[FCU] La malédiction du cinquième esprit

Chapitre 35 : 4 mariages et un enterrement


Le flash lumineux les avait interrompus quelques instants mais peu importait le prodige, rien, aucune puissance, aucun cataclysme ne pouvait les priver de cet instant. Tous les deux s’étaient noyés dans le regard océanique de l’être aimé. Chacun, au plus profond de son être était irrémédiablement emporté dans la vague du regard flamboyant de l’autre et en son centre l’intense lumière du phare qui guidait tant leurs sentiments. Tels des explorateurs, ils se laissaient volontiers perdre dans cette immensité qui leur avait tant manqué. L’horizon semblait infini et tous deux ne voulaient que plonger vers son au-delà, vers des espaces inconnus qu’eux seuls connaissaient et brillaient désormais les soleils mouillés au charme si mystérieux et hypnotisant. Tous deux étaient loin désormais, vers des contrées exotiques et enivrantes. Là-bas, dans un monde où tout n’est qu’ordre et beauté. Attirés, les deux êtres. Les mots n’avaient plus de sens, la force de leur regard était un cri d’un silence assourdissant, nulle parole ne pouvait décrire ni exprimer la puissance de ce qu’ils partageaient.
Irrémédiablement attirés tel des aimants, ils approchèrent et leurs mains se joignirent. Ce fut ensuite au tour de leur lèvres de s’effleurer réveillant une passion retrouvée qui jamais pourtant ne s’était endormie. Ce toucher si doux et furtif ne fit que les lier davantage, leur passion les dévoraient, les grisaient. Ils ne purent se retenir. Affamés de désir ils s’enlacèrent pour ne faire qu’un. Tous deux frissonnaient de la chaleur et la douceur de l’autre. Ces lèvres, ces yeux, ces visages, ces odeurs, ces chaleurs, l’un comme l’autre les connaissait par cœur mais paraissait être une douce et exaltante nouveauté pour eux. Malgré le poids des années, ils avaient retrouvé toute la fougue et la passion de la jeunesse qui les consumaient et poussaient à prolonger toujours plus cet instant hors du temps, emportés dans les vagues de la douce folie de la passion. L’un comme l’autre ressentait la chaleur corporelle de l’autre contre soi, tous deux ne pouvaient se détacher de l’autre, alors que leurs yeux s’inondaient de larmes. Ils étaient si forts mais leur baiser brisaient toutes leurs défenses. Pour l’autre, ils pouvaient être faibles et vulnérables, c’était si doux si bon de l’être et atteindre dans cette faiblesse, leur plus grande force de vie.


-Mamie ?... Papy ?
-Hum… Papa !! Maman !!! Vous… Vous pourriez arrêter deux minutes ?!


Les voix conjointes de l’ange de l’air et du cinquième esprit ramenèrent les deux amants confus et heureux à la réalité.


-Quoi ?! Lança Mamie d’une voix sèche que personne n’aurait pu lui soupçonner…
-Euh… Eh bien… Mamie il… Il y a… Enfin regarde !


Incapable de formuler sa phrase, la cadette d’Arendelle désigna du doigt le vieux troll qui s’était matérialisé. Hébétés, tous l’observaient sans comprendre, seul Pierre paraissait moins surprise que les autres alors qu’à son bras, Emma demeurait bouche ouverte. Tel un automate, Kristoff lui aussi était éberlué de voir le vénérable minéral qui l’avait élevé. Heureux, il s’approcha, mais fut empêché par Pierre qui lui interdit le passage de son bras poliment. De son côté, Mamie s’éloigna pour un instant de son amant pour dévisager l’être minéral qui la salua avec un léger sourire.


-Oui, Grand Pabby est présent ? Et alors ?! Se moqua Mamie qui ne rêvait que des bras d’Elysia.
-Mais… Pourquoi êtes-vous là vous ?... Enfin je veux dire, ça n’est pas que je suis mécontente de vous voir mais je pensais voir…
-Le gardien ?... Sous les traits de ta petite Helga ? Je suis navré de te décevoir mais je pensais que pour l’avènement après tous ces siècles du véritable cinquième esprit, elle méritait que je me présente à elle sous mes vrais traits. S’excusa Pabby.
-Attendez quoi ?... Pabby vous êtes le… Le ?!... Euh… Mamie tu ?... Mamie !!! Mais tu peux arrêter !! Hoqueta la jeune femme à l’attention de sa grand-mère qui s’étreignait à nouveau auprès d’Elysia sous le regard défiant de toutes les familles qui s’attendaient sans doute à plus de déférence.
-Quoi encore Anna ?! Rétorqua Mamie peu intéressée par le troll.
-Mais Mamie… Il… C’est… C’est le gardien !!! L’être qui s’assure de l’équilibre de l’univers !!
-Très intéressant… Mais pas plus important que ton grand-père !
-Voilà donc la réponse au plus grand questionnement de l’univers dont je n’avais la solution ! Intervînt Pabby.
-Quoi ? Mais de quoi parlez-vous ? Questionna Anna qui avait été rejoint par sa sœur et sa mère.
-Cela me semble évident cher cinquième esprit. A entendre ta grand-mère, nous savons enfin de qui ta mère a hérité son insolence naturelle ! S’amusa Pabby.
-Quoi ? Maman insolente alors là j’aurai tout en… Eh ?! Mais je ne suis pas… Commença Iduna boudeuse.
-C’est ce trait de caractère que j’ai tant aimé chez la petite furie intrépide de l’orphelinat d’Arendelle sourit Agnarr qui venait de la rejoindre pour lui offrir un tendre et doux baiser qui fit oublier à Iduna sa colère.
-Je ne suis pas offensé si cela t’inquiète Cinquième esprit de l’attitude de ta grand-mère ! Oh Kristoff ! Je suis ravi de te revoir mon garçon ! Mais dis-moi, puisque cela semble être une coutume ici que les couples s’embrassent… N’as-tu pas une charmante jeune femme qui t’attend ? Que fais-tu planté là comme un menhir celte ? Combien de fois t’ai-je dit que tu n’étais pas un rocher… Dépêche-toi !


Docile le montagnard s’empressa d’obéir et partit rejoindre la jeune Anna d’Arendelle. La jeune femme plongeait ses yeux dans le regard amoureux du colosse qui la souleva telle une plume faisant voler au vent les volutes de sa nouvelle robe d’esprit avant d’offrir au cinquième esprit la douce récompense dont profitait déjà son aïeule auprès de son éleveur de rennes.


-Bien, autant faire honneur à mon statut d’expert en amour… Kaspian mon jeune ami ! Nous nous sommes peu côtoyés toi et moi… Je n’aurai qu’un conseil pour toi… Observe sur ta droite !


Intrigué le fils d’Iduna tourna le regard. Quelques mètres plus en retrait, les joues qui s’empouperaient, il l’a vit enfin. Son cœur se mit à battre à tout rompre et se précipita à toutes jambes vers la jeune chamane qu’il pensait avoir perdu. Heureux comme au premier jour, eux qui s’étaient destinés l’un à l’autre depuis leur plus tendre enfance se retrouvaient enfin dans un long et langoureux baiser.


-Que d’amour ici ! Mais c’est bien un autre baiser qui a fini par m’appeler !... Pierre Sappos, Emma Picéaerd !... Voilà une vision que je n’osais plus espérer ! Alors Emma… Ravie de me revoir depuis notre dernière conversation ? Tes desseins ont-ils changé depuis ?
-Vous… Vous saviez mes projets… Pourquoi ?...
-Ton chemin était destiné à être semé d’embûches ! Tu avais besoin d’aide… Mais ça n’était pas mon rôle de te l’accorder pour qu’enfin tu accomplisses la mission que je t’avais confié…


Le troll avait parlé avec sagesse et désigna de sa main rocailleuse la furie rousse, rayonnante dans sa robe immaculée qui ne rendait que plus flamboyante encore sa chevelure de feu. Emma laissa pour la première fois un petit sourire se dessiner sur son visage alors qu’elle suivait la main du troll qui bascula pour désigner ensuite Mamie Anna, toujours en train de se languir de son bel Elysia. L’union d’un Sappos et d’une Picéaerd. Une union qui n’était pas s’en rappeler sa propre existence. Machinalement elle sentit un peu plus la chaleur de la main de Pierre qu’elle tenait fermement. L’aura de sa lointaine descendante et ses sentiments les plus forts qu’elle exprimait à l’instant auprès d’Elysia semblait la parcourir. Par mimétisme, Emma tourna son regard vers Pierre et, tous deux à nouveau ne firent plus qu’un dans une étreinte qui ravivait en eux un brasier qui s’était allumé tant de siècles auparavant et, Emma le savait désormais, qui jamais n’avait disparu. Enfin la mère fouettarde voyait. Au bout de longues secondes, elle relâcha son étreinte et observa ses descendants. Mamie Anna en compagnie de son Sappos de mari, Iduna et l’Arendellien et enfin, les trois héritiers, Kaspian, Elsa et Anna qui tous trois s’étaient retrouvés et s’étreignaient heureux de voir la fratrie enfin réunie. La doyenne sentit une larme couler alors qu’elle ne pouvait détacher les yeux de la nouvelle cinquième esprit. Elle venait de lui faire voir ce qu’elle n’aurait jamais imaginé voir. Cette malédiction qu’elle pensait alimenter dans le but d’une vengeance et frappait ses descendants au gré de ses échecs… C’était en réalité sa malédiction à elle, celle d’avoir été incapable de voir, celle de s’aveugler face aux obstacles et ne pas laisser sa chance à l’amour. Désormais elle voyait tout ça… Anna venait de la sauver !


-Oui… Enfin je vois… Souffla Emma.
-La meilleure des deux… Comme tu l’avais deviné Pierre ! Cligna Pabby à l’attention du père noël.
-Quoi ? Que dit-il ? Questionna la Picéaerd.
-Jadis quand… Quand je t’ai trahi en le suppliant pour avoir le plus grand rôle, le gardien m’avait prophétisé que je saurai voir un jour quel est la plus grande mission… Quand tu es partie, je l’ai dit avoir compris que c’était la tienne, que c’était toi la meilleure de nous deux… ça a toujours été toi Emma.
-Malgré tous ces siècles tu… Tu as toujours voulu croire en moi ?... Après tout ce que je t’ai fait ?
-Je savais que la mère fouettarde saurait un jour, tout réparer… Fit Pierre en embrassant sa belle.
-Et toi tu… Tu n’as cessé d’agir pour la permettre de me libérer ?


Elle désigna la furie rousse congratulée de toute part, sous la liesse des habitants d’Arendelle mais aussi de Kraberg qui déposaient un à un les armes. Les querelles des royaumes n’intéressaient guère Emma qui préféra plonger dans les yeux de celui qu’elle aimait et acquiesçait.


-Je ne suis pas meilleure que toi Pierre… C’est toi qui me rends meilleure !
-Et tu fais de même pour moi mon amour !... Emma tu es le seul cadeau de Noël que je n’ai jamais désiré Susurra Pierre
-Et toi le miens…
-Voilà le moment que j’attendais tant… Murmura Grand Pabby.
-Quoi ? Questionnèrent Pierre et Emma d’une seule voix.
-Vous êtes prêts !
-Prêts ?... Mais prêts à quoi ?
-A accomplir votre destin… Celui de me remplacer. Sourit l’être de pierre.
-Attendez quoi ?... Pabby qu’est-ce que vous avez dit ?! Lança soudain la jeune Anna qui avait laissé trainer une oreille.
-Tu m’as entendu Cinquième Esprit ! … Tu connais la légende. Deux êtres exceptionnels qui ont reçu des dons et responsabilités formidables du gardien… Des siècles durant, Emma et Pierre ont su respecter leur tâche. Oui même toi Emma qui t’étais perdue, malgré cela tu n’as jamais renoncé à accomplir ce fardeau qui pesait sur tes épaules et aujourd’hui, aujourd’hui seulement, vous prenez conscience du réel rôle que vous aviez. Désormais tous les deux… Vous êtes prêts ! Venez, avec moi, je vais vous expliquer !
-Où allez-vous ? Demanda Anna.
-Tu le sauras bien assez tôt Cinquième Esprit. N’aie aucune crainte, je ne te les emprunte pas pour toujours… D’ici là, peut être pourrais-tu reprendre pour quelques temps encore ton rôle de Reine d’Arendelle ? Ton peuple attend la réconciliation ? Je sais que tu sauras agir comme il se doit…
-Vous le pensez ?
-Comme tu as pu le remarquer Anna, j’ai tendance à ne jamais me tromper sur les capacités des gens… Allez file ! N’oublie pas, tu es le Cinquième esprit, celle qui instaure l’équilibre, garde ça en toi pour diriger ton royaume ! Tu sauras quoi faire !... Oh et, pourrais-tu nous prêter les esprits… Comme moyen de locomotion tu as ma parole. Insista le troll avant de rendre à la souveraine les précieux colliers miroirs.


A ces mots, le troll offrit un léger clin d’œil à la furie rousse puis, entraîna Emma et Pierre au loin avant que le vent et les géants, offerts par Anna, n’aident les trois comparses à disparaître vers le Nord. Au fond d’elle-même, Anna savait que leur destination ne pouvait être autre qu’Ahtohallan.
Lentement, elle se tourna et vit au loin les armées lui faire face dans l’incompréhension. Immédiatement, Anna sut quoi faire. Elle s’approcha d’Andréas confus et lui tendit la main. Elle offrit sa seconde à Mamie Anna. D’un geste, sans parole, le père de Kristoff et Mamie comprirent la volonté du cinquième esprit. La matriarche tendit sa main libre à la reine des Neiges, Andréas fit de même vers Iduna qui l’accepta avec Agnarr dans son sillage, puis Kristoff. De son côté Viktor s’empressa de prendre la main de sa mère alors que Kaspian se saisit de la sienne avec sa douce Emma dans son sillage. Tous unis, ils fixèrent l’immense assemblée. Le silence se fit et Anna le laissa s’installer. Le symbole parlait plus, jadis dans des camps différents, tous étaient désormais rassemblés. Quelques mutins de Kraberg commencèrent à faire de même, lâchant leurs armes pour tomber dans les bras des défenseurs d’Arendelle sous les yeux émus d’Hans et Yohan, toujours sur le front. Ce fut le moment qu’Anna choisit pour lancer un grand discours. Tous l’écoutaient avec attention et offrirent en réponse un tonnerre d’applaudissements. Sur leur promontoire, tous congratulaient également la souveraine, Agnarr se permit même d’étreindre et embrasser sur le front sa cadette lui avouant qu’il s’agissait probablement d’un des discours les plus grandiloquents de la famille royale d’Arendelle. Peu à peu, la foule se dispersa. Selon la volonté de la reine, l’armée d’Arendelle se chargea d’escorter les populations de Kraberg et de nombreuses aides alimentaires et financières suivirent de près le convoi. Anna l’avait promis, Kraberg allait sortir de sa misère.
Sur le point de partir, la jeune Théa, auprès du rince Viktor hésita puis s’approcha d’Iduna penaude. L’ange de l’air reconnu immédiatement la jeune femme et s’empressa d’aller la présenter à la souveraine. L’adolescente n’eût pas besoin de plaider longtemps sa cause, pas plus qu’Iduna. Le cœur d’Anna était généreux, immédiatement la furie rousse accepta de trouver un travail d’apprentie auprès des architectes royaux ce qui fit bondir de joie le prince Viktor qui se décida d’accompagner la belle. La souveraine ainsi que le reste de la famille s’amusèrent de la situation, mais ce qui rendait la furie rousse la plus heureuse. C’était de voir Elysia et Mamie plus amoureux que jamais. La souveraine ne put s’empêcher de les admirer pendant des heures alors que la nuit était tombée sur Arendelle.




-Mamie !!! C’est si bon de vous revoir enfin réconciliés !! Je savais que vous finiriez par ne plus vous détester et vous aimer à nouveau !!! Lança Anna.
-Attends quoi ? Qu’est-ce que tu as dit Ma petite Picé… Pardon, Chère cinquième esprit ?
-Euh… Eh bien que c’était heureux qu’enfin papy et toi ne soyez plus fa…


Anna ne put terminer sa phrase, devenue muette de voir sa grand-mère soudain rire aux éclats. Nerveusement, la jeune femme se joignit à l’hilarité gênée, sans comprendre le comique de la situation.


-Elysia !!! Viens une seconde !!! Il faut que tu entendes ça !!!
-Oui ? Demanda le patriarche en s’avançant auprès des deux Anna.
-Vas-y je t’en prie ! Recommence ! Demanda Mamie qui essuyait quelques larmes en se pinçant la lèvre pour ne pas rire à nouveau.
-Euh… Eh bien je parlais de… Du fait que vous étiez… en froid et… Eh !!! Mais qu’est ce que j’ai dit de si drôle ?! Oh !!! Papy !! Mamie !!! Ça suffit je… Moi je suis Anna la cinquième esprit tout de même ! Bougonna la jeune esprit vexée.
-Oui… Oui tu as tout à fait raison… Pardonne-nous… Nous ne devrions pas mais… Elysia dis-lui ! Je n’y arrive pas ! Répliqua Mamie avant à nouveau de rire de bon cœur.
-Mais qu’est ce qui est si drôle à la fin ?!
-Eh bien Anna… C’est juste que… Ta grand-mère et moi… Nous n’avons jamais été séparés ! Il faudrait être un fou doublé d’un idiot pour quitter une femme aussi parfaite !
-Et une véritable aveugle dénuée de tout sens commun pour rejeter le plus parfait des hommes. Rajouta Mamie.

A nouveau le couple Picéaerd échangea un regard intense et merveilleux, en cet instant, ils étaient tous deux l’image même de la dévotion alors que leurs lèvres à nouveau se retrouvaient, impatientes d’avoir été si longtemps séparées.


-En somme vous me trouvez idiote de ne rien avoir compris ? Trop idiote pour être mise dans la confidence ? Questionna la jeune femme


Mamie ne répondit pas, à la place, elle se saisit des mains de sa petite fille et plongea son regard dans celui de la reine. Anna put y lire toute l’admiration de sa grand-mère et sa reconnaissance.

-Nous avons découvert le secret d’Emma grâce aux cahiers de ton grand-père. Pierre est alors venu nous voir. Anna, si à ce moment là j’étai venue te voir pour te dire que tu étais destinée à être le cinquième esprit dont parlait la prophétie, que tu libérerais Emma de sa malédiction m’aurais-tu cru ?
-Je… Je t’aurai dit que le cinquièmes esprit c’était ma sœur et mon frère… Plaida la reine.
-Et aurais-tu agi comme tu l’as fait si tu avais été dans la confidence ? Anna, avant que je te dise que je n’étais plus avec ton grand père, t’étais-tu vraiment, au plus profond de toi sentie être une Sappos ?
-Je… Je ne sais pas
-Tu vois, si tu ne réponds pas tout de suite oui, c’est que ça n’est pas la réponse ? En ce cas tu n’aurais pas pu accomplir ton destin ? Si je ne t’avais pas poussé à bout, aurais-tu osé espionner Emma ? Si on ne t’a rien dit Anna… C’est justement parce qu’on avait confiance en toi.
-C’est… C’est vrai ? Demanda le joyau de la famille émue.
-Anna Picéaerd Sappos d’Arendelle… Si tu en doutes encore… Tu es la meilleure d’entre nous ! La plus courageuse, la plus sage !
-Pas autant que toi mamie…
-Bien sûr que si !
-Mais non mamie ! Toi tu sais tant de choses tu es une si grande chamane…
-… Qui n’a déjà plus rien à t’apprendre… Mais contrairement à toi ai-je été le cinquième esprit ?
-Bah oui !
-Non, je répète ai-je été le cinquième esprit, celui que la prophétie annonçait ? Non, il n’y a que toi, il n’y a que toi qui en a été digne…
-Mais tu es une bien meilleure cinquième esprit que moi mamie…
-C’est gentil à toi, mais qu’est-ce qui te permet de le dire ? Sourit mamie.
-Bah euh… Pourquoi ça n’aurait pas pu être toi ?
-As-tu encore le message qui était dans le bâton de ton grand-père ?
-Je n’ai plus qu’un mot…
-J’ai le reste regarde… Soupira mamie en présentant son morceau et reformant la phrase.
-Oui et alors ?
-Alors ?... Alors contrairement à toi… J’ai toujours été une Picéaerd… Anna, tu as compris que ton rôle était de permettre à Pierre et Emma de se retrouver ? Pour cela il fallait que les Sappos et les Picéaerd s’unissent… C’est ma mère et celle de ton grand père qui ont initié cela. Elles ont été les premières de nos familles à se côtoyer, c’est je pense pour cette raison que j’ai été bénie par la marque des esprits…. Oui, j’aurai pu être l’élue que tu es… Avec ton grand père nous sommes allés plus loin que nos parents. Nous avons bravé les coupoles, nous nous sommes aimés, nous avons eu deux enfants ensemble, nous avons uni les familles !
-C’est bien ce que je dis mamie, c’était toi l’élue !
-Quel nom est écrit sur ce papier ?
-Picéaerd… Reconnu la jeune femme.
-Picéaerd… et seulement Picéaerd. Par amour ton grand-père a accepté de se considérer comme tel… Mais au fond de moi, j’étais trop attachée à cette famille pour me considérer comme toi tu l’as fait comme une Sappos et de toute manière, je n’avais pas de lien avec Arendelle, même si j’ai pu sympathiser avec ton grand-père Runaerd et mon frère est parti s’installer dans le royaume ! Si j’avais su comme toi, partager mon allégeance aux deux familles… Alors peut être, mais ce ne fut pas le cas ! Ta mère aurait pu alors être ce cinquième esprit, mais elle s’y est désintéressé dès le plus jeune âge, pourtant elle aussi a contribué, elle, le fruit de l’association Picéaerd et Sappos a épousé ton père, de la famille d’Arendelle. Voilà pourquoi ta sœur, ton frère et toi aviez les dispositions, mais de vous trois, c’est toi et toi seule qui t’es assimilée aux trois familles ! Ta sœur connait sa faiblesse pour le pouvoir, toi tu ne l’as jamais cherché. Ton frère a toujours vécu dans la peur pour s’ouvrir au monde… Toi tu as toujours voulu voir le monde et t’ouvrir aux autres… Alors Anna oui tu as des défauts… Mais des qualités surpasse et de très loin les nôtres !

Les larmes aux yeux, la jeune femme ne put répondre et sauta au cou de sa grand-mère. Mamie lui caressa tendrement les cheveux, comme Iduna pouvait le faire à la souveraine dans ses plus jeunes années. Toutes deux profitaient de ce moment qu’elles espéraient retrouver depuis leur séparation dans l’Hellheim. Peu à peu, la matriarche glissa quelques mots à l’oreille de la jeune femme, des mots que seuls les Anna et Ahtohallan peut être pourraient jamais entendre. A nouveau, grand-mère et petite fille s’étreignirent et, une seconde fois, l’aïeule glissa quelques mots à sa descendante. Cette fois un sourire se dessina sur le visage de la cinquième esprit.


-Je sais ce qu’il vous faut !... Suivez Hans ! Demandez-lui la chambre du troisième étage de l’aile sud… Il saura ! … ça devrait te plaire mamie ! Cligna la furie rousse.
-Oh mais que vas-tu t’imaginer ? Nous allons profiter d’une nuit de sommeil ! Regarde-moi dans ce corps, ici sur cette terre je n’ai plus la fougue de ma jeunesse… Plaisanta Mamie en montrant ses rides.

La matriarche, malgré son âge n’hésita pas à rejoindre son époux d’un pas léger alors qu’une fois disparus dans les escaliers, Elsa vînt à la hauteur de sa sœur.


-Bien, il est temps pour nous aussi d’aller nous coucher… C’est gentil de ta part d’avoir laissé à père et mère la chambre du roi…
-Pour moi ça a toujours été la leur, peu importe si la couronne est sur ma tête désormais… Et puis je préfère notre chambre !
-Tu veux dire ta…
-Non, la nôtre, nous la partagions petites après tout…
-Ce soir tu la partageras avec ton beau glacier ! Récompense digne d’une reine ! Tu me diras demain si tu veux un peu de glace pour soigner les courbatures ! Souffla Elsa avec une révérence.
-Tentant mais Elsa… Comme Ryder ne doit arriver que demain, toi tu te retrouves seule et j’ai toujours aimé que nous partagions notre lit, je peux te tenir compagnie si tu le souhaites !
-C’est hors de question ! Je m’en voudrais de priver ma sœur et mon futur beau-frère ! Et ne t’en fais pas Anna, je ne serais pas seule…
-Attends quoi ?
-Je ne suis pas certaine de dormir… Avec Karl, Ryder et Viktor, nous avons tant de choses à rattraper !
-Tu as raison de profiter de tes enfants Elsa… Je sais comme ce fut dur pour toi de les laisser seuls ici-bas… Bonne nuit grande sœur !
-Bonne nuit petite sœur. Souffla la maîtresse de l’hiver en déposant un baiser gelé sur le front de sa cadette amusée.


La furie rousse observa son ainée qui avait retrouvé sa merveilleuse tenue de nuit rouge s’éloigner de son pas lent et altier retrouver les appartements de ses fils. Elle se retrouvait finalement seule dans le cabinet royal. Kristoff avait déserté les lieux depuis longtemps, quelques dignitaires lui apportaient quelques derniers papiers. Il restait des détails à régler pour les prochains jours. En hâte et sérieux la jeune femme s’acquitta de sa tache et finit par regagner à son tour sa chambre où Kristoff l’attendait. A n’en pas douter, la prédiction de la reine des neiges allait rapidement se vérifier tandis que le montagnard se chargeait de donner un tour de clef à la serrure.
Le lendemain, alors que le soleil était bas dans le ciel, Elsa fut surprise d’arriver dans la grande salle à manger et y trouver sa jeune sœur, studieuse en train d’examiner quelques traités pendant son petit déjeuner.


-Bonjour Elsa, te voilà bien matinale ! Est-ce l’arrivée prochaine de Ryder qui t’a fait quitter le lit si tôt ?
-Je te retourne la question ! Où est donc passé ma petite sœur qui ne sortait du lit que lorsque la cloche sonnait midi.
-Je m’attèle à remplir mes fonctions tout simplement ?... Chocolat ? Proposa la jeune femme en désignant la chocolatière.
-Volontiers ! Tu ne cesseras donc de me surprendre Anna ! As-tu au moins bien dormi avec ton beau montagnard ?
-Oui enfin non ! Enfin oui… Enfin… Si tu te demandes vraiment si… Oui ça s’est très bien passé Elsa je te remercie ! Pour ce qui est de dormir en revanche, j’avoue avoir été toute la nuit dérangée par…
-… Quelques nuisances émanant du troisième étage côté sud ? Compléta Elsa avec un clin d’œil.
-Je n’ai donc pas été la seule à le remarquer…
-La question serait de savoir qui en Arendelle n’aura rien remarqué Anna ! Mais quelle idée d’avoir laissé à Mamie et Papy pour leurs retrouvailles l’ancienne salle de musique comme chambre ! La meilleure acoustique de tout le château !
-Je me suis dit que cela plairait à mamie…
-Ah je te confirme que cela a dû grandement leur plaire, ils nous ont sans doute composé cette nuit tout un opéra ! Maman va être furieuse tu en as conscience elle qui…
-… Elle qui m’a soufflé l’idée de leur proposer exprès cette chambre. Répliqua Anna d’un ton royal en tenant avec dignité sa tasse de chocolat.
-Maman ?... Vraiment ?!... Décidément je ne comprendrai jamais rien à cette famille !
-Ne dis pas ça Elsa, tu sais que pour me faire plaisir il te suffit de me faire un bonhomme de neige et laisser ta porte ouverte ! S’amusa Anna.
-C’est ça moque-toi la curieuse ! D’ailleurs je me demande par quel miracle n’est-tu pas en train d’épier l’arrivée de mamie pour lui demander tous les détails…
-Pourquoi ? Cela t’intéresse Elsa ?
-Euh je… Peut-être ? Pas toi ?... Plaida la reine des neiges déstabilisée par sa sœur.
-Pour être honnête Elsa… A ce niveau de performance, je préfère laisser voguer mon imagination débordante et me dire que je suis peut-être encore en dessous de la réalité !... Mais j’espère qu’un jour prochain, un nouveau livre de la duchesse de Funningur paraîtra !
-Oh Anna berk !...
-De quoi t’offenses-tu ?... C’est toi la curieuse pas moi…
-Tu en fais trop Anna ! Même toi tu n’y crois pas…
-Tu as raison Elsa… Mais en tant que cinquième esprit laisse-moi te dire ceci : Pour certaines choses, il vaut mieux parfois que seule Ahtohallan sache… Pour le reste, l’imagination fera le reste !... Et j’attends avec impatience qu’arrive un prochain roman de la duchesse de Funningur !
-J’espère qu’il t’en reste malgré tout un peu… Nous avons tant à préparer pour demain !!!
-Je suis d’accord ! Mettons-nous dès à présent au travail si tu es prête, il sera toujours temps pour toi de questionner mamie quand elle daignera sortir… S’amusa Anna avant de recevoir quelques flocons de neige sur le nez en représailles.


Les deux sœurs s’accordèrent pour se mettre au travail. Toutes deux s’empressèrent d’emprunter les géants pour se rendre à Kraberg avec à leur côtés le prince Viktor et l’héritier de la duchesse de Funningur, Alexandre. Eux aussi avaient sympathisé et négocié auprès des deux sœurs pour participer. Peu importait si Mamie Anna se trouvait déçue de ne pas voir son esprit fétiche. Après tout c’était Anna qui en était la maîtresse désormais, et la matriarche avait bien d’autres activités. En quelques dizaines de minutes, les sœurs étaient dans la cité minière. Anna avait promis le changement, elle l’apportait ! Avec l’aide de son ami de pierre, les galeries des mines se creusèrent plus larges. Elsa prit le relais et créa dans les galeries de grands piliers de sa glace éternelle. Le travail restera dur, mais les mineurs désormais étaient en sécurité, les éboulements ne seront plus jamais une crainte pour les habitants, les galeries plus larges permettront une meilleure production et les piliers d’Elsa offrait de meilleures conditions avec une température plus acceptable.
Avant de partir, les fils de la duchesse et d’Elsa se risquèrent à prendre la parole, encouragés par les deux sœurs toujours acclamées. D’une voix hésitante, les jeunes gens offraient aux dirigeants de la ville, une bonne partie de leur cassette personnelle avec comme ordre de faire bâtir dans la ville une grande auberge pour accueillir et nourrir les voyageurs égarés sans fortune. Alexandre avait soufflé cette idée, choqué d’avoir vu la taverne des parents de Théa saccagé et la volonté de racheter les fautes que son père, aveuglé par le sortilège d’Emma avait commises. Les deux sœurs restèrent interdites et ne pipèrent mot sur le chemin du retour. Elles n’avaient rien dit aux jeunes gens, et voilà que d’eux même, ils commençaient à accomplir le futur qu’elles avaient entraperçues dans les souvenirs figés montrés par Emma lors de leur arrivée dans l’Hellheim. A leur arrivée, tous furent surpris de voir les frères de Viktor si excités. Rapidement Elsa et son fils en furent contaminés, comprenant que Ryder enfin était arrivé. Anna observa attendrie sa sœur profiter enfin de sa famille enfin réunie alors qu’Iduna posa sa main sur son épaule.


-Ta grand-mère est enfin levée ! C’est peut-être une femme âgée ici mais elle a travaillé sans relâche pour demain ! Quelle santé ! Elle ne cessera de m’impressionner, il paraît qu’ils ont quitté leur chambre qu’à midi passé !
-Cela t’étonne maman vu la symphonie de cette nuit ? S’amusa la furie rousse.
-Ah ? Il y a eu du bruit ? Je peux te dire que je n’ai rien entendu ce matin !
-Quoi ? Tu n’as rien entendu ? Cette nuit pourtant…
-Non !... Ton père et moi nous nous sommes éclipsés dans la ville, nous avons retrouvé mon vieux petit appartement sous les toits… Tu pensais avoir trouvé notre pièce avec mes grimoires… mais c’est bien là-bas notre pièce secrète !... Au fait, c’est sous ces toits que tu as été conçue si tu veux tout savoir ! Cligna Iduna avant de s’éloigner.


La souveraine resta interdite ne sachant que faire de cette information alors que sa grand-mère s’empressa de l’aborder heureuse. Rapidement, Anna comprit d’où elle avait hérité sa capacité à parler sans cesse, sa grand-mère ne cessait de parler en faisant visiter la furie rousse. Mamie s’était en effet surpassée et la souveraine était impressionnée de la voir à ce point au courant des traditions Arendellienne. Bien entendu Mamie avait toujours eu des relations cordiales avec Runaerd, elle avait eu chez elle pendant plusieurs années Agnarr et Iduna, mais pour une Northuldra convaincue, attachée à sa vie dans la forêt enchantée, elle pouvait en cet instant passer pour une parfaite Arendellienne. Le clou du spectacle fut l’observation des tenues pour les grandes fêtes du lendemain. Anna écarquilla les yeux face à sa merveilleuse robe immaculée d’esprit, aux côtés de celle merveilleuse de sa sœur ainée. Elle avait toujours du mal à accepter qu’elle fût sienne désormais. A leur droite, Anna put apprécier la merveilleuse robe confectionnée par les plus grands artistes d’Arendelle pour la jeune Emma. Un mélange exquis de tradition Arendellienne mais aussi de motifs Northuldra très harmonieusement mélangés et, petite spécificité, dans le bas de la robe, de petites ancres et la marque de pierre noire, rappelant les origines royales Sudilienne de la jeune femme qui enfin allait s’unir avec Kaspian, sans accroc cette fois ! Enfin, clou du spectacle, la tenue d’esprit verte de Mamie Anna. La tenue était si douce et élégante mais le regard d’Anna fut attiré sur le bustier et la broderie ajoutée.


-Mamie ?... Est-ce que…
-Oui, c’est le crocus d’Arendelle ! Ce royaume est doté d’excellentes couturières !
-Mais ?... Pourquoi ?
-C’est une tenue d’esprit ! Le cinquième esprit vient aussi de la famille d’Arendelle !... Regarde ça n’est pas tout ! Juste dans le bas, ces deux arbres ! Tu les reconnais n’est-ce pas ?
-Sapin et Epicéa !... C’est merveilleux mamie !
-Je te remercie ma petite P… Hum
-Tu peux me nommer ainsi mamie, Picéaerd est un de mes noms ! Souffla la petite fille avant de se lover dans les bras de son aïeule.
-Et j’en suis si fière… J’ai hâte de te voir resplendir demain !


Le reste de la journée se déroula dans l’effervescence en vue des événements du lendemain. La nuit fut très courte pour tous, tant ils pouvaient être happés par l’excitation, pour plusieurs de l’instant présent mais pour tous avec les pensées tournées vers le lendemain.
Dès l’aube, tous furent réveillés et parés de leurs plus beaux habits. Iduna pour l’occasion avait décidé de porter la tenue d’esprit qu’avait confectionné mamie avant qu’Elsa ne la rattrape avec beaucoup de goût. Agnarr lui avait opté pour sa tenue d’apparat classique, mais, à l’instar de Mamie, il avait fait ajouter quelques éléments Northuldra sur son habit martial et veillé à ne pas porter l’insigne royal, lui qui n’était plus souverain désormais. Mamie resplendissait dans sa tenue d’esprit, Elysia de son côté était d’une élégance rare dans une tenue Northuldra paré d’hermine qui lui conférait une allure de roi.
Les fils d’Elsa apparurent également dans une tenue martiale qui ne manquât pas d’émouvoir Agnarr mais les yeux de la famille furent tournés vers Viktor qui fermait la marche avec à son bras la jeune Théa, son invitée toute confuse de se trouver à pareille fête dans une robe bleu pastel confectionnée par les petites mains d’Arendelle pour l’occasion.


-Un prince de sang d’Arendelle avec une conceptrice de moulins… Tiens voilà qui me rappelle quelque chose. S’amusa Iduna.
-Les princes d’Arendelle ont toujours des goûts très surs…Rajouta Agnarr.
-Maman… Je pense que prochainement il faudra allumer une coupole !
-Nous n’allons peut-être pas en rajouter ! Nous avons assez à faire pour aujourd’hui ?
-Tu as tout à fait raison mamie ! Je pense que nous devrions nous installer !
-Après toi ma…
-Petite Picéaerd !


Anna avait complété avec un sourire et d’un pas altier s’empressa de s’installer sur le trône royal après que son père lui eût dignement placé sur la tête le diadème royal. Mamie de son coté prit place proche de l’autel. Les convives s’installèrent sur les bancs émus. Rapidement la porte de la chapelle s’ouvrit et Ryder, gêné dans un costume de cérémonie se trouvait devant l’entrée. A son bras, sa mère ne pouvant être là, Andréas lui aussi remontait d’un pas lent l’assemblée, les épaules voutés. Le vieux Northuldra n’osa pas croiser le regard d’Iduna alors qu’il laissât Ryder devant l’autel. L’ange de l’air, noblement se releva et se chargea d’indiquer sa place au Northuldra, juste à côté d’Antoine. Le sourire de l’ancienne souveraine était sincère pour son oncle d’adoption qui pouvait lire dans son regard qu’elle comptait lui pardonner ses multiples fautes. Pour Andréas, ce fut la plus belle vision de sa journée, mais pas pour l’assemblée qui se tourna et, au son de l’orgue put voir, en compagnie d’Agnarr, Elsa remonter l’allée dans sa sublime tenue d’esprit. Anna observa sa sœur le cœur battant la chamade. En tant que souveraine, elle se chargeait de bénir et protéger cette union alors que mamie prenait le relais pour apporter la tradition Northuldra. La cérémonie fut belle et émouvante. Ryder et Elsa ne se quittaient jamais des yeux. Ils avaient le sentiment d’être déjà mariés, mais ils n’avaient jamais pu se dire oui dans la vie, enfin ils pouvaient réparer cette erreur alors que mamie allumait leurs coupoles entérinant leur union par un baiser et les félicitations d’usage.
Emus, les jeunes mariés ne quittèrent pas le lieu, pas plus que les convives, à la place, ils prirent place à leur tour. Iduna s’était éclipsée et paraissait devant l’entrée, au bras de son fils à marier. Cette union, tout le monde l’attendait. Depuis son trône, Anna se retenait pour ne pas laisser couler ses larmes de joie de voir son petit frère enfin uni à la femme qu’il aimait. Elle qui n’avait pu assister que de loin au début de la première cérémonie. Taquine, mamie créa un faux suspense au moment d’allumer leurs coupoles mais personne n’était dupe. La flamme d’une rare intensité jaillit en même temps que les soupirs de soulagement et le langoureux baiser des âmes sœurs.


-Anna, c’est le jour où nos parents marient leurs enfants ! S’amusa Kaspian au bras de sa belle.
-En effet ! Un jour de fête pour fêter le renouveau… Encore une fois !
-Dans ce cas ça n’est pas complet !
-Comment ça !?
-Il reste une enfant à marier !
-Quoi ? Questionna Anna.


La souveraine releva la tête, sa mère était une fois encore introuvable. L’instant d’après, elle fut surprise d’avoir auprès d’elle, Agnarr, coiffé de son ancienne couronne. Il lui offrit son bras, avec l’allure d’un monarque mais d’un geste emprunt d’une tendresse toute paternelle. Avec douceur et dignité, il aida la reine à descendre de son promontoire jusqu’à l’autel. Anna observa sans comprendre et demeura toujours plus interdite au moment où sa sœur ainée en profita, tête coiffée du diadème de son couronnement prendre place sur le trône, l’épée d’Aren soigneusement posée à ses côtés.

-Deux jours ! Tu as tenue deux jours Elsa avant de… Commença Anna en serrant les poings.
-S’il vous plaît ?! Musique ! Coupa d’une voix royale Elsa avant d’orner de sa magie le lieu de milliers de flocons.


La musique se lança et la porte s’ouvrit à nouveau, Anna, placée devant l’autel tourna la tête et vit Kristoff, dans sa tenue de duc de la plaine des trolls, bouquet à la main, accompagné par Iduna remonter lentement l’allée.


-Non… Papa… Est-ce que…
-Chut… Un mariage, ça se savoure, profites-en ! Si tu savais comme je suis heureux en tant que père d’accompagner la reine pour ses épousailles !
-Mais ?... Papa ? Est-ce protocolaire que cela soit le marié qui entre en dernier ?
-Le protocole est fait pour évoluer, grâce à de grands dirigeants, et toi ma fille, tu es la plus grande de toutes…
-Changer le protocole ?... Papa ? Tu te sens bien ?!
-Parfaitement… Moi aussi tu vois je change… Tu nous changes tous… Majesté ! Termina Agnarr en s’éloignant d’un pas dans une révérence.


Anna continua d’observer alors que son amant, avec Iduna arrivaient à sa hauteur. L’espace d’un instant, l’ange de l’air dévisagea le montagnard mal à l’aise par le regard plein de noblesse de la Picéaerd. Au comble de sa surprise, il sentit soudain Iduna monter sur la pointe des pieds pour l’étreindre.


-Ta mère n’est plus parmi nous… Beata était ma meilleure amie, je pense qu’elle aurait été honorée que je la remplace pour t’accompagner ici… Tu ne peux pas imaginer Kristoff à quel point, savoir que toi son fils devienne l’époux de ma fille me transporte de joie et je te l’assure, ta mère penserait la même chose.
-Hum !!! Pardon d’être en retard !


Toutes les têtes se tournèrent vers l’entrée figés par la surprise. Dans l’embrasure, le troll se tenait fièrement et roulait lentement sur le tapis immaculé de la nef. Plus loin, vêtus de longues tenues rouges et velours blanc qui rappelaient leurs anciennes fonctions, Pierre et Emma firent également leur apparition.


-Il aurait été très discourtois de ma part de ne pas assister au mariage du cinquième esprit… avec le garçon que j’ai élevé ! S’amusa l’être de pierre… Puis-je prendre le relais Iduna ? Ayant élevé ce beau jeune homme… Enfin si tu es d’accord Kristoff ?
-Ça serait un honneur.


Poliment, Iduna s’écarta, et accompagna le père noël et la mère fouettarde pour les faire prendre place aux côtés d’Andréas. La première Picéaerd s’approcha du Northuldra qu’elle avait tant tourmenté et lui tendit… un morceau de charbon.


-Qu’est-ce ?...
-Brise-le ! Conseilla Pierre.


Docilement, le Northuldra s’exécuta et constata surpris que le charbon contenait à l’intérieur un petit pantin de chiffon que le Northuldra observa sans comprendre.


-Quand tu as été emporté pour les terres gelées pour tomber ensuite sous mon emprise tu avais ceci avec toi… le symbole du Andréas innocent… Avoua la mère fouettarde penaude.


Andréas voulu parler mais ne put, trop ému alors que les esprits firent leur apparition. Lévitant dans les airs par la grâce de courant d’air, une coupole faîte de la pierre des géants fit son entrée pour se poser dans les mains du jeune couple. De son côté, Elsa s’était levée, tenant l’eau sacrée d’Arendelle, sortie pour chaque mariage royal. Anna se pencha et put voir les yeux du Nokk apparaître. Taquin, l’équidé éclaboussa gentiment le jeune couple comme pour les bénir sous les rires de la foule. Anna et Kristoff n’en avaient que faire. Ils ne se quittaient pas des yeux et n’entendaient qu’à peine Mamie prononcer les paroles Northuldra et faire apparaître dans la coupole, le feu de Bruni, le dernier élément qui se présentait enfin dans cette cérémonie, l’élément d’Anna, pour la première fois associée au cinquième esprit. Les applaudissements fusèrent et les lèvres se touchèrent. Kristoff et Anna échangeaient alors un doux baiser, Anna crût en cet instant revivre son premier, sur le port d’Arendelle, quand la fillette impulsive et surexcitée venait d’offrir un traineau à l’élu de son cœur.


-A notre reine le cinquième esprit et son mari ! Cria Agnarr qui fut repris en chœur à de nombreuses reprises.


Les applaudissements et les vivats continuèrent longtemps. Peu à peur les autres couples mariés rejoignirent le couple royal pour être à leur tout acclamés. Tous avaient bien du mal à retenir leurs larmes. Après tant d’embûches. Ils avaient droit tous à leur bonheur. Peu à peu, la foule décida enfin de se lever.


-Un instant votre Majesté Cinquième Esprit ! Lança Emma Picéaerd.
-Que puis-je pour toi ?
-Pour nous… Il est vrai que les présents habituellement nous nous chargeons de les apporter mais cette fois…
-Que voulez-vous ?
-La même chose que toi… Voilà des siècles que notre coupole aurait dû être allumée. Cela serait un honneur que toi, la Cinquième esprit et toi Anna, la plus grande des chamanes Northuldra vous puissiez nous unir… S’il vous plaît ?


Un sourire se dessina sur le visage d’Anna. Elle n’eût pas besoin de prononcer le moindre mot et fit un signe aux enfants d’Elsa qui s’approchèrent d’Emma Picéaerd. De l’autre main, elle invita Elysia à s’approcher de son ascendant.


-Traditionnellement les mariés sont accompagnés à l’autel par leur famille… Difficile pour vous de trouver vos parents alors Emma… Pourquoi pas te faire emmener par tes plus jeunes descendants et toi Pierre, par le plus grand des Sappos ? Proposa le cinquième esprit.
-Le meilleur de tous les Sappos, ça je confirme. Ajouta Mamie avec un regard complice pour son époux.
-Eh bien, si vous êtes tous d’accord ! Nous pouvons commencer ! Lança Anna en reprenant sa place royale.
-Qu’est-ce que j’aurai pu allumer comme coupoles aujourd’hui moi ! Grogna malicieusement Mamie alors que la cérémonie commençait.

Quelques minutes plus tard, pour la quatrième fois la foule applaudit l’union nouvellement célébrée et, rapidement, commença à quitter les lieux, impatiente de goûter au repas de fête tant attendu. Seul Anna, à la demande des gardiens resta quelques instants de plus. La porte se referma derrière eux pendant que le reste du cortège se congratulaient à l’extérieur dans l’attente du festin à venir.


-Merci à toi d’avoir accepté. Fit à nouveau Emma sincère, elle n’avait plus rien à voir avec l’impitoyable mère fouettarde.
-C’était un plaisir…
-Nous savons qu’avec toi en esprit, notre mission de gardien sera aisée. Complimenta Pierre.
-Alors c’est vrai ? Vous allez vraiment devenir les gardiens ?... Mais cela veut dire que le père noël et la mère fouettarde vont disparaître ?
-Non ! Ne t’en fais pas pour ça, c’est prévu !
-Mais puisque tu en parles Anna… Nous en avons parlé ensemble, tes ancêtres souhaiteraient marquer leur dernier acte de père noël, mère fouettarde mais aussi, leur premier en tant que gardien… et pour le coup, mon dernier !
-Et vous Pabby qu’allez-vous faire ?
-Prendre ma retraite ! Profiter du monde minéral !... Qui sait, pourquoi ne pas découvrir le secret de la natation pour les trolls ! Mais ça n’est pas le sujet, ce dernier acte te concerne…
-Ah oui ?
-Oui !... C’est un présent !
-Un présent ?
-C’est agaçant que tu répètes tout je préfère te le dire ! Alors Anna, que désires-tu le plus au monde ?
-Ce que je ?... Pardon oui je ne dois pas répéter… Euh… Mais… Je ne sais pas… J’ai… J’ai tout ce que je puis désirer ! Ma famille est heureuse ! Je suis mariée, la paix est partout…
-Fouille au plus profond de ton âme, ne prononce pas un seul mot, tu sauras ! Et nous aussi ! Cligna le troll.


La souveraine fouilla au plus profond de son âme. Machinalement, ses pensées se tournèrent vers le monde des morts. Son grand oncle Pieter par exemple se trouvait encore là-bas. Elle savait désormais qu’elle avait droit enfin de vivre une longue et belle vie, cela signifiait qu’elle ne révérait pas les morts avant longtemps… Ses pensées voguèrent aussi vers sa petite Helga, et tous ces morts que ses proches ne pouvaient non plus revoir.


-Nous étions certains que tu choisirais cela ! S’amusèrent les gardiens.
-Attendez quoi ?
-Ecarte-toi veux-tu ?


Les trois gardiens se concertèrent. Auprès d’eux, une immense porte lumineuse se matérialisa. Anna se masqua le visage pour ne pas être éblouie et, au bout de longues secondes, Emma et Pierre ouvrirent la porte. Anna patienta quelques secondes et soudain, une silhouette apparue. Anna l’observa sans comprendre. L’être était humaine e tout point mais la souveraine n’avait aucune idée de qui il pouvait s’agir, pourtant, les traits du visage lui semblaient familiers…


-Ainsi donc, voilà celle qui a vaincu la prophétie ? Ça ne pouvait être qu’elle ! Que celle qui porte le nom de ma grande chamane !
-Qui ? Qui êtes-vous ?
-Oui c’est vrai, nous ne nous connaissons pas, je suis morte bien avant ta naissance après tout, même ta mère ne m’a que peu connu ! J’ai hâte de la revoir cette petite Iduna !
-Vous… Vous êtes de ma famille ?
-Bien sûr ! Je suis Helga Picéaerd… Ton arrière-grand-mère ! Fit la personne en tapotant la tête.
-Mon ?... Mais nous ne nous sommes pas vues pourtant…
-Je n’étais pas dans l’Hellheim…
-Tu nous as inspiré Anna… Si tu as su me ramener vers la lumière… Qui sait, peut être qu’eux aussi le peuvent ! Proposa Emma.
-Comment ça… eux ?


Avant qu’Anna ne puisse poursuivre, d’autres personnes passèrent la porte mystérieuse. Anna ne les connaissait pas mais se souvînt finalement de quelques visages vus dans les souvenirs de sa grand-mère. Son cœur manquât un battement… Cet homme fier ne pouvait être qu’Amarok, cet autre lui avait à n’en pas douter les traits de Yuma ! Des hommes abominables ! Son cœur se radoucit plus tard en voyant la petite silhouette de Yelena arriver également, puis celle de Beata qu’elle n’avait jamais rencontré.


-Les autres viennent Anna… Ils resteront pour la journée… L’occasion que tous puissent se revoir ! Indiqua Pierre.

A nouveau, le père noël ouvrit la porte et des visages plus familiers apparurent devant la reine, remplissant la modeste chapelle, ses arrière-grands-parents, les enfants de sa fille, ses grands oncles, les enfants d’Elsa… Ils étaient tous là ! La souveraine avait les larmes aux yeux de voir tous ces disparus, à nouveau présents auprès d’elle. Dans une joyeuse cacophonie, les morts du Niflheim se mélangeaient à ceux de l’Hellheim. L’espace d’un instant, parmi ces curieuses conversations, Anna fut heureuse de voir son arrière-grand-mère prendre le temps d’une longue conversation avec son grand-oncle Pieter. Anna savait par la vie de sa grand-mère que les relations entre eux avaient été particulièrement compliquées et Helga paraissait remplie de remords alors que la mère et la fille se tombaient dans les bras.


-Anna ? Ne crois-tu pas qu’il serait temps pour nos amis de retrouver ceux qu’ils chérissent ? Proposa Emma.
-Oui… Oui avec joie !
-Et n’oublie pas, ton rôle d’esprit est de permettre l’équilibre, d’apporter la lumière où il y a obscurité. Certains de ces gens sont damnés mais peut être qu’avec cette journée, tu pourras les aider à gagner leur salut, comme ton grand père Runaerd a pu gagner le sien. Avertit Pabby.


Anna prit son courage à deux mains puis alla se placer devant les portes. Pendant une seconde elle posa ses mains sur les poignées et ressenti soudain toute l’émotion qu’avait dû avoir Elsa lorsque, pour son couronnement, elle avait pris la décision d’ouvrir les portes. Pour Anna cela apparaissait comme une évidence, une chance, mais à l’époque elle n’avait pas mesuré toute la responsabilité que cela pouvait engendrer, en cet instant, elle le mesurait.


-Ouvrez les portes ! Lança-t-elle à Emma et Pierre.


Les deux doyens obéirent et les conversations à l’extérieur s’arrêtèrent. Anna apparut mais les mots s’écrasèrent dans sa gorge, incapable d’expliquer le phénomène extraordinaire qui venait d’avoir lieu. Les morts finirent par apparaître. Mamie fut la première à réagir en voyant sa mère auprès de sa petite fille. Peu à peu, les morts apparurent. Des cris de joie se firent entendre avec la possibilité de revoir les chers disparus. Yelena s’approcha et tomba dans les bras de Mamie, son amie de toujours. Agnarr fit face à son père, les deux hommes se toisèrent du regard puis à leur tout se tombèrent dans les bras. Iduna eût soudain un cri strident et sautilla partout telle une adolescente lorsqu’elle vit Beata. Les vieilles amies se tombèrent dans les bras, donnant l’impression que toutes deux étaient retombées en enfance.
Soudain, la bonne humeur retomba lorsque mamie aperçut Yuma et Amarok. La matriarche serra les poings. Yelena s’interposa pour protéger son époux qui lui-même protégeait son père. Helga vînt également protéger l’homme qu’elle avait toujours secrètement aimé alors qu’Anna observait gênée avant de s’approcher de sa sœur, heureuse de profiter de tous ses enfants de l’Hellheim.


-Elsa ! Viens m’aider ! Ils doivent se pardonner ! Ils doivent se comprendre. Aide-moi ! La passerelle c’est toi et moi ! C’est toi et moi qui leur apporteront la rédemption… Ensemble…
-Ensemble ! Souffla la reine des neiges en embrassant sa sœur.


La reine des neiges joignit le geste à la parole, et, avec sa sœur se chargea d’apaiser les tensions. Mamie écoutait attentivement. Les grandes douleurs de sa vie lui remontaient en mémoire mais, aidé par ses petites filles, la matriarche finit par tendre sa main vers celui qui fut son premier mari pour le plus grand bonheur de Yelena. Les retrouvailles battaient leur plein mais soudain, alors que le repas n’allait pas tarder de commencer, Emma Picéaerd réclama l’attention.


-Mes amis… Il nous faudrait le cinquième esprit quelques instants.
-Oui… Que puis-je encore pour toi Emma ? Demanda Anna.
-Je crois qu’avec Pierre nous avons oublié quelque chose…
-Ou plutôt quelqu’un… Cligna le père noël.


Intrigué, Anna les observa et le couple se décida d’ouvrir la porte de la chapelle. Anna crut alors défaillir. Face à elle, dans une robe entièrement blanche tel un ange tombé du ciel, la petite bouille remplie de larmes de joie, elle était là, vivante !


-Maman Anna !!!
-Helga !!!

Anna avait hurlé et immédiatement soulevé la fillette de cinq ans dans ses bras et pleurait à chaudes larmes. Elle la couvrait de baiser, elle lui caressait les cheveux, le visage, elle ne la quittait pas des yeux. Elle avait besoin de s’assurer que la fillette était bien réelle, bien vivante, ici, dans ses bras. C’était à peine croyable mais Anna n’entendait même pas les propos de Pierre et Emma. Mais peu importait, ils avaient deviné qu’elle était ce que la furie rousse désirait le plus au monde. Il fallut de longues minutes à la souveraine pour recouvrer ses esprits, alors qu’elle observait silencieusement en compagnie d’Helga, vivants et morts se retrouver, communiquer. Tous les non-dits de dizaines d’années de vie commençaient à être dits. Des remords, des regrets sincères étaient exprimés, au fond d’elle, Anna se disait que cela était qui sait, le véritable chef d’œuvre d’Emma la mère fouettarde. Sa grande action pour réparer les torts.


-Maman ? Tu ne vas pas agir ?
-Si ! Bien sûr que si mon cœur ! Ta maman Anna ne va pas rester comme ça !


Encouragée par son petit ange, Anna, d’une voix aussi grandiloquente qu’elle put, aidée par le soutien d’Elsa. Les deux sœurs firent s’installer les membres de la famille à table. A la plus grande des tables d’honneur, Anna et Elsa, toutes deux vêtues de leur robe d’esprits blanche se placèrent aux deux dernières places encore libres, au centre de la table. Tous les yeux étaient rivés vers la reine d’Arendelle, cinquième esprit et la reine des neiges. Toutes les deux se concertèrent puis Anna comme sa sœur prirent les meilleures bouteilles d’hydromel :


-Chers amis, chère famille, par le miracle des esprits, nous sommes tous réunis ici, lors d’un grand repas de fête. Un repas pour célébrer les unions, un repas pour célébrer les pardons, un repas pour célébrer le renouveau. En ce jour, profitons tous pour boire et manger et tous, pardonner nos erreurs… Car toutes ces erreurs, ont permis à ce qu’aujourd’hui, nous soyons tous réunis à ce festin pour apprendre et… Tout réparer ! Buvons à ce renouveau !


Anna avait parlé sans trembler et, par mimétisme, elle comme sa sœur passèrent chacune de leur côté les bouteilles du délicieux nectar et les victuailles aux différents convives qui se servaient pour partager ce repas de la réconciliation.
Les verres tintèrent, les couverts claquaient. Peu de gens avaient finalement conservé leur place alors que le repas durait jusqu’au soleil couchant. Manger et boire n’était plus qu’un prétexte, même si la fontaine de chocolat commençait à s’épuiser à cause notamment d’Anna et Elsa qui ne cessaient de se resservir. La furie rousse observait émue les miracles s’opérer les uns après les autres. Voir ainsi Amarok discuter avec Elysia puis, au bout de quelques minutes, les apercevoir, avec Pieter, Yelena et Mamie s’amuser, Anna avait le sentiment de revoir les plus anciens souvenirs de sa grand-mère quand ceux-ci n’étaient encore que de jeunes enfants inséparables. Elle fut aussi émue de rencontrer enfin sa belle-mère et voir Kristoff complètement lui pardonner, mais aussi pardonner sa sœur Honeymaren qui elle aussi parvenait à trouver la paix.
Mais de toutes ces retrouvailles, de tous ces moments heureux de jeunes mariés, ceux qu’Anna chérissait le plus, c’était bien ceux avec Helga. La furie rousse peinait toujours à croire que ce petit ange pouvait être ici, elle qui n’avait jamais vécu dans sa temporalité, elle qui en vérité, n’avait jamais vécu tout court.


-S’il vous plait… C’est l’heure ! Soupira Grand Pabby alors que la nuit était tombée.


Anna avait bien compris la signification de ce message. C’était l’heure pour les morts de retourner dans leur univers. Heureusement, le gardien était patient, et les aurevoirs purent durer. Certains furent plus long et émouvants que d’autres. Helga Picéaerd fut une des dernières à partir après une longue étreinte avec ses deux enfants. Des larmes coulèrent aussi sur les joues de Yelena qui, avant de partir s’approcha d’Elsa.


-Ceci est pour toi ! Fit l’ancienne cheffe d’une voix étonnement douce.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Ma boite à musique… Je préfère te la laisser, après tout, celui que tu as épousé, je l’ai élevé, donc c’est normal que tu la récupères… Je sais que tu aimes percer les secrets, vois ce présent comme une réconciliation, je sais que tu avais dû penser que je ne t’appréciais pas quand tu vivais avec nous chez les Northuldra.
-Merci… Répondit simplement Elsa alors que l’ancienne cheffe rejoignit le monde des morts.


Après elle, Runaerd adressa un dernier au revoir à son fils, alors que les vivants ne savaient trop quoi penser.


-Vous avez été très douée Anna… Ils rentrent dans leur univers mais, lavés de leurs pêchers, ils pourront sans doute tous bientôt ne former qu’une seule et grande famille dans l’Hellheim !


Anna et Elsa se congratulaient de cette glorieuse nouvelle mais tout à coup, leurs cris de joie se stoppèrent lorsqu’elles virent Elysia et Mamie juste au-devant de la porte.


-Mamie ?! Papy ?! Mais qu’est-ce que vous faîtes ?! Demanda Anna alors que ses grands parents avaient été appelés par Pierre et Emma.
-Nous sommes les gardiens… Il nous faut des remplaçants pour nos rôles… Il faut toujours un Sappos et une Picéaerd pour remplir notre mission capitale.
-Quoi ?! Non !!! Mamie !!! Papy !!! Vous… Vous n’allez pas nous quitter !
-Mamie ?! Tu ne va pas devenir la mère fouettarde ?! Implora Anna.
-Tu sais pourtant que c’est un honneur d’exercer cette responsabilité ma petite Picéaerd. Souffla Mamie.
-Mais…
-Et ne t’en fais pas, nous ne voulons pas commettre les erreurs du passé… Nous exercerons tous les deux les rôles de Noël et de fouettard ! Mais tout à fait entre nous mes petites filles… Dîtes bien à votre mère que le rôle du redresseur de torts est exercé par votre grand-père ! Elle filera droit vous pouvez en être surs !
-Mamie ! Je veux que tu restes ! Insista la cadette d’Arendelle.
-Je pars sereine, après tout, je sais qu’Anna Picéaerd reste dans le monde des vivants ! Sourit Mamie en désignant sa petite fille.
-Mais mamie… Il n’y aura pas d’Elysia ! Implora la furie rousse qui cherchait tous les arguments pour les retenir !
-Oh ?! … Oui… Mais si tu veux mon avis, je pense que tout ceci ne tardera pas ! Trancha mamie en posant sa main sur le ventre d’Anna.
-Quoi ?!
-Tu m’as bien compris !... Et puis ce futur Elysia aura en plus sa grande sœur Helga pour le guider et l’aider à devenir le plus parfait des enfants !
-Quoi ?! Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu racontes ? Bégaya Anna les larmes aux yeux.
-Mémé Anna a dit que je pouvais rester si je le souhaite… Et si tu le veux bien maman !
-Helga ?! Tu ?!... Tu peux rester ?! Mais… Mais et ta maman ?! Enfin je veux dire mon autre moi dans…
-Oh pour ça ne t’en fais pas maman ! J’ai pu la rejoindre… Enfin pas moi ! Une autre moi, plus âgée, grâce à mamie d’ailleurs. Et dans l’Helveg elle m’a expliqué qu’une âme pouvait se séparer et s’accrocher à la vie d’une autre personne, enfin je n’ai pas tout compris… Mais j’ai pu le faire car, la partie de moi qui est là, bah c’est toi ma vraie et seule maman, parce que je n’ai connu que toi dans les nuages !
-Comme pour Olaf… Mamie t’a rattaché à Anna c’est ça ! Souffla Elsa qui se souvenait que jadis, mamie Anna lui avait expliqué la même chose avant qu’elle ne se sacrifie.
-ça veut dire que tu peux vraiment rester Helga ?!
-Oui…
-C’est ton cadeau Anna… Pour tous les miracles que tu as accomplis ! Tu as su ramener l’équilibre, la lumière ! Avertit Pabby.
-C’est vrai ?
-Vois par toi-même ! Indiqua le troll en désignant les miroirs.


Intriguée, Anna ouvrit son miroir. Ahtohallan lui matérialisa alors des souvenirs qu’elle n’avait jamais vus. Rapidement, elle comprit, c’était d’autres vies. Elle put se voir dans le dôme d’Ahtohallan, vieillie, en compagnie de Kristoff et de ses quatre enfants. Pourtant Anna avait que ça n’était pas son futur. Elle voyait ce que son double voyait, les péripéties de sa vie, de curieux rêves, une Emma qui la guidait et Hans qu’il fallait vaincre. Les souvenirs se brouillèrent. A nouveau, elle se vit plus âgée, accompagnée de sa fille qui devait avoir l’âge d’Helga et répondait au nom d’Emma. Elles se trouvaient dans une crypte où reposait le corps d’Elsa. Après une prière d’Emma, le miracle s’opéra et la reine des neiges revînt parmi les vivants. Encore une fois, un autre souvenir apparut.


-Eh là c’est dans la vie de maman ! Sourit Helga.

Anna observa, la vie passa en accéléré, les années passèrent, tous vieillirent, eurent des enfants et finalement, elle vit sa sœur lui offrir dans le dôme des souvenirs des funérailles. Soudain, elle pouvait percevoir sans savoir pourquoi les pensées qu’avaient sa sœur. Pendant son recueillement, furtivement, elle pensa à Emma et Ahtohallan réagit pour engloutir la dépouille d’Anna.


-Chouette, Maman dort dans Ahtohallan, c’est le plus merveilleux des cadeaux ! S’enthousiasma Helga.
-Quoi ?!
-Ne t’en fais pas maman ! Ce n’est pas triste ! Après tout t’étais toute vieille ! Et moi aussi je suis morte dans cette vie, et comme toi j’étais toute vieille ! C’est chouette, ça veut dire qu’on a vécu longtemps ! Mais tata Elsa a encore plus de chance, parce qu’elle est encore plus vieille que toi mais elle vit encore, ou alors, tu crois que c’est le cas parce qu’elle a été méchante donc elle doit attendre plus que nous pour retrouver l’Hellheim ?
-Merci Helga… c’est très gentil ! Tu peux t’arrêter ma puce.

Anna venait de comprendre. Dans toutes ces vies, il avait été question à chaque fois d’une Emma. Tout devenait clair pour elle. Depuis qu’elle avait réussi à convaincre Emma Picéaerd de retrouver la voie de la raison, dans les multiples vies, elle pouvait aussi se sentir apaisée…
Les larmes aux yeux, la souveraine referma son miroir et le tendit à sa grand-mère qui le refusa… Pierre et Emma de leur côté s’observèrent et discutèrent avant d’observer le gardien troll et sourire à leurs lointains descendants.


-Vous savez… Je ne serais pas contre une dernière tournée… Anna et Elysia nous ont donné une bonne idée ! J’aimerai bien essayer une tournée avec mon nouvel époux.
-J’aime beaucoup cette idée. Souleva Pierre.
-Et du coup… Vous pourriez ne venir prendre notre place que dans une année… Enfin si cela vous tente ! Proposa Emma
-Je n’en sais rien, qu’en pense notre cinquième esprit ? Demanda Mamie.
-Oui !!!
-Dans ce cas, qu’il en soit ainsi… Conclut le gardien.


Le troll Emma et Pierre disparurent par la porte où les morts avaient regagné leur monde laissant les grands parents et les deux petites filles s’observer et se tomber dans les bras.



**************************UN AN PLUS TARD**************************


Sur la main du géant, Anna d’Arendelle observait l’horizon, déjà, les contours d’Ahtohallan apparaissaient alors qu’elle sentait face à elle la bise froide et inhospitalière.


-Courant d’air ! Non !!! Pas aujourd’hui, nous avons un invité ! Hurla le cinquième esprit en se retournant.


Le vent aussitôt obéit à sa maîtresse et se calma, rendant à nouveau la température acceptable, à nouveau, Anna fit face à la mer sombre et dévoila l’écharpe où, emmitouflé, dormait un jeune enfant de trois mois.


-Etais-ce une bonne idée, tu ne préférais pas le laisser à son père ?
-Non ! Elysia devait voir ça mamie !... Aide-moi à le tenir ! Nous arrivons.


Les volutes de sa robe d’esprit virevoltèrent alors qu’Anna posa le pied sur la plage froide d’Ahtohallan. Pendant un instant elle observa la petite crique… C’était à cet endroit que jadis, elle avait expiré son dernier souffle. Mamie s’en rendit compte et étreignit la jeune femme avant d’embrasser la tête du nourrisson. Personne n’eût besoin de se parler alors qu’ils pénétraient dans les gorges d’Ahtohallan. Elysia et Mamie marchaient dignement, Anna deux pas derrière. Elle observait les parois qui, lors de son passage se matérialisèrent. Tous les souvenirs de l’année précédentes remontaient à la surface de la rivière gelée. Anna put voir comment Kraberg avec pu prospérer. Alexandre et Viktor, encouragés par leur première action à Kraberg avaient décidé de renouveler l’expérience et construit deux nouvelles auberges pour les voyageurs égarés. Ryder et Karl eux s’étaient découverts une vocation de marin et avait intégré l’équipage royale menée par Hans. Quant à Viktor, il avait comme projet d’accompagner Alexandre pour qu’il prenne possession de son duché, mais il n’était pas seul. Théa et le fils d’Elsa étaient devenus inséparables alors que chaque jour elle impressionnait Iduna pour son ingéniosité à créer des moulins. De leur côté, Elysia et Mamie avaient passé leur année à gouter aux douceurs du pays Northuldra et d’Arendelle. Chaque jour, ils n’avaient eu de cesse de vouloir se sentir vivants. Ahtohallan remémorait les souvenirs de ces jeux torrides. Intuitivement, Anna masqua les yeux de son nourrisson, bien qu’elle sache qu’il ne devait sans doute rien comprendre à cette curieuse gymnastique.


-Que des beaux souvenirs n’est-ce pas ? Remarqua Mamie.


Anna ne répondit pas, alors qu’un sourire se matérialisa et elle put voir tous les merveilleux moments partagés avec Helga alors que peu à peu son ventre s’arrondissait. Comme Mamie l’avait prédit, elle avait fini par accoucher d’un petit garçon qu’elle avait prénommé Elysia. Ces moments avaient été si doux et Helga s’était révélée être encore une fois comme l’avait prévu mamie… La plus merveilleuse des grandes sœurs. Kristoff aussi était un véritable papa gâteau. Il avait totalement accepté la petite Helga et Hans avait été désigné comme parrain. Le benjamin des Iles du Sud avait incroyablement bien accepté l’histoire de cette curieuse petite fille et la couvrait de présents tous plus beaux les uns que les autres. Cela n’allait sans doute pas finir, les cadeaux des Iles du Sud ne manqueraient pas de pleuvoir alors qu’il avait finalement accepté son destin royal et allait s’apprêter à prendre le trône des Iles du Sud. Yohan lui, avait renoncé à sa charge de chef Northuldra, pour laisser Kaspian et Emma diriger la vie du peuple du soleil.
La reine continuait d’observer les souvenirs alors qu’elle pouvait voir toutes ses actions pour les Arendelliens, mais aussi pour permettre aux esprits de vivre en harmonie, elle était si fière de ce qu’elle avait accompli.


-hum !! Anna ! Anna !!! Appela Mamie.
-Oh oui, pardon !
-Désolée de te presser mais… C’est l’heure !


Mamie était intervenue alors que les souvenirs des adieux avec Iduna commençaient à se matérialiser. Anna soupçonnait la matriarche de ne pas vouloir affronter à nouveau ces moments si difficiles qu’ils avaient vécu avant de prendre la route pour Ahtohallan mais elle préféra ne rien en dire. La souveraine reconnut au loin dans le dôme, la petite porte, si elle ne l’avait jamais emprunté, elle savait où cela menait… Un aller simple. La reine prit une grande inspiration et accompagna jusqu’au-devant de cette porte fermée ses grands-parents.


-Je sais que tu détestes les portes closes ma petite Picéaerd mais je ne te demanderai pas de l’ouvrir pour nous…
-Papy… Mamie… Vous allez tellement me manquer !
-Toi aussi mais n’oublie pas Anna Picéaerd Sappos d’Arendelle ! Tu es le cinquième esprit ! Celui qui devait être intronisé par le père noël et la mère fouettarde ! Alors nous serons toujours là ! Dans ton cœur ! Et puis, les gardiens ont été bien gentils de te laisser ces miroirs… Tu pourras toujours nous voir !
-Je croyais que je ne pouvais pas voir le monde des morts… C’est ce que papy m’avait dit quand j’avais dû laisser Helga dans l’Helveg…
-Oups… Madame la mère fouettarde, je crois que le père noël a dit un gros mensonge… S’amusa Elysia.
-Garnement… Nous réglerons ça plus tard ! Taquina Mamie.
-Si je ne te l’avais pas dit Anna… Tu n’aurais peut-être pas accompli ton destin. Sourit Elysia soudain plus sérieux.
-Jamais je n’aurai votre sagesse !
-En effet Anna… La tienne est déjà plus importante que la nôtre ! Souffla Mamie en lui embrassant le front avant de faire de même pour le bébé.
-ça va me manquer de ne plus avoir tes cours de chamanisme… Et toi papy de te suivre avec Kristoff pour t’occuper des bêtes. Grâce à toi, l’économie du royaume a triplé sa qualité d’élevage…Vous êtes un cadeau…
-Et nous le resterons… à chaque noël !!! Et que nous n’ayons pas à venir te tirer les oreilles !... Ni à ce petit Elysia ! ou à Helga… Surveille donc cette petite malicieuse, je reconnais quelques traits de sa grand-mère !
-Compte sur moi !
-Approche ma petite… Commença Mamie avant de lui chuchoter à l’oreille : Je te promets, au prochain Noël comme cadeau, je t’apporte ma recette secrète du ragout de rennes.
-Oh voilà qui va m’obliger à être sage alors mamie !
-Ah voilà ! Je préfère te voir sourire ! Le monde des vivants ira bien, après tout, Anna et Elysia partent, mais ici-bas reste toujours… Anna et Elysia ! Conclut Mamie en désignant sa petite fille et son enfant.


A nouveau tous s’étreignirent, puis, avec douceur, leurs bras s’éloignèrent. Anna serra fort son petit Elysia contre elle en observant la porte. Les grands parents passèrent l’embrasure. ils restaient proches, mais paraissaient déjà si loin Un dernier geste d’adieu se fit, sur chaque visage, un léger sourire se dessina, mais aucune larme ne coula. L’ombre regagna le visage de la souveraine alors que la porte se referma. Elle fixa la porte quelques instants puis se retourna vers le dôme. Aussitôt, une immense image d’Anna et Elysia se matérialisa. Les plus éminents Northuldra étaient partis, mais Anna le savait, ils étaient toujours là alors que son cœur d’esprit battait et, au pied du petit Elysia, une marque d’esprit se dessinait…