Se renfrogna le Sambucus.
-Affronté est un bien grand mot mon jeune frère ! … Iduna, je sais que cela va t’être difficile tant tu ne le portes pas dans ton cœur mais… Andréas est avec nous désormais ! Il fait partie de notre famille !
-Quoi ?
-S’il est de retour, cela n’est pas dû au hasard ! Depuis que nous sommes partis de l’Hellheim les choses ont changé ! J’ai voulu questionner mon frère sur le temps là-bas… Il m’a montré que mon autre moi avait rejoint le monde des morts ! Décidément j’ai la fâcheuse tendance à disparaître toujours aux mêmes âges… Je suppose que je ne resterai forcément pas longtemps sur cette Terre… En tout cas Pieter a pu m’apprendre que mon double avait su ramener Andréas vers le droit chemin dans son plan de l’univers. Forte de cela, lorsque je l’ai trouvé ici, j’ai pu faire de même.
-Comment ? Questionna Elsa alors qu’Andréas semblait lui-même surpris.
-En lui faisant prendre conscience qu’il avait ici une deuxième chance inespérée de changer son destin… Autrement sa prochaine mort le conduira à nouveau vers les limbes… Il a donc naturellement accepté de se joindre à moi, pour contrer le plan des Sappos ! Si nous sommes ici, ça n’est pas comme tu le penses pour attaquer Arendelle ! Non, c’est pour lutter contre Pierre et ton père !
-Mais maman… Papa ne semble pas être…
-Mon ange de l’air, je suis désolée de te le dire ainsi mais… Ton père est un idiot ! Il ne s’en est peut-être pas rendu compte au début mais fatalement, son choix d’allégeance le conduit à se dresser contre nous ! Il est un véritable danger !
-Comment peux-tu en être aussi certaine ?
-A cause du mariage de ton frère ! Gâché alors que les Sappos venaient d’arriver ! Les coupoles ne se sont pas allumées ! Iduna, Elsa, vous savez que je déteste cette tradition, néanmoins ce qu’il s’est passé n’est pas à prendre à la légère… Le feu n’est jamais arrivé ! Toutes les deux, comme vous êtes esprits ?... Avez-vous tenté d’appeler Bruni depuis ce temps ?!
-Euh…
-Faîtes-le ! Et vous allez comprendre !


Docile, Elsa s’exécuta. Elle tenta à plusieurs reprises mais rien n’y fit. Iduna essaya à son tour. Courant d’air évidemment était là pour elle. Agace l’ange de l’air intima à son ami esprit de lui faire venir l’esprit du feu mais comme pour sa fille, Iduna ne connut que l’échec.


-Mais c’est… C’est impossible.
-C’est aussi ce que je me suis dit au départ. C’est une dzs réponses que je suis partie chercher. Ahtohallan m’a répondu ! Le feu est le seul élément qui n’a jamais été associé à un cinquième esprit ! Au contraire il est très souvent associé aux Sappos, bien qu’ils n’aient aucun lien d’esprit ! Elysia aimait beaucoup Bruni ! Parfois il aimait me titiller à me montrer comme il pouvait avoir une bonne relation avec l’esprit du feu. Ça n’était qu’une blague évidemment, mais force est de constater que ce lien n’était pas si innocent ! Iduna, ton père a capturé pour Pierre l’esprit du feu ! Les Sappos veulent les esprits ! Andréas ? N’étais-ce pas ta mission que de capturer la salamandre ?
-Euh ? Eh bien si ! Tout à fait ! Même que pour le faire je devais me procurer les journaux des Sappos sur les terres gelées ! Lança l’acolyte de mamie qui se sentait de plus en plus à l’aise dans le rôle qu’il se devait de tenir.
-Le… Le Nokk ! Il… Il nous a attaqué mamie quand nous sommes partis pour Arendelle ?
-Quoi ?
-Oui maman. Nous étions sur une petite embarcation et il est comme devenu fou ! Il a tenté de nous noyer !
-C’est… C’est en luttant contre lui que… Que j’ai déclenché cet hiver éternel… Avoua Elsa penaude.
-Avalez vite votre ragout !!! Nous devons partir au plus vite ! Arendelle est en danger ! Elsa !! Tes fils et toi Iduna ton mari, ils ont en charge le royaume ! Les Sappos cherchent à gagner en force ! Quand ils seront prêts ils les tueront pour rayer Arendelle !
-Il… Il n’y a pas qu’eux Mamie…
-Quoi ?
-Anna !... Anna est revenue avec papa !... C’est elle la reine !
-Anna ?! Elle n’est plus dans l’Hellheim ?... La situation est pire que je ne l’imaginais ! Elle est complice avec Elysia n’est-ce pas ?
-Euh oui… Quand nous sommes arrivées, Arendelle les jugeaient et Anna les as innocentés !
-C’est normal ! Pourquoi pensiez vous que j’aie accepté de la laisser dans le monde des morts ! Je savais déjà que votre père la faisait basculer ! Anna est dangereuse ! La guerre est là !
-Quoi ?! Maman attends tu ne suggères pas…
-Je ne suggère rien mon ange de l’air ! Nous ferons tout pour protéger les nôtres ! Notre flamme la famille Picéaerd !
-Oui… Hoqueta Iduna qui repensait au message montré par Elysia.
-Anna est une Picéaerd… Mais nos ennemis sont dangereux ! Iduna ! Nous devons protéger le vent !
-Comment ?
-Envoie le loin ! En sécurité, auprès d’Emma ! Elle est avec Kaspian !! C’est lui qui a tous les pouvoirs ! C’est lui notre meilleur défenseur ! Iduna ! Si le vent tombe en leurs mains, nous n’aurons aucune chance !
-Je t’en prie Iduna ! Ne commets pas les mêmes erreurs que moi… Les Sappos m’ont élevé dans l’erreur ! C’est pour ça que je suis arrivé dans votre famille avec les mauvaises intentions… Je t’en prie ! Protège la famille ! Argumenta Andréas alors que mamie l’approuvait. Le Sambucus apprenait décidément vite.
-Courant d’air… Vite… Envole-toi !... Va retrouver mon Kaspian ! Souffla Iduna au zéphyr en réprimant un sanglot.
-Je te le promets mon ange de l’air, nous allons sortir de ce cauchemar !... Andréas ! Préviens-les tous ! Nous partons pour Arendelle ! Elsa ! Quand nous serons là-bas ! Ton pouvoir pourra nous aider à percer les défenses sans blesser personne ! Nous ne sommes pas les Sappos ! Nous ne sommes pas les monstres ! Et seul le monstre doit être défait ! Ordonna Mamie.


Elsa et Iduna eurent bien du mal à avaler le délicieux ragout alors que Courant d’air s’envolait au-dessus des montagnes et des forêts vers le pays Northuldra. Le vent voyagea longtemps avant de retrouver les conifères de la forêt enchantée puis au loin, les plages grises désolées. Son destinataire se trouvait là avec, non loin de lui, Emma Picéaerd. Kaspian hurlait, de grosses larmes coulèrent le long de ses joues alors qu’il tenait dans ses mains, un lambeau de vêtement.


-Je suis désolée Kaspian mais… Emma est dans l’Hellheim désormais !


La première des Picéaerd avait posé une main secourable sur l’épaule de son lointain descendant qui était dans un état second. Quelques jours auparavant, elle avait vu sur la plage les débris de la coque de noix qu’avaient utilisé la horde des Picéaerd. La tempête s’était transformée en hiver éternel. Emma sentait que le Nokk avait rencontré un problème. Elsa, cette diablesse de reine des neiges était une adversaire coriace mais peu importait. Le navire avait sombré et la tempête se poursuivait. C’était bien le signe que la maîtresse de l’hiver n’avait pu prendre le dessus sur l’esprit de l’eau. Chaque jour, Emma arpentait les plages et ce matin même ! La preuve de sa victoire. Quelques lambeaux de vêtements ! Pour la fondatrice de la dynastie cela ne faisait aucun doute. Ses sombres desseins avaient porté leurs fruits. Les Picéaerds avaient sombré corps et biens ! Les forces de l’univers étaient même bienveillantes avec Emma, elles venaient de lui offrir avec cette robe à moitié déchirée, l’arme parfaite pour faire tomber Kaspian, la preuve que son amour d’enfance n’était plus ! Une victoire totale et Emma s’en délectait alors qu’elle rassurait Kaspian d’un ton faux.


-C’est… C’est ma faute ! C’est moi qui aurais dû…
-Non ! Bien sûr que ça n’est pas ta faute Kaspian ! Ce drame, c’est à cause des Sappos ! Ils nous veulent du mal ! Ils retournent les esprits contre nous ! Nous… Nous allons poursuivre les recherches ! Qui sait, ils ont peut-être…
-Qu’est-ce que je peux faire ?!
-Continuer ton rôle de cinquième esprit ! Nous devons nous protéger des Sappos !
-Je donnerai tout pour… Eh ! Courant d’air ! Va t’en ! Ça n’est pas le moment !
-Kaspian !! Au contraire ! Le vent est là ! Il sait peut-être ce qu’il s’est passé ! Ou, imagine, c’est peut-être ta mère qui te l’a envoyé… Avec de la chance, elle est … Vite ! Fais-le venir ! Nous devons le protéger ! Hurla Emma avide… C’était trop beau pour être vrai.


Trop désorienté pour contester, Kaspian attira le zéphyr auprès de lui. Il aurait fait n’importe quoi en cet instant. Avec prudence, Emma lui donna quelques indications, veillant à ne pas énerver le jeune homme qui pouvait à tout instant déclencher une apocalypse. Mais rien n’y fit, la volonté de Kaspian avait disparu au détriment de sa seule tristesse. Emma jubilait ! Le zéphyr !! La dernière pièce !!! Trop désorienté, Kaspian ne remarqua même pas les feuilles virevolter en un curieux ballet comme si le vent hurlait de douleur. L’instant d’après, une pierre tomba et Emma s’en saisit, ivre de bonheur…